Reoçue générale des. Sciences pures el appliquées TOME VINGT-CINQUIÈME 4 dy (IE : Re 257 Ja. =} … Revue générale SCIENCES pures et appliquées PARAISSANT LE 15 ET LE 30 DE CHAQUE MOIS Fonpareur : Louis OLIVIER, Docreur ës Scrences Dimecreur : J.-P. LANGLOIS, Docteur ès Sciences, Professeur agrégé à la Faculté de Médecine de Paris. COMITÉ DE RÉDACTION MM. Paul APPELL, Membre de l’Institut, Doyen de la Faculté des Sciences de Paris; E.-L. BOUVIER, Membre de l'Institut, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle; E. DEMENGE, Ingénieur civil; E. GLEY, Professeur au Collège de France: Ch.-Ed. GUILLAUME, Correspondant de l'Institut; A. HALLER, Membre de l'Institut, Professeur à la Sorbonne; E. HAUG, Professeur à la Sorbonne; L. MANGIN, Membre de l’Institut; Professeur au Muséum d'Histoire naturelle; Vice-Amiral PHILIBERT; Em. PICARD, Membre de l'Institut, Professeur à la Sorbonne. Secrétaire de la Rédaction : Louis BRUNET. TOME VINGT-CINQUIÈME 1914 AVEC NOMBREUSES FIGURES ORIGINALES DANS LE TEXTE Bibrairie Armand Colin 103, Boulevard Saint-Michel, Paris, 5° AR Dit “o cr t TN OS 7” = CT es 2% =" an ”, PÈ > Det i ‘ / APT S , F N ñ € N= 4 ” . ATTEA WE 0e url cr] 0] nl : Eu NT A die TA. ii TOTAL | fl F ne [FA Le si ‘k } 1 o Er ARE n “AU * ik .( CH TEUS à LE « es | La Î L 3 AR 2 af CAR ie ton Héots AOC. nd ct E HP ES Ml 42 LOU ar 1 ht SÉRIE TA T 5: 4 7 \7"fl. dt d hf à mn) (ie “ d'Or pi A LE rh AA Dane s ET n do M. : Go wa ra a! ” RUE ; Pr) LA Fi OU ve V5 AUS A: OC: TANT L TT 05% ‘far 1, USA l LE Le 721 al D EVE. | Vs Ne Ur, w Fa ETAT AT Y [ EUR CTALOLE Fi OL RTE EU TEL Lens [+ a | DUMAS ti | CTI Ro VE ATE URI détr Én RS TOUR: C:0 Us : x fl L' x FU. | Dim 1À : FOR Ÿ en NOTA M PAR QE TABLES GÉNÉRALES DES MATIÈRES CONTENUES DANS LES VINGT-CINQ PREMIERS VOLUMES DE LA ‘REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES PURES ET APPLIQUÉES ” (1890-1914) Ces tables ont été entreprises sur la demande d'un certain nombre de nos lecteurs pour faci- liter la recherche des matières publiées dans la Revue depuis l’origine, que la consultation des 25 tables annuelles séparées rendait souvent laborieuse. Elles se composent de deux parties : 1° Une Table analytico-alphahétique des matières, où les divers articles ont élé classés par chapitres correspondant à un ordre de science (voir à la page suivante la lable de ces cha- pitres) ; dans chacun d'eux, les matières ont été groupées par ordre alphabétique de sujet ; pour les matières qui chevauchent sur deux chapitres, les indications figurent en double, ou bien des renvois ont été faits. Chaque titre d’ article est suivi du nom de l’auteur entre paren- thèses ; 2° Une Table alphabélique par noms d'auteurs, où chaque nom d'auteur est suivi de la liste de ses articles. Limitées à l’origine aux seuls articles originaux, nous avons été amené à adjoindre à ces tables un certain nombre de notes importantes, parues dans la Chronique, la Bibliographie ou les Académies. Pour distinguer ces deux catégories de matières, les articles originaux, sous chaque nom de matière ou d'auteur, ont d'abord été groupés ensemble et composés en gros caractères ; les autres notes suivent en caractères plus petits. Les chiffres imprimés en caractères gras indiquent le volume de la Revue auquel il faut se reporter; les chiffres maigres, la page de ce volume. TABLE DES MATIÈRES DABHER ANALYTICO-ALERABÉTIQUE 283, 311. Kiuwrke (Dorothée) : L'éclipse de Soleil du 28 mai, 44, 716. Kzuyver (J. C.) : La théorie des invariants ; son origine et son but, 4, 247. Un problème de probabilité géométrique, 46, 962. KoenLer (R.) : Les idées nouvelles sur les Echino- dermes, 2, 102. — Les conditions d'existence des organismes pélagiques, 3, 77. — Les phéaomènes intimes de la fécondation, 3, 539. — Revue annuelle de Zoologie, 5, 202.6, 271; 7, 213; 8, 266; 9, 332; 40, 238 ; 42, 180 ; 43, 344. Koenics (G.) : Sur deux appareils nouveaux de méca- nique, 2, 241. — La G. réglée et ses applications, 7, 724. — La philosophie des Sciences d'après M. C. de Freycinet, 12, 368. KoexiGseerGer : Le déplacement des bandes d'absorption dans les solides en fonction de la température, 42, 555. Kôüazer (A.) : La microphotographie en lumière ultra- violette, 46, 147. KonLscaurter (V.) : Les formes allotropiques des métaux prézipités par électrolyse, 24, #16. Kouxsraum (Ph.) : L'équation critique de Van der Waals, FAPIGT LE Kozoerup (K. F.) : Les fjords de Norvège et leur mode de formation, 21. 337. Kozrmanx (M.) : L'évolution des leucocytes et du tissu lymphoïde des Invertébrés, 19, 746. Konva (Désiré) : Application des courants triphasés dans les sucreries et raffineries, 7, 417. Kourgwec (D. J.) : Points de plissement et plis correspon- dants à proximité du bord de la surface de van der Waals, 44, 343. — Sur les horloges sympathiques de Huy- gens et les phénomènes analogues, 46, 1064. Kossez (Albrecht) : Les protamines et les corps albu- minoïdes, 40, 380. — L'état actuel de la chimie des corps albuminoïdes, 43, 455. KossoGONOFF (3.) : Rech. ultramicroscopiques sur le méca- nisme de l'électrolyse. 24, 460. Kouzrasko (A.) : La survie des têtes de poissons, 48, 815. Kowauskr (J. de) : Le spectre d'émission de l'arc électrique à haute tension, 46, 442. — La phosphorescence à basse température, 24, 130; 23, 338. KowaLski (J. de) et Dazemonr (J.) : L'enseignement des sciences appliquées à l’Institut de Physique de l'Uni- versité de Fribourg, 46, 773. L Lagré (A.) : L'hétéromorphose en Zoologie, 8, 589. Rech. sur les parasites endoglobulaires du sang des Vertébrés,5, 694. — R. Virchow, 43, 949. Lassé (Marcel) : La tuberculose, maladie sociale, 44, 349. Lasonpe (J.) : Rech. sur une moisissure nouv., l'Euroliopsis Gayoni, 8, 846. Lasrousre (H.) : Couches monomoléculaires ; d'observation, 25, 168. Lacaze : Pathologie de Madagascar. Conditions sani- taires de Majunga à Tananarive. Hygiène du soldat et acclimatement du colon, 6, 745. Lacroix (A.) : Le mode de formation d’un dôme volca- nique et la cristallisation des roches éruptives quart- zifères, 16, 304. — L'éruplion du Vésuve en avril 1906, 47, 881, 923. — L'éruption de l’Etna en avril-mai 1908, 20, 298, 362. A. des Cloizeaux, 8, 486. — Le Rapport de la Mission scientifique de la Martinique, 43, 846. — Sur quelques productions boueuses accompagnant les éruptions de la Montagne Pelée, 44, 115, LADREIT DE LACHARRIÈRE (J.) : France au Maroc, 25, 366. Laray (A.) : La polarisation de la lumière diffusée par le verre dépoli, 40, 877. Larrirre (V. de )}: Deux maladies parasitaires du maïs, 43, 174. nouv. procédés L'action militaire de Ja LaGuesse (E.) : Revue annuelle d'Anatomie, 40, 869; A1, 118%; 12, 1020; 43, 1088; 44, 1101; 45, 1082; 46, 1095 ; 17, 1062; 18, 968 ; 49, 986; 20, 1001 ; 22, 70; 23,67; 25,259. Rech. sur le développement de la rate chez les Pois- sons, 3, 29. — Henri Beauregard, 44, 621. Lauizee (F.) : Recherches sur les Tuniciers, 2, 794. Larsantr (C. A.): Les travaux du dernier Congrès de l’Association française pour l'avancement des Sciences (Caen, 1894), 6, 159. Les Mathématiques au Congrès de l'Association fran- caise pour l'avancement des Sciences à Bordeaux, 7, 31. Laisanr (C. A.) et Lemoing (E.) : Sur l'orientation ac- tuelle de la science et de l'enseignement mathéma- tique, 4, 119. LaLLEMaND (Ch.) : Cartes et repères aéronautiques, 22, 551. Lamarconie (G. de) : Les ondes hertziennes appliquées à la direction des ballons, 47, 979. — Le régime futur de l'Electricité à Paris, 48, 13. — L'enseignement technique de l'Electricité en France et à l'Etranger, 48, 395. — Les usines hydro-électriques en France, 48, 654. — Le projet d'adduction à Paris des forces motrices du Rhône, 18, 788. — Les lampes à incan- descence à filaments métalliques, 19, 283. Lawserr (A.): Sur le développement de la fonction pertur- batrice, 19, 244.- Lawperr (M.) : Les idées récentes sur la {formation de la lymphe, 5, 376. LamBLinG (E.) : La pénétration et la répartition du fer dans l'organisme animal, 3, 224. — Revue annuelle de Chimie physiologique, 16,19, 75 ; 17, 326, 376 ; 20, 128, 173 ; 23, 586, 626. Laworre (M.) : Expériences aux basses températures, 20, 808. — Thermométrie et calorimétrie aux tempé- ratures très basses, 20, 873. — Les récents travaux du Laboratoire cryvgène de Leyde, 22, 902. Rech. expérimentales sur les oscillations électriques d'ordre supérieur, 44, 4222. — Bernard Brunhes, 24, 457. HT : Sur l’origine morphologique du liber interne, , 519. LamwPrecar (G.) : Influence de la Lune sur les pluies, 45, 4009. Lamy (Ed.) : Revue de Zoologie. Mollusques et Tuni- ciers, 24, 852. Laxce (D.) : Etude anatomique et biologique des Tardi- grades, 7, 924. Lanpau (E.) : Traité de la théorie de la distribution des nombres premiers, 22, 293. Lanperer (J. J.) : Sur la rotation de Vénus, 49, 557. Lanoozr (H.): Les progrès des disciplines chimiques depuis quarante ans, 49, 185. Expériences sur la loi de Lavoisier, 49, 471. Laxce (Dr) : Les émotions, 7, 755. LanGevix (P.) : La physique des électrons, 16, 257. Les ions dans les gaz, 43, 652, 100. — Les ions de LX TABLE ALPHABÉTIQUE PAR NOMS D'AUTEURS l'atmosphère, 45, 1153: 46, 536. — La théorie électroma- gnétique et le bleu du ciel, 22, 89. Lancrer (E.) : L'étude des objectifs photographiques, 46, 707. LaxGLois (P.) : La prophylaxie des accidents dans l'air comprimé, 22, 54. — Les accidents d’électrocution, 24, 294. — Revue annuelle d'Hygiène, 7, 348; 44, 203, 881 ; 47, 820, 865; 19, 905; 22, 959; 24, 623. — Voir GARRELON (L.). Sur les fonctions des capsules surrénales, 8, 477. — La polypnée thermique chez les poikilothermes, 13, 367. — Auguste Loutreuil, 22, 221. LaxINo (Pietro) : La traction électrique sur les chemins de fer italiens, 24, 426. LANNELONGUE (D') : De la craniectomie dans la micro- céphalie, 4, 392. Lapicoue (L.) : Principe pour une théorie du fouction- nement nerveux élémentaire, 24, 103. — L'ineffica- cité physiologique des courants électriques pro- gressifs, 24, 540. La lutte pour la vie chez les petits oiseaux, 22, 351. Lapparentr (A. de) : Une nouvelle cause de mobilité de l'écorce terrestre, 4, 267. — La formation de îa craie phosphatée en Picardie, 2, 406. — Le fond des mers, 8, 407. — La structure et l’histoire des Balkans d'après M. Franz Toula, 7, 502. — L'évolution des doctrines cristallographiques, 12, 399. Daubrée et son œuvre, 7, 627. — Munier-Chalmas, 44, 1176. LARBALÉTRIER (A.) : Etat actuel de la culture de l'orge de brasserie et du houblon en France, 6, 958. — L'état actuel de l'élevage du porc en France, 8, 618. — L'état actuel et les besoins de la culture du trèfle, de la luzerne et du sainfoin en France, 9, 614. — L'état actuel et les besoins de la culture des prairies naturelles et des pâturages en France, 42, 836. — L'état actuel et les besoins des châtaigneraies en France, 13, 733. Le dosage de l'azote dans les terres et les engrais; sim- plification de la méthode de Kjeldahl, 8, 175. LarBaLérrieR (A.) et Mazpeaux (L.) : Etat actuel de la culture de la betterave en France. 1'° partie : Choix des variétés. Culture de la betterave à sucre, 7, 633. — 2° partie : Betterave de distillerie et betterave fourragère, 7, 675. Laury (A.) : Les diatomées fossiles, 22, 918, 949. Laue (M. : Le principe de relativité, 23, 444. Lauxay (L. de) : L'avenir géologique de l’or et de l'argent. Conséquences économiques et sociales, 6, 362. — Les diamants du Cap, 8, 535. — La distribu- tion géographique des sources thermales, 9, 537. — Les variations des filons métallifères en profondeur, 41, 575. — Un projet d'empire colonial f:ançais sous Louis XV, 42, #14. — La répartition et les caractères de la richesse minérale en Afrique, 43, 1075. — La distribution des éléments chimiques dans l'écorce terrestre, 45, 386. — Application de la méthode tec- tonique à la métallogénie de la région italienne, 16, 812. — L'or dans le monde et son extraction, 47, 501, 547. — Les Telchines et les origines de la métallurgie antique, 19, 449. — [La métallogénie du continent asiatique, 21, 974. — Classification métallogénique des corps simples, 22, 633. — L'orogénie de la Pénin- sule balkanique (contre-coups de la Géologie sur l'Histoire), 23, 817. Laurent (Ach.) : L'empoisonnement des rivières en Aus- lralie, 6, 439. Laurent (Emile) : Deux plantes pour la soif, 43, 326. LaurioL (P.) : Un nouveau mode de traction électrique. Le tramway Claret-Vuilleumier, 7, 331. L'assainissement de Paris. L'épuration des eaux d'égout par l'irrigation, 7, 35. — Le concours ouvert par la ville de Paris pour l'épuration et la stérilisation des eaux de rivière destinées à la boisson, 7, 489. — Le pavage en bois, 8, 1. Laussenar (A. : Rech. sur les instruments, les méthodes el le dessin topographiques, 40, 637; 42, S11 ; 45, 875. Laura (Ch.) : Aug. Scheurer-Kestner, 40, 753. LAVARENNE (E. de) : Tuberculose et auscultation, 4, 17. — Les polynévrites, 4, 211. — Revue annuelle de Médecine, 4, 713; 2, 748; 3, 855; 4, 804. LAvenIR (A.) : mélanges de sels isomorphes, 6, 388. Laveran (A.) : L'évolution de la Pathologie exotique, 19, « 134. LAvEeRGNE (G.) : Les turbines et le transport de la force par l'électricité, 5, 101. — Les applications méca- niques de l’Electricité dans les mines, 6, 8. — Les récents perfectionnements du phonvgraphe, 7, 193. — Les applications de l'électricité à l'artillerie, 8, 544. — L'état actuel de l’automobilisme, 10, 131, 190, 224, 257. — La deuxième exposition internationale d'automobiles, 140, 613. — L'automobile en 1902, 43, 811, 853, 916, 973. — L'automobilisme en 1903, 44, 938.— L'automobilisme au Salon de décembre 1903,145, 30. — Les moteurssans soupape à quatre temps, 23, 13. Laze (L.): L'état actuel et les besoins de la féculerie en France, 7, 1244. Leau (L.) : Sur les équations fonctionnelles à une ou à plusieurs variables, 8, 795. Léauté (A.) : Rech. sur la décharge des condensateurs, 24, 485. LÉAUTÉ (H.) : La machine à vapeur, 4, 289. — Sur la théorie des régulateurs, 4, 625, 663. LeseaU (P.) : Rech. sur le glucinium et ses composés, 9, 828. Le Bez (A.) : La cause de l'équilibre dans la molécule, 2, 209. — Les laboratoires d'enseignement chimique primaire à Paris, 3, 88. Le BLanxc (Max) : Les idées nouvelles sur la théorie des piles, 40, 725. LeBLanc (Maurice) : Nouv. machine frigorifique, 46, 1116. LeBLaNc rizs (Maurice) : Les transports d'énergie élec- trique à haute tension, 24, 844. LeBLoxD (M. À ) : L'état actuel de l'agriculture à Mada- gascar, 18, 675. Leuon (Ernest) : La section des Sciences au Congrès inter- national de sciences historiques, 44, 590. LeBrun (A.) : Les mines et l'exploitation minérale en Bosnie-Herzégovine, 44, 512. LÉCAILLON (A.) Rech. sur l'œuf et le développement embryonnaire de quelques Chrysomélides, 40, 363. LecaLas (M.-C.) : La navigation de la Loire, 7, 746. — La navigation de la Garonne et du Rhône. Compa- raison de ces fleuves avec la Loire, 8, 645. Le Cuarecrer (Alfred) : La production du caoutchouc, 40, 300. — La Défense nationale, 44, 57. — La lutte sociale contre la tuberculose, 45, 83. Les Senoussiya, 13, 504, 599, 711. Le Cuareuier (André) : Les propriétés mécaniques des métaux, 2, 509. Le CuareLier (H.) : Le grisou et ses accidents, 4, 630. — Sur l’Energétique, 4, 567. — La constitution chi- mique des produits hydrauliques, 5, 33. — Les alliages métalliques, 6, 529. — L'état actuel des théories de la trempe de l'acier, 8, 11. — L'enseigne- ment scientifique général dans ses rapporls avec l'industrie, 9, 98. — La loi des phases, 40, 759. — Du rôle des préoccupations industrielles dans les progrès de la science pure, 42, 1099. — J, Willard Gibbs. Sa vie et son œuvre, 44, 644. — Progrès récents de la Sidérurgie, 24, 886. — L'œuvre de van’t Hoff, 22,735 La fusibilité des mélanges salins, 5, 1005. — Un nouv. microscope pour l'étude des corps opaques, 8, 43. — La loi des tensions fixes de dissociation, 24, 83. — Floris Osmond (1849-1912), 23, 685. — G. Wyrouboff, 25, 1. Le Cuarezter (H.) et Mourer (G.) : Les équilibres chi- miques, 2, 97, 138. Leconte (H.) : La ramie, 4, 11. — Les produits végétaux du Congo français, 5, 797. — La culture du cacaoyer dans les Colonies françaises, 8, 468. — L'agriculture aux Antilles françaises, 43, 611. Lecorxu (L.) : Les régulateurs en 1900, 42, 125. — Les rotations ultra-rapides, 25, 7. — Revue annuelle de Mécanique appliquée, 44, 387; 16, 821 ; 20, 30; 23, 548. Î Le Danrec (F.) : Les Coccidies, 6, 775. — Les Myxospo- Variations des propriétés optiques dans les TABLE ALPHABÉTIQUE PAR NOMS D'AUTEURS LXI a ridies, 6, 1082. — L'équivalence des deux sexes dans la fécondation, 40, 854. — L'hérédité, clef des phé- nomènes biolosiques, 44, 731, 798. — La maturation de l'œuf, 43, 290. — L'enseignement des Sciences naturelles comme instrument d'éducation philoso- phique, 46, 276. Théorie nouv. de la vie, 7, 837. — Évolution individuelle et hérédité, 9, 547. Le Denru (A.) : La chirurgie des reins et des uretères, | 1, 689. Leornenan (C. G.) : Influence de la température sur la pha- socytose, 49, 553. Levoux-Lesarp (A.) : Micro-organismes thermophiles et thermogènes, 3, #10. — La diphtérie et son traite- nent par le sérum d'animaux immunisés, 3, 782. — L'action de la lumière sur les microbes, 5, 446. Leouc (A.) : Les densités des gaz et la loi des volumes moléculaires, 4, 404. — Abaissement moléculaire du point de congélation des solutions très diluées, 6, 394. — Rech. sur les gaz, 44, 41. — La densité de la glace et sa chaleur de fusion, 47, 157. Leresvre (M.) : Détermination expérimentale de la maitresse section, 24, 918. Lerguvre (Dr) : Inscription des signaux de télégraphie sans fil à l’aide d'un musele de grenouille, 23, 535. Lerèvre (J.) : La Bioénergétique générale, 23, 187. — La Bioénergétique musculaire, 23, 747. Lerèvre (L.) : Les industries chimiques normandes à l'exposition de Rouen, 7, 669. LecenbrEe (A.-F.) : Le Royaume fleuri ou Province des quatre fleuves (Chine occidentale), 46, 947. LeGexoRe (R.) : Contrib. à la connaissance de nerveuse, 20, 153. Lécer (L.) : Rech. sur les Grégarines, 3, 558. Lécer (Louis) : Comment la nation russe s’est-elle for- mée ? 9, 674. Lécer (L. J.) : Rech. sur l'appareil végétatif des Papavéra- cées, 7, 421. pe (M.) : Recherches sur la structure des Mucorinées, 7, la cellule Lécer (M.) : Un nouvel essai de navigation aérienne par le plus lourd que l'air, 46, 939. Lecrano (E.) : Rech. sur la conductibilité électrique de cer- ue sels et du sodium dissous dans AzH* liquéfié, 44, Le GranD (N.-E.) : Voir Corpter (J.-A.). Leneup (A.) : L'état actuel de la culture et de l’industrie du tabac, 10, 772. Lenmanx (A.) : Modifications organiques accompagnant les émotions, 47, 123. Leseaux (Jean) : Le dry farming et l’agriculture nord- africaine, 23, 302. La baisse cotonnière et l'Afrique du Nord, 23, 93. Lecreuvre (M.) : Sur les surfaces à génératrices rationnelles, 6, 1101. — Jules Tannery, 22, 49. Lewanc (C!) : Le problème du ravitaillement de l’armée bulzare, 23, 918. Lémeray (E. M.) : Le principe de relativité et la Méca- nique, 23, 174. Lemre (Ch.) : Les intérêts francais au Siam, 9, 106. — pe RRQ de nos Colonies à l'Exposition de 1900, , 130. LEMOINE (P.) : Les tremblements de terre du Bassin de Paris, 24, 54. Mission dans le Maroc occidental, 47, 521. — L'origine tectonique des tremblements de terre de Provence et d'Italie, 20, 940. — Le tremblement de terre de la mer de Marmara, 24, 88. LemoINE (M2e P.) : Le rôle des algues dans la formation des dépôts calcaires, 22, 645. A anatomique des Mélobésiées; classification, Lemourt (P.) : Nouvelles synthèses de l’indigo. Procédé Sandmeyer, 43, 759. — Thermochimie et formules de constitution, 49, 137. — Revue annuelle de Chi- mie organique appliquée, 22, 571. Spectres d'absorption de quelques matières : colorantes artificielles, 42, 498. F:é DS Lenano : Les spectres des métaux alcalins, 46, 666. Levwarp et Krarr : La phosphorescence des sulfures alca- lino-terreux, 46, 554. LeNogLe (E.) : Nouveau procédé de détermination de la den- sité des corps pulvérulents méthode du flacon), 8, 642. Lépine (R.) : L'évolution de nos connaissances sur les hydrates de carbone de l'économie animale, 23, 463. LerAy (P. A.) : Une nouvelle théorie de la capillarité, 4, 143. Lericne (M.) : Etude des Poissons fossiles du nord de la France et des régions voisines, 48, 375. — Les Galeries nationales du Musée royal d'Histoire naturelle de Belgi- que, 47, 3. Le Roux (J.) : Sur les intégrales des équations linéraires aux dérivées partielles du second ordre à deux variables indépendantes, 6, 286. Le Roy (Ed. : Sur l'intégration des équations de la chaleur, 9, 827. Leroy (Raoul) : L'alcoolisme dans l'Eure au XIX° siècle, 42, 646. Leroy-BeauLreu (A.) : Les races, les religions, la natio- nalité en Bosnie-Herzégovine, 44, 3%#. LEsAGE : Influence du bord de la mer sur la structure des feuilles, 4, 671. LescaRDÉ (F.) : L'œuf de poule, sa conservation par le froid, 21, 352. Le Sourp (L.) et Pacniez (Ph.) : La rétraction du caillot sanguin et les hématoblastes, 18, 858. L'Espixasse-LANGEAG (de) : La culture de l'olivier en Tunisie, 7, 1105. LergeuLe (P.) : La lampe et la soupape à mercure Coo- per-Hewitt, 16, 934. LÉTIENXE (A.) : Revue annuelle de Médecine, 6, 1049; 8, 341; 9, 75; 40, 476; 44, 1099; 12, 923; 13, 983; 44, 4211 ; 45, 991 ; 46, 904 ; 17, 982; 19, 180; 20, 367, 24, 64. Leruzee (D° M.) : Les dilatations du cœur, 5, 733. Levaprrr (C.) : La paralysie infantile épidémique (mala- die de Heine-Medin), 22, 533. — Le virus de la para- lysie infantile épidémique, 22, 673. Levasseur (E.) : L'esprit du Protectorat français. L'œu- vre administrative de la France en Tunisie, 7, 1182. Le VerRiER (U.) : Les procédés nouveaux pour le raffi- nage de l'acier, 2, 593. — Revue annuelle de Métal- lurgie, 6, 177. Lévy (Albert) : Les eaux potables et la méthode hiydro- timétrique, 3, 151. Lévy (L.), URBAN (E.), Duronr (F.), Piceon (L.), Siz (E.), Korpa (D.) : Les travaux du récent Congrès de Chimie appliquée, 7, 903. Lévy (Maurice) : La Théorie mathématique de l’Electri- cité, 4, 33. — L'Hydrodynamique moderne et l'hypo- thèse des actions à distance, 4, 721. — Le mouve- ment récent des grandes applications de l'Electricité, 19, 768. Lewes (V. B.) : La synthèse industrielle des hydrocar- bures employés à l'éclairage, 6, 269. Sur les dépôts qui se forment dans les chaudières, 2, 390. Lezé (R.): La laiterie moderne et l’industrie du lait concentré, 6, 539. — Recherches nouvelles sur la constitution et les réactions du lait, 9, 841. — Emul- sions et cristaux, 40, 7#1. — La laiterie francaise et ses récents -progrès, 42, 82. — Une machine ther- mique idéale, 13, 93. Lrarounorr : La figure des planètes, 18, 386. Lie (Dr H. P.): G.-A. Hansen, 23, 258. Lie (S.) : Théorie des groupes de transformation. Leçons sur les groupes continus, 5, 826. Licoxpës (Ce! du) : Sur la formation du système solaire, 23, 218. Lime (CL) : Mesure directe des f. 6. m. en unités électroma- gnétiques, 6, 830, 1059. Lixper (L.): Les récents progrès de l’industrie sucrière, 2, 310. — Les produits formés pendant la fermenta- tion alcoolique, 2, 720. — L’outillage de la meunerie moderne, 5, 44. — Etat actuel de la sucrerie en France. Evolution récente de la sucrerie, 6, 224. — L'état actuel de la consommation et de la production des alcools d'industrie en France, 40, 818. — L'éclai- LXIL : TABLE ALPHABÉTIQUE PAR NOMS D'AUTEURS rage et le chauffage par l'alcool, 43, 284. — Revue des industries de l'alimentation, 24, 157. Liouvizze (R.): La vitesse de propagation des mouve- ments dans un fluide indéfini, 4, 209. LippmanN (G.) : La Photographie des couleurs; son principe, ses progrès les plus récents, 3, #1. Nouv. galvanomètre parfaitement astatique, 42, 551. — Photographies en couleurs du spectre négatives par transmission, 46, 660. Lockyer (N.) : L'arc spectral photographique des météorites de fer, 5, 262. — Sur le nouveau gaz extrait de l'uraninite, 6, 952, 991: 7, 47, 273, 427, 5M, 626. — Le spectre du sili- cium, 44, 160. — Relations entre les spectres des taches solaires et des étoiles, 45, 836. Lockyer (W.) : Un changement à longue période des taches solaires, 42, 941. Lonce (0.) : Les hypothèses actuelles sur la nature des rayons de Rœntgen, 7, 253. Etat actuel de nos connaissances sur les relations entre l'éther et la matière, 3, 460. — Nouv. forme de cohéreur à restauration automatique, 44, 731. Loss (J.) : Toxicité du chlorure de sodium pur, 44, 266. — La parthénogénèse expérimentale, 44, 568. — Nouv. expé- riences sur la parthénogénèse provoquée, 44, 1295. — La parthénogénèse artificielle, 24, 658; 23, 448. Logw (0.): Séchage et fermentation des feuilles de tabac à cigares, 40, 893. Lom (A.) : Le surmenage et le charbon chez les mou- tons australiens, 2, 515. — Les maladies contagieuses de l’homme et des animaux en Australie, 5, 7. — Les conditions sanitaires et l’hygiène en Tunisie, 7, 1038. — Les pratiques médicales chez les Arabes tunisiens, 10, 673. — Les eaux minérales et ther- males de la Tunisie, 41, 630. — Pasteur à Arbois, 42, 821. — La désinfection par l’acide sulfureux, 42, 962. — La pratique de la pasteurisation des vins et la lutte anti-alcoohique, 14, 430. — Les indigènes de la Rhodésie, 44, 1093. L'acide sulfureux contre les moustiques, 13, 324. Lorsec (G.) : L'enseignement de l'Embryologie dans les nouvelles universités françaises, 44, 1010; 42, 251. — Evolution des idées générales sur la sexualité, 46, 10, 63. — La culture et l'élevage du homard dans les iles Kviting’s en Norvège, 24, 381. — Revue annuelle d'Embryologie, 12, 1128; 13, 1139, 1188; 15, 86, 144; 16, 376; 17, 456; 20, 266; 24, 692. Formation et évolution des éléments du tissu élastique, 8, 631. — Les jardins zoologiques à l'étranger, 18, 736 ; 49, 520 ; 20, 481. Lonoe (Albert) : Des causes de trouble apportées aux images radiographiques par l'emploi des écrans renforçateurs, 9, 442. — Le Stéréocycle de MM. Bazin et L. Leroy, 9, 479. LonwGcnawp»s (G. de): Les fonctions hyper-bernoulliennes et la fonction p (u), 4, 571. LowGmoGe (J. A.) : Le progrès de l’Ârtillerie, 3, 109. Loran (P.): L'hélice propulsive, 23, 263. Lorenrz (H. A.): Le partage de l'énergie entre la ma- tière pondérable et l'éther, 20, 14. — Considérations élémentaires sur le principe de relativité, 25, 179. Mouvement relatif de la Terre et de l’éther, 3, 838. — Influence du mouvement de la Terre sur la propagation de la lumière dans les milieux biréfringents, 4, 204. — Sur les vibralions de systèmes portant des charges élec- triques el placés dans un champ magnétique, 40, 207. — Considéralions sur la gravitation, 44, 658. — La théorie du rayonnementet la seconde loi de la Thermodynamique, 42, 107. — Les lois de Boltzmannet de Wien relatives au rayonnement, 42, 295. — Théorie simplifiée des phéno- mènes électriques et optiques dans les corps en mouve- ment, 40, 455. — Les phénomènes électromagnétiques dans un système se mouvant avec une vitesse quelconque, inférieure à celle de la lumière, 45, 524. — Le mouvement des électrons dans les métaux, 16, 139, 240, 663. — Sur la radiation de chaleur dans un système de corps ayant artout la même température, 16, 963, 1064. — Sur les andes d'absorption et d'émission dans les corps gazeux, 47, 56, 160. Loru (G.) : Les forêis et la question du reboisement en Tunisie, 7, 1076. — L'organisation de l’enseignement italien en Tunisie, 12, 1108. — L'évolution de la Tunisie, 17, 139. LowenruaL (V.): L'état sanitaire comparé de l'armée francaise et des grandes armées européennes, 44, 930. { Lussock (J.) : Les feuilles et les lois de leurs formes, 1, 535. Luco (P.) : Lord Kelvin, 19, 219. LumiÈRE (A. et L.) : Etude expérimentale du halo en pho- tographie, 1, 568. — Les développateurs de la série aromatique, 2, 442. — La photographie des couleurs. Ses méthodes etses résultats, 6, 1034. — La plasmo- thérapie, 17, 134. Une nouvelle méthode d'obtention de la photographie- des couleurs, 45, 883. i ge Lumière (A. et L.) et Sevewerz (A.): Le développement des pièques et papiers photographiques en pleine lumière, Luumer (0.) et PxmnGsnem (E.) : Réalisation et mesure de- températures supérieures à 20000, 44, 474. LumspEx (J.-S.): La forme des courbes de solubilité, 43,502. LuxGE (G.): Revue annuelle de Chimie appliquée. La grande industrie chimique, 2, 40; 3, 120; 4, 107; 5, 120. Lurz (L.): Rech. sur la nutrition des végétaux à l’aide de- substances azolées de nature organique, 44, 612. — Con- tribution à l'étude des céréales. Le blé, l'orge et le seigle à l'état sauvage, 20, 801. — Nouvelles méthodes permet- tant de mesurer l'ouverture des stomates foliaires, 23, DE La formation des zygospores chez les Mucorinées,. Lypex&er (R.): La découverte de Mammifères du type australien dans l’Amérique du Sud, 3, 501. — Les Ongulés aberrants des terrains tertiaires et pléisto— cènes de l'Amérique du Sud, 3, 565. Lyon (L.): Sur les courbes à torsion constante, 4, 585. MacaLLum (A.-B.) et MENTEN (M.-L.): Distribution des chlo- rures dans les cellules et les fibres nerveuses, 17, 253. Mac AuLay (Alex.): Les octonions, 40, 483. Mac Brie (E.-W.): Organogénie de l’Asterina gibbosa, 5, 60. Mac CLeLLann (J.-A.): Absorption des rayons Rüntgen par- différentes substances, 7, 796. — Rayons cathodiques et rayons de Lenard, 8, 800. MacnowaLp (J.-S.): La structure des fibres nerveuses, 48, 46. Macé pe Lépinay (J.): La visibilité des anneaux de New- ton, 4, 770. — La détermination du kilogramme, 7,. 886. Macé De LépinaY (J.) et Peror (A.): Contribution à l'étude du. mirage, 4, 115. MAcraDyEen (A.) et RowLanp (S.): Influence de la tempéra- ture de l'air liquide sur les bactéries, 44, 992. Macuar (J.): L'état actuel et les besoins de la culture de la pomme de terre en France et à l'étranger. 4re partie : Evolution générale de la culture, 9, 23. — Les résultats de la Mission Lyonnaise en Chine. 8, 1001. — Les bases scientifiques de la question chinoise, 9, 517. — Les conditions gé graphiques du Soudan égyptien, 40, 510. — La SÉRCRURRE physique du Maroc, 14, 12. — La structure géologique de la Guinée française, 45, 767. — La question antarciique d’après les voyages exécutés vers le Pôle sud depuis 4898, 49, 527, 561. Résultats généraux de la seconde Mission Charcot dans l'Antarctique, 21, 884. MacLean M.) : Effet de l’élirement sur les propriétés thermo électriques des métaux, 40, 606. — Voir Lord Kezvix. Maenas (W.) et Risrorr (R.): Rech. sur les températures atteintes pendant les explosions, 44, 1080. Mavonozze (Cl.): Haï nan et les intluences étrangères, 8, 3. MaGnan et Sérieux (Drs): Les Aliénés persécuteurs, 2, 774. Maven (J.-H.): La flore forestière de la Nouv. Galles du Sud, 24, 1033. Maicre (E.): Le problème du géotropisme et la théorie des statolithes, 20, 215. Mare (A.) : La technique de la catalyse par les métaux réduits et les oxydes métalliques, 24, 650. — Revue TABLE ALPHABÉTIQUE PAR NOMS D'AUTEURS LXTI annuelle de Chimie minérale, 46, 172; 17, 191; 48, 159; 49, 322; 20, 548; 21, 389; 22, 240; 23, 933; 24, 428. — Revue annuelle de Chimie organique, 24, 860; 22, 689; 23, 781; 25, 67. | Maucars (L.): La cristallisation des matières albumi- noïdes et les cristalloïdes protéiques de la Micro- raphie, 9, 608. — Les applications biologiques de à théorie des ions, 40, 768. — Les peptides, 47, 115. L'indoxyle urinaire et les couleurs qui en dérivent, 45, 911. — Genèse des matières protéiques et des matières humiques, 25, 120. Maucer : Rech. sur les substitutions, en particulier sur les groupes transilifs, 4, 609. É Maux (W.-K.) et Cnaezer (A.) : Etat actuel de l’industrie des matières plastiques organiques, 23, 102. ï Maine (R.): Les espèces végétales sociales. Formation et répartition des sociétés, 40, 523. Masorana (Q.): Nouv. système de téléphonie sans fil, 48, 114. Mazaoun (A.) : Rech. sur les Syllidiens, 5, 128. Mazanp (A.-E.) : La castration parasitaire, 2, 38. Mazrirano (Giovanni): Les propriétés physiques des colloïdes hydro-oxy-chloro-ferriques. Essai d’une définition de l’état micellaire, 49, 614. MarLorzsz : La sécrétion de la glande sous-maxillaire, 43, 452. Macreaux (L.) : L'état actuel de la culture des plantes oléagineuses herbacées en France, 8, 425. — Voir LARBALÉTRIER (A.) Maxceau (E.) : Le tannin de la galle d'Alep et de la galle de Chine, 8, 151. Mancmi (E): La guérison de la rage déclarée (expériences de Tizzoni et Centanni), 3, #45. Maxeou (A.-H.) : Rech. sur les colorations tégumentaires, 45, 748 MANEUVRIER (G.) : Nouv. méthode de détermination du rap- port C/e pour l’air et d’autres gaz, 7, 106. Maxeror (M.-S.) : De la symétrie courbe, 2, 141. Maxcnx (L.) : Structure et fonction des stomates, 4, 100. — La sexualité chez les champignons, 9, 709. — Les Algues du plancton, 19, 642. — L'œuvre d'Edouard - Bornet, 23, 538. — Revue annuelle de Botanique, 1, = 236; 2, 255; 3, 367; 4, 179; 5, 450; 7, 439; 9, 574. Maxime Cornu, 12, 453. — Edouard Bornet, 23, 1. MaxLey-Benpazz et Perrot (H.): Organisation et fonc- tionnement du Service météorologique) des Etats- Unis, 25, 113. MAQUENNE (L : La synthèse des sucres, 4, 165, 592. — La nomenclature chimique au Congrès de l’Associa- tion Francaise pour l'avancement des sciences en 1893, 4, 557. — La synthèse des hydrures aromatiques, 4, 691. — Asymétrie et fermentation. A propos des récents travaux de M. Em. Fischer, 6, 53. — La réversibilité de la zymohydrolyse, 9, 925. — La res- piration des plantes vertes, 46, 594. — La synthèse végétale des corps hydrocarbonés, 16, 928. — L'ami- don et sa saccharification diastasique, 17, 860. Sur les variations de la valence en Chimie, 3, 499. — L'œuvre agricole de P.-P. Debérain, 46,152. — Emile Bréal, 24, 2. — St. Cannizzaro, 24, 497. Maquenne (L.) et Demoussy (E.): Le noircissement post- mortal des feuilles, 24, 196. Marace (D.) : Etude des voyelles par la photographie des mes manométriques, 9 164. Manue (K.) : Détermination objective de la fréquence des flammes de Kônig, 47, 842. — Inscription des cardio- grammes au moyen des flammes fumantes, 49, 45. Marcer (W.): Les différentes formes de la respiration humaine, 8, 299. Marcu (François): Sur les $-dicétones, 14, 365. Marcuat (P.) : Rech. sur l'appareil excréteur des Crustacés décapodes, 3, 685. MancHaxD (H) : La fabrication industrielle de la cyana- mide de calcium, 49, 982. — Traitement électro-ther- mique des minerais de fer, 20, 443. — Les progrès récents de la Télégraphie et de la Téléphonie sans fil, 20, 732; 24, 652. — Les tendances nouvelles de l'enseignement technique et professionnel en Amé- rique, 24, 59. — Les autocommutateurs télépho- niques, 22, 113. — Le moteur électrique dans l’in- dustrie métallurgique, 22, 525. — [L'avenir des centrales génératrices d'électricité, 22, 753. Les progrès de l'industrie de la tourbe, 21, 178. — Le haut-fourneau électrique, 21, 270 — La gazcification de la tourbe, 24, 361. — Les procédés modernes pour l'extrac tion de l'or, 24, 499. — Le relais téléphonique, 24, 919, — Principes de la construction des locomotives électriques, 22, 306. — Les installations hydro-électriques et les trans- missions à haute tension en Amérique, 22, 514. — Les interférences en radiotélégraphie, 22, 858. — Le Congrès électrotechnique international de Turin, 22, 939. — Les fours électriques, à tremper, 24, 527. — La plus grande installation hydro-électrique du monde, 24, 566. — Le condensateur chantant employé comme récepteur télé- phonique, 24, 680. — Installations électriques du chemin de fer à courant continu à haute (ension Butte-Anaconda, 25, 503. — Un nouv. oscillographe, 25, 663. — Epuration des gaz par la chaleur, 25, 768. Marouis (L.) : Le premier Congrès international du froid, 20, 206. Manrconi (G.) : Détecteur magnétique pour ondes électriques, 43, 896. — Effet de la lumière du jour sur la propagation des impulsions électromagnétiques à grande distance, 43, 1106. — L'émission d'ondes electriques dirigées, 17, 578. Marey (E.-J.) : La Chronophotographie, 2, 688. — L'ins- cription des phénomènes phonétiques, 9, 445, 482. Le mouvement des liquides, 43, 167. MarGERIE (Emm. de) : Les deux nouvelles cartes géolo- giques de la France, 1, #3. — La géologie de l'Anda- lousie et le tremblemeut de terre du 25 dé- cembre 1884, 1, 696. MarGuer (F.): Le point à la mer et son histoire, 24, 542. — La « Connaissance des Temps » et son histoire, 23, 133. — Les courbes de hauteur et leur emploi en navigation et en géodésie, 25, 705. Marie (Ch.) : Le Ve Congrès de Chimie appliquée (1903), 14, 700. — L’électrochimie et les composés oxygénés et hydrogénés de l'azote, 46, 590. — L’Electrochimie appliquée aux recherches et aux préparations de la Chimie organique, 47, 746 — Revue annuelle de Chimie physique, 22, 411; 24, 233. Sur un nouveau facteur intervenant dans la solubilité des corps solides, 42, 686. — Le développement et l'état actuel de l'industrie chimique en Suisse, 42, 950. — H. Lan dolt, 24, 319. — R. Abegg, 24, 319. Manixesco (Georges) : L'histopaihologie de la cellule nerveuse, 8, 406. — Contribution à l’étude de l’ori- gine du facial supérieur, 9, 755. — Les applications générales du cinématographe aux sciences biolo- giques et à l’art, 41, 117. — Etudes histologiques sur le mécanisme de la sénilité, 145, 1116. — Le méca- nisme de la régénérescence nerveuse, 48, 145, 190. — Recherches sur la cyto-architectonie de l'écorce cérébrale, 24, 816, 852. Manrinesco (G.) et Sérteux (P.) : Essai sur la pathogénie et le traitement de l’épilepsie, 9, 506. : Marquis (R.) : Rech. dans la série du furfurane, 15, 876. MarsicLon (Ch.) : Les crèches de Paris et de la banlieue, 5, 43. MaRTIENSSEN (0.) : Sur la possibilité de remplacer la bous- sole magnétique par une boussole de rotation, 17, 806. Martin (DrA.-J.): L'Hygiène sociale, son but, ses prin- cipes, ses méthodes, 3, 45. MarTiN (C.-J.) et CnerrY (Th.) : Sur la nature de l’antago- nisme entre les toxines et antitoxines, 40, 371. MarriNet (D° A.) : Pharmacologie de l'acide phospho- rique, 16, 568, 611. — L'évolution de la Pharmaco- dynamie, 49, 537. Mascart E.) : Sur l’achrematisme des interférences, 4, 57. Mascart (J.) : Les éclipses et la constitution physique du Soleil, 42. 213, 270. — Une mission scientifique internationale à Ténérife, 24, 633. — L'actinométrie et la météorologie à Ténérife, 21, 902. —- Les applica- tions récentes de la télégraphie sans fil aux bateaux de pèche, 22, 671. LXIV Contribution à l'étude des planètes télescopiques, 9, 546. — Les détails de la surface de Jupiter, 48, 989. — Gustave Leveau. 22, 50. — Antonin-Nicolas-Hélène Poincaré, 22, 665. Mascart (L.) : Le câble sous-marin Touraue-Amoy, 43, 27. Massant (J.) : La pression osmotique et la physiologie de la cellule, 2, 69. — L'irritabilité des spermato- zoaires et les causes de leur pénétration dans l’œuf, 2, 504, — Le rôle de l'expérience en Géographie bota- nique, 23, 7. Esquisse de la Géographie botanique de la Belgique, 22, 382. MassoL (G.) : 394. Massonxar (Em.) : Contribution à l'étude des Pupipares, 24, 441. Maruesius (W.) : La formation des scories dans les opé- rations métallurgiques, 15, 889. Maruias (E.) : La liquéfaction de l'hydrogène, 6, 617. — Le Laboratoire cryogène de Leyde, 7, 481. — La préparation industrielle et les principales applica- tions des gaz liquéfiés, 42, 902, 965. — La prépara- tion industrielle et les applications de l'acide carbo- nique liquide, 43, 180, 230. — La liquéfaction industrielle de l'air et l'extraction de l'oxygène de l'atmosphère, 18, 697. — Recherches sur le magné- tisme terrestre, 20, 482. — L'œuvre de Louis Cailletet, 24, 174. Chaleur latente de vaporisation des gaz liquéfiés, 4, 245. — La transmission instantanée des images par l'électri- cité, 4, 798. — La densité critique et le théorème des états Etude thermique des acides organiques, #4, correspondants, 3, 171. — La récente Conférence météoro- logique internationale de Paris, 7, 197. — Ch. Tellier, 24, 826. Maruras (E.), Ones (H.-K.) et CromyeziN (A.-C.) : Sur la courbe des densités de l’argon, 24, 124. MariGon (C.) : I. Les nouveaux Services et Instituts de la Faculié des Sciences de Lille. IL. Description des nouveaux laboratoires de la Faculté, 6,479. — L'alu- minothermie, 44, 1075. — Marcelin Berthelot, 48, 348. — La préparation industrielle synthétique du cyanure de sodium, 24, 882. — L'industrie de l’iode, son histoire, son état actuel, 25, 511. Recherches sur les uréides, 3, 487. — Louis Troost (4825-1911), 22, 822, — La production mondiale de l'alu- minium, 24, 752. — L'emploi du blanc de zinc en peinture proposé par Courtois, 24, 871. — Production et consom- Fe du cuivre, du zinc, du plomb et de l'étain en 1912, 5, 4. Marruey (Ed.) : Sur la métallurgie du bismuth, 4, 90. MauBrac (P.)et MAURANGE (G.) : Uue nouvelle méthode thérapeutique : l’opothérapie, 7, 1233. Application thérapeutique des rayons Rœntgen, 8, 88. Mavwouir (A.): Rech. sur la commutation dans les dynamos à courant continu, 24, 416. RP OUIN (Ch.) : Cristaux liquides à structure homogène, 23, 65. ; Mauuus (J.): Les cæcums des Oiseaux, 43, 1103. Mauras : Hermaphroditisme et parthénogénèse chez les Nématodes, 42, 204. MauraiN (Ch.) : Magnétisme, couches de passage et actions à petite distance, 42, 1059. — Les poids molé- culaires dans les différents états physiques de la matière, 21, 6. — Les études d'Aérotechnique à l’Ins- titut de Saint-Cyr, 24, 218. — Revue d'Aérotechnique expérimentale, 25 679. eee de réduction de l'hystérèse magnétique, 45, Mauran (Dr) : L'hygiène du Marocain, 25, 306. MAURANGE (G.) Ollier (Leopold-Louis-Xavier-Edouard), 41, 1254. — Voir Mausrac (P.) MAYER (A.) : Voir Hener (V.). Mayer (Paul) : Les croisements et l’hérédité des carac- tères, 149, 31. Mazé (P.) : L'humus et l'alimentation carbonée de la cellule végétale, 16, 152, 205. — La respiration des TABLE ALPHABÉTIQUE PAR NOMS D'AUTEURS plantes vertes. Théorie biochimique et théorie de la zymase, 17, 783. Mécanicien (Un): Le Laboratoire de Mécanique du Con- servatoire des Arts et Métiers, 2, 464. MECKLENBURG ( W.) : La théorie des solutions électrolytiques, MéGnix (P.): La faune des cadavres, 5, 834. Mece (D' Henry): La doctrine des localisations céré-M brales et l’épilepsie jacksonienne, 43, 205. — Les tics, 45, 448. Mgraxper (G.): L'électrisation par rayonnement et l'émission d'ondes rapides par les corps à la tempé- rature ordinaire, 42, 1028. De la dilatation des gaz aux faibles pressions, 4, 740. Mere (M. A. van): Sur quelques actions réflexes respira- toires, 44, 994. Mezcer (R.) : Le jaugeage des débits par voie chimique, 24, 809 ; 25, 96. MenoéLéerr (D.): Sur une conception chimique de l’éther, « 45, 719. Ménécaux (A.): L'état actuel de la fabrication de la soie artificielle en France, 9, 569. Recherches sur la circulation marins, 2, 272. Méray (Ch.): Sur une nouvelle langue artificielle, 44, 417. RER (M.): Rech. sur quelques fluorures organiques gras, Mesuin (G.): 1. La technique de la photographie de l'invi- sible. II. Réduction du temps de pose par l'emploi de champs magnétiques non uniformes, 7, 407. — Con- servation et utilisation de l'énergie, 15, 584, 652. — La classification de certains phénomènes affectés d’un signe. A propos des phénomènes de dichroïsme magnétique, 18, 452. La polarisation elliptique des rayons réfléchis ettransmis par les lames métalliques minces, 4, 311. MesnaGer : Application de la double réfraction du verre à l'étude de la résistance des matériaux de construction, 25, 89. MEeswic (F.): Coccidies et paludisme, 40, 213, 275. Mode de résistance des Vertébrés inférieurs aux inva- sions microbiennes artificielles, 6, 640. — Fritz Schau- dinn,17,671.— Robert Koch, 24, 537. — Voir CauLLERY (M.). M£rcnnirorre (E.): Recherches nouvelles sur la phago- cytose, 4, 425. — Les idées nouvelles sur la structure, le développement et la reproduction des bactéries, 2, 211. — Carcinomes et coccidies, 3, 629. — L'état actuel de la question de l’immunité dans les maladies infectieuses, 41, 1210. — Les poisons cellulaires (eytotoxines), 42, 7. — L'hygiène des intestins, 47, 899. Mérin (A.): La Colombie britannique, 20, 790. Meunier (Stanislas) : Etude géologique sur le terrain à galets striés des Préalpes vaudoises, 143, 300. MEuRice (J.) : L'adrénaline, son action physiologique et ses applications thérapeutiques, 16, 1045. — Les pro- priétés pharmacodynamiques et thérapeutiques de la stovaine, 17, 514. Meyer (A.): La théorie des élections et la représentation proportionnelle, 46, 111, 158. A propos de la représentation proportionnelle, 46, 450, » 669. Meyer (H.) et Ranson (F.): Rech. sur le tétanos, 44, 1014. Micuec (A.): Rech. sur la régénéralion chez les Annélides, 40, 250, 379. Micue-Lévy (A.): L’éruption de la montagne Pelée et les volcans des petites Antilles, 43, 554. — La chaire d'Histoire naturelle des corps inorganiques au Col- lège de France, 46, 359. — Les reproductions artifi- cielles de roches et de minéraux, 49, 345. Micuec-Lévy fils (A.) : Revue de Pétrographie, 24, 500. MicuesoN (A.): Les méthodes interférentielles en Mé- trologie et l'établissement d'une longueur d'onde comme unité absolue d- longueur, 4, 369. Nouv. spectroscope à échelons, 40, #18. Mizmauv (G.) : La Géométrie au temps de Platon, 40, 847. — Matière et mouvement. Bases d'une Mécanique des Lamellibranches | PR" TABLE ALPHABÉTIQUE PAR NOMS D'AUTEURS LXV objective opposée à la Mécanique classique, 16, 797. — Descartes et la Géométrie analytique,17,73.— Des- cartes et la loi des sinus, 18, 223. — La Géométrie d'Apastamba, 21, 512. — Etude sur Diophante, 22, 749.- Muecer (J.) : L'audition colorée, 3, 831. Mizcocaau (G.): Lois régissant la forme des décharges élec- triques dans les tubes de Geissler, 24, 823. : Mrzzocnau (G.) et F£ny (Ch.) : La température du Soleil et la détermination de la constante solaire, 49, 4009 ; 20, 193. Mune (J.): Les récents progrès de la Séismologie, 47, 696. Micve-Evwanps (A.): Observations sur les Mammifères du Tibet, 3, 670. — Les animaux de Madagascar, 6, 693. Mweux (G.): Sur la photo-électricité, 2, 61. — Mesure électrique de. la lumière des étoiles, 6, 647. Miner (A.) : L'électrométallurgie de l'aluminium, 2, 812. Mieux (J.): Etude de quelques dérivés du C. cyané et de . l'éther camphocarbonique, 4, 576. Miiewiez (Romuald) : L'instinct de déguisement et le choix des couleurs chez les crustacés, 20, 106. Miranve (M.): L'action du goudron sur les plantes vertes, 22, 203. Môgius : La bosse des Mathématiques, 44, 913. Mocu (Gaston) : Artillerie et budget, 8, 90. Morssan (H.) : Nouvelles recherches sur le fluor, 4, 336. — Les nouveaux services et instituts de la Faculté des Sciences de Lille. 1. L'Institut de Chimie, 6, 477. — Sur la préparation industrielle du carbure de cal- cium, 6. 514. — L'œuvre de M. L. Troost, 41, 1299. — Les carbures métalliques, 42, 946. La reproduction du diamant, 4, 363. Motrssan (H.) et Dewar (J.) : La liquéfaction du fluor, 8, 460. Mounié (Marcel): La désinfection des locaux, 8, 364. — L'adduction des eaux du Loing et du Lunain à Paris, 8, 806. — La filtration intermittente dans l'épuration des eaux d'égouts, 9, 599. Mozisca (H.) : L'échautfement spontané des feuilles végétales vivantes, 20, 764. — Influence de la fumée de tabac sur les plantes, 22, 144, 823. Mozz (D. P.): Le principe de Huyghens, 44, 993. Moxp (L.) : Les carbonyles métalliques, 3, 533. La volatlisation des métaux lourds par l'action du monoxyde de carbone etson application industrielle, 20,763. Moxxa (Charles) : Un district peu connu de l'Algérie : la région des Ouled-Daoud, 9, 3. Moon (Th.) : De l'élevage au Maroc, 25, 341. MoxriLarD (F.) : L'application à la microphotographie de la reproduction indirecte des couleurs, 9, 730. Monrertore Levi (G.) : La balance de Rueprecht, 4, 587. Mowressus (F. de) : Les manifestations volcaniques et sismiques dans les Antilles, 43, 669. Monressus pe BaLLore (R. de) : La balistique du fusil de chasse, 25, 585. Sur les fractions continues algébriques, 46, 869. Moore (B.) et Parger (W. H.) : Les fonctions de la bile comme solvant, 42. 859. Moore (B.) et Roar (H. E.): Contribution à la chimie de l'anesthésie, 45, 669; 17, 103. Monar (J. P.) : Le système nerveux et la chimie ani- male, 44, 237. — Cellule nerveuse et système nerveux, 11, 720. -- La loi de Magendie; le temps physiolo- gique, 20, 669. Moreau (G.) : Etude de la polarisation rotatoire naturelle et magnétique, 5, 81. More (D° A.) : Voir HucouneNo (Dr L.). Moreux (Th.) : Revue annuelle d'Astronomie, 47, 277. — La planète Mars d’après les travaux récents, 17, 962. — La climatologie de la planète Mars, 20, 68. Pourquoi la Lune nous parait-elle plus grosse à l'horizon qu'au zénith, 47, 1001. — Miss Agnes Mary Clerke, 48. #29. — La théorie du « double courant » des mouvements stellaires, 49, 113. — La formation de notre satellite, 19, 341. — La surface de Vénus et sa période rotative, 49. 420. — La variation des latitudes, 20, 2. — G. V. Schiapa- relli, 24, 628. — Madame Fleming, 22, 593. — Comment verrons-nous l'éclipse du 17 avril 1912, 23, 170. MorGan (G.-Th.) : L'état actuel de nos connaissances sur les composés diazoïques aromatiques, 44, 748. Morin (P.) : Le problème de l'érosion glaciaire, 22, 762. Les puissances mécaniques comparées d'un glacier et d'un torrent, 49, 728. Morse (L. B.) : La réflexion sélective dans ses rapports avec la constitution chimique, 49, 130. Mosso (A.): L'acapnie et le mal des montagnes, 40, 178. La température du cerveau en relation avec l’activité psychique, 3, 264. — La respiration dans les tunnels et l'action de l'oxyde de carbone, 43, 265. — Travaux du Laboratoire scientifique international du Mont-Rose, 47, 48 ; 49, 412. Morr (F. W.) et Hazuieurron (W. D.) : Action physiologique de la choline et de la neurine, 40, 647. — La chimie de la dégénérescence nerveuse, 42, 775. Mort (F. W.) et SnerriNGroN (C. S.) : Influence des nerfs nr sur le mouvement et la nutrition des membres, :M169: Mourin (M.) : Rayons secondaires cathodiques des rayons o, 18, 646. — L'ionisation des gaz par les rayons X el la recombinaison initiale, 49, 464. Mouxeyrar (A.): Le groupe de la purine, 44, 1122. Moureaux (Th.): Les phénomènes du magnétisme ter- restre, 3, 267. Mourer (G.) : Sadi Carnot et la science de l'énergie, 8, 465. — L’entropie, sa mesure et ses variations. Ie partie : Méthode, lois fondamentales, 6, 909. — Ile partie : Mesure de la réversibilité des transforma- tions isothermes, 6, 1001. — Le facteur thermique de l'évolution, 6, 1069. Bassin houiller et permien de Brive, 3, 522. — Voir Le CHATELIER (H.). : Moureu (Ch.): Les récents travaux sur les composés acétyléniques, 45, 722. Etude de l'acide acrylique et de ses dérivés, 5, 21. — Rech. sur les gaz rares des sources thermales, 24, 374. Moussu (G.) : Rech. sur l'origine de la lymphe de la cireu- lation lymphatique périphérique, 43, 210. Movaier DE VicLepoix (R.): La formation et l'accroissement de la coquille des Mollusques, 4, 431. Mrazek (L.) : La région d'inondation du Davube en Roumanie, 21, 605. Muzzer (P.-T.): L'Institut chimique de Nancy, 6, 32. — Les pseudo-acides, 16, 417. Muzon (P.) : Les Lipoides envisagés du point de vue histologique, 25, 61. MuxSTERBERG (0.) : L'état actuel de l’industrie du car- bure de calcium et de l'acétylène, 43, 528. Nagras (B. de) : Rech. sur les centres nerveux des Gastéro- podes, 6, 826. NaGaoka (H.) et Honpa (K.) : La magnétostriction des aciers au nickel, 13, 400. NAGEoTTE (J.) : La paralysie générale et l’ataxie locomo- trice, 5, 401. Nawsex (F.) : L'Expédition norvégienne au Pôle nord, 44, 857. Napias (H.) : Etat actuel de la verrerie et de la cristal- lerie en France, 7, 171. Nau (F.) : Formation et extinction du clapotis, 9, 504. Nenxst (W.): Les méthodes et les théories électriques en Chimie, 13, 200. — Les progrès les plus impor- tants des disciplines chimiques dans les quarante dernières années, 19, 180. NewaLL (F.) : Note sur le spectre de l'argon, 6, 249. Newcowg (S.) : La théorie du mouvement de la Lune : histoire et état actuel, 49, 686. ETS (E. F.) : Le rayonnement calorifique des étoiles, 42, 249. Niccoux (M.) : 1029. ; Nicocas (A.) : Sur l'enseignement de l'Embryologie à l'Uni- versité de Nancy, 42, 4. Nurris (Jacques de) : Le renouveau de la Pathologie cel- lulaire, 8, 150. La saponilication des corps gras, 16, L\VI TABLE ALPHABÉTIQUE PAR NOMS D'AUTEURS Nopox (A.) : La théorie de l'énergie et ses applications, 4, 699. NoecriNG (E.) : Théorie générale des matières colorantes et de leur fixation par les fibres textiles, 2, 245, 299. — Les théories nouvelles de la teinture, 4, 65. — La formation de dérivés indazoliques au moyen d’amines aromatiques orthométhylées. 17, 414. NomeL (H.): Le Service géographique de l'Armée au Maroc, 25, 371. Nozr (Dr P.): La pression osmotique en physiologie, 42, 459,535. — La coagulation du sang, 20, 594. NorpenskoLp (Otto) : La Vie sociale des Esquimaux, 25, 742. Norpanx (Ch.) : Recherches sur le rôle des ondes hertziennes en Astronomie physique, 13, 379. — La période des taches solaires et les variations des températures moyennes annuelles de la Terre, 44, 803. — Jules Janssen, 19, 223. — Les idées nouvelles sur les vitesses relatives des diverses vibrations lumi- neuses dans l'éther intersidéral, 20, 250. Hervé Faye, 13, 897. — L'enregistrement continu de l'ionisation atmosphérique, 46, 290. — Fondation d'un Observatoire astrophysique en Espagne, 45, 474. — La structure de la couronne solaire, 46, 103. — Le champ électrique de l'atmosphère, 47, 442. — Les températures effectives des étoiles, 24, 172. Nurrazz (G.) : Le nouvel essai biologique du sang el son importance au point de vue de la classification zoologi- que, 42, 1090. mure (P.-G.) : Nos conceptions actuelles sur l'éther, , 573. [0 D'OcAGxE (Maurice) : Le Répertoire bibliographique des Sciences mathématiques, 2, 170. — La Nomographie, 2, 604. — Sur quelques applications pratiques de la méthode des points cotés, 9, 116. — Les progrès récents de la méthode nomographique des points alignés, 18, 392. — Le rôle des Mathématiques dans les sciences de l'ingénieur, 25, 469. Les Sciences mathématiques au Congrès de Pau (1892), 4, 30. — Ossian Bonnet, 4, 207. — Le Colonel Laussedat, 18, 341. Orrrer (A.): Le Xe Congrès géologique international au Mexique, 48, 502. — Le XI° Congrès géologique international en Suède, 22, 359. Variation sous l'influence de la chaleur des indices de réfraction de quelques espèces minérales, 2, 552, — Voir DEPÉRET (C.). OGxer (J.) : La stérilisation des eaux par le peroxyde de chlore, 40, 938. OGizvie (Mie M.) : Elude microscopique et systématique des types madréporaires des Coraux, 8, 311. OLiver (G.): La mesure du liquide tissulaire chez l'homme, 41, 1068. Ouvier (L.) : La synthèse de la matière organique sans chlorophylle ni lumiere, 4, 299. — Lavoisier, d'après M. Berthelot, 1, 572. — Le traitement des tubercu- loses externes par la méthode sclérogène du Profes- seur Lannelonsue, 2, 433. — Le Congrès d'Hygiène de Londres, 2, 600. — Le Congrès de la British Asso- ciation à Edimbourg (1892), 3, 693. — Le 2° Congrès international de Physiologie (Liége, 1892), 3, 734. — Les expériences de M. d'Arsonval sur les propriétés physiologiques des courants alternatifs, 5, 313. — L'argon et le système des éléments, 6, 199. — Etat actuel de la sucrerie en France. Remarques sur l’in- dustrie du sucre, 6, 235. — [a politique française à Madagascar, 6, 753. — Remarques sur le rôle de la science dans l’industrie de la fonte, 7, 539. — L'étude scientifique de la Tunisie, 7, 936. — Le Microphono- graphe et ses applications à l'éducation des sourds- muets, à la Téléphonie et à la Cinématographie, 8, 1005. — La fevue générale des Sciences en Bosnie- Herzégovine, 44, 269. — La Science en Bosnie-Herzé- govine, 44, 372. — L’Instruction publique en Bosnie- Herzégovine, 41, 419. — Notes sur la Tunisie, 44, 827. — L'Institut Marey, 43, 193. — Une donation à l'Université de Paris, 43, 412. — Le Maroc et les puissances européennes, 44, 592. — La recente croi- sière de la Revue générale des Sciences en Turquie, Roumanie, Crimée et Bulgarie (septembre-octobre 1909), 20, 985. — Alexandre Etard, sa vie et ses tra- vaux, 24, 581. — Revue annuelle d'Hygiène, 2, 172; 3, 188; 4, 380; 9, 237. — Voir Raper (G.). Eugène Péligot, 4, 256. — Le chemin de fer du Sénégal au Niger, 7, 1075. — La Science dans l’industrie des par- fums en Allemagne, 8, 86. — Deux nouveaux câbles sous- marins français, 9, 666. — La télégraphie sans fil entre la France et l'Angleterre, 40, 460. — Les desiderata de l'in- dustrie de l'Artillerie en France, 40, 538. — Armand Colin, 41, 765. — Une révolution en téléphonie, 44, 170. — L'en-: seignement de la Botanique dans les Universités, 42, 894. OcLivier (H.) : Expériences de capillarité, 48, 517. OLszews&i (K.) : La liquéfaction et la solidification de l’argon, 6, 101. OLTRAMARE (G.) : Le calcul de généralisation, 2, 415: 40, 558. Ones (H.-K.) : Exp. sur la condensation de l'hélium par expansion, 49, 380, 725. ORLÉANS (Duc d') : Croisière océanographique de la Belgica dans la mer du Grænland, 24, 794. ORNSTEIN (L. : La théorie statistique mécanique de la capillarité, 20, 198. Osuonp (F.) : Contribution à la théorie des aciers au nickel, 14, 863. Sir William C. Roberls-Austen, 44, 166. Osvonp et Carraun : Les enseignements scientifiques du polissage, 16, 51. Osmoxv (F.) et RoBerts-AustreN (W.-C.) : La structure des métaux, 7, 842. Osrwazn (W.): La déroute de l’atomisme contempo- rain, 6, 953. — Lettre sur l’énergétique, 6, 1069. — Projet de fondation d’un Institut international de Chimie, 23, 814. Oupemans : Le grand serpent de mer, 44, 412. P Pan (H.) : Barré de Saint-Venant et les principes de la Mécanique, 45, 761. Représentation approchée d'une fonction par des frac- tions rationnelles, 3, 381. Painzevé (P.) : Un traité.de Géométrie inédit d’Archi- mède, 18, 911. Parar (A.) : Sur le problème de Dirichlet et son extension au cas de l'équation linéaire de second ordre, 3, 588. PariNauD (H.) : Les fonctions de la rétine, 9, 267. Parrior (L.) : L'amélioration des estuaires de la Gironde et de la Seine, 4, 12. — Le port du Havre, 9, 7. Pasteur (L.): Quelques pensées, 4, 2. Patron (D.-N.) : La glycogenèse hépatique, 4, 748. P£arsoN (K.) : Contributions mathématiques à la (héorie de l'évolution, 8, 482, 638; 9, 696, 728 ; 40. 797, 838. — L'héré- dité des caractères mentaux chez l'homme, 13, 110; 44, 162, Pécueux (H.) : — Contribution à l'étude des alliages de l'aluminium, 18, 109. — Résistivité et thermo- électricité des nickels, 20, 777; des aluminiums et cupro-aluminiums 21, 242. Etude de quelques couples Thermo-électriques, 20, 715. Pécuourre (F.) : Hybrides de greffe et chimères, 22, 445. — Les principes de l’hérédité mendélienne et leurs fondements cytologiques, 23, 613. — Revue annuelle de Botanique, 11, 1046 ; 43, 250 ; 45, 859; 18, 234; 22, 160. PEKELHARING (C.-A.) : Sur la pepsine, 43, 219. PekeLnamiNG (Mie C.-J.): Inadmissibilité de la théorie des statolithes pour le géotropisme, 24, 44. Perzar (H.) : Mesure du pouvoir inducteur spécifique des solides et liquides, 6, 607. PecLeGrin (Jacques) : Un poisson caméléon, le Mesonaula insignis Heckel, 23, 5. — Un poisson d'aquarium amphi- bie, le Périophtalme, 24, 3. — Poissons intéressants du marché de Paris, 24, 132. fie Sith à nf") ot ve TABLE ALPHABÉTIQUE PAR NOMS D'AUTEURS Pezceran (André) : La formation des ingénieurs en France et à l'étranger, 21, 274. Pecouroe (E.) : Revue de Paléontologie végétale, 24, 103. Pépin (V.-E.) : Auguste Comte et l'histoire scientifique. ñemarques sur l’article posthume de Paul Tannery, 16, 69%. Pérano (A.) : Etude sur les étalons industriels à broches et calibres, 25, 281. PéÉranD (1.) : L'enseignement professionnel des marins pêcheurs, 8, 854. Pencnot (J.) : Sur les mouvements des nœuds et du périgée de la Lune, 4, 7174. Perorix (L.) : Sur les fermentations produites par un microbe anaérobie de l'eau, 2, 618. Pérez (Ch.) : Contribution à l'étude des métamorphoses, 43, 143. — Noël Bernard, 22, 181. Péaren : Sur une équation différentielle du 3° ordre, 5, 126. Périssé (Lieut.-colonel) : Les obus perforants, 8, 491. Perman (E.-P.) : La synthèse directe de l'ammoniac, 46, 625. PerMan (E.-P.) et Arkixsox (G.) : La densité de vapeur du brome aux hautes températures, 44, 161. — La décompo- sition de l’ammoniac par la chaleur, 45, 918. Perman (E.-P.) et Davies (J.-H.) : Constantes physiques de l'ammoniac, 47, 722. Peror (A.) : Luminescence dans l'arc au mercure dans le vide, 24, 4037. — Voir Macé pe Lépixay (J.). Peror (A.) et Fasry (Ch.) : Electromètre absolu interféren- tiel pour petits potentiels, 8, 606. PerRier (A.) : Variations thermiques des hystérèses tour- nante et alternative. 24, 663. — L'aimantation rémanente et la température, 24, 565. Perrier (E.) : Le mécanisme de la complication orga- nique chez les animaux, 8, 327. — L'origine des Vertébrés, 9, 601. — Le Muséum d'Histoire naturelle et les colonies francaises, 14, 696. L'instinct, 43, 549. : Perrier (Georges) : La XIII Conférence générale de l'Association géodésique internationale, 44, 1175, 1224. — Pascal, créateur du Calcul des probabilités et précurseur du Calcul intégral, 12, 482. PERRIER DE LA BAT&IE (H.) : voir JuMELLE (H.) Perix (J.) : Recherches expérimentales sur les rayons de Rôüntgen, 7, 66. — L’électrisation de contact, une théorie des solutions colloïdales, 44, 1127. — Les limites de l’état cristallin, 44, 1218. — La lumière et les quanta, 23, 806. Rayons cathodiques et rayons de Rüntgen, 8, 962. — Le transport des ions et l'existence des hydrates, 18, 426. — Les preuves de la réalité moléculaire, 23, 126. Perrot (E.) : Les productions du sol de nos colonies à l'Exposition coloniale de Marseille, 47, 1007. Anatomie comparée des Gentianacées, 44, 756. Perron (H.) : Nouv. détermination de la vitesse de la lumière à l'Observatoire de Nice. 42, 2. Peurorix (H.) : Mesure des perturbations du champ magné- tique terrestre au voisinage des dynamos, 25, 174. — Relation entre les poussières volcaniques et les change- ments de climat, 25, 129. — Voir MAxLEY-BENDALL. PERVINQUIÈRE (L.) Les récents mouvements du sol dans la région des grands lacs (Etats-Unis), 40, 701. Pesce (G.-L.) : L'expédition polaire du D" Fridtjof Nan- sen, 8, 259 Les torpilleurs sous-marins et le « Goubet », 7, 318. — Le travailleur sous-marin, 8, 322. Psravez (J.-E.) : Sur la chaleur émise par une lame de pla- tine aux hautes températures, 9, 663. FE (L.-H.) : La lutte actuelle contre la tuberculose, ; 190. Per (P.) : Les récents travaux sur l’amidon et les diastases, 4, 733. — L'état actuel et les besoins de l'industrie de la brasserie en France, 40,8. : L'azote assimilable des moûts et des bières, 20, 799. Perrovrrem (M.) : Les analogies mathématiques et la philosophie naturelle, 42, 626. Sur les zéros et les infinis des intégrales des équations différentielles algébriques, 7, 105. Perrir (A.): Les matériaux de l'histologie comparée, 12, 191. FES LXVII Rech. sur les capsules surrénales, 7, 883. — Les nou- velles galeries du Muséum d'Histoire naturelle, 9, 558. PEeyrussox (E.) : L'état actuel et les besoins de l'indus- trie de la porcelaine en France, 8, 950, 981. PEYTOUREAU (S.-A.) : Morphologie de l'armature génitale des Insectes, 6, 862. PaixiBErT (L.) : L'action des poussières des routes gou- dronnées sur l'appareil oculaire, 22, 207. Puisazix (C.) : Etat actuel de nos connaissances sur les venins, 7, 185. — Essai sur le mécanisme des phéno- mènes en sérothérapie, 10, 806. — Les venins consi- dérés dans leurs rapports avec la Biologie générale et la Pathologie comparée, 44, 1250. Puisazix (Mme) : Rech. sur les glandes à venin de la sala- mandre terrestre, 44, 1109. Picaro (Emile) : Revue annuelle d'Analyse, 4, 702. — À propos de quelques récents travaux mathématiques, 3, 725. — Sur la théorie des surfaces algébriques, 5, 945. — L'œuvre mathématique de E. Galois, à l’occa- sion de la réédition de ses mémoires, 8, 339.— Revue de quelques travaux mathématiques récents, 8,957.— L'idée de fonction depuis un siècle, 41,61.— Quelques vues générales sur la théorie des équations différen- tielles, 44, 229. — Sur la théorie des fonctions analy- tiques et sur quelques fonctions spéciales, 41, 589. — Les principes de la Mécanique. A propos d'un livre de M. Mach, 45, 1063. — La Mathématique dans ses rapports avec la Physique, 19, 602. — Rapport sur le prix Osiris à décerner en 1909, 20, 570.— Le problème des trois corps (à propos des recherches récentes de M. Sundman), 24, 722. D R Weierstrass, 8, 173. — James Joseph Sylvester, 8, PrekarpT (E. von) : Influence des corps dissous sur la vitesse de cristallisation des liquides surfondus, 44, 233. PrckemiG (J. W.) : Sur la physiologie du cœur de l'embryon, Picrer (Arnold) : Recherches sur les mécanismes de la variation des papillons, 24, 119. Prérr (J B.): L'ovulase et le développement des œufs vier- ges, 45, 630. Ptérox (H.) : La genèse des instincts esclavagistes et parasitaires chez les fourmis, 24, 726, 769, 803. Le problème physiologique du sommeil, 25, 83. — Le mécanisme des migrations nycthémérales des Cladocères planktoniques, 24, 229.— Le renversement expérimental du phototropisme, 23, 380. — Quelques observations nou- velles sur l’autotomie, 23, 911. PiGeox (L.) : Rech. sur quelques combinaisons haloïdes du platine, 5, 214. Peau (M.) : Le compas gyroscopique de la Marine alle- mande, 23, 624. Prsovscar (E.) : Le chimisme de l’action du cuivre dans les traitements anticryptogamiques, 24, 781. Prrres A.) et RéGis (E.) : Les obsessions et les impulsions, 14, 336. PrrrarD (Eug.) : Carl Vogt, 6, 474. PL£aNcHON (L.) : Influence de divers milieux chimiques sur quelques champignons du groupe des Dématiées, 41, 1021. PLanck (M.) : Nouv. hypothèse de rayonnement, 22, 220. PLATEAU (F.) : Sur le choix des couleurs par les insectes, 44, 417. PLayousr (Charles) : Une page de l’histoire des Mathé- matiques en France au XVI: siècle, 48, 550. Pcimuer (H.-G.) : Sur certains organismes isolés du cancer et leurs effets pathologiques sur les animaux, 40, 719. Puiuuer (H.-G.) et Branrono (J. R.) : Morphologie et distri- bution de l'organisme trouvé dans la maladie causée par la mouche tsé-tsé, 40, 683. PocxzinGrox : Mise en évidence de la polarisation rotatoire dans les cristaux biaxes, 44, 1018. PœuL (D' A.) : La spermine, son rôle physiologique et thérapeutique, 4, 504. Poincaré (Henri) : Le problème des trois corps, 2, 1. — Les Géométries non euclidiennes, 2, 769 — Les for- mes d'équilibre d'une masse fluide en rotation, 3, 809. — Sur la théorie cinétique des gaz, 5, 513. — Les rayons cathodiques et les rayons Rüntgen.7,52,— LXVIIT TABLE ALPHABÉTIQUE PAR NOMS D'AUTEURS La vie et les travaux de F. Tisserand, 7, 1230. — Les idées de Hertz sur la Mécanique, 8, 734. — Les rap- ports de l'Analyse et de la Physique mathématique, 8, 857. — Réflexions sur le Calcul des probabilités, 10, 262. — La révision de l'arc de méridien de Quito, 41, 925. — Les relations entre la Physique expérimentale et la Physique mathématique, 41, 1163. — A propos des expériences de M. Crémieu, 42, 994. — La dyna- mique de l'électron, 19, 386. — L'invention mathé- matique, 49, 521. — L'avenir des Mathématiques, 49, 930. — Sully Prudhomme mathématicien, 20, 657. Lecons sur les hypothèses cosmogoniques, 28, 360. Poincaré (Lucien) : La viscosité et la rigidité des liqui- des, 4, 76. — Rech. sur les électrolytes fondus, 4, 412, — Les rayons cathodiques et l'hypothèse de la matière radiante, 5, 701. — Le problème de la trans- mission de l'énergie à distance par les milieux natu- rels, 9, 53. — Le prochain congrès international de Physique, 1900, 11, 669. — Revue annuelle de Physi- que, 8, #13; 9, #18; 10, 387; 14, 28, 88. John Tyndall, 4, 827. — Henri Hertz, 5, 64. — H. von Helmholtz, 5, 171.— Louis Fizeau, 7, 846. — Le professeur Tait, 12, 716. Porrauzr (G.) : Rech. analomiques surles Cryplogames vas- culaires, 6, 520. Porssox (J.) : Exposition des collections mexicaines de M. L. Diguet, au Muséum, 40, 175. Poxsor (A.) : La question des cryohydrates, 6, 45. — Divers cas d'équilibres osmotiques, 6, 570. — Rech. sur la con- gélation des solutions aqueuses étendues, 8, 311. Por (\V. J.)et Peacuey (S.J.) : Rech. sur les composés asy- métriques, optiquement actifs, de Az, S et Sn, 44, 415, 767, 1.207. Poporr (A.) : La radio-téléphonie, système de téléphonie sans fil, 44, 1017. Porcué (G.). Le port de Tanger. Notes économiques, 25, 318; Notes techniques, 25, 328. Porrier (P.) et Ricaer (Ch.) : Sur l'hypnotoxine des Cœælen- térés et sur son action anaphylactique, 43, 281. Porruonoo y Barceco (Antonio): Les lois infinitésimales dans l'Analyse mathématique, 23, 741. Pourexc (C.) : Etude des fluorures anhydres et crist., 4, 741. Poursex (V.) Nouv. méthode de t. s. f., 17, 919. Pourcec (A.) : L'état actuel de l'industrie de la fonte en France. {°° partie : Constitution et propriétés de la foute, 7, 465. — 2° partie : Fabrication, 7, 510. Poynwunc (J. H. ) : La radiation dans le système solaire; son effet sur la température et sa pression sur les corps de petite dimension, 44, 1289. Prenant (A.) : La métamérie céphalique, 4, 593. — Les idées nouvelles sur l'origine et la formation des sper- matozoides, 2, 625. — Le corpuscule central et Ja division cellulaire,6,123.— La valeur morphologique du corps jaune. Son action physiologique et théra- peutique possible, 9, 646. — Les théories du système nerveux, 11, 13, 69.— Les cellules géantes, 214,370. — Les cellules musculaires, 23, 887, 923. La Réunion biologique de Naney, 9, 95. — L'enseigne- ment rationnel de l'Histologie, 44, 638. — La statistique biologique et la Revue « Biometrika », 43, 598. Presrwicu (J.) : Preuves d'une submersion de l'Europe du sud-est et des côtes de la Médiierranée à la fin de fa pé- riode glaciaire, ou post-glaciaire, 4, 237. Priem (F.) : Le néo-lamarckisme en Amérique, 2, 445. PriwGsuemm (E. : Rayonnement thermique et luminescence, 24, 606. Paivar-DESGHANEL (Paul) : L'acclimatalion du Tagasaste en Algérie et en Tunisie, 8, 89. Procrer (H.-R.) : Les problèmes de l'industrie da cuir, 21, 465. Pauner ‘A. : Rech. sur les nœuds et entre-nœuds de [a üige des Dicotylédones, 2, 794. Puiseux (P.) : Revue annuelle d'Astronomie, 24, 342; 22, 494; 23, 474; 24, 700 ; 25, 746. Q QuarenGui (T. de) : L'unification des calendriers gré- gorieu et julien, 42, 175. Queva (C.) : Rech, sur l'anatomie de l'appareil végétatif des Taccacées et des Dioscorées, 6, 861. Ragaté (Edmond) : L'état actuel de l'industrie des pro- duits résineux, 41, 139. — Le calcul des rations et des substitutions alimentaires, 15, 185. Ragaun (Et.) : Essai de tératologie ; embryologie des poulets omphalocéphales, 9, 431. Ragot (Ch.) : Les variations de longueur des glaciers dans les régions arctiques et boréales, 8, 883. RacovitzA (E. G.) : Le lobe céphalique et l'encéphale des Annélides Polychètes, 7, 1265. Raoais (M.) : Anatomie comparée du fruit des Conifères, 6, 189. Raoer (Georges) : Le cinquantenaire de l'Ecole française d'Athènes. Autrefois et aujourd'hui, 9, 207. Raper (Georges) et OLivier (L.) : Les résultats du voyage d'étude de la /?evue en Grèce, au mont Athos et à Constantinople, 9, 881, 928. Racror {Gaston) : L'état actuel des théories sur la na- ture des émotions, 44, 901. Raïuier (A.) : L'anémie pernicieuse d'origine parasi- taire, 4. 294. RamaGe (H.) : Etude comparative du spectre, des densités et des points de fusion de quelques groupes d'éléments et de leur rapport à la masse atomique, 13, 941. Ramwakers (L.) : Nouveaux fréquence-mètres pouf courants ondulatoires, 45, 1758. Ramon y CagaL (S.) : Les nouvelles idées sur la struc- ture du système nerveux, 5, 141. Rausay (W.) : La détermination des poids moléculaires des liquides et la tension superficielle, 5, 1485. — Les gaz de l'atmosphère, 43, 804. — L'émanation du ra- dium, ses propriétés et ses changements, 15, 581. — Le radium peut-il donner la vie? 16, 801. Détermination des quantités de néon et d'hélium dans l'air, 46, 585. — Voir RayLerGu (J. W.), el CoLLiE (J. N.). Ramsay (W.) et Soppy (F.) : La production de l'hélium aux dépens du radium, 44, 970; 45, 621. Rausay (W.) gr Travers (M.) : L’argon et ses compa- gnons, 41, 1259. Réfractivité de l'air, O, Az, Ar, H et He, 9, 41, — Le krypton, nouvel élément constituant de l'air atmosphé- rique, 9, 443. — L'homogénéité de l'hélium, 9, 474. — Les nouv. gaz de l'atmosphère : le néon et le métargon, 9, 515. — Préparation et propriétés de l'argon pur, 40, 607. RaxsouE (A): Sur certains milieux pour la culture du ba- cille de la tuberculose, 9, 440. RansouE (A.) ef DeLépine (S.) : Influence de certains agents au sur la virulence du bacille de la tuberculose, , 729. Raouzr (M.): Les nouveaux enseignements de la Cryos- copie et de la Tonométrie, 44, 958. RaTEaAu (A.) : La théorie des trompes, 44, 1129. Raveau (C.) : Les faits nouvellement acquis sur les rayons de Rœntgen, 7, 249. — La technique de la photographie de l'invisible [. Mode opératoire sans champ magnétique, 7, 391. — La vie et l’œuvre de A. Cornu, 44, 1023. L'Exposition de la Sociélé française de Physique, 8, 487: 9,309, — Démonstration élémentaire de la règle des phases, 45, 364. — Rech. récentes sur les transformations radio-actives, 48, 255. — Détermination sans calcul des franges d'interférence des cristaux en lumière conver- gente, 22, 508. Ray (J.) : Variations des champignons inférieurs sous l'in- fluence des conditions de milieu, 9, 158. RayLeiGH (Lord) : Les densités des principaux gaz, 4, 267. Sur la tension des surfaces liquides récemment formées, 4, 155. — Expériences sur les ondes sonores, 8, 445. — Influence de la température sur la viscosité des gaz, 41, 1455. — Compressibilité de O, H, Az et CO et poids atomiques de ces éléments, 45, 421. RayLeiGen (Lord) et Ramsay (W.) : L'Argon, nouvel élé- ment de l'atmosphère, 6, 90. Régiczer : Les relations commerciales de la Tunisie avec le Soudan, 7, 1151. Resouz : Réaction chimique el rayon de courbure, 24, 719. TABLE ALPHABÉTIQUE PAR NOMS D'AUTEURS Recanæwskt (C.) : La théorie des machines dynamo- électriques, 4, 607. — La transmission de la force motrice par courants alternatifs, 4, 279. ReceLsPERGER (Gustave) : Une grande étude géogra- phique : l'Atlas de la Société de Géographie de Fin- lande, 25, 669. Haut-Oubangui, Bahr-el-Ghazal et Haut-Nil, 9, 803. — Le Baguirmi et l'incursion de Rabah, 9, 879. — Les jardins alpins, 9, 924. — Les chemins de fer de l'Indo- Chine, 40, 3. — Le voyage de relour de la Mission Marchand, 40, 39. — Le chemin de fer de Konakry au Niger navigable, 40, 259. — La Convention franco- anglaise du 21 mars 1899, 40, 335. — Les observations scientifiques de la Mission Foureau-Lamy, 40, 462. — Du Soudan à la Côte-d'Ivoire, 40, 804. — La Mission Flamand et l'occupation d'In-Salah, 44, 53. — Le ksar d'Igli, 44, 570. — La position du lac Tanganyika, 41, 916. — Les explorations du major Gibbons et du capi- taine Lemaire; le haut Zambèze et le haut Congo, 42, 252, — La Mission Lenfant, 42, 64%. — Les expéditions antarctiques anglaise et allemande, 42, 821. — Le chemin de fer du Yun-nan, 42, 993. — Les chemins de fer vers les grands lacs africains, 43, 227. — L'Expédition Kozlow en Asie Centrale, 43. Sû1. — Résultats scientifiques de l'exploration du Dr Sven Hedin dans l'Asie Centrale, 43, 11462. — La Mission du Bourg de Bozas, 14, #14. — Ex- olorations dans l'Himalaya et le Karakoroum, 44, 801. — a navigation sur le haut Yang-tseu: les résultats de la Mission Hourst, 44, 1183. — La délimitation de la Guinée francaise. Mission du Dr Maclaud, 45, 222. — La Mission Lenfant, 45, 285. — L'Expédition Peary au nord du Grôünland (1898-1902), 45, 328. — Les résultats scienti- fiques de l'Expédition antarctique du Dr Nordenskjôld, 45, 4717. — Les résultats scientifiques de l'Expédition antarctique écossaise Bruce, 45, 6178. — L'Expédition antarctique anglaise de la « Discovery », 45, 887. — Le desséchement de l'Asie, 45, 1013. — Les lacs des hauts plateaux boliviens, 45, 1061. — Les travaux scientifiques de la Mission de délimitation du Niger au Tchad (Mission Moll), 46. 716. — Les travaux de la Mission Maclaud pour la délimitation de la frontière entre la Guinée francaise, la Casamance et la Guinée portugaise, 46, 970. — Le pro- gramme scientifique de la Mission de délimitation Niger- Tchad (Mission Tilho), 47, 921. — Le Congrès international pour l'étude des régions polaires, 47, 1005. — L'explora- tion du massif du Rouvenzori, 48, 132. — Les expéditions arctiques de Peary et d'Amundsen, 48, 346. — Les récentes explorations de l'Himalaya, 48, 568: 24, 844. — L'expédition du Dr Stein dans l'Asie centrale, 18. S16. — Les résultats scientifiques de la Mission francaise de déli- mitation Congo-Cameroun (Mission Moll), 49, 131. — Les fravaux géographiques de la Mission Arnaud-Cortier au Sahara, 49, 301. — La Mission forestière Aug. Chevalier en Afrique occidentale, 20, 5. — L'exploration du Dr Sven Hedin au Tibet. 20, 296. — L'expédition antarctique du lieutenant Shackleton, 20, 348. — Le passage du Nord- Ouest : Roald Amundsen, 21, 48. — La civilisation boud- dhique préislamique au Turkestan chinois et dans la : Chine centrale : les Missions Stein et Pelliot, 24, 320. — L'étude des bois de la Côte d'Ivoire et leur utilisation industrielle. 24, 969. — La Mission Chevalier en Afrique occidentale française, 22, 5. — Exploration au Groenland, 24, 5. — L'exploration de la Nouvelle Guinée, 24, 641. — Missions hydrographiques en Afrique équatoriale fran- caise, 24. 872. — Le Dr A. Cureau, 24, 912. — Les travet- sées du Groenland : Rasmussen, le capitaine Koch, 25, 97. — Fernand Foureau, 25, 133. — Emile Gentil, 25, 491. — Découverte de terres nouvelles dans l'Océan glacial arc- tique, 25, 424. — L'expédition du Dr Mawson dans l'An- taretique, 25, 583. — La route de mer d'Europe en Sibérie, 25, 704. — Le capitaine Cortier, 25, 765. — Le goyree du D: G. Montandon dans le S. O. éthiopien, 25, Recxaurr (Dr Félix) : Le Congrès de l'Association fran çaise en 1893, 4, 569. — La morphogénie osseuse expliquée par l'anatomie pathologique, 46, 217. — Consanguinité et endogamies, 22, 719. — Les facteurs de la taille humaine, 23, 900. Reiacx (Th.) : Des théorèmes mécaniques ou de la méthode. Traité d'Archimède, dédié à Eratosthène, 18, 915, 954. Reiss (R.) : La photographie judiciaire, 45, 1048. Rémoxs (A.) : De l'emploi des bobines de Ruhmkorf en endodiascopie, 9, 838. — Emploi des courants induits LXIX d'ordre supérieur pour exciter les tubes producteurs de rayons X, 9, 876. Rémouxnros (G.) : Sur les Zéros d'une classe de fonctions franscendantes, 48, 509. Revarp (C1 Ch.) : La stabilité longitudinale des ballons auto- mobiles, 45, 627, 837. Revarn (C! Paul) : Les aérostats dirigeables, 19, 426, 4719. — La résistance de l'air et les récentes expé- riences de M. G. Eiffel, 20, 78. — L'Aviation, 24, 183, 231. — Les Aéroplanes, 22, 1#, 61. Renaup (J.) : La barre sur la côte atlantique du Maroc, 25, 309. RenaunoT (G.) : La comète de Halley dans le Talmud, 21, 177. — La comète 1910 a. — La Nova Lacertæ, 22, 50. Rexauzr (B.) : Les bactéries fossiles et leur œuvre géologique, 7, 804. Renez (G. A.) : Les récents perfectionnements de Ja filtration pastorienne de l’eau, 2, 397. Réxox (Louis) : Le professeur Dieulafoy, 22, 710. Répix (Ch.) : La stérilisation des eaux par l'ozone, 7, 596. — La culture du champignon de couche, 8, 705. — Découverte du microbe de-la pneumonie, 9, 265. — La guérison, du tétanos déclaré, 9, 320. — [La pathogénie du goître endémique,.24, 736. La culture de la morille, 42, 595. RésaL (Jean) : Les ponts métalliques, 43, 508. Rerrerer (Ed.) : Le placenta discoïde, d'après les tra- vaux de M. Mathias-Duval, 3, 503. — Le placenta des carnassiers, d’après M. le professeur Mathias-Duval, 6, 993. RéveiLee (J.) : Le colonel Mannheim, 18, 49. Revercuon (L.) : L'horlogerie mécanique, 21, 414. La chronométrie francaise en 1910, 24, 498. — L'horlo- gerie suisse en 1910, 22, 389. — La chronométrie à Neu- dre en 1914. 23, 258. — La montre de précision en 1912, Réviz (J.) : Les grandes nappes de recouvrement des Alpes françaises, 43, 1005. — La formation des val- lées des Alpes de Savoie, 16, 462. — La réunion extraordinaire de la Société géologique de France à Turin en 1905, 46, 1091. — La synthèse géologique du système alpin, 47, 644. — Les sources thermo- minérales de la Savoie, 19, 825. — Une nouv. percée des Alpes : le Petit Saint-Bernard, 24, 687, — La structure et l’histoire géologique des chaînes juras- siennes et subalpines de la Savoie, 23, 347. — La géologie de l'Afrique du Nord, d'après des travaux récents, 24, 662. — Revue annuelle de Géolagie, 48, 884; 20, 414, 452; 24, 246, 297; 22, 721; 24, 387. Marcel Bertrand et son œuvre géologique, 48, 217. — Géologie des chaînes jurassiennes et subalpines de la Savoie, 23, 80. Revxocos (0.) : Théorie dynamique des fluides visqueux incompressibles, 5, 726. Risaucourr (Ed. de) : Etudes sur l'anatomie comparée des Lombricides, 42, 586. Ricuarp (G.) : La Mécanique générale à l'Exposition de Chicago (1893), 5, 349. Ricnarp (Jules) : La perspective photographique et la perspective oculaire (vérascope), 5, 649. Ricuaro (J.) : Les principes des Mathématiques et le pro- blème des ensembles, 46, 541. — A propos de la Logis- tique, 47. 957. Ricaaros {Th.-W.) et Arcareazn (E. H.) : La méthode chro- nophotographique appliquée à l'étude de la genèse des cristaux, 42, 990. Ricue (A.) : Etude stratigraphique sur le Jurassique infé- rieur du Jura méridional, 4, 741. Ricer (Dr P.) : La morphologie physiologique de la marche de l'homme, 6, 335. Ricner (Ch.) : La tuberculose expérimentale, 42, 302, — La génération spontanée, 45, 404. — Le problème ou le préjugé des races, 16, 883. A. Mosso. 24. 1004. — Victor Tatin (1843-1913), 24, 373. Riénr (A.) : Un arc triphasé à quatre charbons, 21, 882. Riscer (E.) et Wery (G.) : Le drainage rationnel des terres, 4, 753. LXX Rivrer (F.) : François Viète, d’après des documents nouveaux, 4, 72. Rirz (W.) : Les spectres de lignes et la constitution des atomes, 20, 171. L'interprétation théorique des raies spectrales, 49, 169. Rive (L. de la) el Guye (Ch. Eug.) : L'orientation magné- tique dans une agglomération de petits aimants, 2, T8. Riviëre (C.) : La culture industrielle des plantes orne- mentales en Algérie, 7, 707. ROBERTS-AUSTEN (\V. C.) : Sur la diffusion des métaux, 7, 842. — La surfusion dans les métaux et les alliages, 9, 873. — Voir Osmonn (F.1. RogerTs-Ausren (W. C.) et Rose (T. K.) : Sur certaines pro- priétés des alliages d'or et d'argent, 44, 226. Rogin (G.) : L'évolution de la Mécanique chimique et ses tendances actuelles, 9, 174. Théorie nouvelle des fonctions, 45, 705. Rocnarp (D' J.) : Revue annuelle d'Hygiène, 4, 4 La prophylaxie internationale du choléra, 4, 257. A. Verneuil, 6, 608. ROGRé (G.) : L'organisation de la grande pêche française sur la côte du Sahara, 8, 729. — La crise sardinière et les sciences biologiques marines, 4, 308. — L'état actuel de l’industrie française des pêches maritimes, 6, 109. Les réservoirs aériens d'origine pulmonaire chez les Oiseaux, 2, 829. Rocques (X.) : Etat actuel de l’industrie des eaux-de- vie et liqueurs, 7, 282. — Les industries des Euro- péensen Tunisie, 7, 1128. — L'état actuel et les besoins de l’industrie du cidre en France, 40, 427, 471. — La contamination des eaux de source dérivées à Paris, 40, 915. — L'état actuel et les besoins de l’indus- trie des vins de liqueur, 44, 195. — L'état actuel et les besoins de l’industrie des conserves alimentaires en France, 12, 699, 751. — La concentration des vins, 44, 274. Les conséquences hygiéniques de la monopolisation de l'alcool, 7, 801. — Vinification rationnelle par l'emploi des levures pures, après stérilisation des moûts de rai- sin, 8, #1. — Les conserves de viandes destinées aux administrations de la Guerre et de la Marine, 8, 404. — La stérilisation et le transport des moûts, 42, 592. — Expo- sition des moteurs el appareils utilisant l'alcool dénaturé, 43, 546. RopGer (J. W.): Voir Tone (F. E.). Ropiczon (G.) : La corolle envisagée comme réflecteur de la chaleur solaire et comme facteur de la maturation du gamète mâle dans la fleur, 23, 804. Rog\rGex (W.) : Une nouvelle espèce de rayons, 7, 59. Nouvelles recherches sur les propriétés et sur l'origine des rayons X, 7, 499. Rocer (D' G. H.) : Le rôle du sérum dans l’atténuation des virus, 2, 410. — Influence de l'infection sur le système nerveux, 4, 215. — Le rôle du foie dans les auto-intoxications, 5, 65. — Le XI° Congrès interna- tional de Médecine, 5, 328. — Les infections non bac- tériennes. Recherches sur l’oido-mycose, 7, 770. — La sécrétion salivaire, 48, 544. RoGers (L.) : Action physiologique et antidotes des venins de la couleuvre et de la vipère, 45, 211. Romanes (G.) : Expériences sur la germination, 4, 183, — Expériences sur l'héliotropisme, 4, 820. Romeu (A. de) : L'industrie des abrasifs et le corindon, 16, 50%. L'industrie du corindon comme matière usante, 45, 1109. Roume (D R.) : La diphtérie (Clinique), 5, 920. — La nouvelle tuberculine de Koch et la théorie des sucs plasmatiques de Buchner, 8, 384. — La valeur ali- mentaire des albumoses, 40, 383. — Les assurances ouvrières et la lutte contre la tuberculose en Alle- magne, 40, 573, 618. — La diminution de la tubercu- lose en Angleterre, 41, 680. La tuberculose en France, 12, 506. — Les bases scientifiques de la lutte contre l'alcoolisme, 43, 675. — Le sanatorium, la polyclinique et l'hôpital dans la lutte contre la tuber- lose, 44, 1158. — L’exode rural et la tuberculose à la 7. — TABLE ALPHABÉTIQUE PAR NOMS D'AUTEURS campagne, 16, 476. — Le bilan de la tuberculose au Congrès de 1905, 47, 561. — L'anaphylaxie, 20, 530. — L'étiologie et la prophylaxie de la fièvre typhoïde, 21, 285. La 2e réunion du Bureau central international pour la lutte contre la tuberculose, 14, 478. — La pathogénie de la phtisie et la lutte contre la tuberculose, 44, 970. RoncaGLi (J.) : La prime rationnelle à la navigation, 24, 520. Roos (L.) : Etat actuel de la vinification en France, 6, 798. — Les nouveautés en vinification, 40, 943. Roos (L.) et Hénox (E.) : L'alcool et sa valeur alimen- taire, 44, 671. Roozeroox (H. W. Bakhuis) : L'application de la loi des phases de Gibbs à la métallurgie du fer et de l'acier, 411, 10%1. Solutions de sels à deux points d'ébullition et phéno- mènes qui s'y rapportent, 43, 170. — Représentation dans l'espace des régions des phases et de leurs complexes pour des systèmes binaires à phases fixes, 43, 1107. — Les lignes d’ébullition du système S-CI, 44, 838. RoseLz (A.\: Les livres pour l'enseignement secondaire et universitaire aux Etats-Unis, 45, 41144. RosenserG (E. W.) : Le développement de la colonne verté- brale de l’homme, 23, 608. RosexsrieuL (A.) : Traité de la couleur et harmonie des cou- leurs, 25, 33. Rosières (R.) : La découverte de la cycloïde, 4, 431. Rorné (E.) : La polarisation des électrodes, 45, 661. — Pho- tographies en couleurs par la méthode interférentielle sans miroir de mercure, 46, 39. Rornsenizo (Henri de) : Des laits dits maternisés. De leur fabrication et de leur emploi dans l'allaitement mixte et artificiel, 8, 503. Rousaun (E.) : La Biologie et l’histoire des mouches Tsé-Tsé, 20, 916. — Le rôle des glossines dans la transmission des Trypanosomiases, 20, 956. Roucné (E.) : Les origines du trait de perspective : Pie- tro della Francesca et son école; Albert Durer et Commandin, 2, 401. Roucné (J.) : L'état actuel de l’industrie de la parfume- rie en France. 1'° partie : Extraction des produits naturels, 8, 570. — 2° partie : Fabrication des essen- ces artilicielles, 8, 624. — 3° partie : Préparation et écoulement des produits de consommation, 8, 653. RouGer : Perfectionnement des essieux de locomotives, 44, 1. Roue (L.) : Les éléments de la sexualité chez les ani- maux, 3, #42. — La phagocylose normale, 6, 586. — La biologie et la pêche du thon dans la Méditerranée occidentale, 25, 808. — Revue annuelle de Zoologie, 41,598; (Reptiles, Batraciens et Poissons), 23, 934. Traité de la Pisciculture et des Pêches, 25, 570. Rouzer-Cnéry (L.) : La croisière de la Revue générale des Sciences en Egypte et au Soudan anglais, 25, 93. — Une oasis d'Egypte : Khargeh, 25, 505. Rousser (IL) : Note sur l’organisation de l’industrie chi- mique en Allemagne, 49, 406. Machines à faire automatiquement les analyses pour le dosage de CO? dans les gaz industriels, 49, 727. — L'épu-, ration des caoutchoucs résineux, 49, 800. — Calorimètre enregistreur pour l'essai des gaz combustibles, 49, 971. — Curieuse propriélé des solutions cellulosiques, 20, 831. — La nature et la nuance du pourpre antique, 24, 92. — Le rôle des laboratoires municipaux, 24, 118. — Les nouv. succédanés des caoutchoues el les caoutchoues de syn- thèse, 24, 761. — La lutte contre la rouille, 22, 52. — Laits et beurres végétaux, 22, 182. — Une nouvelle matière fer- tilisante, le soufre, 22, 392; 23, 319. — Combustion des poussières en suspension dans l'air, 22, 476. — Lois géné- rales pour l'organisation systématique des usines, 22, 897. — La Station expérimentale de Biéticullure à Rovigo, 24, 812. — Comment se forme le sucre dans la betterave, 25, 289. — Voir A. CuAPLET. Roux (E.) : Les récents travaux sur les sucres, 45, 532. Sur des bases nouvelles dérivées des sucres, 44, 830. Rouyer (L.) : Sur la représentation proportionnelle, 46, 351, 593: Rowson (C. W.) : Le canal maritime de Manchester à Liverpool, 5, 705. TABLE ALPHABÉTIQUE PAR NOMS D'AUTEURS Rurexs (Heinrich) : Recherches sur le spectre infra- rouge, 44, 7. — L'optique des métaux pour les ondes de grande longueur, 15, 928. Nouv. méthode d'isolement des rayons calorifiques de grande longueur d'onde, 22, 93. Rupzen (Madeleine) : Le mécanisme physiologique et mental du rire, 49, 495. Runmer (E.) : La télégraphie et la téléphonie optiques au moyen des projecteurs électriques, 45, 5. Ruxce (C.): Un premier succès dans les tentatives d'aviation, 4, 802. Russeze (E.-J.) et Hurenmsox (H.-B.\: La cullure des plantes en sol stérilisé, 24, 41. Russezz (J.-S.-R.): Sur quelques conditions qui modifient le réflexe rotulien, 4, 581. — Recherches expérimentales sur les fonctions du cervelet, 5, 136. — Dégénérescences consécutives à des lésions expérimentales du cervelet, 5, 630. — Elfets de l'interruption des voies afférentes et efTé- rentes du cervelet, 7, 930. — Origine et destination de certains faisceaux afférents et ellérents de la moelle allongée, 8, 523. Russezz (W.-J.): Action exercée par certains métaux el autres corps sur la plaque photographique, 9, 694; 40, 510 ; 45, 917. RussenserGer (J.-H.): Sur l'absorption des liquides par les substances poreuses, 24, 264. Ruraerrorp (E.) et Mc KLuxG (R.-K.) : L'énergie des rayons de Rüntgen et de Becquerel et l'énergie requise pour la production des ions dans les gaz, 41, 1248. RYo8erG (J.-R.): Le système des éléments chimiques, 25, 134. S SagacuniKorr (V.) : Contribution à l'étude des fumées et des poussières industrielles dans leurs rapports avec la végétation, 25, 163. Sagatier (Camille): L'homme est-il simple, double ou multiple, 49, 358. Sagarier (P.): La fixation directe de l'azote atmosphé- rique sur la terre végétale et sur les plantes, 4, 135. — La catalyse par les métaux communs, 16, 842. SABINE { W.-C.) : ÉUDARE des salles, 42, 106. SAcERDOTE (P.): Loi du mélange des gaz, 40, 452. Sacus (H.) : La substance blanche des hémisphères du cer- veau humain, 6, 39. Sacxac (G.) : Luminescence et rayons X, 9, 314. — La propagation de la lumière à travers les corps en renos ou en mouvement, 44, 243. Transformations des rayons X par les métaux, 9, 164; 40, 254, 410. — Transformation des rayons X par diffusion, 9, 388. — Transformation des rayons X par la matière, 42, 53. — La propagation de la phase des vibrations au voisinage d'un foyer, 44, 633; 45, — La longueur d'onde des rayons N, 44, 735. — Sur les interférences de deux faisceaux superposés en sens inverse le long d'un circuit optique de grandes dimensions, 21, 623. Sauwr-GErmaix (Albert de): La Commission internationale de l'Enseignement mathématique, 22, 473. Saire-LaGue (A.) : La représentation proportionnelle et les Mathématiques, 24, 846. Sanr-Hicaire (E.) : La surdi-mutité, 42, 241. Sai-Réuy (G.): Idées actuelles sur le développement et les relations des Cestodes et des Trématodes, 8, 184. — Les idées actuelles sur la valeur morpholo- sique des feuillets germinatifs, 42, 578. — Le para- Sitisme dans le règne animal, 44, 778. : TUE du cerveau chez les Arthropodes trachéates, Sar-Rouas (J.): Sur la nature de l'attraction newto- nienne, 8, 379. SaLer (G.): L'hypothèse météorilique de Norman Loc- kyer, 2, 134. | er SEE Spectres multiples et variations spectrales, Sur l'étude de la polarisation en Astronomie, 24, 793. SALOMON (Charles) : L'orientation des sons et l’espace auditif, 24, 264. les tubes à vide, 6, 46. Sazomoxs (Sir D.) : Quelques phénomènes observés dans | LXXI SALoMoNsON (J.-K.-A. Wertheim): Une nouv. loi d'irritation, 43, 172, 220, 404. Saweuc (Dr) : [Les nucléo-albumines et leurs dérivés, 9, 817. SAPOJENIKOW (A.) : lulose, 24, 117. ve SaporrA (A.) : Les grands celliers du Bas-Languedoc, 4, 791. — Les analyses agricoles par volumétrie gazeuse, 45, 351. — La répartition des vignobles fran- cais, 22, 373. L'extracto-œænomètre et le disque extracto-ænométrique de M. Dujardin, 20, 128. — Le Congrès viticole de Mont- pellier, 22, 516. Sarpin-Trourry. (M.): Recherches famille des Urédinées, 8, 601. Sarasix (Fritz) : Les types humains inférieurs du sud- est de l'Asie, 19, 303. Sanron (George) : Le 250° anniversaire de la Société royale de Londres, 23, 506. Albert Ladenburg, 22, 937. — L'Histoire de la Science, 23, 93. — La bibliographie de l'Histoire de la Science, 23, 131. — Les classiques de la Science, 23, 217. — Le bicentenaire de la naissance de M. V. LomonosolT (1711- 1765), 23, 300. — La chronologie de l'Histoire de la Science, 23, 341. — L'histoire de la Technologie, 23, 421. — La Société italienne d'Histoire des Sciences médicales et naturelles, 23, 537. Saussure (Léopold de): L'Astronomie chinoise dans l'antiquité, 18, 135. Sauvace (Ed.): Les machines à vapeur en l’an 1900, 41, 1001. — Les locomotives à la fin du xix° siècle, 12, 472. — Les locomotives américaines, 17, 402. — Le moteur Diesel, 23, 771. Rudolph Diesel, 25, 45. Sauvacgas (C.) : Le pourridié de la vigne et des arbres fruitiers, d'après M. Viala, 3, 156. Sur les feuilles de quelques Monocotylédones aqua- tiques, 2, 828$. SauzIER (T.) : Le gisement de perroquets fossiles de l'Ile Maurice, 4, 377. Savrreu (D.) : Le calcul et l'observation de l'éclipse de Soleil du 17 avril 1912, visible en France, 21, 95. Scanpa (0.): Synthèse de l'anhydride nitreux, 18, 908. ScnagrEr (Cl.) : Rech. sur l'élasticité des métaux, 42, 153. Scnagrek (E. A.) : Les fonctions du corps pituitaire, 20, 895. Scuagrer (E. A.) et Moon (B.) : La contractilité rythmique de la rate, 7, 463, 551. Senaer (E.) : Le réfracto-rétlecteur, 43, 321. Scneee : Lettre inédite à Lavoisier, 4, 1. SCHEMIAKINE (A. J.) : Le suc pylorique, 46, 41. Scnencx (R.) : Propriétés curieuses de l'anhydride sulfu- rique, 42, 1096. — La nature du phosphore rouge, 43, 365. Scexck (R.) et Hezcer | W.) : Phénomènes qui accompa- gnent la réduction du fer, 46, 925. SenimPer (A. F. W.): Assimilation des sels minéraux par la plante verte, 2, 424. SciRmEr (H.) : La pénétration commerciale au Soudan central, 8, 940. Scnrick (0.) : Appareil pour diminuer le roulis des navires, 46, 46. — Appareil pour enregistrer les vibrations des navires, 46, 243. ScaxelpER (A.) : Dispositif téléoptique, 44, 639. Scuorr (G. A.) : La radiation électromagnétique et les réac- tions mécaniques qui en proviennent, 24, 72. Scuort (G. S.): Sur la réflexion et la réfraction de la lu- mière, 5, 135. Scnraper (F.) : Le levé et le tracé automatiques des formes du terrain, 40, 464. Scureger (D' K.) : Les moteurs à explosion et l’injec- tion de liquides volatils, 17, 73%; 22, 404. Scaucnor (L.) : Les récents travaux sur l’origine des étoiles filantes, 4, 639. ScnuLse (A.) : La chaleur spécifique des mélanges binaires, 23, 336, 375, 376. Scnure (J.) : Vitesse de dissolution des sels dansfleurs so- lulions aqueuses, 16, 85. Scnusrer (A.) : La décharge de l'électricité à travers les gaz, 2, 586. L Scuusrer (A). et Ganxox (W.) : Détermination de la chaleur spécifique de l'eau, 6, S#. La théorie de la oitration de la cel- histologiques sur la LXXII Scausrer (A.) et HewsaLecu : La vitesse des particules métal- liques dans l'élincelle électrique, 10, 297. SCHUTZENBERGER (P.) : La loi des valences atomiques, 3, 393. Scuwog (Maurice) : La méthode scientifique en com- merce et en industrie, 8, 202. ScramanNa (Dr) : La question des localisations cérébrales, 46, SS0. Séserr (Général) : Les travaux récents de Bibliographie scientifique, 40, 653. SéaLas (J.) : Le délire des négations, 7, 691. SELLIER : Rech. sur les ferments protéolyliques des Invertébrés, 22, 738. Sémar (L.) : Télautocopiste pour la transmission télégra- phique des dessins et écritures, 20, 608. Semronon (L.) :Les applications de la géologie en viticul- ture, 4, 695. SEMON (R.) : Le problème de l'hérédité des caractères acquis, 24, 7. SENIER (Alfred) : La Phototropie, 24, 498. SerGt (G.) : Douleur et plaisir, 7, 355. SÉRIEUX (P.) : L'assistance des aliénés en France, en Alle- magne, en Italie et en Suisse, 17, 476. — Cesare Lom- broso (1836-1909), 20, 897. SEeRvE (L.) : La grenade-shrapnell Marten Hale, 24, 90. Seurar (L. G.) : Le cheptel algérien et ses principales maladies, 23, 312. Etude des Hyménoptères entomophages, 40, 639. — La pêche en Tunisie, 43, 370. Seyewerz (A.) : Les récents progrès de la Photochimie, 47, 229. — Voir Lumière (A. et L.) Saw (W. N.) : Les courants d’air et les lois de la ventila- tion, 49, 507. SueppaRD (S. E.) et Mers (C. E. K.) : La théorie des proces- sus photographiques, 46, 401, 695; 48, 174. SHERRINGTON (C. S.) : Expériences sur la distribution périphé- rique des fibres des racines postérieures de quelques nerfs rachidiens, 3, 875 ; 8, 850. — Note sur le réflexe rotu- lien et la corrélation d'action des muscles antagonistes, 4, 269. — Expériences relatives à la corrélation d'action des muscles antagonistes, 4, 331. — Les nerfs sensitifs des muscles, 8 726. — Sur la double conduction ou conduc- tion antidrome dans le système nerveux central, 8, 802. — Les réflexes cataleptoïdes chez le singe, 8, 887. — Sur l'innervation réciproque des muscles antagonistes, 8, 927; 49, 294; 20, 340, 685. — Voir Morr (F. W.). SieBerG : L'inscription instrumentale des séismes et la physique du globe, 20, 58, 117. Sienenropr (H.) : Nouv. progrès en ultra-microscopie, 44, 314. Srepenropr (H.) et Zsicmoxny (R.) : Méthode pour rendre vi- sibles les particules ultra-microscopiques, 44, 231, 794. Simon (L.) : La Chimie dans l'Enseignement secondaire, 45, 695. Action des amines aromatiques primaires sur quelques composés cétoniques dissymétriques, 7, 370. Simpson (G. C.) : La radio-activité atmosphérique aux lati- tudes élevées. 45. 520. — L'électricité atmosphérique sous les hautes latitudes, 46, 584. Sinéry (R. de) : Rech. sur la biologie et l'anatomie des Phasmes, 43, 396. SINIGAGLIA (F.) : La « central valve engine » de M. Wil- lans, 14, 263. — Le contrôle de la vitesse des trains de chemins de ler, 3, 707. SLouscu (N.) : Les sources non musulmanes et la science _ historique au Maroc, 25, 290. Suiv (F,E.) : Le voltamètre à argent, 49, 171. Suitu (S. W. 9.) : Un nouv. électromètre capillaire perfec- tionné, 44, 1179, Suirs (A.) : Nouv. théorie du phénomène de l’allotropie, 25, 191. Soopy (F.) : L'origine du radium, 23, 343. La loi des périodes envisagée au point de vue de la radioactivité, 24, 454. SounGex (N. L.) : Le méthane comme nutrition carbonée et source d'énergie pour les bactéries, 46, 1015. SozLas (W. J.) : Les caractères craniens et faciaux de la race du Néanderthal, 49, 208. SoLvay (Ernest) : Physico-chimie et Biologie, 49, 474. — Physico-chimie et Psychologie, 20, 982. SOMERMFIER (E.) : La fusion de la glace à 00, 24, 718. | TABLE ALPHABÉTIQUE PAR NOMS D'AUTEURS Sousenx (J.) : Introduction à la théorie des nombres algébri ques, 22, 656. SorEL (E.) : Sur la fabrication de l'acide sulfurique, F. 350. — Ftat actuel de l’industrie de l'acide sulfurique en France, 6, 838. — L'état actuel de l’industrie des. phosphates et superphosphates en France, 6, 1038* SoreL (G.) : Le problème lombrosien et la Psychologi physiologique, 4, 632. | Sorne (M.) : Les Pyrénées méditerranéennes, 25, 529, Soury (J.) : Le faisceau sensitif, 5, 190. — La localisa tion cérébrale de la sensibilité générale, 5, 274. Les localisations cérébrales des centres corticaux d la sensibilité générale, 9, 85. — L'amiboisme de cellules nerveuses. Théories de Wiedersheim, Rabl Ruckard, Tanzi et S. Ramon y Cajal, 9, 370. — Les récents travaux sur l’origine de l'homme d’aprè M. Ernest Haeckel, 10, 50. — Sensibilité végétale @ animale, 10, 342. — Revue annuelle de Psychologi physiologique, 6, 62. SoxHLer (F.): La chimie dans l'alimentation artificiel de la petite enfance, 5, 713. SPaztKowskt (D° Ed.) : Les diarrhées goutteuses, 10, 743 Sriers (F. $.) : L'électricité de contact, 40, 885. SPriNG (W.) : La plasticité des corps solides et ses rap ports avec la formation des roches, 44, 1037. — Les. travaux récents de M. le professeur Quincke sur | floculation des milieux troubles, 43, 580, La floculation des milieux troubles, 41, 1159. — Modi cations physiques et chimiques des solides soumis à dé très fortes pressions, 45, 718. { SPRINGER (M.) : Fragment d'Histoire médicale : Breton neau et ses élèves, 3, 672, — Les progrès de la Pathologie générale, 6, 974. SrAECKEL (P.) : La préparation mathématique des ingé= nieurs dans les différents pays, 25, 474. | STANDEUSS : 41, 1120. STANsFIELD (A.) : L'évolution du carbone dans le fer pendant la solidification, 414, 4095. SrantToN (T. E.) : Sur le passage de la chaleur des surfacesn métalliques aux liquides en contact avec elles, 8, SM. Srark (J.) : Principes de la Dynamique atomique, 22, 50 23, 828. — L'analogue électrique du phénomène den Zeeman, 25, 2, 464. : STEELE (B. D.) : La mesure des vitesses ioniques en solu: tions aqueuses et l'existence des ions complexes, 42, 1038 Stern (J.) : Ondulations électriques dans un conducteui rectiligne, 4, 61, 9%. # STEINMANN (G.) : Le diluvium dans l'Amérique du Suds 18, 626. | Srepuan (P.) : Rech. histologiques sur la structure du tissi osseux des Poissons, 42, 493. ï STERNS-FADELLE (F.) : Le lac bouillant de la Dominique, 45; 885. Srok (J. P, van der) : Etude des dans la mer du Nord, 47, 109. SroxkLasa (J.): Influence des rayons ultra-violets sur les plantes, 23, 496. à Sroney (G. J.) et Downixc (A.) : Les perturbations des Léo” nides, 40, 796. Srovkowircen (W.) : Rech. physiolog. sur la prune et mé thodes à employer pour l'amélioration de l'industrie prus nière en Serbie, 24, 991. | Srrecker (D' Hans) : La Stagmatypie, 23, 273. | SrrouL (J.) : Revue générale de Physiologie des Inver= tébrés, 25, 595. Srroopant (P.): La question des anneaux de Saturne; 2, 437. | Srrurr (R. J.) : Modification chimiquement active de | l'azote produite par la décharge électrique, 22, 394, 5554 23, 34, 167. — Phénomènes de décharge observés dans des ampoules en quartz, 25, 502. 4 Srumre (J.) : Nouv. disposilif de machine soufflante, 44, 51 Surergie (L.) : Les gisements aurifères de Madagascar, 6, 715. Suess (Ed.) : La face de la Terre, 9, 193 ; 44, 808. Surzer (D' D. E.) : Le mécanisme oculaire de la visée 43, 96. = h Production expérim. de variétés de Papillons: phénomènes de maréë TABLE ALPHABÉTIQUE PAR NOMS D'AUTEURS LXXIIL L'agrandissement et la proximité apparente de la Lune à l'horizon, 47, 726. — Louis-Emile Javal, 48, 177. Surzen-Zieccer (Ed.) : Le percement du tunnel du Simplon, 46, 247. | Sumexer : La diffusion de la lumière, 3, 878. SuragnzanD (W.) : Nouv. relation entre les raies spectrales, (Th. : sss. Swiwron (A. A. C.) : Expériences sur les rayons cathodiques, 8, 686. — Production de rayons X de pénétrations dillé- rentes, 8, 760, — L'océlusion de gaz résiduels par les parois de verre des tubes à vide, 48, 474. Swyxcepauw (R.) : L'enseignement technique dans les Universités. L'Institut électrotechnique de l'Univer- sité de Lille, 46, 316. T Tareanez (J.) et Daurricue (H.): Recherches sur les explosifs de sûreté employés dans les mines grisou- teuses et poussiéreuses, 23, 512. Parr (P. G.) : Sur la durée du choc, 3, 777. Tazsor (B.): _ l'acier Martin, 44, 818. Tammann (G.) : Recherches métallographiques effectuées à l’Institut de Chimie minérale de Güttingen, 20, 407. L'état cristallin et le point critique, 45, 1010. — Cristal- lisation et fusion, 16, 437. Taxvery (J.) : Lagrange et d'Alembert d'après leur correspondance, 4, 529. — A propos des Leçons de Géométrie de M. Darboux, 2, 65. — De l'infini ma- thématique, 8, 129. Manvery (Paul) : Galilée et les principes de la Dyna- mique, 12, 330. — Augu-te Comte et l'histoire des Sciences, 46, #10. Passizzy (E.) : Le 25° anniversaire de la fondation de l'Ecole de Physique et de Chimie industrielles de la Ville de Paris, 48, 652. — Ille Congrès international du Pétrole, 49, 43. — Charles Lauth, 25, 217. Pau (Victor) : Quelques remarques sur la lucomotion aérienne, 41, 1014. Parcor (F. W.): Principes d'organisation scientifique des usines, 24, 28. Trisserenc DE Bont (L.) : L'étude de la météorologie iutertropicale par les sondages aériens, 20, 834. Variations de température à diverses hauteurs, 42, 554; , 210. Tsnwen (P.) : Les problèmes de la Géologie tectonique dans la Méditerranée occidentale, 22, 225. — Edouard Suess (1831-1914), 25, 546. Auguste Michel-Lévy (1841-1911), 22, 781. à (F.) : L'action des rayons ultra-violets sur l'œil, 22, 3. > Purenry (J.) : La catastrophe de la Martinique, 43, 664. Maomson (J. J.) : L'analyse chimique par les rayons positifs, 22, 714. L'électrolyse de la vapeur d'eau, 5, 27. — La production lune radiation de Rœntgen très douce par le choc des rayons cathodiques lents et positifs, 25, 762. Torre (F. E.) et Roocer (J. W.) : Relations entre la visco- sité (frottement interne) des liquides et leur nature chi- mique, 5, 261 ; 7, 666. Tuouver (J.) : Les principes scientifiques des grandes pêches, 4, 1437. — Les eaux abyssales, 1, 301. — Le Sol sous-marin et les eaux abyssales, 2, 326. — Remarques à Dee du plankton, 4, 16. — L'étude du plaukton dans les eaux françaises, 42, 41. — Ins- tructions océanographiques, 44, 872. — L'Océano- graphie dans le voisinage immédiat du rivage, 45, 542. — La circulation océanique, 47, 321. Sur la présence de coquilles fossiles calcaires au fond des mers actuelles, 40, 413. — F.-A. Forel, 23, 801. :TareLraLL (R.) et PoiLocr (J.): Sur une balance de gravité à fil de quartz, 40, 681. Minoexs (P. G.) : Méthode d'évaluation de la longueur d'onde des rayons X, 8, 721. Etudes sur les solutions colloïdales, 20, | Progrès important dans la fabrication de | | | | TirrENeAU (M.) : Les transpositions de structure en Chimie organique, 18, 583. Tiknorr (G. A.) : L'absorption cosmique sélective, 22, 513. Tizoex (William A.) : L'appareil du D' Hampson pour la liquéfaction de l'air et des gaz, 7, 329. Sur les gaz inclus dans les roches et les minéraux cris- tallisés, 8, 442. — Sur la chaleur spécifique des métaux, et la relation entre la chaleur spécifique et le poids alo- mique, 44, 762 ; 44, 462 ; 45, 620, Tisox (A.) : Rech. sur la chute des feuilles chez les Dicoty- lédones, 43, 439. | TisserAND (F.) : Revue annuelle d’Astronomie, 6, 380. Le Contre-amiral E. Mouchez, 3, 563. Tissor (C.) : L'état acluel de la lélégraphie sans fil, 44, 973. Les nouv. récepleurs magnétiques Marconi pour la t. s. f., 44, 288. — L'effet enregistré par le détecteur magnétique, 45, 160. — Ordre de grandeur des f. 6. m. mises en jeu dans les antennes ÉCANTAEÉSs 47, 157. — Etude de la résonance des systèmes d'antennes, 47, 570. — Détecteur d'ondes électriques à gaz ionisés, 47, 720. — La réalisation de la syntonie par l'emploi des détecteurs bolométriques, 48, 172. Les détecteurs à contacts solides, 24, 358. — Infl. des oscillations électriques sur la conduetibilité des sels fondus, 24, 598. Tissot (J.) : Etude des phénomènes de survie dans les muséles après la mort, 7, 661. Tounes-Queveno (L.) : Dispositif pour la direction à distance des vaisseaux et des ICT 1, 551. TouvexainT (L.) : Voir Auvanrn (A.). Towxsenp (J.-S.) : La diffusion des ions dans les gaz. 40, 611. — La diffusion des ions produits dans l'air, 44, 4114. — Nature de la conductibilité produite dans les gaz par le passage des ions chargés négativement, 44, 1120. Tragut {Dr) : L'état actuel de la culture de l'olivier en Algérie, 42, 16. — Le crin de Tampico et la culture d-s Agave univittala et heteracantha en Algérie, 12, 233. TRAUSE (E.) : Rôle de la tension superficielle dans les orga- nismes, 16, 42. TraugE (J.) : La pression d'adhésion, 20, 51. Travers (M.-W.) : L'’obtention et la mesure des très basses températures, 44, 597. Origine des gaz qui se dégagent lorsqu'on chaulie cer- tains minéraux ou des météorites, 40, 566. — Voir Ramsay (William). TReiLce (D° J.) : Les conditions sanitaires de l'Afrique intertropicale, en particulier du Congo, 5, 809. TrÉLaT (Gaston) : Santé publique et Paris de demain, 18, 267. — La salubrité générale des territoires habi- tables, 18, 721. TRÉMOLIÈRES (Fernand) : Evolution doctrinale de la pelade. La théorie trophonévrotique de M. L. Jac- quet, 14, 327. Trépiep (Ch.) : La Carte photographique du Ciel, 2, 529, 568. TResse (À.) : Sur les invariants différentiels des groupes continus de transformations, 5, 335. TRevEs (D' Zacharie) : Idées nouvelles en Ergographie, 15, 774, 824. TRiPiER (A.) : La voltaïsation ulérine, 5, 857. Trousssart (E.) : La question de l'espèce en Systéma- tique, 23, 853. — Le cheval existait-il en Amérique à l'époque de la découverte du Nouveau Continent, 24, 725. Trousseau (A.) : L'œil considéré comme élément de diagnostic en pathologie, 3, 355. — La cécité en France, ses causes et ses remèdes, 4, 129. — La Fon- dation ophtalmologique Adolphe de lothschild, 46, 857. — La prévention de la cécité en France, 20, 502. Trourox (F.-T.) : Le coefficient de traction visqueuse et son rapport avec le coefficient de viscosité, 17, 530. TROUVÉ (G.) : Dynamomètre universel à lecture directe du travail, 4, 527. Trucnot (P.) : L'état actuel de la fabrication de l'am- moniaque, 8, 141. — Etat actuel de l'industrie de l'ammoniaque caustique, de l’ammoniaque liquéfiée et des sels ammoniacaux, 8, 743. — Les gisements et l'extraction de la thorite, de la monazile et du zir- con, 9, 145. Trurrert (J.) : Le massif des M'Brès (région du Tchad), EE Tsc8EeRNING (M.) : Les sept images de l'œil humain, 3, 824. — Le mécanisme del’accommodation, 5, 80; 661. Tscniren (A.) : Les bases d'une Chimie physiologique des sécrétions végétales, 18, 750. Tsixcixsky (Mie P.) : L'étiologie de l’influenza, 5, 200. — L'immunité expérimentale contre le vibrion du cho- léra asiatique, 5, 243. — La diphtérie (Bactériologie), 5, 927. Tsverr (M. S.) : L'état actuel de nos connaissances sur la chimie de la chlorophylle, 23, 141. Turc (S.) : Rendement en rayons X du tube de Crookes suivant les conditions de son excitation, 47, 53. Turpaix (A.) : Les réformes de l’enseignement supé- rieur, 47, 166. — De la presse à bras à la linotype et à l’électrotypographe, 18, 817, 867. — Le problème téléphonique actuel en Franc», 49, 978. — L'éclairage et le chauffage électrique, 22, 869. — L'inscription des signaux horaires de la Tour Eiffel à 1/100 de seconde près, 24, 338. La protection de nos hôtels des postes contre l'orage, 22, 741. Turquan (V.) : Notes statistiques sur la Tunisie, 7, 1201. Turrox (A.-E.) : Dilatomètre interférentiel compensé, 9, 164+ — La déformation thermique des sulfates normaux deK, Rb et Cs cristallisés, 140, 370. U Uxwin (W.-C.) : Les récents progrès de la Mécanique appliquée, 3, 843. Urgain (E.) : Etat actuel de la sucrerie en France, 6, 204. — Une révolution dans l'éclairage au gaz acétylène, 6, 446. Sur l'extension de l'électro-chimie industrielle, 6, 596. Unpain (G.) : Les terres yttriques, 40, 667. — Comment se pose actuellement la question des terres rares, 47, 703. — L'œuvre de Lecoq de Boisbaudran, 23, 657. La phosphorescence, propriété atomique et moléculaire; 47, 205, 121. — Sur le lutécium et le néo-ytterbium, 49, 633. Urgais (G.) et Cornec (E.) : Etude cryoscopique de certains sels doubles, 25, 761. ; Usuer (F.-L.) et Priesrcey (J.-H.) : Le mécanisme de l’assi- milation du carbone dans les plantes vertes, 47, 955. V Varccarp (D° L.): La lutte contre les mouches, 24, 352. Vazereuze (de) : La traction électrique sur les chemins de fer, 18, 263. VauLar (G.) : La campagne anti-alcoolique et le mono- pole de l'alcool en Russie, 13, 830. VauLaux (Camille) : L'Enseignement dans les Ecoles d'hydrographie, 17, 4021. — Le nomadisme et l'émi- gration en Basse-Bretagne, 18, 754 — La mer du Nord, 23, 422. — L'industrie des pêches dans la mer du Nord, 25, 433. VazLor (J.): Voir DeréRer (C.). VaLupE (E.) : L'héléroplastie dans la thérapeutique oculaire, 9, 701. Van'r Horre (J.-I1.) : La pression osmotique au point de vue physiologique, physique et chimique, 4, 785. — Les bases positives de la Stéréochimie, 5, 265. Vaouez (H.) : Physiologie et thérapeutique générales des maladies du cœur, 40, 308. P. Ch. Potain, 42, 110. Vannier (D' H.) : La symphyséotomie, 5, 578. Vascnipe (N.) : Les travaux du IV° Congrès internatio- nal de Psychologie, 42, 223. Le centre cérébral du langage articulé et le centre de Broca, 47, 1047. TABLE ALPHABÉTIQUE PAR NOMS D'AUTEURS Vasonipe (N.) et Vurpas (Cl.) : La vie biologique d'un anencéphale, 42, 373. Rech. expérimentales sur un xiphopage, 43, 366. VAULLEGEARD (A.) : Rech. sur les Tétrarhynques, 14, 405. VauriER : Voir VIoLLE (J.). Vaurier-Durour : La léléphotographie, 44, 476. Veroun (P.) : Etude des dérivés branchiaux chez les Verté=« brés supérieurs, 9, 586. Ê VERNEAU (R.): Le Maroc et les Canaries, 40, 146. — Les Boërs et les races de l'Afrique australe, 40, 895. L'origine de l'homme, 22, 438. VERNEUIL (A.) : La reproduction artificielle des rubis; 25e N Verxey (D' Lorenzo) : La théorie physiologique des chaines latérales, 43, 517. — Les facteurs de l'immu-= nité, 44, 847. VéroNNET (Alex.) : La forme exacte de la Terre et sa constitution interne, 24, 494. Versini (R.) : L'état actuel des services scientifiques et de l'instruction publique en Tunisie, 7, 1177. VerworN (Max): La question de l'oxygène de réserve dans la substance vivante, 24, 270. VEsQuE (J.) : La sève ascendante, 2, 574. Viaza (P.) : L'état actuel de la viticulture en France, 4, 521. ViaxNa DE Lima (A.) : La partie nouvelle de l’ultra-violet des spectres d'émission découverte par M. Schumann, 5, 324. VinaL (L.) : Rech. sur le sommet de l'axe dans la fleur des Gamopétales, 42, 492. VieiLze (P.) : La vie et l’œuvre de Sarrau, 46, 7. Rech. expérimentales sur la propagation d'une discon= tinuité, 41, 413. Vicxon (Léo) : Une théorie de la teinture, 20, 567. Vicouroux (E.) : Le silicium et les siliciures métalliques, 8, 34. À Vicuier (C.) : La faune pélagique, 4, 433, 482. Influence du milieu extérieur sur l'œuf, 45, 475. Vizcanp (P.) : La formation des rayons cathodiques, 40, 301. Propriétés des gaz très purs au voisinage du point cri tique, 5, 630, 662. — Etude expérimentale des hydrates de gaz. Etude des gaz liquéfiés, 8, 352. — Les rayons cathodiques, 9,348. — Transformateur à haut voltage et à survolteur cathodique, 44, 1352. — Tube de Crookes régé- nérable par osmose, 9, 515. — La dissolution des solides et des liquides dans les gaz, 9, 824. — Interrupteur élec- tro-magnétique à mercure pour courants alternatifs ou continus, 40, 210. — Les rayons continuateurs, 45, 1152. — L'enroulement des rayons cathodiques dans un champ magnétique, 46, 236. — Les rayons magnéto-cathodiques, 416, 405 ; 17, 673. VizLarD (P.) et ABranaAn (H.) : Applications du rhéographe à l'étude des décharges oscillantes, 24, 664. VixcenT (G.) : Les couches de passage et le rayon d’ac- tion moléculaire, 40, 418. Vincent (H.) : Les tubercules et le bacille de la tubercu- lose, 1, 659. — La pathogénie du tétanos, 2, 296. — Les récentes observations sur l'origine bactérienne de l'ictère grave, 4,722. — La vaccination de l'homme contre la fièvre typhoïde, 24, 229. — La lutte contre la fièvre typhoïde au Maroc, 25, 365. J. A. Villemin, 3, 776. Vincent (J.-H.) : La densité et le coefficient d'expansion cubique de Ja glace, 43, 445. ViaxcenrT (S.) et Moore (B.) : Physiologie el chimie compa- rées des capsules surrénales, 9, 595. Viozce (J.) : Les récents progrès de l'Optique, 4, 666. — Le mouvement scientifique aux Etats-Unis, 5, 889. L'arc et le four électriques, 4, 361. Viouce (J.) et VauriEer : Propagalion du son dans les tuyaux cylindriques, 6, 1064. Viré (Armand) : La faune souterraine, 8, 991. Vivanez (A.) : Les nouveaux conducteurs électriques, 4, 423. Viver (L.): Le Congrès des « Naval architects », 6, 816. Vuès (F.) : Propriélés optiques des muscles, 23, 677. TABLE ALPHABÉTIQUE PAR NOMS D'AUTEURS Vogce (V.) : Le rayonnement lumineux et calorifique des sources d'éclairage artificielles, 22, 554. Voisin (J.) : L'idiotie, 5, 588. VorreLter (Q.) : L'état actuel de l’aviculture en France, 7, 134.. VOULET (Lieutenant) : La jonction du Soudan et du Dahomey (1896-1897), 8, 893. Noyer (J.) : Les voyages au long cours en ballon, 6, 73%. — Les applications militaires de la photogra- phie en ballon, 16, 850. . Vnies (H. de) : La naissance de nouv. espèces végétales, 41, 1355. — Sur l'origine des espèces dansles genres polymorphes, 25, 187. k Vuiucemix (P.) : Les mycorhizes, 4, 326. — Les maladies microbiennes des plantes, 4, 728. — Les Chalazo- games de M. Treub, 3, 22. — Les fermentations sym- biotiques, 4, 305. — Les Myxobactériacées, 4, 501. — Les Blastomycètes pathogènes, 12, 732. — Le pro- blème de l'origine des levures, 17, 214. — La classili- cation des mycoses, 21, 148. — Le blanc du chêne, 21, 812. — L'évolution sexuelle chezles champignons, 23, 222. — Poisons et aliments des champignons, 25, 24. — Revue annuelle de Mycologie, 24, 432, 473; 22, 199; 24, 183. La subordination des caractères de la feuille dans le phyllum des Anthyllis, 4, 396. — Pourquoi le Muséum ne resterait-il pas un établissement d'enseignement, 41, 819. Vorpas (CL.) :,Voir Vascntne (N.). Ww Waazs (J. D. van DER) : Contraction de volume et contrac- tion de pression dans les mélanges, 10, 83, 123, 453. — L'équation critique et la théorie du mouvement cyclique, 42, 296, 391, 451. — Les systèmes ternaires, 13, 402, 447, 1703. — L'état fluide et l'équation d'état, 44, 923. — Con- tribution à la théorie des mélanges binaires, 18, 299, 383, 524, 564, 856, 948. Waas jr (J. D. van per): Observations sur la loides états cor- respondants, 8, 39.— Electromécanique statistique, 43, 751. Wauz (A.) : Les nouvelles matières colorantes, 44, 1142. — Les idées actuelles sur la constitution des matières colorantes du triphénylméthane, 16, 558. WaLckENAER : Les explosions de chaudières et le rempla- cement des moteurs à vapeur par les moteurs à com- bustion interne, 16. 493. Wazker (G. W.) ; Influence de la température sur l'indice de réfraction des gaz, 144, 921. WazLer (A. D.) : Observations sur le nerf isolé, 7, 844. — Essai de détermination de la vitalité des graines par une méthode électrique, 42, 940. Wazrerant (Fred.) : Sur certaines conceptions en Cris- tallographie, 42, 671. WarcoLLiEer (G.) : Les méthodes scientifiques dans l'in- dustrie du cidre, 48, 778. Warp (M.) : Action de la lumière sur le Bacillus anthracis, 4, 59. — Action de la lumière sur les bactéries, 5, 94. WamteviLce (C. de) : Sur les spectres de flamme, 45, 836; 46, 1110; 49, 208. Weger (A.) : Revue d'Embryologie, 25, 779. WenserG (B.) : La cristallisation de l’eau surfondue, 19, 638. — Conservation des grélons et étude de leur microstruc- ture, 21, 459. Weiscenger (Dr FE.) : Voyage de reconnaissance au Maroc, 44, #35, 509. — Pathologie et thérapeutique marocaines, 44, 567. — La ville de Fez, 16, 634. — Huit jours à Téuérife, 46, 1038. Le coolie japonais, 46, 495. Weiss (Georges) : Expériences sur l'électrolyse des muscles, 4, 82. — La contraction des muscles striés, 1, 234. — L'ombre pupillaire. Mesure de la myopie, de l'hypermétropie et de l’astigmatisme, 2, 252, — La puissance des systèmes centrés, 5, 976. — La théorie chimique de la vision, 6, 253. — L'analyse d'une courbe périodique par le procédé de Ludimar Hermann, 9, 669. — Le muscle dans la série animale, 42, 1067, 1113. — Le travail musculaire d’après M. Chauveau, 14, 147. — Les travaux de W. Braune LXXV et O0. Fischer sur la mécanique animale, 44, 1205. — La production de la chaleur animale et les substitu- tutions alimentaires d’après les travaux de Rubner, 21, 19. L'excitation électrique des muscles, 2, 429. — Emile du Bois-Reymond, 8, 41.— Réflexions sur le système nerveux, AP 92Te Weiss (P.) : Les nouveaux laboratoires techniques de l'Ecole Polytechnique de Zurich et ceux de nos Fa- cultés des Sciences, 10, 55. — L'hypothèse du champ moléculaire et la propriété ferromagnétique, 19, 99. — Le maguéton, 25, 12. L'aimantation dans la magnétite cristallisée, 6, 795; 8, 352. — Aimantation des alliages Fe-Sb, 7, 840; 8, 352. — Cercle à calcul, 42, 105. — Wailther Ritz, 20, 861. Weiss (P.) et Corrox (A.) : Mesure du phénomène de Zeeman sur les raies bleues du zinc, 18, 425. Weiss (P.) et PLaxer (V.) : L'hystérèse dans les champs tournants, 19, 170. WEIssMann (G.) : L'éclairage par lampes à incandescence à filaments de carbone et le système économiseur Weiss- mann-W ydts, 13, 443. Werner (A.) : Les phénomènes d’isomérie en Chimie inorganique, 17, 538. Wény (G.) : Voir Riser (E.). Weyuer (Ch.) : Sur les cyclones, 4,°480. — Nouvelles expériences sur les tourbillons, 2, 10. — Sur l'ori- gine des tourbillons naturels, 2, 331. — la forme des carènes, 19, 572. — Oiseaux et aéroplanes, 49, 974. Sur une curieuse particularité concernant les formes des êtres vivants et spécialement celles du corps humain, 44, 234. — Sur les formes des corps vivants, 44, 299. — Encorele vol des oiseaux, 49, 258. — Sur un cas singu- lier du vol de l’épervier, 19, 342. WauernaM (W. C. D.): Les vitesses des ions, 3, 871. WaurTe (J.) : Les ferments et la vie latente des graines au repos, 20, 609. Wicrkam (Dr Louis) : L'aclion thérapeutique du radium sur le cancer, 20, 902. Wipe (A.) : Le spectre du thallium et ses rapports avec les spectres homologues de l'indium et du gallium, 4, 301. WiLpEmMaN (E. de) : L'exploitation et la culture des plantes à caoutchouc, 22, 32. Th. Durand (1855-1912), 23, 129. WiLoermax : Les piles galvaniques produites par l'action de la lumière, 46, 136; 17, 431. Wizz (Wilhelm) : Les progrès de la technique des ma- tières explosives depuis le développement de la Chi- mie organique, 45, S01. Wiiey (A.): L'œuf du Nautilus macromphalus, 8, 161. Wiccrams (W.) : Relations entre les dimensions des quan- tités physiques et les directions de l'espace, 3, 529; dis- cussion, 3, 803, 836. WiLLIAMSON (P. R.): Le récent congrès de l'Association britannique pour l’avancement des Sciences(Belfast, 1902), 43, 1018. Wizciausox (W.) et Scori (D. H.): L'organisation des plantes fossiles des couches carbonifères, 5, 225. Wisson (C. T. R.): Sur l'efficacité comparée des ions positifs et négatifs comme noyaux de condensation, 40, 838. Wisson (Sir D.): La question de la main gauche, 3, 63. Wizson (E.): La chaleur rayonnée par les taches solaires, 5, 127. — Propriétés magnétiques du fer presque pur, 9, 554. — Influence des courants induits sur la distribution du magnétisme dans un cylindre de fer tournant dans un SAND magnétique, 43, 946. — Dissipation de l'énergie par des courants électriques induits dans le même cylindre, 43, 996. Wizsox (EF. B.) : Les gisements phosphatés de la Floride, 5, 14. Wizsox (H. A.): Sur la conductibilité électrique de l'air et des vapeurs salines, 42, 721. Waizson (W. E.): La température réelle du Soleil, 143, 655: Wäizsox (W. E.) et FrrzGeraLo (G. F.): Effets de la pression de l'atmosphère sur la température du cratère de l'arc électrique, 8, 122. Wixp (C. H.): Sur la diffraction des rayons X, 8, 728, 803; 40, 456. — Une illusion optique se manifestant par des maxima el des minima {de clarté, 9, 6%. — Les irrégula- rités de l'étalon Weston pour lu f. 6. m., 42, 348. LXXVI È TABLE ALPHABÉTIQUE PAR NOMS D'AUTEURS a A EE WinkLen (G.) et van Ryngerk (G.): Sur la fonction et la struc- ture des atomes dermiques du torse, 42, 1132: 43, 172, 403; 45, 51, 164; 46, 1016. WiNTERSTEIN (L.) : Sur le recul radio-actif, 24, 984. WissEeLiNGH (C. van): L'existence du tanin dans la plante vivante et sa signification, 24, 408. Pres (A. W.): La vitesse du son dans l'air comprimé, Wirr (0. N.): Les progrès des disciplines chimiques depuis quarante ans, 49, 239. Wirz (Aimé): Théorie des machines thermiques, 4, 2. — La Thermodynamique, d’après MM. Bertrand, Clau- sius et von Zeuner, 4, 670. — Le rendement photo- génique des foyers, 2, 663. — De la puissance de . Vaporisation dans les chaudières, 3, 240. — Les chemises de vapeur dans les machines compound, 4, 223, — Les moteurs à pétrole, 4, 529. — Les derniers progrès de la machine à vapeur, 6, 613. — La sur- chauffe de la vapeur dans l’industrie, 7, 701. — L'état actuel et les besoins de l'industrie des moteurs à gaz et à pétrole en France, 8, 449. — Le moteur Diesel et le perfectionnemeut des moteurs thermiques, 9, 462, — Théorie générique et expérimentale des tur- bines à vapeur et à gaz, 49, 19, 47. : G. A. Hirn, 4, 62. — Cycles des moteurs à combustion, , 556. Wore (J.) : Expériences sur la nature de l'amidon et Ha réductions selon les conditions de milieu, 48, 59. WoLrron (G.): Les rapports de la Tunisie avec le mar- ché européen, 7, 1144. Woon (D.): La génération géométrique des courbes orne- mentales chez les Grecs, 43, 845. Woon (G.-E.-C.) : Méthode pour produire rapidement les antitoxines de la diphtérie, 7, 497. Woo (R.-W.): La réflexion et la réfraction du son, 42, 349. — Le spectre de résonance de l'iode, 22, 178. Wourers (Louis) : Le commerce de la Bosuie-Herzégo- vine, 41, 536. WyrouBorr (G.): L'enseignement de la Minéralosie, 44, 9. — Les théories modernes sur la structure des milieux cristallisés, 17, 1050. F.-E. Mallard, 5, 559, Le Gérant : A. MARETHEUX. e Y YARROW A.-F.): Sur la construction des chaudières à tirage forcé, 2, 346. — L'emploi de l’acier au nickel pour les tubes de chaudière, 40, 650. L YouxG (C.-A.) : La constitution du Soleil, 45, 673. i YouxG (S.): Sur les généralisations de van der Waals rela tives aux états correspondants, 2, 764. — Quelques pro priétés physiques des liquides purs et des mél 45, 981. Yuxc (A.-H.) et Roginsox (A.): La terminaison postérieures de l'aorte et les artères iliaques, 9, 305. ! \ Z ” 4 40 | ZaëLunowsxt (Dr) : Le surmenage des musiciens, 46, 41. Zzeuan (P.): L'optique et la théorie des ions, 8, 298, La décomposition magnétique des raies du spectre eb l'intensité du champ, 17, 482; 18, 1032; 49, 128, 212. ‘ ZErmaN (P.)et Winawer (B.) : La décomposition magnétique des raies d'absorption en relation avec le spectre es taches solaires, 24, 315, 628, 945. k ZeiLzer (R.): Les provinces botaniques de la fin des temps primaires, 8, 5. — Une nouvelle classe dem Gymnospermes, les Ptéridospermées, 16, 718. : Le marquis de Saporta, 6, 359. — Bernard Renault 45, 1057. À ZexGer (Ch.-W. : La prévision astronomique du cyclone du 26 juillet 1896, 7, 763. ZENGHELIS (C.): Le problème de la conservation de la matière, 20, 295. ZoLra (D.) : L’Agriculture et l'Exploitation forestière en Bosnie-Herzégovine,41,492.— Revueannuelle d’Agro- nomie, 48, 319; 49, 577; 20, 631; 24, 779; 22, 878; 23, 704; 24, 730. La lutte actuelle contre le Black Rot, 7, 799, — Louis Grandeau, 22, 745. — Aimé Pagnoul, 23, 871. ; Zuwereuz (D.): Le fonctionnement du Service de la Santé et de l'Assisiance publiques au Maroc, 25. 362: Zx1srra (K.): Sur le mouvement de l’eau dans les plantes; 21, 316. Fe à À 6 M os Paris. — Ls MARETHEUX, imp., 1, r. Casselle. 95° ANNÉE des Nom 15 JANVIER 1914 Revue générale Scien pures et appliquées Foxpareur : LOUIS OLIVIER DIRECTEUR J.-P. LANGLOIS, Docteur ès Sciences. Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. J.-P. LANGLOIS, 18, rue Chauveau-Lagarde, Paris. — La reproduction et la traduction des œuvres et des travaux publiés dans la Revue sont complètement interdites en France et dans tous les pays étrangers, y compris la Suède, la Norvège et la Hollande, CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE $ 1. — Nécrologie G. WyroubofF. — Le 15 décembre 1913, s'étei- sait à Paris, après une longue maladie, un savant de haute valeur, que son indépendance de caractère maintint toujours éloiyné des titres et des honneurs auxquels il aurait pu prétendre, Grésoire Wyrouboff, professeur d'His oire des Sciences au Collège de France, counu par d'importants travaux de Cristallographie et de Chimie minérale. Né en 1843 à Moscou, il fit ses études à Saint-Pét: rsbourg, dans le célèbre Lycée Alexandre, où se sont formés la plupart des hommes d'Etat russes qui ont travaillé récemment au relè- vement de leur patrie. Cette Ecole donnait alors un enseignement encyclopédique, dans lequel les parts faites aux leitres et aux sciences étaient soigneuse- ment équilibrées; on y recevait la culture générale indispensable aux hommes appelés à occuper de hautes situ:tions, mais aucune éducation profession- nelle. W yrouboll retourna ensuite à Moscou suivre les cours de l'Université et y commença des études médi- cales qu'il poursuivit plus tard à Paris ; mais il n'xerça pour ainsi dire jamais la médecine, sauf en 1870, au siège de Paris, dans l’armé- francaise et, plus tard, dans l'armée russe, lors de la suerre de Turquie. Il se fit naturaliser citoyen français en 1889. Enthousia-mé par les doctrines d’Auguste Comte, il vint très jeune à Paris prendre les conseils et la direc- tion de littré. S'adonnant simultanément à la philo- Sophie et à la science, il publia, en 1866, son premier mémoire sur les ferro-cyanures: depuis cette époque, pendant quarante cinq années ininlerrompues, il ne cessa de s'occuper de Cristallographie et de Chimie minérale. Durant dx-sept ans, il assuma en plus la direction de la ÆRevue de Philosophie positive, où il publia de nombreux articles d'histoire. d'éco- nomie politique et de philosophie. Après la disparilion de celte revue, il renonça à la philosophie porr se consacrer exelusivement à la recherche scientifique. Il passa certainement la moilié de son existence dans son laboratore, devint ses creusets, on dans son cabinet de travail, devant ses microscopes Jouissant ‘d'une situation de fortune indépendante, il put tra- REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1914. vailler librement sans être détourné par aucune préoc- cupation matérielle. Il ne rechercha pas davantage les honneurs et n'eut dans la vie d'autre objectif que la convaissance de plus en plus complète de la vérité. Parmi ses travaux les plus connus, on doit men- tionner d'abord des études sur la polarisation rota- tire. Par s s expériences, il apporta un appui précieux aux théories de Mallard sur le rôle des croisements de lames cristallines. Dans une direction différente, il combatlit, au contraire, et contribua à faire aban- donner la théorie de Pasteur, qui voulait rattacher aux phénomènes vitaux le développement de la polarisa- tion 1olatore dans les composés organiques. Îi éludia et décrivit, d'une facon détaillée, les formes cristal- lines d'un gr.nd nombre de substances minéraies et organiques, s'attachant particulièrement à élucider les particularités qui se rattachent au polymorphisme ou à l'isomorphisme. Expérimentateur impeccable, 11 rec- Litia souvent le, erreurs de savants qui ne lui gardèrent pas toujours une grande reconnaissance de la précision de ses mesures. En Chimie, il publia, avec la collabo- ration de Verneuil, un grand travail sur les terres rares et fit, à cette occasion, des expériences capitales sur la polymérisation des oxydes du thorium. Il ét-ndit plus tard les mêmes recherches à d'autres oxydes et consacra, dans le même ordre d'idées, ses derniers travaux à l'étude de combinaisons complexes sem- blables à celles que Recoura avait décuvertes dans les composés du chrome. Il développa entin une théorie personnele de la particule cristalline et de la constitution des dissolutions, puis professa, sur 1e même sujet, un cours libre à la Sorbonne. Bien que ne disposant d'aucun laboratoire officiel, 11 dirigea les premiers travaux de chimistes qui se sont lait depu s un nom dans la science : MM. Urbain, Nicolarde!, Copeau, fubrisay, etc., ainsi que de plu-ieurs de ss compatriotes. D'un tempérament très original et très vivant, il exerçait un grande action per onnelle partout où 1 intervenait. La Société de Minéralogie lui doit une part notable de son activité et de l'intérêt de ses séances. Orateur de premier ordre, polemiste ardent, il provoqua souvent à la Société chimique des débals dont le souvenir n'est pas éteint. Il avait le geste du l ve D tribun et aurait fait un merveilleux orateur politique. Discutant un jour devant la Société chimique les théo- rie cristallograph'ques de Pasteur en l'absence de ce dernier, il le vil tout à coup entrer daus la salle des séances. S'arrêtant brusquement, il se tourne vers lui et l’apostrophe ainsi : « Je vous remercie, monsieur Pasteur, d'être venu aujourd'hui à la Société chi- mique; j'étais gêné par votre abs nee pour exprimer librement toute ma pensée, maintenant je vais le faire devant vous »; et, dans une improvisation -nflammée, il pulvérise tous les arguments mis en avant par Pas- teur ; il le fit avec un tel brio que son adversaire, qui étail pourtant, lui aussi, un polémiste de premier ordre, ne trouva sur l- moment rien à répondre. Caractère très droit, il allait là où il “royait voir la justice, la vérité, et déconcertait par son indépendance ses amis, comme ses eunemis. Dans sa jeunesse, il fit à la mort de Littré, au cimetière Mont, arna-se, une sortie retentissante contre l'enterrement religieux de son maiïtre. Plus tard, il combattit ard-mment Pasteur et, en se présentant contre lui, fit échouer sa candi- dature au Conseil de la Société chimique. Il accepta, entin, de faire partie du grand Conseit de la franc- maconnerie. Aussi fut-il parfois considéré comme un révolutionnaire dangereux. Cela ne l'empêcha pas de se lier de très sincère amitié avec les savants les plus réactionnaires : de Lapparent, Hautefeu Ile, Mal- lard, pour ne parler que des morts Il fut. au grand scandale de ses amis politiques, un des plus chauds défenseurs des candidatures du père Scheil et de Bru- nelière au Collège de France. Il laisse à ses amis le svuvenir d'un esprit enthou- siaste et d'un cœur généreux, à ses adversaires celui d'un galant homme. Henry Le Chatelier, Membre de l'Institut. $ 2. — Physique L'analogue électrique de l'effet Zeeman. — On a essayé, à diverses reprises, de mettre en évidence un à alogue électrique de l'effet Zeeman, c'est-à dire l'influence du champ électrique sur les lignes spec- irales. Plusieurs auteurs ont cru observer un effet sur la polarisation de la lumière émise dans le “amp, mais ces observalions n’ont point été confirmées D'autre part, M. W, Voigt, partant de certaines hypothèses, a déduit des formules théoriques exprimant le 1édou- blement des lignes spectrales par un champ électrique. Dans un autre ordre d'idées, à savoir lors de ses recherches d'analyse spectrale sur les rayons-canaux, recherches qui lui avaient montré que toute modifica- tion, par ionisaton, de l’état électrique d'un atome entraine une variation de ses fréquences optiques, M. J. Stark, professeur à l'Ecole Polytechnique d’Aix- la-Chapelle a été conduit à étudier ces mêmes phéno- mènes, indépendamment des expériences antérieures. Dans un pre “er mémoire présenté à l’Académie des Scienc s de Berlin, il décrit la méthode qui lui a per- inis de mettr- en évidence un analogue électrique par- fait de l'effet Zeeman, et il rend compte de quelques résullats préliminaires. On sait qu'un gaz lumineux, émettant des lignes de série, est ionisé, les porteurs de ces lignes étant, dans la gran e majorité des cas, des atomes onu molécules à charge pisilive Aussi, en établissant, dans un gaz de ce -enre, un champ électrique, doit-on tenir compte du flux qu'il p oduit lui-même. Dans la colonne posilive de l'effluve et de l'arc vollaique, Île flux coexiste avec une émission luminense el un champ électrique d'une intensilé, il est vrai, relativement faible et qu'on ne saurait, sans grav: s perlurbations, augmenter en accroissant la tension de vapeur. Les conditions sont plus favorables dans la première couche cathodique de Peffluve, où les riyons catho- diques et surtout les rayns-canaux acrélérés vers la cathode donnent! lieu à une émission lumineuse, en 2 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE même temps que l'intensité du champ y est considé- rable. Etant données les variations, difficiles à contrô- ler, de cette intensité et les limites qui s'opposent à une augmentation ultérieure, l’auteur a dû imaginer une méthode b sée sur un autre principe, qui permet de réaliser, dans une enceinte remplie de gaz, une grande intensité de champ accompagnée d'une faible intensité de courant et d'une émissiou lumineuse a-sez forte. M. Stark se sert, en effet, des rayons-canaux d'une effluve derrière la cathode de celle-ci, pour exciter une émission lumineuse dans l'enceinte r mplie de gaz, immédiatement derrière la cathode ; il applique à celte enceinte un flux non autonome à grande tension aux électrodes, en utilisant comme éle-trodes, d'une part la cathode de l’effluve, d'autre part une électrode auxiliaire indépendante de l'effluve. La distance entre ces électrodes et la tension de vapeur est A choisie de façon à ren- dre l’espace obscur de la cathode considérable- ment plus long que cette distance. Loin de créer un flux autonome, la grande différence de tension, dans le champ existant entre ces deux électrodes, mainti ntun flux non aulonome à travers le gaz ionisé par les rayons canaux, flux qui s'éteint aussitôt que cesse l'effluve. Dans un tub- cylindri- que (fig. 1), on oppose un disque cathodique perforé de nombreux trous de 4 mm. de dia- mètre, à 2,6 à 1,1 mm. de distance, et en arrière du disque, un disque non perforé constituant l'électrode auxiliaire. L'effluve entre l’anode A et la cathode K est produit- par ane grande bobine d'induction. L’é- lectrode auxiliaire H est reliée, par lintermé- H diaire d'une résistance, Fix, 1. — Disposilif pour 1x à la borne négative, la mise en évidence de l'ana- cathode de l’effluve à la logue électrique 1e l'effet borne posilive d’une Zeeman, — A, anode; K, source de courant con- calhode ; H, électrode auxi- tinu. L'élechole K, liaire. comme on le voit, est à la fois la cathode de l’effluve et l’anode du flux non auto- nome. La lension de vapeur est assez basse pour que la longueur de l’espace obscur de l’effluve soit de 5-10 cm., en sorie qu'aucune elfluve ne peut s'établir dans le champ « de tension » entre H et K. Comme sources de courants pour établir un champ de tension constant, l'auteur dispose d'une dynamo de 4.500 volts et d'une batterie d’accumulateurs de 3.800 volts. L'intensité de courant, dans le champ «de tension », est de 1-4 milli- ampères. Afin d'éliminer l'influence du principe de Doppler (déplacementspectralen cas de vision axiale), M Stark choisit une direction d'observation perpendiculaire à l'axe des rayons canaux, en même temps qu'au flux de force électrique, au sein du champ de tension. Pour la prise des vues photographiques, l'auteur dis- pose d'un spectrographe d'une remarquable intensité lumineuse, combiné spécialement en vue de ses recherches sur les rayons-canaux. Les premières observations oculaires relatives aux CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 3 lignes de l'hydrozène font voir que H$ et Hy sont décumposés, par un champ électrique 1ransversal, en cinq composantes dont les trois moyennes vibrent normalement, les deux extrêmes paral:élement au champ. La composante centrale du triplet à vibrations normales coïncide approximali ement, mais pas exartement, avec la ligne non dé“compo-ée (fig. 2). On sait que l’hélium présente, suus forme d' « hé- lium », une série principale et deux séries secon- daires et, sous forme de « parhelium », également une série principale et deux séries secondaires. Les premiers groupes des séries seraient émis par l'atome-ion monovalent, les derniers par latome-ion bivalent po-itif de l'hélium. L'auteur étudie, au champ électrique, une ligne au moins de chacune de ces six séries. Plusieurs de ces lignes sont décompo-ées en trois composantes vibrant parallèlement: au champ et en trois composantes vibrant perpen ticulairement au champ. D'autres, en raison peut être des conditions encore insulfisantes de l'expérience, n'ent pas ‘1onné de résultat positif. Dans celles qui subissent le dédou- blement électrique, les composantes parallèles au champ ont, pr.sque sans exceplion, la même position spectrale que les compo-antes vibrant pirallè ement, bien qu'on puisse, chez certaines composantes, entre- voir un faible déplacement relatif. Quant à la relation de cet effet avec l'intensité du chimp, e résultat probable ou préliminaire donné par les expériences de l'auteur peut s’énoncer comme suit : la décomposition électrique d'une ligne spectrale, c’est- à-dire la distan-e réciproque des composantes, exprimée en longueurs d'ondes, est, en première approximation, proportionnelle à Ja pre- mière puissance de l'inten- sité u champ. D'autre part, les résultats jusqu'ici obte- nus démontrent, bien que d'une façon non encore déli- nitive, la pronosition sui- vante: les termes d'une série donnée présentent, en ce qui concerne le nombre, la di- rection de vibration et le rapport dsintensités de leurs composantes, le mème effet du champ électrique. Lorsqu'une ligne d'une série ne présente pas de décom- position appréciable, pour une intensité de champ et ure dispersion données, il er est de même des autres lignes de cette série. La règle suivante semble aussi être d'une application générale : ‘es lignes appartenant aux séries diffuses subissent, sous l’action du champ électrique, une décomposition considerable, tandis que “elles des séries principales ou secondaires ne:te- ment définies ne présentent, avec les ressourc:s dont se sert M. Stark, aucun effet appréciable ou, tout au moins, un effet bien plus petit. Il semble y avoir une relation entr- l'élargissement des lignes dû à l'augmen- lation de la tension du gaz +t limportance de l'effet exercé sur elles par un champ électrique. A. G. Ligne non décomp. Champ Wa Fig2.— Dé doublement de la ligne HS] de l'hydrogène sous l'in- fiuence du champ élec- trique. 8 3. — Électricité industrielle. Sur un nouvel élément à gaz de grande capacité. — En 1888, Matteucci découvrit qu'il se produit une différence de potentiel entre deux élec- trodes de platine lorsque les surfaces de celles-ci sont recouvertes de gaz différents; l'année suivante, Grove a construit la pile à gaz bien connue qui porte son nom ; comme on le sait, cette pile consiste en deux lames de platine plongeant dans une solution d'acide sulfurique diluée ; sur les moïtiés supérieures de ces électrodes sont retournées des éprouvettes en verre dont l’une est remplie d'oxygène et l'autre d'hydrogène ; lorsque l'on réunit les électrodes entre elles par un fil métal- lique, il se produit sur celui ci un courant dirigé de l'éprouv-tte d'oxygène vers l'éprouvelte d'hydrogène. Grove, Beetz, Schônhein, de La Rive, Gauguin et d'autres ont exp-rimenté un grand nombre de gaz et de vapeurs avec des métaux différents dans des liquides variés; ils ont établi que les gaz, avec les métaux, peuvent se ranger, au point de vue des ten- sions obtenues, en une certaine échelle au sommet de laquelle se trouve le chlore, et, au bas, l'hydrogène. Pour ce qui est des électrodes et ‘es électrolytes, Beetz a étudié particulièrement le charbon et àl à trouvé que cel i-ci n'est pas attaqué par l'oxygène, mais par le chlore; il a décomposé des poudres de charbon avec production d'acide carbonique et d'oxyde de carbone. Mäacaluso a égilement obs rvé celt- des- . truction de l’électrode de charbon dans un voltamètre pour la production du chlure; ce même expérimenta- teur a observé qu'avec des courants alternativement dirigé dans un sens et dans l’autre, des électrodes de platine suhissent une transformation qui en rend la texture pureuse sans déperdition de poids; Schônbein ne peuse pas qu'il y ait oxydation des électroiles; Beetz estime qu'il ne s’agit pas de la production d'une force électromotrice dins les gaz, mais d'une simple consé- quence de la p'ésence des gaz occlus; Warburg pense que ces gaz peuvent produire des réactions chimiques; Paschen conelut de ses recherches que toute électrode métallique est entourée d'une gaine d’une solution saline faible de son propre métal; Nernst et Warten- berg signalent que la valeur thermo-dynamique de Ia chaîne des gaz tonnants ne concorde pas avec la valeur de la chaîne de Grove; ils attribuent ce fait à ce qu'il se produit une action chimique perturbatriee, sous forme d'oxydation, à l'électrode de platine dans l'oxygène. Markowsk a confirmé la théorie de War- burg en observant qu'il ne se produit aucune force électromotrice sur des électrodes de charbon changées d'oxygène. Beetz a obtenu des effets électriques très intenses avec des élecirodes de palladium re“ou ertes denoirdepalladium, substance dont le pouvoir d'absomp- tion des gaz est beaucoup plus grand encore que celui du noir de platine ; ces effets sont malheureusement inutilisables par suite du fait que la couche de moir de palladium n’alhère pas suffisamment à l'électrode. Peirce a constaté que la profondeur à laquelle les électrodes sont immerzées dans le liquide a une grande influence sur la force électro-motrice ; celle-ci est d'autant plus grande que la longueur de la partie restant dans le gaz est plus forte; la jartie imm-rgée dans le liquide se polarise en sens contraire de la partie supérieure, de sorte qu'il se produit un courant local qui affaiblit le courant extérieur. Symons c:psi- dère comme siège du phénomène la région de coutact entre le métal, le liquide et le gaz ; Morley, au con- traire, est d'avis que tout le courant de la batterie à gaz est dû aux gaz dissous dans le liquide. Quant à la capacité de la batterie à gaz, Grove indique qu'avec 11 éléments il a obtenu un courant estimé à 1,5 milliampère pendant trente-six heures; avec une batt rie de 50 éléments, dont les électrodes étaient chargées de préférence de chlore et d'hydro- gène, il a obtenu des effets relativement intenses. Poggendorff, de la Rive, Grove, Haber et Markowski sont d'avis que la force électro-motrice est à peu près indépendante de la pression et de la température; d’après Koulrausch, pour de faibles densités, la force électromotrice serait proportionnelle à l'épa sseur de la couche de gaz recouvrant l’électrode ; Crova, Helm- holtz et Root ont toutefois montré que les gaz pénè- trent dans les électrodes mêmes; Niemæller a trouvé que, pour une augmentation de pression jusqu'à 40 ou 40 atmosphère, la force électromotrice diminue de quelques millionièmes de volts. 3 TE M. Ch. Siegl a cherché à reconnaitre le siège véri- = CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE fable de la production de l'électricité ; de ses nom- breuses exp-riences, il déduit que, pour de courtes durées de fonctionnement, les électrodesinterviennent en entier; tandis que, au delà, les gaz occlus seuls entrent en jeu; il est exact que la partie immergée des électrodes ne concourt pas à la production de l'électricité et se polarise vis-à-vis de la partie supérieure; pour accentuer le phénomène, on peut utilement employer une électrode platinée disposée sur un diaphrag ne traversé par l’électrolyte L'expérimentateur s est aussi occupé de remplacer le plarine par des mélaux moinschers ; les expériences de Poggendorff et de Paterson ayant établi que tous les métaux platinés sont attaqués lorsqu'ils sont employés comme cathode, il a fait exclusivement usage de char- bon platine; là discontinuité de contact néressaire entre l’électrode et le diaphragme s'obtient très facile- ment en employant du charbon en grains de 3 mwilli- mètres de diamètre. Les essais ont été faits avec le chlore, l'hydrogène, l'air, l'acide carbonique, l'acétylène, le gaz d'éclairage et l'oxygène, l'électrolyte étant constitué par de l'acide sulfurique dilué, sauf avec le chlore pour lequelil était fait usage d'acide chlorhydrique; les résultats obtenus sont énumérés ci-dessous : QUANTITÉS DE GAZ employées GAZ F.e:m. DÉPENSE Hydro- Chlore à, ou gene | oxygène volts ma m3 centimes Chlore et hydrogène. .| 1,4 0,30 0,30 54 Oxygène et h\drogène.| 0,9 0,46 0,23 44 Air et hydrogène . . .| 1,8 0,52 0,26 26 Air et gaz d'éclairage.| 0,7 0,70 0,35 21 x Pas Pas, Ac. carb. et hydrog. .| 0,8 RE HHASMRÉ. » : Set Pas Pas Aïr et acélylène "MO ST sure |mesuré. n Les dépenses sont donc approximativement 10 fois moins élevées que pour les éléments Meidinger; l'élec- trolyte ne doit occuper que la partie inférieure des récipients; on peut y maintenir au moyen de tissus, d'ouate, etc.; pour éviter la polarisation, on doit donner à la mousse de platine le temps de recombiner les gaz pour reconstituer de l’eau; l'intensité maxi- mum momentanée est de 400 milliamperes par déci- mètre carré de surface active, et l'intensité maximum permanente de 20 ampères ; entre 1 centimètre de mercure et x almosphères, la pression n’a pas d'in- fluence appréciable sur la force électromotrice ; la pile à gaz Siegl est construite industriellement#. N — Chimie industrielle Production et consommation du cuivre, du zine, du plomb et de létain en 1912. — La WMetallgeselischalt vient de publier ses statistiques annuelles sur la production et la con‘ommation des métaux ; ces slalistiques, toujours établies avec beau- coup de soins, constituent de précieux documents. Cuivre. — les deux tableaux suivants donnent la répartition de la production et de la consommation dans le monde entier en 1911 et 1912. 1 Dr C. Siecz : Sur une nouvelle pile à gaz de grande ca- pacilé. Elektrotcchnische Zeitschrift, 13 novembre 1913, p. 1317. : Production mondiale en tonnes. 1912 1911 Allemagne - -.. : . . 39.800 37.500 NNCIELELTE RE 63.200 57.700 EranCe ESS 3 13.200 13 200 lobe tee Si - 1.700 1.700 Autriche- Hongrie | AN ÈS 4.000 2.600 Russie 7e PRE 33.500 25.600 Espagne « CN 23.300 18.300 Serbie . . . 7.400 7.000 Autres pays d' Europe. 10.900 7.900 Etats-Unis . . . 592.400 518.700 Amérique du Nord an DAISe NE 15.500 9,700 Aitres pays d’ Amé- NIQUE EE 100.000 8$.500 Asie (Japon) . . . . . 67.000 55.000 AUSTLANE ERNEST 44.900 40.000 NIQUE PR Ne A 3.000 2.000 1.019.800 S93.400 Consommation mondiale en tonnes. 1912 1911 Allemacne ss." 232.700 222,100 ANPléLERLE AU E 144.700 1 9 400 France . . . 0400 99.800 95.700 Autriche- Hongrie Von 18.200 38 500 RUSSIE RE EU 4.000 32.800 TES MAC TS 33.600 29.400 Belgi Le NE VRNRE LE 15.000 13 500 Pays- 18 1 000 1.000 ect +. d' Europe. 10.000 10.000 Etats-Unis . . 371.800 321.900 Autres pays d Amé- MOQUE 3.000 3.000 Asie, Australie, Afrique. 40.100 26.700 1.040.200 953.100 Zine. — Pour le zinc, nous avons les deux tableaux suivants : PRODUCTION CONSOMMATION MONDIALE MONDIALE 1912 1911 1919 1911 Allemagne. 271.064 250.393 296! ; 800 219.300 Belgique. . 200.198 195 092 67.700 64.900 Hollande. . . 23.932 293.133 4.000 4.000 Angleterre. . 57.231 66.956 185.200 475.700 Hrance . 9 64.92 ; 82.000 82.000 Espagne #2 “ati 4.700 4.800 Auriche . . 16.876 46.910 43.500 Italie . . . à 10.700 10.100 Russie. . . 9.936 29.000 29.500 Norvèse 6.680 » » Etats-Unis . 261.472 312 400 251.600 Australie . . 2 1.727 = " 110 S © Ê 19.700 17.800 902.100 957.500 977.900 Plomb : PRODUCTION MONDIALE CONSOMMATION MONDIALE 1912 1911 1912 1911 Espagne (exp.). 186.700 175.100 220.500 229.800 Allemagne . . 165.000 164.300 106 500 99.600 Frances 33.000 23.600 196.100 198.300 Angleterre . . 29.000 26.000 50.00 53.600 Belgique . . . 57.100 44.300 32.000 36.300 Italie... 20.500 16.700 37.900 26.200 Autriche-Hon - grie ne 21.400 19.600 » » mrécess ie 14.500 14.300 » » Suède et Nor- vêge . . 1.300 1.100 45.600 43.100 Russie 1.000 1.010 17.100 15.300 Autres pays d'Europe . . » » . à Turquie d'Asie. 12.500 12.400 » » Etats-Unis . . 386.700 317.900 397 800 365.200 A reporter . 928.700 873.300 © 1.104.300 1.067.400 903.200 | CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 5 Report. . . 928.700 873.300 1.104.300 1.067.400 Mexique . . . 120.000 124.600 » » Cannda:t.. . 16.300 10.700 30 000 21.100 Japon . . . . 4.500 4.200 24.500 18.900 Australie. . . 107.400 99.600 10.100 9.400 Autres pays. . 12.200 20.500 30.000 31.200 1.189.100 1.132.900 1.198.900 1.157.700 Etaiu : Production mondiale en tonnes. 1912 1911 Exportations par eau des DR US ee 61.528 51.944 BHBIEETEE ME ©: . … . 19.600 18.800 Allemagne . . . . . . . 12.500 12.426 MAUR EN à : 500 500 Vente de Banka . . . . 16.111 45 147 Vente de Billiton . . . . 2.243 2.240 LETTRE 5.130 5.150 Chine (Exportation . . . 6 000 6 050 Bolivie _ Et 500 400 123.100 118.700 Consommation mondiale en tonnes. 1912 1911 ADELALEITO EN 2 21.500 21.900 Allemagne . 21.700 19.300 France . VUE 1.590 1.400 Autriche-Hongrie . 3.800 4.000 Belgique . 1.300 4.700 l'TÉSCCMNONNPRERE TRES 2.600 4.900 IREM MU TUE | 2.500 2.400 SN RES PETRRRTE 1.400 1.2 0 Espazne . 1.200 1.300 SCAINAVIE. - 4 . . . 1.500 1.400 HN BASE NN ee 20 250 Autres pays d'Europe. . 1.000 1.200 ARE Eee 51,700 48.000 Autres pays d'Amérique. 3.300 2.310 MEME N TOR 1.200 900 LÉNNTT CONCERNÉES Ce 600 500 Chine (exportation) . . . 2.000 1.993 Autres pays d'Asie . . . 3.000 3.000 128.100 120.600 Notre époque reste l'époque du développement de la métallurgie ; la production et la consommation des métaux ont continué à progresser, de sorte que les nombres fournis par la statistique de 1912 constituent tous des records. — La vulgarisation croissante des applications de l'électricité, le développement des marines militaires et marchandes, l’accroissement rapide des grands centres de population, la multiplication des grandes usines, la transformation des anciennes habitations “au point de vue du confort et de l'hygiène, toutes ces ‘causes réunies ont contribué à augmenter la consom- mation des métaux communs. La production de cuivre a atteint et dépassé pour la première fois { million de tonnes en 1912, avec une augmentalion par rapport à 1911 d'environ 15°/,. La consommation, comme l’année précédente, a dépassé la production, entraînant une diminution correspon- dante des réserves. Ce sont surtout les Etats-Unis qui ont augmenté leur production, en particulier toutes les usines contrôlées par l'American Smelting, qui exploitent les minerais porphyriques à faible teneur. L'Amérique fournit à elle seule 70 °/, de la production mondiale. Les mines de l'Afrique du Sud, sur les- quelles on avait fondé de grandes espérances, ont encore peu donné jusqu'ici. Il est à remarquer que le Rio Tinto ne tient qu'une petite place dans la métallurgis du cuivre, puisque sa production ne dépasse pas 50.000 tonnes. On se rendra compte des progrès réalisés dans la métallurgie de ce métal en comparant la production mondiale à diverses époques : 1886 196.000 tonnes. 1888 273.000 == 1900 486.000 — 1908 . 73 000 — 1912 1.019.800 — En un quart de siècle, la consommation du cuivre a quintuplé. La statistique du zinc révèle pour ce métal un dé- veloppement comparable à celui du cuivre : la pro- duction est sur le point d'atteindre aussi 4 million de tonnes. Nous trouvons encore que ce sont les Etats- Unis qui fournissent la plus grande part à l'augmen- tation de la consommation et de la production. Production mondiale du zänc. 1860 98.000 tonnes. 1850 . 210.000 — 18S4. . 255.000 — 1900. . 500.000 — 1908. 712.000 — 1912. 978.000 = Le plomb à un tonnage plus élevé que ceux du cuivre et du zinc, c'est un métal dont l'usage est très ancien et qui avait autrefois une avance considérable sur ces ‘eux derniers ; ses emplois n'ont pas progressé aussi rapidement, car cette avance va diminuant | chaque année. Production mondiale du plomb. 1862 225.000 {onnes. 1852 731.000 — 1891 480.000 — 1897 5S0 000 _— 4899 782.000 _- A912 1.190.000 — L'étain est un métal d'un tonnage beaucoup plus modeste; il intervient surtout dans la fabrication des fers étam:s et dans la fonte des bronzes; il est d'ail- leurs beaucoup plus coûteux que les précédents. Vers 1888, on en consommait environ 50.000 tonnes ; la consommation a plus que doublé depuis lors (128.000 tonnes en 1912). Camille Matignon. $ 5. — Physique du Globe Les tremblements de terre en Chine.— Dans une note parue en 191?, nous avons donné les princi- paux résultats d’une étude à laquelle un sismologiste américain, M. Drake, s'était livré sur la périodicité des tremblements de terre en Chine’. Les conclusions de cet auteur étaient basées sur l'examen de plusieurs catalogues de séismes très détaillés, édifiés d’après les annales historiques chinoises. L'un de ces catalogues, celui du R. P. Hoang, dont la première partie avait seule paru, vient d’être à la fois refondu et complété par les soins des PP. J. Tobar et H. Gauthier*, et l'étude des documents qu'il renferme a conduit le P. Gauthier à des conclusions qui diffèrent sensible- ment de celles de M. Drake. En cherchant à déceler une loi de fréquence des tremblements de terre selon les différents mois au cours de l’année, soit par provinces, soit par régions plus grandes (nord, centre et sud de la Chine), on n'arrive à aucun résultat général. Le maximum, lors- qu'il y en a un, est tantôt dans un mois, tantôt dans ! Revue gén. des Sciences du 15 août 1912, p. 571-572. 2? R. P. Hoaxc: Catalogue des tremblements de terre signalés en Chine d'apres les sources chinoises (1767 av. J.-C. — 1895 ap. J.-C.). Livre Il. Ouvre posthume, refondue et complétée par les PP. J. Touan et H. Gautier. 1 vol. in-8° de 424 pages, avec figures et cartes. Imprimerie de la Mission catholique, Chang-Haï, 4945. 6 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE un autre; quelquefois, il se montre double; mais le plus souvent on constate l'absence de toute régularité. Si l'on compare la répartition saisonnière ou men- su-lle des séismes avec celle de la précipitation dans les mêmes régions (en opérant ville par ville, les com- paraisons plus étendurs, «btenues par géneralisation de ré-ultats locaux assez disparates, étant dénures de signification), on arrive également à un résultat négatif. M. Gauthi r s'est alors demandé s'il n'existerait pas une © rlaine périodicité, séculaire ou multiséculaire, dans les iremblements de terre enregistrés sur une longue prriode, l'ère chrétienne par exemple. Il arrive ainsi à reconnaitre l'existence non pas d'une véritable périodicité, mais tout au moins d'une époque d'uccal- mie, qui irait de 633 à 1266, entre deux périorles égales d'activité plus grande, de l'an 1 à 633 e1 de 1266 à 1899. A l'intérieur de ces époques on constate une marche sensiblement parallèle des séismes, si on les répartit par groupes de trente cinq années, rappelant la période étudiée jadis par Lockyer dans ses travaux sur les taches solaires. Chaque durée de 633 ans se divise en deux parties inégales de recrudescence plus ou moins appréciable, séparées par une petite accal- mie durant deux ou trois fois trente-cinq ans. Dans chaque cycle de 633 ans, c'est la seconde recrudes- cence qui est la plus fortement accentuée, comme elle est aussi la plus prolongée. D'après M. Gauthier, ces recrudescences, en particulier celles des années voi- sines de 16 à 141, de 212 à 247. de 704 à 809, de 1267 à 1340 et de 1442 à 1668, semblent se comporter assez bi-n comme des arrivées d'onde: successives, ou vaques sisi ques. de différentes importances, ayant ou pou- vant avoir des points d’origine extérieurs à la Chine. La propagation de ces vagues, tout au moins dans l'ensemble de l'Extrême-Orient, semble se conformer à des lois précises, que M. Gauthier formule ainsi : 1° Loi de décalage général dans la progression de la vague sismique : Dans la progression générale des recrudescences plus ou moins périodiques d'acti ité sismique, les différentes régions qui subissent cetle recrudescence ne sont pas simultanément ébranlées; il semble même qu'il y ait plutôt succession et même contre-partie ou alternance dans la manifestation des détentes géodynamiques ; 2 Loi des échos persistant au milieu d'une méme vaque sismique: Au milieu d'une période d'accès géné- ral, où les secou-ses -ont plus notablement fréquentes ou violentes, cette loi d’alternance est respectée; 3° Loi des états correspondants : Les lois de fré- quence alternante ainsi formulées restent fonction de la sismicité propre et caractéri-tique de chaque région. Ces lois méritent d'être soumises à l'épreuve d’une étude comparée avec les catalogues sismiques des autres régions du globe. En terminant, M. Gauthier confirme une remarque desenue aujourd'hui classique : si, dans une région donnée, une série de tremblements de terre se succè- dent, les foyers de secous, B;, bulées; U, vis réglant la butée B,. qu'en s'appuyant en cullé, qui est la sui- quelque sorte sur lui- vante : au moment de la mise en marche, la vitesse | même. Tandis qu'avee deux points fixes AB de rolation part de zéro pour atteindre progres- sivement sa valeur de régime. Il y a donc néces- sairement un instant où T' devient égal à T, et à cet instant, si l'on n’y prenait garde, les res- sorts éprouveraient des mouvements désordonnés. Aussi M. Maurice Leblanc a-t-il reconnu la néces- sité de caler les paliers pendant la mise en marche. 1 y parvient, d'une facon très simple, en placant autour de l'arbre O trois butées B,, B,, B,, dont les deux premières sont fixes landis que la troisième peut monter ou descendre sous l'action d'une vis D. Dans l’état de régime, ces butées laissent à l'axe de figure, sous l’action des forces centrifuges, se trouve fléchi tout entier d’un même côté de l'axe de rotation (fig. 2), la suppression des appuis rigides a pour effet d'obliger les extrémités de l'axe de figure à s'écarter de l'axe de rotation en 4 Dans une machine rotative quelconque, on appelle rotor la partie tournante et stator l'ensemble des parties fixes. F L. LECORNU — LES ROTATIONS ULTRA-RAPIDES 9 sens inverse de la partie moyenne M (fig. 3. Il s'établit ainsi deux nœuds z, B, intermédiaires entre A et B. C'est dire que la rapidité des vibra- ‘lions est augmentée, el que la période correspon- | dante est par suile raccourcie. M: Maurice Leblanc estime qu'on peut, dans ces tonditions, communiquer à un rotor une vitesse de rotation égale aux trois quarts de sa première “vitesse crilique propre : il ajoute que, si le rotor _ repose sur des coussinets supportés eux-mêmes par des ressorts très souples, la masse totale des | coussinets et des ressorts étant très pelite par rapport à celle du rotor, cette limite de vitesse esl Ssuflisante pour tous les besoins de la pratique. Il ne suffit pas de laisser à l'arbre du rotor une certaine liberté ; il importe, en outre, que ce corps soit aussi bien équilibré que possible autour de son axe : sans quoi les ressorts fatigueraient vite et les | coussinets risaueraient de s'échaufrer. IL est impossible aux constructeurs de réaliser mathématiquement l'équilibrage; mais M. Maurice Leblanc a découvert un moyen de faire en sorte que les forces centrifuges se chargent elles-mêmes, pen- Fig. 4. Fig. 5. “dant la marche. de corriger ce départ : ila imaginé emploi d'égurlibreurs automatiques. Pour bien omprendre le principe de ces appareils, considé- ons d'abord un disque D (fig. 4), de forme quel- conque, tournant dans son plan autour d’un point “irès voisin de son centre de gravité G, et supposons qu'une masse de petites dimensions, une bille “métallique, par exemple, puisse se mouvoir à l'in- iérieur d'une rainure circulaire ayant pour centre un point O du disque. Ilest clair que, sous l’action de la force centrifuge, la bille tend à se porter le plus loin possible du centre de rotation G. Dans cette posilion, sa masse déplace le centre de gravité du Système et l'amène en un point G’, situé entre Get B : elle augmente donc l'écart entre le centre de gravilé du système et l'axe de rotation, en sorte qu'elle aggrave le défaut d’équilibrage. Il n'en va plus de même si le disque ne possède aucun point fixe : dans ces conditions, en effet, la rotation ne peut se produire qu'autour du centre de gravité général, c'est-à-dire autour du point G', et la force centrifuge tend à placer la bille B le plus loin possible de G!. Or, pour une position quel- | conque de la bille dans la rainure qui lui sert de guide, le point G' se trouve (fig. 5) entre les deux points Get B, à une distance G'B du point B égale M à GBY M M et » désignant les masses du disque et de la bille. Le maximum de G'B a donc lieu en même temps que celui de GB, c'est-à-dire quand la bille se lrouve en B, sur le prolongement de GO etle centre n1 G' se place alors en G’,, à la distance B,G X Me du point G, en sorte que — pourvu que 2 2 pe I ge DSRr LEE soit pas trop grand — le centre de gravité de l’'en- semble se trouve plus rapproché du centre de figure O que si la bille était supprimée. On possède ainsi un moyen de rapprocher, pen- dant la marche, le centre de gravité du centre de figure. Maintenant, au lieu de la bille dont il vient d'être question, employons, avec M. Maurice Le- blane, un tore creux (fig. 6) ayant son centre sur l'axe du rotor, et partiellement rempli de mercure. Cette masse mercurielle jouera un rôle analogue. Pour amortir les mouvements du mercure, on cloi- sonne l’intérieur du tore par une série de palettes l'en acier (fig. 7) dirigées radialement. Chaque pa- 7e E = \e C5H5 — CO — CH' —- HCHO. De nouvelles observations ont montré que ces autoxydations ne se produisent pas avec la même intensité avec les divers homol:gues. Très votables avec C‘HS et ses dérivés de substitution para, elles sont moins intenses avec les dérivés ortho et méta; enfin, avec le méthovinyinaphtalène il n'y à pas d'au- toxydation. Une même réaction spontanée avec pro- duction de formaldéhyde à été observée par M. Tiffe- neau dans le groupe des alcoyloxystyrolènes, mais surtout avec l'éther CfH5— C(OC*H")—CHE. IL. Une autre série d’autoxydalions a été observée avec les arylcéton:s. Celles-ci se transforment peu à peu en acides acétique et arylearbonique avec, pour ce dernier, formation intermé tiaire d'aldéhyde. Cette autoxyda- tion peut s'expliquer par la fixation d'oxygène sur la forme énolique : CH — CH : COH — CH5 + O7 — CH — CHO bromure > chlorure. — M. M. Rindl décrit les résultats qu'il a obtenus dans la nitration du 1-chloro-2: 4-dinitronaphtalène. — MM. G. J. Burrows. et Ch. Ed. Fawsitt montrent que l’aldition d'alcool! à l'eau diminue la vitesse de décomposition du carba= imide, mais n’altère pas le mécanisme de la réaction, qui reste monomoléculaire. Le carbamide se décom- puse d'abord en cyanale d’Am, qui donne en-uite- naissance à du carbonate. — M. Ch. W. kR. Powell à déterminé les viscosités des solutions aqueuses de: sucrose, de dextrose etde lévul charge très rapide (collecteur inslan- tané), relié aux fils d'un électromètre de Wulf dont la boîte est mise à la terre. Il lait voir que les perturba- lions rapides de la chute de potentiel prennent souvent, aux fréquences élevées, une allure oscillatoire, Ces fluctuations locales de potentiel se manifestent, en télé- graphie sans fil, sous forme de perturbations atmosphé- riques de réception. Lors de ses expériences en ballon libre, M. Lutze ob-erve un accroissement considérable des perturbalions de réception, au passage des nuages, mais, d'une facon générale, une diminulion pour des altitudes croissantes. — M. G. Lutze : La propagation, le long de la surface du globe, des ondes électro-magné- tiques de la radio-téléqraphie. L'auteur fait remarquer les avantages que présentent, sur les stations terrestres, les ballons sphériques employés comme postes de réception radio-télégraphique : d'une part, possibilité vèrs LU — de s'élever dans l’espace; d'autre part, absence de toute mise à la terre de l'antenne de réception, dont l'influence variable sur les résultats est difficile à apprécier Avec l’obligeant concours du Commandant Ferrié (qui, de la station de la Tour Eiffel, fit émettre, à sept heures données de la journée, au commence- ment de chaque quart d'heure et pendant deux minutes, des signes radio-télégraphiques constants), M. Lulze a répété ses expériences antérieures sur les intensités de réception à altitude variable, m is à dis- tance constante du poste transmelleur. Deux ballons se sont élevés. l'un à 6.100 mètres, l’autre à moins de 1.000 mètres au-dessus du sol. Les mesures faites à des distances cr issant de 820 kilomèues à 4,110 kilo- mètres de la station de transmission ont de nouveau mis en évidence une forte décroissance, avec l'altitude, de lintensité des ondes électro-magnétiques; à 5.500 mètres, l'intensité acoustique des signes radio- télégraphiques tombe à environ 1/8 de celle observée à 1.050 mètres d’allitude. Ces résultals, ainsi que ceux d'expériences failes avec la station de Norddeich, vienneut confirmer l'existence des ondes superficiel- les. — M. W. Kolhôrster : Mesures du rayonnement peuétrant, en ballon libre, à altitude considérable. D'accord avec les expériences antérieures, l’auteur observe, avec des instruments de grande précision, jusqu'à 6.300 mètres d'altitude, un accroissement con- sidérable du rayonnement pénétrant. Ce résultat vient ajouter à la vraisemblance de l'hypothèse suivant la- quelle l’origine de ce rayonnement ne serait point dans les m'itières radio-actives connues de la Terre ou de l'atmosphère. — M. E. Everling : Ubservalion et théorie des colonnes lumineuses engendrées par ré- llexion. L'image d'une source de lumière réfléchie sui l'eau agitée, la glace rugieuse, le pavé humide ou d’au- tres objets mais, est allengée très peu suivant une direction verti-ale au plan d'incidence, mais très for- tement dans ce plan d'incidence, ce qui produit sou- vent l'illusion d'une colonne lumineuse. En collabo- ration avec M. Wigand, l’auteur explique ce phénomène en admettant que les surfaces rugueuses se composent d’un grand nombre d'éléments à inclinaison variable, dont chacun réfléchit comme un miroir idéal. D'autre part, en traitant ce même problème par le calcul, l’au- teur établit que les miroirs élémentaires à inclinaison donnée, pour réfléchir la lumière dans l'œil, doivent être disposés sur une surface de sixième ordre. — M. P. Cermak : La démonstration de lellet Peltier aux températures élevées. L'auteur indique un pro- cédé simple de démonstration de l'effet Peltier, au moyen de deux fils incandescents, doués d’une acti- vité thermo-électrique. ALFRED GRADENWITZ. ACADÉMIE DES SCIENCES D'AMSTERDAM Séance du 27 Septembre 1913. 19 SCIENCES MATHÉMATIQUES. — MM. W. Kapteyn et Jan de Vries présentent un travail de M.J. G. Rutgers: Applications de l'extension de Sonine de léquatron intégrale d'Abel., — M.W. de Sitter: Sur les éléments canoniques. Les systèmes d'éléments canoniques em- ployés jusqu'ici sont des modilications plus ou moins importantes du système introduit par Delaunay dins sa théorie lunaire. Levi-Civita à proposé récemment un nouveau sys'ème d'éléments où l'anomalie moyenne est remplacée par l'anomalie excentrique, et à peu près en même temps Hill a attiré l'attention sur un autre système encore de variables canoniques, où figure l'anomalie vraie. Dans le présenttravail, l'auteur se propose de montrer comment ces trois systèmes, el d’autres encore, peuvent être déduits du même prin- cipe fondamental. 20 SCIENCES PHYSIQUES. — M. J. P. van der Stok: Sur la relation eutre la nébulosité et le temps perdant lequel le Soleil brille. Les temps pendant lesquels le ciel est couvert et ceux pendant lesquels le 1% ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES Soleil brille sont jusqu'à un cerlain point complé- mentaires ; aussi, la somme de ces temps, exprimés en pour cents de la durée totale pendant laquelie le Soleil peut briller, est-elle voisine de 100. Cependant cette somme est souvent inférieure à 100; cela peut provenir de ce que les héliomètres ne commencent à fonctionner qu'après le lever du Soleil et cessent de fonc'ionner avant le coucher. Mais d’un autre côte la somme des durées pendant lesquelles le ciel est cou- vert ou serein dépasse parfois de beaucoup 1000/,; cela résulte d'un manque de précision dans les définitions. Dans son tr.vail, l’auteur montre qu'on peut rendre compte théoriquement de la relation entre les durées du ciel couvert et du soleil brillant. — MM. J. P. Kue- nen et S. W. Visser: Le coeflicient B du viriel pour le butane normal. Ce coefficient B de l'équation d'état empirique de Kamerlingh Onnes a été déduit de la den- silé de vapeur du butane normal. Si on compare les valeurs trouvées pour B, à diverses températures, avec celles qu'on calcule à partir des coeflicients trouvés pour d'autres substances en appliquant le fhéorème des états correspondants, on trouve que l'accord est satisfaisant, — MM. J. P. Kuenen et S. W. Visser : La viscosité de la vapeur du butaue normal. Les mesures ont été faites par la méthode de transpiration de Ran- kin, qui à l'avantage d'être simple, de n'exiger que de faibles quantités de vapeur et d’exclure tout autre con- tact qu'avec le verre et le mer-ure. La valeur de la constante n=1MIPT,-16p;2/8 de Kamerlingh Onnes est à peu près la même que pour d’autres vapeurs. — MM. H. E. J. G du Bois et P. Zeeman présentent un travail de M. Pierre Martin: Le phenomène magnéto- optique de Kerr dans les composés ferromagnétiques. IV. détermination de nouvelles courbes de dispersion du phénomène el examen de l'allure du phénomène en fonction de la température. Les substances étu iées étaient taillées en plaques circulaires de 7 millimètres, de même grandeur que les faces terminales des pôles de l’électro-aimant, un électro-aimant circulaire de du Bois. Les substances étaient des composés du manga- nèse et du fer. — MM. H. Kamerlingh Onnes et H. A. Lorentz présentent un travail de M. Sophus Weber : Tensions de vayeur à des températures réduites très basses. II. La tension de vapeur de l'anhydride car bo- nique dans le domaine de température de -14#0° C. à -160° C. environ. Les mesures ont été faites à l’aide du manomètre à fil chauffé, décrit antéri-urement (juin 1913). Les résultats sont comparés avec une formule de Nernst, qui, à ces bas-es températures, s'accorde bien avec l'expérience. — MM. H. Kamer- lingh Onnes et W. H. Keesom: Za tension de va;eur de lhydroyène entre le point d'ébullition normal et le point triple. Les tensions de vapeur de l'hydrogène entre le point d’ébullition normal et le point triple ont déja été délerminées par Dewar, et après lui par Tra- vers el Jacquerod. La valeur trouvée au laboratoire de Leyde pour la chaleur de vaporisalion de l'hydrogène au noint d'ébullition ne s'accordant pas bien avec la valeur déduite de ces mesures parapplication de la for- mule de Clapeyron-Clausius, une nouvelle détermina- tion des teusions de vapeur fut jugée utile. Le point triple fut trouvé à T — 13290 K, p : 5,07 centimètres, le point d'ébullition normal à 20°33 K. les résultats furent réunis en une formule d'où se déduisit, pour la chaleur de vaporisation sous pression normale, la valeur À — 106, 8 cal, un peu plus faible que celle fournie par l'expérience. M M. F. A. H. Schreine- makers et S. Il 'ogewerff présentent un travail de M. W. Reinders: Le partage d'une Substance colloïdale dissout entre denx liquides. Lorsqu'une suspension ou une émulsion dans un liquide est mise en cont ct et agilée avec un autre liquide, non miscible avec le pre- mier,il peut arriver, suivant la grandeur de la tension superficielle au contact des grains ou globules et des deux liquides, que la suspension reste dans le premier liquide, ou passe dans le second, ou encore s’accumule à la surface de séparation des deux liquides. I était à pré- voir que des phénomènes analogues seraient présenté par des solutions colioïdiles. Effectivement, lorsqu'o agite une solution colloïdale avec un autre liquide, k s'opère généralement une séparation du colloïde dan la surface du contact. Les expériences ontété fuites ave de l'or et de l'argent colloïdaux, de l'hydroxyde ferrique du trisulfure d'arsenic, du sélénium colloïdat. Les solu tions aqueuses furent agilées avec divers liquide organiques. — M. A. P.N. Franchimont: Coutributio à la connaissance des amides. Préparation et ana lyses de quelques amides. — MM. P. van Romburglh et A. P N. Franchimont présentent un travail de M. Ps Muller : Sur la formation d'un aldéhyde à partir da s-divinylylycol. Préparation, propriétés et structures — MM. P. van Romburg et J. H. Schepers: Les 2:3:3:6 -tétranitrophénylméthyl et éthylnitraminess Préparation et action de diverses substances. 3° SCIENCES NATURELLES. — M. A. Wichmann: Su la pseudométéorite d'Igast en Livonte. Description de fragments minéraux recueillis après la chute d'unë météorite. Ces fragments ne proviennent pas de la mé téorite, mais sont des produits de combustion d’uné meule de blé. — MM. IT. Zwaardemaker et J. K. As Wertheim Salomonson présentent un travail de M. J: W. Langelaan: liecherches sur le muscle atoniques Continuation des expériences sur le tonus musculaire, auxquelles servit le muscle gastrocnémien de la gres nouill-. Il résulle de ces expériences que le musclé atonique ressemble qualitativement, au point de vue de se propriétés élastiques, à des fils de caoutchoue, de verre ou d’un métal recuit. — MM. L. Bolk et GC. A: Pekelharing présentent un travail de M. H. A. Ver- meulen : Le noyau moteur dorsal du nerf vague chez certains animaux domestiques dans ses rappurlis aver la musculature de l'estomac. Examen de coupes faites dans la moelle allongée du cheval, du taureau, de las chèvre, du porc et du chien. Il résulte de cet examen que le noyau moteur dorsal du nerf vague est le plus grand chez les animaux ayant un estomac volumineux: — MM. L. Bolket J. Boche présentent un travail de M. Paul Rothig : Contribution a la théorie de la neuro= biotaxie. Le deplacement des noyaux moteurs dans là moelle allongée de Myxine glutinosa et chez quelques amphibies (Necturus mac., Cryptobranchus japonicus, Bulo et Raua). — M. L. Bolk présente un travail de M. À. J. Hovy: Sur le rapport entre la substance blanche et la suhstance grise dans le système nerveux central. Ce travail avait pour but d’exawiners'il y a une relation entre le rapport des quantités de substances grise et blanche dans la moelle épiniere et la grandeur de l'animal; l'examen porla sur une vingtaine de représentants, petits et grands, de divers ordres eb classes. À cet effet. des coupes, faites dans la moelle épiniere, furent projetées et le rapport des surfaces occupées par les deux substances fut mesuré. I] résulte de ces recherches que dans toutes les c asses de ver= tébrésexaminées (Poissons, Reptiles, Oiseaux, Mammi- fères) la moelle épinière des grandes espèces contient relativement plus de substance blan-he que celle des petites. — MM. F. A. F.C. WentetJ. W Mall presentent un travail de M. W. H. Arisz: /’hototropie positive et négative du sommet et de la base chez des plantules davoine (Avena sativa). La phototropie, positive pour un faible éclairement, diminue à me-ure que l'éclai- rement devient plus fort; à partir d'une certaine intensité d'éclairement, la phototropie change de signe et atteint un maximum. Sauf le sens. la phototropie négali e ne se distingue en rien de la phototropie positive. I suffit d'un éclairement plus faible pour produire la phototropie positive du sommet que pour produire celle de la base; par contr:, au point des vue de la photutropie négative, c'est la base qui est la plus sen-1ble JIÈE NC | | Le Gérant: A. MARETHEUX. Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. 95e ANNÉE N° 2 30 JANVIER 1914 Revue générale des Sciences pures et appliquées FONDATEUR : LOUIS OLIVIER DIRECTEUR : J.-P. LANGLOIS, Docteur ès Sciences. Aûresser tout ce qui concerne la rédaction à M. J.-P. LANGLOIS, 18, rue Chauveau-Lagarde, Paris. — La reprodnction et la traduction des œuvres et des travaux publiés dans la Revue sont complètement interdites en France et dans tous les pays étrangers, y compris la Suède, la Norvège et la Hollande. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE $ 1. — Distinctions scientifiques Election à l’Académie des Sciences de Paris. — Dans sa séance du 19 janvier, l’Académie à procédé à l'élection d’un membre dans sa Section de Médecine et Chirurgie, en remplacement de M. Lucas- Championnière, décédé. La Section avait présenté la listesuivante de candidats : en premièreligne, M. Charles Richet; en seconde ligne, MM. Bazy, Delorme, Pozzi, Quénu, Reclus. Au premier tour de scrutin, M. Charles Richet a été élu par 42 voix sur 56 votants. En annonçant récemment que le Prix Nobel de Méde- cine pour 1913 était décerné à M. Charles Richet, nous rappelions la longue série de travaux qui l’ont désigné à l'attention du monde savant. Nous n’y reviendrons pas, nous bornant à féliciter chaleureusement le nou- vel académicien, qui fut un ami de la première heure de la Hevue et de son fondateur, et le maître et l’ami du directeur actuel, de la nouvelle distinction qui vient consacrer l'estime profonde en laquelle le tiennent les savants de tous les pays. $ 2. — Nécrologie Rudolph Diesel. — Le moteur Diesel est connu dans le monde entier et la réputation de son auteur est grande; aussi c'est avec peine qu'on a appris la nouvelle de sa mort, survenue dans la nuit du 29 au 30 septembre 1913, pendant une traversée entre le continent et l'Angleterre. Quelques jours avant sa mort, il avait terminé la description de tous les essais et tâätonnements exécutés pour réaliser son moteur : la préface de cet ouvrage (Die Entstehung des Diesel- motors) est datée de septembre 1913. Diesel naquit à Paris le 18 mars 1858, de parents allemands. En 1870, ses parents l’'envoyèrent à Augs- bourg, où il commença ses étuiles techniques à l'Ecole d'Industrie. Plus tard, il suivit les cours de la Tech- nische Hochschule de Munich, et notamment ceux des ! Dans son numéro du 30 octobre 1912, la Revue générale des Sciences a publié un article sur le moteur Diesel REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1914. éminents professeurs Schræter et Linde. En 1879, il travailla comme volontaire dans les ateliers Sulzer, à Winterthur, puis il entra au service des entreprises frigorifiques Linde, qu'il représenta à Paris, puis à Berlin, jusqu'à ce que les progrès de l'invention de son moteur l’absorbassent, En 1895, il s'installa à Munich, où il résida jusqu’à sa mort. Ces premières années d'invention et de recherches, à partir de 1893, furent une période de travail intense pour Diesel, principalement dans le laboratoire spé- cial qui avait été construit pour lui par la Maschinen- fabrik d’Augsbourg. Ÿ A l'Exposition de Munich, en 1898, on voyait plu- sieurs moteurs Diesel exposés par divers constructeurs, et fonctionnant parfaitement. Dans ces dernières années, il travailla surtout à l'application de son moteur aux automobiles indus- trielles et aux locomotives : une locomotive fut même construite en 1912 dans les ateliers Sulzer. En 1907, la Hochschule de Munich avait récompensé son ancien élève en lui décernant le titre fort estimé de Docteur Ingénieur. Diesel s'était beaucoup intéressé à la création du superbe Musée Technologique de Munich. Sa mort fait disparaître prématurément un ingénieur qui a tenu une grande place dans l’industrie et sa perte est vivement regrettée par ses nombreux amis, tant en Frauce qu'en Allemagne. E. Sauvage, Professeur au Conseivatoire des Arts et Métiers. $ 3. — Astronomie Une variable du type Lyre. — La variabilité de l'étoile Z Vulpeculæ (26,1900) avait été suspectée par A. S. Flint' à l'Observatoire Washburn. T. H. Ast- bury la retrouvait indépendamment en 1908*, pour cou- clure qu'elle est du type Algol, avec les éléments: Min. — J. D. 2.418.285,250 + 2 j., 445 E. G.M.T. en combinant ses observations avec les minima obser- 1 Astronomical Journal, t. XXI, p. 74. 1901. ? Astronomische Nachrichten, t.CLXXIX, p. 225, 1908. 3 46 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE s par Flintet F. de Roy à Anvers, ce dernier ayant noté que la croissance et la décroissance n'étaient pas symétriques. Astbury donne une variation de grandeur de 7,3 à 8,5, répartie sur six heures environ. A l’aide du photomètre polarisant de l'Observatoire Laws, R. H. Baker‘ a fait une étude complète de la courbe de lumière de cet astre intéressant, basée sur 68 observations obtenues de juillet à décembre 1912. La représentation est très satisfaisante ; mais une cor- rection de 0,015 jour est nécessaire sur l’époque des minima de Astbury, correction qui fut appliquée à toutes les observations antérieures. En conservant la période donnée par Asthury, on peut alors adopter comme éléments : ° Héliocent. Min. = J. D. 2.419.679,675 9 j., 445 E. G. M.T. La lumière de Z Vulpecul® varie continuellement æt cette étoile appartient au type $ Lyre des variables àéclipse; elle varie du maximum 7 gr. 06 au minimum principal 8,79, avec un minimum “secondaire où son éclat correspond à la grandeur 7,44. Le minimum secondaire semble se trouver à la phase { jour 20, un peu plus tôt que l'époque moyenne entre deux minima principaux, ce qui tendrait à mettre en évidence quelque excentricilé et une inclinaison de la ligne des absides sur la ligne de vision. Cette différence entre l’époque du minimum, basée sur les résultats de l'Observatoire de Laws, et celle que l’on peut calculer par les formules d'Asthury, permet- elle de conclure que la période de cette étoile est croissante ? La comparaison des périodes entre les anciennes et les nouvelles séries indique une différence de durée ‘le 0,00008 jour, ce qui est tout à fait insuffi- sant pour conclure. On peut donc adopter à l'heure actuelle comme éléments définitifs : Héliocent. Min. — J. D. 2.419.619,675 + 2j., 43492 E.G.M.T. $ 4. — Physique Les rayons 5. — Le nom de rayon à a été donné par J.-J. Thomson, en 1905, aux électrons lents émis par le polonium et qui avaient préalablement masqué la charge positive des rayons «. Peu après Rutherford découvrit une émission semblable pour le radium et montra qu'elle n'était pas exclusive à la source des rayons «, mais se produisait chez tous les corps frappés par ces rayons. La question de la vitesse des rayons Ô a été beaucoup étudiée et les résultats obtenus sont très variables. Récemment, Gargan el Bumstead ont montré que certains rayons d'un faisceau de rayons à sont doués de vitesses plus considérables que celles mesurées jus- qu'alors : une différence de potentiel retardatrice de 1.700 volts ne les arrête pas et beaucoup de rayons ont des vitesses correspondant à des chutes de potentiel de plusieurs centaines de volts. Ce sont ces rayons rapides que Bumstead a étudiés dans un mémoire récent? Il arrive aux conclusions suivantes : Quand les rayons x frappent un métal, ils déter- minent l'émission d'électrons dont les vitesses varient progressivement d’une valeur très faible à plus de 2,7.10° centimètres par seconde, ce dernier chiffre correspondant à des différences de potentiel de 2.000 volts. II propose d'appeler rayons à tous ces rayons. En même temps que les rayons à, il y a aussi émis- sion d'ions posilifs par un métal placé dans un vide élevé et frappé par des rayons «x; ées ions semblent provenir de la couche des zaz absorbés par la super- ficie du métal. En maintenant le vide pendant plusieurs jours, le courant porté par ces ions diminue. Les expériences n'ont pas permis de calculer la vitesse Laws Observatory, Bulletin n° 20. Philosophical Magazine, juillet 1913. d'émission de ces ions; en tous les cas, elle est très faible. Quand ces rayons rapides rencontrent un solide, il se produit une émission d'électrons lents que M. Bums- tead appelle électrons tertiaires. Leur nombre est beaucoup plus élevé que celui des rayons à qui les pro- duisent, et ils compliquent l'étude ‘de la distribution des vitesses des rayons à. La distribution en vilesse des rayons à entre 20 et 1.200 volts à été soigneusement étudiée. Le nombre des électrons ayant une énergie cinétique donnée n'est une fonction ni de la vitesse, ni de l'énergie. Entre 30 et 500 volts, le résultat est représenté approxi- mativement par une équation de la forme : X1Y = C, y élant le nombre d'électrons dont l'énergie cinétique est égale ou supérieure à x et » un coefficient numé- rique égal à 0,75. La loi ne s'applique plus au-dessus de 500 volts ni au-dessous de 30. Pour les électrons très lents (au-dessous de 20 volts), il faut tenir compte des électrons tertiaires provenant de la source et qui, par leur présence dans le faisceau des rayons à, accroissent a une facon anormale le nombre des électrons très ents. La liquéfaction et l’ébullition du char- bon.— À une récente séance de la Société silésienne de Culture nationale, M. O. Lummer, professeur à l’Université de Breslau, a rendu compte de ses expé- riences relatives à la liquéfaction et à l'ébullition du charbon. Ils'est servi de plusieurs variétés de charbon, entre autres d’un charbon graphitique renfermant environ 1°/, de cendres et d’un charbon de Iaute- Silésie particulièrement pur, dont la teneur en cendres. n'est plus que de 0,15°/,. Toutes ces variétés se sont comportées d'une facon identique : Lorsqu'on introduit le charbon dans un arc-flamme électrique, à la tension de 220 volts, et qu'on réduit en même temps la pression, on le voit entrer en ébul- lition à une pression de 50 à 60 centimètres. Au-des- sous de 50 centimètres de pression, le charbon prend la consistance d'un liquide visqueux, et à 40 centi- mètres celle d'un liquide parfait. Loin de tomber en goultes, il forme des bulles et, ensuite, des perles d'ébullition qui, en raison de la grande faculté de cristallisation du carbone, prennent ensuite une forme angulaire. A une pression légèrement supérieure à 10 centimètres, l’ébullition cesse ; des vapeurs conti- nuent à s'élever au bord, jusqu'à ce que, par une chute ultérieure de la pression, le charbon redevienne solide. Le produit restant après l'ébullition est du gra- phite. L'auteur se propose de faire des expériences ulté- rieures sur du carbone pur; il abordera ensuite l’inter- prétation de ces phénomènes. $ 5. — Chimie. La mesure de la vitesse de réaction par le changement de volume en solution. — Le changement de volume résultant d’une action chimique a été plus d'une fois utilisé pour suivre le cours d'une réaction gazeuse, mais il n'avail pas ou guère été appliqué au cas des solutions ré sagissantes. Il est vrai que, dans ce cas, la variation de volume est très faible: mais, ne dépassät-elle pas 0,20/, du volume total, elle constitue une méthode physique applicable à la déter- mination des vilesses de réaction, comme vient de le démontrer M. R. Wright à la Société de Chimie de Londres. Il a étudié par ce moyen la vitesse d’inversion du sucrose par l'acide chlorhydrique. Un mélange de volumes égaux de solution à 20 0/, de sucrose avec CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE HCI 2 N présente les densités suivantes : 1,0474 avant inversion, au moment du melange ; 1,0497 après qua- rante-huit heures, l'inversion étant complète. L'auteur emploie pour les mesures l'appareil sui- vant : Une pipette d'environ 50 centimètres cubes de capacité est terminée au sommet par un tube de 1 mil- limètre de diamètre et de 25 centimètres de longueur; le tube inférieur, pourvu d'un robinet, passe à travers un bouchon en caoutchouc et atteint presque le fond d'un flacon de 150 centimètres cubes. Un tube latéral, ouvert dans l'air, traverse également le bouchon en caoutchouc. À La pipette est d'abord remplie d'une solution de sucrose à 20 °/,, qu'on laisse écouler dans le ballon; puis on la rince et on la remplit d'HCI 2 N; le robinet étant fermé, on introduit le tube inférieur dans le ballon. L'appareil est alors immergé dans un ther- mostat à 25° Jusqu'à ce qu'il ait pris la température du bain; puis le robinet est ouvert et, en appliquant une succion au tube latéral, l'acide est attiré dans le flacon; le mélange est bien agité en y faisant barboter de l'air, puis il est refoulé dans la pipette jusqu'à ce qu'il atteigne un niveau situé à quelques centimètres du sommet du tube capillaire. La pipette étant remplie, le robinet est fermé, et on lit le niveau du liquide dans le tubé, qui constituera le zéro. La chute de liquide est lue de nouveau à des intervalles définis, et une lecture finale est faite après quarante-huit heures, quand l'in- version est complète. La constante de vitesse se calcule alors d’une façon à peu près analogue à celle qu'on emploie avec le polarimètre. Si a est la distance finale entre le niveau du liquide et le sommet du tube, et x, et x, les dis- tances correspondant aux temps /, et £,, la constante de vitesse k est donnée par l'équation : k — Dans le cas de l’inversion du sucrose, l’auteur a obtenu des valeurs très concordantes de #, se rappro- chant de près de celles que donne le polarimètre. Mélanges colorés à l'état liquide seule- ment. — M. Ch. K. Tinkler a récemment signalé à la Société de Chimie de Londres le cas très curieux de cerlains composés nitrés qui, dissous dans la diphé- nylamine ou une autre amine fondue, forment des solutions fortement colorées, tandis que le mélange, refroidi jusqu'à complète solidification, devient tout à fait incolore. Les mélanges les plus appropriés à la démonstration de ce phénomène sont ceux de la diphénylamine avec l’un des composés nitrés suivants : 0-, m1- et p-chloro- nitrobenzène, m1- et p-nitrobenzaldéhyde, p-bromo- nitrobenzène, tétranitrométhane. En d:sposant l’un de ces mélanges entre deux éprouvettes placées l’une à l'intérieur de l’autre, le phenomène peut être facile- ment mis en évidence. 11 suffit le plus souvent de la température de la main pour faire apparaître la colo- ration du mélange, qui s'évanouit par refroidissement. Il est possible que la coloration de ces mélanges soit due à une combinaison des constituants à l'état liquide seulement; mais divers essais physico-chi- miques n'ont pas donné la moindre preuve de la for- mation de composés. $ 6. — Agronomie Nombres-index exprimant l'aléa de la pro- duction agricole en France. — A l'aide des chiffres publiés l'année passée par le Ministère de l'Agri- culture, nous avons cherché à exprimer, par des 1om- bres-index, comment ont varié, en France, les divers facteurs de la production agricole et du rendement de l'agriculture, pendant les vingt dernières années. Nos calculs ont porté sur les facteurs suivants : Surfaces cultivées, production totale de chaque rerolte, poids de récoltes, valeur totale en argent, prix de l'unité de poids des récoltes, produrtion moyenne à l'hectare. Pour établir ces nombres-index, il ne faut pas faire porter l'examen sur une période trop longue. Certaines condilions accessoires de l'Economie rurale venant à changer, la sisnilication des chiffres obtenus serait altérée. En prenant une décade, comme base de com- paraison, on se tient dans les limites les plus couve- nables. Voici comment on obtient des nombres expri- mant l'aléa, ou mieux l’oscillation fluvtuante, des chiffres de la statistique : on prend dans les chiffres successifs des dix dernières années (1901-1910), le chiffre maximum (M) etle chiffre minimum (11). On fait la différence (M-) et vn calcule la valeur de l’oscilla- tion centésimale en fonction du chiffre le plus faible m. __{(M— m) 100 11 Ni Le tableau I donne un exemple relatif au Blé. En employant cette méthode d'estimation de l’aléa, pour les divers types de cultures, on peut établir des tableaux comparatifs tels que le tableau 1 (page 48). Sauf pour certaines plantes industrielles, pour lesquelles la législation peut modifier les conditions de la production (betterave sucrière, tabac), les fluc- tualions annuelles des surlaces cultivées en France sont assez faibles (céréales, pomme de terre, vigne, prairies artificielles). Elles n'ont pas subi, en général, une oscillation dépassant 10 °/, depuis dix ans. Les fluctuations de la production totale atteignent au contraire 50 à 130 °/,, indiquant ainsi le grand aléa, bien connu, qui résulte des accidents climatéri- ques ou biologiques annuels. Les plantes industrielles, comme on le voit, sont les plus atteintes, et leur récolte disponible peut varier du simple au double (houblon, vin, fécule, sucre). On en déduit comme conséquence l'irrégularité du commerce d'importation ou d'exportation vi-ant ces produits. La valeur totale en argent variant à la fois en fonc- tion de la quantité produite, et en fonction du cours de l'unité, l’oscillation ici obéit à des lois plus com- plexes, car une année de faible production amène naturellement des cours plus élevés. Cette oscillation mesure le coefficient d’instabilité du revenu ;lobal brut des cultures. Pour certains produits, les prix TABLEAU |. — Statistique décennale (1901-1910). om FACTEURS ÉTUDIÉS oo | Surfaces cullivées. en hectares Production totale en quintaux Valeur du quintal, en francs Valeur iotale, en francs. DT JM CNE Production moyenne à l'hectare, en quintaux. CHIFFRE MOYEN annuel 6.548.009 89.131 730 CHIFFRE ANNUEL OSCILLATION CALCULÉE | | Nombre- Maximum | Minimum lotale te | 6.470.000 6.190.000 4,9 6S.S00 000 103.700.000 50 20,07 36 26 960 1,6 10 | 12,45 18 | CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE s'élèvent avec une grande exagération dans le cas de récolte nationale déficitaire (vin, pomme de terre). Cela tient à un manque d'organisation du commerce extérieur d'importation, qui est pris au depourvu. Le marché mondial compensateur est organisé pour les TagLeau II. — Oscillation décennale (1901-1910). Nombres-index exprimant la fluctuation |°/, de m.). Æ Es La « mn Fr © 85 |$.5 || |sss < © = £L|azss CRETE] 2£ LPS RENNAIEE 25 MAPS IEC l'E ON, ESS) MONET 50 26 18 AV DILLE FUTRE 2ONE 3,6 50 55 26 #8 Trèfle . Il 43 75 71 31 Houblon . 1% 116 255 341 112 Tabac 52 53 50 20 31 MID Etes 10 129 34 271 122 Pomme de terre . fl 99 60 116 99 Betterave sucrière.| 54 102 118 20 27 Moyennes 19 s0 87 112 61 céréales; ici les vases communiquants sont en rap- ports permanents, et les fluctuations excessives des prix sont enrayées. Certaines récoltes présentent un aléa énorme de valeur totale (houblon, trèfle, bette- rave sucrière): les unes avec des cours peu variables le rendement moyen à l'hectare, et dans le prix de l'unité. Le prix de l'unité est évidemment fonction non seu- lement de la production nationale, mais encore de l'importance et de l’organisation du commerce: exté- rieur à l'entrée et à la sortie. Il dépend aussi des fluctuations des cours sur les marchés extérieurs soli- daires du nôtre. Ainsi le rendement-argent des plantes cultivées est fonction de nombreux facteurs d'ordre commercial. En somme, ces nombres-index décennaux donnent des « caractéristiques » intéressantes pour la science économique comparée. Il peut être utile de montrer, pour un pays déter- miné, comment ils peuvent varier d'une période décennale à l’autre. On trouvera ci-après le tableau HI relatif aux fluctuations des prix moyens annuels des céréales et des aliments, calculés pour la décade 1901-1910, pour la décade 1891-1901, et pour la période vingtenaire totale (1891-1910) ; on peut de même établir des tableaux instructifs avec les autres facteurs fluc- luants. On voit très nettement que les deux périodes décen- nales successives ont les caractéristiques suivantes, en ce qui concerne les prix des aliments : : La première période (1891-1900) donne : 4° une forte fluctuation des prix moyens annuels des céréales et des aliments dérivés des céréales; 2° une fluctuation énorme des prix de fourrages ; 4° le prix des viandes à une fluctuation relativement faible, qui n’est que 1/10 de la fluctuation des prix des fourrages. La deuxième période (1901-1910) à trois caractères Tagceau IE. — Nombres-index d'oscillation des prix moyens annuels! des céréales et des divers aliments, en France. PRIX DU QUINTAL NOMBRES-INDEX POUR LES PÉRIODES chitfres extrêmes : Pér:ode 1891-1910 à 1891-1910 1891-1900 1901-1910 Ta . Oscillation | Nombres-index | Oscill:tion | Nombres-index | Oscillation | Nombres-index Maxima | Minima k : ë e : s vingtenaire °/, de moins décennale °/o de moins décennale °/, do moius francs francs finances francs francs Blé rt r 22 18,62 8,50 45,6 8,50 45,6 5,29 26 SÉLDIeRT S T0 12,90 6,06 46,9 6,06 16,9 2,60 16,8 Orge . Ce | 0 22 14,6% 4,58 3152 3,69 25 2,23 13,1 SAASIOR ER ES RC IPUE 15,73 6,21 39,4 + 3,90 2252 ma 3,93 21,8 MON Mais OA MOOD | GS 27 493 | 30,3 RE 2/89 | 17,70 ‘144 3,4 ETES AvOime Rte EPA ÆT 1,68 28 ME? 3,16 22,4 Ù 4,68 28,4 ) Farine HÉEE r 38,69 28,19 10,50 31,2 10,5 37,2 7,06 24,5 e.. ( 1re qualité . 0,37 0,29 0,08 21,5 0,08 27,5 0,06 20 Pain } 2e qualité . 0:29 | 0,22 0.07 |31:8 0:07 | 31.8 0:06 | 26 Viandes : Bœuf . 1,13 1,52 0,21 13,8 0,17 11,1 0,21 13,8 Vache. . 1,70 1,40 0,30 21,4 Le 0,16 11,4 LE 0,3 21,2 Moy. : Veau | 1,99 | 4264 0350123 AE 019 | 14,5 se 0231 TE de Mouton . 2,05 1,74 0,31 178 1e 0,18 10,3 are 0,24 13,2 »* Porc . 1,81 1,43 0,38 26,5 0,20 13,9 0,28 18,3 Fourrages 3 HIDE ORNE ME 20 5,95 1,34 193,3 / Moy. : 1,3% 123,3 4 Moy. : 2,86 36,9 Moy. : Paille. 1,49 4,03 3,46 85,8 104,5 3,46 85,8 À 104,5 1,45 35,9 36,4 (sucre), les autres avec des cours qui peuvent monter de 340 0/6 (houblon). Le chiffre de fluctuation de la production moyenne à l'hectare dépend des perfectionnements des procédés de culture, mais aussi de l'aléa climatérique et bislo- gique. On voit par les chiffres précédents que l'avoine, par exemple, sous le climat de France, présente pour son rendement moyen de plus grands aléas que le blé. On contrôle aussi ce fait bien connu que, de toutes les opérations, c’est la culture de la vigne qui donne les variations de plus-grande amplitude, à la fois dans différents : 1° fluctuation moins grande pour le prix des céréales (21,5 au lieu de 30,7), soit 1/3 en moins; 29 fluctuation très atténuée du prix des fourrages (2/3 en moins que dans la décade précédente) ; 39° fluc- 1 Calculs obtenus à l’aide des chilfres de la page 136 de la Stalistique agricole anvurlle de 1910 (parue en 4912) Moyennes arithméliques des prix moyens afférents à chaque département français. [Conférence faite à l’Institut Agricole de l'Université de Nancy: Rendement des plantes cultivées, novembre 1913.] pe CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 49 ————_______—————_—_—_—_—_—_—…—…—…—…—…—…—…—…—…—…—…"…"…"…"—…"…"…"…"…"…"…"…"…"…"…"…"…"…"…"…"…"…"…"…"…"…"…"…"…"…"…"…"…"…"…"…"….…"—….….—.…"….…"… _…).—.)——.—.——— tualion relativement plus considérable des prix des viandes, qui est de 1/2 en plus que dans la période pré- cédente Elle représente une fluctuation qui atteint numériquement 1/2 du nombre-index correspondant établi pour les fourrages (au ljeu de 1/10 dans l'autre période). À Si on prend les nombres-index fournis pour la période vingtenaire (1891-1910), on voit que les chiffres sont naturellement plus élevés, ou au moins égaux à ceux de la période décennale la plus fluctuante. Les moyennes générales accusent toujours que les oscillations sont relativement plus élevées avec les céréales qu'avec la viande. Toutes les statistiques établissent que les fluctuations relatives du prix du kilogramme de viande sont plus faibles que les fluctuations des produits qui servent à la production de la viande. On peut dire de même que les fluctuations des prix de la farine sont moindres que les fluctuations des prix du blé. Les nombres-index, ainsi calculés pour les pays différents, permettraient de déduire des caractéristiques scientifiques concernant l'Economie agricole mondiale, et d'autres visant l'Economie rurale de chaque pays, ou même de chacune des régions agricoles, celles-ci étant très différenciées à cet égard, ainsi que nous l'avons constaté dans des calculs particuliers. L'expérience a fourni aux praticiens des résultats qui coucordent généralement avec ceux qui résultent de la comparaison des coefficients numériques ainsi établis; mais l'agronome peut trouver dans les nom- bres-index des indications utiles sur les combinaisons de polyculture favorables aux compensations. L'agri- culteur, ayant à subir des fluctuations de rendement très aléatoires, peut, en effet, y remédier d'instinct par une polyculture compensatrice : les fluctuations simultanées de diverses cultures ne variant pas tou- jours dans le même sens. Au point de vue de l'Economie politique, on voit que l'évaluation du revenu moyen annuel d’une exploita- tion agricole est un problème singulièrement difficile. Cette évaluation dans tous les cas doit porter sur un nombre d'années suffisant pour établir des moyennes. Il ne faut pas non plus en exagérer le nombre, parce qu'alors les conditions économiques, qui dominent de haut le revenu rural, sont complètement modifiées d'une décade à l’autre. Edmond Gain, Professeur à l'Université de Nancy, Directeur de l'Institut Agricole et Colonial. $ 7. — Géographie et Colonisation La question des Nouvelles-Hébrides'. — Découvertes en 1606 par Fernandez de Queiros, les Nouvelles-Hébrides comprennent une quarantaine d'îles et îlots, d’une superticie de 15.600 kilomètres carrés ; elles dépendent géographiquement de la Nou- velle-Calédonie et se trouvent sur une des routes de Panama. La population indigène, de race papoue, est en voie de diminution, comme dans toutes les îles d'Océanie : elle est évaluée à 50.000 habitants, auxquels s'ajoutent 632 Français et 288 Anglais ou Australiens. Le climat est plus chaud et moins sain pour les Euro- péens qu'en Nouvelle-Calédonie. En 1854, lorsque nous primes possession de cette dernière île, les Nouvelles-Hébrides n'étaient fréquen- tées que par des baleiniers en route vers le Sud et des marchands de bois de santal et de coprah. Ayant omis jusque-là d’en prendre officiellement possession, nous ‘ L'Océanie française (Bulletin mensuel du Comité de l'Océanie francaise), 1912 et 1913. — R. Laussec : La ques- tion des Nouvelles-Hébrides. Questions diplomatiques et coloniales, 1+* décembre 1913. nous trouvâämes en 1877 en présence de l'Angleterre, qui venait d'occuper les Fidji, les Salomon et la Nou- velle-Guinée, de telle sorte qu'après un échange de notes entre Paris et Londres, les deux Gouvernements s'engageaient en 1878 de ne pas occuper l'Archipel sans se prévenir mutuellement. De nouveaux pourpar- lers sont entamés en 1885 et une Commission mixte de protection fut nommée le 16 novembre 1887. En 1896 et en 1903, les colons français réclament l'an- nexion à la France, mais l'Angleterre, sous la pression toujours plus forte de l'Australie, entend réserver ses droits, et le traité du 9 janvier 1907 définit l'archipel un « territoire d'influence commune » aux deux nations et en confie l’adininistration à deux hauts commis- saires, les gouverneurs de Fidji et de la Nouvelle-Calé- donie, représentés sur place par des commissaires résidents. C’est à notre indifférence que nous devons ce « con- dominium », régime boîteux et néfaste au développe- ment économique de l’Archipel ; nous avons longtemps considéré les Nouvelles-Hébrides comme une « mon- naie d'échange » et il est encore à craindre que ce soit un jour leur destination devant l’opposition croissante de l'Australie, impérialisme « sentimental » qui ne répond pourtant à aucune nécessité économique. On peut s'étonner à juste titre qu'un pays de près de 8 millions de kilomètres carrés, ne possédant que 4.600.000 habitants, s'acharne à vouloir annexer les îles du Pacifique, alors que des régions immenses et fertiles de son territoire sont encore déserles, en même temps qu'il ferme ses portes à l'émigration Jaune, sans souci des « courants d'air » qui soufflent du côté de l’Extrème-Orient. L'Océanie aux Australiens, telle est la doctrine préconisée par les hommes politiques du Commonwealth. Leur but est d'assurer des débou- chés à leurs industries, protégées à outrance et handi- capées par une main-d'œuvre rare et des salaires très élevés, et de faire de Melbourne et de Sydney princi- palement les entrepôts des produits océauiens, du coprah notamment. Les principaux auxiliaires de l'Australie, dans sa lutie d'influence contre nous, sont les missions protes- tantes, établies dans l’Archipel depuis 1839. A leur influence, l'Australie a ajouté des tenta- tives d'introduire des colons, et, devant leur insuccès, elle cherche à racheter des propriétés francaises mises en valeur. Car, à côté de leur prépondérance numé- rique, nos compatriotes détiennent la plus grande partie des plantations, tandis que la majorité de l'élé- ment anglais se livre au commerce, tout particuliè- rement à celui du coprah. Il est même intéressant de remarquer que les quelques planteurs anglais sont les premiers à réclamer l'annexion des Nouvelles-Hébrides à la France, comme en témoigne une pétition en ce sens, remise par vingt-cinq d'entre eux, le 44 mai 1912, au commissaire français, M. Repiquet. Tandis que la Nouvelle-Calédonie est surtout minière, les Nouvelles-Hébrides sont exclusivement agricoles ; les principales cultures sont le caféier, le palmier cocotier, le maïs, le cacaoyer, le tabac, la vanille; on pourrait y ajouter le coton, mais la diminution de la population indigène et l'opposition des missionnaires anglais font que la main-d'œuvre est rare, alors qu'il est très difficile d'obtenir des coolies javanais, les plus « désirables » parmi les travailleurs asiatiques. Des maladies sur le caféier et le cocotier, survenues en 1910 et 1911, ont encore contribué à paralysetr l'essor commercial de ces îles, qui tend à se porter du côté de l'Australie pour un double motif: les droits de douane élevés qui frappent les produits coloniaux à leur entrée en France, et l'insuffisance des services maritimes qui relient nos ports à tous nos établisse- ments d'Océanie et qui pousse ceux-ci à sorientet vers Melbourne et vers Sydney. Pierre Clerget, Directeur à l'Ecole de Commerce de L 50 PH. GLANGEAUD — LES PLUS JEUNES VOLCANS DE LA FRANCE LES PLUS JEUNES VOLCANS DE LA FRANCE : LA CHAINE DES PUYS Les volcans du Massif Central de la France, très diversifiés comme âge, comme aspect et comme grandeur, dressent leurs cratères béants et leurs pics dénudés au-dessus des bassins tertiaires, des plateaux archéens et granitiques de ce Massif, dont ils constituent le plus bel ornement. Leur remarquable ensemble, qui mesure 300 kilo- mètres du Nord au Sud (depuis les environs de Clermont jusqu'à la Méditerranée), et ne couvre pas moins de 12.000 kilomètres carrés, forme un des groupes volcaniques les plus importants et les plus intéressants de l'Europe. Leur histoire n'est-elle pas d’ailleurs étroite- ment liée au rajeunissement du relief du Massif Central lui-même (réduit à une pénéplaine au début du Tertiaire), à la surrection de la chaîne alpine et aux effondrements qui accompagnèrent la formation de cette grande zone de plissements? N'y retrouve-t-on pas tous les modes de dyna- misme volcanique observés dans les volcans actuels et ne présentent-ils pas aussi une infinie variété de laves, une gamme non moins variée de sources minérales et d'abondants dégagements gazeux et carbonés, qui ne sont que l'écho allaibli de leurs dernières manifestations ? Il n’est pas jusqu'au sous-sol qui n'ait conservé un caractère volcanique par l'élévation très notable de son degré géothermique, puisque la température y augmente de 1 degré par 14 mètres (au lieu de 33). Chaque mouvement, chaque effondrement impor- tant d’une portion de l’avant-pays alpin que nous considérons, a provoqué une crise volcanique qui s'est traduite par la sortie de projections et de laves, par l'édification de volcans isolés, groupés en séries ou de grands massifs. Ainsi naissance successivement ou simullanément, du Miocène inférieur au Quater- naire supérieur, sous l'influence de ces effondre- ments (dont la puissance atteint près de 1.000 mè- tres en certains points) : les volcans de la Limagne, des Coirons, de l’Aubrac et du Velay, ceux du Forez et de la Sioule, la grande traînée volcanique qui va des Causses du Larzac à la Méditerranée, et ces puissantes accumulalions de laves et de cendres alternées, désignés sous les noms de : Massif du Mont-Dore, Cézallier, Cantal, édilices complexes de matériaux volcaniques dont les cratères s'élevaient jusqu’à 3.000 mètres d'altitude et dont l'importance approchait (Mont-Dore) ou dépassait de beaucoup :Cantal) celle de l’Elna actuel. ont pris Et quel étrange contraste ces montagnes de feu n'offrent-elles pas, puisque après avoir vu pousser les roses à l’état spontané sur leurs flancs, à plus de 1.000 mètres d'altitude, on assiste hientôt à leur ensevelissement, sous une calotte de glace de plus de 100 mètres d'épaisseur. Le rabot glaciaire a contribué dans une large mesure, à trois reprises différentes, à découronner ces grands volcans, à leur donner leur modelé actuel en les étoilant de profondes vallées, et en les réduisant à des proportions modestes, car les plus élevés n’atteignent même pas aujourd’hui 1.900 mè- tres d’altitude. La dernière crise volcanique se produisit après le départ des derniers glaciers (Quaternaire su- périeur), et l'homme paléolithique, avec son cor- tège d'animaux de l’époque : le Mammouth, le Renne, le Rhinocéros à deux cornes, etc., en furent les témoins effrayés. La dernière crise volcanique donne naissance à la Chaine des Puys. Gette crise ultime fut loca- lisée à des territoires plus restreints : au Vivarais, à quelques points du Velay, du Massif du Mont- Dore et de la Limagne; mais elle eut son maximum d’acuité dans la région ancienne séparant la vallée de la Sioule des plaines de la Limagne, et c’est là qu'elle édifia ce joyau volcanique du Massif Central : la Chaïne des Puys, avec ses 80 volcans et ses 100 bouches éruptives, qui paraissent nés d'hier et dont les cendres semblent encore chaudes. L'histoire captivante de cette chaîne soulève de multiples problèmes intéressant /a topographie, l'hydrologie souterraine, le dynamisme éruptif, la pétrographie, la paléontologie, ete., problèmes que j'ai essayé de résoudre dans un travail qui vient de paraître”, et que je vais résumer ici succinctement. Je n'oublie pas ce que je dois à mes devanciers dans cette étude, et, dans un premier chapitre sur l'historique du vulcanisme en Auvergne, j'ai eu le devoir agréable d'exposer le développement des idées sur cette question, d'intérêt mondial, posée d'abord par Guettard, prècepteur de Lavoisier, qui signala le premier, en 1751, que les montagnes de la Chaine des Puys étaient des volcans éteints, fai- sant ainsi de cette région si originale le berceau du 1 Pa, GLanGEAUD : La Chaîne des Puys et la petite Chaine des buys. Bulletin des Services de la Carte gévlogique de la France. Un vol. gr. in-8° de 256 pages avec 11 planches el une carle en couleurs au 50.000€, (Prix : 16 fr. 50.) Béranger, éditeur, Paris, 1914. PH. GLANGEAUD — LES PLUS JEUNES VOLCANS DE LA FRANCE paléovuleinisme. De nombreux savants, parmi les- quels il faut citer Desmarets, de Montlosier, Dolo- mieu, Ramond, Lecoq, Pouletl-Scrope,von Lasaulx, Pommérol, Michel-Lévy, MM. Lacroix et Boule, etc., . y ont apporté le fruit de leurs observations par- fois définitives. Ï. — SITUATION ET TOPOGRAPHIE. La Chaine des Puys, par sa jeunesse, contraste avec les régions volcaniques qui l'encadrent: celles de la Sioule, de la Limagne et du Mont-Dore, d'âge mio-pliocène, rongées par les agents atmo- sphériques et disloquées par les mouvements du sol. Ses 80 volcans sont alignés, dans leur ensemble, suivant une direction remarquablement N.-S., qui est celle des principaux plis anticlinaux et syn- clinaux terliaires de la région (fig. 1). Ils sont édifiés à l'Est et en contre-bas d'un bour- relet cristallin qui peut être considéré comme le reste de la clef de voûte de l’anticlinal séparant les deux dépressions précitées. Ils forment une série de chaïnons de direction N.-N.E. et N.-N.W., qui représentent les direc- tions des fractures hercyniennes de la région, réou- vertes vraisemblablement à la faveur des mouve- ments quaternaires. Le soubassement topographique des Puys pré- sente au moins {rois cycles d'érosion (qui pa- raissent: miocène supérieur, pliocène et qualer- naire), ayant laissé des traces manifestes, sur les flancs de l’ancien anticlinal des Puys, sous la forme de surfaces topographiques emboïtées les unes dans les autres (fig. 2). Par suite d'une éro- sion plus rapide à l'Est (versant Limagne) qu'à l'Ouest (versant Sioule), due principalement à un abaissement du niveau de base des cours d’eau, plus accéléré dans le premier cas que dans le second, il se produisit vers l'Ouest une migration de la ligne de partage des eaux, qui dépassa assez fortement la clef de voûte anticlinale, de telle sorte que le rapport des deux versants hydrologiques (Limagne, Sioule}, qui était primitivement de 1/3, fut renversé et devint égal à 3/1. Ce processus amena la formation d’une série de cols, qui échan- crèrent la clef de voûte anticlinale et permirent aux rivières du versant de la Limagne d'accéder sur le versant de la Sioule. Les vallées pliocènes sont des vallées müres, à pente peu accentuée, n’existant que dans la partie élevée de la région et se raccordant, par une rup- ture de pente accusée, à des vallées jeunes, d'âge qualernaire, en forme de gorges étroites et à pente rapide qui accèdent dans la Limagne et la vallée | de la Sioule. | servir de collecteurs aux coulées de lave issues des volcans de la Chaïne des Puys, qui sur le versant de la Limagne sont moins importantes et ne s’observent qu'au fond des thalwegs, tandis qu'elles ontremblayé complètement les vallées sur le versant de la Sioule. Les surfaces topographiques du sou- bassement de la Chaine des Puys se relient à des surfaces semblables sur les monts du Forez et du Livradois. Mais il existe, en Limagne, de plus vieilles surfaces topographiques (miocènes), con- n de Verrières = SH ML Bannie ES J Pogniat [ us _ f £ 1 ln) Les vallées ainsi créées devaient nécessairement LouchadièreZ) SCoguille re PChau mont : oPetit Cet Pétit: D de Dôme; anticlinal vd Ÿ Ÿ LŸ d TO n D Ch 3 o ; 5 G e CS a [@) | : | | | EN EN D Axe Fig. 1. — Les chaînons volcaniques de la Chaïne des Puys et l'alignement N.-S. de cette chaîne. — On sera frappé par les alignements des appareils éruptifs suivant les lignes N.-N.E. et N.-N. W., qui sont les directions des dislo- cations hercyniennes de la région. Ce sont les mouve- ments quaternaires qui amenèrent vraisemblablement la réouverture d'anciennes fractures, de cet âge, par les- quelles sortirent les laves des Puys". servées à la faveur des revêtements de lave qui les ont protégées contre l'érosion. On observe même, dans le Livradois et le bassin d'Issoire, des pene- directeur du avoir prelt Termier, nous {Nous remercions vivement NM. Service géologique de la France, de quelques-uns des clichés ayant servi à illustrer le mémoire de M. Glangeaud. 52 PH. GLANGEAUD — LES PLUS JEUNES VOLCANS DE LA FRANCE plaines antéoligocènes, et on est amené à conclure que la Limagne est une dépression oligocène qui s'estcomportée comme un géosynelinal, dans lequel se sont accumulés de 1.000 à 1.400 mètres de dépôts, limités par deux géanticlinaux (soubassement des Puys, monts du Forez) qui, à l'époque oligocène, furent en grande partie recouverts par les eaux lacustres. Au point de vue géologique, le soubassement des Puys comprend des terrains archéens, du granite, une série de filons de roches grennes et des for- mations sans fossiles pouvant être attribuées au Cambrien ou au Dévonien (Barrois et Michel- Lévy). IT. — DYyYNAMISME VOLCANIQUE. MORPHOLOGIE DES APPAREILS ÉRUPTIFS. Les volcans de la Chaïne des Puys ont présenté trois dynamismes différents, dont deux ont parfois Ternant Région exhaussée Fig. 2. 1, Faille / /bordière certains rappellent les dômes analogues de la Mon- tagne Pelée ou celui de la Soufrière de la Guade- loupe. Ces dômes, peu nombreux dans la Chaîne des Puys, sont au contraire fort répandus dans le massif du Mont-Dore. Le Puy Chopine paraît résulter d’une intrusion de domite dans une colline granitique et cam- brienne, à la facon des venues laccolitiques. I y aurait eu de ce fait un soulèvement de la carapace. 2° Un dynamisme vulcanien (type de MM. Lacroix et Mercalli, pris à Vulcano), fréquent dans Ja. Chaine des Puys, où on ne l'avait signalé qu'en un point. Il se produit quand, dans les cratères, le magma visqueux tend à se solidifier avant l’érup- tion. La libération brusque des gaz emprisonnés dans la cheminée se fait difficilement et sous une forte pression en provoquant de violentes explo- sions et une pulvérisation de la croûte magma- tique, qui est projetée sous la forme de débris anguleux, fendillés, de bombes à centre ponceux 910 Lee 1 M A G N E ' NE Durtol | 510 Puy Chany Puy de Var 570 v ann £ Begron | effondree — Coupe E.-W. à travers le versant Ouest de la Chaïne des Puys ct une partie de la Limagne.— Cette coupe met nettement en évidence l'effondrement, les tassements post-oligocènes de la Limagne par rapport à la région archéenne etgranitique de la Chaine des Puys. Les mouvements, en grande partie épirogéuiques, sont prouvés par l'existence des … failles F,F,£, qui intéressent non seulement l'Oligocène, mais aussi le Burdigalien (m’ sables granitiques — sables de la Sologne), les alluvions argilo-sableuses à chailles (Helvétien inférieur m°) et les coulées de basalte de même âge (fm et Bm®). La dénivellation pour ces voussoirs est d'au moins 450 mètres. St,St® Stampien. Le rejet est prouvé aussi par les restes de plates-formes de la région archéenne (dd, ce’, bb’), en pente vers la Limagne, représentant les pénéplaines - d'érosion, dont aucune ne se raccorde plus directement, ni avec la surface supérieure de l'Oligocène, ni avec le Mio- cène. Le raccord peut se faire si on relève les voussoirs dans leur ensemble d'environ 150-200 mètres. Remarquer les deux troncons différents, vallée müre, vallée jeune, des vallées du substratum des Puys. alterné dans le même édifice. On distingue: 1° Un dynamisme peléen, dont le type a déjà fait l'objet de remarquables études, de M. Lacroix, sur la trop célèbre Montagne Pelée. Il correspond à une grande viscosité du magma volcanique, générale- ment acide el trachytique, mais parfois basique, comme je l'ai observé dans les dômes basaltiques du Tartaret, de Montchalm, etc. (Puy de Dôme). La matière volcanique pâteuse s'est accumulée, sur place, rerlicalement, el sans formation de cra- tère, au moins permanent, ni émission de pro- jections, en donnant naissance à des dômes as- sez diversifiés comme aspects, Lels que le Puy de Dôme (fig. 3 et 4), le Clierzou, le Sarcoui, dont ou obsidiennique, offrant la structure dite en croite de pain (fig. 5). Il y à également projection de cendres fines et de nombreux débris du sous-sol. Je soulignerai particulièrement que ce dynamisme est fonction de la température de la lave et de sa viscosité, et non de sa composition chimique, ainsi que M. Lacroix l’a constaté dans plusieurs volcans actuels. J'ai observé, en effet, des bombes en croûte de pain labradoritiques et basaltiques typiques, dans plusieurs volcans de la Chaine des Puys (fig. 6) Quinze au moins de ces derniers ont été édifiés suivant ce mode de dynamisme (Jumes, La Coquille, Pelat, ele.). PH. GLANGEAUD — LES PLUS JEUNES VOLCANS DE LA FRANCE 53 3° Un dynamisme strombolien (type pris à Stromboli}, correspondant à un magma beaucoup Observatoire 1565 Temple de Mercare Care Crandisaule - Brèche decroulement 1023 \ À EPST volcaniques e \\ --£boulrs a uquet RN Re Genestoux #, rt b'! 880 : A S RTE ce 1FJ [ | » E 6q ‘a re Fig. 3. — Coupe E.-W. à travers le Puy de Dôme et ses abords. — Cette coupe montre le dôme peléen (trachyte à biotite et à tridymite sans hornblende +q), enveloppé d'une première gaine formée par la brèche d'écroulement, recouverte par places par des projections vulcaniennes de trachyte à biotite avec hornblende, sans tridymite {ponces, bombes en croûte de pain, etc.). Fissures avec minéraux de fumerolles (hématite, etc.) dans le dôme. A la base, une troisième enveloppe est constituée par des éboulis sous lesquels sortent: à l'Ouest une coulée basaltique £g, et à l'Est deux coulées de labradorie Xg° et xgb. Le substratum est constitué par le granite y, etle cambro-dévonien. Remarquer la différence considérable du Puy-de-Dôme et des cônes nains situés à sa base. tains cas (Les Gouttes, Jumes), il y avait même alternance de projections acides vulcaniennes e basiques strombolien- nes (trachytiques et ba- saltiques). Il y a lieu de noter que, si le même cratère a émis des projections acides et basiques, il n'a jamais donné de cou- lées acides dans la Chaï- ne des Puys. Les dômes peléens représentent done, sous celte forme particulière de sortie rerlicale des larves lra- chytiques, les coulées de laves basiques des autres volcans. Certains domes, com- me le Puy de Dôme, on été recouverts poslérieu- rement à leur édification par des projections plus fluide. I a amené l’édification du plus grand | vulcaniennes lancées par un cratère voisin (fig. 3). nombre des cratères des Puys. Les explosions ré- sultant de ce dynamisme sont moins violentes, car les gaz s'échappent plus librement :; elles projettent des cendres fines, noires ou rouges, de menus fragments scoriacés de même cou- leur (/apillis, pouzzola- nes), constitués par un verre volcanique dis- tendu et rendu spon- gieux par les gaz em- prisonnés, des scories uniquement formées par des portions de lave celluleuse, ou par des bombes très polymor- phes, limitées par des surfaces fondues, bom- bes ovoïdes, en bouse de vache, en fuseaux, etc. (fig:…7) [Puy de Côme, de Pariou, de la Vache, Lassolas, Nu- gère, etc.] J'ai pu constater que plusieurs volcans avaient présenté successivement les deux modes de dyna- misme vulcanien et strombolien et que, dans cer- Fig. 4. — Le flanc occidental du Puy de Dôme. (Vue prise sur la route du col de Ceyssat à Ceyssat.) — Ce dôme offre une grande analogie de forme et de constitution avec celui de la Guadeloupe. A la base (à droite), noter le Puy Lacroix, avec projections trachytiques, accolé au flanc du Puy de Dôme, qui aboutit au col de Ceyssat et se soudi au Puy des Grosmanaux. À gauche de la figure, on apercoit une portion du Grand Sault. En tenant compte des données précédentes, on est amené à conclure que l’ancienne classification des volcans des Puys en volcans démiliques (lra- PH. GLANGEAUD — LES PLUS JEUNES VOLCANS DE LA FRANCE chytiques) et volcans à cratère (basiques) n’est pas exacte, On peut les classer de la facon suivante, en tenant compte du dynamisme et de la nature des produits émis : Fig. 5. — Bombe trachytique (dômitique) du Puy de la Coquille, dite en croute de pain, avec fentes de retrait de plusieurs ordres de grandeur. 1° Dômes peléens : (trachytiques) : chet, Sarcoui ; b) basiques (basaltiques) du Tartaret ; 2° JJômes peléens recouverts de projections vuleaniennes : Puy de Dôme; 3° Dômes avec soulèvement a) acides Clierzou, Petit-Su- dômes de ‘la coulée d'écailles de terrains anciens : Chopine, Montchar ; % Volcans à cratère : a) à projeclions vement trachytiques exclusi- Puys Pelat, Jumes, Coquille, Mo- reno, etc.; D) à projections (rachy- tiques, puis basiques : Puys de Laschamp, des Grosma- naux, Louchadière, Gouttes, etc. c) à projections sivement basiques : exclu- Puys de la Nugère, de la Vache, de Lassolas, la Rodde, Vichatel (fig. 8), ete. de de Au point de vue morpholo- gique, les édifices vulcaniens et stromboliens com- prennent : 4° Des cônes réguliers : Puys des Goules, Jumes, Coquille, Mercœur, Montchal, ete. ; 2° Des cônes éhréchés où équeulés : les célèbres Puys jumeaux de la Vache et de Lassolas, de Lou- chadière, de Mey, des Bannières, ete. ; 3° Des cônes emboïlésconcentriques: Puy de Côme; #° Des cônes emboïlés excentriques rappelant le Vésuve et le Somma : Pariou, Laschamp. 5° Des cônes éruptifs alignés sur une fracture: Barme, Jumes, et la Co- quille ; 6° Des cônes éruplifs disposés sur des fentes croisées, avec plusieurs cratères : Montchier ; 7° Des appareils avec cônes adventifs les flanes : Pariou, Nugère, Petit Puy de Dôme,Taupe; 8° Des cônes éruplifs et des dômes sur la coulée: Tartaret, Poucharet; 9 Des cratères d'ex- plosion, lransformés en cratères-lacs analogues aux Maars de l’Eifel : Gour de Tazanat (fig. 9), Puy de l'Enfer ; 10° Des fentes éruptives avec sortie delaves sans projections : fentes de Nébouzat et de Beaunit. Les dômes ont de 200 (Clierzou) à 500 mètres de hauteur (Puy de Dôme). sur Fig. 6. — Bombe basallique, avec fissures de retrait de plusieurs ordres (4). — (Rochefort-Montagne, Massif du Mont-Dore). Les volcans à cratère mesurent quelques mètres (Chuquet-Genestoux et Couleyre), de 100 à 200 me- tres (la majeure partie des cônes de la chaîne), et parfois dépassent 300 mètres (Pariou) et 350 mètres (Petit Puy de Dôme, Puy de Côme). PH. GLANGEAUD — LES PLUS III. — LES COULÉES DE LAVE. Les coulées de lave ont des dimensions varia- bles : de quelques mètres à 20 mètres d'épaisseur et de plusieurs centaines de mètres à 3 kilomètres “de largeur. Leur longueur, également variable, peut n'atteindre que 2 à 300 mètres, mais elle mesure en général plusieurs kilomètres: 14 pour la coulée du Puy de la Vache et jusqu'à 22 kilomètres pour du Tartaret. Les laves sont celle très générale- ment sorties à la base de l'appareil érup- tif (fig. 10); elles ont débordé ex- ceptionnellement du cratère; mais leur surface est presque toujours chaotique et très scoriacée (cheï- mes) (fig. 411). Sur une section transversale, elles se présen- tent avec une convexilé mar- quée, parfois concave, lors- qu'il s’est pro- duit une fracture “à leur extrémité, “peu après leur “épanchement, ce qui a permis au _ contenu lavique _ encore fluide de s'échapper et de former une nou- vellecoulée(éclu- sage) (fig. 12); dans ce dernier cas, il y a eu formation de /unnels de lave. Les volcans n'ont émisparfois qu'une seule coulée . de lave (Puy des Gouttes, Tressoux, Chaumont, etc.), plus fréquemment deux, trois et jusqu'à uit coulées successives (Puys de Côme, de Loucha- -dière, de la Nugère), qui se sont étalées largement ou superposées et ont rempli alors les vallées, où “elles alternent avec des couches de projections et des alluvions, sur 80 mètres (Puys de Côme et de la mème JEUNES VOLCANS DE LA Fig. 7. — Bombes stromboliennes. — En haut, à gauche, bombe en fuseau. A droite, bombe reployée. Toutes les deux proviennent du volcan de Gravenoire. En bas, à gauche, bombe fragmentée, formée par la lave enroulée autour d’un axe. A droite, bombe contournée en forme de bonnet pbhrygien. Ces deux bombes proviennent du Puy de la Vache. FRANCE ap] Nugère) et jusqu'à 110 mètres de hauteur (Loucha- dière). Il y a donc eu, entre deux périodes d'activité, des intervalles de repos assez grands, pendant les- quels les animaux ont pu circuler sur les coulées refroidies. On a recueilli, en effel, des ossements de bœufs et de cerfs, entre deux coulées, près de Volvie. Le volume des projections émises, principalement des cendres, à dû être considérable, si on en juge par les lam- beaux qui exis- tent en placage sur les flanes de plusieurs vallées et à la base de l'escarpement granitique de la Limagne. Le vo- lume total des produits rejetés par les volcans de la Chaine des Puys atteint en- viron 8 milliards de mètres cubes. Il faut remar- quer que la pris- mation régulière des coulées de lave en prismes à 3, 4, 6 pans, est un phéuo- mène indépen- dant(phénomène de convexion) du phénomène de retrait, de /ssu- produit par le refroidis- sement. Laprismalion, assimilable à un clivage, semble n'avoir produit aucun retrait, tandis que la fis- suralion est marquée par la formation de fentes irré- gulières et parfois très larges existant, soit seule- ment à la surface de la lave, soit à travers toute la coulée. Ces fentes de retrait sont nettement indi- quées sur les bombes vulcaniennes (fig. 5 el 6). ralion, IV. — HYDROLOGIE VOLCANIQUE. Les appareils éruplifs de la Chaine des Puys sont édifiés à la limite de deux versants hydrogra- 56 PH. GLANGEAUD — LES PLUS JEUNES VOLCANS DE LA FRANCE phiques dominés, à l'Est, par des hauteurs, qui | atteignant 175-200 litres à Chez-Pierre, 250 litres sont les restes d'une ancienne ligne de faite oro- | dans la Vevre; 800 litres à la seconde à Saint- Genès-l'Enfant, ete.), constituant parfois de | véritables résurgences (la Veyre à . Saint [l | ja Amand). En jraison de sa po- rosité,fde son ‘altitude plus élevée au-dessus du territoire environ- nant, la{Chaïne des Puys est un [condensateur et un régulateur des Cours d'eau souterrains et par suile des sources. Elle constitue également un filtre remarquable et un appareil frigorilique qui permet, en certains points, la formation de glace durant les fortes chaleurs de l'été (et de Fig.S. — La mer de nuages dans la région sud de la Chaïne des_Puys, vue du sommet du l'été seulement). Cette Puy de Dôme (Phot. David). — Les volcans émergent, telles des iles, au milieu des glace se forme par suite d'une évaporatiou très active, rappelant celle graphique. Ils ont émis des coulées qui se sont | qui se produit à la surface des alcarazas. La con- épanchées sur les deux versants de la Sioule et de | naissance des cirques d'érosion, antérieurs à l'édi- la Limagne, principalement dans les vallées, | fication des Puys, permet de déterminer l'étendue qu'elles ont en partie ou complètement rembla- yées (fig. 13). Cette édification, bien qu'ayant apporté des changements topogra- nuages. A l'horizon, le massif volcanique du Mont-Dore. phiques considérables dans la région, n'a pas modifié, en général, le tracé des anciens cours d'eau pliocènes et qua- lernaires que les coulées ont recouverts el qui circulent presque tou- jours à leur base, au fond des anciens thalwegs, car les appareils érup- tifs et les coulées consti- tuent pour l’eau un re- lief perméable, qui n'a été que surajoulé à un relief imperméable. Ce Fig. 9.— Le cratère-lac(Gourd) de Tazanat. — Ancien cralère occupé par un lac. sont ces cours d'eau qui émergent parfois en saignée sur le flanc érodé des | des bassins d'alimentation des sources, qu'il est coulées ou plus généralement sur le front, en don- | important de délimiter pour évaluer le débit de ces nant naissance à des sources abondantes (débit | dernières. Plusieurs villes (Clermont, Riom, Châtel- PH. GLANGEAUD — LES PLUS JEUNES VOLCANS DE LA FRANCE ——_—————————————"—"—"——"—"—"—"—"—"—"—"—…"…—"—…"…"…"—"…"…"…"—"—"—"—…"…"…"…"…"…"…"…"."…"…"…"—"…"…"…"…"—"—"—"…"—"—"—"—"—"—"—"—"—"—"—"—"—"—"—"—"—"——…"—"—"—"——— guyon), de nombreux bourgs et villages s'alimen- tent avec les eaux de ces sources, très pures, très fraiches et supérieures aux sources granitiques el aux sources du massif du Mont-Dore (en grande partie trachytique) par /eur plus grande minérali- sation, leur teneur plus élevée en chaux et en magnésie, dues à leur longue circulation à travers des laves surtout basiques (andésites, labradoriles, basaltes) donnant un degré hydrotimétrique plus élevé (de 5 à 8 au lieu de 2 ou 3). \£ LACS DE BARRAGE. EVOLUTION DU COURS DE LA SIOULE. PHÉNOMÈNES DE CAPTURE. Dans certains cas, les coulées en s’épanchant au travers des vallées ont amené, en amont, la forma- tion de lacs de barrage. Sur vingt-deux lacs ainsi produits, il n'en reste plus aujour- d'hui que deux (lacs d'Aydat (fig. 14) et de la Cassière); les autres ont été remplis par des apports alluviaux (Fontgibaud), par des dé- pôts tourbeux ou des accu- mulations de Celles quaternaire d'Auvergne. I fut comblé ensuite par les apports de ses émissaires, relèvement du thalweg jusqu'au barrage. La pente en amont de ce dernier n'est plus que de 0,0005 par mètre sur 7 kilomètres, tandis qu'au-delà du bar- rage, en aval de Pontgibaud, elle est quarante- deux fois plus forte (0,021 sur 3 kilomètres,. De ce fait, les coulées miocènes el pliocènes.qui étaient pendues, amont Pontgibaud, d'environ 150 mètres au- dessus de la vallée de la Sioule, ne cul- minent plus cette dernière que de 90 à 120 mètres. ce qui amenä un 1 19 1. LaBartusses | , Roure Ÿ SUS- en de VI. — PÉTRO- GRAPHIE. Came, Mi- NÉRALOGIE. Les laves émises par les volcans de la Chaine des diatomées Puys sont des (randannite). laves dont la . LaSiouleoffre densité varie un exemple de 2,6 à 3,2 lrésinstructif Fig. 10. = Carte du volcan de Banson et de ses coulées. — Volcan édifié sur une frac- Te cou- É F ture, à la limite de deux compartiments, l'un granitique, l’autre gneissique. Cône E 4 de l'évolution central égueulé avec deux cratères adventifs c;e, sur une fracture radiale. Coulées leur oscille du du cours très digitées (rappelant les bras d'une pieuvre) de basalte limburgitique passant à la gris très clair d'une rivière, en relation avec les érup- tions du grou- pe volcanique du Mont-Dore el des volcans des Puys (fig. 15). Le plus important des lacs de barrage fut le Zac de Pontgibaud, qui prit naissance par l'émission des coulées de Côme et de Louchadière, qui créèrent à Pontgibaud, à travers la vallée de la Sioule, une digue de plus de 40 mètres de hauteur et de près de 3 kilomètres de longueur. Le lac qui se forma en amont de la digue avait 5 kilomètres de longueur et peutètre considéré comme le plus grand lac limburgite, qui se sont étendues dans la vallée de la Miouse, le ruisseau de Gelles et jusque dans la vallée de la Sioule en formant une série de cascades de laves. Section- nement de ces coulées issues de la base du cône £&q, notamment près du château de Rioux, où la lave est rejetée sur la rive droite et forme des escarpements dominant la vallée, que culminent des lambeaux &p de coulées basaltiques du massif du Mont Dore (volcan de la Banne d'Ordanche); y, granit: £, gneiss variés et gneiss à cordiérite ; aq, alluvions sous-basaltiques. (trachytes) au noir foncé (basaltes). Elles com- prennent la sé- rie suivante : 1° Trachytes et Sanidinites (dômes peléens el projections vulcaniennes d’une vingtaine de vol- cans de la région centrale de la chaine). Les roches basiques offrent deux ou trois phases de cristallisation des feldspaths qui se présen- tent: a) en phénocristaux (rares); h) en grandes lamelles mâclées, aplaties sui- vant g' (très fréquentes), visibles à l'œil nu sous bb) PH. GLANGEAUD — LES PLUS JEUNES VOLCANS DE LA FRANCE forme de pailleltes qui donnent à la roche un aspect nacré; Fig. 11. — Le Puy de Dôme et ses abords. (Nue prise de la cheire du Pariou, de Chez Vasson.) — On apercoit successivement à droite du Puy de Dôme : le Pelit Puy de Dome, le Puy Ramond, le dôme du Petit Suchet et une portion du cratère du Pariou. En avant, Orcines. e) en microliles. On observe une ou deux phases de cristallisation de l’olivine. Les pyroxènes augites sont très fré- quemment tilanifères. La série basique comprend les types suivants : 2° Andésites (Nugère, Pariou, Lantegy, Las- champ); 3 Andési-lahradorites (Bleymas, Louchadière); % Labradorites.CGes laves constituent lescoulées les plus largement étalées des Puys (Louchadière, Côme, Bleymas, Petit Sarcoui, Mey, Barme, Pour- charet, Montgy, etc.). 59 Labradoriles-basalles (Côme, Bleymas, Barme); 6° Basalles: il) normaux ; (La majorité des volcans de h) feldsphatiques la chaîne). c) semi-ophiliques (Puys des Gouttes, de Cler- mont). d) limburgitiques (coulées inférieures de Côme, Banson, La Vialle, Neuffond). 1° Limburgites. Plusieurs coulées de Banson et La Vialle. Un même volean a émis successivement une, deux... jusqu'à huil coulées de lave superposées, alternant avec des couches de projections ou des produits volcaniques de ruissellement (volcans de Côme, de Louchadière et de la Nugère). Ces coulées sont de même nature, toutes labra- doritiques {Barme), ou basaltiques (la Vache, Las- solas), ou basaltiques et andésitiques (Pariou, Las- champ, Nugère, Lantegy, etc.), ou basaltiques et labradoritiques (Gôme, Louchadière, Montgw), ou andésitiques, labra- doritiques et basaltiques Bleymas), etc. Ces varialions de com- position des laves émises par un même centre montrent les variations correspondantes du mag- ma profond durant les intervalles de repos qui succédaient aux phases éruptives successives. Les sorties de laves aci- des (trachytiques) ont, d'une facon générale, précédé les émissions de laves basiques sous for- mes de dômes ou d’érup- lions vulcaniennes. La basicité du magma à donc augmenté avec le temps. Au point de vue chimique, les laves des Puys renferment une proportion de silice oscillant de Coulée non éclusee Fig. 12. — Deux coupes transversales à travers une coulée éelusée etnon éclusée., — Le croquis supérieur montre la coulée non éclusée, à surface extérieure convexe avec sa gaine scoriacée el sa partie centrale fluide qui se prisme fréquemment. Le croquis inférieur montre l'aplatissement de la coulée, principalement marqué dans la région médiane, après le départ de la portion centrale éclusée. Les bords de la coulée deviennent culminants par rap- port à la région médiane, qui se fracture en outre fréquem- ment; /, failles (Cheires d'Aydat). PH. GLANGEAUD — LES PLUS JEUNES VOLCANS DE LA FRANCE 59 67°/, (trachytes) à 43 °/, (basaltes limburgitiques et limburgites). La série basique est analogue à celle de l'Etna: Coulee de Gravenorre _Coulee du Petit Puy de Dôme Gravenoire), on a recueilli les minéraux de fume- rolles suivants: orthose sodique, anorthose, andé- site, labrador, pyroxènes sodiques, laugite et pseu- dobrookite. N.0. FL CREER La /ertililé de la Limagne » alluviale est due en grande rer yen Sr NE partie au mélange intime ' | ! ME des cendres et des roches Grotte Rorge n pe 2 Chocolaterte vÉ MIE laves) acides, surtout po/as- Xôtel Métropote MARIE UEER siques (trachytes), et des ro- di PE r,7 « ï | Tirctaine À. SR NES ches et cendres basiques, LENS riches en chaux, fer et ma- +4++4++ s Re € gnésie, roches et cendres des Puys entrainées par le vent et par les torrents, affluents latéraux de l'Allier Fig. 13. — Coupe S.-N. puis S. E.-N.-W, à travers Royat balnéaire et la vallée de la qui les ont élalées dans la Tiretaine. — La vallée, en aval de la chocolaterie, est constituée par un complexe Limagne au Quaternaire su- d'arkoses, d'argiles sableuses et de grès fins (St): en amont par du grarite (y,). CARRE = $ ” LE LA se | périeur. Le contact des deux formations se fait par la grande faille occidentale de la Linagne F. La vallée a eu son fond remblayé par une coulée de basalte, £a, de 2 ètres de haut, issue du Petit Puy de Dôme. Elle est aujourd'hui sectionnee par r : 0 mètres de : À L L VII. — AGE ET CAUSES DES le ruisseau, et en surplomb au-dessus de la rivière. Les coulées basaltiques 8b du volcan de Gravenoire, qui domine Royat, descendent sous une pente rapide sur ÉRUPTIONS VOLCANIQUES. les flancs du thalweg de la vallée et viennent presque en contact avec celles du Petit Puy de Dôme, elle est alcalino-granitique, mésosodique, méso- alumineuse, el ferromagnésienne. La teneur en oxydes de fer (Fe*O' et FeO) et de magnésie réunis subit des variations très notables, puisqu'elle passe successivement de 4,5°/,(domites) | à 19,85 °/, (limburgites. Par contre, le pourcentage de la potasse et de la soude . tombe de 10,5°/, (domite) à 4,5°/, (lim- burgiles), et la teneur en chaux s'élève de 2 °/, (trachytes) à 12 °, (limburgites). 4 Un fait intéressant est la proportion élevée de l'oxyde de titane (TiO*) dans les labradorites, les basaltes, et basaltes limburgitiques (près de 5 °/,.. Cet oxyde contribue dans une large mesure à la constitution des pyroxènes augites qui sont fréquemment titanifères. La proportion de l'acide phosphorique est faible (elle ne dépasse pas 4 °/). Les fumerolles chlorhydriques ont donné naissance à des minéraux répandus assez abondamment dans les fissures des dômes, parfois dans les projections et les coulées des volcans à cratère: ce sont: l’hématite (oligiste ou fer spéculaire), la martite, la biotite. Les fumerolles diffuses ont fourni l'opale hyalite et la fiorite. La tridymite a été formée postérieurement à l’émis- sion des trachytes par autopneumatolyse. Dans quelques cas plus rares, observés par M. Lacroix Fig. 14. Les volcans de la Chaîne des Puys ontune grande frai- cheur ; leur cônes sont bien conservés, et leurs coulées parfois emboîitées les unes dans les autres (fig. 16) forment des cheires occupant le fond des vallées ou suspendues seulement de quelques mètres au-dessus de ces dernières. Les considé- Le lac d'Aydat (lie de barrage). — Nue prise d'Aydat On apercoit au fond la coulée des Puys de la Vache et de Lassolas qui a barré la vallée de la Veyre. A l'horizon (à g.), colline miocènt supérieure de la Serre. rations paléontologiques permettent de conclure : que les éruptions des Puys débutèrent à la fin du (Quaternaire moyen caractérisé par l'Ælephas anti- quus, ou plus vraisemblablement au début du 60 PH. GLANGEAUD — LES PLUS JEUNES VOLCANS DE LA FRANCE Quaternaire supérienr, caractérisé par l'Ælephas primigenius (Mammouth). Ce sont les dômes tra- chytiques qui furent édifiés les premiers, puis les que je l'ai indiqué au début de cet article, ne sont pas spéciaux au Quaternaire, ils ne représentent É: volcans à cratère à projections vulcaniennes tra- | chytiques, qui donnèrent ensuite des projections IN stromboliennes et des coulées delaves andésitiques, 2 labradoritiques et basaltiques. L'édification de la Chaîne des Puys dura plusieurs | /// milliers d'années, avec des phases d'activité parfois | / nombreuses (jusqu’à huit et dix), a/{ernant avec des périodes de repos correspondant à des ravine- ments, pendant lesquelles les animaux de l’époque (Bœufs, Cerfs, et peut-être le Renne et l'homme) pouvaient parcourir les coulées refroidies. Les dernières éruptions datent de la fin de / 1} l’'Epoque du Renne. Elles sont indiquées aujourd'hui ; 1 par les coulées situées complètement au fond des vallées et à peine entamées par l'érosion (dernières coulées de la Vache, de Côme, du Tartaret, etc.). On peut dire que les différentes phases d’édifica- tion de la chaîne eurent lieu durant la même époque Plateau Jiule À Peschadoires f Rasrean de la Fonderre 5 1 » 10 4 3 pe] » Fio — } De és à ‘a ver* ré 'e a Sioule el véologique (Quaternaire supérieur). Hig,46; — Coupes EM travers JalpelIteus ë 81q or / , jee coulées du Puy de Come et Louchadière à Pescha- Il faut principalement rechercher les causes des éruptions volcaniques des Puvs dans les mou- vements épirogéniques, les lassements, les eflon- drements relatifs du synclinal de la Sioule et surtout du géosynelinal de la Limagne comblé par 1.400 mètres de dépôts oligocènes profondément disloqués, synclinaux silués en contre-bas et enca- drant la chaïne, édifiée sur une zone anticlinale, E. relalivement exhaussée. Ces S, ainsi ele sée. Ces mouvements, ainsi Coutée de M'Dore | ; Ë : : Vallee dela Sioule 7 Fe Couhei DUREE 08° D 7 s } 1 750 (alvaire Vsllée quaternaïre de/a Micuse, - s ; : ! , | Jionle | Û 685 ‘. \Goulee de | Banson ' n 1 (l 1 [ x Fig. 15. — Coupe à travers l'extrémite Nord des coulées du Mont Dore, les vallées de la Sioule, Pliocène, Quaternaire inférieur, moyen et supérieur. — Cette coupe, très instruc- tive, montre avec une grande clarté les creusements successifs et les déplacements de la vallée de la Sioule depuis le Pliocène supérieur, durant lequel cette rivière déposait les alluvions ap, renfermant toutes les roches du Mont Dore, puis le creusement, à l'Est, d'une nouvelle vallée ap, remblayée par une coulée de basalte £p,, formant planèze, entaillée à son tour par une nouvelle vallée, dans laquelle coulait la Sioule au Quaternaire moyen. C'est cette vallée qui fut barrée par la coulée des Puys Balmet- Filhou, et remblayée en partie d'alluvions ag°. Le creusement de Ja vallée de la Miouse ayant été plus rapide que celui de la Sioule, la première rivière, qui coulait à un niveau très inférieur (685 au lieu de 750), captura la seconde par un affluent latéral KK'. La Sioule actuelle, au delà du confluent de la Miouse, ne devrait donc plus s'appeler Sioule, mais Miouse. On voit que dans la vallée de la Sioule s'est épanchée, au début du Quaternaire, une coulée de basalle 87, avec alluvions sous-basaltiques 29, puis au Quaternaire supérieur une coulée de basalte du Puy de Banson 57, avec alluvions sous-basaltiques 4g,, etque la vallée est remblayée sur environ 10 mètres de hauteur par des alluvions 29, résultant de la formation dulac de Pontgibaud. m1, urgiles sableuses oligocènes; 12, gneiss micaschisteux avec filons de mispickel ms. doires. — On remarquera que les deux coulées £p et fe, qui forment deux plateaux typiques sont d'âge différent. La coulée £p repose sur des alluvions a? qui surplombent la vallée de 4 mètres, la coulée Be a sa base au niveau de la vallée actuelle. IL y a donc en ce point trois creuse- ments successifs de la vallée et deux remblaiements par des coulées basaltiques. Un peu en amont, aboutit la coulée de labradorite de Louchadière, }a, plus récente, dont le front est érodé à son tour et contre lequel vient se loger la dernière coulée de labradorite de Côme, }b, mise en saillie par l'érosion torren- tielle de la Sioule : «il y à donc emboïtement de 4 eou- Jées »; 8p, basalte porphyroïde. ge, basalte compact; 2a, 2b, labradorites. que la phase finale d'une série d’effondrements qui débutèrent au Miocène in- férieur, se continuèrent durant le Miocène et le Pliocène, et amenèrent la transformation d'une grande partie de lorogra- phie du Massif Central en provoquant les crises vol- caniquesdece Massif, dont la Chaîne des Puys netra- duit que le dernier épi- sode, auquelnos premiers ancètres ont assisté. Ph. Glangeaud, Professeur de Géologie à l'Université de Clermont-Ferrand, Collaborateur principal du Service géologique de la France. P. MULON — LES LIPOÏDES ENVISAGÉS DU POINT DE VUE HISTOLOGIQUE LES LIPOIDES ENVISAGÉS DU Le terme de lipoide à été introduit dans le voca- bulaire biologique par Overton en 1899. Au cours de recherches sur les colorations vi- tales, Overlon remarqua que seuls pouvaient pénétrer sans dommage dans les cellules vivantes les colorants solubles dans les graisses neutres, les substances hüileuses, la lanoline, la lécithine, la cholestérine, etc. Il supposait que la membrane d’enveloppe des cellules contient un quelconque de ces lipoides, et qu'ainsi elle protège la cellule contre tous les corps qui ne peuvent s'y dissoudre. Il pensait qu'inversement la cellule est facilement imprégnée par les solvants des graisses et expli- quait ainsi la narcose par l'éther, le chloro- forme, elc. Traube, puis J. Lœb ont tenté de réfuter la théorie d’Overton, et peut-être, en effet, ne con- vient-il pas de l’accepter dans tout son ensemble. Elle a néanmoins le mérite d’avoir appelé l’atten- tion sur ces lipoides que les recherches de chaque jour montrent de plus en plus importants. Le terme lipoïde a une signification physique et non point chimique, en ce sens qu'il désignait pour son inventeur tout corps ayant même solubilité que les corps gras. C’est là une base de définition très large, qui a permis d’englober sous le nom de lipoïde tous les corps gras mal définis — et même des corps qui n'ont rien de gras, comme la choles- térine — chaque jour découverts ou soupçonnés dans les cellules et les tissus. A l'heure actuelle, la majorité des histologistes donne le nom de lipoïdes à {out corps ayant les caractères de solubilité des corps gras et qui ne sont pas une graisse neutre ou éther de la glycérine pure. Graisses et lipoides sont donc les deux grandes catégories de corps gras pour l'histolo- giste. Les lipoïdes diffèrent des graisses par un certain nombre de caractères qui n'ont frappé les cher- cheurs que peu à peu, au cours de ces soixante dernières années. Un coup d'œil en arrière nous montrera donc comment est née cetle notion des lipoïdes histolo- giques. I. — HISTORIQUE. 1. Formation de corps myéliniques. — Virchow (1850) remarque que, au contraire de la graisse sous-cutanée, la myéline des gaines nerveuses se - gonfle dans l’eau en formant des boules à structure plus ou moins concentrique qu'il appelle corps 6l POINT DE VUE HISTOLOGIQUE myéliniques. Ranvier fait plus tard la même cons- tatation. Virchow retrouve des corps myéliniques dans la médullaire surrénale. On en a observé depuis dans de nombreux organes en dégénérescence (Albrecht), ou bien au cours de l’autolyse aseptique des tissus (Launoy). 2. Anisotropie. — Mettenheimer (1852) observa dans les foyers athéromateux aortiques des goutte- lettes ayant les caractères généraux des corps gras, mais douées de biréfringence. Ce caractère inhabi- tuel aux corps gras lui fit désigner ces enclaves sous le nom de corps biréfringents. Observés en lumière polarisée, ils présentent, surtout à l’état frais, l'aspect très caractéristique d’une croix brillante, croix de polarisation, dent les branches sont séparées par des secteurs som- bres. ÿ Des corps biréfringents furent retrouvés depuis dans un grand nombre d'organes. Dastre en signale dans le jaune de l'œuf d'oiseau; Dareste en trouve dans la capsule surrénale du lézard; Orgler et Kayserling, Mulon, Vassale et Zanfrognini, Kawa- mura, dans la capsule surrénale de nombreux mam- mifères ou oiseaux; Orgler et Kayserling, dans le thymus ; Mulon, dans le rein normal; Cesa Bian- chi, Mulon, dans la glande interstitielle ova- rienne ; les mêmes auteurs et G. Laroche, Chauf- fard et Grigaut, dans le corps jaune ; Karwicka, Mulon, dans la glande interstitielle testiculaire ; Kawamura, dans les cellules des glandes prosta- tiques ; Munck, dans le muscle utérin en gestation. J'en ai observé dans la glande lacrymale de cer- tains animaux. ) Ces corps biréfringents se rencontrent très fré- quemment dans les dégénérescences pathologiques du rein, du foie, des leucocytes, etc. (Læhlein, Stock, Pink et Pinkus, Withe, Munk, Mulon et Feuillié, Chauffard, G. Laroche, G. Grigaut, etc.). Sous un autre aspect, parce que la substance anisotrope n’est pas convenablement orientée, la biréfringence s’observe en outre au niveau des gaines de myéline. 3. Absence de coloration et de fixation par OsO*. — Von Brünn (1872) note que les grains corticaux surrénaux, qui ont les caractères généraux des corps gras, ne se colorent pas en noir par l'acide osmique. À cette époque — quelques années après l'introduction dans la technique de Os0* — on 62 P. MULON —— LES LIPOÏÎDES ENVISAGÉS DU POINT DE VUE HISTOLOGIQUE croyait que ce réactif élait un colorant spécilique des graisses; aussi von Brünn, à la suite de son observation, nia que les grainscorticaux surrénaux fussent des corps gras. Mitzukuri, Dostojewski, Altmann, Mulon, Ples- nik, ont retrouvé le fait observé par von Brünn, ajoutant que non seulement la coloration, mais encore la fixation de ces grains par OsO‘ est nulle, el Bernard et Bigart donnèrent à ces corps gras infixables le nom de « labiles ». Or, des enclaves, à ce point de vue identiques aux grains corticaux surrénaux, se retrouvent dans l'épithélium séminal (Loisel, Regaud), dans les cellules interstitielles de l'ovaire, du testicule, du corps jaune, des tubes rénaux (Mulon), dans le muscle strié (Bogdanow), le myocarde (Aschoff). 4. Coloration par les laques d'hématoxyline. — Weigert, en 1882, imagina la méthode de colora- tion des gaines de myéline. On sait qu’elle consiste essentiellement en un double mordançage du tissu par des sels de chrome et de cuivre, suivi d'une coloration par l'hématoxyline. Les recherches de Weigert lui-même, puis de Bender, Mulon, Fischler, Smith, Mair et Thorpe, Mayer et Terroine, Ciaccio, ont fait connaître la théorie de cette méthode. Pendant le mordançage, un certain nombre de corps gras sont saponifiés; leurs acides gras se trouvent à la fois oxydés (cas d'acides gras non saturés) et transformés en com- binaison d'adsorption : acide gras base métal- lique. Cette double réaction les insolubilise, et ils peuvent alors supporter sans disparaître les mani- pulations de l'inclusion à la celloïdine ou à la paraffine. Lorsque ces acides hydroxylés unis à des bases métalliques sont plongés dans l'hématox yline, une nouvelle combinaison colloïdale se forme entre l'hématoxyline et la base métallique unie à l'acide gras. Cette combinaison est une /aque d'hématox y- line, opaque, qui produit la coloration. Or, ia méthode de Weigert, appliquée intégrale- ment ou après modification de détail à divers organes, fil voir, d'une part, queles graisses banales ne se colorent pas, mais, d'autre part, que la myéline des gaines nerveuses n'est pourtant pas le seul corps gras qui soit « laquable ». Levinsohn, par un procédé dérivé de la méthode de Weigert, colore les enclaves grasses contenues daus les cellules interstitielles de l'ovaire et du testicule. Regaud décrit dans l’épithélium séminal des « vésicules d’une sécrétion spéciale », différentes de la graisse qui se trouve aussi dans cet épithélium. Ces vésicules sont colorables sur leur bord par la méthode de Weigert, el Loisel démontre qu'elles représentent des corps gras spéciaux, des lécithines, croit-il. Regaud et Policard trouvent ces mêmes vésicules graisseuses « lipoïdes » dans l'épithélium rénal des poissons, des amphibiens, des reptiles ; dans l’épithélium folliculaire, l’ovule ; dans les cellules du corps jaune. Bonnamour décrit, lui aussi, une sécrétion spé- ciale : vésicules à parois laquables, dans l'écorce surrénale, et Plesnick, puis Mulon montrent que cette sécrétion spéciale n’est autre que les grains corlicaux surrénaux déjà connus. Sternmann trouve des enclaves laquables dans les ganglions lymphatiques et leurs vaisseaux affé- rents; Dubreuil en signale dans les ostéoblastes et les cellules osseuses. On en trouve dans la couche pigmentée de la rétine, dans le placenta, dans les glandes sudo- ripares. Enfin, dans les tissus pathologiques, les graisses laquables sont des plus fréquentes (Fischler, Die- trich, Kronkomski, Kawamura, Ciaccio). Elles correspondent à des processus de nécrose ou d’au- tolyse, et sont, en général, superposables aux corps gras qui donnent les corps myéliniques. Ainsi, il résulte de l’exposé historique que nous venons de faire qu’il y a dans les tissus, dans les cellules glandulaires, des enclaves que leur aspectet certains caractères genéraux peuvent faire prendre pour des corps gras, mais qui jouissent, en outre, de propriétés physiques ou chimiques par quoi elles se signalent comme différentes des graisses banales. Ce sont ces corps gras que les histologistes ont trouvé nécessaire de réunir sous le terme de lipoide, car leur caractère gras n’est parfois que peu net, au premier examen. Il faut y ajouter d'autres corps gras « adsorbés », plus récemment découverts et dont nous nous occuperons plus loin. Nous allons maintenant passer en revue systé- matiquement quels sont les caractères spécifiques des deux catégories de corps gras histologiques : graisses et lipoïdes. Il. — CARACTÈRES HISTOLOGIQUES DES GRAISSES NEUTRES. Sauf dans le cas d'organes provenant d’embryons ou d'animaux amaigris fortement, les graisses neutres, presque exclusivement situées dans le tissu conjonetif, sont contenues sous forme de grosses gouttes dans les cellules adipeuses bien connues Elles sont toujours à l'état d’enclaves et, sur le frais, sont anisotropes. En dehors de leur aspect de goutleleites réfringentes, elles peuvent être caractérisées sous le microscope par leur solu- P. MULON — LES LIPOIDES ENVISAGÉS DU POINT DE VUE HISTOLOGIQUE 63 bilité : elles sont, en effet, dissoutes par les alcools forts (lentement), les huiles essentielles, le xylène, le toluène, l'éther, le chloroforme, l'acétone, le Sulfure de carbone, Lous les corps plus ou moins banalement connus comme solvants des graisses. En second lieu, elles présentent des caractères de tolorabilité spécifique qui relèvent de causes phy- siques ou chimiques. 1. Colorants physiques. — Les graisses dissolvent le Sudan LIL, le Scharlach, l'Alkanna, le sulfate de Nilblau et prennent alors une teinte rouge. Ge fait ha rien d'étonnant pour les trois premiers colo- rants, qui sont eux-mêmes rouges, mais il est remarquable dans le cas du Nilblau, qui par lui- même est bleu. La coloration en rouge des graisses neutres par le Nilblau, bleu, est un phénomène de métachromasie, dont on a donné l'explication chi- mique et qui constitue une réaction spécifique des graisses neutres. 2, Colorants chimiques. — La plupart des graisses neutres de l'organisme se colorent en noir par l'acide osmique. Ge réactif, qui fut le premier employé à la coloration des graisses, n'agit, en réalité, que sur les éthers d'acides gras non saturés (Mulon), qu'il oxyde, tandis que lui-même se réduit en Os0O”. Une graisse neutre à acide gras Saturé, la tripalmitine pure, par exemple, ne serait donc pas colorée par OsO* (Starke, Handwerk, Mulon). Mais l'acide oléique, que toutes les graisses de l'organisme contiennent en général, est au con- _Lraire un fort réducteur de OsO* (Altmann), de telle _ sorte que ce réactif peut pratiquement passer pour un colorant spécifique des graisses neutres. 3. Fixation des graisses neutres. — L'oxydation par Os0' des acides non saturés contenus dans les graisses neutres, jointe à la précipitation de Os0O* au contact de la molécule de graisse oxydée, rend “insolubles les graisses neutres osmiées. L'acide osmique est donc un fixateur des graisses neutres en mème temps qu'un colorant. III. — CARACTÈRES GÉNÉRAUX DES LIPOÏDES. Tandis que les graisses neutres se trouvent tou- jours dans les cellules sous forme d’enclaves nette- ment distinctes du protoplasma, les lipoïdes se présentent sous deux formes : 4° à l'état d'enclaves, omme les graisses neutres; 2 à l’état d'impré- nation dans le protoplasma, ou mieux d'adsorp- on, et peut-être de combinaison avec les albu- ines cytoplasmiques. 1. Lipoïdes à l'état d'enclaves. — Is possèdent au microscope l'aspect des graisses et leurs carac- tères généraux de solubilité et de coloration par les colorants physiques. Les enclaves sont presque toujours multiples dans une seule cellule, et leur taille est par suite petite par rapport à celle de la cellule : premières différences avec les graisses neutres. En second lieu, les lipoïdes se distinguent encore par des caractères négatifs : certains sont insolubles dans l’acétone (lécithine), l’éther froid (cérébrosides); tous ne se colorent pas également bien par les colorants physiques; aucun, sauf la myéline, n'est coloré ni fixé par OsO*. En troi- sième lieu, enfin, les lipoïdes présentent tous un ou plusieurs caractères positifs, spécifiques en ce sens que les graisses neutres ne les possèdent pas. Ce sont précisément ces caractères qui ont peu à peu attiré l'attention des chercheurs et que nous avons exposés plus haut dans l’ordre de leur découverte : formation de corps myéliniques, anisotropie, formations de laques d’hématoxyline. Mais tous les lipoïdes ne présentent pas les mêmes réactions, et même aucune réaction n'est commune aux lipoïdes. Ainsi, par exemple, tels lipoïdes exigeront, pour donner une laque d’hématoxyline, une fixation acide qui nuira à d’autres. En conséquence, il n’y a pas de méthode générale qui puisse d'un coup montrer tous les lipoïdes contenus dans un tissu. En outre, en maniant diverses méthodes qu'il serait trop long d’exposer ici, en recherchant telle ou telle propriété physique ou chimique, on peut arriver à faire une analyse micro-chimique assez satisfaisante des lipoïdes contenus dans les tissus. 2. Lipoides à l’état d'imprégnation ou d'adsorp- tion. — Ces corps gras se présentent sous un aspect absolument différent de tous les autres. Ils ne sont pas collectés en gouttes ou gouttelettes plus ou moins volumineuses ou nombreuses, occu- pant chacune une cavité creusée” dans le corps de la cellule. Tantôt, mais rarement, ils sont mélangés au protoplasma d'une facon diffuse, comme — pour employer une comparaison sans doute grossière — une goulte d'huile imprègne un fragment de papier. Tantôt, et plus souvent, ils sont fixés sur des granulations d’albumines spéciales et forment des organites intra-cellulaires, les mitochondries, les plastes, peut-être même les grains centroso- miques, les corpuscules basaux des cils. Cette manière d’être est cause que l'extraction de ces lipoïdes par les solvants ne laisse pas de trace morphologique, de vacuole vide, dans les cel- lules d’où ils ont disparu : on observe seulement après leur disparition des modifications dans la 64 P. MULON — LES LIPOÏDES ENVISAGÉS DU POINT DE VUE HISTOLOGIQUE colorabilité de la cellule ou de telle partie d'une cellule. Cet état « d'imprégnation » est celui qui corres- pond à l'idée théorique d'Overton, qui supposait la lanoline, la cholestérine, unies aux albumines de la membrane cellulaire. Mais Overton n'avait pas démontré l'existence de ces lipoïdes imprégnants, et je crois avoir été le premier à donner cette dé- monstration (4905) au niveau de la cellule corticale surrénale. Certaines cellules de cet organe, chez le cobaye, contiennent des filaments que Guieysse à dé- couverts et assimilés à l'ergastoplasma à cause de leur colorabilité par la laque ferrique d'héma- toxyline (sidérophilie). J'ai montré que ce carac- tère de coloration doit être considéré comme la preuve que ces filaments sidérophiles contiennent un acide gras combiné ou adsorbé. Dans d’autres cellules du même organe décrites par Dostojewsky, puis retrouvées par Ciaccio, Da Costa, sous le nom de cellules sidérophiles, par moi-même sous celui d’osmiophiles, la même explication de la sidéro- philie est valable. Dans le corps jaune, la glande interstitielle testiculaire ou ovarienne, le foie, les parathyroïdes, des corps gras adsorbés se retrouvent sous des formes identiques. Une localisation nouvelle de corps gras adsorbés a été plus récemment décelée, localisation fort importante parce que commune à presque toutes les cellules: je veux parler des Zipoides mitochon- driaux. Certains auteurs avaient remarqué déjà que les mitochondries se colorent en gris par OsO* (Prenant 1888), et Sjüval avait même institué une méthode de recherche du chondriome basée sur l'emploi de ce réactif (1904). Mais aucune idée générale n'avait été déduite de cette constatation, quand Fauré- Frémiet (1908) émit l'opinion que la colorabilité des mitochondries est due à une substance spé- ciale, qu'il ne précisa d’abord pas. Quelque temps après lui, Regaud (1908) avança que cette sub- slance devait être un lipoide. Puis Ciaccio et moi- même (1909), par des méthodes différentes, nous démontrions la présence d'un corps gras au niveau des chondriocontes (bätonnets de Heidenhain) de la cellule des /ubuli contorti du rein. Les remar- quables recherches micro-chimiques de Fauré- Frémiet, Mayer et Schæffer ont enfin généralisé la notion de la constitution grasse des mitochondries. Par l'étude expérimentale et théorique des mé- thodes histologiques qui servent à colorer ces orga- nites cellulaires (méthode d’Altmann, de Benda, de Regaud), ces auteurs sont arrivés à la conclu- sion suivante : une mitochondrie, sous quelque forme qu'elle se présente, est constituée par un substratum albuminoïde revêtu ou imprégné par un Corps gras à acide non saturé. A la suite de ces recherches, il semble bien définitivement établi ques la mitochondrie est une gouttelette d’un complexe lipo-protéique en suspension dans le gel protoplas= mique. Enfin, d’après les analyses que Mayer, Schæffer et moi-même nous avons faites d’organess plus ou moins riches en mitochondries, d'après les recherches plus récentes de Fauré-Frémiet sur le métabolisme des corps gras dans l'œuf d'Ascaris; il semble bien aussi résulter que le corps gras mitochondrial est un phosphatide. J’ajouterai que le degré d’adsorption entre le corps gras et son substratum protéique est sans doute variable selon: les mitochondries, ce qui se traduit par des diffé= rences dans la facilité avec laquelle telle ou telle mitochondrie se colore par une même méthode. La cadavérisation ou l’autolyse aseptique dissocie le complexe lipo-protéique mitochondrial, et ainsi apparaissent les corps gras cadavériques, ou corps myéliniques des auteurs (Launoy). Toute une autre catégorie de substances, proba- blement très différentes chimiquement, es pig ments gras, sont en partie constitués également par des lipoïdes adsorbés. En dehors des corps gras adsorbés dont nous venons de parler et dont l'existence ne saurait plus faire de doute, on peut supposer qu'il en esb d'autres encore partout où se montre, dans une cel- lule, une affinité pour les laques d’hématoxyline: Il est ainsi très vraisemblable que la coloration. noire que prennent les hématies dans les coupes colorées par les méthodes à l’hématoxyline ess due aux lipoïdes du stroma globulaire. Peut-être faut-il penser que les centrosomes, les grains basaux des bordures ciliées, contiennent eux auss des corps gras; mais l'extrême petitesse de ces. formations rend bien délicate toute investigation directe sur ce point. IV. — NATURE CHIMIQUE DES LIPOÏDES ET MÉTHODES DE DIAGNOSTIC. Les corps myéliniques de Virchow furent tou d'abord considérés par Gobley comme de la léci- thine. C'est aussi à la lécithine que Loisel, moi même, puis Ciaccio, nous rattachâmes tout d'abord les lipoïdes des glandes génitales ou surrénales. Mais nous savons aujourd’hui que le groupe des lipoïdes histologiques ne correspond pas à une seule espècem chimique. Un très grand nombre de recherches; | menées par des chimistes parallèlement aux tra vaux purement histologiques, ont montré que les! différents lipoides contenus dans les tissus appar tiennent aux espèces chimiques suivantes : phos phatides (lécithine, sphyngo-myéline, ete.), céré brosides, éthers de la cholestérine, acides gras P. MULON — LES LIPOÏDES ENVISAGÉS DU POINT DE VUE HISTOLOGIQUE 65 libres, savons, mélanges complexes de ces corps entre eux ou avec des acides gras ou des graisses neutres (myéline). Or, l'histologiste possède actuellement dans les techniques micro-chimiques des ressources suffi- santes pour pouvoir, dans presque tous les cas, arriver au diagnostic précis de ces egpèces chi- miques, ce qui doit être et est de plus en plus le but de toute recherche cytologique. V.— Du ROLE DES LIPOÏDES. Il nous reste à envisager le rôle joué dans l'orga- nisme par les lipoïdes. Leur répartition empêche naturellement que l’on puisse leur attribuer un rôle de protection physique contre le froid. D'autre part, le jeûne, même poussé à ses dernières limites, ne fait pas diminuer la quantité des lipoïdes que certains organes contien- nent (rein, capsules surrénales); ils ne représentent donc pas des réserves nutritives. Leur rôle, tout différent donc de celui des graisses neutres, est néanmoins peut-être plus considérable encore. L'histologie, à elle seule, peut nous en fournir des preuves- Elle nous permet d’abord de constater que toutes les cellules contiennent des mitochon- dries, c'est-à-dire des lipoïdes adsorbés : cette répartition universelle des lipoïdes dans l’orga- nisme n'est évidemment pas sans conséquence. Il y a forcément relation entre la nature de la mito- chondrie et son rôle. Ce rôle, nous commencons à le connaître aujourd'hui : ainsi que l'avait prévu Altmann, à l’origine de presque tout ce qui est différenciation ou élaboration protoplasmique, se trouve la mitochondrie. Elle a un rôle « créateur », si l’on peut ainsi parler. Qu'une cellule doive élaborer une fibre conjonc- tive ou une goulte de sécrétion : à l'endroit où seront plus tard cette fibre ou cette substance sécrétée, c'est d'abord une mitochondrie qui se différencie dans la cellule, c'est-à-dire, répétons-le, une sphérule d'un complexe lipo-protéique. Or, nous pouvons supposer que ce lipoïde qui fait la mitochondrie, en ce sens qu'il la rend visible en lui permettant de se colorer différemment que les autres granulations de protoplasma, doit aussi la caractériser fonctionnellement. Sa constitution lipo-protéique rapproche vrai- semblablement la mitochondrie des lécithalbu- mines (Liebermann), isolées de presque tous les _ tissus, et qui possèdent le pouvoir d'adsorber des quantités considérables des toxiques que l’on met * Nous ne pourrions, sans sortir du cadre de ce travail, exposer les méthodes auxquelles nous faisons allusion. Nous renvoyons le lecteur au mémoire de Fauré-Frémiet, Mayer et SchælTer. à leur contact. On pourrait concevoir que, tout comme les lécithalbumines, les lipo-protéides mitochondriaux sont doués du pouvoir adsorbeur : variables selon les cellules, spécifiques, ils adsor- bent ici ou là telle albumine dont sera faite une fibre donnée, telle substance qui deviendra une sécrétion. Les lipoïdes se trouveraient ainsi à la base d’un grand nombre des processus d'élabora- tion. Une telle diversité dans la fonction des mito- chondries peut paraître au premier abord invrai- semblable. Mais il faut réfléchir qu'en voyant une mitochondrie, nous constatons seulement un as- pect grossier. Sous cet aspect peut se cacher une grande variété de constitution chimique. Et l'in- finie variété des élaborations tient vraisemblable- ment à une infinie variété de cette constitution chimique. Il est d’ailleurs un cas où le pouvoir d’adsorption des lipoïdes mitochondriaux semble directement constatable : c'est au cours de certains processus de pigmentation dans lesquels les substances in- corporées aux lipoïdes sont naturellement colorées el, par conséquent, visibles. Dans le corps jaune, dans le foie, dans la corticale surrénale, nous voyons en eflet, tout d'abord, des lipoïdes-enclaves lipocholestériques) se pigmenter. Mais, dans les mêmes organes, on constate aussi la formation de grains pigmentés aux dépens des mitochon- dries; les bâtonnets pigmentés de la rétine sont des chondriocontes naturellement colorés. À mon avis, on peut admettre que ces mitochondries, ou chon- driocontes, ne sont pigmentées, tout comme les enclaves lipoïdes de la surrénale ou du corps jaune, qu'en adsorbant des chromogènes grâce à leur nature lipoïde. Selon Mayer et Schæffer, des processus d’oxydation pourraient, en outre, se pro- duire au niveau des mitochondries. S'i semble donc bien établi, par les recherches histologiques et micro-chimiques de ces dernières années, que toutes les cellules contiennent des lipoïdes adsorbés, nous sommes, en outre, en droit de supposer que les lipoïdes jouent un rôle impor- tant dans les actes d'élaboration cellulaire. Cette dernière hypothèse peut d’ailleurs s'appuyer aujourd'hui sur une base des plus solides, sur une relation numérique. En effet, l'élaboration d'une enclave, d’une for- mation protoplasmique quelconque n'est, somme toute, que le résultat visible d'échanges invisibles qui se passent entre la cellule et le milieu où elle se trouve. Or, il ressort des derniers travaux de Mayer et Schæffer que ces échanges entre cellules et milieu sont étroitement sous la dépendance des lipoïdes. Dans cette voie, Overton avait ouvert la marche en Supposant que les cellules ne pouvaient être 66 P. MULON — LES LIPOÏDES ENVISAGÉS DU POINT DE VUE HISTOLOGIQUE pénétrées que par les substances solubles dans les lipoïdes de leurs membranes. Traube et J. Lœb s'étaient élevés contre cette manière de voir à cause du fait que bien des solutions salines sont absor- bées par des cellules vivantes, qui pourtant ne sont pas solubles dans des corps gras. Et ces deux auteurs placaient les échanges exclusivement sous les lois de l’osmose. Mais Unna a détruit cette objection en montrant que des mélanges d’éther de cholestérine et de cholestérine pouvaient absorber jusqu’à cinq fois et demi leur poids d’eau. Les recherches de Mayer et Schæffer démontrent que les tissus peuvent être imbibés par les solu- tions électrolytiques ou colloïdales, en raison directe de leur indice lipocytique, c'est-à-dire, somme toute, de leur richesse en lipoïdes. Cette notion capitale, mathématiquement fondée, nous donne la clé de bien des faits observés. Ainsi, c’est parce qu’elles sont lipoïdes que les mitochondries sont plus aptes à être mouillées, à entrer en contact intime avec les solutions d'’élec- trolytes ou de colloïdes du milieu extérieur, et par suite sont les plus actives de toutesles granulations du gel protoplasmique. C’est aussi de ces propriétés physico-chimiques des lipoïdes que dépendent les processus d’hémo- lyse, de bactériolyse, et par suite d'immunité. Nous eroyons donc qu'en outre des rôles d'ordre général joués par les lipoïdes dans les échanges, dans l'élaboration cellulaire, il leur en échoit un plus restreint, mais encore fort important, dans la défense de l'organisme. Cette notion, l’histologie avait elle-même contribué à l’établir en montrant ‘existence de nombreuses gouttes lipoïdes dans les organes reconnus comme excréteurs (foie, rein), comme antitoxiques (corticale surrénale). Et inver- sement, c'estsur laprésence de nombreusesenclaves lipo-cholestériques, lipo-protéiques, lipo-pigmen- tées, dans les corps jaunes ou glandes interstitielles que l’on peut s'appuyer pour en inférer que ces organes doivent contribuer à la défense de l'orga- nisme. | De ce coup d'œil rapidement jeté, du point de vue histologique, sur les « lipoïdes », nous retiendrons, en définitive, que si, pendant longtemps, on a pu attribuer dans les processus vitaux une importance presque exclusive aux substances albuminoïdes, il faut aussi maintenant faire une place très consi- dérable aux corps gras et particulièrement à des corps gras qui ne sont point des graisses neutres. Ils apparaissent comme constituants primaires des cellules. Cette notion fondamentale a été acquise sans doute grâce aux travaux des chimistes et des phy- siologistes, mais aussi grâce à ceux des histolo- gistes. C’est là un exemple tout particulièrement probant des excellents résultats que peut fournir l'union — que l’on doit souhaiter la plus intime possible — entre la Morphologie, la Chimie et la Physiologie. Et parmi ces trois sciences collaboratrices, l’His- tologie a souvent été assez heureuse dans ses inves- tigations pour montrer le chemin à ses deux sœurs, et justifier le naïf enthousiasme d'un commentateur de Leuwenhæk qui écrivait : « Divinum e cælo lumen Leuwenhæckiano artificio aflulget » (Pierre Rabur). P. Mulon, Professeur agrégé à la Faculté de Médecine de Paris. LL ALPH. MAILHE — REVUE DE CHIMIE ORGANIQUE (oyi REVUE DE CHIMIE ORGANIQUE Les réactions catalytiques se poursuivent dans les Laboratoires avec un succès toujours croissant. A l'aide du nickel divisé et par l'emploi d'une tech- nique nouvelle que j'ai déjà décrite (Æevue générale des Sciences, 15 septembre 1913), on a réalisé tout récemment l'hydrogénation des éthers phénylacé- tiques et phénylpropioniques. Les étherseyclohexyl- acétiques et cyelohexylpropioniques ainsi obtenus étaient tous inconnus jusqu'ici; leur saponification a conduit aux deux acides correspondants. Les diphénylbutanes ont également été transformés en dicyclohexylbutanes (Sabatier et Murat). En partant de la benzylidène-acétophénone, Frézouls a obtenu le dicyclohexylpropane. La méthode d'hydrogénation par voie sèche, à l’aide du nickel divisé, ne pouvait être appliquée aux hydrates de carbone, qui ne sont pas volatils. En solution aqueuse ou alcoolique, la méthode d'Ipatiew convient très bien. La solution de lévu- lose, chauffée à 130° et sous une pression de 100 atmosphères, se transforme en présence du nickel en mannite-/: celle du glucose en sorbite, et la solution de lactose fournit la dulcite. L'emploi du palladium comme catalyseur permet d'opérer les réactions d'hydrogénation à plus basse température et d'obtenir un meilleur rendement ‘qu'avec le nickel. A 110° et sous une pression de 410 atmosphères, la méthyl-éthyl-acroléine, l'oxyde “de mésityle, le citral, etc., sont transformés en alcools saturés correspondants. Les composés aromatiques ont été hydrogénés “par Willstætter, à l'aide de la mousse de platine. “Le benzène est transformé en cyclohexane, et, ‘comme dans le cas du nickel, la présence de traces he thiophène empêche la réaction; il s'ensuit que “ce dernier ne peut pas être hydrogéné par cette …xoie. Le toluène et le xylène, le durène, fournissent “les dérivés hexahydrogénés. Le naphtalène pur fixe dix atomes d'hydrogène; le phénol conduit au cyclohexanol, l’aniline à la cyclohexylamine, le pyrrol et les homopyrrols à la pyrrolidine et ses homologues. En somme, toutes les réactions effec- . tuées par le nickel divisé peuvent être réalisées faci- “lement par la mousse de platine à la température ordinaire. - À l’aide du noir de platine, Vavon a transformé les aldéhydes et les cétones aromatiques en alcools correspondants. L'acétophénone, la benzophénone, la benzylidène-acétone, etc., sont changées en car- binols secondaires. Il y a quelques années, Darzens | | colloïdales du métal, préalablement neutralisées el trouvé que l’hydrogénation des acétones aroma- tiques par le nickel ne conduit pas aux alcools secondaires, mais aux Ccarbures benzénicoformé- niques. La méthode d'hydrogénation de Vavon es! beaucoup plus générale, puisqu'elle s'applique sans distinction à toutes les céiones : aliphatiques, cycliques, aromatiques, éthyléniques et terpé- niques. Dupont a indiqué qu'il était possible de fixer, par agitation en présence de noir de platine, l'hvdro- gène sur les glycols acétyléniques + et d'obtenir ainsi les glycols saturés correspondants. Mais l'hydrogénation ne s'arrête pas à la simple satura- tion de la triple liaison; les fonctions alcools sont partiellement attaquées. Ainsi, à côté du glycol saturé RR'COH(CH*)"COHRR', on obtient l'alcool RR'COH(CH*)CHRR'. Jamais l'hydrogénation n’a dépassé ce terme. En remplacant le noir de platine par le noir de palladium, qui, d’après Fokin, serait un catalyseur moins actif, Dupont a obtenu un résultat contraire. Il s'est formé à peu près exelu- sivement le carbure RR'CH (CH**CHRR’. L'emploi des métaux colloïdaux a permis d'effec- tuer un grand nombre de réactions d’hydrogéna- tion. Avec les solutions de platine colloïdal, Skita a transformé l'acide benzoïque en dérivé hexahydro- géné, le naphialène en décahydronaphtalène, la quinoléine en décahydroquinoléine, la pyridine en pipéridine. La solution de chlorure de platine, addi- tionnée de gomme arabique et amorcée par une trace de platine colloïdal, constitue un excellent catalyseur d'hydrogénation. On peut ainsi trans- former l'acide cinnamique en acide phénylpropio- nique, la quinine en dihydroquinine, l'héroïne en dihydrohéroïne, le camphène en dihydrocam- phène. Avec le palladium colloïdal, et en utilisant de l'hydrogène sous une pression de deux atmo- sphères, Skita a pu réaliser également un certain nombre d'hydrogénations. L'’azobenzène est réduit rapidement en hydrazobenzène, puis en aniline. L'z-ionone se change en hydro-ionone et son odeur caractéristique disparaît; puis ce composé fixe deux atomes d'hydrogène supplémentaires. La B-ionone fournit également la dihydro et la tétra- hydro-ionone. La quinidine et la cinchonidine absorbent deux atomes d'hydrogène. La lécithine de l'œuf, solubilisée dans l'alcool absolu, se change en hydrolécithine cristallisée. L'hydrogénation catalytique peut être effectuée d’une manière semblable avec les produits solides provenant de l’évaporation à froid des solutions dialysées. Il suffit de dissoudre le métal ainsi 68 obtenu dans de l’eau, au moment où l'on veut pratiquer l'hydrogénation. M. André Brochet a fait récemment une étude de l'hydrogénation catalytique des liquides sous j’in- fluence des métaux communs. Cette hydrogénation se fait facilement, et, en général, il n’est pas néces- saire de recourir à une température élevée ou à une pression considérable, le principal facteur de la réaction étant une bonne agitation. Ainsi, dans certains cas, la fixation d'hydrogène se fait à la température ordinaire; dans d’autres, elle à lieu à une pression inférieure à la pression atmosphé- rique. La méthode consiste à mélanger le métal, pro- venant de la réduction de l’oxyde, le nickel par exemple, au produit liquide ou fondu, en solution dans l’eau ou dans un solvant organique. Lorsqu'il est insoluble, on peut le mettre en suspension dans un liquide approprié. Il suffit alors d'agiter vigou- reusement en présence d'hydrogène sous la pression de quelques kilogrammes par centimètre carré. Cette méthode présente cet avantage : la marche de l’hydrogénation peut être facilement éludiée au moyen de courbes obtenues en portant en abscisses le temps, en ordonnées la pression ou la température. On peut ainsi calculer aisément les vitesses de réaction et, d'autre part, mesurer exac- tement la quantité d'hydrogène absorbé. Par ce procédé, l'hydrogénation des composés acycliques présentant une ou plusieurs liaisons éthyléniques est très énergique; elle se fait faci- lement à la température ordinaire avec le produit seul ou en solution; l'échauffement résultant de la réaction est assez notable : le caprylène, l'acide cinnamique, les cinnamates minéraux et orga- niques, le géraniol, le linalol, etc., perdent dans ces conditions leurs doubles liaisons. Les liaisons éthyléniques cycliques ne sont pas aussi facilement hydrogénées. La transformation du phénol en cyelohexanol commence vers 50°, et devient très rapide entre 100° et 120°. En raison de cette basse température, le produit ne renferme pas de cyclo- hexanone, ce qui a toujours lieu lorsqu'on dirige es vapeurs du phénol sur le nickel divisé. Les polyphénols, les éthers phénoliques s'hydro- gènent d'autant plus difficilement que le nombre des groupes oxhydrilés est plus grand et que les chaînes aliphatiques sont plus nombreuses et plus longues. Les aldéhydes et les cétones, y compris les sucres en solution aqueuse, sont plus difficiles à hydrogéner que le phénol. Pour certains, la réac- tion commence au-dessous de 100°. Pour d'autres, il faut chauffer entre 100°-150° pour obtenir l'alcool secondaire correspondant. comme avec la méthode de Vavon, lorsqu'un corps présente plusieurs fonctions de nature diffé- primaire ou Enfin, ALPH. MAILHE — REVUE DE CHIMIE ORGANIQUE rente (citral, sylvestrène, aldéhyde cinnamique, eugénol, etc.), on peut hydrogéner successivement ces diverses fonctions en se plaçant dans les condi- tions voulues pour chacune d'elles. Cette méthode de Brochet esl une heureuse géné- ralisation de la technique déjà utilisée dans l'in la transformation des huiles en dustrie pour graisses, par saturation de la double liaison des acides gras combinés à la glycérine. Pour cette dernière transformation, Bedford et Erdmann rem- placent le nickel divisé par l’'oxyde de nickel, et l'oxyde aurait l'avantage, sur le métal, de pré- senter une vitesse d'hydrogénation plus grande et une moindre sensibilité vis-à-vis des substances agissant comme poisons. Les divers oxydes de nickel peuvent être utilisés. Avec l'oxyde NiO, la réaction se fait à 250°; avec le sous-oxyde (?), elle am lieu dès 150-200°. L'oxyde est d’ailleurs, au début, partiellement réduit en sous-oxyde, et il se répar- tirait dans l'huile à l’état colloïdal. Il ne se pro-« duirait pas de nickel métallique, alors que ce der- nier se forme en l'absence d'huile. L'emploi d'un oxyde volumineux augmente la vitesse d'hydrogé- nation. [l en est de même lorsqu'on ajoute de petites quantités d’autres oxydes à celui du nickel. Les sels organiques de nickel n’agissent pas comme catalyseurs de réduction ; mais l'hydrogène les décompose à 200-2509, avec formation d'oxyde de nickel ou, dans certaines conditions, de nickel métallique. Ces travaux ont été effectués dans le but évident de tourner le brevet d'hydrogénation des huiles grasses à l'aide du nickel métallique. Se forme-t-il réellement un sous-oxyde de nickel dans la réduction de l’oxyde de nickel, et ce sous-oxyde à son tour, s’il se fait, ne passe-t-il pas bientôt à l’état de nickel divisé? Des expériences récentes de Sabatier et Espil ont montré que la réduction de NiO en nickel a déjà lieu à la température de 160», sans s'arrêter à un sous-oxyde intermédiaire stable. Il y aurait lieu de voir si cette réaclion, effectuée d'une manière méthodique, se produirait également en présence de matières grasses. Dans ces derniers temps, Lehman a montré que l'hydrogénation catalytique des corps gras non saturés peut être également réalisée par le passage d'hydrogène dans l'huile chauffée el additionnée de 0,5 à 1 °/, d'oxyde d'osmium Os0°. L'huile d'olive ayant subi l'action de l'hydrogène pendant une heure et demie fond à 39°. Ipatiew a étudié l'action simultanée des cata- lyseurs déshydratants et déshydrogénants, selon la technique qu'il a indiquée pour l’hydrogénation. En faisant réagir l'hydrogène à température élevée en présence d'oxyde de nickel et d'alumine, il est passé directement des cétones et des alcools aux carbures saturés correspondants. Le fenchénol a su crane. a n ALPH. MAILHE — REVUE DE CHIMIE ORGANIQUE 69 été transformé en fenchane. Le bornéol et le camphre fournissent l'isocamphane C°H", iden- tique à celui que donne l'hydrogénation du cam- phène: Il y a là une nouvelle série de réactions intéressantes qui ne manqueront pas d'ailirer l'attention des chimistes. Nous devons signaler, à côté de ces réactions d'hydrogénation, les travaux de Fokine sur l'oxy- dation catalytique des matières organiques. Déjà, en 1907, Sabatier et Mailhe avaient indiqué qu'un certain nombre d’oxydes métalliques jouissent de la propriété de transformer, par oxydation directe en présence d'oxygène ou d'air, les alcools en aldéhydes. C'est ainsi que la thorine à 250° com- mence l'oxydation de l'alcool ordinaire avec forma- tion d'aldéhyde; à 290° l'acide apparaît et il se dégage CO*. L'oxyde de vanadium fournit à 140° des traces d'aldéhyde; à 180°, l'acide apparaît; à 930°, l'alcool est brûlé avec formation d'anhydride: carbonique, mais le liquide recueilli possède les réactions aldéhydique et acide, etc. Récemment, Fokine a fait passer de l'air saturé de vapeurs d'alcool méthylique dans des tubes contenant divers catalyseurs : copeaux d'aluminium, nickel réduit, cobalt, manganèse en poudre, platine déposé sur de l'amiante sous forme de Pt(OH)’, cuivre sur amiante, argent sur amiante provenant de la réduction du nitrate ammoniacal par l'al- déhyde formique, or sur amiante. Le tube de verre contenant le catalyseur était chauffé à une tempé- rature déterminée, soit pendant toute la durée de l'expérience, soit au début seulement : le cuivre exige un chauffage continu; l'oret l'argent, au con- traire, n’ont besoin que d'un chauffage initial. Les rendements en méthanal ont élé pour le cobalt de 2,8 °/,, le nickel 1,08 °/,, l'aluminium 14,5 °/,, le manganèse 2,01, le cuivre 43,67, l'argent 64,66 °/, et l'or 71°/,. Avec le mélange cuivre et argent, on atteint 84 °/,. Ce chiffre se rapporte au cas où en avant du cuivre était disposée une petite quantité d'amiante argentique. Lorsque la réaction est amorcée, on ne chauffe plus, la chaleur dégagée sur l'argent étant suffisante pour l’entretenir sur le cuivre. On voit qu'avec des catalyseurs d'oxydation comme le cuivre, l'argent ou l'or, l’on peut atteindre des résultats presque théoriques. Dans la pratique industrielle, il est inutile d'employer les deux der- niers métaux. Il suffit de mettre dans le tube en avant du cuivre un peu d'amiante imprégnée d'argent que l’on chauffera au début de l'opération vers 200-2509 (avril 1913). Tout récemment, Willstätter et Sonnenfeld ont trouvé que l’osmium finement divisé est un excel- lent catalyseur d’oxydation. À la température ordinaire, les oléfines sont oxydées par l'oxygène en présence d'osmium. Une douce chaleur favorise beaucoup l'absorption d'oxygène. Il en est de même du menthène, du limonène, de l'acide oléique et de ses éthers. Par contre, l'aldéhyde ordinaire et la benzaldéhyde ne sont pas oxydées. Le cyclohexène, dissous dans son volume d’acé- tone, se change, par oxydation en présence d’os- mium, en cyclohexénol, cyclopentène-aldéhyde, beaucoup d'acide adipique et un peu d'oxycyclo- hexanone (août 1913). I. — ITYDROCARBURES, La préparation des carbures d'hydrogène devant servir à la fabrication du caoutchouc artificiel est continuellement poursuivie par les chimistes. Les usines Schering obliennem l'isoprène en chauffant avec de l’aniline ou d’autres amines le 2-méthyl- 2 : 3-dichlorobutane : CH°.CCI(CH*). CHCI. CH° —+ CH° : C(CH‘). CH : CH°. Par une réaction analogue, le 2: 3-dibromobu- tane donne le butadiène ou érythrène CH° : CH.CH : CH°. Fernbach et Perkin préparent, par fermentation de la pomme de terre, de l'huile de fusel. [ls en extraient les divers alcools amyliques qui, par déshydratation, donnent l’isoprène et ses homologues. Il semble que l’on obtient surtout de l'isobutylcarbinol et peu de méthylbutanol ; on arrive ainsi plutôt au butadiène qu’à l’isoprène. Les Farbenfabriken Baeyer transforment d'abord le cétométhylbutanol, CH°.CO.CH(CH*).CHOH en oxime, qui est ensuite réduite en amine, CH°CWH. AzH°.CH(CH*)CH°OH. L'aclion des hydrazines la transforme en diméthyl-2 : 3-triméthylèneamine, que la méthylation change en iodure d'ammonium quaternaire : L'action de l’hydrate d'argent donne la base, que la distillation change en diméthylallylamine : CH : C(CH*).Az(CH*}°. Traitée à son tour successivement par CHI, l'hydrate d'argent.et la chaleur sèche, elle fournit de l’isoprène. Dans les mêmes conditions, le cétobutanol CH°.CO.CH°.CH°OH conduit à l’érythrène. Une curieuse réaction permettant d'obtenir les carbures à partir des aldéhydes et des cétones a été indiquée par Wolf. Elle constitue une généra- lisation remarquable de la réduction des mono- semi-carbazones en phénols par chauffage avec les alcalis, selon la méthode de Thiele et Barlow. La semi-carbazone d’une aldéhyde ou d'une cétone, traitée à chaud par la soude ou l’éthylate de so- 70 ALPH. MAILHE — REVUE DE CHIMIE ORGANIQUE dium, en solution dans l'alcool absolu, se trans- forme d’abord en hydrazone suivant la réaction: RCH : Az.AZH.COAZH° + H°0 — CO? + AzH° + RCH : Az. AzH®. Celle-ci, chauffée à température élevée avec de l'éthylate de sodium, perd tout l'azote et donne le carbure correspondant : RCH : Az.AzH® — A7? + ROCH. La méthode s'applique aux dérivés cycliques et aux acides cétoniques RCO(CH*)"CO‘H, et l’on obtient des rendements de 75 à 90 °/. Les hydra- zones subs ituées (phénylhydrazones) ne subissent pas la transformation. En outre, il faut opérer en l’absence d’eau, qui favorise la formation des azines. Wolf a ainsi préparé le diphénylméthane à partir de l’hydrazone de la benzophénone, l'éthyl- benzène à l'aide de l'acétophénonehydrazone, le dibenzylméthane et le tétraméthyldiamidodiphényl- méthane à partir des hydrazones de la dibenzyl- cétone et de la cétone de Michler, etc. Quant à ces hydrazones, elles ont été obtenues, soit par l’action de la soude sur les semi-carbazones (réaction indi- quée plus haut), soit directement par le procédé de Curtius, qui consiste à faire agir l'hydrate d'hydra- zine en léger excès sur les aldhéydes ou les cétones. D'après Guyot et Kovache, l’action de l'acide formique sur les carbinols R‘COH genre triphényl- carbinol conduit au carbure R°CH, suivant la réac- tion simple : R'COH -+ HCO2H — R'CH + CO? + H20, Avec les colorants, vert malachite, violet hexa- méthylé, la réduction est au contraire très faible, même à l’ébullition. Mais si on ajoute à l'acide for- mique un peu de formiate de soude, on obtient des résullats complètement inattendus. Il se fait avec le violet hexaméthylé de la diméthylaniline et du tétraméthylparadiamido diphénylméthane. Dans une première phase, il se forme la leucobase du violet : COH [CCHSAZ(CH#)5 + HCO®H — CO! + H°O + CH [CSH*Az(CH}2}, puis celte leucobase est détruite selon l'équation : CH [C‘H*AZ(CH*}°} + HCO2H — CO? + C'HSAZ(CH*} E CHS{CH#AZ(CH*)}. Schmidlin et Garcia Banus réduisent les alcools aromatiques au moyen des alcools aliphatiques. Le triphénylcarbinol, dissous dans 10 volumes d’al- cool, puis additionné peu à peu de 10 volumes d'acide sulfurique de facon que la température ne s'élève pas au-dessus de 70-80°, se transforme len- tement en triphénylméthane. Malheureusement la réaction n'est pas générale, et si elle a lieu avec les homologues du triphénylcarbinol, elle ne s'applique pas aux carbinols du naphtalène. Lebeau et Chablay ont trouvé antérieurement que l’amidure de sodium réagit en présence d'am- moniac liquide sur les iodures et les chlorures forméniques, en donnant l’amine correspondante : CHFI + AZHÈNa — Nal + CH*AzH*; CSI + AzHENa — Nal + C?H°AZH°. Mais, dans ce dernier cas, Chablay a constaté une réaction accessoire, qui devient prépondérante avec les homologues supérieurs de ces dérivés halogénés En faisant tomber par petites portions de l’iodure d’éthyle sur de l’amidure de sodium en suspension dans l’ammoniac liquide, il se produit une vive réaction, se traduisant par une ébullition rapide de l’ammoniac. En ab C(CH!Br)* —- cho 0I-CH = CI Zélinsky pense que ce serait un carbure diffé- rent, le spirocyclane: 2 2 CH VE cc. Et il fait une synthèse élégante de ce dernier par fermeture successive de deux anneaux triméthy- léniques dans des conditions qui exeluent l'isomé- risation. 10 grammes de pentaérythrite sont trans- formés en bibromure par chauffage à 125°, en tube scellé, avec de l'acide bromhydrique. Ce composé est ensuite éthérifié et le dérivé bibromé diacé- tylé ainsi obtenu, (CH*Br)"C(CH*OCOCH'}, chauffé avec l'alcool et la poudre de zinc, forme l'éther acétique du cyelopropanediméthylol, dont la sapo- nification conduit au glycol : 4 SC. (CH20COCHSE — NE Nc. (cH?0H >. CHe/ CH: Chauffé avec du perbromure de phosphore en tube scellé à 140°, pendant quatorze heures, ce glycol est changé en bibromure, que la poudre de zinc en présence d'alcool à 80 °/, transforme en spirocyclane bouillant à 40°. Ce carbure, hydrogéné en présence de noir de platine ou de palladium, conduit à l'éthyltriméthylène ; pour ouvrir le second noyau, il faut le nickel à 200°, on obtient alors l'isopentane. Une nouvelle méthode avantageuse de prépara- tion du thiophène, due à Steinkopf, consiste à faire passer de l’acétylène à travers un tube de fer con- tenant des pyrites chauffées à une température de 300°. Le liquide produit par condensation contient 40 °/, de thiophène. En employant 8 kilogs de pyrites, on peut obtenir en sept ou huit heures 800 grammes de distillat. De ce dernier, on peut isoler aisément du thiophène à 95-96 °/,, le reste des impuretés étant constitué par des com- posés sulfurés avec des traces de benzène. Le résidu de la distillation est un mélange complexe dont on a isolé un composé C‘H'S", bouillant à 36°. Une réaction classique d'isomérisation cataly- tique des chlorures et bromures forméniques a été indiquée par Sabatier et Mailhe. Certains chlorures de métaux polyvalents, baryum, thorium, etc., dédoublent vers 250° les chlorures forméniques primaires en hydracide et carbure éthylénique. Les bromures des mêmes métaux se comportent de même vis-à-vis des bromures forméniques. En dirigeant les vapeurs des dérivés halogénés sur le sel métallique, puis les produits de la décomposi- tion sur de la ponce granulée chauffée à 200°, on obtient un isomère halogéné secondaire ou ter- tiaire. Sur le sel métallique chauffé à 250°, a lieu la décomposition du dérivé primaire en oléfine el hydracide ; sur la ponce, ces deux produits se recombinent en fournissant un composé isomère du premier. Le chlorure d'’isobutyle (CH) CH.CH*CI donne ainsi plus de 40 °/, de chlorure (CH'} CCI; celui d’isoamyle donne un mélange de chlorures secondaire et tertiaire (CH°)}CH.CHCICH” et (CH‘)CCICH*CH". Le bromure d’isoamyle fournit 75 °/, de bromure tertiaire. II. — ALCOOLS ET ÉTHERS. La méthode classique de préparation des alcools primaires de Bouveault et Blanc, basée sur la 12 ALPH. MAILHE — REVUE DE CHIMIE ORGANIQUE réduction des éthers-sels au moyen de l'alcool absolu et du sodium, a été modifiée récemment par Chablay, en remplacant le sodium par le sodam- monium. Il a montré d'abord que ce composé réagit sur les éthers-sels de la série grasse, en donnantun mélange d’amide sodée etd’alcool sodé : RCO®R' + 2 AzINa — RCOAZHNa + R'ONa + AzH° + H°. RCOZR! + 2 AZHSNa LH? — RCH?ONa R'ONa + 2A7IP. L'ensemble de ces deux réactions donne l’équa- tion finale : 2 RCOR' + 4 AZHSNa = RCOAZHNa + RCH*ONa + 2R/ONa + 3 AH. La molécule de sodammonium ne réagit donc pas sur les éthers-sels, ni à la manière du sodium seul, ni comme l’ammoniac seul, mais bien en vertu de propriétés particulières à cetle molécule. Il se peut que, dans l'équation finale, l’amide ne reste pas à l’état sodé. La réaction définitive du sodammonium sur un éther-sel serait alors la suivante : 3 RCOOR! Æ 4 AZHSNa — 2 RCOAZH* + RCHEONa + 3 R'ONa + 2 AZI. On voit, d’après ces relations, que le rendement en alcool RCH°ON ne peut être que la moitié ou le tiers de l’éther-sel employé. Si donc l’on veut pré- parer les alcools primaires, on devra augmenter le rendement par l'emploi d'une réaction supplémen- taire capable de fournir l'hydrogène nécessaire à la réduction de l'amide en alcool: RCOAZHE + 2H? — RCH°OH + AzHS. Or, la réaction de l'alcool absolu sur le sodam- monium permet d'atteindre ce but. Il y a, en effet, formation d’alcoolate de sodium, de gaz ammoniac et un dégagement d'hydrogène : 2 CHSOH + 2AZHSNa — 2 C*HSONa — 2 AzH* E H?, En évitant ainsi la formation d'amide, on obtient les alcools primaires avec de bons rendements. Dans un ballon de1 litre, on introduit le sodium en fils et 300 centimètres cubes d’ammoniac liquide, de facon à obtenir la solution bleue de sodammo- nium. On refroidit vers — 80°, et on fait couler à l’aide d'un entonnoir à brome l’éther-sel que l'on veut réduire, préalablement dissous dans l'alcool absolu, en raison de deux molécules pour une d’éther-sel. La solution de sodammonium se déco- lore rapidement. Après avoir éliminé l’ammoniac, le mélange d’alcools sodés restant dans le ballon est décomposé par l’eau glacée. On entraîne ensuite les alcools par la vapeur d'eau et on les soumet à la distillation fractionnée, comme dans le procédé Bouveaull et Blanc. L'auteur a ainsi préparé, avec les butyrate et isovalérate de méthyle, le butanol et l'alcool isoamylique; le caproate d’éthyle, lhepty- late, le caprylate, le laurate, le myristate et le pal- mitate de méthyle ont fourni l'hexanol, l'heptanol, l'octanol, le dodécanol, le tétradécanol C"H*0 et l’hexadécanol C"H"O. Les éthers-sels d'acides bibasiques ont les deux groupements COR’ réduits, avec formation de glycols biprimaïres. Le sébacate de méthyle, CO*(CH) (CH*)CO*(CH*), conduit au décanediol-1 : 10, CH°OH (CH*)}CH°OH, EF. 7495. Le phénylacétate d'éthyle et le cinnamate de mé- thyle donnent les alcools phénylacétique C'H°CH* CH°OH et phénylpropionique C'H°CH*CH°CH°OH. Les éthers acétiques sont égalementréduits, mais dans des proportions moindres. Dans ce cas, on obtient surtout des éthers acétylacétiques. Depuis la publication des remarquables travaux d'Emile Fischer, aucun travail d'ensemble n’a paru sur les sucres supérieurs dérivés du glucose. Philippe a apporté une contribution très utile à l'histoire des matières sucrées de , synthèse en créant un certain nombre de Lypes nouveaux. Il a d’abord revisé et complété l’étude de corps déjà connus, tels que les lactones « et $-heptoniques, octoniques et nononiques, les heptoses & et £, l'octose ax, le nonose aux, ce dernier obtenu pour la première fois à l'état pur; enfin l’heptite «, l’octite «x et la nonile az (x et 8 sont des signes spéciaux et conventionnels choisis par l’auteur, pour mieux reconnaitre les composés étudiés). Il a précisé les modes de préparation et rectifié les con- stantes de tous ces corps, et a fait une étude détaillée des propriétés physiques de l’octose. En particulier, il a déterminé leur pouvoir réducteur et vérifié qu'aucun de ces hydrates de carbone n'est fermentescible. Il a montré, en outre, que les lactones précédentes sontcapables de se transformer en anhydride d'acide, à la manière des lactones déconiques. Les [sucres tout à fait nouveaux décrits sont le glucoheptite $, d'une part, C'H"0”, et toute la série déconique, d'autre part. Le premier, actif sur la lumière polarisée, est un alcool heptavalent carac- térisé par ses éthers acétique, benzoïque et ses acétals formiqueet benzoïque. Dans la série déco- nique, l’auteur a préparé plusieurs lactones déco- niques, le décose « et la décite x. Avec les lactones déconiques, on observe un fait absolument nouveau et qui paraît être général: c'est la transformation limitée de la lactone en anhydride d'acide, dans une solution aqueuse sous l'influence de la température, Toutes les matières sucrées ainsi créées dérivent du glucose. Leur nombre, enraison de la formation simultanée de deux isomères chaque fois que l’on passe d’un sucre à son homologue immédiatement supérieur, est, théoriquement, du moins, très grand. On compte, en effet, 2 glucoheptoses, 4 glu- cooctoses, 8 glucononoses, 16 glucodécoses pos- AU re: ALPH. MAILHE — REVUE DE CHIMIE ORGANIQUE 73 sibles. C’est pour distinguer ces différents corps que l’auteur a adopté la notation suivante : les deux heptoses dérivés du glucose sont les glucoheptoses zet 8; les octoses dérivés de l’xglucoheptose ou «-heptose sont l’ex-glucooctose ou az-octose et l'x8-glucooctose ou 4B-octose; ceux qui dérivent du B-heptose sont le 6 - et le $6-octose. Et de même pour les nonoses et les décoses. Quant aux méthodes suivies pour la création de ces nouveaux types de matières sucrées, ce sont les mêmes que Fischer a indiquées pour la transfor- mation des sucres aldéhydiques en sucres cétoni- ques, alcools ou acides. Philippe a voulu comparerlespropriélésphysiques etchimiques de ces différentes substances, et il n’a trouvé aucune {régularité dans la variation de celles-ci en fonction du nombre des atomes de car- bone. Les corps sont tantôt plus solubles ou plus fusibles, tantôt moins que ceux qui leur corres- pondent dans la série immédiatement inférieure. Leur pouvoir réducteur présente les mêmes ano- malies. Bien que les méthodes de préparation conservent la même netteté dans ces séries supérieures que dans la série heptonique, on doit reconnaitre que de pareilles recherches sont très délicates et très laborieuses. Il n’est pas besoin de montrer leur puissant intérêt, si l'on pense que l’on pourra ren- contrer unjources matièressucrées dans les plantes, où peut-être elles se trouvent. Wabhl a montré en 1911 que, contrairement à ce que l'on admettait jusqu'alors, l’éther acétique est capable de se condenser avec les éthers propionique et butyrique, sous l'influence du sodium, lorsqu'on se place dans certaines conditions bien déterminées. On obtient ainsi des éthers acylacétiques ou 6-céto- niques de formule générale RCO.CH*.COCH°. Cette année, l’auteur a étendu sa réaction au valérale et à l'heptylate d'éthyle avec plus de succès. On remarque, en effet, que, pour les composés à chaine normale lerendement en étherB-cétoniqueaugmente avec le poids moléculaire de l’éther à condenser. Ces éthers permettent d'obtenir les éthers +6-dicéto- niques. Il suffit de traiter la solution de l’éther B-cétonique dans un mélange d'oxyde d'’éthyle anhydre et d'anhydride acétique par les gaz nitreux jusqu'à saturation et à extraire ensuile, par distil- lation fractionnée du produit obtenu, l’éther dicé- tonique formé. Dans cette réaction, la température de la solution s'élève peu à peu jusqu'au point d’ébullition de l’éther, en même temps qu'il se pro- duit au sein du liquide un abondant dégagement gazeux. L'opération est terminée quand ces phéno- mènes ont cessé. Wahl et Doll ont ainsi préparé les éthers ben- zoylglyoxyliques, C'H°CO.CO.CO'R, où R est du méthyle, propyle, isobutyle, et un certain nombre d’éthers aliphatiaues, RCO.CO.CO*R’. Le rendement en éther dicétonique est générale- ment voisin de 50°}, du poids d’éther B-cétonique mis en œuvre. Il peut atteindre dans certains cas jusqu'à 60 °/, ; dans d’autres, il s'élève seulement à 10 °/,. Ces éthers sont des liquides fortement colo- rés en jaune orangé, se combinant à l’eau et aux alcools en se décolorant et en dégageant une grande quantité de chaleur. Is distillent dans le vide sans décomposition, et leur température d’ébullition est sensiblement la même que celle des éthers £-céto- niques dont ils dérivent. Ils possèdent enfin des propriétés réductrices énergiques ; ils réduisent la liqueur de Fehling et le nitrate d'argent. Quant à leur formation, elle est due à une oxydation de l’éther B-cétonique par les vapeurs nitreuses; mais celte réaction se fait vraisemblablementen plusieurs phases, sur lesquelles on ne saurait, pour le moment, émettre que des hypothèses. III. -— ALDÉHYDES ET CÉTONES. Les aldéhydes aromatiques ont été préparées par Gattermann, soit en versant un organo-magnésien dans une solution éthérée de formiate d’éthyle refroidie à 60°, soit enadditionnantle même organo- magnésien, au bain-marie, d'éthoxyméthylène- aniline. L'aldéhyde orthotoluique a été obtenue avec un rendement de 45 à 55 °/,, la paraxylique, C°H*(CH°)° CHO, avec un rendement de 45 °/,. Enfin, il a préparé également les aldéhydes parabromoben- zoïque et parabromoxylylique, orthoéthoxyben- zoïque et +-naphtoïque. On sait que la réaction classique de préparation de l’acroléine consiste à chauffer la glycérine avec le bisulfate de potassium. Or, les rendements obte- nus sont très variables à cause de la formation simultanée d’éthanal et de gaz sulfureux. Ils dépendent, en outre, dela manière dont la réaction est effectuée. Wobhl et Mylo ont montré que les sul- fates d'aluminium, de fer, de cuivre, qui cèdent facilement de l'acide sulfurique à température peu élevée, se comportent comme le bisulfate de potas- sium. Les sulfates alcalins sont inactifs, mais les sulfates neutres alcalino-terreux et ceux des métaux lourds catalysent plus ou moins la glycérine en acroléine à peu près exempte de SO*. Le sulfate de magnésium est le catalyseur le plus énergique ; il fournit une acroléine très pure. En vue de déter- miner la température la plus favorable pour une préparation avantageuse de l'acroléine, Wohl et Mylo ont dirigé des vapeurs de glycérine sur le cata- lyseur chauffé à diverses températures nues. con- 1 ES Les deux réactions possibles sont les suivantes : CH2OH. COH : CH? CH2OH. CHOH , CHEOH 77 3 CH°OH.CH:CHOH — CHE : CH.COH — CH°0 + CHOCH*. La première est celle qui a lieu à la température la plus basse. À 330°-340°, on obtient plus de la moitié du rendement théorique en acroléine, sans produits accessoires. À 30° plus haut, il se forme déjà de notables quantités d’aldéhyde ordinaire. Haller a continué ses remarquables recherches sur la méthylation des cétones par l’iodure de mé- thyle en présence d'amidure de sodium. En alcoy- lant les cétones cycliques (cycelohexanone z et B-méthyleyclohexanones, menthones), il a montré que dans toute cétone cyclique saturée les deux carbones voisins du groupe cétonique peuvent échanger tout leur hydrogène contre des radicaux méthyle ou allyle et, dans certains cas, contre d’autres résidus hydrocarbonés. C'est ainsi que la cyclohexanone a fourni la 1: 1: 5: 5-tétraméthyl- cyclohexanone-6 et le dérivé tétra-allylé corres- pondant. L'éthylation de la cyclohexanone se fait assez mal. Elle réussit, au contraire, avec cette même cétone méthylée; en particulier l’-méthyleyclo- hexanone fournit les éthyl, diéthyl et triéthyley- clohexanones, aboutissant ainsi à la tétraalcoyla- tion. Enfin, les menthones naturelle et synthé- tique se laissent alcoyler facilement à condition d'opérer au sein du toluène, le benzène ne favori- sant pas la substitution. De l’ensemble de ces travaux sur les différentes cétones, il résulte que, à l'égal des cétones aliphatiques et des cétones mixtes renfermant respectivement les complexes RCH?COCH*R’ et Ar.CO.CH°R, toute molécule cycli- que contenant le groupement : — CH R' SCO out CHI — CH22 Nco — CH” peut être transformée, par action de l'amidure de sodium en présence d’iodures aliphatiques, dans les cétones substituées : — CR: Nco ou — RC — CR° L'action directe du chlore sur les cétones est à peu près la seule méthode qui permet de préparer les cétones mono ou polychlorées en «. Il n'existe pas, sauf dans quelques cas indiqués par Favorsky et décrits plus loin, de procédé synthétique con- duisant à des cétones halogénées de constitution donnée. Il en résulte une incertitude en ce qui con- cerne la constitution des cétones chlorées obtenues ALPH. MAILHE — REVUE DE CHIMIE ORGANIQUE par action directe du chlore. Cette réaction four- nit, en effet, un mélange d’isomères difficiles à sépa- rer el à identifier. On pouvait penser que l’emploi des organométalliques mixles du zinc permettrait d'atteindre au résultat. En opposant un chlorure d'acide &-chloré RCHCICOCI à un organozincique, on aurait dû avoir la réaction simple : R'Znl + RCHCICOCI— RCHCI.CO.R' + ZniCI. Blaise a montré que celte réaction n'est pas aussi simple, et qu'on ne peut pas obtenir ces cétones chlorées avec un bon rendement. Il se forme en effet, comme produit principal de la réac- tion, un éther chloré d’un alcool tertiaire chloré : 2 RCHCI.COCI + 2R'Zn] — Znl° + ZnC + RCHCI.CÉ0 — COCHCIR. R' Il est cependant arrivé à la cétone chlorée en passant par l'intermédiaire des cycloacétals halo- génés. Le chlorure d'acide halogéné RCHCI COCI se cyclise en présence d'un zinc mixte et d’un acide-alcool tel que l’acide +-oxyisobutyrique, sui- vant les réactions: CHs es RCHCI.COCI + COH — CO?H — HCI + RCHCI.CO.0C— ECOH \, Se l CH° CH dont le chlorure acide fournit : CH (CHE & CO | l RGIICI.CO.0Û — COGI + R'Zn1 — (| F +2 | NA CI CH CR! 4 CHCIR. Ce cycloacétal, hydrolysé par chauffage au bain- marie avec l'acide acétique additionné d'un peu d'acide chlorhydrique, conduit à la cétone halogé- née «. Par fixation d’une molécule d'eau, il se scinde, en effet, en un acide-alcool et la cétone cherchée : (CH3)COH. CO®H + RCHCICOR’, Blaise a préparé ainsi les cétones des types CH°CICOR, RCH°CICOR. Mais, pour que le pro- cédé fût général, il était nécessaire de pouvoir obtenir commodément à l’état pur les acides ä-halogénés. Or, la chloruration directe des acides ou des chlorures d'acides fournit un mélange d’isomères. On obtient, au contraire, d'excellents résultats en partant des acides maloniques que l’on chlore au bain-marie en présence de tétra- chlorure de carbone et que l’on décompose ensuite par la chaleur : COSHCHR.COH —+ COHCCIR.CO®H —+ CO? + COHCHCIR. La chloruration directe des célones alicycliques ALPH. MAILHE -—- REVUE DE CHIMIE ORGANIQUE re n'a pas été effectuée jusque dans ces derniers temps d'une manière convenable et l'on n'était pas arrivé à un composé bien défini. Etant donnée l'importance de ces corps au point de vue réaction- nel, il était utile d'arriver à une technique permet- tant d'atteindre ces célones halogénées. Kôtz et Gütz ont fait réagir simplement le chlore ou le brome en vapeur, mélangés d'air, sur les cétones cycliques (cyclohexanone, méthylcyclohexanones, menthone, carvomenthone), en présence de carbo- nate de chaux et d’eau. L'halogène se met toujours en position ortho par rapport au carbonyle CO, et en métla ou para par rapport aux groupes méthyle, lorsqu'il y en a, excepté, toutefois, dans le cas de la carvomenthone. Ainsi, la cyclohexanone donne les 2 chloro ou 2-bromocyclohexanone ; la méthyl- 4-cyclohexanone-2 donne la chloro-3-méthyl-1- cyclohexanone-2, Eb. 100° sous 15 mill., etle derivé bromé dans la même position (I) : CO — CHCI CH? — CHI, (1) CHS.CH/ NcB, (11) CHS.HC SCO. E NcH:— CH: N CH? — CH / La paraméthyleyclohexanone fixe l'halogène dans la position 3 (Il) La menthone donne la ä-chloro et 4-bromomenthoue-3, landis que la carvomenthone conduit à la 1-chloromenthone-2. Ces cétones hulogénées sont dépouillées facilement de leur hydracide par l’aniline en solution dans de l’éther, et l’on obrient les cétones cycliques incomplètes. La solution aqueuse de carbonate de polassium transforme les cétones halogénées en … cétones-alcools, qui sont déshydratés par l'acide LL sd oxalique à 110°. On sait, d’après les beaux travaux de Moureu et Brachin, que les cétones acétyléniques RC = CGCOR' se comportent en présence d'hydrate d’hydrazine comme les 5-dicétones et conduisent aux pyrazols disubstitués-3 : 5. De même, les cétones éthylé- niques fB-oxyalcoylées et 6-oxyphénylées RC(OR") : CHCOR’, qu'ils ont obtenues par action des alcools et des phénols sodés sur les cétones acétyléniques, donnent les mêmes pyrazols. En poursuivant l'étude de ces cétones a :étyléniques RC=—C.COR, E. André a trouvé qu'elles se combinent aux amines secon- daires et dans quelques cas aux amines primaires, pour donner des aminocétones éthyléniques 6-ami- nosubstituées : RC(AZR, R,)—CHCOR', RC (AzHR,) ; — CHCOR'. Leur constitution élant semblable à celles des célunes éthyléniques £-oxyalcoylées, il était tout naturel de songer à les faire réagir sur l'hydrate d'hydrazine. La réaction est très facile à opérer. On dissout dans l'alcool l'aminocétone avec un léger excès d'hydrate d'hydrazine et l’on main- tient le tout à l'ébuliition à reflux pendant trois ou quatre heures. Après refroidissement, la solution l'éther, on obtient, après dessiccation et évapora- tion du solvant, le pyrazol. Il suffit de le faire cris- talliser dans l'alcool dilué : CH — CO.R! R—C ne AZR,R, + AzH® — AzII° CH — C—R! | = RC AZ + AZHR, R, + HO. NazH/ Favorsky et ses élèves ont étudié de nouveau l’action du pentachlorure et du pentabromure de phosphore sur les cétones. La réaclion du PCI sur le groupe CO cétonique consiste ordinaire- ment dans le remplacement de O par CF, ce qui fournit un dichlorure qui se décompose plus ou moins facilement en chlorure non saturé et HCIL. Mais, pour certaines cétones, la réaction n'a lieu qu'à une température plus élevée et fournit princi- palement une cétone chlorée x. Ainsi, l'isobutyrone (CH°)}CH.CO.CH (CH°} et l'isopropyltertiobutyl- cétone (CH*)CH. CO. C(CH*}, l’une au bain-marie, l’autre par chauffage pro'ongé à 140°, donnent les cétones chlorées (CH°}CCI CO CH(CH°} et (CH°) CCI CO C(CH°)". Cette anomalie résullerait de ce fail que les cétones normales, réagissant à froid, ne sont pas énolisées, tandis que les cétones à chaîne ramiliée, n'entrant en réaction qu'à une tempéra- ture plus élevée, se trouvent énoli-ées par le chlore libre provenant de la dissociation du per- chlorure de phosphore, et l'on obtient les transfor- mations suivantes : — (CH°)C:COH.CH(CHS) (CH#)CCL. CO. CH(CH}. (CHS#CH. CO. CH(CH®)® (CH2}C: COH.CH(CH3) + CE — Le perbromure de phosphore, se dissociant plus facilement que le perchlorure, constituera un éno- liseur plus énergique. Il en résulte que, quelle que soit la cétone employée, on obtiendra toujours des cétones bromées. Ainsi la propanone conduit à CH°Br CO CH°; Ja méthyléthylcétone, CH° CO CH?CH', a fourni la bromocétone correspondante CH* CO CHBr CH° par action de PBr° à 0°; de même la méthylisopropylcétone, la pinacoline, l'éthyliso- butylcétone, l’isobutyrone, la méthyleyelohexyl- cétone, etc., fournissent les cétones monobromées correspondantes. Les expériences ont montré que, dans les pro- duits de la réaction du bromure de phosphore sur les cétones, le brome se place en + par rapport au groupe CO; c'est l'hydrogène fixé au carbone le moins hydrogéné qui est remplacé. Une aclion plus prolongée de PBr° conduit à une dicétone bibromée. Si le premier atome de carbone substi- tué a encore un hydrogène, c’est celui-ci qui est alcoolique est versée dans l’eau. En épuisant par ! remplacé ; et s’il n’en a pas, c’est l'hydrogène du 76 ALPH. MAILHE — REVUE DE CHIMIE ORGANIQUE carbone voisin de CO qui est éliminé. Dans le premier cas, on obtient des célones bibromées «z-dissymétriques, dans le second cas, des cétones bibromées 4+-symétriques. Enfin, il peut se former des cétones lribromées lorsque 3H remplacables se trouvent en position z, « par rapport à CO. Ces travaux de Favorsky jettent un nouveau jour sur une question classique des plus importantes. L'opinion générale, reflétée d’ailleurs par la plupart des livres et des traités de Chimie, c'est que l’action des composés halogénés du phosphore sur les cétones conduit au dérivé dihalogéné sur CO. Il faut dès maintenant modifier cette manière de voir, puisque toujours dans le cas du perbro- mure, et quelquefois dans le cas du perchlorure de phosphore, c'est à une cétone halogénée que l'on est conduit. Ces cétones halogénées, en particulier les mono- bromées, permettent d'arriver aisément cétones-alcools, dont les propriétés ont fourni d’utiles indications pour déterminer la position de l'halogène. 11 suffit de les saponifier par le carbo- nate de potassium. La plupart de ces alcools- cétones décrits étaient inconnus. Aux aldéhydes et cétones correspondent, par substitution de AzH à l'oxygène fonctionnel, des composés auxquels on a donné le nom d'imines, de formule RCH : AzH ou RR'C : AzH. Pour éviter des confusions avec les amines secondaires et les imides, Moureu à proposé récemment de nommer les imines aldéhydiques des «/dimines, et les imines cétoniques des célimines. L'hydrogène de AzH pouvant être substitué par des résidus hydrocarbo- nés, on à des aldimines et des cétimines substi- tuées. Quelques-unes de ces dernières sont con- nues, mais on ne connait aucune cétimine simple. C'est à la suite d’une remarque importante faite sur les composés azotohalogénomagnésiens que Moureu et Mignonac ont été amenés à créer une méthode de préparation de ces corps. On sait que la condensation des nitriles avec les magnésiens mixtes fournit une combinaison RR'C: AzMgBr. Traitée par les acides étendus, elle se décompose, comme l’a montré Blaise, en cétone et ammoniac : aux RCR' ON | + 92H20 — RCOR'-+ AzH + Mg AzMgBr “Br Moureu et Mignonac ont remarqué que le com- plexe azotobromomagnésien n'était autre que le dérivé magnésien d'une cétimine, RR'C: AzH, et ils ont pensé que le premier effet de la destruction de ce complexe par l’eau devait donner la cétimine, si l’on se plaçait dans des conditions particulières. En effet, si l'on décompose la combinaison azoto- magnésienne par la glace, qu'on agite rapidement avec de l’éther et que, dans la liqueur éthérée, préalablement desséchée à basse température, on dirige un courant de gaz chlorhydrique sec, on obtient le chlorhydrate de la cétimine RR'C : AzH. HCI. Ce sel, mis en suspension dans de l'éther anhydre, est soumis à un courant de gaz ammo- niac qui précipite la cétimine pure. Les cétimines aromatiques (diphénylcétimine, phénylorthotolylcétimine, phényl-:-naphtylceéti- mine), sont obtenues avec des rendements variant suivant les cas, de 60 à 92°/,. Pour les cétimines mixtes grasses-aromatiques (phényléthylcétimine, phénylpropylcétimine, etc.), les rendements sont voisins de 60 °/,. Cette nouvelle classe de composés est constituée le plus souvent par des huiles ou des solides à point de fusion peu élevé, incolores, à odeur légè- rement vireuse. [ls sont très fortement réfringents. En raison de leur groupement AzH, les cétimines possèdent la fonction basique; leurs sels (chlorhy- drates, acétates, benzoates, etc.) sont cristallisés. Les chlorhydrates sont facilement solubles dans l'eau, et les solutions, limpides au début, se trou- blent peu à peu par suite d’une hydratation. Il se forme une cétone et du chlorure d'ammonium : , RR'C: AZI. HCI. + H°0 — RCOR' + AzH'CI. Les cétimines libres sont beaucoup moins sen- sibles que leurs sels à l’action de l’eau. Celle-ci ne les attaque que lentement avec production d’am- moniaque et de cétone. En raison de la double liaison qui unit AzH au carbone, les cétimines présentent le caractère incomplet, et elles fixent le brome avec énergie. Enfin, la fonction cétimine apparait comme très active et susceptible de se prêter à des réactions variées qui sont actuellement à l'étude. IV. — Acipes ET NiTRILES. La littérature chimique ne mentionne celle année que des travaux sur des acides particuliers et l’on ne peut relever aucune communication d'un ordre général. Je me bornerai à signaler la réaction inattendue obtenue par Lespieau en condensant le bromure d’acroléine avec l'acide malonique. Ces deux corps, réagissant en solution acétique, devraient fournir l'acide pentène-oïque : CHE: CH. CIEBr + CON. CH®.,CO®H — C0? + HBr + CH: CH.CHE.CH®.CO®H. En réalité, on obtient l'acide lribromo-3 : 4: 5- valérique, CH*Br.CHBr.CH Br.CH°. CO‘H. Le bromure d'acroléine, préparé par aclion à froid du brome sur l'acroléine, après lavage à l’eau additionnée de CO*Na’, ne bout pas à une tempéra- ALPH. MAILHE — REVUE DE CHIMIE ORGANIQUE Fur ture constante ; en outre, il renferme toujours un peu de HBr dissous. Un mélange de ce bromure, d'acide acétique et d'acide malonique étant porté au bain=marie à 70°, devient le siège d'un dégage- ment gazeux par suile du départ de CO et HBr. Après dix heures de chauffe, l'acide tribromé est formé. Il faut noter aussi le travail de Bougault sur l'isomérisation des acides-alcools. Il a établi que l'acide phényl-+-oxycrotonique se transforme, par l'action des acides oxalique et phosphorique, en acide phényl-:-oxycrotonique : CSH5.CH:CH.CHOH.COH —> C‘5.CHOH.CH : CH. CASH. Ce dernier s'isomérise en acide benzoylpropionique, C'H°.CO CHÈ.CH°.CO'H, par les acides forts. On trouve, au contraire, pour les nitriles une nouvelle méthode de préparation de ces composés dans la série aliphatique. Elle est due à Arbousof. Lorsqu'on chauffe les hydrazones des aldéhydes grasses en présence de chlorure cuivreux, de chlo- rure de platine ou de chlorure de zinc, et d’autres sels, elles éprouvent une décomposition catalytique accompagnée de la formation de nitriles. Toute- fois, le rendement varie considérablement. En général, les hydrazones contenant des radicaux de faible masse n’en fournissent qu'une très faible proportion. La décomposition donne alors princi- palement des indols subslitués. Ainsi 50 grammes de phénylhydrazone de la méthyléthyleétone, chauffés avec 0 gr. 4 de Cu°CF, à une température de 180°, donnent un liquide cristallisant facilement : c'est le diméthyl-2 : 3-indol ; la phénylhydrazone “du propanol fournit, dans les mêmes conditions, le méthyl-3-indol ou scatol. Le rendement dans ces deux cas est 60 °/, de la théorie ; il atteint 73 °/, dans le second, si l’on prend le chlorure de zinc comme catalyseur. La paratolylhydrazone du pro- t paual donne dans les mêmes conditions le dimé- « thyl-3 : 5-indol. ï Si on chauffe, au contraire, les hydrazones à + radicaux lourds, comme celle de l’aldéhyde isova- “ lérique, en présence de Cu°Cl, par exemple, la CR ER 7 décomposition en nitrile est presque exclusive. Elle a lieu suivant l'équation : (CH#CI. CHE. CII : Az. AzHT. CSHS — C°H°.AzH? + (CH*CI.CH®.CAZ. Le nitrile isovalérique est obtenu avec un rende- ment de 56 °/, de la théorie. Dans des conditions analogues, l'hydrazone de l’aldéhyde isobutyrique fournit le nitrile (CH°} CH.CAz ; celle de l’œnanthol donne le nitrile hep- tylique avec un rendement d'au moins 60 °/, de la théorie. Grignard et Courtot ont étendu aux magnésiens acétyléniques les méthodes de synthèse des nitriles découvertes par l’un d'eux, au moyen du cyanogène et du chlorure de cyanogène. Ces méthodes, que nous avons décrites dans la Revue de l’année dernière, s'appliquent aux hydrocar- bures acétyléniques vrais de la série grasse et dela série aromatique avec des rendements de même ordre que ceux obtenus dans les séries saturées. Ainsi, le phényl-acétylène conduit au nitrile phényl- propiolique, avec un rendement de 60 °/,; l'hep- tine vraie donne le nitrile n-amylpropionique (ren- dement 67 ‘/;). Cependant, le dimagnésien de l’acétylène fournit une anomalie : lorsqu'on décom- pose le complexe engendré par la réaction sur le cyanogène, l’acétylène est remis en liberté. Jusqu'à présent, on ne possède aucune méthode régulière pour souder le groupement nitrile aux noyaux cyclaniques ; cela tient au faible dédouble- ment des dérivés chlorés en cyclènes et acide chlorhydrique. Ainsi l’action du cyanure de potas- sium sur le chlorure de cyclohexane ne donne aucun résultat. La méthode au chlorure de cyano- gène ne paraît pas convenir au bromure de cyclohexvimagnésium, car il se forme en effet la réaction : Br C'HMMgBr + CAZCI — CHE + Mg CAZ. L'emploi du cyanogène donne, au contraire, des résultats satisfaisants. En faisant couler goutte à goutte l’organo-magnésien dans une solution éthé- rée de cyanogène, préalablement refroidie par de l’eau glacée, on obtient la réaction suivante : \z CAz = Me L C'HMCAZ. C. CSHUMeBr + | U Br Az La masse visqueuse blanche qui se produit esl traitée selon le mode habituel. Grignard et Bellet ont préparé ainsi les nitriles hexahydrobenzoïque, et ortho, méta, para-méthylhexahydrotoluiques : C‘H"CAz et CH'C'H'°CAz, avec des rendements va- riant de 40à50°/,. Ces nitriles possèdent une odeur forte analogue à celle des nilriles de la série grasse. La potasse alcoolique à chaud les transforme en acides, et la réduction par le sodium et l'alcool conduit aux amines. Aloy et Rabaut ont obtenu les cyanhydrines benzoylées des aldéhydes et cétones grasses, aro- matiques et hydrocycliques, par action du chlorure de benzoyle sur un mélange équimoléculaire du corps à transformer el de cyanure de potassium. Ce dernier est dissous dans l'eau. Puis on fait cou- ler goutte à goutte dans le mélange une molécule de chlorure de benzoyle. Pour que la réaction puisse avoir lieu, il faut maintenir en contact in- time les différents corps, ce qui exige une agila- 18 ALPH. MAILHE — REVUE DE CHIMIE ORGANIQUE lion énergique. Au bout d'une heure environ, à la température ordinaire, l'odeur du chlorure a disparu. Il s'est formé une huile épaisse incolore, qui est enlevée par l'éther. L'évaporation de ce der- nier laisse la cyanhydrine cristallisée : OCOCSHE R,CON Æ KCAz + CSHÉCOCI — KCI + ROCHE CAZ R OCOCHIE. RCOR’ + KCAZ + CHFCOCI= KO NC in NCA: Ces nitriles sont des corps bien cristallisés. Ils donnent les amides lorsqu'on les traite par les L'action de la soude étendue et chaude scinde ces amides au groupement benzoyle selon la réaction : acides dilués. R OCOCSHS RATE CZ + NaOIT Re NCOAzHE R OH + H°0 — CHSCONa + A+ NC R Neo. Elle constitue un nouveau procédé de préparation des acides-alcools. En particulier, la cyanhydrine du formol permet d'atteindre très aisément l'acide glycolique CHOH.CO'H, par la série des transforma- ions suivantes : ,0COCS OCOCSH* CHE — CH NCOAZHE —> CSHSCO®Na + Azll® + CHÈON.CO®N. CAz. V. — CoLoRANTs. Il n’est pas possible de décrire dans cette Revue les nombreux colorants créés par l'industrie, ni leur mode de préparation. Cette étude relève des Journaux techniques. Mais il faut signaler ici les travaux d'un caractère général, pouvant être utiles au point de vue didactique. On a admis Jusqu'ici que l’action de l’'ammoniaque sur les colorants de triphénylméthane fournit, comme dans le cas des alcalis fixes, les carbinols correspondants. Williger et Kopetschni ont trouvé que les produits ainsi obtenus, dont certains ont effectivement été décrits sous le nom de carbinols, sont des amines dans lesquelles l'OH carbinolique est remplacé par le groupement amine AzH°. La subslance-mère de ce groupe de dérivés est la tri- phénylméthylamine (C'H5)'CAzH*, obtenue par Elbs en traitant le triphénylbromométhane par l’am- moniac, Les nouvelles bases se forment déjà en so- lution très étendue, mais sont alors mélangées avec du carbinol. Une solution de vert malachite à 4 °/, donne avec deux molécules d'ammoniaque un pré- cipité renfermant 75-80 °/, d'amine et 25-20 ?/, de carbinol. Pour les obtenir pures, ilsuffitd’opérer en l'absence d’eau. Une solution de vert malachite dans le chloroforme, trailée par un courant de gaz ammoniac sec, se décolore. La solution filtrée, évaporée dans le vide, fournit des cristaux, F.1389, moins solubles que le carbinol : C'H5 GCI = [C'H#AZ(CHS)275 CeHe 2 AZI = AIO + CAZIE — [CHA Z(CHS)TE. Une solution chloroformique de violet cristal- lisé, traitée dans les mêmes conditions, donne l’amine, F.190° (1). Il en est de même de la para- fuchsine, qui donne la triaminotriphénylamine (Il). (1) C.AzH{CSH'AZ(CIF®E (I) C.AzH*C‘H'AzH#P. Enfin le violet éthylé, étudié par Noelüing et Sass, conduit également à l'amine correspondante. Les amines primaires réagissent comme l’ammo- niac. L’aniline, par exemple, donne des anilides. Les propriétés de ces bases aminées sont très voi- sines de celles des carbinols correspondants. Les alcalis ne les décomposent pas; même à l’ébullition, il n’y a pas élimination d'ammoniac. Au contraire, les acides fournissent de nouveau les matières co- lorantes el le sel d’ammonium : RSC. AZI + 2 ICI = R°C.CI + AzH*CI. Les alcools les décomposent à l’ébullition avec élimination quantitative d’ammoniac et formation d'éthers-oxydes des carbinols : R3C.AZH® + CHSOH = AzH* + R°C.OCIF. On connaissait de nombreux exemples dans les- quels les carbinols du triphénylméthane présentent des réactions aldéhydiques : fixation de HCAz, de SO, de HS, de l’hydroxylamine, de la phénylhydra- zine, ete. I faut donc y ajouter encore l’action de l’'ammoniac et des amines primaires. Heller à préparé l’indophénol le plus simple, O : C° I: Az. C'H'OH, par oxydation du para-aminophé- nol et du phénol à l’aide d'hypochlorite de soude à la température de — 10°; ce sont des feuillets bruns, fondant à 160. Et de même, par oxydation d’un mélange de paraphénylènediamine et de phé- nol, à l’aide d’une solution aqueuse de bioxyde de plomb en présence de phosphate acide de sodium, et de CO’ HNa, il a obtenu l’indamine la plus simple, AzH : C°H° : Az. C'H‘OH. Ce sont des aiguilles bleues fondant à 105°. En appliquant ces deux méthodes d'oxydation, l'auteur a préparé de nombreux déri- vés de ces corps : le méthyl-2-indophérol, par oxy- dation d’un mélange de paraaminophénol et d'or- thocrésol, le méthyl-3-indophénol, en employant le métacrésol;l'amino-3-méthyl-2-indophénol, en oxy- dant un mélange d’orthocrésol et de para-phény- Ps ALPH. MAILHE — REVUE DE CHIMIE ORGANIQUE 79 lène-diamine, le bleu phénol à l’aide du phénol et de la paraaminodiméthylaniline, le bleu uaphtol, elc., ete. Ces deux préparations des indophénols el des indamines ont été brevetées par la Badische Anilin und Soda Fabrik. Biehringer à indiqué deux nouveaux modes de formation de colorants du groupe de la pyronine. Le premier consiste à condenser le benzile avec le diméthylmétaaminophénol, au bain-marie, en pré- sence d'anhydride carbonique. On oblient ainsi une létraméthylbenzopyronine. Dans cette condensa- tion, le benzile peut êlre remplacé par l’aldéhyde benzoïque ou le phénylchloroforme. Un second procédé consiste à chauffer le diméthylmétaamino- phénol seul ou bien avec de l'acide sulfurique, ou encore avec du glyoxal, à 180-200°. On obtient ainsi la diméthylformopyronine. La réaction est analogue à celle qui fournit du violet méthylé à partir de la diméthylaniline. Meyer a fait une étude complète des dérivés de la phénylisoxazolone. Il a montré que les aldéhy- des aromatiques se condensent, dans des condi- tions très simples, avec cette cétone hétérocyclique pour donner une nouvelle série de matières colo- rantes auxquelles il a attribué le nom d’isoxazol- indogénides, voulant marquer de la sorte leurs re- lations étroites avec les indogénides de Baeyer et : les autres colorants de constitution voisine. Cette condensation a lieu, dans la plupart des cas, en solution alcoolique. En chauffant au bain- marie des molécules égales d’aldéhyde et d'oxycé- tone, on observe, après addition d'alcool, que la liqueur se colore rapidement, puis se trouble et le produit de condensation se précipite. L'addition d'un catalyseur tel que la pipéridine ou la diéthyl- mine est inutile; leur addition accélère cepen- dant la vitesse de réaction. Si on opère à froid, la combinaison demande plusieurs jours pour être complète. La vitesse de formalion du composé définitif est, d'ailleurs, assez variable suivant la nature de l’aldéhyde réagissante. Les différentes aldéhydes aromatiques : benzoïque, cinnamique, Salicylique, vanilline, pipéronal, etc., se conden- sent toutes selon l'équation : C'H5 CC: SRE MS : CHR. Azt C + RCOH — H°0 + | Co Az /CO 54 0 Les composés obtenus sont tous jaunes et cris- tallisés. Is peuvent être considérés comme ayant pour chromogène la benzylidène-phénylisoxazo- lone : (e) L'introduction d’auxochromes dans le benzénique modifie, en effet, la nuance et fournit ainsi de vérilables matières colorantes, qui pré- sentent, un degré peu réelles propriétés tinctoriales. Le dérivé diméthyl- amino-benzoïqué teint la soie et la laine en jaune orangé, en bain acétique dilué, ainsi que le coton mordancé au tanin el à l'émétique. En 1899, Ehrlich et Sachs ont découvert une in- téressante propriété des amines nitrosées aroma- tiques, du lype paranitrosodiméthylaniline. Elles se condensent très facilement avec les dérivés pos- sédant un groupe CH° compris entre deux radicaux électronégatifs. Cette réaction, d’une application très générale, conduit à la préparation de colo- rants désignés par Mühlau sous le nom d’azomé- lines. Is possèdent le groupe chromophore CAz. Or, Meyer a constaté que la phénylisoxazolone se comporte comme si elle possédait un groupe méthylénique électronégatif et elle se condense avec les amines paranitrosées substituées d’une manière presque quantitative, selon l'équation : noyau bien qu'à intense, de CCOHACES CR + AzO.C5HS. AzR° — AZ /C0 () CAE C — A7 CH AZRE 120 + | | az co oO La diméthylaniline nitrosée forme ainsi des ai- guilles noir violacé, solubles en vert dans l'acide acétique et teignant la soie en violet terne peu ré- sistant. Les nitroso-diéthylamine, diphénylamine, donnent de même des aiguilles tirant sur le violet noir. Enfin, par condensation de la même oxazolone avec les nitrosopyrazols et les nitrosopyrazolones, l’auteur a obtenu d’autres matières colorantes nou- velles. Si l'on ajoute les colorants azoïques mixtes et les dérivés indigoïdes que l’on peut également obtenir, on verra quelle merveilleuse aptitude à la réaction possède la phénylisoxazolone. Alph. Mailhe, Professeur-adjoint à la Facuité des Sciences de Toulouse. sÙ BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX BIBLIOGRAPHIE ANALYSES 1° Sciences mathématiques Moye (Marcel), Professeur à l'Université de Mont- pellier. — L’Astronomie. OBSERVATIONS, THÉORIE ET VULGARISATION GÉNÉRALE. — 1 vol. 1n-18 de 393 pages, de l'Encyclopédie scientifique. (Prix cart. : 5 fr.) Doin et fils, éditeurs. Paris, 1913. Sous ce titre, l’auteur a essayé « de condenser en un petit nombre de pages un tableau d'ensemble de l’Astronomie moderne ». Cet ouvrage, destiné aux amateurs d'astronomie, intéressera aussi bien les pro- fessionnels; il a sa place marquée dans toutes les bibliothèques et sur la table de tous les travailleurs. Après une brève introduction précisant nettement les limites du programme à remplir, M. Moye promène son lecteur, en douze étapes, dans tout l'Univers, sans laisser échapper aucune occasion de lui communiquer le zèle ardent qui l’anime et lui a fait goûter « de telles jouissances dans la contemplation et l'étude des astres qu'il a toujours regretté d'avoir si peu de compagnons prêts à s'égarer dans les chemins du tirmament ». Dans le « Ciel et son étude » (chap. I‘), le lecteur prend contact avec les merveilles qui l'attendent et reçoit les conseils qui le guideront fructueusement dans ses contemplations célestes. M. Moye est un pra- ticien émérite, ayant scrupuleusement expérimenté tout ce qu’il recommande. En termes excellents, il montre que « l'astronomie est essentiellement une science d'observation. » Sans méconnaitre le rôle des Mathématiques, il estime, qu'avant tout, «l’Astronomie s'apprend en regardant les astres et non pas sur un pupitre de travail... » Ainsi préparé pour son voyage céleste, le lecteur admire d’abord les étoiles, qu'il range en catégories selon leur éclat; il s’essaie à les dénombrer, apprend à les reconnaitre, à utiliser les catalogues et à se repé- rer parmi les diverses constellations. L'auteur lui donne de judicieux conseils sur le choix d'une lunette, qui doit être petite pour commencer (75 mm. d'objectif au maximum). Le futur géographe étudie d’abord la zone balayée par l'ombre de son clocher, passe de là à son canton, à son pays, pour terminer par les antipodes. Ainsi doit faire le jeune astronome qui apprend sous la rubrique : « La rotation diurne du globe » (chap. II) à connaître la Terre, sa forme, sa grandeur, sa masse, sa densité, la durée de rotation, etc. Ces notions fonda- mentales, qu'il opposera ultérieurement à celles que lui offriront les autres planètes, sont complétées par les applications pratiques du mouvement diurne : coor- données géographiques, le temps, sa mesure, l'heure locale, l'heure légale. Notons au passage le laboratoire astronomique aussi simple qu'ingénieux et infiniment plus suggestif que tous les dessins cosmographiques en usage. « La révolution de la Terre autour du Soleil » (chap. IT) est, avec la rotation diurne, le second mou- vement principal de notre observatoire. Elle nous fournit l’année et les saisons; elle nous conduit aux questions capitales de l'Astronomie. La Terre est-elle le centre de l'Univers, le but final de ce que nous voyons, ou n'est-elle qu'un humble satellite du Soleil, qui n'est lui-même qu'un voyageur errant dans l'es- pace? La première opinion était celle des Anciens; il a fallu le génie de Copernic pour débrouiller le chaos des mouvements inextricables imaginés par Ptolémée, puis Képler et Newton pour énoncer les lois si simples qui régissent les déplacements de toutes les planètes ET INDEX autour de leur foyer commun d'attraction, le Soleil. Alors s'introduisent naturellemeut les notions de forme et de grandeur de l'orbite terrestre, la distance de la Terre au Soleil, ses méthodes de calcul. L'auteur envisage ensuite le voyage sur l’écliptique, les aspects divers du paysage céleste pendant le parcours; il explique les saisons, les mouvements secondaires, pré- cession et nutation, puis termine par un examen sommaire de la Lune, compagne inséparable de la Terre. « Après la Terre, le Soleil est assurément celui des astres que l’on peut dire le plus connu de tous ». Aussi le chapitre IV, qui lui est consacré, est-il particulière- ment instructif, d'autant mieux que « le Soleil, le plus lumineux des corps célestes que nous puissions voir, est, par cela même, à la portée des investigations des plus modestes instruments ». Evaluer sa lumière et sa chaleur sont deux probièmes toujours d'actualité; comparer sa radiation lumineuse aux luminaires connus, étoiles, Lune, bougie décimale est un exercice aussi captivant pour le débutant que pour le savant chevronné, parce que les résultats offrent toujours assez d’inédit pour flatter l'amour- propre. La constante solaire jouit du même privilège, car chacun peut encore s'assurer la propriété d'une nouvelle décimale. Les calculs du diamètre apparent, des dimensions du Soleil sont des problèmes plus modestes qu'il suflit d'énoncer. Avant de passer à l'étude physique de Phé- bus, l’auteur expose quelques bonnes méthodes d'ob- servation. Avec une très grande aisance, l'amateur peut ainsi contempler la photosphère, admirer les facules, dénombrer les taches, ce qui le conduit à la vérification d'une vague période undécennale et à la durée de la rotation du Soleil sur lui-même. L'analyse spectrale décuple ses moyens d'investigation; s'il y ajoute les ressources du magnétisme, l’action mysté- rieuse des corps nouveaux, il expliquera, avec une compétence indiscutable, aussi bien la vie que la mort du Soleil. « Tous les instruments sont bons pour l'étude de la Lune (chap. V). L'œil nu lui-même et une simple jumelle y trouvent très bien leur compte... » Après cette entrée en matière, l'auteur guide consciencieuse- ment l'observateur à travers les paysages lunaires. Quelques notions de géologie sont nécessaires pour bien saisir les théories récentes de la formation et de l’évolution de notre satellite. L'étude de l’Atlas admi- rable de MM. Loewy et Puiseux est également indis- pensable au sélénographe qui recherche les « change- ments d'aspects » et tous les symptômes de vie. Il apparaît bien que ces derniers sont de plus en plus problématiques, car la majorité des astronomes tient notre voisine pour un astre à son déclin, à un stade plus avancé que le nôtre, autrement dit, d’après M. Moye, « la Lune nous montre à la fois le passé et l'avenir de la Terre, son passé aux ardeurs volcaniques et son avenir lorsque l'eau et l’air deviendront rares ». Les chapitres VI, VII et VIII sont ensuite consacrés aux planètes. D'abord (ch. VI), vue d'ensemble sur le système planétaire, mouvements apparents, explica- tions données par les anciens astronomes, puis appli- cations des lois de Képler et conceptions modernes des mouvements astronomiques. Les éléments fondamen- taux du système solaire sont rapportés avec soin et clairement commentés ; les traits caractéristiques des astéroïdes sont bien mis en évidence. Il convient de distinguer Eros, découverte il y a à peine quelques années, par un amateur, et de signaler l'intérêt des | BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX sl recherches des planètes intra-mercuriennes et trans- neptuniennes. L'examen détaillé des planètes est divisé en deux parties: 1° Planètes moyennes, de Mercure à Mars. (chap. VII); 2 Grosses Planètes, de Jupiter à Neptune (chap. VIH). La monographie des planètes retient surtout l'atten- tion par les analogies que l’on y recherche avec notre Terre. Mercure et Vénus offrent peu de repères caractéristi- ques, puisqu'on ignore encore la durée de leur rotation diurne. Signalons, parmi les particularités dignes d'at- tention, les passages de ces deux astres sur le Soleil. Quant à Mars. il est peu de personnes qui ignorent aujourd'hui les découvertes de Schiaparelli et les observations sensationnelles de P. Lowell. M. Moye, ayant fait connaître au public le principaltravail de ce dernier : Mars et ses Canaux, était tout spécialement qualifié pour faire ici les honneurs de la planète aux amis d'Uranie. Les grosses planètes sont Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune. Jupiter, avec son cortège de huit satellites, reproduit, en miniature, le système solaire même. On connait l'histoire de la découverte de ses satellites par Galilée et Simon Marius, première application de la lunette longue-vue. C'est à eux également queRœmer est rede- vable de la notion fondamentale de la vitesse de la lumière. Grâce à son anneau et à ses satellites, Saturne est, quoique moins lumineux, l’une des curiosités célestes les plus captivantes, « accessibles à des instruments d'optique considérés aujourd’hui comme fort modes- tes. » Plus que toute autre planète, Saturne à servi de base. pour l’ébauche des diverses théories cosmogo- niques. Bien que faisant partie des grosses planètes, Uranus et Neptune, par suite de leur éloignement, cessent d'être visibles autrement que dans les instruments. Leur petitesse apparente s'oppose à l'observation des détails caractéristiques de leur surface. « Les comètes et éloiles filantes n’ont pas besoin d'être définies, le langage ne faisant ici que rendre obscure une notion vulgaire. » Le chapitre IX est consacré à l'exposé fort intéressant des connaissances acquises et des vues les plus modernes sur ces astres un peu mystérieux sous les rubriques diverses: familles de comètes et comètes périodiques, constitution phy- sique et chimique, effets probables d'une rencontre avec la Terre. De nombreux astronomes amateurs se sont distingués, à côté du professionnel éminent qu'était Schiaparelli, dans l'étude des étoiles filantes et bolides dont l'observation est infiniment plus délicate qu'on ne l’imagine communément. Avec « Le Monde Sidéral » (chap. X), on revient à l'étude plus détaillée des étoiles que l’on à appris à distinguer rapidement au chapitre 1°". En s'éloignant des Terres du Soleil, l’astronome élargit tellement son horizon qu'il lui faut changer d'unité de mesure pour jalonner le chemin parcouru. La distance Terre-Soleil, qui sert de mètre dans le monde planétaire, ne fournit plus que des nombres de Signification imprécise. On obtient une image plus Saisissante en substituant le temps employé par la lumière pour venir de l'étoile à l'observateur. A raison de 300.000 kilomètres à la seconde, la lumière de notre plus proche voisine, a Centaure, met 4 ans 35 pour nous atteindre...; nous voyons la lumière d'Aldébaran émise il y a vingt et un ans, celle de Véga, il y a vingt-sept ans... Avouons que celte image est encore bien peu compréhensible et inclinons-nous devant les dimen- sions insondables de l'Univers. « L'étude chimique d’une étoile paraissait à Auguste Comte le comble de l'inconnaissable ». C'est aujour- d'hui chose courante avec l'analyse spectrale. La classification des spectres a fourni quatre groupes fondamentaux, où l'imaginatien du philosophe peut errer librement dans la poursuite des formes évolutives de la matière cosmique. Les étoiles variables offrent un champ d'action parti- culièrement fructueux, et l’on s'étonne que l'auteur, si documenté en tout, ait oublié de signaler l'œuvre si féconde de M. Luizet, de Lyon. Les étoiles temporaires ont toujours très vivement excité la curiosité ; là encore les amateurs ont pris la meilleure part des observations. « La tendance à l'association existe aussi bien dans la nature que parmi les êtres vivants », et le chapitre XI, consacré aux « systèmes d'étoiles et nébuleuses », initie le lecteur aux connaissances acquises sur les étoiles doubles, multiples, lesnébuleuses, la Voie lactée et les curiosités sidérales. « Quelle que soit la lunette employée, on trouve tou- jours dans le ciel deux étoiles qui paraissent voisines, » Elles peuvent être indépendantes ou associées phy- siquement. Ce sont ces dernières que l’on envisage seules sous le nom d'étoiles doubles. Les couples réels ne peuvent êlre mis en évidence qu'à l’aide de mesures micrométriques délicates et prolongées. Ces observa- tions difficiles ont illustré les noms des astronomes Struve père et fils, Barnard, Burnham, etc. Les étoiles triples, quadruples et multiples sont éga- lement nombreuses, et on passe de là aux amas renfer- mant « un nombre d’astres s'élevant à des centaines et à des milliers ». Cette étude conduit aux nébuleuses, elalors se pose la question de différence entre amas et nébuleuse. Les progrès de l'optique ne manqueront pas de modifier nos idées à cet égard. Ce domaine touche de très près à la cosmogonie ou à l’évolution de la matière cosmique, traitée au chapitre XII qui termine l'ouvrage. «On est généralement d'accord pour admettre qu'une nébuleuse a été le berceau du Soleil » ; ensuite les opinions diffèrent sensiblement, depuis Laplace, dont l'hypothèse a recueilli le plus d’adhésions, jusqu'aux dernières conceptions de N. Lockyer, Belot, S. Arrhé- nius, Sée, etc... La suite logique de l’évolution de la matière cosmique amène à cette question énigmatique, la Vie dans l'Univers, traitée plutôt affirmativement par tous les philosophes astronomes, de Fontenelle à Flammarion. «Rien ne nous autorise à réserver à notre corpuscule personnel le monopole de l’'habitabilité. Nous concluons donc, dit M. Moye, sans aucun développement littéraire ou philosophique, mais très fermement parce que très scientifiquement, en faveur de la doctrine de l’'Univer- salité de la Vie. Vulgariser l'astronomie, après les œuvres si connues d'Arago, Delauney, Flammarion, pour ne citer que les plus célèbres, est une entreprise délicate; nous dirons plus : c’est une entreprise courageuse et pleine d'abné- gation lorsque l'ouvrage fait partie d’une collection elle que l'Encyclopédie Scientifique du D' Toulouse touchant à toutes les branches du savoir humain. Si nous restons daus le domaine propre de l’Astronomie, nous voyons que ses diverses matières y sont réparties sous 29 rubriques, avec l'ouvrage ci-dessus comme introduction préliminaire ou vue d'ensemble. M. Moye était donc obligé de limiter les développementsdestinés à former des volumes distincts, par exemple, sur la Terre, le Soleil, ies Planètes, les Comètes, la Cosmo- gonie, etc. Dans un cadre restreint, « l’Astronomie » devait se suffire à elle-même et être assez attrayante pour inviter le lecteur à prendre contact avec les volumes ultérieurs. On comprend ainsiles réserves maintes fois exprimées par l’auteur, mais on peut l’assurer que sa tâche à été parfaitement et complètement remplie. Il nous reste à exprimer sincèrement le regret que les Directeurs de l'Encyclopédie n'aient point autorisé une illustration plus variée, plus fantaisiste même, décuplant l'intérêt d’une Astronomie descriptive. Cette remarque se jus- tifie et s'impose même à l'esprit lorsque l’on compare l'unique et sévère volume de M. Moye aux deux volumes 82 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX — _ de M. Boquet, si bien illustrés, imprimés luxueusement et où tout concourt, malgré la technicité du sujet, à la séduction du lecteur. Nous attendons une nouvelle édition où l’on accordera les coudées franches à M. Moye. A. LEBEUF, Correspondaut de l'Institut, Directeur de l'Observatoire de Besancon. 2° Sciences physiques Schulz (E.). — Les maladies des machines élec- triques : Défauts et accidents qui peuveut se pro- duire dans les génératrices, moteurs et transforma- teurs à courants continus et à courants allernatifs. 2e éd. Traduit par M. Halphen. 1 vol. in-16 de 92 pages. (Prix : 2 fr. 50.) 1. Dunod et E. Pinat, éditeurs. Paris, 1913. Parmi les soucis que la surveillance d’une exploita- tion apporte à l'industriel, il n'en est pas de plus graves que ceux qui se rapportent au fonctionnement du matériel électrique. Il n’est pas nécessaire d’avoir à diriger un grand secteur pour éprouver combien est délicate la conduite de nos générateurs électriques; la plus petite usine, l'atelier le plus modeste ne sont pas à l'abri de ces inconvénients. Que ce soit la dynamo qui refuse de s'amorcer ou son collecteur qui s’auréole d’une couronne de flammes; que ce soit un alternateur ou un transformateur qui chauffent ; qu'un moteur refuse de tourner... le méca- nicien ou l’électricien devra se livrer à des recherches et à des déductions assez délicates, pour déterminer l'origine du défaut constaté. C'est dans cette recherche que le petit livre de MM. Schulz et Halphen va nous guider; sous un format réduit, les auteurs ont résumé les observations qu'une longue pratique leur à suggérées, en les classant en plusieurs chapitres se rapportant aux machines à courantcontinu,aux alternateurs, aux transformateurs, aux moteurs, etc... Les causes principales des incidents de fonctionne- ment, les accidents de machines, les « maladies » des machines, comme les ont désignées les auteurs, sont non seulement résumées, mais le diagnostic qui les fait reconuaître l’est aussi avec soin; enlin, les remèdes à apporter à chaque cas déterminé sont précisés sous la forme des réparations à exécuter. « Entretien, avaries et réparations des machines électriques », tel pourrait être le titre de cet ouvrage. Bien concu, écrit dans un langage sobre, qui n'exclut pas la précision, ce petit ouvrage a déjà rendu et rendra encore de nombreux services à (ous ceux — mécaniciens ou électriciens — qui assument la charge de surveiller le matériel électrique. G L. ZAcow, Membre de la Commission des Distributions d'Energie électrique. Erdmann (H.), Directeur de l'Institut de Chimie mi- nérale de la Technische Hochschule de Berlin. — Traité de Chimie Minérale, €. Il, traduit sur la 5° édition allemande, par A. CorvisY, professeur agrégé au Lycée Gay-Lussae. — 1 vol. de 330 pages. (Prix : 10 fr.) Librairie Scientifique A. Hermann et fils, 6, rue de la Sorbonne, Paris, 1914. Dans le second volume de son Traité de Chimie Minérale, Erdmann a divisé l'étude des métaux en sept groupes, réunissant ensemble ceux qui possèdent les affinités analogues et souvent la même valence. Chaque groupe fait d’abord l'objet d’un exposé générai des propriétés communes. Vient ensuite l'étude parti- culière de chaque métal. Elle comprend : 4° l’origine et la na ure des minerais qui le fournissent: c'est une description très complète où le lecteur trouvera des renseign: ments précis et importants au point de vue minéralogique ; 2° l'exposé des méthodes de prépara- tion ou d'obtention, et c’est surtout au développement des procédés industriels que l’auteur a donné le plus de soin ; 3° les propriétés des métaux et la préparation des nombreux sels qui se rattachent à chacun d'eux constituent une partie importante de ce livre. Il faut dire cependant que ce Traité de Chimie Minérale ne présente pas le caractère d’un livre complet, car bien des faits importants y font complètement défaut. S'il est utile de donner un aperçu assez étendu des pro- cédés industriels, qui permettent de montrer à l'élève ce que peut réaliser la grande industrie, il existe des travaux classiques d'un puissant intérêt qu'il importe de connaître et qui ne doivent pas être omus dans un traité de Chimie. C'est ainsi, par exemple, que les belles recherches d'Hackspill sur la préparation des métaux alcalins purs par réduction des chlorures à l'aide du calcium n'y sont pas signalées. Les impor- tantes recherches de Güntz sur l'obtention du stron- tium et du baryum méritaient une description plus étendue en raison de la méthode élégante employée. Rien, dans le livre, n'indique les difficultés que ce savant à eu à surmonter. Les travaux de Rengade ont jeté un jour nouveau sur les oxydes alcalins, mal connus jusque-là, et l’auteur ne les mentionne pas. Les métaux ammoniums, les amidures alcalins, qui ont permis d'effectuer, dans ces dernières années, un très grand nombre de synthèses chimiques, auraient dû être traités d’une manière complète. Les complexes métalliques ont fait l'objet de nombreux travaux de la part de Blomstrand, Jürgensen, Werner. Ils ont con- duit ce dernier savant à développer l'admirable théorie de l’octaèdre, qui a permis de donner une explication rationnelle de la constitution desnombreux composés, qui paraissaient n'avoir aucun lien entre eux. Ils ne sunt pas signalés dans ce livre. Malgré ces lacunes, faciles à réparer dans une nouvelle édition, il est juste de reconnaître qu'il y a, dans le traité d'Érdmano, un très grand nombre de faits nouveaux et de descriptions qui ne sont généralement pas mentionnés dans d’autres livres plus importants. En particulier, l'étude des flammes colorées et des spectres métalliques, celles du radium et des terres rares constituent de chapitres remarquables qui seront lus avec intérêt. Il en est de même des notions fondamentales de métallurgie, de la préparation du carbure de calcium, etc., qui sont trai- tées avec un soin tout particulier. À ce titre, le livre d'Erdmann peut être recommandé à tous ceux qui désirent se perfectionner dans l'étude de la Chimie minérale. A. Maicur, Professeur adjoint à la Faculté des Sciences de Toulouse. Kempf (R.), Assistant au Laboratoire d'Essai des matériaux à Berlin-Lichterfelde. — Tabelle der wichtigsten organischen Verbindungen geordnet nach Schmelzpunkten (TABLE DES COMBINAISONS ORGA- NIQUES LES PLUS IMPORTANTES, CLASSÉES D'APRÈS LEUR POINT DE FUSION). — À vol. in-8° de xn-250 pages. (Prix cart. : A1 fr.) F. Vieweg und Sohn, Braun- suhweig, 1913. La table de M. Kempf renferme environ 2.500 com- binaisons organiques usuelles, classées d'après leur point de fusion croissant. Outre cette constante et le nom commun, la table indique, pour chaque sub- stance, la couleur, le point d’ébullition, la formule de constitution abrégée et la littérature la plus impor- tante sur le sujet. Le principe de classification de M. Kempf s'écarte de celui jusqu'alors employé dans la construction des tables, en ce qu'il se base non sur la composition chi- mique, mais sur une constante physique, l’une des plus importantes, il est vrai. D'après l’auteur, sa table doit permettre une orientation rapide et sans peine parmi les substances qu'on peut avoir à examiner el dont on ne dispose pas toujours d'une quantité suffi- sante pour l'analyse. Il arrivera sans doute bien souvent qu'à un point de fusion déterminé correspondront plu- sieurs substances différentes, mais alors les autres BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 83 caractères donnés dans la table permettront de faire rapidement un choix entre elles. ; Un écueil se présentait dans la rédaction de ces tables : c'est que beaucoup de points de fusion ne sont … pas connus avec une exactitude suflisante, par suite de a mauvaise habitude des auteurs — contre laquelle … protestent depuis longtemps plusieurs maitres de la L Chimie — de donner des points de fusion sans indiquer la correction relative à la tige du thermomètre. Il en résulte qu'on trouve souvent dans la littérature plu- sieurs valeurs différentes du point de fusion d’une même substance. M. Kempf s'est adressé aux meill-ures sources et a fait un choix critique de la valeur la plus — digne de confiance; lorsqu'il lui a été impossible de “porter un jugement sur des chiffres contradictoires, il a enregistré la même combinaison sous plusieurs points de fusion différents, en ayant soin de toujours renvoyer de l’un à l’autre. Ainsi conçue, la table de M. Kempf ne peut manquer … de rendre des services dans les laboratoires pour l'iden- tification rapide d'un grand nombre de substances. L. BRUNET. 3° Sciences naturelles Chalon (Paul-F.), Zngénieur des Mines. — Eaux sou- terraines. Recherche, captage et purification. Troisième édition. — 1 vol. in-16 de 442 pages avec 86 figures. (Prix cart. : 10 fr.) Ch. Béranger, éditeur. Paris, 1913. M. P.-F. Chalon vient de publier la troisième édition de son petit ouvrage traitant des eaux souterraines. Cette science hydrologique s’est enrichie ces temps derniers de résultats nouveaux et intéressants, que M. Chalon à soigneusement consignés dans son livre. Le lecteur pourra donc connaître dans ses grandes lignes l'état actuel de la science hydrologique. A ce point de vue, le livre de M. Chalon sera très utile à “tous les techniciens qui n'ont besoin qu: de notions — élémentaires sur cette science. Un petit reproche à faire à l’auteur est de ne pas discuter suffisamment ses références. Il rapporte certaines pratiques hydrologiques qui ont été aban- données, comme par exemple l'emploi de faibles quan- tités de fluorescéine dans les expériences de direction. utre part, il est dit que la fluorescéine diffuse beau- oup dans le sol; c'était une opinion toute théorique, émise, entre autres, par M. Pochet, mais que la pratique la pas vérifiée. Enfin il faudrait faire quelques réserves sur l'efficacité du filtre Maignen indiqué à la page 366. Toutes ces critiques de détail n'enlèvent rien à la valeur du livre de M. P.-F. Chalon, qui est d'une lecture très facile et très attrayante. Bien présenté par la maison Béranger, cet ouvrage ne tardera pas à atteindre sa quatrième édition. A ce moment, il sera facile à l’auteur d'y apporter les quel- ques corrections qu'on lui signale. 4 _ EF. DrExERT, Chef du Service de surveillance des Eaux de Paris. Piéron (Henri), Directeur du Laboratoire de Psycho- logie physiologique de la Sorbonne. — Le Problème physiologique du Sommeil. — 41 vo/. in S de 520 pages. (Prix : 10 fr.) Masson et Cie, éditeurs. Paris, 1913. Cet ouvrage a servi à l’auteur de Thèse pour le Doc- torat ès Sciences; mais il n’est pas du tout coupé sur le patron ordinaire des Thèses. C'est bien plutôt un très grand article de Dictionnaire, ou, si l’on veut, un Traité, un exposé systématique et critique des con- naissances actuelles sur la physiologie du Sommeil. Du moins, pour la forme d'exposition; il faut ajouter tout de suite que la contribution personnelle de l’au- teur à c-s connaissances est considérable, et que ses recherches de laboratoire nous ont révélé dans ce domaine un ensemble de faits nouveaux, comme le savent les physiologistes. Travail original en même temps que mise au point érudite, le livre de M. Piéron présente double mérite et double intérêt. Mais il faut noter que le point de vue psychologique est absolument laissé de côté; l'auteur veut regarder du dehors l'animal qui dort; pas une fois dans ce livre on ne trouve mentionnée la perte de conscience qui est assurément la donnée fondamentale de la nolion vulgaire du sommeil. M. Piéron a pris l'horreur, semble-t-il, des spéculations trop faciles qui se sont maintes fois abritées sous l'étiquette de psychologie; il lui faut des faits. Or, ce problème physiologique du sommeil a suscité beaucoup de recherches et révélé de nombreux faits, mais en marge de la question essentielle. C’est ce que M. Piéron appelle les concomitants du sommeil; il passe en revue l’abondante bibliographie des varia- tions d'activité circulatoire, respiratoire, digestive, sécrétoire, thermique, et sensori-motrice (ces der- nières, qui affectent le mécanisme nerveux dit de rela- tion, étant plus directement intéressantes). L'étude de ces concomilants, après une discussion pour laquelle il a parfois refait des expéri: nces de contrôle, amène M. Piéron à établir, en résumé de sa première partie, le tableau des caractéristiques du sommeil. (Dans son introduction, qui forme un chapitre intéressant, il a examiné, par ces signes extérieurs, quelle est l'exten- sion du sommeil dans la série animale.) 11 faut distinguer du sommeil proprement dit cer- tains états analogues : le coma, la léthargie, la narcose, l'hypnose, etc., et même distinguer le sommeil hibernal du sommeil quotidien; c’est à quoi est consacrée la seconde partie. Puis on aborde le problème lui-même. Voici comment M. Piéron a résumé ailleurs l'idée directrice de ses recherches. « Etudier des états de sommeil qu'on puisse facile- ment observer ou mème produire à son gré ne peut aucunement fournir d'indications sur le mécanisme réel du sommeil naturel, puisque le «syndrome » sommeil, l'interruption des relations sensori-motrices avec son milieu, peut résulter, par convergence, de l’action de nombreux facteurs différents. l « Examiner le sommeil, au cours de la phase hyp- nique, cela permet de déterminer les concomitants habituels et les conséquences de cet état, mais nulle- ment d'en trouver les causes, les facteurs. « C’est bien plutôt au moment où se manifeste le besoin de sommeil qu'on a chance de découvrir la cause efficace, en train d'agir et de produire son effet. « Et pour réndre plus facile la découverte de cette cause, il fallait la rendre plus apparente, la grossir, si possible. » Et c’est ainsi que M. Piéron a été amené à étudier les effets de l'insomnie prolongée, de la veille imposée à des animaux jusqu'au point où le besoin de dormir devient «impératif ». Et c’estainsi qu'il a, dans de nombreuses expériences échelonnées sur plusieurs années‘, découvert une série de faits tout à fait nouveaux : 1° Quand le sommeil devient irrésistible, on trouve des lésions cellulaires dans l'écorce cérébrale, lésions localisées dans la région frontale; ces lésions dispa- raissent si l'animal peut s’abandonner assez longtemps au sommeil. On ne trouve pas le même résultat par la fatigue, suite d’un exercice musculaire poussé même à l'extrême limite (par exemple, cerf forcé à la chasse). 2° Il apparaît dans les humeurs, dans le sang, plus particulièrement dans le liquide céphalorachidien, une propriété toxique spéciale; injectées à des chiens nor- maux, ces humeurs provoquent immédiatement chez ceux-ci un besoin de sommeil intense. ! Une grande partie de ces expériences ont été faites en collaboration avec M. René Legendre. SA BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 3° Il y a une relation étroite entre la modification des tumeurs et les lésions cellulaires; en effet, l’injec- tion de sérum ou de liquide cépbalo-racnidien pré- levés sur des chiens privés de sommeil, injection pra- tiquée dans le 4° ventricule (après soustraction d’une quantité équivalente du liquide céphalo-rachidien pour éviter les phénomènes de compression), pro- voque chez les chiens neufs, parallèlement au besoin de sommeil, les lésions caractéristiques de la zone frontale, avec extension parfois à d’autres régions. La propriété Aypnotoxique des humeurs des chiens insomniques est détruite rapidement par les chauf- fages à 65°, lentement par l’oxygène à la température ordinaire ; elle suit les substances quine dialysent pas, précipitent par l'alcool et se redissolvent dans l’eau distillée. Ce sont là d'incontestables résultats expérimentaux ; les protocoles des recherches sont nets. S'il en était besoin, ayant assisté à quelques-unes de ces expé- riences, Je pourrais porter témoignage sur la somno- lence bien caractérisée qui se manifeste aussitôt après injection de l’Aypnotoxine de MM. Piéron et Legendre. Ce sont aussi des résullats bien neufs et même imprévus. Reste à savoir quelle lumière ils nous donnent sur le sommeil. Dans la quatrième partie de son livre, M. Piéron passe en revue les «Théories du sommeil» émises avant lui; il en examine plus de soixante. En somme, toutes les conceptions imaginables ont eu leurs par- tisans; l'hypothèse d’une intoxication comme base du sommeil a été soutenue comme les autres, sans que jamais on ait pu rien démontrer, sinon l’action nar- cotique de certaines substances : acide lactique, cho- lestérine, acide carbonique, etc., démonstration à côté. Les recherches de M. Piéron démontrent et ana- lysent une intoxication dans l'insomnie. Expliquent-elles le sommeil? Au premier abord, il semble que non. Et d'abord, il faut distinguer les deux sens : avoir sommeil et être en état de sommeil, puisque le même mot désigne deux choses aussi dis- tinctes que la faim et le repas. C’est la première signi- fication, le besoin, que concernent les faits de M. Piéron. Mais encore faut-il, pour qu'on trouve, et la toxicité des humeurs, et les lésions cellulaires, que le besoin soit très intense, irrésistible, résultant d'une insomnie prolongée. De sorte qu'on à reproché à M. Piéron d’avoir étudié l’insomnie et non le sommeil. On s'endort bien avant que de tels phénomènes appa- raissent. Mais on mange avant d'être amaigri par l'inanition, on ne se laisse pas asphyxier entre deux mouvements respiratoires. Il s'agit d'une loi générale, que M. Piéron lui-même a formulée par avance dès 1907, à propos de ces curieux mouvements par lesquels les animaux lit- toraux, soustraits à l’action de la marée, continuent à changer d'habitus deux fois par jour, comme s'ils étaient encore alternativement émergés et submergés; il montrait que, de toutes parts, on trouve une telle adaptation biologique, à laquelle il a donné le nom d'anticipation rythmique. Le sommeil de chaque nuit est un cas particulier d'anticipation rythmique. Il reste assurément bien des lacunes dans notre con- naissance physiologique du sommeil, et M. Piéron, loin de les dissimuler, à pris la peine de les mettre en lumière. Mais cette question difficile doit à M. Piéron le progrès le plus substantiel qu'elle ait jamais réalisé. Louis LAPIGQUE, Professeur de Physiologie générale au Muséum. 4° Sciences médicales Ebrlich (Paul), — Abhandlungen ueber Salvarsan. Band III. (COMMUNICATIONS SUR LE ISALVARSAN. TROI- SIÈME VOLUME). — 1 vol. in-8° de 58% p. avec 49 fig. (Prix : 42 fr. 50.) Lehmann, éditeur. Munich, 1913. Nous avons déjà analysé ici même les volumes dans lesquels Ehrlich a rassemblé les travaux les plus importants consacrés en 1910 et en 1911 au salvar- san. Le volume actuel renferme les travaux de 1912, parus pour la plupart dans le Aünchener mediziniseche Wo- chenschrilt, accompagnés d'une préface et d'un résumé d'Ehrlich. : Il ne comprend pas moins de 584 pages, avec deux tableaux et 49 figures, et contient 70 travaux, sans compter la préface et les commentaires d’Ebrlich. Ces travaux sont groupés en neuf chapitres consa- crés à la technique, au rôle de l’altération de l’eau, de la teneur en chlorure de sodium (#); aux résultats obtenus dans l’armée et la marine (5); au traitement abortif (4); aux réinfections après traitement (4); aux modilications du liquide céphalo-rachidien, neuro- récidives, traitement de la syphilis du système ner- veux (13); aux accidents et décès après injections (40); au traitement de maladies non syphilitiques (12) ; au sal- varsan dans la pathologie exotique (4); au néosalvar- san (17). On comprend qu'il nous soit impossible de donner une analyse étendue d’un recueil aussi complexe. Nous ferons surtout ressortir avec Ehrlich les nou- veaux arguments établissant que, les manifestations nerveuses relevées chez les sujets injectés ne sont pas imputables à ces injections, mais sont l'expression d’une altération directement imputable à Ja syphilis. La lymphocytose rachidienne préexiste à l'injection. Elle est souvent diminuée du fait des injections. Cette thèse, soutenue dès le début par Ehrlich et Bennario, recoit une confirmation bien précieuse du fait de la constatation de Nichols et Hough. Ces auteurs ont en effet réussi à transmettre au lapin la syphilis, par ino- culation, dans le testicule, de liquide céphalo-rachidien obtenu par ponction lombaire d'un sujet dont la syphilis remontait à neuf mois. Les analyses d'Ull- mann, de Bornstein,de Morel et Mouriquand moutrent que les centres nerveux des lapins, après administra- tion répétée de salvarsan, recèlent beaucoup moins d'arsenic que les autres organes; celles de Doinikow, que l'examen histologique des centres nerveux des mêmes animaux ne révèle aucune altération. Ces constatations sont inconciliables avec la thèse d’un neurotropisme du salvarsan, thèse qu'Ebrlich a tou- jours repoussée. Les décès relevés après administration du salvarsan auraient été plus souvent évités si l’on avait pris des précautions élémentaires, si l’on avait pris souci de la perméabilité rénale, tenu compte de la contre-indica- tion résultant d'infections graves coïncidentes et évité l'usage de doses trop fortes. Ehrlich s'étend ensuite sur le néosalvarsan, qui présente l'avantage d'une solubilité beaucoup plus rapide, qui ne nécessite pas l'addition d’alcalins, et est moins toxique. Ce médicament nouveau n'a été introduit dans la thérapeutique qu'après une longue étude expérimentale élablissant sa moindre toxicité, et son action manifeste à doses moins fortes que le salvarsan. Le néosalvarsan a, d'autre part, l’inconvé- nient de s'oxyder promptement et de former alors des composés plus toxiques. Aussi maäints auteurs préfèrent-ils continuer à faire usage du salvarsan. On ne saurait toutefois, comme l'ont fait Uhlenhuth et Finger, contester l’action trypanocide du néosalvarsan. Les expériences in vitro de Castelli et d'Ehrlich mon- trent que les spirilles mis au contact du néosalvarsan incorporent le produit et perdent le pouvoir infec- tieux. Le néosalvarsan doit être employé à doses variant de 0,3 à 0,9. Il sera préféré au salvarsan dans les cas où l'on craindra une action trop brusque. Ebrlich se montre toujours partisan de l'association du traitement mercuriel au salvarsan; cette associa- tion permet de réaliser dans un très grand nombre de cas la cure définitive. D' A. NerTER, Professeur agrégé à la Faculté de Médecine de Paris. ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Séance du 29 Décembre 1913. M. de Grossouvre est élu correspondant pour la Section de Minéralogie. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. A. Demoulin : Résolution d'un problème de Calcul intégral. — M. L. Lichtenstein : Intégration de l'équation À,u = ke" sur une surface fermée. — M. G. Giraud : Sur un groupe de transformations birationnelles. — M. Alfred Ro- senblatt : Sur les invariants des variétés algébriques à trois dimensions. — M. Jules Drach : Sur les inté- grales communes à plusieurs problèmes de Mécanique. — M. F. Olive montre que, si l'on appelle R' la moyenne distance d’un satellite à la planète autour de laquelle il gravite, v' sa vitesse de translation autour de cette même planète, R la moyenne distance de la planète au Soleil et r son rayon moyen, on a 1°—4RR'v?, où Æ—10-$.4,313. — M. Luc Picart donne un procédé de calcul d’une orbite circulaire à l'aide d'une seule détermination photographique. — M. E. Esclangon adresse ses observations de la comète Delavau faites à l'Observatoire de Bordeaux. 20 SciENCES PHYSIQUES. — MM. A. Cotton, H. Mouton et P. Drapier, poursuivant leurs recherches sur les propriétés électro- et magnéto-optiques des liqueurs mixtes, montrent que les écarts avec la loi d’additivité sont d'autant plus marqués que les particules sont plus grosses. — MM. J. Pougnet, Em. et J. Segol ont constaté que les rayons de courtes longueurs d'ondes diminuent progressivement la f.é.m. d’une pile de Weston. Lorsqu'on arrête leur action, la f.6.m. remonte lentement jusqu'à sa valeur primitive. Gette action semble être un effet polarisant. — M. G. Friedel montre que les seules symétries que peut révéler la diffraction des rayons Rœntgen dans les cristaux sont les holoédries et les parahémiédries. — M. P. Gaubert a reconnu que les matières étrangères dissoutes dans l’eau-mère el passant régulièrement dans le cristal en voie d’accroissement peuvent non seulement modifier le facies de ce dernier, mais aussi provoquer la forma- tion de mâcles, ce qui semble expliquer la fréquence des cristaux mâclés suivant la mème loi dans un même gisement de minéraux. — M. A. Recoura a observé que le fluosilicate chromique (SiF**Cr°Ff existe, quoique d'une facon éphémère, en dissolution. Il se transforme spontanément, mais lentement, en fluosilicate fluopen- taquochromique SiF"{CrF.5H°0 , sel complexe vert. — MM. F. Bourion et A. Sénéchal montrent que le dosage du Cr par oxydation en milieu alcalin donne des résultats très exacts quand Cr est seul ou accompagné de Fe. La destruction de H*0* en excès est grandement facilitée par la présence du sulfate de soude. La méthode est en défaut er présence de Ni, Co et Mn. — MM. P. Sabatier et M. Murat, en faisant réagir l'eau sur l’organomagnésien (C‘H5)*CH.OMgBr, ont obtenu très peu de benzhydrol attendu, mais de la benzophé- none, du diphénylméthane et surtout du tétraphényl- éthane symétrique. F. 2119. 11 semble y avoir déshy- drogénation du benzhydrol naissant en benzophénone, l'H naissant se portant sur cette dernière pour l'hydro- géner en diphénylméthane et tétraphényléthane. Les métaux divisés produisent le mème effet sur le benzhydrol. — MM. M. Piettre et A. Vila, en joignant à la déminéralisation l'extraction des principes gras et lipoïdes, sont parvenus à séparer les protéines du sérum ou du plasma en deux groupes, différant nette- ment par leur caractère de solubilité dans l'eau pure. 39 SGcIENCES NATURELLES. — MM. J. Vallot el R. Bayeux ont observé qu'un écureuil, qui donnait par jour une moyenne de 6.700 tours de roue à Cha- monix, n'eu donnait plus que 724 au sommet du Mont- Blanc. Redescendu, il retrouva sa vigueur à tel point que, quelques jours après, il produisait un travail aussi considérable qu'avant son ascension. — M. L. Roule à reconnu que les saumons qui remontent l'Ellé au printemps et en élé appartiennent à deux caté- gories : petits mâles et femelles déjà fortes. Malgré leur dissemblance de sexe et d'âge, ils présentent tous deux des organes sexuels en voie d'élaboration. Il est par conséquent une influence directrice réglant, même en dehors de la période de ponte, la pénétration et la montée des saumons dans les rivières. — M. L. Bla- ringhem a vu naître des pustules de rouille sur de jeunes plantules de rose trémière provenant de graines stérilisées extérieurement et cultivées en tubes stériles contenant une solution de Knop additionnée de glu- cose ou de saccharose. — M. C. Sauvageau donne la description des Fucactes qu'il a récoltées dans le détroit de Gibraltar. — M. A. Trillat montre que l'entraînement dans l'air de certains microbes en sus- pension dans l'eau exige une intervention mécanique provoquant une pulvérisation sur un point de la sur- face de ce liquide. La formation de vésicules humides favorables au transport lointain des microbes dépend surtout de la tension superficielle du liquide. — M. L. Mengaud a reconnu que les formations marneuses de Reocin, dans la province de Santander, qui sont à la base des dolomies minéralisées, se classent dans le Bedoulien. — M. G.-J. Painvin a constaté, d'après des déterminations de fossiles, la présence des élages suivants dans la région de hauts-plateaux située au nord de Bou-Denib (confins algéro-marocains) : Céno- manien, Aalénien, loarcien supérieur, Toarcien infé- rieur et Lias moyen. — M. R. Fourtau a déterminé la faune échinitique des plages soulevées de la Mer Rouge. Elle comprend 31 espèces qui toutes, sauf une, vivent encore dans le bassin indo-pacifique; 22 ont persisté dans la Mer Rouge actuelle ou sont spéciales à cette mer. — M. G. Valsan montre que la zone inon- dable du Danube (Balta), avant d'occuper son emplace- ment actuel, s’est déplacée en trois étapes marquées par la dépression Nord-Sud du Baragan, la terrasse de Braïla avec la vallée sèche de lanca, et enfin la plaine du Bas-Siret. Ce déplacement a été probablement déterminé par une accentuation progressive de l’affaissement. 5 Janvier 1914. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. Ch. Platrier : Sur une propriété caractéristique des surfaces à courbure totale négative constante. — M. E. Goursat : Sur cer- taines extensions de la formule de Stokes. — M. Em. Borel : Sur quelques problèmes de probabilités géo- métriques et les hypothèses de discontinuité. — M. Coggia présente ses observations de la comète 1913 f (Delavau), faites à l'Observatoire de Marseille. — M. L. Lecornu signale un projet de « Monument de l'Heure » destiné à être érigé à Villiers-sur-Mer, point Seance du où le méridien de Greenwich aborde les côtes di France. 20 Sciences puysioues. — M. À. Angot fait connaitre la valeur des éléments magnétiques à l'Observatoire du Val-Joyeux au 1° janvier 1914. La variation séculaire de la déclinaison a atteint en 1913 sa plus grande valeur (9',83) depuis trente ans. — M. P. Weiss, en admettant l'identité du champ moléculaire et de 80 l'action magnétisante de Maurain et en faisant diverses autres hypothèses, trouve, au degré d'approximation grossier des données numériques, la même loi de variation avec la distance que celle qui a été déduite de la seule considération du champ moléculaire dans les alliages. — M. P. Pascal à déterminéle coefficient d’aimantation atomique des métaux alcalins d'après les coefficients d'aimantation moléculaires de leurs sels. Li et Na sont beaucoup moins diamagnétiques que les autres métaux de la série. — M. L. Gay montre que la constance des rapports V./h et Rô/rh permet de déterminer a priori, et avec une exactitude assez grande, les constantes critiques des corps non forte- ment polymérisés. — M. J.Taffanel donne une expres- sion permettant d'évaluer l'ordre de grandeur des vitesses de réaction des mélanges gazeux combustibles en fonction de la température de réaction. — MM. M. Boll et V. Henri montrent que l'oxygène n'a pas d'influence retardatrice sur certaines réactions photo- chimiques, ce qui est contraire à la théorie de Bodens- tein. —M. R. de Forcrand a préparé le sulfate ferreux anhydre et ses mono-, tétra- et hepta-hydrates et déterminé la chaleur de formation de ces derniers. Il se dégage la même quantité de chaleur dans le passage du monohydrate au tétrahydrate que dans le passage du tétrahydrate à l'heptahydrate. — M. M. Veres, en chauffantensemble du sulfate d'Am et du sulfate de Cd, a obtenu vers 300° un dépôt dense de cristaux micro- scopiques du sulfate double 2 CdSO*. Am°S0#*. II est très soluble dans l’eau et la solution donne par évapo- ration CdSO*. Am°S0*. 6H°0. — MM. A. Bouzat et Ed. Chauvenet ont déterminé la chaleur de formation de CuCP. 2AzH“CI (-1,4 cal.\ et de CuCl°. 2AzH*CI. 2H°0 (8,6 cal.) — MM. Em. Bourquelot et A. Aubry ont étudié l'influence du titre alcoolique sur la synthèse biochimique de l’éthylglucoside-: et du propylgluco- side-:. La proportion de glucose combiné est d'autant plus grande que le titre alcoolique est plus élevé, jus- qu'à une limite où la glucosidase est détruite par les liquides plus riches en alcool. — M. H. Bierry et M'ie H. Fandard ont reconnu que le sucre réducteur qui prend naissance par hydrolyse du sérum sanguin est du glucose, mélangé peut-être d'un peu de gluco- samine, mais en proportion inférieure à 10 °/5,. — M. Ch. Dhéré a enregistré photographiquement les spectres de fluorescence des pigments chlorophylliens: chlorophylles + et &, carotine et xanthophylles. — M. Ch. Lepierre critique lesexpériences de MM. Coupin et Javillier sur le rôle du zinc dans la croissance de l’Aspergillus niger. 39 SCIENCFS NATURELLES. — M. Et. Rabaud a étudié expérimentalement l'instinct de la chenille de Myeloïs cribrella, qui vit à l'intérieur des capitules de chardon pendant sa période de croissance, et passe dans les tiges de la même plante une fois parvenue à l'état de maturité larvaire, Ce passage est provoqué par influence répulsive exercée par la plante nourricière, et ensuite par la lumière. — M. P. Masson montre que les cellules entéro-chromaffines de l'intestin chez l'homme constituent une glande diffuse répartie dans tous les points où l'on rencontre de l’épithélium intes- tinal. L'origine endodermique de cette glande, le ren- versement de polarité qui la caractérise, en font une formation homologue des ilots pancréatiques de Lan- gerhans. — MM. M. Kollmann et L. Papin ontreconnu que les cellules du corps muqueux de l'æsophage ren- ferment un chondriome bien développé qui, suivant les espèces, peut présenter des apparences variables, réa- lisées dans certains cas dans la peau humaine; les filaments de Herxheimer font partie du chondriome. — M. A. Lécaillon à observé que, chez le faisan doré comme chez la poule, il se produit dans l'œuf non fécondé un rudiment de développement parthénogé- nétique. — M. M. Dubard montre que le groupe des Mimusopées ne mérite pas l'autonomie qu'on lui a con- férée jusqu'ici; il doit être ramené au rang de sous- tribu, à cause de son étroit parallélisme avec les Sidé- ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES roxylées. Les caractères dominants sur lesquels on doit baser leur classification sont fournis par l’ovule et par la graine comme chez les Sidéroxylées. — MM. A.Sar- tory, J. Gratiot el F. Thiébaut préconisent le rajeu- nissement de la pomme de terre au moyen de la re- production par graine, en utilisant l'influence exercée par un champignon inférieur sur le développement des tubercules. Les tubercules obtenus ont donné des plantes vigoureuses, indemnes de maladie, qui ont fourni une abondante récolte de tubercules. — M. J. Magrou montre que dans les sols pauvres la symbiose de la pomme de terre avec des mycorhizes provenant de Solanum sauvages peut exercer une influence déci- sive sur la formation des tubercules. — M. F. Gar- rigou recommande l’utilisation des nappes phréa- tiques par les villes bâties sur les terrasses alluviennes des vallées. — M. Em. Haug montre que la zone des collines jurassiques de Nans (Var) n'est pas inter- rompue au défilé de l’Huveaume, comme le croyait Marcel Bertrand. La poussée tangentielle qui leur a donné naissance s’est effectuée du Nord au Sud. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Séance du 27 Décembre 1913. M. Ch. Champy communique de nouvelles observa- tions de réapparition de la prolifération dans des organes d'animaux adultes cultivés en dehors de l’orga- nisme, spécialement dans le rein et la thyroïde. — M. Petzetakis montre que l'épreuve de l'atropine est positive chez la plupart des malades atteints de brady- cardie d’origine nerveuse. En cas de doute, l'épreuve au nitrite d'amyle ou la compression oculaire per- mettent de compléter le diagnostic. — M. H. Magnea reconnu que, dans la polypnée thermique, l'évipora- tion réfrigérante se produit surtout, peut-être unique= ment, dans les voies respiratoires. Mais, comme à ce niveau la muqueuse n’est pas organisée pour se prêter à une transsudation physique rapide, il faut admettre l’activité de l'appareil glandulaire qui fournit le volume d’eau nécessaire. — M. H. Iscovesco a étudié les pro- priétés physiologiques d'un lipoïde (II Bb) extrait du pancréas. [l a une action favorable sur la nutrition générale et produit surtout une excitation considérable du foie, — MM. Ch. Lesieur et L. Magnin ont isolé de la pulpe vaccinale quatre espèces de levures, dont trois T'orula etun Mycoderma. Aucune ne s’est montrée pathogène pour le cobaye et le lapin, et n’a été retrouvée chez l'enfant vacciné. — M. P. Bonnier estime que le caractère de tonalité des sons peut varier du ton le plus pur sans mélange de bruit au bruit le plus pur sans mélange de ton; mais il n’y a pas là une différence de nature. — M. Ch.-A. François-Franck présente une série d'images chronophotographiques données par un cœur de congre dont les cavités ont été modérément distendues par une masse de gélatine, et qui mettent en évidence la disposition anatomique spé- ciale de l'appareil sinu-auriculo-ventriculaire. — M. CI. Gautier montre que la pilocarpine à dose con- venable, injectée directement dans le foie, provoque chez la grenouille de la glycosurie brève. En injection dans les sacs dorsaux, des doses plus élevées ne pro- duisent en général aucune glycosurie. — M. R. Porak a observé que, après injection intraveineuse de cer- tains extraits hypophysaires, l'écoulement des veines surrénales augmente, et que le pouvoir hypertenseur du sang surrénal est aussi légèrement augmenté. — MM. L. Le Sourd et Ph. Pagniez ont constaté, entre le chiffre des plaquettes des hypertendus et des hypo- tendus, une différence qui se rapproche du simple au double, — M. L. Camus recommande l'emploi des anesthésiques (les moins solubles dans l'eau et dont le point d'ébullition est plus bas) dans toutes les opéra tions bactériologiques où une stérilisation ménagée est nécessaire, en particulier dans la préparation des vaccins. — MM. L. Rénon et E. Géraudel estiment que | | ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 87 toutes les lésions de la tuberculose pulmonaire relèvent | dun seul et mème processus : l’inflammation pulmo- . maire. Dans le poumon, le bacille de Koch réalise sim- _ plement des pneumonies avec toutes leurs variétés. — | M. P. Mulon a reconnu que le corps interrénal anté- rieur des Téléostéens est dénué de pigment et de lipoide cholestérique libre dans les cellules. Sous ces .… deux points de vue, il diffère profondément de la corti- . cale surrénale des autres Vertébrés. — MM. M. Martini *t P. Déribéré-Desgardes ont rencontré un Penieil- lium présentant les caractères morphologiques du ?. glaucum ordinaire, mais s’en distinguant nettement par la propriété de former un mycélium jaune, qui laisse diffuser dans le milieu de culture un pigment coloré en jaune. — MM. A. Gilbert, R.-A. Gutmann et A. Tzanck montrent que la percussion des cavités ouvertes produit des sons, variables avec la hauteur de la colonne d'air vibrante. La percussion de cavités fermées produit des bruits sans tonalité appréciable. — M. A. Lanzenberg a reconnu que ce que l'on dose sous le nom d'acides aminés par la méthode de Bith n'est qu'un mélange d'Az ammoniacal et d’Az des acides aminés, mélange dont la valeur est d'autant plus élevée que la richesse en AzH° du liquide initial est plus grande. — MM. H. Salin et J. Reilly montrent qu'il est possible, en provoquant expérimentalement une compression médullaire par pachyméningite tuber- culeuse, de reproduire le syndrome de dissociation albumino-cytologique du liquide céphalo-rachidien. — MM. F. Sarvonat et Ch. Roubier ont constaté que l'hyperthyroïdisation du cobaye ne modifie pas sensi- blement le phosphore. Par contre, elle produit une décalcilication du squelette et une hypercalcification des parties molles. — M. R. Bayeux présente un nouveau flacon pour doser 0 et CO? du sang. M. H. Piéron est élu membre titulaire de la Société. Séance du 10 Janvier 1914. MM. F. Sodré el G. Stodel ont reconnu que la pep- tone de Witte ordinaire ou après extrait alcoolique provoque une sécrétion pancréatique faible, qui n'est en rien comparable à celle qu'on observe après une injection de sécrétine. La peptone de soie et l’ovopa- | aine-peptone donnent des résultats analogues, — _ M: P. Bonnier présente quelques considérations sur le moblème de la manostatique. — M. Petzetakis montre me les deux épreuves de l'atropine et de la compres- Sion oculaire produisent très fréquemment de l’auto- “matisme ventriculaire au cours des bradycardies totales. — MM. G. Laroche et Brodin ont reconnu que les azotémies aiguës, au cours de quelques infections, ‘sont bien dues à une imperméabilité rénale. Elles sont “éminemment curables et disparaissent en général sans laisser de traces. — MM. E. Bardier et D. Clermont ont constaté que les transfusions expérimentales d’une durée de quinze minutes, pratiquées sur le chien avec Ja canule d’'Elsberg, dans les mêmes conditions que “chez l'homme, accusent un débit moyen de 35 grammes de sang par minute pour les animaux pesant de 5 à 40 kilogs, et de 70 grammes par minute pour les “animaux pesant de 10 à 30 kilogs. — M. L.-G. Seurat “à examiné une vingtaine d'individus vivants de Spirop- “tera leptoptera, trouvés dans l'estomac d’un épervier d'Algérie. L'étude de cette forme a permis d'en recon- “naître les affinités avec les Habronema, et d'en faire “|. leptoptera. — MM. C. Pezzi et A. Clerc confirment “que, chez le lapin, la contraction simultanée de “oreillette et du ventricule s’observe fréquemment au cours du ralentissement provoqué par l'excitation du neumogastrique. La compression répétée du sillon atrio-ventriculaire favorise la production du phéno- ène et augmente sa durée; on obtient ainsi un véri- able rythme atrio-ventriculaire, d'ailleurs transitoire. — M. Alb. Berthelot recommande l'emploi du chlo- rure d'éthyle pour la stérilisation des cultures micro- iennes et la préparation des vaccins bactériens. — M. Ch. Champy estime que l'une des causes les plus | | | | importantes de la dédifférenciation dans les cultures de tissu en dehors de l’organisme est la suppression de l'influence inhibitrice des autres tissus, car si l’on cul- tive ensemble deux tissus antagonistes, ils ne se dédif- férencient pas. — M. H. Vincent signale un nouveau cas de contagion éberthienne de laboratoire, prévenu par la vaccination antityphoïdique par le vaccin poly- valent. — M. H. Iscovesco a reconnu que les pro- priétés spéciales de l'huile de foie de morue sont dues au lécithide qu'elle contient, masse orangée mielleuse, insoluble dans l’acétone, fondant vers 70°. — M. F. Duhot montre que la réaction de Wassermann peut s'effectuer avec une minime quantité de sang du doigt. M. F. Dévé a constaté que l'éther détruit la vitalité des scolex échinococciques après un contact de une à trois minutes. Il recommande le large lavage de la cavité abdominale à l'éther lorsqu'on se trouve en pré- sence d'un kyste hydatique rompu dans le péritoine. — MM. P. Lassablière et Ch. Richet ont observé chez les animaux normaux l'existence d’une leucocytose a frigore. — M. E. Doumer signale une hydratation des colloïdes organiques-sous l'influence de l’électrolyse, en général plus marquée au pôle positif qu'au pôle négatif. — M. I. Ruelle préseute un thermomètre dif- férentiel à réglage automatique. SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PHYSIQUE Séance du 19 Décembre 1913. M. Mesnager : Application de la double réfraction du verre à l'étude de la résistance des matériaux de construction. On sait que les problèmes d’élasticité à deux dimensions dépendent de deux équations diffé- rentielles, indépendantes des coefficients d'élasticité. Les problèmes relatifs aux corps d'épaisseur constante dépendent d'équations analogues. Si donc les condi- tions aux limites ne consistent qu’en forces données, la répartition des tensions intérieures est indépendante des coefficients d'élasticité, donc de la nature des corps en expérience. On peut d'autre part, en plaçant une pièce de verre recuit, soumise à des efforts, entre un polariseur et un analyseur croisés, déterminer la direction des tensions principales en chaque point. Les points d'extinction sont ceux où elles sont parallèles à un des plans de polarisation. La différence de marche permet d'obtenir la différence des tensions princi- pales. La différence d'épaisseur donne la somme de ces tensions principales; il est inutile de la mesurer sur le bord des pièces, une des tensions principales s'annu- lant. Cette méthode, complétée parfois par une étude en lumière circulaire, a permis de déterminer la ma- nière dont les tensions se répartissent à partir d’un point pressé dans un feuillet indéfini et d'en retrouver expérimentalement les formules théoriques. On vérifie aisément que, dans un prisme comprimé, les pressions suivent une loi linéaire à une distance du point pressé inférieure à la largeur de la pièce, que dans une pièce fléchie les tensions suivent la loi linéaire établie parde Saint-Venant. Le compensateur de Babinet montre nettement aux yeux cette répartition. On a pu égale- ment montrer qu'au bord d’un trou circulaire percé dans une pièce, la tension atteint le triple de la ten- sion moyenne; qu'au fond d’une entaille elle atteint des valeurs bien supérieures à ce que les calculs approximatifs permettent de supposer. On a pu s’en servir pour déterminer la position exacte des réactions d'encastrement des arcs et contrôler leur théorie. Le procédé est bien supérieur aux mesures d’'allongement et de raccourcissement entre deux points, qui ne peu- vent donner que la moyenne des tensions ou raccourcis- sements entre ces deux points. Il donne lestensions au point observé lui-même et permet de saisir les maxima. En collant les pièces avec certaines précautions, on peut éviter toute tension intérieure et, par conséquent, avec une dépense faible, étudier des ouvrages compli- qués. La méthode a été appliquée au modèle en verre, 88 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES construit suivant les règles de la similitude méca- nique, d'un grand pont en béton armé dont le calcul, extrêmement laborieux et pénible, avait nécessité quelques hypothèses simplificatrices qui laissaient des doutes sérieux. On a pu déterminer à l'avance l'effet des charges et des changements de température avec une dépense très minime. M. Tissot demande quelques renseignements sur la possibilité d'obtenir les pièces de verre dénuées de trempe qui sont nécessaires pour l'application de la méthode. Il signale, en effet, qu'il lui a été impossible d'obtenir des prismes entièrement dénués de trempe. 11 résulte [de l'échange de vues qui suit cette remarque, que la difficulté dépen 1 énormé- ment de l'épaisseur des pièces. Il est à peu près impos- sible de trouver des prismes épais de 10 centimètres, mais la difficulté est peu importante pour les plaques de 48 millimètres qu'employait M. Mesnager'. — M. F. Vlès expose quelques recherches, résultant de diverses collaborations, dans lesquelles l'application de la cinématographie a donné des résultats intéres- sants. 4. Cinemalographie des cordes vocales chez l'Homme, par M'e Chevroton et M. Vlès. Les auteurs ont élaboré une technique qui a permis pour la pre- mière fois la reconstitution des mouvements de la glotte par la projection, ainsi que des mesures jus- qu'ici complètement inabordables sur la variation des éléments laryngiens pendant la phonation. Les prin- cipaux résultats provenant de l'étude microscopique du film sont la détermination de l'ordre de grandeur des limites physiologiques de variation du diamètre des cordes, au passage du repos (inspiration) à la voix de tête (3um,2 à {wm,4 pour le cas étudié : soprano femme), et la mise en évidence de la formation de lignes nodales tout à fait particulières, dans les changements brusques du régime du larynx; ces lignes nodales séparent des ventres d'existence fugitive, dont on peul mesurer le rayon de courbure d'après les images qu'ils fournissent par réflexion, rayon de courbure qui peut atteindre 8 millimètres à 40 millimètres. Ces divers phénomèmes paraissent pouvoir être ratta- chés à la théorie du « coup de glotte ». 2. Eclipse de Soleil du 17 avril 1912, par MM. J. Carvallo et F. Vlès. Ce film, dont la partie centrale a été obtenue sans écran, montre quelques détails de faible éclat, comme la chromosphère, des protubérances, une trace de la couronne, etc.; détails qui ont nécessairement échappé à tous les appareils ayant fonctionné avec un écran sombre. Présentation de quelques résultats relatifs à la forme de la Lune et du Soleil. 3. Dévelop- pement embryonnaire de l'Oursin, par Mie Chevroton et M. Vlès. Ce film, qui remonte à 1909, montre le développement complet de l'embryon depuis l'œuf vierge jusqu'à l’éclosion de la larve. Ce film a servi de base à de nombreuses recherches sur la physique de la segmentation. 4. Cinématographie de la marée. Ce film qui a été exécuté sur les indications de M. le pro- fesseur Joubin, par Mie Chevroton et M. Vlès, montre le phénomène de la marée saisi par la « méthode des prises lentes », pendant une journée entière. SOCIÉTÉ CHIMIQUE DE FRANCE Séance du 12 Décembre 1913. , M. M. Tiffeneau expose les résultats de ses recherches concernant l’action du nitrate d'argent sur les «-iodhy- drines de glycols en diverses séries. A côté de la réac- tion normale, résultant d’un double échange avec formation d’éther nitrique et de IAg, on observe con- stamment une réaction secondaire, parfois prépondé- * Cette difficullé a été surmontée par M. Coker en rem- placant le verre par des nitrocelluloses, avec lesquelles on peut obtenir des pièces homogènes de très grandes dimen- sions. Voir E. G. Coken: Applications de la lumière pola- visée aux problèmes de la distribution de l'effort en méca- nique. /tev. gén. des Sc. du 30 décembre 1913. (N. p. L. R.). rante, qui consiste dans l'élimination de IH avec for mation de IAg (ou mieux de IAg.AzO*Ag) et mise en liberté de AzO'H; cette réaction s'accompagne, dans certains cas, de rupture de liaisons carbonées avec transposition moléculaire; dans tous les cas, elle con duit à des produits aldéhydiques ou cétoniques possé dant leur oxygène à l'endroit où de trouvait l’oxyh drile alcoolique de l'iodhydrine. En particulier,en séri hexahydrocyclique, dans tous les cas où l'iode n'es pas fixé sur un C tertiaire, il y a ouverture de la chaîne cyclique et fermeture sur un carbone différent, avec for mation de dérivés du cyclopentane. Cette transpositio moléculaire parait caractéristique de la série hydro cyclique. — MM. M. Marqueyrol et H. Muraour com plètent leur communication de la séance précédente relative au mécanisme de la réaction à la diphényl amine. En opérant en présence de H?S0# conc., le reu dement en diphénylbenzidine baisse considérable ment; il faut admettre que, dans ces conditions, 1 groupe AzH se trouve bloqué et protégé contre l’oxyda tion. L'attaque de la diphénylamine par les oxydant s'effectue donc tout d’abord sur le groupe AzH. M. P. Brenans : Sur la nitration du p-iodacétanilid (voir t. XXIV, p. 948). Séance du 26 Décembre 1913. M. M. Sommelet à constaté que l'éther chloro méthylique réagit sur les hydrocarbures benzénique en présence de SnCl* suivant la réaction : R.C‘H + CH*O.CH?CI = CHSOH R.CSHE.CHECI. Dans tous les” cas déjà examinés, la fixation du reste CH?CI s’esb effectuée en para relativement à une chaîne latérale quand cette position était libre. Les dérivés chlorés se transforment facilement en éthers acétiques quand om les chauffe avec une solution acétique de CH®.CO®K; la saponification de ces éthers fournit les alcools pri- maires de la série benzénique. Les mêmes dérivés chlorés se transforment en aldéhydes benzoïques quand on les chaufle avec une solution alcoolique d'hexaméthylène-tétramine. La réaction de condensa= tion précédente n’est pas utilisable pour les éthers> oxydes de phénols si on recourt à SnCl'; mais, em s'adressant à des éthers-sels convenablement choisis, des phénols, on peut les transformer en dérivés chloros méthylés par CICH?OCH® à l’aide de SbCI. — M. J. Bou gault, en étudiant la préparation de l'acide phényÿl pyruvique par l'action de H*S0* conc. sur l’éther d l'acide a-cyanophénylpyruvique, a reconnu que H°SQ ne produit pas par lui-même la saponification, comm on serait tenté de le croire; tout au plus transforme-t-il le nitrile en amide, mais il ne détache ni AzH, n OC®H. 11 se borne à préparer la saponification, effec tuée ensuite par l'eau, par la formation d’une combi naison intermédiaire, dont l’auteur a obtenu des com: posés avec les alcools éthylique el méthylique. MM. A. Kling et E. Gelin décrivent un procédé des séparation et de dosage de la glucine en présence d fer et de l'alumine. Les auteurs transforment le mélang d'oxydes en acétates, qu'ils traitent à 110° par un excess d'acide acétique cristallisable; ils réalisent de cette facon la transformation de l'oxyde de glucinium en acélate complexe d'Urbain et Lacombe, qu'ils séparen par sublimation dans le vide, en présence d’une atmo= sphère de vapeurs acétiques. Cette méthode à donn aux auteurs de très bons résultats. — MM. A: Kling: D. Florentin et V. Genin montrent que le procéd classique dit «au chlorure de baryum » utilisé pour 1 dosage de l'alcali libre dans les soudes commerciale et les savons est tout à fait incorrect lorsque ces der niers produits sont mélangés de sels à acides miné raux faibles, tels que les silicates, borates, etc. La substitution de l’eau alcoolique à 50 °/, à l’eau pur permet de réduire l'erreur à des proportions insigni fiantes. — MM. Gabriel Bertrand et H. Agulhon déerivent une méthode de dosage de quantités extrè mement pelites de bore ou d'acide borique, applicabl aux matières organiques d'origine animale ou végétale | rapports v/T ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 89 aux eaux naturelles, etc. Cette méthode est basée sur les longueurs différentes de coloration que prennent les bandelettes de papier de curcuma lorsque, dans des conditions données (en se servant d’un petit appa- reil construit à cet effet), elles plongent dans des solu- tions boriquées additionnées d'acide chlorhydrique, le reste de ces bandelettes évaporant à l'air les solutions qui y montent par capillarité. Pour des poids de bore allant du demi-millième au dixième de milligramme, les longueurs colorées sont suffisamment proportion- nelles pour que l’on puisse faire de bonnes mesures comparatives avec des solutions titrées. MM. Gabriel “Bertrand et H. Agulhon ont reconnu que toute une série de matières colorantes autres que la curcumine “donnent aussi une réaction colorée avec l'acide borique. SOCIÉTÉ ROYALE DE LONDRES Séance du 13 Novembre 1913. SCIENCES PHYSIQUES, — M. G.-W. Walker : La va- riation diurne du magnétisme terrestre. L'auteur a rassemblé les observations de variation diurne du magnétisme terrestre provenant de neuf observatoires. Il les présente sous forme de coefficients de Fourier des termes de vingt-quatre et de douze heures pour les composantes géographiques N, W et verticale. Les résultats sont en faveur des formules de Schuster pour le potentiel magnétique de variation diurne dérivé de la composante W; mais le potentiel magnétique ainsi déterminé ne donne pas pour la composante N les valeurs numériques observées. Les données sur la force verticale concordent avec la conclusion de Schuster, que la source primaire de variation est d'origine épigénique. — M. G.-W. Walker : Hypothèse sur lorigine de Ja radiation du corps noir. L'auteur montre d’abord qu'une formule de forme dynamique peut représenter les données concernant la radiation presque aussi bien que la for- mule proposée par Planck. 11 conclut d'autre part que la radiation est probablement déterminée par l’action combinée d’une particule négative (électron) et d’une particule positive en mouvement orbitaire stationnaire. Les résultats observés peuvent donc s’accorder avec les principes des théories dynamique et électrodyna- mique. — M. A.-W. Porter montre que, si l'exis- tence d’un point d'inversion dans l'effet Joule- Thomson de CO* liquide, annoncée par Jenkin et Pye, est réelle, celui-ci doit correspondre à une valeur minimum (ou maximum) de v/T. Il a calculé les d'après le diagramme des volumes spéciliques, et il a trouvé un minimum de ce rapport aux environs de — 24°C. Comme le point d'inversion trouvé expérimentalement est entre —2007 et — 310, son existence peut ètre considérée comme confirmée. — Sir W. Crookes : Préparation de verres pour lunettes préservant l'œ1l. L'auteur a étudié l'effet de l'addition de divers oxydes métalliques aux consti- tuants du verre en vue d'intercepter les rayons invisi- bles de l'extrémité infra-rouge comme de l'extrémité ultra-violette du spectre, sans trop obscurcir la lumière ni modifier les couleurs des objets vus à travers ces verres. Les oxydes des métauxsuivants ontété reconnus aptes à donner en partie ces résultats : Ce, Cr, Co, Cu, Fe, Pb, Mn, Nd, Ni, Pd et Ur. Par diverses combinai- sons, l’auteur est parvenu à préparer des verres qui intercepteut 90 /, de la radiation calorifique, ou qui sont opaques aux rayons ultra-violets invisibles, ou qui sont suffisamment incolores pour servir de lunettes. Mais il n'a pu encore combiner à un degré suffisant ces trois résultats dans un seul verre. — MM. A.-W. Porter el F.-W. Edridge-Green, pour répondre aux critiques adressées par Burch à leur précédent mé- moire, ont répété toutes leurs expériences sur les images résiduellesnégatives avec les couleurs spectrales pures, en prenant les précautions les plus minutieuses pour éviter toute lumière parasite. Les résultats sont restés les mêmes. Une image résiduelle négative d'une couleurapproximativementcomp émentaireestobtenue en l'absence totale de stimuli qui causeraient une telle couleur. Séance du 20 Novembre 1913. SCIENCES NATURELLES. — M. A.-F.-S. Kent : Struc- tures neuro-musculaires dans le eœur. L'auteur à trouvé dans le tissu conjonctif situé entre les muscles auriculaire et ventriculaire un type, de structure non encore décrit, consistant en un corps allongé présen- tant des fibres nerveuses au milieu d’un tissu fibreux, abondamment irrigué par le sang. Cette structure à plusieurs points communs avec les faisceaux neuro- musculaires trouvés dans les muscles squelettiques. — MM. G. Graham et E.-P. Poulton montrent que la présence d'acide acéto-acétique cause une erreur dans la détermination de la créatinine, qui est trop faible. Comme cetacideest éliminé dans la détermination de la somme créatine + créatinine, il ne cause plus d'erreur. Comme le chiffre de la créatinine est trop bas, et que la somme créatine + créatinine est exacte, il semble qu'il y a eu excrétion de créatine. Les auteurs ont donc repris l'étude de l’excrétion de la créatine dans la diète d'hydrates de carbone, en ayant soin d'éliminer l'acide acéto-acétique avant la détermination de la créatinine, et ils ont alors reconnu que l’excrétion de la créatine est nulle. — MM. J.-A. Gardner et P.-E. Lander : Origine et destinée du cholestérol dans l'orga- nisme animal. XI. Les auteurs ont déterminé la teneur en cholestérol de jeunes poulets soumis à différents régimes Elle paraît dépendre de la teneur en stérol de ces régimes, et rien n'indique que chez l'animal en état de croissance l'organisme soit capable de faire la synthèse du cholestérol. — MM. W.-E. Ballock et W. Cramer : Contribution à la biochimie des tumeurs. Les cellules de différentes races de tumeurs transplan- tables de la souris et du rat offrent des différences quantitatives et qualitatives dans les divers groupes de substances lipoïdes présentes. Cesdifférences n'existent pas seulement entre des cellules de tumeurs de tissus différents (entre un sarcome et un carcinomel, mais aussi entre deux races différentes de cellules de tumeurs du même tissu (carcinome mamrmiaire à évo- lution lente ou rapide). Les cellules de tumeurs nécro- tiques présentent une grande augmentation de la quantité de lipoïdes totaux. — M. D.-H. Scott : La Medullosa pusilla. Les Medullosa constituent un genre de plantes fossiles. à structure préservée, du Carbo- nifère et du Permien, connu jusqu'à présent en A: gle- terre par une seule espèce, la 47. anglica. L'auteur décrit une nouvelle espèce, I. pusilla, trouvée à Colne (Lances.), très voisine de la première, mais de très petite taille et d'une structure simplifiée. SOCIÉTÉ DE CHIMIE DE LONDRES Séance du 6 Novembre 1913. MM. A.-G. Green et F.-M. Rowe montrent que, tandis que l’o-nitroaniline et la 2:4-dinitroaniline, oxydées par un hvpochlorite alcalin,sont transformées en oxydes de benzisooxadiazols, la présence d'un groupe aminé, acétylaminé ou sulfonique en position para occasionne une rupture complète du noyau brnzé- nique. — MM. A.-G. Green el W. Johnson fournissent de nouveaux arguments en faveur de la formule de Green et Wolff pour le noir d’aniline. — M. F. Tutin a trouvé, dans les feuilles de senné(lassia anqus 1folia de l'acide salicylique, de la rhéine, du camphérol, de l’aloë-émodine, un nouveau glucoside du camphérol, la camphérine, C*4H301%,6H°0, F. 1850-1959, un mél nge de glucosides de la rhéine et de l'aloë-émodine, le sel de Mg d'un acide organique non identifié, du dextrose, de l'alcool myricylique, un phytostérol, une phytosté- roline, les acides palmitique et stéarique. — M. Ch.-K. Tinkler : Mélanges de composés nitrés et d'amines 90 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES PEAR colorés à l’état liquide seulement (voir p. #7), — MM. T.-A. Smith et F.-S. Kipping, en hydrolysant le dibenzyldichlorostaunane par KOH diluée, ont obtenu un dérivé potassique, d'où CO? précipite un solide qui est probablement le dibenzyldinydroxystannane Sn (CH*U"H°*(0H)*, mais ce dernier est très inslable et passe oo ment à un produit de condensation com- plexe, soluble dans les solvants organiques; par chauf- fage, il se transforme en un oxyde insoluble, proba- blement [Sn (CH? CH5}0F. — M. R. Wright : Mesure de la vitesse de réaction par la variation de volume en solution (voir p. 46). — MM. W.-A. Knight et R.-A. Joyner montrent que le vieillissement des copeaux d’alliages d'argent et d'élain n’est pas dû à l'oxydation superlicielle, ni à un changement polymorphique de Ag®Sn, mais probablement à une action catalytique du fer où des dérivés du fer introduits par le débitage. Les auteu s ont aussi étudié l'équilibre des métaux Ag, S et Hg à 63°, 90°, 166° et 2140, — MM. H. Me Combie et P.-J. Ward ont étudié l'action du chlore sur la m-iodo- et la m-bromo-aniline. Ils ont obtenu d’abord un dérivé trichloré, puis une hexachloro-iodo (ou bromo)-cyclo- hexénone. — MM. P.-C. Ray, M.-L. Dey et S.-C. Jana ont constaté que le nitrite de guanidinium est décom- posé par la chaleur en AzH*, HCAz, Az°0 et A7, avec un résidu de mélamine. — M. T.-R. Merton à déterminé le spectre d'absorption des solutions de chlorure ura- neux dans différents solvants. — MM. T.-S. Patterson et W.-C. Forsyth ont déterminé la rotation de divers dérivés de l'acide lactique à la fois à l’état homogène et en solution dans deux solvants. — MM. F.-D. Chat- taway et R.-R. Baxter ont constaté que les cétones contenant un groupe méthyle réagissent facilement avec l'iodure d'azote en formant de l’iodoforme, AzH', un acide et un amide. Les réactions paraissent être les suivantes : 1° R.CO.CH* + AzH°.AzI® — R.CO.CI 2AzH% ; 20 R.CO.CIS + H°0 — R.CO®H + CHI; 3° R.CO.CI° + AzHS=R COAZH?<Æ CHE. — MM: F. Tutin et W.-B. Clewer criliquent un travail de Hesse en contradiction avec leurs recherches sur les constituants de la chry- sarobine commerciale. — M. Ch. Gilling montre que la 4-méthyldihydrorésoreine est une substance tauto- mère, ce qui l'empêche d'exister sous deux formes stéréoisomères. Le remplacement de l'atome d’'H labile par un groupe éthyle détruit ce tautomérisme, et l’éther éthylique peut être isolé sous deux lormes dis- tinctes. — M. A.-H. Salway à constaté que la réaction de Madelung s'applique à ; l’acéto-m-4-xylidir.e et fournit le 2:5- diméthylindol. Mais elle ne s'applique pas à l’acide xy lylsueri ininamique. — M. E.-A. Werrer montre que la formation du biuret par action de la chaleur sur le carbamide est une réaction réversible. L'ammélide estle produit de l'action de l'acide cyanique naissant sur le biuret. — M. A. Lapworth critique les idées de Leuchs sur le mécanisme de l’«-bromuration des cétones. MM. J.-C. Cain el A. Coulthard et Mie F.-M.-G. Micklethwait ont préparé un certain nombre de dérivés acylés et azoïques des deux o-dini- trobenzidines isomères et ont soumis les deux bases à la diazoréaction. La 3:3'-dinitrobenzidine donne le :3-dinitrodiphényle di-substitué correspondant, mais la 2:5' dinitrobenzidine, dans les cas où l’on emploie le cuivre, fournit des dérivés du benzérythrène. ACADÉMIE DES SCIENCES DE BERLIN Séance du 13 Novembre 1943. M. H. Struve donne lecture d’un mémoire sur la détermination, à l’aide du rélracteur de Künigsberg, de parallaxes d'étoiles. Pendant les années 1902-1904, on à commencé, avec le réfracteur de Künigsberg, une série d'obser ations pour déterminer les parallaxes de certaines étoiles douées d'un mouvement propre con- sidérable. Chacune de ces étoiles a été, au micromètre à fils, rattachée, par les différences de déclinaison, à plusieurs (6-7) éloiles témoins des 9-11° ordres, En réduisant l'éclat de l'étoile observée, au moyen d'un diaphragme à réseau, l'éclat moyen des étoiles témoins, on réalise une précision très salisfaisante 1 Séance du 20 Novembre 1913. À M. H. Zimmermann rend compile de ses recherches sur l'influence du vent sur les bâtiments et sur un dis= positif permettant d'apprécier la pression du vent suk les surfaces et les corps. La pression du vent présente” pour la stabilité des bâtiments, inégale. Elle se manifeste surtout sur les bâtiments. éleves, à pelite base, tels que tours, cheminées: d'usines, etc. L'indicateur de pressions du vent, sys= tème Giessen, est destiné à fournir les données expé- rimentales nécessaires aux calculs statiques des bâti= ments de ce genre. D'autre part, il se prête pour déterminer la grandeur et la direction des pressions exercées par un courant d'air sur un corps d'une forme quelconque. — M. Rubens adresse une note de M. J. Stark, professeur à l'Ecole Polytechnique d'Aix= la-Chapelle, sur ses observations relatives à effet du champ électrique sur les lignes spectrales (voir p. 2). Séance du 27 Novembre 1913. M. W. Waldeyer rend compte de ses recherches sur les déformations du rhinencéphale. L'auteur, à l’aide de plusieurs préparations anatomiques de cerveaux dépourvus, unilatéralement ou bilatéralement, du tractus et du bulbus olfactorius, discute les déforma= tions les plus importantes de ces cerveaux et les formes principales d'arhinencéphalie. ALFRED GRADENWITZ. SOCIÉTÉ ALLEMANDE DE PHYSIQUE Mémoires présentés en Octobre 1913. MM. G. Gehlhoff et F. Neumeier : Contributions à l'étude des propriétés thermiques et électriques des poudres comprimées d'antimoine, de bismuth et de galère. Les blocs comprimés dont se servent les auteurs ne se distinguent en rien, quant à leur apparence, de fragments coulés, mais leur poids spécifique est de 1 °/, plus petit. Or, malgré l'appli= cation de pressions allant jusqu'à 5.000 kilogs/cm?, et malgré les points de fusion relativement bas des. poudres d'antimoine et de bismuth, ils ne réussissent pas à oblenir des blocs comprimés contenant des cristaux mixtes en proportion appréciable et dont les propriétés physiques ressembleraient, ans une certaine mesure, à celles des métaux coulés. D'autre: part, la poudre de galène, comprimée à 6.000 kilogs/em?, présente des conductions thermique et électrique analogues à celles des métaux purs. M. Ad. Heydweiller : Sur le magnétisme des sels parama- guétiques en solution. Les recherches de deux élèves de l'auteur, MM. H. Stüdemann etP. Philipp, recherches. dont la publication a été retardée, font voir, d'accord avec les expériences indépendantes de MM. Cabrera et Moles, mais pour des champs plus faibles, que le. magnétisme atomique du fer en solution. loin “’ètre constant, est une fonction de la concentration. M. Philipp réussit même à observer, à concentration croissante, un maximum de magnélisme alomique, qui, dans des limites étroites, peut produire l'illusion de la constance. D'autre part, la diminution du magnétisme atomique à concentration décroissante semble, à son tour, avoir une limite, atteinte seulement chez certains sels, et au delà de laquelle le magnétisme atomique recommence à croître. L'auteur interprète ces intéressants phénomènes par les varia- tions du degré de dissociation. — M. M. Wolfke : Au sujet de la théorie des quanta. Certains phénomènes semblent démontrer le caractère discontinu de l'énergie lumineuse, non seulement dans l'émission (et peut-être l'absorption), mais dans l’espace libre. L'auteur se sert de cette idée pour basersur elle une nouvelle déduction, une importance très pain ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES de la loi de répartition de Planck. — M. H. Boas : //n éclateur à étincelles amorties, à électrodes en métaux à point de fusion élevé, notamment en tungstène, L'adoption d'électrodes en tungstène, pour les étincelles amorties, assure un nouveau progrès fort considérable dans la transmission des vibrations. L'auteur réussit, d’une part, à porter jusqu'à 50 °/, l'accouplement entre Miles systèmes primaire et secondaire; d'autre part, il esten mesure de modifier fortement l’accouplage entre deux systèmes, sans nuire à l'effet d'extinction. La duree de ces éclateurs se trouve augmentée dans une mesure extraordinaire, en comparaison de celle de presque tous les éclateurs jusqu'ici connus. On peut mème affirmer que cette durée, même en cas de très grande fatigue, n’est sujette à aucune limite appré- ciable. — Mile E. von Bahr: Sur l'absorption infra- rouge des gaz. L'auteur étudie la bande d’absorpüon de HCI, à 3,5 y, et l'absorption de CO*, à 2,7 y, à l'aide d’un prisme en quartz, assurant une résolution bien plus considérable qu'auparavant. Dans la bande double de HCI, il découvre 12 maxima individuels, dont la position lui permet de calculer, d’après la théorie de Bjerum, les fréquences rotatoires des molécules. L'abserption de CO, à 2,7 y, comporte deux bandes d'absorption distinctes, qu'une dispersion un peu plus considérable permettra probablement de dissoudre en bandes doubles. — M. A. Eucken: Sur l'application de la theorie des quanta au spectre d'absorption infra- rouge de la vapeur d'eau. Les observations confirment, d'une façon évidente, l'hypothèse d’une distribution discontinue de l'énergie, c’est-à-dire la théorie des quanta sous sa forme originelle; elles infirment la nouvelle hypothèse de Planck, d'après laquelle chaque molécule in lividuelle serait capable d'absorber une quantité d'énergie quelconque, la fréquence des molécules, dans une région d'énergie donnée, étant seule sujette à des variations intermitltentes. Mémoires présentés en Novembre 1913. M. E. Schrodinger : Notice relative à la théorie de la dispersion électrique anomale. Après avoir fait re- - marquer que la belle théorie des pôles doubles, déve- loppée par M. Debije, ne fournit pas de nouveaux élé- ments mathématiques, l'auteur attire l'attention sur les services que la relation entre la température et la courbe de dispersion est appelée à rendre danscet ordre . d'idées. Il s'agirait d'étudier l'influence de la tempéra- ture sur l'allure moyenne de la courbe de dispersion, c'est-à-dire de faire varier la température même dans les expériences relatives aux petites longueurs d'ondes, par une des méthodes ordinaires Pour les mêmes li- quides, il faudrait déterminer, en même temps, le coeflicient de frottement intérieur et sa relation avec la température, ce qui permettrait d'isoler l'influence du pôle double. D'autre part, il conviendrait de conti- nuer les recherches de détails commencées par MM. Colley et Obolensky, en les étendant à une partie aussi grande que possible du spectre, alin de détermi- ner s'il s'agit d'un phénomène secondaire superposé. — M. F. Neesen : Zxpériences de la Station centrale de Recherches scientiliques-techniques, à Neu-Babels- berg, sur les paratonnerres dans les dépôts d'explosifs. Ces expériences fournissent des données définitives pour résoudre la question desavoir si les parties à proté- ser, composées ell s-mêmes de conducteurs, doivent ètre mses à la terre. Une mise à la terre spéciale est dans doute dangereuse; il suffit d'éviter, par des con- nexions aussi courtes que possible, les différences de potentiel entre le conducteur à protéger et les parties voisines du paratonnerre. Pour intercepter le coup de foudre proprement dit, il faut prévoir un dispositif spécial, à côté duquel une cage de Faraday peut rendre des -ervices pour éviter les effets s-condaires. Le nom- bre de connexions entre ces divers disposilifs et le corps à protéger diffère suivant qu'ils doivent absorber le coup principal ou seulemsnt les effets secondaires. — M. W. Steubing : Æflets des champs magnétiques 91 sur l'intensité de fluorescence. L'auteur réussit à éta- blir que la fluorescence de l'iode, excitée par la lu- mière blanche, subit, sous l'influence de champs ma- gnétiques intenses, des modifications net'ement diffé- rentes de cells qui se produisent, dans le cas d'une excitation monochromatique, en raison de l’effet Zee- man simple. ALFRED GRADENWITZ. ACADÉMIE DES SCIENCES DE VIENNE Séance du 20 Novembre 1943. 19 SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. A. Klingatsch envisage un cas spécial du problème des deux hau- teurs : la détermination de la hauteur polaire, du méridien et du temps d'après l'observation d'une étoile à l'Ouest à une hauteur qui est égale à la déclinaison d'une seconde étoile à l'Est, ou vice versa. Il en donne la solution. — M. F. Hopfner étudie le cours des marées dans le port de Trieste et soumet à l'analyse harmonique les observations de l'année 1911. Les marées de Trieste appartiennent au type mixte. 2° SCIENCES PHYSIQUES. — M. G. Dimmer montre que la longueur absolue de la colonne thermométrique située en dehors de l'enceinte n'influe pas sur la valeur de la correction à apporter aux indications du thermo- mètre, mais seulement la valeur de cette colonne en degrés. — MM. R. Kremann, C.-Th. Suchy, I. Lorber et R. Maas sont parvenus à déposer électrolytique- ment des hronzes (Cu — Sn) en feuilles de bains conte- nant de l'acide taririque ou du cyanure de potassium, Les derniers donnent les meilleurs résultats. — M. O. von Fraenkel à préparé une série de chloro-iridiates et de chloro-rhodiates d’amines organiques substituées des types X?IrCl°, et X*RhC!° et X'RhCI. Il à également obtenu des sels X*Rh°CI° nouveaux et X°RhCI, consi- dérés comme douteux jusqu'à présent. — MM, W. Pauli et S. Odèn ont déterminé les mobilités des ions pro- téiques électro-positifs de l’albumine, de la glutine et du glutose en solution chlorhydrique. La mobilité équi- valente s'élève de 11 à 31/10° avec la teneur en HCI. ACADÉMIE DES SCIENCES D'AMSTERDAM Séance du 25 Octobre 1913. 1° SCIENCES PHYsiQuEs. — M. W. de Sitter : Sur l'invariabilité de la vitesse de la lumière. Répondant à une critique faite par d’autres à une communication précédente de l’auteur, celui-ci montre que, d'après les observations, les astres ne modifient pas la vitesse de la lumière de plus de 0,002 de leur propre vitesse. — MM. J.-D. van der Waals et P. Zeeman présentent un travail de M. J.-D. van der Waals Jr. : Sur la loi de répartition de lénergie. IV. L'auteur montre que l'hypothèse de l'existence d’une énergie au zéro absolu pourrait rendre compte de certaines propriétés, Jusqu'ici inexplicables, de l'atome radio-actif, telles que le fait que la température est sans influence sur les phénomènes radio-actils. — MM. H. Kamerlingh Onnes et H.-A Lorentz présentent un travail de M. W.-H. Keesom : Sur l’aimantation des substances ferromagnétiques dans ses rapports avec l'hypothèse de l'existence d'une énergie au Zéro absolu. L'auteur établit une expression pour l'énergie de rotation des molécules et se propose de la soumettre au contrôle expérimental en se servant des données fournies par l'observation de divers phénomènes physiques, qui paraissent être régis par cette rotation. Un pareil phé- nomène est probablement l’aimantation spontanée des substances ferro-magnétiques. L'auteur introduit pour cette raison le résultat fourni par la théorie des quanta dans la théorie de Weiss relative à l’état ferromagné- tique; il confronte ensuite avec les résultats de la théorie les données expérimentales fournies par les mesures faites sur la magnétite et le nickel. Pour la 92 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES magnétite, l'accord est (rès satisfaisant; pour le nickel, il l'est moins, bien qu'en grands traits les considéra- tions théoriques soient vérifiées. — MM. H. Kamerlingh Onnes et H.-A. Lorentz présentent un deuxième travail de M. W.-H. Keesom sur le même sujet : ZZ. Sur la susceptibilité dans l'état ferro-magnétique induit. Remarques générales auxquelles conduit l'application de la théorie des quanta, où l’on introduit l'hypothèse de l'existence d’une énergie au zéro absolu, spéciale- ment à l'induction magnétique dans les substances ferro-magnétiques. — MM. H. Kamerlingh Onnes et Albert Perrier : Recherches magnétiques. X. Appareil pour l'examen cryomagnétique général de substances à faible susceptibilité. Description de l'appareil ayant servi aux mesures décrites en mai 1911, et dont la con- struction avait pour but de développer la technique, encore à peu près inconnue, des recherches dans le domaine de l’aimantation faible à basse température. Les auteurs se sont proposé de construire un appareil permettant de faire des mesures sur des corps d’épreuve en forme de cylindre allongé, mais pouvant servir aussi, sans modification notable, à l'étude de petits objets et approprié aussi à l'examen de liquides. L'ap- pareil qu'ils ont construit satisfait à ces exigences. — MM. H. Kamerlingh Onnes et J.-P. Kuenen présentent un travail de M. C.-A. Crommelin : /sothermes de substances monoatomiques et de leurs mélanges bi- naires. XV. Les tensions de vapeur de l'argon solide et liquide depuis le point critique jusqu'à — 206°. Tableau synoptique complet des mesures faites par l’auteur, et communication de quelques résultats qui se déduisent de ces mesures. Le point critique est {—— 1220,44 C., p=—=36%5,1 cm. merc., le point d'ébullition normal est — 1850,84, le point triple — 1890,30,51,565 centimètres. Les courbes de tension de vapeur du liquide et du solide se coupent au point triple sous un très petit angle. Enfin, l’auteur a calculé pour quelques tempé- ratures li chaleur de vaporisation. — M.J.-K.-A. Wer- theim Salomonson : Contribution à la connaissance du galvanomètre à corde. L'auteur calcule d’abord, à l'exemple de Stefan, quelle est la valeur qu'il faut donner à l'angle sous lequel se terminent des pièces polaires prismatiques, pour que dans l’entrefer le champ magnétique soit maximum, il trouve que la valeur la plus avantageuse du demi-angle est 53° à 55°. Il examine ensuite la forme que prend la corde du galvanomètre d'Einthoven dans le champ magnétique de l’électro- aimant. Il applique à cet effet une construction bien connue en graphostatique et la soumet au calcul. Dans un champ uniforme, il trouve que la corde prend la forme d’une parabole. Mais la méthode s'applique aussi au cas où le champ n’est pas uniforme, comme il arrive lorsque les pièces polaires sont percées, ainsi qu'au cas où la corde a ses extrémités en dehors du champ. Enfin l’auteur indique deux méthodes permettant de déter- miner ce quil appelle l'intensité active du champ, c'est à-dire l'intensité d’un champ homogène produi- sant le même écart maximum de la corde que le champ non homogène dans lequel elle se trouve en réalité. — MM. Ernst Cohen et W.-D. Helderman : L’allotropie du cadinium. I. Les recherches de Matthiesen et Bosc sur la conductibilité électrique du cadmium faisant supposer que le cadmium chauffé jusqu'à 80° passe dans un autre élat, les auteurs se sont proposé d’exa- miner ce fait, qui s'est trouvé vérifié. A 65° C., en effet, le cadmium se transforme et c’est par suite des retards particulièrement considérables que le fait a échappé jusqu'isi aux recherches. Les auteurs ont opéré de deux façons, par voie pyknométrique et par voie dila- tométrique. — MM. J.-D. van der Waals et A.-J. Hol- leman présentent, au nom de M. F.-E. C. Scheffer : Sur le système hexane-eau. Ce système est le premier exemple connu d'un type de mélanges dans lequel le point terminal supérieur de la pression du système de trois phases (voir à ce propos la dix-septième contri- bution à la théorie des melanges binaires de M. van der Waal-) se trouve à gauche du minimum de la courbe des points de plissement. L'auteur a examiné les équi- libres p,T pour quelques mélanges contenant un grand excès d’hexane et a construit la courbe des équilibres de trois phases jusqu’à sa rencontre avec la courbe des points de plissement. La pression du système des trois phases est, à température donnée, supérieure à la somme des tensions de vapeur des constituants purs. — MM. A.-F. Holleman et S. Hoogewertf présentent un travail de MM. J. Bôeseken et K.-H.-A. Sillevis : Sur la stabilité des hydrocarbures cycliques dans ses rap- ports avec leur configuration. La transformation du cyclohexène en benzène et cyclohexane (Contribution à l'étude des phénomènes catalytiques). Conclusions du travail : Le cyclohexène à 1809 et sous pression ordi- naire est métastable par rapport au mélange correspon- dant de benzène et de cyclohexane. Le cyclohexane à 390° et pression ordinaire est métastable par rapportau mélange correspondant de benzène et d'hydrogène. Le cyclohexène à 180°et pression ordinaire est métastable par rapport au mélange correspondant de benzène et d'hydrogène. Le cyclohexène est plus fortement sur- saturé d'hydrogène que le cyclohexane. Le méthyl- cyclopentane à 280° et sous pression est probablement plus stable que le mélange correspondant de benzène et d'hydrogène et plus aussi que le cyclohexane — MM. H. Zwaardemaker et Ernst Cohen présentent un travail de M. L. Arisz : Changements d'état dans des solutions de gélatine. L'auteur est d'avis que les chan- gements d'intensité dans le phénomène de Tyndall (voir la note présentée en juin 1913) proviennent d'un changement dans la grosseur des particules de géla- tine. {l pense qu'on doit regarder une solution de gélatine comme un système pseudo-ternaire, dont les composants sont de l’eau, de grosses particules et de petites particules. À chaque température et pour chaque concentration, il y aurait un état d'équilibre auquel correspondrait une proportion déterminée de deux espèces de particules. Get équilibre ne s'établirait qu'à la longue, après plusieurs heures. L'imbibition et là dissolution sont deux phases d’un même processus : la gélatine, mise en présence d’eau, gonfle d’abord et se dissout ensuite. — M. F.-A.-H. Schreinemakers : Equilibres dans les systèmes ternaires. IX. l’auteur examine à un point de vue théorique l'équilibre de quatre phases, dont deux solides, une liquide et une gazeuse, au point de vue des courbes de saturation du liquide etde la vapeur sousla tension de vapeur propre des deux constituants solides. 29 SCIENCES NATURELLES. — M. M.-W. Beyerinck : Oxydation du carbonate de manganèse par les microbes. Il résulte d'expériences sur le processus de nitrifica- tion, dans lesquelles le carbonate de manganèse servit comme indicateur d’oxydation, que cette oxydation n’est pas le fait des microbes nitrilicateurs eux-mêmes, mais qu'il y à d’autres organismes qui possèdent le pouvoir de produire cette oxydation. Ce sont des bac- téries et des moisissures appartenant aux divisions les plus diverses des champignons : espèces de Botrytis, Sporocybe, Trychocladium et surtout de 1/ycoqone. Ces moisissures peuvent être aisément extraites du terreau où le carbonate de manganèse, qu'elles oxydent, leur sert de nourriture. Il reste à étudier diverses questions relatives aux transformations que ces microbes opèrent dans le sol. — M. H. Zwaardemaker : Sur l’apprécia- tion des appareils d'audition par la méthode da miroir. Un petit miroir est placé sous un angle de 45° au fond d’un conduit auditif artificiel muni d’un cornet repré- sentant la conque de l'oreille ; devant cette oreille artificielle se placent les appareils à examiner et on observe la déviation du miroir produite, avec ou sans l'appareil d'audition, par des sons de hauteur déter- minée. Les résultats dela comparaison des divers appa- reils examinés sont réunis dans des tableaux. 3-8. v. Le Gérant: À. MARETHEUX. Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. 25e ANNÉE N° 3 15 FÉVRIER 1914 Revue générale des Sciences pures et appliquées FONDATEUR : LOUIS OLIVIER DIRECTEUR : J.-P. LANGLOIS, Docteur ès Sciences. Aüresser tout ce qui concerne la rédaction à M. J.-P. LANGLOIS, 18, rue Chauveau-Lagarde, Paris. — La reproduction et la traduction des œuvres et des travaux publiés dans la Revue sont complètement interdites en France et dans tous les pays étrangers, y compris la Suède, la Norvège et la Hollande. LA CROISIÈRE DE LA ‘REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES ” EN ÉGYPTE ET AU La /tevue générale des Sciences ne rend compte que très rarement des Croisières qu’elle organise : l’adage antique « Il n’y a rien de nouveau sous le soleil » est une lecon de modestie. Le dernier voyage d'étude qu'elle vient d'effectuer nous paraît cependant mériter d'être signalé, et pour le caractère qu'il a revêtu et pour l'accueil qu'il a recu. C’est le 21 novembre dernier qu'à bord du paquebot des Messageries Maritimes les membres de la Croi- “sière s'embarquaient à destination d'Alexandrie, pour “un long voyage en Egypte et au Soudan anglais dirigé “par M. George Foucart, Professeur à l'Université “d'Aix-Marseilie et à l’Institut Colonial de Marseille, “et par le signataire de ces lignes. Quelques jours après, sils étaient au Caire. On ne découvre pas un Caire, … et pourtant … Le “magnifique effort accompli là-bas par le Comité de …Lonservation des Monuments de l'Art arabe vient de restituer aux mosquées historiques, aux tombes prin- quitres, aux fortifications, leur physionomie primitive. | y à là, aujourd'hui, un ensemble unique dans le monde de l'Islam tout entier. Le programme de la Revue s'adaptait à cette transformation. Le Caire, qui est à l'histoire des civilisations musulmanes ce que Hhèbes peut être à l’ancienne Egypte, il fallait tenter d'en relire les pages de gloire, sur place, en les déchif- frant sur ses monuments. C’est alors l'histoire des arts musulmans qui se déroule au cours des siècles, rédigée en chefs-d'œuvre incomparables, et c'est aussi …|'histoire d'une pensée religieuse qui a conquis une partie du monde, traduite par les plans et les styles “successifs des couvents, des fontaines, des mosquées. Pareille tâche n'avait jamais été tentée : notre /tevue pure été la première à la réaliser. Qu'il nous soit permis “de remercier Ali bey Bahgat, le distingué Conserva- “eur du Musée des Monuments de l'Art arabe, pour les Lire qu'il nous a accordées. L'Egypte de 19143 n’est plus celle d'il y a quelques “années, au point de vue des antiquités pharaoniques. Sous la haute direction de l’illustre égyptologue qu'est M. Maspero, les déblaiements et les travaux de réfec- tion des grands temples, les campagnes de fouilles, les trésors acquis par le Musée égyptien ont renouvelé REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1914. SOUDAN ANGLAIS l'archéologie égyptienne. A l’éminent Directeur de l’Institut allemand d'Etudes égyptiennes, M. le Profes- seur Borchardt, à qui nous devons d’avoir visité cette Pompéi égyptienne qu'est Tell-el-Amarna; à notre compatriote M. Georges Legrain, qui nous à fait les honneurs d’un Karnak transformé par sa science et son travail, nous adressons ici notre gratitude. La Croisière au Soudan égyptien, qui prolongeail notre voyage d'Egypte, offrait un puissant intérêt à trois points de vue: l'histoire des civilisations antiques du continent noir; la géographie des peuples africains; la gigantesque tentative de mise en valeur des régions ouvertes d'hier seulement à l’Europe coloniale. A uotre arrivée à Wady-Halfa, S. Exc. le gouverneur de la province et Lady Iles montaient à bord du grand paquebot du Gouvernement soudanais pour nous souhaiter la bienvenue, et, prenant place avec nous dans le magnifique train spécial que nous allions utiliser pendant tout le voyage, nous faisaient l’hon- neur de nous accompagner jusqu'à la première station. Les visites aux célèbres royaumes de Napata et de Meroë initièrent les voyageurs aux annales et à l'art de l'antiquité éthiopienne. C’est la première fois qu'un groupe de touristes voyait Napata et le Gebel Barkal : une semblable visite avait autrefois le caractère d’une véritable exploration, et bien peu nombreux même sont les égyptologues de carrière qui virent ces ruines imposantes. À Merowi, près de Napata, un vaillant soldat et un ami de notre pays — il en a donné plus d'une preuve touchante— S$S. Exc. Jackson Pacha, gou- verneur de la Province de Dongola, reçut la Croisière. qui vécut, grâce à lui et avec lui, une journée de rêve. L'accueil qu'il réserva à nos compagnons de voyage est de ceux que l'on ne peut oublier. M. le professeur Gars- tang, de l'Université de Liverpool, qui vient d’exhumet la capitale du célèbre royaume d’Ethiopie, ses temples et ses monuments, fut, à Meroë, le plus aimable et le plus instructif des conférenciers : nous lui devons une Journée d’un intérêt unique. A Khartoum, dans la capitale du Soudan anglo- égyptien, nous étions attendus avec impatience, et il nous est impossible d'énumérer toutes les attentions que la haute société anglaise nous témoigna. Que J _ S. Exc. le Gouverneur général, sir Reginald Wingate, Maréchal de l'Armée égyptienne, et Lady Wingate, qui donnèrent une garden-party en l'honneur de la Croi- sière, l'invitèrent à leur table et, pour ses excursions, mirent leur bateau à sa disposition, veuillent bien recevoir ici l'hommage de notre gratitude. Nous gar- derons l'inoubliable souvenir de ce séjour, et le nom de sir Reginald reste attaché à cette Croisière à laquelle son accueil à donné la plus flatteuse consécration. Mais, dansles voyages de notre Ztevue, les réceptions SE, NA NC DEEE =, 7 Sa NS ort-ot AE 4 d/smailia Caire Pyramide Suez NZwietel. = Aryan "an Memphis Seygarsh 4 6 Un L ê Beni-Hassan Zell-elPAmarna rl | ENG Lougsor à Edfou Assouan À /!ELataracte Île Philæ PShellal Gorges) de Kalabsheh Lerr Abou-Simbel Quadi-Halfa Île Eephantine 2 — 2 == == ee — —— ==—— — = — = =— = EE — == ES ‘ass | Nes | 2Läfaracte L NÉ dr À ") { ] Pyramides de El Obeid pe peuvent jamais être un obstacle à l'étude des ques- tions scientifiques. La visite de cet admirable établis- sement d'enseignement qu'est le Gordon College, où le thé nous fut offert par S. Exc. Bonham Carter, Secré- taire d'Etat à la Justice, et par M. Currie, Directeur de l'Instruction publique, et la visite du bel Institut Welcome, où se poursuit, sous la direction de médecins aussi savants que désintéressés, la lutte contre la maladie du sommeil et toutes les mala- dies tropicales furent le juste tribut que dans Khar- toum nos compagnons payérent aux études scienti- fiques. Le Soudan est aussi une leçon de colonisation. Nulle part encore un gouvernementn'a pu élaborer un plan aussi méthodiquement intégral de mise en valeur de LA CROISIÈRE DE LA REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES tout un morceau d'Afrique. Sur le Nil Bleu, dans la plaine de Gézirèh, les touristes se trouvèrent devant Ia plus intéressante des expériences agronomiques colo= niales : à Tayiba, ils visitèrent les plantations de coton et purent se rendre compte de l'intérêt que présente, au point de vue de l’industrie cotonnière, l'activité coloniale qne l’on déploie là-bas. La visite de Wad= Medani, sous la direction du Gouverneur, constitua pour eux un vérilable enseignement sur l’ethnologié et les migrations des races africaines, tandis qu'à Sennaar ils purent voir, sous la conduite d’un aimable Inspecteur, M.R.J. Hussey, ce qu'est la grande forêt tropicale où s’ébattent les animaux de la brousse: De Kosti à Obeid, c’est une nouvelle Afrique, l'Afrique des gommiers; c'est le pays que parcourent, la lance au poing, les guerriers presque nus montés sur leurs bœufs; c'est ce Kordofan, ouvert d'hier seules ment à la pénétration européenne et qui, il y a quel= ques années, élait aussi inaccessible à l'Européen que les régions interdites du Thibet. A Obeïd, S. Exec. M. Sas vile, Gouverneur du Kordofan, passa, en l'honneur des membres de la Croisière, une revue du « Corps des Dromadaires du Kordofan », et les Français furent, le soir, au Mess, les invités du Gouverneur el desofficiers à un dîner somptueux et cordial tout à la fois, suivi d'une représentation au cours de laquelle les indigènes exécutèrent des danses de guerre d'un caractèr étrange et saisissant. Nous espérons n'avoir dit qu'un « au revoir » au Gouverneur et aux officiers d'Obeïd qui nous accueillirent avec tant de bonne grâce et eurent pour nous tant de prévenances. El-Obeid marquait le point extrême de notre voyage Bientôt c'était la descente du Nil Blanc, encadré par la forêt tropicale à travers laquelle l’on aperçoit les huttes indigèpes, tandis que, sur les rives, de mons trueux crocodiles s'étalent au soleil; et puis c'était de nouveau, dans ces trains que n'importe quel pays peut envier au Gouvernement soudanais pour la pro= preté et le confort, la traversée du Grand Désert, de Khartoum à Port-Soudan. Notre voyage finissait, sans que, cependant, une dernière note de cordiale bienvenue. ne nous füt donnée, avant le retour eh France, par la Direction de la Compagnie du Canal den Suez. Nous prions M. Joanart, Président du Conseil" d'Administration, qui avail bien voulu faire mettre son! bateau l’Aigrette à notre disposition pour nous per mettre de traverser le Canal, et MM. Ch. de Lesseps Vergé, Bonnet, Administrateurs, Ch. de Sérionne Agent supérieur, qui nous accueillirent à Ismaïlid d'agréer tousnos remerciements. Le lendemain, à bord d'un bon paquebot de Chine de la Compaguie des Mes sageries Maritimes, nousembarquions pour la France De ce voyage, il faudrait pouvoir lirer les enseignes ments qu’il comporte, et la place nous est malheureué sement — et forcément — limitée, Aussi notre but, en attendant qu'une étude plus complète paraisse au jour a-t-il surtout été, par ces quelques lignes, de remerciek ceux qui nous accueilhrent si bien et notre Conféren: cier, M. George Foucart, dont les conférences et les explications furent si hautement appréciées. En parcourant le Soudan anglo-égyplien, où tous less efforts sont concentrés el poussés au maximun d@ puissance en vue de la mise en valeur du pays, nous n'avons pu nous empêcher de songer au préjudice causé à nos colonies par le retard qu'apporte le Parle ment à voter les lois coloniales d'extrême urgence qui lui sont soumises. Nous avons, plus d'une fois, rendu hommage au recrutement des fonctionnaires du Sou dan anglais, qui choisil ses membres parmi les élèves les plus distingués des grandes Universités d'Oxford @ de Cambridge. El nous avons enfin admiré commen l'on développe là-bas Les moyens de communication @ comment l'on y utilise toutes les ressources pour atti rer le tourisme, parce que l'on sait qu'il ouvre, dans les pays économiquement neufs, l'une des plus sûres et des meilleures voies de pénétration. Lucien Roullet-Chéry. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 95 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE $ |. — Astronomie L'absorption de la gravitation. — Le D' Bott- linger, de Munich, a fait une tentative intéressante pour mettre en évidence une influence des milieux traversés sur les forces de gravilation. L'attraction du Soleil sur la Lune serait, d’après lui, affaiblie lorsque la Terre se place entre les deux, autrement dit quand il y a éclipse. De tous les élé- ments du mouvement elliptique, c'est le moyeu mou- vement qui doit être le plus affecté, et il est à remarquer que les effets de deux éclipses consécutives se détruisent à très peu près. Le D° Bottlinger admet que l’affaiblissement de la gravitation dépend de la densité du milieu traversé, ce qui oblige à faire une hypothèse sur la constitution intérieure de la Terre. Les perturbations de la longitude, calculées par cette voie, de 1834 à 1909, se traduisent par une faible oscil- lation dont la période est de dix-neuf ans. Les époques de maximum et de minimum correspondent exactle- ment à celles qui avaient été trouvées empiriquement par Newcomb. IL reste à voir si l'application à un plus long inter- valle de temps, rendue difficile par le défaut d'éphé- inérides, ne fera pas apparaitre des conséquences inconciliables avec les faits. $ 2. — Électricité industrielle. Le système Korn de télé-photographie sans fil. — On sait que le système de télé-photogra- phie préconisé par le Professeur A. Korn, à Charlot- tenbourg, est, depuis quelque temps déjà, entré dans la pratique courante de la presse illustrée et que des quotidiens de plusieurs capitales reproduisent de plus Fig. ! — Schéma du dispositif Korn pour la télé-photo graphie sans fil. en plus fréquemment les clichés qui leur arrivent ainsi par voie télégraphique. Il y avait un intérêt évident à adapter ce système à la radio-télégraphie. On comprend, en effet, l'utilité d'un procédé permettant de transmettre, par exemple aux navires en haute mer, les images photographiques d'événements intéressants et les portraits de criminels recherchés par la police. Le même procédé se prète- rait, du reste, à la transmission de la signature d'un passager, du navire à la maison, ce qui accélérerait énormément certaines opérations, M. Korn s'occupe actuellement d'expériences de télé-photographie sans fil ‘. Bien que les résultats jus- qu'ici obtenus dans cette voie ne puissent encore entrer en concurrence avec les clichés transmis par fil télégraphique, les bases de la méthode sont désormais définitivement données. Comme en télé-photographie ordinaire, il faut distinguer entre la transmission des clichés à nuances graduées {à l'aide du sélénium) et celle des clichés à traits, c'est-à-dire en noir et blanc (télautographie), qui a lieu sans l'intervention du sélé- nium. Dans ce dernier cas, l'image à transmettre (écriture, croquis, autotypie) est gravée, à l'aide d'une matière isolante, sur une feuille métallique, enroulée sur un cylindre 4 (fig. 1). Une pointe métallique, glis- sant sur cette feuille, explore les différentes parties du cliché original à la manière d'un style de phonographe. Toutes les fois qu'elle parcourt un endroit conducteur, une partie 5 de la bobine d'inductance 3, mise en court-circuit, règle la période des oscillations élec- triques d'une station de transmission radio-télégra- phique comportant l’inductance 4 (accouplée à l'induc- tance 3) et la capacité 2. La station émet des oscillations non amorties ou faiblement amorties, accordées à une période donnée, tant que la partie 5 de l’inductance 3 ue se (rouve pas en court-circuil; aussitôf que ce court-circuit se produit, c'est-à-dire toutes les fois que la pointe du transmetteur vient en contact avec un endroit conducteur du cliché, l'accord des oscillations est dérangé. Le récepteur comporte un circuit apériodique I, contenant une capacité 8, une induclance 7 et un détecteur 9 (thermique de préférence); linductance 7 est accouplée à l'inductance 6, insérée entre l'antenne et la terre. Une grande inductance 40 et un galvano- mètre à corcle 11 sont reliés en parallèle au condensa- teur 8. L'inductance 10 sert à écarter du galvano- mètre 11 lous les courants n'ayant pas une direction donnée, en sorte que les déviations du galvanomètre sont loujours de même sens. Le récepteur étant accordé par rapport aux ondes émises par le transmetteur, le galvanomètre à corde dévie toutes Les fois que la pointe métallique du transmetteur traverse un endroit non conducteur du cliché original; le passage des endroits conducteurs ne se traduit, au contraire, par aucune déviation galvanométrique. Les écarts du galvanomètre à corde sont, de la méme manière qu'en télé-photographie ordinaire, utilisés pour la reproduction du cliché original. Le eylindre récepteur, disposé à l'intérieur d'une boîte imperméable à la lumière, est animé d’un mouvement de rotation et d'avancement synchrone au cylindre transmetteur. La lumière d’une lampe Nernst est concentrée, au moyen d'une lentille, sur la corde, dont l'image est projetée, par une autre lentille, sur la fente d'un tube attaché à la boîte du récepteur. Ce dispositif optique est conçu de telle façon que l'ombre de la corde masque tout juste celte fente, lorsque la déviation galvanométrique est nulle; aussi la lumière ne pourra- t-elle, dans ce cas, pénétrer à l'intérieur de la boîte. Toute déviation du galvanomètre donne accès à une certaine quantité de lumière, agissant sur le film du cylindre récepteur et reproduisant l'endroit correspon- dant du cliché original. La synchronisation des cylin- dres transmetteur et récepteur ne présente pas de grandes difficultés, étant données les vitesses assez faibles nécessaires pour les transmissions radio-télé- graphiques. Dans d'autres expériences, M. Korn se sert de son appareil à sélénium, en assignant à chaque tonalité une onde de longueur donnée. The Wireless, septembre 143. 96 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE $ 3. — Chimie physique La théorie des solutions électrolytiques. — Dans un article récent’, M. W. Meckleuburg, après avoir exposé dans ses grandes lignes la théorie d'Arrhénius et reconnu toute son importance, insiste sur les lacunes et les obscurités qu'on ne peut manquer d'y relever. « C'est précisément à cause de sa grande importance, dit-il, que cette théorie doit être approfondie, qu'elle a besoin d’être analysée au point de vue de son exactitude et de sa portée, travail qui — soit dit en passant — n'a pas encore été fait d'une facon satisfaisante. » La question qui vient en premier lieu, à savoir quelles conditions doit remplir une substance pour se dissocier en ions dans une solution aqueuse, n’a pas été encore résolue d’une facon définitive. Tout ce qu'on sait se réduit à quelques règles très générales, par exemple que les ions qui se forment le plus facilement sont les ions monovalents; dès que la valence s'accroit, il y a tendance à former des ions complexes, caractérisés par ce fait que, chez eux, le quotient e/a du nombre e des charges électriques de l'ion par le nombre à des atomes est toujours plus petit que dans les ions indi- viduels dont s’est formé l'ion complexe. « Ces phéno- mènes reposent peut être sur des processus de répul- sion électrostatique, le nombre d’atomes a étant une mesure de la grandeur du corps sur lequel se trouvent les charges. On sait, en effet, que la capacité électrique d'une grande sphère est supérieure à celle d’une petite. » La nature chimique du solvant exerce sur le degré de dissociation une influence qui n’est pas encore exactement connue. Il semble que le degré de disso- ciation soit. d'autant plus grand que la constante diélectrique du solvant a une valeur plus forte. Et l’on s'explique en gros pourquoi: les ions forment des sys- tèmes ayant des charges électriques contraires et qui, par suite, s’attirent; celte attraction dépend non seu- lement de la charge électrique des ions et de leur dis- lance, mais aussi de la constante diélectrique du milieu, et même elle varie en raison inverse de celle-ci; en sorte que, plus la constante diélectrique d'un milieu est grande, et plus l'attraction électrique est faible, et, par suite, plus le milieu doit être favorable à la dissociation. « Quelque intéressantes que soient ces règles, elles ne sont pas de nature à nous satisfaire complètement, car nous sommes hors d'état de les formuler mathémati- quement et de soumettre les formules à une épreuve exacte. » Sisnalons aussi une contradiction qui a été surtout relevée par M. Colson. On peut évaluer le degré de dissociation par deux méthodes différentes : 1° en uti- lisant des déterminations de pression osmotique, soit directes, soit à partir de l'abaissement du point de congélation ou de l'élévation du point d’ébullition; 20 en effectuant des mesures de conductibilité. Or, les valeurs ainsi obtenues ne sont pas concordantes : pour les solutions étendues, le degré de dissociation calculé d'après la conductibilité est de 2 °/, à 3 °/, plus élevé que celui déduit des mesures cryoscopiques. On ne sait pas laquelle des deux méthodes donne les valeurs les plus exactes. Peut-être les résultats de l’une et de l’autre sont-ils sujets à caution; aucune d'elles n’est en parfait accord avec les prévisions que fournit la loi de l’action des masses. Dans quel sens la théorie des ions doit être com- plétée et perfectionnée? C'est à quoi l'on ne peut répondre que d'une facon approximative et très uénérale. Comme les divergences se manifestent prin- cipalement pour les substances qui sont fortement dis- sociées en solution aqueuse, on est conduit à supposer que ce sont les charges électriques des ions qui sont la TRS | “PRE Re" 1 Scientia, novembre 1943. cause des anomalies. Ce facteur électrostatique peut modifier, soit les rapports des divers ions entre eux, soit ceux des ions et des molécules ou complexes non ionisés. La loi d'action de masse stipule que dans l'équation de la dissociation : N ———— = K, nj-N,.Ns..: où N exprime le nombre des molécules électrolytiques non dissociées, 2,, n,, D, .…, les nombres des ions, la valeur de la constante d'équilibre, K, est indépendante de la concentration. Cela est possible jorsque les sub- stances réagissant les unes sur les autres n'obéissent qu'à des forces chimiques dont l’action ne se manifeste peut-être que dans le voisinage immédiat des molé- cules; mais il est peu probable qu'il en soit de même des substances subissant l’action des forces électrosta- tiques disséminées dans l’espace. En particulier, dans les solutions concentrées, les ions, qui sont plus rap- prochés que dans des solutions étendues, se déplacent dans des champs électrostatiques plus intenses; les forces d'attraction ou de répulsion doivent être plus grandes et, par suite, les électrolytes duivent être moins dissociés que ne l'indiquerait la loi de l’action des masses, ce qui est conforme à l'observation. L'influence des ions sur les composés électriquement neutres des solutions se comprend si l'on songe aux expériences sur le passage de l'électricité dans les gaz. Les particules ayant une charge électrique, ions gazeux ou électrons, s'entourent de molécules gazeuses neutres dont le nombre varie selon les conditions de l’expé- rience. De même, on peul imaginer que les ions élec- trolytiques peuvent être accompagnés dans les solu- tions d'un cortège de molécules du solvant. D'ailleurs, il n'est pas du tout certain que les complexes ainsi formés, dont l'existence a été rendue probable par de nombreuses recherches récentes, puissent être consi- dérés comme de vrais hydrates, ou, plus généralement, comme de vrais « solvates », c’est-à-dire que les molé- cules d’eau groupées autour d'un ion forment avec celui ci un ensemble cohérent séparé des autres molé- cules d’eau par une limite tranchée. « Ces représentations, conclut M. Mecklenberg, une fois formulées avec toute la rigueur mathématique, seront elles de nature à écarter les difficultés aux- quelles se heurte encore aujourd'hui la théorie des ions? C'est ce qu'il est impossible de dire pour le moment. Nous savons seulement que les difficultés existent, mais il serait exagéré d'en tirer la conclusion que la théorie des ions est fausse : à cette conclusion s'opposent, et l'expérience, puisque ‘dans une certaine mesure celte théorie nous donne un tableau satisfai- sant des phénomènes qui se passent dans les solu- tions électrolytiques, et des considérations d'ordre général... » A. B. $S 4. — Chimie appliquée Le jaugeage des débits par voie chimique. — Dans la Aevue du 30 décembre dernier, je lis avec étonnement une critique concernant mon article du 15 novembre. Je suis frappé du fait que les corres- pondants qui ont écrit à la Aevue Se prononcent, sur nos travaux, sans même avoir lu nos publications antérieures, qui les auraient renseignés. Mon article du 145 novembre, en effet, n'avait pour objet que de résumer l’état actuel de nos recherches, d'en donner une vue d'ensemble, et j'ai jugé inutile de reproduire tout ce qui avait été dit précédemment par nous dans les publications qui y sont citées. En second lieu, et bien qu'il ne m'appartieune pas de critiquer ici les méthodes de nos précurseurs, je suis surpris qu'on essaie d'établir une comparaison entre leurs ébauches et notre méthode actuelle, qui est une méthode de précision. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 97 —_———————…—…—…—…—…———…—…—…—…—…—…—…—…—…—…—…——……——_—…—…—…—…—…—…—…—…—…—…—_—._—.—_——_——…—_…“—““—“ 0 En réponse à cette critique hâtive et insuffisamment documentée, je me bornerai à attirer l'attention du lecteur sur les points suivants : 1° Les correspondants de la ÆRevue qui ont voulu obligeamment attirer notre attention sur quelques indications bibliographiques concernant les travaux de nos précurseurs (et qui, du reste, ne les ont méme pas données exactement !), auraient pu s'épargner cette peine s'ils avaient bien voulu lire nos publications précélentes (et notamment celle publiée en collabora- tin avec le Service de l'Hydrographie Nationale), où toutes les indications bibliographiques sont données, et exactement! Ils y auraient vu également que le premier en date n’est aucun de ceux qu'ils connaissent, mais bien M. Th. Schlœsing (C. 4. de l'Acad, des Sciences, t. LNIT, p. 164, 20 juillet 1863); 20 Certes, l'usage des méthodes chimiques pour je jaugeage des débits est pratiqué depuis longtemps; nous l'avons également dit dans nos dernières publica- tions, mais /es résultats Si incertains et parfois si mauvais que ces méthodes anciennes out donnés sont aussi, hélas! trop connus. M. Boucher, pas plus que nos précurseurs, n'a la prétention d’avoir « inventé » le procédé. Il ne peut ètre ici question d'invention, Car les méthodes de jaugeage par voie chimique ne sont que des applica- lions du principe des mélanges de fluides, et de l'analyse chimique des solutions extrêmement diluées. Or, si les méthodes de nos prédécesseurs ne sont pas arrivées à se généraliser, c'est parce qu'elles péchaient toutes par le mème point : leur méthode d'analyse chimique était ou trop compliquée pour tout autre qu'un chimiste expérimenté, ou trop peu exacte pour fournir une approximation suffisante du débit cherché. . Spécialisé dans le domaine de la Chimie analytique, et ayant eu par ce fait l’occasion d'expérimenter moi- mème tous les procédés d'analyse proposés, je me bornerai à relever ici la seule méthode qui ait quelque valeur au point de vue des jaugeages de cours d’eau et de turbines sans le concours d’un chimiste de profes- sion, celle de M. Ch. Louis. Cette méthode a été établie par son auteur à peu près en même temps que la nôtre (bien que, par suite de circonstances personnelles, nous n'ayons publié nos premiers résultats qu'en 1910), et nous n'en avions pas connaissance au moment de - nos travaux. C'est la méthode qui se rapproche le plus de celle que nous avons créée, mais elle ne donne lapproximation théorique d- 1 à2°/, qu'entre des mains très habiles et expérimentées. M. A. Mesnager ne se doute pas, vraisemblablement, qu'à moins de faire faire les analyses gravimétrique- ment par des chimistes experts, il ne peut garantir upe approximation de plus de 5 °/, dans les cas les plus favorables; 3° Tout eu écartant la prétention d'avoir inventé, nous prétendons cependant avoir établi une méthode fouillée, en tous points supérieure aux ébauches antérieures. Cette supériorité s'affirme essentiellement aux trois points de vue suivants : a) Notre méthode est d'une exécution assez simple pour pouvoir être employée par n'importe qui, même sans aucune notion de chimie. Cette simplicité résulte de l'emploi de liqueurs volumét'iques sans titre défini, ce qui supprime complètement le mécanisme habituel et le calcul des analyses, basés sur l'équation chimique. b) Notre méthode d'analyse est d’une exactitude suffisante pour pouvoir donner un débit quelconque, si grand soit-il, sans aucune difficulté à un pour mille près *. Ce résultat n’a été obtenu qu'après un long tra- vail de recherches, la méthode de Mohr étant d'une sensibilité insuffisante pour la titration de solutions ‘ Le Service de l'Hydrographie Nationale suisse a récem- ment jaugé la Massa, principal émissaire du glacier d'Aletsch, qui débitait au moment du jaugeage plus de 28 mètres cubes par seconde. F aussi diluées’. Seul, un lecteur superficiel de ce travail a pu écrire que notre méthole d'analyse « suppose des manipulations assez longues, qu'on ne peut guère demander qu'à un chimiste de laboratoire exercé » (Géuie Civil, A9, € LVHI, n° 24, p. 499), alois que ces manipulations, je le répête, peuvent être exécutées par un simple garçon de laboratoire ou de bureau. ce) Enfin notre méthode a été vérifiée non pas seulement par des moyens approchés, comme ceux dont se sont servis nos prédécesseurs (application au volume d'un réservoir, vitesse d’un flotteur, compteur d'eau, déversoir libre, etc.), mais par les methodes physiques les plus exactes que l’on connaisse actuelle- ment, celles du rideau et du moulinet électrique. De plus, les jaugeages au moyen de ces instruments de précision étaient effectués indépendamment des nôtres par la Direction de l'Hydrographie Nationale Suisse, service établi en Suisse en 1866, el non pas récem- ment (!), comme le disait par erreur us compte rendu de nos derniers essais (Génie Civil, 1913, t. EX, nOMPAp. 49). D' R. Mellet, Professeur 1e Chimie analytique à l'Université de Lausanne. Fabrication d'ammoniaque au moyen de combustibles. — Ce qui caractérise essent ellement les gazugènes Mond, c'est que la gazéification du com- bustible s'effectue en présence d'une grande quantité de vapeur d’eau (en moyenne 2,5 fois le poids de com- bustibles). En opérant de cette façon, on arrive à transformer jusqu'à 60-70 °/, de l’azote du charbon en ammoniaque, alors qu'avec les procédés ordinaires de distillation on arrive au maximum a 20 °/,. Ce renide- ment excessivement élevé en ammoniaque a conduit à envisager le procédé Mond non plus au point de vue de la production de gaz, ce pourquoi il avait été ima- giné, mais bien au point de vue de la fabrivalion de l’'ammoniaque. Cette solution, excessivement originale en ce qu’elle montre l'évolution radicale que peut subir un pro- cédé, va être appliquée par une société anglaise devant exploiter des gisements de charbon au Natal. L'exploitation de ce charbon se fait à ciel ouvert et dans des conditions de prix très avantageuses, puisque les frais d'extraction à la tonne ne s'élèvent qu'à 2 fr. 15. L'installation est prévue pour une production annuelle de 9.000 tonnes de sulfate d'ammoniaque; le gaz, qui représente 17.500 cheval-heure, n'a pour le moment aucun emploi, étant donné l'éloignement du gisement de tout centre important; les seuls produits récupérés sont l'ammoniaque etle goudron. En somme, ectte installation est bien une fabrique d’'ammoniaque à partir du charbon, et le gaz n’est plus qu'un sous- produit de cette fabrication. M. Desmarets. $ 5. — Géographie et Colonisation Les traversées du Groenland: Rasmussen, le capitaine Koch. — Après avoir, dans un aperçu précédemment donné ici * sur de récentes explorations du Groenland, résumé cellessuccessivementaccomplies par les Danois Erichsen et Mikkelsen, nous avons signalé aussi, comme ayant fait l'une des dernières traversées de cette vaste terre insulaire, l'expédition suisse du Dr de Quervain. De nouveaux noms sont à ajouter encore à la liste des explorateurs qui ont effectué le redoutable passage de l'inlandsis d’une côte à l'autre : Rasmussen et le capitaine Koch. L'explorateur danois Knud Rasmussen, d'origine groenlandaise par sa mère, qui, en 1902, avait observé Ta tribu d'Esquimaux du cap York, sur la côte occiden- tale du Groenland, avait projeté de rechercher sur les lieux mêmes des données sur l'origine des Esquimaux de cette ‘terre et sur les routes d'immigration qu'ils * Bull. techn. de la Suisse romande, 1910, n° 11. ? Revue générale des Sciences, 15 janvier 1913, p. 98 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE avaient pu suivre. Il partit de Copenhague le 40 juillet 190, avec le Danois Freuchen, et, ayant gagné la baie Melville, il alla installer au cap York une station d'hivernage qu'il appela Thulé, se proposant d’entre- prendre de là des reconnaissances sur les deux rives du détroit de Smith et d'étudier les classes d'Esqui- maux établis dans ces parages. Ce programme fut grandement rempli. Pendant les trois années de leur séjour dans les résions arctiques, les deux voyageurs parcoururent environ 12.000 kilomètres dans les parties les moins connues du Groenland septentrional et rap- portèrent de ce voyage de nombreuses observations scientifiques. La partie la plus importante de leur itinéraire a été la double traversée qu'ils ont faite du Groenland, dans l'année 1912 *. Il se trouve que celle de l'expédition de Quervain, au cours de la même année, se place entre le voyage de l'Ouest à l'Est, accompli par Rasmussen, et son voyage de retour, de l'Est à l'Ouest. Partis de leur station de Thulé, le 6 avril 1912, avec deux Esquimaux, Rasmussen et Freuchen se portèrent à travers l'inlandsis, dans la direction du Nord-Est, vers le fjord du Danemark, sur la côte septentrionale du Groenland, qu'ils atteignirent le 22 avril, ayant effectué, du 76° au 81° degre de latitude, une route de 1.230 kilomètres. Is étaient parvenus sur l'inlandsis en gravissaut le glacier Markham et trouvèrent sur leur itinéraire le point culminant du plateau glacé à 2.225 mètres. Quelques jours après, la caravane arriva au camp où avait séjourné Mylius Erichsen pendant l'été de 1907. De ce point, Rasmussen et ses compagnons se diri- geant vers l'Ouest, gagnèrent la terre de Peary et reconnurent qu'elle se trouve réunie à la grande terre par un isthme très large, caractérisé par une forte fusion des neiges et par l'abondance du gibier; ainsi se trouvait confirmée la découverte d'Erichsen qui avait constaté l’inexistence du chenal de Peary. Non sans peine, escaladant montagnes et glaciers, les voyageurs atteignirent le Navy Cliff, la haute falaise qui marqua le terme du raid de Peary vers l'Est en 1892; ils y retrouvèrent le cairn élevé par le voyageur ainsi que la relation sommaire de son exploration laissée par lui et qu'ils rapportèrent. L'expédition avait ainsi relié les itinéraires de Mylius Erichsen et de Pearyÿ. Dans le nord de la terre de Peary, les voyageurs danois rencontrèrent, par 82° à 8%, des cercles de pierres marquant l'emplacement de tentes d'Esqui- maux. Cette découverte fournissait une précieuse indication sur les migrations des Esquimaux; on pouvait en conclure que des tribus avaient émigré de l'ouest à l'est du Groenland en en faisant le tour par les côtes septentrionales. De Navy Cliff, Rasmussen et Freuchen regagnèrent leur station de Thulé en effectuant, à travers l’inlandsis, un nouveau voyage de 1.000 kilomètres, du 26 août au 45 sept-rmbre 1912. Ces deux traversées de l'inlandsis avaient été accomplies avec une remarquable célérité, les voya- geurs ayant pu parcourir par jour sur leurs traîneaux 65 kilomètres à l'aller, une fois même jusqu'à 88, et 50 kilomètres au retour. Les voyageurs achevèrent, au début de 1913, leur expédition par une périlleuse éntreprise; partis en janvier 1913, c'est par la banquise de la baie Melville, de la baie de Balfin et du détroit de Davis qu'ils gagnèrent Holstenborg, par 66050 de latitude, sur la côte occidentale du Groenland, où ils arrivèrent au mois d'avril. Le 40 mai, ils débarquèrent à Copenhague. Aux hardies traversées du Groenland de Rasmussen et de A. de Quervain, s'ajouta en 1913 celle du capi- 4 Voir un article de M. CuauLes Ravor, dans La Géo- graphie, A5 mai 1913, p. 375-377, d'après le National Titende, de Copenhague (numéro du 6 mai 1943). laine J.-P. Koch', ancien membre de l'expédition Erichsen, dont nous avions annoncé le départ. Parti en juin 1912 avec le météorologiste A. Wegener, le capitaine Koch est aujourd’hui de retour, ayant pu réaliser, sinon tout le programme qu'il s'était tracé, au moins l’une des parties les plus importantes. Le capitaine Koch s'était proposé de gagner la Terre de la Reine-Louise, découverte par l'expédition Erichsen, qui semblait être une partie de la côte orientale du Groenland plus chaude et plus sèche que les contrées avoisinantes, et où il comptait hiverner. L'expédition aborda à la baie Dove, mais elle dut renoncer à transporter les bagages jusqu'à la Terre de la Reine-Louise, et l'expédition en traîneau vers cette terre, en octobre 1912, fut marquée par de fâcheux incidents : M. Wegener se brisa une côte dans une chute et le capitaine Koch se cassa une jambe en tombant dans une crevasse, ce qui l’obligea à garder l'immobilité pendant trois mois. Me: Ce fut seulement en mars 1913 que l'expédition put se remettre en marche. Le 20 avril, elle laissa la côte orientale avec cinq traineaux et cinq poneys pour faire route vers l'Ouest, afin de traverser le Groenland dans toute sa largeur, ainsi qu'elle l'avait projeté. Elle y réussit, non sans souffrances d’ailleurs. Le temps fut des plus mauvais pendant toute une partie du trajet. Tandis qu'on approchait de la zone crevassée qui avoisine la côte occidentale, il fallut abattre le dernier cheval. Puis les vivres vinrent à manquer, et la fempête devint si terrible que les voyageurs durent rester pendanttrente-cinq heures, privés de nourriture, à l'abri d’un rocher. Déjà cependant la terre du lit toral avait apparu; le 5 juillet, la petite troupe atteignit l'extrémité d'un des bras du Laxefjord. Un bateau recueillit les explorateurs et les conduisit à Prôven, près d'Upernivik. La traversée que le capitaine Koch avait pensé pouvoir faire beaucoup plus facilement avec des poneys islandais fut au contraire plus longue que celles de Rasmussen, dont les traîneaux furent trés par des chiens. Elle eut lieu de l'Est à l'Ouest, c’est-à-M dire dans le sens du voyage de retour de Rasmussen, de 71 à 72 de latitude, et l'itinéraire en fut des 1.150 kilomètres. L’altitude maximum atteinte, 2.950 m., dépasse toutes celles rencontrées par les précédents explorateurs qui ont traversé le Groenland. Nansen À , } ske avait atteint, en 1888. 2.716 mètres, Peary en 1892 et quième voyageur qui ait fait une traversée complète du Groenland. La plus méridionale a été celle de Nansen; c'est Peary qui a été le plus au Nord, Le plus long trajet a été la route d'aller de Rasmussen, le plus court celui de Nansen. Il résulte de la comparaison des altitudes extrèmes atteintes par ces voyageurs et de leurs positions vers l'Est ou vers l'Ouest, ainsi qu'en latitude, que la ligne de faite du Groenland ne correspond nullement à sa ligne médiane, mais qu'elle affecte plutôt un tracé sinueux, et qu'il existe, dans l’intérieur de cette terre, plusieurs centres glaciaires cuiminants ?. Gustave Regelsperger. mm ———_——————…“_—mmmmIIN À 1 On doit au capitaine Koch d'importants travaux carto- graphiques. Il à apporté une notable collaboration à l’éta- blissement de la carte d'Islande au 50.000, dressée par l'Etat-major danois, et il a notamment levé une partie du versant méridional du Vatnajokull, dont il a ainsi contribué à fournir la première représentalion exacte. Puis, ayant fait partie de l'expédition Erichsen, c'est lui qui, au retour, a dressé des cartes de la vaste région explorée. Ces travaux lui ont valu, en 1913, une médaille de la Société de Géo- graphie (La Geographie, 15 mai 1913, p. 395). : * Bascnm : Drei neue Grünland-Durchquerungen. Zeit schrift Gesellschaft Erdkunde, Berlin, 1913, n°7, p. 566-571; Annales de Géographie, 15 novembre 1913, p. 472-473. MAURICE ARTHUS — LES VENINS 99 TR — — — LES VENINS L'étude expérimentale des venins en général, et des venins de serpents en particulier, a donné lieu à la publication d'un très grand nombre de notes et mémoires : C.J. Martin et G. Lamb, dans leur brochure, Snake-poison and suake-bite", en indi- quent 80, dont les auteurs portent des noms bien ‘connus des biologistes : Brazil, Calmette, Elliot, Flexner, Kyes, Lamb, C. J. Martin, Noguchi, Phi- salix et Bertrand, Tidswell, etc. Etudes chimiques, physiologiques et loxicologiques des venins, im- munisalion et sérothérapie, symptomatologie des envenimations chez l'homme et chez les animaux, toutes les questions avaient été abordées, de nom- breux résultats avaient été obtenus, et il semblait que la monographie consacrée par À. Calmetlte aux venins représentait une histoire complète, et pour longlemps complète, des intoxications venimeuses. Pourtant les recherches poursuivies depuis quel- ques années dans mon laboratoire ont permis de manifester des propriétés nouvelles des venins, et les interprétations que nous avons proposées éclairent, semble-t-il, d'une lumière plus vive la question des envenimations. Nos études sont d’ail- leurs assez avancées pour former une masse com- pacte, et pour permettre de faire un exposé d’en- semble. Toutes nos recherches ont été faites sur le lapin, toutes les injections ont été faites dans les veines. En choisissant le lapin comme animal d’expé- rience, nous avons pu obtenir des résultats rigou- reusement comparables et multiplier presque à l'infini les essais. En pratiquant toujours des injec- tions inlraveineuses, nous n'avons pas eu à tenir compte de la vitesse de pénétration du poison, laquelle, au moins pour certaines envenimations, modifie profondément la symplomatologie. Si l’on injecte dans les veines du lapin 2 milli- grammes de: venin de ANaja fripudians (Cobra d'Asie), on constate que l'animal, après une pé- riode d'incubation durant dix minutes environ, présente une dyspnée progressivement croissante, tombe sur le flanc, manifeste quelques convulsions généralisées, mais peu violentes, et finalement demeure inerte, le cœur continuant à battre pen- dant quelques minutes, en s'affaiblissant peu à peu. Si, avant l'arrêt du cœur, on insuffle systé- matiquement de. l'air dans les poumons du lapin intoxiqué, on constale que l’activité du cœur per- ! Reprinted from : A system of Medicine. siste, et persiste tant qu'on pratique la respiration artificielle; d’où l’on tire cette conclusion très légi- time que la mort est, dans ce cas, la conséquence de la suppression de la respiration. Les symptômes observés étant ceux qui se manifestent à la suite de l'injection sous-cutanée de curare, on est con- duit à rapprocher la cobraïsalion de la curarisation, et ce rapprochement est justifié, car, dans la co- braïsation comme dans la curarisation, l'arrêt respiratoire est la conséquence d'une paralysie périphérique due à l'interruption des relations normales entre le nerf moteur et le muscle : les nerfs ont conservé leur conductibilité, mais les muscles sont comme s'ils ne recevaient plus des nerfs moteurs les incitations motrices. Le venin de Naja tripudians est un curare. Si l’on injecte dans les veines du lapin 2 milli- grammes de venin de Vipera fussellii (Daboïa de l'Inde), on constate, après une période d’incubation très courte, ne dépassant pas le plus souvent une à deux minutes, des accidents immédiatement très graves : le lapin tombe sur le flanc, présente des convulsions d’une extrême violence, pousse quel- ques cris aigus et accomplit quelques respirations profondément dyspnéiques. L'auscultation . du cœur, pratiquée à ce moment, permet de recon- nailre qu'il ne présente plus que des contractions extrèmement faibles, si faibles qu’elles sont sans doute inefficaces pour assurer la cireulation du sang. Les muscles sont contractiles, et se contrac- tent soit par excitation directe, soit par excitation de leur nerf moteur. Le lapin n'est donc pas mort curarisé : la symptomatologie notée, le résultat de l'excitation des nerfs moteurs, prouvent qu'il faut chercher ailleurs la cause de la mort. Si l'on pra- tique l’autopsie, on constate la présence, dans les cavités du cœur, des veines caves. de la veine porte, etc., de volumineux caillots sanguins, rem- plissant complètement les cavités qu'ils occupent. La mort a été produite par arrêt de la circulation, conséquence de la coagulation intravasculaire du Sang. Le venin de Vipera lussellii est un venin coagulant. Si l’on injecte dans les veines du lapin 5 à 6 mil- ligrammes de venin de Crotalus adamanteus (Ser- pent à sonnette de Floride), — car iei 2 milligram- mes ne détermineraient que des temporaires, — on constate que l'animal se couche presque immédialement après l'injection, présen- tant une respiralion précipitée, puis, au bout de quelques minutes, il tombe inerte sur le flanc. L'autopsie ne révèle, dans les cavités du cœur et accidents 100 MAURICE ARTHUS — LES VENINS des grosses veines, aucun caillot, même partiel; les muscles se contractent quand on excite leurs nerfs moteurs. Le venin de Crotalus adamanteus n’est pas un venin coagulant, il n’est pas un venin curarisant. Il représente un troisième type de ve- nin; mais l'examen sommaire des accidents et l’autopsie sont insuffisants pour nous faire con- naître quelle est ici la cause de la mort. Il L'analyse des faits d'envenimation, à l’aide des méthodes physiologiques, permet de reconnaitre des caractères communs, plus ou moins accen- tués sans doute, à toutes ces intoxications, alors que l’anafyse trop simple que nous avons pratiquée jusqu'ici ne permettait guère de reconnaître que des dissemblances, en apparence irréduclibles. L'analyse physiologique, tellequenous l'avons pra- tiquée, porte sur les phénomènes circulatoires, sur les phénomènes respiratoires et sur la coagulabilité du sang. On peut, en mettant en communication la cavilé d'une artère carotide et un manomètre inscripteur à mercure, obtenir facilement des gra- phiques fournissant, pour chaque moment de l’ex- périence, la valeur de 1a pression artérielle et le rythme du cœur. On peut, en appliquant un pneu- mographe sur la base du thorax et conjuguant ce preumographe avec un tambour enregistreur, re- cueillir des graphiques faisant connaitre, pour chaque instant, le rythme et l'amplitude de la res- piralion. On peut enfin, en faisant couler däns une capsule de porcelaine le sang aärtériel, au moyen d'une canule introduite dans la seconde carolide. et en notant le moment d'apparilion des premiers flo- cons fibrineux etle moment de lacoagulalion mas- sive, oblenir des renseignements suffisants sur la coagulabilité du sang. Quand on injecte dans les veines du lapin 2 mil- ligrammes de venin de (rolalus adananteus, on nole, sur la courbe de la pression artérielle, une chute de pression seproduisant moins de 30secondes après l'injection et amenant très brusquement la pression à la moilié de sa valeur primitive, sans modificalion reconnaissable du rythme cardiaque : la pression se maintient à ce niveau inférieur pen- dant 8 à 10 minutes pour la dose de venin indiquée, puis elle se relève lentement, pour atleindre, une demi-heure après l'injection, une valeur voisine de sa valeur normale, mais pourtant encore un peu inférieure à celte vileur normale. En mème temps, le rythme respiratoire s'est brusquement accéléré, el le plus souvent le nombre des mouvements respiraloires passe de 40-60, va- leur normale, à 250-300 par minute : c'est là une vérilable polypnée toxique, qui persiste 10 minutes, un quart d'heure et même plus, selon le sujet en expérience. Enfin, si l'on relire de la carotide, quelques mi- nutes après l'injection, quelques centimètres cubes . de sang, on constate que les premiers flocons fibri: neux ny apparaissent qu'une heure, une heure et demie ou plus après la prise, tandis qu'on les reconnait lrès neltement déjà 20 à 25 minutes après la prise quand le sang provient d’un lapin qui n’a subi aucune injection. Quand on injecte dans les veines du lapin 6 mil. ligrammes de ce venin de Crolalus adamanteus, dose rapidement mortelle, comme nous l’avons noté ci-dessus, les mêmes phénomènes se manifestent : la chute de pression se produit avec la même net- teté, mais plus profonde, — la pression tombe à un sixième de la valeur primitive, — la polypnée se produit, la diminution de coagulabilité du sang se reconnait. Mais la pression ne se relève plus, et, quelques minutes après l'injection, on voit l’ai- guille du manomètre s’abaisser lentement, tom- bant vers zéro; la mort survient ici par dépression. On obtient, en expérimentant avec le Crotalus altrox de Floride, exactement les mêmes résultats. La signification de ces faits d'intoxication crota- lique devient très nette, si l'on veut bien les rap- procher des phénomènes de la réaction séro-ana- phylactique du lapin. On sait qu’il est possible d'injecter dans les veines du lapin neuf du sérum de cheval en quantité même considérable (50 cen- timèlres cubes, 100 centimètres cubes et plus), sans produire aucun accident circulatoire, respiratoire ou autre. Mais, si l'injection intraveineuse de sérum de cheval est faite chez un lapin qui à recu à plu- sieurs reprises sous la peau de l'abdomen du sérum de cheval, les injections préparatoires étant espacées de quelques jours, des accidents se mani- festent, qui, selon les sujets el leur degré de pré- paration, sont temporaires ou rapidement mortels. Dans les deux cas, ces accidents comprennent la chute primitive, brusque, importante, de la pres- sion artérielle, l’accéléralion respiratoire poly- pnéique, la diminution de la coagulabilité du sang. Quand les accidents sont temporaires, la pression finit par se relever lentement, comme elle le fait à la suite de l'injection de 2 milligrammes de venin de Crotalus adamanteus; quand les acci- dents conduisent à ia mort, la pression s'abaisse progressivement vers zéro, el la mort se produit par dépression, comme à la suite de l'injection de 6 milligrammes de venin de (’rotalus adamanteus. L'intoxicalion crolalique et l’intoxication séro- anaphylactique apparaissent ainsi comme équiva- lentes. Or, nos recherches sur la séro-anaphylaxie du lapin et du chien et sur l’anaphylaxie générale MAURICE ARTHUS — LES VENINS 101 du lapin ont établi que les réactions anaphylactiques sont identiques, au moins qualitativement, aux réactions provoquées, chez les mêmes animaux, par l'injection intraveineuse de protéines toxiques (protéoses pour le chien, extraits d'organes ou sérums toxiques pour le lapin). Donc les réactions d'intoxicalion anaphylactique et d'intoxication crotalique doivent être considérées comme des réactions d'intoxication protéique. Le venin de Crotalus adamanteus doit ses pro- priétés toxiques à une albumine toxique qu'il ren- ferme et qui provoque l'apparition des symptômes de l’intoxication protéique. L'analyse physiologique de l'intoxication par le venin de Daboïa est rendue presque impossible par la propriélé que possède ce venin de provoquer presque instantanément des caillots dans les gros vaisseaux. Cet accident masque les autres phéno- mènes de l’intoxication et rend toutrapprochement en apparence impossible. Après avoir fait plusieurs tentatives pour empé- cher cette coagulation de se produire (injection préalable d'extrait de têtes de sangsues, injection sous-cutanée préalable de venin de Daboïa, injec- tions fractionnées de ce venin dans les veines, etc.), nous avons adoplé le procédé suivant qui a donné des résultats parfaits, et qui représente une mé- thode générale d'étude des venins coagulants. On commence par injecter sous la peau de lapins, à quatre ou cinq reprises, les injections étant faites de huit jours en huit jours, une faible dose de venin, 1/5 de milligramme par exemple; puis on injecte dans les veines de l'animal ainsi préparé - 2 milligrammes du même venin de Daboïa. La coa- i gulation intravasculaire ne se produit pas et l’on assiste à l’évolution d'accidents, qui sont l’image exacte de ceux qui ont été notés dans l’intoxication crotalique ci-dessus décrite : chute primitive, brusque, de la pression, accélération respiratoire + (mais non pas ici polypnée), incoagulabilité du | sang: d'ailleurs, selon que la dose injectée dans les veines sera de 2 milligrammes ou de 5 à 6 milli- grammes, la pression artérielle remontera à la normale, ou s'abaissera progressivement vers zéro, c'est-à-dire la guérison se produira ou la mort par dépression. Ici donc, le venin de Daboïa a tué ou a pro- - voqué des accidents par intoxication protéique. Entre les deux venins de Crotalus adamanteus et de Vipera Russellir, la différence réside dans leur action immédiate sur le sang; le premier le rend peu coagulable, le second le fait coaguler chez les lapins normaux. Mais déjà, et depuis longtemps, les physiologistes ont observé des faits analogues dans les intoxications protéiques : l'injection intra- veineuse de protéoses chez le chien produit l'incoa- gulabilité du sang; l'injection de nucléo-protéides, chez le même animal,’ produit des coagulations intravaseulaires généralement mortelles. Nous avons ainsi ramené les trois types de venins que nous avons lout d'abord admis à deux types, le type protéotoxique (Crotalus adamanteus et Vipera Russellii) et le type curarisant (Naja (ri- pudians). Mais, reprenons avec le venin de Cobra (\aj4 tripudians) l'analyse physiologique que nous ve- nons de faire. Injectons dans les veines du lapin 2 milligrammes de venin, et recueillons les gra- phiques de la pression artérielle et &e là respira- tion. Peu de temps (trente secondes à une minute) après l'injection, on constate la production d'une diminution modérée (1 à 2 centimètres de mer- cure) de la pression artérielle, durant six à huit minutes en général; en même temps, la respiration s’est un peu accélérée, passant du rythme 40-60 par minute au rythme 60-80 pendant quelques minutes. C'est alors, mais alors seulement, huit à dix minutes après l'injection, que se révèlent les faits curariques de dyspnée et d’asphyxie, ralentissement respira- toire et élévation de la pression artérielle. Ainsi, peut-on noter deux groupes d'accidents : des acci- dents primaires traduisant ‘une très légère intoxi- cation protéique (on note aussi de la diminution de coagulabilité du sang), et des accidents secon- daires de curarisation venant masquer les pre- miers accidents. Comme il a été possible d'éliminer les faits de coagulation dans l'intoxication par le venin de Daboïa, et d'observer nettement les faits circula- toires d'intoxication protéique, on y peut réussir aussi dans la cobraïsation. Ici, l'asphyxie consé- cutive à la paralysie périphérique entraine. des troubles de circulation : supprimons l'asphyxie, en pratiquant la respiration artificielle; nous sup- primerons par là même l'hypertension et assiste- rons à l'évolution dela seule intoxication protéique. Dans ces conditions, on constate que le venin de Cobra injecté à la dose de 2 milligrammes provoque la dépression déjà notée, dépression éminemment temporaire, ne persistant pas plus de dix à quinze minutes après l'injection : la survie est assurée d’une façon parfaite par la respiration arüificielle. Injecté à la dose de 5 à 6 milligrammes, le venin de Cobra provoque une dépression plus grande. qui n’a aucune tendance à disparaitre, mais qui, bien au contraire, finit par s’accentuer et par con- duire tout doucement l'animal à la mort par dé- pression, malgré la respiration artificielle. Il est possible, d'ailleurs, de manifester autre- ment encore, en l’exagérant, l’action protéotoxique 102 MAURICE ARTHUS — LES VENINS du venin de Cobra. Injectons sous la peau de lapins, de huit jours en huit jours, 1/5 de milligramme de venin de Cobra, renouvelons l'injection prépara- Loire cinq ou six fois, puis injectons dansles veines du lapin 2 milligrammes de venin de Cobra. La dé- pression proléotoxique se produit avec une in- tensité considérable et son évolution peut être suivie sans difficulté, car, en généra!, la prépara- tion à laquelle a élé soumis le lapin a suffi à l'immuniser contre l’action curarisante de 2 milli- grammes de venin. Dans ces conditions, l'intoxica- lion évolue rigoureusement comme l’intoxication crolalique : dépression considérable, polypnée, incoagulabilité du sang, puis tantôt retour à la pression normale et guérison, tantôt abaissement progressif de la pression et mort. Le venin de Cobra est donc lui aussi protéo- toxique, et s'il représente un type distinct, parce qu'il est en outre curarisant (propriété qui ne rentre pas dans la protéoloxie), il se rattache au groupe général des venins par ses propriétés pro- téotoxiques. Tous les venins sont donc protéotoxiques; quel- ques-uns sont, en outre, curarisants (venins des Cobras et Bungares asiatiques; venins des serpents australiens); quelques autres sont coagulants (type fibrin-ferment). Le problème de la coagulation du sang est assu- rément l'un des plus touffus qui soient, et l’un de ceux pour lesquels les solutions proposées sont les plus discordantes. Mais il est possible pourtant de noter quelques faits incontestables. Quand on fait arriver comparativement le sang puisé dans une artère à l’aide d’une canule munie d’un tube de caoutchouc soit dans l’eau salée, soit dans une solution de nucléoprotéides, on constale que le premier mélange coagule lentement, tandis que le second coagule presque instantanément : les nucléoprotéides sont des agents coagulants. Par quel mécanisme sont-ils coagulants? Préparons une solution de fibrinogène, ou recueillons du plasma de sang oxalaté ou citraté (non spontané- ment coagulable), et ajoutons à ces liqueurs la solution de nucléoprotéide : nous ne provoquons pas la transformation fibrineuse, tandis qu'on la provoque en leur ajoutant soit du sérum sanguin, solution de fibrinferment, Les nucléo- protéides ne sont donc pas équivalentes au fibrin- soit une ferment, puisqu'elles ne sont pas capables d'en- gendrer de la fibrine, là où le fibrinferment en peut produire. Ces considéralions conduisent à distinguer deux catégories d'agents coagulants : les uns, comparables aux nucléoproléides, agissant sur les liqueurs sanguines totales et sur celles-là seulement; les autres, comparables au fibrinfer- ment, et agissant sur les solutions de fibrinogène ou liqueurs équivalentes. L'action coagulante des nucléoprotéides peut être considérée comme un élément de l'intoxi- cation protéique; l’action coagulante du fibrin- ferment est d'une autre nature. Or, parmi les venins, les uns (venins de Daboïa, de serpents australiens, etc.) se comportent comme les nueléo- protéides eb précipilent la coagulation du sang qu'on reçoit dans une de leurs solutions, mais n'ont pas d'action coagulante sur les liqueurs fibrinogénées non spontañnément coagulables; les autres (venins des Crotales et des Bothrops amé- ricains) agissent à la fois sur le sang total et sur les liqueurs fibrinogénées non spontanément coa- gulables. Les premiers sont coagulants (lype nucléo- protéide), et celte action appartient au groupe des fails protéotoxiques; les seconds sont coagulants (type fibrinferment) et cette action vient s'ajouter à leur activité protéotoxique. En résumé, tous les venins sont des agents pro- téotoxiques et quelques-uns même sont exclusive- ment protéoloxiques: mais quelques autres sont doués d’une propriété supplémentaire : tantôt ils sont curarisants, tantôt ils sont coagulants (type fibrinferment). III Cette conception des envenimaltions n’a pas une simple valeur théorique; elle permet, en rappro- chant des groupes de phénomènes analogues, d'éclairer respectivement leurs histoires biolo- giques. Les faits mis en lumière dans les intoxi- cations protéiques peuvent être recherchés dans les intoxications venimeuses et inversement. En voici quelques exemples. Les intoxications protéiques n’ont pas la même symptomatologie chez toutes les espèces : l'injec- tion intraveineuse de protéoses faite chez le chien détermine une chute de la pression artérielle, une incoagulabilité du sang, un état général comateux; l'injection intraveineuse de sérum toxique chez le lapin détermine une chute de pression, une accé- lération respiratoire pouvant aller jusqu'à la polypnée, une diminution de la coagulabilité du sang; les deux symptomatologies ont des points communs, mais ne se superposent pas exactement. On peut done penser que les intoxications veni- meuses ont, pour un même venin, une symploma- tologie qui est fonction de l'espèce de l'animal intoxiqué ; l'expérimentation justifie cette prévi- sion. Les intoxications protéiques se manifestent avec une symptomatologie plus ou moins touffue chez les animaux d'une espèce donnée, suivant la nature de la protéine injectée : Lantôt par exemple, chez MAURICE ARTHUS — LES VENINS 103 — le lapin, on note, outre la dépression, qui est le phénomène le plus constant, de la polypnée, du péristaltisme intestinal, etc.; tantôt la respiration est simplement accélérée et le péristaltisme tout au plus indiqué; tantôt la respiration conserve son rythme et le péristaltisme fait défaut. Les intoxi- cations protéiques sont donc frustes dans certains cas; on peut les considérer loutes comme des formes plus ou moins réduites d'une entière intoxi- cation protéique, ou Loloprotéotoxie, dont les élé- ments sont progressivement découverts par les expérimentaleurs. Les intoxications venimeuses sont, elles aussi, plus ou moins complexes et repré- sentent des formes réduites d'une holovenimotoxie, qui est, elle, identique à l'holoprotéotoxie. On sait qu'en injeclant sous la peau d’un animal une liqueur albumineuse, on engendre, après une période d'incubation d'environ huit jours, un état d'anaphylaxie, grâce auquel l'albumine considérée devient toxique, ou devient plus toxique pour l’ani- mal préparé. En injectant sous la peau du lapin une solution d'un venin, à dose non mortelle, on en- gendre aussi l'état anaphylactique, grâce auquel l'injection intraveineuse du même venin chez l'ani- mal préparé provoque des accidents protéotoxiques exagérés. Parmi les accidents de la réaction d’anaphylaxie chez le lapin, l’un des plus typiques est représenté par l’ensemble des lésions cutanées se développant au niveau des injections tardives, et constituant le phénomène d'Arthus. Or, si on injecte sous la peau du lapin, selon le mode anaphylactisant, une solu- “tion diluée de venin, incapable de produire une “réaction locale appréciable, on note, quand cette & 0 Si les intoxications venimeuses sont des intoxi- ations protéiques, et si, comme ces dernières, elles représentent une forme plus ou moins réduite de l'holoprotéotoxie, on peul se demander s'il y a lieu “de considérer, à côté des accidents protéoloxiques “des envenimations, d'autres accidents, complémen- taires, non protéotoxiques, tels que les curarisa- tions qu'on note dans les intoxications par les venins des Najas et des Bungares. — Peut-être l'action curarisante rentre-t-elle dans le cadre de l'holoprotéotoxie? A cette question, on peut répondre non, pour deux raisons. D'abord, on d'a jamais signalé, parmi les phénomènes relevant d’une intoxication protéique quelconque, des para- Jysies de nature curarique. Ensuite et surtout, quand on injecte à plusieurs reprises sous la peau de lapins du venin de Cobra, à dose non mortelle, on constate que l'injection intraveineuse du même venin, chez ces animaux préparés, provoqué une intoxication dans laquelle les faits protéotoxiques sont exaltés, tandis que les faits curariques sont légèrement alténués. Il est donc légitime de séparer les deux groupes de phénomènes et de considérer la cobraf- sation comme une envenimation mixte, proléo- loxique et curarisante. Quand on injecte dans les veines du lapin le venin du scorpion d'Egypte, Buthus quinque striatus, on constate que la pression artérielle s'élève de plu- sieurs centimètres et se maintient à ce niveau anor- mal pendant plusieurs minutes, alors que le cœur bat à un rythme ralenti; on ne note pas d'accélé- ration respiraloire, on a peine à reconnaître une diminution de la coagulabilité du sang. Le tableau de l’envenimation scorpionique ne ressemble done pas du tout à celui de l'envenimation par venin de Crotales ou de Daboïa. Mais, supposons qu'au lieu d'injecter le venin de Scorpion à un lapin neuf, on l'injecte dans les veines d'un lapin qu'on a anaphylactisé : on note que, presque aussitôt après l'injection, la pression arté- rielle tombe brusquement, comme dans l’intoxica- tion protéique; elle se relève, sans doute, presque aussitôt, mais elle ne tarde pas à retomber au-des- sous de la normale; une accélération respiratoire peut être notée, le sang subit manifestement un retard de coagulation. Ce sont là les phénomènes protéotoxiques, manifestables grâce à l'état d'ana- phylaxie de l'animal, mais compliqués par des phénomènes supplémentaires, l'ascension tempo- raire de la pression et le ralentissement cardiaque. Que sont ces derniers phénomènes? Sont-ils des manifestations holoprotéotoxiques absentes dans la plupart des envenimations, sont-ils des mani- festations spécifiques, comme sont spécifiques dans la cobraïsation les manifestations curariques? Anaphylactisons des lapins par injections sous- cutanées de venin de Cobra, de venin de Daboïa, de venin de Crotale, puis enregistrons chez eux les modifications de la pression artérielle et du rythme cardiaque, consécutives à l'injection du venin cor- respondant : nous notons l'élévation temporaire de la pression interrompant momentanément la chute protéotoxique, et le ralentissement cardiaque. Ces deux phénomènes, absents de la symptomatologie des envenimations, y apparaissent chez les ani- maux anaphylactisés : ils sont donc faits d’holopro- téotoxie. IV L'étude des venins n'est pas seulement impor- tante en elle-même; elle l’est surtout par les 104 conséquences qu'elle comporte au point de vue de la physiologie générale des toxines : elle permet, en effet, de solutionner, parfois d'une facon frap- pante et élégante, des problèmes, qui, examinés à la lumière des propriétés des toxines microbiennes, présentent de nombreuses incertitudes. En voici quelques exemples. On a souvent opposé l'un à l’autre les deux états de réceptivité désignés sous les noms d’immunité et d'anaphylaxie, le premier, dans lequel l'animal résiste mieux qu'un animal normal à l’action d'un poison, le second, dans lequel il est, au contraire, plus sensible à cette action. On a même soutenu l'opinion que l’élat d’immunité suecède à l'état d'anaphylaxie. Or, l'étude de la cobraïsation per- met d'éclairer vivement ce problème. Supposons qu'on ait injecté quatre ou cirq fois, à huit jours d'intervalle, sous la peau abdominale d'un lapin 1/5 de milligramme de venin à chaque injection, et que, cinq à six semaines après le début de la pré- paration, on pratique l'essai de sensibilité en injec- tant dans les veines du lapin 2 milligrammes du même venin; on constate que les accidents pri- maires ou protéotoxiques, chute de pression, accé- lération respiratoire, etc., sont considérablement exagérés (les accidents locaux, qui nese produisent pas quand on injecte sous la peau d’un lapin neuf 1/5 de milligramme de venin en solution à 1°/,,, se développent avec une grande intensité chez le lapin préparé); le lapin est donc anaphylaclisé; mais, par contre, les phénomènes de curarisation ne se développent que très tardivement, ou au moins beaucoup plus tardivement qu'ils ne se fussent développés pour cette dose de venin chez le lapin neuf: le lapin est donc immunisé. Ainsi est réalisé un état d'anaphylaxie-immunité : anaphylaxie en ce qui concerne les faits d'intoxication protéique, immunité en ce qui concerne les fails d'intoxication spécifique. L'immunité, en général, n’est pas pré- cédée d’une phase d’anaphylaxie, car on ne cons- tate, à aucun moment, une sensibilité exagérée du lapin préparé à l’action curarisante du venin de Cobra ; mais l’anaphylaxie peut conduire à l’immu- nité : c’est là une question dont la solution n'est pas encore parfaite et que je me borne à noter pour mémoire. On peut, à l’aide des venins, fixer l’histoire des rapports des toxines et des anlitoxines d'une facon très précise, et rectifier cerlaines notions inexactes acceptées jusqu'ici. On admet que les antitoxines sont spécifiques et n’exercent leur action neutralisante que sur la toxine utilisée dans la préparation du sérum anti- toxique : le sérum antidiphlérique neutralise la toxine diphtérique, mais non pas la loxine téta- MAURICE ARTHUS — LES VENINS nique, et inversement. La notion de la non-spéei= ficité des sérums antivenimeux avait été tout d'abord, affirmée le sérum anticobraïque étant capable, prétendait-on, de neutraliser tous les venins de serpents et méme quelques venins d'in-« vertébrés. Cette proposition est fausse. On a pu éta- L blir que le sérum anticrotalique provenant dem chevaux traités par le venin de Cascavel, et Ie sérum antibothropique provenant de chevaux trai=M tés par le venin de Trigonocéphale, sont rigoureu- sement spécifiques, le premier n'exercant aucune action sur le second venin, le second n’exerçant aucune action sur le premier venin ; et ce fait esl d'autant plus remarquable que les deux venins sont physiologiquementéquivalents, c'est-à-dire capables de produire les mêmes accidents quand ils sont injectés à la même dose dans l'organisme d'animaux semblables. Toutefois, quand les venins considérés provien- nent de serpents d'espèces très voisines zoologi- quement, le sérum préparé à l'aide de l’un de ces venins agit non seulement sur ce venin, mais encore sur les venins des espèces voisines, à un degré beaucoup moindre toutefois. Le sérum anti- cobraïque préparé à l’aide de venin de Naya tripu- dians peut neutraliser légèrement les venins de N. Dungarus, Bungarus cœruleus, ete.; mais l'ac- tion du sérum sur ces derniers est au moins dix à vingt fois plus faible que celle qu'il exerce sur le venin de Cobra. Ainsi se trouvent beaucoup plus nettement reconnues qu'à propos des toxines microbiennes, les propriétés des antitoxines à l'égard des toxines, au point de vue des rapports de spécificité. Les antitoxines agissent-elles sur les toxines pour les neutraliser vis-à-vis des éléments anato- miques sensibles à leur action, où bien agissent= elles sur ces éléments pour les insensibiliser à l'action des toxines correspondantes? Les biolo= gistes s'étaient, à l'origine, divisés en deux groupes admettant respectivement la première ou la secondes de ces hypothèses, chaque groupe appuyant ses conclusions sur des faits plus ou moins démonstras tifs. On admet aujourd'hui que les toxines sont neutralisées par les antitoxines, parce que la neu- tralisalion peut se faire en dehors de l'organismess pour les toxines végétales hématolytiques, par les antitoxines correspondantes. En réalité, la démons tration ne parait pas à l'abri de toute objection; puisqu'on agit sur les éléments figurés que sont les globules rouges. La véritable démonstration est fournie par les venins coagulants (type fibrinfers ment) et par les antitoxines correspondantes. Prés parons, selon les procédés classiques, une solution de fibrinogène pur dans l'eau légèrement salées M. DESMARETS — ÉTAT ACTUEL DE L'INDUSTRIE DU GAZ 105 Ajoulons à cette liqueur quelques gouttes d'une solution au millième de venin de Cascavel ou de venin de Trigonocéphale : la transformation fibri- neuse se fait très rapidement et très complètement. Ajoulons à la même liqueur un peu de sérum anticrotalique ou de sérum antibothropique, puis — quelques gouttes de venin de Cascavel ou de venin “de Trigonocéphale : le fibrinogène demeure inal- téré. La toxine venimeuse a donc été neutralisée in vitro et en dehors de la présence de tout élé- ment vivant. —._ Les antitoxines agissent-elles sur les toxines lentement, la neutralisation rappelant une action diastasique, ou bien agissent-elles instantanément, comme les acides neutralisent instantanément les alcalis ? Il semble que les auteurs admetlent une neutralisation lente et progressive. Or, si on injecte dans les veines d’un lapin un mélange d'un venin fortement proléotoxique et du sérum corres- pondant, au moment même où il vient d'être pré- paré, les accidents précoces proléoloxiques ne se produisent pas; comme on les observe souvent moins de quinze secondes après l'injection du venin seul, la neutralisation du venin par l'antive- | nin s'est faite en moins de quinze secondes. Les antivenins neutralisent instantanément les venins. A une solution de fibrinogène ajoutons du venin de Cascavel, et choisissons les proportions de lelle sorte que la coagulation soit rapide (on l’a obtenue en moins de vingt secondes). À une même solution de librinogène, ajoutons du sérum anticrotalique, | puis le venin dans les proportions adoptées, la toagulalion ne se produit pas ; donc la neutralisa- tion s’est faite dans les vingt premières secondes : la neutralisation a été instantanée. Les sérums antitoxiques sont-ils curatifs, c'est- | | SAances sur à-dire neutralisent-ils les toxines correspondantes alors qu'elles sont déjà fixées sur les éléments anatomiques sensibles à leur action; ou bien ne sont-ils que préventifs, c’est-à-dire ne neutralisent- ils que les toxines encore libres dans les liquides de l'organisme. Le problème reçoit une très élé- gante solution dans le cas de la toxine du venin de Cobra. Deux lapins semblables sont trachéotomi- sés et soumis à la respiration artificielle ; puis on injecte dans leurs veines 2 milligrammes de venin de Cobra. Environ trente minutes après l'injection, l'immobilité absolue est réalisée ; mais le cœur continue à battre et la pression se maintient nor- male grâce à l'hématose artificielle. Au premier lapin, on injecte dans les veines 5 centimètres cubes de sérum anticobraïque ; au second, on injecte dans les veines 5 centimètres cubes de sérum normal de cheval. Le premier commence à présenter des mouvements deux ou trois heures après l'injection et ne tarde pas à pouvoir respirer spontanément; le second est encore curarisé et inerte huit heures après l'injection. Donc l'antive- nin a neutralisé le venin déjà fixé sur les plaques terminales sensibles à son action. Il serait sans doute imprudent d'appliquer, sans expériences justificatives, cette conclusion à toutes les toxines, et il semble bien qu'elle ne convienne pas au cas de la toxine tétanique ; mais elle est assurément importante et surtout frappante, par sa netteté et par sa précision. Ces faits, auxquels je pourrais sans peine en adjoindre plusieurs autres, établissent indiscuta blement l'importance des études d'envenimation au point de vue du développement de nos connais- les toxines, les antitoxines, l'ana- phylaxie et l'immunité. Maurice Arthus, Professeur de Physiologie à l'Université de Lausanne, ÉTAT ACTUEL DE L'INDUSTRIE DU GAZ PREMIÈRE PARTIE : FABRICATION I. — EVOLUTION GÉNÉRALE DE L'INDUSTRIE DU Gaz. | Ê Parmi les modifications qu'a subies l'industrie U du gaz, au cours de ces dernières années, celles ayant trait à son utilisation semblent bien plus profondes que celles se rapportant aux procédés de production et de traitement. Il y a une ving- laine d'années, la majeure partie du gaz servait à l'éclairage au moyen de becs genre papillon, becs à jet, etc., dans lesquels le gaz éclairait par ses propres moyens; pour cela, il fallait qu'il entràl dans sa composition une quantité appréciable de produits riches en carbone, tels que le benzol, puisque ce sont les particules de carbone qui, d'après la théorie la plus généralement admise, rendent la flamme éclairante. À cette époque, il était donc logique d'exiger d'un gaz qu'il eût un pouvoir éclairant élevé : on déterminait la qualité d'un gaz d'après son titre, c’est-à-dire d'après le nombre de litres qu'il en fallait brûler dans l'unité de temps pour obtenir un éclairement donné. À Paris, par exemple, un bec Bengel consommant 106 M. DESMARETS — ÉTAT ACTUEL DE L'INDUSTRIE DU GAZ 105 litres à l'heure devait produire le même éclai- rement qu'une lampe Carcel brûlant 42 grammes d'huile à l'heure. Actuellement, la consommation du gaz va géné- ralement en augmentant, mais la proportion de gaz utilisé pour l'éclairage va en diminuant; c’est du côté de la force motrice et du chauffage que se produit le développement. Pour ces deux derniers modes d'emploi, on n’a que faire du pouvoir éclai- rant; ce qu'il faut, c'est que dans un volume donné on ait le plus possible de calories disponibles c'est ce qu'indique le pouvoir calorifique du gaz. Et c'est encore par ce pouvoir calorifique que nous pouvons juger de la valeur d'un gaz, même pour l'éclairage, cela par suite de l'emploi presque ex- clusif de l’incandescence. Un bon éclairage par incandescence dépend de la quantité de chaleur dégagée à l'heure sous le manchon et de la tem- pérature théorique de la flamme du gaz employé. Or, cette température, que l'on peut calculer par la méthode de M. Le Chatelier, est à peu près la même pour tous les gaz de houille. Il en résulte done que le pouvoir éclairant par incandescence du gaz est proportionnel au pouvoir calorifique. Ceci montre que ce que l'on doit chercher mainte- nant, ce n'est plus à produire un gaz à pouvoir éclairant élevé, mais un gaz à pouvoir calorifique élevé; le pouvoir calorifique est d’ailleurs l’expres- sion précise de l'énergie d'un gaz. Cette évolution subie par le mode d'emploi du gaz à d'heureuses conséquences pour l'avenir de l'industrie gazière : en effet, d’une part, la raréfac- tion des bons charbons à gaz; d'autre part, les nou- veaux procédés de distillation auxquels on a été amené pour diminuer le prix de revient du mètre cube, ont comme conséquence la production d'un gaz de pouvoir éclairant médiocre, mais de pouvoir calorifique plus que suffisant pour les besoins cou- rants: comme nous venons de le voir, cela n’a plus maintenant aucune importance. Ces idées, unanimement admises par tous les techniciens du gaz francais et étrangers‘, n'ont pas reçu en France une application pratique aussi développée que dans certains autres pays, l’Alle - magne tout particulièrement. Nous en sommes encore, pour déterminer la qualité d'un gaz, à mesurer son pouvoir éclairant, par une méthode d'ailleurs très remarquable, établie par Dumas et Regnault en 1857. Quand on songe aux perfection- 2 RER Re PT DB REX e eg Te RENMEN e La Commission internationale de Photométrie (Zurich, 1911) à émis à l'unanimité le vœu suivant : « Vu les modes divers actuels d'emploi du gaz d'éclairage, la Commission est d'avis que la détermination du pouvoir éclairant des lammes de gaz a perdu toute importance et que la déter- minalion du pouvoir calorifique est le critérium le plus important de la valeur du gaz d'éclairage et doit être sub- slituée à celle de son pouvoir éclairant. » nements réalisés au point de vue de l’éclairage par le gaz depuis cette époque, on voit de suite qu’en France nous sommes quelque peu en retard. Ce sont des errements de même nature qui sont cause qu'en France, à de très rares exceptions près, on ne mélange pas au gaz de houille du gaz à l’eau, procédé employé dans tous les autres pays, qui permet de fournir un gaz de pouvoir calorifique très suffisant, tout en abaissant le prix de revient du mètre cube et en donnant, par sa souplesse, la facilité de parer aux à-coups. Ce maintien du pouvoir éclairant, qu'un célèbre gazier étranger appelle notre « erreur nationale », conduit à des solutions illogiques, telles que le benzolage du gaz. Comme nous l'avons déjà dit en en expliquant le pourquoi, le gaz fabriqué actuelle- ment a uu pouvoir éclairant bien inférieur à celui du gaz produitanciennement; aussi, pour salisfaire aux exigences des cahiers des charges, les usines à gaz sont obligées de remettre du benzol dans le gaz. La presque totalité des consommateurs ne s'occupent pas du pouvoir éclairant; le benzol ajouté ne sert done qu'à augmenter très légèrement le pouvoir calorifique; il est facile de calculer com- bien les calories ajoutées de cette façon coûtent cher. En Allemagne, poussant à fond ces raisonne- ments, on en est même arrivé à faire le contraire du benzolage du gaz : on débenzole exactement comme dans une cokerie. À Kænigsberg (Prusse), dans la nouvelle usine de récupération de sous- produits d’après le procédé Feld qu'on est en train de monter en place de l'usine d'essais qui assure actuellement le service, on a prévu les appareils nécessaires pour l'extraction du benzol, qui n'entre que pour 4 à > °/, dans le pouvoir calorifique du gaz. En France, cependant, on commence tinide= ment à adopter cette façon de voir; à Paris, il est question de ne plus exiger que le pouvoir calori- fique du gaz et, chose plus symptomatique encore, d'autoriser une addition de 8 °/, de gaz à l’eau. Le Conseil municipal de Paris a, dans sa séance du vendredi 28 novembre 1913, accordé à la Société du Gaz de Paris l'autorisation d'incorporer du gaz à l'eau au gaz de houille dans la proportion de 8°/,. Malgré celte addition, la teneur du gaz en oxyde de carbone ne dépassera pas 11 °}, et le pouvoir calorifique sera au minimum de 4.700 ca= lories par mètre cube, chiffres qui peuvent tranquil- liser les consommateurs au double point de vue de l'hygiène et de l’économie. En France, Lyon et Marseille ont précédé Paris dans celte voie. Il est à souhaiter que ce haut exemple soit suivi par d’autres villes. Si nous avons [insisté un peu longuement sur celle évolution de lutilisation du gaz, devenu gaz de chauffage, de gaz d'éclairage qu'il était ancien= pes ARE ù M. DESMARETS — ÉTAT ACTUEL DE L'INDUSTRIE DU GAZ nement, c'est que ce fait nous parait le plus inté- ressant à signaler. À beaucoup d'autres points de vue également, l'industrie gazière a évolué; du côté manutention du charbon et du coke, à l'extérieur comme à l'intérieur des halls de fours, il y a ten- dance très nette à l'emploi d'appareils mécaniques, de facon à réduire le plus possible la main-d'œuvre, problème très important dans le cas particulier, car avec les anciens procédés on était obligé d’em- ployer des ouvriers spécialistes d'un recrutement difficile. Les transformations qui en ont résullé ont une répercussion très heureuse sur les conditions hygiéniques du travail de l'ouvrier, et à ce point de vue des progrès énormes ont élé réalisés. En ce qui concerne la distillation, la quantité de gaz pro- duite par jour augmente dans de grandes propor- tions; il en est de même pour la quantité de gaz produite par tonne de charbon. Le tableau suivant permet de se faire une idée de l'ordre de grandeur de ces augmentations! : 107 n'est pas très élevé, mais son pouvoir calorifique lui permet de rivaliser avec le meilleur gaz d'usines à gaz. Les cokeries, voyant là une source de béné- fices qui est loin d'être négligeable, ont utilisé des fours plus perfectionnés, plus étanches, de facon à pouvoir prélever un plus grand volume de gaz de bonne qualité. Avec les fours à coke modernes à régénération de chaleur, 50 à 60 °/, du gaz produit suffisent au chauffage des fours et l’on peut disposer du reste. Pour séparer le gaz du début de distilla- tion, qui forme le gaz de ville, du gaz de fin de dis- tillation, les fours à coke sont simplement munis de deux barillets, l’un servant à collecter le gaz de ville, l'autre le gaz destiné au chauffage des fours. Au moyen de dispositifs très simples, les chambres de distillation sont mises en communication avec l’un des barillels ou en sont isolées, selon Les heures de distillation. En général, pour un four distillé en trente heures, on peut prélever comme gaz de ville le gaz dégagé entre la deuxième et la huitième TarLeau |. — Augmentation de la quantité de gaz produite par l'introduction des nouveaux fours. TYPE DU FOUR PAR FOUR EN 24 HEURES POUR 100 TONNES DE CHARBON DISTILLÉ EN 24 HEURES distillé tonnes Ancien four à grille de Clegg. . . . . . . 1818 1,5 Four à grille à 1 cornues . . . . . 1862 4,3 Four à gazogène Schilling-Bunte . . . . . 1819 8,0 Four à cornues inclinées. . . . . . . . .| 1884 10,8 Cornues verticales Dessau | tYPe ancien. 1903 12,0 type nouveau.| 1911 23,0 CHARBON GAZ PT GAZ EE POSTES Eu produit chauffage produit fours d'ouvriers chauffage mètres cubes tonnes mètres cubes tonnes 368 0,7 23.000 66 130 43 1.200 0,9 28.000 23 45 -22 2.400 1,0 30.000 13 40 13 3.240 1,6 30.000 10 15 14 %.000 451 33.000 8 9 14 8.000 3,2 35.000 4,4 4 1% Un concurrent sérieux du gaz, produit dans des usines spéciales, a fait son apparition au cours de ces dernières années : c'est le gaz de four à coke. La totalité du gaz qui se dégage lors de la distilla- tion du charbon destiné à la fabrication du coke métallurgique est loin de valair, surtout pour le pouvoir éclairant, et aussi pour le pouvoir calori- fique, le gaz des usines à gaz. Cela tient, d'une part, à la nature des charbons enfournés, qui sont beau- coup plus maigres que les charbons à gaz propre- ment dits (19-21 °/, de matières volatiles au lieu de 29-35 °/,), et aussi à ce que la fabrication du gaz, qui n'était qu'un produit accessoire servant au chauffage des fours eux-mêmes, n'était pas sur- veillée aussi soigneusement que dans les usines à gaz. Ce que nous venons de dire s'applique à l’en- semble du gaz produit; mais, si l’on ne considère que le gaz qui se dégage au début de la distillation, ii n'en est plus de même : son pouvoir éclairant 4 F. ScuicuinG : Zeits. Verein Deutsch. Ing., 1913, p. 668- heure. Ce gaz subit exactement les mêmes traite- ments que le gaz produit dans les usines à gaz. Les cokeries peuvent naturellement fournir ce gaz à un prix très bas, puisqu'il n’est pour elles qu'un sous- produit de la fabrication du coke; c’est l'inverse de ce qui se passe dans les usines à gaz, où le coke est un sous-produit de la fabrication du gaz. L'alimentation des villes au moyen de gaz de fours à coke ne pourra guère être réalisée que dans les centres houillers; cependant, on peut très bien imaginer qu'une cokerie s'installe dans une région où les approvisionnements en charbon sont faciles, avec l'intention de fournir du gaz. C’est ce qui s’est produit à Ostende, qui recoit son gaz d’une cokerie construite dans ce but. C'est en Allemagne que celte application du gaz de fours à coke a pris le développement le plus considérable, dans les bas- sins houillers de Westphalie et de Silésie. Il existe d'énormes installations : l'une d’elles peut produire par jour 200.000 mètres cubes de gaz, dont le pouvoir calorifique supérieur est au minimum de 5.000 calories. À Essen, entre autres grands centres, 108 l'usine à gaz est complètement arrêtée et la villé alimentée uniquement avec du gaz de fours à coke. Gräce à un réseau immense de canalisations, les cokeries desservent des villes très éloignées d'elles et en même temps un grand nombre de petites agglomérations, trop peu importantes pour avoir une usine à gaz. La cokerie de Hamborn (West- phalie) alimente Barmen, située à 50 kilomètres, et plus de 60 villes ou villages. En France, dans le bassin de Saint-Etienne, il existe une installation analogue, mais d'envergure beaucoup plus mo- deste : la Compagnie de Firminy envoie du gaz de sa cokerie de Roche-la-Molière à Firminy et au Chambon-Feugerolles. Dans le bassin du Nord et du Pas-de-Calais, la question est à l'étude et a toute chance d'aboutir. I est un cas où les cokeries, au lieu de concur- rencer les usines à gaz, peuvent, au contraire, leur être d'un grand secours : supposons qu'une usine à gaz ne dispose pas de moyens lui permettant de salisfaire à une consommation sans cesse grandis- sante; il lui faudrait monter de nouveaux fours, faire de nouvelles installations coûteuses, dont l'amortissement viendra grever son prix de revient. Si une cokerie se trouve aux environs, l'usine à gaz pourra s’y alimenter de la quantité de gaz dont elle a besoin sans avoir ni les frais ni les soucis de la fabrication. De nombreuses hypothèses ont été émises sur les phénomènes qui se produisent au cours de la distillation du charbon; sans que l'on soit arrivé à élucider ce problème extraordinairement com- plexe, on peut dire cependant qu'à l'heure actuelle on à pu isoler les causes influant sur la formation de certains constituants du gaz. Ce à quoi il faut arriver pour avoir un bon rendement en uu gaz de qualité normale, c’est chauffer le charbon à tem- pérature très élevée et éviter en même temps que le gaz ne puisse être exposé à une chaleur trop grande. Comme nous allons le voir, les cornues verticales et les fours à chambre permettent, dans une certaine mesure, de réaliser ces conditions, cela surtout grâce au remplissage complet de la chambre de distillation qui fait qu'au-dessus du charbon il n'y a pas d’espace libre. Avec les cor- nues horizontales ou inclinées, il n’en est pas de même : avant de s'échapper par les colonnes mon- tantes, le gaz est soumis à l’action destructrice des parois rouges de la cornue. IL. — MANUTENTION ET MISE EN DÉPÔT DES CHARBONS. Dans les usines à gaz modernes, on adopte le plus possible les moyens de manutention méca- nique. Nous ne nous appesantirons pas sur ce sujet, car on ne trouve que peu de dispositifs des- M. DESMARETS — ÉTAT ACTUEL DE L'INDUSTRIE DU GAZ tinés spécialement aux usines à gaz. Dans beau- coup d'usines, le charbon est mis en stock à l'air libre; cependant, comme il semble établi que, dans ces condilions, le charbon donne de moins bons résultats à la distillation, il y aurait tendance à faire les stocks dans des endroits couverts. Pour éviter l'inflammation spontanée du char- bon, il est bon de ne pas le mettre en tas trop larges et trop hauts. Un dispositif recommandable consiste à disposer de place en place des tuyaux en fer, fermés à l’une de leurs extrémités et dans lesquels se trouve un thermomètre; on peut ainsi surveiller l'échauffement des stocks. Ancienne- ment, onincriminait presque uniquement la pyrite dans le cas d'inflammation spontanée; en exami- nant d’un peu plus près le phénomène, on s’est rendu compte que la pyrite seule n’était pas cause de ces accidents, car des charbons contenant peu de pyrites s'enflammaient spontanément beaucoup plus facilement que d’autres qui en contenaient bien plus. Cela tient à ce que certains charbons absorbent l'oxygène en dégageant une quantité de chaleur qui, dans certaines conditions d'emplace- ment, peut être suffisante pour déterminer leur inflammation. Ce phénomène semble d’ailleurs être régi par les règles suivantes : 1° les charbons venant d'être extraits s'oxydent à la température ordinaire; 2° en dessous d’une certaine température, variable selon les charbons, l'oxydation n’est jamais com- plète et la cessation d’influences, telles qu'échauffe- ment, oxydation, agit effectivement. Au-dessus de cette température (200-275°), l'oxydation se con- tinue avec dégagement de chaleur; 3° les condi- tions agissant favorablement sur l'oxydation sont : apport de chaleur, mise en tas élevés et larges, teneur en éléments facilement oxydables tels que produits non saturés, pyrile, etc. Il existe une autre cause, signalée tout récemment, de l’échauf- fement spontané du charbon : il serait dù à cer- laines bactéries qui déterminent un dégagement d'anhydride carbonique et de méthane, ce phéno- mène étant accompagné d'un dégagement de cha- leur. Dans les pays où l’on fabrique du gaz à l'eau, on se sert presque uniquement du coke d'usine à gaz; quand on le peut, c’est une facon doublement avantageuse d'utiliser ce combustible. III. — Fours DE DISTILLATION. Par suite de la concurrence de l'électricité, de l'augmentalion du prix de la main-d'œuvre et des matières premières, de la diminution de valeur des sous-produits et du prix du gaz, il à fallu recher- cher les moyens d’abaisser le prix de revient du M. DESMARETS — ÉTAT ACTUEL DE L'INDUSTRIE DU GAZ 109 mètre cube. Une des premières solutions est d'aug- menter le rendement en gaz, c’est-à-dire le volume dégagé par tonne de charbon enfournée; pour cela, il y à un moyen qui consiste à distiller à plus baute température qu'on ne le faisait anciennement avec les fours à cornues horizontales, relative- vement peu chargées par suite de la difficulté de les remplir complètement à la pelle. Ce moyen n'élait pas recommandable ; entre autres désavan- tages, le gaz produit dans ces conditions était de qualité absolument inférieure, surtout au point de vue du pouvoir éclairant qui est beaucoup moins résistant que le pouvoir calorifique à l’action de la température. Avec les fours actuels à cornues horizontales chargées mécaniquement, à cornues verticales où à chambres, systèmes permettant de réaliser de fortes charges, cet inconvénient dispa- rait. En outre, comme par unité de four les quan- tilés de charbon traitées sont plus fortes, la main- d'œuvre s’est trouvée également réduite. Certains inventeurs ont cherché surtout à réaliser les éco- nomies du côté de la main-d'œuvre, d'autres du côté du mode de distillation; dans la pratique, ces deux tendances ont fusionné et les modèles de fours que nous allons passer en revue sont arrivés à résoudre plus ou moins ces deux problèmes. $ 1. — Fours anciens perfectionnés. 1. Fours à cornues inclinées. — Au point de vue réduction de la main-d'œuvre et simplification des manutentions du charbon et du coke dans les halls des fours, la première solution qui ait reçu une consécration pratique, triomphale d’ailleurs, est celle des fours à cornues inclinées imaginée vers 1891 par André Coze, de Reims. C’est surtout à l'étranger que ces fours ont recu le plus d'applica- tion; en Allemagne, à la fin de 19414, il y avait 11.000 cornues inclinées en activité produisant environ 34 °/, du gaz total. Il existe deux modèles de cornues : les petites en une seule pièce (lon- gueur moyenne: 3%,50), les grandes en deux pièces réunies au milieu (longueur moyenne totale : 6,10). Elles sont inclinées de 32° sur l'horizontale et ouvertes à leurs deux extrémités. Le mode de travail es! des plus simples : le charbon est mis en réserve dans des trémies placées à la partie supé- rieure de l'atelier de distillation; des bennes vien- nent s’y remplir, puis déversent leur contenu dans les cornues par leur orifice supérieur. Un seul homme suffit pour le chargement. Pour vider la cornue, on ouvre le tampon obstruant l'orifice inférieur, et le coke tombe de lui-même par son propre poids. Le principal avantage de ces fours à cornues inclinées, c'est l'économie de main- d'œuvre. On leur reproche d'être d’un prix de pre- mier établissement trop élevé. 2. Fours à cornues horizontales à chargement el déchargement mécaniques. — Dans beaucoup d'usines, on a préféré conserver les cornues hori- zontales, mais en modifiant leurs dimensions. Au lieu des anciennes cornues de 3 mêtres, on se sert de cornues de 4, 5, 6 mètres, ouvertes à leurs deux extrémités pour permettre le déchargement. Les types de four les plus répandus sont à 7 et 9 cor- nues; le chauffage par gäzogène supplante à peu près partout le chauffage à la grille. Du côté des gazogènes, l'industrie gazière a suivi de très près les progrès réalisés dans ce mode de chauffage ; beaucoup d'installations, sans être basées sur des principes nouveaux, utilisent, d'une façon très ori- ginale et très bien appropriée au chauffage des cornues, les modifications et perfectionnements apportés aux gazogènes d'une façon générale. Ces fours sont munis de dispositifs mécaniques pour le chargement et le déchargement des cornues. Il existe un grand nombre de ces appareils; nous nous contenterons de signaler ceux qui sont le plus couramment utilisés. Dans les machines de West et dans celles de Arrol-Foulis, le charbon est introduit avec des cuillères analogues à celles qu'on manœuvre à la main ; le coke est enlevé au moyen d'un ringard qui saisit le saumon dans le fond de la cornue et le tire rapidement au dehors. Ces machines sont actionnées, la première par l'air comprimé ou l'électricité, la seconde par des béliers hydrau- liques. La machine Sautter-Harlé est composée d'une turbine qui, recevant le charbon d'une tré- mie supérieure, le projette à l'intérieur de la cornue ; en réglant la vitesse de la turbine, on peut obtenir une charge très régulière. La défourneuse, pour le cas de cornues ouvertes aux deux extré- mités, se compose d’un poussoir que l'on introduit par l’une des ouvertures de la cornue et qui chasse devant lui le siumon de coke. Dans la machine de Brouwer, le charbon tombe d’une trémie supérieure sur une courroie sans fin tournant à une vitesse assez grande; la lame de charbon qui se forme sur la courroie est découpée par une poulie à gorge dont la largeur dépend de la section de la cornue ; elle prend la vitesse de la courroie et, par la vitesse acquise, est lancée dans la cornue. Un dispositif de chargement assez original est celui décrit en 1906 par M. Cabrier à la Société technique du gaz : le principe du système est de laisser prendre à une masse de charbon, tombant d’une trémie en chute libre, une vitesse suffisante pour transformer, à l’aide d’une surface de glissement, le jet vertical en jet horizontal. La hauteur nécessaire, dans le cas le plus défavorable de fines de houilles mouillées, est de 6,90. Toutes les machines que nous venons de décrire sont montées sur des bâtis qui se dépla- 110 M. DESMARETS — ETAT ACTUEL DE L'INDUSTRIE DU GAZ cent devant les fours. I nous fault enfin mentionner des appareils dont l'emploi est des plus intéres- sants pour de petiles usines : ce sont des cuillères ordinaires munies de dispositifs facilitant énormé- ment le chargement et Lelles qu'un homme suffit généralement. Le coke sorlant de la cornue doit être arrosé d’eau pour obtenir son extineétion; dans les usines assez importantes, le coke tombe sur des transpor- teurs sur lesquels est projetée de l’eau au moyen de tuyaux perforés. L'entraîneur extincteur de Brou- wer est formé d'un chenal à fond plat légèrement incliné, plein d'eau dans sa partie basse et se rele- ant de 30 à 45° du côté opposé. Le coke traverse la couche d’eau; il, est entraîné par une raclette formée de deux chaînes réunies par des traverses de fer. à S 2. — Types nouveaux. Les systèmes de fours que nous venons d'exa- miner, actuellement de beaucoup les plus répandus, ne sont, en somme, que des perfectionnements de systèmes anciens. Nous allons passer en revue les fours construits d’après des principes nouveaux; pour chaque type de fours, nous décrirons un modèle seulement, fixant notre choix sur le plus répandu. 1. Cornue verticale de Dessau. — La cornue verticale, dont les premiers essais remontent aux débuts de l'industrie du gaz, n’est réellement entrée dans la pratique que depuis les recherches effectuées par le D' Bueb. Celui-ci à établi que l’on _Sol_de la halle Fig. 1. — Jour de Dessau (coupe verticale). peut chauffer des cornues verticales à haute tem- pérature, lout en les remplissant complètement sans qu'il y ait gonflement du charbon, et qu'il est possible d'évacuer le gaz aussitôt formé de façon à éviter la décomposition des hydrocarbures. Il existe deux types de cornues verticales, la cornue de 4 mètres et celle de 5 mètres. Le gaz produit dans la cornue de 4 mètres a un pouvoir éclairant supé- rieur à celui de la cornue de 5 mètres; celle-ci exige, pour un même poids de charbon distillé, moins de main-d'œuvre. Ces cornues sont sensible- ment plus larges à la base qu'à la partie supérieure. - Un four comprend de 10 à 18 cornues groupées par deux ou par trois. Par cornue, on charge de 500 à 600 kilogs de charbon, et la distillation dure de : huit à dix heures. C'est au bas de la cornue que se trouve la zone la plus chaude : 1.420° ; aux 3/4 de la hauteur, elle n’est plus que de 1.040. Le chauffage est réalisé au moyen de gaz de gazogène (fig. 1); le coke avec lequel on l’alimente est contenu dans une trémie placée directement au-dessus; on consomme en coke 15 °/, du poids de la charge distillée. Les gaz de chauffage pénè- trent à la partie inférieure et sont obligés, pour s'échapper par la partie supérieure, de zigzaguer autour des cornues. Le charbon se trouve dans des trémies placées au dessus des cornues; il s'en écoule par des goulottes qui épousent assez bien la forme de l’orifice de la cornue; de la sorte, la production de fumée est très réduite. Pour éviter que le charbon ne se colle contre la tête de cornue du bas, on verse, avant le charbon, une légère couche de coke en petits morceaux. La cornue est remplie le plus possible. Quand la distillation est finie, on ouvre le tampon inférieur et le coke tombe de lui-même. Le gaz se dégage à Ja partie supérieure. Par 100 kilogs de charbon, on produit de 33 à 35 mètres cubes de gaz. Si, vers la fin de la distillation, on introduit de la vapeur d’eau à la partie inférieure de la cornue, on produit du gaz à l’eau en se servant de la cha- leur emmagasinée par le coke: celte facon d'opérer permet d'augmenter le rendement en gaz (avee le même charbon, le rendement par tonne passe de 326 mètres cubes de pouvoir calorifique 5.547 calo- ries, à 369 mètres cubes de pouvoir calorifique 5.211 calories) et enlève en même temps le dépôt de graphite formé sur les parois de la cornue; cependant, les avis sont assez partagés sur les avantages que présente ce mode opératoire. Le coke produit est de très bonne qualité, il y a très peu de déchets; on en obtient 70 ?/, du charbon enfourné. Le rendement en ammoniaque est de 30 °/, supérieur, celui en cyanogène de 40 °/, inférieur à celui des cornues horizon- tales. Ceci confirme la théorie du D' Bueb, qui sup- posait que le gaz aussitôt formé se dirige vers le milieu du pain de charbon où se crée un canal à température relativement basse, formé de charbon non distillé et plus perméable que les couches de ro room re cm men: = + ll Re 7 . - à cornues verticales la M. DESMARETS — ÉTAT ACTUEL DE L'INDUSTRIE DU GAZ coke périphériques. Le goudron, dont on obtient de 5,6 kilogs à 5,8 kilogs par 100 kilogs de houille, vérifie encore cette hypothèse ; il est en effet très fluide, a l'aspect d'une huile brune, contient très peu de carbone libre (de 2 à 4°/,), pas de naph- aline, beaucoup d'huile légère, analogue par tous ces points aux goudrons obtenus en distillant du charbon à basse température ; le goudron produit ne subit donc pas dans la cornue verticale de décomposition pyrogénée. Enfin, autre caractéris- tique : le gaz contient beaucoup moins de naphla- line que le gaz de cornues horizontales. Comme cela est aisé à comprendre, avec les fours main-d'œuvre se trouve très réduite. Ces fours présentent aussi l'avantage d'exiger peu de place ; on peutles utiliser dans des usines de moyenne importance. À l'heure actuelle, il y à 12,347 cornues Dessau en service, produisant 4.930.000 mètres cubes de gaz par jour. 2. Fours verticaux à distillation continue. — En Angleterre, on a envisagé le problème de la distil- lation en cornues verticales d’une tout autre facon qu'en Allemagne ; on à voulu réaliser l’introduc- tion du charbon et l'enlèvement du coke d’une façon continue. Ce problème, très complexe, a néces- sité un nombre énorme d'essais ; on peut dire qu'il est actuellement résolu. Nous nous contenterons de décrire le four de Woodall-Duckham, sous sa forme la plus moderne. La distillation est effectuée dans des chambres en maconnerie et non plus dans des cornues ; ces chambres ont la forme de troncs de pyramide à base rectangulaire. On les groupe à quatre par four. Le chauffage est effectué par gazogène alimenté au coke, dont on consomme 45 °/, du poids de charbon distillé. A l'inverse de la cornue de Dessau, la lempérature maximum est au voisinage du sommet, où elle atteint 1.300° C; au sommel même, elle est sensiblement inférieure, par suite de l’arrivée du charbon ; à la partie infé- rieure, elle est de 800 à 1.000° C. La houille se décompose donc dès son entrée dans la chambre et les premiers produits de distillation s'échappent sans subir de décomposition; ceux qui se forment ensuite tendent d'autant plus à être des gaz per- manents qu'ils sont produits plus bas dans la chambre. La durée de distillation, c'est-à-dire le temps qui s'écoule entre l'introduction d’une quan- tilé de charbon et sa sortie à l’état de coke, varie entre huit et neuf heures. Le charbon, placé dans une trémie, s'écoule dans le tambour d'alimentation T (fig. 2), manœuvré à la main toutes les trois heures enwvi- ron ; on remplit de cette facon le magasin intermé- diaire A, qui peut contenir un peu plus que la houille consommée en trois heures et par consé- qui esb 111 quent n'est jamais complètement vide. Un registre R sépare la zone d'introduction du charbon de la sortie du gaz. Le coke est supporté par la partie concave d'une caisse en fonte N, située dans le prolongement de la chambre de distillation. Il en est extrait par des pièces en forme de croix, dispo- sées en spirale autour d'un arbre C dont elles sont solidaires ; par suile de la rotation lente de l'arbre C (un tour en 45-55 minutes), le coke tombe par portions chambre métallique M. Le fond de |: caisse M formé dans une esl par une pièce semi- cylindrique rotative F, dont bords plongent dans l’eau de facon à former joint hydraulique. Toutes les trois heu- res, on faitfaire demi- tour au fond F; cette opération dure 10-15 secondes. Avant d'ef- fectuer cette manœu- vre, on injecte de l’eau sur le coke qui se trouve à la partie inférieure du maga- sin ; la vapeur qui se produit suffit pour empêcher l'air de se mélanger au gaz pen- dant la vidange du coke. Le coke sortant est très sec et n'a pas besoin d'être éteint. La continuité du tra- vail fait que toutes les parties du four ne subissent que de faibles variations de température et sont, par conséquent, moins sujel- tes à se détériorer. Par tonne de charbon distillé, on obtient 335 mè- tres cubes de gaz à 5.284 calories, 675 kilogs d'un coke très léger. Le goudron est analogue à celui obtenu avec des cornues de Dessau ; le rendement en ammoniaque est supérieur à celui obtenu avec des cornues horizontales. Les avantages de ce SYs- tème sont l'absence complète de fumées, le rende- ment élevé en gaz, la constance de la composition du gaz à tout instant de la distillation et enlin la main-d'œuvre très réduite. les Woodall-Duck- 2. — Four ham (coupe verticale). — T, Fig. trémie d'alimentation ; A, magasin intermédiaire ; R, registre ; N, caisse en fonte; C, arbre portant des pièces en forme de croix; M, cham- bre métallique ; F, pièce rotative demi-cylindrique. 3. Kours à chambres. — Ge sont de véritables 115 19 M. DESMARETS — ÉTAT ACTUEL DE L'INDUSTRIE DU GAZ fours à coke; les principales différences résident dans la nature des charbons enfournés et dans le mode de chauffage : Lille des charbons très gras et l'on chauffe les fours au moyen de gazogènes, landis que dans les coke- ries on distille des charbons plus maigres et l’on chauffe avec du gaz de distillation. Actuellement, dans les usines à gaz, on dis- des essais sont entrepris en vue de la réalisation de fours que l’on pourrait à volonté chauffer soit au gaz de gazogène, soit au gaz de distillation ; ceci montre bien qu'entre les fours à chambres et les fours à coke, les différences sont minimes. Il y a deux types de fours à chambres : les fours à Fig. 3. — chambres inelinées, dans lesquelles la manutention du charbon et du coke se fait d'une facon analogue à celle des cornues inelinées ; les fours à chambres horizontales, dans lesquelles le charbon est intro- duit par des ouvertures percées dans la voûte et desquelles le coke est poussé par un bouclier exac- tement comme dans les fours à coke. Nous décri- rons les fours à chambres inelinées de Munich ou fours Ries, du nom de l'inventeur, qui sont actuel- lement les plus répandus. En France, à une excep- lion près, ce sont les seuls existants: en Alle- wagne, en 1910, il y avait 271 chambres produisant 29), du gaz lolal consommé, dont 227 chambres de Ries ; viennent ensuite les fours de Klünne. Ries, maconnerie ; elles sont groupées à trois par four et Dans les fours les chambres sont en chauflées en dessous et sur les côtés au gaz de gazogène G (fig. 3). Pour ce chauflage, on con- somme en coke un peu plus de 15 °/, du poids de Four à chambre de Munich. — À, élargissement de la cham- bre; B, ouverture pour l'introduction du charbon: C, ouverture pour l'introduction du poussoir D ; G, gazogène. charbon distillé. La température entre les cham- bres est en moyenne de 1.250°; on s'efforce de la rendre à peu près la même en tous les points. Sur la face la plus élevée, les chambres sont munies de deux ouvertures : l'ouverture supérieure B sert à l'enfournement du charbon, cette position permet- tant de remplir complètement la chambre ; par l'ouverture inférieure GC, on introduit un poussoir D dans le cas où le saumon de coke ne descend pas de lui-même, manœuvre qui n’a pour but que d'amorcer le glissement du saumon. La face infé- rieure des chambres est constituée par de fortes portes que l'on ouvre pour le défournement. Le gaz se rassemble dans un élar- gissement À en communication avec les tuyaux de dégagement. Selon les dimensions des chambres, on peut charger de 3.000 à 7.000 kilogs de charbon, que l'on distille en vingt- quatre heures. Pour l'extinction du coke, on à imaginé un certain nombre d'appareils, généralement assez com- pliqués, dont aucun ne semble s'être imposé. Ce sont les fours à chambre qui exigent le moins de main-d'œuvre. Par analogie avec ce que nous avons dit au sujet des fours à coke, il est facile de comprendre que le gaz produit varie avec les heures de distillation; au début, il a un pouvoir calorifique de 8.000 calories qui, à la fin, tombe à 1.000. Il faudrait donc pouvoir emma- gasiner un grand volume de gaz pour avoir la moyenne. Par tonne de charbon, on produit 330-340 mètres cubes de gaz, 670-680 kilogs de coke d'aspect rappelant le coke métallurgique, 64 kilogs de goudron et 2,14 kilogs d’ammoniaque (dans des cornues horizon- tales, le même charbon ne donnait que 4,35 kilog d'ammoniaque). Les trois types de fours que nous venons de décrire représentent les perfectionnements les plus caractéristiques réalisés au cours de ces dernières années dans le domaine de la distillation du char- bon pour la production du gaz de ville. Ce ne sont pas des fours d'essais, mais bien des appareils au point qui assurent d'une facon très normale des services publics'. Actuellement, il n'est pas pos- 1 Les cornues verticales de Bueb fonctionnent à Marseiile, Nancy, Tourcoing, Béziers. Les fours à chambres inelinées de Munich fonctionnent à Paris, à l'usine à gaz de la Villette, el à Gennevilliers, à l'usine de la Société d'éclai- rage, chautfage et force motrice, Les fours Woodall-Duck- ham fonctionnent à Lausanne, Toulouse, Marseille, Nice, Montbéliard. MANLEY-BENDALL et PERROTIN — LE SERVICE MÉTÉOROLOGIQUE DES ÉTATS-UNIS 113 sible de dire lequel de ces trois systèmes est préfé- rable ; ils ont chacun leurs avantages particuliers, qui s'accordent plus ou moins bien avec les con- ditions locales de nature du charbon, l'emplacement dont on dispose ; ceci rend les comparaisons difficiles. Il est évident que ces systèmes ne conviennent pas à la production des faibles quantités de gaz, suffisantes pour de petites agglomérations; pour celles-ci, les fours à cornues horizontales munis d'appareils facilitant le travail de l'homme seront utilisés longtemps encore. Il y a cependant une solution : c'est la création d'usines centrales pro- duisant de grandes quantités de gaz au moyen de fours modernes, qui alimentent les petites agglo- méralions. Celle solution, déjà appliquée en France par la Société du gaz de la banlieue de Paris (Com- pagnie d'éclairage, chauffage, force motrice) et en Allemagne par plusieurs grandes villes, ne présente plus à l'heure actuelle de difficulté d'ordre tech- nique. Quand les centres de consommation sont assez éloignés les uns des autres, ils sont réunis à l'usine à gaz par une tuyauterie aboutissant à un gazomèlre; de ce gazomètre, le gaz est distribué aux consommaleurs. Ces grandes centrales à gaz peuvent arriver à produire le mètre cube à un prix égal à celui offert par les cokeries. C’est ainsi qu'à Düsseldorf, siluée près des fours à coke de West- phalie, on a préfére monter une usine à gaz toute moderne plutôt que d'acheter du gaz de fours à main-d'œuvre, la coke; c'est là un côté intéressant de la concur- rence faite par les cokeries aux usines à gaz. IV. — Gaz À L'EAU. “Nous nous contenterons d'indiquer le principe S deux procédés de fabrication du gaz à l’eau les Comme dit, en France son emploi est excessivement restreint par plus usilés. nous l'avons déjà suite du pouvoir éelairant et d'un maximum pour la teneur en oxyde de carbone imposés au gaz. En Allemagne, on en consomme 5,8 °/, du gaz total, 1. Gaz à l'eau à flamme bleue. — Dans un gazo- gène chargé de 1-2 mètres de coke, on insuffle de l'air pendant deux minutes de facon à porter la masse au blanc ; le gaz qui se forme est composé en majeure partie de CO”; on ne le recueille pas. On injecte alors dans celte couche de coke de la vapeur d'eau; il se forme de l’oxyde de carbone et de l'hydrogène que l’on mélange au gaz de houille. 2. Gaz à l'eau à flamme éclairante. — On insuffle de l'air sur une colonne de coke de 3 mètres de hauteur; le gaz dégagé contient de l’oxyde de carbone ; on le brûle dans deux chambres à empi- lages en produits réfractaires, appelées carburateur et surchauffeur, disposées en série. Quand le coke a atteint la température du blane, on injecte de la vapeur d'eau dans le gazogène et de l'huile à gaz dans le carburateur. Le gaz à l'eau formé dans le gazogène, en traversant le carburateur, se mélange aux vapeurs d'huile; le tout passe dans le sur- chauffeur où se forme le gaz définitif qui est traité et épuré par les méthodes ordinaires. Dans un deuxième article, nous étudierons la question de la récupéralion des sous-produits et de l'épuralion du gaz d'éclairage. M. Desmarets. ORGANISATION ET FONCTIONNEMENT La récente institution au Bureau Central Météo- ologique de France, à la demande du Ministère de la Guerre, d’une organisation spéciale d'avertis- èments à l'Aéronautique et les besoins de la létéorologie agricole ont donné une nouvelle Xlension au Service des Avertissements. L'impor- ince croissante de ce service, la collaboration haque jour plus étroite du Bureau Central et de PAéronautique militaire ou civile, ont suscité, parmi les personnes nombreuses qui s'intéressent aux sciences pratiques, un élan nouveau vers la DU SERVICE MÉTÉOROLOGIQUE DES ÉTATS-UNIS Météorologie, qui, en dépit des efforts incessants et de l'inlassable dévouement de M. Angot pour augmenter les ressources et partant les moyens d'action du Bureau Central, n'a pu encore attein- dre en France le développement qu'elle devrait avoir, faute d'un budget suffisant. Il paraît intéressant de rappeler le fonctionne- ment du Service météorologique des Etats-Unis, ne serait-ce que pour montrer combien le Gouver- nement américain, qui a doté annuellement de 8 millions de francs le Weather Bureau, attache 114 MANLEY-BENDALL et PERROTIN — LE SERVICE MÉTÉOROLOGIQUE DES ÉTATS-UNIS de prix aux services que la Météorologie rend chaque jour au public, au Commerce, à la Naviga- lion, à l'Agricullure, à l'Aviation. On jugera facilement de l'importance et de l'étendue du Service météorologique des Etats- Unis, quand on songera que 808 fonctionnaires commissionnés sont officiellement employés, que 1.354 personnes recoivent, pour leur concours, des indemnités mensuelles variant entre 5 et 25 dollars par mois, el par ailleurs que 7.830 collaborateurs libres travaillent pour le Weather Bureau : au total, on se trouve donc en présence de 10.000 per- sonnes attachées au Service météorologique. Les observations sont faites à 8 heures et à 20 heures (heure du 75° méridien) dans 200 stations régulières : les stations secondaires adressent leurs observations aux stations primaires, où sont rassemblées les dépêches d'un des six districts que comprend toute l'étendue du territoire. Ces stations primaires envoient à leur tour leurs obser- vations au chef-lieu de district. Ces télégrammes, chiffrés comme d'habitude, sont à leur transmis au Bureau Central de Washington. D'une facon analogue à notre service francais, sont dressées chaque matin loutes cartes utiles (pression, température, variation de pression, etc.). On en déduit les prévisions utiles pour vingt-qua- tre ou trente-six heures; la carte du temps est préparée sur un cliché en plâtre où sont gravées les flèches et directions du vent, la nébulosité, les isobares, les isothermes en lignes discontinues, les chiffres indiquant pour les stations principales la température, la pluie en vingt-quatre heures et la vitesse du vent. Cetoriginalen plâtre estchauffé, on y coule du plomb fondu afin d'en prendre l'empreinte en relief. Le cliché est ensuite placé dans un cadre au bas duquel a été préparé le texte, et l’impres- sion s'effectue de la manière habituelle. Afin de disséminer le plus possible les indications de ces cartes, les centres des districts préparent depuis tour trois ans une carte dite commerciale, réduction sur cliché de zinc (3 colonnes de journaux) de la carte régulière. À 10 heures du malin, les prévisions sont lélégraphiées des centres de districts à 2.059 points principaux leur our, aux frais du Gouvernement, par télégraphe, qui les disséminent à par téléphone el service postal. Actuellement, 5.460.000 abonnés au téléphone peuvent obte- nir les prévisions en moins d'une minute sur simple demande au bureau central téléphonique le plus voisin ! On est frappé de Ja publicité extraordinaire donnée à Le pourcentage de prévisions exactes, qui atteint 85 °/,, n'est pas très éloigné de cel qu'obliennent au Bureau Central M. Goutereaw chef du Service des Avertissements, et ses collabos= raleurs, MM. Guénaire et Barbé ; d’ailleurs le cons trôle en est moins sévère, mais il est plus facilés ment atteint parce que dans les États-Unis, dontl& surface s'approche de celle de l'Europe, les zones de basses pressions, prenant naissance dans l'Ouest} traversent tout le territoire, ce qui permet aux régions de l'Est d’en prévoir la marche et l’arrivé dans des conditions bien différentes des nôtres? D'ailleurs, il faut ajouter que la proportion d prévisions justes dépend beaucoup de la situatio particulière du point où elles sont faites. En second lieu, tous les jours est préparée a Bureau de Washinglon (depuis cinq ans) un carte synoptique de tout l'hémisphère Nord. Cett carte, qui n'existe qu'en manuscrit, est établie d'après les observations fournies par les services étrangers et les stations du Weather Bureau dans les États-Unis, l'Alaska, les îles Hawaï et les Antilles, du Japon et de la Chine par T.S.F., ete: Les avertissements de tempêtes", qui constituent un service important du Weather Bureau, sont faits par ses soins dans 141 stations sur les côtes de l'Atlantique et du golfe de Mexique, stations éche= lonnées de Eastport (Maine) à Brownsville (Texas); les postes de Block Island, du cap Henry, de Jupi= ter et de Sand-Key, sont organisés pour les signaux du code international el peuvent transmettre, pañ télégraphe, les communications des navires en mer. En outre, les stations de Cape Henry et Sands Key transmettent et recoivent les dépêches pen dant la nuit au moyen de signaux lumineux. Sur la côte Pacifique, 41 stations sont chargées des mêmes avertissements, el 4 d'entre elles (South east Farallon, Point Reyes, North Head, Port Crescent, Tatoosh Island) transmettent les dépê- ches des navires passant au large. Par ailleurs, 59 postes similaires sont disséminés sur les grands lacs, 42 postes de T. S. F. sont situés sur l’Atlan- ces prévisions. Alors qu'en France seuls quelques établis- sements officiels affichent les indicalions fournies par le Bureau Central, aux Étals-Unis dans les hôtels, les gares, les halls des grands bâtiments, les ascenseurs, ete., par- tout, on trouve un petit carton fournissant les probabilités pour les vingt-quatre heures. 1 Les signaux avertlisseurs de tempêtes sont les suivants © le guidon rouge avec centre noir signale l'approche de tem- pêle ou coup de vent violent (les flammes indiquent la direction du vent : rouge de l'Est; blanche de l'Ouest; la flamme au-dessus du guidon indique un vent probable du secteur Nord; au-dessous, vent probable du secteur Sud :; la nuit, un feu rouge indique des vents d'Est; un feu blane au-dessous d'un rouge annonce des vents d'Ouest; une simple flamme rouge signale l'approche des vents de force moyenne pour les navires de faible tonnage). Deux guidons rouges à centre noir, l’un au-dessous de l'autre, signalent l'arrivée probable d'un ouragan tropical, LM tique et 10 sur le Pacifique ; on y à ajouté dernië- rement 2 postes nouveaux à Porto-Rico et 5 dans PAlaska. | es stations du Sud, de Porto-Rico et de Cuba Sont d'ailleurs tout particulièrement utiles dans la prévision des ouragans et des cyclones qui pren- nent naissance dans la mer des Antilles, et se diri- Sent d'abord vers les côtes des États-Unis, où leurs vages sont parfois considérables. Par ailleurs, l'usage de la télégraphie sans fil ient d'entrer dans une phase pratique. Le Weather ureau s'est entendu avec les grandes compagnies de navigation faisant le service de New-York aux Antilles et en Amérique du Sud pour obtenir, à Dheures et à 19 heures, l’état de l'atmosphère et de Ja mer aux points occupés à ces instants par leurs navires. Les grands courriers transallantiques envoient dorénavant leurs observations, ainsi que Jes relations des rencontres d'épaves flottantes (icebergs en particulier). Ces indications, trans- mises à Washington, sont ensuite envoyées à New- York, où elles sont immédiatement communiquées au public sur une immense carte dressée, à cet effet, dans le Hall de la Douane. Enfin, les observations, centralisées et combinées avec celles des stations terrestres, permettent de reconnaitre la présence ou le développement des tempêtes dans telle ou telle région: les postes de 2: S. F. transmettent à leur tour dans leurs zones influence, et les navires eux-mêmes communi- quent à d’autres plus éloignés les renseignements ecueillis sur le trajet à parcourir, ainsi que la orce de ces perturbations. Il faut ajouter que l’on doit établir prochaine- äent un poste de T. S. F. sur le mont Mirador, afin de donner des avertissements sur les typhons ux navires naviguant dans les parages de Chine ; me station semblable sera élevée dans l'ile de atan, afin de communiquer les nouvelles de la présence des typhons dans cette région au Bureau Météorologique de Manille. On concoit l'importance pratique d'une telle réalisation, car les cyclones qui ravagent les côtes orientales de l'Asie pren- nent généralement naissance à l'Est des Philip- pines entre les longitudes 125° et 145° Est de Greenwich, et les parallèles 10° et 25°. On a en effet montré qu'aucun typhon ne se fait sentir en Chine, au Tonkin ou en Cochinchine qui n'ait d'abord exercé son influence sur les Philippines. Il Dans un autre ordre d'idées, les météorologistes ont d'accord aujourd'hui pour admettre que c'est lans les régions élevées de l'atmosphère qu'il y a ieu de rechercher l’origine des perturbations res- MANLEY-BENDALL et PERROTIN — LE SERVICE MÉTÉOROLOGIQUE DES ÉTATS-UNIS 4145 senties à la surface du sol. Les prévisions faites par les différents services atteindront d'autant plus d'exactitude que les facteurs en jeu seront mieux connus. C'est ce que le Gouvernement des Elats- Unis a parfaitement compris, lorsqu'en 1902 il décida la création d'un observatoire spécialement destiné aux sondages de la haute atmosphère. Les recherches ont été aussi nombreuses que variées : étude de l'atmosphère à la surface du sol et à difté- rentes allitudes afin de déterminer les propriétés physiques des différentes couches; recherches solaires et en particulier étude des varialions observées dans l'énergie du rayonnement en vue de connaitre l’origine solaire ou terrestre de ces variations ; travaux de laboratoire permetlant de produire, dans des conditions données, les diffé- rents phénomènes observés. L'Observatoire aérologique construit sur le Mont Weather, à une altitude de 1.725 pieds, est situé dans des conditions atmosphériques privilégiées, et les renseignements obtenus par les enregis- treurs des cerfs-volarts ou des ballons captifs sont transmis tous les jours au Bureau Central de Washington, qui en tient compte dans ses prévi- sions. Les cerfs-volants habituellement employés sont du type cellulaire Marvin-Hargrave, avec des surfaces variant de 6 à 14 mètres carrés, et pesant de 4 à 7 kilogs; on les classe suivant la force du vent en appareils de vent faible, modéré ou fort. Les enregistreurs sont du type Richard ou du système Marvin; ces derniers offrent l'avantage d'indiquer, sur une seule feuille, les quatre élé- ments pression, température, humidité et vitesse du vent. D'ailleurs, pendant l'ascension ou la des- cente, des arrêts fréquents de cinq à dix minutes sont faits pour permettre aux éléments de ces alli- tudes de s'inscrire d'une facon précise, en élimi- nant ainsi l’inertie dans les rouages de l’instru- ment. Lorsque le vent est trop faible pour les cerfs-volants, on emploie des ballons captifs, gon- flés à l'hydrogène, type Assmann. Deux ou trois ballons de 1%,50 à 2 mètres de diamètre, attelés en tandem, sont suffisants pour enlever l’enregistreur Marvin, et 2.000 mètres de fil (corde à piano) de 1/2 millimètre de diamètre. Les lancers sont géné- ralement faits vers 8 heures, au moment des obser- vations du matin dans les différents services *. Le Weather Bureau possède, en outre, un service de crues qui rend les plus précieux services. Les États-Unis constituent le prototype des pays d'inon dations, où la hausse rapide des eaux nécessite l'organisation d'un service spécial des prévisions. On a estimé qu'en 1897 les avis donnés, une semaine à l'avance environ, aux riverains du Bas- Voir Nouvelles météorologiques de la Fevue générale des Sciences (numéro du 15 novembre 1913). 116 MANLEY-BENDALL et PERROTIN — LE SERVICE MÉTÉOROLOGIQUE DES ÉTATS-UNIS Mississipi ont permis de sauver pour 15 millions de dollars de bétail et de marchandises diverses en les retirant des régions qui furent inondées dans Ja suite. De même, la baisse des eaux à pour certaines installations électriques le long des rivières, transport de bois industries une importance capitale : par flottage et mouvements des chalands chargés de charbon, venant du bassin supérieur de l'Ohio el descendant jusqu'à la Nouvelle-Orléans, à une distance de 3.000 kilomètres. Le réseau de prévi- sion des crues comprend environ 450 stations groupées en 60 districts ayant chacun un centre qui réunit les observations. Environ 600 observa- teurs spéciaux sont attachés à ce service. Chaque station envoie au district dont elle dépend les observations de la hauleur d'eau à 8 heures, les variations de cette hauteur dans les vingt-quatre heures précédentes, ainsi que la quantité de pluie ou de neige tombée pendant cette période. Les centres de district émettent les prévisions et publient chaque matin les observalions des stations qui sont immédiatement transmises, par téléphone ou télégraphe, aux endroits les plus directement intéressés ainsi qu'aux journaux; 17 centres de district font des prévisions chaque jour de l’année; 6 chaque jour pendant la saison de navigation et en temps d'inondation; 37 seulement aux époques d'inondations ou d'eaux exceptionnellement basses. Il n'est, d'ailleurs, pas de branche de l’activité humaine dans laquelle les prévisions météorolo- giques ne puissent être d’une utilité incontestable. En Amérique, la prévision des pluies a, dans cer- lains districts, une imporlance de premier ordre. Dans la région californienne, où se trouvent de vastes plantations de fruits, les étés sont très chauds et secs. Or, c’est vers la fin de l'été ou dans les premiers jours de l'automne que les agricul- teurs font sécher les fruits, et on conçoit qu'il suffi- rail souvent d'une pluie importante pour ruiner la plupart des producteurs. Aussi le Weather Bureau a-t-il organisé un service régional de prévisions spéciales pour la pluie, et le succès des récoltes d'un district dépend actuellement presque unique- ment de la station météorologique voisine. De juillet à octobre, période pendant laquelle s'effectue la dessiccation des fruits, un certain nombre d’ob- servateurs font de la prévision locale et se tiennent prêts à donner l'alarme qui permettra de prendre les mesures nécessaires de protection. Par ailleurs, l'annonce des gelées de printemps en Californie et en Floride présente, toujours pour la même raison, une imporlance de premier ordre. Aussi les prévisions sont-elles faites de douze à vingt-quatre heures à l'avance, de facon à per- mettre à l'agriculteur soit de disposer ses foyers en vue de combattre le rayonnement nocturne par £ | l'écran de fumée, soit par des protections à papier, en loile, ete. La prévision et la protection contre les gelées ont fait que le seul Bureau de Sa Francisco à évité en cinq ans, aux planteurs dl Californie, des pertes plus fortes que les subvens lions totales du Weather Bureau pendant vins régionaux du Service météorologique (Californie, État de Washington, Orégon, Idaho, Ulah, Flos ride) restent ouverts toute la nuit, recevant les rapports téléphoniques des régions d’où peuvent venir des courants d'air froid. Les avertissements de température. Tous les planteurs sont, d'ailleurs; reliés par téléphone à la Station méléorologiquen locale; beaucoup d’entre eux ont, du reste, des thermomètres spéciaux sonnant l'alarme lorsque la lempérature atteint la valeur critique. | Il estenfin un point qui à attiré l'attention du Weather Bureau: il arrive, pendant l'hiver en par= ticulier, que des masses d’air considérables de très) basse température se forment dans le NW de États-Unis et, se dirigeant vers l'E et le SE, tra versent parfois le continent jusqu'à l'Atlantique e trente ou quarante heures : ce sont des vagues d froid. Elles sont dues, d'après Woodneff, à de mouvements cycloniques amenant, en cerlain endroits, l'air froid des latitudes plus élevées. L professeur Garriott, qui à repris la question e se basant sur de nombreuses années d'observa tions, remarque que les plus basses températures dans l'hémisphère Nord sont localisées entre les parallèles 50° ei 709 N. Les « Northers du Texas » ont une origine sem= blable : une zone de basse pression passant par le golfe du Mexique entraine dans sa partie arrière des masses d'air à température plus basse et à humidité moindre venant de l'intérieur du conti= nent. Les prévisions sont faites par les centres des district 24 ou 36 heures à l'avance et annoncées au moyen de drapeaux hissés sur les stations prin= cipales ; elles sont aussi envoyées par télégraphe et téléphone aux endroits les plus importants ; on a évalué à 3 millions 1/2 de dollars la valeur de 1 propriété sauvée par ces prévisions à l'occasion d'une seule de ces vagues de froid. La création récente dans PAlaska de plusieurs nouvelles sta= tions envoyant journellement leurs observalions contribue à prévoir l'approche des vagues qui ont leur origine dans le Far-West britannique. ( MANLEY-BENDALL et PERROTIN — LE SERVICE MÉTÉOROLOGIQUE DES ÉTATS-UNIS 417 Il faudrait disposer de plus de place pour exposer mème brièvement tout le parti que l’on à su tirer du Service météorologique aux Etats-Unis. Par exemple, les compagnies de chemin de fer font un usage continuel des prévisions qu'elles recoivent du Bureau, en raison des distances consi- dérables que les trains de marchandises sensibles (fruits, légumes, poissons, etc.) ont à parcourir. “Aussi des précautions spéciales sont-elles prises en hd rapport avec les conditions probables qui seront rencontrées en cours de route. D'ailleurs, comme il ressort des rapports annuels du directeur du Weather Bureau, les Etats-Unis sont, sans nul doute, le pays qui fait les plus grands sacrifices pour le développement et lutili- sation, au point de vue de l'Agriculture, des ren- seignements météorologiques. En dehors des ser- vices dont j'ai fait une rapide description, le Bureau a un système supplémentaire de stations pour les avis de nécessité absolue (gelées désastreuses entre autres). En particulier, un système spécial d'obser- vations relatives à la température et à la pluie dans les régions cotonnières est organisé au profit de ces régions. Les tableaux quotidiens de tempé- rature et de pluie sont placés sur le parcours des lignes télégraphiques et mis sous forme de bulle- tins répandus à profusion dans les régions coton- nières et dans les centres commerciaux importants. A Saint-Louis, qui est un grand centre cotonnier, les affaires ne commencent jamais à êlre traitées que lorsque le temps probable et l’état des récoltes sont connus par le Pullefin des renseignements officiels du Ministère de l'Agriculture. Durant la saison agricole, des bulletins hebdomadaires don- nent les conditions climatériques et leur effet sur la végétation : ces bulletins sont publiés par les stations centrales de chacun des services locaux. III Au point de vue climatologique, le Weather- Bureau possède vingt stations régulières, et le pays entier a été divisé en douze districts climato- logiques, subdivisés à leur tour en cent six seclions avant pour centre une station régulière. Ces sta- tions recueillent les observations de température et de pluie de 4.200 stations secondaires envi- ron. Le Bulletin mensuel ou Monthly Weather Review publie les observations de ces stations et donne pour chacune d'elles en ce qui concerne la température : les moyennes, les variations de la normale, la température la plus élevée et sa date, la plus basse et sa date, et enfin la plus grande variation journalière; la pluie : hauteur, la plus grande précipitation en vingt-quatre heures, l'épaisseur de neige tombée, le nombre de jours pluvieux ; la nébulosité : le nombre des jours clairs, celui des jours nuageux et celui des jours couverts ; le vent : la direction dominante; pour chaque station : altitude, nombre d'années pendant lequel les observations ont été faites. On donne en plus la précipitation journalière ; les températures maxima el minima; une revue générale des conditions climatiques pendant le mois considéré. De plus, on publie des notes sur l'irrigation, l'utilisation des chutes d’eau ainsi que les rapports observés entre la précipitation et l'écoulement des rivières les plus importantes. Tous les mardis, pendant l'hiver, le Bureau cen- tral de Washington publie le Snow and Ice Bul- letin, donnant une carte du pays portant la surface couverte de neige, l'épaisseur de cette dernière, ainsi que celle de la glace dans les rivières, d'après les observations faites la veille. Chaque semaine est publiée une revue du temps : National Weekly Weather Bulletin, avec quatre cartes : pluies de la semaine, température maxima et minima, écarts de la température et de la pluie à la normale; un résumé envisageant les phé- nomènes méléorologiques et leur rapport avec l'agriculture. Tous les mois, chaque station centrale publie un résumé d'observations et chaque année un résumé de l’année comparée aux précédentes. Je ne saurais terminer ce courtexposé sans parler de la section nautique du Weather Bureau, qui est sans conteste une des plus importantes de cet éta- blissement. Celte section est chargée de recueillir les informations et documents nécessaires à la pré- paration des cartes synoptiques journalières et d'établir ces remarquables Meteorological Charts des océans. Le développement de la prévision du temps au moyen des cartes synoptiques journa- lières amena la nécessité d'obtenir des observa- tions précises et simultanées, de jour en jour, sur toute l'étendue de l'océan, afin de mettre en évi- dence les changements survenus dans l'intervalle de deux observations, de même les variations dans l'écart des conditions normales, de comparer les éléments météorologiques au même instant, dans les endroits plus ou moins éloignés, de déterminer les relations constantes pouvant exister entre ces conditions, d'indiquer aux navires la manœuvre nécessaire pour se dégager des vents dangereux el apprendre aux navigateurs les conclusions à tirer de ces observations. A cet effet, des canots d’obser- vation sont mis à la disposition des capitaines de navires dans les ports des États-Unis, au nombre de 25, où le Weather Bureau possède un bureau local; dans les ports de Bordeaux, du Havre, Mar- seille, Rouen et Tunis, etc. 118 MANLEY-BENDALL et PERROTIN — LE SERVICE MÉTÉOROLOGIQUE DES ÉTATS-UNIS L'observation journalière, qui est unique, est faite sur le globe entier au même instant, c'est-à-dire à midi moyen de Greenwich, le Lemps local (temps du navire) variant par conséquent avec la longi- tude. A l'heure actuelle, le Service recoit des obser- vations régulières de 2.291 observateurs marins représentant 24 nationalités. Comme résultat immédiat d'une telle quantité de documents, le Weather Bureau publie depuis plusieurs années, mensuellement pour l'Atlantique, le Pacifique nord et l'Océan Indien, trimestrielle- ment pour l'Atlantique et le Pacifique sud, des cartes permettant de suivre, d’après l'allure des isobares, les mouvements des zones de haute et basse pression. L'étude de ces cartes, très minu- tieusement établies, montre que l’on peut grouper les variations barométriques en certains lypes pré- sentant des caractères particuliers, et c'est certai- nement par l’étude de ces différents types que l’on peut espérer faire, sur l'Océan, des prévisions utiles. IV Il semble intéressant de signaler, en terminant, quelques-uns des résultats pratiques obtenus par le Service méléorologique américain. La facilité avec laquelle, en raison de la situation géographique des État-Unis, peut être faite la pré- vision du temps, à permis d'obtenir des résultats encourageants; quelques-uns sont à retenir: il a été observé en particulier que des variations de pression sur le Pacifique, dans les parages des Hawaï, précèdent de plusieurs jours certains chan- gements sur la côle américaine et sur le continent entier; l'étude des conditions atmosphériques géné- rales sur l'hémisphère nord et l'étude des relations observées entre les centres d'action ont permis d'annoncer certaines perturbations plus d’une semaine à l'avance. « L'ouragan qui ravagea le Key-West le 11 oc- tobre 1909 était annoncé depuis le 6, date à laquelle les stations côtières donnaient des avertissements à la navigalion. » Ces cyclones se forment en général au S etau SW des aires de fortes pressions qui occupent les latitudes moyennes de l'Atlantique pendant les mois d'été. À mesure que la saison s'’avance, ils se développent de plus en plus vers VW, le long de la limite S des alizés du NE entre les parallèles 8 et 20° N, et 80 °/, de ces cyclones, dont la vitesse est de 15 à 18-milles par heure, ont lieu en août, septembre et octobre. La direction de leur mouvement, après leur courbure, dépend de la distribution de la pression sur les États-Unis et les eaux avoisinantes. Le Professeur Garriott a for- mulé à ce sujet la loi suivanté, qui se vérifie assez exactement : « Lorsqu'un cyclone, silué dans la inondations, tant en Amérique que dans les autres longitude de l'Est de Cuba, se meut vers l'ouest et se trouve au nord de cette île, ou bien se dirige à l’ouest au-dessus de Cuba et de la partie orientale de la mer des Antilles, on peut assurer que sa tra= jectoire se recourbera vers l'Est, au sud des côtes atlantiques des États-Unis, quand une aire de fortes pressions occupe le NW et, inversement, traverseram la ligne des côtes du golfe du Mexique. » Les recherches de météorologie agricole ont été également nombreuses, et tout particulièrement le s Professeur Moore a étudié, avec le plus grand soin, l'influence des forêts sur le climat et les inonda- tions; les conclusions suivantes, qu'il a publiées, sont conformes à celles que l’on trouve dans les Mémoires du Bureau central météorologique : 1° Les changements de climat qui peuvent se produire sont d'ordre général et non local, et ne sont sensibles que dans la mesure des périodes géologiques ; le déboisement des forêts n’a aucune influence dans la production ou la diminution des parties du monde ; 2° La précipitation contrôle l'existence des forêts et les forêts n'ont aucune influence sur les pluies ; 3° Les modifications locales de température et d'humidité dues à la présence ou à l'absence de surfaces boisées, de villes ou de villages, ne se font sentir qu'à une faible altitude, c'est-à-dire dans une couche d'air rarement saturée, même résullat de conditions existant à des altitudes diffi- cilement influencées par les petites variations thermiques de l'air de surface »: 4° La hauteur de pluie n'a pas varié sensiblement depuis le commencement des mesures bien faites; 5° L'écoulement des rivières n’est guère influencé que par la précipitation ; 6° Les hautes eaux ne sont pas plus élevées, ni pendant la pluie; « la précipitation est d’ailleurs le | plutôt une tendance, dans ces dernières années, à un écoulement plus normal des basses eaux en été; les inondations n'ont guère varié en fréquence et en durée. En France, le Bureau Central méléorologique, comme nous l’indiquions au début, prend un déve- loppement chaque jour plus important; mais il serait à souhaiter que les ressources en soient aug- mentées pour rendre son action plus étendue, car l'atmosphère ne nousintéresse pas seulement parce qu'elle est le domaine des météores, mais encore M parce qu'elle porte sur ses volutes les flottes de M » : { l'avenir. ; Henri Perrotin, Météorologiste-Adjoint du Bureau Central météorologique. Manley-Bendall, et Secrétaire général de la Société d'Océanographie de Bordeaux. | les basses eaux plus basses qu'autrefois. Il y aurait | BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 119 —— —— ——— —]—]—"—"—"—"—"—…"…"—"—"…"…"…"…"”"”"”"—"—"”"—"—"”"”"—"—"—"…"’"— …"…"…"”"…"…"…"—"—…"…"…"…"…"…"…"…"…"…"…"…"…"—"…"…"—"—"—"…"—"—"—"—"—"—"—"—"——— BIBLIOGRAPHIE ANALYSES ET INDEX 1° Sciences mathématiques Weyl (D' Hermann), Privatdozent an der Universität Gotlingen. — Die Idee der Riemannschen Fläche (LA NOTION DE SURFACE DE RIEMANN). — 1 vol. grand iu-8° de 470 payes avec 27 gravures. (Prix broché : 8 fr. 75.) B. G. Teubner, editeur. Leipzig, 1913. L'auteur s'est proposé d'exposer en toute rigueur les idées fondamentales relatives aux surfaces de Rie- mann Bien des démonstrations habituelles de l’Ana- lysis situs sont fondées sur des faits d'intuition; M. H. Weyl n’a voulu faire appel qu'au raisonne- ment. Le premier chapitre est consacré à la notion de sur- face de Riemann. Tous les éléments de fonction qu'on peut déduire par prolongement analytique d'un élé- ment donné, en comprenant aussi bien ceux qui sont réguliers, polaires ou algébriques, forment une figure analytique, à laquelle correspond une surface de Riemann FE. L'auteur définit F d’une facon abstraite et étudie ses propriétés topologiques. Comme on est passé du plan de la variable complexe à la surface F, on passe de F à une surface étendue, privée de points de ramification, dont H. Poincaré a montré le rôle important dans l’uniformisation des fonctions ana- lytiques. Dans le second chapitre, on considère les fonctions analytiques sur la surface F. Il existe une fonction 7, analytique, uniforme sur la surface étendue, et qui a un seul pôle : c'est le théorème d'existence; l’auteur le démontre à l’aide du principe de Dirichlet, rendu rigoureux par la méthode connue de Hilbert. A l’aide de la fonction +, on forme les intégrales abélienaes et on étudie leurs propriétés classiques; puis l’on fait la représentation conforme de la surface étendue, sur le plan ou un cercle: on obtient ainsi le théorème d'uni- formisation, qui a été l’objet de tant de travaux dans ces dernières années. Cet ouvrage contient donc une exposition très con- densée des faits essentiels qu'on rencontre dans la théorie des fonctions multiformes. L'auteur, suivant une méthode chère à F. Klein, a voulu donner une vue d'ensemble sur la théorie en question, en la ramassant our ainsi dire dans la notion de surface de Riemann; ‘intéressante méthode d'exposition de M. H. Weyl l'a conduit à modifier souvent les démonstrations tradi- tionnelles. G. LeEry, Professeur au Lycée Carnot, Mouret (Ludovic), Capiitane au lozg cours. — Aiïde- mémoire de l'officier de la marine marchande. — 1 vol. in-8° de 128 pages. (Prix: # fr.) Malacrida, 22, rue Canebière, Marseïlle. L'auteur à eu en vue, dans ce petit livre heureuse- ment concu et heureusement rédigé, de rappeler les problèmes les plus usuels de la navigation au long- cours, et de résumer les connaissances indispensables à l'officier de la marine marchande. Le but est parfai- tement atteint, et le possesseur de cet aide-mémoire n’a besoin de consulter les traités spéciaux que dans la limite où il désire étudier plus complètement une question quidl'intéresse. L'ouvrage est écrit avec une grande clarté, les types de calculs sont bien choisis. Une note très intéressante a été ajoutée sur les typhons des mers de Chine et du Japon, note que l’auteur avait toute compétence pour un certain nombre de tableaux de distances. C’est un de ces livres, vraiment utiles, que l’on est heureux de signaler, L. R..C. 2° Sciences physiques Carré (F.), Professeur du Lycée Jeanson-de-Sar!ly. — Initiation à la Physique (Collection des inilia- tions scientifiques, fondée par M. C.-A. LaisanT). — À vol. in-A6 de 180 pages. (Prix : 2 fr.) Hachette et Cie, Paris, 1913. C'est une œuvre difficile que d'écrire pour les enfants, qui exige de la part de l’auteur une expé- rience consommée, guidée par une haute envergure d'idées Ce n'est, en effet, qu'en allant au fond des principes, en les dépouillant de toute leur gangue accessoire, qu'on en découvre le squelette véritable, par lequel ils s'appuient solidement l'un sur l’autre pour former l'édifice à la fois scientifique et pratique qui doit être présenté aux regards neufs de l'enfant. Et l’on ferait certainement fausse route en cherchant à écrire une initiation quelconque destinée à être mise directement entre les mains de l'enfant; l'initiateur doit se plier aux circonstances, et attendre souvent que l'attention de l'enfant s'éveille d'elle-même pour la guider dans la bonne voie. Une initiation doit donc s'adresser non à l'enfant lui-même, mais à son éduca- teur, qui devra trouver dans ce livre les principes directeurs de son action orale. Un tel livre est donc une œuvre haute, car il doit former l'esprit du maître à la philosophie de son enseignement. Ces idées fondamentales ont été celles de M. L'aisant, qui les exprime tout au long dans ses préfaces et qui les résume dans le sous-titre même des livres de sa bibliothèque : Ouvrage étranger à tout programme, dédié aux amis de l'enfance. Il y a quelques années, un livre a paru dans cette collection, s'occupant de questions voisines de celles- ci : c’est l’/nitiation à la Mécanique de M. Guillaume. Je n'ai pas besoin de le rappeler à ceux que ces ques- tions intéressent, car tous l’ont lu et relu, c’est le modèle du genre : un enfant n’y comprendrait certes rien à la lecture directe, un éducateur doit être imbu fortement des idées qu'il contient pour être digne de son rôle. M. Carré nous présente aujourd'hui une initiation à la Physique, dans laquelle il donne à l'éducateur de bons conseils. Ce sera à l’éducateur de savoir choisir parmi ceux-ci les plus simples pour les présenter à son élève, en les simplifiant peut-être encore pour les élèves jeunes. Par exemple, la balance de Roberval sert à M. Carré pour mettre en évidence des lois du levier; elle comprend, comme on sait, un parallélo- gramme articulé pour assurer l’horizontalité des pla- teaux; quoique M. Carré ne le dise pas, il sera bon de ne la montrer d'abord à l'enfant qu'après avoir démonté les couteaux des plateaux pour la réduire à son seul levier supérieur, avant de s'en servir pour faire comprendre les lois de cette machine, de manière que l’enfant ne puisse pas se faire l’idée fausse que l'ensemble des deux leviers est nécessaire pour l’exac- titude des lois. De même, avant de faire exécuter les doubles pesées pour mesurer des densités (p. 36), ne serait-il pas bon de faire comparer deux petits poids placés successivement au bout du levier, en équili- brant par un même gros placé près de l’axe, d'autant plus que cela mène, en même temps, à la balance écrire. L'aide-mémoire de M. Mouret se termine par | romaine, que l'enfant verra quotidiennement en usage ? 120 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX Ne serait-il pas bon aussi d'équilibrer un petit mor- ceau de plomb par un gros morceau de bois avant d'employer la méthode du flacon? Et cela ne sufli- rait-il pas pour un enfant de cinq à douze ans? En somme, l'éducateur trouvera dans l'ouvrage de M. Carré des choses utiles. ANDRÉ BRocaA. Bôobhm (D: C. Richard). — Die Verwendung der selte- nen Erden. Eine kritische Uebersicht (L'EMPLOI DES TERRES RARES. REVUE CRITIQUE). — Petit in-4° broché de 107 pages avec 10 figures. Verlag von Veit und Comp., Leipzig, 1913. Ecrire un livre sur les emplois industriels d'éléments qu'on appelait, hier encore et à juste titre, rares, dont le premier utilisé par l'industrie sous forme de nitrate, le thorium, coûta jusqu'à 2.500 francs le kilogramme, et montrer comment l'adjectif «rare » appliqué à ces substances est devenu une épithète ironique, telle est l'œuvre intéressante accomplie par M. le Dr Richärd Bühm. Ce petit livre, rempli de faits, en exposant les résultats obtenus par l'industrie, laisse entrevoir ce qu'elle pourra faire encore. En face du radium, dont le prix atteint encore 600.000 francs le gramme, l'industrie des terres rares a fait apparaître un redoutable concurrent dans le mésothorium, qui serait tout aussi énergique, d'après ses partisans, dans la lutte contre le lupus, le carci- nome, etc., et qui ne coûterait que 180.000 franes le gramme. Une tonne de sable monazité renfermerait en moyenne 228,5 de mésothorium et rapporterait à l'in- dustriel près de 500 francs, alors qu'il gagne péniblement 200 francs en préparant 90 kilogrammes de nitrate de thorium. Le tannage des peaux, déjà profondément modifié par l'emploi des sels de chrome, sera-t-il encore renouvelé par l'utilisation des sels de cérium? La métallurgie trouvera-t-elle des éléments d'une activité remarquable dans les métaux extraits des terres rares? L'avenir nous le dira; et il faut être reconnaissant à M. le D' Richard Bôhm d'avoir su si bien grouper tous les efforts, réalisés dans les diverses branches de l’indus- trie, pour utiliser des résidus encombrants. Pauz Nicozaroor, Docteur ès Sciences, Examinateur suppléant d'admission à l'Ecole Polytechnique. Vassart (Abbé), Fondateur de l'Institut technique roubaisien. — Couleurs et colorants dans l’indus- trie textile. — 1 vo/. in-8° de 168 pages avec fiqures. (Prix: 6 fr.) Dunod et Pinat, éditeurs. Paris, 1913. L'ouvrage de M. Vassart est un livre de vulgarisation qui à le mérite, en rappelant tous les travaux sur le sujet, y compris ceux de Chevreul, qui ont longtemps fait autorité, d'indiquer ceux qui ont peu à peu mo- ditié et complété nos connaissances sur le sujet, sur- tout ceux de M. Rosenstieh], que l'auteur a résumés d'une facon très claire ; certes, à côté du livre de M. Rosenstiehl (T'raité de la Couleur), celui de M. Vas- sart fera maigre figure, mais sa lecture sera une prépa- ration très utile à ceux qui voudront aborder l'étude minutieuse, détaillée et rigoureuse que M. Rosensthiel vient de publier dans son ouvrage magistral. On peut regretter que M. Vassart, ayant signalé 'et regretté que le mot couleur s'applique à trois choses extrêmement différentes les unes des autres, ne com- plète pas sa juste critique en désignant chacune de ces choses par un nom qui lui deviendrait propre; il en résulte que la séparation si indispensable à faire entre mélange des sensations-couleurs et mélange des ma- tières colorantes n'est pas aussi nette qu'il le faudrait. Un chapitre spécial est consacré aux différents con- trastes des couleurs : simultané, successif, mixte et rotatif; et les deux autres chapitres suivants traitent de l'harmonie des couleurs. Le seconde partie est relative aux matières colo- rantes, non pas à leur fabrication et à leur constitution pour lesquelles il existe des traités spéciaux, mais à leurs qualités de résistance, en particulier leur soli- l dité à la lumière et à l'air; on trouve là des rensei- gnements pratiques intéressants, entre autres un ta- bleau des principaux colorants artificiels, au point de vue de leurs solidités comparées. L'ouvrage se termine par des considérations pra- tiques sur les tissus de valeur : fournitures militaires et administratives, tissus d'ameublement, tissus des Gobelins, et sur l'emploi exclusif de la laine dans là tapisserie. Cet ouvrage est écrit dans un style clair qui en vend la lecture agréable; cependant on y trouve parfois un ton plaisant, voulu et peut-être exagéré par l'auteur, mais qui détone dans un ouvrage d’allure scientifique. P. LEmOULT, Professeur à la Faculté des Sciences de Lille. Maïllard (L.-C.), Professeur agrégé à la Faculté de Médecine de Paris. — Genèse des matières pro- téiques et des matières humiques ; actions de la glycérine et des sucres sur les acides z-aminés. — À vol. in-8° de x\i-423 pages. (Prix : 42 fr.) Mas- son el C°, éditeurs. Paris, 1913. C'est un travail considérable et dont l'intérêt au point de vue chimique se double, de par la portée des expé- riences de l’auteur, d'une importance très grande dans le domaine biologique. Dans ce volume de 423 pages, M. Maillard met en évidence la capacité de combinaison des acides aminés avec la glycérine et avec les sucres: il étudie avec le plus grand soin les conditions de la: réaction, isole les produits qui en résultent et établit les lois générales des phénomènes observés par lui. Il faut être familier avec le laboratoire pour appré- cier comme ils le méritent les efforts de l'auteur, mesurer la somme de travail que représentent ses recherches, constater ou pressentir les difficultés qu'il a dû vaincre à force d'ingéniosité tenace et patiente. L'ouvrage se divise en plusieurs parties. 1° Dans une introduction développée est exposée la queslion des acides aminés, avec l'historique, l'étude des propriétés des peptides, de leur synthèse par les méthodes de Curtius et surtout de Fischer. C'est une bonne mise au point d'un chapitre aujourd'hui clas- sique, mieux connu cependant, du moins en France, des biochimistes que des organiciens purs; 2° Dans une seconde partie, l’auteur étudie la réac- tion de la glycérine d’abord sur le glycocolle, puis sur les homologues de ce dernier, à la température de 1700-1750, et il montre, pour le glycocolle en particu- lier, que cet acide aminé se soude à lui-même pour donner avec perte d’eau des produits de condensation : c'est la diacipipérazine de Fischer, que M. Maillard désigne plus justement sous le nom de cyelo-glycyl- glyeine : CO — CH° — NH a — CH — do puis, la triglycyl-glycine : NH — CH? — CO — NH — CH? — CO! — NH — CHE — COOH, la penta-glycyl-glycine. NH — CH? — CO — (NH — CIF — CO) — NH — CHE — COOH, et, enfin, une cyclo-polyglyeyl-glycine qui est proba- blement l’octo-peptide cyclique. Tous ces corps avaient déjà été décrits par d’autres auteurs qui les avaient obtenus à l’aide de procédés différents. Mais jamais étude d'ensemble n'avait été fouillée si profondément. Ce n’est pas seulement une méthode générale de préparation que M. Maillard a imaginée ; il faut lire son livre pour se rendre compte du soin avec lequel il à établi le déterminisme des phénomènes, de la rigueur avec laquelle il a étayé chacune de ses conclusions. Le chapitre relatif aux diverses phases de la réaction, à la disparition pro- gressive du glycocolle, à l'apparition des anhydrides qui d'abord prennent naissance, puis se transforment | | es eurent 4 RE TT BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX ou disparaissent, est un modèle d'ingéniosité et de précision qui révèle un maitre expérimentateur. Cette synthèse de peptides ou syuthèse peplidogène ne metpas en œuvre, comme celle de Fischer ou de Curtius, des réactifs (chlorure de chloracétyle, hydra- zine) qu'on chercherait en vain dans l'organisme : elle utilise l'action combinée de la glycérine et d’une tem- pérature de 1709-1759. Cette action se ramène-t-elle à une simple déshydratation, ou bien faut-il y voir, à la suite de l’auteur, le résultat d’une éthérification de la glycérine par le glycocolle avec séparation ultérieure de la glycérine et condensation du glycocolle ? Les choses se passent ainsi quand on abandonne à eux- mêmes les éthers méthylique ou éthylique de la gly- cine : par saponification de ces éthers, les alcools cor- respondants deviennent libres et le glycocolle se condense en donnant la cyclo-glycylglycine : c’est le procédé classique de préparation de ce corps. En est-il de même pour la glycérine ? L'analogie et aussi quel- ques arguments indirects semblent favorables à cette conception, Néanmoins, il n’a pas été possible, du moins jusqu'à présent, d'en fournir la preuve positive. On ne connait pas les éthers glycériques des acides aminés, ce qui ne veut pas dire d’ailleurs que ces com- posés ne pourront jamais être obtenus. A cette occasion, M. Maillard édifie une théorie ingé- nieuse de la synthèse des peptides dans la muqueuse intestinale. D’après lui, les amino-acides provenant de l'élaboration digestive des protéines se combineraient dans la paroi de l'intestin à la glycérine venue des graisses alimentaires et, par le mécanisme indiqué plus haut, ces éthers glycériques instables se saponifieraient ensuite et libéreraient de la glycérine, tandis que l'acide aminé, se soudant à lui-même ou à des acides aminés différents éthérifiés en même temps que lui, donnerait des peptides de plus en plus complexes et, finalement, les protéines elles-mêmes. La glycérine devient ainsi l’agent de la synthèse des albumines, de même qu’elle donne des corps gras, en s'unissant aux acides gras venus des graisses alimen- taires sous l'influence du suc pancréatique. Il n'est pas besoin de souligaer l'importance de ces conceptions séduisantes. En homme familier avec les données les plus ré- centes de la Biologie, M. Maillard ne manque pas d’ap- puyer sa théorie de preuves tirées de la Physiologie ou de la Chimie biologique, et il combat par avance les objections qu'on peut lui faire, en invoquant l’in- tervention accélératrice des diastases. J'estime cepen- dant que tout en rendant justice à l'ingéniosité de sa théorie, on a le droit de rester libre. Les réactions synthétiques de l'organisme sont encore enveloppées d'un mystère si profond qu'il peut être prématuré de transporter dans le chimisme complexe et obscur de la cellule les réactions plus simples réalisées in vitro, et puis il est si tentant d'expliquer la formation des anhydrides du glycocolle en solution glycérique, à 170°, tout simplement par l’action déshydratante de la glycérine à haute température. On aurait tort de considérer les lignes qui précèdent comme une critique. Il est bon d'essayer de faire la synthèse des faits scientifiques, quand on a eu soi-même le mérite de les établir. Ces tentatives, loin d'être inutiles, sont évocatrices d'idées et de découvertes, et la théorie de M. Maillard est de celles qui s'imposent sinon à une adhésion immédiate, du moins à un sé- rieux examen. L'action de la glycérine à 170° sur les homologues du glycocolle donne lieu également à des phénomènes d'anhydrisation : c’est ainsi que la condensation de la leucine fournit une cyclo-leucyl-leucine qui nous vaut, chemin faisant, une étude complète et très docu- mentée sur l’importante et difficile question des leuci- nimides; la sarcosine et l'alanine se comportent de la même façon et fournissent à leur tour de la sarcosyl- sarcosine, de l’alanyl-alanine. À Si la glycérine, toujours dans les mêmes conditions, 121 agit sur un mélange de deux acides aminés, on obtient des combinaisons mixtes : la eyelo-alanyl-glycine, la cyclo-leucyl-glycine, la cyclo-leucyl-valine, ete. La méthode apparaît ici avec son caractère de géné- ralité. 3° M. Maillard consacre la dernière partie de son livre à une étude fort intéressante sur le rôle de l'azote, et plus spécialement des acides aminés dans la pro- duction des matières humiques et autres corps mal définis qu'on trouve dans le sol, dans le terreau, dans le fumier, dans les combustibles minéraux (houille, tourbe, anthracite, ete.). Ces produits, désignés par les auteurs sous les noms d'acide wulmique, humique, fumique, etc., n'ont jamais été bien délinis et peut- être ne sont-ils pas susceptibles d'une définition pré- cise au sens où nous l’entendons. Une opinion très répandue dans certains milieux scientifiques limite trop souvent à la recherche des corps cristallisés ou susceptibles de fournir des dérivés cristallins, l'effort des chimistes vraiment dignes de ce nom : c'est Jà une conception étroite et fausse, contre laquelle M. Maillard a le courage de s'élever, en montrant par son propre exemple tout l'intérêt que présentent des études de l’ordre de celles qu'il a poursuivies sur ces matériaux peu engageants. L'auteur établit d'abord que déjà vers 34° et même à des températures plus basses, le glycocolle et les acides aminés en général réagissent sur les sucres : le groupement NH° se soude à l'hydrate de carbone par la fonction aldéhydique de celui-ci; de l’eau s’élimine et un dégagement de CO*, détaché du carboxyle de l'amino-acide, se poursuit. Ces phénomènes ont pour conséquence une conden- sation des molécules en présence, avec élimination d'eau et production de matières brunes ou noires, amorphes, azotées. La réaction, rapide vers 100, est violente vers 1300-1500; elle est commune aux divers sucres et aux acides aminés, ainsi qu'aux peptides, simples ou complexes, comme les peptones commerciales. M. Maillard est amené naturellement à rapprocher cette condensation ia vitro des acides aminés et des hydrates de carbone de la production dans la nature des matériaux également azotés de l’humus, dont la couleur, l'aspect, la composition et les propriétés générales autorisent, en effet, ce rapprochement. Le grand rôle de l'azote dans ces phénomènes naturels est ainsi mis en lumière : c'est par l'intermédiaire de l'azote et de la fonction aldéhydique des sucres que la condensation se poursuit, non seulement pour donner naissance aux matières humiques du sol, du terreau, du fumier, mais encore de la tourbe et de la houille. Ici encore, l'azote intervient pour souder des molécules et provoquer des condensations qui aboutiront à la formation de la houille. C'est enfin par le même mécanisme qu'au cours de l'hydrolyse des matières protéiques, les sucres et les amino-acides libérés des complexes moléculaires s'u- nissent pour formerles matières humiques ou m61a- noïdiques, bien connues des chimistes qui ont hydro- lysé des protéines par les acides minéraux. Ces considérations suffisent à montrer tout l'intérêt du beau travail de M. Maillard. La partie expérimen- tale en est remarquable et les conclusions d'une portés très large donnent l'explication de phénomènes natu- rels restés jusqu'à présent obscurs et confus. D' L. HuGouxEexo, Professeur de Chimie biologique à la Faculté de Médecine de Lyon. 3° Sciences naturelles Le Dantee (Félix). —Evolution individuelle et héré- dité. 2me Énrrion. — 1 vol. in-8° de 276 pages de la Bi- bliothèque scientifique internationale. (Prix cart. : Gfr.) F. Alcan, éditeur. Paris, 1915. L'auteur prévient, dès le début, que cette deuxième BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX édition deson livre n’est qu'une réimpression textuelle de la première. Et bien il fait de prévenir, car, vérita- blement, on n’y prendrait pas garde, tant paraissent actuels les problèmes traités, etnécessaires les solutions proposées. Si, en 1897, l'hérédité des caractères acquis trouvait de nombreux contradicteurs, elle en trouve encore en 4913, non moins ardents, en dépit des preuves accumulées qui, pour une part importante, appartien- nent précisément à Le Dantec. La nécessité de la réim- pression s'imposait donc. Le point de vue de Le Dantec dérive de sa conception générale de l'assimilation fonctionnelle, qui est l’ex- pression rigoureuse des phénomènes, et le fondement nécessaire de toute étude sur la variation. C'est ainsi qu'elle permet d'établir entre les diverses variations des distinctions importantes; elle permet, en particulier, deséparerles variationsapparentes des variations vraies. Les premières sontpurement morphologiques et restent individuelles ; ellesrésultentnon pas d’une modification chimique de la substance vivante, mais des conditions de milieu qui, sans rien changer à la substance même, l'assimilation étant parfaite, entraînent des réactions différentes et, partant, des résidus différents. La partie solide de ces résidus fixe la forme d'équilibre au mo- ment considéré. Maissiles descendants de cet individu se retrouvent dans les conditions initiales, ils repren- dront la forme ancestrale : il n'y a eu aucune acquisi- tion, puisque, en fait, l'être n'a subi qu'une variation superticielle. Dès que l'assimilation cesse d'être parfaite, elle est accompagnée de destruction delasubstance vivante. Le phénomène a pour conséquence naturelle la mort. Parfois, cependant, avant que la destruction ne soit complète, l'organisme en arrive à un état tel, que les conditions qui entraïnaient sa destruction se trou- vent maintenant favorables à l'assimilation totale, done à la vie. Mais alors s'est effectué un changement définitif, la substance même de l'organisme a subi une modification définitive : c’est la variation vraie, qui-se transmet héréditairement. Elle est tout d'abord quan- titative, mais elle peut être également qualitative. Il va de soi qu'entre la variation vraie el la variation apparente, n'existe pas une ligne de démarcation abso- lument tranchée. L'’accumulation de déchets autour d’un organisme, si elle ne modifie dès l'abord que la forme extérieure, peut déterminer à la longue, par sa persistance, une modification de l'assimilation : elle se trouve alors fixée et devient, elle aussi, un caractère acquis. Je ne puis suivre Le Dantec, et je le regrette, dans la série des déductions qu'il tire, avec une admirable logique, de son point de départ; je voudrais cependant souliuner l'esprit général qui s'en dégage à une lecture attentive et sur lequel, au temps où nous sommes, onne saurait trop insister. De plus en plus, semble- t-il, les théories biologiques de l’hérédité reposent sur des considérationsstrictement morphologiques, comme si la morphologie était l'essence même des êtres, comme si cette morphologie se modifiait indépendam- ment des conditions ambiantes. Le Dantec met en parfaite évidence que le phéno- mène essentiel réside, bien au contraire, dans la cons- titution chimique de l'être, et que la forme n'est qu'une traduction possible decette constitution. Sous une forme qui parait permanente, des changements nombreux se produisent souvent, car l'organisme ne se soustrait à aucun moment à l'influence des conditions ambiantes et doit, à chaque instant, être adapté pour continuer de vivre ; à chaque instant, donc, il pourra varier et les variations successives seront corrélatives. Les modifica- tions de la virulence de la Bactéridie charbonneuse four- nissent le meilleur exemple de ces variations que la morphologie ne traduit pas et dont on connait cepen- dant toute l'importance. Ce livre, dans son ensemble, est donc comme une sorte de traité de lamarckisme. Or, au moment où il fut écrit, — Le Dantec en fait l’aveu dans sa nouvelle préface, — l’auteur ne connaissait du lamarckisme qu'une caricature et n’hésitait pas à se déclarer disciple de Darwin. Par la logique des choses, il a « fait du dar- winisme avec une âme de lamarckien inconscient ». Il en résulte ceci, qui n’est pas le côté le moins remar- quable du livre, qu'après quinze ans, l’auteur n’a rien à désavouer : il peut même constater, non sans joie, que ses méditations nouvelles l'ont conduit à déve- lopper les points implicitement inclus dans son œuvre d'hier. Bien plus, si les découvertes récentes de la Biochimie, si, par exemple, la notion des colloïdes ont, depuis, enrichi nos connaissances, elles n'ont point rendu caduques les spéculations de Le Dantec; elles les ont, en quelque sorte, confirmées, tout en permettant de les exprimer sous une forme plus simple. Ainsi, l'exposé du phénomène des caractères acquis pré- sentait des difficultés très grandes, en raison de Ja nécessité qu'il y avait de passer directement des phé- nomènes chimiques aux phénomènes individuels ; mais l'étude des colloïdes à permis à Le Dantec de s'arrêter à la considération d'une échelle intermé- diaire, l'échelle protoplasmique ou colloïde, qui est à peu près à mi distance entre l'échelle atomique ou chimique et l'échelle individuelle ou mécanique. De même, ont pu être simplifiés, depuis, les problèmes de l’évolution individuelle. Mais si un effort pareil n’est plus utileaujourd'hui, cet effort a été accompli et, lisant cette nouvelle édition d'un livre écrit il y a quinze ans, le lecteur, séduit par la clarté de l'exposé, ne se doutera pas un instant des difficultés surmontées. Ayant lu « Evolution indivi- duelle et Hérédité », il se trouvera certainement fort bien préparé à entreprendre des études biologiques plus approfondies et à comprendre des théories plus synthétiques. ETIENNE RABAUD, Maitre de conférences à la Faculté des Sciences de l'Université de Paris. 4° Sciences diverses Delbet (Pierre), Professeur à la Faculté de Médecine de Paris. -— La Science et la Réalité. — 1 vol. de 340 pages de la Bibliothèque de Philosophie scienti- lique. (Prix : 3 fr. %0.) Flammarion. Paris, 41943. Ce livre, dont le titre est si voisin des ouvrages célèbres de Poincaré, et qui se füt intitulé très proba- blement La valeur de la Science, si ce titre n'avait jus- tement été pris par l’un de ces ouvrages, vise essen- tiellement à justifier la valeur absolue de la science, comme l’indiquent l’épigraphe : « La science ne garde aucune trace de son origine humaine », et les derniers mots de la conclusion, résumant l'esprit des pages précédentes : « Nous ne sommes pas dupes ». Et cette justification est dirigée contre les spéculations de Poin- caré, faisant de la science un langage, un système d’ex- pression commode et de valeur pratique. M. Delbet, qui est un chirurgien, mais qui possède une culture générale remarquable et l'intérêt le plus vif pour toutes les formes de la science, n’est pas esprit à se contenter d’une vérité pratique; il lui faut la cer- titude que ce qu'il sait est vrai d’une facon absolue; il pense que la science lui donne bien cet absolu qu'un grand nombre d’esprits — à ce point de vue semblables au sien — cherchent actuellement dans des révélations internes ou dans la foi. Fils d'un disciple direct d'Auguste Comte, mais rebelle au positivisme intégral, M. Delbet éprouvait depuis longtemps, nous dit-il, un besoin violent de savoir où il en était dans le voyage scientifique cons- tituant sa vie : « Ce besoin est devenu peu à peu une torture ». Il lui fallut faire un examen de conscience général, qu'il a rendu publie, pour éviter à d’autres de refaire cet effort; et certes, en mettant fin à une tor- ture, il causera un sensible plaisir à de nombreux lec- teurs, avec cet ouvrage sincère et agréable à lire. On sent une parenté profonde de l'auteur avec M. Le à got dE mr BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 123 Dantec*, et cette parenté se fortilia d'échanges d'idées qui ont fait passer chez M. Delbet une série de concep- tions propres au biologiste dont les livres sont si popu- laires, comme la notion d'échelle, — échelle molaire fournissänt une loi causale résultant d'un chaos à l'échelle moléculaire, — comme la comparaison avec les - entités du Moyen-Age, avec le phlogistique, par exemple, de l'alexine d'Ebrlich et des corps et anticorps qu'a | fait naître la conception de l'immunité, comme l’affirma- tion que « la matière vivante conquiert incessamment le milieu par l'assimilation », comme les explications lamarckiennes de l'évolution, ete. — vifintérèt, qui inspire, pour la mentalité de son auteur, la plus grande sympathie, même quand on ne peut constamment adopter son point de vue. On se trouvera peut-être en droit de penser, en par- ticulier, que les choses sontsouventenvisagées sous une forme trop simple et que le besoin de s'appuyer sur le mol oreiller de la certitude conduit à négliger bien des complexités embarrassantes. On est un peu gèné parfois de voir opposer aux sub- tiles mais géniales discussions de Poincaré, sur la notion d'espace, par exemple, le manque d'intérêt de ces réflexions qui seraient toutes psychologiques et métaphysiques. En réalité, il n'y a évidemment pas moyen de s'entendre quand on ne se place pas sur le même terrain. Alors que Poincaré envisage la notion intellectuelle d'espace, le jeu de l'esprit faisant la science, M. Delbet déclare qu'il faut se placer au début de l'évolution, à l’origine (ce qui n’est peut-être pas une attitude très positive, car les débuts nous échap- pent), et déclare que les êtres se sont comportés tou- jours de la mème façon dans l’espace, comme ils s'y comportent encore inconsciemment (les mouvements persistant après l'abolition de la sensibilité dans l’anes- thésie). Poincaré aurait parfaitement admis cela, mais ce n’est pas le problème qu'il se pose; si la science est faite pour favoriser l’activité, elle ne se confond pas purement et simplement avec celle-ci. Et, quand il considère comme des jeux inutiles les hypothèses sur la réalisation de conditions propres à rendre possible un espace à 7 dimensions, hypothèses destinées à montrer la relativité de certaines de nos notions, quand il tient à envisager l’éther comme ayant une réalité absolue au même litre que la matière, M. Delbet montre, évidemment, qu'il ne s’est pas tenu très au courant des travaux passionnants des physiciens modernes *; il oppose toujours à ces hypothèses l’ex- périence, comme si l'expérience ne devait pas être interprétée, et comme si ce n’était pas sur des expé- riences que se fonde la loi de variation de la masse avec la vitesse qui ébranle si complètement notre foi (M. Delbet ne me pardonnera sans doute pas d'employer ce mot) dans la valeur absolue de certaines notions, comme si bien des faits n'étaient pas invoqués en faveur du principe de relativité. Est-ce être plus près des faits que d'expliquer les génies en disant que « l'adaptation de leurs colloïdes nerveux est si com- plète que leurs pensées sont en harmonie parfaite avec la Nature »? Une affirmation de ce genre, dans sa vague banalité, ne peut vraiment pas être considérée comme ayant un caractère scientifique. L'absolu de la connaissance humaine est d’ailleurs fondé par M. Delbet sur une équivoque : Pour établir la valeur des sensations, — d’où naturellement doivent …_ Etce livre est un document psychologique d'un très ! Cette parenlé se manifeste en particulier par une égale incompréhension des théories bergsoniennes. M. Delbet attribue à Bergson une conception qui n’est absolument pas la sienne à propos du temps. > L'affirmation que la distribution des étoiles est homo- gène, mème en y comprenant la Voie lactée, n'est pas en accord non plus avec le résultat des dernières spéculations cosmogoniques de Poincaré, qui trouvait des traces d'orga- nisation dans le système stellaire, ni avec l'examen de la nouvelle carte du ciel. découler les idées générales qui fondent notre con- naissance scientifique, — il suffit, dit-il, que pour une même excitation la réaction cellulaire soit la même, parce que « la répétition du phénomène entraine néces- sairement à établir une concordance entre l'excitation et la réaction, de telle sorte que cetle réaction devient révélatrice de l’excitation. Ainsi, ajoute-t-il, s'établit une connaissance du monde extérieur qui ne peut pas ètre trompeuse. Elle peut être et elle est fort incom- plète, mais elle ne peut pas être erronée ». A cela tout le monde pourra souscrire, sauf à l'emploi des termes « connaissance » et « erroné ». Pour beaucoup, en effet, on ne peut parler de connais- sance, si la nature profonde des choses n'est pas révélée, et l'erreur ou la vérité n'aurait rien à voir avec une adaptation de réactions à des excitants. Et, pour ceux qui renoncent justement à l'absolu des choses en soi, le caractère relatif de notre connais- sauce se base sur ce qu'elle est une adaptation, dont rien ne prouve qu'elle est adéquate, alors que M. Delbet y voit la preuve que nous atteignons la vérité absolue et affirme cette adéquation! Comment s'entendre dans ces conditions? Mais ce désaccord n’empêche pas que, dans le détail, on puisse suivre avec plaisir des argumentations logiques très solides; et, pour ma part, j'ai eu la vive satisfaction de trouver des idées ou des raisonnements dont je serais presque tenté d'affirmer la justesse, parce que je me sens complice. La critique du darwinisme, où M. Delbet rappelle cette vérité évidente et souvent méconnue que la sélection ne crée pas, et signale que l’on a tort de négliger la maladie, la critique des entités weisman- niennes, si chère à nombre de biologistes contempo- rains, avec le rappel des corrélations qui donnent à un organisme son unité, l’idée générale même de rat- tacher l'esprit humain et la science à l'évolution, la conception du hasard, cù l'absence de lois constitue une loi, à condition de ne s'adresser qu'à des séries énormes, l'originale définition du calcul des proba- bilités d'où devrait être éliminé le côté subjectif, et devenant « le calcul des constantes dans les longues séries de faits homologues qui ne sont pas liés par des relations causales directes », sur tous ces points les arguments de l’auteur paraissent singulièrement pro- bants. Et j'ai été heureux aussi de le voir exposer le principe de la psychologie objective — principe qui l'entraine évidemment à des affirmations métaphy- siques sur la valeur de notre connaissance, mais qui peut rester méthodologique — lorsqu'il déclare : « Certains psychologues se préoccupent beaucoup de savoir si les mêmes causes produisent chez tous les hommes les mêmes sensations. Nous désignons ces sensations par des adjectifs que nous appliquons aux objets. Quand nous disons qu'un corps est rouge, cela veut dire, dans le langage de lignorant, qu'il cause une certaine sensation. Cette sensation est-elle la même pour tous? C'est là une question mal posée : C'est un problème imaginaire. La seule chose impor- tante, c'est que tous les hommes qui parlent français appliquent le qualificatif rouge aux mêmes corps, à la même lumière. » C’est la réaction provoquée par l'excitation, c'est le rapport entre ces deux termes, qui constituent en effet la matière des recherches de la psychologie objective, insoucieuse de la qualité incommuniquable des phéno- mènes conscients dont on soupconne l'interposition. Sur bien des points encore, on pourrait signaler des réflexions intéressantes, et partout on sent la sincérité absolue de cet examen de conscience philosophique. S'il suscite, à son tour, la réflexion du lecteur, et il y est propre, il rendra service à ceux qui ne sont pas portés d'eux-mêmes à cet effort spéculatif; on aura toujours en tout cas plaisir et profit à le lire. H. Piéro, Directeur du Laboratoire de Psychologie physiologique de la Sorbonne. ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Séance du 42 Janvier 1914. M. G. Vasseur est élu Correspondant pour la Section de Minéralogie. ù 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. Gambier : Sur les courbes à torsion constante. — M. A. Denjoy : Sur une propriété des fonctions à nembres dérivés finis. — M. J. Pal: Sur les transformations des fonctions qui font converger leurs séries de Fourier. — MM. Ph. Frank et G. Pick : Sur quelques mesures dans l’es- pace fonctionnel. — MM. H. Bohr et E. Landau : Sur les zéros de la fonction £ (s) de Riemann. — M.R. Bri- card : Sur un mouvement doublement décomposable. L'auteur montre, en particulier, qu'un parallélipipède gauche à trièdres aplatis, d’arètes données, est défor- mable avec deux paramètres, les dièdres de tous les parallélogrammes gauches qui le constituent étant de grandeur constante. — M. M. Hamy montre que les spectrographes à prisme objectif, si avantageux au point de vue du rendement lumineux, sont suscep- tibles d'être agencés de manière à fournir, d’une manière parfaitement sûre, les mouvements des astres dans la direction de la ligne de visée, par comparaison avec un spectre terrestre. 20 SCIENCES PHYSIQUES. — M. G. Lippmann décrit une méthode pour le réglage d’une lunette en autocol- limation, d’une précision qui ne peut être dépassée.— MM. A. Tauleigne, F. Ducretet et E. Roger présen- tent un dispositif pour l'enregistrement graphique des radiotélégrammes, consistant dans la combinaison d'un détecteur électrolytique spécial et d'un relais polarisé. — M. R. Swyngedauw montre qu'avec la longueur et la capacité des câbles des réseaux actuels la résonance des harmoniques 3 des alternateurs triphasés est pra- tiquement impossible, si l'étoile de la génératrice est isolée. — M. F. Wallerant décrit un nouveau procédé pour la mesure du pouvoir rotatoire des cristaux biaxes. Il a ainsi mesuré la rotation des tartrates droit d'Am et Sb, droit et gauche d'Am et Na; l'acide tar- trique racémique ne donne pas de rotation. — M. G. Friedel montre que la diffraction des rayons X par les cristaux confirme la distinction entre le réseau et l'assemblage cristallins, qui sont des multiples simples l’un de l’autre. Le réseau est révélé, avant tout, par les clivages, l'assemblage par la diffraction. — M.R. Mar- celin à indiqué que les formules qui traduisent les résultats empiriques de la Dynamique physico-chi- mique peuvent se ramener à une forme unique. Il montre que celle-ci se présente comme une consé- quence très directe de la règle de distribution énoncée en théorie cinétique par Boltzmann et Gibbs. — M. L. Crussard donne une intégrale première de l'équation de conductibilité relative aux déflagrations en régime permanent dans les milieux conducteurs. — M. J.-R. Mourelo signale l'existence de la phototropie réver- sible dans un système inorganique, tel que le sulfure de calcium, phosphorescent ou non. Le diluant ne pa- rait pas avoir d'influence sur la phototrophie; mais tous les sulfures de calcium phototropes étudiés con- tenaient du Mn, qui paraît à la fois phosphorogène et phototrope. — M. R. Goubau a déterminé le point de fusion de l’arsenic dans un ballon de quartz rempli de gaz inerte. Il est de 8170C.; longtemps avant de fondre, l'arsenic possède déjà une forte tension de vapeur. — MM. J. Canac et E. Tassilly soni parvenus à obtenir sur l'AI un dépôt adhérent de Ni après avoir fait subir à l'A les opérations suivantes : passage dans un bain de potasse à l’ébullition, brossage avec un lait de chaux, trempage dans un bain de CAzK à 2 °/,,, puis dans un bain chlorhydrique ferrugineux. — M. Ed. Chauvenet à préparé une nouvelle combinaison du chlorure de zirconium avec la pyridine ZrCl.4CSHFAz. Elle se décompose à 50° en donnant le corps déjà connu ZrClf.2CH°A7. — M. M. Javillier signale une cause d'erreur dans l'étude de l'action biologique des éléments chimiques: c'est la présence de traces de zine dans le verre, en particulier dans le verre d’'Iéna, qui constitue les vases employés. 3° SCIENCES NATURELLES. — MM. KR. Argaud et I. Brault montrent que les « leprazellen » de Virchow ne répondent pas à une entité structurale inhérente à la lèpre; ce sont tout simplement des cellules phleg- masiques qui dégénèrent sous l'incitation bacillaire, se vacuolisent et finissent par devenir les cellules en écumoire. — M. A. Laveran à reconnu que l'agent du debab d'Algérie, épizootie atteignant les dromadaires et parfois les chevaux, est le T'rypanosoma soudanense. — M. P. Chaussé montre que le contact de l'air à des vitesses inférieures ou égales à 30 mètres par seconde ne peut détacher des crachats ou de la salive qu'un très petit nombre de particules respirables. La viscosité et la cohésion de ces produits s'opposent à leur divi- sion fine sous l’action des courants aériens. — M. A. Lécaïllon a constaté que la fécondité du Négril des luzernes, dans des circonstances favorables, peut être considérable : certaines femelles peuvent pondre jus- qu'à un millier d'œufs. — MM. Aug. Lumière et J. Chevrotier ont reconnu que des cultures de gono- coques, soumises à l'influence des basses températures jusqu'à — 195°, conservent toute leur vitalité. — M. M. Longchambon a observé que les deux sédimentations magnésiennes, dévonienne et secondaire, des Pyrénées sont en relation, au moins locale, avec les remanie- ments de masses continentales qui ont suivi les phases orogéniques importantes. — M. L. Mengaud montre que les couches crétacées des environs de Comillas (province de Santander) et celles de la Muela de Vicorp se rattachent nettement, d'une part, au Gault de Cosne; d'autre part, à l'Albien de Portugal et d'Amérique. — M. O. Mengel a reconnu qu'à la fin du Néogène il s’est produit un mouvement orogénique qui affecta toute la partie orientale des Pyréuées et occasionna un retrait de la mer. Un mouvement épirogénique lui succéda, qui ramena la mer vers l'Ouest. Enfin la mer se retira ensuite. — M. L. Gentil a étudié la structure du pla- teau des Beni-Mtir (Maroc central). Il est formé d’un soubassement primaire, recouvert d’un entablement jurassique. Son affaissement a provoqué l'épanchement de laves basaltiques. — M. A. Brun, en réponse aux récentes notes de MM. Day et Shepherd, maintient qu'en 1910, époque de sa visite, l’exhalaison du lac de lave du Kilauea était anhydre; ses nombreuses obser- vations en font foi. Séance du 19 Janvier 1914. M. Charles Richet est élu Membre de la Section de Médecine et de Chirurgie. 4° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. Ch. Arnaud indique un moyen d'améliorer l'approximation donnée par les formules approchées qu'il a proposées récemment pour la réfraction astronomique. — M. V. Valcovici : Sur les mouvements fluides à tourbillon constant. — M. G. Lumet décrit une machine spéciale pour la détermination des coefficients de frottement médiat des huiles employées pour le graissage des moteurs à explo- sion et il donne quelques-uns des résultats obtenus. ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 125 20 SCIENCES PuYsiques — M. H. Deslandres et | tion. Il augmente le prix du pain et diminue sa valeur L. d'Azambuja ont étudié le deuxième gro pe de bandes de 1 Az dans le champ magnétique. Dans ce groupe de l’Az, de mème que dans le troisième groupe et dans L: bande violette du gaz d'éclairage, les dépla- cements des raies out lieu avec division et welari-alion, et se ramènent à des divisions Zeeman ordinaires, un peu modifiées. On remarque dans ces divisions le faible écart des composantes. — M. M de Broglie à étudié les spectres de rayons Rœæntgen obtenus par réflexion sur un cristal tournant lent-ment. Ils débutent, du côté des petites longueurs d'onde, par deux bandes d’appa- rence € nbnue,l gerementvariables,avec lanticathode; il comprend ensuite des raies nombreuses, caractéris- tiques de l’anticathode et très variables avec celle-ci. — MM. M. de Broglie et F.-A. Lindemarn ont réalisé un spectroscope à fluorescence pour la vision directe des spectres de rayons Rœntgen. Ce procédé est naturellement moins sensible que le spectrographe photographique. — MM. V. Henri et M. Landau ont constaté que le mélange acide oxalique + sels d'ura- nyle provoque une absorption des rayons ultra-violets beaucoup plus forte que la somme ‘des con-tiluants Cette exaltation de l'absorption est en relation avec la labilité chimique de ce mélange. — M. G.-A. Le Roy décrit un procédé purement physico-chimique d'agran- dissement ou de réduction des phonogrammes : il consiste à en prendre un moulage avec un dissolution très concentrée ou très diluée et à lai-ser celle-ci se gonfler ou se rétracter, puis à mouler par ga vano- plastie le moule gonflé ou rétracté. Ce procédé évite les vibrations parusita res dues aux repr:duc ions pan- tographiques. — M. P. Jolibois signale qu'il à d:ter- miné avant M. Goubau le point de fusion de l'AS, qu'il à trouvé égal à 849-8529, — Mne Demassi-ux à étudié l'équilibre entre PRCI et KCI en solution aqueuse. A 14°, 5 et 1000, l'allure générale du phénomène est la même. Les courbes d'équilibre montrent l'existence des sels doubles 2PbCE.KCI et PhCPE.KCI. 1/3 H?0, M. E. Léger à reconnu que l’homonataloine renferme 5 groupes OH et répond à la formule C?H#0°; la nata- loine devient donc C?#H210%. M. J. Danysz, en ajoutant une solution de AgBr dans KCAz à une solu- tion de chlorhydrate d’arsénobenzel salvarsan), a obtenu de l'arsénobenzol bromoargentique, -précipi- table à l’état de sulfate, qui jouit de propriétés théra- peutiques plus actives que le salvarsan, sans être plus toxique. — MM. H. Hérissey et A. Aubry ont obtenu par svnthèse biochimique au moyen de la galactosidase æ contenue dans la levure de bière basse séchée à l'air le méthylgalactuside x, cristallisant avec une mol. d'eau, F. anhydre 1140-1159, an —+1760,3. — MM. Em. Bourquelot el M. Bridel ont constaté une reprise de l'hydrolyse ou de la synthès- après obtention de l'équilibre fermentaire lorsqu'on apport- des chau- gements dans la composition de- mélanges. Ainsi, après destruction de glucose, on voit reprendre l’hydrolyse; après addition, on voit reprendre la syn- thè e. — MM. G. Bertrand el H. Agulhon ont détler- miné, par leur nouvelle méthode colorimétrique, les quantités d'acide borique existant normalement dans un certain nombre de substances alimentaires ani- males et végétales. — M. A. Gautier a reconnu que le fluor existe chez les animaux sous deux formes prin- cipales. lans les tissus à vie éminente (muscles, glandes, tissu nerveux) et dans diverses sécrétions (sang, lait), F est lié au P par l'intermédiaire de la matière organique azotée (1 partie de F lie 350 à 750 parties de P sous la forme organique). Dans les tissus à vie plus lente (os, cartilages, tendons), F n'est associé qu'à 130 à 180 fois son poids de P. Enfin, dans les pro- duits à vie ‘douteuse ou nulle (poils, cheveux, plumes, ongles). F et P sont entre eux dans les rapports qui caractérisent les luophosphates minéraux, en particu- lier l'apatite — M. Balland montre le développement exagéré du blutage des farines, qui atteint aujourd'hui 50 °/, dans les villes et 30 °/, pour le pain de muni- nutritive. 39 SCIENCES NATURELLES. — MM. Aug. Lumière el J. Chevrotier ont fait ingérer aux animaux, puis à l’homme, sans aucune réaction, des doses considérables d'un mélange de bacilles d'Eberth, de colibacilles et de paratyphiques stérilisés par la chaleur. Ils ont ainsi réalisé une immunisation durable à la lois contre les septicémies expérimentale éberthienne, colique et para- typhique. —- M. E. Voisenet à isolé des eaux un fer- ment qui paraît identique à celui des vins amers, le Bacillus amaracrylus. Comme lui, il déshydrate la glycérine. — M. J. Géorgevitch à étudié le cycle évolutit d'une Myxosporidie, la Hennequya gigantea. N a reconnu, contrairement aux assertions courantes, que les spores peuvent germer dans le kyste. — M. Ed. Chattron a constaté que des Péridiniens typiques peuvent, sous l'influence de l'hypernutrilion, consé- quence de la vie parasitaire, développer au cours de leur cycle un systeme nucléaire complexe dont l’exis- teuce est inconnue chez les formes libres normales, mais qui reproduit d'une manière assez fidèle, les plasmodendrites exceptés, celui des Noctiluques. — M. J. Deprat a reconnu que les horizons à Fusulinidés d'Akasaka (Japon) se succèdent exactement comme ceux de l'Indochine et de la Chine méridionale, tout en élant moins riches. — M. J. Repelin estime que c’est à un chevauchement d'âge aipin, le long d’une vallée d'érosion, ayant atteint le Trias, qu'il est possible d'attribuer les relations si étranges du Crétacé et du Trias dans la vallée du Gapeau, entre Signes et Méounes. ACADÉMIE DE MÉDECINE Séance du 6 Janvier 1914. MM. R. Wurtz't L. Camus décrivent la technique du contrôle du vaccin, telle qu'elle est en usage à l'Institut supérieur de vaccine de l’Académie de Méde- cine. Les opérations pratiquees ont pour but de déter- miner: 1°], pureté (par les méthodes bactériologiques ordinaires); 2° l’activité du virus (par l’inoculation expé imentale et par un contrôle clinique). — M. Ch. Fiessing-r montre que le sujets dont la tension arté- ri Île est forte ont une filtration rénale meilleure que les rénaux dont la tension artérielle est faible ; lhyper- tension artérielle d'origine rénale est donc une réac- tion de défense. Il faut donc respecter dans une certaine mesure la réaction curative de la nature, en évitant simplement les crises hyperten rs cé. “ns - A. DES CHAUMES — LES FUNICULAIRES AÉRIENS POUR VOYAGEURS 147 diamètre du càble ; en outre, il est invraisemblable que plusieurs câbles se rompent à la fois, la rup- ture d'un seul ne pouvant avoir de conséquences ficheuses pour les autres. La voiture, très légère, sans loiture, est sus- pendue à un chariot par de nombreuses tringles, toujours dans le but d'augmenter la sécurité en multipliant les organes de support. LT. — Le funiculaire du Vigiljoch (fig. 4) est situé dansleTyrol, au- dessus de Lana, petite ville dis- tante de 15 kilo- mètres de la ville plus connue de Méran; il fonc- tionne depuis l'été1912. Sa lon- gueur est de 2.150 mètres, ra- chetant une dif- férence de ni- veau de 1.150 mètres ; il est Fig. 2. — Schéma du mode de traction des voilures sur le funiculaire du Vigiljoch et sur celui de l'Aiguille du Midi. divisé en deux sections à peu près égales. La présence de nombreux pylônes, sur celte ligne, a nécessité de la part des constructeurs, MM. Ceretti et Tanfani (de Milan), l'emploi d'un dispositif tracteur relati- vement compliqué. Le chariot de chaque voiture roule par quatre galets sur un seul cäble porteur (fig. 2); le câble tracteur est sans fin, et son brin inférieur s'enroule sur une poulie de renvoi, dans la station inférieure, tandis que son brin supérieur passe sur le treuil de la station supérieure (il en est de même dans chaque section, qui fonctionne comme une ligne distincte de l’autre, avec station commune à leur point de jonction). En outre, et c'est là l'innovation essentielle, un troisième genre de càble existe sur la ligne : c'est le cäble-frein, normalement immobile et en appa- rence inulile, mais sur lequel s'accrochent en cas de besoin les mächoires du frein du chariot : dès lors, ce càble, devenant solidaire du chariot et entraîné par lui, agit sur les appareils de commande et de freinage du treuil moteur, pour provoquer l'arrêt dans la station supérieure ; en outre, en cas de rupture du câble tracteur, le cäble-frein se substituerait à lui. Les câbles de la ligne montante et de la ligne descendante sont disposés parallèlement, à # mètres d'intervalle, sur des pylônes métalliques dont la hauteur variable (le plus haut a 31 mètres) com- pense à peu près les irrégularités du profil en long du flanc de la montagne. Les câbles porteurs sont placés au-dessus des autres. On peut, en cas de besoin, téléphoner des voi- tures aux stations en prenant des contacls, au moyen d'une perche et d'un fil souple, sur les fils téléphoniques qui suivent la ligne et relient les trois stations ; le fil souple est connecté au poste téléphonique de la voiture. La traction a lieu, comme dans toutes les instal- lations de funiculaires à voyageurs existant actuel- lement, par treuils électriques ; des accumulateurs permettent, en cas de manque de courant momen- tané, de continuer le service, au moins pour redescendre les touristes à la station de départ. IV. — Le funiculaire du Kohlererberg (fig. 3), M. 1400 1200 1000 800 600 400 200 0 Fig. 3. — Funiculaire du Kohlercrberg. inauguré en mai dernier, est également situé dans le Tyrol, près de Botzen; il remplace une installa- tion rudimentaire établie en 1908 par un hôtelier entreprenant, si entreprenant même que l'Admi- nistration lui eujoignit de ne plus exposer les tou- ristes à des accidents ; en conséquence, il commanda à la maison Bleichert, de Leipzig, le funiculaire actuel qui est pourvu de tous les mécanismes né- cessaires. La longueur de la ligne est de 1.650 mè- tres, franchissant verticalement 834 mètres ; il n'y a qu'une section et par conséquent deux stalions. Nous n'insisterons pas sur son aménagement, assez analogue à celui du Vigiljoch, sauf l'absence de cäble-frein et le doublement des câbles porteurs et tracteurs, qui sont par paires (un chariot com- porte 8 galets groupés 4 par 4). Le mécanisme de freinage, déclanché en cas de mollissement des câbles tracteurs, comprend des mâchoires serrées par des ressorts et des coins sur les câbles por- teurs. Les voitures sont actuellement de 16 places, mais on compte en avoir de capacité double, el les faire circuler à la vitesse de trois mètres par seconde, bien supérieure à ce qu'on peut réaliser couramment sur une crémaillère à forte inclinaison. un funiculaire sur rails ou sur 118 A. DES CHAUMES — LES FUNICULAIRES AÉRIENS POUR VOYAGEURS ————————————— Les pylônes n'élant pas très élevés, la question du sauvetage éventuel des voyageurs n’a ici qu'une importance relative : on a ménagé des trappes dans le plancher des voitures, et on les descendrait Deuxième section #16 m------ qui doit grimper jusqu'à l'un des sommets les plus connus et les plus attirants du massif du Mont Blanc, n'est encore qu'en construction et ne foné tionnera que partiellement l’été prochain, mais il mérite d'être signalé tout particulièrement : d'abord parce qu’il inaugure, en France, la série des funi=«* culaires aériens et que ses concessionnaires onk Stations intermeuhaires par là jusqu'au sol, dans une pelite nacelle suspen- due à un cäble susceptible d’être freiné. V. — Le funiculaire de Rio de Janeiro (fig. 4), qui date de janvier 1913, est particulièrement ori- ginal : il escalade le rocher dit du Pain de Sucre, dont la silhouette caractéristique fait reconnaître à première vue, sur les photographies, la magnifique baie de Rio, toute parsemée d'iles et de rochers. Le coup d'œil sur cette baie, d’un des sommets qui la dominent, est de toute beauté; pour en jouir, jusqu’à ces derniers Lemps, l'excursion clas- sique était celle du mont Corcovado, situé derrière la ville, et desservi par un chemin de fer électrique à crémaillère ; aujourd’hui, on peut aussi l'admirer du haut du Pain de Sucre, dont l'escalade était, auparavant, difficile et même périlleuse. Le funiculaire actuel comprend deux sections séparées par un intervalle de 200 mètres, mais les deux stations intermédiaires, qui en forment res- pectivement les lerminus supérieur et inférieur, sont au même niveau, L'ascension tolale est de 416 mètres, pour des trajets sur câble de 520 et 800 mètres respectivement. Les amateurs d'émo- tions peuvent en rechercher ici de plusieurs sortes, car il n’y a aucun point d'appui entre les stations, et le voyage sur deux câbles de 4 centimètres de diamètre, lancés sur 800 mètres à 100 ou 200 mètres au-dessus du sol, n’est pas sans impressionner. Disons d'ailleurs que des wagonnets de secours pourraient aller chercher les voyageurs restés en panne au milieu de l’espace. Les voitures sont à 16 places et cireulent à raison de 2%,50 par seconde. Il y a sur chaque ligne un càble tracteur principal et un câble tracteur auxi- liaire, qui se substitue automatiquement au premier en cas de besoin, el joue un peu le rôle du cäble- frein du Vigiljoch. VI. — Le funiculaire de l'Aiguille du Midi (fig. 5) , réussi, non sans peine, à contenter l’Adminislra- tion, la municipalité (qui a donné la concession et percevra des redevances très avantageuses), enfin les syndicats de toute sorte à qui ils avaient affaire. L'entreprise a plus d'envergure que toutes les précédentes : il ne s’agit de rien moins que 5 kilo- mètres de funiculaire divisé en 4 sections, avec un Col du Midi arêle Glacier des Possons . 5. — Funiculaire de l'Aiïquille du Midi. terminus à 3.560 mètres d'altitude : la hauteur verticale franchie sera de 2.524 mètres. Le point de départ est le hameau des Pèlerins, non loin de Chamonix, l’une des stations intermé- diaires est le glacier des Bossons, etle terminus est le Col du Midi, voisin de l'Aïguille du Midi, point d'où le panorama est magnifique. Les deux premières sections comportent des pylônes assez nombreux, et ressemblent à la ligne du Vigiljoch; les deux autres sont presque dépour- Re CH. GRAVIER — REVUE DE ZOOLOGIE (VERS) 149 ——_—_—_——————…—…—…—…—…—…—…—…—…—…——…——…—…—…—…—…—…—…—… …"…"…"…"…"…"…"…"—"…"…"…"…"…"…"…"…"…—"…"…"—…—…— ——— ——— — ——…….. . .—…….….….….….….….—.….….—.—.—.——.—.——.——.—.——…—…— _—— — —— vues d'appuis entre stations, et ressemblent plutôt à la ligne de Grindelwald. On utilise ici, comme au Vigiljoch, le système Ceretti et Tanfani, avec càble tracteur sans fin et càble-frein, sur chaque section. Le câble porteur est unique pour chaque voiture, les constructeurs estimant qu'un câble de gros diamètre subit moins d'usure que deux câbles équivalents, de diamètre bien moindre. Les travaux de la première section sont actuelle- ment terminés, et ceux de la seconde sont assez avancés, sous l'habile direction de M. Braegger, ingénieur du funiculaire ; toutefois, on ne compte guère arriver au Col du Midi avant 1916. Le devis d'établissement atteint 3 millions, aussi les tarifs inscrits dans la concession sont-ils assez élevés : 16 francs pour l'aller et retour sur la quatrième section seule, et 27 fr. 50 sur la ligne entière. Les voitures de 20 places monteront à la vitesse de 22,50 par seconde, soit un transport de 75 personnes à l'heure. n * » En terminant, qu'il nous soit permis de regretter l'absence des constructeurs français dans cette branche nouvelle de l’industrie des constructions mécaniques : nous n'aurions pu en nommer aucun dans la revue que nous venons de passer des funi- culaires à voyageurs existants. Il serait fâcheux que notre industrie laissàät à l'étranger le monopole de ces installations qui seront certainement, d'ici peu d'années, aussi usitées que les funiculaires sur rails et les chemins de fer à crémaillère. A. des Chaumes, Ingénieur des Arts et Manufactures. REVUE DE ZOOLOGIE (VERS) La présente revue est consacrée aux travaux concernant les Vers publiés au cours des années | 1909, 1910 et 1911. Plus d'un millier de notes ou de mémoires relatifs à l'embranchement si hété- rogène des Vers ont paru durant cette période. La liste seule des titres des ouvrages aurait une étendue beaucoup plus considérable que l’ensemble des brèves notices présentées ici. Il fallait faire un choix : il ne sera question ni de précis ou de manuels, ni de cylologie pure (ces travaux sont l'objet d'analyses spéciales), ni de polémique. En général, il ne sera mentionné que les œuvres origi- nales de quelque étendue intéressant directement la Zoologie ou la Biologie générale. Les mémoires ont été groupés, non d'après leur date de publica- tion, mais d’après leur nature. I. — VERS PROPREMENT DITS. $ 1. — Plathelminthes. A. Turbellariés. — Un Rhabdocæle qui vit dans l'estomac du Cardium edule, le Paravortex cardii, a été l’objet d’une importante monographie de P. Hallez, qui a étudié la biologie, la morphologie, l'histologie et l'embryogénie de ce curieux parasite vivipare. — Le même auteur a décrit un nouveau type d'Allæocæle (Bothriomolus constrictus) du Portel, dont les exemplaires, à maturité sexuelle au printemps, ont 5 à 6 millimètres de longueur; en été, moitié plus petits, ces animaux se tiennent cachés dans la boue qui recouvre les pierres. — Le même 20 \logiste fait connaitre l'organisation d'un Bdelluroïde libre, de l'Antarctique, différant sur- tout par l'appareil sexuel femelle des ectoparasites Bdellura et Syneolidium, et il signale, chez les Polyclades de l'Antarctique, l'absence de glandes accessoires aux gonoductes; à la place de ces glandes, la partie dorsale de chaque ovaire sécrète un produit éosinophile qui enveloppe l'œuf. E. Bresslau a suivi le développement de la Con- voluta roscoffensis depuis la ponte. La segmenta- tion commence par la formation de 2 blastomères inégaux, d'où se détachent 2 micromères par divi- sion léiotrope; une nouvelle division déxiotrope conduit au stade de 8 blastomères. Tandis que, chez les Acwæles, l'œuf se divise une fois seulement en 2 blastomères, chez les Polyclades, il y à une double division en 4 blastomères. À part cette différence, il existe, dans les deux groupes, une concordance frappante dans les premiers processus du développement, ce qui tient, suivant E. Bresslau, à leur commune origine. L'auteur pense que le mode de division des Acæles est le plus primitif, car rien dans le développement de ces Vers n'in- dique de régression ni de néoténie. A Woods Hole, E. Linton a trouvé, abondam- ment en certains points, un Rhabdocæle nouveau (Graffilla gemellipara) qui vit sur les branchies du Modiolus plicatulus. Parmi les Turbellariés rapportés par la Pelgica, L. Bühmig a reconnu un Acœæle d’un genre nouveau {Rimicola) et trois espèces de Triclades du genre Procerodes.Le nombre des espèces de Procerodes des mers antarctiques et subantarctiques s'élève à 450 50 °/, enviorn de celui des espèces connues. Une monographie très étendue à élé consacrée par J. Wilhelmi à l’élude des Triclades marins de la région de ! ‘auteur traile successivement, au sujet de ces Vers, de la faune, de la biologie, de l'anatomie, de l’histologie, de la systématique avec clefs de détermination et synonymie, de la distribution géographique et enfin de la phylo- génie. On doit à A. Weiss une importante contribution à la connaissance des Turbellariés d'Australie. B. Wahl à publié en 1910 la troisième partie, consacrée au genre Collastoma, de ses recherches sur les Turbellariés parasites de la famille des Dalyellidæ | Vorticidæ de Graff). 11 fait remarquer la corrélation étroite entre les Turbellariés para- sites et la position systématique de leurs hôtes respectifs. Ex. : les Collastoma ne vivent que dans le tube digestif des Géphyriens, les Anoplodiseus, dans la cavité générale des Holothuries, ete. Il divise les Dalyellidæ en deux sous-familles : les Umagillidæ et les Dalyellidæ s. st., auxquels ap- partiennent les genres primitifs sans vagin, à vitel- logène et germigène encore incomplètement sé- Naples. L parés. Dans sa revision des Turbellariés de la Suisse, P.Steinmann signale treize espèces et deux variétés de Triclades pour lesquelles il donne, outre des détails anatomiques, des diagnoses complètes et des tableaux de détermination. L'étude des Turbellariés de la partie orientale des Etats-Unis de L. von Graff fait connaître, outre de nombreuses espèces nouvelles, deux nouveaux genres d'Acœles, un de Rhabdocæle et deux d’Al- læocæles. Toutes ces formes sont décrites d’une facon approfondie. L. Lühner et H. Micoletzky ont étudié minutieu- sement l'organisation de deux nouvelles formes pélagiques d’Acæles du golfe de Trieste : Convo- luta pelagica et Monochærus illardatus. Suivant W. A. Kepner, les nématocystes des Microstoma ne peuvent provenir que des Hynieides mangés par ces Turbellariés. P. de Beauchamp à découvert un nouveau Tur- bellarié d'eau douce (Archiloa rivularis) qui ap- partient au groupe des Crossocæles de Graff, presque tous marins. — H. H. Seidl décrit plu- sieurs Triclades nouveaux des lacs de l'Asie cen- trale et I. Ikeda fait connaître une nouvelle pla- naire terrestre de Ceylan, voisine de Dolichoplanus, mais dont les canaux sexuels ressemblent beau- coup à ceux des Artiocolylus. Les mouvements périodiques des Convolula, qui ont donné lieu à tant d'observations intéressantes de divers auteurs el notamment de G. Bohn, ont élé de nouveau suivis par H. Piéron qui a cherché CH. GRAVIER — REVUE DE ZOOLOGIE (VERS) : : à analyser les divers facteurs intervenant dans le phénomène en question (lumière, pesanteur, mou= vement des vagues, etc.). Quels sont les effets de la faim sur les divers organes des Planaires d'eau douce? C’est ce qu'æ tenté de déterminer J. Berninger ; en même temps cet auteur à cherché à fixer le temps nécessaire à des individus soumis à de longs jeûnes pour re- prendre leur laille primitive. Après une étude très poussée des cellules intes- tinales des Planaires, G. Saint-Hilaire a cherchëè les processus de la digestion intracellulaire chez ces animaux et les conditions physiques et chimi- ques qui doivent être réalisées pour que ces pro- cessus aient lieu. L'aplitude remarquable des ebelarté à la régénération continue à susciter de nombreux tra- vaux. Au sujet de la corrélation entre la régénéra- tion et la multiplication asexuée, J. Wilhelmi attribue la polypharyngie des Planaires à des causes tératologiques, ce contre quoi s'élève P. Steinmann qui, de son côté, s'est occupé spéciale- ment de la régénéralion chez la Planaria gonoce- phala, en pratiquant des incisions transversales en différentes régions du corps et des incisions longi- tudinales médianes aux deux extrémités. Pour lui, les facteurs déterminant les caractères des tissus régénérés sont à chercher, non dans les parties: d'organes rencontrées par la section, mais dans le rapport de grandeur entre les parties séparées par la section et celles du corps restées intactes. — V. H. Keiller étudiant histologiquement la régé- néralion à l'extrémité postérieure de courts frag- ments céphaliques de la /’/anaria simplicissima, constate des phénomènes d’hétéromorphose dans. tous les organes. —$, J. Holmes divise la P/anaria maculataen quinze à vingt morceaux, les individus. régénérés en plusieurs morceaux, puis ceux-ci après leur régénération, et ainsi de suite, jusqu'à la limite où larégénération complète des fragments ne se fait plus. Il constate que la forme normale peut sereconstituer jusqu’à 1/1.000 et mème 1/1.500 de la grandeur habituelle. Certains organes (mus- cles, tube digestif) sont très réduits ou même ab- sents (organes sexuels). — Des particularités que présente la régénération du corps chez la Planaria dorotocephala, ©. M. Child, qui a longuement étudié cette question, croit pouvoir conclure que chaque individu de cette espèce se compose de deux zoïdes, un antérieur et un postérieur beaucoup plus court. Il a observé également la régénération de cette Planaire dans divers milieux anesthésiants (alcool 1,5 */,, éther 0,4-0,5 °/,, chlorétone 0,025- 0,0375 ° fa). La régénération est relardée dans ces divers milieux; les parties régénérées demeurent plus petites et plus faibles que dans l’eau pure. Le dE mn di F . CH. GRAVIER — REVUE DE ZOOLOGIE (VERS) 151 —_—_—_—_———_———_—_——……—….._…—…—_…_…………….…….……—…_—…— mème auteur considère le système nerveux central comme un facteur important dans les phénomènes de régénération chez les Polyclades. II montre en outre l'influence dominante, au point de vue phy- siologique, de l'extrémité antérieure du corps sur l'extrémité postérieure dans les phénomènes de régénération chez ces Planaires. En collaboration avec E. V. M. Mac Kie, il étudie la formation anor- male des yeux (teratophthalmic forms) et celle des organes céphaliques (teratomorphic forms) chez les individus régénérés de Planaria dorotocephala. B. Némertiens. — Environ 55 °/, des Cyprina islandica de la Baltique occidentale sont parasités par la Malacobdella grossa, dont G. Gering a fait une étude approfondie. Le Valdivia a rapporté quatre espèces littorales et sept espèces de mer profonde de Némertiens, d'après l'important mémoire de O. Bürger. De l'analyse minutieuse des caractères communs à ces animaux de mer profonde, il parait résuller nettement — et c'est là un fait dont l’auteur sou- ligne la portée — qu'ils dérivent tous du genre Drepanophorus. R. C. Punnett et C. F. Cooper ont fait connaitre un certain nombre de formes nouvelles de Némer- tiens de l'Océan indien oriental. — G. Wijnhof, après avoir longuement étudié les différentes es- pèces du genre Cephalothrix, montre la place de ce genre dans la classe des Némertiens. | D'après P. Hallez, le Prostoma lumbricoideun, qui vit dans les eaux douces, s’enkyste quand les conditions de mulieu deviennent mauvaises; il pond deux sortes d'œufs : des œufs d'hiver, dont chacun donne naissance, au bout de dix à douze jours, à une jeune Némerte, et des œufs d'été, plus nombreux et qui, probablement, se développent lentement. Chez un Cerebratulus de la mer de Barentz étudié par C. Davidoff, la tête, coupée immédiate- ment en arrière de la bouche, régénère tout le corps. La rapidité de la régénération tient à diverses causes : température, âge de l'animal, etc. La régénération se fait suivant la loi de Barfurth, per- pendiculairement à la surface de section. L'auteur a suivi la régénération de la trompe, du tube digestif, des tissus parenchymateux et nerveux. Seul ou en collaboration avec J. Nusbaum, M, Oxner à étudié la régénération chez divers Némer- tiens et en particulier chez le Lineus ruber et le Lineus lacteus. Is ont, en particulier, observé l'influence, sur ce phénomène, de divers facteurs ; | température, nourriture, concentration saline, lu- mière. — Les mêmes auteurs décrivent les pro- cessus histogéniques caractérisant la régénération du tube digestif chez les fragments sans tube digestif du Zineus lacteus. Au sujet du ZLineus ruber, ces deux auteurs traitent des processus internes de la régénération des fragments sans tête. C. Trémalôdes. — Dans la première partie de ses études sur la phylogénie des Trématodes, D. Th, Ssinitzin voit la première indication d’un ovaire (ovarium diffusum) chez les Sporocystes et les Ré- dies, là où les ovules ne se distinguent que diffici- lement des cellules somatiques voisines. Lorsque les cellules sexuelles se localisent étroitement, il se forme un ovarium circumscriplum, soit dans la paroi du corps (ovarium slalionare), soit indépen- dant, flottant dans la cavité du corps (ovarium er- raticum). L'auteur s'élève vivement contre les z00- logistes qui parlent de division et de bourgeonne- ment chez les Sporocystes. Pour lui, Sporocystes et Rédies naissent par voie sexuée, parthénogéné- tiquement ou pédogénétiquement. L'auteur est conduit à séparer les Trématodes des Plathelmin- thes et à les rattacher aux ancêtres des Cruslacés inférieurs. — Dans un second mémoire relatif aux Gasterostomidæ, il déclare que le tube digestif qui subsiste est une néo-formation, que ces animaux ne sont pas pourvus, comme leurs soi-disant ancètres, les Turbellariés, d'une bouche « primaire », leur appareil digestif étant une formation « secondaire ». — Dans un troisième travail, le même auteur dé- crit la Cercaria plicata dont la structure rappelle celle du Zetracolyle de Brandes; pour lui, il y à vraisemblablement dimorphisme dans les larves des Pistomidæ. En ce qui concerne la phylogénie des Trématodes, l’auteur condense son opinion dans ces deux propositions : {° l'hétérogonie, chez les Trématodes, naquit du parasitisme; 2° le pre- mier hôte des Trématodes fut un Mollusque dans lequel la génération asexuée vivait en parasite, tandis que la génération sexuée menait une vie libre ; la dernière passa plus tard passivement en parasite chez les Vertébrés. Chez le Temnocephala lasciala étudié par W. A. Haswell, l'ovule situé au milieu de cellules vitel- lines donne lieu, en se segmentant, à un blasto- derme irrégulier orienté suivant l’axe longitudinal futur du Ver. Il se fait un endocæle; au moment de sa plus grande extension, apparaît la première indication du cerveau et, en même temps, l’'ébauche paire du système excréteur, dont l’auteur à suivi le développement, de même que celui du tube digestif, de l'épiderme et des organes sexuels dans les premiers stades. L. R. Cary a fait connaître l'évolution du Diplo- diseus temporalus, parasite de divers Batraciens de l'Amérique du Nord. Le début du mémoire est consacré à l’animal adulte, aux Sporocysles, aux 152 CH. GRAVIER — REVUE DE ZOOLOGIE (VERS) ‘ Rédies, aux Cercaires, à la dissémination des œufs, à l'enkystement; puis viennent la formation et la maluration de l'œuf parthénogénétique, la segmen- tation et enfin le développement des feuillets germi- natifs et celui des Cercaires. W. Nicoll a entrepris, sur les Trématodes digé- néliques, des recherches anatomiques et histolo- giques étendues, de grande importance pour la classification de ces animaux. L'auteur décrit nombre de formes inédites, dont plusieurs genres nouveaux, crée de nouvelles sous-familles et re- manie profondément la classification de ces Tré- malodes. Dans le cerveau de Phoxinus lævis el particulie- rement dans les 3° et 4 ventricules, se loge un Tetracolyle nouveau étudié par F. Mataré; l'adulte appartient aux Diplostomide. T. Odhner à étudié un Trématode aberrant (Sti- chocotyle nephropis Cunn.) vivant dans les voies biliaires de la Zaja clavata. — TN à trouvé, dans les veines intestinales du Larus fuscus, les deux sexes dépourvus de ventouses et d'armature cutanée d'une forme nouvelle (Gigantobilharzia acotylea). — Le même auteur a profondément retouché la classification des Trématodes digénéliques et cri- lique d’une facon excessivement vive les travaux de Ssinitzin. Le cerveau, le trajet des principaux troncs ner- veux, la structure des deux paires d’yeux du Polystomum integerrimum ont été décrils en détail par J. André. H. L. Osborn a découvert dans le tube digestif d'un Poisson du Michigan (Micropterus) un Dis- tome aberrant (Cryplogonimum chyli), dont les affinités obscures le rapprochent peut-être des Canoyonominæ. — Le même auteur a étudié les hôtes intermédiaires et la distribution géogra- phique, aux États-Unis et au Canada, du Clinosto- um marginatum, dont l'hôte définitif est l’Ardea herodias. Les Monostomidæ font l'objet d'un mémoire étendu de W. Kossack. La première partie est con- sacrée aux Cyclocælidæ, la seconde aux Notoco- tylidee. La description des espèces est accompagnée de nombreux détails anatomiques. A. Schellenberg décrit en détail l'ovogénèse, la maturité de l'œuf et la fécondation chez la Fasciola hepatica L. Dans la partie générale, il insiste sur le rôle des chromosomes dans la conjugaison et rap- proche les faits qu'il a observés de ceux du même ordre que Goldschmidt à relatés chez le Zoogonus mirus. Il faut mentionner également les travaux de E. Linton sur les Trématlodes parasites des Pois- sons et des Tortues; de J. Johnston sur les Tréma- todes parasites el les maladies qu'ils causent chez les Poissons; de F. S. Monticelli sur un Trématodeh nouveau (Calniella craneola), ecloparasite de l'Ale- bion carchariæ; de J. W. W. Stephens sur un nouveau parasite du Chelone mydas; de K. Mies- ünger sur l'anatomie et l’histologie du Nephroce- phalus sessilis, parasite de l'œsophage du Cro= codilus niloticus; de R. Dollfus sur l'appareil néphridien de deux Cercaires parasites du Donax vitlalus, ete. D. Cestodes. — Une importante contribution à nos connaissances relatives à la famille des Davaïi- neidæ à été publiée par O. Fuhrmann, qui ne déerit pas moins de 27 espèces nouvelles. — Le même auteur a étudié l’abondant matériel rapporté par l'Expédition suédoise en Egypte et au Nil Blanc. Parmi les 39 espèces, il y en a 18 nouvelles dont 2 ont nécessité la création de deux genres nou- veaux. Br. H. Ramson a fait une œuvre très utile et très mériloire en dressant, pour les Oiseaux de l'Amé- rique du Nord, un synopsis {des Tænioidea, avec clef pour la détermination des genres, diagnoses des familles, sous-familles, genres et liste des espèces et des hôtes. De l'étude approfondie de deux espèces du genre Gyrocotyle, E. E. Watson a tiré des conséquences très intéressantes pouriles Cestodes en général et pour leur phylogénie en particulier. Le système nerveux de la rosette des Gyrocolyle est homologue de celui des Cestodes mérozoïques; la rosette res- semble au scolex de beaucoup de Tetraphyllidæ. L'acetabulum ne sert pas à la fixation ; son système nerveux est très peu semblable à celui de la rosette. La première partie du travail de F. E. Beddard sur l'anatomie et la systématique des Cestodes est composée de l'étude de quelques Gestodes de Mam- mifères (Üochorishica parasite du Tamandua tetra- dactyla ; Thysanotsænia qambianum, du Cryce- tomys gambianus; Anoplotænia lemuris, du Lemur macaco, 'ele.). T. H. Johnston a fait connaitre plusieurs Cestodes nouveaux et, en particulier, le Pancrofliella n. tenuis n., parasite du Macropus ualabatus et voisin du genre Monopylidium. En revisant le genre S{ilesia, L. H. Gough fonde pour le S{. centripunclala le nouveau genre Avi- tellina; ces deux genres constituent la famille des Avilellinine. W. Spätlich a décrit deux espèces nouvelles du genre Tetrabothrium el à étudié d'une manière complète l'anatomie de ces Cestodes : ventouses, museulature si complexe du scolex, organes sexuels, système nerveux, appareil excréleur, cellules vitel- lines et ovules. CH. GRAVIER — REVUE DE ZOOLOGIE (VERS 153 EE a TT Tr TT Une curieuse malformation chez les proglottis de Dipylidium canimum et ceux de l'Hymenolepis erinacei est signalée par N. Léon; ce sont des fenêtres qui se montrent sur les côtés des proglottis el qui sont causées par un développement excessif de l'utérus. R. Blanchard fonde le genre Cotylorhipis pour le Tiouia furnarii ; il complète les données anato- miques fournies par Del Pont sur ce Cestode. — C. Janicki décrit l'anatomie de l’/»ermicapsifer hyracis et de l'Z. interpositus et revise les autres Cestodes des Procavia. — G. R. Larue expose les principaux résultats de la revision de la famille des Proteocephalidæ et fait connaître nombre de formes nouvelles. Dans un hbourgeon de Cyslicercus longicollis parasite de l'Arvicola amphibium, H.Glaser a suivi pas à pas la formation de l'extrémité antérieure du scolex, le développement du ménisque, l'invagina- tion du bourgeon creux et sa croissance dans la vésicule du cône rostellaire, l'évolution du bulbe, du bourrelet musculaire, des sucoirs et des cro- chets. Il semble résulter des expériences de W. Curtis, . à Woods Hole, que le Scolex polymorphus serait la larve du Phoreiobothrium triloculatum. Après de nombreuses expériences, M. Southwell conelut que le Ver des perles, à Ceylan, est le Tetrarhynehus unionifaclor, que l’on trouve chez tous les Elasmobranches qui se nourrissent d'Huitres perlières. — Le même auteur a recherché les Cestodes des Téléostéens mangeurs de Mol- lusques à Ceylan; il décrit 9 espèces nouvelles, dont 2 deviennent les types de genres nouveaux. Dans son étude expérimentale de l'échinococcose, F. Dévé constate la résistance des œufs du Tænia echinococcus aux basses températures; ces œufs, maintenus entre — 4° et + 1° C., étaient encore capables de produire une infection au bout de cent quatorze jours. Il fait connaitre l'histogénèse du kyste hydatique; montre que la veine porte est la principale, sinon la seule voie d'entrée de l'embryon hexacanthe dans le foie. Il trouve chez un Singe deux vésicules d'Echinocoque sous le péritoine, mais provenant du foie, et il signale deux cas d’échi- nococcose ganglionnaire lymphatique du Mouton. $ 2, — Nématodes. Outre de précieuses données morphologiques, histologiques et embryogéniques, on trouve dans le mémoire de M, Rauther sur la morphologie et les affinités des Nématodes, de très intéressantes considérations d'ensemble sur ces Vers. Il examine les rapports des Nématomorphes avec les Néma- todes, signale la ressemblance des larves de Gor- dius avec les Echinodères, les Gastrotriches, les Tardigrades, les Pentastomes et même les larves de Diptères ; il y a également des simililudes dans l'appareil copulateur chez ces animaux. Après avoir fait remarquer que rien dans l’histoire des Nématodes ne permet de les rattacher sûrement à d'autres types de Vers, il rappelle qu'on observe chez eux des traits qui font songer aux Arthro- podes. Il conclut en disant qu'on arrivera peut-être à détacher des Arthropodes ceux des groupes cités plus haut qui leur sont incorporés actuellement et qui ont des caractères ancestraux. [Dans son Traité de Zoologie, Ed. Perrier a, depuis longtemps déjà, rapproché les Nématodes des Arthropodes.| L. Jammes et À. Martin, comparant les tempéra- tures de développement des œufs de Nématodes parasites à celles des Vertébrés supérieurs, cher- chent à expliquer comment ces Vers ont pu gra- duellement s'adapter à la température de leurs hôtes. — Ils examinent, en outre, le rôle de la chitine dans le développement des Nématodes. La deuxième partie de la monumentale mono- graphie de À. Looss (The Anatomy and Life His- tory of Agchylostoma duodenale) est consacrée au développement du parasite durant sa vie libre. Après avoir exposé ses idées sur les principes de la classification naturelle, de celle des Nématodes et enfin de celle des Agchylostomidæ, qu'il divise en deux sous-familles (Agchylostominæ et Bunosto- minæ), l'auteur suit, pas à pas et dans le plus grand détail, le développement à partir de l'œuf jusqu'à la maturité de la larve; puis il discute longuement {avec l'historique complet) le mode d'infection. Le plus généralement, la larve pénètre entre les cel- lules épidermiques ou dans les follicules pileux, pour gagner rapidement, en général, les conduits sanguins ou les lymphatiques. La troisième mue ne s’'accomplit que dans le tube digestif de l'hôte. Les larves répandues dans les tissus restent proba- blement vivantes pendant des années, au grand dommage de l'hôte. Chez le Conepalus suffocans vit l'Agchylostoma conepali (proche parent de VA. caninum), que E. Solanet à éludié d’une manière approfondie, — G. de Faria à fait connaitre une autre espèce du même genre (À. hrasiliense), parasite de l'intestin grèle du Chien et du Chat. Dans un travail qui rendra les plus grands ser- vices, K. Marcinowski rappelle les caractères mor- phologiques et biologiques des Nématodes parasites ou semi-parasites des plantes. L'auteur insiste particulièrement sur la valeur systématique des dimensions des parasites, les caractères de la cavité buccale et des épaississements cuticulaires. La troisième partie de l'important travail de R. Goldschmidt sur le système nerveux de l'Ascaris megalocephala est consacrée à la glia, aux cellules * 154 CH. GRAVIER — REVUE DE ZOOLOGIE (VERS) ganglionnaires, aux fibres nerveuses, aux neuro- fibrilles et à l'innervation des muscles. E. Martini décrit la structure intime de la sous- cuticule et des champs latéraux de divers types de Nématodes. Dans les considérations générales qui terminent le travail et qui intéressent toute la classe des Nématodes, il s'élève en particulier contre le groupe artificiel des Sérongylidæ. À ce sujet, il faut rappeler que L. A. Jägerskjold regarde les Eustrongylidæ, avec leurs trois genres (Æustron- gylus, Eustrongylides, Hystrichis), comme une famille bien distincte, qui n’a rien à faire avec les Strongylidæ.— Le même auteur a étudié la mor- phologie, l'anatomie et l'histologie des Nématodes rapportés de l'Egypte et du Soudan par l'Expédition suédoise et dont un certain nombre sont nouveaux. Cependant, A. Raillet et À. Henry se sont appli- qués à établir une classification rationnelle des Strongylidæ qu'ils divisent en Metastrongylinæ et en Ankylostominæ, dans lesquels ils distinguent cinq groupes. Un certain nombre de genres attri- buëés aux Strongylidæ ne peuvent prendre place dans cette classification. — Les mêmes auteurs décrivent plusieurs espèces du genre Thelazia para- sites de l'œil des Mammifères. — Ils divisent les Ascarides des Carnivores en deux genres : Pelas- caris et T'oxascaris. Dans l'abdomen de la Plalta orientalis d'Algérie, L. G. Seurat a trouvé des larves enkystées de Nématodes ; des larves semblables existent aussi chez le Blaps Slrauchi; les adultes de cette larve (très probablement de Spirura talpæ Gmelin) vivent dans l'estomac de l’Zrinaceus algirus. Le Strongylus pinguicola, d'après J, Hellemans, parasite le Sus scrofa à Java; l'auteur décrit l'orga- nisation de ce Nématode, dont les larves pénètrent dans l'hôte par la nourriture et la boisson, traver- sent le tube digestif, entrent dans le torrent circulatoire pour gagner de là les lieux d'élec- tion du parasite (graisse abdominale, conduits urinaires, elc.). P. Cappe de Baillon publie une étude des fibres musculaires d'Ascaris (principalement de l'Ascaris megalocephala). Dans la première partie de ce tra- vail, il n'est question que des fibres pariétales, dans lesquelles il distingue le fuseau, la panse et un ou plusieurs bras. Chez le Lagopus seoticus (Red Grouse), il existe ua certain nombre de Cestodes et de Nématodes qui ont été étudiés au point de vue de la morphologie, de l’anatomie, de la biologie et du développement par A. E. Shiplev. On doit à Ch. W. Stiles une revision approfondie au point de vue systématique du genre Æilaria Müller ; à J. G. de Man, de nouvelles données ana- tomiques sur les Anguillules, en particulier sur celle du Vinaigre; à E. von Daday, la connaissance des Nématodes libres d'eau douce de l'Afrique orientale allemande; à F. A. Potts, des renseigne- ments inédits sur l’hermaphroditisme de diverses espèces de Nématodes libres des genres Diplogaster et Rhabditis; à C. Mathis et M. Léger, la deserip- tion de nouvelles Microlilaires sanguicoles d'Oi- seaux du Tonkin, dont les adultes sont inconnus; à J. A. Gilruth et G. Sweet, la description anato: mique de l'Onchocerca Gibsoni qui parasite le Bos taurus d'Australie et qui, suivant J. B. Cleland et T. IL. Johnston, pourrait être la cause de nodules sous-cutanés semblables à ceux du Bœuf et qu'ils ont observés chez le Chameau. N. M. Stevens a étudié l'effet des rayons ultra- violets sur le développement des œufs de l'Ascaris megalocephala; sur l'œuf entier, non divisé, pen- dant un temps plus ou moins long; sur l’un des deux premiers blastomères; sur l’un des quatre premiers. Les résultats obtenus sont différents sui- vant le cas. L'exposition à ces rayons pendant une durée d'une demi-heure à trois heures cause des irrégularités dans les divisions cellulaires etaboutit à la formation d'embryons allongés avec trop ou trop peu de cellules. — Au même ordre de recher- ches se rattachent les expériences de P. Hertwig sur les changements produits par les radiations du radium sur les figures de division du noyau de l'œuf d'Ascaris megalocephala. Outre les travaux de M. Romieu sur la sperma- togénèse chez l'Ascaris megalocephala, où il insiste sur la valeur de la réduction plasmatique dans la spermatogénèse, il faut citer ceux d’E. Bataillon sur l'étude expérimentale de la karyocinèse dans les œufs de l'Ascaris megalocephala; ceux de F. Meves, sur les « plastochondries » durant la fécondation; de G. Retzius sur la structure et le dé- veloppement de l'œuf de l'Ascaris magalocephala ; de Th. Boveri et de W. Schleip sur les chromoso- moses sexuels du Æhabdonema nigrovenosum, ete. $ 3. — Acanthocéphales. Le développement deslarves du Pomphorh ynchus lævis Zœga (Æchinorhynchus proteus West.), para- sites de la Tinca vulgaris, a été étudié expérimen- talement par G.C. Riquier chez le Brochet (Æsox lucius) ; la maturité sexuelle est atteinte au bout de soixante-cinq jours; le maximum de taille, vrai- semblablement au bout de trois mois environ. B. Vosz a suivi les changements qui se produi-. sent dans le noyau et dans le plasma pendant la croissance de l'œuf de l’ÆZchinorhynchus proteus. $ 4. — Chétognathes. R. von Ritter-Zahony, dans le matériel rapporté par l’Expédition allemande dans la mer Blanche _— nd Cet de Per LT | d CH. GRAVIER — REVUE DE ZOOLOGIE (VERS) 155 septentrionale, n'a trouvé aucune espèce particu- lière à cette mer. — Dans son mémoire relatif aux Chétognathes de la « Plankton-Expedition », par- liellement étudiés par Strodtmann et Steinhaus, il s'occupe de la distribulion quantitative de ces ani- maux dans l'Atlantique et se demande où se fait la ponte et où sont parcourus les premiers stades du - développement. — Ie même auteur, après avoir étudié les Chétognathes de l'Expédition antarctique allemande, à entrepris la revision des espèces con- nues de ces Vers pélagiques et étudié leur distribu- tion géographique et leur répartition en profondeur. A. Mottchanoff fait connaître l'anatomie de deux - espèces nouvelles de Chétognathes. Il nie la parenté des Chélognathes, soit avec les Mollusques, soit avec les Nématodes; il les rapproche des Annélides : ce sont, d'après lui, des Vers cœlomatiques à deux segments. La formation des cellules sexuelles primitives, le mode de développement de l'œuf chez la Sagitta ont été longuement étudiés par W. Elpaliewsky. D'autre part, N. M. Stevens a suivi attentivement les détails de la reproduction chez la Sagilta ele- gans, depuis le moment où l'œuf s'engage dans l’oviducte. Il insiste particulièrement sur le rôle des deux cellules accessoires de la fécondation. Enfin, P. Buchner a étudié d'une facon appro- fondie la structure de l'ovaire, la maturation, la fécondation, l’ovogénèse et la spermatogénèse chez les Sagitta. Cet important mémoire se termine par l'examen critique des observations et recherches se rapportant au même objet et dues à Weismann, Ishikawa, Grobben, Hæcker, Silvestri, ete., et dis- cute le rôle de la chromatine dans tous ces processus. $ 5. — Géphyriens. R. Bledowski décrit l'anatomie de la Bonellia viridis et ensuite le développement de l'ovule jusqu’à la formation du follicule, l'autotomie, la régénération, la respiration et indique les condi- tions dont dépend la taille. Il crée pour cet animal une classe spéciale, voisine de celle des Annélides. — Ikeda fait connaître un nouveau Géphyrien de mer profonde (Acanthohamingia), voisin de la Bo- . nellie. Les mâles, nains et parasites, ressemblent . à ceux de l’Hamingia ijimai. Un ordre nouveau de Géphyriens, voisin de celui des Priapulidés, est créé par F. H. Stewart pour l'Investigator n. sicarius n. Le Pelagosphæra de Mingazzini, larve de Géphy- rien, a été retrouvé par H. Heath, qui confirme les observations de Spengel au sujet de cette larve. — G. Paul a décrit morphologiquement et anatomi- quement le Petalostoma minutum, synonyme, selon lui, de Phascolosoma sabellariæ, Phascolosoma improvisum el Onchnesoma Sarsii. A la fin de son mémoire sur les Priapulidés et les Sipunculidés rapportés par l'Expédition antarctique suédoise, Hj. Théel examine le problème de la bipolarité. En ce qui concerne les Priapules, il admet que, primitivement, les espèces de ce genre élaient répandues sur toute la surface de la Terre, que les formes des mers chaudes et des mers tem- pérées sont mortes, que celles de l'Arctique et de l'Antarctique, résidu de cette faune cosmopolite, présentent des analogies, par le fait qu'elles ont des parents communs. $ 6. — Rotifères. Les formations tégumentaires et l'appareil di- gestif des Rotifères ont été, de la part de P. de Beauchamp, l'objet de recherches approfondies qui l'ont conduit à des conclusions inléressantes. L'appareil rétro-cérébral aurait été, à l’origine, une glande paire qui, chez les espèces les plus élevées- en organisation, consiste en un sac à contenu vacuolaire et une glande acidophile et mucinoïde; celle-ci n'a vraisemblablement qu'un rôle excré- teur; dans quelques cas, munie d’un corps réfrin- gent, elle se comporte peut-être comme un œil: chez beaucoup d'espèces, elle est en voie de régres- sion. L'auteur cherche à établir des corrélations. entre les organes qu'il a étudiés et le degré d'évo- lution des types correspondants et à fixer la mor- phogénie et la systématique du groupe. En dehors des Gastrotriches, les Rotifères n'ont, d'après l’auteur, aucune parenté étroite avec les autres. groupes. G. Hirschfelder à publié une contribution impor- tante à l'étude histologique des Rotifères, particu- lièrement à celle de l'Xosphora. Parmi les plus importants ouvrages de faunis- tique, il faut citer ceux de O. J. Lie-Pettersen sur les Rotifères d'eau douce de Norvège (156 espèces connues dans ce pays); de N. von Hofsten, sur ceux de Mästermyr (Gothland) et de quelques lacs ou étangs de Suède (132 espèces, dont 83 de Mäs- termyr, 166 espèces d’eau douce ou de mousse connues en Suède); de von Daday, sur ceux de l'Afrique orientale allemande (98 espèces); de Ch. F. Rousselet, sur ceux des trois grands lacs de l'Afrique centrale (37 espèces) et sur ceux de l'ile Clare (109 espèces, sans les Bdelloïdes); de J. Murray, sur les Bdelloïdes de jile de Clare (49 espèces) et sur celles de l'Expédition Shackleton. et de I. Iroso, sur les Rotifères du lac-cratèr: d’Astroni (49 espèces). M. H. Jacobs a observé les effets de la dessiccation sur la Philodina roseola et mis en lumière l'in- fluence, au point de vue des effets produits sur l'animal, de la température, de la rapidité de la dessiceation, de l'humidité de l'atmosphère, A la 156 CH. GRAVIER — REVUE DE ZOOLOGIE (VERS) dessiccation succède d'ordinaire d'activité reproductrice. Le passage de la reproduction parthénogénétique à la reproduction sexuelle à été obtenu chez l'Hydatina senta par A. Shull, qui a remarqué que le nombre des producteurs de mäles peut tomber à O si les animaux sont maintenus dans l'eau de vieilles cultures, d'où tous les Protozoaires ont été extraits par filtration. L'auteur discute longuement les opinions et les expériences de ses prédécesseurs. — Le même auteur a étudié l'influence de la tem- pérature et de diverses substances (ammoniaque et sels ammoniacaux, extrait de viande, etc.) sur la proportion relative des formes parthénogénétiques et des formes sexuées chez le même Rotifère. — D. D. Whitney conclut, de ses nombreuses expé- riences sur le même sujet, que la production sexuelle mâle, dans les cultures fraiches, repose sur la présence, dans l’eau de culture, de sub- stances chimiques déterminées. — Au même ordre de travaux se rapportentles recherches de A. Lange sur l’hétérogénèse de l'Asplanchna Sieboldii. une période 87e Hirudinées. R. Lœser a étudié d'une manière très appro- fondie l'organe cilié des Hirudinées; il fait con- naître la structure de cet organe, son rôle physio- logique, ses relations avec les néphridies chez les Glossosiphonidæ, les Herpobdellidæ et les Hiru- dinidæ. I compare le rôle des cellules coronales (Kronzellen) de l'organe cilié de ces deux derniers groupes à celui des urnes des Sipunceulides. Dans ses recherches sur la structure de la paroi du corps chez la Sangsue médicinale, L. Hachlov étudie successivement l’épiderme avec ses capil- laires, les glandes cutanées, le tissu conjonctif et le pigment, le lissu botryoïde et la museulature. Il décrit également les organes de Bayer chez la Clepsine sexoculata, les sensilles et le développe- ment des yeux chez l’Æirudo medicinalis. La quatrième partie de ses recherches sur les Iirudinées est consacrée par N. A. Livanow au système vasculaire chez les genres Acanthohaella, Piseicola, Protoclepsis, Hemiclepsis, Glossosi- vhonia et Pontohdella. En ce qui concerne le système nerveux, G. Ascoli a éludié le système nerveux sympathique des Hiru- dinées par la méthode de l'imprégnation à l'argent; W. Bialkowska et Z. Kulikowska se sont occupés de l'appareil Golgi-Kopsch des cellules nerveuses des Hirudinées et du Lombric; d’après ces auteurs, il ressemble beaucoup à celui qu'on observe chez les Vertébrés. J. A. Scriban, après avoir fait connaitre les Hiru- dinées qui vivent en Roumanie, étudie successive- ment le légument, les fibres musculaires, le tube _ digestif, le tissu conjonctif et les cellules botryoïdes de ces animaux. — Le même auteur a décrit les cellules adipeuses de la Pontohdella situées dans le tissu fibrillaire, entre le tube digestif et la museu= lature sous-cutanée, et a pu mettre en évidence chez elles le parasome. A. Oka à donné un synopsis des Hirudinées du Japon; sur les 31 espèces et 3 variétés, il y en à 1% nouvelles, dont l’auteur donne les diagnoses. Dans son importante contribution à l'étude des Hirudinées d'Australie, E. J. Goddard fait observer que ces Vers représentent un groupe archaïque. Les Ah ynchobdellidéæ et les Arhynehobdellidæ, avec les Oligochètes, sont issus d’une même souche fort ancienne et n’ont fait que diverger depuis leur ori- gine. — L'auteur s’est occupé également de la métamérie des Hirudinées, particulièrement dans la région postérieure du corps, et indique la distri- bution géographique de ces animaux, spécialement de ceux d'Australie. L. A. Moltschanov a observé la facon de se com- porter des jeunes Clepsines qui vivent un certain temps attachées à leur mère. H. Bolsius confirme et étend ces données. Il à vu une Glossosiphonia qui portail au moins 50 exemplaires jeunes et un Hemiclepsis marginatus qui en avait 92. $ 8. — Oligochètes. Le développement du système vasculaire sanguin des Oligochètes a été l’objet d’études très poussées de la part de S. Sterling. Tout ce système repré- sente un schizocèle absolument indépendant du cœlome. Les parois des vaisseaux sont formées de » mésoderme ou de mésenchyme secondaire, — A côté de ces recherches, il faut signaler celles de G. Buchanan sur l’appareil circulatoire de divers Oligochètes. Le même auteur a étudié aussi la glande accessoire du Criodrilus saccarius qui joue peut-être un rôle dans la formation du cocon. D'après A. Combault, la respiration chez les Lombrics se ferait : 1° par la peau (particulière- ment au niveau des 8°, 9, 10° segments chez l'Helo- drilus trapezoides, là où le tégument est très mince); 2 par les glandes de Morren, qui seraient des branchies internes et qui représenteraient une chambre branchiale périæsophagienne. B. Haller a étudié l'histologie de la chaîne ner- veuse ventrale des Lombriciens. Au sujet des fibres nerveuses géantes, il diseule les opinions de Lenhossek et de Retzius. Il compare la chaine ner- veuse ventrale à la moelle épinière et émet des considérations générales sur le grand sympa- thique. Au même ordre de recherches se rat= tachent celles de L. Boule sur le système nerveux central des Lombriciens, celles de J. Hünig sur les fibres nerveuses géantes du Criodilus lacuum et on que CH. GRAVIER — REVUE DE ZOOLOGIE (VERS) 157 —————_——_——_—_—_—_—_—_—_—__II celles de J. Kowalski sur les neurofibrilles des Lombriciens. Au cours de ses fructueuses recherches sur les Grégarines des Lombriciens, E. Hesse a suivi la formation des spermatozoïdes chez le Zumbricus terrestris et le Pheretima rodericensis el en à signalé les particularités. — 1. B. J. Sollas signale chez le Lumbricus herculeus un cas de castration parasilaire causé par des Bactéries qui remplissent complètement les spermatocytes. — L. Cognetti de Martilis a trouvé chez un Dichoqgaster italiensis les quatre spermathèques hypertrophiées et remplies de jeunes larves de Nématodes. F. Rosen à publié un intéressant mémoire sur les entonnoirs ciliés du Lumbrieus agricola et sur l’or- ganelymphoïde.Chezles Hirudinées, lecanalnéphri- dien est séparé de l'organe cilié; il ne communique pas directement avec le cœlome, tandis que ces deux parties sont fusionnées chez les Oligochètes. Dans un travail très étendu consacré aux Lom- briciens des Indes et des régions voisines, W. Mi- chaelsen considère successivement les limniques et les terrestres; il caractérise la faune lombricienne de chacun des districts fauniques, s’aidant de con- sidérations géologiques et particulièrement des connexions anciennes de l'Inde avec les autres parties du globe. — 11 faut signaler ici les travaux de H. Pointner sur les Oligochètes de la région de Graz; de J. Stephenson sur ceux du Punjab, où il décrit en particulier un nouveau Naïdien (Lahoria) qui a des appendices branchiaux dans la partie antérieure du corps, comme le Pranchiodrilus; de L. Cognetti de Martilis, sur les Lombriciens du Cap Vert; de W. Evans sur ceux du Forth Area, etc. A. Walter a étudié la luminosité de l’enlea ven- triculosa, produite par le mucus lumineux de glandes cutanées particulièrement nombreuses aux deux extrémités du corps, surtout en arrière. Parmi les nombreux travaux relatifs à la régéné- ration qui est prodigieusement active chez les Lombriciens, il faut rappeler ceux de J. Zielinska sur la régénération et ses processus à l'extrémité postérieure du corps de divers Oligochètes (Æisenia, Helodrilus, Lumbrieus); de W. arms, qui, après de nombreux essais, a réussi à obtenir de véritables bätards en transplantant des ovaires, avec le tégu- ment attenant, du Lumbrieus terrestris sur l'Helo- dr'ilus caliginosus; de H. Leypoldt, qui a fait aussi des transplantations de diverses sortes chez les Lombries et qui a suivi les phénomènes de résorp- tion et de dégénérescence qui accompagnent les transplantations hétéroplastiques, etc. $ 9. — Polychètes. L'évolution de la Nereis Dumerilii a été l'objet d'une monographie très étendue de F. Hempelmann. Il désigne les jeunes provenant de la forme néréi- dienne sous le nom de néréidogènes, ceux de parents hétéronéréidiens, sous celui de planclo- gènes. Il décrit la larve néréidogène el la suit dans son développement, depuis le moment où la larve est encore couverte par la membrane de l'œuf, jusqu'à celui où elle a pris l'aspect de l'adulte, vers le quarante et unième jour, avec dix-sept sétigères. La larve planctogène nage au quatrième jour el quitte la vie pélagique de cinq à dix jours après la fécondation. La deuxième partie du mémoire est remplie par la croissance, l'œcologie, la métamor- phose. La maturilé peut être atteinte chez la forme néréidienne, chez de petites formes hétéronéréi- diennes et aussi chez de grandes formes hétéroneé- réidiennes. Il y a enfin des formes hermaphrodites. La troisième partie est consacrée à l’essaimage des formes hétéronéréidiennes, où l’auteur rappelle l'histoire du Palolo et des formes semblables. Après une description minutieuse de l'Aricidea Jeftreysii, À. Cerruti décrit les autres membres de la famille des Paraonid:æ ( Levinsenidæ), en parti- culier ceux du golfe de Naples. A la suite de consi- dérations relatives à la systématique de ces Vers, il indique leur distribution géographique. Les yeux énormes de l’A/ciopa Cantrainii ont élé étudiés par R. Demoll, qui croit reconnaitre dans ces organes quelque chose qui ressemble à notre lache jaune et peut-être même une sorte d'accommoda- tion assurée par le jeu de deux muscles antagonistes. E. S. Goodrich confirme la découverte de Shearer concernant les solénocytes des Dinophilus, d'un type intermédiaire entre les cellules à flamme des Plathelminthes et les solénocytes des Polychètes. Les néphridies des larves de Polygordius, d'Echiure et de Phoronis ont également des solénocytes. Chez la Potamilla torelli, F. Mesnil et M. Caullery ont observé des néo-formations papillomateuses qui sont remplies de cellules semblables aux 1/0- nospora des Daphnies et aux spores de l'Haplospo- ridium potaniilæ. Les produits sexuels se déve- loppent également dans les segments infectés. L. Ruderman a étudié la morphologie, l'anatomie et l’histologie de l'Æphesia gracilis. Elle admet, avec de Saint-Joseph, que les Sph:rodoridar se rattachent aux Glvceridæ. L'étude d'un type nouveau el primilif de Sabel- larien de Madagascar, le Cryplopomalus Geayr, à permis à Ch. Gravier d'interpréter la morphologie si singulière de la partie antérieure de ces Vers el d'indiquer les relations existant entre les divers genres de la famille qu'ils constituent. — Le meme auteur signale l'incubation de certains Polychètes de l'Antarctique appartenant à des genres qui n'incubent pas dans les régions tempérées ou chaudes, le gigantisme chez certains Eypes de ces CH. GRAVIER — REVUE DE ZOOLOGIE (VERS) animaux et enfin le dimorphisime sexuel très accentué et très précoce d'un Capitellien nouveau de l'Antarctique, l’/somastus n. perarmatus n. Suivant 1. Sokolow, le Zeppelinia branchialis se présente sous deux formes : une forme A, sans appendices, ni yeux, souvent avec des gonades ou des embryons et commencement d’autotomie; une forme B avec aires ciliées, de longs appendices pairs presque à chaque segment, des yeux, sans indication de division. Il y a des formes de pas- sage. Il rattache les Ctenodrilides aux Cirratuliens. Il reconnait que le Aaphidrilus nemasoma de Monticelli est identique au Zeppelinia branchialis qui, dès lors, doit s'appeler Zeppelinia nemasoma. Dans deux mémoires successifs, F. H. Gravely contribue fortement à étendre nos connaissances relatives aux larves de Polychètes, dont il donne un essai de classification. H.-M. Fuchs a élevé des larves de Nephthys et de Glycera à partir de l'œuf fécondé artificiellement. La segmentation se fait normalement, mais les larves ne se laissent pas nourrir. Celles de Nephthys ne vivent pas plus de quatorze jours. La trocho- phore des Glycera est complète au bout de trois jours. — C. Shearer, qui décrit la structure et le développement de la trochophore de l’£upomalus uncinatus, dit que la trochophore, telle que l’a fait connaitre Hatschek, est celle des Serpulidæ, mais non celle de la plupart des autres Polychètes. Dans ses nouvelles études sur le plancton de la baie d'Alger, C. Viguier décrit à fond la larve d'Hésionien trouvée par lui il y a quelques années, le Spionidien progénétique déjà sexuellement mûr au stade Nectosoma, et de curieuses formes péla- giques, un Phyllodocien, le Pariospilus n.aflinis n., et un Aphroditien, le Quelieria n. pelagica n. A. Malaquin a suivi pas à pas la croissance et les phases sexuelles de la Sa/macina Dysteri qui présente presque toutes les formes de sexualité. La schizogonie correspond à l'âge moyen de l'individu ; elle a lieu entre deux périodes sexuelles. Après avoir étudié la formation des spermato- phores chez l’Arenicola cristata et V'Ar. Clapa- redii, E.-R. Downing expose sa thécrie de l’alter- nance de génération chez les animaux et il en fait l'application au cas de l’Arénicole lui-même W.-C. Mac Intosh a publié en 1910 la seconde parlie de sa vaste monographie des Annélides Po- lychètes des Iles britanniques (Sylidi, Nereidi, Æunieidie, Goniadidie, Glyceridæ, Ariciidéæ). — J.-P. Moore de nombreuses formes nou- velles (entre autres, l'£Zunice paloloides) de Mon- terey Bay et de San Diego, et aussi les SyZlidi, Sphicrodoridie, Hesionidæ et Phyllodocidie, dra- guées par l'A/batross sur les côtes de Californie, décrit et les Polychètes dragués par O. Bryant sur les côtes du Labrador, de Terre-Neuve et enfin de la Nouvelle-Ecosse. — P. Fauvel à étudié les Poly= chètes récoltés dans le Golfe persique par N. Bo- goyawlensky et ceux recueillis par le due d'Orléans: au cours de sa croisière dans les mers arctiques: — Dans le même ordre de recherches, il faut men- tionner les mémoires de : H. Augener sur les Poly chètes de Roscoff et qui signale un curieux fait d'ineubation chez l’Æipponoe Gaudichaudi; de A. Malaquin et F. Carin sur les Tomoptérides des collections du prince de Monaco; de G.-A. Potts; sur les Palmyriens et les Aphroditiens de l'Océan indien; de R. Horst sur de nouvelles CAloeia et une: sorte de Palolo de l’Archipel malais ; de R. Southern. sur les Polychètes des côtes irlandaises; de H.-J. Théel qui a achevé de. décrire les Annélides de la frégate Zugenia; de 1. Arvidsson sur les Maldaniens. de l'Expédition antarctique suédoise; de F.-S. Mon- ticelli sur le Zeppelinia (Raphidrilus) nemasoma n.; de P. de Beauchamp sur la Nerilla antennata pour laquelle il veut créer une famille spéciale, ete. La série des études biologiques sur les Annélides tubicoles de Ch. W. Hargitt continue avec celle de l'Hydroides dianthus. La profondeur où vit le Ver et la nature du fond ont une très grande impor- tance sur le «comportement » (!) de l'animal. Dans ses conclusions, l’auteur s'élève contre la théorie des « tropismes », qui n’explique pas, dit-il, les varialions et les différences individuelles de « com- portement » de ces animaux. — F. Kutschera a étudié la luminosité de l’Acholoe astericola, qui est localisée dans les élytres. — T.-W. Galloway et P.-S. Welch ont observé la phosphorescence de l'Odontos yllis enopla (des Bermudes), chez le mâle, chez la femelle, isolément ou réunis et pendant l'évacuation des produits sexuels. — I.-E. Enden s’est intéressé à la biologie du Chétoptère et à suivi le développement de ses larves. A. Michel s'est occupé des divers types de stolo- nisation chez les Syllidiens et de la régénération chez ces mêmes Polychètes et chez les Aphrodiliens. des genres Halosydna et Lagisea. Au même ordre de faits se rapportent les cas de régénération de l'extrémité antérieure du corps du Ch:toplerus variopedatus, des deux extrémités chez la WMar- physa sanguinea étudiés par Ch. Gravier, et les expériences de S. Morgulis sur la Podarke obscura. IT. — RATTACHÉS AUX VERS. GROUPES ISOLÉS ET $ 1. — Entéropneustes. Les débuts du développement du Balanoglossus clavigerus ont pu être suivis par K. Heider. Les œufs enveloppés de mucus rappellent ceux des Echinides et se comportent d’ailleurs comme ceux des Echinodermes dans les premiers stades. Il se CH. GRAVIER — REVUE DE ZOOLOGIE (VERS) 159 forme une gastrula typique; le blastopore se ferme et ensuite apparaît la première indication du cœlome du gland. L'embryon se couvre de cils et Th. Grünspan fournit une importante contribu- abandonne les enveloppes de l'œuf. L'intestin de | lirn à l'élude anatomique, biologique et systéma- la Tornaria laisse bientôt voir les ébauches du | lique des Gastrotriches d'eau douce de l'Europe. cœlome du tronc. — Dans un autre mémoire, | — I. Marcolongo a trouvé 17 espèces (dont 7 nou- Vauteur compare le développement des Entérop- | velles) de Gastrotriches dans le lac cratère d’Astroni. neustes à celui des Echinodermes, la Tornaria à la $ 3. — Gastrotriches. c ES : frochophore, et indique aussi quelques similitudes SEE Dinophine: entre le développement des Entéropneustes et celui P. de Beauchamp signale chez le Zinophilus des Clénophores. Conklini la présence d'un hémocæle représenté par D'après C. Davidoff, le /’{ychodera régénère seu- | un espace irrégulier, rempli de liquide, situé entre lement l'extrémité antérieure du corps, contraire- | le parenchyme et le tube digestif. Outre ce sinus, ment à la théorie de l'adaptation graduelle à la | il existe un vaisseau ventral à paroi distinete. Cet régénération de Weismann, car l'animal ne perd | animal peut avoir plusieurs généralions parthéno- normalement que l'extrémité postérieure. L'auteur | génétiques. L'auteur voit dans le Zinophilus un à suivi pas à pas les processus de la régénération | intermédiaire entre les Annélides et les Rotifères. chez cet Entéropneuste. Pour lui, les processus de Chez le Pinophilus gyrociliatus, C. Shearer a l’'organogénèse, dans l'embryogénie et dans la | étudié le problème de la détermination du sexe. régénération, se correspondent parfaitement. Le | Les œufs sont déjà fécondés chez la femelle. tuémoire se termine par des considérations très | L'auteur à suivi le développement jusqu'à la for- approfondies sur la régénération au sens propre | mation des deux cellules sexuelles primitives, dont du mot et la morphallaxie. l’une donne naissance à un male, l'autre à une Suivant G. Stiasoy, l'un des orifices du tube en V | femelle. — Le même auteur, qui a décrit en détail habité par le Palanoglossus est marqué par l’aceu- | l'anatomie de l/istriobdella homari, place ce mulation des fèces; à l’une de ces accumulations, | dernier dans le voisinage du Pinophilus. N a con- correspondent généralement deux ou trois dépres- | servé beaucoup de caractères des Rotifères; ilest sions se continuant dans le tube d'habitation qui | plus voisin de ce groupe que le Z/inopbhilus. I ne est ainsi ramifié. La ponte se fait, partie par le | peut être incorporé aux Archiannélides. pore génital, partie par la déhiscence du tégu- ment, particulièrement au bord extérieur de l'aile … génilale. Les Myzostomes recueillis par l'Expédition alle- mande dans le nord de la mer Blanche ont été étu- diés par R. von Stummer-Traunfels, qui s'est parti- A. Schepotieff a décrit de nouvelles espèces de | culièrement occupé du 47. giqas. Les Myzostomes, Rhabdopleura et de Cephalodiseus de l'Océan Indien. | d’après cet auteur, s'adaptent beaucoup plus faci- Il a observé des larves nageant librement dans le | lement que leurs hôtes à des changements dans les cœænæcium duCephalodiseus indicus, au milieu des | conditions d'existence. $ 5. — Myzostomides. $ 2. — Ptérobranches. bourgeons devenus libres. Il rapproche les Ptéro- Suivant F. Maidl, le soi-disant ulérus des branches des Graptolithes qui, d'après lui, ne | Myzostomes est simplement un sac dans lequel seraient pas des Cœlentérés. les œufs achèvent seulement leur croissance et qui Une nouvelle espèce de PAoronis et un nouveau | appartient au cœlome, de même que l'appareil » genre de Ptérobranche (Phoronopsis) ont été | sexuel mäle, à l'exception du conduit éjaculateur. décrits récemment par J.-D.-F. Gilchrist. — Ce naturaliste a utilisé la grande résistance du PAo- rontS capensis, pour observer chez cel animal la Le rôle protecteur des aviculaires chez les préhension de la nourriture, la circulation du sang | Bryozoaires à élé mis en évidence par S.-F. Har- et la ponte qui a lieu toute l’année, mais qui est | mer. Les longues soies des vibraculaires ont le surtout intense en été. même office. Ces organes de défense fournissent Contrairement à l'avis de Schepotieff, F. Braem | des caractères précieux à la taxonomie. Ils peuvent | trouve que, dans les larves des Ptérobranches, celles | cependant manquer chez certaines colonies d'es- des Chilostomes et des Cténostomes, les rapports | pèces qui en sont normalement pourvues. L'ab- de situation des organes essentiels sont les mêmes | sence ou la présence de ces organes el des scuta, et que, en partie tout au moins, il y a concordance | le bourgeonnement chez les Bryozoaires pour- dans Ja structure intime des deux groupes : Ptéro- | raient, peut-être, s'interpréter par quelque modi- branches et Bryozoaires. ficalion de la théorie mendélienne. $S 6. — Bryozoaires. 160 CH. GRAVIER — REVUE DE ZOOLOGIE (VERS) Chez l'Alcyonidium hirsulum et chez le Bugula alveolata, F. Henneguy a découvert des cellules æsophagiennes remplies de liquide, et dont les parois latérales sont transformées en fibres mus- culaires striées transversalement. La contraction de ces fibres tend à raccourcir les cellules, tandis que celle des fibres musculaires de l'œsophage les allonge. Ces cellules deviennent turgescentes et servent à la trituration des particules alimentaires. A. Zschiesche décrit en détail les métamor- phoses de l’Alcyonidium mytili, qu'il a suivies depuis la fixation de la larve nageante, jusqu'à l'achèvement de la formation du polypide. La formation des statoblastes des Cristatella et des Plumatella à été étudiée par W. Buddenbrock qui, presque en tout point, donne raison à Bræm contre Kræpelin. — F. Bræm a montré que le nombre des épines des statoblastes de la Pectinaria magnilica dépend de la température et en second lieu de la nourriture. Th. Mortensen décrit une nouvelle forme de Bryozoaire (Zoxosomella n. antedonis n.) vivant sur l’Antféedon prolixa, de la côte nord-est du Grœnland. S 7. — Brachiopodes. P. Eichler à étudié les Brachiopodes de l’Expé- dition antaretique allemande, parmi lesquels il a trouvé 9 espèces appartenant à 6 genres. Il à constaté l’incubation du Ziothyris anlarcetica et donné quelques détails sur les spicules de l’ap- pareil brachial de celte espèce. Il n'y a aucune forme bipolaire parmi ces Brachiopodes de l’An- tarctique. $ 8. —— Mésozoaires. M. Caullery et À. Lavallée ont établi expérimen- talement que la pénétration des larves du Rhopalura ophiocomæ chez V'Amphiura squamata se fait par les fentes génitales, où se rencontrent les mâles et les femelles qui les produisent. Les larves s'attachent à l'épithélium de ces fentes, se transforment en plasmodies pourvues de un à quatre noyaux qui se multiplient et propagent l'infection. Les auteurs ont constaté la formation de morula qui se multi- plient elles-mêmes, puis apparaissent les embryons. Dans ses recherches relatives aux Caténates, V. Dogiel décrit de nouvelles formes d'Haplozoon, parasiles des Maldaniens et des Térébelliens. — D'une nouvelle étude des Siedleckia, 1 conclut que cette forme n'appartient pas au groupe des Caté- nates ; ce sont des Mésozoaires qui cependant, par certains côtés, se rallachent aux Péridiniens. O. Schrüder a fait connaitre une forme nouvelle de Mésozoaire qui rappelle à certains égards les Orthonectides et les Dicyémides, le Zuddenbrockia plumatellæ qui vit dans la cavité du corps de //lu= matella repens et de PI. fungosa. III. — TRAVAUX GÉNÉRAUX SE RAPPORTANT AUX VERS. La question du phénomène du passage par un hôte intermédiaire chez beaucoup de parasites animaux à préoccupé À. Mordwilko. Pour lui, le tube digestif et ses annexes furent la demeure ori- ginelle de tous les endoparasiles typiques, et l'ingestion d'œufs, de kystes, de larves, le mode primilif d'infection. Par de nombreux exemples judicieusement choisis, l'auteur cherche à expliquer comment, à partir des cas les plus simples, l’évolution des parasites s'est probablement faite et est parvenue au cas si compliqué de certains Trémalodes. Il essaie d'expliquer tous les cyeles d'évolution, en partant toujours du point de vue de l'utilité pour le parasite — ce qui le fera sürement taxer de finalisme. Dans son étude comparée des néphridies chez les Vers et chez les Mollusques, V. Wilhem montre que la forme la plus primitive des néphridies, chez les Cœlomates, est représentée par les fins canaux excréleurs tels qu'on en voit chez les Polyclades. Un stade plus avancé se montre chez les Pulmonés Basommatophores. Le développement s'accentue avec l'allongement des tubes filtrants et la trans- formation de la cellule initiale en une cellule excré- trice, On parvient ainsi des cellules initiales des Trématodes, des Cestodes et des Rotifères aux solénocytes des Polychètes. W.-E. Allen s'est demandé si la régénération se fait le plus activement avant ou après la différen- ciation des tissus ou même contemporainement avec elle. Quand les tissus différenciés sont coupés, la croissance régénératrice atteint son plus haut degré immédiatement avant (ou, en tout cas, non après) le moment où les tissus somatiques prinei- paux se forment typiquement. Il n’en est pas de même pour les tissus non adultes. La seconde partie des recherches de A. Dehorne sur la division de la cellule est consacrée à l'ho- méotypie et à l’hétérotypie chez les Annélides Poly- chètes et chez les Trématodes. Dans cet important travail, l’auteur expose de très inléressantes consi- dérations sur les chromosomes, objet de tant d'investigations el aussi de discussions ardentes. Pour lui, les chromosomes paternels se comportent, dans l'ovule fécondé et tous ses descendants, comme des « hôtes de passage ». Ch. Gravier, Docteur ès Sciences. “je te M Tee PE RS BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX IGL BIBLIOGRAPHIE ANALYSES ET INDEX 1° Sciences mathématiques Adhémar (R. d'), Professeur à la Faculté libre des Sciences de Lille. — Leçons sur les Principes de l'Analyse, avee une Note de SERGE BERNSIEIN, privat- docent à l'Université de Kharkow. Toue Il: Fonc- tions synectiques. Méthode des majorantes. Equa- tions aux dérivées partielles du premier ordre. Fonctions elliptiques. Fonctions entières. — 1 vo/. in-$° de VII 297 pages. (Prix : 10 fr.) Gauthier- Villars, éditeur. Paris, 1913. Dans la Æevue du 15 janvier 1913, j'ai rendu compte du tome I de l'ouvrage de M. d'Adhémar. Le tome II est rédigé exactement dans le mème esprit que le tome I et présente un intérêt Lout aussi grand, ainsi que l'in- dique l’'énumération des importantes matières traitées. Une généralisation des séries de Taylor 1n=2 S Antx—a)t, n —0 ce sont les séries (que M. Bernstein nomme normales) : S An,- =. nn (x — 4)". (X— am)", Di: De, ---, DM U,Da--1Mm— 0; 13 +... 00. Elles partagent avec les séries de Taylor l’importante propriété que voici: les opérations addition, multi- plication, différenciation, effectuées terme à terme sur des séries normales, conduisent à des séries de même nature. M. Bernstein étudie, pour x réelle, les séries nor- males. Il établit qu’ «une fonction continue quelconque est développable en série normale » et construit « une fonction ayant, en plusieurs points donnés, des valeurs données pour les dérivées de tous les autres ». Les con- sidérations de M. Bernstein côtoient les recherches de M. Borel sur les séries divergentes, et M. Bernstein met ces points de contact en lumière. La théorie est fort utile pour la sommation de certaines séries et l'inté- gration decertaines équations différentielles et présente par suite une importance sérieuse. LÉON AUTONNE, Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, Professeur adjoint honoraire à la Facullé des Sciences de l'Université de Lyon. loannis Verneri De triangulis sphaericis libri quatuor. De meteeroscopiis libri sex. Cum prooe- mio Georgii loachipi Rhetieci. — II. De me- teoroscopiis. — Herausgegeben von Josern Wür- ScHwipr, unter Benutzung der Vorarbeiten von D' A. BJürxBo. — 1 vol. in-8° de 260 payes, avec 97 figures. B.-G. Teubner, Leipzig und Berlin, 1913. Jean Werner, de Nüremberg, fut, assurément, le plus illustre continuateur de Georges de Peurbach et de Jean Müller de Kænigsberg (Regiomontanus). Comme ceux-ci, il fut surtout préoccupé d'améliorer la théorie de la précession des équinoxes. Pour y parvenir, il compliqua le système proposé par les Tables alphon- sines ; aux deux sphères mobiles qu'on avait, d'après ces tables, superposées à la sphère des étoiles fixes pour en expiiquer le mouvement, Werner en adjoi- gnit une troisième. Copernic devait bientôt s'élever contre la complexité de la théorie admise par Werner; il devait fonder, sur de tout autres principes, une théorie de la précession des équinoxes beaucoup plus exacte et qui réunit, d'emblée, tous les suffrages. Siles hypothèses copernicaines reléguèrent bientôt dans l'oubli les travaux de Werner au sujet de la pré- cession des équinoxes, elles ne détournèrent aucune- ment l'intérêt des œuvres accomplies, par le même astronome, en Trigonométrie sphérique. Werner, en effet, avait composé un traité divisé en deux parties. La première partie, intitulée De trianqgu- lis sphaericis et formée de quatre livres, avait pour objet l'étude de la Trigonométrie sphérique proprement dite. La seconde partie, intitulée De meteoroscopirs et contenant six livres, est consacrée aux applications astronomiques de cette science, et à l'usage d’instru- ments propres aux diverses observations célestes. L'ouvrase de Werner avait été imprimé une pre- mière fois à Cracovie, en 1557, par le disciple favori de Copernic, Georges Joachim Rhéticus. Rhéticus l'avait accru d'une préface. Axel Anthon Bjürnbo avait entrepris la réédition de cet ouvrage, d’après l'édition de Rhéticus et d'après un manuscrit conservé, sous le numéro 1259, dans le fonds latin de la Bibliothèque Nationale. En 1907, il avait donné la réimpression du traité De triangulis sphaericis, avec une reproduction photographique de la préface de Rhéticus, dans la collection: Ahhand- lungen zur Geschichte der mathematischen Wissen- schaflen mit Einschluss ihrer Anwendungen, qu'a fondée le professeur Moritz Cantor. La mort a saisi A.-A. Bjürnbo avant qu'il ait pu don- ner le traité Je meteoroscopiis. Sur l'indication de M. E. Wiedemann, l'Académie de Bavière a confié à M. Würschmidt le soin de tirer parti des matériaux réunis par le savant bibliothécaire de Copenhague. M. Würschmidt a mené cette tâche à bien avec le plus grand soin. En particulier, pour faciliter la lecture des raisounements de Werner, il a eu soin de mettre, au bas de chaque page, un abrégé, rédigé dans le style et avec les notations modernes, des démonstrations que contient cette page. Nous serait-il permis de formuler ici un vœu? Ce serait que la publication du traité de Werner fût com- plétée par la réimpression de son livre sur la théorie de laprécession des équinoxes. Celivre est,aujourd’hui, à peu près introuvable. Déjà, au xvue siècle, il était devenu si rare que Riccioli, dans l’'A/magestum novum, élait réduit à en parler d'après l'analyse qu'Erasme Oswald Schreckenfuchs en avait donnée, en 1556, dans ses Commentaria in n0vas theoricas planetarum Georgit Purhashri. Pierre DüUnEw, Membre de l'Institut. Lecomte-Denis, /2génieur civii des Mines. — Com- ment on crée une mine. —1 vo/. 1n-16 de 225 pages. 2e édition. (Prix : 4 fr. 50.) Dunod et Pinat, éditeurs. Paris, 1913. Cet opuscule s'adresse à toutes les personnes qui s'intéressent aux mines et aux actions de mines, el elles sont légion. L'auteur, qui est très expert en matière de prospections, s'est rendu compte que la plupart des gens qui sont mélés aux affaires minières manquent absolument des connaissances techniques suffisantes pour apprécier celles qu'on leur présente. Entièrement absorbés par le désir de faire fructilier leurs capitaux, il ne savent pas distinguer le bon grain de l'ivraie, et neuf fois sur dix, ils compromettent leur argent. Pour les mettre en garde contre ce danger, M. Lecomte-Denis expose, en termes simples et à la portée de tous, ce qu'est une mine, comment on la 162 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX ———————————————————————.——..—_—_—_—-—-——_ __———_—_— —" — découvre, comment on la met en valeur et on l'exploite, en faisant passer le lecteur par toutes les étapes tech- niques el financières de l’entreprise. Ce livre pourra également servir de guide à tout mineur qui serait embarrassé dès le début de ses re- cherches et ne connaîtrait pas exactement les moyens de tirer parti de ce qu'il étudie ou de ce qu'il détient. La lecture de certaines scènes humoristiques rap- portées par l'auteur le mettra en garde contre tous les pièges qu'on peut lui tendre lors de ses prospec- tions. Pour compléter ses renseignements, il pourra, du reste, avoir recours à des ouvrages techniques spéciaux qui sont soigneusement indiqués. L'auteur a fort bien analysé, à notre avis, ce qui manque la plupart du temps dans les nombreux rap- ports de mines que des intermédiaires proposent et ce qu'il faudrait y trouver pour pouvoir prendre l'affaire au sérieux, Bien des administrateurs de Sociétés auraient intérêt à profiter de ses conseils. Enize DEMENGE, Ingénieur civil. 2° Sciences physiques Les Progrès de la Chimie en 1912. Traduction française aulorisée des Annual Reports on the Progress of Chemistry for 1912, publiée sur l'ini- üalive du Service des recherches du Laboratoire municipal de Paris. — 4 vol. in-8 de 400 pages. (Prix : 7 fr. 50.) Librairie Scientilique A. Hermann et fils. Paris, 1913. La Chemical Society, de Londres, a pris, dès 1904, l'initiative d’une publication annuelle contenant, sous la signature des membres les plus compétents de cette Socié 6, des rapports étendus sur les progrès de la Chimie pendant l'année écoulée. Par ses dimensions restreintes comme par son esprit essentiellement critique, une telle publication différe foncièrement des volumineux et souvent arides Jahresberichte où Jahrbücher allemands. Tandis que ces derniers sont surtout précieux pour leur docu- mentation complète et leur classement méthodique, les Anuual Beports sacrilient, plus volontiers, faits accessoires et méthode au profit d'une mise en valeur plus parfaite et plus séduisante de tous les faits inté- ressants. [1 ne faut donc pas s'attendre à trouver dans ces rapports une analyse complète de tous les travaux parus dans l’année, mais seulement les progrès les plus importants d’un nombre déterminé de sujets. C'est ainsi que bien des travaux sont réservés pour les années suivantes, jusqu'à ce que la question à laquelle ils se rattachent ait recu un commencement de solu- tion. Pour la même raison, l'étude d'un problème n'est pas nécessairement limitée, d'une facon exclu- sive, aux recherches publiées dans l’année; lorsqu'il y a lieu, les travaux des années antérieures sont tou- jours pris en considération. C'est, on le voit, une œuvre absolument originale: la lecture en est si aisée qu'elle permet à tout chimiste éduqué de se mettre en quelques jours au courant des diverses branches de la Chimie contemporaine. Au point de vue national, il faut savoir gré à M. Kling d'avoir eu l'idée de rendre une telle œuvre plus profitable à nos chimistes. en en publiant une traduction française, et d'avoir su grouper autour de lui les concours dévoués, autant que désintéressés, qui lui oil permis de mener à bien cette difficile tra- duction et de l'offrir à un prix tout à fait modique. Les Annual Jieports pour l'année 1912 comprennent onze apports groupés en huit chapitres : £ Chimie générale et chimie physique, par G. Senter; IL. Chimie minérale, par E.-C.-C. Baly: II. Chimie organique : 4° Série aliphatique, par H.-R. Le Sueur: 2 Série homocyclique, par K. J. Orton; 3° Série hétérocyclique et Stéréochimie, par A. W. Stewart: IV. Chimie analy- tique, par G. Cecil Jones; V. Chimie physiologique, par W. D. Halliburton; VI. Chimie agricole et physio logie végétale, par A. D. Hall; VII. Chimie minéralo gique, par Arthur Hutchinson; VII Radio-activité. par Frédérick Soddy. Une table alphabétique des noms d'auteurs terminé cet ouvrage et le complète très heureusement ; peut-être aimerait-on trouver, en outre, soii en tête de l'ouvrage; soit à la fin, un sommaire contenant tous les titres des paragraphes avec la pagination qui y correspond: Peu importe, tels qu'ils sont, les Annual Reports constituent une œuvre remarquable que tout chimiste doit connaitre et posséder. Il me plait d'en voir paraitre une traduction fran- çaise au moment précis où notre énergie nationale parail se ressaisir, et alors même que de tous côtés, dans le vieil édifice dela Chimie francaise, commencent à circuler une vie et une ardeur nouvelles. D' M. TirFENEAU, Professeur agrégé à la Faculté de Médecine de Paris. Margival (F.). — Les Colles. — 1 vol. in-16 de lEn- cyclopédie scientifigne des aide-mémoire, (Prix : 2 fr. 50.) Gauthier-Villars et Masson, éditeurs, Paris, 1943. Avant d'exposer la préparation, les propriétés et l'emploi des colles, l’auteur doune quelques explica- tions sur les phénomènes de collage : rôle joué par la colle lors de son emploi, propriétés caractéristiques d'une bonne matière collante, conditions à observer pour obtenir une parfaite adhérence. En se basant sur la nature des matières premières et sur le mode de traitement, M. Margival classe les colles el gélatines en trois groupes : 4° Colles de peaux obtenues par traitement à l'eau chaude des peaux, cartilages et tendons, et colles de poisson, fabriquées avec la vessie natatoire de l'estur- geon (Russie) ou de la morue (Islande et Amérique): , LE +, 20 Colles d’osséine, provenant du traitement à l’eau chaude des os préalablement déminéralisés ; 3° Colle forte, préparée en traitant les os par l'eau. chaude sous pression. Pour chacune de ces variétés de colle, l'auteur énu- mère les matières premières, décrit leur mode de traitement pour l'obtention du bouillon gélatineux et indique les diverses formes sous lesquelles peuvent être utilisés les produits marchands. On trouvera, dans le chapitre réservé aux colles de peaux, la technique (commune à toutesles variétés) de la concentration du bouillon et des opérations ulté- rieures : coulage, découpage et séchage de la colle. Le reste de l'ouvrage est consacré aux matières adhésives d'ordre secondaire, bien que certaines d’entre elles jouent dans l'industrie un rôle assez im- portant dans des emplois d'un caractère un peu spé- cial. : Dans ce groupe se placent : lescolles-goinmes à base de gomme arabique ; les dextrines, qui serventsurtout à la confection d'apprèts pour tissus et au gommage du papier; les empois amylacés, également très em- ployés pour lapprêtage des tissus et sous forme de colle de pâte; enfin, les colles d'amidons diversement. modifiés dans le but d'obtenir des amidons solubles, L'auteur mentionne, en outre, quelques variélés de matières adhésives qui n'ont, avec les variétés précé- dentes, d'autre lien de parenté que la similitude d'em- ploi. Ce sont: les glus naturelles et artificielles, les colles-vernis, lescolles-résines, les colles de caoutchoue notamment, la glu marine et les colles minérales. Les colles caséinées et albuminées, par contre, sont à rapprocher des gélatines par leur composition chi= mique. Pour toutes ces variétés, l'auteur indique le mode d'obtention, la préparation des mélanges complexes auxquels elles communiquent leur propriété et l’em- ploi qui peut en être fait. | En résumé, le livre de M. Margival est, sous une BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 163 _—…—…—…"…—"—"—…"…"—"—"…—"—"—"—"—"— ————…—…—…—…— forme concise, un traité complet des matières adhé- -sives dans lequel les colles proprement dites tiennent la place correspondant à leur importance. Un index bibliographique permet au lecteur d'étendre ses connaissances sur le sujet, bien qu'il soit traité, malgré le cadre restreint de l'ouvrage, avec une abon- dance de documents dont il convient de féliciter l’au- teur. E. TassiLLy, Professeur agrégé de l'Ecole supérieure de Pharmacie 3° Sciences naturelles SabachnikofF (Vladimir). — Contribution à l'étude des fumées et des poussières industrielles dans leurs rapports avec la végétation (Thèse de la Faculté des Sciences de Nancy). — 1 vol. iu-8° de 252 pages avec 23 figures et 10 planches. Impri- meries réunies, Nancy, 1913. C'est une rançon du progrès, que les développements de la civilisation entraînent avec eux des inconvénients nouveaux et parfois très graves, inconnus de nos ancêtres. Le merveilleux développement de l’industrie moderne n'échappe pas à cette loi fatale et il serait facile d’en citer de trop nombreux exemples. Du reste, les ennuis et dommages nouveaux pro- voquent une réaction plus ou moins immédiate en vue de les combattre et de les réparer. Mais malheureuse- ment il arrive souvent que les hommes qui entre- prennent cette lutte sont mal armés pour remporter la victoire. La connaissance même des dommages à réparer et des vraies causes de ces dommages est d'acquisition difficile, de sorte que, là encore, il faut faire appel à la science et aux méthodes scientifiques, pour apporter avec la lumière indispensable Îles méthodes les meilleures à employer. Le travail de M. Vladimir Sabachnikoff est une con- tribution importante dans ce domaine; il se rapporte à l'étude des dommages causés à la végétation par les fumées et les poussières industrielles. Chacun a pu observer l'aspect désolé que présente souvent la végétation au voisinage des usines. Les plantes sont chétives, couvertes d’une poudre noire ou grise ; le sol lui-même présente cette même teinte et il se montre, du reste, de plus en plus dénudé à mesure qu'on approche de l'usine, si bien que celle-ci occupe trop souvent le centre d'une espèce de désert artificiel. Dans les régions industrielles, telles que celles du nord de la France, cet aspect envahit des localités entières. Dans bien des cas, il faut ie dire, le mal est plus apparent que réel et se borne à un saupoudrage des végétaux et du sol par des poussières presque inoffen- sives. Mais dans d’autres, trop nombreux, la végétation souffre véritablement, ce qui provoque des conflits entre les agriculteurs et les propriétaires d'usines. Les dommages peuvent devenir assez importants pour que le sol lui-mème sort altéré dans sa composition. M. Sabachnikoff a fait un voyage d'études dans le bassin industriel de Dresde, où l’on poursuit des expé- riences richement subventionnées par le Gouvernement allemand. « En présentant, dit-il, un résumé synthé- tique de l’état de nos connaissances sur ce sujet et en y insérant une liste bibliographique étendue, nous avons eu surtout en vue de rédiger un travail de laugue française qui fait actuellement défaut, afin de le mettre à la disposition de tous ceux qui peuvent avoir à connaître des conflits qui résultent de l'action des fumées d'usine sur les cultures. » M. Sabachnikoff a, du reste, ajouté à ce travail une étude personnelle sur l'influence qu'ont les fumées sulfureuses sur le pollen, avec détermination expéri- mentale des doses critiques, et de l'action sur les phé- — de fécondation et de formation des grains de e. La table des matières comprend huit chapitres. Dans le premier chapitre (Eléments nocifs des fumées, leur origine), l’auteur fait remarquer que, d'après M. Angus Smith, la combustion de la houille en Angle- terre verse annuellement 1.100.000 tonnes de soufre dans l'atmosphère, ce qui occasionne 1 à 3 milli- grammes de SO’ par mètre cube d'air. Les proportions sont analogues à Berlin. Outre l'acide sulfureux et l'acide sulfurique, il existe dans les fumées d’autres acides et des particules solides formées par des hydro- carbures et des sels, nocifs ou non, Les établissements produisant des fumées nocives sont extrêmement nombreux et il est bien difticile de les classer. D'après M. Wislicenus, on peut rassembler ces établissements dans les catégories suivantes : chauffage des chaudières, blanchisseries chimiques, industrie de la cellulose, fabriques de porcelaine et terres cuites, briqueteries, fabriques de produits chi- miques, usine de superphosphales, établissements d'émaillure, verreries, fabriques de matières colo- rantes, établissements métallurgiques et hauts four- neaux. Malgré l'immense quantité de vapeurs nocives rejetées par ces usines dans l'atmosphère, leur dilu- tion arrive à être tellement faible, en général, que les dommages ne peuvent dans tous les cas être que locaux. Dans le chapitre IT, l’auteur étudie les lésions occa- sionnées par les fumées à la végétation. Les lésions sont aiguës ou chroniques d’une part, externes ou internes d'autre part. Les lésions internes, provoquées par l'action corro- dante des acides, s’observent surtout sur les parties jeunes des plantes, au printemps. Elles apparaissent brusquement, et déterminent souvent la mort des parties atteintes. C'est ce qui arrive en particulier pour les Conifères, spécialement les pins, dont les jeunes pousses sont très sensibles à l’action corrodante des acides. Les aiguilles attaquées se colorent en jaune brun ou en rouge brun, et, lorsqu'un grand nombre sont atteintes, les pousses elles-mêmes sont en danger. Les plantes feuillues sont moins sensibles, probable- ment parce que la période de développement des feuilles est moins prolongée. Il existe, du reste, un grand nombre de causes qui peuvent provoquer sur les feuilles la formation de taches analogues à celles occasionnées par les fumées, de sorte qu'il n'y a pas de caractères anatomiques spéciaux à l'action des qaz acides. On adonné des listes de sensibilité des arbres à l’action de SO*?, mais la résistance des différentes essences et même des dif- férents individus varie beaucoup avec les conditions de sol, de climat, de culture, etc. Quand les concentrations de SO? sont particulière- E 1 ment faibles Éraes tion chroniqüie sans dommages locaux apparents, avec diminution de la croissance, dessèchement de cimes et de branches et finalement mort des plantes. Ces phé- nomènes se produisent, d'après Wieler, par intoxica- tion des plantes, à la fois par les voies respiratoires et par les racines. L'épaisseur des couches annuelles est fortement diminuée, ce qui permet d'établir parfois la date de l'intoxication. Les parasites animaux el végé- taux apparaissent nombreux sur les arbres affaiblis. Le sol lui-même est appauvri, par suite de la formation d'un humus acide provoqué par la chute énorme des feuilles tuées, etc. Etant donnée la gravité de ces faits, il y a une importance décisive à faire la preuve des gaz acides dans l'atmosphère du voisinage des usines. L'auteur donne un apercu des divers procédés employés : expo- sition à l'air de verre, de papier, d'étoffes trempés dans l'eau de chaux ou de baryte; analyse des eaux pluviales ou de la neige; barhotage de l'air dans des solutions barytiques (Wieler, Guerlach). Après cette introduction générale, M. Sabachnikoff fait (chap. INT) l'étude particulière des acides sulfureux et sulfurique. Les diverses recherches des auteurs et au-dessous) » il y a infoxica- 164 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX montrent que l’action de l'acide sulfureux et de l'acide sulfurique gazeux sur les plantes est suivie d'une aug- imentation cle la teneur des organes foliaires en acide sulfurique. Le mécanisme de l'action nocive de l'acide sulfureux sur les plantes est du reste encore très obscur : l'assi- inilation chlorophyllienne et la transpiration sont for- tement diminuées. Mais, d'autre part, il semble bien exister parfois une action spéciale sur la racine et sur la plante entière par l'intermédiaire du sol. On l'explique de la manière suivante : l'acide sulfureux aérien s'oxyde très vite en atmosphère humide et donne de l'acide sulfurique; celui-ci est finalement entrainé dans le sol par la pluie, les brouillards, etc. ., et, si le sol est pauvre, il modifie sa composition. Sous son influence, en effet, d'après Damseaux, les éléments basiques fertilisants du sol sont dissous. puis entraînés, l'humus devient acide et les phénomènes microbiens du sol sont entravés. Il en résulte que la végétation herbacée elle-même souffre de ces altérations et, par contre-coup, le bétail consommant l'herbe voit son développement entravé par une maladie spéciale {maladie acide). A ces données générales sur l'influence de l'acide sulfureux, M. Sabachnikoff ajoute ses recherches per- sonnelles qui se rapportent surtout à la fécondation et à la frucütication du blé et de quelques autres plantes. Le pollen est toujours tué par des conceutrations : 1 ——— . Des concentrations dépas: —— 13.000 es conce ions dépassant 00 au moment de la floraison peuvent empêcher complè- dépassant tement la formation des grains. A - etau-dessous, 30.000 il y à une diminution encore notable et variant dans le ième sens que la concentration. La diminution de la récolte en grains est due pour la plus grande part aux lésions des organes reproduc- teurs; les organes femelles sont aussi influencés que les organes mâles. Du reste, divers facteurs augmentent ou diminuent la gravité des lésions occasionnées par les fumées température, humidité, vent, lumière, mais l'auteur insiste très peu sur cette partie pourtant intéressante de la question. Dans le chapitre IV, l’auteur étudie l'influence du chlore et de l'acide chlorhydrique, mais d’une manière beaucoup plus sommaire que pour SO*et SOS. Ces gaz sont du reste moins fréquemment rencontrés et moins dangereux que l'acide sulfureux. Les lésions produites sont cependant analogues. L'auteur ne parle pas de l’action des acides azotique, fuorhydrique, etc., qui cependant sont rejetés parfois en grande abondance dans l'atmosphère par certaines usines. Il consacre le chapitre V à l’action des vapèurs de goudron et d'asphalte sur la végétation, car l'exécu- tion de plus en plus fréquente du goudronnage des routes à fait naître récemment des dommages impor- lants ayant cette origine. Les plantes sont inégalement sensibles et les lésions qu'elles présentent ont les caractères suivants : coloration brunätre et luisante des feuilles; apparition de taches brunes avec destruction des lissus; fanaison, disparition des grains de chloro- phylle et du protoplasma, remplacés par des goutte- lettes huileuses jaunâtres ou brunätres. Le contenu cellulaire contracté est coloré souvent en brun ou brun noir par la précipitation du tannin. Ces accidents peuvent être du reste provoqués par une multitude d’autres actions. Le chapitre VI est consacré aux poussières indus- trielles. 11 résulte des recherches de MM. Schrôder et Reuss que les poussières industrielles arrivées en contact avec les plantes, soit par un dépôt direct sur les feuilles, soit par l'intermédiaire du sol, ne peuvent agir d’une façon nocive que lorsqu'elles renferment des substances toxiques sous la forme soluble. Il en est le même des poussières du sol qui sont quelquefois toxiques au voisinage des usines. Les poussières arses nicales sont particulièrement dangereuses. L'auteur cite dans ce chapitre l’action nocive dé poussières contenant des chlorures, des sulfures, des sulfates, de la soude, etc., et aussi l’action des vapeurs merçurielles. Mais, dans un joli paragraphe renfermant \ les conclusions pratiques de ce chapitre (p. 227), il montre comment les industries cherchant la suppres- sion des poussières y trouvent leur propre intérêt par une économie qui porte jusque sur le combustible, et M qui du même coup supprime les dommages sur les végétaux. Le dernier chapitre (VII) porte sur les principes généraux de l'expertise des dommages causés par les lumées et les poussières industrielles. Mais l’auteur n'a visiblement donné qu'un simple apercu de cette question. En revanche, nous devons le féliciter pour la bibliographie étendue qu'il donne à Ja fin de sôn travail : il y cite 233 notes ou mémoires dont plusieurs sont de gros volumes. En somme, M. Sabachnikoff, en écrivant son étude, a rassemblé pour les lecteurs de langue francaise les éléments d'une question présentant un intérêt pratique incontestable, et, à ce titre, il a rendu un véritable ser- vice aux industriels et aux savants qui sont consultés «dans les cas où des fumées d'usine provoquent des dommages aux plantes agricoles et forestières. Henri DEvaux, Professeur à la Faculté des Sciences de Bordeaux. Mollusques de la France et des régions voisines. Tome |. Amphineures, Gastéropodes Opistho- branches, Hétéropodes, Marséniadéset Oncidiidés par A. Vayssière, l’rofesseur à Ja Faculté des Sciences de Marseille, Conservateur du Musée d'Histoire naturelle. 4 vol. in-18 de 420 pages avec 42 planches dans le texte. (Prix cart. : 5 fr.) Tome Il: Gastéropodes Pulmonés et Prosobranches ter- restres et fluviatiles, par Louis Germain, docteur ès sciences, préparateur au Muséum d'Histoire natu- relle de Paris et à l’Institut océanographique. À vol. in-18 de 374 pages, avec 25 planches dans le texte. (Prix cart. :5 fr.) Octave Doin, éditeur. Paris, 1913. On à pendant trop longtemps, en étudiant les mol- lusques, tout sacrilié à la coquille. On en avait fait la base presque exclusive de la classification, bien qu’elle ne soit qu'une pièce accessoire, enveloppante ou inté- rieure, de l'animal, et qu'elle soit fort loin d'exister dans tous les groupes. De l'être vivant lui-même, on n'avait cure, il passait au second rang. Jusqu'aux dernières années du xix° siècle, c'est sous le vocable de « Conchyliologie » qu'ont paru d'excellents traités sur les Mollusques. Cependant le nom de « Malacologie » avait été employé par ceux qui s'attachaient plus spé- cialement à l'étude de l'animal. Mais, en dehors des travaux de pure science, on à longtemps manqué d'ouvrages élémentaires décrivant les caractères anatomiques des Mollusques et en faisant ressortir l'importance au point de vue de la classifica- tion. C’est dans cet esprit et en s'appuyant sur les dernières données de la science que, dans l'Æneycelo- pedie scientifique dirigée par le D' Toulouse, est entreprise la publication d’une description des moi- lusques de la France et des régions voisines ; sur cinq volumes annoncés, deux viennent de paraître dus l'un à M. A. Vayssière, l’autre à M. Louis Germain. Le but que l'on se propose, dans la « Bibliothèque zoologique », spécialement dirigée par le D" G. Loisel, est, en s'adressant non seulementaux étudiants et aux licenciés des Facultés des Sciences, mais encore aux amateurs éclairés, de faire plus qu'une œuvre de vul- garisation. Aussi, en ce qui touche les Mollusques, MM. Vayssière et Germain ont-ils cherché à rendre ac- cessibles, même à ceux qui ne sont pas des naturalistes dans toute l’acception du mot, des notions d'Anatomie et de Biologie que trop d'œuvres de vulgarisation ne BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 165 leur avaient pas fait entrevoir. Ils montrent de la facon la plus lumineuse que, pour établir une classification rationnelle des Mollusques, les caractères tirés de la coquille sont insuffisants et trompeurs, et qu'il faut tenir conrpte en même temps de ceux que fournissent leurs principaux organes: organes de la respiration, plaque linguale ou radula, mächoires, pièces stoma- cale-, organe copulateur, etc., sur lesquels les auteurs “donnent des indications précises et suffisantes. Les espèces dont s'occupe M. Vayssière dans le tome [, exclusivement marines, appartiennent à deux es classes de Mollusques seulement : Amphineures et astéropodes. Les Amphineures, munis ou non de oquilles, sont d'autant plus intéressants à bien con- aitre qu'ils forment un groupe de passage reliant les ers aux Mollusques. Quant à ceux des Gastéropodes auxquels M. Vayssière con-acre la plus grande partie de son livre, ce sont d’abord les Opisthobranches, ordre contenant des animaux dont beaucoup ne pos- sèdent pas de coquille et qui n'ont pas été souvent décrits. Puis il parle de quelques Prosobranches, qui marquent en quelque sorte la transition entre les speces à coquille et celles qui n’en ont pas: des Hété- ropodes, sous-ordre dont la coquille, quand il y en a une, est très fragile; des Marséniadés, famille chez qui lle est plus souvent cachée par des téguments et qu'on prendrait facilement pour des mollusques nus. Enfin, M. Vayssière dit quelques mots des Oncidiidés, mol- lusques à respiration aérienne dépourvus de coquille. | Quant à l'ouvrage de M. Louis Germain, consacré à des mollusques terrestres et fluviatiles, il ne porte que sur des Gastéropodes, Pulmonés et Prosobranches. La classification est basée, ainsi que dans le précédent ouvrage, sur les caractères anatomiques en mème temps que sur ceux de la coquille, et M. Germain étudie pré- cisément une famille, celle des Helividæ, pour laquelle il est de toute nécessité de tenir compte des premiers sous peine de rapprocher des animaux très différents si lon s'adressait uniquement à la coquille. L'auteur a donc dù réagir contre les procédés des ouvrages de pure conchyliologie et appliquer à son sujet des méthodes plus scientifiques dont, l'un des premiers, Moyuin-Tandon s'était inspiré. Il a eu aussi à com- battre la tendance qui avait consisté à multiplier le nombre des espèces, alors que ces types ne répondaient souvent qu'à des formes locales dues à des conditions particulières d'habitat. Les détails donnés par M. Germain sur l'habitat et les mœurs des mollusques terrestresetfluviatiles de France l'ont conduit, comme il l’a l'ait à l'occasion d’autres régions, à présenter des remarques d'un irès grand intérêt sur les rapports existant entre la faune et les conditions géographiques, sur les faunules régionales, sur les migrations des espèces. Pour faciliter les déterminations, les deux auteurs ont employé d'une facon très heureuse, malgré les dif- ficultés que présente 1ei son applicatinn, le système de la clef dichotomique, depuis longtemps suivi par les botanistes, mais ils ont dû prendre soin de n'intro- duire dans leurs tableaux que des caractères extérieurs assez apparents pour pouvoir être opposés les uns aux autres. GusTavE REGELSPERGER. 4° Sciences diverses Bourrey (G.). — Le Problème de l'apprentissage et l'Enseignement technique. — { vo/. in-8° de 160 pages. (Prix : 2 fr.) Dunod et Pinat, éditeurs. Paris, 1913. L'industrie francaise, dérouragée par les attaques incessautes dontelle est l’objet depuisquelques années, est dans l'impossibilité de lutter avec espoir de succès contre la concurrence étrangère. Parmi les causes multiples de sa faiblesse, il en est une qui va s'aggra- vant de jour en jour : la disparition de l'apprentis- sage, disparition qui à son origine dans les nouvelles mesures législatives hâtivement votées.et dans le désir des parents de voir les enfants toucher immédiatement un salaire plus élevé. Telle industrie, comme le tissage, estmenacée dans son existence même par l'impossibilité de réunir un certain nombre d'ouvriers capables de diriger les métiers, les jeunes n'ayant pas voulu s’'as- treiudre au stage ingrat de rattacheurs, etc. L'enseignement professionnel est considéré par beaucoup comme capable de remédier à cette crise, et les projets de loi sur cet enseignement éclosent chaque jour : projets Dubief et Astier, Dron, Siegfried, Verlot, Mascuraud et Michel, Bourrey. M. Bourrey, dans son ouvrage sur Le Problème de l'A pprentissage et l'Enseignement technique, après avoir exposé les premières tentatives d'enseignement technique, montré la lutte entre les deux ministères rivaux, Commerce et Instruction publique, et pris énergiquement position en faveur du premier, ce dont je ne saurais le blâmer, quoique et parce que vieil universitaire, aborde les conditions suivant lesquelles l’enseignement technique peut résoudre la crise de l'apprentissage. Dans le second chapitre, l'auteur débute par une profession de foi étatiste : C’est à l'Etat qu'appartient de résoudre le problème de l'apprentissage. Le côté politique domine malheureusement trop la question, et, sans partager l’opinion de M. Bourrey « sur les ma- nœuvres toujours et nécessairement réactionnaires du patronat », un esprit indépendant doit reconnaitre que, trop souvent, les institutions privées n'ont pas offert les garanties de neutralité que l’on est en droit d'exiger de ces institutions. Il n’en est pas moins vrai que c’est toujours avec effroi que nous voyons défendre l'idée d'un monopole quel qu'il soit. Je sais que l’auteur ne refuse pas le concours du patronat, qu'il lui accorde une certaine place dans les comités de perfectionne- ment des écoles pratiques, qu'il accepte même des comités de patronage: Mais laissons de côté ces chapitres dans lesquels la politique iotervient trop, et abordons les pages con- sacrées à l'étude des types d'écoles de métiers telles que les conçoit l’auteur. C’est avec plaisir que nous lisons cet exposé, écrit par un homme qui à véeu dans le milieu technique, qui a müri son projet et qui, sachant bien ce qu'il veut, s'exprime avec une netteté remarquable. L'école de métiers, base essentielle de l’enseignement technique, doit grouper les apprentis d'une seule industrie ou d'industries dérivées du même principe ou tendant à une fin commune. Il existerait ainsi des écoles nationales modèles pour les industries du bâtiment, du cuir, du papier, etc., chacune groupant autant de sections d'apprentissage que les industries ainsi spécialisées comptent de métiers, soit, pour les quinze écoles nationales, cent sections différentes. Les écoles pratiques ou de métiers ne sauraient s'adresser qu'à une petite minorité des futurs ouvriers: aussi le projet Bourrey prévoit les cours professionnels destinés à compléter l'apprentissage fait à l'usine et qui seraient obligatoires pour les apprentis de treize à dix-huit ans révolus. Les patrons auxquels incombe une partie de l'entretien de ces cours ne pourraient accepter dans leurs établissements que ceux ou celles qui justifient de leur assiduité aux cours; les heures de cours font partie de la journée de travail. Les projets anglais ne prenaient le jeune ouvrier que jusqu'à seize ans, le projet français prévoit jusqu'à dix-huit sauf quelques dérogations. Nombre d'indus- triels, pour éviter la désorganisalion du travail, atten- dront les dix-huit ans avant d'embaucher. Ces quelques lignes, écrites par un adversaire des idées de M. Bourrey, suffiront pour montrer l'attrait même de cet ouvrage, l'utilité de sa lecture pour tous ceux que la lourde et inquiétante question de l'appren- tissage intéresse et même inquiète avec jusle raison. J.-P. LaxcLois, Professeur agrégé de la Faculté de Médecine, = : , va ll Membre de la Commission d'Hygiène industrielle. 166 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS 1914. M. le Président annonce la mort de Sir David Gill, correspondant pour la Section d'Astronomie. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. G. Humbert : Sur quelques fonctions numériques remarquables. M. Gambier : Sur les courbes de Bertrand et les courbes à courbure constante. — M. E. Keraval : Sur une famille de systèmes triplement orthogonaux. — M. Th. Anghelutza : Sur le noyau symétrique gauche dans la théorie des équations intégrales. — M. E. Lin- delôf : Sur la représentation conforme. — M. G. Ré- moundos : Sur la convergence des séries de fonctions analytiques. — M. A. Chatelet : Sur les congruences d'ordre supérieur. — M. G. Armellini : Sur la solution analytique du problème restreint des trois corps. — M. H. Andoyer annonce la publication prochaine de nouvelles tables trigonométriques fon tamentales, con- tenant les valeurs naturelles des sinus, tansentes et sécantes avec quinze décimales pour tous les angles Séance du 26 Janvier du quadrant de 10 en 10 secondes sexagésimales. — M. G. Bigourdan indique un moyen pour déterminer le coefficient thermométrique des vis de micromètre en utilisant la méthode de M. Lippmann pour régler une lunette en autocollimation. 29 SCIENCES PHYSIQUES. — MM. H. Deslandres et A. Perot ont cherché à augmenter les champs magné- tiques actuels en accroissant le courant et en logeant le plus grand nombre possible d’ampères-tours dans un petit volume. Pour dissiper la chaleur énorme qui se dégage, ils ont employé avec succès une cireulation de pétrole refroidi à — 30°. I1s ont ainsi obtenu des champs de plus de 50.000 gauss.— M. R. Swyngedauw a déterminé la résistance que doivent offrir les limi- teurs de tension à intervalle explosif: elle est de l'ordre d'une centaine d’ohms pour les alternateurs et les réseaux modernes, en insérant en dérivation un cértain nombre de limiteurs. — MM. Eug. Darmois et M. Leblanc fils indiquent les conditions où il est possible de maintenir, pour de basses fréquences et des volliges modérés, un arc alternatif dans la vapeur de mercure. Au point de vue consommation et puis- sance lumineuse, cet are est tout à fait comparable aux meilleurs arcs à courant continu. — M. G. Moreau montre que le chlore et le brome, mélangés aux gaz des flammes, ont la propriété de modifier notablement la f.6é.m. d'un couple à flammes. La variation limite est sen-iblement de 0,55 voll. MM. Hanriot et Lahure ont reconnu que les températures de début du recuit pour les différents métaux sont beaucoup plus basses qu'on ne le supposait. Le métal le plus écroui commence à se recuire à la température la plus basse. — M. M. Delépine, en traitant par un courant de HCI sec à 5000 les produits de l’action de H?S0# sur les chloroiridites, a obtenu des corps dont la compo- sition se rapproche de plus en plus de IrCF. Les solu- tions de ces chlorures donnent par dessiccalion des chlorures hydratés. — M. M. Durandard a trouvé dans le mycéliun du /?hizopus nigricans une présure très active dont l’action est optima à 50°, À 60° elle est complètement détruite. Le refroidissement à 10° la rend instantanément coagulable à 50°.—M. R. Combes a extrait de divers organes végétaux : feuilles vertes de troène, feuilles jaunes de chasselas doré, fleurs jaunes de narcisse, un pigment jaune brun cristallisé, qui produit par réduction un pigment anthocyanique rouge cristallisé. — MM. H Bierry et A. Rance on trouvé dans le plasma sanguin des divers animaux du sucre protéidique en quantités variables. C'est prob blement un des termes de passage entre les substance albuminoïdes et les h\drates de carbone. 30 SCIENCES NATURELLES. — M. H. Piéron montre que la part du temps de latence dans la période d'établis= sement de la sensation lumineuse d'croît en raison inverse de la racine douzième des intensités d’excita= ME El) x. — M. A. Lécaillon signale les ana- logies de structure qui existent entre l'ovaire de cer- tains insectes, les Collemboles, et celui de certains crustacés entomostracés, les Chirocéphales. — M. E: Roux signale que MM. Mayoral et Perez Grande, de Madrid, avaient découvert avant MM. Nicolle et Blaizot le coccus qui accompagne le gonocoque d'ins la blen- norragie, et employé avec succès un vaccin formé d’un mélange de gonocoque avec ce coccus. —M. M. Long- chambon expose ses vues sur le role de la magnésie dans les cycles sédimentaires. L'eau de mer s ‘es sur- tout enrichie en magnésie, au moins localement, à la suite des phases de plissement intense; elle à pu déposer ensuite à la fois du carbonate de chaux et du carbonate de magnésie. — M. L. Joleaud montre que les calcaires marmoréens du Djebel Filfila (Algérie) doivent être rapportés au Lias; les micaschistes de ce massifaprartiennentau Nummulitique. - M.J. Répelin présente un cerlain nombre d'objections contre l'hy- pothèse de l'existence d’une grande nappe de char- riage dans la région située à l’ouest de Draguignan. — M. R. Nicklès indique les terrains traversés par un sondage à g'ande profondeur effectué da sla région de Briey : Lias supérieur (Toarci-n) 258 metres, Lias moyen (C harmouthien), 188 mètres, Lias inférieur (Sinémurien et Hetlangien), 122 mètres, Rhétien, 55 mètres, Marnes irisées du Trias, 487 mètr.s. Muschel- kalk, 14% mètres, Grès bigarré, 62 mètres, Grès vosgien, 92 mètres, Permien, 12 mètres (actuellement). Séance du 2 Février 1914. M. H. Parenty est élu correspondant pour la Seetion de Mécanique. — M. le Secrétaire perpétuel" annonce le décès de M H. Rosenbusch, correspondant pour la Section de Minéralogie. 19 SGIENCES MATHÉMATIQUES. — M. G. Humbert : Sur quelques fonctions numériques remarquables. M. Gambier : Sur les courbes algébriques à torsion conT, c'est-à-dire que B fait partir la lumière avant et la recoit après le moment où il rebrousse chemin, et enfin, dans la troisième période, on a 4, >T. Voici maintenant les résultats. Première période : (20) = É Je Valeurs initiales : Valeurs finales : (21) NÉE UE (7 Fv c Deuxième période : C+v v —2T. CNE (22) = Cette période commence avec les valeurs (21), et finit avec v=(i+T NX CRE à C |4 { Troisième période : (23) s=lv42Ur. da C7 À la fin : 2 U=ÎT, 5=27T. à On voit par les formules (20) et (23) que, dans la première et la troisième période, le chronomètre C a pour B une marche plus lente que son propre instrument, ce qui s'accorde avec ce que nous avons dit. Mais l'effet ainsi produit est plus que compensé par l'accélération de C par rapport à C! qui est observée dans la deuxième période, comme Je montre la formule (22). 11 est vrai que, si la vilesse v est très petite en comparaison de celle de la lumière, la deuxième période est beaucoup plus courte que la première et la troisième; mais, en revanche, l'accélération apparente de C indiquée par le facteur QE est alors de beaucoup plus considérable que le ralentissement qui est déter- AE Il miné par le facteur -- a S 13. — Pour terminer ces considérations, j'insis- terai sur la réalité des effets dont il a été question. Le raccourcissement d'une barre qui se meut dans le sens de sa longueur est, pour l'observa- teur À, un phénomène physique du même ordre que, par exemple, la dilatation par la chaleur, et il peut chercher à s’en rendre compte par des hypo- thèses convenables (sur le rôle de l’éther dans les actions moléculaires), de la même manière qu'il le ferait pour cette dilatation. Mais il faut bien reconnaitre que À ne pourra jamais s'assurer de l’immobilité dans l’éther que nous lui avons attribuée par supposition, et que le physicien B pourrait avec le même droit, ou plutôt avec la même absence de droit, prétendre que c’est lui qui se trouve dans ces circonstances privi- légiées. Cetle incertitude, cette impossibilité de jamais déceler un mouvement par rapport à l'éther, a conduit M. Einstein, el de nombreux autres phy- siciens modernes, à abandonner tout à fait la notion d'un éther. C'est là, à ce qu'il me semble, une question envers laquelle chaque physicien pourra prendre l'attitude qui s'accorde le mieux avec la facon de penser à laquelle il s'est accoutumé. Un expérimentateur quelconque — que ce soit notre À ou notre B — pourra expliquer, pour autant qu'on explique dans la Physique, tout ce qu'il observe en supposant qu'il est en repos dans l'éther, mais il le peut faire tout aussi bien s'il admet que son laboratoire est traversé par un cou- rant d’éther qui a sur ses instruments l'influence dont il a été question. Cependant, il devra recon- naître qu'il lui est impossible de savoir quelles sont la direction et la vitesse de ce courant, et s'il éprouve le besoin de ne pas se préoccuper de celte incertitude, il prendra le parti de M. Einstein. Alors il ne parlera plus d’un éther, et il dira simplement que c'est le mouvement d'une barre ou d'une hor- loge dans son laboratoire qui produit le raccour- cissement de l'une et le ralentissement de l'autre. H.-A. Lorentz, Professeur à l'Université de Leyde, Associé de l'Institut de France. 7. me HUGO DE VRIES — SUR L'ORIGINE DES ESPÈCES DANS LES GENRES POLYMORPHES 187 SUR L'ORIGINE DES ESPÈCES DANS LES GENRES POLYMORPHES Il Dans le système du règne des animaux et des végétaux, les espèces sont distribuées bien irrégu- lièrement. Il y a des familles dans lesquelles une grande richesse en formes n'est représentée que par un nombre relativement petit d'espèces, tandis que dans d'autres les espèces abondent. De même pour les genres. Quelques-uns d’entre eux sont monotypes, ne comprenant qu'une seule espèce, tandis que dans d’autres on compte les formes par centaines. Les espèces elles-mêmes offrent les mèmes différences. Pour la plupart, elles sont constituées de deux ou de trois formes élémen- taires, mais de temps en temps ce nombre s’accroit jusqu’à atteindre plusieurs centaines. Dans les diverses lignées, l’évolution ne procède donc point d’un pas uniforme. Ordinairement, elle est lente et régulière; mais, sous l'influence de certaines conditions anormales, sa vilesse s'accroît jusqu'à devenir très rapide et même précipitée. Dans les cas de cet ordre, la sensibilité des formes aux influences extérieures semble devenir si grande que les organismes répondent à chaque secousse un peu forle par un changement dans leurs formes et dans leurs caractères. Ces changements nous font l'impression de ia production de nouvelles _ espèces élémentaires, et, comme celles-ci se pro- pagent et se multiplient ordinairement par lesemis, l'ensemble du groupe tend à devenir de plus en plus polymorphe. Si nous tâchons d'introduire ce principe dans une esquisse d’un arbre généalogique, les embran- chements et les ramifications se montreront très irréguliers, mais surtout les groupes polymorphes feront l'impression d'accumulations locales d'un rand nombre de petites branches. Ils rappelleront plus ou moins clairement les balais de sorcière quon voit si souvent sur les bouleaux et sur quelques autres espèces d'arbres. Chaque rameau de ces balais représenterait une espèce élémen- taire ; il y en a parfois une centaine ou plus. Les rameaux sont courts el drus, ce qui correspond à la jeunesse des espèces et à la petitesse de la diver- gence de leurs caractères. Chaque année on voit s'en produire de nouveaux, comme on doit s'ima- giner que dans ces groupes multiformes la produc- tion des unités spécifiques a duré une période plus ou moins longue. Les espèces de roses et de ronces se comptent par centaines, et même dans les flores de petites régions on connait la difficulté de bien distinguer entre les formes de ces deux genres. Dans les saules, il y a tant de formes affines qu'il est presque impossible de les décrire, et que plusieurs écrivains en considèrent une bonne partie comme issues du croisement des autres. De même pour le genre Hieracium et divers autres. Chaque collection d'in- sectes peut donner des représentants de ces groupes polymorphes. IL y a des centaines d'espèces de mouches, que l'œil ne distingue guère et dont les caractères distinctifs sont si minimes que tout le groupe produit plutôt l'impression d'uniformité que de diversité. De même pour certains groupes de coléoptères et de papillons, et spécialement pour plusieurs types de noctuides. M. Standfuss, le célèbre entomologiste suisse, a comparé ces groupes à des explosions d'espèces. Chaque genre polymorphe et chaque espèce riche en sous-espèces lui fait l'effet d’être produit par une sorte d'explosion. L'évolution ordinairement lente se précipite, les formes nouvelles se succèdent rapidement, et il semble que l'espèce originelle éclate en mille fragments. Chacun de ces fragments représenterait une forme élémentaire distincte des autres. Par l'explosion, la force explosive elle-même s’épuise, soit momentanément, soit plus ou moins rapidement, et la même chose se retrouve dans le règne organisé où les formes élémentaires des groupes polymorphes peuvent être simplement parallèles ou plus ou moins clairement dues à des divisions répétées. Les balais de sorcière se trouvent sur les branches et les rameaux périphériques du bouleau et ne jouent aucun rôle dansla production des maîtresses branches ou dans la formation de la cime de l'arbre. Ils sont des produits latéraux et plus ou moins isolés, dont les rameaux restent pelits et de même taille ; on ne voit jamais de grandes branches sortir de leur intérieur. Ils barrent pour ainsi dire le chemin à laramification normale et n’aboutissent à rien qui puisse contribuer au développement ultérieur de l'arbre. De même pour les balais de sorcière phylogénétiques ; ils contribuent large- ment à la richesse en formes de la Nature, mais on ne les voit pas produire de types réellement nou- veaux, qui pourraient devenir le commencement de nouveaux genres, ou de familles entières. Mais peut-être cela tient-il à ce que les groupes multi- formes initiaux de familles ou de sous-familles actuelles ont depuis longtemps disparu de la sur- face terrestre. I] Considérons maintenant les causes probables de ces explosions organiques. Nous pouvons nous 188 HUGO DE VRIES — SUR L'ORIGINE DES ESPÈCES DANS LES GENRES POLYMORPHES imaginer que les forces extérieures et intérieures qui gouvernent l'évolution normale des êtres orga- nisés se trouvent ordinairement dans un état d'équilibre stable. Une production lente et plus ou moins régulière de formes nouvelles en sera le résultat, et l'évolution procèdera d'un pas plutôt monotone. De temps en temps, cependant, les influences extérieures doivent devenir beaucoup plus fortes qu'à l'ordinaire et pouvoir provoquer des changements plus rapides, ou bien rendre les organismes eux-mêmes plus sensibles. L'équilibre intérieur deviendra instable et labile et pourra réagir plus aisément aux changements environ- nants. Si l'instabilité va en augmentant, on arrivera à un état de labilité des caractères spécifiques qui fera réagir à toute intervention un peu accentuée par des changements relativement grands et con- duisant aisément à la production de nouveaux caractères, correspondant à de nouvelles espèces élémentaires. Les groupes polymorphes les mieux connus dans le règne végétal sont ceux des Erophiles printa- nières (Draba verna) et des Pensées des champs (Viola tricolor). Les espèces élémentaires de l'Ero- phile sont agglomérées principalement dans le sud de la France et il semble que son explosion s'est produite dans cette région il y a plusieurs siècles. Les fragments doivent avoir disparu en grande partie; ceux qui ont survécu se rencontrent en partie sur place, et se sont distribués pour une autre partie sur toute l’Europe et les pays adja- cents de l’Asie. On en compte environ deux cents, dont une cinquantaine habitent la France. Souvent ils vivent isolés, souvent on les rencontre en petits groupes, de deux ou de quelques espèces dans la même habitalion. Rien n'indique que les différentes formes élémentaires se soient essentiellement chan- gées durant leurs migrations. Les Pensées des champs diffèrent entre elles par un ensemble plus riche de caractères, dont le grou- pement est plus ou moins parallèle à leur distribu- tion géographique. Les formes à grandes fleurs bien coloriées habitent principalement les régions sablonneuses comme les dunes maritimes ; elles constituent ensemble la sous-espèce V. #ricolor proprement dite. Les Pensées des champs (V. /ri- color arvensis) ont ordinairement des fleurs plus petites et des corolles ne dépassant pas les limbes du calice. On les trouve ordinairement mélangées, chaque champ de blé en présentant tout un groupe. Mais, comme il est évident que les graines doivent être transportées très souvent avec le blé d’un pays à un autre, il est maintenant très difficile d'établir leur distribution géographique originelle. M. Witt- rock a semé les graines d'un grand nombre de ces types, récoltées séparément, et a observé que les races sont tout à fait constantes et pures, et fidèles à leurs caractères jusque dans les moindres détails, même dans le coloris des fleurs. La grande varia- bilité apparente des Pensées s'explique donc par la présence d'un grand nombre de formes élémen- taires, mais dont chacune est pure et constante et. pour ainsi dire invariable. Un troisième exemple est donné parles Enothères. Leur patrie est l'Amérique du Nord, mais plusieurs espèces ont été transportées en Europe au cours des siècles derniers et se sont rapidement répan- dues et multipliées jusqu'à devenir bien indigènes et à rivaliser avec les meilleures espèces dites autochtones de nos flores. On peut distinguer les formes à petites fleurs des espèces à corolles grandes et belles, d’un jaune luisant et brillant. Ces dernières ont été introduites dans les jardins, soit pourla beautéde leurs formes, soit pour leur odeur très agréable, etce sont donc principalement celles- ci qui se trouvent maintenant à l’état subspontané eu Europe. Toutes ces espèces sont très rapprochées les unes des autres, et leurs caractères distinetifs sont de nature bien secondaire; aussi sont-elles réunies par certains auteurs, toutes ensemble, dans une seule espèce linnéenne, l'(Ænotkera biennis. Pour d'autres systématiciens, elles forment cepen- dant un nombre plus ou moins grand de bonnes espèces, nombre qui s'élève déjà à plusieurs dou- zaines et s’augmente encore chaque année par la découverte de nouveaux types. On ne connaît pas l'origine géographique du groupe, et, fait plus curieux encore, on n’a pas retrouvé en Amérique les habitations -originelles des espèces répandues maintenant en Europe. Cela tient principalement aux coutumes errantes de ces plantes. Nulle part on ne les trouve dans des habi- tations réellement sauvages. Partout ce sont les terrains cultivés qu'elles préfèrent, se multipliant rapidement sur les champs délaissés ou en friche, sur les bords des champs cultivés, le long des chemins ou parmi les déchets de la culture. C'est de cette manière que je les ai rencontrées partout, soit dans les divers pays de l'Europe, soit en Amérique, où je les ai étudiées dans les États de Missouri, de Kansas, d'Illinois, d'Indiana, de Min- nesota et ailleurs. Elles aiment les terrains labourés et sontinclinées à les quitter et à chercher une autre habitation aussitôt que le sol, laissé tranquille pendant un certain nombre d'années, devient trop dur pour les racines délicates de leurs germes. En dehors des terrains labourés par l'homme, je ne les ai rencontrées que dans des localités où le sol avait été remué par la nature elle-même, soit par des ruisseaux dépassant leurs bords, soit par les grands fleuves inondant des contrées entières et couvrant le sol de couches épaisses de sable et d'argile. J'ai HUGO DE VRIES — SUR L'ORIGINE DES ESPÈCES DANS LES GENRES POLYMORPHES 189 ee —————_—_—_—_—————"—"—"—"—…—"—"—"—"—"…"…"…"…"…"…"…"…"…"…"…"…"…"—"—"”—"—"—"—"—"—"—"—"—"—"—"—"—…—""—…——…— —"—…"”"—"— — eu l'occasion d'étudier amplement les effets, d'une grande inondation du Missouri dans la partie mé- ridionale de l'État qui porte le nom de ce fleuve. + C'était ane forêt vierge, dont le fond avait élé re- couvert d’une couche épaisse de sable. Là, les Eno- thères s'étaient multipliées rapidement, formant des stations de plusieurs milliers d'individus, les unes lout près de la rivière, les autres à des dis- lances variées. Le développement était extrémement vigoureux dans tous les sens; il y avait des plantes dont la tige atteignait une hauteur d'environ 4 mè- tres. C’est là que j'ai eu la bonne chance de surprendre la Nature en flagrant délit, pour me servir de cetle expression; je veux dire dans l'acte même de la production d'une nouvelle espèce élémentaire. Parmi des centaines d'individus fleuris portant tous un même type, il y avait une seule plante de nature diflérente. On l’apercevait de loin par son port tout autre et principalement par ses feuilles étroites. L'épi était en fleurs et portait des fruits presque mûrs. De leurs graines, je n’ai pas réussi à perpétuer la nouvelle forme dans les cultures de mon jardin expérimental. Mais j'avais pris la pré- caution de récolter aussi des graines sur les plantes normales de la même localité, dans l'espoir que, peut-être, le phénomène se répéterait et que je ver- rais en provenir, dans mon semis, une ou deux plantes répétant les feuilles étroites et les autres caractères de la nouvelle forme. Le résultat à répondu à mon espérance; le type à feuilles de saule s'est montré de nouveau et j'en ai pu déduire une race bien uniforme et constante, différant d'une manière très frappante de l'espèce dont elle était issue. Je la cultive maintenant sous le nom d’Üeno- thora salicifolia; c'est une forme naine très rami- fiée, à feuilles presque linéaires, aux bords sinués et à fleurs petites, d’un jaune pâle. L'échantillon sauvage était unique dans son en- tourage de plantes ordinaires, et le spécimen fon- dateur de ma race a été produit par un saut brusque, changeant tous les caractères d’un seul coup, sans intermédiaires ni transitions préparatoires. C'est de la même manière que se sont produites toutes les nouveautés d'Enothères dans mon jardin expé- rimental, et il me semble donc bien justifié de supposer que dans la Nature les espèces élémen- taires des Enothères se sont formées de la même manière. Les diverses habitations des Enothères que j'ai rencontrées dans la partie centrale des Etats-Unis portaient presque chacune une espèce différente des autres. J'en ai récolté plus d’une douzaine et j'en ai semé les graines dans mon Jardin pour bien pouvoir comparer les caractères. Ces localités étaient pour la plupart petites, et ordinairement situées le long des grandes routes ou sur le bord des champs cultivés. On voyait aisément qu'elles dépendaient de l'activité de l'homme, et pour cette raison ne pouvaient pas être bien vieilles. D'où toutes ces espèces étaient-elles provenues? Proba- blement d'une contrée lointaine et plus méridio- nale. Peut-être de l'Amérique centrale, peut-être de plus loin encore. On ne le sait pas. On peut admettre que le groupe à déjà été multiforme et variable dans sa patrie originale, mais aussi il n'a pas cessé de changer au cours de ses migrations, et même que plusieurs des espèces actuelles ont été formées à l'endroit précis où on les trouve à présent. III Passons maintenant aux Enothères à grandes fleurs. Elies forment toute une série, partant de l'espèce ordinaire américaine dont je viens de décrire la mutabilité, et il semble que, durant leur dévelop- pement, cette propriété est devenue de plus en plus prononcée. La série commence par le type euro- péen bien connu de l'Oenothera biennis de Linné, se poursuit dans des formes à fleurs un peu plus grandes et très odorantes, comme le suaveolens, le grandiflora et l'argillicola, pour aboutir à l'es- pèce majestueuse O0. Lamarckiana, qui les surpasse toutes par la beauté de son port et la grandeur excessive de ses fleurs. Le suaveolens est encore très voisin du hiennis, et se trouve à l’état subspon- tané dans plusieurs départements de la France; je l'ai étudié spécialement dans la forêt de Fontaine- bleau, où M. le D' L. Blaringhem a eu la bienveil- lance de m'en montrer plusieurs stations. Les fleurs ont la même structure que celles de l'O. biennis, mais sont de moitié plus grandes. Le grandiflora est une espèce de l'Alabama, un des Etats Unis les plus méridionaux. Je l'ai observé là il y à environ une année en plusieurs endroits, croissant de la même manière que les autres espèces, sur des ter- rains cultivés, notamment au bord des champs de coton et de maïs. Elle est plus ramifiée que l'espèce francaise; son feuillage est plus mince et plus dé- licat, ses fleurs sont de la méme grandeur et aussi odorantes, mais le style est plus long et atteint le sommet des anthères, caractère qui rapproche la plante du Lamarckiana de mes cultures. L'O. argil- licola nous vient de la Virginie; elle se distingue de ses voisins surtout par ses feuilles étroites et presque linéaires. Comme je viens de l'indiquer, cette série contient les formes les plus rapprochées des ancêtres pro- bables du Lamarekiana, et c'est donc dans celle série qu'il faut s'attendre à pouvoir étudier le dé- veloppement de la mutabilité de celles-ci. Seulement 190 HUGO DE VRIES — SUR L'ORIGINE DES ESPÈCES DANS LES GENRES POLYMORPHES l'étude de la plupart d’entreelles n’a été qu'ébauchée jusqu'à présent et n'offre que des observations for- tuites dans la direction désirée. Par contre, on connaît (très bien la mutabilité de l'O. biennis de Linné, qui à été étudiée à diverses reprises par M. Slomps. Dans les dunes hollandaises, cette espèce produit, de temps en temps, deux variétés bien marquées. L'une est connue sous le nom d'O. biennis sullurea et diffère de l’espèce-mère par la couleur jaune-soufre de ses fleurs. C’est une forme tout à fait constante et aussi facile à cul- tiver que l’espèce-mère. Elle s’est présentée aussi dans des lignées pures de celle-ci dans des cultures expérimentales et doit donc être considérée comme une mutalion. Mais, comme elle est très fertile et se reproduit aisément de graines dans nos dunes, il va sans dire que cette circonstance nous rend im- possible d’y reconnaitre les exemplaires qui pour- raient avoir été formés par des mutations nou- velles. À ce point de vue, la seconde mutation est plus favorable, parce qu'elle est très rare et ne semble guère se multiplier à l’état sauvage, no- nobstant l'abondance de ses graines. Elle à été découverte pour la première fois il y a une quin- zaine d'années, dans nos dunes, par mon fils le D' Ernst de Vries et s’est montrée bien constante et d’une culture facile dans mes semis. En dehors de ces deux mutalions spontanées, l'O. biennis a produit dans les cultures de M. Stomps une forme naine et une forme géante. La première s'est montrée aussi dans mes semis, à diverses reprises. Nous l’appelons O. hiennis nanella. Elle atteint une hauteur de 2 ou 3 décimètres el com- mence à fleurir dès que sa tige a 5 à 6 centimètres. Par ce caractère, elle correspond à la mutation naine de l'Enothère de Lamarck, une des nou- veaulés les plus régulièrement produites dans mon jardin expérimental. Elle s'en rapproche encore par le second caractère distinctif de mes nains, c'est-à-dire leur sensibilité excessive aux attaques de certaines bactéries du sol. Ces parasites la déforment de la même manière dont ils changent l'O. Lamarckiana nanella en élargissant la base de leurs feuilles et rendant les pétioles fragiles, etc. Il me semble bien permis de supposer que la mutabilité productrice de ce type spécial de nains, se rencontrant dans deux espèces aussi voisines que l'O. biennis et VO. Lamarckiana, est due à un méme dérangement initial des qualités héréditaires correspondantes. En d'autres termes, que les deux espèces en question l'ont héritée d'un même ancêtre. EL comme le Liennis doit être plus rap- proché de cet ancêtre que l'O. Lamarckiana, la mutabilité du premier représente pour nous le premier vestige de la mutabilité correspondante du dernier. Les mêmes considérations s'appliquent à la pros duction de formes géantes par la mutation. L'Eno= thère gigantesque ou (Ænothera gigas est la plus frappante de toutes les mutations dans mes culs tures. Elle s'impose non seulement par son port plus robuste, ses fleurs plus grandes, et tout l’en- semble de ses caractères extérieurs, mais encore par le fait que dans les noyaux de ses cellules le nombre des chromosomes, de ces porteurs maté- riels de l'hérédité, s’est doublé. Or, le même dédoublement des chromosomes, : accompagné des mêmes marques extérieures et se manifestant surtout par les bourgeons élargis des fleurs, s'est produit dans les cultures de l'O. hien- nis de M. Stomps et dans des lignées différentes. C'est donc ici encore une mutation préparatoire conduisant à celle de l'O. Lamarckiana. LA De ces observations et de ces expériences nous concluons que, dans le groupe polymorphe des Enothères, la mutabilité n'est pas une qualité spé- ciale de l'espèce de Lamarck, mais qu'elle est, au contraire, bien répandue, au moins dans une bonne partie des autres espèces. C'est elle qui à produit tout le groupe si varié des espèces élémen- taires sauvages, et c'est elle qui se montre dans les cultures et dans les champs en produisant de temps en temps des nouveautés inconnues jusque-là. C'est encore elle qui se répète d’une génération à l'autre du Zamarckiana et donne la richesse prodi- gieuse des formes expérimentales dérivées de celui-ci. Il est bien évident que dans l'O. Lamarckiana bon nombre de caractères se trouvent dans un élal d'équilibre instable ou labile. Mais cet état doit s'être développé graduellement et consister en des qualités élémentaires accumulées bien distinctes et plus ou moins indépendantes les unes des autres. La mutabilité qui rend les feuilles étroites a peut- être été le premier pas dans cette voie. Viennent ensuite les propriétés de produire des nains et des formes géantes, et après elles celles qu’on ne con- nait jusqu'à présent que dans le Zmarekiana lui- méme. Le caractère labile de certaines qualités peut en influencer d'autres, dont les porteurs se trouvent être voisins d'eux dans les chromosomes. La muta- bilité ne sera donc pas restreinte aux facteurs labiles. Un élément instable peut influencer tout un groupe environnant el y rendre la transition à l'état labile plus facile, quand les influences exté- rieures tendent à la provoquer. Cette considération nous conduit à admettre que le degré de labilité des éléments d’un chromosome, qui se traduit par EE. A. SMITS — NOUVELLE THÉORIE DU PHÉNOMÈNE DE L'ALLOTROPIE 191 la mutabilité des caractères visibles correspon- dants, tend à s'augmenter de plus en plus. Très petit et très lent dans les Enothères américains, il s'est rapidement accru dans la formation l'O. biennis européen, pouratteindre son maximum dans l'O. Lamarckiana. Les mêmes considérations s'appliquent évidem- ment aux autres cas de polymorphisme, dont l'étude est encore à commencer. Chaque explosion organique, chaque balai de sorcière phylogéné- tique, doit être le résultat d'une agglomération plus ou moins grande de porteurs matériels de de | l'hérédité à l'état labile. Cette agglomération elle- même doit s'être produite, dans chaque cas spécial, d'une manière lente et graduelle, mais devenant de plus en plus rapide à mesure que le nombre des éléments labiles s'augmente. L'origine des espèces est donc la même dans les groupes polymorphes que partout ailleurs dans l'arbre généalogique, mais accélérée par l'aceumu lation successive d’un certain nombre d'éléments Hugo de Vries, Professeur à l'Université et Directeur du Jardin botanique d'Amsterdam, Correspondant de l'Institut. héréditaires labiles. NOUVELLE THÉORIE DU PHÉNOMÈNE DE L'ALLOTROPIE | ÏJ. — INTRODUCTION. Soit un système composé de différentes espèces de molécules, qui, en se transformant les unes dans les autres, donnent lieu à l'établissement d'un équilibre ; suivant la vitesse de cette transfor- mation, le système, placé dans des conditions déterminées d’'expérimentation, se comportera comme un système formé d'un seul composant ou de plusieurs. En réalité, l'existence de plusieurs composants étant la condition de la variabilité indépendante d'un système, ce que ces espèces de molécules ne sont pas, il n'y a pas lieu de parler ici de plus d'un composant. Néanmoins, il arrive souvent qu'en opérant rapidement ou en se servant de catalysateurs néga- tifs, la transformation entre les différentes espèces de molécules pendant l'expérience est si minime que le système se comporte comme s'il élait cons- titué de plusieurs composants. Dans ce cas, nous dirons qu'il se comporle d'une façon pseudo- binaire, lernaire, quaternaire, etc. Bancroft fut le premier à signaler en 1898 * quel- ques systèmes pseudo-binaires; il chargea alors ses élèves d'en étudier plusieurs types intéressants. Un des exemples trailés par Bancroft est celui du dichlorure de stilbène C'H°.CHCI. CHCI. C'H°. Zincke * avait remarqué, en examinant ce corps, que, lorsque la modification G qui fond à 192°- 193° est chauffée pendant quelque temps au-des- sus du point de fusion, puis refroidie, il se produit un abaissement du point de solidification jusqu'à ce que la température de congélation de 160° soit ! Chemisch. Weekblad, t. NII, 39 et 155; 1910. Xon. Akad v. Wetensch., 26 mars 1910, S08, et 24 déc. 1910, 802. Zeitschr.f. phys. Chem., t. LXXVI,'p. 421 (1911);t. LXX VII, p. 367 (1911). >? Journ. phys. Chem., t. I, p. 143 (4898). 3 Lieb. Ann.,t. CXCVII, p. 445 (1879). atteinte. Partant de la modification + fondant à 922-093, Zincke constata qu'après chauffage de la masse fondue, le point de solidification monte jusqu'à atteindre la valeur de 160-165° après une élévation de température à 200. Lehmann, qui a répété les expériences de Zincke, a reconnu cependant que la modification , maintenue à plusieurs reprises pendant peu de temps à l'état liquide et refroidie chaque fois immédiatement après, voit son point de congéla- tion s’abaisser d’abord, pour monter ensuite à 160°. La substance solide qui se dépose alors n'est pas la modification +, mais la modification £. De ces données, Bancroft concluait que les modi- fications + et 5 ne doivent pas être regardées comme deux composants, mais que le système, quand on opère rapidement, peut se comporter pseudobinairement et que la courbe de fusion possède un point d'eutexie. Il arrive alors à la figure 1 (Tx), dans laquelle ont été indiqués le sys- tème pseudobinaire aussi bien que le système unaire. Si le système se comporte binairement, à 6 et D € représentent les courbes de fusion des modifica- tions + et £, dont l'intersection a lieu en un point d'eutexie c. En outre, cette figure indique ce que l'on observe quand les circonstances ont été choi- sies de manière qu'un équilibre puisse s'établir entre z et &, et que le système se comporte comme élant à un seul composant, autrement dit unaire. Si nous sommes, par exemple, à 200°, l'équi- libre peut être indiqué par À, à 190° par #, el à 160° par /. Or, il se trouve que / est précisément un point de la courbe de fusion de la modification Bet, par conséquent, ilse produira en l'une congé- lation par suite de soustraction de chaleur. Supposons maintenant que l'on opère dans un récipient ouvert et que la pression soit donc | constante ; l'équilibre entre la substance solide 192 A. SMITS — NOUVELLE THÉORIE DU PHÉNOMÉÈNE DE L’ALLOTROPIE T el le liquide, en cas de conduite unaire, est inva- riant, et, par conséquent, si la soustraction de chaleur a lieu de manière que non seulement l'équi- libre hétérogène, mais aussi l'équilibre homogène puisse se maintenir, la congélation totale doitavoir lieu à une seule el même température (160), que . j'ai nommée Je point de fusion stable unaire. En cas de congélation du liquide /, on voit d'après le diagramme (fig. 1) qu'il se dépose du 8 pur, représenté par S. Mais, par ce dépôt de 6, le liquide s'enrichit en «, et, s'il ne se produisait d'autres phénomènes, le liquide, par suite du changement de composition, suivrait la ligne 2 ce jusqu'à ce qu'elle atteigne le point d’eutexie. En cas de conduite unaire, cela n'arrive pas, mais la composition du liquide qui se congèle reste la même parce que, pendant le dépôt de 8 solide, la transformation 4 — f à lieu dans le liquide, et cela se continue jusqu'à solidification complète. Dès que la phase liquide a disparu, la tempéra- ture peut baisser de nouveau en cas de soustrac- tion de chaleur, et la phase déplace en suivant la ligne SG. solide cristalline se La figure unaire Tx se compose donc des lignes k,l et S6, où / et S indiquent les phases coexis- lantes. On voit immédiatement ce qui arrivera en parlant respectivement de & pur ou de 6 pur el chauffant rapidement ces corps. Si le réchaulre- ment de5, parexemple, se fait si rapidement qu'on n’apercoil pratiquement rien d'une transforma- tion, il se produira une fusion à une température de 192: maintient la durant Quand on masse quelque temps entièrement fondue, il se trouvera après refroidissement que le point de congélation a baissé au-dessous de 192, et d'autant plus que la masse a été réchauffée plus longtemps à une tempéralure plus élevée. Cela continuera jusqu'à ce que le point de congélation unaire ait été atteint. Si nous partons d'z, on trouvera, quand on l'aura réchauffé et refroidi rapidement, le point de congélation de 93°; mais, après que le liquide a été réchauffé à une tempéralure suffisamment élevée, le point de congélation, par suile de la transforma- tion 4 — 6, se trouvera d'abord avoir baissé comme l'a trouvé en effet Lehmann, mais après il montera jusqu'à ce que la tempéralure de congélation unaire ait été atteinte. Après que Bancroft eut ainsi expliqué la con- duite de l’z 8-dichlorostilbène, ses élèves Carveth", Soch® el Cameron” ont étudié d’autres systèmes pareils. Le système le plus intéressant a été étudié par Soch, à savoir l'acide benzilorthocarhonique. De ce corps il existe deux modifications, une blanche et une jaune, qui présentent le phénomène d'énantiotropie. On trouva le point de transition à 65°. Au-dessus de cette température, la modifi- cation jaune est la forme stable, au-dessous la modification blanche. Le point de fusion de la modification blanche mélastable fut difficile à déterminer, parce que, à la tempéralure de fusion, celle variété se trans- forme très rapidement dans la variété jaune solide. Pour obtenir des données exactes, on rem- plit un mince Lube capillaire de la modification blanche solide, puis on l'immerge dans un bain 1 Journ. phys. Chem., t. 1 (1858). aSTbrd, » Jbid., t. 11, p. 364 (1898). A. SMITS — NOUVELLE THÉORIE DU PHÉNOMÈNE DE L'ALLOTROPIE EE à température constante élevée. Si le corps ne fond pas au bout de quelques secondes, on élève la température du bain, et on répète l'expérience jus- qu'à ce qu'on ait atteint la température à laquelle le corps fond en quelques secondes. De cette manière, on à trouvé pour le point de fusion de la modification blanche « 130°. De la même manière on fixe le point de fusion de la modification jaune 6 à 141°,5. Le point de congélation unaire se trouve à 132°, car, quand on réchauffe la modification 8 durant quelque temps au-dessus de 141°,5, la température de solidification devient de 132, valeur qu'on atteint aussi en partant de la modification «. Contrairement aux autres systèmes, on ne put réussir à déterminer la forme de la courbe de fusion en partant de la modification « et en la fon- dant prudemment à plusieurs reprises, puis en déterminant après refroidissement rapide le point de congélation, car la modification blanche fondue se transforme avec une si grande rapidité dans la modification jaune que l’on n'obtenait aucun résul- tat de cette manière-là. Pourtant, on est arrivé à déterminer en ce cas la forme du diagramme de fusion pseudobinaire, et on a pu démontrer que celui-ci possède un point d'eutexie parce que, par hasard, l'équilibre dans le liquide, du moins au début, se déplace beaucoup avec la température, ce dont on peut se rendre compte par la série d'expériences suivantes. Lorsqu'on refroidit rapidement le liquide à partir de la température de 142°, la solidification se pro- duit à 127°; lorsqu'on répète quelques fois l’expé- rience après avoir réchaufé le liquide à une tem- pérature toujours plus élevée, le point de congé- lation baisse d'abord, puis remonte, ce que démontre le tableau suivant : POINT de solidification après TEMPÉRATURE refroidissement du liquide rapide 14902 :: 127 Tate ÉRÉRÉROMINS 1190 174 . 1120 1800 . 1150 1900 . 1180 Etant donné que la masse cristallisée se trouve composée d'un conglomérat d'z et de 6, il résulte de ces données expérimentales : 1° que le dia- gramme des points de fusion pseudobinaire pos- sède un point d'eutexie; 2 que l'équilibre dans le liquide qu'on avait probablement à peu près atteint par cette expérience se déplace beaucoup avec la température. Si nous représentons cela schématiquement, en admettant que pendant le refroidissement rapide il s'est produit partout un déplacement, quelque minime qu'il soit, de l'équi- libre, on obtient la figure Tx ci-contre (fig. 2 donnée par Soch. Or, nous avons encore une autre complication qui ne se présentait pas dans le système précé- dent : c'est la présence d'un point de transition. Si on continue à soustraire de la chaleur, la modi- ficalion 8 jaune qui se dépose du liquide / se déplace en suivant la ligne S8. Arrivée au point S, la transformation de la variété B dans la modili- cation + se produira à température constante en cas de conduite unaire, et si, en outre, l'équilibre hétérogène s'établit immédiatement; par consé- quent S, et S, indiquent les phases coexistantes à l'équilibre unaire de transition. Selor Soch, cette température constante doit se trouver à envi- ron 6%, Au-dessous de cette température de 65°, la modification stable est indiquée par la ligne S,z. Nous voyons donc que la figure unaire Tx se com- pose des lignes AZ, SS, et S,z. II. — LA NOUVELLE THÉORIE DE L'ALLOTROPIE. Ce sont les phénomènes rappelés dans l'intro- duction, qui se rapportent seulement aux corps fau- iomères connus et sans considérer la phase solide, qui ont donné lieu à la conception de la nouvelle théorie de l’allotropie. Cette théorie voit, en effet, dans ce qui précède un phénomène général, basé sur le fait qu'il arrive très rarement qu'une phase liquide d’un corps simple ne se compose que d'une seule espèce de molécules. Car non seulement il ressort de la détermination du poids moléculaire d’après la méthode d'Eütvüs que l'association est un phénomène fréquent, mais, en outre, on n'ignore pas que, surtout parmi les corps organiques, toutes sortes d'isoméries se produisent. Tous ces phéno- mènes portent à croire qu'un liquide se compose à l'ordinaire de différentes espèces de molécules qui peuvent être en équilibre. Cet équilibre, que, pour le distinguer d’autres équilibres homogènes, je désigne par le nom d'équilibre interne, est done un équilibre entre des espèces de molécules dont l’une est un polymère de l’autre, ou entre des molécules qui ont la même masse, mais qui dif- fèrent de structure. Si cette conception s'applique en général à la phase liquide, il faudra qu'il en soit naturellement de même pour la phase gazeuse; mais, fait de beaucoup le plus important à cause de ses conséquences d'une haute portée, on est contraint alors d'admettre que la phase solide aussi se compose de différentes espèces de molé- cules qui peuvent se trouver en équilibre interne. La théorie de l'allotropie admet qu'en général chaque phase d'un système qui se comporte unai- rement se compose d'au moins deux espèces de molécules qui sont en équilibre interne et doivent 194 A. SMITS — NOUVELLE THÉORIE DU PHÉNOMÈME DE L'ALLOTROPIE être considérées comme composantes d'un pseudo- système. Comme on ne tardera pas à le voir, nous pouvons aussi formuler cette hypothèse dela facon suivante : Le système à une seule composante fail en général partie d'un pseudo-système dont les composantes, indiquées par les différentes espèces de molécules, sont plus ou moins miscibles à l'état solide. Avant 1910, il n'existait aucune théorie qui fût à même d'embrasser, considérés d'un seul et même point de vue, les phénomènes de monotropie el d'énantiotropie avec les phénomènes qui s'y relient et qui trouvent leur expression dans la « loi des stades de transformation » d'Ostwald. L'hypothèse que nous venons d'émettre conduit à un nouveau mode d'interprétation des plus simples, qui comprend, enmême temps, les phénomènes sus- mentionnés, et qui les explique de la manière la plus naturelle. C’est pourquoi ce nouveau mode d'interprétation a élé désigné sous le terme de : « nouvelle théorie de l’allotropie ». Avant de poursuivre notre raisonnement, nous tenons à prévenir le lecteur que, si différentes es- pèces de molécules d’un seul corps se présentent à la fois dans une phase homogène, nous désignerons ce cas par l'expression d'a/lotropie homogène’, puisqu'il n’y aura aucune difficulté de considérer ces différentes espèces de molécules comme les diverses variétés du corps. Dans les cas où l'on observe deux phases homo- gènes allotropes différentes, nous parlerons d’a/lo- tropie hétérogène. Si nous partons, comme fait la théorie de l’allotropie, de l'hypothèse que chaque phase présente en général le phénomène d’allotro- pie homogène, il s'ensuit que, quand une phase donne naissance à une nouvelle phase (p. e. par soustraction de chaleur), celle-ci présentera égale- ment le phénomène d’allotropie homogène; et, quand on choisit les circonstances de manière qu'un équilibre interne ne puisse s'établir, un état d'équilibre interne dans ce procès donnera nais- sance à un autre état pareil. Nous commencerons par démontrer que ce prin- cipe de Ja théorie de l’allotropie découle, de la ma- nière la plus simple, comme une conséquence ra- tionnelle, d'un examen plus approfondi d'un des diagrammes T1 dont nous avons déjà parlé. Choisissons à cet effet celui du système de l'acide benzilorthocarbonique. Dans la figure Tx (fig. 2), on à admis qu'en cas de comportement unaire la modification f, absolument pure, se dépose du li- quide, ce qui résulle de notre hypothèse que, dans (1) Par les mots : a/lotropie homogène, j'indique l'exis- tence de différentes espèces de molécules dans une phase homogène: mais ces mots n'indiquent pas s'il y à, ou non, équilibre interne. la figure pseudobinaire T x, les liquides be coexistent avec£ pur, comme les liquides ac aveca pur. Or,nous sommes en face d'un cas idéal qui, selon toute probabilité, ne se présente jamais. Un corps solide dans lequel un autre corps solide ne se ré= sout nullement ne se rencontrera probablement jamais, et certainement pas quand les corps solides se composent des diflérentes espèces de molécules d'un seul et même corps. Nous sommes done contraint d'admettre iei des cristaux mixtes. En ce cas, il ne se dépose pas du liquide / la modification 5 pure, mais une solution solide d'x dans B, autrement dit un eristal mixte. Mais, si l'on considère que cette phase de cristaux mixtes coexisle avec un liquide qui est en équilibre interne, il est plus que probable qu'il faut admettre aussi un équilibre interne dans les cristaux mixtes, et ainsi nous voyons qu'en admettant des cristaux mixies dans le pseudo-système, il nous faut aussi conclure à un équilibre interne à l'état solide. Gette conclusion est très importante, car elle ouvre des perspectives Loutes nouvelles sur un grand nombre de phénomènes, en premier lieu les phénomènes d'énantioltropieet de monotropie. Pour le démontrer, nous nous servirons encore du système acide benzilorthocarbonique. Nous admettons que la phase solide qui, en cas de conduite unaire, se dépose du liquide /, (fig. 4) n’est pas le corps purf, mais un cristal mixte dans lequel il y à équilibre interne comme dans le li- quide /,. Le point S, est un point de la ligne qui in- dique les équilibres internes dans les phases 4 ————_—_——_—_——…—…—…—…—…—…— — ————————— ……—"— —————.——.—.. A. SMITS — NOUVELLE THÉORIE DU PHÉNOMÈNE DE L'ALLOTROPIE solides à des températures différentes. Si la ligne d'équilibre coupe la partie stable de la courbe des cristaux mixtes ep, comme on l'a admis dans la figure 3, cela signifie que, au point d'intersection S!, pour la phase solide en équilibre interne, le phé- nomène de non miscibilité se produit et qu'il doit Se former une nouvelle phäse dans laquelle il y aura également équilibre interne. Comme nous avons maintenant affaire à un système qui se comporte -unairement et que la pression est supposée cons- tante,ces deux phases solides ne pourront coexister qu'à une seule température et, en cas de soustrac- tion de chaleur, la phase solide S', se transformera entièrement à température constante en S’,, toujours si, en outre, il ne se produit pas de retard dans l’é- quilibre hétérogène. Au-dessous de la température de transition ou de non-misecibilité, la phase solide stable se déplacera si la température continue à baisser en suivant la ligne S,'S,". En outre, nous voyons que là où la ligne d'équilibre liquide interne k/, coupe le pro- longement de la courbe äc de congélation du liquide, nous aurons affaire à un point de fusion unaire métastable, où la phase liquide, en cas de soustraction de chaleur, se solidifierait jusqu'à la phase cristalline $S,, à température constante. Ici done aussi, mais à l’état métastable, une phase liquide en équilibre interne se transformerait dans une phase solide également en équilibre interne. Il est évident que ce points, doit se trouver sur la ligne qui indique les phases solides riches en z qui sont en équilibre interne, done un point du prolonge- ment de la ligne S,"S,". Examinons maintenant en quoi, d'après ces con- sidérations, doit consister la différence entre l’énautiotropie et la monotropie. D'après ce qui précède, on voit que, même en cas de conduite unaire d'un corps simple, on peut parler d’une figure Tx; c'est suivant la position de cette figure unaire Tx par rapport à celle de la pseudo-figure Tx que le phénomène d’énantio- tropie ou celui de monolropie se produiront. Si la position relative de ces deux figures est telle que, au-dessous de l'équilibre de fusion unaire, la partie stable de la figure unaire Tx ren- contre de nouveau la pseudo-figure Tr comme dans la figure 4, nous avons le cas d’énantiotropie. Si elles ne se rencontrent pas, nous avons le cas de monotropie. Cette conclusion ne s'applique pas seulement au cas où la pseudo-figure Tx possède un point d'eutexie, mais aussi, comme nous ver- rons plus bas, au cas où il se produit une tempé- rature de trois phases, située entre les points de fusion des pseudo-composants. Ainsi, dans la figure 5, les phases solides indi- quées par la ligne S,ysont toujours stables et celles 195 désignées par la ligne Sn toujours métastables. C'est ici un cas de monolropie. Si nous prolongeons TC Fig. 4. vers le haut les lignes qS, et pe, de même que 25, et md, nous voyons qu'en cas de monotropie on peut dire qu'il existe quand même un point de ï ! x æ [] Fig. 5, transition, mais qu'il est situé dans la région méta- stable, car alors S’, et S', seraient deux phases solides qui, étant en équilibre interne, pourraient coexister. 196 A. Le prolongement exagéré des lignes précédentes I 8 8 n’est, toutefois, pas toujours permis, et il est, sans avec aucun doute, inexact de dire, Schaum et 4 Ostwald, qu’en cas de monotropie, sous la tension de vapeur, le point de transition est situé dans la région métaslable. Cependant, il peut arriver aussi que la tempé- l [ Fig. 7. ralure de trois phases coexistantes soil située entre les températures de fusion des composants. Pour ce cas, les figures 6 et 7 donnent les diagrammesT,x à pression constante; l’on reconnaîtra immédia- SMITS — NOUVELLE THÉORIE DU PHÉNOMÈNE DE L'ALLOTROPIE tement que la figure 6 se rapporte au phénomène d'énantiotropie et la figure 7 à celui de monotropie. Fig. 8. Si les pseudo-composants sont des isomères, il ne sera pas possible de dire d'avance quel type de pseudo-système est le plus vraisemblable dans un Fig. 9. cas déterminé; l’'expérimentation seule donnera alors la réponse. Si, par contre, les pseudo-compo- sants présentent le phénomène de polymérie, on peut démontrer qu'il est très probable que lapseudo- | A. SMITS — NOUVELLE THÉORIE DU PHÉNOMÈNE DE L'ALLOTROPIE 197 figure n'aura pas de point d’eutexie et que, en cas d'énantiotropie, il yaentre lesystème pseudo-binaire et le système unaire les relations suivantes (fig. 8): Le pseudo-composant & est ici un polymère d’# et ble point de fusion le plus élevé. A une tempé- rature plus élevée, l'équilibre interne se déplace, en suivant chacune des lignes du système unaire, du côté du pseudo-composant +, comme il résulte du signe de la chaleur de la réaction x2# 5 a cal. Dans l'équation susdite, 2 est positif. On peut dire en peu de mots pourquoi en ce cas il est très invrai- semblable que la pseudo-figure présente un point d'eutexie. Si dans le pseudo-système il se présentait un tel point, commel'indique le diagramme de la figure 8, les liquides ac contiendraient plus du polymère & que les phases solides à d avec lesquelles coexistent ces liquides. Si les équilibres ne s’établissent pas sous pression constante, mais sous la tension de la vapeur, il se présentera aussi des phases gazeuses qui alors devraient contenir plus de polymère que les phases solides coexistantes, ce qui est tellement invraisemblable qu'on peut affirmer qu'en cas de polymérie on ne saurait s'attendre à rencontrer un point d'eutexie dans le pseudo-système. Celle hypothèse a été examinée expérimentale- ment el reconnue vraie en étudiant trois systèmes pseudo-binairesacétaldéhyde-paraldéhyde. acélaldéhyde-métaldéhyde et paraldéhyde-métal- déhyde, car aucun de ces pseudo-systèmes ne possède de point d'eutexie". les III. — CONFIRMATIONS EXPÉRIMENTALES. $ 1. — Déplacement du point de solidification ou du point de fusion. Une des conséquences de la théorie précédente est la suivante : quand l'équilibre interne dans la phase liquide ou dans la phase solide ne s'établit pas très rapidement, il est possible de déplacer le point de solidification commencante ou le point de fusion commençante. Si, par exemple, un liquide p (fig. 10 et 11), situé sur la ligne d'équilibre interne dans le liquide, est refroidi assez rapidement pour que le déplacement de l'équilibre ne puisse suivre la température, la cristallisation commencera à une température au-dessus ou au-dessous du point de solidification unaire, ce qui dépend de la direction de la courbe de l'équilibre liquide interne. Dans la figure 10, elle est telle que la cristallisation com- mencera au-dessus. Au point de sulidification unaire, et quoiqu'il tende à se mettre en équilibre, le corps se compor- Zeilschr. f. phys. Chem., t&. LXXVII, p. 269 (1911). tera maintenant plus ou moins comme un système Fig. 11. Chez le phosphore blanc et le cyanogène, on a 198 A. SMITS — NOUVELLE THÉORIE DU PHÉNOMÈNE DE L'ALLOTROPIE réussi de cette manière à faire commencer le phé- nomène de cristallisation de 02,5 au-dessus du point de solidification. De même, on comprendra immédiatement que, quand l'équilibre interne ne s'établit pas trop rapi- dement, un corps solide g (voir fig. 10 et 14) commence à fondre si on l’échauffe très vite au- dessus ou au-dessous du point de fusion unaire. C'est ce qu'on a observé, en effet, pour le soufre rhombique, le phosphore rouge, l'étain, la tristéa- rine. Les recherches dans la direction que nous venons d'indiquer ont commencé depuis quelques années seulement, de sorle que, quoique nous ayons ici affaire à un phénomène général, nous ne dispo- sons encore que de peu de données expérimen- tales. C'est surtout dans le domaine de la Chimie organique, où généralement les transformations ont lieu lentement, qu'on trouvera probablement les meilleurs matériaux. | $ 2. — Déplacement du point de transition. De nos considérations théoriques précédentes, il résulte que non seulement il sera possible en bien des cas de déplacer le point de solidification ou de fusion, mais qu'il doit en être de même du point de transition. Quand, par exemple, la phase solide p (voir fig. 12 et 13) est refroidie subitement, le phéno- Fig."12: mène de transition se présentera au-dessous ou au- dessus du point de transition unaire, ce qui dépen- dra de la ligne d'équilibre interne dans la phase solide. En examinant Hg, dont la modilication rouge se transforme à 127° une modification jaune, on exemple magnifique du second cas, Quand on refroidit tout à coup, à une en trouve un température de 4140°, la modification jaune, chauffée à 212°, la phase rouge se produit. Supposons que dans la figure 13 #1 u et n v indi- quent les phases de cristaux mixtes jaunes et rouges du pseudo-système binaire et que pS,etqs, soient les lignes unaires des modifications jaune Fig 43. et rouge; l'expérience susdite nous apprend ce qui suit : ; Par un refroidissement subit de la phase jaune, le corps entre dans le domaine hétérogène du pseudo-système. Ce corps qui, en outre, n’est pas en équilibre interne, est, à cause de ces deux faits coïncidents, si fortement métastable que le phéno- mène de non-miscibilité se produira. Les deux phases qui coexistent sont les cristaux mixtes jaunes et rouges. La phase homogène origi- nale étant jaune, la seule chose qu'on apercoive, c'est qu'il se produit une phase rouge. Mais le phénomène que nous venons de décrire est de courte durée, car, dans le corps Hg P, il s'établit rapidement un équilibre interne, ce qui provoque la disparition de la phase rouge après quelques secondes el la formation d'une phase homogène jaune, celle qui se trouve sur la ligne d'équilibre interne conforme à la température de 140°, De cette manière, on a donc réussi à élever de 18° la tempéralure du phénomène de transition chez Hg. Un autre phénomène remarquable observé chez Hg [ consiste en ceci : par chauffage de 4809 jusqu'au point de fusion, le corps change d'une manière continue de couleur, du jaune au rouge, pour fondre ensuite à 255°,3 en un liquide LA Ê Li | | | A. SMITS — NOUVELLE THÉORIE DU PHÉNOMÈNE DE L'ALLOTROPIE 199 ———….….……………………….……………———…_…—_….—…………………_………—…………—…—….…—….…—<—<—<—…—E—— rouge foncé. Comme cé changement se fait d'une facon continue, nous n'avons pas affaire ici à un phénomène de transition, mais à un déplacement considérable de l'équilibre interne. La ligne d'équilibre interne dans la phase solide parait traverser un très grand domaine de concen- lon, ce qui porte à admettre dans le pseudo- Système un diagramme de fusion continue et l'exis- tence d’un domaine de non-miscibilité entièrement Fig. 14. fermé en haut de la courbe 71 À n, commel'indique la figure 14°. On à prouvé que la couleur rouge que prend Hg l° à une lempérature qui approche du point de fusion est accompagnée d'un changement du corps, en refroidissant dans un bain de — 80° Hg qui venait de fondre. Alors le liquide se transforma immédiatement en un corps solide rouge. En opé- rant de même sur Hgl* solide, c'est-à-dire en refroidissant tout à coup fortement le corps solide rouge porté à 255°,il se forme toujours un mélange de Hg rouge et jaune, qui ne tarde pas à se ! Nous sommes donc obligé d'admettre que les cristaux mixtes jaunes rhombiques se transforment d'une façon con- tinue dans les cristaux mixtes rouges tétragonaux. Ce résul- tat nous rappelle le changement graduel de forme des cris- taux mixtes de tartrate de thallium rhombique et du tartrate de potassium monoclinique (Hergerte : Comptes-rendus, t. CXL, 1905). transformer en Hg F rouge. Il s'ensuit qu'en cas de refroidissement subit de la phase solide S on entre dans le domaine hétérogène de la pseudo- figure, ce qui n'arrive pas en refroidissant subite- ment la phase liquide L. Dans ce dernier cas, on obtient la phase rouge 4, dans laquelle un équilibre interne ne larde pas à s'établir, par où on atteint un point de la ligne SS,'. Par ces expériences, qui ont élé complétées par d'autres recherches, la complexité du iodure de mercure a élé démontrée de la manière la plus con- vaincante. Fenner ‘ a trouvé récemment une très belle con- firmalion de la théorie en étudiant le système SiO°. Quand, par exemple, la cristobalite, une des modi- ficalions de SiO0*, s'est formée à une température très élevée, le phénomène de transition se présente | à une température de + 50° au-dessus de la tem- pérature du point de transition unaire. $ 3. — Changement de poids spécifique. A l'exception de la masse, toutes les qualités d’un corps en équilibre interne diffèrent de celles que le corps possède hors de cet équilibre. Quand donc un corps peut êlre tiré de l’état d'équilibre par refroidissement rapide et que cet état s'établit lentement à la température du refroidissement, le corps rapidement refroidi peut montrer sous di- vers rapports des différences avec le corps lente-. ment refroidi. Dans ces circonstances, il n’est pas impossible de constater une différence de poids spécifique. On trouve des exemples de ce cas dans la littérature. MM. Cohen et Krüner * ont trouvé, par exemple, que le tellure lentement refroidi possède un poids spécifique moins élevé que le même corps rapidement refroidi. Ces faits appor- tent une confirmation à la théorie de l’allotropie. $ 4. — Les phénomènes de monotropie et d'énantiotropie. Un appui très solide pour la théorie de l'allotropie réside dans le fait que plusieurs phénomènes par- faitement énigmatiques ont pu être élucidés par elle d'une manière plausible. L'expérience nous apprend que des liquides très peu associés donnent naissance à des formes mono- tropes, tandis que, par contre, les liquides qui pré- sentent à un haut degré le phénomène d’associa- tion laissent déposer des modifications énantio- tropes. Ce fait, sur lequel Tammann ‘ a alliré l'attention, s'explique immédiatement par la théorie de l’allotropie. Si un liquide n'est associé ! Am. dourn. of Science, t. XXXVI, p. 331 (1913). ? Zeitsehr. f. phys. Chem., t. LXXXII, p. 507 (1913). 3 Ber., t. XLIV, p. 3618 (1911). 200 que très légèrement, cela signifie que la courbe d'équilibre interne dans la phase liquide est située tout près d'un côté (voir fig. 15); donc la ligne d'équilibre interne stable à l’état solide se trouve tout près du côté du pseudo-composant & qui a le point de fusion le plus bas. Il est évident qu’une intersection des lignes S, g et dm, ou S,netepa une significalion particulière, de sorte qu'en se basant sur celle théorie on peut déjà prédire que le phénomène de monotropie doit se produire plus souvent que celui d’énantiotropie, ce que l’expé- rience confirme. Considérons maintenant les liquides peu et très peu associés ; on comprendra aisément que, par la situation latérale de la ligne d'équilibre interne à l'état solide S, g, la chance d'une iutersection de dm est réduite à un 2inimum, de sorle qu'on peut Fig. 15. s'attendre chez ces substances exclusivement à la monotropie, ce qui est toul à fait conforme à l’expé- rience. 5 $ 5. — La loi des stades de transformation. On a constaté, d'autre part, que la théorie de l'allotropie est la première à expliquer la loi des stades de transformation d'Ostwald*. “ Zeitschr. f. phys. Chem., t. LXXXIV, p. 385 (1913). A. SMITS — NOUVELLE THÉORIE DU PHÉNOMÈNE DE L'ALLOTROPIE Sans entrer dans le détail de ce phénomène, je tiens seulement à mentionner ici le résultat des considéralions modernes, à savoir qu'on peut démontrer qu’en bien des cas la phase qui se pro duira la première sera celle qui, par la composition, ressemble le plus à la phase originale. Cela peut être déduit d'une manière {rès simple et nous fournit ainsi la première explication ration- nelle de la loi des stades de transformation. S 6. — Cyanogène et phosphore. Les systèmes cyanogène et phosphore sont également intéressants à étudier. Comme le cyano- gène liquide, de même que le phosphore blane liquide, passent à l'état critique au-dessous du point de fusion du paracyanogène ou du phos- phore rouge ou violet, et que les modifications solides du cyanogène et du paracyanogène, de même que celles du phosphore blanc et du phos- phore rouge, ou bien du phosphore blane et du phosphore violet, présentent le phénomène de monotropie, il n'existe suivant la figure PT (la seule figure que l’on connaissait pour ces corps) pas le moindre rapport entre le cyanogène et le paracyanogène, pas plus qu'entre le phosphore blanc d’un côté et le phosphore rouge ou le phos- phore violet de l’autre côté. Il est cependant notoire que de tels rapports existent et que des transformations sont possibles aussi bien dans une direction que dans l’autre. Il y a donc ici une lacune dans nos connaissances. Or, cette lacune peut être comblée d'une manière simple en démon- trant que chacun des systèmes précités fait partie d'un système pseudobinaire plus compliqué. On réussit ainsi par la conception pseudobinaire à expliquer rationnellement tous les phénomènes jusqu'alors incompris. | Chacun de ces systèmes pseudobinaires est com- posé de deux composants qui diffèrent beaucoup entre eux par la volatilité et la température de fusion, et dans ces systèmes pseudobinaires les phases liquides et gazeuses unaires, comme le cyanogène solide et le phosphore blanc solide, sont situées tout près du composant le plus volatil". L'ordre dans l'apparition des phases dans ces cas aussi s'explique d'une manière bien simple. $ 7. — Métastabilité des métaux. Il est certain que, pendant et après le façonnage ou la préparation des métaux, le refroidissement se fait trop vile ou dla température de préparation est trop basse pour l'établissement d'un équilibre interne, et voilà sans doute une des causes du fait que les métaux, tels qu'ils se présentent à 1 Kon, Akad, v. Wet., 31 mai 1913, p. 40. A. SMITS — NOUVELLE THÉORIE DU PHÉNOMÈNE DE L'ALLOTROPIE 201 nous, sont presque toujours en état métastable. Remarquons, en outre, que lorsqu'on travaille, d'une manière quelconque, un métal en équilibre interne, il passe nécessairement à l'état métastable parce que l'équilibre interne se déplace quand on change la température ou la pression. Le plus souvent, cependant, ce déplacement ne se produira que partiellement, à cause de la faible vitesse de transformation. C'est là probablement une des raisons pour les- quelles deux pièces du même métal ne sont presque + jamais identiques. Les états métastables dont nous venons de parler peuvent, comme tant d’autres, passer à l’état stable sous diverses influences : élévation de température, vibrations, contact avec l'état stable. En ce cas, la transformation qui à lieu pourra se manifester par une recristallisation. Il est vrai que, comme Tammann ‘ l'a démontré, un métal peut être métastable aussi pour d'autres raisons, de nature purement physique. Mais si, comme Cohen et Katsuji* et Baucke* l'ont observé sur l'étain et le cuivre, la métastabilité peut être annulée par contact avec l'état stable, il s'agit bien d'une métastabilité chimique. $ 8. — Changement anormal d'une fonction de la température. En 1912, Benedicks*, ignorant notre théorie de l’allotropie, arriva à la conclusion que, si une fonc- tion de la température d'un corps allotrope montre non loin du point de transition un grand change- ment dans sa dépendance de la température (chan- gement de même direction que la variation dis- continue de la fonction au point de transition), cela dénote un changement dans l'état solide commençant déjà avant le point de transition, savoir une transformation de la deuxième modifi- cation solide dans la première. Cette conclusion, sans être parfaitement exacte, contient un fond de justesse. Suivant la théorie que nous venons d'exposer, le phénomène décrit par Benedicks n’est pas dû à la formation d'une solution d'une modification dans l'autre, mais à un changement important de l'équilibre interne; à la suite de ce changement, il se forme dans la phase solide une plus grande quantité de l’espece de molécules qui est en excès dans la seconde modifi- cation. Il est donc évident que, quand on constate de pareils changements d’une fonction de la température, ceux-ci doivent être considérés 1 Z. I. Elektrochem., t. XVIII, p. 504 (1912). 2 Z. 1. phys. Chem., t. LXXI, p. 301 (1910). * Internalionaler Verband für die Materialprüfungen der Technic, VI Kongress, New York, 1912, II, 14. ; + Journ. of the Iron and Steel Institute, n° 2, 1912, p. 242. comme un soutien de la théorie que nous venons d'exposer. Or, on en trouve différents exemples, premiè- rement chez le fer, comme Benedicks l’a déjà remarqué. De la direction singulière de la courbe, indiquant le rapport entre le volume et la température du fer +, entre 800° et 900° environ, il résulte que l'équi- libre interne subit, dans cet intervalle, un change- ment important et continu, et que le fer 6 n'est pas une nouvelle modification du fer, mais un état d'équilibre interne, qui se transforme d'une facon continue par abaissement de température en fer 7, et par élévation de température en fer +. Chez Hgl° on a également observé, comme nous l'avons déjà dit, un changement important et con- tinu du corps, qui sans doute se manifeste aussi dans une autre fonction de la température. Benedicks a trouvé, d’ailleurs, chez Agl le même phénomène que chez le fer, mais à un moindre degré. Wigand' a appelé l'attention sur la grande aug- mentation de la chaleur spécifique de bien des métaux, commençant à une tempéralure de # 100° au-dessous du point de fusion, d'où il suit que la chaleur qu'il faut employer pour élever 1 gramme du métal d'un degré de température est utilisée partiellement pour une réaction chimique endo- thermique, qui, chez les métaux, consistera proba- blement en une dissociation de molécules asso- ciées. Le fait que (sans nous occuper des tempéra- tures plus basses) la chaleur spécifique ne com- mence à augmenter sensiblement qu'à +100° au- dessous du point de fusion, devra être attribué à la vitesse de réaction, qui est si faible au-dessous de cette température que, pendant la détermina- tion de la chaleur spécifique, il ne se produit aucune réaction sensible. Chez l’élain, en déterminant les courbes de chauf- fage et de refroidissement, j'ai observé, on ne peut plus distinctement, en collaboration avec le D' de Leeuw, le changement de la chaleur spécifique près du point de fusion. $ 9. — Passivité des métaux. Il y a déjà quelque temps, j'ai été frappé du fait que ce phénomène, jusqu'ici encore non expliqué d'une manière satisfaisante, peut s'expliquer d'une facon plausible en s'appuyant sur la théorie de l'allotropie*. Pour cela, il suffit d'admettre que, comme le demande cette théorie, les métaux se A 1943). 1132, 1 Jahrb. d. Radioakt. u. Elektronïk, t. X, p. 54 ? Kon. Akad. v. Wetensch., 25 janv. 1915, p. 27 déc. 1913, p. 642. rs et 202 SMITS — NOUVELLE THÉORIE A. composent ordinairement de différentes espèces de molécules qui, en général, diffèrent au point de vue chimique, de sorte que les molécules d'une espèce agiront plus rapidement que celles de l'autre espèce. En cas d'action chimique, l'équilibre interne à la surface du métal sera alors rompu, et, suivant la rapidité avec laquelle l'équilibre in- terne se rétablit, il se produira ou non un phé- nomène particulier. Si l’on prend pour exemple le fer, dont la courbe de chauffage à l’état solide accuse la présence de différentes espèces de molécules, et qu'on l’im- merge dans de l'acide nitrique concentré, il arri- vera, à MOn avis, Ce qui suit : Les molécules d’une espèce agissent rapidement, mais celles de l’autre espèce agissent plus lente- ment ou n’agissent point du tout. Si l'on admet que l'oxygène se détachant de l'acide nitrique, et qui se dissout peut-être partiellement dans le fer, agit comme catalyseur négatif pour l’établis- sement de l'équilibre interne, il ne restera dans la mince couche de la surface du fer que l’espèce de molécules insoluble. Après avoir retiré la plaque de fer de l'acide nitrique et après l'avoir nettoyée à l’eau, on s'aperçoit que le fer ne possède plus différentes réactions connues de ce métal. L'état fort métastable de la surface peut se trans- former tout à coup par un choc, par l'approche d’un champ magnétique, par contact avec des DU PHÉNOMÈNE DE L'ALLOTROPIE catalyseurs positifs, et de bien d'autres manières; les molécules inactives se transforment alors en molécules actives et les réactions ordinaires du fer réapparaissent. Les changements soudains el périodiques du potentiel dans l'électrolyse des acides avec une anode de fer’ s'expliquent de la même facon. Si cette explication est juste, nous avons dans l'étude du changement soudain du potentiel un moyen excellent pour examiner si un métal est complexe ou non. Pour eet examen, il faudra pourtant avoir toujours soin d'opérer eñ présence d'un catalyseur négatif. En rapport avec les phénomènes dont nous venons de parler, j'ajoute que, dans les dépôts de métaux par électrolyse, spécialement quand on opère en présence d'un catalyseur négatif, il peut très bien arriver que le métal déposé n’est pas en équilibre interne et se trouve, par conséquent, dans un état fort métastable. Il est très probable que nous sommes en face d'un état de ce genre dans l’antimoine explosif, dans le dépôt duquel l'équilibre interne ne se produit pas, ce qu’on peut attribuer au chlorure d'antimoine dissous. C'est là pourtant une hypothèse qui demande à être étudiée ultérieurement. A. Smits, Professeur de Chimie inorganique à l'Université d'Amsterdam. 4 ADLER : Z. {. phys. Chem., t. LXXN\, p. 385 (1912). BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 203 BIBLIOGRAPHIE ANALYSES ET INDEX 1° Sciences mathématiques finoblauch (J.. — Grundlagen der Differential- geometrie (LES BASES DE LA GÉOMÉTRIE INFINITÉSIMALE). — 1 vol. in-8° de 634 pages. (Prix : 22 fr. 50.) B.-G. Teubner. Leipzig et Berlin, 1913. L'ouvrage de M. Knoblauch est un exposé systéma- ique et très complet de toutes les notions et formules sur lesquelles on peut faire reposer la Géométrie infi- nitésimale, abstraction faite des systèmes triples orthogonaux, dont il n'est pas fait mention. Bien que l'auteur remonte aux sources mêmes de la théorie des courbes et des surfaces, s'appuyant uni- quement sur les éléments de la Géométrie analytique, son livre ne saurait s'adresser à un débutant. Les questions y sont toujours envisagées du point de vue le plus général, et leur intérêt est souvent masqué par la complication des calculs auxquels elles donnent lieu. Le géomètre déjà initié trouvera, à coup sûr, dans l'ouvrage de M. Knoblauch, toutes les formules pouvant lui servir de point de départ pour une recherche quel- conque. Mais, un commencant s’y perdrait et acquerrait l'impression, bien injustiliée, que la Géométrie n’est accessible qu'à celui qui ne recule pas devant des calculs longs et pénibles, au milieu desquels M. Kno- blauch semble, certes, très à l’aise, mais qui pour- raient être évités parfois par quelques lignes de rai- sonnement. Le chapitre I est une introduction à la théorie des courbes : tangente, plan normal, plan osculateur, nor- male principale, binormale, courbure, torsion, sphère osculatrice, hélices. A propos des formules de Frenet, l'auteur introduit une opération à laquelle il attache beaucoup d'importance et dont il fait un fréquent usage dans la suite : c’est la diflérentiation geome- trique le long d’une courbe. Si s désigne l'arc de cette courbe et + une fonction en dépendant, il appelle dérivée géométrique et représente par le symbole 0 + q2 la dérivée ordinaire - Ce n’est évidemment là qu’une S simplification purement formelle, mais qui, dans cer- tains chapitres, rend les calculs plus élégants et plus abordables. Le chapitre II est consacré à l'introduction des sur- faces et à l'établissement des formules classiques rela- tives à l'élément linéaire et aux angles dans le plan tangent. La différentiation géométrique de certains cosinus directeurs conduit à une généralisation des formules de Frenet, où se présentent, comme coef- ficients, la courbure normale, la courbure tangentielle (ou géodésique) et la torsion géodésique. Le chapitre LI concerne l'étude de la courbure nor- male et des questions classiques qui s'y rattachent. Envisageant chaque problème dans toute sa généralité, l'auteur suppose successivement la surface définie paramétriquement, par une équation quelconque en | X, ÿ,Z, puis par une équation de la forme z— f(x, y). C'est ainsi que, dans le deuxième mode de représen- tation, il donne l'équation aux courbures principales sous une forme assez élégante de déterminant. A la fin du chapitre se trouvent exposés, à la manière de Gauss, la notion de courbure totale et son calcul en fonction des coefficients du ds. Le chapitre IV est consacré au calcul de la courbure géodésique. Le chapitre V à une importance fondamentale pour la suite de l'ouvrage. C'est un exposé très général de la théorie des formes quadratiques binaires de diffé- rentielles, de leurs transformations et des invariants et covariants qui leur sont attachés. Comme applica- tions, sont calculées la courbure et la torsion géodé- siques, ainsi que les formules générales de Frenet pour deux courbes orthogonales. Le dernier paragraphe est consacré à une formule importante, appelée formule d'échange. Si l’on effectue deux ditrérentiations géométriques successives suivant deux courbes C et C’, le résultat dépend de l’ordre de ces différentiations. On a 0/09 — 08/9 — 4.09 — g'.0'o, g etg' désignant les courbures géodésiques de C et C’. Le chapitre VI est relatif aux trois équations qui relient les coefficients des deux formes quadratiques fondamentales de la théorie des surfaces et qui sont l'équivalent des formules de Codazzi de la théorie du trièdre mobile. L'auteur les établit d'abord, en partant de la formule d'échange, sous une forme élégante et condensée, faisaut intervenir les courbures normales et tangentielles et les torsions géodésiques des lignes coordonnées. Il les transforme ensuite pour arriver à leur forme explicite, qu'il déduit aussi des formules de Gauss et de Weingarten. Dans le chapitre VII, sont passés en revue les lignes ou réseaux particuliers qu’on peut tracer sur une Sur- face : lignes de courbure, asymptotiques, géodésiques, réseaux conjugués, isothermes, réseaux orthogonaux comprenant une famille de géodésiques, ellipses et hyperboles géodésiques, cercles géodésiques; avec application à certaines surfaces, telles que qua- driques, surfaces réglées, surfaces développables. Le chapitre VII a trait à la représentation sphérique des surfaces, puis des congruences, dont l'auteur établit les propriétés classiques. Le chapitre IX est surtout consacré à la surface des centres de courbure et aux surfaces de Weingarten. Dans le chapitre X sont traités certains problèmes relatifs à la déformation des surfaces, à propos des- quels l’auteur fait une étude sommaire des surfaces minima. Puis, sont exposées les intéressantes re- cherches de Weingarten sur certaines classes de sur- faces applicables, ayant des ds° de la forme Éte mè 2v 2 — vdv?), du? + 2{u + av)dv®, du + (uen )as Le chapitre se termine par l'étude des surfaces W au point de vue de la représentation sphérique, avec l’ap- plication bien connue à la déformation du paraboloïde de révolution. Dans le chapitre XI, l’auteur reprend la théorie générale des lignes tracées sur une surface. Il intro- duit une forme cubique de différentielles dont les coefficients sont des invariants du troisième ordre, et montre, d’après Christoffel, comment on peut la géné- raliser jusqu'à un ordre quelconque. Le chapitre XII contient des considérations géné- rales sur le nombre et Ja formation des invariants el covariants d'un ordre donné. | Le chapitre XIII étend les formules de Weingarten à la théorie des congruences. Enfin, le dernier chapitre est consacré à l'examen de diverses questions, telles que courbure des lignes asymptotiques, condition d’applicabilité d’une surface sur une surface de révolution, équation aux dérivées partielles des surfaces isothermiques. , L'impression qui se dégage de la lecture, parfois un peu pénible, de l'ouvrage de M. Knoblauch est l'extrème facilité avec laquelle ce géomètre sait mener à bonne fin des calculs au premier abord inextricables, grâce (udu* 20% BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX à un emploi systématique de la théorie des formes, judicieusement combiné avec la différentiation géomé- trique. J. H4146, Professeur de Mécanique à la Faculté des Sciences de Clermont-Ferrand. Butavand (H.). — Les lois empiriques du sys- tème solaire et les harmoniques tourbillonnaires. — 1 vol. in-8° de 45 p. avec 17 fig. (Prix : 2\fr.) Gauthier- Villars, éditeur. Paris, 1913. On admet difficilement que la répartition des élé- ments des planètes soit due au hasard ; telles sont, par exemple, la distance au Soleil, l'inclinaison de l'équateur sur l’écliptique, l’excentricité de l'orbite, la densité, la masse, la durée de rotation. On peut appe- ler plus spécialement lois empiriques du système solaire des relations établies en dehors de toute théo- rie cosmogonique, et par des méthodes totalement artificielles, permettant d'obtenir avec une approxima- tion plus ou moins grande les éléments des planètes successives en fonction du rang ou, à la rigueur, en fonction de Ja distance au Soleil. La bibliographie d'une telle question est assez éten- due ; fréquemment, comme problème incident, les astronomes ont proposé quelque variante des ancien- nes lois, soit pour les planètes, soit pour les satellites. Mais, ce qui prouve bien qu'il s'agit en géaéral d’un jeu auquel l’auteur n'attache qu'un petit intérêt de curiosité, jamais, à notre connaissance, aucun d'entre eux ne fit une comparaison systématique et détaillée des diverses variantes proposées par ailleurs. Enfin, tous ces petits exercices ont un même défaut à la cuirasse : on n’étudie que les éléments d'accès facile. On néglige les positions des nœuds, on néglige les positions des périhélies. Pourquoi? alors que tous les astronomes savent que, pour les comètes, ce sont les groupements des périhélies qui jouent un rôle essen- tiel; pour les astéroïdes, ce sont les pôles des orbites. Ce dernier cas, d'ailleurs, soulève un problème beau- coup plus grave encore : les éléments peuvent-ils être séparés, pour fournir l’objet d’études, un à un? Nous ne le croyons pas, et restons convaincus que ce sont certaines fonctions des éléments qui jouent un rôle essentiel, tout comme le critérium de Tisserand est bien autrement important que telle petite remarque sur les excentricités. Mais ces fonctions restent bien mystérieuses. M. F. Butavand a voulu, lui: aussi, rechercher des lois numériques artificielles : il y réussit dans cer- tains cas d'assez satisfaisante facon et, par là, son tra- vail mérite d'être pris en considération. Mais, dit l’au- teur, «ilsemble bier qu'il se passe, pour ces quantités, un fait analogue à celui qu'on observe en Chimie, où les propriétés des corps paraissent être des fonctions à période plus ou moins apparente d'une seule et même variable : le rang de l'élément dans la classifica- tion générale ou dans sa famille », Et ceci, déjà, est regrettable à nos veux : que la comparaison soit ou non possible, il y a « système » et non plus simples lois empiriques. Enfin, on retrouverait mille preuves, parait-il, de la fécondité d'une célèbre théorie casmo- gonique tourbillonnaire : et ceci, encore, est très regrettable au point de vue de l'indépendance dans la forme des lois cherchées. En résumé, le travail de M. Butavand est fort intéressant: nous exprimons seulement le regret très vif qu'il ne soit pas plus in- dépendant de toute considération extérieure. 2° Sciences physiques Marchis (L.), Professeur à la Faculté des Sciences de Paris. — Le Froid industriel. — 4 vol. in-16 de 328 pages avec 104 figures de la Nouvelle Collection scientifique. (Prix : 3 fr. 50.) F, Alcan, éditeur. Paris, 1913. L'auteur de cet ouvrage a été le premier en France à attirer l'attention des élèves de l'Enseignement supé- rieur sur le domaine du froid, par un cours professé à la Faculté des Sciences de Bordeaux en 1904-1905, qui constitue encore aujourd'hui un travail unique et particulièrement précieux pour tous ceux qui désirent se renseigner sur l'universalité du domaine du froid. Dans son nouvel ouvrage, M. Marchis a volontairement limité son sujet au développement d'un certain nombre d'idées sur l'application correcte du froid à la conser- vation des denrées périssables. A juste titre, l’auteur estime que les résultats heureux d'une installation fri- gorifique exigent la soumission préalable à un certain nombre de règles fondamentales, qu'il énumère en étudiant uniquement ce que doit être un entrepôt fri- gorilique pour toutes denrées alimentaires. Dans une première partie, l’auteur étudie la pro- duction du froid, et examine succinctement non seu- lement les liquides — dont la vaporisation est la source industrielle du froid — et les conditions que ces liquides doivent remplir pour être employés efficace- ment à la production des basses températures, mais encore il présente les divers types de machines frigori- fiques à compression, à absorption, à vapeur d'eau, avec le concours de nombreux schémas et dessins. Dans une deuxième partie, l’auteur étudie la con- servation du froid, problème traité trop souvent avec légèreté, et dont la bonne solution importe cependant grandement pour la réalisation d’un bon entrepôt. La constance de la température est, en effet, un facteur essentiel pour une bonne conservation. La nature et les caractéristiques des différents matériaux isolants sont succinctement indiquées, et cette énumération est suivie de l'étude des conditions particulières que doit remplir une matière isolante pour répondre aux besoins de l’industrie de l’entreposage frigorifique. Enfin, dans une dernière partie, l’auteur examine les applications du froid qui conviennent aux denrées périssables; parmi celles-ci, les applications du froid à la conservation de la viande et du poisson sont minutieusement étudiées dans deux chapitres dis- tincts, qui constituent chacun un guide excellent des conditions que doivent remplir un frigorifique d'abat- toir et un frigorifique de pêches. Cet ouvrage, remarquable par la netteté et la briè- veté de ses exposés, rendra certainement de grands services aux personnes amenées à étudier pratique- ment la question de l’entreposage frigorifique des denrées alimentaires, qui constitue, de beaucoup, celle des applications du froid dont l'utilité générale s'imposera de plus en plus. E. GouauLr, Secrélaire général de l'Association internationale du Froid. Istrati (C.), Professeur de Chimie organique à l Uni- versité de Bucarest, et Longineseu (G.), Profes- seur de Chimie inorganique à la même Université. — Cours élémentaire de Chimie et de Minéralogie. 2 édition française, publiée d'après la 4° édition roumaine par A. Apam, Professeur au Lycée de Charleville. — 1 vol. in-8° de 402 pages avec 300 figu- res. (Prix : 13 fr.) Gauthier- Villars. Paris, 1913. Enseigner la Chimie, c'est non seulement exposer d'une facon méthodique l’ensemble des faits connus dans le domaine chimique, mais c'est encore donner au lecteur ou à l'auditeur l'idée de la méthode suivie dans les recherches. De là découle la nécessité de faire usage de la méthode inductive pour aborder l'étude d'une science expérimentale. Toute autre méthode d'ex- position est un contresens ; les vues d'ensemble ne peuvent venir logiquement que comme des conclusions. Il est vraiment curieux de constater qu'un temps aussi long ait été nécessaire pour comprendre la nécessité d'une chose qui paraît si évidente a priori. Gontentons- nous de reconnaître que, de tous côtés, on commence à admettre la supériorité de la méthode inductive dans l'enseignement de la Chimie, sans discuter les raisons qui ont arrêté le développement de cette idée. L'ouvrage de MM. Istrati et Longinescu, dont nous 1 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX devons une bonne traduction à M. Adam, est concu dans cet excellent esprit; il part du connu pour arriver progressivement à l'inconnu. Les premiers chapitres, comme bien l’on pense, « ne font mention nides hypo- thèses, ni des théories, ni des équations chimiques. Les connaissances qu'ils contiennent reposent exclusi- yement sur des expériences choisies de facon à cons- tituer, en même temps qu'une démonstration suffisam- ment probante, une opération facile à réaliser. Chacune d'elles, décrite brièvement et d'une façon aussi claire que possible, est suivie d’une explication d'où se dégage le phénomène qui s’est produit ». « Ce n’est qu'après avoir, avec le secours de l’obser- yation et de l'expérience, réuni une somme d'idées suffisantes, que l’on s'est efforcé de faire comprendre - comment des résultats expérimentaux qui apparaissent comme des faits isolés peuvent être groupés sous forme de lois et même s'enchainer à l'aide de la théorie. Alors seulement trouvent place les formules et les équations chimiques; elles surgissent au moment opportun, comme une nécessité logique et non comme une règle dogmatique ». Voilà vingt ans que j'expose les mêmes idées et la même facon de faire aux candidats et candidates que j'ai eu à préparer à l'agrégation, à Lille, à la Sorbonne, et à l'Ecole de Sèvres, c'est dire que j'applaudis sans réserve la méthode suivie par les savants roumains dans la rédaction de leur excellent traité de Chimie, et, si j'avais un reproche à leur adresser, ce serait précisément de ne pas l'avoir toujours suivi. Est-il vraiment bien nécessaire de placer la préparation des corps au début de leur étude, et ne serait-il pas plus logique de traiter cette question quand les propriétés physiques et chimiques du corps ont été bien étudiées ? Il est presque toujours impossible de bien comprendre les différentes phases d'une préparation sans faire constamment appel à la connaissance des propriétés | physiques et chimiques de l'élément ou composé à isoler. Exposer la monographie d’un corps en commen- cant par la préparation, c'est renverser, il me semble, l'ordre naturel, car les méthodes définitives d’élabo- ration des espèces chimiques n’ont été établies, dans la plupart des cas, qu'avec une parfaite connaissance de leurs propriétés. Les auteurs ont fort justement introduit, lorsque cela devenaitutile, les notions de Minéralogie indispen- sables à l'étude de la Chimie minérale. Ainsi, à propos du sel marin, matière première de l'acide chlorhy- drique, ils étudient le système indiqué et définissent sur cet exemple la notion de système; plus loin, à propos du soufre, du gypse, nous retrouvons le système orthorhombique et le système clinorhombique. Les silicates, qui tiennent une si grande place dans le monde minéral, ne sont pas négligés comme on a l'habitude de le faire un peu partout: les quelques notions de minéralogie acquises au cours des leçons précédentes rendent encore leur examen plus intéres- sant et plus instructif. Je ne saurais dire avec quel plaisir j'ai retrouvé dans cet ouvrage les éditions si soignées de la maison Gauthier-Villars; le contact permanent avec les périodiques scientifiques, les ouvrages d'enseignement supérieur, la plupart du temps mal imprimés, fait d'autant plus apprécier une impression aussi soignée et aussi nette. CAMILLE MATIGNON, Professeur au Collège de France. Montessus de Ballore (H. de), Zngénieur civil, ancien Directeur de Papeteries. — La fabrication des celluloses de papeterie autres que celles de bois. — 1 vol. in-8° de 300 pages avec 100 figures. (Prix : 12 fr.) Dunod et Pinat, éditeurs. Paris, 1913. ae est divisé en deux parties à peu près égales : description des traitements industriels en général, monographies de chaque genre de plante à papier. La première partie, surtout originale, comprend une 205 suite d'études approfondies du lessivage, du défibrage, du blanchiment, de la mise en pâtes. Certaines ques- tions connexes, comme la récupération des lessives alcalines résiduelles, la préparation de la soude et des hypochlorites, sont traitées à fond : les intéressés trou- veront là force choses qu'ils ne pouvaient jusqu'à pré- sent rencontrer que dans toute une bibliothèque. La seconde partie est surtout consacrée aux matières suivantes, les seules pratiquement utilisées en pape- terie industrielle : alfa, bambou, paille, chanvre, jute, coton, lin, ramie, phormium, papyrus. L'auteur entre dans une étude des caractères de chaque fibre (copieu- sementillustrée de photomicrographies), de la composi- tion, des propriétés, de la récolte et de l'emploi en papeterie. Dans une époque où l’on parle sans cesse de l’épui- sement des matières premières de papeterie, un tel ouvrage est actuel : il montre que toute crainte est vaine, tellement sont nombreuses les matières pre- mières, riches leurs récoltes possibles. La facon dont est fait l'ouvrage nous incline à espérer que l’auteur le complétera quelque jour par un volume consacré à l'industrie des seules pâtes de bois. H. R. 3° Sciences naturelles Gignoux (Maurice), Préparateur de Géologie à la Faculté des Sciences de Grenoble. — Les formations marines pliocènes et quaternairesde l'Italie du Sud et de la Sicile. — 1 vol. in-8° de 693 pages, avec 42 fi- gures et 21 planches hors texte (Annales de l Uni- versité de Lyon, nouvelle série, t.1. fase. 36). (Prix: 15 fr.) À. Rey, Lyon, et J.-B. Baillière, Paris, 1913. Il est rare de lire un travail de Stratigraphie con- duit avec un esprit si vraiment scientifique que celui publié tout récemment par M. Gignoux, et qui lui a servi de thèse de doctorat. Il faut bien avouer que les stratigraphes ne sont pas toujours gens fort métho- diques et que les travaux de plus d'un d’entre eux ne paraissent pas guidés par la Raison pure. Trop sou- vent, les couches sont groupées ou subdivisées sans qu'on apercoive-bien les raisons de ces groupements et de ces subdivisions, les auteurs ayant complètement négligé de se demander d’abord, à eux-mêmes, et de nous dire ensuite quels sont les principes qui servent de fil conducteur à leurs raisonnements. Aussi doit-on grandement se réjouir quand paraît un livre, comme celui que nous analysons, dans lequel on trouve, indé- pendamment du grand nombre et de l'importance des observations nouvelles, une méthode rigoureuse et un raisonnement impeccable. On éprouve, à la lecture de la thèse de M. Gignoux, la même impression que devant une belle expérience de physique, remarqua- blement conduite et interprétée. Voici maintenant la question que notre confrère s’est proposé de résoudre : quelles sont, dans la Médi- terranée occidentale, et plus spécialement dans l'Italie du sud, les relations, stratigraphiques et paléontolo- giques, entre le Pliocène et le Quaternaire? Quels sont les changements géographiques qui distinguent ces deux époques, et comment la faune s’est-elle modifiée de l’une à l’autre, et jusqu'à nos jours, pour donner la faune de la Méditerranée actuelle? Vastes problèmes, malgré la brièveté des périodes consi- dérées, et qui exigeaient de l’auteur, en même temps que des méthodes stratigraphiques de précision, des connaissances paléontologiques extrêmement vastes. Dans le midi de la France, le problème était fort simple ; on sait que dans cette région, après la phase continentale du Miocène supérieur, la mer s’est de nouveau avancée, assez loin dans le bassin du Rhône et dans le Languedoc, beaucoup moinsloin sur les côtes rocheuses de la Provence ou des Alpes-Maritimes, el qu'elle à déposé des argiles, puis des sables, où l'on trouve une faune des plus riches: c’est cette série transgressive, groupe naturel très homogène, qui con- 206 stitue le /’Jiocène. Les seules formations marines plus récentes que l'on connaisse sont des assises « locales, discontinues, réduites à des lambeaux accrochés le long des côtes sur des terrains plus anciens quel- conques », marquant, en un mot, des /ignes de rivages, d'altitudes successivement décroissantes : c'est là le (Quaternaire. Les espèces qu'on y trouve sont presque toutes identiques à celles qui vivent actuellement dans la mer voisine, sauf dans les couches les plus récentes, où l'on a trouvé la faune dite « à Strombus bubonius », caractérisée par la présence d'espèces habi- tant actuellement l'Atlantique tropical. « Mais entre les faunes pliocènes typiques décrites par Fontannes et la faune quaternaire également typique des couches à Strombus bubonius Lamck., il existait dans les connaissances des géologues français une vaste lacune, où manquaient à la fois des données paléontologiques sur l'histoire des faunes marines, et des renseignements stratigraphiques précis sur ces couches intermédiaires, » C'est dans l'Italie du Sud que « des facies marins s'observent entre le Pliocène classique et le Quater- naire récent, et qu'ont été créés les noms d'étages qui leur correspondent »; c'est donc là que M. Gignoux est allé les étudier. Si ces formations plus récentes, désignées sous les noms de Sicilien et Saharien par Seguenza, de Post- pliocène par de Stefani, étaient déjà assez complète- ment connues au point de vue paléontologique, leurs relations stratigraphiques mutuelles et avec le Plio- cène et le Quaternaire restaient fort obscures. Il fal- lait, pour sortir de ce chaos, une revision sur le ter- rain de tous les principaux gisements et un critérium stratigraphique; ce critérium, M. Gignoux l'a trouvé dans la notion du cycle sédimentaire, notion qui n’est pas nouvelle, mais dont l'application s’est trouvée ici extrêmement féconde, parce qu’elle lui a permis de mettre une très grande clarté dans les faits. « Supposons qu'un certain point de la surface conti- nentale soit atteint par une transgression marine, et qu'il s’y établisse un régime de sédimentation clas- tique : cette sédimentation va débuter par un con- glomérat de base...; la profondeur augmente, et il se dépose des sédiments marneux ou argileux de mer profonde, il y a remblaiement; ce remblaiement se termine par des couches sableuses..…. devenant de plus en plus grossières; finalement les apports terri- gènes... gagnent sur le domaine marin...; il se con- stitue ainsi par accumulation progressive une vaste plaine d’alluvions, dont l'altitude est réglée par la hauteur maximum du niveau de base... » Un pareil cycle sédimentaire a donc pour conséquence le dépôt d'une série de remblarement, dont tous les termes, conglomérat de base, argiles, sables, ailuvions de plaine côtière, sont intimement liés les uns aux autres, el se succèdent en continuité absolue, de sorte qu'une série de remblaiement représeute un groupe strati- graphique parfaitement naturel, Si maintenant la mer s'abaisse par saccades, il se déposera, à chaque période de stabilité, une série de remblaiement qui sera en contre-bas de la précé- dente, et qui lui sera accolée et non superposée ; « et surtout les plaines côtières correspondant à ces ni- veaux successifs seront nettement distinctes, la plus ancienne restant la plus élevée ». Ces notions s'appliquent admirablement aux terrains récents de l'Italie du Sud : la première série, corres- pondant au cycle sédimentaire transgressif dont nous avons parlé, c’est le Pliocène, avec ses deux facies, argiles bleues du /’lafsancien, surmontées par les sables de l’Astien, et que couronnent les sédiments plus grossiers de la fin du remblaiement. Or, l'on trouve, dans ces couches terminales, une faune difté- rente de celle des étages inférieurs, et que caractérise surtout l'apparition d'espèces à aflinités septentrio- nales, telles que Chlamys islandicus, Cyprina islan- dica, Mya truncata, Trophon muricatus, Buccinum BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX undatum, elc. L'arrivée de ces formes caractérise unëé nouvelle zone paléontologique, différente du Plaisan” cien-Astien, et dont M. Gignoux fait l'étage calabrien Mais ce Calabrien fait encore partie du Pliocène puisque, dit l’auteur, il ne représente que la phases terminale du même cycle sédimentaire. Les dépôts plus récents se trouvent en contre-bas de la série pliocène : ils constituent le Quaternaires dans les couches les plus anciennes, correspondant au niveau de base le plus élevé (80-100 m.), on trouve une faune encore très voisine de la faune calabrienne, avec les mêmes espèces « émigrées du Nord »; c'est le Quaternaire ancien, ou étage sicilien. Dans les couches plus récentes (niveau de 15-30 mètres), les types septentrionaux ont disparu, et l’on trouve au contraire des coquilles à affinités tropicales : c'est l'horizon à Strombus bubonius où Quaternaire moyen. Telle est la classification que, dans ses 2e, 3° et 42 parties, l’auteur étaye d’un nombre immense de faits stratigraphiques observés et décrits avec la plus amou- reuse minutie; ces chapitres sont du reste tout à fait excellents, tant par l'abondance et la précision des faits observés que par la maîtrise avec laquelle ils sont interprétés, et leur force de persuasion est très grande. On ne doute plus, après les avoir lus, de l’in- dividualité de l'étage calabrien et de sa situation constante au sommet du cycle sédimentaire pliocène; non plus que l'indépendance stratigraphique très nette de cet étage et du Sicilien, et de la constance des caractères fauniques des couches à Strombes. On regrette seulement, mais très vivement, l'absence de résumés à la fin des principaux chapitres. Une chose que l’on peut louer sans réserves, c'est que M. Gignoux, dans la discussion des caractères. paléontologiques des gisements, ne s'est pas embar- rassé, et n'a pas embarrassé le lecteur, de listes inter- minables de noms de fossiles sans intérêt, mais s’est toujours borné à citer les espèces importantes, distin- guant parmi elles ce qui est mutations, formes éteintes, immigrées ou émigrées. Il a dù faire, sans doute, pour arriver à cela, un travail critique qui lui a demandé beaucoup de mal, mais qui allège son texte, en don- nant une certitude et une précision beaucoup plus grandes à ses déductions. Le trait vraiment nouveau de la classification de M. Gignoux, c'est la séparation du Calabrien et du Sicilien, le premier étant encore pliocène et le second quaternaire, et cela malgré les affinités, on pourrait presque dire l'identité faunique de ces deux étages, dont l'ensemble constitue le Postpliocène de M. de Stefani. En sorte que la limite entre le Pliocène et le Quaternaire serait bien plutôt d'ordre stratigraphique que paléontologique. Je crois bien, pour ma part, que l'auteur est dans le vrai en attribuant plus d'impor- tance, pour classer les grandes périodes de l'histoire de la Terre, aux changements géographiques qu'aux changements de faunes, qui sans doute sont sous la dépendance des premiers, mais n'en sont pas forcé- ment synchroniques. Je regrette lout de même qu'au lieu de se borner à définir son Pliocène, il n'ait pas discuté la question plus à fond. On aurait aimé, par exemple, à être un peu plus renseigné sur le compte des espèces « émigrées du Nord », sur les causes et le trajet de leur migration, et savoir s'il y avait syn- chronisme ou non de leur arrivée dans les crags anglo- belges et dans la Méditerranée. Cette question est importante pour la définition du Pliocène. On aurait désiré aussi une discussion plus approfondie des rela- tions qui ont pu exister entre les changements des lignes de rivage et les grands effondrements qui ont marqué la fin du Pliocène; et il semble que l'auteur en aurait eu les éléments, au moins pour la Médi- terranée occidentale ; certains faits, par exemple, dans le détroit de Catanzaro, paraissent tout à fait en faveur de l'hypothèse d'une Tyrrhénide, et si M. Gignoux était arrivé à lier l’'abaissement brusque du niveau de la mer, qui marque, dans sa classification, la période | { BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 207 quaternaire, à l'effondrement de la Tyrrhénide et à ceux de la Méditerranée orientale, c'est-à-dire à des faits géologiques de prime importance, qui ne voit combien sa théorie en aurait été renforcée ? Il me resterait encore bien des points intéressants à signaler sur le travail de M. Gignoux, si la place ne me faisait défaut : il y a, par exemple, quelques faits fort importants pour le synchronisme des faunes marines et continentales. Je me bornerai à dire quelques mots de sa cinquième partie, qui lraite de « l'histoire des principaux groupes de Mollusques marins pendant le Pliocène et le Quaternaire ». Cette partie est évidem- ment impossible à résumer, mais elle est un modèle d'étude paléontologique conduite au point de vue de son application à la Stratigraphie; l'auteur considère suc- cessivement chaque genre avec ses principales espèces, en recherchant leur origine, en étudiant leur évolution ou leurs migrations sous l'influence des facteurs am- biants. Il se dégage de ces chapitres l'impression que, pour ces temps relativement très courts, les extinc- tions d'espèces et les migrations sont les seuls phéno- mènes utilisables pour la classification, tandis que les faits d'évolution ne se traduisent que par des muta- tions peu nettes et fort rares. C'est en somme un ouvrage des plus remarquables que vient de publier M. Gignoux, et que j'offre en modèle à tous ceux qui veulent faire de la Stratigra- phie et de la Paléontologie stratigraphique. Si j'ajoute qu'il est abondamment illustré, orné de belles planches et écrit dans un style clair, alerte, extrêmement fran- cais, on ne s'étonnera pas que je le range parmi les plus belles des thèses de géologie qui aient été soute- nues dans ces dernières années. Jean Boussac, Professeur-adjoint de Géologie à l'Institut catholique de Paris: Neveu-Lemaire(M.), Professeur agrégé à la Faculté de Médecine de Lyon. — Parasitologie des Plantes agricoles. PRÉFACE DE M. E.-L. Bouvier. — 1 vol. in-12 de 720 payes avec 430 figures. (Prix : 15 francs.) Lamarre et Ci°, éditeurs. Paris, 1914, L'auteur des excellents ouvrages, Précis de Parasi- tologie humaine et Parasitologie des animaux domes- tiques, vient de donner, au public s'intéressant à l'Agriculture, une Parasitologie des Plantes agricoles. On trouve dans un volume restreint un grand nombre de renseignements uniquement sur les végétaux et les animaux qui vivent sur les plantes de grande culture : céréales, vigne, plantesfourragèresetindustrielles.Pour chaque parasite important, la synonymie, la descrip- tion, l'habitat, l'évolution, les ennemis naturels, les. traitements, etc., sont indiqués, et cela d'après nos meilleurs phytopathologistes. De nombreux tableaux, comme dans les Traités précédents du même auteur, donnentles caractères essentiels des différents groupes d'ennemis ou Les résumés des principaux chapitres. Les végétaux parasites des plantes agricoles, classés dans leur ordre botanique, les bactéries étant le point de départ, font l’objet d'une première-partie, dans laquelle naturellement les champignons tiennent la plus grande place, mais les autres organismes n’en sont pas pour cela négligés: les phanérogames en parti- culier (Cuscutes. Orobranches, etc.) sont étudiées avec beaucoup de soins. Les animaux parasites viennent ensuite et sont passés en revue en suivant la classifi- cation zoologique ; les Nématodes, les Acariens et sur- tout les Insectes, qui sont les trois groupes importants en agriculture, sont indiqués avec détails ainsi que les moyens de lutte les plus employés. De nombreuses figures illustrent le texte et peuvent aider à l'identifi- cation d'un ennemi donné. Pour faciliter plus encore cette détermination, à la fin de l'ouvrage Se trouve une liste des parasites signalés dans le volume, classés par hôtes et par organes. Etant donné un dégât et un parasite, ces der- niers tableaux rendront de grands services aux cher- cheurs, en partieulier pour les ennemis des petites graminées des prairies, en général peu étudiés et dont pourtant les hôtes jouent un rôle économique impor- tant. P. VAYSSIÈRE. Boule (Marcellin), Professeur de Paléontologie au Muséum. — L'Homme fossile de La Chappelle- aux-Saints. (Æxtrait des Annales de Paléontologie, 1911-1913.) — 1 vol. in-4° de 275 pages avec plan- ches. (Prix : 50 fr.) Masson et Ci°. Paris, 1913. Tous les lecteurs de la Revue connaissent plus ou moins la célèbre découverte faite en 1908, dans une grotte située près du village de La Chapelle-aux-Saints (Corrèze), d'un squelette humain fossile. Les auteurs de cette découverte, trois prêtres corréziens très experts en Archéologie préhistorique, MM. A. et J. Bouysonnie et Bardon, décrivirent eux-mêmes le gisement et en établirent la stratigraphie. Ils réser- vèrent à M. Boule l'étude des ossements, dont ils firent très généreusement don au Muséum national (Galerie de Paléontologie). Des pièces aussi précieuses méri- taient bien d'être recueillies, étudiées et conservées. dans de si heureuses conditions. Pour en saisir toute l'importance, il faut savoir que les restes humains fossiles precédemment découverts (La Naulette, Gibraltar, Néanderthal, Spy, Trinil, etc.) n'avaient pas présenté à eux tous l’ensemble d'un squelette d’une facon aussi satisfaisante que celui de La Chapelle-aux-Saints, malgré les lacunes de ce dernier. Le rachis, le thorax, le bassin, les membres et leurs segments jusqu'aux doigts, tout est représenté par des fragments plus ou moins nombreux ou rares dout chacun est un trésor. Et cette fois c’est une tête à peu près entière avec sa face et sa mandibule dont on a pu avoir le spectacle impressionnant lorsque fut achevée la mise en place très laborieuse de tous les morceaux. Mais passons à l'étude à la fois paléontologique et anthropologique dont M. Boule s'est acquitté avec un soin et une science à la hauteur de son sujet. Nous ne saurions ici mieux faire que reproduire textuellement, autant que possible, les principales constatations et les conclusions les plus générales de l’auteur. M. Boule, qui place dans le Pléistocène supérieur (âge du Renne) les hommes de Cro-Magnon, de Chan- celade et de Grimaldi, attribue au Pléistocène moyen l'Homme de La Chapelle-aux-Saints et conjointement les hommes de La Naulette, de Néanderthal, de Spy, de Gibraltar, de Krapina, du Moustier, de La Quina, etc, qui peuvent être réunis dans un même groupe auquel convient le nom de Homo Neanderthalensis. Quant au Pithecanthropus de Dubois, il appartiendrait au Pléis- tocène inférieur, et l’on sait que, par les caractères morphologiques de son crâne, il est notablement au- dessous des Néanderthaliens. Avec le squelette de La Chapelle furent trouvés plu- sieurs silex laillés du type moustérien. L'état de fossi- lisation des os est assez prononcé, Le crâne est remarquable par une capacité digne de l'époque actuelle (environ 1.600 centimètres cubes), mais aussi par le grand développement de la partie faciale par rapport à la partie cérébrale. Les principaux traits de son architecture le placent morphologiguement'entre les cränes des Singes anthro- poïdes et les crânes des hommes actuels. Il est faiblement dolichocéphale et très platycéphale. Ses arcades orbitaires sont très saillantes et forment un bourrelet continu. Le front est très bas et très fuyant. L'occiput est très comprimé dans le sens ver- tical. Il y a un fort bourrelet occipital. Le trou occipital occupe une position relativement très reculée. Ecaille temporale petite; apophyses mas- toides réduites; tympaniques peu comprimés, rudiment! d’apophyse post-glénoïde; apophyses ptérygoides peu inclinées. Palais très vaste. Aspect bestial de la face. Orbites grandes et de forme axrondie. Nez très large. Maxillaires massifs, hauts, non créusés de fosses canines et continuant le plan de la sur- face externe des os malaires à la manière d'un museau. 208 La présence de ces divers caractères sur les portions étudiables des autres crânes néanderthaliens trouvés jusqu'à présent témoigne de l’homogénéité du type. On peut les trouver quelquefois très isolés et comme aberrants sur des crânes modernes appartenant sur- tout à des races inférieures. C'est leur accumulation sur chaque crâne de toute une série qui constitue un fait d’une grande portée. La mandibule, énorme, ne possède pas de menton et l’ensemble de ses caractères la place morphologiquement eutre le groupe des singes anthropoides et les plus bas groupes humains. La dentition est bien humaine, mais avec des caractères de robustèsse extraordinaires en rapport avec le déve- loppement de tout l'appareil masticatoire. La taille, reconstituée d'après l’ensemble des os longs, pouvait être de 4 m. 61. Colonne vertébrale courte, mais très robuste. Cour- bure lombaire moins prononcée que chez la plupart des hommes actuels. Le promontoire était, semble-t-il, peu marqué et le sacrum peu courbé, relativement étroit, tous caractères plus ou moins pithécoïdes. Les côtes, beaucoup plus volumineuses que celles des hommes actuels de même taille, indiquent comme les vertèbres une musculature très puissante. Les propor- tions des membres sont très humaines. La clavicule, incomplète, devait être très allongée. L'humérus, très semblable à celui de l’homme actuel, accuse seulementune grande force musculaire. Mais 1] y a dans la morphologie du cubitus etsurtout du radius toute une série de traits pithécoïdes et constants, dont certains peuvent se rencontrer isolément et sporadi- quement chez les hommes actuels. D’après un scaphoïde incompletet un grand os entier, le carpe aurait été relativement très réduit. Les méta- carpiens sont à la fois longs et trapus avec de très fortes têtes articulaires. Les phalanges existantes paraissent courtes. Les os du bassin sont très humains. Les os iliaques, pourtant, présentent certains caractères primitifs et d'autres paraissant particuliers. Le fémur a une diaphyse massive et incurvée, des extrémités très volumineuses, une section médiane plutôt arrondie que triangulaire, l'indice pilastrique étant de 99 en moyenne sur 7 fémurs de néandertha- liens mesurés par M. Boule, et c'est là un fait des plus intéressants. Les deux extrémités sont volumineuses. Il existe un certain degré de platymérie et un rudiment de troisième trochanter. En résumant les caractères des os du membre inférieur de l'Homo Neandertha- lensis d’après les fossiles connus, M. Boule cite encore la brièveté du tibia par rapport au fémur, l'absence de platycnémie au tibia et la rétroversion de la tête de cetos, le développement énorme de la malléole interne, la grosseur du péroné et la disposition un peu spéciale de ses facettes articulaires, la brièveté de l’astragale et la direction de son col, le développement et l'obliquité plus considérable de ses surfaces malléolaires, la tor- sion du calcanéum et le volume énorme de sa petite apophyse, ete. Un grand nombre de ces caractères, dit-il, peuvent être qualifiés de simiens ou pithécoïdes au sens le plus large. Il pense qu'il faut, dans leur interprétation, élargir le champ des comparaisons et y faire entrer les singes cynomorphes, car « les Anthro- poides nous apparaissent de plus en plus comme une branche des Primates qui s’est spécialisée de très bonne heure dans un sens très différent de la branche des Hominiens ». Au sujet de l'encéphale, dont le moulage intra-cranien a pu révéler un certain nombre de traits importants et pour l'étude duquel M. Boule a trouvé en M. Anthony un excellent collaborateur, l’auteur conclut ainsi. en répartissant en deux groupes les divers caractères morphologiques de l'homme fossile de la Corrèze : BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 1° Des caractères humains : volume, prédominance | de l'hémisphère gauche; deux branches présylviennes et un système d'opercules semblable au nôtre; 2 Des caractères simiens ou intermédiaires plus nombreux : forme générale, simplicité générale, posi= tion et direction des scissures sylvienne et rolandique, réduction des lobes frontaux surtout dans la région. antérieure, accentuation du bec encéphalique, carac= tère primitif de la 3° frontale probablement dépourvue de pied; présence d’un suleus lunatus très développé; écartement des lobes cérébelleux latéraux et exposition du vermis; direction de la moelle allongée. Au sujet du classement de l’homme fossile de la Corrèze et des fossiles néanderthaliens en général, M. Boule considère tous ces fossiles comme formant un groupe naturel très bien caractérisé, ne pouvant être classé ailleurs que dans le genre Æomo, mais consti- tuant ce qu’on appellerait « une bonne espèce » s’il ne s'agissait pas de l'homme. Il considère l’Homo Nean- derthalensis comme formant une espèce autre que l'Homo Sapiens et admet seulement la possibilité de quelques mélanges entre les deux espèces par voie d'hybridation. L'Homo Neanderthalensis se serait éteint sans laisser de postérité à une époque où existait déjà une autre branche humaine beaucoup plus proche de l'Homo Sapiens actuel et représentée par les hommes fossiles de Grimaldi. A côté des rameaux encore vigoureux et pleins de vie, la branche humaine aurait émis autrefois des rameaux aujourd'hui desséchés, tels que l’Homo Neanderthalensis. Quant au Pithecanthropus, inférieur par son cràne aux Néanderthaliens, M. Boule reconnaît ses carac- tères intermédiaires, mais il l’écarte aussi de la lignée humaine et suppose qu'il représente une forme géante d’anthropoide rentrant dans le groupe Gibbon, hypo- thèse assez différente de la nôtre. Nous avons supposé que le Pithécanthrope descendait d’une espèce néces- sairement anthropoïde et de grande taille du groupe Gibbon, mais nous l’avons considéré comme un desceu- dant déjà évolué dans la direction humaine et pouvant être admis dans notre branche humaine au delà des Néanderthaliens, que nous ne croyons pas encore pou- voir exclure de la branche de l’Homo Sapiens actuel. Ils pourraient représenter cependant un rameau distinct du nôtre. Ce n’est pas que nous n'éprouvions aucun embarras en face de quelques différences squelettiques. Ilnous semble seulementque les difficultés sont de celles qu'une pauvreté moins grande en matériaux fossiles et quelques progrès aussi en anatomie comparative pourraient fort bien annuler. Pour le moment, nous ne pouvons d'ailleurs que faire des hypothèses. C'est ce qu'a bien soin de dire très expressément M. Boule en traitant ce sujet avec la liberté d'allure qui convient à une compétence aussi grande que la sienne. Il pense que l'on pourrait, sans rencontrer de trop gran- des difficultés, placer l'insertion de la branche humaine sur celle des Catarrhiniens cynomorphes à un niveau inférieur au point de départ des Anthropoïdes, et qu'il serait plus prudent de descendre encore plus bas, jusqu'au tronc commun des singes. La solution des problèmes relatifs à notre lignée exigera, dit-il, de nou- velles découvertes de fossiles, de nombreux fossiles! Ajoutons qu'à tous ceux qui étudieront ces fossiles an- cestraux et à ceux qui s'intéressent aux fossiles humains déjà découverts, l'important mémoire de M. Boule four- nira sur l'Homo Neanderthalensis en général et sur l'Homme de La Chapelle-aux-Saints en particulier, une documentation précieuse et même indispensable. Il se termine par seize planches où sont admirablement re- présentées toutes les pièces du fossile à jamais célèbre de la Corrèze. L. MANOUVRIER, Professeur à l'Ecole d'Anthropologie de Paris. +" rt, 0 LÉ * ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 219 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS 1914. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — MM. P. Appell et J. Kampé de Fériet : Sur la convergence des séries procédant suivant les polynomes d’Hermite ou les polynomes analogues plus généraux. — M. J. Boc- cardi a traduit sous forme de courbes ondulées les observations de latitude faites à Pino Torinese par la méthode de Struve, au moyen de quatre étoiles. La Lune parait avoir une action marquée sur les varia- tions diurnes observées. — M. Al. Véronnet démontre que la masse presque entière du Soleil se comporte comme un liquide dans la contraction. La vitesse de contraction est proportionnelle à la huitième puissance du rayon. Le Soleil stable n’a pu avoir un rayon plus grand que le double du rayon actuel. 920 SCIENCES PHYSIQUES. — MM. Eug. Darmois et M. M. Leblanc fils ont étudié le fonctionnement de l'arc alternatif à vapeur de mercure. Il est préférable d'opérer sous une haute pression de la vapeur de mer- cure, qui fait disparaître les pointes au rallumage et diminue la consommation spécifique. — M. Ch. Gra- vier montre combien l'obtention des clichés photogra- phiques est simplifiée aujourd'hui par le perfectionne- ment des objectifs et le développement en pleine lumière. — MM. Hazriot et Lahure montrent que les propriétés mécaniques des métaux ne sont pas étroi- tement liées les unes aux autres et qu'un recuit partiel permet de conserver aux métaux une dureté élevée tout en leur assurant une homogénéité et une ténacité supérieures à ce qu'aurait donné l'écrouissage direct. — M. L. Guillet divise les aciers nickel-chrome en trois catégories : ceux dont le point de transformation au refroidissement est peu différent du point de transfor- mation à l'échauffement (écart de 100° à 1250), ceux pour lesquels cet écart croît proportionnellement à la teneur en chrome pour atteindre une valeur allant jusqu'à 500°, et ceux qui présentent tous à peu près cet écart et dans lesquels l'influence du chrome est peu sensible. — MM. P. Pascal et A. Jouniaux ont déter- miné la densité de quelques métaux à ieur point de fusion : Sn 6,98 (232°); Pb 10,875 (3270); Zn 6,92 (418); Sb 6,55 (6312); AL 2,41 (658); Cu 8,40 (1083°), ainsi que leur dilatation thermique à l’état fondu. — M. R. Mar- celin montre que, par application de la règle de dis- tribution de Boltzmann-Gibbs, on peut évaluer l'énergie critique nécessaire pour amener une molécule de l’état . moyen à l'état actif, à condition toutefois d’avoir fait, d'autre part, l'étude expérimentale de l'influence de la température sur la transformation étudiée. — M. G. Vavon a constaté que la courbe des vitesses dans les hydrogénations catalytiques des corps susceptibles de fixer plusieurs molécules d'H, présente une allure très variable suivant la quantité et la qualité du catalyseur. En chauffant le noir de Pt à des températures conve- nables, on peut diminuer son activité, le rendre inapte à effectuer des hydrogénations difficiles, alors qu'il peut encore aisément catalyser des hydrogénations plus faciles. — M. F. Wallerant a étudié les propriétés cristallographiques du benzène bichloré. — M. O. Leh- mann a observé sur l'oléate d'ammonium et sur le pro- tagon des phénomènes de bourgeonnement donnant naissance à des formes myéliniques, de plus forte biré- fringence, montrant des phénomènes de raccourcis- sement ou d’allongement brusque par refroidissement ou élévation de température. Ces phénomènes ne peuvent s'expliquer que par la nature liquo-cristalline des substances bourgeonnantes. — M. A. Betim Paes Séance du 9 février Leme a examiné une collection de zéolites provenant de Rio do Peixe (Brésil) et se présentant dans les cavités et les géodes d'un basalte à grain fin, très altéré. Les eaux météoriques semblent avoir été l'agent principal de la genèse de ces zéolites. 3° SCIENCES NATURELLES. — M. J. Amar à constaté que les cardiogrammes de fatigue se signalent par une diminution transitoire de la période systolique, une décroissance d'amplitude très marquée, et surtout par la position fortement abaissée du sommet droit du plateau systolique. Ces traits persistent d'autant plus longtemps que la fatigue. a été plus prolongée. — M. A. Javal a étudié les variations de la conductivité électrique des humeurs de l'organisme; elle est en relation avec la richesse de celles-ci en chlorures. — M. L. Joubin signale deux cas d’incubation des œufs chez des Némertiens antarctiques; l’un d’eux présente des phénomènes préparatoires à cette incubation qui, jusqu'à présent, n’ont d’analogue chez aucun autre Némertien. — M. J. Pellegrin a reconnu la présence de quatre espèces d'Athérinidés dans les eaux douces de Madagascar. Elles dérivent sans doute de formes marines. — M. Ed. Chatton montre que le cnidocyste est un élément qui, malgré son autonomie, appartient en propre au Polykrikos. Il ne présente point de struc- ture cellulaire et ne peut être considéré comme un parasile ou partie d'un parasite. C'est peut-être un appareil kinéto-flagellaire modifié. — MM. G. Bonnier et Jean Friedel montrent que l'étude anatomique du carpophore peut contribuer à élucider divers pro- blèmes se rapportant à la constitution générale de la fleur. — M. J. Daniel a observé que, chez les haricots, les phénomènes de xénie varient comme intensité sui- vant les hybridations réalisées, l'influence paternelle sur les teintes des graines hybrides pouvant être totale ou mitigée. Les hybrides entre le Phaseolus multiflorus et le Haricot noir de Belgique ne se conforment en aucune facon à la loi de Mendel quant à l'hérédité des caractères parentaux.— M.J. Eriksson et C. Ham- marlund montrent qu'on peut, par l'introduction d'un liquide fongicide dans les racines de la plante nourri- cière, arrêter ou du moins affaiblir la vitalité du cham- pignon cause de la rouille, vivant à l'état latent dans l'intérieur de la plante. — M. P. Choux a reconnu que le genre Tanulepis, jusqu'alors monotype, se trouve largement représenté à Madagascer, où l’on en connait actuellement quatre espèces, dont deux enlevées au genre Camplocarpus et une au genre Symphytonema; ce dernier doit disparaître de la littérature. — MM. Azéma et Jamot signalent dans le Ouadaï, d'après les roches rapportées par l’un d'eux, une région grani- tique, une région gneissique, une région des mica- schistes, une région gréseuse et une région des dunes. — M. de Montessus de Ballore a étudié la distribution mondiale de la sismicilé d'après les rapports annuels de Milne de 1899 à 1909. Le rapport des nombres d'épi- centres sous-marins et terrestres est exactement de 3 à 1; c'est celui des surfaces immergées et émergées. La loi des géosynclinaux se confirme sous les océans. Séance du 16 Février 1914. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. S. Bernstein : Sur la meilleure approximation des fonctions analytiques possédant des singularités complexes. — M. H. Han- cock : La fonction eulérienne généralisée. — M. J. Andrade décrit trois nouvelles méthodes de compen- sation pour chronomètres de précision, toutes trois utilisant un support d’invar pour appuyer la dilatation centripète de la masse compensatrice. — M. Ed. Im- 210 beaux signale un nouveau système de halage funicu- laire électrique des bateaux, en essai sur le canal de la Marne au Rhin. On utilise le dispositif de halage par câble sans fin concu par Maurice Lévy, mais en substituant à la machine à vapeur l'énergie électrique fournie à bas prix par des moteurs asynchrones à champ tournant., 20 SciENCES PHYSIQUES. — M. G. Claude a vérifié sur de plus gros tubes au néon la loi de la proportionna- lité de la chute de potentiel à l'inverse du diamètre. Ce fait facilite la compréhension du phénomène des aurores boréales. — M. R. Swyngedauw montre que tout danger de surtension disparait dans les réseaux triphasés lorsqu'on empêche les harmoniques 3 du courant de passer dans les lignes en associant en triangle les enroulements du secondaire de la station de départ et ceux du primaire de la station réceptrice. — M. André Blondel étudie l'influence du montage des transformateurs triphasés dans les transports d'énergie à haute tension et indique les meilleurs moyens de protéger les transports d'énergie contre les harmoniques 3. — M. P. Dosne à reconnu qu'on peut enregistrer les radiotélégrammes avec la plus grande facilité au moyen du télégraphone de Poulsen. — M. G. Reboul indique une manière très facile de mettre en évidence l'action sélective des métaux dans l'effet photo-électrique; les radiations produisant l'émission négative maxima sont celles que le métal absorbe le plus facilement. — M. C. Cloarec a étudié, au moyen de la méthode de Duclaux légèrement mo- difiée, les variations de la tension superficielle de divers liquides. Il à observé que la couche superti- cielle des solutions salines s'altère très rapidement, par une contamination d'origine interne, due à la présence de matière grasse dans la solution. — M. A. Ariès démontre les propositions suivantes : Dans une transformation exécutée à température constante, ou sans échange de chaleur avec l'extérieur, toutes les réactions se produisent, sur une augmentation de la pression, dans le sens qui entraîne la plus grande condensation de la matière. Dans une transformation exécutée à pression constante ou à volume constant, toutes les réactions se produisent, sur une élévation de température, dans le sens qui entraine la plus grande absorption de chaleur. — MM. Ch. Leenhardt et A. Boutarie montrent que la chaleur de fusion d'un hydrate est approximativement celle de l’eau qu'il contient; l'erreur commise est d'autant plus petite que l’hydrate est plus riche en eau. — M. J. Joannis a constaté que la présence du kaolin permet la com- binaison de H° et 0° à des températures où elle n’a pas lieu dans le verre, et cela dès 230°. La proportion d’eau formée est proportionnelle à la durée de con- tact. L'activité du kaolin diminue d'autant plus que sa cuisson préalable a eu lieu à plus haute température. — MM. V. Grignard et E. Bellet montrent que le chlorure de cyanogène liquide est le nitrile chlorofor- mique, tandis que le chlorure gazeux est la carbyla- mine isomère. En présence des réactifs minéraux, la forme carbylamine est seule stable; par contre, les organomagnésiens tendent à créer, entre les deux formes, un état d'équilibre, variable, d’ailleurs, avec les corps en présence. — MM. A. Kling el A. Lassieur ont essayé de doser les sulfates par la méthode phy- sico-chimique au moyen de la baryte. On observe des erreurs variables selan les cas, mais celles-ci ne sont pas explicables par des phénomènes d'adsorption. — MM.S. Wologdine el B. Penkiewitsch ont déterminé la chaleur de formation du sulfure de manganèse aux dépens de Mn métallique et de S octaédrique; elle est égale à 62,901 cal. par mol. — M. A. Colani a obtenu, en réduisant au rouge, dans un courant de CO*, l'acide molybdique, dissous dans l'acide métaphosphorique, par un excès de sulfure de molybdène, un métaphos- phate de sesquioxyde de molybdène Mo{PO"}, en cristaux jaune soufre. — M. M. Barre à préparé un certain nombre de chromates doubles : CrO'K?. CrOCa. ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 2H°0, gros prismes orthorhombiques jaunes; CrO'K® CrO'Ca, en petits prismes droits, hexagonaux ; CrO#Kss CrO'Sr; CrO*K?. CrO'Ba; CrO‘K?. CrO‘Pb. — M. Es Tassilly a reconnu que, pour l’orthotoluidine, I& paratoluidine, la métaxylidine, la paraanisidine et là tolidine, la diazotation est sensiblement régie, comme pour l’aniline, par la formule dx/dt—K(100-x}. = M. E.-E. Blaise, en faisant agir le chlorure de succi-= nyle sur l'acide oxy-isobutyrique, a obtenu l'acide succin-bisoxyisobutyrique, F. 195°, dont le dichlo- rure, obtenu par action de PCI, se condense avec CHZn1 pour former un bis-cycloacétal, F. 129-1300, dont l’alcoolyse fournit le dipropionyléthane, F.34-350, D'autres dicétones 1:4 pourront être préparées par la même méthode. — M. M. Godchot, en faisant réagir CH'Mgl sur la cyclopentane-dione-1 :2, a obtenu le méthyl-1-cyclopentène-2-diol-1 : 2, qui fournit par dés- hydratation la méthyl-1-cyclopentène-1-one-2, iden- tique à celle retirée par Looft du goudron de bois. — MM. E. Jungfleisch et Ph. Landrieu ont préparé divers camphorates d-métalliques. Les camphorates neutres ou dimétalliques sont fort stables en présence de l’eau, qui ne les dissocie pas; l'acide camphorique possède done deux fonctions d’acide fort. Les campho- rates acides sont très peu stables en présence de l’eau, qui les dédouble tous en acide libre et sel neutre dimétallique. Les camphorates acides semblent done résulter de l'union de l'acide camphorique avec le sel dimétallique ; ce sont des combinaisons analogues aux sels acides des acides monobasiques. — M. H. Bierry et Mie L. Fandard distinguent du sucre virtuel de Lépine, intermittent, jamais isolé, le sucre protéi- dique, lié aux molécules protéiques, dont la présence est constante chez tous les animaux. — M. V. Lubi- menko a isolé des chromoleucites deux groupes de pigments : le groupe de la lycopine et celui de la rhodoxanthine. Les premiers sont plus nombreux; l'oxygène de l'air est nécessaire à leur formation, et ils dérivent probablement de la chlorophylle par oxy- dation. — M. R. Goupil a étudié les matières grasses formées par l'Amylomyces Rouxti. Elles vont en aug- mentant avec l'âge. L’aération de la culture n'apporte pas de modification dans l'évolution de la matière grasse, pourvu que le mycélium reste en contact avec son milieu liquide. Mais, si on le sépare de ce milieu, la mucorinée pourra attaquer une portion importante des glycérides. f 30 SCIENCES NATURELLES. — M. A. Pézard déduit de ses expériences que le développement des ergots, chez la poule normale,est arrêté par une action empêchante de l'ovaire. L'ovaire n'a pas d'influence sur l’évolution de la crête. — MM. A. Laveran et G. Franchini ont constaté que le rat et la souris peuvent être infectés naturellement au moyen des puces du rat parasitées par l'Herpetomonas Pattoni. — M. W. Russell a re- ‘connu que la mort des plantes par le gel ne survient que très rarement d’une façon brusque; elle est d'au- tant plus retardée qu'il y à davantage d'éléments non endommagés et c'est en quelque sorte cellule par cellule que s'éteint l'activité vitale. — MM. A. Trillat et M. Fouassier ont observé que, pour un même liquide d’une tension superficielle constante tenant des germes divers en suspension, le passage d'un courant d'air est capable non-seulemeut d'effectuer des entrainements, mais aussi des séparations. Les résultats obtenus dépendent de la grosseur des mi- crobes et de leur aptitude plus ou moins grande à être mouillés, — MM. W.-J. Penfold et H. Violle ont constaté que beaucoup de produits bactériens, dilués dans une grande quantité d’eau distillée, deviennent beaucoup plus toxiques en injection intra-veineuse. L'hématolyse survenant à la suite de l'injection d'eau distillée dans l'organisme est un élément très impor- tant dans la genèse de cet effet. — M.-J. Groth à étudié les schistes à goniatites de Guadalmez. Ils peu- vent être parallélisés avec la zone à Chiloceras curvi- spinna et subpartitum de Cabrières. — M. J. Répelin ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 211 montre que le contact anormal du Trias et du Crétacé supérieur autochtone, entre Roquevaire et Saint-Za- charie, se fait par une faille assez voisine de la verti- cale, le long de laquelle toute la série intermédiaire entre le -Trias et le Sénonien s'est effondrée. Les massifs autochtones eux-mêmes peuvent donc pré- enter, dans les parties où la compression latérale à tteint son maximum, des phénomènes de chevau- hement. ACADÉMIE DE MÉDECINE Séance du 10 Février 1914. M. Ch. Vallon montre que la cocaïne peut produire deux variétés de psychose : l’une à évolution lente, où l'on peut distinguer deux périodes successives : une période de troubles sensoriels (illusions et hallucina- tions) el une période d'idées délirantes; l’autre, plus fréquente, aiguë ou subaiguë. Séance du 17 Février 1914. MM. Bordet et Henrijean sont élus correspondants étrangers dans la division de Médecine. — MM. A. Chantemesse el Rodriguez communiquent le résultat de leurs recherches sur les empoisonnements par les gâteaux à la crème et l'affaire de Cholet. Les empoi- sonnements de Cholet doivent être attribués à l'inges- tion de gâteaux à la crème dans lesquels s'était multiplié un bacalle paratyphoïde très pathogène, qui à été retrouvé dans le sang d’une des victimes. Ce bacille a été introduit dans la crème par la cuisinière, qui était elle-même porteuse de germes analogues. Il résulte de ces constatations que des précautions de propreté très grandes doivent être prises dans la préparation des gâteaux à la crème et que ceux-ci doivent être con- servés à la glacière avant consommation pour éviter le développement possible de germes. — MM. G. Mari- nesco et J. Minea exposent les résultats obtenus par l'emploi des injections de sérum salvarsanisé in vivo et in vitro dans l’arachnoïde spinale et cérébrale pour le traitement du tabes et de la paralysie générale. Dans le tabes, l'amélioration des troubles est évidente ; dans la paralysie générale, les résultats sont moins encoura- geants, mais ils ne doivent pas empêcher de poursuivre les essais. — M. Sieur a recherché les voies suivies par l'infection. endocranienne, au cours des antrites sup- purées de la face. L'infection, partie des cavités sinu- sales de la face pour aboutir aux méninges et au cerveau, emprunte deux voies principales : la voie par continuité de lésion et la voie vasculaire, qui n'est encore scientifiquement démontrée que pour la voie veineuse. SOCIETE DE BIOLOGIE Séance du T Février 1914. M. I. Thulin, par l'étude de la dégénération physio- logique des fibres musculaires striées chez des em- bryons de Sélaciens, confirme le fait que le tissu con- jouctif intervient dans les processus dégénératifs. — M. P. Wintrebert a reconnu que, chez les Poissons téléostéens et les Amphibiens, les premiers mouve- ments des embryons sont plus divers, leur gradation plus facile à suivre, et, par conséquent, leur emploi pour la sériation des stades embryonnaires plus avan- tageux que chez les Sélaciens. — M. P. Bonnier apporte de nouveaux arguments en faveur de la non différence de nature des tons et des bruits. — MM. Ed. Retterer et H. Neuville ont observé que la partie centrale de chaque moitié du pénis demeure, chez l'autruche, à l’état de tige fibreuse: sa partie périphé- rique devient spongieuse et érectile. La moitié droite subit une cavernisation plus considérable que la moitié gauche. — MM. A. Besredka et F. Jupille montrent que la réaction defixation qui apparait dans le sérum des tuberculeux alors qu'on ne distingue pas encore de lésions macroscopiques dans les organes, marche de pair avec la résistance de l'animal : elle est d'autant plus intense et durable que l'animal résiste mieux à l'infection. — MM. E. Debains et F. Jupille ont reconnu que la tuberculine de Besredka, obtenue par culture du bacille de Koch dans le bouillon à l'œuf, fixe l’alexine en présence du sérum des tuberculeux quelle que soit la forme clinique de la tuberculose. Cette réaction est très sensible et correspond à des lésions en involution. — M. F. Regnault estime que certains cas de mimique double (expression simul- tanée d'émotions différentes sur les deux moitiés du visage) ne sont pas attribuables à l’hystérie, mais sont entièrement involontaires : on est droitier de la figure comme de la main. — MM. R. Debré et J. Parafin- diquent comment on peut surmonter, dans la réaction de l’antigène, la difficulté provenant du pouvoir anti- hémolytique des urines. — M. A. Mougeot montre que l'abolition du réflexe oculo-cardiaque dans les tachy- cardies paraît due à la méiopragie ou à la destruction du centre cardio-modérateur du bulbe, ou du nerf pneumogastrique. La recherche de ce réflexe constitue done une épreuve clinique de grande valeur pour dis- tinguer l’origine bulbo-vagale de l’origine myocardique d'une tachycardie. Séance du 14 Février 1914. M. et Mne L. Lapicque ont étudié les modifications de l’excitabilité des nerfs par les sels qui précipitent le calcium. La précipitation du calcium des nerfs fait descendre la chronaxie aux deux tiers de sa valeur normale. — M. L. Lapicque expose les raisons pour lesquelles le rapport trouvé par M. Iscovesco entre le poids de certains organes et le poids du corps lui parait tout à fait illusoire. — MM. R. Hertz el J. Goldberg ont observé que le bicarbonate de soude influence l'élimination du lactose injecté dans les veines. Son influence sur la rétention des chlorures dans l'organisme dépend sans doute aussi de son action sur les reins. — M. E. Laguesse montre que, chez les Sélaciens, les fibres conjonctives adultes, ou faisceaux de fibrilles, se forment habituellement (mais non exclusivement) au cours du développement par épaississement graduel, puis clivage longitudinal des fines fibrilles élémentaires primitives, clivage non brutal, mais accompagné de phénomènes de différen- ciation. — M. CI. Gautier a constaté que, chez la grenouille, l'extrait mou aqueux pharmaceutique de gui détermine in vivo et in vitro l'incoagulabilité du sang. Le curare et bien d’autres substances provoquent le même syndrome. — M. P. Bonnier à découvert que la sensation de soif est sous la dépendance de centres, dits hygrostatiques, situés dans le bulbe, dans la région du pneumogastrique supérieur, au voisinage des centres elycostatiques et des centres qui président à l'élimination rénale. La sollicitation de ces centres permet de faire disparaître certains troubles liés à l'équilibre de l'eau dans l'organisme.— MM. A. Distaso et J. Schiller ont reconnu que, mème en se mettant dans les meilleures conditions imaginables, on ne parvient pas à faire pousser dans l'intestin d’un animal des microbes étrangers à cet intestin. — MM. Kuss, Leredde et Rubinstein ont observé que les sujets atteints de tuberculose pulmonaire bien caractérisée, en pleine évolution, donnent avec l’anti- gène de Besredka, dans la très grande majorité des cas (89 0/,), une réaction de fixation positive. Les sujets non tuberculeux donnent une réaction négative. — MM. Cluzet et Petzetakis décrivent les phéno- mènes produits par la compression oculaire chez le chien bradycardique : ralentissement considérable du rythme cardiaque, pauses totales d’une durée de plusieurs secondes et pouvant aller jusqu'à l'arrêt définitif du cœur, pauses ventriculaires, etc, — M. Petzetakis montre que, dans le réflexe oculo- cardiaque, le ralentissement du cœur est le résultat d'une excitation transmise aux éléments cardio-modé- 929 ACADÉMIES ET SOCIÉÈTÉS SAVANTES rateurs du pneumogastrique. — MM. H. Cardot et | observé que, lorsque le myocarde es! imprégné d'émé H. Laugier ont reconnu que, au cours de l'électro- tonus, la rhéobase et la chronaxie varient en sens inverse. — M. A.-C. Inman, en étudiant le pouvoir antihémolytique des sérums humains en présence de l’antigène tuberculeux de Besredka, a constaté qu'une réaction négative indique soit l'absence d’une lésion tuberculeuse, soit l'arrêt d'une lésion active antérieure. Une réaction positive, surtout avec un sérum dilué au 1/32, indique une lésion tubercu- leuse active. — MM. Ch. Achard et E. Feuillié ont dosé l'azote détachable des albuminoïdes par l'acide nitreux dans divers liquides organiques. — M. P. Salmon à observé que l'injection de certaines couleurs, le vert malachite entre autres, provoque une colora- tion élective de la substance grise du cerveau. Certains noyaux sont atteints, d'où les symptômes tels que des phénomènes oculo-moteurs. — M. P. Wintrebert a constaté que le premier mouvement des Sélaciens, exécuté librement, présente l'ébauche de la progression définitive; il peut être considéré comme primitif. Les mouvements aberrants des Téléostéens et des Amphi- biens dans l’œuf résultent d'une adaptation secondaire et convergente à l’étroitesse de lacoque.—MM.G. Froin et Pernet montrent que les solutions hyperchlorurées agissent à la fois sur le sérum et sur les globules. En modifiant les globules, elles facilitent la fixation des hémolysines. En agissant sur le sérum, elles consoli- dent le complexe humoral et entravent la fixation des hémolysines sur les globules. — MM. H. Bierry, R. Hazard.et A. Ranc ont reconnu qu'il existe dans le plasma, le sang et les globules des protéiques capables de dégager, sous l'influence de l'acide nitreux, de l'azote qui peut être dosé. — MM. R.-S. Williams et W.-R. Wade ont isolé, dans un cas d’arthrite suppurée du genou, un cocco-bacille aérobie fétide, différent de tousceux connus. —M.R. Legendredécrit un tour de main simple pour obtenir une chambre humide microscopique. M. F. Terroine est élu membre titulaire de la Société. RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY Séance du 19 Janvier 1914. MM. L. Spillmann et A. Orticoni signalent un abcès du psoas provoqué par le bacille d'Eberth et consécutif à une ostéite coxo-pubienne métatyphique. — M. M. Dufour décrit le procédé qu'il emploie pour le centrage des verres de lunettes. — MM. J. Parisot et P. Mat- thieu montrent que le produit cristallisé retiré de l'hypophyse par Fühner représente sinon un principe actif hypophysaire à l'état de pureté, du moins une substance qui en est très voisine et fonctionnellement équivalente. — Les mêmes auteurs ont constaté que les actions diverses, et souvent opposées suivant les doses, exercées par l'hypophysine de Fübner, sont à rappro- cher des constatations identiques faites avec l’adré- naline. — M. L. Mercier à observé que certaines cel- lules sexuelles de Panorpa germauica : spermatocytes de premier et de second ordres, spermatides, sont plus volumineuses chez l'imago que chez la larve. RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX Séance du 3 Février 1914. MM. P. Balard et J. Sidaine ont observé, chez les femmes enceintes, la fixité remarquable de la tension artérielle minima au repos et sa très faible variation sous l'influence d’une activité moyenne sans effort. La maxima subit au contraire des variations importantes. —M. R. Dupériéet M! K.-B. Kadisson ont étudié les variations de l'image neutrophile et de la valeur nucléaire du sang chez les nouveau-nés et les nourrissons. — MM. R. Dupérié et R.-M. Marliang'eas ont déterminé les variations des rapports leucocytaires au cours de la sérothérapie antidiphtérique, qu'il y ait ou non une éruption sérique. — M, R. Moulinier a tine, l'excitation électrique produit : tantôt un pro longement de la pause diastolique ventriculaire, tantôt une systole supplémentaire. SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PHYSIQUE Séance du 6 Février 1914. M. Em. Borelillustre, par un exemple de proba- bilité géométrique, la nécessité où se sont trouvés les physiciens, à lasuite de Planck, d'introduire des hypo- thèses de discontinuité dans tous les domaines où ils devaient appliquer les méthodes de la théorie des pro-m babilités. Il se demande cependant si l’on ne pourrait { pas, indépendamment de toute interprétation phy- sique, transformer les problèmes de probabilités géo- métriques analogues à l'exemple choisi, de telle ma- | nière que la solution soit continue et présente cependant les caractères essentiels des solutions dis- continues. Il montre comment on peut y arriver en remplaçant les hypothèses usuelles de concentration discontinue par des hypothèses de concentration con- tünue. — MM. H. Deslandres et A. Pérot : Contribution à la réalisation de champs magnétiques élevés. Pour obtenir des champs élevés, deux procédés peuvent être utilisés : 4° on peut produire un flux d’induction élevé dans un circuit magnétique présentant une coupure et concentrer, à l’aide de pièces polaires coniques, le flux dans un entrefer de petite section et de petite longueur; c'est d'après cette conception que sont construits les électro-aimants actuels, notamment les modèles remarquables de P. Weiss; 2° on peut s'adresser aux propriétés magnétiques du courant seul sans faire intervenir de milieu magnétique. C’est la solution proposée par Perrin et par Ch. Fabry. Ce der- nier procédé nécessite une concentration très grande des ampères-tours et l'emploi de densités de courant très élevées. MM. Deslandres et Pérot se sont proposé de réaliser un appareil dans lequel il existe des masses de fer importantes comme dans les électro-aimants actuels, mais dans lequel les circuits magnétisants agissent sur l’entrefer lui-même. Au lieu de concentrer le flux, les pièces polaires le captent, pour ainsi dire, et le circuit magnétique, de très large section, permet, grâce à la petitesse de la résistance magnétique, d’ob- tenir des champs élevés. La réalisation d’un tel appa- reil est liée à celle de la concentration des ampères- tours dans un très petit volume, et, par suite, à la possibilité de densités de courant élevées. C'est ce premier problème que l’on a cherché à résoudre. La solution à été trouvée par l'emploi comme conducteurs de rubans de cuivre mince, de quelques dixièmes de millimètre d'épaisseur, refroidis par un courant de pétrole porté à une température aussi basse que pos- sible, en l'espèce de — 20° à — 30°. Dans ces condi- tions, on atteint des densités de courant de 1.500 am- pères par millimètre carré avec ‘des rubans de Oum,2 d'épaisseur, et de 1.800 ampères par millimètre carré avec des cuivres de Owm,1, Ce sont là des densités limites au-dessous desquelles il est prudent de se tenir. La possibilité de concentrer des ampères-tours dans un très petit volume est done expérimentalement démontrée; on à alors construit des bobines, dont l'une, par exemple, de 29 centimètres cubes, présentant un creux de 30 millimètres de diamètre, a fourni 30.800 ampères-tours, la densité réelle était de près de 500 ampères par millimètre carré, et la densité efficace calculée, isolant compris, de près de 200, Cette bobine, placée de manière à agir sur l'entrefer d’un électro- aimant de Weiss, ancien modèle, a donné les résul- tats suivants le champ de l'électro-aimant seul, dû à un courant double du courant normal (24 am- pères au lieu de 12,5 ampères), était de 31.000 gauss dans un entrefer de 2m{1 de longueur sur 3 mil- limètres de diamètre. En faisant agir les 30.800 am- pères-tours de la bobine indiquée ci-dessus (1.100 am- ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES pères, 28 tours), le champ s'est élevé à 51.500 gauss. Les pièces polaires étaient en fer ordinaire, de sorte que l’on a obtenu le champ le plus élevé réalisé dans ces conditions. Outre cette applica- tion, on a construit un électro-aimant spécial, basé sur les données indiquées ci-dessus. L'appareil, qui pèse une trentaine de kilogrammes, peut recevoir un courant de 4.000 ampères. L'énergie dont on disposait n’a permis de lui fournir que 1.900 ampères; dans ces conditions, les pièces polaires étant garnies de ferro- cobalt sur un diamètre de 12 millimètres seulement, et l'entrefer ayant 1"",7 de longueur sur 3 millimètres de diamètre, le champ atteint a été de 50.500 gauss. Si on avait pu pousser le courant à 4.000 ampères, la force magnétique aurait largement dépassé 60.000gauss. La mesure des champs a été faite par celle de l’écar- tement des composants du triplet donné par la raie 4.680 du zinc, en vertu du phénomène de Zeeman. — M. A. Cotton fait remarquer que, dans l'appareil de MM. Deslandres et Pérot, l'espace utilisable, com- pris entre les facettes terminales des pièces polaires (3 X 2 millimètres), est minuscule. Letrès grand intérèt pratique qu'il ya à pouvoir travailler dans des entrefers aussi larges que possible et d’un accès commode à conduit au projet de construction d'un très gros électro-aimant qui permettrait, grâce à la latitude apportée par l'emploi des pièces polaires amovibles, de se placer dans chaque cas dans les meilleures con- ditions, d'avoir à volonté des champs très Intenses ou des champs érès étendus. Dans le projet, étudié avec soin, surtout par MM. P. Weiss et Piccard, c'est de l'eau à la température ordinaire, circulant dans les conducteurs en forme de tubes, qui sert à absorber la chaleur dégagée. M. Weiss estime que les essais très intéressants faits à Meudon ne conduisent pas à modi- fier ce projet. Le pétrole refroidi n’est pas plus avan- tageux que l’eau si l'on tient compte de la dépense d'énergie. L'économie apparente, résultant de ce que le cuivre est plus conducteur, est largement dépassée par la dépense d'énergie nécessaire pour abaisser la tem- pérature du liquide réfrigérant. La question change d'aspect si l'on abaisse énormément la température, et il faut très vivement désirer que les recherches de M. Kamerlingh Onnes, sur l'obtention de champs excep- tionnellement intenses par les « supraconducteurs », puissent être poursuivies dans les meilleures condi- tions possibles et soient couronnées de succès. SOCIÉTÉ CHIMIQUE DE FRANCE Séance du 13 Février 1914. MM. J. B. Senderens et Jean Aboulenc exposent une méthode de préparation catalytique des éthers de la glycérine, qui est la suite du procédé qu'ils ont employé pour l'éthérification des monoalcools par les acides organiques. En faisant intervenir les mêmes catalyseurs dans des mélanges de 1 molécule de glycé- rine et de quantités variables d'acide acétique cristal- lisable, ils ont obtenu, après une heure d'ébullition, les résultats suivants: ACIDE ACÉTIQUE EE employé éthérifié Sans DReuT- un ol. 2/5 de mol. Bisulfate de potassium 5 0/0. . 3 — 1 mol. 1/5. Sulfate d'alumine anhydre 20/0. 1 — 1/2 mol. — —= . + — 1 moi. 1/3. — 1061 — 1 mol. 1/2. — — LU A20— 2 mol. Acide sulfurique 1 0/0 . . . 1 — 5/S mol. —— RC 9 — 1 mol. 1/2 — SARA, 6 — 9 mol. 1/3. — diete te SLA, — 3 mol. Dans tous ces cas, c'est la triacétine qui est le pro- duit principal. Sa production augmente avec la quan- tité d'acide acétique employé et, pour chaque dose de 213 cet acide, elle semble atteindre sa limite après 1 heure d'ébullition. — M. René Dubrisay fait part de diverses applications nouvelles de sa méthode d'acidimétrie capillaire. L'auteur a pu, à une dilution de 1 °/,, de molécule par litre, mettre en évidence la fonction acide du phénol. L'étude dela neutralisation de l'acide chromique par la soude ou l’ammoniaque montre que, si les bichromates se comportent comme les sels d'un acide fort, la formation des chromates neutres à partir du dichromate et d’un alcali n’est jamais com- plète. L'acide periodique se comporte, du moins en solution diluée, comme un acide tribasique, dont les trois basicités sont inégales. Enfin, M. René Dubrisay a, en collaboration avec M. X. Rocques, étudié la courbe de neutralisation des vins. —M. M. Delépineexposeses recherches sur quelques combinaisons décrites comme chlorures d'iridium. Il montre que, par l’action ‘de HCI, de 300° à 500°, sur les poudres jaunes formées dans l'action de l'acide sulfurique sur les chloro- iridites, on obtient des composés de formules très voisines de celle du chlorure irideux anhydre IrC}, mais se distinguant de ce dernier, notamment par leur solubilité dans l’eau. La solution obtenue, évaporée, donne du chlorure d'iridium hydraté IrGF. 2H°0; il en décrit quelques propriétés. L'action du chlore sur le chloro-iridate d’ammonium, à 600°, fournit le chlo- rure irideux anhydre, de couleur claire, se distinguant déjà par cette propriété du chlorure obtenu à 440° par Leidié et décrit par lui comme ayant une couleur vert noirâtre. Enfait, ce cernier est un chlorure légèrement perchloruré, comme le démontrent quelques réactions indiquées par M. Delépine. SOCIÉTÉ ROYALE DE LONDRES Séance du 11 Décembre 1913. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. F. E. Rowett : L'Ays- térèse élastique dans l'acier. Un tube d'acier à paroi mince est couplé avec un tube coaxial plus long et de plus grande section. On soumet à une torsion le tube composé et mesure la torsion de chaque composant. La torsion du gros tube, où la tension et par consé- quent l’hystérèse est faible, mesure le couple appliqué au petit tube. On mesure ainsi des déformations de l'ordre de 40—5et on détermine à 21/2°/, près l'énergie dissipée par l'hystérèse élastique pendant ua cycle de tension un peu inférieur à la limite élastique. L'hysté- rèse élastique dans Les tubes étirés est à peu près le 1/8 de sa valeur dans les mêmes tubes après recuit. 20 ScreNCES PHYSIQUES. — M. F. W. Aston décrit une forme simple de micro-balance pour ia détermination de la densité des gaz par rapport à l'un d'eux pris comme base, par le moyen d'une méthode de zéro. C'est une micro-balance en quartz du type Steele et Grant, dont l’un des fléaux porte une petite boule de quartz; les pesées sont faites en variant la pression de l'air dans la cage de la balance jusqu'à ce que le fléau revienne au zéro. On peut déterminer en quelques minutes, à 0,1 °/, près, la densité d'un demi-centi- mètre cube de gaz. — M. F. E. Smith : Mesures abso- lues de La résistance par une méthode basée sur celle de Lorenz. L'instrument employé diffère de tous ceux qui sont basés sur la méthode de Lorenz en ce qu'il possède deux disques au lieu d’un. L'effet perturbateur du champ magnétique terrestre est ainsi pratiquement éliminé. Le résultat des déterminations est que la résis- tance d’un ohm international est de 1,0052 + 0,0000% ohm (10° cm./sec.). — M. A. N. Shaw a complété le travail de MM. Callendar et King, exécuté de 1894 à 1898, sur Ja détermination de la f.6.m. de la pile nor- male de Weston. Cette f.é.m. est équilibrée avec la différence de potentiel d'un ohm étalon due à un courant d'environ un ampère mesuré au moyen d'un électrodynamomètre de Maxwell. Le résultat final, pour la f.6.m. de la pile de Weston en volts semi-absolus, est de 1,04827 à 20°C., nombre qui concorde bien avec 214 la moyeuue des meilleures déterminalions récentes (1,01824). — M. T. R. Merton : Sur un second spectre du néon. L'auteur a étudié le spectre du néon dans diverses conditions d’excitation électrique. Avec une décharge condensée, il se développe un second spectre, comme pour l’argon, le krypton etle xénon. Les lignes les plus fortes du spectre ordinaire sont aussi faiblement visibles avec la décharge condensée. — M. R. J. Strutt a essayé de confirmer les expériences de Collie et Patterson sur la production du néon ou de l'hélium par la décharge électrique dans les tubes à vide contenant de l'hydrogène. Les résultats ont été entièrement négatifs, soit que l’auteur n'ait pas réalisé les conditions propres à cette formation, soit pour toute autre cause. — MM. G. G. Henderson et I. M. Heil- bron : L'absorption sélective des cétones. La plupart des cétones aliphatiques contenant un des groupes CO.CH® — ou CO.C0 —, ainsi que leurs dérivés, pré- sentent une absorption sélective dans les régions visible et ultra-violette. On l’a attribuée à une vibra- tion intra-moléculaire provenant de la transformation de la forme cétonique en la forme énolique tautomère ; mais cette hypothèse se heurte à plusieurs objections. Les auteurs ont trouvé que l'absorption sélective d’un grand nombre de cétones simples est du même type, car toutes les bandes d'absorption sont pratiquement identiques. Ils l’attribuent à des perturbations électro- niques accompagnant des oscillations qui proviennent de la formation et de la rupture alternatives de sys- tèmes annulaires instables à l’intérieur de la molécule. 30 SCIENCES NATURELLES. — M. A. Mallock : Za vision intermittente. Quand une roue tourne assez rapide- ment pour que l'œil ne puisse plus voir ou suivre facilement les rayons séparés, et qu'en même temps l'observateur recoive un petit choc mécanique, les rayons apparaissent presque stationnaires pendant une fraction de seconde. L'apparition dépend de la vitesse de rotation, de l'intensité de l'éclairage et, à un degré moindre, de la nature du choc. Des chocs convenables sont obtenus par le contact du pied avec le sol, comme dans la marche, ou en se frappant la tête ou le corps. La convention par laquelle on indique généralement une rotation rapide dans un dessin (introduction d’un grand nombre de lignes radiales à la place des rayons) tire probablement son origine d'une forme du même phénomène. L'auteur explique ce phénomène par une variation de la sensibilité produite par un choc léger. Cette variation, qui s'éteint rapidement, a une durée périodique d'environ 1/8 de seconde, et diffère légère- ment chez plusieurs individus. SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE DE LONDRES Séance du 23 Janvier 1914. M. P.R. Coursey décrit quelques expériences effec- tuées sur différents types de détecteurs de télégraphie sans fil en vue de rechercher s'il existe une relation entre les courbes de sensibilité et de caractéristique (ou volt-ampère) d'un détecteur. Dans quelques cas, il existe une bonne concordance entre la courbe de sen- sibilité d'un détecteur et la différentielle seconde de sa caractéristique, spécialement dans les détecteurs à cristaux les plus stables ; mais il est évident que la flexion de la courbe de caractéristique ne peut être la seule cause de la réponse d’un détecteur aux signaux de télégraphie sans fil. En effet, dans d'autres cas, en particulier pour le détecteur électrolytique, les points de plus grande variation de la flexion sont ceux où la sensibililé mesurée est nulle ou très faible. En ces points s'ajoute donc une seconde action, probablement de nature électrolytique. —M.W. Duddell présente un modèle hydraulique d'arc électrique musical, qui permet la démonstration d’un grand nombre de pro- priétés des arcs intermittents ou oscillants. —M.C.R. Darling présente quelques expériences nouvelles avec ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES des gourtes et des globules liquides. — M. J. Walke considère l'expérience d’Airy, où il mesure l'angle d’aberration avec un télescope rempli d’eau, à la lu= mière de l'hypothèse récente de Lord Rayleigh, d'après lequel on a affaire dans l’aberration à une vitesse de groupe au lieu d’une vitesse d'onde. Il arrive au résultat que l'angle d’aberration ainsi déterminé cor- respond à un angle w—1 v/U mesuré dans l'air. Le même résultat est obtenu par une étude analytique, et le calcul numérique montre que l'augmentation de l'angle est d'environ 1 °j,, c'est-à-dire trop faiblenm pour être décelée. SOCIÉTÉ DE CHIMIE DE LONDRES Séance du 18 Décembre 1913. M. V. Lefébure à observé une absorption des gaz par le celluloïd d’un ordre de grandeur comparable à la sorption des gaz par quelques charbons. L'effet est réversible; il n’est pas de nature chimique. 11 augmente quand la température s’abaisse et quand la pression s'élève. Il ne se présente pas chez les deux principaux constituants du celluloïd, le camphre et la nitrocellu- lose. — M. A. W. Crossley et M'ie N. Renoufsignalent un cerlain nombre de réarrangements de substances hydroaromatiques en substances aromatiques, en parti- culier de diméthyleyclohexénones substituées. — M. H. R. Procter à étudié l'équilibre entre HCI dilué et la gélatine, qui peut être représenté par une expression mathématique. La gélatine paraît être une base diacide, dont les constantes d'hydrolyse K, et K, sont égales à 0,0013et 1,05 et dont le poids moléculaire approximatif est de 839, conduisant à une formule CH°0#Az!1, — MM. G. T. Morgan et H. W. Moss ont examiné le spectre d'absorption de 14 acétylacétonates métalliques en solution alcoolique ; ils présentent tous une bande d'absorption dans l’ultra-violet ; le composé chromique a, en plus, une bande vers l'extrémité rouge. —M. W. R. Bousfeld, en prenant comme exemple le sucrose, montre que les données osmotiques peuvent être amenées en conformité avec l'équation des gaz en tenant compte de l’eau combinée. Les équations de pression osmotique, de pression de vapeur et de point de congélation prennent les formes suivantes : P/R (ä-n= i); pÔ p/p (h-n) =i: A/F (h-n)= 1, où hest le nombre total de molécules d’eau par molécule de corps dissous et » le nombre de molécules d’eau combinées par molécule de corps dissous. — MM. F. B. Power et À. H. Salway ont trouvé, dans la racine de salsepa- reille grise de la Jamaïque : un glucoside cristallisé, la sarsaponine, C#*H%0%,7H°0, donnant par hydrolyse de la sarsasapogénine C*H#0° et du dextrose ; le d-gluco- side du sitostérol, du sitostérol, du stigmastérol; un nouvel acide dicarboxylique cristallisé, l'acide sarsa- pique, C*H'O6,F. 305°; du dextrose, el un mélange d'acides gras : stéarique, béhénique, oléique et lino- lique; enfin du cétyl-d-glucoside et beaucoup de nitrate de potassium. — MM.G. T. Morgan et H. W. Moss ont préparé les acétylacétonates de Li, Gs, Ag, Cu, Zn, Cd, Se (F. 487°-1870,5) et le dérivé vanadylique de l'oxyde de mésityle. — MM. G. T. Morgan et G. E. Scharffont préparé le benzènesulfonyl-3 : 4-tolylènedia- zoimide sous forme de deux isomères : à, F. 1189-1199, plus soluble et labile, transformé par ébullition pro- longée en solution en 6, F. 1500-1510, stable el moins soluble. — MM. F.S$. Kipping et R. Robison pour- suivent leurs recherches sur les produits de conden- sation du diphénylsilicanediol. Le trianhydrotétra- kisdiphénylsilicanediol, HO.Si(C‘H5}°.0.Si(C‘H°):.0.8i (GéH°}2.0.Si(CtH5}°.0H, F. 127, à été obtenu en hydro- lysant avec précaution le dérivé tétra-anhydro par NaOH en solution chloroformique. — M. R. Wright a observé que le spectre d'absorption de SO* est caracté- risé par une bande dans l'ultra-violet, tandis que son sel de Na n’a qu'une absorption générale. Cet effet est } 1 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 215 robablement dû à une différence de structure entre ‘acide et son sel. — M. F. W. Gray présente un calo- rimètre adiabatique, pourvu d'un manchon rempli d’eau dont la température peut être modifiée à volonté de facon. à prévenir tout rayonnement vers l'intérieur du calorimètre ou de celui-ci vers l'extérieur. MM. M.J. Burgess et R. V. Wheeler ont distillé la houille dans un vide élevé à basse température. Une partie de la houille commence à se décomposer à 350°. Parmi les gaz dégagés, qui ont été fractionnés au moyen de l'air liquide et de CO* solide dissous dans l’éther, on a trouvé le propane etle butane. — MM. D. T. Jones et R. V. Wheeler ont examiné les produits liquides obtenus dans la distillation précédente, qui sont constitués par des hydrocarbures non saturés (éthylé- niques), des naphtènes, des paraffines, des phénols {(crésols et xylénols) et des homologues du naphtalène ; - le benzène, l’anthracène et les hydrocarbures aroma- . tiques solides faisaient défaut. Les auteurs admettent la préexistence des paraffines dans la houille à l’état de groupes alkylés liés chimiquement à des groupes non alkylés. — M. H. Krall, en chauffant le carbonate de guanidine pendant trois heures à 180°, a obtenu, à côté de l’amméline, une substance isomère avec la mélamine et qu'il nomme isomélamine. Elle cristallise de l’eau en prismes mal définis; elle est isomérisée en mélamine par les acides forts. À 2600, elle décrépite en ‘ passant à la forme plus stable. — M. F. G. Pope montre que larésorcinol-benzéine, préparée suivantla méthode de Doebner, consiste essentiellement en 3-hydroxy-9- phénylfluorone. — MM. A.E. Dunstan, F. B.Tholeet P. Benson ont déterminé la viscosité de 93 composés appartenant aux séries homologues des acides gras, des alcools, des éthers méthyliques et éthyliques des acides gras et des éthers du méthyléthylearbinol, de l’hexane-, de l’heptane-, de l’octane- et de l’undécane- 6-ol. Dans chaque série, le logarithme de la viscosité est additif dans certaines limites. — MM. G. T. Morgan et J. Reïilly ont préparé une série de sels de 3: 5- diméthylpyrazol-4-diazonium et leurs dérivés azoïques. — M. D. Segaller a étudié l'influence de divers sol- vants sur la vitesse de réaction entre le phénate de soude et certains iodures d’alkyle. Cette influence est très grande, mais il n'y a pas de rapport entre la constante diélectrique du solvant et son influence. — MM. Al. Rule et J. S. Thomas ont fait réagir sur l'hydrosulfure de sodium anhydre en solution alcoo- lique des quantités de soufre correspondant aux di-, tri-, tétra-, penta- et hexa-sulfures. On n'obtient, par concentration, un produit homogène qu'avec les pro- portions correspondant au tétrasulfure, qui cristallise en cubes brun-jaune. Le disulfure a été obtenu en réduisant les solutions de tétrasulfure avec Na métal- lique; c’est une poudre microcristalline jaune clair. — MM. J. C. Cain et J. L. Simonsen ont préparé les nitro-acides dérivés des acides 2 : 3-diméthoxyben- zoïque et 4-méthoxyphtalique. — MM. G. G. Hender- son et I. M. Heïlbron montrent qu'on peut facilement distinguer le bornéol de l’isobornéol au moyen de leurs p-nitrobenzoates; ils cristallisent de l'alcool, le premier en petites tables lustrées, F. 137, le second en fines aiguilles, F. 129°. — MM. W.-J. Pope et J. Read ont reconnu que les isomères + et & de la 2: 5-diméthyl- pipérazine sont en réalité les isomères trans et cis. — M. H. K. Sen-Gupta a obtenu, en oxydant par l'acide chromique les anhydrides des 1 : 1-dihydroxydinaph- tyldialkylméthanes, des composés colorés cristallisés dont il étudie la constitution. —M. Al. Flecka reconnu que les propriétés du thorium et de l'uranium à l’état quadrivalent sont très analogues ; toutefois, ils restent chimiquement distincts et séparables. — MM. A. Holt et N. M. Belt ont étudié le système xylène-alcool-eau, en particulier le déplacement du xylène de ses solu- tions dans l'alcool par addition d'eau. -M. F. D. Chattaway donne une nouvelle explication de la for- -mation dacide formique et d'alcool allylique dans l'action de l'acide oxalique sur le glycérol. ACADÉMIE DES SCIENCES D'AMSTERDAM Séance du 27 Décembre 1913. 1° ScrENcEs PHYSIQUES. — MM. H. Kamerlingh Onnes et H. A. Lorentz présentent un travail de M. W. H Keesom : Sur la question de savoir si au Zéro absolu l'entropie est modifiée par mélange. L'entropie d'un mélange contient le terme — RÈ, log e,, où €, est la proportion moléculaire d'un des constituants. D'après le théorème de Nernst, l’entropie d’une substance pure, à l’état dense, s'annule au zéro absolu. Comme on ne voit pas comment le terme ci-dessus peut être compensé, il semble que, dans le cas d'un mélange, l’entropie ne puisse pas s'annuler, ce qui est peu pro- bable. IL est même probable que la compensation se fait déjà à l’état gazeux parfait; c'est effectivement ce qui arrive, ainsi que le prouvent les raisonnements de l’auteur. — MM. J. D. van der Waals et P. Zeeman pré- sentent un travail de MM. Ph. Kohnstamm et K. W. Walsra : /nstruments pour la détermination d'iso- thermes de gaz jusque vers 3.000 atmosphères. Des- cription des instruments de mesure de pression et de volume. Pour la mesure des pressions, les auteurs se servent d'un manomètre-balance; pour la mesure des volumes, ils appliquent une modification de la mé- thode des contacts électriques. — M. F. A. H. Schrei- nemakers : Æquilibres dans les systèmes ternaires. XI. Dans les communications précédentes, l’auteur avait toujours supposé que les phases solides étaient des combinaisons ternaires. Il considère maintenant le cas où il se présente un composé binaire. — MM. Ernst Cohen et W. D. Helderman : L'allotropie du euivre.I. Les auteurs ont appliqué au cuivre la même méthode d'examen qu'au zinc (voir le compte rendu de la séance du 29 novembre). Cet examen a révélé l'existence d'un point de transformation à 7197. La transformation, qui s'effectue très rapidement en pré- sence de métal finement divisé, se fait avec une grande lenteur en masse compacte, ce qui explique comment on a ignoré jusqu'ici que le métal appelé cuivre est un système métastable. — M. Ernst Cohen : La métasla- bilité de notre monde métallique comme conséquence de lallotropie et son importance pour la chimie, la physique et la technique. Les recherches de l’auteur et de ses collaborateurs ont appris que divers métaux, dont on ne connaissait qu’une seule modification, four- nissent deux ou plusieurs formes allotropiques; des recherches ultérieures apprendront s'il en est ainsi pour tous les métaux, ce qui est fort probable. Les métaux, tels que nous les connaissons, sont des sys- tèmes métastables qui ne peuvent être amenés à se transformer rapidement que par certains artifices (di- vision du métal, contact d'un électrolyte) ; il s'ensuit que les constantes physiques relatives à ces métaux sont mal définies; or, dans ces dernières années, la connaissance de données précises est devenue particu- lièrement importante. La détermination des constantes des états allotropiques des métaux ouvre au physicien et au chimiste un vaste domaine de recherches. Pour letechnicien, cette question est importante au point de vue des alliages. — MM. J. D. van der Waals et A. F. Holleman présentent un travail de M. A. Smits : L’ap- plication de la théorie de l’allotropie aux équilibres de forces électromotrices. D’après la théorie de l'allotro- pie, un métal qui se présente dans divers états est formé de diverses espèces de molécules : plongé dans un électrolyte, il émet diverses espèces d'ions. On peut expliquer par là comment, par dépôt électrolytique, on obtient non pas la phase stable, mais la phase mé- tastable; on peut prévoir aussi que, si l'équilibre in- terne du métal ne s'établit que très lentement, le métal qui se dissout électrolytiquement deviendra plus noble, tandis que le métal déposé le sera moins. On explique aussi pourquoi le contact d’un sel du métal accélère l'établissement de l'équilibre interne. Enlin, l'auteur attire l'attention sur la possibilité que par réduction à 216 ACADÉMIES ET SOCIÈTÉS SAVANTES basse température on obtienne des masses métalliques fort instables, présentant une activité chimique anor- male (états pyrophoriques, par exemple). — MM. A. J. Holleman et S. Hoogewerff présentent un travail de MM. J. Bôeseken et P. E. Verkade : Le mécanisme de La formation d'acides à partir d'anhydrides alipha- tiques dans un excès d'eau. Les auteurs ont déterminé, à 0° et à 25°, l'allure de la formation d’acide à partir de quelques anhydrides aliphatiques saturés en pré- sence d’un excès d'eau. Jusqu'aux acides butyriques, c’est une réaction monomoléculaire, à coefficient de température relativement faible. Après élimination de l'influence de la dissociation, les auteurs ont trouvé que la constante d'hydratation diminue à mesure que la masse du groupe saturé augmente et qu'une ramifi- cation de la chaîne carbonique saturée a peu d'influence sur cette constante. En général, l’acidification a lieu en deux phases : addition d’eau et décomposition de l'hydrate; pour les acides inférieurs, la première réac- tion est très rapide, de sorte qu'on n'observe que la seconde.— MM. Ernst Cohen et P. van Romburgh pré- sentent un travail de MM. H. R. Kruyt : Systèmes pseudoternaires d'anbydrides et d'eau. I. Anhydride phtalique. Lorsqu'on secoue un mélange d'eau el d'anhydride phtalique, on constate pendant longtemps une augmentation de la solubilité, laquelle finit même par dépasser de beaucoup celle de l'acide, après quoi la solubilité diminue et tombe jusqu'à celle de l'acide. L'anhydride est donc plus soluble que l'acide, mais il se transforme en celui-ci et l’on atteint finale- ment l'équilibre eau-acide. On a donc un système pseudo-ternaire eau-anhydride-acide. Mais, pendant qu'il se sépare de l'acide phtalique, l'équilibre n'est pas invariant comme on aurait pu le supposer. Pour arriver à l'application de ce fait, l’auteur à fait des analyses de solutions et conclut à l'existence d'une sursaturation en acide au voisinage du maximum de solubilité. 20 SCIENCES NATURELLES. — M. L. Bolk: À quelle série dentaire les molaires appartiennent-elles ? Dans une communication antérieure (février 4912), l'auteur a montré que la dentition des Reptiles se compose de deux séries, l’une intérieure, l'autre extérieure, à élé- ments alternatifs, et que la première dentition (dents de lait) chez les Mammifères correspond à la série exté- rieure des Reptiles et la seconde, permanente, à la série intérieure. L'auteur s'occupe maintenant des molaires. De l'observation de molaires superilues (paramolaires), qui apparaissent à l'extérieur des molaires normales, et des distomolaires (quatrièmes molaires), l'auteur conclut que la première molaire permanente appartient encore à la série extérieure (dents de lait) et les autres à la série intérieure. — MM. L. Bolk et G. A. Pekelha- ringprésententun travail de M. A.J.P. van den Broek: Sur les sutures et les os du pterion. L'auteur a com- paré 414 crânes au point de vue de la région du ptérion; il expose le résultat de cette comparaison. Quelle est la signification des os de cette région, l’auteur ne sau- rait le dire, mais il croit pouvoir contredire l'opinion de Ranke, qui les tient pour des formations pathologi- ques. — MM. C. Eykman et C. H. Spronck présentent un travail de M. L. K. Wolf : Sur la formation d'an- ticorps après injection dantigènes seusibilisés. I. Besredka avait conclu de ses expériencee que la sen- sibilisation des bactéries donne à celles-ci des pro- priétés qui en font des vaccins sûrs, rapides et durables. Ces conclusions ayant été attaquées par d’autres, l’au- teur a voulu se faire une opinion par de nouvelles re- cherches. Elles n’ont donné aucun résultat net. — MM. FE. A. J. C. Went et J. W. Moll présentent un tra- vail de M. A. H. Blaauw: La réaction primaire de Ja lumière sur la croissance et la cause des courbures po- sitives de Phycomyces nitens. L'auteur s’est proposé d'étudier systématiquement l’action de lumière sur un organe en voie de croissance, lorsque cette lumière est fournie en quantité déterminée dans toutes les di- rections. Pour examiner d'abord cette influence sur une seule cellule, l’auteur a fait des observations sur les sporangiophores de Phycomyces. Il en conclut que, conformément à la vieille théorie de de Candolle, la phototropie positive résulte d'une inégale modification de la croissance des divers côtés de la cellule, pro- duite par un éclairement inégal. J.-E. V. ACADÉMIE DES SCIENCES DE VIENNE Séance du 8 Janvier 1914. 19 SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. Em. Müller : Sur les coordonnées tripolaires du plan et un analogue de la transformation de Bonnet. 20 SciENCES PHYSIQUES. — M. R. Thaller a cherché à déterminer directement, dans un espace de temps aussi court que possible, la constante du RaD à l'aide d'une méthode de compensation. Le temps de diminu- tion de moitié du RaD à longue vie a été trouvé de 15,83 années. — MM. A. Skrabal et F. Buchta ont étudié calorimétriquement l’action des iodates sur les iodures en solution acide, ainsi que l’action inverse des alcalis sur l’iode. Les deux réactions sont des phé- nomènes de temps très accusés. Séance du 22 Janvier 1914. 10 SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. E. Waage cherche à préciser les limites entre lesquelles on peut inclure la somme des logarithmes naturels de toutes les puis- sances de nombres premiers jusqu'à une limite x. il arrive à des limites qui sont à peu près dans le rapport de 23 à 22. 20 SCIENCES PHYSIQUES. — M. A. Lampa décrit un vi- broscope pour l'étude des vibrations des cordes. C'estun disque métallique portant un très grand nombre de fentesradiales étroitesséparées par des angles égaux. La corde est disposée parallèlement à une entaille coupant les fentes. Si l’on fait vibrer une corde et qu'on mette : le disque en rotation, on observe pour un nombre approprié de tours du disque uneligne ondulée station- paire en regardant par les fentes vers une surface éclai- rée. Ce phénomène peut être projeté sur un écran ou photographié. — M. O. Hônigschmid a procédé à une revision du poids atomique de l'uranium en déter- minant le rapport de UBr' sublimé dans un courant d'azote pur à AgBr et à Ag. La moyenne de toutes les déterminations donne U— 238,175 + 0,011, valeur in- férieure d'au moins 0,3 unité à la valeur internationale. — M. K. Drechsler, en faisant réagir AICI° sur le ben- zène et le chlorure d’o-nitrobenzyle, a obtenu comme produit secondaire de l’Az-phénylanthranyle. — M.R. Gôrgey à reconnu que la polyhalite appartient au système triclinique; tous ses cristaux sont sous forme de mäcles doubles. Ses constantes cristallographiques sont : a : b : c—0,9314 : 0,8562; a — 92099, f—123004,, y—= 88021. — MM. H. Mache et M. Bamberger ont déterminé la radio-activité des roches et des sources du tunnel des Tauern et des thermes de Gastein. — M. R. Klein montre que la réaction avec l'acide picro- lonique permet de déceler microchimiquement la strychnine dans les graines de noix vomique. 30 SciENCES NATURELLES. — M. J. Schleidt déduit de ses recherches sur l’hypophyse chez les mâles à carac- tère féminin et les femelles à caractère masculin, que c'est la partie interstitielle de la glande germinative mâle et femelle, donc ia glande de la puberté, qui règle les échanges de l'organisme de telle façon que la structure normale de l'hypophyse soit maintenue. — M. C. Toldt montre l'existence de rapports réguliers entre les bourrelets et les arcs sourciliers et certaines structures du crâne; ceux-ci ont une origine et uve importance mécaniques. ; Le Gérant: A. MARETHEUX. Paris. — L. MARETHEUX, imprimour, 1, rue Casselte. P » 1 D, EL 95e ANNÉE N° 6 30 MARS 1914 a ———————— Revue générale des AcientCes pures et appliquées FonpaTEUR : LOUIS OLIVIER DIRECTEUR : J.-P. LANGLOIS, Docteur ès Sciences. Adresser tont ce qui concerne la rédaction à M. J.-P. LANGLOIS, 18, rue Chauveau-Lagarde, Paris. — La reproduction et la traduction des œuvres et des travaux sd publiés dans la Æewre sont complètement interdites en France et dans tous les pays étrangers, y compris la Suède, la Norvège et la Hollande. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE $ 1. — Nécrologie Charles Lauth. — Né à Strasbourg en 1836, Charles Lauth commença par étudier la Chimie à l'Université de sa ville natale, dans le laboratoire de Gerhardt. Nul plus que ce maître n’était qualifié pour inculquer à son disciple les idées nouvelles qui devaient avoir pour conséquence un développement inattendu de la Chimie organique. Les notions acquises à Strasbourg par Lauth se pré- isèrent ultérieurement dans le temps qu'il passa, à Son arrivée à Paris, en 1862, dans le laboratoire de urtz. Plus tard, il devint préparateur de Persoz au ment à son influence qu'il dut l'orientation de sa ière, consacrée en majeure partie à la chimie des orants et aux techniques encore primitives de la @inture et de l'impression. ; Un séjour de quelques mois dans une teinturerie, à Lyon, permit à Lauth de se faire une opinion exacte “des besoins de cette industrie. Il se trouvait ainsi merveilleusement placé pour prendre une part active au mouvement qui amena la création des matières colorantes dérivées de l’aniline et leur utilisation. A peine entré dans la maison Depouilly, il publiait, en collaboration avec cet industriel, un procédé de teinture du coton au moyen de la murexide, un mode «de préparation d'un violet d’aniline par oxydation de cette base avec l’hypochlorite de chaux et un procédé de formation du rouge d'aniline. … En étudiant l’action des réducteurs sur la rosaniline, Lauth constata que l'aldéhyde en milieu sulfurique “donne un bleu magnifique, mais fugace. Cette observa- tion, sans effet pratique, eut cependant comme consé- “quence la découverte du vert à l'aldéhyde ou vert D: D'autre part, l'oxydation de la méthylaniline avait “fourni à Lauth une matière colorante violette; malheu- “reusement la méthylation de l'aniline, impossible alors sans le concours de l’indure de méthyle, rendait cette “découverte impraticable commercialement, par suite u prix élevé de la matière première, —._ Plus tard, MM. Poirrier et Bardy ayant pu réaliser REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 4914. industriellement la préparation de la diméthylaniline, Lauth reprit ses essais et découvrit, en suivant une méthode encore en usage de nos jours, le violet de Paris, qui put faire avantageusement concurrence aux violets de Hofmann, obtenus à grands frais par méthy- lation de la rosaniline. De ce moment date la collaboration de Ch. Lauth avec la maison Poirrier et Chappat, devenue, dans la suite, la Société anonyme de matières colorantes et produits chimiques de Saint-Denis. Il ne tarda pas à devenir l’un des administrateurs de cette Société et garda ces fonctions Jusqu'à sa mort. Avec Grimaux, Lauth prépara les premières rosani- lines benzylées. On doit encore à ces deux savants des travaux sur la chloruration du toluène et des xylènes et un mode de préparation de l’aldéhyde benzoïque. En 1876 parut le violet de Lauth, premier spécimen des colorants de la série des thiazines, dont la consti- tution fut établie par Bernthsen, qui donna le mode de préparation actuel du bleu de méthylène, découvert antérieurement par Caro en appliquant la réaction de Lauth à la diméthylparaphénylènediamine. Dans la production du noir d’aniline, Lauth eut l’idée de remplacer le chlorure de cuivre, qui détériorait les machines et altérait le tissu, par le sulfure insoluble et par conséquent incapable de produire ces effets, tout en étant susceptible de jouer le même rôle que le chlorure par suite de sa transformation progressive en sulfate sur la fibre même. Cette modification, simple en apparence, rendit les plus grands services à l'in- dustrie. Ses derniers travaux de 1890 à 1904, effectués d’abord au laboratoire de Schutzenberger au Collège de France, puis à l'Ecole de Physique et Chimie, furent encore consacrés aux matières colorantes et à la teinture: mais entre temps il avait été appelé au poste d'admi- nisträteur de la Manufacture nationale de porcelaine de Sèvres. Là son activité se manifesta d’abord par la réorga- nisation des services, puis par une série de décou- vertes du plus haut intérêt. En collaboration avec Dutailly, il inventait une nouvelle porcelaine cuisant à 1.300°, dont on put admirer des spécimens richement 6 218 décorés à l'Exposition universelle de 1900. A cette occason, il dut imaginer des moyens de contrôler la température des fours analogues à ceux que Seger vulgarisa dans la suite sous le nom de montres fusibles. Citons encore les recherches sur la porcelaine tendre et sur les couvertes, la production des bleus de grand feu, des rouges de cuivre, des flammés et des céladons. C'est de cette époque que date l'obtention des cou- vertes cristailiséés, si appréciées aujourd'hui. A la suite de difficultés avec le personnel, Lauth donna sa démission; mais, avant de quitter la Manu- facture qu'il avait administrée pendant huit années 1879-1887), il fonda une Ecole de Céramique, qui à lormé depuis un certain nombre d'hommes pourvus d'une instruction à la fois scientifique et artistique et préparés ainsi à servir utilement l'industrie. Cette préoccupation de Lauth de doter son pays d'écoles techniques se trouve exprimée dans son lRap- port sur l'Exposition de 1878. Frappé des progrès de l'industrie allemande, il prit l'initiative de demander au Ministre du Commerce la création d'une Ecole natio- nale de Chimie. Cet appel ne fut pas entendu; mais Lauth, sans se décourager, s'adressa au Conseil municipal de Paris, dont il avait fait partie, et obtint la création de l'Ecole municipale de Physique et de Chimie industrielles. Celle-ci, installée provisoirement dans les bâtiments abandonnés par le collège Rollin, ouvrit ses portes en 1882 à trente élèves formant la première promotion. Sous la direction de Schutzenberger et de ses émi- nents collaborateurs, le succès de cette fondation fut rapide et suscilta des créations du même ordre dans la plupart de nos Universités. Le but visé par Lauth était atteint, et cependant il n'hésita pas, à la mort de Schutzenberger survenue en 1897, à prendre la direction de celte Ecole, dont il accentua encore le caractère industriel et qu'il laissa en pleine prospérité à son successeur, M. Haller, quand l'âge l’obligea, en 1904, à se retirer. Lauth avait été promu commandeur de la Légion d'honneur lors du Cinquantenaire de la Société chi- nique, dont il suivait régulièrement les travaux et qu'il avait présidée en 41883. E. Tassilly, Professeur agrégé à l'Ecole de Pharmacie de Paris. $S 2. — Mathématiques. Le problème de Monge. — Ce problème coti- siste, rappelons-le, à déterminer la forme la plus générale des systèmes de » fonctions y, zZ..…. d'une variable x vérifiant un système de m équations diffé- dz rentielles ; dy AA 1e (or. mr FR . )=0, in étant inférieur à p, de sorte que le système est indé- terminé. Plus spéciälement, on se propose d'exprimer y, 2, à l’aide d'une fonction arbitraire u convenable- met choisie et de ses dérivées (plus, au besoin, des constantes arbitraires). On sait que, malgré ce que pouvaient faire supposer le cas de Monge (1 —2,m—1) et les cas particuliérs (tels que dx? + dy + dz — dt® = 0) traités par M. Dar- boux et aussi par M. Goursat, M. Hilbert a démontré dz DAÿNe CE (74) k laquelle se ramène à la forme (1) avéc 2 =3, m—2), l'impossibilité de résoudre, en général, le problème sous la forme ci-dessus indiquée. M. Cartan, que ges travaux sur les groupes continus et sur le problème de Pfaff préparaient à cette étude, vient d'aller beaucoup plus loin (Comptes Rendus du 2 février). Pour le cas de m—n—1, il obtient la éon- dilion nécessaire et suflisänte de possibilité. Le système étant ramené, ce qui est possible, à un système d'équations aux différentielles totales, il part AU : (= 42; im); sur un exemple (celui de l'équation CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE d'une notion à laquelle les théories de Lie a très naturellement, celle du système dérivé, formé dem certaines combinaisons, convenablement choisies, des équations du système primitif. Pour que le système donné soit résoluble sous lan forme de Monge, il faut et il suffit que, en formant les systèmes dérivés successifs, chacun d’eux renferme aus plus une équation de me.,.: que le précédent, L'auteur à donné quelques exemples géométriques remarquables de problèmes de Monge résolübles. Telle est, en particulier, la recherche, en géométrie non euclidienne, des courbes dont la courbure et la lorsion Différence de longitude Paris-Bruxelles. — Jusqu'en 1912, la différence de longitude entre l'Observatoire de Belgique et les méridiens fondamen- taux de Paris et de Greenwich n'était connue qu'indi- reetement et avec une précision tout à fait insuffisante, puisque les nombres déduits des diverses mesures présentaient des écatts qui dépassaient 0°,47 : il étail done indispensable d'en faire une détermination directe, avec les méthodes les plus récentes. On sait, aujourd’hui, qué l'on peut atteindre une grande préci- sion dans la comparaison des pendules, en observant les coincidences entre les battements de ces pendules et les signaux radio-télégraphiques; en outre, il était bon d'apporter un contrôle incontestable en joignant à la méthode de la télégraphie sans fil l’ancienne méthode d'échanges de signaux par la télégraphie ordinaire : l'occasion était même tout à fait favorable pour expé- rimenter une comparaison entre ces deux points, appliqués d’une façon absolument indépendante l'un par rapport à l’autre. En raison de la faible distance existant entre Îles déux stätions et à cause de la très grande vitesse de transmission dés ofides hertziennes, il a paru absolu- ment inutile d'employer des transmissions partant de chäcun des deux points, et l'on s'est contenté de celles partant de la Tour Eiffel. Les ‘bservations stel- laires et les comparaisons des pendules oût été elfec- tuées par E. Delporte, astronome adjoint à l'Observa- … loire royal de Belgique, et par E. Viennet, astronome adjoint à l'Observatoire de Paris. Il avait été convenu que l’on ferait une première série d'observations aveu Ë. Delporte à Uccle, et E. Viennet à Paris, celte série dévant comprendre dix séries complètes; on devait ensüite procédet à l'échange des observateurs pour une deuxième série de dix soirées ; en réalité, les deux séries ont été respectivement de neuf et onze soirées d'observations. Le résultat de ces travaux vient de faire l’objet d'un mémoire très détaillé et très important dans les Annales de l'Obsérvatoire royal en Belgique, t. XIV. H. Renan déémt avec soin les instruments et méthodes, tandis que E. Viennet et E. Delporte donnent leurs séries, les comparaisons ét réductions : le résultat est digne des efforts et de l'habileté des observateurs, puisque, d’une à l'autre méthode, il ne subsiste qu'une différence de 0,040 dans leslongitudes relatives des piliers d'obsets vation, et l'on sait la difficulté d'approcher le centième de seconde. Mais, et ceci surtout est fondamental, quelques déterminations successives de longitudes ont permis dé codifier un peu les procédés, et ce mémoire actuel paraît être un excellent type, modèle que l'on pourra adopter pour les déterminations ultérieures. S 4. — Physique. Changement d'état solide-liquidé à haute piréssion. — M. W. Bridgtnan ‘à étudié l'influence de nn at — 2 bit st da à POSTE PRE 1 Physical Review, fovembre 1913. sont liées par une certaine relalion linéaire. . © $ 3. —— Astronomie | 4 es . a” CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 249 la pression sur la température de fusion et la difré- rence de volume entre le liquide et le solide pour les onze subslances suivantes : potassium, sodium, acide carbonique, chloroforme, aniline, nitrobenzène, diphé- nylamine, benzène, tétrachlorure de carbone, ortho- crésol et phosphore. Les températures ont varié de 0e à 200° et les pressions ont été portées jusqu'à 12.000 kilogrammes par centimètre carré. Les courbes de fusion, représentant la température de fusion en fonction de la pression, sont toutes con- caves vers l'axe des pressions, l'incurvation devenant moindre aux plus hautes pressions. Ces deux faits, joints à l'équation de Clapeyron, indiquent qu'à des pressions toujours plus hautes, nous ne devons attendre ni un maximum, ni un point critique, mais que, selon toute probabilité, la courbe de fusion continue à croitre indéfiniment. Ces expériences ont en outre permis de constater l'existence de nouvelles modifications allotropiques du solide pour quatre de ces substances. Le benzène el l’orthobenzène ont une nouvelle forme stable à haute pression, le tétrachlorure de carbone et le phosphore ont deux nouvelles formes. L'une des variétés de phosphore se transforme d'une façon réversible avec le phosphore blanc ordinaire dans des conditions déterminées. Mais l'autre est obtenue à partir du phosphore blanc par une réaction non réversible sous de fortes pressions et des températures élevées et est stable dans les conditions ordinaires de température et de pression. Cette nouvelle forme a l'apparence du graphite et a pour densité 2,60. 8 5. — Électricité industrielle. Bobines incombustibles. — Les matériaux or- dinairement employés pour l'isolement des fils de bobines d'électro-aimants sont principalement le coton, la soie, les vernis ou émails et l'amiante ; le coton et la soie ne sont pas aptes à supporter des températures de plus de 30° C.; les vernis des fils dits « émaillés » ne peuvent supporter d’une facon permanente des températures de plus de 120° C.; avec les conducteurs isolés à l'amiante, les températures peuvent être plus élevées, mais ces fils sont encombrants et peu propres à la réalisation d’une bonne construction; pour un fil où le diamètre du cuivre est de 12n,3, le diamètre total est de 2 millimètres, tandis que pour les fils au coton, à la soie et à l'émail, l'épaisseur de la couche isolante ne dépasse pas les chiffres suivants : ISOLEMENT à simple double MDI 215. 2 + 0,05 mm, 0,1 miw,. BOiB.12 2 0,025 0,035 Email. . 0,01 0,02 L'incombustibilité des isolements à l'amiante n'est donc acquise qu'au prix d'un sacrilice relativement important de la capacité des bobines. L'utilité de réaliser des fils qui fussent capables de supporter des températures élevées a été constatée depuis longtemps. Déjà en 1883, MM. A. Chertemps et Cie, de Paris, employèrent pour répondre à ce besoin des isolements inorganiques, mauvais conducteurs et non décom- posés par la chaleur, comme les argiles, la magné- sie, etc. ; la couche isolante était obtenue en enduisant le fil d’une solution de l'isolant, puis on faisant sécher pour évaporer l’eau; les fils ainsi produits pouvaient, paraît-il, être portés au rouge; des résultats satisfai- sants furent obtenus aussi avec des substances orga- niques en y ajoutant certains Corps contenant de l'acide silici'ique, de l'acide borique, de l'argile, de la magnésie, elc. Cette méthode a été reprise en 1900 par M. le D° V. Reissig, de Munich; après de nombreuses expériences, celui-ci a pu se convaincre que l’oxyde d'aluminium constitue un isolant exceptionnellement avantageux : ces essais ont établi qu'un fil de cuivre d'environ 2 millimètres d'épaisseur, recouvert d'une couche d'argile d'alumine de O"%,005 d'épaisseur, offre une résistance à l'isolement de 102.000 megohms sous 122 volts, 25.000 megohms sous 245 volts et 8.200- 9.000 megohms sous 365 volts; en enduisant un fil d'une suspension d'argile dans le benzol, Phuile de térébenthine ou le sulfure de carbone, puis en évapo- rant le dissolvant, on obtient un dépôt imperméable, qui supporte sans dommage des températures allant jusqu'à 250° C. (Brevet allemand 131.992). D'autres méthodes de fabrication des bobines pou- vant résister à la chaleur sont basées sur l'emploi de matières isolantes, pulvérulentes ou vitreuses, En 1905, M. R. Iopfelt a indiqué un nouveau pro- cédé basé sur le principe suivant : comme on le sait, l'aluminium se recouvre, même à la température ordi- naire, d’une pellicule de son oxyde d'une épaisseur telle que le métal sous-jacent se trouve protégé d'une facon efficace vis-à-vis des intempéries ou des actions chimiques; lorsque cette pellicule est détruite (par exemple sous l’action du mercure), le métal se trouve à nouveau fortement exposé aux attaques ; la pellicule se constitué très rapidement; elle augmente en épais- seur lorsque la température s'élève, sans cependant s'écailler comme cela arrive pour les oxydes qui se forment sur le cuivre lorsqu'on le chauffe; d’après M. Hopfelt, la résistance de cette pellicule est telle qu'une tension de 0,5 volt est nécessaire pour rompre l'isolement. M. Hopfelt a appliqué ce phénomène à la construction d'électro-aimants en fil d'aluminium nu dont les spires se touchent: il a trouvé que le courant envoyé dans une bobine de ce genre parcourt tou- jours toute la longueur du fil comme si celui-ci élait recouvert d’une couche d’isolant ordinaire pour autant que la différence de tension entre les spires voisines ne dépasse pas la tension susindiquée ; pour cette raison, landis que les spires de chaque couche sont simplement isolées l’une de l’autre par la couche d'oxyde, un isolant spécial est intercalé entre les couches superposées ; on emploie à cette fin l'amiante, le mica, le presspan ou le papier. Le procédé Hopfelt (brevet allemand n° 17609) est exploité par l’ «Aluminium Spulen und Leitungen Gt » de Berlin. Cette Compagnie s'est beaucoup occupée de le mettre en pratique industriellement; elle a reconnu que les méthodes de bobinage ordinaire ne sont pas applicables avec les fils d'aluminium isolés de la facon qui vient d’être indiquée et elle a réalisé des machines de bobinage spéciales avec lesquelles elle à organisé une fabrication régulière ; le mode de bobinage spécial qu’elle applique est d’ailleurs la seule particularité de cette fabrication; l'achèvement des bobines, par exemple (guipage extérieur, imprégnation, séchage), se fait de la même facon que pour les autres bobines. Des dispositions accessoires peuveut néanmoins être appliquées dans le but d'améliorer le système. Ainsi, pour augmenter l'isolement, on chauffe la bobine, puis on la soumet à l’action d’une solution susceptible de l’oxyder ; l'échauffement chasse l'air et permet donc à la solution de pénétrer profondément sous l'action de la pression extérieure et d’oxyder toutes les parties. Une autre méthode (Brevet allemand 231,327) con- siste à placer la bobine achevée directement dans une solution chaude et à laisser refroidir; avec celle-ci, le résultat est le même qu'avec le système précédent, mais le procédé est plus simple. La solution peut être telle qu'elle laisse sur le fil un enduit qui protège mécaniquement l'oxyde et, en plus, qu’elle accentue l'oxydation ou concoure elle-même à l'isolement; on emploie, par exemple, des graisses, des huiles, des résines, des peintures à l’état fluide ou semi-fluide, acide, alcalin ou salin; l’enduit peut être obtenu en faisant passer le fil, préalablement oxydé, 220 et au moment du bobinage, dans un bain approprié (Brevet allemand 254.657). Un autre procédé, récemment mis au point, donne une pellicule isolante extrêmement résistante : cette pellicule peut supporter sans aucun dommage des températures de 300 à 400° C. et elle résiste remarqua- blement aux actions mécaniques; la résistance à l'isolement, mesurée entre deux fils toronnés en- semble, est de 1 megohm, et il faut gratter le fil éner- giquement pour entamer l'isolement; trempés dans l'eau ou portés au rouge, les fils dont il s’agit conser- vent leur isolement. Indépendamment de leurs qualités d’incombustibi- lité, les bobines d'aluminium ont encore l'avantage d'être très légères (le poids d’une bobine qui, en fils de cuivre, pèserait 27 kilogs, ne dépasse pas 10 kil. 7) ; cette double propriété leur ouvre des champs d’appli- cations assez variés. Elles sont principalement em- ployées dans la construction lappareils de la Lauch- hammer A. G.) des électro-aimants de levage, des électro-aimants de freinage. des souffieurs d’'étin- celles, des controllers, ainsi que pour les moteurs d'électromobiles, les moteurs de tramway (tramways de Jena, de Chemnitz, de Wurzburg, etc.). On est également parvenu depuis quelque temps (Brevet allemand n° 220.301) à confectionner des gaines isolantes d’alumine pour les fils de cuivre : les conducteurs de ce genre se composent d’un ruban de cuivre sur les deux faces duquel sont appliquées des feuilles d'aluminium d'environ Omm,25 d'épaisseur; la feuille d'aluminium qui joue le rôle d’isolant est oxy- dée électriquement, avant son insertion entre les spires, dans un bain de borate d’ammonium; les bobines confectionnées de cette manière conviennent bien pour les enroulements de champ des dynameos. Une autre méthode destinée à produire un isolement incombustible sur des fils métalliques quelconques est la suivante (Brevet allemand n° 240.077) : le fil reçoit un guipage de soie ou de coton; on le fait plasser dans une masse plastique isolante; on bobine; on met la bobine en place ; on surcharge la machine de manière à carboniser l'isolement; il ne reste que la matière plastique inorganique; la compagnie qui applique cette méthode parvient, avec l’isolant qu'elle emploie, à confectionner des bobines qui peuvent supporter une température intérieure allant jusqu'à 1500 C.; les vides laissés par la carbonisation des matières organiques permettent au fil de se dilater librement; les tils con- lectionnés de celte manière sont moins gros que ceux isolés à l'amiante, mais un peu plus épais que les fils d'aluminium à oxydation superficielle *. H. M. $ 6. — Chimie industrielle L'utilisation rationnelle des vinasses parle procédé Effront. — On a cherché depuis lontemps a traiter les vinasses de distillerie dans le but de récupérer les principes fertilisants qu'elles contiennent et de rejeter les liquides traités sans inconvénient pour l'infection et la pollution des rivières. Les vinasses contiennent des sels de potasse, des matières azotées constituées surtout par la bétaïne et des acides amidés comme la leuciné, l’asparagine, l'acide glutinique, ete., et des hydrates de carbone. A l’une des dernières séances de la Société d'encouragement pour l'Industrie nationale, M. C. Matignon, après un historique rapide des méthodes de traitement et de récupération déjà proposées, a exposé le problème résolu par M. Effront : trouver des diastases (amidases) capables d'isoler à l'état d'ammoniaque les groupements Az H° des acides amidés. La levure de bière, le ferment butyrique et d'autres microbes de la flore bactérienne du sol, placés dans des conditions convenables: milieu 1 B. Duscanrrz : L'lektrotechnische Zeitschrift, 20 novem- bre 1913, p. 1334, CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE alcalin, matières nutritives appropriées, présence d’alumine, etc., élaborent des amidases qui résolvent le problème. Tout l'azote des acides amidés est trans- formé en ammoniaque, tandis que les résidus des molécules donnent des acides gras, acétique, propio- nique, butyrique; la bétaïne fournit la triméthylamine el les mêmes acides. La vinasse sortant des colonnes à distiller est amenée dans des cuves de fermentalion, additionnée de 5 à 71°/, de son volume d’un levain initial, maintenue à 35-409, neutralisée par la chaux ou la potasse, puis alcalinisée avec cette dernière jusqu'à contenir 15 à 20 centimètres cubes de potasse normale par litre. Comme sels nutritifs et comme adjuvants, on ajoute 10 à 15 grammes de phosphate, 50 à 200 grammes de sulfate d’alumine. Pendant les six premières heures, on aère le moût par un courant d'air; la réaction commence ensuite avec production d'ammoniaque, dégagement de gaz carbonique, d'hydrogène et même de méthane; elle dure environ trois jours; elle est terminée quand le dosage d’ammoniaque montre que la teneur reste stationnaire. Le liquide soutiré contient de l’ammoniaque, de la triméthylamine, des acides gras, de la glycérine, des acides bibasiques, succinique, malique, tartrique, ete., et de la potasse, Par hectolitre d'alcool, on produit ainsi avec les vinasses de mélasses : 30 kilogs de sulfates d'ammoniaque et de triméthy- lamine ; 36 kilogs d’acides gras organiques; 3 kilogs d'acides bibasiques fixes; 3 kilogs de glycérine. Après avoir fortement alcalinisé par la chaux ou le carbonate de potasse, on distille les bases, puis on acidule nettement le résidu : les acides passent main- tenant à la distillation. Après évaporation complète, il reste dans la matière solide les acides bibasiques et le sulfate de potassium. M. Effront est arrivé à séparer rigoureusement les deux bases ammoniaque et triméthylamine par une méthode fort élégante reposant sur l'inégalité des fonctions basiques; l'ammoniaque donne aussitôt le sulfate marchand, tandis que l’autre base passe à l'usine à cyanure. Là elle est décomposée à 1.0000, d'après une vieille réaction de Würtz, en acide cyanhy- drique et méthane : (CH*)'Az — CAzH + 2CH*. Il est extrêmement difficile de séparer les acides gras du mélange obtenu dans une première distillation. M. Effront a résolu ce problème des plus délicats en déshydratant le mélange par du sulfate d’alumine anhydre qui s'empare de l’eau en formant le sel hydraté fondu, lequel se sépare ensuite complètement du mélange d'acides. Cette utilisation rationnelle des vinasses, tout à fait généralisée, produirait des acides gras en quantités considérables, dépassant notable- ment la consommation: aussi M. Effront a-t-il cher- ché et trouvé une transformation permettant de les amener à l’état de produits à pouvoir calorifique élevé, susceptibles d'être consommés dans les moteurs. En employant le coke pur comme catalyseur, il, transforme les acides acétique et propionique en acé- tone et propione et l'acide butyrique en méthylpro- pylcétone avec des rendements élevés. Toutes ces nous velles substances, en dehors des applications spéciales qu'elles pourraient recevoir, auraient une utilisation illimitée dans les moteurs à explosion ou les moteurs du type Diesel appelés certainement à prendre dans l'avenir une importance de plus en plus grande. Les procédés Effront s'étendent aussi à la tourbe : celle-ci, à l’aide des mêmes ferments, conduit égale- ment à l’ammoniaque et aux acides organiques. $ 7. — Botanique l L'éclairage pendant Ja nuit des plantes en état de croissance, — On à, à diverses reprises, CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 291 soumis, pendant la nuit, les plantes en état de crois- sance à un éclairage intense, afin de rechercher s'il était possible, de cette manière, d'accélérer le déve- loppement, d'augmenter le rendement et d'améliorer la qualité du produit récolté. Les expérience faites en Amérique ont,semble-t-il, donné des résultats satisfai- sants. En Angleterre, CG. W. Siemens a, vers 1880, exposé plusieurs plantes à l’action de la lumière élec- trique, et en France, P. Dehérain, lors de l'Exposi- tion d'Electricité de Paris, en 1881, a fait des expé- riences analogues. Le Professeur Gerlach, directeur de l'Institut Empe- reur Guillaume d'Agriculture, à Bromberg, a voulu élucider définitivement ce problème en produisant un éclairage intense, soit par de puissantes lampes à arcs (chacune de 4.000 bougies), fournissant de la lumière rouge, dite de Bremer, soit par des lampes à mercure {chacune de 500 bougies), dont la lumière est riche en rayons chimiques actifs. Ces lampes, au nombre de quatre, susp-ndues à 22,50 au-dessus du champ d’expé- rience, pouvaient êtie déplacées horizontalement le long de tils métalliques, ce qui, grâce à un ajustement trois fois répété au cours de la nuit, permettait d'éclairer partout, d’une lumière uniformément intense, une surface d’une étendue considérable. Grâce à l'emploi de réflecteurs et d'écrans, on pouvait pro- jeter la lumière sur le sol et l’écarter des régions destinées à rester, la nuit, à l'obscurité. Les expériences d'éclairage, commencées peu de temps après l’ensemencement, ont été continuées toutes les nuits jusque vers la récolte. Chaque lampe éclairait une surface de 5 mètres de diamètre et, comme les lampes étaient disposées deux à deux, une surface double était éclairée par chaque groupe de lampes du mème genre. L’orge, les pommes de terre, la salade et les tomates se sont, grâce à l'abondance des engrais et à l’arrosage répété, développés d'une facon très satisfaisante. Tou- tefois l'influence de l'éclairage de nuit n’a été nulle part visible à l’œil. Le surcroît de rendement est soit nul, soit insignifiant. L'éclairage n'exerce pas non plus d'influence seusible sur la compositiou chimique des produits. Il est possible que l'emploi d'un éclairage considé- rablement plus intense donnerait des résultats plus satisfaisants, mais, dans ce cas, le bénéfice écono- mique serait probablement illusoire. A. G. $ 8. — Enseignement. La préparation des futurs professeurs de athématiques des lycées. — La levue à publié an dernier‘ le vœu de M. Huard tendant à modifier le régime des diplômes d'études supérieures de Mathé- matiques, en vue de l'agrégation. M. le Ministre ayant demandé l'avis des Facultés des iences sur ce vœu, les diverses Facultés ont envoyé :s réponses concordant, en grande majorité, sur ce int, que, par égard pour la liberté de l'Enseignement périeur, le régime du diplôme d’études supérieures :: Mathématiques ne doit pas être modifié. Mais, d'autre part, la majorité des Facultés a été frappée par la valeur des arguments produits sur la nécessité de compléter la préparation à l'agrégation dans le sens indiqué par les auteurs du vœu. Elles ont pen-é que le but pouvait être atteint par des complé- ments aux programmes de l'agrégation. Nous donnons ci-dessous le rapport présenté à la Faculté des Sciences de Paris, les résolutions adoptées, et le programme annexé. Nous espérons pouvoir publier des documents analogues relatifs à d’autres Facultés. La REDAcTION. e a ———————— ! Voir la Revue du 45 maï 1943, p. 336. pas savoir ce que signifie l'impossibilité de la quadra- RapPORT DE LA COMMISSION DES MATHÉMATIQUES sur le vœu de M. Huarn: Le projet de M. Huard est fort intéressant, et presque tout est à retenir dans son exposé des molifs; mais il ne semble pas que la forme particulière donnée à sa proposition soit acceptable. D'une part, le diplôme a été concu, dans tous les ordres d'études, comme un examen comportant pour le canditat le maximum de liberté et d'initiative ; et l'on propose d’en faire le moins libre de nos examens, à programme imposé par l'Etat à toutes les Universités. D'autre part, le projet de M. Huart ne pourrait être réalisé que moyennant la création d'au moins une maîtrise de conférences de Mathématiques dans chacune des Universités où l'on prépare à l'agrégation. Ce qu'il y a à retenir de ce projet, c'est le desideratum très légitime que des cer- tificats d'Algèbre supérieure soient créés dans un plus grand nombre de Facullés des Sciences; il ne faut cependant pas attacher plus d'importance qu'il ne convient aux sanctions des études d'ordre élevé par des examens scolaires; la meilleure preuve que les études d’Algèbre et de Théorie des nombres sont en honneur dans la patrie d'Hermite, est fournie par des thèses comme celles de M. Chatelet ou de M. Cotty, pour ne citer que les plus récentes. Pouren revenir à l'agrégation, on doit regretter, avec M. Huard, que les futurs professeurs de Mathématiques spéciales ne soient tenus de connaître, sur bien des parties du programme de cette classe, que ce qu'ils ont appris comme élèves. Ce fait est d'autant plus fâcheux que les besoins des écoles d'ingénieurs ont entrainé dans le programme de spéciales des modifications nécessaires sans doute, mais regrettables au point de vue de la formation mathématique des futurs profes- seurs. La conclusion qui nous parait s'imposer est qu'il faut rédiger un programme complémentaire de Mathéma- tiques spéciales (voir ci-après le projet de programme ; dans ce projet, on asuivi pas à pasles proxrammes des classes d'élémentaires etde spéciales etajouté à chaque paragraphe les compléments nécessaires au professeur, — en laissant toutefois de côté l'Analyse et la Méca- nique, pour lesquelles ces compléments font partie des certificats de licence exigés pour l'agrégation ; peut-être y aurait-il lieu de revoir à ce point de vue la partie du programme de l'agrégation qui correspond aux pro- grammes de ces certificats). Ce programme complémentaire de Mathématiques spéciales serait, au point de vue de l'agrégation, mis surle mème pied que le programme proprement dit de la classe de spéciales; la réunion de ces deux pro- grammes constituerait le programme de Mathématiques spéciales de l'agrégation. Chaque année, comme cela se pratique actuellement, le jury choisirait dans ce programme les parties sur lesquelles pourraient porter l’année suivante les lecons de Mathématiques spéciales ; le problème de Mathématiques spéciales donné à l'écrit pourrait porter aussi sur des parties indiquées à l'avance du programme complémentaire. Il nous semble que les compléments, dont nous sommes d'accord avec M. Huard pour reconnaitre [a nécessité, sont ainsi mis à leur véritable place, car il s’agit bien de Mathématiques spéciales; ce sont là des matières que traiterait un professeur de spéciales s’il n'avait que des élèves tous très distingués, et s'il se proposait de les développer de son mieux et non de les préparer à un examen. Nousavonssupprimé, dans le programme de M. Huard, les parties trop éloignées des Mathématiques spéciales ; pour les maintenirutilement, il eût fallu des intermé- diaires très étendus et le programme eût été véritable- ment trop lourd. Par contre, nous avons introduit quelques questions qui nous paraissent s'imposer au point de vue même de M. Huard: un professeur peut-il exposer l'algorithme d'Euclide en ignorant les fractions continues; ne doit-il * 6 299 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE ture du cerele ; peut-il ignorer tout à fait ce que c'est que le degré d’une courbe gauche algébrique? Est-il admissible qu'il ne puisse être en état de préciser les idées d’un bon élève qui aurait entendu parler par son professeur de philosophie des relations entre les [géo- métries non euclidiennes et les postulats de la géo- métrie? Il ne faut pas perdre de vue d'ailleurs que le pro- gramme ci-après est un programme maximum, dans lequel le jury fera chaque année un choix; on peut espérer néanmoins qu'il sera possible de le traiter entièrement pour les meilleurs candidats et tout au moins à l'Ecole Normale (qui a fourni l'an dernier 14 agrégés de mathématiques sur 18). En conséquence, nous vous proposons d'émettre le vœu suivant : Projet de vœu. — L'assemblée de la Faculté des Sciences de Paris, Vu la dépêche ministérielle du 45 mars 1913 sur le rapport de la Commission des Mathématiques. Adoptant les considérants de ce rapport, Emet le vœu que le statut de l'agrégation de Mathé- matiques soit modifié par l’adjonetion de la disposition suivante : « Le programme de Mathématiques spéciales de l'agrégation est constitué par le programme de la classe de Mathématiques spéciales des lycées, complété par le programme complémentaire ci-après. Chaque année, le jury indique les parties du programme sur lesquelles pourra porter, l’année suivante, la composi- lion écrite de Mathématiques spéciales, et les parties sur lesquelles pourront porter les leçons de Mathéma- tiques spéciales ». Ce programme complémentaire sera revisé tous les cinq ans par le Conseil supérieur de l'Instruction publique. Compléments au programme de Mathématiques spéciales de l'Agrégation des Sciences mathématiques. CLASSES DE MATHÉMATIQUES ARITHMÉTIQUE 1. — Après la Théorie des nombres premiers, ajouter: Notion de congruence; cas où le module est premier; congruence du {tr degré à 1 inconnue. Congruences algé- briques à module premier, leur analogie avec les équa- tions. Théorème de Fermat : Notions sur les résidus de puissance par rapport à un module premier. Périodicité des restes obtenus en divisant les puissances d'un entier par un même diviseur; fractions décimales périodiques. É Fractions continues: analyse indéterminée du premier degré. Fractions périodiques; irrationnelles du second degré GÉOMÉTRIE 2. — A l'alinéa : Translation, rotation, symétries, ajouter : Le sroupe des déplacements; sa génération au moyen des symétries. 3. — A l'alinéa : prisme, etc…., ajouter : mule d'Euler. Ordre de connexion. CLASSES DE MATHÉMATIQUES SPÉCIALES ALGÈBRE ET ANALYSE ï. — Après le chapitre des déterminants, ajouter : Formes linéaires à n variables. Substitutions linéaires; leur composition. Groupe linéaire et homogène à n variables, Forme canonique d'une substi- tution linéaire à 2, 3, 4 variables. Formes quadratiques à n variables. Décomposition en carrés. Loi d'inertie. Réduction simultanée d'une forme linéaire et d'une forme quadratique. Réduction simultanée de deux formes quadra- tiques à 2, 3, 4 variables, Invariants et covariants de la forme binaire cubique: invariants de la forme binaire biquadratique. 5. — Au chapitre des équations algébriques (élimination), ajouter : Elimination entre deux équations algébriques à deux variables; deux courbes algébriques d'ordre m et n se coupent en mn points. 6. — Après le chapitre des équations algébriques, ajouter : Théorème de Slurm. Polyèdres. For- Domaine de rationalité naturel: extension par adjonction d'irrationnelles algébriques: corps algébrique. Irréductibi- lité. Résolvante de Galois. Groupes de substitutions à 2, 3, 4 et 5 lettres. Groupe symétrique et groupe alterné de » lettres. Groupes cycliques. Notion de sous-groupe invariant et de groupe simple. Application de la théorie des groupes de substitutions à la résolution algébrique de l'équation du 3e et du 4 degré et des équations cycliques: inscription du polygone régulier de 17 côlés. Impossibilité de la résolution par radicaux de l'équation générale du 5° degré. Impossibilité de la résolu- tion par radicaux réels de l'équation du 3° degré dans le cas irréductible. Nombres transcendants : théorème de Liouville, Trans- cendance de e. Impossibilité de la quadrature du cerele : transcendance de x. TRIGONOMÉTRIE . 1. — Ajouter : Triangles sphériques: proportion du sinus. Aire d'un triangle sphérique. Géométrie sur la sphère et sur la pseudo-sphère; relations avec le postulalum d'Euelide. GÉOMÉTRIE ANALYTIQUE PLANE $. — Au chapitre : Courbes définies par l'expression des coordonnées d'un de leurs points en fonction d'un paramètre, ajouter : Courbes unicursales du 3° et du 4e ordre : hypo- cycloïde à 3 rebroussements. 9. — Au chapitre : Courbes définies par une équation implicite, ajouter : Points singuliers des courbes algébriques : méthode de Puiseux. Polaires d'un point par rapport à une courbe algébrique. Formules de Plücker dans le cas où la courbe n'admet - que des singularités élémentaires (points doubles à tan- gentes distinctes, points de rebroussement ordinaires et les singularités corrélatives). Transformations birationnelles quadratiques du plan. 186. — Après le chapitre Courbes du second ordre, ajouter : Groupe projectif à une et deux variables : trans- formations homographiques el transformations corrélatives: coordonnées trilinéaires et coordonnées tangentielles. Sous- groupes : groupe linéaire, groupe des similitudes et groupe des déplacements. Classification et formes réduites des coniques étudiées au point de vue de chacun de ces groupes. 1 \ A1. — Au chapitre : Rapport inharmonique de quatre points où de quatre tangentes Sur une conique, ajouter : Les transformations homographiques sur une conique et le groupe projectif du plan qui laisse la conique invariante. Application à l'interprétation cayleyenne de la géométrie plane non-euclidienne : cas hyperbolique et cas elliptique. Faisceaux linéaires, ponctuels et tangentiels de coniques. Equation en à, propriélés géométriques des coefficients: coniques homofocales. GÉOMÉTRIE ANALYIIQUE DANS L ESPACE 12. — Au chapitre : Coordonnées rectilignes, ajouter : Les changements de coordonnées rectangulaires et le groupe des déplacements. Le groupe des rotations autour d'un point fixe et le groupe des transformations homographiques du cercle imaginaire de l'infini : formules d'Olinde Rodri- gues; composition des rotations. © 13. — Après le chapitre : Surfaces du second ordre, ajouter : Groupe projectif de Respace et de ses principaux sous-groupes. Equation tangentielle des quadriques. Fais- ceaux linéaires, ponctuel et tangentiel, de quadriques ; quadriques homofocales. ; : te Intersection des deux quadriques:; cas de décomposition. Notion de l'ordre d'une courbe gauche en prenant pour exemples la cubique gauche et les deux espèces de biqua- dratiques. 14.— Au chapitre : Etude des surfaces du second ordre sur les équations réduites (génératrices rectilignes), ajouter : Génératrices rectilignes de la sphère. Les coordonnées symétriques sur la sphère et la réprésentation d un nombre complexe par la méthode de Riemann. Interprétation du groupe des tranformations homographiques complexes d'une variable complexe, soit sur la sphère, soit dans l'espace qui contient la sphère, soit dans le plan qui est la projection stéréographique de la sphère : le groupe de la géométrie cayleyenne hyperbolique de l'espace et le groupe des transformations circulaires du plan. Sous-groupes: le groupe des rotations el des sous-groupes discontinus; corps réguliers. Re , Complexes linéaires. Les six coordonnées plückériennes de la droite; droites sécantes. Les six coordonnées homo- gènes de la sphère orientée : sphères orientées tangentes. Transformation de Lie. Complexes quadratiques : complexe tétraédral. | PAUL CORBIN — LA STÉRÉOAUTOGRAMMÉTRIE LA STÉRÉOAUTOGRAMMÉTRIE [.:— HISTORIQUE SOMMAIRE. La stéréoautogrammétrie est l'aboutissement actuel de la stéréophotogrammétrie, elle-même application toute récente des principes de la vision Sléréoscopique à la photogrammétrie. Celle-ci con- Siste d'ailleurs, ainsi qu'on le sait, dans la mensu- “ration et la restitution en projection horizontale _des objets, à l’aide de leur image photographique. …. La topographie stéréoautogrammétrique, qui nous occupera seule ici, est donc le couronnement de la méthode de topographie photographique, dont le père est sans contredit le colonel Laussedat (1819-1907). En 1854, en effet, celui-ci préconisait l'applica- tion à la topographie des perspectives naturelles obtenues à la chambre claire; puis, dès 1859, celle de la photographie, aussitôt que les appareils et les procédés commencèrent à devenir un peu ma- niabies. Depuis 1863 surtout, jusqu'en 1871, avec l'aide de MM. Javary et Galibardy, il exécuta par ses méthodes et avec ses appareils de nombreux “levers dont les résultats furent absolument démon- _stratifs. —. Mais c'est seulement depuis 4910 que le Service Géographique francais a commencé à étudier pra- tiquement l'emploi de la photogrammétrie, à laquelle, antérieurement à cette date, il déniait toute importance, ainsi que nous allons le montrer rapidement. En 1884, vingt ans après les travaux de Laus- sedat, on trouve ce qui suit dans le « Cours de topo- aphie de l'École d'application de l’Artillerie et 1 Génie », pépinière de nos officiers topographes éthode de levers-Levers de reconnaissance, par » colonel Romieux, dans un appendice faisant dite aux levers par les perspectives et à l'étude de orographe Schrader) : « La photographie ne fournira de résultats équiva- énts que lorsque la possibilité d'obtenir en peu de emps et à la station même une épreuve sur laquelle on puisse dessiner, permettra de ne demander à la «chambre noire que ce dont elle est capable, c’est-à-dire un canevas rapide et exact d'une interprétation intel- ligente. » « En 1899 encore, dans un ouvrage officiel publié “par le Service Géographique de l'Armée : La Carte de France (1750-1898). Étude historique, par le énéral Berthaut, on trouve la conclusion suivante: -« On ne doit donc regarder l'emploi de la photo- | aphie que comme un aïde utilisable à l'occasion et non comme un moyen appelé à remplacer les méthodes régulières. » (p. 321). Or, à cette époque, l’Institut Géographique Mili- taire autrichien, après avoir consacré les années de 1891 à 1894 à l'expérimentation de la méfhode Laussedat, l'avait adoptée définitivement, depuis 1895, pour toutes les régions favorables et avail déjà cartographié par cette méthode environ 400 kilo- mètres carrés au 1/25.000, à l'allure moyenne de 120 kilomètres carrés par an, qu'il allait porter à 180 ou 200, à partir de 1900. En 1911, dans les Éléments et principes de la Topographie, par le colonel Crouzet, ouvrage im- primé également par le Service Géographique de l'Armée, voici comment s'exprime l’auteur dans un chapitre de deux pages sur la Stéréophotogrammé- trie : « La grande différence entre la phototopographie et la stéréophotogrammétrie tient à ce fait essentiel qu'avec la seconde les bases sont beaucoup moins longues qu'avec la première. C'est un avantage très sérieux dans certains cas, mais c’est aussi un grave défaut que l’on ne peut se dissimuler, parce que c’est la violation d'un principe de la méthode en géométrie appliquée, consistant à éviter les agrandissements exagérés, ou, ce qui revient au même, les intersections sous des angles trop aigus. « Une sujétion importante est celle qui oblige à tenir les glaces dans le même plan vertical, et c'est elle qui limite la longueur des bases. « Un des protagonistes de l'emploi de la photo- graphie a comparé avec raison la stéréophotogram- métrie à « la méthode des parallaxes dont les astro- nomes sont hien obligés (sic) de se contenter! »; il est impossible d’avouer plus franchement que c'est un pis-aller, mais qui naturellement trouvera des emplois utiles dans des cas exceptionnels » (p. 256). Et plus loin, comme conclusion : « Nous nous sommes un peu étendu sur cette dis- cussion, parce qu'en France la question de la photo- graphie a fait beaucoup trop de bruit par la faute de certains de ses protagouistes. Du fond de leur bureau, d'aucuns, « persuadés que la photographie peut être utilisée à peu près dans toutes les circonstances où l’on a besoin de reconnaître ou d'étudier le terrain », ont décrété que les vieux procédés avaient fait leur temps et que seuls « les tardigrades, les sceptiques, les | gens de parti pris plus ou moins désintéressés », pouvaient faire obstacle à ce mouvement. Ces amé- nités, et l’on est allé beaucoup plus loin vis-à-vis de contradicteurs qui n'étaient plus là pour riposter, ne pouvaient que nuire à une cause au service de laquelle ! Laussenar : Recherches sur les instruments, les méthodes et le dessin topographiques, À. Il, 2° partie, p. 209. (Note di l’auteur cité.) 224 PAUL CORBIN — LA STÉRÉOAUTOGRAMMÉTRIE ————————————————————>—ZZZÀZÀZ>À> >>>, —Z— nr à on paraissait n'avoir pas de meilleurs arguments. Heureusement, que d'autres mieux avisés, plus pra- tiques, et par suite plus autorisés, ont réagi sans bruit contre ces manifestations tapageuses et ont délimité exactement le champ d'action efficace des moyens nouveaux, en quoi ils ont rendu un très réel service ‘. « Partout où les procédés anciens peuvent être mis en œuvre, l'avantage leur reste et jusqu'ici, rien, dans leur domaine, ne peut rivaliser avec eux à aucun point de vue*, mais on connait certains cas exceptionnels où l’on sera trop heureux d'employer la photographie, et cela suffit pour que l’on se tienne au courant de la pratique de ce moyen. » (p. 259). Nous montrerons que la « sujétion » dont parle l'auteur n'existe plus depuis 1909 et surtout que la limitation de la longueur des bases, loin d’avoir été imposée par cette prétendue sujétion, comme il le croit, a été au contraire le but et le progres recherchés par les créateurs de la nouvelle méthode, Pulfrich et von Hübl, en profitant pour cela de la précision extrême des intersections stéréoscopiques. Enfin, l'auteur croit que les deux stations doivent être au même niveau (p. 255), ce qui est absolu- ment inexact, et surtout il passe complètement sous silence, comme on le verra, la différence réel- lement fondamentale et qui est en même temps un progrès capital par rapport à l’ancienne photo- grammétrie, c'est-à-dire la suppression de liden- lilication des points sur les épreuves photogra- phiques. Il semble donc ignorer tout des publications antérieures et très précises sur tous ces points de l'Institut Géographique Militaire autrichien (n° 2, 3, et 4 de la petite bibliographie ci-après, p. 226). Ajoutons enfin que le stéréoautographe Orel était connu depuis 1908 par trois publications de son auteur, savoir : en 1908 et 1909 dans l’/nterna- tionales Archiv für Photogrammetrie, et en 1910 dans les Petermanns Mittheilungen. En 1912 enfin, dans un autre ouvrage imprimé par le même Service, sous letitre: Connaissance du terrain el lecture des cartes, par le général Ber- thaut, ouvrage d'ailleurs extrêmement intéressant, instructif et documenté, on trouve encore cette réserve : « Nous ne pouvons pas discuter ici la question si controversée de l'emploi des perspec- tives el en particulier des perspectives photogra- phiques pour la construction des cartes. » On remarquera qu'à ce moment (mai 1912), l'Ins- titut Géographique Militaire autrichien avait levé 4.900 kilomètres carrés environ par la photogram- métrie, dont 2.370 par la seule stéréophotogram- ‘ HI, et J. Vazcor : Applications de la photographie aux levers topographiques en haute montagne, Paris, Gauthier- Villars, 4907. (Note de l'auteur cité.) 3 En italiques dans le texte. 5 En ilaliques dans le texte. métrie (perfectionnement récent et essentiel de la précédente), cartographiés au stéréoautographe Orel, et que tous ces travaux de l’Institut de Vienne avaient fait l'objet de publications complètes et détaillées, comme on le verra par la courte biblio- graphie que nous donnons ci-après. Toutefois, en 1911, le distingué chef de la Section topographique, colonel Vidal, partisan convaineu de cette méthode, avait décidé le Service géogra- phique de l'Armée à acquérir un « stéréo-compara- teur » Pulfrich et, depuis cette époque, le nouveau procédé a été soumis à une expérimentation con- tinue, sous l’active impulsion de l’éminent direc- teur actuel du Service Géographique, le général Bourgeois, et de son sous-directeur, le colonel Vidal. Les résultats ont été absolument convain- cants et, à l'heure actuelle, le Service Géographique a décidé l’acquisilion d’un « stéréoautographe » d'Orel, appareil génial qui, ainsi qu'on le verra plus loin, ouvre vraiment à la topographie photo- graphique des perspectives illimitées et lui donne, en tout cas, la première place dans les méthodes de lever en terrain accidenté des grands Instituts Géographiques. En raison de cet ostracisme officiel prolongé, on trouve à citer en France peu de travaux pratiques de photogrammétrie réellement importants, en dehors de ceux de MM. Joseph et Henri Vallot. Ceux-ci entreprirént, en effet, vers 1892, les opé- rations de triangulation du massif du Mont Blanc qui devaient servir de base à leur carte au 1/20.000 de cette région, œuvre considérable, exécutée ensuite en grande partie par la méthode photo- grammétrique et encore en cours d'exécution à l'heure actuelle, mais dont M. H. Vallot a déjà publié, en 1907, une feuille provisoire, mais très remarquable, celle relative à la région aval de la vallée de Chamonix. Citons encore la belle carte des régions glaciaires du massif des Grandes-kousses, au 1/10.000 (15 à 20 kilomètres carrés), publiée en 1908 par le Minis- tère de l'Agriculture, dressée par MM. Flusin, Jacob, Lafon et Offner, à la suite de leurs levers exécutés en 4905 et en 1906. Toutefois, l’ancien procédé de Laussedat y à été utilisé seulement pour la restitution des parties glaciaires inabor - dables, le travail étant surtout appuyé sur un lever tachéométrique régulier, rattaché au réseau gé0- désique de M. Helbronner (1.300 visées tachéomé- triques contre 200 points photographiques resti- tués). A l'étranger, par contre, la méthode de Laussedal s'élait répandue extrèmement vile, car elle avait provoqué à un haut degré l'intérêt des Services officiels, particulièrement en Allemagne, en Au- triche, en Italie, au Canada, aux Indes anglaises, PAUL CORBIN — LA STÉRÉOAUTOGRAMMÉTRIE 225 etc. 1 serait impossible de citer, même sommaire- ment, tous les travaux théoriques et pratiques ainsi exécutés dans ces pays; mais nous allons voir que c'est en Allemagne, puis en Autriche, que devaient se réaliser les progrès décisifs, non seulement dans les instruments, mais dans les principes mêmes. Dès 1893, un ingénieur de Charlottenburg, Hector de Grousilliers, dont nous sommes heureux de trouver le nom français à l’origine de la voie nouvelle et triomphale dans laquelle allait s'engager la méthode de Laussedat, imaginait le principe si fécond du télémètre stéréoscopique, qui fut le point de départ des travaux du D' Pulfrich, associé scien- tifique des Etablissements Zeiss, à léna. Celui-ci, en effet, parvint tout d’abord, vers 1898, à réaliser pratiquement le « stéréotélémètre » de Groussilliers et fut ainsi conduit à étudier l'emploi des clichés stéréoscopiques en photogrammétrie. C'est ainsi qu'il arriva à la conception, puis à la réalisation .pratique, vers 1900, de l'appareil de mensuration précise de ces clichés, le « stéréo- comparateur », qui devait assurer le triomphe définitif et incontesté de la photographie topogra- phique. C'est donc, en somme, Pulfrich qui est le créateur de la stéréophotogrammétrie. Dès 1891, d'autre part, l'Institut Géographique militaire autrichien avait commencé l'étude de la méthode photogrammétrique de Laussedat et en avait reconnu très rapidement toute la valeur. Depuis 1894, grâce à l’ardente initiative du chef de la Section topographique de cet Institut, le général, alors colonel, von Hübl, il l'avait adoptée définitivement pour les travaux en haute montagne. De 1899 à fin 1904, il avait déjà cartographié, “par ce procédé, 1.278 kilomètres carrés dans les régions montagneuses du Tyrol autrichien. En 1903, Pinstitut faisait l'acquisition du premier modèle de …_stéréocomparateur de Pulfrich et soumettait la “nouvelle méthode à une étude approfondie, dont «les résultats furent si convaincants, que le général von Hübl décida d'appliquer la stéréophotogram- métrie conjointement à l'ancienne photogram- métrie, de telle sorte que, de 1905 à 1907, 1.270 kilomètres carrés étaient cartographiés par les deux méthodes employées simultanément. On voit done que c'est au général von Hübl que revient le mérite inestimable d'avoir fait passer la nouvelle méthode du domaine de la théorie à celui de la pratique. D'autre part, dès l'apparition du stéréocompara- teur, la Landesaufnahme du Grand État-Major de | Berlin avait créé une Section de stéréophotogram- métrie et, depuis cette époque, la triangulation de détail du Sud-Africain allemand est exécutée par « ce nouveau procédé. Enfin, en 1908, un officier de l'Institut Géogra- L phique Militaire de Vienne, le capitaine, alors lieu- tenant, E. von Orel, imaginait et faisait construire un premier modèle de dispositif mécanique de report automatique ‘qui, combiné avec le stéréo- comparateur, constituait l'extraordinaire « sléréo- autographe » d’Orel. Le dernier modèle de cet appareil permet la construction automatique de la carte s’exécutant non plus point par point, mais d’une facon continue, c'est-à-dire que le crayon, relié au microscope bino- culaire à l’aide duquel l'observateur examine les clichés stéréoscopiques, trace sur le plan, automa- tiquement et sans calcul, la projection horizontale de toutes les lignes du terrain et en particulier, chose merveilleuse, les courbes de niveau sueces- sives de loutes les régions vues dans la paire de clichés, avec leurs moindres sinuosités et à l’équi- distance exacte que désire l'opérateur, et cela jusqu'à une distance qui atteint 16 kilomètres à l'échelle du 1/25.000, avec une précision graphique de l’ordre du 1/10 de millimètre et une vitesse qui varie de 2 à 5 millimètres par seconde. M. von Orel a fondé en 1912, à Vienne, une Société privée, « La Stereographik », qui, à l’aide de son appareil, a déjà exécuté de très nombreux levers de précision, soit à grande échelle, spéciale- ment au 1/1.000 pour l'industrie privée (projets de chemins de fer, de canaux, de barrages, de con- duites forcées, etc.), soit aux échelles moyennes, telles que la carte du massif du Dachstein au 1/25.000 pour le Club Alpin autrichien. Enfin, le Brésil, la République Argentine et la Norvège viennent d'adopter le stéréoautographe Orel pour les levers de leurs cartes officielles et vont être suivis par la Russie, l'Italie et la Suisse. Le but de cette étude est de montrer comment ces résultals extraordinaires sont obtenus, c'est-à- dire d'exposer les éléments de la méthode stéréo- autogrammétrique, de décrire les principes des instruments employés, leur fonctionnement et leur mode d'emploi et enfin, par l'exposé des résultats pratiques obtenus actuellement, de prouver que la stéréoautogrammétrie constitue vraiment un pro- grès capital dans la topographie et la cartographie. Toutefois, en raison de la place limitée dont nous disposons, il sera impossible d'entrer dans les détails; il nous faudra nous borner à un exposé très sommaire, renvoyant le lecteur désireux d'approfondir la question aux sources, dont on trouvera une bibliographie très complète, pour l'époque comprise de 1900 à 1911, dans le très inté- ressant travail du D' Pulfrich, intitulé : Stereosko- pisches Sehen und Messen(G. Fischer, Iéna, 1911). On constatera que, parmi les 276 publications qui figurent dans cette bibliographie, 23 seulement sont en langue francaise, dont 11 dues au colonel 226 PAUL CORBIN — LA STÉRÉOAUTOGRAMMÉTRIE Laussedat, et l'on se souviendra, peut-être alors avec quelque étonnement, de cette phrase d'un auteur précédemment cité : « En France, la ques- tion de la photographie a fait beaucoup trop de bruit. » Nous citerons toutefois les publications fonda- mentales suivantes auxquelles nous avons, d’ail- leurs, beaucoup emprunté : 1° Recherches sur les instruments, les méthodes et le dessin topographiques » (Et. II, 2° partie), 1903, publié par le colonel Laussedat, quelques années avant sa mort. C'est le premier ouvrage qui à fail connaître au lecteur francais, et cela d’une façon très complète pour cetle époque, cette nouvelle méthode. Il n’a d'ailleurs, ainsi qu'on l’a vu, à peu près rien été publié chez nous depuis cette date; 2° « Die Stereophotogrammetrie », par le colonel von Hübl (Witteilungen des À. u. K. mililärgeogra- phischen 1nstilutes, XXII Band), 1903; 3° « Die stereophotogrammetrische Terrainauf- nahme », par le même périodique, XXIII° volume), 1904; 4° « Beiträge zur Stereophotogrammetrie », par le même (même périodique, XXIV® volume), 1905; 5° « Der Stereoautograph als Mittel zur automa- tischen Verwertung von Komparatordaten », par le lieutenant E. Rilter von Orel (même périodique, XXX° volume), 1911; 6° « Uber die Anwendung des stereoautogra- phischen Verfahrens für Mappierungszwecke », par le même (même périodique, XXXI° volume), 1912. (mème ÏI. — LA MÉTHOLE PHOTOGRAMMÉTRIQUE DE LAUSSEDAT. Elle consiste tout d’abord à mesurer, soit direc- tement, soit à l’aide d'une triangulation, une base orientée à peu près parallèlement au terrain à lever, puis, de chacune des extrémités de cette base et à l'aide d'une chambre pholographique spéciale, le « photothéodolile », à prendre des clichés du terrain, les axes optiques de la chambre étant, dans chacune de ces deux stalions, simplement maintenus horizontaux el pointés à peu près sur la région centrale du terrain à lever. Le travail de construction du plan comporte ensuite les opéralions suivantes : lirage en posilif sur papier des deux clichés négatifs; lracé, sur ces deux épreuves, des traces du plan horizontal et du plan vertical passant par l'axe oplique; identi- fication pour chaque point à construire de ses deux images sur les épreuves: enfin, mesure de l'abs- cisse et de l'ordonnée ox et oy de chacune de ces deux images par rapport aux deux axes précédem- ment tracés (fig. 1). La base SS' (fig. 2) ayant été, d'autre part, reportée à l'échelle sur le plan, on trace en chacune de ses deux extrémités ou stalions la direction AS et, sur cette direction et à une distance de chacune de ces stations OS — O'S' égale à la distance focale du photothéodolite, on élève une perpendiculaire , et A'S' qu'y occupait l'axe optique de la D : . H 4 (l à cet axe. Après quoi, à l’aide des abscisses oxet 0x! mesurées précédemment sur les épreuves, on cons- truit la direction allant de chacune des deux sta- tions vers le point identifié. Leur intersection est la projection horizontale P du point, dont l'alüitude est ensuile calculée très simplement-à l'aide de l'une des ordonnées oy ou 0'y' mesurées sur les épreuves et de la distance focale f. On voit que la méthode photogrammétrique revient simplement au procédé classique d'inter- section des « levers à la planchette », avec celte différence que l’on opère non sur des points du paysage, mais sur des points d'images phologra- phiques. La précision dans la position du point obtenu dépend done essentiellement de la grandeur de l'angle d'interseclion des rayons construits et par M suite de la grandeur de la base; mais on est limité 5 14 : Fig. 2. dans cette voie d'abord par la nécessité d'avoir lam plus grande élendue possible de paysage commune aux deux clichés, ensuite et surlout par la ditfi= culté très rapidement croissante de l'identification des points communs aux deux épreuves, points dont les deux images deviennent de plus en plus différentes, et parlant de plus en plus difficiles à reconnaitre, à mesure qu'elles proviennent de sta tions plus éloignées l'une de l’autre. a de - d >, PAUL CORBIN — LA STÉRÉOAUTOGRAMMÉTRIE 227 Il est donc impossible d'opérer avec des bases longues; d'autre part, avec des bases courtes, il serait nécessaire d'augmenter beaucoup la préci- sion du tracé des rayons pour compenser la fai- blesse de l'angle d'intersection; mais cela aussi est impossible, puisqu'on ne peut, la plupart du temps, identifier avec assez de précision, sur deux épreuves photographiques prises de deux stalions même rap- prochées, non plus un même objet, mais un même point d'un objet. Il le faudrait pourtant pour qu'on püt en mesurer l'abscisse à un centième de milli- mètre ou à une fraction de minute près, en admet- tant mème que l'on utilisät des clichés parfaits et que l’on remplaçàt la mesure des coordonnées sur l'épreuve par une mesure angulaire exéculée sur le négatif original, puis que l’on détermint les points, non plus par une intersecliôn graphique, mais par le calcul. Il faut dès lors se contenter de bases moyennes donnant des angles d'intersection voisins de 30°. En fait, la difficulté du travail d'identification des points des images est telle qu'il est nécessaire, bien souvent, d'utiliser, à titre de contrôle, une troisième image prise d'une troisième station, fournissant une troisième direction pour chaque point. Enfin, ce travail ne peut être exécuté que par un opérateur connaissant parfailementle terrain du lever, c'est-à- dire par celui-là même qui a pris les clichés. Il faut ajouter qu'il est indispensable, la plupart du temps, de travailler sur des épreuves positives sur papier, afin de faciliter ce travail d'identifica- tion, ce qui contribue à augmenter l’imprécision de la construction; el, pour la même raison, de n'employer que des clichés excellents au point de - vue de la netteté et de la vigueur, les autres étant | généralement inutilisables. En outre, il est impos- sible d'appliquer la méthode à des terrains sans - détails nets, tels que les prairies, les bois, les gla- -ciers, les névés, ou à des terrains très fuyants par rapport au spectateur, puisque leurs détails se projettent les uns derrière les autres et ne peuvent s'identifier d’une station à l'autre. Enfin, on conçoit que la distance des points à lever ne peut être grande, car il devient rapide- ment impossible de les identifier et en tout cas d'effectuer sur leurs images, de plus en plus floues avec la distance, les mesures dont la précision devrait, au contraire, augmenter avec cette dis- tance, en raison de la petitesse croissante de l'angle d'intersection. En fait, la distance moyenne normale est de 3 kilomètres el on ne dépasse pas 6 kilomètres. Aussi le rendement moyen d’une station est-il, au plus, de 2 kilomètres carrés par station au 1/25.000. On voit donc que malgré ses grands avantages, surtout en pays de haute montagne, où les anciens procédés sont presque inutilisables et ne donnent, malgré des fatigues extraordinaires, résultats insuffisants, la méthode photogrammé- trique présentait des inconvénients assez graves qui en restreignaient l'application; mais toutes ces difficultés ont été, ainsi qu'on va le voir, comple- tement aplanies par la méthode stéréophotogram- que des -métrique. IIT. — LES PRINCIPES DE LA STÉRÉOSCOPIE. Le procédé stéréophotogrammétrique est fondé sur une propriété de l'œil, la vision stéréoscopique, dont nous rappellerons très sommairement les principes. Soient T et T' (fig. 3) deux tableaux situés dans À 1 Fig. 3. un même plan vertical et parallèles à la ligne hori- zontale qui Joint les yeux de l'observateur O0. SoientOH — O'H'la distance des veux aux tableaux; HH' la ligne d'horizon commune aux deux tableaux. Si A est un point du paysage silué dans le plan de l'horizon, a et a' seront les images de ces points sur chacun des tableaux et il est facile de calculer l'écartement aa’ de ces deux images à l’aide des longueurs 00’, OH et de la distance AA' de A à la droite O0". On démontre facilement que tous les points du plan vertical parallèle à celui des tableaux (ou plan de front) passant par À donnent sur ces tableaux deux images dont l'écartement constant et précisément égal à aa. Au contraire, tout point d'un plan de front plus rapproché donne des images dont l’écartement sera plus petit que aa’, et inversement pour les points des plans de front plus éloignés. Soient maintenant (fig. 4) TT'la trace du plan est 228 \ PAUL CORBIN — LA STÉRÉOAUTOGRAMMÉTRIE des tableaux sur le plan horizontal passant par les yeux O et 0’, OT et O'T' les perpendiculaires abaissées de O et de O’ sur ces traces, A la pro- Jection horizontale d’un point. Soient encore D la distance de A à O0, e l'écartement des yeux, d la distance OT — O'T'. Soient enfin a et 4! les inter- A sections des droites AO et AO’ avec la trace TT’, c'est-à-dire les projections horizontales des deux images de ce point, et enfin « la longueur aa! que l’on appelle quelquefois la « parallaxe linéaire ou stéréoscopique » du point À (mais nous réserverons cette dénomination pour la différence Ta — T'a'). On a : D D—4 D — 4 — el =? ° e œ D Or, d n’est autre chose que la distance de la — D est donc très voisin de l'unité ‘pour tout objet du paysage, de sorte que e — z est toujours très pelit et s'annule pour les objets lointains. L'effet ou la vision stéréoscopique consiste dans la perception de la valeur de cette différence e — x, perceplion qui se traduit pour l'observateur par la sensation de la distance relative de l'objet corres- pondant, c’est-à-dire par la sensation de « profon- deur » ou de « relief » du paysage. On désigne d'ailleurs sous le nom de « parallaxe angulaire » du point A l'angle OAO’. L'expérience a montré que, pour des yeux normaux, la distance pour laquelle cette sensation de relief cesse corres- pond à une parallaxe angulaire de trente secondes vision distincte, soit 0®,95 environ. sexagésimales environ et ne dépasse donc pas, pour un écartement.moyen des yeux —65 millimètres, 150 mètres; certains observateurs arrivent à des parallaxes angulaires de moins de dix secondes, c'est-à-dire que leur perception du relief s'étend jusqu'à 4.200 ou 4.500 mètres. Mais on voit que la grandeur « est proportion- nelle à la valeur de e et, d'autre part, on voit éga- lement que, si les yeux de l'observateur sont munis. de verres grossissants, l'effet stéréoscopique est augmenté proportionnellemeut au grossissement G de ces lentilles, puisque les images rétiniennes et les différences de directions parallactiques sont agrandies dans ce rapport. li est donc possible de reculer artificiellement les. limites de la perception de la profondeur et surtout d'effectuer sur des images sléréoscopiques des. mesures de parallaxe angulaire beaucoup plus petites que celles indiquées plus haut. Pour augmenter artificiellement l'écartement des. yeux 6, il suffit de placer devant chaque œil le sys- tème bien connu de deux prismes à réflexion totale utilisé dans les jumelles stéréoscopiques Zeiss, que l’on peut remplacer, pour la démonstration, par deux miroirs, comme le montre la figure 5. Pulfrich a appelé « effet de relief total » l’expres- : E : 126 sion PH G étant le grossissement des objectifs O: et O0’, E leur écartement et e celui des yeux 0 et 0’. Dans tout ce qui précède, on a supposè l'examen du paysage naturel à l’aide soit des yeux, soit d'une jumelle stéréoscopique; le même raisonnement s'applique immédiatement à l'examen, par les mêmes moyens, non plus de la nature, mais d'images photographiques. Mais, dans ce cas, on voit immédialement que l'impression de relief peut être portée à une dis- tance quelconque, puisqu'ici l'écartement des yeux est remplacé par l’écartement des objeclifs de la chambre photographique, lors de la prise de chaque cliché, écartement qui peut être aussi grand qu'on le désire. Il suffit ensuite d'examiner les positifs résullants avec le dispositif binoculaire, bien connu sous le nom de stéréoscope, pour percevoir uu relief dont . PAUL CORBIN — LA STÉRÉOAUTOGRAMMÉTRIE 229 ————…—.——————__…“…“—“…—…“—…—…—…——“——— le rapport à celui qu'on aurait eu en examinant à l'œil nu le même paysage, est égal à TT G étant le grossissement des lentilles du stéréoscope, E l'écartement des deux objectifs de la chambre, cest-à-dire la distance des deux stations de cette chambre lors de la prise des clichés, et e l'écarte- ment des yeux; en un mot. pour l'observateur, le relief est le même que pour un géant dont les veux seraient précisément écartés de cette distance E et auraient, en outre, un grossissement égal à G. On voit que l'on peut ainsi percevoir et, si l'appareil s’y prête, mesurer des parallaxes angu- laires extrêmement faibles, bien inférieures à la seconde centésimale. Ainsi, en photographiant la planète Saturne à un jour d'intervalle, c'est-à- dire aux deux extrémités d'une base dont la lon- gueur nette est de 1.730.000 kilomètres, on a obtenu une vue stéréoscopique sur laquelle on voit nette- ment la planète avec ses satellites suspendue dans l'espace, en avant du fond plan des étoiles fixes. On notera en passant que, si la largeur des clichés dépasse l’écartement des yeux, c'est-à-dire si leur format dépasse 8/9, il suffit de munir chaque oculaire du stéréoscope d'une paire de prismes à réflexion totale, remplissant, comme nous l'avons vu plus haut, le même rôle qu'une paire de miroirs parallèles. On peut alors écarter à volonté les clichés l’un de l’autre et par conséquent employer des formats quelconques. Ceci posé, nous supposerons que les clichés ont été pris aux deux extrémités d'une base de lon- gueur B, et dans une posilion telle que les axes optiques de la chambre étaient horizontaux, paral- lèles entre eux et perpendiculaires à la base. C'est ce qu'on appelle le « cas normal » en stéréophoto- grammétrie. Soient 00' (fig. 6) les oculaires, O0 les objec- - lifs, FF' les foyers du stéréoscope, TT’ les deux diapositives mises en place dans le stéréoscope. - Supposons qu'on ait disposé aux points F et F' deux traits de repère dont l’un, le trait de droite F, est susceptible de se déplacer latéralement dans le plan focal de droite. Dans ces conditions, on voit que, lorsque le trait de repère de droite est exacte- ment en F', ces deux traits coïncident avec les images focales que fournirait un point unique du paysage stéréoscopique, situé à l'infini. Aussi l'ob- servaleur, au lieu de deux traits de repère, n’en voit-il qu'un, mais qui lui semble à l'infini. Si maintenant on déplace le trait de repère de droite latéralement, de facon à l'amener par exemple en F”, il coïncide, dans cette position, avec l'image de droite que fournirail un point À du paysage stéréoscopique situé encore sur la droite OM dans la diapositive de gauche, mais à la | | | ù distance finie AO de l'objectif O ou, ce qui revient au même, de la base B: L'observateur voit donc toujours un seul repère suspendu dans l’espace, mais cette fois à une dis- tance finie et bien déterminée. Dès lors, si, sans plus toucher au repère de droite, on déplace, à l’aide de deux mouvements rectangulaires d'ensemble, la paire de plaques dans son plan, on constate immédiatement que chaque fois que l'image d'un point du paysage stéréoscopique, situé précisément à cette distance A de la base, vient à coïncider avec cette image fictive du repère, l'observateur a l'impression très nette d’un véritable contact matériel du sol avec le repère aérien : il sent qu'il {ouche le terrain. On comprend maintenant qu'en combinant ce déplacement d'ensemble des deux plaques avec le déplacement du trait de repère F', c'est-à-dire en promenant dans l’espace cette sorte de « mire idéale », on peut l’amener sur tous les points du paysage à volonté. Dès lors, si l’on sait calculer la distance à la base qui correspond au déplacement mesurable du repère de droite, on voit que l’on peut déterminer sans difficultés les distances à la base des divers points du paysage stéréoscopique. C'est ce principe du « repère idéal » de distance, suspendu dans le paysage stéréoscopique, ou « principe des échelles aériennes », principe dû à de Grousilliers, qui servit de point de départ à Pulfrich. d'abord pour la construction du télé- 230 PAUL CORBIN — LA STÉRÉOAUTOGRAMMÉTRIE mètre stéréoscopique, puis bientôt pour celle du stéréocomparateur que nous allons décrire sommai- rement. IV. — LE STÉRÉOCOMPARATEUR. L'appareil porte un cadre horizontal permettant de disposer les deux clichés négatifs côte à côte, dans un même plan. Ce cadre est muni de guidages divers permettant : 1° De faire tourner les clichés CC' (fig. 7) dans Les réticules des microscopes sont remplacés par les deux traits repères F et F' décrits précé- demment. Dans les premiers appareils construits, on avait maintenu le dispositif de la figure 7, c'est-à-dire que le trait de droite était encore mobile latéralement, à l’aide d'une vis micromé- { trique spéciale Y. Cette vis ne servait d’ailleurs M plus, comme on va le voir, que pour la détermi- ! nation des distances des objets très voisins d'un M point déjà déterminé. | L'ensemble du microscope binoculaire peut être (uorecrooaanunnon 20270 A00 1 000000GUUE D00NN00NDOTOONEDENTONEULUTOU OUEN CEE 0 DONOL \ LES ES LL LE LL ALES ELLE : ñ D O0N00800: QUO TT VOTES 0 TNT! { ] 2009C0000000000000 PT 0B0aDoc ; AS ARS LLC LUEUR LA RES ASUS LAN LU RAA LURLPLLRNS leur plan et autour de leur centre {ce mouvement ne sert qu'au réglage des plaques); 2° De les déplacer tous les deux latéralement et simullanément à droile et à gauche. Ce dernier déplacement est commandé par la vis micrométrique D et est lu sur une échelle cor- respondante. En outre, l'image de droite peut être déplacée seule vers la droite ou vers la gauche, à l’aide d'une vis micrométrique spéciale P, et son dépla- cement est lu sur une deuxième échelle. Au-dessus du cadre porte-clichés est disposé un microscope binoculaire muni du dispositif habi- tuel de prismes à réflexion lotale, représenté dans le schéma de la figure 7 par les miroirs I, IH, IPN rapproché ou éloigné du cadre porte-plaques à l'aide d'une vis micrométrique, de facon à per- mettre la mise au point de l’image stéréoscopique. En outre, les oculaires peuvent être adaptés à la vue de l'opérateur, et les objectifs déplacés dans la direction de leur axe, en vue de faire varier le grossissement de quatre à huit fois. L'opérateur embrasse ainsi dans le champ une petite fraction seulement de l’image stéréoscopique, mais avee un relief qui peut être centuplé. Enfin, au lieu de déplacér en hauteur la paire de clichés, par rapport au microscope, c'est à ce dernier qu’on fait exécuter ce mouvement, à l’aide de la vis micrométrique H, ce qui revient au même. Le déplacement du repère de droile étudié pré- cédemment est actuellement remplacé normale- PAUL CORBIN — LA STÉRÉOAUTOGRAMMETRIE 231 ment par le déplacement du cliché de droite, à | l'aide de la vis P. | Dans ce mouvement, il semblerait que l’image stéréoscopique dût paraître se mouvoir, l'image du | repère de distance restant immobile dans l’espace : | il n'en est rien, et c'est au contraire le paysage stéréoscopique qui reste fixe pour l'observateur el l'image du repère qui se déplace en profondeur. | 5 q | On arrive donc aisément à faire toucher un point donné du paysage stéréoscopique par le « repère paysas I mobile », à l’aide du jeu de la vis P combiné avec | les deux mouvements d'ensemble (manivelles D et ! le déplacer dans le sens de la verticale principale. C'est ce mouvement qui permet à chaque instant de tenir comple de la différence de niveau de la station de droite par rapport à celle de gauche. En effet, si les clichés sont simplement disposés symétriquement l'un par rapport à l'autre sur le comparateur, celte différence de niveau se traduit par un dédoublement de l’image du «repère idéal», qui rend tout pointé impossible. Il suffit de manœuvrer celte vis pour faire dis- paraitre ce dédoublement avec une extrème préei- sion. nsc. Fig. $. — Stéreocomparaleur de Pulfrich, modèle D, pour plaques 9/12 em. — C, cliché de gauche: C', cliché de droite: E, épreuve positive de gauche; o 0!, oculaires du microscope binoculaire; O O', objectifs du microscope binoculaire: D, manivelle des directions; distances: H, manivelle des hauteurs: d, échelle des directions; P, vis des distances et son tambour gradué: p, échelle. des h, échelle des hauteurs; V, vis de réglage en hauteur du cliché de droite: er. crayon traceur; MM', miroirs d'éclairage des clichés. I); aussi, dans les modèles actuels, la vis Y est- elle supprimée; les repères sont simplement cons- litués par des croix dont les quatre branches por- tent une gradualion servant aux mesures de hau- teur et de largeur des objets". Signalons enfin un dispositif très important une vis micrométrique spéciale, montée sur le | cadre portant le cliché de droite, a pour objet de ‘ Quant aux stéréocomparateurs qui font partie d'un stéréoautographe, cette croix elle-mème est supprimée et | les deux marques fixes F et F' ont la forme représentée sur la figure 7. On se rend d’ailleurs facilement compte que ce mouvement a précisément pour résultat de ramener les deux images d’un même point exactement sur une même perpendiculaire à la verticale principale. On voit donc que l'emploi des bases inclinées n! présente aucune difficulté. L'expérience a d'ail- leurs montré que cette inclinaison pouvait aller jusqu'à 25°. La figure 8 représente le dernier modèle de ste du D'° Pulfrich, Le modèle pour plaques 13 réocomparaleur 6 X 45. diffère que par les dimensions. La légende indique pour plaques 18 nen 232 PAUL CORBIN — LA STÉRÉOAUTOGRAMMÉTRIE ER ES PR les dispositifs principaux que nous venons de signaler. Nous n’entrerons pas dans le détail du réglage et de l’ajustage des clichés sur le comparateur avant le commencement des mesures, réglage qui à pour but d'amener le point d’intersection des horizontales et des verticales principales, ou point principal de chaque image, sur les axes optiques des deux microscopes, et comporte l'emploi de quelques autres vis micrométriques auxiliaires que nous passons sous silence. Disons seulement que ces opérations sont beaucoup plus longues à dé- crire qu'à exécuter et ne demandent normalement pas plus de quinze à vingt minutes pour la paire de clichés. Les mesures proprement dites s'exécutent ensuite comme suit : on déplace d'abord la paire de clichés et le microscope à l’aide des deux mouve- ments d'ensemble, horizontaux et verticaux, au moyen des vis D ou vis des directions, et H ou vis des hauteurs, de façon à amener le point du paysage à déterminer sur le repère matériel de gauche; puis, à l'aide de la vis P ou vis des parallaxes, on amène le « repère mobile » idéal en coïncidence stéréoscopique avec ce point. On se rend compte facilement que les lectures faites alors sur les échelles correspondant aux vis D et H donnent respectivement l'abscisse x et l'ordonnée y du point, par rapport aux deux axes principaux du cliché de gauche, et que la lecture sur l'échelle correspondant à la vis P donne la différence de ces abscisses sur les deux clichés, c'est-à-dire sa paral- laxe stéréoscopique. Toutes les lectures sont faites avec une précision de 0,01, en raison tant de la construction même de l'appareil que du grossisse- ment du microscope’. V. — La MÉTHODE STÉRÉOPHOTOGRAMMÉTRIQUE. Ce procédé comporte, dès lors, les opérations suivantes : Aux deux extrémilés d'une base toujours très courte, eu égard aux distances des points du ter- rain à mesurer, on installe successivement une chambre photographique spéciale, le stéréophoto- tee 1 à I n'y a pas de limite à l'emploi du stéréocomparateur pour la mensuration des corps, quelles que soient leur forme, leur grandeur ou leur distance, qu'ils soient en mouve- ment ou en repos, etc. Aussi la multiplicité des applica- tions de cet appareil est-elle surprenante. En dehors des levers topographiques proprement dits, qui nous occupent seuls ici, nous cilerons les levers hydrographiques, les levers ‘le combats, les mesures lunaires, l'étude des vagues de la mer, l'étude des nuages, l'étude des points de chute des p'o ectiles et de leur trajectoire, la découverte et l'étude des différences, des altérations ou des falsifications des images (recherche des astres variables ou mobiles, vérifi- cation des graduations de précision, recherche des contre- façons de billets de banque, etc.) théodolile, dans deux positions réalisant ce que nous avons appelé le «cas normal », c'est-à-dire que dans ces deux posilions les axes optiques sont horizontaux, parallèles entre eux et perpendicu- culaires à la base, en un mot, que les deux images sont dans le même plan. On démontre que la condition essentielle à réaliser est le parallé- lisme rigoureux des axes optiques, et qu'une légère erreur de perpendicularité de ces axes sur la base est moins grave qu'un défaut, même faible, de: parallélisme, lequel doit être assuré à moins de une minute près. C'est pour cette raison que les photothéodolites. utilisés jusqu'à présent en photogrammétrie ne peuvent, en aucune manière, être employés en stéréophologrammétrie, car ils ne permettent absolument pas d'obtenir, même de loin, cette précision. Aussi, proposons-nous le nom de « sté- réophotothéodolite » pour les appareils répondant à cette condition. Les établissements Zeiss cons- truisent, d'une façon courante, des appareils de ce genre. Nous en décrirons rapidement plus loir le modèle le plus récent. En outre, il est absolument indispensable d'uti- liser deux trépieds mis en station aux deux extré- mités de la base, sur lesquels on transportera successivement la chambre photographique. La longueur de la base est mesurée générale- ment par voie tachéométrique. On mesure égaie- ment sa pente ainsi que son orientation et la posi- tion de l’une des deux stations est déterminée par les procédés connus de cheminement, de triangu- lation ou de relèvement. Il est nécessaire, pour la précision de la resti- tution, d'avoir dans le champ des clichés un ou deux points dits de contrôle, facilement reconnais- sables et appartenant à un réseau de triangula- ion. Mais, en l'absence d’un tel réseau, il suffit de mesurer directement depuis chaque station, avec la lunette du stéréophotothéodolite, l’azimut et l'angle de pente de deux ou trois points du paysage bien visibles et faciles à relrouver sur les clichés. Le travail sur le lerrain se borne à ces opéra- tions; il n'exige pas plus d'une heure et demie au maximum, ÿ Compris la mesure de la base et toutes les mesures goniométriques dont il vient d'être question. Au bureau, les clichés correspondant à une base sont installés et réglés sur le stéréocomparateur, ainsi qu'il à été dit plus haul; après quoi, on pro- cède aux mensurations de tous les points de l'image sléréoscopique, sans avoir plus à toucher au réglage. On à vu que le pointé d'un point à l’aide du « repère mobile » fournit d'un seul coup, au 1/100 PAUL CORBIN — LA STÉRÉOAUTOGRAMMÉTRIE 233 ———" ———".".".…———————————————ZEZEZEE er eee de millimètre, l'ordonnée el l'abscisse du point, par rapport aux axes principaux du cliché de gauche et la parallaxe stéréoscopique de ce point. Soient maintenant (fig. 9) / la distance focale de la chambre et B la longueur de la projection horizontale de la base, S et S' les projections sur le plan horizontal des deux stations, TT! la trace, sur le plan horizontal, du plan vertical des deux clichés, SM la projection horizontale de l'axe optique du cliché de gauche qui coupe TT'en T, et M un point de cet axe. Si on mène MS’ qui coupe TT’ en T’, on voit de suite que la longueur T'T'— à est la parallaxe stéréoscopique du point M, T' | het étant le pied de la perpendiculaire abaissée de S' sur TT’. . Posons SM — A. Si l'on appelle l'angle SMS’, on voit de suite que l'on à : : ; f AB cotg set f— à cotg «, d'où AB: On démontre sans difficulté que tous les points du plan de front MM' situé à la distance À de la base ont la même parallaxe 4, c'est-à-dire que, si on connait la parallaxe à d’un point du paysage, la formule ci-dessus donne sa distance à la base. La construction de la projection horizontale du - point sur le plan s'exécute dès lors comme suit : On construit sur le plan (fig. 10) et à l'échelle la projection de la base SS' et à la distance fon lui mène une parallèle TT' sur laquelle on abaisse la perpendiculaire ST. C’estsur la droite TT' et à partir de T comme origine que l’on porte, avec son signe, l'abscisse x lue sur l'échelle des abscisses du stéréo- comparateur ou échelle des directions; on obtient ainsi le point X; puis on mène la droite SX: la pro- jection horizontale P du point se trouve quelque part sur la droite SX. La parallaxe 4, lue sur l'échelle des parallaxes ou échelle des distances, Pa B/ . donne à l'aide de la formule A=— la distance A — SM du point P à la base SS'. La projection cherchée P se trouve donc à l'intersection de la droite SX et de la parallèle MP menée à SS' à la distance A. Quant à la différence de niveau 2 du point par rapport à la station de gauche $, il est facile de voir qu'elle s'obtient à l’aide de la formule v A B ee = y7=7y=: y étant l'ordonnée lue sur l'échelle des hauteurs. P Àà-By - æ On voit donc que le procédé stéréophotogram- métrique présente, en ce qui concerne la construc- tion du plan, une grande analogie avec l'ancienne : méthode de Laussedat. Toutefois un premier avantage essentiel résulte de ce qu'il suffit, dans le premier, d’un seul pointé pour obtenir simultané- ment les trois éléments de détermination du point, tandis que dans l'autre cetle détermination exige, comme on l’a vu, au moins trois mesures 224épen- dantes : deux mesures d’abscisses, une mesure d'ordonnée. Mais, à tous les autres points de vue également, la supériorité du nouveau procédé est indiscutable. On a vu, en effet, que le défaut capital de la méthode photogrammétrique ancienne réside dans la difficulté extrème d'identification des images d'un même objet sur les deux clichés ou les deux épreuves provenant de deux stations différentes el que cette difficulté entraîne toute une série d’'obli- gations qui restreignent beaucoup le champ d'appli- cation de la méthode. Nous rappelons ci-dessous la série de ces obli- gations : Obligation de dessiner sur les épreuves posi- tives; obligation, pour le dessinateur, au bureau, de connaître parfaitement le terrain du lever; obli- gation, dans beaucoup de cas, de recourir à une troisième station à titre de contrôie; obligation de n'utiliser que des clichés excellents; impossibilité d'employer des bases assez courtes pour éviter une perte toujours importante du champ non commun aux deux images; impossibilité d'employer la | méthode sur des surfaces très fuyantes ou unies et sans détails; impossibilité d'opérer à grande dis- tance, d'où faiblesse du rendement des stations en kilomètres carrés, d'où obligation de les multiplier. Au contraire, dans la nouvelle méthode, ce vice essentiel de la difficulté d'identification des images des points, qui semblait inhérent au procédé pho- tographique, disparaît d’une facon absolue, car 17 n'y a plus d'identilication. L'observateur voit le paysage en relief devant lui; il fait toucher par le « repère mobile » l’objet et le point de cet objet qui lui conviennent, quels que soient la forme, la nature et l'éloignement de cet objet, par exemple un arbre quelconque au milieu d'une pente boisée, un point quelconque d’une surface uniforme (gazon ou pente d'éboulis). Il choisit sans difficulté sur: les lignes caractéristiques du terrain (changements de pente, thalwegs, arêtes, etc.) les points les plus convenables pour les représenter, au lieu d’être obligé de rechercher péniblement sur les deux épreuves les rares détails identifiables qui se trouvent souvent trop loin de ces formes caracté- ristiques'. Ce libre choix des points réellement utiles réduit nécessairement le nombre des points de détail. En outre, les images offrent le même contenu, en raison de la faible longueur de base, comprise généralement entre 40 et 300 mètres, d’où meilleur rendement des stations et diminution: très impor- tante de leur nombre. De plus, grâce à la suppres- sion de l'identilication des points, on peut aborder toute espèce de terrains, en dehors de la haute montagne, y Compris — contrairement à une opi- nion encore très répandue — les terrains non seu- lement unis, mais {res /uyants, ainsi que nous en donnerons des exemples caractéristiques plus loin. Il suffit que le terrain présente quelques stations permettant d'avoir des vues suffisantes sur le détail des formes du terrain. Du fait encore de la suppression de /'identili- ! On n'imagine pas à quel point, de ce chef, le dessin des contreforts fortement boisés en haute montagne peut être erroné, malgré tous les soins des lopographes les plus consciencieux, les plus expérimentés, même sur les cartes les plus récentes. PAUL CORBIN — LA STÉRÉOAUTOGRAMMÉTRIE cation, l'opérateur au bureau n’a aucun besoin de connaitre le terrain, d’aulant plus qu'il l’a réelle- ment en relief sous les yeux et que son « repère mobile » joue pour lui le rôle d'un porte-mire par- faitement intelligent, instantanément obéissant el pouvant se transporter en un clin d'œil sur les terrains les plus éloignés ou les plus inaccessibles. Quant aux clichés, ils sont utilisés directement sur le comparateur, la transposition des lumières et des ombres ne changeant rien à la facilité du pointé à l'aide du « repère mobile », d’où augmen-. tation considérable de la précision. De plus, on peul employer avec succès des clichés qui auraient dû être rebutés dans l’ancien procédé, tels que les clichés voilés ou au contraire trop durs, qui pré- sentent au stéréocomparateur un bon relief. En ce qui concerne la distance d'utilisation des clichés, elle est extrèmement aliongée el on peut sans difficulté lever, avec une précision convenable, au 1/25.000, un terrain situé à 14 ou 15 kilomètres de la base. Enfin, le principe même de l'aspect en relief du terrain du lever est un avantage essentiel et sans prix du procédé. Le champ du microscope du slé- réocomparateur ne dépasse pas 1 centimètre de rayon, mais cet appareil peut être remplacé, pour l'examen d'ensemble des clichés, par un stéréos- cope à miroirs qui donne à l'observateur l’impres- sion d'un plan-relief du terrain présenlant une richesse de délails et un modelé extraordinaires, indépendants de l'altitude de la station par rapport au paysage, de sorte qu'une vue sléréoscopique prise d'un haut sommet ne parait nullement aplatie et écrasée comme dans l'ancien procédé; ceci permet d'employer ce genre de station très avan- tageusement, en raison de l'étendue considérable du champ embrassé, tandis qu'il était recommandé précédemment de les éviter soigneusement, parce que le terrain vu de haut est sans relief et parait plat et sans expression; les formes vallonnées disparaissent et on ne peut plus y apprécier aucune pente. Nous ne pouvons mieux faire que de citer ici le Général von Hübl, à qui la stéréophologrammétrie doit tant : « La grandeur apparente de celte image en relief dépend de l'éloignement des deux stations photo- graphiques et de l'intervalle des yeux de l'obser- valeur. « Si celui-ci est, par exemple, de 65 millimètres et si la longueur de la base s'élève à 65 mètres, le paysage apparait comme un modèle réduit dans le rapport de 4 à 1.000. « Un seul coup d'œil dans l'appareil, même d'une contrée qui vous est étrangère, vous oriente instantanément et les points de détails à déterminer he PAUL CORBIN — LA STÉRÉOAUTOGRAMMÉTRIE 235 pour la représentation des formes peuvent être reconnus avec une grande certitude. La raideur des pentes, les changements de pente, la profon- deur de chaque découpure sont faciles à recon- maitre et considérablement plus faciles à apprécier que dans la nature. Par suite de ces circonstances, ne reproduction en projection horizontale, carac- térisant exactement loutes les formes, est notable- “ment facilitée. Nous n'avons plus devant nous la nature avec ses formes massives, puissantes, dont notre regard ne peut embrasser que la plus faible partie et dont le report sur la feuille de dessin exige une grande pratique et une grande expé- rience, mais une riche plastique qui nous permet une vue d'ensemble dans laquelle les détails acces- soires se subordonnent complètement au modelé des grandes formes". « Les avantages que nous oftre le travail au com- paraleur, en comparaison avec les procédés actuels de determination des points par rayonnements et “ recoupements, sont si considérables, qu'il ne faut : ]l est intéressant de signaler ici combien peu de per- sonnes, même parmi celles pratiquant couramment la photographie stéréoscopique, se doutent de ce que peut être, pour un grand paysage, le modelé, le relief donné par des .clichés stéréoscopiques pris à l'aide d'une base suffi- sante. La plupart d'entre elles, en effet, ne prennent des vues stéréoscopiques de paysage qu'en manœuvrant simul- tanément les deux obturateurs de leur appareil, autrement dit avec une base égale à l’écartement de leurs objectifs ; mais les clichés ainsi obtenus donnent le même relief que celui que procure l'examen du même paysage à l'œil nu, relief nul, ainsi qu'on le sait, au delà de quelques centaines de mètres. Ces opérateurs, ou bien, ce qui est le cas le plus général, ignorent totalement la beauté de ces paysages stéréoscopiques que nous appellerons, pour simplifier, « à grand écartement », ou bien s'imaginent qu'il faut em- ployer des appareils compliqués et en tout cas « poser sur pied ». Or, rien n'est plus facile que d'obtenir ces résultats à l'aide de simples appareils à main, à condition de les munir d’un bouchon à main permettant d'obturer successivement chaque objectif. Le processus est dès lors des plus sim- ples : se plaçant bien face au paysage, à l'une des extré- mités de la base que l'on a choisie à peu près parallèlement à celui-ci, on obture l'objectif qui correspond à l'autre station; puis on repère dans le champ du viseur un point bien apparent aussi lointain et aussi près de la croisée du réticule que possible et dans cette position on prend le cliché correspondant à la station. Après quoi on obture, à l'aide du bouchon, l'objectif correspondant au cliché qui vient d'être impressionné et on se transporte sur l'aûtre station, non sans avoir réarmé l'obturateur. De cette der- nière station on vise de nouveau le point de repère en s'efforcant de le replacer à peu près dans la mème position relative par rapport à la croisée du réticule, de façon à réaliser le parallélisme approximatif des axes dans les deux stations, c’est-à-dire le « cas normal » de la stéréo- photogrammétrie. On prend alors la vue correspondante et l'opération est terminée. Il va de soi que l’on doit s'efforcer d'avoir des premiers plans aussi éloignés que possible, de façon qu'ils ne soient pas trop différénts dans les deux clichés, et aussi de n'avoir pas d'objets en mouvement, ni une base trop inclinée. Avec un peu de pratique, ces opérations, qui semblent compliquées, ne demandent pas deux minules pour une base. craindre ni peine, ni dépense, pour satisfaire aux exigences da travail sur le terrain". » C'est gräce à la foi ardente dans la valeur de la nouvelle méthode qui animait l’auteur de ces lignes prophétiques que non seulement toutes ces diffi- cultés du travail sur le terrain ont été surmontées, mais que la méthode a donné les résultats encore plus merveilleux qui nous restent à exposer et à acquis une souplesse qui l’a mise définitivement hors de pair. Il est intéressant d'exposer les difficultés aux- quelles fait allusion le Général von Hübl, et qu'il avait été le premier à signaler aux constructeurs. I] faut d'abord que l'objectif du stéréophotothéo- dolite soit parfaitement construit et corrigé, de facon à donner des images sans défaut et sans déformation, en raison de la précision, déjà men- tionnée, du 1/100° de millimètre dans la lecture des parallaxes. Or, cette précision est indispen- sable, car on démontre facilement que, pour un foyer de 193 millimètres par exemple, cette unité Les petits appareils stéréoscopiques du format du véras- cope Richard (4,5/10,7) se prêtent admirablement à l'emploi de ce procédé sommaire. On ne peut imaginer l'intérêt extraordinaire que peuvent présenter des collections de diapositives de cette nature, même pour des régions complètement inconnues de celui (qui les examine au stéréoscope. C'est certainement en partie à l'ignorance où la plupart des techniciens sont restés jusqu'à l'heure actuelle de la richesse inouïe de ces modelés et de la facilité extrème de leur obtention, qu'est due leur indifférence prolongée à l'égard de la stéréophotogrammétrie, d'autant que la plu- part du temps ceux qui, bien rares, faisaient de la stéréos- copie « à grand écartement » opéraient sur pied el sur des sommets élevés. Or il est presque impossible de trouver là des bases suffisamment longues appropriées au « cas normal » seul applicable sans appareil spécial; les vues ainsi obtenues avec des bases de quelques mètres sur des massifs la plupart du temps éloignés de plusieurs kilo- mètres présentent un relief tout à fait insuffisant et presque sans intérêt, rappelant simplement l'effet de décors de théâtre plans en retraite les uns par rapport aux autres. Il n'y a plus ici de modelé au sens propre du mot. Celui-ci dépend avant tout de la grandeur de la base; on fera avantageusement varier celle-ci du 20° au 30e de la distance à laquelle on désire porter la sensation de relief, distance appréciée, bien entendu, à vue; cette longueur de base sera mesurée simplement au pas sur le terrain. 11 est inutile de faire remarquer que ce procédé peut s'appliquer aussi facilement avec des appareils à objectif unique, c'est-à-dire non stéréoscopiques : il suffit d’esca- moter le cliché impressionné à l'une des stations avant de passer à l'autre. Enfin à bord d'un navire défilant au large et le long d'une côte, le procédé est encore simplifié, car la base est alors fournie par la marche même du bâtiment, et le parallé- lisme des axes se réalise tout simplement en placant pour chaque vue l'appareil dans la même position sur le plat- bord. Toute la manœuvre se réduit ainsi à armer el à déclancher deux fois, en changeant d'objectif le bouchon à main. On obtient ainsi des modelés surprenants sur des côtes éloignées de 8 ou 10 kilomètres. ‘ Cocoxez vox Hüec : Die Stereophotogrammetrie (Mit theïlungen des K. u. K. Militärgeogr. Institutes, t. XXII, | p. 15). 236 PAUL CORBIN — LA STÉRÉOAUTOGRAMMÉTRIE de parallaxe, qui équivaut à une différence de direction parallactique de huit à dix secondes en- viron, correspond à une différence de profondeur de 10 mètres à 6 kilomètres, pour une base de 200 mètres. C'est d'ailleurs pour cette raison que l'on ne peut utiliser des épreuves sur papier tou- jours déformées. Les plaques sensibles employées doivent aussi être parfaitement planes, car on démontre égale- ment que si l'écart au plan atteint 1 millimètre sur les bords, ce qui n’est pas rare pour les plaques ordinaires, ce défaut provoque dans cette région des erreurs de parallaxes de 3 à 4/10 de milli- mètre. Les plaques doivent encore se trouver aussi exactement que possible dans le même plan, et surtout être aussi exactement parallèles que pos- sible dans les deux stations, car un défaut de parallélisme d'une minute seulement entraîne une erreur de parallaxe de 1 à 2/10 de millimètre. On démontre toutefois que, si les axes, restant bien parallèles entre eux, s’écartent légèrement de la perpendiculaire à la base, ce défaut a beaucoup moins d'importance que le précédent sur la préci- sion de la mesure des parallaxes, et que l’on peut tolérer une déviation commune des deux plaques de six à huit minutes. Enfin, les plaques doivent également être aussi voisines de la verticale que possible, une erreur de une minute dans la position de l’horizon pou- vant entraîner une erreur de parallaxe de 3/100 de millimètre. Quant à la mesure de la base, elle doit être effec- tuée avec une grande précision, c'est-à-dire au moins à 14/1000 près. On démontre, en effet, que l'erreur sur la base se reporte proportionnellement sur la distance des points. Pour toutes ces raisons el spécialement à cause de l'erreur à craindre sur la mesure de la base et sur la perpendicularité des deux axes optiques à la base, on considérait, vers 1905, comme indis- pensable de disposer sur les clichés de six à dix points, dits « de contrôle », qui permettaient éven- tuellement, à l’aide de formules et de constructions assez compliquées, de faire disparaître ces deux erreurs avant de commencer les lectures au stéréo- comparateur. En ce qui concerne la méthode en elle-même, elle présentait encore, en 1905, les inconvénients suivants : Il était pratiquement nécessaire de n'employer que des clichés obtenus dans le «cas normal », c'est-à-dire avec les axes optiques perpendiculaires à la base; il était impossible d'utiliser des axes obliques à la base, mais parallèles entre eux et, à plus forte raison, des axes convergents. Ces deux cas, le dernier surtoul, exigeaient des construc- tions extrèémement lentes el compliquées, malgré toutes les simplifications qu'y avaient apportées surtout le général von Hübl, l'éminent professeur Dolezal, de Vienne, le professeur Fuchs, de Pres- bourg, etc. De telle sorte que, en dehors du « cas normal », on ne pouvait pratiquement qu'entrevoir, dans l’avénir, le cas des axes parallèles entre eux, et inclinés de 30° à droite et à gauche de la per- pendiculaire à la base, ce qui aurait porté le champ d'une base de 40° à 100° environ. Il y avait là un défaut grave et un manque de souplesse de la méthode, car il est souvent fort difficile de trouver, en haute montagne, un terrain pour une base de longueur suffisante, approprié au « cas normal », surtout sur les hauts sommets, particulièrement recommandables pourtant à cause de leurs vues très étendues. Aussi, en 190%, le général von Hübl concluait-il, au moins provisoirement, à l’utilisation simultanée de l'ancienne photogrammétrie et du nouveau pro- cédé. Quant au travail de bureau, même dans le « cas normal », le stéréocomparateur ne permettait que la construction point par point, encore assez lente et fatigante, ce qui imposait, en tout cas, la euns- truction des courbes de niveau seulement près coup, quand on disposait sur le plan d'un nombre de points cotés suffisant pour pouvoir intercaler ces courbes « par interpolation », suivant l'ancien procédé. VI. — LE STÉRÉOPHOTOTHÉODOLITE ACTUEL. L'instrument essentiel pour le travail sur le terrain est le stéréophotothéodolite. Les établisse- ments Zeiss, de Iéna, construisent dès mainte- nant dune façon courante ces appareils. Nous allons donner la description du modèle 1913 pour plaques 13 X 18, dont la figure 11 donne une vue d'ensemble. L'appareil se compose de trois parties, séparées pour le transport : le trépied muni d'un mouve- ment de translation, /4 chambre photographique et Ze théodolite. On remarquera la construction particulièrement ramassée de l'instrument qui, tout en lui donnant une grande stabilité, facilite beaucoup les lectures et le pointé des divers ver- niers. La chambre pivote sur son {riangle par son centre el peul être arrêtée dans une position quelconque par une vis de pression. Elle porte un objectif susceptible d'être décentré de 30 millimètres vers le haut ou vers le bas. La planchette porte- objectif est munie d'un bras, mobile avec elle à l’intérieur de la chambre et terminé par un index horizontal à pointe très fine «, qui se déplace ainsi Lot Ce ur mn” le long et très près du bord vertical droit de la plaque sensible (fig. 12). La pointe de cet index se trouve, par cons- truction, dans le même plan hori- zontal que l'axe optique 0. Son image sur la pla- que enregistre donc très simple- ment la position de l'horizontale principale du cliché. Le cadre sur lequel s'appuie la plaque sensible porte quatre re- pères 1-2-3-%, dis- posés comme le montre la figure 12. Ces repères sout constitués par une petite saillie métallique, disposée très près de la couche sen- sible, et présen- tant en son centre un trou d’un dia- mètre à peine su- périeur à l’épais- seur d'un cheveu, donnant ainsi un point noir extré- mement précis sur le cliché né- galif. Les repères 1 et 3 déterminent la verticale prin- cipale du cliché; les repères 2-3-4 sont sur une même droite HH' exactement pa- rallèle à 04. Il en résulte que, si l'image du repère l se distingue mal sur les clichés, ainsi qu'il arrive PAUL CORBIN — LA STÉRÉOAUTOGRAMMÉTRIE 29 1 Nes \ Fig. 11.— Stéréophotothéodolite Zeiss, modèle 1913, pour plaques 13/18 em. — Tr, trépied ; C, chambre photographique; tr, triangle ; Vm, vis micro- métrique pour les mesures de distance; Vp, vis de pression de la vis micrométrique ; O, objectif de la chambre à décentrement: Cp, chässis porte-plaques; Ch, cercle horizontal; V,r, vis de rappel du cercle hori- zontal; V,p, vis de pression du cercle horizontal: Pr, prisonnier: N, N', niveaux à bulle; L, lunette du théodolite; Cv, {cercle vertical; Var, vis de rappel du cercle vertical; V,p, vis de pression du cercle vertical ; mh, microscopes de lecture du cercle horizontal; mv, microscopes de lecture du cercle vertical. comparateur, retrouver celle verticale principale qui est la perpendiculaire abaissée de 3 sur la droite oz, elle- méme parallèle à 2-3-4, Leschässis por- te-plaques sont organisés de telle manière que, lors de leur exposi- tion, la couche sensible porte di- rectement sur le cadre arrière de la chambre, de sorle que la dis- tance focale est rigoureusement! constante d'une plaque à l’autre et indépendante des variations éventuelles d'é- paisseur des chàs- sis. Sur les bords du cadre et à l’in- térieur de la chambre se meu- vent trois tam- bours portant des chiffraisons dé- coupées qui per- mettent d'impri- mer automati- quement sur les clichés le numéro d'ordredela base, jusqu'à 24, leur rang dans chaque station, et enfin la distance focale de l'objectif. Sur le plafond de la chambre sont deux niveaux à bulle croisés,dont la division vaul quinze secondes. Le théodolite se monte par son centre sur le des- disposés sus de la cham- quelquefois, puisque cette région est généralement | bre, et est arrêté par un prisonnier construit tout très sombre, on pourra toujours, sur le stéréo- spécialement pour permettre de ramener toujours 238 avec une exactitude parfaite la ligne 0°-180° du cercle horizontal dans le même plan vertical que l'axe optique de la chambre. Un dispositif spécial à ergot du cercle horizontal sert à amener la lunette exactement à angle droit sur cet axe optique, ou à la dévier aussi exactement de 30° à droite ou à gauche. Ces trois positions donnent à la station un champ total horizontal de 105°. Les lectures se font à trente secondes près sur le cercle horizontal qui à 120 millimètres de diamètre. Une vis micrométrique spéciale, disposée hori- zontalement au bas de la chambre, sert à la mesure de la longueur de la base qui s'exécute en pointant successivement la lunette à l’aide de cette vis sur les deux extrémités d'une mire métallique hori- zontale de 1 mètre de longueur, installée sur le À U deuxième trépied à l'autre extrémité de Ja base, et en disant sur le tambour de la vis le nombre de divisions correspondant à cette rotation de la lunette. Une division du tambour de la wis vaut 1/30:000 de son bras de levier par rapport à l'axe vertical de l'instrument. Une mire de forme spéciale, installée sur le triangle du trépied de la deuxième station, sert aux pointés qui ont pour objet la fixation de la position de l'axe optique de la chambre, soit pour le « cas normal », soit pour les autres. Comme clichés, on emploie des plaques soignées et traitées comme des glaces de miroir. Il a été reconnu absolument inutile de les « travailler opti- quement », comme on l'avait craint au début. La tinesse du grain de l’émulsion est de 1 à 2 mil- lièmes de millimètre, que certains fabricants sont parvenus à livrer couramment. Cétte finesse a permis d'utiliser au stéréo-comparateur un grossis- sement de huit fois, et d'atteindre ainsi normale- ment une précision de huit à dix secondes dans les mesures azimulales ou de pente. Nous ne reviendrons pas sur le mode d'emploi du stéréophotothéodolite sur le terrain, c'est-à-dire sur la méthode stéréophotogrammétrique qui à été décrite précédemment. Nous avons montré à quel degré a été poussée la précision du stéréophotothéodolite, el comment PAUL CORBIN — LA STÉRÉOAUTOGRAMMÉTRIE elle a permis de réduire les erreurs instrumentales ; toutefois, le procédé qui a permis de régler avec une extrême facilité les clichés sur le stéréo-auto- graphe et de supprimer toutes les corrections com- pliquées que l’on devait exécuter auparavant, a consisté à déterminer au préalable et avec un soin extrême, pour chaque stéréophotothéodolite, avant sa mise en service, ce que l’on appelle ses cons- tantes caractéristiques, que nous nous contente- rons d'énumérer rapidement : Pour la chambre : distance focale, projection du point nodal arrière de l'objectif sur la plaque, distance entre l'horizon déterminé par le repère mobile « sur le cliché et l'horizon réel du cliché (fig. 12), distance entre la verticale déterminée par les repères 1 et 3 et la verticale principale réelle (fig. 12), constante de la vis micrométrique, erreur d'origine de la graduation de la vis micrométrique. Pour le théodolite : défaut de parallélisme de l’axe vertical du théodolite et de l'axe vertical de la chambre, défaut de perpendicularité de l'axe de rotation de la lunette et de l’axe vertical du théo- dolite, différence de hauteurentre l'axe de l'objeclif de la chambre et l'axe de la lunette du théodolite, erreur de collimation de la lunette. Une connaissance préalable et précise de toutes ces caractéristiques, pour un appareil déterminé, permet de connaître, à l'avance et une fois pour toutes, toute une série de corrections à faire subir au stéréocomparateur pour pouvoir utiliser Zmmé- diatement tous les clichés qui en proviennent. Il ne reste plus, dès lors, à corriger que les erreurs d'opération qui ne peuvent porter, sauf faute grave, que sur la mesure de la base et plus rarement sur l'angle de l’axe optique avec la base. Il a été réalisé là un progrès important et géné- ralement peu connu. VII. — LE TRAVAIL AU BUREAU ET LE STÉRÉOAUTOGRAPHE D OREL. On à vu que le travail de bureau au stéréocom- parateur de Pulfrich présentait encore quelques défauts essentiels. Sa nature même comportait d'inévitables causes d'erreurs, dont la conséquence était de donner de 5 à 10 °/, de points inexacts. De plus, on ne construisait la carte que point par point, et ces points étaient obtenus à l’aide de calculs et de construelions qui reslaient encore assez longs, malgré tous les perfectionnements apportés, en sorte qu'il fallait environ cinq à six minutes par point caleulé et reporté. Il en résultait aussi que les courbes de niveau, élémentessentiel du modelé, ne pouvaient s'obtenir que par l'antique procédé de l'interpolation entre les points cotés. à L 7 PAUL CORBIN — LA STÉRÉOAUTOGRAMMÉTRIE 239 Or, si bien il était dans la nature même des anciens procédés de ne pouvoir permettre une défi- nition exacte et précise des formes du terrain et de ne pouvoir fournir que des courbes de niveau interpolées, c’est-à-dire simplement et forcément approximatives, il n'en était pas de même du véritable modèle de la nature au relief si accentué qu'évoquait le stéréocomparateur, modèle dont le simple examen fournit, dès le premier coup d'œil, une connaissance extrêmement précise et complète du terrain le plus compliqué. Aboutir, après cette vision si aiguë du relief, à un modelé aussi sommaire et aussi grossier que celui que fournissent les courbes interpolées, c'était vraiment, comme l'a fait remarquer von Orel, ne pas utiliser le procédé dans toute sa plénitude. Enfin, comme on l’a vu, le stéréocomparateur ne permeltait l’utilisation pratique et facile que des clichés obtenus dans le seul « cas normal », ce qui réduisait singulièrement les applications et la sou- plesse de la méthode. Aussi avait-on très vite cherché à améliorer cette situation, tout d’abord en supprimant tout calcul et toute construction des points, c’est-à-dire en en ren- dant automatique le report sur la feuille de dessin. Sans parler des essais déjà anciens de Deville, l'éminent Directeur du Service Géographique du Canada, dont le « stéréoscope graphique » n'était vraiment qu'un appareil de démonstration, Thomp- son, en Angleterre, avait fait des recherches dans ce sens. Plus récemment, le D° Pulfrich étudiait le « stérévcartographe » dans le but de réaliser cette construction automatique point par point. Mais ces appareils ont été tellement surpassés par le « stéréoautographe » d'Orel, du reste antérieur au stéréocartographe, que nous nous bornerons à celui-ci, qui est d’ailleurs, à l’heure actuelle, le seul en usage. C'est en 1907 que von Orel, alors Lieutenant à l'Institut Géographique Militaire de Vienne, com- | menca ses recherches. Un premier modèle, con- struit par la maison Rost, de Vienne, fut essayé cette année pour cartographier automatiquement les clichés stéréoscopiques de la région de l'Ortler obtenus l’année précédente. L'appareil ne donnait encore que le report auto- matique point par point sur le plan de la carte; mais il supprimait toute erreur graphique. L'alti- tude devait encore être calculée et il fallait deux opérateurs. Néanmoins on obtenait un point con- struit et coté par minute, soit cinq à six fois plus vite qu'avec le stéréocomparateur. Ce premier travail, sévèrement contrôlé sur le terrain pendant l'été 1909, présenta une concor- dance surprenante avec toutes les mesures de véri- fication. Aussi les efforts redoublèrent et, en 1909, les élablissements Zeiss, de Iéna, livrèrent à l'Institut Géographique un nouveau modèle, dans lequel von Orel était parvenu à réaliser la construction auto- matique, non plus de points isolés, mais des courbes de niveau avec une précision graphique de deux dixièmes de millimètre. La planche à dessin avait aussi été agrandie et permettait le report automa- tique au 1/25.000 de points situés à 12 kilomètres de la base. Il fut procédé, dès cette année, au champ de Ur de Hajmasker (Hongrie), à une vérification détaillée. Le terrain fut levé au 1/10.000 au tachéomètre, avec une précision absolument inusilée à cette échelle (800 à 1.000 points par kilomètre carré), et les courbes de niveau furent construites par interpo- lation à l’équidistance de 1 mètre. Puis on appliqua la méthode stéréophotogrammétrique et les clichés ainsi obtenus furent « travaillés » sur le stéréo- autographe, le tracé automatique des courbes de niveau s’effectuant directement sur le plan tachéo- métrique ci-dessus, disposé sur la planche à dessin. La concordance fut extraordinaire et il apparut même nettement que le modelé fourni par l’auto- graphe était de beaucoup plus riche et plus exact que celui des courbes tachéométriques. Devant ces résultats, l'Institut géographique militaire adoptait définitivement l’appareil, et un troisième modèle, le modèle 1911, était construit chez Zeiss. Le modèle 1909 obligeait encore au report point par point pour le cas des clichés à axes parallèles, mais non perpendiculaires à la base, et il ne per- mettail pas l'emploi d’axes convergents. Le modèle 1911 permet la construction automatique, non seu- lement des courbes de niveau, mais de courbes quelconques du terrain (chemins, cours d'eau, lisières de forêts, limites de rochers, ete.) avec les axes des clichés orientés d'une façon quelconque, pourvu qu'ils soient dans le plan horizontal. La planche à dessin a encore été agrandie. Trois appareils de ce modèle sont actuellement en service. En ce moment, les établissements Zeiss achèvent de construire une nouvelle série de stéréoautographes Orel, dits modèle 1913, qui ne présentent plus que des améliorations de détail. Enfin, un modèle permettant l'emploi d’axes non horizontaux a élé concu et étudié dans tous ses détails. C'est à la stéréophotogrammétrie combinée avec l'emploi du stéréoautographe Orel que s'applique le terme de Stéréoautogrammétrie. 1. Description du Stéréoautographe. — Nous décrirons, mais seulement très sommairement, 240 is modèle 1911, en nous bornant aux principes mêmes (fig. 13). L'appareil se compose d'un stéréocomparateur Pulfrich pour plaques 13 X 18 adapté dans le pro- longement vers la gauche du grand côté inférieur d'une solide planche à dessin de très grandes dimensions. Contrairement au stéréocomparateur ordinaire, les deux châssis porte-clichés sont indépendants l’un de l’autre. Le châssis du cliché gauche se prolonge, en outre, vers la gauche, de facon à permettre d'y PAUL CORBIN — LA STÉRÉOAUTOGRAMMÉTRIE Ces tiges tournent dans des paliers e, fixés au bâti de la machine. La vis s{ se termine par une manivelle, dite manivelle des distances. On voit qu'en tournant cette manivelle on détermine la translation de la barre EE’ sur toute la surface de la planche à dessin. Le microscope binoculaire est porté par une tige horizontale 2x, perpendiculaire à l'horizontale prin- cipale des clichés, c'est-à-dire à EE’. Cette tige commande en , à l’aide d'un pivot à coulisse, la rotation du bras ZI du levier coudé à angle droit lIH. Dans cette rotation, le pivot À glisse sur le preuve du manuelle ss : î microscope cévehie 1e gauche \ !leliche de gasiche sur papier œireclions Ô des ‘hauteurs des distances 7 + wis de pression Fig. 13. disposer une épreuve sur carton bien plan paral- lèlement au cliché de gauche. Le microscope bino- culaire porte à son extrémité gauche une tige terminée par un crayon C disposé au-dessus de l'épreuve et qui a pour objet de dessiner automali- quement sur cette épreuve la perspective des courbes de niveau dessinées au même moment en projection horizontale sur la feuille du dessin (voir la figure 8 représentant le stéréocompara- teur et la figure 4 de la planche VI). Un peu au-dessus de la planche à dessin et paral. lèlement à ce grand côté, c’est-à-dire à l'horizontale principale des clichés, est disposée une barre métallique rigide EE’, portant deux écrous filetés, susceptibles d'être entraînés par deux solides vis sans fin s{ et uy parallèles et reliées entre elles au moyen de deux engrenages d'angle par une tige {u. | marvelle O pivobs fixes mobiles seulement | lors du reglage C]J pivos à glissière à une derveèton e FE : EE pivoës à glissière & eux dirslions bras ZI. Le point Lest un point fixe. Le point H est une articulation reliant le levier 21H à la barre EE! et constituée par un pivot à double mouve- ment, c'est-à-dire se déplacant le long de EE' et de HI. La tige 2x glisse dans un palier e, porté par le bâti. Le mouvement de H le long de la barre EE! est obtenu à l'aide d’une vis sans fin /ÿ solidaire de EE! et reliée elle-même à une tige latérale yz au moyen d'un engrenage d'angle df porté par la barre EE'. En outre, le moyeu du pignon d de cet engrenage peut coulisser tout le long de yz à l'aide d'un ergot glissant dans une cannelure pratiquée dans cette tige. Celle-ci est portée par deux paliers e, fixés au bâti de la machine et se termine par une manivelle, dite manivelle des hauteurs. On voit que, si l'on manœuvre cette manivelle PAUL CORBIN — LA STÉRÉOAUTOGRAMMÉTRIE 241 sans toucher à la manivelle des distances, le point | EE’ restée fixe, de même que le microscope. H va se déplacer le long de EE’ qui restera fixe, en | On se rendra compte aussi facilement des consé- mème temps que: le microscope binoculaire se | quences des mouvements des autres manivelles el déplacera parallèlement au plan des clichés dans | l'on verra ainsi, que si on les manœuvre toutes une direction perpendiculaire à l'horizontale prin- | les trois simultanément, le microscope peut être gipale. Si on tourne la manivelle des distances | amené au-dessus de n'importe quel point du cliché Sans toucher à celle des hauteurs, on se rend | de gauche et le crayon M en n'importe quel point ‘compte immédiatement que le microscope exécu- | de la planche à dessin. téra le même mouvement, mais le point H restera Enfin, le châssis porte-eliché de droile est relié, xe sur la barre EE’ pendant la translation de | comme celui de gauche, par une tige coudée beP celle-ci. portant un pivot à glissière P, à un levier PO"»p | Le châssis porte-cliché de gauche est relié par | oscillant autour du troisième pivol fixe O0”. Ce . unc lige 41 parallèle à EE’ à un levier mM tournant | levier est relié à l'articulation porte-crayon M de la | VUE sn. desdistances HS. \ Fig. 14. — Sitéréoautographe d'Orel (modèle 1911). (Les lettres correspondent à celles de la figure 13). autour du point fixe O. La liaison se fait à l’aide | barre EE’ par une pièce spéciale Mrp constituée par d'un pivot mobile à glissière m de telle sorte que, | deux tiges articulées en x. La lige Mr ne possède pendant la rotation, m, fixe sur 4m, se déplace au | qu'un mouvement de glissement le long de EE'; la contraire sur OM. Le point M est constitué par une | tige xp porte un pivot p à deux glissières la reliant articulation à pivot et à double glissière reliant le | au levier pO'”’ et susceptible, par conséquent, de bras du levier OM à la barre EE’, de telle sorte que | glisser sur pO" et sur pr. Dès lors, si l'on manœuvre le pivot M peut glisser soit sur EE, soit sur Mm. | la manivelle des directions sans toucher aux deux C'est ce point M qui porte le crayon dessinant | autres, ce qui a pour effet, comme on l'a vu, de automatiquement la carte. Le mouvement de rota- | déplacer le cliché de gauche parallèlement à EE, la tion du levier OM est provoqué par la rotation | translation de la pièce Mxp va provoquer aussi celle d'une manivelle, dite manivelle des directions, fixée | du cliché de droite. sur le châssis porte-cliché de gauche et se vissant En résumé, la manœuvre des trois manivelles dans un écrou-palier e, porté par le bâti de la | permet de pointer le « repère mobile » du micros- machine. On voil qu'en manœuvrant cette mani- | cope binoculaire sur un point quelconque du velle sans toucher aux deux autres, le cliché de | paysage stéréoscopique, et d'amener le crayon sur gauche se déplacera dans une direction parallèle | un point quelconque de la planche à dessin. à EE’. Le levier oscillera autour de O et, dans ce La barre EE’ porte une échelle micrométrique mouvement, le crayon décrira tous les points de | HH’ graduée dans les deux sens, dont le zéro est au PAUL CORBIN — LA STÉRÉOAUTOGRAMMÉTRIE point H', pied de la perpendiculaire abaissée de 1 sur EE’, C'est sur cette graduation que se lisent les différences de niveau des points visés par rapport à la station de gauche. La distance du point I à la tige xh peut être modifiée à volonté, à l’aide d'une gradualion micro- métrique +. La lige. xp porte également une vis micrométrique permettant de régler exactement la longueur 7p. En outre, l'angle prM peut être modifié à volonté, à l’aide d'une graduation micro- métrique angulaire «. La partie O"P du levier PO'"p peut être également coudée en 0", de facon que PO” puisse faire un angle quelconque avec 0'p, et ce à l’aide d’une graduation micrométrique angulaire e. Enfin, les trois points fixes I, O et O” sont sur une même droite parallèle à EE', mais peuvent être tous déplacés si- multanément dans une direc- tion perpendiculaire à EE’ et d'une quantité quelconque par rapport à la ligne droite amP, mesurée à l’aide d’une division micrométrique +’. La graduation pr sert à donner la longueur de base. La graduation +’ sert à rendre la distance de la droite 100" à la droite 2mP égale à f, distance focale du stéréophotothéodo- lite. La graduation » sert à sur lesquels repose le fonctionnement de ce mer- veilleux appareil : Soient en projection horizontale sur le plan de la carte (fig. 15) les axes optiques OX et O’X' de la chambre dans ses deux positions aux deux extré- mités de la base O0. Nous supposons réalisé le cas des axes parallèles entre eux, mais obliques à la base, « étant l'angle de la base avec la normale aux deux axes. Soient OF et O'F' la distance focale de l'objectif en vraie grandeur et par conséquent FIL et F'H', perpendiculaires à FX et F’X', les traces sur le plan horizontal des plans des clichés sup- posés verticaux. Soit en M, et à l'échelle du plan, la projection donner la même valeur à la distance 12; la graduation x à donner à l'angle Mxp la valeur de l'angle de l'axe optique du cliché de gauche avec la per- pendiculaire à la base. (Dans le « cas normal », xp vient coïncider avec Mr). La gradua- tion e sert à donner à l’angle PO"p la valeur € de l’angle des deux axes optiques dans le cas des axes convergents. Des vis de pression permettent de fixer solidement les positions des curseurs sur ces différentes échelles. La figure 13 est, bien entendu, purement schéma- tique ; en particulier, la manivelle des hauteurs est doublée dans la réalité d’une pédale, de sorte que l'opérateur peut manœuvrer d’une façon absolument simultanée les trois mécanismes des hauteurs, des directions et des distances. La figure 14 donne une vue du modèle 1911. 2. Principes du fonctionnement du stéréoau- tographe. — Nous allons maintenant exposer en quelques mots les principes géométriques et mé- caniques extraordinairement simples et ingénieux | ATX 77 ET Fig. 15. horizontale d'un point du terrain. Les poinis d'in- tersection m et m' des droites MO et MO’ respecti- vement avec les traces FH et F'H' représentent donc les projections, sur l'horizontale principale de chaque cliché, de l'image du point M sur ce eliché, c'est-à-dire que Fm et F'm' sont les abscisses de ces images comptées sur cette horizontale à partir des centres F et F' des clichés (voir fig. À et 2). On voit donc que la construction du point M pour- raits’effectuer de cette façon en partant des abscisses Fm et Fn'. Mais on se rend comple immédiate- went aussi que celle position des clichés s'oppose absolument à leur emploi dans un stéréoscope et à plus forte raison dans le stéréocomparaleur. Menons O0" parallèle à FI et prenons sur celle droite un point O0" à une distance arbitraire de O. Si l'on y transporte alors le point O', la droite O'X" ES à restant parallèle à elle-même, on voit de suite que la trace du cliché de droite F'H' vient coïncider avec le prolongement de la trace FIE du cliché de gauche, de telle sorte que le foyer F' vient en F'et l'axe optique F'X'en F'X". Dans cette position, les deux clichés se prêtent à l'examen stéréoscopique el par conséquent à l'em- ploi au stéréocomparateur. Prenons sur F'H et avec leurs sens les longueurs F'y et F'm" respectivement égales à Fm et à F'n' et menons les droites r0"z et pO"m"; elles sont res- pectivement parallèles à Mn et à Mnr'. Menons Mr parallèle à O0" jusqu'à son intersec- tion x avec x0'u. On voil de suite que Mz est égal à la longueur arbitraire O0”. Par le point r menons xp parallèle à la base O0”. On démontre sans diffi- culté que rx — 00". En outre, l'angle Mrp est égal à l'angle «. On conçoit dès lors que la construction du point M, au lieu de résulter de la simple intersection de la droite mOM avec la droite m'O'M, comme dans la premiére position du cliché IT, s’obtiendra aisément dans la position H' par l'in tersection de la même droite mOM avec le côté M7 de la fig. MxpO'm", car il est évident que, pour une position donnée de Om et de O"m" (c’est-à-dire pour un point donné M), il n'existe qu’une position de la figure Mpz définie par la cons- truction ci-dessus. Il sera donc facile de cons- truire un autre point quelcon- que N correspondant aux images 2, »', n" en assujettissant simplement la figure indéformable Mxp à se déplacer parallèlement à elle-même, de facon à venir en Nrp'. Si l’on rapproche maintenant la figure précé- dente de la figure 13 qui donne le schéma du sté- réoautographe, on se rend compte immédiatement qu'il ne fait que réaliser mécaniquement cette construction el ces liaisons mécaniques à l’aide des leviers pivotant autour des centres O et 0”. La seule différence réside en ce que les deux clichés sont reportés sur le côté, de facon à dégager la planche à dessin, et assez rapprochés l'un de l'autre pour permettre l'examen au microscope binocu- laire. Leurs mouvements dans le sens de l'horizon- tale principale sont simplement renvoyés dans leur direction et en vraie grandeur jusqu'aux points PAUL CORBIN — LA STÉRÉOAUTOGRAMMÉTRIE 243 d'attaque » et P qui correspondent aux points m el m" de la figure 15. Dans le cas général où les axes optiques devien- nent convergents et font entre eux un angle e, soient encore OX et O'X' les deux axes optiques et FH el F'H' les traces des deux clichés (fig. 16). Si l’on fait tourner l'axe O’X" autour du point O' d'un angle égal à e, le cliché IT vient en Il parallèle à ]. L'examen de la figure 16 montre de suite que l’on retombe sur le cas précédent des axes parallèles, à la seule condition d'envisager non plus le rayon lumineux rectiligne MO'»', mais le rayon brisé MO'm" tel que m"0' fasse avec MO’ précisément l'angle e. L'examen du schéma du stéréoautographe montre 16. Fig. encore que cette disposition est réalisable à l’aide de la graduation &. 3. Tracé des courbes de niveau. — Nous venons d'étudier le fonctionnement des mécanismes des distances et des directions. Il reste à examiner celui des hauteurs. On à vu (fig. 10) que la différence d'altitude 2 d'un point du cliché de gauche par rapport à cette : , . he. Ay ? station s'obtient à l'aide de la formule 2 — = où A est la distance du point à la base, 7 la distance focale de l'objectif de la chambre et y l'ordonnée de l’image de ce point sur lé cliché de gauche, c’est- à-dire sa distance en millimètres à l'horizontale principale du cliché. 1 On démontre aisément que, dans le cas d’une base oblique par rapport aux axes optiques parallèles, 244 la longueur À, qui entre dans cette formule, de- _ vient la distance du point non plus à la base, mais à la projection de cette base sur la perpendi- culaire aux axes. C’est cette formule que réalisent géométrique- ment les deux triangles semblables Z'2I et H'HI de et bi HH k dans lesquels, en effet, on à 77 — jy Ou encore H'I : HA TI DE" (fig. 13). Or, on sait que /'T est égal à /; quant à 2}, il est égal au déplacement du microscope binoculaire, c'est-à-dire précisément à la valeur y de l'ordonnée du point visé à l’aide du « repère mobile ». Enfin, on voit aisément que HI PAUL CORBIN — LA STÉRÉOAUTOGRAMMÉTRIE cera ainsi sur le plan du dessin la courbe de niveau correspondante, non plus par interpolalion, non pas même par points très espacés, comme dans les procédés anciens les moins imparfaits applicables seulement aux très grandes échelles, mais d’une facon absolument continue et avec ses moindres sinuosilés el cela sansla moindre difficulté, puisqu'il suffit à l'opérateur de manœuvrer les deux mani- velles des directions et des distances en mainte- nant le contact du « repère mobile » avec le ter- rain. Aussi l'allure du tracé varie-t-elle de 2 à 5 millimètres par seconde, suivant la distance, l'échelle, la nature du terrain et la qualité des clichés. Fig. 17. — Terrain levé comparativement au lachéomètre el au stéréoautograpbe (voir la planche 1). est précisément la distance du point M à la projection de la base sur la perpendiculaire aux axes optiques. Il en résulte que HH' est bien égal à 2 et que l’on peut ainsi lire immédiatement sur l'échelle HH' la différence de niveau de chaque point M construit automatiquement, différence comptée à partir du point H'. Si donc on fixe à l’aide d’une vis de pression la glissière Il en un point quelconque de la graduation HH', et que l’on manœuvre ensuite la manivelle des distances et celle des directions, le levier coudé ZI entrainé par la barre EE! glis- sera dans l'articulation à pivot I, sans que la lon- gueur imposée à HH' puisse varier; mais, comme on l’a vu, son petit bras 1} entraînera à son tour, par l'articulation à glissière A, tout le microscope binoculaire. On comprend de suite que, dans ces conditions, le « repère mobile » idéal ne pourra Se mouvoir que dans un plan horizontal, puisque la différence de niveau HW! reste constante. Dès lors tous les points du terrain que l'opérateur lui fera toucher seront des points de a courbe de niveau correspondant à cette différence de niveau HH' et comme on peut maintenir ce repère mobile sans interruption au contact du sol, le crayon tra- NIII. — LES RÉSULTATS ACTUELS ET L'AVENIR DE LA STÉRÉOAUTOGRAMMÉTRIE $ 1. — Les Avantages. Nous allons montrer rapidement la supériorité vraiment écrasante de la stéréoautogrammétrie sur les anciens procédés partout où elle est applicable : 1. Rapidilé.— "Tout d’abord, la rapidité du lravail sur le terrain et au bureau laisse loin derrière elle . celle de {ous les procédés anciens aux mêmes échelles. ( Ainsi au 1/20.000 un lopographe exercé n'atteint pas 10 kilomètres carrés par mois dans un lever régulier à la planchette en montagne, soit 0 k°, 3 par jour de travail effectif. C'est le chiffre normal des opérateurs du Service Géographique de l'Armée pour les levers réguliers dans les Alpes, qui doi- vent servir de base à notre nouvelle carte au 1/50.000. D'autre part, l'Institut Géographique Militaire autrichien réalisait normalement, dans ses levers du Tyrol au 1/25.000, 2 kilomètres carrés par opé- rateur et par jour (150 kilomètres carrés en moyenne par campagne de six semaines, avec deux PLancue 1. él fs E : 0, Equidistance des courbes 1 mètre. ; Comparaison d'un lever lachéométrique avec la méthode stéréoaulographique. = Echelle ë Je me Res sente EAP nt mé ntauans Courbes de niveau reportées à l'autographe; ..... Courbes de niveau obtenues au lachcomètre; © Points taché Il ? ; . é 2 N Ê 5 ir # - Là > | F 1 à = AN | F [! . | A ad'ers & PRET de ‘5 : É DL PORT L "À : 1 Las d , y AL L .. Wa PAUL CORBIN — LA STÉRÉOAUTOGRAMMÉTRIE 245 __—_—_—_——— ———————————_— —————————————aEELELZLELZLELELELELELZLELZLEELELZEZEZLZLZEZEZEZLEEE équipes), par l'emploi du procédé photogrammé- trique Laussedat; 4.418 kilomètres carrés environ ont été levés ainsi à l’aide de 1.167 stations. Depuis 1909, comme on l'a vu, ce procédé à été complètement abandonné pour le procédé stéréo- autogrammétrique. Depuis ce moment, l'allure normale est de 800 kilomètres carrés par campagne annuelle de six à huit semaines, avec une seule équipe, soit environ 10 kilomètres carrés par jour et par opérateur ; 2.880 kilomètres carrés ont été levés ainsi jusqu'à la fin de 1912 avec 334 sta- tions. La différence entre les deux derniers procédés résulte surtout de la différence de rendement des stations en surface levée (L km” 2 environ dans le premier cas; 8 km? 6 environ dans le second). En 1913, en vingt jours, du 10 juillet au 1‘ août, l'équipe autrichienne a levé 390 kilomètres carrés avee 26 stations, soit 10 kilomètres carrés par station. Le lever du massif du Dachstein au 1/20.000, par la Société viennoise fondée par M. von Orel, la « Stereographik », embrasse 362 kilomètres carrés et a exigé 35 bases et trente jours d'opérations en 1912, soit 12 kilomètres carrés par jour et 10 km° 3 par base. Le terrain était d'ailleurs peu favorable, à cause de la prédominance des hauts plateaux avec peu de points culminants, ce qui obligeait, par conséquent, à multiplier les stations. Au 1/1.000, la vitesse des levers stéréoautogram- métriques, calculée sur de nombreux travaux techniques exécutés par la « Stereographik », est de 50 à 60 hectares par jour de travail effectif el par équipe, dans les terrains les plus difficiles. Or, ce n'est que sur des terrains faciles et très peu inclinés que l'on peut atteindre à peine le tiers de cette allure au tachéomètre (10 à 20 hectares), mais avec une précision et une exactitude bien inférieures; sur des terrains très accidentés d’allure, la pré- cision et l'exactitude baissent très rapidement. En ce qui concerne le travail cartographique, il n'y a plus de comparaison possible, puisque les anciens procédés ne fournissent rien d’analogue aux plans par courbes dessinées d’une façon con- tinue par le stéréoautographe. Disons seulement qu'un seul de ces appareils peut cartographier au moins 3.000 kilomètres carrés par an au 1/20.000, Sauf, bien entendu, les lacunes correspondant aux régions ou aux petits détails de planimétrie invi- sibles depuis les stations et qui doivent être com- plétées sur le terrain dans une deuxième campagne, et généralement par les procédés anciens, en raison mème de leur étendue toujours très faible, si les bases ont été judicieusement choisies; c'est dans celte campagne également que sera recueillie la « Nomenclature ». On concoit dès lors facilement quelles économies peut procurer le nouveau procédé dans l'exécution des plans en général, en particulier dans celle des cartes d'État, économies d'argent, de personnel, el surtout de temps. 2. Précision. — La précision des plans obtenus à l’aide du nouveau procédé a été longtemps mise en doute par les techniciens mal informés, el pourtant le fait seul de son adoption définitive, et à l'exclusion de tous autres dans tous les terrains favorables, par l'Institut Géographique Militaire autrichien, depuis 1908, et ce après seize ans d'expérimentation et de travaux continus sur une très grande échelle (2.870 kilomètres carrés de levers), aurait dû être considéré comme une garantie certaine de cette précision. Nous en donnerons néanmoins, ci-après, quelques preuves. Rappelons d’abord que le Service Géographique de l'Armée a procédé en 1911 à l’expérimentation, dans le massif de l'Oisans, du procédé stéréophoto- grammétrique, puis à la restitution du plan au 1/20.000, à l’aide du stéréocomparateur de Pulfrich.. Or, au cours du travail sur le terrain et en vue de fournir un contrôle, vingt-trois points bien nets compris dans les vues avaient été déterminés au théodolite, depuis les stations principales, par le procédé d’intersection. La position de ces points fut ensuite calculée trigonométriquement. Or, voici les termes du Rapport officiel au sujet des résultats de ce contrôle : « La comparaison de la position et de l'altitude des points de contrôle fournies par la restitution photogrammétrique, avec celles fournies par le calcul trigonométrique pour les mèmes points, à donné la mesure de l'exactitude des opérations de restitution. Les différences ont été inappréciables en position et n'ont pas atteint 2 mètres en altitude”.» C'est.à la suite de la répétition de ces constata- tions, en 1912 et en 1913, que l'acquisition d'un stéréoautographe Orel vient, comme nous l'avons dit, d'être décidée. La planche I représente un lever comparatif au 1/1.000 effectué aux environs de Vienne : 1° A l’aide du procédé stéréoautogrammétrique (courbes en traits pleins); 2 Au tachéomètre (courbes en pointillé et points isolés). Le lever tachéométrique, qui devait servir à « tarer » le nouveau procédé, a été naturellement exécuté avec un soin extrême, inusité même, puisqu'il comportait #rois cent cinquante points par 1 Cahiers du Service géographique de l'Armée, n° 34. grapniq Û VipaL : Rapport sur les travaux exécutés en 1911, page 44. hectare. Aussi a-t-il permis une définition par courbes équidistantes de ? mètre particulièrement exacte. On peut dire que ces courbes représentaient le maximum de précision du procédé tachéomé- trique compatible avec l'échelle. Le dessin à l’autographe a été exécuté sur la feuille même de ce lever tachéométrique. Or, tout d’abord, tous les points tachéométriques repointés à l’'autographe ont été retrouvés avec la même cote, sauf seize d’entre eux marqués d'une facon particulière sur la planche et ces seize points ont élé, après vérification, reconnus entachés d'une erreur dans les calculs tachéométriques. En second lieu, on voit de suite que les courbes tachéométriques interpolées ne sont pas tout à fait exactes et s'écartent même sensiblement de la réa- lité dans la région de droite, où elles sont trop sché- matiques et ne représentent aucune des délicates ondulations d'un petit ravinement, parfaitement rendu au contraire par les courbes continues du stéréoautographe. La supériorité de la précision est ici bien nette. Enfin, on se rend compte, en examinant la figure 17, qui reproduit le cliché de la station de gauche de la base, à quel point ce terrain uni et sans obstacle se prêtait à un lever tachéométrique précis et facile et on remarque immédiatement aussi que l'ancien procédé Laussedat n'aurait rigoureusement rien pu donner, puisque le cliché nemontresur ce terrain fuyant etuniabsolumentau- -cun détail appréciable se prêtant àune construction graphique quelconque. C'est une réponse topique aux techniciens qui croient encore que la nouvelle méthode ne peut s'appliquer, comme l’ancienne, qu'aux terrains en amphithéâtre; et c'est en même temps la preuve que l’ancienne photogrammétrie n'a plus de raison d'être et doit disparaître. La planche II reproduit, mais au 1/2.000, c'est- à-dire réduit de moitié, le lever au 1/1.000 du lac de Pormenaz, aux environs du col d'Anterne (Haute- Savoie), lever exécuté sur notre demande par la « Stereographik », au mois d'août dernier, pour servir de base à une étude technique spéciale. La durée du travail sur le terrain a été d’une demi- journée et au stéréoautographe de vingt-trois heures. Les courbes, sur notre demande, n'ont été dessinées que jusqu’à la cote + 20 mêtres au-dessus du lac et il n’y avait aucune planimétrie. Les trois bases nécessaires sont représentés avec leur direc- tion et leur longueur, ainsi que le champ des trois clichés de la station de gauche de chaque base. Or, pendant le travail au stéréoautographe on a pu constater que, le « repère idéal » ayant été réglé à un moment donné par l'opérateur pour rester dans un plan qui, si l'appareil élait exact, devait être horizontal et correspondre à la surface du lac, PAUL CORBIN — LA STÉRÉOAUTOGRAMMÉTRIE ce repère a pu ensuite être amené par l'opérateur à suivre avec précision les moindres sinuosités de la rive du lacet de l’ilot central (fig. 1, pl. VI). C'est une preuve saisissante de la précision de l'instrument, puisqu'il s'agissait là d’une courbe de niveau con- tinue tracée sur le terrain même par la nature. Citons encore ce dernier fait: c'est que les divers tracés d’une même courbe de niveau, obtenus par plusieurs opérateurs se succédant à l’autographe, se superposent si exactement que le trait épaissit purement et simplement. On voit done que la précision du procédé est au moins égale à celle des procédés anciens les plus perfectionnés aux mêmes échelles et, ee qui est plus étonnant encore, qu'elle ne dépend que pour une faible part des opérations sur le terrain, qu'elle est en quelque sorte constante et qu'elle est toujours la précision maxima compatible avec l'échelle du plan fourni par le stéréoautographe. 3. Richesse du modelé. — Un autre avantage capital, et sur lequel il y a lieu d'insister, des plans fournis par le stéréoautographe, consiste dans la richesse et la délicatesse infinies du modelé de terrain qu'il fournit à l’aide de ses courbes con- | tinues. À ce point de vue, aucun autre procédé ne peut, même de loin, donner quelque chose d’ap- prochant. On peut même dire que jamais des modelés de terrain d'une pareille vérité n'avaient été même entrevus. L'ancienne courbe de niveau, la plupart du temps interpolée, ou, exceptionnel- lement et sur de très petites étendues et aux très grandes échelles, « filée » à l’aide de quelques points sur le terrain, n'était généralement qu'une approximation plus ou moins grossière de la réa- lité, un simple schéma. Que dire de celle interpolée au bureau, d'après quelques points cotés, semés le moins mal possible sur le papier, construits eux- mêmes d'après les chiffres sans contrôle des carnets d'opérateurs? C’est pourtant le cas de presque tous les levers dits de précision au tachéomètre et on à vu plus haut que, même dans un tel lever d’ex- trême précision, il s'est encore glissé des erreurs impossibles à reconnaitre. L'aspect des cartes avec courbes stéréoautogra- phiques est tellement nouveau pour l'œil des techniciens, en raison de la richesse inouïe de son modelé, que quelques-uns se sont plaints de cette richesse même qui empêcherait de se rendre compte de l'ensemble des formes du terrain. Pour notre part, nous n'avons jamais eu celle im- pression, bien au contraire, Toutefois, comme l'a fait observer von Orel, rien n’est plus facile, dans le travail final d'exécution de la carte, que de supprimer les petites sinuosités de la nature qui pourraient être considérées comme gênantes à ceb PLaxcse Il. | rt monii“t.-dhm“sES PAUL CORBIN — LA STÉRÉOAUTOGRAMMEÉTRIE —— égard; mais la différence est essentielle avec les autres procédés qui fournissent des courbes dont aueun point, sauf très exceptionnellement, n'est exact, tandis qu'ici la plus grande partie de la courbe finale — et de beaucoup — est absolument exacte et, en outre, il reste toujours, chose capitale, à l'appui de la simplification du dessin de la courbe finale, la courbe originale du stéréoauto- graphe. Actuellement, rien de pareil : tout dépend du travail du topographe sur le terrain (nous ne parlons pas des levers tachéométriques, générale- ment très inférieurs au point de vue courbes de niveau), et par conséquent de sa valeur person- nelle, de son instruction, de son expérience et de son habitude du terrain, de ses connaissances « topologiques » en un mot. Or, on peut dire que ce n'est que depuis bien peu d'années (15 à peine) que la topologie, cette science nouvelle, s’est suffi- samment répandue chez les meilleurs topographes pour que les levers de terrains accidentés à la planchette et au 4/20.000, qui servent générale- ment de base à la réfection de la carte des grands États, aient cessé d'être de véritables caricatures du terrain. Les cartes actuelles d'un grand pays doivent satisfaire à des besoins de plus en plus variés et par conséquent répondre à des exigences loujours croissantes. En particulier les recherches de géo- graphie physique ou de géologie imposent au topo- graphe moderne une connaissance approfondie de leurs principes, s’il veut établir une carte qui puisse ensuite fournir une base sérieuse, indispensable actuellement, à ces sciences. Et néanmoins, quelle difficulté dans ces levers sur le terrain! Comme l'a dit, dès 1868, le Colonel Goulier, le Maitre incontesté de l'ancienne Topographie fran- caise : « Le topographe parcourt le terrain pas à pas, comme le moucheron qui circule sur le modèle du sculpteur. Il ne voit la surface que par éléments successifs et quand parfois il parvient à obtenir, pour une partie assez restreinte, une vue d’en- semble, cette surface est souvent éclairée défavora- blement et souvent aussi l'observateur est trop distant pour que la vision binoculaire lui fasse concevoir avec exactitude les formes qu'il doit représenter. » Dans la nouvelle méthode, au contraire, l'opé- rateur sur le terrain n’a besoin d'aucune de ces qualités généralement bien rares; il n’est même pas, à proprement parler, un topographe : il doit simplement être soigneux, consciencieux, et habi- tué au maniement des instruments de précision et à la photographie. La seule expérience qu'il doit avoir et qu'il acquiert d’ailleurs bien vite, c'est celle du meilleur choix des bases, en vue d'em- brasser le plus de terrain possible dans ses clichés, 247 et cela consiste la plupart du temps à s'élever le plus haut possible. 11 n’a rien à étudier du lerrain, rien à interpréter, rien à comprendre, rien à des- siner. Et au bureau encore, pas de topographe au sléréocomparateur, simplement un opérateur pos- sédant des yeux normaux au point de vue de la vision stéréoscopique et des mains également habiluées au maniement des instruments de pré- cision. Le résultat presque instantané de ces opérations purement mécaniques, c'est un plan par courbes d'une richesse merveilleuse de modelé et qui est l'image d'autant plus fidèle de la nature que rien n'est plus facile que de tracer dans une région trop accidentée toutes les courbes intercalaires que l’on désire pour analyser plus complètement les mou- vements de terrain qui seraient reconnus devoir échapper entre deux courbes à l'équidistance nor- male de la carte, courbes toujours aussi fidèles d’ailleurs que les précédentes. Comme l’a fait remarquer von Orel, c’est la sup- pression de toute personnalité dans les innom- brables minutes qui servent de base à la carte d'une grande région, au lieu de la collection actuelle de véritables manuserils individuels, qui ne valent chacun que par le talent de leur auteur, par quoi s'expliquent les variations dans la qualité du modelé que l’on observe si fréquemment dans les grandes Cartes, non pas même d’une feuille à l’autre, mais sur une même feuille. C’est enfin le renversement complet et extraordi- naire de l'ordre même d'exécution des parties essentielles d’une carte : planimétrie, détermi- nation des points cotés, construction des courbes. Le nouveau procédé fournit, dès le début et avant tout au cartographe, les courbes qui étaient jadis pour lui le couronnement capital de son travail. Passons au travail dit « de généralisation » qui s'impose ensuite pour l'exécution de la carte pro- prement dite d'Etat, laquelle est ordinairement à échelle inférieure à celle des minutes”. Ici, seulement, il faudra toujours, dans toutes les méthodes, un topographe de premier ordre, puisqu'il s’agit de simplifier, de schémaliser, et cela la plupart du temps en supprimant des courbes pour laisser le champ libre à la planimétrie et aux écritures dont l'importance relative augmente à mesure que l'échelle diminue. Ce travail exige une expérience consommée, puisqu'il faut savoir rendre visibles et saisissables les traits caractéristiques d'un terrain qu'il est généralement impossible à l'exécutant de connaître de visu dans tous détails ; il est réduit à tout tirer des minutes dont ses ‘ Ainsi, pour la nouvelle carte de France au 1/50.000, les minutes sont levées au 1/20.000 et mème, pour certaines régions, au 1/10.000. il dispose et à s'inspirer de son expérience et de ses connaissances lopologiques. Aussi, bien souvent, comme l’a dit le général Berthaut : « On sent la nécessité d'aller voir sur le terrain même comment il est fait ». Et il faut pourtant se contenter d'adopter un tracé pour la seule raison qu'on le croit le plus probable. Avec le nouveau procédé, rien de plus facile : il suffit au topographe en chambre de se pencher sur le stéréoscope à miroirs portant la paire de diapo- sitives qui représente la région à généraliser, pour avoir immédiatement sous les yeux le terrain lui- même et non plus un petit coin de ce terrain, mais son ensemble sur 15 ou 20 kilomètres carrés, avec un relief saisissant et la perception aiguë et instan- tanée du modelé des grandes formes. Quelle supé- riorité sur le misérable moucheron décrit par le colonel Goulier ! La tâche du « généralisateur » sera d’ailleurs encore facilitée si les opérateurs sur le terrain, les photographes en un mot, sont munis d'appareils stéréoscopiques à main de pelit format (4,5/10,7) et ont soin de recueillir, au cours des marches effec- tuées pour leurs ‘opérations régulières, des collec- tions de petits clichés stéréoscopiques « à grand écarlement », suivant le procédé si simple el si rapide indiqué à la page 235, toutes les fois qu'ils passent en un point fournissant de belles vues d'ensemble sur la région du lever. Il y à encore là un avantage capital qui sera facilement apprécié des spécialistes. Les exemples qui suivent permettront au lecteur de se rendre compte de cette supériorité du modelé des cartes stéréoautogrammétriques. La planche IIT est empruntée à la carte de France, dite de l’Etat-Major au 1/80.000 (feuille d'Annecy, nord-est). Le trait bleu plein indique les contours d'un lever au 1/20.000 que la « Stereographik» a exécuté et cartographié pour notre compte au mois d'août dernier, lever appuyé sur le réseau de triangulation si exact de MM. Vallot, que ces Mes- sieurs avaient bien voulu nous communiquer. La surface correspondante est de 140 kilomètres carrés environ. Le trait bleu interrompu indique le terrain total embrassé par les clichés, c'est-à-dire celui qui a été réellement levé et qui aurait pu étreaussi facilement il embrasse 237 kilo- mètres carrés. Les flèches indiquent la direction de l'axe du cliché normal de gauche des difré- rentes bases. La carte terminée neus a été livrée à la fin du mois de janvier 1914, mais elle est de cartographié ; trop grandes dimensions pour pouvoir figurer ici. Disons seulement qu'une grande partie de ce lever au 4/20.000 appartient au territoire du Canton de Saint-Gervais (Haute-Savoie), dont le cadastre a été refait avec un très grand soin, il y a une quin- 218 PAUL CORBIN — LA STÉRÉOAUTOGRAMMÉTRIE zaine d'années. La Direction du Cadastre du dépar- tement de la Haute-Savoie a bien voulu nous faire élablir une copie de haute précision du « tableau d'assemblage » au 1/20.000 de ce cadastre, en v reportant ses points trigonométriques, ainsi que ceux de la triangulation de MM. Vallot. Il a done été facile de superposer exactement ce calque et le plan original par courbes donné par l’autographe; la concordance a été absolument surprenante, car tous les moindres ruisseaux du calque sont venus se loger dans les thalwegs du plan par courbes. C'est encore une preuve remarquable de la préci- sion du nouveau procédé. La planche IV reproduit une partie du plan complet par courbes fourni par l’autographe Orel et relatif à un autre lever exécuté pour son propre comple par la « Stereographik », à l'aide d’une seule base depuis le Brévent sur tout le versant opposé de la vallée de Chamonix jusqu'aux crêtes du mont Blanc. Les cinq points de contrôle pro- viennent de la triangulation de MM. Vallot, très obligeamment mise à notre disposition par ces Messieurs. Les trois clichés ont ainsi fourni d'un seul coup, au stéréoautographe, 30 kilomè- tres carrés de plan par courbes portant sur des régions dont une grande partie est absolument inaccessible (trait rouge de la planche III). Nous remercions M. von Orel de nous avoir autorisés à reproduire ici ce document encore inédit, d'autant plus intéressant qu'il comprend loute Ja plani- métrie qui a pu être discernée sur les clichés et exéculée à l’aulographe. La figure 2 de la planche VIdonne l’ensemble du panorama de la station de gauche de cette unique base qui à exigé environ 1 h. 1/4 sur le terrain. Nous attirons l’atlention sur l'importance des sur- faces boisées, qui, comme on le sait, rendent presque impossible l'identification des points dans l’ancien procédé de Laussedat. Signalons tout d’abord la représentation de la muraille formée d’arêtes à pic qui termine le plan au sud-est, muraille dans laquelle on à maintenu le tracé des courbes de 20 en 20 mètres, ce qui lui donne toute la valeur d'un document scientifique, au lieu du schéma purement conventionnel, etplus ou moins artistique, dont il a toujours fallu se contenter jusqu'à présent en pareil cas. On remarquera ensuite la richesse extraordinaire du modelé des surfaces glaciaires où les grandes crevasses apparaissent nettement et exactement, le détail si intéressant des pelits ravins escarpés, lits des anciens torrents sous-glaciaires, la plastique si compliquée du sommet du grand contreforl boisé séparant le glacier des Bossons de celui de Taconnaz. Il est très instructif de comparer ce plan par courbes, exécuté à l'aulographe, à la belle carte ee a 0 Mans | PLancue Ill. Surpcément À LA Aevue générale des Sciences pu 30 Mans Maudit es { (4 ÿ Mtrovo A 10Kilom Limites du terrain leve stercophotographiquement à l'aide des bases autres que cellës du Brévent. Limites du terrain cartographié par le stéréoautographe. Limites du terrain levé stéreophotographiquement depuis Ja base du Brevent (2,10). Limites du terrain embrassé par le plan siéréoautographique de la planche IV. Position de la Station de gauche, direction de l'axe ‘ normal" et aurmerotage de chaque base. Planche W. LÈ —e ù \ Extrait d’un lever | j ] stéréautographique des pentes de la rive gauche de la Vallée de l’Arve 16 au Sud-Est de Chamonix. 4 LFh.. ve RS) SP S Levé, le 24 Août 1913 par M' l'Ingénieur Wolf de la ,,Stéréographik‘ de Vienne Echelle _1 20.000 Equidistance des courbes 20 mêtres F1. 4. À Hôtel du Plan de l'Aiguille 5" 2 2 2 tével nib: Hewxa ; ours diusl bhresinéqgaëb nat ME kinomsñO sb tentes aie là. RCA + E LUE DRE UTT D Fc sunsiV 26 Plifiqe poènèls ‘le welnigal LE tel - Le GAS endue fEr d'a tE PAUL CORBIN — LA STÉRÉOAUTOGRAMMÉTRIE provisoire déjà citée de la même région et à la “même échelle publiée par M. H. Vallot. Cette comparaison montre immédiatement la précision extraordinaire de ce plan, car les deux systèmes de courbes peuvent se superposer presque partout dans leur ensemble, ainsi que les crêtes morai- niques; quant aux ruisseaux de la carte, ils se logent exactement dans les thalwegs du plan. Mais les courbes du plan sont partout infiniment plus riches de détails, et dans les régions inabor- “dables Loisées ‘ où l’ancienne photogrammétrie n'a pu fournir qu'un schéma très approximatif, les “différences deviennent très considérables (voir en “particulier le contrefort entre les Bossons et “laconnaz ainsi que les abrupts au sud-ouest de «Pierre-Pointue); on se rend bien compte ici de la supériorité de la nouvelle méthode. —. La planche V, enfin, est un fragment d'un plan technique au 1/1.000 d'une région rocheuse très “escarpée aux environs de Fiume (Croatie), dont la photographie jointe donne une idée exacte. Il est permis d'affirmer qu'aucun procédé connu n'aurait pu fournir, d'un pareil terrain, autre chose qu'une grossière et informe image à pareille échelle. Aussi le modelé obtenu sans la moindre difficulté “au stéréoautographe, à l’aide de courbes à l’équi- “distance de un mètre, est-il ici vraiment stupéfiant “et constitue-t-il un document scientifique de haute précision, d'un aspect absolument inconnu jusqu'à présent. En résumé, au point de vue de la richesse et de Vexactitude du modelé du terrain dans les minutes, comme aussi des facililés incomparables qu'il rocure pour la « généralisation » nécessaire de ce odelé lors de l'exécution de la carte proprement ile à échelle plus faible, le nouveau procédé résente une supériorité indiscutable sur tous les anciens. Signalons encore un avantage : c’est la possi- “… L'examen du panorama qui a fourni ce plan est encore extrêmement intéressant au point de vue de l'application de la méthode aux régions boisées, car il montre avec évi- dence qu'aux échelles moyennes la présence de hautes ürêts de sapins ne gène en rien la construction des ourbes. Et cela se concoit aisément; d'une part, en effet, & modelé de la surface supérieure de la forêt est, à ces chelles, très sensiblement identique à celui du sol sous. acent; d'autre part, il est presque toujours possible Wapercevoir et de viser le sol lui-même en divers points de forêt, de façon à déterminer des cotes de contrôle. Quant aux levers aux grandes échelles, ces régions de la forêt où le sol est bien visible et nettement déterminable sont naturellement beaucoup plus nombreuses et impor- tantes, en raison même des faibles distances (100 à 100 mètres), auxquelles, dans ce cas, sont toujours pris les clichés. En fait, l'expérience a montré que, sur ces plans au 1/1.000 ou au 1/2.000, les courbes ne présentent d'indé- tision due à cette cause que sur de très faibles étendues; on les figure alors en pointillé, comme celles des régions nu la visibilité laisse à désirer (voir les planches II, IV et V). 249 bilité indéfinie du. contrôle d'une carte sléréo- autographique. Il suffit de « retravailler » les clichés pour s'assurer de l'exactitude du travail précédent. Enfin, rien n’est plus facile dans bien des cas que de tirer des clichés, en les « retravaillant » au stéréoautographe, un plan à échelle plus grande, ce qui est un avantage précieux, car on peut ainsi obtenir une carte plus détaillée, avec courbes de niveau plus serrées, d’une région particulièrement intéressante. Actuellement, il faut, dans ce cas, se borner à agrandir la première carte avec toutes ses erreurs el on ne trouve jamais dans l’agran- dissement que ce qu'il y avait dans l'original. Sinon, il faut refaire à grands frais tout le travail sur le terrain. En somme, la nouvelle méthode permet, pour ainsi dire, de conserver le terrain lui-même au bureau, au lieu de n'avoir, comme maintenant, dans les archives, que les minutes forcément in- complètes fournies par la planchette, ou les encom- brants et invérifiables carnets de chiffres du tachéomètre. $ 2. — Les Applications. Les avantages de la nouvelle méthode à tous les points de vue : célérité, économie, précision, richesse du modelé, impersonnalité du travail, permanence de la vérification, sont tels qu’on a le droit de considérer son apparilion, non pas comme un simple progrès, mais comme une véritable révolution dans la topographie et la cartographie. Aussi, les applications des plans stéréoautogram- métriques semblent-elles devoir être, à bref délai, très importantes et très variées. Au point de vue des Cartes d'État, c’est la possi- bilité d'obtenir beaucoup plus rapidement et plus économiquement des cartes générales d'une qua- lité et d’une uniformité de style bien supérieures à celles actuelles. Ce résultat est surtout très im- portant pour les pays neufs, pour les Colonies en particulier, où l'exécution de travaux précis sur le terrain est en général si longue, si coûteuse et si pénible. En ce qui concerne les plans officiels aux grandes échelles, il semble aussi que les levers cadastraux au 1/1.000 ou au 1/2.000 pourraient, dans bien des cas, être avantageusement exéculés par cette méthode, spécialement dans les régions acciden- tées. Nous n'’insistons pas sur l'intérêt de premier ordre que présenterait pour le publie en général l'existence de plans parcellaires accompagnés de courbes de niveau précises et exactes, à équidis- tances de 4 à 5 mètres. Il y aurait là, pour ces Administrations, un débouché, inexistant actuel- lement, mais certainement très considérable dans l'avenir. 250 Au point de vue scientilique, c'est un champ nouveau ouvertaux investigations de la Géographie physique et de la Géologie. H n'est pas douteux, en effet, que les spécialistes tirent grand profit de l'étude approfondie de ces cartes nouvelles, au modelé si extraordinairement riche et en même temps si scrupuleusement exact. Signalons, en particulier, l'étude des phénomènes d'érosion dans leurs manifestations si variées, ou de ceux relatifs au volcanisme, la glaciologie où tant de problèmes sont encore si ardemment discutés", l'hydrologie, la géographie botanique même. Quant au géologue, quelle satisfaction pour lui de disposer enün, pour ses tracés des contours des couches géologiques, pour l'étaklissement des cartes géologiques en un mot, de cartes topogra- phiques où le modelé, le figuré du terrain ne soient plus, comme c’est le cas trop souvent, si infidèles, si inexacts, ou si mal compris qu'il en est réduit à fausser systématiquement ses propres contours pour ne pas aboutir à des invraisem- blances sur la carte, ou même à renoncer à représenter des phénomènes très importants, mais en désaccord complet avec une topographie fausse. Les Æxplorations scientifiques bien outillées trouveront aussi certainement un précieux auxi- liaire dans le nouveau procédé pour l'établissement rapide de cartes des régions parcourues, bien supérieures à tout ce qui a pu être réalisé jusqu’à présent, en raison de la portée de 40 à 20 kilomètres que des bases bien choisies permettent de réaliser. De même et pour les mêmes raisons, les.levers de côtes mal connues sont des plus faciles à exécu- ter depuis le pont d’un navire équipé à demeure et à ses deux extrémités de stéréophotothéodolites munis d’obturateurs manœuvrés simultanément à l’aide d'un courant électrique®. En ce qui touche l'Art militaire, une application intéressante de ces nouvelles cartes pourra certai- nement être celle des plans employés pour le « Jeu de la guerre », qui ne sont actuellement que de simples agrandissements au 1/10.000 et même au 1/5.000 des minutes au 1/20.000 des cartes d'Etat et où les intéressés ne peuvent évidemment "A cet égard, la comparaison du plan par courbes de la planche IV avec la carte provisoire déjà citée de M. H. Vallotest des plus instructives. Elle met en évidence d'une Luçon 1rès nette le recul général et très pronon'é des quatre glaciers qui figurent sur ce terrain (Bssons, Pélerins, Blaitière et Nantillons), recul réalisé au cours de la courte période comprise entre les dates d'exécution des deux lévers (1906 et 1913). La diminution porie aussi bien sur la longueur que sur la largeur. On voit de suite combien plus facilement des levers périodiques à grande échelle, exé- cutés si ai ément par cette méthode, permettraient de suivre les variations des masses glaciaires que les procédés si lents et si compiiqués encore en usage actuellement. # Un navire de guerre autrichien, un russe et trois alle- mands sont, depuis plusieurs années, armés de cette façon. PAUL CORBIN — LA STÉRÉOAUTOGRAMMÉTRIE A ——— trouver autre chose, comme modelé, que ce qu'il y a sur l'original. Or, au 1/20.000, un ravin de | 20 mètres de largeur, ne représentant qu’un milli- | mètre, ne peut être figuré ; c'est pourtant déjà un obstacle lactique sérieux. En somme, toute la série des couverts où des obstacles petits ou moyens | manque complètement sur ces cartes, où elle serail pourtant de grande importance. La possi- bilité de tirer des clichés stéréoautographiques des plans à plus grande échelle, plus détaillés comme modelé, permet donc d'obtenir des cartes d'étude bien plus instructives que les grossiers agrandisse- ments actuels. Mais ce sont surtout les « Plans directeurs » des abords des places fortes exécutés au stéréoauto- | graphe qui présenteront, sous le même rapport, d'énormes avantages sur les plans actuels, où la plupart du temps le figuré du terrain est très insuf- fisant et trop simplifié pour les besoins de la défense. Ici, la possession d'une carte à grande échelle, présentant un modelé extrêmement détaillé des. zones possibles des attaques, procurera une supé- riorité considérable à l’arüllerie de la défense. Il va de soi que ces cartes spéciales ne seraient exécutées que pour les régions, généralement assez. peu étendues, réellement utilisables par l'ennemi et non pas, comme actuellement, uniformément tout autour des places fortes, et, en outre, que ces plans ne seraient pas mis dans le commerce. Pour l’/ngénieur, l'intérêt est aussi grand, sinon plus, de trouver dans les nouvelles minutes si exactes des cartes d'Etat des bases de premier ordre pour tous les avant-projets d'ensemble (chemins de fer, routes, canaux, irrigations, etc.), en pays accidenté. Un cas spécial, très fréquent actuellement, est celui des études de captage des hautes chutes en monlagne, où généralement les minutes exis- tantes des cartes d'Etat sont trop peu exactes pour une étude préalable sérieuse du projet et obligent à procéder immédiatement à des levers coûteux sur le terrain. Or, presque toujours, en raison de ce coût et surtout de la durée excessive: de ces travaux, l'ingénieur se borne à choisir, sur le terrain même, le tracé qui lui parait le plus favorable et à faire ensuite lever ce seul tracé par le topographe, ce qui rend impossible la discussion d'une variante souvent plus intéressante, faute d’un lever précis suffisamment complet et étendu. La nouvelle méthode permet, au contraire, d'ob- tenir, beaucoup plus rapidementetà moins de frais, un plan de haute précision à échelle moyenne (415.000 à 1/10.000) embrassant {out le terrain où peuvent se développer les variantes possibles, sans: choix préconcu. Fragment d’un lever Stéréoautogrammétrique aux environs de Fiume (Croatie) Ech, 1/,000. Equidistance des courbes 1 mètre. A. ee RÉ. Mod ge A Ne nn nm en a oen orqe AQ e dn , . h . Fous (NN PAE . à et Rise DROLE HE pit \ LE D NOTÉE 24 PATTES ANNOTEE MUS E EPTITPERP Planche VI. Fig. Î Lever Stéréoautogrammétrique du Lac de Pormenaz (H: Savoie) Panorama de la base 1 (Station de gauche) avec les perspectives des courbes de 5 en 5 mètres tracées automatiquement par le Stéréoautographe. Aïquille du Plan Mont Blanc Fig. D Lever Stéréoautogrammétrique de la rive gauche de la Vallée de l'Arve au Sud-Est de Chamonix Panorama de la base unique du Brévent (Station de gauche). PAUL CORBIN — LA STÉRÉOAUTOGRAMMÉTRIE Que dire aussi de la valeur des plans détaillés actuels à grande échelle (1/1.000 à 4/2.000) dont ila besoin pour l'exéculon mème des grands travaux si difficiles en terrains escarpés, comme les chemins de fer de montagne et particulièrement les con- . duites forcées métalliques qui descendent souvent au milieu de falaises inabordables. Ici, le pro- blème est insoluble pour le topographe. Aussi « faut-il se borner à des estimations complètement « à l'œil » du coût du travail avant que les ouvriers du constructeur, soutenus par des cordes le long des à-pics, aient pu mesurer au cordeau et avec des gabarits en bois les longueurs et les angles de la conduite. Alors seulement l'ingénieur sait où il va. Le lever stéréoautogrammétrique lui fournira maintenant des plans au 1/1.000 ou au 17/2.000, d'une précision et d’un détail extraordinaires dans là représentation des falaises les plus escarpées, et cela au prix de quelques heures d'opérations sans fatigue sur le terrain. C'est même là un des cas où le nouveau procédé s'applique avec la plus grande facilité. La très grande majorité des conduites forcées se trouve en effet, par nature, dans des situations topographiques lelles que tout le terrain où elles se développent, ainsi que toutes les va- riantes possibles, peuvent être embrassés dans le seul cliché « normal » d'une base loujours des lus faciles à placer. Mème intérèl pour les projets de construction des grands barrages de retenue à travers des val- lées ou sur les seuils des lacs. Iei encore, l’obten- ion très rapide et peu coûteuse d’un plan réelle- -ment précis et exact à grande échelle (1/1.000) est . première importance pour une estimation des cubes de maçonnerie et du prix de tous les ouvrages - accessoires, qui ne réserve pas de surprises désa- gréables à l'exécution. Les grandes exploitations de carrières ou de mi- nières, ou les grands chantiers de terrassements (canaux, tranchées, remblais, digues, etc.) trouve- ront peut-être aussi un précieux auxiliaire dans ces plans de précision, si faciles à obtenir pour l'exécution de leurs grands « états de lieux » pério- iques. $ 3.— L’Avenir. Nous avons terminé l'étude sommaire de ce nou- veau procédé si plein d'avenir. Disons toutefois - le dernier perfectionnement n'est pas encore à réalisé : il faut toujours un terrain approprié pour “pouvoir l'appliquer, un terrain qui présente évi- demment quelques parties d'où l’on puisse avoir des vues suffisantes ; il faut, en somme, qu'il existe des points d'où l'objectif photographique puisse « xoir » la région à lever. Or, si bien toutes les 251 sujélions gênantes el si restrictives du début ont disparu, particulièrement l'obligation du «cas normal », il n'en reste pas moins que cette dispo- sition de terrain peut faire défaut. C’est même le cas général dans les pays de plaines ou dans les régions faiblement ondulées et couvertes de forêts, telles que les landes de Gascogne, où il est maté- riellement impossible de trouver un point décou- vert. La solution, dans ce cas, serait Le lever par voie aérienne, non pas le lever à l’aide de photographies simples, prises du haut d’un ballon libre ou captif, mais le lever stéréoautogrammétrique, que nous appellerons stéréo-aérien, exécuté depuis un sup- port constitué soit par un ballon libre ou captif, soit par un train de cerfs-volants. Dans ce cas, toutes les objections élevées, depuis longtemps et à juste titre, contre les levers aériens tombent. Un à fait observer que, depuis un ballon, on ne perçoit plus les mouvements de terrain et qu'on ne peut tirer de plusieurs clichés pris en ballon (et cela à l’aide de restitutions extraordi- nairement pénibles et difficiles) que quelques rares points colés qui ne donnent pas un modelé supérieur à celui que fournissent les sondages des fonds sous-marins. Cette remarque est absolument exacte dans le cas de l’ancienne photogrammétrie, mais tombe immédiatement quand il s’agit de clichés stéréo- scopiques, car la sensation de relief est aussi bonne, quel que soit le « plongement » de l'objectif sur le terrain. Il suftit, pour s'en convaincre, d'examiner au stéréoscope des clichés stéréoscopiques pris avec une base suffisante, élevée de 1.000 ou 2.000 mètres au-dessus du terrain photographié, avec au besoin l'axe optique incliné de 60° ou plus. L'effet est aussi saisissant que sur les clichés sté- réoscopiques ordinaires, tandis que si l'ob-erva- teur ferme un œil pour ne plus regarder que l'un des clichés, toute perception de relief dis- paraît instantanément, et le terrain aplati devient complètement incompréhensible. L'objection de principe est donc rigoureusement sans valeur, et il ne reste plus à considérer que la possibilité de la réalisation pratique. Nous étendre sur ce point serait sortir des limites de ce travail; disons seulement que la solution de ce problème capital parait moins lointaine, moins irréalisable que celle que le stéréoautographe vient d'apporter d’une façon si complète, disons le mot, si merveil- leuse, à la topographie photographique. C'est pour le moins d’utopiste, sinon d'aliéné, qu'aurait été traité, il n’y a pas quinze ans, l’au- dacieux qui eût osé prédire qu'un jour prochain viendrait où le premier venu pourrait dessiner automatiquement et d'une facon continue, jusqu'à 232 GEURGES BAUME — SUR QUELQUES APPLICATIONS DE L'ANALYSE THERMIQUE des distances de 10 à 15 kilomètres et plus, toutes les courbes de niveau du terrain embrassé par un simple cliché stéréoscopique, sans avoir jamais vu ce terrain, et cela avec une précision impeccable et une vitesse déconcertante. Le chemin qui reste à parcourir pour libérer complètement du terrain la stéréoautogrammétrie, en lui ouvrant la voie des airs, et en rendre dès lors l'application absolument générale, semble vrai- ment moins long et, dès maintenant, la solution est sérieusement abordée de divers côtés. Nous souhaitons que ce capital et décisif essor de la topographie photographique se réalise enfin dans notre pays, dans la patrie de son illustre créateur, le colonel Laussedat. Paul Corbin. SUR QUELQUES APPLICATIONS DE L’'ANALYSE THERMIQUE Peu de chapitres de la Chimie physique ont pris, depuis quelques années, un développement expé- rimental comparable à celui de l'analyse ther- mique *: près de 150 systèmes binaires et ternaires minéraux el presque autant de systèmes orga- niques ont été étudiés dans les recherches publiées en 1912, soit par les méthodes de l’analyse ther- mique proprement dite que l'on doit à Tammann, soit par les diagrammes de fusibilité *. Cette mul- tiplicité de travaux de valeur inégale, dont le but n'apparaît pas toujours très net au lecteur, tend à discréditer aux yeux de certains chimistes un moyen d'investigation ”* qui leur est déjà peu sym- pathique, puisqu'il ne considère la combinaison chimique que comme un accident du diagramme de fusibilité. Aussi m'a-t-il semblé utile de rappeler ici les principales applications de l'analyse ther- mique, non seulement pour donner à quelques chercheurs le moyen d'étendre les résultats de leurs expériences, mais aussi pour permettre à leurs critiques de les juger avec plus d'impartialité. I. — FORME DES DIAGRAMMES. Je supposerai dans cette étude que les principes de l'analyse thermique originale ou simplifiée {dia- grammes de fusibilité) sont connus par l’un des ouvrages récents qui en ont donné le résumé *. Je * Le nombre des systèmes binaires organiques signalés dans les index récemment publiés par Wroczynski et Men- schutkin s'élève à plus d: 600. Cf. J. Ch. phys., t. NIN, p. 569, 1910 ; t. IX, p. 641, 1911. ? Ceux-ci, obtenus en déterminant le point de solidifica- tion commencante de mélanges en diverses proportions du système, sont de véritables courbes de saturation obtenues par uue extension des méthodes cryoscopiques et permettant d'obtenir aisément une partie importante des diagrammes de Tammann. On sait d'autre part que ces derniers sont fondés sur la connaissance des courbes de refroidissement de ces mêmes mélanges. * Et il en est de même de la règle des phases, qui est à la base de ces recherches. * Voir notamment les excellents Traités de J. CavaLtER (Lecons sur les alliages métalliques, Paris, 1909) et de E. ReNGADE (Analyse thermique et métallographie micro- scopique, Paris, 1909). | ne donnerai par conséquent aucune indication sur les diverses formes des diagrammes et leur signili- cation ; je rappellerai simplement deux cas parti= culiers de ceux-ci, qui me semblent insuffisamment connus, bien qu'ils soient importants par leurs conséquences. Dans les systèmes donnant lieu à des combinai- sons d’addition, on admet souvent que la réaction qui leur donne naissance est totale, et l'on exelut le cas d'une dissociation quelconque de la combi- naison formée: on substitue ainsi au problème général un de ses cas particuliers. H. W. Bakhuis Roozeboom et A. H. W. Aten ont éludié, ainsi que A. Portevin ‘, le cas où les deux composants et la combinaison peuvent exister simultanément dans le mélange liquide, — ce qui moditie profondément la marche de la solidification, — puisque ces mé- langes sont de véritables systèmes ternaires (Rooze- boom les a désignés sous le nom de sys/èmes pseudo-binaires). Lorsque la dissociation des com- posés à l’état liquide absorbe de la chaleur, et que, par suite, elle augmente avec la température, l'effet principal du phénomène est de remplacer, dans le liquidus, le point anguleux du distectique par un maximum continu, dont le rayon de courbure est d'autant plus grand que la dissociation est plus considérable. Si celle-ci dégage au contraire de la chaleur, c'est-à-dire si le composé se forme avec absorption de chaleur, sa concentration croît avec la température, et un mélange donné peut pré- senter deux points de solidification commencante pendant son refroidissement, séparés par un inter- valle de reliquéfaction, dù à le dissociation du composé endothermique lorsque la température s'abaisse. Un exemple très remarquable de ce dernier cas parait donné par les mélanges riches en carbone fr 1 H. W. Bakauis Roozesoom et A. H. W. Aren : Z. pays: Chem., t. LUI, p. 449, 1905; A. Porrevin: Rev. de Métall., t. VIII, p. 7, 4911. On trouvera dans ce dernier mémoire un excellent exposé du problème. Cf. Baknuis Ro0oZkB00: Heterog. Gleichgewichte, L. I. GEORGES BAUME — SUR QUELQUES APPLICATIONS DE L'ANALYSE THERMIQUE 253 du système Fe-C: les essais thermiques et micro- graphiques de Wittorf' montrent, en effet, qu'il doit exisler dans les alliages réfractaires, contenant. plus de 6 °/, de carbone, un carbure de la forme FeC*, stable seulement aux températures supé- rieures à 2.000 (endothermique). Ce résultat explique les phénomènes observés par Moissan au cours de ses recherches classiques sur la dissolu- tion du carbone dans la fonte : on sait que l'illustre savant français a constaté qu'en fondant du fer pur en présence de charbon de sucre, au four électrique, la fluidité, d’abord très grande, diminue quand la température s'élève, au point que le creuset peut ètre retourné sans que son contenu s'écoule à l'extérieur *. | | | II. — EQUATION DES COURBES DE FUSIBILITÉ ET DE REFROIDISSEMENT. Plusieurs auteurs se sont proposé de donner une expression analytique de courbes de fusibilité el des phénomènes de l'analyse thermique en géné- ral. Dans une étude remarquable, E. Rengade* a établi l'allure théorique des courbes de refroidisse- ment des divers mélanges que l’on peut rencon- trer dans ce genre de recherches (cristaux purs, cristaux mixtes): un grand nombre de résultats obtenus par ce savant se vérifient très exactement sur les courbes expérimentales qu'il a établies au cours de ses recherches. D'autre part, Le Chatelier, sakhuis Roozeboom, van Laar, Baud, ete., ont étudié l'équation du liquidus des systèmes binaires dans les cas les plus simples *. En voici l'expression lorsque le système est normal* et que la chaleur de fusion est indépendante de la température ° T, représente la température de congélalion du liquide pur ; T, est la température de la solidifica- ion commencante de la solution) : T,—T, = KT, log x, où K est une constante caractéristique de la courbe étudiée {puisque (T,—T,) : T, prend successivement les mêmes valeurs pour toutes les courbes) et où x UN. M. Wamtone: Jev. de Metalr., Z. anorg. Chem:,t. LXXIX, p. 1, 1912. > CE. N. M Warrorr: Loc. cit. E. RENGADE : J. Ch. phys., t. VII, p. D 1. t. VAL, p. 89 (4910). * CF, A. WRoczysski : J. Ch. phys., t. VILL, p. 570 (1910): E. Bauo : Ann. Ch=phys., (S), t. XXVII, p. 89 (1912). Un mélange normal est celui dont les constituants ne zissent pas l'un sur l'autre, et où la tension de vapeur de l'un des liquides est proportionnelle à sa concentration moléculaire dans le mélange (règle de Linebarger-Zawidski). Si la chaleur de fusion n'est pas constante, il faut rem- t. UX, 1p-1600 194126 12 (1910): Rev. de : - —2T placer K par sa valeur Q =, Qétant la tonalité thermique de fusion. représente le rapport des tensions de vapeur du liquide et du solide purs à la température T,'. Si l'on calcule K par l'expression précédente, on observe une concordance assez satisfaisante dans les divers mélanges d’un même système”; celle-ci n'est pas parfaite, car la règle de Linebarger- Zawidski est une loi-limite, et la chaleur de fusion n'est jamais rigoureusement constante. Si, au lieu de s'adresser à des mélanges normaux, on étudie des systèmes dont l’un des constituants est polymérisé, on peut, comme l'a montré Baud, cal- culer avec une assez grande exactitude le degré de polymérisation”. Les résultats obtenus par ce savant dans le cas de l'acide acélique sont remarquables ; et l’on peut espérer que l'on pourra, par cette mé- thode, obtenir des données intéressantes sur la cons- titution d’autres substances, telles que l’eau, etc. IIT. — ConNSTITUTION DES ALLIAGES MÉTALLIQUES ET DES ROCHES. L'application la plus connue de l'analyse ther- mique est l'étude de la constitution des alliages métalliques, dont la connaissance a permis d'’ex- pliquer un certain nombre de propriétés de ces derniers : c'est grâce à elle que l'analyse métallo- graphique possède un sens précis. — On sait que les alliages sont, en général, des agrégats cristallisés comparables aux roches, à la dimension des élé- ments près, car la durée de cristallisation des alliages s'exprime en minutes ou en secondes, lan- dis que celle de beaucoup de roches doit compter par années ou par siècles. L'analyse thermique permet donc d'étudier el d'expliquer la formation et la constitution de tous les agrégats : roches, sels complexes naturels, elc.; mais il ne faut pas oublier que, si nos alliages se solidifient à des pressions voisines de la pression atmosphérique, la congé- lation des roches s’est parfois produite sous des pressions considérables : d'où les écarts que l’on constate parfois entre la constitution de certaines roches naturelles et la juxtaposition de leurs élé- ments constitutifs aux pressions de nos labora- toires. Les variations de la température de fusion, en fonction de la pression, diffèrent, en effet, sensi- blement selon la substance envisagée; aussi peut-il même se produire des inversious dans l'ordre des dépôts successifs, lorsque la solidification se pro- ! Ces valeurs sont données par l'équation de Clapeyron. * Les systèmes dont la congélation se produit à basse température sont les plus favorables pour la vérification de ces formules : en effet, les variations relatives de la tempe- rature pour un écart thermométrique donné sont beaucoup plus importantes aux basses lempéralures qu'aux tempé- ralures plus élevées. 3 Cf. E. Bauo : loc. cit. 254 duit à des pressions de l’ordre de milliers d'atmo- sphères”, IV. — APPLICATIONS DE LA NOTION D'EUTECTIQUE. On sait que la plupart des mélanges binaires solides (alliages, etc.) sont formés par des cristaux de l’un des constituants (pur ou contenant en solu- tion solide une certaine quantité de l’autre consti- tuant), cimentés par l’eutectique. Si l’on réchauffe ces alliages coulés en masse, comme l'a fait Han- nover”, l'eutectique fond d’abord, et il se forme dans la masse des canaux contenant ce dernier à l'état liquide; on pourra l’éliminer par centrifuga- tion. Si l'on continue à élever la température, les cristaux de première consolidation se dissolvent peu à peu dans le liquide qui les baigne, en aug- mentant la masse de la partie liquide et, par suite, les dimensions des canaux : on obliendra ainsi des masses poreuses extrêmement différentes selon les proportions relatives des mélaux dans l’alliage inilial et la température de la masse au moment de l'élimination des parties liquides. Ces canaux peu- vent être remplis par d’autres métaux (par électro- lyse) ou par des substances non métalliques; mais actuellement, le principal intérêt de cette étude est de permettre le remplacement des plaques d’accu- mulateurs en plomb ondulé ou perforé par ces sys- tèmes, qui, à poids égal, présentent une surface active beaucoup plus considérable. Ces résultats constituent certainement un des exemples les plus importants des applications de la notion d'eutectique; en voici quelques autres : Les mélanges eutectiques, systèmes invariants, dont la connaissance présente une importance considérable pour la cristallisation fractionnée, constituent d'excellents points fixes pour thermos- tats (points cryohydratiques). Ils permettent éga- lement la recherche de mélanges incongelables Jubrifiants, circulation de liquides et mélanges liquides pour recherches thermométriques et ther- mostatiques aux basses lempéralures, etc.); et c'est à des considérations du même ordre qu'il faut rattacher les problèmes médicaux que soulè- vent les incompatibilités pharmaceutiques d'ordre physique. Ces recherches, entreprises en 1908 par Wroczynski, ont fait l’objet de plusieurs publica- tions importantes, telles que : études des mélanges qu'il est impossible de préparer sous forme de ! La composition des mélanges eut cliques varie avec la pression de cristallisation : le celcul de cette variation est possible si l'on connait la valeur du coefficient 4T/dp pour chaque système du mélange (Cf. N. Pusnix et 1. GREBENSCur- scHiKoW : J. Soc. phys. Chim. Russe, L. XLIV, p. 142 et 244; 1912). 2 MHANNOVER ::C. R., t. Aétall., 4 1X, p- 641 (1912). CLIV, p. 1594 (1912): Rev. de GEORGES BAUME — SUR QUELQUES APPLICATIONS DE L'ANALYSE THERMIQUE médicaments solides, obtention à l'état liquide d’autres remèdes, etc. — Le problème des laitiers métallurgiques, — dont la température de fusion doit être aussi basse que possible pour éviter toute perte de chaleur, soit dans la fusion même, soit par entrainement au moment de la coulée, — est une question d’eutectique binaire ou ternaire; celui des revêtements des fours est au contraire un problème de distectique, puisque ceux ei doi- vent présenter des qualités réfractaires aussi grandes que possible‘. V. — SOLUBILITÉS ; SOLUTIONS SOLIDES, ISOMORPHISME. Les courbes de fusibilité doivent être considé- rées d’abord comme les courbes de saturation des systèmes éludiés ; elles présentent par conséquent une grande importance dans l’étude de la solubilité qui se réduit en général à un phénomène d'ordre physique. Celle-ci se poursuit parfois dans la phase solide; les solutions solides ainsi consli- tuées® se produisent aussi bien avec les métaux qu'avec des substances très volaliles telles que les gaz (Au et Pt, HCI et IPS, etc.). On sait que leur formation se rattache directement à la notion d'isomorphisme, considérée au double point de vue de la forme du système cristallin et de la pa- renté chimique. En voici un exemple : La classification de Mendelejeff réunit dans une même famille l'oxygène, le soufre, le sélénium et le tellure, bien que les propriétés de l'oxygène différent de celles des trois autres éléments de ce groupe; ces derniers présentent, par contre, de nombreuses analogies. Or, Pascal” à pu retrouver ces analogies et ces différences en étudiant, par l'analyse thermique, les systèmes binaires que forment les dérivés phénylés de ces quatre élé- ments : les mélanges binaires formés par (C°H°}S, (CH°)Se. (C‘H°)Te donnent des solutions solides en toutes proportions, tandis que l'on constate dans le diagramme (C0 — (C'H'ŸS la formation de deux groupes de cristaux mixtes. Uné remarque analogue peul être déduite des recherches de Wrzesnewski el Amadori sur les systèmes formés par NaCl, NaBr et Nal : les dia- 1 L'action du froid sur la végétation est un problème qui relève de l'analyse (thermique el de la chimie des colloïdes. ? La composition des divers cristaux d'un système pré- sentant ce phénomène n'est pas identique, sauf lorsque le mélange qui cristallise correspond à un point singulier (maximum ou minimum) du liquidus. A côté de ces solu- lions solides viennent se placer les fausses solutions Sd= lides, comparables aux systèmes colloïdaux (ultramiero- scopiques). — Cf. H. Le Cuareuter : Rev. de Métall., & N, p. 166 ef 640 (4908) ; C. Bexenieks : /bid., t. NII, p. Sù (1911) et J. Ch:-phys,, t. X, p. 393 (1912): 3 P. Pascar : Bull. Soc. Chim., (4) 1030 (1912). t. XD, p. 921, 575, t constitution d'un mélange binaire, GEORGES BAUME — SUR QUELQUES APPLICATIONS DE L'ANALYSE THERMIQUE 955 grammes NaCI-NaBr et NaBr-Nal forment des solutions solides en toutes proportions, tandis que le système NaCI-Nal donne deux séries de cris- taux mixtes. VI. — APPLICATIONS CHIMIQUES DE L'ANALYSE THERMIQUE : APPLICATIONS ANALYTIQUES. A côté de ces résultats d'ordre physique, les mé- thodes de l'analyse thermique complète ou sim- plifiée (sous forme de courbes de fusibilité) per- mettent de préciser et d'étendre un certain nombre de nos connaissances chimiques d’une manière par- ticulièrement simple et élégante. Je rappellerai d'abord les applications que l'or en à pu faire à l'analyse chimique : On connait les résultats très remarquables que la métallographie microscopique à permis d'ob- tenir dans le domaine analytique, par l'observation directe, sur la surface du métal ou de lalliage convenablement préparée, des phénomènes qui se sont produits au moment de la solidification et qu'enregistre l'analyse thermique. Mais cette der- nière peut constituer, par elle-même, une méthode d'analyse précieuse, soit par une extension directe de la cryoscopie, soit à l’aide des méthodes qu'IHolleman et ses élèves désignent sous le nom d'analyse thermique; celle-ci nécessile en principe, comme l'analyse mélallographique, la connais- sance du diagramme des mélanges étudiés, mais elle est d'une application beaucoup plus générale, puisqu'elle donne la composition d'un mélange par la comparaison de la température de solidifi- cation commeneante avec les indications d'un dia- gramme de fusibilité. La méthode d’Holleman permet de déterminer la ternaire ou quaternaire ‘ ; l'un des résultats les plus remarqua- bles ainsi obtenus est l'analyse rapide des produits d'une réaction organique, souvent fort difficile par les méthodes chimiques habituelles. Les problèmes de rendement, les questions qui relèvent de la for- malion des trois isomères aromatiques de position (ortho, méta, para), etc., ont pu recevoir ainsi des solutions quantitatives dans des cas où les méthodes de l'analyse chimique ordinaire eussent été d’une applicalion presque impossible. Il suffira, pour 1 CE Fo Horceuax : Die direkte Einführung von Substi- tuenten in den Benzolkern, Leipzig, 1910; et T. van Den LiNDEN : Je Ch: phys., t. X, p. 454, 1912. C'est là un exemple de plus dela fertilité des méthodes de l'analyse physt-ochi- mique, qui Se sont enrichies depuis quel jues années de travaux de premier ordre. 11 me suffira de rappeler les belles recherches de P. Dutoit sur les méthodes de volumc- trie physicoclumique (J. Ch. phys., t Vill, p. 12 et 27, 1910; t. IX, p. 518, 1914. Voir également Durorr et Dusoux : Analyse des vins par volumétrie physicochimique, Lau- sanne, 1912). démontrer l'importance de ce problème, de rappeler, dans cet ordre d'idées, le beau travail de R. Kremann et R. Schulz sur le système ternaire : tristéarine, tripalmitine, trioléine, qui constitue une contribution très importante à l'étude des graisses naturelles et permet d'en aborder désor- mais l'analyse dans des conditions de simplicité . grande VII. — EYunE DE LA VITESSE DE CERTAINES RÉACTIONS. On connaît les difficultés qui se présentent dans l'étude chimique d'une vitesse de réaction : aussi l'emploi des méthodes physicochimiques d'analyse (pouvoir rotatoire, conductibilité électrique, visco- sité, etc.) a-t-il élé souvent d’un grand secours dans ces recherches. L'analyse thermique peut également rendre quelques services dans ce domaine”: il suffit que la réaction chimique étudiée ne présente une vitesse appréciable qu'à une tem- pérature très supérieure à celle où on effectue les mesures cryoscopiques; elle se trouvera par suite praliquement interrompue chaque fois que l'on refroidira le mélange. Cette étude prend une forme particulièrement simple dansle cas des phénomènes d’isomérisalion : il suffit alors d'établir la courbe de fusibililé du système formé par les deux isomères dont on pourra suivre point par point l'allure par des me- sures lhermométriques successives sur le système en transformation. On doit un exemple très remar- quable d'unè semblable recherche à P. Bruylants, qui à pu aborder ainsi l'étude de la vilesse de transformation du bromure d’isobutyle en bromure de butyle tertiaire *. VIII. — C:MBINAISONS D'ADDITION CARACTÉRISÉES PAR L'ANALYSE THERMIQUE; APPLICATIONS ‘. La plupart des applications chimiques de l'analyse thermique sont fondées sur l'existence des combinaisons d'addilion formées par les consti- tuants de certains systèmes el caractérisées par un maximum de la courbe de fusibilité. Ces produits d'addition sont absolument comparables à ceux qui prennent naissancedans les alliages ; leur exis- tence, bien que moins connue dans le cas des systèmes non métalliques, joue néanmoins un rôle considérable dans un certain nombre de problèmes de la Chimie générale. En voici quelques exemples : { R. KRemanx et R. Scuuez : Monatsh., & XXXIL, p. 1063 912. Les mesures peuvent étre failes dans ce cas sur le mime système, sans prélèvement d'aucune sorte. 3 Cf. J. Ch. phys., t. IX. p. #42, 1911, note 5. * Il ne sera pas question ici des systèmes métalliques. 256 GEORGES BAUME — SUR QUELQUES APPLICATIONS DE L'ANALYSE THERMIQUE 1. lalence. — La formation de ces composés 3. Ecarts de la loi de Biol. — Ph. A. Guyea est nalurellement liée à la notion de valence, dans son sens classique, qui à pu être précisée dans un certain nombre de cas simples; l'un des plusconnus est celui de l'oxygène oxonien, qui a fait l'objet de nombreuses recherches depuis la découverte clas- sique de Friedel'. Guye, Wroczynski et Tsakalotos ont pu étudier par cette méthode un certain nombre de systèmes oxoniens particulièrement intéres- sants”, et l'on a pu récemment, grâce aux progrès de la technique physicochimique, entreprendre par l'analy VicLEMIN : C. R. de l'Acad. des Sciences, 1906: — et de la Soc. de Biol., 4906. 5 HacseRST#0TER : Berlin. klin. Wochenschrift, 1905, p. 64. 7 BErRGONIÉ et Pripoxoeau : C. R. de la Soc. de Biol., févr. 1905 et 1907. * Srecut : Archiv. für Gynäkol., 1906, p. 458. ° ReGaun et LacAssAGne : C. R. de l'Assoc. des Anat., 1911: — C. R. de la Soc. de Biol., 1913: — et LacassaGNE : Thèse méd. Lyon, 1913; — Noir aussi le rapport précédemment cité de Regaud à l'AsSoc. franc. pour l'Avanc. des Sciences, 190$. Münchener med. Wochenschrift, le lapin, des modifications considérables dans les tubes séminifères. Les cellules de la lignée sperma- tique sont peu à peu détruites : les spermato- gonies et les éléments-en caryocinèse sont les plus sensibles. Les spermatozoïdes restent sains en apparence, mais perdent leur puissance fertili- sante : la fécondation peut encore avoir lieu, mais l'œuf avorte de très bonne heure. Finalement, quand les meilleures conditions de destruction élective ont été réalisées, quand la réserve de spermatozoïdes antérieurement formés et d'aspect sain à été épuisée, les éléments des lignées sémi- nales disparaissent complètement au bout de plu- sieurs mois, el il ne persiste dans le tube sémini- fère que le syncytium nourricier qui leur sert de soutien. Le repeuplement peut avoir lieu si un certain nombre de spermatogonies souches ont élé épargnées. Mais souvent, chez le rat surtout, où le testicule, petit, est facilement pénétrable dans toute son épaisseur par les rayons, la stérilisation est définitive. Une irradiation plus intense détruit le syncytium nourricier lui-même et les tubes séminifères s'atrophient. D’après Bergonié et Tri- bondeau, généralement, au contraire, les cellules de la glande interstitielle, quoique plus vulnérables encore que l'épiderme, sont conservées, peut-être même augmentées de nombre. Parallèlement à ce fait, on remarque que la puissance virile des sujets stérilisés reste intacte, ce qui, fait remarquer Vil- lemin, vient à l'appui de la théorie d'Ancel et Bouin sur le rôle de la glande interstitielle endo- crine. Les expériences plus récentes de Regaud el Nogier', sur le chat, le chien et le bélier, sont venues confirmer l'existence d'une hypertrophie compensaltrice de la glande interstitielle du testi- cule rendu aspermatogène, démontrée par Ancel et Bouin dans d’autres circonstances. Au lieu d'enlever un testicule et de réséquer le canal défé- rent de l’autre, comme l'ont fait ces auteurs, Re- gaud-et Nogier, renouvelant et perfectionnant les procédés de Bergonié et Tribondeau, stérilisent les deux à la fois par les rayons X, en laissant l’un d'eux survivre à l'autre un temps suffisant. Ils constatent alors, souvent sinon toujours, par l'augmentation relative du poids comme par l'exa- men histologique, une hypertrophie compensatrice évidente. Chez l’homme, une stérilisation au moins tem- poraire par les rayons X a été déjà observée dans : Recau» et Nocter : C. R. de l'Associat. des Anatom&.s 1914, p. 293. 260 E. LAGUESSE — REVUE D'ANATOMIE un certain nombre de cas. On arriverait facilement à l'obtenir sans danger, s'il était nécessaire dans un but thérapeutique, maintenant que Regaud et Nogier” ont déterminé le mode opératoire sur les testicules beaucoup plus gros du bélier. En ce qui concerne l'ovaire, l'irradiation pro- voque l'atrophie, définitive, semble-t-il, des folli- -ules de De Graaf et des ovules. Le plus souvent, £eirradiations étant plus brutales (soit à cause de situation plus profonde de l'organe, qui néces- site une action plus intense, soit parce que les opérateurs ont cru devoir le mettre à nu : Bergonié et Tribondeau), la glande interstitielle est égale- ment lésée. Pourtant, d'après Ancel, Bouin el Villemin, on pourrait arriver à la conserver in- tacte. D'après le dernier travail sur ce sujet, et le plus complet, celui de Lacassagne”, fait sous la direc- tion de Regaud, la stérilisation définitive peut être assez facilement obtenue chez la lapine par une irradiation transeutanée faite par la voie lombaire, dans certaines conditions techniques que précise l’auteur”. Si elle n'a pas eu lieu, les follicules épargnés recommencent à évoluer au sixième mois environ. Cellules folliculaires et ovocytes sont très sensibles à l’irradiation, et d'autant plus, en général, qu'ils sont plus évolués, les follicules primaires étant les plus résistants, les seuls sur lesquels on puisse compter pour une régénération éventuelle. Aucun follicule nouveau n'est capable de se reformer s'ils sont tous détruits. Mais il suffit, dit Lacassagne, de la persistance d'un seul gros follicule ou d’un seul kyste dans un ovaire pour que l'animal puisse entrer en rut; ce mini- mum est indispensable. Cela confirmerait l’an- cienne théorie du rut par excitation nerveuse pro- duite par l’action mécanique du follicule en voie d’accroissement, sans intervention nécessaire des autres éléments : glande interstitielle, corps jaune, etc. L'irradiation n’a pas d’action sur le corps jaune; elle fait régresser temporairement, en tarissant sa source normale (thèques internes très sensibles des follicules atrésiques), la glande interslitielle, qui se reconstitue peu à peu aux dépens des cellules conjonctives du stroma. La cellule interstitielle est donc un élément tempo- raire, évoluant en trois ou quatre mois, et qu'il esl besoin de remplacer sans cesse. Ajoutons en passant que le radium a produit sur le testicule (Scholtz, 190%; Seldin, 1904; Thaler, 1905) et sur l'ovaire (Halberstædter, 1905) des 1 Recaup et Nourer : C. 14, de la Soc. de t.LXX, p. 5 et 202. ? LACASSAGNE : Thèse méd. Lyon, 1913. 3 Chez la femme, Lacassagne considère la comme encore impossible à l'heure actuelle, Biol., 1911, stérilisation résultals sensiblement analogues à ceux oblenus avec les rayons X'. Toutes ces observations ont permis de mettre en relief, au point de vue cytoloyique, la sensibilité plus grande du noyau, et particulièrement de la chromatine nucléaire, qui peut offrir immédiale- ment des lésions très faciles à constater (comme dans l'ovule, d'après Bergonié et Tribondeau, La- cassagne), Ou, au contraire, ne subir que des modifications latentes dans le spermatozoïde (Ber- gonié et Tribondeau, Regaud et Dubreuil, Bar- deen). Mais, en outre, elles ont apporté des éléments nouveaux pour la solution de certains problèmes que soulève l'étude de la spermatogénèse. Nous ne pouvons entrer ici dans le détail. Nous rappelle- rons simplement, d'après Bergonié et Tribon- deau, d'après Regaud, que la disparition défini- tive des spermatogonies, avec persistance des éléments du syncytium, semble à ces auteurs cons- tituer un fait capital en faveur de l'indépendance génétique de ces deux lignées cellulaires chez l'adulte”. Les phénomènes observés lors de la rœntgénisation montrent encore la réalité, si con- testée, de la fusion des cellules de Sertoli en un syncylium et prouvent, contrairement à l'opinion de Tellyenicsky (1905), que celui-ci n'est pas une simple matière intercellulaire dérivée par dégéné- rescence des cellules séminales, etc... Enfin, en tuant électivement les spermatogonies, les rayons X arrêtent la formation de nouvelles lignées sper- maliques sans empêcher les lignées déjà « en route » d'achever leur évolution : ce qui à permis à Regaud * de déterminer approximativement, chez le rat, la durée de l’évolution d’une lignée, qui serait de vingt-huit à trente jours. Outre les cellules sexuelles, il existe encore une autre espèce d'éléments très sensibles aux rayons X: ce sont les lymphocytes. Heinecke* a montré, en 1903 et 1904, que l'irradiation tend à les faire dis- paraître dans les ganglions lymphatiques, la rate, le thymus. Nous verrons plus loin (au chapitre Thymus) les résultats qu'on à obtenus récemment sur ce dernier organe. Chez la souris, le cobaye, irradiés 21 toto, Heinecke a vu les corpusecules de Malpighi de la rate disparaitre les premiers ; puis les ganglions lymphatiques, les follicules clos intestinaux, le tissu lymphoïde, en général, ont le ! Rappelons que le Professeur Oscar Hertwig a publié ici même, dans le numéro du 30 août 1913, un remarquable article sur l'action biologique des corps radio-actifs en général. » C'est une conclusion pourtant sur laquelle il convient de faire des réserves. : 3 Recaub : C. /t. de l'Associat. des Analom., 1914. 3 HeineckE : Münchener med. Wochenschrift, 4903, n° 4, et 1904, n° 18. 4 E. LAGUESSE — REVUE D'ANATOMIE même sort. Le nombre des leucocytes du sang diminue considérablement. Milchner et Mosse‘ ont obtenu des résultats analogues sur la moelle osseuse, où sont détruits non seulement les lym- phocytes, mais aussi les éléments de la série myé- loïde. Aubertin et Beaujard* ont établi toutefois que la sensibilité de ces derniers est bien moins considérable. Ces deux auteurs ont étudié avec soin et parallèlement l'état du sang cireulant et celui des organes hématopoiétiques. Ils ont mon- tré l'existence d’une première phase d'excitation du tissu myéloïde, se traduisant par une énergique leucocytose (augmentation du nombre des leuco- cytes neutrophiles et même éosinophiles dans le sang). Une phase de destruction y succède. Comme Heinecke, ils ont pu constater aussi la diminution du chiffre des hématies. De nombreux auteurs, parmi lesquels nous citerons seulement OEttinger, Fiessinger et Sau- phar”, David et Desplats*', ont développé ces re- cherches, et tenté d'en tirer parti dans le trai- tement de la leucémie, se basant sur l’action tout d'abord stimulante des rayons X, action à laquelle on peut s'arrêter si on les emploie à très faible dose. L Sur le tissu lymphoïde des organes digestifs, d'après Regaud, Nogier et Lacassagne”, l'irradia- tion parait avoir une moindre influence, bien que, chez le chien, elle tende à faire disparaitre la couche lymphoïde sous-jacente aux glandes, tandis que la muqueuse, et parfois toute la paroi intesti- nale, sont peu à peu envahies par des polynu-. cléaires. En revanche, les éléments des glandes de Lieberkühn et des villosités, les cellules princi- pales des glandes fundiques (contrairement aux bordantes) sont très sensibles aux rayons X, et leur emploi prolongé sur l'abdomen a pu amener ainsi, outre l’atrophie des éléments énumérés, la production de lésions très marquées, allant, dans certains cas, jusqu'à la perforation. Ce résumé, très écourté, suffira, croyons-nous, à faire comprendre l'importance de l'emploi des rayons X dans les études d'histologie normale et pathologique *. Micuxer et Moss : 1904. ? AuBERTIN et Bsausano : C. R. de la Soc. de Biol.. UH juin 1904 et 28 janvier 1905; — Presse Médicale, n° 67, 1904; — Archives de Médecine expérimentale, n° 3, 1908. * OErniNGer, FressixGer et Savrnar : Archives des mala- dies du cœur, mai 1910. * Davin et DEsPLaTs : 25 mai 1912. Recaco, Nocrer et LACASSAGNE : médicale, 10 octobre 1912. * Voyez encore Wickma : Verhandlungen des 1V. intern. Congresses 1ür Physiotherapie, Berlin, 1913, 2° section : Radiothérapie. Berliner klinische Wochenschrift, Archives d'électricité médicale, Archives d'électricité IT.— "CELLULES ET TISSUS. LES CULTURES DE TISSUS EN DEHORS DE L'ORGANISME. Il n’est personne, à l'heure actuelle, qui n'ait entendu parler des intéressantes el retentissantes expériences de transplantations d'organes failes par Carrel et ses élèves (1905-1912). Les greffes de petiles portions de tissus ou d'organes étaient bien connues depuis longtemps par les travaux d'Ollier, de P. Bert, de Thiersch et de bien d’autres (de Cristiani notamment pour la thyroïde). Mais Carrel faisait faire un tel progrès à la technique, qu'il introduisait l'usage de vastes greffes nou- velles (celles des vaisseaux notamment) dans la pratique chirurgicale courante, et laissait entrevoir pour l'avenir un champ d’espérances bien plus vaste encore’. Les chirurgiens furent enthousias- més ; les biologistes se réservèrent quelque peu. Ils savaient, en effet, depuis longtemps? que des cel- lules, des Lissus, des organes mêmes peuvent sur- vivre hors de l'organisme. Depuis quelques années, la méthode des circulations artificielles, dont l’ori- gine remonte jusqu'à Ludwig, et l'emploi des sérums artificiels de Ringer, de Locke, avaient permis d'étendre largement cette survie à des organes tout entiers [cœur humain ranimé par Hédon et Gilis (1892) et par Kuliabko jusqu'à vingt heures après la mort; intestin grêle du lapin recouvrant ses contractions péristaltiques après sept jours de conservation à la glacière : Hédon et Fleig, 1903, etc...*]. Or Carrel * prétendait, chez les Mammifères eux- mêmes, non seulement faire survivre chaque organe ou fragment d'organe, mais le cultiver en dehors de l'organisme, c'est-à-dire en faire, à la facon des horticulteurs, de véritables boutures susceptibles de développement, tout en gardant leurs caractères et leurs fonctions essentielles. DT RE — 1 Rappelons au passage les greffes récentes de cornée humaine réussies par Magitot. C. R. de la Soc. de Biol., 191. : On sait qu'en renouvelant l'expérience instaurée par Recklinghausen dès 1866, Ranvier (1875; à réussi à Con- server des leucocytes vivants et doués de mouvements amiboïdes nets jusqu à vingt-cinq jours (grenouille). Car- dile (1898) n'a été que jusqu'à douze jours, mais Jolly (1905) a poussé jusqu'à vingt-sept jours chez le triton, et Lieber- kühn (d'après Beaunis) aurait obtenu, en tubes scellés, li survie jusqu'au quatre-vingt-cinquième jour chez la sala- mandre. Ces chiffres ont été bien dépassés depuis : Jolly (1910), en s'inspirant de la technique de Carrel, à obtenu jusqu'à dix mois de survie (grenouille). 3 Voir Hépox : Les étapes des recherches sur la vie des cellules et des tissus en dehors de l'organisme. Presse Médicale, 47 janvier 1913. 4 Carrez et Burrow : C. A. de la Soc. de Biol., 190, t. I, p. 293, 298, 299, 328, 332, 365, 367, elc.; — Voir encore Presse Médicale, A9U, p. 209; — Bulletin de l'Académie de Médecine, 1942, 1913, etc.; — Carrel et Burrow avaient pris pour point de départ les premières expériences de Harrison, qui put observer le développement des nerfs sur des frag- ments de système nerveux central conservés za vitro. Leo Læb dit. de son côté, avoir obtenu des cultures dès 1898, 262 Autour d’un fragment ensemencé, il voyait se former de longues trainées de cellules fusiform es, rayonnant en tous sens, et accroissant ainsi la sur- face du fragment. Dans ce dernier lui-mê me, s'il s'agissait de rein, par exemple, il croyait voir, en outre, bourgeonner de 2ouveaux tubes rénaux . Les exagérations de la presse quotidienne, attri- buant à Carrel, dans des articles dithyrambiques, la découverte de tous les phénomènes de survie, avaient quelque peu mis en défiance les biologistes, mieux informés, el ils hésitaient beaucoup à croire à la possibilité de véritables cultures d'organes, dans l’état actuel de la science tout au moins: ils hésitaient surtout à en voir dans les descriptions un peu sommaires qu'on leur en présentait. Une assez vive réaction se manifesta, dont Jolly! se fit l'écho autorisé à la Société de Biologie, lorsqu'il rappela que ces expériences, loin d'être absolument nou- elles, « se reliaient à tout un ordre de recherches antérieures, dans lesquelles des résultats fort intéressants avaient élé obtenus ». Il ajoutait que les phénomènes observés par Carrel semblaient être de simples phénomènes de survie et d'étale- ment, de glissement, mélés à beaucoup de phéno- mènes de nécrobiose. Les caryocinèses mêmes dont Carrel et Burrow affirmaient avoir constaté l'exis- lence ne paraissaient pas à Jolly une preuve suffi- sante de culture : tout au moinseüt-il fallu qu'elles fussent abondantes et longtemps persistantes. N'ayant étudié ses cultures que d'une facon un peu grossière, à plat et en bloc, dans toute leur épaisseur, Carrel ne pouvait guère espérer con- vaincre encore les histologistes, habitués à une analyse plus précise. Il élail nécessaire que ceux-ci reprissent les expériences avec les ressources de leur technique ordinaire, c’est-à-dire, en premier lieu, avec la méthode des fines coupes en série. Oppel” semble être le premier quisoit entré dans cette voie. Dans les cultures de rate et de moelle des os adultes, il a montré la présence de ces caryocinèses, plus nombreuses même que dans les fragments témoins, et donné de belles figures de ces divisions cellulaires électivement colorées. Le doute n’était guère permis sur ce point, et en ce qui concerne ces organes. Parmi les auteurs qui nous ont apporté des documents histologiques, nous pouvons citer en- suile Lœæb, puis Weil. Le premier à établi que le centre des fragments se nécrose de très bonne heure, par manque d'oxygène, et que c’est exclu- sivement la périphérie: qui cultive. G. C. Weil’, 4 Jory : C. R. de la Soc. de Biol., 490, {. II, p. 470 et GUS ? OPrez : Anatomischer Anzeiger, &. XL, p. 464, 20 jan- vier 1912. # G. C. Wriz : Journal of medical Rescarch, 1. XXNI. p. 159, 4912. E. LAGUESSE — REVUE D'ANATOMIE d'autre part, nous a mis en garde contre l'expres- sion « culture d'organes », en montrant que dans le foie, le rein, on ne produit pas de vrais cylindres hépatiques, de vrais tubes rénaux, mais que les cellules « dépensent toute leur énergie dans l’acti- vité végélative, sans conserver leur fonction spé- cialisée ». Elles sont comme dépaysées:; elles deviennent « des entités isolées comme autant d'amibes, différant seulement de chaque autre dans le degré de spécialisation qu'elles ont acquis avant leur croissance dans des conditions artifi- cielles »; plus cette spécialisation a été loin, plus la culture est difficile. Mais c'est Champy!, élève de Prenant, qui vient de faire faire à la question le pas le plus décisifau point de vue histologique, le seul qui doive nous occuper ici. Après s'être assimilé la technique de Carrel, et avoir réussi des ensemencements de tissus et d'organes très divers, après avoir fixé et étudié ces tissus en coupes fines, il est arrivé aux résultats suivants. Cherchant d'abord à pré- ciser ce qu'il faui entendre par cullure, il pose en principe que la multiplication des cellules par division mitosique (ou caryocinélique) doil être prise comme ceritérium *. Dansles cas où l’on cons- tate l'agrandissement du fragment ensemencé par simple étalement à la surface du plasma, on ne peut, en l'absence de mitoses, parler que de survie des éléments constituant ce fragment”. Or, c'est ce qui se produirait le plus fréquemment avec les organes adultes, où, tout au moins, la culture serait à peine marquée, lente, difficile, souvent limitée à la végétation du tissu conjonetif seul. ILen est tout autrement pour les tissus de l'em- bryon, et, dans une plus faible mesure, pour ceux des très jeunes animaux. lei, les divisions caryo- cinétiques abondent dès les premières heures, les phénomènes de culture et de croissance sont incon- testables. Sur ce point, Carrel avait donc raison; mais il est allé trop loin lorsqu'il à cru conserver intact et en voie de régénération tel ou tel organe; en réalité, comme nous allons le voir, et comme l'a bien montré Champy, il n’a cullivé qu'un organe Din nn NC 4 Caampy : Bibliographie anatomique, t. XXII, fase. 2, 1913: — Voyez aussi Le Mouvement médical, n° 4, avril 1913; — et C.R. de la Soc. de Biol., 1912, 1913. 2 Avec Jolly, toutefois, nous demanderons que la prolifé- ralion soit bien évidente, « le développement continu et progressif », que les caryocinèses soient nombreuses el persistantes, puisqu'on peut en observer un certain nombre jusque dans les tissus agoniques. # En ce sens, Jolly lui-même, le contradicteur de Carrel, avait fait, dès 4903 (C. À. de la Soc. de Biol., p.4266), de véri- tables cultures de sang adulte, puisqu'il oblenait 1n witra: pendant huit à quinze jours, des caryocinèses de globules rouges de Triton. Mais il s'était interdit d'employer le terme de culture, parce que « les phénomènes de destruc- tion existaient toujours à côté de phénomènes de mulli- plication » qui allaient s'atténuant peu à peu. 4 nd E. LAGUESSE — REVUE D'ANATOMIE 263 revenu à l'état indifférent, ou, comme le dit l'au- teur, dédillérencié. Prenons comme exemple le rein d'embryon de lapin, surtout étudié par Champy. Un fragment de lasubstance corticale, gros comme une têted'épingle métallique, est ensemencéaseptiquementsur plasma sanguin de la même espèce. el porté à l'étuve à 37°. Au bout de quelques heures (5à 7), si minime que soit le fragment, on peut y constater deux zones d'aspect bien différent : une zone centrale dégené- rée et en voie d'autolyse, parce que mal nourrie, insuffisamment pénétrée par le plasma et l’oxv- gène; une zone ou coque périphérique fertile, bien imbibée de plasma, mais qui reste mince, et diminue même bientôt d’étendue pour se limiter à la partie superficielle du fragment restée en con- tact avec l'air atmosphérique, seule région placée dans de bonnes conditions respiratoires. C'est cette zone fertile qui est caractérisée par les phénomènes de culture et de dédifférenciation. Dès l’ensemence- ment, en effet, on y aperçoit des caryocinèses. Dès la cinquième heure, les cellules des différents tubes rénaux commencent à s'uniformiser. Alors que, pendant assez longtemps encore, on peut, dans la zone centrale, distinguer l’un de l’autre un tube contourné, une pièce intermédiaire, etc..…., dans la zone fertile, au contraire, les cellules des tubes urinifères perdent vite leurs caractères distinetifs {bordure en brosse, bâtonnets mitochondriaux), et deviennent uniformément des éléments prisma- tiques à chondriome quelconque, et d'aspect banal, mais sans cesse en voie de mitose. L'épithélium des glomérules lui-même, direct et réfléchi, se gonfle, prend le mème aspect, envoie des diverti- cules tubulaires. Bref, au bout d'une dizaine d'heures, la zone fertile du fragment n’a plus rien de rénal, et est constituée exclusivement par un amas de tubes épithéliaux indifférents, assez ana- logues à ceux quiconstituent certains épithéliomas, tubes végétants divisés, lobés, où les cellules se Slratifient par places, où les mitoses désorientées sontdirigées en tous sens. Au boul de vingt-quatre heures, le tissu interposé, conjonctif et vasculaire, à lui-même proliféré en une masse d'éléments serrés tous semblables. On voit alors, en beaucoup de points, la membrane basale qui limitait les tubes, peu à peu amincie, se rompre, et les élé- ments épithéliaux de ces tubes se mélanger à ceux d'origine mésenchymateuse dont bientôt ils ne se distingueront plus. C'est la dernière élape de la dédifférenciation. Quand elle sera accomplie, dans toute l'étendue de la zone fertile nous n'aurons plus sous les yeux qu'un « lissu embryonnaire complètement indifré- rent ». C'est en effet un véritable « retour à l’état embryonnaire », et il ne s'agit plus ici de rein, mais de cellules qui ont uniquement conservé leur caractère spécifique zoologique, car elles ne sont cultivables que sur plasma de lapin. Mais, de la vingt-quatrième à la trentième heure, dans cel amas de cellules indifférentes, un phéno- mène nouveau se produit : c'est celui qui avait le plus frappé Carrel ; les éléments en voie de mulli- plication s'étendent en une couche très mince, généralement en une seule assise, non seulement à la surface du fragment qu'ils revêtent d’une sorte d’épithélium, mais à la surface du plasma : c’est ce que Champy appelle la zone d'envahissement. Faisant tache d'huile, elle recouvre bientôt cette surface tout entière d'un mince voile grisätre, à la facon d'une culture microbienne, et commence à monter le long des parois du vase. On peut, à la manière de Carrel, détacher un fragment de ce voile, le repiquer sur plasma de lapin dans un autre cristallisoir, et recommencer plusieurs fois de suite, faire en un mot des cultures en série. Mais dans toutes, comme le montre bien Champy, on reste toujours en face du même tissu indifférent embryonnaire en voie de proliféralion active. En résumé, la méthode de Carrel donne bien la possibilité de cultiver les éléments cellulaires les plus variés en dehors de l'organisme, pourvu qu'ils soient jeunes ou capables de rajeunissement :; mais, contrairement à ce qu'avait cru cet auteur, ces éléments perdraient les caractères du tissu de l'organe auquel ils appartenaient, et quand on parle de culture de rein, de thyroïde, etc., cela veut dire simplement que le fragment ensemencé a été pris dans ces organes. Ce n’est plus, semble-t-il bien, du rein que l'on cultive, mais des cellules provenant d'un rein et avant perdu toute différen- ciation, incapables, par conséquent, de conserver ou de reprendre d'elles-mêmes la fonction rénale. D'après Champy, « la rapidité de dédifféren- ciation est fonction de l’activité de la multiplication cellulaire dans l'organe ou le tissu qui a fourmi la semence ». C'est ainsi que, des organes adultes, seul le testicule, qui contient encore de nom- breuses mitoses, cultive et se dédifférencie avec rapidité. Les éléments très différenciés, comme les cellules nerveuse, hépatique, cristallinienne, mus- culaire ‘, ayant perdu la faculté de se diviser, ne cultivent pas réellement, mais survivent simple- ment plus ou moins longtemps. La cellule nerveuse, pourtant, occupe une situalion quelque peu inter- médiaire. Elle fait plus que survivre, elle végèle, puisque, comme l'ont montré de nombreux auteurs 1 Carrel croit avoir fait de véritables cultures de cœur di poulet et assisté à la formation de véritables cellules con- tractiles nouvelles: Champy n'a jamais pu obtenir jusqu'ici que la survie de ces éléments avec étalement el proliféra- tion des éléments conjonctifs interposés. C'est un point à reprendre. 261 E. LAGUESSE — REVUE D'ANATOMIE Harrison, Legendre et Minotl, Nageotte, ete...), elle envoie autour d'elle de nombreux prolonge- ments plus ou moins semblables à des cylindres- axes. Si la méthode nouvelle ne permet pas, comme l’espérait Carrel, de conserver 12 vitro les tissus et organes avec leurs caractères fonctionnels et de les régénérer', du moins elle deviendra précieuse pour le biologiste en ouvrant une large voie à l'expérimentation. Elle permettra de mieux con- naître chaque tissu, chaque organe, en étudiant sur lui celte sorte d'histogénèse à rebours qu'est la dédifférenciation. Elle permettra, en faisant varier les conditions extérieures, d'étudier, sur les élé- ments redevenus indifférents, les causes des diffé- renciations histologiques ou histopathologiques et de préciser les lois de la physiologie cellulaire. Elle aidera probablement ainsi à élucider les conditions qui amènent la production des éléments atypiques des néoplasmes (Champy)°. Nous devons ajouter, pour rendre pleine justice à Carrel, qu'il vient de publier deux mémoires récents”, consacrés surtout au tissu conjonctif de l'embryon de poulet, et dans lesquels il annonce que, par repiquages successifs, il a pu continuer la culture de ce tissu pendant six mois, en produi- sant de telles quantités de cellules nouvelles qu'on ne peut plus lui reprocher d'avoir obtenu une sim- ple survivance. En modifiant sa technique, il croit ainsi avoir trouvé la solution de la question de la vie permanente, de la « culture indéfinie » des tissus in vitro, ce qui permettra, dit-il, d'étudier les caractères acquis par les tissus «libérés du contrôle de l’organisme dont ils dérivent ». Dans les figures qu'il donne à l'appui (deux surtout au fort grossissement), on est frappé de ce fait que les cellules nouvelles continuent indéfiniment à s'or- donner en longues et minces trainées rayonnantes anastomosées entre elles, gardent, en un mot, touten s'élalant à la surface du plasma, le caractère d’un réseau conjonctif. Il y a par conséquent lieu de se demander si Champy n’a pas appliqué trop stricte- ment la loi de dédifférenciation qu'il a établie, et sous laquelle il reconnait d’ailleurs lui-même que certains tissus (cartilage) se rangent assez diffici- lement. Ne serait-il pas impossible que cette loi, applicable aux organes, fût moins rigoureuse dans certains cas en s'étendant aux tissus élémentaires, c'est-à-dire qu'une cellule conjonctive ou museu- Les greffes elles-mêmes, d'un sujet à un autre, semblent souvent dégénérer, el ne servir que de guides et de supports à la réparation des lissus du porte-gretfes. ? Les tissus pathologiques, sarcome, carcinome, etc... ont été cultivés comme les tissus normaux par Carrez et Bur- Row (1910), LamBErr, etc. * CanueL : Journal of experimental Medicine, &. XV (1912), p. 516, et t. XVIII (1913). laire, dans certaines conditions tout au moins, püût conserver à l'état de culture (ralentie peut-être) tout ou partie de ses caractères spécifiques ‘? III. — LES MEMBRANES SÉREUSES. LES « STOMATES » DES MEMBRANES SÉREUSES. Au point de vue physiologique, il n’est pas dou- teux que les séreuses ne soient susceptibles d’ab- sorber rapidement des liquides, et même des cor- puscules solides, au niveau du centre tendineux du diaphragme particulièrement, sur la face péri- tonéale. Mais quelles sont les dispositions anato- miques qui permettent cette absorption? On se rappelle qu'à une certaine époque, Recklinghau- sen (1868-1871), puis Schweiger-Seidel et Dogiel, Ranvier, crurent avoir démontré victorieusement, au niveau du centre phrénique des Mammifères et au niveau de la membrane rétro-péritonéale de la grenouille, l'existence de véritables « stomates », que Ranvier appelait les « puits lymphatiques », assurant la communication de la cavité périto- néale avec ies vaisseaux lymphatiques radiés situés entre les tendons élémentaires dans le pre- mier cas, avec le sac iymphatique rétro-péritonéal dans le second. Mais les travaux de Tourneux et Herrmann (1874-1876), de Bizzozero et de ses élèves, élaient venus battre en brèche ces données. Depuis lors, la question semble avoir cessé de passionner les histologistes, sans être pourtant complètement résolue, en présence du fait physio- logique assez incontestable de l’absorplion. Parmi les travaux peu nombreux qu'on trouve épars dans la bibliographie, les uns, ceux de Skorzow, Arnold, Rajewsky, ete.….., soutiennent en l'atténuant un peu Ja théorie des stomates; ceux de Kolossow, de Muscatello, et autres, la combattent. Plus récemment, Ussow (1899)° niait les ouvertures préformées, mais admettait des fentes intercellu- laires; Mac Callum (1903)° voyait l'épithélium péritonéal du diaphragme ininterrompu chez le chien, mais constitué de cellules pourtant capables de s’écarter légèrement l’une de l'autre à l’occasion, de facon à laisser passer les granules solides eux- mêmes. Depuis 1903, la question semblait n'avoir pas fait l’objet de nouvelles recherches de quelque importance ; elle vient d’être reprise par R. Wal- 1 Cet article était écrit avant l'impression de celui de Cuawey sur le mème sujet dans un précédent numéro de la Revüe, celui du 15 novembre 1913. Dans ce dernier, Caawex signale un fait nouveau : c'est qu'il a pu provoquer la pro- lifération, et par suile la déditférenciation, dans certains tissus adultes qui ne mitosaient plus (musele vésical du lapin). 2 Ussow : Le Physiologiste russe (1899). # Mac Cazzom : Anatomischer Anzeiger, 1903, & XXII, p. 157. E. LAGUESSE — REVUE D'ANATOMIE 265 a ———_—— ter‘, qui s'est adressé à diverses séreuses (plèvre, péritoine) et à diverses espèces de Poissons, d'Am- phibiens et de Mammifères. Nulle part, dit-il, il, n’a trouvé de véritables stomates, nulle part il n’a vu de communications préformées des lympha- tiques avec les séreuses, qui constituent des sacs complètement clos. Dans deux points seulement, ceux que nous citions dès le début, il a pu consta- ter la résorption de granules solides. Elle serait, en ces points mêmes, limitée à des plages d'endo- thélium pourvues de cellules plus petites que celles du voisinage, et possédant la propriété de se rétracter facilement sous excitation. La substance intermédiaire intercellulaire (Zwischensubstanz), normalement réduite à de simples trainées, s'accroi- trait ainsi par extension, et ce serait à son niveau que pénétreraient les particules solides. Au-des- sous de l’endothélium, si le lymphatique n’est pas à son contact, elles chemineraient de même jusqu’à lui à travers la substance conjonctive amorphe. Walter appuie ces conclusions sur une série de recherches basées sur les nitratations, et sur la résorption expérimentale d'encre de Chine, en combinant le plus souvent les deux méthodes. Au - niveau du centre phrénique, l'auteur nous montre au-dessus des lymphatiques les trainées de petites cellules bien connues depuis longtemps; leur présence est bien liée à celle du lymphatique, car, si dans la même fente intertendineuse chemine à côté de celui-ci une artériole, l'endothélium n'est aucunement modifié au-dessus du vaisseau san- « guin et conserve ses larges cellules. Après nitrata- “ tion, normalement, les petites cellules de la trainée apparaissent séparées par de simples traits ; mais, si la membrane est excitée par la présence de matières pulvérulentes, ces traits s'élargissent, et Se tranforment même, au niveau des carrefours intercellulaires, en petites taches brunes irrégu- lières étoilées. Si l'encre de Chine a été injectée depuis un cer- tain temps dans la cavité péritonéale (cobaye), on constate que la résorption s'est faite au niveau des trainées de petites cellules et uniquement en ces points. Dans les figures, on aperçoit très nettement l'encre sous forme de petites flaques noires immé- diatement au-dessous de l’endothélium, d’ailleurs intact, et qu'elle n'a pu traverser qu'au niveau des lignes intercellulaires élargies. Chez la grenouille, Walter constate de même | l'absorption d'encre au niveau des enfoncements ou « cratères », occupés par quelques petits élé- ments endothéliaux, et entourés de grandes cel- lules, disposées en roseite. D'après lui, il existe * Water: Anatomiseche Hefte, 19%, fase. 139, ou t. XVII, fase. 2,p. 275. bien, sous le cratère, une lacune dans le tissu conjonctif, mais celte lacune est comblée par de la substance amorphe. Les coupes qu'il en donne sont loin d’être aussi probantes, et les partisans des stomates exigeront des figures plus démonstra- tives sur ce point particulier. En ce qui concerne le centre phrénique des Mammifères, la démonstration nous paraît bien meilleure; pourtant on peut encore se demander s’il s'agit bien de substance intercellulaire et non de simples fentes intercellulaires devenues béantes et élargies par la contraction des éléments inter- posés. IV. — LES GLANDES A SÉCRÉTION INTERNE. NS 1. — Le Thymus. L'organe toujours assez énigmatique qu'est le thymus commence à être de mieux en mieux connu, au point de vue structural tout au moins. Nous sommes redevables de ce progrès à de nom- breux chercheurs, mais surtout au Suédois Ham- mar (d'Upsala), et à ses élèves, qui, depuis près de huit ans, se sont attachés méthodiquement à l'étude de cet organe”. Rappelons d'abord que Hammar a établi, con- trairement à ce qu’on croyait tout d'abord, que le thymus est loin d'être un organe purement fœætal, commencant à s’atrophier immédiatement après la naissance et absent chez l'adulte (4906). C'est, au contraire, à l'époque de la puberté, chez l'homme (44 à 45 ans°) et chez les Mammifères, que le thy- mus atteint son maximum de développement. Il décroît seulement après que l'heure de la maturité sexuelle a sonné, rapidement d'abord, puis de plus en plus lentement jusqu'au seuil de la vieillesse. Ces données, que laissaient déjà pressentir divers travaux, ceux d'Henderson notamment chez le bœuf (1904), de Paton et Goodall chez le cobaye (1904), ont été confirmées depuis par la plupart des chercheurs : Süderlund et Backmann, Soli, Ron- coni, Sury, Jolly et Samson Levin, Regaud et Cré- { Nous ne pouvons citer ici tous les travaux récents; on en trouvera la liste dans le mémoire de Hammar : Fünfzig Jahre Thymusforschung, Ærgebnisse der Anatomie und Entw., t. XIX, 1909; et, depuis, dans les résumés annuels donnés par cet auteur dans le Zentralblatt der experimen- tellen Medizin: enfin, dans la Thèse de Crémieu (Lyon, 1912), — Citons seulement, parmi les autres travaux de Hammar, celui qui parut en 1905 dans l'Anatomischer Anzeiger, t. XXVII, et dont nous avons parlé dans notre Revue cette même année, — celui qui parut en 1907 dans Arch. für Anat. und Physiol. (An. Abth.), — un autre sur le thymus des Téléostéens (Archiv. für mik. Anat., t. LXXIIT, 1908, et des Sélaciens) (Zcologische dahrbücher, 1911). Nous retrouverons plus loin les noms de ses élèves, Jonson, Süderlund et Backmann., Rudberg, etc. 2 C'est par erreur qu'il a été imprimé dans notre Revue de 1905, p. 1104: 35, au lieu de 15. 266 E. LAGUESSE — REVUE D’ANATOMIE mieu, Sokoloff. Ce qui avait faussé les premières observations et fait croire à une disparition précoce du thymus, c’est l'existence, à côlé de cette invo- lution physiologique, d'une involution accidentelle qui s'établit facilement chez les sujets malades ou malnourris', et aussi d’une /2volulion saisonnière, bien marquée surtout chez certains vertébrés infé- rieurs: Amphibiens et Reptiles (Hammar, Dustin). Enfin, on à pu provoquer récemment, soit par le jeûne (Ver Eecke, 1899; Hammar, Jonson, Jolly et Samson Levin), soit par l’action des rayons X (Hei- necke, 1902; Rudberg, Aubertin et Bordet, Pigache et Béclère, Regaud et Crémieu), une 1nvolution ex- périmentale, généralement suivie de régénération, qui a permis d'arriver à des résultats extrêmement intéressants sur la nature et l'évolution des diffé- rents éléments du thymus. On sait qu'il existe dans cet organe au moins deux sortes d'éléments bien distinets : d'une part, un réseau cellulaire de soutien; d'autre part, de nombreuses petites cellules thymiques ayant l'aspect de la variété de globules blancs dits lymphocytes, logées dans les mailles de ce reticu- lum. Le réseau avail d'abord élé considéré comme conjonelif. Hammar (1905) a montré par l’histogé- nèse (fœtus humain) qu'il dérive du bourgeon épithélial primitif el reste épithélial chez l’adulte”. Cette asserlion, qui étonna d’abord quelque peu, malgré les précisions données par l’auteur suédois, se confirme de plus en plus, et notamment par l'étude de l’involution expérimentale. Des 1903-1904, Heineke” avait établi que l’appli- cation des rayons X tue et fait temporairement dis- paraitre les lymphocytes des organes lymphoïdes (ganglions, rate, thymus), permettant ainsi une vérilable dissociation de leur lissu sur le vivant. Rudberg* (1907), chez de jeunes lapins de 1 à 2 mois, reprit avec plus de détails ces expériences sur le thymus, el montra qu'on provoque par l'ir- radiation une diminution très rapide de cel organe, qui tombe en quelques jours au dixième de son poids normal. Les lymphocytes subissent une pyenose nucléaire très précoce, leurs débris chro- matiques sont phagocytés par le reticulum; il en résulte une disparition de la substance corticale, normalement caractérisée, comme on le sait, par l’abondance extrème des lymphocytes. Aubertin et ! Cest surtout l'utilisalion de thymus de sujets malades, alors que Hammar s'est astreint à n'uliiser que les organes provenant de mort par accident, suicide, ele. ? Voir notre Revue d'analomie de 1905 : Æevue gén. des Sciences, p. 1102. * Heixeke : Münchener el 4904 (no 31). * RupserG : Arch. für Anat. und Physiol.; Anal. Abth., 1907, p. 123. medizin. Wochenschrift, 1903 Bordet', Béclèreet Pigache*, confirmèrent en partie au moins ces résultats, avec quelques variantes, chez un petit nombre de sujets (chats, chiens, lapins). Enfin, tout récemment, Regaud et Crémieu* ont repris méthodiquement et minutieusement l'étude de l’irradiation par les rayons X sur les jeunes chats (plus de 40 sujets), en dosant, en filtrant ces rayons sur des épaisseurs diverses d'aluminium pour éliminer les rayons mous qui s'arrêtent à la peau, en localisant d'une facon aussi précise que possible leur action au thymus à l’aide d'écrans de plomb découpés. Grâce à cette technique perfeclionnée, ils sont arrivés à des résultats beau- coup plus précis que leurs devanciers. En ce qui concerne le stroma réticulé, ils l'ont vu, après nécrobiose et disparition des lymphocytes (c'est-à- dire après la 46° heure), se lasser, se réduire et prendre partout l'aspect de la zone médullaire. Mais, tandis que Rudberg n'avait pas noté de chan- gements bien intéressants du côté des corpuseules de Hassall, les auteurs lyonnais confirment au | cours de l’involution l'hypertrophie de ces cor- puscules, découverte par Aubertin et Bordet. Sui- vant en détail le processus, ils les voient augmenter dès le deuxième jour, quadrupler ou quintupler de volume au cinquième, devenir gigantesques du huilième au quinzième, où ils représentent la moi- tié du parenchyme, d’ailleurs très réduit. Dans ces conditions expérimentales, on suit très nettement | l’évolution admise par Harmar à l’état normal, | c'est-à-dire qu'on voit les cellules du réseau, en | continuité à la périphérie avec ces corpuscules, venir s'y ajouter peu à peu et produire ainsi leur énorme accroissement. Celte «accélération consi- dérable du processus normal» permet de se bien rendre compte de la nature de celui-ci, et de con- clure que les éléments centraux dégénérés des cor- puseules «ne sont que le stade ultime de l'évo- lution centripète des cellules du stroma». Le corpuseule est leur « fosse commune » (Crémieu). L'existence d’une sorte de couche génératrice péri- phérique, la présence en dehors d'elle d’une mem- brane basale périlobulairefacile à voir, la localisation dans cette membrane ou ses replis des fibrilles collagènes pénétrantes dans les cas de sclérose (Crémieu), viennent encore apporter de nouveaux arguments en faveur de la nature épithéliale du reliculum. Lors de la régénération, les corpuseules de Hassall ont une régression plus rapide encore 1! AUBERTIN Gt Borber : Archives des maladies du cœur et des vaisseaux, juin 1909, p. 321. 2 Bécière et Picacue : Bull. et mém. de la Sociéte anato mique de Paris, 191, p. 41. . 3 ReGaun et Crémteu : C. R. de la Soc. de Biologie, t. LXXI, p. 325 et 501, el Lyon Médical, 3 janvier 1912. Entin Crémieu à fait paraitre le travail définitif sous forme d'une T'hèse de médecine, Lyon, 1912, ——. om E. LAGUESSE — REVUE D'ANATOMIE 267 que n'avait élé leur hypertrophie. Ils sont donc loin de représenter, comme on l’a cru longtemps, des formations immuables, simples résidus épithéliaux, embryonnaires; ce sont, au contraire, des organites capables de croître et décroître rapidement, el, dans les conditions normales, leur volume doit représenter « un état d'équilibre entre deux phéno- mènes inverses et incessants : leur accroissement périphérique et leur résorplion ». L'involution expérimentale produite par le jeûne a donné des résultats analogues, entre les mains de Jonson‘ (1909) et surtout de Jolly et Samson Levin”. Le premier, pourtant, voit diminuer de nombre les corpuscules de Hassall; mais les auteurs français montrent que celte contradiction n'est qu'appa- rente. Chez le pigeon, chez le cobaye, sur lesquels ils ont institué de nombreuses expériences, ils voient les corpuscules de Hassall augmenter de volume comme lors de l’irradiation; et si ces der- niers diminuent, en effet, de nombre à un moment donné, c'est en se fusionnant les uns aux autres | pour former d'énormes kystes où les résidus épi- théliaux ultimes sont phagocytés par des polynu- | eléaires. Aussi les auteurs insistent-ils encore plus que Regaud et Crémieu sur l'existence ici d’une véritable évolution épithéliale. On sait que les épi- théliums pluristratifiés sont caractérisés par celte évolution, qui consiste en prolifération par caryoci- | nèse dans les assises inférieures ou génératrices, | ascension et transformation graduelle de la cellule, mort et desquamation à la surface. Dans le thymus, dit Samson Levin, la marche évolutive est la même; mais en l'absence de surface libre, étalée ou cavi- | laire, au niveau de laquelle les éléments vieillis puissent disparaitre, il se crée des «centres d'in- volulion, qui sont les corpuseules de Hassall » (à éléments centraux kératinisés), comparables aux globes épidermiques qui apparaissent dans certains épithéliomas sous l'influence d'une orientation anormale et d'un trouble dans l'évolution cellu- laire: On pourrait ajouter que la formation des grands kystes est une tendance à l'apparition d’une véritable cavité, d’une véritable surface épithéliale de desquamation”*. | Comme on le voit, tous ces résultats expérimen- | laux sont en faveur des conclusions de Hammar sur la nature épithéliale du reticulum. Mais nous croyons devoir ajouter que la preuve la meilleure et la plus directe a été fournie par Hammar lui-même | En ne ne ! JOxSON : Arch. für mik. Anat., t. LXXUI, p. 390 (1909). * Jour» et Levi: C. AR. de la Soc. de Biologie, 191, t. LXXI, p. 320, 374, puis 27 avril 4912. — Voyez aussi San- Sox Levin: Thèse médecine, Paris, 1912. * Dans l'involution expérimentale, on voit aussi réappa- raitre nettement à la périphérie la couche périphérique à noyaux en palissade, d'aspect franchement épithélial, que Hammar a désignée sous le nom de couche marginale (Randschicht : Crémieu, S. Levin. ; en 1908, lorsqu'il à montré que le (hymus d'un grand nombre de Poissons osseux reste, jusque chez l'adulte, partie intégrante de l’épithélium pharyngien (au niveau de la cavité branchiale), sous forme de plaques simplement épaissies ou placodes, Lout en présentant la même structure essentielle que l'organe des Vertébrés supérieurs, notamment le même reticulum privé de fibrilles collagènes, séparé du tissu conjonctif sous-jacent par une membrane basale bien nette. Hammar à suivi chez l'embryon la différenciation graduelle de ces placodes, d'abord en tout semblables à l’épithé- lium environnant. Il les a retrouvés au début du développement chez les Sélaciens. Maximow, enlin, à largement confirmé la con- ceplion de Hammar par ses belles études d'histogé- nèse sur le thvmus des Mammifères, des Amphi- biens et des Sélaciens. Venons-en maintenant aux éléments contenus dans le reticulum, aux petites cellules thymiques (ou /ymphocytes). On sait combien il existe de divergences à leur sujet. C'est d’abord l'opinion de Stæbr : les petites cellules thymiques sont des élé- ments épithéliaux et qui restent épithéliaux. Nous croyons qu'on peut rejeter aujourd'hui cette con- ception. En effet, la destruction très élective de ces cellules par l'inanition ou par les rayons X, pro- priété qui leur est commune avec les lymphocytes des autres organes lymphoïdes, semble bien les différencier de l’épithélium, à partir d’un moment donné de leur existence tout au moins. D'autre part, plusieurs auteurs (Regaud et Crémieu notamment) semblent avoir établi qu'arrivées à la limite des zones corticale et médullaire, après être nées vers la périphérie de la première, elles pénètrent dans les capillaires sanguins pour sortir du thymus et aller se confondre avec les lymphocytes de la cireu- lalion générale. Il ne semble donc pas qu’il y ail lieu de les en distinguer spécifiquement, bien que Crémieu lui-même fasse quelques réserves et affecte de les appeler de préférence petites cellules thy- miques. Mais un autre problème persiste, plus difficile à résoudre: les lymphocytes thymiques sont-ils d'ori- gine première mésenchymateuse (mésodermique), ou d'origine épithéliale entodermique? ? Rudberg, qui praliquait une irradiation intense, tuait ou croyait tuer tous les lymphocytes, et voyait là une preuve de leur dissemblance absolue avec les élé- ments épithéliaux voisins. Regaud et Crémieu on! démontré qu'il était bien difficile, sinon impossible, * Maximow : Arch. für mik. Anat., t. LXXIV, 1909: {. LXXIX, 1942, ett. LXXX, p. 39 (1942) ? Outre Stœhr (1910), Cheval (1908), Beclère et Pigachi Soc. anat., 1911), Retterer, enfin Dustin comme nous le verrons plus loin, continuent à soutenir l'origine épithéliale des petites cellules thymiques. 268 E. LAGUESSE — REVUE D'ANATOMIE de tuer sûrement lous les lymphocytes, même en répétant l'irradiation, et qu'en tous cas, contraire- ment à l'opinion de leur devancier, ils y sont iné- galement sensibles, les plus vulnérables étant les plus jeunes, c’est-à-dire ceux qui sont situés à la périphérie de la zone corticale. On sait que c’est là (Flemming, Renaut, et tous les auteurs modernes) qu'ils se multiplient activement par caryocinèse, et que c'est par la réapparition de ces caryocinèses que commence la régénération qui suit d'ordinaire l'involution expérimentale (Rudberg, Regaud et Crémieu, Jolly el S. Levin). Mais les lymphocytes qui subissent ces divisions ont-ils pour cellules mères des lymphocytes immigrés du mésenchyme environnant au moment de la régénération ou tout au moins au cours du développement embryon- naire, ou bien «existe-t-il une catégorie de cellules mères indifférenciées, qui seraient les ancêtres com- muns de l’une et l’autre, espèce d’éléments » lym- phoeytaire et épithélial (Crémieu)? lei les expéri- mentateurs avouent à peu près leur impuissance; Rudberg croit à une nouvelle immigration lors de la régénération, puisque d'après lui l'irradiation a Lué tous les lymphocytes, mais Regaud et Crémieu, Jolly et Levin considèrent cette immigration comme bien douteuse, et limitée en tous cas à un bien petit nombre d'éléments : c’est le processus de caryocinèse qui joue le principal rôle. Fort heureusement, l'histogénèse vient ici à la rescousse etnous fournit des arguments de première valeur en faveur de l'origine mésenchymateuse des lymphocytes. Au-dessous des plaques épithéliales ou placodes, simplement épaissies et encore non différenciées, qui représentent les premières ébau- ches thymiques chez les Sélaciens, et qui persistent chez les Téléostéens, Hammar, puis Maximow, décrivent et figurent avec une grande netteté l’arri- vée et l'accumulation des lymphocytes nés dans le mésenchyme voisin, et pourvus d'un corps assez notable qui facilite leurs mouvements amiboïdes. Les figures de Maximow sont les plus démonstra- Lives. Il nous montre, à un stade plus avancé, les lymphocytes pénétrant dans l'épithélium et s'y logeant entre les éléments qu'ils écartent, puis com- imençant à proliférer. Enfin chez les Amphibiens, chez les Mammifères mêmes, Maximow constate des images analogues, quoique moins démonstra- lives vu la forme différente des ébauches. Il semble donc qu'on puisse aujourd'hui s'en lenirlavec quelque sécurité aux conclusions pro- posées dès 4890 sous leur forme la plus simple par Ver Eecke, el auxquelles se rangent actuellement la plupart des auteurs, à savoir que le thymus est un organe d'origine épithéliale, dans lequel le reti- culum de soutien, resté épithélial, est pénétré de bonne heure au cours du développement par des lymphocytes qui viennent y nidifier, y proliférer, et acquièrent probablement à son contact des pro- priétés nouvelles, avant de se répandre dans l'orga- nisme. Il se formerait donc, en ce point, une sorte de tissu spécial, /ymphothélial (Ver Eecke) ou /ym- pho-épithélial (Jolly), dans lequel s'établirait une sorte de symbiose entre les éléments lymphatiques el épithéliaux. Ajoutons encore que les recherches de Jolly sur la bourse de Fabricius des Oiseaux ‘ont étendu cette conception des organes lympho-épithéliaux. Elles ont permis, en effet, de rapprocher et d'expliquer l'un par l’autre des organes aussi différents au pre- mier aspect que le thymus et que celte bourse, annexée au ecloaque, et qui présente avec lui non pas une identité parfaite, mais des analogies frap- pantes dans son mode de développement, sa structure, son involution physiologique et expéri- mentale. Ce sont deux variétés d'un même tissu ou, plus exactement, d’un mème complexe de tissus. D'après toutes les recherches concordantes que nous venons de citer, le problème de la structure du thymus semblerait avoir recu une solution définitive. Tel n’est pas pourtant l'avis de Dustin”, qui reste à peu près seul à combattre la théorie de l'organe lymphothélial, et non sans y apporter des arguments troublants, fournis par l'étude des Reptiles, et surtout des Amphibiens (axolotl, gre- nouille). Pour lui, les cellules épithéliales de l’'ébauche primitive, chez certaines espèces au moins, s'organisent bien à un moment donné en un reticu- lum, mais les choses ne se passent pas ainsi partout, et surtout ne demeurent pas ainsi. Chez l'adulte, de cet épithélium primitif ne persisteraient que des cellules éparses, ne constituant pas un réseau con- tinu, un peu plus nombreuses à la périphérie, où elles peuvent, en cerlains cas, rester par places rangées en une couche marginale épithéliale. Ces éléments seraient les cellules souches des petites cellules thymiques, et ces dernières différeraient complète- ment des lymphocytes. L'auteur les étudie paral- lèlement aux « lymphocytes de la rate » dans des greffes, ou (avec Baillez) dans des cultures in vitro faites à la facon de Carrel. Les petites cellules thymiques sont beaucoup plus délicates, et d’une «susceptibilité extrême ». Elles se pyenosent de suite : dans les greffes; et, dans les cultures, les lÿmpho- cytes spléniques, au bout de quelques jours, s'en 1 Jorcy : C. R. de la Soc. de Biologie, 1910, 1. LXIX, p. 493: — 191,t. LXX, p. 422, 498, 564; t. LXXI, p. 320, 323; — 1943, t. LXXIV, p. 540. — et C. R. de l'Assoc. des Analo- mistes, 191, p. 164. ? Dusrix: Archives de Zoologie expérimentale, 4909, p.43; — C. R. de l'Association des Anatomistes, Paris, A911, p. 10; — Archives de Biologie, 4911, t. XXVI, p: 657. et t. XXVIII, 1913, p. 1. — Dos et Barr : Recherches sur les cultures de thymus in vitro. Bull. de la Soe. Roy. des Se. médic. et nat. de Bruxelles, 1913. kg f de E. LAGUESSE — REVUE D'ANATOMIE différencieraient « radicalement par la taille, la forme, la structure chromatinienne de leurs noyaux». Elles ne montreraient aucune tendance, à émigrer hors du thymus, et s’y détruiraient vrai- semblablement sur place « à la facon de cellules glandulaires holocrines », en agissant comme nous le verrons sur les autres éléments. Quant à la majeure partie du stroma, du reticu- Jum adulte, il serait constitué par de véritables cellules conjonctives, reliées à la capsule et aux vaisseaux, el dépendant étroitement de ceux-ci par lesquels elles seraient amenées sous forme d'élé- .ments périthéliaux et adventitiels. Elles différen- cieraient par places de véritables fibrillescollagènes. Proliférant par amitose, elles donneraient, en se transformant, toute la série des éléments hassaliens, c'est-à-dire les cellules épithélioïdes, myoïdes, etles véritables corpuscules de Hassall dans les espèces où ils existent. Dustin a constaté dans les greffes une poussée abondante de ces éléments. Leurs modifications si spéciales seraient dues à une « action métaplasiante » exercée sur eux par les petites cellules thymiques sécrétantes. Cet antagonisme, cette lutte continuelle entre les formations mésodermiques et épithéliales seraient surtout mis en lumière par les phénomènes spé- ciaux observés par l’auteur chez ies Amphibiens, et qui montrent l'existence d'un « balancement évi- dent entre l’activité despetites cellules thymiques et la prolifération des formations conjonctivo-vaseu- laires ». Au printemps, chez la grenouille, les pre- mières se multiplient activement; sous leur action, « le tissu scléreux vasculo-conjoncetif hivernal dégénère ; une nouvelle vascularisation se crée, et entraine dans le thymus une grande quantité de cellules conjonctives jeunes. Celles-ci se métapla- Sient en partie pour donner naissance à une florai- son de cellules myo-épithélioïdes ». En automne, c'est l'inverse; les petites cellules « se raréfient; en presque totalité les cellules myoïdes dégénèrent, le tissu conjonctif s'accroît et s'épaissit; les parois vasculaires se sclérosent ». 11 n'existe pas, chez la grenouille, de véritables corpuseules de Hassall, mais on en trouve chez les Reptiles, ou Dustin, rajeunissant une ancienne théo- rie d'Afanassiew (1877) et de Prymak, leur attribue une origine analogue. Ici, en effet, ils contiennent des débris hématiques, affectent souvent une forme cylindroïde allongée, et seraient dus à l’involution de certains vaisseaux sanguins et particulièrement de leurs cellules périthéliales. Les mémoires de Dustin, illustrés de nombreuses et belles figures, nous décrivent ainsi toute une série d'observations et d'expériences très intéres- santes ; mais nous devons nous demander si elles ne sont pas susceptibles d’une interprétation difté- | | | 269 rente de celle que donne aujourd'hui l’auteur, tellement elles nous éloignent des conclusions si séduisantes auxquelles nous amenaient la plupart des autres travaux. Elles nous garderont du moins de nous laisser séduire trop facilement, et trop irrévocablement, puisque, par bien des points, l'histophysiologie du thymus reste encore pour tous assez énigmatique *. $ 2. — Les capsules surrénales; forme et situation. Nous placerons ici une courte analyse du travail de G. et M. Gérard” sur la forme et la situation des capsules surrénales. Ces auteurs insistent surtout sur la nécessité de décrire séparément, à ce point de vue, chacune des deux capsules. En effet, la surrénale droite est caractérisée par la très grande variabilité de sa forme, due en grande partie à la variabilité de sa position. La position moyenne est de beaucoup la plus fréquente (64,9 °/, des cas, sur 81 adultes), la position basse (jusqu'à toucher le pédicule rénal) est rare; la position haute, c'est-à- dire la position classique, coiffant véritablement le rein, est très rare. La surrénale gauche à une forme 4 La distinction parait notamment bien difficile entre certaines des cellules conjonctives vraies el les ce lules réticulaires d'origine épithéliale ; les éléments périthéliaux ne pourraient-ils, par exemple, appartenir à ce dernier groupe ? Il est indispensable, croyons-nous, de revenir à l'histogénèse, ce que promet d'ailleurs Dustin. ? Ces lignes étaient écrites depuis longtemps déjà, quand Dustin a communiqué à l'Association des Anatomistes, à Lausanne (août 1913), des faits d'histogénèse normale el expérimenta e qui semblent être bien en faveur de la déri- vation épithéliale des petites cellules thymiques chez la grenouille. D'après lui, Hammar et Maximow auraient pu confondre certains placodes thymiques avec de véritables formations amygdaliennes lymphoiïdes, qui y ressemblent beaucoup chez les Poissons. Cette note nous fournira l'occasion de mentionner un autre travail tout récent, celui de Salkind (Archives d'A na- tomie microscopique, t. XV, juillet 1913, p. 315, — précédé d'aill-urs d'une note dans l'Anatomischer Anzeiger, {. XLI, p. 145). Tout en acceptant, dans ses grandes lignes, la théorie lymphotheliale, cet auteur en apporte une concep- tion toute particulière. Pour lui, le reticulum médullaire seul est franchement épithélial. S'apruyant sur certaines observations antérieures de Von Ebner et Schaler, el sur tout sur ses recherches personnelles, il voit dans l'écorce enchevêtrement sans continuité de deux réseaux : l'un épithélial, prolongeant celui de la moelle et très réduit, l’autre conjonctif, prédominant. L'invasion mésodermique, a amené non seulement des lymphocytes, mais tous les élé- ments du tissu adénoïde. Les cellul:s de ce réseau con- jonctif bourgeunnent pour donner de nouveaux lymphocytes. Arrivés dans la moelle, ceux-ci sont phagocytés par les grandes cellules épithéliales, qui subissent fina ement une sorte de fonte holocrine (sécretion interne) en devenant cellules de Hassall. Le thymus aurait un rôle régulateur : une lymphogér*se active correspondrait aux périodes où l'assimilation l'emporte sur la désassimilation; une « dé- lymphoïdisation », se traduisant par la phagocytose rapide des lymphocytes (devenus pycnotiques) par le reticulum conjonctif, correspondrait aux périodes où la désassimila- tion l'emporte (jeûne par exemple}, et à l'involution de l'organe. 3 GEOKGES et Maurice GÉRARD : Bulletin de la Société una- tomique, avril 1911, p. 213. — Voir aussi G. Génanb : C. de l'Association des Anatomistes, 1902. 270 E. LAGUESSE — REVUE D'ANATOMIE beaucoup plus fixe, en virgule renversée (comme le disent Albarran et Cathelin) ou en amande; sa position normale est la position basse, la moyenne est déjà très rare. Les deux capsules sont d'abord identiques de forme, et coiffent régulièrement le rein chez le fœtus et l'enfant; la fixité, la brièveté, la différence d'aboutissement des veines capsu- laires déterminent peu à peu les changements res- pectifs de situation. Le développement considérable du foie, le redressement de l’obliquité primitive des vaisseaux rénaux et d’autres facteurs moins impor- tants y contribuent également. NV. — ORGANES DE LA CIRCULATION. LE FAISCEAU INTERAURICULO-VENTRICULAIRE DE His. On sait que Wilhem His fils a découvert, en 1893, dans le cœur, un faisceau de fibres muscu- laires interaurieulo-ventriculaires ou atrio-ventri- culaires auquel on à donné son nom, faisceau qui aurait une importance physiologique, puisqu'il parait, dans une large mesure au moins, trans- mettre le stimulus des oreillettes aux ventricules, _et en coordonner ainsi les mouvements, tandis que ses lésions en amènent la dissociation. Le faisceau de His a été l’objet de recherches analomiques nombreuses, depuis 490% surtout, de la part de Retzer, de Tawara, de Keith et Flack, etc. Le travail le plus important était celui de Tawara (1906) ‘, complété par les recherches histologiques de Münckeberg (1908), de Aschoff et Nagayo (1908). Tous les auteurs ont cherché à décrire le faisceau le mieux possible, mais n'en ont encore donné que des figures incomplètes, la plupart schématiques ou demi-schématiques, et chez quelques espèces seulement. Le plus souvent, ils l'ont fait d’après des coupes microscopiques (ce sont des prépara- lions de ce genre qui avaient attiré l'attention de His). Seuls Retzer, Keith et Flack, Curran, ont cherché à isoler le faisceau par la dissection. Tawara lui-même, outre les coupes, s'est généralement contenté d'examens de surface à travers l’endo- carde translucide. Enfin, récemment, Dogiel* (1910) trouvait ces deseriplions si peu complètes el si peu convain- cantes qu'il croyait pouvoir mettre en doute l'exis- tence même du faisceau de His, chez l'homme et chez le chien notamment, ou le considérer comme un simple vestige de faisceaux musculaires incom- plètement dégénérés. IL était done nécessaire de reprendre avec soin et détail l'étude analomique du faisceau atrio- 1 Tawara : Das Reizleilungssystems des Säugetierherzens, lena, 4906, el Beiträge zur pathology. Anal., de Ziegler, t. XXXIX, 1906. * Docsez: Pflüger's Archiv. fur die ges. Physiol., &. CXXXV, n° 1, 1910. ventriculaire. C'est ce que vient de faire Holl (de Graz) ', qui nous en donne, outre une description très complète, quatre belles planches, reprodui- sant par la photographie le faisceau isolé par dissection sur les cœurs du mouton, du veau, du chien et de l'homme. Il a également étudié, mais non figuré, le porc et le cheval. Chez loutes ces espèces, les dispositions essen- tielles sont les mêmes. Seuls varient les détails, la longueur relative des diverses parties, l'épais- seur, la couleur. C’est ainsi que, chez le chien et chez l'homme, le faisceau est beaucoup plus grêle que dans les autres espèces, ce qui explique les: réserves de Dogiel. Chez la plupart des animaux, sa couleur est blanchâtre, au niveau des deux bran- ches de division tout au moins, tandis qu'elle est presque aussi rouge que le reste du myocarde chez le chien et chez l'homme. Chez toutes les espèces, le faisceau naît par un système de fibres qui a ses racines dans les parois interne et postérieure de l'oreillette droite, ou, plus exactement, dans la paroi même du sinus Coro- naire et dans les parties voisines. Ces fibres se réunissent bientôt en une petite masse réticulée, ronde ou ovalaire, le nœud de Tawara, d'où part le tronc (S/amni) du faisceau, qui chemine au côlé droit du bord supérieur du septum interventrieu- laire, dans la partie la plus inférieure de la paroi de l'aorte, prolongée et modifiée pour former le seplum librosum. Ce tronc se renfle un peu à son extrémité en une plaque triangulaire, et se divise aussitôt en deux branches, l'une droite, l’autre gauche, destinées à chacun des ventricules. La branche droite, à peu près cylindrique, con- tinue assez régulièrement le trajet du tronc dans le cœur droit, et à l'intérieur de la paroi du septum, plus ou moins profondément au-dessous de l'endocarde, et en décrivant un arc à con- vexité antérieure, en arrière el autour du musele papillaire médial. Puis elle s'engage dans la grosse colonne charnue de second ordre, que Tawara appelle branche de renforcement (Hilfschenkel) trabéculaire du muscle papillaire antérieur, et auquel Holl propose de donner le nom de travée de Léonard de Vinci, parce que le grand artiste semble avoir été le premier à la décrire et à la figurer. Par là, le faisceau de His atteint la base du musele papillaire antérieur, el S'y engage, en venant se terminer dans un réseau sous-endocardique qui enlace ce muscle. Quelques rameaux peuvent s'en détacher pour pénétrer dans le musele papillaire postérieur. La branche gauche, très aplatie, rubanée, per- fore la paroi seplale entre le bord supérieur du Jahrg. 1912, p. 62. E. LAGUESSE — 1] tEVUE D'ANATOMIE septum interventriculaire et le bord inférieur de l'aorte, pour gagner la face opposée de celte paroi et par conséquent le ventricule gauche. Elle l'atteint | au-dessous de l’orifice aortique, sur une ligne située ! entre les valvules sigmoïdes droite et postérieure. De bonne heure, elle devient sous-endocardique, se voit bien par transparence, surtout chez les | animaux où elle est blanchätre, et descend en s'épanouissant sur le septum, qu'elle recouvre comme d'un voile. Arrivée à peu près à la moitié de sa hauteur, elle se divise en trois parties : la moyenne continue à se diriger vers la pointe du cœur et disparait bientôt, l’antérieure et la posté- rieure tendent plus ou moins à se rejoindre, et chacune d’entre elles passe dans une grosse colonne charnue de deuxième ordre, dont l'une va à la base du muscle papillaire antérieur, l'autre à celle du muscle papillaire postérieur. Elles attei- gnent ainsi ces deux muscles pour s'épuiser dans un réseau sous-endocardique qui les enlace. Ainsi le faisceau de His établit un lien bien évi- dent entre la paroi du sinus coronaire et les museles papillaires, et l'on comprend, comme l'a | constaté Hering chez le chien, que, dans les ven- | tricules, les muscles papillaires se contractent avant la base du cœur, quel que soit d’ailleurs le rôle de l'innervalion dans l'association des mouvements des oreillettes et des ventricules. Rappelons qu'au point de vue histologique, Fawara a montré que le réseau sous-endocar- dique terminal est constitué par le système des' fibres de Purkirje, et le faisceau de His, sur toute son étendue, par des éléments qui s’en rapprochent, tout au moins par leur richesse en sarcoplasme et leur pauvreté relative en colonnettes striées. Münckeberg, Aschoff et Nagayo (1908) ont ajouté une autre caractéristique : les fibres du faisceau contiennent une grande quantité de glycogène, souvent en grosses gouttelettes, alors que le reste du myocarde n'en contient que peu ou point. Le tronc du faisceau de His, d'une largeur de 2%%,5 sur une épaisseur de 1%%,5 chez l'homme adulte (d'apres les mesures de Rélzer, 1904), est assez facilement isolable, parce qu'il possède une gaine conjonclive propre, dont il serait même séparé pär une couche de lymphe pour Holl. Il traverserail ainsi un véritable canal dans lequel il serait susceptible de glisser. VI. — ORGANES DE LA RESPIRATION. Nous rappellerons simplement ici au passage le travail de Juillet ® sur le Poumon des Oiseaux, que : Juver : Recherches anatomiques, histologiques, em- bryologiques et comparatives sur le. poumon des Oiseaux. Thèse Sorbonne, 4912, et Archives de Zoologie experim. et gén, 5° série, {. IX, p. 207 à 374, 1912. nous avons déjà analysé dans une autre partie de la Revue générale des Sciences ‘, travail du plus grand intérêt au point de vue de l'anatomie, de l'histologie et de l'embryologie comparées. Il contient notam- ment une découverte capitale, celle des « bronches récurrentes », engendrées par les sacs aériens eux-mêmes, et qui rentrent dans le poumon pour s'anastomoser avec les bronches directes et contri- buer à l'édification du parenchyme pulmonaire. Vérifiant et étendant les recherches de F, E. Schulze (1906), R. Marchand* a mis hors de doute l'existence normale de petits pores de communica- tion entre alvéoles pulmonaires voisins. Ces pores, moins nombreux et moins importants chezl homme que ne le croyait Hansemann, deviennent, comme l'a déjà montré Schulze, larges et abondants chez cer- tains Mammifères et notammient chez le hérisson, où il est impossible d'en contester l'existence. Mar- chand a montré de plus, en examinant de jeunes animaux (rats, lapins), que quelques pores appa- raissent déjà le troisième jour après la naissance : leur formation, bien que due à un processus de résorption, n'a donc rien de pathologique ni de sénile. VII. — ORGANES GÉNITO-URINAIRES. $ 1. — Le tube urinaire. Parmi les auteurs qui se sont récemment occupés de la structure du rein, il en est deux qui ont parti- culièrement attiré notre attention : ce sont Peter (de Greifswald) et Policard (de Lyon). Dans une série de travaux sur la structure et le développement du rein, Peter * s'attache particuliè- rement à établir une nouvelle division du tube urinifère (ou urinaire) qui serait surtout basée sur les différences cytologiques, celles-ci étant très probablement l'expression de différences fonction- nelles. Conservant le tube contourné (dans lequel il comprend la pièce rectiligne terminale ou Endstüuck de quelques auteurs) et le segment grêle ou branche grêle de l’anse de Henle, il trouve à partir de là jusqu à l'embouchure dans le tube collecteur trois segments au lieu de deux : un seg- ment à cellules troubles ascendant, rectiligne, puis un segment à cellules claires, et enfin le segment (Schaltstück) contourné de Schweiger-Seidel, à cellules troubles de nouveau. Peter s’appuie avant tout sur des dissociations à l'acide chlorhydrique, puis sur des coupes faites après fixation au liquide ! Revue gén. des Sciences, 1942 (voyez aux Analyses, p.600). ? R. Mancuaxo : Les pores interalvéolaires du poumon. Thèse médecine, Lille, 1912, et Bibliogr. anatom., 1912. * K. Peer : Untersuchungen über Bau und Entwickelung | der Niere, Iéna, 4909; et Verhandlungen der anat. | Gesellschaft, t. XXX, 1907. 272 de Muller, ce qui n’est peut-être pas le meilleur moyen d'apprécier les différences cylologiques. Policard', bien que son point de départ soit le mème (nécessité d'une classification cylologique), aboutit à un résultat tout différent : il simplifie au lieu de compliquer. Il réunit en effet sous le nom de segment intermédiaire la branche ascen- dante de l’anse de Henle et le segment intercalaire contourné de Schweiger-Seidel, qu’il trouve abso- lument identiques au point de vue cytologique. Mais il a soin de bien séparer au point de vue structural le tube contourné d’ure part et ces deux segments d'autre part, alors qu'on a trop souvent décrit la branche ascendante comme identique au tube contourné. Or, dans cette branche, la cellule est bien différente par l'absence complète de bordure en brosse, par une plus grande résistance, des limites latérales nettes, une hauteur moindre, ete. Elle possède des chondriosomes ou bâtonnels analogues, mais plus courts, relégués dans la zone basale, alors que dans le tube contourné ils s'éten- dent jusque sous la bordure. Dans sa revue générale, Policard résume les tra- vaux de ses devanciers et les siens, qui ont déjà porté sur les points les plus différents de la struc- ture et de l’histophysiologie du tube urinaire”. Il expose en détail tout ce qu'on sail actuellement sur le mode de fonctionnement des divers segments; mais, en soumettant toutes les observations et expériences à une critique serrée, il finit par conclure que nous savonsencore bien peu dechoses a ce sujet. Ce qui paraît certain, c'est que le glomé- rule laisse passer la majeure partie de l’eau et des sels, et pourtant le segment intermédiaire doit l'y aider dans une très large mesure‘; mais l’auteur a soin d'écarter la théorie de la filtration pure au niveau du glomérule. Même en ce point, il y a sécré- tion, sous pression il est vrai, mais à travers un épithélium encore sélecteur. Le tube contourné et le segment intermédiaire laissent passer très proba- blement les matériaux constitutifs les plus impor- tants de l'urine. Personne n'a pu établir sur des faits l'existence d'une résorption à ce niveau, sou- tenue par LudwigetKüss; par contre, cette résorp- lion paraît indiscutable au niveau de la branche grêle de l'anse de Henle, mais là elle ne peut guère porter que sur l’eau, en l'absence d’un épithélium très différencié. En ce qui concerne le tube con- 1 Porcano : Le tube urinaire des Mammifères. /evue générale d'Histologie de Renaut et Regaud, fas ic X, 1908; — Voyez encore Thèse de dostsrat ès scivns, Paris, 1910; — C. A, de l'Associat. des Anatlomistes, 4412. 2 Nous avons eu déjà l’occasion dans celle Æevur (1906, p. 1071) de parler des premiers de ces travaux, faits en partie en collaboration avec Regaud et sous sa dire: tion. 3 Au X/Ie Congres frauçars de Médecine, Lyon, 1914, Policard attribue même à ce dernier la sécrélion de la majeure partie de l'eau. E. LAGUESSE — REVUE D'ANATOMIE tourné, de toutes les expériences sur l'élimination des matières colorantes faites pour démontrer son pouvoir sécréteur, seules celles de Heiïdenhain et Nussbaum sur le carmin d'indigo, et celles de Gurwitsch sur le bleu de toluidine semblent avoir donné des résultats bien nets. Le fait surtout que la ligature de l'artère rénale chez la grenouille (Nuss- baum) laisse passer le carmin d’indigo dans les urines, et que la contre-expérience (ligature de la veine porte rénale par Gurwitsch) suffitau contraire à empêcher l'urine et les tubes contournés de bleuir, indiquent bien que c'est au niveau de ces derniers qu'a élé rejeté l’indigo. Les expériences d’Anten et de Courmont et André sur l'élimination de l'acide urique et des urates semblent bien moins probantes à Policard, parce qu'il n’estpas démontré que le procédé mette en évidence tous les corps puriques (d’aucuns étant étroitement combinés aux albuminoïdes), niqu'il ne mette en évidence qu'eux. Il existe une certaine discordance à cet égard entre la teneur de l’urine en acide urique dans les divers groupes de Vertébrés, et la richesse des précipités qu'on obtientdans les cellules. Chez les Reptiles, les grains de ségrégation albuminoïdes étudiés par Regaud et Policard semblent jouer un grand rôle dans le processus, par combinaison précisément très probable avec les corps puriques: or, chez les Mammifères, ces grains deviennent rares, incons- tants, douteux-même. De sorte que toute généra- lisation devient impossible, et que nous sommes obligés d’avouer encore l'existence d'énormes lacunes dans nos connaissances sur l’histophysio- logie de la sécrétion urinaire. La partiela plus originale des recherches de Poli- card nous semble êlre constituée par ses deux mémoires récents sur l’histogénèse et sur l'histo- physiologie des premiers stades de la sécrétion urinaire’. L'auteur y suit en détail, chez l'embryon humain, le développement cytologique (cytogénèse) et la différenciation des différentes parties du tube urinaire. De bonne heure, dans le futur tube con- tourné, on voit les cellules, fusionnées en un plas- mode, différencier à leur sommet, par une sorte de condensation, un protoplasme homogène, réfrin- gent, plus colorable : c'est la première ébauche de la cuticule, d'abord mal limitée inférieurement et d'emblée très épaisse, continue sur tout le pourtour du tube. Au stade suivant (qu'il appelle stade de la plongée médullaire, c’est-à-dire de la formation de l’anse de Henle), l'auteur voit cette cuticule se mieux limiter, les éléments augmenter considéra- blement de volume, les chondriocontes primitifs s'accroitre et se transformer en abondantes mito- chondries. Les plus basales d'entre elles, la plupart Portcaro : Archives d'Anatomie microscopique, {. XIV, 1912, p. 1; — et t. XIV, fase, III, p. 429. r E. LAGUESSE — REVUE D'ANATOMIE 2173 ensuite, gonflent démesurément, perdent leurs afti- nités tinctoriales spécifiques, el deviennent de gros grains pâles chargés de substances dont la nature est encore inconnue. Cet état ne se modifie, chez le’ fœtus humain, que vers le huitième mois de la gros- sesse. On assiste alors à la dissolution et à la dispa- rilion des grains par une « sorte de digestion », et « les produits qui en résultentquittent la cellule ». D'où deux conséquences très nettes : la diminution de volume de ce segment, et l'apparition de la Striation de la cuticule restée jusque-là homogène, et qui prend à ce moment seulement le caractère d'une bordure en brosse. C’est seulementalorsaussi que les mitochondries restantes se multiplient, s'allongent, s'épaississent et se disposent en séries pour former les bâtonnets de Heidenhain. Ces bâtonnets existaient depuis longtemps dans le segment intermédiaire. Policard explique ces faits en les rapprochant de ceux qu il avait décrits dans le premier de ses deux mémoires sur la souris et le rat nouveau-nés, où il avait trouvé le même stade à grains précédant l'édification définitive du tube contourné. Mais chez ces animaux les grains sont énormes, non graisseux, formés semble-t-il d'un substratum albu- minoïde imprégné par des corps puriques, et se dissolvent peu à peu dans des vacuoles colorables au rouge neutre. Correspondant à cette structure provisoire doit donc exister un stade fonctionnel embryonnaire tout spécial, où le tube contourné sécrête tout autrement que chez l'adulte et proba- blement comme un véritable rein d'accumulation, à la facon de l'organe excréteur de beaucoup d’In- verlébrés. Il est probable que, le rein fœtal élimi- nant peu d'eau (la structure définitive du glomérule apparaît tardivement), les déchets s'accumulent dans les cellules sous forme de grains. Après la naissance (souris), ou un peu avant (homme), la filtration glomérulaireaqueuse, augmentant consi- dérablement, balaie peu à peu ces déchets; et en effst le nouveau-né a une véritab'e « crise uri- naire » et excrète dans les premiers jours une énorme quantité d'urates et de corps puriques, Juste au moment de cette dissolution. Policard rapproche ce phénomène de la erise urinaire, bien connue déjà chez les Mammifères hibernants lors du réveil (hérisson, marmotte), et chez lesquels Ferrata, Rina Monti ont signalé les mêmes grains (quoique plus petits) pendant le sommeil hibernal. Pour donner corps à son hypothèse, Policard, avec Doyonet Gautier, a pratiqué chez la grenouille l'ablation du foie en réservant la circulation porto- cave. [Il a constaté au bout de quelques jours dans le tube contourné de gros grains ne se dissolvant que lentement par fonte dans les vacuoles qui les entourent. Le foie ne détruisant plus les déchets, il en arrive en excès dans le rein; incapable de les éliminer tous d'emblée, la cellule rénale est obligée de les accumuler provisoirement. Cesrecherches nous paraissent éclairer d’un jour tout nouveau l'histoire de la sécrétion urinaire, et ouvrent une voie qui promet d'être féconde. S 2. — L'’épithélium de la trompe utérine chez les Mammifères. Frommel, Nicolas, Bouin et Simon ont déjà décrit dans la trompe utérine entre les cellules ciliées des cellules sécrétantes, et J. Schaffer', en 1908, a consacré un nouveau et important tra- vail à la répartition de ces éléments chez plusieurs espèces animales. Moreaux* nous apporte de nou- veaux détails sur la fonction glandulaire de l'épi- thélium de la trompe étudié chez la lapine, et sur son alternance avec la fonction ciliaire. D'après lui, chaque cellule de l’épithélium tubaire subit une évolution cyclique très nelte. Dans une première phase elle est ciliée : Les cils sontimplantés sur une double rangée de corpuscules basaux. Puis des grains de mucigène sont élaborés dans la por- tion apicale (phase de sécrélion). Dès le début, les cils avec les grains externes s'atrophient et lom- bent: un dipiosome qui semble bien être de nouvelle formation apparaît dans la portion basale de l'élé- ment et monte peu à peu vers le sommet. La rangée jusque là persislante des grains basaux internes se rompt alors (phase d’excrétion); les grains de mucigène sont rejetés; le diplosome devenu superficiel demeure. Enfin, dans une phase de reconstitution, la membrane cellulaire se reforme; du diplosome, par divisions successives, naissent de nouveaux corpuscules basaux doubles, d'abord clairsemés, sur lesquels repoussent dès ce moment les cils. Les cellules sont toutes ciliées chez la lapine impubère, et le redeviennent pendant le repos sexuel; la période d'élaboration correspond avec l'époque du rut ; les périodes d’excrétion et de reconstitution suivent la rupture des ovisacs, la formation du corps jaune, et sont conditionnés par lui. Mais toutes les cellules n'évoluent pas simul- tanément. E. Laguesse, Professeur d'Histologie à la Faculté de Médecine de Lille. £ Scaarrer : Monatsschrift für Geburstsh. und Gyuäk., t. XXVILL, p. 526, 1908. 2 Moreaux : Archives d'Anatomie microscopique, t. XIV p. 515; 1912-1913. 27% BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX BIBLIOGRAPHIE ANALYSES 1° Sciences mathématiques Weber (Heinrich), Professeur à l'Université de Strasbourg. — Lehrbuch der Algebra (Petite édi- tion). —1 vol. in-3° de 528 pages. (Prix : 14 marks.) Fr. Vieweg und Sohn, éditeurs, Brunswick. 1913. Il y dix ans, le Professeur Henri Weber a collaboré à la publication de | « Encyclopédie des Sciences ma- thématiques élémentaires », en écrivant le tome I (A/- gebra und Analysis.) Mais, en dehors d’autres travaux considérables, il est surtout l'auteur d'un important Cours d’Algèbre en 3 volumes qui fait autorité dans tous les pays de langue allemande. Sollicité de donner une nouvelle édition du 1°* volume, il préféra procéder à l'établissement d’un abrégé de son grand Traité, sous la forme du présent manuel, réduit, sans doute, mais complet, non exclusivement élémentaire du reste, et contenant au moins un aperçu des parties les plus difliciles de l'Algèbre moderne, à savoir la Théorie des Nombres algébriques. C'est dire que l'ouvrage, à part un exposé de la Théorie des Déterminants, se borne à traiter sommai- rement ce qu'on est convenu d'appeler la Théorie des Equations, leur résolution et le problème de l’élimi- nation: le tout ne forme guère que le tiers du livre. On peut y signaler la démonstration d’après Gordan du lhéorème fondamental et la solution de Hurwitz au problème de Sturm. L'auteur a donc intentionnelle- ment consacré ses plus grands efforts à présenter l’Al- gèbre moderne, et celle-ci comme dominée par deux grandes notions, celle de Groupe et celle de Corps al- gébrique (ou domaine de rationalité). Dans un groupe, comme on sait, on constitue un système Q(a, b, ce...) par certaines opérations à, b, e..., effectuées sur certains objets ou éléments. Le système Q est un groupe P, quand, en effectuant successivement et dans un ordre quelconque des opérations distinctes ou non de Q, on retombe toujours sur des opérations de Q. L'auteur s'attache à démontrer toute la fécondité de cette idée et combien l'étude du groupe des per- mutations de » lettres (loi de Jordan, Théorie de Ga- lois, groupes d'Abel, etc) jette de lumière sur la réso- lution des Equations, par exemple, III° et IV° degré, cycliques, et en particulier sur la « solution algé- brique », c'est-à-dire la représentation des racines par une série de radicaux. L'autre idée fondamentale est celle de Corps algé- brique. Un corps algébrique Q est l'ensemble des valeurs des fonctions rationnelles à coefficients ration- nels d’un nombre + et le corps algébrique est de degré n si «est algébrique et de degré 2. Ainsi le corps@ (1) est le corps desnombresrationnels. DanslecorpsQ (V— 5); la décomposition unique en facteurs indécomposables n'existe plus et on a dû introduire la notion d'Idéal, cette extraordinaire conception de la pensée qui a con- duit aux importants résultats acquis dans la Théorie des Nombres, en Allemagne surtout. Précisément, M. Hadamard, dans cette Revue même (numéros des 28 lévrier 1907 et 15 décembre 1909) ex- primait le regret de voir les mathématiciens francais — entraînés plutôt vers le domaine réel et les applica- tions concrètes — ignorer ces généralisations impor- tantes qui caractérisent les recherches d’Algèbre supé- rieure chez nos voisins. À cet égard, une traduction du manuel de H, Weber pourrait parfaitement servir d’initialion et rendre au public de langue française d’incontestables services, en préparant à la possibilité d'aborder l'étude des traités plus complets et plus difliciles. Evo. Démos, Professeur à l'Ecole Professionnelle de Genève. ET INDEX Ser (J.). — Essai de Linéométrie. Première partie. — 1 vol. in-8° de 80 pages. (Prix : 2 fr: 75) Gauthier- Villars, éditeur. Paris, 1943. Cette première partie de l'ouvrage de M. Ser est con- sacrée à certaines recherches sur la mesure des arcs de courbe. L'auteur rappelle d'abord comment l’exten- sion de la formule de Chasles à une courbe fermée. telle que le cercle impose, pour la mesure de l'arc, la notion de période: il propose, pour mettre en évidence cette périodicité, une méthode générale fondée sur l'intervention des éléments imaginaires de la courbe. Le calcul de l’arc entre deux points imaginaires de la courbe, quand la variable suit un chemin déterminé, revient au calcul d’une intégrale curviligne prise le long de ce chemin, et ce calcul même introduit les périodes. Les deux premiers chapitres sont consacrés à l'inter- prétation de cette méthode par la considération des points imaginaires d’intersection de la courbe avec une droite mobile. L'auteur introduit d'abord la notion de {let de défilante: le point d'intersection de la courbe et de la droite mobile décrit un fil positif de la courbe quand, dans un déplacement infiniment petit de la droite, l'arc correspondant décrit par le point sur la courbe à une valeur réelle; l'enveloppe de la droite est alors une défilante positive ; le même point décrit au contraire un fil négatif quand l'arc à une valeur imaginaire pure, et la droite enveloppe une défilante négative. A l’aide de ces défilantes, M. Ser décompose la mesure de l’are de courbe entre deux points, en ses deux parties réelle et imaginaire pure: différents modes de décomposition font apparaître les pér odes, qui résultent aussi de certaines indétermi- valions pouvant se produire en des points particuliers des fils. Dansle chapitre IT, l’auteur indique la méthode générale analytique de détermination des fils et des défilantes, lorsque les équations de la droite mobile et de la courbe ont leurs coefficients réels. Le chapitre I traite du genre linéaire qui est celui d'une courbe auxiliaire liée à la détermination de l’are d’une courbe algébrique, et telle que cet arc s'exprime par une intégrale abélienne attachée à la courbe ; l'auteur apporte des simplifications importantes au calcul du genre linéaire. Des considérations analogues lui permettent, dans le chapitre suivant, de perfec- tionner les méthodes habituellement suivies pour cal- culer certaines sommes particulières d'arcs dépendant des fonctions abéliennes, et qui s'expriment par des fonctions algébrico-logarithmiques de certains para- mètres; ces sommes ont fait l’objet d'un théorème célèbre d'Abel et ont été, depuis, souvent étudiées. Enfin le cinquième et dernier chapitre de ce volume est une application des précédents aux coniques, et notamment au cerele et à la parabole. Cet ouvrage renferme des idées originales et des résultats intéressants; mais la rédaction, peut-être un peu trop concise, en rend parfois la lecture difficile. M. LELIEUVRE, Professeur au Lycée et à l'Ecole des Sciences de Rouen. Frick (P.), /ngénieur des Constructions civiles. — Mécanique et Electricité industrielles. |. Pre- miers principes de Mécanique rationnelle. — 1 r0/. in-8° de xu-322 pages, avec 152 figures. (Prix : 5 fr.); — II. Notions générales sur les machines. — 1 vol. in-8° de 292 pages avec 231 figures. (Prix : 5 fr.) Berger-Levrauit, éditeurs. Pariset Nancy,1913. Ces deux volumes font partie de la Bibliothèque d'enseignement administratif et technique, publiée ne mm. rome ES ns BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX sous la direction de M. Saillard; ils sont les deux pre- miers d’une collection consacrée à la Mécanique et à Electricité industrielles, qui doit comprendre huit volumes. Ils ont été rédigés spécialement en vue des concours de l'Inspection du travail, mais sans se: limiter exclusivement aux programmes de ces con- cours, de manière à pouvoir servir à tous ceux que la Mécanique et les machines intéressent. Ainsi qu'il l’expose dans sa préface, M. Frick a cherché à rédiger les premiers principes de Mécanique rationnelle, de manière à se placer entre les manuels urement élémentaires et les traités complets, basés sur ire mathématique. C'était une tâche délicate, car il est à craindre que, tout en élant trop difficile à suivre pour certains lecteurs, on ne paraïsse insuffisant à d’autres. L'emploi exclusif de l'algèbre élémentaire, sans recourir aux notations des différentielles dans un sujet qui envisage constamment des quantités infini- ment petites, est une difficulté de plus. Quoi qu'il en soit, M. Frick a traité la plupart des questions impor- tantes de la Mécanique, en prenant d'abord la Ciné- matique, puis la Dynamique, avec un chapitre pour la Statique. . Dans le volume relatif aux notions sur les ma- —_ chines, l’auteur expose d'une manière simple les — principes du fonctionnement des leviers, des balances, des poulies, des treuils, des vis. Un chapitre est con- | sacré aux guides du mouvement, douilles, glissières, galets, paliers, ete.; un autre à la transmission et à la transformation de mouvements, par embrayages, cour- raies, bielles, engrenages, joints, cames. etc. Il étudie … aussi le fonctionnement des régulateurs et des volants, L ainsi que les freins. Un chapitre traite des précautions | à prendre ponr éviter les accidents dus aux méca- nismes; une annexe contient des notions sommaires …— sur la résistance des matériaux. E. SAuvAGE, } Professeur au Conservatoire des Arts el Métiers et à l'Ecole supérieure des Mines. | — * 2° Sciences physiques Lorentz (H. A ), Einstein (A.) et Minkowski (I1.). — Das Relativitätsprincip.— 1 vol. in-8° de 89 pages avec 6 figures. (Prix : 3 fr. 75.) B.-G. Teubner, éditeur. Leipzig, 1914. k Sur l'initiative heureuse de M. Sommerfeld, l'éditeur a réuni dans cette brochure les mémoires fondamen- taux sur le Principe de la Relativité. Ces mémoires sont : 4° ceux de Lorentz (3 mémoires); 2° ceux de —… Einstein (2 mémoires) ; 3° celui de Minkowski(1 mémoire — suivi de remarques de Sommerfeld). C’est la réédition dé ce dernier mémoire déjà épuisé qui a été l’occasion dela publication actuelle, et on l'a ornée pour cette raison d'un beau portrait du regretté Minkowski. Il est sans doute inutile de rappeler l'importance essentielle qu'onteue les travaux précédents sur l’évolution de la » Physique théorique moderne; tous les physiciens seront heureux de trouver réunis dans un petit volume d’un format commode les écrits fondamentaux en matière de relativité. 11 serait très désirable que cett- initiative se généralisât et s'étendit à d’autres questions. Nous rappellerons pour terminer que le mémoire de Min- kowski (intitulé Espace et Temps) a êté traduit en français il y à quelques années dans les Annales de l'Ecole Normale Supérieure. Euveène BLocu, Professeur au Lycée Saint-Louis. Urbain (G.) et Sénéchal (A.) — Introduction à la Chimie des Complexes. Théorie et systématique de la Chimie des complexes minéraux. — { vo/. in-8° de 411 pages. (Prix 15 fr.) A. Hermann et fils, éuiteurs. Paris, 1913. . Quand on examine l'histoire de la Chimie au dernier siècle, on constate que pendant de nombreuses années | les recherches se portèrent indifféremment sur les ! corps de la Chimie minérale ou de la Chimie dite orga- nique jusqu'au jour où celle-ci, ayant subi l'influence fécondante des théories, prit manifestement le pas sur son aînée. La Chimie minérale entra dans une péride de repos et fut délaissée par tous ceux que tentèrent les résultats vite acquis, le foisonnement des décou- vertes et leurs consécrations pratiques. Il est même probable que, si ce repos ne fut que relatif. cela fut dû en grande partie à ce que l'existence dans les Facultés des chaires de Chimie minérale donnait quelque garan- tie d'avenir à ceux qui ne pouvaient s'offrir une coû- teuse originalité Sauf par quelquesrares découvertes retentissantesap- partenantau domaine purement expérimental, la Chimie minérale ne fit plus guère parler d'elle. Cependant, dans l'ombre en quelque sorte, les travaux s’accumu- laient et c'est à un renouveau de cette branche de la Chimie que nous assistons depuis quelques années. Il faut ajouter que ce renouveau n’est pas d'ordre exclusivement expérimental et qu'il s'effectue sous la bienfaisante action des conceptions théoriques jeunes ou vieilles que nous groupons maintenant sous le nom de Chimie physique. Aucun ouvrage n'est plus susceptible de donner cette impression de l'évolution de la Chimie minérale que celui de MM.Urbain et Sénéchal, et cela est dû à ce fait qu'il est écrit par des chimistes dent l’un surtout est venu aux études physico-chimiques seulement après une formation chimique totale. L'introduciion à la « Chimie des Complexes » n’est pas une œuvre de do- cumentation, mais une œuvre de mise au point; c’est l'aboutissant logique de longues années de réflexion consacrées à analyser et discuter les principales mé- thodes qui sont à la base de notre expérimentation . dans ce domaine. La première idée générale qui frappera le lecteur, c'est que le pont est jeté maintenant entre la Chimie minérale et la Chimie organique ; l’unité de Ja Chimie apparait à nouveau et c'est une constatation de la plus haute importance. Les fossés sont apparents, creusés pour une même science par l'inégalité des vitesses de développement de ses diverses branches; c'est toujours une satisfaction de les voir se combler. Les monographies consacrées à l'étude de quelques séries de complexes nous montrent la variété des sys- tèmes que le travail persévérant des chercheurs a mis au jour, et qui se sont classés plus ou moins artifi- ciellement jusqu'au moment où les théories de Wer- ner,au moins pour la catégorie des complexes dits par- faits, nous ont fourni une classification à la fois géné- rale et singulièrement féconde. La continuité s'établit ainsi entre la chimie du car- bone et celle des autres éléments susceptibles de former des complexes parfaits. Quantitativement celle-ci n'a pas encore l'importance de la première, mais qualitativement on peut dire en particulier que la chimie des complexes du platine et du cobalt, qui estaussi une chimie de substitution, ne se différencie de celle du carbone que par son caractère électro- chimique, dû à ce fait qu'elle est une chimie de solutions aqueuses. La continuité s'établit ensuite entre ces complexes parfaits, molécules compliquées dont seuls quelques atomes conservent leur personnalité, les complexes imparfaits auxquels les méthodes physico-chimiques assignent des domaines d'existence plus ou moins étendus, et les sels doubles, sortes d'associations où l'indépendance des constituants apparait sensiblement totale dès que l’on s'adresse aux solutions, et dont les analogies ne peuvent se mettre en évidence que par l'étude des combinaisons à l’état solide, l'étude cristal- lographique en particulier. Mais ces idées plus spécialement chimiques sont dominées par une notion générale : celle de la méla- stabilité de toutes ces combinaisons complexes que sont aptes à constituer particulièrement les métaux peu électropositifs comme l'or, le platine, oules métalloides 276 peu électronégatifs comme le silicium et surtout le carbone. La métastabilité est le caractère commun à tout-s ces combinaisons, dont l'existence plis ou moins précaire est à la merci, par exemple, d’une ac- tion catalytique, et qui probablement tendent à se transformer spontanément en des systèmes thermody- namiquement stables, caractérisés par l’équilib'e entre la réaction de formation et celle de décomposition, même si, au point de vue des masses, celle-ci l'emporte autant qu on le voudra sur la première. L'idée de sta- bilité est ainsi précisée dans un sens qui peut sembler paradoxal chimiquement parlant : mais ce n'est là qu'une 1 Gruneskre 493 Ep 824 502 Ca Cÿ 21.224 5.004 1e 755. 491 HE Druunestee 1913 Ep 865.291 13.761 14.727 ; 13.859 40.182 1- 10 066.925 2 Gricestee 1943 EF. 14.662.873 Hilliors = r © + œ Le] À 30 2, ; asablaurice +25 J23.084 re NS 15 10 pee L48 | Pi oiss AI “ | | | | 1905 1906 4907 1908 1909 1910 1941 1912 Fig. 15. — Trafic des ports de Tanger, Sali et Casablanca. fait qu'accentuer ce rôle. L'exportation y est méme nettement en baisse; elle est en effet constituée en majeure partie par les bœufs qui, de plus en plus, sont consommés à l'intérieur du pays : le nombre de tètes exportées, de près de 30.000 en 1911, est tombé à 11.000 en 1912, et le premier trimestre de 19143 n'arrivait plus qu à 660. Sans doute, après la construction du chemin de fer Tanger-Fez, l’ex- portation par Tanger se relèvera-t-elle ; mais nous ne croyons pas qu'il faille beaucoup compter sur ce trafic; en effet, les produits lourds qui constitueront la grosse exportation ma- rocaine nesauraientsup- porter les frais prohi- bitifs de transport jus- qu'à Tanger par chemin de fer, et, n'étant d'autre part ni périssables, ni pressés, ils iront natu- rellement au port atlan- tique le plus voisin. Pour les mêmes rai- sons, ces ports atlan- tiques conserveront, à l'importation, le lratic des produits pondéreux venus d'Europe, tels que les matériaux de cons- truction, dont il va se faire sans doule une énorme consommation. Au contraire, une grande partie des objets fabriqués, des produits situation artificielle et temporaire : il nous parait | délicats et de valeur, que la civilisation européenne cerlain que Casablanca reprendra nettement son | aura à fournir au Maroc, pourra passer par Tanger, caractère naturel de port d'exportation {et il faut le | évitant ainsi les lenteurs et les aléas de la traversée souhaiter, car c'est l'exportation qui enrichit}, | atlantique. Il'en sera de même, selon toute vrai- surtout lorsque les voies de communication y feront | semblance, d'une grande partie des voyageurs. CR SE ee cu En Mr de Game cu nn pén-… GEORGES PORCHÉ — LE PORT DE TANGER 321 Tanger, en eflet, présente, à ce point de vue, des avantages exceptionnels et d'autant plus précieux que les ports atlantiques ne les offrent pas. Sansin-, sister autrement sur une situation de fait que suffit Fig. 16. — Sur rade de Tanger. à faire ressortir l'examen de la carte, rappelons que Tanger, située sur une grande route maritime sil- lonnée de paquebots, est presque quotidiennement reliée à Marseille ou à l'Algérie, par des lignes généralement très sûres et, quotidiennement, à 1 Espagne ou Gibraltar, avec une traversée insigni- fiante. L'accès du port est toujours facile, les opéra- tions n'y sont presque jamais interrompues. Enfin, d'adjuger, en priorilé, la construction de la voie ferrée de Tanger à Fez : celle du port en est le corollaire indispensable et est devenue même d'in- térêt financier direct pour la Métropole, puisque celle-ci aura à garantir l'exploi- tation du chemin de fer; or cette exploitation risquerait fort d'être déficitaire si la ligne n'avait pas d’aboutissement maritime aménagé. Le port de Tanger, qui peut être rapidement construil, per- mettra dedécongestionner(pour employer une expression cou- rante au Maroc) les ports de la côte Ouest : il s’agit d’un coup de lancetle, non d’un coup de poignard. Dans l'avenir, il continuera à recevoir les marchandises de détail importées, à destination de l’intérieur et même, en partie, de la côte Ouest. Il assurera le service des courriers postaux quo- tidiens avec tout le Maroc, qui, grâce à Tanger, se trouvera plus favorisé à ce point de vue que l'Algérie et la Tunisie *, Il sera le port-voyageurs du Maroc, jouant ainsi, pour ce pays, le rôle que remplit actuellement Marseille pour les grandes lignes de navigation qui vont du nord de l’Europe en Extrème-Orient ou sur la construction du port de Tanger peut être menée | la côte est d'Afrique : toutes déposent ou prennent rapidement, alors que celle des ports atlantiques demandera beaucoup de temps et d'argent: encore leur entrée ne sera peut-être pas toujours sûre. En matière économique, quelques années de retard sont souvent un mal irréparable; nous voyons dans Tanger le remède possible au retard inévitable que présentera la mise en exploitation des autres ports marocains. Ces considérations, d'ailleurs, ne sont pas nouvelles, et, dès 1910, on avait envisagé en France la construction du port de Tanger. L'intérêt de ce port n'a pas échappé non plus à la Com- mission constituée en 1912 par le Gou- vernement français, pour examiner les conditions d'établissement d'ouvrages maritimes sur les côtes du Protectorat marocain : cette Commission à insisté particuliè- rement sur l'utilité de construire un grand port à Tanger, en outre de celui de Casablanca. Enfin, la question est déjà, peut-ox dire, engagée et résolue puisque la France a convenu, par traité, Fig. 17. — La grande mosquée et la rade de Tanger. (Cliché de M. E. Gauthronet.) dans notre grand port méditerranéen la presque totalité de leurs voyageurs, en leur évitant ains ‘ Ace moment, l'Algérie pourra recevoir également les courriers quotidiens par Tanger-Fez-Oudjda, etc. GEORGES PORCHÉ — LE PORT DE TANGER les retards, les fatigues et les risques du périple atlantique. Ce rôle de port de transit marocain, Tanger le joue déjà, du reste, en dépit de l'absence de voies de communication et de la pacification encore incom- plète dans le voisinage. Nombreux, surtout l'hiver, sont les colis qui attendent, sur ses quais, soit l'oc- casion d'une caravane, soit l'embellie sur l'océan, soit le petit vapeur qui pourra franchir les barres; et nous avons vu l’année dernière, à Rabat, des voyageurs gagner Tanger, à dos de mulet, en qua- tre ou cinq jours de marche à travers une région de sécurité douteuse, pour rejoindre la France, après avoir attendu vainement la possibilité d’un embar- quement sur l'océan. Que sera-ce lorsque Tanger sera reliée par le rail à Fez et à la côte atlantique? I[.— TANGER, PORT AFRICAIN ET MONDIAL. Tout a été dit : déjà sur la situa- tion vraiment ex- ceptionnelle de Tanger ; citons une fois encore les paroles d’un grand géographe’ : « Comme cette mer entre les terres baigne trois des continents du monde, sur les cinq dont notre globe est fait, la cité qui commande le fleuve océanique par lequel elle communique avec l'océan, Tanger, ville angulaire du continent d'Afrique, vis-à-vis du continent d'Europe, sur la route du continent d'Asie, Tanger n’a guère de rivale sur terre, si elle en a pour l'excellence de son site. « Tanger, ayant derrière elle toute l'Afrique, au- tant qu'Alger et que Tunis, et régnant en plus sur l'entrée de la mer verte dans la mer bleue.…., pourra aspirer au rang de ville mondiale...; elle occupe évidemment un lieu souverain ». Fig. 18. — La douane (Cliché de M. E. Gauthronet.) Peut-être le caractère international que la poli- tique à réservé au port de Tanger est-il assez adé- quat à ce rôle mondial. Pour préciser, nous envisageons ce port au triple point de vue de porte d'entrée de la Méditerranée, de « plaque entre deux tournante » des plus 1 O0. Reczus : « Lächons l'Asie, prenons l'Afrique », p. 118 et suivantes, Paris, 1904. de Tanger, à la porte de la Marine. grandes voies maritimes du Globe, enfin de Lête de ligne du futur réseau africain. D'abord Tanger héritera de la succession com- merciale de Gibraltar, que le Gouvernement bri- tannique tend à réduire de plus en plus au rôle de forteresse et de port militaire; et, puisque succes- sion il ya, mieux vaut qu'elle soit dévolue à un port où la France conservera une part d'action et de gros intérêts. Tanger peut surtout escompter, de ce chef, le ravitaillement des navires en charbon et en eau : Gibraltar, bien qu'ayant cédé à Alger la plus grande partie de son trafic charbonnier, en conserve encore 250.000 tonnes par an, qui, sans doute, ne peuvent aller à ce dernier port. Quant à l'eau potable, ellecoûte de 6 à 10 francs la tonne à Gibral- tar, privée de res- sources à ce point de vue, tandis qu'on peut l'ame- ner facilement à un prix trois ou quatre fois moin- dre au port de Tanger. Déjà des entreprises de fourniture de charbon et d'eau ont été instal- lées ou sont en voie de création. Ainsi attirés dans ce port par leurs besoins en charbon et en eau, les navires en prendront le chemin, et y trouveront, sans avoir à se détourner de leur route, un lieu de réapprovisionnement, sans préjudice d’un abri par gros temps. En second lieu, Tanger, pourvue d'une vaste zone franche, doit devenir un port de transit de premier ordre avec l'Orient : il est inutile d'insister sur ce point. Enfin ce port peut être le point de départ, euro- péen, pourrions-nous dire, du futur réseau afri- cain, etpermettre, après l'adjouction d'un troisième rail aux voies espagnoles, et l'établissement d'un ferry-boatsur le détroit, d’allersans romprecharge, jusqu'au Caire d'une part, jusqu'au Cap de l'autre, si la traversée du Sahara par lerre est reconnue possible. I y a plus : la distance qui sépare Dakar de Pernambouc n'estguère que la moitié de ladistance du Havre à New-York, et la première route n'offre pas le danger des icebergs ; il n’est peut-être pas absurde de penser qu'un jour la ligne Tanger- GEORGES PORCHÉ — LE PORT DE TANGER 323 Dakar sera un des chemins de l’Amérique du Sud, qu'on pourra gagner, en partant de ce dernier port, au moyen d'une traversée de trois jours seulement. Au point de vue particulièrement français, celte ligne desservirait, vers la Métropole, notre Afrique Occidentale : on a trop tendance, selon nous, à ne considérer le Maroc que comme un prolongement de l'Algérie vers l'Atlantique, oubliant que cette « pierre angulaire du Continent africain » peut être envisagée aussi comme un prolongement de nos Colonies de l'Ouest vers la Méditerranée. Sans doute, toutes ces réalisations ne sont pas immédiates, et certaines d'entre elles paraitront chimériques; mais il faut prévoir longtemps d'avance les possibilités. D'ailleurs la conquête de la Tripolitaine par l'Italie va sans doute mettre au plan de l'actualité la ligne Alger-Le Caire, et l'on sait d'autre part que le transafricain, dont Alger doit être une des têtes de ligne, dont Tanger par Fez peut être l’autre, fait en ce moment l’objet de sérieuses études, entreprises par des hommes éminents. III. — TANGER, PORT FRANÇAIS. Qu'on veuille bien croire que ce titre ne cache aucune arrière-pensée de mainmise politique de la France sur Tanger : nous sommes bien placé pour Savoir qu'il n'en peut être ainsi; que la France, liée par des traités, les respectera dans l'esprit comme dans la lettre. Nous voulons simplement dans ce Qui suit montrer que, malgré les circonstances politiques intervenues, Tanger est restée, haut la main, au point de vue économique, le second port francais du Maroc, Casablanca étant devenu indis- eutablement le premier. Voici, en effet, les statistiques, par port et par zone, du mouvement commercial en 1912 (Ta- bleau 1). Ce tableau montre qu'en 1912 le pourcentage du commerce français à Tanger, voisin de celui constaté à Casablanca, y est supérieur à la moyenne relevée pour l'ensemble de la zone francaise, et place Tanger immédiatement après Casablanca. Si, maintenant, on considère la fréquentation maritime, c’est-à-dire le nombre de navires et leur tonnage de jauge, on trouve, en 1512, les chiffres du Tableau I! (entrées et sorties réunies). Ces chiffres font ressortir d'abord combien la situation de Tanger favorise ce port, qui bénéficie, à lui seul, en nombre eten tonnage de navires, à peu près de la moitié de la fréquentation maritime lLotale du Maroc. Ils montrent aussi que le pavillon francais y esl représenté, en nombre et en tonnage, beaucoup plus que dans tout autre port marocain, y compris Casablanca. TagLeau |. — Mouvement commercial du Maroc en 1912, par ports et par zones. GC © = = PAYS Œ =} é o occupant PORTS G PI 429 les deux 2 ec [2] = > 5 DE & oo] premiers = © o D = rangs = 5 7 = e France. Hansen "#11. 10-569 #10/0| À D rene ; FE (Angleterre. Tétouan. - 0. : 445 17 3 JEspagne spagne. a Angleterre. Larache. . . . . .| 4.549 22 2 (te ; Totaux et moyen- nes pour la zone Tete espagnole. . . 1.99% 20 2 SA Et IR tonr Angleterre. Rabat 0): E86; | 30 2 ET à ] ; ‘rance. Casablanca . . . .| 29.209 16 1 nc Angleterre. Angleterre Mazagan . 4.19: : = À fazagan . « . «|. 4.493 17 3 Allémagne. Safi » 98 Allemagne. Saf ETES RS 207 D y R Tres à Angleterre. Mogador . . . . .| 6.305 31 2 France Totaux et moyen- | nes pour la zone : = é 2e De : rance. française . . . .| 49.931 33 1 nee . RE Ensemble du Ma- nu MES PES CAPE MINE 1 TODSE" Angleterre. 1 Ports seulement, c'est-à-dire sans compter le commerce par la frontière algérienne. TaBceau Il. — Fréquentation des ports marocains en 1912. TONNAGE DE JAUGE NOMBRE DE NAVIRES |} QT à £ DERVSNUE (en milliers de tonnes) PORTS Totaux Français | Totaux | Français Densene "| 636 2.966 AAC) ISSN S 4 j 190 Haracbés.. : Ù 272 HAN. 0e É 0 231 Casablanca. . . . . 098 à 970 Mazaran 0 | 46 j 430 SEC PORN : 1 376 Mogador. . . . . 408 Voici du reste comment se décomposent les chiffres de Tanger (tableau II, p. 324). Les chiffres de la dernière colonne caractérisent le mode de fréquentation de chaque port par les navires des différentes nationalités. Le tonnage moyen des navires espagnols est faible, car il est constitué en grande majorité par les petits vapeurs assurant les services réguliers entre la côte espagnole et le Maroc, et il comprend 324 GEORGES PORCHÉ — Tagceau III. — Part des diverses marines dans la fréquentation du port de Tanger. NOMBRE TONNAGE DE JAUGE (N (J NATIONALITÉS —————— ——————— ————————— Espagne . . . . 1.636 532.030 dont 280 |(dont 8.418 pour voiliers). les voiliers). EHrance 4.0" 636 .116 Hollande . . . . 256 142.730 Angleterre . . . 602 .086 Allemagne . . . 184 652 Divers: 2151 184 133.732 en outre des petits bateaux de pêche (voiliers). La France est représentée par des vapeurs de moyen tonnage faisant aussi le trafic de la côte Ouest. Le tonnage moyen des navires anglais est réduit par celui des petits vapeursfaisant le service de Gibral- tar. Celui des navires hollandais et allemands est relevé par les grands paquebots ne faisant qu'un trafic-voyageurs. On voit que, comme tonnage total, la France tient la tête à Tanger, suivie de près par la Hollande, mais celle-ci avec beaucoup moins de navires que la France. L'Espagne vient ensuite. L'importance des intérêts français dans le port de Tanger se manifeste également dans toutes les branches de l’activité économique; ainsi, 55 à 60 °/, au moins des terrains sur lesquels se bâtir la nouvelle ville européenne sont entre les mains de sociétés ou propriétaires francais ; 25°/, des immeubles européens soumis à la taxe urbaine sont francais, et ces proportions tendent à aug- menter. En ce qui concerne la population, sur un total de quarante mille habitants, dont treize mille Euro- péens, la France compte trois mille âmes et n'est dépassée que par l'Espagne; les autres colonies ne LE PORT DE TANGER venant qu'à grande distance après elle (Angle- terre 600, Allemagne 200, etc...). Encore la pré- pondérance espagnole en nombre n'est-elle pas accompagnée de la prépondérance en chiffre d'af- faires, puisqu'à côté des 10.569.000 francs relevés pour le commerce français à Tanger en 1919, l'Es- pagne n'arrive qu'à 3.383.000 francs, dépassée par l'Angleterre avec 6.696.000 francs et suivie par l'Allemagne avec 1.820.000 francs. On voit à quelle distance de ses concurrentes la France vient en tète à Tanger. Mentionnons en Lerminant les institutions impor- tantes que la France possède dans cette ville (Institut Pasteur, hôpital, dispensaire, collège, écoles), les services que ses nationaux y dirigent (douanes, banque d'Etat, travaux publics, etc.), enfin les organismes internationaux dont Tanger est le siège et qui intéressent le Protectorat. Nous croyons avoir justifié, par ce qui précède, le titre : « Tanger port francais », et précisé le sens de cette appellation. Il est clair que les autres na- tions ont aussi des intérêts dans ce port, et que notamment nombre des considérations que nous avons fait valoir concernant la zone francaise s’ap- pliqueraient à la zone espagnole. Aussi est-ce en bonne entente avec les autres nations, et tout par- ticulièrement avec l'Espagne, en raison de sa colla- boration étroite avec elle dans l'œuvre marocaine, que la France doit développer, et, d'abord, maintenir ses intérèls économiques à Tanger, en respectant sans arrière-pensée les traités signés par elle. Et qu'importe — ceci dit pour répondre à une objec- tion faite — que la prospérité de Tanger fasse l'al- faire de nos concurrents, si elle fait aussi et davantage l'affaire de la France? Ce serait une sin- gulière façon de comprendre nos véritables intérêts, notre aptitude à la lutte, enfin notre dignité et notre courtoisie vis-à-vis des autres Puissances, TagLeau IV. — Valeur du trafc total en milliers de francs (importation et exportation réunies). PORTS 1905 1906 a — langer . =": .116 14.011 .496 Tétouan. . Larache, . Rabat. . Casablanca . Mazagan . Mogador , . À AISNE Lu -706 9.814 ».716 .076 .356 .526 ».119 9.269 .417 -076 -606 1909 16.720 GEORGES PORCHÉ — LE PORT DE TANGER 325 que de tourner le dos à Tanger sous prétexte que nous n'y sommes pas’ exclusivement les maitres. IV. — TRAFIC ACTUEL DU PORT DE TANGER. — SON DÉVELOPPEMENT POSSIBLE. En terminant celte étude, nous indiquerons le trafie actuel du port de Tanger, le rang qu'il occupedausl'ensemble des ports marocains, enfin son développe- a ment possible. Letableau IV montre qu'avant les événe- \ ments de 1907, Casa- blanca dépassait peu Tanger |moyenne1905- 7v 1907 : 11.874.000 francs pour Tanger, 12.932.000 francs pour Casablanca. Foe Tanger reste jus- qu'ici, après (Casa- &eo blanca, le second port 7 du Maroc ; il est pos- 7”, Z sible qu'en raison de CZ l'institution des Pro- Y tectorats français el espagnol, des besoins 4° créés dans les zones correspondantes (tan- dis que l'essor de Tan- ger est subordonné à # un statut non encore en vigueur, à la cons- truction d'un port et 40 7, d'un chemin de fer go 7 seulement en projet), 7 : RE 7 00 certains ports de ces 6o00 zones viennent à dé- passerTanger,momen- 5%0 tanément au moins; il 5 reste ce fait que, à con- 7 ditions naturelles éga- CU les, Tanger eût con- servé le second et peut- être le premier rang au Maroc, au point de vue de l'importance du tratic. Le tableau IV fait ressortir la vitalité du port de Tanger; malgré les circonstances plutôt défavorables qu'il tra- verse actuellement, au contraire des deux autres Fiifi eé conurercial , par A auras Las PAS, mm fléchissement de l'exportation, son 1905 à 1912, de 160 °/,, les accroissements correspon- dants ayant été pour la zone espagnole de 130°/, pour la zone francaise de 200 °/,: et les chiffres de 1913 vont accuser encore une très forte augmen- tation. zones marocaines, malgré le trafic s’est accru, de Port de Tanger — M ctWermnent 1nartilirre nakonaliter, (entrees & Soréies reuriies 7 Moyenne 4911 -19127 Nombre de NMVUES Nombre de r1awvres { nioyerure gérérafe 1911-4912) : 3696 À k ATP © mn + 5 ie Tonnage des HaU'eS (en EN de Hernes) (moyenne mors 4g1- ‘qè) J.059.000 *"" Ls 27 LU o Vhlecer des marchandises (enr snillers rs de frorur) (mo erure ee 1941- 1912) É 24. 111.0 000 ES lee 7913, Es À Jo meééléons] Si; BYE Fig. 19. — Part des diverses nationalités daps le trafic du port de Tanger. Comme point de départ, on peut chiffrer comme suit les caractéristiques du trafic du port de Tanger 326 GEORGES PORCHÉ — LE PORT DE TANGER a en 1912 : ENTRÉES ET SORTIES réunies Nombre de navires. . 3.000 Tonnage de jauge . . . . . 3.000.000 Tonnage de marchandises . 90.000! Nombre de passagers . . . . . . . 30.000 C'est là un début assez modeste, non négligeable cependant. Il paraît certain que les chiffres vont s'accroître immédiatement en raison des besoins des zones francaise et espagnole, et, notamment, de l'exécution de la ligne de Tanger à Fez; qu'après cette exécution, la hausse s'accentuera très forte- ment, et qu'enfin, dès la mise en service du port, le trafie mondial, intervenant, viendra s'ajouter au trafic marocain. Il est impossible de chiffrer avec précision ces perspectives de développement. Aussi nous conten- terons-nous de chercher des points de comparaison dans les ports algéro-tunisiens. Le tableau suivant résume les renseignements que nous avons pu nous procurer à cel égard : ENTRÉES ET SORTIES RÉUNIES RS NOMBRE TONNAGE FORCE ue € es PORTS ANNÉES navires es srchentitses 1838 2.140 160.000 » 1830 3.200 285.000 479,000 AUTER EE ô 1900 7.930 6.950.000 1.330.000 1910 14995 15.850.000 2.743.000 1912 12 18.414.000 2.995.900 183$ (DE, 100.000 » Tran | 4900 Je 02 3.125.000 606.000 < “ 1910 102 6.350.006 1.474.000 ( 1911 S.263 8.351.970 1.869.000 18S0 1.700 600.000 88.000 Tunis ( 1890 22155 1.060.000 140.000 S 1900 3.360 1.390.000 285.000 ( 1910 4.440 2.920.000 1.145.000 Sfax . 1910 4.413 15725 1.075.000 Hncenble des | 1895 19.150 3. 510.000 ports HR 1900 23.505 He 715.000 RER l 1905 25.516 6. 1.265.000 Le £ 1910 2 8 2.600.000 On voit que : 1° Pour le nombre de navires, Tanger équivaut à Alger en 1850; à Oran et à Tunis en 1900; 2° Pour le tonnage de jauge, Tanger équivaut à Oran en 1900 et à Tunis en 1910; 3° Pour le tonnage des marchandises, Tanger se rapproche de Tunis en 1880. On constate d'autre part que : 1° En ce qui concerne le nombre de navires; ä) Alger à plus que sextuplé et Oran presque sextuplé de 1838 à 1912; b) De 1900 à 1912, Alger s'est accru de 64°/,, de 1900 à 1911, Oran s'est accru de 410 °/,, et Tunis, de 33 °/.. ! L'année 4913 dépassera 120.000 tonnes. 2 En ce qui concerne le tonnage de jauge: a) Alger à plus que centuplé de 1838 à 1912 et Oran s’est accru dans la proportion de 1 à 80, de 1838 à 1911 ; D) Au cours des années 1900-1910, Alger, Oran et Tunis ont plus que doublé, et l'ensemble des ports tunisiens s’est accru de plus de 25 °/,. 3° En ce qui concerne le tonnage de marchan- dises : a) Tunis a plus que triplé de 1880 à 1910; D) De 1900 à 1912, Alger a plus que doublé; de 1900 à 1911, Oran à triplé; de 1900 à 1910, Tunis et l'ensemble des ports lunisiens ont presque qua- druplé, ce qui est dû à l'exploitation des minerais. V. — ConNCLUSIONSs. Nous nous garderons bien d’élablir des calculs de proportion pour chiffrer le développement du trafic de Tanger ; aussi bien les éléments ne sont-ils pas comparables dans les différents ports. Ainsi nous ne comptons guère pour Tanger sur le trafic minier, qui a contribué puissamment au dévelop- pement des ports tunisiens. Par contre, la situation maritime de Tanger au point de vue de la grande navigation est bien supérieure à celle des ports algériens et tunisiens : ceux-ci sont des ports locaux, Tanger pourra être un port non seulement local et marocain, mais mondial. Enfin, la douceur merveilleuse de son climat, la beauté de son site, de sa baie, de ses jardins, jointes à sa proximité de la terre européenne, la destinent à devenir une ville de grand tourisme et d'hivernage, autant que de transitaires et de concessionnaires. Dans l’ensemble, les plus belles espérances sont permises : {ous ceux qui sont passés par Tanger et qui, parfois, y élaient venus avec des préventions contre celte « ville internationale » l'ont compris et ont été conquis. Internationalisation n'implique pas nécessaire- ment stérilité el impuissance, comme d’aucuns le proclament ou veulent le faire croire, sans plus d'examen d'ailleurs. Pour ne citer qu'un exemple, Shanghaï n'est-il pas un des ports les plus prospères du monde? D'abord, comme en toutes choses, il y a la ma- nière d'appliquer les principes; nous avons connu ici la plus mauvaise; encore ne fallait-il pas accuser l'internationalisation, mais plutôt l'anarchie, l'ab- sence de toute organisation, de toute autorité, au milieu des pires difficultés politiques, intérieures et extérieures, qui ont élé les caractéristiques de cette période. Et, cependant, malgré Lant d'éléments contraires, nous avons vu, au cours de ces six dernières années, se développer considérablement, et Tanger, et les GEORGES PORCHE — LE PORT DE TANGER 327 intérêts francais dans cette ville; ceux-ci sont en progression de plus en plus marquée, malgré l'atti- rance qu’exerce naturellement sur nos nationaux l'existence de notre Protectora! voisin. ; Que sera-ce, lorsque Tanger aura été dotée, en outre de son port et de son chemin de fer, d’une organisation administrative régulière, viable, lais- sant libre à tous la lice économique, mais compor- tant, au point de vue politique, des droits et des garanties définies? À la méthode d'obstruction de jadis, où chacun cherchait à empêcher le voisin de créer à son profit des situations de fait, à défaut de droits, succédera nécessairement la politique de collaboration dans l'intérêt commun, sous la poussée de l'opinion publique représentée par une assemblée élue. Le seul point noir, à notre avis, pourrait être la question financière. On sait que Tanger, isolée du reste du Maroc, précisément en raison de sa situation unique, par les récents traités, privée ainsi des avantages que ceux-ci ont apporlés aux zones voisines, dépos- sédée du rôle de capitale qu'elle avait joué de fait jusqu'ici et que sa situation naturelle lui eût cer- | tainement assignée à tous points de vue, n’a conservé de sa prééminence antérieure que les charges, et n’est restée solidaire du reste du Maroc que pour porter une part, lourde à son budget, des emprunts et des organisations préexistants, bien que ces derniers n'aient guère profité à Tanger et aient surtout abouti, politiquement, à la décapita- liser au profit de ses voisines. On sait aussi que cette ville va être obligée de pourvoir elle-même à sa sécurité, d'entretenir à ses frais une armée, puisqu'elle n’est pas, comme le reste du pays, protégée par les baïonnettes fran- £aises et espagnoles. Près de deux millions par an vont être absorbés par ces charges. On sait enfin que Tanger devra pourvoir non seulement à son outillage, mais aux besoins d'une zone qui, pour bien des raisons, ne lui apportera guère de ressources. Bref, Tanger, « Protectorat coliectif », ne tirera de cette situation que des charges, non compensées par les avantages matériels qu'apportent d'ordi- naire avec eux des Protectorals individuels; la for- mule spéciale qui est imposée à cette ville entraine pour elle les charges d'une organisation com- pliquée,exceptionnellement onéreuse, qui ne pèsent pas souvent sur une ville naissante ; et peut-on espérer que ses douze Protecteurs lui viendront en aide comme l’eüt fait un seul? D'autre part, ce serait une illusion que de tabler sur un développement trop considérable de l'impôt, déjà fort lourd; le contribuable tangérois supporte en effet, actuellement, une charge comparable à celle qui pèse sur le contribuable francais. Qu'on ne croie pas que nous désirons voir Tanger particulièrement favorisée au point de vue de l'impôt; nous souhaiterions seulement qu'elle ne füt pas plus lourdement imposée que le reste du Maroc et, ainsi, écrasée par les zones plus favo- risées; ne serait-ce pas de stricte équité? Dans ces conditions, il ne faut pas arrêter son développement par une organisation trop rigide, trop complète et trop onéreuse, au début d'un état de choses nouveau encore plein d’inconnu ; un bon slatut financier et administratif, et, surtout, un statut d'application souple, économique, est ici par- ticulièrement indispensable, pour ne pas rompre un équilibre déjà difficile à réaliser. Dans cet ordre d'idées, l’organisation adminis- trative et judiciaire devrait être modeste au début, utilisant le plus possible les rouages existants, les- quels se sont — autre avantage — déjà adaptés aux nécessités locales ; le développement de cette orga- nisation devra être mené sagement, proportionné aux besoins réels et aussi aux ressources. Si ces nécessités sont comprises, Tanger, grâce à sa position géographique exceptionnelle (qui seule pouvait et doit la sauver de tant de circon- stances hostiles), supportera le poids de sa situation politique spéciale et, tout en assurant à la France, ainsi qu'à l'Espagne, avec une collaboration utile, les garanties qu'exigent leur voisinage et leurs intérêts, deviendra une des cités les plus prospères de l'Afrique du Nord. Georges Porché, Ingénieur en Chef des Ponts et Chaussées à Tanger. 1 Depuis la rédaction de ces notes, les intérêts francais à Tanger se sont encore développés. C'est ainsi que deux sociétés francaises viennent d'ac- quérir, l'une d’un sujet américain, l'autre d'une Société alle- mande, des terrains très bien situés pour la construction de la ville future; leur surface atteint 45.000 mètres et leur valeur dépasse 5 millions de francs. Actuellement, tous les terrains, sans exception, de la vaste plage en bordure du port futur, et de la zone en arrière, sont francais: et l'on peut estimer de 65 à 75 °}, du total la valeur des lots à bâtir de Tanger aujourd'hui aux mains de nos compatriotes, ce qui, dans l’ensemble, représente plus de 30 millions. D'autre part, la Société générale vient de succéder, à Tanger, à la Deutsche Orient Bank, seule banque allemande existant jusqu'ici dans cette ville : en sorte qu'aujourd'hui, sauf la Banque d'Espagne, toutes les Sociétés de crédit sont francaises : ce sont, en outre de la Banque d'Etat, dont le président et le directeur sont français, la Compagnie Algé- rienne, le Crédit Foncier d'Algérie et de Tunisie, la Société Générale, le Crédit Marocain, la Banque Algéro-Tumisienne, la Banque Commerciale du Maroc. Leurs opérations se fon en monnaie francaise, à peu près exclusivement. La langue française gagne tous les jours du terrain à Tanger. Mentionnons enfin, parmi les institutions francaises de Tanger, la « Mission scientifique » qui, depuis de nombreuses années déjà, poursuit des études de sociologie, d'histoire, de langue et d'épigraphie marocaines, et publie une savante revue, les Archives marocaines. 328 GEORGES PORCHÉ — LE PORT DE TANGER LE PORT DE TANGER NOTES TECHNIQUES : SAT ON TU RTE { face d'elle, d'autre terre que l'Amérique, à plus de 6.000 kilomètres. Il n'y à pas, à proprement parler, de vent domi- nant en rade de Tanger: ce qu'on peut dire, c’est que ceux du Sud-Ouest au Nord-Ouest sont plus : fréquents en hiver et ceux du Nord-Est à l'Est plus fréquents en été. Le tableau I indique, du reste, leur fréquence. Les vents du Sud-Ouest, assez fréquents, causent peu d’agitation dans la baie, qui est abritée de ce côté. Quant aux vents du Nord-Ouest, qui soufflent parfois avec violence, et donnent alors une mer | assez dure, ils sont rares et de courte durée; ils succèdent en général aux fortes brises du Sud- Ouest, en diminuant progressivement d'intensité. | Les vents du Nord, d'ailleurs plus rares, sont peu Tanger est située à l'extrémité ouest d'une vaste baie demi-elliptique, ouverte au Nord-Ouest, dont le grand axe, « Tanger-Pointe Malabata », a une longueur d'environ 6 kilomètres ; le demi petit axe, c'est-à-dire la largeur maximum de la baie) mesu- rant près de 2 kilomètres et demi. IT. — VENTS ET HOULE. Cette baïe, où lesprofondeurs dépassent 25 mètres au-dessous des basses mers, est abritée de la grande houle de l'Atlantique par le Cap Spartel, situé à 10 kilomètres à l'Ouest, et par les petits promon- toires qu'on rencontre entre ce cap et Tanger; cette houle n'arrive donc, par le Détroit de Gibraltar, que | violents. très affaiblie, ayant rencontré toutes ces saillies, et Les vents d'Est et du Nord-Est sont au contraire en dernier lieu l'épi rocheux qui prolonge la pointe | assez fréquents, surtout pendant la belle saison, et de la Casbah jusque sous les fonds de Au mètres, ce | soufflent souvent avec une grande violence ; mais, qui achève de l’amortir : on peut dire que le port | en raison de la configuration de la baie, ils ne de Tanger tourne le dos à la houle atlantique, ce | peuvent soulever dans celle-ci une véritable houle ; fléau du Maroc. ils produisent seulement des lames courtes qui ren- La houle de la Méditerranée, toujours beaucoup | dent parfois difficiles et, très exceptionnellement, moins forte et moins fréquente que celle de l’Atlan- | impossibles, les communications, par embarcation, tique, doit contourner la Pointe Malabata avant de | avec la terre, et obligent les navires ancrés dans la pénétrer dans la baie de Tanger par l'Est. rade à surveiller leurs chaînes; maisils n’offriraient Du côté du Nord, où la baie est grande ouverte, | aucun danger grave pour les jetées de défense d’un la terre d'Espagne n'est qu'à une trentaine de kilo- | port, convenablement établies. Ce « levante », mètres: aussi la mer ne peut-elle se lever, de cette | comme on l'appelle à Tanger, y est caractéristique direction, comme elle le fait sur la côte Ouest, | et constitue le seul désagrément d'un climat qui TaBLeau |. -- Fréquence des vents dans le port de Tanger. NOMBRE DE JOURS 2 2 a © 5 8 2 = = a 2 = È É E Fa = £ 5 5 Ë 5 Z = 8 5} 2 © S DE & © À < = = = < a = a © SE = & F F Z = CR Il ——— a ——— NODAEs .:: COMTE 8 n 3 4 9 8 11 4 10 10 11 7 NOTES... #1 LOC 5 7 S 9 Jul 15 A1 10 7 10 15 9 SENS ee + tu ED 24 26 7 18 18 26 31 26 12 17 13 Sud-Est. . 3 5 3 2 1 0 0 0 3 2 3 2 el, SENS PAL 1 1 5 3 0 1 5 6 4 5 1 1 BUEUDOSL) 7 0.0.1. PNESRN) ET 18 18 24 45 12 9 8 13 19 12 30 Ouest : 32 25 27 38 28 36 26 28 22 97 25 26 Nord-Ouest. 8 14 10 13 20 10 42 13 15 15 15 12 ouverte en grand sur l'Atlantique et n'ayant, en | serait, sans cet inconvénient, d'ailleurs véniel, idéal: il souffle par séries de trois, six et même ‘ Voir ci-dessus les « notes économiques ». neuf jours, et rappelle beaucoup le mistral; il GEORGES PORCHÉ — LE PORT DE TANGER 329 s'annonce généralement par une brume du côté de l'Espagne, se lève le matin, augmente d'intensité le soir et souvent pendant toute la nuit, avec quelques accalmies au début de la matinée. Sa direction la plus fréquente est l'Est-Nord-Est. En résumé, les navires entrant dans la baie de langer n'ont guère à craindre que les dernières ondes, déviées et très atténuées, de la houle atlan- tique, dont la levée n’atteindrait jamais 3 mètres, au dire des navigateurs, alors qu'elle dépasse 10 et 11 mètres sur la côte ouest; quant à la baie elle- même, elle ne présente guère que le clapotis, sou- vent gênant mais non dangereux, produit par les vents d'Est. III: — CouRANTS‘. En dehors du courant général du large, qui court de l'Ouest à l'Est, les courants de la rade sont à peu près uniquement dus à la marée, le flot portant à l'Ouest, et le jusant à l'Est; en raison du contre- courant qu'amène près de la côte le mouvement général dans le détroit, le jusant est toujours, sauf par vent d’Est, un peu plus fort que le flot. Ce dernier, qui entre par la Pointe Malabata, se fait sentir seulement près de terre et vient sorlir au Nord de la Ville; il s'établit deux heures après la basse mer, atteint son maximum au moment de la pleine mer, et finit deux heures après; il occasionne souvent, en rade, même par beau temps, un peu de levée, qui tombe avec la marée descendante. Il revient ensuite vers l'Est en s’étalant. Suivant certains navigateurs, la vitesse des courants, variable avec les vents régnants, n’attein- drait pas un nœud, et dépasserait rarement un demi-nœud ; suivant d'autres”, cette vitesse attein- drait, par syzygie, 3 à 4 nœuds au nord de la ville, 2 nœuds à Malabata et un nœud et demi sur la Roche-Bourée. De toute facon, il n'apparait pas que les courants de la baie de Tanger exercent une action impor- tante sur les conditions d'établissement d’un port ou sur celles du mouillage des navires. : IV. — MARÉES. Elles sont assez régulières; l'onde diurne est de peu d'amplitude. La pleine mer a lieu, aux époques de pleine et nouxelle lune, à 1 h. 50. L'unité de hauteur est d’un peu plus d’un mètre, et le mar- nage maximum un peu inférieur à 2,50 en vives eaux. ! Beaucoup de ces renseignements sont empruntés au Rapport de la Commission des Ports, constituée en 1912 pour l’étude des côtes marocaines en vue de l'établissement d'ouvrages maritimes. ? Rapport de la Commission des Ports. V. — Fonps. Le fond de la baie de Tanger est assez régulier; se relevant dansle prolongement de la pointe de la Casbah, signalée plus haut, où les profondeurs de 10 mètres au-dessous du zéro ne sont atteintes qu à 1 kilomètre du rivage, il va en se creusant vers l'Est, où la courbe de 10 mètres se rapproche jus- qu à 400 mètres de terre. Jusqu'à ces derniers temps, d'après les indica- tions données par les cartes hydrographiques, qui ne comportent pas de sondages dans le sol, on pensait que, sauf dans le voisinage du port actuel, où l’on rencontre de la vase, le sol marin ‘était constitué par un rocher assez tendre recouvert de sable ou de gravier, soit pur, soit mélangé de vase, ce rocher se relevant en divers points (Epi de la Casbah, Roche-Bourée, Basse Khandouri) pour créer des plateaux assez génants pour les naviga- teurs. Quant à l'épaisseur du sable, on pensait qu'elle ne dépassait pas un à deux mètres au maximum. Les sondages qu'exécute en ce moment le Service des Travaux publics, en vue de l'étude définitive d'un projet de port, paraissent devoir modifier profondément ces idées. Les 30 forages prati- qués, dont quelques-uns jusqu'à la cote — 11,00, accusent, presque partout, au-dessous d'une couche de sable et de vase de 0,50 à 1 mètre d'épaisseur, des bancs de marne et de schiste récents, qu'on peut facilement désagréger et enlever au jet hydrau- lique ou à la cuillère, et qu’il serait possible de draguer; les rochers rencontrés dans la baie, et qui sont posés probablement sur cette couche, ne constitueraient donc que des accidents locaux et non des émergences du substratum général. Ces nouvelles données seraient de nature à changer, dans une certaine mesure, la conception du port. En présence du prix prohibitif des dérochements qu’on croyait nécessaires, on pensait en effet jus- qu'ici qu'il faudrait aller chercher les fonds natu- rels pour y établir les quais, c’est-à-dire conquérir de grandes surfaces de terrains sur la mer en avant du rivage actuel. On peut maintenant envisager le creusement des bassins par dragages. Toutefois, on devra prévoir encore une étendue assez importante de terre-pleins, tant pour donner au port et à l'extension de la ville les surfaces nécessaires, que pour créer des terrains qui Cons- titueront un des gages financiers de l'entreprise. Mais on pourra arrêter ces conquêtes de terrains aux limites qu'imposeront ces deux dernières con- sidérations, et, par conséquent, réduire les dépenses d'abord envisagées pour la construction du port. Au centre et à l'Est de la baie, le rivage est con- 330 GEORGES PORCHÉ — LE PORT DE TANGER stitué par un sable siliceux pur qui se relève en dunes et qui menace d'envahir, si l'on n’y prend garde, des surfaces très intéressantes pour la con- struction de la ville future. Diverses hypothèses ont été émises sur la prove- nance de ce sable, car on ne rencontre pas, dans les alentours, de rochers dont la désagrégation ait pu lui donner naissance. La plus vraisemblable a été émise par M. Nouail- hac-Pioch, ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, lorsqu'il est venu en 1912 effectuer au Maroc des reconnaissances de tracés de chemins de fer: d’après — LEGENDE — —_— A — APONTEMENT. b _ gere. € _ mûre. d — TERRE - PLEIN, @ __ PETITE DARSE. ==. Se 1 Ts VIEUX TANGER (RUINES) et ECHELLE = 1:50.000 Fig. 20. — La baie de Tanger, avec le projet de port proposé par la Commission. lui, ce sable proviendrait de l'immense plage de Jérémias, située sur la côte atlantique, au sud du Cap Spartel; il serait amené par les courants, res- terait accroché au fond de la baie, du côté de la Pointe Malabala, puis, arrêté par cette pointe, serait relevé par la mer et les vents, enfin repris par le « levante » qui le rabattrait vers la ville. La même explication pourrait peut-être s'appliquer à la plage de Tarifa, située en face de Tanger. Quoi qu'il en soit, il résulterait de l’ensemble des constatations faites, et notamment de la compa- raison de plans de sondages exécutés à plusieurs années d'intervalle, que les variations du sol au fond de la baie sont très peu sensibles, même par les plus grandes agitalions, et que, sous réserve des modifications de régime que pourrait amener la RUINES construction d'ouvrages maritimes, il n'y à pas lieu de s’en préoccuper à ce point de vue. On peut, d'autre part, espérer que la construe- tion des terre-pleins du port sera pour le rivage voisin un facteur important de préservation contre: l'envahissement par les dunes, et que cette con- Struction pourra se faire économiquement en employant précisément le sable, soit qu’on le drague à l'Est de la baie, soit qu'on le prenne sur le rivage: ce qui permettrait, du même coup, de dégager et de niveler les terrains à bâtir. Au point de vue nautique, on peut dire que le: mouillage offert aux navires par la baie de Tanger est très. satisfaisant ; il est même excellent dans la partie de la rade fréquentée par les gros navires, où l'on rencontre une: vase très adhérente, d'une tenue par- faite. R, ALMIRANTE : VI. — OUVRAGES AC- TUELS DU PORT. Sans remonter jusqu'au môle an- glais construit il y a près de trois siè- cles et dont les sub- structions subsis- tent encore, on peul dire que, jusqu'en 1908, le seul ou- vrage du port de Tanger était un ap- pontement en bois d'environ 300 mètres de longueur (2 du plan, fig. 20), muni de voies ferrées; cet ouvrage, par- tant de la Douane, aboutissait à peu près aux fonds de 2 mètres au-dessous des basses mers. L'appon- tement était muni d’un petit feu à son extrémité. IL a rendu etrend encore les plus grands services pour le débarquement des passagers etdes marchandises. De 1906 à 1908, une Compagnie allemande a exécuté à Tanger environ deux millions de travaux, comprenant l'exécution d’une petite jetée (2), assise sur l’épi rocheux dont nous avons parlé plus haut et présentant une longueur totale de près de 350 mètres, d'un môle (ec) de 100 mètres de longueur sur 60 mètres de largeur, d'un magasin de 160 mètres X 20 mètres, [enfin de lerre-pleins en arrière (d). VTT EN RUINES GEORGES PORCHÉ — L'entreprise a également approfondi jusqu'à 12,50 au-dessous du zéro une partie de La petite darse (e) constituée entre la jetée et le terre-plein ; puis, en 1909, elle a complété ses travaux par l'exécution, à l’est des premières installations, d'un terre-plein d'environ 250 mètres de longueur sur 60 mètres de largeur moyenne. Par contre, le mauvais état du vieil appontement en bois a obligé de le rescinder sur une cinquan- taine de mètres, el de supprimer le feu d'extrémité, d’ailleurs devenu inutile en raison de l'installation d'un petit phare sur le musoir de la jetée alle- mande. Mentionnons enfin le feu de direction (f) établi sur les remparts de la ville et entretenu par la Commission internationale du phare du cap Spartel, et deux bouées à cloche établies par le Service des Travaux publics, l'une à l'extrémité de l'épi rocheux, l’autre sur la basse Almirante, un peu au nord de Malabata. Les navires mouillent en rade à des distances variables suivant leur tirant d'eau et l’état de la mer. Les communications des voyageurs et marchan- dises avec la terre s'effectuent, comme pour tous les ports du Maroc, au moyen d'embarcations pour les premiers, des barcasses de la douane pour les secondes. Ces barcasses, grands chalands non pontés, pouvant porter 15 à 20 tonnes, ont en général 15 mètres de longueur, 3",50 de largeur, 0",40 à 0%,50 de tirant d’eau à vide et1",10 à pleine charge. Lorsqu'elles ne sont pas remorquées, elles com- portent un équipage de six à sept marins, plus un palron. L'acconage ainsi assuré constitue un monopole d'État, dont l'exercice est actuellement délégué au Service du Contrôle de la Dette. Avec des installations aussi rudimentaires, le prix de l’'embarquement et du débarquement des voyageurs et des marchandises est extrêmement élevé : il peut atteindre pour celles-ci de 8 à 10 francs par tonne; quant aux voyageurs, ils sont généralement exploités plus que de raison par une multitude de petites barques qui viennent s'abattre comme une nuée de sauterelles sur les flancs du navire; il existe bien des tarifs officiels, variables d'ailleurs avec l'état de la mer, mais ils sont le plus souvent inconnus des intéressés. VII. — CONDITIONS GÉNÉRALES DE L'ÉTABLISSEMENT D'UN PORT A TANGER. Nous ne pouvons, pour le moment, sortir des généralités : la question du port de Tanger est en effet encore dans la période des pourparlers, au LE PORT DE TANGER 331 point de vue technique aussi bien qu'au point de vue financier. Beaucoup de projets ont déjà été étudiés, par la Commission des Ports, par le Ser- vice des Travaux publics, par des sociétés ou des particuliers. Mais presque toutes les solutions présentent des caractères communs et nécessaires que nous allons dégager, le reste étant affaire de détail. Au point de vue technique, le port de Tanger comportera obligatoirement une grande jetée s'enracinant au voisinage de la jetée actuelle et se recourbant vers la direction Est-Nord-Est, de manière à se tenir, à son extrémité, dans les fonds de 10 à 15 mètres. La longueur à assigner à cette jetée, qu'on pourra d’ailleurs prolonger plus tard, ne dépend que de l'extension qu'on voudra donner au port. La baie ainsi fermée à l'Ouest et au Nord, il sera nécessaire d'établir une traverse, orientée sensi- blement Nord-Sud, qui rejoindra la grande jetée, vers son extrémité, el présentera une passe pour l'entrée. Le point d’enracinement de cette traverse variera également suivant l'étendue à donner au port, mais il y à intérêt à ne pas trop ie reculer vers l'Est, alin de ne pas donner au bassin abrité une trop grande étendue, ce qui permettrait au clapotis de s'y former, par vent d'Est; en sorte qu'on peut diviser la construction du port en phases, comportant l'exécution de compartiments successifs, sans craindre d’être conduit à des tra- vaux destinés à devenir par la suite inutiles. La passe, ouverte vers l'Est, serait établie par les fonds de 10 à 12 mètres et protégée par une avancée de la grande jetée‘. Ainsi donc, une grande jetée, à l'Ouest et au Nord, une traverse avec passe à l'Est, et des terre- pleins conquis sur la mer, tel est le schéma de tout projet de port à Tanger. On pourra faire varier les longueurs, les surfaces el les orientations, notamment suivant l'importance qu'on voudra donner à la première phase des travaux et suivant la manière dont on comprendra leur extension future. Il est indispensable, en tout cas, de prévoir cette extension. Le port de Tanger, d’un trafic actuel déjà intéressant, est sans doute appelé à un gros développement : il faut concilier les nécessités financières du présent, qui obligent à restreindre l'importance des premiers travaux, avec les pers- pectives d'extension future. Il faut aussi, pour tenir compte du rôle mondial de ce port, lui permettre 1 Sur le plan ci-joint, nous avons donné, à titre de simple indication, le projet préconisé par la Commission des Ports, et son extension possible; mais comme ce projet corres- pond, pour la première phase, à une dépense de 80 millions, il devra être modifié de manière à réduire’ cette dépense initiale à 20 ou 30 millions au grand maximum, 332 de recevoir les grands navires. Aussi le bassin d'opérations devra-t-il présenter, avec des profon- deurs suffisantes, une surface nécessaire pour per- mettre les évolutions; nous pensons qu'il faut pouvoir inscrire dans ce bassin un cercle de 600 mètres de rayon, par fonds de (—8 mètres) et — 10 mètres). Quant aux quais, pour la même raison, ils devront, sur une partie au moins de leur longueur, offrir ces mêmes profondeurs, de manière à per- mettre l’accostage et les opérations à quai, qui sont les principales sources de recettes. Mais le développement des quais, aussi bien que celui des môles, à l’intérieur du bassin, pourra n'être réalisé que progressivement, au fur et à mesure des besoins. Nous pensons qu’au début il suffira d’élablir 6 à 800 mètres de quais, au maximum, de manière à satisfaire à un trafic de 300 à 400.000 tonnes par an. Enfin, lorsque le bassin sera devenu insuffisant, on allongera la grande jetée et on établira une seconde traverse, de manière à réaliser un avant- port à l’est de ce bassin. La configuration des lieux, avec un projet sagement concu, permettrait facilement l'extension du port de Tanger, de manière à salisfaire un jour à un trafic annuel de plusieurs millions de tonnes. Sur les terre-pleins, en dehors des zones néces- saires à l’exploitation du port et aux installations du chemin de fer de Tanger à Fez, on devra réserver des surfaces pour l'établissement de magasins généraux et probablement d'une zone franche; on devra aussi munir ces terre-pleins d'un outillage perfectionné pour la manutention et l’'emmagasi- nement des marchandises. Il ne faudra pas perdre de vue la possibilité d'un accostage de ferry-boat. Enfin, les terre-pleins du port devront être séparés de la ville par un large boulevard planté. LE PORT DE CASABLANCA De cette esquisse, se dégage la préoccupalion d'assurer au port de Tanger des recettes suffi- santes : c'est que, en l'espèce, on est obligé d'envisager l'affaire comme une exploitation indus- trielle, puisque Tanger, livrée à ses seules res- sources, ne pourrait subvenir à la dépense de construction de son port. La solution qui s'impose dans le cas actuel est de procéder par voie de con- cession, comme on l’a fait autrefois pour les ports tunisiens, comme on le fait maintenant pour les ports ottomans. La principale difficulté financière réside dans l'absence de garantie d'intérêts, ce qui alourdit beaucoup l'affaire. Il serait bien souhaitable qu'on püt trouver le moyen d'assurer, fût-ce partielle- ment et dans des conditions modestes, cette garantie, à un port qui, s'il n'est pas comprimé par des débuts trop difficiles, est certainement des: tiné à un brillant avenir dont bénéficiera tout le Maroc. Les travaux seront d’une exécution relativement facile et rapide; on pourra les poursuivre presque sans chômage et au moyen d'engins flottants, dont l'emploi est à peu près impossible sur la côte ouest du Maroc. D'après les études en cours, on peut espérer trouver les matériaux nécessaires dans un rayon suffisamment rapproché et, probablement, du côté de Malabata, d'où on pourra les transporter direc- tement par voie de mer jusqu'aux lieux d'emploi. Le premier soin des entrepreneurs devra être d'agrandir le petit port de refuge actuel, pour y loger leur matériel flottant, et de créer des terre- pleins pour leurs chantiers et installations à terre. Conformément aux traités internationaux, le concessionnaire de la construction et de l’exploi- tation du port sera astreint à mettre les travaux en adjudication. Georges Porché, Ingénieur en Chef des Ponts et Chaussées à Tanger. LE PORT DE CASABLANCA La côte occidentale du Maroc n'est pas hospita- lière, et ce fail ne lui est pas particulier, car du détroit de Gibraltar au cap de Bonne-Espérance on chercherait à peu près vainement un abri sûr, sauf peut-être dans quelques rares estuaires dont l’en- trée est souvent difficile. A quoi tient ce manque d'abris et de ports ? Si l'on jette un coup d'œil sur la carte d'Afrique, on remarque immédiatement que ses côtes se pré- sentent sous l'aspect d'une ligne sensiblement régulière : ni presqu'iles effilées, ni golfes pro- fonds, ni relief accidenté. On ne voit que longues plages droites, de 50 kilomètres et plus, comme celle d'Arzila au cap Spartel, sur lesquelles les grandes lames de l’Atlan- tique, longues parfois de plus de 100 mètres, viennent déferler avec un fracas qui s'entend par , temps favorables à plus de 25 kilomètres dans l'intérieur. L'action destructive que peuventexercer de pareilles masses est énorme. Le sol est rasé jusqu'à la limite d'action des vagues, et le conti- nent recule peu à peu devant l'océan, laissant sous les flots un plateau rocheux, à la cote de — 10 ou — 20 mètres, qui s'élend parfois à plus de 20 kilo- LE PORT DE CASABLANCA mètres au large (pointe d’Azemmour) et qui est le premier gradin du plateau Sud-Atlantique. A celte aclion de la mer s'ajoute le mouvement lent de relèvement du continent Ouest-Africain. Ce mouvement est remarquablement net sur la côte marocaine, et plusieurs témoins l'indiquent: un port d’origine phénicienne au Vieux Tanger a son radier actuel au-dessus du niveau des hautes mers. Plus près de nous dans le Lemps, un port intérieur à Mazagan, d'origine portugaise, datant de l'an 1500 environ, serait hors d'usage même s'il n'était pas aujourd'hui muré. D'après ces témoins et quelques autres que présentent les 800 kilomètres de la côte Atlantique, ce relèvement dépasserait 0,25 par siècle. La géologie montre en effet qu'il y a là une oscil- lation à mouvement alternatif; on trouve sur la côte du Maroc des plages anciennes qui ont déjà été signalées à trois niveaux différents : 8 mètres, 25 mètres et 130 mètres au-dessus de la mer (celle- ci est particulièrement nette au sommet du cap Nador à côté de Sali). Ceci indique qu'à trois reprises déjà le sol marocain s'est plongé sous les flots et relevé ensuite. La côte marocaine a souffert aussi parfois de tremblements de terre violents; la ville portugaise d'Anfa a été détruite ainsi sur l'emplacement même où croule aujourd'hui Dar el Beïda, la ville arabe, et où s'élève peu à peu la ville francaise de Casa- blanca ; non loin du Maroc d’ailleurs, le volcan de Teïde, plus connu sous le nom de pic de Ténériffe, témoigne que cette activité souterraine n'est pas encore complètement disparue. Lorsque le navire arrive le matin à Casablanca, il est rare qu'il ne soit pas pris, de 6 heures à 9 heures, dans une brume épaisse qui lui ôte toute vue de la terre; aussi les capitaines des navires essaient-ils toujours de reconnaitre les abords de Casablanca dès le petit jour ; ils sont aidés en cela par la montagne de la Selle, bien connue des marins; cette colline, qui surplombe la vallée de l'Oued Neffifkh, constitue pour eux un « amer », sans grande valeur il est vrai, bien qu'il soit le meilleur de toute la côte Atlantique, et dont il faut se contenter. Faute d’avoir pu repérer sa situation exacte avant la brume, le navire doit mouiller, s'il est assez près de terre, ou se maintenir au large en attendant qu'elle se lève. Il peut ensuite venir prendre son mouillage, par des fonds variant entre 10 et 20 mètres, « au nord de l'alignement des deux minarels » disent les instructions nautiques les plus récentes. Mouillage absolument forain naturellement: quand on à de la chance, on trouve un peu de sable où faire mordre son ancre; sinon, chaîne, 3, 4, 5 on file de la maillons (90 à Fig. 21. — Le quai de Casablanca. 150 mètres) suivant le temps, et on recommande son ancre à Allah pour qu'elle ne reste pas accro- chée dans quelque trou de roche au moment du départ. Le lieu où se font actuellement les débarquements est un des points extrêmement rares où la vague qui déferle sans cesse sur le littoral marocain pré- Fig. 22. — Déchargement d'une barcasse à Casablanca sente partois une discontinuité ; les allèges, dites « barcasses », peuvent ainsi aller de terre à bord sans avoir à franchir des brisants dangereux; ce n'est pas qu'il y ait là une « ique ou un abri: mais LE PORT DE CASABLANCA les fonds présentent une sorte de couloir perpen- diculaire à la côte, long et élroit, entre deux récifs (celui de l'Ouest en particulier va à plus de 3 kilo- mètres au large). La lame qui s'engage dans ce couloir use sa force vive sur les récifs latéraux, où elle se brise, et vient ainsi en s'amortissant peu à peu jusqu'au fond de la petite darse de Casablanca. Souvent, un infranchissable obstrue comme une muraille l'entrée de cette darse et empêche toutes communications ; de véri- tables raz de marée, comme on n’en voil nulle part ailleurs, viennent déferler contre la ville, et la crête des lames passe par-dessus les remparts arabes pour venir retomber der- — rière, dans les rues qui avoisi- nent le port ; ces jours-là il est im- possible de savoir si la marée est brisant véritable haute ou basse, alors qu'en temps ordinaire la déni- vellation peut at- teindre et dépas- ser 4 mètres. Par raz de marée, on voit à un quart d'heure d’inter- valle la darse vide ou les quais submergés. Les navires sont obligés de dérader ; ils'prennent la cape au large et reviennent tous les matins voir l'état de la barre : et cela dure parfois une semaine et plus. On cite des navires qui ont stationné (devant Rabat, il est vrai) plus de deux mois. II Ce ne sont donc pas des considérations nautiques qui ont amené à choisir Casablanca pour y cons- truire un grand port; chaque peuple à chaque époque à eu ses raisons pour s'y installer. Le récif, sur lequel on peut aménager des pêche- ries sommaires, la proximité de sources d’eau potable, l'affleurement de grès durs propres à la fabrication des haches en pierre, sont sans doute les raisons qui ont altiré, dans l'antiquité, des hommes qui ont laissé dans toute la région d’innom- brables vestiges de leurs industries. Ceux-là ne s'inquiélaient guère des communica- tions marilimes. Les Portugais ont vu à Casablanca le moyen Fig. 23. — Embarquement de grains à Casablanca. 63 d'exporter par leurs caravelles les ressources en blé de la Chaouïa; les Marocains n'y ont vu qu'un gile d'étapes sur la route de Fez à Marrakech, un caravansérail et un marché de liaisons entre le Maroc du Nord et eelui du Sud. L'Europe, et la France maintenant, reprenant au fond le point de vue portugais, voient dans Casablanea le port exportateur de la Chaouïa; moyens modernes ne sauraient s'accommoder des condi- tions naturelles indiquées ci-dessus, et il faut, pour assurer la continuité et la sécurité du com- merce à travers cette terrible barre d'Afrique, construire de toutes pièces le port de la Chaouïa dont va être doté Casablanca .Quel- ques chiffres in- diquent son im- portance: de 246.000 tonneaux en 1906, le mou- vement maritime est passé en 1911 à 485.000 lon- neaux ; le mou- vement cominer- cial a suivi Ja même marche as- cendante, s'éle- vant de 14 mil- lions de francs en 1906, à 42 mil- lions en 1911, et millions en 1912, soit près du tiers du mouvement total des ports marocains. Les difficultés de tout ordre auxquelles se heurte l'importateur aussi bien que l’exportateur : état de la mer presque continuellement houleuse, diffi- cultés du transbordement en rade, exiguilé des quais, insuffisance des terre-pleins, des abris, des engins de levage, n'ont pas découragé cel essor commercial toujours grandissant. Aussi a-t-il paru particulièrement justifié de favoriser ce dévelop- pement par une tranche importante (50 millions) de l'emprunt marocain, consacrée à l’agrandis- sement du port de Casablanca (fig. 24). Ces travaux, dont l’adjudication a eu lieu le 95 mars 1913 à Tanger‘, consisteront principale- ment dans le prolongement, sur 4.550 mètres, de la grande jetée déjà amorcée par la précédente entre- prise. Sa longueur Lotale sera de 1.900 mètres ; son extrémité sera élablie par des fonds de 17 mètres mais les 1 À la suite de cette adjudication internationale, l’entre- prise de ces importants travaux a été confiée à MM. Schnei- der et Cie, en association avec la Compagnie Marocaine, et MM. J. et G. Hersent.f LE PORT DE CASABLANCA au-dessous du zéro des plus basses mers. Cet ou- vrage conservera Sa direction actuelle sur une cer- taine longueur, puis s’infléchira vers le nord-est, Une seconde jetée, allant de l'extrémité de la première au rivage, fermera le grand port à l'Est. Elle s'enracinera à environ 1 kilomètre à l’est de la darse de Sidi-Béliout; son extrémité s'arrêtera à 400 mètres de la grande jetée; celle-ci recevra, dans le prolongement de la jetée transversale, un éperon de 150 mêtres de longueur. La passe libre sera donc de 250 mètres de largeur, entre l’éperon en question et la jetée transversale. 339 avec une largeur à la base qui ne sera pas inférieure à 70 mètres. Un port intérieur sera construit également, dont l'entrée se trouvera à peu près en face de la darse actuellement existante. Ce port, où seuls des bàti- ments d'un tonnage réduit pourront trouver accès, est principalement destiné à permettre au matériel de l’acconage d'effectuer en toute sécurité ses opé- ralions à quais. A l'abri des deux jetées qui le limiteront vers le nord, et dont l’une, celle de l’ouest, est déjà amorcée sur une centaine de mètres, seront amé- CASABLANCA (l 600 1900 m DM Hépital Sr de Sour-Qjedit, [1111 y Rabat NOIRES Rabat Comité de l'Afrique française 6. Huré Reproduction interdite Fig. 24. — Plan de la ville et du vort de Casablanca. L'éperon sera établi à 300 mètres en decà de l'extrémité de la grande jetée, de manière à per- metlre aux navires prenant la passe d’être abrilés contre la houle avant leur entrée dans le port. La surface d'eau abritée par ces deux jetées est d'environ 170 hectares, dont 85 environ par des fonds de plus de 5 mètres au-dessous des basses mers, 65 par des fonds de plus de 8 mètres, et 25 par des fonds de plus de 10 mètres. Les profils de ces ouvrages ont été éludiés de manière à présenter de grandes garanties de résis- tance; la grande jetée, particulièrement, se com- posera entièrement de blocs de béton de 45.000 ki- logs, couverts par une cuirasse de blocs de 90.000 kilogs ; la section de la grande jetée altein- dra à l'extrémité une surface de 850 mètres carrés, nagés divers quais el terre-pleins ainsi qu'une cale de halage pour les barcasses. On juge de l'amélioration considérable qui résul- tera de l'établissement de ces terre-pleins, puisque le commerce actuel de Casablanca dispose seule- ment de 50 à 60 mètres à peine de quais non abrités, et par des fonds de 0%,50 au plus, et de 3 hectares et demi de terre-pleins encombrés par des magasins et en partie inutilisables, puisqu'ils ne sont pas abrités. Le délai d'exécution a été fixé par l'Adminis- tration à seize mois pour le port intérieur et à sept ans environ pour le grand port. La dépense prévue approchera de 30 millions pour la grande jetée ; elle sera de 4 millions environ pour la jetée transversale et d'une impor- 330 LOUIS GENTIL — LES VOIES DE COMMUNICATION AU MAROC tance sensiblement égale pour le port intérieur, Des approvisionnements considérables seront naturellement nécessaires. Le tonnage du ciment de Portland, à prise lente, entrant dans la confec- tion des bétons et maconneries, ne s'élèvera pas à moins de 170.000 tonnes. La quantité de pierres à extraire de la Maarif dépassera 1.700.000 tonnes. Entre cette carrière et le port, dix trains circu- leront journellement, déversant sur les chantiers une quantité moyenne de 500 à 600 mètres cubes de pierre cassée à béton ou de moellons pour maconnerie. Une dizaine de locomotives et plus de deux cents wagons seront employés au transport de ces matériaux. carrière de le débarquement d’une grande partie des approvi- sionnements et matériels arrivant par mer. De véritables usines assureront la production des énormes quantités de sable, de pierre cassée, de mortier, de béton, nécessaires à la réalisation des travaux; la force motrice leur sera distribuée par une stalion électrogène de près de 4.000 chevaux- vapeur, qui produira, en outre, le courant néces- saire au fonctionnement des divers titans, grues, bardeurs, ponts roulants, employés sur les chan- tiers ; les locomotives à vapeur auront une puissance totale de plus de 700 chevaux; c'est donc une puis- sance totale de plus de 1.600 chevaux qu'il s'agit d'installer. Un atelier modèle permettra l'entretien et la réparation sur place de ce matériel impor- L'entreprise sera outillée pour opérer elle-même | tant. Ÿ> LES VOIES DE COMMUNICATION AU MAROC Parmi les travaux d'outillage économique les plus urgents à exécuter au Maroc sur l'emprunt que la Chambre des députés vient de voter dans sa séance du 28 janvier, figurent les travaux de con- struction de voies de communication. On a souvent répété que le Maroc est un pays riche, un pays d'avenir qui doit rester ce qu'il est, essentiellement agricole. Le fait est exact. Nulle contrée de la Tunisie ou de l'Algérie ne vaut les régions de terres noires, les /irs, des Chaouïa, des Doukkala et des Abda; nulle plaine de nos anciennes possessions de l'Afrique du Nord n'est comparable, en superficie et en fertilité, à la magnifique plaine des Beni Ahssen qui s'étend, sur 80 kilomètres de longueur et 35 kilomètres de lar- geur, entre la forêt de Mâmora, au sud, le Sebou au nord et à l’ouest, les contreforts du Rif et du Zerhoun à l'est. Sur la rive droite de l’oued Sebou, entre les lagunes Dora et Zerga à l’ouest, la rivière du Loukkos au nord, les hauteurs d'Ouezzan à l’est, la région du R'arb étale ses 20.0000 hectares et offre tous les ans au commerce agricole les pro- duits de son élevage, ses moissons abondantes, ses fruits et ses légumes. Le Maroc est une Algérie irriguée et c'est en grande partie de ses nombreux cours d'eau qu'il tire son incomparable fertilité. On aura certai- nement beaucoup fait pour le pays quand on aura accru, par la construction de barrages et de canaux, les moyens d'irrigation; quand on aura appris au Marocain à tirer un meilleur parti du sol qu'il exploite ; quand se seront développées les associations entre indigènes et colons. Mais on aura fait plus encore pour le grand commerce agricole lorsqu'on aura établi des routes et des chemins de fer. C'est ce qu'a bien compris le général Lyautey, qui a demandé que, sur les fonds d'emprunt, près de 37 millions fussent destinés à la construction immédiate d’un premier réseau de roules. Actuellement, les échanges commerciaux se font par les pistes dont le Maroc est sillonné de toutes parts. Mais ces voies de communication, qui fran- chissent les rivières à gué, qui sont établies sur le sable le long du littoral, sur la terre grasse dans l'hinterland, ne se prêtent nullement à un trafñie intense et régulier, parce que, en dépit des amé- nagements dont les plus importantes ont déjà été l'objet, elles sont difficilement praticables aux lourds convois qui avancent péniblement dans les sables en été, dans les boues argileuses à la saison des pluies. Après six années d'occupation, c'est en- core le chameau qui demeure le véhicule le plus sùr des produits indigènes et des produits importés. Avec un tel instrument, le mouvement du trafic est lent et coûteux. Le prix de transport d’une tonne de marchandises s'élève à 2 francs par kilo- mètre, tandis qu'en Algérie, sur les routes les plus défavorablement établies, il ne dépasse pas 0 fr. 50. On voit dès lors que la gène qui pèse sur le com- merce en général et l’agriculture en particulier ne vient ni des droits divers qui frappent les marchan- dises à l'entrée et à la sortie, ni des tarifs d'embar- quement, de débarquement et de transport par mer ; LOUIS GENTIL — LES VOIES DE COMMUNICATION AU MAROC 337 elle vient surtout des frais de transport à l'inté- rieur du pays. Comment songer, seulement, à con- sommer à Rabat, par exemple, du blé qui, prove- nant du R'arb, arriverait à coûter, après 120 kilo- mètres de transport, plus de 400 francs la tonne ; alors qu'il est possible de le recevoir de Marseille pour 320 francs environ? Mais, une fois la route construite, le même blé, en lui supposant dans la région d'Arbaoua une valeur initiale de 18 francs les 100 kilogs, pourra être livré pour un prix qui ne dépassera pas 240 francs. L'arabe et le colon, qui ne peuvent écouler leurs produits que dans une zone très limitée en raison de la concurrence du commerce d'importation, sûrs de trouver, grâce à la route, de nouveaux débouchés, accroîtront leur production par l’ensemen- cement de ter- res fertiles que les difficultés de commerce obligent à lais- ser incultes. Ainsi, la route d’abord, le che- min de fer en- suite qui abais- sera encore les prix de revient, seront les deux agents les plus actifs de la co- lonisation et de les mélangés aux poiriers sauvages, couvrent ses 170.000 hectares de superficie ; 20 Une route partant de Kénitra pour remonter la vallée du Sebou jusqu'aux environs de Sidi Kas- sem, et se dirigeant sur Fez par le col de Zegotta; 3° Une route se détachant de la précédente à Lalla Ito pour aboutir à Meknès par Dar bel Hamri et le plateau du Haoud:; 4 Une route reliant plaine du Saïs; 5° Deux routes s’embranchant sur celle de Fez, l’une à Kénitra, l’autre à Sidi Gueddar, et se rejoi- gnant à Souk el Arbà, pour se prolonger ensuite, par un tronc commun, jusqu'à Arbaoua. Elles ceintureront ainsi la riche plaine du Sebou, dont elles draineront les produits vers Kénitra. En ou- tre, il suffira de prolonger le tronc commun Souk el Arbà- Arbaoua, pour les raccorder, le moment venu, à la route qui, nécessairement, dans espa- Meknès à Fez à travers la s'ouvrira la zone gnoleentre Tan- ger et El Ksar, reliant Tanger à ainsi Fez, larichesse à l’in- térieur du pays. Il n'est pas besoin d'insister plus longuement sur l’utililé de la route. C'est là un truisme qui ne nécessite aucune démonstration; si nous avons tenu à ciler quelques chiffres, c’est uniquement pour donner une idée des énormes avantages que le pays est appelé à retirer de la création d'un réseau routier. Le réseau desroutes classées en première urgence présente un développement de 1.465 kilomètres ainsi répartis : 1° Une route côtière partant de Mogador et abou- tissant, après un parcours de 450 kilomètres, à Méhedya. Elle est indispensable pour assurer, entre les ports de la côte ouest marocaine, Moga- dor, Safi, Mazagan, Azemmour, Rabat-Salé, les communications qui sont souvent impossibles par mer pendant la mauvaise saison. Elle longera les terres fertiles des Abda, des Doukkala, des Chiadma, des Chaouïa. Au nord, entre Salé et Kénitra, elle longera l'immense forêt de Mämora et facilitera l'exploitation ralionnelle des chénes-lièges qui, Fig. 25. — Une caravane au Maroc. (Photographie de M. L. Gentil.) Meknès et Ra- bat; 6° Trois rou- tes partant de Marrakech, la capitale du Sud, et se dirigeant sur Mogador, Mazagan et Casablanca. Les tracés de ces différentes voies de communi- cation suivront d'aussi près que possible les pistes actuelles dont la largeur dépasse souvent 30 mè- tres. Au milieu de ces pistes, on aménagera des plates-formes de 8 mètres avec chaussées de 4 mè- tres; les parties latérales, laissées à l'état de sol naturel, serviront à la circulation très intense des caravanes et des troupeaux. On n'a pas attendu le vote de l'emprunt pour commencer la réalisalion de ce programme. La Direction générale des Travaux publics a déjà mis à l'étude la route côtière entre Mazagan et Kénitra, el la route intérieure Casablanca-Marrakech. Les projets de construction sont dressés et, sur bien des points, les travaux, adjugés à Tanger, sont en cours d'exécution. C’est ainsi que la route côlière est construite sur une longueur de 22 kilomètres à partir de Casablanca vers Rabatet en cours de 338 LOUIS GENTIL — LES VOIES travaux sur 68 kilomètres entre Mazagan et Rabat. De même, la route de Casablanca vers Marrakech est commencée et trouve avancée entre Casablanca et Mediouna, sur 23 kilomètres envi- ron; elle vient d’être adjugée pour la partie com- prise entre Mediouna et l’oued Bou Kraïma, sur une longueur de 46 kilomètres. En outre, en attendant que ce réseau de première nécessité soit constilué, le Service des Travaux publics le long de la côte, le Service du Génie dans se très DE COMMUNICATION AU MAROC routes, ilne comprend qu'une somme de 500.000 fr. pour les études de chemin de fer. C’est qu'on est décidé, ainsi que l'indique l'exposé des motifs de l'emprunt, à demander la garantie de la Métro- pole pour les travaux de chemins de fer par des projets de loi spéciaux tendant à autoriser, soit la concession des lignes, soit leur exécution directe par l'Etat. Néanmoins, ce même exposé des motifs donne, à litre d'indication, la constitution de notre premier réseau qui doit comprendre: | = LES VOIES DE COMMUNICATION PROJETÉES AU MAROC Le) 50 100 200 L CHEMINS DE FER om um on on mm me mm Tenger-Fez 315 (dans la zone française. 200 X ) 75È 120 235 95 Mehediya-Rabat-Casablanca Casablanca-Marrakech Fez à la Frontière Algérienne N°1 Mehediya Hogatons 450% N°2 _Rabat-Meknés-Fez 195. N°3 _Casablance-Marrekech._035. N°4. Mogador- Marrakech. Comité de | Afrique française GHure Reproduction interdite Fig. 26. — Les principales voies de communication projetées au Maroc. l'intérieur, améliorent les pistes actuelles les plus fréquentées, de manière à y rendre possible, sinon facile, la circulation des véhicules légers. Ces amé- liorations consistent à faire disparaître, à la mine et à la pioche, les têtes de chats et à constituer en empierrement rudimentaire les parties par trop sablonneuses. On à pu ainsi, et à peu ‘de frais, rendre praticable la piste qui court le long de la côte de Mogador à Méhedya et celles qui relient Casablanca et Mogador à Marrakech. Si le programme de l'emprunt soumis au Parle- ment comporte un projet de dépense de 37 mil- lions pour la constitution du premier réseau de 4 La ligne Tanger-Fez, dont l’adjudication ne doit, aux termes du traité franco-allemand du 4 novembre 1911, être primée par aucune autre. En la faisant passer par Meknès, qu'il y à tout intérêt à desservir immédiatement, elle mesurera en territoire français, 200 kilomètres; 2% Une ligne partant de Kénitra et remontant la rive droite du Sebou jusqu'à la précédente. Elle est indispensable pour amener à celle-ci les traverses et les rails, qui ne sauraient être pratiquement transportés, ni par voie de terre, ni par voie fluviale, et permettre d'entreprendre leur pose du Sebou jusqu'à Fez, tandis qu'elle se poursuivrait de Tanger vers le Sebou; sa longueur serait de 75 kilomètres; 3° Une ligne de Kénitra-Rabat-Casablanca, des- s PL TD LOUIS GENTIL — LES VOIES DE COMMUNICATION AU MAROC 339 tinée à relier, d'une part, Rabat, capitale du Pro- tectorat, à Casablanca, qui est le seul port dont l'aménagement complet soit actuellement prévu ; d'autre part, indirectement, grâce aux deux lignes” mentionnées plus haut, l’une et l'autre de ces deux villes à Meknès et à Fez. Sa longueur sera de 120 kilomètres ; 4° Une ligne de Casablanca à Marrakech, dont il convient évidemment d'assurer le plus tôt possible les communications avec la côte. Longueur, 230 ki- lomètres ; 5° Enfin, une ligne de Fez à la frontière algé- rienne dont l'utilité est indiscutable, puisque seule elle peut assurer les communications du Maroc occidental avec le Maroc orien- tal, l'Algérie et la Tunisie, dont il est aujour- d'hui complète- ment séparé. Longueur, 325 kilomètres. Développe- ment total du réseau, 950 ki- lomètres. A l'heure ac- tuelle, l’état d'a- vancement des questions con- cernant ces di- verses lignes est le suivant : 1. Ligne Tan- ger-Fez. —Aux termes du Protocole annexé à la convention fran- co-espagnole du 27 novembre 1913, le tracé géné- ral de la ligne, ainsi que des stations principales, devaient être déterminés dans un délai de trois mois à compter du jour de la signature de la con- vention. Après la ratification de celle-ci, devait intervenir une concession au profit d'une compa- gnie unique franco-espagnole, à constituer par les groupes financiers que désigneraient, chacun pour sa part, les deux Gouvernements intéressés, el qui serait chargée à la fois des études définitives, de la construction et de l'exploitation. Un projet de convention, avec cahier des charges Fig. 27. — Le chemin de fer militaire de Casablanea à Rabat (Photographie de M. L: Gentil.) à l'appui, a été élaboré en mars 1913 à Paris, par | les délégués des deux pays. Il définit d'une part, conformément aux stipulations du protocole du 27 novembre 1912, le tracé général de la voie, et de l’autre les conditions de la concession à inter- venir. Par ailleurs, dès le début d'avril 1913, le Gouver- nement de la République et celui de S. M. le Roi d'Espagne désigné les groupes financiers chargés deconstituerla Compagnie concessionnaire ; ces groupes discutent, en ce moment, le cahier des charges et la convention de concession. La Compagnie générale du Maroc, qui représente le groupe financier français, a déjà commencé les études définitives sur les bases arrêtées par les ingénieurs Nouailhac-Pioch et Ferras au cours de leurs reconnaissances de juin et décembre 1912. Les études portent sur le point où le tracé franchit le Sebou, près de Mechra Bel Ksiri, et sur la région assez difficile que doit parcourir la ligne pour gagner, de ce point, les hauteurs de Meknès. La + Compagnie dé- sire présenter à l’adjudication un lot très im- portant de tra- vaux d'infra- structure dès que la conces- sion de la ligne aura été ratifiée. 2. Autres li- gnes.— Une re- connaissance effectuée sur le tracé Casablan- ca-Marrakech à permis de dé- terminerlepoint de passage sur l'Oum er Rebëa qui se ferait aux abords de Bou Laouane. Cette solution, comparée à celle qui con- siste à passer par Mechra ben Abbou, rejette le tracé vers l’ouest; elle augmente le parcours entre Casablanca et Marrakech ; mais elle présente cet avantage d'offrir au tracé une région plus facile, de lui faire couper, au lieu de les border, des con- trées très fertiles; et de le rapprocher de Mazagan qui devra obligatoirement être réunie un jour à Marrakech par voie ferrée. Les études faites pour la route de Casablanca à Rabat et Kénitra seront d’un secours précieux pour celles qu'il faudra entreprendre pour le chemin de fer qui la doublera et, actuellement, on est à peu près fixé sur les points où il coupera les cinq oueds rencontrés entre Casablanca et Rabat et coulant dans de profondes dépressions. Quant à la ligne de Fez à la frontière algérienne, il est évident qu'elle ne peut faire l’objet d'une étude d'ensemble avant que l'occupation francaise n'ait été étendue à toute la zone à traverser. ont 340 LOUIS GENTIL — LES VOIES DE COMMUNICATION AU MAROC II aurons alors une jeune colonie qui prolongera harmonieusement vers l’ouest nos anciennes pos- Tel est le programme des voies de communication | sessions de l'Afrique du Nord. que le Protectorat se propose de réaliser. Il com- Louis Gentil. prend en somme près de 1.500 kilomètres de routes de 8 mètres de largeur, et de 950 kilomètres de lignes ferrées, à voie de 1%,50, avec déclivités maxima de 15 millimètres et rayons de courbes Le Maroc est desservi actuellement par un grand minima de 300 mètres. nombre de postes de T, S. F. et de lignes terrestres LES LIGNES TÉLÉGRAPRIQUES. à aéseaux réécraraoue #7 TéLÉPyomioue | TSX E ee CHÉRIFIENS ; el reseaux projetés. : Hreig à 1 4 Larache Fedal2h £Z Z Casablanca be T'ÉRTÉCRTINORE Réseau télégraphique existant au l5 mal 1318. ………Neseau mixte (téleph) 1 EN SE == PEMnal ss../lignes Cerep ques à TecORsErUIre, 7T Se eh UV ; À id. ____ éventuelles. © Ke. 2 OO EN LAN SSEE ++ - Côble telègr sous-marin. vas Orcuits téléph. à double fil. ee éventuels. À Postes deT.S.F existants. 7 CT Centraux téléphoniques urbains projetés DOFUS LUE SEE Ma mi" Salou] Comité de l'Afrique française 6 4uré Fig. 28. — Les réseaux télégraphique et téléphonique chérifiens existants et en projet. Le délai d'exécution peut être prévu de quatre | dont l'exploitation est assurée par l'Administration ans pour les routes, de sept ans pour l'ensemble | des Télégraphes chériliens, qui reprit en 1908 les des chemins de fer. Mais, dans sept ans, la pre- | services de la Société marocaine des Télégraphes. mière tranche des travaux du Port de Casablanca Les postes de T.S. F. existants sont ceux de sera terminée; les aménagements des ports de Tanger, Rabat, Casablanca, Mogador, Fez, Sefrou, Mogador, de Mazagan et de Safi seront exécutés; | Taourirt et Marrakech. Kénitra ou Rabat seront peut-être exploités par Les lignes terrestres se subdivisent en quatre une compagnie concessionnaire. catégories au point de vue administratif : 1° lignes Dès lors, le Maroc aura un outillage économique | des Télégraphes chérifiens : 2° lignes appartenant enviable, l'expérience que nous ont donnée les | au Génie, mais exploitées par les Télégraphes chéri- occupations de l'Algérie et de la Tunisie nous ayant | fiens ; 3° lignes militaires ; 4° lignes des confins. puissamment servi dans l'organisation politique Les lignes construites dans un but stratégique, el et économique de ce pays où tout est à faire. Nous | qui doivent être reprises par l'Administration ché- TH. MONOD — DE L'ÉLEVAGE AU MAROC 341 rifenne, sont des lignes de fortune, hätivement construites, avec des parties irrégulières, poteaux à peine enfoncés dans le sol, et qui doivent être refaites presque totalement. ; L'étude de la carte publiée par le Comité de l'Afrique francaise (fig. 28) met en évidence la carac- téristique du réseau marocain, réseau essentielle- ment côtier. Alors que généralement les télégra- phistes évitent le voisinage de la mer, redoutant les actions corrosives de l’air salin, les conditions stra- tégiques, les nécessités d'assurer la surveillance et la protection des lignes ont imposé un trajet en bor- dure de l'Atlantique. De l'embouchure du Sebou jusqu'à Agadir, sur 650 kilomètres, la ligne suit les pistes qui s'écartent fort peu du littoral. Cette position des lignes a entrainé l'emploi, comme conducteurs, de fils en bronze siliceux, les fils bimétalliques généralement employés par le Génie militaire étant rapidement attaqués à tous les points de frottement. Si le bronze siliceux est moins cher, sa ténacité est par contre assez faible ; il faut done ramener les portées au-dessous de 60 mètres, et cette multiplication des poteaux a de l'importance quand on saura que, par suite des dif- ficultés de transport, un poteau qui vaut 15 à 17 francs au port revient à pied d'œuvre à 50 ou 65 francs suivant la distance et l’état de la piste. Près de 2.000 kilomètres de lignes fonctionnent actuellement, mais avec un matériel souvent pré- caire et tout provisoire. des Dès maintenant, on prévoit l'établissement de la ligne Fez-Taourirt, qui reliera le réseau général marocain au réseau algérien et comprendra, vu son importance, trois lignes télégraphiques et trois lignes téléphoniques. Si tout permet d'espérer qu'avant quatre mois Fez et Oran communiqueront directement et pourront échanger des messages téléphoniques, on ne saurait fixer de date, même probable, à une autre ligne projetée : celle de Tanger-Fez par Arzila, Larache, El Ksar et Ar- baoua, qui doit ètre construite : 1° en territoire international; 2° en territoire espagnol; 3° en ter- ritoire français. A côté du service télégraphique fonctionnent déjà des services téléphoniques urbains. À Casa- blanca, un réseau unifilaire appartenant à une société espagnole doit être repris par l'Adminis- tration chérifienne et transformé en svstème bifi- laire. À Rabat, 500 abonnés sont prévus avec une cabine munie d'appareils extra-sensibles pour per- mettre la communication avec Tanger par le câble qui doit être mouillé entre ces deux villes. Une somme de dix millions est inscrite dans l'emprunt pour être consacrée aux services lélé- phoniques ettélégraphiques. Sur cette somme, deux millions visent les bâtiments et immeubles. Espé- rons que les devis marocains ne subiront pas les crises d’hypertrophie des devis métropolitains quand il s’agit des bâtiments civils. J.-P. L. DE L'ÉLEVAGE AU MAROC 1. — CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES. La situation climatérique et la nature du sol font du Maroc, en certains endroits, une des régions les plus fertiles du globe etun pays privilégié au point de vue de l'élevage. On ne saurait, cependant, être taxé d'exagération en disant que les conditions d'exploitation de cette richesse du pays sont restées tellement primitives jusqu'ici que tout est à faire. L'indigène, subissant l'influence de sa race et de sa religion, accepte avec joie les périodes d'abondance, subit avec résignation les années de misère, mais ne fait aucun effort pour modifier l'ordre naturel des choses, et vit en bon fataliste. Confiant dans son stupide « Mektoub », il ne connaît qu'une loi, celle du moindre effort et du moindre travail. Fidèle à la coutume traditionnelle, il ne compte que sur les ressources naturelles du bled, où les troupeaux doivent chercher eux-mêmes, en tout temps, leur subsistance, sans jamais attendre de leur maitre la moindré distribution de produits alimentaires. Quand la pluie bienfaisante fertilise le sol maro- cain, la campagne se couvre d’une végétation luxu- riante que ne connaissent pas les plus riches con- trées de France; les troupeaux se développent, se multiplient, résistent aux maladies, et un large courant d'exportation se dessine aussitôt. Pendant les longues périodes de sécheresse, les riches pâturages font place à la steppe, nue, aride, désolée, où les troupeaux ne trouvent plus qu'une herbe grossière, desséchée sur pied, et de jeunes pousses de doum sans grande valeur nutritive. Ils maigrissent, paient alors un lourd tribut aux maladies contagieuses et parasitaires, et voient souvent leur effectif diminuer de plus de moitié en l'espace de quelques mois. C'est l’époque de la disette, de la famine. C'est aussi l’époque où le commerce des peaux est en pleine prospérité. Il ne faut pas songer, d'ici longtemps encore, à transformer les méthodes indigènes, nées de la rou- tine et de l’insouciance ; mais l’éleveur européen peut, par son exemple, démontrer l'heureuse 342 influence d'une hygiène rationnelle sur la prospé- rité et l'accroissement des troupeaux et amener peu à peu l’indigène à l’imiter. L'action directrice de l’homme ayant été nulle jusqu'ici, il n'y a pas à proprement parler au Maroc d'industrie de l'élevage. Il suffit donc d'étudier quels sont les facteurs qui, par leur action, entravent son développement et les correc- tifs qu'il est possible d'y apporter. Le climat chaud et l'inégale répartition des pluies entrainent l'irrégularité de l'alimentation et donnent à cette question un intérêt capital. C’est presque une naïvelé de dire que «lorsque les animaux n'ont pas à manger, ils crèvent de faim ». Getle raison est cependant la seule qui ait occasionné, durant les deux dernières années de sécheresse, une mor- talité extraordinairement élevée du bétail. Les animaux, peu ou pas nourris, n'offrent aucune résistance aux maladies contagieuses,et deviennent la proie facile des infections parasitaires internes et externes. La solution du problème est facile à déduire: Il faut, par tous les moyens, créer des réserves alimentaires qui permettront de pouvoir nourrir le bétail quand les pâturages font défaut. L'Européen avisé pourra, en pareil cas, demander au capital bétail un rendement considérable. Muni de réserves fourragères, il pourra acheter les ani- maux dont l’indigène se débarrasse à vil prix pen- dant les périodes de grande sécheresse, et aug- menter ainsi son troupeau à peu de frais. Au moment des pluies, il trouvera facilement des débouchés avantageux pour ses élèves. Ilest toujours facile de constituer des réserves, soit en fourrages naturels, soit en fourrages arti- ficiels. Une connaissance plus approfondie de l’agriculture du pays renseignera sur les meilleurs procédés à employer pour les obtenir. D’ores et déjà, quelques faits sont acquis: Île foin de tous les plateaux, bien récollé, est un excellent produit, employé dans l'alimentation des chevaux de l’armée; les fourrages artificiels en terrains irri- gables donnent un rendement considérable ; la luzerne et les légumineuses à racines pivotantes sont une ressource précieuse dans les terrains secs ; le maïs et le sorgho, qui viennent partout presque sans soins, peuvent, à condition d’être ensilés, seuls ou mélangés aux plantes grossières qui poussent dans tous les sols, constituer d'excellentes réserves alimentaires, très appréciées par les animaux et dont le coefficient de digestibilité se trouve élevé. La question de l’eau est aussi d'un intérêt pri- mordial. Il importe que les troupeaux puissent boire chaque jour el même deux fois par jour. En temps de sécheresse, les indigènes éloignés des cours d’eau et des sources n’abreuvent leurs trou- peaux que tous les trois ou quatre jours, le plus TH. MONOD — DE L'ÉLEVAGE AU MAROC souvent dans des conditions défavorables, dans des mares souillées et infectées de larves de parasites qui, trouvant un terrain éminemment propice à leur pullulation, envahissent les animaux. Il est pénible de constater que les colons eux-mêmes. n'ont presque rien fait, jusqu'à présent, pour amé- liorer cet état de choses lamentable et qu'ils ont laissé à l'Administration le soin de capter quelques sources destinées à alimenter copieusement des abreuvoirs cimentés, aux abords empierrés pour éviter la boue et la stagnation de l’eau souillée par les déjections. La chute des pluies abondantes et glacées pen- dant la mauvaise saison exige la construction d’abris. De simples hangars suffiraient ; ils permet- traient de distribuer une ration sèche, éviteraient les pertes de fourrage, tout en protégeant les ani- maux contre les rigueurs excessives de la tempé- rature. En résumé, pour pouvoir entreprendre dans de bonnes conditions l'élevage au Maroc, il est néces- saire avant tout de s'assurer de la possibilité de nourrir les animaux pendant les années sèches, durant lesquelles les pâturages font défaut, de les abreuver dans de bonnes conditions, et de leur construire des abris primitifs pour la mauvaise saison. Cet élevage s'entend naturellement du bétail marocain actuel ; mais il est évident que l’éleveur qui voudra améliorer les races du pays par des croisements avec des animaux déjà perfectionnés devra exagérer encore les conditions favorables précitées. Grâce à l'expérience acquise en Algérie, il est permis d'affirmer que, dès maintenant, dans les vallées et sur le littoral de l'Atlantique, des croise- ments très avantageux peuvent être faits avec toutes chances de succès. L'amélioration de l'élevage marocain, soit par sélection, soit par croisement, mérite une attention toute particulière. Aussi est-il déjà l’objet de toute la sollicitude de l'Administration. Un Comité con- sultatif de l'élevage a été institué auprès de la Rési- dence générale à Rabat. Présidé par le Ministre des Finances chérifiennes, il compte parmi {ses membres le Chef des Services de l'Agriculture, le Directeur des Remontes et Haras marocains, le Chef des Services vétérinaires, deux éleveurs euro- péens et un notable indigène. Ce Comité a déjà arrêté les bases des projets suivants, dont la réali- sation aura certainement la plus heureuse influence sur l'avenir de l'élevage dans la colonie: Création d'un Stud-bcok de la race chevaline de selle : Organisation d'un Service zootechnique et des épizoolies ; lt TH. MONOD — DE L'ÉLEVAGE AU MAROC 343 Réglementation des conditions d'importation et d'exportation du bétail, nécessaire pour pallier à la crise actuelle, conséquence directe des deux années de sécheresse ; Tuberculination des bovins importés ; Interdiction de i'abatage des femelles pour la boucherie ; Organisation de l'inspection des abattoirs et des marchés : Délivrance de primes à l'élevage des chevaux, bovins, ovins et des cochons; Exonération des droits d'importation pour les géniteurs améliorateurs des races du pays. Ce vaste programme sera bientôt complété par l'examen des conditions dans lesquelles il sera possible de venir en aide à l'initiative privée, en ce qui concerne la création de fermes d'élevage et l'installation au compte de la colonie de stations d'essai, fermes d'expérience dans lesquelles seraient étudiés les meilleurs croisements possibles pour l'amélioration des races indigènes. Le Maroc est, malheureusement, le pays des maladies contagieuses par excellence. On y constate couramment chez le cheval la morve, la gourme, la lymphangite épizootique, les maladies typhoïdes, la piroplasmose, et quelques trypanosomiases ; chez les bovins : les deux charbons, la fièvre aphteuse, la piroplasmose, quelquefois la tubercu- lose, de nombreuses maladies parasitaires parmi lesquelles il faut citer l’œsophagostomose, la ladrerie, la linguatulose, l’échinococcose et la dis- tomatose : chez les ovins, le charbon, la clavelée, les maladies à bacilles de Preisz-Nocard et les affections vermineuses, notamment la broncho- pneumonie; chez les pores, le rouget. La création du Service sanitaire vétérinaire per- mettra d'organiser dès maintenant et rapidement la lutte contre les maladies contagieuses. Des vacei- nalions et sérumisations peuvent être appliquées de suite, gratuites pour les indigènes, à charge de remboursement des sérums et vaccins pour les éle- veurs européens. L'hygiène bien comprise permettra de restreindre considérablement les méfaits des affections parasi- taires. D'autre part, les derniers travaux concernant la piroplasmose permettent d'espérer qu'il sera pos- sible d'acclimater sans danger les bovins des races améliorées en leur inoculant dès leur arrivée du sang des animaux du pays et en les traitant au trypanblau. Ils subiront, ainsi, une sorte de vacci- nation indispensable, la piroplasmose constituant l'écueil le plus sérieux à l'importation des bovins de choix et des vaches laitières. Faute de ressources budgétaires, le Service sanitaire n'a pas encore tout le développement que comporte une étendue de territoire comme le Maroc, mais, tel qu'il est, il permet de parer au plus pressé. Il est déjà à même de rendre les plus grands services. En somme, dans les conditions actuelles, l’éle- veur européen qui dispose de capitaux suffisants peut entreprendre en loute confiance la constitution d'un cheptel important, s’il est à même de réaliser des réserves fourragères, d'installer des abreuvoirs et des abris. Pendant de longues années encore, il trouvera sur place l'écoulement de ses produits à des prix très rémunérateurs. Plus tard, quand l'élevage aura acquis toute l'importance qu'il doit avoir, il peut être certain, par la proximité de l'Espagne et de la France, d’avoir dans ces pays un débouché assuré, très important. II. — Du CHEVAL MAROCAIN. Le Maroc présente, avec sa vaste étendue de territoires, une configuration orographique, une constitution géologique, un régime hydrogra- Fig. 29. — Cheval du R'arb. phique et climatologique si variés qu'il ne faut pas s'attendre à y rencontrer un modèle unique de cheval. Celui-ci a subi, comme partout d’ailleurs, l'influence modificatrice du milieu. Vivant sur un sol remarquablement riche en calcaire et en phos- phates, son squelette s’est très développé; mais son format se réduit quand l'alimentation reste insuf- fisante. Si l'on ne tient pas compte des quelques croisements plus ou moins heureux qui, dans les régions littorales, ont transformé le type habituel, on peut le rattacher indubitablement à la souche berbère ou de l'Afrique du Nord. C'est avant tout un cheval de selle. Il est commun dans sa tête, 344 chargée de ganaches, négligé dans sa cravate, court dans son encolure; il a le garrot bien sorti, mais l'épaule droite est courte, la poitrine haute et profonde, un bon dessus. Les hanches sont assez sorties, mais la croupe est commune et très avalée, Fig. 30. — Jument poulinière (Beni-Ahssen). la cuisse courte, l'arrière-main peu développé. Il est souvent panard du devant; il a les jarrets clos, fréquemment coudés. Assez fin dans ses tissus, ses membres sont fouillés, secs et nerveux, surtout dans les régions montagneuses; il est plus grossier dans la plaine. Ses qualités morales peuvent se résumer en quelques mots : docilité, facilité du dressage, rus- ticité et endurance au travail. À part quelques exceptions, il manque de sang et d'influx nerveux, mais ces défauts ne sont pas inhérents à la race; ils peuvent être rapportés au mode d'élevage et de nourriture. Le Marocain, en effet, est beaucoup moins cavalier que l’indigène d'Algérie; il met son amour-propre à posséder une belle mule qui lui sert dans tous ses déplacements, à l'exclusion du cheval, et néglige les soins de celui-ci. Les étalons sont gras et bien nourris, mais ils ne travaillent jamais. Quant aux juments, elles sont considérées comme des bêtes de somme; elles ne recoivent qu'une nourriture parcimonieuse ; on les laisse glaner après le travail avec les ânes, leurs compagnons de misère, les herbes grossières qui poussent entre les palmiers nains autour des douars. Une poignée de teben complète leur nour- rilture, quand les pâturages sont trop pauvres, et c'est tout; le grain n’est pas fait pour elles. Si l’on ajoute à ces causes la gestation prématurée qui hâte la soudure des épiphyses, on ne sera pas étonné de voir les poulinières, arrêtées dans leur dévelop- pement, être d'un format et d'une taille très infé- rieurs à ceux des étalons. Le défaut de qualité du cheval marocain ne tient TH. MONOD — DE L'ÉLEVAGE AU MAROC pas à d’autres causes, et ce qui le prouve encore, c'est que cette qualité ressort immédiatement chez les sujets élevés dans de bonnes conditions. Il est même facile de constater que les chevaux de remonte achetés à l’âge de quatre ans, abondam- ment engrainés pendant quelques mois avec la copieuse ration des chevaux de troupe, peuvent faire très honorable figure auprès des barbes d'Algérie et même des chevaux français, dans maintes circonstances et notamment dans la plu- part des épreuves sportives : courses, steeple- chases, cross, concours hippiques, etc. Cette facon de traiter les chevaux n'est pas générale et, dans certaines régions favorisées : Marrakech, Doukkala, Beni-Ahssen, les indigènes les aiment davantage et les entourent de plus de soins. Ils ont recherché pour les améliorer des croisements judicieux et le pacha de Marrakech, EL Hadj Tami Glaoui, confirme le fait de l'intro= duction d'étalons du Tafilalet et de l'Oued Draa, étalons ayant certainement une origine syrienne. L'influence de ces étalons s’est fait grandement sen- tir et l’on rencontre, en particulier, dans les Douk= kala, des types de chevaux joignant à la qualité un modèle d'élégance et de finesse rappelant sans aucun doute l’origine arabe du père. La population chevaline est très importante au Maroc et les circonstances de milieu et de climat lui sont éminemment favorables; malheureuse- ment, jusqu'ici, rien n'a été fait pour encourager, développer et améliorer cet élevage. L'œuvre entre- prise dans ce sens par les Haras marocains est sûrement appelée à donner de très brillants résul- tats. Le jour où, par des croisements appropriés, Fig. 31. — Cheval du Haouz (de la suite du Sultan). surtout avec du pur sang arabe, on aura corrigé les défauts de conformation du cheval marocain en lui infusant une pointe de sang généreux, le jour où l’éleveur comprendra que, pour avoir un bon cheval, il faut avant tout nourrir la mère et les produits, la production chevaline sera rapidement TH. MONOD — DE L'ÉLEVAGE AU MAROC 345 très prospère en qualité et en quantité, et le Maroc deviendra une pépinière de beaux et bons chevaux de selle. DIT. — Du Muzer. L'industrie mulassière fournit deux sortes de produits : le mulet de luxe et le mulet de travail. 2, — Mulet de bât Cherarda. Les plus belles juments sont consacrées à l'élevage du mulet de luxe. Ces mulets atteignent de 1 m. 60 à 4 m. 70. Ils sont l’objet de soins particuliers, car ils se paient couramment de 1.200 à 1.600 francs. Les juments communes et les ânes quelconques servent à la production courante. Les mulets pro- venant de ces derniers croisements ne dépassent que rarement 4 m. 40. Ils sont employés au bât. Leur prix est relativement très élevé, puisque les individus les plus ordinaires se paient toujours de 500 à 600 francs. Il y a donc là, encore, matière à de gros béné- fices avec écoulement assuré, et une amélioration rapide à chercher dans le modèle et le format, soit par la sélection, soit par l'emploi de baudets importés. IN. — RACE BOVINE. La race bovine subit actuellement une crise aiguë, qui reconnait pour cause les deux années consécutives de sécheresse anormale et l'accroisse- ment considérable de la consommation, provenant du fait de l'augmentation de la population euro- péenne et du nombre élevé des rationnaires des troupes francaises. Favorisées par un entretien plutôt médiocre, les maladies contagieuses et para- sitaires ont occasionné des pertes nombreuses ; la mortalité est encore très élevée aujourd'hui, et des mesures énergiques ont dù être prises pour pro- téger le troupeau marocain, notamment l’interdic- tion de l'exportation et de l'abatage des femelles pour la boucherie. Le bétail a plus que doublé de valeur depuis deux ans, et les demandes seront pendant longtemps encore supérieures aux offres. Le bœuf marocain le plus ordinaire est un type à profil rectiligne, à format carré, dont la taille varie de 1%,10 à 1,20, et le poids de 130 à 140 kilogs. Il a le pelage fauve, plus ou moins foncé, avec les extrémités inférieures noires, les cornes fines el relevées en croissant ou en lyre. A côté de ce type, on rencontre d'innombrables mélanges de races, de variétés, notamment un modèle à profil concave, à cornes rabattues, plutôt longiligne, un peu plus grand que la race précé- dente et dont la robe est bringée; puis une grande race de travail, grise, très osseuse, ayant 1,40 à 4,50. Toutes ces races sont très rustiques, non cul- tivées ; elles ont une prédominance très accusée de l'avant-main sur l’arrière-main. Placées dans de bonnes conditions d'alimentation, elles montrent une aptitude marquée à l'engraissement ; suivant leur état, elles donnent un rendement en viande variant de 46 à 52 °/,.. Le bœuf marocain n'est, bien entendu, l’objet d'aucun soin; il pâture en liberté et ne recoit jamais de nourriture supplémentaire, quel que soit l’état des pâturages; la nuit, il est parqué dans des enclos protégés par des branchages épineux, des cactus et des fossés, sans abris, quelle que soit la température. À peine intervient-on au vélage des femelles, et pour protéger les nouveau-nés. Les indigènes n'ont pratiqué aucune sélection ; ils ont toujours laissé les accouplements se faire au hasard et n'ont recherché aucune spécialisation. Il y a Fig. 33. — Troupeau de Rovins aux environs de Safi. £ fl cependant les éléments suffisants pour faire, avec un choix judicieux, parmi les reproducteurs du pays, une race de boucherie, une race de travail et une race laitière. À Fez, une variété de donne jusqu'à 15 et 16 litres de lait par jour. Il, à donc dans l'élevage du bœuf un bel avenir pour vaches 346 TH. MONOD — DE L'ÉLEVAGE AU MAROC l'Européen avisé qui, ayant à sa disposition des terrains de parcours et de pâturages suffisants, saura appliquer à son troupeau les méthodes ration- nelles de sélection et surtout les principes essen- tiels de l'hygiène : réserves alimentaires en cas de besoin, eau potable et abris pour la mauvaise saison. V. — RACE OVINE. Les moutons constituent une des principales richesses du cheptel marocain. Les derniers recen- Fig. 34. — Brebis du R'arb. sements faits dans les régions soumises à notre influence accusent une population de 4.500.000 têtes au Maroc occidental et 900.000 au Maroc oriental. Cet élevage est susceptible de prendre un bien plus 35. — Bélier du R'arb. Fig. grand développement. Abandonné à lui-même, comme celui des autres races domestiques resté exclusivement entre les mains des indigènes, il est loin d'avoir actuellement toutes les qualités qu'il peut acquérir dans un pays où Loutes les conditions de sa prospérité se trouvent réunies. On rencontre au Maroc des variétés très diffé- rentes de moutons, qui peuvent être rattachées à trois types principaux : 1° Une variété voisine du type oranais, dont elle a la loison, les cornes très développées au nombre de 2, 4 ou 6, et la queue longue et fournie ; 2° Une variété de taille plutôt réduite, blanche marquée de feu ou de noir au nez et autour des yeux, plus rustique que la précédente, mais dont la toison est constituée par un mélange de laine et de poils. k 3° Enfin, une troisième variété, qu’on rencontre surtout dans la région située entre Mechra-Ben- Abbou et le Tadla, se rapproche tellement du mérinos comme toison, profil, conformation et cornes que certains éleveurs sont d'avis qu'elle constitue l’origine primitive du mérinos espagnol. Cette variété, sélectionnée et croisée avec les pré- cédentes, est appelée à améliorer considérablement la population actuelle. VI. — RACE CAPRINE. Excessivement rustique, elle occupe une place presque aussi importante que le mouton dans l'élevage et la consommation indigènes. Peu déve- loppée comme taille, elle n'offre à l’éleveur euro- péen qu’un intérêt secondaire. Sur le littoral, elle a été améliorée par des croisements avec les races espagnoles et mallaises. NII. — RACÇE PORCINE. Elle appartient à la race ibérique. Très proba- blement importée d'Espagne, elle commence à se répandre. Très rustique, elle se nourrit en lemps normal exclusivement de racines et de tubercules riches en amidon, qui abondent dans tous les pàtu- rages. Des croisements tentés avec les races brachy- céphales anglaises (Yorkshire, Berkshire) donnent des produits rustiques, à rendement élevé. Cet élevage a d'autant plus d'avenir que les Marocains n'ont pas pour le porc la même répul- sion que les indigènes algériens el qu’ils consentent assez volontiers à en assurer la surveillance et les soins. La viande de ces animaux est de très bonne qualité ; elle est très appréciée en Europe. Leur prix sur place est, et restera, très élevé, car l'écoulement est assuré actuellement par la con- sommation locale, et le sera plus tard par l'expor- tation. Th. Monod, Chef du Service zootechnique et des épizoolies, Vélérinaire-major de 1° classe. A. GRUVEL — L'INDUSTRIE DE LA PÊCHE AU MAROC 347 L'INDUSTRIE DE LA PÊÈCHE AU MAROC‘ La première des conditions pour l'établissement de pêcheries maritimes modernes dans un pays, c'est que ce pays possède, au moins, un port assez abrité pour recevoir les instruments indispensables à la grande pêche industrielle, les chalutiers à vapeur ou à moteurs. Or, la côte du Maroc ne possède, actuellement, Comme, d’autre part, la plus grande partie des baies qu'on y trouve sont largement ouvertes vers le large, on peut en conclure que, sur la côte atlantique, il n'y a, pour le moment, aucun port où les bateaux de pêche puissent venir se mettre à l'abri par mauvais temps, d'où l'impossibilité absolue d'établir, dans ces parages, une industrie PORT D'AGADIR aprés la carte de la Mission A40T0grephique Fig. 36. — Port d'Agadir. qu'un port facilement accessible à ces bateaux : c'est celui de Tanger, sur la Méditerranée. La côte atlantique, au moins aussi importante, cependant, pour l'industrie qui nous intéresse, forme, depuis le Cap Spartel jusqu’au Cap Cantin, une ligne à peine courbe, dont le point le plus en retrait paraît être Rabat, et d'une direction générale N. E.-S. W. Or, si l'on sait que la grosse houle du large a une direc- tion dominante N. W.. E., on voit que les grosses lames viennent précisément déferler dans une direction à peu près exactement perpendiculaire à la côte. 1 Nous adressons tous nos-remerciements au Comité du Maroc et en particulier à M. Ladreit de Lacharrière pour les intéressants documents qu'il a bien voulu nous commu- | piquer pour ce travail. | de pêche, véritablement digne dece nom, sans faire courir aux chalutiers les plus grands risques. Ces bateaux seraient, en effet, obligés de mouiller en rade foraine, sur des fonds souvent durs, et de | prendre le large à la moindre forte houle qui peut se manifester, non seulement sous l'influence d'un fort coup de vent local, mais même par temps absolument calme. On a vu, en effet, à Casablanca par exemple, des vagues énormes se produire avec des vents de 1 ou même 0. Ce phénomène est également assez fré- quent sur les côtes de la Mauritanie. Seul, actuellement, le port naturel d'Agadir (fig. 36) protégé, au N.-W. par la pointe rocheuse de Sidi-Abdallah, est suffisamment abrité et profond, avec des fonds sableux d'une bonne tenue pour QS TEA Q0 recevoir des chalutiers de quelque tonnage. Mais Agadir se trouve placé bien au sud de Mogador, dans la région du Sous, il y a peu de temps encore en pleine effervescence, et de plus sans relations faciles avec le reste du Maroc; il n’y faut donc point songer pour l'instant. Le port de Casablanca pourra devenir très hospi- talier si, comme il faut l’espérer, les travaux entre- pris sont menés à bonne fin ; mais à quelle époque? Le seul port qui nous paraisse accessible aux chalutiers, dans un temps relativement proche, est celui de Fédalah. Ce dernier, en effet (fig. 37), forme une vaste baie qui s'ouvre directement au N., mais qui se trouve il A. GRUVEL — L'INDUSTRIE DE LA PÊCHE AU MAROC Le fond de cette baie va être creusé, sans trop de difficultés, pensons-nous, et d'ici peu de temps le port de Fédalah sera suffisamment aménagé et approfondi pour recevoir les bateaux de pêche qui, seuls, nous intéressent ici, en attendant l'ouverture du port de Casablanca qui restera, probablement et malgré tout, le grand port de commerce de l'avenir. Les fonds de la côte marocaine atlantique, cons- titués, en grande partie, de sable coquillier, de sable vaseux et de vase, avec quelques têtes rocheuses disséminées elencore assez malrepérées, se montrent éminemment propres au chalutage à [PORT DE FEDALAH Waprés la carte de 19 MISSION hyOrOglaphiquE A,B digues achevées. C dique projetée. Fig. 37. — Port de Fedalah. protégée à l’W. et au N.-W. par de fortes masses rocheuses qui en abritent une étendue considérable des vents dominants de N.-W. Malheureusement, la partie la plus abritée, formée de sable et de quel- ques têtes de roches, neprésente guère que des fonds de 0%,30 à 2 mètres, c’est-à-dire tout à fait insuffi- sants pour recevoir même des chalutiers. Mais la Société dont le siège est à Paris, a compris tout l'intérêt franco-marocaine de Fédalah, que pouvait présenter ce port, situé à peu près à égale distance entre Rabat et Casablanca et sur la voie ferrée, encore stratégique, qui unit ces deux villes. Elle à, croyons-nous, déjà réuni à la terre ferme les deux roches principales qui ferment le port par une digue importante, et cette diguesera poursuivie vers le large dans une direction W.-E., suffisante pour abriter une grande surface dela baie naturelle actuelle. vapeur, surtout si l'on se lient au large de la ligne des fonds de 100 mètres, placée à une distance variable du rivage et en dehors de laquelle les têles rocheuses sont, en général, assez rares. C'est ainsi que la ligne des sondes de 100 mètres passe : à 6 milles au large de Rabat (perpendieu- lairement à la côte), à 12 milles au large de Fédalah ; 13 milles au large de Casablanca; 17 milles au large d'Azemmour; 18 milles 5 au large de Maza- gan ; 11 milles au large du Cap Cantin ; 26 milles au large de Safi ; 44 milles au large de Mogador, etc. Soit, en moyenne, à 12 de la côte et presque parallèlement à elle. Ce qui démontre, mieux que tout, la possibilité du chalutage sur celle côte, c'est que, depuis fort longtemps, les Espagnols viennent y travailler soit avec de petits chalutiers à vapeur, soit avec des voiliers, qu'ils abritent leurs petits bateaux à Féda- lah, et que depuis quelques années les grands cha- w milles 5 A. GRUVEL — L'INDUSTRIE DE LA PÊCHE AU MAROC lutiers français de Boulogne et d'Arcachon, les chalutiers anglais de Hull et de Grimsby, ete., fréquentent, d'une facon à peu près continue, sur tout pendant l'hiver, les eaux marocaines, sans approcher de terre cependant. Ils font leur plein - de poisson, qui est conservé, en général, entre des couches de glace, et rentrent, à loute vilesse, à leur port d'attache. Ces voyages se font, soit exclusivement sur les côtes du Maroc, soit au retour, pour quelques chalu- tiers qui viennent de travailler plus au sud, sur les côles de Mauritanie. Les eaux marocaines ne présentent donc plus guère de secrets pour un certain nombre de nos pêcheurs métropolitains et plus spécialement boulonnais. Mais, pour le moment, et à cause, évidemment, de l'absence d’abri sur la côte, le Maroc ne profite guère de ia pèche au chalut; aussi ne consomme- t-on, pour ainsi dire, pas de poissons dans ce pays. La pêche locale est, en effet, à peu près nulle, en tous cas extrêmement limitée, et entre les mains de quelques indigènes qui travaillent presque exelu- sivement en rivière. Le point de pêche le plus intéressant, actuellement, parait être la région d'Azemmour, à l'embouchure de l'Oum er Rebëa. Au moment de la montée des aloses, la pêche de ces clupes paraît assez abondante et, depuis fort longtemps, la coutume voulait qu'un tribu annuel de 100 aloses de l'Oum er Rebëa futenvoyéau Sultan du Maroc par les pêcheurs d’Azemmour. Cet état de choses ne tardera pas, du reste, à cesser, et déjà plusieurs compagnies de chalutage à vapeur sont constituées ou en train de le faire pour aller exploiter les eaux marocaines d’une facon permanente et soit vendre les produits de la pêche dans le pays même, soit les importer en France; les unes auront donc leur siège d'exploitation au Maroc même, à Casablanca ou, surtout, à Fédala; les autres enverront, par des bateaux-chasseurs, leurs poissons en France sur les côtes de la Méditerranée {Cette ou Marseille) ou sur celles de l'Océan. Déjà, du reste, grâce à l'activité de nos pêcheurs boulonnais et arcachonnais, un certain nombre d'espèces, qui se rencontrent normalement sur les côtes du Maroc, sont connues sur les marchés fran- çais et, plus spécialement, aux Halles Centrales de Paris. C'est ainsi, par exemple, que, sous le nom de Daurades de Mauritanie, on commence à recher- cher beaucoup le Dentex vulgaris C. V.;les grandes courbines (Sciæna aquila L.) sont également très appréciées, de même que les soles vulgaires et sénégaliennes, très abondantes sur les côtes mauri- taniennes el, pour les premières, marocaines. Quand on assiste à l'arrivée du poisson à la criée de Boulogne, on est frappé de voir de grands 349 paniers remplis de magnifiques poissons d’un rouge plus vif que celui de nos daurades et d’un aspect un peu singulier; ce sont des Zeryx deca- dactylus ©. N., dont la vente est aujourd'hui cou- rante et qui étaient inconnus sur le marché il y à quelques années seulement. Un autre très beau et excellent poisson, extré- mement commun sur les côtes marocaines et sur- tout maurilaniennes etsénégalaises,est le Temnodon sallalor Bl. Schn. La partie antérieure du corps contient beaucoup d’arètes, mais la partie posté - rieure, qui en renferme moins, est extrêmement savoureuse et il est dommage que ce poisson ne soil pas rapporté en France en plus grandes quantités. La faune marocaine est, en effet, extrêmement inté- ressante, car elle est composée, à la fois, d'espèces de l'Atlantique nord, de la Méditerranée, des côtes de Mauritanie et du Sénégal. Il y a done un mé- lange curieux de faune de mers froides et de mers tropicales, qui, de même que sur les côtes mauri- taniennes, trouvent là un ensemble de conditions biologiques éminemment favorables à leur déve- loppement d'abord, et ensuite à la nourriture des alevins, puis des adultes, grâce à la quantité énorme de plankton qu’on rencontre, presque cons- tamment, sur ces côtes privilégiées. Sans vouloir, dans ce cadre restreint, donner une liste complète des espèces rencontrées sur les côtes du Maroc, nous pouvons indiquer, en quel- ques mots, celles qui sont les plus importantes aux points de vue commercial ou industriel. Parmi les espèces les plus intéressantes à l’état frais, surtout pour la consommation francaise, nous devons, tout d'abord, citer le « merlus » (Mer- lucius merluccius L.), bien connu à Paris sous le nom de « colin ». Cet excellent poisson se trouve sur les côtes du Maroc en assez grande abondance, et nos cha- lutiers d'Arcachon et de Boulogne vont le chercher, plus spécialement, dans la région d'Agadir. Parmi les poissons capturés par les chaluts, nous pouvons citer encore: une autre gade, le tacaud (Gadus luscus L.), divers pleuronectes comme la sole vulgaire (Solea vulgaris Queens.) et d'autres es- pèces voisines (S. /ascaris Riss, Solea impar Benn.), ete., en même temps que notre turbot national : (Rhombus maximus L.), pour ne citer que les principaux et les plus renommés sur les tables européennes. D'autres espèces, plus communes, sont en général abondantes dans les chaluts; ce sont, par exemple : les sciænes (Sciæna aquila L.), dont nous avons déjà parlé et qui peuvent atteindre 45 et 50 kilogs, les diagrammes (Diagramma mediterraneum Guich.), les sarges de diverses espèces, les pagres, 1 350 BOUDY — LES FORÊTS DU MAROC les daurades, dont une forme très commune sur nos côtes (Chrysophyrs auratus L.), des trigles ou grondins, ete., etc. Les sardines, dont celle de nos côtes atlantiques {Clapea pilchardus Arted.) et d’autres espèces (C1. eba C. N., etc.), qui paraissent très abondantes, pourraient probablement donner lieu à une indus- trie de conserves très florissante à la cohdition de posséder, pour la pêche et la conservation jusqu'à l'usine, un outillage approprié. L'anchois (Ængraulis enchrasicholus L.) existe également sur les côtes du Maroc, mais nous ne saurions dire en quelle quantité. Dans la plupart des cours d'eau qui se jettent dans l'Atlantique et en particulier : l'Oued Sebou, l'O. Bou Regreg, l'O. Mellah et plus spécialement l'O. Oum er Rebëa, se trouvent quelques formes intéressantes. Les unes, comme les aloses (A/osa linta Guv.) dont nous avons déjà parlé, les muges (Mugil cephalus 3. et M. capilo Cuv.), les anguilles (A. vulgaris Turt.), les bars, ete., remontent de la mer dans ces fleuves, soit pendant la plus grande partie de l’année, soit à des époques déterminées ; d’autres, comme les Barbus de diverses espèces, y possèdent leur habitat normal et pourraient don- ner lieu à des pêches bien plus importantes que celles dont ils sont actuellement l’objet. Nous devons signaler, enfin, la présence, dans les rochers de la côte marocaine et en particulier aux environs de Mogador, de nombreuses lan- goustes vulgaires (Palinurus vulgaris Latr.), qui sont, du reste, exploitées depuis quelques années par les pêcheurs bretons. Mais les atterrages sont fort mauvais dans cette région et c’est avec beau- coup de circonspection qu'il convient d'y travailler, car deux dundee, à notre connaissance, S'y sont déjà perdus, en venant, précisément, pêcher ces excellents crustacés. Cet apercu très suceinet, mais qui signale des formes connues et partant très intéressantes, suffit, pensons-nous, à montrer le grand intérêt que présente l'industrie de la pêche bien comprise, dans les eaux marocaines, sans parler des côtes de la Méditerranée, pour lesquelles Tanger est le port d'attache tout indiqué. Dès qu'un port sera ouvert aux chalutiers sur la côte Atlantique, il est certain que cette industrie bien conduite devra donner des résultats très satis- faisants, aussi bien par la vente du poisson frais pour les grands centres côtiers et par la prépara- tion du poisson see pour l’intérieur que par l'in- dustrie des conserves sur la côte. Le Maroc étant, sur de vastes espaces, un pays agricole par excellence, il pourrait aussi être inté- ressant de joindre à la pêche la préparation des engrais avec tous les déchets et mauvais poissons, après extraction de l'huile dont la vente est assu- rée sur tous les marchés européens. Mais là, comme ailleurs, il ne s’agit pas d'aller trop vite et à la légère. L'installation d’une sem- blable industrie ne doit pas se faire sans capitaux suffisamment importants et sans une étude préa- lable très sérieuse de la question. Enfin, comme partout, la réussite d'une semblable affaire dé- pendra surtout de l’homme qu'on mettra à sa tête. Les affaires ne manquent pas, les capitaux non plus, les hommes capables de les bien mener, à tous les points de vue, sont beaucoup plus diffieiles à trouver! Là git la véritable difficulté ! A. Gruvel. LES FORÈÊTS Le Maroc présente trois zones forestières lrès distinctes. Au nord-ouest, dans la région comprise entre Casablanca, Méhedya el Meknès, s'étend la zone du chêne-liège, dont le principal massif est celui de la Mâmora. Celle immense forêt, qui n’a pas moins de 125.000 hectares de superficie, s'étend de la route de Salé à Kénitlra à l’ouest, jusqu’à l'Oued Mouzine à l’est, c'est-à-dire sur une longueur de 60 kilo- mètres environ et une largeur moyenne de 30. Elle est peuplée de chêne-liège pur, en mélange sur certains points avec le poirier sauvage (Pirus lon- gipes). On y trouve,notamment dans l2 partie cen- DU MAROC trale, de très beaux arbres ; mais, dans l’ensemble, le boisement est de dimensions moyennes, sauf vers l'ouest où l'on rencontre de jeunes peuple- ments sur souches résullant d'exploitations de charbonniers, qui présentent souvent une vigueur extraordinaire. Située sur un vaste plateau de sables pliocènes d'une altitude moyenne de 100 à 150 mètres, la Mâmora est caractérisée, au point de vue forestier, par l'absence presque complète d’un sous-étage ligneux ; on n'y trouve pas cette broussaille épaisse de Philaria, axbousiers, bruyères, myrtes, qui rend si difficile l'accès el l'exploitation des forêts de chêne-liège d'Algérie et de Tunisie; le sous-bois, peu dense, est constitué par un tapis herbacé mé- BOUDY — LES FORÊTS DU MAROC 351 langé d'espèces sous-ligneuses ne gènant en rien la circulation, parmi lesqueiles nous citerons en première ligne la grande marguerite, si commune dans la région des Beni Abssen (Ornemis mixta), le Daphne Gnidinium, le Citisus linifolius, le Tymelea Iytroïdes, la Lavandula Stæchas, etc. L'aspect général de la forèt est celui d’un immense pare. La Mâmora renferme de très beaux cantons ; par contre, la partie située à l’ouest de l'Oued Fouarat et de Camp Monod a été sur bien des points dé- vastée par les charbonniers et surtout par les écor- ceurs ; le peuplement devient alors très clair et se compose surtout de vieux chènes-liège. Pour récolter quelques livres de lanin sur des arbres de 2 à 3 mètres de tour, suscepti- bles d'en pro- duire normale- ment plusieurs quintaux, les écorceurs ont mutilé et détruit des cantons en- tiers ; de leur côlé, les char- bonniers de Ra- bat et de Salé ont abattu sans le moindre dis- cernement des peuplements du plus bel avenir. Korrifla, qui se présente sous un aspect moins satisfaisant et qui à été dévastée par les écorceurs et les charbonniers; sur la plupart des pointe, dans la région des Zaër, la forêt est d'ailleurs en voie de régression; la forêt des Séoul, chez les Zem- mour, celle de Temmara près de Rabat, etc. D'autres massifs importants, renfermant des arbres énormes, ont été signalés dans le Tafoudeït, dans la région d'Oulmès et aussi chez les Zaïan. Il est assez difficile d'évaluer la surface totale occupée par le chène-liège au Maroc; il est pro- bable, cependant, qu'elle n'est pas inférieure à 250.000 hectares, susceptibles d'exploitation. On peut done considérer cette partie du domaine forestier du Makhzen comme une importante source de revenus pour les finances du Protectoral. Malheureuse- ment, les forêts de cette sont le théâtre de dévastations de toute nature, auxquelles cer- tains Européens ne sont pas de- zone meurés étran- gers. Ainsi que nous l'avons dé- jà signalé pour la Mämora, les La forêt a été — boisements de (Clhiché L. G.) n x parcourue sur is chêne-liège sont presque toute Fig. 38. — Jeunes peuplements de chêne-liège dans la forêt de Camp Boulhaut. pour la plupart son étendue par de fréquents incendies qui, sans détruire les arbres protégés par leur armure subéreuse, en ont cepen- dant fortement ralenti la végétation. Pour cetle même raison, on n'y trouve que très rarement des éléments de régénération, les jeunes plants ayant élé tués par le feu. La mise en valeur et l'exploitation de ce vaste massif seront donc des plus délicates et ne devront être entreprises qu'avec une extrême prudence. Il sera en lous cas indispensable de procéder au préa- lable à de nombreux travaux de proteclion contre l'incendie. Il existe en Chaouïa, chez les Zaër, les Zem- mour, d'autres boisements importants de chêne- liège. Nous nous bornerons à citer : la forêt de Camp Boulhaut, située sur des quartzites entre l'Oued Nefifikh et l'Oued Cherrat, qui a environ 10.000 hectares, et qui est peuplée d'arbres jeunes; celle des Zaër, entre l'Oued Cherrat et l'Oued ravagés par les charbonniers et les fabricants de tanin. Cette situa- tion n'a fait que s’aggraver durant ces dernières années, et l'on ne doit pas se dissimuler qu'étant donnée l'intensité de la consommation du charbon depuis l'occupation francaise, les boisements encore existants disparaîtraient rapidement si l’on ne pre- nait sans tarder d'énergiques mesures de protection. Le Service forestier devra donc, en premier lieu, s’efforcer d'apporter un remède à un semblable état de choses, tout en respectant dans la plus large mesure les habitudes et les usages des indigènes. Il devra également, dès qu'il aura les ressources nécessaires, se préoccuper de l'aménagement et de la mise en valeur des boisements de chène-liège. Cette partie de sa lâche sera particulièrement déli- cate et devra être conduite avec beaucoup de pru- dence et de discernement, en raison de la situation physiologique de nombreux peuplements ravagés par les incendies. 392 Ainsi que nous l'avons dit plus haut, il sera indispensable de procéder préalablement à toute exploitation à d'importants travaux de prolection contre le feu. II Dans le Moyen-Allas, principalement sur le ter- riloire des Beni M'Tir et des Beni M'Guild, s'étend la zone forestière du cèdre, qui peut être consi- dérée comme l’une des plus intéressantes du Maroc. Les premiers boisements que l’on rencontre au sud de Meknès sont ceux de Jaba, situés sur le plateau calcaire jurassique d'El Hadjeb, entrelfrane et Ito, à une altilude moyenne de 4.400 mètres. Cette forêt, incendiée autrefois sur l’ordre de Mouley Hassan et qui s'élen- dait, parait-il, jusqu à El Had- jeb, est peuplée de chène-vert et de chêne zéen. Les boisements de chêne-vert, qui ont été l'ob- jet de dévasta- tions de toute nature, sont gé- néralement mé- diocres par contre, ceux de chêne zéen, qui occupent Îles coulées basalti- ques plus fer- tiles, sont de belle venue et renferment de très beaux sujets. La forêt de Jaba se relie insensiblement au grand massif des Beni M'Guild, qui s'étend au delà d’Azrou et de la fertile vallée de Tigrira (Oued Behts supé- rieur), sur les versants du Moyen Atlas, entre 1.400 et 2.500 mètres d'altitude. C’est par excel- lence la zone du cèdre qui, tout d’abord en mélange avec le chêne-vert et le chêne zéen, devient à partir de 4.800 et 2.000 mètres l'essence principale. Celle région du cèdre, où l’eau est très abondante et les rivières poissonneuses (on y trouve de la truite), et dont cerlains cantons rappellent les paysages des Vosges et du Jura, est à coup sûr l’une des plus belles du Maroc. La forêt présente des peuplements magnifiques à végétation très vigoureuse, où les cèdres de 7 à 8 metres de tour ne sont pas rares. Les cèdres du Maroc ont généralement un port beaucoup plus régulier que ceux d'Algérie, qui sont en grande parlie écimés, Leur régénération paraît également mieux assurée: alors que dans l’Aurès, Fig. 39. — Cèdres dans l'Atlas (Beni M'Guild). BOUDY — LES FORÊTS DU MAROC par exemple, les forêts de cèdres ne se régénèrent plus, la forêt marocaine présente plusieurs étages de végétation avec de jeunes sujets de toute laille. Le sous-bois est constitué le plus souvent par du chène-vert buissonnant. Plus bas que le cèdre, ou en mélange avec lui, se trouvent de belles futaies de chêne-vert qui seront susceptibles d'alimenter plus tard en combustible une partie du Maroc. On y trouve aussi de l'if, des érables, etc. La grande forêt de cèdre s'étend, dans la direc- tion esl-ouest, d'En Nacer jusqu'à Khenifra, et vers le sud jusqu'à la Moulouya, soit sur 100 à 120 kilo- mètres de longueur et 50 à 60 de largeur. En pro- fondeur elle serait, parait-il, entrecoupée de vasles päturages el af- fecterait ainsi le facies des prés- bois du Jura. La valeur écono- mique d'un sem- blable massif est néanmoins considérable et il est vraisem- blable qu'il constituera dans l'avenir une im- porlante source de revenus pour les finances du Protectorat. Le cèdre pos- sède, en effet, des qualités re- marquables comme bois d'œuvre : la régularité et la finesse de ses accroissements, la facilité avec laquelle il se travaille, son imputrescibililé l'ont toujours fait rechercher par les Marocains. Les belles el artisti- ques menuiseries de Marrakech, de Fez et de Meknès sont en cèdre. Malbeureusement, ces magniliques boisements. sont le théâtre d'exploitations déréglées qui n'ont fait que s'accentuer depuis notre occupation, em raison du développement continu des constructions civiles et militaires dans les régions de Meknès et de Fez. Les indigènes ne savent pas débiter le cèdre et ne tirent le plus souvent d'un arbre de cent vingt-cinq à cent cinquante ans qu'un madrier de 4 à 5 mètres de longueur et de 7 à 8 centimètres d'épaisseur. Comme des milliers de ces madriers sont trans- portés chaque mois à dos de mulet à Fez et à Meknès, on ne doit pas se dissimuler que de sem- blables pratiques aboutiront à brève échéance à la (Caché L. @.) BOUDY — LES FORÊTS DU MAROC 399 ruine de la forêt et à la disparition d'une essence des plus précieuses, fournissant un bois d'ébénis- terie de tout premier ordre, dont la valeur ne fera que croître dans l'avenir en raison de la pénurie du bois d'œuvre dans le monde. ; Une situation aussi regreltable ne pouvait man- quer d'altirer l'attention de M. le général Lyautey, qui s'est immédiatement préoccupé de faire recher- cher par ses services les moyens de mettre un lerme au gaspillage du cèdre. En attendant que l'on puisse exercer un contrôle efficace sur les exploi- talions de cèdre de l'Atlas, un certain nombre de mesures tendant à restreindre l'usage du cèdre dans la charpente et la menuiserie commune et à faciliter l'importalion des bois du Nord ont déjà été adoptées et des instructions ont été données aux Services publics intéressés. On ne pos- sède que des renseignements très vagues et parfois contra- dictoires sur la situation fores- tière du Grand Allas. On cependant qu'il s'y trouve des boisements très importants, no- lamment la région de Demnat, et que les essences les plus communes sont le chêne vert, le thuya, le pin d'Alep, le genévrier de Phé- nicie. Nous avons donc jusqu'ici retrouvé au Maroc la même flore forestière qu'en Algérie el en Tunisie. sait dans III Il y existe cependant, dans le Sud, une troisième zone forestière, caractérisée par une essence, l'arga- nier, qui n'appartient plus à la flore de l'Afrique du Nord, mais à celle de la Sénégambie. L'arganier (Argania Sideroxylon) est un arbre toujours vert de la famille des Sapolacées, dont le port rappelle celui de l'olivier. Il est absolument inconnu en dehors du Sud marocain, où il ne recouvre qu'une élendue limitée. À l'ile Madère, qui se trouve sur le même parallèle que Mogador, on remarque un arbre appartenant à la même famille, le Sideroxylon Marmulano. M. Louis Fig. 40. — Arganier au pied du Dj. Hadid (Chiadma). Gentil, qui a consacré à l'arganier une notice extré- mement intéressante à laquelle nous avons em- prunlé les divers renseignements qui suivent, à indiqué les limiles de son aire géographique”. Cetle essence se rencontre chez les Chiadma, les. Haha, les Mtouga, les Ida ou Tanan; elle remonte le long du littoral jusqu'auprès de Safi et s'étend à la plus grande partie de la vallée du Sous, et même, paraît-il, dans la région littorale du Tazeroualt ‘jusqu'à l'Oued Noun. L'arganier ne constitue pas des forêts compa- rables à celles de chêne-liège ou de cèdre; ses boi- sements ne comportent que des arbres isolés ou par touffes. Au sud de Mogador, il est fréquemment associé au thuya et il for- me de belles fo- | rêts,notamment sur les bords de l'Oued Tidzi. Mais la belle plaine du Sous constitue la ré- gion de prédi- lection de lar- ganier ; il y règne en maitre aux dépens de toute autre vé- gélation el for- des forêts interrompues seulement par des clairières qui sont livrées à la culture. « Cette essence, dit M. Louis Gentil, paraît tout à fait indifférente à la nalure du sol : les terrains primaires, secondaires el terliaires, aussi bien argileux, calcaires que siliceux, sont susceplibles d'offrir un sol favorable à son essor. Il faut donc admettre que sa dissémination est en relation étroite avec Je climat. « L'arganier ne peut vivre qu'au-dessus d'une tempéralure déterminée et à la faveur de l’humi- dité du littoral atlantique. » Dans la région de Mogador, on ne le trouve que jusqu'à 45 kilomètres du littoral et à une allitude inférieure à 500 mêtres. Plus au sud, au contraire, on le rencontre à 80 kilomètres de la côte el à 1.000 mètres d'altitude, chez les Aït Moussi et au Col des Bibaoun. Enfin dans le Sous, qui participe au climat saharien, son extension est encore plus ne (Cliché L. G.) {Lours GENTIL : Æxplorations au Maroc, p. 34 Masson et Cie, éditeurs, 1906. L'HYDRAULIQUE AGRICOLE AU MAROC grande : on le trouve jusqu'à 1.300 mètres d'alti- tude à 150 kilomètres de la mer. Le bois d'arganier est dur, compact, très résis- tant; les indigènes ne l'utilisent guère jusqu'ici que pour le chauffage. Son fruit est une drupe rappelant l’olive; les animaux en sont friands. Les indigènes retirent de l’amande, après avoir concassé le noyau, une huile à saveur accentuée qui constitue la nour- riture exclusive de cerlaines populations pauvres. Le thuya est également très répandu dans la zone de l’arganier. On le rencontre chez les Haha, les Ida ou Guelloul et les Ida ou Tanan; il parait se cantonner sur les terrains calcaires, et s'élève Jusqu'à 1.500 mètres. Les indigènes l'utilisent pour en tirer la gomme sandaraque en pratiquant de larges incisions dans le tronc. Cette exploitalion. qui est parait-il assez avantageuse, en raison du prix élevé de cette résine, pourrait être perfec- tionnée dans l'avenir et conduite d’une facon plus méthodique. Boudy, Chef du Service des Eaux et Forèts du Protectorat. L'HYDRAULIQUE AGRICOLE AU MAROC Des pays de notre domaine de l’Afrique du Nord, le Maroc, comme on sait, est celui qui est doté des rivières ayant le plus grand débit. Aussi les ques- tions d’'hydraulique agricole, d’un intérêt primor- dial dans les régions chaudes, présentent au Maroc un intérêt encore plus considérable qu’en Algérie et en Tunisie. Les questions d'hydraulique agricole ne se sé- parent pas d’ailleurs des questions des forces hydrauliques et des questions de navigation inté- rieure. En sorte qu'il est essentiel que le Gouver- nement du Protectorat ait au plus tôt, au Maroc, une politique de l’eau sous ses trois aspects, d’hy- draulique agricole, de forces hydrauliques et de navigation intérieure. De ces trois politiques la plus importante est, sans contredit, la politique de l'hydraulique agri- cole. Par suite, en effet, des conditions climaté- riques et du régime des rivières, un canal, en cette région du globe, doit d’abord être un canal d'irri- galion ou d’asséchement et servir ensuite acces- soirement à la navigation. Les travaux d'hydraulique agricole, intéressants dans toutes les parties du Maroc, sont destinés à y prendre en certains points une ampleur comparable aux grands travaux d'irrigation de l'Egypte ou des Indes Anglaises. Par exemple, une des parties du Maroc à laquelle on peut prédire le plus brillant avenir agricole est la plaine du Sebou. Cette grande plaine comprend 350.000 hectares environ de terrains alluvionnaires; elle a la forme générale d’un trapèze dont les bases, orientées Ouest-Est, ont respectivement 30 et 100 kilomètres de longueur et dont la hauteur, dirigée Nord-Sud, a 50 kilomètres. On dirait un vaste delta du fleuve Sebou qui y décril un are de circonférence, dans une direction générale Est-Ouest, avec de nom- breux méandres, el avec une pente insensible, puisque depuis Moueline-el-Bab, entrée du fleuve dans la plaine, jusqu’à Méhedya, son débouché dans l'Atlantique, on compte une dénivellation de 95 à 30 mètres seulement sur un développement de plus de 300 kilomètres. Cette plaine, sur laquelle se déversent les eaux de crue du Sebou et de ses affluents, est à l'état nature, tel le delta du Nil à l’époque préhistorique. Le pays, trop plat pour que les eaux se soient créé elles-mêmes un réseau de drainage, est cou- vert de marécages. Au contraire, à d’autres mo- ments, pendant la saison sèche, quand les rivières sont rentrées dans leur lit, au lieu d’avoir à dé- plorer l'abondance des eaux, on à à se plaindre de la sécheresse, sans qu'aucun travail ait été fait pour utiliser les eaux précieuses de ces rivières qui vont se perdre dans l'océan. Il faut envisager dès maintenant l'aménagement de cette magnifique plaine. A cet effet, pour mettre le pays à l'abri des inondations intempestives qui, au lieu de féconder le sol, viennent, au contraire, détruire les cultures d'hiver (céréales), il faudrait enclore le Sebou et ses affluents de digues longitudinales assez espa- cées pour permettre sans débordement l'écoulement à la mer des plus grandes crues. Après s'être rendu maître des eaux quelquefois dévastatrices, il faudrait assurer l'écoulement régu- lier des eaux de pluie tombant sur une aussi vaste étendue. L'eau qui séjourne n’est pas toujours un élément fécondant; il faut que l'eau en excès s'écoule, et n'attende pas pour disparaitre que le soleil en provoque l'évaporalion. D'où nécessité de construire lout un réseau de canaux de desséche- ment, faisant disparaître, non seulement les ma- rais, mais assurant l’égouttement régulier de toutes les terres, au grand bénéfice des cultures, blés, orges… Enfin, il s'agit non seulement d'améliorer les cultures existantes, à savoir les cultures d'hiver blé, orge, ele.), mais il faut créer des cultures L'HYDRAULIQUE AGRICOLE AU MAROC 355 nouvelles, les cultures riches d'été telles que le coton. On y arrivera par des irrigations artificielles pratiquées pendant la saison chaude et sèche de l'été. Si l'on considère que le débit d'éliage du Sebou est de 40 mètres cubes à la seconde, on se rend compte qu'il est possible d'assurer l'irrigation de 50.000 hectares de terrains; ainsi, gràce au notable débit d'été du grand fleuve du Maroc, il semble que les irrigations d'été, qui ne sont prali- quées que sur une échelle infime en Algérie et en Tunisie, et qui exigent la construction de réservoirs coûteux et d'un entretien difficile, sont assurées du succès au Maroc et produiront des richesses comparables à celles dont l'Egypte du Nil leur est redevable. Tous ces travaux, ces digues, ces canaux de drainage ou d'irrigation, dont les grandes artères serviront d'ailleurs à la navigation, — lous ces travaux, disons-nous, sont des travaux considé- rables, qui ne peuvent être entrepris qu'après des études préparatoires longues et coûteuses, et néces- siteront des sommes importantes. D'après des tra- vaux similaires, d'aussi grande envergure, nous estimons la dépense totale comme devant s'élever de 40 à 50 millions de francs, à l'exclusion d’ailleurs _des canaux et drains secondaires incombant aux usagers, — celte dépense devant être réalisée par tranches successives à espacer sur une durée totale de quinze ou vingt ans. Il ne faudrait pas, sous prétexte que l’œuvre est de longue haleine, qu'on en ajourne à demain la mise en train. Que de travaux d'hydraulique agri- cole ont attendu indéfiniment sous prélexte qu'ils demandaient deux ou trois années d'études préli- minaires ! Les ingénieurs francais se sont trop sou- vent attiré à ce point de vue les critiques de l'étranger, dans la comparaison qu'on a pu faire de leur facon de procéder avec celle des ingénieurs anglais ou américains. Il a fallu, dit-on, l'occupation anglaise en Egypte, pour assister à une magnifique éelosion de travaux d'irrigation dans un pays où certes les ingénieurs français ont fait de grandes choses — le canal de Suez de de Lesseps et le barrage du Nil de Mougel- bey en font foi — mais où ils ont agi avec trop de lenteur. Comparez, dit-on encore, les immenses lravaux d'irrigation exécutés dans les Indes An- glaises et Hollandaises aux travaux similaires poursuivis en Indo-Chine, travaux où nous n'avions qu'à ne pas vouloir ignorer ce que faisaient les autres et qui ont eu tant de peine à se faire admettre dans les programmes de Travaux publics. Comparez, dit-on ensuite, la stagnation des travaux d'hydraulique agricole en France et l’ample déve- loppement de ces travaux en Amérique où, sur des surfaces considérables, des terres arides sont deve- FO nues, grâce à l’eau, des terres fertiles. Comparez, dit-on enfin, ce que font les Compagnies françaises et les Compagnies allemandes qui ont des conces- sions de chemins de fer en Turquie : les unes et les autres construisent et exploitent également bien les chemins de fer qui leur sont concédés, mais landis que les premières restent exclusivement dans leur rôle de transporteur, les secondes s’'oc- cupent du développement des pays qu'elles tra- versent en exécutant dans les régions agricoles des travaux d'irrigation que la Compagnie du chemin de fer de Bagdad vient de terminer dans la plaine de Konia, au centre de la Turquie d'Asie, travaux qui ont duré cinq ans et qui ont coûté près de 20 millions. Il sera de l'honneur des ingénieurs français que cette liste de comparaisons défavorables soit close et qu'elle ne s’allonge pas encore du fait du Maroc. Il n'y à pas au Maroc que la plaine du Sebou; il y a, peut-être aussi intéressantes qu'elle, la plaine de Marrakech et beaucoup d'autres encore remar- quables par leur fécondité; il faut que, dans ce nouveau champ d'action, la France, prise d’une noble émulation, fasse au Maroc, en matière d'irri- gation, une œuvre encore plus belle, si possible, que celle que l'Angleterre a réalisée en Egypte, au grand prolit des peuples protégés. L'’emprunt marocain de 170 millions de francs, qui vient d’être approuvé par les Chambres, ne contient que des prévisions insignifiantes pour ce qui regarde les travaux qui nous intéressent ici; il y est, en effet, inscrit un crédit de 1 million qui suffira tout juste à amorcer les irrigations dans la plaine du Sebou et qui pourrait être affecté, en partie du moins, très utilement aux études de ladite plaine. Mais le Gouvernement a la possibilité de faire un appel en la circonstance à l'initiative privée; sans doute, la collaboration de l'Etat et des Compagnies privées est une question particuliè- rement délicate en une pareille matière où entrent en jeu tant de facteurs différents : travaux à exé- cuter par tranches successives et s'échelonnant sur une longue période d'années, difficulté de chan- ger les habitudes agricoles d'un pays et lenteur des progrès à réaliser, etc.; tout cela montre le soin qu'il faudra mettre à rédiger la formule d’as- sociation entre le Gouvernement et les particuliers. Qu'il nous soit permis, en terminant, de for- muler un desideratum qui intéresse au plus haut point la plaine du Sebou. L'emprunt dont nous venons de parler contient, au titre du cadastre, un crédit de 4.500.000 francs, Une partie de ce crédit ne pourrait avoir de meil- leure utilisation que son emploi pour délimiter, d'une façon générale dans la plaine du Sebou, les terres de diverses catégories : terres du domaine PIERRE CLERGET — LE COMMERCE DU MAROC public, biens habous, terres de tribus, elec... 1] ne s'agit pas de cadastre nivelé à 25 francs l'hectare, mais de travaux rapides de levés de plans, ana- logues à ceux exécutés en Tunisie par le Service topographique de la Régence à des prix infimes, quelques décimes l’'hectare. Ce travail, qui ne peut ètre fait que par le Gouvernement ou tout au moins par un entrepreneur sous son autorité directe, est indispensable pour que l'initiative privée puisse offrir au Protectorat son concours dans les conditions les plus avantageuses pour l'intérêt général. Ye LE COMMERCE DU MAROC J. — FACTEURS DU COMMERCE. Le commerce du Maroc est influencé par un cer- tain nombre de facteurs géographiques, écono- miques et sociaux qu'il importe d'examiner tout d'abord. $ 1. — Facteurs géographiques. Les conditions climatiques sont particulièrement favorables, d’une part, à l'établissement des Euro- péens et, d'autre part, à la production des denrées agricoles de la zone lempérée, qui donnent la caractéristique de son exportation. L'Atlas partage inégalement le Maroc en deux versants entre les- quels les communications sont difficiles, en dehors du couloir de Taza, voie naturelle de la Méditer- ranée à l'Atlantique. Par contre, la facade oceci- dentale domine une large plaine à travers laquelle il sera facile d'organiser les moyens de transport qui font actuellement défaut. En attendant, le com- merce se fail principalement par mer, malheureu- sement entravé sur la côte atlantique par l'absence de ports naturels et la présence d’une barre marine qui gêne considérablement pendant l'hiver l’accos- tage des navires. $ 2, — Facteurs économiques. L'outillage commercial du Maroc est encore en pleine période d’études; l'organisation débute à { On consultera sur le commerce du Maroc : AuGusrTiN BERNARD : Le Maroc. In-80, Paris, F. Alcan, 1913. AuG. TERRIER et J. LaADRErT DE LACHARRIÈRE : Pour réussir au Maroc. In-8°, Paris, Pierre Roger et Ci: [s. d.] (1912). Cu. ReNé LecLerc : Le Maroc. Notice économique. In-18, Paris, F. Geuthner, 1911. 10. : La situation économique du Maroc (1908-1909). In-80, Oran, Fouque, 1910. In. : Le commerce et l'industrie à Fez. In-$80, Comité du Maroc, 1905. J. Lavnerr pe LacnarRièke : L'œuvre francaise en Chaouia. In-8°, Comité du Maroc, 1911. C. Finez : Les intérêts économiques de la France au Maroc. Le commerce du Maroc en 1900 et 1901. In-8°, Paris, Challemel, 1903. Périodiques : L'Afrique française, organe du Comité du Maroc, Paris; Ja Revue marocaine, Paris ; l'Indicateur maro- cain, Tanger; la Dépêche marocaine, Tanger ; la Vigie maro- caine, Casablanca; Notices publiées par l'Office national du commerce extérieur, Paris; Bulletin du Syndicat interna- tional pour la défense des intérêts économiques au Maroc, Tanger. peine. Jusqu'à l'établissement du protectorat fran- cais, le pays ne possédait ni routes, ni ponts; les pistes ne sont formées que d’une réunion de sen- iers et les rivières se passent à gué lorsqu'elles sont praticables. La direction de la piste n’a aucun sens géographique, la route naturelle n'existe pas et c'est la question de sécurité qui oriente le con- voyeur. Les transports sont ainsi coûteux el incer- lains, effectués par caravane (fig. 41) sur animaux porteurs : chameau, mulet et âne. Le prix diffère d'après la région traversée, la saison, la nature et l'emballage de la marchandise, l'offre et la demande. Le Proteclorat travaille activement à améliorer cette situation : on à commencé en Chaouîa l'em- pierrement et l'adoucissement des pistes, des plantations d'arbres, la construction d'une passe- relle sur l’oued Afata, l'installation d’un bac sur l’'Oum er Rebëa, le creusernent de puits, l'établisse- ment de marchés couverts. Des pistes carrossables ou empierrées seront aménagées dans loutes les régions de plaines fer- tiles : de Casablanca à Rabat, à Mazagan, à Marra- kech, à Meknès. Le trajet Mazagan-Marrakech (220 kilomètres) vient déjà d'être effectué en auto- mobile en huit heures de temps. Cinq voies ferrées sont projetées et à l'étude : Tanger-Meknès-Fez, qui doit être construite la pre- mière d'après le traité franco-allemand de 1941, Casablanca-Rabat-Meknès, Oudjda-Taza-Fez, Ra- bat-Méhedya-R'arb et Casablanca-Marrakech*. Deux considérations s'imposent en malière de chemins de fer : faire surtout de l'étendue, — mieux vaut 4 kilomètres à 50.000 francs qu'un seul kilomètre à 200.000 francs, — et témoigner, dans l’organisation de l'ensemble du réseau, de plus d'unité de vues qu'en Algérie, par exemple, où l’on trouve encore aujourd'hui deux sortes de voies, cinq compagnies et six qualités de matériel”. Des voies ferrées stra- tégiques, uniquement accessibles aux transports militaires, unissent Casablanca à Setiat et à Rabat, tandis qu'une voie du même genre est en construc- ! Voir l’article sur les voies de communication, p. 336. ? A. Cocuiez : La situation au Maroc. Revue politique et parlementaire, 10 juin 1913. PIERRE CLERGET — LE COMMERCE DU MAROC 397 tion de Kénitra, sur le Sebou, vers la région de Meknès. Le chemin de fer, sans parler de son influence énorme au point de vue de la pacification, est d'autant plus indispensable que les transports sur roule, grâce à leurs prix élevés, ne peuvent être utilisés pour une importante quantité de marchan- dises, les matériaux de construction, par exemple, et c’est alors l'impossibilité de bâtir ou l'obligation de le faire dans des conditions tellement onéreuses que l'on parle de « crise des loyers » dans toutes frets est majoré en hiver de 30 à 40°/, et il arrive même fréquemment, à cetle saison, que des com- mercants sont obligés de payer la marchandise avant de l'avoir recue, alors qu'elle est expédiée depuis plusieurs mois. Cette difficulté de renou- veler les stocks, par la seule voie de communica- tion dont le commerce dispose, produit un renché- rissement de la vie qui vient s'ajouter à la crise des loyers. Aussi bien et primant la question des che- mins de fer, se pose celle d'organisation des ports. Nous avons exposé autrefois aux lecteurs de la Fig. 41. — Une caravane, de Tanger à Fez. les villes marocaines où s'installent les Européens, Ajoutons vite que celte crise résulte, pour une part au moins égale, de la pernicieuse fièvre de spécu- lation qui arrête toute autre initiative et menace de paralyser l'essor des villes”. L'absence de ports naturels, la présence de la barre, les mauvais temps si fréquents sur la côte en hiver, enfin le défaut d'outillage, augmentent les difficultés de transbordement, les rendent impos- sibles parfois pendant des semaines: le prix des ‘A Rabat, une masure mauresque se loue 150, 250 et 350 francs par mois; un baraquement en bois atteint les même prix. —dJ. Lavrerr DE Lacnarrière : Le déveioppement et les ressources du Maroc occidental en 1912. L'Afrique française. Supplément de janvier 1913. Revue les raisons très sérieuses qui obligeaient à porter la plus grande partie des dépenses sur un port unique, qui est Casablanca”. L'adjudication est faite, les travaux vont commencer; là encore, il faut faire vite pour ne pas entraver l'extension énorme prise par le commerce local et régional. Cette concentration de l'outillage maritime ne sau- rait empêcher que des améliorations importantes soient apportées, avec de moindres frais, à Méhe- dya-Kénitra, Rabat, Mazagan, Safi, Mogador. A la question d'outillage des ports est liée l'amé- lioration du service des douanes au point de vue EE 1 Pierre CLerGer : Le port de Casablanca. Revue gén. des Sciences, 30 janvier 1913. 358 PIERRE CLERGET — LE COMMERCE DU MAROC des soins à donner aux marchandises, de l’agran- dissement des locaux et de l'estimation des pro- duits, qui est partout la grosse difficulté inhérente au système des droits ad valorem. Ceux-ci sont fixés par les traités internationaux à 10 °/, à l'im- portation, avec une surtaxe de 2,50 °/,, fixée par l’Acte d’Algésiras en vue d'alimenter la Caisse spé- ciale des travaux publics. Quelques produits sup- portent une taxe inférieure, tandis que la plupart des produits agricoles sont taxés à l'exportation, ce qui est une lourde entrave au commerce. Le régime monétaire constitue une autre diffi- culté; il est compliqué par la différence de change qui existe non seulement entre le franc et la peseta espagnole, mais surtout avec les monnaies maro- caines: et ces différences varient entre chaque place. L'or fait prime de 2 à 3°/,. La Banque d'Etat du Maroc a émis des billets de 100 pesetas hassani et des bons de caisse, acceptés par la douane, qui rendent de grands services. En pays neuf, les banques jouent un rôle de Fig. 43. — Tisserands à lez. premier ordre; elles sont déjà nombreuses dans les ports et les nôtres sont prépondérantes, tout particulièrement à Casablanca. Le crédit, qui est avant tout affaire personnelle, est bon, en général, pour le commerce de gros, même pour les maisons. indigènes, mais les délais sont longs, de quatre à six mois à dater de l'expédition des marchandises. Le change élevé, que nous avons signalé plus haut, favorise les exportations, mais il nuit au commerce d'importation et contribue à renchérir les produits à l'intérieur. Le commerce de gros se fait par l'intermédiaire: des censaux et mokhalats, courtiers indigènes, juifs ou musulmans, bien dressés depuis de lon- gues années et liés par contrats aux exportateurs, vers lesquels ils drainent et rassemblent les pro- duits du pays. Ils demandent un choix judicieux. Jouissant de la protection consulaire, comme les associés agricoles, leur nombre est devenu excessif en mème temps qu'il est fréquemment la source de: complications politiques". Le commerce de détail est loin d'être encore: suffisamment organisé; il se heurte à la difficulté de trouver des locaux et à la cherté des loyers. Fig. 4%. — Boutique de potier à Fez. Sauf en ce qui concerne l'établissement de grands magasins, où de gros capitaux sont nécessaires, nos compatriotes se heurtent à la concurrence indi- gène et surtout israélite et espagnole, favorisée par un étalon de vie peu coûteux. $ 3. — Facteurs sociaux. La population du Maroc, d'après les plus récentes évaluations, serait comprise entre trois et quatre millions d'habitants*. Population en grande partie rurale, sédentaire ou nomade, pressurée par les caïds et dont la faible densité ne s'explique que par l'anarchie politique, son pouvoir d'achat est des plus réduits et varie suivant l’état des récoltes: 1 Cf, R. pe Caix : La question de la protection au Maroc. Revue marocaine, 5 mai 1913. # Cf. R. pe Caix : La population du Maroc. L'Afrique fran- çaise, mai 1913. PIERRE CLERGET — LE COMMERCE DU MAROC 399 L'abri est rudimentaire, le vêtement est en grande partie fabriqué par l'industrie familiale indigène et la nourriture a pour base la farine d'orge, les légumes et, dans une moindre mesure, les produits 5 Ù [ de l'élevage. L'importation se composera donc sur- tout d'articles à bon marché, adaptés au faible pouvoir d'achat de la population et aux usages d'un peuple traditionaliste. La clientèle marocaine peup exige des pièces d'étoffe de telle longueur, de telle lableau 7. COMMERCE MARITIME DU MAROC PAR LES HUIT PORTS OUVERTS Le 1902-1912 20 5— l TL 05 ‘Les (E Î Î [ 0 0 180! 180 160. | 160 L— 140 Bel 12 0-—— 120 Le. mu 100 100 80 | 80 60! 60 40 40 | | a an [ep] couleur, de telle qualité, des pains de sucre de telle marque, de tel poids défini et invariable, de tel empaquetage déterminé. L'industriel et le commercant doivent se conformer à ces exi- gences. Enfin, les procédés agricoles rudimentaires influent défavorablement sur la qualité des pro- duits exportés, procédés qui seront fort lents à améliorer. IT. — VOotESs COMMERCIALES. Le commerce marocain emprunte quatre voies différentes : les huit ports ouverts, les présides espagnols, les confins algériens et la zone saha- rienne. $S 1. — Ports ouverts. - En 1911, la dernière année dont nous ayons les chiffres complets, la part du commerce marocain correspondant aux huit ports ouverts représentait 74°/,, contre 16 °/, pour la part des confins algé- riens et 10 °/, pour celle des présides espagnols. Le lableau I en montre les fluctuations de 1902 à 1912. De 1902 à 1904, ce sont les chiffres des statistiques consulaires, de 1905 à 1907 ceux de l'Emprunt marocain, et depuis 1908 ceux du Comité des douanes. Le Maroc n’exportant en très grande partie que Tableau 11. Commerce maritime duMAROCen1912 fart de 3 France Cans Chaque port OUVEr.. des produits agricoles, les valeurs correspondantes dépendent de l'état des récoltes, en rapport direct avec les facteurs climatiques et l’état politique du pays. Les importations sont sensiblement pro- portionnelles, puisqu'elles dépendent du pouvoir d'achat des indigènes et que ces derniers ne savent pas thésauriser. Leur bond énorme en 1912 pro- vient de l’afflux des immigrants, de la hausse des prix et des besoins du corps expéditionnaire. La diminution des exportations est causée par une récolte médiocre, par les nombreux marchés passés sur place par l’Intendance militaire et par l'état anarchique des régions en révolte. L’excédent notable et constant des importations sur les exportations est d'autant plus à souligner qu'il ne provient pas encore des dépenses d'outil- lage qui grèvent les pays neufs. Les différences qui 300 résullent de cette siluation défavorable doivent être soldées par les introductions de numéraire provenant des emprunts du Makhzen, des achats de terrains, des dépenses faites par les étrangers et les légations, des l'occupation mili- taire. Le tableau IT indique pour 1912 le partage du trafic entre les différents ports et la part du com- merce français dans chacun d'eux. Les cinq ports de la zone d'influence française : Rabat, Casablanca, Mazagan, Safi et Mogador représentent à eux seuls 15°/, du mouvement total, ceux de la zone espa- frais de gnole, Larache et Tétouan, 12 °/,, et le port inter- | nationalisé de Tanger 13 °/,. Depuis 1901 (ta- bleau IT), le développement des ports s'est fait lableau 11]. Commerce maritime du MAROC(go « 1912) DID 1901 _ Casablanca TI Safi WW Tanger MD M2za{an TD. Larache D Mogador Rabat Tétouan Part des huit ports ouverts Mous avons rayé le part des importations, les blancs représentent la part des exportations. inégalement; il affecte surtout Casablanca, Safi, Larache, Rabat; Tétouan est toujours sous la dé- pendance de Ceuta; Mogador est stagnant, pour décliner lorsque Agadir deviendra le débouché du Sous; Tanger attend le chemin de fer et sa trans- formation en port franc pour prendre un nouvel essor, mais il restera toujours un port d'importa- tion. L’exportation se fait surtout par Casablanca, Sal, Mazagan et Mogador, débouchés naturels des zones les plus fertiles; Casablanca ne pourra que gagner au détriment de ses voisins, lorsque l’ou- tillage de son port et les voies ferrées viendront augmenter son pouvoir d'attraction; sa part repré- sente déjà en 1912 près du tiers du trafic maritime total. Enfin, au point de vue des nationalités, le commerce francais esl prépondérant à Tanger, Rabat et Casablanca; le commerce anglais l'est à Larache, Mogador, Mazagan et Safi, et deux derniers ports celui de l'Allemagne dépasse notablement le nôtre. dans ces & de) 2. — Présides espagnols. Ceuta, dont nous ne connaissons pas les statis- tiques, tend à absorber le trafic de Tétouan, auquel merce d'Oran. Rapports de M. 1 , | Les statistiques sont très approximatives et sujettes PIERRE CLERGET — LE COMMERCE DU MAROC | d'articles à échanger, de telle sorte que l'Algérie est il est relié par une route, en attendant la voies ferrée projetée, mais l'insécurité de la région voi sine et la proximité de Tanger nuisent à son déve loppement commercial. Mélilla, au contraire, doit à sa franchise dou nière et à son hinterland plus étendu une extension rapide, malgré le voisinage de la frontière fran caise. Il serait encore plus redoutable pour nous S une voie ferrée le reliait à Taza lorsque cette région sera paciliée; nous avons du moins la certitud d'être prêts les premiers. L'exportation est insigni fiante malgré la proximité de deux exploitations. minières, maisles importations ont dépassé 18 mil lions de francs en 1911, dont les deux tiers sont fournis par l'Espagne et l'Angleterre, trois millions et demi par la France“. — Confins algériens. Les échanges entre l'Algéri® et le Maroc se font tout le longs des confins, puisqu'il n'existe pas entre les deux pays de fron” tières naturelles et que la roi tière politique n’est tracée que& jusqu'à la steppe. Les marchés se déplacent à mesure que les. voies ferrées avancent: Marnia décline au profit d'Oudjda; dans l'Extrème-Sud oranais, Aïn* Sefra, puis Beni-Ounif perdent de leur importance au profit du terminus actuel Colomb-Béchar: à caulion parce que la même marchandise est comp tée sur plusieurs marchés ; l'entretien des troupes exagère également les chiffres”. M. Augustin Bern nard donne la valeur de 32 millions de franes pour 1911, contre 20 millions en 1909. Algérie et Maroë étantdeux pays de productions analogues ont peu surtout un intermédiaire, une voie de transit entré le Maroc et la France. Un régime douanier spécial: | régil ces échanges. $ 4. — Confins sahariens. Notre occupation de l'Afrique occidentale a beaus coup réduit le trafic du Maroc avec le Sénégal et le, Soudan. La route de Tombouctou-Araouan se bis furque à Taoudéni : la branche Est se dirige sur Eh, Harib, le Tafilelt, Fez; la branche Ouest sur Tin douf, Taroudant, Mogador ou Marrakech. Ce tralien 1 Cf. Rapport consulaire français n° 1048 (12 juin 4913) : Espagne. Le préside de Mélilla. ? AuG. BenvanD : Les confins algéro-marocains. In-8, Paris, E. Larose, 1911. — Travaux de la Chambre de Com- Ed. Déchaud. PIERRE CLERGET — LE COMMERCE DU MAROC 361 de caravanes, que M. Camille Fidel évaluait en 1901 de six à huit millions, a certainement très sensi- | blement diminué par suite de l'attraction toujours Fis. 45. — Dépôt de grains au bord de la mer à Safi. plus forte des postes de notre Extrème Sud Ora- nais et, d'autre part, par suite de l'insécurité qui règne entre l'Adrar et le Maroc. III. — IMPORTANCE DU TRAFIC. $S 1. — Exportations. > Pendant longlemps de nombreuses prohibitions ont été édictées par le Makhzen : jusqu'en 1906, l'exportation du froment et de l'orge était interdite et celle des chevaux, mulets et bœufs strictement limitée. L'Acte d'Algésiras a supprimé la prohibi- tion concernant les céréales, qui supportent encore un droit de sortie, et il a augmenté l'effectif du bé- tail pouvant être exporté. Ce sont les produits de l'élevage qui viennent au premier rang : peaux (7,1 millions de francs en 1911), bœufs vivants (6,4), laines (5,2), œufs (5,7). Les céréales occupent le second rang : orge (11,6), blé (5,2) et maïs (1,2), suivies par les amandes (5,6), la graine de lin (4,5), les fèves (3,6) et d'autres graines (5,5) telles que : pois chiches, alpistes, co- riandre, cumin, fenugrec. Parmi les produits ma- nufacturés indigènes : haïks, djellabas, lez, tapis, les babouches seules ont une certaine importance (1,1%); elles sont expédiées au Sénégal, au Soudan, en Algérie et en Egypte. $ 2. — Importations. Les importations sont beaucoup plus variées que les exportalions; elles intéressent soit la consom- malion européenne (boissons, conserves, beurre, lard, ete.), soit la consommation indigène (coton- nades, bougies, soie grège, quincaillerie bon mar- ché), soit toutes les deux (épices, biscuits, pâtes alimentaires, thé, sucre, café, etc.), soit, enfin, la mise en valeur et l'ou- tillage du pays (bois, matériaux de produits métallurgi- ques). C'est le sucre qui vient au pre- mier rang (22,2 millions de franes en 1911); d’après M. Eugène Aubin, le pain de sucre est à la fois formule de bienvenue, signe de propitiation à l'égard de l'étranger, symbole de la douceur et de l’aménité des relations qui doivent s'établir avec les hôtes; il se (prête dans la vie marocaine aux emplois les plus variés : il sert d’ap- point aux transactions, d'unité pour les « pots-de-vin » destinés à concilier aux solliciteurs la bienveillance des grands. Les cotonnades occupent le second rang (19,7), suivies par le thé (4,3), les boissons (2,8), les ouvrages en métaux (2,4), les bougies (2,3), etc. Le thé, additionné de sucre et de menthe, est le breuvage national; depuis deux générations, il à refoulé le café qui semble reprendre faveur; c'est un thé vert de Chine, à bas prix, mélangé de feuilles étrangères, et dont les Marocains distinguent plu- construction, lableau V. Commerce total duMAROCenl91l el part des principaux PaUS . sieurs centaines de mélanges différents. En atten dant la substitution du pétrole, la bougie de paral- fine anglaise a remplacé la bougie de stéarine française. 362 D' ZUMBIEHL — LE S 3. — Les Pays en relations. En ajoutant à sa part de commerce maritime le trafic des confins algériens, la France vient au pre- mier rang (43,50 °/, en 1911), suivie par l’Angle- terre (27,66 °/,), l'Allemagne (14,12 °/,), l'Espagne et les îles (6,78 °/), l'Autriche-Hongrie, l'Italie, la Belgique, les Pays-Bas et les Etats-Unis. Le ta- bleau IV indique cette répartition et le tableau V montre le développement pris par les quatre prin- cipaux pays de 1901 à 1912 dans le seul commerce maritime. C’est la France et l'Allemagne qui témoi- gnent de l'accroissement le plus rapide. FONCTIONNEMENT DU SERVICE DE LA La part de l'Angleterre est descendue de 55,15 °/, Tableau V. Commerce maritime du MAROC{I901e 1912) En 1912 a 1901 er ANGLETERRE | er GIBRALTAR | FRANCE ALLEMAGNE ESPAGNE IT UD) Fr Part des principaux pays en 1892 à 27,66 °/, en 1911, et encoreses statistiques sont majorées par les marchandises étrangères qui voyagent sous pavillon anglais et par le trafic de Gibraltar. C’est elle qui fournit en grande partie les cotonnades, le thé, les bougies. L'Allemagne est tard-venue dans le commerce marocain; c'est surtout depuis 1890 qu'elle s'y est intéressée; son succès vient du nombre de ses agents, de leur grande souplesse à se prêter aux exigences de la clientèle, de l'adaptation de ses produits à bon marché au faible pouvoir d'achat des indigènes. Elle importe surtout des draps, de la quincaillerie, des papiers, de la verrerie; elle prend la plus grosse part des exportations. Le commerce de l'Espagne n’est pas en rapport avec l'influence politique qu’elle s'est arrogée au Maroc, et cela tient à son propre état social et éco- nomique peu avancé, qui fait qu'elle ne peut expor- ter de produits industriels et qu'elle manque de ca- SANTÉ pitaux pour mettre en valeur là zone qui lui ess attribuée. 0 mn) S 4. — Le Commerce franco-marocain. Le premier rang que nous occupons dans le commerce du Maroc s'explique par des raisons“ géographiques, historiques et politiques, mais nous avons le mérite d'obtenir ce résultat à A égales, sans avantages douaniers en notre faveur Le Maroc profite en ce moment de l'intérêt de lo pinion publique francaise. Nos compatriotes Ne portent avec ardeur, et si ce mouvement continue nous bénéficierons de la prépondérance de l’élé- ment francais. Ce sera un gros avantage non seu- lement au point de vue politique, mais encore au point de vue commercial. matière d'importa- tion, nous pouvons encore réaliser de grands pro- grès par une meilleure adaptation de nos produits aux goûts indigènes, par de plus grandes facilités de crédit en utilisant les banques françaises, ins- tallées sur place; c'est un préjugé absurde de croire que nous ne pouvons pas lutter contre nos concur- rents étrangers pour le bon marché de la marchan- dise : l’ «article de Thizy », par exemple, peut par- faitement rivaliser avec l’« article de Manchester ». En matière d'exportation, le bon marché du fret, le nombre des bateaux, la nationalité de l'exporta- teur, les droits d'entrée dans le pays acheteur exer- cent une très grosse influence en faveur de nosg concurrents allemands ou anglais !. Ces raisons suffiraient, à défaut du prestige politique, pour nous pousser à multiplier nos services maritimes, à rendre nos bateaux plus rapides et plus confor- tables et à régulariser nos lignes non seulement de Marseille, mais encore de nos grands ports de l'Atlantique et de la Manche. —_. DD) Pierre Clerget, Directeur de l'Ecole supérieure de Commerce de Lyon. LE FONCTIONNEMENT DU SERVICE DE LA SANTÉ ET DE L'ASSISTANCE PUBLIQUES arrêté du Commissaire Résident général en date du 21 octobre 1912. Elle comprend des formations fixes et des por- tions mobiles. Dans les premières, les infirmeries L’Assistance médicale indigène a été créée par un | indigènes el dispensaires sont à remplacer par des 1 C'est la cause pour laquelle les céréales, — à l’excéption du blé qui bénéficie de l'admission temporaire, — chassées de France par les droits d'entrée, s’en vont surtout à Lon- dres et à Hambourg. D' ZUMBIEHL — LE FONCTIONNEMENT DU SERVICE DE LA SANTE Hôpitaux régionaux dans les capitales des régions | (Rabat, Fez, Meknès, Mazagan, Settat, Marrakech). Le premier de ces hôpitaux en voie de construc- tion est l'hôpital Mauchamp (40 lits), dont les tra- vaux sont en voie d'exécution à Marrakech. A Fez, il existe déjà un dispensaire-hôpital qui ya être agrandi. Le but de la portion mobile, constituée par le 363 quelques infirmiers, est pourvu de moyens de transport (mulets) et de matériel (tentes, médica- ments, etc.). Le plan de l'Assistance médicale est calqué sur celui des Régions militaires. L'infirmerie indigène (futur hôpital régional) de la capitale est le centre d'une zone d'action qui à une marche centri- fuge: (Teste ‘5 ET Hôpital régional existant. Æ LE Infirmeries indigènes. prévu. DA Dispensaires existants. [el Postes de secours. [I Lazaret. CO] Groupes sanitaires mobiles. {I Institut vaccinogène. b4 Infirmerie pour femmes. al Infirmeries indigèues à construire. ; fal Magasin de l'A. P. Laboratoire de Bactériologie. asile d'aliénés. »4 Dispensaire israélite. Dispensaire pour femmes et enfants. [e| Asile de nuit. Direction de l'A. P. | N Maternité. Z Typhus. Ce UE Maza sf Atari M > PSE Ne F : Variole. + Peste. FA Paludisme. = Grippe. Rayon- nement des groupes Sanitaires. =" Susser À “ben lbbou lit Dernat Tetoÿan Arbsous Ÿ ut Betsliley (Souk 11 4ros) nt || {Il Fig. 46. — Distribution geographique des postes de lAssislance publique existants ou prévus au plan de cam- \ pagne, el carle nosographique des foyers épidémiques signalés au Maroc. — Un certain nombre de ces foyers sont déjà éteints. (Cliché de la Presse Médicale.) « Groupe sanitaire mobile » (1 par région), est de concourir au rayonnement de notre influence dans les tribus de la région à laquelle il appartient. Pour cela, il profite de toutes les circonstances favorables pour se rendre sur tous les principaux marchés, dans les principales agglomérations, donner des consultations aux indigènes, leur dé- livrer des médicaments, pratiquer des vaccinations. Le Médecin chef du Groupe fait en outre indiquer aux indigènes les mesures prophylactiques qui éventellement seraient à prendre. Le Groupe mobile, composé d’un médecin et de En résumé, les moyens d'extension de l'influene médicale sont : 4° La création de formations sanitaires au fur el à mesure des besoins (dispensaires, infirmeries indigènes avec hospitalisation et dont le nombre de lits varie suivant l'importance de la population, hôpitaux régionaux); 9 Les consultations gratuites, distributions de médicaments dans les marchés et agglomérations, les vaccinations contre la variole. Le 21 mai 1943, a été promulgué le règlement sur le Service de la Santé et de l'Assistance pu- 364 D' ZUMBIEHL — LE FONCTIONNEMENT DU SERVICE bliques (anciennement Assistance médicale indi- gène). Comme l’a dit M. le Médecin-inspecteur Lafille, directeur général du Service de Santé au Maroc, dans son rapport au Commissaire Résident général, « les mots Assis/ance médicale indigène définis- saient seulement un effort partiel et ne répondaient pas à toutes les réalités et à toutes les obligations ». Le service de l’Assistance publique a été divisé en deux zones : a) Une zone des lerritoires civils et des villes, comprenant les principales villes du Maroc et les régions administrées par le contrôle civil (Casa- blanca, Rabat, Salé, Kénitra, Fez, Marrakech, Aze- mour, Sali, Ma- zagan, Mogador, Mé- Ber-Rechid, diouna. b\ Une d'occupation mi- compre- zone litaire, nant tous les au- tres postes et les groupes mobiles. Des salles de consultation ont élé installées dans des postes de nouvelle créa- tion, dès l’arrivée des troupes : Cas- ba Tädla, Bou- Jàd, dansle Tàdla; Dar Ito, lfrane, dans la région de Meknès; Souk el Arba de Tissa, dans la région de Fez, et enfin à Agadir. Les médecins ont remarqué que dans ces nou- veaux postes les indigènes viennent à eux sans dé- liance et en très grand nombre. Depuis leur création, les groupes sanitaires mo- biles ont étendu très loin leur rayon d'action, grâce à la légèreté de leur matériel et au petit nombre d'animaux entrant dans leur composition. Le groupe de Marrakech à pu se rendre ainsi, en fé- vrier, jusqu’à la Casba Goundali, dans l'Atlas, où aucune troupe encore n'était allée. Des tournées ont élé failes depuis le commencement de l’année dans toutes les régions (route de Marrakech à Mo- gador, Dar M'Tougui, route de Marrakech à Demnat, à Sali et à Mazagan, région des Sraghna, des Doukkala des Abda, marchés de la région de Rabat, régions de Fez et Meknès). La Direction de la Santé et de l'Assistance pu- bliques s’est surtout préoccupée pendant ces der- niers mois des questions d'hygiène générale dans Fig. 41. — Dispensaire indigène à Safi. DE LA SANTÉ les villes du Maroc : tout d'abord elle à attiré l'at- tention des chefs des Services municipaux sur la nécessilé de munir leurs villes de moyens de désin- fection en cas de maladie contagieuse. Elle s'est également préoccupée de la destruction des mouches et des moustiques et a envoyé à chaque médecin une note prescrivant de prendre des mesures rigoureuses pour la destruction de ces diptères. D'autres questions ont été mises à l'étude : créa- tion de postes de secours dans les grandes villes: recherche des «nids de malades » ; création d'asiles de nuit, ete... Dans chaque ville fonctionne un Conseil d'hy- giène qui à com- me conseiller technique le Mé- decin de l’Assis- lance publique de la localité. Des mesures de pro- phylaxie sont pri- ses par ces com- missions, qui se réunissent pério- diquement et au besoin éventuel- lement. Toutes les éco- les du Protecto- rat sont visitées hebdomadaire- ment par les mé- decins. L'inspec- tion médicale de normalement et EU ces établissements fonctionne d'une facon satisfaisante partout. La clef de voûte de l’Assistance devait être l’Ins- titut Pasteur de Rabat dont la création a été dif- lérée. Cet Inslitut devait être chargé du traitement de la rage (dans un pays où les communications par mer sont parfois très difficiles pendant la mau- vaise saison), des analyses bactériologiques et in- dustrielles, etc. De cette conception, seule la création du Centre vaccinogène à été réalisée. Ce centre fonctionne depuis le mois de mars dans d'excellentes condi- tions. Il fournit du vaccin à toutes les formations sanitaires (civiles et militaires) du Maroc. Au 30 septembre 1913, le total des doses expé- diées atteint le chiffre de 76.482. La moyenne des succès des vaccinations en milieu indigène est de 80 à 85 Il est intéressant de montrer par quelques chif- fres les progrès constants de l’Assistance médicale dans le Protecturat. La courbe suit une gradalion °/,, résultat très satisfaisant. H. VINCENT — LA LUTTE CONTRE LA FIÈVRE TYPHOIDE AU MAROC ascendante dans son ensemble depuis le commen- cement de l’année 1913. En janvier, le chiffre total des consultations est de 25.827, celui des vaccinations de 1.269. En mars, le nombre de consultations atteint 33.457, celui des vaccinations 2.688. En avril, la courbe accuse un total de 36.603, et fin août, le chiffre de 40.319 était atteint’. Le total général des consultations données du 4 janvier au 30 août est de 271.475, celui des vac- cinations 36.845. La prophylaxie des maladies vénériennes se ma- nifeste par le nombre total de femmes visitées et reconnues malades : 1.475 visites, 240 reconnues malades et soignées. Actuellement, lé programme des travaux à exécuter pour permettre à l’Assistance publique 36 de porter son effort sur les points les plus pro- pices à son action vient d'être tracé par la Com- mission qui s'est réunie sous la présidence de M. le Directeur général du Service de Santé au Maroc, le 28 juillet 1913. Cette Commission a arrêté définitivement l’ordre d'urgence des travaux, qui comprendront : un hôpital civil européen à Casablanca; des hôpitaux régionaux indigènes à Mazagan, Rabat; un ma- gasin du Service de l’Assistance publique; des infirmeries indigènes à Kénitra, Safi, Azemour, Boucheron, Salé, Tiflet; des constructions pour les Services sanitaires maritimes; des lazarets; un asile d’aliénés; un parc vaccinogène avec un labo- ratoire de bactériologie. D' Zumbiehl, Médecin-major de 1": classe, Directeur de la Santé et de l'Assistance publiques au Maroc. LA LUTTE CONTRE LA FIÈVRE TYPHOIDE AU MAROC De toutes les maladies infectieuses, si fréquentes et si variées, qui règnent au Maroc, il n’en est pas de plus redoutable que la fièvre typhoïde. Le sol- dat, l'industriel, le colon non immunisés par la vaccination antityphoïdique, sont fréquemment atteints peu après leur arrivée. L'organisation pratique de l'hygiène, dans les villes et dans les douars, trouve de graves obstacles dans la mal- propreté et l'indifférence traditionnelles des indi- gènes. D'autre part, l’afflux incessant des nouveaux venus apporte à la maladie un nouvel aliment. En raison de leur jeune âge, les soldats ont payé, surtout avant 1912, une dime élevée à la fièvre typhoïde. L'année 1911 a été la plus éprouvée. La marche sur Fez en a été la principale, mais non l'unique cause. En dépit des mesures prophylac- tiques très rigoureuses qui ont été prescrites, on a ; compté 2.471 cas dans le corps expéditionnaire. Or, l'année suivante une véritable armée a occupé de nouvelles régions. Toujours en combat contre les tribus marocaines révoltées, les troupes ont dû faire, de jour et de nuit, de longues et pénibles étapes, n'ayant pas le temps de stériliser les eaux malsaines, couchant en permanence sous la tente, soumises à un surmenage incessant el exposées aux facteurs de contagion les plus dangereux. Cependant, et bien que les effectifs EE ! En septembre, on parvient même à 41.000 consultations. Les graphiques établis pour chaque ville, et que nous ne pouvons reproduire ici faute de place, indiquent que la pro- gression la plus forte a été observée à Mogador (6.441 con- Sultations en août et 6.100 en septembre), à Mazagan (6.400 en septembre), à Safñ (4.000 en septembre). A Rabat, de 172 en août, on passe par une progression subite à 1.150 con- sultations en septembre. fussent doubles, la fréquence de la fièvre typhoïde a tout à coup décru. On ne compte plus que 1.455 cas de fièvre typhoïde, avec presque moitié moins de décès dus à cette affection. Que s'est-il passé ? Malgré d'énormes difficultés pratiques, on avait institué la vaccination antityphoïdique facul- tative parmi les troupes envoyées au Maroc. Cette seule mesure, appliquée à une partie seulement de l'effectif, avait suffi à faire descendre la morbidité à un laux imprévu. J’ai déjà signalé, dans cette Revue, les remar- quables effets de la vaccination antlityphoïdique, en 1911, au Maroc oriental; appliquée à une partie des soldats, elle les avait entièrement protégés. En 1912, la campagne antityphique est conduite activement. Dans ce pays neuf, où les lois de l'hygiène étaient hier encore inconnues, on ne pou- vait songer à appliquer, avec toute leur rigueur, les mesures usuelles de prophylaxie si souvent en défaut dans les pays civilisés. Le Service de santé de l'Armée installe alors des laboratoires bactério- logiques à Oudjda, à Casablanca, à Meknès; puis à Rabat, à Fez, à Marrakech. En même temps, on vaccine soit avant le départ, soit à l'arrivée au Maroc, ou en cours de campagne, tous les militaires qui en font la demande. Sous l'impulsion énergique de M. le général Lyautey, les soldats sont invités à se faire immuniser. Au Maroc occidental, 10.794 d’entre eux sont vaccinés à l’aide du vaccin préparé à l'Institut antityphique du Val-de-Grâce. Et il est arrivé que, tandis que les non vaccinés ont offert la proportion très élevée de 168,44 cas °/,,, avec 21,13 décès °/,,, les militaires vaccinés ont eu la morbidité très infime de 0,18 °/,, avec 0,09 dé- rh 306 cès °/. Les résultats obtenus pendant l’année 1913 sont aussi remarquables. Au Maroc oriental, les 38,22 cas de fièvre typhoïde °/,,, avec une mortalité de 5,51 °/... Les militaires vaccinés n'ont eu aucun cas de cette maladie. non vaccinés ont eu En 19143, l'autorité militaire a prescrit que tout | militaire envoyé au Maroc serait vacciné contre la fièvre typhoïde. Cette mesure ne lardera pas, sans : doute, à être complètement appliquée, et l’on verra ainsi disparaitre pratiquement, des rangs de nos soldats, une maladie si néfaste et si meurtrière. Un épisode, cité récemment par M. le D'Lajoanio à l'Académie de Médecine, montre d’une manière bien saisissante la puissante efficacité de cette méthode. Une colonne de 1.260 hommes, partie de Draguignan en septembre 1912, séjourne au Maroc pendant quatorze mois, y menant l'existence la plus pénible, sans cesse en marche, exposée à la contagion quotidienne’ par le sol, par l’eau de boisson, par les mouches, etc. Tous les hommes réceptifs avaient élé vaccinés avec le vaccin poly- valent du Val-de-Grâce. Or, à son retour en France, celte colonne n'a compté que 2 cas de fièvre typhoïde, survenus chez deux hommes qu'on n'avait pas cru devoir vacciner parce qu'ils avaient été atteints antérieurement de cette affection. Tous les autres élaient restés indemnes. La population civile a fréquemment recours au vaccin spécifique. Dans mon laboratoire du Val-de- Grâce, j'ai vacciné un très grand nombre de per- sonnes de tout âge, de tout sexe et de toute condi- tion, se rendant au Maroc. Le Dispensaire créé par M. le général Lyautey, à Rabat, me demande de grandes quantités de typho-vacein. J. LADREIT DE LACHARRIÈRE — L'ACTION MILITAIRE DE LA FRANCE AU MAROC On ne saurait trop conseiller, en effet, à toute personne jeune qui se rend au Maroc de se faire immuniser contre la fièvre typhoïde et aussi contre la fièvre paratyphoïde. Car cette dernière mala- die, sous ses deux variétés À et B, est entièrement indépendante de la fièvre typhoïde, malgré des symptômes cliniques le plus souvent identiques. Les deux affections : paratyphus et fièvre typhoïde ne s'immunisent en rien mutuellement. Les laboratoires installés au Maroc, et dirigés par des bactériologistes très compétents, ont signalé. un grand nombre de cas de paratyphus, souvent mortel, à Casablanca, à Rabat, à Meknès, à Fez, à Oudjda, etc. Pareille fréquence très grande des cas de paratyphus est relevée dans les Indes Anglaises. Dans ce dernier pays, les sujets ayant reçu du vac- cin antityphoïdique ont même plus de cas de para- typhus que les non vaccinés. Ce qui s'explique, sans doute, parce que les premiers ne prennent aucune précaution et s'exposent ainsi davantage à la contagion par un virus contre lequel ils ne sont pas immunisés. En conséquence, et tant que les mesures géné- rales d'hygiène administrative et pratique n'auront pu trouver leur entière réalisation — il ne saurait être douteux que celle-ci demandera encore plu- sieurs années — il convient d’instituer largement la vaccination préventive antilyphoïdique (et anti- paratyphique) qui constitue un moyen remarqua- blement sûr et complètement inoffensif de se protéger contre l’une des maladies dominantes de ce pays, celle qui détermine, assurément, la morta- lité la plus élevée. D' H. Vincent, de l'Académie de Médecine, Professeur au Val-de-Grâce, Paris. L'ACTION MILITAIRE DE 1. — HISTORIQUE. L'expansion de l’hégémonie francaise dans les pays nord-africains depuis 1830 n'a pas été la résultante d'incidents particuliers ; elle fut, au contraire, la réalisation des aspirations tradition- nelles qui, sous des formes diverses, nous pous- saient depuis des siècles à nous créer des intérêts de lous ordres, par delà la Méditerranée. Notre atavisme latin se marquait dans ce chapitre de notre politique par la reprise, à notre comple, de la conception romaine du mare nostrum, et les expéditions de l'Algérie et de Tunisie et du Maroc sont les manifestations de nécessités identiques à celles qui, sous une forme appropriée aux idées LA FRANCE AU MAROC d'alors, poussaient saint Louis vers Jérusalem et Tunis ou Bonaparte vers l'Egypte. Sans faire l'historique des relations franco- marocaines, on doit remarquer cependant qu'elles s'établirent dès le Moyen Age el que, prenant pré- texte du châtiment des pirates, Richelieu songeail à faire occuper en 1626 l'ile de Mogador afin « d'avoir un pied en Afrique pour aller s'étendre plus loin ». De nombreux traités, passés entre les Gouverne- ments français et les autorités moghrebines, sanc- tionnèrent ces intentions, dont les manifestations ne furent point seulement diplomatiques. Les blo- eus de Salé en 1629 et en 1680, le bombardement de Salé et de Larache en 1767, donnèrent à plu- J. LADREIT DE LACHARRIÈRE — L'ACTION MILITAIRE DE LA FRANCE AU MAROC 3067 ——_—_— —————_—_—_—_—_—_—_—]_]_]_]—]—]—_————————————————————————"”"”…"….…"…"…"…"…"…"…"…"….….….….….….…….….…..….….…..…..— sieurs reprises aux sultans des avertissements plus énergiques; en 1808, Napoléon envisageait une expédition marocaine, mais la question du Maroc se posa avec plus d'acuité du jour où la prise d'Alger créait à la France des intérêts territoriaux dans le Nord de l'Afrique. Quand la puissance turque s’écroula à Alger, le sultan du Maroc émit des prétentions sur l'Oranie, ouvrir à nouveau l'ère des difficultés. On prévoyait, en effet, une frontière depuis la mer jusqu'a Teniet es Sassi, mais, plus au sud, « la terre ne sé labourant pas, il n’y avait pas lieu de partager lé Sahara ». Ce manque de limites bien établies et le « droit de suite », qui autorisait les autorités fran- çaises à poursuivre les djicheurs sur le territoire marocain pour les punir de leurs razzia, fournis- = © JF6ibraltar Tan ger:_/Ceuta PÉNÉTRATION FRANÇAISE É FT ALPIES DE LA LME; AU MAROC Larache À ù g 200" 1907 1908 1909 Meñediya 1910 Rabat-Salé e Zone SR a à El Ksar el Kebir £S p a, A 0 1 e ES MER MÉDITERRANÉE 7 NO À Ç © R & as Üyark CO Tetouan $ uarkg, k à Melilla ;? dé D [J #shhrirar EX 1911 VE — Koobenie ES sy 1912 Casablanca Æ 1913 TE Lémansnun) Pasesnssss AG A HIS il Becharlcoloñ) Fig. 48. — Les étapes de la pénétration française au Maroc. et les confins marocains furent le théâtre d'une série d’attentats contre nous dont le nombre s'ac- crut de plus en plus à l'instigalion d'Abd-el-Kader, notamment en 1842, date à laquelle l'Emir souleva les Beni Snassen. L'année suivante, après une entrevue sans résuitat du général Bedeau et du Caïd d'Oudjda, Lamoricière occupa Lalla Magh- nia. 184% fut marquée par la célèbre victoire de l'Isly et les bombardements de Tanger et de Moga- dor. Mais le traité de 1845, s'il créait un modus vivendi momentanément acceptable, contenait le germe des imprécisions qui tôt ou tard devaient saient de perpétuels prétextes aux actions de guerre, dont les plus célèbres furent la colonne du général de Martimprey contre les Beni Snas- sen (1859), celle du général de Wimpflen sur le Guir, contre les Ouled Sidi Cheikh révoltés (1870), et l'occupation des oasis sahariennes du Touat el du Gourara. Après de longs atermoiements, les accords de 1901 et 1902 déterminèrent une zone mixte et instituèrent quatre commissaires franco- marocains, chargés d'assurer sur place la collabo- ration du Maroc avec la France. Une triple ligne de marchés francais, mixtes et marocains devail 108 J. LADREIT DE LACHARRIÈRE — L'ACTION MILITAIRE DE LA FRANCE AU MAROC être installée pour ravitailler le pays. Enfin, des iastructeurs francais étaient chargés d'instruire la mehalla chérifienne d'Oudjda. Les autorités du Makhzen étaient en ce moment en lutte contre le Rogui, Ez Zerhouni; menacées d’être enlevées, elles durent se réfugier à plusieurs reprises à Lalla Maghnia. Les autorités françaises autorisèrent le débarquement à Oran des renforts chérifiens qui ne pouvaient gagner Oudjda, Taza étant alors entre les mains du Rogui. Un certain nombre de postes français avaient été installés sur les confins orano-marocains à Aïn Sefra, lors des opérations contre Bou Ama- ma (1881), à Igli, à Colomb Béchar (1903), après les attaques de Taghit et d'El Moungar (1902), à Forthassa et à Berguent (1904); mais cette situa- tion trop incertaine aurait pu se continuer ainsi pendant nombre d'années si, en 1907, des événe- ments très graves n'avaient forcé la France à agir plus vigoureusement. L'attitude quelque peu hésitante de notre poli- tique, le résumé des programmes adopté depuis six ans, les difficultés et les tractations internatio- nales ont été négligés, puisqu'aussi bien il s’agit seulement ici d'exposer les phases de la pénétra- tion militaire, trop souvent gênée et contrecarrée, mais grâce à laquelle, cependant, le Protectorat francais du Maroc est devenu une réalité. Une œuvre double s'est accomplie parallèlement à l’est et à l’ouest du Maroc et, pour la commodité du récit, on a groupé les faits qui se sont dérou- lés de chaque côté de l'Atlas sans que cette divi- sion purement factice implique un manque de coordination dans les efforts. II. — OPÉRATIONS DANS LE MAROC ORIENTAL. Au mois de mars 1907, l’assassinat du D' Mau- champ, médecin du Dispensaire francais de Marra- kech, succédant à une longue suite de vexations contre nationaux, amenail l'occupation d'Oudjda, où nos troupes entrèrent sans coup férir. Cette opération facile avait quelques mois plus tard une répercussion des plus graves : le terri- toire algérien était violé parles Marocains soulevés; malgré leur vigilant effort, les colonnes Félineau et Pétrement se trouvaient débordées et le général Lyautey, commandant la division d'Oran, obtint l'autorisation de frapper un grand coup en faisant rentrer dans l’ordre une des confédérations les plus turbulentes, les Beni Snassen. Deux colonnes, commandées par les colonels Félineau et Branlière, encerclèrent le massif qui servait de refuge aux tribus et, après une série de combats heureux, firent leur jonction au col de Tafouralt le 23 dé- cembre 1907. Le 7 janvier nos uivant, le général Lyautey télégraphiait que, grâce aux efforts de ses troupes, l'opération militaire engagée contre les Beni Snassen pouvait être considérée comme close. De fait, cette action avait été si magistralement conçue et conduite que, depuis lors, cette région n'a jamais plus été troublée et, à la fin de janvier, le colonel Féraud pouvait traverser la montagne de part en part, sans coup férir. Au sud, l'agitation augmentait sur le Haut-Guir. Le général Vigy luttait victorieusement à For- thassa contre les tribus soulevées (6 avril) ; le lieu- tenant-colonel Pierron soulenait le rude combat de Menabba (16 avril), dont la résultante fut la reddition d’Ain Chair (22 avril). Une harka en for- mation depuis longtemps attaqua le général Vigy à Bou Denib (14 mai); elle fut bousculée et, quel- ques mois plus tard, le colonel Alix obtint un succès du même genre à Djorf, contre une harka venue du Tafilelt, tandis que le colonel Pein par- courait la région au sud de Berguent. L'année 1909 fut consacrée à l’organisation des régions occupées et à leur protection contre les dJjicheurs. En mai 1910, le général Alix, comman- dant la région du Haut-Guir, poussait jusqu'à Anoual et Keddou ; en juin, le colonel Passard s'élablissait à El Aïoun Sidi Mellouk et le colonel Féraud à Taourirt. Les événements reprirent de l'intensité en 1911 : les Beni Ouarain atlaquèrent le commandant Pinoleau sur la gada de Debdou, mais furent dispersés par le colonel Féraud; le général Girardot, ayant enfin obtenu la permission de franchir la Moulouya, balaya la rive gauche du fleuve et s’avança jusqu’en vue de Kasba Mcoun, vengeant ainsi le guet-apens d'Alouana où avait péri le capitaine Labourdette. De son côté, le lieu- tenant-colonel Ropert poussait sur l’oued Ziz la pénétration politique qu'il avait amorcée en 1944, et sans combat, grâce à une remarquable diploma- tie, atteignait Tizi n Telr'emt au cœur du Moyen Atlas. Les Beni Ouaraïn, reprenant l'offensive, recurent du général Alix une sérieuse lecon à Bou Yacoubat (18 mars 1912) et du colonel Féraud à Maharidja (9 avril), tandis que le général Girardot s'établissait à Guersif et soutenait victorieusement un combat au Teniet el Hadj (24 mai) contre les Haouara. Une très active politique était menée ; des colonnes parcouraient le pays dans tous les sens ; des postes étaient créés à Merada, Safsafat ; on reconnaissait la plaine du Djiel et les territoires des Beni Bou Yahi et des Haouara. Mais le général Girardot se heurtait le 9 avril 1913 à des contin- gents Beni bou Yahi à Nekhila, où un poste était installé le 16, et le 19 une nouvelle attaque dis- persée ouvrait la route de Kasba Mcoun où nos forces s'élablissaient peu après, le dernier relai, J. LADREIT DE LACHARRIÈRE — L'ACTION MILITAIRE DE LA FRANCE AU MAROC 369 peut-on dire, d'où, au jour propice, elles s'élance- ront sur Taza. III. — OPÉRATIONS DANS LE MAROC OCCIDENTAL. Un crime marqua aussi, dans le Maroc occiden- tal, le début des opérations militaires : le 30 juil- let1907, des ouvriers français el étrangers employés à la construction du port de Casablanca étaient massacrés et les tribus Chaouïa révoltées pil- laient la ville. L'escadre de l'amiral Philibert bom- barda la ville et, sous la protection des canons de la Gloire et du Galilée, le général Drude et ses troupes débarquèrent le 7 août. Une série d’alta- ques harcelèrent nos soldats sous les murs de la ville. La prise du camp de Taddert {11 septembre), l'occupation de Médiouna (1°" janvier 1908), don- nèrent un peu d'air au corps de débarquement. Le général d'Amade prit le commandement au début de janvier. Les renforts qu'il amenait lui permi- rent des opérations de plus grande envergure. Après avoir occupé Fédala et Bouznika sur la route de Rabat, il s'empara de Settat (15 janvier), puis organisa deux colonnes, dont l’une fut confiée au colonel Boutegourd, et dont l’autre était dirigée par lui-même. Une série de combats jalonnait la marche de nos troupes. Les plus importants furent : Aïn Mkoun (24 janvier), Zaouyat el Mekki (2 février), prise de Setltat (6 février), Ber- rebah (16 février), les Rfakhas (29 février), le Mqarto (8 mars), Sidi el Ourimi (15 mars). Une réorganisation des forces fut faite à la fin mai. Les colonels Moinier et Boutegourd recurent le com- mandement de deux brigades dont l'objet était de parcourir le pays pour y assurer la sécurité. L'été fut troublé par la lutte victorieuse de Moulaï Hafd contre Abdel Aziz, puis l’année finit dans le calme et le travail. 1909 se passa de même à organiser la région paciliée. Le général Moinier avait succédé au général d'Amade comme commandant des troupes de débarquement. Après 1909, qui marqua, dans le Maroc occidental, comme sur les confins, une période de répit à cause de l'indécision de la poli- tique métropolitaine, les événements reprirent de l'acuité en 1910. Le 18 février, pour venger l'assas- sinat du lieutenant Méaux, tué par des Zaër chez lesquels il avait été envoyé en mission pacifique, le général Moinier occupa la kasba de Merchouch et Aïn Fouzer; des considérations extra-maro- caines nous obligèrent à les abandonner aussitôt. Au début de l'été, pour arrêter le marabout saha- rien Ma el Aïnin qui remontait vers Fez pour obte- nir du sultan aide et protection contre nous au lendemain de sa défaite en Mauritanie par le colonel Gouraud, le général Moinier donna l'ordre au commandant Aubert de pousser une pointe au Tàdla vers le Moyen Atlas, dans une région où, depuis plus d'un siècle, aucune force organisée n'avait pu pénétrer. La colonne Aubert, partie le 18 juin de Ben Ahmed, eut à subir de rudes combats, le 21 à Kasbah Zidania, et le 23 à Sidi Sliman, et, si elle ne put s'emparer du marabout, du moins l'obligea-t-elle à s'enfuir vers le sud. Le capitaine Tribalet avait, chez les Sraghnaet les Ntifa, poussé une reconnaissance parallèle. L'année 1911 débuta, elle aussi, par un guet- apens. Le capitaine Nancy, envoyé en reconnais- sance toute pacifique, fut atlaqué par les Zaër pendant son retour; presque toute son escorte fut tuée, notamment le lieutenant Marchand. La fai- blesse de nos effectifs était si grande alors qu'on ne pouvait songer à venger ce crime. Toutefois les événements allaient heureusement forcer la France à sortir de son indécision. La situation périlleuse dans laquelle se trouvaient les colonies européennes bloquées à Fez avec le sultan par les Berbères révoltés, malgré les efforts de l’armée chérifienne commandée par le commandant Man- gin et le capitaine Brémond, obligea le Gouverne- ment à intervenir. M. Berteaux, ministre de la Guerre, après avoir envoyé des renforts très importants au général Moinier, lui donna l'ordre de débloquer Fez. Parti de Kénitra au début de mai, avec les colonnes du général Dalbiez, du colonel Gouraud et du colonel Brulard, il parvint à Fez le 21 mai. Victorieux à Babhlil, il prit Meknès, parcourut le pays, entra à Moulay Idris et revint vers la côte en ouvrant la route directe de Fez à Rabat par Meknès, et en faisant à Tiflet sa jonc- tion avec la colonne du général Dilte, venue de la côte. Peu après, le colonel Branlière donnait aux Zaër dissidents une sérieuse leçon et occupait définitivement Merchouch. En août, le général Dalbiez s'installait à Sefrou. Les premiers mois de 1912 furent employés par les colonnes Brulard, Taupin et Ditte à encercler le Tafoudeït, plateau où se concentraieñt, à l'appel du Zaïani, les contingents berbères. On n'a pas oublié les tragiques événements qui ensanglantèrent Fez le 17 avril, tous les épisodes si douloureux du massacre de nos officiers et de nos compatriotes, et la merveilleuse épopée que fut la reprise de la ville par le bataillon Philippot, seule garnison laissée à proximité de Fez. Le traité de protectorat signé quelques jours avant les massacres donnait au Gouvernement une liberté plus grande. Le général Lyautey, nommé Résident général de France, arrivait à Fez en toute hâte, amenant avec lui le colonel Gouraud auquel il confia le soin de désencercler la ville qu'assiégeaient à nouveau les 370 Berbères. Au cours d’une première sortie, le colo- nel Gouraud prenait le Djebel Zalagh qui comman- dait la place et s'emparait à Hadjra el Kobhila du camp du Rogui (1° juin). A peine rentré à Fez pour y recevoir les étoiles de brigadier, il repartait et poussait chez les Hyaïna jusqu'au Souk el Arba de Tissa (9 juin), puis jusqu'à Mechra ben Aïssa, parcourait la vallée de l'Oued Sebou et chassait le Rogui Moulay Mohammed es Semlali dont il dis- persait les contingents à Moulay Bou-Chta. De son côté, le général Dalbiez occupait Kasba Ifran, le colonel Mazillier battait les Aït Tseghrouchen à Imouzer (20 juillet), le colonel Pein infligeait une nouvelle leçon au Rogui et aux Fichtala à El Aïoun (14 août), pendant que les colonnes Robil- lot et Fellert protégeaient la plaine du Saïs entre Meknès et Fez. Mais tandis qu'un peu d'ordre régnait dans le Nord, grâce aux incessants efforts du général Lyautey, le Sud, sous la pression d'un marabout, El Hibba, fils de Ma el Aïnin, devenait menaçant. Déjà ce mahdi s'était emparé de Mar- rakech et y avait fait prisonnier le consul Maigret, le commandant Verlet Hanus, le D' Guichard et leurs compagnons. Devant ce péril qui risquait d’anéantir toute notre œuvre marocaine, le géné- ral Lyautey ordonna au colonel Ch. Mangin de délivrer Marrakech et de sauver nos compatriotes après avoir chassé le prétendant Hibba. On sait le succès de cette campagne ; après le dur combat de Ouham, où le colonel Joseph fit sa jonction avec le colonel Mangin, celui-ci s'élanca vers le sud, bouseula l'ennemi à Sidi Bou Othman et le 7 sep- tembre au matin, à la tête de l'avant-garde, le commandant Simon entrait à Marrakech. Après avoir commencé l’organisation de la ville, le colonel Mangin parcourut le Haouz, de Mogador à Demnat, pour y rétablir l'ordre, pendant que plus au nord le colonel Gueydon de Dives surveil- lait la limite des Beni Meskine et du Tädla, repous- sait les tribus berbères à Termast (15 octobre) et occupait El Boroudj. Peu après, il se rendit avec le général Franchet d'Esperey à Boujäd, centre reli- gieux important, el faisail sa jonction avec le colonel Blondlat qui avait pacifié les Zaër dont il avait dispersé les bandes à Hadjera ben Nacer (2 sep- tembre). Marrakech, le marabout el Hibba, réfugié dans le Sous, menail une active propagande contre nous. On résolut d'envoyer contre lui des contingents chérifiens, dont l'un, commandé par Moulay Rechid, devait suivre la côte atlantique et occuper Agadir n Irir. On n’a pas oublié les événements qui se déroulèrent alors dans les environs de Mogador : le siège du déta- “hement Massoulier au Dar el Kadi, sa délivrance par le général Brulard (25 décembre), la destruc- Malgré sa fuite de J. LADREIT DE LACHARRIÈRE — L'ACTION MILITAIRE DE LA FRANCE AU MAROC lion de la Kasba du Caïd Anflous et la capture du Kaïd el Guellouli qui en furent les principaux épi- sodes. La pacification fut si activement poussée dans le Haouz pendant les premiers mois de 4913 que le général Lyautey, en tournée d'inspection à Marrakech, pouvait se rendre en automobile jusqu'à la Kasba de Tazzert, à 60 kilomètres de Marrakech au pied du Haut Atlas (13 mars). Depuis lors, les contingents chérifiens commandés par El Hadj Thami Glaoui, pacha de Marrakech, et les tribus ralliées du Ras el Oued Sous, après quelques semaines d'incertitude, s'emparèrent du Taroudant dont ils chassaient el Hibba, tandis que la méhalla du Kaïd el Hadj Lhassen, appuyée par les canons du Du Chayla, enlevait Agadir n Irir qu'un déta- chement francais ocecupait le 13 juin. Dans le nord, le colonel Henrys s'employait à dissocier la coalition des tribus dissidentes Zem- mour, Beni M'Tir, Beni M'guild, Guerouan, dont les incursions menacaient les communications au sud de Meknès. Il détruisait la Kasba Ifran (23 avril), traversait la Ghaba, faisait sa jonction avec la colonne Comte, venue de Fez (14 avril), et, prenant l'offensive, il occupait sans coup férir Azrou que les dissidents rassemblés en ce point avaient éva- cué à son approche. Il rentrait ensuite à son camp de Dar Kaïd Ito. Pendant les six premiers mois de 1913, le plus sérieux effort dut se porter sur le centre marocain. Un poste avait été établi, non loin de Boujäd, sur l’'oued Zem. Les Berbères du Moyen Atlas atta- quaient violemment les troupes du colonel Simon dès le début du mois de mars. Le colonel Mangin, qui avait pris peu après le commandement des forces rassemblées sur ce point, s'emparait du camp de Hamou Zaïani (25 mars), bousculant Moha ou Saïd à Mechra en Nefad près de Kasba Tädla qu'il occupait (7 avril). Après avoir réduit les Kas- bah Zidania (10 avril), Kasba Beni Mellal (12 avril), il faisait sa jonction avec le colonel Savy, venu de Marrakech, au Dar Kaid Embark sur l’oued el Abid (19 avril), continuant de parcourir la région; puis, poussant une pointe dans les premiers con- treforts du moyen Atlas, il livrait un sanglant com- bat aux forces de Moha ou Saïd réunies autour de Ksiba près de Rhorm el Alem (8 et 10 juin). Peu après, la colonne rentrait à Kasba Tâdla, où elle se disloquait. Si l’on considère les phases successives et les résultats actuellement acquis de l’action militaire de la France au Maroc qui vient d'être résumée ici, on apercoit que celte action a été déterminée par des événements locaux. Les massacres de Mau- champ et des ouvriers de Casablanca ont provoqué l'occupation d’Oudjda et de Casablanca, tout H. NOIREL — LE SERVICE GÉOGRAPHIQUE DE L'ARMÉE AU MAROC 3 comme le siège de Fez et la prise de Marrakech par El Hibba, celles de ces deux centres impor- tants. La pénétration militaire s'est faite par | à-coups, le Gouvernement refusant de s'engager | et ne cédant qu'aux nécessités impérieuses. Après la signature du traité de protectorat et encore qu'il s’astreigne à ne point faire la con- quête du pays, le général Lyautey s’est efforcé de pacifier le pays Makhzen, de le protéger contre les | attaques extérieures el de travailler prudemment à la jonction algéro-marocaine par Taza. L'examen de la carte (fig. 48), la disposition des postes, sont le commentaire vivant de ce programme, et s'ils marquent l’accroissement de la zone occupée, ils laissent apercevoir aussi sur quels points les mas- | sifs montagneux du Maroc central nécessiteront | dans l'avenir les plus grands efforts. J. Ladreit de Lacharrière. LE SERVICE GÉOGRAPHIQUE DE L'ARMÉE AU MAROC I. — DOcuMENTS ANTÉRIEURS À 1907. Le 5 août 1907, les marins de la division navale de l'amiral Philibert débarquaient à Casablanca et, bientôt après, un corps d'occupation s'installail sur la côte de l'Atlantique. Peu de temps auparavant (29 mars), une colonne d'opérations avait franchi, de l’autre côté, l'Oued Kiss, qui forme la frontière algéro-marocaine, etoccupé Oudijda. Les documents géographiques qu'on possédait à cette époque sur l'immense région du Maghreb étaient bien incom- plets el de valeur assez inégale. Le Maroc, en effet, avait jusqu'alors pu résister à la curiosité des explorateurs, à tel point que certains d’entre eux avaient dù se déguiser en indigènes pour y cir- culer. La plus ancienne publication officielle du Minis- tère de la Guerre remonte à 1848; une carte, dres- sée à l'échelle du 1/1.500.000° d'après les travaux de L. Roches, de Ligny et du capitaine Beaudoin, officier des bureaux arabes, fut alors gravée au Dépôt général de la Guerre (depuis Service Géogra- phique de l'Armée), et tirée en noir. Elle descend jusqu’à l'Oued Draa. En nous limitant aux travaux effectués depuis trente ans, nous avons à citer d'abord le levé d'iti- néraire de de Foucault (1883-1884), qui descend du Nord par Meknès vers Tiznit, Agadir et remonte par la Moulouya, Debdou et Oudjda; une carte très précise et fort intéressante est publiée au 1/250.000° comme annexe au récit du voyage. De 1900 à 1903, le capitaine d'artillerie Larras, de la Mission militaire détachée auprès du sultan Abd el Aziz, parcourt la région qui s'étale entre l'Atlas etle littoral, depuis Tétouan jusqu'à Agadir, et fait éditer au 1/250.000°, par le Service géogra- phique de l'Armée, une série de sept cartes déjà bien documentées. De 1899 à 1905, de Segonzac lève des itinéraires dans une bande ayant à peu près les mêmes limites, car elle va de Melilla à Tamgrout et atteint presque l'embouchure de l'Oued Draa. En 1905, R. de Flotte de Roquevaire relie Mar- rakech à Mogador par une triangulation géodé- sique expédiée. A. Brives, de 1901 à 1907, recueille des rensei- gnements inédits sur la région qui correspond à peu près au territoire actuellement soumis. Le Professeur Louis Gentil mérite une mention toute spéciale pour ses nombreuses missions d'exploration, en particulier pour celles de 1905 et de 1909 dans le Haut-Atlas occidental. A tous ces noms, n'oublions pas d'ajouter celui du D° F. Weisgerber, auquel on doit des travaux complémentaires fort précieux, et, pour clore cet historique suceinct, signalons la première carte d'ensemble vraiment digne de ce nom, que le ca- pitaine Rouby a dressée au Service géographique de l'Armée à partir de 1905, en utilisant tous les documents de valeur, mais surtout les mappes du capitaine Larras. Elle comprend onze feuilles au 1/500.000°, et couvre tout le Maroc, puisqu'elle s'étend jusqu'à l'Oued Noun et au Tafilelt; mais elle présente encore de nombreuses lacunes et bien des inexactitudes, entre autres un tracé très défectueux de la Moulouya dans la partie infé- rieure de son cours. Cette carte est héliogravée en trois couleurs ; les courbes de niveau y ont, en général, une valeur purement indicative. Elle avait été précédée par une autre plus sommaire, dressée en 1893-1894 au 1/500.000° également, mais en huit feuilles, tirée par l’autographie en bleu et noir, avec la mon- tagne esquissée au crayon lithographique. En ce qui regarde la côte de l'Atlantique et ses ports, une Mission hydrographique, dont faisaient partie les lieutenants de vaisseau Dyé et À. Larras, effectua de 1903 à 1908, en général au 1/10.000°, le levé des rades et des atterrages et, à cette occasion, détermina quelques positions astronomiques pré- cises. Du côté oriental, entre l'O. Moulouya et l'amorce de frontière que le traité franco-marocain de 1845 avait instituée entre la mer et le Teniet es Sassi, H. NOIREL — LE SERVICE GÉOGRAPHIQUE DE L'ARMÉE AU MAROC les documents avaient moins de valeur. La co- lonne Martimprey, en 1859, chez les Beni Snassen, la colonne de Wimpffen, en 1870, puis divers déta- chements qui s'étaient avancés vers l’ouest, en 1881, à l'occasion de l'insurrection de Bou Amama, avaient pu rapporter quelques données utiles. C’est seulement en 1885-1886 qu'une carte, dite du Sud- Oranais, éditée au 1/200.000° en quatre couleurs et comprenant quinze feuilles, fut dessinée au Service Géographique par le capitaine de Casiries et les lieutenants Delcroix et Brosselard à la suite de leurs reconnaissances : elle s'étend jusqu'au delà d'Aïne Chaïr et de Figuig. Plus récemment, la Commission de délimitation franco-marocaine de 1905 leva, par des procédés réguliers, la région de Colomb Béchar que traverse la frontière prolongée vers le sud. Il est nécessaire de traiter à part chacune des deux grandes zones de l'est et de l'ouest, puisque la barrière de Taza n'est pas encore tombée. Mais, en général, les détails techniques que nous don- nons s'appliquent aussi bien aux confins algéro- marocains qu'à l’autre région. Dans son ensemble, l'organisation méthodique des travaux du Service Géographique, en particu- lier au Maroc occidental, se développe suivant trois phases distinctes que nous allons envisager l'une après l’autre. II. — LE BUREAU TOPOGRAPHIQUE DES TROUPES DÉBARQUÉES A CASABLANCA. Quelques mois après le débarquement des pre- mières troupes, en janvier 1908, un Bureau Topo- graphique fut constitué, à l'état-major du général Drude, par les soins du Service Géographique, avec des officiers tirés de son cadre. Il s'agissait là d’un organe technique placé à la disposition immédiate du commandement; son rôle était d'établir une carte sommaire de l'avant en l’appuyant sur une géodésie de campagne. Sous la direction du capi- taine Prudhomme, chef du bureau, on se mit à l’œuvre aussitôt que les environs immédiats de la ville se trouvèrent dégagés. Une base de 3 kilomè- tres a été mesurée par des moyens de fortune (dé- camètre en acier), mais en prenant toutes les pré- cautions classiques (alignement parfait des por- tées successives, mesure de l’inclinaison de chaque portée, tension constante donnée au ruban, étalon- nage minutieux de £e ruban, ete.). La latitude as- tronomique a élé déterminée à Casablanca même, avec un théodolite de campagne du type du Service Géographique. Les constantes instrumentales de cet instrument sont les suivantes : diamètre du cercle vertical, 92 millimètres ; diamètre du cercle horizontal, 120 millimètres ; grossissement, 18 fois; ouverture de l’objectif, 28 millimètres; deux ver- niers opposés donnent les deux minutes centési- males. Des chronomètres de poche servirent de garde-temps. On a obtenu l'heure par la mesure de distances zénithales d'étoiles, et on a pris la dis- tance zénithale de la Polaire pour en déduire la latitude. C'est également par la Polaire, visée cette fois en azimut, qu'a été déterminé l’azimut astronomique de l'un des côtés du réseau de triangles, c'est-à- dire l'orientation de la carte. On ne se préoccupa pas de la différence de lon- gitude par rapport à un point d'Algérie, mais il n'en résulta aucun inconvénient, car l’ellipsoïde adopté comme surface de référence est de révolu- tion; on admit la valeur, inscrite depuis 1901, dans la Connaissance des Temps, pour la longitude de Casablanca, et, d’ailleurs, ce nombre, obtenu par le Service Hydrographique de la Marine en 1904, n'a pas encore élé modifié. 4 Le Bureau Topographique, renforcé par quelques officiers fournis par le corps de débarquement, dé- tacha un de ses opérateurs à chaque colonne d’opé- rations et, profitant en outre de toutes les périodes de calme, parvint, à la fin de 1910, à lever au 1/100.000° toute la Chaouïa; ces levés s'appuient sur un réseau de triangles géodésiques rattaché à la chaine établie dès 1908 près de Casablanca. Prévu seulement pour la banlieue, ce réseau s’éten- dit peu à peu à l'Est jusqu'en bordure du pays des Zaër que l'Oued Cherrat sépare de la Chaouïa, au Sud vers Kasba ben Ahmed, dans la direction du Tadla, et à l'Ouest jusqu’à l’oued Oum er Rebëa. Cette triangulation, établie au théodolite de cam- pagne, est parfois un peu précaire (triangles de forme aplatie ou ayant un angle conclu, observa- tions faites précipitamment, etc.); mais les travaux plus précis de ces dernières années ont vérifié qu’en raison de l'échelle adoptée pour la carte initiale, elle est suffisante pour la planimétrie et pour les altitudes jusqu'à 60 kilomètres au moins de Casa- blanca. Une cause d'erreur à redouter dans des opérations aussi rapides, mais contre laquelle les observateurs étaient mis en garde, tient aux réduc- tions au centre, en particulier quand l’objet visé (marabout, arbre, etc.) ne possède pas une forme bien régulière, surtout s'il correspond, dans un des triangles de l'enchainement, au sommet d'un angle Lrop aigu. Au début de l'année 1909, le Bureau de Casa- blanca se trouva en mesure de reproduire les diffé- rentes mappes par la photographie. De son côté, le Service Géographique mettait en main la carte de la Chaouïa au 1/100.000€ (quatre feuilles en cinq cou- leurs, dont un estompage au crayon lithographique pour le figuré du terrain). H. NOIREL — LE SERVICE GÉOGRAPHIQUE DE L'ARMÉE AU MAROC IIL -— LE BUREAU TOPOGRAPHIQUE ET LE SERVICE GÉOGRAPHIQUE DE L'ARMÉE. A la fin de 1910, le général Moinier, commandant: en chef, prévoyait une nouvelle extension de notre zone d'action, principalement vers l'Est. Afin d’as- surer la liaison rigoureuse des divers travaux, le capitaine Perret, alors chef du Bureau, résolut de laisser en l'élat la géodésie et la topographie exis- tantes, mais de créer de toutes pièces, en partant d'un point assez central, un autre réseau géodésique plus précis que le précédent, auquel il serait juxta- posé et rattaché. IL fit alors appel au concours du Service Géographique. Le capitaine Noirel, mis temporairement par ce Service à la disposition du Bureau, fut chargé des opérations (octobre 1910); il commenca par mesurer une base au N. de Ber Rechid, le long de la voie ferrée de Casa- blanca : cette base est longue de 8663%,150. Il disposa, à cet effet, d'un appareil du type du Bu- reau international des Poids et Mesures ou appa- reil Jäderin perfectionné, dont l'organe essentiel est constitué par une série de deux fils en acier invar, longs de 24 mètres. Il détermina la base dans les deux sens et avec chaque fil. Des repères fixes, placés à chaque kilomètre, tronconnaient cette base et permirent, par comparaison, le calcul de la pré- cision apparente; il a été trouvé ici une erreur moyenne de l’ordre du 1/300.000°. Au terme sud de la base, il obtint la latitude au moyen du théo- dolite dit intermédiaire, plus précis que le théo- dolite de campagne (constantes : cercle vertical, 145 millimètres; horizontal, 195 millimètres; gros- sissement, 21 diamètres; ouverture de l'objectif, 35 millimètres; deux verniers donnent les 50 se- condes centésimales). On visa encore la Polaire, mais, afin d'éliminer l'erreur de flexion, on eut soin de combiner ces premières observations avec des pointés effectués au voisinage du méridien sur des étoiles culminant au Sud du zénith, à une distance zénithale égale, en moyenne, à celle de la Polaire. La discussion des résultats a montré que la flexion était égale à 10” environ. L'azimut astronomique, en cette même station, à été encore obtenu par des visées azimutales sur la Polaire. Vingt séries donnèrent, par réitération, une valeur dont l'erreur moyenne ne dépassa pas 20 secondes d'arc; la mire, pointée de nuit, était constituée très simplement par un écran fixé à en- viron 1 kilomètre de la station et dans lequel on avait percé un trou de O"®,5 de diamètre ; une lan- terne, du genre dit œil-de-bœuf, placée derrière, en faisait un point lumineux très net pour les visées. Une chaine de premier ordre vient se greffer sur | cette base, et par des triangles aussi grands que : possible, s'achemine vers l'Est, jusqu'à l'Oued 319 Korifla, puis descend, le long de l'Oued Cherrat, sur Rabat. A cette occasion, le niveau de la mer a été déter- miné à Casablanca par le service de la Direction du port en notant, par rapport à un repère fixe, les hauteurs journalières des hautes et des basses mers pendant une période d'environ six mois (1910- 1911). On peut regarder le nombre admis provisoi- rement comme exact à 0",30 près. La base de Ber Rechid fut rattachée au repère du port par un nivellement de précision, effectué une première fois à l’alidade holométrique, et recommencé, plus tard, par les procédés, adaptés toutefois aux con- ditions nouvelles, et avec les instruments en usage au Service du Nivellement général de la France (dépendant du Ministère des Travaux publics) ou pour le réseau du nivellement de précision de l’Algérie-Tunisie; on sait que ces derniers travaux sont dans les attributions du Service Géographique de l'Armée. Les allitudes des points géodésiques de la chaïne ont été déterminées, au cours des opérations de triangulation, par des visées réci- proques effectuées au théodolite intermédiaire, à quatre séries au moins. Leur précision, qu'on peut apprécier à priori par le rapprochement des di- verses valeurs obtenues pour l'altitude d’un même point dans le calcul de la chaîne, s'évaluera d'une facon plus directe quand on aura rattaché, le long de la côte, les altitudes géodésiques au niveau moyen de la mer dans les ports où l'on a l'inten- tion d'installer un médimarémètre. Depuis 1911, un certain nombre de pistes ont d’ailleurs été ni- velées par les procédés habituels du nivellement géométrique, quelque peu simplifiés en raison du petit nombre de constructions stables susceptibles de recevoir des repères permanents; ces lignes constituent les premiers éléments d'un réseau pro- visoire, particulièrement précieux pour les avant- projets de chemins de fer et de routes. Les chemi- nements actuellement terminés relient Casablanca à Rabat, Méhedya à Kénitra, Casablanca à Ber Re- chid et à Mechra Ben Abbou. C'est à des officiers d'administration appartenant au cadre du Service Géographique que ces travaux spéciaux ont été confiés. Grâce à cetle collaboration étroite du Service Géographique et du Bureau, inaugurée en 1910, la région triangulée d’une facon régulière au théodo- lite intermédiaire s'étend, à la fin de 1913, au Nord jusqu'à la limite de la Zone espagnole (parallèle du 35° degré) et, par le Djebel Gheni et l'Oued Sebou depuis son confluent avec l'O. Ouergha, gagne l'Ouest de Fez; la limite suit une ligne allant des hauteurs de Sefrou par Kasbat el Hajeb et Agouraï jusqu'au sud de Rabat ; elle longe l'O. Cherrat, des- cend par Settat vers Marrakech et, de là. se dirige 374 vers Mogador. En outre, une chaîne méridienne relie Fez au Tädla par les nouveaux postes d'Ifrane, d'Ito, d'Oulmès et de Merzaga. Citons parmi les officiers géodésiens les capitaines Boué, Lamotte, Viviez, Cornudet, Noirel. Le croquis ci-joint (fig. 49) indique la région où existe déjà un réseau d’une exactitude qui convient à une pre- mière carte au 100/000°; il donne aussi les mêmes renseignements pour le Maroc oriental. En 1911, notre œuvre de pénétration étail suffi- samment avancée pour que le ministre de la H. NOIREL — LE SERVICE GÉOGRAPHIQUE DE L'ARMÉE AU MAROC dont la publication ne saurait tarder, et, en outre, par un signe conventionnel différent, les régions où des levés plus ou moins rapides ont été effec- tués, en principe par les soins du Bureau Topogra- phique de Casablanca. La publication en est faite, suivant les circonstances, soit au 1/100.000°, soit au 1/200.000°, en deux couleurs ou simplement en noir, par héliogravure (pour les premières édi- tions, par photograpie, sur papier ferro-noir). L'hostilité des tribus a souvent contrarié l’exé- cution des opérationssur le terrain; à plusieurs Legende Lu Region levée en topographie expediee Triangulation reguliere Leves réguliers au 100000° du 93G de l'Armee Echelle RE je il | j Tamezroul Fig. 49. Guerre, sur la proposition du Général Bourgeois, directeur du Service Géographique, püt décider Ja mise en train d’une carte d'ensemble du Maroc 1/200.000°. Le Service géographique envoya alors, chaque année, des officiers géodésiens et des brigades topo- graphiques sous les ordres d’un officier supérieur afin d'exécuter Mais le Bureau Topographique n’en continua pas moins ses opérations, soit à la suite des colonnes, soit dans les régions où ne pouvaient encore s'installer des brigades constiluées. On a représenté sur le croquis les levées en topographie au 1/100.000° au de son cadre, ce travail. parties déjà régulier et — Etat des travaux géographiques ÉAine Sefra CNCOIREL au Maroc en 1913. reprises, notamment en 1912, lors des événements de Fez, la situation politique ne permit pas de ré- server aux officiers l’escorte qui leur était néces- saire. En plus des brigades géodésiques et topogra- phiques (dont le commandant Perret a été le chef en 1912 et en 1913), des officiers d'administration et sous-officiers détachés des brigades de France (levés aux grandes échelles en vue de l’éla- blissement de la nouvelle carte au 1/50.000°) ont dressé, généralement à l'échelle du 1/5.000°, le plan directeur des villes et des futurs centres de coloni- sation. Mogador, Azemmour, Mazagan, Rabat et Salé sont terminés ou en cours d'exécution. Enfin, des Re 4e me H. NOIREL — LE SERVICE GÉOGRAPHIQUE DE L'ARMÉE AU MAROC la Société générale d'Etudes et de Travaux lLopo- graphiques, société anonyme privée dont le siège est à Paris, a entamé le levé de la ville de Safi, à titre d'essai. Toutes ces dernières opérations, faites à la demande de la Direction des Travaux publics | du Maroc et à ses frais, sont placées sous le con- trôle d'un Bureau topographique spécial rattaché au Cabinet militaire du Résident général. IV. — L'ORGANISATION ACTUELLE. Jusqu'ici, nous avons vu les deux organes qui “ont collaboré à la carte du Maroc, marchant côte à eôle, mais en ayant chacun sa fonction propre et son rôle particulier; l’un, à l'avant-garde, opère sous la protection des colonnes, et dresse dès la première occasion une carte provisoire; l’autre attend, pour son action plus méthodique et plus suivie, qu'une région suffisante ait été pacifiée. Mais le développement si rapide de notre Protec- torat a vite conduit à rechercher une organisation plus rationnelle et plus souple, basée sur la réu- nion, sous le même commandement, du Bureau Topographique et des brigades envoyées par le Ser- vice Géographique. C'est maintenant chose faite, depuis une décision ministérielle toute récente prise à l'instigation du général Lyautey et du di- recteur du Service Géographique, le général Bour- geois. L'officier qui est le chef du Bureau de Casa- | blanca a été raltaché au cadre permanent du Service Géographique, mais reste en relation di- recte avec le Commissaire Résident général. Tous les officiers opérateurs sont sous ses ordres, qu'ils fassent directement partie du Bureau ou qu'ils soient simplement envoyés en mission temporaire dans les brigades venues de France. Il n’y a plus à redouter ni temps perdu ni double emploi. Cette coordination de tous les travaux est un moyen cer- lain de faire vite, sans tâtonnements et avec le mi- | nimum de dépenses. D'ailleurs, l'atelier de repro- ductions et tirages, installé à Casablanca même, vient d'être également réuni au Service Géogra- phique, ce qui lui permettra de prendre toute l'ex- tension voulue pour assurer, dans d'excellentes conditions, la publication de la carte provisoire du Maroc. À la tête de ce Bureau, dont l'importance devient si considérable, se trouve actuellement le capitaine Bellot; il le dirige depuis deux ans, et a su donner une vive impulsion à toutes les branches de son service. V. — CONFINS ALGÉRO-MAROCAINS. En 1903, un Bureau Topographique a été créé, à Aïn Séfra, à l'État-major du Général commandant | les troupes concentrées sur la frontière marocaine. | Ce bureau fut successivement transporté à Oran 1907), puis à Oudjda, où il est encore aujour- d'hui. Au début, il se contenta de coordonner les premiers levés d'itinéraires, mais, plus tard, il fit appel au concours du Service Géographique. Aussi, en 1908, le capitaine Rieder établit au théodolite- boussole le réseau géodésique des Beni Snassen, puis se transporta dans la région Talzaza Bou Denib. En 1909, la triangulation a été poussée d'Aïn Séfra vers Forthassa Gharbia, Aïn Tendrara, Berguent et Oudjda. En 1910, les capitaines Noguès et Viviez étendirent vers le sud le réseau des Beni Snassen; en 1911, ils opérèrent au nord du haut Guir et rattachèrent cette région à celle de Ber- guent et du Chott Tigri, entre Matarka, Aïn Ten- drara, Anoual, Titen Ali, Bou Anane, puis, chan- geant de terrain d'opérations, ils poussèrent leurs triangles jusqu'à la Moulouya à la hauteur de Debdou et de Taourirt. Enfin, il y a quelques mois, à l’occasion de l'occu- pation de Kasba Msoun, le capitaine Boué a amené la triangulation tout autour de ce nouveau poste. En ce qui concerne la topographie, la région des Beni Snassen et d'Oudjda, levée dès 1908, au 100.000 régulier, par la brigade du capitaine Gué- neau, est publiée en couleurs à cette échelle (deux feuilles, Beni Snassen et Oudijda). C'est une carte tout à fait définitive. Au fur et à mesure, le Service Géographique a mis en vente, à titre provisoire, une reproduction rapide (obtenue par photographie et héliogravure sur zinc) des levés réellement inté- ressants. Voici les feuilles actuellement parues : au 100.000: : El Aïoun Sidi Mellouk, Taourirt, Deb- dou; dans le Haut Guir, Bou Denib, Aïn Chaïr et Kenadsa; au 200.000° : les régions précédentes et en plus Mérada, Anoual et Toulal. Le Bureau d'Oudjda a été placé jusqu'ici sous les ordres directs du général commandant les troupes d'occupation du Maroc oriental. Il avait un budget spécial et possédait une autonomie absolue. Il à édité, par ses moyens propres, en employant la photographie, les travaux des officiers topographes mis à sa disposition; il va de soi que ses publica- tions étaient mises au point avant celles du Service Géographique. Mais cette organisation indépen- dante n’a plus sa raison d’être et le bureau d'Oudjda va être incessamment rattaché à celui de Casa- blanca, même avant la marche sur Taza. VI. — COMMISSION DE DÉLIMITATION FRANCO-ESPAGNOLE. En application du traité franco-espagnol de 1912, qui délimite d'une manière définilive les zones d'influence des deux pays, il fut décidé Sn 310 H. NOIREL — LE SERVICE GÉOGRAPHIQUE DE L'ARMÉE AU MAROC qu'une Commission, composée d'officiers des deux armées, serait chargée du tracé exact de la fron- ère, par interprétation du texte du traité, et en s'inspirant des contingences locales. Les opéra- tions ont commencé en 1913. La délégation fran- caise, sous les ordres du commandant Chédeville, comprend une section technique constituée par plusieurs officiers détachés du Service Géogra- phique. Un premier segment allant de l'Atlantique au sud de Larache, jusqu'à El Ksar et à l'Oued Loukkos, à l'Est du Djebel Gheni, sur un dévelop- pement de 50 kilomètres, vient d’être terminé. Pour fixer sur le terrain le parallèle du 35° de latitude, mentionné dans le texte du traité, il a fallu faire des observations astronomiques spé- ciales, dont on tirera parti pour la carte du Maroc. Le capitaine Perrier a done déterminé la latitude d'un signal géodésique de départ (marabout de Sidi sou Rziguine, sur l’'Oued Soueïr) avec le théo- dolite à microscopes du modèle du Service Géogra- phique del'Armée, par des observations circummé- ridiennes, au Nord et au Sud du zénith, et mesuré l’azimut d’un côté au moyen du même instrument. Voici les constantes de ce théodolite, construit dans les ateliers du Service et remarquablement appro- prié aussi bien à la géodésie précise qu'à l’as- tronomie de campagne soignée : cercle horizon- tal réitérateur, diamètre 220 millimètres; cercle vertical réitérateur, 135 millimètres; ouverture de l'objectif, 48 millimètres; grossissement, 26 dia- mètres; tour de vis de l'oculaire micrométrique 9: le centième de tour du tambour du microscope correspond à 10" sur le cercle divisé. La différence de longitude entre Bou Rziguine et Paris a été obtenue, grâce à l'emploi d’un poste de T. S. F. de campagne, en recevant les battements rythmés émis par la Tour Eiffel; l'heure était éga- lement faite au théodolite à microscopes. Une triangulation, exécutée avec le théodolite inlermé- diaire, a permis de comparer dans cette région les coordonnées nouvelles à celles qui résultaient des travaux antérieurs (voir le détail au $ VII). Enfin, une base de 4.578,49 (après réduction au niveau de la mer) a été mesurée au Sud de Bou Rziguine; c'est donc au Maroc la deuxième mesure de ce genre. La Compagnie du port de Larache {zone espa- gnole) ayant installé un marégraphe au bord de la mer, le rattachement en altitude du niveau de la mer à Larache au réseau géodésique français sera facile à réaliser par un ou deux triangles. En outre, la Commission a levé au 40.000! toute la zone de terrain de part et d'autre de la frontière, sur une largeur de 6 kilomètres en moyenne ; travaux topographiques ont été lraités dans les inémes conditions techniques que les feuilles à ces même échelle de la carte d'Algérie : on emploie l’alidade holométrique Goulier, la planchette dé- clinée et des mires stadimétriques; toutes les opé- rations de planimétrie sont graphiques, y compris l'établissement d’un réseau géodésique complé- mentaire destiné à fournir au topographe un signal tous les 2 ou 3 kilomètres; on procède par relève- ment, en des stations de planchette espacées de 500 mètres en moyenne; puis, par rayonnement, on fixe des points secondaires en y envoyant un aide portant une mire. La détermination de l’alti- tude nécessite un caleul simple à l'aide des tables dites de Montalant, et assure une précision relative de 1 à 2 mètres. Le report des détails planimé- triques et le tracé des courbes de niveau (de 10 mètres en 10 mètres) sont exécutés séance te- nante, sur la minute même, en ayant, par consé- quent, le terrain sous les yeux. VII. — PRÉCISION DES TRAVAUX GÉODÉSIQUES ET ASTRONOMIQUES. La précision de la triangulation proprement dite peut se déduire à priori des erreurs de fermeture des triangles, sans qu'on ait à tenir compte de l’er- reur d'échelle, c'est-à-dire de celle qui provient de la mesure de base; nous avons vu, en effet, que cette dernière cause est pratiquement insensible, puis- qu'elle ne dépasse guère 1 ou 2 mètres à une distance de 300 kilomètres de la base. La formule de Ferrero, en usage à l'Association géodésique internationale, donne comme module de précision de l’ensemble des 2 triangles du réseau : 2? VÈ — 10 31 Z1* étant la somme des carrés des erreurs de ferme- ture, après déduction des excès sphériques. Si, de plus, on a mesuré, en quelques sommets, la latitude astronomique, ou une différence de longitude, ou encore l’azimut d'une direction géo- désique, on à, par comparaison avec les éléments correspondants fournis par le calcul des coordon- nées géodésiques, un contrôle de la précision des résultats astronomiques el aussi des détermina- tions géodésiques; en toute rigueur, il faudrait tenir compte de l'influence, assez faible relativement, des déviations de la verticale. On à eu grand soin de S'assurer des vérifications de cette nature; ainsi, le: capitaine Viviez, en 1911, à l'occasion de la marche si célèbre du général Moinier sur Fez, a procédé à diverses mesures astronomiques (au théodolite in- termédiaire), à Méhedya, à Lalla Ito, à Meknès et à Fez. En 1913, à Mazagan, le capitaine Lamotte à comparé la latitude, qu'il venait de trouver par une chaine de triangles venant de la base de Ber Rechid, = H. NOIREL — LE SERVICE GÉOGRAPHIQUE DE L'ARMÉE AU MAROC BF à la valeur obtenue à l’astrolabe à prisme, en 1905, par MM. Larras el Traub ; la différence n'est que de 2",27 ou 10". Déjà, en 1912, une chaine de triangles de pre- mier ordre (triangulations Boué et Noirel au nord de la ligne Rabat-Fez) s’est fermée sur elle-même, après un développement de 280 kilomètres, en n’accusant qu'un désaccord de 0”,2 en latitude, 0",6 en longi- tude et 1",70 en altitude. - La latitude mesurée rapidement à Fez, au début de 1913, à l'astrolabe à prisme fait ressortir un écart de 19" par rapport à la latitude géodésique. Ce résultat s'est trouvé confirmé par les travaux de la Commission de délimitation franco-espagnole, dans la partie nord du R'arb, à l'Est d'Arbaoua ($ VI), car ils mettent en évidence une différence de lati- tude égale, en moyenne, à 14”,4, entre les valeurs résultant des triangulations de 1910-1911-1912 et les nombres trouvés directement par la Commission. Toutefois, après défalcation de ce déplacement commun égal à 14,4, l'écart moyen résiduel ne dépasse pas 0",7 (ou 7 mètres) entre les deux sys- tèmes de latitude, et encore il ne s’agit que de points de troisième ordre qu'avaient donnés, en 1912, de simples recoupements sous des angles parfois aigus, alors que les mesures de 1913 offrent plus de garanties. Mais il ne se manifeste aucun systématisme dans la distribution de ces erreurs et, comme les points de comparaison sont répartis sur une bande de 50 kilomètres de longueur environ, allongée de l'Est à l'Ouest, on peut présumer que l'erreur de l’azimut astronomique en Ber Rechid, erreur dont la répercussion aurait ici la plus forte influence, n’est pas encore appréciable, même à l'extrémité d’un bras de levier de 300 kilomètres de longueur. La vérification la plus intéressante des résultats déjà acquis a été obtenue dans la campagne de 1913, quand le capitaine Boué a raccordé, à coups de théodolite, par-dessus la Zone encore insoumise, les deux réseaux du Maroc oriental et du Maroc occidental. Il existe, en effet, dans la région au S. de Taza, des pics de montagnes assez caractéristiques pour ne donner lieu à aucune confusion, et qui, d'une largeur relativement faible, constituent de véri- tables signaux géodésiques, visibles de très loin. Visés de l’est et de l'ouest, puis calculés dans cha- cun des deux réseaux indépendants, ils ont permis de constater que l'accumulation des erreurs n’atteint pas un taux anormal, surtout si l’on tient compte des instruments employés. Ainsi, le Djebel Tazekka, à 20 kilomètres environ au sud de Taza, conduit à deux positions écartées, en plan, de 500 mètres au maximum ; son altilude est de 1.993%,7 par l'Ouest, et de 1.975%,9 par l'Est. On à obtenu pour le Djebel bou Iblan, à 50 kilo- mètres au sud du précédent, et pour le Moussa ou Salah une approximation tout à fait analogue. On se fera donc une idée de la précision obtenue, en particulier pour les azimuts astronomiques, si l’on tient compte de ce que les coordonnées de l'Est sont dérivées du point origine de la carte d’Algérie-Tunisie (pilier astronomique de la Co- lonne Voirol, à Alger), situé à 800 kilomètres de Taza : de l’autre côté, la distance de ces mêmes sommets à la station de départ de Ber Rechid atteint 360 kilomètres. Nous avons déjà signalé les diverses erreurs dont la combinaison produil ces écarts ; il faudrait mentionner aussi l'effet des déviations de la verticale en chacune des ori- gines, Alger et Ber Rechid, ainsi que l’accumula- tion des erreurs d'ordre purement géodésique : erreurs de mesure des angles, erreurs de cen- trage, etc. VIII. — SYSTÈME DE PROJECTION ADOPTÉ ‘. La projection des cartes du Maroc est faite sur l’ellipsoïde dit de Clarke (1880), qui a pour éléments géométriques : Demi grand axe . . Demi petit axe . . . Aplatissement Quart de méridien . . 6.336.515, 0 1/293.465 10.001.869 C'est l’ellipsoïde déjà adopté pour l'Algérie et la Tunisie. On à recours au développement de Bonne, comme, d’ailleurs, pour le 80.000° de France, l’Al- gérie el la Tunisie. Le méridien origine est ici celui du huitième grade de longitude à l’ouest de Paris: il passe tout près de Fez. Le parallèle central est celui du trente-neuvième grade (c’est le même que pour l'Algérie, qu'il traverse à hauteur de Bou Saada); il longe à courte distance la nouvelle fron- tière franco-espagnole. Les parties de la carte qui se trouvent les plus éloignées du point central n’en sont qu'à 500 kilomètres environ ; on sait que, pour un tel système de projection, l’altération des angles ne dépasse pas, à cette distance, quinze minutes d'arc (sexagésimales), et celle des lon- gueurs 1/600°. Les feuilles communes au Maroc et l'Algérie {au nombre de 16 pour l'échelle du 200.000°) seront éditées dans les deux projections, afin que chaque pays ait sa carte complète dans un système de projection unique. La carte au 200.000°, dont la coupure a des { La nouvelle carte du Maroc au 1/1.000.000€, qu'édite H. Barrère, en quatre feuilles, est dessinée dans le système de projection polyconique et avec la coupure adoptée pour la Carte du Monde au 1/1.000.000€ (V. la Notice expli- cative de cette carte, Barrère, Paris, 1913). 318 H. NOIREL — LE SERVICE GÉOGRAPHIQUE DE L'ARMÉE AU MAROC dimensions arrêtées à 96 kilomètres dans le sens | Est-Ouest sur 60 kilomètres dans le sens Nord- Sud, comprendra 86 feuilles jusqu'à hauteur de Tiznit et Zaouïa Guerzim. Elle sera héliogravée sur zZine, en trois couleurs : noir, bleu et bistre, sans estompage. Mais la carte que l’on peut appe- ler normale est celle du 100.000€ en noir, dont les feuilles constituent des coupures quatre fois plus petites, c'est-à-dire de 48 kilomètres sur 30 kilo- | mètres, ce qui formera un total de 344 feuilles, sauf déduction d'une douzaine de feuilles pour la zone espagnole. Trois de ces feuilles sont déjà en vente : celles de Bou Selham, de Meknès et de Rabat, mais avec des limites provisoires, autres que les précédentes. Cette carte, obtenue par un levé au 100.000° régulier, a ses courbes de niveau à l'équidistance de 25 mètres pour le 400.000: et de 50 mètres pour le 200.000. Les nouvelles feuilles, qui doivent paraître bien- tôt, reproduiront les levés réguliers dressés en 1912- 1913 par les brigades du Service géographique, c'est-à-dire les environs de Fez, et la région située entre Mazagan et Marrakech. De son côté, le Bureau de Casablanca a com- mencé la publication de deux cartes spéciales au 500.000°, la carte des étapes et la carte des tribus, et imprime les carnets descriptifs des itinéraires principaux. IX. — CONCLUSIONS : L'ŒUVRE DÉJA ACCOMPLIE, L'ŒUVRE FUTURE. Une fois de plus, le Service Géographique de l’Armée a fait ses preuves. Ses officiers et son personnel d'artistes et d'ouvriers possèdent une | incontestable expérience, fruit d'une longue tra- dition. Il est pourvu des instruments d'astrono- mie, de géodésie et de topographie les plus perfec- tionnés et dispose d'un outillage cartographique de premier ordre. Aussi a-t-il pu aisément et sans retard établir, au fur et à mesure de la pénétration au Maroc, soit avec ses moyens propres, soit par des organes qui étaient issus directement de lui, la carle des territoires successivement occupés. Au 1° janvier 1914, après six ans d'efforts, la superficie totale des levés atteint 220.000 kilomètres carrés, dont 30.000 kilomètres carrés au 1/100.000° régu- lier et 100.000 kilomètres carrés couverts par une lriangulation provisoire, mais dont la qualité est suffisante pour l'instant. La nouvelle organisation, si simple au point de vue administratif, permettra au Service Géogra- phique de mettre à la disposition du Protectlorat ses puissants moyens d'action en personnel et en matériel, ce qui assure l'achèvement rapide de la carte au 4/100.000°, dans son type définitif. La loi sur l'emprunt marocain, que le Sénat vient de voter dans sa séance du 27 février, prévoit, pour la carte du Maroc, une somme de 500.000 fr., qui sera allouée au Service Géographique, à titre de subvention forfaitaire, sur la base de 4 francs par- kilomètre carré de carte levée et publiée ; ces 125.000 kilomètres carrés conduiront jusqu’au pied du Haut-Atlas. Mais il ne faut pas se dissimuler que les résultats. déjà obtenus, si remarquables soient-ils, ne consti- tuent qu'une première étape, et que, dans un avenir: plus ou moins rapproché, le Service Géographique de l'Armée sera amené à perfectionner son œuvre du début. La géodésie du Maroc demande, en effet, à être établie dans les conditions de précision qu'elle possède en France, en Algérie ou en Tunisie; un réseau primordial, destiné à res- treindre l'effet de l'accumulation des erreurs, sera exécuté avec les méthodes les plus rigoureuses et les instruments les plus fins et servira de cadre: à un ensemble de repères géodésiques secondaires. La position de tous ces points devra être assez précise et leur densité suffisamment serrée, non seulement pour la carte de l’avenir, qui sera proba- blement levée au 1/40.000° et publiée au 1/50.000® comme pour l'Algérie et la Tunisie, mais encore: pour tous les avant-projels de routes et de voies. ferrées, toujours préparés à des échelles supérieu- res ; il faut songer aussi aux futurs levés du cadastre foncier dont l'échelle sera normalement le 1/5.000. De cette facon le cadastre possédera cette précieuse cohésion, si désirable à tant de points de vue, que la France métropolitaine en est réduite à envier à l'Algérie et surtout à la Tunisie. Toutes les coor- données géodésiques pourront alors être calculées. en partant des données astronomiques fondamen- tales de Colonne Voirol. Le Service Géographique aura ensuile à traiter- le problème essentiel de la géodésie supérieure, qui est l'étude du géoïde par la détermination de la déviation de la verticale en un grand nombre de: stations. Les observations astronomiques seront donc faites au grand cercle méridien Brünner pour les. latitudes, au cercle Gautier à micromètre auto- matique impersonnel pour les longitudes et les azimuts. L'astrolabe à prisme, déjà utilisé au Maroc: depuis 1912, donnera rapidement la latitude et la longitude en un certain nombre de sommets. Quant aux bases fondamentales, au lieu de se: contenter de mesures au fil, on se servira de la règle invar de À mètres appartenant au Service Géographique. Latriangulation depremier ordre sera établieavec le cercleazimutal Brünner à deux ou à quatre micros- copes, de manière à réduire à une ou deux secondes RENÉ JACTEL — VIEILLES VILLES ET CITÉS MODERNES AU MAROC 379 {centésimales) le module de précision la triangulation secondaire avec le théodolite Brünner grand modèle ou, quelquefois, avec le théo- * dolite intermédiaire. (Caractéristiques du cercle azimutal grand modèle : distance focale de l'ob- jectif, 700 millimètres; ouverture, 65 millimètres; grossissement, 30 diamètres; diamètre du cercle divisé, 420 millimètres; les microscopes du cercle grossissent 40 fois.) Un réseau de nivellement géométrique très pré- is, puisque son erreur kilométrique accidentelle ne dépassera pas en moyenne 1 ou 2 millimètres, suivra les routes et les voies ferrées pour se rat- tacher à un certain nombre de médimarémètres (du type de l'inspecteur général des mines Ch. Lal- lemand) qu'on installera dans les ports; ce nivel- lement permettra, en particulier, de comparer avec certitude le niveau de la Méditerranée près d'Oran au niveau de l'Océan sur la côte de l'Atlantique. On mesurera aussi l'intensité de la pesanteur avec l'appareil Defforges, en quelques stations spé- cialement choisies, et l’on délerminera, en un nombre de points suffisant, les trois éléments du magnétisme terrestre. Comme il est d'usage au Service Géographique, les officiers en mission prendront soin de recueillir sur place tous les documents qui intéressent la géologie et la disposition stratigraphique des ré- gions qu'ils parcourront pas à pas; ces renseigne- ments serviront de base à la publication d’études topologiques d'ensemble, ainsi qu'on le fait pour la France et l'Algérie-Tunisie'. Les topographes ne négligeront rien de ce qui se rapporte à l’entomo- logie et à la botanique, ou encore à l'ethnographie et à l'archéologie des régions étudiées. Aussitôt que ce sera possible, les massifs du Grand Atlas serontlevés rapidement par la méthode stéréophotogrammétrique, employée avec succès depuis 1911 dans les Hautes Alpes francaises. Les sections horizontales du terrain s’obtiendront alors d'une manière automatique au moyen de l’appa- reil spécial de report, nommé sféréaulographe, et imaginé par le lieutenant von Orel, de l’Institut géographique de Vienne”. Sans préjuger de l'avenir, l'œuvre déjà accomplie est fort intéressante, car elle montre de quelle brillante facon le Service Géographique a pu traiter le problème qui se posait : dresser rapidement la carte d'un vaste pays, à peu près inconnu, habité par des populations hostiles, mais que ses richesses naturelles incitent à mettre en valeur à brève échéance. Cette récente expérience le signale donc de nou- veau comme une pépinière de techniciens compé- tents ; aux Etats jeunes où l’agriculture et l’industrie se développent tout d'un coup, le concours de pareils spécialistes est particulièrement précieux ; pour ces pays, comme pour le Maroc, en effet, l’éta- blissement de cartes précises est un impérieux besoin de la première heure. Capitaine H. Noirel. VIEILLES VILLES ET CITÉS MODERNES AU MAROC Parmi les préoccupations qui agitèrent les pro- moteurs et les artisans du protectorat de la France sur le Maroc, il n’est pas exagéré de dire que les Soucis concernant le patrimoine d'art et d'histoire que la France allait acquérir occupaient un rang fort modeste, On supputa les bénéfices politiques, éco- nomiques, voire moraux, on se dit peu que nous allions hériter une richesse hors de prix : tout un pays, tout un peuple, qui depuis onze cents ans n'avaient pas bougé, et que nous allions trou- ver intacts, figés et toujours vivants dans le plus impressionnant archaïsme : la même menta- lité, la même civilisation, la mêmeorganisation sociale que celles qui, au vin: siècle, trouvent à Tanger le représentant nominal de Byzance, puis se ruent à la conquête de l'Espagne visigothe et vandale, se font écraser au nord de Poitiers par Charles Martel, s'installent et s'épanouissent dans la splendeur du Califat de Cordoue, enfin chassés de Grenade, en 1492, par Ferdinand et Isabelle se replient sur le Maghreb africain où, serrées de près par le chrétien espagnol et portugais, elles n'ont d'autre préoccupation que de le jeter à la meret de vivre à l'égard de l’Europe dans l'isolement le plus absolu. Et c’est cet isolement qui nous permet de réaliser ce qui fut la hantise impossible de tant d'artistes, de poètes, d'historiens : être les témoins du passé, voir vivre et évoluer sous nos yeux, en une syn- thèse toute naturelle, les ambassadeurs d'Haroun Al Raschid à Charlemagne, les compagnons fugitifs de Boabdil, les envoyés de Louis XIV à Moula; Ismaïl; et cela à deux pas de l’Europe; en trois journées, nous franchissons dix siècles. Mais qu'on se hâle; déjà l'illusion intégrale, celle que connu- 1 Cahiers du Service géographique. Matériaux d'études topologiques pour l'Algérie et la Tunisie, n° 10, 1900; n° 14, 1901; n° 46, 1902; no 19, 1903; no 21, 1904; n° 25, 1906; n° 29, 1908; pour la France, n° 24, 1906. ? Voir P. Coran : La stéréoautogrammétrie. Æevue gen. des Sciences du 30 mars 1914, t. XXV, p. 223. 380 RENÉ JACTEL — VIEILLES VILLES ET CITÉS MODERNES AU MAROC rent de Foucauld et de Segonzac et que chanta Loti, nest plus possible partout où nous sommes ins- tallés; chaque paquebot qui jette l'ancre devant Casablanca y débarque une foule toujours crois- sante de soldats, de fonctionnaires et de colons, amenant avec eux les besoins et les nécessités de la vie moderne. Les murs étonnés des villes silen- cieuses résonnent de nos pas fiévreux et s’attristent de nos vêlements sombres; les pistes du bled sont mordues par l'automobile et le chemin de fer; des gratte-ciel à toits pointus, surgis de la blancheur Est-ce que Fez, la ville d'Idriss, grouillante et tragique, qui vit tant de fois les sacs et les sièges, qui recul les réfugiés de Cordoue et ceux de Kai- rouan, qui dans le dédale de ses rues fortifiées et dans la somptuosité de ses palais abrite cent mille indigènes, sémites peu berbérisés, lettrés et artistes, astucieux et mercantiles, est-ce que cet écroule- ment dans un ravin de terrasses, de minarets, de remparts, de ponts chevauchant les uns sur les autres, dans le plus extraordinaire fouillis (fig. 50), risque de se voir nivelé, éventré, transpercé par des Fig. 50. — Panorama de Fez. des terrasses, déchirent le ciel limpide, et, chose plus grave, chose fatale, les indigènes s'intéressent à ce va-et-vient et à ce bouleversement, achètent notre pacotille, encombrent le mystère de leurs harems de pendules et de phonographes, et pren- nent des lecons de francais. Réjouissons-nous, c’est entendu, et je ne songe nullement à me plaindre des avantages très hauts et très nobles qui résulteront de notre action au point de vue général de la civilisation, de l’ordre, du progrès des mœurs, de la prospérité du pays; mais quelle âme d'artiste, quel amant du passé, quel historien soucieux du document original, pourrait se défendre d'une mélancolie profonde devant la fin, et la fin irrémédiable, d’un ensemble aussi parfaitement homogène ? avenues et des boulevards tirés au cordeau? Est-ce que Meknès, cette fantaisie mégalomane d'Ismail, cet étrange pastiche mauresque de Versailles, en- dormi aussi comme elle dans le rève d’un passé glorieux, subira le viol du rail meurtrier, des gares, des usines ? Est-ce que Rabat (fig. 52) et Salé, les deux jumelles gracieuses, enchâssées de verdure au bord de l'Océan et veillées par la grande ombre évocatrice de la tour Hassan (fig. 54), connaïtront l'horreur des tramways électriques et des maisons à cinq étages? Est-ce que Chellah, la vieille casbah d'El Mansour, refuge des cigognes, vallée sacrée de poésie troublante et de sérénité embaumée, sera empestée de la fumée des cheminées d'usines, et les sultans noirs qui dorment sous les marabouts blancs seront-ils éveillés par les sirènes et les RENÉ JACTEL — VIEILLES VILLES ET CITÉS MODERNES AU MAROC 381 trompes d'automobiles? Est-ce que Marrakech, la rivale de Fez, qui rougeoie et brûle de si- moun sabarien au pied de l'Atlas neigeux, où s'or- ganisaient el d'où partaient ces folles et rapaces : croisades qui s’en allaient conquérir Tombouctou, est-ce que l'incomparable capitale du Sud se trans- formera en une banale station d'hiver? Verrons- nous des jeux de golf dans la palmeraie saccagée et des affiches du Carlton sur les quatre faces de la Koutoub ya? Là était le danger : les exigences du flot brusque d'émigralion qui, en moins de sept ans, a jeté sur PE RER LE MASSE A Fig. 51. — Cour d'une maïson, à Fez. ce pays, troupes d'occupation comprises, plus de cent mille roumis, pouvaient faire naître de véri- tables angoisses chez tous ceux qui considèrent comme inestimable la chance que nous avons de contempler le Maroc conservé jusqu’à ces dernières années dans son intégrité. Il y à quelque vingt ou quarante ans, on exhuma à Meaux, je crois, le cercueil qui contenait les restes de Bossuet; les quelques rares privilégiés qui assistaient à cette impressionnante cérémonie eurent l'émouvante et imprévue bonne fortune d'avoir quelques instants devant les yeux le visage, admirablement respecté par la mort, du grand orateur sacré. La vision fut brève, tout soudain tomba en poussière... Aurons-nous ici un speclacle semblable? Le souffle d'esprit moderne que nous avons apporté de l'extérieur fera-t-il évanouir en légende et en souvenir ce que nous voyons encore aujourd'hui? Pour plusieurs raisons, il est permis de ne pas désespérer. Tout d’abord, l'impossibilité qu'il y aurait, le voulûl-on, à détruire et à reconstruire immédiate- ment le cadre dans lequel évolue la société maro- caine. En dépit de leurs curiosités, les indigènes sont encore, et pour de longues années, attachés à tout l’ensemble d’habitudes et de traditions qui sont le patrimoine de leur histoire. L'Islam est un lierre envahissant et tenace qui se défend contre toute surprise par sa passivilé, son falalisme et sa force d'inertie; longtemps les Marocains vivront el Fig. 53. — Batterie du Famadan, sur le Souk el Gheze], à Rabat. désireront vivre dans leurs casbas et leurs vieilles cités fortifiées, centinueront d'aller à la mosquée et de se vêtir de djellabas et de burnous: l'exemple 382 ENÉ JACTEL — VIEILLES VILLES ET CITÉS MODERNES AU MAROC voisin de l'Algérie est à cet égard à méditer; il faudrait que les indigènes se prêtent à la démoli- tion de leurs villes et de leurs coutumes, et il fau- drait ensuite que nous ayons les moyens d'accom- Fig. 54. — La tour de Hassan, à Rabat. plir cette œuvre, hypothèses peu redoutables à l'heure présente. D'autre part, les villes indigènes, où force a été de nous loger en débarquant, se prêlent mal à nos ins'allations aussi bien industrielles et commer- ciales que privées. Les rues sont presque partout des couloirs tortueux, étranglés entre de grandes murailles aveugles, se croisant et s'enchevètrant arbitrairement, sans logique et sans souci des dégagements; les maisons d'habitation, toutes bâlies sur le même lype, se composent de cours intérieures par où seulement pénètrent l'air et le jour, et sur lesquelles s'ouvrent les pièces longues el étroites comme des corridors de chez nous; en principe, pas de fenêtres à l'extérieur. Or, les Européens, malgré le charme de ces demeures ornées de délicates mosaïques, de portes et de plafonds finement travaillés, d'ogives minutieuse- ment sculptées, s’en accommodent médiocrement, pour la plupart, et, dès qu'ils le peuvent, s'évadent hors des villes, dans la campagne où ils peuvent, à leur gré, construire des habitations baignées de lumiére de tous côtés. Et voici des raisons qui, tout naturellement, meltront un frein et un arrêt à l’éventrement et à la modification des villes marocaines. L'Adminis- tralion l’a d’ailleurs merveilleusement compris, et tout son effort porte actuellement sur la création, en dehors des villes indigènes, de \illes euro- péennes, vastes, largement percées, dotées de pares et de jardins, dans lesquelles nous pour- rons évoluer à l'aise, nous, nos tramways el nos autos, où nous pourrons installer nos magasins et nos villas, où seront les gares et à proximité desquelles passeront les chemins de fer ; de cette facon, les villes indigènes continueront à abriter la popu ation indigène sans crainte d’être transformées et étouffées par nous. A Casablanca, la ville indigène, d'un pit- toresque médiocre, d’ailleurs, fut envahie, en 1907, par le commerce européen débar- qué à la suite des troupes; son caractère local ne tarda pas à succomber sous la poussée d’une croissance et d'une exten- sion impossibles à endiguer ; elle éclata dans ses murailles et se répandit, au petit bonheur, dans la campagne environ- pante, Où aujourd'hui une ville nouvelle, ardente, à l'américaine, un peu confuse, impaliente de grandir encore, sort du sol comme par l'effet d’une baguette magique ; demain, elle sera doublée, triplée, quin- tuplée; aussi bien le plan régulateur et ordonnateur dressé par les services com- pétents ne sera-t-il pas inutile pour per- meltre au futur grand port de devenir la cité plaisante et confortable qu’elle est loin de réaliser aujourd'hui. A Rabat, où se sont abatlus en moins de deux Fig. 55. — Jardin du Souk el Ghezel, à Rabat. ans plus de 5.000 Européens, et où les possibilités d'avenir les plus larges sont à prévoir et à réserver, un plan grandiose à été établi : les voies sont lra- cées à travers les champs et les jardins d'orangers, RENÉ JACTEL — VIEILLES VILLES ET CITÉS MODERNES AU MAROC les habitations européennes s'élèvent de toutes parts ; dès qu'elles seront suffisantes pour servir cadre à la population immigrée, la ville indi- Fig. 56. — Fontaine décorée, rue des Consuls, à Rabat. sène se videra d'elle-même des éléments européens qui l’encombrent et qui, malgré toutes les précau- tions, l'ont marquée d'empreintes qui, heureusement, sont pas irréparables. Les Européens, en plus petit nombre, mais en croissance incessante également, affluent dans Marrakech depuis un an; au lendemain de la déroute d'Hibba, et dès le début de l'occupa- tion francaise, le tracé d’un plan sur les mêmes principes a été entrepris : dégagement de la ville indigène et création de toutes piéces, sur les espaces libres d’alentour, d'une cilé moderne. Pour Fez, Meknès, Mazagan, Safi, Mogador, où l'afflux européen a été jusqu'ici peu appréciable, on le prévoit cependant important, et l'emplace ment des villes futures avec leur tracé est déjà déterminé ou à l'étude. En ce qui concerne les villes indigènes, d'ail- leurs, on a essayé d'enrayer le plus possible les dégradations et les vandalismes inévilables, et le Résident général qui, en plus de ses soucis d'ordre militaire, politique et adininistralif, trouve le temps d’être un artiste enthousiaste et un dilettante averti, a fait sentir, à maintes re- prises et de la facon la plus heureuse, son impul- sion personnelle au sujet de la préservaiion du caractère esthétique et du pittoresque des cités indigènes. En M. Tranchant de Lunel, qu'il a fait grand maître, au Maroc, des Beaux-Arts et des Monuments historiques, il a discerné, à coup sûr, le Français qui a sans doute le mieux pé- nétré, senti el goûté les subtilités, les élégances, la grandeur et, pour lout dire, l'âme incluse dans l’art moghrébin. désastreuses, ne Ainsi done, tout n’est pas perdu, puisque l'intérêt | logique de la colonisation et de l'expansion euro- | 1 péenne vont de pair avec les soucis désintéressés des pouvoirs dirigeants pour respecter le domaine de l'histoire et en conserver aussi intacte que pos- sible et la piété de ceux dont le cœur et la pensée ne se la survivance émouvante à la ferveur limitent ni aux contingences ni aux espoirs de l'avenir, mais aiment encore à s’exaller dans la poë sie du passé. du présent, Imaginons qu'à côté du Paris moderne, une « machine à conserver le temps », comme pourrait en Wells, ail le Paris du Moyen Age, el que nous ayons le loisir, au sortir de lambiance lrépidante de nos affaires ou de nos imaginer nous gardé plaisirs, d'aller nous mêler aux escho iers qui, sur la moulagne Sainte-Geneviève, écoutent la lecon d'Abélard ou contempler, sur le parvis Notre-l'ame, la face grimacante de Quasimodo. Quel réve! quels enseignements! quel prolongement de nous même! Eh bien! dins l'avenir, lorsque ce Maroc, arrosé de sangfrançiis, ensemencédenotre bon grain, fécondé de notre labeur, sera hérissé d'usines et d'écoles, sil- lonné par le rail et le fil électrique, et bien tout de même on pourra regarder le crépuscule noyer de vapeur violelte le ravin où Fez recèle loujours son MENT ÉTÉ y sc x ( Qi Fig. 51. — Décoration, de fontaine, rue Souïka, à Re mystère, vraiment ceux qui auront permis cela méri- teront de n'être pas dédaignés. René Jactel. 334 RENÉ BESNARD — LE LOTISSEMENT DE LA VILLE NOUVELLE DE MARRAKECH LE LOTISSEMENT DE LA VILLE NOUVELLE DE MARRAKECH Dans le but de favoriser le développement de la région de Marrakech et d'y faciliter l'installation des commercants et des industriels, un dahir ché- rifien en date du 7 avril 1913 a autorisé l’allotis- sement et la vente aux particuliers d’un secteur des terrains Makhzen situés entre le camp de Gueliz-Bab Doukkala et la Menara à Marrakech. Le cahier des charges, établi préalablement à l'adjudication des différentes parcelles provenant du lotissement du terrain domanial, contient des clauses intéressantes à signaler, et pourrait servir de modèle à quelques collectivités de notre vieille Europe. L'arlicle 4 du cahier des charges dressé par l'Administration municipale de Marrakech stipule que le même acquéreur ne pourra, par lui-même ou par personne interposée, se porter adjudicataire de plus de deux lots, la surface totale de ces deux lots ne pouvant par ailleurs dépasser 5.000 mètres carrés. Chaque lot comporte l'obligation d'édifier une construction distincte, en matériaux durables (pierres, briques, ciment armé, pisé à la chaux), dans un délai de dix-huit mois à partir du jour de l’adjudication. Dans le délai d’un an (article 13 du cahier des charges), le terrain doit être clos par un mur, une grille en bois ou en fer d'un mètre au moins de hauteur. L'article 12 réserve certains lots pour la cons- truction de fendoks, sorte d’entrepôts où les com- mercantsindigènes, étrangers à la ville, déchargent les marchandises qu'ils viennent vendre; d’autres pour l'installation d'usines ou d'établissements industriels dégageant des fumées, des odeurs ou des poussières incommodes ou insalubres. L'article 14 interdit à l'acquéreur, s’il existe des arbres sur le lot vendu, de les arracher ou de les détruire sans une autorisation préalable de la Municipalité. Cette autorisation n'est délivrée que moyennant l'engagement pris par l'acquéreur de planter trois nouveaux pieds d'arbre pour chaque arbre détruit, et d'en assurer la reprise. Ces clauses montrent, sans qu'il soit besoin de longs commentaires, quel soucion a eu del’hygiène, de la beauté et de la salubrité de la nouvelle ville. Celle-ci, qui s'élèvera, afin de respecter l'originalité de la ville indigène, à côté de cette dernière, présentera ainsi, dès l’origine, l'aspect d'une ville propre, large, aérée, où partout des espaces libres, vastes et boisés, seront aménagés. L'Administration ne s'est pas contentée d'exiger des conditions particulières d'aménagement et de constructions des terrains lotis : elle a stipulé dans son article 16 une sanction efficace. En effet, le titre de propriété ne sera remis à l'acquéreur que sur justification de la réalisation de toutes les conditions de la vente. Jusque-là, l'acquéreur ne peut aliéner tout ou partie de son immeuble. ; Enfin, et c'est une des clauses les plus suscep- tibles de retenir l'attention, on a exigé des acqué- reurs qu'eux el leurs ayants droit se soumettent à tout règlement de police el de voirie, ainsi qu'à tous impôts d'Etat ou taxes municipales, existants. ou à intervenir. Une telle clause, qui n'aurait aucune raison d'être dans un pays soumis à nos lois, présente au con- traire un intérêt capital en pays marocain. C'est une brèche largement ouverte dans le régime des capitulations, si préjudiciable au développement de notre influence au Maroc. A ce titreelle méritait d’être spécialement signalée. Les mesures dont nous venons d'indiquer les grandes lignes peuvent paraître draconiennes en la forme, mais elles sont profondément sages. Elles ne contribueront pas seulement à dresser pour l'avenir une cité bien bâtie, hygiénique et propre: elles empêcheront en même temps la hausse fictive du prix des terrains, l'accaparement en quelques mains de la propriété foncière et la crise du logement qui en est la conséquence inévitable. L'acquéreur n'aura pas le droit d'opérer sur ses terrains une hausse de spéculation pendant que les habitations manqueront et que les Européens ne pourront se loger que dans de déplorables condi- Lions. Les indigènes, qui se sont rendus acquéreurs de la plupart des terrains lotis, se sont parfaitement soumis à ces formalités. Elles sont reproduites dans toutes les ventes de biens domaniaux ayant pour but la création de villes européennes, à Kénitra, à Fez et à Meknès. De la lecture du cahier des charges, dont nous venons de signaler les points essentiels, il résulte cette constatation que les officiers qui administrent au Maroc le font avec un rare souci de son déve- loppement, et avec une nelteté de vues parfaite. Souhaitons que le pays neuf qui se dresse et qui s'élève, dans les cadres d'un formalisme admi- nistratif simple, pratique et équitable, puisse servir d'exemple à notre vieux monde, si embar- rassé de lourdes et vaines formules. René Besnard. A. LEGRAMPS — SAFI 385 SAFI Le port de Sañ, débouché immédiat de la pro- | nozomes) de la Russie méridionale. Le blé et vince des Abdas, est le port naturel de Marrakech, | l'orge poussent sans effort dans ces belles terres, situé à moins de 130 kilomètres. Pendant long- | à la condition qu'un peu d'eau vienne en temps opportun humecter le sol; les fenu- grecs, les cumins, les alpistes con- tribuent pour une part importante à l'exportation. En 141911 la seule exporlalion des amandes représente 1.530.000 fr., les fèves 2.405.000, le fenugrec 250.000 francs. Les olives avaient fourni en 1909 pour plus de 220.000 francs d'huile ; depuis cette époque, la sortie par mer esttombée graduellement jusqu à quelques milliers de francs, mais une culture plus rationnelle permet d’es- L'ÉPAELETERREN Se es F Hier pérer une exploitation productive ESC R RE | . CEE) dans les terres des Lidalha. À : ; NE k J]n Syndi Œ ei Cas « Fig. 58. — Ancien château-fort portugais, à Sali. Un Syndicat ommercial français : pris l'initiative de faire connaitre et d'appeler l’activité francaise sur cette temps, il fut le grand port exportateur du Maroc; ! ville. Dans une brochure que les photographies de c'est le seul en effet dans lequel l'exportation | M. Kern illustrent agréablement, et dont on pourra l'emporte sur l'importation : 15 millions d'expor- | juger la valeur artistique d’après les clichés qui ont tation contre 14 millions d'importation. Si en 1913 | été aimablement prêtés à la Revue générale des on note une inversion, c'est que la récolte défici- | Sciences, le Syndicat indique avec une très grande taire a singulièrement influencé les mouvements | précision les genres de commerce ou d'industrie d'un port qui expédie principalement des céréales. | qui pourraient attirer nos compatriotes : le com- Les avis sont rès partagés sur la valeur de la | merce de détail exige un capital disponible de rade de Safi; alors que d’aucuns considèrent la | 10 à 25.000 francs, alors que pour le commerce rade de Safi comme offrant un des meilleurs ou | en gros, il faut compter sur 100 000 francs pour plutôt des moins mauvais mouillages de la côte, la | permettre de résister aux années déficitaires. tenue des ancres étant meilleure qu'à Mazagan ou à Casablanca, les autres, d’un avis diamétralement opposé, sou- tiennent que la rade est trop exposée au vent du sud et que le débarquement sera impossible pendant la moitié des mois d'hiver. Malgré les déboires causés par les derniers coups de vent qui ont détruit le wharf, on songe à installer un transbordeur aérien permettant l'em- barquement direct des céréales sur les navires. Un premier devis évalue les dépenses à 1.200.000 fr. ; mais il serait indispensable de mieux con- 17 Uma NET naitre les fonds avant de se lancer Fig. 59. — Vue prise d'une terrasse de la ville, à Sañ, dans cette entreprise. L'hinterland de Safi est la principale cause de Les indications données en ce qui concerne son importance. Les terres noires des Abdas ont | l'agriculture et l'élevage sont des plus précieuses £té comparées aux fameuses terres noires (teher- | et nous les citerons ici, car elles donnent une idée 1 3806 L'ORGANISATION JUDICIAIRE AU MAROC fort juste des méthodes d'association entre colons el indigènes. Fig. 60. — Ætablissements Mannesmann, à Sal. Le meilleur système d'exploitation est la cul- ture directe ; toutefois, l'association avec l'indigène est une élape que le colon doit franchir et qui lui permet de connaître les contrées, les ressources du pays et de faire choix de l'endroit où il doit instal- ler sa future ferme. Actuellement, le transport des produits agri- coles se fait par chameaux ; le prix moyen d'un quintal d'orge ou de blé est d'environ 1 franc à 1 fr. 50 pour des distances, de 50 à 60 kilomè- Lres. Dès que les routes en projet seront créées, les entrepreneurs de transport par arabats, charrettes, camions automobiles, chances de succès. pourront s'installer avec Les premiers colons ne pourront trouver sur place que la main-d'œuvre indigène pour exploi- ter la terre dans les débuts : ils utiliseront les métayers indigènes où « khammès », auxquels om alloue, comme rémunération, le huitième de la récolte dans les régions moyennes. Le « khammès » laboure, sème, sarcle, bine, moissonne, entretient les bœufs dont il a la charge. S'il est célibataire, il nourri par l'agriculteur; s'il est marié, il recoit chaque mois une mesure de blé, d'orge et de maïs. Les métayers à l'année, sans aucune part à la ré- colte, sont engagés pour une somme de 200 à 250 franes par an. Les labou- reurs sont payés à raison de O fr. 50 par jour. Les moissonneurs sont payés 4 franc, 1 fr. 45 à 1 fr. 50 par 25 brasses carrées. Les travaux d'entretien, sarclage, binage, désherbage, faits d'ordinaire par les femmes et les enfants, se paient 0 fr. 25 la journée. Nul doute que l'établissement d'une voie de communication rapide entre Marrakech est Fig. 61. — Environs de Safi. et Safi ne donne à cetle ville un vif essort. A. Legramps, Colon. L'ORGANISATION JUDICIAIRE AU MAROC Entre lant de réalisations accomplies en terri- toire du Protectorat de la France au Maroc, une des œuvres les plus personnelles de M. le général Lyautey, dont la postérité lui devra une entière reconnaissance, est bien l'organisation judiciaire. Notre zone d'influence était à peine paciliée, à peine y avait-il assuré le respect de la France et du nouveau Gouvernement marocain, que M. le Rési- dent général se préoccupait de la Justice francaise comme de la Justice indigène. Il savait, par une longue expérience des choses du Nord-Afrique, l'importance qu'avaiteue en Tunisie l'institution de tribunaux francais, sous la juridielion desquels tous les ressortissants étrangers avaient été placés après abrogation des Capitulations; il constatait tous les jours l'urgence de réorganiser et de morali- ser une justice indigène ne présentant pas plus de garanties pour les justiciables que celle trouvée en Algérie aux temps de la conquête. S'étant fait délé- guer un conseiller technique, M. le général Lyautey arrêlait, dès le 30 octobre 1912, un plan qui peut brièvement se résumer ainsi : tm ar LA: L'ORGANISATION JUDICIAIRE AU MAROC “ Détermination des centres d'intérêts francais et européens à pourvoir de justices de paix à compé- tence étendue; des centres où un tribunal de pre- mière instance devrait être instilué; étude de la’ juridiction d'appel à laquelle ressortiraient les tri- bunaux créés; examen du régime judiciaire à adopter, élaut d'ores et déjà proposé de ne point copier ce qui avait élé réalisé en Algérie et en Tunisie, de ne point acclimater au Maroc toute notre législation métropolitaine sans l'avoir sim- plifiée ou modifiée, ainsi qu'on à dû se préoccuper de le faire en Tunisie et qu'on doit songer à le faire en Algérie; adoption pour la procédure non du Code de procédure civile métropolitain, mais du Code de procédure en vigueur devant les Conseils de Préfecture de France aux termes de la loi du 22 juillet 1889; institution d'un tarif proportionnel ; suppression du dualisme de l’avoué et de l'avocat, par la disparition des officiers ministériels ; remise du notariat à un corps de fonctionnaires, à traite- ment fixe, percevant les frais d'actes pour le compte du Tré-or; nécessité signalée de former le cadre judiciaire par des magistrats considérés comme étant du cadre métropolitain ainsi que leurs col- lègues d'Algérie et de Tunisie, devant satisfaire aux mêmes règles de recrutement, bénélicier des mêmes droils à l'avancement: traitements à régler après enquête sur les conditions de la vie maté- rielle. Aux tribunaux de première instance, ilksemblait nécessaire de donner compélence au grand eri- minel, compétence commerciale, competence admi- nistrative, compétenceen matière d'immatriculation immobilière, le régime de l'immatriculation appa- raissant à créer au plus tôt en Protectorat francais du Maroc. On envisageait encore une réorganisation de la Justice indigène, tant au civil qu’au répressif, en dépit des difficultés inhérentes à la matière, mais Sans qu'il fût possible d'en venir à une administra- tion directe, incompatible avec le principe même du Prolectorat:; toutes réserves élaient, dans cet ordre d'idées, formulées pour les centres ber- bères. Ce plan a été réalisé dans sa presque totalité. Dès le 30 décembre 1912, un avant-projet d'orga- nisation française était établi, un règlement provi- soire de la Justice civile indigène était en cours d'exécution et se délibérait avec Le ministre de la Justice chéritienne et les services du Protectorat intéressés. Le premier projet présenté comportait : une loi organique, un code de procédure civile adapté d'après la loi française du 22 juillet 1K89, consti- tuant le Code de procédure civile des Conseils de préfecture; un tarif, une échelle de traitements, 387 un tableau des circonscriptions judiciaires, un dos- sier de pièces justificatives, contenant des docu- ments recueillis malgré les plus grandes difficultés grâce à une vérilable coalition des bonnes volontés de tous les services sous l’énergique impulsion du Résident général. Une discussion immédiate n'en ayant pas été possible en raison de la crise ministérielle qui sui- vit l'élection présidentielle, le projet fut repris, remanié. Le texte organique en forme de « dahir » interve- nant dans les conditions prévues au traité de Pro- tectorat du 30 mars 1912, fut allégé de toute la partie relalive à la Justice criminelle, ce qui amena la rédaction d'un projet sur la procédure crimi- nelle et d'un projet sur l’assessorat des tribunaux criminels. Le régime de procédure, conforme à la loi du 22 juillet 1889, fut modilié, mais la suppres- sion des ofliciers ministériels v fut plus complète- ment accusée et se compléta d'une suppression des notaires. Les fonctions notariales, comme celles d’ofticiers ministériels, y furent dévolues aux gref- fiers, ou, pour prendre le terme aujourd'hui en vigueur, aux secrétaires grefliers des nouvelles juridictions francaises. Les tarifs de procédure demeuraient particulièrement réduits; les taxes étaient percues dans la grande majorité au profit du Trésor chérifien qui devait fournir les traite- ments du corps des secrétaires greffiers. Un texte sur l’Assistance judiciaire fut fourni. Vu l'urgence, lous ces projets avaient dû sou- vent procéder par voie de référence à la partie de nos codes métropolitains qu'il paraissait possible de conserver, non sans espoir d’une modification ultérieure. La Commission d'éminents jurisconsultes, créée au miuisière des Affaires étrangères, à fait un accueil enviable aux projets de M. le Résident géné- ral Lyautey. Elle en a adopté tous les grands prin- cipes. Mais, mieux outillée, mieux pourvue d'élé- ments de comparaison, de discussion, disposant des plus récents travaux de la codification tuni- sienne, elle a eu la faculté de ne plus procéder par références et d'élaborer des textes plus complets, permettant aux juges de n'avoir plus à compenser deux législations différentes en vue d'en tirer les résultats. C’est ainsi qu’elle a développé le Code de procédure civile, rédigé d'après le texte tunisien un Code des obligations et contrats, établi un Code de commerce qui contient, entre autres innova- tions, le système du «Registre du Commerce», qu'elle à, enfin, accompli une réforme des plus heureuses en fournissant un texte sur l'immatricu- lation immobilière qui est un progrès certain sur le régime tunisien. La Commission, d'après les projets, admit le 388 L'ORGANISATION JUDICIAIRE AU MAROC principe que les juridictions francaises créées res- sortiraient à une Cour d'appel instituée à Rabat. Ces juridictions comprirent : deux tribunaux de première instance, l'un à Casablanca, l'autre à Oudjda. Elle institua seulement cinq tribunaux de paix (justices de paix à compélence étendue), à Rabat, Casablanca, Fez, Safi et Oudjda. Les quatre premières juridictions de paix ressortissent à Casa- blanca, la dernière à Oudjda. Nous apprenons la création imminente de tribunaux de paix à Maza- gan, Mogador et Marrakech, revenant aux premiers projets de la Résidence générale. Le système entier fut décrété le 12 août1913, par le Sultan, avec l’assentiment du Gouvernement français, pour l'entrée en fonction de tous les nou- veaux organismes avoir lieu le 15 octobre suivant. La nouvelle organisation a créé une véritable décentralisation judiciaire. Si elle n'a pas admis le régime du juge unique, elle a donné aux tribunaux de paix, au civil, une compétence plus large encore qu'en Algérie et en Tunisie; il est juge au civil, au commercial, en matière de référés (en ce dernier cas s’il ne réside pas au siège du tribunal de première instance). Au répressif, le juge de paix est juge de simple police ; il est encore juge correctionnel pour les délits dont les pénalités n’excèdent pas deux années d'emprisonnement, à l'exception de l'abus de con- fiance el de la banqueroute simple. Les appels des décisions des tribunaux de paix, en toute matière, vont devant le tribunal civil. Près de chaque tribu- nal de paix, un officier du Ministère public (le Commissaire de police de la ville) a la plupart des attributions du Procureur-commissaire du Gouver- nement au point de vue répressif; il exerce l'action publique directement en matière de simple police, soit directement, soit après information du juge de paix en matière correctionnelle. La compétence des tribunaux de 1"° instance au civil va, en dernier ressort, pour les actions per- sonnelles et mobilières, jusqu’à 3.000 franes, sauf dans la matière administrative et de responsabilité de fonctionnaire, et, pour les actions immobilières, jusqu’à 120 francs de revenu. Ces mêmes tribunaux jugent en matière civile, en malière commerciale, en matière administra- tive, assistés de six assesseurs-jurés ;ils sontchaque trimestre érigés en tribunaux criminels, faisant fonction de cours d'assises. Et tout cela, par une procédureunitaire, aussi peu coûteuse que possible, où une requête introductive d'instance étant déposée au secrétariat du tribunal, par la seule partie qui peut ne recourir à aucune assistance coûteuse, l'affaire est instruite par un Juge rapporteur, qui assure les communications à toute partie adverse, règle les mesures d’'instruc- tion, éclaire le tribunal sur les résultats de son examen; On en vient ainsi nécessairement à une décision de justice, dont nulle procédure dilatoire ne pourra retarder l'échéance fatale. Ce système laisse une large place à l'initialive de l'avocat; aussi le Code de procédure civile, qui assure la discipline du barreau, le protège-t-il d'une manière toute nouvelle contre la concurrence des agents d'affaires, et si ce même Code admet des manda- laires, en exige-t-il de sérieuses garanties. Toute cette organisation ne joue présentement que pour les Français et ressortissants francais dont les capitulations sont supprimées par décret présidentiel du 7 septembre 1913. Pourront en bénéficier les nationaux et protégés des Puissances étrangères venant à renoncer à leurs capitulations, situation qui s’est produite en Tunisie et qui s'est généralisée en ce pays dans les quinze mois qui suivirent l’organisalion judiciaire française de 1883. Mais, dès à présent, des sujets marocains, non protégés des Puissances étrangères, peuvent être attirés devant les tribunaux français et certaines matières réservées au juge indigène peuvent venir devant les tribunaux français. Ainsi, toutes les affaires civiles et commerciales dans lesquelles sont en cause des Français ou pro- tégés français avec des sujets marocains non pro- tégés étrangers, viennent devant la justice fran- caise. En matière immobilière, matière de l'exelusive compétence du Cadi indigène, si la contestation se débat seulement entre Français ou protégés français, les juridictions françaises sont compé- tentes, mais, en ce cas, tribunal civil etcour d'appel s'adjoignent deux assesseurs indigènes. Viennent devant la justice répressive française, en outre des infractions imputables aux Français ou protégés francais, ou encore à nos sujets musul- mans d'Algérie, les infractions suivantes commises dans le ressort de nos juridielions : Crimes par des Marocains non protégés étran- gers, commis au préjudice de Français, protégés français, Européens, ou protégés des Puissances européennes ; Crimes ou délits commis par des sujets maro- cains non protégés étrangers, lorsque des Français ou protégés français seront auleurs principaux, coauteurs ou complices ; Crimes, délits ou contraventions commis par des sujets marocains non protégés étrangers contre l'administration ou l'exécution de la justice fran- caise. La question se pose de donner compétence à la justice française pour les délits et contraventions commis par des sujets marocains non protégés … RENÉ GIRARD — LES CAPITAUX FRANÇAIS AU MAROC 389 étrangers au préjudice de Francais, protégés fran- cais, Européens, protégés européens, grandes administrations publiques du Protectorat. Ce régime || particulier fonctionne äepuis 1902 en Tunisie, où il produit les meilleurs résultats. ) Ajoutons à cet exposé que les plus grandes faci- lités d'action ont été données aux juridictions francaises, en vue de permeltre au civil action rapide et sans frais élevés à distance, au répressif constatation immédiate des infractions par un nombre d'officiers de police judiciaire bien plus considérable que celui rentrant dans les prévisions du Code français d'instruction criminelle. Depuis le 15 novembre 1913, cette organisation fonctionne sans heurts, sans conflits de compé- tence; en dépit des difficultés inhérentes à loute mise en mouvement d'une institution nouvelle, elle a déjà produit un travail dont les prochaines sta- tistiques officielles donneront le saisissant tableau. Par une prévision qu'on pouvait attendre de lui, le Résident général à créé le 18 novembre 1913 un Comité de législation chargé de coordonner tous | les textes de législation interne du Protectorat dont la rédaction urgente est préparée par divers ser- vices. On évitera ainsi ies discordances souvent relevées en Tunisie. Là encore un ardent concours de bonnes volontés agira pour le plus grand bien des intérêts généraux. Le Comité de législation à approuvé un projet de règlement provisoire de la justice civile indigène, contenant règlements sur les acquisitions immobilières, constitution d'ar- chives, discipline et contrôle du personnel, tarif des actes judiciaires. De son côté, le Secrétariat général chérifien, par des mesures aussi simples que sages et pratiques, mettail un terme au chaos judiciaire répressif créé par les juges marocains. Un an aura suffi à M. le général Lyautey pour réaliser son projet, et pour parvenir à ces législa- tions toujours tutélaires et jamais tracassières qu'il avait voulues. Il ne pouvait donner une plus belle lecon d'énergie francaise. tout récemment XXX. LES CAPITAUX FRANÇAIS AU MAROC À la différence de l'Algérie, dont d'injustes pré- ventions ont, pendant longtemps, retardé le déve- loppement économique, le Maroc, comme autrefois la Tunisie, à eu, presque au début de son histoire, l'heureuse fortune de voir affluer vers lui les capi- taux. Quel est le rôle qu'ils ont joué et qu'ils conti nuent à jouer? C'est ce que nous nous proposons d'examiner ici brièvement. Il ne sera toutefois question, dans les pages qui vont suivre, que des capitaux francais, el parmi ceux-ci plus particulièrement des capitaux investis dans les sociétés anonymes. Cela ne veut pas dire que les capitaux étrangers constituent, au Maroc, une quantité négligeable. Mais leur rôle politique a, pour ainsi dire, cessé, du jour où a été établi le Protectorat. Quant à leur rôle économique, il s'est nécessairement modelé sur celui des entreprises francaises. Il en est de même pour les capitaux privés, dont l’action est loin de pouvoir être comparée à l'effort soutenu et méthodique des sociétés anonymes. C'est par celles- ci, en définitive, que l'impulsion est donnée; ce sont elles qui forment véritablement l’ossature écono- mique du pays. Nous ne prétendons, d’ailleurs, pas en donner ici une énumération complète. Nous voudrions seulement chercher, au moyen de quel- ques exemples significatifs, à en faire saisir les principales caractéristiques. Les sociétés anonymes, qui ont pris pour champ d'action le Maroc, peuvent être réparties en quatre calégories : 1° Les Banques : 2° Les Sociétés d'entreprises; 3° Les Sociétés commerciales; %° Les Sociétés immobilières et agricoles. I. — Les BANQUES. Il appartenait tout naturellement aux banques algériennes d'être les premières à introduire au Maroc une organisation bancaire moderne. De même Tanger, parmi les villes du Maroc, était celle qui était désignée pour celte expérience. Simultanément, les deux grandes Sociétés de crédit algériennes, le Crédit foncier d'Algérie et de Tu- uisie et la Compagnie algérienne s'ÿ installèrent en 1904. Deux ans après, la Compagnie algérienne créait une agence à Casablanca. Pour voir se cons- tituer un véritable réseau d'agences, il faudra néanmoins attendre jusqu'en 1910, date à laquelle la Compagnie algérienne s’installe, coup sur coup à Safi et à Mogador, tandis que le Crédit foncier d'Algérie et de Tunisie crée des agences à Casa- blanca, Safi, Oudjda et Fez, qui fut et resta long- temps la première agence de l’intérieur. A partir de ce moment, les créations se succè- dent plus régulièrement, au fur et à mesure des 390 : en 1911, le Crédit foncier d'Algérie et de Tunisie s’installe à Mogador; en 1912, à Kabat; en 1913, à Mazagan et à Marra- progrès de l'influence francaise kech; la Compagnie algérienne crée des agences à Rabat, Larache et Mazagan. Dans l'intervalle, l'organisation bancaire du Maroc s'était vue renforcée par la création de la Banque d'État, constituée à la fin de 1906, en exé- cution de l’Acte d’Algésiras: organe international, elle comptait dans son capital une part importante d'argent francais. Autour des trois grandes Sociétés de crédit sont venues se grouper, surtout à partir de 1911, un certain nombre de banques, parmi lesquelles il convient de signaler la Banque commerciale du Maroc, constituée sous les auspices de la Banque Transatlantique, et qui est actuellement au capital de 5 millions. Tout récemment, enfin, la Société générale, en rachetant les agences de la Deutsch Orient Bank, à pris pied dans l’Empire chérifien. Le Maroc possède done, à l'heure actuelle, une organisation bancaire assez complète. On est frappé toutefois, lorsqu'on examine le réseau d'agences constitué par ces différents établissements, de constater qu'à de très rares exceptions près les banques n'ont, pour ainsi dire, pas pénétré dans l'intérieur, et se bornent à lenir les ports. Cette situation en bordure de la vie économique à sa principale cause dans l'importance prépoudérante prise par les grandes Sociétés de crédit. Celles-ci ne sont pas, en effet, des organismes d'avant-garde, et leur fonctionnement, même adaplé aux usages du-pays, nécessite toujours une certaine organisa- lion économique capable d'offrir à leurs opérations un minimum de garanties. Quitte à limiter leurs bénéfices, elles doivent, avant tout, se préoccuper de chercher à limiler leurs risques. C’est ce qui explique que la présence des banques n’a pas sup- primé, au Maroc, les anciens prêteurs d'argent, et que, d'une manière générale, certaines opérations de banque continuent et continueront longtemps à être traitées par laplupart des sociétés dont l'objet principal est souvent très différent. Ce que celles-ci néanmoins ne pouvaient faire, et ce qu'ont fait les banques francaises, c’est d'im- planter et de développer, par leurs opérations à plus large envergure, la notion moderne du crédit et de la mobilisation de l'argent. L'usige considé- rable du chèque, qui est aujourd hui introduit dans la vie courante au Maroc, en est une preuve significative ‘. On est surpris de voir que cet usage est infiniment plus développé qu'en Algérie ou en Tunisie. ! Une des raisons qui ont contribué à développer l'usage du chéq e au Maroc est la limitation imposée par les règle- ments postaux aux envois cle fonds. RENÉ GIRARD — LES CAPITAUX FRANCAIS AU MAROC Comme dans tous les pays neufs, les opérations de banque au Maroc consistent surtout dans des ouverlures de crédit avec ou sans garantie. L’es- compte y est encore relativement peu développé. Les banques ont également réalisé, avant même l'organisation du régime foncier, des prêts sur immeubles se rapprochant de nos opérations de prêts hypothécaires. Il. — LES SOCIÉTÉS D'ENTREPRISES. La Société d'entreprises peut être considérée, à l'heure actuelle, comme le type de la Société marocaine. Son objet multiple, vague et extensif, lui permel de tout faire, et, en pratique, elle fait tout : le commerce, la banque, les travaux publics, l'agriculture, etc... Ce que le Maroc est devenu et ce qu'il deviendra, c'est aux Sociétés d'entreprises qu'il le devra. Elles ont pris, pour ainsi dire, à charge la mise en valeur économique du pays. Nous nous contenterons de signaler les prinei- pales Sociétés d'entreprises. Et d’abord la plus ancienne, la Compagnie marocaine. La constitution de la Compagnie marocaine, en 1902, fut la conséquence d'une mission d'études, confiée, en 1899, à M. Gaston de Caqueray, aujour- d'hui directeur général de la Société, par la mai- son Schneider et Ci. Le capital, fixé d'abord à 1.500.000 francs, devait être successivement porté à 3.500.000 francs en 190%, 6 millions en 1911; 10 millions en 1912. Raconter l'histoire de la Compagnie marocaine serait presque raconter l'histoire du Maroc dans ces dix dernières années. Dès le début, on la trouve intimement mêlée à la vie du Makhzen, avec lequel elle passe des marchés pour les fournitures les plus diverses. C'est égalemént elle qui négocia, avec le Makhzen, au lendemain de sa fondation, le premier emprunt français de 7 millions 1/2. Elle contribua, en même temps, à l'œuvre de pénétra- tion française en achetant partout des lerrains, en créant des entrepôts, en prenant, dans la plupart des entreprises nouvelles, des participations. C'est à elle que revient l'honneur d'avoir entrepris au Maroc les premiers travaux publics. On n'a pas oublié, enfin, que c’est à la suite du meurtre de ses ouvriers, employés à des travaux dans le port de Casablanca, qu'eut lieu, en 1907, l’occupalion de la Chaouïa. Conjointement avec le Creusot, elle à éte déclarée récemment adjudicataire de la cons- truction du port de Casablanca. La plupart des Sociétés d'entreprises, qui se sont constituées depuis au Maroc, ont pris plus ou moins comme modèle la Compagnie marocaine. Tout en conservant un objet étendu, elles tendent, néan- moins, de plus en plus, à se spécialiser. C'est ainsi _ à RENÉ GIRARD — LES CAPITAUX FRANCAIS AU MAROC 391 que la Compagnie générale du Maroc à surtout pour objet l'étude des affaires et la prise de partici- palions dans des sociétés nouvelles, mais ne cherche pas, en général, à faire des opérations immobi- lières. Elle a élé constituée en 1912 au capital de 10 millions, sous les auspices de la Banque de Paris et des Pays-Bas, avec le concours d'un con- Sortium de grandes banques. C'est elle qui à été chargée par le Gouvernement francais de consti- tuer la Société francaise pour la construction et l'exploitation, dans notre zone, du chemin de fer de Tanger à Fez. Au contraire, la Société générale d'entreprises, constiluée en 1913 par le même groupe financier, à plus spécialement pour objet Vexécution des travaux publics. Citons encore, parmi les principales Sociétés d’en- treprises, la Compagnie du Maroc, fondée en 1905, au capital de 2 millions ; la Société méridionale Hlntreprises marocaines, fondée en 1912 au capital de 1.500.000 francs ; la Société franco-marocaine, a Société marocaine de Travaux publies, ete. Cette dernière est une Société internationale cons- liluée au capital de 2 millions de franes avec une grosse part d'argent français. Jusqu'à présent nous n'avons parlé que des so- “ciétés ayant pris plus spécialement pour champ “d'action la zone française ou la région internatio- male de Tanger. Mais il existe également en zone espagnole d'importants capitaux francais. Nous ci- “terons notamment la Compania del Norte africano, constituée en 1907 au capital de 10 millions de peselas, dont la presque totalilé est représentée par de l'argent français. Elle, a pour principal champ d'action la région de Melilla, où elle possède d'importantes mines de fer, déjà en exploitation, reliées au port par une ligne de chemin de fer, la première qui ait élé construite au Maroc. III. — LES SOCIÉTÉS COMMERCIALES. Le commerce est naturellement, au Maroc, une branche de l'activité économique où se trouvent investis le plus de capitaux. Ce sont il est vrai, en grande parlie, des capitaux privés. Il existe néan- moins là aussi un certain nombre de sociétés. Mais celles-ci n'ontpas l'originalité ni la puissance finan- cières des précédentes. j IL convient cependant d'accorder une mention spéciale à la Société d'études et de commerce au Maroc, qui existe depuis 1907 et est actuellement au capital de 1.250.000 francs. Son action hardie n’a pas peu contribué à l’œuvre de pénétration française. C'est ainsi, pour n’en citer qu'un exemple, qu'au moment même de la démonstration du « Panther » dans l'été de 1911, en pleine crise franco-allemande, elle n'a pas hésité à installer des comptoirs au cœur du pays musulman, à Agadir et Taroudant. Nous citerons également la Société Paris-Maroc, au capital de 2.250.000 francs ; constituée en 1912 par le même groupe qui exploite déjà les entreprises bien connues de Paris-France et des Nouvelles Galeries, elle a déjà réussi à prendre au Maroc une situalion importante. IV. — Les SOCIÉTÉS FONCIÈRES ET AGRICOLES. De même que pour les Sociétés commerciales, les capitaux investis dans les entreprises foncières et agricoles sont en grande partie privés. Mais là aussi d'importantes sociétés contribuent à donner l'impulsion et préparent le morcellement qui seul permettra à la France de s’inplanter véritablement au Maroc. Comme nous l'avons d'ailleurs indiqué, la plupart des sociétés d'entreprises peuvent être considérées également comme des sociétés immo- bilières. L'emprise sur la terre a été au Maroc, comme dans tous les pays neufs, une des premières formes de l'emploi des capitaux et la plus fructueuse. C'est en même temps celle qui contribua le plus à l'œuvre de pénétration. On doit toutefois se garder de confondre, comme on le fait souvent, la propriété du sol avec la colo- nisation proprement dite. La première est seule- ment un fait d'occupation, tandis que la seconde suppose déjà une mise en valeur du territoire occupé. Il est vrai que, dans la plupart des cas, l'occupation du sol et la colonisation se suivent de tellement près qu'il est presque impossible de les distinguer. Théoriquement, on peut cependant clas- ser les opérations foncières en trois catégories : 1° Les opérations purement spéculatives, surtout développées dans les régions nouvellement occu- pées et dans les villes ; 2° Les opérations immobilières proprement dites {construction de maisons, lotissement de ter- rains, etc.) ; 3 Les opérations d'exploitations agricoles. Naturellement la plupart des sociétés foncières pratiquent simultanément ces trois opérations. On peut dire néanmoins que, sous leur impulsion mé- thodique, les opérations purement spéculalives (c’est-à-dire l'achat de terrains sans autre souci que de revendre après plus-value) tendent de plus en plus à être remplacées par les opérations de lotis- sement qui représentent déjà une certaine mise en valeur du sol. La plupart commencent en outre à exploiter de grands domaines agricoles, soit direc- tement, soit au moyen du contrat d'association avec les indigènes. Ce triple objet a été notamment celui de la Société foncière marocaine. Constituée en 1911 au 392 capital de 750.000 francs, elle a successivement porté celui-ci jusqu'au chiffre de 4 millions. Elle possède des terrains dans les principales villes du Maroc, notamment à Casablanca, où elle vient d'achever la construction de maisons et où elle poursuit l'exécution d'un plan de lotissement impor- tant. Elle exploite en outre en Chaouïa de grands domaines dont le revenu, au cours de la dernière année, à représenté une grande part de ses béné- lices. D'autres sociétés sont plus spécialement immo- bilières, telle la Société immobilière du Maroc constituée en 1905 sous les auspices de la Banque de Paris et des Pays-Bas, au capital de 2 millions- Par contre, la Société Rharb et Khlot et la Chaouïa, dont le capital est respectivement de 600.000 francs et de 2 millions, peuvent être rangées dans les sociétés plus particulièrement agricoles. Nous ne pouvons pas ne pas dire un mot, en ter- minant, à propos des sociétés foncières, de la fameuse question du régime immobilier. On sait que, jusqu'à ces derniers temps, l'anarchie la plus complète a régné à ce sujet. Elle n’a pas cependant empêché les acquisitions et même la spéculation. On peut même dire qu'en raison des risques résul- tant de l'instabilité de la propriété, cette dernière a été favorisée. Un récent « dahir » (décret) chérifien vient enfin de mettre un peu d'ordre dans ce do- maine en instituant au Maroc un régime analogue à celui de la Tunisie, c’est-à-dire un régime dont la base est constituée essentiellement par le principe de l’immatriculation. Il faudra sans doute plusieurs années avant que son application soit devenue générale, mais il n’est pas douteux que celle-ci facilitera grandement l’œuvre de morcellement, grâce aux sécurités qu'elle offrira aux petits colons. V. — ConNGLUSIoNSs. De ce bref exposé, dans lequel, encore une fois, nous avons surtout cherché par des exemples à montrer quels étaient les principaux types de socié- tés sans essayer de donner une énumération qui serait nécessairement incomplète, — le nombre des sociétés marocaines dépassant actuellement deux cents et de nouvelles se créant lous les jours, — il convient maintenant de dégager les idées géné- rales. On aura sans doute été frappé de voir combien peu différenciées encore les unes des autres sont les sociétés marocaines. C'est la conséquence néces- saire du caractère de pays neuf que possède encore le Maroc. Une société, pour y faire des affaires, doit les faire toutes. Ce n’est que plus tard qu'elle arri- vera à se spécialiser dans une branche déterminée. L'exemple de l'Algérie et de la Tunisie nous permet RENÉ GIRARD — LES CAPITAUX FRANÇAIS AU MAROC d’ailleurs déjà d'entrevoir ce que sera cette spécia= lisation. C'est ainsi notamment qu'il n'existe pas encore de sociétés d'exploitation de mines au Maroc. La raison assez simple est que les travaux de prospec- tion n'ont pu jusqu’à présent, par suite de l’insécu-« rilé, être que superficiels, et qu'il n’existe en | outre pas encore de régime minier. La plupart des sociétés d'entreprises se sont néanmoins préoceu- | pées de s'assurer la propriété de quelques ments. On a vu que le Norte Africano avait même déjà commencé l’exploitalion des siens. Mais, pour le reste du Maroc, tout est encore dans la période d'études. On ne saurait cependant passer sous silence l’Union des mines marocaines. Constituée en 1907 sous la forme d’une société internationale, mais qui comprend une part importante de capitaux français, elle n’a pu jusqu'à présent, pour les raisons que nous indiquions plus haut, réaliser complète- ment son objet. Les appuis financiers et techniques À qu'elle possède dans tous les pays permettent néanmoins d'espérer pour l'avenir des résultats intéressants. ‘ A côté des sociétés minières, il est probable qu'on verra bientôt se développer des sociétés spé- ciales pour les travaux d'irrigation, d'électricité et transport de force, surtout pour la construction de tramways et chemins de fer, etc... Le germe d'un grand nombre de ces sociétés futures existe d’ail- leurs déjà dans plusieurs associations en participa tion ou syndicats d'études et dans les sociétés d'entreprises qui, à ce point de vue, jouent en quelque sorte le rôle de cellule-mère. On a pu constater également que, malgré le développement commercial du Maroc au cours de ces dernières années et l'afflux des émigrants, il ne s'est pas encore constitué de grandes compa- gnies de navigation. Il est vrai de dire que l’état encore rudimentaire des ports rendrait l’entreprise hasardeuse. Aussi, jusqu'à présent, les services maritimes sont-ils assurés par des sociétés déjà existantes, qui se sont bornées, telle la Transatlan- tique, à étendre aux côtes marocaines leur champ d'action. Avant elle, il serait toutefois injuste de ne pas mentionner la Compagnie Paquet, qui est cer- tainement l’une des entreprises françaises ayant le plus fait pour le développement du Maroc. Dès 1862, c'est-à-dire bien avant que la France songeàt à s'installer au Maroc, elle créait des services régu- liers pour l'Empire chérifien. Il est, en terminant, deux questions dont il con- vient de dire un mot, à savoir: l'origine des capitaux français investis dans les entreprises marocaines, quete ms à et leur rendement. Les capitaux français qu'on rencontre au Maroc proviennent généralement d'un certain nombre de | LOUIS GENTIL — LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE AU MAROC 393 centres, qui se sont constitué quelquefois de véri- tables spécialités. Naturellement Paris est le plus important. On peut citer ensuite Lyon et le dépar- tement du Rhône, qui ont surlout donné naissance à des sociétés foncières et agricoles, landis que de Marseille et Bordeaux les capitaux se dirigeaient tout naturellement de préférence vers les entre- prises d'importation et d'exportation. La région du Nord avec Lille, le Midi avec Cette, constituent éga- lement des centres d'action importants. Il existe enfin quelques capitaux algériens, surtout dans la région des confins algéro-marocains et à Tan- ger. En ce qui concerne le rendement de ces capilaux, on se rend facilement compte qu'il ne saurait encore être très élevé, ni surtout général. La mise en train d'entreprises dans les pays neufs comme le Maroc ne peut être immédiate. Beaucoup de sociétés d'ail- leurs, même parmi les plus puissantes, n’ont pas encore deux années complètes d'existence. Les ‘plus vieilles ont généralement entre cinq à six ans d'âge. Un certain nombre de sociélés néanmoins ont déjà commencé à distribuer des dividendes. C'est ainsi que la Compagnie marocaine, par exemple, a distribué à ses actionnaires pour l’exer- cice écoulé un dividende de 5 °/,, la Société finan- cière marocaine de 6 1/2 °/,, la Société d'Études et de Commerce au Maroc de 10 °/,. Ce sont là, il est vrai, pour le moment des cas encore un peu excep- tionnels. On voit néanmoins par ces exemples que le Maroc est susceptible de rémunérer des capi- taux qui lui font confiance. René Girard, À Secrélaire de la Direction du Crédit Foncier d'Algérie et de Tunisie LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE AU MAROC Le Maroc est un « pays neuf »; il s'offre donc à toutes les investigations dans le domaine des sciences physiques el sociologiques. Sans doute, après des siècles d'une obscurité profonde il nous a révélé, du jour où l'exploration est entrée dans la voie scientifique, quelques-uns de ses secrets. Et l’on sait de quelle facon active la France a, dans ces vingt dernières années, contribué à la connaissance du Nord-Ouest africain. Mais l’ère des explorations est close. Il s'agit. maintenant que notre protectorat s'étend sur la plus grande partie de l'Empire chérifien, de pénétrer les moindres mystères du Maghreb demeuré si longtemps fermé à la civilisation euro- péenne. Le but de cet article est de faire ressortir l'intérêt des recherches au Maroc, non seulement en ce qu'elles peuvent servir la science en général, mais surtout chaque fois qu'elles sont susceptibles d'applications immédiatement profitables à l'essor économique de ce pays musulman devenu francais. La recherche géologique, dans un pays peu connu, est la première qui s'impose, autant par les conclusions scientifiques qui peuvent s'en dé- gager que par les multiples applications que l'on peut en tirer. | À la connaissance du sous-sol et de sa structure est liée la solution de maints problèmes techniques d'un intérêt primordial el immédiat pour la mise en valeur des richesses naturelles du pays. Que l’on se place à un point de vue théorique ou pratique, le Maroc offre, plus que toute autre con- trée, un champ très vaste à l’activité du géologue. Il y a quelques années encore, il laissait, à ce point de vue, une tache presque blanche sur la carte du Bassin méditerranéen, qui constitue pourtant l’une des régions les mieux connues du monde entier. Si les efforts de la science francaise n'ont pu résoudre toutes les questions géologiques maro- caines les plus capitales, ils ont du moins permis de poser la plupart des problèmes dont le monde savant attend, avec une certaine impatience, la solution définitive. Quelle est la situation du Maghreb dans l'architecture du bassin méditerra- néen? Quelles sont ses relations orographiques et tectoniques avec l'Algérie d’une part, avec le con- tinent ibérique de l’autre? On peut entrevoir, dès à présent, tout ce qu'il est permis d'attendre d’une étude géologique détaillée dans la solution de ces intéressantes questions. Le Maroc doit être considéré comme formé de deux parties distinctes : l’une située au sud d'une ligne passant par Taza et Fez, a toujours fait partie intégrale du continent africain; l’autre, formée par la chaine du Rif, était, à une époque relativement récente, reliée à la presqu'ile ibérique. Elle était alors séparée du bloc continental par un bras de mer qui reliait la Méditerranée néogène à l'océan Atlantique. Avant cet épisode du « détroit Sud-Rifain », une immense chaine, dont la formation remonte à la fin de l’époque carbonifère, traversait le Maghreb du nord au sud. Commencant vers la Mauritanie, elle se poursuivait d'abord avec une direction N.N.E., à travers le Maroc occidental, puis bifur- quait en deux rameaux dont l'un, dirigé vers le N.W., recouvrait le Nord du Maghreb et s'étendail 394 LOUIS GENTIL — LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE AU MAROC sur le continent espagnol, dans la Meseta ibérique ; tandis que l’autre, dirigé vers le N.E., occupait l'emplacement actuel du Moyen Atlas. Ces « Altaïdes africaines », avec leurs sommets élevés, ont subi le sort de toutes les grandes chaînes dans le passé des temps géologiques. Sous l’action érosive des eaux continentales, elles ont été déman- telées, ne formant plus qu'un plateau surbaissé, une pénéplaine dont les traces subsistent, notam- ment dans la Meseta marocaine et dans le Plateau saharien. Puis la transgression des mers secon- daires ouvrait un nouveau cycle géologique, noyant alternativement, sous les eaux jurassiques ou cré- tacées, les divers compartiments de la pénéplaine, disloquée par d'importantes fractures. Les mêmes phénomènes se poursuivaient durant les temps tertiaires el, à une certaine époque de celte ère, de grandes chaines se formaient, édifiant tout le système de l'Atlas, séparé de la chaîne con- temporaine du Rif par la dépression marine du détroit Sud-Rifain. On peut se faire une idée de la multitude des questions que soulève l’histoire de ces grands épi- sodes de la genèse du relief marocain. Les études stratigraphiques d’abord, lectoniques et volca- niques ensuite, offriront des sujets d’une impor- tance capitale au point de vue de l’évolution de l'écorce terrestre. L'étude des relations de ces chaines avec celles des régions avoisinantes n'aura pas moins d'in- térêt. La continuité du Haut-Atlas avec la chaîne saharienne, par le massif des Ksour,; les analogies apparentes du Moyen-Atlas et du Tell algérien, séparés par ennoyage sous le détroit Sud-Rifain ; la continuité tectonique et orographique du Rif et de la Cordillère bétique, à travers le détroit de Gibraltar, soulèvent des problèmes aussi impor- lants que ceux de la liaison du Haut Atlas avec le Moyen-Atlas et l'Anti-Atlas. D'autre part, l’eflondrement de l'Atlas marocain sous l'Atlantique, son relèvement dans le groupe insulaire des Canaries et sa réapparition dans les Antilles réveillent la grande question de l « Atlan- tide géologique », que l’on peut rapprocher, avec infiniment de réserve, de l'Atlantide de Platon, si toutefois l'histoire de l'Atlantide et des Atlantes n'est pas une légende. Enfin, nul problème n'intéresse l'histoire de la Méditerranée à un plus haut degré que celle des communications successives de la grande mer intérieure avec l'Océan atlantique. Les études stratigraphiques et paléontologiques ayant démontré que ces deux mers ont été en rela- tion constante durant la période néogène, il a été établi que le mélange de leurs eaux se faisait, durant la première moilié de l'époque miocène, par une dépression comprise entre le bord méridional de la Meseta ibérique et la Cordillère bétique, à l'emplacement actuel de la vallée du Guadalquivir. C'est ce que l'illustre maître Edouard Suess a appelé le détroit Nord-bétique. Or, l'ouverture du détroit de Gibraltar ne peut pas remonter au delà de l’époque pliocène. Il en résulte que, durant la deuxième moitié de l’époque miocène, la communication se trouvait reporlée ailleurs. Elle existait, en effet, sur le continent marocain entre la vailée de la Mou- louya et le R’arb, offrant son minimum de rétré- cissement à la « Trouée de Taza ». Ce trait remar- quable de l'histoire géologique du Maroc mérite d'être précisé, car il a une répercussion profonde sur la genèse du sous-sol et sur l’orographie du pays. La géomorphogénie offre encore maints sujets d’études : les empreintes tectoniques qui ont laissé partout des traces profondes dans les grandes lignes du relief marocain, l'influence des mouvements épirogeniques et des grandes fractures du relief mérilent d'être étudiées avec soin. Il sera ensuite possible de suivre dans ses moindres détails l’évo- lution du réseau hydrographique et du modelé du sol, ce qui constituera le Lerme final de l'étude géo- logique. L'intérèl pratique de ces recherches ne saurail échapper. On sail tous les services que peut rendre aux Travaux publics une carte géologique bien faile: Elle est d'un secours précieux dans le choix des matériaux de construction, elle permet des tracés de routes ou de voies ferrées plus judicieux, puis- qu'elle éclaire l'ingénieur sur la résistance et la stabilité du sous-sol. Aussi, après les levées topo- graphiques, la cartographie géologique est-elle la plus indispensable, les grandes voies de commu- nication devant être tracées rapidement pour la mise en valeur du pays. Deux exemples entre plusieurs autres permet- tront de s’en rendre compte. Les premiers travaux du port de Casablanca, commencés il y à sept ans, ont naturellement amené l'entrepreneur à utiliser la seule pierre à sa portée, c'est-à-dire un grès calcarifère poreux d'âge pliocène. Or, celle roche, très légère sous l'eau, a, de plus, le grave inconvénient d'être en partie soluble, à cause de la forte proportion de calcite qu'elle renferme. L'étude géologique des environs de Casablanca à permis de mettre à nu, sous une faible épaisseur de lerre végétale, à % kilomètres des travaux, un gros bane d'un quartzite silurien qui joint à une densité assez élevée la propriété d'être parfaitement compact el insoluble dans l’eau. Dans le R'arb le sol est formé, sur de vastes LOUIS GENTIL -— LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE AU MAROC 395 étendues, par l'affleurement des argiles helvé- tiennes. L'empierrement des routes qui seront tra- cées dans ces régions remarquablement fertiles soulèvera de graves difficullés. Mais il y à lieu” d'espérer qu'une étude géologique assez détaillée permettra de découvrir, de loin en loin, quelques buttes-témoin des poudingues tertiaires, à galets très durs, qui surmontaient jadis les argiles mio- «ènes et ont été en grande partie démantelés. La délimitation des niveaux phosphalés et des gisements de gypse, la recherche des pétroles, sont inséparables de levés géologiques soigneusement faits. Déjà, la présence du phosphate a été signalée vers le Tädla et une première exploralion géolo- gique nous à permis de constater que l'on se trou- vait, de ce côté, en présence de l’horizon éocène si riche de la Tunisie et de la province de Constan- tine. Bien que les gisements marocains n'aient pas encore révélé de teneurs assez élevées pour être exploitables, on se rend compte de l’aide efficace que pourrait apporter une étude géologique atten- tive à la prospection de ces richesses naturelles. De même, l'étude stratigraphique et tectonique des terrains miocènes pourra guider avec fruit le sondeur dans la recherche des poches pétrolifères. La découverte des gisements de gypses aura également son importance, les entrepreneurs de- vant actuellement faire venir à grands frais le plâtre d'Europe. Il est possible que certains niveaux néogènes renferment des bancs exploitables de ce sulfate calcique, mais il est plus probable que les couches rouges du Permo-Trias, qui affleurent sur de grandes élendues au Maroc, offriront en maints endroits des bancs exploitables de ce minéral utile. Ici encore, le prospecleur sera utilement guidé par la carte géologique. Enfin, la délimitation des zones minéralisées sera facilitée par le géologue, mais l’aléa est in- finiment plus grand que dans le cas des gites minéraux dont nous venons de parler, la présence des filons métallifères n'étant pas étroitement liée à des horizons stratigraphiques comme les phos- phates, les pélroles ou les gypses. On peut même être surpris de voir que des prospections as-ez minu- lieuses, faites dans la Meseta marocaine, n'aient pas donné les résultats qu'on pouvait en attendre en comparant cette pénéplaine primaire à celle de la Meseta ibérique, si réputée par ses riches gisements d'Almaden et du Rio Tinto. Or, l'analogie de struc- ture de ces deux pays est telle que nous avons adopté le nom de Meseta marocaine pour désigner la partie du Maroc occidental qui est, géologique- ment, si étroitement comparable au Plateau central espagnol. 11 n’en est pas moins vrai que la délimitation sur la carte des divers horizons stratigraphiques pourra aider dans une certaine mesure les prospec- tions minières dans l'avenir. De toutes les applications de la géologie, celle qui aura la plus grande portée dans un pays comme le Maroc est relatif à l'hydrologie. On sait que notre nouveau pays de protectorat se distingue, au point de vue physique, de nos deux autres possessions de l'Afrique du Nord, par un réseau hydrographique très important, alimenté en partie par la fonte des neiges des hautes cimes de l'Atlas. Les questions d'irrigation se poseront donc fatalement, surtout dans le R’arb, dans la Meseta marocaine, le Haouz de Marrakech, le Sous, etc. Aussi le problème de l’utilisation des eaux fluviales au profit de l'agriculture, dans l’une ou l’autre de ces régions, exigera-t-il un jour ou l’autre une étude détaillée du sous-sol au point de vue de sa porosité ou de son imperméabililé. La recherche des nappes souterraines aura aussi une grande importance, puisque cerlaines régions peu arrosées pourront être parfois enrichies par l'utilisation des eaux d'infiltration, surtout dans le cas où ces eaux sont réunies en une nappe arté- sienne. L'existence de nappes soulerraines de cette nature sera révélée par une étude stratigraphique et tectonique portant sur d'assez vastes surfaces, dans les régions plissées; el on peut déjà entrevoir la possibilité de forages artésiens aux abords des srandes chaînes, du Haut Atlas par exemple. Les résultats retentissants des travaux de ce genre exécutés dans le Sud-Algérien et le Sud- Tunisien sont très encourageants. On se fait facile- ment idée de la richesse qui serait apportée dans les régions désertiques qui avoisinent l'Atlas maro- cain, en particulier sur son versant saharien, si l'on pouvait y faire de l'irrigation, grâce à des sondages de nappes profondes susceptibles de s'épancher par ascension hydrostatique. Or il ne nous semble pas douteux que de telles entreprises soient, en certains points, couronnées de succès. L'étude de la structure du sous-sol sera d ailleurs utile, même dans les régions inaptes à ce geure de gisements hydrologiques, afin de pouvoir, en toute connaissance de cause, déconseiller les forages voués à un échec certain. C’est ainsi que la Direction des Travaux publics a le devoir de décourager toute tentalive de ce genre dans la région de Rabat. Nous savons maintenant, en eflet, que la Meseta marocaine est principalement formée de couches non plissées presque horizon- tales et qui ne peuvent par conséquent recéler de nappes arlésiennes. Mais, de toutes les questions hydrologiques qui doivent attirer l'attention du géologue, celles rela- tives à l'alimentation en eau potable des ville est 396 des centres de colonisalion sont les plus capitales. Elles ont même parfois un caractère d'urgence qui en augmente l'importance, par exemple en ce qui concerne l'alimentation des villes de Casablanca et de Rabat. Dans ce cas spécial, le problème de l’eau est sou- vent très complexe et difficile à résoudre; il entraîne des études géologiques parfois délicates. Le simple captage d'une source exige déjà une élude scientifique préalable qui doit fixer sur les conditions d'émergence dela nappe souterraine qui lui donne naissance, sans quoi le technicien s'ex- pose à ne capter qu'une partie, parfois même rela- Uüivement faible, des eaux de la source. Ce côté de la question n’est donc pas dépourvu d'intérêt, mais un autre a plus d'importance encore puisqu'il intéresse au plus haut degré l'hygiène pu- blique. Ils’agit de la pollution possible des eaux que l'on destine à l’alimentation d'une agglomération. Il est indispensable de ne prendre que des eaux en parfait état d'innocuité bactériologique, et l'ori- gine des microbes nocifs, que l'analyse est suscep- lible d'y déceler, ne peut être reconnue que par la détermination des conditions d'émergence et du trajet souterrain de la nappe qu'il s’agit de capter. L'étude géologique permet en outre, le plus sou- vent, de découvrir les points de contamination du niveau aquifère et d'en préconiser la disparition par l'établissement d’un périmètre de protection. D'ailleurs, les recherches scientifiques qui doivent précéder un caplage d'eau par les services publics ont été jugées si indispensables qu’elles sont au- jourd'hui imposées aux communes de France par une loi qui remonte à quelque quinze ans. Cette loi devra être à plus forte raison appliquée au Maroc, où les agglomérations sont le plus souvent dans de déplorables conditions d'hygiène. On entend par so] naturel la partie superficielle des roches plus ou moins altérée sous l'influence simultanée de l'eau, de l'air et des différents orga- nismes morts où vivants. Cette définition du pro- fesseur russe Dokoutchaïew indique toute l’impor- lance de l'étude du dans les particulièrement favorables à la culture. sous-s0l régions La désagrégation qui s'est opérée sur les roches en affleurement, le déplacement à distance variable de leurs éléments dissociés ou décomposés, ont donné lieu à la formation d'une nouvelle roche dont l'étude, envisagée à ce point de vue exclusif, est du domaine de la pétrographie. Les progrès récents de l'agronomie moderne ont conduit, surtout en Russie, les spécialistes à créer une nouvelle branche des connaissances humaines, l'Agrogéologie, qui emprunte à la science de la Lerre ses lois el ses méthodes. LOUIS GENTIL — LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE AU MAROC Au contraire, l'étude des organismes qui jouentun rôle plus ou moins grand, mais presque constant, dans la formation des sols naturels, a recours aux lumières de la Biologie et de la Chimie biologique. Les origines des sols et de leur vie sont multi- ples; de leurs diverses associations résultent des sols naturels déterminés. Mais on peut dire qu'un sol est surtout fonction de la nature de ia roche-mère, des organismes ou de leurs transformations ultérieures, enfin des conditions physiques du pays, qui comprennent d’abord le climat, ensuite le relief. Il est indiscutable que le facteur climatique est prépondérant dans la fertilité d'une contrée et nous verrons tout à l'heure que le Maroc offre, dans sa parlie occidentale, un bel exemple de cette vérité agrologique. Mais sous un climat favorable l'agronome peut considérablement modifier, par les engrais et les amendements, un sol naturel assez pauvre et en faire un sol artificiel riche. Encore à ce point de vue l'étude agrogéologique s'impose, car elle permettra de donner à coup sûr au sol naturel les éléments minéralogiques dont ik a besoin pour entretenir ou parfaire sa richesse. D'ailleurs il n’est pas indispensable, dans un pays aussi neuf que le Maroc, de recourir immédia- tement à la préparation des sols artificiels, étant données les grandes ressources que présentent les sols naturels dans notre jeune Protectorat. Près du tiers de sa superficie totale offre des terres susceptibles d’être cultivées et, parmi elles, cer- taines ont une richesse incomparable qui a valu au Maghreb sa grande réputation de fertilité. Les sols naturels y sont très variés. Indépen- damment des nappes alluvionnaires des grandes plaines, surtout fertiles dans le R'arb, on y ren- contre des sols marécageux, assez peu étendus il est vrai; puis toute une série de sols sableux que les indigènes désignent sous le nom de sahel, sans doute à cause de leur extension dans la région du littoral atlantique. Ailleurs, des arènes granitiques avec de riches pâturages rappellent fidèlement les sols des ré- gions similaires comme le Morvan. Mais ce qui domine dans le Maroc occidental, ce sont les terres noires (/irs) et les terres rouges (hamri). Le mode de formation de ces deux sols, comparables au point de vue de leur genèse, résulte de la collabo- ration de deux phénomènes naturels : d'une part, la décalcification de roches calcaires gréseuses ou marneuses ; d'autre part, l'accumulation des pro- duits de décomposition des débris d'une végéta- lion herbacée annuelle, croissant sous un climat littoral assez chaud et humide. Les {irs constituent des terres fortes, humifères, LOUIS GENTIL — LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE AU MAROC 397 tandis que les Aamri sont sableux, également riches en matières azotées d'origine végétale. Ces sols na- turels remarquables sont, de plus. enrichis par le phosphate de chaux et les feldspaths alcalins pro- venant de la roche mère sous-jacente qui a été ainsi débarrassée, par la dissolution sous l'influence des eaux pluviales chargées d’acide carbonique, de son ciment calcaire. Et c'est grâce à l'absence parfois complète de ee carbonate de chaux que la matière humique à pu se conserver et donner à ces terres une richesse en azote qui contribue puissamment à leur fer- ‘tilité. P'On concoit comment, sous un climat spécial, la genèse des {irs et des hamri est liée à celle du sous-sol. Les calcaires gréseux pliocènes de la zone littorale, les calcaires gréseux et marneux erétacés de l'hinterland, dans la Meseta marocaine, se sont particulièrement prètés à leur formation. Leur fréquence et leur épaisseur sont fonction de la nature des affleurements et du modelé du relief. Mais ces lerres, qui se forment encore actuellement, peuvent être enlevées par le ruissellement superfi- eiel sur les pentes, de sorte qu'il faudra tenir compte à la fois, dans leur utilisation, des condi- tions géologiques et géomorphogéniques de la ré- gion. Les phénomènes naturels qui président-à la for- mation des {irs ou des hamri sont tellement nets qu'il est facile de prévoir leur zone d'extension par suite de la continuité de certains horizons strati- graphiques et géologiques. C'est ainsi que les cal- caires gréseux pliocènes font prévoir, dans la zone littorale comprise entre Rabat et Mogador, la fré- quence de ces terres fertiles. La pacification récente du pays des Zaër et des Zemmour a permis de vérilier ce que nous avions annoncé à ce sujet dès l’année 1908. Le seul fait de la formation des {irs et des hamri dans la zone littorale du Maroc occidental] suffirait à justifier l'importance des recherches atmosphé- riques dans notre nouveau protectorat s'il n’était reconnu depuis longtemps que les données clima- tologiques sont d'un intérêt capital dans un pays agricole. Aussi ne saurait-on assez multiplier les stations météorologiques, à la condition toutefois d'avoir sous la main des observateurs lrès cons- ciencieux. Ces stations, reliées à un poste unique, permettraient, par des échanges avec le Bureau central de Paris, des prévisions du temps. Elles donneraient, en outre, au bout de quelques années, le moyen de définir les climats du Maroc auxquels seront subordonnés les différents genres de cul- ture. Nous pouvons déjà nous faire une idée de certains d'entre eux, grâce aux observations méri- loires de quelques hommes dévoués comme le D' Guichard, médecin du Gouvernement français, à qui nous devons de précieux renseignements sur Mazagan et Marrakech. C'est ainsi que l'on peut déjà distinguer deux types de climats. L'un, auquel est dû la formation des tirs et que l’on pourrait, pour celle raison, appeler le « climat des tirs », règne dans la zone littorale atlantique. Dans cette région du Maroc, la fraicheur de l'at- mosphère, malgré un état hygrométrique assez élevé, n’est pas en rapport avec la latitude relative- ment faible. Mais cette anomalie n’est qu'apparente; et l’on doit l'expliquer par la tempéralure assez basse des eaux de l'océan le long des côtes. C'est à ce climat de steppe qu'est due la formation des tirs et des hamri dans un pays qui offre un aspect désolé en été, et se couvre de riches moissons ou de päturages durant la plus grande partie de l’année. Plus au sud, la région de Mogador jouit d'un climat moins humide, mais remarquablement doux et constant, avec une température moyenne de 19°, oscillant, à de rares exceptions près, de 16° en hiver à 22° en été. C'est un climat canarien qui a pour effet de protéger le développement d'une végétation foreslière spéciale, accompagnée d'une flore d'euphorbes, à caractères subtropicaux. Nous pourrions l'appeler « le climat de l’arganier ». Les observations pluviométriques, si imporlantes dans les zones agricoles, ne sont pas moins inté- ressantes dans les régions monlagneuses. Il serait utile, en effet, d'avoir une idée approximative de la quantité d'eau solide ou liquide recue par l'Atlas, puisqu'il y aura lieu plus tard d'utiliser cette eau pour l'agriculture dans les plaines environnantes. Une aire de hautes pressions se déplace en été vers le nord du Maroc, tandis quil se forme, à ce moment, une aire de dépressions au sud de l'Atlas, dans les régions sahariennes. L'hiver, il règne sur tout l'Atlas et sur la Meseta marocaine de fortes pressions qui s’abaissent durant l'été, et même à partir de la fin de mars. Enfin, les rares indications connues montrent qu'il y a, en outre, ascension barométrique vers l'intérieur. Les vents corres- pondent à ces variations atmosphériques ; un temps calme est rare sur la côte, comme d'ailleurs sur tout le littoral atlantique. Les stations météorologiques permettraient donc des prévisions très utiles. Si l'on songe, de plus, que la pression atmosphérique et les courants aériens sont, au Maroc, en rapport avec les fluc- tuations de l'aire de maximum barométrique de l'Est-Atlantique, on se rend comple des précieux | services que rendraient à Ja navigation des données | météorologiques fournies tous les jours par l'Ob- 398 LOUIS GENTIL — servaloire des Acores. On pourrait ainsi prévoir les raz de marées si néfastes sur la côte marocaine. La richesse de la flore marocaine résulte de la variété des climats, d’une orographie importante et de la mulliplicité des formations géologiques. Nous savons tout l'intérêt de la végétation fores- tière du Protectorat. Les revenus de la forêt appor- teront un jour un appoint très sensible dans les receltes de notre nouvelle colonie. En dehors de la mise en valeur de cette végétation productive, la flore herbacée spontanée offrira au botaniste un grand intérêt, non seulement par les particularités spécifiques qu'il pourra rencontrer, mais surtout par l'étude des flores de passage des différents elimais. C'est ainsi qu’il sera intéressant de suivre sur la végétation spontanée toute la gradation du climat des tirs à celui des régions steppiennes plus sèches de l’hinterland. De même, les plantes de l’Atlas joindront l'intérêt d'une flore de mon- tagne à celui d'une flore de transition entre le bassin méditerranéen et la région désertique. Il sera non moins important de déterminer les carac- téristiques de la flore spéciale du climat de l’arga- nier et ses relations avec celles des régions envi- ronnantes, notamment avec la flore du Sahara occidental. Comme on le voit, les questions de géographie botanique offriront le plus grand intérêt au Maroc, La connaissance de la flore spontanée pourra être ulile à l'agronome au point de vue des espèces à acclimater dans les régions fertiles. Elle sera surtout précieuse au forestier lorsqu'ils’agira pour lui de fixer une dune en progression. Or, les dunes littorales sont fréquentes au Maroc; on peut dire qu'elles bordent plus des deux tiers de la côte atlantique, et qu’elles s’enfoncent parfois à plu- sieurs kilomètres du rivage. Il faudra songer, dans un avenir rapproché, à fixer ces étendues de sable, aujourd'hui inutilisabies, et à rendre à l’agricul- ture ces terrains qui sont actuellement des biens makhzen, c'est-à-dire la propriété du Protectorat. En certains points même, il y aurait urgence à s'occuper de travaux de ce genre. Tel est le cas de la grande dune de Mogador, qui encercle complète- ment la ville du côté du continent. Il y aurait lieu de la fixer le plus rapidement possible, pour per- mettre le tracé des routes qui mettront Mogador en communication avec Safi, Marrakech et Agadir. Il sera très utile pour ce travail de connaitre la flore spontanée, car il n’est pas douteux que certai- nes pelites graminées, des cypéracées et différentes plantes herbacées puissent être utilement trans- plantées sur la dune en progression. Ces plantes aideraient ainsi la fixation du sable, dont la marche serait définitivement arrêtée par le reboisement, LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE AU MAROC soil avec l’arganier, soit avec quelques conifères, le pin des Canaries par exemple. Parmi les études zoologiques, l'inventaire de la faune ornithologique présentera un certain intérêt. Cette faune paraît assez riche avec ses types comes- tibles qui comprennent la grande outarde, la pin- tade, le coq de bruyère, etc. Mais il y aura lieu de porter toute son attention sur les oiseaux migra- teurs. Les daya, les merdja, les sebkha ne sont pas rares au Maroc et recoivent, chaque année, la visite d'oiseaux venus de loin. La faune entomologique sera vraisemblablement curieuse pour les mêmes raisons que la flore spon- tanée. Les coléoptères de montagne, notamment, doivent être récoilés avec soin dans les régions élevées de l'Atlas, et il n’est pas douteux que les insectes, attirés au printemps par les immenses. champs de fleurs du Maroc occidental, n'offrent de nombreuses et inléressantes particularités. La faune ichtyologique et celle des crustacés. d’eau douce doivent également être étudiées avec soin, car elles peuvent avoir une importance pra- tique. C'est ainsi qu'il serait utile de fixer les con- ditions de migration dans les fleuves de l’alose, qui a un intérêt économique sensible dans le Maroc occidental (oued Bou Regreg, Oum er Rebëa, oued Tensift).-On connaît, dès maintenant, la truite de rivière dans la région montagneuse des Beni Mguild, et tout fait présumer que ce précieux poisson se retrouvera ailleurs, dans les eaux claires et froides de l'Atlas. Mais ces recherches faunistiques offriront leur maximum d'intérêt dans les éludes de zoologie marine. Le Maroc français, avec sa grande étendue de côtes atlantiques, attirera certainement, à ce point de vue, l'attention du chercheur; et tôt ou tard seront soulevées des questions de science appliquée de la plus haute importance. Concurremment, pourraient se faire des recher- ches océanographiques qui conduiraient, dans cette partie du littoral atlantique, à des données intéres- santes, notamment sur la salinité et sur la tempé- rature des eaux, sur la lithologie des fonds marins. En ce qui concerne la température des eaux, il serait très utile de délimiter la zone liltorale. On sait que les eaux de la mer sont, sur les côtes, de 4 à 5° plus froides qu'à une vingtaine de milles au large, aussi bien en Espagne et en Portugal qu'au Maroc. L'eau est comme « aspirée » à la surface, où elle crée une couche superficielle à température plus basse. Ce phénomène marin a une répercussion marquée sur l'atmosphère et il permet d'expliquer la fraicheur relative qui règne en été dans la zone littorale de la Meseta marocaine. LOUIS GENTIL — LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE AU MAROC 399 Les étudesethniques doivent avoir au Maroc une place de premier plan. Il importe de déterminer scientifiquement la nature des éléments constitutifs autochtones et des apports berbères, arabes, juifs ou négroïdes. L'anthropologie anatomique seule permettra de jeter quelque lumière sur le complexe ethnogra- phique des populations marocaines. S'ailant des données de l'histoire, les complétant parfois, elle devra aussi faire appel à la collaboration de la géo- graphie physique. En effet, les superposilions sont souvent demeurées marginales par suite des bar- rières naturelles (chaines, forêts) qui se sont oppo- sées au mélange des races. Non seulement l'élément berbère a subi des infil- rations asiatiques et méditerranéennes, mais il se complique d'éléments hébraïques par suite de la présence au Maroc de quatre groupes ethniques juifs, corre-pondant chacun à une période histo- rique, ainsi que l'ont établi les beaux travaux de M. N. Slousch. Les difficultés rencontrées dans les régions kabyles de notre domaine algérien par nos armées d'abord, par nos administrateurs ensuite, existent au Maroc, où elles sont décuplées par une plus forte proportion de la race berbère et aussi par la multi- plicité des obstacles de la nature dans un pays autrement accidenté. Si nous poussons plus loin la comparaison avec notre grande colonie voisine, nous constatons qu’un écart beaucoup plus grand existe ici entre le cita- din et le rural. En Algérie, le second est beau- coup moins éloigné du premier et il est facile de saisir les principales causes de cette particularité. Les citadins, ethnologiquement plus complexes que les autres parce qu'ils sont plus mélangés, présentent au Maroc des aptitudes remarquables résultant d'abord d'une origine supérieure, ensuite d'une adaptation acquise par le commerce et les voyages à l'extérieur. Il ne faut pas oublier, en effet, que le Makhzen à toujours eu à sa disposition des Sujets ayant fait des séjours prolongés en Europe, aussi bien en Angleterre qu'en France, en Allemagne, en Belgique, en Italie et en Espagne, voire même en Suisse et en Autriche. Il est peu d'exemples, dans les villes marocaines, d’hom nes ayant atteint une situation prépondérante comme celle de pacha, amine, commercant ou industriel, sans un séjour préalable de plusieurs années dans quelque pays d'Europe. Le type rural, au contraire, beaucoup moins mé- langé et demeuré isolé, à l'abri des influences du monde civilisé, est resté très fruste, conservant géneralement, avec des aptitudes guerrières, une adaptation au travail du sol auquel il ne demande qu'à se fixer. Cette différence du type citadin et du type rural apparait surlout en ce moment où l'influence des Européens à considérablement augmenté la cherté de la vie dans les villes de la côte. Le berbère fruste se trouve dans l'impossibilité de lutter contre les nouvelles nécessités de l'existence, parce qu'il est incapable de se rendre utile à la population euro- péenne nouvellement débarquée. Alors il déserte la ville pour retourner aux champs qu'il n'aurail jamais dû quitter. Une sélection se fera ainsi peu à peu, qui permet d'envisager unavenir meilleur, apportant à l'agricul- ture une main-d'œuvre productive héréditairement adaptée. Celle-ci menace d'ailleurs d'être insuifi- sante, le chiffre de la population marocaine étant bien inférieur à ce que l'on avait d'abord pensé. Aussi la puériculture passera-t-elle bientôt, peut- être, au rang des principales préoccupalions de l'administration du Protectorat Les recherches d'anthropologie anatomique nous feront connaître la proportionnalité des mélanges ethniques; elles vérifieront, en la précisant, la dissémination en ilots qui rendra ces études minu- tieuses. C'est ainsi que l'on connaît plusieurs îlots d’Aït Tserouchen, de Chtouka, de Mzab, de Che- chaoua, dont on retrouve des traces dans des régions parfois éloignées les unes des autres. C'est ce que Huguet appelle « la mosaïque ethuogra- phique marocaine ». Il faudra nécessairement se livrer à des études d'ensemble avant de passer à des études régio- nales qui auront besoin d’être éclairées par quelques notions générales. Le côté pratique des études anthropologiques au Maroc ne peut échapper. Des connaissances de cet ordre aideront à stabiliser les populations parce que, en travaillant, en s’attachant au sol, le berbère deviendra moins turbulent, nous donnant ainsi les garanties d’une sécurité durable. Ces études seraient susceptibles encore de recevoir une heureuse applicalion dans l’organi- sation des troupes marocaines. Elles permettraient de former des groupements homogènes ou tout au moins une répartition des éléments ethniques dosés en connaissance de cause Or on sait l’im- portance qu'il faut attacher à la création de ces corps indigènes, le berbère étant susceplible de constituer des troupes très endurantes, plus facile- ment et plus rapidement éducables que les troupes similaires de l'Algérie et de la Tunisie. On sait enfin quel parti l’on peut tirer de l'appli- cation de l’anthropométrie, celte filiale de l'an- thropologie anatomique. En aucun pays plus qu'au Marocilserait utile de pouvoir joindre à chaque dossier judiciaire une fiche anthropométrique soigneusement faite, sur un modèle immuable, 100 LOUIS GENTIL — LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE AU MAROC de facon à rendre ces documents comparables entre eux. Et si l’on songe que le soldat marocain déserte facilement, on se rend compte du remède efficace que l’on pourrait apporter à ce mal héréditaire en persuadant au soldat berbère que, s’il manque à son engagement, il sera fatalement, lôt ou tard, identifié par sa fiche anthropométrique. Enfin, nous dirons quelques mots sur les études scientifiques indispensables à la sauvegarde de l'hygiène publique. Il est d'abord nécessaire de rechercher les diverses espèces d'insectes piqueurs ou suceurs de sang qui jouent un rôle dans la transmission des maladies contagieuses. L'étude des moustiques et de leur réparlition permettrait de dresser la carle du paludisme et de mettre en garde le colon avant que les régions infestées ne soient assainies par le drainage du sol et la destruction des insectes propagateurs. La présence au Maroc du Sfegomya fasciala, moustique transmetteur de la fièvre jaune, serait un danger pour la santé publique si elle était constatée. Il importerait donc de détruire cet insecte s’il était trouvé, car il suffirait d’un colo- nial arrivant avec la fièvre jaune pour la dissé- miner dans tout le Protectorat. De même, l'étude des trypanosomes, ces agents de la maladie du sommeil et d’autres infections, est intéressante au premier chef. Le typhus est encore assez mal connu quant à la nature de l'élément microbien, au rôle des insectes transmetteurs du contage et à ses causes pathogènes. Le Maroc est un champ d'études inépuisable sur ce sujet parce que le typhus y cause de grands ravages dans la population indi- gène et européenne. De même, la teigne, qui est endémique au Maroc où elle prend les proportions d’une plaie sociale, la lèpre, qui s'y rencontre parfois, notamment à Fez, mérileraient une étude et des mesures propres à enrayer ces maladies. On pourrait citerencorela typhoïde, la peste, etc. Mais celte courte énumération suffit pour mon- trer la nécessité de faire dresser la carte nosolo- gique du Protectorat. Des médecins spécialistes; chargés de ce travail, se déplaceraient vers les points dangereux pour étudier la marche des grandes épidémies, préciser les causes climaté- riques, sociales et microbiennes qui les régissent. Enfin l'extrême importance de l'analyse micro- bienne dans le captage des eaux potables ne peut échapper. Le bactériologisle doit suivre l'hydro- logue dans l’étude des nappes souterraines et de leurs émergences, pour lui permettre d’en découvrir les points de contamination, notamment dans la pollution par le bacille d'Eberth. On sait les ravages déjà causés par la fièvre thyphoïde au Maroc et, quoiqu'ils aient été considérablement atténués par l'emploi du sérum antityphique du D° Vincent, il importe de mettre désormais, autant que possible, les agglomérations à l'abri du bacille nocif. Bien d’autres recherches scientifiques pourraient être entreprises au Maroc, mais nous avons tenu à nous limiter dans cet article à celles qui, susceptibles d'applications immédiates, doivent être en quelque sorte à l'avant-garde de l’œuvre colonisatrice. Louis Gentil, Professeur-adjoint à la Faculté des Sciences de l'Université de Paris. jh si BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 401 BIBLIOGRAPHIE ANALYSES 4° Ouvrages relatifs au Maroc. Philibert (Vice-Amiral). — Les opérations de la Marine au Maroc (1907-1908). — 1 vol. 1n-8° de 183 pages. Imprimerie natiouale. Paris, 1913. Rédigé d’après des rapports officiels, par le capitaine de frégate Fossey et le lieutenant de vaisseau Godard, sous la direction du vice-amiral Philibert, comman- dant la force navale détachée au Maroc, cet ouvrage mérite toul l'intérêt du lecteur non seulement comme historique des opérations de la Marine, mais encore par ses aperçus inédits sur Ja politique suivie en 1907-1908 pour pacilier les populations du littoral marocain. L'avant-propos rappelle les événements de Casa- blanca et la brillante conduite d'une poignée de marins parvenant à sauver les Européens et à protéger le quar- lier des consulats dans les premiers jours d'août 1907. Le chapitre Ie résume la situation lorsque l'amiral Philibert est arrivé à Casablanca avec les navires por- tant le général Drude et les troupes devant occuper la ville; il indique le rôle dévolu à la Marine : assurer le ravitaillement des troupes; coopérer à la défense des abords de Casablanca; contribuer à ramener le calme et à garantir la sécurité des colonies euro- péennes dans les ports; établir des communications permanentes entre les corps expéditionnaires et les ports, entre le Gouvernement français et la Légation de Tanger; enlin, réprimer la contrebande des armes. Pour accomplir une mission aussi complexe sur une côte toujours inhospitalière, souvent dangereuse, l'amiral disposait d'un nombre de navires bien res- treint. Il a dû leur demander de grands efforts. Lui- même donnait l'exemple d’une activité inlassable. Sa haute intelligence, son concours empressé à toutes les opérations ont largement contribué à maintenir entre les autorités en présence l’entente parfaite qui était indispensable à la réussite des projets du Gouverne- ment. Le chapitre III montre l’effervescence qui régnait au Maroc en août 1907, les difficultés que l’on a dû vaincre, les mesures adoptées par la Marine, les vues qui ont dicté la conduite de l'amiral Philibert. Les autres chapitres relatent les mouvements inces- sants des navires, résument, en ce qui concerne les ports ou leurs environs, les principaux événements et les opérations militaires. Par le tir très efficace et la grande portée de leur artillerie, les croiseurs présents à Casablanca con- tribuent à repousser les attaques des indigènes en août 1907. Le général Drude, puis le général d'Amade apprécient hautement les services rendus par des sections de pièces de 65 millimètres et de 37 millimètres dé- barquées de nos navires. Sans sortir d'une stricte neu- tralité, la Marine assure, en novembre, le débarque- ment des troupes chérifiennes à Mazagan. Le 1°° mai 1908, elle facilite l'occupation de Safi. De la fin de septembre jusqu'en avril, les mauvais temps viennent compliquer les opérations maritimes et augmenter encore la fatigue des équipages, sur- menés par un service hors de proportion avec le petit nombre des bâtiments laissés au Maroc. À Casablanca, des raz de marée détruisent plusieurs mahonnes et chaloupes. Les roulis des navires en rade atteignent une amplitude totale de 25° et même de 44° sur le transport Wytho. Cependant, la Marine parvient à assurer le débar- ET INDEX quement de tout le matériel destiné aux troupes. Elle est entraînée à s'occuper du déchargement de navires de commerce étrangers, dont les réclamations fré- quentes et peu motivées soulèvent des difficultés spéciales. L'appendice n° 2 énumère les avaries subies par nos bâtiments pendant l'hiver de 1907-1908. Les dernières pages sont relatives à la Direction du Port de Casa- blanca, aux mesures prises pour le service de la Télé- graphie sans fil et aux projets d'occupation de divers points du littoral. En dehors de son intérêt pour l'étude de notre péné- tration au Maroc, l'ouvrage que le Département de la Marine a faitimprimer prouve l'endurance de nos équi- pages. Il montre que, sous l'impulsion d’un chef éner- gique et avisé, nos navires ont bien rempli la lourde tâche qui leur était confiée. JORE Bernard (Augustin), Professeur à la Faculté des Lettres d'Alger, Chargé du cours de Géographie de l'Afrique du Nord à la Sorbonne. — Le Maroc. — 4 vol. in-8° de 412 pages avec 5 cartes hors texte. (Prix : 5 fr.) Alcan, éditeur. Paris, 1913. Le volume de M. Augustin Bernard sur le Maroc embrasse tous les problèmes soulevées par l'étude du Mahgreb. Les lecteurs de la Aevue n’ont pas oublié les articles très intéressants qu'en 1903 le professeur de la Faculté d'Alger a fait paraître sur le commerce, l’agriculture et l'industrie au Maroc. Il y a deux ans, nous avons présenté au lecteur son volume sur les Confins marocains. Nous avions pu lire ce livre sur le terrain même, à Debdou et à Merada, et étions en bonne place pour l'apprécier. Les premiers chapitres sont consacrés à l’orographie du pays. Les travaux de Schnell, Lemoine, Gentil ont permis de se faire une idée des grandes lignes du relief marocain‘, et depuis cette époque les travaux du Ser- vice géographique de l'Armée ont apporté de nouveaux et précieux appoints dans nos connaissances sur le grand Atlas; mais il reste là encore beaucoup à tra- vailler. La climatologie et la végétation, intimement liées l'une à l’autre, font l’objet du troisième chapitre. La question de l'origine des {ouaress, de ces terres argi- leuses sur lesquelles tant d’espoirs ont été fondés, est peut-être traitée trop succinctement. Sans prendre parti, l’auteur aurait pu exposer plus longuement les théories éoliennes, marines, etc., qui ont mis aux prises tous les géographes et géologues qui se sont occupés des terres noires du Maroc. Les conditions historiques font l'objet du deuxième livre. L'histoire du Maroc est relativement connue, et se caractérise par une tendance curieuse d'autonomie. A. Bernard met bien en évidence cette tendance à la création d’un culte autocéphale. C’est l’église donatiste qui se sépare de l’église catholique, et plus tard, après l'invasion hilalienne, c'est le khared,isme qui oppose son puritanisme à l'islamisme d'Orient trop dépravé. Passant rapidement sur les luttes intestines qui marquent l’époque des Almoravides, des Almohades el des Mérinides, l’auteur s'arrête plus longuement sur les dynasties chériliennes. C’est la première dynastie ché- rifienne, celle des Saadiens, qui a établi le Makhzen marocain tel que nous l'avons trouvé il y a quatre ans, leurs successeurs, les Felalis, ayant pieusement con- servé l’organisation anarchique qu'ils avaient recueillie des Saadiens. UT COOPER GENTIL : Revue générale des Sciences, 1911, p. 486. 202 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX Successivement, M. Augustin Bernard étudie la vie économique, la vie sociale, la vie politique, si difficile à bien connaître, et souvent même très méconnue par suite de la complexité même des populations maro- caines, de la dualité des races et des langues berbères et arabes. L'uisloire des rapports du Maroc avec les Puissances étrangères, de l'élallissement du Protec- torat est trop connue pour qu'il soit nécessaire d'in- sister. Le Livre a ete écrit au début de 1913, et déjà en ce qui concerne l'expansion française il nous paraît en retard A propos de l'avenir même du Protectorat et en se plaçant au point de vue français, M. Augustin Bernard montre le grand danger qui menace le commerce fran- çais el algérien, dans la zone des Confins. Au terme de l’article 4 de l'accord franco anglais du 8 avril 190+, le commerce des deux nations avec le Maroc et avec l'Egypte jouira du même traitement pour le transit jar les possessions françaises et anglaises en Afrique 1 est trop tard pour relever l'erreur de notre diplo- malie, qui à pris un engagement pour la lrontière orano-arocaine en échange d'un avantage illusoire du côté 1e l'Egypte. Non seulem nt les produits fran- cais vont se lrouver concurrencés sur les marchés marocains, mais encore, en raison de l'insuffisance de la douane, ces mêmes produits franchiront la fron- tière en fraude et pénétreront en Oranie. Cette observ tion si perspicace suflra à montrer l’intérèl que pré-ente la lecture de cet ouvrage. Dubois (Marcel) et Kergomard (J.-G.). — Cartes générales des cinq parties du monde. Afrique. Carte physique et politique. — 4 /euilles mesurant eusemble 22,430 X°1%,70, uirées en quatre couleurs et coloriées pour les limites. Echelle : 1/6.000.0006. (Prix de la carte:en feuilles : 25 fr.; collée sur toile, vernie et montée sur rouleaux : 42 fr.) — Carte de l'Afrique du Nord. (Æxtrait de la grande carte.) — À feuille. (Prix: 3 [r.) — Afrique. Carte muette. Echelle : 1/6.000.000€, (Prix de la carte : en leurlles, 18 fr. ; collée sur toile, vernie et montée sur rouleaux: 35 fr.) À. Challamel, éditeur. Paris, 1943. La carte générale de l’Afrique au six millionième que viennent de publier MM. Marcel Dubois et Kergo- mard s-ra romplétée et suivie des cartes des autres parties du monde à une échelle de même grandeur. La grande difficulté dans l’organisation de ces grandes cartes est d'éviter I-s trop grandes déformativns. En utilisant la projection zénithale équidistante méri- dienue, les auteurs ont pu réaliser un ensemble satis- faisant à | œil. La maison Challamel a voulu soutenir sa réputation dans la cartographie en donnant une carte gravée sur pierre avec une netteté, une clarté remarquables. Les documents hydrographiques sont en bleu, l'orographie ressort en teiute bistre, alors que les limites, encore indécises parfois, des divisions politiques sont indiquées par différentes couleurs. Les éditeurs ont fait un tirage à part de l'Afrique française du Nord et, sur cette carte toute d'actualité, les lecteurs pour: ont suivre le tracé de la future ligne Tunis-Casablanca, voire même celui encore très vague- ment soupconnable d’Alger-Tomhouctou-Brazzaville. Il existe, en outre, pour l'enseignement une carte muette lirée a la mème échelle et qui pourra être éga- lement utiisée par les compagnies coloniales, les mai- sous de commerce pour indiquer les créations nouvelles de postes, de | gnes de communication, etc. Barrère (Henry). — Carte du Maroc, à l'échelle de 1.000 000°, eu 4 feuilles. (Prix : 42 fr. en feuilles, 19 fr. collee et pliée.) Barrère, éditeur. Paris, 1913. Cette Carte du Maroc est divisée en #% feuilles correspondant à l'assemblage adopté par la Commis- sion de la Carte internationale du Monde au 1. 000.000°, — zones H et 1, fuseaux 29 et 30. Chaque feuille com- prend 6° en longitude sur 4° en latitude et le méridien initial est celui de Greenwich. Le système de projection adopté est celui de la Carte du Monde au 1.000.000°, c’est-à-dire la projec- tion polyconique modifiee dont on doit le calcul des éléments à l’obligeance de M. Henri Vallot. l'ans cette projection, les méridiens sont figurés par des lignes droites et les parallèles par des cercles dont les centres se trouvent sur le prolongement du méridien ce. ntral: elle doit permettre l'assemblage exact de chaque feuille avec les feuilles voisines sur ses quitre côtés. Le dessin à élé exécuté à l'échelle du 750.000€ et réduit photographiquement au 4.000.000. Les cou- leurs empioyées sont le noir pour les écritures et les chemins de fer, le bleu pour tout ce qui concerne l'hydrographie, le rouge pour les pistes et emplace- ments de, souk, qu’il à paru intéressant de distinguer ainsi des localités proprement dites et des emplace- ments de tribus. On à adopté pour la representation du relief du sol des courbes figuratives tirées en bistre et tracées autant que possile d’après les cotes connues; ces courbes sont relevées par un e-toumpage. Malheureusement, les nombreuses lacunes existant encore ne permettent pas de donner la représentation du relief du soi au moyen de teintes hypsométriques, conformément au vœu émis par la Commission de la Carte internationale du Monde au 1.000.000€. Nous ne pouvons mieux établir la valeur de cette carte qu'en citant les premières lignes de 1 article de Louis Gentil : Le relie! du Maroc (Hevue du mois, mars 4913). Nul plus que notre éminent collaborateur ne jouvait douner un avis aussi autorisé : « La belle carte du Maroc au millionième que M. Henry Barrère présente au public constitue une très intéressante mise au point des documents carto- gra ‘hiques actuellement acquis sur le Maghreb. Par les progrès considérables qu'elle réalise sur l'édition de 1904 à la même échelle, elle montre que le Nord- Ouest atricain commence à se dessiner sur la carte du bassin de 11 Méditerranée. Elle nous permet aussi, grâce aux données scientifiques accumulées sur la structure de ce pays, d'envisager la carte du Maroc, non plus comme une série d'ilinéraires de reconnais- sance plus ou moins compar bles entre eux, mais comme un ensemble dont l'enchaînement harmonieux incite aux idées de synthèse. » La note qui accompagne la carte donne des explica- tions très intéressantes sur les do-uments utilisés; on trouve, en outre, une libliographie très riche déjà sur la cartographie marocaine; enfin, en quelques pages, les abréviations ulilisées dans la carte, rensei- gnements rendus indispensables par l'empoi des deux langues arabe et berbère. Fallex (Maurice), Prolesseur au Lycée Louis-le-Grand. — Maroc. Carte murale au millionième, en couleurs. (Prix : 42 fr. 50.) Ch. Delagrave, 15, rue Soufflot. Paris, 191%. La carte murale du Maroc dressée par Maurice Fallexest destinée à rendre les plus grands services. Conçue sur des bases scientifiques, elle met au point tous les docu- ments acquis à ce jour sur notre protectorat Elle ne fait nullement double emploi avec la carte de documen- tation d'Henry Barrère. Elle syntiétise, en effet, sans les reproduire intégralement, les levés réguliers du Ser- vice géographique de l'Armée et elle réunit les prinei- pales données rapportées par les voyageurs qui ont parcouru les régions du bled siba non en ore paci- liées. C’est ainsi quelle fait de larges emprunis aux travaux de de Foucauld, de Segonzac et de Louis Gentil. M. Maurice Fallex à, en particulier, reproduit, en un carton au 1/3 000.000, la carte géologique de couleurs de ce dernier et il fait ressortir, d'après ce savant, les zrandes divisions orogéniques du Maroc (Mesela marocaine, détroit Sud-Rilain, Atlas, Plateau saha- rien, etc.). Il rend ainsi sa carte indispensable au point BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 103 RE — — — de vue didactique, non seulement pour les Universités, mais même pour les collèges et les lycées où l’ensei- gnement de la Géographie est entré dans la voie scientifique. s L Me Les teintes hypsométriques que M. Fallex a figurées donnent une impression très nette du relief du Maroc; elles sont très heureusement associées aux teintes bathymétriques de l'océan Atlantique et de la Médi- terranée. Enlin, les principales lignes de navigation, les grandes voies de communication et les plans des principales villes (figures en carton) complètent la documentation de cette belle carte du PRE | Gauthronet (E.), Zugénieur. — Tanger. Son port, ses voies de pénétration. (Deuxiéme édition.) — 1 vol. iu-8° de 150 pages avec ligures et cartes. \Prix: 10 {r.) Challamel, éuiteur. Paris, 191#. « Cette étude a exigé une documentation laborieuse et un travail considérable, J'estime que ce document pourrait être consulté avec fruit par ceux qu'intéressent le développement de Tanger et la question marocaine. Ils y trouveront des renseignements précieux. » Ces Î Sur les 45.000 habitants de Tanger, on compte 2,000 Européens hahitués aux nécessités du conlort moderne elréclamant200 litres d’eau par tête, 5.000 Eu- ropéens de la classe bourgeoise ne demandant que 100 litres, 10.000 ouvriers se contentant de 60 litres, et enfin les 28.000 indigènes musulmans ou israëlites pour lesquels 30 litres seront déjà un luxe, soit 2.000 mètres cubes par jour. Dans le projet Gauthronet, Tanger devant posséder 200.000 habitants en 1960, il faudra prévoir ue con- sommation de 40.000 mètres cubes. Enfin, nous croyons devoir donner le profilen travers du Fez-langer tracé par l'auteur. D'après lui, les pentes seraient assez faibles, ne dépassant jamais 15 millimètres par mète, inférieures par suite aux déclivités des chemins de fer algériens. Mais le projet est établi ; our une voie de 4 mètre et on sait que la convention franco-espasnole a à opté l'écartement de 1,44; par suite, tous les devis de M. Gauthronet cessent d'être applicables. En plus des nombreux graphiques dont nons avons parlé, le volume sur Tanger contient de nombreuses gravures, inutile d’en parler plus longuement puisque Fig. 1. — Profil en travers du chemin de fer Fez-Tanger, d'après M. Gauthronet. lignes sont empruntées à la préface que M. Porché, le directeur des travaux de Tanger et notre distingué collaborateur, a écrite pour la deuxième édition de l'ouvrage de M. Gauthronet sur le Port de Tanger. On trouve, en effet, dans ce livre une étude très intéressante et très riche de chilfres sur le port et le commerce de Tanger. Pour M. Gauthronet comme pour les « Tangérois », la ville de Tanger peut et doit devenir la tête des lignes de pénétration dans l'empire chérifien ; à Tanger doivent -mbarquer et débarquer toutes les marchan- dises d'importation ou d'exportation, en provenance ou à destination de l'hinterland. Dans une série de graphiques dont la lecture est des plus intéressantes, l’auteur s’est efforcé, en partant des mouvem:nts des ports de l'Afrique du Nord: Alger, Oran, Sfax, Tunis et Tanzer, d'établir la courbe ascen- sionnelle des affaires de 1880 à 1940. Il est évident que ces conceplions ne manquent pas de témérité et qu'il serait prudent de faire des ré-erves, quand il s’agit de périodes futures de vingt-cinq ans et de pays en voie de transformatiun profonde. . C'est ainsi que le graphique indiqrant les résultats financi: rs de l'exploitation commerciale du port de Tanger d'après les prévisions comparées ave: l'exploi- tation ‘les ports algéro-tunisiens, établi jusqu'en 1960, est exposé à subir avec le Lemps de grosses variations; néanmoins cette étude est intéressante et il faut bien, quand on lance une affaire du genre du port de Tanger, tabler sur des calculs approximatifs. É . Un chapitre est consacré au problème de l’alimenta- tion en eau potable de la ville de Tanger. Signa'ons ici l'estimation des besoins en eau potable suivant les tondilions sociales ou ethniques de la population. l'auteur a bien voulu les mrettre à la disposition de la Revue pour illustrer ce numéro. J.-P. L, Rivière et Lecq. — Traité pratique d’Agricul- ture pour le nord de l'Afrique. — 1 vol. 1u-8° de 1090 payes avec figures. (Prix : 45 {r.) Challamel, éditeur. Paris, 191%. Dansle Traité d'Agriculture pour le nord de l Afrique qu'ils publient chez Challamel, MM. Rivière et Lecq ont entrepris l'élude de toutes les questions qui intéres- sent le colon nord-afriain, depuis la culture des céréales jusqu'à | hygiène du colon. Nous n'avons pas l'intention d'analyser ce travail considérable; mais, désirant c mbler une lacune de ce numéro, l’article sur l’Agriculture n'ayant pas été recu à temps, nous avons pensé qu’en résumant ou même en donnant des extraits du chapitre con-acré plus spécialement au Maroc, nous ferions œuvre utile et pour la {vue et pour les auteurs, dont on appré- ciera mieux ainsi la méthode de travaul. Après l'exposé de nos connaissances encore bien incomplètes de la m°téorologie marocaine, un exposé rapide de la flore, on trouve une étude des différentes ré-ions envisagées au point de vue agricole : le /#1f, montagneux, peu propice à l’agriculture, compri- dans la zone espagn: le; le Gharb, comprenant la zone inter- nationaliste de langer et les plateaux du Maroc occi- dental; la région du Sehou, grande plaine alluvion- naire que l'ivrigation prut conquérir: la Chaouïa et la Doukkala où pays des terres noires; la région de Mogador, avec ses arbres fruitiers et son arganier presque caractéristique du pays; le Sous, où jadis poussait la canne à sucre et qui, mieuxirrigué, devrait 40% BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX retrouver sa richesse agricole et arboricole; la plaine de Warrakech, avec sa végétation de steppe et ses pal- miers aux dattes médiocres ; dans le Maroc oriental, la plaine des Angad et des Trilla, trop vantée jadis, peut-être méconnue maintenant. Les fameuses terres noires, les tirs, que l’on ren- contre à une certaine distance des côtes de l’Atlan- tique entre le Bou Regreg et le Tensift, avec une lar- geur de 60 à 100 kilomètres, sont des terres parfois profondes de 40 à 60 mètres, fortes et argileuses, à surface humifère se fendillant au soleil, cultivables les années à pluies précoces, mais difficiles à travailler dans les époques à pluies tardives. « Une analyse chimique d’une terre meuble franche dans laquelle les éléments physiques constiluants, sable, argile et calcaire, se font équilibre, a donné les résultats suivants : « Pour 1.000 grammes de terre fine séchée à l'air : Azote total . ARS COL AE 1,70 Acide phosphorique. . . . . . . . 2 Potasse. ERA UE, LS CU CITES 3,10 Chat EAP RENE LL A0 MCE PRE 12 OS re dé D a RE NU SULTALE PT RER PET 0,30 CRIORE RER 20: 6,25 « On peut donc classer cette terre dans les terres riches. « Quelques-unes de ces terres sont donc bien pour- vues ; mais leur fertilité est sous la dépendance des conditions météoriques, qui ont sur la végétation une influence prépondérante. « Or, la pluviométrie varie dans de grandes propor- tions sur l'immense étendue où se trouvent des tirs. Quelle que soit la richesse de ce sol, l’année où la plu- viosité fait défaut, la récolte manque. « Il faut aussi tenir compte de la constitution phy- sique de ces terres : parfois, quoique humilères, elles sont trop sableñses. D'autre part, la grande quantité d'argile et de ler qu’elles contiennent les rend difficiles à travailler dans les saisons sèches. « Ces {rs reposent aussi sur des sous-sols imper- méables ; leur épaisseur est également variable, de 1à une fertilité relative ou exigeant des cultures diverses. « En réalité, l'analyse de ces terres n'indique pas des éléments de fertilité supérieurs à ceux qu'offrent certaines parties de l'Algérie, notamment la Mitidja et le Chéliff, si cette dernière région était moins sèche. » MM. Rivière et Lecq, après avoir étudié séparément les productions agricoles, abordent très nettement le sujet brûlant : la fertilité du Maroc, et citent les opi- nions si différentes émises par les explorateurs : « La meüleure crilique à résumer est celle de M. Doutié, qui fait autorité pour les questions se rattachant au Maroc. Cet auteur dit : « La fertilité du sol marocain « a le plus souvent été célébrée avec un enthousiasme « qui nous paraît exagéré : il y a à cet égard un « départ à faire. » « En effet, il convient d'envisager l'ensemble du pays et d’en déterminer très approximativement les degrés de productivité naturelle. « Pour M. Brives, qui a pu à diverses reprises étu- dier les différentes régions du Maroc, l'absence d’eau est le grand défaut des régions sub-atlantiques sur les- quelles on à tant altiré l'attention et elle sera le plus grand obstacle à la pénétration européenne. Le Maroc peut devenir une excellente colonie d'exploitation : il se prêle peu au peuplement européen. « D'après plusieurs auteurs, et d’après M. Doutté notamment, le Grand-Atlas est pauvre, malgré ses alti- tudes où persiste longtemps la neige et malgré les orages qui l’arrosent; les peuplements forestiers sont de peu de valeur ou dans beaucoup de cas inexploi- tables. Dans l'ouest, les grandes plaines sont fertiles, notamment la Doukkala et la Chaouïa, où cependant on parait avoir exagéré la valeur des fameuses {erres noires; Ce sont des pays de cultures de céréales. « Même dans les terres noires, le sort des récoltes est sous la dépendance des pluies plus ou moins abon- dantes ; en 1910, dans le pays des Doukkala, cependant riche en terres noires, c'était la famine parce qu'il n'avait pas plu. « Quantaux cultures dites riches, capables de donner des résultats financiers immédiats et importants, il n'en existe pas, parce que le Maroc, comme l'Algérie et la Tunisie, ne peut avoir qu’une agriculture essen- tiellement méditerranéenne, plus où moius produc- tive suivant les conditions favorables de milieu. Hl faut donc ranger parmi les utopies et les chimères les cultures dites coloniales, toujours chères à quelques rêveurs, notamment celles du caféier, de la canne à sucre, du manioc et même du cotonnier, ce dernier ne pouvant être cultivé que dans les rares localisations où son rendement ne serait rémunérateur qu'avec l'aide de l’arrosage. » Les extraits qui viennent d'être donnés suffisent pour montrer l'extrême prudence avec laquelle les auteurs de ce livre envisagent le problème de la colo- nisation marocaine. 1 Pour eux, le Maroc ne saurait être une colonie de peuplement. C'est par une association étroite entre l'européen et l'indigène que l'avenir peut être assuré. Mais alors il ne faut pas renouveler la faute ou le crime de la colonisation algérienne : dépouiller l’Arabe et le Berbère au détriment du colon, l'aire suer le burnous. La juste répartition des impôts, l'emploi de cet argent versé par le contribuable agricole aux travaux publies favorisant la mise en valeur du pays. tels sont les vœux très légitimes qui terminent cette étude sur le Maroc. L'ouvrage de MM. Rivière et Lecq est doublement précieux par les renseignements si nombreux qu'il donne et aussi par la bibliographie, très ample, qui permet de toujours recourir aux sources. X° Gaudefroy-Demombynes (M.), Professeur à l'Ecole des Langues orientales, et Mereier (L.), Vice-Consul de France à Rabat. — Manuel d'arabe marocain, avec introduction historique et géogra- phique. — 1 vol. in-8° de 242 pages. (Prix : 6 fr. 50.) Guilmoto, éditeur. Paris, 4913. Ce livre est le premier du genre publié sur le Maroc. Il estécrit sans prétention scientifique par des hommes compétents, au courant de la langue, connaissant les hommes et les choses du pays marocain : l'un d'eux, qui enseigne l'arabe à l'Ecole des Langues orientales de Paris, s’est spécialisé depuis longtemps dans l'étude des Musulmans nord-africains parmi lesquels il a vécu; l'autre est depuis des années au Maroc et, par ses fonctions mêmes, il a été appelé à vivre au milieu des Musulmans, à causer avec eux. Au moment où nos soldats, nos fonctionnaires, nos commerçants, nos agriculteurs arrivent de plus en plus nombreux sur cette nouvelle terre de protectorat, il fallait leur donner un Hanuelcapable de les renseigner rapidement sur le pays, de leur apprendre les éléments indispensables de la langue arabe parlée ou comprise dans la plus grande partie du Maroc, la langue offi- cielle de l'administration du pays. C'est ce que les auteurs du Manuel d'arabe marocain ont tenté de réa- liser, et ils ont pleinement réussi. La partie principale de cet ouvrage, comme l'indique le titre, est occupée par l'étude de l'arabe marocain : une grammaire, des dialogues, un vocabulaire en con- stituent les trois divisions. Les auteurs ont compris qu'ils devaient, avant tout, aplanir les difficultés de l'arabe à des débutants et simplifier le plus possible la transcription phonétique. La grammaire (83-187) est réduite aux lois essen- tielles de la phonétique, de la morphologie et de la syntaxe, appuyées sur de nombreux exemples. La transcription, des plus claires, est heureuse et suffi- sante pour des débutants. Les auteurs auraient bien LS) ect (o-paé Den 0 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 405 fait d'ajouter quelques signes pour rendre certaines consonnes emphatiques, qui méritent vraiment d'être représentées. ktant donnée la mobilité de l'accent en marocain, les auteurs de ce WManuel se sont prudemment gardés d'entrer dans des détails et des précisions sur’ ce point délicat. L'accent est d'ailleurs soigneuse- ment indiqué dans les dialogues qui occupent les pages 188-222. Ces dialogues sont choisis de façon à permettre. au voyageur qui arrive au Maroc de de- mander immédiatement ce qui lui est indipensable : l'arrivée, montures et bagages, en marche, l'étape, la température, la nourriture, le bain maure, le marché, monnaies el change, poids et mesures, café, musique et danses, tels sont leurs titres. Dans ces dialogues, la phrase francaise est suivie de la phrase arabe et de la prononciation en caractères latins. Il en est de même dans le premier vocabulaire (p. 223-226}, comprenant les noms de métiers. Le second vocabulaire donne les principaux mots espagnols adoptés par l'arabe maro- cain. Le troisième est relalif au calendrier et aux noms des divisions du temps. Enfin, pour renseigner le nouveau débarqué au Maroc sur le pays et les populatiuns, les auteurs ont fait pré- céder leur étude grammaticale d'une copieuse intro- duetion sur la géographie, l'histoire, l'état politique et social du Maroc. On a déjà sur ce même sujet l’excel- lent livre d’Augustin Bernard ; mais le résumé donné dans le Manuel d'arabe marocain y est tout à fait à sa place; c'est le complément naturel du reste du livre. En un mot, disons que le petit livre de MM. Gaude- froy-Demombynes et Mercier est présenté avec méthode et clarté; il est appelé à rendre de précieux services à tous ceux qui vont au Maroc. ALFRED BEL, Directeur de la Médersa de Tlemcen Holtz (Louis). — Traité de Législation marocaine. — 1 vol. in-8° de 457 pages. (Prix : 10 fr.). Societé des Juris-Clisseurs, éditeur. Paris, 1914. M. Louis Holtz, ancien magistrat, docteur en droit, chef de contentieux de la Compagnie Marocaine, vient de publier, dans les Editions des Juris-Classeurs, un traité de législation marocaine. C'est le premier qui paraisse. Son besoin était vivement ressenti: Quel est le colon, le fonctionnaire, l'officier, le commerçant de la Métropole en rapport d'affaires avec le Maroc qui n'ait, à maintes reprises, — en constatant combien de temps, combien de recherches il fallait pour obtenir sur tel ou tel point un renseignement précis — regretté de n'avoir pas sous la main un volume lui donnant d'une manière pratique et exacte les données indispensables concer- nant l'Empire chérilien ? Tantôt il s'agit de savoir la compétence d'un fonctionnaire, tantôt l’organisation d'un service, tantôt la règle de droit applicable à une Siluation donnée ; ou bien c'est un principe, une idée générale, que l’on recherche dominant telle ou telle matière, telle ou telle question qui sort de la pratique journalière : que de peine pour trouver ou pour retrou- ver le texte, la date, la référence, le renseignement qui échappe ! L'ouvrage de M. Louis Holtz, consciencieux et pré- cis, sera là désormais pour mettre à la disposition du chercheur sa documentation exacte et abondante. Dans ses 457 pages, il embrasse l'ensemble de la législation marocaine, il présente le tableau complet du Droit public et du Droit privé du Protectorat. Tableau qui certes était malaisé à tracer ! Quelle com- plexité, quel enchevêtrement de situations! Voilà uu Empire, souverain théoriquement jusqu'à une époque toute récente, mais qui a accordé à telles ou telles Puissances d'importantes concessions, notam- ment quant à la condition faite aux étrangers sur son territoire. Les concessions qu'il a accordées ne se sont pas limitées aux étrangers ; elles ont eu pour effet encore de soustraire à sa souveraineté un certain nombre de ses propres sujets ; non seulement des traités particuliers sont à intervenir entre le Maroc et | telle ou telle Puissance, traités dont le jeu de la clause | de la nation la plus favorisée à étendu la portée d'ap- plicalion; mais des conventions sont intervenues qui ont internationalisé le Maroc, qui ont fait fonctionner sur son sol des institutions très diverses, en donnant parfois à telle ou telle Puissance une situation ‘parti- culière, sans que la nature de cette situation soit toujours bien précisée et que l'on sache très exacte- ment s’il s'agit de l'exercice d’un mandat ou au con- | traire d'un droit propre à cette Puissance. C’est là-dessus qu'intervient le traité de Protectoral entre la France et le Maroc ; mais la France a pris des engagements internationaux antérieurs, dont la signa- ture du traité de Protectorat va marquer la mise en application pratique : et à peine le traité de Protec- torat est-il signé qu'il va falloir négocier avec l'Espagne un accord qui, tout en conservant, dit M. Holtz, pour la situation relative du Maroc et de la zone espagnole, une unité de droit international, crée une dualité d'administration et une dualité de responsabilité. Quels sont les {raités passés entre les Puissances et le | Maroc auxquels le Protectorat va mettre fin ? Quels | sont ceux qui vont subsister? Dans quelle mesure les réformes apportées dans l'organisalion de l'Empire chérifien vont-elles affecter l'existence de ces traités ? Autant de questions qui se dressent du côté interna- tional et qui ne contribuent pas à faire de la situation au Maroc un modèle de simplicité! Et que d'autres causes encore de complexité dans l’organisation ou surtout le manque d'organisation chérifienne elle- même! Sans doute peu à peu s'instaure un état de choses nouveau, grâce à l'activité de nos fonction- naires, mais qui oserait sans guide s’aventurer dans le dédale de l’organisation marocaine ? Pour ne parler que des diverses juridictions qui fonctionnent au Maroc, comment ne pas être effrayé de leur nombre: justice musulmaue, du Cadi ou du Caïd, justice aélite, tribunaux consulaires, juridiction d’'excep- lion, conseil de guerre, juridiction arbitrale de l'accord du # novembre 1911, tribunaux particuliers de la Banque d'Etat, juridiction enfin du Protectorat, tribunaux de paix, de première instance ou Cour d'appel! Quel sentiment d'incertitude ne concevrait-on pas en songeant que pour là seule justice tant de portes se présentent devant celui qui veut faire valoir son droit et qu'il faut frapper à la bonne porte sous peine d'échec et de frais inutiles ? Il était bon qu'un homme compétent jetât quelque lumière sur l'organisation complexe de lkmpire chérifien : organisation d'hier qui demeure encore sur bien des points celle d'aujourd'hui, organisation d'au- jourd'hui — qui ne s'appliquera complètement que demain —. Le public qui consultera l'ouvrage de M. Holtz — et ce seront tous ceux qu'un lien quel- conque raltache à l'Empire chérilien — lui sera recon- naissant de l'effort qu'il a heureusement entrepris pour débrouiller une situation complexe, planter quelques jalons et déterminer quelques points de repère sur une route assez malaisée. | GILBERT GIDEL, {Professeur de Droit internalional à l'Université de Rennes. Amar (Emile), Docteur ès sciences juridiques, Pro- fesseur suppléant darabe à l'Ecole des Langues orientales vivantes. — L'organisation de la pro- priété foncière au Maroc. Etude théorique et pra- tique. (Prélace de M. Pierre BAUDIN, sénateur, mi- nistre de la Marine). — A vol. in-8° de 151 pages. Paul Geuthner, éditeur. Paris, 1913. | L'étude de la condition de la propriété foncière au Maroc est de celles qui offrent un intérêt primordial en vue du développement de la colonisation au Maroc. La sécurité de la propriété pour celui qui l'acquiert est en eflet la première condition nécessaire pour des | établissements durables, et elle est loin d'exister dans le Protectorat. Cette fâcheuse situation résulte de causes liverses : l'absence de titres de propriété ou leur insu fisance, la spéculation effrénée qui a entraîné des tran-missions viciées, l'existence de terres collec tives ou placées dans des situations Juridiques spé- ciales. Et encore laut-il tenir compte de situations dif- férentes existant dans le Bled-el-Makhzen et dans le Bled-es-Siba. M. Amar passe en revue les diverses catégories de terres que l’on rencontre au Maro: et il en donne les caractères dislinctifs : terres du Makbzen, sur Îles- quelles des concessions (/enfida) peuvent être faites aux Européens; t-rres mortes, ne produisant pas, dont on admet de moins en moins l'existence; terres des tribus, qui présentent des variétés, et sur lesquelles bien des controverses s'élèvent quant à la nature du droit de celles-ci; terres de propriété privée, système peu compalible avec le vieux droit musulman, mais qui parvient à s'appliquer dans les villes et dans les régions situées en dehors de l'action du Makhzen. Enfin, l'ait-ur parle des concessions faites par le sul- tan à certains particuliers et indique quels droits leur appartiennent sur ces terres. Dans un chapitre suivant, il traite de la preuve de la propriété au Maroc, dont il montre toutes les diltfi- cullés. Il recherche quels peuvent être ces titres et quelle en est la force probante; puis quel est le rôle de la posse-sion, qui amène à fonder la propriété en mettant obstacle par prescription exüinctive à toute revendicalion. Nous apprenons -nsuite, dans un autre chapitre, comment la propriété se transmet entre indigènes. d'indigènes à Européens, d'Européens à d’autres personn:s; l'étude des biens habous, inalié- nables, complète le sujet. Enfin, un chapitre est rela- tif à la procédure judiciaire applicable aux procès en matière immobilière. Chemin faisant, M. Amar a signalé des réformes dé- sirables : { a donné ainsi à son livre un caractère pra- tique dont M Pierre Baudin, dans la préface, a fait ressortir l'importance en disant combien il était dé- sirable que le Gouvernement du Protectorat s'en inspire; Jusqu'ici malheureusement, comme le dit M Amar en terminant, rien de définitif n'a été fait encore pour la réglementation de la question fon- cière au Maroc. G. REGELSPERGER. Arin (Félix), Docteur en droit, attaché à la Direction des Services judiciaires du Gouvernement tunisien. — Le régime légal des mines dans l'Afrique du Nord. Tunisie. Algérie, Maroc. Textes et docu- ments. — 1 vo/. iu-8° de 198 pages. Augustin Chal- lamel, éditeur. Paris, 1943. L'importance des richesses minières que renferme l'Afrique du Nord a appelé l'attention et la convoitise des peuples divers qui s y sont établis, et il n'est pas inutile de savoir ce qui à été fait en vue d'organiser l'industrie extractive avant la venue de la France. C’est ce qui justifie l'intérêt de ce livre. L'auteur y a réuni des textes et des documents sur le régime légal des mines, mais il ne s’est pas borné à donner ceux conte- nant les règles actuellement en vigueur. Remontant dans le pass”, il a présenté également tous ceux qui cor espondent aux grandes époques de l'histoire de l’Alrique méditerranéenne, La partie la plus consi lérable du livre est consacrée à ces textes et Alocuments, anciens et actuels, mais l’auteur les a fait précéder de quelques intéressants préambules. Il a donné d’abord un aperçu des richesses minérales de l'Afrique du Nord, où il a procédé par énumeralions rapides, mais qui n'en est pas moins instrurlif elest accompagné de notes bibliozraphiques précises; il envisage suvcessivement le Maroc, sur lequel il est un peu bref, l'Agérie et la Tunisie. Il montre quel à élé jadis le développement de l'exploi- tation minière et ce qu'il est aujourd'hui, M. Félix Aïin expose ensuite les différents systèmes juridiques qui ont successivement régi la matière avant 106 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX ——————————————— la conquête arabe et sous la domination musulmane, et enfin ceux aujourt’hui appliqués en Alsérie, en Tunisie et au Maroc. Cette étude élait particulièrement intér: ssante au moment où l'importance minière de l'Algérie et de la Tunisie s'affirme de plus en plus et où le Maroc offre un ch&mp w’aclivité croissant aux entreprises de cette nature. Il en ressort que, du temps des Romiins, si l'Etat ne disposait pas en maitre de la propriété minière, il en assumait la surveillance et le contrôle; que le droit musulmau admettait, dans la réalité des faits, sinon en théorie, la ‘‘omanialité des mines. Aujourd'hui, sous la domi- nation francaise, l’Alzérie est p acée sous l'empire de la législation minière de la métropole, sauf quelques dispositions spéciales ; en Tunisie, on attend uu rema= nieiment de la législation miniere d'a rès des projets déjà étudiés; le Maroc est encore sous l'empire du droit musulman. la partie Textes et documents contient des textes latins et arabes et pour l’ép ‘que moderne, les textes en vigueur et ceux des divers pro;ets de lois ou de décrets, sucessivement p: ur l'Algérie, la Tunisie et le Maroc. Des annexes contiennent divrs tabl-aux de statistique. G. REGELSPERGER. 2° Sciences mathématiques Mitzscherling (Dr Arthur). — Das Problem der Kreisteilung. Ein Beitrag zur Geschichte seiner Entwicklung (LE PROBLÈME DE LA DIVISION DU CERCLE). — À vol. in-8° de 21% pages avec 210 figures. (Prix : 8 fr. 75.) Teubner. Leipzig et Berlin, 4913. Mitzscherling est mort à trente-trois ans, laissant complètement achevé le manuscrit de son livre : « Le problème de la division du cercle en parties égales ». Sa veuve voulut que cette œuvre ne restàt pas inconnue et atteignit le cercle de lecteurs auquel elle était destinée, et grâce au dévouement des collègues et amis de Mitzscherling, l'ouvrage parut un an après sa mort. Comme l'indique le sous-titre, il s'agit d'un travail historique portant sur un point spéciai des Mathéma- tiques. Ces travaux, si fort en faveur chez ns voisins, sont peu connus en France, où l’histoire des Mathé- matiques ne figure dans aucun examen. L’opuscule de Klein, traduit par Griess et publié chez Nony et Vuibert, et où précisément plusieurs chapitres sont consacrés à la division du cercle en parties égales, a fait connaître chez nous ce genre d'ouvrage et l'intérêt qui s'y attache. Sans doute il n’y a guère dans un pareil livre matière à rec erches originales, et tout l'intéret du travail consiste à être clair et complet. A ce point de vue, l'ouvrage de Mitzscherling offie toute salisfa tion, el ceux que cette question intéresse y trouveront tous les renseignements souhaitrbles avec les références. Le livre est partagé en deux parties : 1° Partage du cercle en parties égales et inscription des polygones réguliers; 2 Polysection d'un angle ou d'un arc. c'est-à-dire division en un certain nombre de parties égales, et en particulier la trisection de l'angle. Dans la première partie, qui tient environ le tiers de l'ouvrage, Mitzscherling, après un court exposé historique, rappelle les travaux de Gauss sur la possibilité de construire les polygones réguliers avec la règle et le compas, et il passe en revue les diverses constructions pour les principaux polygones classi- ques Il signale en particulier les cen-tructions de “ascheroni avec le compas seul et montre comment notre compatriote M. Gérard à donné pour le polygone de 17 côtés une construction uniquement avec le compas, construction dont la possibilité avait été indiquée par Klein. Viennent ensuite les méthodes fournissant des constructions approchées, soit avec la règle et le BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX compas, soit avec l’aide de courbes, et la première partie se termine par l'étude très sommaire des machines à diviser le cercle. La seconde partie commence par une étude très com- plète u célèbre problème de la trisection de l'ansle. Après avoir montré l'impossibilité de résoudre le problème au moyen de la règle et du compas dans le cas sénéral, l'auteur passe en revue les différentes méthodes employées par les Grecs et les Arabes, l'emploi des coniques, puis des courbes de degré lus élevé (lrisectrices de Mac Laurin, de Catalan, de Longchamps, strophoïde, conchoïde, limaçon de Pascal, etc.). Il étude ensuite les solutions approchées tant anciennes que modernes, notamment celles de Fial- kowski, et termine le chapitre par l'étude de quelques machines permettant de réaliser mécaniquement la trisection de l'angle. La polysection de l'angle, dont la trisection n'est qu'un cas particulier, est ensuite examinée. Successivement sont passées en revue les courbes algébriques (cycloïide de éva araneiïde de Heymann, conchoide de cercle de Nägelsbach, courbe de Hesse, de Burili-Forti, de van der Grinten, de OEkinghans, de Kempe, etc.), puis les courbes transcendan'es qui permettent de résoudre rigoureusement le problème. Enfin le volume se termine par l'exposé d:s cons- tructions aprrochées de Fialkowski, lampe, Collignon, Strempel, Künig et Schôler et l’indicati.n des iustru- ments qui résolvent graphiquement le problème. On voit donc que sous un mince volume (214 pages) le livre de Mitscherling contient un nombre énorme de faits judicieusement classés et clairement exposés, et par suite pourra rendre de grands services. A. HUaRD, Professeur au Lycée Henri-IV. De Gramont, duc de Guiche (Armand). Essais d’Aérodynamique du plan. {3° serie). — 1 vo. in 4° de 145 payes avec 161 figures. (Prix : 3 fr. 50.1 Librairie Hachette. Paris, 1913. On sait que M. Armand de Gramont, duc de Guiche, docteur de l'Université de Paris, a créé un laboratoire de Mécanique, sur les conseils et avec la collaboration du si regretté Carlo Bourlet; il a effectué dans ce laboratoire des séries d'expériences très importantes, en déterminant la répartition locale des pressions sur des plans en mouvement de translation dans l’.ir immobiie. Ces plans sont transportés par une Voilure automubile, à laquelle ils sont fixés à une hau- teur assez grande pour que les remous dus au mouve- ment de la voiture n'influent pas sensiblement sur les résultats. La Hevue a donné antérieurement l'analyse des deux premières séries d'expériences effectuées par M. de Gramont; nous voudriuns donner ici un apercu des résultats de la troisième série, qui viennent d’être publiés. . Lesplans de 80 X 80 centimètres et ceux de 132 cen- tüimèlres d'envergure, dont le duc de Guiche s'était servi au début, moutraient à l'avaut l''x st-nce d'iso- bares parallèles au bord d'attaque. A l'arrière, aucun régime analogue n'apparaissait. Les planches de 132 centimètres s'étaient déformées à l'usage et n avaient pu être expérimentées à l'arrière. Les plans de 80 et 100 centimètres d'envergure donnaient des résullats qui n'étaient pas comparables, el l'on ne pouvait attribuer ces différences à des erresrs d'expé- rience. Comme les dépr ssions à l’arrière crois-aient cependant avec la largeur de la surface, il y avait à rechercher si lerégime dépendait en quelque façon de l'envergure, en expérimentant sur des surfaces aussi larges que possible. Ce sont ces expériences, ellectuées en 1912, qui sont rapportées dans la troisième série. La méthode à été améliorée sans modifications ‘ Voir la Revue du 30 août 1912, p. 639. 107 essentielles. C'est toujours la voiture automobile qui sert au déplacement des surfaces, mais l'enregistre- ment des pressions peut se faire maintenant en vingt points diff rents à la fois et les clichés sont plus nets. Dans ces conditions, l'étude du plan a élé terminée : les grandes surfaces employées (largeur 180 centi- mèt es, profondeur 40, 80 et 120 centimètres) ont permis d'établir que le phénomène garde à l'avant la même allure et qu'à l'arrière on peul arriver à un régime qui se traduit encore par des isobares parallèles au bord d'attaque. La variation de la pression arrière pourra sans doute être exprimée par une formule em- piiique cowme elle l’a été pour l'avant. A la fin de cette lroisième Série, © mmence une élude nouvelle; l'étude de la modification de la répar- tition des pressions sur des plans, quand, au lieu d’un seul plan, on déplace dans l'air plusieurs plans inva- riablement liés les uns aux autres. Le premier cas étudié est celui des plans interrompus ou plans en tandem : Vauteur ap elle ainsi des plans égaux el parallèles, dont les bords d'attaque sont perpendicu- laires à la vitesse, et dont les médianes sont dans un même plan de symétrie. Un second disposilif, en gradins droits ou renversés, est actuellement à l’étu:le et conduira, nous devons l’espérer, à une quatrième série de ces éludes si inté- ressantes au point de \ue théorique e! si importantes par leurs conséquences dans le domaine de l'aviation. P. APPELL, Membre de l'Institut. Relatorio do Observatorio Campos Rodrigues em Lourenço Marques. T'omes 1-1 V (1909-1912). — 4 vol. in-4° le 36, 128, 142 et 156 pages. lmpreusa national, Lourençco Marques, 1910-1913. L'Observatoire Campos Rodrigues, de Lourenco Mar- ques, publie depuis quatre ans un Happort annuel qui nous apporte de très intéressants renseignements sur l’aclivilé de cet étab'issement. Deux services y sont à l'œuvre : l’un astronomique, l'autre météorologique. La Mission géodésique de l'Afrique orientale, qui avait détermine à l’rigine les coordonnées géogra- phiques du pilier de l’instrument des passages, avait trouvé : lat. S. 25°58'4", 9 + 0",2: long. E. Gr. 4235! 39" 4—+0",05; altitude 592,50. Le directeur de l’Observa- toire a procédé depuis lors à une r« détermination de la latitude par la méthode de Horrebow lalcott st a trouvé la valeur 25°58'5", 50 +0",022. Une détermina- tion de l'intensité de la pesanteur a donné y—9, 79119, soit, après réduction au niveau de la mer, 49—9,:9001. L'Observaloire est également chargé du service de l'heure légale, qui est assuré au moyen de plusieurs pendules; celte heure est transmise à l'horloge publique de la ville, ainsi qu'aux ports vuisins de Inhambane, Beira, Quelimane et Moçcambique : Quant au Service mrtéorologique, il procède à la détermination de tous les éléments météorologiques, dont les tableaux forment la plus grosse partie des Rapports annuels. 11 est en relation avec un certain nombre de postes de l'Afrique orientale portugaise, dont il centralise également les observations. 3° Sciences physiques Bortkiewiez (L. de), Professeur à l'Université dr Berlin. — Die radioaktive Strablung als Gegen- stanä wahrscheinlichkeitstheoretischer Unte:su- chungen. — 1 vol. 11-8° de 8% jages avec 5 liqures. (Prix : 5 fr.) J. Springer, éditeur. Berlin, 1914. Dan cet opuscule d'un caractère purement théo- rique, l’auteur s’est efforcé de préciser les conditions da s lesquelles il y a lieu d'appliquer le calcul des probabilités au rayonnement des corps radioactifs. Ce rayonnement provoque, comme on sait, des scintilla- tions sur les écrans phosphorescents. Des expérimen- tateurs tels que Marsden et Barratt, Rutherford et 108 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX Geiger, Regener, elc., ont dénombré ces scintillations et recherché si la loi de leur répartition dans le temps était conforme aux lois du hasard. Celte question est d'un haut intérêt pour les théories de la radioactivité, et l’auteur s'est demandé si les moiles de calcul ou de vérification utilisés par les physiciens précédents élaient entièrement corrects au point de vue mathé- matique. Son principal résultat est le suivant : il n’est pas indifférent de chercher simplement si l'expérience fournit la loi de répartition exponentielle bien connue dite loi du hasard, ou de pousser l'approximation plus loin en éludiant la loi des /luctuations entre l’expé- rience et la loi théorique. Certaines vérifications, au premier abord très bonnes, cessent de l'être à ce second point de vue. EUGÈNE BLoc, Professeur au Lycée Saint-Louis. Roscoe (Sir H. E.) et Schorlemmer (C.), 7. 2 S$. — A Treatise on Chemistry. Volume 11: TheMetals. 5° édition.—1 vol. in 8° de 4.470 pages avec A1 figures. (Prix cart. : 37 fr. 50.) Macmillan and Co. Londres, 1913. La publication de la 5° édition du magistral Traité de Chimie de Roscoe et Schorlemmer, que nous avons signalée il y à deux ans (Æevue du 15 janvier 1912, p- 28), se continue aujourd'hui par le tome Il, relatif aux métaux. Dans une première partie, qui forme environ le sixième de l'ouvrage, les auteurs ont exposé un certain nombre de questions générales, comme la détermi- nation des poids atomiques des métaux, leur valence, leur classification, la constitution et les propriétés des sels, des acides et des bases, les métaux colloïdaux, l'analyse spectrale et quelques notions de Cristallo- graphie. Tout le reste du volume est consacré à la description systématique des métaux et de leurs dérivés, avec une abondante documentation bibliogra- phique. Une place importante a été réservée aux éléments radio-actifs. La description des procédés métallurgiques a été également l'objet d'un soin spécial. Mis au courant des dernières découvertes, cet ouvrage reste l'un des meilleurs traités didactiques qui aient paru sur la Chimie. DIS Ariès (L't-Colonel E.). — Les faux Equilibres chi- miques et la Thermodynamique classique. — 4 vol. in-8° de 6% pages (Prix : 2 fr. 50). Librairie Hermann. Paris, 1913. Les faux équilibres chimiques ont donné lieu à Lien des discussions depuis que M. Duhem a essayé d'en fournir une théorie rationnelle en 1897. Cette théorie s'appuyait principalement sur les expériences de M. Pélabon, relatives aux conditions de formation de l'hydrogène sulfuré et de l'hydrogène sélénié. Aux températures suffisamment élevées, il existe un équi- libre unique, que l'on parte des constituants qui se combinent ou du composé qui se dissorie; c'est à cel équilibre réversible que s'appliquent les lois habi- tuelles de la Thermodynamique (lois de l'équilibre isotherme, du déplacement de l'équilibre avec la tem- péralure, etc.). Aux températures plus basses, M. Pé- labon à trouvé, dans les conditions spéciales où il s'est placé, un arrêt dans la combinaison, aussi bien que dans la décomposition, de sorte que les deux limites, atteintes par lui, ne se confondent plus, et qu'on ne peut pas les calculer à l'avance en prolongeant la courbe des équilibres réversibles. L'existence même des faux équilibres de Pélabon a été contestée par Bodenstein, qui ne les a pas constatés en se plaçant dans d'autres conditions expérimeutales. On peut par- faitement admettre que les expériences de Pélabon ne sont pas strictement reproductibles sans se croire obligé pour cela de les rejeter sans discussion, d'autant plus qu'en pratique les laux équilibres se présentent en abondance : un mélange d'oxygène el d'hydro- gène n’esi assurément pas en équilibre thermodyna- mique à la tempéralure ordinaire; qu'on admette une immobilité chimique absolue, due à une espèce de frottément, ou qu'on suppose une vitesse de réac- tion imperceptible, le résultat mesurable est le même ‘. M. Ariès, adversaire décidé des faux équilibres, est d'avis que les expériences de Pélabon sont insuffisantes à démontrer l'existence des faux équilibres véritables; dans une discussion serrée, il s'efforce d'établir que les lignes limites indiquent des équilibres vrais, et que dans l'intervalle de ces lignes existerait un repos chimique rigoureux, insensible à des variations finies de t-mpérature et de pression. Il est impossible de résumer, en quelques lignes, tous les arzuments invo- qués par l'auteur; son opuscule débute par un exposé et une critique intéressants des lois générales de la Thermodynamique applicables en Chimie; il insiste, avec raison, sur les difiicultés qui se présentent quand, avec les seules ressources de la Thermochimie, on veut préciser, a priori, le caractère endothermique ou exothermique d'une réaction. Les personnes dési- reuses de se documenter à fond sur la question des faux équilibres devront lire l'ouvrage de M. Ariès; nous n'oserions affirmer cependant que l’auteur déter- minera beaucoup de conversions chez les chimistes, . dont le siège est fait depuis nombie d'années : les uns croyant volontiers au repos chimique absolu; les autres partisans de l'équilibre thermodynamique, vérilié aux hautes températures, idéal aux tempéra- tures moins élevées, où il est d'ailleurs assez souvent réalisable à l’aide de piles ou de catalyseurs appropriés. P.-Ta. MULLER, Professeur à l'Université de Nancy. Herçay. — Nettoyage, Détachage, Dégraissage, Blanchissege, Blanchiment. — 41 vol. in-16 de 352 pages. (Prix : 3 fr. 75.) H. Desforges, éditeur. Paris, 1913. Après une courte introduction, l'auteur passe en revue, dans les quatre premiers chapitres, les agents détersifs dissolvants (solvants des corps gras, eau, glycérine), les agents émulsifs (alcalis, savons, sapo- nines, fiel), les agents détersifs absorbants (argile, terre à foulon, etc.) et les agents détersifs réagissants (décolorants, oxydants, réducteurs, etc.). Chacun de ces chapitres comporte une série de recettes relatives à l'application des substances décrites. Le reste de l'ouvrage est consacré au traitement des malières animales, végétales et minérales. Le blanchissage du linge, le détachage et le net- toyage des tissus et des eflets font l’objet d'un cha- pitre à part. Une planche montre l'action des principaux solvants sur les taches produites sur les étoff-s par diverses substances : peinture, vernis, poix, caoutchouc, cire, paraffine, coaltar, cambouis, résine, ete. Il y a dans ce volume un très grand nombre de recettes, utiles non seulement pour l'industriel, mais encore susceptibles de rendre service à tout le monde. Quel plus bel éloge pourrait-on décerner à l’auteur? E. TassiLLzY, Professeur agrégé de l'Ecole supérieure de Pharmacie. Bertrand (G.) et Thomas (P.). — Guide pour les manipulations de Chimie biologique (/euxième édition). — 1 vol. in-16 de xxvin-466 pages avec 60 figures. (Prix cart. : 9 fr.). Dunod et Pinat, édi- teurs. Paris, 1913. La deuxième édition de ce guide suit de trop près la première pour que des modifications importantes aient pu être faites. Cependant, la Chimie biologique progresse avec une rapidité au moins égale à celle des autres branches de l'entendement humain. On conçoit 1 Voir à ce sujet la discussion de M. Duhem, dans Ther- modynamique et Chimie; 2 édition, 1910, p. 461-470. F BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX donc que des modifications, des additions ont pu ètre apportées à un excellent livre, vieux de trois ans. Ce sont principalement les chapitres traitant des matières protéiques et des diastases qui ont dû subir quelques changements, telles les notes sur la catalase, . sur le ferment glycolytique du sang. Le chapitre con- Sacré aux actions synthétiques doit être signalé ; on y trouve décrites des manipulations rarement exposées dans les ouvrages de ce genre : étude expérimentale de l'assimilation chlorophyllienne, production d'aldéhyde formique dans les feuilles, fixation de l'azote par les bactéries. Quant aux tables des données numériques, placées à la fin du volume, elles sont trop limitées pour être utiles et remplacer un agenda. J.-P. LaxGLois, Professeur agrégé de la Faculié de Médecine de Paris. Hubault (Paul), Ancien Interne des Hôpitaux de | Paris. — Les Coulisses de la Fraude : comment on nous empoisonne. — { vo/. in-12 de 420 pages de l'Encyclopédie internationale d'Assistance, Pré- voyance, Hygiène sociale et Démographie (Prix : 4 fr.) Giardet Brière, éditeurs. Paris, 1913. Voici un livre bien utile, bien fait, et qui vient à son heure. Non qu'il faille y chercher une étude exacte et savante de la fraude; l’auteur, qui réunit là des chro- niques parues dans divers périodiques non scienti- fiques, s'adresse au grand public. Peut-être même faut- il regretter à ce sujet que M. Hubault se soit docu- menté parmi les descriptions de brevets, par exemple, où fourmillent des procédés inapplicables et inappli- qués. Mais, peu importe : M. Hubault veut dénoncer le bluff de la répression des fraudes. Il le dénonce fort bien, avec de savoureux détails empruntés aux publi- cations officielles elles-mêmes, avec une verve cin- glante et vigoureuse. L'auteur examine successivement chaque genre d’ali- ment et chaque genre de boisson (un appendice est réservé aux médicaments). Il citeles fraudes pratiquées dans chaque cas, en insistant sur les sophistications, en quelque sorte légales, que subissent les atiments depuis la singulière réglementation élaborée à grand fracas, il y a quelques années, laquelle se résume en ceci : on peut se permettre tous les petits tripatouil- lages utiles à la généralité des producteurs de denrées; il importe surtout de faire aller le commerce ; la santé, l'intérêt des consommateursimportenthbeaucoup moins, ces derniers ne sachant pas s'organiser pour faire de Vaction parlementaire ! H. Rousser. 4° Sciences naturelles Reelus (Onésime). — Atlas de la plus grande France. — 1 vol. cont. 160 planches in-4 en couleurs, 160 pages de texte en 20 livraisons. (Prix : 70 fr., broché; 16 fr. relié.) Attinger frères, éditeurs, 2, rue Antoine-Dubois. Paris, 1914. L'étude de chaque département comprend une carte en couleurs à échelles variables, différentes suivant l'étendue du département. Ces cartes, d'un dessin nou- veau, très nettement dessinées, avec une orographie simplifiée, peut-être même trop simplifiée, permettent de saisir l’ensemble de chaque département, de se rendre compte des voies et communications. Mais nous Insisterons peu sur les grantes cartes départe- mentales, nécessairement peu originales. Les notices rédigées au revers méritent, par contre, de fixer l'at- tention. C’est une véritable monographie du départe- ment qui se trouve contenue dans cette page; les car- tons qui l’illustrent sont tous intéressants. Pour tous les départements, nous trouvons un double graphique donnant la répartition de la population suivant les pro- fessions et la répartition du sol suivant la culture. Mais, pour rompre la monotonie, les autres cartons ne 409 se ressemblent pas nécessairement : lantôt c'est une carte géologique, tantôt une carte agricole, tantôt en- lin une carte météorologique. Nous ferons un reproche à ces cartons:ils respectent trop fidèlement les frontières administratives. En géo- logie, surtout, il est toujours gênant de voir les forma- tions géologiques s'arrêter brusquement à la limite du canton, les directions des grands plissements, des mouvements de terrains disparaître devant la ligne fictive administrative. On peut objecter qu'il y aura toujours une limite infranchissable, celle du cadre qui entoure la carte, mais celle-ci est moins choquante parce qu'on la sail nécessaire. 11 faut, malgré ce léger reproche, être reconnaissant au maître géographe d'avoir donné à la géologie une part importante, dans sa monographie. Les cartes régionales sont, elles aussi, strictement limitées aux contours arbitrairement choisis, mais il faut être indulgent pour cette conception, rendue né- cessaire par les conditions mêmes de la publication, et reconnaitre l'intérêt extrême que présentent ces grou- pements régionaux. A l'heure actuelle, un courant d'opinion tend à remanier l’œuvre révolutionnaire, tant au point de vue social qu’administratif; les syn- dicats reprennent la place délaissée des corporations, les provinces remplaceront peut-être demain les dé- partements. La France est représentée par 16 régions, choisies le moins arbitrairement possible, c'est-à- dire en tenant compte des conditions historiques, de la configuration du sol, des frontières naturelles L'étude de chacune de ces régions, de grandeur très inégale, comporte : 1° une carte physique; 2° une carte des productions du sol et du sous-sol; 3° une carte des industries de transformation, du commerce et des voies de communication. Dix cartes générales permettent d'envisager l’en- semble de la production nationale et tout ce qui con- cerne ce que l’on appelle actuellement la géographie humaine : densité des populations, répartition des ressources, cenires d'aviation, de T. S. F , de tourisme. Les fascicules parus jusqu'ici ne concernent que la Petite France, mais nous savons avec quel soin, nous pourrions dire avec quel amour le grand géographe 0. Reclus a dressé les cartes de la plus grande France, et, dans ce numéro consacré au Maroc, nous sommes heureux de signaler les planches relatives à la’ Ber- bérie, cette grande France africaine qui s'étend des rives méditerranéennes au Congo. JPA Houard (C.), Maitre de Conférences à l'Université de Caen. — Les Zoocécidies des Plantes d'Europe et du Bassin de la Méditerranée. — 3 vo/.in-8° de 1.560 pages avec 1.567 figures dans le texte, 3 planches hors texte et 8 portraits. (Prix : #5 fr.) Librairie scientifique A. Hermann et fils. Paris, 1908-1913. Il a paru, ces derniers temps, le tome III de l'ouvrage remarquable de M. Houard sur les Zoocécidies : les deux premiers volumes, mis en librairie l’un en 1908, l’autre en 1909, n’ont pu passer inaperçus pour les personnes qui s'intéressent aux Sciences naturelles. En effet, en feuilletant seulement ce traité, le plus complet qui existe actuellement sur la question, on voit défiler un nombre considérable de figures (1.567 figures), la plu- part originales, qui montrent toutes une des manifes- tations les plus curieuses de la vie : les déformations, les proliférations de tissus que peut entrainer la pré- sence d’un parasite particulier (ver, acarien ou insecte dans un organe quelconque d’une plante. Qui est sans avoir remarqué, par exemple, les nombreuses galles variées que l'on trouve sur les feuilles et les rameaux de chênes, de même que les multiples déformations des organes foliaires des saules? Or, rien n'est plus passionnant que de pénétrer dans la biologie des Gallicoles, biologie connue pour cer- tains d'entre eux, mais qui est encore pleine de mys- 110 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX tères pour beaucoup d’autres. C'est donc pour encou- rager et faciliter les recherches dans celte voie que M. Houard, depuis de nombreuses années, s’est attelé à la tâche, ardue et pleine de difticultés, de dresser la liste de toutes les galles (7.356 en 1912) signalées en Europe et sur le pou:tour de la Méditerranée. Dans ce travail considérable, chaque cécidie est longuement décrite et est accompagnée, quand il est utile, d'une ou plusieurs figures très claires, qui, grâce à une légende très simple, p-imettent, à elle- seules, dans bien des cas, d'itentilier immédiatement les galles et par suite leurs producteurs. Comme plan, M. Hou:rd a adopté celui qui paraît le plus rationnel : les cécidies sont groupées par famille végétale, et, dans celle-ci, les genres voisins sont placé- les uns à côlé des autres, alin de ficiliter des comparaisons très intéressantes entre les produc- lions cécidogènes et leurs auteurs. Enfin, pour une e-pèce végélale donnée, les différentes galles sont classées en une sorte de tableau dans lequel, à droite de la page, est toujours indiquée la localisation de la galle |acrocecidies {dans les fruits, les fleurs et aux extrémités des tiges, des b rurgeons) et yleurocécidies dans le- racines, les tiges ou les feuilles)|, et à gauche le nom du producteur quand il est connu. De plus, outre sa description détaillée, on trouve la biblio- graphie la plus importante et la répartition géogra- phique de la céciaie. Au début de cuaqua famille, l'auteur donne «les caractères communs généraux des galles ou de leurs producteurs sur les différents genres ou sur l'ensemble deses èces d’un genre ». On a ainsi un résumé sucrinct des principales cécidies siznalées pour la famille. De plus, dans ce même résumé, on trouve signalés les points sur lesquels les cécidologue- et les biologistes doivent fixer plus spécialement leur observation. Ces points sont d’ailleurs fort nombreux, et il reste à déterminer un grand nombre d'animaux cécidogènes, que l’on n'a pas encore pu obtenir et dont on ne connaît que la famille ou même que les effets. Si on considère, par exem, le, la famille des Composées, une des plus riches en productions cécidogènes, on con- state que, dans le deuxième volum- de l'ouvrage, plus de 200 galles sur les 700 signalées n'ont pas leur auteur connu spécifiquement. Dans le tome HI (qui constitue uniquement un supplément des deux premiers volumes), on trouve bien l'état civil de 35 seulement de ces auteurs, mais sur 135 nouvelles cécidies sigralées, il y en a une quarantaine dont il faut chercher les producteurs. De même, sur les érables, on rencontre de curieuses déformations foliaires engendrées par des Eriophyides non encore déterminés et qui avaient été autrefois confondus avec des champignons. On pourrait multiplier ainsi les exemples qui montrent combien vaste est le champ d'étude pour les entomol. gistes, les botanistes, les biologistes, les agriculteurs et les forestiers. Il ne faut pas oublier, en effet, que beaucoup de cécidies font partie du domaine de la Phytopathologie: citons seu- lement les ravages que font, chez les hairticulteurs, l’Zsosoma orvhide-arum, les Heteroderas, etc. Les deux pr miers volumes de l'ouvrage de M. Houard forment un tout, en ce sens qu'à la tin du second on trouve d'une part un Index bibliographique qui com- plète heureusement ceux de De'la Torre, Kieffer. ete. ; d'autre part, une table zoologique qui renferme toutes les espèces gallicoles, signalées jusqu'en 1909, sur les espèces végétales, données en une table botanique qui fait suite à la précédente. Le tome Ill, qui constitue seulement, comme il a été dit plus haut, un supplément aux deux autres, comprend, outre toutes les galles signalses de 1909 à 1912, la liste, pour chaque famille, des gallicoles dont on ne connaissait auparavant que les productions et qui ont pu être délerminées ces dernières années. L'auteur, alin d'éviter des complications inutiles, suit dans ce supplément la même méthode que dans les volumes précédents. Enfin, sgnalons que, pour faire tenir dans le mi- nimum de place toute la malière de cet ouvrage con- sidérable, il a fallu que M. Houard réalise un véritable tour de force, en employant des abréviations et des signes particuli-rs qui sont pour la plupart adoptés actuellement par les autres cécidologues dans leurs travaux. P. VaysSsiÈèRE, Chargé de mission à la Station En omologique de Paris. Cathelin (F). — La cireulation du liquide céphalo- rachidien, avec applications à la thérapeutique. — 4 vol. in-8° de 98 p., avec 9 schémas. Barlhere et fils, édit. Paris, 1913. Dans sa préface, l'auteur rappelle l'historique des découvertes relatives à la cireulation. Realdo Colombo, en 1553, découvre la circulation pulmonaire, entrevue par Michel Servet dès 1553; Cesalpin décrit la circula- tion veineuse en 1569; Harvey en 1628 expo-e dans son ensemble et d'une facon complete la doctrine de la circulation du sang. Malpighi étudie la cir ulation capillaire, Pecquet et Asellr la cisculalion veineuse, CI. Bernard les circulations locales. Il n'y avait donc plus, dit le Df Cathelin, qu'une seule circulition à trouver : celle du liquide céphalo- rachidien, et il a eu le mérite, ajoute-t-1l, de faire cette découverte. Il avoue n'avoir pratiqué pour cela aucune expé- rience personnelle, mais il fait observer que le même reproche peut être fait à Darwin et Bichat, ce qui ne retire rien à la valeur de leurs travaux. Il résume d’abord sa doctrine, puis décrit ce qu'il appelle les quatre chaînons du creulus : les glandes choroïdiennes ventriculaires, le réserv ir sous-arach- noïdien. les capillaires frontières, les voies d'écoule- ment du liquide céphato-rachidien veineux ou lympha- tique. Puis il passe à l'étude des rapports du sang et du liquide céphalo-rachidien et termine par des consi- déralions d'ordre clinique. Il ne semble pas, m Igré les arguments apportés avec talent dans cel ouvrage, que la circulation du liquide céphalo-rachidien doive être acceptée sans réserve. Il n'existe pas un système clos de vaisseaux, un circulus au sens propre du mot où passe en reve- nant à son point de départ un liquide homogèn . Le flux et le reflux du liquide céphalo-rachidien, l’ab- sence de courants à sens nettement délinis, la lenteur ou même l'impossibilité ‘lu passage de cerlaines subs- tances du liquide dans le sang, et réciproquement, vont à l'encontre de l’idée de circulation Nou- ne saurions en aucune façon établir un paral- lèle entre la circulation du sang et les phénomènes observés pour le liquide céphalo-rachidien; ils sont différ. nts et méritent une désignation distincte. D'ailleurs, cette entique a déjà été faite il y a plus de vingt-“inq ans par M. Sée à a conception de la circulation du liquide cérébro-spinal telle qu'elle res- sortait des travaux de A. Key et Retzius. M. S e se refusait à assimiler les faits observés par ces auteurs aux phénomènes de la circulation du sang, et sa ma- nière de voir paraît envore justifiée à l'heure actuelle. Il n'en est pas moins vrai que le Dr Cathelin défend son opinion av ce des arguments intéressants ainsi qu'avec beaucoup de verve; l'attention dans la lecture de ce livre ne demande aucun effort pour rester sou- tenue jusqu'à la fin. De Jean Canus. ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES AU ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Séance du 9 Mars 1914. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. P.-E. Gau: Sur les tran-formations générales des systèmes différentiels. — M. C. Armellini : Un théorème général sur le pro- blème des 2 corps. — M. V. Valcovici: Sur la résis- tance hydrodynamique dans le mouvement non uni- forme. — M.Ch. Rabut a calculé les efforts développés ar le retrait du ciment dans les constructions en éton armé, Sans étre négligeables, 1ls n'ont pas l'importance prépondérante qu'on leur a quelquefois attribuée. — M. Th. de Donder : Interprétation ciné- matique du théorème de Poynting. 20 SGiENCES PHYSIQUES. — M. C. Gouy montre qu'il n'est guère admissible, pour bien des raisons, que les courants v-rlicaux soient absolument vuls dans la haute atmosphère. Si l'on estime que ces courants doivent renouveler l’air des couches sup-rieures plu- sieurs fois dans un siècle, l'action de la pesanteur sur la composition de l’a r est trop lente pour produire des elfets sensibles, sauf dans la région inaccessible où la pression est comparable à celle du vide de Crookes. — M. Ph. Flaiolet communique les observations faites à l'Obs-rvatoire de Lyon pendant l'ouragan du 22 fé- vrier 1913. La vitesse maximum du vent enregisirée a été de #1,6 mètres et des vilesses supérieures se sont certainement produites. — MM. H. Deslandres et A. Perot exposent un projet d'électro-aimant susceptible de donner un champ magnétique de 100.000 gauss. Il serait obtenu en portant au triple les dimensions de leur petit dispositif (décrit antérieurement) à relroi- dissement par une circulation de pétrole refiiséré et en employant une énergie de 2.160 kilowalts. — MM. L. Benoist et H. Copaux ont appliqué les lois de trans- parence de la matière aux rayons X à la fixation de fines poids atomiques contestés. La transparence u Th n’e-t compatible qu'avec le poids atomique 232, et celle du cérium qu'avec le poids atomique 140,25. — M. G. Claude a reconnu que la puissance lumineuse des tubes au néon, à densité de courant égale, augmente à peu près comme les diamètres. Toutefois, les très petitset les très gros tubes sont désavantagés. — M.B. Szilard a réalisé un paratonnerre au radium, constitué par un paratonnerre ordinaire muni d’un disque garni de radium placé sous la pointe. L'intensité du courant constamment transmis par ce dispositif est de l'ordre de 107 ampère, alors que le courant transmis par l'air à l’état normal est de 10-*° ampère. — M. H. Parodi décrit une disposition de bagues ou de balais pouvant remplacer le collecteur dans les dynames électriques. — MM. E. Rothé e{ R. Clarté ont étudié l'influence de l’état de l'atmosphère sur la propagation et la réception des ondes hertziennes. Le t-mps sec paraît défavo- rable ; la pluie ne gène pas, malgré le mauvais isole- ment de l'antenne qui en résulte. Les différences de réception entre le jour et la nuit varient suivant le mois de l’année. — MM. P. Sabatier et L. Espil ont étudié la réduction du protoxyde de nickel par l’hydro- gène. La réduction est sensiblement proportionnelle à la vitesse de l’H; la vitesse de réduction est une fonction exponentielle de la température. 11 existe un palier dans cette réduction, explicable par la production d'un sous-oxyde, probablement Ni‘O, lentement réduct?ble par H aux mêmes températures que le pro- toxyde — Mme N. Demassieux a étudié l'équilibre entre PRCI* et NaCI en solution aqueuse; à aucune température, ces deux sels ne forment de combinaison entre eux. — M. L. Guillet à constaté que certains alliages Cu-Ni-Al présentent des propriétés exceplion- uelles, en particulier au point de vue de la dureté et de la résilience. — M. R Lespieau montre qu'on peut pass-r des éthers diméthyliques des glycols acétylé- niques à ces glycos par déméthylation, +n fixant d'abord deux atomes de Br sur les triples liaisons, puis déméthylant par HBr. Des bromu es obtenus, on passe aux acélines, puis par saponilication aux glycols bro- més, qui sont réduits par la poudre de Zn en présence d'alcool — M. H. Gault à recounu que l’éther oxala- célique se lactonise progressivement à la longue, et sous l’action de la chaleur ou de certains corps, en lactone oxalocitrique, qui l'accompagne toujours comme impureté. — M. G. Dupont à séparé le di-p- tolylbutinediol symétrique, par lévigation répélée à l'éther froid, en ses deux isomères, l'un KF. 173° en petits prismes clinorhombiques avec antihémiédrie, l’autre F. 127 en logs pri-mes tricliniques. Le di p- méthoxyphéuylbutinediol sym. donne également deux isomères. — M. P. Brenans décrit un certain nombre de composés iodés obtenus avec l'orthonitraniine et l'acide orthonitrosulfanilique. — M. E.-E. Blaise a constaté que le dipropionyléthane, chauflé avec KOH alcoolique, se transforme facilement en méthyléthyl- cyclopenténone. Cette réaction de cyclisation paraît applicable à toutes les dicétones acycliques-1 : 4 non méthylées, à l'exception de l’acétonylacétone. — M. C. Gaudefroy a étudié les figures de deshydratation du ferrocyanure de K. Elles possèdent des secteurs biré- tringents produits par un état de tension interne survenu pendant la croissance. — M. E. Voisenet a trouvé dans les eaux un ferment qui déshydrate la glycérine en propanolal et acrol#ine. 3° SCIENCES NATURELIES. — M. J.-M. Lahy a reconnu l'existence d’un rapport direct entre l'augmentation de la pression du sang, la diminution du temps de réaction et la production du travailleur. — M. Marage expose un procédé de trait-ment du bégaiement, consistant à montrer aux bègues leurs défauts sur une photogra- phie des vibrations de leur voix et de la voix normale. — M. L. Lapicque montre que l’économie d'aliments réalisable par l'élévation de la température extérieure ne résulte pas d'une nutrilion par la chaleur, mais d'une diminution des pertes de chaleur. — M. L. Matru- chot a reconnu que le 7rreholoma nudum, cultivé en cave, à l'obscurité, à 11°, dans une atmosphère norma- lement hygrométrique, végète aussi vigoureusement que dans la nature ; il garde la propriété de fructifier et acquiert même celle de fructilier en toute saison. — M. G. de Gironcourt a trouvé dans le lait des Touareg: le Bacillus lacticus Pasteur, un streptobacille très actif dans la coagulation du lait, une levure blanche du genre Saccharomyces et une mucédinée du genre Peuicillium. M. P. Bertrand a reconnu sur des échantillons de Corynepteris coralloïdes des caractères singuliers identiques à ceux quil a décrits chez les Zyqopteris, en particulier l'existence de deux plans de symétrie à angle droit dans le rachis primaire. — M. C.-A. Ktenas a étudié les phénomènes mélamor- phiques à l'ile de Seriphos (Archipel). 11 y a trouvé des gneiss, du marbre, de la dolomie, des cornéennes et des roches à 1lvaite, des kalkgneiss qui ont subi un méta- morphisme complet de la part du granit-. M. E. Bénévent montre que les encoches parfois nombreuses qui entamernt la barre du verrou glaciaire sont dues au travail des eaux sous-glaciaires. — MM. E.-A. Martel conclut des résultats de l'exploration de la grotte de Saint-Béat, au-dessus du lac de Thoune, à l'inexaclitude absolue de la théorie allemande de l’eau de lond des calcaires. — M. de Montessus de Ballore à soumis à 112 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES une critique rigoureuse 111 observations de phéno- mènes lumineux ayant accompagné le tremblement de terre de la Rauhe Alb, le 16 novembre 1911 Ces phé- aomènes peuvent Lous être rapportés à des chutes de bolides et d étoiles filantes, etleur coïncidence avec le séisme est Luute fortuite. Séance du 16 Mars 1914. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. C. Guichard : Sur les réseaux et les congruences asymptotiques. — M. W. Blaschke : Evaluation des intézrales doubles des fonctions convexes. — M. R. Jentzsch : Sur l’ex- tension d'un théorème de Laguerre. — M. H. Fros- sard étudie le problème général de l’écoulement d’un fluide sous pression avec ou sans attaque dans un capsulisme dont les dimensions vont de 0 à l'infini. Il explique par ce moyen la formation de la voix chu- chotée.—M\. J. Guillaume, F. Courty et H. Bourget envoient leurs observations de l’éclipse partielle de Lune du 11-12 mars, faites respectivement aux Obser- vatoires de lyon, Bordeaux et Marseille. — M. Ch. Lallemand estime que l'adoption du cadran de vingt- quatre heures, sans apporter d'avantages sérieux, ne ferail que rendre moins commode la lecture des heures el moins précise celle des minutes. 20 SCIENCES VHYSIQUES. — M. Ph. Flajolet commu- nique l'enregistrement des perturbations de la décli- naison magnétique à l'Observatoire de Lyon pendant le quatrième trimestre de 1913. Il y a augmentation d'intensité par rapport au trimestre précédent. — MM. Léon el Eug. Bloch donnent les mesures des raies des spectres d’étincelle du cobalt et du nickel dans l’ultra-violet extrême. — M. J. de Kowalski, en pro- duisant une iécharze lumineuse sans électrode dans la vapeur du mercure, du cadmium et du zinc, a pu observer tous les spectres de ces métaux, et même en trouver un nouveau dont la richesse en ligues est bien supérieure aux autres. — M. E.-L. Dupuy a étudié par la méthode de Faraday la variation de la suscep- tibilité magnétique de quelques alliages de métaux faiblement magnétiques. La susceptibilité varie linéai- rement lorsqu'il y a simple mélange des deux cons- tiluants; la variation se produit suivant une courbe quelconque lorsqu'il y a solution solide. — M. J. Ban- celin à mesuré en valeur absolue la quantité de ma- tière adsorbée au contact de lames de verre plongées dans des solutions de matières colorantes, puis de chlorure de sodium. La quantité adsorbée varie à peu près proportionnellement à la concentration des solu- tions. — M. A. Colani a préparé le métaphosphate ferreux Ke (PO*}# par la méthode d’Hautefeuille et Margottel; poudre blanche, mal cristallisée, agissant sur la lumière polarisée. Les essais d'obtention du métaphosphate chromeux ont échoué. — M. J. Tim- mermans à déterminé le poids du litre normal de propane gazeux. La moyenne de dix-sept observations donne 2,01955 — MM. P. Sabatier et M. Murat ont reconnu que l’hydrogénation directe sur le nickel des acétones diaryliques (benzophénone et homologues) et des alcools aryliques ou polyaryliques les trans- forme en hydrocarbures di-, mono- ou poly-aryliques correspondants. — MM. A. Haller et J. Louvrier, en traitant le camphre par l’'amidure de sodium, puis par un iodure d'alcoyle, ont préparé à l’état pur les dérivés monoalcoylés, puis les dérivés diacoylés, symétriques et non symétriques, du camphre, et par réduction les dérivés correspondants du camphol. Seuls les mono- alcoylcamphres sont susceptibles de donner naissance à des oximes. 39 SCIENCES NATURELLES, — M. G. Kimpflin a étudié les lois de la croissance physique des enfants et ado- lescents au Collège de Normandie. Le rythme de la croi-sance se divise en deux parties : celle qui s'étend de onze à quatorze ans, pendant laquelle le développe- ment en longueur l'emporte, et celle qui va de quatorze à seize ans pendant laquelle l’augmentation de poids domine. — M. et M"° L. Lapicque et M. R. Legendre ont observé, sous l'influence d'agents très divers : chloroforme, éther, cocaine, strychnine, etc., une altération de la gaine de myéline des fibres nerveuses et parallèlement un changement systématique de leur excitabilité. — M. A. Magnan montre que les Palmi- pèdes marins possèdent, de tous les Oiseaux, la plus grande envergure relative; ils possèdent presque aussi l'aile la plus étroite. Leur surface alaire est très grande, moins cependant que celle des Rapaces. Leur queue est considérablement raccourcie. La longueur totale est à peu près la même que celle des Rapaces, malgré le raccourcissement de la queue. Enfin le rap- port de l’envergure à la largeur de l'aile est plus grand. — MM. A. Laveran et G. Franchini sont parvenus à infecter constamment la souris au moyen des Flagellés de la puce du rat, par la voie digestive. Celle ci est certainement la voie principale, sinon exclusive, de pénétration des parasites chez le rat. — M. L. Léger a trouvé chez la truite un nouveau pro- tiste vivant en parasite dans des kystes blancs à Ja surface des branchies; il le nomme Dermocystidium branchialis; il ne paraît pas occasionner de troubles graves. — M. Edg. Hérouard signale une différence de développement de la larve poedogénésique chez les Chrysaora de la Méditerranée et de la Manche. Chez la première, on constate une tendance palingénésique; la larve apparaît comme une forme pélagique. Chez la seconde, au contraire, la larve ne présente plus de stade pélagique; son développement est cœnogéné- sique par rapport au précédent. — M. A. Lucet à étudié l’évolution de l'Hypoderma bovis. Sous le climat de Paris, les larves abandonnent les animaux surtout en mai et juin ; leur passage à l’état de pupes s'effectue à la surface du sol; la durée de la nymphose est de trente à trente-cinq jours en moyenne; l’éclosion des imagos a lieu à toute heure du jour.— M. M. Dubard, se basant sur le parallélisme étroit d's Mimusopées et des Sidéroxylées, met en lumière l’hétérogénéité de l’ancien genre A/1musops et le démembre en une série de genres homologues de certains genres de Sidéroxy- lées. — M.J. Beauverie montre que le champignon de couche (Psalliota campestris) possède un chon- driome aussi riche que les gemmules des Graminées. — M. Ch. Richet a reconnu qu'un ferment lactique qui a vécu dans un milieu additionné d’une substance différente de son milieu normal s’habitue en quelques jours à cette substance, de sorte que, dans les liqueurs additionnées de cette substance anormale, il pousse plus intensivement que le ferment non habitué. Parmi les corps étudiés, l’accoutumance semble être maxi- male pour l’arsenic. Le ferment adapté à une subs- tance anormale reprend très vite, sur du lait normal, ses propriétés ordinaires. — M. J. Deprat signale la présence du Rhétien marin avec charbon gras sur la bordure occidentale du delta du Fleuve rouge (Tonkin). — M. P. Fallot a mis en évidence, dans l'ouest de la Sierra de Majorque : un plissement du substratum de la masse en recouvrement, d'âge postjurassique et antéburdigalien, une émersion postharrémienne el antéalbienne dans la masse charriée, une émersion antéoligocène importante de tout l'ensemble examiné, un charriage de la nappe, d'âge postburdigalien, et des ondulations transversales contemporaines ou posté- rieures. Séance du 23 Mars 191%. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. L. Godeaux : Sur les involutions n'ayant qu'un nombre fini de points unis, appartenant à une surface algébrique. — M.Gun- ther : Sur une théorie générale des systèmes d’équa- tions aux dérivées partielles. — M. E. Baticle : Sur les équations aux dérivées partielles de l'équilibre limite d'un massif sablonneux compris entre deux surfaces à profil rectiligne, l'une face postérieure d'un mur de soutènement, l'autre surface supérieure libre du massif. 20 Sciences PHYSIQUES. —— MM. L. Benoist et H. Co- paux, en appliquant les lois de transparence de la ma- ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES ———_— 113 tière aux rayons X à la fixation du poids atomique du glucinium, ont obtenu pour ce dernier la valeur 9,1, qui cadre avec la classification périodique. — M. G. Claude à déterminé l'absorption de H, He, Ne et Az par le charbon aux très basses températures. Celle de, 'H est tout à fait anormale et déroge entièrement à la règle déduite de l'aptitude à la liquéfaction, puisqu'elle est énormément supérieure à celle du néon. -— M. A. Ledue à déterminé la densité du néon très pur ; elle est égale à 0,695, valeur supérieure à celle de Ramsay et fravers. La masse atomique du néon est exactement 20 fois celle de l’'H, soit 20,15 pour 0 — 16. — MM. J. Bielecki et V. Henri ont étudié quantitativement la tautomérie de l'acide acétylacétique au moyen de l'absorption des rayons ultra-violets. La forme tauto- mère de l'acétylacétate d'éthyle est une forme céto- éthylénique; la proportion de cette forme dans l’eau est de 0,7 °/,, dans l'alcool de 14 °/,, dans l'hexane de 70 °/,4. — MM. Ch. Moureu et Ad. Lepape signa- lent l’étroite analogie de composilion entre l'azote brut (azote + gaz rares) des grisous ou autres gaz com - bustibles naturels et celui des gaz thermaux. Elle doit tenir à une communauté d'origine; c'est une partie de l'atmosphère gazeuse primitive de la planète, restée emprisonnée ou occluse dans les roches de l'écorce au moment de leur solidilication. MM. L. Moreau et E. Vinet décrivent une méthode de dosage de traces d'arsenic de l’ordre du millième de milligramme, basée sur la réaction de AsH° avec le nitrate d'argent qui donne un dépôt d'argent qu'on peut observer dans un tube sous forme d’un anneau adhérent. — M. R. de Forcrand à déterminé la chaleur de formation du tétroxyde de potassium ; elle est de 133,74 cal. à partir de K et de 46,94 cal. à partir de K°0. Ces valeurs sont plus faibles que les valeurs correspondantes obtenues pour le cæsium. — M. A. Joannis attribue au potas- sium-carbonyle la formule K.CO.CO.K, car il donne par l'action ménagée de l’eau du glycolate de potassium CH°OH.COOK. — M. M.-Z. Iovitchitch a constaté que l'hydrate de chrome pur exposé à l’air absorbe CO? jusqu’à formation de monocarbonate chromique [Gr*(0H)*} CO + SH?0. — M. F. Bidet a reconnu que l'amylamine normale, l'isoamylamine et l’isobutyla- mine se combinent à froid avec la vapeur d'eau de Patmosphère en formant des hydrates bien cristallisés, fusibles au-dessous de 100° el remarquables par leur tension de vapeur très prononcée, même au-dessous de leur point de fusion. — MM. Em. Bourquelot et M. Bridel ont réalisé la synthèse biochimique, au moyen de l’'émulsine, du monoglucoside 6 du glycol, {a — — 300,55. — MM. A. Haller et Ed. Bauer ont pré- paré une série de cétones allylées dérivées des alkyla- télophénones et de la pinacoline par l'action de l'iodure d'allyle en présence de l'amidure de sodium. — MM. P. Sabatier el A. Mailhe ont reconnu que l'oxyde manganeux MnO est un catalyseur de premier ordre vis-à-vis des acides, d'un prix très modique et d'une conservation presque indélinie. Par son moyen, ils ont préparé un grand nombre d'acétones symétri- ques où mixtes. — M. A. Blanchet a observé que la lipodiastase contenue dans le cytoplasma des graines de ricin agit sur l'huile pour la saponifier non seule- 1nent à 09, mais encore à des températures inférieures. Son activité diminue progressivement avec la tempéra- ture, mais ne s'annule qu'au-dessous de —5°. —MM. F. Jadin et A. Astruc ont reconnu que les eaux miné- rales de la région des Vosges ne possèdent pas exacte- ment la même teneur en manganèse dans tout le massif; celle-ci semble être en relation avec la quan- lité de fer qu'elles contiennent. Le dosage facile du Mn pourrait servir à l'identification de certaines eaux minérales. 3° SCIENCES NATURELLES. — MM. A. Calmette el A. Mézie ont étudié depuis 1911 les effets d'injections ré- pétées, à doses progressivement croissantes, de venin de Crotalus adamanteus sur l’épilepsie essentielle. Ce venin à presque toujours une action ulile; l'action REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1914. paraît d'autant plus prononcée que les malades sont plus jeunes. Les crises sont arrêtées dans leur pro- gression ou accélérées dans leur diminution. — M. Th. Mironesceu a recherché l'action de quelques substances pharmaceutiques sur le développement du cancer expérimental. Le néosalvarsan, suivant la dose, à empêché le développement du cancer ou provoqué lu formation de nombreuses métastases; le sulfate de qui- nine à arrêté la croissance du cancer. — M. H. Cou tière a constaté que le nerf du tubercule oculaire des Crustacés podophtalmes traverse la masse du ganglion ophtalmique sans rien lui emprunter, de sorte que son origine réelle est cérébroïde. — M. P. Benoit à étudié la formation du gonophore chez le Tubularia indivisa. 1 met en évidence l’origine endodermique du noyau médusaire; les cellules génitales se forment dans le giockenkern aux dépens de l’épithélium externe du manubrium qui est endodermique. — M. P. Collin à étudié les formes d’involution d’un infusoire cilié, la Chromidina eleqans, dans le rein de la Sepia elegans. — M. J.-L. Vidal a reconnu que les vignes taillées tardi- vement, bourgeonnées tird, développent l'appareil assimilateur comparativement à la construction li- gneuse et fixent, par unité de temps, une quantité plus grande d'hydrates de carbone. — M. L.Cavel a remarqué que l'air en mouvement, passant sur un lit bactérien arrosé par des becs pulvérisateurs, se charge de mi- crobes qui sont entrainés dans l'atmosphère. — M. A. Lacroix résume ses travaux sur leslatérites de Guinée. L’altération atmosphérique des roches silicatées alu- mineuses de la üuinée conduit à un terme unique au point de vue chimique, caractérisé par l'élimination des alcalis, de la chaux, de la magnésie et de la silice de la roche initiale, et par la persistance d'hydrates d’alumine et de fer, accompagnés par une petite quan tité d'acide titanique. Dans la latérite ainsi définie, on peut distinguer deux zones superposées : la zone de départ, caractérisée par la persistance de la structure de la roche originelle, et la zone de concrétion, où la structure originelle a disparu. — M. C.-A. Ktenas à reconnu dans les îles qui entourentSeriphos un horizon qui est la continuation immédiate vers le haut de là couche la plus récente de cette ile Il existe une ana logie de nature des éruptions granitiques dans la partie nord du massif cristallophyllien de la Grèce sud-orien- tale. — M. P. Durandin, en combinant les indices minéralogiques, tirés de l'existence des minéraux con- nexes au pétrole, avec les indices toponymiques, pré- voit l'existence possible de gisements pétrolifères dans certains districts de l’Indo-Chine française. — M. Ma- rage a fait déterminer par des sourciers le moment où un courant d’eau intermittent passe dans une conduit: cylindrique ou hémi-cylindrique. Le nombre des insuccès a toujours été supérieur à celui des réussites. ACADÉMIE DE MÉDECINE Séance du 10 Mars 191#. MM. Simond el M. Arthus sont élus Correspondants nationaux dans la Division de Médecine. M. Pamard donne quelques renseignements sur l’épi- démie de fièvre typhoïde d'Avignon en 1912. Elle a dé- buté brusquement et avec une grande irtensité à la fin de juillet, par suite de la diffusion de germes pathogènes dans le réseau des canalisations municipales. Aucune des personnes vaccinées par le vaccin de Vincent na contracté la maladie, — M. P. Delbet signale la possi bilité de faire des greffes en caoutchouc persistanl dans l'organisme. C’est ainsi qu'il aemployé une mince: feuille de caoutchouc comme organe de glissement entre un os et un tendon, et une feuille épaisse pour refaire la paroi abdominale effondrée après une énorme hernie du gros intestin. Séance du 17 Mars 191% M. le Président annonce le décès de M. associé national. Andouard, MA ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES MM. H. Hallopeau el E. François-Dainville ont observé un cas de maladie de Dercum de longue durée (vingt-huit ans). Les centres encéphaliques y fonctionnent intégralement. Cette maladie peut se traduire concurremment par des infiltrations massives, des lésions nodulaires et des lésions glo- baires; ses altérations sont remarquablement symé- triques. Les tumeurs adipeuses multiples peuvent coïncider avec la maigreur des parties non atteintes; il n'y a donc point d'adipose généralisée, mais bien des dépôts adipeux multiples — M. E. Maurel a reconnu que le chlorhydrate d'émétine, à des doses thérapeutiques, possède des propriétés hémostatiques, décongestives, antiphlogistiques, antithermiques et peut-être abortives que la clinique avait trouvées à l’ipéca. À la condition d'élever les doses, les expé- riences ont aussi fait constater son action sur la dimi- nulion de la sensibilité et sur la résolutior musculaire. Ces propriétés de l’'émétine s'expliquent nettement par son action sur les éléments anatomiques et principa- lement ceux sur lesquels elle à une action élective. Ces expériences confirment les lois de Claude Ber- nard, — M. L. Picqué signale un cas de torticolis congénital chez une femme, accompagné d’un arrèt de développement du faisceau sternal et d'une asymétrie de la face dépendant d'une atroyhie du squelette. Le torticolis a été traité avec succès par la résection du muscle. Séance du 17 Mars 1914. MM. L. Landouzy et R. Debré décrivent le cas d’un malade ayant succombé à une suppuration hépatique conséculive à une dysenterie amibienne. Or ce malade n'avait jamais quitté la France et avait dû être conta- miné par un porteur de germes amibiens. Ceux-ci paraissent devoir être plus fréquents qu'on ne le pense parmi les coloniaux rentrés en France, et leur examen médical s'imposerait au moment de leur retour. — M. Alb. Robin a constaté que le rapport de lazote urique et de l'azote purique à l'azote total croît sensi- blement chez les cancéreux; il en est de même pour la totalité de l'azote xantho-urique. La quantité des corps puriques est fréquemment plus élevée que celle de l'acide urique, ce qui est probablement en rapport avec une diminution des diastases uricopoiétiques. Le fait même du cancer n'exerce aucune influence directe sur les variations urinaires du résidu total, des résidus organique et inorganique, de l'azote total et de l’urée. De même que dans tous les états aboutissant à la cachexie, ces éléments diminuent au fur et à mesure que la maladie s'aggrave. Cependant, dans les périodes initiales du cancer du foie, la présence du néoplasme exerce au moins passagèrement quelque action stimu- lante sur la fonction uréogéniqne de l'organe. — M. le D'Mignonsignale comme complication gravedel'appen- dicite la congestion péritonéale. Le traitement de cette complication doitse réduire à l'enveloppementdu ventre avec des vessies de glace, sans intervention chirurgi- cale, qui sera-remise à plus tard, après l'orage. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Séance du 14 Mars 1914. MM. Jouan et Staub ont constaté que !e plasma d'oiseau est toujours gélilié en quelques heures soit par dilution avec un égal volume d’eau distillée, soit par addition de faibles quantités d'acides variés. — M. Petzetakis montre que la compression oculaire, par l’intermédaire du pneumogastrique, provoque des troubles de la conductibilité auriculo-ventriculaire chez l'homme. — M. C1. Gautier a reconnu que Îles convulsions déterminées par l'indol chez la grenouille sont sous la dépendance du système nerveux central, principalement du bulbe, accessoirement de la moelle. — MM. L. Hugounenq et A. Morel décrivent les per- fectionnements qu'ils ont apportés à la technique du dosage de l’urée dans le sang et les liquides de l’écono- mie animale à l’état de dixanthylurée. — M. Et. Burnet a recherché le bacille bavin dans soixante-douze cas de tuberculose extra-pulmonaire chez l'homme et ne l’a trouvé dans aucun cas; ce fait s'explique parce que tous les sujets vivaient à Paris, où la contagion d'homme à homme est très intense. — MM. Ed. Rette- rer et F. de Fénis montrent que le stylet uro-pata- giaire est un segment squelettique qui, du moins chez l'adulte jeune, est indépendant du calcanéum. Avec l'âge, son axe s’ossifie aux dépens des cellules cartila- gineuses et son extrémité proximale est unie par am- phiarthrose à la face interne du calcanéum. — Met F. Moreau a retrouvé les mitochondries chez un grand nombre d'Urédinées. Le chondriome des téleutospores et des écidiospores a un caractère presque exclusive. ment granuleux. — M. C. Bidault a reliré des cultures d'un paratyphique B, isolé d'un pâté de porc ayant déterminé des symptômes d'empoisonnement chez les consommateurs, une endotoxine d’une grande activité. — MM.H. Hérissey et A. Aubry ont réalisé la syn- thèse biochimique de l’éthyl-d-galactoside-a, F, 41420, taln = +185, 5. — M. L. G. Seurat a trouvé chez une buse un Spiroptère nouveau, qu'il décrit sous le nom d'Habronema mansioni. — MM. E. Zunz et P. Gyôrgy ont constaté que divers acides aminés et peptides accé- lèrent, en quantités relativement faibles, le début et l'achèvement de la coagulation du plasma oxalaté re- calcifié. — M. R. Legendre présente un dispositif pour l'examen microscopique des nerfs vivants ayant leurs connexions anatomiques intactes et leur fonc- tionnement normal. — M. D. Keilin signale l’exis- tence de larves xylophages chez un Psychodide, le Trichomya urbica. Les Psychodides présentent donc deux types de larves adaptées à deux conditions de vie tout à fait différentes : les unes aquatiques, les autres xylophages, — M. P. Gyôrgy a reconnu que la te- neur du sang total en Az aminé : 4° ne varie pas beau- coup chez le chien à jeun; 2° s’accroit après lasaignée; 3° n’est pas sensiblement modifiée par l’ingestion de pommes de terre ; #° augmente notablement au cours de la digestion d’un repas de viande. — MM. Biscons et Rouzaud ont observé une diminution de la fragilité globulaire au cours de la cure hydrominérale de Vi- chy. — M. E. Maurel a constalé qu'au fur et à mesure qu'un animal s'enrichit en corps gras, il s'appauvrit en eau et réciproquement. Le total de l’eau et des corps gras d’un organisme se rapproche de 80 °/, du poids total. — MM. H. Chabanier et E. Sa montrent que la glycosurie phloridzique relève d’un abaissement du seuil d’excrétion du glucose. — M. A. Fournier décrit une nouvelle méthode de dosage des acides lipoïques dans le sang. — M. E. F. Terroine estime que les opérations nouvelles ajoutées par M. Fournier à la méthode de Kumagawa-Suto-Shimi- dzu l'alourdissent sans élever la précision du résul- tat. — M A. Vernes présente un distributeur automa- ttque de liquides, d'un emploi commode pour la réac- lion de Wassermann. M. CI. Regaud est élu membre titulaire de la So- ciété. Séance du 21 Mars 191%. M. CI. Gautier a observé que l'extrait aqueux ou alcoolique de poudre de racine d’ellébore noir rend incoagulable le sang de grenouille in vivo et in vitro. M. S. Basseches a constaté que le virus paraty- phique B subit, par suite de la sensibilisation, une atténuation de virulence qui est de plus de 100 fois par rapport au virus non sensibilisé. Le vaccin anti- paratyphique B sensibilisé protège contre plusieurs — jusqu'à 50 — doses mortelles de virus paratyphique. — MM. Edm. Sergent el H. Foley ont transmis la fièvre récurrente au singe par dépôt sur les muqueuses intactes de produits de broyage de poux prélevés sur un spirillaire, mais n’ont pas réussi avec l'homme. — — Mie S. Dejust à reconnu que le sérum de chienne non gravide ne donne pas de produits dialysables 4 0. A ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES A décelables par la ninhydrine. Le sérum de chienne ravide décompose le placenta de femme de la même agon que le sérum de femme gravide, el vice versa. — M. C. Levaditi montre que deux processus au moins président à la destruction de la cellule nerveuse ! la neuronophagie, phénomène essentiellement phago- €ytaire, et la veurathrepsie, phénomène trophique, sans nul rapport apparent avec la vraie phagocytose. _— MM. C. Levaditi el St. Mutermilch montrent que certaines cellules (éléments conionctifs de la rate), provenant d'organismes qui jouissent d’une immunité antitoxique active, résistent in vitro à la toxine. Il s'agit d'un état réfractaire qui leur est propre et qui paraît indépendant de l'antitoxine circulante, — M. M. Aynaud à étudié la composition chimique des globulins. Ils renferment une quantité relativement élevée de substances solubles dans les solvants des graisses et, d'autre part, du phosphore, — MM. A. Net- ter et H. Durand ont reconnu que la sensibilité des méninges aux injections répélées de sérum humain décroît à mesure de la répétition des injections. — M. E. Guyénot montre la nécessité de réaliser un milieu nutritif défini pour l'étude biologique de la mouche Drosophila ampelophila. — MM. Leredde et Rubinstein recommandent de pratiquer la réaction de fixation aussi bien à la température de l’éluve qu'à celle de la glacière ; dans la grande majorité des cas, la réaction à froid donne une plus grande valeur aux réactions faibles obtenues à chaud. — MM. Ed. Ret- terer el F. de Fénis ont reconnu que l'histogenèse du stylet uro-patagiaire, tout en se faisant plus tardi- vement, est la même que celle des autres segments du pied : il apparaît dans l’uro-patagium à l’état d’une traînée de cellules conjonctives serrées et à cyto- plasma commun (ébauche squelettogène), puis il devient cartilagineux et souvent osseux. — M. I. Thu- lin a trouvé que les muscles oculaires de l'homme et des singes se distinguent par la présence de fibres museulaires spéciales de trois espèces différentes : fibres dont les colonneltes sont disposées en fasci- cules, fibres avec un sarcoplasme abondant et fibres d'une fibrillation spirale ou en partie concentrique. — M. R. Dujarric de la Rivière a découvert une Cocci- die nouvelle vivant en parasite dans l’estomac de la perche, qu'il décrit sous le nom de Coccidium percae. — MM. A. Mayer, F. Rathery, G. Schaeffer et E. F. Terroine montrent qu'il est parfaitement possible d'obtenir le « foie gras » d'oie par le simple gavage sans intervention simullanée d'aucune substance toxique, mais seulement chez les individus jeunes. Ce nomène na pas pour cause une dégénérescence primitive du tissu ; il est consécutif à la surcharge grais- seuse de l'organisme tout entier. Les corps gras for- més ne sont pas des lécithines, mais des graisses neutres. —— M. Petzetakis a éludié le réflexe oculo- cardiaque à l'état normal. Le ralentissement du rythme cardiaque obtenu est très variable ; il est généralement plus grand par la compression de l'œil droit, — M. P. Girard rejette l'hypothèse d'une imbi- bition intervenant comme facteur actif dans les échanges liquides entre les globules du sang et leur milieu. — M. M. Langeron recommande l'emploi du peroxyde de benzol comme colorant en hématologie coloniale, RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX Séance du 3 Mars 1914. MM. P. Balard et J. Sidaine ont déterminé compa- rativement les valeurs de la tension artérielle au membre supérieur et au membre inférieur; le poignet constitue la région élective de l'exploration sphygmo- manométrique. — M. Lafite-Dupont a constaté que l'excitation mécanique des canaux semi-circulaires provoque chez les Poissons cartilagineux des mouve- ments conjugués des yeux systématisés, synchrones à l'excitant et cessant avec lui. 115 RÉUNION BIOLOGIQUE DE LILLE Séance du 4% Mars 1914. M. F. Curtis décrit un procédé permettant de réa- liser sur lamelles de sang la réaction de l’indophénol et d'obtenir des préparations relativement durables.— MM. L. Boulet et C. Huchard ont reconnu que le kinkélibah possède des propriétés cholagogues irrégu- lières et une action diurétique plus régulière sans être twès prononcée, — M. E. Doumer présente un char- geur et déchargeur de condensateur. RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE Séance du 47 Mars 1914. M. Ch. Livon a cherché à préparer un sérum hypo- physotoxique en injectant dans le péritoine du lapin des hypophyses de cobaye, Le sérum obtenu, tout en tuant quelques petits cobayes après arrêt de dévelop- pement, n'était pas hypophysotoxique. SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PHYSIQUE Séance du 6 Mars 1914. M. E. Doumer : lonisation de l'eau dans les dissolu- tions de sulfate de cuivre. Lorsqu'on électrolyse des dissolutions de sulfate de cuivre très pur dans de l’eau distillée, en prenant bien soin d'éviter le mélange mécanique des parties de la liqueur qui entourent les électrodes, on observe que toujours, quelle que soit la densité du courant, le liquide qui baigne l'électrode négative devient acide, et que la lame de cuivre qui constitue l’électrode positive se recouvre d'une couche très nette d'oxyde de cuivre. L'auteur explique ce phé- nomène par l'existence, dans la liqueur, d'ions H et OH provenant de l’eau mélangée aux ions Cu et SO“, Les ions H transportés au pôle (—) et venant s’y polymé- riser se substituent au Cu des molécules SO‘Cu, libèrent du cuivre qui se dépose sur l'électrode et donment nais- sance à de l'acide sulfurique SO‘H°. Le transport des ions OH au pôle (4) donne naissance à de l'oxygène qui se dépose sur la lame de cuivre et se combine avec elle. L'oxyde de cuivre ainsi formé, ne trouvant pas d'acide libre, reste adhérent à la surface de l’électrode, ou, lorsqu'il est très abondant, s'écaille et tombe au fond du vase. En recueillant ainsi l’oxyde formé, on peut faire une mesure approximative de l'ionisation de l'eau. On trouve que, dans des dissolutions de 5 à 0,5 °/, de sulfate de cuivre, on a une molécule d’eau ionisée en H et OH pour 5 à 6 molécules de SO‘Cu ioni- sées. — M. Ed. Bauer fail remarquer que les faits décrits par M. Doumer ont été déjà observés par les expérimentateurs qui se sont servis du voltamètre à cuivre. En voici l'explication : le cuivre se dissout dans les solutions neutres de CuSO“ pour donner des ions cuivreux. Ceux-ci subissent aussitôt la réaction 1 L nr? d'hydrolyse : Gu + H?0 =CuOH + H. Ce phénomène se produit à l’anode, où l’oxyde se dépose. Les ions H sont transportés à la cathode où la liqueur devient acide, Il semble donc inutile d'introduire l'hypothèse d'une dissociation notable de l’eau en ions H et OH, qui est contraire à tout ce que nous savons sur les phénomènes électrolytiques en solution aqueuse. — M.9.Carvallo : Conductibilité électriqne de l'anhydride sulfureux liquide et de quelques autres liquides purs. Les théories modernes de l’électrolyse admettent que l’eau est capable de dissocier en ions, non seulement les corps étrangers qu'elle peut contenir, mais encore ses propres molécules: il serait par suite impossible, en purifiant de l’eau, de faire tomber sa conductibilité électrique au-dessous d’une valeur minima que Koh]l- 416 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES rausch fixe à environ 40—$ U. P. Un grand nombre de savants ont appliqué, sans la justifier, une hypothèse analogue à un grand nombre d’autres solvauts à pouvoir ionisant élevé. En essayant d'amener huit de ces liquides à un état de pureté aussi grand que possible, M. J. Carvallo a observé des conductibilités notable- ent inférieures à celles qu'on attribuait, avant lui, à l'état de pureté absolue de ces liquides, et les propriétés très caractéristiques de ces conductibitités minima conduisent, tout au moins dans le cas de SO* et NH* liquéfiés et de l’éther, à attribuer certainement la plus grosse part et vraisemblablement la totalité de cette conductibilité résiduelle à des matières étrangères qu'il est pour le moment impossible d'éliminer. Les recherches de M. J. Carvallo ont, pour l’anhydride sulfureux liquéfié, par exemple, conduit aux résultats essentiels suivants : Si l’on prépare de l'anhydride sulfureux liquide à partir de produits chimiques très propres et si l’on fait subir au liquide une série de distillations dans le vide, sans se mettre à l'abri de la lumière du jour, même diffuse et peu intense, la con- «ductibilité du liquide reste toujours voisine de la valeur(1)y—10—7U.P., déjà trouvée par Walden (1902). Si l’on effectue la préparation dans l’obseurité, et sil’on substitue aux distillations simples de véritables recti- fications, la conductibilité tombe à une valeur voisine de (2) y—5:10-° U. P. L'action de la lumière ‘aug- mente la conductibilité de SO: liquide : celle-ci peut atteindre y —10-5 U. P. après une longue exposition à la lumière du jour. Cet accroissement est dù à une réaction photochimique représentée par l'équation 3S0®— 2$S0% E $K. C'est à des produits de cette réaction qu'il faut attribuer la différence qui vient d’être si- gnalée entre les valeurs (1) et (2), bien que les réactifs chimiques soient incapablés de déceler la présence de ces produits dans un échantillon de conductibilité 107 UP Sil'on soumet un échantillon de SO: liquide à l'action d'un champ constant, le courant qui le tra- verse décroît très vite, puis plus lentement et tend vers une limite, en même temps que la cathode brunit légèrement, et ce phénomène, peu important sur un échantillon de conductibililé 5.10—*, prend des pro- portions d'autant plus grandes que la conductibilité initiale du liquide est plus grande : une étude détaillée du phénomène montre qu'il s'agit d’une élimination par électrolyse de ceux des produits de la réaction photochimique qui participent au transport du cou- rant, et l’ordre de grandeur des conductibilités limites obtenues par épuration électrique est pratiquement indépendant de ja quantité des produits de la réaction photochimique contenus primitivement dans le liquide. Les solutions étendues de S et SO* dans SO? auxquelles l'action de la lumière donne naissance présentent un phénomène photo-électrique tout à fait nouveau, que M. J. Carvallo n'a pas pu expliquer, etqui se superpose à l'augmentation progressive de conductibilité que doit provoquer naturellement la formation, sous l'ac- tion de la lumière, des produits de la réaction photochi- mique 3S0? = S —Æ 2S0*, Quand on fait passer le liquide de l'obscurité à la lumière, le courant créé dans le liquide par une tension constante décroît instantané- ment d’une quantité qui peut atteindre 75 °/,; le cou- rant augmente de la mème quantité, mais un peu moins vite, quand on rétablit l'obscurité. L'action de la lumière porte sur la masse même du liquide et non sur les électrodes; elle est due uniquement aux radia- tions ullraviolettes. Ce phénomène n'existe jamais lorsque le liquide est parcouru par un courant alter- natif, ce qui exclut la possibilité d'une explication photochimique : il ne se développe que progressive- ment sous l'action d’un champ prolongé. On doit se de- inmander si le courant limite minimum obtenu par action prolongée d'un champ constant sur un échan- tillon de SO* presque pur ne représente pas les pro- priétés du liquide pur, débarrassé par épuration élec- trique des impuretés qu'il contenait initialement: une discussion approfondie et une comparaison des lois de ces courants-limites avec ceux qu'on obtient dans des conditions analogues sur d'autres liquides conduisent à affirmer qu'il n’en est rien et que ce résidu de con- ductibilité doit être encore attribué pour sa plus grosse part à des impuretés. — M.R. de Baïllehache, rapporteur de la Commission des Unités constituée par la Société, présente une communication sur le projet de loi relatif aux unités de mesure. M. de Baillehache rappelle que M. le Ministre du Commerce et de l'industrie a bien voulu demander l'avis de la Société sur les conclusions de la Commission spéciale instituée par lui pour l'élaboration des projets de loi et le règlement d'administration publique relatifs aux unités de mesure. Après examen de la question, la Commission estime qu'il y aurait lieu : 4° de main- tenir par voie législative le kilogramme (et non de délinir la tonne, comme le portait le tableau annexé au projet de loi du 11 novembre 1913) comme unité principale de masse; 2° de prévoir l'emploi du système M. T.S. (mètre, tonne, seconde) pour la définition par voie réglementaire des unités secondaires de la Méca nique industrielle. SOCIÉTÉ CHIMIQUE DE FRANCE Séance du 13 Mars 1914. M. E. Fourneau communique, au nom de M. C. Dele- zenne et au sien, les résultats que leura fournis l'étude chimique du phosphatide hémolysant obtenu par Delezenne et Mie Ledebt, en faisant agir le venin de cobra (à doses infinitésimales) sur le vitellus de l'œuf frais. Ce phosphatide, que MM. Delezenne et Fourneau dénomment /ysocithine (contraction de lysine et de lécithine), est l'anydride de léther monopalmitogly- cérophosphorique de lacholine, Cela résulte : de l'alcoo- lyse de la lysocithine qui donne la quantité théorique de palmitate de méthyle, deglycérophosphate de calcium et de chlorbydrate de choline ; de près de 25 analyses; et de la détermination du poids moléculaire. La lyso- cithine est soluble dans l’eau tiède et dans l'alcool absolu chaud (vers 35°); elle est insoluble dans l’éther et l'acétone, très peu soluble dans le benzène et dans le chloroforme. Elle cristallise d'un mélange d'alcool et d'éther de pétrole en fines tablettes rectangulaires, allongées, brillantes, très hygroscopiques. La lysoci- thine paraît être la forme très pure de ce que Preston Kyes à appelé cobra-lécithide. MM. Delezenne et Fourneau, ayant eu en mains une hémolysine (lyso- cithine) cristallisée, parfaitementdéfinie, ontpu étudier sa fixation par la cholestérine. Une solution alcoolique de deux molécules de cholestérine et d'une molécule de lysocithine évaporée à sec abandonne un résidu auquel l'éther enlève toute la cholestérine. Si, au lieu de le traiter par l’éther on reprend le résidu par l’eau, on obtient une émulsion instable à laquelle l’éther n'enlève plus qu'une molécule de cholestérine, l’autre molécule restant solidement fixée à la lysocithine pour former une émulsion stable qui retient l’eau avec une grande énergie. Cette émulsion n'a aucun pouvoir hémo- lytique. L'addition d'une petite quantité d'alcool à l'émulsion permet à l’éther d'enlever toute la choles- térine. — Au nom de M. Harold J. Page et au sien, M. E. Fourneau expose les premiers résultats de leurs recherches sur les éthers de la choline. Us les ont obtenus en traitant les éthers de la bromhydrine, de la chlorhydrine et de l'iodhydrine du glycol par la triméthylamine en solution benzénique. Quelques-uns de ces éthers halogénés n'avaient pas encore été décrits, en particulier le stéarylchloréthanol (paillettes, F. 4995), le caprylylchloréthanol (Eb. 135°, 18 mm.), le stéaryl- iodéthanol (KE. 59,5), le palmityliodéthanol (F. 54,4), le caprylyliodéthanol (Eb. 170° sous 26 mm.), le buty- ryliodéthanol, ete. Les éthers iodés réagissent déjà à froid et, à 100°, le rendement atteint, suivant les cas, 80 à 88 °/, de la théorie. Les éthers chlorés ne réagis- sent bien qu'au-dessous du terme éther laurique, el ouf à hs ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 417 les rendements augmentent au fur et à mesure que le poids moléculaire diminue ; les éthers des acides aro- matiques donnent des résultats excellents. La broma- cétine réagit quantitativement. Les sels des éthers de la choline, en particulier les iodures, sont bien cristal-*| lisés, mais, sauf les éthers des acides gras très élevés, ils sont très hygroscopiques. Quelques-uns d’entre eux possèdent un double point de fusion (le second vers 180%), correspondant à une décomposition que l’on observe aussi dans l’action des chlorures d’acides sur le chlorhydrate de choline. Le chlorure de palmityl- choline et le chlorure de stéarylcholine sont surtout intéressants à cause de leurs rapports avec l'hémoly- sine (lysocithine) dont l’élude a fait l’objet de la com- municalion précédente. Ces sels donnent avec l'eau des solutions très mousseuses, limpides, neutres, stables à l’ébullition. L'addition d’une trace de soude détermine la. formation d'un précipité gélatineux de palmitate ou de stéarate de sodium. En solution acide les éthers de la choline sont décomposés si on porte la solution à l'ébullition. Le chlorure de palmitylcholine et le chlorure de stéarylcholine ont un pouvoir hémo- lytique intense, à peine inférieur à celui de la lysoci- thine ; le chlorure de Jlaurylcholine a un pouvoir hémolytique dix fois plus faible ; l’acétylcholine n’est pas hémolytique. — M. P. Brenans expose ses recher- ches sur les composés iodés obtenus avec l'acide ortho- nitro-sulfanilique et l’orthonitraniline, et rectifie certains résultots de Kürner et Contardi. SOCIÉTÉ ROYALE DE LONDRES Séance du 22 Janvier 191%. SCIENCES NATURELLES. — MM. R.-T. Glazebrook et D.-W. Dye ont analysé graphiquement, en les mettant sous forme de courbes, les résultats obtenus par le Professeur Macdonald et concernant la production de chaleur associée au travail musculaire. lIs ont trouvé, entre la chaleur produite H, le travail accompli W et la masse de l'individu M diverses relations, qui peuvent se combiner dans l'expression H = a+ 2M SEEN ET É a + — MM. G. Dreyer et E.-W.-A. Walker : La dose minima mortelle de diverses substances toxiques et ses relations avec le poids du corps chez les animaux à sang chaud : 4° Chez les animaux à sang chaud de même espèce, mais de poids différents, les doses doivent être calculées proportionnellement à la sur- face du corps; 2 Cette règle découle du fait que la concentration dans le plasma d’une substance donnée administrée dépend du volume du sang circulant, lequel est proportionnel à la surface du corps chez une même espèce; 3° Dans la mesure et l’étalonnage exact des substances toxiques et des antitoxines, on peut donc faire usage d'animaux de différents poids dans une espèce donnée, au lieu d'employer des ani- maux d'un poids choisi arbitrairement; 4° Les ré- sultats du dosage calculés pour une espèce ne peuvent êlre appliqués directement à une autre, à cause des phénomènes de tolérance et d'intolérance spécifiques ndépendants de la taille. 5° Pour l'homme, le dosage, rapporté à la surface, est le suivant : A 21 ans, dose complète ; à 45 ans, 3/4 de dose; à 9-10 ans, 1/2 dose ; à 3-4 ans, 1/3 de dose; à 1 an, 1/4 de dose; à quelques mois, 1/10 de dose. — MM. M. Wheldale et H.-L. Bassett : Interprétation chimique de quelques fac- teurs mendéliens de la couleur des fleurs. Les auteurs étudient les facteurs mendéliens de la couleur des fleurs chez les variétés ivoire et jaune de l'Antir- rlinum majus. L'ivoire est un facteur mendélien simple dominant pour le jaune et contenant un fac- teur I qui est absent du jaune. Les auteurs ont précé- demment identifié le pigment jaune pâle de la variété ivoire avec une flavone, l’apigénine. Ils montrent maintenant que la variété jaune contient à côté de l’apigénine un autre pigment flavonique épidermique, la lutéoline, qui rend compte de la couleur jaune plus intense de la fleur. Le facteur ivoire dominant peut donc être considéré comme une puissance empê- chant la formation de la lutéoline dans l'éprderme. Séancerdu 29 Janvier 191%. 19 SCIENCES MATHÉMATIQUES. — MM. T.-E. Stanton et J.-R. Pannell ont étudié expérimentalement /a simi- litude de mouvement dans les fluides de viscosités et de densités très différentes, en mouvement par rapport à des surfaces géométriquement semblables, similitude prévue par des considérations dynamiques par Stokes, Helmholtz, O0. Reynolds et Loru Rayleigh. La théorie, sous sa forme la plus générale, peut être exprimée par l'équation R—pv°/(v.L/r), où R est la résistance par unité de surface, p la densité du fluide, v la vitesse, Lune dimension linéaire de la surface et r le coef- ficient cinématique de la viscosité du fluide. Pour montrer l'exactitude de cette relation, les auteurs ont déterminé le frottement superficiel de l'air et de l’eau s'écoulant par des tubes lisses de divers diamètres à des vitesses très différentes; ils ont obtenu ainsi des valeurs de la condition de similitude du mouvement, qui est que pour les mêmes valeurs de v.d/r dans chaque fluide les valeurs de R/pv* soient identiques. Cette condition est remplie pour un intervalle de 2.500 à 430.000 dans la valeur de v.d/r. De ces recherches, on peut déduire la limite d’exactitude de la loi d'indice de la résistance des fluides R = y”; on trouve que » n'est pas constant pour une surface particulière, mais augmente (de 1,72 à 1,92) quand v.d/r augmente. 20 SCIENCES PHYSIQUES. — MM. J.-H. Shaxby el E. Emrys-Roberts : Ztvdes sur le mouvement brow- nien. 1. Le mouvement brownien des spores de bac- téries. Les spores bactériennes, examinées sur des préparations en goutte tombante et en goutte au repos, cessent leur mouvement brownien et deviennent immo- biles à la surface de séparation eau-air, immobilité impliquant la perte de tout mouvement brownien, même dans le plan de séparation. Le seul mouvement subséquent est une agrégation plus grande dans ce plan, due à la pesanteur. Les spores immobiles pa- raissent se trouver dans une véritable peilicule à la surface de la goutte. La reprise du mouvement brow- iien par les spores immobiles à la surface air-eau ne peut être provoquée que par : a) la destruction de cette surface en convertissant la goutte pendante ou au repos en une goutte enclose, ou partiellement par une agitation violente des spores pour les incorporer au corps de la goutte; b) altération de la surface des spores par l’action d'un corrosif. On note le même phénomene d'immobilité quand les spores se trouvent à la surface de séparation entre l'eau et certaines huiles : paraffine, aniline, xylène. — M. R. Whid- dington : La transmission des rayons cathodiques à travers la matière. L'auteur montre que la loi de Lenard, d’après laquelle le coefficient d'absorption des rayons cathodiques traversant de minces feuilles de métal, est reliée à leur vitesse par la relation Àvi— constante, n'est pas généralement exacte quand À est déterminé d’après le nombre des rayons incidents et transmis. La formule À —(b/v*) + ce représente mieux les faits entre certaines limites de vitesse. La limite inférieure de vitesse dépend seulement de l'épaisseur de la feuille absorbante, tandis que Ja limite supérieure est déterminée par la nature du métal. — M. L.-N.-G. Filon a recherché si la double réfraction produite dans le verre par une tension esl affectée par un changement de température. Il opérait sur des verres Uviol chauffés à 909, puis refroidis à 18°. Les indices de réfraction des rayons polarisés dans el perpendiculairement à la ligne de tension sont affectés inégalement, mais semblent augmentés tous deux par l'élévation de température; l'un d'eux présente une variation résiduelle permanente après refroidissement. — M. W.-H. Bragg : Le spectre de rayons X des cris- taux de soufre et de quartz. Examiné au spectromètre 418 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES à rayons X, un cristal de quartz contient trois réseaux interpénétrants d'atomes de Si et six d'O. Les angles de réflexion dans les plans importants concordent, à { ou 2 °/, près, avec les valeurs calculées. Le soufre con- tient huit réseaux interpénétrants, chacun formé en pla- çant un atome au coin d'un parallélipipède rectangu- laire et au centre de deux faces opposées. Les arêtes du parallélipipède sont dans les rapports connus des axes cristallographiques. — M. G. Green : Laradiation naturelle d'un gaz. Les recherches de Planck ont établi que l'énergie totale émise par un corps nair à toute température consiste en quanta distincts, tous égaux et semblables. Cela n'implique pas nécessairement que l'énergie ail une structure atomique. Cela peut provenir de la nature des molécules radiantes, qui serait telie que l’émission d'énergie est accompagnée d’un changement défini dans la molécule, tel que l'expulsion d’un électron ou le réarrangement du sys- tème dans une nouvelle forme d'équilibre. Si on iden- tifie le « quantum d'énergie » avec l’énergie contenue dans la pulsation lumineuse émise chaque fois qu'une molécule subit un tel changement de structure, on peut déterminer la forme de cette pulsation lumineuse. L'auteur cherche d’abord la forme de pulsation dans laquelle l’énergie par longueur d'onde est la même que celle requise par la loi de radiation de Planek à toute température; elle représente la radiation totale d'un corps noir à toute température. On considère ensuite le corps radiant comme un gaz, et en décom- posant la pulsation, on obtient une succession infinie de trains d'ondes émis par les divers groupes de mo- lécules obtenus en arrangeant le nombre total suivant la vitesse à chaque température. — M. O.-W. Ri- chardson critique les expériences de M. J.-N. Pring sur l’origine de l'ionisation thermique du carbone, concluant au peu de solidité de la théorie de l'émission d'électrons par les solides chauffés et attribuant l'ioni- sation thermique à une action chimique. Il montre que ces conclusions sont loin d'être établies par les expé- riences de M. Pring. — M. E. Griffiths a déterminé la chaleur spécifique du sodium.(F.97°,6) à diverses tem- pératures entre 0° el 1405 par la méthode électrique. A l’état solide, la chaleur spécifique est fortement influencée par la nature du traitement calorifique préalable du métal ; elle augmente d’une facon marquée vers le point de fusion. Voici quelques valeurs de la chaleur atomique du sodium recuit : à 04, 6,5; à 50°, 6,8; à 96°, 7,5. A l’état fondu, la chaleur spécifique décroît linéairement à mesure que la température s'élève jusqu'à 140°. La chaleur latente de fusion est de 27,52 gr. cal. SOCIETE DE PHYSIQUE DE LONDRES Séance du 27 Février 41914. M. R. W. Wood, professeur à l'Université John Hopkins, de Baltimore, fait une conférence sur les radiations des molécules gazeuses excitées par la lumière, où il expose l’ensemble de ses recherches sur ce sujet (voir la /evue du 30 août 1911, p. 653 et suiv.). Séance du 13 Mars 1914. M. C. Chree, se basant sur l'examen d'un certain nombre de courbes de déclinaison et de force verticale et horizontale, critique la théorie de Bauer d'après laquelle les premiers mouvements des perturbations magnétiques se propageraient autour du globe à des vitesses de l’ordre de 100 kilomètres par seconde, — M. H.-N. Mercer à déterminé le rapport des chaleurs spécifiques de l'air, H, CO? et AzO en observant avec un (hermomètre de platine à fil très fin la chute instantanée de température correspondant à une chute rapide et donnée de pression. Il est arrivé à opérer avec exactitude sur un volume de gaz de 300 centi- mètres cubes seulement. Les valeurs trouvées pour les chaleurs spécifiques concordent bien avec les détermi- —. nations calorimétriques directes. — M. A.-J. Philpot a employé des radiations X homogènes, caractéris- tiques de divers éléments, pour dégager des électrons de l'or. Par une méthode d'ionisation, il a mesuré les énergies relatives des électrons émis dans la direction de propagation de la radiation X excitatrice et dans la direction inverse. Il a trouvé que le rapport de l'énergie des premiers à celle des seconds augmente avec le pouvoir pénétrant de la radiation excitatrice, sa valeur allant de 1,11 pour un coefficient de 5,0 de l'absorption de masse de la radiation X à 4,24 pour un coefficient de 0,5. — M. S. P. Thompson décrit une expérience de cours destinée à montrer l'irrationalité de la dispersion. SOCIETE DE CHIMIE DE LONDRES Séance du 5 Février 1914 M. CL. Smith montre, en s'appuyant sur les valeurs de l'énergie moléculaire superficielle, que plusieurs carbinols inactifs à l'état liquide sont des AE dl et non des racémates liquides. — M. G. W. Andrew a examiné les conditions d'équilibre du système réver- sible CO Æ H°072CO* + IF dans les flammes d’hydro- carbures. Malgré les températures maxima très diffé- rentes des flammes, le rapport d'équilibre de CO X H°0/CO0* X H° dans les produits refroidis est pratique- ment constant et égal en moyenne à 3,83 dans toute la série, ce qui correspond à une température de 1500 à 16009. — M. J. E. Parvis a reconnu que toutes les bandes de vapeur du spectre d'absorption du benzène sont oblitérées chez les composés renfermant le groupe diphényle, et celles du spectre de l’aniline chez les composés azoïques. — M. J. A. Smythe, en oxydant le tétrasulfure de benzyle par H°0*, à obtenu le ben- zyltétrasulfoxyde, F. 134-1390 avec décomposition en disulfure de benzyle et SO*. Un excès de H°0? oxyde le tétrasulfoxyde en acides sulfurique et benzylsulfo- nique. — MM. H. M. Dawson et J. Marshall ont re- connu que l’iode réagit sur les aldéhydes aliphatiques en présence d'acide iodique, en formant uniquement des dérivés 4-iodés; aucun dérivé £ n’a pu être mis en évidence. — MM. J. F. Liverseege et A. W. Knapp ont étudié l'érosion du plomb par une eau légèrement alcaline : l'érosion est due à l’action de l'oxygène en présence de l’eau. CO? jusqu’à 1 °/, a peu d'effet sur l'érosion; au-dessus de 2 °/,, il l'empêche, — MM. R. Meldola et W. F. Hollely ont constaté que le dinitro- p-aminophénol peut être acylé très facilement au groupe OH, ce qui tient à l'extrême protection du . groupe AzH® par le groupe o-nitré. — M. E. A. Werner a obtenu facilement le méthylisocarbamide et ses dé- rivés substitués par l’action du sulfate de méthyle sur le carbamide et ses dérivés substitués. — MM, J. N. Pring et U. C. Tainton ont constalé que, pour cer- taines densités de courant très élevées, le dépôt élec- trolytique du zinc peut être effectué en présence d’acide très concentré. La présence de petites quantités de matières colloïidales favorise la production de dépôts adhérents brillants et augmente le rendement du cou- rant. — M. W. A. Knight à éludié le vieillissement des alliages d'argent et d'étain. Il n’est pas dû à une oxydation superlicielle ; il coïncide avec une augmen- tation de densité, correspondant à une contraction de volume. — MM. P. F. Frankland et A. Turnbull ont transformé les glycérates alkyliques lévogyres en aÿ- dichloropropionates; celui de méthyle est dextrogyre, les autres lévogyres. La rotation du premier augmente quand la température s'élève, tandis que celle des au- tres diminue. — M. W. E. S. Turner critique la mé- thode de Holmes pour la détermination de la eom- plexité moléculaire des liquides. — M. Ch.-S, Gibson a résolu la p-toluènesulfonylalanine en ses constituants actifs par cristallisation fractionnée de son sel de strychnine. La base droite fond à 4310-1320; [an = +- 70,71; la base gauche fond à la même température ; ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES M9 [ah = — 7,62. Le racémique fond à 138°-139°. — M.R. | la soude en une pyrrolidone. — M. A.-Ch. Dun- T. Lattey montre que les mélanges d'acétate d’éthyle | ningham a étudié le système eau — éther éthylique — et d’eau étudiés par Merriman ne sont pas de vrais azéotropes, Car ils ne satisfont pas à la condition dPfdy =0 (P— pression; y— fraction moléculaire , d'eau dans la vapeur). — M. P. Neogi a obtenu des mitrites d'amines purs par combinaison de solutions lacées d'acide nitreux libre avec les amines; pour ui, il se forme toujours un nitrite d'amine comme composé intermédiaire dans l’action de l’acide nitreux sur les amines excepté avec les amines purement aromatiques). — M. E.-M. Mumford a étudié le mé- canisme de l'oxydation bactérienne des solutions aqueuses de sels d'ammonium; il a identifié comme produits intermédiaires. des sels d'hydroxylamine et des acides hyponitreux et nitreux; l'oxydation bacté- rienne aurait donc lieu par l'hydroxylation successive des atomes d'H et élimination d'H?0. La perte d'azote est due à des réactions complexes entre les produits intermédiaires. — M. E. J. G. Hartley, en faisant réagir CHSI sur le cobalticyanure d'Ag à 45°, a obtenu deux cobalticyanures triméthyliques isomères, x cris- tallisant de l’eau chaude en fibres chevelues, $ cristal- lisant en petites aiguilles. — M. G. N. White a préparé l'acide dithiobenzoïque en mélangeant du soufre en poudre avec une solution de benzaldéhyde et d’AzH* dans l'alcool, puis saturant le mélange par H°S jusqu'à dissolution du S. On acidifie ensuite par HCI etextrait Vacide par l’éther. — M. B. B. Dey, en condensant l'«-chloroacétoacétate d'éthyle avec l’a-naphtol, a obtenu la 3-chloro-4-méthyl-1 2-4-naphtopyrone, F. 227; avec le m-crésol, on obtient la 3-chloro-# : 7-diméthylcoumärine, F. 435°; les autres phénols don- nent également des coumarines substituées. — M. H.C. Cutts n’a pu obtenir la condensation intramoléculaire de l'acide dibenzylmalonique par traitement avec P*05, — M. R. Wright a reconnu que le spectre d’absorp- tion des acides forts est identique avec celui de leurs sels de Na; les acides d’une force modérée (ac. acé- tique) sont plus absorbants que leurs sels de sodium ; les acides très faibles (H°3) sont moins absorbants que les sels. Séance du 19 Février 1914. M. T.-R. Merton montre que la pression de vapeur des gaz absorbés par le cuivre finement divisé est si faible que l’ab 1 TT ar (er Ame Fig. 1. d'éthyle à 250; benzène et acétate d'éthyle à 259; 5, mélange sulfure de carbone et éther éthylique à 25°. — 2 ! des viscosités (en ponctué) de l'alcool éthylique et de l'acétone à 259 # si les viscosités étaient addilives, cette courbe devrait ètre linéaire. est représentée en fonction de m, par une hyperbole équilatère. Dans la seconde hypothèse, au con- traire, la viscosité varie linéairement en fonction de la concentration, et la fluidité a une variation hyperbolique. IT. — ViscostrÉ DES MÉLANGES HOMOGÈNES ET DES SUSPENSIONS. La plupart des auteurs qui ont mesuré la visco- silté d'un mélange de liquides miscibles et indiffé- rents au point de vue chimique ont constaté que cette viscosité ne varie pas linéairement en fonc- tion de la concentration. Les viscosilés observées ont généralement une valeur inférieure à celle au'indiquerait la règle des mélanges. Pendant longtemps, on à cru qu'il n'y avait aucune, relation simple entre la viscosité d'un mélange et celle de ses constituants. C’est peut- Pourcentage du second composant du melange — Courbes de être qu'on s’acharnait à raisonner sur les viscosi= tés, alors que les faits se traduisent plus simple= ment à l’aide des fluidités. Si, en effet, on représente en fonction de la con= centration, non les viscosités, mais les fluidités, on obtient très sensiblement des droites. C'est ce que montrent les courbes de la figure 1, qui sont toutess relatives à des mélanges binaires dont les courbes de viscosité présententune concavilé très nette; pou permettre la comparaison, on à représenté: une de: ces courbes. D'où cette conclusion : dans les mélan- ges de liquides purs, les fluidités sont additives*s Viscosités .0025 60 20 80 100 fluidités. — 1, mélange nitrobenzène st acétate mélange alcool éthylique et acétone à 25°; 3, mélange b 4, mélange benzène el éther à 250% n, Courbe 2 EL Un liquide pur, porté à différentes températures, peut être considéré comme un mélange suivant des proportions variables de deux échantillons du liquide pris à destempératures constantes. Si cette. hypothèse est exacte, les courbes représentant les. variations de la fluidité avec la température doi-, vent être des droites. Cela est approximativement vérifié, comme om peut le voir sur les courbes de la figure 2, qui don-" nent les variations de la fluidité et de la viscosité du mercure et de l’eau entre 0° et 100. Les courbes relatives à la fluidité se rapprochent beaucoup plus ——— ! Sur les courbes de la figure 1, les abscisses représentent . les proportions en poids de l'un des composants du mé- lange. Les résultats seraient meilleurs si l'on prenait les proportions en volume. LÉ A. BOUTARIC — CONSÉQUENCES PHYSICO-CHIMIQUES DES MESURES DE VISCOSITÉ 427 d'une droite que celles de la viscosité; en particu- lier, la courbe de fluidité du mereure est presque rigoureusement rectiligne. Aussi bien, comme on le montrera plus loin, la fluidité est étroitement liée au volume spécifique, et, comme le volume d’un liquide ne varie pas Jinéairement en fonction de la température, il peut en résulter des perturbations. Il faut également tenir compte des phénomènes d'association molé- culaire et de dissociation; les alcools, très forte- ment associés, du moins vers les basses tempéra- tures, donnent des courbes très différentes d'une DR . LS SPA .015 : a 200 -2 : PJ ; = F Rod SR A Nr AS TeR 100 005 [1 [e] .002 | 0° 20° 40° 60° 80° 100" Temperature Centigrade. Fig. 2. — Courbes de fluidités (en traits continus) et de viscosités (en traits ponctués) pour le mercure et l'eau. ligne droite; les écarts s'atténuent aux tempéra- tures élevées. Les émulsions, les suspensions et les solutions colloïdales pourraient être envisagées simultané- » ment. La principale différence entre ces divers . cas provient de ce que les deux constituants d’une émulsion ont une fluidité mesurable, alors que les particules solides des suspensions et des solutions colloïdales ont une fluidité très sensiblement nulle. Quand les gouttes individuelles d’une émulsion ont une grandeur suffisante, les viscosités peuvent être additives. C’est ce que montre l'exemple très simple suivant : Prenons un seau de peinture à l'huile dans lequel la peinture s'est déposée. L'agi- tation est d'abord très difficile. On peuten conclure -les fluidités que la résistance visqueuse doit être égale à celle de la couleur déposée, qui est très grande, augmen- tée de celle de l'huile, qui est faible. Si, en effet, étaient additives, l'agitation du mélange serait aisée, car la fluidité, du pigment déposé, augmentée de celle, beaucoup plus grande, de l'huile surnageante, donnerait une valeur sensiblement égale à la fluidité de l'huile seule. D'ailleurs, par un mélange complet, la flui- dité augmente — la viscosité est abaissée; c'est donc seulement tout à fait au début que les visco- sités sont additives. L'aspect probable d'une émulsion passant au travers d’un tube capillaire est représenté sur la figure 3. Par suite du frottement contre les parois, le front des globules tend à devenir plus convexe et la partie postérieure moins convexe qu'au repos. Quand les globules ont un diamètre faible, mais pourtant suffisant pour tenir la section entière du tube, le mouvement du liquide n’est pas unique- ment longitudinal ; il est, comme l'indiquent les flèches de la figure, en partie transversal. très faible, Fig. 3. — Aspect supposé d'une émulsion coulant à travers un tube capillaire. Si le mouvement du liquide est parfaitement longitudinal, il est facile de se rendre compte que les viscosités sont strictement additives. La visco- sité résultante aura donc une valeur supérieure à celle que posséderait une solution parfaite des li- quides émulsionnés. D'ailleurs, l'effet des mouve- ments transversaux est encore d’accroitre cette valeur, de sorte que la viscosité d’une émulsion doit avoir une valeur exceptionnellement grande. On obtient une confirmation de ces vues par l'étude des mélanges liquides qui ont une tempéra- ture critique. On peut, en effet, pour des tempéra- tures voisines, mesurer la valeur que prend la flui- dité lorsque les composants forment une émulsion {au-dessous de la température critique) et lorsqu'ils se dissolvent mutuellement (au-dessus de la tempé- rature critique). Tous les auteurs ont constaté un accroissement anormal de la viscosité au-dessous de la température critique. Ainsi, dans les solutions parfaites, les fluidités sont additives. Dans les émulsions, ce sont plutôt les viscosités. Pour les suspensions de particules solides très ténues, il est facile de voir a priori qu'aucune de ces deux hypothèses n'est correcte. Si, en effet, les viscosités étaient additives, la vis- cosité de la suspension devrait être infinie. Si les Fluidites 128 A. BOUTARIC — CONSÉQUENCES PHYSICO-CHIMIQUES DES MESURES DE VISCOSITÉ fluidités s'ajoutaient, la fluidité devrait garder une valeur constante. En réalité, la fluidité prend une valeur intermédiaire entre les deux précédentes. Les expériences ont porté sur diverses poudres rès fines, telles que la terre d'infusoires, l'encre de Chine, en suspension dans l’eau. Quand la con- centration du solide augmente, la fluidité de la suspension diminue linéairement et s'annule pour 180 150 130 D A EAST O TE 7 TO NO ETC TE 12 13 14 Pourcentage de la LCerre en volume , Fig. 4. — Æluidités des suspensions de terre d'infusoires dans l'eau à différentes tempéralures et pour diverses concentrations. une valeur de la concentration qui n'est pas très élevée‘ (voir fig. Æet 5). Cette valeur est indépen- dante de la température. L'influence que pourrait avoir la pression n'a pas élé étudiée; c'est d’ail- ! Il n'est pas sans intérêt de faire remarquer à ce propos l'intérêt qui peut s'attacher à un choix convenable du mode de représentation des phénomènes. Si l’on avait envisagé les viscosités au lieu des fluidités, les relations simples que présentent les suspensions n'auraient apparu que très diffi- cilement, car les courbes de viscosités se rencontreraient seulement à l'infini. leurs un point qu'il seraitinléressant d'approfondir. Il semble difficile a priori d'admettre que lan fluidité d'une suspension puisse être nulle. Si, en effet, l'on renverse le flacon qui renferme la sus- pension de fluidité nulle, celle-ci s'écoule sans aucune difficulté. En réalité, le flux qui se produit ainsi doit être de nature plastique et non de nature visqueuse, la différence entre les deux cas étant la suivante : dans un milieu capable de donner un flux visqueux, une force tangentielle, même très faible, produira une déformation continue; dans un milieu plastique, une force tangentielle minima est nécessaire. Si cette explication est correcte, le zéro de fluidité sépare les milieux visqueux des 170 160 150 140 130 à 120 J10 100 90 &o Fluidités 21435 14 507. E110) TOËTI TANT Pourcentage de la terre en volume Fig. 5. — Fluidités des suspensions de terre d'infusoires dans l'alcool éthylique à différentes températures et pour diverses concentrations. milieux plastiques; et alors il semble bien que ce zéro doive varier avec la pression, car, pour une pression suffisante, les solides eux-mêmes acquiè- rent une certaine fluidité. Désignons par o, la fluidité du liquide et par w, la proportion du solide en suspension. En se repor- tant aux courbes des figures 4 et 5, on voit que la variation de la fluidité avec la concentration est linéaire : e, étant une constante inférieure à l'unité. Si l’on compare cette formule avec celle qu'on devrait avoir si les fluidités étaient additives : og = 1,9, + (1— m,)pe, et qui devient ici, 9, étant nul : o—= (1 —m,lpe, on voit que l'effet des mouvements transversaux A. BOUTARIC — CONSÉQUENCES PHYSICO-CHIMIQUES DES MESURES DE VISCOSITÉ 429 dus à la présence des particules solides est d'ac- croilre la concentration apparente du solide; tou se passe comme si chaque particule abaissait la fluidité du liquide environnant; il est probable que chaque particule se recouvre d'une couche de liquide et, quand l’ensemble des particules ainsi recouvertes de la couche immobile occupe le volume total, la fluidité s'annule. Le zéro de fluidité varie avec la nature de la substance en suspension; comme toutes les sub- stances que l’on a utilisées sont insolubles dans le liquide, la variation ne peut avoir pour cause que des différences dans la grosseur des particules. Si l'explication qu'on vient de donner du zéro de flui- dité est correcte, la fluidité doit aller en décrois- sant quand la grosseur des particules diminue, puisque la surface lotale des particules est alors augmentée. Et, en effet, les substances à l'état colloïdal ont une fluidité très faible: le zéro de D D D p) 7 À, Fig 6. fluidité des solutions colloïdales d'argent est al- teint pour des concentrations d'argent inférieures à 1 °/, en volume. La fluidité dépend également de la nature du liquide dans lequel on effectue la suspension. L'ad- dilion d'un électrolyte, même en quantité très faible, exerce uneaction très netle : ilya diminution - de la fluidité pour les électrolytes qui donnent des ions H et augmentation pour ceux qui donnent des ions OH. On peut se rendre comple, théoriquement, de l'influence que doit avoir la fluidité du milieu liquide sur celle de la suspension. Reportons-nous pour cela à la figure 6. Supposons la surface infé- rieure AA, stationnaire, alors que la surface supé- rieure est soumise à une force tangentlielle dirigée vers, la droile qui amène le point D en D" dans l'unité de lemps. La distance d'un point de la ligne AD" à la ligne AD représente la vitesse de la couche correspondante. Mais si le liquide de B en C est remplacé par un solide que, pour la commodité, nous Supposerons avoir une forme cubique, et s'il n y à pas glissement du liquide contre le solide, la vitesse du fluide sera constante de Ben C et la courbe représentant les vilesses sera ABCD'. Il y a une perte de vitesse ou de fluidité: | DD" CC, proporlionnelle au volume du solide. On a donc : DD" _ BC AD DD! TS = y, m, désignant le pourcentage en volume du solide. Avec un autre liquide, la vitesse de la surface DD, peut avoir une valeur différente DD, mais pour une même valeur de la concentration le rap- = port ÿ7, ne change pas. La diminution de la fluidité d'un liquide produite par l'addition d’une quantité donnée d’un solide finement divisé est directement proportionnelle à Ja fluidité du liquide. Ce qu'on peut traduire par la relalion très simple : Ag —INe: A: représentant la diminution de fluidité produite dans un milieu de fluidité par des particules en suspension dont la concentration en volume a la valeur c; la constante K est indépendante de la nature du liquide et de celle des particules en sus- pension. De cette propriété on peut déduire les deux con- séquences suivantes: 1° La valeur de la concentration pour laquelle la fluidité s’annule (A : — #) est indépendante du liquide. Cela est vérifié en gros : les fluidités de l'alcool et de l'eau à l’état pur ont des valeurs très différentes, 156,5 et 197,8 à 55°; cependant la flui- dité s’annule pour des concentrations extrêmement voisines, 12 °/, dans l'alcool et 13 °/, dans l'eau (l'accord est satisfaisant si l'on considère les effets que peuvent avoir de petites traces d'impurelés.. : se A . 2° Pour un même milieu, — est indépendant de 4 la lempérature. Donc la valeur de la concentration pour laquelle la fluidité s'annule doit être indé- pendante de la température. Cela est bien vérifié (voir les courbes des fig. 4 et »). III. — RELATIONS ENTRE LA VISCOSITÉ ET LES AUTRES PROPRIÉTÉS. La viscosité d'un corps pur est étroitement liée aux autres propriélés chimiques. C'est surlout dans les composés organiques que ces relations apparais- sent lemieux. Mais la plupart d’entre elles prennent une forme particulièrement simple si l’on considère, non pas les viscosités, mais leurs inverses, c'est-à- dire les fluidités. $ 4. — Température d'ébullition. Dans une mème série homologue et pour es substances non associées, la fluidité varie linéaire- ment en fonction de la température d’ébullition. C'est ce que montrent les courbes des figures 7et8, 430 A. BOUTARIC — CONSÉQUENCES PHYSICO-CHIMIQUES DES MESURES DE VISCOSITÉ qui représentent les fluidités de diverses substances aux différentes lempératures : si l'on prend les points correspondant aux températures d’'ébulli- Fig. 7. — Jluidités de quelques hydrocarbures à différentes températures. — 1, isopentane:; 2, pentane:; 3, isohexane: 4, hexane; 5, isoheptane; 6, heptane; 7, octane. tion, on conslate que ces points se placent géné- ralement sur une droite; pour les points de la fi- gure 7, la droite est sensiblement parallèle à l'axe des températures. Pour les substances que l’ensemble de leurs pro- priétés physiques conduit à considérer comme Q Fig. 8. — l'luidités de quelques éthers à différentes tempé- rätures. — 1, iodure de méthyle; 2, iodure d’éthyle; 3, iodure de propyle ; 4, iodure d'isopropyle; 5, iodure d'iso- butyle; 6, iodure d'allyle. associées (carbures aromatiques, acides, alcools, éthers, célones), la propriété précédente ne se véri- fie pas; quand les corps appartiennent à une même série homologue, les fluidités aux températures d’ébullition fournissent des points qui se placent sur une courbe régulière, mais qui n’est plus une ligne droite. S 2. — Tensions de vapeur. Les carbures représentés sur la figure 7 ont à leurs températures d'ébullition des fluidités à peu près identiques. Cela est sans doute une coïnei- dence; mais il est probable que la coïncidence n'est pas particulière à la pression 760 millimètres. et doit se retrouver pour loutes les pressions. Si, en effet, on porte en abscisses les tensions de va- peur et en ordonnées les valeurs de la fluidité aux températures correspondantes, les points obtenus pour les carbures de la figure 7 se placent sur une mème courbe. Cette propriété n'est pas générale. Les courbes représentant les variations de la fluidité en fonction des tensions de vapeur pour les substances non associées sont analogues, mais non identiques. Mais on peut amener loutes les courbes à coïncider par une réduction convenable des ordonnées: Soit tracée, par exemple, la courbe du corps A. Désignons par », la fluidité du corps À à sa tempé- ture d’ébullition. Supposons que la fluidité du corps B à sa température d’'ébullition ait une valeur différente »,. Si l'on multiplie les fluidités du corps B, aux diverses valeurs de la pression, par le facteur constant en les points correspondants vien- Dr nent se placer sur la courbe du corps A. Pour des tensions de vapeur qui ne sont pas trop faibles (supérieures à 10 centimètres), les valeurs de la fluidité des différents corps B qu'on peut déduire de la courbe À en multipliant les ordonnées par Pr concordent avec les valeurs expérimentales à A moins de 3 °/, près. On peut utiliser cette propriété pour caleuler la courbe des tensions de vapeur d'une substance . connaissant la courbe des fluidités et la température d'ébullition, ou, inversement, pour calculer la courbe des fluidités connaissant la courbe des ten- sions de vapeur. $ 3. — Constitution chimique. On a pendant longtemps cherché une relation entre la constitution chimique et la viscosité. Thorpe et Rodger ont accumulé les mesures sur des échantillons bien puriliés. IIS ont comparé les coefficients de viscosité, les viscosités moléculaires, les travaux moléculaires de viscosité, à la tempé- rature d'ébullition, à la température critique, aux températures correspondant à une certaine pente déterminée des courbes de viscosité, etc. Ils ont montré que les diflérents atomes ou groupements A. BOUTARIC — CONSÉQUENCES PHYSICO-CHIMIQUES DES MESURES DE VISCOSITÉ 431 ont en général un effet additif sur la viscosité. Mais | les résultats obtenus ne sont pas très concordants, et la valeur additive d'un atome ou d'un radical : varie d’une classe de composés à l’autre: c’est ainsi que le coefficient de l'oxygène a une certaine valeur pour les éthers, une autre pour les alcools, une autre pour les acides, etc. On a obtenu de meilleurs résultats par la consi- dération des fluidités. Les fluidités étant générale- ment additives pour des mélanges liquides, on con- _coit qu'il puisse encore en être ainsi pour les difré- rents atomes ou radicaux qui entrent dans une molécule. Et, en fait, cette prévision est bien véri- fiée par l'expérience. Au lieu de comparer les valeurs de la fluidité pour les différentes substances à une même tem- pérature, on a préféré comparer les températures pour lesquelles on obtient une même valeur de la fluidité. Par exemple, le tableau I montre l'influence de l'addition, dans la molécule d'une substance organique, d'un groupe CH° sur la température pour laquelle la fluidité prend une valeur égale à 200 : l'addition du groupe CH° élève cette tempéra- ture de 22°,7 en moyenne. On établit de même que l'addition d'un atome d'hydrogène l'élève de 59°,2, celle d’un atome d'oxygène de 24°,2, celle d'un atome de carbone l'abaisse de 95°,7, etc. Etant donnée la formule d'une substance, les ‘données précédentes permettent donc de calculer les températures pour lesquelles la fluidité prend la “aleur 200. Ce sont ces valeurs qui sont indiquées “dans l'avant-dernière colonne du tableau I. On voit “que la différence entre les températures calculées et les températures observées est toujours très faible : pour 35 substances sur lesquelles la compa- raison a élé faite, cette différence n'a jamais dépassé 1,8 °/, TaBLEau |. — Influence de l'addition d'un CH*° sur la température pour laquelle la prend la valeur de 200. groupe fluidité TEMPÉ- RATURE TEMPÉ- ee RATURE | 6 FÉRENCE observée ___ | calculée x absolue|Pour CH° SUBSTANCES Tr absolue 25504 276,1 ENT Il 249.0 269, 2 290.2 309,2 33217 1 324,5 HN | 345,5 ‘1 ,6 54 0 Hexane Heptane . . Octane . . . Isohexane Isoheptane . De lodure de méthyle Ve lodure d'éthyle - lodure de propyle. . . lodure d'isopropyle . lodure d'isobutyle Bromure d'éthyle. . . Bromure de propyle . Bromure d'isopropyle. Bromure d'isobutyle .| 25496 217,3 > Co = Co =1 9 © Le © 9 C0 CS à NO 268. 996. ENT 315, DD OSCemOCoS ee | l j / \ | } | 1 | l { | On connaît donc les coefficients atomiques relatifs à la température pour laquelle la fluidité est égale à 200. En faisant le même calcul pour diverses valeurs de la fluidité, permettant de construire la courbe des fluidités d'une substance quelconque. on aurait ainsi des données $ 4. — Association moléculaire. Les calculs précédents supposent que les com- posés étudiés ne sont pas associés. Ou bien, si les composés étaient associés, puisque la concordance est bonne entre les valeurs calculées et les valeurs observées, il faudrait en conclure qu'ils le sont tous de la même facon. Si l'on envisage des composés manifestement associés, les comparaisons précédentes fournissent un moyen de calculer la grandeur de l'association. La température absolue nécessaire pour obtenir une fluidité donnée est, en effet, directement pro- portionnelle au poids moléculaire; le quotient de la valeur mesurée par la valeur calculée indique la grandeur de l'association. Le tableau II donne la valeur de l'association pour un certain nombre de substances : — Valeurs de l'association déduites des mesures de fluidité. Tagzeau II. TEMPÉRATURE ABSOLUE pour laquelle d — 200 SUBSTANCES ASSOCIATION observée calculée 32809 380,2 363,8 362,0 381,6 14206 185,5 208 ,2 230,9 253.6 246,0 165,3 188,0 210,7 935, 4 Eau . Acide Acide Acide formique. . . . acétique . . . . propionique . . Acide butyrique . Acide isobutyrique . 371,6 Alcool méthylique . . 305,2 Alcool éthylique . . . 345,4 Alcool propylique. . . 365,6 Alcool butylique . . . 371,0 Ce s à © -1 00 © Or Or Qt I © ke he be NO NO 0 CG ES ee nl I 1 OT Les valeurs de l'association obtenues par cette méthode sont en bon accord avec celles que donnent les autres méthodes. $ 5. — Hydrates. L'étude d'un grand nombre de phénomènes conduit à admettre la formation de combinaisons appelées solvates entre le solvant et le corps dissous : ces combinaisons ont été surtout étudiées dans le cas de solutions aqueuses et elles con- stituent alors les hydrates. La présence de ces hydrates entraîne un accroissement de la valeur moyenne du poids moléculaire, accroissement qui peut être décelé et mesuré par l'étude de la fluidité. D'ailleurs, pendant longtemps, le problème a été 132 A. BOUTARIC — CONSÉQUENCES PHYSICO-CHIMIQUES DES MESURES DE VISCOSITÉ mal abordé. On croyait que les viscosités étaient additives et que la viscosité d'un mélange variait linéairement en fonction de la concentration. Quand la variation n'était pas linéaire, on concluait à l’existence d'un solvate. C'était là une déduction généralement inexacle : on a vu en effet que, pour de simples mélanges, les fluidités sont addi- tives, ce qui conduit à une variation hyperbolique de la viscosité en fonction de la concentration. On supposait également, sans trop de fondement, semble-t-il, qu'un maximum ou un minimum de la courbe des viscosités indiquait la composition d'un hydrate. | La solution du problème devient plus aisée si l’on considère les fluidités. A une température déterminée, on sait que la fluidité d'un mélange 700 Fig. 9. varie linéairement en fonction de la concentration, lorsqu'aucune combinaison ne se produit entre les constituants du mélange. Si la variation n'est pas linéaire, c'est un indice certain quil s’est formé une combinaison, c’est-à-dire, dans le cas d’une solu- lion aqueuse, un hydrate. Mais, là encore, il faut procéder avec précautions : la position du maxi- mum ou du minimum de la courbe des fluidités n'indique pas nécessairement la composition de l’hydrate, pas plus que le changement, avec la tem- pérature, du maximum où du minimum n'indique un changement dans la composition de l'hydrate. La théorie, sur laquelle il n’est pas possible d'insister dans cet aïlicle, semble montrer que la composition de l’hydrate est donnée par l’abscisse du point M dont l’ordonnée diffère le plus de l’'ordonnée de la droite qu'on aurait dans le cas d’un simple mélange (fig. 9). Un exemple fera bien comprendre l'intérêt considérations qui précèdent : Les courbes de viscosité du mélange chloroforme el éther, établies par Thorpe et Rodger, présentent des un point d'inflexion. Pour l'expliquer, ces auteurs étaient forcés de supposer que, pour certaines con- centralions, l’un des liquides détruisait l’associa- tion de l’autre, alors que pour d’autres concentra- tions les composants s'unissaient pour former un complexe. Celte hypothèse parait bien invrai- semblable. D'autre part, le mélange du chloroforme avec l'éther donne lieu à un dégagement de chaleur et à une contraction dont le maximum se produit pour une proportion de 40,1% °/, d'éther. Or, l'abscisse du point d’inflexion, qui se déplace notà- blement quand la température s'élève, ne concorde pas avec cette valeur. De sorte qu'il n'y avait pas accord entre les indications fournies par les courbes de viscosité et celles qu'on peut déduire de l'étude des autres propriétés physiques. Si, au contraire, on considère les fluidités, les courbes ne présentent plus de point d'inflexion. Elles sont seulement notablement abaissées par rapportaux droites que l’on aurait pour de simples mélanges. L'abscisse du point le plus distant de ces droites est sensiblement indépendante de la tem- pérature. Cette abscisse correspond également à la composition du mélange sur lequel on observe la plus grande contraction et, sans doute aussi, le plus grand dégagement de chaleur. $ 6. — Variation de la fluidité avec la température. Les fluidités élant normalement additives, la for- mule qui exprime la variation de la fluidité avec la température doit être, sous sa forme la plus simple, représentée par : le coefficient x pouvant être nul. En réalité, comme les liquides ne se dilatent pas de la mème facon sous l'action de la chaleur, que la plupart d'entre eux sont associés, la relation précédente n’est qu'approchée : elle caractérise le liquide idéal. Et, en fait, le mercure est le seul liquide connu qui ait une courbe de fluidité linéaire, aux erreurs d'expérience près, sur une échelle étendue de température. D'une facon générale, aucune courbe de fluidilém ne peut couper l'axe des lempératures, car on ne conçoit pas que la fluidité puisse prendre une valeur négative. Mais toutes les courbes s'ap- prochent de l'axe des températures vers le zéro absolu. Aux températures élevées, l'association est brisée etles courbes de fluidité deviennent linéaires. Ces conditions expérimentales sont satisfaites par une équation de la forme : t= 1528220 1, (+) hi n 4 CAMILLE VALLAUX — L'INDUSTRIE A, B, C, étant des constantes qui, comme cas par- ticulier, peuvent prendre une valeur nulle. L'équation (4) a été utilisée pour représenter les variations de la fluidité chez 85 substances. La dif- férence moyenne entre les valeurs expérimentales et les valeurs calculées est 0,17 °/, pour un mil- lier d'observations. Si on exclut les alcools de la comparaison, l'erreur moyenne pour les soixante- dix substances que l’on conserve tombe à 0,09 °. Si l'on introduit une quatrième constante dans l'équation (4), la concordance devient encore meil- leure. Ainsi l'équation : B en 0 (5) (= A; — appliquée à huit substances pour lesquelles la dif- férence moyenne entre les valeurs observées et celles calculées par la formule (4) élait 0,77 °/,, donne des résultats qui concordent avec l'expé- rience à 0,07 °/, près. " $ 7. — Volume spécifique. On a vu (S 4) comment l'association des liquides pouvait être décelée par des mesures de fluidité. Mais on peut également étudier cette association, comme l'a fait Traube, par des mesures de volumes spécifiques. Il est alors probable qu'il doit exister | une relation entre le volume et la fluidité, de telle sorte que le volume spécifique d’un composé soit caleulable à partir de sa fluidité et vice versa. D'autres raisons viennent à l'appui de cette L'INDUSTRIE DES PÈCHES Entre toutes les mers du globe, la mer du Nord est nourricière. De ses eaux faiblement profondes (94 m. en moyenne), et étendues sur une surface un peu plus grande que la France (571.910 km”), on tire maintenant par an près d'un million et demi de tonnes de poissons, d'une valeur de plus de 300 millions. D'année en année, cette production s'accroît; elle est si intensive qu'elle donne des craintes sur sa durée; pour elle, l'avenir se limite de plus en plus : pour le poisson de la mer du Nord comme pour la houille et les terres à blé et à bet- terave de l'Ancien monde, la production intensive semble conduire à la dévastation économique. En allendant, les grandes nations riveraines, l'Angle- terre et l'Allemagne surtout, regardent les pêche- ries de la mer du Nord comme une industrie de première nécessilé, et non comme une industrie secondaire ou de luxe. Depuis 1903, l’administra- tion des pêches en Angleterre a été transférée du Board of Trade au Board of Agriculture, devenu DES PÊCHES DANS LA MER DU NORD 133 manière de voir : pour les liquides purs, une éléva- tion de la température est habituellement liée à un accroissement du volume et de la fluidité; l'eau et le soufre font exception. La pression diminue simultanément le volume et la fluidité; l'eau fait encore exception à certaines températures. Dans les mélanges, une contraction est accompagnée d'une décroissance de la fluidité. Si la pression garde une valeur invariable, comme c'est le cas dans les mesures ordinaires de viscosité, l'équation de Van der Waals : (e ) (v—b)=RT, peut s'écrire : (6) z, B, y, à désignant des constantes. Cette équation, qui exprime la relation entre le volume et la tem- pérature, a la même forme que l'équation (4) = relative à la fluidité, sauf le terme TE dont l’impor- tance est secondaire. Il est done probable, ou bien que la fluidité et le volume spécifique dépendent l’un et l’autre de quelque propriété fondamentale, ou bien qu'ils dépendent l'un de l’autre. Mais la relation numé- rique entre les deux phénomènes n'est pas encore suffisamment précisée. A. Boutaric, Chargé d'un Cours complémentaire à l'Université de Montpellier. DANS LA MER DU NORD le Board of Agriculture and Fisheries. Ce petit fait ne manque pas de signification. Il montre qu'à l'heure où l’agriculture anglaise ne suffit plus à nourrir les foules urbaines, l'Angleterre appelle les ressources des mers britanniques au secours du sol défaillant. ÏI. — MiLiEU PHYSIQUE ET BIOLOGIQUE. Nous avons étudié les faits essentiels de la géo- graphie physique de la mer du Nord’. Quelques-uns font sentir leur action sur le développement de la faune marine. La mer du Nord appartient tout entière, sauf la zone peu étendue du ravin de Nor- vège, au socle continental. Sur les grands bancs (banks, groùnds), ainsi que dans les creux (pits, holes), nulle part les eaux ne sont assez profondes 1 C. VarLaux : La mer du Nord. étude de géographie 2-429). physique (Rev. gén. des Se., 45 juin 1912, p. 422 CAMILLE VALLAUX — L'INDUSTRIE DES PÊCHES DANS LA MER DU NORD houle et par les courants de marée; ce brassage semble favorable à la prospérité des frayères « faites de sable vasard parsemé çà el là de têtes de roche » (M. A. Hérubel). Sur les 572.000 kilo- pour échapper au brassage continu opéré par la | Abeffdeen Ë #Stonehaven | | Fonds favorables au chelutage à vapeur. impropres ou défavorables Fon0s vaseux A fonds raboteux el 3 /nÉqaUX à la vie marine où au chelulage: Fig. mètres carrés de la mer conventionnellement limitée au 61° degré de latitude Nord, près de 423.000, les trois quarts, ont moins de 100 mètres de profondeur : ils sont partout accessibles au remorquage des grands appareils de pèche, comme le chalut à panneaux, sur le sol sous-marin. Les fonds regardés comme favorables par les pêcheurs, c’est-à-dire le sol de sable ou de roche à peu près uni et d’une consistance suffisante, l'emportent en étendue dans l’ensemble de la mer, surtout au nord, au centre et à l’ouest; le Dogger Bank en est fait à peu près tout entier. Les mauvais fonds (sol dur et raboteux qui:déchire le chalut, sol de vase | de /00 métres | Ébae £ Re pet Hartlepool Ports de pêche. » Yarmouth Ancjpaux ports de pêche 1 molle au-dessus duquel la faune marine est plus rare) ne sont très étendus qu’à l’est, au large du Jutland et des estuaires allemands et néerlandais : c'est là aussi que la pêche est la moins active. Les densités et les températures oscillent très peu autour des chiffres qui semblent les plus favo- rables au développement de nombreuses espèces de poissons : ainsi notamment se présentent les cho mdtiliitiliite de CEE de me" LAC ‘OS v À mi + d - CAMILLE VALLAUX — L'INDUSTRIE DES PÊCHES DANS LA MER DU NORD 435 températures, avec leur moyenne annuelle de 70,72 C., lrès propice aux conditions de vie du hareng et de la morue. Les courants d'une vitesse modérée, comme ceux de la mer du Nord sur la: plus grande partie de son étendue, sont ceux où se plait le mieux le plankton dont se nourrissent les grandes espèces. Les courants de foudre, si fréquents dans la Manche, n'existent guère en mer du Nord qu'entre les Orcades et les Shetland, et sur- tout au Pentland Firth, entre l'Écosse et les Orcades. Ce milieu maritime si favorablement disposé est plein d’une vie fourmillante. Les poissons qui fournissent les captures abondantes et fructueuses entre toutes sont d’abord le hareng, et, bien loin derrière lui, l’églefin (haddock). Viennent ensuite la morue, le merlan, la plie et la sole; puis la raie, le maquereau, le saumon et la truite sau- monée, le whitebaït, la limande, le flétan, le turbot, le sprat, l’anchois, l’alose et l’anguille. La mer du Nord est avant tout le domaine de l'exploitation du hareng et du haddock. Elle à été autrefois, presque au même degré, le domaine de la morue. Mais il semble qu'ici l'économie a déjà fait sentir son action, d'une manière décisive, sur Ja bio- logie. IT. — CONDITIONS ÉCONOMIQUES. Depuis longtemps, le pourtour côtier de la mer du Nord est un des grands centres de peuplement de l'Europe. Dès qu'ont commencé à grandir les ports maritimes d'Angleterre et les villes mar- chandes des Flamands et des Hanséates, les bancs marins ont contribué à la nourriture des foules urbaines. On s'est disputé les richesses de la mer avec autant d'âpreté que les richesses terrestres. Les hommes de la fin du Moyen Age se sont battus pour les harengs de la mer du Nord comme pour les draps d'Angleterre. Aujourd'hui, où les pêcheurs des nations rivales ne combattent plus sur les lieux de pêche, la concurrence n’est pas moins âpre ni moins vive : elle a seulement pris d’autres formes. C'est que, malgré le développement de la richesse générale et le prodigieux accroissement du commerce, les ressources de la faune marine sont plus nécessaires encore aux foules de la grande industrie qu'elles ne l’étaient aux foules des corporations médiévales. La population à aug- menté plus vite que les moyens de subsistance. Autour de la mer du Nord, de l’ouest au sud-est en passant par le sud, du Lancashire à la Silésie, les villes houillères, industrielles et manufacturières forment une série de groupes de foules ouvrières débordantes. Ces foules sont faites en partie d'an- ciens travailleurs de la terre qui ont laissé la charrue pour l'outil, pour la plume ou pour le comptoir. Vivant autrefois de leur sol, ils ne peuvent aujourd'hui et ne veulent plus en vivre. En Angleterre, où l'évolution industrielle est plus avancée qu'ailleurs, on ne peut plus dire que la population rurale diminue : elle disparaît. Les autres pays industriels, comme l'Allemagne, sen- iront ou commencent à sentir les effets du même mouvement. Pour nourrir les masses urbaines des commerçants, des ouvriers et des employés, il faut faire appel aux ressources de tous les sols et de tous les climats du globe. Mais, sans aller plus loin, la mer qui baigne les côtes anglaises et alle- mandes donne une nourriture abondante et à bon marché, — à bon marché précisément parce qu'elle est abondante, grâce à l'organisation de la produc- tion intensive. Aussi le poisson de mer est devenu pour les ouvriers et pour les employés anglais et allemands une base d'alimentation essentielle, ce qu'il n’est pas pour les nôtres. Les villes anglaises ont de nombreux Fish Hteslaurants, des restaurants ouvriers où l’on ne sert que du poisson; les tra- vailleurs aux faibles salaires s'y nourrissent pour quelques sous. L’Allemand est l'Européen qui con- somme le plus de hareng, et c’est le Hollandais qui le pèche pour lui : d'innombrables cargaisons de harengs ne font que traverser les ports de Hollande ; elles sont consommées dans les villes d'Allemagne, de Dortmund à Berlin et de Hambourg à Bâle. Une production si active et si continue n’est pos- sible qu'avec une organisation industrielle métho- dique. La mer du Nord est un terrain de pêche ({shing ground) unique au monde : car c'est le seul où la pêche ait entièrement cessé d’être une cueillette anarchique et aveugle, insoucieuse de l'avenir et dépourvue d'outillage et de capitaux. L'organisation de la pêche n’est pas arrivée au même degré chez tous les États dont les nationaux exploitent les eaux de la mer du Nord. Elle n'est complète qu'en Angleterre et en Allemagne, en Angleterre surtout. Elle comporte une organisation financière à capitaux concentrés par des sociétés anonymes. Ces sociétés peuvent construire et entretenir les bateaux relativement gros, coùteux et souvent spécialisés, que nécessite la production moderne des pêches : chalutiers à vapeur (steam trawlers) de 100 à 200 tonneaux, harenguiers à voiles ou à vapeur (sailing ou steam drilters), de 50 à 150 tonneaux, bateaux à moteur à essence ou à pétrole. Les Sociétés de pêches s'entendent avec les Compagnies de chemins de fer pour le trans- port rapide et à bon marché du poisson dans l’in- térieur du pays; elles se procurent les grosses quantités de glace que nécessite ce transport; elles étendent ainsi vers l'intérieur les débouchés, non seulement des poissons fumés, salés et conservés, mais des poissons de marée, que seuls les gens de la côte consommaient autrefois. En 1887, les voies 436 CAMILLE VALLAUX — L'INDUSTRIE DES PÉCHES DANS LA MER DU NORD ferrées n'avaient transporté que 264.000 tonnes de poisson en Angleterre et dans le pays de Galles : 1914 Les Sociétés de pêches sont souvent d'excellentes affaires années, les Sociétés d'Aberdeen ont donné de 10 à 35 °/, de dividende. Mais aussi les pécheurs embrigadés et payés par ces Sociélés ne sont plus que des salariés d’indus- trie. Ce sont des ouvriers embarqués : ils n'ont ni les mœurs, ni les traditions, ni l'originalité de cos- tume et de langage du marin pêcheur, tel que nous le connaissons sur les côtes de France. Sur les flottes de Hull notamment, les pêcheurs sont presque aussi hiérarchisés que les ouvriers d'une grande usine. Par leur condition sociale, les quatre- vingt mille pêcheurs d'Angleterre et d'Écosse sont assimilables, aujourd'hui, aux travailleurs du coton, du jute et de Ja laine. « Cette population ouvrière transporte ses habitudes et ses mœurs sur le Dogger et sur le Fisher Bank. Des bâtiments spéciaux trafiquent du tabac et de l'alcool : ils vont débitant leur marchandise de chalutier en chalu- tier; ce sont les coopers où hum-boats... W à fallu réglementer la police des cabarets flottants de la mer du Nord'. » Ce sont des foules groupées, groupées sur leurs bateaux et sur leurs terrains de pêche, groupées dans les rues populeuses de quelques villes mari- times, qui donnent à l'Angleterre presque tout son poisson. Les Anglais ont bien, comme nous, leurs petits pêcheurs dispersés en villages le long des côtes. Mais ce que prennent ceux-ci ne compte pas pour grand'chose. Sur cent soixante-neuf ports de pêche, seize seulement donnent 93 °/, du pois- son consommé en quantité, et à peu près autant en valeur. Le /eport anglais de 1911 n'hésite pas à dire : « Si la pêche cessait d'exister dans tous les petits ports, cela ne changerait presque rien aux pêcheries considérées comme ressource ali- mentaire de la nation”. » L'ignorance, la routine, le manque d'outillage et de capitaux tuent la petite pêche, là comme partout. En France, nos moruliers de Gravelines, petits bateaux de 15 tonneaux en moyenne, ne sont sauvés que par les primes. Les deux mille trois cents pêcheurs de Belgique voient leurs ressources et l’activité de leurs pêcheries demeurer stagnantes et même décroitre; cela est dû, selon le D' Von Schoen, à l'ignorance de cette population « qui ne veut pas s'instruire dans sa spécialité” ». Les Anglais pensent que les bateaux elles en ont transporté 560.000 en dans les bonnes 1 C. VALLAUX : p. 154. ? Boanb OF AGRICULTURE Sea Fisheries, 1911, p. 26. 3 Dr vox Senorx : Les pêches maritimes de la Belgique (Mitteilungen des Deutschen Seclischerei Vereins, septembre 1911). Géographie sociale, La mer. Paris, 1908, AND FISNERIES : Annual Report, à moteur, le crédit maritime et l'assistance mu- tuelle pourraient sauver la petite pêche. En France, nous avons entendu formuler les mêmes vœux; jusqu'ici, ils demeurent vains des deux côtés du détroit. III. — CAPTURE DES POISSONS PÉLAGIQUES LES HARENGUIERS. Les documents anglais divisent les produits des pêcheries de la mer du Nord en poissons de haute mer Où pélagiques, el en poissons de fond ou démersaux. Les premiers ne sont capturés que dans les eaux de surface, jusqu’à une faible pro- fondeur : ce sont le hareng, le maquereau et la sardine. Les seconds sont capturés de la surface jusqu'aux fonds accessibles à nos appareils de pêche, comme le grand chalut à panneaux; ils comprennent à peu près toutes les autres espèces. Cette division se justifie d'elle-même. De l’une à l'autre pêche, la technique et les procédés se trans- forment entièrement. Parmi les pêches pélagiques, celles du maque- reau et de la sardine n'ont qu'une faible impor- tance en mer du Nord, celle de la sardine surtout; encore celte sardine diffère-t-elle de celle qui donne les produits renommés de nos côtes atlan- tiques. Mais les pêches du hareng sont extrêmement actives. Elles ont fait autrefois, à elles seules, la réputation de la mer du Nord comme fshing ground. Elles figurent encore au premier rang. On pêche par an environ 500.000 tonnes de hareng, le tiers de la masse totale de poisson donnée par les pêcheries. Les variations saisonnières des apparitions du hareng en surface ont posé un des problèmes inté- téressants de la biologie marine. On ne croit plus maintenant aux grands voyages des ,anquées harenguières, autrefois acceptés comme articles de foi. On met au rang des fables leurs traversées en troupes innombrables, des mers d'Islande aux eaux de la Manche. On admet que les harengs ne se déplacent que très peu dans le sens horizontal; leurs mouvements verticaux sont plus réduits encore. Leurs apparitions saisonnières, à portée des outils de capture, sur les terrains de pêche, semblent déterminées par les époques du frai. Et ce sont des races différentes qui paraissent aux endroits différents. C'est dans la partie occidentale de la mer du Nord, à l'W. du 2Ig E. Gr., que les hanquées, dont cer- taines ont plus de 200 kilomètres de longueur, sont les plus nombreuses et les plus abondantes. Au printemps, d'avril à juillet, on pêche le hareng au large des iles Shetland et de la côte d'Ecosse. De CAMILLE VALLAUX — L'INDUSTRIE DES PÊCHES DANS LA MER DU NORD juin à août, la pêche est active au large de la côte nord d'Angleterre (North Shields, Hartlepool et North Sunderland). Elle se fait d'août à octobre en face de l'estuaire du Humber. Elle a lieu de sep-° tembre à novembre sur le parallèle des grands ports harenguiers, Yarmouth et Lowestoft. Enfin, elle est reportée au commencement de l'hiver dans la partie orientale de la Manche. A l'inverse des poissons de marée, qui ne voyagent à l'intérieur que depuis peu de lemps, le hareng figure depuis de longs siècles sur les tables euro- péennes. Car on a connu et pratiqué, dès le haut Moyen Age, les procédés de saumure, de fumage et de saurissage, qui permettaient de faire voyager le hareng jusqu'au cœur du continent. Les obligations du vendredi, du carême et des jeûnes, en faisaient un aliment de base pendant une notable partie de l'année. Dès 1187, une foire annuelle du hareng élait fondée à Liége. Du xIx° au xvi° siècle, l'Angle- terre et les Hanséates, les Hanséates et le Danemark, la Hollande et Ecosse, se sont fait la guerre à pro- pos des pêcheries de hareng. Et dans la guerre de Cent Ans, la Journée des Harengs, de 1499, près d'Orléans, est demeurée fameuse. La pêche du hareng se fait à peu près avec le même outillage de capture qu'au xv° siècle. Mais les bateaux sont plus forts; ils vont plus vite et plus loin; beaucoup sont à vapeur, surtout en Angleterre : le harenguier à voiles (sailing drifter) cède le pas de plus en plus au harenguier à vapeur (steam drifter\. Maintenant même, le chalut, limité _ily a peu d'années à la capture des poissons démer- Saux, fait son apparition dans la pêche harenguière. * On pêche le hareng au moyen de filets verticaux, longs de 25 mètres, hauts de 8 mètres environ; en les mettant bout à bout, on obtient une {essure longue de 3 à 7 kilomètres. On maintient les filets verticaux au moyen d'aussières portant des cordes longues de 410 mètres et reliées à des barils flottant à la surface. Le bord supérieur des filets se trouve à peu près à 17 mètres au-dessous de la surface; le poisson est maillé el pris par les ouïes. L'opération la plus délicate de cette pêche consiste à mouiller les filets dont la longue série forme la tessure. Les drifters à vapeur le font par l'avant, à cause de leur hélice où la tessure pourrait s'accrocher; aussi ont-ils deux gouvernails. Les drifters anglais ont un tonnage moyen de 80 tonneaux; mais beaucoup sont de gros bateaux qui dépassent 150 tonneaux, ont jusqu'à 45 mètres de longueur et sont mus par une machine de 500 à 600 chevaux. Ils demeurent absents une vingtaine d'heures et vont jusqu'à 60 milles au large. Partis l'après-midi de leur port d'attache ou d'un port quelconque, ils reviennent le lendemain, avec leur pêche, au port le plus proche. 137 Toutes les nations riveraines de la mer du Nord pêchent le hareng. Sa capture forme le septième du tolal des pêches danoiïises. Les pêcheurs allemands salent le hareng en barils pour une valeur de 11 millions. En Belgique, bien que les fonds à bon rendement soient assez loin des ports belges, on vend près de 700.000 kilos de harengs sur la W/nque ou marché aux poissons d'Ostende. Les pêcheurs français, qui viennent presque tous de Boulogne, emploient 70 harenguiers à voiles de 136 tonneaux, en moyenne, et 3% vapeurs, ils salent le hareng en barils, ou le glacent en caisses; leur production atteint une valeur de 6 mullions et demi. Mais les pays de grosse production sont la Hol- lande et surtout l'Angleterre. La flotte harenguière de la Hollande a bien déchu depuis les années prospères du xvi° siècle où elle comptait 5.000 bateaux de 50 à 100 tonneaux et plus de 100.000 pêcheurs, et où elle faisait plus de 10 millions d’affaires en monnaie du temps, somme qu'il faudrait au moins quintupler pour avoir sa valeur actuelle. Cependant, il y a encore plus de 1.500 harenguiers hollandais, avec 20.000 pêcheurs ; la production dépasse 24 millions de francs. Le hareng hollandais va, pour la plus grande part, en Allemagne. L'Angleterre, grande pêcheuse de harengs au Moyen Age, éclipsée au xvi° siècle par la Hollande, a repris l'avantage depuis l’Acte de navigation de Cromwell; elle l’a repris d’une manière décisive. Elle est au premier rang pour l'outillage comme pour l'activité de la production. Ses pêcheurs capturent plus de 240.000 tonnes de harengs, d’une valeur de plus de 35 millions. Elle a ses capitales du hareng, grands ports de pêche presque spécialisés dans cette industrie : Yarmouth et Lowestoft, qui ont à eux deux une flotte de AM Wriflers à vapeur; le reste de l'Angleterre proprement dite n’en a que 62. Yarmouth et Lowestoft ont pris, en 1911, 69°/, du hareng capturé par les bateaux anglais. Yarmouth offre un curieux exemple de port de pêche spécialisé par tradition. Il avait été, au Moyen Age, le grand port harenguier de l'Angle- terre. La prospérité de la Hollande l'avait fait décliner; même après l’Acte de navigation, les pêcheurs de Yarmouth ne revinrent pas, tout d'abord, exclusivement au hareng; ils s’appli- quèrent, jusqu’à une époque toute récente, à toutes sortes de pêche. En 1883, ils avaient encore des chalutiers à voiles; ils en avaient autant que le grand port voisin de Grimsby, à l'estuaire du Humber. Mais la prospérité du chalutage à vapeur à Grimsby a fait revenir Yarmouth à sa vieille indus- trie, où, de nouveau, il excelle ; le port voisin de Lowestoft le complète, et les grands ports haren- guiers d'Ecosse, Aberdeen, Peterhead, Lerwick, 138 CAMILLE VALLAUX — L'INDUSTRIE DES PÊCHES DANS LA MER DU NORD qui péchent à une toute autre époque, ne lui font pas concurrence. Lerwick, celle petite ville des Shetland, qui n'a que 4.000 habitants l'hiver, et qui en à 16.000 au milieu du printemps, redevient silencieuse et calme à l'époque où péchent Yarmouth el Lowestoft. Ce sont Grimsby et Hull eux-mêmes, les ports du grand chalut, qui viennent maintenantrivaliser avec Yarmouth el avec Lowestoft sur leur terrain spé- cial. Depuis très peu d'années, les chalutiers anglais se sont mis à pêcher le hareng. Les débuts ont été timides et à peu près infructueux. Mais brus- quement, de 1909 à 1911, les captures de hareng par chalut sont devenues notables. Elles ont atteint, pour les chalutiers anglais, 12.700 tonnes en 1941, près de 6 °/, du poisson pêché. Le seul emploi du nouveau mode de capture a suffi à faire naitre des craintes sur l'avenir de la pêche du hareng, jusque- là regardée comme inépuisable. Le grand chalut, déjà chargé de bien des méfaits, se trouve encore accusé de préparer le dépeuplement des réserves harenguières. Le Aoard of Agricullure pousse déjà un cri d'alarme; il appelle, sur cette ques- lion de la capture du hareng au chalut, «l'attention sérieuse » du Conseil international permanent pour l'exploration de la mer, établi à Copenhague en 1902. Au contraire, un spécialiste francais, M. Hé- rubel, affirme (Péches maritimes d'autrefois et d'aujourd'hui) que, pour la pêche du hareng, les ravages du chalut sont insignifiants. Nous allons voir posée, d'une manière bien plus aiguë, pour les poissons démersaux, la question du dépeu- plement par les chalutiers. IV. — CAPTURE DES POISSONS DÉMERSAUX : LES CHALUTIERS. L'emploi du chalut à panneaux a donné une grande extension à l'aire d'exploitation de la mer. C'est grâce à lui que les pécheurs exploitent la mer du Nord tout entière, jusqu’au sol sous-marin, sur 423.000 kilomètres carrés, les trois quarts de sa superlicie. Mais ce n’est pas tout de prendre et de produire : il faut conserver et expédier. Aussi l’em- ploi des glacières à bord des bâtiments, et les trains de marée rapides sont liés nécessairement à la pêche intensive au chalut. Le chalut, la chambre frigori- fique, le bâtiment à vapeur, les hangars de marée, les réseaux de rails groupés aux quais des ports el dispersés au loin sur de vastes pays, tout cela fait partie intégrante et indispensable de l'outillage des grandes pêcheries. Elles ne sont nées vraiment que lorsque l’industrie des pêches a disposé de tous 1 BoaRD OF AGRICULTURE AND FISHNERIES : Sea Fisheries, 191, p. XXX. Annual Report, ces moyens réunis, au cours de la seconde moitié du x1x° siècle. Ce sont les pècheurs danois du Lim Fjord qui ont employé les premiers le chalut à panneaux, en 1850. La mise en usage de la glace à bord des bateaux pêcheurs se place entre 1860 et 1865. Le premier exemple d’un port organisé et outillé industriellement par une Compagnie de chemin de fer a été donné à Ja fondation de Grimsby,en 1858. L'emploi coordonné et généralisé de ces moyens nouveaux a donné à la pêche des poissons de fond, dans l’économie des nations du nord-ouest de l'Eu- rope, une importance jusqu'alors ignorée. Cette pèche se place aujourd'hui au même niveau que celle du hareng. Parmi les poissons démersaux pêchés par les cha- lutiers, le premier rang appartient à l’églefin (had- dock). Les Anglais seuls en prennent 70.000 tonnes par an, toutes pêchées par les chalutiers à vapeur. Viennent ensuite la morue et la plie, puis plus loin, comme quantité, sinon comme valeur, la raie, la limande, le turbot, le rouget et la sole. La morue à été capturée régulièrement, en grandes quantités, bien avant le commencement de la pêche indus- trielle ; l'avènement de cette pêche n’était pas fail pour reconstiluer les réserves à demi épuisées : aussi la morue se fait de plus en plus rare sur les bancs de la mer du Nord. C'est la seule espèce que la dévastalion économique ait touchée, jusqu'ici, d'une manière particulièrement grave. 5 C'est pour les chaluticrs, qui grattent le sol sous-marin jusqu'à 80 et 100 mètres, que l'étude raisonnée des fonds présente un grand intérêt. 11° a les fonds favorables où le poisson abonde et où le filet demeure intact; il y a les mauvais fonds, mau- vais parce que le poisson y est rare ou parce que le filet s’y déchire. Un examen attentif de la carte (voir fig. 1) montre que les meilleurs fonds se trouvent dans la partie occidentale de la mer du Nord, autour ou tout près des endroits où se trouvent déjà les banquées harenguières. Ainsi, es meilleures ressources de l'industrie des pêches, en mer du Nord, se loca- lisent au large des côtes d'Angleterre et d'Écosse. Voilà ce qu'a appris aux pêcheurs l'étude raisonnée et scientifique des fonds. Ils tirent profil de ces renseignements. On constate, depuis trois ans, une tendance générale des chalutiers de toutes les na- tions à se porter de l’est vers l’ouest. Ils quittent les abords des côtes danoises et allemandes. Ils sont plus rares sur les fonds autrefois très fouillés du Great et du Little Fisher Bank. Au contraire, on les voit maintenant nombreux sur les petits fonds entre l'Angleterre et la Hollande, où ne venaient guère autrefois que des voiliers. | | PL | di CAMILLE VALLAUX — L'INDUSTRIE DES PÊCHES DANS LA MER DU NORD L'outil de la pêche industrielle, le chalut à pan- neaux, appelé par les Anglais o/tertrawl, peut tout prendre et tout retenir, à la différence des vieux engins de pêche, dont beaucoup étaient spécialisés dans une seule capture. L'ottertrawl se compose d'une vaste poche de filet dont l'ouverture est rnaintenue béante par deux plateaux de bois. Ces plateaux sont attachés à deux cordes de remor- quage. La partie inférieure de l'ouverture gratte le sol sous-marin ; la partie supérieure, garnie de liège, flotte entre deux eaux à 25 ou 30 mètres au-dessus. Le mouillage et le relevage de ce lourd et long appareil, que le chalutier traine derrière lui, exigent l'installation d'un treuil et presque nécessairement celle d’une machine à vapeur. D'où accroissement du tonnage et du prix de revient. Un chalutier à vapeur (s{eam (rawler), de la mer du Nord, jauge normalement de 130 à 190 tonneaux ; il coûte 250.000 à 300.000 francs. En Angleterre, les types de chalutiers qui travail- lent et qui produisent le pius sont ceux de 150 à 170 tonneaux ; viennent ensuite ceux de 130 à 150, puis ceux de 170 à 190. Sur les bons terrains de pêche, le Dogger Bank, les Silver Pits, le Well Bank, les chalutiers sont groupés en flottes nombreuses. On en compte 1.600 qui travaillent, à l'heure actuelle, dans la mer du Nord. Il n est pas rare d'en voir plusieurs dizaines à la fois. Leurs fumées à l'horizon, au-dessus des bancs de brume légère qui flottent sur la mer, et la réfraction à travers ces brumes, les font paraitre plus gros et plus nombreux qu'ils ne sont. Ces mirages, joints à une nervosité extraordinaire, expli- quent l'erreur bien connue de l’escadre russe de Rojdesventsky : en octobre 1904, elle prit d'inoffen- sifs chalutiers de Hull pour des bateaux japonais: elle les mitrailla. Comme pour la pêche du hareng, toutes les nations riveraines de la mer du Nord prennent part, d'une manière fort inégale, à la pêche au grand chalut. Insignifiante pour les unes, elle est pour les autres une branche d'industrie de premier ordre. Les Danois n’ont que 7 chalutiers à vapeur; les Belges en ont 26, tous attachés au port d'Ostende; les Hollandais, dont la pêche harenguière estencore si prospère, ont perdu beaucoup de temps pour le chalutage ; ils essaient aujourd’hui de le rattraper : cependant, ils n'ont encore que 84 chaluliers, sta- tionnés pour la plupart à Ijmuiden. La part des Francais est proportionnellement meilleure : 88 cha- lutiers boulonnais exploitent les fonds de la mer du Nord; 33 voiliers de Gravelines pèchent la morue. Le port de Boulogne, le plus actif de nos ports de pêche, fait annuellement 24 millions d'affaires procurées presque en totalité par le pois- son de la mer du Nord. 139 Les Allemands, qui n’ont fait du côté de la pêche harenguière aucun effort suivi, ont tenté de s'orga- niser pour la capture des poissons de marée. Leur flotte de chalutiers vient aujourd'hui au premier rang après celle de l'Angleterre, quoique bien loin en arrière, Ils en ont 217, nombre qui ne varie guère depuis six ans, plus 78 autres vapeurs de pêche. Les captures montent à 75.006 tonnes de poisson, dont 25,000 de haddock et 23.000 demorue; le tout vaut environ 34 millions. On peut regarder comme un modèle l'organisation et l'outillage du port de Geestemünde, créé en 1884 près de Bre- merhafen, à limitation de Grimsby. On peut louer aussi la concentration des capilaux et de l'outillage entre les mains de compagnies dont la plus connue est la Nordsee Kischerei Gesellschaft; on peul aussi remarquer les abaissements de tarifs con- sentis par les chemins de fer prussiens pour les transports rapides et à grande distance des pois- sons de marée. Mais l'industrie chalutière allemande fait encore bien piètre figure auprès de l'industrie anglaise. Ici, comme pour la pêche du hareng, les Anglais occupent la première place. | Les flottes chalutières anglaises sont concentrées dans l'estuaire du Humber, aux deux ports voisins de Hull et de Grimsby; celui-ci surtout est le port de pêche par excellence; par son activité et par l'étendue de ses installations, il mérite le nom qu'il s'est donné de /he metropolis of the lishinq industry. Grimsby possède 518 chalutiers, Hull 436, les autres ports anglais 146; l'Ecosse en a 290, con- centrés pour les quatre cinquièmes à Aberdeen. L'Angleterre et l'Ecosse réunies ont pêché en 1911 449.000 tonnes de poissons de fond, valant 146 mil- lions; ces énormes quantités viennent pour les trois quarts des fishing grounds de la mer du Nord. Nullequestion n'a été plus discutée que l’action du grand chalut sur le dépeuplement des fonds. Pour les uns, il est innocent; pour les autres, il est le grand coupable dont les méfaits tueront les pêcheries. Voici la contribution qu'apportent les faits d'observation récente. De 1907 à 1911, on a constaté, sur les banes de la mer du Nord, une diminution lente et continue des poissons de fond. La pêche devient moins produc- tive ; les patrons des chalutiers s'en apercoivent; ils commencent à chercher ailleurs ce que la mer du Nord ne leur donne plus en quantité suffisante. En 1903. un chalutier anglais de 1° classe pre. nait en moyenne 947 kilos de poissons par jour; la moyenne n'est plus que de 824 kilos en 1911. En 1903, les chalutiers anglais ont eu 203.985 journées de travail sur les banes de la mer du Nord; ils n’en ont eu que 141.18 en 1911. Ces chiffres sont clairs. Les premiers montrent 140 L. HOULLEVIGUE — REVUE D'OPTIQUE que les fonds ont tendance à s'épuiser. Les seconds indiquent que les chalutiers s'en vont. Car ils sont aussi nombreux el plus nombreux qu’en 1903, et ils comptent cependant 62.000 journées de travail de moins. Ces 62.000 journées, ilsles ontemployées ailleurs; ils n'ont pas désarmé dans les ports; ils ont travaillé sur d'autres terrains de pêche. V. — DÉPEUPLEMENT DES FONDS: TENTATIVES D'EXTENSION. L'ottertrawl dépeuple. Il n’y a plus de discussion possible sur ce point : les chiffres que nous venons de donner le prouvent assez. Les expériences du lishery Board d'Ecosse ont bien montré que les mailles de l’ottertrawl ne retenaient pas les alevins. Mais ces expériences ne sont pas con- cluantes. Il suffit que l’ottertrawl retienne beau- coup d'adultes pour que l’alevinage futur soit très compromis. M. Hérubel, qui ne croit pas que l’otter- trawl nuise au hareng, reconnait qu'il est funeste aux poissons plats, comme les carrelets et les soles, et mème au haddock. Son emploi intensif conduit rapidement à la dévastation économique des ter- rains de pêche de la mer du Nord. Contre la menace du dépeuplement, on peut recourir à deux moyens. Le premier est le canton- nement, avec lequel se confond l’organisation des viviers naturels; le second est l'extension des zones de pêcheries vers le large. La pratiqüe du cantonnement consiste à inter- dire toute pêche, pour un certain temps, dans une zone déterminée. Le Æishery Board d'Ecosse l’a fait à plusieurs reprises pour le Firth of Forth et surtout pour le Moray Firth; celui-ci est considéré comme une sorte de vivier naturel; c'est un des principaux terrains d’alevinage de la mer du Nord. Les Danois ont changé leur Lim Fjord, qui va de la mer du Nord au Cattégal, en une sorte de pépi- nière à poissons plats. Mais le repeuplement par de pareils moyens ne pourra jamais donner que des résultats très limités, difficiles à obtenir, et appréciables seulement au bout d'un temps lrès long. Au contraire, l'extension des pêcheries vers les zones du large répond aux nécessités immédiates de la pêche. Sans plus attendre, les chalutiers anglais l’ont pratiquée, dès qu'ils se sont crus menacés, en mer du Nord, par l'appauvrissement des fonds. 1! En 191i, l’essaim des chaluliers s’est répandu autour de Rockhall, dans le canal de Bristol et à l’ouest de l'Irlande, où ils ont travaillé pendant 2.495 journées, contre 392 seulement en 4910. D'autres, plus entreprenants encore, vont d’une part jusqu'aux côtes marocaines, et de l'autre jusqu'à la mer Blanche. Le Board of Agriculture and Fisheries divise en 18 régions les zones fré- quentées, de la mer Blanche à l'Islande, à l'Irlande et au Maroc, par les chalutiers anglais. La super- ficie totale de ces terrains de pêche, calculée depuis la limite des eaux territoriales (3 milles) jusqu'à la ligne isobathe de 200 mètres, atteint 691.466 milles carrés, dont la mer du Nord n'occupe que 142.370. La surface exploitable se trouve presque quintuplée. Ainsi, les outils et l'organisation de pêche indus- trielle créés dans et pour la mer du Nord sont appelés à servir ailleurs. On les utilisera sans doute sur tout le socle continental de l'Atlantique Nord, à mesure que se perfectionneront les procédés de capture et de conservation du poisson, et à mesure que les bateaux deviendront plus rapides. La mer du Nord ne sera plus que le centre cultural et le premierchamp d'expériences de l'exploitation inten- sive des mers. Camille Vallaux, Docteur ès Lettres, Professeur d'Histoire et de Géographie au Lycée Buffon. REVUE D’OPTIQUE L'année qui vient de s’écouler aura été fructueuse pour la science. Au premier plan, deux belles dé- couvertes, celle de la dispersion des rayons X par les réseaux cristallins, et celle de l'effet Zeeman électrique". Toutes deux intéressent le monde de l'atome et de l'électron et, par suite, elles permet- tront de pousser plus avant notre connaissance de la matière ; mais l’oplique n'aura pas non plus à s'en désintéresser ; la seconde fera connaître le mécanisme de l'émission lumineuse ; nous mieux 1 Jtev. gén. des Sciences, n°s du 45 février 1913 et du 15 janvier 1914, quant à la découverte de Laue, Friedrich et Knip- ping, l'interprétation en est encore assez obscure : cependant il devient de plus en plus probable, sur- tout depuis les belles expériences de M. de Broglie, que les rayons X finiront par rentrer dans le domaine de l'optique, en qualité de vibrations de l'extrême ultra-violet, des milliers de fois plus rapides que celles de la lumière visible. Mais ces découvertes sont encore trop récentes pour avoir porté tous les fruits qu'on peut en attendre, ou méme pour qu'on puisse donner des lois et suggé- rer des explications; on me permettra done de L. HOULLEVIGUE — REVUE D'OPTIQUE AM m'en tenir à ce qui a déjà été indiqué dans celle Revue, et de réserver une étude plus complète pour un prochain article. J. — LA RÉALITÉ DE L'ÉTHER. Depuis longtemps, mais surtout depuis que Rilz a éveillé le doute dans l'esprit des physiciens, la discussion est ouverte sur la nature hypothétique de l’éther ; les uns nient la réalité de l'éther de Fresnel, tandis que d’autres ne veulent pas renon- cer à admettre un milieu transmetteur des ondula- tions optiques et électromagnétiques ; ils ne croient pas, suivant l'expression de M. Ch.-Ed. Guillaume, que l’éther ait été inventé uniquement pour donner un sujet au verbe onduler, de même que le mot fluide a été créé pour servir de sujet au verbe couler. Des expériences récentes de MM. Michelson el Sagnac ont posé à nouveau la question; et la Fig. 4. — Dispositif de l'expérience de Michelson. réponse des faits est de nature à donner confiance à ceux qui admettent la réalité de l’éther. M. Michelson remarque que la théorie ondula- toire a pour corollaire que la vitesse de propaga- tion des ondes ne dépend ni du mouvement de la source, ni du déplacement du miroir sur lequel elles se réfléchissent. Au contraire, dans la théorie de l'émission, la vitesse du rayonnement émané d'une source est affectée par le mouvement de celle-ci, et par la réflexion sur un miroir mobile; si la réflexion a lieu à la manière d'une balle élas- tique, l'accroissement de vitesse doit être double de la composante de la vitesse du miroir dans le sens de la propagation ; il doit être égal à cette compo- sante si le miroir fonctionne comme une source secondaire d'émission. Pour décider entre ces cas, Michelson réalise l'arrangement représenté par la figure 1. La lumière d'une source monochroma- tique S tombe sur un miroir légèrement argenté À, et donne deux pinceaux SADECBAI, SABCEDAI, qui se superposent en I après avoir parcouru en sens contraire le même chemin; ces rayons se réfléchissent sur deux miroirs D et C, qui tournent autour d’un axe commun O à raison de 1.800 tours par minute, et sur le miroir concave fixe E, placé à G mètres des miroirs tournants. Les miroirs G et D élant au repos, on observe en I des franges d'inter- férence; s'ils tournent, comme ils ont subi un déplacement pendant le trajet des ondes jusqu'au miroir E, le chemin parcouru par les deux rayons interférents n’est pas nécessairement le même, ni parcouru dans le même temps ; en faisant le caleul, on trouve que, si la réflexion se fait à la manière d'une balle élastique, les franges observées en I doivent rester immobiles ; elles doivent se déplacer dans l'hypothèse ondulatoire; en réalisant les expériences, on a observé un déplacement de 3,81 franges, le déplacement calculé atteignant 3,76 : la théorie des ondulations sort donc triom- phante de l'épreuve. Dans les expériences de M. Sagnae, l’éther affirme Fig. 2. — Interférographe tournant de M. Sagnar. — O0, source lumineuse: 7, lame d'air; R, T, rayons lumineux: M,, M, M,, M,, miroirs: p p', plaque photographique ; D, poulie à friction faisant tourner le plateau. son existence par sa résistance à un mouvement de rotation. M. Sagnac se sert d'un interférographe tournant représenté sur la figure 2 : un plateau horizontal, qu'on peut faire tourner dans son plan à l’aide d’une poulie à friction D, dans un sens ou dans le sens inverse, porte une source lumineuse O ; celle-ci envoie par des dispositifs appropriés un pinceau de lumière qui se divise, au passage de la lame d'air /, en deux rayons T et R; ces rayons, réfléchis par des miroirs M, M, M, M, circulent en sens inverse, en entourant une aire S qui, dans la figure, est couverte de hachures ; finalement, ils se réunissent en T, et R, et interfèrent, au foyer prin- cipal de la lunette L, sur une plaque photographique pp' à grain fin. Le plateau tournant constitue donc, avec la source de lumière et tous les appareils qu'il supporte, un monde isolé ; par suite, le principe du mouvement relatif semble imposer la conclusion que la position des franges sur pp' doit être entiè- 449 L. HOULLEVIGUE — REVUE D'OPTIQUE rement indépendante de tous les mouvements qu'il peut prendre; or, cette conclusion paraît démentie par l'expérience ; si on fait tourner le plateau, d'abord dans un sens, puis dans le sens inverse, les photographies prises pendant les deux rotations inverses indiquent un déplacement des franges ; ce déplacement est précisément tel qu'on aurait pu le calculer en supposant que l'éther, véhicule des ondes, n'a pas participé au mouvement de rotation du système matériel; une rotation dextrorsum de l'interféromètre produit un « vent relatif d’éther » qui entraîne les ondes lumineuses comme le souffle de l’air emporte les ondes sonores; ce vent d’éther retarde donc celui des deux faisceaux dont la pro- pagation est dextrorsum, et avance d'autant le pinceau inverse. En fait, le déplacement des franges, lorsqu'on renverse le sens de rotation, est voisin de 0 em. 07, c'est-à-dire qu'il peut être constaté et mesuré sans hésitation ; il est de même signe et de même gran- deur que le déplacement calculé dans l'hypothèse de l'éther immobile; enfin, M. Sagnac paraît s'être entouré de toutes les précautions qu’on peut ima- giner pour se mettre à l'abri de l'erreur; s'iln’a rien omis, le résultat de cette expérience est un des plus importants que l'optique ait enregistrés de- puis Fresnel, puisqu'il prouverait indiscutablement l'existence d’un milieu transmetteur des ondes, indépendant des milieux matériels ; ainsi se trouve- rait terminé, en faveur de l’éther, un débat encore très. indécis. II. — ÉTUDE DES SPECTRES. Pendant longlemps, les raies et les bandes spec- trales ont été considérées comme des repères im- muables posés au hasard sur le chemin des lon- gueurs d'ondes. La science moderne n'a plus conservé ce point de vue, et elle a pu établir des règles el une classification, les résultats obtenus s'appliquant spécialement aux spectres de lignes et, avec un moindre degré de précision, aux spectres de bandes. Les premiers sont répartis, provisoire- ment, en trois catégories : l'une d'elles comprend les raies distribuées en séries qui convergent vers les courtes longueurs d'onde ; on y distingue un ou deux groupes principaux et deux groupes secon- daires, auxquels Ritz à encore adjoint des séries de combinaisons, dont les plus importantes ontété découvertes par lui-même et par Bergmann dans l'infra-rouge ; nous verrons tout à l'heure, à propos de l'hydrogène, un exemple de cette distribution. La deuxième catégorie comprend des groupes de raies qui se reproduisent le long du spectre, et qui sont caraclérisés par la constance de l'intervalle, exprimé en fréquences, qui sépare deux groupes successifs. Enfin, on réunit dans la troisième caté- gorie toutes les raies qui ne peuvent figurer dans aucune des deux premières; c'est done là qu'on rejette, provisoirement, tous les déchets de la spectrographie. Quant aux spectres de bandes, on les distingue en résolubles et en non résolubles suivant qu'ils peuvent, ou non, se séparer en raies fines juxta- posées; on peut aussi, ne tenant compte que de leur aspect général, y reconnaître les bandes symé- triques, qui sont dégradées sur leurs bords avec maximum au milieu, et les bandes à arêtes, qui pré- sententlemaximum d'intensitésur un deleurs bords. Cette classification se fonde sur un certain nombre de caractères : en premier lieu, la possibi- lité de représenter les positions des raies par des formules rigoureuses, dont Balmer a donné le type. En second lieu, le phénomène de Zeeman, sur . lequel je reviendrai tout à l'heure, permet de préci- ser l'ordre ainsi établi; en effet, d’une facon géné- rale, les spectres de raies sont sensibles à l’action du champ magnétique, el les raies d'un même corps appartenant à une même série sont affectées de la même manière; enfin, les raies se déplacent légèrement sous l'action de la pression; elles se déplacent aussi par effet Dôppler, c'est-à-dire par suite du mouvement des éléments photogéniques, tandis que les bandes paraissaient, jusqu'en ces derniers temps, insensibles à tous ces effets. Toute- fois, ces caractères distinctifs ont perdu, pour l'instant, un peu de leur valeur: c'est ainsi que certains spectres de bandes sont faiblement modi- fiés par le champ magnétique; c’est ce qui résulte des expériences très soignées de M. Fortrat ; il est done possible que certaines bandes, considérées comme irrésolubles avec les moyens dont nous dis- posons, doivent rentrer un jour dans la catégorie des spectres de raies. Quittons ces généralités ; de tous les corps dont on étudie l'émission lumineuse, l'hydrogène est le plus important, par suite du rôle qu'il joue dans toute la nature, et spécialement dans les étoiles et lesnébuleuses. Son spectre est réparti en un certain nombre de séries, qu'on peul représenter par les formules suivantes, en désignant par V l'inverse de la longueur d'onde (c'est-à-dire une grandeur proportionnelle à la fréquence) et par N, la cons- tante universelle N, = 109.675. ire série principale. < = 2, _ de OÙ n—=2—3—4— 05 2e série principale. Val, Le 2,5 — 3,5 — 4,5. N, NM TAP STE È de série secondaire. : - = _ où m—3—4—5..—31. 2% série secondaire. V : = = oùm=3,5— 4,5,,—10,5. | siélétn 4 L. HOULLEVIGUE — REVUE D'OPTIQUE 413 Série de Ritz . . . N — à + Où m = 4 — 5 —..... En 1896, l’astronome américain Pickering décou- vrit un certain nombre de raies, inobservées aw laboratoire, dans le spectre de l'étoile € Puppis ; ces raies se retrouvèrent dans la lumière de la plu- part des étoiles « chaudes » désignées par 04 dans le catalogue de l'Observatoire de Harvard College; on ne larda pas à reconnaitre qu'elles s’inséraient dans les formules ci-dessus, c'est-à-dire qu'elles appartenaient à la série principale et à la deuxième série secondaire du spectre de l'hydrogène; leur origine chimique se rattachait donc indiseutable- ment à cet élément: mais, comme elles n'avaient jamais apparu dans les expériences de laboratoire; sir Norman Lockyer les considérait comme caracté- ristiques d'une forme spéciale de ce gaz, le « proto- hydrogène » ou « hydrogène cosmique ». Or, cette hypothèse vient d'être jetée à bas par les faits ; M. Fowler vient d'observer, au laboratoire, toutes ces raies, et d’autres encore, en opérant sur un mélange d'hydrogène et d’hélium ; il emploie un tube Plücker, du modèle courant disposé pour l'observation suivant l'axe du capillaire, et remplit ce tube, sous une pression qui varie de 1/2 à 4 mil- limètre avec un mélange d'hélium et d'hydrogène, dont il ne parait pas indiquer la teneur ; ce mélange provient des gaz dégagés à chaud par la clévéite et a été purifié en absorbant les gaz plus liquéfiables par du charbon refroidi dans l'air liquide ; l’étin- celle condensée d’une forte bobine, en traversant ce mélange, y à fait apparaître des raies nouvelles dont les unes ont pu être identifiées avec celles de & Puppis, et dont les autres étaient parfaitement inconnues jusqu'à ce jour. L'intérêt de cette décou- verte est considérable pour l’Astrophysique : elle . nous donne des raisons de croire qu'il n'y a pas dans le ciel d’autres éléments que ceux qui nous sont connus sur la Terre ; il y a donc, dès à présent, gros à parier que les spectres du coronium et du nébulium, attribués jusqu'ici à des corps hypothé- tiques, pourront être reproduits au laboratoire ; en même temps, l'expérience de M. Fowler montre aux physiciens quelle perturbation est produite dans l'émission spectrale par le mélange avec un corps étranger. Wood avait déjà observé, dans sa remarquable étude des spectres de résonance, que l'addition d'un gaz étranger (hélium dans la vapeur d'iode) pouvait modifier profondément l'émission lumineuse ; voilà done un fait avec lequel il faudra compter désormais. III. — ÉLECTRO-OPTIQUE ET MAGNÉTO-OPTIQUE. La succession des découvertes présente une ainsi, lorsqu'on s'est efforcé d’élablir des liens entre l'Optique, l'Électricité et le Magnétisme, les premiers effets observés se sont rapportés à l’action des champs électrique et magnétique sur la propa- gation du mouvement; c'est en 1845 que Faraday a découvert la polarisation rotatoire magnétique, en 1875 que Kerr a constaté la biréfringence des dié- lectriques placés dans un champ électrique. En 1903, M. Meslin constatail de curieux phénomènes de dichroïsme produits par l’action du champ élec- trique ou du champ magnétique sur les liqueurs mixtes formées d'un liquide contenant en suspen- sion des poussières cristallines ; sous l’action élec- rique ou magnétique, les cristaux s’orientent de telle sorte que la composante de la vibration lumi- neuse parallèle à la force agissante n’est pas modifiée de la même manière que la composante perpen- diculaire. Quelques années plus tard, en 1907, MM. Cotton et Mouton constataient l'existence d’une biréfringence produite dans les liquides diélec- triques par les forces magnétiques; ils montraient que cet effet est en rapport avec une orientation de la molécule dans le champ, et M. Langevin, dans une explication plus complète, reliait entre eux les phénomènes de Kerr et de Cotton et Mouton et les rattachait à la théorie cinétique de la matière. Ainsi tous ces effets, bien que se rattachant directement à l'Optique, ont pour caractère principal de jeter une clarté nouvelle sur la cinématique moléculaire; se plaçant toujours à ce point de vue, M. Gutton vient de tirer des conséquences fort intéressantes de l'étude de la biréfringence électrique. On avait essayé vainement jusqu'ici de mesurer le temps qui s'écoule entre la création du champ électrique et l'établissement de la biréfringence ; ce temps qui, d'après les calculs de M. Langevin, représente la durée nécessaire pour l'orientation des molécules, paraissait inférieur à un millionème de seconde; sa mesure présentait donc des diffi- cultés spéciales. M. Gutton a montré d'abord qu'il différait suivant le diélectrique employé : entre un polariseur N (fig.3)et un analyseur N'à l'extinction, dont les plans de polarisation sont inclinés à 45° sur l'horizon, on dispose, sur le trajet du rayon lumineux XY, deux condensateurs G, C' immergés dans deux liquides différents et qu'on peutcharger, soit lentement à l'aide d'une machine de Holtz HH, soit {par les décharges rapides d'un Tesla TT! ou d'un oscillateur de Hertz. Les lignes de force du champ électriqu e sont horizontales dans C et verti- cales dans C', de telle sorte qu'en réglant convena- blement la distance des armatures de l’un des condensateurs, on peut compenser les différences de marche que C et C' donnent aux deux compo- santes du rayon lumineux ; par suite, l'extinction logique qui n'apparait souvent qu'après coup; | de la lumière subsiste lorsqu'on charge simultané- > = L. HOULLEVIGUE — REVUE D'OPTIQUE ment G et C' avec la machine de Holtz; mais la compensation n'existe plus, et la lumière réappa- rait lorsqu'on emploie les décharges oscillantes ; ceci prouve que la biréfringence n’a pas eu le temps de s'établir aussi complètement dans un desliquides que dans l’autre et, par suite, qu'elle ne suit pas instantanément les variations du champ électrique. Ce premier résullat acquis, M. Gutton a fait agir en TT’ des ondes hertziennes dont il a fait varier la période d'oscillation {, et il a déterminé la plus grande valeur {, de { pour laquelle la compensation, établie pour les charges statiques, se maintient pour N SAN H Ty Fig. 3. — Dispositif de M. Gutton pour l'étude du temps d'établissement de la biréfringence électrique. — N, polariseur; N', analyseur; X Y, rayon lumineux; C C, condensatleurs ; H H', machine de Holtz; T T' machine de Tesla. les charges oscillantes; {, représente évidemment la durée d'établissement de la biréfringence dans celui des deux liquides pour lequel cette durée est la plus grande. On trouve ainsi : Pour le sulfure de carbone. = Le toluène. . PSC NETEUE 1 Le bromonaphlalene. . . . à 0,6 DES » Ces expériences nous montrent avec quelle sen- sibilité les méthodes modernes permettent d’attein- dre des durées extraordinairement petites, comme celle qu'une molécule liquide exige pour pivoter sur elle-même, quand elle est soumise à l'action d'un champ électrique. Mais les actions électriques et magnétiques ne s’exercent pas seulement sur l'onde en cours de propagation; elles exercent leur influence sur l’é- mission elle-même, dont elles modifient profondé- ment le rythme; c'est par l'étude de ces phéno- mènes que nous pouvons espérer connaître la nalure des éléments photogéniques, qui ne sont pas nécessairement les molécules ou les atomes; il semble en effet que l'émission des raies bril- lantes soit due à des molécules à charge positive, c'est-à-dire privées par ionisation d’un ou de plu- sieurs L'effet Stark (modification du spectre d'émission par un champ électrique) vient seulement de naître; de lui, on ne peut encore rien dire, sinon qu'il existe; mais l'effet Zeeman du magnélisme sur les éléments photogéniques a déjà grandi; il est même, si on peut dire, en plein âge ingralt; les phénomènes, d’abord électrons. relativement simples, se sont compliqués à tel point que les théoriciens, malgré la fertilité de leur esprit, commencent à ne plus s’y reconnaitre. Ce qui avait contribué à accroître les difficultés, c'était l'incer- titude sur la grandeur des champs magnétiques réalisés ; cette difficulté paraît actuellement sur- montée, grace aux mélhodes précises introduites par MM. Cotlon, Sève et Weiss; malgré tout, les faits refusent de rentrer dans le cadre des idées théoriques de Lorentz. Dans toute cette confusion, on croit pourtant entrevoir une clarté : Paschen et Back ont constaté que, dans les champs magné- tiques intenses, l'effet Zeeman se simplifie nota- blement; les mêmes conclusions se retrouvent dans les travaux effectués, à Zurich, par M. Fortrat avec le gros électro de Weiss ; ceci porte à croire que cerlaines anomalies, dues sans doute à des liaisons entre électrons, deviennent prédominantes pour les champs médiocres et s'atténuent pour les intensités voisines de 50.000 gauss : on voit par là tout l'intérêt qui s'attache à poursuivre ces recher- ches avec des forces magnétiques plus intenses; il faut espérer que la science disposera bientôt, dans un espace qui ne soit pas ridiculement étroit, de champs magnétiques atteignant 75.000 gauss; ceci n'est pas une utopie; c'est même uniquement une question d'argent; il y a tout lieu d'espérer que les ressources ne manqueront pas pour une si belle œuvre. En attendant qu'on en connaisse toutes les parti- cularités, et qu'on les ait expliquées, l'effet Zeeman rend à la science, et surtout à l’Astrophysique, d'inappréciables services. On connait l’admirable travail où M. G. Hale, créateur du grand observa- toire californien du Mont-Wilson, a montré l'exis- tence de ce phénomène dans les raies des laches solaires, et en a déduit l'existence d'un champ magnétique, perpendiculaire à la surface solaire et dont la grandeur peut atteindre plusieurs milliers de gauss; l’origine du champ magnétique des taches se trouve évidemment dans les tourbillons d'électrons entrainés par le mouvement giratoire qui écarte le voile brillant de la photosphère pour découvrir l’abime sombre des profondeurs solaires. En plus de ces champs locaux, on pensait depuis longtemps que le Soleil possède un champ magné- tique général, beaucoup moins intense que celui des taches, mais analogue, dans son ensemble, à celui de la Terre ou d’une sphère aimantée unifor- mément; l'inclinaison des rayons de la couronne dans le plan équalorial, qui s’observe à chaque éclipse totale, est faite pour donner du poids à cette supposition. D'autre part, Schuster admet que le magnétisme terrestre, comme celui des autres corps célestes, reconnait pour cause géné- rale la rotation de ces astres autour de leur axe L. HOULLEVIGUE — REVUE D'OPTIQUE 445 polaire: si une des charges électriques l'emporte sur la charge contraire, sa rotation produit néces- sairement un champ magnétique. Hale a cherché à vérifier cette hypothèse pour le Soleil; il a choist une période d'activité minimum des taches, de facon à n'être pas gêné par les phénomènes acci- dentels, et il s'est eflorcé de déceler un effet Zeeman variable avec la latitude, comme celui qui résulterait de l'action d'une sphère aimantée uni- formément. L'effet, s'il existe, est à peine au-dessus de la limite de sensibilité des méthodes employées, de telle sorte qu'il faut faire quelques réserves sur la réalité des faits observés. Toutefois, les résultats paraissent confirmer l'hypothèse prise comme point de départ; ainsi, le déplacement des raies est maximum à 45 degrés de latitude, nul aux pôles et à l'équateur; il se produit en sens inverse dans les deux hémisphères; d'après la modification des raies, on peut évaluer à un millier de gauss la valeur maximum du champ magnélique solaire. La polarité du Soleil correspondrait alors à celle de la Terre, le pôle magnétique Nord correspondant avec le pôle Nord héliographique; enfin, en admet- tant la théorie de Schuster, on peut déduire de là que la surface solaire présente un excès de charges électriques négatives, c'est-à-dire que le champ électrique Solaire est centripète. Tous ces résultats appellent évidemment des confirmations, mais l'ensemble des travaux de M. Hale nous montre quels puissants moyens d'investigation l'Optique a mis à la disposition des astronomes. IV. — LA CONSTANTE SOLAIRE. Les savants américains accaparent le Soleil, ou, pour mieux dire, ils étudient les problèmes solaires avec une puissance de moyens et une sürelé de méthode qu’il est bien difficile d'égaler. Nous ve- nons d'en trouver un exemple dans les travaux de G. Hale: j'en voudrais citer un second, en résu- mant brièvement les résultats obtenus par Abbot et ses collaborateurs de l'Observatoire astrophy- sique de la Smithsonian Institution. Ces recherches, poursuivies depuis dix ans, viennent d'être réunies dans une publication qui est un vérilable monu- ment élevé à la science solaire‘; elles se sont poursuivies sous des climats et à des altitudes différents, au mont Wilson (1.730 mètres), au mont Whitney (Californie, 4.420 mètres), à Bassour (Algérie, 4.160 mètres) et à Washington, au niveau de la mer. Le problème à résoudre était triple, et Abbot le pose en ces termes : 1° trouver la valeur exacte de la constante de radiation solaire, abs- ‘ Annals of the astrophysical Observatory of the Smith- sonian Institution, vol. III, Washington, 1913. 1 | jamais élé constalées aussi nettement traction faite de l'absorption par l'atmosphère ter- restre, c'est-à dire déterminer l'énergie rayonnée par le Soleil sur l'unité de surface normale au flux et située dans le vide à la même distance du Soleil que la Terre; 2° rechercher si cette « constante » éprouve des variations, accidentelles ou périodi- ques, autres que celles qui tiennent aux change- ments de distance du Soleil; 3° si de semblables variations sont constatées, déterminer l'influence qu'elles exercent sur le elimat de la Terre. De semblables problèmes exigent une méthode expé- rimentale sévèrement établie, de facon à éliminer les innombrables causes d'erreur qui tiennent à l'absorption atmosphérique. Je n’entrerai pas dans le détail des procédés employés par Abbot: ils re- posent, d’après le principe indiqué par Langley, sur l'observation simultanée du pyrhéliomètre et du bolomètre; chaque détermination exige vingt el une opérations combinées pour mener au ré- sullat définitif, qui est estimé exact à moins d'un centième près. Abbot el ses collaborateurs ont effectué sept cents observations de cette sorte dans les conditions les plus variées; tout cela ne s'ana- lvse pas en quelques lignes, mais on peut, du moins, faire connaitre les résultats essentiels de ce travail formidable. Ce qui ressort de plus général de toutes les me- sures, c'est la valeur moyenne la plus probable de la constante solaire : l'énergie reçue est évaluée à 1,932 petites calories par centimètre carré et par minute; ce nombre est sensiblement inférieur à celui (2,1) qu'Abbot avait donné lui-même en 1908, et aux valeurs classiques indiquées par K. Angs- trom (2,17), Crova (2,2) et Violle (2,5). Mais le plus curieux, c’esl que la constante solaire parait éprouver des varialions périodiques, dont la gran- deur atteint environ 7°,,, et dont la période est comprise entre une semaine et dix jours; ce sont les pulsations du cœur solaire, et elles n'avaient que par Abbot. En plus de ces variations à courte période, il existe une relation entre l'abondance des taches et l’activité du rayonnement solaire : plus les taches sont fréquentes, plus intense est le rayonnement solaire ; il apparait, d'après cela, que ces varia- tions de température à longue période se produi- sent en sens inverse sur le Soleil et sur la Terre, puisque la tempéralure terrestre s'abaisse au mo- ment du maximum des taches. Ou concoit toutes les conséquences qu'on peut tirer de ces faits pour la Météorologie; je n'insis- terai pas sur ce point, qui n'a que des rapports lointains avec l'Optique. Mais les recherches d'Ab- bot n'ont pas porté uniquement sur la radiation totale du Soleil ; elles nous ont encore aidé à mieux connaître la répartition de l'énergie rayonnée entre L. HOULLEVIGUE — REVUE D'OPTIQUE les diverses longueurs d'onde; c'est ce que résume le tableau suivant : LONGUEUR d'onde en y INTENSITÉ CORRE RME Le LE Us aa ve taie 539 (HD Lee RON OMS ÉTS DOOR RE Ni 11) (D ÉD TOR NENERE RSS 0 ti ORGANES es - ne: Get RC ORNE LE CARO 1 de 0e CR PE OS 1,0 1.657 2,0 247 3,0 14 Naturellement, ces résultats permettent de re- prendre à nouveau le problème, toujours discuté, de la température solaire. Si on part de la loi du déplacement de Wien, le maximum d'énergie vers 0,47 fixe la température à 6.230 degrés absolus; en s'appuyant sur la loi de Stéfan, on en peut déduire que, pour rayonner, à la distance de la Terre, 1,922 calories par centimètre carré el par minute, le Soleil doit avoir une température de 5.830 degrés absolus; il s’agit, bien entendu, de la température du corps noir équivalent au Soleil, mais comme la photosphère n'est pas un radiateur intégral, il est possible que sa température réelle soit supérieure à 7.000 degrés absolus. Un travail comme celui-ci comporte nécessaire- ment des mesures très soignées de la transmission atmosphérique pour les diverses radiations; ces mesures mettent en évidence l'absorption que l'atmosphère exerce sur les régions violette et ultra-violette du spectre; ainsi, au niveau de la mer, la transparence zénithale atteint Les valeurs . . . EICNE = 0,543 0,705 0,865 0,901 0,909 Pour les longueurs d'ondes. Ou, Ou,5 Ou,sS lu 2u L'atmosphère arrête près de la moitié du violet et seulement un dixième de l'infra-rouge. Dès lors, une question se pose : que deviennent les radia- tions absorbées? Nous savons qu'une part est simplement diffusée, c'est celle qui donne le bleu du ciel; mais une autre part est détruite sur place et convertie en chaleur; les études de M. Abbot ne lui ont pas encore permis de dresser le bilan exact de cette opération, mais il nous le promet pour: plus tard et nous pouvons faire crédit à cet obser- valeur aussi sagace que consciencieux. : Comme c'est par la lumière que nous communi- quons avec les espaces célestes, tous les progrès de l'Optique ont leur application en Astro-phy- sique; c'est assez dire quelle est l'étendue du champ à exploiter; je me bornerai, pour terminer, à indiquer une des plus inattendues parmi ces applications. W. Coblentz avait montré, il y à quelques années, que la lumière réfléchie par la Lune présente, dans l’infra-rouge, les mêmes ano-, malies que le pouvoir réflecteur des silicates; aujourd'hui, R. W. Wood, en éludiant les photogra- phies de notre satellite prises en lumière jaune, violette et ultra-violette, a constaté la présence de certaines taches sombres tout à fait comparables à celles qu'on obtint en photographiant, dans les mêmes conditions, de la lave recouverte d’une couche mince de soufre; on voit par ces exemples que des études optiques permettront, un jour ou l’autre, d'instituer la pétrographie lunaire; ce ne sera pas la moins curieuse applicalion de cette science. L. Houllevigue, l'rofesseur à la Faculté des Sciences de Marseille. BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 447 BIBLIOGRAPHIE ANALYSES ET INDEX 4° Sciences mathématiques Hilbert (D.), Professeur à l’Université de Gættingue. — Théorie des corps de nombres algébriques. — Ouvrage traduit de lallemand par MM. A. Lévy, Professeur au lycée Saint-Louis, et Tu. Gor, ancien Ingénieur de la Marine, agrégé de l'Université, avec une préface et des notes de M. G. Huwgerr, membre de l'Institut, et des notes de M. Tu. Gor. (Prix : 25 fr.) Librairie scientifique A. Hermann et 15, Paris, 1913. La Société Mathématique allemande charge de temps en temps un de ses membres de lui présenter un « Bericht », un compte rendu détaillé de l’état d'une théorie. Parmi ces comptes rendus, un des plus remar- qués à été celui qu'a fait, en 1894, M. Hilbert sur la Théorie des corps de nombres algébriques. C'est ce compte rendu, publié en allemand en 1897, dont MM. Lévy et Got donnent aujourd'hui au public fran- cais la traduction, augmentée de quelques notes dues à MM. Humbert et Got. Jai déjà essayé d'expliquer en peu de mots (analyse d'un livre de M. Sommer, Revue gén. des Se., t. XXII, p. 656) ce que c'est qu'un 2ombre algébrique, en parti- . culier un zombre algébrique entier, et comment ces notions se sont introduites dans la science ; je n'y reviendrai pas. _ On remarquera que l'ouvrage de M. Hilbert s'appelle: . Théorie des corps de nombres algébriques, et non tout simplement : Théorie des nombres algébriques. C’est èn effet une tendance de la théorie des nombres actuelle, de ne pas considérer les propriétés des nombres isolés, mais celles des ensembles de nombres. Cette tendance est née justement avec les recherches des mathématiciens sur les nombres algébriques. Ils ont remarqué les analogies (analogies qui ne vont pas sans quelques différences) qu'il y a entre l’en- semble des nombres d’un corps algébrique et celui des nombres rationnels d'une part; entre l'ensemble des entiers d'un corps algébrique et celui des entiers ordinaires d'autre part. Ces analogies tiennent évi- demment à quelques propriétés fondamentales com- munes, et l’idée est venue, tout naturellement, d'étu- dier, en général, les ensembles qui jouissent de ces ropriétés fondamentales. C'est ainsi que se sont formées les théories des corps, des anneaux, des réseaux ou modules, des faisceaux où groupes. | En particulier, un corps de nombres est un ensemble de nombres tel qu'en faisant sur eux des additions, _ des soustractions, des multiplications, des divisions (en un mot, des opérations rationnelles), on retrouve toujours un nombre de l’ensemble. Par exemple l'ensemble de tous les nombres ration- nels (les entiers et les fractions ordinaires) forme un corps. Il en est de même de l'ensemble des fonctions rationnelles à coefficients rationnels d’un nombre + RS algébrique z, et c'est cet ensemble qui constitue le - corps algébrique K (2). Un anneau de nombres est un ensemble de nombres tel qu'en faisant sur eux des additions, des soustrac- tions, des multiplications (les opérations rationnelles . entières) on retrouve toujours un nombre de l'en- - semble. Tout corps est évidemment un anneau. Mais de plus il peut y avoir dans un corps des anneaux qui y Soient contenus et qui, eux, ne soient pas des corps. Ainsi, dans le corps des nombres rationnels, il y a l'anneau des entiers ordinaires. Dansun corps algébri- que, il y a l'anneau des entiers de ce corps. Dans un corps, la question de la divisibilité ne se pose pas : tout nombre du corps est divisible par n'im- porte quel autre (sauf zéro). Ainsi, dans le corps des nombres rationnels, n'importe quel nombre ration- a Lite ” » C nel 5° divisible par n'importe quel autre d le 7 : ad rapport étant Et Mais il n’en est pas de même dans les anneaux. Ainsi un entier ordinaire n'est pas divisible par n'importe quel autre; un entier algébrique d’un corps n'est pas divisible par n'importe quel autre entier de ce corps. Ces questions de divisibilité constituent l'arithmétique des corps algébriques, et c’est à cette arithmétique qu'est consacré principalement l'ouvrage de M. Hilbert. Sans entrer dans des détails techniques qui seraient déplacés dans cette Revue, nous pouvons donner une idée des grandes lignes de cette théorie. L'idée qui vient naturellement au mathématicien est de chercher à transporter dans l'anneau des entiers d’un corps algébrique les lois de la divisibilité des entiers ordinaires. La première question qui se présente ainsi est celle des unités. On appelle unité, dans un anneau, un élément de cet anneau qui divise tous les autres. Dans l'anneau des entiers ordinaires, il y a deux unités qui sont +1 et —1. Dans l'anneau des æntiers d'un corps algé- brique, il y en a, en général, une infinité (il n’y a exception que pour les corps de nombres du second degré imaginaires). Cette question des unités a été élucidée pour la première fois par Lejeune-Dirichlet en 1846. Elle est traitée dans l'ouvrage de M. Hilbert par des méthodes rapides dues à Minkowski. Deux entiers qui ne diffèrent que par un facteur unité sont dits associés; ils ont les mêmes diviseurs et les mêmes multiples. La question qui se présente ensuite est celle de la décomposition en facteurs premiers. On sait que, dans l'anneau des entiers ordinaires, on appelle nombre premier un entier positif qui n'a d'autre diviseur positif que lui-même ou l'unité. Et l'on a ce théorème: au signe près, tout entier est décomposable en un produit de facteurs premiers, et cela d'une seule manière. Ce théorème est d’ailleurs d'un usage cons- tant, et l’on doit se demander s’il peut être transporté dans les corps algébriques. C'est-à-dire : existe-t-il dans tout corps algébrique -des entiers particuliers, qu'on appellera premiers, qui ne soient divisibles que par eux-mêmes et par les unités, et tels que tout entier du corps soit décomposable en un produit de facteurs premiers, et cela d'une seule manière, à un facteur unité près? On l'a espéré longtemps. Euler l’admettait, Lamé aussi; Cauchy a essayé de le démontrer. Mais il ne pouvait pas aboutir, car le fait n’est pas vrai en géné- ral. Nous avons expliqué cela dans notre analyse du livre de M. Sommer, citée plus haut. Nous y avons dit que cette difficulté a été levée par Kummer dans un cas particulier, et ensuite par M. Dedekind dans le cas général, au moyen de la considération des déaux. Essayons de fairecomprendre ici en peu de mots ce que c'est qu'un idéal d’un corps algébrique. Soit l'expression # dans laquelle + est un entier fixe du corps, et £ varie, pouvant représenter tous les entiers du corps. Cette expression représente tous les multiples de z. Or, se donner x, c'est se donner l'en- semble de ses multiples; réciproquement se donner l'ensemble de ses multiples, c'est se donner + (ou un nombre associé). 418 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX Une généralisation bien naturelle consiste à consi- dérer l’ensemble des entiers 4% + Gin; « el$ étant deux entiers fixes du corps, et Ë, n, variant et pouvant représenter tous les entiers du corps. De même, on peut considérer l'ensemble des entiers 2ë + fn + y£, etc. Ce sont ces ensembles que M. Dedekind a appelés des idéaux L'idéal formé par l’ensemble des entiers aë + En +yC—+ …. se dénotera (x, F, y, ...). Dans le corps des nombres rationnels, ces générali- sations ne servent à rien, car on démontre le théorème suivant: S1 a, 6, y, E, 1: € sont des entiers ordi- naires, et à le plus grandcommun diviseur de 4, f,y, …, tout entier de la forme aë + fn + yC<+ … est un mul- tiple de à, et réciproquement tout multiple de à peut étre mis sous cetle forme. De sorte que l'idéal (a, .B;Y, ) n'est autre chose que idéal (6); il" se réduit aux multiples de à, et sa considération ne peut servir à rien de plus que celle de l’entier à lui-même. En est-il de même dans un corps algébrique ? On démontre que, si cela est, il y a dans le corps une décomposition des entiers en facteurs premiers, décom- position possible d'une seule facon, à un facteur unité pres. Puisque cette dernière propriété n’est pas vraie en général, c'est que l’autre ne l'est pas non plus. Il y a dunc lieu de considérer des idéaux (x, 6), (4, 6, y), etc. Les idéaux les plus simples sont les idéaux tels que (x), l'ensemble des multiples de *. On les appelle idéaux principaux. Dans le corps des nombres rationnels tout idéal est principal. Il en est de même dans quelques corps par- ticuliers, mais il n'en est pas de même en général. En tout cas, il peut arriver qu'un idéal (x, $, y, ..….) défini par Æentiers «, B, y, … se réduise à un autre défini par moins de Æ entiers. « On définit la multiplication des idéaux par la formule suivante : Mob oiee (a,8,v..) (ae) —(ax',atlay,.… pol BBLByE al y8lyyL".) En particulier, si les idéaux sont principaux, (x) (4/, —{44), de sorte que la multiplication des entiers est un cas particulier de la multiplication des idéaux. Ceci posé, si l’on considère non plus seulement l'ensemble des entiers ou, ce qui revient au même, l'ensemble des idéaux principaux d’un corps, mais l'eosemble de tous les idéaux de ce corps, alors dans ce nouvel ensemble, qui comprend l’ancien, on peut trouver des idéaux qui jouent le rôle de facteurs pre- miers. Tout entier du corpsse trouve alors décomposé en facteurs premiers; seulement ces facteurs ne sont pas toujours des entiers, ce peuvent être des idéaux. Enfin une troisième question fondamentale se pose, celle des classes d'idéaux. Dans toute recherche sur les entiers d'un corps où l'on est amené à décomposer ces entiers en idéaux premiers, le résultat pourra se présenter sous forme d’un produit d'idéaux, et alors ce résultat sera-t-il un idéal, sera-t-il un nombre ? C'est en cherchant à résoudre ce problème qu'on est amené à la considération des classes. Ayant défini le rapport de deux idéaux, on dit que deux idéaux sont de même classe lorsque leur rapport est un nombre. Le théorème fondamental de cette théorie est que le nombre des classes d'idéaux d’un corps est fini, et le problème se pose de chercher une expression de ce nombre, commode à calculer. Recherche des unités, des idéaux premiers, du nombre de classes d’idéaux, tels sont les trois grands problèmes de la théorie. Une autre notion importante est celle de corps relatif, que nous avons délinie dans notre analyse du livre de M. Sommer citée plus haut, et qui est traitée ici avec toute l'ampleur désirable. La première partie du livre de M. Hilbert est consa- crée à l'exposé général de toutes ces questions. Les parties suivantes traitent de corps particuliers. La seconde s'occupe des corps galoisiens. Considérons une équation alzébrique irréductible de degré ». Elle a n racines, elle donne donc naissance à 2 corps algé-. briques, lesquels sont en général distincts. Dans le cas où ils ne le sont pas, l'équation est dite de Galois et le corps unique auquel elle donne naissance est dit galoisien. On conçoit que l'étude d'un tel corps pré- sente des particularités intéressantes. D'autant plus qu'un corps quelconque peut être considéré comme un sous-corps d'un corps galoisien (c'est-à-dire contenu dans un corps galoisien). La troisième partie traite des corps quadratiques, c'est-à-dire des corps engendrés par une équation du second degré. Ils sont galoisiens. Leur théorie est dans un rapport étroit avec celle des formes quadratiques : binaires. La quatrième partie est consacrée aux corps cireu- laires, c’est-à-dire engendrés par une racine imaginaire de l'unité. Ce sont ces corps qu'a étudiés Kummer et pour lesquels il a introduit dans la science les nombres idéaux. Enfin la cinquième partie traite des corps kÆummé- riens. M. Hilbert appelle ainsi les corps qu'on forme en adjoignant au corps engendré par une racine pème ima- ginaire de l'unité (p premier), la racine 7° d'un entier de ce corps. Dans cette partie se trouve traitée l'équa- tion célèbre de Fermat, x + y? — 2". L'ouvrage de M. Hilbert est l'exposé le plus complet qui existe actuellement de la Théorie des corps algé- briques. M. Hilbert était particulièrement qualifié pour le Jonner, ayant lui-même contribué grandement par ses travaux aux progrès de cette théorie. Principale- ment dans la seconde, la troisième et la cinquième partie de son compte rendu, il a considérablement innové, à la fois dans les méthodeset dans les résultats. Mais il ne faut pas oublier qu'il n'a voulu faire qu'un compte rendu et non pas un traité. C’est ce qui explique que ses démonstrations soient parfois un peu som- maires. Le lecteur accueillera done avec plaisir les notes de M. Humbertet celles de M. Got qui complètent cerlaines de ces démonstrations. Enfin, la fondation du prix Wolfskehl ayant donné un renouveau d'actualité à la question du « grand » théorème de Fermat, M Got a ajouté à la fin du volume une note particulièremant importante (#2 pages) sur les recherches faites sur ce théorème, postérieurement à la démonstration qu'en a donnée Kummer dans le cas decertains exposants, dits réguliers (démonstration qui se trouve dans le corps de l'ouvrage). Le plus impor- tant des résultats auxquels elles ont conduit est encore de Kummer ; il consiste dans la démonstration du théorème, pour certains exposants non réguliers. Tout en suivant la marche de Kummer, M. Got y apporte les changements nécessaires pour la faire cadrer avec la conception actuelle des idéaux, et avec les notations de M. Hilbert. Il l'a fait d'une facon élégante et en abrégeant notablement les calculs. Toutes ces notes ajoutent beaucoup à l'intérêt de la traductiou. On peut regretter seulement qu'elles ne soient pas plus nombreuses encore. Depuis 1897, date de la publication du Berieht, certains progrès ont été accomplis ; quelques notes en faisant mention auraient été les bienvenues. Les auteurs reccnnaitront que, si c’est là un reproche à leur adresse, c’est en même temps un éloge. E. CAHEN, ° Chargé d'un cours de Théorie des Nombres 3 à la Sorbonne. Branford (R.). — Betrachtungen über mathema- tische Erziehung vom Kindergarten bis zur Uni- versität. — Traduction allemande de R. ScHIMMAGKk et H. Weinreicm. — 1 vo/. in-8° de 334 pages, avec 114 figures. (Prix : 7 fr. 50.) B.-G. T'eubner, édi- teurs. Leipzig et Berlin, 1913. L'édition originale de cette étude a été publiée en anglais sous le titre Study of mathematical Education. Ce n'est pas un exposé dogmalique des principes des- k : j BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 149 a ——————————————————— tinés aux maitres qui débutent dans l’enseignement mathématique. L'auteur apporte des faits, des obser- yations nombreuses et les résultats d'une longue expé- rience de l’enseignement aux différents degrés, depuis lapremièreinitialion jusquà l'enseignement supérieur. 11 montre, à l'aide de nombreux exemples, ce qui intéresse l'enfant et comment on peut développer chez Jui les facultés intellectuelles. Par cela même son livre constitue une importante contribution à l'étude du rôle de la psychologie dans la méthodologie mathé- matique. La Géométrie, considérée comme science expéri- mentale, forme le pont de départ, puis vient l’Arith- métique. Il ne néglige cependant pas la partie démon- strative ; il montre précisément comment ces deux parties doivent se suivre et se compléter. Nous recommandons le livre de M. Branford à tous ceux qui, possédant quelque peu l'allemand ou l'anglais, enseignent les Mathématiques dans les écoles élémen- taires et secondaires. H. FER, Professeur à l'Université de Genève. 2° Sciences physiques Chéneveau (C.), Docteur ès sciences. — Les pro- priétés optiques des solutions. — 1 vol. 11-8° de 240 pages. (Prix : 10 fr.) Gauthier- Villars, éditeur, Paris, 1913. On connait l'importance qu'ont prise, en Chimie or- ganique, les déterminations optiques. Les notions de réfraction et de dispersion spécifiques et moléculaires sont familières à tous les chimistes; leur emploi con- tribue fréquemment à élucider tel ou tel problème de constitution moléculaire. Les règles relatives à ces questions ont été établies à l’aide d'expériences faites sur des substances liquides pures, et en général à la température ordivaire. Quand le corps est solide, on ne peut l’étudier qu'en dissolution et on introduit ainsi un facteur d'incertitude, le dissolvant. En Chimie minérale, d'ailleurs, la majorité des corps se présente sous la forme solide; les données optiques qui les concernent ne sauraient provenir que de l'examen de leurs solutions, notamment des solutions aqueuses. M. Chéneveau a eu le grand mérite de réunir de nombreux documents épars et de les joindre à ses expé- riences personnelles pour en faire un tout complet qu'il nous présente dans son ouvrage sur les propriétés optiques des solutions. L'auteur commence par développer les relations qui existent entre l'indice de réfraction d’un corps et sa densité (règles de Gladstone, de Lorentz, etc.), ainsi que les formules de dispersion ;: il démontre entre au- tres la loi de Lorentz dans la théorie des électrons. Puis il entreprend une discussion minutieuse et très documentée des solutions aqueuses, à la suite de la- quelle il peut affirmer que chaque substance possède en dissolution une constante optique, c'est-à-dire un pouvoir réfringent spécifique, caractéristique, sensi- blement indépendant de la concentration et de l'état d'ionisation ou d'hydratation de la molécule considérée. Il en résulte que toute anomalie optique pourra être regardée comme l'indice d'une modification chimique au sein du mélange. La place consacrée à la Chimie organique est natu- rellement plus restreinte; ici les dissolutions consti- tuent l’exception; on étudie plutôt les corps à l’état liquide, ainsi que nous le disions plus haut. Les chi- mistes liront cependant avec profit le chapitre relatif à la constitution d'un composé; la conclusion mérite pleine approbation : la règle d’addition a été établie dans les cas simples; on doit l'appliquer avec grande prudence dès que la constitution devient un peu com- plexe et il faut se garder de toute généralisation hâtive. On peut ajouter que l’exaltation, qui était jusqu'ici l'exception, va jouer un rôle de plus en plus considé- rable dans l'optique des substances organiques". La description précise des appareils et des méthodes termine cet excellent ouvrage, que devront consulter désormais tous ceux qui ont à s'occuper de la réfrac- tion et de la dispersion des composés chimiques. P.-Tx. Muzrer, Professeur à la Faculté des Sciences de Nancy. Werner (A.), Professeur à l'Université de Zurich. — Neuere Anschauungen auf dem Gebiete der anorganischen Chemie. 3° édilion. — 1 vol. in-8° de 240 pages de la collection Die Wissenschaft, n° 8. (Prix:143fr.75.)F. Vieweg und Sobn, Braunschweïg, 1913. Les conceptions nouvelles que Werner a introduites dans le domaine de la Chimie inorganique : la valence variable, l'indice de coordination et l’isomérie stéréo- chimique, sont bien connues de nos lecteurs; elles ont été exposées ici par l'auteur lui-même, et, plus ré- cemment, par M. Mailhe*. Elles l'ont amené à créer, avec le concours de ses élèves, un nombre considérable de complexes métalliques, dont un certain nombre actifs sur la lumière polarisée. Dans cet ouvrage, parvenu en huit ans à sa 3° édi- tion, M. Werner, d'une part, retrace, d'une facon sys- tématique, les idées théoriques qui ont servi de base à ses travaux; d'autre part, il étudie et classe, à la lu- mière de ces conceptions, toutes les combinaisons inorganiques préparées par lui et par d'autres savants, et il s'efforce de généraliser ses vues à l’ensemble des composés de la Chimie minérale. Ce livre, dont les précédentes éditions ont déjà exercé une influence considérable sur l'orientation des recherches chimiques au cours de ces dernières années, est appelé à devenir classique, et sa lecture s'impose à tous ceux qui s'intéressent aux progrès de la Chimie. L. B. Damour (Emilio), Carnot (Jean) et Rengade {Etienne}. — Les sources de l'énergie calorifique. — 1 vol. in-8°, avec 131 figures dans le texte. (Prix relié : 20 fr.) Librairie Polytechnique Ch. Béranger. Paris, 1914. Cet ouvrage vient en tête de l'Encyclopédie de Seience chimique appliquée aux Arts industriels dont la publication se fait sous la direction de M. C. Cha- brié. Ainsi que l'explique lui-même cet éminent pro- fesseur, le but qu'il poursuit, avec ses collaborateurs, est de réunir dans une même collection tous les prin- cipes de science pure pouvant être utiles aux anciens élèves des Ecoles et Instituts, qui font leur carrière dans les diverses applications de la Chimie. Les ma- tières traitées doiventse rapporter non à une industrie déterminée, mais à des principes généraux de science présentant de grandes analogies. Ce programme, de haute envolée, a été parfaitement bien réalisé par les auteurs du livre en question, où le lecteur trouvera peu de descriptions, mais plutôt des méthodes, des idées générales, des explications, des procédés de mesure et de calcul. L'ouvrage comprend deux parties bien distinctes, dont l'une est cependant plus théorique que l'autre : la combustion, la gazéification et le chauffage élec- trique, d'une part, par MM. Damour et Carnot, les com- bustibles et les foyers, d'autre part, par M. Rengade. Dans son ancien traité Le chauffage industriel et les fours à gaz, paru il y a douze ans, et déjà fortremarqué, M. Damour présentait une théorie générale de l'utili- sation de la chaleur et de la récupération dans les fours et indiquait aux industriels les données et lois 1 Voir par ex. ErsexLogr : Spectrochemie organischer Ver- bindungen (1912), publicatian dont M. Chéneveau devra tenir compte dans une nouvelle édition de son livre. ? Revue du 30 juin 1906, & XVII, p. 538 et sui 3 Revue du 15 juin 1943, t. XXIV, p. #2: ; = D Ù WU LIBRARY = 450 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX scientitiques leur permettant d'établir un bilan de leurs fours. Tenant compte des résultats obtenus dans les récents travaux de laboratoire concernant notam- ment les équilibres des réactions de combustibles réversibles, il à remanié son premier travail et com- plété la théorie de la combustion par l'étude scienti- fique de la gazéification des combustibles. Il a conservé, toutefois, tous les passages relatifs à la récupération et au classement des fours à gaz qui ne se sont pas modifiés. Enfin, il a été amené par les circonstances à élargir le cadre du chauffage industriel et à faire rentrer parmi les sources de l’énergie calorifique l’utilisation de toutes les formes de l'énergie, en particulier celle de l'énergie électrique. C'est que, depuis quelques années, le chauffage par l'électricité est devenu un concurrent sérieux pour le chauffage à la houille et, dans certains cas, les deux solutions ther- mique et électrique arrivent à se balancer. Pour cette étude un peu spéciale, M. Damour s’est adjoint la collaboration d'un ingénieur très compétent en la ma- tière, M. Jean Carnot. Celui-ci, dans un chapitre docu- menté, passe en revue les principaux fours électriques appliqués dans les fabrications du fer, du carbure de calcium, de l'aluminium et du sulfure de carbone, et décrit les appareils de la Société de Froges, de Keller, de Heroult, de Girod, de Stassano, de Gin, de Conley, de Kjellin, de Rôüchling-Rodenhauser, de Memmo, de Taylor, etc., dont le lecteur trouvera ainsi rassemblées toutes les caractéristiques. Toute cette première partie de l'ouvrage indique les meilleures conditions économiques pour obtenir une température déterminée dans un four quelconque. M. Rengade prend alors chaque combustible et exa- mine de quelles manières il peut être utilisé dans le même but. L'auteur classe les combustibles d'abord suivant leur état physique : solides, liquides ou gazeux, ces trois classes correspondant à des procédés d'utili- sation très différents. Dans chacune d'elles, il distingue les combustibles naturels et les combustibles artifi- ciels. En outre, les combustibles solides naturels se subdivisent eux-mêmes en combustibles actuels, que la végétation produit sous nos yeux, et combustibles fossiles, qui constituent des réserves accumulées depuis les périodes géologiques. Le dernier chapitre comporte enfin l'étude des foyers et des appareils d'utilisation à titre purement descriptif et pratique, les théories gé- nérales de la combustion et des équilibres chimiques ayant été déjà longuement exposées par M. Damour. Ce volume, on le voit, constitue un travail très com- plet et tout à fait actuel sur la question du chauffage dont le rôle est primordial dans toute industrie. Un ingénieur d’usine aura tout intérèt à le consulter et à s’en inspirer. Euizr DEMENGE, Ingénieur Civil. 3° Sciences naturelles Scrivenor (J.-B.), Géoloque du Gouvernement des Etats Malais fédérés. — The geology and mining industry of the Kinta District (La GÉoLOGIE e1 L'INDUSTRIE MINIÈRE DU DISTRICT DE KINTA, DANS LES Erars MaLais). — 1 vol. in-8° de 92 pages, avec 41 figures, 20 planches et 1 carte géologique. (Prix cartonné 6 fr. 75.) Government printing Office, Kuala Lumpur, 1913. Ce travail nous renseigne, d'une façon détaillée, sur une région industrielle bien connue par sa très impor- tante production d'étain. Il est accompagné d'une carte géologique qui met en évidence l'existence d'un axe granitique, longé à l’ouest par des calcaires et par des terrains de la série de Gondwana. Des intrusions gra- niliques minces pénètrent jusque dans ces derniers, et ont contribué à la production de schistes tourma- linifères, Les gisements stanfifères originels sont dans ces formations anciennes, sur lesquelles le granite a exercé son action mélallisante, ou dans le granite lui- même. On peut notamment citer, comme particulière- ment curieuses, des sortes de Chemintes métallifères (pipes), analogues à celles de Waterberg, dans l'Afrique du Sud. À Kampar, une de ces cheminées, encaissées. dans le granite, est formée de feldspath, de tourma- line, de cassitérite et de sulfures métalliques. Elle a 2%,30 sur 4,30 de section, et a été suivie sur 70 mètres de profondeur. La teneur moyenne en cassitérite a été de 5°}. Le granite, au contact, contenait de la topaze, de la fuchsite, de la pyrite, de la blende, ete. Les dépôts dans le calcaire sont remarquables par les formes singulières qui sont résultées d'une telle roche encaissante. On a quelquefois des tilons (veins), à Siak, à Ayer Dangsang, à Penkalan. Ailleurs (Changkat Pari, Lahat, etc.), on a aussi des cheminées (pipes), où la cassitérite avec pyrite, chalcopyrite, mispickel, fluorine (et rarement tourmaline) est cimentée par de la calcite. Il est arrivé parfois que la calcite a été redissoute par la circulation des eaux superficielles, les sulfures ont été en même temps oxydés, et il en est résulté une formation bizarre ayant l'aspect d’un dépôt détritique qui remplirait une sorte d'aven aux formes compliquées. Celui de Lahat, le plus remar- quable, a pu être suivi sur plus de 100 mètres de hau- teur. D'une facon générale, il y a, d'ailleurs, lieu de remarquer, dans ce district, le rôle essentiel des cir- culations d’eau superficielles, dont l’action s’est trou- vée activée par un climat tropical. Dans ces conditions, la silice est dissoute, et les roches les plus dures sont désagrégées. Ce phénomène a puissamment contribué à rendre exploitables des gisements qui, sans lui, seraient restés inutilisables. 11 a, en même temps, pré- paré la voie aux remaniements proprement dits, qui sont résultés, soit de l’activité fluviatile, soit de l'acti- vité glaciaire, et qui sont l’origine des principaux dépôts stannifères industriels. L. DE Launay, Membre de l'Institut. Cresson (André), Docteur ès lettres, Professeur agrégé de philosophie au collège Chaptal. — L'espèce et son serviteur (SEXUALITÉ, MORALITÉ). — 1 vo/ume de 347 pages, avec 42 fiqures, de la Bibliothèque scientifique internationale. (Prix : 6 francs.) Felix Alcan, éditeur. Paris, 1913. « … Nature lends such evil dreams, so careful of the type she seems, so carelesss of the single life. » ({n Memoriam, LIV). Dire que trois vers de Tennyson, publiés en 1850, pourraient servir d'épigraphe à cet ouvrage, et qu'ils en résument la conclusion la plus importante, c'est rappe- ler que cette conclusion n’est pas nouvelle. Maint phi- losophe, comme Chamfort ou Schopenhauer, y avait été conduit par l'observation de quelques-uns des faits dont Darwin et Weismäann ‘surent multiplier le nombre et mieux dégager le sens. Personne, toutefois, croyons-nous, avant M. Cresson, n'avait démontré cette vérité d'une manière aussi Sys- tématique, ni accumulé autant d'exemples pour la mettre hors de conteste. Exemples presque tous bien choisis quant à la force probante, mais trop souvent empruntés aux ouvrages de Brehm ou de Darwin, et acceptés sans critique, sans la préoccupation de savoir si, à l'heure actuelle, on les considère comme adé- quats aux faits. Et pourtant, Plate*, Kellogg* dont les livres sont tout à fait classiques, n'avaient- ils pas, à propos de la sélection sexuelle, très bien dit ce quul en faut penser? Plus récemment, M. Gaston Bonnier* n’a-t-il pas réduit à ses justes pro- 1 Ueber die Dauer des Lebens (Iena, 1882), etc. 2 Selektionsprinzip und Probleme der Artbildung (Leip- zig, 3e édition, 4908). 3 Darwinism Lo day (New-York, 1907). + Pour et contre le Darwinisme (Revue Hebdomadaire, du Aer juitlet 1911). BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 451 portionsla fécondation des Orchidées par les Insectes? De même encore pour Fäbre.Nous lui devons beaucoup. Tandis que le plus grand mérite de Darwin est d'avoir mis en évidence quelques vérités très générales : la lutte pour la vie, la survivance du plus apte, et paï conséquent la sélection naturelle (comprise au sens large, comme l'entend, du reste, M. Cresson), celui de Fabre est d'avoir découvert ou retrouvé nombre de faits d’un intérêt indéniable. Mais a-t-il toujours ma- nié la méthode expérimentale d'une mañière exempte de fautes? Faut-il ne connaître ou du moins ne citer * que lui; et les travaux de Ferton, de Marchal, de G. et E. Peckham, entre autres, ne méritent-ils pas d’être consultés à leur tour? Ces réserves formulées, hâtons-nous de dire que les faits invoqués par l’auteur à l'appui de sa thèse nous semblent, presque toujours, avoir été bien établis et interprétés d'une façon correcte. — Son livre montre d'abord comment chaque espèce a pour ainsi dire ré- solu l'un des deux problèmes essentiels de la vie. Les êtres vivants possèdent en effet deux ordres d'organes, auxquels correspondent, chez tous ceux dont la structure est assez complexe, deux ordres de besoins et d’instincts. Du fonctionnement des premiers résulte la conservation individuelle; celui des seconds aboutit à celle de l'espèce. Or, dans presque tous les cas, les seconds ne peuvent être satisfaits que par un sacrifice plus ou moins complet des premiers : la fécondation ne comporte-t-elle pas des risques pour toutes les fe- melles et pour beaucoup de mâles? D'autre part, et de toute évidence, les êtres qui n'ont pas su faire, fût-ce au prix d'un écrasant labeur, l’in- dispensable pour se reproduire, élever leurs jeunes ou les mettre à l'abri, ont été fatalement éliminés. Les in- dividus qui subsistent semblent, dès lors, très souvent, doués des seules facultés nécessaires pour l'avenir de leur type, et destinés à disparaître dès qu'ils ont assuré cet avênir. — Ne les voit-on pas, périodiquement, comme mus par une inquiétude douloureuse, par une sorte de passion exclusive et dominatrice, manifester un oubli complet d'eux-mêmes, une négligence abso- lue de leur intérêt, pour exécuter, avec une habileté de combinaison et une sûreté merveilleuses, des séries d'actes qui ne leur servent absolument à rien, mais qui souvent les épuisent et parfois leur font courir de grands dangers? Les travaux accomplis de la sorte paraissentdénoter chezleurs auteurs une claire concep- tion, et de l'acte à faire, et des moyens convenables pour l’exécuter ; mais cette conception ne semble naïi- tre dans la conscience des individus qu'au moment où l'espèce a besoin qu'elle y surgisse. Impossible alors, en effet, d'invoquertoujourslimitation : dans beaucoup de cas, notamment chez les Insectes, l'œuvre compli- quée qui doit assurer la vie des jeunes s'exécute sans que l'ouvrier ait jamais pu apprendre à la réaliser, puisque les individus de deux générations successives ne se connaissent pas. Chacun d'eux se sacrifie pour- tant, à son tour, en bon serviteur de l'espèce. Il semble donc que l'unique objet de la Nature, que le but atteint par elle, d'une manière d’ailleurs toute inconsciente et mécanique, soit d'assurer la durée des espèces par le labeur des individus et à leur détri- ment. . D'après M. Cresson, ce qui est de l'intérêt de l'espèce s’est à l’origine greffé à la manière d'un parasite. Mais il y a plus : chez les animaux élevés en organisation, un ensemble de douleurs et de plaisirs s'est si bien lié au fonctionnement des organes qui intéressent la durée de leur type, que les individus sont incapables d'en sé- parer leur propre intérêt. Le plaisir n'est-il pas tou- jours le plaisir; la douleur, la douleur; quelles qu’en soient les causes? Un être n’est tiraillé par des ten- dances adverses que lorsqu'il est mal adapté aux con- ditions de sa vie ou, comme l’homme, supérieurement doué. L'inquiétude de l’homme elle-même, généreuse- ment attribuée à son intelligence, ou expliquée à la manière de Pascal par des causes surnaturelles, signifie peut-être simplement que son adaptation demeure encore imparfaite. La conclusion la plus générale de l'ouvrage se dégage de ce qui précède sans aucune difficulté. Pour la con- servation de leur espèce, peu importe que les êtres connaissent exactement leur milieu; il est, par contre, indispensable qu'ils soient en état de s’y diriger. La Nature n'avait que faire de leur accorder des percep- tions vraies, puisqu'il suffisait de leur en donner d'utiles. Qu'importe que l'individu soit dupe de ses représentations, dupe de ses instincts, pourvu qu'il soit en état de vivre et de procréer! Il serait difticile de faire en quelques lignes la cri- tique de ce travail. On peut se demander toutefois, puisqu'en Biologie toute règle, si bien fondée soit-elle, souffre des exceptions, si celle qui nous occupe n’en admettrait pas quelques-unes. N'y a-t-il pas, par exemple, des mäles surabondamment nourris ? Presque tous ceux de l'espèce humaine et de beaucoup d'es- pèces domestiques le sont toute l’année ; périodique- ment, au printemps ou à l’automne,le sont ceux d’une foule d’autres espèces. Il convient de se demander si l'exercice de la fonction sexuelle a,chez eux, des effets désastreux ou nuisibles. On le soutiendrait malaisé- ment. N'est-ce pas, cette fois encore, affaire de mesure, de modération, d'équilibre ? Simplement déduite de l'étude des instincts, la thèse de M. Cresson ne le serait-elle pas d’une manière beaucoup plus rigoureuse ? Poussant les choses à l’ex- trème, il paraît croire que toute perte de substance, comme le rejet d’un spermatozoide ou d’un ovule, constitue pour l'individu un irréparable malheur. Est-ce bien exact, et ne peut-on pas refuser d'admettre ce postulatum? L'instinct ou le besoin qui les pousse à se reproduire est un grand mobile d'action des êtres animés. Mais est-il le seul? La faim, aussi bien que l'amour, mène le monde vivant; ne l’emporte-t-elle pas maintes fois sur ce dernier? — Enfin, que lindi- vidu vive en serviteur ou en ennemi de son espèce, qu'il obéisse à ses instincts ou s'en libère, qu'il élève, ou, ce qui n’est pas rare, dévore ses petits, le résultat final n'est-il pas pour lui le même, ou à peu près? ETIENNE MAIGRE. Jumelle (Henri) et Perrier de la Bathie (IL). — Palmiers de Madagascar.— 1 vo/. in-8° de 91 pages, aveck3 planches. Marseille, Musée Colonial, et Paris, Challamel, 1913. L'étude de MM. Jumelle et Perrier de Ja Bathie est consacrée à de nombreux Palmiers, récoltés par l’un d'eux au cours de ses voyages à Madagascar. Après avoir très brièvement rappelé les travaux faits par d’autres auteurs sur les palmiers malgaches, les auteurs entament la description des 14 genres et des 35 espèces qui font l'objet de ce travail. Chaque palmier est minutieusement décrit, ainsi que son aire géographique, ses principables formes. Les auteurs discutent, lorsqu'il y a lieu, sa nomen- clature, et en donnent les noms indigènes et les usages. Un certain nombre de ces espèces sont nouvelles; dans un résumé qui termine le volume, les auteurs rappellent les différentes espèces et leurs caractères distinctifs. Les auteurs insistent avec raison sur la présence, à Madagascar, d'un Z/æis voisin de l’'£Jæis quineensis. Ce palmier est malheureusement peu productif et il n’est exploité, pour l'huile de ses fruits, que bien rarement. Par contre, il donne un vin de palme et un chou excellents. Les auteurs s'étendent également sur les Hyphæne et les Borassus qu'ils ont eu l’occasion d'étudier. Enfin, d'excellentes photographies viennent heureusement compléter les descriptions. Qu'il nous soit permis de regretter l'absence de quelques croquis complémentaires. GC. L. GATIN, Docteur ès Sciences, Ingénieur Agronome. 152 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Séance du 30 Mars 1914. M. Emile Yung est élu Correspondant pour la Sec- tion d’Anatomie et Zoologie. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. J. Clairin : Sur quelques transformations de Backlund. — M. J. Drach : Sur les équations différentielles du premier ordre et du premier degré. — M. G. Rémoundos : Sur les séries de fonctions multiformes dans un domaine. — M. A. Korn : Sur le problème des sphères pulsantes et la théorie de la gravitation. — M. G. Lippmann décrit une méthode photographique directe pour la détermination des différences de longitude. La différence de longitude entre deux stations est un angle constant, à savoir la distance qui sépare les deux zéniths, mesurée en ascension droite. À l'aide d'un artifice optique, l’auteur rend le zénith de chaque station visible à ur moment quelconque daus le ciel, sous forme d'une étoile artificielle assez brillante pour venir en photographie instantanée. En photographiant simultanément aux deux stations chaque zénith au milieu de étoiles, on a deux clichés dont la réduction donne la à stance angulaire cherchée. 2° SCIENCES PHYSIQUES. — M. Ed. Cannevel présente un nouveau dispositif de miroirs pour phares et autres projecteurs de lumière, consistant dans un miroir à échelons constitué d'éléments paraboliques et annu- laires combinés avec un miroir sphérique. — M. P. Vaillant a constaté que la grandeur des gouttes qui se détachent d'un orifice capillaire varie avec la vitesse de chute; mais cette variation est discontinue et mar- quée par plusieurs maxima de grandeur. — M. L. Dé- combe établit directement la loi de Joule à partir d’un m'canisme atomique déterminé. — MM. A. Perrier et H. K. Onnes montrent que les écarts de la loi Curie- Langevin que présente à basse température l'oxygène pur ne sont pas un effet direct de la variation de tem- pérature, mais proviennent de l'augmentation de la deusité ou du rapprochement des molécules. — M. V. Auger a constaté que le carbonate basique amorphe de cuivre en présence de CO? se transforme totalement en azurite en amorçant la réaction avec un peu de ce der- nier corps. Le carbonate double de Cu et de Na, en présence de CO* sous pression, fournit un mélange d’azurite et de NaHCO® sans amorçage. — MM. E. Ren- gade et N.Costeanu ont déterminé les densités des protosulfures alcalins : Na°’S, 1,856: K?S, 1,805; Rb'S, 2,912; ainsi que leurs chaleurs de formation : 89,7, 87,1 et 87,1 cal. respectivement. — M!e H. Cavaignac montre qu'à l’ébullition la précipitation de l’alumine par l'ammoniaque en présence d'acide fluorhydrique est tout à fait incomplète. — M. A. Gautier à étudié la composition des différentes minervites connues et distingue Îles trois types suivants miuervite de Minerve (P*05. A1°0%,7H20)7. (P#0ÿ.2K20.H20) (P°05.K20. 2H°0) H?0; minervite de la Réunion (F205.A120*,7H20). P2)5.2K°0.H°0); palmérite (P205.Al°0%.7H°0):. (P20Oÿ, 2K°0.H*0).2H°0. Dans toutes ces substances, la quan- tité totale des bases est insuffisante pour former des phosphates saturés. Lesminervites dérivent d'un phos- phate basique d'ammoniaque(guano), car l'ammoniaque y persiste. — MM. A. Fernbach et M. Schoen sisna- lent la formation d'aldéhyde pyruvique (méthylglyoxal) dans la décomposition du dextrose en milieu alcalin. — MM. Cousin +{ Volmar ont reconnu que le nitrile salicylique fondant à 1959 est en réalité du disalicyl- amide; le polynitrile de Grimaux fondant à 300° est une trioxytriphénylglyoxaline encore inconnue. — | MM. Ch. Dhéré et A. Burdel sont parvenus à faire cristalliser l'oxyhémocyanine du sang de Jlangouste défibriné et ‘filtré; les formes obtenues sont des tétraèdres qui se transforment en rhombododécaèdres (système cubique), mais on observe aussi des formes du système rhomboédrique. — M. H. Parenty est par- venu à concentrer par la glaciation suivie de centrifu- gation des extraits végétaux liquides, du vin, du lait et: d'autres liquides alimentaires. L'eau se sépare à l’état de neige presque pure. — M. G. Warcollier a reconnu que les pommes à cidre ne renferment normalement ni nitrites, ni nitrates. Les nitrites observés dans la pulpe aussitôt après oxydation de celle-ci à l'air se for- ment instantanément aux dépens d’une substance préexistant dans la pomme. Des jus renfermant des nitrites peuvent, lorsqu'ils sont additionnés d’un peu de sels ferreux, prendre la coloration vert-olive carac- téristique du verdissement des cidres. 3° SCIENCES NATURELLES. — M. J. Bergonié à déter- miné la variation des dépenses énergétiques de l'homme pendant le cycle nycthéméral. La courbe présente un minimum pendant le sommæil; elle s'élève brusque- ment au lever, redescend vers le milieu de la journée, remonte ensuiteet retrouve le pcemier minimum après le coucher. — MM. R. Bayeux et P. Chevallier ont constaté que la haute altitude détermine une augmen- tation de la teneur du sang en CO* plus notable que celle de FO, Le mal des montagnes ne modiñe pas notablement la quantité de CO*, mais s'accompagne d'une forte diminution de l'O du sang veineux. — MM. Edm. Sergent, H. Foley et Ch. Vialatte ont reconnu que la simple piqûre de poux adultes peut donner à l’homme le typhus exanthématique. Des poux pris sur un homme ainsi infecté transmettent à leur tour la maladie au singe par inoculation. L'infec- tion est héréditaire chez le pou. — M. M. Belin montre que les isjections de substances oxydantes provoquent l'oxydation des toxines 17 vivo, mais elles agissent aussi sur les anticorps. — M. A. Lucet communique quelques observations nouvelles sur l'évolution de l'Hypoderma bovis et préconise, pour détruire ses larves, l'injection de teinture d’iode officinale. pure ou diluée dans les nodosités parasitaires sous-dermiques. — M.E. Sollaud a étudié l’ontogénie des Caridea. Il suffit d'un léger accroissement dans la masse du vitellus pour modifier l'ordre d'apparition des appen- dices abdominaux, les uropodes apparaissant après les pléopodes. — M. Edm. Rosé montre que la formation de lanthocyane dans les fleurs de Cobua scandens, corrélative de l'apparition des glucosides, est précédée d'une accumulation des sucres et accompagnée d’une diminution de ces mêmes sucres. La pigmentation paraît donc bien devoir être sous la dépendance des matières hydrocarbonées. — M. M. Longchambon à observé divers types de structure dans les dolomies pyrénéennes : structure microcristalline, structure oolithique, structure oolithoïde. Séance du 6 Avril 1914. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. M. A. Denjoy Exemples de fonctions dérivées. — M. A. Buhl : Sur la forme intégrale des équations de Monge-Ampère. — M. A. Hurwitz : Sur les points critiques des fonctions inverses des fonctions entières. — M. Paul Lévy : Sur les fonctions de Green et de Neumann. — M.J. Hada- mard : Observations au sujet de la note précédente. -— M. G.-H. Hardy : Sur les zéros de la fonction € (s) de de Riemann. — M. M. Moulin : Sur les courbes termi- nales des spiraux; influence des termes de second ordre. — M. B. Fessenkoff recherche la distribution ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 453 de la poussière cosmique dans le plan invariable du système solaire. — MM. P. Salet et Millochau n'ont pu meltre en évidence, sur les photographies du spectre de la chromosphère, l'existence d'un effet Stark dû à l'influence possible du champ électrique solaire. + MM. A. Schaumasse, P. Chofardet, J. Guillaume, Esmiol et Coggia présentent leurs observations de la comète Kritzinger (1914 a), faites respectivement aux Observatoires de Nice, Besancon, Lyon et Marseille. — M. P. Bruck a calculé les éléments de la même comète, 2: SCIENCES PHYSIQUES. — MM. H. Bourget, Ch. Fabry et H. Buisson attribuent la très forte ligne ultra- violette double 3726-3729 de la nébuleuse d'Orion à un nouveau gaz, qu'ils nomment nébulium et dont le poids atomique, calculé d’après la théorie cinétique des gaz, serait voisin de 3. — M. M. Drecq, dans le but de déterminer les pouvoirs émissifs dans l’infra- rouge, a construit une pile thermo-électrique Bi-Ag d'une sensibilité supérieure à celle de tous les éléments connus, et un four qui réalise immédiatement le corps noir jusqu'à 1600°. — M. R. de Forcrand à préparé K°0° -pur en chauflant K°0* à 480° sous une pression de 1 millimètre. Sa chaleur de formation, déduite de sa dissolution dans H*S0* étendu, est de 124, 336 cal. A partir de K°0, elle est de 37, 536 cal. — MM. G. Charpy et S. Bonnerot ont reconnu que les produits ferreux métallurgiques peuvent être transformés en azoture de fer par l'action d’AzH* au rouge. Mais les petites quantités d'Az qu'on dose dans les fers, fontes et aciers n'y sont pas à l'état d’azoture; elles doivent exister soit à l'état occlus, soit en combinaison avec un élément autre que le fer. — M. A. Portevin a étudié la décarburation d'un acier dur et la carburation du fer dans les mélanges fondus de KCI et de KCA7. Les deux phénomènes paraissent tendre vers une limite unique qui serait la concentration en carbone de l'acier qui resterait en équilibre à 900° dans le bain chloro- cyanuré. — MM.J. Bielecki el V. Henri ont étudié la tautomérie de l’acétone et des dicétones de la série grasse d’après leur pouvoir d'absorption des rayons ultra-violets. — MM. Em. Bourquelot et Al. Ludwig ont réalisé la synthèse biochimique dans l’acétone de l'o-méthoxybenzylglucoside 5, F.127-1289, an — — 529,24, et du m-nitrobenzylglucoside 5, F. 157-1580, an — — 29,29, — MM. P. Sabatier et A. Mailhe, en employant l'oxyde manganeux comme catalyseur, ont obtenu la réduction formique des acides de la série grasse en aldéhydes. Les vapeurs de l'acide adipique et de l’acide $-méthyladipique, conduites sur Mn0, ont donné la cyclopentanone et la 5-méthylcyclopentanone correspondantes, dont les oximes, hydrogénées sur Ni réduit, ont fourni les cyclopentylamines correspon- dantes. 39° SCIENCES NATURELLES. — M. L. Massol montre que le venin de cobra présente, suivant les quantités mises en œuvre, deux actions opposées sur la coagulation du sérum de cheval. A faible dose il retarde la coagu- lation; à forte dose il l'accélère. Cet effet proviendrait de deux diastases à action contraire. — MM. L. et Ch. Fortineau ont traité 50 cas de charbon bactéridien par les injections de cultures pyocyaniques stérilisées; tous les malades ont guéri, sauf ceux traités trop tardivement (5 cas). — M. R. Devisé a reconnu que le fuseau des microsporocytes du Larix à une origine nucléaire. Il nait par voie centrifuge, à partir des chromosomes, aux dépens d’une substance qui, après la diacinèse, se développe au sein de la plage nucléaire. — Mme V. Henri a constaté que les rayons ultra-violets déterminent dans la bactéridie charbon- neuse un élat de mutation très marqué. Après une irradiation ménazgée, certains individus se transfor- ment en donnant des formes nouvelles qui restent lixes et qui se distinguent du charbon normal par leurs caractères morphologiques, biochimiques et biologiques. — M. Adrien Guébhard réduit la tecto- nique des environs de Castellane à la simple super- position interférentielle des grands plissements anté- burdigaliens à ceux de la fin du Lutélien, sans faire intervenir aueun charriage. — M. $S. Stefanescu 4 étudié l'origine des lames cunéiformes des molaires d’éléphants fossiles. Elle résulte du développement d'un seul des deux tubercules dont est formée la lame complète, tandis que l’autre avorte complètement. — M. H. Bresson à dressé la carte des installations hydrauliques des huit départements de la région normande. ACADÉMIE DE MÉDECINE Séance du 31 Mars 191#. M. le Président annonce le décès de M. Vanlair, associé élranger. M. Guisez montre que la méthode des injections intrabronchiques massives est particulièrement efficace dans les processus aigus, surtout dans la gangrène pul- monaire où elle se montre souveraine; dans les cas chroniques, son action n'est souvent que palliative. Séance du T Avril 1914. M. A. Netter décrit un cas de myélile aiguë diffuse, guérie par les injections intrarachidiennes de sérum de sujets antérieurement atteints de paralysie infan- tile. Ce sérum est chargé d'anticorps susceptibles de neutraliser les agents virulents qui foisonnent dans les centres nerveux des malades atteints de myélite; mais l'injection doit être faite le plus tôt possible après le début de la maladie. — M. G.-H. Lemoine examine les causes du bon état sanitaire général et de l'absence d'épidémies de fièvres éruptives dans le 1% corps d'armée (Nord et Pas-de-Calais). Ce sont : l'immunité acquise par une atteinte antérieure à l'incorporation (les deux départements où ce corps 0 cm. 01, le potentiel initial est propor- 5 e £ { : tionnel à r°7 log, où est le rayon du tube; le 1 champ initial est indépendant du rayon du cylindre. Pour r intermédiaire entre 0,01 et environ 0 cm. 001, le potentiel initial positif, moins 350 volts, et le poten- tiel initial négatif sont proportionnels à rt log b/a, où a—r—+0 cm. 03. Pour r 0,001, ces potentiels sont proportionnels à r®%5 log* b/r. Ce dernier inter- valle correspond à celui des tensions de rupture cri- tiques. Dans le premier intervalle, les potentiels ini- tiaux positifs sont plus grands que les négatifs; dans les deux autres intervalles, c'est l'inverse qui a lieu. La valeur limite du champ initial, dans le cas des grands rayons de fils, est de 30.000 volts/cm., comme dans le cas des étincelles. L'épaisseur de la couche lumineuse, indépendante du rayon du fil,estde 0 cm. 06. L'ionisation commence, semble-t-il, à 0 em. 03. La masse des ions dépendrait du rayon du fil, de même qu’elle dépend de la pression (rayons catho- diques, etc.). L'auteur a, pour vérifier ces conclusions, fait des expériences à pression variable dont les résul- tats seront publiés prochainement. $S 6. — Physiologie. Le travail et l'emploi respectifs de la main droite et de la main gauche. — Un grand nombre de physiologistes admettent que la main gauche travaille moins que la droite. D'après une communication récente du Dr Félix Regnault à la Société de Biologie, la simple observation infirmerait cette assertion : les gens tiennent les objets (paquets, parapluies, enfants) de la main gauche, tandis que la main droite reste libre, prête à écarter les obstacles. La main gauche sert de préférence à accomplir les actes faciles, de longue durée, qui exigent surtout des contractions musculaires statiques ; la droite exécute mieux les actes délicats qui exigent des mouvements nombreux, variés, rapides, dus à des contractions musculaires dynamiques. La plupart des animaux à membres antérieurs préhensibles sont ambidextres; cela tient à ce que, chez eux, la division du travail n'existe pas ou existe à un faible degré. Si l'homme est droitier, cela tient à ce que, chez lui, la division du travail est poussée au plus haut degré. C'est donc par raison d'utilité que l'homme se sert de préférence d’une seule main pour les travaux délicats. Quelques physiologistes ont sou- tenu que les éducateurs devraient s'efforcer de rendre les enfants ambidextres. En réalité, la main gauche n’est pas inactive : elle exécute simplement un travail différent. Rendre les enfants ambidextres reviendrait, pour M. Félix Regnault, à s'opposer à leur perfection- nement naturel, en luttant contre la loi de la division du travail. 466 CH. BIOCHE — LA CONFÉRENCE INTERNATIONALE DE L'ENSEIGNEMENT MATHÉMATIQUE LA CONFÉRENCE INTERNATIONALE DE L'ENSEIGNEMENT MATHÉMATIQUE Cet article a pour objet de préciser le caractère de la Conférence qui a réuni, à la Sorbonne, du 1° au % avril, des professeurs et des ingénieurs, venus pour discuter une question intéressant l’enseigne- ment secondaire et la question de la préparation mathématique des ingénieurs. Je vais donc expli- quer l’origine de cette Conférence et la méthode de travail employée, puis je donnerai quelques détails sur les questions traitées. [. — L'OEUVRE DE LA COMMISSION INTERNATIONALE. Le IV° Congrès international des mathémati- ciens, tenu à Rome en avril 1908, a décidé, sur la proposition de M. le professeur David Eugène Smith (de New-York), de constituer une Commis- sion internationale chargée de procéder à un examen comparé des méthodes et des plans d’études de l'enseignement mathématique dans les écoles secondaires des différentes nations. A cause de la ditficulté de préciser ce qu'on devait entendre par enseignement secondaire et à cause de la solidarité qui existe entre les divers ordres d'enseignement, l'enquête à été étendue à l'enseignement mathématique considéré à tous ses degrés et sous toutes ses formes : enseignement primaire, secondaire ou supérieur; enseignement universitaire ou technique. Un Comité central, composé tout d'abord de MM. Félix Klein (Goettingue), Georges Greenbhill (Londres) et H. Fehr (Genève), constitua la Com- mission internalionale demaudée par le Congrès de Rome au moyen de délégués des différents pays, à raison de trois au plus par pays. Les délégués, à leur tour, organisèrent des Sous-Commissions nationales, qui devaient publier des rapports relatifs à chaque pays parlicipant à l'enquête. Les langues admises pour les rapports et les discus- sions sont : l'allemand, l'anglais, le français, l'ita- lien ; l'organe officiel de la Commission est L’Æn- seignement mathématique. Le’ V° international, tenu à Cam- bridge en août 1919, a prorogé les pouvoirs de la Commission internalionale jusqu'au VI® Con- grès qui doit se tenir à Stockholm en 1916. Le Comité central se compose actuellement des trois membres déjà cilés et, en outre, de MM. Castel- nuovo (Rome), Czuber (Vienne), Hadamard (Paris) et Smith (New-York). Dans les intervalles des Congrès, desréunions de Congrès délégués et de membres des Sous-Commissions nationales ont eu lieu à Bruxelles (août 1910), à Milan (septembre 1911), à Paris (avril 1914); une autre doit avoir lieu à Munich en août 1915. La méthode de travail est la suivante : Des question- naires sont publiés à l'avance, des rapporteurs généraux réunissent les réponses qui leur sont adressées par les membres des Sous-Commissions nationales organisées en vue de l'enquête relative à chaque question. Les rapports généraux sont imprimés et distribués avant lesséances des Congrès ou Conférences dans lesquels ces rapports doivent ètre lus et discutés. Après la lecture de ces rapports, là parole est donnée, par ordre alphabétique de pays, à un délégué par pays, de facon que les délé- gués puissent présenter des observations ou des renseignements complémentaires, s'il y a lieu. La discussion générale est ainsi préparée de facon à ce que le temps des séances puisse être utilisé le wieux possible. II. — LES QUESTIONS SOUMISES A LA CONFÉRENCE DE Paris. Voici le texte des questionnaires qui ont été publiés dans le numéro du 15 septembre 1913 de L'Enseignement mathématique, et qui ont servi de base aux rapports présentés et discutés dans la Conférence tenue à Paris du 4° au 4 avril 1914. Ces questions présentent une certaine counexité, car la question À se rapporte à des programmes organisés de facon à donner le plus tôt possible aux élèves des notions utiles pour tous ceux qui doi- vent avoir à faire des applications pratiques des Mathématiques, et la question B se rapporte à la préparation des ingénieurs. Questionnaire pour la Sous-Commission A sur l'in- troduction des premières notions de Calcul diffé- rentiel et integral dans les Ecoles moyennes. Rapporteur : M. le Professeur E. Beke (Budapest). Remarques préliminaires. — 1. Le Comité central pose ces questior s de manière à être renseigné sur les matières et la méthode d'exposition de cet important chapitre du plan d'études de l'enseixnement moyen. Il tient à rappeler à nouveau qu'il ne prend pas part pour une tendance déterminée, mais qu'il se propose avant tout de mettre en lumière les divers points de vue et les résultats obtenus. 2, Nous entendons par écoles moyennes les établis- sements de l'enseignement secondaire supérieur désignés sous les noms de lycées, gymnases classiques ou réaux, ou établissements similaires des divers pays. CH. BIOCHE — LA CONFÉRENCE INTERNATIONALE DE L'ENSEIGNEMENT MATHÉMATIQUE 467 11 serait utile d’avoir aussi des renseignements sur ce qui se fait dans les écoles normales d’instituteurs, s’il y a lieu. I. — Dans quelle mesure a-t-on introduit les premiers , éléments de Calcul différentiel et intégral dans les écoles moyennes de votre pays? Nous désirons notamment être renseignés sur les points suivants : a) Le Calcul différentiel est-il limité aux fonctions d'une variable ou considère-(-on aussi des fonctions de plusieurs variables? b) Quelles sont les fonctions auxquelles on applique le Calcul différentiel ? ec) Fait-on du Calcul intégral? Si oui, suivant quel programme ? d) Expose-t on le théorème de Taylor? e) Intègre-t-on des équations différentielles simples ? Lesquelles ? Il. — Quel est le degré de rigueur dont on fait usage dans l'introduction des concepts fondamentaux et dans les démonstrations”? a) Se contente-t-on d'une introduction géométrique au Calcul différentiel, sans adopter d'une facon expresse la notion de limite, ou utilise-t-on cette notion? Dans l'affirmative, est-ce que l'on présente une démonstration rigoureuse, ou envisage-t-on comme évidents des théorèmes tels que celui-ci : Al A2. lim - = = ? a lim a b) Fait-on usage des différentielles? Dans l’affirma- tive présente-t-on le Calcul différentiel comme une sorte de calcul approximatif, ou calcule-t-on avec des infiniment petits comme avec des grandeurs existant effectivement ? c) Dans le théorème de Taylor tient-on compte du reste, ou non? d) Signale-t-on l'existence de fonctions non déri- vables ? e) La notion de nombre irrationnel est-elle présentée sous une forme rigoureuse, ou se contente-t-on de parler seulement occasionnellement des nombres irra- tionnels, par exemple à l’occasion du calcul des racines ? III. — Quelles sont les considérations méthodiques que lon suit dans l'introduction au Calcul différentiel et intégral? a) Cette introduction est-elle déjà préparée dans les classes précédentes par une étude appropriée des fonctions simples et de leur représentation graphique, de manière que ces nouvelles matières ne constituent pas un supplément au programme, mais comme un chapitre qui se rattache à ce qui a déjà été vu. b) Emploie-t-on la notation différentielle de Leibniz, ou bien les dérivées et les intégrales sont-elles désignées autrement? c) Commence t-on l’exposé par le Calcul différen- tiel ou par ie Calcul intégral, ou étudie-t on simulta- nément les deux ? d) L'intégrale est elle présentée comme limite d'une somme (intégrale définie) ou comme fonction primitive (intégrale indéfinie) ? Si l’on opère des deux manières, dans quel ordre et dans quel lieu expose-t-on ces deux notions”? e) Fait-on usage d’un manuel? Quels sont les ou- yrages caractéristiques dont on lient compte ? (Indi- cation complète du titre, de l’éditeuret de l'édition). IV. — Que les sont les applications du Caleul diffé- rentiel et intégral que l'on donne dans ce premier enseignement? Trlles questions d'Analyse. de Géomé- trie ou de Physique utilisant la notion de limite etqui, par leur importance, se trouvaient déjà partiellement ou entièrement introduites dans l’enseignement, sont- -elles maintenant attachées directement à l'étude du Calcul différentiel et intégral, de manière à obtenir un exposé plus économique des matières à étudier? Nous signalons notamment les points suivants : a) La théorie des maxima et minima. b) Si l'on étudie la série de Taylor, quelles sont les fonctions dont on fait le développement en série entière ? ec) Au cas où l’on tient compte du reste dans la série de Taylor, fait-on usage des séries entières pour l'interpolation, l'extrapolation ou pour le Calcul des erreurs ? d\ Au cas où l’on étudie le Calcul intégral, applique- t-on celui-ci au calcul des aires ‘par exemple de la parabole, de l’ellipse) et au calcul des volumes? e) Pour quelsconcepts fondamentaux de la Mécanique (vitesse, accélération, travail, moment d'inertie, etc.) fait on usage du Calcul différentiel et intégral? f) De la même manière en Physique, en particulier pour l'optique (courbes enveloppes, etc.), et en Electro- dynamique (lignes de force, etc.). V. — L'introduction du Calcul différentiel et intégral a-t-elle amené un allégement du plan d'études en sup- primant d'autres théories? Dans l'alfirmative, de quelle manière? VI. — Quels sont les résultats obtenus par lintro- duction du Calcul différentiel et intégral? Est-elle reconnue comme une réforme nécessaire? Dans quelle mesure rencontre-t-elle de l'approbation ou de l'opposi- tion? En particulier quelle est l'opinion des représen- tants des Mathématiques et de la Physique? Si vous avez à signaler d’autres observations ou remarques concernant l’enseignement du Calcul diffé- rentiel et intégral, veuillez en faire mention dans votre réponse à cette place. Quels sont les passages des rapports publiés par votre Sous-Commission concernant la question de l’ensei- gnement du Calcul différentiel et intégral? Questionnaire pour la Sous-Commission B au sujet de la formation mathématique des Ingénieurs. Rapporteur : M. le Professeur P. SrxckeL (Heidelberg). I. Généralités. — Comment la formation en vue d'une carrière d'Ingénieur est-elle organisée dans l'Enseignement supérieur ? — L'entrée aux Ecoles supérieures est-elle précédée d’un enseignement parti- culier, comme les Mathématiques spéciales en France? — Existe-t-il des établissements particuliers (écoles techniques supérieures) pour l'instruction des élèves ingénieurs, ou n'y a-f-il, dans ce but, que des subdi- visions spéciales dans les Universités, ou bien les deux modes existent-ils simultanément? — Une partie de la formation, en particulier la formation mathématique, est-elle commune avec d'autres étudiants, par exemple avec les étudiants en Mathématiques ou en Sciences naturelles ? II. Nature de l'Enseignement. — L'enseignement mathématique vise-t-il une formation générale et est-il identique pour les étudiants des diverses branches techniques, ou bien y a-t-il une séparation suivant les diverses branches et en même temps une adaptation de l'enseignement aux besoins particuliers de chaque catégorie? III. Scolarité. — Combien de temps accorde-t-on à l'instruction mathémalique des élèves -ingénienrs ? — Existe t-il des cours et travaux pratiques, bien définis par un programme détaillé, dont la fréquentation est obligatoire et contrôlée, ou bien l’enseignement a t-il pour base une liberté universitaire qui, dans certaines limites, laisse aux professeurs le choix des matières el des méthodes, aux élèves le choix des cours et la par- ticipalion effective à l’enseignement? — Comment traite-t-on les exercices mathématiques ? IV. Matières et méthodes. — Jusqu'où pousse f-on l'enseignement des mathématiques aux élèves-ingé- nieurs”? (Dans quelles limites, par exemple, traite-t-on des équations différentielles?) — Jusqu'à quel point pousse-t-on la rigueur dansles définitions et les démons- trations? — Emploie-t-on des modèles et des appareils pour l'enseignement? — Les nouvelles méthodes 168 CH. BIOCHE — LA CONFÉRENCE INTERNATIONALE DE L'ENSEIGNEMENT MATHÉMATIQUE d'approximalion sont-elles prises en considération? — La formation des étudiants est-elle complétée, pour certaines catégories, par exemple pour les électriciens, par des cours de Mathématiques supérieures? — La Géométrie analytique et l'Analyse supérieure sont-elles traitées séparément cu bien réunies en un grand cours unique qui embrasse tout le Calcul dans les Mathéma- tiques supérieures? — Quelles sont la place et l’impor- tance des méthodes graphiques dans l’enseignement mathématique? — Quel est le développement donné à l’enseignement de la Géométrie descriptive? — Y a-t-il un cours particulier de Mécanique analytique, ou bien la Mécanique est-elle enseignée aux élèves-ingénieurs sous forme de Mécanique appliquée ? — Quels sont les rapports de l’Arpentage et de la Géodésie avec les Mathématiques? V. Livres. — Quels sont les ouvrages d'enseignement en usage parmi lesétudiants ?{Caractériserles ouvrages suivant les points de vue indiqués à la question I.) VI. Corps enseignant. — Les maîtres qui enseignent les Mathématiques sont-ils mathématiciensde carrière ? — Sont-ce des mathématiciens purs ou des mathéma- ticiens ayant des connaissances dans une ou plusieurs branches de la Science appliquée? — Sont-ce des ingénieurs autodidactes qui, ne possédant que les connaissances mathématiques qu'ils ont reçues comme étudiants, ont complété eux-mêmes leur instruction ? VII. Compléments. — Au cas où vous jugeriez utile d'ajouter des remarquesrelatives à des sujets qui n'ont pas été signalés dans ce questionnaire, nous vous prions de les placer dans un septième paragraphe. — Veuillez également signaler, dans les publications de votre pays pour la Commission internationale de l'Enseignement mathématique, tous les articles qui ont irait à l'instruction mathématique des élèves-ingé- nieurs. VIT. Statistique. — Prière de joindre, aux réponses à ce questionnaire, une liste des cours de Mathéma- tiques pour les élèves-ingénieurs qui ont eu lieu dans les principaux établissements de votre pays pendant l’année dernière. (Titre du cours, nombre des heures du cours proprement dit ainsi que des travaux pra- tiques.) III. — L'ENSEIGNEMENT DES ÉLÉMENTS DU CALCUL INFINITÉSIMAI. DANS LES LYCÉES. Beaucoup d'étrangers, dans les pays desquels se font ou se préparent des réformes de l’enseigne- ment mathématique, s’intéressaient particulière- ment à ce qui a été fait en France depuis 1902. Le Comité central avait même, à ce propos, demandé qu'un rapport spécial füt présenté sur l’organi- sation de l’enseignement du calcul des dérivées et des fonctions primitives dans les lycées de France etsur les résultats obtenus. Ce rapport figure comme annexe au rapport général de M. Beke. Il me paraît opportun de donner ici, sur l'organisation des programmes actuels de nos lycées, quelques détails historiques qui sont trop peu connus du publie et qui, cependant, sont intéressants à connaitre. Avant de figurer dans les plans d’études de 1902, les dérivées avaient été enseignées auparavant dans les lycées en dehors des classes de Mathématiques spéciales. Des nolions sur les dérivées et sur la Géométrie analytique avaient été données dans les dernières classes de l’enseignement moderne et dans les classes préparatoires à l'Ecole de Saint- Cyr. L'introduction de ees notions dans l'enseigne- ment classique avait été réclamée ävant la célèbre enquête qui aboutit à la réforme de 1902. Sans entrer dans de trop longs détails, je rappellerai que M. Amigues, représentant des agrégés de mathématiques au Conseil supérieur de l’Instruc- tion publique, écrivait dans un article en date du 15 janvier 1897 : « On devient certainement un autre homme lorsqu'on a acquis les notions de fonction, de dérivée, de courbe, de tangente. » Et M. Clairin, représentant des agrégés de gram- maire au Conseil supérieur, proposait au Congrès de 1900 des professeurs de l'enseignement secon- daire ce considérant, qui fut voté à l'unanimité : « Le Congrès, considérant que l’enseignement clas- sique doit être un enseignement de culture générale et que les études scientifiques doivent, par consé- quent, y tenir une place importante... » Ces cita- tions me semblent devoir être rapprochées de ce qu'écrivait en décembre 1912 M. Castelnuovo, membre du Comité central de la Commission inter- nationale : « Les notions de fonction, de représen- tation classique, de dérivée, appartiennent aujour- d'hui à la culture générale. » Actuellement, il y à dans la plupart des pays une tendance à introduire dans l’enseignement secondaire les notions dont je viens de parler; seu- lement il faut noter, quelquefois, des hésitations qui résultent de la nécessité d’une mise au point de l'exposition qu'on doit en faire. Cette mise au point semble obtenue maintenant en France; c’est l'impression des professeurs fran- cais de Mathématiques ou de Physique; c'est aussi l'impression de ceux de nos collègues étrangers qui ont étudié les manuels en usage dans les lycées et dont quelques-uns ont visité un certain nombre de nos classes; mais il faut noter que cette mise au point est due, tout particulièrement, aux efforts des professeurs de l’enseignement secondaire et que les programmes actuels diffèrent sensiblement des programmes de 1902. Ceux-ci avaient été ré- digés et votés un peu hâtivement. M. Gréard, alors vice-recteur de l’Académie de Paris, l'avait fait observer au Conseil supérieur et avait demandé vainement une étude plus approfondie. En outre, les professeurs de l'enseignement secondaire et les inspecteurs généraux n'avaient guère pu faire entendre leurs avis. Pour préciser sans être trop long, je vais citer ici quelques lignes, bien signi- ficatives, d'une allocution lue au printemps de 1904 par M. Blutel, représentant des agrégés de mathé- matiques au Conseil supérieur de lInstruction publique et depuis inspecteur général de Mathé- maliques, devant une cinquantaine de collègues sans rencontrer de contradicleurs : « La faillite de certaines parties de notre ensei- + M. D'OCAGNE — LE ROLE DES MATHÉMATIQUES DANS LES SCIENCES DE L'INGÉNIEUR 469 gnement me parait fatale si les programmes actuels sont conservés intégralement. Si nous ne pouvons l'empêcher en faisant accepter les rectilications que nous croyons justes, ayons au moins le mérite de l’avoir prévue et dégageons notre responsabilité. Cela ne nous sera pas inutile le jour où l'on éla- blira le bilan d'une entreprise à laquelle nous -ussions collaboré avec plus de joie (je ne dis pas avec plus d'ardeur) si notre activité eût été solli- citée plutôt que réglementée. » La collaboration des professeurs ayant acceptée par M. Tannery et M. Appell, de nou- veaux plans d'études furent discutés dans des grou- pements universitaires non officiels qui prépa- rèrent le travail à une Commission officielle. Celle-ci tit ies retouches de 1905, qui, notamment, rame- naient à la classe de Mathématiques un programme de Cinématique prématurément introduit en Pre- mière. Les retouches de 1905 ont été suivies de quelques autres, dans le détail desquelles il ne me semble pas utile d'insister ici. Et actuellement l'enseignement des éléments de Calcul différentiel el intégral dans nos lycées semble bien gradué. L’est ce que concluait le rapport spécial annexé au rapport de M. Beke. Je pense en avoir assez dit pour qu'on puisse se rendre compte bien exacte- ment des conditions dans lesquelles cet heureux résullat a été obtenu. été IV. — LA PRÉPARATION MATHÉMATIQUE DES INGÉNIEURS. Je serai très bref sur ce qui touche cette ques- tion parce qu'on verra plus loin la conférence faite par M. d'Ocagne et le rapport général de M. Staeckel. Je voudrais simplement indiquer quelques observations présentées au cours des discussions, qui m'ont paru particulièrement inté- ressantes. On trouvera d'ailleurs des comptes rendus détaillés de ces discussions dans le numéro de ZL’Ænseignement mathématijue en date du 45 mai 1914. On a discuté longuement les divers régimes d'’or- ganisation : enseignement par les Universités avec l'Institut technique, ou enseignement par des Ecoles techniques supérieures spéciales. Il est difficile de résumer en peu de mots une pareille discussion, d'autant plus que des régimes très différents ont existé dans divers pays. Il semblé se dégager surtout de l'ensemble de la dis- cussion ce fait que les ingénieurs estimaient utile, en général, une assez forte culture mathématique, mais qu'on devait dislinguer, parmi les jeunes gens se destinant à la carrière d'ingénieur, deux catégories : 1° les ingénieurs ordinaires, qui n’ap- pliquent que des méthodes connues; 2° les ingé- nieurs qui doivent, en quelque sorte, être les ofli- ciers d'état-major de l’industrie, c'est-à-dire ceux qui doivent étudier les questions nouvelles ou difficiles et faire progresser la science et l’art de l'ingénieur. Il est difficile de préciser l'outillage mathématique que ces derniers doivent avoir à leur disposition, et alors il semble utile d’avoir dans les écoles ou universités des cours spéciaux facultatifs, comme on en a organisé avec succès à l'Ecole Polytechnique de Zurich. Des représentants autorisés, soit de l’enseigne- ment supérieur universitaire, soit de l’enseigne- ment des écoles d'application, se sont trouvés d'accord pour constater quil y a actuellement quelque peu abus de l'Analyse, et pour regretter que la Géométrie soit trop négligée. Ces regrets seront certainement partagés par bien des profes- seursde l'enseignement secondaire.Je crois qu'ilest particulièrement important d'appeler sur ces con- statations et ces regrets l'attention de tous ceux qui se préoccupent, soil de la culture générale, soit de la préparation à des carrières pratiques: d'ailleurs je ne crois pas, pour ma part, qu'il y ait opposition formelle entre les deux ordres de préoc- cupation, bien au contraire. m'a Ch. Bioche, Professeur au Lycée Louis-le-Grand, Délégué à la Commission interpationale de l'Enseignement Mathématique. LE ROLE DES MATHÉMATIQUES DANS LES SCIENCES DE L'INGÉNIEUR ‘ Messieurs, Sur le sujet que je suis appelé à trailer devant vous, tout a été dit, depuis si longtemps qu'il va des ingénieurs et qui réfléchissent, et je viens trop * Celle conférence a été faite à la Sorbonne le 2 avril 1914, au cours de la séance générale d'ouverture de la Confé- rence Internationale de l'Enseignement mathématique. tard pour garder quelque espoir de vous apporter du nouveau. Je ne saurais, d'autre part, en celle rapide causerie, tenter d'embrasser tout l’ensemble d’un tel sujet sans me condamner à ne point sorlir de généralités qui risqueraient de vous paraître par trop banales. Le mieux me semble donc d’atti- rer votre attention sur quelques points que je crois particulièrement importants, en m'efforçant de les * 110 M. D'OCAGNE — LE ROLE DES MATHÉMATIQUES DANS LES SCIENCES DE L'INGÉNIEUR éclairer d'exemples caractéristiques, choisis parmi bien d’autres qui ne seraient pas d'une moindre valeur. Il Et, tout d'abord, quand on parle du rôle des Mathématiques dans les sciences de l'ingénieur, il s'agit de s'entendre. Si l’on se borne aux simples besognes de la pratique journalière, on peut évi- demment se tirer d'affaire avec du coup d’æil et du bon sens lorsqu'on dispose d'un bagage de con- naissances générales suffisant pour être à même, en s'inspirant d'exemples antérieurs, d'approprier à l’objet que l’on a en vue les schémas et les for- mules qui se rencontrent dans les recueils spé- ciaux. Encore convient-il, en pareil cas, de n'être pas absolument novice dans le maniement de l'outil mathématique, etnotamment, pour nel’indiquer que d'un mot, dans l'emploi des méthodes graphiques qui sont, pour les techniciens de toute spécialité, d'un si puissantsecours et dont la pleine intelligence suppose une sérieuse initiation géométrique. Autre chose est non plus de savoir se servir d'une formule, mais d’être en mesure, par une juste critique, d’en apprécier la valeur et, si besoin est, d'en proposer une nouvelle; non plus seule- ment d'appliquer correctement certaines solutions connues de problèmes anciennement posés, mais, lorsqu'elles sont jugées insuffisantes, de les amé- liorer de facon à serrer les faits de plus près, et, -plutôt encore, d'en découvrir d'originales en vue de problèmes nouveaux, läches auxquelles tout véritable ingénieur doit avoir à cœur de mettre la main, Or, pour y réussir, il ne suffit pas toujours d'avoir — ce qui, d’ailleurs, est indispensable — un sens pénétrant de la réalité; il y faut encore souvent le concours intelligemment mis en œuvre de la théorie la plus avancée. Il peut même arriver qu'à ce point de vue le rôle de la théorie soit pré- dominant. Parmi tant d'exemples que j'en pourrais citer, je me bornerai à vous rappeler celui qui nous est offert par le problème de la télégraphie sous- marine, résolu par Lord Kelvin au moyen de la pure théorie. C'est, en effet, vous le savez, d'une étude mathématique que l'illustre physicien de Glasgow a déduit les conditions pratiques de fonc- tionnement d'une ligne télégraphique sous-marine. Il a montré, en particulier, que, pour éviter la con- fusion à l’arrivée des signaux expédiés, il était ulile de faire suivre toute émission de courant d'une émission égale et contraire qui ramène la ligne à l'état primitif. D'ailleurs, l'étude du même système d'équations linéaires aux dérivées par- tielles permet encore de discuter les conditions de fonctionnement des lignes de transport de force à grande distance. D'une manière générale, el quel que soit l'objet auquel s'applique son activité, l'ingénieur doit faire concourir des phénomènes d'ordre mécanique et physique à la réalisation de certains ensembles matériels répondant à des conditions données d'équilibre et de résistance, ou à la production de certains effets dynamiques. C'est assez dire que l'expérience se trouve nécessairement à la base de toutes ses spéculations, et la question qui se pose pour lui, relativement à l'utilité de l'emploi des Mathématiques, est à peu près la même que pour le physicien, à cette différence près toutefois — elle est d’ailleurs capitale — qu'à l'encontre de celui-ci, qui a le sentiment de ne jamais alteindre à une assez grande précision, il peut, lui, dans la plupart des cas, se contenter d’une approximation assez grossière. Mais cette différence ne se fail sentir que dans la limite jusqu'où il convient de pousser le développement des calculs; elle n'inter- vient pas pour établir une sorte de départ entre les principes mathématiques utilisables dans un cas ou dans l’autre. Pour l'ingénieur comme pour le physicien, le rôle des Mathématiques consiste à fournir une interprétation rationnelle de faits. réductibles à la notion de mesure, et la question qui se pose est de savoir jusqu'à quel point la théorie de forme mathématique est susceptible de servir de guide dans ce que je vous demanderai la permission d'appeler le débrouillement des faits expérimentaux. Remémorons-nous ici, Messieurs, le mot célèbre de Bacon : « Si les expériences ne sont pas dirigées par la théorie, elles sont aveugles : si la théorie n’est pas soutenue par l’expérience, elle devient incertaine et trompeuse. » Cette pensée a été renou- velée récemment, sous une forme pittoresque et frappante, par M. l'Ingénieur en Chef de la Marine Marbec, au cours d'une remarquable conférence dans laquelle il a mis en lumière, aux yeux des élèves de l'Ecole Polytechnique, la part qu'ont eue simultanément la théorie et la pratique dans l'in- vention de cet engin merveilleux qui à nom le sous-marin : « La pratique, dit M. Marbec, donne la connaissance des faits, la théorie donne le moyen d'en tirer les conséquences lointaines. Un méca- nicien complet doit posséder les deux. « Elles sont entre elles comme le sens de la vue et celui du toucher. Le sens du toucher est bien borné, la vue nous donne du monde une notion bien plus claire et plus étendue, et pourtant, quand ces deux sens sont en désaccord, c’est au premier que va notre confiance. Ce que la vue annonce et le toucher dément, nous l’appelons illusion et mirage. C'est aussi ce qu'il faut faire pour la théorie et la pratique. Mais discuter comme on le fait trop sou vent, en les opposant l'une à l’autre, comme si l'on M. D'OCAGNE — LE ROLE DES MATHÉMATIQUES DANS LES SCIENCES DE L'INGÉNIEUR 471 devait être fatalement privé de l’une ou de l’autre, c'est, en somme, discuter sur les inconvénients comparés de deux infirmités. Cette discussion est d'un intérêt médiocre pour les gens bien portants. * « On n’a le droit de déclarer une chose inutile ou superflue que si on la possède réellement et si on n'a jamais ressenti le besoin de s'en servir, sinon on n'est pas de bonne foi. « Le praticien et le théoricien, dans le mauvais sens des mots, sont deux infirmes qui ne veulent pas convenir de leur infirmité. Ce sont, du reste, des infirmités fort répandues. Il faut vous proposer de n'être pas infirmes. » Il Examinons maintenant d’un peu plus près, à la lumière de quelques exemples, quels genres de services les Mathématiques sont susceptibles de rendre à la Technique. Tout d’abord — et bien que cela s’écarte peut- être un peu de ce qui fait, en réalité, le fond de mon sujet — il n'est pas indifférent de rappeler que la théorie mathématique à parfois suggéré la découverte de faitsexpérimentaux qui se sont mon- trés pour le technicien d’une utilisation immédiate. Il suffit, sur ce point, d'évoquer la genèse des ondes herltziennes nées du besoin de soumettre au con- trôle de l'expérience les conséquences de la théorie toute mathématique des ondes électromagnétiques que l’on devait à l'étonnant génie de Maxwell. Je rappellerai aussi que, contrairement à ce qu'a pu croire, à une certaine époque, Joseph Bertrand, la théorie mathématique à permis à Green de révéler diverses lois de l'Electrostatique antérieurement à l'époque où Faraday les a mises en lumière par la voie expérimentale. Dans un ordre d'idées en corrélation peut-être plus étroite avec ce qu'on est dans l'habitude de considérer comme de la technique, niera-t-on la répercussion qu'a eue le développement de la Ther- modynamique sur les perfectionnements réalisés dans la construction et l'emploi industriel des machines thermiques? Or, il semble bien difficile que l’on puisse atteindre à la pleine compréhension des principes si délicats de la Thermodynamique sans une forte éducation mathématique. Mais, là même où les constatations de l’expé- rience ont devancé les déductions de la théorie, ne rencontrons-nous pas bien des questions sur les- quelles pendant longiemps nos connaissances restent, en quelque sorte, à l’état stagnant, jusqu'à ce qu'enfin l'emprise exercée sur elles par la théorie mathématique vienne brusquement en provoquer l'essor? Les longues et patientes re- cherches de M. Boussinesq, prolongeant si heu- | reusement celles de Barré de Saint-Venant, four- niraient, dans le domaine de l'Elasticité et dans celui de l'Hydrodynamique, de nombreuses occa- sions d'illustrer cette manière de voir. Le problème de la propagation des ondes liquides dans les tuyaux élastiques, auquel M. Boulanger a consacré récemment une étude magistrale, esl caractéristique à cet égard. Longtemps, la solution de ce problème est restée indécise, faute d’une base mathématique suffisante. Elle est pourtant d'un intérêt capital pour l'ingénieur hydraulicien, à qui elle fournit la clef du phénomène bien connu sous le nom de coup de bélier; et l’on n'ignore pas l'importance qu'offre ce phénomène au point de vue des grandes conduites d'alimentation des usines hydroélectiques par suile des complications qu'il entraine pour la régulation des turbines. Or, on sait maintenant que ce problème se ramène à l'étude d’une intégrale discontinue d'une équation aux dérivées partielles du second ordre, du type hyperbolique. Nul doute que la discussion de la question, poursuivie à la lumière de cette théorie, ne conduise sur le terrain expérimental et, par voie de conséquence, sur celui des applications, aux inductions les plus fécondes. De mème la théorie moderne des explosifs n'a pu se développer, entre les mains d'Hugoniot, de M. Chapman, de M. Jouguet, qu’en prenant son point de départ dans la notion purement analy- tique des ondes de choc, due à Riemann. D'ailleurs, et c’est encore là un avantage à l'actif des Mathématiques, la traduction analytique des lois physiques est de nature, en certains cas, à faire apparaitre des liens tout d’abord insoup- connés entre des questions se référant à des objets distincts et de permettre, par suite, de les faire progresser parallèlement. À cet égard, il est curieux de constater l’analogie, signalée par M. Boulanger, dans l'étude à laquelle je viens de faire allusion, entre ce problème du coup de bélier et celui du choc longitudinal des tiges prismatiques, traité en détail par Sairt-Venant, MM. Flamant et Boussi- nesq et où se rencontre une intégrale toute pareille, Le domaine de l'Électrotechnique est particu- lièrement fécond en exemples où l’on voit s'éclairer certaines questions techniques grâce à la lumière qu'y projettent les Mathématiques supérieures. Je citerai notamment l'explication donnée en 1911 par M. Boucherot des surintensités très fortes constatées lors des courts-circuits d’alternateurs, d'où il a déduit les précautions à prendre pour limiter ces surintensités. Ici, la solution dépend d'équations différentielles linéaires dont les coeffi- cients sont des fonctions sinusoïdales du temps dans le cas d’alternateurs monophasés, équations dont l'intégration n'a d’ailleurs pu être obtenue 172 M. D'OCAGNE — LE ROLE DES MATHÉMATIQUES DANS LES SCIENCES DE L'INGÉNIEUR que par la voie des approximations. Dans le cas de systèmes polyphasés, un changement de variables ramène les coefficients à ètre constants. Je citerai encore l'étude de l'effet Kelvin (skin- effect) dans les conducteurs massifs en courants alternatifs, qui conduit à intégrer des équations aux dérivées parlielles ; et il s’agit bien là d'une question offrant un intérêt pralique puisqu'elle intervient, en particulier, dans le caleul de la ré- sistance apparente des rails pour la traction mono- phasée. Dans le cas de conducteurs cyliadriques, la solution dépend des fonctions de Bessel, dont l’importance s'affirme chaque jour davantage à propos de maintes applications physiques et méca- niques comportant l'intégration d'équations aux dérivées partielles du second ordre, en même temps que celle des fonctions sphériques et de leurs congénères. Je ne veux d'ailleurs pas quitter le terrain de l'Électrotechnique sans ouvrir une parenthèse pour signaler les services qu’y rend le calcul des quan- tités imaginaires, alors, sans doute, que les pre- miers inventeurs de cette doctrine n'avaient pas dû en prévoir ce genre d'utilisation. C'est là un nouvel exemple (à joindre à celui si souvent in- voqué de la théorie des sections coniques dans ses rapports avec celle des mouvements planétaires) de l'intérêt que peut prendre, à un moment donné, au point de vue des applications mécaniques ou physiques, un sujet d'abord uniquement envisagé in abstraclo par les purs mathématiciens. Dans le même ordre d'idées, c'est du développe- ment des théories mathématiques de l'Élasticité et de l'Hydrodynamique que l'on doit attendre la mise au point des sciences techniques connues sous les noms de Æ*ésistance des matériaux et d'I7v- draulique, qui sont restées pour ainsi dire en enfance tant que, faute de mieux, elles n'ont été tributaires que des seules Mathématiques élémen- taires, et dont le progrès commence à s'accuser depuis qu'y ont pénétré les premiers rayons de théories mathématiques plus élevées. Je ne puis à cet égard me dispenser de rappeler les belles recherches de MM. Eugène et Francois Cosserat sur la théorie générale des corps défor- mables, non plus que les profondes lecons de M. Hadamard sur la propagation des ondes et les équations de l'Hydrodynamique. Certes, il reste encore à faire pour que ces difficiles théories attei- gnent la région des faits sur lesquels s'exerce direc- tement l’activité de l'ingénieur; mais il n’est pas douteux qu'elles n'ouvrent, dès maintenant, des horizons nouveaux vers lesquels il est intéressant que se portent les regards du technicien. N'avons-nous pas déjà vu les applications de la théorie de l’élasticité à des problèmes comportant des vérifications expérimentales conduire M. Vol- terra à montrer le role de l'analysis situs et des équations intégro-diflérentielles dans des pro- blèmes bien voisins de ceux de la technique ? Si l’on en est encore à constater la lenteur avec laquelle se développe la théorie de l'aviation, c’est sans doute que la voie à suivre pour y réaliser de vrais progrès est toute hérissée d'obstacles tenant à ce que nous sommes encore incapables de ré- soudre les problèmes généraux que pose le mou- vement d'un solide dans un fluide. A la vérité, des cas simples ont été abordés par Helmholtz et Kir- chhoff, d'autres plus complexes par MM. Greenhill, Levi-Civita, Villat, et il convient de noter qu'ils offrent des applications très délicates et très diffi- ciles de deux doctrines de haute analyse, celle de la représentation conforme et celle des fonctions elliptiques. Cela permet de présumer à quel niveau des sciences mathématiques se rencontreront les notions à faire intervenir dans les cas généraux. Il faut espérer que, de ce côté-là aussi, les progrès de la théorie, étayés, bien entendu, de résultats expé- rimentaux, finiront par déchirer les voiles qui nous dérobent encore le mystère de ces phénomènes extrêmement compliqués. III Je viens, à diverses occasions, de signaler les intuitions auxquelles nous peut conduire la théorie mathématique sans cependant nous permettre d'atteindre le but extrème visé par la technique. Même borné à cela, le rôle de cette théorie n’est pas négligeable en ce sens qu'elle nous met à même d'effectuer, grâce, s’il le faut, à quelques hypothèses simplificatives, ce que je serais tenté d'appeler une analyse qualitative des phénomènes qui intéressent le technicien, à défaut de l'analyse quantitative qui répondrait pleinement à ses be- soins. L'ingénieur ne saurait toutefois se contenter de cela. 11 lui faut, en fin de comple, pour arrêter les dispositions d'un projet, aboutir à une décision ferme, et si la théorie est impuissante à la lui dicter, c'est aux données de l'experience, recueillies indépendamment de toute théorie a priori, qu'il ira les demander. Le rôle des Mathématiques va-t-il s'arrêter ici? Je ne le crois pas; et, pour ne point vous cacher le fond de ma pensée, c’est, au con- traire, à cette occasion que, pour la grande majo- rité des ingénieurs, il me semble devoir prendre le plus d'importance. Il s'agit alors, en effel, de mettre en œuvre ce qui ressort de l'expérience pour édifier, à défaut d'une théorie purement rationnelle, au moins une sorte de synthèse, de forme encore mathématique (car il faut bien qu'elle se traduise par des for- M. D'OCAGNE — LE ROLE DES MATHÉMATIQUES DANS LES SCIENCES DE L'INGÉNIEUR ES 1! mules), mais ne résultant plus, par voie de déduc- tion logique, de principes empruntés aux seules sciences théoriques. C'est là une besogne bien plus délicate et qui exige un sens mathématique bien plus aiguisé qu'on ne serait d'abord tenté de le croire. Sans doute, quelques ingénieurs, uniquement soucieux de cette pratique tout à fait courante dont je parlais en commencant, estimeront-ils que, pour celte mise en œuvre des données de l'expé- rience, il suffit de quelques moyens de fortune empruntés aux Mathématiques les plus élémen- taires. Je me permettrai de dire que je ne suis pas de cet avis. En se limitant de la sorte dans le mode d'expression des faits expérimentaux, onrisque de n'avoir pas la possibilité, en bien des cas, de les serrer d'assez près. De là, ces formules purement et simplement empiriques, qui se rencontrent encore aujourd'hui en si grand nombre dans les : aide-mémoire à l'usage des ingénieurs, sans au- eune indication ni de leur origine, ni des limites entre lesquelles on peut les tenir pour valables, et que je ne serais pas loin de regarder comme un scandale dans le domaine des sciences techniques. {1 ne faudrait, au reste, pas croire que le manque de toute véritable signification soit le moindre de leur défaut. Elles risquent bien souvent de devenir un réel danger. Je ne suis pas, tant s'en faut, le premier à en faire la remarque. Au Congrès inter- national des Mathématiciens tenu à Rome en avril 1908, un grand constructeur italien, M. l'inspec- leur général du génie civil Luiggi, n'a pas craint de s'exprimer ainsi: « Divers graves mécomptes rencontrés au cours de certaines constructions doivent peut-être, avant lout, être imputés à l'in- suffisance des formules employées ». C'est que, il faut bien le dire, telles de ces for- mules empiriques, obtenues par de simples tàton- nements que n’est venue élayer aucune considéra- tion théorique, peuvent être totalement dépourvues de valeur dans des cas qui s'écartent tant soit peu de ceux à l’occasion desquels elles ont vu le jour. Et l'on risque d'être ainsi conduit à faire incons- ciemment, en quelque sorte, des extrapolations aboulissant à des conclusions entièrement erro- nées. En vue de l'adaptation des résultats de l'expé- rience à la prévision de certains faits du domaine de la technique, les Mathématiques peuvent inter- venir utilement pour fixer le mode rationnel d’ex- pression analytique auquel il convient de recourir; la détermination des valeurs numériques à adopter pour les coefficients sera ensuite tout ce que l'on demandera à l'empirisme. C'est là un cas analogue à celui qui se présente pour la prévision des ma- rées; ie principe de la gravitation universelle, joint à la théorie du potentiel, permettant de pré- voir la forme du développement de la hauteur de la marée, les propriétés de la série de Fourier conduisent à la détermination, par l'analyse har- monique, des valeurs numériques des coefficients d'après le relevé expérimental de la courbe des hauteurs pendant un certain intervalle de temps. IL est inutile d'insister sur l'impossibilité où l’on se serait trouvé, par de simples tätonnements el en l'absence de toute base théorique, de parvenir à une expression analytique satisfaisante des varia- tions, d'allure compliquée, que révèle un tel enre- gistrement expérimental. Des occasions de procéder de la même facon pourraient se rencontrer dans toutes les branches de la technique. Je me bornerai à rappeler ici la remarquable étude publiée par M. l'inspecteur général des ponts et chaussées Jean Résil sur le calcul des hourdis en béton armé, qui est un modèle à suivre pour l'emploi de la théorie mathé- malique en vue de l'établissement rationnel de formules à coefficients empiriques, là où la théorie seule ne peut être poussée jusqu'au point où ses résultats deviendraient immédiatement utilisables en pratique. M. Jean Résal, dont l'autorité comme construc- teur ne saurait être contestée par personne, est de ceux qui font la guerre aux formules « denuées de tout fondement et sans rapport aucun avec là vérité »; c'est là sa propre expression. Il proteste notamment contre la tendance, qui s'accuse bien souvent chez les tenants du strict empirisme, de ramener de préférence toute représentation à la forme parabolique, alors parfois que des nécessités logiques en imposent d'autres, comme il a eu l’oc- casion de le signaler à propos de la variation du poids des ponts métalliques avec leur portée, qui doit, ainsi qu'il l'a montré, revétir nécessairement une forme hyperbolique. A mon tour, je me permettrai de formuler cette interrogation : l'ingénieur, homme de progrès, peut-il vraiment se résigner à n'avancer,en quelque sorte, qu'à tâtons, sans chercher à pénétrer le sens des phénomènes ayant pour siège les systèmes matériels sur lesquels il opère? Si, comme M. Marbec en a déjà fait la remarque, son lot n’est pas de penser sans agir (ce à quoi, si tel est son goût, peut se borner le pur mathéma- ticien enfermé dans sa tour d'ivoire), il ne peut être non plus d'agir sans comprendre. Abdiquer entre les mains des seuls mathéma- ticiens de profession le soin de faire avancer l'ap- plication des théories ralionnelles aux divers objets techniques qui le sollicitent, serait de sa part une lourde erreur. Pour contribuer efficacement au progrès d'une doctrine embrassant un certain en- PAUL STAECKEL — LA PRÉPARATION MATHÉMATIQUE DES INGÉNIEURS semble de faits positifs, il faut, dans l’ordre de ces faits, avoir, comme on dit, mis la main à la pâte. Le mathématicien qui n’est pas, comme le techni- cien, talonné par les exigences de la pratique, aura fatalement une tendance, séduit qu'il sera par l’in- térêt propre des développements analytiques ren-‘ contrés en chemin, à se laisser aller à faire de l’art pour l’art. Tout au moins, ses habitudes d'esprit l'inciteront-elles, presque fatalement, à pousser les approximations bien au delà des limites dont l'expérience à appris au technicien qu'il y avait lieu de se contenter, On ne peut exiger du pur mathématicien qu'il ait, au même degré que le technicien, la hantise du but concret à atteindre, et je n’hésiterai pas à ajouter que, s’il en était ainsi, ce serait grand dommage. Si, en effet, le mathématicien peut, et avec grand avantage, puiser de fécondes sugges- tions dans l’évolution des sciences physiques, il ne faudrait pas que l’essor de sa pensée se trouvât entravé du fait de préoccupations trop strictement ulilitaires qui pourraient en alourdir le vol. Le culte désintéressé de la science, si noblement, si magnifiquement célébré par Henri Poincaré, doit rester la loi du pur mathématicien dont les décou- vertes ne tirent pas leur importance d’une utilisa- tion pratique plus ou moins immédiate, ce qui lui permet de les poursuivre avec plus de hardiesse et plus de liberté. Il serait infiniment regrettable qu'il se trouvàt détourné par d’autres devoirs du rôle magnifique qui lui incombe, qui est de nous entrainer vers des régions de plus en plus élevées du domaine acces- sible à la raison pure. En se livrant au labeur qui est le sien, il con- tribue d’ailleurs pour sa part au progrès général de la science appliquée parce qu'il élargit le cercle de notre pensée et qu'il fournit à son expression des formules plus souples et plus compréhensives. Mais il faut que l'ingénieur, qui aura, lui, à faire concourir les ressources empruntées au mathéma- ticien au perfectionnement des théories qui domi- nent son art, reste en état de comprendre la langue que parle ce mathématicien. Et cela exige que le plus grand nombre possible d'ingénieurs (dont l'esprit, suivant le mot de Pascal, n'y pourra d'ail- leurs gagner qu' « une vigueur toute nouvelle ») recoivent une éducation mathématique suffisante pour rester capables de suivre, füt-ce même d'un peu loin, le mouvement de la science, de saisir le sens de ses nouveautés, d'en apprécier la portée possible aux divers points de vue qui les intéres- sent, et, le cas échéant, d’en réaliser eux-mêmes, sans maladresse, l'adaptation aux fins pratiques qu'ils se proposent d'atteindre. Maurice d'Ocagne, Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, Professeur à l'Ecole Polytechnique et à l'Ecole des Ponts et Chaussées. LA PRÉPARATION MATHÉMATIQUE DES INGÉNIEURS) DANS LES DIFFÉRENTS PAYS ” Ce n’est pas par hasard que la Commission inter- nalionale de l'Enseignement mathématique a ins- crit à l’ordre du jour de sa réunion de Paris la question de la préparation mathématique des ingé- nieurs. C’est à Paris, en effet, que se trouve l'Ecole Polytechnique, cette œuvre caractéristique de la première République, institution qui durant cent vingt ans à fait honneur à sa fière devise : Pour la Patrie, les sciences et la gloire. C'était une idée véritablement nouvelle que celle qui trouve son expression dans la loi de sep- tembre 179%, et qui demandait une éducalion théo- rique uniforme pour tous les jeunes gens désirant entrer dans cerlains corps militaires ou civils, l’ar- tillerie, le génie, les mines, les constructions navales, les ponts et chaussées, etc. Pour atteindre ce but, on créa à côté des Ecoles spéciales de fon- dation antérieure telles que l'Ecole des Mines, 3 avril 1914. l'Ecole des Ponts et Chaussées et d’autres, l'Ecole Polytechnique. L'organisation de cette Ecole exerca une influence durable sur l'enseignement des Mathématiques et sur la préparation mathéma- tique des ingénieurs du monde entier. D'une facon générale nous trouvons, relative- ment à la préparation des ingénieurs, deux sys- tèmes. La plupart des pays ont adopté pour leurs écoles le système d'organisation mis en vigueur au milieu du x1x° siècle à Karlsruhe et Zurich; ce sont les universités techniques, « Technische Hoch- schulen ». Ce qui caractérise ces écoles, c'est la pré- sence d'une section consacrée aux sciences géné- rales, sur le modèle de l'Ecole Polytechnique, précédant d'autres sections spéciales pour les architectes, les ingénieurs proprement dits et les chimistes. En bien des endroits, on trouve égale- PAUL STAECKEL — LA PRÉPARATION MATHÉMATIQUE DES INGÉNIEURS l ) ————_—_—_———"—"—"—"—"—…"…"…"—"—"—"—"—"—"—"—"—"—"—"— ment des sections pour les constructions navales, les mines, les eaux et forêts, l’agriculture et enfin pour la préparation des professeurs de mathéma- tiques et de sciences physiques et naturelles. Dans” ces pays, on accorde une grande importance à la réunion des différentes sections en un seul “ensemble, car on pense que des écoles spéciales isolées risquent de dépérir, si on les destine sur- tout à la préparation des fonctionnaires de l'Etat. Dans le second système, ce sont les universités elles-mêmes, utilisées déjà pour la préparation des carrières libérales, qui se chargent de l’enseigne- ment théorique des ingénieurs. Par la création de nouveaux instituts elles entreprennent également une étude plus étendue de certaines branches techniques. Dans quelques pays, il y à un mélange des deux systèmes. Quelques-unes des universités techniques ont été d’abord de simples écoles spéciales qui avaient été fondées pour satisfaire les besoins de l'indus- trie. Ce n'est que peu à peu que ces écoles ont acquis leur rang d'académie et qu’on leur a confié la préparation des fonctionnaires techniques supé- rieurs de l'Etat. Ce développement progressif est lié étroitement à la question de la préparation antérieure des étudiants. Ces écoles spéciales étaient généralement pourvues d'écoles préparatoires, dont l’enseignement était organisé en vue des diverses directions à suivre ultérieurement; en outre, il existait des écoles indépendantes pour la prépara- tion des techniciens, comme les écoles profession- nelles provinciales en Prusse et les écoles indus- trielles de Bavière. Il est remarquable que toutes Jes écoles de cetle nature, à part quelques rares exceptions, ont disparu dans le courant du xx" siècle, quand l'opinion s’est de plus en plus implantée que la préparation aux diverses carrières supérieures doit être toujours précédée d'un ensei- gnement général permettant d'acquérir une édu- cation qui corresponde à l'état actuel de la culture générale. Pour les raisons qui viennent d'être signalées, on exige partout, pour l'entrée dans une université technique, la preuve d'une préparation antérieure telle que celle qu'on peut acquérir dans une école moyenne, de sorte que les jeunes gens peuvent commencer leurs études à l’âge de dix-huit ou dix- neuf ans. Dans le cas où une préparation de ce genre ne serait pas prouvée par des certificats officiels, on peut dans bien des pays remplacer ceux-ci par un examen d'entrée qui roule princi- palement sur les Mathématiques. En France, l'admission à l'Ecole Polytechnique se fait par voie de concours : les programmes exigent des connaissances importantes en mathématiques spéciales, en algèbre et en géométrie analytique. La préparation à ce concours peut se faire dans une classe de mathématiques spéciales, d’une durée d’un an au minimum, généralement de deux ans, et qui fait suite à la classe de mathématiques élémentaires par laquelle se termine l’enseignement secondaire. D'autres classes de mathématiques spéciales orga- nisées d'une manière analogue préparent à l'Ecole Centrale. En dehors de la France, de semblables dispositions n'existent, semble-t-il, qu'en Portugal. En Allemagne, on envisage de plus en plus favo- rablement l’idée d'une transformation de l’ensei- gnement des dernières classes secondaires, afin de permeltre aux élèves de manifester plus librement leurs goûts et leurs dons particuliers et de faciliter le passage à la liberté académique des universités. A cette demande de réformes, il faut ajouter celle des ingénieurs qui voudraient qu’on fût en droit de supposer connus, dès le début des cours mathématiques et physiques professés dans une université technique, les éléments sous une forme plus large qu'on ne le fait actuellement. Il existe une opinion extrême qui trouve ses adhérents surtout parmi les ingénieurs mécani- ciens; ceux-ci veulent faire disparaître de l’uni- versité technique l’enseignement des mathéma- tiques et des sciences physiques, et le renvoyer entièrement aux écoles secondaires. Par exemple le Professeur Riedler à Berlin s’est plaint derniè- rement de ce que les universités techniques ne soient pas encore devenues ce qu'elles devraient être, à cause du tort que leur font les cours de sciences pures qui, à son avis, ne servent qu'à combler les grosses lacunes de la préparation antérieure. Le rapport de la sous-commission suisse s’est exprimé très énergiquement contre l'idée d'une étude méthodique du Calcul différentiel et intégral dans les écoles secondaires. L'université tech- nique, dit-on, ne peut renoncer à reprendre ces sujets depuis le début, car les bases mathématiques qui ont été inculquées dans l’enseignement secon- daire aux élèves des écoles réales sont beaucoup trop peu sûres et ne peuvent guère l'être rendues davantage. En outre, la différence de conception et même de notation peut faire naître de la confu- sion et de l'incertitude. Enfin, l'expérience montre que l'augmentation du champ des Mathématiques dans l’enseignement secondaire se fait au détri- ment des éléments, c'est-à-dire de l'algèbre, de la trigonométrie et de la géométrie analytique, et est par suite, en partie, la cause du peu de sûreté dont les élèves font souvent preuve en ces branches. Dans la séance du mois de décembre 1913, la Commission de l’enseignement technique, cons- tituée par l'Association des ingénieurs allemands, qui durant ces trois dernières années a examiné la 176 question de l’enseignement technique sous toutes ses faces, a formulé une résolution qu'il importe de signaler. D’après celle-ci, on doit exiger de la part des nouveaux étudiants, outre la sûreté et l'habileté dans l'usage des Mathématiques élémen- laires, une connaissance approfondie, acquise par une pratique assez longue, des notions de variation des grandeurs et des fonctions, y compris la repré- sentation graphique des relations fonctionnelles, ainsi que les notions de dérivée et d’intégrale appliquées à des exemples simples et clairs. Par contre, l'étude systématique du Calcul infinitésimal est réservée expressément à l’université. Il peut arriver qu'une grande partie des ingé- nieurs qui proviennent des universités, une fois dans la pratique de leur métier, se servent peu des Mathématiques supérieures. Par exemple, dans un questionnaire envoyé aux anciens élèves du Sibley College de la Cornell University à Ithaca, environ la moitié de ceux-ci déclarèrent ne pas faire emploi des Mathématiques supérieures dans leurs occupations actuelles. Or, tout ingénieur scienti- fique ne doit pas seulement savoir utiliser les lois et les formules fondamentales, mais aussi les com- prendre. Il doit être en état de suivre les progrès de la science. Il doit être capable de faire face avec succès aux nouvelles tâches qui lui incombent. Pour cela, il ne suffit pas d’un entraînement mathé- matique lui permettant simplement de résoudre quelques problèmes correspondant à l’état actuel de la technique. Enfin, l’enseignement mathéma- tique dans les universités techniques à aussi pour but de développer et de fortifier la pensée abstraite. Les professeurs de mathématiques, de même que la grande majorité des ingénieurs dans tous les pays civilisés, sont d'avis que l’enseignement de celle branche doit avoir pour but un développe- ment général méthodique. C'est pourquoi on ne saurait recommander d'établir, lors des débuts de l'enseignement mathématique, une séparation des éludiants suivant les différentes branches, c'est- à-dire d'organiser des cours spéciaux pour les ingénieurs constructeurs, les ingénieurs mécani- ciens et les ingénieurs électriciens; par contre, on tiendracompte plus tard des besoins particuliers des diverses sections à l’aide de cours complémentaires facultatifs. Il faut encore remarquer qu'il en est autrement pour les architectes; l'enseignement mathémalique a pour eux moins d'importance; il est presque partout séparé de celui des ingénieurs, quelquefois même il est complètement supprimé. Ce principe, d'après lequel les futurs ingénieurs doivent recevoir une éducation mathématique géné- ——_————————_—_—_—_———————————…—…—…—…—……—…—…—…—…——…——…—…—…—…———.——.—.—.—.————————…—…—…—…—…—…—…—…—…—…—…—…—…—…—-——…—.———.….—.—.—.—.….…—.—.—.— ——… …—….….….….….….….….—…—_—.—.—.—….…———.— PAUL STAECKEL — LA PRÉPARATION MATHÉMATIQUE DES INGÉNIEURS rale, n'est pas en opposilion avec la nécessité de tenir compte, dans l'enseignement, de la carrière à laquelle les jeunes gens se destinent. En effet, on à essayé, non sans résultat, de donner dès le début à l’enseignement mathématique une teinte tech- nique, c'est-à-dire de le mettre en relation avec les applications des sciences de l'ingénieur. C’est là un des grands problèmes non encore résolus de la méthodologie universitaire. Une des difficultés de sa résolution réside dans le fait que plus d'un professeur de mathématiques ignore ces relations et qu'il y en a qui ne s’y inté- ressent pas du tout. Nous aurons à revenir sur cette circonstance en parlant de la préparation et du choix des professeurs de mathématiques pour les universités techniques: disons déjà, toutefois, que rien ne serait plus funeste que de confier l’ensei- gnement mathématique à des professeurs qui con- naissent bien ces relalions, mais qui ne possèdent pas à fond les Mathématiques elles-mêmes. II On se rend compte par ce qui précède de la grandeur de la tâche qui incombe aux mathéma- ticiens dans les universités techniques. L'accom- plissement de cette lâche leur est encore rendu plus difficile par le peu de temps dontils disposent presque partout. C’est en Italie qu'on consacre le plus de temps à l'enseignement mathématique. Ici, pendant les deux premières années, de beaucoup la plus grande partie du temps esl affectée aux Mathématiques ; puis viennent des études techniques d'une durée de trois ans, el non pas de deux ans comme dans la plupart des autres pays. Jusqu'en 1890les Mathématiques jouissaient, dans la plus grande partie des autres pays, des mêmes avantages qu'actuellement en Italie. Le mouvement impétueux qui, à cette époque, entrainait des réduc- tions des études mathématiques, devait en partie son origine au puissant développement des sciences de l'ingénieur; l’enseignement de ces sciences pre- nant une grande envergure, il a fallu leur créer plus de place dans les universités Llechniques. On fit encore valoir en faveur d’une réduction des heures destinées aux Mathématiques le fait que le caractère des écoles techniques supérieures s'élait complètement transformé, et que seuls les jeunes gens ayant complètement terminé l'école secondaire y élaient admis comme étudiants. On pouvait donc leur supposer une meilleure prépa- ration etpar conséquent, économiser du temps dans les cours théoriques. Si l'on ne peul nier la valeur de ces motifs, il faut cependant reconnaître que le caractère plutôt PAUL STAECKEL — LA PRÉPARATION MATHÉMATIQUE DES INGÉNIEURS 117 les équations différentielles. Cependant, il ne uniforme des deux premières années d'éludes, consacrées autrefois essentiellement aux Mathé- maliques et aux Sciences physiques, présentait de gros avantages sur l’état actuel. Sans doute on à bien fait d'introduire, dès le début, les étudiants dans les sciences de l'ingénieur. Mais en exigeant déjà, pendant les deux premières années, l'étude approfondie d’une série de branches très difré- rentes de ces sciences, on a produit une sorte d'éparpillement de l'intérêt, qui porte préjudice au rendement de l’enseignement dans toutes les branches, mais, avant tout, au rendement de l’en- seignement des Mathémaliques, pour lequel une certaine concentration de l’espritest indispensable. Une plus grande diminution du nombre d'heures équivaudrait à expulser les Mathématiques et les mathématiciens des universités techniques et dé- truirait ces liens et cette collaboration qui, durant des siècles, se sont montrés de la plus haute utilité pour les deux parties. Dans le courant des dix dernières années, la situation des Mathématiques dans les universités techniques s’est améliorée, et cela pour deux rai- sons. Tout d’abord, la technique moderne s'est peu à peu tellement diversifiée que les universités tech- niques ne peuvent plus prétendre à faire de leurs élèves des ingénieurs accomplis, versés dans toutes les branches spéciales, ou, comme on l’a dit, à former des spécialistes universels. L'industrie et ceux qui la dirigent demandent plutôt des ingé- nieurs possédant une instruction générale solide pouvant être utilisée au point de vue technique. En second lieu, les sciences de l'ingénieur réclament de plus en plus l’aide des Mathématiques. Tandis qu'autrefois les méthodes classiques, qu'on trouve déjà dans leurs parties essentielles dans les traités d'Euler, suffisaient, on y a ajouté actuelle- ment, pour citer quelques exemples, la nomogra- phie de M. d'Ocagne et les méthodes d’approxi- mation graphiques et numériques de M. Runge; on ne peut guère non plus se dispenser d'initier les étudiants à ja (héorie des vecteurs. On admet en général que la connaissance du Calcul différentiel et du Calcul intégral élémentaire, c’est-à-dire l'étude de la différentiation et de l’in- tégration des fonctions élémentaires avec leurs applications les plus simples, ne suffit plus pour les ingénieurs. La Commission allemande de l'en- seignement technique demande, dans ses « résolu- tions de décembre 1913 », que les étudiants soient en état de traiter par les Mathématiques des ques- tions comme le flambement, le support élastique, les plaques tournantes et les vibrations provoquées par des forces extérieures. Mais cela n'est guère possible qu'à la suite d’une solide instruction dans s'agit pas ici de cette étude scolustique des équa- tions différentielles où l’on s'occupe, comme au xvur* siècle, des équations qui se ramènent à des fonctions élémentaires ou à des quadratures. Ce qu'il faut aux futurs ingénieurs, ce sont plutôt les méthodes graphiques et numériques d'intégration des équations différentielles qui se sont dévelop- pées pendant le dernier tiers du xx’ siècle. Le temps viendra où ces méthodes se relieront aux méthodes de la théorie des fonctions qui per- mettent de déduire les propriétés d’une fonction de l'équation différentielle qui la définit, et d'en tirer des représentations qui facilitent l'étude numérique de la fonction, alors que l’ancienne méthode du développement de Taylor limité à ses premiers termes échoue. C’est là un domaine dans lequel les mathématiciens pourront rendre de grands services aux ingénieurs, ce qui légitimera une fois de plus le rôle important qu'ils jouent dans les universités techniques. Actuellement on ne s'occupe de ces nouvelles mé- thodes d'intégration que dans peu d'établissements. Il semble cependant qu'il se prépare un revirement à cet égard; mais la réalisation exigera un temps considérable. IV Un des plus importants parmi les grands pro- blèmes de l’enseignement technique supérieur est celui de la préparation d’une nouvelle génération de professeurs aptes à enseigner les Mathéma- tiques dans les universités techniques dans le sens moderne. Une demande réitérée des ingénieurs, formulée encore en 1913 par la Société des ingé- nieurs autrichiens, est que l'enseignement mathé- matique dans les universités techniques soit confié exclusivement à des ingénieurs, alors qu'il se trouve maintenant, à quelques rares exceptions près, entre les mains des mathématiciens. Pour plus d’une raison, il est à présumer qu'il en sera ainsi pendant bien longtemps encore. Les jeunes gens qui se destinent aux carrières techniques ont généralement le goût d'une carrière pratique et sont peu aptes à l’enseignement. Ceux, du reste, qui se proposent d'embrasser la carrière peu lucra- tive de professeurs universitaires trouvent leur em- ploi dans les différentes sections techniques. En outre, les connaissances acquises par un ingénieur dans le cours normal de ses études ne suffisent pas à le rendre capable de donner un enseignement mathématique utile. Dans les Mathématiques, comme partout ailleurs, le maître doit dominer son sujet ; aussi est-il nécessaire qu'il possède une instruction mathématique toute spéciale. Enfin, il 1 faul remarquer que les universités techniques ne 118 PAUL STAECKEL — LA PRÉPARATION MATHÉMATIQUE DES INGÉNIEURS pourront profiter des progrès des sciences mathé- matiques qui si leurs maîtres sont en contact per- sonnel avec les chercheurs, ou encore mieux s'ils sont eux-mêmes des chercheurs. Certainement pour pouvoir enseigner les Mathé- matiques à des ingénieurs, il ne suffit pas d'être mathématicien. Abstraction faite des qualités qu'il faut exiger de n'imporle quel maître, et parmi les- quelles figurent en premier lieu un certain enthou- siasme pour la science et le talent de faire naître cet enthousiasme chez les élèves, le maître idéal de Mathématiques dans les universités techniques doit non seulement être mathématicien par ses dons naturels el par une instruction soignée, mais encore s'intéresser à la manière de voir des ingé- nieurs et comprendre ce dont ils ont besoin en fait de Mathématiques. Pour cela, il est nécessaire qu'il se sait occupé des Mathématiques appliquées et qu'il possède une certaine expérience dans ce do- maine. Des recherches dans les Mathématiques pures seront les bienvenues, mais elles ne sont pas absolument nécessaires ; à défaut de ces recherches, il faut exiger une activité scientifique bien carac- risée dans le domaine pratique. L'essentiel pour le maitre, c'est d'acquérir les qualités qui viennent d’être citées et qui le rendront apte à son enseignement; la facon particulière par laquelle il les aura acquises est moins importante. Disons toutefois que la formation d'un professeur de Mathématiques dans une Université technique a généralement pour point de départ les études uni- versitaires de Mathématiques pures et appliquées qui conduisent au doctorat. Il sera avantageux pour lui de passer quelque temps dans une uni- versité technique, ou dans une université propre- ment dite lui fournissant l’occasion d’une pratique plus approfondie des différentes branches des Mathématiques appliquées. Avant d'entrer dans la carrière académique, il pourrait faire un stage dans l’enseignement secondaire, car on y apprend-mieux l'art d’enseigner que dans une université; d'ail- leurs, un professeur de l’université devrait con- naître par sa propre expérience les établissements d'où proviennent ses élèves. En même temps, ou immédiatement après, le professeur devrait occu- per une place de préparateur de Mathématiques ou peul-être être associé à l’enseignement d'un des cours facultalifs supérieurs, suivis par des étudiants désirant approfondir leur instruction au point de vue mathématique ou mécanique. je Pendant le dernier siècle, le développement des Mathématiques s’est effectué dans deux directions en apparence opposées. Notre science à été arith- métisée, c'est-à-dire débarrassée de ses parties empiriques et ramenée à ses bases logiques. Mais à côté de cela le domaine des applications a pris une extension énorme; conformément à la devise de l'Université technique d’Aix-la-Chapelle : Mens agilal molem, les Mathématiques méritent d'être considérées comme l’un des plus puissants moyens de l'esprit humain qui dominent l'inertie de la matière. Cette séparation cependant ne doit pas trop s'accentuer. Livrée à elle-même, la théorie pure court le risque de dégénérer en une scolas- tique stérile, mais d'autre part la déesse de la science refuse sa faveur à celui qui ne regarde qu'à l'utilité. Sachons donc considérer l’ensemble des Mathématiques comme une science uniforme, indi- visible, dont les progrès reposent sur les relations vivantes de ses différentes parties et leur action réciproque. Cette pénétration mutuelle des Mathé- matiques pures et des Mathématiques appliquées doit se faire comme l’indiquait en 1910 à la réunion de Bruxelles notre regretté collègue Bourlet : « Sans rien sacrifier des qualités de rigueur, de logique et de précision qui sont l'apanage des Mathé. matiques, nous saurons y discerner l'essentiel, y mettre en évidence les moyens les plus propres à préparer les élèves à la compréhension des sciences expérimentales. La limite entre les Ma- thématiques pures et appliquées n'existe pas, car ces deux sciences, loin d'être séparées, doivent sans cesse s'entr'aider et se compléter. Cette pénétration est le gage d’un progrès certain. » Lorsque l’enseignement des Mathématiques dans les universités techniques se fera dans cet esprit, nous pourrons avoir confiance dans l'avenir. C’est alors que se réalisera la prévision de M. Tyler : « On peut fonder de hautes espérances sur le dévelop- pement futur d’une science qui a fait preuve de sa vitalité en face des prétentions diverses des astro- nomes, des physiciens et des ingénieurs. Les ma- thématiciens dans les universités techniques feront bien cependant de ne pas exagérer l'importance du rôle que pourront dans cet ordre d'idées jouer les Mathématiques. S'ils apportent leur part de contribution au progrès des Mathématiques, s'ils savent utiliser avec économie el d'une manière efficace le temps restreint dont ils disposent, pour donner aux étudiants de la technique une base solide de connaissances mathématiques et les rendre capables de s’en servir, s'ils cherchent d’une facon intelligente à reconnaitre et à satisfaire les exigences mathématiques des diverses branches techniques, s'ils ont en vue l’utilité commune et n'insistent pas. trop sur les finesses de leur science, ils sauront maintenir la dignité et l'intégrité des Mathématiques. » Paul Staeckel, Professeur à l'Université de Heidelberg. Ld A. BIGOT — LA SESSION DU XII CONGRÈS GÉOLOGIQUE INTERNATIONAL AU CANADA LA SESSION DU XII CONGRÈS GÉOLOGIQUE INTERNATIONAL AU CANADA Le Congrès géologique international a tenu sa XII° session l'été dernier au Canada. Pour la troi- | sième fois, il traversait l'Atlantique, et se réunis- sait dans le nouveau Continent. Le succès n’a pas été moins grand que celui des Congrès précé- dents; il s'explique par l'intérêt exceptionnel de la géologie du Canada, l'importance de ses ressources minérales et aussi l'attrait que présente aux habi- tants de l'Europe un pays neuf, dont le développe- ment, extraordinairement rapide, rappelle celui des Etats-Unis, et qui est lié d'ailleurs à la mise en valeur des richesses naturelles. Pour des Francais, ce Congrès avait un intérêt particulier, fait de souvenirs et de liens histo- riques, dont l'influence est encore si puissante, malgré un siècle et demi de séparation. Disons tout de suite, pour nous débarrasser de cette note fâcheuse, que nous avons été très péniblement surpris de voir la langue francaise disparaitre comme langue officielle au Congrès du Canada. La courtoisie que nous devions témoigner à un pays dont nous étions les hôtes, le souci de ne pas intervenir dans des conflits de langue qui tra- duisent les conflits de race, nous interdisaient un rappel à l'observation du règlement qui, de la part de Francais, était d’ailleurs particulièrement déli- cat. Il nous est cependant permis de regretter que ce soit précisément dans un pays dont une partie s’est appelée la Nouvelle France, où le français est parlé par plus de 2 millions d'habitants, où la langue française est une langue officielle au même titre que la langue anglaise, que pour la première fois, sans discussion, une autre langue ait été substi- tuée dans les actes officiels du Congrès à la langue francaise, alors que cette langue, depuis 1878, avait traversé d'un accord unanime les onze Con- grès précédents. Il ne m'a pas été possible de connaitre exacte- ment le nombre des membres du XII° Congrès et surtout de ceux qui ont pris part à la session. Le Mining Exchange, dans un numéro paru après le Congrès, parle de 902 membres inscrits, appar- tenant à 45 pays; 303 délégués représentaient les Gouvernements, Ministères, grandes Académies scientifiques, Services géologiques, Universités, Sociétés géologiques ou minières, etc. Naturellement, le Nouveau Monde fournissait un large contingent, mais les nations de l'Ancien Continent tenaient une place très honorable. Sur la liste publiée le 24 juillet, on relève 78 inscrits pour les Iles Britanniques, 81 pour l'Empire alle- mand, 4% pour la France; notre pays était donc très honorablement représenté. Une partie seule- ment des géologues inscrits, 600 environ, s'est rendue à Toronto. Parmi les Francais, nous cile- rons : M. Carez, ancien président de la Société géo- logique de France, et Mr° Carez; M. Defline, ingé- nieur au Corps des Mines, M. L.-E. Gentil, profes- seur. à la Sorbonne ; M. A. Lacroix, membre de l'Institut, professeur au Muséum, et M" Lacroix; M. le général de Lamothe; M. C. Lory, professeur à l'Université de Grenoble, M. E. de Margerie, ancien président de la Société géologique de France; M. de Peyrimof, secrétaire du Comité des Houil- lères de France; M. Termier, membre de l'Institut, directeur du Service de la Carte géologique de France, et Me M. Termier; M. Weiss, directeur des Mines au Ministère des Travaux publics, l’auteur de cet article, etc. Le Congrès était placé sous la présidence d'hon- neur de Son Altesse Royale le Due de Connaught, gouverneur général de la Puissance du Canada. La préparation de la Session avait été confiée à un Comité d'organisation, à la tête duquel était placé M. Frank D. Adams, doyen de la Faculté des Sciences appliquées de l'Université Me Gill à Mont- réal. Le Secrétaire général était M. R. W. Brock, directeur de la Commission géologique du Canada, avec M. W. Stanley Lecky comme secrétaire appointé. C'est à ce Comité, et en particulier aux personnes qui viennent d'être nommées, qu'a incombé la lourde tâche de provoquer, de centra- liser et de coordonner toutes les mesures propres à faire du Congrès une réunion intéressante et utile. Pour la session même, à Toronto, s'était constitué un Comité local à la tête duquel était M. À. P. Coleman, professeur de Géologie à l’Uni- versité de Toronto, avec M. W. A. Parks, profes- seur de Paléontologie à la mème Université, comme Secrétaire; dans cette même ville, un comité de dames avait pour présidente Miss Coleman. I. — La SESSION À ToRONTO. Le Congrès proprement dit s’est tenu à Toronto, du 7 au 44 août, dans les bâtiments de l'Université. Comme les Universités américaines, l'Université de Toronto est située dans un grand pare où elle pourra s'étendre à mesure que se manifesteront des besoins nouveaux. L'espace dont elle dispose est tellement vaste qu'elle a pu en distraire une assez importante partie et la céder au Gouver- 480 A. BIGOT — LA SESSION DU XII CONGRÈS GÉOLOGIQUE INTERNATIONAL AU CANADA nement de la Province pour y construire le Palais du Parlement d'Ontario. Les bâtiments de l'Uni- versité sont épars dans ce grand parc; plusieurs sont en construction ; l’ensemble fait songer à un Oxford qu'on aurait prématurément vieilli en lais- sant la vigne vierge envahir comme le lierre des bâtiments tout récents. Les services généraux du Congrès, secrétariat, salles de salle du Conseil... étaient placés dans le bâtiment de la Faculte des Lettres. Les séances générales, les conférences avaient lieu dans le Convocation Hall, vaste amphi- théâtre circulaire, précédé d'une colonnade. Les séances de sections occupaient des salles d’autres bâtiments. Cette distribution avait l'inconvénient de disperser l’activité du Congrès, mais il est excep- tionnel de pouvoir disposer d'un bâtiment comme le Riksdag, de Stockholm, pour contenir tous les services d'un Congrès de cette importance. La séance d'ouverture du 7 août a été présidée par l'Honorable Sir Charles Filzpatrick, Premier Juge de la Cour suprême du Canada, administra- teur de la Puissance pendant l'absence du Gouver- neur général. C'est lui qui, dans un discours d’une grande élévation d'idées et dans « le doux parler de France », accueillit les géologues réunis au Canada. La bienvenue leur fut ensuite souhaitée au nom de la province d'Ontario par le Ministre fédéral des Terres, Forêts et Mines, M. Hearst, au nom de la Ville de Toronto par le Maire, M. H. C. Hocken, au nom de l’Université par le Président de celte Université, M. Falconer, etc. Au bureau du Comité d'organisation, devenu le bureau de la XII° Session, le Congrès adjoignit des vice-présidents, pris suivant l'usage dans les di- verses nationalités. Les vice-présidents pour la France furent MM. Termier, Lacroix, Barrois, de Margerie, Weiss, Gentil et Bigot. Les travaux des Congrès géologiques interna- lionaux se partagent entre les Commissions dans lesquelles se discutent les questions mises à l'étude dans les Congrès précédents, les séances consacrées aux communications et les séances du Conseil, qui centralise le travail des Commissions, discute les propositions nouvelles et prépare les décisions qui doivent être soumises à l'assemblée générale. Les Commissions sont actuellement au nombre de neuf : Commission internationale des glaciers ; de la Carte géologique de l'Europe et du monde; de la Palaeontologia universalis, pour la figuration à nouveau des anciens types d'espèces fossiles; du prix Spendiarow, attribué cette année à M. Argand, de Lausanne, pour récompenser ses beaux travaux sur la géologie alpine; du degré géothermique, à laquelle on à laissé la liberté de décider s'il y avait lieu de s'adjoindre l'étude des phénomènes de ra- correspondance, dioactivité; Commission pour la publication d'un lexique de stratigraphie; pour l'évaluation des res- sources en minerai de fer; pour la création d'une Revue internationale de Géologie; enfin, Commis- sion pour l'étude de l'homme fossile. La Commission de la Carte géologique de l’'Eu- rope a annoncé l'achèvement de cette carte, dont les dernières feuilles ont en effet paru à la fin de 1943 ; elle est à l'échelle du 4/4.500.000 et comprend 48 feuilles: son exécution a été votée au Congrès de Bologne en 1881. La publication, conformément aux décisions d'une Commission internationale dans laquelle MM. Daubrée et Michel-Lévy repré- sentaient la France, a été confiée au Bureau du Service géologique de Prusse, d’abord sous la di- rection de MM. Beyrich et Hauchecorne, puis de M. Beischlag. Ce Service a utilisé les renseigne- ments et cartes qui lui ont été fournis par les Ser- vices géologiques des différents pays d'Europe, et en à assuré la coordination et la publication. Cette carte fait le plus grand honneur au Service géolo- gique de Prusse el à la maison Dietrich Reimer qui l'a éditée. Sans doute, en raison de la durée de la publication, certaines feuilles ne sont plus en har- monie avec l’état de nos connaissances, mais ce sont des questions de détail auxquelles il sera facile de remédier dans la deuxième édition dont la Com- mission à annoncé les premières feuilles pour le mois de mars 1914. Ceux qui ont vu cette carte assemblée ont pu apprécier combien elle traduit fidèlement, par un choix judicieux de couleurs, la physionomie des diverses régions géologiques de l'Europe. On concoit que le succès de cette carte ait donné l'idée de tenter une Carte géologique du Globe. Nos connaissances sur les divers continents sont aujourd'hui suffisamment avancées, bien qu'à des degrés divers, pour qu'il soit intéressant et utile de grouper tous ces documents dans une œuvre d'ensemble, comme l'avaient successivement tenté deux géologues francais, Ami Boué en 1845 et Jules Marcou en 1861 et 1873. La deuxième édition de la Carte géologique de l'Amérique du Nord à l'échelle du 5.000.000°, publiée par M. Bailey Willis en 1911, montre tout l'intérêt que présenterait une Carte géologique mondiale à cette échelle. Notre savant compatriote, M. Emm. de Margerie, a présenté au Congrès de Toronto un très intéres- sant rapport sur ce projel', qui ne peut être réalisé qu’en coopération et dont le Congrès de Stockholm avait confié l'examen à la Commission de la Carte géologique d'Europe. Le Rapport de M. de Margerie insiste sur les in- convénients de l'emploi de la projection de Mer- CR PR RE ‘ Eum. ve MauGente : La carte géologique du monde. La Géographie, t. XXVII, 1913, p. 375-389. F LE À ; nt à dn-ctii A. BIGOT — LA SESSION DU XII CONGRES GÉOLOGIQUE INTERNATIONAL AU CANADA 481 cator, plus grands encore pour une Carte géologique mondiale que pour une carte géographique. En effet, la déformation des surfaces entraîne cette conséquence qu'elle est en raison directe de notre ignorance, puisqu'elle atteint son maximum aux environs des pôles. Si l’on adopte l'échelle du 5.000.000, on peut considérer que le travail est exécuté en ce qui con- cerne l'Amérique du Nord et qu'il se ramène à un simple travail de réduction en ce qui concerne l'Eu- rope. M. de Margerie proposait donc de préparer simplement des cartes géologiques des quatre au- tres continents, Amérique du Nord, Australie, Afrique, Asie, avec centres de projection distincts, à l'échelle uniforme du 5.000.000°, sur le modèle de la carte de l'Amérique du Nord. Le Service géologique de Prusse à apporté au Congrès un autre projet. La Carte géologique mon- diale serait établie à l'échelle du 5.000.000°, mais en projection stéréographique; elle comprendrait 80 feuilles. Malgré les bonnes raisons et l'éloquence du plaidoyer de M. de Margerie, c'est le projet du Service géologique de Prusse qui a été retenu par le Congrès. L'un des graves inconvénients qu'il présente, en dehors des déformations sur les bords des deux stéréoglobes, est que le nombre des feuilles vides, tombant en plein Océan est la moitié du total. Le Comité exécutif avait mis à l’ordre du jour les questions suivantes : ressources houillères mon- diales ; différenciation dans les magmas ignés; in- fluence de la profondeur sur la nature des gise- ments métallifères; origine et importance des sé- diments précambriens; subdivision, corrélation et terminologie du Précambrien; dans quelle mesure l'époque glaciaire a-t-elle été interrompue par les périodes interglaciaires? caractéristiques physiques des mers paléozoïques et particularités de leur faune considérées au point de vue de la portée du retour des mers dans l'établissement des systèmes géologiques. Les séances consacrées à la discussion de ces questions ont été occupées par l'exposé de nom- breuses communications; il y a eu également des communications sur des sujels ne rentrant pas dans les questions proposées. Nous citerons particulièrement les communica- tions de M. de Margerie : Sur le projet de carte géologique du monde, donnée sous forme d’une lec- ture populaire le soir de l'ouverture du Congrès; M. Jos. P. Iddings : Quelques exemples de difléren- cialion magmatique et leurs rapports avec le pro- blème des provinces pétrographiques; M. Gustave Steinmann : Les mers paléozoïques de T Amérique du Sud: M. Ch. Schuchert : La délimitation des pé- riodes géologiques illustrée par la paléogéographie de ? A mérique du Nord; M.J.F. Kemp : L'influence de la profondeur sur le caractère des dépôts mé- tallifères; M. Pierre Pruvost : La faune continen- tale du terrain houiller du Nord de la France et son ulilisation stratigraphique; M. W. F. Hume : Paysages du désert Egyptien; M. L. E. Gentil Géologie du Maroc; MM. J. J. Sederholm, À. C. Lawson, Aubrey Strahan, Coleman : Sur l'origine et l'étendue des sédiments précambriens, leurs subdivisions, corrélation et terminologie, etc. Cette dernière discussion a eu pour résultat la création d’une entente pour la corrélation des for- mations précambriennes dans les aires communes à divers pays. La date du prochain Congrès a donné lieu à une discussion qui intéresse les Congrès internationaux d’une façon générale. M. le D' Bather, du British Museum, a fait remarquer combien il était fâcheux que le Congrès Géologique international et le Con- grès Zoologique aient eu lieu l’un et l'autre en 1913. Il eût été intéressant pour les paléontologistes de pouvoir assister aux deux réunions où se discutent des questions d'intérêt commun, par exemple des questions de nomenclature, d’éthologie, d'anato- mie comparée; il était nécessaire de faire un choix entre les deux Congrès, le temps et les ressources de chacun étant nécessairement limités. On a fait remarquer d'autre part que les sessions des Con- grès géologiques ont pris un très grand dévelop- pement à cause de l'importance des excursions ; si on veut les suivre utilement, il est nécessaire de distraire une grande partie du temps qui est con- sacré aux travaux sur le terrain et aux recherches de laboratoire. Il y aurait donc avantage à espacer davantage les sessions, ce qui permettrait d'éviter les coïncidences. Mais les Congrès qui peuvent in- téresser les diverses branches de la science géolo- gique et ses applications se sont tellement multi- pliés qu'il serait difficile d'éviter que l’un d'eux se tienne la même année que le Congrès géologique. Toutefois, pour éviter que le Congrès de Bruxelles ne coïncide avec la prochaine session du Congrès zoologique international qui se tiendra en 1916, on a décidé que le Congrès géologique ne se réunirait qu'en 1917, c'est-à-dire dans quatre ans. Le Congrès de 1917 décidera si c'est en 1920 ou en 1921 que se réunira la prochaine session, pour laquelle le Gou- vernement de la République Argentine a fait trans- mettre une invitation. II. — LES RESSOURCES MONDIALES EN HOUILLE, FER, ETC. L'étude géologique des giles minéraux constilue depuis quelques années une des manifeslations les plus importantes de l’activité des Congrès géo- «482 A. BIGOT — LA SESSION DU XII CONGRÈS GÉOLOGIQUE INTERNATIONAL AU CANADA logiques. On ne saurait leur reprocher d'aban: donner le domaine de la science pure pour s'inté- resser à la mise en valeur des richesses naturelles du sol, d'autant moins que les questions étudiées ne peuvent l'être que par la géologie. En 1910, cette orientation s'était manifestée à Stockholm par une vaste enquête sur les ressources mondiales en minerai de fer!. Le Congrès du Canada à fait porter son enquête sur les ressources en charbon : les résultats ont été publiés sous le titre « The Coal resources of the World*. » Cette vaste enquête a porté sur soixante-quatre pays; les rapports, confiés aux spécialistes les plus autorisés et les mieux informés, ont été résumés dans une introduction due à M. Drowling. Le rapport sur la France a été rédigé par M. De- fline, ingénieur au corps des Mines. La réserve totale de la France s'élèverait à 17.584 millions de tonnes, mais dans cette évaluation sont comprises les réserves prévues entre 1.200 et 1.800 mètres, dont l'existence est un peu problématique; les richesses c’est-à-dire celles dont le cubage à pu être fait, et les richesses possibles, c'est-à-dire reconnues par de nombreux sondages, dépasseraient 8.807 millions de tounes. Les réserves mondiales atteindraient 7.397.533 millions de tonnes, sur lesquelles 500.000 millions de tonnes d’anthracite et 4.000.000 millions de char- bons à gaz. Comme l'extraction totale du globe en 1910 à été de 1.145 millions de tonnes, il n’y aurait pas lieu de s'inquiéter d'ici plusieurs centaines d'années de la disparition du combustible minéral. Mais ici encore les bases de l'estimation sont de valeur très inégale ; cependant, si les réserves pos- sibles sont certainement très grossies, l'estimation de 716.154 millions de tonnes pour les réserves certaines n’est pas exagérée. On peut donc compter qu'il reste encore plusieurs siècles avant que les gisements houillers soient épuisés. D'ici là nos descendants auront avisé. L'inconvénient de ces enquêtes vient de l’incer- titude de certaines données, surtout dans les ré- gions neuves. Il faut ne voir là qu'un premier sondage dont on aperçoit vite les imperfections. Cela est arrivé pour l'enquête du Congrès de Stock- holm sur les minerais de fer, dont il faut préciser certaines, l'exactitude en tenant compte surtout des facteurs économiques. M. Krusch, du Service géologique de Prusse, à donc proposé de reprendre celte étude en groupant les gîtes de minerai de fer en trois classes : giles exploités, gîles facilement exploilables, gites dont l'exploitation dépend de 1 Cf. Revue Gén. d. Sc., t. XXII, 4911, p. 363. 3 3 vol. in-4 de CIV-1266 p. el Atlas de 68 pl. de cartes. Toronto, Morang et C9; 1913, plusieurs conditions à réaliser. Cette enquête a élé confiée pour chaque pays à un représentant de la Géologie et à un représentant de la Sidérurgie; les représentants de la France sont MM. de Launay et Nicou. M. L. Gentil leur a été adjoint pour le Maroc. Le Congrès à décidé de poursuivre ses enquêtes sur les ressources mondiales en substances miné- rales utiles. Il a laissé au Comité d'organisation du Congrès de Belgique le soin de choisir entre les diverses propositions formulées à Toronto : res- sources en, cuivre, proposition de M. Renier, à cause du développement de l’industrie électrique, et de l'importance des gisements de cuivre du Congo belge ; —ressources en pétroles, proposition de M. Termier, qui a d’ailleurs fait remarquer que, si l'évaluation du pétrole est difficile, on peut tout au moins entreprendre une monographie des ré- gions pétrolifères; — proposition enfin de M. Sa- moilov pour une estimation des ressources en phosphate de chaux. III. — LA GÉOLOGIE bu CANADA. Les grandes lignes de la géologie du Canada sont très simples. La baie d'Hudson est encadrée par des forma- tions archéennes, granites, gneiss, terrains méla- morphiques, fortement plissés lors de l'édification de la Chaine Huronienne, et sur lesquelles les for- mations les plus récentes, à partir du Cambrien, sont demeurées horizontales. Cette vaste région constitue le Bouclier Canadien, la Laurentia de Suess, « immense domaine de la surface terrestre, demeuré figé depuis les temps Cambriens® ». Les géologues du Canada, le vénérable Logan, Sterry Hunt, C. A. Dawson, et de nos jours MM. C. A. Lawson et P. A. Coleman, ont poussé très loin l'étude de ces formations archéennes. Ils ont montré que le Laurentien est une formation grani- tique, malgré son apparence gneissique et sa res- semblance avec une formation sédimentaire méta- morphique; ils ont établi dans l'énorme complexe archéen et précambrien des divisions stratigra- phiques séparées par des discordances qui corres- pondent à d'importants phénomènes géologiques. Malgré leur ancienneté,quelques-uns de ces termes se montrent peu modifiés; ils ont fourni les plus anciens fossiles connus, dans des calcaires situés dans la base de l'Huronien. Ces Alikokania sont D RS + SE RES 1 Pierre TerMiER : L'excursion A1 du XIIe Congrès géolo- gique international : la région appalachienne du Canada. C. R. Ac. Se. Paris, t. CLVII, p. 621, séance du 20 oct. 1913. — In. : Le Congrès géologique international du Canada. Conférence faite le 23 novembre 1913 devant le groupe parisien de la Société de l'Industrie minérale (ul. de celte Société). A. BIGOT — LA SESSION DU XII CONGRÈS GÉOLOGIQUE INTERNATIONAL AU CANADA 483 : des organismes à squelelte calcaire, rappelant les Archaeocyathus, et qui paraissent intermédiaires entre les Cœlentérés et les Spongiaires. Contre le bord S.-E. de la Laurentia s'applique” une région de terrains paléozoïques, s'étendant dans la partie S.-E. de la Province de Québec, dans les Provinces Maritimes et jusqu'à Terre- Neuve: elle continue au N.-E. la Région appala- chienne des Etats-Unis. Les terrains inférieurs, du Cambrien au Dévonien moyen, y sont fortement plissés; les grès rouges du Dévonien supérieur, le Houiller et le Permien n'ont été affectés que par des mouvements peu importants et sont souvent horizontaux. La chaine appala- chienne du Ca- nada à été édi- liée avant le Dé- vonien supé- rieur; c'est une chaine calédo- nienne,contem- poraine de la chaîne des Hig- hlands d'Ecosse en Europe, De l’autre côté du Canada, con- tre le Pacifique, courent grandes chaines de l'Ouest, ou Cordillère Paci- fique, sur une largeur de 600 à 100 kilomètres. La Cordillère est formée par une énorme accu- mulation de roches sédimentaires, allant du Précambrien à l’Eocène, accompagnées de roches granitiques, d'âge jurassique et crétacé, et de cou- lées volcaniques d'âge tertiaire. L'épaisseur des sédiments et des coulées accumulées dans le géo- synelinal qui a formé cette chaine est estimée à plus de 40.000 mètres par M. R. A. Daly. La chaine est formée de plusieurs zones parallèles, qui ont une personnalité géologique el géographique indis- cutables. L'épisode principal de la formation de la chaine se place probablement à la fin du Crétacé et au commencement du Tertiaire, mais l’étude est trop peu avancée pour qu'on puisse tenter une his- toire définitive. Le Cambrien des Rocheuses (fig. 1), demeuré à peu près horizontal, paraît être en place; l'existence des nappes est très problématique; il y a eu certainement des déplacements horizontaux, avec formation d’écailles dans les Rocheuses, des phénomènes de laminage dans la Columbia Range, les Fig. 4. — Vallée du Lac Agnès, Mont Leufroy et Glaciers Leufroy et Victoria, près de Laggan (Colombie Britannique). — Région des quartzites cambriens horizontaux. et s’il y a eu des grands charriages c’est vraisem- blablement dans cette dernière zone qu'on les ren- contrera. Le Cambrien des Montagnes Rocheuses a une épaisseur directement mesurée de 5.000 mètres de sédiments. Dans cette puissante série se trouvent les Schistes du Mount Stephen (fig. 2), qui appartiennent au Cambrien moyen.A Burgess Pass, près de Field, ces schistes renferment une faune remarquable par la conservation extraordinaire des animaux, qui rap- pelle celle des calcaires de Solenhofen, mais plus extraordinaire encore peut-être par la variété des groupes repré- senlés el sur- tout par la sur- prenante évolu- tion qu'ils nous révèlent. Depuis plusieurs an- nées, le distin- gué Directeur de l’Institution Smithsonnien- M. Charles Walcott, Bur- ne, D campe à gess Pass pen- dant quelques mois et exploite ce gisement uni- que. La publi- cation prélimi- aaire des résul- tats de ces fouilles* nous à ainsi fait connaître des Mérostomes, des Trilobites, des Crustacés avec leurs appendices, des Holothuries et des Méduses, des Annélides avec leurs parapodes, soies, trompe, tube digestif, etc., appartenant à plu- sieurs groupes de Polychètes, des Crustacés d'une conservation non moins parfaite. Parmi ces diver- ses formes, plusieurs appartiennent à des groupes qui sont considérés avec raison comme des lypes déjà très différenciés ou spécialisés. Ces découvertes confirment les notions que nous apportait déjà la connaissance de la faune cambrienne sur la grande antiquité de certains types et sur la date de plus en plus lointaine de l'apparition de la vie sur le Globe. Entre le bord E. du plateau Laurentien et le C1. L. Gentil. 1 Prenke TERMIER : L'excursion C, du XII: Congrès géolo- gique international : Les terrains précambriens de la region des lacs; les problèmes tectoniques des grandes chaines de l'Ouest: CR. Ac. Sc. Paris, t. CLNII, séance du 3 nov. 1913. ? Smithsonian Miscellaneous 2009, 2041, 2014, 2150. P. 741; Collections, publications AS A. BIGOT — LA SESSION DU XII CONGRÈS GÉOLOGIQUE INTERNATIONAL AU CANADA pied de la Cordillère Canadienne s'étendent les | Plateau Laurentien, dont le Saint-Laurent est grandes plaines de l'Ouest, formées de sédiments horizontaux, appartenant surtout aux formations mésozoiques, qui se superposent à l'E. aux terrains paléozoïques horizontaux. Le Crétacé est très développé ; une partie est à l'état de grès avec couches de houille, et de schistes bitumineux; ce Crétacé est le gisement du gaz naturel de l'Alberta. La physionomie du Canada est surtout l'œuvre CI. L. Gentil. Fig. 2, — Mount Stephen, près de Field, Colombie Rritan- nique, formé de couches cambrienues à disposition tabu- laire. — Le niveau à Ogygiopsis est au niveau des épau- lements, au-dessous de la première couche plus foncée. des phénomènes glaciaires. Le retrait de l'immense calotte de glace qui, à l'époque pléistocène, couvrait le Nord du continent américain a laissé sur la sur- face du Plateau Laurentien d'innombrables cuvettes de toutes dimensions que les eaux ont remplies et transformées en lacs. Les grands lacs actuels ne sont que les restes de lacs beaucoup plus étendus, formés en arrière du barrage que constituait le glacier en relrail; leur niveau, plus élevé que de nos jours, s'est peu à peu abaissé, laissant étagées les anciennes plages correspondant à ces niveaux successifs. L'histoire de ces anciens lacs a été écrile par Gilbert pour le lac Bonneville ux Etats- Unis, par Warren-Upham pour le lac Agassiz qui couvrait une partie du Manitoba et de la Saskat- chewan, et dontles lacs Winnipeg et Winnipegosis ne sont que des restes; l'histoire des grands lacs du aujourd'hui l’émissaire, a été résumée par M. Tay- lor ; c’est un des chapitres les plus intéressants de la géologie du Canada *. Les caractères des grandes plaines de l'Ouest sont également liés aux phénomènes glaciaires. Ces plaines sont en réalité un plateau formé de plusieurs gradins ; elles sont surtout caractérisées par l'absence d'arbres, qui constraste avec la couver- ture de forêts de la surface moutonnée du Plateau Laurentien et des reliefs fortement accentués de la Cordillère. Sur ces grandes plaines, le glacier du nord a étalé ses moraines, transformées dans la zone superficielle par la décomposition des végétaux herbacés en une terre noire qui donne à ces plaines leur fertilité. IV. — LEs RESSOURCES MINIÈRES DU CANADA. Le Canada n’est pas moins intéressant au point de vue minier. Dans ce pays qui est aussi vaste que l'Europe, et dont la population n'était que d'un peu plus de 7.200.000 habitants en 1911, les deux tiers du territoire sont pratiquement inexplorés au point de vue de leurs richesses minérales, à cause du climat. et de l'absence de moyens de communication. Cepen- dant, la production minière atteignait en 49192 la valeur de 675.241.480 francs, dont 305.861.165 pour les mines métalliques et les houillères”. Elle dépassait de plus de 200 millions la production de 1908 (435 millions), qui correspondait à une pro- duction de 62 fr. 85 par tête. Nous donnerons seulement quelques renseigne- ments sur les gîtes les plus intéressants et particu- lièrement sur ceux que les congressistes ont eu l’occasion de visiter. Personne n’a oublié la fièvre causée par les découvertes de l'or du Klondike et du Yukon. En 1912, l'or du Yukon entre pour plus de 27 millions dans la production du Canada. Les placers, dont les conditions climatériques rendent l'exploitation si difficile, ne sont pas localisés.dans le Yukon. Plusieurs des rivières qui descendent de la Cordil- lère Pacifique ont également entrainé dans leurs alluvions les fragments des filons de quartz auri- fères de cette chaine. Enfin, on exploite, dans l'Ontario, les quartz aurifères du district de Porcu- pine qui traversent le Précambrien ; on en a retiré la valeur de 8 millions et demi en 1912. Le Distriet de Cobalt est voisin de celui de Por- 1 Frank B.TayLon: The Glacial and Postglacial Lakes of the Great Lakes Region. Smithsonian Report for 1M2, pp. 291-327, 10 fig., cartes, Washington, 1913. : Economie Minerals and Mining Industries of Canada. Department of Mines, Canada, Publication n° 230, 71 p., 4 carte, Ottawa, 1913. A. BIGOT — LA SESSION DU XII CONGRÈS GÉOLOGIQUE INTERNATIONAL AU CANADA 485 cupine. Il tire son nom de la présence du cobalt dans les veines qui remplissent les fentes des roches précambriennesouarchéennes, où ilest accompagné par des minerais de nickel et de plomb et d'argent; ce dernier métal est parfois à l’élat natif, en masses rochées, comme à Konsberg (Norvège). Les veines métallifères semblent en relation avec les coulées de diabase intercalées dans le Précambrien; elles ne descendent pas à une grande profondeur; la plus grande partie de l'argent se lrouve à moins de 60 mètres au-dessous des coulées. L'exploitation et le traitement sur place sont surtout conduits en vue de la séparation de l'argent. Le traitement scories, dans lesquelles le co- baltest mélangé à “du nickel, permet de reti- rer une quantité de cobalt qui à fait tomber le prix de ce métal de 12 fr. 50 en 1907 à moins de 5 francs en 1912. Dans le voi- sinage des deux des plus basiques à la partie inférieure (norite), avec séparation des divers sulfures qui constituent le gite. Ces minerais donnent lieu à une exploitation très importante, concentrée surtout entre les mains de la Canadian Copper Company, qui exploite une dizaine de mines, et qui a produit plus de la moitié du nickel utilisé dans le monde pendant ces der- nières années ; elle possède à Sudbury des usines pour la préparation des mattes qui contiennent 25 9), de cuivre, 55 °/, de nickel, et qui sont raffinées définitivement aux Etats-Unis. La production de Sudburyen1912 a été de 203.000 tonnes de nickel, valant 67.262.315 fr. et 106.843 ton- nes de cuivre, valant 18.164.430 fr. L'exploitation peu et du fer est développée, l'industrie tallurgique im- des mi- mé- porte nerais de Terre- Neuve el du Lac précédents, est Supérieur ; ce- le district de né pendant, on tee de DORDEUTE SUCESE PTE LRU ERRE Len Ja vallée Le a de Fe me pson River quand cette vallée ctait barrée à l'aval par un glacier ain nompre ae production de occupant une vallée latérale. = Les flancs de la vallée sont formés par les gisements, si- D du monde couches permiennes et carbonifères du Plateau Intérieur (Belt. Près de LS comme entier; Sudbury est également un centre important de production de cuivre. Le gite est extrêémement intéressant au point de xue mélallogénique. Il a été étudié avec beaucoup de soin par M. A.-P. Coleman et M. A.-E. Barlow. Le minerai est un mélange de pyrrhotite, chalco- pyrite et pentlandite, en relation avec une norite, à laquelle il est étroitement lié; il s'y présente à la base de l'immense ellipse, de 58 kilomètres sur 29, que forme l'affleurement de cette norite, ou dans des dykes qui constituent des sortes de colonnes, pénétrant dans des terrains adjacents. La norite passe graduellement à sa partie supérieure à une roche acide, à structure pegmatitique. Cette masse cristalline est intercalée entre l'Archéen qu'elle recouvre, et des schistes et conglomérats rapportés au Précambrien qui la surmontent et qu'elle à modifiés. Elle se présente done comme un lacco- lithe, dans lequel une séparation magmatique aurait précipité les parties les plus lourdes et les Ducks Station, Colombie Britannique. ceux du Lac Su- périeur dans le Précambrien et l'Archéen ; l'un d'eux est exploité dans l'Ontario à Atikokan. Parmi les substances non métalliques, le Canada tient une situation prépondérante dans le monde par ses gisements d'asbeste de la province de Qué- bec. Ces gisements sont situés dans un massif de serpentine, long de plus de 50 kilomètres, avec une largeur de 30 à 1.800 mètres. L'asbeste forme un réseau de veines, traversant des serpentines résul- tant de l’altération des péridotites. En 1912, la valeur de l’asbeste extraite atteint 15 millions. Le Canada possède d'immenses ressources en charbon. L'enquête sur les ressources mondiales dont il a été question plus haut attribue à la Puis- sance 1.234.269 millions de Lonnes, sur lesquelles on a extrait en 1912 14.498.302 tonnes, quantité cependant insuffisante pour les besoins du ( anada, qui a dû importer dans la même année un complé- ment de plus de 12 millions de tonnes, venant des Etats-Unis et destinés aux provinces de Québec et 186 A. BIGOT — LA SESSION DU XIE CONGR ÈS GÉOLOGIQUE INTERNATIONAL AU CANADA d'Onlario, trop éloignées des bassins houillers canadiens. La distribution de ces bassins houillers est très intéressante pour l'avenir du Canada. Deux des bassins les plus productifs sont situés au voisinage de la mer : l’un, sur le côté de l'Atlantique, dans la région appalachienne, est d'âge carboniférien ; l'autre est situé sur la côte du Pacifique, il est d'âge crétacé. Crétacés également sont les charbons des grandes plaines de l'Ouest, où ils suppléent surtout actuellement à l'absence de forêts pour fournir le combustible, mais qui constituent des réserves d'avenir pour le moment où les voies de communi_ cation auront suffisamment pénétré le pays. Déjà, d'ail- leurs, dans ces régions agrico- les,commencent à se développer rapidement des villes indus- trielles, à proxi- milé des puits qui vont capter le gaz naturel dans les couches trétacées. Le plus important de ces centres est Medicine Hat, dans l’AI- berta, près de la limite de la Sas- katchewan. Le gaz est du méthane; il se rencontre dans la partie inférieure de l'étage crétacé, au niveau des grès du Dakota ou de la série de Belly River, à des profondeurs variant entre 122 et — Confluent de Fig. 4. 30% mètres. Trois de ces puits peuvent fournir 140.000 mètres cubes par vingt-quatre heures sous une pression de 10 atmosphères. La production est telle que ce gaz est conduit à Calgary à plus de 250 kilomètres, où il est livré au prix de 6 cen- times le mètre cube. On conçoit que, dans ces con- ditions, des industries utilisant ce naturel comme source de chaleur puissent s'établir loin des puits qui leur fournissent ce gaz. gaz V. — LEs EXCURSIONS. Les notes précédentes sur la géologie et les ressources minières du Canada permettent de com- prendre combien les excursions du Congrès pro- meéllaient d'être intéressantes. Les excursions ont pris dans les Congrès géolo- giques une place de plus en plus importante. Elles fournissent, en effet, l'occasion d'étudier, dans des conditions exceptionnelles, et sous les directions scientifiques les plus qualifiées, toutes les grandes questions de la géologie du pays où se réunit le Congrès. Celles de 1913 n'ont pas élé moins inté- ressantes que celles des sessions précédentes. Suivant l'usage, les excursions de longue durée ont eu lieu avant et après la session; celles d'une journée ou d’une demi-journée ont eu lieu pendant la session même. La plus longue des excursions avant le Congrès, l’exeursion A1, a duré dix-neuf jours; elle avait pour objet l'é- tude de la géo- logie de l'Est du Canada autour de Québec et dans les provin- ces maritimes, c'est-à-dire de la région appa- lachienne du Ca- nada, des ter- rains qui la com- posent, de sa structure et de ses relations avec la Laur'en- ia archéenne ou Bouclier Cana- diën. CI. L. Gentil RE do É ai : : Apres 1e L = la Spray River avec la Rivière de l'Arc, près de he ’ Banlf (Alberta). — Chaïnons extérieurs des Rocheuses. sres, deux excursions de vingt trois jours ont traversé le Canada, de Toronto à l'île de Vancouver, sur le Pacifique. L’excursion C2, intéressant plutôt la géologie appliquée el les ingénieurs, avait réuni quatre-vingts parlicipants, qui ont visité dans l'Alberta les puits de gaz natu- rels de Medicine Hat, les houillères du Crétacé infé- rieur de la Colombie Britannique et de l'Alberta, les dépôts cuprifères et aurifères de la Colombie Bri- tannique, les régions argentifères de Cobalt et auri- fère de Porcupine dans l'Ontario. L'exeursion C1, qu'ont suivie cent vingt congres- sisles, était plus spécialement géologique. Elle comportait, d'abord, l'examen des formations ar- chéennes et précambriennes entre Toronto et le Lac Supérieur’, puis, après la traversée des grandes plaines crétacées el tertiaires de l'Ouest, l'étude des terrains et de la structure de la Cordillère Paei- tique; elle se terminait par une visite des gisements 1 Voir sur l'histoire du Bouclier Canadien : Loris BRUNET, G. k. du Congrès de Sheffield. Aer. gén. des Sc., t. XXI, 1910, p. 949-950. A. BIGOT — LA SESSION DU XII CONGRÈS GÉOLOGIQUE INTERNATIONAL AU CANADA 487 de cuivre et de nickel de Sudbury dans l'Etat d'Ontario. Arrivés à Vancouver, une partie des membres de ces deux excursions ont pu remon- ter jusqu'à Dawson City, pour visiter les placers aurifères du Klondike, examiner les phénomènes glaciaires, et particulièrement le grand glacier de Malaspina; d'autres ont étudié la région de la rivière Skeena, les fjords et les paysages caracté- ristiques de la côte de la Colombie Britannique. De la sorte, ceux qui ont eu la bonne forlune de suivre les longues excursions qui ont commencé le 44 juil- let à Québec, pour se terminer le 22 septembre à Vancouver, ont pu se faire une idée personnelle complète de la géologie du Canada. En dehors de ces excursions, d’autres étaient consacrées à des questions plus spéciales ou à des régions plus limitées. C'est ainsi qu'on a étudié les phénomènes et les formations glaciaires de la région de Toronto; les dépôts siluriens de la même région, les formations archéennes du Plateau lau- rentien près de Québec, les anciennes plages des lacs glaciaires, la formation de la gorge du Niagara, à l'occasion de laquelle le Geological Survey des Etats-Unis avait distribué le magnifique folio con- sacré à ce carré de la Carte géologique des Etats- Unis”. Dans le domaine de la géologie appliquée, en dehors des visites faites pendant les grandes excursions aux divers districts miniers, des excur- sions spéciales avaient été organisées dans les gisements minéraux divers dont le Canada est si riche, par exemple aux gisements d'amiante de la province de Québec, aux gisements de mica, apa- tite et graphite du district d'Ottawa ou de Kingston dans l'Ontario, etc. Chacune de ces excursions était décrite dans une notice, comprenant, d'abord, une petite mono- graphie de la région, puis un guide itinéraire pour les points visités. Ces notices sont au nombre de vingt-six et forment dix livrets-guides en treize fas- cicules de 1.904 pages, avec de nombreuses illus- trations et cartes*. Le plus important de ces livrets- guides est celui qui a été consacré à l’excursion transcontinentale Cf ; il n'a pas moins de 386 pages. Il renferme les résultats en partie inédits de l'étude que les géologues canadiens et certains de leurs confrères des Etats-Unis, tels que MM. Lawson et R. Daly, out entreprise pendant deux années dans la région que l’excursion devait parcourir. L'en- semble de ces livrets-guides constitue un véritable résumé, exceplionnellement détaillé sur certains 1 M. E. M. Kioze and Frank B. TayLor : Geologic Atlas of the United States, Niagara Folio (n° 190) In-folio, 25 pages, 6 figures, 6 planches. Cartes et photographies. Washington, 1913. ; ? Réunis dans deux étuis, sous le titre : Guide books of | excursions in Canada, issued by the Geological Survey, Ottawa, Canada, 1913, points, de la Géologie du Canada. On peut regretter, cependant, que les coupes n'y soient pas plus nom- breuses; le livret de l’excursion C1, qui traverse, cependant, des régions de structure particuliè- rement compliquée dans la région de la Gordillère Pacifique, est une heureuse exception ; les coupes des Selkirk et des Rocheuses, qui accompagnent la description de M. R. Daly, n'ont pas peu contribué à l'intelligence de ces chaines et à l'intérêt que nous avons pris à leur étude. On peut regretter aussi que la collection de ces monographies n'ait pas été précédée par une petile notice générale sur la Géo- logie du Canada, comme cela avait été fait en Suède; mais cette lacune était comblée dans une certaine mesure par l'Æsquisse géologique et Res- sources minérales du Canada, de C.-A. Young, qui avait déjà été distribuée au Congrès de Stockholm, et qui était mise largement à la disposition des congressistes de Toronto. Cette esquisse” est accompagnée de deux cartes au 1/636.000°, l’une géologique, l’autre donnant les gisements de miné- raux utiles; cette dernière est traversée par une ligne au Nord de laquelle le pays doit être considéré comme pratiquement inexploré, et cetle surface comprend les deux tiers du Canada. Le Livret-guide de quelques excursions était commenté par une exposition de roches, fossiles, et minéraux de la région parcourue; cette exposi- tion était installée dans le Musée d’Ontario; elle constituait une récapitulation sommaire de la Géo- logie de l'Etat d'Ontario. L'une de ces séries a parli- culièrement intéressé les congressistes ; M. Coleman avait réuni dans une vitrine une série d’échantil- lons se rapportant aux différentes périodes gla- ciaires; on pouvait voir côte à côte et comparer les galets striés des fillites archéennes (Huronien inférieur) de Cobalt, dans l'Ontario, des éillites du Cambrien inférieur du Cap, du Permo-Carbonifère de Tasmanie, du conglomérat permien de Dwyka. au Transvaal, qui ont été décrits par M. Molengraff. Les pages qui précèdent ne peuvent donner qu'une idée très sommaire du grand intérêt qu'ont présenté le Congrès de Toronto et la série d'excur- sions dont il a été l'occasion. Sans doute, beaucoup de questions qui nous ont été présentées au cours de ces excursions sont loin d'être résolues, mais ce sont déjà de très grands résullals que ceux qui nous ont été montrés, soit dans les descriptions régionales minutieuses, soit dans les essais de syn- thèse comme ceux de la structure des chaînes de l'Ouest. Ces résultats sont d'autant plus remar- quables que les géologues canadiens sont relati- 1 G.-A. Youxc : Esquisse géologique et Richesses miné- rales du Canada. Préface par R.- W. Brock, traduction Eire Ducteux. Publication du Ministère des Mines. 1 vol. in-s9, 165 pages, LAXN\IL planches, 2 cartes, Ottawa, 1910. 188 A. BIGOT — LA SESSION DU XIE CONGRÈS GÉOLOGIQUE INTERNATIONAL AU CANADA vement peu nombreux, que leurs recherches doi- vent porter surun territoire grand comme l'Europe, et qu'un grand nombre de régions ne sont devenues accessibles que depuis un petit nombre d'années. Il pouvait paraitre téméraire d'espérer soutenir l'attention des géologues des vieux pays, où l'ana- lyse du sol a été poussée très loin. Nos confrères canadiens y ont parfaitement réussi. Ils y ont élé d'ailleurs aidés par tous ceux qui s'intéressent au développement de ce pays. Dans toutes les villes où les excursions du Congrès devaient passer, des comités locaux avaient préparé la réception des congressistes, particulièrement pour mettre à leur disposition les moyens de locomotion, voitures ou canots automobiles, nécessaires soil pour la visite rapide des villes, soit pour les excursions scienti- fiques. Le Congrès, comme en Suède, avait ainsi pris le caractère d'une grande manifestation nalio- nale, dans laquelle on sentait le désir de faire apprécier tout ce que les immenses régions du Canada renferment de promesses d'avenir et de sources de richesses. Il est impossible d'énumérer tous les concours qui se sont manifestés pour faciliter la tâche des organisateurs. Cependant, il faut mentionner les compagnies de transport, sans le concours des- quelles les excursions lointaines n'eussent pas été possibles, et parmi elles la puissante Compagnie du Canadian Pacific Railway (C. P. R.), qui joue un rôle si important dans le développement du Canada. C'est surtout grâce au G. P. R. que les grandes excursions transcontinenlales après le Congrès ont pu avoir lieu; les participants de l’excursion C1 se rappellent avec reconnaissance le confortable du train spécial, véritable pelit village roulant, qui les a transportés, logés et nourris pendant vingt jours sur un parcours de 8.000 kilomètres. - Grèce à tous ces concours, grâce au beau temps dont nous avons presque constamment joui, non seulement le but principal des excursions à été atteint, mais les excursionnistes ont pu surprendre, de Québec au Yukon, la variété des éléments de prospérité du Canada, dans les domaines maritime, minier, industriel, agricole, les manifestations intel- lectuelles que traduisent les Services scientifiques tels que le Service Géologique, les Universités, Musées, Sociétés Savantes. Ils ont pu suivre les étapes des cités naissantes et grandissantes, qui préparent le Canada à devenir rapidement une grande puissance économique. A. Bigot, Doyen de la Faculté des Sciences de l'Université de Caen. BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 489 BIBLIOGRAPHIE ANALYSES ET INDEX 4° Sciences mathématiques Comptes rendus des séances de la XVII Confe- rence générale de l'Association géodésique inter- nationale, réunie à Hambourg, du 17 au 27 sep- tembre 1912, rédigés par le secrétaire perpétuel H. G. van de Sande Bakhuyzen. 1e" volume : Procès-verbaux et Rapports des déléques sur les travaux géodésiques accomplis dans leurs pays. — In-4° de 410 pages, avec 51 cartes, planches ou photographies. lteimer, éditeur, Berlin. 1913. La Revue a rendu compte, en temps voulu, de la XVII Conférence générale de l'Association géodésique internationale, réunie à Hambourg, en septembre 1912, qui à été particulièrement brillante, car l'Association fètait avec éclat par la même occasion son cinquante- naire. A la suite de chaque réunion triennale, plu- sieurs volumes, consacrés aux comptes rendus de celle-ci, s'ajoutent à l'importante série de publications éditées par l'Association depuis 1862, série qui présente le tableau le plus complet des opérations exécutées et des progrès réalisés par la Géodésie dans le dernier demi-siècle. Ces volumes sont en général au nombre de deux. Le premier renferme les procès-verbaux des séances de la Conférence et les rapports dits nationaux des divers délégués sur les travaux géodésiques accomplis dans leurs pays au cours des trois années précédentes. Le second contient les rapports dits spé- ciaux, c'est-à-dire les rapports d'ensemble sur cer- taines questions ; pour chacune d'elles un rapporteur permanent, de compétence particulière, est choisi parmi les délégués de l'Association. Le premier volume relatif à la Conférence de Ham- bourg vient de paraître. Dans les procès-verbaux, rédigés comme d'habitude en français et en allemand, on trouve le détail complet des travaux, discussions et vœux de la Conférence, dont la Æevue à donné, dès 1912, un apercu général. Il est donc inutile de s'appe- santir sur cette partie du volume dont l'importance ne fait déjà aucun doute. Nous préférons mettre en lumière les points les plus saillants à signaler dans les rapports nationaux. Lé lecteur aura ainsi une idée de la multiplicité et de l'intérêt des opérations géodé- in exécutées sur toute la surface du globe, de 1909 1912. Il faut noter d'abord que la collection des rapports nationaux s'ouvre par un rapport en quelque sorte hors série, celui de M. Helmert, directeur à la fois de l'Institut géodésique prussien et du Bureau central de l’Association, sur les travaux de ce Bureau depuis sa fondation. On sait que, par une intelligente et géné- reuse conception du Gouvernement prussien, les ressources et moyens scientifiques de l'Institut géodé- sique prussien ont toujours été mis à la disposition du Bureau central, qui fonctionne à Potsdam mème, dans les bâtiments de l'Institut. Le rapport de M. Helmert, appuyé sur une longue bibliographie des publications de l’Institut et du Bureau central, est un résumé sai- sissant de leur histoire; en le lisant, les géodésiens iourront dresser une liste imposante des litres que élablissement de Potsdam possède à leur reconnais- sance, et parmi lesquels il suffit de citer : l’organisa- tion du Service international des latitudes pour l'étude du déplacement des pôles terrestres, les détermina- tions de l'intensité de la pesanteur à la surface des mers, les laborieux calculs destinés à fournir sur toute l'étendue de l'Europe les déviations de la verticale vapportées à un même ellipsoïde, et la synthèse géné- rale des observations pendulaires dans le système dit de Potsdam, sans compter tant d’autres travaux dont l'énumération seule serait trop longue ici. Allemagne. — A signaler dans le rapport de la Trigonometrische Abteilung prussienne un jugement présenté comme définitif sur les fils employés pour la mesure des bases, ainsi que l'extension prise par les triangulations dans l'Ouest Africain Allemand. Argentine. — La République Argentine figure pour la première fois dans les publications de l'Association. Une carte au 1/1.000.000 est la seule carte générale qui existe actuellement de ce vaste pays. L'Znstidut géogra- phique mulitaire. qui fonctionne depuis 1884, a élaboré un plan méthodique de travaux géodésiques futurs, concu de manière à satisfaire les exigences les plus élevées de la Géodésie (9 chaines méridiennes el 14 chaînes parallèles, de longueur variant entre 100 et 3.500 kilomètres) ; ce plan a recu un commencement d'exécution. Chili. — Le Chili peut présenter déjà un important ensemble de travaux. Il possède deux organismes exécutant des triangulations : la Section de Géodésie de l'Oficina de mensura de tierras au nord et au sud du pays, la Section trigonométrique de lElat-major de l'Armée au centre. La mesure d’un arc de méridien traversant tout le Chili, de Tacna au nord jusqu’à Puerto Montt au Sud, sur 23°,5 d'amplitude, a fait l'objet de sérieuses études préliminaires. Il est à peine besoin d'insister sur l'intérêt d’une pareille opération, intérêt encore accru si le Pérou pouvait un jour unir l'arc chilien à l'arc français de l'Equa- teur. Etats-Unis. — Le rapport de M. Tittmann donne une idée du vaste champ d'activité du Coast and Geodetic Survey. Dans la période de 3 ans qui nous occupe, l'are Texas-Californie (1.942 kilomètres), qui unit l'arc du 98° méridien (ouest de Greenwich) à la triangulation du littoral du Pacifique, a été terminé, calculé et publié. Le Alaska and Canada Boundary Survey à étendu une triangulation de 825 kilomètres le long du 1#1° méridien. Le United States and Canada Boundary Survey en a complété une de 1.856 kilomètres le long du 49° parallèle. Une autre triangulation, de 1.160 kilo- mètres, est en cours d'exécution le long du 104 méri- dien, etc. - Une mention spéciale doit être faite des beaux tra- vaux théoriques de MM. Hayford et Bowie; appliquant aux observations pendulaires faites aux Etats-Unis la méthode de réduction de l'intensite de la pesanteur imaginée par M. Hayford lui-même, il y à quelques années, fondée sur la théorie de l’isostasie, ces auteurs ont déterminé des valeurs de l’aplatissement terrestre 1 298,4)" - ; 1 l soit aux régions est { ——— | ou ouest - | de la e 297,8 299,6 République. Il est certain que l'application de la méthode à l’ensemble des intensités observées sur toute la surface du globe donnerait l'aplatissement avec une haute précision. France (rapports de MM. Baillaud; le général Bourgeois, Ch. Lallemand, lieut‘-colonel A. Lalle- mand, — Nous ne dirons rien des publications de la mission de l’Equateur qui font dans la: /tevue l'objet d'analyses bibliographiques spéciales. Parmi les nombreux travaux exécutés par la Section de Géodésie du Service géographique de l'Armée, nous signalerons les différences de longitudes Brest-Dakar, relatives, soit à l'ensemble des États-Unis 190 Paris-Bizerte, Paris-Bruxelles, Paris-Bron, et cinq diffé- rences de longitudes dans le Sahel d'Alger. Elles ont un intérêt tout particulier au point de vue de l'étude et de l'application des nouvelles méthodes qui utilisent l'astrolabe à prisme pour la détermination des heures locales, et la télégraphie sans fil pour leur comparaison, méthodes appelées à une si grande extension. Grande-Bretagne (colonies). 1° Indes. — L'immense labeur du Trigonometrical Survey of India se poursuit sans relâche. Le problème le plus intéressant à l’ordre du jour est la jonction des triangulations anglaise de l'Inde et russe du Turkestan par une chaine établie sur le versant ouest du plateau central asiatique. La jonction, d'une importance considérable pour les études sur la distribution des masses dans cette région du globe, a été décidée en principe à la suite d'un vœu de la Conférence générale de Londres-Cambridge en 1909, mais elle rencontre des difficultés considérables. Plusieurs projets ont été proposés, et rien que dans les reconnaissances préparatoires les géodésiens anglais et russes ont dû faire preuve d’une énergie peu com- mune. 20 Egypte. — Les travaux en cours d'exécution de la gigantesque chaîne africaine conduite le long du 30° mé- ridien (est de Greenwich) ne font encore, dans le 1e volume des Comptes rendus de Hambourg, l’objet d'aucun mémoire ; le dernier document officiel relatif à cet arc est donc le rapport du regretté David Gill présenté à la Conférence générale de Londres-Cam- bridge en 1909; nous constatons seulement dans le rapport du Survey Department of Egypt, présenté à Hambourg, qu'au nord les triangles s'étendent le long du Nil sur une amplitude d’un peu plus de 3 degrés, depuis le Caire jusqu'au sud d’Assiut. Hongrie. — Le nombre des stations où la balance de torsion d'Ebtvos a servi à la détermination des cour- bures des sections normales du géoïde, de la courbure de la verticale, et des variations de la pesanteur dans différentes directions, s’est accru de 334 pendant la période de 1909 à 1912. Citons parmi les plus intéres santes régions étudiées : la haute vallée de Cimabanche (sud du Tyrol), et les environs de Kecskemet (Hongrie, entre Danube et Theiss), désolés le 8 juin 1911 par un tremblement de terre. Ltalie. — Signalons les premiers travaux accomplis en Lybie, le long du littoral, entre Tripoli et Derna (: stations astronomiques, 4 bases mesurées aux fils, uivellements géométrique et trigonométrique, 1°" se- mestre 1912). Mexique. — La jonction des triangulations exécutées par les Etats-Unis et le Mexique le long du 98° méridien (ouest de Greenwich) sera prochainement un fait accompli. L'arc total, de Lanuyü sur le Pacifique jusqu'à la frontière du Canada, s'étendra un jour sur 39 degrés d'amplitude. Russie. — Il est impossible de ne pas être frappé lu développement actuel des travaux géodésiques en Russie : 5 mesures de bases aux fils: des chaînes de premier ordre en Russie d'Europe, sur le méridien et au sud de Saint-Pétersbourg, — «dans le Caucase, — le long de la rivière Irtych (Sibérie occidentale), — en Transbaïkalie, — dans l'Oussouri, — dans le Pamir occidental en vue de la jonction auglo-russe (voir ci- dessus), depuis Oche jusqu’à la frontière de Chine (plus de 400 kilomètres); 230 stations astronomiques; une quarantaine de stations pendulaires ; des nivellements géométriques portantà 34.543 kilomètres le dévelop- pement du réseau russe, tel est le bilan des années 1909-1912. Suède, — Il est intéressant d'extraire du rapport suédois sur les travaux de publication de la mission du Spitzhberg quelques chiffres donnant une idée de la précision de la mesure d'arc méridien exécutée dans les régions polaires par l'expédition russo-suédoise : Côté de jonction de la section russe (sud) de la trian- vulation, et de la section suédoise (nord) : Valeur russe adoptée définitivement : 59.488 m. 47, BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX valeur suédoise : 59.487 m. 08. Différence : 4 m. 39% soit ———— . 43.000 Erreur moyenne d’une direction finale: Réseau suédois + 1/,3. Réseau russe . Æ 4”,0. Erreur moyenne d’une latitude par la polaire : 2 (MEET: Dans l'analyse précédente, nous bornant aux points spécialement importants, nous avons dû passer sous: silence un grand nombre de travaux qui méri- teraient d'être notés. Ce résumé est néanmoins suffisant pour montrer quelle doit être lagratitude des géodésiens envers le secrétaire perpétuel de l’Associa- tion, M. H. G. van de Sande Bakhuyzen, qui a rassemblé les éléments et assuré la publication du premier volume des comptes rendus de Hambourg. Il est à souhaiter que le second volume, consacré aux rapports. d'ensemble, vienne très prochainement nous apporter d'autres documents d'un intérêt plus général encore. Capitaine PERRIER. 2° Sciences physiques Ekecrantz (Dr. Thor), Professeur de Chimie pure et de Chimie pharmaceutique à Flnstitut Pharma- ceutique de Stockholm. — Geschichte der Chemie (Hisromme DE LA Cum). — Edition allemande, rédi- gée par l'auteur, sur l'édition suédoise originale. — Un volume in-8° de 230 pages, avec 25 portraits dans le texte. (Prix : 12 fr. 50.) Akademische Ver- lagsgesellschaft, Leipzig, M3. L'auteur s'est attaché à retracer, dans l’espace ré- duit de ce modeste volume, les grandes lignes de l’his- toire de la Chimie et à faire ressortir, non seulement les événements extérieurs, l'activité des personnages les plus saillants, mais encore, et surtout, l’évolution des idées, la genèse des notions et des théories. Il a réussi dans une tâche si délicate, grâce surtout à la subdivision de chaque chapitre en deux sections, l’une qui donne un apercu très clair de l'histoire propre- ment dite, l’autre qui résume la biographie des princi- paux personnages de l'époque. Après une brève introduction consacrée à la défini- tion et à l’étymologie du mot Chimie, M. Ekecrantz étudie en 8 chapitres l'histoire de cette science, depuis les temps les plus reculés jusqu'à l'époque actuelle. Le premier chapitre, intitulé La Chimie dans l'anti- quité, fait ressortir le frappant contraste qui existe entre le très grand nombre de faits empiriques connus. des Anciens, et le manque absolu de théories géné- rales. Deux pages résument les principales applica- tions techniques que les Anciens savaient faire de leurs connaissances chimiques (verrerie, poterie, fabrica- tion du savon, teinturerie). Les personnages marquants. traités dans l’appendice de ce chapitre sont, en dehors d'Aristote et de Dioscoride, les plus anciens d’entre les philosophes grecs. ! \ L'époque alexandrine relie celte première période à celle de l'alchimie, traitée dans le second chapitre. Comme pour tant d'autres doctrines, on doit aux Ara- bes d'avoir communiqué à l'Europe moyenageuse les principaux résultats de l'Antiquité, en leur ajoutant toutefois le fruit de leur labeur, Après l’époque, si flo- rissante pour l'alchimie, qui commence au x siècle, on remarque, dès le xv° siècle, une tendance de plus en plus forte à émanciper la chimie des spéculations alchimistes. Cette période voil, du reste, les premières ébauches de théories générales, relatives aux sels. Si les applications techniques n'ont que peu profité des recherches alchimistes, l'auteur fait remonter à cette | BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX époque, et à ses résultats empiriques très nombreux, les débuts d'une chimie pharmaceutique. La période suivante, à laquelle est consacré le troi- sième chapitre, est celle de l’iatrochimie. Affranchie du joug de l’alchimie, la science, incapable encore de, vivre par ses propres moyens, entre en rapports étroits avec la médecine et considère la recherche et l'étude les médicaments comme sa principale tâche. Para- celse, Van Helmont et Sylvius sont les principaux re- présentants de ceite période, qui, à côté de théories encore fantastiques, a donné naissance à une foule d'observations très fines, destinées à influencer forte- ment les périodes suivantes. C'est évidemment la chi- mie pharmaceutique qui profite en premier lieu et presque exclusivement de cette orientation des études, peu favorable au développement des applications tech- niques, qui n'en font pas moins de sérieux progrès. La période du phlogistique, du milieu du xvue à la fin du xvuie siècle, occupe le quatrième chapitre. Les études chimiques, désormais indépendantes des autres sciences, ont pour objet principal et pour point de départ commun le phénomène de combustion; c'est la solution définitive de ce problème qui, à la fin de cette période, permettra de renverser la doctrine du phlogis- tique, en imprimant à la Chimie l'orientation que, dans ses grandes lignes, elle présente encore aujourd’hui. C'est pendant la période du phlogistique que prend naissance l'analyse qualitative, dont les premiers com- mencements remontent toulefois à l'époque précé- dente. Ce sont aussi les chimistes, partisans du phlogis- tique, qui jettent les bases de la chimie des gaz. La chimie technique progresse rapidement. Le cinquième chapitre est consacré uniquement à la chute de la doctrine du phlogistique et à l'œuvre de Lavoisier, de ses contemporains et de ses successeurs immédiats, qui exerca sur l’investigation chimique une influence si puissante. Le sixième chapitre traite de la période succédant à lépoque de Lavoisier et finissant vers le milieu du xIx° siècle, pendant laquelle la plupart de nos théories modernes ont pris naissance. L'auteur expose d'une « lacon très claire la théorie atomique de Dalton et ses développements ultérieurs, la genèse de la loi de Du- long et Petit et les théories électrochimiques de Davy et de Berzelius, en insistant plus particulièrement sur le système dualistique de ce dernier. Grâce à sa nomen- clature rigoureusement scientifique, Berzelius réussit à créer un système simple de symboles chimiques. C'est sa conception dualistique qui, appliquée à la Chimie organique, donne naissance à la théorie des radicaux, déjà esquissée par Lavoisier. La lutte entre les conceptions dualistique et unitaire se termine par la fusion de la thécrie des radicaux avec celle des types. On précise définitivement les notions d’atome, de molécule et d’équivalent. L'objet du septième chapitre, l'évolution des théories chimiques depuis le milieu du xix° siècle est trop près de notre époque pour qu'il soit nécessaire d’insister Sur les détails. L'auteur rend un compte très exact des vicissitudes à travers lesquelles à passé la notion de valence; il expose la genèse de la théorie de structure ét du système périodique des éléments. Après un aperçu de la théorie de la dissociation électrochimique d'Arrhenius, il signale les principaux progrès faits par la chimie expérimentale pendant ces derniers temps et ui, semble-t-il, sont sur le point de changer profon- dément l'orientation de la science. 1e huitième chapitre, trop sommaire, à notre avis, traite de l'évolution de l'enseignement de la chimie, de ses écoles et de sa littérature. Ce livre se distingue par la clarté de son plan et par une Concision remarquable ; mieux que les ouvrages d'une envergure plus grande, il nous semble appelé à rendre des Services aux personnes désireuses de s'o- rienter rapidement dans le domaine encore insuffisam- ment éclairé, par endroits, de l'Histoire de la Chimie. Le Style laisse parfois transparaître la phraséologie 498 suédoise; l’auteur ferait bien, pour une nouvelle édi- tion, de faire quelques légères retouches, ALFRED GRADENWITZ, Docteur ès Sciences. Selaro (Al.). — Studio microscopico e chimico pel riconoscimento delle fibre vegetali, lane, peli, pelliccie, sete naturali, sete artificiali ({{ude mi- croscopique et chimique pour la différenciation des fibres végétales, laines, poils, duvets, soies natu- relles et artificielles). — Un volume in-4° de 432 p. avec 400 micrographies (Prix: 25 fr.) Ulrico Hoepli, éditeur, Milan, 1914. L'auteur, qui est chef du Laboratoire de la Douane à Rome, a étudié les caractères microscopiques et chi- miques des produits filamenteux utilisés dans l’indus- trie textile ou constituant, comme les peaux, des ob- jets de commerce. Les caractères microscopiques de toutes ces fibres sont soigneusement décrits et peuvent être contrôlés sur les nombreuses micrographies qui illustrent l’ou- vrage; grace à ces images, il est facile, par comparaison, de reconnaitre la nature de fibres soumises à l'examen. L'auteur a résumé également, dans des tableaux fort clairs, les caractères chimiques qu'une longue expé- rience lui à permis de contrôler; il à donné pour tous les tissus le procédé d'analyse quantitative qui lui paraît le plus simple et le plus sûr. Bien souvent, d'ailleurs, l'examen microscopique des produits filamenteux dans le sens longitudinal est in- suffisant pour permettre un diagnostic précis; il con- vient alors de procéder à des sections transversales des fibres et d'examiner au microscope les coupes minces obtenues; on constate ainsi de nouveaux caractères des fibres, quisont visibles dans de nombreuses micropho- tographies. L'ouvrage est, à notre avis, d’une portée considé- rable, non seulement pour les industriels, qui y trou- veront des méthodes précises pour apprécier la qualité et la valeur des tissus, des pelleteries, etc., mais encore pour le médecin légiste, à qui il permettra de résoudre nombre de problèmes du plus grand intérêt pour les enquêtes judiciaires. L'effort personnel de l’auteur est des plus importants; nous regrettons seu- lement qu'une absence complète de bibliographie et d'historique ne permette pas de l’apprécier au pre- mier coup d'œil. V. BALrHAZzARD. 3° Sciences naturelles Carpentier (Abbé A.). — Contribution à l'étude du Carbonifère du Nord de la France. (Extrait des Mémoires de la Société des Sciences de Lille, et Mémoires de la Société Géologique du Nord, t. VII, n° 2), — 1 vol. petit in-4, de 427 pages, avec 8T cartes et coupes dans le texte, 2 planches de coupes hors texte, 11 planches phototypiques. Imprimerie L. Danel, Lille, 1943. Ce travail, présenté comme thèse de Doctorat ès sciences naturelles à la Faculté des Sciences de Lille en juillet 1913, comprend trois parties : la première est consacrée à l'étude du Calcaire carbonifère de l’Aves- nois, la seconde à l'étude du Bassin houiller de Valen- ciennes. Dans une troisième partie, annexée aux deux premières, l’auteur décrit les animaux et les végétaux fossiles, qui lui ont donné lieu à des observations nouvelles. Les études de M. Vaughan sur le Sud-Ouest de l'Angleterre, de M. l'abbé G. Delépine sur la Belgique (voir à ce sujet l'article de H. Douxami dans la /tevue du 30 août 1911, p. 658) ont depuis quelques années ramené l'attention des géologues sur la stratigraphie du Calcaire carbonifère. Le Calcaire carbonifère de l'Avesnois avait été l'objet de travaux approfondis de la part de M. le Professeur J. Gosselet et de son élève 192 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX M. L. Cayeux. Nos connaissances sur ce terrain pou- vaient être regardées comme satisfaisantes, sinon comme définitives. Cependant M. l'abbé Carpentier n'a pas hésité à consacrer plusieurs années à l'étude détaillée d’une région déjà connue dans les grandes lignes. Il ne pouvait pas espérer modifier beaucoup les résultats obtenus par ses prédécesseurs; mais il à cherché à les compléter en précisant toute une série de points demeurés douteux ou obscurs. M. Carpentier montre que le Calcaire carbonifère de l'Avesnois est extrèmement plissé; il décrit en détail la disposition des plis, leur direction et leur extension, ainsi que les failles transversales qui les recoupent. II reprend l'étude des différentes assises du Calcaire carbonifère, distinguées par M. Gosselet. Il précise leurs caractères paléontologiques, leurs facies, leurs rapports avec les assises correspondantes du Viséen et du lour- naisien de la région de Dinant. Le Calcaire de Bachant, en particulier, avec ses intercalations de schistes sapropéliens à débris végétaux, à Crustacés et à Pois- sons, à fourni à l’auteur le sujet de plusieurs observa- tions intéressantes et nouvelles. Dans la deuxième partie de son travail, M. Carpentier étudie à nouveau la distribution de la flore dans les terrains houillers d’Anzin, de Crespin et de Bully- Grenay. Cette révision a été entreprise à l'instigation de M. Ch. Barrois, qui soupconnait depuis longtemps que la structure du Bassin houiller du Nord de la France était plus compliquée qu'on ne l'avait supposé jusqu'alors. Les recherches de M. Carpentier confirment en grande partie les idées de MM. J. Gosselet et Ch. Bar- rois. Elles constituent la contribution la plus importante à la flore du Bassin houiller du Nord de la France, qui ait paru depuis les travaux célèbres de l'abbé Boulay et de M. R.Zeiller. Pour toute la partie de la concession d'Anzin située au Nord du Cran de retour, M. Zeiller avait constaté que les couches se succédaient du Nord au Sud dans l’ordre ascendant : A 1, À 2, B 1, B2. Pour toute la région située au Sud du Cran de retour, M. Zeiller n'avait eu à sa disposition que des documents insufli- sants; il avait admis que ces couches étaient plus élevées que les précédentes : il les avait ransées dans la division B 3. Les recherches minutieuses de M. Car- pentier établissent, au contraire, que ces couches se succèdent du Nord au Sud dans l’ordre descendant : B 2, B1, A 2, A 1; elles représentent par conséquent le prolongement des couches septentrionales. C’est là un résultat très important pour la tectonique du Bassin. En ce qui concerne la région Nord, il convient toute- fois de noter que les recherches stratigraphiques et paléontologiques de M. Ch. Barroiïs sur la concession d’Aniche font présager l'existence de plissements sup- plémentaires : il est probable qu'entre le bord Nord du Bassin et le Cran de retour, il n'y à pas une série régulière : A1, À 2, B1, B2, mais que certains groupes de couches se répètent *. ° Pour le terrain houiller de Crespin, M. Carpentier confirme les résultats de M. Zeiller; ce terrain renferme la zone B3 et la partie inférieure de lazone C. L'auteur n'apporte que peu d'éclaireissement à la question des relalions de ce terrain avec celui d’Anzin. Pour la concession de Béthune, M. Carpentier à vérifié que toute la région située au Sud de la faille Reumaux appartient bien à la zone C. Par contre, les couches situées au Nord offrent une disposition beau- coup plus tourmentée que celle que l'on soupconnait au moment où M. Zeiller publiait la flore fossile du Bassin houiller de Valenciennes. On peut y distinguer deux paquets distincts : l’un situé à l'Est, où l’on trouve les zones A 2, B1, B 2, et l'autre situé à l'Ouest, où l'on trouve les zones B3, C. La dernière partie du travail de M. Carpentier est 1 Cu. Banuots. Étude des strates marines du lerrain houiller du Nord, 1'e partie. Æ4. des gites minéraux de la France. Serv. des topogr. souterr., Paris, 4912. entièrement paléontologique. Elle est illustrée par 11 planches représentant des fossiles uouveaux ou rares. Elle renferme : 1° ja description des Crustacés : Dithyrocaris et Acanthocaris, trouvés par l’auteur dans le Calcaire de Bachant; 2 une révision critique de toutes les Sigillaires récoltées ou signalées par Boulay dans le Nord de la France; 3° la description de quelques fructifications de Ptéridospermées trouvées par l'auteur. Il convient de signaler ici tout spécialement: les graines etles étamines du Sphenopteris cf.obtusil6ba auct.etles Potoniea où étamines du Nevropteris gigantea Sternb. Les découvertes que M. Carpentier a faites sur les fructili- cations mâles et femelles des Ptéridospermées sont des plus remarquables; elles complètent heureusement celles de MM. Oliver et Scott, Kidston et Jongmans, Zeiller et Grand Eury. En somme, le travail de M. Carpentier représente un effort considérable; il renferme toute une série de découvertes originales sur le Carbonifère du Nord {de la France et sur la flore du terrain houiller; il renferme en outre une source abondante de renseignements, qui seront fort appréciés des géologues et plus encore des paléobotanistes. Nous devons cependant reprocher à l’auteur la manière un peu trop rudimentaire dont il présente s-s conclusions, et le peu de souci qu'il a de faciliter à ses confrères la lecture de sun travail. Par exemple, il est regrettable qu'il n'ait donné nulle part la liste des espèces-guides qui lui servent à distinguer les différentes zones du Bassin houiller; cette omission rend très pénible l'interprétation des longues listes de végétaux houillers publiées par l’auteur. Il serait exagéré d'insister sur ces défauts d’exécu- tion. Il nous suffit de constater que, par la nature des découvertes signalées et par l'importance des résultats obtenus, le travail de M. Carpentier possède incontes- tablement une très grande valeur. Pauz BERTRAND, Maître de Conférences de Paléontologie houillère à l'Université de Lille. Delage (Y.), Membre de l'Institut, Professeur à la Sorbonne, et Goldsmith (M.). — La Parthénogé- nèse naturelle et expérimentale. — 4 vol. in-15° de 342 pages de la Bibl. de Philosophie scientifique. (Prix : 3 fr. 50.) Flammarion, éditeur. Paris, 191%. Dans cet excellent livre, Delage et Goldsmith vien- nent de mettre au point les résultats acquis depuis 4900 sur la Parthénogénèse provoquée. Ce lumineux exposé vient à son heure, car il semble bien que notre effort analytique arrive à un point mort. On le sent à l'exu- men des théories explicatives, dont la précision «ne s'acquiert guère que par l'introduction d'hypothèses non démontrées, en sorte que la théorie perd en soli- dité ce qu’elle gagne en profondeur ». Condenser dans un petit volume maniable le prodi- gieux travail expérimental effectué sur un terrain neuf où tous les facteurs physiques, chimiques et même biologiques, ont été mis en cause : la tâche était difli- cile. Delage, conduit à la question parthénogénèse par ses études sur la mérogonie, a apporté, dès l’origine, une contribution capitale à cet effort. Il aurait pu suivre l’évolution de ses idées, et, dans l’ordre histo- rique, discuter brillamment, comme il l'a fait maintes fois, les résultats d'autrui. L'exposé eût été plus per- sonnel et plus attachant, mais aussi plus dogmatique et trop unilatéral. Les auteurs ont preféré un compte rendu complet et impartial, et ils ont eu le très grand mérite de le rendre non seulement accessible à tout esprit cultivé, mais utile aux chercheurs par larichesse et l'ordonnance de la documentation. Ils ont réussi à détacher les unes des autres les conceptions complexes des expérimentateurs, et, s'ils se défendent d'avoir rendu exactement «à chacun ce qui lui est dù », il faut reconnaitre que les idées de Loeb, Lillie, etc., ont été réunies en des combinaisons fidèles et cohérentes, plus cohérentes peut-être qu'elles ne paraissent à la lecture D BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 193 des mémoires où elles sont consignées. Ceci est une louange et non une critique. La première partie du livre initie rapidement le lec- teur à la parthénogénèse naturelle, même à ses caracté- ristiques cytologiques. Elle résume en quelques pages les traits principaux du premier développement chez les deux types où la parthénogénèse expérimentale a été le plus profondément scrutée : l'oursin et la gre- houille. Une revue fidèle des expériences, suivant Vordre chronologique, eût été un fatras inextricable. Delage et Goldsmith ont eu l'excellente idée d'étu- dier séparément, dans des chapitres successifs, les facteurs mis en jeu. A chacune de ces cases, on trou- vera groupés tous les résultats essentiels. Aux facteurs mécaniques, les débuts de développe- ment obtenus par Tichomiroff sur les œufs de vers à soie soumis au brossage, les évolutions larvaires pro- voquées ailleurs par l'agitation, ete. Aux facteurs physiques, les essais de parthénogénèse électrique de Delage, les expériences de Loeb, Batail- lon et Lillie sur l’action de la température; un cha- pitre spécial est consacré à la pression osmotique qui à joué et joue encore un si grand rôle dans les inter- prétations. Et c’est seulement avec les facteurs chimiques que paraissent à leur rang les premiers résultats de Loeb chez l'oursin, résultats attribués d'abord par leur auteur à une action spécilique des ions Mg, puis une série innombrable d'expériences : la parthénogénèse carbo- nique des œufs d’Astérie (Delage), l'action des acides æt des alcalis dans les nouveaux traitements compo- sites de Loeb et de Delage. Un dernier groupe de facteurs, les substances vi- vantes empruntées à l'organisme, nous amène à la parthénogénèse traumatique des Amphibiens, si inté- ressante à rapprocher, soit des fécondations hétéro- gènes, soit des expériences d'irradiation d'Hertwig. La documentation est éclaircie et complétée par l'intercalation de certains chapitres de physico-chimie sur la pression osmotique, sur les électrolytes, sur l'état colloïdal et la tension superficielle. En faisant leur profit de ces excellents articles de mise au point, les jeunes chercheurs garderont l'impression que le problème biologique déborde largement les formules de la Chimie physique. Le terrain des faits une fois déblayé, nous passons à l'évolution des idées avec les théories de Loeb, de Delage, de Lillie, de Bataillon. La part faite aux recherches et aux idées de Loeb est considérable, comme de raison. Il y a, soit dans l'exposé théorique, soit dans la discussion, un parfait résumé (complété à certains égards) de la « Féconda- tion chimique » (Loeb). Les plus longs développements sont consacrés au procédé appliqué actuellement à l'oursin, la parthénogénèse à deux phases : traitement cylolysant, membranogène, par les acides gras ou les alcalis ; traitement hypertonique ou arrêt momentané des oxydations. Si les idées appellent de sérieuses critiques, l'hom- mage rendu à l'effort expérimental est sans réserves. Delage développe ensuite sa propre théorie, basée sur la structure colloïde de la cellule. L'évolution comporte une succession régulière de coagulations et décoa- gulations. Si on déclanche le début des phénomènes, la série des changements continue dans l’ordre voulu. C'est l'idée qui lui a suggéré ses expériences au tannin el à l'ammoniaque. Des larves d'oursins, obtenues par celle méthode, ont pu se transformer complètement et arriver à un âge où leur sexe était reconnaissable. . La thèse de Lillie est prise sous le même angle. Il S agit. au fond, d'une théorie générale de l'activation élémentaire embrassant la division cellulaire. Or, si l'hypothèse de la sortie des anions entrainant une chute de potentiel à la surface, et une nouvelle répar- tilion des charges, qui crée la figure mitosique bipo- laire ; si cette hypothèse, disons-nous, n’encadre pas complètement ce qui est spécial à l'œuf vierge, il faut 1 bien reconnaître que l'activation de l'œuf est solidaire du mécanisme de la division. Ajoutons la réserve que cette théorie, comme celles de Mc Clendon et de New- ton Harvey, ne vise que l'activation. La théorie de Bataillon est simplement signalée à sa place comme inséparable des expériences relatées à l'étude des facteurs. La lacune apparente est expliquée très simplement par le jugement que portent les au- teurs quelques pages plus loin : à cette conception «ne s'applique, ni l'éloge d'être une théorie pénétrante et fouillée, ni le blâme d'avancer plus que ne contiennent les faits ». Le professionnel, arrèté sur cet important ouvrage par la grânde autorité de Delage, y cherchera peut- être l’idée directrice d’une synthèse. L'analyse de la parthénogénèse expérimentale des Amphibiens a per- mis d'isoler deux temps qui rappellent singulièrement les deux phases distinguées par Loeb chez les oursins. Evidemment, les mécanismes de l'activation et de la régulation sont obscurs. Sur le deuxième phénomène, les explications de Loeb sont trop verbales ; et celles qu'il nous donne pour le premier (quelle que soit la variante à laquelle on s'arrête) se heurtent aux nom- breuses difficultés que Delage a bien mises en lumière. Delage a donc le droit d’être sceptique relativement aux processus dissociés quand on les oppose l'un à l'autre : le second devenant le correctif d'une cytolyse, avec son facteur propre, en fécondation comme en parthénogénèse. Mais, chez deux types très éloignés l’un de l’autre, les deux ‘emps sont isolables. Et si nous ne sommes satisfaits, ni par la cytolyse, ni par la vague guérison dont parle Loeb, il faudra bien invo- quer d’autres données, et traduire les faits dans un autre langage. Le langage de la Chimie physique (états colloïdes, transport d'ions) donne l'illusion facile d'une «ana- lyse fouillée ». On l’applique ici comme à un élément vivant quelconque, sans nous renseigner sur un cas très spécial ; sans nous dire en quoi l'œuf activé diffère de l’œuf fécondé, ni comment nous suppléons à lélé- ment mâle en équilibrant expérimentalement l'ontogé- nèse complète sur un œuf activé. Certains contacts de faits ont été établis, entre amphibiens et oursins qui rendent intelligible, dans quelque mesure, l’équilibra- tion indispensible au développement régulier (Batail- lon : Annales des Sciences naturelles, 1912). Quant à l'activation simple, le changement d'état qu'elle im- plique parait surtout intéressant par la promorpho- logie qu'il conditionne, et qui relève de l’automatisme de l'œuf. Il y a donc quelques réserves à faire sur l'isolement plus ou moins complet des séries expéri- mentales, des méthodes et même des conclusions pro- posées. Tout n’est pas chaos dans les résultats acquis. Mais il est évident qu'un parallélisme à peine ébau- ché ne pouvait arrêter Delage et Goldsmith. Leur ouvrage ne s'adresse pas seulement aux chercheurs, et des discussions d'ordre cytologique en eussent troublé l'économie générale. La démarcation tranchée établie entre les tendances et les groupes de faits qui les appuient est incontestablement pratique pour la masse des lecteurs. Par ailleurs, tousles professionnels appré- cieront l’exactitude et l’impartialité scrupuleuse avec laquelle leurs résultats sont exposés et discutés. Et si ce tableau fidèle des principaux éléments du problème laisse le biologiste un peu déconcerté, il trou- vera encore dans la théorie de Delage un fil directeur : le rôle des forces intrinsèques de l'œuf. L'éminent expérimentateur voit là le point faible de sa concep- tion, le rôle de ces forces n'étant point démontré. Ur, ces facteurs internes apparaissent aussi soutenables que bien d'autres. Avec la régulation de l'appareil cinétique, avec les localisations germinales, visibles dans certains cas, et provoquées par les facteurs d’ac- tivation les plus divers, leur rôle émerge de plus en plus nettement, et ce rôle, le langage de la Chimie physique est provisoirement impuissant à l'encadrer. E. BATAILLON. 494 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Séance du 1% Avril 1914. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. A. Bilimovitch : Sur les transformations canoniques des équations du mouvement d'un système non holonome, — M. L.-E. Bertin : Calcul de l'augmentation du chargement ou de la vitesse pouvant être obtenue par l'accroissement de dimensions des navires. 20 SCIENCES PHYSIQUES. — M. G. Gouy a déterminé le pouvoir absorbant de l'arc voltaique pour ses propres radiations. Jamais on n’observe, à beaucoup près, une opacité complète de la vapeur métallique pour la raie qu'elle émet; le pouvoir absorbant est compris en 0,5 et 0,7 pour les raies très intenses, et moiudre pour les raies plus faibles. — MM. L. Dunoyer et R.-W. Wood ont mesuré photométriquement la variation de l'intensité de la résonance superficielle de la vapeur de sodium sous l'excitation des raies D. Le- raies émises par résonance sont beaucoup plus lines que les raies excitatrices; leur largeur est de l’ordre de 0,03 A. Il y a un minimum d'intensité très accusé au centre des raies D. — M. F. Ehrenhaft : Sur les quantités minima d'électricité et l'existence de quanti és (quanta) plus petites que la charge d’un électron (voir p. 420). — MM. Alb. Perrier et H. K. Onnes ont reconnu que la variation de densité de l'oxygène, par dilution dans l'azote, ne fait que modifier son aimantation spécilique sans faire varier sa cons- tante de Curie. Le champ moléculaire varie sensible- ment comme la densité de l'oxygène, c'est-à-dire en raison inverse de la troisième puissance de la distance moyenne des molécules d'oxygène. — M. R. Fosse décrit une méthode de dosage quantitatif gravimétrique de l’urée, par pesée de son dérivé dixanthylé. 3° SCIENCES NATURELLES. — M. J. Bergonié déduit de l’étude de la courbe des dépenses nycthémérales d'énergie que les heures qui conviennent le moins bien aux repas importants sont de midi à 4 heure et de 7 à 8 heures du soir, car la courbe des besoins énergé- tiques va passer quelques instants après par deux minima, et tout gros repas pris à ce moment ne peut que surcharger le foie. L'heure la meilleure pour le principal repas est 7 h. 30 du matin, au moment où la courbe des dépenses s'élève rapidement; un autre pelit repas sera bien placé vers 4 h. 30 du soir et un repas moyen vers 8 heures. — M. A. Laveran à constaté qu'un Macacus cynomolqus ayant l’immunité pour le kala-azar méditerranéen s’est montré réfrac- taire au kala-azar indien, alors qu'un 47. cynomolqus témoin contractait une infection rapidement mortelle ; on peut donc conclure à l'identité des deux virus. Séance du 20 Avril 1914. 19 SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. Gunther : Sur la théorie générale des systèmes d'équations aux déri- vées partielles. — M. Considère étudie le retrait du béton armé et son influence sur les efforts développés dans les constructions. Il montre que le chiffre indiqué par M. Rabut est beaucoup trop faible et que les va- leurs proposées par la Commission officielle du (iment armé en 1905 doivent être maintenues. — M M. Moulin a évalué l'influence de la raquette sur le développe- ment concentrique des spiraux des chronomètres. Pour l'annuler, il suflit de modifier la courbe termi- nale en éloignant son centre de gravité des goupilles de raquette d'une quantité égale à 0,36 1°//, r et /étant le rayon et la longueur de la courbe. — M. P. Cho- fardet a calculé les éléments et les éphémérides de la comète Kritzinxer (19144 a). 20 SCIENCES PHYSIQUES. — MM. M. Hamy et G. Mil- lochau ont étudié les effets des variations de voltage sur l'intensité des radiations d'arc obtenues avec un dispositif alimenté avec du courant alternatif. Le temps de pose nécessaire pour impressionner la couche sen- sible de facon à obtenir des raies d'aspect identique sur les spectrogrammes est représenté par l'expression T—4V-S, V étant le voltage aux bornes du secteur et À une constante. — MM. J. Bielecki et V. Henri montrent que le spectre d'absorption d’un corps con- tenant deux chromophores peut être représenté par la formule générale e= pa,ve — 8,(v—vi—A%)—+ pa,ve— (> —v,—Av}, dans laquelle «,, 8, et v,, «,, 6. et v, sont les conslantes caractéristiques de chaque chromophore, p est l'effet hyperchrome et Av l'effet hypsochrome exercés par les deux groupements l’un sur l’autre. Si les deux chromophores sont voisins, p est petit el Av grand; si ces deux groupements sont éloignés dans la molécule, pest grand el Av est petit. — MM. E. Cor- nec et G. Urbain ont reconnu que la méthode cryo- scopique est apilicable à la détermination des sels doubles, en équilibre avec leurs constituants, qui peu- vent se former par le mélange de deux solutions de sels simples. — M. F Diénert a réalisé avec un colorimètre Duboscq et une lampe à projection un néphélomètre qui permet de mesurer les matières cristallisées ou colloïdales en suspension dans un liquide, une eau minérale, une eau potable, ou la quantité de bactéries en suspension dans une culture sur bouillon. — M. F. Pisani a constaté que certains échantillons de calcite jaune et même incolore présentent une très belle phos- phorescence par la chaleur. Comme l’un d’entre eux ne contient point de terres rares, la phosphorescence ne peut leur être attribuée. — M. O. Lehmann montre que ce n’esi pas une surpression, mais une dépression qui règne à l'intérieur des cristaux liquides en voie de bourgeonnement (formes myéliniques), comme on peut le reconnaître aux effets de succion qu'ils exercent pendant leur accroissement. — MM. Ch. Moureu el J.-Ch. Bongrand ont constaté que l’ammoniaque, les amines primaires et secondaires attaquent énergique- ment le sous azoture de carbone en se fixant sur la liaison acétylénique. Les produits obtenus s'hydro- lysent sous l'action des acides étendus en résénérant la base, d'une part, et de l’autre en formant HGAz et de l’acide cyanacétique. — MM. A. Haller et Ed. Bauer, en faisant réagir l’amidure de sodium sur l’allyldimé- thylacétophénone dissoute dans peu de benzène, ont obtenu la 3:3:5-triméthylpyrrolidone-2, K. 92°, dont les auteurs ont fait d'autre part la synthèse totale en partant de l'acide mésitonique — M.J. Wolff montre que l'acidité de la pomme, insuffisante pour gêner l'ac- tion de l’oxydase de la pomme, permet simultanément la production de phénomènes de réduction. En humec- tant une tranche de pomme avec KI amidonné, on voit apparaître une coloration bleue; le pigment formé par l'oxydase a été réduit par H de HI, mis lui-même en liberté par l'acide du fruit. — M. J: Balland à reconnu que la diminution du gluten qu'on observe artuellement dans les farines de la région de Paris n’est pas due uniquement à une dégénérescence de nos blés, mais aux modes de mouture qui éliminent les germes et les parties du blé les plus azotées, à la blancheur des farines qui nécessite un blutage plus parfait et à leur hydratation venant du mouillage exagéré des blés. °30 ScENGES NATURELLES. — M. F. Le Cerf a étudié une chenille de Lycénide trouvée par MM. Alluaud et ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 195 Jeannel dans une galle d'Acacia dans l'Afrique orien- tale. Cette galle était habitée par une colonie de fourmis du genre Cremastogaster, qui élevait la chenille inca- pable de sortir de la galle. — M. N. Bezssonoff pré- sente ses recherches sur la formation du périthèce et la délimitation des ascospores chez les Erysiphacées. — M. L. Joleaud a reconnu que la chaine numidique se poursuit à l'E jusqu'au voisinage de la frontière algéro-tunisienne, où elle lourne brusquement vers le NNE, dessinant ainsi dans le nord de la Tunisie un rebroussement comparable à celui des plis aura- siens. — M. R. César-Franck éludie les relations entre les deux types de côtes du littoral méridional de l'Angleterre et leur constitution géologique. Ils pré- sentent, cependant, un caractère commun : leur divi- sion en une série de courbes ouvertes vers le Sud. ACADÉMIE DE MÉDECINE Séance du 1% Avril 1914. M. L.-E. Bertrand signale les bons résultats obtenus par l'emploi thérapeutique de l'émétine et de l'ipéca dans la dysenterie amibienne, la dysenterie spirillaire, la diarrhée des pays chauds, les abcès du foie, l'hémo- thorax, les hémoptysieset hémorragies intestinales, etc. — M. P. Ménétrier a étudié les thromboses pneumo- cocciques des artères du cerveau. Le caillot est essen- tiellement formé de leucocytes englobés lans un réseau de fibrine à l'intérieur duquel se rencontrent les pneu- mocoques. Ces thromboses peuvent avoir pour consé- quence le ramollissement cérébral et même l'hémor- rasie. — M. Barthe de Sandfort décrit sous le nom de kérithérapie une nouvelle application thermale des cires minérales ou paraffines, utilisées aux tempé- ralures de 50° à 1009. Après immersion dans un bain de paraftine liquide, le corps se recouvre d'une cara- pace non adhérente exercant une compression conti- nue très douce, qui régularise la circulation et sti- mule la vitalité générale; c'est un traitement de choix pour le rhumatisme, la sciatique, la goutte. les varices, l'obésité. — MM. Dausset et A. Hanriot ont constaté que le bain progressifalternant (successivement chaud et froid, avec des écarts de température pouvant atteindre 30°) produit une véritable gymnastique vas- culaire sans à-coup, mais d'une très grande énergie. — M. L. Gaucher montre que la coagulation du lait n'est nullement nécessaire à sa digestion. Elle est même souvent nuisible, en exigeant de l'estomac un travail musculaire excessif. L'addition d’antilab au lait, en empêchant sa coagulation, accroît sa disestibilité et a donné d'excellents résultats dans la gastro-entérite intestinale. Séance du 21 Avril 1914. MM. M. Letulle, A. Bergeron et A. Lépine ont reconnu, par la réaction de Wassermann contirmée par des recherches anatomo-pathologiques, qu'à Paris, parmi la population des hôpitaux, le cinquième au moins des tuberculeux pulmonaires se trouve, en outre, les victimes inconscientes d’une syphilis plus ou moins latente, bien qu'encore en pleine activité. — M. H. Bourgeois a obtenu de bons résultats danse traitement de l'asthme par les injections intra-trachéo- bronchiques de novocaine-adrénaline; pratiquée an moment d'une crise, l'injection détermine au bout de dix minutes une diminution subjective de la dyspnée ; puis, peu à peu, la respiration devient plus fréquente, plus facile, et le malade quitte la position assise pour se coucher et même pour dormir. — M. A. Siredey a rencontré l'éosinophilie locale 14 fois sur 32 tumeurs malignes de l'utérus; c'est un élément de protection contre les poisons provenant des cellules cancéreuses. — M. Alb. Mathieu montre que le syndrome fausse ascite et clapotage abdominal présente un grand intérèt séméiologique pour le diagnostic de l'occlu- sion intestinale. SOCIÉTÉ CHIMIQUE DE FRANCE Séance du 27 Mars 1914. M. C. Tanret extrait la choline du seigle ergoté à l'état d'iodure. L'iodure de choline est un beau sel cristallisé en tablettes rectangulaires, non hygromé- trique, extrêmement soluble dans l'eau froide. Il se dissout dans quelques parties d'alcool absolu bouillant d'où il cristallise par refroidissement; l'alcool n’en relient que 1/70 de son poids. Il fond au bloc Ma- quenne à 251°. Ce sel étant très facile à purilier, 1l sera donc plus avantageux dans les recherches de la choline de retirer celle-ci à l’état d'iodure que de chlorure, ce dernier tombant rapidement en déliques- cence et élant ainsi peu maniable. — M. V. Auger à obtenu de l’azurite en traitant la malachite artificielle hydratée par CO*, sous une faible pression, en pré- sence d'une petite quantité d'azurite servant d'amorce à la réaction. On peut aussi opérer en précipitant un sel de cuivre par un excès de NaHCO*, et laisser en flacon bouché le précipité formé, en présence d’azu- rite. Le sel double CuNa°(C05}. 3 H°0, traité par CO* sous une forte pression, fournit facilement l’azurite + NaHCO®. On obtient facilement le sel anhydre CuNa* (C0*}° en petits cristaux d’un beau bleu de cobalt, en maintenant au b.-m. une solution saturée de Na*CO* et NaHCO® dans laquelle on a fait dissoudre à refus le sel hydraté. Il est vraisemblable que le système mala- chite + CO® 27 azurite HO est un système réver- sible et que la transformation malachite — azurite à lieu déjà en présence de CO* sous une tension très faible. — M. P. Freundler a étudié l'acide méconine- carbonique et quelques-uns de ses dérivés, notamment l'Aomopipérony lamide, que ses relations avec l'hydra- stine rendaient plus particulièrement intéressante. I n'a pu toutefois, jusqu'à présent, transformer ce composé en nordéhydrohydrastine par aucune des méthod-s classiques. — M. M. Sommelet a effectué la synthèse de l’aldéhyle cuminique par la méthode suivante : l'isopropylbenzène se conuense avec CICH2OCH en présence de SnCl* en donnant le e/lo- rure de p-isopropylbenzyle (CH*}° CH-C‘H‘-CHECI,Eb,, — 110%. Ce dérivé halogéné, traité en solution hydro- alcoolique bouillante par l'hexaméthylène-tétramine fournit l'allél yde p-isopropylhenzoïque douée d'une forte odeur de cumin et identique à l'aldéh\de cumi- nique naturelle. — MM. Cousin et Volmar ont repris l'étude des corps désignés sous le nom de nitriles sali- cvliques. IL résulie de leurs recherches que |- seul dérivé qui puisse être désigné sous le nom de nitrile salieyliqre, ou orthocyanophénol, est le corps obtenu dans la déshydratation de la salicylaldoxime et qui fond à 98°. Le dérivé fusible à 495°, obtenu par Gri- maux dans l’action de l'anhydride pho phorique sur la salicylamide et désigné dans quelques ouvrages sous le nom de nitrile salicylique, est la disalicyla- mide. Un 3° corps fusible à 300°, découvert par Lim- pricht dans l’action de la chaleur sur la salicylamide et considéré par Grimaux comme un polymère du nitrile salicylique, est une trioxytriphén\ltriazine. Cette triazine, en effet, traitée par le zinc et la lessive le potasse, est transformée en trioxytriphénylalvoxa- line avec dégagement d'ammoniac, réaction qui fixe la constitution du polynitrile salicylique de Limpricht et Grimaux. SOCIÉTÉ ROYALE DE LONDRES Séance du 12 Février 1914. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. R. D Oldham : E/- let des alluvrons du Gange sur le fil à plo b dans le sord de l'Inde. L'auteur montre que : 4° le- déviations locales du til à plomb produites par la topographie sou- terraine le long des régions entourant le bord sud de l'Himalaya sont d’une grandeur telle que les observa- 496 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES tions failes dans les stations siluées dans cette région ont peu de valeur géodésique, à moins qu'on ne tienne compte de la topographie invisible autant que de la to- pographie visible ; 2° il n'y a pas de justification géo- désique de l'hypothèse de l'existence d'une faille pro- fonde et étroite remplie de matériaux de densité moindre que la roche encaissante, ou d'une modifi- cation des conclusions concernant la forme du palier de là dépression gangétique tirées des observations zéologiques. 20 SCIENCES PHYSIQUES. — M. H. M. Macdonald : La transmission des ondulations électriques le long de la surface terrestre. L'auteur obtient une série qui re- présente la force magnétique en tout point à la surface de la Terre, quand l’oscillateur est aussi sur cette sur- lace; la série converge rapidement pour de grandes valeurs de 0 (distance angulaire à l’oscillateur), et pour des valeurs pas trop grandes le premier terme constitue une approximation suffisante. Pour de petites valeurs deb, la série converge très lentement. L'auteur a calculé une table donnant la valeur de l'amplitude à diverses distances pour différentes longueurs d'onde. — M G. W. Walker montre que des perturbations arbitraires du type {e —"tconduisent par la méthode de Fourier à une forme de distribution de l'énergie, identique à celle qu’il a trouvée empiriquement pour représenter la radiation du corps noir. — M. W. R. Boussfeld : Note sur la pression osmotique. La pression osmotique d’une solution est celle sous laquelle la pression de vapeur interne de la solution est amenée à égalité avec la pression de vapeur du solvant pur. C’est la compression de la solution qui élève sa pression de vapeur interne. L'hypothèse que les espaces intermo- léculaires d'une solution sont remplis de vapeur qui s’y comporte comme un gaz parfait conduit à la même relation générale entre la pression de vapeur et la pression osmotique que les considérations thermody- namiques. Le fait anormal que la pression osmotique d'une solution aécinormale de sucrose est plus grande à 0°C. qu'à 5° s'explique en faisant intervenir la cons- titution de l’eau et l'effet de la compression sur les molécules de glace. — M. G. T. Beilby : Transparence ou translucence de la pellicule superficielle produite par le polissage des métaux. L'auteur montre que de petits trous causés par des bulles de gaz dans le métal sont couverts d’une pellicule bleue translucente, à travers laquelle les rayons lumineux réfléchis par la la surface concave du trou sont apereus comme des taches rouges. Par l’action d'un solvant, la pellicule couvrant les trous peut être soit enlevée complètement, soit réduite à une épaisseur telle qu’elle deviént par- faitement transparente. — MM. S. W. J. Smith el J. Guild ont fait l'étude thermomagnétique du point de transition eutectoïde des aciers au carbone. Le com- mencement de la transformation de l’eutectoïde par chauffage (Ac,) a lieu à 735°, à + 1° près; cette tempé- rature est la même pour tous les aciers. Le change- ment inverse de la solution solide à l’eutectoide par refroidissement (Ar,) apparaît aussi clairement sur toules les courbes thermomagnétiques, mais il est beaucoup plus complexe ; la température de transfor- mation n'est pas constante : elle varie de 725 à 6950; elle est la plus élevée pour les aciers hypo-eutectoides et diminue avec la teneur en carbone. — M. S. G. Brown : La stimulation de l'action chimique par les courants alternatifs. Le passage d'un courant alternant rapidement à travers des piles voltaïques simples sti- mule l’action chimique, et les piles produisent une plus grande quantité de courant continu. Le courant alternatif empêche la pile de se polariser ou augmente le courant suivant les conditions. 19 Février 1914, 19° SCIENCES PHYSIQUES. — M. S. B. Schryver : /ie- cherches sur la formation des caïllots. W. Formation d'un gel avec les solutions de cholate, ayant plusieurs propriétés analogues à celles des membranes cellu- Séance du laires, L'auteur, en chauffant des solutions de cholate de sodiam en présence de sels tels que NaCl, Mg CE, (AZH} SO’, KF, à obtenu un gel qui n'est pas réver- Sible par le refroidissement. L'addition de diverses substances organiques : alcools aliphat:ques, acétoni- trile, hydrate de chloral, méthyléthyl et méthylpro- pylcétone, etc..., retarde ou empêche la formation de gel; l'action inhibitrice est en général proportionnelle au pouvoir de ces substances d’abaisser la tension su- perficielle de l’eau ou encore à leur pouvoir narcotique. 29 SCIENCES NATURELLES. — M. G. E. Smith : Le cer- veai de l’homme primitif (en particulier de l'homme de Pil'down). L'auteur retrace les difficultés qu'il a eues à reconstituer le crâne de Piltdown (Zanthropus) et la manière dont il les a surmontées La comparaison avee : ceux des autres hommes fossiles montre que le petit crâne de l’£oanthropus, quoique bien humain dans ses caractères, représente un type plus primitif et plus généralisé que celui du genre Homo. Néanmoins, il peut être considéré comme se rapprochant de près de l'espèce de crâne possédé par les premiers représen- tants de l’Homoréel et comme le type u’où les cerveaux des différentes races primitives d'hommes ont dérivé. D'après les traits de son cerveau, le Pithecanthropus doit être inclus dans la famille des Hominidae, mais lui et l'Eoanthropus peuvent être regardés comme des spécialisations divergentes du genre original de Ia famille. Le Prthecanthropus représente la branche non progressive qui survécut aux temps pléistocènes jusqu'à son extinction; l’£oanthropus, le phyllum pro- gressif d'où dérive le genre Homo. — M'e D.J. Lloyd a étudié l'influence de la position de la coupure sur la ré- génération chez le Gunda ulvae : 4° La régéné.ation des parties postérieures est indépendante de la présence des ganglions cérébraux ; 2° la réxénération latérale au dessous du niveau des ganglions est indépendante de leur présence; 2° la régénération antérieure n’a lieu que si la pièce contient environ les deux-tiers des deux ganglions ; 4° les têtes hétéromorphiques sont formées par de courtes pièces de tèle quand la coupure a tra- versé les ganglions: 5° le (7. ulvae diffère de la plupart des autres Triclades et cerrespond aux Polyclades dans son mode de régénération. — M. J.W.Stephens : Un nouveau parasite malarien chez l'homme. L'auteur a trouvé dans une préparation de sang d'un enfant na- tif des Provinces centrales de ‘Inde de nombreux pa- rasites malariens qui diffèrent notablement du para- site tertiaire malin. Il est caractérisé par des mouve- ments amiboïdes très actifs, la rareté du cytoplasme, la non-proportionnalité de la chromatine moléculaire au volume du parasite. L'auteur considère ce parasite comme nouveau et le nomme P/asmodium tenue. SOCIÉTÉ DE CHIMIE DE LONDRES Séance du 19 Mars 191%. MM. H. F. Coward, Ch. Cooper el J. Jacobs ont constaté que les mélanges H-0 présentent une pression d'inflammalion rapidement décroissante en augmen- tant la teneur en O, jusqu'à ce que celte pression devienne constante pour des teneurs en 0 de 60 à K5 9/0. De même le gaz électrolytique bien au-dessous de sa pression d'inflammation à pu être allumé après addi- lion de quantités convenables d'Az, CO et même ar- gon. — M. B. B. Dey a préparé les hydrazoximes du méthyl- et du phénylglyoxal et de plusieurs de leurs dérivés. — MM. G. M. Bennett el E. D Turner, en faisant réagir le chlorure chromique anhydre sur une solution éthérée de C‘H°MgBr, ont obtenu du chlorure chromeux et du diphényle, mais pas de dérivé organo- mét.llique du Cr. Par des réactions analogues on ob- lient le dibenzyle et le dinaphtyle avec de bons ren- dements. — MM. W.-E. S. Turner et C. Th. Pollard ont reconnu que le poids moléculaire d'un électrolyte est, en général, une fonction du caractère diélectrique du solvant: la dissociation électrolytique apparaît dans |, 10 ACADÉMIES ET SOCIÈTÉS SAVANTES 197 les solvants à haute constante diélectrique, Passocia- lion moléculaire dans ceux à basse constante diélec- tique. L'asso-iation d'un sel, en solutious modéré- ment diluées, a lieu en général quand la constante diélectrique du solvant tombe au-dessous de 18. L'élé- vation de t-mpérature diminue le degré d'association des sels. — M. C. J. Peddle à étudié la déliquescence des sels des bases ammonium, en entendant par ce terme la quantité d'eau absorbée par {1 gr. de sub- stance. En général, l'ordre de déliquescence dans une série s'abaisse quand le poiés moléculaire augmente ; parmi les sels haloïdes, le chlorure est le plus déli- quescent, l'iodure le moins. L'introduction de radicaux aromatiques diminue fortement la déliquescence. — M. H. M. Atkinson à préparé quelques dér vés des acides as-dipropyl- et diamyloxamiques. — M. C.c. Bissett a éludié le système Ag-A£S. L'argent et son sulfure sont seulement partiellement miscibles à l'état liquide ; tous les alliages contenant de 17 à 94 °/, de sulfure se séparent en deux couches rar fusion et se solidifient àune température censtante (9039). Ag et Ag?S forment un eutectique contenant à pes près 99 °/, de sulfure et se soliditiant à 804, — MM. H. H. Hodgson et A. G. Dix ont étudié l’action du soufre sur l’aniline en présence de HCI; il se forme quantitativement de la trithioaniline, isolable à l’état de sels. — MM. R.H. Pickaré et J.Kenyon ontobservé que le 1-méthyl-:-na- phtylcarbinol, E. 47°, surfondu à la température o:di- naire, pré-ente de la dispersion rotatoire anormale. — M. J.E. Marsh a préparé les sels suivants, qui ren- ferment deux solvants de cristallisation, l'eau et le car- bonate de méthyle : KHgl°.H°0.3 (CH*}? CO; AzH'Hgl. H*0:2 (CH°):G0: ; Rb Hgl*. H°0. 2 (CH*)° COS. —MM.P.F. Frankland +t F. Barrow out préparé les éthers men- thyliques des acides chlozoacétique, menthoxyacétique et méthyianilinoacétique. — MM. P. F. Frankland et W. E. Garner ont étudié l’action-du chlorure de de thionyle Sur l'acide d-lactique et le d-lactate d'6- thyle; ils ont obtenu l'acide /-chloroprapionique et le Echloropropionate d'éthyle. — MM. R. Meldola et W.-F. Hollely ont fait agir les amines primaires et secondaires sur la ? : 3 : 5-{rinitroanisidine de Rever- din et ont obtenu des dérivés où le groupe 2-mitré est remplacé par un résidu aminé ; les amines tertiaires ne réagissent pas. L'aniline fournit un composé exis- tant sous deux formes tautomères différemment colo- rées et inconvertibles. — Mie G. Le Bas indique une formule donnant le volume moléculaire au point d'é- bullition : 273/Eb. — de FH il connaître la densité à 0° et le point d'ébullition. La va- leur de c est en moyenne de 0,460 — Le même auteur a étudié la constitution des oxydes d’Az et de P au moyen de leurs volumes moléculaires en se basant sur une théorie dérivée de celle de Kopp, ce qui l'a- mène à une constitution différente de celle qui est généralement acceptée. Séauce du 26 Mars 191%. Séance générale annuelle. La Société procède au re- nouvellement de son Bureau, qui est ainsi constitué: Président : M. W.H. Perkin; Vice-présidents : MM. H. B. Baker, P. P. Bedson, H. T. Brown, C. T. Heycock, E. J. Mills et G. T. Morgan; Trésorier : M. Al. Scott ; Secrétaires : MM. S. Smiles et J. Ch. Philip; Secrétaire pour l'étranger : M. A -W. Crossley. SOCIÉTÉ ANGLAISE DE CHIMIE INDUSTRIELLE SECTION CANADIENNE Séance du 18 Décembre 1913. M. E. Kohlmann étudie l'évolution des destructeurs d'ordures et décrit les différents types employés depuis 1 —c ; il suffit de l'origine. Il montre que l'incinérateur le plus efficace est celui du type le plus simple, condition remplie pa le four à arbre. SECTION DE LIVERPOOL Séance du 28 Janvier 1914. M. J. Harger présente ses recherches sur la houille, en particulier sur l’action dissolvante de la pyridine, sur les propriétés cokéfiantes des charbons et sur la présence de composés azotés dans la houille. Séance du 25 Février 1914. M. H. E. Potts fail une conférence sur l'antithèse entre la prédiction et l'invention en chimie, appuyée sur de nombreux exemples. SECTION DE NEW-YORK Séance du 27 Mars 1914. M. A. E. Forstall expose les récents progrès de [a fabrication du gaz d'éclairage ‘. SECTION DU YORKSHIRE Séance du 26 Janvier 191%. M. J. Miller décrit une méthode de campagne pour la détermination de l'oxygène dissous dans l’eau. basée sur l'addition de sulfate ferreux en solution sul- furique en présence de tartrate alcalin jusqu'à colora- tion d'une goutte de phéno-safranine employée comme indicateur. ACADÉMIE DES SCIENCES DE BERLIN Séance du 5 Février 1914. MM. H. Rubens et H. von Wartenberg : Contribu- tion à nos connaissances des rayons résiduels à grandes longueurs d'onde. À défaut d'une méthode permettant d'isoler, dans le rayonnement d'une source lumineuse, avec une pureté et une intensité suffisantes, un intervalle de longueurs d'onde donné, la méthode des rayons résiduels, basée sur la réflexion sélective de certaines matières, donne des résultats d'autant plus utiles que le nombre de ces rayons est plus grand et que leurs longueurs d'onde sont plus diverses. D'autre part, ces recherches donnent le moyen de cal- culer la fréquence des vibrations moléculaires propres. Dans l'intervalle situé entre 50 et 120 y, on a jusqu'ici étudié dix groupes de rayons résiduels. Le présent travail continue ces recherches, en les étendant sur- tout aux rayons résiduels produits par les composés halogénés de l’ammonium et du thallium. Les subs- tances à étudier, sous la forme de poudres fines, son! comprimées par une presse hydraulique, entre des pistons d'acier, à environ 300 atmosphères, de manière à former des plaques auxquelles on donne, au tour. des surfaces bien planes. Les auteurs se servent, le plus souvent, de quatre surfaces réfléchissantes, en ayant soin d'insérer, pour Îles déterminations des lon- sueurs d'onde, faites à l'aide d’un interféromètre à quartz, une couche de quartz de 2 millimètres d'épais- seur, dans le chemin des rayons. Ils se servent de leurs résultats pour vérifier les formules de fréquence de MM. Madelung et Lindemann, dont ils établissent l'accord au moins approché avec les données de l'ex- périence. Séance du 12 Février 1914. MM. Th. Liebisch et E. Korreng : Sur les phéno- mènes de cristallisation dans les systèmes binaires constitués par des chlorures de métaux monovalents et bivalents. C'est la première partie d’un travail plus étendu, où seront étudiés les phénomènes de cristalli- 1 Voir les articles de M. Desmarets dans la Aerue des 4° el 28 février 1914. 198 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES sation lors du refroidissement des fontes, dans les systèmes de substances se prètant particulièrement, par leurs chaleurs élevées de cristIlisation et de conversion et par la rareté relative des phénomènes de retard, à l'étude de la nature et des intervalles d'existence de leurs phases cristallisées. Les auteurs déterminent, par l'analyse thermique et microscopique, les chlorures doubles et les séries de cristaux mixtes se présentant dans quarante-deux systèmes binaires. Leurs résultats permettent des considérations compa- ratives au sujet de la miscibilité et des facilités de combinaison des composants mis en œuvre. — MM. W. Nernst et F. Schroers : Sur la détermination des chal urs spécifiques aux températures très basses. La méthode décrite dans des notes antérieures a été per- fectionnée sous plusieurs rapports ; le thermomètre de platine autrefois employé pour mesurer les tempéra- tures a été remplacé par un élément de pile en cuivre- constantan. — MM. L. Holborn et M. Jakob: Sur la chaleur spécifique de l'air entre et 200 atmosphères. Etant donnée l'insuflisance des recherches jusqu'ici faites sur la relation entre la chaleur spécifique des gaz et leur pression, les auteurs ont voulu déterminer e€,, d'abord pour l'air atmosphérique, à une température moyenne de 60°, entre 1 et 200 atmosphères, en se servant de la méthode des flux permanents, indiquée par Callendar. Le gaz en expérience passe à travers le calorimètre à pression constante, en flux uniforme, chauffé d'un nombre de degrés donné, par l'absorption d’une certaine quantité d'énergie électrique. En main- tenant constantes les pertes données par la distribu- tion des températures à la surface du calorimètre, mais en faisant varier la vitesse d'écoulement du gaz, on obtient plusieurs équations permettant de calculer c, elles pertes. La chaleur spécifique de l'air, à pression croissante, augmenterait, d'après les résullats des auteurs, bien moins vite que d’après les recherches de Lussana, mais parfaitement d'accord avec les résultats du calcul basé sur l'effet Thomson-Joule, d’après la théorie de Von Linde. A 60°, l'accroissement entre 1 et 200 atmoasphères est de 21 0/4. ALFRED GRADENWIIZ. SOCIÈTE ALLEMANDE DE PHYSIQUE Mémoires présentés en Février 191% Suite). M. K. Fredenhagen : L'émission thermique d'élec- trons et lellet photo-élecirique du potassium. Les expériences de l'auteur font voir que les effets d’émis- sion thermique d'électrons que présente le potassium ne sont point dus au métal lui-même. Il existe un agent efficace, probablement gazeux, qui peut être chassé du métal ou rendu inactif par plusieurs pro- cédés énumérés par l’auteur. Comme les expérien- ces mettent en évidence l'inactivité de He, Ar, Az?, l'agent en question ne saurait être identique à aucun de ces éléments. D'autre part, les expériences relatives aux phénomènes photo-électriques du potassium décrites dans le présent Mémoire conduisent à des ré- sultats analogues à ceux des récentes expériences plus approfondies de MM. Hallwachs et Wiedmann. Entre l'émission thermique d'électrons et l'effet photo- électrique du potassium, il existe une relation évi- dente, l’une et l’autre étant diminuées par les mèmes opérations. Les rapports liant les causes de ces deux effets ne sont pas du tout nécessairement simples. Suivant le traitement qu'il subit, le potassium peut présenter un effel photo-électrique avec ou sans coef- ficient thermique. Sans pouvoir le démontrer d’une façon rigoureuse l’auteur trouve de nombreux argu- ments rendant plausible hypothèse suivant laquelle l’'hydrosène serait l'agent efficace dans les deux ordres de phénomènes. — M. F.-F. Martens : Au sujet des phénomènes se produisant dans les circuits vibra- toires. 11. Parmi les processus les plus importants, au point de vue pratique, qu'on observe dans deux cir- cuits accouplés, il faut compter les vibrations qui se produisent quand l’énergie n'existe d’abord que dans la capacité du circuit primaire. Dans le présent mé- moire, l'auteur calcule les variables momentanées de deux circuits accouplés, dans le cas de faibles amortis- sements et d'un couplage moyen. Il fait voir qu’en dérangeant l’accord des deux circuits, on peut modi- fier le rapport entre les amplitudes des ondes d'accou- plage à grande et à petite longueur d’onde respective- ment el, par conséquent, établir des conditions d'ex- tinction plus favorables qu'en faisant varier le degré d'accouplage — M. Karl Czukor : l'ne relation thermo- dynamique «ntre la concentration et la chaleur spéci- lique des solutions fortement diluées et le coefficient de température des piles de concentration. L'auteur étudie le phénomène suivant, observé en 1895, par A. S. Larsen : Pendant le refroidissement d’une solu- tion chaude de chlorure de sodium, on observe, dans le crista:lisoir, une quantité de couches bien définies et en apparence horizontales, qui disparaissent petit à petit, à mesure que le refroidissement avance. En répélant cette expérience avec un gradient de tempé- rature vertical, l’auteur observe que le phénomène s'explique physiquement, par l'effet réciproque de la diffusion et de la conduction calorifique. Dans le pré- sent Mémoire, il se livre à quelques considérations théoriques préliminaires au sujet des lois quantita- tives existant entre les constantes physiques des cou- ches (densité, température). — M. A. Wigand : Deter- minations de la conductibrlité électrique dans l'atmos- phère libre, jusqu'à 9.000 mètres d'altitude. Les déter- minations résumées dans le présent Mémoire ont élé faites, lors de quatre voyages en ballon libre, av © l'appareil Gerdien légèrement modifié. La conducti- bilité électrique augmente, dans tous les cas, de plus en plus rapidement, à mesure qu'on s'élève à des alli- tudes plus grandes. Lors du voyage du 9 septembre 1913, la plus grande conductibilité, mesurée à 8.865 me- tres au-dessus du niveau de la mer, a été soixante-huit fois plus grande que la conductibilité obs rvée en même temps au niveau du sol. D'autre part, M. Wigand observe d'intéressantes relations aux différentes alt= tudes, entre la prépondérance de la conductibilité d'un signe donné et la formation et la dissolution de nuages, surtout de nuages d’orages. Ces relations d’un grand intérêt météorologique seront étudiées plus en détail, aussitôt que l’auteur disposera de données suf- fisantes. — M. E. Everling : Déterminations de là chute de potentiel électrique dans l'atmosphère libre, à 9.000 mètres d'altitude. Ces déterminations ont elé faites lors de deux des voyages en ballon libre dis- cutés dans le précédent Mémoire. La valeur provisoire de la chute absolue de potentiel, à 9.000 mètres d’alli- tude, est de 3,5 volt/m, c'est-à-dire parfaitement mesu- rable. Il semble que la chute de potentiel diminuerait d'après une loi exponentielle. — M. F. Lüschen : Sur les résistances apparentes et quelques autres facteurs électriques des conducteurs doubles. Discussion théo- rique appliquée à une expérience faite sur un câble récemment posé. — M. K. Uller : Curieux pheno- mènes de mouvement présentés par un appareil centri- l'uge. L'auteur rend compte de phénomènes de mou- vement bien curieux présentés par un appareil cen- trifuge que le Prof. Konig, à l'Institut de physique de l'Université de Giessen, à fait construire pour étudier quantitalivement le théorème des surfaces. Il explique ces phénomènes sur la base de la Dynamique clas- sique. — M. W. Meissner : Sur les conductibilites thermique et électrique du cuivre, entre 20 et 373° abs. Les déterminations faites, à l'Institut physico-tech- nique impérial, à Charlottenbourg, sur un mème mor- ceau de cuivre, entre 20 el 373° abs. (température de l'hydrosène liquide), font voir que la loi de Lorentz, aussi bien que l'hypothèse de la constance de la con- ductibilité thermique, ne peuvent représenter Îles faits observés. ALFRED GRADENWITZ. ACADÉMIES ET SOCIÉTES SAVANTES ACADÉMIE DES SCIENCES DE VIENNE Séance du 12 Mars 1914. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. B. Kalicun : Sur les produits des images projectives courbes dont les porteurs sont des courbes planes unicursales. 20 SCIENCES PHYSIQUES. — M. A. Dietl a reconnu que la marche de la sorption avec le temps ne suit que dans très peu de cas la loi valable pour les systèmes hétérogènes, d'après laquelle la vitesse est proportion- nelle à la chute de diffusion. Dans la plupart des cas, on observe une diminution de la valeur de 4. Les mesures de vitesses sont bien représentées par l’équa- tion de l’autocatalyse négative de premier ordre. 3° SCIENCES NATURELLES. — M. J. H. Klintz a étudié expérimentalement la régénération de la queue du loir. Elle consiste simplement dans la croissance d'une dernière vertèbre aux dépens du morceau de vertèbre resté à l'endroit arraché ou coupé, laquelle se recouvre de peau, puis d’une toison analogue à la touffe de la queue normale. — M. V. Pietschmann donne la des- cription des Poissons recueillis au cours du huitième voyage de la Najade. — MM.H. Przibram et A. Walther ont mesuré les jeunes des pontes successives d’une seule et même femelle de mante religieuse d'Egypte (Sphodromantis bioculata); ils n'augmentent pas de grandeur. C'est le contraire de ce qui se passe chez les Vertébrés. ACADÉMIE DES SCIENCES D'AMSTERDAM Séance du 28 Février 1914. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. Jan de Vries: /nvo- lutions eubiques dans le plan. Les points d’un plan forment une involution cubique, ou involution triple, lorsqu'on peut les classer en trois groupes de telle façon qu'à l'exception d'unnombre finide points chaque point n'appartient qu'à un seul groupe. L'auteur ne considère que les involutions cubiques possédant la propriété qu'une droite quelconque ne contient qu'un seul couple et est donc le côté d’un seul triangle de l'involution. Les droites du plan sont alors rangées en même temps en une involution cubique. Il est supposé, en outre, que les points d'un triplet ne sont jamais en ligne droite et que les droites d'un triplet ne pas- sent jamais par ur même point. — MM. E.-F. et H.-G. van de Sande Bakhuyzen présentent un travail de M. J.-E. de Vos van Steenwijk : Post-seriplum à la communication: « Recherches concernant les termes de période à peu près mensuelle dans la longitude de Ja Lune d'après les mesures au méridien du Greenwich.» Rectification de chiffres. MM. D.-J. Korteweg et J. Cardinaal présentent un travail de M. H.-J.-E. Beth: L'enveloppedes ellipses osculantes décrites par l'image d'un mécanisme à deux degrés de liberte, dont les nombres vibratoires principaux Sont presque éqaux entre eux. Dans ses précédents travaux sur le même sujet, l’auteur avait considéré les enveloppes des figures de Lissajous décrites par un tel mécanisme presque exclusivement au point de vue dynamique, de sorte que les propriétés purement géométriques, ainsi que la forme des courbes en dehors du domaine du mouvement n'étaient pas examinées. En outre l'auteur s'était borné à des cas simples. Dans la présente note il examine, à un point de vue plutôt géométrique, le cas où les deux vibrations composantes ont même période. 2° SCIENCES PHYSIQUES. MM. H.-A. Lorentz et F.-A.-H. Schreinemakers présentent un travail de M. J.-J. van Laar: Une nouvelle relation entre les grandeurs critiques et l'uniformité de toutes les sub- stances au point de vue thermique (suite). L'auteur examine la forme de la fonction —/f{(v) Il considère d'abord des formes qui semblent tout indiquées, mais qui ne satisfont pas aux conditions précédemment 199 établies. Il considère ensuite les formes possibles et pas trop compliquées: la forme générale de la relation donnée par van der Waals est la meilleure. — MM. H. Kamerlingh Onnes et J.-P. Kuenen présentent un tra- vail de M. E. Oosterhuis: /iecherches magnétiques. XI. Modification à l'appareil cryomagnétique de Ka- merlingh Onnes et Perrier. Dans l'appareil modifié, la force que la substance à examiner subit dans le champ magnétique hétérogène, au lieu d’être déter- minée par une méthode de compensation électroma- gnétique, est mesurée par une compensation à l'aide de poids. — MM. Alb. Perrier et H. Kamerlingh Onnes : /techerches magnétiques. XII. La susceptibi- lité magnétique de l'oxygène solide dans deux états. Les auteurs avaient conclu de leurs recherches antérieures qu'au passage de l’état liquide à l’état solide la suscep- tibilité de l'oxygène subit une brusque diminution. Ils avaient, en outre, remarqué que l'oxygène se pré- sente sous deux états solides, un état gris-bleu, opaque, qui s'observe habituellement, et un vitreux, transpa- rent. Il était probable que la transformation d’un de ces états dans l’autre serait également accompagnée d'un saut des propriétés magnétiques. Les nouvelles expériences ont appris que cette transformation. qui s'opère vers — 2250 C., n'est pas accompagnée d’une modification magnétique notable ; elle n’entraine donc probablement pas de changement profond dans la structure moléculaire. Au point de solidification (— 218°,4), la susceptibilité tombe à peu près à un tiers de sa valeur, mais à —240° il se manifeste un nouveau saut brusque, par lequel la susceptibilité devient deux fois plus petite. L'oxygène est un nouvel exemple d'une substance qui à haute température suit la loi de Curie, mais s'en écarte tout à fait dans le voisinage du zéro absolu. — MM. Alb. Perrier et H. Kamerlingh Onnes: ltecherches magnétiques. XIII. La susceptibi- lité magnétique de mélanges liquides d'oxygène et d'azote et l'influence de la distance des molécules sur le paramagnétisme. Ces recherches ont été entreprises en vue d’une explication des écarts à la loi de Curie- Langevin. Deux hypothèses sont possibles: ou bien la loi de l’équipartition est conservée, mais on doil admettre des polymérisations où un champ molé- culaire, ou bien on doit admettre une répartition de l'énergie suivant la théorie des quanta. Pour décider entre les deux genres d'hypothèses, il fallait faire des expériences dans lesquelles la distance des molécule: paramagnétiques était variable : c’est pour cette raisou que les auteurs ont étudié des mélanges liquides d'oxygène (paramagnétique) et d'azote (diamagnétique . Ces recherches ont appris que le coefficient d’aiman- tation spécifique de l'oxygène croit à mesure que la concentration diminue, et tend vers des valeurs satis- faisant à une proportionnalité inverse à la température absolue. Les écarts à la loi de Curie-Langevin, pré- sentés par l'oxygène pur aux basses températures. proviennent d’une diminution de la distance des molé- cules; cette diminution influe sur l’aimantation spé- cifique, mais non sur les constantes de Curie. La théorie de Langevin, complétée par l'hypothèse d’un champ moléculaire négatif, suffit pourexpliquer ces par-- ticularités ; lechamp moléculaire de l'oxygène est sensi- blemert proportionnel à la densité. — M. H. Kamer- ; lingh Onnes: Nouvelles expériences avec l'héliurs liquide. I. L'effet Hall et la variation magnétique de 14 résistance aux basses temperatures. IX. La produetio: d'une résistance galvanique dans des Supra-conduc- teurs, placés dans un champ magnétique, pour ur certaine valeur du champ. Un fil de plomb, rendu supra-conducteur par immersion dans l'hélium bouil- lant, acquiert une résistance galvanique considérable lorsqu'il est placé dans un champ magnétique intense : cette résistance apparait brusquement dans un champ d'environ 600 gauss (seuil) et augmente ensuite faible- ment avec le champ. Par élévation de température, le champ pour lequel la résistance apparaît s'abaisse un peu. L'étain présente le même phénomène. La direc- 500 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES tion des lignes de force n'a pas d'effet sur le seuil du champ, mais l'effet longitudinal (lignes de force paral- lèles aux lignes de courant) est un peu plus faible que l'effet transversal. L'apparition d’une résistance à partir d’une certaine intensité de courant résulte de la production d'un champ magnétique par ce courant mème.—MM.H.Kamerlingh Onnes et E.OCosterhuis: Recherches magnétiques. XIV. Le paramagnétisme aux basses températures (suite). Continuation des recher- ches antérieures; les auteurs ont examiné maintenant le sulfate ferreux, le palladium et l’alun ferrique. Le palladium s'écarte fort de la loi de Curie; par contre, l'alun ferrique suit cette loi dans toute l'étendue des températures observées (290 K — 1417 K), ce qui peut être mis en rapport avec les résultats obtenus par MM. Perrier et Kamerlingh Onnes avec des mélanges d'oxygène et d'azote (voir plus haut). — MM. P. van Romburgh et H. Haga présentent un travail de MM. F.-M. Jaeger et H.-S. van Kl!ooster: £tudes dans le domaine de la chimie des silicates. I. Sur les combinaisons d'oxyde de lithium et de silice. Etude du système LiO Si0? par les méthodes et les moyens actuels. À côté des modifications connues de la silice: quartz, avec les variétés & et f, tridymite (x, $ et y) et cristobalite (et 5), les auteurs ont tiré des fontes de mélanges d'oxyde de lithium et de silice trois silicates: le métasilicate LiSiO*, le bisilicate LirSi0" et l’ortho- silicate LiSiO#. Ces composés ont été examinés au microscope, leurs points de transformation ont été déterminés. — M. F.-A.-H. Schreinemakers : Æquili- bres dans les systèmes ternaires. XIII. Examen du cas où la substance solide est un des composants du mélange. — MM. F.-A.-H. Schreinemakers et Ernst Cohen pré- sentent un travail de M. W.-P.-A. Jonker: /?elation entre l'isotherme d'adsorption et les lois de Proust et Henry. I s:mble résulter de ce travail que la loi de partage et la loi des rapports constants sont des cas particuliers de l'isotherme d'adsorption.— MM. F.-A.-H. Schreinemakers et S. Hoogewertf présentent un travail de M. W. Reinders: Les couples salins réciproques KCI+ NaAzO S NaC1+ KAzO* et la préparation du salpêtre de conversion. Malgré l'importance technique de la transformation en question, à cause de son appli- cation dans la préparation du salpètre de potasse, l'étude de cette transformation et des équilibres qui l'accompagnent n'avait pas encore été entreprise d'une facon systématique. L'auteur s’est proposé de combler cette lacune, et à étudié les équilibres à 59, 259, 500 et 100°; il en a tiré des conclusions relatives au rendement dansla préparation du salpêtre par cette transformation. — MM. A.-F. Holleman et P. van Rom- burgh présentent un travail de MM. J. Boëseken et W.-D. Cohen: Sur la réduction des célones aromati- ques. IX. Les auteurs ayant observé antérieurement qu'en présence d'ions OÙ les cétones donnent du benzhydrol, ils se sont demandé si ce produit se forme par réduction ou par transformation de la pina- cone, formée en premier lieu, en benzophénone et benzhydrol. Dans ce dernier cas, il faut que les pina- cones provenant des cétones donnant en milieu neutre ou faiblement alcalin beaucoup d'hydrol soient traus- formées plus rapidement par l’alcali en un mélange d'hydrol et de cétone que celles provenant cles cétones donnant dans les mèmes conditions peu d’'hydrol. On peut même s'attendre à ce que la formation d'hydrol et la décomposition de la pinacone par les alcalis se fassent d’une facon rigoureusement parallèle. Tel est effectivement le cas. — MM. J.-D. van der Waals et A.-F. Holleman présentent un travail de MM. A. Smits, A. Kettner el A.-L.-W. de Gee : Sur le phénomène pyrophorique dans les métaux, Par des expériences dilatométriques, les auteurs prouvent que, daus le domaine de températures où le fer perd rapi- dement sa propriété pyraphorique, il se produit une nolable augmentation de volume, ce qui semble prou- ver que le fer pyrophorique n'est pas en équilibre interne. — MM. J.-D. van der Waals et A.-F. Holleman présentent un travail de M. A. Smits: Æéponse aux remarques de M. Cohen sous le titre « Allotropie et équilibre électromoteur ». — MM. S. Hoogewerff et A.-P.-N. Franchimont présentent un travail de A.-J. van Peski: Sur une nouvelle méthode de prépa- ration des anhydrides d'acides dérives du carbone. Par réaction d'anhydride sulfurique sur l'acide acétique au-dessous de 0°, l’auteur obtient de l’acide acétylsul- furique, qu'il transforme en sel sodique, d’où il tire ensuite l'anhydride acétique. Il a préparé d'une façon analogue l’anhydride butyrique et l'anhydride benzoïque. 3° SCIENCES NATURELLES.— MM. G.-A.-F. Molengraaff et K. Martin présentent un travail de M. H. A. Brouwer: Les inclusions homæogènes de Kawah Idjen, Gountour et Krakatau et leurs rapports avec les roches effusives enveloppantes. L'étude des inclusions est un moyen précieux pour la détermination de l’âge relatif des roches d’un même massif volcanique, surtout pour les. volcans des Indes, qui sont constitués en grande partie par des matériaux meubles dans lesquels les dénudations naturelles sont rares. — M. J.-K.-A. Wer- theim-Salomonson: “lectrocardiogrammes d'embr ycns: humains survivants. Observations faites sur des embryons nés par voie opératoire, âgés respectivement de six semaines et demi, huit semaines et cinq mois. L'interprétation des courbes enregistrées est très dif- ficile, vu l’état de développement du cœur: — MM. H. Zwaardemaker et C.-A. Pekelharing présentent um travail de M. C.-E. Benjamins: L'auscultation par lœsophage et l'enregistrement des bruits cardiaques æsophagaux. Description de la méthode employée pour faire l’auscultation par l'æsophage. Description des bruits observés; on entend nettement les bruits auri- culaires, dont l'existence a été si souvent contestée. Ces bruits ont été enregistrés. — MM. L. Bolk et C. Winkler présentent un travail de M. F. Theunissen: Sur le groupement des cellules motrices dans le cer- veau d'Avipenser ruthenus et de Lepidosteus osseus. Comparaison du cerveau de ces deux poissons avec les observations faites par bDbrooglewer Fortuyn, chez l'Amia calva. Cette comparaison a appris qu'en principe il existe une correspondance parfaite entre ces trois espèces de Ganoïdes au point de vue du groupement des centres moteurs et des racines des nerfs craniens. — MM. C.-A. Pekelharing et C. Winkler présentent un travail de M. S. de Boer : Sur l'iniluence réllexe du système nerveux thoracique autonome sur la rigidité cadavérique chez les animaux à sang froid. Expériences faites sur des grenouilles chez lesquelles on coupe d'un seul côté les r'ami communicantes; après la mort la rigidité se manifeste d’abord du côté où les muscles ne sont plus reliés à la moelle épinière par leurs voies nerveuses autonomes. L'élévation de température avance la rigidité. La rigidité cadavérique des muscles du squelette doit être considérée comme une dernière manifestation vitale de ces muscles sous l'influence de l’asphyxie. — M. J.-W. Moll communique un travail de Mie Tine Tammes: L'explication d'une exception apparente à la loi de Mendel. Dans le croisement des variétés blanche et bleue du lin, on constate qu'à partir de la seconde génération le rapportdesnombres d'indi- vidus blancs et bleus n’est plus d'accord avec la loi de Mendel : il y a trop peu de plantes à fleurs b'anches. Ce défaut est dù à deux causes: il se produit relative- ment trop peu de semences blanches et le pouvoir germinatif des semences blanches est plus faible que celui des bleues. Ces deux circonstances sont dues à une moindre force vilale de la combinaison de deux gamètes dépourvus chacun du facteur bleu. J.-E. V. Le Gérant: A. MARETHEUX. Paris, — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. pe. Lit 25° ANNÉE Ne 10 30 MAI 1914 Revue générale des Sciences pures et appliquées FONDATEUR : LOUIS OLIVIER DIRECTEUR : J.-P. LANGLOIS, Docteur ès Sciences. Adresser tont ce qui concerne la rédaction à M. J.-P. LANGLOIS, 18, rue Chauveau-Lagarde, Paris. — La reproduction et la traduction des œuvres et des travaux publiés dans la Revue sont complètement interdites en France et dans tous les pays étrangers, y compris la Suède, la Norvège et la Hollande. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE $ 1. — Astronomie Le « clair de Terre » sur la Lune. — Quand le Soleil est disparu de notre horizon et que nous ne recevons pas ses rayons directs, sa lumière peut tout de mème nous parvenir, indirectement et p'us faible- ment, réfléchie par le disque lunaire : c'est le clair de lune. Inversement, quand une portion du disque lu- naire n’est pas éclairée directement par le Soleil, il arrive qu'elle soit tout de même faiblement illuminée par le « clair de Terre », c'est-à-dire par la réver- bération des surfaces terrestres qui sont à ce moment- là exposées au Soleil. C’est le clair de Terre qui rend aisément visible le disque entier de la Lune des les premiers jours de la nouvelle Lune : la « lumière cen- drée » qui remplit tout l'intérieur du croissant non brillant est due a la lumière réfléchie par la Terre. M. Frank W. Very' s'est proposé de déterminer l'éclat de cette lumière cendrée. Il l'a mesuré photo- métriquement en le comparant à celui des autres por- tions du disque lunaire directement frappées par les rayons du Soleil. Il trouve ainsi que l'éclat de la lu- mière cendrée est environ 1.600 fuis plus faible que l'éclat moyen des parties de la Lune illuminées par le Soleil un peu avant le premier quartier. M. Very conclut de ses mesures que l’a/hedo, c'est- à-dire le pouvoir réfléchissant moyen de la surface terrestre (Terre et atmosphère avec ses nuages), doit être voisin de 0,89. Il maintient aussi, en conséquence, que la valeur de la constante solaire (quantité de cha- leur reçue du Soleil sous l'incidence normale par l'unité de surface d'un corps noir silué à la limite extrême de notre atmosphère) est plus grande que ne le croient certains auteurs et atteint 3,6 calories par centimètre carré et par minute. Influence de la température sur la colli- mation. — Il est généralement admis, parmi les constantes des instruments méridiens, que les varia- tions de la collimation sont assezlentes et peu sensibles, * Astronomische Nachrichten, n° 4696. REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1914. assez régulières, de sorte que cet élément n'a pas besoin d'être déterminé aussi fréquemment, pa exemile, que l'inclinaison par le niveau. Cependant, S. Albrecht avait déjà noté des singularités dans la collimation du cercle d'Albany et montré que cette constante est en relation immédiate avec la tempé- rature : il était donc légitime, comme le fait le même auteur (Astronomical Journal, n° 658-659), de voir de plus près quel est le mécanisme correspondant et d'examiner si la collimation ne dépend pas aussi du sens de la température, suivant qu'eile est croissante ou décroissante. Il en résulterait que la valeur de la collimation serait soumise à deux périodes : l'uue dépendant des varia- tions diurnes de la température, l'autre fonction de l'amplitude annuelle de la température moyenne. Seul le second de ces effets a pu être décelé avec une rigueur sati-faisante : cela n’est pas pour diminuer la coufiance que l'on peut avoir dans les instruments de passages mais cela montre, du moins, une fois de plus les précautions multiples dont il faut entourer les observations si l’on veut déduire des résullats de haute précision. Quelques objections astronomiques à l'hy- pothèse de Ritz. — Nous recevons de M. J. Richard la lettre suivante : Monsieur le Directeur, Dans le numéro du 30 avril de Ja Hevue, l'article de M. Houllevigue (Revue d'Optique), en particulier ce qu'il dit de la réalité de l'Ether, m'a beaucoup inté- ressé. Il y a, du reste, contre l'hypothèse de Ritz sui l'émission de la lumière, des arguments d'ordre astr vomique. D'après Ritz, l'onde lumineuse est centrée sui point qu'occuperait la source si, au moment de l'émis- sion, cette source conservait sa vilesse en grandeur et direction. (L'onde lumineuse, c’est le lieu des points alteints par la lumière à une même époque. Cette déli- nition est indépendante de la théorie ondu- lations.) des 502 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE D'après cela, un point lumineux mobile ne serait pas vu à la place qu'il occupe réellement; on le ver- rait en avant de sa vraie place, sur la tangente à la trajectoire, à une distance égale au produit de sa vitesse par le temps que met la lumière à nous par- venir. Soit v la vitesse de l’astre, V celle de la lumière, et d la distance de l’astre à la Terre. Le temps mis par : ï d la lumière à nous parvenir est T’ et par conséquent l'astre est en avant de sa vraie place, sur la tangente . - LE : d.v à la trajectoire à une distance Sa Si un astre très éloigné décrit dans l’espace un cercle de rayon a, sa trajectoire apparente sera, si la vitesse v est constante, un cercle ayant pour rayon l'hypothénuse d’un triangle rectangle de côtés a et f: y A RTE , A y: Siaest négligeable devant l’autre côté, cet autre côté sera le rayon du cercle. Ce rayon sera vu de la Terre sous un angle égal à 206265! X v V Or dans les étoiles doubles spectroscopiques, comme f du Cocher, ou dans les étoiles photométriques type Algol, on connaît v. Pour $ du Cocher, v est supérieur à 100 kilomètres ; donc le rayon est vu sous un augle de près de deux minutes. Les deux composantes de l'étoile se trouveraient donc séparées par un angle pouvant aller jusqu'à près de deux minutes (v est déterminé par l'effet Doppler, vrai dans toutes les théories). Pour Algol, v dépasse 40; le rayon dépasserait 25”, le diamètre 50", Algol semblerait donc osciller de cet angle, en tournant autour de son compagnon invi- sible. On aurait des anomalies analogues pour les étoiles doubles ordinaires, et, si l'orbite était très excentrique, la vitesse au périastre étant maximum, l'étoile ne pa- raîtrait plus décrire une ellipse et, de plus, le mouve- ment ne serait pas conforme à la loi des aires. La correction d’aberration faite par les astronomes serait toujours inexacte, car ils tiennent compte du mouvement de l'observateur, non de celui de la source. Il est étonnant que ces objections à la théorie de Ritz n'aient pas été signalées. C’est au point que je me demande si J'ai bien compris l'hypothèse de Ritz. Elle est cependant énoncée très explicitement au début de son mémoire. J. Richard, Docteur ès sciences, Professeur de Mathématiques au Lycée de Châteauroux. $ 2. — Physique Phénomènes de décharge observés dans aes ampoules en quartz. — M. R. J. Strutt' à étudié et interprété certaines expériences curieuses, signalées il y a quelques années par Jervis Smith: jo Un récipient de quartz, dans lequel on a fait le vide, s'illumine quand on Je met en rotation au voisi- nage d’un corps porté au potentiel de 1.000 volts. Le phénomène s'explique simplement. Supposons, en effet, le corps électrisé négativement : le potentiel, à l'intérieur de l’ampoule, étant plus faible dans les ré- gions voisines du corps électrisé que partout ailleurs, l'électricité positive se déplacera vers ces régions, l'électricité négative ira en sens inverse, jusqu'à ce que le champ extérieur soit neutralisé. Si l’'ampoule est mise en rotation, le mouvement de l'électricité est continu et provoque l'émission de lumière. Comme pour les tubes à vide ordinaires, les radiations émises sont caractéristiques du gaz résiduel quand la pression ! Roy. Soc. Proc., novembre 1913. est relativement élevée; pour un vide très poussé, on observe surtout la fluorescence du quartz produite par les particules cathodiques. 2° Il suffit souvent de frotter l’ampoule énergique- ment, par exemple avec la main, pour faire apparaitre une luminosité très brillante et qui, sous certaines conditions, subsiste après le frottement. On peut d’ailleurs varier la forme de l'expérience. Si, le frotte- ment ayant cessé, on met l’ampoule en rotation loin de tout corps conducteur, la luminosité disparait; il suflit d'approcher la main ou tout autre conducteur en communication avec le sol, sans l’amener au contact, pour la rétablir. Si, après l'avoir frottée, on dispose l’'ampoule dans un cylindre co-axial et qu’on la mette en rotation, pas de lueur; on fait apparaitre la lueur en déplaçant le cylindre d’un côté, sans toucher:l’am- poule. On fait également disparaître la luminosité par l’approche d’une flamme qui désélectrise l’'ampoule. Toutes ces expériences se rattachent à celle décrite dans le paragraphe précédent et s'expliquent d'une façon analogue : le frottement électrise la surface extérieure de l'ampoule; supposons, pour simplifier, l’électrisation uniforme et positive; dans ces condi- tions, si le milieu entourant l’ampoule est parfaite- ment symétrique par rapport à l'axe de rotation, aucun champ électrique ne prend naissance à l'intérieur ; mais, en approchant un conducteur mis au sol, on abaisse le potentiel des régions intérieures de l’am- poule qui passent au voisinage du conducteur. D'où des différences de potentiel et, par suite, un mouve- ment d'électricité. 3° Si l’on produit la décharge d’une bobine d'induc- tion au voisinage d’une ampoule de quartz dans la- quelle le vide a été très poussé, on observe ensuite la production d’une vive lueur qui persiste plusieurs minutes; le déplacement de conducteurs au sol au voisinage de l’ampoule rend la lueur tremblotante ; l'approche, même lointaine, d’une flamme, la fait dis- paraître. Comme dans les expériences du pare penls précédent, la luminosité est corrélative d’une électri- sation de la surface extérieure de l’ampoule; cette électrisation est d’abord répartie inégalement et, comme les charges glissent sur la surface, il en résulte la production de champs électriques variables à l'in- térieur; l'approche d’un conducteur au sol, qui accuse la dissymétrie de la répartition des charges, augmente l'intensité du phénomène. Il est certainement très curieux que les effets observés persistent aussi long- temps. 4° Après avoir frotté l'ampoule, on la met en rota- tion. Si la quantité d'électricité développée par le frottement est insuffisante, il peut arriver qu'aucune lueur ne soit visible. Mais sous l’action d'un champ magnétique (d'environ 800 unités) l’'ampoule émet une lumière brillante qui dure dans certains cas plusieurs minutes. Si les pièces polaires entre lesquelles on fait tourner l'ampoule se terminent en pointe, la lueur prend la forme d’une bande brillante de 5 millimètres de large située à l'équateur. Voici l'explication qu'on peut donner du phénomène : chaque pièce polaire de l'électro-aimant agit d'abord comme un conducteur au sol et abaisse le potentiel des régions voisines de l’am- poule qui peuvent alors se comporter comme cathodes. La force électrique peut être encore, dans ces condi- tions, insuffisante pour provoquer la décharge; mais on sait qu’un champ magnétique abaisse le potentiel de décharge, d'où la raison de l’action exercée par lai- mant. Suivant cette théorie, les deux extrémités de la bande lumineuse qui s'établit dans la direction des pôles peuvent être considérées chacune comme une cathode, les autres régions de l’ampoule agissant comme anode. M. Strutt appuie sa théorie par une expérience faite sur un tube à vide contenant deux cathodes mé- talliques opposées, que l'on met en communication avec le pôle négatif d'une machine de Wimhurst; l'anode est dans une région normale à l'axe. Si l’électro aimant n'est pas excité, aucune décharge ne se produit; si CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE ———— sous l’action du champ magnétique on observe une luminosité entre les deux cathodes, dans le sens de l'axe de l’électro, comme pour les ampoules mises en otalion. AB: $ 3 — Électricité industrielle. Installations électriques du chemin de fer …__ à courant continu à haute tension Butte- — Anaconda. — On s'est énormément occupé, depuis quelques mois, aux Etats-Unis, de la traction élec- —…_ {rique au moyen du courant continu à haute tension, Le transport des matières — minerais de cuivre et autres — représente un mouvement d'environ 5.000.000 tonnes par an; il se fait dans des wagons en acier, pesant approximativement 18 tonnes à vide et pouvant contenir 50 tonnes de minerais: on forme des convois de 30 wagons chargés, représentant un poids total de 2.000 tonnes, dont la traction est assurée au moyen de locomotives doubles, entre les chantiers de Butte et ceux de Rocker, à quelques kilomètres de Butte; en ce dernier point, on combine des trains de 4.000 tonnes our la ligne principale; aux chantiers d’Anaconda, es trains sont décomposés en convois de 1.400 tonnes qui sont dirigés vers la Smelter Hill; les manœuvres sont effectuées au moyen d'unités simples. Les premières locomotives électriques ont été mises -en service le 28 mai 1913; elles furent utilisées pour remorquer les trains de minerai entre les chantiers d’Anaconda et les usines: pendant les sept premiers mois de service, elles fournirent ainsi approximative- ment 323.500 kilomètres de parcours et remorquèrent 2.365.000 tonnes de minerais environ; depuis on à ajouté des trains de voyageurs: huit convois de cette “espèce sont actuellement organisés journellement, “quatre dans chaque direction; les trains de la ligne principale sont remorqués électriquement depuis le 1° octobre 1913; il a promptement été reconnu que le “service était ainsi meilleur qu'avec la vapeur; la traction est assurée au moyen de locomotives simples; les trains sont composés de trois, quatre ou cinq voitures à voya- -seurs et à bagages. L'énergie nécessaire pour le service des chemins de fer est achetée à la Great Falls Power Company; l'usine est située à Great Falls (Mont.), sur le Missouri; “elle fournit également, depuis un certain temps déjà, l'électricité employée dans les installations minières et dans les usines de Butte et d'Anaconda; son équipe- ment se compose principalement de six groupes hydro- Hours d'une capacité nominale totale de 24.000 kilowatts approximativement: les groupes sont des Sroupes horizontaux, produisant des courants triphasés, à la fréquence de 60 périodes par seconde, sous une tension de 6.600 volts; la tension est portée, pour la LES 503 — transmission, à 102.000 volts; l'usine se trouve à 210 kilomètres environ de Butte, où se lait l’alimenta- tion de l'installation de traction, par l'intermédiaire d'une sous-station de transformation; la transmission est constituée par deux circuits placés parallèlement sur un terrain propre; une ligne à 60.000 volts alimente une seconde sous-station à Anaconda, à 42 kilomètres approximativement de la première. Les deux sous- stations de Buite et d'Anaconda, qui existaient déjà avant l'établissement de la traction électrique, on reçu, depuis l'adoption de celle-ci, des groupes moteurs- générateurs destinés à fournir la tension de 2.400 volts requise. Les groupes dont il s'agit sont au nombre de deux dans chaque sous-station; leur puissance unitaire est de 4.000 kilowatts; ils comprennent un moteur syn- chrone triphasé de 1.450 kva, marchant à 720 tours à la minute, et deux dynamos à courant continu, accou- plées directement au moteur, et fournissant, sous une tension de 1.200 volts, une puissance de 500 kilowatts; les deux dynamos sont reliées en série; les groupes ont été établis pour pouvoir fonctionner absolument sans interruption. Les tableaux de distribution des sous-stations sont considérés en Amérique comme étant les seuls que l'on ait construits jusqu'ici par une pareille tension; ils sontidentiques, dans l'ensemble, aux tableaux usuels à 600 volts, sauf les précautions spéciales qui ont été prises pour les opérations de commutation; tous les instruments sont soigneusement isolés et les interrup- teurs divers sont disposés pour le contrôle à distance; les disjoncteurs sont munis d’une résistance de cou- pure insérée automatiquement dans le circuit en cas de déclanchement; les panneaux pour le courantalter- natif sont équipés d'interrupteurs à huile actionnés par solénoïde; des panneaux supplémentaires portent les appareils de contrôle de l'excitation, les régulateurs automatiques de tension, les instruments dé mesure, les indicateurs de synchronisme, etc. L'installation aérienne a été spécialement condi- tionnée pour permettre l'emploi du‘disposiuf de prise de courant à pantographe; elle est établie d’après le système caténaire; le fil de contact est formé d’un conducteur en cuivre; il est suspendu à un cäble porteur en acier; il y a 11 points de suspension par portée; les interrupteurs de sectionnementsontobtenus très simplement de la facon suivante : les fils de con- tact sont disposés parallèlement l'un à l’autre sur une certaine longueur de manière qu'il n’y ait pas d’inter- ruption dans l'alimentation ; il est procédé de la même facon pour les embranchements et voies de garage: il arrive ainsi qu'à certains endroits le dispositif de con- tact touche jusqu’à six fils à la fois. Le fil de contact est suppléé entre les sous-stations par des câbles en cuivre nus, qui y sont reliés réguliè- rement à intervalles de 300 mètres environ; il y à en outre un câble de retour entre Rocker et East Anaconda; ce dernier câble est porté sur les poteaux de la ligne aérienne; il est relié aux voies — par l'intermédiaire des joints — à intervalles de 300 mètres également; les joints sont établis au moyen de connexions en cuivre ; les câbles installés entre les sous-stations leur per- mettent de se seconder l’une et l’autre et de se sup- pléer même en cas de besoin. Le chemin de fen dispose de dix-sept locomotives de 80 tonnes, quinze pour le service des matières et deux pour le service des voyageurs; les locomotives à mar- chandises sont conditionnées pour une vitesse maxi- mum de 56 kilomètres approximativement par heure et elles sont utilisées par paires; les locomotives à. voyageurs sont de construction identique aux locomo- tives à marchandises, mais les réductions sont telles que la vitesse maximum soit de 90 kilomètres à l'heure: avec trois voitures à voyageurs, on atteint régulière- ment, en alignement droit et en palier, une vilesse de 72 kilomètres à l'heure; les locomotives à marchau- dises, employées seules, peuvent délivrer un effort de 204 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 11.250 kil grammes à la vitesse de 2% kilomètres par heure; un effort de 21 600 kilogrammes peut être naintenu pendant cinq minutes, avec un coeflicient de traction de 40 °/4. Les licomotives sont des unités articulées; à quatre essieux, tous moteurs; les moteurs sont bobinés pour 1.200 volts et isolés pour pouvoir supporter 2.400 volts; ils sont à ventilation forcée; la transmission entre leur arbre et l'essieu attaqué est opérée par une transmis- sion à engrenages Jumelle; le contrôle se fait d'après le système à unité multiple, combiné pour l'application lu fonctionnement en série et série-parallèle; le com- hinateur comporte dix positions pour la marche en série et neuf pour la marche en +série-parallèle; le passage d’un degré à l’autre se fait sans interruption du cireuitet sans fluctuation dans le couple développé; fe passage de la marche en série à la marche en série- parallèl- est npéré au moyen d’un commutateur spécial à actionnement électro-pneumatique; les dispositifs le contrôle sont constitués par des contracteurs “ectro-magnétiques alimentés sous 600 volts; les organes à 600 volts sont soigneusement isolés de ceux à 2.400 volts; l'isolement est obtenu au moyen de porcelaine et de mica; larmature est connectée au levier de contact à l’aide d’une tige en bois; les con- acts, le soufflige magnétique et les pare-arcs sont spécialement établis pour 2.400 volts. L'énergie est prélevée à la ligne au moyen de dispo- siufs de prise de courant à support pantographique; ces dispositifs sont actionnés pneumatiquement; ils sont contrôlés de l’un ou l’autre cabine de conducteur au moyen d'un robinet; au centre de la machine est établie une barre omnibus isolée à 2.400 v lis: pour les iwachines employées par paire, on établit la liaison entre les barres de manière que l'énergie nécessaire à chaque machine puisse être empruntée à l'un ou l’autre des dispositifs. Le courant de contrôle est fourni sur chaque machine par un dynamoteur, transformant le courant continu à 2.400 volts de la ligne en courant continu à 600 volts; sur l'arbre de ce dynamoteur est monté le ventilateur qui assure la réfrigération des moteurs. Toutes les voitures utilisées par le chemin de fer seront équipées, à mesure que les circonstances le permettront, pour le chauffage et l'éclairage électriques; le chauffage sera assuré au moyen de radiateurs à air; les radiateurs seront distribués dans les voitures, eutre les banquettes; l'air sera chauffé sur un appareil électrique de 25 kilowatts alimenté sous 2.400 volts, par une liaison établie avec la barre collectrice de la loco- motive; les lampes seront réunies en cinq groupes de cinq lampes eu série; il sera fait usage de lampes de 36vwwalts, à fil de tungstène*. H. Marchand. $ 4. — Minéralogie Origine radioactive de la couleur des zir- cons®. — On trouve des zircons de différentes cou- leurs. Deux variétés sont brunes: l'une opaque (variété commune). l’autre rougeälre et transparente, connue sous le nom d'hyacinthe. La varieté opaque se ren- contre surtout dans les roches platoniqu:s (syénites) et la variété tran-parente seulement dans les basalles Les zircons hyacinthes perdent leur couleur quand on les chaufle au-dessus de 300°. Une élévation de jempéralure Îles rend thermolumirnescents ; une deuxième élév tion ne produit plus aucune action. Ils recouvrent ces propriétés sous l'influence du radium. Comment expliquer que les zircons, qui ont été fondus dans leur g ngue à ue très hautes temp-ratures, pre- sentent actue lement ces propriétés ? Il est naturel de supposer que la couleur et la thermoluminescence ont ‘ High vollage direct current electrification, Electrical World, 44 Wars 1914, p. 519. Srnurr: Pruc. Roy. Soc. 1 LXXXIX, p. 405, 191%. été rétablies par l'action lente du radium qu'ils con- UrnnentL. D'ailleurs, la couleur réalisée est saturée, c'est-à-dire qu'elle n'augmente pas sous l'influence d'une action nouvelle du radium. De telle sorte qu'une évaluation de l’âge du minerai par le calcul du temps nécessaire pour le colorer ne pourrait donner qu'un âge mini- mum. Une telle évaluation est d'ailleu s délicate, à cause du très faible pouvoir pénétrant des rayons à. Les zircons opaques ne sont pas thermoluminescents et ne le deviennent pas sous l'action du radium. Ils ne sont pas décolorés par un chauffage modéré. La dillérence avec les zircons hyacinthes tient sans doute à ce que ces derniers ont subi l’action d'un bain de- basalte fondu. En effet, en maint: nant pendant vingt- quatre heures des zircons bruns dans un bain de ba- salte fondu, on a obtenu des variétés presque trans- parentes et qui devenaient rougràätres et thermolumi-- nescentes sous l’action du radium. $ 5. — Agronomie Le développement de la betterave à sucre- pendant la végétation. - M. Suillard, professeur à l'Ecole nationale des Industries agricoles, vient de publier les résultats d'essais hebdomadaires qui. depuis 1901, ont été faits, chaque année, au L'aboratoire- du Syndicat des Fabricants de sucre de France, dont il est le directeur, pour suivre le développement de la. récolle des betteraves à sucre. Quinze fermes, situées sur les divers points de la& région betteravière française, ont prêté leur concours pour ces essais. On y a insta lé un joste d'observations: météorologiques. Ell:s envoient, chaque semaine, en août, s ptembre et octobre, 25 betteraves consécutives: toujours prélevées dans le mème champ, représentant la moyenne des cultures de la ferme. Elles y joignent l'écartement des pieds, le poids des feuilles et les: résultats de leurs observations météorologiques ipluie, température, heures de soleil). Une fois arrivées au Laboraloire syndical, les betteraves sont nettoyées. pesées et analysées. Ce sont les résultats ainsi obtenus depuis 1904, et surt ut de 1403 à 1913, que M. Suillard vient de résu— mer en des tableaux avec moyennes qui donnent lieu à quelques observations générales fort intéressantes : C'est dans le commencement de septembre que la quantité de pluie tombée a été la plus élevée. Il y a environ 48 heures de soleil par semaine en août et.38 heures de soleil en sept-mbre. La température moyenne (jour et nuit) se maintient à peu près constante en août ; elle baisse ensuite ; elle: varie de 189,8 à 130. Le nombre de pieds par hectare est d'environ 74.000. A partir du 30 septembre, le poids de la racine dé- colletée dépasse le poids des feuilles et collets et con-- tinue à croilre. La quantité de sucre élaborée, par betterave et par semaire, va en croissant jusque dans les premiers jours de septembre, pour atteindre un maximun de 8 grammes ; elle va ensuite en diminuant jusqu'à la fin de la végétation. Il en est 1e même de la quan- tité de sucre élaborée par semaine et par hectare; et cette élaboration se continue en octobre et novembre. Pendant la végétation, l'acidité de la betterave diminue ; la somme {sucre /, + eau °/,) reste à peu près constante pour une année. Les betteraves contiennent plus d'azote dans les années sèches. La pureté du jus de la betterave, la quantité de sucre aw'elle contient pour: 1° de densilé-Régie, la proportion d'azote albuminoïde pour 100 d'azote total (l'azote albumimoïde est élimmé pendant l'épuration: industrielle) vont en augmentant pendant la végéta- tion. Quand il n'y a rien qui s'y oppose, il y a donc intérêt pour le cultivateur et pour le fabricant à relar- der la période des arrachages. ë 4 A ñ CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE EE] . metier RE peut manquer de retenir l'attention de ceux qui s'in- téressent a la culture de la betterave à sucre et à } Ce mémoire constitue un travail considérable qui ne “l'industrie sucrière. Il permettra de comparer l'année “en cours à l’année moyenne. & La …_ _$ 6. — Géographie et Colonisation £ ; À Une Oasis d'Egypte : Khargeh. — Le voyageur “qui a visilé les merveilles d'Abydos ne pense qu'à » gagner Luxor, sans demander ce qu'est la petite ligne } $ e 0®,75 d'écartement qui, à Khargeh Junction, se «dirige vers le Sud-Ouest. C’est la ligne qui relie la vallée du Nil à Khargeh, J « oasis méridionale » des anciens Egypliens, la «grande oasis » des classiques, séparée du fleuve par 200 kilomètres de désert. La voie qui, à son point culminant, s'élève à 359 mètres, traverse au départ des champs bien cul- tivés, puis atteint le désert libyque. Elle monte peu à peu dans une vallée qui se rétrécit bientôt, et passe, pendant plusieurs kilomètres, entre des rochers d'une éclatante blancheur dont l'aspect rappelle, par mo- ments, la Vallée des Rois, à Thèbes. De temps en temps un ouaddy surgit, ouvrant quelque échappée. La seconde partie du parcours est d'ahord constiluée par un désert de gros cailloux ronds, puis la vue S'élargit et, après avoir descendu une gran le et belle vallée rocheuse, l’on domine une vaste plaine, cir- conscrite par des bultes crétacées au sommet tabu- laire. De grandes dunes de sable apparaissent main- tenant de part et d'autre de la voie qu'it faut souvent dégager, le paysage prend l'aspect saharien, des effets de mirage se dessinent parfois, enfin l’on pénètre dans uue vaste dépression du plateau : c’est l'oasis de Khargeh 11 est question de prolonger le chemin de fer jusqu'à Dakhla, la plus occidentale et la plus peuplée des oasis d'Eg\pte, que l'on pourra ainsi atteindre de Khargeh en qu-Iques heures, tandis qu'il faut actuellement trois jours à dos de chameau. L'oasis de Khargeh, ou plutôt l’ensemble des oasis de ce nom, s'étend sur une longueur d'environ 300 kilomètres et une largeur moyenne de 50 et ren- ferme un peu plus de 8.000 habitants; le chef-lieu, El-Khargé. en compte environ 5.000. A quelques kilomètres au nord, au milieu des ‘palmiers, surgissent les ruines du Temple d’Hibis, - déblayé, en ces dernières années, par la mission archéologique du Metropolitan Museum, de New- … York. Elevé par Darius I°* au dieu Amon, il est le seul temple égyptien construit par les souverains persans, le seul aussi où il y ait du mortier entre les pierres. Erigé en ce lieu, il démontre à la fois l'intérêt que les . Perses atlachaient à l'entière possession de la contrée et l'intelligence avec laquelle ils s'adaptèrent à la religion nationale. Si l'on en juge d'ailleurs par les travaux que Darius Ie": fit effectuer dans le pays des Pharaons, il semble que l'Egypte fut supérieurement administrée sous ce prince, dont la légende g'ecque, etles historiens qui s'en sont inspirés, ont plus d'une fois déliguré les traits Plus loin, subsistent les restes très importants et relativement bien conservés d’une nécropole chrétienne. Toutefois, les scènes, dues à des artistes coptes, qui décorent quelques-uns de ces tombeaux d+ brique séchée au soleil sont, comme l’on doit s'y attendre, d'une facture fort négligée. A l'horizon nord, les collines, terminées en pointe, dif- fèrent d'aspest des collines égyptiennes et peuvent être comparées à célles de Nubie. La végétation de l'oasis est remarquable. Le pays, qui fut très fertile sous les anviens, comme en témoignent les ruines que l’on rencontre, a connu une périole de déclin. La « Corporation of Western Egypt », qui à construit le chemin de fer, a foré des « puits et mis eu valeur de nouvelles terres. Coton, - orge, froment et légumes donnent de bonnes récoltes. 505 La richesse principale reste toutefois le dattier : la région en renferme plus de 40.000 Au dattier il faut ajouter l'olivier, le mandarinier, | abricotier qui produit des fruits tout petits, mais fondants et délicieux, si l'on en juge par ceux que nous avons goûtés en avril. Il y a aussi q'elques prunes. mais la s“reffe doit alors être pratiquée sur l’abrivotier, car le prunier mème ne vieut qu'en fleur. L'eau nécessaire à la culture provient sans doute dune couche de grès; elle est obtenue par forage et légèrement sulfureuse. Les naturels prétendent quelle vient du Soudan! Elle est, en ce moment, plus basse que de coutume el les indigènes n'en peuvent donner d'explicition sé- rieuse +: l'hypothèse d’une corrélation aver le faible niveau du Nil en ces dernières années est, elle aussi, inadmissible. Le village extrêmement pittoresque d'El-Khargé, auquel rien ne peut être comparé dans toute l'Egypte, est souterrain : c'estun vrai dédale de ruelles sombres dont le plafond est fait de troncs de palmiers, de branchage et de terre. Depuis plusieurs années, ce- pendant, quelques ouvertures ont élé percées en vne d'introduire un peu d'air et de lumière, et, par suite, d'hygiène. Quelle conception à présidé à cet établis- sement? Désir de gagner un peu plus de terrain pour la culture, peut-être. mais avant tout et à coup sûr un moyen de défense plus efficace contre les incursions des pillards du désert. Il ne faut pas oublier, en effet, qu'au delà de l'oasis de Dakhla, qui n'est qui 70 kilomètres de celle de Kuargeh, commence le territoire des Senoussis, et il ne faudrait même pas jurer que quelques habitants de Klargeh fussent purs de tout mélange sénoussist-. Le mode de défense est simple et rationnel. Le village s’ouvrait, — qu: Iques maisons plus modernes se sont élevées dans la pame- raie, — par une ruelle sombre et étroite, à forte pente, à l'entrée de laquelle les défenseurs attiraient l'en- nemi. Puis 1ls disparaissaient brusquement par une ouverture latérale, et l’envahisseur, continuant sa poursuite dans l'obscurité, tombait sur des piques tendues au fond de cette sorte de corridor. Les porteurs d'eau sont aveugles. l.es a-t-on choisis parce que, privés de la vue, ils pouvaient difficilement travailler à la culture, jouisse: t-ils d’un pri ilège cor- poratif ou les a-t-on préférés ainsi pour pénétrer dans l'intimité de la maison orientale? Nous n'avons pu le savoir, et il semble qu'on ne tenait qu'à demi à satis- faire à nutre curiosité. Une question d'hygiène se posait à El-Khargeh. À la surface du sol, le soleil des tropiques est le meilleur agent de désinfection, mais comment éviter les épidé- mies en ce village souterrain? Des endroits speciaux ontété d'signés pour recueillir les immondices, et, trois fois par jour, il est procédé à l'enlèvement et au nel- toyage. Ce service, qui doit être particuliérement signalé en Orient, fonctionne de facon sati-faisante. Qu'il nous soil permis, en terminant, de remercier M: Tite, directeur des services de la Compaquie inler- nationale des Wagons-Lits en Egypte, un pèlerin pas- sionné de ce pays. C’est à lui que nous devons d'avoir pu effestuer en trolley, dans tes conditions les plu: agréables et les plus confortables, cet'e excursion unique en Esypte, et de pouvoir écrire ces lignes, les premières peut-être quune revue scientilique ait publiées sur Khargeh. Ajoutons qu'il existe à Markaz ech-Chare:ka (Headquarters, siège de la « Corporation of Western Euypt »), à 16 kilomètres d'El-Khargeh etsur la ligne, une excellente petite hôtellerie, agrémentée même d'une piscine d’eau sulfureuse courante. Si jus m'ici, elle a surtout reçu le personnel de L' « Cot poration », elle est ouverte à tous. La visite de Khargeh peut donc être effectuée avec un confort suffisant, eb nous serions heureux que cette chronique encourageñl des touristes à sortir des sentiers battus et à fa're une excursion qui, pour être d'une nature particulière, ne le cède dns la vallée du Nil à aucune autre en intérêt et en pittoresque. Lucien Roullet-Chéry. 306 NOEL BERNARD — ESPÈCES ET VARIÉTÉS ESPÈCES ET VARIÉTES' Depuis que les systématistes ont cherché à prendre comme unités dans la classification des sroupes d'individus définis par des caractères héréditaires, on a été amené, par des études de plus en plus attentives, à diminuer l'étendue et à multiplier le nombre de ces groupes élémentaires. Les mots du langage vulgaire tels que trèfle,. Le) Le) peuplier, chêne, saule, etc., s'appliquent généra- lement à des genres, c’est-à-dire à des groupes très larges. Avant Linné, ce sont des genres que Tour- nefort prenait comme unités systématiques. Linné n'eut pas de peine à montrer que les genres sont des ensembles complexes, comprenant des groupes héréditairement stables et bien dis- tincts entre eux: de ces groupes il a fait des espèces en supposant que toutes les plantes d'une mème espèce descendent d’un ancêtre unique; il'a considéré les genres comme des groupements arti- liciels et arbitraires. Aujourd’hui, la méthode expérimentale a claire- ment montré que les caractères héréditairement fixes sont beaucoup plus nombreux que Linné ne le croyait; nous sommes amenés par une étape nouvelle à considérer les espèces linnéennes comme des groupes vastes et artificiels qu'on peut subdi- viser en groupes moins étendus définis par des caractères distinctifs absolument héréditaires par semis. Nous devrions les appeler des « espèces », au sens linnéen de ce mot, mais en réalité, suivant les cas, on les appelle : espèces élémentaires ou variétés stables (soit même, tout simplement, rariétés). Noyons ce que sont ces deux sous- groupes constants isolés des espèces linnéennes et. tout d'abord, par quels caractères manifestes on peut, le plus souvent, les distinguer. I. — ESPÈCES ÉLÉMENTAIRES. Les sous-groupes de plantes auxquels on a donné le nom d'espèces élémentaires diffèrent entre eux par divers caractères, en général nombreux, el portant sur des particularités qui peuvent être très variables d'une espèce linnéenne à une autre. ‘ Cet article est un chapitre d’un livre intitulé : L'Evo- lution des plantes, que va publier la Librairie Félix Alcan dans la Nouvelle Collection scientifique de M. Emile Borel. Il est dû à la plume de notre regretté collaborateur Noël Bernard, mort à 36 ans le 26 -janvier 1911, laissant une œuvre importante en voie de rédaction C'est cette œuvre que la pitié de sa femme et de ses amis offre aujourd'hui au public. On y retrouvera quelques-unes des pensées qui ont agité aux derniers temps de sa vie le brillant auteur des recherches sur les Orchidées (voir la ÆRevue du 15 janvier 1902, p. 8 à 26). 4. Draba verna. — Un exemple classique est celui du Draba verna L., une espèce de Crucifère, formée d'une petite rosette basilaire de feuilles, aw centre de laquelle se développent, au printemps, de nombreuses tiges florales sans feuilles. Les plantes de cette espèce linnéenne, telles qu'on les récolte souvent dans une localité unique, diffèrent les unes des autres par une foule de caractères. Les feuilles, en particulier, peuvent être- linéaires, étroites ou elliptiques, et même élargies. au sommet; elles peuvent être plus ou moins velues, et les poils sont tantôt simples, tantôt rameux. La couleur des feuilles est d'un vert pur, ou d’un vert glauque. Les pétales, toujours bipartites, peuvent avoir des lobes contigus ou divergents. Les silicules peuvent être presque arrondies ou très allongées et étroites. À première vue, on pourrait croire à des degrés divers de variation individuelle. mais ce n'est pas ainsi qu'il faut interpréter ces différences. On peut facilement récolter en excursion cinq ou six Lypes- distincts, et les cultiver par graines en plates- bandes séparées. Les différences se maintiennent, et il apparaît ainsi qu'il ne s'agit pas de degrés divers de caractères moyens, mais de caractères absolus. Tous les botanistes qui ont fait cette expérience s'accordent à proclamer sa netteté. Dans ces plates- bandes séparées, où l’on peut cultiver des milliers. de plantes de chaque espèce élémentaire, les difté- rences sautent aux yeux bien mieux que dans la Nature où toutes ces espèces sont mélangées. Ces. différences portent sur presque tous les caractères. Elles sont visibles même lorsque les plantes sont encore à l’état de rosette; elles le restent jusqu à la floraison et la fructification. Les croisements ne sont pas à craindre dans ces: cultures contiguës, car les étamines fécondent l'ovaire dans le bouton encore clos et, d'ailleurs, les insectes visitent peu ces fleurs. Jordan a pu distinguer, par la culture, deux cents espèces élémentaires, dont une cinquantaine croissent aux environs de Lyon. Thuret, Bornet, Villars, de Vries, ont vérifié de nouveau /a cons- tance parfaile de diverses de ces espèces élémen- taires. De Vries insiste sur ce fait que, lorsque ces. espèces sont cultivées côte à côte, l'examen ne donne nulle impression que telle dérive de telle autre; on pourrait avoir une impression de ce genre si certaines de ces espèces n'avaient que TT NOEL BERNARD — ESPÈCES ET VARIÉTÉS 507 quelques caractères différenciels peu nombreux, mais elles diffèrent par un grand nombre de carac- tères. Aussi apparaissent-elles comme des groupes de même valeur et de mème plan. La subdivision des espèces linnéennes en espèces élémentaires comparables à celles-ci est possible tres fréquemment: seulement les espèces lin- néennes, faites au jugé, sont plus ou moins riches en espèces élémentaires que des expériences de culture peuvent distinguer. 2. Viola tricolor. — Les Pensées sauvages, qui appartiennent toutes au genre Viola et à l'espèce Viola tricolor de Linné, en donnent un autre excellent exemple. On trouve communément deux sous-espèces bien distinctes : Viola tricolor {ype, à grande corolle, dans les lieux sableux et les friches, et Viola arvensis, à corolle aussi courte que le calice, et à peine visible, localisée dans les moissons. Ces deux espèces ne sont pas mêlées, bien que très répandues. Dans diverses localités, on peut trouver d’autres types moins répandus, Inais parfaitement stables et distincts, dont plu- sieurs sont cités dans la flore de Corbière. Chez les Draba verna, la distinction des espèces élémentaires porte surtout sur des caractères tirés de la forme des feuilles, de l'abondance des poils sur les feuilles, sur la forme des fruits, etc. lei, chez les Viola tricolor, c'est surtout par la taille des plantes, la grandeur et la couleur des corolles que la distinction se fait, ou encore par le mode de ramilication des tiges. Ainsi les caractères distinctifs des pelites espèces sont toujours assez nombreux, et ils ne sont pas de même nature dans tous les cas. 3. Autres cas. — La détermination des Ronces, des Roses sauvages, des Carex donne d'autres exem- ples de cas où les espèces élémentaires sont nom- | breuses. Chez les plantes cultivées, la question se com- plique par le fait qu'on a généralement des cultures améliorées, c’est-à-dire des exemplaires différant entre eux soit par des caractères absolus, soit par l'exagéralion de caractères moyens. Par exemple : la bellerave fourragère, la betterave rouge à salade, la betterave à sucre, sont des types bien tranchés, cullivés depuis trois siècles, sans transilion entre eux, sans passage possible de l’un à l’autre par la | culture. J'ai déjà donné pour Hordeum distichum l'exemple de huit espèces élémentaires qui se distinguent les unes des autres par des caractères absolus. Van Mons, un arboriculteur belge, qui a mis dans le commerce beaucoup de sortes de Pom- iniers, les a obtenus en choisissant d'abord dans la nature des arbres sauvages qui donnaient des fruits de saveur, de couleurs différentes, à carac- tères bien tranchés. L'effet de la sélection ultérieure a été seulement de rendre les fruits plus gros et plus charnus, et non de créer les particularités dis- tinctives qui existaient déjà chez les plantes mères sauvages ; celles-ci réalisaient donc des types d'es- pèces élémentaires. Il. — LES VARIÉTÉS. Les botanistes emploient le mot « variété » dans des sens très divers et avec une regrettable impré- cision; on applique indistinctement ce terme à toutes les subdivisions de l'espèce linnéenne. On confond alors sous ce terme unique : les espèces élémentaires, les variétés stables ou instables que nous allons définir, sans compter les Aybrides. Le sens horticole du mot varié!é peut plus aisé- ment être précisé. Pour l’horticulteur, une variété diffère d’une espèce : 1° Par la valure des caractères distinctifs que j'appellerai, par la suite, caractères variétaux; 2° Par son instabilité. Il est de dire courant chez les horticulteurs que les variétés sont moins stables que les espèces. Examinons ces deux points. 1. Les caractères variélaux. — Chaque espèce élémentaire est définie par un grand nombre de caractères qui peuvent être de natures tres diverses; on ne peut en donner aucun type général. Au contraire, beaucoup de variétés horticoles sont définies par un seul caractère. De plus, ces caractères variétaux appartiennent à un pelil nombre de types qu'on voit se répéter constam- ment dans les variétés des plantes les plus diffé- rentes les unes des autres. La distinction des variétés se fait souvent par la couleur, et souvent même uniquement par la cou- leur d’une seule des parties de la plante, la corolle ou le fruit par exemple. Tous les jardins donnent des exemples nombreux de ces variétés distinctes ainsi par la couleur seule, et il est bien connu que les mêmes variations de couleur se retrouvent dans des familles de plantes très diverses. L'absence d'un pigment est ainsi un caractère variétal. Il faut remarquer, à ce sujet, que la cou- leur des plantes peut être un caractère simple ou complexe. Suivant leur localisation dans la cellule, on distingue plusieurs sortes de pigments. Le plus souvent, les pigments violets, bleus ou pourpres (appartenant au groupe de l’anthocyane) sont dis- sous dans le suc cellulaire. Ces pigments existent seuls dans un grand nombre de fleurs violettes, 508 NOEL BERNARD — ESPÈCES ET VARIÉTÉS bleues ou rouges, par exemple dans les Violettes; leur disparition donne les variétés blanches. Les pigments Jaunes où orangés sont le plus souvent localisés dans des leucites, comme la chlorophylle Renoncules, Primevères, Senecon). Les deux sortes de pigments peuvent coexister; alors, la disparition de l’un donne une variété ayant la couleur pure de l’autre pigment. Les Hètres pourpres ont des leucites verts et des vacuoles à pigment rouge; la disparition du pig- ment rouge donne des feuilles vert franc. De même, beaucoup de fleurs à coloration complexe ont des variétés jaune pur. La pigmentation peut affecter diverses parties de la plante; les groseilliers (Æibes grossularia) à fruits blancs ou rouges donnent un exemple de variélé par couleur du fruit. Le Daltura stramonium, à fleurs blanches et feuilles vertes, à une variété à fleurs violacées et à feuilles veinées de violet; on en à fait le Datura Tatula. est assez fréquent que les variétés à fleurs blanches aient aussi des feuilles vert franc; pour les variétés colorées, le pigment se surajoute à la chlorophylle des feuilles. Un exemple de variété par dépigmentation par- tielle est donné par les plantes à feuilles panaclées, qui s'observent dans une foule d'espèces : Erables, Fusains, elc. Le remplacement de lamidon par d'autres ma- tières de réserves, contenues dans la graine, donne un autre caractère variétal qui se retrouve chez diverses plantes, par exemple chez les Maïs et les Pois. On a ainsi le Maïs à grains sucrés et ridés, contrastant avec le Maïs à grains am ylacés el unis. La laciniation des feuilles est aussi un caractère qui se répète, et notamment chez beaucoup de Fougères, chez les Aulnes, les Hètres, les Tilleuls. La duplication des fleurs, la disparition des épines ou des poils donnent de nouvelles variétés. Deux variélés de Primevères ne diffèrent entre elles que par la longueur du style comparée à la longueur des élamines; cette Léléroslylie se re- trouve chez d’autres plantes. Ce cas donne l'exemple d'un caractère variétal de nature sexuelle, et il est vraisemblable que le sexe, en général, est un caractère variétal. En résumé, ce qui met à part les caractères variélaux, c'est leur petit nombre relatif et leur réapparilion dans les espèces les plus diverses. Les variélés sont le plus souvent définies par un seul de ces caractères. La terminulogie mème qui a été employée ins- tinctivement marque bien les différences entre les espèces et les variétés. Les espèces linnéennes, comme les espèces élé- mentaires, ont des noms très variés, choisis au hasard, ne se rapportant pas à un caractère plus qu'à un autre; souvent elles ont des noms de bota- nistes. Le vocabulaire qui sert à désigner les variétés est, au contraire, très restreint. Des mols comme albus, maculalus, variegatus, glaber, inermis, laci- nialus, etc., S'y retrouvent constamment. Cette définition des caractères variétaux n'est pas parfaitement précise, mais elle correspond bien manifestement à une réalité que l'observation: révèle avec force. De Vries propose de traduire ces faits par une hypothèse empruntée au système que j'ai déjà exposé. Pour lui, deux espèces élémentaires ont des unilés héréditaires différentes. Une variété a, au contraire, les mêmes unilés que l'espèce type, mais l’une passe à l’état latent. Ainsi, les variétés dépigmentées auraient le caractère pigment, mais à l'état latent. Ces variétés marqueraient done un recul par rapport aux espèces Lypes, par suite de la disparition d’un caractère, disparition au moins apparente. De Vries appelle toutes ces variétés des rariétés rélrogrades. L'hypothèse est vague et gratuite. Nous verrons, en étudiant les lois des croise- ments, que les caraclères variélaux sont sans doute susceplibles d’une définition plus précise, grâce à l’appoint de nouvelles äonnées expérimentales. 2. Le degré de stabilité des variétés. — La plu- part des variélés qu’on propage par semis se mon- trent ins ables par cette voie. L'horticulleur qui cultive les variétés blanches et bleues d’une espèce est habitué à voir souvent les graines récoltées sur des fleurs bleues donner des descendants à fleurs blanches et, inversement, les graines de fleurs blanches donner des descendants bleus, les carac- tères line où bleu restant généralement absolus. Les variétés paraissent donc présenter, d'une facon régulière, dans leur descendance, de ces variations brusques, qu'on appelle souvent sports, et qui peuvent fréquemment être considérées comme un retour par a{avisme à un caractère ancestral. En réalité, ces mots : sport el atavisme sont appliqués sans choix à deux faits bien distinets : 1° Un grand nombre de cas de varialion spor- tive sont dus tout simplement à ce qu'on ne prend praliquement aucune précaution contre les croisements. Presque régulièrement, les horticul- teurs cultivent leurs diverses variélés côle à côte ou en mélange, el les croisements par l'intermé- diaire des inseeles sont nombreux. Nous verrons que les lois des croisements expliquent d'une manière tout à fait claire cette perpétuelle variabi- lité apparente. PF. NOEL BERNARD — ESPÈCES ET VARIÉTÉS Pour le moment, il suffit de constater que, dans un grand nombre de cas, on peut isoler des variétés qui se reproduisent purement par semis, pourvu qu'on évite tous les croisements. De Vries a isolé et cultivé le Matricaria chamo- milla discoidea dont le capitule n’est pas radié ; il se reproduit fidèlement par graines. La variété sans fleurons du Senecio Jacobea est “également stable. De Vries a aussi cultivé, en les isolant, les variétés blanches des plantes suivantes et d'autres qui se sont toutes reproduites fidèle- ment par semis : Linum usilatissimum, Phlox Drummondii, Polemonium dissectum, Salvia Syl- vestris, Erodium eicularium, ete. Il existe donc des variétés stables ne présentant as normalement de sport où d'a/avisme dans les cultures isolées; pour neuf sur dix des variélés communes, on ignore s'il y a s/abilité ou non parce qu'il n'a pas été fait à leur sujet d'expé- rience réelle de culture isolée. Je distingue donc Ja catégorie des variétés stables en supposant qu'elle renferme un grand nombre de variétés de plantes cultivées, mais sans pouvoir fixer la valeur approximative de ce nombre. Il s’agit de la stabilité dans la reproduction par graines; la stabilité dans la multiplication ‘-asexuelle est encore beaucoup plus grande, mais j'accepte la règle de ne lui accorder que peu d'im- portance pour apprécier la valeur des caractères «distinctifs d'après leur hérédité. 2% A coté de ces variétés qui ne paraissent instables que par croisements, il existe des varétes sportives dons l'instabilité a, semble-t-il, de tout “autres causes. On peut considérer comme telles les variétés fasciées ou tordues, par exemple les Jipsacus syl- vestris var. torsus de de Vries. Il semble qu'on trouve assez souvent le carac- ‘ère de variétés sportives aux variélés à fleurs striées. De Vries cite le Muflier à grandes fleurs jaunes striées de rouge : Anlirrhinum majus luteum rubro-striatum. Les stries peuvent être plus ou moins marquées ; un examen attentif en révèle l'existence. Cette variété, qui est normale- nent plus ou moins slriée, donne périodiquement des fleurs entièrement rouges. Par semis, il peut apparaitre des pieds ayant toutes leurs fleurs rouges : il arrive aussi que, sur une plante ayant .des fleurs striées, une des branches de l'inflores- cence porte des fleurs entièrement rouges. La variation sportive n'affecte alors qu’un bourgeon. De Vries a fécondé des fleurs rouges par leur propre pollen ou des fleurs striées par leur propre pollen également. Il a poursuivi la tentative d'iso- lement pendant quatre générations successives | 509 sans arriver à trouver un lype rouge pur ou un type strié pur. 100 individus striés donnen! : TRIÉS ROUGES P'éMIÉTOl NNÉE EN -Re EN-- CJULO/0 10 0; Deuxième année er NE er 08 76 ne branches striées. 98 _ : ; Ê Fe Troisième année. ) ë : { branches rouges. 29 71 NUATIÈMeE ANNEE 0 NN 10 8% lei comme dans le cas de sélection sur un carac- tère moyen, on à plus de chances d’avoir des individus d'un type donné, dans la descendance de ce type, mais seulement plus de chances, et la sélection n'aboutit qu'à augmenter la proportion du type choisi sans faire disparaître l’autre. Dans ses expériences, dont le tableau ne donne que des pourcentages bruts, de Vries a cultivé séparément les graines de chacune des capsules obtenues et jamais la descendance d'une même fleur ne s'est montrée pure. Ces tentatives d’isole- ment, qui réussissent quand il s’agit de sports par croisement et qui amènent aux types purs, ne réus- sissent pas ici. On en est amené à la conception d'une variété qui est définie non par un caractère unique et stable, mais par deux caractères entre lesquels il y a oscillation perpétuelle. La régularité même de cette oscillation définit les variétés Spor- tives (ever sporting varielies). Les Trèfles à 5 feuilles sont des variétés du mème genre. De Vries a cultivé une race de trèfle rouge, à partir de pieds à à feuilles, trouvés dans un champ. Malgré une sélection continuelle, il n'arrive à produire à chaque génération qu'un cer- tain nombre de pieds à folioles surnuméraires entremélés de pieds normaux. La sélection peut être faite dès la germination sur des plantules à cotylédons divisés qui sont ensuite les plus riches en feuilles à 4, 5 ou 6 folioles. J'admets donc cette catégorie des variétés spor- tives considérées comme réellement instables et présentant alternativement l’un ou l’autre de deux caractères absolus. 3. Critique des faits. — Remarquons cependant que cette catégorie est définie avec une assez grande certitude et qu'il n’est pas facile de limiter les cas qu'elle doit comprendre. Les propriétés héréditaires de ces variétés sont définies par des procédés qui s’écartent de la rigueur nécessaire. On ne cultive jamais ces variétés qu'avec sélec- tion constante et soins de culture particuliers, avec le but déclaré de faire apparaitre l’un ou l'autre des deux caractères extrêmes qui alternent. Le but poursuivi par de Vries était simplement de montrer que le végétal réapparai} périodiquement malgré la persistance d'atavistes. S'il paraît y avoir allernance régulière de deux caractère »10 NOEL BERNARD — ESPÈCES ET VARIÉTÉS —_—_—__—_—_—_————]———————Âa——————— caractères absolus et opposés, c’est qu'on ne garde systématiquement que des extrêmes dans les cul- tures sélectionnées. Si l’on s'appliquait au con- traire à découvrir et à définir des cas intermé- diaires, les faits ne se présenteraient peut-être plus de la même manière. Per exemple : entre les fleurs de Gueule de loup les plus nettement striées de rouge et les fleurs parfaitement rouges, il v a des intermédiaires avec des degrés de striation divers; mais on les compte tous comme des fleurs striées. De même, les Trèfles sont plus ou moins riches en feuilles anormales et leurs feuilles plus ou moins riches en folioles surnuméraires. Si l’on s'appliquait, par des procédés appropriés, à caractériser par des nombres ces divers degrés qu'on range en deux calégories opposées, il appa- raitrait que les deux caractères dits absolus et alternants sont en réalité les degrés extrêmes d’un même caractère moyen‘. Il s'agirait alors simple- ment de races dont on étudie un caractère moyen très variable, présentant fréquemment ses degrés extrèmes, surtout dans les cultures sélectionnées. En se placant à ce point de vue, on pourrait faire, à propos des expériences sur les Mufliers et sur les Trèfles à 5 feuilles, les observations suivantes : 1° On utilise un caractère spécilique moyen dont on ne sait pas facilement définir les degrés ; 2 Ce caractère est très variable, donc frès médiocre au point de vue systématique; 3° On définit l’hérédité par l'examen extrêmes et non de la moyenne ; 4° On sélectionne. Ainsi on s'écarte de toutes les règles usitées en d'autres cas ; on s'inspire, il est vrai, d’une dis- tinction qui se fait en horticulture et qui paraît à première vue assez nelle. Au point de vue scienti- fique, cette catégorie doit être considérée comme provisoire, en attendant de meilleurs modes de définition. De Vries fait rentrer dans le groupe des variétés sportives toutes les plantes dimorphes, comme le l'olygonun amphibium, qui peuvent, suivant les conditions de milieu, prendre l’une ou l’autre de deux formes très différentes, sans d’ailleurs acqué- rir de propriétés héréditaires nouvelles, puisque, retransportées dans l’autre milieu, elles repren- nent les caractères qui y correspondent *. des 4 La définiion des degrés d'anomalie des Trèfles à 5 feuilles est cerlainement possible. Dans le cas de fleurs jaunes slriées de rouge, on pourrait prendre pour caractere le rapport de la surface jaune à la surface totale qui varierait entre 1 pour le jaune franc, à 0 pour le rouge franc, avec intermédiaires. Cette apprécialion est difficile: on préfère répartir en deux caté- degrés zories, * Expériences de Massart sur le Polygonum amphibium, de G. Bonnicr sur les plantes, ete. | IT. — LES SORTES. Les espèces élémentaires et les variétés, distin- guées par des caractères absolus, peuvent être elles-mêmes subdivisées en sous-groupes définis par le degré de fréquence de caractères moyens. Ces sous-groupes sont assez souvent appelés des mais le mot race est pris aussi dans des acceptions plus générales, et on pourra appliquer en pareil cas le mot sorte qui a l'avantage de pouvoir être mieux défini. J'ai donné un exemple de la séparation de sortes pures dans une espèce élémentaire par les expé- riences de de Vries sur le Chr psanthemum segetum. J'ai dit aussi que les petites espèces d’orges pou- vaient ètre divisées en sortes stables d’après le degré moyen de caractères héréditaires comme la compacité des épis. De semblables distinctions peuvent être faites dans un grand nombre de cas, el nos espèces natu- relles sont souvent un mélange de sortes diverses, ce qui se reconnait à l'existence de courbes de variations à sommets multiples. Quelques expériences de Ludwig apportent des indications précieuses à ce sujet. Ludwig a compté les fleurons dans 17.000 spéci- cimens de Chrysanthemum leucanthemum (Grande Marguerite), spécimens provenant de localités diverses. La courbe obtenue a des sommets bien marqués à 13, 21, 24, et un autre moins marqué à 26. D’autres déterminations de Ludwig montrent que si, au lieu de recueillir le matériel n'importe où, on le récolte dans une localité donnée, les courbes sont moins complexes. Par exemple, des comptes séparés fails pour quatre groupes de Toxilis anthriscus venant de quatre localités diffé- rentes donnent, pour le nombre des rayons dans l'ombelle : un maximum très accusé pour cinq rayons (4° groupe) et deux autres moins accusés pour huit (1 et 3° groupe) et dix rayons (2° groupe). Il y a donc dans ce cas des races ou sorles locales plus ou moins exactement séparées dans la Nature. races, + Noël Bernard, Professeur à la Faculté des Sciences de Poitiers. ‘Il est à remarquer que les nombres des sommets ne sont pas quelconques : ils appartiennent à la série dite de Fiboneau : 1, 2, 3, 5, 8, 13, 21, 34, obtenue en ajoutant chaque nombre au précédent. Pour des rüsons qu'on ignore, ces nombres se répèlent plus fréquemment que d'autres dans une foule de cas analogues. Les deux races de Chrysanthemum segetum de De Vries étaient à 43 et 18 fleurons. CAMILLE MATIGNON — L'INDUSTRIE DE L'IODE, SON HISTOIRE, SON ÉTAT ACTUEL 511 L'INDUSTRIE DE L’IODE SON HISTOIRE, SON ÉTAT ACTUEL Î. — LES PREMIÈRES APPLICATIONS DE L'IODE. Le centenaire de la découverte de l'Iode, par le dijonnais Bernard Courtois, qui vient d'être fêté à Dijon le 9 novembre 1913, grâce à l'heureuse ini- tiative de la Société des Pharmaciens et de la Société médicale de la Côte-d'Or, m'a fourni l’occasion d'exposer devant les invités de ces Sociétés Loutes les conséquences de cette grande découverte. D'une manière générale, la connaissance d'un nouveau métalloïde à toujours beaucoup plus con- tribué aux progrès de la Chimie que la mise à jour d'un nouveau métal. En fait, la découverte de l'iode a joué un rôle capital dans le développement de la Chimie théorique et dans celui de la Théra- peutique. Les importantes applications médicales de l’iode ont provoqué l’industrie de ce métalloïde. Je voudrais réunir dans cet article les documents que j'ai pu rassembler sur les débuts de cette indus- trie, ses transformations et son état actuel. Bernard Courtois isole l’iode des eaux-mères du salin de varechs au commencement de 1812, mais ce n'est que le 29 mars 1813 que Clément présente le nouveau corps à l'Institut et en décrit les prin- cipales propriétés dans un mémoire intitulé : “ Découverte d'une substance nouvelle dans le varech, par M. B. Courtois’ ». Courtois, très inté- ressé et d'ailleurs fort occupé par sa nitrière arti- ficielle, donne à son compatriote et ami Clément des échantillons du nouveau corps en l'engageant d'en continuer l'étude. Les largesses de Courtois s'étendent ensuite à Gäay-Lussac, Ampère, Chaptal, Davy, de passage à Paris, Colin, Vauquelin, Frémy, pharmacien à Versailles; plusieurs de ces savants utilisent l'échantillon de Courtois et apportent des contribu- lions importantes à la connaissance du nouvel élément. D'ailleurs, au commencement de 1814, Courtois lui-même fait annoncer dans le Journal de Pharmacie « que l’iode, nouvelle substance découverte par lui, étant devenu un sujet de recherches pour tous les chimistes, il en a déposé chez MM. Vallée et Bajet, pharmaciens rue Vieille- du-Temple et rue Saint-Victor »°. L'iode resta sans application jusqu'en 1820. Le D' genevois Coindetreconnut, avec l'aide de Dumas qui dirigeait alors le laboratoire de la pharmacie Le Royer à Genève, que l'iode était un remède souve- * Annales de Chimie, t. LXXXVII, p. 304 ; 1813. * Journal de Pharmacie, février 1814. rain pour le goitre. Sur les indications du jeune chimiste, alors âgé de dix-neuf ans, Coindet em- ploya dans les traitements iodés : la teinture d'iode, l'iodure de potassium et l'iodure de potassium ioduré.. L'iode venait de pénétrer dans l'arsenal thérapeutique pour y prendre chaque jour une place plus grande. Aussi le 23 juin 1831, dans sa séance publique annuelle, l'Académie des Sciences « décernait à Courtois un prix de 6.000 francs pour sa découverte, un prix de 4.000 francs à Coindet pour avoir appliqué l’iode contre le goitre et indiqué l'emploi que l’on pouvait en faire contre les scrofules, et enfin 6.000 francs à Lujol, qui avait précisé la méthode à suivre dans cet emploi et en avait obtenu d'heureux résultats. » La même année, Daguerre, associé avec Niepce, mettait en évidence l'action de la lumière sur une lame d'argent préalablement exposée aux vapeurs d'iode ; cette action allait servir de point de départ à l'élaboration d'un art nouveau qui devait prendre par la suite un si grand développement, celui de la photographie, et créer du même coup une nouvelle utilisation de l’iode. If. — LES DÉBUTS DE L'INDUSTRIE. Aussi est-ce à partir de cette époque, de 1830 à 1840, que s'est constituée l'industrie de l’iode. Tis- sier, dès 1825, s'occupe déjà à Cherbourg de la fabrication de l’iode et, en 1829, il s'associe avec M. Guilhem, pour créer au Conquet, dans le Finis- tère, l'usine qui existe encore aujourd'hui. De Lau- nay, le grand-père de M. de Launay, membre de l’Institut, et Villedieu installent également, dans la suite, de nouvelles usines à Cherbourg et à Tour- laville, et après s'être associé Couturier, inventeur d'un procédé pour l'extraction simultanée de l’iode et du brome (1835), fondent la Société des usines de Cherbourg et de Tourlaville. Payen, dans un rapport à la Société d'Encoura- gement datant de 1839, nous a laissé un tableau de cette jeune industrie déjà florissante à la mort de Courtois (1838). Plus de 1.200 familles, réparties sur tout le littoral du Cotentin et de la Bretagne, trouvaient une occupation continue dans la récolte des goémons, leur dessiccation, leur mise en meule et leur incinération. Les usines de Cherbourg et de Tourlaville utilisaient à elles seules 300 tonnes de résidus salins et produisaient de 3.500 à 4.000 kilo- ! Bulletin Soc, Encouragement, t. XXXVIIL, p. 315; p. 1839. 212 srammes d'iode sur les 5.000 kilogrammes qui représentaient alors la consommation de la France. Elles obtenaient comme produit secondaire le brome, qui n'avait alors aucune utilisation pratique, le chlorure de potassium, agent de transformation du nitrate de soude en nitrate de polasse, du sul- fate de potasse : tallisés représentant annuellement 5 à 600 tonnes. L'iode coûtaitalors fort cher. La Société d'Encou- ragement à l'Industrie nationale, sur un rapport de Péligot, fonde, en 1839, un prix pour provoquer la découverte d'une application nouvelle importante pour augmenter d’une manière notable et évidente la production de l'iode et par suite, comme conséquence, amener la baisse de prix. La récompense ne ful jamais accordée ; la Société ne reçut qu'un seul mémoire d'un pharmacien d'Amiens, Bor, qui proposait d'utiliser les colora- tions si vives des iodures de plomb et de mercure dans la teinture et l'impression des étofles, mais l'application proposée n'était pas viable, tant à cause du prix de ces iodures que du peu de solidité des teintures. Les rapports publiés à l'occasion des diverses expositions universelles permettent de suivre de temps à autre le développement de l'extraction de l'ivde. Wurtz, rapporteur du jury de l'Exposition de 1855', nous apprend que les usines de Cher- bourg de M. Cournerie produisaient alors 5.200 kilo- grammes d’iode et 200 kilogrammes de brome, tandi- que l'usine du Conquet préparait annuelle- ment 4.000 kilogrammes d'iode, 4.000 kilogrammes d'iodure de potassium, 700 kilogrammes de brome, et 500 kilogrammes de bromure de potassium. A côté du sel marin et des sels de potasse obte- nus comme produits secondaires, ces deux usines livraient ensemble à l’agriculture environ 2.000 ton- nes de marc de soude, résidu recherché eomme engrais dans tout le pays environnant. En 1873°, neuf usines fonctionnaient en France et traitaient 20.000 tonnes de cendres. Plus de 10.000 personnes trouvaient un emploi rému- nérateur dans cette industrie, dont la production totale s’établissait ainsi : soit un ensemble de produits cris- assez très lode. 50.000 kilos Brome OO Es, © 4.000 Chlorure de potassium. ., . . . 2.000.000 Sulfate de potassium . 120.000 Sel marin . 1.800.000 Avec le chlorure de potassium on oblenait à partir du nitrate de soude 2.400 tonnes de nitrate de potassium. Dès le début, l'extraction de l'iode s'était trans- 1 Moniteur scientifique, 1859, p. 2 Bull. Soc. Encouragement, 1874, CAMILLE MATIGNON — L'INDUSTRIE DE L'IODE, SON HISTOIRE, SON ÉTAT ACTUEL portée de France en Ecosse, où les côtes sont abondamment pourvues de goémons, et Jusque vers 1873 ces deux pays restèrent seuls producteurs d'iode : 1873 65.000 kilos d'iode. 55.000 Angleterre . . France . La grande usine Paterson, de Glasgow, produi- sait à elle seule 35.000 kilogrammes d’iode. 111. — L'I0DE DES VARECHS 4. Les varechs. — Les méthodes suivies en 1839, pour l’extraction de l’iode, ne diffèrent guère de celles qui sont encore suivies aujourd'hui. L'iode n’existe dans l’eau de mer qu'à l’état de traces infinitésimales ; les recherches les plus récentes de M. Armand Gautier nous ontapprisqu'un litre d'eau contient seulement 2? milligr. 3 d'iode organique, dont milligr.8 en dissolution et le reste en suspension ; à un tel état de dilution (1/500.000), il serait impossible de retirer l’iode de la mer. Fort heureusement, certains végétaux marins, les goémons ou varechs, possèdent la curieuse pro- priété de capter, en quelque sorte, cet iode intinité- simal et, gräce à l'incessant mouvement des ‘agues qui renouvelle constamment les portions liquides en contact avec la plante de l’accumuler dans leurs cellules. Les goémons ne sont pas seu- lement des collecteurs d'iode ; ils sont également des collecteurs de sels de potasse. Aussi, quand on incinère la plante desséchée, elle abandonne des cendres riches en sels de sodium et de potassium, méêlés à un peu d'iodures et de bromures alealins. Suivant leur origine, les goémons se partagent en deux grands groupes : ceux qui se développent dans les bas-fonds et sont amenés sur le rivage après avoir été arrachés par la violence des flots, pendant les tempêtes ou les grandes marées, et ceux qui croissent sur les roches voisines de la surface et peuvent être fauchés par les riverains. La récolte des varechs coupés est limitée par des règlements sévères à deux époques de l’année ; elle est réservée aux populations côtières pour leurs besoins agricoles (engrais polassé) ; ces varechs interviennent peu dans l'industrie de l’iode, tandis que les varechs fottés, ceux des bas-fonds, en constituent presque exclusivement la. matière première. Le varech le plus richeest le Fueus stenobols; ses cendres contiennent jusqu'à 22 millièmes d'iode: Le Æucus saccharinus Vient ensuite : sa saveur sucrée est due à la présence de la mannite; ses cendres titrent environ 10 millièmes d’iode. Les varechs les plus pauvres en iode donnent une cendre ne dépassant pas 2 millièmes. CAMILLE MATIGNON — L'INDUSTRIE DE L'IODE, SON HISTOIRE, SON ÉTAT ACTUEL 513 Après une mer agitée, les riverains, armés de grands râteaux de bois, ramènent sur la grève les fucus qui passent à leur portée; ils les entassent après une dessiccalion suffisante pour attendre l'époque de l’incinération, qui se fait de juillet à septembre. Pendant cette attente, les plantes aban- donnent aux eaux de pluie une partie des sels précieux cristallisés à leur surface ou contenus dans leur suc cellulaire. Il en résulte une perte assez importante. 2. Incinération des varechs. — Pour pratiquer l'incinération, on creuse dans le sol du rivage des fosses rectangulaires de 2 mètres à 2",20 de lon- gueur, 0,65 à 0®,80 de largeur et 0",50 à 0,75 de profondeur. On en revêt le fond et les parois avec des pierres plates et l'on commence l'incinération en enflammant une première couche de varechs; puis, dès que la flamme apparait, on en ajoute de nouvelles quantités de manière à éviter une trop grande élévation de température qui entrainerait une perte d'iode, tout en maintenant une chaleur suffisante pour produire la fusion partielle des matières salines. À la fin, un ouvrier ringarde énergiquement le salin de manière à homogénéiser la masse et à souder entre elles toutes les parties päteuses. J'ai dit qu’une température trop élevée était à éviter; en effet, la silice, agissant sur les iodures, en chasse l'iode partiellement pour former un silicate alcalin. ; 3 Composition des cendres. — La composition des cendres est extrêmement variable d'un varech à l'autre; elle varie avec l'espèce botanique, avec la localité, avec les soins apportés à la récolte, au Séchage et à l'incinération. L'analyse d'un grand nombre d'échantillons provenant de fucus récoltés sur les côtes francaises a donné à Golfier-Bessayre des résullats d'analyses qui montrent que les divers éléments varient entre des hmites très éloignées: Matières solubles 20,5 à 76,8 2/0 Sulfate de potassium . .. 2,4 à 43,6 Chlorure de potassium . . . . 0,4 à 35 lodure de potassium . . . . . 0 à 0,036 Chlorure de sodium . 9,6 à 69,9 Carbonate de sodium. . . . . 0 à 16,7 Sulfate de sodium . . . . .. O0 à 35,5 Les charrées de soude ou parties insolubles, utilisées comme engrais, contiennent surtout comme élémentintéressantle phosphate de calcium dans une proportion variant de 10,56 à 6,44 °/, La richesse en iode des cendres préparées au laboratoire et dans le procédé des fosses montre que la méthode d’incinération en usage fait perdre des quantités énormes d’iode. 4. Traitement dusalin.— Les cendres agglomérées constituant le salin sont soumises à un lessivage méthodique pour en extraire les portions solubles. Les lessives sont ensuite concentrées des évaporateurs, où elles déposent d’abord le sel marin, puis les sels de potasse, chlorure et sulfate. Les eaux mères marquent alors 55° Baumé; elles con- tiennent les iodures de sodium et de potassium, une certaine quantité de sel marin, du sulfate et du carbonate de sodium, des cyanures, des sulfures et polysulfures, des sulfites et des hyposulfites pro- venant de la réduction des sulfates pendant la cal- cination. Il faut détruire tous les corps réducteurs, sul- fures, sullites, etc., qui, en présence de l’eau, réagi- raient sur l’iode et le feraient rentrer en partie en solution. L'acide sulfurique permet d'obtenir ce résultat, les sels précédents sont décomposés avec dégagement d'hydrogène sulfuré, de gaz sulfureux et dépôt de soufre. On porte à l'ébullition pour chasser ces gaz acides. Il faut éviter un excès d'acide sulfurique qui décomposerait les iodures. dans >. Extraction de liode.— On précipite l'iode par le chlore, méthode imaginée par Bernard Courtois, qui s’est occupé del'extraction industrielle del'iode : KI + Cl=KCI LI. En Angleterre, on utilise quelquefois la réaction de Wollaston. La solution est traitée par l'acide sulfurique en présence du bioxyde de manganèse: l’iode se dégage quand on a chauffé progressivement de 60 à 90° : 2 KI + MnO*° E 2SO0'H° — SOMn + SO'K° + 21 + 2H°0. La réaction de Courtois se réalise généralement dans des bonbonnes en grès d’une capacité de 100 à 150 litres, munies de trois tubulures, pour l’arrivée du chlore, son dégagement et le brassage. Il faut arrêter le courant de chlore avant la pré- cipitation du brome. Par des prises d'essai effec- tuées vers la fin de la réaction, on s'arrange de manière à laisser une petite quantité d'iodure non décomposé. L'iode précipité est desséché, puis comprimé et purifié par sublimalion; on obtient ainsi l’iode sublimé du commerce. Cette distillation s'opère dans des vases cylindriques en grès mis en commu- nication avec d'autres vases de même nature servant! de condenseurs. On utilise aussi pour cette opéra- tion des chaudières en fonte munies d’un couvercle en plombet communiquant avec une série d’allonges en poterie. Une tonne de salin ne donne guère en moyenne plus de 5 kilogrammes d'iode et 400 grammes de brome. Dans certains cas rares, avec des goémons 514 très riches, on a pu atteindre jusqu à 7 et 10 kilos d'iode. L'industrie de l'iode reçut une première atteinte quand les sels de déblais des gisements de Stass- furt commencèrent à être exploités vers 1860 pour retirer d’abord les sels de potasse, puis, quelques années plus tard, le brome qu'ils contiennent. Le prix de ces produits secondaires de l'extraction de l’iode s’affaissa subitement; le chlorure de potas- sium, qui valait 60 francs les 100 kilogrammes, tomba à 15 ou 20 francs, tandis que le kilogramme de brome passait de 60 francs à 5 francs. L'iode des varechs devait trouver plus tard un concurrent beaucoup plus sérieux dans l’iode retiré des eaux-mères du salpêtre du Chili. IV.— L'I0DE DU SALPÊTRE CHILIEN. 1. Historique. — L'exportation du salpêtre chi- lien a commencé vers 1830, et, dans l'intervalle de 1830 à 1840, environ 50.000 tonnes quittèrent les ports chiliens pour l'Europe. En 1842, Lembert reconnut la présence de l’iode dans le nitrate brut chilien sous forme d’iodures et d’iodates, mais c'est vers 1855 que Barruel et surtout Jacquelain envi- sagèrent les gisements de caliche chilien comme une source d'iode des plus importantes. En 1853, un fabricant de produits chimiques de Paris, Seigneuret, préparait à partir du nitrate du Chili un acide azotique qui renfermait toujours de l'iode en quantité suffisante pour le faire rejeter dans certaines de ses applications. Seigneuret fit part de ses embarras à Jacquelain, alors préparateur de Dumas de l'Ecole Centrale, qui constata la présence de l'iode en quantité abon- dante dans les eaux de purification du nitrate et vit de suite dans ce sel exotique une riche source d'iode. Il fit venir du Chili un échantillon de cali- che, minerai du salpêtre, et y dosa une quantité d'iode atteignant la proportion considérable de 1,75 °/,. Pour en extraire l’iode, il le précipite d'abord des iodures par le chlore, puis, dans une deuxième opération, des iodates par le gaz sulfu- r'eux : 210!Na E 580: + 4H°0 — 21 + 2SONaH + 3 SOIR. Il propose alors de faire venir en Europe le ca- liche pour en extraire l’iode directement. Tous ces travaux, du plus grand intérêt, devaient rester sans sanction pratique jusqu en 1869. A cette époque, la Société nitratière de Tarapaca apporta pour la première fois sur le marché européen 300 quintaux d'iode, qui avaient été retirés des eaux- mères du nitrate par un procédé dû au Français Thiercelin, procédé qui est encore en usage au- jourd’hui. Mais ce n'est qu'à partir de 1873-74 que CAMILLE MATIGNON — L'INDUSTRIE DE L'IODE, SON HISTOIRE, SON ÉTAT ACTUEL l’iode chilien vint concurrencer régulièrement les industries française et anglaise. Vers cette époque, l'iode chilien était importé sous forme d'iodure cuivreux facile à précipiter des eaux-mères par un courant de gaz sulfureux en présence de sulfate de cuivre. Cette réaction, qui avait été indiquée d’abord par Soubeyran, puis par Léon Krafft en 1859, avait été introduite au Chili par Langbein, pour être bientôt abandonnée; ce n’est qu’en 1873 et 1874 que le Chili exporta 45.000 et 50.000 kilos de cuivre ioduré. 2. Traitement des eaux-mères du nitrate. — On a reconnu dans le caliche la présence de l'iodate de sodium, de l'iodate de calcium ou Zautarite et de l'iodochromate de calcium ou dietzeite. Ces compo- sés iodés ou leurs produits de transformation s'accumulent dans les eaux-mères du salpêtre qui contiennent de 4 à 4 grammes d'iode par litre, surtout à l'état d'iodate de sodium. L'iodure de sodium, qui s'y trouve également, provient sans doute d'une réaction secondaire. L'analyse des eaux-mères de l'Usine A/ianza de Tarapaca a donné les teneurs suivantes par litre d’eau-mère : Nilrale de sodium Chlorure de sodium TE Nitrate de potassium . - . . . . : 473,16 Perchlorate de potassium . 9,43 Sulfate de calcium - 3,30 Sulfate de magnésium . . . . . . 42,41 Jlodate de sodium . . . . Mr: 3,16 Oxyde de fer et argile. 7,60 Le principe du procédé Thiercelin est le suivant : on ajoute aux solutions iodifères un excès de bi- sulfite de soude qui ramène les iodates à l’état d'iodure, puis on précipite l'iode à l’aide des iodates contenus dans une deuxième portion d'eaux-mères : IOSNa + 3S0°? + 3H°0 = Nal + 3S0‘H° 5 Nal IOŸNa + 3 SO'H° = 3 SO'Na + 61. S'il n'y avait que de l'iodate, on voit qu'il fau- drait ajouter dans la phase de précipitation une quantité d'eaux-mères égale au 1/5 de l'eau-mère initiale. Le bisulfite de soude se prépare sur place. On oblient d'abord un carbonate sodique impur en enflammant un mélange de salpêtre avec du char- bon pulvérisé (8,5 parties de nitrate pour 15 de car- bone); on en fait une solution saturée dans laquelle on envoie un courant de gaz sulfureux produit par la combustion du soufre. La précipitation, le caillage de l'iode, est faite par le majordomo,un ouvrier sans connaissance chimique, qui par tâtonnement fait des additions successives de bisulfite et d'eau-mère. Il se laisse guider d'ailleurs par quelques essais grossiers effectués d'abord sur une portion de la solution. CAMILLE MATIGNON — L'INDUSTRIE DE L'IODE, SON HISTOIRE, SON ÉTAT ACTUEL L'iode caillé est jeté sur un filtre en tissu de fil, puis essoré complètement dans un presse-filtre. On obtient alors les fromages d'iode qui contien- nent 70 à 75 °/, d'iode, 15 à 20 °/, de malières non volatiles et 5 à 10 °/, d'eau. On le transforme en iode commercial à 99,5 °/, - en le purifiant par sublimalion. Celle-ci s'effectue dans des cornues en fonte, de forme rectangulaire, noyées dans une maçonnerie et chauffées par leur partie inférieure. Elles sont en relation avec le condenseur, composé de tuyaux en argile de 75 cen- timètres de diamètre et 90 centimètres de longueur assemblés ensemble généralement par groupes de 3 à 8. La cornue en fonte est revêlue à l’intérieur avec une couche d'argile pour la protéger contre l'action corrosive de l’iode. La charge d'une cornue peut atteindre 800 à 1.000 kilos d'iode. À cause de la température éle- vée des régions salpêtrières pendant le jour, on relire l’iode des condenseurs pendant la nuit, mais il se produit une perte sensible par volatilisation et les vapeurs incommodent les ouvriers. L'iode sublimé est placé dans de petits tonneaux solides, contenant de 37 à 45 kilos de métalloïde. Pour éviter la perte pendant le transport, les ton- neaux sont enveloppés avec des peaux fraiches de bœufs. 3. Statistique et commerce de liode. — Le Chili produit aujourd'hui la plus grande partie de l'iode consommé dans le monde; alors que la pro- duction chilienne était seulement de 3.500 kilos en 1875, elle s'est régularisée aujourd'hui aux en- irons de 450.000 kilos : PRODUCTION CHILIENNE D D NOR 35 2 000CKLIOS RE): A tre TT O0 MORE 1 1. e : © © 20, 490000 RNA: - 425.000 DR 0. à . LERPE 514.000 SR hs: - 0 SN 15962000 1394770. 334.000 OR à : . . . . 152.000 DOSOERRRAE EM Lo! MERE: EI 49002. . 590.000 s UE TRRE 160.000 AVALERE 138 000 La richesse du caliche en iode est variable, mais on peut admettre une teneur moyenne de 0,05 °/.. Or il faut au moins 3 tonnes de minerai pour obte- nir 1 tonne de salpètre, done pour fournir les 2.500.000 tonnes de nitrate actuellement sommés, une quantité trois fois plus grande de caliche, représentant une teneur en iode évaluée approximalivement à 3.750.000 kilos. Or la con- sommalion mondiale de l'iode ne dépasse pas actuellement 700.000 kilos; aussi l'extraction de con- 515 l'iode est-elle limitée par une convention de manière à éviter l’avilissement des prix. C'est.en 1886 que fut établie ce qu'on appelle la combinaison de l’iode, en vertu de laquelle tous les salpètriers chiliens se répartissaient entre eux la production annuelle et s'engageaient à livrer leur quote-part à la maison Antony Gibbs et fils de Londres. D'autre part, un Syndicat international, dans lequel entraient les participants de la combinaison, s'organisait entre les producteurs européens pour maintenir les prix et permettre à l’industrie euro- péenne de subsister malgré la concurrence chi- lienne. En France, un impôt de 4 francs par kilo- gramme d’iode importé prolège dans une certaine mesure les six usines à iode qui fonctionnent encore sur les côtes de Bretagne, au Conquet, la plus importante et la plus ancienne, à Aber-Wrach, Pont-l'Abbé, Audierne, Saint-Pierre-de-Quiberon et Ploudalmézeau. Sur les 160 usines nitratières du Chili, une petite fraction seulement, 20 à 30 usines environ, extraient l'iode de leurs eaux-mères. Quand une même Société possède plusieurs usines, elle concentre généralement toute son extraction dans l'usine traitant les caliches les plus riches, et prépare ainsi la totalité des quote-parts revenant à chacune des usines de la Société. Très souvent, une usine s'adresse à sa voisine pour lui fournir le quantum dont elle a besoin d’après la répartition de la combinaison. C'est ainsi que les usines Saint-Louis, dans le Taltal, ont à elles seules, en 1901, fourni plus du cinquième de la production totale. Voici pour 1905 la statistique de l’iode exporté par le Chili, réparti par port d'embarquement : EMA M RE men ee MDS Le 00 OMEUITS IquIQue EPA MEN CE NE 0362860 OCR DUNTE ME CREME C7 9 0710 AnLOTa SAS Ta NE EEE GT (50 AMAR ER ETS EE 06200 564.230 Le prix d'extraction de l'iode au Chili varie de 4 fr. 50 à 5 fr. 15 par kilogramme ; cet iode paie un droit de sortie de 2 fr. 20 et entraine pour son transport à Londres et les frais complémentaires une nouvelle dépense de 2 fr. 30, de sorte que le prix de revient sur le marché de Londres ne dépasse pas 9 fr. 65. Avec un prix moyen de vente de 22 francs à Londres, le Chili réalise ainsi pour 450.000 kilos un 5,5 millions. Comme le prix de vente par kilo- gramme est aujourd'hui d'environ 40 francs, on voit que les intermédiaires entre le Chili et le consommateur prélèvent au passage un bénéfice beaucoup plus élevé, atteignant environ 8 millions. bénéfice net d'environ 216 Le prix de vente de l'iode par les Chiliens ne dépasse guère le prix de revient dans les usines francaises, qui serait voisin de 18 francs. La Norvège et le Japon sont aujourd'hui de nouveaux producteurs d'iode. Indépendamment de l’iode consommé chez lui, le Japon a exporté depuis 1902 les quantités suivantes : 1902 1.800 kilos 1903 15.000 190% 30.000 1905 50.000 D'après Molinari, les usines européennes auraient produit 180.000 kilos diode en 1911; en comp- tant 60.000 kilos pour le Japon, nous arrivons à une production mondiale voisine de 700.000 kilos. Europe 150.000 kilos Chili 438.000 Japon . 60 000 678.000 Au prix actuel de 40 francs, on voit que la valeur marchande de l’iode représente environ 28 millions, chiffre amplifié considérablement si nous exami- nons la valeur de tous les produits de transforma- tion de l'iode, vins iodés, peptones iodées, etc. L'Allemagne est la plus grande importatrice d’iode; voici le tableau de ses importations : 1905. . 371.000 kilos 1906 . 297.000 1908 . 194.000 1909. 369.009 1910. . 362.000 1911. 302.900 L'iode importé en 1911 se réparlissait ainsi sui- vant son origine : CORRE NE RE MD 5 2 600 KTIOS PÉTOU En ME. : A re EN ER: 22.000 Norvège . . NS TRAIN Er ES 00) Japon . . 7.600 V. — AUTRES ORIGINES DE L'IODE. L'iode est très répandu à la surface de la Terre, inais toujours à dose très faible; dans certaines opérations industrielles où il était amené à se concentrer naturellement, on à pu en recueillir de petites quantités. Les phosphorites du Lot sont iodifères; quand on les transforme en superphosphales par traitement avec l'acide sulfurique, il se dégage des vapeurs abondantes contenant de l’iode ; celles-ci peuvent être recueillies comme on l'a fait pendant quelque temps à l'usine Michelet et Thibault à la Villette et aux usines Kublmann à Lille. A la Villette, vers 1874, on obtenait 12 kilos d'iode par jour. Les minerais de fer de la Lorraine et du Luxem- bourg contiennent aussi de l’iode, mais à l’état infinitésimal ; les vapeurs d'iode se dégagent du CAMILLE MATIGNON — L'INDUSTRIE DE L'IODE, SON HISTOIRE, SON ÉTAT ACTUEL haut fourneau avec tous les gaz réducteurs. Quand on lave ceux-ci à la sortie du gueulard, on retient des matières salines qui contiennent 1,50 °/, d'iode. M. Gredl, ingénieur aux usines d'Esch (Luxem- bourg), a calculé que 100 tonnes de fonte peuvent donner 2 kilos d'iodure de potassium. Les usines de la Lorraine et du Luxembourg rejettent aussi dans l'air une quantité d'iode correspondant an- nuellement à 60 ou 70 tonnes d'iodure. VI. — AVENIR DE CETTE INDUSTRIE. La consommation de l'iode augmente chaque année; il est, à l'heure actuelle, l'antiseptique le plus universellement apprécié. Il n'y a pas un de ses composés qui ne joue un rôle thérapeutique dans certaines maladies ; l'iode est bien l'élément qui tient la plus grande place dans la pharmacopée: moderne. Universellement répandu dans le monde organique, il doit y jouer un rôle considérable ; nous connaissons déjà la place importante qu'il tient dans la glande thyroïde, mais il paraît très probable que l'avenir nous montrera l'iode jouant dans les réactions biologiques le rôle d’un important catalyseur. Il n’est donc pas douteux que la consommation de l’iode ne soit appelée à grandir avec le temps. Les gisements de nitrates naturels du Chili sont limités ; on peut admettre qu'ils seront épuisés dans une centaine d'années ; il restera bien dans le même pays d'autres gisements salifères, sulfate de sodium, sulfate d'alumine, caliches pauvres, ete., mais ces derniers sont-ils iodifères ? D'ailleurs, même s'ils contenaient de l’iode, ils devraient être exploités uniquement pour l'extraction de l’iode et alors le prix de revient de ce dernier augmenterail dans des proportions considérables. Il apparait done comme probable que l'industrie de l'iode reviendra aux collecteurs d’iode de la mer, varechs et sans doute animaux marins, chez lesquels on à reconnu, dans ces dernières années, souvent des teneurs en iode fort élevées. Par exemple, certaines éponges lropicales contiennent de 8 à 14°/, d'iode. Mais alors les méthodes d'extraction devront se perfectionner de manière à ne pas détruire les matières organiques qui accompagnent l'iode et à ne pas perdre une fraction assez sérieuse de cet élément pendant L'industrie de l'iode de la mer, après avoir traversé une crise l'incinération. assez prolongée, reprendrail ainsi la première place ; ce serait là un de ces recommencements. qui ne sont rares ni dans la science, ni dans l'in- dustrie. Les théories aujourd'hui désuètes sont souvent les théories triomphantes de demain. Camille Matignon, Professeur au Collège de France. / PIERRE CLERGET — REVUE DE GÉOGRAPHIE ÉCONOMIQUE 517 REVUE DE GÉOGRAPHIE ÉCONOMIQUE I. — FAITS DE PEUPLEMENT. $ 1. — Les facteurs géographiques et économiques de l’émigration. Un des faits saillants de l’évolution sociale con- siste à corriger l'inégale répartition naturelle de la ace humaine à la surface du globe. Les causes du phénomène sont nombreuses : surpopulation (Chine, Japon), mauvaise répartition de la pro- priété foncière, insuffisance des moyens d'existence (Italie, Espagne, Russie), intolérance politique ou religieuse (Angleterre, Russie). En outre, l'émigra- tion est facilitée par le développement et le bon marché des transports maritimes, par l'extension des voies ferrées dans les pays neufs, par les rela- tions qui existent entre le pays de départ et le pays d'installation (commerce, communauté de race ou de langue), par la législation (liberté de tester), par les organisations publiques ou privées, organisées en vue de la favoriser (agences d'émigration); elle se multiplie, enfin, par une sorte d'entraînement, de psychose épidémique — suivant le mot de G. Tarde — dans les milieux sociaux où elle se répand, alti- rant des familles et des villages entiers *. M. René Gonnard estime que la capacité migra- loire, forte ou faible, des Etats est liée beaucoup moins à des conditions permanentes de race et de nationalité qu'à des situations plus ou moins pas- sagères de civilisation et de culture ?. En d'autres termes, l'émigration est une question de « mo- ment », d'époque; il y a des cycles d’émigration intense et des cycles d'émigration faible. L'histoire confirme cette manière de voir. Aux xvr°, xvi et xvin® siècles, la France a enregistré des exodes importants vers nos colonies d'Amérique. L'émi- gration allemande est tombée depuis trente ans de 220.000 à 25.000 personnes, tandis que celle de l'Italie, de l'Espagne, de la Russie, de l'Autriche- Hongrie, de l'Angleterre atteint actuellement des chiffres qui pourront être difficilement dépassés : Angle- Alle- Autriche- terre magne Italie Hongrie 1865 (année sèche). . 475.000 72 000 » n 1813 ter 228.000 110.400 » 11.000 IST5 (année de crise industrielle) . . 141.000 32.300 » 12.000 ——_————.—."...._-_-_-— —" ——————_— ‘ Cf. Pierre CLerGer : Géographie économique. L'exploi- tation rationnelle du globe. In-16, O. Doin et fils, 1912. Ch. II. La population. * RENÉ Gonnanp : Les nouveaux progrès de l'émigration britannique. Revue économique internationale, 15-20 octobre 1913. — Cf. du même auteur: L'émigration européenne au XIXe siècle. In-16, A. Colin, 4906. Angle- Alle- Autriche- terre magne Italie Hongrie 117.000 120.000 1880 (année humide). 22$.000 29,000 1SS3. . « . . 320.000 173.600 169.000 35.000 188% (année de crise industrielle) . 23.000 19.000 157.000 35.000 1893 (année sèche). 209.000 S7.600 247.000 63.000 1907. 395,000 31.600 705.000 386.000 1908 (année de crise industrielle). 1911. 19.800 487.000 23.000 534.000 256.000 411.000 107 000 164.000! De l’examen des pays signalés, il ressort que les émigrants appartiennent principalement aux popu- lations agricoles, tandis que leur nombre va en diminuant dans les pays dont l'industrialisation va croissant, comme on peut le constater en Alle- magne.L'Angleterre, surtout, et la France, dans une moindre mesure, font exception à celte règle. La Grande-Bretagne reste pays de grande émigration par suite de sa situation insulaire, de l'attraction exercée par ses grandes colonies de climat tempéré, peuplées par une majorité d’Anglais où l'émigrant relrouve la même société et les mêmes habitudes de vie qu'il à quittées dans la métropole, par suite, enfin, de cette coutume du droit d'aînesse, qui pousse les cadets à s’expatrier pour se refaire plus vite un patrimoine. En France, notre droit succes- soral égalitaire exerce une influence inverse et notre population stagnante ne nous permel même pas, malgré le caractère agricole prédominant de notre pays, de peupler suffisamment l'Afrique du Nord malgré sa proximité et son climat favorable. Sans connaitre les conclusions de M. R. Gonnard, M. Edouard Brückner, l’auteur de la théorie du cycle de trente-cinq ans en malière de périodicité des phénomènes météorologiques, vient d'étudier les rapports de ces variations avec le mouvement des émigrants entre notre continent et les Elats- Unis *. Une période d'années humides produit dans l'Europe centrale et méridionale une série de récoltes médiocres, tandis que les Etats-Unis, qui s'accommodent mal de la sécheresse, en auront d'excellentes. De telle sorte que les populations agricoles seront plus sensibles à l'émigration pen- dant les périodes pluvieuses que pendant les périodes sèches. Les courbes des pluies dans l'Europe occidentale et les Etats-Unis indiquent 1 Ministère du Travail et de la Prévoyance sociale. Statis- tique générale de la France. Annuaire statistique, 1912. Paris, 1913. ? Evo. Bauckser : Klimaschwankungen und Volkerwande- rungen. In-18, Wien, A. Hülder, 1912. Vortrag gehallen in der feierlichen Sitzung der kaïiserlichen Akademie der Wis- senschaften am 31 mai 1912. Compte rendu par Er. CLouzor : La Géographie, 15 juin 1915. 518 PIERRE CLERGET — REVUE DE GÉOGRAPHIE ÉCONOMIQUE deux maxima vers 1850 et vers 1880. Or, si l'on considère la moyenne annuelle des immigrants aux Etats-Unis, on constate également deux maxima pendant les décades 1850-1860 et 1880-1890". En Allemagne, l’année 1850 coïncide également avec une reprise et l'année 1881 marque avec 1854 les maxima atteints. Cette explication demande, toutefois, à être com- plétée. Il ne faut pas oublier que les émigrants européens sont en grande partie attirés par les villes employés dans les industries et dans les travaux publics. Or, «es branches d'affaires sont également soumises à des américaines el sont cycles de prospérilé suivis de périodes de dépres- sion. Pendan£ tout le xix° siècle, les crises indus- trielles et commerciales se sont succédé à des intervalles réguliers de huit ou neuf ans; elles ont toujours élé suivies d'une réduction sensible du nombre des émigrants, comme le montrent les chiffres du lableau précédent, et la répercussion industrielle est certainement plus sensible que l'influence agricole. La statistique des émigrants débarqués aux Etats-Unis fournit la même indica- tion de 1893 à 1894, les chiffres tombent de 502.917 à 314.467, et de 1907 à 1908, la chute est encore plus sensible, elle va de 1.285.349 à 782.870. $S 2. — Les facteurs géographiques du développement urbain. Trois facteurs géographiques concourent à situer les villes : le site, la position et la composition du sol et du sous-sol. Le site, c'est-à-dire la topo- graphie du lieu, est le moins influent; c'est un facteur accessoire en ce sens que l'homme peut le modifier à son avantage en comblant des marais, en resserrant le lit d’un fleuve, en percant des tunnels. La composition du sol et du sous-sol est déjà plus importante : des richesses minières suf- lisent pour créer une ville, dont la caractéristique est une croissance rapide et parfois éphémère. Mais c'est la position géographique, c'est-à-dire la situation vis-à-vis des voies naturelles ou au point de contact de deux régions économiquement diffé- rentes, qui représente la cause essentielle et per- manente du développement urbain. D'une récente étude du professeur Albrecht Penck : Die Lage der deutschen Grosstädte*, il résulte qu'en Alle- 1 Moyenne annuelle par décade : 1820-30. 1.000 1860-70. 231.000 1830-10. 59.000 1870-80. 281.000 1840-50. 171.000 1880-90. . 524.000 1850-60. 254.100 1890-1900. 384.000 11 faut remarquer, toutefois, la forte altraction exercée en 1848 par la découverte des mines d'or de Californie et la répulsion causée par la guerre de Sécession en 1863-1864. ? Analysée par À. Aux : La position géographique des grandes villes allemandes. La Géographie, 45 janvier 1914. magne, sur les 43 villes de plus de 100.000 habi- . lants, 29 sont des lètes de ponts; loutes sont, soil des étapes ou des carrefours sur des voies de com- municalion naturelles, soit des centres d'exploita- tion de richesses minières, thermales ou agricoles. Quatre seulement font exception, constituées seule- ment par une cristallisation de la population dans des régions industrielles à forte densité. De récents travaux de géographie urbaine, consacrés à des villes françaises, vont nous permettre d'illustrer ces considérations. Au pied de l’escarpement du Rachais, installée sur un cône d’alluvions ramassant en uu seul lit la rivière principale, Grenoble n'était guère favorisée par son site, mais c’élail une tête de pont, l'étape obligée des voyageurs allant de Lyon en Italie par le Genèvre”. La position géographique a fait la fortune de la ville, bâtie au débouché des grandes routes qui pénètrent dans les Alpes dauphinoises : la vallée du Grésivaudan conduit à l'entrée de la Tarentaise et de la Maurienne, voie d'accès des cols du Petit Saint-Bernard et du mont Cenis; la vallée de la Romanche mène à l'Oisans, au Lautaret, à Briancon et au passage facile du mont Genèvre; enfin, par la vallée du Drac, on gagne également le passage du Genèvre, et on peut encore atteindre le Trièves, la vallée du Buech et la basse Durance. La fortune de Grenoble lui est venue de l'industrie de la ganterie, dont la matière première est fournie par les chèvres de la montagne, de la fabrication du ciment, préparé avec les marnes et les calcaires qui affleurent sur les pentes du Rachais et en se servant de l’anthracite des mines de la Mure, enfin, des industries hydroélectriques, alimentées par les torrents alpestres. Et c'est encore dans la montagne que se recrute la main-d'œuvre grenobloise. Bien que le site de Dijon soit plus favorable que celui de Grenoble, c'est encore la position géogra- phique qui l’a imposé à l'emplacement de la percée de l’Ouche ”. C'est là qu'une des routes de passage de la Saône à la Seine, par la vallée de l'Ouche et le canal de Bourgogne, vient croiser celle qui, suivant le pied des « côtes », conduit de Lyon vers Langres et vers le Nord, et qu'emprunla la voie ramaine de Lyon à Metz et à Trèves. C'est encore ce croisement qui détermina le choix du {racé de la ligne ferrée de Paris à Lyon et à Marseille, malgré la nécessilé de creuser plusieurs kilomètres de tunnels à travers les plateaux calcaires, de Blaisy-Bas à Dijon. L'essor de la ville a eu justement pour cause dé- 1 Raouz BLANCHARD : Grenoble, Etude de géographie urbaine. In-8, A. Colin, 1911. — Ch.-A. Roux : Grenoble. Le cours Berriat. Etude géographique d'une rue. In-$8, Grenoble, 1913. ? H. Hausen : Le site et la croissance de Dijon; L. Ersen- MANY : Dijon, centre de communications. Dijon et la Côte d'Or en 1911, XXXXe Congrès de l'Association française pour l'avancement des Sciences, In-8, Dijon, 1912, t. I. Je CRE Ce men 6e cm comm. PIERRE CLERGET — REVUE DE GÉOGRAPHIE ÉCONOMIQUE - lérminante la construction de la voie ferrée de Paris à Lyon et des nombreux embranchements qui rattachent Dijon à Nancy, à Reims, à Belfort et à Bäle, à Besançon et à Neuchâtel, à Pontarlier et à Lausanne, à Saint-Amour, Bourg et Culoz et, de là, vers Genève et le Mont-Cenis. Dijon est la tête du fuseau qui comprend toutes les voies francaises pénétrant en Suisse. Si quelques industries locales, et nolamment celles des produits alimentaires, sont adaptées aux matières premières de la région, d'autres, comme les produits chimiques, la métal- lurgie, doivent leur développement à la facilité des transports et à la multiplicité des voies, et c'est encore la même cause qui favorise le marché ré- gional et l’afflux des touristes, attirés par les richesses artistiques de la ville. Moins attirant encore que celui de Grenoble, le site de Lyon est constitué par le défilé de la Saône, taillé à pic dans les roches cristallines, par les deux collines de Fourvières et de la Croix-Rousse, et les terrains du confluent, autrefois formés de « lônes » et de « brotteaux », îles de cailloutis instables, entre lesquelles vagabondaient les deux rivières". Là encore, c’est la position géographique qui à fait la fortune de la ville. Limite climatique entre le Nord et le Midi, point de convergence de trois domaines géologiques, confluent de trois branches navigables, Lyon est une croisée de routes qui en ont fait de bonne heure un grand centre d'échanges, et, aux xv° et xvi° siècles, un rendez- vous de foires célèbres où l’on venait des Flandres, d'Allemagne, de Suisse, d'Italie, d'Espagne. Les chemins de fer ont transformé ses avantages natu- rels : les grands tunnels alpins ont détourné une partie du trafic de Lyon comme de celui de Mar- seille; la voie du Bourbonnais par Roanne et Moulin à perdu au profit de celle de la Bourgogne; enfin, la navigation sur le Rhône a diminué devant la concurrence de la voie ferrée et par suite des con- ditions naturelles défavorables du lit du fleuve. C’est à ses anciennes foires, c'est-à-dire encore à sa position géographique, que Lyon doit son in- dustrie maïtresse, la fabrication des soieries, dont le commerce est étroitement localisé au pied de la Croix-Rousse, alors que les métiers ont en grande partie émigré dans les régions voisines. Mais, depuis trente-cinqans,d’autresbranches ont grandi; malgré la cherté du combustible, les industries mécaniques, chimiques, alimentaires se sont développées, fa- vorisées par une main-d'œuvre abondante, un large marché local et de grandes facilités de transport, en même temps que l'axe de la ville se déplacait à © MaunicE ZiMMERMANX : Lyon, étude géographique. Lyon et la région lyonnaise depuis les origines jusqu'à nos jours. Publication de la Section lyonnaise de la Société des études locales dans l'enseignement public. In-16, Lyon, 1913. 519 l'Est, vers la plaine dauphinoise, sur un emplace- ment plus facile que le site primitif. Rouen fournit encore un exemple de l'influence prépondérante de la position géographique : il doit son origine au passage où l’on traversait la Seine, au point de contact du fleuve et de la marée, mais la présence de marais à cet endroit, la complica- tion du réseau hydrographique, l'impénétrabilité du massif forestier ne pouvaient guère servir qu'à la défense; cetle topographie se prèlait mal à lex- tension d'une grande cité". La position géogra- phique, par contre, était de premier ordre : la baie et la vallée de la Seine ouvrent une porte sur l'in- térieur de la France et sur sa capitale; deux régimes hydrographiques et deux navigalions, maritime et fluviale, s’y trouvent en contact; une grande voie humaine, allant des plaines picardes aux pâturages de la Basse-Normandie, traversait le fleuve à cet endroit. C'est pourquoi, avant d'être un centre de fabri- cation pour les draps, les toiles et, plus tard, les cotonnades, Rouen fut d’abord un marché, et il l'est resté; le marché maritime a cédé sa place au Havre; le marché local alimente les industries rouennaises, mais il est en décroissance au profit du commerce de transit : de tout temps, la ville a été le grand marché d’approvisionnement de la ré- gion parisienne, et l’on comprend que les Rouen- nais ne soient point partisans du projet Paris port- de-mer. Il. — Farrs D'EXPLOITATION. $ 4. — Le caoutchouc de plantation et la défense du caoutchouc de cueillette. Depuis quelques années, une véritable « fièvre du caoutchouc » séviten Angleterre, principalement, et se traduit par une énorme extension des plantations d’ÆJevea dans le pays du Moyen-Orient : la pénin- sule malaise, Java et Sumatra, Ceylan, l'Inde an- glaise et la Birmanie; la Cochinchine vient aussi d'entrer dans ce mouvement”. De telle sorte que la production du caoutchouc de plantation a passé de 1%5 tonnes en 1905, à 27.500 tonnes en 1912; on 4 J. Levainvicze : Rouen. Etude d'une agglomération urbaine, In-8, A. Colin, 1913. — P. ne Rousters : Les grands ports de France. In-18. A. Colin, 1909. Ch. III. Rouen. 2 W. FrunwG : La situation du marché du caoutchouc. Revue économique internationale, 15-20 décembre 1913. — G. Lamy-TorniLnon : La situation économique du caout- chouc. Journal d'agriculture tropicale, 30 novembre 1913. — M. Mere : La crise du caoutchouc. L'Afrique francaise, décembre 1943. — En. Paye: La crise du caoutchouc et l'Afrique occidentale française. 1n., février 1944, — O. LaBroY et V. Cayza : Culture et exploitation du caoutchouc au Bré- sil. Rapport au ministre de l'Agriculture. Bureau d'informa- tions du Brésil, Paris, 1913. — H. Brenrer : Le caoutchouc de plantation en 1909. Son avenir. Balletin économique de l'Indo-Chine, mars-avril 4910. 520 PIERRE CLERGET — REVUE DE GÉOGRAPHIE ÉCONOMIQUE parle de 40 à 50.000 tonnes pour 1913, qui repré- senteront sensiblement la moitié de la production mondiale et l'équivalence de la production brési- lienne. De fin décembre 1912 à décembre 1913, les prix ont baissé de moitié, sans que pourtant jusqu'ici la production ait dépassé la consommation; c’est donc crise anticipée, une surproduction escomptée, devant les énormes pronostics du ren- dement fulur des plantations. Cette baisse des prix renferme, dans une certaine mesure, le remède à l'excès de plantations : d’un côté, elle favorisera certainement la consommation, directement, d’abord, en étendant les usages du produit, et indi- rectement, en remplacant de plus en plus dans la fabrication le caoutchouc régénéré ou ses succé- danés par le produit neuf; d'autre part, elle pous- sera les exploitants à réduire leurs fraisetàralentir l'extraction. En 1919, une production mondiale de 104.000 le Brésil a fourni à lui seul 46.500 tonnes ; aussi bien, ce pays se préoccupe-t-il activement de protéger sa production. Il a créé une « Superintendance de la défense du caoutchouc », rallachée directement au Ministère de l'Agriculture, et il vient d'ouvrir, en janvier dernier, une « Expo- sition nationale du caoutchouc » dont le but est de fournir un relevé exact de l'état actuel de l'indus- trie extractive de l'«or noir». Dans les seringueiros du Para, de l'Amazone, du territoire de l’'Acre, l’ex- traction se fait par des procédés empiriques et bar- bares, les hévéas sont disséminés sur de larges élendues et nécessitent des transports longs et pé- nibles pour le produit et pour la main-d'œuvre, rare et coûteuse, par suite de la cherté de la vie dans ces régions. La solution du problème est cherchée dans l'emploi de méthodes scientifiques d'incision, d'extraction du latex, de coagulation, dans la construction d'hôtelleries d'émigrants à Bélem et à Manaos, dans la création d'usines de raffinage en Amazone et de fabriques d'objets de caoutchouc à Rio de Janeiro, enfin, dans la réduc- tion des charges fiscales qui pèsent sur ce produit el dans l'amélioration des services fluviaux et l'abaissement des frets. On abandonne l'idée de « valorisation » artificielle des prix, employée pour le café, pour la valorisation progressive du milieu d'exploitation’. une sur tonnes, Les caoutchoucs africains, inférieurs en qualité à ceux du Brésil, souffriront davantage de la con- currence des plantations asiatiques. Or, ce produit intéresse au plus haut point nos colonies d'Afrique occidentale, d'Afrique équatoriale et de Madagascar. OR ‘ L'Exposition nationale de caoutchouc à Rio de Janeiro. Moniteur officiel du Commerce, 19 février 1914. Le tableau suivant indique la valeur des exporta- tions de 1912, en milliers de francs : DÉDÉSOL, CPR Le 0: 1.077 Haut-Sénégal et Niger . . . . . . 866 Guinée . ë 15.095 Côte d'Ivoire . 8.256 DaNome y PP RER 2 | 25 Gabon . 3 1.990 Moyen Congo. 13.261 Madagascar. 5.151 Total. 15.751 À l'exception de la Cochinchine, qui a entrepris depuis quelques années des plantations d'hévéas, nos autres colonies en sont encore à la phase pri- mitive de la cueillette, leurs exploitants n'ayant pas été stimulés par l'Administration, qui a négligé Jusqu'ici la création de jardins d'essais, de stations de culture, comme l'ont fait avec tant de succès Java et Ceylan. Il est temps de s'émouvoir et de profiter de la lecon. 11 faudra planter en Afrique, comme ailleurs, repeupler les forêts détruites de leurs lianes, améliorer la qualité -par l'emploi de meilleures méthodes de récolte et de coagulation. M. Ponty, gouverneur général de l'Afrique ocei- dentale, vient de prescrire que lous les stocks de caoutchouc destinés à l'exportation, plaques ou la- nières, fissent l’objet à la sortie d'une vérification minutieuse et que le permis d'embarquement soit refusé aux produits qui ne seraient pas d'une pu- relé absolue et d’un conditionnement parfait. En Afrique équatoriale, M. Merlin a fait réduire les frais de transport, les droits de sortie et le prix de rétrocession du caoutchouc d'impôt, mais ces dimi- nulions qui grèveront lourdement les budgets ne suffiront pas pour rapprocher suffisamment le prix du produit de cueillette de celui du produit de plan- tation. C’est le relèvement de la qualité qui importe le plus, sans toutefois se faire d'illusions sur le ré- sultat final : malgré ses propriétés de nervosité, dont il est resté privilégié jusqu'ici, le produit de cueillette finira par disparaître ; c’est le caoutchouc de plantation récolté rationnellement qui doit logi- quement l'emporter. C’est pourquoi, dès mainte- nant, nos colonies intéressées, et principalement la Guinée et le Moyen Congo, doivent se tourner rapi- dement vers la diversité des cultures; elles v trou- veront la meilleure assurance contre les fluctuations de prix dont le caoutchouc vient de donner un exemple marquant. $S 2. — La production et la consommation de la soie. à) Le Syndicat des marchands de soie de Lyon publie chaque année une statistique de la produc- tion mondiale de la soie, accompagnée de notices sur chaque pays, qui peul être citée comme un modèle d'enquête et qu'il serait désirable de voir PIERRE CLERGET -- REVUE DE GÉOGRAPHIE ÉCONOMIQUE 921 imiler pour les autres fibres lextiles'. Nous en extrayons les chiffres suivants qui représentent les moyennes annuelles, en milliers de kilogrammes : LEVANT et Asie EXTRÈME- EUROPE Centrale ORIENT TOTAUX ANTA= 10. dE he 676 5,194 9.546 1876-S0 . 639 5.14 S.854 1SS1-85 . 700 5.108 9.438 1886-90 . 138 6.522 11.600 1891-95 . . 1.107 8.670 15.295 1896-1900 . 42-592 10.281 1901-05 . 2.30% 11.476 19.092 1906-10 . 2.836 14.917 23.212 LES SSRENTEESS 2,960 17.20 24.570 1912 (chilfres pro- visoires) . AN 4.962 2,233 19,700 26.915 De l'examen de ces chiffres, ce qui frappe d'abord, c'est la continuité de la progression, la période décennale 1876-1885 mise à part. Et encore, faut-il noter que pour l’'Extrème-Orient, les Indes, l’Indo- Chine, l'Asie Centrale, la Perse, ils’agituniquement des exportalions et non dela production totale; toute la consommation indigène n'est pas comptée. Cet accroissement régulier est favorisé, malgré les fluctuations de la mode, par l'extension à de nou- velles couches de consommateurs, de l'usage de l’étoffe de soie pure ou mélangée, soit par la diffu- sion de la richesse dans les masses populaires, soit par la pénétration de nos habitudes sociales dans des régions nouvelles. La seconde observation concerne la disproportion de la part prise par les diverses régions produc- trices dans cette augmentation. De 1871 à 1912, les soies de provenance européenne ont gagné 1.314.000 kilos, celles du Levant et d'Asie centrale, 1.624.000 kilos, et les exportations d'Extrème- Orient, 12.086.000 kilos sur un accroissement total de 17.194.000 kilos. Si l’on se reporte seule- ment au commencement du xx° siècle, on voit que - les récoltes d'Europe ont fléchi, que celles du Levant et d'Asie Centrale sont stationnaires, et on peut juger du rôle important qui est dévolu à l'Extrème- Orientdans l’approvisionnement général du monde. La diminution de la production de la soie en Europe vient du fait que, partout, en France comme en Italie, les populations rurales s’inté- ressent moins qu'autrefois à l'élevage du ver, parce qu’elles trouvent plus rémunératrices certaines cultures, comme la vigne, ou certaines industries locales, comme la bonneterie de soie dans les Cévennes. Sans doute, les conditions climatériques 1 Syndicat de l'Union des marchands de soie de Lyon: Statistique de la production de la soie en France et à l'étranger. Récolte de 1912. Lyon, A. Rey, 1913. — Rapport de M. L. Guérix à la 4 section de la Commission perma- nente des valeurs de douane. Paris, Imprimerie nationale, 1913. — Bulletin hebdomadaire des soïes et des soieries. Lyon, Georg et Cie, favorables, une longue adaptation de la main- d'œuvre à une technique délicate et une amélio- ration des méthodes d'éducation pourront ralentir cette diminution, mais c’est tout ce qu'il est pos- sible d'espérer avec l'énorme prépondérance prise par l'Extrême-Orient, avantagé par des salaires et un étalon de vie beaucoup moins élevés qu'en Europe. C'est ainsi qu'au Japon l'exportation a passé de 4.619.000 kilos, en 1905, à 10.620.000 kilos, en 1912, et la production totale de ce pays est évaluée à 45 millions de kilos, soit plus de la moitié de la quantité consommée par l'industrie de l'Europe et de l'Amérique. Cette progression n'est sûrement pas terminée ; l'Etat encourage la sériciculture non seulement sur son propre sol, mais aussi, en Corée, il y trouve une ressource fiscale importante, tandis que la grande valeur de la soie exportée vient com- penser les achats considérables faits à l'étranger. En Chine, la progression est plus lente parce que l'encouragement de l'Etat fait défaut, mais la forte densilé de population, des traditions millénaires et la situation climatique favorable des provinces du centre et du midi fournissent à ce pays des res- sources illimitées pour l'industrie du monde entier. L'exportation de l’Inde anglaise va, au contraire, en diminuant régulièrement depuis 1907. Les statistiques de consommation de la soie ne remontent qu'à 1903 ; elles sont établies par la Commission permanente des valeurs de douane et montrent que la consommation à suivi la même progression régulière que la production, passant de 17.962.300 kilos, en 1903, à 27.761.000 kilos, en 1912. Voici comment se répartit cette consom- mation en 1912, en milliers de kilogrammes: Etats-Unis . 11.208 France . #.661 Allemagne . 3.13% Suisse . .115 Russie . : 1.700 Inde anglaise. 1.175 NEA ETC ADS Autriche-Hongrie . 19% Angleterre . 642 Espagne . 151 Pays divers. 856 Total. 27.161 L'accroissement de la consommation est général, sauf en Russie et en Autriche, atteintes dans leurs débouchés par la guerre des Balkans. Mais ce qui frappe le plus dans ce tableau, c'est la part des Etats-Unis, qui représente 40,37 °/, de la consom- mation tolale. Tandis que la consommation de l'Europe s'est élevée seulement de 12 millions de : Par suite de substitutions d'autres cultures, l'élevage du ver à soie a presque complètement disparu, à tel point que l'Inde importe actuellement des soies de Chine pour sa propre consommation. 522 PIERRE CLERGET — REVUE DE GÉOGRAPHIE ÉCONOMIQUE kilos, en 1903, à 14.522.000 kilos, en 1912, celle des Etats-Unis a plus que doublé pendant la même période, passant de 5.100.000 kilos à 11.208.000 kilos, de telle sorte que le marché de la soie dépend aujourd'hui, en très grande partie, de la plus ou moins grande activité des fabriques américaines. Ce marché, toutefois, reste en Europe, en France et en Italie, principalement. En 1913, en effet, sur un total de 25.094.621 kilos de soie, qui ont passé dans les Conditions des soies d'Europe, les établis- sements francais en ont reçu 10.809.725 kilos, et ceux d'Italie 10.496.698 kilos. Depuis quelques années, la France regagne sur l'Italie, mais Milan vient encore au premier rang avec 9.496.985 kilos, contre 8.414.3M kilos à Lyon, et c'est la prépon- dérance de la filature italienne qui en est la cause principale. $3. — La production de l'or; sa décroissance en 1913. En exceptant la période de laguerre sud-africaine, pour la première fois depuis vingt-huit ans, la production de l'or dans le monde vient de baisser sensiblement. Après une croissance rapide à partir de l'exploitation presque simultanée des riches gisements du Transvaal, de l'Australie occidentale et du Colorado, elle avait dépassé, en 1906, 2 mil- liards de francs, pour atteindre 2 milliards 300 mil- lions en 4908. Depuis celte dernière date, l'augmentation s’est sensiblement ralentie et l’année 1913 enregistre un recul d'une soixantaine de millions de francs, 2.356 millions de francs contre 2.416 millions en 1912. Pendant la période de rapide accroissement, 1890-1908, les trois grands producteurs ont été le Transvaal, qui a pris la tête en 1898, les Etats- Unis et l'Australie, qui a fléchi sensiblement depuis 1905. À eux seuls, ils représentent plus des deux tiers de l'extraction mondiale. Le tableau suivant donne les chiffres provisoires de 1913, d’après l'Ængineering and Mining Journalet le Commercial and Financial Chronicle de New-York : MILLIONS DE FRANCS Transvaal . 911,5 Etats-Unis . 141,5 Australasie 269,5 Empire russe . 150,0 Mexique. . . . 87,5 Canada 76,5 Rhodésie 170,5 Inde anglaise 60,5 Autres pays . 289,0 Si l'on compare-la production de 1913 à celle de 1 Prenne-Lenov-BeauLieu : L'Economiste francais, 14 fé- vrier 4914. 1912, le fait saillant qui en résulte, c'est une dimi- nution de 30 millions de francs sur la part du Transvaal ; elle atteint le fameux gisement du Witwatersrand qui fournit à lui seul la presque totalité de l'extraction de l'Afrique australe et qui avait toujours été en progression, sauf pendant les années de la guerre anglo-boer. Ce recul doit être imputé à la erise de la main-d'œuvre qui a réduit sensiblement la production du second trimestre de 1913, et des grèves des employés de chemins de fer sont venues compliquer les conflits de races résul- tant de l'emploi des coolies hindous dans les mines. Mais il faut aussi signaler que les meilleurs gites d’affleurement (deep-levels) sont sur le point d’être épuisés et la teneur des filons s'affaiblit généra- lement en profondeur. Aux Etats-Unis, la production a atteint son maximum en 1909; en 1913, elle continue de fléchir surtout dans l'Alaska, le Nevada, l'Utah, le Dakota du Sud, le Montana; l'Orégon seul est en progrès notable et les deux Elats qui viennent en tête sont toujours la Californie et le Colorado. Dans l'Alaska, on attend beaucoup d'une mine nouvelle, qui com- penserait l'épuisement de certains dépôtsalluviaux. En Australasie, le recul est régulier depuis 1903, époque à laquelle ce pays occupait le premier rang dans la production mondiale; il s’est accentué à partir de 1906 ; l'Australie de l'Ouest vienten tête et marque un léger relèvement avec la Nouvelle- Zélande. L'Empire russe est en progrès marqué après plusieurs années de recul ; sa production est entravée par le climat, l'insuffisance de main- d'œuvre et de moyens de transport ; la lechnique n'y est pas aussi avancée qu'ailleurs; ces raisons font espérer un accroissement de production dans l'avenir. Le Mexique pourra également produire davantage lorsque la sécurité sera rétablie. L'Inde, qui exploite surtout le gisement de Colar, dans l'Eiat de Mysore, peut aussi accroître son rende- ment. Il en est de même de la Rhodesia. Le Canada, qui à vu si rapidement s'épuiser les placers du Klondyke, réserve certainement des surprises dans la région des Montagnes Rocheuses, si riche aux Etats-Unis. On peut encore fonder quelque espoir sur l'Amérique du Sud, l'Extrème-Orient, l'Afrique occidentale et centrale. III. — FAITS DE CIRCULATION. $ 1. — Brest, port transatlantique européen. avancées sur ses deux bords, des relations commerciales très étendues qui s'ajoutent à l'échange des personnes el des dées ont fait de l'Atlantique Nord le théâtre d'une Des eivilisalions très PIERRE CLERGET — REVUE DE GÉOGRAPHIE ÉCONOMIQUE 223 coneurrence nationale ardente, qui se traduit dans les dimensions loujours croissantes des navires el “dans l'accélération de leurs vitesses. L'absence d'escales entre l’Europe et les Etats-Unis favorise “encore ce phénomène. Pour recevoir ces léviathans 3 de la mer, il faut des ports spéciaux, des « ports “de vitesse », accessibles à toute heure de marée, avec des profondeurs d'au moins 10 et bientôt — 15 mètres. Riches de plusieurs centaines de ports, où nous avons dispersé des crédits insuffisants, nous ne possédons qu'un seul exemplaire de ce type spécial, Brest, et nous hésitons encore à lui donner l'outillage que nécessite son admirable siluation naturelle. L'Amérique du Sud commence d'entrer dans le cercle des relations européennes. L'ouverture du canal de Panama va faire de l'Atlantique central la zone de plus grande densité de la navigalion océanique et la circulation générale va se trouver accrue de lout ce nouveau trafic. Cette navigation transatlantique nous intéresse cependant tout spécialement. La situation géogra- phique de la France fait de notre pays une puis- sance occidentale; nos côtes atlantiques sont la terminaison naturelle de l'Eurasie, et, comme le le fait remarquer M. Claude Casimir-Perier, Brest est le:seul port européen qui soit à la fois le plus rapproché des côtes de l'Amérique du Nord et de l'Amérique Centrale et convenablement situé pour le service de l'Amérique du Sud. Brest est situé à l'extrémité occidentale même de l'axe du continent asiatico-européen et, au double point de vue des régions d’origine et de destina- lion, il occupe une situation unique. Si, par suile du bon marché des frets, les mar- chandises recherchent les plus longues routes de mer, les « routes des détroits », les voyageurs pré- fèrent les moindres traversées marines, les «routes des caps », et Brest doit être la tête de ligne de la grande voie ferrée de l'Atlantique au Pacifique, qui à déjà pour terminus Fousan, le port coréen aménagé par le Japon. Le percement de Panama, en contribuant à l'essor de tous les Elals améri- cains, particulièrement de ceux du Sud, accé- lérera encore les relations entre l'Europe et l'Amé- rique. Notre situation géographique est si avantageuse que les paquebots étrangers viennent embarquer les voyageurs dans nos ports (35.000 en 1911). La raison en est d’abord dans l’infériorité du nombre et du matériel de nos lignes de navigation : sur ES ! CL. Casimir-PeriER : Brest-Transatlantique. Bulletin de la Société de Géographie commerciale de Paris, février 1913. — V. BérarD : La France de demain. B. Grasset, éditeur, 4911. — Cr. Casimin-PÉRIER : Brest, port transatlantique européen. in-8, Hachette, 1914. 48 Compagnies qui desservent l'Amérique, 4 seu- lement sont françaises, et sur 197 lignes régulières nous n'en possédons que 13; sur 250 départs mensuels de paquebots des 25 seulement, le dixième, battent pavillon francais, et sur 334.950 passagers venant d'Europe et dé- barqués à New-York en 1914, 21.938, soit 6,5 °/,, ont élé amenés par des paquebots francais. L'infé- riorité du matériel vient de ce que nous avons dû restreindre aux dimensions exiguës de nos ports la longueur, le tirant d'eau et le tonnage des na- vires à construire. Notre plus grand paquebot, /a France, ne vient, avec 23.666 de jauge brute, qu'au neuvième rang des paquebots élrangers ; il « date » déjà de sept ou huit ans; à la fin de 1914, il ne sera plus que le treizième sur la liste, el il représente, au moins pour six ans encore, le maximum possible de notre effort, correspondant à l'état du port du Havre. À son plus grand rapprochement des côtes amé- ricaines, Bresl ajoute encore l'avantage d'être le seul port européen en rade abritée sans barre, sans risques d'ensablement, sans écluses, profond de 17 à 40 mètres et indéfiniment extensible jusqu'à pouvoir offrir au commerce une surface d'eau de 15.000 hectares. À ces conditions favorables, on oppose certaines objections : les dangers de la navigation dans l'Iroise, l'avant-rade qui précède le goulet, et les difficultés d'entrée dans le goulel par temps de brume. Sur les premiers, les instruc- tions nautiques renseignent et mettent en garde; pour les secondes, il est aujourd’hui facile d'y parer par la découverte récente des « phares sen- sibles » au moyen desquels, « entre deux postes hertziens qui croiseront leurs ondes, tout navire muni d'un poste sympathique « sentira » sa route sans y voir el ne pourra pas s'en écarter sans en être instantanément averti ». Enfin, pour 20 mil- lions, Brest peut construire les 1.500 mètres de quais qui lui sont nécessaires pour recevoir à la fois quatre paquebots de 300 mètres de longueur. [restera encore à organiser l’arrière-pays de Brest en améliorant les communications par voie ferrée avec Paris. A la réfection de la voie en cours d’exé- cution, à la suppression de presque tous les arrêts qui permettront de faire en huit heures le trajet Paris-Brest, on pourra encore ajouter le gain d’une heure en reliant directement les deux villes par Dreux, Alencon et Fougères. Le projet de faire de Brest un grand port transatlantique a soulevé les craintes des repré- sentants du Havre, de Nantes et de Bordeaux. qui redoulent les répercussions de cette concurrence ports européens, ses tonnes La comparaison des vitesses le place au troisième rang, après le Mauretania et le Lusitania., sur leur trafic maritime; mais il ne faut pas oublier que Brest est en même temps un port de guerre, grevé de servitudes militaires, sans in- dustries et sans hinterland économique; il restera donc forcément et uniquement ce que l’on veut qu'il soit, un port de vitesse, un port de voyageurs. D'autre part, les meilleurs spécialistes en matière de constructions navales, sir W. White et M. Bertin, sont d'avis que le déplacement maximum des paquebots est atteint à l'heure actuelle et qu'il serait illusoire d’en construire de plus grands. Dans une note présentée à l'Académie des Sciences le 3 juin 1912, M. Bertin à montré qu'il existe au déplacement une limite économique voisine de celui atteint par l'Olympie, par exemple, et, au delà de cette limite, l'augmentation de déplacement doit être entièrement consacrée aux poids de la coque et du moteur, sans qu'il en reste rien pour le chargement. Les très grands navires resteront donc une exception, et l'exemple de l'Angleterre, qui ne comptait en 1910 que vingt navires dont le tonnage dépassäl 15.000 tonnes (sur 11.495 navires en fer de 100 tonnes et au-dessus), montre par des considérations purement commerciales que le gros des transports maritimes sera toujours fait par des navires de dimensions relativement modérées. Il est donc tout à fait inutile de faire de nos grands ports commerciaux des ports de vitesse; mieux vaut développer leur outillage et leurs voies affluentes et réserver à Brest, pour les raisons que nous avons dites, une spécialité en rapport avec ses avan- ages naturels et qu'il suffira seul à assurer sans concurrencer personne !. S 2. — Les voies ferrées en Afrique équatoriale. Depuis leur invention, les chemins de fer ont été par excellence l'instrument de mise en exploi- lation des pays neufs et le meilleur moyen de do- minalion el de pacilication des colonies; ils ont joué en plus grand et en plus rapide le rôle des voies romaines dans l'antiquité. Plus le continent est massif, mal découpé, plus les routes naturelles de pénétration font défaut, plus leur fonction est indispensable. Tel est le cas de l'Afrique *. À d'immenses étendues de côles, presque recti- de la marine, vient s'ajouter le relief défavorable du continent, «assiette renversée» ou bouclier, dont lignes et inhospitalières en raison barre Le] les rebords élagés brisent le cours des fleuves par 1 Ces considérations ne nous permettent pas de souscrire à la conclusion de M. CI. Casimir-Perier qui pense que « la supériorité de Brest se manifeslera, plus tardive peut-être, mais plus éclatante encore, pour le service des marchan- dises » (p. 370). ? E. Roue : Les chemins de fer en Afrique et le transa- fricain, Bulletin de la Société de Géographie commerciale, mars 1912. 524 PIERRE CLERGET — REVUE DE GÉOGRAPHIE ÉCONOMIQUE des gorges et des rapides. Ces obstacles sont encore doublés par les barrières désertiques, du Sahara, au Nord, et du Kalahari, au Sud, et par l'épaisse forêt vierge qui s'étend en bordure sur toute la côte occidentale entre les deux tropiques. Ainsi s'explique par ces difficultés extérieures le fait que l’Afrique soit restée le dernier «continent mystérieux », et que sa pénélration n'ait avancé rapidement que le jour où les Etats colonisateurs se sont mis à construire des chemins de fer. Les rebords franchis, on se trouve en présence d'immenses surfaces, presque sans dénivellations, de longs biefs navigables. La première fonction du rail était d'accéder aux plateaux intérieurs, en partant des comptoirs commerciaux, des facto- reries, échelonnés sur le littoral et qui constituaient la seule emprise de l'Europe sur le continent africain; c’est ainsi que de nombreux troncons, de longueurs inégales, s’avancent des ports de la côte vers l’intérieur, chaque année un peu plus loin, suivant les crédits dont disposent les métropoles, à la rencontre transcontinentaux futurs. Quelques lignes se contentent de réunir deux biefs navigables, en tournant les rapides : Lel est le cas de celles que les Belges ont construites sur les bords du Congo, aux principales ruptures de pente. D'autres, avancant de l'Est et de l'Ouest, à la ren- contre d'un même centre d'altraction, comme la région minière du Katanga, au Sud-Est du Congo belge, finiront par se souder en se faisant concur- des rence. L'objet de trafic dépend étroitement du moyen de transport; aux produits de caravanes d’une assez grosse valeur sous un faible volume : la poudre d’or, l’ivoire, les plumes d’autruche, la gomme, à l’eselave surtout, le plus rémunérateur dé tous, le chemin de fer substitue l'exploitation rationnelle des immenses ressources naturelles de l'Afrique intérieure : graines oléagineuses, caout- chouc, laine, coton, bétail, bois, minerais, dont nos industries européennes ont un si grand besoin. L'appropriation des terres coloniales ne se jus- tifie que par l'énergie, l'initiative, l'argent dépensé, la continuité de l’action qui se traduisent par leur mise en valeur. Le droit du premier occupant s'efface devant le droit supérieur de l'exploitant. L'impérialisme moderne repose sur ce principe énoncé par le Professeur Izoulet: « La propriété du sol n’est qu'une délégation perpétuellement révo- cable en cas de mauvaise gestion. » Les ftaliens n'ont pas invoqué d'autre excuse à la conquête de la Tripolitaine. Jamais l'Allemagne n'aurait osé demander une parcelle de notre Afrique occidentale où un faisceau chemins de fer marque si solidement notre emprise, el nous ne pouvions, sans déchoir, que lui céder un terriloire convergent de PIERRE CLERGET — REVUE où notre prise de possession n'élait pas encore inscrite sur le sol : ni les traités les mieux en règle, ni les délimitations ies plus minutieuses ne sont aujourd'hui des titres définitifs. Les voies allemandes. — C'est vers l'Afrique équatoriale que se concentre depuis quelques années l'effort colonial allemand ‘. Il porte égale- ment sur le Kameroun, qui s’est étendu à nos dépens par la Convention du 4 novembre 1911, et sur l'Est africain. Par la première de ces deux colonies, l'Allemagne veut nous devancer à la fois vers le Tchad et sur le Congo. Du port de Duala, deux chemins de fer sont amorcés : l’un, dans la DE GÉOGRAPHIE belge et, 225 ÉCONOMIQUE magne, et se dirigera sur le Congo pour aboutir à Nouvelle Anvers. Ces projets sont à l'étude; dans l'Est africain, nous nous trouvons en face de réalisations. C'est d'abord la ligne de l'Usambara, qui, parlant du port de Tanga, dessert la région frontière de l'Afrique orientale anglaise. G'est ensuite la ligne, qui vient d'être achevée, de Dar-es-Salam à Kigoma, sur 4.260 kilomètres, la distance de Berlin à Milan, que l'on pourra franchir en quarante-huit heures, pour atteindre le lac Tanganika'. C'est la voie la plus courte pour atteindre l'intérieur du Congo en particulier, la région minière du VOIES DE PÉNÉTRATION "1 ÎDE L'AFRIQUE ÉQUATORIALE = hein de Pr OU mn la profes, —— | PE 3:60 GABON /nongo Le 4 LEGPOLO 11 LURENIE Brazzasil SES SNS == éop 6ldville à Fesae. APopokabaka usambo L- RTE EMEAGRE = nee = R{ulésbourÿ eur | AnkoroS où NC hongolo AZ7 = ne TANGANTIKA Kilimalin ee . LE 4 XBaUT OUI TA A) UA LA oliro Pweto À S OnSOWEX kituta” TE Karema sp ÿ Kazem EME + 12 Comité de l'Afrique française Fi. 1. (Le cliché de cette figure nous à été direction nord-est, ira aboutir sur le Logone, affluent du Chari: ce sera la voie la plus courte pour atteindre le Tchad; l’autre rejoindra le Nyong, passera dans le bassin de la Sangbha, touchera l'Oubanghi à Zinga, à l'extrémité d'une des deux antennes que nous avons cédées à l'Alle- 1 A la fin de 1908, l'Allemagne exploitait en Afrique 1.98S kilomètres de voies ferrées, la France, 6.185 kilo- mètres, soit une proportion de 31 °/, qui correspond à peu près au rapport de la superficie des possessions allemandes et des possessions françaises d'Afrique. La situation a sin- gulièrement changé depuis. Aujourd'hui, l'Allemagne pos- sède 4.17 kilomètres de chemins de fer, la France, 7.600. La proportion du réseau allemand au rés'au francais a passé de 31 à 54°/,. L'accroissement de longueur des che- mins de fer allemands d'Afrique a été, de 1908 à 1913, de 109 °/,, et celui des chemins de fer francais, pendant la même periode, de 21 °/, seulement. Les nande ont pusé 2.189 kilomètres de rail, tandis que nous n'en avons cons- truit que 1.415. GHuré FeproT action TE aïmablement prèté par le Comité de l'Afrique francaise.) Katanga. D'après le voyageur Emil Zimmermann, la zone d'attraction du chemin de fer allemand s'étendrait jusqu'à Stanlevville, quant à la durée. 1 Cette ligne, construite à la voie de 1 mètre, s'élève jus- qu'à 1.360 mètres d'altitude: Tabora est à la cot 1.200 et le niveau du lac à la cote S00. Le point terminus, Kigoma. esl au fon1 d'une baie, à 6 kilomètres au nord de UÜjiji. La lon- gueur totale de la ligne (1.250 kilomètres) dépasse celle des grandes lignes africaines suivantes : Ouganda (940 kilo- mètres), Ouadi-Halfa à Khartoum (917 kilomètres), Lagos à Kano (1.146 kilomètres). Prochainement, un amer de 1.200 tonnes ser: mis en service sur le lac pour effectuer les traversées d Kigoma à Albertville (130 kilomètre-) et de Kigoma a Bismarc«burg. Les Allemands pensent déja à employer des ferryboats, analogues à ceux de la Baltique, et qui supprim ront deux transbordements. Enfin, deux autres projets de voies ferrées sont déjà a l'étude : de Kilossa à Bismarckburg et de Tabora au coude de la rivière tre pro fer du Tan- Kagera, celle seconde lign- pouvant ensuite ongée jusqu'au lac Victoria (C. Maur : Le chemin de ganika. L'Afrique française, supplément. mars 1914 526 PIERRE CLERGET — REVUE DE GÉOGRAPHIE ÉCONOMIQUE des transports, mais la question de la rapidité est secondaire, surtout pour les marchandises; c'est celle des tarifs qui jouera le rôle principal dans la lutte qui va se dessiner entre la voie allemande et les voies belges. Les voies belges. — La politique ferroviaire de la Belgique a consisté simplement à construire des troncons de voie ferrée aux brusques ruptures de pente du Congo, en reliant entre eux les différents biefs navigables. De là, les lignes : Matadi-Léopold- ville (400 kilomètres), construite, la première, de 1890 à 1898; Stanleyville-Ponthierville (125 kilo- mètres); Kindu-Kongolo (355 kilomètres); Kabalo- Albertville (270 kilomètres). En y joignant l'utilisa- tion de la ligne allemande, le trajet de Dar-es- Salam à Matadi pourra se faire en un mois par rail et bateau à vapeur, alors qu'il y a trente-six ans, il avait demandé à Stanley deux années d'efforts surhumains. Sur le grand bief du Congo, de Léopoldville à Stanleyville (4.685 kilomètres), le service est assuré par des vapeurs de 150 tonnes ou des barges de 350 tonnes; la durée du trajet à la remonte est de vingt et un jours, et de dix jours à la descente. Dans quelques mois, un vapeur de 800 tonnes, avec moleur Diesel et chauffé au pétrole, effectuera en dix jours le trajet du Pool à Stanleyville *. Sur les deux autres biefs, Ponthierville-Kindu (315 kilomètres), Kongolo-Kabalo (70 kilomètres), le transport est effectué par des vapeurs de 150 à 35 tonnes, appartenant également à la Compagnie des Grand Lacs. Pour atteindre la région minière du Katanga, il faut encore ajouter un bief navigable sur la Lualaba, jusqu'à Bukama, et un chemin de fer en construction jusqu'à Kambove: aussi bien, les Belges s'aperçoivent aujourd'hui que cette longue voie mixte jusqu'à Matadi, avec 1.292 kilomètres de rail, 2.560 kilomètres par eau et six transbor- dements, n'est pas capable de concurrencer la voie, mixte également, sur Dar-es-Salam, mais qui ne comporte que 1.862 kilomètres de rail, 690 kilo- mètres par eau el quatre transbordements. De là, le projet, dont la réalisation est considérée comme urgente à Bruxelles, de réunir directement le Bas Congo au Katanga, de Dolo à Bukama, et, de Missions commerciales. Congo belge. Le commerce d'importation au Congo belge. Supplément au Moniteur officiel du Commerce, 7 août 1913. préférence, entièrement par rail, au lieu de se servir partiellement du Kassaï et du Sankuru, navigables jusqu'à Lusambo, avec un vapeur de 50 tonnes et une barge de 60 tonnes . La voie portugaise. — Lobito-bay, à 30 kilomètres au nord de Benguela, est une rade excellente et le point de départ d'une voie ferrée en construction, destinée à atteindre directement Kambove, dans le Katanga. Son parcours total sera de 2.080 kilo- mètres. Celle ligne, dont la construction a été commencée avec des capitaux anglais, sera achevée avec des capitaux allemands, de telle sorte qu’elle favoriserasurtoutla pénétration allemande, d'autant mieux que la colonie de l’Angola fait partie de la zone d'expansion économique que l'Angleterre à reconnue à l'Allemagne dans le traité secret de 1898, conclu en prévision du partage des colonies portugaises ou simplement de leur mise en valeur. La voie anglaise. — Le sud du Katanga est déjà fortement atteint par la pénétration anglaise, - facilitée par la ligne du Cap qui, par Kimberley, Mafeking, Buluwayo, Broken-Hill, atteint déjà Elisabethville et Kambove et se reliera au système navigable du Congo. L'influence de cette ligne est encore renforcée par l'embranchement qui, partant de Buluwayo, se dirige, par Fort-Salisbury, sur le port de Beira, dans la colonie portugaise de Mozambique, zone d'expansion économique que s’est attribuée l'Angleterre. Les projets de voies françaises. — À ces activités allemande, belge et anglaise, la France n'oppose jusqu'ici que des projets. Nous n'avons pas encore construit un seul mètre de rail en Afrique équa- toriale. Notre objectif est d'ailleurs différent &e celui de nos voisins; nous visons l'accès au Tchad en même temps que la mise en valeur de nos possessions. Deux’ lignes sont nécessaires pour cela : de Pointe-Noire, sur l'Atlantique, à Brazza- ville (583 kilomètres), et de Bangui à Fort-Crampel (348 kilomètres). Nous aurons ainsi une bonne voie inixte de pénétralion, entièrement sur le territoire français, qui nous dispensera d'uliliser la voie anglo-allemande de la Bénoué ou la voie anglaise du chemin de fer de Kano. Pierre Clerget, Directeur de l'Ecole Supérieure de Commerce de Lyon. ‘ Des expériences vont ètre faites avec un bateau-glisseur (système Robert Goldseéhmidt} de 1$ mètres de longueur et de S tonnes de capacilé, qui pourrait atteindre une vitesse moyenne de 31 kilomètres à l'heure. BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 521 BIBLIOGRAPHIE ANALYSES ET INDEX 1° Sciences mathématiques Boutroux (Pierre), Professeur à l'Université de Poitiers. — Les principes de l'Analyse mathéma- tique. Exposé historique et critique. 7°. |. — 1 vol. in-8° de 547 pages avec 214 figures. (Prix : 14 fr.) Hermann et fils, Paris, 191%. Le livre de M. P. Boutroux aura du succès, car le plan est très original. Ce n’est ni un cours d'Analyse, ni une histoire des Mathématiques; c'est une initiation historique, philosophique,’ techuique. Nous savions M. Pierre Boutroux géomètre distingué, et comment ne serait-il pas philosophe ? Il est, en outre, un érudit, car il remonte aux vieilles civilisations pour nous montrer l'origine des symboles, des calculs, des pro- blèmes… Evitant les discusions, d'une subtilité byzantine, sur l'analyse et la synthèse (p. 232), M. Boutroux cherche les raisons psychologiques pour lesquelles l'Algèbre a été fondée parles Hindousplutôtque parles Grecs(p.276). Un toutjeune étudiant apprendra ici, aisément, quel est l’objet des plus hautes spéculations : il notera beau- coup de résultats qui doivent être connus; il verra les longs efforts qui ont dù être faits pour les problèmes les plus simples, comme celui que nous traduisons aujourd'hui, immédiatement, en l'équation : > PE De =H=+z+S—=x. 3 (p. 330). R. D ADHÉMAR, Professeur à la Faculté libre des Sciences à Lille. Delassus (Et.). — Leçons sur la Dynamique des systèmes matériels. — 1 vol. gr. in-8° de 421 pages et 16 figures. (Prix : 14 fr.) A. Hermann et fils, Paris, 1914. Cet ouvrage reproduit l'enseignement que M. Delas- sus donne depuis plusieurs années à la Faculté des Sciences de l'Université de Bordeaux. Il comprend « l'exposition systématique, avec les perfectionne- ments résultant de travaux récents, des théories élé- mentaires de la Mécanique analytique, c'est-à-dire des conséquences de l'équation de d'Alembert, à la fois au point de vue théorique et au point de vue pratique de la résolution effective des problèmes de dynamique ». Les perfectionnements en question sont dus surtout à l'auteur lui-même et ont fait l'objet d'importants mémoires insérés aux Aunales de l'Ecole Normale supérieure et au Bulletin de la Société mathématique de Franve. NS concernent notamment une conception personnelle de la réalisation des liais ns non holo- nomes d'ordre quelconque et une rectification fonda- mentale de la théorie des liaisons unilatérales. L'auteur suppose que son lecteur connaît le pro- gramme de Mathématiques générales, et il lui présente, groupées autour de la Mécanique analytique, toutes les notions théories et questions qui figurent au pro- gramme traditionnel de Mécanique rationnelle pour la icence. Les matières semblent se répartir en quatre sections. . La première section comprend des compléments de cinémalique, des généralités sur les systèmes maté- riels (liaisons, quantités de mouvement, forces d'inertie, travail, forces vives), l'établissement des équations gé- nérales du mouvement des systèmes holonomes et non holonomes (principe de d'Alembert, équations de La- grange, de M. Appell, canoniques, équation de Jacobi, généralisations; équations spéciales du mouvement d’un corps solide), l'étude de l'équilibre et des petits mouvements de ces systèmes. La seconde section a pour objet l'intégration des équations obtenues, lesquelles ont des caractères spé- ciaux. On envisage successivement les procédés d'obten- tion d'intégrales premières (intégrales linéaires, inté- grale des forces vives généralisée), les principaux cas de réduction et d'intégration par quadratures des équations du mouvement d’un système holonome, et enfin l'étude approfondie du cas régulier d'intégration par quadratures. La troisième section contient le reste du programme de licence : l’importante question des liaisons unila- térales, les mouvements en tenant compte de la rota- tion de la Terre, les percussions et chocs, l'équilibre des fils flexibles et inextensibles ; l’auteur y à joint une rapide synthèse de ses beaux travaux sur la Dynamique et la Statique des systèmes soumis à des liaisons d'ordre différentiel quelconque. Enfin la quatrième section est formée par une série fort bien graduée d'une quarantaine de problèmes, presque tous originaux; elle initie l'étudiant à un sport délicat et l’entraîne jusqu'au concours d'agré- gation. Œuvre remarquablement ordonnée d'un analyste à la pensée claire et précise, ce livre, qui déconcertera quelques personnes trop attachées aux expositions traditionnelles, deviendra bientôt le guide des candi- dats à l'agrégation des Sciences mathématiques. A. BOULANGER, Professeur au Conservaloire des Arls-et-Métiers 2° Sciences physiques Walker (G. W.), Ancien Fellow of Trinity College, Cambridge. — Modern Sismology. — 1 vol. in-8" de 88 pages avec figures et planches. (Prix : 6 fr. 25. Longmans, Green and C°, Londres, 1913. Ce petit volume est un exposé de l'état actuel des recherches sismologiques : il est écrit en considérant la Sismologie comme une branche de la Physique et en envisageant, spécialement, comment cette science est déterminee par les conditions d'observation. La nou- velle sismologie, en tant que science physique quanti- tative, est née, si l’on peut dire, il y a une trentaine d'années avec un petit groupe de savants anglais tra- vaillant au Japon : ces précurseurs furent Milne, Gray, Ewing, Perry et Knott; puis vinrent, aussi, quelques savants italiens et allemands. G. W. Walker expose les différentes élapes qui marquentle développement de la science sismologique, les faits saillants acquis et les progrès réalisés. Assu- rément, l'ignorance et la superstition dominaient les notions relatives aux tremblements de terre jusqu'à la fin du xix° siècle, et pour faire rentrer la Sismologie dans le cadre des sciences qui procèdent de la Philo- sophie naturelle, il fallut attendre l'intervention toute récente de savants comme Milne, Wiechert, Galitzine. Cet intéressant volume comporte deux parties. D'abord, la sismométrie, dont les divers chapitres trai- tent successivement : la théorie dynamique générale des sismographies et les méthodes pour obtenir de la sensibilité : l'amortissement et l'enregistrement; les principaux types de sismographes actuellement en usage, ceux de Milne, Omori, Bosch, Wiechert, Galit- zine; l'étalonage des instruments et la théorie de l'enregistrement mécanique et électromagnétique : 520 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX l'installation des sismographes, le développement des stations, etc... La deuxième partie est intitulée sismogéophysique el, afin de pouvoir interpréter les sismogrammes, on y consi ère la Terre comme un solide isotrope, ce qui permet la détermination immédiate des épicentres, ainsi que l'examen des effets sismiques autres que ceux qui sont dus directement aux tremblements de terre. Le dernier chapitre traite de l'importante question de la statistique des tremblements de terre et des calculs faits dans le but de déterminer une périodicité dans leur fréquence, notamment la méthode indiquée par Schuster et qui a permis à Turner de mettre en évidence une période de 452 jours dans l'activité sismique. En résumé, cet ouvrage n'apporte pas de notions nouvelles : il n'en a pas la prétention. Mais c'est un excelleutexposé de l’état actuel de la Sismologie et des questions à l'ordre du jour. Effront (Jean), Professeur à l'Université nouvelle et Directeur del Institut des fermentations de Bruxelles. — Les Catalyseurs biochimiques dans la vie et dans l’industrie. — 1 vol. grand in-S8° de 772 pages. (Prix relié : 25 fr.) Dunod et Pinat. Paris, 1914. Personne n'était mieux qualifié que M. Effront pour Lait r du rôle des ferments ou plutôt, comme il les appelle très justement, des catalyseurs biochimiques, dans les organismes vivants et surtout dans l'industrie. M. Effront est en effet, chose assez rare, un savant doublé d'un praticien; il possède un sens très exact des réalités industrielles, et la plupart de ses travaux, tant dans le domaine purement scientifique que dans le domaine de l'application, ont porté sur les réactions qui fonctionnent dans les industries des fermenta- tions et sur leurs réalisations pratiques. Dans ce premier volume, qui appelle un complé- ment et nous fait espérer une suite, M. Effront s’est limité à l’examen des catalyseurs des matières azotées. En fait, ces catalyseurs sont de beaucoup les plus importants; à l'heure actuelle ils sont les plus étudiés, car ils jouent un rôle primordial dans le mécanisme vital. Les catalyseurs, dont nous commencons à bien saisir le rôle, sont appelés à révolutionner la Chimie. Com- bien de réactions qui sont à la température ordinaire daus le domaine du possible et dont nous ne pouvons provoquer la mise en marche qu'en portant tous les corps réagi-sants à des températ res élevées. Au furet à mesure que la Chimie progressera, et que nous sorti- rons de la période iniliae actuelle, je dirai presque de la période barbare, nous apprendrons à mieux connaître le rôle des catalyseurs et nous arriverons peu à peu à provoquer ces mêmes réacliins à des températures de plus en plus basses et sans doute aussi à la tempér ture ordinaire. Nous serons *insi amenés à économiser de plus eu plus nos combustibles et à réserver nos sources d'énergie pour la production des réactions qui sont con- traires à l’évolution naturelle. A l'heure actuelle, pour faire tomber une pierre du sommet de la montagne, nous commençons d'abord par effectuer une grosse dépense inutile en soulevant cette pierre plus on moins haut. La nature, depuis longtemps, nous montre com- ment il est possible de produire les réactions les plus complexes à la température ordinaire. Un organisme animal est un laboratoire où s'effectuent tes combus- tions des hydrates de carbone et des graisses airsi que celle- des albuminoïdes avec élimination de l'azote sous forme de composés simples: urée, acide urique, acide hipuurique et cela sans que la température du milieu dépasse de beaucoup celle de l'extérieur; c'est que dans ces organismes vivants fonctionnent des cataly- seurs biochimiques qui suppriment le frottement chi- mique et rend-nt effectivement possibles des réactions qui ne demandent théoriquement qu'à se produire, comme la pierre posée sur un plan incliné dans un état d'équilibre instable tend à rouler sur le plan pour atteindre les points les plus bas. L'humanité utilise d'ailleurs depuis longtemps certains de ces ferments. élaborés par des cellules vivantes, pour réaliser des réactions industrielles, par exemple, dans la panifica- tion, la brasserie, l’industrie fromagère, la tannerie et, plus récemment, dans une industrie créée de toutes pièces par M. Effront, celle de la production d'acides gras et d'ammoniaque à partir des vinasses de distil- lerie. Les lecteurs trouveront dans cet ouvrage les renseignements les plus circonstanciés sur le rôle de cesenzymes, ainsi que desdonnées pratiques précieuses sur les conditions les plus favorables à leur fonetion- nement. Les mêmes données s'étendent aussi aux catalyseurs coagulants, tels que la présure, la thrombine, la myosine, à la pepsine, aux trypsines, aux érepsines et aux amidases. L'ouvrage est à recommander tout spécialement aux chimistes et aux médecins; écrit par un chimiste, ilest particulièrement documenté au point de vue chimique. Cest ainsi que toutes les méthodes d'analyse servant à mesurer l’activité des divers enzymes ont été contrô- lées, que la plupart des faits cités ont élé vérifiés et que toutes les données numériques résultant des recherches propres de l’auteur ont été largement répandues dans l'ouvrage. Les différentes antidiastases: antiprésure, antipep- sine, etc., ont été minutieusement décrites et l’auteur montre que la formation de toutes ces substances résulte d'un même principe, celui de la déf nse vitale, principe sur lequel reposent d’ailleurs tous les phéno- mènes d'i nmunisation. Les médecins qui voudront approfondir le méea- nisme de la digestion ainsi que celui des sécrétions pancréatique et vastrique consulterontles Casaly seurs biochimiques avec fruit. Ils verront en particulier comment on peut appliquer les méthodes actuelles d'analyse des produits de protéolyse pour suivre la marche d’une digestion et faire d'une facon efficace l'exploration de l'estomac. Ils trouveront, d'autre part, divers rensrignements sur les applications pharmaceutiques de la pepsine et de la trypsine, ainsi que sur les produits commerciaux qui en dérivent. J'appellerai encore l'attention sur le chapitre relatif à la valeur nutritive des dérivés d’hydrolyse profonde des matières azotées, valeur nutritive mise en évidence par M. Effront, bien avait les travaux d'Abderhalder sur le même sujet: ce chapitre contient des données numériques pleines d'intérêt. M. Effront ne s’est pas contenté d'exposer l’état actuel de nosconnaissanc: s dansle domaine des ferments pro téolytiques, mais il a surtout montré la voie à suivre, dans les recherches futures, pour faire progresser et étendre le rôle de ces catalyseurs, et c'est certaine- ment là la partie la plus originale de l'ouvrage. Je ne résiste pas au plaisir de citer par exemple une fraction du chapitre relatif à l'évolution future de la brasserie: il fera comprendre mieux que toutes mes explications, l'intérêt de l'œuvre de M. Effront. « La bière doit être considérée avant tout comme un aliment liquide. En dehors du goût et de l'asvect, facteurs indiseutables très importants, elle doit non seulement répondre au besoin immédiat de boire, mais encore app rter à l'organisme le maximum de substances nutritives. D'autre part, il ne faut pas qu'elle soit un aliment de luxe, mais à bon marché. A l'heure actuelle, 11 n'en est pas ainsi; la fabrication de la bière telle qu'on la pratique maintenant est, en effet, trop dispendieuse.. Pour arriver à des résultats nou- veaux, il faut élargir le cadre des recherches et recourir à des conceptions nouvelles. Le malt, qui est le point de départ de toute la fabrication, est-il réellement indispensable dans la préparation du moût? Au point de vue théorique, rien ne s'oppose à ce qu'on liquéfie, saccharifie ou peptonise la matière amylacée ou les Le ER eg mme Does A g” LA Ks d 4 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 520 albuminoïdes des grains crus, à l’aide d'enzymes spé- ciaux obtenus avec des matières moins coûteuses que … l'orge. En soumettant, par exemple, l'orge crue d'abord à une diastase liquéfiant l'amidov, on n'aura plus besoin ensuite que de très peu de ferment sacchari- fiant pour amener le moût à un degré de sucre voulu. “Le moûtsaccharifié pourra être ainsi peptonisé par des enzymes convenablement choisis. On arrivera de la “orte, par l'emploi de catalyseurs pris en dehors du “rai à une soiubilisation totale de l’amidon et de * Pazote contenus dans le grain et l'on poussera l'hydro- lyse de ces preduits jusqu'aux points qui seront les mieux appropriés aux exigences des travaux qui suivront. C’est ainsi que la peptonisation sera conduite d'une facon telle que la matière azotée en solution ne se coagulera pas dans la suite, ni par l’ébullition, ni par la fermentation. Le moût préparé dans ces condi- tions, additionné de houblon, pourra contenir alors de 15 à 20 grammes d'albuminoïdes par litre, au lieu des 2 ou 3 qu'il renferme aujourd'hui. « Il est évident que le système préconisé n'est point une méthode de travail déterminée; nous ne preten- dons mème pas qu'on va faire d'emblée ure bière d'un type donné en supprimant le malt, mai- nous pensons que la voie qu'on vient d'indiquer est ceile dans iaquelle on doit s'engager si l'on veut préparer des bières, qui, tout en étant plus économiques que celles que l’on fait actuellement, seront cependant d’une valeur nutritive beaucoup plus grande. » CAMILLE MATIGNON, Professeur au Collège de France. Biringuceio (Vannoccio) — De la Pirotechnia (1540). £Ædition critique avec notes el Introduction de Acvo Mieur. Tome I. — 1 vol. in-8° de 1xxxv- 198 pages avec figures de la collection Classiei delle Scienze e della F'ilosofia (Prix : 3 fr.). Societa tipo- gralica editrice barese, Bari, 1914. Vannoccio Biringuccio est un savant italien du xvie siècle, bien connu par son traité Le Ja Pirotechnia, où il étudie tous les arts qui utilisent le feu comme auxiliaire. Publié après sa mort à Venise en 1540, cet euvrage fort estimé fut réimprimé dans la mème ville en 1550 et en 1559, puis à Bologne en 1678. Une tra- duction francaise, par Jacques Vincent, avait paru à Paris en 1556; elle fut suivie d’une seconde édition en 1572, puis d’une troisième à Rouen en 1627. Enfin, une traduction partielle de la Pirotechuia par Rieffel a vu le jour à Paris en 1856 sous le titre : Traité de la fa- brication des bouches à feu de bronze au X VI° siècle en ltalie. Une traduction latine fut également publiée à Cologne en 1658. Le succès prolongé de l'œuvre de Bjiringuccio s'explique par le fait qu'il constitue, pour ainsi dire, le premier traité de Chimie technologique moderne. Son contenu porte à la fois sur la Chimie, la Minéra- logie et la Métallurgie; une importance spéciale est accordée à l'art de la guerre par la de-cription de Ja fabrication et de l'emploi de l'artilerie, des mines,etc.., et aux beaux-arts par celle de la fonte des objets artis- tiques. Aussi faut-il être reconnaissant à la Societa tipo- grafico-editrice barese de nous donner aujourd'hui une réédition critique d’un ouvrage aussi important pour l'Histoire des Sciences. Cette réédition est due au Professeur Aldo Mieli, de l'Université de Rome, qui l'a accompagnée de nombreuses notes explicatives et introduite par une préface sur la vie de l'auteur et l'état des sciences en Italie à l'époque de la Renais- sance. Ce volume inaugure la série scientifique d'une col- lection nouvelle : Classiei delle Scienze e della Filo- sofia, qui va paraître sous la direction de MM. A. Mieli et E. Troilo. Dans cette collection, conçue sur le modèle de la céièbre collection allemande Die Klas- siker der exakten Wissenschaften, fondée en 1889 par W. Ostwald, paraïtront successivement les œuvres 1 | | | | | principales des plus célèbres savants italiens : Galilée, Léonard de Vinci, Spallanzani, Morgagni, Volta. etc... et d’un certain nombre de savants d’autres pays. Il faut féliciter les auteurs et éditeurs de celte entreprise de haute culture générale, qui est une manifestation, entre plusieurs autres, du réveil de l’activité intellec- tuelle et scientifique de l'Italie à notre époque. L. BRruxET. 3° Sciences naturelles Sorre (Maximilien), Professeur à l'Ecole normale de WMontpellier, Docteur ès Lettres. — Les Pyrénées méditerranéennes; étude de géographie biolo- gique. — 1 vol. grand iu-8° avec fig. et pl. (Prix : 12 fr.) Colin, éditeur, Paris, 1913. Au soleil levant, des flots de la Méditerranée occi- dentale, s'exonde, se prolilant vers les cieux où pointe déjà le Canigou, la dorsale vermeille des Albères. Sur ses flancs, au nord et au sud, s'éveillent les riantes plaines jumelles du Roussillon et de l'Ampurdan. À l’ouest s'étagent les amphithéâtres d’arrière-plan dont les gradins s'irradient peu à peu de la gamme des teintes allant du rubis de la plaine par la sombre émeraude des forèts à l'argent des neiges, pour s'estomper au soleil couchant de brumes vaporeuses, émanations énergéliques d'une journée d’active asso- ciation des divers mondes catalans. Ensemble géologique encore énigmatique, union d'individualités géographiques étroitement liées par une morphologie à stades encore peu connus, échiquier politique à fortunes variées, champ d'évolutions biologiques jusqu’à ces derniers temps insonpconnées, telle était à ce jour la fiche de classement scientifique de la région naturelle qui constitue la partie septen- trionale de l’ancienne Warca Hispanica (Haute Cala- logne, Roussillon et Andorre), région naturelle (au sens large) eu égard aux relations géographiques et par suite historiques qui y règnent entre les mondes orga- niques et physiques, malgré les modalités d'évolution que commandent les différences de sol, d'altitude et de climat. Les Pyrénées méditerranéennes, telle est la déno- mination, d’heureuse synthèse, que M. Maximilien Sorre a donnée à cette région dans une étude de géographie biologique de 507 pages, appuyée d'une bibliographie importante, illustrée d’une qnantité de photographies, figures, plans, schéma et cartes, le tout luxueusement édité. - Ce travail marque un premier pas, un pas de géant, dans la connaissance de la géographie biologique de l'extrémité orientale des Pyrénées. Il témoigne d'une érudition profonde puisée aux sources les p'us autorisées. Dire que c'est sous l'inspiration de MM. de Martonne et Flahault que M. Sorre à abordé cette dificile étude, c'est en faire déjà prévoir la haute valeur. Phrase courte et alerte, facture recherchée, docu- mentation extraordinairement puissante, lirée par- dessus tout de l'observation de la nature, dialectique inégale peut-être, mais dont la prolixité est justifiée par le souci d'écarter toute interprétation préconcue : telles sont les qualités maîtresses de cette remarquable étude scientifique, de belle tenue littéraire el d’at- trayante philosophie. Une introduction de 13 pages prépare le lecteur à l'originalité, particulièrement heureuse, aussi bien du concept du problème que des méthodes d'analyse employées. Si pour les précurseurs de M. Sorre « l'évolution des groupes humains était un facteur des transformations végétales plutôt qu'un produit des conditions naturelles », pour lui « la géographie biolo- gique est moins l’ensemble des disciplines relatives à la localisation des diverses formes de la vie que la connaissance de ces formes en tant qu'elles se déter- minent mutuellement en un point donn“ de l'espace ». D40 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX Si d’autres ont présenté les faits sous leur aspect d'opposition, M. Sorre se plaira à les mettre en lumière sous leur rapport de répétition. L'auteur termine cette introduction en prévenant le lecteur qu'il francise les noms les plus répandus et, en conséquence, nous le voyons aussitôt, bravant la phonétique catalane, employer à chaque page la dénomination de Riviéral à la place du toponyme « Riberal », qui se prononce en français tel qu'on l'écrit en catalan. Il l'emploie à l’égal de celui de Salanque et de Conflent, bien que cette dénomination, appliquée d’une facon spéciale ‘ aux rives de la Tet, soit à peu près tombée en désué- tude : la chronique locale des journaux n'en fait jamais mention. D'autre part, M. Sorre, frappé sans doute par l’analogie de l'aspect des plaines de la Tet avec les Vesas d'Andalousie, n'hésite pas à introduire ce vocable dans le cours de son développement : la Vega de Prades, la Vega de la Seo de Urgel sont barbarismes séosraphiques dangereux, le premier plus encore que le second. Le chapitre | est intitulé : Les Paysages. Dans une une envolée descriptive de sensations vécues, l’auteur lait défiler devant le lecteur les aspects méditerranéens de la Côte Vermeille et de la « Costa Brava » à travers les plaines du Roussillon et de l'Ampurdan depuis Leucate jusqu'à Gérone. C'est ensuite les panoramas très différenciés du Conflent, du Capcir et de la Cer- dagne, avec retour par la Catalogne sous-pyrénéenne, la Garrotxa ampurdane, le Vallespir et les Albères. Le chapitre If est un très judicieux résumé des connaissances actuelles sur la nature du sol, l’orogénie du substratum, la morphologie du relief des Pyrénées méditerranéennes, Cet exposé témoigne d'un parfait entendement des choses de la paléogéographie. Cer- taines visions de pénéplaines sont à retenir. Par contre, on peut éprouver quelque surprise du peu d'emprunts faits à ce chapitre dans les discussions qui suivent, uotamment au sujet de la juxtaposition et de la super- position des genres de vie industrielle et agricole dans le Ripollès, de la non-pratique des assolements et du faible développement des canaux d'arrosage dans la fertile plaine volcanique d'Olot, des différences de caractères que présente le réseau des sentiers de montagne. Le chapitre II est relatif au Climat. C'est certaine- ment après le chapitre V un des mieux documentés, à quelques petites erreurs de détail près. A la pleine approbation que mérite M. Sorre pour son très satis- faisant exposé des types du temps pour la région qui l'occupe se mêle cependant un regret : celui de le voir céder au snobisme, heureusement en déclin, qui veut qu'il soit de bon (on, pour nos jeunes savants, d'aller chercher leurs iuspirations à l'étranger quand la science française peut leur procurer toute satisfaction. M. Sorre pouvait, quoi qu'il en dise, tirer avec au moins autant de rigueur — comme nous l'avons fait à l'Observatoire de Perpignan en vue de la prévision lu temps en Roussillon — du Bulletin international du Bureau Central météorologique de France la notion des types du temps dans les Pyrénées méditerra- néennes. La facilité de documentation que lui procu- raient les publications récentes d’un dilettaate de la météorologie méditerranéenne, admirateur enthou- siaste, comme nous d'ailleurs, de la renaissance scien- tilique espagnole, est son excuse. Le chapitre IV, court, quoique bourré de faits, est consacré à l'Jydrologie. L'originalité du réseau hydro- loique est nettement accusée dans la très suggestive esquisse de la page 414. La complexité des caractères du Sègre et de ses affluents, tenant à l'existence de niveaux de base provisoire (lacs de Cerdagne et de la Seo de Urgel), ne lui a pas échappé. Le chapitre V, intitulé : Les Formes de la végétation 1 D'une facon générale la dénomination de Riberal s'ad- plique aux rives des rivières du Roussillon, aussi bien à Prats de Mollo qu'au Boulou où à Perpignan. spontanée, est, à notre sens, la perle de cette intéres- sante étude. C’est, par la justesse de vues, la méthode d'analyse et l'esprit de coordination qui le caracté- risent, le guide le plus sûr que pourront utiliser ceux qui s'intéressent à la phytogéographie méditerra- néenne. Posant en principe que « l'ordonnance des grandes masses de végétation relève exclusivement du climat, mais en admettant que le sol a autant et plus de part que l'atmosphère dans les nuances du paysage végétal », l'auteur montre les apparences que revêtent la végétation à feuilles persistantes, la végé- tation à feuilles caduques et la végétation subalpine entre le littoral et la région alpine. A remarquer la très subtile et si juste distinction qu'il établit entre la garrigue et le maquis. A l'appui de sa thèse sur l'influence du sol dans la différenciation des associa- tions du chène-vert et du chêne-liège, il eût pu citer la garrique qui existe en étroite et longue bande au milieu d’un peuplement de chénes-lièges au sud de Darnius, ainsi que le passage de la garrigue au maquis entre Perelada et Vilarnadal. Les remarques de M. Sorre sur l'association du bord des eaux dans l'étage du chêne-vert sont curieuses. 11 eût été inté- ressant de rechercher si l’ancienne « ruta » du littoral roussillonnais appartenait à celte association. L’au- teur a su admirablement préciser les vocations des sols de chacun des quatre étages et les particularités qu'elles présentent. La vocation pastorale des schistes siluriens et des calcaires dévoniens de la région de Pardinas a attiré son attention, ainsi que la vocation forestière des montagnes actuellement déboisées du Haut-Vallespir. La vallée du Sègre, de Bellver à La Seo de Urgel, l'intrigue. Le chêne vert y monte à 1.200 mè- tres, l'olivier à 800, ja vigne, qui en est un peu ici l'équivalent biologique, se rencontre à 1.000 mètres (Arenys de Bar). L'olivier étant pour M. Sorre le symbole du climat méditerranéen, il en conclut que la « conque » de La Seo et la vallée du Sègre, tout au moins Jusqu'à Aristot, est une enclave à climat médi- terranéen. Quelle est la raison de cette enclave? quelles sont les causes de la sécheresse à laquelle est dù cet état de végétation xérophile méditerranéenne ? Il n'y avait, il nous semble, qu'un mot à ajouter. La Catalogne sous-pyrénéenne possède un régime plu- vieux dù à la condensation d’effluves marines appor- tées par des courants d’entre SE et SW. La détente à laquelle les oblige leur ascension sur les versants des avant-monts -pyrénéens, du Puigmal à la Sierra de Bou-Mort, provoque un refroidissement interne suivi de précipitations atmosphériques. A leur arrivée sur le fossé du Sègre, par-dessus les hautes falaises de la Sierra de Cadi (2.400 m.), elles se trouvent déjà privées d'une partie de leur eau; d'autre part, dans leur remous de descente dans la vallée du Sègre, elles se compriment avec élévation de température, d’où abaissement de latension de vapeur, et par suite arrêt de la pluie, qui d’ailleurs ne tardera pas à reprendre un peu plus au nord, par suite du phénomène inverse à la remontée des courants aériens vers la barrière andorrane. C’est ce que justifient pleinement les ano- malies de la carte pluviométrique de M. Raf. Patxot insérée à la page 92 de l’ouvrage de M. Sorre. La troisième partie de l'ouvrage nous initie aux genres de vie. L'auteur, puisant largement dans la riche littérature historique des Jaubert de Passa, Alart, Brutails, Vidal et Calmette, nous donne tout d'abord un apercu général des étapes de l'adaptation de l'homme. Au chapitre VIT il se livre à une fort intéres- sante comparaison des vitesses d'évolution des genres de vie en Ampurdan et en Roussillon, l’une ralentie, l'autre accélérée. L'Ampurdan conserve son ancienne spécialisation agricole : culture des céréales et son complément naturel la transhumance, et reste,le gre- nier de la Basse Catalogne industrielle et commerciale, Le Roussillon évolue, avec le développement de son réseau d'arrosage et la régression de la transhumance, vers des cuhures plus productives : la vigne et le EG com tm BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 53 l jardin, qui font de lui un des celiiers et jardins de la | domineut la vie andorranne, — nous sommes là-dessus France. D'où différenciation dans les genres de vie | des Catalans de la plaine, suivant qu'ils sont d’un côté ou de l’autre de la frontière. Pourquoi, alors, M. Sorre | n'eu conclut-il pas également à la différenciation du caractère des individus? L'évolution du caractère est cependant une fonction naturelle des genres de vie | et par suite du milieu. Pour l’auteur, le Catalan est un | être amateur du plaisir, de tous les plaisirs, fier, | difficile à gouverner, rancunier, vindicatif : « Tous les Catalans sont ainsi affirme-t-il. C'est la sentence avant le jugement, car il ne nous a pas encore pré- | senté les Catalans des trois autres étages. Vingt ans de participation à la vie des Roussillonnais, dix ans d'excursions dans l’Ampurdan et les Pyrénées Cata- lanes me font un devoir de protester contre ce juge- ment qui s'applique, peut-être, à un autre âge: ma qualité de gavache (étranger au Roussillon) me | ermet de le faire en toute sincérité. Le Catalan est ier, c’est une de ses plus belles qualités, la fierté esl sœur de la générosité. La rancune s’évapore vite au beau soleil de ce pays, ce n’est plus de la rancune. | Le réactif du caractère vindicatif d’une race est | accusé par les crimes et délits qui en sont la consé- | quence. Le couteau catalan est un mirage méridional auquel M. Sorre s’est laissé prendre. Les statistiques judiciaires sont là pour le confirmer. | Le chapitre IX nous donne d'utiles renseignements | sur l'union des deux genres de vie agricole et indus- | trielle dans l'étage intermédiaire et il nous détaille | les causes variées de cette juxtaposition et son reten- tissement sur l'évolution du type humain. Au chapitre X nous assistons à l'apparition des carac- | lères propres aux genres de vie pyréneéenne. Ces ca- | raclères ne se manifestent autour des grands massifs | que un à un, quelquefois avec toutes leurs perfections (vallée de Mosset). Le trait fondamental est l'union de l'élevage avec des cultures précaires de céréales : blé | (Cerdagne), seigle (Capcir). La pomme de terre re- | médie à la précarité de ces cultures. Frappé de la quasi-fixité, à travers les âges, de l’économie rurale de ces régions, M. Sorre se demande ce que pouvait être « dans un pays où on évalue les espérances d'une fille en sacs de pomme de terre » le mode d'exploi- tation du sol. | | Avec le chapitre XII nous faisons une très curieuse | et très instructive excursion en Andorre. Très instruc- tive en ce sens que nous y apercevons une étape d'évo- lution presque moyennageuse. Avec juste raison notre érudit cicerone nous fait remarquer que les Vallées paraissent plus singulières qu’elles ne sont en réalité. Cette Catalogne pyrénéenne, ajoute-t-il, est une terre d'illusions; et mesurant l'action du milieu naturel sur | le type humain il en déduit que les Andorrans sont des Catalans de la montagne. La cote de leurs défauts | s'élève naturellement avec les altitudes : candeur et isnorance voulues, rouerie, esprit de lucre, ete. Est- ce si particulier aux montagnards de la Catalogne? | D'ailleurs est-il vrai de traiter l'Andorre de Catalogne | pyrénéenne? La méthode de répétition a vraiment de dures exigences; celle d'opposition, en l'occurrence, eût été peut-être plus féconde et dans tous les cas moins acerbe. Le Cerdan est au Catalan de la plaine du Roussillon ce que le Morvandiau est au Bourgui- gnon de ka côte, et l'Andorran est au Cerdan ce que le Suisse est au Franc-Comtois. Deux préoccupations ! Les archives de Prats de Mollo nous ont révélé — fait non encore signalé — que la culture de la pomme de lerre était pratiquée, jusqu’à un certain point eue ment, dans le Haut-Vallespir, avant la vulgarisation de ce lubercule par Parmentier. Les décimateurs B. d'Ortata et Fr. de Lassus, dans une assignation antérieure à 1769. de- mandent la dime sur ce produit. « Il y à longtemps, disent-ils, qu'il se fait beaucoup de pommes de terre à Prats de Mollo; la ferme, par suite de la culture de la pomme de terre, a augmenté de mille écus depuis dix ans. » » l d'accord avec M. Sorre : — d'une part la conservation jalouse et l'exploitation rationnelle du traditionalisme, d'autre part le maintien de limprécision du statut polilico-économique en vue de l'orientation des vies agricoles et pastorales au mieux de l'exercice de Ja contrebande. Dans le chapitre XIII, M. Sorre montre comment la dépendance mutuelle des genres de vie échelonnés de la plaine à la montagne a suscité un réseau de voies de communication très souple et varié qui permettent de plus en plus les échanges d'activité avec l'exté- rieur. A l'ancienne économie se surajoute, en parti- culier, celle des stations thermales et climatiques. Rarement étude biologique a réuni un ensemble de faits aussi méthodiquement présentés. Les conclusions qui s'en dégagent, aussi bien au point de vue de la phytogéographie que de l'anthropogéographie et de leurs relations mutuelles, en font, en même temps qu'une synthèse scientifique de haute valeur, un admi- rable compendium d'économie sociale. O. MENGEL, Directeur de l'Observatoire el de la Station de Météorologie agricole de Perpignan. Pouget ([.), Léonardon (F.) et Chouchak (D.). — Agrologie du Sahel. — I : Sahel d'Alger. — Une brochure de 84 pages avec une carte géologique. Adolphe Jourdan, éditeur. Place da Gouvernement, Alger, 1913. Les études agrologiques sont de première importance au point de vue de la culture et de la détermination des engrais que peuvent exiger telles ou telles plantes cultivées dans tels ou tels sols; les agriculteurs intel- ligents s'en rendent compte et notre pays commence à être bien connu sous le rapport agrologique. Il est aussi particulièrement intéressant d'étendre ces en- quêtes à nos colonies qui fournissent, par leurs pro- ductions agricoles, un appoint considérable aux matières premières industrielles, dont quelques-unes, d'ailleurs, ne peuvent croître sous nos latitudes. MM. Müntz et Rousseaux avaient donné l'exemple de ce genre de recherches par leur étude sur les terres de Madagascar ; nous-même l’avions suivi, sur une échelle forcément plus modeste, dans notre travail sur les sols de la Guinée francaise. Dans le même ordre d'idées, MM. Pouget, Léonardon et Chouchak viennent de publier des recherches très complètes sur l'agro- logie du Sahel d'Alger. La publication qu'ils présentent contient les résultats des analyses des terres de cette région, tant au point de vue de leur constitution méca- nique et physique, qui en rend le travail plus ou moins facile et durable, qu'au point de vue de leur constitu- tion chimique, qui intervient dans la nutrition des végétaux. On a pris pour guide la carte géologique : le sol arable s'est formé, le plus souvent, aux dépens de l'assise géologique qui lui sert de support ; il en résulte que les terres appartenant à une même formation doivent avoir entre elles beaucoup d’analogies. C'est ce qui est bien mis en évidence par les résul- lats analytiques consignés dans cette première étude. Il en résulte, aussi, que ces résultats peuvent être étendus à des régions de mème formation géologique qui ne figurent pas sur la carte annexée à ce travail. Beaucoup d'agriculteurs du Sahel pourront en dé- duire des indications sur la constitution du sol qu'ils cultivent, et sur la nature des engrais quils doivent employer : il leur suffit de repérer sur la carte géolo- gique la région qui les intéresse et de se reporter aux résultats fournis par la mème formation. Une même assise géologique présente souvent des facies différents qui en rendent la détermination assez difficile : pour lever les doutes, on s'est attaché à pré- lever des échantillons des divers facies qu'on a pu rencontrer, Ces échantillons ont été conservés tels 12 quels au Laboratoire de Chimie appliquée de la Faculté des Sciences d'Alger ; la comparaison d’un échantillon douteux avec ceux-ci évitera toute méprise. Les auteurs méritent des félicitations, non seule- ment pour le travail effectif qu'ils ont fourni, mais aus-i pour la facon intelligente dont ils cherchent à en faire profiter les agriculteurs intéressés C'est ainsi qu'un exemplaire de celte brochure à été adressé aux maires de la région sahélienne, ainsi qu'aux diverses associations agricoles et qu'un certain nombre en sera distribué gratuitement aux personnes qui en feront la demande au Secrétariat de l'Université d'Alger. C'est là un bel et bon exemple à suivre. A. HÉBERT. Mayet (Lucien). Chargé du Cours d'Anthropologie à l'Université de Lyon. — Le développement physique de l'Enfant. Etude sommaire des principaux ele- ments de la croissance normale du corps de l'enfant. Deuxième édition. —1 vol. in-8° de 40 pages avec 12 figures. (Prix : 1 fr. 25.) À. Poinat, éditeur. Paris, 1913. Etude statistique du développement de l'enfant. Les courbes obtenues d’après les mensurations d’un très srand nombre d'enfants permettent de connaitre l'enfant moyen. Mais, comme le fait remarquer trèssagement l'auteur, ilfaut tenir toujours compte d'une série de facteursavant de porter un jugement surles individus comparés avec avec les données collectives. Deux cartes de la France montrent, à ce point de vue, l'influence du facteur ethnique, les chiffres moyens variant suivant les dépar- tements. Parmi les courbes publiées, citons l’une, assez curieuse, celle du coefficient de robusticité, obtenu en soustrayant de la taille, exprimée en centi- mètres, la somme du poids en kilogrammes et du péri- mètre thoracique en centimètres. De un à vingt ans, la courbe passe par un très fort maximum vers dix ans. Plus le chifire du coefficient de robusticité est élevé au-dessus de la moyenne, plus la constitution est faible ; plus le chiffre est bas, plus la constitution est forte. Il y aurait sans doute de fortes réserves à faire sur des déductions tirées de ces graphiques, mais si on ne veut pas trop hätivement conclure, il faut reconnaitre que des études de ce genre sont intéressantes et peu- ventrendre des services, surtout pour l'étude des petites collectivités enfantines. D: J.-P. LaxGLois, Professeur agrégé à la Faculté de Médecine 4° Sciences diverses Taylor (F-W.). — La Direction des ateliers. — Préface de M. HENRI LE CuaTELIER, membre de l'Ins- titut. —- 4 vol. in-8° de 190 pages avec figures. (Prix : 6 fr.) Dunod et Pinat, Paris, 1914. L'auteur de ce volume est M. Frédéric Winslow Taylor, dont le nom est bien connu des métallurgistes comme inventeur des aciers rapides à outils (chrome- vanadium) qui ont permis d'augmenter considérable- ment la puissance de travail des machines dans les ateliers. Cet ingénieur éminent n’a pas limité son activité aux questions techniques.Ses études ont porté également du côté social sur l’organisation scientifique du travail et cela non pas dans le but de pressurer le plus possible les ouvriers au seul profit des patrons, en leur imposant une plus grande somme dle travail, mais pour leur permettre, au contraire, d'augmenter leur production sans avoir à dépenser plus d'effort. M. Tay- lor a démontré effectivement qu'on peut arriver à ce résultat par le perfectionnement des procédés de fabri- cation, par la suppression des temps perdus, par la spécialisation des tâches Suivant les aptitudes, par le BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX paiement de salaires plus élevés en cas de réalisation de ces tâches, par une répartition bien définie de la besogne entre tous les échelons de la hiérarchie. Comme le dit l’auteur, « l'objet essentiel de la nouvelle organisation est d'opérer deux modifications impor- tantes dans le personnel : 4° une révolution complète dans la m'nialité vis-à-vis des patrons et du travail et 2° comme résultat de ce changement d'idées, un accroissement de l'énergie et de l’activité physique et une telle amélioration des conditions dans lesquelles il travaille, qu’il produise, en beaucoup de cas, deux à trois fois plus d'ouvrage qu'il en faisait auparavant ». Parmi tous les détails qui tendent à établir le succès du système, se place en première ligne l'étude des temps elémentaires exigés pour chaque partie du tra- vail. Mais elle est difficile et demande ses dispositifs et ses méthodes propres. M. Taylor veut éviter les tâton= nements aux débutants en leur donnant au moins un exemple de ce qu'il à fait en collaboration avec M. Thompson, ingénieur à Newton, pour l'étude du temps ncrssaire à tous les genres de travaux des industries du bâtiment el aussi ses recher-hes per- sonnelles pour les travaux relatifs à l'emploi de machines-outils. La principale objection qui ait été faite au système Taylor, c'est qu'il lui faut compter avec les prétentions des syndicats dont l'esprit est partout opposé à l'abais- sement des prix des produits ou à l'amélioration des méthodes de production, partant du principe que « moins chaque ouvrier produit, plus il reste à faire pour les autres ». Mais l’auteur ne redoute pas les menées syndicalistes et explique qu'il demande à l’ouvrier non pas de produire plus par sa propre ini- tiative, mais d'exécuter ponctuellement des ordres donnés dans les moindres détails; que, dans ces conditions, le syndicat perd toute acion sur l’ou- vrier, et lorsque ce dernier, surveillé de près par le coutre maitre, sera arrivé à faire le travail dans le temps fixé et à gagner des primes, il les refusera peut-être au début, mais il ne tardera pas de lui- même a les réclamer une fois accumulées. Il n'est pas douteux que l'exemple de cet ouvrier sera vite suivi et conduira à l'acceptation du système par la généralité de ses camarades. La note sur les courroies, qui vient immédiatement après celle qui à trait à la direction des ateliers, est uu des meilleurs exemples que M. Taylor puisse don- ner de sa méthode. Il a remarqué combien les cour- roies mal agencées paralysent à la fois les machines et les ouvriers par leur fonctionnement défectueux et leur chute accidentelle. Il indique le moyen technique d'éviter tous ces inconvénients, augmentant ainsi la production des ouvriers qui ne sont plus arrêtés dans leur travail sans pour cela être tenus à un plus grand effort. C’est des ingénieurs qu'il réclame une meilleure organisation des transmissions, et à ce propos il est amené à exposer ses idées sur les écoles techniques el sur la mauvaise préparation qu'elles donnent à leurs élèves au point de vue social. À son avis, ce qui manque aux futurs ingénieurs, c’est le frottement suffisant avec de vrais ouvriers, c'est-à-diré des hommes luttant pour gagner leur vie, frottement nécessaire pour connaitre leurs méthodes de raisonnement, leurs facons de s'ex- primer et leurs préjugés. Ce contact, on ne l’obtiendra que par un stage de longue durée aux usines pendant les années d'étude, et alors tous ces étudiants, devenus des outils de travail incomparables, au lieu de chercher une place à leur sortie, seront réclamés par les indus- triels et, contrairement à ce qui se passe maintenant, les écoles ne pourront plus arriver à suflire aux demandes des nsines. Toutes ces réflexions de M. Taylor, énoncées en style net et concis, sont d’une grande actualité et, en pré- sence du problème ouvrier toujours plus ardu, il n’est pas besoin de longs commentaires pour en recom- mander la lecture. Eire DENENGE, Ingénieur Givi. 7 | ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 33 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Séance du 27 Avril 1914. M. le Président annonce le décès de M. E. Suess, associé étranger. — M. F. Becke est élu correspon- dant pour la Section de Minéralogie. 19 SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. J. Clairin : Sur certains systèmes d'équations aux dérivée< partielles du second ordre à deux variables indépendantes. — M. W. Blaschke : Nouvelles évaluations de distances dans l'espace fonctionnel. — M. M. Riesz : Formules d'interpolation pour la dérivée d’un polynome trigono- métrique. — M. B. Gambier : Sur les surfaces su-cep- tibles d’être engendrées de plusieurs façons différentes par le déplacement d'une courbe invariable. — M. L. Roy : Sur le mouvement des milieux visqueux indéfinis à trois dimensions. — M. F. Jager :- Sur l'application de la méthode de Rilz à certains pro- blèmes de Physique mathématique, en particulier aux marées. — M. H. Chrécien décrit un astrolabe à miroirs qui présente sur l’astrolabe à prisme les avan- tages suivants : homocentricité des deux faisceaux lumineux, pouvoir de définition augmenté, possibilité «Je construire des astrolabes de grandes dimensions à des prix abordables. — M. H. Deslandres montre que les particularités observées par Stark sous l'influence d'un faible champ él-ctrique agissant sur la lumière des rayon--canaux se retrouvent dans le Soleil, sur- tout au bord, et il est possible que le phénomène solaire soit rattaché à la même cause. 20 SciENCES PHYSIQIES. — MM. Léon et Eug. Bloch ont constaté que l'absorption de l'air dans l’ultra-violet extrème commence dès la longueur d'onde 1957 et se manifeste par un spectre de bandes régulières appar- tenant très probihlement à l'oxygène. — M. Th. Pec- zalski propo sér., t. VIII, 1911. — F. Brocuer : - Thèse ès se., Paris, 1914. Arch. Zool. exp, Bull. Soc. zoo. gén., ÿ Gonves À], 4908; Ann, Bial. Uacustre, Bruxelles, t.AW, 1909, et €. 5, 1911-12; Zoologisehe Jdabrbucher (Sér. physioL), ft. XXXUIE, 4913. — H. Wanmensuex : Archivio di Fisiol., t. Vil, 1909 (vol. jubil., en l'honneur de G. Fano). 600 contractions rythmiques pousse le sang dans les différentes parties du corps. C'est surtout à Carlson * que nous devons de nombreuses recher- ches à ce sujet. Il s'agissait pour lui de constater l'action éventuelle d'éléments nerveux sur le méca- nisme cardiaque. Il semble bien que l'influence des nerfs sur le cœur soit identique chez les Verté- brés et les Invertébrés; il y a des nerfs accéléra- teurs et d'autres qui sont plutôt inhibiteurs. On a particulièrement cherché à savoir si le rythme cardiaque des Invertébrés est d'origine myogène ou neurogène. Chez la limule, le fonctionnement du cœur est dû sans doute aux éléments nerveux. Du moins, les contractions cardiaques cessent sitôt qu'on enlève les nerfs et les ganglions du cœur. Chez les daphnies et les salpes, le cœur semblait par contre privé de tissus nerveux. Pour le cœur des Tuniciers toutefois, cette absence d'éléments nerveux ne peut plus être soutenue, et cela notam- ment depuis recherches de Nicolaï el de Burghauser”. A l’occasion de ses travaux sur les Pyrosomes, Burghauser a, en effet, fait, au labora- toire russe de Villefranche-sur-Mer, quelques expé- riences sur la Sa/pa maximaalricana. Normalement, le moindre attouchement du corps de cette salpe provoque une diminution du nombre des pulsations cardiaques. Après ablalion du ganglion dorsal, par contre, toute excitation mécanique est sans effet sur le rythme cardiaque. Le mécanisme fonctionnel du cœur des Tuniciers est, en général, très curieux et a souvent été étudié (Roule, Labhille, Pizon, Schultze*, Nicolaïi et d’autres). En effet, la direction du courant sanguin alterne périodiquement. Tantôt il va du cœur à la tunique, de là aux vaisseaux branchiaux, pour retourner par la masse viscérale au cœur; tantôt, par un renversement des ondes péristaltiques, la circulation à lieu en sens inverse. A la suite de Roule, on admet en général que le fait du renver- sement des ondes cardiaques constitue un perfec- tionnement en vue de la distribution de l'oxygène et des matières nutritives à travers le corps. Quant “au mécanisme du renversement, Nicolaï pense qu'il s’agit de la fonction alternante de deux centres automatiques, silués aux deux bouts opposés du cœur. L'un de ces centres (celui qui est situé sur le côté viscéral) détermine des excitations continues de fréquence constante, tandis que l’autre (voisin de la les 1 A. S. CauisonN : Biol. Bulletin, L NII, 1905, — In. : Asher-Spiro's Ergebnisse d. Physiologie, t. VII, 4909. 2 G. F. Nicocar : Arch. f. Anat, Physiol. (sér. physiol.), 1. suppl., 1908. — F°, BunGnauser : Zeitschrift f. wiss. Zool., 1. CVIN, fase. 3, 1914. L. RouLe : Ann. Mus. hist. nat, Marseille (Zool.), LI, 1SS4-1885, — FF, Lanizce : Th, ès sc., Toulouse, 1890, — A. P1zon : GC: R"Ac. Sc., Paris, t. CXXXIV, p. 1528; C. R. Congr. intern. Zool., Berne, 1904, p. 410. — L. S. ScauLrze : Jenaische Zeitschr, ?, Naturw,, |. XXXV(N.S. XX VII), 4904. J. STROHL — REVUE GÉNÉRALE DE PHYSIOLOGIE DES INVERTÉBRÉS tunique) produit des excitations intermittentes. C'est cette différence de fonctionnement des deux centres nerveux qui explique peut-être le renverse- ment périodique des contractions cardiaques. Le cœur des salpes présente une autre particula- rité encore : son manque de valvules. Pour bien déplacer, à l’aide d'ondes péristaltiques et dans une direction voulue, le contenu d'un système clos, il faut que le côté d'où part la contraction puisse être entièrement fermé. C'est là en général un rôle qui incombe aux valvules, aussi bien chez les Vertébrés que chez les Invertébrés. Dans le système circulatoire des salpes, en raison du renversement périodique du courant sanguin, un tel mécanisme ne serait pas applicable et le résultat en question est obtenu ici par une forte contraction de la paroi vasculaire. Le problème si complexe de la coagulation du sang a également élé poursuivi jusque dans les rangs desInvertébrés. Ilsemble, d’après les recher- ches de Léo Loeb”, que l'arrêt d'une hémorragie a été primitivement réalisé par une simple aggluti- nation des éléments cellulaires du sang. C'est du moins ce qu'on observe chez la limule. Ce n’est que chez des animaux plus différenciés déjà (chez le homard, par exemple) qu'est intervenue une vraie coagulation, à l’aide de ferments spéciaux. IV. — Digestion. NUTRITION. Nous possédons actuellement sur la nutrition et la digestion des Invertébrés les volumineuses publications de Jordan et de Biedermann *. On y trouve, disposées selon les groupes zoologiques, toutes les indications concernant la préhension de la nourriture, la mastication, les ferments diges- tifs, la résorption et la défécalion. Etant forcé de nous limiter, nous nous contenterons de rendre attentif à deux points d'une importance plus générale : la répartitiondes ferments protéolytiques et le fonctionnement du soi-disant foie des Inver- tébrés. La faculté de digérer les substances albuminoïdes semble répandue chez tous les Invertébrés, même chez les plus primitifs, tels que les Protozoaires et les Coelentérés, chez lesquels ces processus ont été »\ éludiés entre autres par M. Greenwood (1884-85), L. Fredericq (1878), M. Chapeaux (1893), mais sur- 1 L. Lors : Hofmeisters Beiträge z. chem. Physiol. Pathol., 1. NI, 1905; L. IX, 1907. — In. : Arch. f, path. Anat., . CLXXXV, 1906. — In. : Biochem. Zeitschrift, 1. XXIN,; 1910. 2 W. Bregvenmans : Die Aufnahme, Verarbeitung und Assi- inilation der Nahrung. //andbuch d. vergleich. Physiol. von Winterstein, & I, 470 moitié, 1910 (cette publication a aussi été mise en vente séparément chez G. Fischer, Jen). =— H. Jonpan : Lehrbueh d. vergleich. Physiol., {. I, Jena, G. Fischer, 1913. J. STROHL — REVUE GÉNÉRALE DE PHYSIOLOGIE DES INVERTÉBRÉS 601 tout par F. Mesnil (1901, 03), H. Jordan (1907) et H. Mouton (1902, 03). Dans les premiers temps, on surtout cherché à savoir si la protéolyse se faisait u moyen de ferments pepsiques ou trypsiques" ais dansces recherches on s’est borné, en général, constater, au moyen de la poudre de tournesol, i le milieu où avait lieu la digestion de l'albumine était acide ou alcalin. Or, un tel procédé n'était pas fait pour trancher la question, vu que la trypsine est capable d'agir par exemple en présence d'acides combinés à des matières albuminoïdes. Il suffit, en effet, qu'il n'y ait pas d'acide minéral libre. En présence d'acide libre, au contraire, la pepsine seule peut entrer en activité. Il ne servait donc à rien de constater si le milieu était acide ou alcalin, et il n’est pas étonnant que des observations faites de cette facon aient élé cause de confusions sans nombre. Dans des groupes très rapprochés, on trouvait tantôt de la trypsine, tantôt de la pepsine, et il y eut même des cas où les deux ferments étaient signalés comme se trouvant réunis dans un mème suc digestif (chez l'écrevisse, d'après les indi- cations de Krukenberg). Il fallait de nouvelles recherches exécutées à l’aide d’autres méthodes et faisant appel notamment à la distinction des pro- duits différents de l'hydrolyse trypsiqueet pepsique. C'est ce procédé très correct qu'employa Henri Mouton dans ses recherches sur la digestion chez les amibes. Il résulte de telles expériences que, chez les Invertébrés, c’est-à-dire à la base du règne animal, la trypsine est le seul ferment protéolytique. Ce n'est que dans des groupes relativement élevés qu'est venue se joindre à la protéolyse trypsique, la protéolyse en milieu nettement acide par la pepsine. Il est vrai qu'on trouve de l'acide libre chez cer- tains Invertébrés inférieurs aussi, et même, à cer- tains moments, dans les vacuoles digestives des rotozoaires. Mais précisément durant ces périodes la digestion n'a pas lieu (Greenwood, Mouton, Nirenstein *). Il semble que l'acide qui a été observé dans ces conditions soit destiné à détruire les bacilles qui se sont introduits dans l'organe digestif. C'est ce qu'on à appelé une « période antisep- tique » (H. Jordan), et c'est là évidemment un temps perdu pour la digestion. L'apparition d'un ferment pepsique, capable d'agir aussi en présence d'un acide libre, a donc créé la possibilité d'utiliser aussi celle période antiseptique au profil de la protéolyse. Der sesenwärtige Stand der Eivweissver- t. XXVII, 1907. “ H. Jonpax : dauung bei niedern Tieren. Hiol. Centralbl.. 2 H-.Mouron : Ann. Inst. Pasteur, t. XVI, 1902. — M. GReENWOOp : Journal of Physiol., London, t. VII, 1886; © VIII, 4887; t. XVI, 1894. — E. Ninensteix : Zcitschr. f allg. Physiol., t. V, 1905. "4 Chez les Mollusques gastéropodes et lamelli- branches, il existe sans doute des conditions spé- ciales en ce qui concerne les ferments protéoly- tiques ; du moins les diastases en question n'ont pu être trouvées encore chez ces Invertébrés. Le stylet cristallin", qui, selon les uns, constitue une matière de réserve et qui, selon les autres, repré- sente une espèce de ferment gélatineux s’attaquant à l'amidon et au sucre, ne contient en tous cas pas de ferment protéolytique. Ce ferment n'a pas non plus été trouvé chez les colimacons. Et pour- tant ces Pulmonés digèrent des matières albumi- noïdes comme tous les autres Invertébrés. Stübel * a constaté récemment encore qu'un tiers de l'azote ingéré ne reparait pas dans les excréments du coli- macon el doit, par conséquent, être digéré par l'animal. Les deux autres tiers, ilest vrai, sont de nouveau éliminés. Mais cela n'a rien d'étonnant, la consommation deluxe étant chezles Invertébrés un phénomène très répandu. La raison pour laquelle la protéolyse est si difficile à constater chez les Mollusques en question tient, sans doute, au fait que cette digestion est intracellulaire, c'est-à-dire qu'elle a lieu à l’intérieur des cellules. Le transport de substances nutritives par des amibocytes à l'intérieur du tissu digestif (« phagocytose diges- tive ») a souvent été observé chez les Mollusques (Bruël, Enriques, List”) et d’ailleurs chez d’autres Invertébrés encore (Turbellariés, Acariens). Chez beaucoup d'Invertébrés (Mollusques, Crus- tacés, Araignées), on constate la présence de diver- ticules particuliers de l'intestin moyen. En raison de leur couleur brunâtre et de la présence de glycogène dans leurs tissus, on a depuis longtemps cru y voir des éléments hépatiques. Mais le foie des Vertébrés, auquel on les comparait pour cette raison, est une glande à sécrétion interne, qui sert à régler le contenu du sang en sucre. C’est grâce à cette fonction qu'il s'y accumule du glycogène, tandis que le glycogène dans les diverticules hépa- tiques des Invertébrés provient, sans doute, direc- tement du tube digestif. A cette différence d'origine du glycogène viennent s'ajouter d’autres dissem- blances *: dans les diverticules intestinaux des Iavertébrés, il n'y a ni formation de fibrinogène 1 Ta. Barrors : lievue biol. Nord France, Lille, t. H, 1889-1890 (les analyses chimiques du stylet cristallin sont dues au professeur E. Lam8LiG). — J.-B., Mirra : Quart, Journ. microse. Se., N. S., L&. XLIV, 1901. — Tu. Lasr: Die Mytiliden. F'auna u. Flora des Golfs von Neapel, 27 mo- nogr., 1902. — L.-C. Maizcano et F. Vrës : C. R. Soc. Biol. Paris, t. LXIT, 1907, p. 316-317. — Voyez surtout ri de H. Jonpbaw, dans son traité de Physiologie comparée, p. 338-343. Zentralbl. f. Physiol., t. XXII, 1908, à 5. 3 L. Bruez : Thèse d'habilitation, Halle, 1904. — P. Exrr- QUES Mitteil. Zool. Station Neapel, t. XV, 1901. — Tu. List : Die Mytiliden, ouvrage cité précédemment. # H. Jornan : Zool. Jahrb., suppl. XV, t. III, 1912 (vol. jubil. en l'honneur de J. W. Spengel). 3 H. STÜBEL : 602 J. STROHL — REVUE GÉNÉRALE DE PHYSIOLOGIE DES INVERTÉBRÉS foie des Mammifères. Par contre, on y constate la production de ferments digestifs et l'absorplion de nourriture, ni synthèse d’urée, comme dans le phénomènes qui sont absolument étrangers à ce que nous considérons comme le type d’un foie. La désignation d'hépalopancréas même, proposée par Max Weber, ne semble pas admissible dans tes conditions. Jordan va plus loin encore. Il considère tout simplement ces diverticules comme des branches d'intestin dispersées dans le corps el pense que leurs cellules ne sont que de simples cellules intes- tinales avec toutes les fonctions de tels éléments. Mais il est certain, d'autre part, que la présence régulière de fortes quantités de glycogène facile- ment décelables constitue un caractère bien parti- culier des organes « hépatiques » chez les Inver- tébrés. La diminution du glycogène hépatique constatée par M'e Bellion ‘ durant l'hibernation de l'escargot est également un phénomène qui rappelle certaines observations sur le foie des Vertébrés. La fonction martiale du foie, étudiée par Dastre el Floresco *, est à son tour commune aux Vertébrés et aux Inverlébrés. De plus, on a réussi ré- cemment* à constater, tout comme chez les Oiseaux et les Reptiles, la synthèse d'acide urique dans le foie de l’aplysie. Tout cela n’est pas fait pour nous donner une notion bien claire de la fonction de ces organes chez les Invertébrés. Aussi Weinland * préfère-t-il désigner les appendices en question par un nom spécial (jecur). Selon l'absence ou la présence de tels diverticules du tube digestif, il distingue parmi les Inverlébrés des /njecurata el des /ecurala. Le problème de la nutrition des animaux aqualti- ques, qui a beaucoup occupé les biologistes, ces temps derniers, s’élend en grande partie aux Invertébrés aussi. On admettail en général que les animaux aquatiques se nourrissaient de plancton. Pütter * toutefois a cru découvrir un déséquilibre sensible entre le besoin de carbone des animaux aquatiques et la quantité de cet élément contenue sous forme d'organismes dans une masse d’eau telle qu'elle peut être pratiquement épuisée par | l'animal en quête de nourriture. De plus, il a fait | 1 M. Becuox : Contribution à l'étude de l'hibernation chez les Invertébrés. Th. ès sc., Lyon, 1909. ? A. Dasrne et N. FLoresco : Journal de Physiol. (5° série), t.X, 1898, p. 176. 3 A, SULIMA : #E. WEINLAND : sen, Oppenheimers Handbuch der 2e moilié, p. 209-343. Jena, Fischer, 4909. 5 À. Pürrer : Die Ernährung der Wassertiere und der Stolfhaushalt der Gewasser. Jena, G. Fischer, 1909 ; vovez aussi les articles du mème auteur dans Zeitschr, 1, allgem. Physiol., &. VI, 1908 : Abhandi. Kql. Gesellsch. Wissensch. Gottingen, 1908 ; Plüger's Arch. 1. ges. Physiol., 1. CXXX VII, 1911. Z. 1. Biol., L& LXUS (N. S. XLV), 1913-1914. | Verdauung und Resorplion bei Wirbello- | Biocheimie, 1 MI, | remarquer que le tube digestif des animaux aquatiques était très souvent complètement vide. Pütter croyait done devoir chercher ailleurs la source principale de la nourriture des animaux aquatiques. Selon lui, elle serait représentée par le carbone dissous dans l’eau, spécialement dans l'eau de mer. Les conclusions de Pütter ont donné lieu à de nombreuses contre-expériences et ont provoqué de sérieuses contestations ". En ce qui concerne le déséquilibre entre le besoin de carbone el la quantité de plancton disponible, on à fait remarquer, d'une part (Henze, Raben), que le planeton était beaucoup plus riche que ne l’admet- tait Pütter, et, d'autre part (Lohmann), on a consi- dérablement réduit les quantités de carbone qui devaient être dissoutes dans l’eau. Enfin le manque de contenu dans le tube digestif ne semble rien prouver non plus. Non seulement on ne sait rien sur la rapidité de la digestion chez les animaux aqualiques, mais surtout on ignore la fréquence des repas chez ces organismes. Tout porte à croire qu'ils sont des mangeurs occasionnels, c’est-à-dire qu'ils se nourrissent selon le hasard des circon- stances et qu'ils peuvent adapter leur métabolisme aux exigences d'un tel train de vie. Lipschütz, notamment, a rendu attentif au grand développe- ment de la faculté du jeûne chez les poissons, et Pütter * lui-même a démontré que la sangsue met presque un an pour digérer complètement le sang d'une seule succion, et pour retourner à l'état où elle se trouvait avant la succion. Toute déduction théorique basée sur ce que nous savons du méta- bolisme des animaux supérieurs est, parconséquent, sujette à caution. Il conviendrait donc, ainsi que l’a très justement fait remarquer P. de Beauchamp ‘ dans une analyse de l'Année Biologique, de vérilier l'hypothèse de Pütter par l'observation directe et l'expérience. Or, ” en fait d'expériences de ce genre, seules celles de Wolff sur les daphnies semblent donner raison à Pütter. M. Wolff a observé chez ces pelils crustacés des mues plus fréquentes, quand il les élevait dans de l’eau additionnée de nourrilure dissoute, que lorsqu'il les plaçait dans de l'eau filtrée. Mais il n'est pas certain que les mues soient un signe indubitable de la croissance, c'est-à-dire d’une augmentation de la matière organique du corps ie D PA RER RE 1 M. HENzE : PAlüger's Arch. 1. ges. Physiol., t. CXXI, 1908.— E. Rasex : Wissensch. Mecresunters. Abteïlg. Kiel“ N. S. L XI, 4909. — MH. Lonmanx : /nternat. Revue f. ges. Hydrobiol. u. Hydrographie, À. II, 1910. — W. CRONHEIM © Arch. {. Hydrobiol. u. Planktonkunde, \. IV, 1909, 2 À. Larscnürz : Asher-Spiro's Ærgebnisse der Physiol.;« &. XI, 4943, p.1 à 46. — À. Pürrer : Zeitchr. f.allg. Physiol. t. VI, 3907, p, 217 à 26. 3 P. pe Beaucnawr : Annce Biol., {, XIT, p. 253. — M. Wozrr : leternat. Revue 1. ges. Hyvdrobiol. u. Hydrographie, t. M, 1910, — H, Kens : /bidem, L. I, 1910. J. STROHL — REVUE GÉNÉRALE DE PHYSIOLOGIE DES INVERTÉBRÉS elles pourraient tout aussi bien avoir lieu durant …l'inanition. Kerb, d'ailleurs, n'a pu confirmer les sultals obtenus par Wolf. Il à, au contraire, onstaté que le poids des substances sèches, dont compose le corps des daphnies, diminue à la fois ans les élevages en eau filtrée et chez les animaux jaintenus dans l’eau addilionnée de nourriture issoule. Avant de terminer ce paragraphe, citons encore les intéressantes recherches de Marie Parhon sur les échanges nutritifs des abeilles pendant les quatre saisons et les expériences importantes de Weinland' sur le métabolisme des insectes, dont devra nécessairement Lenir compte tout chercheur “qui voudrait s'occuper à l'avenir des phénomènes nutritifs chez ces animaux aux divers stades de leur métamorphose. Au sujet du métabolisme des insectes, il est intéressant aussi de remarquer les recherches de Bogdanow et de Wollman sur le rôle - des microbes dans la vie et dans la croissance des mouches. Mais on aura surtout grand profit à connaitre les minutieux et ingénieux procédés employés par Delcourt et Guyénot pour élever des lignées de Drosophiles stériles et pour réduire ainsi à un minimum les facteurs inconnus qui peuvent intervenir dans les rapports entre les Drosophiles et le milieu ambiant *. Rappelons, d'ailleurs, qu’on ne connait pas nettement encore ie rôle physiolo- gique des levures et des bactéries qui vivent en symbiose régulière avec divers Invertébrés et otamment avec beaucoup d'insectes. Sule, Pieran- oni, Mercier et Buchner ont étudié ces curieux hénomènes” et ont surtout mis en évidence les isposilions spéciales et en partie très compliquées ui servent à assurer le passage des levures d’une génération à l’autre. V. — EXxCRÉTION. Les phénomènes d'excrétion chez les Inverté- rés ont été particulièrement étudiés par Cuénot di ses élèves, el, en parlie, du moins, soumis à un examen critique très consciencieux par Burian*. organisme des Invertébrés se débarrasse de ses roduits de déchet par deux processus différents : Vexcrétion de produits liquides et l’excrétion de LM. Parnox : Ann. Se. nal. (Zool.\, 9e sér., t. IX, 4909. — E: Wencano : Voyez par exemple Zeitschr. f. Biol., &. LI, 909, et Biol. Centr., t. XXIX, 1909. AE-A. Bocuaxow : Arch. f. Anat. Phys. (sér. phys.), vol. Suppl., 1908. — E. WozcMax : Ann. Inst. Pasteur, CXXV, 1914. — A. Deccourr et E. Guyénor : Bull. scient. Brance et Belgique, 7° s., t. XLV, 4911. 3 Pour la bibliographie de cette question, voyez P. Bucnner : Arch. f: Protistenkunde, t. XXVI, 1912. 4 L: Cuénor : Arch. de Biologie, t. XV, 1898; Zbid., t. XVI, 4899; Arch. Zool. expér. gén., 3€ sér., t. IX, 1901. — R. Bu- RIAN : Handbuch der vergleich. Physiol. von Winterstein, …t. II, 2° moitié, 1910-1913. [A » 603 malières solides. L'élimination de substances liquides se fait, en général, par les néphridies ou émonctoires excréloires, c’est-à-dire par la voie d'organes qui sont en communicalion directe avec le milieu ambiant. Mais il y a également des or- ganes sans communication directe avec l'extérieur, qui attirent à eux des déchets liquides : ainsi le tissu chloragogène des Annélides, la glande à con- crélion du Cyclostoma, et peut-être une bonne partie des éléments du tissu conjonetif. C'est ce que Burian à nommé des organes excréteurs non émonctoriels. Le mécanisme par lequel s'effectue le passage du liquide excréteur à travers les tissus néphri- diens a été étudié chez le poulpe par Gompel et Victor Henri, par Mayer et Rathery'. Leurs expé- riences ont démontré qu'il s'agit d'un vrai travail excréteur, d'une fonclion spécifique des cellules excrétrices, consistant surtout en une concentra- tion et en une sélection des substances à éliminer. Aussi bien dans les cellules néphridiennes que dans les organes non émoncloriels une bonne partie des matières liquides sont, toutefois, trans- formées en concrélions solides. À cet état, elles sont directement expulsées au dehors, quand elles se trouvent dans les néphridies, c'est-à-dire que les cellules qui les contiennent se détachent entiè- rement ou partiellement de la paroi, tombent dans la lumière de l’émonctoire et sont projelées au dehors par l’ouverture ou le canal éjectoire de cet organe. Les concrélions ou autres déchets solides, formés en dehors des émonctoires, ont à faire plus ou moins de détours avant de quitter l'organisme. Ce sont, en général, des phagocytes qui s'en char- gent et qui les transportent par les voies cireula- toires aux néphridies. Souvent aussi ces éléments déposent leur charge sous l’épiderme, et même traversent ce dernier pour passer au dehors (pha- gocylose éliminatrice de Cuénot). En fait d'exem- ples où les concrétions sont transportées à l'inté- rieur des cellules néphridiennes, je citerai le cas des Mollusques pulmonés (rapporté par Krahelska), et celui de certaines Annélides (analysé par Bu- rian *, d'après les données fournies par Darboux, Picton, Eisig, Hérubel, Willem et d'autres). Le dépôt de concrétions sous l'épiderme est effectué chez beaucoup d'Annélides,chez lesquelles la colora- tion du corps est souvent due à des matières d'excré- tion et augmente, par conséquent, avec l’âge. Chez les Hirudinées, ces dépôls vont jusqu'à former des dessins spéciaux pouvant servir à caractériser les 1 M. Gowper. et Vicror Heu : C. R. Soc. Biol., Paris, t. LX, 1906. — A. Mayen et F. Rartueny : Journ. Anal. Physiol., Paris, t. XLIII, 1907. ? M. KraueLska : Jeuaische Zeitsehr. f. Na°.. &. XLVI (N. S., IXL), 4910, ou bien Thèse ès sciences, Zurich, 1910. — ? Voyez Burian : p. 375 de l'ouvrage cité précédemment, 604 espèces. Les mues qui ont lieu de temps en temps chez certains Vers les débarrassent de leurs pro- duits de déchet. Chez les Lamellibranches enfin et chez les Échinodermes, les phagocytes, chargés de produits de la désassimilation, traversent complè- tement l'épiderme et passent au dehors (de Bruyne, Cuénot‘). Dans le groupe des Échinodermes, la pha- gocytose éliminatrice est particulièrement abon- dante chez les étoiles de mer, tandis qu'elle est très peu marquée chez les oursins. À sa place, nous trouvons chez les oursins une forte accumulation de déchets dans certaines parties du corps (rein d'accumulation, Cuénot). Ce phénomène de l'accumulation se retrouve chezbeaucoup d’autres Invertébrés, chez les Vers, chez les Mollusques, chez les Insectes. Il semble que, pour se débarrasser de produits inutiles, sou- vent nuisibles, l'organisme puisse indistinctement se servir de deux voies : soit de l'accumulation dans certaines parties du corps, soit de l'expulsion au dehors. Dans les deux cas, le résultat obtenu est le même : les produits en question seront écartés des grandes voies de la circulation et du métabolisme. Chez les végétaux où l'on ne ren- contre pas d'organes servant spécialement à l'ex- crétion, l'accumulation des produits de déchet joue également un grand rôle. C'est que, chez ces organismes, le métabolisme de l'azote, qui à lui seul fournit la plus grande partie des déchets, est beaucoup moins intense que chez les animaux, dont la nourriture est déjà très riche en azote. Les phénomènes de désassimilation chez les végétaux sont d’ailleurs rendus particulièrement indistinets par le fait que beaucoup de produits de la rétro- gradation des matières nutritives peuvent être utilisés à nouveau par la plante, ce qui n'est pas le cas pour les animaux. Un excellent exemple de la différence du méta- bolisme animal et végétal à ce sujet semble nous être fourni par les Turbellariés acoeles, qui vivent en symbiose avec des Algues”. On y lrouve, comme chez les Annélides, les produits de déchet du ver localisés dans l'épiderme sous forme de bandes blanches. Ces bandes sont toutefois très inconslantes. C'est que les matières d’excrétion qui les forment sont souvent réutilisées par les algues. C’est du moins ce qu’on est amené à penser, quand on constate que de jeunes convolutes, pri- vées d'algues dès leur naissance, meurent assez rapidement, mais non sans qu'apparaissent en grande quantité de singuliers cristaux aciculaires, qui finissent par remplir tout le corps. Il s'agit, sans doute, de produits de déchet qui, à l’ordi- EE — 1 GC, pe Bruyne : Arch. de Biol., 1. XIV, 1896. — L. Cuénor : Ibid, t. XNI,4899; Arch. Zool. exp. gén., 8° sér.,t. IX, 1901. 2 Voyez BurtAN : p. 393 de l'ouvrage cité précédemment. J. STROHL — REVUE GÉNÉRALE DE PHYSIOLOGIE DES INVERTÉBRÉS naire, ne peuvent pas saccumuler de cette façon, parce que les algues les en empêchent. En fait de produits de la rétrogradation des ma= tières azolées formées par l'organisme des Inver- tébrés, il faut notamment citer, à la suite de von Fürth ! et de Cuénot, l'acide urique, que l’on rencontre chez les Échinodermes, les Vers, les Mollusques gastéropodes, les Insectes, les Myrio- podes, les Acariens, etc. Sa présence chez les Inver- tébrés a été spécialement étudiée par Marchal?. L'acide urique trouvé dans les « sacs urinaires » des poulpes ne semble pas être produit par le poulpe même, mais fort probablement par les Di- cyémides qui recouvrent en grande quanlité les « corps fungiformes » (tissus excréteurs) de ces animaux”. L'urine du poulpe renferme de l’am- moniaque, et, en fait de représentant du groupe purique, de l’hypoxanthine. Souvent la guanine remplace l'acide urique. C’est le cas chez beaucoup de Vers, chez certains Mollusques gastéropodes, chez les Araignées et les Scorpions. Les Mollusques lamellibranches (les moules par exemple) semblent présenter des conditions toutes particulières. Aug. Letellier ‘, qui a étudié leurs néphridies (organes de Bojanus) avec grand soin, a été incapable d'y découvrir de l'acide urique. Par contre, il croit y avoir trouvé de l’urée (très rare chez les Inverté- brés) et de plus, dans certaines parties excrétrices du péricarde, de l'acide hippurique. L’acide carci- nurique découvert par Marchal dans les produits d’excrétion des Crustacés décapodes demande à être mieux défini encore. Nous ne saurions quitter les phénomènes de l’excrétion sans rendre le lecteur attentif aux expé- riences à l’aide de colorants, dont se sont notam- ment servis avec grand succès L. Cuénot et A. Kovalevski”. Certains colorants, tels le carmin d'indigo et le carminate d'ammoniaque, injectés dans le corps d'un organisme, vont s'accumuler de préférence dans les organes d’excrétion et sont expulsés au dehors par eux. Cette accumulation, produite par l'attraction spéciale qu'exercent cer- tains types de cellules sur des corps étrangers liquides, a été nommée a/hrocytose par Burian”. C'est, selon cet auteur, un caractère absolument 10. von FürTH Vergleichende chem. Physiol. der niederen Tiere. Jena, G. Fischer, 1903, p. 258. .2? P. Marcuac : Mém. Soc. Zool. France, t. Thèse médicale, Paris, 1888-1889. 3 Voyez à ce sujet : J. Srronc : Z/andbuch der vergleich. Physiol. von Winterstein, t. I, 2e moitié, fase. 4. 4 A. LeTELLIER : Arch. Zool. exp. gén., 2 sér., t. V bis, 4887, ou bien Thèse ès sciences, Paris, 1887-1888: — JD. GC. R. Ac. Se. Paris, t. CXII, 1891. 5 A. KovaLEVSki: Biol. Centr., t. IX, 1899. — Pour Cuénor, voyez les mémoires cilés précédemment. 5 R. Burran : p. 302 de l'ouvrage déjà cité (&ôpotteiv = ras- sembler). 111, 1889, ou J. STROHL — REVUE GÉNÉRALE DE PHYSIOLOGIE DES INVERTÉBRÉS 605 indispensable au fonctionnement des cellules néphridiennes, mais c'est une propriété qui revient à de nombreuses autres cellules encore (à certains éléments du tissu conjonctif par ex.), et il semble, - par conséquent, que, tant que de véritables matières de déchet n'ont pas été signalées dans ces athro- cytes, il ne soit pas permis d'y voir ces cellules excrétrices. NI. — PnosPnoRESCENCE. En fait de production d'énergie chez les Inver- tébrés, il faut notamment remarquer la phospho- rescence. Ce phénomène a été particulièrement étudié par R. Dubois, et longuement exposé dans son traité de Physiologie comparée. Il est impos- sible de citer les nombreuses observations de détail qui ont été faites ces dernières années sur les animaux phosphorescents. Pülter et Mangold”, ce dernier surtout, se sont efforcés de réunir dans leurs études toutes les connaissances que nous possédons actuellement sur la phosphorescence dans les divers groupes d'Invertébrés et de Verté- brés. Pour expliquer la genèse de ce curieux phé- nomène, on a toujours encore recours à la luciférase et la luciférine découvertes par R. Dubois”, mais sans qu'on sache nettement quelle est, en réalité, la constitution chimique de ces substances pho- togènes. VII. — THERMORÉGULATION. Les Invertébrés, Lous poikilothermes, ne présen- tent guère de particularité en ce qui concerne la thermogenèse et la thermorégulation. On à bien observé, il y a quelque temps, certains mécanismes spéciaux de la thermorégulation chez les poikilo- thermes. Mais ces observations faites par J.-P. Lan- glois (1902, 1904), Krebhl et Sætbeer (1899), G.-H. Par- ker (1906), se rapportent à des Vertébrés inférieurs. Elles sont, d'ailleurs, consciencieusement exposées par Lefèvre et par Tigerstedt*, de pair avec nos connaissances générales sur la thermorégulation chez les poikilothermes. Dans l'un de ces cas, il s'agissait d'un déploiement de chromatophores chez des Reptiles. L'animal devenait tout foncé, - absorbait ainsi les rayons de chaleur et arrivait au - moyen de ses chromatophores déployés à élever la D ————————— s: » À: Pürrer : Zeit. f. allg. Physiol., t. V, 1905 (partie des résumés). — E. Maxcozp : Die Produktion von Licht. Hand- buchd. vergleich. Physiol. von Winterstein,t. I, 2 moitié, fase. 2 et 3, 1910. 2 RDunors : Ann Univ. Lyon, 1892; C. R. Ac. Sc. Paris, K.CXXI1II, 1896. — 10. : C. R. Soc. Biol., t. LXII, 1907. 2 J'Lerèvre : Chaleur animale et Bivénergétique. Paris, Masson, 4911, p. 588 à 601. — R. Ticersrenr : Die Produktion von Wärme und der Wärmehaushalt. Handbuch d. vergleich. Physiol. von Winterstein, t. IL, 2 moitié, fase. 1, 1910. CS température de son corps au-dessus de celle du milieu ambiant. On avait cru pouvoir admettre l'existence d’un mécanisme analogue chez les Crus- tacés. Mais Bauer’, qui vient de consacrer une étude spéciale à cette question, n’est pas à même de contirmer cette hypothèse. Une autre observa- tion demande encore à être rappelée en particulier ici. Il s'agit d'une constatation de Marie Parhon”, faite sur des abeilles, dont elle mesurait les échanges respiratoires pendant que ces insectes se trouvaient sous une cloche où l’on entretenait un courant d'air régulier. Or, les échanges respiratoires aug- mentaient lorsque la température extérieure bais- sait, et, au contraire, ils diminuaient lorsqu'on élevait la température extérieure. Il semble donc qu'il y ait là, chez ces insectes sociaux, un commen- cement de lutte en vue du maintien d’une tempé- rature constante. VIIT. — VIE SEXUELLE. On ne s’est occupé que fort peu, dans ces der- niers temps, de la physiologie proprement dite des organes sexuels chez les Invertébrés. Dans de remarquables travaux, il est vrai, Bruël, Meisen- heimer et d'autresont tenté d’élucider le fonctionne- ment de l'appareil sexuel si compliqué des Mollus- ques gastéropodes; Blunck° a essayé d'en faire autant pour certaines étapes de la vie sexuelle du dytique. Mais ce n'est là que le commencement d'études qui devront s'étendre à de nombreux autres groupes d’Invertébrés, avant qu'on puisse en faire un exposé systématique et en déduire des conelu- sions d'ensemble. Des résultats, dès aujourd'hui particulièrement appréciables, nous ont, par contre, été fournis récemment par la transplantation d'organes sexuels, telle que l'ont effectuée chez des Invertébrés Meisenheimer et Kopec*. Il en résulte que chez les papillons et chez les grillons le développement des caractères sexuels secon- daires semble être absolument indépendant de la présence des organes génilaux, même si la trans- plantation ou l’extirpation de l’ébauche des organes génitaux a lieu aux plus jeunes stades où une pareille opération soit possible. Les caractères 1 V. Baugk : Zeit. f. allgem. Physiol., t. XNI, fase. 1 et2, 1914. 2 M. ParnoN : An». Sc. nat. (Zool.), 9e sér., t. IX, 1909. 3 L. BruEz: Thèse d'habililation, Halle, 1904. — J. MeisEN- HEIMER : Zool. Jahrbücher (sér. systém.), t. XXV, 1907; voyez aussi la publication suivante du même auteur : Die Weinbergschnecke, Leipzig, W. Klinkhardt, 1912. — H. BLuncx : Zeit. f. wiss. Zool., t. CII, 1912, et t. CIV, 1913. # J. MEISENHEIMER : Æ xperimentelle Studien zur Soma und Geschlechtsdifferenzierung. Jena, G. Fischer, 1° partie, 1909, 2e partie, 1912. — S. Korec : Archiv. f. Entwicklungs- mechanik, t. XXXIII, 1914. — In. : Zoolog. Anz., t. XLIH, 1913, p. 63. 606 J. STROHL — REVUE GÉNÉRALE DE PHYSIOLOGIE DES INVERTÉBRÉS sexuels qui apparaissent sont toujours ceux qui correspondent au sexe primaire de l'animal en expérience, que les organes primaires soient en place encore, qu'ils aient été extirpés ou même remplacés par d’autres de sexe différent. Il semble done qu'il y ait là une différence remarquable entre le comportement de ces Inver- tébrés et celui de beaucoup de Vertébrés. Les mêmes expérimentaleurs ont, en effet, constaté que chez les crapauds, par exemple, le développement des caractères sexuels secondaires dépend toujours de la présence de l’organe génital correspondant ou d’un extrait de cel organe. En présence de ces fails, on est amené à se demander si les organes gé- nitaux des Arthropodes ne produisent pas de sécré- tions spécifiques, pas d'hormones, ou si ces sub= slances sont indifférentes vis-à-vis du sexe qui doit se développer. Nous sommesincapables de répondre nettement à cette question pour le moment. Mais il y a lieu de rappeler qu'il existe chez les Vertébrés aussi des caractères sexuels secondaires indépen- dants de la présence de l'organe génital. C’est peut- être cette catégorie de caractères sexuels secon- daires seule qui se trouve développée chez les Arthropodes. Toute sécrétion de nature sexuelle ne fait, d’ailleurs, pas défaut chez les Invertébrés. C'est ce que prouvent, par exemple, les observations de Just et Lillie” sur la Nereis limbata. Les savants américains ont, en eflet, pu consta- ter que les femelles de ce ver polychète émettent dans l’eau des substances spécifiques qui déter- minent les mâles à déposer leur sperme. C'est dans le sens d’une sécrétion spécifique sexuelle qu'il faut, sans doute, interpréter aussi les récentes constatations de Baltzer* concernant la détermination du sexe chez les larves pélagiques de la Poncellia. Les mâles de ce ver marin sont lout petits et vivent en parasites, attachés à la trompe de la femelle. Or, ce sont la fixation sur la femelle et les excitations chimiques venant d’elle qui déter- minent la formation du sexe mâle chez les larves des Bonellies primitivement disposées à évoluer elles-mêmes en femelles. Si l’on détache de la femelle des larves fixées depuis peu de jours seu- lement, on constate le fait remarquable que les caractères primitifs féminins ne sont pas complè- tement modifiés encore dans la direction du mâle. Il en résulte toutes sortes de combinaisons herma- phrodites très curieuses. Mais nous ne savons pas, pour le moment, s'il s'agit vraiment dans ces cas ———————_—_—————— ‘KR. Liu el E. E. Jusr: Biol. Bulletin, t. XXIV, 1913, p. 150 et suiv. 2 F, Bazizer: Silz. Berichle physik. mediz. Gesellschaft Würzhurg, A914 (Note préliminaire. Le mémoire définitif paraîtra dans les Mitieilungen Zool. Station Neapel). de sécrétions provenant exclusivement des organes génitaux. Ilest possible aussi que la différence physiolo- gique entre les deux sexes ne soit pas limitée aux organes génitaux, mais s'étende dès la naissance, pour ainsi dire, à d’autres organes encore. C'est là une hypothèse qui, en partie, a déjà été mise en avant par Giard et par Smith‘ pour expli- quer certaines particularités observées dans les cas de castration parasilaire chez les Crustacés. Plus récemment encore, Steche et Geyer? ont décrit chez les chenilles et les chrysalides de papillons une dif- férence de couleur remarquable entre la lymphe des males, qui est presque incolore, et celle des femelles, qui est verdâtre ou jaunâtre. Celle des femelles semble contenir de la chlorophylle très peu modi- fiée, landis que dans la lymphe des mâles on constate tout au plus de la xanthophylle. Il s’agit, sans doute, d'une action différente des tissus ou de la lymphe sur la chlorophylle provenant de la nourriture. Le phénomène, en effet, n'a pu être constaté que chez des larves d'insectes phyto- phages. La présence des organes génitaux étant sans influence aucune sur l’état et l'aspect de la lymphe, les observateurs arrivent à penser que les tissus du corps entier ont subi, chez les papillons, une différenciation sexuelle, à laquelle l’extirpation des organes génitaux ne saurait plus rien changer. Ce sont là des idées qu'on est tenté de rapprocher de la théorie chimique, développée par Keiffer dans son Æssai de physiologie sexuelle générale (1897) et exposée dans cette Revue par G. Loisel au cours de cet excellent article où il analysait l'Evolution des idées générales sur la Sexualité”. IX. — SYSTÈME NERVEUX. Dans un grand chapitre du Zraïlé de W'inter- stein, Baglioni* a réuni les nombreuses expériences qui se rapportent à la physiologie du système ner- veux et les a groupées dans un ordre systématique (Vers, Mollusques, Tuniciers, etc.). Mais c'est là une matière où les grands traits n'apparaissent que très lentement. Les points de vue d'où partent les ‘ Au sujet de la castration parasitaire, voyez l'excellent article de Cu. Juun : Rev. gén. des Sciences du 30 août 1894, ainsi que les publications suivantes de G. Suitu : Æh1z0-M cephala, 29 monographie de fauna u. Flora des Golis Von Neapel, 4906, et Quarterly Journ. micr. Sc., t. LV, 1910, t. LVIL, 1941, — et de M. Cauzzenv: C. R. Soc. Biol., L. LXIL 1907, p. 113-115, et Mitteil. Zool. Stat. Neapel, XVII, 1908: 2 O. Srecue : Verhandl. Deutsch. Zool. (Gesellschaft, 92, p. 272 à 281. — K. Geven : Zeit. f. wiss. Zool., t. CN, 1913: 3 Rev. gén. des Se., 30 janvier 1905. 4, Bacront : Die Grundlagen der vergleichenden Phy= siologie des Nervensystems und der Sinnesorgane. Hand buch d. vergleich. Physiol. von Winterstein, L. IV; dre moitié, 4911, — In. : Physiologie des Nervensystems. Ibid., 4. IV, 4e moitié, p. 25 à 451. J. STROHL — REVUE GÉNÉRALE DE PHYSIOLOGIE DES INVERTÉBRÉS 607 divers expérimentateurs sont en général trop dif- férents pour que les observations qu'ils font puis- ent se compléter et former un ensemble cohérent. the, Früblich, Baglioni, Jordan, Uexküll, Carlson, picque et d'autres" ont fourni pour les divers oupes d’Invertébrés un matériel de faits très létérogène, il est vrai, mais des plus intéressants our celui qui un jour voudra s'appliquer à le trier t à le mettre au net, comme a su le faire Bethe, il a une dizaine d'années, dans son excellent traité. Dès aujourd’hui, toutefois, il apparaît clairement “que la différence essentielle, qui existe entre divers types du système nerveux chez les Inverté- “brés, consiste dans la différenciation de plus en plus marquée de centres superposés. Entre l'organe récepteur et les éléments de l'appareil moteur viennent s'interposer une grande variété de gan- glions sensibles, dont le rôle est de coordonner l'action des différents ganglions moteurs. L'étude de ces questions a été particulièrement facilitée depuis que Baglioni a réussi à trouver une méthode permettant de distinguer nettement les ganglions moteurs des ganglions sensibles. En effet, tandis que la strychnine augmente l’excitabilité des gan- glions moteurs, celle des ganglions sensibles est “augmentée par l’action de l'acide phénique. Les “éléments sensibles sont, en général, localisés dans la région supra-æsophagienne ou cérébrale (chez les Vers, les Mollusques et les Arthropodes); les éléments moteurs, par contre, se trouvent soit la chaine nerveuse ventrale (Vers et Arthro- | les podes), soit dans les ganglions viscéraux et dans ceux de la tunique (Mollusques). X. — Visron. Parmi les organes des sens, les organes visuels présentent à notre point de vue un intérèt tout particulier, parce que sur ce terrain l'étude mor- phologique et l'étude physiologique sont toujours restées en contact. Mais ici il importait beaucoup plus que pour tout autre système fonctionnel, de “ne pas introduire dans cette élude des raisonne- ments déduits de nos propres impressions lumi- “neuses. C'est pour cette raison que Bethe, Beer et 5 A. Berae: Al/gem, Anat. und Phys. des Nervensystems, “Leipzig, Georg Thieme, 1903, 487 pages. — F.-W, FRügLICH : Zeits. f. allgem. Physiol., t. X et XI {une douzaine de mémoires), voyez surtout aussi les articles du même auteur {« Nervensystem », « Reflexe ») dans Handwôrterbuch der Naturwissenschaften, Jena, G. Fischer, t. VIF, 1912, et t. VIT, 193 — S. Bacuont : Zeit. f. allgem. Physiol.,t. V, 4905, P: 43-65, — H. Jonpax : Zbid., t. VIL et VII, 1908 : ainsi que Pfügers Archiv. f. ges. Physiol., t. CXXXI, 1910. —J. vox UExküLL Umwelt und Innenwelt der Tiere, Berlin, J. Springer, 1909, 261 pages. — A.-S. Carzson : Asher-Spiro's Ergebnisse der Physiologie, t. NL, 1909. — L. LAPICQUE : C. R. Soc. Biol., Paris, t. LXI, 4907, p. 542-544./— J. MaTuLa: Pfüger's Archiv. f. ges. Physiol., t. CXXX VII, 1911. de 1 Uexküll' se sont réunis en vue de créer une nomen- clature «objectivante», remplaçant par exemple les termes d'organes visuels par organes photorécep- teurs, celui d'organe de l'audition par organe pho- norécepteur, ete., et évitant, en général, tout point de vue « anthropocentrique ». Cette tentative à été particulièrement approuvée par M. Nuel qui, dans son excellent manuel sur la Vision, n’a pas manqué d'accepter el d'étendre ces principes”. De nom- breuses recherches sur les fonctions visuelles des Invertébrés ont depuis lors été entreprises sur cette base. Un remarquable résumé, contenant de nom- breuses illustrations, a été publié en 1908 par R. Hesse, et a beaucoup contribué à faire connaître les résultats plus ou moins spéciaux des recherches sur l'histophysiologie des yeux chez les Inver- tébrés. Nous nous bornerons ici à rendre attentif à certaines recherches récentes sur un type d'or- ganes visuels qui caractérise plus spécialement un vaste groupe d'Invertébrés : l'œil composé des Arthropodes. Les principes de construction de cel organe et son fonctionnement, étudiés par Carrière, Plateau, Exner, Grenacher, Patten, Viallanes et d’autres, ont été récemment l'objet d’un mémoire spécial de la part du zoologiste R. Demoll”. Rete- nons qu'en raison de la différence qui existe dans la production des images rétiniennes, on distingue, à la suite d'Exner (1891), deux types d’yeux com- posés, construits l’un d’après le principe de l’ap- position, l’autre d'après le principe de la superpo- sition. Dans l’œil composé construit selon le prin- cipe de l'apposition, les faisceaux de lumière de chaque ommatidie restent nettement séparés et sont isolés les uns des autres par une enveloppe pigmentée. Au contraire, dans l'œil composé construit selon le principe de la superposition, les divers faisceaux lumineux convergent les uns vers les autres. C'est un type d'organe photorécepteur spécialement développé chez les insectes nocturnes et chez la plupart des Crustacés, tandis que l'œil du type « apposition » se trouve surtout chez les insectes diurnes. Le zoologiste Demoll* s'est attaché à étudier, entre autres, à l’aide de l'ophthalmoscope, l'étendue RL ne ee 1 Mn. Beer, A. Berue et J. vox UexküLz : Vorschläge zu einer objektivierenden Nomenklatur in der Physiol. des Ner- vensystems. Zoo. Anzeiger, {. XXII, 1899. 2 J.-P. NueL : La Vision. Biblioth. internat. de Psychol. expér., Paris, O. Doin, 1904, 316 pages; voyez aussi les articles du même auteur sur la Dioptrique et l'Acuité visuelle dans le Dictionnaire de Physiol. de Richet. * R. Hesse : Das Sehen der niederen Tiere. Jena, cher, 1908. “ R. DEMOLL : Ergebnisse ELLE par J. -W. Spengel, t. Il, fase. : » R. Deuozc : Zool. dahrbücher A 1909. G. Fis- und es hritte der Zoologie, , 1910. system.), t. XXVIIT, 608 du champ visuel binoculaire de certains insectes. Il est arrivé ainsi à constater l'existence de ra p- ports très intéressants entre l'étendue de ce champ et la préhension de la nourriture. Ainsi chez cer- tains papillons, la pointe de la trompe marque à peu près le sommet du champ visuel des espèces respectives. Il en est de même pour la partie anté- rieure de ce singulier organe de préhension que représente la lèvre inférieure ou le masque de la larve d'Aeschna. La longueur de la trompe ou du masque est évidemment en corrélation étroite avec un certain degré de convergence des yeux com- posés. Ainsi chez la Vanessa Jo la longueur de la trompe est de 14°%,3 et le sommet du champ vi- suel se trouve à 11 millimètres en avant de la tête. Chez la Vanessa levana, par contre, pourtant proche parente de la première, la longueur de la trompe est de 6 millimètres et le sommet du champ visuel se trouve à 5%%,5 en avant de la tête. Il y a là, évi- demment, un rapport analogue à celui qui existe entre le champ visuel des poules et des pigeons et leur action de picoter (« Pickhôhe », étudiée par A. Tschermak en 1902). La trompe du papillon se déroule et tend en avant, dès que l’objet à atteindre (la fleur par exemple) est vue par certaines parties correspondantes des yeux composés. A côté des yeux composés, on remarque, chez beaucoup d'insectes des yeux simples, les ocelles. On a souvent cru pouvoir mettre la fonction de ces yeux simples en opposition avec celle des yeux composés. D'autres observateurs encore ont com- plètement dénié toute faculté visuelle aux ocelles. Cette conclusion était surtout basée sur ce fait qu'après la destruction des yeux composés, l’in- secte ne voyait plus. Les ocelles ne semblaient donc pas lui servir dans son orientation visuelle. Plu- sieurs zoologistes se sont, récemment, de nouveau occupés de ces organes (Demoll et Scheuring, C. J. Caesar, Tümpel') et il semble fort probable aujourd'hui, notamment d’après les recherches de Demoll et Scheuring, que les ocelles aident l’in- secte à voir à distance. Cela ne revient pas à dire que l'œil composé serve à la vue à proximité, l'ocelle seul a la vue au loin. C’est ensemble, au contraire, que les deux types d’yeux voient à dis- lance et aucun des yeux ne peut être éliminé sans que cette fonction de la vue à distance soit dérangée et compromise. L'élroile relation qui existe entre les yeux composés el les yeux simples d'un insecte semble, d'ailleurs, indiquée aussi par l'existence de certaines communications histologiques d'ordre nerveux entre les deux organes visuels. ! R. Demorz et L. ScukumNG : Zool. Jahrbücher (sér. physiol.), t. XXXI, 1912. — C. J. Carsar : Zoo!. Jahrhücher sér. anat.), &. XXXV, 1912. — Tümrer : Zeit. f. wissensch. Insektenbiologie, Berlin, t. VIII, 1912, p. 167 à 173, 218 à 225. J. STROHL — REVUE GÉNÉRALE DE PHYSIOLOGIE DES INVERTÉBRÉS En fait de recherches récentes sur les organes visuels des Invertébrés, il faut aussi metlre en évidence les minutieuses expériences de Petrunke- vitch", qui a déterminé chez plusieurs araignées la direction de l'axe des yeux et les angles que ces axes forment avec les plans principaux du corps. Il est allé jusqu’à contrôler les variations possibles de la direction des axes visuels durant le dévelop- pement post-embryonnaire. Le mécanisme de l’accommodation a également été l'objet de recherches spéciales chez les Inver- tébrés (Beer, Heine). Heine*, notamment, a rendu attentif au fait qu’on trouve chez les Céphalopodes (poulpes) un mécanisme d'accommodation unique dans la série animale : une double accommodation active. Celle-ci est due à l'action de muscles inter- bulbaires, qui modifient la forme du bulbe et changent ainsi la position du cristallin, soit en le poussant en avant, soit en le relirant en arrière. L'ensemble de nos connaissances sur les processus de l’accommodation se trouve, d’ailleurs, exposé aussi dans un mémoire de C. Hess’, professeur d'Ophthalmologie à l'Université de Munich. C'est ce savant aussi qui a repris, à l’aide de nouvelles méthodes, le problème de la vision des couleurs chez les abeilles. Sir J. Lubbock, Au- guste Forel, Plateau et d’autres avaient autrefois déjà tenté d’élucider cette question. K. von Frisch y était revenu récemment, et c’est précisément au cours d'une discussion prolongée et non lerminée encore avec von Frisch, au sujet de la vision chez les Poissons et chez les Arthropodes, que Hess est arrivé aussi à s'occuper de la vision des couleurs chez les abeilles'. À l'encontre de la plupart des observaleurs précédents et de l'opinion générale- ment admise aujourd'hui, Hess est d'avis que les abeilles, aussi peu que les poissons, ne distinguent pas les couleurs. Est-ce là une interprétation valable pour les Invertébrés en général? Certains résultats obtenus par F.-W. Frôüblich”, au cours d'expériences faites avec le galvanomètre à corde sur l'œil du poulpe, ne semblent pas bien s'ac- corder avec une pareille opinion. On constate, en effet, que la fréquence et l'intensité des courants * d'action de l'œil du poulpe varient — et cela d'une 1 A. PETRUNKEVITCH : Journ. of exp. Zool., t. V, 1907. 2 L. Heine : Medizin.-Naturwiss. Archiv, t. 1, 1908, et Zentr. 1. Physiol., t. XXI, 1908. # C. Hess : Der Gesichtssinn. Æandbuch d. vergleich. Physiol. von Winterstein, t. IV, fase. 4 et 5, 1912. 4 C. Hess : Zool. Jdahrbücher(sér. physiol.), t. XXXIV,1913, et Arch. 1. vergleich. Ophtalm.,{. IV, 1914. — K. von Friscu : Zool. dahrbücher (sér. physiol.), t XXXII, 4912; t. XXXIL, 1912, — K. von Frisca et H. KuPezwieser : Biol. Centr., &. XXXIII, 1913. — Voyez à ce sujet encore : A. Pürter : Die Naturwissenschaften (Berlin, J. Springer), . LI, fase. 15, 1914, p. 363, et K. von Friscu: /bid. fasc. 20, p. 493. 5 F,-W. Frôncicn : Deutsche medizin. Wochenschrift, n° 30, 1913 (Note préliminaire). | ve b J. STROHL — REVUE GÉNÉRALE DE PHYSIOLOGIE DES INVERTÉBRÉS 609 facon constante — à la suite d’excitations par | les Hémiptères (Nepa, Hanatra). Il s'agit de six différentes lumières colorées. Dans l'étude de la vision des couleurs chez les Invertébrés, il faudra aussi tenir compte des idées développées par Romuald Minkiewicz à la suite de ses observations sur le chromotropisme, ainsi que de certaines con- Sidéralions de Raehlmann'. XI. — FONCTIONS STATIQUES. Dans un autre groupe d'organes des sens, pour les statolithes, l'étude physiologique n'a pas tou- jours marché de front avec les constalations mor- phologiques. C'est, on le sait, Y. Delage* qui a inauguré l'ère des nouvelles recherches et d'une compréhension plus correcte de ces organes. Ré- cemment Mangold° a donné, dans le Traité de Winterstein, une revue crilique très documentée du sujet. Il en résulte que chez les Crustacés seuls on a pu provoquer à l’aide de l’aimant le déplace- ment des statolithes à l'intérieur de la statocyste et déterminer par là des mouvements régulateurs du corps entier. Chez la P{erotrachea et chez les poulpes, l'extirpation d'une ou des deux stato- cystes, ou bien aussi la section des nerfs correspon- dants, provoque un dérangement spécial de la lo- comotion, des mouvements de nage, etc. L'animal tourne notamment autour de l’axe de son corps. À part cela, les statolithes déterminent certains mou- vements compensateurs des yeux et exercent, tout - comme le labyrinthe des Vertébrés, une influence manifeste sur l'état de contraction des muscles, dont ils règlent le tonus. C’est Buddenbrock* qui a étudié récemment, à Naples et à Roscoff, ces phénomènes dans divers groupes d’Invertébrés. Chez les méduses, par contre; le rôle fonctionnel des statolithes pour le maintien de l'équilibre et pour le mécanisme locomoteur n'a pu être dé- montré expérimentalement jusqu’à présent. L'effet régulateur de la statocyste des Cténophores même, qui semblait pourtant nettement établi par les recherches de Hensen et de Verworn, est rendu moins clair par certaines expériences récentes de V. Bauer *. Chez les Insectes, nous ne connaissons que fort peu d'organes capables de régler la locomotion si compliquée de ces animaux. De singuliers organes, semblant avoir cette fonction, ont eté trouvés chez LR: MinkiEWIcz : C. R. Ac. Sc. Paris, t. CXLIII, p. 934. — E. RaznLmanx : Zur vergleichenden Physiologie des Ge- sichtssinnes. Jena, G. Fischer, 1907, 58 p. 2 N° DeLace : Arch. Zooul. exp. gén., 2e sér., t. V, 1887. # E. Maxcozn : Gehôrsinn und statischer Sinn. Æsndbuch d. vergleich. Phvsiol. von Wiuterstein, t. AV, fase. 6, 1912. # W. von Buopexsrock : Biol. Centralbl., t. XXXII, 1912; et Zoolog. Jahrbücher (sér. physiol.), t. XXXIII, 1913. 3 V. Bauer : Zeit. f. allgem. Physiol., t. X, 1909. pelites cavités situées sur le côté ventral de l'insecte et contenant chacune une bulle d'air. Cette bulle d'air cherche à s'échapper par le côté le plus élevé de la cavité, et c’est la pression qu'elle exerce sur certains poils ou cils tactiles, qui détermine des excitations spéciales et engage l'animal à se diriger vers la surface de l’eau, où il se tient d'habitude. Baunacke ‘, qui s’est particulièrement occupé de ces organes, a constaté que cette tendance vers la surface de l’eau disparait lorsqu'on a pris soin de gratter les cavités et d'enlever les poils tactiles qui les recouvrent et qui retiennent les bulles d'air. L'étude des statocystes chez les Synaptes a amené Becher * à attribuer à ces organes, en plus de leur fonction s/alique, une fonction dynamique capable de renseigner l’animal sur le caractère des mouve- ments qu'il exécute ou qu'il subit. Il y a, en effet, dans les statocystes des Synaptes, deux espèces de statolithes, un gros et de nombreux petits. Le gros statolithe, en raison de son inertie plus grande et de son frottement moindre, se déplacera plus faci- lement que les petits et sera à même de répondre à des chocs moins forls. La présence de gros et de petits statolithes et leur manière différente de se comporter permettront, par conséquent, à l'animal de distinguer des chocs plus ou moins forts et de s'arranger en Conséquence. XII. — SENS OLFACTIF. Parmi les travaux consacrés aux organes des sens communément appelés «inférieurs », il con- vient de rappeler surtout l'excellente étude d'Emile Yung‘ sur le sens olfactif de l’escargot, dont l'histoire physiologique est particulièrement fami- lière au distingué zoologiste genevois. Par ces nou- velles recherches, il a été amené à conclure que la peau de l’escargot est excitable à la fois aux chocs et aux vapeurs sur toute son étendue. Si les ten- tacules sont, en effet, plus sensibles, ce n'est que parce qu'ils contiennent un plus grand nombre de cellules sensorielles. Celles-ci, toutefois, ne sont point encore diflérenciées « en cellules exclusive- ment irritables par les chocs de contact et en cel- lules irritables seulement par les vapeurs odo- rantes». Au terme de son mémoire, Yung rend hommage à la perspicacité de Cuvier, qui dès 1817, dans son Mémoire sur la Limace et le Colimaçon, avait exprimé l'avis que le sens olfactif de ces ani- maux résidait peut-être dans la peau tout entière, { W. BauNacKE : Zoo]. Jahrbücher (sér. anat.), t. XXXIV, 1912. 2 S. Becugr : Biol. Centralbl., t. XXIX, 1909. 3 E. Yuxc : Recherches sur le sens olfactif de l'escargot. Arch. de Psychol., Genève, t. II, 1903. 610 J. STROHL — REVUE GÉNÉRALE DE PHYSIOLOGIE DES INVERTÉBRÉS a ————————————————…—…—…—…—…—…——— _. _ . _____—_—_—_——— «qui à beaucoup de la texture d'une membrane pituilaire ». Dans d’autres groupes d'Invertébrés, chez les Insectes notamment, le sens olfactif, loca- lisé dans les antennes, semble mieux développé. C'est du moins ce qu'a pu constater entre autres Aug. Forel par de nombreuses expériences sur les fourmis par exemple‘. D'autre part, Barrows*, dans une intéressante étude sur la rosophila ampelophila, rapporte l'observation suivante : On ampute à une Drosophile l’une de ses antennes et on présente ensuite de la nourriture à l’in- secte. Il en résulte une excitation de l'antenne intacte et on voit la petite bête décrire dans son vol des cercles continuels. Barrows semble ad- mettre que c'est là un effet de l'excitation unila- térale des éléments sensoriels olfactifs dans l’an- tenne intacte. XIII. — Locomorron. Parmiles mécanismes locomoteurs spéciaux aux Invertébrés, on a particulièrement étudié ces derniers temps les mouvements péristaltiques des Mollusques et des Vers. Ce genre de mouvements n'est, il est vrai, pas limité aux Invertébrés, mais il est un peu plus aisé à étudier chez ces derniers, parce que les excitations s’y propagent moins vite et que le jeu des ondes péristaltiques est, par con- séquent, plus facile à suivre. Ces ondes progressent généralement d’arrière en avant et sont déter- minées par le contact de la région antérieure du corps avec un support. On ne peut, chez les Mol- lusques, renverser la direction des ondes péristal- tiques comme c’est le cas chez les Vers. Il s’en- suit que les escargots ne peuvent pas ramper à reculons comme les vers. Vlès® a démontré, tou- tefois, combien il était nécessaire d'étudier la mor- phologie des ondes pédieuses dans les divers groupes de Gastéropodes et de ne pas se limiter aux Pulmonés. Chez ces derniers, en effet, les ondes se déplacent dans le même sens que l'animal (ondes directes), mais chez d'autres Mollusques, les Chi- tonides et les Littorines, par exemple, les ondes se déplacent en sens inverse de l’animal (ondes rélrogrades). La rapidité de la progression ne dépend pas du nombre des ondes, mais seu- lement de l'intensité et de la rapidité de chaque onde, et en cela aussi les diverses espèces dif- 1 À, Forez: Das Sinnesleben der Insekten, Munich, 1910, 391 pages, 2 planches; voyez aussi des articles du mème auteur dans /tivista di biologia generale, t. NV, Come, 1891, et dans l'Année psychol., 1896, ainsi que les chapitres spé- ciaux consacrés à celle question dans les Traités sur les Insectes mentionnés dans le premier paragraphe du présent Fa Barnows : Journ. of exp. Zool., {. IV, 1907. F. Viès: 1G.12R. Ac. Sc. Paris, t. (CXLW, 4907, p: 276, et Bull, Soc. Zool. France, t. XXXIH, 1908-09, p. 170-179. ! fèrent. Les divers points du pied d'un escargot par-dessus lesquels passe une onde musculaire sont portés en avant, mais cela ne suffit pasencore à produire la locomotion. Il faut encore une détente du muscle, qui est réalisée par une fonction analogue à celle du tissu érectile. C’est Bieder- mann ‘qui à reconnu et analysé la part de chacun de ces facteurs dans la progression des Mollusques. et des Vers. Simroth avait admis autrefois la possi- bilité d’une extension des fibres musculaires, état qui devait être opposé à la contraction, mais qu'il est difficile de se représenter du point de vue physiologique. Car”, de son côté, avait cru à l’ac- tion combinée de muscles horizontaux et verti- caux, mais tout cela n'a pu être confirmé par Biedermann. Ce physiologiste a surtout voulu connaître aussi l'influence du système nerveux sur ces processus. Il est arrivé à constater que les mouvements péri- staltiques des Vers sont sous la direction absolue. du système nerveux central et que la gaine épi- thélio-musculaire séparée du reste du corps est incapable d'exécuter des mouvements. Entre les mouvements péristaltiques des Vers et ceux de: l'intestin (aussi bien des Vertébrés que des Inver- tébrés), en passant par les Mollusques gastéropodes, il existe, sans doute, toute une série de mouvements péristaltiques caractérisés par une indépendance et un automatisme de plus en plus marqué des muscles. Il est intéressant, d’ailleurs, de voir que la chenille apode du papillon Zimacodes testudo reproduit jusque dans les plus petits détails le jeu des ondes péristaltiques observé par Biedermann chez les Mollusques. Dans le cas de la chenille, le mouvement péristaltique est, loutefois, complète- ment indépendant du système nerveux central, ce qui n’est pas le cas, en général, chezles Mollusques. Voilà done deux phénomènes absolument pareils qui pourtant diffèrent dans leurs rapports fonc- tionnels avec le système nerveux. Le mécanisme de la marche des insectes et des araignées, étudié par Carlet, Demoor et d'autres, a été récemment exposé de nouveau par R. du Bois- Reymond *, dans le chapitre du Traité de Win- terstein consacré à la physiologie comparée de la locomotion. J. Strohl, Privat-docent de Zoologie à l'Université de Zurich. 1 W. BrenermaNN : PAüger's Archiv. f. ges. Physiol.,t. CII, 1904; t. CVII, 4905; €. CXI, 1906. 2 II. Simroru : Zeit. wiss. Zool., t. XXXII, 1879. — L,. Car : Biolog. Centralbl., t. XVII, 1897. — Voyez aussi : R. Dusors et F. Vis : C. R. At. Sc. Paris, 1. CXLIN, p. 658-659. 5 G. CarLET : C. R. Acad. Sc. Paris, t. LXXXIX, 18179. — J. Demoor : Arch. de Biol., 1. X, 4890. — R. Du Bors-Rey- monn : Physiologie der Bewegung. Handbuch d. vergleich. Physiol. von Winterstein, t. I, 47e moitié, 1911. BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 611 BIBLIOGRAPHIE ANALYSES ET INDEX 4° Sciences mathématiques Volterra (\.), Professeur à l'Université de Rome. — Leçons sur les fonctions de lignes‘. — | volume in-8° de 230 pages. (Prix : 7 fr. 50.) Gauthier-Vil- lars, éditeur. Paris, 1913. Le nouvel ouvrage de M. Vito Volterra vient com- pléter celui qui à paru, voici environ un an, sous le titre : « Lecons sur les Equations intégrales et sur les Equations intégro-différentielles » ?. Il contient le déve- loppement du cours que l’éminent mathématicien professa à la Sorbonne, de janvier à mars 1912, et où il exposa, avec tant d'éloquence et de clarté, les fon- dements de ses belles recherches. Celles-ci sont aujourd'hui si universellement connues qu'il serait vain d'insister ici sur les services incomparables qu'une telle publication est destinée à rendre à tous; elle donne de l’œuvre de M. Volterra une vue d’ensemble parfaite : c'est assez dire. De la lecture de ce livre se dégage un contraste sai- sissant : d’une part, les problèmes qui y sont traités sont très variés et très généraux ; d'autre part, il y à, dans la méthode qui sert à les étudier, un caractère d'unité admirable. Partout, en effet, nous retrouvons la même idée fondamentale : celle du passage du fini à l'infini, du discontinu au continu. Dans un premier chapitre, l’auteur nous montre que cette idée à dominé constamment l’évolution du Calcul infinitési- mal : transportée au domaine de la théorie des font- tions, elle engendre la notion de fonction de ligne. Pour étudier ce nouvel élément analytique, on le considère (chap. II) comme la limite d’une fonction d’un très grand nombre de variables, qui seront par exemple les coordonnées des sommets d’une ligne polygonale inscrite dans la courbe : par une extension toute naturelle de la notion de dérivée partielle, on définit ainsi les dérivées d’une fonction de ligne. Ceci posé, à tout problème de la théorie des fonc- tions ordinaires, correspond en général un problème de notre nouvelle théorie. C’est ainsi que se généra- lise la théorie des fonctions implicites : étant donnée une équation telle que : F\fx), o(x), El = 0, où F dépend non seulement de £, mais encore de la forme des fonctions f et +, on se propose de déterminer f (x) lorsque + (x) est donnée. Le calcul des variations conduit (chap. Il) à une foule d'équations de ce genre; les plus simples sont les équations intégrales : dans des cas très étendus, il est possible de les résoudre (chap. IV) en les considérant comme limites de sys- tèmes d'équations algébriques à un très grand nombre d’inconnues. Les chapitres suivants nous fournissent des exemples d'équations intégro-différentielles, empruntés à la Physique mathématique; on est conduit à de telles équations toutes les fois qu'on étudie des phénomènes héréditaires. C'est ce qui se présente par exemple en “élasticité (chap. VI) : la Mécanique classique négligeait jusqu'à ce jour l'hérédité, si bien qu'elle traduisait les conditions de l'équilibre élastique par des équations aux dérivées partielles. Ce livre appartient à la Collection de Monographies sur la Théorie des Fonctions, publiée sous la direction de M. Emile Borel. = On trouvera l'analyse de ce premier volume dans le numéro du 15 août 1913, page 590. Or l'étude des équations complètes ne dépasse pas | en complication celle de ces dernières; on peut même (chap. VIII) résoudre complètement, et par des séries rapidement convergentes, le problème de la sphère élastique isotrope avec hérédité, lorsqu'on se donne les déplacements au contour. Très important pour les applications est le cas d’une loi d'hérédité invariable avec le temps : on dit alors que les conditions du cycle fermé sont vérifiées; dans ce cas rentrent les phéno- mènes d'hystérésis (chap. VIT). Nous abordons maintenant (chap. IX et suivants) une théorie nouvelle : celle de la permutabilité. Deux fonctions F, (x, y) et F, {x, y) sont dites permutables quand le résultat de leur composition JEQ(x, E)E2(E, y)dE est indépendant de leur ordre; la permutabilité est de première espèce lorsque les limites sont x,y : son étude permet la résolution immédiate d’une classe très étendue d'équations intégrales et intégro-différen- tielles à limites variables; en particulier elle fournit la solution du problème de la sphère élastique quand on suppose données les tensions au contour. Dans le cas où les limites de l'intégrale précédente sont deux nombres fixes a et b, la permutabilité est dite de seconde espèce. Son étude se rattache à celle des sub- stitutions linéaires, et fournit des résultats relatifs aux équations intégrales et intégro-différentielles à /imites fixes. Enfin, dans quelques pages du plus haut intérêt philosophique (chap. XIV), l’auteur marque la place que la Mécanique héréditaire occupe dans la Méca- nique classique. Certes, il est permis de discuter sur l'existence effective des phénomènes d’hérédité et l'impossibilité : il n'en est pas moins vrai qu'il est commode de les introduire, parce qu'ils constituent un intermédiaire précieux se prêtant facilement au raisonnement: en outre, les coefficients d'hérédité sont des grandeurs parfaitement accessibles à l'expé- rience, et sur lesquels plusieurs physiciens ont déjà opéré des mesures. En résumé, outre l'intérêt analytique qu'elle pré- sente, la théorie des Fonctions de Lignes est, dès à présent, susceptible d'applications nombreuses. Il n’est donc pas douteux que le nouveau livre n’ait pour influence de contribuer au développement de cette théorie, qui est appelée à jouer en Mathématiques un rôle prépondérant. G. BouriGanD, Agrégé en mathématiques, Contet (A.), Ingénieur des Arts et Manufactures. — La question des moteurs sans soupapes : Le moteur Knight. — 1 vol. in-8° de 61 pages avec 20 figures et 4 planche. (Prix : 2 francs.) Dunod et Pinat. Paris, 1943. On connaît les soins que nécessitent les soupapes dans un moteur à explosions, et les incidents graves auxquels elles sont capables de donner lieu. Les pro- grès de la métallurgie, en permettant l'emploi des mé- taux spéciaux, ont diminué beaucoup le nombre de ces incidents, qui étaient la terreur de l’automobiliste d'il y à quinze aps. La soupape n’en est pas moins un organe délicat et bruyant, et sa suppression est généralement considérée comme devant constituer un progrès considérable. Il ne suffit cependant pas de supprimer un organe délicat, il faut encore que l'organe qui doit le rempla- cer soit plus robuste. Dans sa brochure, M. Contet s'attache à montrer que le moteur Knight répond à cette condition, et qu'il constitue une excellente solution du problème. Il{examine avec soin toutes les objections qui lui ont été opposées, et les réfute par une argumentation pré- cise, basée sur des essais et sur les résultats obtenus couramment sur des voitures. Il montre que, indépen- damment de sa robustesse plus grande, le moteur Knight présente d'autres avantages importants : meil- leur rendement à toutes les allures, dû au remplissage meilleur de la cylindrée ; insensibilité à l'usure, absence de bruit. Il est un point sur lequel le lecteur aimerait à être mieux renseigné, parce que, pour tous, il a son impor- tance : c'est la question du prix de revient, qui, évi- demment, est le point faible du moteur Knight. Au total, la brochure de M. Contet constitue une étude fort intéressante, très documentée, de compré- hension facile, et que liront avec plaisir tous ceux qui, à un titre quelconque, s'intéressent au moteur à explo- sion, P. Lorain, Ancien Ingénieur de la Marine. 2° Sciences physiques Wood (R. W.), Professeur à l Université John Hopkins de Baltimore. — Optique physique. Ouvrage tra- duit de l'anglais par MM. H.ViGneroN et H. LABROUSTE. Tome 11 : Etude des radiations. — 1 vol. de vi- 411 pages avee 145 fiqures et 5 planches. (Prix: 18 francs.) Gauthier-Villars, éditeur. Paris, 1914. Dès la publication du premier tome de cet ouvrage, j'avais eu l'occasion d’en dire tout le bien que j'en pense; le tome II me donne le plaisir de renouveler ces éloges en les accentuant; il contient, en effet, les parties les plus originales du livre, celles qui ont acquis, dans ces dernières années, une importance prépondérante et qui sollicitent l'attention des physi- ciens, celles enfin où M. Wood a accumulé le plus d'observations intéressantes et personnelles. Ce qui fait l'originalité de ce livre, c'est qu'il a été écrit par un grand expérimentateur, par un savant qui a vu presque toutes les choses dont il parle; aussi, quelle différence avec la science « livresque » de certains grands professeurs, qui parlent avec autorité sans avoir jamais touché un appareil er qui écrasent impitoyable- ment les réalités sous les algorithmes! M. Wood ne redoute pas les calculs, mais il se dé- fend de toute originalité dans son exposé mathéma- tique; il prend délibérément son bien où il le trouve, soucieux avant tout de choisir l'exposé le plus clair et le meilleur; ainsi, l'exposé de la théorie électroma- gnétique de la lumière, par où débute le tome II, est exactement celui de Drude; je crois en effet qu'on ne pouvait trouver mieux, et il faut féliciter notre auteur de n'avoir pas recherché cette originalité factice qui consiste à démarquer et à mélanger plusieurs théories pour avoir l'air de faire œuvre personnelle. C'est au point de vue expérimental que l'ouvrage reprend sa pleine originalité; évidemment, M. Wood se cile lui-même à chaque page, et qui lirait son livre sans rien savoir de la Physique, conclurait que l’Opti- que moderne est, presque entièrement, l'œuvre du professeur de la John Hopkins University; mais ce léger travers est compensé, et au delà, par la préci- sion des descriptions, par l'abondance des détails topiques, si précieux pour l'homme de laboratoire. Parcourons maintenant la liste des chapitres : Théorie de la réflexion et de la réfraction. — Théories de la dispersion. — Absorption de la lumière. — Pro- priétés optiques des métaux. — Polarisation rotatoire. — Magnéto-optique, — Electro-oplique. — Transfor- mation des radiations absorbées. — Lois du ravonne- ment. — Diffusion de la lumière; résonance optique. — Nature de la lumière blanche. — Mouvement relatif de l’éther et de la matière. — Le principe de relati- vité. Rien qu'à feuilleter ces chapitres si bien remplis, BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX on se rend compte de l'importance prise par l'effet Zeeman; plus de cinquante pages lui sont consacrées ; il en faudra bientôt autant pour son analogue élec- trique, prévu théoriquement par Voigt et observé par Stark; le phénomène de Kerr est aussi étudié avec soin ; en revanche, je suis étonné de ne trouver aucune trace, dans un ouvrage aussi soigneusement établi, de la biréfringence magnétique, qui forme avec la bi- réfringence électrique un si harmonieux ensemble, ni des théories de M. Langevin qui relient ces deux phénomènes entre eux et avec les théories molécu- laires. Mais, cette lacune mise à part, combien de phé- nomènes mal connus en France, combien de points de vue ignorés, dont l'ouvrage de Wood nous révèle l'im- portance! Et enfin, je signalerai, pour terminer, les chapitres consacrés au mouvement relatif de l’éther et de la matière et au principe de relativité, qui sont traités avec une clarté d'autant plus précieuse que le sujet se prête aisément à l'ambiguïté et à l'obscurité métaphysique. Je suis donc heureux de saluer l’achè- vement de ce beau livre; je n’en connais pas, en Optique, qui soit plus vivant et plus près de la réalité expérimentale; tous les physiciens lui feront une place dans le premier rayon de leur bibliothèque. L. HOULLEVIGLE, Professeur à la Faculté des Sciences de Marseille. Le Chatelier (Henry), Membre de l'Institut, Profes- seur à la Sorbonne. — La Silice et les Silicates. — À vol. in-8° de 576 pages avec 60 figures. (Prix : 45 fr.) A. Hermann et fils, éditeurs. Paris, 1914. Dans l'introduction de son ouvrage, M. Le Chatelier indique les raisous qui font de l'étude de la silice et des silicates l’une des plus intéressantes et aussi l'une des plus sacrifiées de la Chimie minérale. Si l’abon- dance des dérivés de la silice dans la nature et leur intérêt industriel rendaient nécessaire un ouvrage comme celui-ci, l'extrême complexité de la consti- tution des silicates, les difficultés de leur étude et la quasi-impuissance où l’on se trouvait [de les repré- senter par des formules chimiques rationnelles, étaient autant de raisons pour détourner de ce sujet le savant qui aurait voulu ne voir dans cette étude qu'un simple chapitre de Chimie minérale. Il faut louer M. Le Cha- telier d'avoir bien voulu exposer d'une manière ration- nelle et complète l'ensemble de nos connaissances sur la silice et les silicates, en y apportant cet esprit de méthode et de simplicité qui caractérise ses travaux. Après une étude brève, mais complète, des com- posés oxygénés du silicium, l’auteur consacre de substantiels chapitres aux diverses variétés de silice. Dans cette étude remarquable, une large part est faite aux méthodes physiques : cristallisation, dilatation, conductibilité, phénomènes de pyro-électricité et de piézo-électricité avec ses applications les plus ré- centes. Il faut signaler aussi en particulier les cha- pitres si complets consacrés à la polarisation rotatoire et à la double réfraction. L'étude des silicates et de leurs applications n’est pas moins intéressante. Il n’est pas possible de trouver un exposé plus complet des propriétés du verre : pro- priétés générales, composition, altérabilité chimique, propriétés physiques et mécaniques, dilatation des verres, propriétés optiques, constituent autant de chapitres importants qui seront consultés avec fruit par le savant et l'industriel. La description des silicates métalliques, un exposé complet de la céramique, des roches et laitiers con- tribuent à donner à ce livre un caractère encyclopé- dique. Si l'étude de la silice et des silicates paraissait ardue et, disons le mot, fastidieuse, au premier abord, le traité de M. Le Chatelier est bien fait pour la rendre agréable, Sa lecture est d'autant plus attrayante que les faits y sont exposés avec une clarté et une sim- plicité remarquables. On est surpris de voir que beau- BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX ; coup d'entre eux, que l’on pensait dépourvus d'intérêt, ont au contraire une importance de premier ordre. Il n’est pas douteux que les chimistes, les minéra- logistes, les ingénieurs, les industriels, trouveront dans ce livre si complet des renseignements précieux tant au point de vue technique qu'au point de vue théorique. A. MAILBE, Professeur adjoint à la Faculté des Sciences de Toulouse. 3° Sciences naturelles Besnard (René) et Aymard (Camille). — L'œuvre française au Maroc (avril 1912-décembre 1913). PRÉFACE DE M. CaicLaux.— 1 vol. in-16 de 254 pages, avec une carte hors texte.(Prix:3 fr. 50.) Hachette, éditeur. Paris, 1914. Les auteurs, après un séjour assez prolongé au Maroc, ont voulu exposer en quelques rapides pages leurs impressions documentées, fortifiées et guidées par les documents qui ont été mis libéralement à leur disposi- tion par l'Administration chérifienne. Dansla première partie, ils s’attachent à montrer le rôle si difficile de la France dans l'établissement d'un régime définitif au Maroc, les difficultés soulevées par les prétentions en grande partie justifiées de l'Espagne, celles plus arro- gautes, parce que moins légitimes, de l'Allemagne et enfin celles, moins nettement exprimées, mais tout aussi fortement défendues, de l'Angleterre que nos concessions égyptiennes n'avaient pu satisfaire. Dans le chapitre IV, nous trouvons un excellent résumé de l’organisation du contrôle, et on voit les résultats obtenus en si peu de temps et dans des condi- tions déplorables tant au point de vue budgétaire qu'au point de vue des difficultés d'ordre diplomatique. Le deuxième livre est consacré à la description des résultats économiques du Protectorat. L'’essor imprévu prispar la colonisation française en Chaouïa a transformé la vieille terre du Magreb endormie depuis des siècles en une ruche bourdonnante qui évoque les ruées californiennes ou de l'Alaska. Les auteurs étu- dient les conditions d'existence des colons et des fonc- tionnaires davs ces villes nées d'hier, sans logements, sans travaux publics, sans chemins de fer, puisque nos traités imposés par l'Allemagne nous interdisent actuellement toute exploitation commerciale des voies ferrées. Les documents, les chiffres abondent dans ce petit livre, un des meilleurs qui aient été écrits depuis l'établissement du Protectorat. Livre doublementutile parce qu’ilmontre les ressour- ces que nos immigrants peuvent trouver là-bas, mais aussi les mécomptes et les déboires auxquels ils s'exposent sils arrivent mal armés physiquement, moralement, pécuniairement pour la lutte âpre et cruelle qu’exige la conquête d'un pays neuf et vieux à la fois. JPA Chaine (J.), Maïtre de Conférences de Zoologie à la Faculté des Sciences de Bordeaux. — La Cécido- myie du Buis, Wonarthropalpus buxi Lab. morPno- LOGIE, BIOLOGIE, DÉGATS, TRAITEMENT. — { vol. in-8° de 92 pages avec 26 figures et 3 planches. (Extrait des Annales des Sciences Naturelles, Zool., 9 série, t. XVII). Masson et Cie, éditeurs. Paris, 1913. Le travail de M. Chaine est le résultat des observa- tions de l’auteur, pendant trois années consécutives, ur des milliers d'individus de Monarthropalpus buxi ab.; par suite, bien des faits nouveaux, tant au point de vue anatomique que biologique, sont relatés et certaines assertions erronées sont corrigées. De la description très complète de l'insecte aux différents Stades, nous retiendrons principalement l'étude de la spatule sternale, organe spécial aux larves de Céci- domyies, dont le rôle est si discuté pour chaque espèce. Chez le M. buxi, ce serait tout simplement un 613 organe de soutien qui permet à la larve de se maintenir en place à l’intérieur de sa mine. La physiologie et la biologie de la Cécidomyie du Buis sont données avec beaucoup de détails fort intéressants. Notons en parti- culier l’action bien étudiée de la sécheresse sur la larve et la nymphe. D'autre part, il paraît bien établi qu'il n'y a qu'une seule génération par an et presque tout l'hiver est passé à l’état larvaire à l’intérieur de la feuille de Buis. La ponte s'effectue en « percant » la feuille dans laquelle se développera la larve et se pro- duira la nymphose. Le A. buxi est spécialisé au Buxus sempervirens, dont une étude très complète de la cécidie et de ses résultats sur la vitalité de l’arbuste est donnée; mais l'insecte peut se développer, dans certains cas. sur d'autres espèces de Buis. Le moyen de lutte qui est recommandé par M. Chaine, à qui il a donné de bons résulats, consiste à empêcher la ponte, par poudrage des feuilles avec la fleur de soufre. Aux nombreuses observations réunies dans ce tra- vail, j'ajouterai que, dans certaines régions, les mé- sanges en particulier font aux larves et aux nymphes du M. buxi une guerre acharnée ; elles piquent les feuilles parasitées desquelles elles extraient leur proie (observations et échantillons transmis à la Station entomologique par M. J. Lanzeseur, de Rennes). En résumé, M. Chaine donne au public une étude très détaillée sur un insecte nuisible aux Buis daus toute la France; il rend ainsi un grand service aux phytopathologistes qui n'avaient jusqu'à maintenant sur le M. buxi que la monographie de Laboulbène et quelques observations éparses. Il serait à souhaiter que chaque insecte nuisible soit l'objet d’un travail iden- tique; ce qui faciliterait beaccoup l'étude des moyens de lutte à appliquer contre chacun d’entre eux. P. VAYSSIÈRE, Chargé de mission à la Station entomologique de Paris. Bechterew (W.), Professeur à l'Académie Impeé- riale de Saint-Pétershourg. — La Psychologie objective. — 1 vol. in-8° de 480 pages, de la Biblio- thèque de Philosophiecontemporaine. (Prix :1 fr. 50.) Félix Alcan, éditeur. Paris, 1914. Dans l'ouvrage qu'il présente au public français, l'éminent professeur de Saint-Pétersbourg a voulu réaliser, non seulement un essai personnel, mais une mise au point des efforts qui ont été faits avant lui. La psychologie qu’il étudie ressemble peu à ce qu'on a, jusqu'à présent, compris sous ce nom. Dans ses recherches, il n’y a pas place « pour les phénomènes subjectifs qu'on appelle généralement états de cons- cience ». La psychologie est la science de la vie neu- ropsychique, en général, et non pas seulement de ses manifestations conscientes. Par suite, le terme de psychique est employé, non pas dans le sens usuel, mais « en visant, à côté des phénomènes subjectifs, les processus cérébraux qui en forment la base ». L'ensemble des processus vitaux, ainsi compris, cons- titue le psychisme objectif, et la science de ces der- niers, la Psychologie objective. « En fin de compte, tout acte neuro-psychique peut être réduit au schéma d'un réflexe, où l'excitation, atteignant l'écorce céré- brale, éveille les traces des réactions antérieures et trouve dans celle-ci le facteur qui détermine le processus de la décharge ». Et, par suite, la psycho- logie objective « doit se borner à reconnaître l’exis- tence de certaines traces que les réactions neuro- psychiques laissent dans le tissu nerveux du cer- veau et l'association ultérieure de ces traces avec les impressions nouvelles ». Dans tous les cas où l’expé- rience antérieure de l'individu modifie le réflexe, il y a un psycho-réflexe, une réaction psychique. Pour étudier l'activité neuro-psychique du point de vue objectif, il faut observer, et autant que possible enregistrer tous les mouvements et autres réactions de l'organisme en rapport avec les facteurs externes et les influences antérieures qui ont pu agir dans le cas 614 présent. Le tableau complet des réactions externes, opposées aux facteurs qui ont pu les provoquer, peut seul éclairer la nature et le sens de l'acte neuro-psy- chique. L'auteur caractérise ensuite les processus neuro- psychiques qui se laissent réduire au schéma des réflexes et qui comprennent trois parties : réceptive, associative, réactive. Il en donne le schéma objectif, puis il étudie les impressions externes et leurs condi- tionsanatomo-physiologiques, les impressionsinternes ou organiques. Sous le terme de réactions externes, il comprend tous les mouvements et autres manifesta- tions de la vie individuelle qui sont accessibles à l'ob- servation et constituent une réponse aux excitations de l'organisme; mais les réactions de l'organisme peu- vent comprendre des variations internes : des proces- sus sécrétoires, vaso-moteurs ou trophiques. Ces réac- tions internes se prolongent après la disparition de l'excitant, sous forme d'altérations affaiblies du sys- tème cardio-vasculaire, de la respiration ou des échanges nutritifs. Elles retentissent sur les processus neuro-psychiques sous forme de variations particu- lières qu'on appelle états affectifs. L'auteur étudie ensuite longuement la corrélation des impressions avec les processus réactifs, la forma- tion des traces cérébrales, la nature physiologique de celles-ci, la connexion des processus réactifs dans les centres cérébraux, l’ontogénèse et la phylogénèse des associations cérébrales, l'adaptation des processus réactifs aux impulsions externes. Se développant selon le type du réflexe, l’activité neuro-psychique transparait finalement au dehors sous forme d'un mouvement ou d’une réaction sécrétoire ou vaso-motrice. Du point de vue de l'adaptation biolo- gique, on voit que le courant nerveux peut former un enchaînement rapide ou prolongé. Dans le premier cas, nous aurons des réflexes simples et des phéno- mènes d’automatisme, dans le second des réflexes associés et des réactions individuelles. M. Bechterew les étudie successivement. Puis, envisageant les ré- flexes instinctifs, il définit l'instinet « l’activité réflexe déterminée par les besoins organiques de l'individu ». L'instinct de nutrition, l'instinct sexuel, l'instinct maternel, l'instinct de conservation, l'instinct social, la localisation des instincts dans le système nerveux forment la matière d’un gros chapitre. Passant aux réactions neuro-psychiques, le savant neurologue russe décrit celles qui résultent des traces laissées par les réactions précédentes, et, en second lieu, celles qui se produisent d'une manière indirecte par suite d'associations établies dans les centres cérébraux. On goûtera particulièrement les chapitres consacrés aux réflexes mimiques. L'auteur comprend sous ce nom «les mouvements et autres réactions qui trahis- sent l’état émotionnel de l'organisme ». Il se livre à une crilique serrée des études de Darwin en ce qui concerne l’origine biologique de la mimique. Il montre que l'utilité biologique de cette mimique doit être comprise dans un sens très large, «comme utilité pour l'espèce ». Les réactions mimiques sont étroitement associées à un autre groupe de réactions, aux réflexes prépara- toires ou de concentration nerveuse. Enfin, sous le nom de réllexes symboliques, M. Bechterew comprend «les réactions qui élablissent des rapports conventionnels avec le monde ambiant, des rapports basés sur une association convenue ». Cette catégorie de réactions renferme la parole, les gestes et les mouvements de la pantomime. L'ouvrage se termine par un chapitre consacré aux réflexes personnels, c'est-à-dire à ceux où une impul- sion nouvelle entraîne la reviviscence des traces lais- sées par les réactions antérieures. Dans ce traité touflu, il n'est, pour ainsi dire, pas de problème qui ne soit envisagé par l'auteur : libre BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX arbitre, formes supérieures des réflexes personnels tels que dessin, peinture, sculpture, musique, y ont leur place, et une multitude de faits expérimentaux rehaussent l'intérêt de l'ouvrage. Mais il est douteux qu'un livre de psychologie qui ignore la conscience soit accueilli sans protestation de la plupart des philosophes. On reprochera à l’auteur une termino- logie confuse, où l'attention est appelée « concen- tration nerveuse », où l'émotion, phénomène sub- Jectif, est remplacée par le tonus affectif, tantôt posi- tif, tantôt négatif, sans aucun profit pour personne. Il est indéniable que, sous l'influence des progrès de la psychologie comparée, la psychologie s'est rappro- chée de la forme objective, mais il est permis de se demander si elle ne doit pas, sous cette forme, avoir le rang d’auxiliaire, et si, en dernière analyse, l'intro spection ne demeure pas la pierre angulaire de nos connaissances en Psychologie. Dr P. SÉRIEUX, Médecin des asiles d'aliénés de la Seine. 4 Sciences médicales Rosenthal (Prof. D' Werner). — Tierische Immuni- tät. — 1 vol. in-8° de 329 pages avec 1 figure (Prix: 8 fr.10.) F. Viewegund Sobhn, éditeurs. Braunschweig, 1914. Ce livre fait partie d’une importante collection de monographies,connue sous le nom de Die Wissensehaft (La Science). Dans l'esprit de l’auteur, il doit être à la portée des lecteurs les moins initiés, tout en instrui- sant les étudiants et les médecins. D'où son caractère à la fois élémentaire et assez documentaire. Nul n'i- gnore que la science de l’immunité est de date récente; des faits bien établis sont encore mêlés d'observations insuffisamment étudiées, le tout étant enveloppé d'hy- pothèses et de théories plus où moins heureuses. Pour faire de l’éclectisme rationnel en immunité, il faut pos- séder un esprit critique très sûr, il faut surtout avoir vécu les grands problèmes de l'immunité. C’est à cette condition seulement que l'on arrive à assigner, sans trop se tromper, aux faits et aux idées la place qu'ils méritent. La tâche de l’auteur est d'autant plus délicate qu'il s'en tient surtout aux conceptions générales, obligé qu'il est, le plus souvent, de glisser sur les faits. A dé- faut de ce contrôle expérimental, il ne reste au lec- teur qu'à suivre aveuglément l'auteur et épouser sa manière de voir. C’est là l’écueil d'un exposé forcé- ment réduit; cet écueil est aggravé, chez l'auteur, du fait qu'il s'est surtout documenté dans les ouvrages allemands et a laissé dans l'ombre les travaux français. Le livre de W.Rosentbhal n’en est pas moins fort ins- tructif. Il possède des qualités incontestables; il est surtout très clair et cherche à être impartial. Ses 31 chapitres embrassent à peu près tous les côtés de l'immuoité naturelle et artificielle. Les précipitines, les cytotoxines, les bactériolysines sont étudiées avec détails. Il en est de mème de la phagocytose et des phénomènes d'hypersensibilité. Par contre, le cha- pitre relatif aux agressines est trop long et en dispro- portion avec la brièveté des chapitres consacrés à l'im- munité active et passive. Ce livre donnera satisfaction au lecteur qui cherche à se mettre au courant de différents aspects de limmu- nité; il satisfera moins, peut-être, le chercheur des nuances, celui qui s'efforce d'établir le degré de certi- tude ou de probabilité des faits et des interprétations. C'est que l'exposé manque un peu de relief; des faits d'importance inégale sont souvent mis sur le même plan. Nous devons cependant ajouter que la clarté et la simplicité de l'exposé rachètent largement toutes ses imperfections. D' A. BeSREDKA, Professeur à l'Institut Pasteur, ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 615 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Séance du 25 Mai 1914. M. J. Loeb est élu Correspondant pour la Section -d'Anatomie et Zoologie. mn 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. L. Ballif : Sur les Surfaces engendrées de deux manières différentes par Je mouvement d'une courbe indéformable. — M. W. de -Tannenberg : Sur une équation fonctionnelle et les “courbes à torsion constante. — M. T.-H. Gronwall : “Sur la série de Laplace. — M. L. Fabry indique deux méthodes permettant de donner des positions des petites planètes suffisamment exactes pour retrouver et reconnaitre ces astres sans difficulté à chaque oppo- sition. — MM. A. Schaumasse et P. Chofardet com- muniquent leurs observations de la nouvelle comète Zlatinsky (1914 D), faites respectivement aux Observa- toires de Nice et de Besancon. — M. L. Bouchet a étudié les très petites déformations du caoutchouc. Pour un cycle parcouru avec arrêts, il y a proportion- nalité entre les déformations et les charges avec de faibles écarts; pour un cycle parcouru sans arrêt, les déformations croissent, au contraire, plus vite que “les charges: en outre, il n'y a pas superposition des effets à l’aller et au retour. 20 SCIENCES PHYSIQUES. — M. A. Baldit signale un cas de foudre globulaire observé le 30 avril à Saint- Georges d'Aurac, dans les circonstances suivantes : il beuvait; une décharge électrique diffusée sur un cer- lain espace a précédé l'éclair en boule; le globe de feu était légèrement ovale et il parut près du sol; il s’est montré à peu de distance de masses métalliques im- …portantes et de forme particulière. — MM. R.-W. Wood Bt L. Dunoyer ont constaté que le rayonnement de ésonance de la vapeur de sodium excité par la radia- ion D, seule ne contient aussi que cette radiation. On peut donc obtenir de la vapeur de sodium lumi- ieuse qui n émet qu'une seule des raies D. — M. A. Blanc montre que l'oxydation du phosphore est accom- pagnée de l'émission d’un rayonnement ionisant très peu pénétrant, voisin des rayons y des corps radio- actifs. — M. M. de Broglie a utilisé les radiations se- condaires émises hors des tubes à rayons Roentgen par les corps illuminés par ces rayons pour obtenir le Spectre des rayonnements ainsi émis. — MM. Ch. Fabry et H. Buisson décrivent un dispositif de labo- ratoire très simple permettant de vérifier expérimen- alement et de mesurer le phénomène de Doppler- Fizeau. — M. R. Swyngedauw communique ses re- herches sur le contrôle de l'isolement d’un réseau triphasé à point neutre isolé. Il retrouve les lois énoncées par M. Leprince-Ringuet et les complète sur certains points. — M. J. Roux a étudié certains phénomènes dans les liquides ou les solutions au “moyen d'une balance hydrostatique avec flotteur en quartz plongeant dans le liquide. Les variations de “dénsité ainsi mises en évidence ont permis de trouver les points invariants de la courbe de solubilité, le point dénéutralisation d'un acide par une base. — M. E. Berger a constaté que l'oxydation du cuivre par l’oxy- gène sec se poursuit à toute température au moins jus- "qu'a dôv. La vitesse triple sensiblement par intervalles de 40%: Elle semble liée directement à la pression de la couche gazeuse condensée à la surface du métal. — M. G. Courtois a préparé à l'élat de pureté et cristal- lisés les sels organiques uraniques de la série grasse. Tous, sauf le formiate, contiennent 2 mol. d'eau et forment un groupe très homogène ; ils peuvent facile- ment être déshydratés pour donner le sel anhydre correspondant. Ils sont solubles dans l’eau et leurs solutions saturées se décomposent sous l’action de la lumière solaire. — MM. P. Lebeau et M. Picon ont reconnu que le sodammonium produit l'hydrogénation du naphtalène en donnant avec un rendement de 9/10 le tétrahydrure C‘°H'21:2:3:4, Eb. 2089. — M. F. Wal- lerant a constaté l'existence de certaines transforma- tions polymorphiques sur l’acide malonique, lecamphre monochloré, le cinnamate de benzyle, la benzaldoxime, la p-tolylphénylcétone et le trinitrométacrésol. — MM. H. Fonzes-Diacon et Fabre ont reconnu, par la méthode colorimétrique de Bertrand et Agulhon, la présence de bore dans les eaux minérales des groupes de Vichy et de Royat. La teneur en bore semble s'élever avec la thermalité dans ces diverses sources. M. Ch.-A. Rolland a déterminé la constitution chi- mique de la bile vésiculaire des Bovidés et de sa partie lipoide. — M. W. Kopaczewski a retiré de la scille une substance toxique C7H?*05, F. 152-154°, qui cons- litue un glucoside non azoté, que l'auteur nomme scyl- litine. — M. G. André a constaté que le rameau de l’année, chez le châtaignier commun, s'enrichit conti- nuellement en azote et substances fixes; sauf pour l'acide phosphorique, les feuilles accumulent sans arrêt les matières nutritives indispensables. 30 SCIENCES NATURELLES. — MM. V. Henriet V. Moycho ont étudié l’action des rayons ultra-violets monochro- matiques sur les tissus de l'oreille du lapin. Ils en dé- duisent une mesure de la quantité d'énergie néces- saire pour la production du coup de soleil; elle serait de 0,16.10° ergs/cm*min en une minute à 3.000 mètres d'altitude. — MM. R. Bayeux et P. Chevallier ont reconnu que la différence entre les indices réfracto- métriques du sang artériel et du sang veineux est plus élevée au mont Blanc qu'aux altitudes inférieures; il se produit donc une concentration du sérum san- guin par le passage aux haules altiludes. — M. J. Tissot, en comparant le mécanisme des divers modes d’inactivation des sérums par la chaleur, est arrivé à la conclusion que l’alexine ou complément est cons- tituée par l'union de deux complexes, l’un formé par les savons de soude du sérum unis à la globuline (por- tion médiane du complément), l’autre par les savons de cholestérine unis à l’albumine (portion terminale du complément). — Le Prince Albert de Monaco communique les résultats de la troisième campagne de l’Hirondelle II dans l'océan Atlantique, spéciale- ment au voisinage de l'Amérique du Nord. Il confirme le fait que certains organismes, notamment les pois- sons, qu'on ne trouve le jour qu'à partir de 1.000 mètres de profondeur, remontent la nuit jusqu'à 200 mètres. — M. R. Dollfus à découvert un nouvel Eucopépode parasite de l'intestin des Troques, qu'il nomme Tro- chicola enterica. On ne rencontre jamais qu'un seul individu femelle par froque parasité. — M. M. Herlant montre que l'activation produite par un acide gras sur l'œuf d’oursin comporte l'évolution complète d'au moins deux cycles successifs d'irradiations, développées autour du pronucléus femelle par l'activité rythmique de son centrosome. L'action essentielle qu'il faut de- mander à la solution hypertonique chez l'oursin, c'est la formation d'un nombre restreint d'asters acces- soires (1 à 3). — MM. M. Gignoux et P. Combaz ont reconnu que les étapes successives duretrait du glacier rhodanien dans la région de Belley sont marquées par les stades Virieu-Rossillon, Brens-Belley et Charbonod. Ce sont de simples stationnementset non des récur- rences. — M. L. Cayeux signale la présence de nom- 616 breuses traces d’Algues perforantes dans les minerais de fer oolithique de France. Elles auraient été com- munes dans tous les depôts calcaires, mais auraient disparu dans les calcaires non minéralisés. 2 Juin 1914. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. P.-J. Browne : Sur une formule direite pour la solution d'une équation intégrale d'Abel. — M. G. Armellini : Le problème des deux corps de masses variables. — M. G. Meslin montre que, si la vitesse de rotation solaire diminue d'un quart ce za valeur de l'équateur à la latitude de 459, il doit y avoir une variation dans l’inclinaison des raies spectrales dans le même rapport; cette variation serait suffisante pour expliquer les apparences de pivotement observées par Cornu. — M. J. Guillaume présente ses observations de l’occultation de la planète Mars du 30 mai 1915, puis de la comète Zlatinsky (1914 D), faites à l'Observatoire de Lyon. — M. L.-E. Bertin étudie l'instabilité dont les paquebots sont menacés à la suite d’un abordage et montre que le seul moyen de résister à l’envahissement ‘réside dans l'établissement d'une cloison horizontale étanche. — M. Considère étudie les propriétés du béton étiré. Il montre que la longueur à laquelle le béton étiré doit revenir avant d'offrir une résistance sérieuse à la pression est bien inférieure à la longueur que lui a donnée l’étirage. Il est impossible de déterminer les valeurs des efforts que le retrait développe dans les voûtes pendant leur séjour sur cintre et, a fortiori, de les calculer par une fosmule simple basée sur l'hypothèse d’un coefficient d’élasticité invariable. 20 SCIENCES PHYSIQUES. — M. A. Boutaric montre que, pour des journées voisines, la valeur de la cons- tante solaire varie en sens inveise de la polarisation de la lumière diffusée parle ciel. Il faut donc accueillir avec prudence les déterminations de constante solaire obtenues par les seules méthodes pyrhéliométriques. — MM. L. Bouthillon et L. Drouët ont reconnu que la théorie qui explique le son produit par le téléphone uniquement par des vibrations transversales d'ensemble de la membrane s'accorde bien avec les résultats de l'expérience. — M. G. Gouré de Villemontée poursuit l'étude de la propagation de l'électricité à travers l'huile de paraffine. Il étudie le développement de la charge des armatures et l'influence de l'épaisseur du diélectrique. — M. G..-A. Dima a déterminé les vitesses initiales des électrons photo-électriques pour Sn, Zn, Al etle magnalium. Elles augmentent avec la fréquence de la lumière et sont d'autant plus grandes que le Séance du métal est plus électro-positif. — M. G. Chavanne et Mie J. Vos ont préparé les deux isomères éthyléniques du biiodure d’acétylène : F. 72° et F. — 13°,8. Le premier est l’isomère trans, le second l'isomère cis. Le mélange en équilibre à 42°,8 contient 52,5 °/, d'iso- mère trans. — M. H. Wohlgemuth, par fixation des hydracides sur la y-valérolactone, a obtenu les trois acides n-valériques y-halogénés. L'halogène est beau- coup moins actif dans les éthers halogénés en position y qu’en x ou B; cette passivité relative semble devoir être attribuée à un empêchement stérique. — M. M. Tiffe- neau à observé la migration d'un méthoxyle au cours du dédoublement d’un hydrate d'ammonium quater- naire par la méthode d'Hofmann. — MM. Ph. Barbier et R. Locquin montrent qu'il y a identité absolue entre le 2: 6-diméthyloctanol-6 synthétique et le tétrahydro- i-linalol; par conséquent la formule qu'on doit attribuer au linalol est celle qu'ont proposée MM. Tiemann et Semmler, — M. R. Fosse décrit la technique de l'analyse quantitative gravimétrique de l'urée dans l'urine par le moyen du xanthydrol. — M. E. Fleurent estime que la diminution du gluten des blés français provient de l'adoption de plus en plus grande des variétés à haut rendement, et non du développement des procédés de mouture moderne. — M. et Mme Chau- chard ont constaté que l’amylase du suc pancréatique est attaquée par les rayons ultra-violets de À << 2800; la ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES lipase est déjà détruite par les rayons de À = 3300. 11 n'existe pas de proportionnalité entre l'absorption des rayons ultra-violets par le suc pancréatique et l'action sur la lipase et l’amylase. — M. P. Thomas a reconnu que la poudre de cérévisine (protéide de la levure de bière) possède un pouvoir sücrasique après contact avec l’eau. Cette sucrase paraît se former aux dépens de la molécule de l’albumine ou d'une de ses parties sous l'influence de l’eau. 3° SCIENCES NATURELLES. — M. et Mme L. Lapicque et M. R. Legendre, en réponse aux critiques de M. Nageotte, maintiennent la réalité des altérations de la gaine de myéline produites par divers poisons nerveux et les changements d’excitabilité des nerfs parallèles à ces altérations de structure. — MM, C. Levaditi et A. Marie montrent que le Tréponème de la paralysie générale diffère, au point de vue biolo- gique, du Spirochaeta pallida de la syphilis cutanée et muqueuse. C'est une variété à part, neurotrope, de ce dernier. — M. E.-L. Bouvier à reconnu que tous les Ooperipatus ne sont pas ovipares. Il a découvert, en effet, dans une collection d'Onychophores australiens, une espèce nouvelle manifestement vivipare, encore que ses femelles possèdent une saillie génitale tout à fait identique à l’oviscapte des Oopéripates normaux. Il la nomme Oo. paradoxus. — M. J. Giraud communique de nouvelles observations sur les roches éruptives du Sud et de l'Ouest de Madagascar. — M. J. Deprat à étudié les accidents tectoniques et les zones de la basse Rivière Noire (Tonkin). Il distingne dans cette région deux groupes d'accidents successifs : d'abord la formation de nappes, puis le reploiement en plis, souvent très serrés, de ces nappes sur elles-mêmes. ACADÉMIE DE MÉDECINE Séance du 2 Juin 1914. MM. L. Frederieq et W. Osler sont élus Associés étrangers de l’Académie. MM. P. Marie et A. Léri ont observé, dans trois cas d'hémorragie cérébrale, une teinte nettement verdâtre et plus ou moins fluorescente du sérum, aussitôt ce sérum exsudé. Cette coloration anormale peut être employée au diagnostic des hémorragies cérébrales. — M. E. Kirmisson signale deux cas de tétanos mortel inoculé parle feutre employé dans le redressement de la scoliose par la méthode d'Abbott. L'examen bacté- riologique de ce feutre y a, en effet, révélé Ja présence de germes tétaniques. La méthode d’Abbott, en elle- même, ne saurait être incriminée, mais il est de toute nécessité de stériliser préalablement le feutre employé. — M. P. Teissier ont observé cinq cas de péritonites suppurées mortelles chez des scarlatineux. — M. A. Souques signale un cas de paralysie durable des membres par ingestion prolongée de colchicine. L'admi- nistration de la colchicine doit être étroitement surveillée par le médecin et suspendue dès que la diarrhée apparaît. — M. A. Jousset montre que le principe actif de la tuberculine est constitué par des corps profondément dégradés, à molécule extrêmement réduite, analogue aux résidus de la digestion des substances protéiques. Cette structure permet de prévoir la médiocrité de ses aptitudes vaccinales. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Séance du 23 Mai 1914. MM. L. Le Sourd et Ph. Pagniez ont constaté que les hypotendus ont, en général, un chiffre élevé de plaquettes sanguines, et inversement les hypertendus un chiffre bas. — MM. E. Aubel et H. Colin ont reconnu qu'un grand nombre de ferments ammonia- caux sont contrariés dans leur action spécifique sur les matières organiques azotées par la présence d'hydrates de carbone assimilables. — MM. Cluzet et ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 617 etzetakis ont observé que le ralentissement du cœur us l'influence de la compression oculaire chez le pin est beaucoup plus accusé que chez l'homme et le hien, mais ce ralentissement ne s'accompagne pas, omme chez le chien, de dissociation auriculo-ventri- ulaire. — M. L. Roule montre que l'une des condi- ions biologiques de la migration de montée du saumon éside dans la recherche par les individus d’un milieu xtérieur de plus en plus riche en oxygène dissous. — . P. Girard communique des résultats expérimentaux ui schématisent exactement le mécanisme électrosta- ique de l’hémiperméabilité des globules rouges aux ons. — MM. J.-E. Abelous et C. Soula ont reconnu ue l'injection d'urohypotensine détermine des altéra- ions du cerveau caractérisées par la dégénérescence et par la mort d'un plus ou moins grand nombre ’éléments cellulaires. Le pouvoir protéolytique spéci- ique du sérum est le témoin de cette dégénérescence. M. D.-M. Bertrand a eu l'occasion d'injecter les irus-vaccins sensibilisés antistaphylococciques chez rois diabétiques atteints d’anthrax. En observant une grande prudence dans les doses, afin d'éviter une réaction locale ou même générale dangereuse, la fuérison fut complète après quelques injections. — M. M. de Kervily a constaté que le cartilage de la rachée chez l'homme contient des éléments élasti- ques, même chez le fœtus et chez l'enfant. — M. L. Camus présente un dispositif pour la manipulation des produits hygrométriques ou dangereux pour la respi- ration. — M. G. Froin montre que la transformation sphérique des hémalies et la lésion du stroma qui accom- “pagnent l'action de la chaleur ne relèvent pas directe- ent de l'influence thermique, mais bien de l’action des corps du complexe globulaire. — M. L.-G. Seurat signale un cas d'endotokie matricide chez l'Oxyurus “spinicauda, parasite du rectum du gecko d'Oudri. Le nombre des œufs augmente dans les utérus en les \distendant fortement jusqu'à occuper presque toute la cavité générale, refoulant et comprimanttousles autres organes : ce processus aboutit finalement à la mort de la femelle. — MM. L. Chelle et P. Mauriac ont observé une transformation du glucose en acide actique dans l'autoglycolyse du sang. — M. L. laringhem montre qu'un pollen étranger, un pollen offrant une grande parenté, un pollen appartenant à espèce mais inactif le plus souvent à cause de la rigueur du climat, ou même une piqûre d’insecte sont apables de produire à distance et en quelques eures (tabac, glycine) une réaction modifiant l’évolu- ion habituelle des tissus de la plante maternelle. — M. André-Thomas et J.-Ch. Roux ont observé ertains troubles de l'appareil circulatoire provoqués arfois chez l’homme par l'irritation du système ympathique abdominal; ils montrent l'existence d’un éflexe coeliaque hypotenseur. Séance du 30 Mai 1914. M. E. Renaux décrit une modilication de la technique du séro-diagnostic de la tuberculose par le rocédé de Besredka qui permet d'éviter la confusion vec la syphilis. — M. Ed. Retterer à constaté que urètre pelvien du chat mâle et femelle comprend : 4° un segment proximal, entouré d'une musculature lisse et dérivant du canal vésico-allantoidien; 2° un egment distal provenant du sinus uro-génital et muni une musculature striée. Canal unique chez le mâle, segment distal se dédouble chez la femelle en : 1° un ventral prolongeant l’urètre vésico-allantoïdien ; un canal dorsal ou vagin. — M. J. Nageotte a découvert dans la peau du têtard de grenouille une lame protoplasmique sous-épithéliale qui affecte les rapports les plus étroits avec la membrane basale et quirecouvre le corps de l’animal entier. Ce syncytium est parsemé de noyaux et parcouru par un gigantesque réseau intraprotoplasmique. — M. E. Socor a observé que la température des animaux tuberculeux au repos dans un milieu humide ventilé passe de 38°,2 à 419,5 en moyenne. L'élimination de CO* et la perte de poids des animaux tuberculeux augmentent en milieu humide ventilé; ce milieu accélère l’évolution de la tuberculose. — M. G. Froin a étudié le phénomène de la globuloclasie ou fragmentation des hématies en granules sous l’action de la chaleur. NaCI entrave puis- samment la globuloclasie. — MM. J. Camus et G. Roussy montrent que les lésions du ‘cerveau qui provoquent la polyurie chez le chien se localisent à la base du cerveau, dans la région opto-pédonculaire. RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE Séance du 19 Mai 1914. M. E. Pringault montre que l'infection naturelle des chauves-souris par le Trypanosoma vespertilionis se fait par l'intermédiaire de la punaise Cimex pipis- trelli. Le Trypanosama vespertilionis n’est pas patho- gène pour les animaux de laboratoire. — M. A. et L. Joleaud décrivent sous le nom de Scalpellum Avenio- nense un nouveau Cirrhipède pédonculé fossile dont ils ont trouvé les restes dans les argiles grises du Schlier de la vallée du Rhône. — M. J. Cotte, étudiant le rôle du pigment cutané du nègre, revient entière- ment à la théorie classique : la peau pigmentée possède le rôle d'un écran protecteur. Elle ne semble pas avoir pour mission de permettre une absorplion plus grande de calories par les organismes, mais au contraire de prévenir une absorption d'énergie qui pourrait devenir funeste. RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY Séance du 19 Mai 1914. M. H. Busquet a observé que, chez le chien chlora- losé, les excitations cutanées du membre inférieur et la suceussion produisent une élévation de la pression veineuse fémorale en même temps qu'une chute de la pression artérielle. Il s'agit là d’un nouveau réflexe vaso-dilatateur. — M. R. Collin montre que les amas de granulations qu'on rencontre dans les espaces de Robin-Virchow ne sont pas le simple résultat d’une coagulation d’albuminoïdes, mais représentent la substance excrétée par les cellules périthéliales, qui sert à la nourriture des cellules névrogliques. — MM. Morlot et Zuber ont pratiqué l’autopsie dans deux cas d'intoxication mercurielle aiguë. Les effets nocifs sont dus à la causticité très grande du mercure vis-à-vis des tissus auxquels il est amené par le sang et aux altérations de celui-ci. — M. P. Jeandelize décrit une modification du synoscope de Terrien permettant de combattre l’amblyopie ex anopsia. — M. Ph. Lasseur montre que le choix judicieux d'un solvant peut permettre l’utilisation des différences de vitesses d’ascension capillaire et par suite la séparation 1apide des constituants d’un mélange de corps colorés microbiens. — M. Ch. Fairise a observé une grosse tumeur de la surrénale chez un Bovidé, compatible avec un état de santé parfait. RÉUNION BIOLOGIQUE DE LILLE Séance du 9 Mai 191%. M. A. Dubus présente un séparateur double pour la détermination oscillométrique de la pression arté- rielle par les méthodes de Pachon et de Riva-Rocci. — M. E. Gérard a analysé la substance crétacée tuber- culeuse de ganglion médiastinal et la substance ca- séeuse du poumon chez le bœuf.Cesanalyses démontrent que, chez le tuberculeux, il y a déperdition de chaux et de magnésie aux dépens du tissu osseux, et perte de cholestérine par sédimentation. — M. E. Doumer a constaté que les colloïdes organiques (gélatine), sou- mis à l'action du courant électrique, subissent au pôle négatif une véritable déshydratation. — MM. E. Duhot et L. Boez signalent l'association du méningocoque au 618 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES ———————————————————————————————————————————….…—.——……—.—.…—.…—. . — ..—."—.————____ colibacille au cours d'une méningite cérébro-spinale.— M.E Duhot a observé, dans l’expectoration des tuber- culeux pulmonaires, la présence constante de microbes associés, dont les principaux sont le staphylocoque, l’entérocoque, le streptocoque, :e tétragène. L'action de l'infection par ces microbes sur la tuberculose du cobaye n'a pas été sensible. — MM. E. Doumer et R. Limozin montrent qu'on peut oxyder le soufre neutre des urines par électrolyse à froid ou à chaud sans ad- dition. — M. E. Laguesse a étudié le Lissu conjonctif du cordon ombilical de la Torpille. — M. Desoïil a observé un cas d'éosinophilie à 41/2 °/, au cours d'une échinococcose secondaire du péritoine et un cas d'éo- sinophilie à 9 °/, au cours d'un kyste hydatique pri- mitif du foie. — MM. A. Malaquin el A. Moitié ont observé 17 espèces d'Hyménoptères s'attaquant à l’A- phis evonymi (puceron noir de la betterave). Parmi elles, les T'rioxys auctus et Aphidius crepidis semblent pouvoir être employés avec succès pour lutter contre ce parasite. — MM. Ch. Dubois et Ed. Duvillier si- gnalent une glycosurie rapide à la suite de l'injection intraveineuse de solutions hypertoniques de saccharose. SOCIÉTÉ CHIMIQUE DE FRANCE Séance du 22 Mai 191%. M. André Brochet a montré dans une précédente communication que l’on pouvait effectuer l'hydrogé- nation des liquides au moyen des métaux communs sans avoir recours à des températures ou à des pres- sions élevées. On peut faire la même remarque en ce qui concerne les réductions. Sous pression, les déri- vés nitrés: nitrobenzène, nitrotoluène, nitronaphta- lène, nitraniline, nitrophénol, dinitrobenzène, ete., sont facilement réduits en donnant l’amine corres- pondante. La réduction du nitrobenzène commence au-dessous de 100°. La réduction s'applique de même aux, dérivés azoxyques, azoiques et hydrazoïques qui sont également transformés en amines, mais avec coupure de la molécule. L'addition d’une petite quan- tité d’alcali modifie complètement le sens de la réac- tion et, en partant des dérivés nitrés, on obtient suc- cessivement les dérivés azoxyques, azoïques et hydra- zoiques. L'hydrogénation du phénol et la réduction du nitrobenzène peuvent donc être effectuées sous la pression atmosphérique. Mais l’action est trop lente pour être pratique; par contre, l’hydrogénation des corps à fonctions éthyléniques aliphatiques peut, d'une façon générale, se poursuivre sous la pression atmosphérique, soit à la température ordinaire, soit en chauffant vers 60 80°, En résumé, ces recherches permettent de tirer les conclusions suivantes : 40 lac- tion catalytique des hautes pressions, si elle est à prendre en considération dans certains cas, est discu- table d’une facon générale en ce qui concerne l’hydro- génation des liquides ; 2 l'application de la théorie physique de la catalyse à l’hydrogénation des liquides, critiquée par M. Sabatier, en ce qui concerne le palla- dium et le platine, devient tout à fait impossible dans le cas du nickel; 3° la théorie chimique de la catalyse basée sur la formation des hydrures est également devenue difficile à appliquer au cas de l'hydrogéna- tion des liquides au moyen du nickel. — M. J. B. Sen- derens, à la suite de la communication de M. Brochet, fait observer que, dans son laboratoire, on emploie avec avantage, pour les hydrogénations catalytiques par voie humide, un oxyde de nickel très léger qui se maintient facilement en suspension dans le liquide, de sorte qu'au lieu d'une agitation énergique, il suffit de renouveler par quelques secousses la surface en con- tact avec l'hydrogène. — M. G. Darzens à également entrepris depuis plus d'un an des recherches sur l'hydrogénation catalytique sous pression. Ces expé- riences ont surtout porté sur des corps qui ne semblent pas d'une hydrogénation facile et, plus particulière- ment, sur des dérivés pyridiques et quinoléiques. Afin de prendre date, il communique les résultats sui= vants : À la pression ordinaire et jusqu'à des pressions de 75 atmosphères, les bases quinoléiques donnent abondamment des bases tétrahydrogénées, alors qu'il ne se forme que des traces de bases décahydrogéuées:; ce n’est qu'au-dessus de 100 atmosphères que ces der= nières apparaissent en quantité notable. Il semble donc, contrairement aux observations de M. Brochet qui ne s’est adressé qu'à des corps d'hydrogénation facile, que la pression peut avoir une influence sélec- tive sur le résultat de la réaction. Par contre, les tem- pératures optima de réduction, toujours comprises entre 1409 et 1809, semblent peu modifiées par de grandes variations de pression. Des observations sem- blables ont d’ailleurs été faites pour des corps poly- éthyléniques qui, suivant la pression, s’hydrogènent partiellement ou totalement, de telle sorte qu'il est possible de régler le degré d’hydrogénation par la pression où s'opère la réaction. M. Darzens fait enfin remarquer que la loi d'action de masse permet de prévoir l'influence de la pression sur les hydrogéna- tions catalytiques. Toutes les hydrogénations qui s'accompagnent d'une diminution du nombre des molécules doivent être favorisées par une augmenta- tion de pression. — M. P. Clausmann présente au nom de M. A. Gautier et au sien les résultats des dosages de fluor effectués sur les eaux douces (eaux de fleuves, de rivières, de glaciers, de sources et de lac). De la considération des résultats obtenus, il ressort que: 1° dans les eaux analysées, la quantité de fluor ne dépasse pas 0 mgr. 600 par litre; 2° les eaux pro- venant de terrains calcaires sont moins riches en tluor que celles fournies par les terrains primitifs; 3° les eaux sortant de terrains primitifs, et par conséquent riches en fluor à leur source, s'en appauvrissent d'au- tant plus qu’elles traversent ensuite sur une plus grande étendue les terrains calcaires. — M. Georges Tanret a isolé des graines du Galega officinalis (légu- mineuse) un alcaloide auquel il donne le nom de galégine. Celle-ci a été obtenue cristallisée et répond à la formule CH#Az. C'est une base monovalente, donnant des sels cristallisés : sulfate, chlorhydrate, nitrate, bicarbonate, etc. Des recherches entreprises sur sa Constitution il résulte qu'on peut envisager la galégine comme dérivant de l'union d'une molécule de méthyl-3-pyrrolidine et d'une molécule d’urée ou de guanidine, avec élimination d'une molécule d'eau dans le premier cas ou d'ammoniaque dans le second. — MM. Demesse et Reaubourg ont étudié une huile riche en soufre (12 °/,) extraite des schistes de Saint- Champ, arrondissement de Belley (Ain). Ils donnent l'analyse élémentaire, le fractionnement à la distilla= tion ; ils pensent pouvoir préciser sa constitution et en préparer un certain nmombre de dérivés. MM. G. Bertrand et R. Sazerac : Je l'action favorable exercée par le manganèse sur la fermentation acétique. SOCIÉTÉ ROYALE DE LONDRES Séance du 2 Avril 1914. SCIENCES PHYSIQUES. — M. A. Fowler : Les lignes de séries dans les spectres d'étincelles (Bakerian Lec- ture). L'auteur a continué des recherches sur les lignes nouvelles (à = 4.686, etc.) produites en 1912 en faisant passer de fortes décharges dans les tubes à hélium contenant une trace d'hydrogène comme impureté. Ces lignes, attribuées d’abord par Rydberg à V’H, ont pris une très grande importance dans les théories de ,Bobr sur la constitution de l'atome. Pour lui, elles sont produites pendant les premiers stades de la reconstitu- lion des atomes d'hélium, d’où les deux électrons ont été enlevés par les fortes décharges employées. Cer- taines particularités de la série 4686 ont conduit à rechercher d'autres séries analogues. Des expériences sur le Mg ont fourni plusieurs nouvelles lignes élargies (d'étincelle), et d'autres observateurs en ont signalé t | Î | t ACADÉMIES ET SOCIÉTES SAVANTES 619 également pour Ca, Sr el Ba. Leur étude conduit aux conclusions suivantes : 1° les lignes renforcées (d'étin- celle) forment des séries qui se présentent en groupes semblables à ceux des spectres d'arc. Toutefois, les ormules représentant ces lignes diffèrent de celles mployées pour les lignes d'arc en ce que la constante e Rydberg N (— 109,675 pour l'échelle de Rowland) rend la valeur 4 N; 2° la série fondamentale, dans le s des lignes renforcées, dérive sa limite et la sépa- fation de ses composants d'un terme négatif observé de la série diffuse. La ligne d’étincelle bien connue du g est le premier membre d'une telle série fondamen- lale, associé avec un système de doublets nouvelle- “ment découverts ; 3° on n'a pu établir de relations numériques entre la série des lignes renforcées et les séries de lignes d'arc du même élément; 4% la série 4.686 produite dans les tubes à hélium est du type des lignes renforcées (4 N) et ne .peut être consi- dérée comme appartenant an mème groupe que les séries de Balmer des lignes de l'hydrogène, qui sont du type d'arc (N). La série 4686 et les lignes de Picke- ring associées sont très probablement dues à l’hélium, comme l'a indiqué Bohr, et doivent être appelées lignes du protohélium, d'accord avec la nomenclature de Lockyer ; 5° l’analogie avec la série #481 du Mg sug- ère que la série 4686 du protohélium est du type fondamental. Les lignes de Pickering sont représentées dans le Mg par une série de combinaisons qui dérivent de la série fondamentale; 6° les formules théoriques de Bobr pour H et He concordent bien avec les faits observés. Si l’on adopte ces formules, la masse de l'atome d'H est de 1836 + 12 par rapport à la masse de l'électron. SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE DE LONDRES Séance du 22 Mai 1914. MM. T. Barratt et A. B. Wood, en chauffant le épôt actif du thorium à des températures déterminées usqu'à 1.250°, ont constaté que B et C commencent hacun à se volatiliser à 750° C., mais que la volatilisa- ion n'est complète qu'à 1.200°. Les mesures étaient ites avec un électroscope à rayons «x. Quand on esure la radiation £, C n'est volatil qu'à partir de 00°; D commence à se volatiliser à 500°. Pour expliquer es résultats, il faudrait admettre que la partie de C qui roduit les rayons £ est un produit séparé, moins olatil que C,. — MM. H. P. Walmsley et W. Makower nt constaté que la trajectoire d'une particule x pro- etée tangentiellement à une plaque photographique st visible au microscope après développement. La ispersion des particules + peut être également enre- istrée par la pellicule photographique. — M. S. utterworth développe la théorie du galvanomètre à ibration et montre comment ses constantes peuvent tre déterminées par des méthodes qui nécessitent la mesure d’une seule déviation. Les autres mesures sont aites avec un pont à courant alternatif et les résultats btenus sont pratiquement indépendants de la forme d'onde de la source. Le principe de la méthode dépend u fait qu'un galvanomètre à vibration se comporte comme une combinaison en parallèle d’une conduc- tance, d'une capacité et d'une ivductance, en série avec une résistance. L'auteur montre comment s’équi- libre une telle combinaison. — MM. C. W.S. Crawley ets. W. J. Smith montrent diverses expériences qu'on peut exécuter avec une lampe à incandescence. SOCIÉTÉ ANGLAISE DE CHIMIE INDUSTRIELLE Séance du 5 Mars 1914. M. E.-A. Lewis présente une forme peu coûteuse de Æathode et d'anode rotatives pour l'analyse électroly- tique rapide. La cathode est un gros fil de cuivre, l'anode un bâton de verre recourbé sur lequel on enroule un mince fil de platine. SECTION CANADIENNE Séance du 29 Janvier 191#. M. J.-F. Shell étudie l’industrie des produits du suc d'érable au Canada. Au moyen de ce suc, retiré de l’'Acer saccharum, on prépare surtout du sirop et du sucre d'érable. L'auteur indique les types adoptés pour ces deux produits, les adultérations possibles, les moyens de les déceler; il est en particulier l’auteur d'une méthode de recherche des adultérations par la détermination de la conductibilité électrique du sirop mélangé de deux fois son volume d'eau. SECTION DE LONDRES Séance du 6 Avril 1914. M. F.-M. Perkin expose l'industrie des sous-pro- duits de la tourbe. Pour retirer ces derniers, il est nécessaire de détruire la structure cellulaire de la tourbe, ce qu'on obtient le plus facilement au moyen de machines qui la réduisent en pulpe. La tourbe ainsi préparée se dessèche plus facilement et peut être mise en briquettes qui sont soumises à la carbonisation dans des fours spéciaux. On obtient d’une part un coke qui peut servir en métallurgie ou au chauffage, d’au- tre part les produits de distillation suivants : gaz (de bonne valeur calorifique), huiles (contenant de la cire de parafline), phénols, ammoniaque et autres bases, alcool méthylique, acétone, acide acétique. — M. R. Gaunt a déterminé /a viscosité des solutions de caout- chouc (Hevea de plantation, Para, Castilloa, Funtumia, Ceara) dans divers solvants : benzène, éther, pétrole, toluène, xylène commercial, chloroforme. L’éther donne les solutions de moindre viscosité, tandis que le benzène et le chloroforme donnent les solutions de plus grande viscosité. Dans un même solvant, le benzène, le Para fin et le Castilloa ont à peu près la même et la plus grande viscosité ; ensuite viennent le Funtumia et le caoutchouc de plantation. Les solutions de caoutchouc diminuent de viscosité avec le temps, ce qui est dû à l'oxydation par l'air. La chaleur seule, en l'absence de l'air, diminue également la viscosité. SECTION DE MANCHESTER Séance du 2% Avril 1914. M. J. Hubner poursuit ses recherches sur l'histoire de la teinture, en particulier en Ecosse. SECTION DE NEWCASTLE Séance du 18 Mars 1914. MM. S.-H. Collins et A.-A. Hall ont étudié l’em- ploi de la créosote du goudron de houille et du naph- talène pour la préservation des clôtures en bois. Le naphtalène brut est un excellent préservatif du bois, mais son absorption est telle que la dépense est élevée. L'évaporation du naphtalène semble limitée à la sur- face du bois. La créosote disparaît des parties exposées d'un pieu et aussi de la pointe, mais la partie moyenne la plus exposée à pourrir conserve bien la créosote. ACADÉMIE DES SCIENCES DE BERLIN Séance du 26 Mars 1914. M. G. Haberlandt : Au sujet de la physiologie évo- lutive des rhizoïdes. L'auteur fait voir que, chez les bourgeons germinatifs (Brutknospen) et les pousses de thalle des genres Lunularia et Marchantia, avant la formation des rhizoïdes, il se produit, dans les cellules initiales en question, sous l'influence de la gravité, 620 des déplacements donnés du protoplasme, des noyaux et des granules de fécule, déplacements analogues à ceux des statocystes des organes doués de sensibilité géotropique. Il en conclut que la perception du stimulus de gravité, dans les barymorphoses en ques- tion et probablement dans les autres, est assurée par le même mécanisme que dans le géotropisme. — M. Struve présente une note de M. A. Wilkens, privat-docent à l'Université de Kiel : Sur l'intégration des équations fondamentales de la théorie des satel- lites de Jupiter. Les équations traitées par l'auteur sont celles qui déterminent les éléments de la trajec- toire A—e sin w, À —e cos w. L'auteur fait voir que l'intégration de ces équations peut être réalisée d’une façon plus rigoureuse, grâce à une transformation de coordonnées. — M. Beckmann adresse un Mémoire de M. R. Willstætter, membre de l’Institut Empereur- Guillaume de Chimie, à Berlin-Dahlem Sur les pigments des fleurs et des fruits. L'auteur isole, de fleurs el de fruits, un certain nombre d'anthocyanes, à l'état cristallisé; ce sont les composés sucrés de pigments dans lesquels il reconnait les composés hydroxyliques d’un phénylbenzopyrylium. Il convient de considérer les anthocyanes comme des sels quinoïdes d’oxonium; ils constituent une nouvelle classe de bases végétales dont la nature basique est due à l'oxygène tétravalent. Avril 1914. M. G. Hellmann : Sur le mouvement de lair dans les couches inférieures de l'atmosphère. Etant données les grandes incertitudes relatives aux vitesses du vent, incertitudes dues aux défauts des instruments, mais surtout aux différences énormes de leur installation, l'auteur, de concert avec l'Institnt Météorologique Royal, a installé un champ d'essais pour anémomètres, destiné à l'étude de l'influence, sur les indications, dela hauteur des instruments au-dessus du sol, de leur période diurne et annuelle, etc. Ce champ d’essai se trouve à proximité de la station radio-télégraphique de la Société Telefunken, au nord de Nauen, dans un terrain qui ne paraît pas sujet aux modifications dues à la culture, etc. Dans le présent Mémoire, M.Hellmann rend compte d’enregistrements faits à cette station, pendant la première année de service. La valeur nor- male de la vitesse de l'air, à 30 mètres au-dessus du sol, se trouve être de 5,6 m/sec. La séparation des données relatives aux vents forts et faibles respective- ment conduit à admettre que la période diurne de la vitesse de l'air dans les couches atmosphériques supé- rieures est engendrée par l'onde de chaleur qui, en vingt-quatre heures, fait le tour de la Terre, en soule- vant les surfaces isobares. Séance du 2 Séance du 16 Avril 191%. M. F. R. Helmert: Sur la réduction isostatique de la normale. M. J. F. Hayford a, le premier, pour une triangulation étendue, réalisé une réduction des nor- males correspondant, dans ses grandes lignes, à la théorie d'équilibre de la croûte terrestre indiquée par H. Pratt. Comme sa méthode de calcul n’est pas bien rigoureuse, à plusieurs égards, l'auteur a voulu montrer qu'on peut, sans complication appréciable, déduire des formules plus rigoureuses, lenant un compte parfait de la courbure de la Terre d’une part, de l'altitude des différentes stations astronomiques, d'autre part, — M. K. Schwarzschild : Sur la fré- quence etle pouvoir éclairant des étoiles de différents types spectraux. L'auteur calcule séparément le nombre d'étoiles d'un pouvoir éclairant donné, par unité de volume, pour chaque type spectral, en comparant la répartition des vitesses radiales à Ja répartition des composantes du mouvement propre perpendiculaire- ment à l'angle formé par la direction de l'apex du Soleil, — M. W. Schweydar : Observation des varia- tions, dues à la Lune, de l'intensité de la gravité. On ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES sait que la direction et l'intensité de la gravité, en un endroit donné de la Terre, subissent, sous l'attraction de la Lune (déterminant les marées), des variations périodiques. Grâce à des observations faites avec le gravimètre de M. A. von Schmidt, dans la chambre souterraine de l'Observatoire de Potsdam, située à 25 mètres de profondeur, l'auteur a, le premier, réussi à mesurer ces variations très faibles, qu'il importe des connaître pour apprécier les marées élastiques et l’élasticité de la Terre. ALFRED GRADENWITZ. ACADÉMIE DES SCIENCES DE VIENNE Séance du 19 Mars 1914. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. A. Basch résout le problème suivant : calculer de l’observation de plus de trois points de rebroussement les valeurs les plus plausibles des trois éléments déterminants d'une oscilla- tion amortie (position de l'équilibre, première ampli- tude et facteur d'amortissement). 29 SCIENCES PHYSIQUES. — M. F. von Lerch a observé que, si l'on évapore des solutions chlorhydriques d'in- duction et qu'on les chauffe immédiatement après, une partie du Th C s'évapore; cet effet commence un peu au- dessus de 1000. Si l'on opère de même après additions de sels d’Am ou d'urée, ces derniers entraînent Th C en se volatilisant. Après addition de sels de Ba, ils’évapore plus de Th B que de Th C.—MM. H. Meyer et H.Tropsch ont obtenu le dichlorure de l'acide dinicotinique sous deux formes : l'une monomoléculaire, facilement soluble, F. 66°; l’autre polymère, insoluble et infu- sible. L'éther diméthylique de l'acide lutidique est également dimorphe : F. 56-370 et 60-619. — MM. A. Eckert et O. Halla, par condensation de la 3-benza- lamino-2-bromanthraquinone avec l'acide 1-amino-2- anthraquinonecarbonique, ont obtenu une diphtaloyla- cridone substituée, qui par saponification et diazota- tion donne l'acridone. 3° SCIENCES NATURELLES. — M. H. Balss décrit quel- ques Décapodes intéressants trouvés par l'Expédilion de la Pola dans la mer Rouge. — M. J. Gicklhorn a constaté que, si l’on fait agir des solutions de matières colorantes photodynamiquement actives sur des cellules ou des tissus végétaux, ces derniers sont plus ou moins lésés. On observe la formation de vacuoles, la contraction du plasma et la coloration du plasma et du noyau. Cette action photodynamique doit être considérée comme une action toxique renforcée par l’éclairement. Séance du 26 Mars 1914. 10 Sciences PHYSIQUES. — M. J. von Hann a calculé par l'analyse harmonique la marche diurne des éléments météorologiques au canal de Panama, d’après les observations faites par l'ingénieur en chef des travaux. — M. W. Schmidt déduit d’une analyse du tonnerre au moyen d'un appareil approprié que la partie principale de l'énergie du tonnerre se trouve sous forme d'oscillations de pression de longue durée (jusqu'à plus de 0,5 seconde) non perceptibles par l'oreille. Il est très probable que le tonnerre est dù à des ondes de choc ou d’explosion, qui se propagent avec une vitesse supérieure à celle du son. — M. J. Po!lak a étudié la sulfonation de l’éther diméthylique de la dithiorésorcine et celle du thiounisol. Dans les premier cas, deux groupes sulfoniques entrent en position #:6, dans le second en position 2:4. : 20 SCIENCES NATURELLES. — M. L. Kober communique le résultat de ses observations géologiques sur Ie Taurus et le Liban. Le Gérant: A. MARETHEUX. Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Casselte. 25° ANNÉE N° 43 15 JUILLET 1914 Revue générale des Sciences pures et appliquées FONDATEUR : LOUIS OLIVIER DIRECTEUR : J.-P. LANGLOIS, Docteur ès Sciences. Aüresser tout ce qui concerne la rédaction à M. J.-P. LANGLOIS, 18, rue Chauveau-Lagarde, Paris. — La reproduction et la traduction des œuvres et des travaux publiés dans la Revue sont complètement interdites en France et dans tous les pays étrangers, y compris la Suède, la Norvège et la Hollande, CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE $S 1. — Distinctions scientifiques. Remise de la médaille Gaudry. — A l'une de ses dernières séances, la Société géologique de France a remis la médaille Albert Gaudry à M. E. Haug, pro- fesseur à l'Université de Paris, pour l’ensemble de ses travaux. En attribuant à notre éminent collaborateur sa plus haute récompense, la Société géologique a tenu à con- sacrer une œuvre de plus de trente années qui le place au rang des premiers géologues de notre époque. Ses recherches originales de stratigraphie et de tectonique alpines, de paléontologie des Céphalopodes, lui ont assuré une notoriété mondiale, et son Traité de Géo- logie lui a permis de coordonner avec des impressions vécues toutes les données acquises par une vaste érudition. On sait le succès de ce remarquable ouvrage, considéré par les savants étrangers comme le meilleur traité de la science de la Terre. Ce livre déjà célèbre a la plus grande répercussion sur l’enseignement: de la Géologie, car, pour la première fois, la géologie strati- graphique y est présentée d'une facon rationnelle. Le constant souci de l’auteur de diviser son sujet en se basant — par la considération des géosynclinaux — non plus sur la configuration actuelle de la surface de la Terre, mais sur les vicissitudes des mers dans le assé des temps géologiques, lui a permis de montrer a belle harmonie qui préside à l’évolution de notre planète. Par la préoccupation de synthèse qui l'a constam- ment guidé dans ses recherches comme dans sesécrits, ME. Haug s’est fait le digne émule d'Eduard Suess, Millustre géologue de Vienne qui vient de disparaitre etdont M. Pierre Termier, de l'Institut, a retracé la Mie; en des pages lumineuses et d'un haut style, insé- rées dans l’avant-dernier numéro de notre Aevue. LaSociété géologique de France avait attribué, l'an dernier, sa médaille Albert Gaudry à Eduard Suess et il était difficile de donner, cette année, un successeur à ce grand géologue. Nous laisserons la parole, à ce sujet, à M. Maurice Lugeon, l'éminent géologue de Lausanne, qui a été REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1914. chargé du rapport sur l'attribution de la médaille Albert Gaudry à M. Emile Haug : « La mission pouvait être bien lourde, cette année, à votre Commission des prix, de rechercher, parmi les savants du monde, le géologue dont le nom devait être buriné sur la stèle, après celui du maître de Vienne. « Et cependant, il n’y eut aucune hésitation. « Un homme était là parmi les nôtres, dont la haute fécondité scientifique forçait le choix; un homme qui venait d'écrire en des pages lumineuses toute l’histoire de la Terre ; un visionnaire qui venait de montrer à nos regards émerveillésles aspects successifs dela planète. » $ 2. — Topographie. Un dernier mot sur la stéréoautogrammé- trie. — À la demande de M. Paul Corbin, nous insé- rons la lettre suivante qui, sans rouvrir une polé- mique que nous avons déclarée terminée, précise l'interprétation de quelques idées émises dans son article : Monsieur le Directeur, De même que vous, je considère comme clos le dia- logue qui s'était engagé dans les colonnes de la Revue entre M. le colonel Crouzet et moi. Toutefois, il m'en est resté l'impression que certains points de mon étude sur la stéréoautogrammétrie avaient pu prêter à des interprétations inexactes et en tout cas tout à fait en dehors de ma pensée,.en ce qui concerne les anciennes méthodes topographiques. Je ne crois donc pas inutile d'essayer de préciser leurs rôles respectifs dans l'avenir. J'ai dit que l'apparition de la stéréoautogrammétrie apportait une révolution véritable dans la topographie, mais je n'ai nullement entendu dire ainsi qu'elle de- vait faire disparaitre les anciennes méthodes, bien loin de là, pas plus, pour employer une comparaison grossière, que l'apparition du chemin de fer ou de l'automobile n’a fait disparaître, ni même reculer les anciens moyens de transport. Il faut d'abord remarquer qu'en raison du coût 13 22 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE forcément très élevé du stéréoautographe, son emploi restera l'apanage des grands Instituts d'Etat et de Sociétés privées solidement organisées à tous les points de vue, et que celles-ci ne pourront évidem- ment de longtemps accepter que des travaux assez importants pour leur permettre au moins de couvrir leurs frais généraux. Dès lors, tous les levers de faible étendue, ou n'exi- geant qu'une précision restreinte, Ou encore ne com- portant que quelques opérations simples, resteront évidemment du domaine des méthodes anciennes, qui conserveront là un champ d'application extrêmement important. En ce qui concerne les levers étendus exécutés par la stéréoautogrammétrie, c’est encore, ainsi que je l'ai dit, aux anciennes méthodes que l’on demandera le remplissage des faibles lacunes ainsi que le ever des petits détails ayant échappé aux vues de l'objectif photographique. Dans les levers stéréophotographiques, il faudra toujours d’ailleurs avoir recours à elles pour la déter- mination exacte de la position des stations et des bases. Enfin, c’est aux plus précises et aux plus délicates d’entre elles, aux méthodes géodésiques, qu'il faudra toujours demander les canevas trigonométriques abso- lument indispensables pour assurer la précision des plans fournis par le stéréoautographe. En particulier, c’est la géodésie qui devra fournir les « points de contrôle » dont le rôle est capital, puisque ce sont eux qui permettent justement d'an- nuler l'influence des erreurs commises dans la mesure des bases, à tel point que très souvent même celles-ci peuvent n'être mesurées que très grossièrement sur le terrain, leur valeur précise étant fournie ensuite au bureau par le stéréoautographe lui-même en pointant tout simplement le repère mobile sur ces « points de contrôle ». Enfin une dernière catégorie de régions devra tou- jours être entièrement levée par les procédés anciens. C'est celle, d’ailleurs, de plus en plus restreinte dans l'avenir, des terrains dont la « résistance » à la mé- thode stéréoautogrammétrique sera restée invincible. On voit donc que les applications des anciennes méthodes seront encore très étendues et que, par conséquent, leur étude approfondie et leur pratique assidue resteront indispensables à tous les profes- sionnels, de même que la connaissance sérieuse de leurs principes continuera à être nécessaire à tous ceux qui veulent pouvoir tirer d'une carte topogra- phique moderne tout ce qu'elle peut et doit donner. Mais c’est la stéréoautogrammétrie seule qui leur fournira avec une extrême facilité ces nouveaux plans automatiques dont la perfection, avantage inappré- ciable, reste presque absolument à l'abri des défail- lances inévitables des opérateurs. Veuillez agréer, monsieur le Directeur, etc. Paul Corbin. $S 3. — Physique. Sur le problème de la relativité. — La Revue a résumé, en deux courtes chroniques‘, les objections qu'ont élevées contre la théorie de la rela- tivité deux savants éminents, M. Brillouin et M. Max Abraham. Voici maintenant, en raccourci, les vues d'un partisan déterminé de cette nouvelle théorie, M. Einstein ?. Il ya lieu, d'après M. Einstein, de distinguer nette- ment deux systèmes désignés l’un et l’autre sous le nom de « théorie de la relativité ». Le premier, qu'on peut appeler « théorie de la relativité dans le sens ! Revue générale des Sciences, 30 mars 1913 et 45 avril 1914. ? Scientia, mai 1914. strict », s'appuie sur un ensemble considérable d'expé- riences, et est considéré aujourd'hui, par la plupart des physiciens, comme étant l'expression théorique la plus simple de ces expériences. Le deuxième, auquel on peut donner le nom de « théorie de la rela- tivité dans le sens large », n’a presque pas été con- firmé jusqu'à présent par l'expérience, et la grande majorité des physiciens reste sceptique à son égard. Comme on peut être partisan de la théorie de la rela- tivilé dans le sens strict sans reconnaitre le bien-fondé de la théorie de la relativité dans le sens large, il vaut mieux traiter séparément les deux théories. I. La théorie de la relativité dans le sens strict. — C'est un fait bien connu que les équations de la Méca- nique fondée par Galilée et par Newton ne sont pas valables pour un système de coordonnées animé d'un mouvement quelconque. Mais, si on a rapporté le mou- vement à un certain système K de facon que les équa- tions de Newton soient applicables, pour tout système de coordonnées K', orienté dans l’espace d’une façon quelconque, mais animé d'un mouvement de transla- tion uniforme par rapport à K,les mêmes lois de mou- vement restent valables. On peut appeler « principe de relativité » (dans le sens strict) l'hypothèse de l'équivalence de tous les systèmes de coordonnées K, K', etc., pour l'étude du mouvement et des lois géné- rales de la Physique. Tant qu'on crut que la Mécanique devait ètre invo- quée pour l'explication de tous les phénomènes, on ne put pas douter de la validité de ce principe de rela- tivité. Mais, même en faisant abstraction de cette idée, on voit que, si le principe n’était pas valable, certains phénomènes rapportés à un système de référence en repos par rapport à la Terre pourraient être influencés par le mouvement de la Terre autour de son axe ou de la Terre autour du Soleil. Or, les mesures les plus pré- cises ont été impuissantes à déceler la plus légère variation (résultat négatif des expériences de Mi- chelson). Ainsi le principe de relativité a supporté le contrôle de l'expérience. S'il a paru longtemps suspect, et si quelques physiciens le tiennent encore pour tel, c’est qu'il semble inconciliable avec l’'Electrodynamique de Maxwell et de Lorentz. En particulier, le principe de la constance de la vitesse de la lumière qu’on peut déduire des théories de Maxwell et de Lorentz est, à première vue, difficile à admettre : si un rayon lumineux pos- sède, par rapport à certains axes de coordonnées K, une certaine vitesse V, il semble que, pour un obser- vateur en mouvement par rapport aux axes K, la vitesse doit être différente; si le rayon lumineux se propage, par exemple, dans la direction de l’axe des x positifs de K avec la vitesse V, et si l'observateur se meut dans la même direction avec la vitesse v, on croit pouvoir affirmer que la vitesse de propagation jugée du point de vue de l'observateur en mouvement sera V — v. Une analyse exacte du contenu physique de nos données sur l'espace et le temps prouve, en réalité, que la contradiction indiquée n’est qu'apparente. « Elle repose, dit Einstein, sur les deux hypothèses arbitraires suivantes : 1° l'affirmation que deux événements se passant en des lieux différents ont lieu simultanément a un contenu indépendant du choix du système de référence; 2° la distance entre les. lieux où deux évé- nements se passent simultanément est indépendante du choix du système de référence. » Si l’on renonce à ces hypothèses arbitraires, le prin- cipe de la constance de la vitesse de la lumière, qui ré- sulte de l'Electrodynamique de Maxwell et de Lorentz, devient compatible avec le principe de relativité. On peut maintenir l'hypothèse qu'un même rayon lumineux traversant le vide se propage avec la vitesse V, non seulement par rapport au système d’axes K, mais aussi par rapport à tout système K' animé d'un mouvement de translation uniforme par rapport à K. On n’a qu'à choisir d’une façon convenable les équations de trans- formation qui existent entre les coordonnées du temps CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 62: et de l'espace x, y, z, !, relatives à K, et celles, x', y’, z', l', relatives à K': le système des équations de trans- formation de ces quatre grandeurs auquel on est con- duit, appelé « équations de Lorentz », doit remplacer les équations correspondantes basées sur les hypo- thèses 1 et 2 qu'on utilisait avant que la théorie de la relativité fût édifiée. La théorie de la relativité fournit aonc une condition à laquelle doivent satisfaire tous les systèmes d’équa- tions qui expriment des lois naturelles générales; en appliquant la transformation de Lorentz à un tel sys- tème d'équations, on doit obtenir un système de même forme (covariance vis-à-vis des transformations de Lorentz). La théorie de la relativité ne fournit pas un moyen de déduire du néant des lois naturelles aupa- ravant inconnues; mais elle donne un critérium tou- jours applicable qui restreint les possibilités, et, sous ce rapport, on peut la comparer au principe de l’équi- valence, au principe de Carnot, ou au principe de symétrie énoncé par Curie. Or, il y a un domaine d’une importance fondamen- tale dont la connaissance empirique que nous en avons est si minime, qu'associée à la théorie de la relativité elle est loin de suffire à l'établissement univoque d’une théorie générale. Ce domaine est celui des phénomènes de gravitation. On ne peut arriver à ébaucher une théorie qu'en associant à ce que nous connaissons expérimentalement des hypothèses physiques pour compléter la base de la théorie. On est done venu, semble-t-il, à parler de l'échec de la théorie de la rela- tivité pour l'explication des phénomènes de gravita- tion, échec qui serait plutôt imputable au manque de données expérimentales. Néanmoins, pense M. Eins- tein, la théorie récemment établie par Nordstrüm, qui satisfait au principe de relativité, doit être considérée comme une tentative intéressante. Dans cette théorie, la masse pesante (envisagée comme le coefficient qui détermine la force que le corps éprouve dans un champ de pesanteur) d'un système isolé, au repos dans son ensemble, est en général une grandeur oscillante, dont da valeur moyenne temporaire est donnée par l'énergie totale du système; le caractère oscillatoire de la masse fait qu'un pareil système doit émettre constamment des ondes longitudinales de gravitation, la perte d'énergie que la théorie prévoit de ce fait étant beau- petit axe de moins d'une unilé de la carte. On peut alors, sans erreur sensible, admettre que la courbe est une circonférence. F. Marguet, Lieutenant de Vaisseau, Professeur d'Astronomie et de Navigation à l'Ecole Navale, . LES LANGOUSTES DES COTES DE MADAGASCAR LEUR CLASSIFICATION, LEUR EXPLOITATION Parmi les grands Crustacés comestibles, les Lan- goustes sont, à juste titre, parmi les plus recher- chées soit à l’état frais, soit en conserves. La France, en particulier, est un des pays où la consommalion des langoustes atteint le chiffre le plus élevé, surtout à l’état frais, car la conserve en boîtes soudées y est encore peu appréciée. Jusqu'à ces dernières années, les langoustes con- sommées en France appartenaient toutes à l'espèce commune (Palinurus vulgaris Latr.) et provenaient surtout : des côtes sud-ouest et nord de la Bre- tagne, de la côte basque, des côtes rocheuses de la Méditerranée et surtout de la Corse. Celles cap- | turées en Angleterre sont en partie importées en France, car les Anglais sont, en général, peu amateurs de ces Crustacés. Depuis quelques années, particulièrement depuis 1910-1811, une nouvelle espèce, à peu près in- connue, mème des naturalistes, jusqu'en 4905, a fait son apparition sur le marché français: c'est celle que les zoologistes appellent Panulirus regius de Brito Cap. ou Zangouste royale. Elle est bien connue, maintenant, aux Halles centrales, sous le nom de marocaine, bien qu'elle ne se rencontre pas du tout sur les côtes du Maroc, mais bien sur celles de notre Mauritanie saharienne; de là, elle descend très au sud, partout où elle trouve des fonds rocheux favorables, au Sénégal, en Guinée, à la Côte d'Ivoire, au Dahomey, au Cameroun, au Gabon, vers l'embouchure du Congo et jusqu'au sud de Mossamédès, sur les côtes de l'Angola portugais. A partir de Lüderitzbucht, à peu près, | elle disparait complètement pour faire place à | une autre espèce, qui atteint des tailles énormes : 142 A. GRUVEL — LES LANGOUSTES DES COTES DE MADAGASCAR c'est la Langouste de Lalande (Jasus Lalandei Lmk.) ou langouste du Cap, utilisée également à l'état frais dans la région de Cape Town, mais sur- tout pour la fabrication de conserves en boîtes, dans deux usines très importantes situées l’une à Hout-Bay et l’autre à Hæœtgesbay, dans la baie de Sandanah. Ce sont sur- : tout les Japonais et les Sud-afri- cains qui four- nissent de con- D A IT serves de lan- goustes le mar- ché mondial , particulièrement l'Amérique du Sud. Si nous avons fait de très grands efforts, heureusement couronnés de succès, pour fai- re venir sur le marché francais, à l'état vivant, les langoustes de la côte occiden- tale d'Afrique, parce que, mal- gré les 3.500 ki- lomètres qui nous séparent de leur centre d’ex- ploitation, elles nous parvien- nent en parfait état, à Paris même, et sans déchet apprécia- ble lorsque l'opé- ration du trans- port en bateaux- viviers est bien conduite, nous sommes, par contre, toujours élevé conire la mise en boîtes de ces crustacés. Une usine, en effet, installée sur la côte mauritanienne, aurait très rapidement appauvri, sinon ruiné, les fonds et au- rait empêché la quarantaine de dundee bretons qui vivent aujourd'hui de cette pêche de se livrer à cette industrie‘très rémunératrice pour eux. De plus, la consommation des langoustes fraiches est beaucoup plus intéressante que celle des con- serves, et celle consommalion a atteint en France, Fig. 1. nous — Panulirus ornatus Fabricius. en 1913, plus de 300.000 langoustes royales. Ce chiffre sera certainement dépassé, de beaucoup, en 1914. Est-ce à dire que la fabrication des conserves de langoustes ne doit pas être encouragée dans cer laines de nos colonies, trop éloignées d'Europe pour pouvoir ÿ être transpors tées, par les mo“ yens dont nous disposons actuels lement, à l'étab vivant ou tout au moins à l'état frais ? Evidem ment, non! A ce point de vue, nous avons été amené, tout récemment, grâ- ce à la bienveil- lante interven- tion de M. le Gouverneur gé- néral Picquié, à étudier les lan- goustes des côtes de Madagascar et nous avons été frappé, à la fois, de la variété et de la richesse de cette faune spéciale, sur les côtes de la Gran- de Ile, où il sem- ble que la plu- part des espèces del'Océan Indien se sont donné rendez-vous. Ces espèces, au nombre de cinq actuelle- ment connues. appartiennentau groupe des ZLangousles longicornes de Milne- Edwards, et au genre Panulirus Gray, caractérisé par la présence de longs fouets aux antennes in- ternes. # Il Ces cinq espèces sont les suivantes : 1° Panulirus ornatus Fabricius (fig. 1). Cette ma- gnifique langouste est de couleur verdâtre avec des taches ou bandes bleuàtres et jaunes sur le cépha- lothorax, les antennes, les pattes et l'abdomen. “Elle atteint un poids de 5 à 6 kilos, probablement “même davantage, ainsi que l'indique une patte ss conservée au Muséum d'Histoire naturelle. —._ On rencontre surtout cette espèce à la limite externe des récifs madréporiques et elle ne peut être “capturée qu'au moment des grandes marées, quand la plus grande partie de ces récifs est découverte, “du coté du large. Comme elle se tient à la limite des sables, on la désigne à Madagascar sous le nom de /angouste des sables. En réalité, elle se cache, comme toutes les autres, dans les anfractuosités des récifs coralliens. Dans la grande Ile, elle semble localisée sur la “côte ouest et sud-ouest (région de Tuléar à Saint- “Augustin, mais on en rencontre également dans la région de Nossi-Bé. Les indigènes les capturent plus spécialement à marée basse, sans le secours d'engins d'aucune sorte, tout simplement à la main, ou à l’aide d'une sorte de lance, dans le creux des récifs. « L'aire de dispersion de ce crustacé est considé- rable, puisque cette espèce a nettement été signalée, non seulement aux environs immédiats de Mada- gascar (Mayotte, Maurice, Réunion, etc.), mais encore sur la côte orientale d'Afrique, de Mozam- bique à Obok, et aussi en Cochinchine, à Java, en * Australie, etc. Elle semble, en un mot, aussi répan- due sur la côte orientale que le Panulirus regius de Brit. Cap sur la côte occidentale d'Afrique. - 2 Panulirus penicillatus Olivier (fig.2).—A cause de sa couleur générale d'un vert bleuâtre sombre, cette espèce est désignée à Madagascar sous le nom de langouste noire. Elle est des plus faciles à dis- tinguer par la présence, sur l'anneau antennulaire, de quatre fortes épines, réunies à la base et diver- geant vers le sommet. Elle peut atteindre une fort belle taille et un poids de 2 kilogrammes. Comme sa chair esl très délicate et qu’elle se rencontre plus spécialement sur la côte orientale de Madagascar, dans la région de Tamatave, elle donne lieu à un commerce intéressant avec la capitale, Tananarive, où elle arrive dans de bonnes conditions, car elle est très rustique et supporte facilement le voyage en chemin de fer. À Tananarive, elle est vendue de 4 fr. 50 à 2 francs pièce suivant la taille. Une par- tie des langoustes capturées à Tamatave est con- sommée sur place ou vendue à bord des paquebots qui font escale dans ce port; le reste est envoyé dans l'intérieur, comme nous venons de l'indiquer. Les indigènes capturent cette espèce à l'aide du harpon, à marée basse, sur les récifs, mais les créoles bourbonnais, établis à Tamatave et parmi lesquels se trouvent quelques pêcheurs de profes- sion, utilisent des filets dormants, courts, à larges A. GRUVEL — LES LANGOUSTES DES COTES DE MADAGASCAR 713 mailles, genre trémail, ne dépassant guère 5 à 6 mètres de longueur. | Pour la pêche des langoustes, ces pêcheurs tra- vaillent surtout sur les bancs de coraux de Foul- pointe et de l'Ivondro, qui ne sont qu’à une distance Av: ave: 3" N F Fig. 2. — Panulirus penicillatus Olivier. assez faible, ce qui leur permet de rapporter les crustacés vivants à Tamatave. Les filets dont nous venons de parler sont placés, en général, l'après-midi, le plus au large possible, calés en place avec des crochets et des pierres et amorcés avec des morceaux de poulpes ou de seiches. Ils sont relevés, le lendemain matin, d'aussi bonne heure que possible et à basse mer. Les pêcheurs établissent sur le rivage une sorte de campement, avec les avirons et les voiles de leurs embarcations, et dès qu'ils jugent leurs cap- A. GRUVEL — LES LANGOUSTES DES COTES DE MADAGASCAR tures suffisantes, ils rentrent à Madagascar où ils vendent leurs langoustes, les unes sur place, au marché, les autres aux navires en rade ; le restant est expédié à l’état vivant, dans un peu de glace, sur le marché de Tananarive, surtout depuis que Fig. 3. — Panulirus Burgeri de Haan. fonctionne le chemin de fer de la côte orientale qui permet à ces crustacés d'arriver en excellent état et d’être très appréciés des Européens. Gelte espèce parait très abondante dans la région de Tamatave et sur toute la côte orientale de Mada- gascar. 3° Panulirus Burgeri de Haan (fig. 3). — Cette langouste, désignée par les Européens habitant la Grande Ile sous le nom de lingousle rouge, est de taille relativement petite par rapport aux deux espèces précédentes, Outre les caractères spécifiques très nets de ses maxillipèdes, sur lesquels nous ne pouvons pas insister ici, elle présente une couleur vert-olivätren foncé, avec de petites lignes jaunes sur le bord des crénelures des sillons abdominaux. Une partie de la surface des tergites abdominaux est couverte de ponctuations jaunâtres, très nettes, qui donnent à cette espèce un aspect particulier et facilement reconnaissable. Elle est surtout répandue sur la côte orientale, où elle se trouve mélangée avec l'espèce précé- venant de la région de Nossi-Bé. Bien que sa taille soit inférieure à celle des espèces déjà signalées, elle peut atteindre fréquem- ment un poids de 800 à 1.000 grammes, ce qui représente une taille très commerciale. Elle est également capturée soit à l'aide de la lance, par les indigènes, soit avec le trémail par les créoles. Une partie est également envoyée à Tananarive à l’état frais ou même vivant. 4° Panulirus dasÿpus Latreille (fig. 4). — Cette espèce offre une certaine ressemblance avec P. peni- cillatus et surtout avec P. Burgeri, mais elle s'en distingue cependant, d’une facon très nette, par un certain nombre de caractères, sur lesquels nous ne croyons pas devoir insister ici. Elle semble, d'après les spécimens que nous avons reçus, assez localisée dans la région de Diégo- Suarez, soit dans la partie nord-est de l'Ile. Il est infiniment probable que de nouveaux envois au Laboratoire nous permettront de mon- trer qu'elle est beaucoup plus répandue sur les côtes de Madagascar, car son aire de dispersion dans l'Océan Indien est considérable, puisqu'elle s'étend de la côte sud-est d'Afrique jusqu'à Madras, Ceylan, Poulo-Condor et les Moluques. Elle atteint une taille un peu supérieure à celle du P. Burgeri, mais inférieure, en général, à celle du P. penieillatus. Sa couleur est d’un vert olive clair. Elle porte sur les trois premiers anneaux de l'abdomen de fines ponctuations jaunâtres, qui deviennent beaucoup plus grosses sur les trois derniers segments abdo- minaux. De plus, ces derniers anneaux présentent, sur les parties latérales, une tache jaune, allongée, avec le centre vert. Vu sa rareté relative, cette espèce ne donne pas lieu à une pêche bien considérable, et elle est cap- turée, parfois, simplement, avec les autres espèces plus communes sur cette partie de la côte et souvent eh cnÉe é — * dente, de Diégo-Suarez à Fort-Dauphin. Nous en | avons reçu, cependant, quelques exemplaires pro-M F A. GRUVEL — LES LANGOUSTES DES COTES DE MADAGASCAR 715 confondue avec elles, aussi bien par les indigènes que par les Européens. 5° Panulirus japonicus von Siebold (fig. 5). — Nous avons divisé celte espèce en deux variétés, à cause des différences, tenant surtout à la couleur et à l'ornementation, qui existent entre celles que nous avons appelées indo-africaines et celles d'un habitat plus oriental qui sont les indo-japonaises. Il est cependant impossible, à notre avis, de con- sidérer ces deux simples variélés comme des espèces distinctes, ainsi qu'ont voulu le faire un certain nombre d'auteurs. La langouste qu'on trouve plus spécialement sur la côte nord de Madagascar appartient naturelle- ment à la variété indo-africaine et son habitat parait très localisé. Elle n'avait jamais été signalée jusqu'ici sur les côtes de l'ile malgache, où elle semble du reste assez rare, au même litre, à peu près, que la précédente. Sa couleur est d'un vert olive brun foncé, avec une teinte de violet surtout sur les pattes. Les anneaux de l'abdomen sont entièrement couverts, sur toute leur surface dorsale, de ponctuations jaunes de dimensions variables qui donnent à ce crustacé un aspect particulier et extrêmement joli. L'aire de dispersion de cette espèce dans l'Océan Indien est extrêmement vaste, puisqu'elie s'étend des côtes de Madagascar au Japon et même aux Iles Sandwich, en passant par la Réunion, l'Ile Maurice, les Moluques, la Nouvelle-Guinée, les Nouvelles-Hébrides, etc., et de nombreux points encore, sans doute, où elle n’a pas été signalée. Sa laille est à peu près celle de P. dasypus; c'est dire qu’elle peut donner lieu à une exploitation industrielle intéressante, partout où elle se ren- contre en quantité suffisamment grande. II On voit donc, en résumé que, sur cinq espèces de Langoustes actuellement connues sur les côtes de Madagascar, trois au moins : P. ornatus, P. pe- nicillatus et P. Burgeri se rencontrent en quan- tités suffisantes en différents points, et souvent mélangées, pour donner lieu à une exploitation industrielle. Jusqu'ici, la pêche est entièrement entre les mains des indigènes, c'est-à-dire qu’elle est à peu près nulle, comparativement à ce qu’elle pourrait être. Les indigènes, du resle, et même les créoles capturent ces crustacés uniquement pour les bénéfices qu'ils peuvent en tirer et non pour leur propre consommation; dans toutes les colo- nies que nous connaissons, en effet, l'indigène dé- daigne absolument les langoustes. Pour certaines races même, ces crustacés sont « tabou »; aussi, non seulement les indigènes ne les consomment pas, mais ils ont même une certaine répugnance à les capturer. Il faut toute l'autorité de l'Européen sur eux pour qu'ils veulent bien en prendre quel- ques-uns. C'est ce qui existe, en particulier, en certains points des côtes de Madagascar. Fig. 4. — Panulirus dasypus Latreille. Nous avons indiqué, plus haut, les procédés très primitifs employés par les pêcheurs malgaches et ceux, un peu plus perfectionnés, utilisés par les créoles bourbonnais ; cela suffit pour montrer com- bien la production doit être limitée. Aussi, le jour très prochain, pensons-nous, où on voudra exploiler sérieusement cette magnifique richesse de notre colonie est-africaine, faudra-t-il s'adresser aux procédés de capture utilisés dans les mers d'Europe, c'est-à-dire les casiers et les trémails. 716 L A. GRUVEL — LES LANGOUSTES DES COTES DE MADAGASCAR Les premiers de ces engins ne pourront même, vraisemblablement, donner que des résullats mé- diocres, comme ils l'ont montré pour la pêche du Panulirus regius sur la côte mauritanienne. Les très longues antennes dont ces animaux sont por- teurs les empêchent, malgré toute la bonne volonté qu'ils peuvent y mettre, de pénétrer dans les ca- siers. En effet, la langouste marche toujours les anten- nes en avant pour tâter le terrain de- vant elle. Lorsque, attirée par l’appât qu'elle dans l'engin, elle cherche à pénétrer par l’ou- verture du casier, ses longues anten- nes viennent se placer dans les nombreux trous formés par les pa- rois ; elle se trouve ainsi empétrée et, après des tentati- ves infructueuses de pénétration, elle se borne à circuler à la surface de l’en- gin, sans jamais pouvoir y pénétrer, sauf de rares excep- tions. Nos propres es- sais avec la lan- | gouste royale et ceux, plus con- cluants encore, des pêcheurs langous- üers bretons, con- firment pleinement ce que nous venons de dire. sent Au contraire, en Fig. plaçantconvenable- ment des trémails dans les endroits où la langouste se tient de préférence, celle-ci, qui circule surtout pendant la nuit à la recherche de sa nourriture, grimpe le long des mailles du filet; ses longues an- tennes, ses paltes et son céphalothorax hérissés de nombreux piquants, se prennent dans les mailles, et plus elle cherche à se retirer, plus elle s'empri- sonne dans le filet, où on la capture avec la plus grande facilité, à la relève. C'est grâce à cette méthode très simple, mais 5. — Panulirus japonicus von Siebold. qui demande, cependant, une certaine habileté dans le placement et le calage des trémails, qu'on arrive à capturer, sur les côtes mauritaniennes, de 3 à 600 langoustes royales par jour et par bateau. Les langoustes de Madagascar, appartenant toutes au groupe des longicornes, comme celles de Mauritanie, doivent se capturer, vraisembla- blement, de la mê- me manière et pro- bablement en quan- tités au moins aussi considérables. Or, les indigènes, même avec les en- gins perfectionnés, sont,agissant seuls, parfaitement inca- pables d'obtenir de bons résultats, et il faudra nécessai- rement, le jour où on voudra se livrer à la pêche indus- trielle sur les côtes malgaches, avoir des contremaitres langoustiers euro- péens, qui feront la partie délicate de la pêche, c'est-à- dire le placement et le calage des tré- mails, laissant aux À indigènes, très ha- biles marins, Ja manœuvre des em- barcations, l’enlè- vementdeslangous- tes prises dans les filets, le transport à / terre, etc. / Sur place, la con- sommation de ces crustacés à l'état frais, limitée aux seuls Européens, se- ra toujours forcément restreinte et, par conséquent, insuflisante pour assurer le développement maté- riel d'une semblable entreprise. Il faut done, de toute nécessité, songer à l'exportation dans des pays de grande consommation , c'est-à-dire en Europe et surtout en France. Or, à ce point de vue, il ne faut pas songer, pour le moment du moins, au transport à l'état vivant, élant donnée la distance énorme qui sépare Mada- gascar de la Métropole et la température très éle- mt ET BE Le Sr D ma pd. A. GRUVEL — LES LANGOUSTES DES COTES DE MADAGASCAR vée des eaux qu'il faudrait faire traverser à ces animaux, malgré tout assez délicats. Il ne reste donc plus à envisager que deux moyens : ou le transport en chambres froides, ou la mise en boîtes, comme cela se pratique aux envi- rons de Cape-Town. Dans le premier cas, nous ne voyons, quant à nous, aucune impossibilité matérielle pourle trans- port des langoustes malgaches en France. Nous avons montré, en effet, ailleurs, que si l’on prend la précaulion de faire cuire une langouste, comme si elle devait être consommée immédiatement, si on la laisse refroidir lentement et qu'on la place dans une chambre froide, maintenue régulièrement entre — 1 et — 2% centigrades, on peut la con- server, en parfail état de fraicheur et de vente, pendant un temps considérable, très suffisant pour permettre le transport de Madagascar en France et attendre la vente, soit, environ, en tout, pendant un mois et demi au maximum. Mais ce crustacé, arrivant mort et refroidi sur le marché français, avec un aspect tout différent de celui de nos langoustes ordinaires, ne pourra être vendu, s'il trouve acquéreurs suffisants, qu'à un prix très bas, hors de proportion avec le prix de revient(pêche, transport etintermédiaires compris). Cette langouste sera boycottée plus encore que ne le fût, à ses débuts, la malheureuse langouste royale qui, pourtant, arrivait vivante, et il est probable qu'après quelques essais, financièrement déplo- rables, les promoteurs de l'affaire seront obligés, par la force même des choses, de l'abandonner, à moins qu'ils n'aient les moyens finan:iers et... la patience commerciale d'attendre des jours meil- leurs, auquel cas le succès pourrait venir. Mais où trouvera-t-on, chez nous, ces oiseaux rares? En tout cas, nous ne conseillerons jamais à des Francais une semblable entreprise ! 717 Il ne reste donc plus à envisager que le dernier et seul moyen qui nous paraisse, dans l’état actuel des choses, pratiquement réalisable : c’est la mise en boîtes soudées de ces crustacés, comme elle se pralique au Japon et dans l'Afrique australe. Il serait facile, et en somme peu onéreux, d'éta- blir une usine de préparation de conserves, soit à terre, en un point convenablement choisi, soit mieux sur un navire ad hoc, d'avoir des contre- maitres pêcheurs et préparateurs et d'utiliser, en outre, la main-d'œuvre indigène pour toutes les parties de la production et de la préparation où elle pourra l'être. Les boîtes préparées au naturel, en utilisant seu- lement la partie musculaire de l'abdomen et de la base des grandes antennes, sont facilement trans- portables, à bord de n'importe quel navire, et leur consommation actuelle est tellement considérable que la production est, de beaucoup, loin de suffire à la demande pour les pays européens, comme, et surtout, pour l'Amérique du Sud. Une affaire organisée dans ce sens, pralique- ment et financièrement bien conduite, serait abso- lument assurée d’un succès complet. Nous savons qu'en France cetle idée a été déjà mürement envisagée et étudiée, et nous espérons qu'une fois de plus nous ne laisserons pas, comme nous savons cependant si bien le faire dans nos propres colonies, les étrangers s'emparer de cette idée, pour la mettre en pratique et croquer les mar- rons que nous avons essayé de tirer du feu pour nos seuls nationaux. Qu'iln'ensoitpas pour l'exploitation des richesses carcinologiques de Madagascar, ce qu'il en est pour celle des grands cétacés sur nos côtes du Gabon : c'est là le vœu par lequel nous terminerons cette étude! A. Gruvel. 718 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX BIBLIOGRAPHIE ANALYSES 4° Sciences mathématiques Bioche (Ch.}, Professeur au Lycée Louis-le-Grand. — Histoire des Mathématiques. — 1 vo/. 11-12 de 92 p. (Prix : 4 fr. 75.) Belin frères, éditeurs. Paris, 1914. Ce petit livre est spécialement écrit pour les per- sonnes qui n'ont guère poussé leurs études mathéma- tiques au delà des é/éments, assez exactement détermi- nés par le programme du baccalauréat; il leur montre, d’une manière claire et précise, le développement pro- gressil des Mathématiques, l’évolution des idées, les résultats généraux auxquels sont parvenus les géo- mètres; il leur permet de faire comme une revue de leurs connaissances mathématiques, d'en mieux saisir l’enchainement, la portée, et, pour queiques-uns, ce peut être un encouragement à aller plus loin. M. Bioche insiste sur la différence essentielle qui existe entre l'esprit des mathématiciens anciens et celui des modernes: les premiers ont surtout fait de la Géométrie; ils ont trouvé des solutions, souvent remar- quables, pour les questions qui se sont présentées suc- cessivement, sans se préoccuper d'idées générales. Après la léthargie du moyen âge, l'ère nouvelle apparaît; on se livre à des considérations abstraites, on crée des théories et des méthodes générales, d’une puissance insoupçonnée. Sur ce terrain parfois un peu difficile, le professeur n'oublie pas que ses lecteurs peuvent avoir besoin d'être guidés; c’est ainsi qu'il expose le principe du calcul à l’aide duquel Newton cherchait à identifier la pesanteur avec l’attraction de la Terre sur la Lune; à ce propos, il montre comment un progrès réalisé dans une branche de la science peut profiter aux branches voisines : le calcul de Newton laissait des doutes, quand Picard put évaluer le rayon terrestre avec plus d’exactitude qu'on ne l'avait fait jusque-là; le calcul de Newton est repris, l'identité cherchée apparaît manifeste et il n’y a qu'un pas à faire pour énoncer la merveilleuse loi de la gravitation universelle. C’est ainsi encore que la considération d'équations élémentaires permetde se faire uneidée de la si féconde théorie des transformations analytiques. Et d'autres que les débutants pourront parcourir avec intérêt le livre de M. Bioche, peut-être y apprendre quelque chose, par exemple que ce n’est pas au génial auteur des « Pensées » qu'est dù le triangle arithmé- tique ou le limaçon de Pascal. [ne pouvait y avoir place pour des détails sur la vie des divers géomètres; mais cent vingt-cinq d’entre eux sont cités avec indication de l'époque où ils ont vécu; l'historien s'est montré érudit consciencieux autant qu'excellent pédagogue. L'ouvrage est divisé en onze chapitres. Les deux pre- miers envisagent les Mathématiques dans l'Antiquité, avant et après l'ouverture de l'école d'Alexandrie, vers 300 avant notre ère; les Grecs depuis Thalès, Pytha- gore, jusqu'à Euclide, Appollonius, Archimède amènent la Géométrie à une véritable perfection. Les chapitres III et IV sont consacrés au moyen âge et à la Renaissance; les travaux des Indous, des Arabes, des Européens du xu1° siècle préparent l'avènement de l'ère nouvelle. Ici, peut-être regrettera-t-on que ce qui concerne la numération des Arabes n'ait pas été exposé avec plus de détails. Dans les chapitres V, VI, VIT, nous assistons à Ja naissance et à l’admirable développement des disci- plines qui ont si profondément transformé les sciences mathématiques, Algèbre, Géométrie analytique, Cal- cu! infinitésimal, avec les géomètres les plus illustres, ET INDEX depuis Viète, Descartes, Leibnitz et Newton jusqu'à Euler, d'Alembert, Lagrange. Le chapitre VIII est consacré à la Géométrie du xvn® et du xvrrre siècle, celle de Desargues, Pascal, Maclau- rin, Monge, Lazare Carnot. Au chapitre IX, Ze XIX* Siècle, la variété et l’impor- tance des matériaux oblige l’auteur à se limiter pour ne pas sortir de son cadre; les principales conquêtes de la science sont pourtant indiquées. Les chapitres X et XI sont consacrés à l’Astronomie, dont M. Bioche a voulu mettre à part le prodigieux développement, depuis les observations des Chaldéens et des Egyptiens jusqu'aux découvertes d'Herschell et de Leverrier; et ce n’est pas la partie Ja moins intéres- sante de l'ouvrage. A. DE SAINT-GERMAIN. Vaucher (Alphonse). — Théorie mathématique de: l'échelle musicale. — 1 vo/. in-8 de 68 pages, avec 3 tableaux. (Prix :2 fr. 25.) Gauthier-Villars, éditeur. Paris, 1913. Depuis quelques années, il a paru sur la gamme et les différentes échelles musicales un certain nombre de travaux fort intéressants. M. Gandillot, dans un ouvrage considérable, M. Auglas, dans son traité d'acoustique, M. Marnold, dans le recueil de la Société internationale: de Musique, se sont occupés de cette question, chacun à un point de vue différent. M. Bouasse, professeur de Physique à l’Université de: Toulouse, a publié sur le même sujet des études cri- tiques tout à fait curieuses ; enfin le Recueil des cons- tautes de la Société française de Physique contient plusieurs tableaux permettant de comparer les diverses, gammes. C'est dire que le travail de M. Alphonse Vaucher arrive à son heure. Pourra-t-il mettre d'accord les musiciens et les phy- siciens ? Je le souhaite, sans y croire beaucoup; c'est, du reste, une tâche qu'avait déjà entreprise un musi- cien, doublé d'un physicien, le docteur Guillemin, mort il ya quelques mois. La méthode employée par l'auteur pour cette étude consiste à établir tout d'abord les relations mathéma- tiques des intervalles entre eux, sans rien préjuger sur le rapport numérique des vibrations des sons extrêmes. En dehors de tout autre avantage, cette méthode a celui de définir d’une manière précise les divers intervalles de l'échelle musicale. Mais elle ne montre pas seulement, par exemple, en quoi l'on peut distinguer une quarte augmentée d'une quinte dimi- nuée: elle fait ressortir, d'une manière plus générale, d'où proviennent les nombreuses contradictions ren- contrées chez divers auteurs. Cette brochure, accompagnée de trois planches hors. texte, s'adresse à tout mathématicien qui s'intéresse à la musique et à tout musicien ne dédaignant pas le côté théorique de son art. D' MARAGE. Cordier (Commandant F.). — Les Machines à vapeur.— 1 vol. in-18° de 398 pages, avec 124 figures. (Prix : 5 fr.) Octave Doïn et fils, éditeurs. Paris, 1914. L'ouvrage est divisé en six titres, subdivisés en un certain nombre de chapitres dont chacun comprend plusieurs articles : la table des matières, qui récapitule l'en-tête des titres, des chapitres et des articles, pré- sente aux yeux un tableau complet de toute la subs- tance du livre et témoigne du grand savoir de l’auteur et de laméthode rigoureuse avec laquelle ila traité son BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 719 ———_—…—…—…—…—…—…—…—"…—…—…—…—…" …—"—……—…—…—…—…—…"—…—…—…—…—…—…—…—…—…————————————…— ——…—…——…—….…….….……—…——_——…—…———…—————__—_———_————…—…———..——— vaste sujet. Nous ne reproduirons que l'énoncé des six titres. Titre |. — Principes généraux. Titre IL. — Généralités sur les machines à vapeur. Titre If. — Les machines à vapeur au point de vue thermique. Titre IV. — Les machines à vapeur au point de vue dynamique. ; Titre V. — Dispositions générales des machines. Titre VI. — Essais des machines à vapeur. Ce sont les titres III et IV qui ont recu les plus grands développements. Le rôle des enveloppes, de la sur- chauffe et des détentes en cascade est étudié et discuté d'une manière très rationnelle, qui aurait toutefois asnéàs’inspirer davantage de la théorie expérimentale e Hirn. Le point de vue dynamique est traité large- ment ; les effets d'inertie, les réactions du bâti, la régu- larisation du mouvement de l'arbre moteur, l’action du volant, etc., sont l’objet d’une attention spéciale, ainsi que les épreuves des machines, par l'examen desquelles se termine le livre. AIMÉ WiTz, Correspondant de l'Institut. 2° Sciences physiques Thomson (Sir J.-J.) — Rays of positive elec- tricity and their application to chemical Ana- lyses. — 1 vol. in-8° de 132 pages avec 50 figures. (Prix : G {r. 25.) Longmans, Green and C°. London, 4943: : On sait que le nombre des rayonnements variés dont les tubes à vide sont le siège est assez élevé. La plupart de ces rayonnements sont matériels et trans- portent des charges électriques; tels sont les rayons cathodiques. D'autres se propagent dans l'éther comme les rayons X. La monographie du professeur J.-J. Thomson résume nos connaissances sur les rayons positifs, c’est-à-dire sur les rayonnements matériels des tubes à vide transportant des charges positives. Les plus anciennement connus de ces rayons ont été découverts par Goldstein et appelés par lui «rayons canaux ». Ils prennent naissance sur une cathode percée de trous et frappée par l’afflux anodique; ils se propagent en ligne droite derrière elle et sont formés de projectiles ayant des dimensions atomiques. Déjà étudié par bien des physiciens, ils ont été, depuis quelques années, l'objet d’une étude approfondie de la part de J.-J. Thomson, qui a remarquablement précisé leur nature et leurs propriétés. L'emploi combiné de la plaque photographique et de l’électromètre comme appareils explorateurs lui a permis de compter les particules, de comparer leur charge, leur masse et leur vitesse. L'application simultanée d’un champ électrique et d’un champ magnétique facilite leur séparation et permet d'obtenir de véritables spectres. On peut ainsi se faire une idée de la complexité inattendue des groupements atomiques qui portent les charges électriques et faire toute une chimie nouvelle des tubes à vide. J.-J. Thomson croit en particulier avoir démontré l'existence de la molécule H*. Les particules qui constituent les rayons canaux émettent de la lumière; et, à cause de leur grande vitesse, les ondes émises doivent présenter l'effet Doppler. C’est en effet ce que l’expérience a montré à M. Stark et un chapitre est consacré à l'étude de ce phénomène. Il n'est peut-être pas inutile d'ajouter que cette découverte a conduit récemment M. Stark à celle de l’analogue électrique du phénomène de Zeeman. Les rayons canaux sont, pour la plus grande part, chargés positivement. Une partie cependant transporte des charges négatives ou nulles et J.-J. Thomson en donne une explication assez satisfaisante. Une explica- tion analogue permet de comprendre l'émission par les cathodes de rayons de même sens que les rayons cathodiques et chargés positivement (rayons positifs dits « de J.-J. Thomson »). Enfin, MM. Gehrcke et Reichenheim ont découvert les rayons anodiques, c'est-à-dire des rayons positifs émis par certaines anodes de tubes à vide. Ce sont encore des flux de particules de dimensions atomiques, et un chapitre leur est également consacré. Si l'on ajoute que ce sujet si plein d'actualité est traité avec la clarté et l'originalité qui caractérisent les écrits du professeur J.-J. Thomson et en rendent la lecture aussi attrayante que celle d’un roman, nous aurons résumé les principales raisons qui permettent de recommander la lecture de cel ouvrage. EocÈNE BLocx, Professeur au Lycée Saint-Louis. Les Classiques de la Science, publiés sous la direction de MM. H. Agranam, H. GauTIER, H. LE CHATELIER, J. Lemaire. — I. L'air, l'acide carbonique et l’eau. Mémoires de Dumas, Sras et BoussiNGauLr. 1 vol. in-8° éeu de 104 pages, avec 4 planches. (Prix : 1 fr. 30.) — II. Mesure de la vitesse de la lumière. Etude optique des Surfaces. Mémoires de Léon Foucaurr. 1 vol. in-8° de 123 pages, avec 3 planches. (Prix : 4 fr. 30.) — III. Eau oxygénée et ozone. Mémoires de THÉNARD, SCHOENBEIN, DE MARIGNAC, SORET, TROOST, HAUTEFEUILLE, CHapuis. 1 vol. in-8° de 111 pages. (Prix : 1 fr. 20.) — IV. Molécules, atomes et nota- tions chimiques. Mémoires de Gay-Lussac, AvoGa- DRO, AMPÈRE, Dumas, GAUDIN, GERHARDT. 1 vol. de 116 pages, avec 1 planche. (Prix : 1 fr. 20.) — Armand Colin, éditeur. Paris, 1914. Ainsi qu'ils nous en avertissent, les promoteurs de cette publication se sont proposés de rendre acces- sible au plus grand nombre la lecture des mémoires fondamentaux dus aux savants français et étrangers qui ont ouvert les grands chapitres de la Science. Cette accessibilité n'existe certainement pas à l'heure actuelle. Les mémoires en question sont en effet dis- séminés dans les recueils scientifiques les plus divers, et s’il existe quelques bibliothèques où l’on trouve la collection presque complète de ces recueils, celles-ci sont fort peu nombreuses et d’ailleurs monopolisées par les très grandes villes. Ajoutons qu'elles ne sont point ouvertes à tout venant et qu'en outre la multi- plicité des recueils est très embarrassante pour celui qui ne sait pas exactement où fut publié le mémoire dont il veut prendre connaissance. Aussi voit-on cou- ramment des écrivains scientifiques montrer dans leurs publications l'ignorance la plus étonnante des Mémoires auxquels ils se réfèrent. Ils s’en rapportent à ce qu'en disent d'autres auteurs qui ne les ont pas vus plus qu'eux, oubliant qu'après un passage au tra- vers d’une série d'individus, dont les aberrations sont loin de se compenser, il ne peut rester d'un mémoire, qu'une image absolument déformée. Aussi n'est-il pas surprenani qu'il se soit glissé dans l'enseignement nombre de propositions que l'on qua- lifierait de puériles ou d'inexactes si l’on ne craignait, ce faisant, de blasphémer le grand nom dont on les croit signées; en réalité, elles sont le fruit d'incom- préhensions successives imputables à des auteurs trop peu curieux. La publication des Classiques de la Science amènera certainement une diminution dans le nombre de ces défectuosités, rendant ainsi un service signalé à la cause de l'instruction générale. Ce ne sera pas le seul; un traité expose les faits avec sécheresse, tout à côté est supprimé radicalement; le résultat ainsi obtenu n'est pas sans utilité; néan- moins, bien qu'une poutre équarrie se prête à divers usages, elle ne donne qu'une médiocre idée de la splendeur d'un arbre qui porte des rameaux et des feuilles. Dans ses mémoires, le véritable savant sème une foule d'idées intéressantes et suggestives; on ne retrouve plus celles-ci dans les manuels, et c'est pourquoi la lecture des mémoires est à recommander non seulement à ceux qui enseignent, mais encore à BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX ceux qui étudient. Les jeunes gens, en particulier, tireront un grand parti de ce genre de lectures, à condition d'être guidés par un professeur qui, tout en leur apprenant le respect des maîtres, ne pro- clamera pas l’infaillibilité de ceux-ci. Le premier volume des Classiques de la Science ren- ferme des mémoires de Dumas, Stas et Boussingault sur la composition de l'air, du gaz carbonique et de l’eau. Je sais bien qu'il s’agit ici de tout autre chose que d’un traité; néanmoins, puisqu'on nous annonce les mémoires de Lavoisier sur l'air et l’eau, j'aurais préféré voir rassemblés en un même petit volume les deux mémoires relatifs à l’eau, auxquels on aurait joint celui de Morley; l'air aurait fait l’objet d'un autre fascicule. On suivrait ainsi plus facilement les progrès réalisés dans l'étude d’une même question et, tout en établissant que Dumas ou Lavoisier ont ouvert la voie, on aurait montré de suite, ce qu'on oublie trop souvent dans l’enseignement secondaire, que la science n’est pas restée figée depuis ces grands sa- vants. Le volume IT renferme des mémoires de Foucault relatifs à la vitesse de la lumière et à l'étude optique des surfaces; le volume III à trait à l’eau oxygénée et à l'ozone; on y trouve entre autres le mémoire si inté- ressant de Soret; le volume IV est relatif à la notation chimique, aux atomes et aux molécules, On y trouve réunis les mémoires d'Avogadro, Ampère, Gaudin, et d'importants extraits de Dumas et de Gerhardt. Mais ici la personnalité si marquée de celui qui a choisi ces extraits à laissé son empreinte; si quel- qu'un voulait refaire l’un des volumes I, IT ou II, il lui suffirait presque d’en connaître les titres. Pour le volume IV il n’en serait pas de même. Ajoutons qu'on y chercherait en vain un extrait du New System of Chemical Philosophy de Dalton, et c’est dommage; car ce livre, fort rare, fait probablement mieux comprendre les idées de ce savant que tous les traités de Chimie actuels. L'auteur du volume IV, qui voit en Avogadro le père de nos atomes actuels, ne partagerait-1l pas l'opinion générale que résume cette phrase de Dumas : Dalton, « l'illustre fondateur de la théorie atomique » (vol. I, p. 8). Les volumes que j'ai sous les yeux sont fort bien imprimés, très lisibles, et d’un bon marché excep- tionnel grâce au désintéressement des auteurs qui, dans un but d'intérêt général, ont assumé gratuite- ment une tâche considérable et plus ardue qu'il ne semblerait au premier abord. R. LESPIEAU, Professeur-adjoint à la Sorbonne. Ullmann (F.). — Travaux pratiques de Chimie organique. l'raduit de l'allemand par R. CoRNUBERT. 2e édition française. — A vol. in-8°, de xn-262 pages, avec 26 figures. (Prix : 7 fr. 50.) Dunod et Pinat, éditeurs. Paris, 1913. L'auteur, qui a été pendant plusieurs années l’assis- tant du professeur Graebe au Laboratoire de Chimie organique de l’Université de Genève, y a enseigné à quelques générations d'étudiants la préparation des substances organiques, et c’est le fruit de cette pra- tique qu'il a consigné dans le présent volume. Celui-ci débute par une partie théorique, consacrée aux diverses méthodes qui permettent d'effectuer les opérations courantes : nitration, sulfonation, halogé- nation, réduction, oxydation, alcoylation, saponifica- tion, etc., où l’auteur fait ressortir les avantages et les inconvénients de chaque méthode et celle qui paraît le mieux appropriée à un cas spécial. Après un chapitre relatif à l'analyse organique, l’au- teur donne, dans une seconde partie, 66 préparations d'exercice portant sur un certain nombre de corps importants ou typiques de la Chimie organique et dont plusieurs s’enchaïnent les unes les autres. À signaler une préparation obtenue par voie électrochimique et une autre réalisée sous l’action calorifique du courant. Ce petit livre, dont une 2° édition a consacré la valeur, rendra de nombreux services aux étudiants des laboratoires de Chimie. L°UB. 3° Sciences naturelles Martonne (Emm. de), Professeur à l'Université de Lyon, Chargé de cours de Géographie à la Sor- bonne. — Traité de Géographie physique. Climat. Hydrographie. Relief du sol. Biogéographie. 2e édition, revue et augmentée. — 1 vol. gr. in-8° de xn-924 pages, avec 400 figures, 52 planches de reproductions photographiques hors texteet2grandes cartes en couleurs. (Prix : 22 fr.) Librairie Armand Colin. Paris, 1913. Il serait superflu de faire aujourd'hui l'éloge du Traité de Géographie phvsique de M. Emm. de Mar- tonne : ce livre, devenu classique dès son apparition, est, en effet, le manuel indispensable à consulter, l'instrument de travail qui se trouve dans toutes les mains, aussi bien parmi les étudiants que chez les professeurs. Son succès si rapide a conduit l’auteur, après moins de quatre ans, à nous en donner une deuxième édition, qui diffère de la première‘ non seu- lement par un certain nombre d'améliorations d'ordre matériel, telles que l'introduction de figures et de planches nouvelles, mais surtout par la revision atten- tive du texte, — dont certaines parties ont été reprises presque en entier, — et par l'addition, aux notes biblio- graphiques qui terminent les chapitres successifs, de références achevant de mettre à jour ces listes, si pré- cieuses pour les travailleurs. En dehors des passages touchant aux questions de Géographie mathématique, dont la forme a souvent été retouchée pour en rendre la doctrine plus sûre ou l'intelligence plus facile, ce sont les deux sections con- sacrées à l'Hydrographie et au Relief du sol qui ont subi les remaniements les plus importants. Les pro- grès récents de l'Océanographie ont amené la refonte complète de plusieurs chapitres. Enfin, comme on pouvait s’y attendre de la part de M. de Martonne, la discussion des faits et des hypothèses concernant l’ac- tion des glaciers sur leur lit a été l’objet de soins par- ticuliers. Tel qu'il est, ce Traité de Géographie physique con- stitue, d’ailleurs, le seul ouvrage en langue française où l’ensemble des matières réunies sous cette étiquette soient abordées simultanément, et avec un louable souci des proportions®. Il est donc appelé à jouer, chez nous, un rôle comparable aux Grundzüge der physis- chen Erdkunde du professeur Alex. Supan, qui se meuvent à peu près dans le même cadre, et qui, de- puis 1885, ont eu déjà cinq éditions. Ce n’est pas que sa lecture doive toujours dispenser de recourir à des ouvrages embrassant un champ moins étendu, comme les suggestives Lecons de Géographie physique d’Al- bert de Lapparent (qui représentent, en réalité, un traité de Morphologie terrestre), les Z/éments de Topo- graphie du colonel Crouzet ou le Traité élémentaire de Météorologie de M. A. Angot, par exemple; mais on trouverait difficilement, ailleurs, un exposé aussi com- plet etaussi bien informé du faisceau de connaissances relatives au sol, à l'air et à l’eau qui, bien que culti- vées, en fait, par des savants de professions diffé- rentes : physiciens, astronomes, topographes, géo- logues, naturalistes, — continuent à être groupées sous ce vocable, quelque peu flottant, de « Géographie phy- sique ». Ces tendances encyclopédiques, qu'il devient chaque jour plus difficile de satisfaire, par suite de la spécia- SUN SRE ER 1 Voir le compte rendu de la 1r° édition, par Ph. Glan- geaud, dans la Revue générale des Sciences, t. XXI, 1910, p. 124-195. ? On peut s'étonner que l'auteur ait laissé à peu près entièrement de côté l'étude du Magnétisme terrestre et la Séismologie. lisation croissante qui se fait sentir dans tous les ordres de recherches, ces tendances constituent d'autre … part, il faut bien le reconnaître, un écueil sérieux pour es représentants actuels de la Géographie scientifique; et c’est surtout en abordant l'étude des problèmes qui É sont du ressort de la Biologie que le danger de la com- …pilation purement verbale est à redouter. S'il est indis- … pensable que les botanistes et les zoologistes, en atta- quant les questions de ce genre, s’imprègnent de l'esprit “et des méthodes qui constituent peut-être, en dernière analyse, le véritable objet de la Géographie, n'est-il pas illusoire, au contraire, pour les géographes pro- fessionnels, de chercher à devenir naturalistes et de prétendre faire œuvre originale en ce domaine si pro- digieusement complexe? Les faits de distribution sont, en grande partie, des faits d'évolution examinés dans l'espace, à un moment donné de l'histoire des êtres qui est l’époque où nous vivons; ne serait-il pas pro- fondément irrationnel d'en séparer l'analyse de celle des faits d'évolution considérés dans le temps, c’'est- à-dire de la Paléontologie? Muis laissons-ià ces querelles de limites : après tout, peu importe d’où nous vient la lumière, pourvu qu'elle éclaire notre route. Reconnaissons, avec tous ceux qui se sont servis de ce livre, que le Traité de M. de Mar- tonne est venu combler une lacune très sensible de notre littérature scientifique. Et remercions du même coup la Librairie Armand Colin qui a, suivant son habitude, apporté tant de soins à la présentation maté- rielle de ce beau volume. EN. DE MARGERIE, Ancien Président de la Société Géologique de France. Maurel (D: E.), Professeur honoraire à la Faculté de Médecine de Toulouse. — Essai sur l'alimentation dans les sports. — | vol. in-8° de 80 pages. (Prix : 2 {r. 50.) O. Doin, éditeur. Paris, 1914. - A peine le professeur Maurel a-t-il terminé la publi- cation de son volumineux Traité de l'Alimentation qu'il fait paraître en une manière d’addendum un Essai sur l'Alimentation dans les Sports. Le sujet est d'actualité et M. Maurel était désigné plus que qui- conque pour mettre en lumière le fait que, si les exer- cices physiques ont pour but l'amélioration de la race, ils n'y parviendront que si l'individu s'y adonne mé- thodiquement, scientifiquement. La surveillance médicale s'impose dans les centres sportifs; au médecin il appartient de réglementer la graduation des sports suivant l'entrainement du sujet, d'adapter surtout son alimentation à ses besoins. La balance présidera à ce rôle; une des conditions indispensables pour que le sport soit utile est que le sujet reste à son poids normal s'il y était déjà, et qu'il y soit ramené s'il n'y était pas. L'alimentation doit donc faire face aux dépenses d'entretien et à celles du sport; les premières relèvent de la physiologie gé- nérale; il importait donc de déterminer les secondes. M. Maurel fait cette évaluation séparément pour les sports musculaires (escrime, boxe, sports athlétiques, marche); pour les sports de rayonnement (vie au grand air, navigation, ski, patin, automobile, aéronautique, navigation); pour les sports mixtes enfin (course, alpi- nisme, cyclisme, équitation, canotage). Pour ce qui est des sports musculaires, la plus grande partie des dépenses qui leur correspond peut être appréciée par le travail utile produit: la ration supplémentaire sportive — étant donné que le rende- ment est de 20 °/, environ — doit donc être équiva- lente à cinq fois ce travail utile produit. Dans les sports de rayonnement, les dépenses re- lèvent d'influences variables : température et humi- dité de l'atmosphère, vitesse du vent, vêtements desujet, et M. Maurel d'exposer à ce propos les recherches expé- rimentales qui lui sont personnelles, et de faire remar- quer à juste titre que les dépenses de cet ordre sont exactement couvertes par une quantité d'aliments don- nant le même chiffre de calories, sans qu'il soit besoin de multiplier par 5 comme précédemment. D a BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 721 Dans les sports mixtes, les dépenses musculaires s'ajoutent aux dépenses dues au rayonnement; l'ali- mentation doit y pourvoir. M. Maurel consacre un certain nombre de pages à la détermination des aliments de choix dans chacun des sports, et il indique particulièrement, dans le cas des sports musculaires, le sucre, le café, les fruits secs; dans celui des sports de rayonnement, les corps gras, le pain, les œufs. Si, pour terminer, nous disons qu'aux yeux de l’au- teur le régime lacto-ovo-végétarien constitue le régime indiscutable d'endurance sportive et que la décoction légère de café est en réalité la boisson de choix, on se rendra compte que l'ouvrage de M. Maurel n’est pas seulement théorique, mais que son côté pratique en impose la lecture à tous ceux qui, soucieux de leur santé, s'adonnent aux exercices physiques, à Monsieur tout-le-monde en un mot, qui, souvent comme M.Jour- dain, fait plus ou moins de sport, sans le savoir. J. GAUTRELET. 4° Sciences diverses Zacon (L.), Znspecteur du travail, et Lefebvre (René), /nspecteur technique à la Cie d'assurance La Prévoyance. — Manuel pratique de prévention des accidents du travail. — 1 vol. iu-8 de 154 pages, avec 130 figures. (Prix : 4 fr.) Les Editions techni- ques, 18, boulevard Beaumarchais. Paris, 1914. En dehors de la question de droit, on a peu écrit sur les accidents du travail. Tout ce qui a paru en ce sens est dispersé dans une foule de revues techniques, les- quelles ne traitent des accidents qu'à titre excep- tionnel. Cela tient à plusieurs raisons. En premier lieu, le nombre des personnes réelle- ment compétentes en cette matière est peu élevé ; les méthodes de prévention varient d’une industrie à l’autre, et même parfois d’une usine à l’autre, car l'accident du travail tient à des conditions infiniment variables, en dehors des précautions de principe : éclai- rage, espace autour des machines, forme du salaire, instruction professionnelle des ouvriers, action des surveillants, etc. Il existe une foule de médecins, de professeurs, qui, sans être spécialisés, ont des connaissances profondes en matière d'hygiène professionnelle et s’y intéressent. Pour la prévention des accidents du travail, nous avons seulement quelques ingénieurs et les inspecteurs du travail. Je dis quelques ingénieurs, car la plupart, en- traînés dans ce tourbillon qu'est la lutte pour la con- currence, exercent leur sagacité bien plus à augmenter le rendement des machines qu’à diminuer le risque accident. Et cependant il n’est pas douteux que, s’il était dépensé autant d'ingéniosité à rendre des méca- nismes moins dangereux qu à faire d’eux des organes de plus en plus dociles de la production, nous n’aurions pas à enregistrer un nombre aussi élevé d'accidents. En 1912, on a compté en France près de 500.000 acci- dents, un pour dix ouvriers; sur ce nombre, il y a eu 2.500 morts et plus de 6,000 incapacités permanentes. Le coût de l'assurance s’est élevé à plus de cent mil- lions cette année-là ! Ces chiffres n’ont-ils pas une éloquence qui leur est propre et ne doit-on pas travailler à les réduire? Aussi faut-il savoir gré à ceux qui s’essayent à la tâche ingrate de nous éclairer sur les dangers des machines et des manutentions industrielles. C’est un travail de ce genre-là qu'ont fait MM. Zacon et Lefebvre, bien qualifiés l’un et l’autre par leurs con- naissances spéciales. Leur livre n’a aucune prétention à l’universalité, il n’est même pas très volumineux. Ils ont étudié les causes les plus connues d'accidents évitables et se sont efforcés de montrer comment on pouvait les éviter. Ce livre est écrit simplement, à la portée de toutes les intelligences, et de nombreuses gravures en illustrent le texte. P. Bouin, Inspecteur divisionnaire du Travail. | 19 LS ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES _ ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Séance da 6 Juillet 191%. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. G.-J. Rémoundos : Sur les séries de fonctions et,les singularités des équa- tions différentielles. — MM. Th. de Donder et ©. de Ketelaere Sur le champ électromagnétique de Maxwell-Lorentz et le champ de gravilation d'Einstein. — M. P. Chofardet adresse ses observations de la nouvelle comète 1914 c (Neujmin), faites à l'Observa- toire de Besançon. — M. C. Beauvais montre que les rouages des horloges ne suivent pas exactement les oscillations des balanciers, et qu'elles ne peuvent donner l'heure qu'à un centième de seconde douteux. Le mouvement des balanciers est au contraire très régulier et peut commander des signaux électriques avec la précision du millième de seconde. 20 SCIENCES PHYSIQUES. — M. G. Le Bon montre que les conclusions que M. Einstein a déduites du principe de relativité sur l'énergie intra-atomique sont fort voisines de celles auxquelles il est arrivé jadis par une autre voie. — M. L. Brillouin rattache directement par des formules la viscosité des liquides à l'agitation de rayonnement thermique et au coefficient d'absorption qui résulte lui-même des fluctuations dues à cette . même agitation. — M. A. de Gramont a reconnu que, si, dans des sources de températures différentes, les raies d’un élément ne conservent pas la même sensi- bilité, les raies ultimes sont en tout cas comprises parmi un très petit nombre de lignes, déjà de grande sensibilité avec l’étincelle condensée. Les raies de sen- sibilité maximum sont d'autant moins réfrangibles que la température (ou l'énergie) de la source est moins élevée. — M. C. de Watteville décrit un dispositif pour l'étude du spectre de l’auréole de vapeur métallique qui se produit après la décharge d'une étincelle élec- trique entre deux conducteurs, — M. H. K. Onnes montre que le temps de persistance d’un courant une fois établi dans un circuit supraconducteur et aban- donné à lui-même sans f.6.m. peut devenir si grand que le courant devient pratiquement permanent. — M. G. Brañas présente un microradiographe pour la réceplion et l'enregistrement des signaux de t.s.f. par un appareil Morse. — MM. H. Abraham, A. Dufouret G. Ferrié décrivent une méthode de mesure directe de la durée de propagation des ondes de t.s.f. à la surface du Globe. D'après les résultats obtenus, ces ondes se propageraient avec une vitesse apparente légèrement inférieure à la vitesse de la lumière. — M. Boulouch poursuit l'étude des propriétés des systèmes de dioptres de révolution autour d'un même axe. — M. L.G. Stokvis montre comment se forment les harmoniques 3 dans les alternateurs par suite du déséquilibrage des phases. — M. Abonnenc à constaté que la courbe de sensibilité du sélénium à la lumière dépend du °/, de tellure que renferme le sélénium. Te joue probable- ment par rapport à Se le rôle du phosphorogène par rapport aux corps phosphorescents. — M. R. Wallach a déterminé la susceptibilité magnétique de différentes rariétés de sesquioxyde de fer, et sa variation avec la température jusqu'après transformation. La faible sus- ceptibilité de l’oxyde transformé est presque atteinte avant la transformation. — M. A. Portevin a reconnu que la mise en solution du carbone des aciers par chauffage est loin d'être un phénomène instantané. L'élévation de température et de durée de chauffage avant trempe accroissent la résistivité de l'acier trempé, soit en modifiant l'équilibre final, soit en agissant sur la vitesse de réaction. — M. P. Chevenard montre que l’amplitude de l’anomalie réversible des aciers au Ni est directement proportionnelle à la quantité du com- posé Fe?Ni contenu dans l’alliage. L'amplitude de la transformation irréversible est proportionnelle à la teneur en fer libre de l’alliage. — M. H. Guilleminot a observé que le coefficient de diffusion des rayons X par les substances à poids atomiques légers est à peu près le même pour tous les faisceaux X monochroma- tiques; tout faisceau X est approximativement réduc- tible à un certain nombre d’exponentielles convena- blement choisies de place en place dans la gamme spectrale. — MM. A. Kling, D. Florentin et P. Huchet ont reconnu que, durant les 24 heures qui suivent leur préparation, les solutions vertes de sulfate de chrome ne contiennent les radicaux sulfuriques qu'à l’état dissimulé; au bout de ce temps, apparaissent des radi- caux non dissimulés, dont le nombre s'accroît avec l'âge de la solution. Ces solutions tendent vers un état d'équilibre, fonction de la température et de la concen- tration.— MM.L. Tschugaeff et W. Chlopine, en trai- tant les sels de Ni par un mélange d’hydrosulfite et de nitrite de Na, ont obtenu deux sels de Ni monovyalent : un violet, qui paraît être SOSNi.AZH.SOSH. »H°0, et un bleu, qui serait l’hydrate de Ni correspondant. — M. A. Villiers montre que le sulfure vert de Mn estdu sulfure à son degré le plus grand de condensation. En précipitant les sels de Mn au voisinage de 100, et en laissant digérer au bain-marie, on obtient toujours du sulfure vert. On peut donc facilement doser Mn sous cette forme. — M. J. Joannis a ob:ervé que le cuivre à 200° comme à 300° est d’abord oxydé par le gaz ton- nant; l’oxyde formé est un catalyseur pour le gaz tonnant. CuO à 300° provoque la combinaison pour ainsi dire totale du gaz tonnant. La tension de la vapeur d’eau formée semble avoir un grand rôle dans la catalyse. — M. R. de Forcrand, par la détermination de la chaleur de fixation des molécules d’eau succes- sives sur le sulfate de Mn, a reconnu que le sel anhydre et la plupart de ses hydrates existent sous deux formes isomères. Les produits ordinaires sont des mélanges différents des deux types isomères. — MM. P. Lebeau et M. Picon ont étendu à un certain nombre d'hydro- carbures leur procédé d’hydrogénation par l’amidure de Na. Ils ont ainsi préparé le tétrahydrure d'acé- naphtène, F. 12; le dihydrure d'anthracène, F. 107; le tétrahydrure de phénanthrène, Eb. 310°; le tétrahy- drure de diphényle, Eb. 2430; etc. — M. H. Gault a constaté qu'à la température de l'ébullition HCI con- centré réagit sur la lactone oxalocitrique en la trans- formant surtout en acide 1: 2-pyrone-6-carbonique. — M. R. Cornubert a obtenu les propyleyclohexanones avec un rendement très bon par hydrogénation cata- lytique en présence de Ni des allyleyclohexanones correspondantes. L'alcoylation directe à l'amidure et à l'iodure de propyle ne permet pas de dépasser la monopropylation. — M. H. Wohlgemuth, en faisant réagir les dérivés organo-métalliques mixtes de Zn sur les chlorures d'acides y-halogénés, a obtenu les cétones y-halogénées correspondantes ; l'hydrolyse de ces dernières donne les cétones-alcools +. — M.J. Bou- gault a déshydraté les semicarbazones des acides a-cétoniques par l'action à chaud des alcalis très dilués et les a transformées en dioxytriazines; ces dernières sont des acides donnant des sels et des mono- et di- éthers. — MM. Cluzet et Th. Nogier cnt déterminé la teneur en émanation des eaux des sources d'Evaux-les- Bains. Le débit gazeux de la Source César, évalué à 260.000 litres par an, est de beaucoup supérieur aux débits gazeux de Plombières et de La Chaldette. — |. 0 + + ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES M. L. Lindet a reconnu que la solubilité des caséines du lait dans les éléments du sérum et même dans l’eau est d'autant plus grande que celles-ci sont moins miné- ralisées. — MM. P. Thomas et R. C. Moran ont isolé de l’Aspergillus niger un protéide phosphoré et une albumine coagulable, correspondant aux substances analogues retirées de la levure de bière. 30 SCIENCES NATURELLES. — MM. H. Guillemard et G. Regnier ont constaté qu'après un séjour en mon- tagne ayant donné lieu à des manifestations intenses du mal d'altitude, le pouls, après retour en plaine, est notablement plus lent qu'avant l'ascension. Le rythme respiratoire revient à la normale dès le retour en plaine, mais le débit respiratoire se montre très supé- rieur à ce qu'il était avant l'ascension. — M. P. Godin énumère une série de lois de croissance basées sur 2.000 observations d'enfants et 300.000 mesures. — MM. A. Mayer et G. Schæffer montrent que, dans une espèce donnée, la concentration de l'organisme entier en lipoides phosphorés est caractéristique; elle varie peu au cours de la croissance. — M. E. F. Terroine déduit de ses recherches que la cholestérine de l'orga- nisme présente une fixité remarquable et ne varié pas le plus souvent de 5 °/, entre les différents individus de la même espèce; la teneur de la cholestérine offre une indépendance absolue vis-à-vis de la structure de l'organisme et de la famille à laquelle il appartient. — M. G. Tanret a reconnu que la galégine est un alca- loïde doué d'une activité physiologique manifeste et amenant à dose toxique la paralysie de la moelle et des centres nerveux. — Me M. Phisalix a constaté que des lapins immunisés successivement contre le venin cutané muqueux de la salamandre terrestre el contre le venin de la vipère aspic résistent à l’inocu- lation cérébrale du virus rabique fixe, inoculation toujours mortelle pour les lapins normaux. — M. E. Bataillon a observé un accroissement indéniable de conductibilité électrique chez les œufs d'Anoures après l'application des chocs induits; mais bientôt cetie con- ductibilité diminue, sans toutefois revenir à ce qu'elle était chez l'œuf vierge. — M. A. Lécaillon signale qu'aux environs de Toulouse la période de reproduc- tion de la Galéruque de l’orme s'étend depuis le début de mai jusqu'au delà du début de juillet. Le nombre d'œufs pondus par chaque femelle est beaucoup plus grand qu'on ne le croyait (plus de 500). — MM. Edm. Sergent et H. Foley montrent que le virus de la fièvre récurrente, outre sa forme spirillaire, peut revêtir une autre forme très petite, également virulente. Il prend cette forme, soit dans les périodes d’apyrexie qui sé- parent les accès de récurrente chez l’homme, soit dans la période qui suit le repas infectant chez le pou. — M. H. Lecomte a reconnu que l’opercule des graines de Musa est dû à un développement spécial de la zone exteroe de la primine et que cet opercule est percé d’un canal micropylaire; chaque graine normale, pro- venant d’un ovule anatrope, est flanquée d'un organe annexe issu d’un ovule frappé d'avortement et déve- loppé sur la chalaze de l’ovule fertile. Les substances accumulées dans cet organe annexe paraissent néces- saires pour que la germination des graines se produise. — M. L. Lutaud a constaté que les couches crétacées supérieures des environs de Mazauges doivent être rapportées au Sénonien, dont la stratigraphie témoigne en cette région d'un régime littoral et lagunaire dominant, avec trois ou quatre retours, très courts, du régime marin néritique. — M. E.-A. Martel a trouvé, dans le parc de Yellowstone, en plein courant de la rivière Gibbon, un exemple typique de roche pédonculaire, ce qui est une nouvelle preuve de l’ori- ine torrentielle de ces formations. — M. Em. Belot onne quelques essais de vérification de sa nouvelle théorie physique sur la formation des océans et des continents primitifs. Il arrive à ce résultat que, pour édifier les continents au-dessus du niveau primitif du noyau terrestre, les océans ont érodé un poids de l'écorce égal à leur propre poids. Séance du 13 Juillet 1914. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. M. Paschoud : Application de la méthode de Walther Ritz au problème du régime uniforme dans un tube à section carrée. — M. Farid Boulad Bey : Un nouveau théorème sur les déplacements élastiques et son application à la simpliti- cation du calcul direct des réactions des appuis des poutres continues. 20 SciENCES PHYSIQUES. — M. P. Idrac déduit de ses études sur les irrégularités du vent que les courants ascendants et descendants sont beaucoup plus fréquents qu'on ne le pense. De semblables courants, de l'ordre de 1 mètre par seconde, s'observent couram- ment sur de grands espaces à 200 ou 300 mètres d'altitude au-dessus des villes ou d'une campagne légèrement ondulée. — M. J. Loïisel communique deux nomogrammes permettant de réduire les indica- tions du baromètre au niveau de la mer. — M. P. Le Rolland décrit une réalisation simple et commode de la méthode photographique imaginée par M. Lippmann, utilisant l’étincelle électrique pour la comparaison des durées d’oscillation de deux pendules. — M. C.-G. Bedreag a étudié l’électrisation par les rayons X. L'effet positif, restant après déviation des charges cathodiques venant du radiateur, est analogue à l'effet photo-électrique; on y retrouve la relation : le carré de la vitesse maximum des électrons émis est propor- tionnel] à la fréquence du rayonnement X incident. — M. E. Estanave montre que la plaque autostéréosco- pique permet d'extérioriser la représentation photo- graphique d’un sujet dont on ne possède qu'une image prise d'un point de vue unique. — M. G. Millochau décrit une nouvelle méthode pyrométrique fondée sur l'absorption de quelques substances pour le rayonne- ment intégral. Elle lui permet d'étendre l'emploi du télescope pyrométrique de Féry au cas où l'image est plus petite que le disque. — MM. Massol et Faucon ont étudié le spectre ultra-violet des dissolutions aqueuses de nitrate de cuivre. Ce corps ne fait pas exception à la règle, comme on l'avait prétendu : il donne la bande de l'acide nitrique, mais il la donne avec moins de netteté, car il est plus transparent pour ces radiations que les autres nitrates. — M. P. Cheve- nard a déterminé la dilatation des ferro-nickels dans un grand intervalle de température. La chute brusque de la courbe relative à 700°, presque à l’aplomb de Fe?Ni, constitue une preuve de l'existence de ce composé à cette température. Le prolongement de la courbe jusqu’à l’ordonnée d'origine correspond au coefficient de dilatation du fer ÿ à 700 (hypothétique), — M. M. Guichard indique une nouvelle méthode de détermination du poids atomique de l'iode : un poids connu de 1*0* est décomposé par la chaleur en ses éléments, I et 0, qu’on pèse l’un et l’autre. La moyenne des valeurs trouvées est de 126,915 pour 0 —16, — MM. P. Sabatier et L. Espil ont constaté que CuO, réduit par H, amène directement au métal, sans forma- tion intermédiaire d'un sous-oxyde. PbO conduit entre 190° et 2509 à un sous-oxyde Pb°0 stable, irréductible sous la pression ordinaire dans cet intervalle de tempé- rature. NiO amène à un sous-oxyde qui est lui-même réductible, même aux températures les plus basses de réduction, et par conséquent engendre dans tous les cas un mélange de sous-oxyde et de Ni. — M.F. Taboury montre que la déshydratation progressive de GISO:.4H°0 confirme l'existence des hydrates à 4 et 2 H20 et semble indiquer celle d’un hydrate à 0,5 H°0. La stabilité de GISO“ jusqu'à 530°-540° permet de doser GI à l’état de sulfate. SO“Gl ne semble pas former de sulfates acides. — M. B. Bogitch a étudié l’alliage ternaire Zn-Ag-Pb. Le diagramme triangulaire est divisé en deux régions très différentes : l'une corres- pond à l'existence de deux couches superposées, l'autre présente les proportions des trois métaux qui peuvent exister sans se liquater. — M. L. Tschugaeff a préparé le chloroplatinite de tripropylammonium 724 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES {[Az(CSH°)'H FPLCI par double décomposition du chlorhy- drate avec le chloroplatinite d’Am. Ce corps, par réac- tion avec différents dérivés organiques, sert à préparer de nombreux composés complexes du Pt bivalent, — MM. Ph.-A. Guye et F.-E. Germann décrivent un appareil, entièrement en verre soudé, pour l'analyse de très petites quantités de gaz (de l’ordre de quelques dizaines de millimètres cubes). Une analyse d'air, effectuée à titre de contrôle, a donné des résultats très exacts. — M. J. Clarens montre que la méthode chlorométrique de Penot, parfaitement suffisante pour l'usage industriel, est moins correcte que la modification de Mohr et donne des résultats plus faibles. 11 semble avantageux, pour l’usage industriel, d'additionner leliquide sur lequel on opère d’un peu de KBr. — MM. A. Brochet et M. Bauer ont constaté que l’hydrogénation des composés à liaisons éthyléni- ques aliphatiques s'effectue avec une grande facilité en présence de Ni sous pression modérée. Dans la plupart des cas, il n’est pas nécessaire de chauffer. — MM. Em. Bourquelot et Al. Ludwig ont réalisé la synthèse biochimique des monoglucosides 6 des glycols méta- et para-xyléniques : F. 85°-95° et 159-160°; [aln = — 460,86 et — 500,47. — MM. Ch. Moureu et G. Mignonac ont préparé un certain nombre de céti- socétimines. Cesont des huiles jaune verdâtre, épaisses et très visqueuses, dédoublées par HCI étendu en AzH* et deux molécules de la cétone correspondantes, inaltaquées par le bromure d’éthyl-Mg. — M. A. Haller et M° Ramart-Lucas, par action de l'acide chromique sur l’oxyde de propylène-diméthylacéto- phénone et son dimère, ont obtenu un glycol, F. 1009, puis l'acide 3-benzoyl-3-méthylbutyrique, F. 1000. On obtient le même acide par action des éthers brom- et iodacétiques sur l'isopropylphénylcétone sodée. 30 SCIENCES NATURELLES. — MM. A. Calmette et L. Massol ont reconnu que le venin de cobra perd lentement sa toxicité initiale, surtout lorsqu'il est conservé en poudre fine. Le sérum antivenimeux conserve sensiblement pendant au moins six ans le même pouvoir antitoxique. Dans les précipités atoxi- ques de venin par le sérum, la toxicité du venin est mieux conservée que dans le venin seul. — M. J. Kunckell d’'Herculais signale le dépérissement des Ailanthes (Vernis du Japon) en France et sa répercus- sion sur l'existence des chenilles de l'Attacus Cynthia qui se nourrissent de leur feuillage; aussi ce papillon devient-il de plus en plus rare. — M. ©. Lignier a reconnu que l’organisation générale de la fleur est la même chez les Crucifères et chez les Fumariées. — M. Edg. Zaepffel à constaté, chez un certain nombre de Graminées, que l'abondance des stomates, dans les jeunes plantules, correspond au degré de sensibilité héliotropique.— MM. E. Chuard et R.Mellet montrent qu'il serait désavantageux, même au point de vue de la production de nicotine, de laisser grandir les bourgeons axillaires du tabac formés avant la récolte, au lieu de les enlever au fur et à mesure; mais le rendement des sous-produits utilisables ultérieurement peut être sensiblement surélevé en traitant au nitrate de soude les plantes laissées en terre aorès la récolte des grandes feuilles et dépouillées exclusivement de ces dernières. — M. M. Lugeon signale que, lorsque dans l'écorce terrestre des tranches énormes se meuvent sous des poids considérables, la plasticité du substratum devient telle que la série autochtone subit, elle aussi, des déplacements inégaux et variables. Les terrains autoch- tones au-dessous de la nappe de Morcles en offrent un exemple saisissant. — M. Em. Haug communique de nouvelles observations sur la tectonique du vallon de Saint-Pons, près Gémenos (Bouches-du-Rhone). Les terrains qui affleurent sur le versant occidental du ravin du Fauge occupent, par rapport aux autres éléments tectoniques, exactement la même position que la nappe de Cuges. Leur continuité primitive avec cette nappe est évidente. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Séance du 4 Juillet 1914. MM. A. Netter et J. Kæchlin ont observé l’appari- tion d’urticaire à la suite d'une application de sangsue; celle-ci est due à l'introduction dans le sang d'un principe s'opposant à sa coagulation. — M. CI. Gautier a constaté que le suc hépatopancréatique des Crustacés, abandonné pendant plusieurs jours à la putréfaction, ne perd passa propriété anticoagulante directe. — MM. Ed. Retterer et H. Neuville montrent que la glande bulbo-urétrale du lion se caractérise par ses tubes glandulaires ou sécréteurs parlant d'ampoules ou de sinus placés à l'origine des conduits excréteurs. La musculature striée, périglandulaire ou intraglandu- laire, tient au développement tardif de la glande. — M. A. Prenant à reconnu que l’adamantoblaste est une cellule ciliée. L'émail de la dent est une produc- tion cilio-cuticulaire. L’odontoblaste porte une bor- dure de poils, qui est peut-être aussi de nature ciliaire. — M. I. Meyerson à étudié l'addition latente dans l'excitabilité du pneumogastrique. La variation de l'addition latente ne se fait sentir que dans la zone des rythmes lents. La chronaxie paraît indépendante des variations de l'addition latente. — MM. A. Conor et M. Weinberg ont obtenu de bons résultats dans le traitement des furoncles, phlegmons et suppurations sous-cutanées par la vaccinothérapie antistaphylococ- cique avec un vaccin fluoruré. — M. C. Levaditi a constaté que, chez la souris comme chez l'homme, la leucémie lymphatique revêt deux aspects : celui de la lymphadénie aleucémique et celui de la véritable leu- cémie lymphatique avec altérations sanguines caracté- ristiques. — MM. Edm. Sergent et H. Foley ont observé que l’immunité dans la fièvre récurrente chez le singe existe encore 4 mois après l'infection, mais le pouvoir spirillicide a disparu. Chez l’homme, l'immu- nité acquise par une première atteinte n'existe plus au bout de quelques annnées. — M. J. Kercelli montre que les chiens ayant dévoré des cadavres charbonneux sont capables de propager au loin l'infection par leurs matières fécales, et pendant un laps de temps assez prolongé. — MM. A. Netter et Bougault ont observé que l'acidité du pus des pleurésies à pneumocoques va en augmentant à mesure que la maladie est plus an- cienne. — M. M. Arthus conclut de ses expériences que l’antivenin ne détruit pas le venin qu'il a neutra- lisé; il le masque simplement; il le supprime fonc- tionnellement, mais non pas matériellement. — MM. G. Dubreuil et M. Favre montrent que les « Plasma- zellen » peuvent, comme les leucocytes, différencier dans leur cytoplasma des granulations différentes des grains de ségrégation. Les granulations neutres sont des mitochondries ou des grains de ségrégation. Par contre, il existe dans certaines « Plasmazellen » des granulations oxyphiles et basophiles se rapprochant par leurs réactions colorantes de celles des cellules sanguines. — MM. P. Mulon et R. Porak ont reconnu que le processus d’immunisation jette lout d’abord dans le sang la réserve de cholestérine accumulée dans le cortex surrénal.— M. H. Cardot a observé que, lorsqu'on écarte progresivement les électrodes l’une de l’autre, les variations inverses des deux paramètres de l’excitabilité nerveuse sont d'abord considérables, puis semblent tendre asymptotiquement vers une limite. — M. E. Pozerski et Mi: S. Krongold ont constaté que les greffes d’intestin embryonnaire qui présentent his- tologiquement un développement tout à fait complet ne contiennent ni sécrétine, ni ferments solubles pour les hydrates de carbone. Seule la kinase s'y trouve en très grande quantité. — MM. F. Widal, P. Abrami, Et. Brissaud, R. Bénard et Joltrain signalent l'exis- tence de variations rapides et parfois considérables de l'indice réfractométrique des sérums au cours des crises hémoclasiques. — M. Ch. Champy et Mme N. Kritch, par la culture du sang en plasma hétérospéci- fique, ont reconnu que les leucocytes et les thrombo- cytes peuvent vivre même dans un milieu qui hémolyse les globules rouges. — MM. L. Lapicque et R. Legen- dre ont observé que l’anesthésie générale ou la cocaï- nisation, aussi bien que l'application Jocale d’anes- thésiques sur un nerf, s'accompagne de modifica- tions très importantes de la myéline des fibres ner- veuses. — M. L. Lapicque expose une hypothèse sur l’activité physiologique des alcaloïdes qui fait entrer en ligne de compte leur action sur les lipoïdes de la cellule nerveuse. En collaboration avec Me M. La- picque, il montre que le curare et la spartéine, qui augmentent la chronaxie du muscle, diminuent son imbibition, tandis que Fl'ésérine et la vératrine, qui diminuent la chronaxie du muscle, augmentent son imbibition. — Mues M. Lapicque et J. Weill ont re- connu que la solanine est bien un poison du nerf. Elle le rend inexcilable, mais elle ne produit pas d'aug- mentation de la chronaxie nerveuse. — MM. C. Dopter et Pauron confirment, par la saturation des bactério- lysines, la notion déjà mise en évidence de la pluralité des méningocoques; ses résultats sont rigoureusement parallèles à ceux de Ja saturation des agglutinines. — MM. A. Gilbert et E. Chabrol et MI! Guinsbourg montrent que le foyer d'auscultation du rétrécissement pulmonaire ne répond point toujours à l'extrémité interne du 2° espace intercostal gauche. Dans 35 °/, des cas, il a pour territoire le 3° espace intercostal. — M. C. Mathis a observé. que les Trypanosomes de ver- tébrés peuvent subir chez le Culex une évolution ana- logue à celle que l’on observe chez les Glossines. Tout le cycle parait s'effectuer en milieu salivaire. Séance du 11 Juillet 1914. M. F. Battelli et Mie L. Stern montrent que les oxydones comme les oxydases sont solubles dans l’eau. Toutefois, les premières ne peuvent être extraites qu'après une destruction complète des membranes cellulaires. — MM. Ed. Zunz et P. Gyôrgy ont étudié l'action des acides aminés, des peptides et des pro- téoses sur l'hémolyse par le venin de cobra. L'effet est variable d’une espèce d'hématies à l’autre. — MM. Ed. Retterer et H. Neuville montrent que le sinus uro- génital se dédouble, sur une longueur plus ou moins grande, pour former les extrémités distales du vagin et de l’urètre féminins. Grâce à ce dédoublement, l'appareil uro-génital des Mammifères femelles repré- sente, comparativement à celui des mâles, un état d'organisation supérieure. — MM. Doyen et Takamine ont reconnu que la réaction d’Abderhalden par rap- port au tissu mésodermique, lorsqu'elle est positive, . est un des signes de l'artério-sclérose. — MM. M. Fa- vre et G. Dubreuil ont constaté que les granulations oxyphiles et les corps de Russell ont des relations non douteuses, non encore signalées; ce sont des sub- stances analogues, presque identiques. — MM. A. Val- diguié et F. Laporte pensent que la coloration jaune que prennent cerlaines urines sous l'action des alca- lins est due à la présence d'acides, dont les sels, plus particulièrement ceux de chaux et de baryte, sont jaunes. — M. J. Watrin a reconnu que l'œuf fécondé, avant sa fixation, détermine l'hypertrophie gravidique des capsules surrénales. — M. J. Nageotte présente ses recherches d'histologie comparée sur la peau des tètards d’Anoures : Bufo, Rana et Alytes. — M. H. Ma- gne a observé que l’apomorphine supprime le fonc- tionnemeut des mécanismes de régulation thermique (polypnée et frisson), mais n’allère pas la fonction respiratoire. De même que pendant la polypnée il y a apnée, pendant le frisson thermique l'animal ne res- pire plus : il frissonne et les contractions rythmiques des muscles inspirateurs assurent la fonction respira- toire par surcroît. — M. E. Pozerski et M!!° S. Kron- gold montrent que les résultats de leurs expériences sur les greffes d'intestin embryonnaire sont en faveur de l'hypothèse que la kinase est une sécrétion leuco- cylaire excrétée au niveau de la muqueuse intestinale. ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES EEE A 1 1 ©e — M. H. Piéron a noté, sous l'influence d'émotions plus ou moins intenses, des variations de la résistance électrique du corps assez notables, — MM. M. Garnier et E. Schulmann ont constaté que l'injection de l'extrait du lobe postérieur de l'hypophyse détermine chez le lapin une diminution du taux des urines et, dans un certain nombre de cas, le passage de l’albu- mine. — M. J. Lefèvre critique les conclusions d’un travail récent de M. Magne et montre que le foie reste l’un des foyers les plus importants de la régulation homéotherme normale. — MM. J. Rebattu et R. Biot ont observé que le sérum des malades atteints d'insuf- fisance glandulaire fixe le complément en présence de ces glandes, comme s’il renfermait des sensibilisa- trices spécifiques vis-à-vis de ces organes. — MM. J. Brault el A. Viguier ont trouvé chez deux enfants nés à Alger des kérions typiques dus à une nouvelle espèce de Trichophylon à culture faviforme, qu'ils nomment 71. luxurians. — M. L.-G. Seurat a décou- vert dans l'estomac d’un chat ganté un nouveau Spi- roptère, dont le type d'organisation parait être le plus primitif du groupe, et qu'il désigne sous le nom de Protospirura numidica. — M. F. Moreau a observé la formation de corpuscules métachromatiques au sein de mitochondries granuleuses du Sporodinia grandis. — M. C. Lebailly présente un support oscillant pour la microphotographie stéréoscopique. RÉUNION BIOLOGIQUE DE LILLE Séance du 11 Juillet 4914. MM. M. Breton et L. Massol ont reconnu qu'un long séjour (quatre-vingt trois jours) dans des seg- ments artériels, veineux ou intestinaux inclus dans la cavité abdominale du lapin n’enlève au bacille tuber- culeux aucune de ses qualités structurales et modifie peu sa virulence. — M. L. Boulet a observé que l’ure- tère du chien, du mouton et du pore maintenu en survie est doué de propriétés rythmiques dans toute sa longueur. BaCE, l’adrénaline, la nicotine excitent l’uretère; le chloral le paralyse. — M. P. Desoil signale l'existence d’un cas de paludisme dans la val- lée de la Somme, scientifiquement démontré par les examens de laboratoire. — M. E. Duhot a constaté que le sérum des sujets atteints d’affections rénales possède la propriété d'activer le venin de cobra, pro- priété en rapport avec la présence de lipoides, parti- culièrement de corps voisins de la lécithine. MM. E. Lambling et E. Dehaussy montrent que certaines urines, agitées en présence d'acide urique, en dissolvent des quantités importantes, puis le repré- cipitent au bout d’un certain temps avec une partie de celui qu'elles contenaient primitivement. —MM.L.Mas- sol et M. Breton ont reconnu que la tuberculine ne semble ni provoquer ni contrarier la bacillémie tuber- culeuse chez le cobaye infecté. Elle ne joue donc aucun rôle dans la dissémination des bacilles de Koch dans le sang. — MM. E. Wertheimer et Ch. Dubois signalent un ralentissement initial de Ja sécrétion uri- naire provoqué par les injections intravasculaires de solutions hypertoniques. SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PHYSIQUE Séance du 19 Juin 1914. M. V. Heari : Dispersion des rayons ultraviolets par les corps organiques. Pour étudier les indices de réfraction dans l’ultraviolet, l’auteur a prié M. Hilger, de Londres, de lui construire un réfractomètre en quartz qui puisse s'adapter devant un spectrographe. Dans cet appareil, les rayons d’une étincelle condensée entre des électrodes Fe-Cd tombent sur un prisme à arête horizontale d'angle i (—29°40'), que l'on rem- plit avec le liquide étudié. Un prisme en quartz à arèête horizontale et d'angle variable fait corps avec le prisme liquide. Pour une valeur de l'angle du prisme én quartz ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES égale à «, les rayons de longueur d'onde À, déviés par le prisme liquide sont ramenés dans leur direction primitive par le prisme en quartz. Les autres rayons sont déviés soit vers le haut, soit vers le bas. On obtient ainsi un petit spectre que l'on fait tomber sur la fente du spectrographe. La photographie donne un spectre incliné qui coupe le spectre témoin obtenu saus prisme liquide pour la longueur d'onde ?,. L'indice de réfraction x du liquide pour cette longueur d'onde se calcule par la formule x sin 1=sin (1— a) cos « + sin à Ÿ #°— sin? {1 — &), où n est l'indice du quartz. Résultats : 4° Les mesures réfractométriques pour les alcools méthylique, éthylique, propylique, butylique, amylique et heptylique, pour le glycol et pour les car- bures pentane, hexane, heptane et cyclohexane, ont permis de calculer les pouvoirs réfringents molécu- laires pour CH°, l'hydrogène et l'oxygène de l’hydroxyle pour des À variant de 4200 à 2150. On trouve que, jus- qu'à environ À — 2600, le pouvoir réfringeant de CH°? est parfaitement additif comme dans le spectre visible; pour des longueurs d'onde plus courtes, l'additivité subsiste seulement en première approximation; on observe de petits écarts qui augmenteut de plus en plus lorsque À diminue. 2° La variation de l'indice de réfraction des corps précédents peut être représentée 12 très exactement par la formule n° — er 2 —) et de — À même le pouvoir réfringent moléculaire peut être représenté par la formule 3° Les constantes «, 6 et À, qui déterminent complète- ment la dispersion des différents corps depuis À —6563 jusqu'à 2150 sont données dans le tableau suivant : ALCOOLS CR — méthyl. éthyl. propyl. amyl. PENTANE HEXANE do EE AE NU 17,142 26,083 24,727 29,293 Be . 5,1132 7,1734 10,148 6,192 1162 25,45 20. s 1063 1239 111% 1502 1205 965 On voit donc que la dispersion des alcools saturés et des carbures peut être exprimée par la formule de Ketteler simplifiée en admettant une seule fréquence ultraviolette À,. Lorsque, à partir de ces données, on cherche à calculer les valeurs de l’absorption des rayons ultraviolets par les mêmes corps, on trouve pour l'amortissement des électrons des valeurs extrêmement grandes. Or, toutes les expériences sur la réso- nance faite par Wood et Dunoyer montrent que toutes les fois que, par un moyen quelconque, on arrive à mesurer directement l'amortissement des électrons, on trouve un amortissement extrêmement faible; il semble donc que l’on devrait chercher à expliquer les phénomènes de dispersion et d'absorption des corps organiques en faisant de nouvelles hypothèses, dans lesquelles les fréquences seraient distribuées suivant certaines lois et les coefficients d'amortissement seraient petits. — M. G. Bruhat : Sur la propagation de la lumière dans les milieux actifs absorbants. I. Les recherches expérimentales décrites ont porté sur le dichroïsme circulaire et la dispersion rotatoire anormale présentés par les corps doués du pouvoir rotatoire moléculaire; ces phénomènes n'avaient encore été étudiés que dans des solutions de sels com- plexes, qu'on n'avait pas pu, la plupart du temps, obtenir à l'état cristallisé, et dont la constitution chi- mique était par suite mal connue. L'auteur à pu, grâce à l'emploi des méthodes modernes de la spectro-pola- rimétrie, les observer dans quelques cas nouveaux, en particulier sur des solutions de sels de nickel et de sels d’uranyle, où leur peu de grandeur avait empêché jusqu'ici de les découvrir. Il a trouvé que ces pro- priétés peuvent être présentées par des sels simples neutres, et que la formation de sels complexes n’a en général pour rôle que de les rendre plus faciles à mesurer, par l'accroissement du pouvoir rotatoire qui en résulte; l’un des sels neutres sur lesquels il les a observées, le tartrate d’uranyle, est un composé bien défini et parfaitement cristallisé. Il a pu aussi étudier, un corps organique, également cristallisé et bien défini, le diphénylbornylimidoxanthide; il a retrouvé les mêmes phénomènes sur cette substance, dissoute dans le toluène, ou surfondue. Il résulte donc de ces recherches que le dichroiïsme circulaire et la disper- sion rotatoire anormale sont des propriétés générales des milieux isotropes actifs possédant une absorption sélective, que ces milieux soient des solutions salines, complexes ou simples, des solutions organiques ne contenant pas de métaux, ou des liquides purs. I. De la théorie électromagnétique, établie par Drude, de la propagation de la lumière dans les milieux actifs absorbants, l'auteur a déduit, outre la relation de Natanson entre les signes de l’anomalie de dispersion rotatoire et du dichroisme circulaire, une relation simple entre les grandeurs de ces deux phénomènes; elle est vérifiée par l'expérience dans tous les cas où les mesures ont pu être faites dans une région spec- trale assez étendue pour fournir les. données néces- saires. L'auteur à mis de plus les formules théoriques sous une forme permettant facilement de vérifier l’ac- cord de la courbe expérimentale de dichroïsme avec une des courbes théoriques qu’on peut prévoir, de déduire de cette courbe, sans aucune donnée relative aux rotations, une courbe théorique de dispersion rotatoire, et de comparer cette dernière à la courbe expérimentale. La coïncidence, presque parfaite dans un cas, reste satisfaisante dans les autres. Les écarts sont toujours explicables par l'existence d’autres bandes d'absorption ou le mélange d’autres corps actifs. D'autre part, la théorie fait prévoir l'existence d’une anomalie de la dispersion de réfraction, qu'on doit observer pour les mêmes longueurs d'onde que la dis- persion rotatoire anormale et le dichroïsme circulaire; l’auteur a réussi à mettre en évidence cette anomalie dans différents cas, par des mesures d'indices faites dans tout le spectre par la méthode de la réflexion totale. Sa grandeur est bien celle qu'on pouvait prévoir théoriquement d'après la valeur maxima de l'indice d'extinction. Ces recherches ont donc montré qu'il n'y a pas, entre la théorie donnée par Drude de la propagation de la lumière dans les milieux actifs absorbants, et les résultats expérimentaux, les con- tradictions que Ritz avait cru y trouver; au contraire, les prévisions théoriques, aussi bien sur les grandeurs relatives du dichroïsme circulaire et de l’anomalie de la dispersion rotatoire que sur l'existence d’une ano-. malie de la dispersion de réfraction et la grandeur de cette dernière anomalie, se sont vérifiées par les me- sures d’une manière satisfaisante. SOCIÉTÉ CHIMIQUE DE FRANCE Séance du 26 Juin 1914. MM. Gabriel Bertrand et M. Rosenblatt font con- naître les résultats des recherches qu'ils ont entre- prises sur le phénomène appelé par eux « thermorégé- nération » de la sucrase. Quand on chauffe à + 80° une macération aqueuse de levure sèche, elle perd la pro- priété d'hydrolyser le saccharose, mais, chose curieuse, elle récupère une partie de son activité si on la porte ensuite à une température supérieure, voire mème à l'ébullition. D'après les auteurs, ce phénomène, signalé d’abord, il y a peu de temps, par Durieux, se produit lorsque la levure a subi certaines modifications, en particulier une autolyse partielle, Mais on peut aussi l'obtenir avec la levure tuée par l’acétone. On ne l'obtient pas, au contraire, avec la levure vivante ou la levure tuée par l'alcool et l'éther, D'autre part, la ju tPS _… fine 4 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 1 19 1 Sucrase de l'Aspergillus niger, celle du Kôji, la mal- {ase et la catalase de la levure (même autolysée), n’ont pas donné lieu au phénomène de la thermorégénéra- tion, dont le mécanisme reste encore difficile à expli- quer. — M. H. Wohlgemuth communique les princi- paux résultats de ses recherches sur les acides “-halogénés, dont il a eu à préparer un certain nombre “de termes en vue de synthèses ultérieures. Le terme “e plus simple, l'acide y-chlorobutyrique, à été préparé suivant la méthode de L. Henry, par action de KCAZ “ur CI.CH:.CH°.CH*Br et saponification. Les 3 acides “n-valériques y-halogénés, chloré, bromé et iodé, ont été préparés par une méthode générale: action des hydracides correspondants sur la y-valérolactone. Les amides des acides ;-chlorés soumises à l'action de la “chaleur perdent HCI, mais la réaction conduit à la “formation de goudrons complexes, et ne fournit en “ aucun cas les pyrrolidones que l’on aurait pu prévoir «par cyclisation intramoléculaire Les éthers y-halogénés, aussi bien les éthers y-iodés et y-bromés que les éthers “y-chlorés, restent sans action sur Mg en présence + d'éther anhydre. La diéthylamine n'attaque que diffi- cilement le chlore des éthers y-chlorés, tandis qu'avec les éthers « et B-chlorés la formation d’aminoéthers est réalisée très facilement. En somme, l'halogène des éthers y-halogénés semble doué d'une passivité parti- “ulière, et ce fait s'explique par le voisinage dans l'espace des fonctions éther-sel et dérivé halogéné, con- formément à la théorie spatiale des chaînes de Baeyer. M. Ch. Tanret a séparé l’'amylopectine et l'amylose un certain nombre d'amidons pris parmi les plus €ommuns et confirmé ainsi la théorie de la non-homo- généité chimique de l’amidon, soutenue par MM. Ma- -quenne et Roux. Il a vu en même temps que ces “ amidons en contiennent des quantités inégales, ce qui montre que les amidons sont bien différents les uns -des autres. En traitant ces amidons par de l’eau chauf- fée de 40 à 100°, il a encore observé qu'à une même température il se dissout des quantités très inégales d'amyloses. Celles-ci diffèrent donc les unes des autres par leurs solubilités, ou, si l’on préfère, par la plus ou moins grande condensation de l'amylose, considérée en général et admise par MM. Maquenne ct Roux comme le principe de l'amidon dont les solutions aqueuses bleuissent par l'iode. L'amylopectine finit par se dissoudre quand on fait bouillir longtemps l'ami- don avec de l’eau. M. Tanret montre qu'on y retrouve l'amylopectine en imbibant de la liqueur du coton bien lavé, ou du papier à filtre. La cellulose fixe l’amy- lose et respecte à peu près l’'amylopectine. La nouvelle liqueur exprimée du coton se colore par l'iode au violet, qui tourne d'autant plus au rouge que l’'amylose a été mieux enlevée. Ce procédé permet de démontrer la présence de l'amylopectine dans un amidon stable quelconque que son mode de préparation n'a pas trop altéré. — M. Duboux expose, au nom de M. P. Dutoit et au sien, les résultats de nouvelles recherches qu'ils ont faites sur le dosage des sulfates par les conducti- bilités électriques, en raison des critiques dont ce dosage a été l'objet ces derniers temps de la part de MM. Kling et Lassieur. Les auteurs arrivent aux con- clusions suivantes : 4° Le dosage en solution suffisam- ment diluée est exact quel que soit le sulfate considéré. 11 est évident qu'une simple dilution permet toujours de se placer dans cette condition ; 2° Si l’on veut cependant effectuer le titrage en solution concentrée, on trouve des nombres trop faibles (moins faibles tou- tefois que ceux observés par MM. Kling et Lassieur) avec le sulfate de potassium et le sulfate de rubidium. Les écarts observés sont dus à l'entrainement de ces sulfates par le sulfate de baryum; 3° Pour éviter cet ‘entrainement et obtenir par suite des résultats exacts, ñl suffit d'ajouter à la solution concentrée du tartrate acide de sodium. Cette condition se trouve tout natu- rellement réalisée dans les vins. Enfin, on peut effec- tuer un dosage précis de sulfate en solution concen- trée par un autre procédé. On ajoute au liquide à nd ed ee de te à OR de nee td Éd bn CE analyser un excès mesuré d'une solution de sel de baryum et on titre le baryum qui n'a pas réagi par le sulfate de lithium. En résumé, 1l est possible d'obtenir par la méthode des conductibilités un dosage exact des sulfates pour tous les cas où la méthode pondérale est applicable. SOCIÉTÉ ANGLAISE DE CHIMIE INDUSTRIELLE SECTION DE MANCHESTER Séance du 3 Avril 1914. MM. Ed. Ardern et W. T. Lockett : Expériences sur l'oxydation des eaux d'égout sans l'aide de filtres. La matière solide obtenue par l’aération prolongée des eaux d’égout, nommée par les auteurs « boue activée », jouit de la propriété d'augmenter énormément la puri- fication effectuée par la simple aération de l'eau, autre- ment dit d'intensifier fortement le processus d'oxyda- tion. Pour maintenir cette bouefà son maximum d’eftica- cité, il est nécessaire de ne jamais laisser s'accumuler de matières solides d’eau d’égout non oxydées. La purili- cation effectuée diminue beaucoup au-dessous de 109 ; jusqu'à 20-24, l'effet de clarification et la puri- fication générale sont à peu près les mêmes, seule la nitrification augmente avec la température. A plus haute température, la clarification peut quelquefois diminuer et ralentir l'établissement de la nitrification. L'aération des eaux d’égout de Manchester en contact avec la boue activée pendant 6 à 9 heures a donné un effluent bien oxydé, aussi purifié que par le traitement avec les lits bactériens. — M. H. Levinstein a préparé un certain nombre de dérivés bromés des sulfures, séléniures et arséniures d'indigo. Le dérivé sulfuré répond à la formule (C‘‘H°Az*0*Br°S; l'introduction de S, Se et As dans le noyau de l’indigo a peu d'effet sur la teinte. L'auteur a également préparé le 5: 5°- dihydroxy-7 : T-disulfonaphtyl-indigo par action de H:S0* concentré sur la #-hydroxy-7-sulfo-2-naphtyl- glycine; c'est une substance bronzée, dichroique, teignant en vert la laine en bain légèrement acide ; son dérivé tétrabromé donne une coloration beaucoup plus intense. SECTION DE NEW-YORK Séance du 24 Avril 1914. M. M.Toch présente ses recherches sur l’essence de pin. On entend sous ce nom l'huile lourde obtenue par fractionnement de la térébenthine de bois brute dis- tillée à la vapeur. A l’état pur, elle a une odeur aro- matique plaisante, mais l'essence impure à une odeur de composés empyreumatiques qui empêche son emploi à des travaux intérieurs. Elle sert surtout pour l’exé- cution de peintures qui sèchent sans lustre, et elle est excellente pour amortir les couleurs. ACADÉMIE DES SCIENCES DE BERLIN Séance du 30 Avril 1914. M. G. Frobenius : Sur la loi de réciprocité carrée. IL. L'auteur passe en revue et compare entre elles les différentes dispositions de la troisième démonstration de Gauss. Séance du 14 Mai 1914. M. A. Engler : Sur l'origine, l'âge et la diffusion des plantes xérothermes extrêmes. Les plantes xéro- thermes extrêmes présentent surtout deux classes de problèmes : d’une part, elles nous posent la question de savoir comment leur organisation leur permet de se conserver et de se multiplier dans des conditions en général si nuisibles aux plantes : manque d'eau pro- longé, températures élevées et souvent brusques changements de température; d'autre part, elles nous 728 placent devant le problème de leur provenance. Ce dernier problème n’a été jusqu'ici traité qu'en passant, mais jamais d’une facon approfondie. Or, s’il était pos- sible de réduire tous les xérophytes à des types hydro- phytes, hygrophytes ou subxérophytes existants et surtout caractéristiques de la même région géogra- phique, l’on pourrait y voir un argument en faveur de l'hypothèse d'une récente évolution de ces formes et d'un âge moins considérable des régions arides, et inversement pour l'alternative opposée. Pour répondre à ces diverses questions, l’auteur a rédigé une liste très complète des formes xérophytes, rangées d'après leur répartition géographique et leur parenté naturelle. Il fait voir que les commencements de nombreuses caractéristiques morphologiques des xérophytes se re- trouvent chez les plantes d’autres climats, qu'un genre donné peut, dans plusieurs parties du monde, mais pas dans d'autres, subir une évolution xéromorphe très marquée et très variée, que les xérophytes extrèmes sont le plus nombreux en Amérique et en Afrique et qu'il convient d'attribuer à bien des xéro- phytes, à cause de leur position isolée, un äge très considérable. SOCIÉTÉ ALLEMANDE DE PHYSIQUE Mémoires présentés en Mai 1914. M. O. Lehmann : La « tension superlicielle-force centrale» et law tension superficielle-force directrice » chez les cristaux liquides. L'auteur avait autrefois attribué la cause inconnue, déterminant les écarts de la forme sphérique qu'on observe chez les cristaux liquides, à une force directrice due au concours des mouvements thermiques et des forces centrales réci- proques des molécules. De récentes recherches ont mis en évidence la part fort importante qui revient, daus ces phénomènes, à la force directrice moléculaire, assi- milable à l'effet de systèmes d’aimants astatiques. Dans le présentmémoire, M. Lehmann fait voir que les forces centrales entre les molécules doivent, aussi chez les cristaux liquides, être la principale cause de la cohé- sion et, par conséquent, de la tension superficielle, dont l'existence se manifeste par le fait que l'énergie superlicielle tend vers un minimum. Or, cette tension superlicielle-force centrale est seule en jeu chez les cristaux parfaitement liquides, tandis que chez les cristaux « fusants » une ension superlicielle-force directrice vient s’y ajouter. — M. P. $S. Epstein : La pression lumineuse sur le mi-plan parfaitement con- ducteur. Les appréciations théoriques de l’auteur con- duisent à ces résultats : deux ondes planes, polarisées, l'une parallèlement au bord d'un mi-plan parfaitement conducteur, l’autre perpendiculairement à celui-ci, ajoutent leurs effets de pression. Il en est de même des effets pondéromoteurs de plusieurs ondes de longueurs diverses. La résultante des forces exercées par plu- sieurs ondes de longueurs égales, mais de phases et d'incidences différentes, se calcule par des formules indiquées dans ce Mémoire. — MM. J. Franck et G. Hertz : Sur les collisions entre les électrons et les molécules de la vapeur de mercure et sur la tension d'ionisalion de cette dernière. Les auteurs font voir que les électrons, au sein de la vapeur de mercure, subissent des collisions élastiques avec les molécules, jusqu'à une vitesse critique. ils décrivent un procédé permettant de déterminer cette vitesse critique, à un dixième de volt près (cette vitesse est celle que pré- sentent les électrons ayant parcouru 4,9 volts). D'autre part, les auteurs font voir que l'énergie d'un rayon à 4,9 volts est exactement égale à un quantum d'énergie de la ligne de résonance 253,6 uy du mercure: Ils discutent les raisons pour lesquelles, dans le dégaue- ment d'énergie entre les rayons à 4,9 volts et les molécules de mercure, une partie des chocs conduisent à l'ionisation, en sorte que #,9 volts correspondraient à la tension d'ionisation de la vapeur de mercure. Une ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES C9 ; autre partie des chocs sembleraient provoquer l'excita= tion lumineuse, laquelle, suivant les auteurs, consiste= rait dans l'émission de la ligne 253,6 uu.. — M.J.Stark® Au sujet des spectres d'arc et d'étincelle de l'hélium: L'auteur fait voir que la ligne À 4686 A, qu’on avait jusqu'ici attribuée à l'hydrogène, est émise d'une façon: intense par la colonne positive de l’étincelle oscilla= toire, dans l'hélium exempt d'hydrogène. Dans cette coloune positive, dans les rayons cathodiques et dans, les rayons-canaux, les deux systèmes de séries connus de l’hélium se comportent comme des lignes d'arc. Læ nouvelle ligne d’hélium À 4686 À se comporte, au con traire, dans fous ces cas, comme une ligne d’étin- celle. Les phénomènes présentés par l'émission des spectres d'arc et d’étincelle de l'hélium s'expliquent facilement par l'hypothèse suivant laquelle la première serait portée par l'ion atomique positif monovalent de He, et cette dernière par l'ion atomique positif bivaz lent de He. — Mie A. Székely de Doba : Les équations fondamentales de la thermo-élasticité, déduites du principe du moindre effet. S'inspirant d’une remarque de M. Planck, suivant laquelle le principe du moindre effet serait immédiatement applicable aux phénomènes non-mécaniques, l’auteur déduit de ce principe les équations fondamentales de la thermo-élasticité. —M MM. H. Brell et E. Schenkl : /temarque relative & l'application des principes mécaniques aux SYStÈmes &M libérté limitée. D'un principe mécanique s'appliquant. aux systèmes libres, donnés en coordonnées généra-" lisées, on déduit le principe correspondant applicable aux systèmes à liberté limitée (holonomes), en rem- placant la force vive L par le terme L+ÆXx gt. —" M. W. Schottky : Une méthode de détermination exacte des diflérences de contact dans le vide. Dans un Mémoire destiné à paraître prochainement’, l'auteur fait voir comment une certaine équation permet de déterminer la différence de contact entre un fil incan- descent et le cylindre qui l'entoure, et, en insérant des cylindres de matières diverses, les différences de contact entre des métaux de températures égales. Daus le présent travail, il indique un dispositif expérimental assurant la réalisation pratique de cette méthode, pour laquelle il convient d'échanger les électrodes” dans le vide. — M. K. Czukor : Déduction élémentaire du théorème de Nernst. On sait que le théorème de Nernst, principe le plus récent de la Thermo-dynamique, a été d'abord énoncé sous forme d'hypothèse. En se basant sur l'hypothèse que les capacités thermiques, à mesure qu'on approche de zéro, deviennent infini= ment petites, et en se servant du second théorème de, la Thermo-dynamique, l'auteur essaie de déduire le théorème de Nernst d'une facon élémentaire, c'est-à- dire sans faire intervenir directement la théorie des quanta. I fait voir que ce théorème serait, de préfé- rence, formulé comme suit : Pour toute matière con= densée, il existe un intervalle de température dans lequel les réactions le long d'une isotherme se pro duisent de la même manière qu’elles se passeraient — à température ordinaire — adiabatiquement. Cette analogie est, semble-t-il, profonde, et l’on peut espérer trouver de cette manière des réciprocités importantes. — M. W. Schottky : Sur les potentiels limites dess électrodes cylindriques. Dans le problème de charge spatial, chez les courants ioniques unipolaires, dans un vide élevé, le potentiel appliqué pour lequel le minimum de potentiel causé par les charges passe tout juste de l'électrode dans l’espace joue un grand rôle. Dans ce travail, l'auteur déduit plusieurs relations s'appliquant à ce potentiel, dit « potentiel limite ». ALFRED GRADENWITZ. PE UE 0 SE ER EE 13 = + =}; ARRETE RES 1 Ann. de Physik, (4), t. XXXXIV, n° 15 ou 16, 1914. Le Gérant: A. MARETHEUX. "| --—] Paris. — L. MARETHEUx, imprimeur, 1, rue Cassette. N° 16-17-18 30 AOUT-30 SEPTEMBRE 1914 Revue générale des ciences pures et appliquées Foxpateur : LOUIS OLIVIER DIRECTEUR : J.-P. LANGLOIS, Docteur ès Sciences. E Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. J.-P. LANGLOIS, 18, rue Chauveau-Lagarde, Paris. — La reproduction et la traduction des œuvres et des travaux publiés dans la Revue sont complètement interdites en France et dans tous les pays étrangers, y compris la Suède, la Norvège et la Hollande. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE e $ 1. — Distinctions scientifiques. Election de M. Raymond Poincaré au rec- torat de l'Université de Glasgow. — Tous les rois ans, les étudiants immatriculés de l'Université de Glasgow, divisés en quatre « nations » suivant leur antique constitution qui dérive de celle des vieilles universités de Bologne et de Paris, procèdent à l’élec- tion de leur recteur. « Cette fonction a un caractère plutôt honorifique. Le «recteur représente les étudiants devant la « Cour de … l'Université », corps directeur de cette dernière, et préside cette assemblée lorsqu’il.est présent. En outre, il doit prononcer un discours rectoral, dans une assemblée solennelle de l'Université, pendant la durée de ses fonctions. La politique joue généralement un rôle prédominant dans l'élection du recteur ; c’est ainsi que les grands chefs de parti anglais : Disraeli, Gladstone, Balfour, eu Chamberlain, Lord Roosebery, M. Asquith, Lord Cur- s zon, M. Birrell ont successivement occupé cette fonc- —…. tion à Glasgow. Cette année, étant donnée la situation … actuelle, les étudiants ont estimé qu'il convenait de renoncer à une compétition politique, et en considé- ration de l’« union intime qui existe maintenant entre — ja France et la Grande-Bretagne » ils ont demandé à M. Raymond Poincaré, président de la République, membre de l’Académie francaise, d'accepter le titre de recteur de leur université. Sur l'acquiescement de ce dernier, et en l'absence de toute autre proposition, le principal de l'Université a déclaré M. Poincaré dûment (lu recteur par les votes de toutes les « nations ». Cet hommage spontané de la jeunesse universitaire écossaise au premier magistrat de la République fran- “çaise a vivement touché tous nos compatriotes. Rappelons, d’après notre confrère anglais Vature, que sur la liste des docteurs honoraires de l'Université -de Glasgow figurent déjà les noms du regretté Henri —… Poincaré et de M. Emile Boutroux, membre de l'Insti- itut, tous deux proches parents de M. Raymond Poincaré. REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1914, LE7 $ 2: Relation entre les poussières volcaniques et les changements de climat. — M. W.-J. Hum- phreys a publié, dans le dernier Bulletin of Mount Weather Observatory, une étude sur cette question, et l'adaptation francaise qui en a été faite par M Gou- tereau me permet de résumer ce travail dans la Revue. IL apparaît comme probable que les changements de clinat se sont produits à plusieurs reprises (aux époques géologiques), à des intervalles très longs et non périodiques. Ces variations, de plus, ont dû.être simultanées et de même sens pour la Terre entière, celle-ci devenant, dans son ensemble, alternativement plus chaude et plus froide, et ces changements ont été caractérisés par l'extension ou le retrait de la calotte glaciaire. L’explication la plus simple de ces change- ments de climat est celle qui les fait reposer sur des variations de la constante solaire, c’est-à dire de la quantité de chaleur envoyée par le Soleil à la surface du sol. Cette théorie, parfaitement acceptable, n’ap- porte malheureusement ni preuves, ni réfutation, puisque les mesures d’actinométrie datent à peine d'une centaine d'années. Il paraît donc plus raison- nable de lâcher de trouver d’autres explications et de voir si d’autres causes mieux connues n'ont pas pu ètre l'origine des périodes glaciaires. La théorie de Croll, qui est rappelée par M. Goute- reau dans son étude, est basée sur ce fait que, lorsque l'orbite de la Terre atteint sa plus grande excentricité, il y a extension des glaciers sur l'hémisphère pour lequel l'hiver concorde avec l’aphélie. Cette explica- tion soulève de graves objections : la période de 23.000 ans du phénomène de la précession des équi- noxes et trop courte en comparaison de la durée que les géologues assignent aux changements d- climat. Ensuite, l'hypothèse que la température moyenne de l’été ou de l’hiver serait directement propoitionnelle à la chaleur solaire est infirmée par les faits. En dernier lieu, l'alternance des phénomènes glaciaires sur l’un et l’autre hémisphère est contraire à la condition du 16-17-18 — Météorologie 730 1 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE parallélisme des variations climatiques pour la Terre entière. Arrhenius a exposé, d'autre part, une théorie qui repose sur l'absorption sélective de l'acide carbonique par lesradiations delongueur d'ondedifférentes. L'acide carbonique, selon Tyndallet Arrhenius,absorbe, comme on le sait, davantage les radiations terrestres que les radiations solaires, de telle sorte que, retenant les premières et laissant passer les autres, il joue le rôle d'écran protecteur. Il est certain qu'au point de vue qualitatif, cette hypothèse paraît juste, mais, au point de vue quantitatif, elle est erronée, car l'absorption produite par une colonne d'acide carbonique à la pres- sion atmosphérique n’augmente plus lorsque la lon- gueur de cette colonne dépasse 50 centimètres, comme Font montré Schaefer et Angstrom. Par ailleurs, Angstrüm a trouvé que l'absorption de l'acide carbo- nique augmente avec la pression, et que cette absorp- tion reste la même qualitativement et quantitativement, que l’accroissement de pression soit produit directe- ment ou résulte de l'introduction de nouvelles masses gazeuses. Donc, pour expliquer les changements de climat par des variations de la quantité d'acide carbo- nique contenue dans l'atmosphère, il faudrait admettre pour ces variations une ampleur démesurée et tout à fait invraisemblable. Humphreys développe, à son tour, une explication des changements thermiques du globe, explication que des observations récentes semblent devoir confirmer avec une très grande exactitude. Elle repose sur l'existence dans l'atmosphère d'une masse considérable de poussières d’origine volcanique. On peut se demander, en premier lieu, quel est le rôle exact des poussières existant dans l'atmosphère. Elles absorbent sans doute certaines radiations so- laires, mais elles jouent le rôle d'écran pour le rayon- nement terrestre ; il y a donc là une double opération qui règle la perte et le gain de chaleur pour la Terre. Soit I la quantité de chaleur solaire qui tombe par unité de temps et de surface sur la couche de pous- sière; soit aÏ la quantité absorbée; il y a équilibre, et cette quantité est rayonnée par moitié vers l'espace et vers la surface du sol, de sorte que par unité de sur- face celle-ci reçoit une quantité de chaleur égale à Pour une raison analogue d'équilibre, cette quantité est rayonnée vers l’espace, et une partie en est absorbée par les poussières dans une proportion différente que pour le rayonnement solaire; si b est le coefficient d'absorption des poussières pour le rayonnement terrestre, la quantité qui revient à la Terre est a\ b Ai CAR HET 1(1—:)5et, en répétant n» fois l'opération, la quan- lité totale de chaleur qui parvient à la Terre est 2— a G—s)n+s+ Gp +-]ixes. Si a>>b, la Terre recevra moins de chaleur, et la présence des poussières aura comme résultat un abais- sement thermique. Si a b, les poussières causeront un relèvement de la température. On trouve comme dimensions moyennes des pous- sières volcaniques 4 micron 8 pour les poussières des éruptions du Katmai; de plus, on peut évaluer à un peu plus d’une année le temps que mettraient de pareilles poussières pour descendre de l'altitude de 40 kilomètres jusqu'à la limite inférieure de la strato- sphère. Prenons donc une poussière de 2 microns de dia- mètre; si nous étudiions l'effet que peut avoir une telle poussière sur le rayonnement solaire et sur le rayon- nement terrestre, nous (lrouverions que: lé rayonne- meut solaire serait réduit de moitié par le passage à travers une couche dont l'épaisseur serait de 190 : nki= lomètres, n étant le nombre de particules par centi= mètre cube, tandis que pour le rayonnement terrestre la même réduction ne serait obtenue que par le pas- sage à travers une couche de 5.700 : n kilomètres. Ces nombres montrent que les radiations terrestres tra= versent plus facilement la couche de poussières volca= niques que les radiations solaires. La présence des poussières volcaniques dans l'atmosphère doit done avoir pour effet un abaissement de température. Les mesures actinométriques semblent, d'ailleurs, bien confirmer ces faits; il faut remarquer toutefois que le phénomène est plus complexe : la quantité de chaleur qui parvient au sol ne dépend pas seulement: de l’atmosphère terrestre, mais avant tout de la quan tité de chaleur envoyée par le Soleil. On a, à ce sujet, quelques indices qui permettent de supposer que cette dernière n’est pas constante, et qu'elle n’est pas la même aux époques des maxima et aux époques des minima d'activité solaire. Le parallélisme qui existe, dans le travail de Humphreys, entre les courbes repré- sentant les anomalies de température et celle des: moyennes pyrhéliométriques est à ce sujet. frappant, en particulier dans la descente brusque qui s’est pro- duite de 1911 à 1912, à la suite de l’éruption du Katmai. Par rapport à l’activité volcanique, on a pu constater le retard de l’abaissement thermique. Ainsi, le refroi- dissement consécutif à l’éruption du Krakatoa s’est surtout fait sentir dans le deuxième trimestre de 1883 et en 1884. Ce retard représente probablement le temps nécessaire aux poussières volcaniques pour descendre des grandes altitudes où elles ont été lancées jusqu'à la limite de la stratosphère. Ainsi les poussières volcaniques paraissent avoir une: influence bien marquée sur la température du Globe. Humphreys montre que leur action peut expliquer certaines divergences entre la variation du nombre des taches solaires et les anomalies thermiques. Les courbes qui représentent les variations de ces deux éléments offrent une grande similitude, et on peut dire qu'au maximum d'activité solaire correspond un minimum de température et inversement. Gependant, cette règle n’est pas sans exception, et on est frappé, en particulier, du contraste entre l'allure régulière de la sinusoïde qui représente le nombre des taches so- laires et les accidents importants de la courbe ther- mique : ces irrégularités s'expliquent probablement par des éruptions volcaniques. La période froide qui va de 1783 à 1785, et qui correspond à un minimum d'activité solaire, est due aux éruptions de l’Asama. De même pour 1816, 4831-1832, 1856-1857, années qui ont été froides pendant une période de ralentissement de l’activité solaire, on trouve qu'elles ont été précé- dées d’éruptions volcaniques importantes (pour 1816, celle du Tamboro Sumbarva qui eut lieu en 1815 et fit 56.000 victimes). H. Perrotin $ 3. — Art de l'Ingénieur. La reconstruction du canal de Kiel. — C'est en 1887, dans un but surtout commercial, que com- menca la construction du canal de l'empereur Guil- laume ou canal de Kiel, destiné à relier la Baltique à la mer du Nord, en évitant aux navires le long et dan- gereux détour par le nord de la presqu'ile de Jutland, aux côtes souvent battues par les orages. Achevée en 1895, cette nouvelle voie complait près de 99 kilo- mètres de longueur, de Kiel à Brunsbüttel sur l’Elbe ; sa profondeur était de 8,50 à 9 mètres, sa largeur de 22 mètres au plafond et de 67 mètres au niveau de l'eau. Quoique ce fut un canal à niveau, on avait dù construire une écluse à chaque extrémité : l’une, à l'ouest, en raison de la marée importante de la mer du Nord : l’autre, à l’est, pour parer aux variations, dues aux orages, du niveau de la Baltique, mer marée, La construction n'avait pas coûté moins de 195 millions de francs. sans: sie LE dr . : CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE Le canal acquit rapidement une grande importance commerciale, mais on reconnut qu'il avait pour la marine allemande une valeur stratégique encore supé- rieure, que la guerre actuelle met clairement en relief. Or, quoique les écluses eussent été bâties assez andes pour recevoir tous les vaisseaux, elles virent eurs dimensions dépassées, mème par celles des “navires de guerre. D'autre part, le tracé primitif du “canal comportait des courbes d'assez faible rayon pour rendre la traversée parfois laborieuse pour les grands vaisseaux : les voyageurs du Versailles, affecté par la Revue générale des Sciences à sa première croisière “aux Capitales de la Baltique, en firent il y a quelque quinze ans la désagréable expérience. On décida donc de reconstruire le canal, en l’élar- gissant et en le munissant d'écluses assez grandes pour recevoir les plus grands navires avec tout l’espace “pour manœuvrer. La largeur normale du canal est “maintenant de 101 mètres à la surface et de 44 mètres “au plafond, avec une profondeur de 11 mètres. De nouvelles écluses ont été aménagées à côté des anciennes à chaque extrémité ; elles mesurent 325 mè- “tres de longueur sur 45 mètres de largeur, alors que les écluses du canal de Panama n’ont que 300 mètres “sur 34 mètres. Le canal agrandi a été inauguré par l'empereur au ommencement de l’été dernier ; sa reconstruction a coûté 275 millions de francs ; mais il possède mainte- “nant une importance incalculable pour l'Allemagne dans la guerre présente. ! $ 4. — Chimie appliquée L’imperméabilisation improvisée des vête- ments militaires. — M. G.-A. Le Roy vient de com- muniquer à l'Académie des Sciences un procédé apte à réaliser d'une manière facile, rapide et économique, J'imperméabilisation des vètements usagés des soldats “en campagne. Ce procédé peut contribuer à protéger “les soldats contre les intempéries, aussi redoutables “que les projectiles de guerre. Le procédé est basé sur une très légère imprégnation des fibres des tissus, au “moyen de la graisse de suint de mouton (adeps lanæ “anhydre), préalablement dissoute et diluée dans un véhicule neutre, anhydre et volatil. Le produit päteux, dans la proportion de 5 à 40 parties, est liquéfié d'abord à l’aide de quelques entimètres cubes de chloroforme ou de tétrachlorure de carbone, puis aussitôt dilué et dissous dans 95 à 90 parties d'essence de pétrole pour automobile ou d'hydrocarbures-benzols employés par les dégraisseurs. luniforme entier avec ses galons, boutons (capote, pantalon, képi, etc.) est immergé dans le liquide, placé dans un vase quelconque; il y est foulé pendant quel- ques minutes, puis exprimé et abandonné au grand r pour séchage. Par évaporation du dissolvant volatil, es corps gras du suint restent fixés sur les fibres et L’imperméabilisation est telle que des morceaux de drap militaire ainsi traités, puis faconnés en cône ren- versé et placés dans un entonnoir, ont pu être rem- lis d’eau distillée, sans laisser filtrer aucune gouttelette d'eau, même après vingt-quatre heures de contact. Par ailleurs, le drap traité conserve, d'après M. Le Roy, toute sa perméabilité à l'air et à la transpiration, ce qui est, on le sait, capital, au point de vue sanitaire. Fixage des papiers photographiques. — lélimination imparfaite de l’hyposullite de soude ëmployé au fixage des épreuves photographiques en provoque souvent l'altération. Et il est très difficile de däire disparaître les dernières traces de ce sel, ainsi qu'on le constate par certains réactifs très sensibles, els que le niwate d'argent qui, en présence d'un ré- Sidu hyposulfureux, produit une tache jaune brun. 731 L'expérience montre qu'un lavage à l’eau courante, même prolongé pendant vingt-quatre heures, est encore insuffisant. On peut faciliter, dans une certaine mesure, l'élimi= nation du fixateur. en exerçant sur les épreuves des pressages successifs, alternant avec des lavages som= maires. On peut, aussi, détruire l’hyposulfite resté dans la couche, à l’aide de divers oxydants donnant naissance à des produits très solubles, faciles à éli- miner, comme le percarbonate de potassium, l’eau oxygénée ou le persulfate d'ammoniaque neutres. On peut encore rendre la gélatine insoluble et laver dans l'eau chaude; mais ce traitement, applicablé aux plaques, ne convient guère aux papiers, dont la pâte risque de se désagréger. On a remarqué que l'élimination de l'hyposulfite est plus rapide quand le bain de fixage est neuf ou peu usagé. A mesure que le fixateur se charge de sels d'argent, il est de plus en plus difficile d'en débarras- ser les épreuves. Le remède à cet inconvénient:con- siste à immerger les épreuves successivement dans deux solutions d'hyposulfite, dont la seconde, au moins, doit être neuve ou peu usagée. Ce procédé avait été déjà préconisé à diverses reprises, notam- ment par M. Reeb en 1895, par M. Wallon en 1898; par M. Namias en 1912. Plus récemment, MM. Lumière et Seyewetz ont démontré la nécessité du second baim de fixage et indiqué les conditions précises d’emploï de ce bain, de façon à enlever toute trace de substance hyposulfureuse décelable par le nitrate d'argent. Ce résultat est atteint le plus rapidement et le plus économiquement possible en opérant de la façon suivante : 1° Fixer d'abord les épreuves comme d'habitude; pendant cinq minutes environ, dans un premier bain de fixage plus ou moins usagé, ou bien les traiter par le viro-fixateur, s’il s'agit de virage et fixage com: binés ; 2° Laver les épreuves pendant une heure environ; en interrompant le lavage tous les quarts d'heure pour les égoutter, les presser en tas à la main, puis les remettre, une à une, dans la nouvelle eau de lavage; 3° Immerger ensuite les épreuves, pendant cinq minutes, dans un second bain d'hyposulfite à 20 °/,, exclusivement utilisé pour ce second fixage; 4 Laver de nouveau les épreuves, pendant une heure à une heure et demie, en procédant comme après le premier fixage. On s'assure alors qu'une touche de nitrate d'argent, faite sur le bord d'une épreuve, ne donne plus de coloration jaune appréciable, au bout de deux à trois minutes. Quand le second bain de fixage aura servi un certain nombre de fois, on remarquera que le nitrate d'argent produit une tache. C’est l'indice que la solution d'hy- posulfite est trop chargée en sels d'argent. On pourra, dès lors, l'employer comme premier bain de fixage, et l’on préparera une nouvelle solution fraiche pour le second bain de fixage. Ernest Coustet. $ 5. — Physiologie. Nouvelles recherches sur Putilisation de l'avoine dans lalimentation humaine, en particulier celle du soldat. — L'introduction de l’avoine dans l'alimentation humaine a déjà fait l’objet de nombreuses recherches que la Æevue à fait connaître. Mais, jusqu'ici, l’utilisation de l'avoine n'avait été envisagée qu'au point de vue médical, plus particulièrement, et ce grain, préparé d’une facon spé- ciale, n’était guère considéré que comme un produit pharmaceutique. L'introduction de l’avoine dans l'alimentation habi- tuelle de l'homme se rattache à un problème social des plus graves, celui de la vie chère. Les recherches récentes de M. le capitaine Moreau, ayant en vueles moyens d'améliorer l’alimentation du soldat, placent 732 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE cette question sous un jour nouveau et devenu d'une grande actualité. Les observations faites par cet officier distingué offrent des précisions d'ordre scientifique et pratique d’une portée tout à fait inattendue. I. Æxposé scientifique. — On sait que le grain d'avoine torréfié ne rancit pas, mais qu'au contraire son goût s’affine et devient agréable ; c'est précisément cette influence favorable de la torréfaction qui donna Pidée d'expérimenter l’avoine comme aliment de l’homme. Il convenait d'établir, tout d'abord, que l’avoine est aussi riche que les autres aliments en | principes essentiels, et qu'elle peut être pour l’homme | ce qu'elle est pour le cheval, en envisageant, non pas son pouvoir excitant, mais son pouvoir nutritif. Il faut distinguer, dans le grain, deux parties : l’'amand et l'enveloppe de l’amande. L'estomac de l'homme digère l’amarde, mais ne digère pas l'enveloppe. Or, le prin- cipe excitant de l’avoine — l'avénine — est volalil et se trouve dans l'enveloppe ; il est indépendant de l'amande ; par suite, si on broie le grain, en quelques TagLeau [. — Analyses comparées de l'avoine et d’autres céréales FARINES DE BLÉ FRANÇAISES 2 MAÏS RIZ £ 2 © | variations | variations < = © œ = £ ONE cp LDE °/0 Jo 210 °/0 °/0 °/0 °/0 DAV ENOMEME SC 9,36/13,34/12,65/12,20 14,40/10,20 46,00 Cendres 1,97| 0,48! 0,96! 0,94 14,64 0,14 0,58 11,82] 8,10 9, Substances azotées. 67 1,36| 4,25 5,50 Matières grasses. . Amidons,dextrines, sucres . Cellulose . heures, le principe excitant disparaît, et si on enlève l'enveloppe, l’'amande seule reste, sans pouvoir exci- tant, mais cette dernière contient des éléments qui suffisent pour lui assurer la supériorité sur les grains des autres céréales, surtout après torréfaction. L'un des effets de cette torréfaction est de transformer une partie de l’amidon qu'elle contient, et qui n’est pas digestible, en dextrine, qui est digestible. Cette trans- formation augmente donc la valeur nutritive de l’avoine et lui fait perdre 10 °/, de son poids d'eau. Les analyses d'avoine faites par Desgrez et Jacquet, ana- lyses qui ont donné des résultats constants, établis- sent, par les chiffres suivants, la supériorité quantita- tive des principes nutritifs contenus dans l'avoine comparativement aux autres grains de céréales (Ta- bleau 1). Comparée à l'orge et au seigle, l'avoine présente, à l'égard de ces céréales, une supériorité nutritive res- sortant à un quart pour les matières azotées et trois quarts pour les matières grasses, ainsi que l’indiquent les chiffres ci-dessous : AVOINE 12,68 5,90 SEIGLE 1,52 à 9,9 1,04 à 4,36 ORGE 7,98 à 13,97 1,98 à 2,20 Matières azotées. . Matières grasses, . On voit que l'analyse s'accorde avec l'expérience pour démontrer la réelle valeur de l’avoine comme aliment pour l'homme, valeur qui ressort de sa supé- riorité sur les autres grains de céréales habituellement employés à cet usage. IL. Æxposé technique. — Les dents broient les aliments pour permettre aux sécrétions diverses, dont la première est la salive, de se mélanger intimement aux corps ingérés. Les aliments qui sont offerts em bouillie ou qui, durs, se transforment le plus facile- ment en une bouillie au contact de la salive, sont mis naturellement et sans effort dans les meilleures con= ditions pour que la digestion en soit facile. | Or, l’avoine satisfait à ces conditions. Elle est utili= sable, tantôt en grains rôtis, entiers ou brisés, qu s’amollissent de suite au contact de la salive, tantôt en farine avec laquelle on fait, non pas une bouillie à apparence de colle comme avec la farine de froment, mais une soupe légère : la salive, le suc gastrique, les sécrétions intestinales pénètrent facilement l'aliment et le travail de la digestion s'effectue sans aucun effort. La question du pain d’avoine se pose tout naturelle- ment. Or, on a vu que, pour être mangeable, l’avoine doit être préalablement rôtie, torréfiée, atin d'éliminer le principe qui rancit, l’altère, et lui communiquerait un mauvais goût. Mais après la cuisson, l’avoine est stérilisée, privée de ses ferments et, dès lors, le levain ne peut agir sur elle; il taut donc pouvoir la consommer sous une autre forme qu’en pain. On prépare aussi l’avoine à la vapeur, pour obt-nir ce que l’ou appelle les flocons d'avoine ; mais cet aliment, très répandu en Amérique et en Angleterre, se pr pare au sucre et au lait, d'une manière spéciale et inva- riable, et l'aliment se présente alors sous un aspect qui ne s’harmonise pas avec les goûts et les habitudes du consommateur français. En cherchant à solutionner le problème du transport individuel de la ration de farine par le soldat, M. le capit.ine Moreau a réussi à préparer un biscuit d'avoine pure, facilement transportable, comestible, et dont la dureté, nécessitée par les conditions du trans- port par la troupe, cesse dans la bouche, au contact des fragments du biscuit avec la salive. Au point de vue alimentaire et par son goût agréable, ce biscuit est très supérieur au pain de guerre. On peut en varier la saveur en y ajoutant du sucre, du sel, du lait, du beurre, des matières grasses dans des proportions convenables, mais il faut observer que ce sont la des éléments de destruction : corps gras, qui rancissent, ou corps qui, comme le sel, attirent l'humidité. Il en résulterait un défaut de conservation, s'opposant à l’utilisation du biscuit d'avoine autrement que seul et pour faire la soupe. Dans tous les cas, les avantages de l’emploi du bis- cuit d'avoine sont suffisamment importants pour rete= nir l'attention, ne serait-ce que par sa puissance nutritive et sa digestibilité, supérieures à celles des autres grains de ceréales et de bon nombre d’ali- ments. II. Résultats d'expériences. — Pour établir la valeur pratique de l’avoine dans l'alimentation humaine et par suite la possibilité d'utiliser à cette fin ce grain dans des conditions encore inconnues jusqu’à ce Jour, M. le capitaine Moreau s’est livré à des expériences sur la troupe; elles ont porté sur les points s ivants : accoutumance individuelle et collective à un goût nou- veau, conservation et même reconstitution de l'énergie. Voici les traits caractéristiques de ces expériences : Un soldat colonial, affecté de dysenterie persistante, avait été débilité par trois semaines de régime sévère & régime lacté aussi réduit que possible comme quan- tité. Arrivé au terme du traitement le malade prit, plu- sieurs fois par vingt-quatre heures, de la farine d'avoine torréfiée avec sa ration de lait, pendant trois jours consécutifs. Au bout de ce temps, ses forces étaient complètement revenues. M. le capitaine Moreau a cherché à déterminer l'influence de la consommation de l'avoine sur le poids du consommateur. Au début de la belle saison, un groupe de vingt soldats fut soumis à une pesée individuelle par deux fois, à trente jours d'intervalle. Ce groupe consomma, tous les Jours, une soupe d'avoine : 33 grammes de farine d'avoine; soit 1 Kilogramme par homme en un mois. Un groupe de même effectif fut pesé aux mêmes dales, mais ne CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 133 consomma pas d'avoine. Les groupes étaient formés, non pas d'hommes choisis, mais de fractions consti- tuées au hasard et effectuant les mêmes exercices. Au terme de l'expérience, le total des poids accusait, pour le groupe soumis au régime de la soupe d'avoine, une augmentation de 3 kilogrammes ; le groupe non sou- mis à ce régime avait perdu 3 kilogrammes, soit une différence de 6 kilogrammes. Le premier avait aug- menté ses réserves; le second avait fait appel aux siennes. Evidemment, chaque homme du premier groupe avait ofticiellement consommé 1 kilogramme de nour- riture de plus dans le mois; mais, en fait, aucun contrôle n'avait pu s'exercer sur ce que chacun avait consommé de pain, par rapport à son voisin, etc. La force ne se traduit pas nécessairement par une aug- mentation de poids, mais il estintéressant de constater que la modification, chez des hommes en pleine acti- vité, s’est traduite, pour les hommes ayant consommé de l’avoine, par une augmentation de poids. Des individus et des groupes de huit à dix hommes, “ayant été mis au régime d'une soupe d'avoine quoli- dienne, firent preuve d'une résistance constante aux fatigues du métier militaire. Une expérience fut laite Sur un groupe comportant plus de cent hommes. Elle donna des résultats très intéressants, car elle permit d'établir une comparaison, chose particulièrement difficile à obtenir en pareille matière: M. le capitaine Moreau fit distribuer la ration adoptée de 33 grammes d'avuine torréliée à toute une compagnie d'infanterie, “pendant rente jours consécutifs; les autres compagnies du même bataillon n’en reçurent pas Le bataillon fit quinze jours de manœuvres de camp et quinze jours d'étapes, par une température extrêmement chaude; les étapes seules formaient un total de 340 kilomètres. Les compagnies n'ayant pas consommé d'avoine présen- tèrent pendant ce mois, par compagnie, une moyenne de douze hommes à la visite médicale quotidienne. Du premier au trentième jour, la compagnie qui avait consommé de l'avoine ne présenta pas un seul homme à la visite médicale,etson entrain ne se démen- tit pas un instant. D'autre part, une colonie scolaire d'enfants de Paris, envoyée pendant trente jours dans les Alpes, fut sou- mise à une semblable expérience. M. le capitaine Moreau fit distribuer, chaque jour, une soupe à l’avoine aux soixante-dix rationnaires. Pas un membre de la colonie ne manqua un seul exercice en montagne pendant les trente jours; l'endurance fut égale chez … tou-. . —…. Voici, enfin, un exemple très remarquable d’expé- mrience individuelle. Un officier de cavalerie s'astr'int “au régime suivant : au retour des exercices de la kmatinée, qui commencent de bonne heure dans la cavalerie, il prit, chaque jour, à 10 h. 1/2, un potage “d'avoine, supprimant toute viande à son repas; aussilôt après, il chevauchait tout le jour et sans autre nourri- ture depuis l'aube; il atteignait sans fatigue l'heure de “la retraite et du diner, ayant passé à cheval, aux “allures vives, de dix à quatorze heures var jour. “L'expérience dura toute une saison, et le résultat d'en- “durance parut si neltement marqué, que cet aflicier “remplaca radicalement, par la suite, toute nourriture | de sa famille, au réveil, par une soupe d'avoine. Cette “alimentation ne modifia pas le rapport de croissance “des enfants, les uns vis-à-vis des autres; tous se mon- trèrent vigoureux, bien musclés eu résistants à la - fatigue. —._ Alinstigation de M. le capitaine Moreau, l'autorité “maritime fit effectuer des expériences dans les hôpi- taux de Brest, et après plusieurs mois d'observations suivies et concluantes, l'usage de l’avoine pour les “ordinaires des équipages et des services de la marine | fut autorisé. De son côté, le Service dans les Places de guerre, s'appuyant sur les résultats des expériences relatées, a prévu que les ressources en avoine des places investies devront être considérées comme inté- ressant l'alimentation des hommes. Au point de vue économique et agricole, on peut donc prévoir, comme conséquence très importante de ces recherches expé- rimentales un accroissement considérable des débou- chés offerts à la production de l’avoine. Il est utile de faire ressortir à cet égard l'intérêt de cette question, intérêt déjà souligné par le Syndicat central des Agri- culteurs de France, lorsqu'il eut à apprécier récemment les conséquences économiques des expériences de M. le capitaine Moreau, lesquelles peuvent se résumer ainsi qu'il suit : l’avoine, comme aliment de l’homme, ne nécessite qu'une préparation simple, rapide, peu coûteuse; elle constitue un aliment susceptible de varier non pas d'aspect, mais de goût, d'une manière indéfinie, ce qui a pour effet d'éviter la lassitude de l'estomac en présence d’un aliment toujours le même; la puissance nutritive et la digestibilité de l’avoine sont bien démontr-es. Enfin, on peut se procurer cet aliment en toutes saisons et en abondance sur le terri- toire français et à des prix donnant la possibilité de mettre la ration individuelle à la portée des plus pauvres. Il se peut donc que l’avoine apporte une part contributive à la solution du grave problème de la vie chère. Henri Blin. Q $ 6. — Hygiène Comment se protéger contre le froid aux mains et aux pieds? - A cette question, qui se pose à tous ceux que préoccupe le désir de protéger nos soldats contre les rigueurs de l'hiver qui s’ap- proche, M. Fernet à répondu, à l’une des dernières séances de l’Académie de Médecine, en indiquant quelques moyens très simples, et pourtant très effi- caces, dont il a depuis longtemps fait l'épreuve sur lui-même et suc d’autres. Le principe sur lequel reposent ces moyens est celui qui. pour les habitations, fait la valeur des parois, portes et fenêtres doubles, et, pour les vêtements, celle des vêtements multiples ou des doublures. Par analogie, pour lutter contre le refroidissement des mains el des pieds, M. Fernet conseille, comme très avanta- geux, l’usage de dr-ux paires de gants superposés ou celui de deux paires de bas ou de chaussettes. Aux mains, le gant extérieur, gant ou moufle, sera en laine tricotée ou en peau doublée de fourrure; le gant intérieur sera, de préférence, en peau ordinaire, à -on défaut, en simpe ti-su de coton. Pour les pieds, d’abord bas ou chaussettes de coton ordinaire, et, par-dessus ce bas, bas ou chaussettes de laine, plus ou moins épais. L'addition, sous le bas de laine, d'un bas de coton n'augmente l'épaisseur du vêtement que d'une fiçon insignifiante et permet, sans difficulté, le port de la chaussure habituelle ; et pourtant, cette petite addition suffit pour augmenter, dans une très grande proportion, la valeur du bas de lain- extérieur pour garantir du froid. Si l'on est exposé aux crevasses ou aux engelures, il est bon de tenir les mains et les pieds constamment enduits d’une très légère couche de vaseline, de ne faire le lavage des mains qu'avec de l’eau tiède et, après ce lavage, de faire un essuyage complet et soigné, qui ne laisse sur la peau aucune trace d'humidité. les frictions énergiques des mains l’une contre l'autre, les mouvements actifs des doigts et des pieds, des membres supérieurs et inférieurs, sont des moyens de réchauffement bien connus et de valeur éprouvée. 734 LE SYSTÈME DES ÉLÉMENTS CHIMIQUES Quelques années seulement après que la théorie moderne des atomes eut été énoncée par Dalton et généralement adoptée par les chimistes, Prout, le premier, en 1815, essaya d'établir une loi des atomes en proposant l'hypothèse que les poids ato- miques étaient tous des multiples du poids ato- mique de l'hydrogène. À partir de 1826, Léopold Gmelin, dans les édi- tions de son manuel de Chimie, dirigea l'attention sur une espèce de relations remarquables entre les éléments : c'est l'existence de amilles d'éléments, et tout d'abord de /riades (Dübereiner) ou groupes de trois éléments semblables, dont les poids ato- miques forment une série avec des différences à peu près constantes, comme par exemple les métaux alcalins Li, Na, K; les haloïdes CI, Br, I; le groupe de l'oxygène O, $, Se, etc. Plusieurs savants ayant augmenté le nombre et l'extension de ces groupes, ces recherches, par degrés et après beaucoup d'années, frayèrent le chemin à un système ou plutôt à une méthode qui permit d’ordonner pour la première fois tous les éléments. C'est à Mendéléeff, de Saint-Pétersbourg, que revient l'honneur d’avoir, en 1868, réussi à unir toutes ces familles en arrangeant tous les éléments alors connus dans une seule série d’après leurs poids atomiques. À peu près à la même époque, Lothar Meyer consacrail des études profondes aux mêmes grou- pes et spécialement aux qualités physiques et chi- miques des éléments, et en 1870 il énoncçail la pro- position que {outes les qualités des éléments sont des fonctions du poids atomique, considéré comme la variable indépendante. Bien qu'on ne puisse nier que nos connaissances des qualités des atomes aient été considérablement augmentées par l'introduction d’une variable indé- pendante, il faut avouer que la méprise dans le choix de cette variable a pour longtemps retardé l’évolution de ces connaissances. Les études, qui m'ont enfin conduit en 1913 à une forme déterminée pour l’arrangement des élé- ments, ont été commencées déjà en 1875, et ont d'abord abouti à la conviction qu'il n'était pas possible de se servir du poids atomique comme variable indépendante. I. — LA VARIABLE INDÉPENDANTE. Dans le système de Mendéléeff, tous les éléments sont arrangés dans une seule série et chaque élé- ment est déterminé par sa place dans le système. J. R. RYDBERG — LE SYSTÈME DES ÉLÉMENTS CHIMIQUES Cela veut dire qu'une seule variable indépendante suffit à déterminer parfaitement un élément. Comme il est évident que ces éléments forment une série discontinue, aucune des qualités des élé-1 ments ne variant continuellement d’élément à« elément, il faut aussi que la variable indépendantes soit discontinue. Donc nous prenons comme varia- ble indépendante la série des nombres entiers positifs, et nous les nommerons les nombres d'ordre ou /es ordinaux des éléments. Ces nombres entrant comme des termes dans la même équalion que les valences, il faut qu'ils soient de la même qualité ou qu'ils désignent un cerlain nombre d'électrons. II. — La CONSTITUTION DU SYSTÈME. Parmi les éléments actuellement connus, il ne manquait en 1868 jusqu'à CI inclusivement que les gaz nobles He et Ne. Les 14 éléments Li Be Na Meg B Al C Si N P ( S FI CI formaient évidemment deux périodes très sembla- bles, de 7 éléments chacune, suivies par deux autres groupes plus grands à 17 éléments : K Ca (Sc) Mi, M Cr Mn Fe"Co RD. SrY Zr. Nb Mo — "Ru Rh Ni Cu Zn (Ga) (Ge) As Se Br Pd Ag Cd In Sn. !Sh10Tel où il manquait encore les gaz nobles Ar et Kr et en outre les éléments Sc, Ga et Ge, depuis trouvés, et l’'homologue (45) de Mn, encore inconnu. Ce sont ces quatre groupes que Mendéléeff avait réussi à ordonner d’une manière satisfaisante, comme l’a prouvé la découverte des éléments nou- veaux, dont les poids atomiques et les proprié- tés coïncident d’une manière élonnante avec les valeurs prédites. On a appelé ces groupes d'élé- ments des séries ou des périodes, bien que l'exten- sion des deux derniers groupes soit beaucoup plus grande que celle des deux premiers. Mendéléeff as mème osé étendre la série des éléments en suppo- sant que les deux grandes « périodes » connues seraient suivies d’autres périodes de même lon- gueur. Mais ici l'essai de former un système a échoué, et l’on a depuis fait un grand nombre de tentatives infruclueuses pour ordonner les élé- ments suivants, surtout depuis la découverte des éléments nouveaux, en grand nombre, appartenant aux métaux alcalino-lerreux rares, lesquels n'ont pas montré d'analogies avec les éléments des J. R. RYDBERG — LE SYSTÈME DES ÉLÉMENTS CHIMIQUES groupes précédents. Parmi ces tentatives, je ne veux pas dissimuler celles que j'ai faites moi-même en 1897 et en 1906. Il s'en est fallu de peu que tous ces travaux sans résultat aient compromis l'idée d'un système des éléments. Mais /a découverte des gaz nobles par Ramsay and Rayleigh a jeté une lumière nouvelle sur l’ordre des éléments. Par He and Ne, le nombre des éléments dans les deux premières « périodes courtes », que nous comptons ensemble comme un seul groupe, a été augmenté de 14 à 16, et la découverte de Ar et Kr a également donné au groupe qui contient les deux « grandes périodes » un nombre de 36 élé- ments au lieu de 34. Ces deux nombres 16 et 36 ou 4.% et 4.3° m'ont montré que la formule la plus simple pour le nom- bre d'éléments d’un groupe serait 4 p”, si p est le nombre du groupe. Après avoir examiné de plus près les groupes correspondant aux autres valeurs connues de p, mous reviendrons aux qualités générales du système. 1. Le Groupe G,. — Le gaz noble X {56) forme la limite entre G, et G,; puis nous avons quatre élé- ments Cs (57), Ba (58), La (59), Ce (60), dont les valences 1, 2, 3, 4 suivent la marche ordinaire. Mais avec Pr commence la difficulté, les valences deve- nant constantes et égales à 3 pour toute la série d'éléments jusqu'à Ta. Cependant les poids atomiques des éléments Ce(60) Pr(61) Nd(62) 140 ,95 140,6 142,6 sont situés trop près l'un de l’autre pour y inter- caler des éléments nouveaux. J'ai done donné à Pr et à Nd les numéros 61 et 62. Comme des gaz nobles séparent non seulement les groupes, mais aussi leurs moitiés, il faut supposer que Nt occupe le milieu du groupe G.,. Alors cet élément doit avoir le numéro 4.1° + 4.9%° 1 ; 4.3 LS A — 4 + 16-+ 36 + 32 — 88. D'après l'analogie avec la dernière partie de G,, nous pouvons arranger les éléments qui précèdent Nt, de Bi (85) jusqu'à Ta (75), de manière qu'il nous reste seulement une lacune entre (63) et (74). Pour remplir ces 12 places, nous possédons déjà 10 élé- ments connus à poids atomiques entre 150,4 et 474,0. Sm Eu Gd The ADy 450,4 152,0 157,3 159,9 462,5 Ho Er Tu Yb Lu 163,5 167,7 168,5 172,0 174,0 Pour placer ces éléments sur leur places exactes, nous essayerons de calculer approximativement les poids atomiques pour les éléments dans cette partie de la série en prenant les moyennes entre les élé- ments de N —16 et NX +16, N variant de 6% à 69. Voici la série que nous obtenons de cette ma- nière : NN 64 65 66 67 68 69 N— 16. 48 49 50 54 52 53 N +16. s0 81 $2 83 84 85 PNT= 16 106,7 407,55 112,4 114 119,0 120,2 PNG NE > 195,2 197,2 200,6 204.0 207,1 208,0 Px'calc.'. - 150,95 152,5. 456,5 159,4 163,05 164:1 PNEGDS Re: 1505414520. 15153. 159,2. 162,5. 163,3 O—C. . . —0,55 —0O,55 +H0,s —0,e —0,55 —0.r6 Elément . . Sim Eu Gd Tb Dy Ho Des recherches étendues sur les poids atomiques, dans le but de trouver des régularités entre eux, m'avaient donné le résultat que les différences moyennes de ces nombres chez des éléments con- sécultifs, étant à peu près constantes dans certains groupes, allaient en augmentant lentement, quand on avancait dans la série des éléments. La différence O.-C., négative et peu variable, entre les nombres observés et calculés, est telle qu’on pouvait l’atten- dre en conséquence de cet accroissement des diffé- rences. Pour appuyer encore plus ma formule 4 y pour le quatrième groupe, j'ai comparé ce groupe, tel que je l’ai arrangé avec 32 éléments dans sa première moilié, avec le même demi-groupe à 36 éléments correspondant à deux « grandes périodes » selon l'hypothèse originale de Mendéléeff, et j'ai trouvé que les différences s’arrangent d’une manière plus simple et plus régulière dans le premier cas que dans le second. La plus grande différence entre ces deux arrangements, c'est que, d’après le système de Mendéléeff, il manquerait encore six éléments entre Ce et Ta, tandis que dans mon système il ne reste- rait que deux éléments nouveaux à découvrir. J'avais supposé (en septembre 1913) qu'il se pas- serait longtemps avant qu'on obtint quelque confir- mation définilive de mon arrangement du quatrième groupe. Mais déjà en décembre, dans ses recherches importantes sur les spectres à haute fréquence, M. Moseley a trouvé une relation très simple entre les fréquences de certaines lignes de ces spectres et des nombres qui évidemment suivent le même ordre que les ordinaux des éléments dont j'ai fait usage et ne s'en séparent que d'une différence cons- tante de deux unités. De cette manière, mon nombre de 32 éléments pour la première moitié de G, se trouve confirmé parfaitement d'un côté tout à fait inattendu. On doit donc supposer que ma formule Ap° est générale. 2. Le groupe G,. — D'après la formule 4j, le groupe G, doit contenir 4.1°—4 que nous n'en connaissons à présent que deux, l'hydrogène H, pour lequel nous conserverons le numéro 1, et He, auquel nous avons déjà donné le éléments, bien ! Phil. Mag., décembre 1913. 736 J. R. RYDBERG — LE SYSTÈME DES ÉLÉMENTS CHIMIQUES numéro 4. Mais alors il faut admettre qu'il y a entre ces deux éléments deux autres encore incon- nus, lesquels porteraient les numéros 2 et 3 et, par analogie avec H et He, auraient aussi les poids ato- niques 2 et 3. Maintenant il semble au premier regard que nous avons rencontré dans ces deux éléments inconnus une difficulté à peu près insurmontable, laquelle suffirait à faire tomber tout le nouveau système, comme toujoursun système perd la confiance, quand on a besoin d’'hypothèses auxiliaires pour lesoutenir. Mais, d’autre part, nous pouvons montrer que, si nous n'avions pas été forcé par la formule 4p° de supposer deux places vides dans le groupe G,, il aurait été impossible d'introduire dans le système des éléments correspondant aux deux spectres, connus depuis longtemps, auxquels on a donné les noms de coronium et de nébulium, observés, le premier dans les parties extrêmes de la couronne du Soleil, et le second dans un grand nombre de nébuleuses. Car ces spectres étant linéaires et assez simples, et les gaz auxquels ils doivent leur origine étant sans doute d’une densité extrêmement faible, il faut supposer que nous avons à faire à des gaz simples, appartenant à des éléments simples de faibles poids atomiques. Comme on les trouve tous les deux dans le Soleil ainsi que dans les nébu- leuses en même temps que H et He, toutes les places pour des éléments avec les qualités en question auraient été déjà occupées si notre système n'avait pas ouvert les deux places nouvelles (2) et (3). Des déterminations plus exactes avec des études plus approfondies des lois générales des spectres conduiront sans doute à élucider ces questions. A l'éclipse totale du 21 août cette année, on a eu une occasion d'étudier le spectre du coronium". 3. Le groupe G,. Electron. — Comme tous les points d'origine et de limite des groupes et des demi groupes que nous connaissons sont occupés par des éléments déterminé, on doit s'attendre à ce qu'à l’origine du groupe G, et de tout le système se trouve un élément qu’on pourrait désigner par G,, lequel serait un gaz avec l’ordinal d’une unité moindre que 1, c’est-à-dire 0, et dont le poids ato mique ne différerait de 0 que d’une petite quantité. Les électrons possèdent toutes les qualités des atomes. Je les considère donc comme les atomes d'un élément E (0), ou électron, avec l’ordinal 0. On pourrait dire aussi qu'il forme un groupe .G, avee le nombre 4.0*—0 d'éléments, parce que l’électron n'a pas de masse. 1 Il faut remarquer que MM. Bourget, Fabry et Buisson, en se servant de l'ordre d'interférence limite, ont trouvé un nombre voisin de 3 comme la valeur la plus probable du poids atomique du nébulium (C.r., t. CLVIIF, p. 1017). III. — VUE GÉNÉRALE DU SYSTÈME. Après avoir examiné les groupes spéciaux et avant de passer à des expositions tabulaires ou gra- phiques du système, nous voulons en prendre une | vue générale. On voit donc d’abord que le nombre de places: dans le système de E (0) jusqu'à l'élément du plus grand poids atomique connu U (94) est 95; les places 2, 3, 45, 63, 74, 717, 86, 87, 89, 91 et 93 ne sont pas encore définitivement occupées par des: éléments connus. Entre ceux-ci nous avons d'abord les deux éléments hypothétiques coronium et nébu- lium, qui augmentent de 2 le nombre antérieur. De l'autre côté, iln’y aurait maintenant à découvrir dansle groupe G, que 2éléments, tandis que d'après le système de Mendéléeff il en resterait encore 6. lei donc le nombre total a été diminué de 4. Parmi les autres (45) et (77) sont les deux homologues encore inconnus de Mn. Les dernières places vides appartiennent sans doute à des éléments radio- actifs, pas encore assez certainement connus pour être définitivement placés. Pour pouvoir juger du caractère général du sys- tème, il nous faut d’abord regarder de plus près la forme des groupes. Nous avons déjà plusieurs fois dirigé l'attention sur le fait que le nombre d'éléments dans le groupe de l'ordre p est 4 p°. La raison pour laquelle une observation qui semble si simple n’a pas été faite déjà depuis longtemps est sans doute que les groupes ne se présentent pas comme des unités cohérentes, mais sont divisés en deux parties cha- cun, propriété qu'on retrouve chez toutes les qua- lités des éléments. Mais cette singularité se trahit d'une manière assez simple, si l’on suppose que les groupes G& sont des cycles ou des anneaux, dont chacun correspond à une révolution entière. Les deux moitiés d'un tel anneau sont donc semblables l’une à l'autre comme les deux moiliés d'un cercle. Non seulement les groupes entiers, mais aussi leurs moitiés, sont séparés l'un de l’autre par des gaz nobles à valence 0. Nous désignerons le point limite des deux groupes G, et G,,, par G,,+. et le point moyen d'un groupe G, par M,. Enfin les demi- groupes sont aussi divisés en deux. Nous nomme- rons ces parties, qui contiennent p° éléments, des quadrants. Pour voir à quel groupe ou demi-groupe appar- tient une certaine valeur de N, nous donnons ici le tableau suivant : P d'u02 3 4 ÿ 6 p° Dis 4 9 16 25 36 2(p°) In) 14 30 55 91 Gp,p +1 0 4 20 56 120 220 M5 "T1 Ne 2.42 38 88 170 292 J. R. RYDBERG — LE SYSTÈME DES ÉLÉMENTS CHIMIQUES 137 Un élément, (127) par exemple, serail situé entre ,.—120 et M,—170, c'est-à-dire dans la première partie du groupe G.. IV. — REPRÉSENTATIONS TABULAIRE ET GRAPHIQUE DU SYSTÈME. On peut ordonner le système des éléments de différentes manières pour faire paraître d'un côté “les affinités des éléments, de l'autre leurs diffé- rences. Mais bien que j'aie fait beaucoup d'essais, je ne peux pas dire qu aucune forme encore examinée remplisse les conditions voulues pour une repré- sentation satisfaisante. Nous nous contenterons donc de donner ici deux formes (page 739) : 1) Un tableau, analogue à la représentation ori- ginale de Mendéléeff, mais divisé en groupes. Les gaz nobles limitants sont introduits comme appar- “tenant aux groupes suivants. Les familles des élé- “ments sont données sous leurs valences principales en chiffres romains. La série La (59) jusqu'à Lu (73), composée d'éléments qui ont tous la valence 3, est renfermée entre parenthèses ; 2) Une spirale, formée par 4 cercles, correspon- dant aux quatre groupes avec E (0) comme centre, et réunis par des ponts portant les gaz nobles, qui limitent les groupes. Les éléments qui possèdent les mêmes valences sont situés sur les mêmes lignes horizontales, les valences indiquées à gauche et à droite dans les -quadrants Q, à Q.. Dans les parties indiquées ou séparées des autres par des lignes pointillées, nous avons la valence 3 pour tous les éléments. d. NV. — LES VALENCES. i —…. Bien que l'arrangement des éléments par Mendé- b léeff n'ait pas de forme exacte et ne permette point “de donner à un seul élément une position ou un — nombre absolu, il possède une propriété qui auto- “rise, à un certain degré, à lui attribuer le nom de “système. —…. C'est la marche assez régulière de la valence chi- “mique, laquelle, dans la plupart des groupes, augmente d’une unité d'un élément à l'autre. Par “exemple, en introduisant aussi les gaz nobles, de- puis découverts, et faisant usage de nos ordi- - naux N, nous avons la série de valences V : M Elément... Ne Na Mg Al Si P S Cl er: . A2 AS LENS 160 11 118219 D: CORPS, 4) 5, 6. NT N DOCARMAENTAD, 19) 42 12, AZ Nous considérons toutes les propriétés physiques et chimiques comme des fonctions de N. Mais, entre toutes ces grandeurs, 2 valence se distingue par la forme extrêmement simple de la fonction. Comme nous le voyons par l'exemple cité, on a tout simplement N — V—12 et, en désignant la cons- tante (12) par K, généralement : N—V=K, V=N—K. Dans les parties différentes de la série des élé- ments, la constante K possède des valeurs spéciales, et l'on obtient, comme je les ai nommées, différentes séries de valence. En ajoutant aussi des valences négatives pour les éléments : C N 0 FI NUGE ro RO ROME 8 9 10 11 Ve te: Te — 4 — 3 — 2 — 1 NÉEMET ARS 12 42 12 12 on peut continuer cette série encore quatre pas en arrière. Nous avons d’autres exemples de ces séries, que je nommerai séries principales, de Si (16) à Mn (27) avec K —720 et, sans valences négatives, de Ni (30) à Br (37), avec K — 30. A côté de ces séries principales, qui sont formées des valences principales, il y a aussi des séries secondaires, qui se distinguent de celles-ci par une valeur différente de K. Par exemple, avec des valences V, de deux unités moindres que les valeurs principales V : In Sn Sb Te I Ne * 51 52 53 54 55 NN es 3 4 5 6 ï N—V 48 48 48 48 48 Vtt 1 2 3 4 5 N—V, 50 50 50 50 50 Ici dans la série principale V=N—:8, K—48, et dans la série secondaire Vi—=N—50, K— 50. 4. Les valeurs de K. — Pour déterminer les séries de valences, il faut connaitre: 4° les valeurs de K; 2 le nombre d'éléments de chaque série. De la formule V = N — K, on déduit que pour N—K on a loujours V —0, c’est-à-dire qu'on trouve la valeur de K en cherchant la valeur de N pour laquelle V — 0. Les éléments qui commencent des séries de valences principales sont : 4° les gaz nobles He, Ne, Ar, Kr, X, Nt ; 2 les métaux Ni, Pd, Pt pour les- quels V — 0; enfin Er, dont la série ne commence probablement qu'avec (73) et la valence 3. 738 J. R. RYDBERG — LE SYSTÈME DES ÉLÉMENTS CHIMIQUES En ordonnant les valeurs de N de ces éléments d'après leur grandeur, on a la série suivante des valeurs de K : DÉSIGNATIONS or RE EE. De: K Vn Vu en G en M ECS A ZE A 0 » 1 Goi M, — 2 _— — — — (0 2 (— 2) (+14) Gi —2 M, LL — — — 1 4 (A4) +5 Gi2 M—8 2 — — — 2 12 — 4 +7 Ge3—8 M; 2 41 — — 3 20 — 4 +7 Ga3 M,—18 2 2 — — 4 30 û + 7 — M, —8 2 À À — 5 38 — 3 HS Gss—18 M, DANS) 1 — 6 48 (l +7 Gu—8 — DL 2) 7 56 —3 (+4) Ga My—132002 12002 — 118 10 (+3) + 8 — Mi = 18 2002) TAN 1 9 s0 ( (47) — M, —8 D A CNET 0 88 (—2 (+ 6) Gus — 32 M, D'IMAMTDS FU 11 On observe tout de suite que les valeurs de K sont toujours des nombres pairs, d'où il suit que /es valences principales sont paires ou impaires en méme lemps que les ordinaux des éléments. Tous les nombres K se peuvent dériver soit des nombres G, limites entre les groupes différents, soit des nombres M, correspondant aux milieux des groupes, en les diminuant d'un des carrés doubles = MMS D MS 8 Noumbien 32 — 9,42, Comme les nombres Get M sont eux-mêmes for- més par des sommes de carrés, il s'en suit que toutes les valeurs de K peuvent s'exprimer par la formule K—92(k, 194%, y,.3° xx), où les coefficients kX, à l'exception de À, peu- vent prendre les valeurs 1 ou 2 alternativement, k, étant toujours — 2 excepté pour K — 0 ou 2. Les valeurs de Æ sont données dans la colonne K/2 du tableau sous les nombres carrés correspon- dants. Les désignations en G et en M se trouvent dans les colonnes 4 et 5 et les valences extrêmes de chaque série dans les colonnes 2 et 3 sous V, et Vy (les incertaines entre parenthèses). La dernière colonne contient les nombres d'ordre À des valeurs de K, lesquelles forment une série comparable à celle des éléments. Mais à côté de ces valences principales, qui aug- mentent régulièrement avec les ordinaux, il y a aussi quelques parties du système où la valence conserve : la même valeur pour une suite d'éléments, pairs comme impairs. Iei se distingue surtout le groupe des métaux rares alcalino-terreux, qui conserve pour un grand nombre d'éléments, de La (59) jus- qu'à Lu (73) ou peut-être à |74), la valence constante 3. Mais ce groupe, qui à toujours paru comme une exception, n'est pas le seul. Car de Se (23) jusqu'à Ni (30), à côté des valences principales, on observe aussi la même valeur 3 chez les éléments pairs comme chez les impairs. De la même manière on a aussi de Ti (24) jusqu'à Zn (32) V —2 et de Ti (24) à Mn (2°) ou peut-être jusqu'à Co (29) V — 4. existe aussi des séries semblables dans le voisinagen des groupes de Pd et de Pt. J'ai nommé la valence 3 avec les voisines 2 et# les valences les plus probables. 2. Les valences les plus probables. — En com= parant les nombres des valences de différentes grandeurs tout le long de la série des éléments, on observe tout de suite qu'il existe de grandes diffé- rences, quelques-unes d’entre elles, comme par exemple les valences les plus grandes 7 et 8 et les | valences négatives (— 1 à — 4), étant très rares, tandis que d’autres, comme 2, 3 et 4, sont extrè-M mement nombreuses. Pour obtenir des nombres qui ne soient pas affectés par quelquethéorie spécialesurlesvalences, je me suis contenté d'établir une liste aussi com-« plète que possible de toutes les valences observées, chez les éléments connus (principalement d'après les manuels d'Abegg et de Gmelin-Kraut, 7° éd.), et j'ai supposé, chez les éléments encore inconnus, les mêmes valences que chez les éléments homologues.» J’ai aussi introduit la valence 0, non seulement chez les gaz nobles, mais aussi chez les métaux nobles, lesquels se trouvent en forme de corps simples. De cette manière, j'ai trouvé les nombres 2 obs. suivants, qui coïncident d'une manière satisfaisante avec les nombres 2 calc., qu'on obtient au moyen de la formule : n = 36.(0,9 }(W— 3) + 95.(0,5 )CY —3}, V n obs. n cale. Diff. — 4 2 û 2 — 3 5 1 4 — 2 5 3 2 — À 1 7 û 0 16 14 2 L 21 25 — 4 2 46 45 à 3 60 61 — 1 4 45 45 0 5 24 25 — 1 à 6 15 14 1 1 S 7 1 S 3 3 (] 9 _— 1 —1 Les deux termes de la formule correspondent aux À deux sortes différentes de valences, celles desséries : principales et les valences les plus probables. Less termes montrent aussi un caractère très différent, le premier donnant des nombres qui diminuent: assez lentement à partir du maximum V =3, pen- dant que le deuxième présente une chute très rapide et n'a de valeurs appréciables que pour les valences 2, 3 et 4. 3. Calcul des valences. — Le nombre d'ordre NM d'un élément étant connu, il est très facile d'en J. R. RYDBERG — LE SYSTÈME DES ÉLÉMENTS CHIMIQUES I II H(41) 1,005 — (3) Li(5) Be(6) 6,04 91 Na(13) Mg(14) 23,00 2%,32 K(21) Ca(22) 39,10 40,07 Ni(30) Cu(31) Zn(32) 58,68 63,57 65,37 Rb(39) Sr(40) 85,45 81,63 Pd(48) Ag(49) Cd(50) 106,7 107,58 112,10 Cs(57) Ba(5s) 132,81 137,37 Sm(64) Eu(65) Gd(66) 150,4 152,0 157,3 Yb(72) 472,0 Pt(S0) Au(81) Hg(82) 195,2 197,2 200,6 — (89) Ra(90) 226,4 TaBLEAU I. 739 IIT IV V VI VIT B(1) C(S) N(9 O(10) FA) 11,0 12,00 14,01 16,00 49,0 Al(15) Si(16) P(17 S(18) CI(19 21,10 28,3 31,04 32.07 39,46 Sc(23) Ti(24) IV(25) Cr(26) Mn(21) 44,1 48,1 1,0 52,0 54,93 Ga(33) Ge(34) As(35 Se(36) Br(31) 69,9 72,5 74,96 79,9 79,92 Y(A) Zr(42) Nb(43) Mo(x4) — (45) 89,0 90,6 93,5 96,0 In(51) Sn(52 Sb(53 Te(4) 1(55) 11 S 119,0 120,2 197,5 126,92 La(59) Ce(60) Pr(61 Nd(62) — (63) 139,0 \ 140,95 140,6 144,3 Th(67) Dy(68) Ho(69) Er(10) Tu(71 ; 159,2 162,5 163,5 167,7 165,5 Lu(73) me] Ta(T5 W(76) — (11) 174,0 181,5 184,0 | TI(S3) Pb(S4) Bi(8:) — (86) — (87) 204,0 207,10 208,0 — (91) Th(92) — (93) U(94) 232,1 238,5 VIIT + Dre AU DAS AT, RE Fe{28)|Co(29) 09,54 | 58,97 Ru(46)|/ Kh(41) 101,7 | 102,9 Os(78)| 1r(19) 190,9 | 493,1 & de 740 J. R. RYDBERG — LE SYSTÈME DES ÉLÉMENTS CHIMIQUES calculer la valence principale. Il suffit pour cela d'exécuter deux soustractions simples. 1° On soustrait la valeur donnée de N du nombre G ou M plus grand, qui en est le plus proche, c'est- à-dire du nombre dela série 2, 4, 12, 20,38, 56, 88, 120,..., de manière à obtenir le moindre reste positif R, ; 2° On soustrait ce reste R, du nombre plus grand le plus proche des carrés doubles 8, 18, 32, 50,.., de manière à obtenir ici également le moindre reste positif R, ou 0. Alors la valence cherchée V = R,, si R, =8. Si R, > 8, l'élément est situé au dehors des séries principales et l’on a V = 3. Pour R — 0, V est naturellement aussi = 0. Cette règle n'est pas valable pour les éléments (61) à (64) ou pour (70) à (73) du groupe G,, où l’on a toujours V — 3. L'application de la règle dans le groupe G, est incertaine. Comme exemple, prenons d’abord Cr (26). Alors RS GED RSR AS A2 6 et nous avons V — 6. Pour In (51), ona R,— 56 — 51—=5, R, — 8 — 5 — 3 — V. Chez Ho (69), au contraire, R, — 88 — 69 — 19, R, — 32 — 19 — 43 > 8. Par suite V = 3. VI. — DES RÉGULARITÉS CHEZ LES NOMBRES DES POIDS ATOMIQUES. Les essais entrepris en vue de trouver des régu- larités chez les poids atomiques n’ont pas manqué. Mais bien qu’on ait réussi quelquefois, en se ser- vant d'un grand nombre de variables, à rendre ces nombres avec une certaine approximation, on peut dire que les lois des poids atomiques sont encore parfaitement inconnues. Je veux seulement présenter ici quelques régu- larités, dont la réalité semble très probable, sans prétendre avoir encore trouvé des lois pour la dépendance des poids atomiques des nombres ordi- naux des éléments. Déjà, en 1884, j'ai trouvé pour la première fois une régularité entre les poids atomiques des pre- miers éléments, qui semble confirmée par des coïn- cidences diverses. De H jusqu'à Ca, ou peut-être jusqu'à Cu, les nombres entiers les plus proches des poids ato- miques montrent, avec très peu d'exceptions, ou la forme 4 m ou la forme 4 m +3, m étant un nombre entier. Les exceptions sont Be, qui a la forme A m +1 et N la forme 4 m + 2. De plus : les poids atomiques pairs de la forme 4 m appartiennent à des éléments de valence paire, pendant que les poids atomiques impairs de la forme 4m + 3 correspondent à des éléments à valence impaire. C'est pourquoi, il m'a paru rationnel, en introdui- sant pour la première fois des nombres d'ordre pour les éléments, d'attribuer des nombres pairs aux éléments de la première espèce (4m) et des nombres impairs aux autres (4 + 3). En cherchant les nombres d'ordre 1, qui donne- raient la plus simple relation entre les poids ato- miques et les nombres d'ordre, je me suis alors arrêté aux formules : (P)—2n pour les éléments pairs et (P)—2 n +1 pour les éléments impairs qui donnent pour les éléments jusqu'à Cu: H, . He ‘Ii Be. .B. | © eNAMO RIRE n A 1 2,3 41 50060 COR (P)obs. À 04 1 9 411 42 Ca M6 on (P)cale. 4 18, 141 49 Us On (OST NEA ENTRE Na Mgl''Al SilLPT SNGMATe RER n 411. 19 13 14 45 16 AT 18 19 20 {(P)obs. 93 94 97 28 31 32 35 40 39 4d (P) cale. 93 24 97 98 31 32 35 36 39 40 SC , Ti. Wir Crt Mn 0 Fe Co ENTEnTE DIET Ce 21:92: 99, 24.095 LOGOS TRES (P) obs. 44 48 BA 52 55 56 59 59 64 (P) cale 43 A4 47 48° 51 52055 PIRE O.—C. . . . A 4 4 4 4 4 4 3 5 Les éléments connus en 1885 étant calculés d’après les formules citées, j'ai depuis introduit les. gaz nobles He, Ne et Ar, pour lesquels il y avait des. lacunes dans la série. Comme nous le voyons, il y a des anomalies pour H ainsi que pour Beet N, et après Ar seuls K et Ca suivent les formules simples. C’est pourquoi, j'ai alors supposé qu'il manquait entre Sc et Ti deux éléments encore inconnus. En tout cas, il m'a paru très probable que les. numéros 2 étaient les vrais ordinaux des éléments, vu la simplicité extraordinaire des formules citées. Mais avec ces nombres il n’est pas possible d’appli- quer pour les premiers éléments de la série la for- mule 4 p? et la nouvelle division en groupes, dont nous avons parlé plus haut, car dans ce cas il fau- drait que He forme la limite entre le groupe G, à quatre éléments et le groupe G,, de manière queHe ait le numéro 4 au lieu de 2. J'ai alors changé le nombre d'ordre » en. N —n+9, en réservanttoujours pour H le numéro 1, et j'ai supposé qu'il existe entre H et He deux éléments encore inconnus, correspondant aux numéros 2et3. Comme nous avons déjà P —1 pour N—1et P—4 pour N— 4, nous supposons aussi, pour les nouveaux éléments, la formule P=Net. les poids atomiques 2 et 3. Nous avons donc dans le groupe G, : P=N, J. R. RYDBERG — LE SYSTÈME DES ÉLÉMENTS CHIMIQUES 741 dans le groupe G, pour les éléments : Groupe 4. ù PEN Don ON Elément . . Ga(33) As(35) Br(31) Rb(39) Impairs : P—2n+1—2N—3 2N..... 66 10 14 18 ke PNR 4 4 4 k : : ME UE CIE 0] { 2 3 à l'exception seulement de Be et N. 4 xs 2 dE ms AIS. ,5 Mais en contemplant la première partie du peace a 70 15 80 85,5 P P P ; groupe G,, nous voyons une régularité d’une autre à QUE QUE ie nr ou et £ rés De û ME A SN of) : « = 1 — VU ,06 —V,0: Das 05 espèce, que je désigne sous le nom d’inflexion. Car, 14 dt en renversant l’ordre des quatre derniers éléments, Groupe 5 nous avons : r Elément. . . Y(41) Nb(43) — (45) Rh(417) He(4) Li(5) Be(6) B(1) UNE ASE Prec 82 86 90 94 D Es ME CARE 4 L y il : 1 L 1 FI(11) O(10) N(9) CS) 2 0 UE 1:0 1,5 DEN Se 19 16 14 19 HAE à æ 2 a Ne DÉPENS 23 93 23 93 SEULE 25 SE LU DGA COMME) 93,5 — 102,9 + 0.—C . (] û — — 0,1 ou une somme constante de 23 pour les éléments également distants du centre de cette série entre Groupe 6. (7) et (8). Elément. . . Ag(49) In(51) Sb(53) 1(55) É . “htc A d ee SN ur 48 102 106 110 La deuxième moitié du même groupe, qui n'a CR Lo 10 10 10 10 pas d’inflexion, peut toutefois être ordonnée de la SPRL CU AA 0 2 4 6 même manière. Les nombres (P) de ces éléments 5 ES NT ee Ke N- + e) à s ., 2 RES 3 CAL. US J 2 2 de Ne (12) à Al (15), additionnés aux suivants RATES 107,55 Tr 120. 126 ve CI (19) à Si (16) dans l’ordre inverse, donnent la 0.—C —0;2 —Ù,2 0,2 — 0,08 somme commune de 55. Parmi les autres inflexions (Ni, Zn, Ge, Se)et (Ru, Rh, Pd, Ag) ne contiennent que quatre éléments, tous pairs dans le premier cas. Mais avec Ta (75) semble commencer une série de la même sorte, qui continue jusqu'à Pb (84) avec une somme qui ne diffère pas beaucoup de 388,3. Les nombres sont : 181,5 184,0 (187,7) 190,9 193,1 207,1 204,0 200,6 197,» 195 ,9 388,6 3880 388 SRE 388,3 Pour l'élément inconnu (77), j'ai interpolé le poids atomique en faisant usage de la moyenne 388,3. Toutes ces inflexions ont en commun la propriété que le premier élément de la dernière ligne a un nombre d'ordre qui est un multiple de 8. Car nous AVONS US S1 — 16 — 2.8, Ge— 32728" PA — 48—6.8, Pt—80—10.8. Les éléments impairs montrent une espèce de régularité que je n’ai pas encore réussi à retrouver chez les éléments pairs. Voici la manière dont on peut décomposer en termes les éléments impairs de V (25) à I (55). Ils forment des groupes de quatre éléments que j'ai désignés par les multiples de 8 qui entrent dans leurs valeurs de N : Groupe 3. Elément V(25) Mn(21) Ca(29) Cu(31 ERNE PaN: … 50 5% 58 62 a. - 1 1 il 1 Bas oo .» — — — 0,5 P calc. 51 55 59 63,5 P obs. . 51,0 54,93 58,07 63,57 0.—C. (l — Ù,07 — 0,03 + 0,07 Comme résultat de ces essais et de quelques autres, on peut énoncer la proposition que Les poids atomiques comme fonctions de N montrent une période londamentale de 8. En outre, il y a des périodes plus courtes de 4 et de 2. VII. — L'UNITÉ VRAIE DES POIDS ATOMIQUES. L'unité des poids atomiques aujourd’hui adoptés tire son origine de la supposition tout à fait arbi- traire que le poids atomique de O est exacte- ment —16. Or, vu l’approximation à des unités et à des demi-unités qui se montre dans les poids atomi- ques, dont nous venons de donner des exemples de calcul, la question se pose de savoir s’ilne serait pas possible, par une variation convenable de l'unité, de diminuer encore plus les écarts entre les valeurs observées et les valeurs calculées. En étudiant en détail les nombres spéciaux, on arrive à la conclusion que probablement nos poids atomiques sont un peu trop petits. En multipliant tous les nombres par le facteur 1,0014, les écarts se réduisent à un minimum et l'on obtient par exemple : El=— 35,50, Mn = 54,99, Br — 80,1, Ag — 108,00, I = 127,06, Cs = 432,06. On aurait dans ce cas H—1,0088 et O —16,018 et le plus grand poids atomique connu U— 238,76. J. R. Rydberg, Professeur à l'Université de Lund. OTTO NORDENSKJOLD — LA VIE SOCIALE DES ESQUIMAUX LA VIE SOCIALE DES ESQUIMAUX Habitant les régions les plus septentrionales du globe, voisins immédiats du Pôle Nord, les Esqui maux du Groënland constituent une des variétés humaines les plus remarquables et les plus inté- ressantes. Au cours de ma dernière expédition dans le Groënland occidental, j'ai eu l'occasion d'étudier leur vie journalière, non leurs mœurs anciennes et primilives, mais les mœurs qui se sont implantées Fig. 1. — r'emmes esquimaudes en train d'assouplir les bottes de leurs maris. chez eux depuis une centaine d'années par le contact des hommes blancs. Cette partie du Groën- land est, on le sait, une colonie danoise. Enve- loppés par une civilisation supérieure, les Esqui- maux n'en ont pas moins conservé — assurément pour leur bonheur — à peu près intacts leur genre de vie propre et cette ingéniosité naturelle qui leur permet de pourvoir à leur nourriture par la chasse aux phoques sur des baleaux inventés et construits par eux, qui portent le nom de « Kajaks ». Si intéressante que soil leur civilisation maté- rielle, je ne m'étendrai pas sur ce sujet. Ce que j'ai l'intention de décrire dans cet article, c’est leur vie sociale et économique, également fort intéressante ; elle nous éclairera sur la question de savoir ce que celle peuplade primitive a gagné et perdu par son contact prolongé avec la culture plus élevée des Blancs. I La vie sociale des indigènes est basée sur un communisme fortement accentué, mais qui cepen- dant n’exelut pas un sentiment très profond de l’individualisme. Chez aucun peuple, peut-être, les hommes ne jouissent nominalement d’une liberté plus grande ; mais en réalité ils ne sont nulle part liés les uns aux autres par des liens moraux plus | puissants. Ils vivent au sein d’une nature si âpre et si farouche qu'ils ne sauraient subsister sans se prêter un mutuel secours. Dans les familles, on admet une liberté assez grande, mais l’homme préposé au service de la nourriture est maître absolu. Il n’y a ordinairement qu’une seule épouse, mais il peut y en avoir plu- sieurs. Les mœurs matrimoniales sont très relà- chées : l’adultère et le rapt sont fréquents. Il faut se défier des éloges exagérés de cerlains visiteurs : les délits, les vols, les meurtres, les suicides ne sont pas rares, mais ils existent beaucoup plus chez les Esquimaux restés à l'état sauvage que chez les autres. Toutefois, le droit commun n'existe pour ainsi dire pas, et il n'y à pas davantage de châtiments véritables. Celui qui a commis un délit est puni par le mépris général, mais il ne semble pas que cette forme de répression soit bien efficace. II Au point de vue économique, ce qui frappe au Groënland, c’est l'absence de toute terre cultivable et l'impossibilité pour les Blancs de pratiquer leurs industries ordinaires, exception faite de l’exploita- tion des mines et des pêches. Ici, comme sous les tropiques, l’homme est obligé, pour tirer parti du pays, de recourir à la main-d'œuvre indigène. Le régime économique du Groënland danois est caractérisé par ce fait qu'il n'existe pas de repré- sentants spéciaux pour le commerce: celui-ci est érigé en monopole, la même personne représen- tant le gouvernement et le commerce, L’adminis- tration du Groënland est confiée à un Directeur nommé par le Gouvernement et résidant à Co- penhague, en général un homme qui a vécu long- temps dans le pays. Il y à en outre deux inspec- teurs, un certain nombre d' « administrateurs coloniaux » (Æolonibes{yrer) ayant sous leurs ordres des employés et des ouvriers, au maximum cent blancs en tout. Les administrateurs coloniaux, dont chacun est le chef d’un des douze districts qui partagent le pays, sont les fonctionnaires les OTTO NORDENSKJOLD — LA VIE SOCIALE DES ESQUIMAUX 143 EE — ——] _ -—_—— —— ——"——— — — —— . —————……—…——— plus importants du Groënland. En même temps que chefs de districts, ils sont surtout des commer- cants. Dans les boutiques on vend à prix fixe des mar- chandises européennes de toutes sortes, celles qui peuvent convenir aux habitants. Parmi les denrées de luxe, on trouve le café, le sucre et le tabac, — mais il est interdit d'introduire du pétrole, à cause des incendies, et de vendre des spiritueux. Malheu- reusement, l'interdiction de l'alcool n’est pas strictement observée : elle n'en constitue pas moins pour les Esquimaux un très grand bienfait. On achète aussi dans les boutiques certaines marchandises que seul le Gouvernement a le droit d'exporter, telles que la graisse de phoque, les peaux de phoque, de re- nard bleu, d'ours blanc, la plume d'eider et le sau- mon. Aucun étranger n'est autorisé à faire le commerce ni même à visiter le Groënland sans On comprend que cette réglementation des prix ne soit pas populaire chez les indigènes. Aussi a-t-il été très sage de mettre entre les mains du même homme la direction du commerce et la ges- tion administrative du district: c'est lui qui veille à ce que personne ne vende ni n'achèle trop cher, à ce que les provisions de gibier soient ménagées, assurant ainsi la prospérité et le bien-être de ses subordonnés. III Les affaires locales sont confiées aux soins d'une corporalion spéciale, fondée il y à quarante ans, qui fait le plus grand honneur au Danemark et aux Esquimaux. Elle forme, sous le nom de Forstanderska- pet (autorité supé- rieure), un Conseil composé du prêtre du district comme Président,desfonc- lionnaires euro- péens et d'un re- présentant indi- gène pour chaque arrondissement. Ce une aulorisation Conseil a pour at- spéciale du Gouver- tributions de main- nement. Seuls les tenir l’ordre dans savants ou ceux la colonieetdefaire qui avouent des en même temps motifs plausibles _— ; ; ; : l'office de Tribu- peuvent obtenir Re or mal. Les peines cette autorisation, le pays étant absolument fermé aux autres, par exemple aux touristes. L'Administration danoise au Groënland n'a qu'un but: faire tous ses efforts pour maintenir intacte la civilisation matérielle des Esquimaux, qui repose principalement sur la chasse aux phoques, et pour développer chez ceux qui sont physiquement inca- pables de manier les kajaks d’autres formes de pêches et de chasses. Dans ce but, on a eu l'ingé- nieuse idée de baisser les prix des articles acces- soires et de les vendre quelquefois moitié moins chers qu'en Europe. Mais il ne faut pas. non plus payer trop cher le produit de la chasse aux phoques. Les Esquimaux ne sauraient, en effet, se passer de leur chair, de leur graisse et surtout de leurs peaux, nécessaires à la construction de leurs kajaks — et sans kajaks pas de chasse aux phoques possible. En consé- quence, toutes les marchandises importées doivent être vendues à bas prix afin de faciliter l'industrie des Esquimaux. qu'il inflige con- sistent ordinairement en amendes ou dans la perte de certains privilèges, par exemple l’interdiction de visiter les boutiques. L'Assemblée a aussi la ges- tion des fonds publies de la colonie, alimentés par une retenue faite sur l'achat des produits, et qui servent aux besoins du district. Le reliquat est par- tagé, en manière de récompense, entre les chas- seurs de phoques, la somme variant suivant l’im- porlance des captures. L'alimentation nationale sr trouve ainsi très habilement encouragée. Ce sont, à vrai dire, les autres pourvoyeurs, pêcheurs, chas- seurs de renards et d'ours, elc., qui ont à payer une contribution aux chasseurs de phoques. Voici quelques extraits du procès-verbal des séances de l’année 1909. Parmi les questions à l'ordre du jour figurent l'établissement de boulan- geries, des règlements contre la vicialion des eaux potables, l'amélioration des maisons d'habi- tation à frais communs, l'installation de tire-lires à domicile, une pétition en faveur d'un cours de navigation en kajak, etc. 744 OTTO NORDENSKJOLD — LA VIE SOCIALE DES ESQUIMAUX Au point de vue du droit, le Conseil eut à juger quelques affaires de vol et de mœurs, plusieurs violations des règlements de quarantaine à l’occa- FTAYA vant les Danois et de discuter leurs propresintérêts. sion d’une maladie de chiens, deux ou trois mas- A côté des commerçants et des administraleurs, sacres de chiens qui avaient causé des dégâts, mais rien de plus grave. En ce qui con- cerne la question d'une administra- tion autonome in- digène d’après les modèles européens, il est extrêmement intéressant de re- chercher, en se ba- Sant sur une expé- rience déjà longue, de quelle manière elle pourrait êlre résolue. La réponse est d'ailleurs assez difficile. Les Esqui- Fig. 3. — famille d'Esquimaux on partie de chasse au fond d'un fjord, Es près de leur tente. maux, en effet, ne les prêlres, chefs de l’église et direc- teurs d'écoles, for- ment un groupe spécial de fonc- lionnaires.Aujour- d'hui tous les Es- quimaux du Groën- land occidental sont chréliens et beaucoup prati- quent une religion fortement leintée de piétisme..Cer- tains psaumes, écrits parles Groën- landais, témoi- gnent d'un pro- fond sentiment re- ligieux. Dans son ministère, le prêtre Sont pas très disposés à se prononcer positivement | est toul à fait indépendant du pouvoir civil : de là dans les Assemblées: ils se laissent presque tou- | de fréquents conflits, où le prêtre triomphe sou- Jours influencer [par les Européens, sans que l’on | vent grâce à sa connaissance plus approfondie de puisse savoir s'ils sont réellement sa- tisfaits des résolu- tions qu'ils ont prises de concert avec eux. Leurs prononcés de juge- ments manquent souvent d’impar- lialité, et les auto- rilés supérieures sont alors obligées de les modifier ou même de les annu- ler. Il n'y a chez eux qu'un nombre fort restreint d’in- dividus capables de siéger dans une As- Ê k $ Fig. 4. — E'squimaux en partie de chasse, transportant leur canot semblée et d'y sui- à terre. vre une ligne de la langue esqui- maude. De plus, le prêtre a le contrôle de l'enseignement, qui est presque en- tièrement donné par des professeurs indigènes. Le ni- veau des études est relalivementélevé : à l'heure actuelle, presque tous les jeunes Groënlan- dais savent lire et écrire leur langue maternelle. Quel- ques-uns écrivent des livres. Avec les fonds nationaux, un journal est pu- blié quatre fois par conduite en harmonie avec nos conceptions de la | an et distribué gratuitement à chaque famille : il Justice, Malgré cela l'institution, telle qu'elle fonc- | contient une chronique, des articles littéraires com- tionne, à élé pour les Groënlandais un grand | posés par les Esquimaux eux-mêmes, etc. L'ensei- bienfait. Elle à contribué à créer chez les plus | gnement supérieur est donné dans le séminaire de intelligents le souci du bien publie, qui n'existe | Godthaab, la capitale, où l’on forme des prêtres el pas dans le caractère national, en leur fournissant | des professeurs. l’occasion d'exposer officiellement leurs vœux de- 2 OTTO NORDENSKJOLD — LA VIE SOCIALE DES ESQUIMAUX 745 ————_—_—_—_—…—…—…—…"…"—"—"—"—"—"—"— — ————————— y Tous ceux qui ont eu l'occasion de résider au Groënland se posent nécessairement une question : Qu'est-ce que les indigènes et les Danois ont gagné ou perdu après avoir vécu si longtemps ensemble? Les Esquimaux ont vu s'améliorer leurs maisons et leur outillage; ils ont recu des armes perfec- tionnées qui leur sont d’une grande utilité, mais qui les ont aussi parfois entrainés à des massacres exagérés. Ils ont connu des jouissances nouvelles, le tabac, le café. Ils ne sont plus décimés par les famines. Le meurtre et le suicide ont à peu près disparu. Ils ont des pro- fesseurs, des hôpitaux, des secours en cas de maladie; ils ont appris l'hygiène. La population s’est accrue très rapide- ment, du moins dans le cours des dernières an- nées, à peu près suivant la proportion moyenne des peuples de l'Europe occidentale. Ils ont perdu, il est vrai, leur ancienne auto- nomie et leur indépen- dance. Autrefois, on ne voyait chez eux que des hommes fiers et libres: de nos jours, un grand nombre sont en service et pauvres. Cet étal de choses à fait naître un prolétariat qui, auparavant, n'existait pas. Des maladies ont été importées, mais elles ont sévi chez eux, il faut le reconnaitre, moins cruellement que chez les autres peuples primitifs, grâce à la sage politique d'isolement du Danemark : ce sont cependant les blancs qui leur ont communiqué la tuberculose. Moralement, ils ont été en progrès selon nos conceptions européennes; mais à un point de vue plus élevé, ils ont certainement perdu. Malgré l'accroissement de la populalion pendant ces der- nières années, ils sont en réalité moins nombreux qu'à l’arrivée des Danois. Après deux siècles de civilisation, on peut se demander encore s'il n’eût pas été préférable que tout cela ne fût pas fait. Mais supposons qu'au lieu de Lomber aux mains du Danemark, ils aient été livrés à des aventuriers privés, leur sort eût été bien pire. Les Danois leur ont appris à s'occuper personnellement de leurs intérêts : ils leur ont apporté, sans doute, la civili- sation avec ses tares, l'alcool et la maladie, mais ils Fig. leur ont en même temps fourni les moyens de lutter victorieusement contre ces deux fléaux La culture européenne s’est largement développée au Groënland pendant les dernières décades. Il y a, chez ce petit peuple de 12.000 âmes, des individus qui, même chez nous, pourraient occuper des situations difficiles, des chefs politiques capables, des prêtres instruits qui sont en même temps des hommes d'initiative, des écrivains de talent et des peintres habiles. On prétend toutefois que ces esprits supérieurs sont strictement limités à des familles de souche fortement mêlée et que les anciens Esquimaux se distinguent par une natalité 5. — Chasseur montrant sa capture de la journée et en faisant le récit. moins grande et un attachement vivace aux vieilles coutumes. En ce qui concerne les Danois, ils ont retiré pendant longtemps un grand bénéfice économique du Groënland, mais ils subissent maintenant de grosses perles chaque année, pertes que les avan- tages ne compensent pas. Aussi les projets de réformes sont-ils nombreux? Un parti important réclame la liberté du commerce et l'accès du pays, du moins en faveur des entreprises nationales. On ne peut que lui donner raison, mais la culture ori- ginale des Esquimaux en souffrira. Plus intéressant est le projet d’un autre parti de l'extrême-gauche, qui tend au retour de l’état de choses primitif. Le Gouvernement à eu la sagesse de recourir à un moyen terme, en favorisant dans les limites du possible le maintien des vieilles coutumes esquimaudes, et il a ainsi mérilé la reconnaissance de l'humanité tout Les Esquimaux sont le seul peuple polaire qui brave les tempêtes, le froid et la longue nuit d'hiver dans entière. 746 P. PUISEUX — REVUE ANNUELLE D'ASTRONOMIE une contrée qui n’a presque rien à leur offrir. Leur lutte ingénieuse contre une nature hostile provoque une admiration universelle. De la mer ils tirent non seulement leur nourriture, leurs habits et leur combustible, mais encore le matériel pour leurs bateaux et leur oulillage, témoignant ainsi d’une faculté d'invention peu commune. Pendant leurs hivers si rigoureux, ils s’arrangent de facon à vivre heureux en un pays où nul ne saurait demeurer. Réjouissons-nous les voir conserver leurs mœurs primitives et puissions-nous] avoir long- de temps l’occasion de les étudier pour notre profit! Leur civilisation nous a rendu les plus grands services. Ce sont les Esquimaux qui nous ont appris à vivre dans les régions polaires. Toute la technique des grandes expéditions est fondée sur l'expérience acquise au Groënland — avec le secours de la science bien entendu — et sans les Esquimaux le Pôle Nord serait probablement encore à découvrir. Otto Nordenskjold, Professeur à l'Université de Géteborg. (Traduit du suédois par GEORGES PARMENTIER.) REVUE ANNUELLE D’ASTRONOMIE I. — PLANÈTES ET COMÈTES. Apprendre à mieux connaître le globe qui nous porte, c’est se mettre en état d'interpréter plus sûrement les apparences offertes par d’autres corps célestes. L’astronome qui fournit au marin, au géodésien, le moyen de déterminer des heures et des positions précises s'attend à recueillir, un jour ou l’autre, la récompense de ses services. Il se tient attentif aux renseignements qui lui parviennent des stations scientifiques, établies maintenant sous des latitudes très diverses. Parmi ces renseigne- ments, l’un des moins attendus est l'existence, dans les latitudes géographiques, d’une petite variation annuelle, non prévue par la Dynamique. Tout se passe comme si le centre de gravité du Globe se déplacait alternativement, de 3 mètres environ, vers le Pôle Nord ou vers le Pôle Sud. Bien des explications se ‘présentent à l'esprit, mais ont dû être abandonnées à la suite d’une analyse plus exacte. Ainsi la fusion des glaces, suspendue alter- nalivement pendant six mois au voisinage de chaque pôle, agirait dans le sens voulu, mais devrait, pour correspondre à la grandeur de l'effet, porter sur des masses trop invraisemblables. L'opinion la plus en faveur à la suite des récentes études de MM. Kimura, Ross, Biske, est celle qui considère les couchesisobares de l'air comme oscillant autour d’une forme moyenne, variable avec la saison. La réfraction se trouverail ainsi altérée de la même manière dans une série de stations de même lati- tude, ét une oscillation annuelle, purement appa- rente, se mélerait à l’oscillation dont la période embrasse 430 jours et dont la réalité reste hors de cause. Les mouvements de l'aiguille aimantée sont tra- versés de caprices bizarres qui semblent devoir échapper à toute prévision. Mais, dans une longue série de moyennes, chaque élément magnétique se montre affecté de quatre fluctuations superposées, dont les périodes sont définies d'autre part comme le jour, l’année, la révolution synodique du Soleil, le cycle des taches. On en a conclu que le Soleil agit sur le magnétisme terrestre, non seulement par l’'échauffement inégal qu'ilcommunique à notre globe, mais par une action directe, sans doute par une émission restreinte ‘de particules électrisées. D'après les calculs de M. Chapman, la Lune par- tage cette faculté, dans une mesure plus restreinte, mais non douteuse, avec le fSoleil. On doit lui im- puter plusieurs oscillations, dont la plus marquée embrasse la moitié d’un jour lunaire. Nous n’en sommes point encore à étudier la dis- tribution du magnétisme sur la Lune. Mais des pro- grès s'accomplissent du côté de la topographie. La riche collection de clichés réunie à l'Observatoire de Paris a fourni à M. Le Morvan la matière d’une nouvelle carte de notre satellite en 48 feuilles. La moitié de l'ouvrage a paru en 1913. Cette carte, moins coûteuse et plus maniable que le grand Atlas de l'Observatoire, est bien conçue, admirablement exécutée, et sera précieuse aux observateurs. La planète Eros, qui a tenu fixés sur elleles yeux de tant d'astronomes en 1900, avait alors excité leur surprise par de rapides variations d'éclat. Voici maintenant que son orbite se contracte, plus que ne l'avait indiqué la théorie. Les condi‘ions en seront d'autant plus favorables pour une nouvelle détermination de la parallaxe solaire. En 1931, la distance de la planète à la Terre descendra presque à la moitié de la valeur extrême atteinte en 1900. Le système des planètes qui gravitent autour du Soleil, les deux systèmes de satellites qui accom- pagnent respectivement Jupiler et Saturne ont sou- vent engagé les caleulateurs à la recherche d’ana- logies numériques. C'est la loi classique de Bode qui sert de point de départ à ces calculs, orientés un peu différemment suivant que l’on attache plus {4e à ., di / D 2. P. PUISEUX — REVUE ANNUELLE D'ASTRONOMIE de prix à l'exactitude des vérifications, à l'absence de lacunes ou au petit nombre des paramètres. Miss Blagg a réalisé sur ses prédécesseurs un progrès marqué en renfermant les trois séries de distances dans une même formule, analogue à celle qui relie les inverses des longueurs d'onde dans les spectres des corps simples. L'existence, dans des systèmes ; aussi différents, d’une telle relation fait penser qu'elle traduit une loi physique mystérieuse, im- posée à la formation des planètes comme à celle des satellites. De tels groupements ne sauraient donc être l'effet d'agrégations fortuites et espacées, comme le veut la théorie de la capture. Ils nous engagent plutôt à conserver, dans chaque système, l’unité d'origine et à rester dans la donnée générale de la cosmogonie de Laplace. Aucune des lois dérivées de celle de Bode ne fait prévoir les satellites éloignés et rétrogrades dont Jupiter et Saturne ont offert, l'un et l’autre, un exemple. En étudiant ces deux cas exceptionnels, signalés par certains auteurs comme inconciliables avec les idées de Laplace, M. Jackson a trouvé que l'on pouvait considérer les satellites anormaux comme les restes d’anneaux nébuleux agités de mouvements confus et assez vastes pour se répandre aisément en dehors de la sphère d'attraction de la planète. Certaines valeurs de la distance et de la vitesse angulaire sont plus favorables à la stabilité, et ce sont justement celles qui répondent à des satellites rétrogrades. _ Une conclusion analogue s'est encore dégagée, pour M. Eddington, de la statistique des éléments des comètes. Les directions de leurs aphélies se groupent en majorité autour de deux lignes qui ne paraissent pas être sous la dépendance du mouve- ment général du système solaire. Ces directions révéleraient plutôt l'allongement d'un ou deux anneaux primitifs, aux dépens desquels se seraient formées les comètes. Les astres à période courte demeurent l'exception, peut-être parce qu'ils sont doués d'une moindre longévité. On les considère comme acheminés dans leurs orbites actuelles ‘par l'intervention des grosses planètes. Ainsi la comète Neujmin (1913 c), découverte le 6 septembre 1913, serait un troisième membre de la famille cométaire de Saturne. Elle a été remarquable par son aspect presqueconslammentstellaire. La comète Westphal (1852 IV), retrouvée par M. Delavan le 26 septembre 1913, a subi en octobre un affaiblissement considé- rable et inexpliqué. On ne saurait douter que les comètes ne soient, en comparaison des planètes et des étoiles, des astres éphémères. [Que devient la matière, ténue à coup sûr, mais à la longue abondante, semée le long de leur parcours ? M. Fessenkoff estime qu'elle a dû se répandre au voisinage de l’écliptique, de ma- 1 = nière à remplir une vaste lentille aplatie, centrée sur le Soleil, et de densité décroissante à partir du centre. On peut expliquer ainsi tous les traits bien constatés de la lumière zodiacale. Si l'on a cru lui trouver certains caractères de dissymétrie et d’ins- tabilité, c’est, d'après M. Fessenkoff, que l’on n’a point tenu un compte suffisant des effets de l’ab- sorption atmosphérique. La masse totale de la matière zodiacale est cer- tainement faible à côté de celle des planètes princi- pales, et l'on peut en dire autant de la masse des comètes et des météores. Il est cependant permis de croire que certains météores interviennent plus efficacement pour troubler la surface du Soleil, parce qu'ils sont sujets à s’en approcher davantage. M. Turner a été amené à reprendre cette idée, sou- tenue autrefois par J. Herschel, en cherchant à représenter l'abondance variable des taches solaires par une suite de termes périodiques. On peut adopter pour les coefficients de ces termes, pendant un certain nombre d'années, des valeurs cons- tantes, mais on se voit ensuite dans la nécessité de changer ces valeurs. Les époques de perturbations tombent toutes, d'après M. Turner, près d’un pas- sage des Léonides au périhélie. Il est vrai que la distance périhélie des Léonides est encore assez grande, et il y aurait lieu de faire appel à un cou- rant secondaire, dérivé par l'intervention d'une planète. Cette thèse trouve un certain degré de confirmation dans les annales chinoises, qui signalent d'anciennes recrudescences du nombre des taches solaires à des époques où l’essaim des Léonides a dû passer près de Saturne. Il. — ETupe pu SoLceir. La multiplication périodique des taches est-elle liée à une variation, dans un sens déterminé, du flux de chaleur que nous recevons du Soleil? La question a été résolue dans des sens divers, et l’on doit encore la considérer comme litigieuse. Le désaccord des statistiques, quand elles ne portent pas sur un même intervalle de temps, peut tenir à une variation générale dans la transparence de ! l'atmosphère terrestre. La diffusion plus ou moins grande des poussières volcaniques suffit à l'expli- quer, et il semble bien que l'éruption du montKatmai (Alaska) en 1912, comme celle du Krakatau en 1883, ont eu des effets de ce genre (voir p. 729). Toutefois, l'invasion ne doit pas se produire en même temps dans des contrées très éloignées, et le parallélisme des valeurs de la constante solaire trouvées simul- tanément, par les méthodes de M. Abbot, en Cali- fornie et en Algérie, prouve que des variations très sensibles sont imputables au Soleil. Ces variations, jusqu'à présent, paraissent plutôt irrégulières que périodiques. 748 P. PUISEUX — REVUE ANNUELLE D'ASTRONOMIE MM: Fabry et Buisson ont trouvé que la limite du spectre solaire, du côté ultraviolet, est constituée par une bande d'absorption de l'ozone. La présence d'une couche d'ozone formée à la partie supérieure ‘ de l'atmosphère terrestre sous l’action des rayons ultraviolets n'est pas improbable. Elle aurait pour effet de changer les lois d'absorption admises et d'altérer la valeur expérimentale de la constante solaire. L'étude micrométrique de nombreux clichés pris à l'Observatoire de Zo-Sè (Chine) sous la direction du P. Chevalier a montré que le Soleil avait offert, de 1905 à 1909, un allongement sensible et quelque peu variable dans la direction des pôles. Ce n'est pas la première fois que ce fait est soupçonné, mais il se présente aujourd’hui, à ce qu'il nous semble, avec un cortège de preuves imposant. Le diamètre photographique moyen surpasse de 0",6 celui qui est généralement admis sur l'autorité de M. Auwers. Une indication dans le même sens ré- sulte de la discussion, due à M. Simonin, des clichés de l’éclipse du 17 avril 41942. Les documents rapportés à la suite des dernières éclipses totales ont encore fourni la matière de diverses publications intéressantes. Le P. Cortie en a tiré la description de plusieurs faisceaux limités, issus chacun d'une région tachée du Soleil et ayant eu un effet marqué sur le magnétisme terrestre. Dans les épreuves américaines du spectre éclair, faites à Daroca en 1905, M. Mitchell retrouve la contrepartie intégrale du spectre de Fraunhofer. Les différences ne portent que sur les intensités relatives. Mais ni M. Mitchell, ni M. Evershed ne sont disposés à considérer comme établie la pré- sence du radium dans la chromosphère. Les spectroscopes puissants continuent à donner de nombreux renseignements sur les vitesses qui règnent à différents niveaux dans le Soleil. Mais l'interprétation est compliquée, car les résultats changent de sens suivant que l’on considère telle ou telle raie ou diverses parties d’une même raie. Pour M. Evershed, le fait dominant est un épanouis- sement général des vapeurs métalliques à partir des bords de chaque tache. M. Saint-John trouve que la tendance centripète redevient prépondérante au-dessus d'une certaine altitude. Les analogies que l'on a tenté d'établir entre les taches et les cyclones ou les tourbillons des cours d’eau restent, dans les deux cas, peu satisfaisantes. Les mouvements ascendants, tels que le spec- troscope les révèle vers le centre du disque, ne sont pas aussi rapides que les mouvements horizontaux, mais il n'est pas rare de les trouver accélérés, comme si la pesanteur élait combattue efficace- ment par une force répulsive. Ces vitesses verti- cales, en lout cas, sont assez grandes pour faire considérer comme bien hasardée la tentative de M. Schulz pour remettre en honneur l'ancienne théorie de Kirchhoff concernant la constitution générale du Soleil. Dans cette théorie, l’astre est liquide jusqu'au niveau des taches, et celles-ci de- viennent des scories flottantes. Toute difficulté se trouve levée par là en ce qui concerne l'existence d'un spectre continu, mais non en ce qui regarde les températures et les vitesses. M. Fowler préfé- rerait admettre l'existence dans le Soleil d’un agent physique inconnu, capable de maintenir certains éléments réfractaires à l’état pulvérulent au-dessus de 6.000°, température que les expériences actino- métriques indiquent comme un minimum. Il faut nous résigner, peut-être pour longtemps encore, à voir la Nature user dans les astres de moyens plus puissants que ceux dont disposent les labo- ratoires. MM. Deslandres et d’Azambuja continuent de s'attacher à l'isolement des parties centrales dans les plus fortes raies de spectre, et ce choix est jus- tifié par l'originalité frappante des photographies obtenues. Les astronomes de Meudon maintiennent, en dépit des äoutes élevés par M. A. Buss, la distinction essentielle des filaments et des aligne- ments. Ces derniers, plus faibles mais plus pro- longés, sont caractéristiques des couches supé- rieures. Ils se montrent jusque dans les hautes latitudes et ne dépendent pas du cycle de Schwabe. La production du phénomène de Zeeman sur le bord des taches, constatée par M. Hale, lui avait, comme on le sait, fourni la mesure du champ ma- gnétique local. On ne voyait à ce champ magné- tique d’autre origine probable qu'un transport de particules électrisées, mais il semblait que l’élec- tricité ne dût se déplacer que très difficilement dans un milieu raréfié comme celui qui environne le Soleil. L'objection se trouve bien atténuée, sinon détruite, à la suite d'expériences récentes de M. Harker, qui a trouvé qu'un gaz raréfié devient effectivement conducteur pour l'électricité au voi- sinage d’un corps à température très élevée. III. — Évoines ET NÉBULEUSES. L'Observatoire de Greenwich s'est donné comme tâche, dans ces dernières années, de déterminer à nouveau les positions précises de toutes les éloiles brillantes de la calotte boréale, étoiles déjà inscrites par Carrington dans un catalogue qui remonte à un demi-siècle. Il est ainsi devenu pos- sible d'étudier et de classer un grand nombre de mouvements propres. Cette discussion, faite par M. Dyson, donne un résullat favorable aux vues de M. Schwarzschild, c'est-à-dire à l'existence d’une seule direction préférée pour les mouvements stel- P. PUISEUX — REVUE ANNUELLE D'ASTRONOMIE laires. À mesure que l'on considère une direction | plus écartée de la première, le nombre des étoiles acheminées suivant la direction nouvelle diminue assez régulièrement. De la relation entre l'éclat des étoiles et la grandeur du mouvement apparent, il résulte que la répartition des étoiles dans l'espace n'est ni uniforme ni fortuite. La fréquence la plus grande se rencontre dans la constellation des Gé- meaux, à une distance qui est pelite, comparée aux dimensions de la Voie Lactée. Quand on s'éloigne de cette région centrale, la fréquence des étoiles diminue sans limite, en sorte qu'on peut parler des éloiles visibles dans les instruments méridiens comme d'un système limité, à structure définie. Des conclusions analogues sont tirées par M. Ed- dington de l'étude du catalogue de L. Boss, qui rassemble les données les plus sûres concernant les étoiles brillantes dans toutes les parties du Ciel. C'est surtout pour les hautes latitudes galactiques que la décroissance de la densilé, quand la distance aug- mente, est prononcée. On doit done regarder les étoiles se rattachant à la Voie Lactée, c'est-à-dire la grande majorité des astres visibles, comme for- mant un amas globulaire, avec aplatissement très accusé. En chaque point d'un tel amas l'attraction new- tonienne doit produire un champ de forces. Une étoile qui obéirait à ce champ sans êlre troublée sensiblement par les corps voisins accomplirait sa révolution autour du centre en trois cent millions d'années environ, et l’on pourrait s'attendre à voir une direction déterminée dominante dans chaque région de l’espace. Effectivement, les recherches de L. Boss, de MM. Hertzsprung et Plummer, ont mis en évidence l'existence de plusieurs familles d'étoiles animées de vitesses égales et parallèles, et de plus rap- procbées par les caractères de leur spectre. Ces étoiles gardent la trace d’une origine commune, se meuvent librement ou sous l’action d'un champ de forces général, et se ressentent peu de la rencontre éventuelle de corps animés d'un mouvement diffé- rent. IL faut donc abandonner l'assimilation de la Voie Lactée à une masse gazeuse où les vilesses | des molécules résultent de collisions multiples en tous sens, sont en relation de grandeur avec les | masses, mais ne présentent aucune régularité quant aux directions. M. Jeans, prenant comme point de départ du calcul la densité stellaire qui existe dans le voisinage du Soleil, a trouvé que la dispersion d'un essaim une fois formé demanderait des mil- liards d'années, temps bien supérieur à celui de l'extinction probable d'une étoile. Des résultats très dignes d'altention ont été obtenus dans ces derniers temps par la formation de tableaux où sont pris comme en-tête les carac- 149 tères principaux des étoiles : classe spectrale, situa- tion dans le Ciel, parallaxe annuelle, grandeur du: mouvement, éclatintrinsèque. Ainsi M. W.-W.Camp- bell a montré que les étoiles blanches (classe A et B de Harvard), plus accumulées que les autres vers la Voie Lactée, ont de faibles vitesses, de grandes distances au Soleil et de grands éclats. Les étoiles rouges sont en moyenne plus voisines du Soleil et animées de vitesses supérieures. Il y a lieu d'en conclure, d’après M. Stratton, que les étoiles prennent naissance près du plan de la Voie Lactée et s'en éloignent avec une vitesse croissante. M. H.-N. Russell croit pouvoir aller plus loin en s'appuyant sur celte remarque que la statistique partage les éloiles rouges en deux classes, les unes beaucoup plus éclatantes que le Soleil, les autres nettement plus faibles. Les premières (étoiles géantes) seraient les moins avancées dans l'évolu- tion générale. Leur destinée serait de se contracter en s'échauffant, de devenir blanches, de perdre de la masse et de gagner de la vitesse. Elles redevien- draient rouges avant l'extinction finale. Ces corré- lations sont précieuses pour guider les recherches, mais il convient sans doute d'attendre, avant de les tenir pour définitives, que leur degré de généralité soit mieux établi. L'existence d'une analogie particulièrement élroite entre certaines étoiles et le Soleil s'est dégagée des travaux des observateurs de Potsdam. Ils ont trouvé que dans les spectres d’Arcturus et d'Aldébaran on peut observer le renversement partiel des raies H et K, c’est-à-dire la formation d'un trait brillant central, tel qu'on le rencontre dans les régions troublées du disque solaire. La catégorie des étoiles doubles spectroscopiques, sans cesse enrichie par les travaux de l'Observa- toire Lick et de l'Observatoire d'Aïlegheny, présente, au contraire, des phénomènes qui n’ont point d’ana- logues dans le Soleil. On connaît maintenant plu- sieurs exemples de ce fait, signalé d’abord pour à Orion, que les raies du calcium ne suivent pas l'oscillation périodique de l'hydrogène et de l'hé- lium. Peut-être un nuage de calcium, indépendant de l'étoile, est-il interposé sur la ligne de visée. Dans les variables céphéides, comparées entreelles, M. Ludendor!{l a reconnu l'existence d'une propor- tionnalilé entre les amplitudes des variations que subissent respectivement l'éclat et la vitesse radiale. Il serait très ulile, pour interpréter ceile loi et d'autres semblables, de pouvoir apporter plus de précision dans la mesure des faibles éclats. Toutes les méthodes dans lesquelles il est fail appel au ju- gement de l'œil comportent un certain flottement d'origine physiologique. On cherche à substituer à l'opérateur un appareil de mesure rigoureuse- ment impersonnel, infatigable et d'une sensibilité 150 P. PUISEUX — REVUE ANNUELLE D'ASTRONOMIE supérieure. M. Stebbins a utilisé dans ce but la résistance variable que le sélénium offre au passage de l'électricité quand il est plus ou moins frappé par la lumière. Mais les résultats ne paraissent réguliers qu'à de basses températures. MM. Elster, Geitel, Guthrick ont tiré parti de la propriété qu'offrent certains métaux alcalins, comme le sodium et le cæsium, d'émettre, sous l'influence de la lumière, des corpuscules électrisés capables d'agir sur un électromètre. On est ainsi arrivé à rendre sensible une variation d'un millième dans l'éclat d'une étoile faible. L'étude photographique de l’amas Messier 3, faite par le professeur Bailey, à montré l'existence dans ce seul groupe de 137 étoiles variables, toutes du même type, avec une période voisine de la moitié d'un jour. Les étoiles à transformation aussi rapide se rencontrent très rarement hors des amas. Il s'en est présenté cependant un nouvel exemple, celui de l'étoile RR Lyre, étudiée par M. Kiess. Pour l'établissement d’un système homogène de grandeurs dans un catalogue photographique, on s'est servi avec succès, à l'Observatoire de Green- wich, d'un de diffraction formé de fils métalliques tendus devant l'objectif de la lunette. Chaque éloile fournit alors une image centrale et une série d'images secondaires, situées de part et d'autre. Le rapport des éclats, pour les différents termes de la série, se calcule avec précision, si l’on a fait l'étude micrométrique du réseau, et rendu bien uniformes les intervalles pleins et vides. Chaque étoile brillante donne ainsi dans le champ une échelle de grandeurs à laquelle on rapporte les étoiles faibles. MM. Chapman et Melotte ont pu dresser ainsi, dans un cercle de 25' de rayon autour du Pôle Nord, une liste complète jusqu'à la 15° grandeur et comprenant 262 étoiles. L'étude, faite par M. J. Reynolds, de la réparti- tion de la lumière dans la grande nébuleuse d'An- dromède suggère qu'une forte partie de l'éclat de cette nébuleuse pourrait être due à une étoile cen- trale, trop enveloppée de matière diffuse pour nous apparaître sous son véritable aspect. Dans le spectre de cette même nébuleuse, généralement considéré comme continu avec quelques raies d'absorplion, MM. Fath et Max Wolf signalent réseau des lignes brillantes, et dans le spectre des étoiles Wolf-Rayet, caractérisé par des lignes brillantes, M. Max Wolf relève aussi les lignes des nébuleuses gazeuses. On est donc porté à croire que les raies brillantes sontun caractère général des nébuleuses: proprement dites, qui n'empruntent pas de lumière aux étoiles, et que les étoiles Wolf-Rayet forment la transition entre les nébuleuses et les étoiles. ordinaires. Comment s'effectue ce passage ? M. Nicholson æ cherché à le déterminer en soumettant à une analyse pénétrante les valeurs numériques des longueurs d'onde. Les seuls corps terrestres recon- nus avec certilude dans les nébuleuses, ainsi que dans les étoiles Wolf-Rayet, sont l'hydrogène et l’hélium. Les autres raies que présente leur spectre, rebelles à toute reproduction dans le laboratoire, se distribuent en séries, et la constitution de ces séries permet de les attribuer à des formes modi- fiées de ces éléments simples. Le passage s’effec- tuerait par degrés discontinus, correspondant à des valeurs entières successives dans le nombre des électrons associés. La transmutation de la nébuleuse en étoile résulterait moins d'une con- centration de la matière visible que d’un nouvel arrangement iatra-atomique, inverse de celui que subit la matière radioactive dans le laboratoire et qui paraïil avoir l'hélium pour terme final. M. Nicholson, fidèle en cela à la tradition de W. Herschel et de Laplace, considère la nébuleuse comme une forme originelle de la matière, de pré- férence à l'étoile qui lui semble acheminée vers une structure plus complexe. On sera tenté d’envi- sager la marche inverse comme tout aussi probable: si l'on porte son attention sur deux faits incontes- tés : l'irréversibilité pratique de la transformation radioactive et l'évolution constante des étoiles nouvelles vers l’état nébuleux. La réalisation arti- ficielle du spectre des nébuleuses, si jamais elle: devient possible, éclairera sans doute cette ques— tion, capitale pour la cosmogonie. Souhaitons de: vivre assez pour être Lémoins de cette conquête, objet de tant de désirs. P. Puiseux, Membre de l'Institut, Astronome à l'Observatoire de Paris BIBLIOGRAPHIE — ANALY$ ES ET INDEX 75 BIBLIOGRAPHIE ANALYSES ET INDEX 1° Sciences mathématiques … De Gramont, due de Guiche (Armand), Docteur ès sciences. — Essais d’'Aérodynamique, 4° série. — 1 vol. in-4° de 180 pages avec 4 figures. (Prix : — 4 fr.) Gauthier-Villars, éditeur. Paris, 1914. L'objet de ce quatrième volume est d'abord l'achè- vement des expériences sur les actions mutuelles de — plusieurs plans, invariablement liés, déplacés simul- tanément dans l'air, puis l'étude nouvelle des actions de l’air sur les surfaces courbes. La voiture et les dispositions expérimentales n'ont pas été essentiellement moditiées. L'axe porteur des surfaces planes ou courbes a été seulement élevé à 32,28 au-dessus du sol. Pour avoir un montage plus rigide des surfaces à essayer, on a remplacé les fers en Ü par des montants creux en acier ayant pour sections des ellipses dont le rand axe, parallèle à la vitesse, mesure 90 milli- mètres et le petit 40 millimètres; un montant oblique fait fonction de jambe de force. Les tubes transmetteurs de pression sont disposés “comme antérieurement. Les manomèires ont été allon- gés à 80 millimètres, l'expérience ayant révélé, dans le cas des surfaces courbes, des dépressions pouvant — dépasser la limite d'enregistrement des anciens appa- reils (55 millimètres). La méthode de mesure de la vitesse a été modifiée : par un procédé photographique, la vitesse est enregistrée d’une façon continue, en même temps que les pressions, sur le même cliché; cette méthode donne une précision plus grande. I. {Interactions de plans équidistants. — En se bor- » nant à des plans parallèles invariablement liés entre + eux, on peut faire varier la distance normale de ces plans et en même temps leur décalage. La première disposition essayée a été la disposition en gradins. Quand le plan le plus élevé est à l'avant, la disposition _est qualifiée gradins droits; quand le plan le plus bas est à l'avant, on a les gradins renversés. La largeur des plans est de 12 centimètres et leur distance nor- male est de 2 centimètres où de 4 centimètres. On avait, antérieurement (3° série), essayé les plans in- terrompus ou plans en tandem (distance normale nulle). Pour les gradins droits, se dégage un fait inattendu relativement à la face avant ou face inférieure : à l’in- verse de ce qui a lieu pour les plans en tandem, il n'y a pas reprise de pression sur la deuxième lame; le bord d'attaque de celle-ci est en dépression marquée, et la reprise sur la troisième lame est très faible lorsqu'elle est positive. Quand on passe de l'écart de 2 centimètres à celui de 4 centimètres, cette dépression _ ne fait qu'augmenñter. A l'arrière, le phénomène se rapproche beaucoup de ce qui a été observé sur les plans interrompus. Pour les gradins renversés, la distribution des pres- sions à l'arrière met en évidence un phénomène inté- ressant : à l'incidence de 8°, la dépression sur le deuxième et le troisième élément est considérable, bien supérieure aux dépressions constatées sur le plan isolé de mêmes dimensions. Cet accroissement de la dépression locale, sans modifications de la forme de la surface, semble offrir un grand intérêt: ainsi se trouve étendu aux surfaces le phénomène déjà constaté, dans des tubes de Venturi disposés en série, par des expé- riences connues *. 1 Voyez, pour les 3 premières séries, la Æevue générale des Sciences des 30 août 1912, p. 639, et 15 avril 4914, p. #07. ? Ann. des Mines (Bourdon), sept. 1881 et Bull. de l'Ins- titut Aérot. de Saint-Cyr (A. Toussaint et G. Lepère), 1913. II. Surfaces courbes. — Les surfaces étudiées, d’en- vergure uniforme : 170 centimètres, sont au nombre de six. 4° Surface mince à courbure circulaire de 1,30 de rayon, corde de 1,20. 20 Surface épaisse limitée par deux cylindres de révolution de 1",30 et 2,52 de rayon, la corde ayant encore 1,20, 3° et 4° Réductions de la surface n° 2, l'une par homo- thétie, l'autre par fractionnement. 5° et 6° Ailes à profil asymétriques; la surface n° 5, proposée par le capitaine Couade, est très épaisse : elle a la face inférieure plane et un bord d'attaque assez tranchant; la surface n° 6 a la face inférieure concave et se rapproche des formes usitées en aviation. La surface n°1 a été étudiée d'une facon complète au moyen de lignes de pente et d'horizontales; on a alors pu dessiner les lignes d’égale pression comme pour les plans. Les autres surfaces ont été étudiées suivant une ou plusieurs lignes de pente seulement. On à, chaque fois, et pour chaque angle, dessiné la poussée sur la face supérieure, sur la face inférieure et la poussée résultante. Les forces dessinées ne repré- sentent pas l’action totale du fluide, car, comme le re- marque l’auteur, il n’est pas tenu compte du frottement de l’air sur la surface. Cette question du frottement a été étudiée par M. Zahm dans le cas de certaines sur- faces planes’, et par M. Maurain ? dans le cas de dis- ques tournants de différentes textures; mais, dans les expérience actuelles, il s’agit de surfaces pour les- quelles les vitesses de glissement, variables aux diffé- rents points, devront être déterminées : c'est ce que se propose de faire l’auteur dans d'autres recherches. Nous sommes obligé de renvoyer le lecteur au mé- moire lui-même pour l'étude des nombreuses planches qui rendent compte, de la façon la plus claire, des ré- sultats obtenus. Cette quatrième série présente ainsi un ensemble d'expériences des plus intéressantes et des plus utiles. Elle répond pleinement aux espérances qu'avaient fait naître les précédentes séries. P. APPELL, Membre de l'Institut, Doyen de la Faculté des Sciences de Paris. Turin (André), Ingénieur des Arts et Manufactures, Répétiteur de Physique industrielle à l'Ecole Cen- trale. — Les foyers de chaudières, leur construc- tion, leurs accessoires, leurs services annexes. — 1 vol. iu-8° de 408 pages et 461 figures dans le texte. (Prix : 20 fr.) Dunod et Pinat, éditeurs. Paris. Le présent volume fait suite à celui du même auteur intitulé Alimentation des chaudières et tuyauteries de vapeur, et en forme le complément. Les deux ouvrages constituent une étude d'ensemble sur la Chauflerie moderne et sur les conditions théoriques et pratiques qui président à la marche économique des appareils à vapeur. La meilleure utilisation des combustibles, c’est là un problème qui se présente sous de multiples aspects pour chaque industriel : celui-ci a-t-il plus d'intérêt à se servir du charbon qu'il a sous la main ou à en faire venir de meilleure qualité d'autres ré- gions? Pour tirer parti de certains combustibles infé- rieurs, des procédés spéciaux d’insufflation ou d'aspi ration des foyers ne Jui sont-ils pas nécessaires? Comment, enfin, arrivera-t-il à réduire les frais de main d'œuvre et d'entretien qui, surtout dans les à 4 Phil. Magazine, t. VIII, 1904. ? Comptes rendus, 7 janvier 1914. 52 192 chaufferies puissantes viennent grever le prix de la vapeur ? Ne devra-t-il pas pour cela appliquer les foyers mécaniques et les moyens perfectionnés de manuten- tion du charbon et des cendres? Le livre de M. Turin est un excellent guide pour répondre à toutes ces questions : après une étude som- maire des combustibles, l’auteur examine à fond, au point de vue technique, tous les phénomènes de la combustion. Il passe ensuite immédiatement à la des- cription de tous les appareils ou dispositifs adoptés en France ou à l'étranger. Les foyers sont divisés en deux classes principales : foyers se chargeant à la main et foyers mécaniques. Les premiers, soit extérieurs, soit intérieurs, Com- portent un grand nombre de types plus ou moins améliorés pour éviter l’adhérence des mâchrefers, comme les barreaux refroidis ou les grilles à mouve- ments, pour obtenir une combustion plus parfaite (chargements alternés, combustion renversée, admis- sion d'air supplémentaire, chargeurs spéciaux, fumi- vores), pour faire varier la surface de grille, pour brüler les combustibles menus (grilles à gradins ou inclinées). ; Parmi les foyers mécaniques, l’auteur étudie les catégories suivantes : foyers à grille, chaîne tournante, foyers à peltage, foyers dits «Cokiny Stoker », foyers à chargement renversé (Underfeed), foyers à grille inclinée ou à gradins. Viennent entin les chapitres relatifs aux foyers soufflés et aux moyens de tirage par cheminée, par ventilateur, et par soufflerie de vapeur, ainsi que la description de tous les modes de manutention du charbon et des dispositions générales d'aménagement des chaufferies pour lemmagasinage d'abord, l’ali- mentation des grilles ensuite et l'enlèvement des cendres et des mächefers. Après avoir consacré quelques chapitres aux foyers pour combustibles spé- ciaux, solides, liquides et gazeux, M. Turin donne, en terminant, quelques détails pratiques sur le brique- tage, la fabrication des briques et leur mise en œuvre, et sur les appareils de contrôle appliqués sur toutes les chaudières. On le voit par la brève énumération qui précède, cet ouvrage résout clairement et avec force détails tous les problèmes qu'un industriel sera amené à se poser pour améliorer son prix de revient, en dépit de la cherté du charbon et des difficultés toujours crois- santes de la main-d'œuvre. EuiLe DEMENGE, Ingénieur civil. €Crémieux (Maxime), /Zngéuieur en chef de l'Artille rie navale. — Les poudres de marine. (BALISTIQUE INTÉRIEURE APPLIQUÉE.) — 1 voi. 1n-8° de 376 pages avec liqures (Prix : 10 fr.) A. Challamel, éditeur, 17, rue Jacob. Paris, 1914. L'ouvrage de M. l'ingénieur en chef Crémieux vient enrichir tort heureusement la partie de la bibliogra- phie française qui traite des poudres de guerre. Encore que cette dernière se soil augmentée de quelques ouvrages au cours des années écoulées depuis 1907, elle n'en demeure pas moins encore très pauvre, eu égard à l'importance du sujet. On doit d’ailleurs noter que la totalité des ouvrages récents qui ont traité celte question n’ont eu en vue que son côté chi- mique. Les problèmes relatifs à l'utilisation pratique des poudres de guerre étaient, par contre, complète- ment délaissés. Or, si les poudres doivent être fabri- quées de manière à donner une sécurité d'emploi aussi grande que possible, il convient cependant de ne pas perdre de vue qu'elles sont avant tout desti- nées à être lirées dans les bouches à feu. L'ouvrage de M. Crémieux, traitant surtout de l'uti- lisation des poudres colloïdales dans les bouches à feu à grande puissance de l’Artillerie navale, répond au desideratum précédent. Sans être muet sur les questions si importantes de la stabilité balistique, il met cependant au premier plan l'étude des effets balis- BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX tiques dans les bouches à feu et la détermination de leurs conditions de chargement. A cet égard, il n’est pas sans intérêt de signaler que cet ouvrage constitue le premier traité de Balistique intérieure expérimen- tale publié dans notre pays. L'ouvrage est divisé en trois parties : 4° propriétés générales ; 2° effets balistiques dans les bouches à feu ; 3° détermination des conditions de chargement. La première partie traite des propriétés générales des poudres progressives et de l'étude des lois de la combustion qui ont conduit à l'adoption des poudres colloïdales, à la notion de la force du coefticient de vivacité, du module de progressivité en vase clos. Elle donne des notions succinctes sur la calorimétrie, l’ana- lyse des gaz de la combustion et sur la fabrication des poudres. Elle résume l'exposé des notions acquises sur l'influence des agents de décomposition, les épreuves de vérification et l'étude des variations cor- rélatives du taux des produits volatils et du coefficient de vivacité. La deuxième partie traite des effets balistiques dans les bouches à feu. Elle renferme un exposé cri- tique des travaux de M. le général Gossot et de l’ingé- nieur en chef des poudres Liouville, l'établissement des formules qui relient les données du chargement aux effets balistiques en vu- de la solution des pro- blèmes usuels de la Balistique intérieure. Les notions qui suivent sur le mode de combustion des poudres dans les armes, le développement des pressions, la poudre du maximum, le module de vivacité, la sensi- bilité des bouches à feu, leur régularité, la précision des mesures, sont illustrées d'un très grand nombre de résultats expérimentaux. On y étudie ensuite les variations périodiques et permanentes des poudres, la recherche de leur cause, la gravité de leurs incon- vénients pour le tir de bord, et les moyens d'y remé- dier par la fabrication de poudres à faible coefficient d'émission et par leur conservation en récipients her- métiques. A cette occasion, nous aurions aimé voir l'auteur se livrer à une critique un peu plus serrée de la définition du lot moyen. Plusieurs chapitres sont consacrés à la comparaison balistique des poudres tubulaires, des poudres étrangères à la nitrocellulose pure et à la nitroglycérine, balistites, cordites, etc. La troisième partie traite, suivant des vues person- nelles, de la détermination des conditions de charge- ment des bouches à feu, c'est-à-dire de la vivacité de la poudre et du poids de la charge, en vue de la réali- sation d'un effet balistique donné, d'après les résul- tats balistiques des poudres de l'indice dans un canon éprouvette. Elle résume l'exposé des méthodes peu précises anciennement employées et critique les méthodes plus récentes basées sur la comparaison des différences des vitesses qui caractérisent respec- tivement les poudres de vivacités différentes tirées dans le canon éprouvette et le canon d'emploi. Dans ce hut on y traite l'étude de la détermination directe de la loi de correspondance des vitesses et des pressions des poudres des différentes vivacités tirées dans l’une et l'autre bouche à feu. A l’aide de nom- breux résultats de tir, on y fait ressortir la concor- dance satisfaisante entre la théorie et l'expérience concernant la forme théorique et la forme expérimen- tale des courbes qui relient les vitesses obtenues dans l’un et l’autre canon, et les raisons des défauts de concordance parfois constatés. Ces considérations conduisent à une méthode générale simple, fondée sur la relation finie qui lie ces éléments, et à l'exposé de précautions à prendre pour son emploi. Il est donné ensuite une série d'exemples, appuyés de résultats expérimentaux, sur la détermination des conditions de chargement des principales bouches à feu de la Marine francaise. Le travail se termine par d'importantes considéra- tions sur les conditions de recette des poudres par le Lir, si étroitement liées aux conditions d'emploi dans les canons auxquels elles sont destinées, et par les BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 753 diverses méthodes susceptibles de consacrer cette liaison. On y fait ressortir les inconvénients de la multiplicité des éprouvettes, pour les épreuves des oudres épaisses, et la possibilité de généraliser ‘usage d'un canon éprouvette unique de moyen calibre, mesure qui permet de concilier l’économie et la précision et qui a été déjà partiellement admise, sur l'initiative de l'auteur. Le choix judicieux des nombreux problèmes d'ordre pratique traités par M. Crémieux, joint à la clarté de son exposition, rendent la lecture de l'ouvrage des plus attrayantes. Sa place nous parait marquée dans la bibliothèque de tous ceux, officiers et ingénieurs, qui ont à s'occuper de l'emploi des poudres colloi- dales dans les bouches à feu et de l’étude des condi- tions de chargement de ces dernières. 2° Sciences physiques Zeeman (P.), Professeur de Physique expérimentale à l'Université d'Amsterdam. — Researches in Ma- gneto-Optics, with special reference to the ma- gnetic resolution of spectrum lines. — {1 vo/. in-8° de %19 pages avec T4 figures. (Prix : T fr. 50.) Macmillan et Cie. Londres, 1914. Il y a des phénomènes si importants en eux-mêmes, et par leurs conséquences, que l’étude de leur déve- loppement remplit aisément un volume; c’est le cas de l'ouvrage que M. Zeeman a fait paraître récemment en Anglais sous le titre de Reclerches magnéto-optiques. A la perfection typographique des publications an- glaises, ce livre a l'avantage de joindre la plus grande simplicité d'exposition et le continuel souci d'aborder les questions les plus difficiles, sans entrainer le lecteur dans des considérations mathématiques ou techniques que les spécialistes seuls liraient vraiment avec fruit; cela, bien entendu, sans sortir du cadre scientifique le plus sérieux. Après une révision simple et claire des procédés capables de déceler des variations délicates dans les fréquences des raies spectrales, l’auteur reprend, à partir de leur origine, les idées de Faraday au sujet des relations entre le magnétisme et la lumière. Aux découvertes de Faraday et de Kerr, il ajoute celle qui porte son nom et qui vint à son heure. Précisément au moment où les spéculations de la Physique se por- taient de l'étude des milieux continus à celle des phé- nomenes atomiques, elle fit presque passer au second rang les phénomènes rotatoires de Faraday, relatifs au milieu, vis à vis du déplacement magnétique des raies d'émission, qui met en évidence la déformation imposée aux systèmes atomiques vibrants par un champ magnétique extérieur. Les lecteurs rencontreront avec intérêt, après un intervalle de près de vingt ans, si fécond pour la physique électro-magnétique, le texte des premiers mémoires où M. Zeeman exposait sa découverte. Aux constatations initiales, apportant, dans les cas simples, une confirmation si brillante aux idées alors neuves de M. H. A. Lorentz, succédèrent des complica- tions qui déroutent encore aujourd'hui les théoriciens. La décomposition magnétique des raies du spectre s'effectue souvent d'une façon très complexe; peut-être l'intervention d'agents, tels que les très basses tempé- ratures ou les champs magnétiques très intenses, per- mettra-t-elle de simplifier les phénomènes et de les ramener à des apparences plus faciles à interprêter. Le chapitre consacré à la Physique solaire montre, une fois de plus, combien chaque nouveau phénomène, découvert dans le monde des atomes, ouvre rapidement de nouveaux horizons à la Physique de l'univers. Les pages relatives à la classification en séries des raies spectrales, à l'allure magnétique des raies de chaque série, à la comparaison des caractères spectraux et de la table périodique des éléments marquent des étapes dans Ja voie qui conduira à relier la structure des atomes aux modes vibratoires qu'ils sont susceptibles : d'adopter; c'est là où les spectres de très haute fré- quence fourniront-des renseignements précieux. Le lecteur que cet ouvrage aura intéressé aux déve- loppements récents des phénomènes qui relient le magnétisme et la lumière par l'intermédiaire des vibrateurs atomiques, trouvera des mises au point nouvelles dans la prochaine publication des confé- rences de la Société Française de Physique; à cet égard, il faut surtout signaler les exposés de MM. Cotton et Mouton et de M. Jean Becquerel. MAURICE DE BROGLIE. Guyau (Augustin), Docteur ès Sciences. — Le télé- phone instrument de mesure. Oscillographie interférentielle. — 1 vo/. 1n-16 de 150 pages. (Prix : 21r.75.\ Gauthier-Villars. Paris, 1914. L'ouvrage de M. Augustin Guyau est à la fois une monographie du téléphone employé comme instru- ment de mesures électriques et le résumé d’une thèse de l'auteur sur l'application du téléphone à la cons- truction d’un oscillographe interférentiel dont le principe avait été indiqué dès 1899 par Cauro. Après avoir résumé dans le chapitre I® les notions théoriques sur le téléphone considéré comme repro- ducteur de sons, M. Guyau étudie, dans le second chapitre, les applications à diverses mesures élec- triques et donne les conditions mathématiques qui règlent l'emploi. Les deux chapitres suivants sont consacrés à l’oscil- lographe interférentiel, et le chapitre V à l'application à l'étude des membranes téléphoniques. Il ne semble pas que, malgré l’étude très consciencieuse de l’auteur, cet appareil soit capable de prendre une place impor- tante dans les laboratoires. Cependant, comme les mesures sur les membranes télephoniques sont des plus délicates, il faut tenir compte d’un dispositif qui permet une analyse très détaillée de leur mouvement. L'auteur a surtout étudié dans ce petit ouvrage la partie mathématique; il faut espérer qu'il se servira de l'instrument qu’il a créé pour apporter des données expé imentales certaines qui font actuellement bien défaut dans cette question. H. ARMAGNAT. Tilden (Sir William A.), F.R.S. — The Progress of scientific Chemistry in our own times (LEs PROGRÈS DE LA CHIMIE SCIENTIFIQUE A NOTRE ÉPOQUE, AVEC NOTES BIOGRAPHIQUES). 2° édition. — 1 vol. in-8° de 354 pages (Prix cart.: 9 fr. 50.) Longmans, Green and Ce, 39, Paternoster Row. Londres, 1913. Le savant membre de la Société royale de Londres vient de donner une deuxième édition de son excel- lente vue d'ensemble sur les progrès de la Chimie scientifique à notre époque, parue en 1899. Elle contient de nombreuses additions. Le développement de nos connaissances sur la radioactivité, les propriétés du radium,la désintégration de son atome et, d'une façon générale, l'évolution des éléments ont été traités lon- guement et clairement. Il en est de même des questions toutes récentes agitées en Physicochimie, comme celle des chaleurs spécifiques, de l'équilibre, qui viennent de réaliser de sensibles progrès. En outre des chapitres consacrés aux récentes acquisitions de la science chimique, la deuxième édition contient encore une innovation intéressante. Dans le but de faire connaître au lecteur non seule- ment les noms des maîtres de la pensée scientifique, mais encore les rapports entre leurs découvertes et le progrès général de la science, l’auteur a cru nécessaire d'ajouter à chaque chapitre une série de notes biogra- phiques. Chacune de ces notes contient une esquisse rapide de la vie et de l'œuvre de tout chimiste ayant contribué, d'une façon notable, aux progrès accomplis, ainsi que des renseignements biographiques permet- tant au lecteur de compléter, autant qu'il est possible, sa documentation sur ce même savant. Les chimistes vivants ont été traités plus sobrement. ul ra Comme le savent (ous ceux qui ont parcouru la première édition, l'auteur a su faire, dans le champ immense des matériaux qui se présentent à l’esprit, un choix heureux qui donne une idée suffisamment claire des découvertes qui ont joué un rôle fondamen- tal, sans créer de confusion par l'abus des détails. Cet ouvrage est particulièrement recommandable, non seulement aux étudiants en chimie pour lesquels il à été écrit, mais encore aux philosophes et à toutes les personnes cultivées qui veulent avoir une vue d'ensemble des progrès réalisés par la Chimie depuis 1837 et comprendre clairement comment notre système chimique actuel s'est dégagé peu à peu de l’ordre antérieur des choses. CaMILLE MATIGNON, Professeur au Collège de France. Harden (A.), Directeur du Service de Chimie biolo- gique à l'Institut Lister. — Fermentation alcoo- lique. — { vo/. in-8° de la collection des Monocrarus oN BiocEemisrry. (Prix : 5 fr.) A. Hermann et fils. Paris, 1914. M. le Professeur Dastre a eu l'heureuse idée de faire paraitre dans la collection des Questions biologiques actuelles une édition française de l'excellent traité du savant anglais. L'auteur, bien connu pour ses recherches sur là fermentation alcoolique, a fait œuvre des plus utiles en condensant sous une forme précise, mais suffisam- ment détaillée, l’état de nos connaissances sur cette fermentation importante entre toutes. M. Harden, directeur du Laboratoire de Chimie bio- logique au célèbre Institut Lister, était tout qualifié pour nous faire connaître les diverses phases de la transformation des matières sucrées en alcool. Tous ceux qui suivent ses travaux n’ont pas de peine à s'apercevoir que c’est l’œuvre d'un homme de labora- toire, que c'est un livre vécu, ce qui ne fait qu’en doubler la valeur. Dans le premier chapitre, nous trouvons un histo- rique détaillé et complet des diverses théories qui ont eu cours, depuis celles des alchimistes et de la doc- trine phlogistique, en passant par Lavoisier, Stahl, Gay-Lussac, Cagniard- Latour, Schwann, Kützing, Liebig, jusqu'à la théorie vitale de Pasteur et la théorie diastasique de Buchner; les diverses concep- tions sont exposées avec beaucoup d'humour. Dans le deuxième chapitre, l'auteur nous parle de la découverte de la zymase; il fait ressortir les divers arguments en faveur de la théorie diastasique et de la théorie protoplasmique de fermentation; il fait voir les variations du pouvoir fermentatif du suc de levure, les rapports existant entre le suc fermenté et l'alcool, l'influence de la concentration sucrée, des antisep- tiques, etc. Dans son troisième chapitre, l'auteur met en lumière le rôle important des phosphates, tel qu'il résulte de ses expériences avec M. Young. Le quatrième chapitre a (rait aux propriétés du suc bouilli (co-ferment). Nous voyons comment ce suc se compose de deux parties : l’une filtrable à la bougie de porcelaine, l’autre arrêtée par cette bougie. Chacune prise isolément est incapable de faire fermenter le glucose, tandis que les deux réunies le font. Ces pro- priétés curieuses du suc bouilli, dues à la richesse en phosphates et signalées par Harden et Young, ont été reconnues exactes, notamment par des recherches ultérieures de Bachner et de Klatte. Dans un cinquième chapitre, nous étudions le rôle des agents accélérateurs et retardateurs sur le suc de levure. L'auteur nous montre que, pendant que les phosphates sont indispensables, les arséniates ont surtout pour effet d'augmenter la vitesse de libération du phosphate, d'accélérer l’action hydrolysante de l'hexosephosphatase. Les produits accessoires de la fermertation alcoo- lique (alcools supérieurs, glycérine, acide succinique) font l'objet du sixième chapitre; la production des BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX alcools conformément aux recherches d'Ebrlich y est très bien expliquée : ce sont les produits de la levure vivante, en présence de sucre fermentescible; on n’en obtient pas par la zymine ni par le suc de levure. La grande variété des bouquets rencontrés dans les produits de la fermentation alcoolique (vins, rhums; cognacs) peut être altribuée à la grande variété des protéiques dans les matériaux initiaux ou provenir dans certains cas de la levure elle-même; nous com- prenons le rôle prépondérant des amino-acides dans cette production. Le chapitre VIT se rapporte aux phénomènes chimi- ques de la fermentation; l'auteur passe en revue les diverses hypothèses sur la formation de corps inter- médiaires entre le sucre et l'alcool, avec un sens critique parfait; mous apprenons à connaître les schémas proposés par Bacyer, Buchner et Meisenhei- mer, Wohl, Loeb et Schade. Depuis la publication de l'édition anglaise, nous devons signaler les recherches de Kostytscheff, de Neuberg et Karczarg sur le rôle de l'acide pyruvique et de l'aldéhyde ordinaire ; il aurait été utile que le tra- ducteur français les eût fait connaître par une petite note additionnelle. Dans le dernier chapitre, M. Harden nous parle du mécanisme de la fermentation alcooliqne ; il compare les vitesses de fermentation en présence de levure vivante, de la zymine et du suc de levure sous di- verses conditions et discute les hypothèses émises; de nouvelles recherches sont nécessaires. L'ouvrage est terminé par une excellente bibliogra- phie qui, malgré quelques lacunes, sera des plus utiles à consulter. Ce livre se distingue par un plan bien conçu, un style précis et captivant; sa lecture rendra de grands services à tous ceux qui s'occupent de fermentation. Il est superflu de souhaiter du succès à un tel ou- vrage, il laura sans difficulté. Il constitue un digne pendant de l’ouvrage de Bayliss, de la même collection, sur les actions diastasiques, dont la troisième édition anglaise vient de paraître. E. KAysEr, < Directeur du Laboratoire de Fermentation à l'Institut national agronomique. 3° Sciences naturelles Wildeman (Em. de), Directeur du Jardin botanique de lPElal, à Bruxelles. — Etudes sur la flore du Katanga. (Annales du Musée du Congo belge. Bota- nique. Série IV, vol. IL.) — 1 vol. in-4° de 180 pages, avec 19 planches. Misch et Thron. Bruxelles, 194. Le Katanga est la région qui, dans le sud-est du Congo belge, avoisine la Rhodésie ; il occupe, par rap- port à celte Rhodésie, le versant opposé de la crête qui sépare le bassin du Congo de celui du Zambèze: Déjà éloigné de l'équateur, puisqu'il se trouve vers le dixième degré de latitude S., il est surtout constitué par de hauts plateaux qui s'élèvent jusqu'à 1.500 mètres, et les saisons y sont nettement marquées, la saison des pluies s'étendant de mi-octobre à mi-avril, et les six autres mois correspondant à la saison sèche. C’est, en général, la savane et la brousse ; el le terrain, plutôt dur, est argileux, avec sous-sol schisteux. Il offre des ressources minières. Au point de vue agricole, ce serait surtout avec le Tanganyka et la Rhodésie que le Katanga présenterait certaines analogies; et c'est pour- quoi, depuis un certain temps déjà, les Belges s'effor- cent d'en faire un centre de colonisation qu'ils vou- draient comparable à celui que devient la Rhodésie. Parallèlement à cet effort, et pour faciliter, le jouf venu, l'exploitation méthodique du sol, en faisant dès maintenant conuaître ses grandes caractéristiques de végétation, M. de Wildeman, depuis plusieurs années aussi, à entrepris l'étude de la flore du pays. Dès 1910, il publiait à ce sujet une première note, à, laquelle depuis lors, en 1913 et 191%, deux autres ont succédé. Le volume que nous annonçons aujourd'hui est, d'autre BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 155 part, le premier fascicule illustré de cette flore ; il est édité dans le format où, sous les auspices du ministère des Colonies de Belgique, le même auteur a déjà publié de’si beaux travaux sur les plantes du Moyen et du Bas-Congo. De nombreuses planches accompagnent le texte. C'est donc la suite de cette superbe collection d'ouvrages que nous devons à la grande activité scien- tifique de l'éminent Directeur du Jardin botanique de Bruxelles. Elle sera accueillie avec la même faveur que ces publications antérieures par tous les botanistes qui s'intéressent à la flore exotique ; et ce sera justice. Hexrr JUMELLE, Prafesseur à la Faculté des Sciences de Marsoille. Coupin (H.), Docteur ès sciences. — Comment on collectionne les fleurs, les bêtes, les pierres. — A vol. inA42 de 156 pages avec 100 figures. {Prix : 4 fr. 50.) Librairie Armand Colin. Paris, 1914. Dans cet opuscule, l'auteur indique en toute sim- plicité comment l'on peut mettre en collection les objets d'histoire naturelle qu'il est si facile de récolter partout, de la plaine à la montagne, du ruisseau à la mer. Il donne, avec le minimum de détails et le maxi- mum de clarté, les renseignements indispensables, dé- barrassés des conseils oiseux et des formules désuètes. On regrettera seulement la place si minime accordée à la Géologie et l'omission de ce qui concerne la Miné- ralogie. L'auteur proteste avec raison contre le ridicule dont on entoure parfois les collectionneurs. On a tort, car, notamment dans les sciences naturelles, rien n’est plus propre à faire connaître aux chercheurs une mul- titude de faits qui augmentent peu à peu leur instruc- tion générale dans de grandes proportions. L'opuscule de M. Coupin contribuera utilement à ce but. Bonnet (Amédée), Préparateur de Zoologie à la Faculté des Sciences de l'Université de Lyon. — Les problèmes de la détermination du sexe. — 4 vol. de 348 pages avec 31 fiqures en noir et en couleurs. Rey, éditeur. Lyon, 1914. Le travail de M. Bonnet est une revue générale des connaissances acquises sur la question de la détermi- nation du sexe; il a cherché à rassembler aussi complètement que possible et à analyser les très nombreux mémoires publiés sur ce sujet, qui a été abordé par toutes sortes de méthodes : par l’expéri- mentation (essais de modification de la proportion sexuelle normale d’une espèce ou du sexe d’un individu), par la statistique (proportions des sexes chez des espèces en rapport avec des conditions variées), par l'étude cytologique (constitution chromosomique des œufs et ‘ des spermatozoïdes), par voie d'observation déduc- tive (polyembryonie, parthénogenèse, etc.); mais ces méthodes sont évidemment de très inégale valeur. La revue de M. Bonnet envisage bien avec exactitude toutes les faces du problème si complexe de la sexualité, mais il me semble que son mode d’expo- sition n'est pas toujours très logique : en un endroit, il résume ce que l'on sait sur les chromosomes sexuels, puis, plus loin, dans un autre chapitre, il examine l'hypothèse d'une transmission mendélienne du sexe et enfin le mode d'hérédité des caractères sex-linked. Il n’y avait pas de raison pour disjoindre ces trois parties, car, comme le fait justement re- marquer Goldschmidt, c'est la mème conception expri- mée en deux langues différentes : on a pensé d’abord à une transmission mendélienne, en raison de la régularité de la proportion des mâles et des femelles (Mendel y avait déjà songé, voir ses Lettres); cette hypothèse, d'abord un peu vague, s'est trouvée en- suite en parfait accord avec la découverte des hétéro- chromosomes; et la signification de ceux-ci à été comme vérifiée par la découverte des caractères à hérédité liée au sexe. Une conséquence nécessaire de cet ensemble est la détermination syngame du sexe (c'est-à-dire coïncidant avec la fécondation), et je ne vois pas bien pourquoi M. Bonnet considère celle-ci comme une rareté, alors qu'elle est très probablement la règle, au moins dans certains groupes. La bibliographie copieuse qui termine l'ouvrage pourra être ulile pour des recherches, car elle est très suffisamment complète; néanmoins, le travail de Mulsow (1912) sur le Nématode Ancyracanthus est omis, et il n’en est pas question non plus daus le texte; c'est cependant le plus clair exemple que l'on connais e N EPA Sh/ (1) (I) (III) La racémisation doit être moindre ou nulle dans les composés des types (Il) et (III). Des tentatives de dédoublementdela2-p-sulfophényl-2 :3-dihydro-1 :2:4- naphta-isotriazine (du type II), au moyen de la cris- tallisation de son sel de brucine, ont donné des frac- tions douées d’un léger pouvoir rotatoire, disparaissant avec le temps. — M. F. L. Pyman 1 retiré de l'écorce du Daphnandra micrantha trois nouvelles bases cris- tallisées : la daphnandrine, C*H*0AZ ; la daphnoline, C’‘H#:0°A7z:, et la micranthine, C#*H%*05A7°. — MM. J. J. Dobbie et J. J. Fox ont constaté que les spectres d'une molécule de certains alcaloïdes dérivés de l’iso- quinoline, comparés à celui de deux molécules de créosol, possèdent une bande dans la même position. — - MM. H. Mc Combie et J. W. Parkes, en faisant réagir sur la benzoïne les chlorures d'acides dibasiques, ont | obtenu des composés formés de deux molécules de . benzoïne et une de chlorure, mais jamais des composés - formés d’une molécule de chacun et dérivant du stil- bènediol. — M. J. Mc C. Sanders décrit un appareil - qui permet de déterminer rapidement pendant la dis- . tillation d'un pétrole la densité des fractions succes- sives — ces fractions pouvant être séparées ou mélan- gées — et la variation graduelle de densité qui se produit à mesure que la distillation se poursuit. — - MM. G. T. Morgan et J. C. Elliott ont préparé un grand nombre de dérivés mercurés des amines aro- | matiques en chauffant celles-ci avec de l'acétate mercurique dissous dans l'alcool méthylique, puis | en ajoutant une solution de KI. Les iodures organo- + mercuriques se précipitent. — MM. S. English et - W. E. S. Turner ont déterminé les viscosités des - mélanges de formamide avec les alcools n-propylique, - isobutylique et isoamylique à 25°. L'écart avec la - valeur calculée est positif pour le premier ; les courbes - relatives aux deux autres alcools présentent un maxi- mum. — M. D.F.Twissa reconnu que les halogénures d'aryles nitro-substitués entrent en réaction avec une demi-molécule de thiosulfate ou de séléno-sulfate de Sodium pour donner les sulfures et les séléniures de nitro-aryles correspondants. ACADÉMIE DES SCIENCES D'AMSTERDAM Séance du 30 Mai 1914. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. W. Kapteyn : Sur les fonctions d'Hermite (3° partie). Remarques rela- tives à des travaux de MM. H. Galbrun et K. Runge sur le mème sujet. — M. Jan de Vries : [/ne involution triple de la troisième classe. Examen des réseaux pro- jectifs de sections coniques représentées par a, + Max Na —O0etAb,2 ND LUE — 0.— MM. W. Kapteyn et Jan de Vries présentent un travail de M. N.G. W. H. Beeger : Sur les polynomes d'Hermite et d'Abel. — MM. Jan de Vries et J. Cardinaal pré- sentent un travail de M. M. J. van Uven: L'équation des erreurs avec et sans conditions et la détermination des poids des inconnues, déduite de principes méca- niques. L'auteur essaie de donner une analogie méca- nique de la solution des équations d'observation d’après la méthode des moindres carrés. Sa méthode est basée sur l'équilibre d’un point soumis à desforces élastiques. 2° SCIENCES PHYSIQUES. — M. D. J. Korteweg: Sur les diverses façons dont peut flotter un cube homogène (Communication à propos des résultats obtenus par M. P. Brandsen). Celte question, malgré les grandes difficultés qu'elle présente, a été complètement résolue par M. Brandsen: un cube peut flotter d’une facon Stable de 4 manières différentes, correspondant cha- cune à des limites déterminées de la densité. — MM.H. A. Lorentz et F. A. H. Schreinemakers présentent un travail de M. J. J. van Laar : Quelques remarques sur les valeurs des grandeurs critiques dans le cas où il y a association. Remarques tendant à expliquer la grande différence trouvée par M. van der Waals (séance du 28 mars) entre les volumes occupés par CH? dans l'alcool méthylique et l'alcool éthylique. — MM. H. A. Lorentz et H. Kamerlingh Onnes présentent un travail de M. G. J. Elias : Sur l'abaissement du point de con- gélation par suite d'une déformation élastique. Consi- dérations thermodynamiques conduisant à la formule exprimant la variation du point de congélation d'un solide sous l’action des forces qui le déforment; cette variation est un abaissement si le travail de ces forces est positif. L'auteur établit les formules pour cet abais- sement dans les cas de traction, flexion et torsion et fait quelques calculs relatifs à la glace. — MM. J. D. van der Waals et P. Zeeman présentent un travail de M. K. W. Walstra: L'isotherme de l'hydrogène à 20°C: et15°,5 C. entre 4 et 2.200 atm. Comparaison des me- sures de l'auteur avec celles de Schalkwyk et d'Amagat. — M. H. Kamerlingh Onnes: Nouvelles expériences avec l’hélium liquide. J. Limitation d'un courant molé- culaire d'Ampère ou d'un aimant permanent à l'aide d'un supraconducteur (suite). En reprenant les expé- riences décrites dans le compte rendu d'avril, l’auteur s'est proposé d'observer la décroissance du courant avec le temps; cette décroissance était de moins de 1 °/, par heure, ce qui porte à plus de quatre journées le temps de relaxation; il s'ensuit qu'à 4°,8 K., la résistance du plomb n'est plus que la fraction 0,3.10 — © à 0,2.10— 1° de la résistance à 0°C.— M. H. Kamerlingh Onnes : Nouvelles expériences avec l'hélium liquide. K. Phénomènes de Saturation paramagnétique com- mençante. Pour observer, si possible, un commence- ment de saturation paramagnétique, il était avanta- geux d'observer, à très basse température, un abaisse- ment de température équivalant, d’après la théorie de Langevin, à une augmentation proportionnelle du champ magnétique; c'est pourquoi des mesures de susceptibilité d'une substance paramagnétique, le sul- fate de gadolinium, ontété faites dans l'hélium liquide. Ces expériences ont réellement montré, aux très basses températures, une tendance à la saturation. — MM. H. Kamerlingh Onnes et G. Holst: Sur la mesure des températures très basses. XXIV. Comparaison des thermomètres à hydrogène et à hélium, à volume cons- tant, jusqu'au point de solidification de l'hydrogène, 764 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES entre eux et avec le thermomètre à résistance de pla- tine. — M. H. du Bois : Nouveaux électro-aimants, destinés spécialement à des usages chirurgicaux ou métallurgiques. L'auteur discute la forme la plus avantazeuse à donner à des électro-aimants destinés à des usages déterminés, tels que la chirurgie abdomi- nale : thérapie d’adhésions péritonéales, déplacement du contenu intestinal, réduction de volvulus, etc., sans opération, ou encore l'extraction de corps étrangers introduits accidentellement dans le corps. — Me H. J. Folmer : Un nouvel électromètre, specialement construit pour des recherches radioactives. 1. Des- cription d'un appareil joignant à une grande sensibi- lité une grande précision dans la mesure de courants très faibles, et par conséquent bien approprié à la mesure de l'ionisation de l'air et du rayonnement radio-actif des éléments. — M. F. A. H. Schreinema- kers: Æquilibres dans les systèmes ternaires. XVI. Examen des cas où la vapeur contient denx compo- sants du système. — MM. Ernst Cohen et W. D Hel- derman : L’allotropie du cadmium. 111. L'étude dila- tométrique du cadmium, préparé par voieélectrolytique, avait appris que le cadmium ainsi préparé n'est pas la modification stable à la température de préparation. Ce fait est confirmé par la mesure de la force électro- motrice d'éléments au cadmium : Cd/solution de sul- fate/amalgame, dont l’électrode de cadmium a été obtenue par électrolyse; la force électromotrice est élevée après la formation et atteint au bout de quelques jours sa valeur normale. La modification du cadmium obtenue par électrolyse à température ordinaire est la form: y, stable au-dessus de 1000, — MM. A. Smits et S. Postma : Le système ammoniac-eau. Détermination des points de solidification et d'ébullition des mélanges sous pression atmosphérique. La courbe de fusion révèle l'existence de deux combinaisons soiides: 2 \zH°.H°0 et AzH*.H°0, ayant respectivement comme points de fusion —78°8 et —7920; les courbes d'ébullition n’ap- prennent rien au sujet de l'existence de combinai-ons liquides. — MM. F. M. Jaeger et Ant. Simek: Ætudes dans le domaine de la chimie des silicates. Il et II. Sur les silicates doubles de lithium et d'aluminium. Préparation par synthèse et description de produits ayant la même composition que les minéraux naturels: euc: yptite (LIAISiO®) et spodumène (LiAISi#0®). Ces pro- duits ne sont pas identiques aux minéraux naturels, dont ils constituent la forme stable au voisinage du point de fusion et au-dessous. Avec le spodumène artificiel, les auteurs ont comparé des espèces natu- relles. Le travail se termine par quelques données relatives à l'aluminate de lithium. 3° SCIENCES NATURELLES. — M. A. Wichmann: Sur des roches de l'ile Taliabou (iles Soula). Description des roches recueillies dans la partie méridionale de l'île Taliabou par M. J. W. van Nouhuys en 1902 et 1904. Dans cette partie il y a des dépôts étendus à fossiles jurassiques. Les roches éruptives sont surtout du granit. Il y a peu de roches de formation plus récente. SOCIÉTÉ ANGLAISE DE CHIMIE INDUSTRIELLE SECTION DE LIVERPOOL Avril 4912. M. T. W. A. Shaw a étudié la réduction cataly- tique de l'acide oléique et de l'huile de graine de coton par l'hydrogène en présence de nickel finement divisé. La réduction de Ja vapeur d'acide oléique dans un courant d'hydrogène sous pression réduite a donné au maximum 20 °/, de produit réduit pour une pres- sion de 200 millimètres. la réduction de l'acide oléique et de l'huile de graine de coton liquides sous une haute pression à fourni de 35 à 50 °/, de produit Séance du A0 réduit pour une pression de 50 atmosphères. La réduc-« tion augmente avec la pression. SECTION DE LONDRES Séance du 8 Juin 1914. M. E. K. Rideal a étudié les diverses méthodes de production de 'uranium au moyen de ses sels. Li conversion de l’oxyde d'uranium en tétrachlorure et la réduction de ce dernier par Na ou Mg ou par électrolyse ne fournit pas de l’uranium pur. La réduc- tion de U*0* par le carbone et la poudre de Mg au moyen de l'arc électrique a donné du métal à 98-99 °/, de U. — MM. C. Beadle et H. P. Stevens communi- quent leurs recherches sur le blanchissement des pâtes chimiques de bois. Ils présentent, d'autre part, un appareil pour le séchage du papier destiné aux essais. — M. W. R. Hodgkinson a constaté que les chlorates peuvent être réduits complètement en chlorures par les sels d'hydrazine en présence de certains catalyseurs, comme Cu0 ou Fe. La réaction est la suivante : 2KCIO* + 3AZ°H*.HAz0* — 6H°0 — 3A7z° + 3HAz0? + 2KCI. — M. A.T. Hough a préparé avec le tunystate de sodium deux réactifs qui peuvent servir à l'analyse des ma- tières tannantes par la méthode de Lauffmann. SECTION DE NEW-YORK Séance du 20 Mai 1984. M. Ch. E. Pellew a étudié les causes de danger du ferrosilicium. La supposition que les alliages commu- nément employés (contenant de 30 à 70 °/, de silicium) sont nécessairement dangereux lui parait erronée. Le danger de certains ferrosiliciums ne provient pas du pourcentage du Si, mais de la présence d'impuretés évitables: P, As et surtout Ca. Le ferrosilicum pur n'offre aucun danger. Séance du 22 Mai 1914. M. G. Rigg présente une étude sur les substances réfractaires, dans laquelle il envisage successivement les propriétés suivantes : 1° état réfractaire; 2 grain et compacité ; 3° calcination; 4 pozosité; 5° résistance à la pénétration, à la corrosion et aux modifications chimiques: 6° surface et dimensions vraies ; 7° conduc- tivité. M. G. Mersereau étudie les avantages et inconvénients des divers substituts qui ont été pro- posés pour l'essence d'automobile : alcool dénaturé, kérosène, mélanges de kérosène et d’acétone, etc. SECTION DE NEWCASTLE Séance du 29 Avril 1914. M. R. F. Innes présente quelques observations pra- tiques sur la préparation des peintures à la chaux et à l’arsenic. Il a obtenu les meilleurs résultats en étei- gnant la chaux d'abord, puis en ajoutant le rouge d’arsenic immédiatement après. — Le même auteur montre les relations qui existent entre le « toucher » du cuir et son apparence sous le microscope. SECTION DE SYDNEY Séance du 19 Novembre 1943. M. D. Grove communique ses recherches sur la présence et la distribution des diamants dans la Nou- velles-Galles du Sud. Pour lui, la roche-mère de ces diamants est une dolérite décomposée. Le Gérant: A. MARETHEUX. Paris, — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. dé 25° ANNÉE N° 19-20 15-30 OCTOBRE 1914 Revue générale des Sciences. pures et appliquées FONDATEUR : LOUIS OLIVIER DIRECTEUR : J.-P. LANGLOIS, Docteur ès Sciences, | Aûresser tout ce qui concerne la rédaction à M. J.-P. LANGLOIS, 18, rue Chauveau-Lagarde, Paris. — La reproduction et la traduction des œuvres et des travaux publiés dans la Revue sont complètement interdites en France et dans tous les pays étrangers, y compris la Suède, la Norvège et la Hollande, | CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE $ 1. — Nécrologie Armand Considère. — Survenue peu après la déclaration de guerre, la mort d'Armand Considère a passé presque inaperçue; mais son œuvre mérite de sauver son nom de l'oubli. Né en 18#1, il fit ses études à l'Ecole Polytechnique, puis à l'Ecole des Ponts et Chaussées, et fut recu en » 1865 ingénieur des Ponts et Chaussées, corps dans lequel il fit toute sa carrière et parvint au grade d'Inspecteur général. . Pendant ses quarante années de service actif, Con- sidère dirigea un grand nombre de travaux de cons- truction de routes, de chemins de fer, de ports et de phares. il trouva néanmoins le temps de se livrer à de nombreuses études de Mécanique et de Génie civil, et il publia des mémoires importants, en particulier sur les chemins de fer d'intérêt local, les pressions des terres, les propriétés et l’emploi de l'acier dans les “constructions, le rivetage, les essais de fragilité, etc. Mais le nom de Considère restera surtout attaché à la mise en œuvre du ciment armé. C'est en 1899 qu'il publia son ouvrage fondamental sur l'influence des armatures métalliques sur les propriétés des mortiers > 330°. On trouve également dans le carajura de la carajurone, poudre écarlate douée de fortes pro- priétés tinctoriales. — MM. Ch. G. Hutchison ei S. Smiles ont étudié l’action de l'acide nitrique sur les sulfures de 6-naphtol. — MM. B. Ghose et S. Smiles ont préparé l’iodure de dinaphtathioxonium par aclion de l’iodure d’acétyle sur la naphtasulfonium-quinone. — MM. J. Oesch et A. G. Perkin ont préparé l'éther a-méthylique de l'alizarine par action d’une solution éthérée de diazométhane sur une solution nitrobenzé- nique de monoacétylalizarine, puis enlèvement du groupe acétyle. On l'obtient en aiguilles fondant à 117°- 1180. Le Gérant: A. MARETHEUX. Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. N° 91-29 15-30 NOVEMBRE 1914 Revue générale des FonpaTEurR : DIRECTEUR LOUIS OLIVIER J.-P. LANGLOIS, Docteur ès Sciences, Science pures et appliquées Aäresser tout ce qui concerne la rédnction à M. J.-P. LANGLOIS, 18, rue Chauvesru-Lagarde, Paris, — La reproduction et la traduction des œuvre: et des travaux publiés dans la Revue sont complètement interdites en France et dans tous les pays étrangers, y compris la Suède, la Norvège et la Hollande, CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE $ 1. — Physique du Globe. Sur l'observation de la température du sol. — A l'une des dernières séances de la Société météorologique, M. Besson a fait une intéressante communication au sujet de la mesure de la tempéra- ture du sol. Pour observer la température dans le sol, on se sert ordinairement de thermomètres dont le réservoir est enterré à la profondeur voulue et dontla tige est assez longue pour que la partie graduée soit visible. A partir d'une certaine profondeur, inférieure à 4 mètre, il est nécessaire, comme le savent les météorologistes, d'adjoindre au thermomètre une tige t&ermométrique pareille à la-sienne qui indique la correction à effectuer, en raison de ce fait que la colonne de mercure n’est pas à la température du réservoir. L'inconvénient de ce procédé est que les thermo- mètres se brisent très facilement, surtout lorsqu'on est obligé de les retirer pour les vérifier. Aussi, a-t-on préféré, tout au moins pour les profondeurs supé- rieures à 0,25, employer un thermomètre de longueur normale, fixé au bout d’une tige que l’on enfonce dans un tube placé à demeure dans le sol : le réservoir du thermomètre n’est pas directement en contact avec la terre. On l’enferme dans un petit vase contenant une matière mauvaise conductrice, de manière que l’on ait le temps de sortir l'instrument du tube et de le lire avant que son indication ait pu changer. On a recom- mandé souvent l'emploi de tubes de terre vernissée pour la raison que cette matière a une conductibilité thermique très voisine de celle du sol. M. Besson a estimé préférable de constituer ces gaines avec une matière aussi peu conductrice que - possible : l'ébonite, que l'on trouve dans le commerce sous forme de tubes de calibres variés et de longueur assez grande, lui à paru convenir parfaitement à cet objet. Trois montures destinées à permettre la mesure de la température du sol à des profondeurs de 0,30, 0%,60 et 1 mètre ont été construites sur les indica- tions de M. Besson par la maison Tonnelot et sont REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1914. installées à l'Observatoire de Montsouris. Les tubes d’ébonite, de 5 millimètres d'épaisseur et de 30 milli- mètres de diamètre intérieur, ont un fond constitué par une plaque de fer de 1 millimètre d'épaisseur, que l'on place exactement à la profondeur où l’on veut prendre la température. Le réservoir du thermomètre? de forme sphérique, est enfermé dans un pelit vase de forme cylindrique, d’un diamètre un peu inférieur à celui de la gaine d’ébouite : on fait le plein dans ce vase avec du minium en poudre. Lorsque la tige que porte le thermomètre est aussi enfoncée que possible dans le tube, c’est à-dire lorsque la poignée qui la termine en haut repose sur l'extrémité supérieure du tube, le vase con!enant le réservoir du thermomètre ne touche pas le fond du tube, dont il reste écarté d'environ 2 millimètres; mais une communication thermique parfaite est assurée entre eux par l’inter- médiaire d'un peu de mercure où baigne presque entièrement le petit vase : de cette manière, le ther- momètre prend exactement la température du lond et ne subit aucun choc. Ajoutons enfin que l'extrémité supérieure de la monture (au-dessus du sol) est recou- verte d’un chapeau conique mobile en zine, de 15 cen- timètres de diamètre à la base, destiné à la protéger de la pluie et surtout à empècher l'eau pluviale de suinter dans le sol en suivant la paroi externe du tube. Ces nouveaux modèles de thermomètres ont été mis à l'essai à Montsouris et semblent devoir donner de bons résultats. Henri Perrotin. $S 2. — Physique. Théories corpusculaires de la lumière. — Pour expliquer la structure du rayonnement, il semble nécessaire de faire intervenir l'hypothèse d'une dis- continuité. C'est ce que Planck a montré à propos du rayonnement du corps noir. À un point de vue tout à fait général, on peut dire que les équations d'Hamilton, d'après lesquelles les phénomènes physiques pour- raient être traduits par des équations différentielles c'est-à-dire continues), ne s'appliquent pas toujours : ainsi, la loi de l’équipartition de l'énergie, qui se pré- 21-22 805 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE sente Comme une conséquence immédiate de ces équa- tions, n’est pas en accord avec les résultats de l'expé- rience; de plus, Jeans a montré que les équations d'Hamillton, combinées aux résultats les plus certains de la théorie des probabilités, conduiratent, pour la distribution de l'énergie dans le spectre du corps noir, à la formule de Lord Rayleigh, d'après laquelle la répartition de l'énergie se ferait en raison inverse de la quatrième puissance de la longueur d'onde, ce qui est manifestement inexact. L'introduction d'une dis- continuité dans la structure du rayonnement a été réaisée dans l'hypothèse des quanta, de Planck, et dans une hypothèse un peu différente formulée par J.-J. Thomson. D'après Planck, l'émission de lumière — et l'émission seulement — est discontinue. L'oscillateur élémentaire ne peut émettre l'énergie que par multiples d'un cer- tain quantum. Mais l'énergie, une fois émise, se pro- page par des ondes continues, suivant la théorie de Maxwell, et l'absorption est également un phénomène continu. En somme, l'hypothèse de Planck introduit seulement une discontinuilé dans le lemps; elle à fourni en Thermodynamique des résultats extrême ment intéressants, mais, sur les phénomènes pure- ment optiques, elle n'apporte aucune vue nouvelle. J.-J. Thomson, au contraire, suppose que l'énergie rayonnante est elle-même discontinue. Non seulement l'os-illateur élémentaire rayonne de l'énergie par multiples déterminés d'un certain quantum, mais encore celte énergie esl concentrée en certains points déterminés de l’espace : l'énergie rayonnante serait constituée par la juxtaposition d'un certain nombre d’ « unités ». Cette constitution corpusculaire de la lumière permet d'expliquer les phénomènes d'ionisa- lion produits dans les gaz par la lumière ultra-violette, l'elfet photoélectrique, ete. Einstein est arrivé aussi à la conception de cellules lumineuses indépendantes, en supposant qu'un rayonnement monochromatique de faible intensité peut être traité thermodynamiquement comme un gaz; ces cellules lumineuses, incapables de se suhdiviser, transporteraient un quantum d'énergie. Malgré le succès de ces théories pour l'explication, en particulier, des phénomènes d'ivnisation, l’hypo- thèse d'une structure corpusculaire de l'énergie ra- diante n'a pas été universellement acceptée, et l’on s'imagine volontiers qu'elle est en contradiction avec les lois de l'Optique et qu'elle est impuissante à rendre compile des expériences classiques d'interférence et de diffraction. J.-J. Thomson à montré néanmoins que tous les phénomènes d'interférence actuellement connus peu- vent être expliqués dans l'hypothèse corpuseulaire, au moins qualitativement, si l'on suppose que la quantité d'énergie que renferme l « unité » de lumière ne de- meure invariable qu'autant que cette « unité » ne tra- verse pas la matière. En traversant la matière, elle excite, par résonance, la vibration des systèmes d'é- lectrons qu'elle rencontre : ces résonateurs devien- nent eux-mêmes des centres d'émission de nouvelles « unités » de lumière qui, par suite des phénomènes de résonance, présentent entre elles, et présentent avec les « unités » primaires des différences de phase déterminées. Dans ces conditions, les « unités » de lumière se comporteraient, au point de vue des phé- nomenes d'interférence, comme les ondes lumineuses de la théorie classique, Toutefois, pensait J.-J, Thomson, si la lumière était produite dans un gaz à très basse pression, on pourrait s'att-ndre à ce que, dans le gaz lui-mème, l'énergis émise par un atome ou une molécule de gaz ne pour- rait pas se répartir uniformément, à cause du petit nombre de mlécules de matière qu'elle rencontre dans son parcours. Il était donc intéressant de voir si les franges d'interférence pouvaient se produire aussi facilement dans un vide très poussé que sous les con- ditions ordinaires. C'est ce qu'a fait M. Kerschbaum. Dans un tube à vide à parois de quariz, il a installé un dispositif d'in- terférence (celui des deux feutes d'Young). Le tube est divisé en deux compartiments, que sépare uue étroite ouverture : l’un d’eux, A, contient de la vapeur de mer- cure, sous une pression relativement élevée, 14/1000 de millinuètre, dont on excite la fluorescence par l'action de rayons ultraviolets; dans ces con ‘ilions, la vapeur de mercure émet des radiations également ultravio- leltes et rigoureusement monochromatiques (de lon- gueur d'onde À—2.536 A.); le deuxième comparti- ment, B, dans lequel est installé le dispositif d'inter- férence, peut être plongé dans l'air liquide, de façon que la pression de la vapeur de mercure soit beaucoup plus faible, 1/100.000 de millimètre. (En réalité, le mercure distille constamment de A vers B, mais on maintient le vide dans B par une pompe). Une plagre photographique, extérieure au récipient, au-delà de la chambre B, permet d'inscrire les franges d’interfé- rence qui, si elles se produisent, seront formées par des radiations ultraviolettes ‘. L'expérience, faite avec beaucoup de soin, a indiqué la formation constante de franges, quel que soit le vide réalisé dans le compartiment B. Les franges ne semblent pas modifiées par une variation de pression. Les expériences de M. Kerschbaum ne confirment donc pas les vues de J.-J. Thomson. « S'ensuit-il, con- clut l’auteur, qu'il faille admettre que l'énergie de l'oscillateur élémentaire se propage par ondes sphéri- ques continues? Non, si l’on peut établir une théorie corpusculaire de la lumière dans laquelle les corpus- cules produiraient des effets analogues à ceux des ondes quand ils rencontrent un dispositif interféren- tiel ». 11 suffit d'admettre qu'une ligne de force, tra- Jectoire des corpuscules lumineux, n'est pas immo- bile, mais est animée de très rapides mouvements transversaux. Par suite, une série d’oscillations ne pourront jamais être regardées comme se propageant suivant une ligne rigoureusement droite. On peut très bien imaginer que les différentes parties d’un même train d'oscillations puissent traverser les deux fentes du dispositif interférentiel et prendre ensuite une différence de phase constante qui rend possible l'in- terférence. Quoi qu'on puisse penser de ces essais de théories, qui ne peuvent prétendre qu'à donner une image des phénomènes, il reste des expériences si soisnées et si délicates de M. Kerschbaum, ce résultat positif que les phénomènes d'interférence sont réalisables dans un vide très poussé en utilisant “omme source de lumière une rad'ation diffusée, provoquée par résonance el produite dans le tube qui renferme le dispositif inter- férentiel. $ 3. — Électricité industrielle. La Station de télégraphie sans fil trans- atlantique de Tuckerton (Etats-Unis). — On à inauguré, au commencement de l'été dernier, à Tu- ckerton (New Jersey), une nouvelle station de télégra- phie sans fil, qui permet d'envoyer directement des messages jusqu à Lilvese, près de Hanovre, en Alle- magne, sur une distance de 6.400 kilomètres. | Cette station, de mème que celle d'Eilvese qui est entièrement semblable,emploie le système Goldschmidt de transmission par ondes entretenues engendrées mécaniquement. La base de l'installation est l « alter- nateur à réflexion », dans lequel des courants alterna= tifs possédant une fréquence fondamentale de l’ordre de 10,000, ont leur fréquence successivement doublée, triplée, puis quadruplée. La fréquence naturelle de l'autenne aérienne (tour à section triangulaire de 250 mètres de hauteur, isolée à sa base sur des piliers de verre) est d'environ 107.000 cycles par seconde, ce qui correspond à une longueur d'onde de 2.800 mètres. La réception des ondes provenant d'Eilvese se fait au RNA RAR Philos. Mag., mars 1914. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE moyen d'un dispositif appelé « roue à Lons ». Il con- siste en une roue dentée, montée sur l'arbre d'un moteur de haute fréquence et possédant un balai de contact froltant sur son bord, le tout formant un interrupteur de haute fréquence contrôlable. Placé dans un circuit convenable — contenant un tikker ou un rectilicateur — et mis en rotation de façon que les contacts aient lieu un peu plus rapidement ou un peu plus lentement que les maxima successifs de courant produits par l'onde électromagnétique reçue, il donne naissance à un son musical émis par un téléphone. Les stations de Tuckerton et d’Eilvese ont fonctionné pendant plusieurs mois avant le commencement de la uerre, ét la communication entre les Etats-Unis et ‘Allemagne a été assurée à la fois de jour et de nuit. Ces installations sembleat s'approcher plus qu'aucune autre des conditions permettant un service radiotélé- raphique commercial el direct entre l'Europe et Amérique, et par conséquent une concurrence fruc- tueuse aux câbles sous-marins. D'ailleurs, quand le câble sous-marin allemand d'Emden aux Etats-Unis fut coupé par les Alliés après l'ouverture des hostilités, l'échange direct de commu- nications avec l'Allemagne ne put s'effectuer que par les stations radiotélégraphiques américaines de Tucker- ton et de Sayville, et la première se montra de beau- coup supérieure. Mais ses obligations de neutralité conduisirentle Gouvernement des Etats-Unis à prendre en mains le fonctionnement de lastation de Tuckerton et à n’accepter du public que l'envoi de messages « neutres » el soumis à la censure. La station a marché ainsi jusqu’au 15 septembre, date où les opérations furent suspendues par suite d'avaries survenues à l'alternateur à haute fréquence. Celui-ci a été remplacé temporairement par un alternateur de construction américaine, qui permet l’envoi de signaux de nuit à Eilvese quand les conditions sont favorab'es, en alten- dant que l'envoi d'un autre alternateur, commandé en Allermague, permette de reprendre le fonctionnement complet de la station. $ 4. — Géographie et Colonisation. Exploration du D' George Montandon dans le sud-ouest éthiopien. — Le voyage que l'explo- rateur suisse George Montandon a accompli, en 1909- 1911, dans le sud-ouest de l'Ethiopie, au pays Ghimirra, mérite une meaolion particulière, tautà cause des itiné- raires nouveaux quil à parcourus, qu'en raison de l'étendue et de la variété des observations scientifiques qu'il a rapportées *. Le pays Ghimirra, situé au centre du triangle que détermiuent la falaise sud-ouest du plateau éthiopien, 1 Electrical World, t. LXIV, p. 853-855. 2 L'exposé des divers résultats scientifiques du voyage a été donné par le Dr George Montandon dans le Zulletin de la Societé neuchäteloise de Géographie (tome XXII, 1943. 424 pages, # cartes, 9 planches, 202 figures) : Au pays Ghi- mirra Récit de mon voyage à travers le massif éthiopien (1909-1911). — Des études spéciales ont été publiées par le voyageur dans La Géographie, 15 janvier 1912, p. 1-20 (Le Ghimirra): Revue d'Ethnographie et de Sociologie, publiée par l'Institut ethnographique international de Paris, mars- avril 1912, p. 149-150 (Notes sur l'ethnographie des Ghimirra); Le Globe, organe de la Société de Géographie de Genève, juin 1912 (Traversée du massif éthiopien du désert somali à la plaine du Soudan); The Geographical Jourual, octobre 1912 (A Journey in South-Western Abyssinia) ; Bolletino della Reale Societs Geogralica, 4 décembre 1913, p. 1417-18 (Viaggio nell' Etiopia di Sud-Ouest) — On lira aussi avec intérêt une récente étude ethnographique du D° Montandon : Des tendances actuelles de l'ethnologie à propos des armes de l'Afrique (Archives suisses d'Anthropologie générale, tome I, n°* 4 et 2, mai 1914, p. 102-135). 807 la rive droite de l'Omo moyen et la rive gauche du haut Baro, était encore peu connu et de rares voya- geurs l'avaient coupé de leurs itinéraires. Le D' Mon- tandon a donc pu accomplir une œuvre géographique entièrement nouvelle. D'Addis-Ababa, il gagna l'Omo, puis ayant traversé le Djimma, le bas Ghera et le haut Ka fa, il atteignit, au delà de ces pays, le Ghimirra sur lequel devaient porter plus particulièrement ses études. Les limites que le D° Montandon assigne au pays Ghimirra sont surtout ethniques. D'une façon générale, la contréé qu'habitent les Ghimirra est celle qu'arro-ent le haut Bako et ses affluents de gauche, le Gatcheb et l'Aranga. L’explorateur pou-sa ensuite une pointe à l'ouest dans le Gourafarda, massif montagneux qui forme la limite du plateau éthiopien du côté du Soudan et constitue une sous-province du Ghimirra, mais qui n'est habitée par les Ghimirra que d'une facon très clairsemée. Alin de ne pas opérer son retour par la même route, le D° Montandon monta du Ghi- mirra vers le nord à travers les monts Motcha, et atteignit ainsi Goré, par un ilinéraire situé plus à l’est que celui de Faivre et Potter. De Goré, il regagna le Djimma par le Gouma et le Gomma. Dans son ensemble, l'itinéraire du voyageur formait, en comprenant les voies d'aller et retour, un vaste circuit présentant plusieurs boucles. Le D' Montandon a donné, des régions parcourues, une description géographique complète et très précise, faisant exactement comprendre le relief et l’hydro- graphie, et donnant une idée très nette des zones diverses du pays et de leurs caractères propres. Il à levé tout son itinéraire, et une carte à l'échelle de 1/750.000 accompagne sa relation de voyage; on y trouve aussi figurés des protils montagneux et des tours d'horizon. Le voyageur a recueilli des observa- tions météorologiques et noté la tempéraiure, l'humi- dité relative de l'air, les chutes de pluie. C'est aux études ethnographiques, envisagées aux points de vue les plus divers que puisse comprendre la connaissance d’une race, que le D' Montandon s’est particulièrement attaché, et il a pu rapporter ainsi des délails des plus nouveaux et des plus variés sur les habitants du Ghimirra. Le Dr Montandon a pu prendre une mensuration complète d’une cinquantaine d'individus, dont la moitié étaient des Ghimirra, et il a dressé de ces mesures des tableaux précis. La tête de presque chaque sujet fut, en outre, photographiée de face et de profil. Tous les caractères physiques des Ghimirra avant été relevés, et entre autres, notamment, la cou- leur de la peau et l'indice nasal qu'avec Topinard il tenait pour les plus importants, le U° Montandon, rat- tachant ses conclusions sur ce point à un exposé du problème ethnique éthiopien, put établir que le Ghi- irra se place nettement entre les types kamitique et nigritique, mais ce produit intermédiaire ne doit pas être rattaché aux Bantou, comme certains voyageurs l'ont admis, les Soudanais voisins des Ghimirra n'étan pas des Bantou. Le voyageur a enregistré, avec de nombreux détails tout ce qui a trait aux mutilations, aux tatouages dont il a figuré 61 types différeuts, aux coiffures dont il a représenté 32 modèles, aux vêtements, aux ornements, aux habitations et à la nourriture, aux armes, toutes matières sur lesquelles il nous documente aussi par l'illustration. Il a étudié les monnaies de l'Ethiopie et du Ghimirra, ainsi que les langues et les religions de ces pays et pour ces deux sujets il a établi des cartes. Il a dressé des vocabulaires des divers idiomes. En un, mot, le D' Montandon est parvenu à réunir sur la vie individuelle, sur les usases et les croyances des Ghi- mirra, ainsi que sur leur condition sociale, une docu- mentation très précieuse en même temps que neuve. Gustave Regelsperger. 808 D' LOUIS ROULE — LA BIOLOGIE ET LA PÊCHE DU THON LA BIOLOGIE ET LA PÊCHE DU THON DANS LA MÉDITERRANÉE OCCIDENTALE On désigne sous le nom de 7hons un certain nombre de Scombres de grande taille, qui, recher- chés pour les qualités de leur chair, donnent lieu, en plusieurs pays d'Europe, à une florissante industrie de conserves. Ces espèces appartiennent à la caté- gorie de celles que l’on qualifie de migratrices. Il vaudrait mieux les désigner par le terme de périodiques, car le fait caractéristique à leur égard consiste, chaque année, dans leur apparition régu- lière sur les lieux de pêche, suivie de leur dispari- tion. Elles fréquentent surtout les mers chaudes et tempérées; elles font défaut, du moins d'une façon normale, aux régions aretiques. On les capture de préférence, en ce qui concerne les eaux euro- péennes, dans la Méditerranée, et dans la partie de l'Océan Atlantique qui baigne la France avec la Péninsule ibérique. Ailleurs, leurs représentants, sporadiques et disséminés, ne se montrent guère que par accident. La famille des Scombridés, dont les Thons font partie, entre dans l'ordre des Scombri/ormes. L'une de ses dispositions principales est fournie par l’état des nageoires impaires : la caudale, forte, vigoureuse, nettement bifurquée, s'élale en éven- tail symétrique, et se rattache au tronc par un pédoneule élroit ; les extrémités postérieures de la dorsale et de l’anale se scindent en petites lames indépendantes, dressées, qui les rattachent à la caudale. Cette famille contient des genres nombreux, tous bons nageurs, vivant au large ou se rapprochant des côtes, montant en eau superficielle ou plongeant dans les profondeurs, selon les circonstances elima- tériques et saisonnières. Les plus répandus, et les plus recherchés pour la consommation, sont les Maquereaux et les Thons. Les Thons composent à eux seuls, dans la famille, une tribu que caractérisent : la proximité des deux nageoires dorsales ; la présence d’une crête en carène sur chacun des côtés du pédoncule caudal] ; leur possession, sur la partie antérieure du tronc, d'un corselet rendu appréciable par ses écailles assez apparentes. Les deux espèces les plus fréquentes sur nos côtes sont désignées par des noms différents. L'une d'elles est le Thon propre- ment dil, ou Thon commun, ou encore Thon rouge à cause de la teinte écarlate de sa chair encore raiche, L'autre est le Germon, où Albacore, ou Alalongue, où encore Thon blane, car sa chair pos- sède une teinte moins vive que la précédente. Le Thon commun, dans la nomenclature ichthyolo- gique, est dit Orcynus {hynnus L.; on le recon- naît à ses nageoires pectorales courtes, n’atteignant pas de leur pointe le niveau de l'anus. Le Germon, dit Orcynus germo Lac. ou Germo alalunqa L. Gm., se caractérise par ses pectorales fort longues, qui dépassent en arrière la région anale. Le Thon, dans nos eaux, est principalement pêché en Médi- terranée, le Germon sur les côtes atlantiques. Le Thon est un superbe poisson, dont les beaux exemplaires, atteignant 1%,50 à 2 mètres de lon- gueur, pèsent 200 à 300 kilogs. Il se fait surtout remarquer par cette grande taille, et non par ses couleurs, qui sont assez peu variées. Son dos est d'une teinte uniforme, bleu verdätre foncé, et son ventre d'un ton blanchätre à reflets nacrés. Sa bouche, relativement étroile, ne porte que des dents assez courtes, quoique nombreuses el aiguës. Une lelle armature, malgré son exiguilé apparente, ne l'empêche point de se révéler comme un Carni- vore délerminé, et un poursuivant acharné des poissons plus petits que lui, maquereaux, sardines, anchois, ou des crustacés, calmars, sépioles, qui vivent par bancs dans la haute mer. Il se lance à leur suite ; il accomplit, emporté par l’ardeur de cette chasse, des voyages considérables. Il remonte parfois, dans la belle saison, entrainé par les troupes de sardines, jusque dans la Mancbe et la mer du Nord. On en a même signalé sur les ri- vages de la Norvège. Cette espèce, toutefois, préfère les eaux chaudes. Son habitat de prédilection est formé par la Médi- terranée, dont les eaux profondes se maintiennent à une température voisine de 13°, et par l'Océan Atlantique ou l'Océan Pacifique interlropicaux. Elle pond vers la fin du printemps, et le début de l'été. Ses œufs, récemment découverts par un naturaliste italien, M. L. Sanzo', sont fort petits, globuleux, et ne mesurent pas beaucoup plus de 1 millimètre de diamètre. Ils flottent librement dans les eaux marines, et se développent lout en flottant, II La pêche du Thon s'effectue, chaque année, à deux époques. L'une d'elles, printanière, se place en mai et juin. La seconde débute en juillet, pour 1 L. Sawzo : Studi sulla biologia del Tonno; Rivista mensile di Pesca e Idrobiologia, 410. D' LOUIS ROULE — LA BIOLOGIE ET LA PÊCHE DU THON 809 durer tout l'été, tout l'automne, et même se pro- longer en hiver. Durant la première, la pêche n’a lieu qu’en certaines localités limitées, et ne s’ac- complit qu'à l'aide d’une seule technique. Durant la seconde, elle se généralise à de plus vastes espaces, et utilise plusieurs moyens différents. A. — La pêche de printemps est dite du 7Aon de course, ou du Thon d'arrivée (Tonno di corso des pêcheurs italiens, A/um de direilo des pêcheurs portugais). Les Thons, à cetle époque, fréquentent plusieurs régions, où ils arrivent en grand nombre : la côte des Algarves et celle de Cadix dans la baie d'Espagne; la région d’Alicante et de Carthagène dans l'Espagne méditerranéenne; les parages de la Sardaigne, de la Sicile, de l'Italie méridionale; enfin ceux de la Tunisie. Ils ne s'y montrent point avant la date de leur apparition habituelle, qui s'accorde souvent avec la première quinzaine de mai; ils en disparaissent vers la fin juin et le début de juillet, ou ne s'y maintiennent guère qu'en faible quantilé. Durant toute l'époque considérée, qui embrasse une durée moyenne de cinq à six semaines; Us passent par troupes nombreuses, et vont tou- jours, dans chaque localité, selon une même direc- tion. Leur trajet régulier et annuel se faisant par- fois à proximité du rivage, la méthode de pêche consiste à uliliser ce passage en placant un parc fixe de pêcherie sur la roule toujours suivie par eux dans le même sens. Ce pare est nommé une madrague, où une tonnare. Il consiste, comme on l’a dit parfois, en un vérilable château de filets, tendu dans les eaux marines, et mesurant, chez certains, jusqu’à 150 ou 200 mètres de longueur. On peut l'assimiler à un gigantesque verveux, solidement maintenu entre la surface et le fond, et divisé en plusieurs compartiments, ou chambres communiquant entre elles. Les pêcheurs le mouillent à une certaine distance du rivage, sur des fonds de 20 à 30 mètres, et l'orientent parallèlement, ou presque parallèle- ment, au rivage lui-même. Ils barrent ensuite le chenal, laissé entre l'engin et la côte, au moyen d'un filet tendu transversalement. Puis ils ouvrent Ja chambre contiguë à cette barrière, de manière à permettre aux poissons de pénétrer librement dans la pêcherie. Les Thons, emportés par leur course régulière, s'introduisent dans le chenal, et vont buter contre le filet transversal, que les pêcheurs nomment la queue (coda des praticiens italiens). Ils ne revien- nent pas sur leur route, ne cherchent pas à dou- bler l'engin pour passer en dehors; mais se main- tiennent contre la queue, el la suivent en se portant vers le large. Ils arrivent ainsi sur la madrague elle-même, rencontrent l'ouverture laissée béante, et s’introduisent dans la chambre qui lui corres- pond. Les poissons continuent alors dans l'engin — ou plutôt cherchent à y continuer — leur roule selon la direction coutumière. Ils vont ainsi de chambre en chambre, grâce aux communications établies entre-elles; et, finalement, s'accumulent dans le dernier compartiment, où ils restent em- prisonnés, les pêcheurs ayant soin de manœuvrer les ouvertures pour interdire tout retour. Ce compartiment final est dit à juste titre la chambre de mort. Fermé en dessous par un plan- cher horizontal de filet, il ne laisse aux Thons au- cune issue. Souvent, dans les bonnes périodes de pêche, une journée suffit pour qu'il amasse en lui plusieurs centaines de pièces. Lorsque le chef des pêcheurs, le rais comme on dit en Italie, juge suffisant le nombre de ces dernières, on procède à l'opération ultime, qui est l'abattage où la mat- tanza. Le plancher de filet est peu à peu soulevé, et rapproché de la surface de l’eau, comme l'on ferait d'une épuisette aux dimensions colossales. Les Thons, qui se cachaient dans les profondeurs de la chambre, sont ainsi amenés à portée. On les assomme, on les accroche avec des harpons, on les sort de l’eau, on les entasse dans des barques. La mer, autour de ce massacre, se teinte de rouge par l'abondance du sang versé. Les grands poissons, dont beaucoup mesurent près de deux mètres, agonisent dans les bateaux où on les a jetés. Puis, la capture terminée, on remet le filet en état, et on emporte les Thons à l'usine toute proche, où ils vont être sur l’heure dépecés et préparés. Chaque madrague bien outillée comporte, en effet, à proximité de l'engin, la présence, sur la côte, d'une usine à conserves, munie de toutson matériel, de son séchoir, de ses ateliers de friture et de mise en boîte, de son personnel approprié. Pendant les cinq ou six semaines de la pêche, le travail est constant, et la rotation continue, du filet à l’usine. Les marins de la pêcherie prennent sans cesse du poisson, qu’ils envoient sans larder à leurs cama- rades des ateliers. Les uns produisent et les autres préparent. Tous rassemblés dépassent souvent le chiffre d'une centaine par exploitation. La pêche à la madrague est donc une grande industrie, qui exige des capitaux considérables et une forte main d'œuvre. B. — La pêche d'été, d'automne, et d'hiver, ne se prête point à des élablissements d'une telle importance, malgré que sa durée soit plus longue, et que soient plus vastes les espaces où on puisse l'exercer parce que les Thons paraissent partout. Ces derniers sont alors des Thons de retour, Tonni di r'etorno, où Alum de revez, selon nommés 810 D' LOUIS ROULE — LA BIOLOGIE ET LA PÊCHE DU THON l'esprit d'une vieille théorie migratrice que les faits, comme on le verra plus loin, démentent complète- ment. Ils vont et viennent par petites troupes, se montrent ou disparaissent, el n'offrent plus la constance de direction, ni le transport en grand nombre, qui caractérisent ceux de la pêche prin- tanière. On se sert à leur usage, et en quelques localités, de madragues ou tonnares, bien que la capacilé de production de ces engins soit relati- | vement faible. La plupart des pièces capturées 1€ Sont pas envoyées à des usines de conserve, car | elles sont trop peu nombreuses et de prises trop espacées. On les expédie plutôt sur les marchés, pour les faire consommer, du moins la plupart, à l'état frais. Les pêches les plus fructueuses des Thons de celte catégorie sont effectuées, non point au moyen de parcs fixes, mais à l’aide de pêcheries flottantes | et mobiles. Le modèle le plus usité, parmi ces der- nières, ressemble à celui d'une petite madrague sim- | plifiée que l’on tendrait sur place, au moment voulu, autour d'une bande de Thons préalablement cernée etemprisonnée dans un cercle de filets. Ce procédé, usité sur les côtes septentrionales du bassin médi- terranéen occidental, est dit de la sipcho ou de l'enceinte. Une autre méthode, celle de la couran- lille, consiste à tendre dans la mer un solide filet vertical flottant, amarré à une barque, et à laisser dériver le tout. Si les Thons butent contre le filet, ils ne cherchent pas à revenir, mais continuent à pousser, et s'enveloppent eux-mêmes. Enfin, quelques individus, mais en faible quantité, sont capturés parfois avec une ligne à trainer comme celle dont on se sert pour le Germon, ou se laissent saisir dans les filets destinés à d'autres espèces. C. — La pêche du Thon est l’une des plus rému- nératrices de la Méditerranée’occidentale. Son ren- dement est considérable, en raison du grand nombre des captures, et du haut prix auquel ces dernières sont vendues, soit à l'état frais, soit sous | celui de conserves. Toutefois, il s’en faut de beau- coup que cette pêche donne partout, dans le temps comme dans l’espace, d'une année à l'autre ou d'une localité à l’autre, des bénéfices identiques. Ses variations sont fort importantes. Quelques chiffres sufliront pour démontrer ce fait. L'une des principales pêcheries (tonnares) de ce bassin occidental est celle de Sidi-Daoud, en Tuni- sie, auprès du cap Bon. Elle a pris en 1911, pen- dant les deux mois de mai et de juin qui composent sa saison de pêche, 12.859 Thons, pesant ensemble 642.950 kilogs. L'année suivante,.en 1912, son tableau de pêche porte seulement 5.071 pièces, pesant 354.970 kilogs. En 1913, la production di- minue encore; elle tombe à 4.604 pièces et 253.220 kilogs. Par contre, en 1910, cette produe- tion, se rapprochant de celle de 1914, s'élevait à 8.800 pièces et à 440.000 kilogs. De même, celle de 1909 comportait 7.640 pièces et 458.400 kilogs. La courbe de production de cette tonnare subit done une ascension de 1909 à 1911, parvient à son apogée vers cetle dernière année, puis fléchit jusqu'en 1913. Toutes les tonnares montrent, à cet exemple, des varialions de même sorte, que les praticiens con- naissent bien, et dont ils tiennent compte dans les évaluations relatives à leur industrie. Les années ne se ressemblent chez aucune d'elles. Les courbes tracées selon les rendements offrent toujours des inflexions pluri-annuelles, tantôt lentes, lantôt brusques, en tous cas fort accentuées. Certaines régions, jadis riches en Thons, n’en contiennent et n’en caplurent aujourd'hui qu'un nombre restreint. Le Golfe de Marseille renfermait autrefois, jusqu’au milieu du xix° siècle, dix ma- dragues florissantes; il n'en possède plus que deux aujourd'hui, d’un rendement assez précaire; on a dû supprimer les autres, dont le revenu se mon- trait inférieur aux dépenses de l’exploitation. Jadis, et jusqu'au xvur' siècle inclusivement, les côtes du Roussillon recevaient, chaque année, la visite de Thons nombreux, que l'on caplurait par le pro- cédé de la sinche. Ces venues étaient si régulières, si profitables, que certaines bourgades de pé- cheurs, comme Collioure, avaient institué à cet effet tout un personnel officiel de guetteurs et de marins. Aujourd'hui, les passages de ces poissons n'existent plus pour ainsi dire, tellement ils se font rares el clairsemés. Les Thons se tiennent en haute mer, vont vers d'autres lieux, et ne s’ap- prochent plus autant de ces côles. Une diversité semblable se révèle, en outre, d'un centre de pêche à un autre. Tel, parmi eux, est habi- tuellementavantagé par les passages de Thons, alors que tel autre l’est beaucoup moins. Ceci revient à dire que ces poissons ne fréquentent pas indiffé- remment toutes les localités, et qu'ils ont leurs pré- férences. Ainsi, pendant l’année 1911, citée précé- derament, les sept tonnares de la Tunisie, celle de Sidi-Daoud etsix autres avec elle, ont pris ensemble 35.121 Thons, pesant au lotal 1.985.217 kilogs et . valant à l’état brut 596.079 francs. La mème année, les côtes algériennes, voisines pourtant de celles de la Tunisie qu’elles prolongent à l'Ouest, n’ont donné, malgré leur étendue, que 50.800 kilogs de Thons : cette quantité infime représente, environ, le quaranlième seulement de celle de la Tunisie. A la même date, c'est-à-dire en 19114, les côtes françaises méditerranéennes (Provence, Languedoc, Rous- sillon) ont produit 483.100 kilogs de Thons : presque dix fois plus que les régions algériennes, mais he 2 D' LOUIS ROULE — LA BIOLOGIE ET LA PÊCH£ DU THON quatre fois moins que les tunisiennes. Enfin, pour terminer cet exposé, une zone restreinte des côtes méridionales de la Sardaigne, non loin et à l’ouest e Carloforte, où se trouvent trois tonnares impor- lantes, a pêché à elle seule, en 1911, un nombre de Thons égal à 18.289. Ce chiffre équivaut, malgré la petitesse de la région considérée, à la moitié de toute la production tunisienne. L'exposé précédent permet encore de montrer, par surcroît, l’extrème différence de rendement qui s'établit, dans le bassin occidental de la Méditer- ranée, entre la pêche printanière ou du Thon dit de course, el celle des autres saisons ou du Thon dit de retour. Les plus gros chiffres sont ceux de la pre- mière, et les plus petits ceux de la seconde. Les tonnares de la Tunisie, de la Sardaigne, sont plupart de celles de la Sicile et de l'Espagne méri- dionale; les Thons ne passent à leur portée que pendant deux mois, maiet juin; mais ils rachètent cette restriction par leur abondance. Aussi les ren- dements sont-ils considérables. Par contre, ces poissons ne fréquentent point, au printemps, les côtes de l'Algérie ni celles du sud de la France; ils ne viennent auprès d'elles que plus tard, en été, en automne, et par petites troupes; aussi les prises sont-elles moindres. La pêche la plus lucrative de beaucoup est donc celle du Thon de printemps. Ces chiffres et ces donnéesexpliquent, au surplus, combien est aclive celte industrie. Elle est ainsi, car elle procure, pendant les bonnes années, des . bénéfices considérables. En sus du bassin occi- dental de la Méditerranée, cette pêche est égale- ment praliquée sur les côtes du Portugal, dans la province de l'Algarve, et en Espagne auprès de Cadix. Le bassin méditerranéen oriental, la mer Egée, le Bosphore, recoivent aussi, chaque année, des visites abondantes de Thons, que l’on capture dans des tonnares installées sur leur route. Le port de Constantinople, qui a gardé depuis l’ancienne Byzance son nom de « Corne d'or », a été ainsi qualifié à cause de l’opulence de ses antiques possesseurs, qui s’enrichissaient avec la pêche du Thon. La production annuelle de ce poisson dépasse de beaucoup, par suite, le lotal des chiffres men- lionnés ci-dessus. Il n’est guère possible de l'éva- luer avec certilude, car les statistiques ne sont point tenues dans tous les pays avec une égale rigueur; mais il semble bien qu'elle soit com- prise, bon an mal an, entre dix et vingt millions . de kilogrammes. A litre de comparaison, la pro- . duction du Germon ou Thon blanc de l'Atlantique, dont la majeure part est absorbée par les usines françaises de conserves, s’est élevée en 1911, pour la France, à 5.830.653 kilogrammes. Même en monlées pour la pêche printanière seule, comme la | 814 ajoutant à cette dernière la production de l'Ibérie allantique, le total ne parviendrait pas à la hau- teur de celui du Thon commun. Aussi semble-t-il que cette dernière pêche, qui alimente les marchés méditerranéens et surtout les usines ilaliennes de conserves, soit plus productive économiquement que celle du Germon. On s'est efforcé, en conséquence, el à maintes reprises, tenant compte de ces rendements impor- lants et de ces bénéfices, d'élendre la pêche du Thon à un plus grand nombre de localités, de la rendre prospère aux lieux où elle décline, et de l'installer où elle n'existe pas encore. Les demandes en concessions de madragues ou tonnares sont fréquentes dans la plupart des pays riverains de la Mediterranée. Ainsi qu'il arrive loujours en pareil cas, on cherche bonnement, et seulement, à monter une pêcherie aussi perfectionnée que pos- sible. On s'avise moins que le premier point consisterait à savoir si le poisson ÿ viendra pour se faire prendre. On agit comme si ces êlres se disséminaient également partout, et rencontraier t partout des conditions identiques el favorables. Or, il est loin d'en être ainsi. Ici comme ailleurs, une biologie méthodique doit donner l'indication utile ; et, seule, elle le peut. IL A.— La pêche du Thon est pratiquée, de toute antiquité, dans la Méditerranée entière et dans la baie d'Espagne. Les moyens employés jadis difré- raient à peine de ceux dont on se sert aujourd'hui. Les descriptions des anciennes halieutiques per- mellraient de suivre encore les manœuvres des praticiens contemporains. Or, les pêcheurs grecs et latins d'autrefois étaient de bons marins, et d'excellents observateurs. Ils suppléaient à leur défaut d'instruments de précision par l'acuité de leur vision, et la promptilude de leur jugement. S'étant rendus compte de l'alternance périodique des apparitions du Thon, ainsi que de son rhythme annuel et régulier, ils en avaient cherché une explication. Les quelques constatations faites par eux servant de base, leur penchant pour la ficlion el le merveilleux donnant le complément, ils en avaient conclu à une migration du Thon autour de toute la Méditerranée, ce voyage se compliquant d'un va-et-vient de la Méditerranée elle-même dans l'océan Atlantique. Celte théorie migratrice, aussi célèbre qu'antique, adoptée et propagée par Aris- tote et par Pline, s'est maintenue sans changement jusqu'à notre époque. Les praticiens et nombre d'ichthyologistes l'acceptent encore comme allant de soi, sans faire sa crilique, ni la contester. Les principaux arguments sur lesquels elle s’ap- 812 puie sont ceux de l'apparition et de la disparition périodiques des bandes, et des directions constantes suivies par les Thons qui se font prendre dans les tonnares. Chaque année, en avril et au début de mai, on voit, dans la baie d'Espagne, des troupes nombreuses qui, paraissant venir de l’ouest et du sud des régions atlantiques, convergent du côté de l’Algarve, de Cadix, et de l'entrée du détroit de Gibraltar. À une époque un peu plus tardive, on voit, de l’autre côté du détroit, dans le bassin occidental de la Méditerranée, d'autres troupes de Thons, qui se dirigent vers l’est, ou vers le sud-est, comme si elles se portaient uniformément vers la Méditerranée orientale. Enfin, dans cette dernière, à la même époque ou un peu plus tard, on voit encore des Thons remonter autour des îles de la mer Egée, et s'introduire dans la mer de Marmara. Les lieux de pêche où les tonnares sont installées, où la sinche est pratiquée, sont ainsi fréquentés, en mai comme en juin, par ces poissons, qui se montrent alors en abondance et fournissent aux pêcheurs des captures multiples, alors qu'ils manquent presque entièrement, dans les mêmes lieux, avant comme après ces deux mois. Aussi les anciens auteurs, et les praticiens de tous les temps, liant entre eux ces phénomènes pourtant distincts, en ont conclu : que le Thon a dans l'océan Atlan- tique son habitat principal ; que ses bandes s'intro- duisent dans la Méditerranée chaque année, au printemps, en franchissant le détroit de Gibraltar ; qu'elles parcourent la Méditerranée entière de l'ouest à l’est, el traversent le Bosphore afin de pénétrer dans la Mer Noire, où elles pondent : après quoi elles disparaissent, car elles retournent à l'Océan pour ne se montrer à nouveau que l'année d'après. Un naturaliste Sarde distingué, qui vivait au xvin* siècle, Cetti', tout en rectifiant sur un point cette théorie, l'a pleinement acceptée, et l'a même complétée par l'énumération des trajets particuliers suivis, à son avis, par les troupes qui franchi- raient, selon plusieurs routes, la Méditerranée occi- dentale. Sa rectilication porte sur les lieux de ponte. Il estime que l'acte fécondateur ne doit point s'accomplir exclusivement dans la Mer Noire, puisque les Thons pèchés au printemps sur les côtes de Sardaigne portent des œufs parvenus à malurilé, el montrent tous les indices d’une fraie prochaine. La reproduction pourrait donc s’effec- tuer dans la Méditerranée occidentale, à portée de la Sardaigne et de la Sicile. Cette induction a été confirmée récemment, comme il a élé indiqué plus haut, par la découverte, due à M. L. Sanzo, à COR M ni * Cerri : Sloria nalurale di Sardegna; II. Anfbi e Pesci: Sassari, 1774-1777. D: LOUIS ROULE — LA BIOLOGIE ET LA PÊCHE DU THON de l'œuf flottant du Thon dans les parages sici= liens. Malgré l'acceptation qu'il en donnait d'autre part, Celli portait ainsi un premier coup à la théorie migratrice. En effet, selon l'esprit de cette dernière, le périple méditerranéen aurait pour objet la ponte : dans la Mer Noire : or, si cet acte pouvait s'accom- plir en cours de route, on ne comprenait plus trop. la continuation d'un voyage aussi long. D'autres objections furent ensuite failes par de“ nouveaux auteurs. En 1816, un seigneur Sicilien, | Don Charle d'Amico, duc d'Ossada, constate, à son tour, que les Thons se reproduisent certainement dans les eaux marines de son pays, puisqu'il a observé les phases de la maturalion sexuelle chez les adulles, et celles de la croissance chez les petits nouvellement éclos. G. Cuvier*, en 1831, incline également à penser que les migrations du Thon» moins grandes qu'on nele suppose, se réduisent à des voyages beaucoup plus limités. La théorie migra- trice se trouvait donc atteinte. Les derniers coups, qui l’ont achevée, lui ont été adressés, à une époque récente, par le naturaliste italien Pavesi, et par le roi Carlos de Portugal. Le Gouvernement italien entreprit, voici une quarantaine d'années, une vaste enquête sur la pêche du Thon et sur les tonnares. L'étude biolo- gique préliminaire, qui devait servir de fondement à l'enquête, fût confiée à l'éminent ichthyologiste P. Pavesi. Son rapport *, qui constitue un travail considérable, conclut avec netteté contre la théorie migratrice. L'auteur diseute cette dernière, con- state qu'aucune ponte de Thon n’a lieu dans la Mer Noire, qu'aucune observation directe de passage par le détroit de Gibraltar n'a jamais été faite, et que l'idée de la migration a été forgée de toutes pièces sans que sa vérification ait jamais été apportée. Il considère ensuite les habitudes du Thon dans la Méditerranée occidentale, et note que cetle espèce ne quitte point celte mer pour se porter ailleurs, puisqu'on la pêche en été, en automne, en hiver, tout comme au printemps; or, il ne pourrait en être ainsi au cas où, la ponte printanière accomplie, elle quitterait la Médi- terranée pour se porter dans l'océan Atlantique. Il conclut done en montrant que la population thon- nière de la Méditerranée est indépendante de celle de l'Océan, qu'elle habile à demeure les eaux médilerranéennes, et que ses déplacements se bornent à se diriger du large vers les côtes ou LOT ES GROS © OR 1 C, n'Amreo, duco d'Ossana : Osservazioni pratiche intorno la pesca, il corso, il cammino dei Toni: Messina, 1516. 2 G. Cuovreu (et Vazencuwnnes) : Histoire naturelle des Poissons, t. VIII; Paris, 1831. A 3 Atti della Commissione reale per le Tonnare ; Roma, 1586. 1 es D' LOUIS ROULE — LA BIOLOGIE ET LA PÊCHE DU THON 813 inversement, de la profondeur à la surface ou en sens contraire. Le Thon, en résumé, et selon Pavesi, serait un poisson bathypélagique qui, puissant nageur, se porte rapidement en plusieurs lieux selon ses be- soins, mais n’accomplit pas ce vasle voyage que la | théorie migratrice lui prête gratuitement. Quelques années plus tard, Don Carlos de Bra- gance, roi de Portugal, porta à cette théorie le der- nier coup. — Tout en admettant, avec Pavesi, que le Thon de la Méditerranée ne quitte point cette mer, une obseurité, dans cette discussion, existait encore du fait des bandes nombreuses qui, au printemps, et dans l'Océan Atlantique, se portent au voisinage de l'entrée du détroit de Gibraltar. Que deviennent ces troupes ? Franchissent-elles le détroit? Ou s'éparpillent-elles sans pénétrer? Le roi de Portugal, sur son yacht Amelia, s'est livré avec méthode, sur ce fait, à des investigations complètes. Ses observations démontrent qu'aucune pénétra- tion n'a lieu, que les Thons qui arrivent au prin- temps dans la baie d'Espagne y séjournent pendant quelques semaines, puis s'en retournent vers l'Ouest, et repassent, à 50 ou 52 jours d'intervalle, par les lieux où ils avaient passé auparavant. Il se peut que quelques isolés s'engagent dans le détroit, et parviennent dans la Méditerranée; mais la masse principale reste atlantique, et se borne à aller ou à venir dans l'Océan, sans chercher à se joindre à ses congénères méditerranéens. Le roi Carlos prouve en outre que les circonstances météorolo- giques, tenant aux vagues, à la direction et à la force des vents, à la pression barométrique, n'exercent aucune influence sur les déplacements des bandes. Les Thons vont et viennent avec régu- larité, el à date fixe, sans paraitre touchés par les conditions locales et variables du climat. Ainsi, grâce à ces eflorts répétés, la théorie mi- gatrice a vécu. Du reste, elle n'avait jamais existé scientifiquement. Elle consistait simplement en une hypothèse, qui reliait entre eux certains faits à la condition de négliger tous les autres. Elle s'est maintenue pendant longtemps. Elle se maintient encore, car elle semble expliquer plusieurs parti- cularités de la pêche. Mais ce n’est plus là, désor- mais, qu'une apparence, qui ne résiste pas à la critique basée sur l'observation. 1 Les auteurs précédents ont démontré l'inanité de la théorie migratrice, et n'ont rien mis à sa place. Leurs arguments aboutissent à des conclu- ‘ Carcos De BRAGanCA : Resultados das Investigacoes scientificas…, I. À Pesca do Atum no Algarve em 1898; Lisboa, 1899. - sions négatives sur celle Théorie, mais dépourvues de toute autre portée, [ls ne donnent aucune expli- cation rationnelle du phénomène essentiel, consti- tué par les apparitions et les disparitions pério- diques et annuelles du Thon. C'est sur ce phéno- mène qu'il convient, désormais, de rassembler des documents posilifs. L'industrie d'une pêche aussi importante est réglée, en effet, par ces allées et venues régulières. L'installation des tonnares, leur position mutuelle, les lois particulières et géné- rales de l'exploitation, doivent suivre les inci- dentes d'un tel déplacement. La théorie migratrice répondait empiriquement, et imparfaitement, à quelques-unes des questions ainsi posées. Par quoi la remplacer maintenant, puisqu'elle n'est plus valable? Il est certain que l'oscillation périodique du Thon a sa raison déterminante. Si cette dernière ne se rapporte plus au voyage annuel que l'espèce, venant de l'Océan, accomplirait chaque année autour de la Méditerranée; si la population thon- nière du bassin médilerranéen occidental s’y can- tonne, et se borne à s’y déplacer selon un rhythme précis, quelle est la cause efficiente de ce mouve- ment? Chaque année, au printemps, les Thons abandonnent la partie septentrionale de ce bassin; ils en disparaissent complètement, et ne reparais- sent qu'en juillet pour y demeurer à nouveau jus- qu’au printemps suivant. Chaque année, à la même époque, un phénomène inverse se réalise, par contre, en certaines localités de la partie méridio- nale du même bassin : les côtes espagnoles au sud des Baléares, les côtes tunisiennes, celles de la Sar- daigne et de la Sicile. Les Thons, qui s'y montrent à peine durant la majeure partie de l’année, arrivent sur elles en abondance pendant les mois de mai et de juin, passent par bandes en suivant une direc- tion constante, puis disparaissent dès juillet. Chaque année encore, la pèche se localise au prin- temps sur les côles énumérées ci-dessus, alors qu'elle se généralise et s'étend au bassin entier, ainsi qu'à ses dépendances, pendant le reste de l'année. Il n'est qu'une méthode capable de fournir sur ces déplacements balancés une solution logique : c’est l'étude scientifique de la biologie du Thon, et de la manière dont l'espèce se comporte dans son milieu. Cette sorte d'invesligalions a récemment donné d'excellents résultats sur les Poissons pério- diques des mers septentrionales, les Gadidés no- tamment. On sait aujourd'hui, selon les recherches de MM. J. Schmidt et Damas, que ces poissons, Morues, Eglefins, etc., sont sensibles aux variations ! Rapport et Procès verbaux du Conseil permanent inter- national pour l'exploration de la mer, t, X, 1909. 81% D' LOUIS ROULE — LA BIOLOGIE ET LA PÊCHE DU THON présentées par le milieu marin comme température de l’eau, salinilé ou profondeur ; et que cette sensibi- lité augmente à l'époque annuelle de la ponte. Les adultes reproducteurs, conduits par cette hyper- sensibilité, se déplacent alors pour gagner les eaux qui leur conviennent le mieux. Telles seraient les raisons, et les directions, de leurs voyages périodi- ques et de leurs déplacements limités, bien diffé- rents, comme durée et comme étendue, des migra- tions hypothétiques qu'on leur prêlait autrelois. L'espèce, à l'époque de la ponte annuelle, effectue un déplacement de concentralion, ou de rassemble- ment sexuel : les adultes reproducteurs convergent vers les eaux qui leur procurent les conditions nécessaires de profondeur, de température, de sa- linité ; ils s'y réunissent. Ensuite elle accomplit un déplacement de dispersion : les individus, la ponte achevée, se disséminent, selon les circonstances, sur l'étendue entière de leur domaine géogra- phique. Il semble bien, d’après mes études, qu'il en soit de même pour les Thons. Une théorie halo-ther- mique’ des apparitions et des disparitions pério- diques de ces poissons doit, à mon sens, prendre la place de la théorie migratrice d'autrefois. Ces êtres, selou mes constatations, sont sténothermes et slénohalins; ils se montrent sensibles aux varia- tions de lempérature et de salinité qui, dans la Mé- diterranée, s'établissent de saison à saison et de localité à localité. Les considérations basées sur ces deux ordres de circonstances doivent done prendre rang parmi celles dont on s'inspire à ce sujet, et, très probablement, dominer les autres. L'ancienne distinction entre les Thons de course ou de pêche printanière localisée, et les Thons de retour ou de pêche estivo-hivernale généralisée, a sa réalité, malgré que l'explication qu'on en don- nait soit inexacle. Les premiers, qu'il conviendra de nommer désormais des individus génétiques, sont des adulles reproducteurs en état d'élabora- tion sexuelle; les seconds, ou individus erratiques, sont des jeunes immatures, ou des reproducteurs ayant achevé de pondre. Les Thons génétiques, hypersensibles à la température et à la salinité pendant la période prodromique de la ponte et celle de la ponte mème, se dirigent alors vers les eaux les plus chaudes el les plus salées du bassin occi- dental, en Espagne au sud des Baléares, en Tunisie, en Sardaigne, en Sicile; ils effectuent leur déplace- ment de concentration. Puis, la reproduction termi- née, devenus moins sensibles, ils se dispersent dans RER A, Mr 2H AMRQNT, 1 L. Rouce : Etude préliminaire sur la biologie et la pêche du Thon commun dans la Méditerranée occidentale, Cougrès ualional des pêches maritimes, 1914. le bassin entier, et fréquentent surtout les eaux où ils trouvent le plus aisément une nourriture abon- dante. Les apparitions et les disparilions périodiques ressortiraient ainsi des déplacements de concentra- lion et de dispersion : concentration au printemps, pendant la période reproduclrice, dans les régions méridionales où se trouvent alors rassemblés les degrés les plus élevés de la thermalité comme de la salinité ; dispersion ensuite, hors de cette période et jusqu'à la venue de la période suivante, dans la Méditerranée occidentale Loute entière. Il suit de là, à titre complémentaire, que les questions particulières, posées par la pêche elle- inême pour la conduile de son exploitalion, doi- vent également êlre lraitées en s'inspirant de ces considérations thermiques et salines, plutôt qu'en s'allachant à la recherche d’autres causes, peueffi- cientes sans doute, en tout cas moins certaines. Les variations du rendement des lonnares, l’éloi- gnement que les Thons manifestent aujourd'hui pour certaines côtes qu'ils fréquentaient autrefois, la faiblesse productrice de plusieurs régions que tout d'autre part, semble avantager ou bien avait jadis avanlagé, trouveront plus aisément leur expli- cation dans la diversité régulière et rythmique, ou accidentelle, des eaux marineslitlorales commetem- pérature el comme teneur en sels dissous, que de toute autre facon. Le régime variable des pluies, en augmentant ou en diminuant la valeur des déverse- ments des eaux douces d’origine tellurienne; le dé- boisement ou le reboisement des falaises, enaltérant l'intensité el la fréquence de ces déversements; l'industrie humaine en transformant l'hydrologie littorale ; la direction et la siluation des courants eux-mêmes, selonqu'ils viennent de l'Atlantique et transportent des eaux de basse salinité et de basse thermalité, ou de la Méditerranée orientale et ra- mènent des eaux de salinité et de thermalité fort élevées, conslitueraient, en ce ‘sens, autant de causes modilicatrices. Ma théorie halo-thermique . ne se base encore que sur quelques constalalions ; partant, il est difficile de lui conférer d'ores et déjà, dans la science, la portée d'une explication complète. Mais elle s'accorde si bien avec les faits connus, et se lie si parfaitement à ce que l’on sait de la biologie des autres espèces migratrices, qu'il semble certain qu'elle sera consolidée par les re- cherches futures, qu’elle y gagnera une précision et une puissance nouvelles de démonstration, et qu'elle s'élèvera ainsi à son rang de théorie vrai- ment générale. D' Louis Roule, Professeur au Muséum national d'Histoire naturelles ANALYSES 1° Sciences mathématiques | Fehr (H.), Professeur à l'Université de Genève. — Compte-rendu de la Conférence internationale de l'Enseignement mathématique, tenue à Paris du 1er au 4 avril 191% (Publication du Comité central). — 1 vol in-S° de 172 pages (Prix : 5 fr.). Editeurs : Gauthier-Villars, à Paris, et Georg et Cie, à Ge- , nève, 1914. La lievue a déjà donné un court compte rendu de la Conférence internationale de l'Enseigneinent mathé- inatique, tenue à Paris ce printemps", et publié le texte de-deux rapports qui y ont été présentés?, Dans ce petit volume, M. H. Fehr, lactif secrétaire général du Comité central de la Commission interna- lionale de l'Enseignement mathématique, fournit un tableau très complet de cette Conférence, avec le texte ‘des discours, conférences et ranports présentés, et le compte rendu des discussions dont ils ont été l’objet. Tous ceux qui s'intéressent aux questions d’enseigne- inent mathématique s'y.reporteront avec fruit. Escard (Jean), Zagénieur civil. — Le travail méca- nique de la pierre dans l'industrie. — 1 Lrochure in-4° de 76 pages. H. Dunod et E. Pinat, lilraires- éditeurs. Paris, 1913. Dans cette brochure, l’auteur étudie les transforma- lions qu'on fait subir à la pierre au surtir de la car- rière, depuis sa division en blocs de dimensions va- riables jusqu'à l'obtention d'objets aux contours divers. Or, comme une ro-he dure — tel le granit — ne saurait se travailler avec les mêmes instruments qu'un calcaire tendre, par exemple, on a dû imaginer des appareils permettant d'arriver au résultat désiré dans tous les cas. M. Escard décrit d'abord les machines destinées au sciage et au débitage des blocs sur place. Dans cette BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX catésorie se rangent les lames d'acier à mouvement alternatif, les scies à ruban, et les lames circulaires. Vient ensuite le #7 hélicoïdal avec lequel M. Fromholt a réalisé récemment de si remarquables travaux, entre autres le sciage du Pont-Neuf à Paris (1913). Tandis qu'avec les perceuses, les machines à moulurer, à pro- liler et à Lourner, on effectue des trous, ou on donne les profils voulus aux pierres préalablement débitées en blocs de forme massive et régulière. Enfin le volume se termine par quelques lignes sur Les nombreuses substances abrasives, employées actuellement dans l'industrie pour activer le travail d'usure des lames et scies de toutes sorles. Jacques Boyer. 2° Sciences physiques Kaye (G. W. C.), Directeur du Département du radium au Laboratoire national de Physique anglais. — X Rays. An introduction to the study of Rônt- gen Rays (LES RAYONS X. INTRODUCTION A L'ÉTUDE DES RAYONS DE ROÜNTGEN). — 1 vo/. iu1-8° de 252 pages avec 97 liqures. (Prix : 6 fr. 25.) Longmans, Green and Co, 39, Paternoster Row, Londres, 1914. L'auteur ne présente pas cet ouvrage comme un traité sur les rayons X. 11 a eu plutôt en vue de donner une description des méthodes et appareils actuels, ! Cn. Brocur : La Conférence internationale de l'Ensei- gnement mathématique. Æevue du 15 mai 1914, & XXV, p. 446. ? M. p'Ocacxe : Le rôle des Mathématiques dans les sciences de l'ingénieur. 1bid., p. 469. — P. Sraeckez : La S15 BIBLIOGRAPHIE ET INDEX qui présentent quelque valeur ou quelque nouveauté el dont la plupart sont encore épars dans les pério diques scientifiques. Il traite d'une façon critique, € dans plusieurs cas avec assez de détails, des questions à la fois théoriiues et expérimentales qui lui onl paru le plus intéressantes, et il donne, en somme, quoique un peu hâchée et sans souci des proportions, l'évolution assez fidèle des événements quise sont succédé depuis la célèbre découverte de Rünigen en 1895 jusqu'à la fin de 1913. La liste des chapitres de l'ouvrage donnera l’idée des sujets traités : les phénomènes d’un tube à dé- charge ; les rayons cathodiques; les rayons positifs ; les rayons X; l'ampoule à rayons X; les générateurs à haut potentiel ; la dureté d’une ampoule à rayons X; le noircissement d'uue ampoule à rayons X; la me- sure des rayons X; les rayons secondaires; autres propriétés des rayons X; applications pratiques des rayons X; interférence et réflexion des rayons X; nature ds rayons X. L'ouvrage est accompagné de plusieurs tables de constantes, qui seront très utiles aux chercheurs. 2m: Walker (J.), Professeur de Chimie à l'Université dEdimbourg. — Einfuhrung in die physikalische Chemie (INrRopr@TIoN À LA CHIMIE PHYSIQUK). 2° édition allemande, publiée par M. von STEINWEBR. —1 vol. gr. in-8° de 503 pages, avec 62 figures. (Prix :11 fr. 25.) Vieweg und Sohn, Braunschweig, 4914. En présentant à nos lecteurs l'édition originale anglaise de cet ouvrage’, nous avons dit dans quel esprit il est conçu : ce n'est pas un traité complet et systématique de Chimie physique, mais plutôt un exposé approfoudi de certains chapitres de cette science, de-tiné à mettre l'étudiant en mesure de profiter des traités plus vastes, comme ceux d'Ostwald, de Nernst ou de van’t Hoff. Sept éditions successives en langue anglaise montrent que la tentative de l'auteur a été appréciée par ses compatriotes, et deux édilions alle- maudes ont accru le cercle de ses lecteurs à l'étranger. Peut-être la bel'e ordonnance et la clarté de l'exposé de M. Walker tenteront-elles un jour un traducteur et un éditeur français, car son ouvrage trouverait sa place parmi les publications de Chimie physique existant actuellement dans notre langue. L. B. Barger (George), Professor of Chemistry in the Royal Holloway College, University of London. — The simpler natural Bases. — 1 vol. in-8 di 215 pages. (Prix :7 fr. 50). Longmans, Green and C9, 39, Paternoster How, London, 1914. Un biochimiste anglais bien conou, M. R. H. Aders Plimmer, a entrepris la publication d'une série de volumes de 100 à 200 pages qui sont autint de mono- graphies consacrées à des sujets de Chimie biologique. C'est là une tentative heureuse et que le succès à déjà couronnée. Dans un domaine en pleine évolution, comme celui de la Biochimie, il est difficile de pré- senter un exposé d'ensemble, dont toutes les parties ne peuvent pas être au courant des derniers progrès. Au contraire, il est facile d'aboutir si on choisit un cha- pitre bien limité qui peut être mis au point en quel- ques semaines et dont un spécialiste documenté fait aisément une monographie complète. a préparation mathématique des ingénieurs dans les différents pays. /b:d., p: 414 1 Voir la Æcvue du 30 Septembre 1901, p. 851. 816 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX M. George Barger nous présente aujourd'hui une étude approfondie des bases d'origine animale. Le sujet a été judicieusement réparti en plusieurs cha- pitres : amines dérivées par la putréfaction des matières albuminoïdes (méthyl, éthyl-amines, putres- cine, cadavérine, elc.); acides aminés venus des pro- téines et qu'on s'étonnera peut-être de voir confondus avec des bases, bien qu'ils possèdent le groupement NHE ialanine, valine, leucine, etc.); bétaines, choline, créatine, créatinine, adrénaline, bases des muscles, spermine, produits de constitution inconnue et, parmi eux, les vitamines, etc. C'est une description détaillée de chaque groupe et de chaque espèce, avec l'étude complète des modes d'extraction, des propriétés physiques, chimiques, phy- siologiques, de l'origine, du mode de formation, du métabolisme de la base elle-même, de ses sels, de ses dérivés, etc. Des indications pratiques sur la technique des pro- cédés de recherche et d'analyse, enfin une bibliogra- phie divisée par chapitres, abondante et précise, et une table alphabétique des matières complètent ce volume de plus de 200 pages où se trouve résumé en un style sobre et clair tout ce que nous savons sur les corps basiques d’origine animale. Cette monographie est un élément indispensable de toute bibliothèque de Biochimie. D' L. HucouneNo, Professeur à l'Université de Lyon. 3° Sciences naturelles Wallace (A. Russel). — Le Monde de la Vie. Mani- FESTATION D'UN POUVOIR CRÉATEUR, D'UN ESPRIT DIRECTEUR ET D'UN BUT FINAL. Traduit de l'anglais par Mure Baz- BEY-BOISSIER. Avant-propos de M. C. bE CANDOLLE. — 4 vol. in-8° de 554 pages avec 110 fig. (Prix : 15 fr.). Editeurs: Kündiq, à Genève, et Alcan, à Paris, 1914. Cet ouvrage est le dernier de l’éminent biologiste anglais, mort l’année dernière. Il résume et complète les cinquante années d'études de l’auteur sur la théorie darwinienne de l'évolution. Il prolonge dans plusieurs directions la portée et l'application de cette théorie, montrant qu'elle est capable d'expliquer plus d'un phénomène concernant les êtres animés. Parmi ces derniers se place la distribution géogra- phique détaillée des plantes et des animaux (ch. II à VI), où Wallace fait ressortir l’étroite dépendance qui existe sous ce rapport entre les deux règnes. Trois autres chapitres d’une grande importance (X à XII) sont consacrés à la revue générale des faits géologiques et à la discussion des problèmes variés qu'ils soulè- vent. Au chapitre VII, l'auteur a cherché à montrer comment la sélection naturelle travaille sans cesse à perfectionner la merveilleuse coadaptation des formes diverses de la vie, répandues dans toute la nature. Au chapitre IX, il traite de certains phénomènes tirés de ce champ de travail encore peu exploré qu'il intitule les signes de reconnaissance. Outre l'usage naturel que leur nom désigne, l’auteur démontre leur haute importance — peut-être même leur nécessité absolue — dans la marche de l'évolution des espèces nouvelles. 11 est parvenu, durant son enquête, à cette conclusion surprenante que la beauté et la variété des couleurs et des dessins chez l'insecte n'ont point été développées par ses propres perceptions visuelles, mais surtout — peut-être même exclusivement — par celles des animaux supérieurs. Mais les préoccupations philosophiques et les ten- dances nettement spiritualistes de Wallace se retrou- vent aussi dans son ouvrage. Après la discussion des sujets précédents el d’autres connexes, il entre dans l'examen critique des problèmes fondamentaux que son émule Darwin à exclus systématiquement de ses ouvrages : telles sont la nature et les causes de la vie. Wallace cherche à montrer (ch. XIV) la nécessité absolue d'un principe vital organisateur et directeur, seul capable de produire les formes les plus complexes. Celles-ci impliquent, d'après lui, un pouvoir créateur, qui à formé la matière de facon à rendre possible ces merveilles; puis un esprit ordonnateur, indispensable à chaque étape de ce que nous nommons la croissance et qui nous paraît chose si naturelle et si simple qu'elle ne mérite aucune explication; enfin, un but ultime, par le fait de l'existence mème de ce vaste monde de la vie, durant sa longue évolution à travers les incommensurables périodes géologiques. Ce but, seul capable d'éclairer les mystères de son mode d'évolution, serait le développement de l'homme, pro- duit supérieur de toute l’évolution cosmique. Les argu- ments qu'apporte l’auteur à l'appui de sa thèse ne sont pas sans impressionner le lecteur. : Dans un dernier chapitre, l'auteur discute la nature, l'étendue et le but de la souffrance, comme étant une conséquence obligatoire de la loi de l’évolution. Cette étude lui permet de répondre à la question: La nature est-elle cruelle? par une négation formelle. La dernière œuvre de Wallace n'intéressera pas moins les naturalistes et le grand public que ses pré- cédents ouvrages; aussi, faut-il remercier Me Barbey- Boissier de l'avoir mise à la portée des lecteurs de langue française. BAIE 4 Sciences médicales Coustet (Ernest). — Les rayons X et leurs appli- cations. — 1 vol. in-8° avec planches et figures. (Prix : 3 fr. 50). Delagrave, éditeur, Paris, 1914. Les ouvrages traitant des applications médicales des rayons X sont nombreux. Mais tous sont écrits pour des médecins, tous sont destinés à instruire les spé- cialistes. Aussi leur lecture est-elle peu accessible au public, et le médecin non spécialisé lui-même trouve-t-il le plus souvent la tâche mal aisée quand il entreprend de les parcourir. Le livre de M. E. Coustet me paraît s'adresser au publié instruit et aussi aux praticiens non radiologues, et c'est pour cela qu'il comble une lacune sans se perdre dans le nombre des traités publiés au cours de ces dernières années. Très documenté sur les choses de la Physique, l'auteur a su exposer dans les trois premiers chapitres, d'une facon très élémentaire et accessible à tous, les notions relatives à la production et à la nature des rayons X. Un lecteur dépourvu de toute connaissance de physique médicale trouverait, dans cet aperçu clair et précis, tous les documents nécessaires pour compléter son éducation et l'amener à suivre les progrès actuels de la radiologie. L'auteur n'a pas craint de s'étendre dans un #* chapitre s 1r les procédés de dosage employés par les spécialistes; il n'a pas tort de regrelter que ces procédés soient trop nombreux et les unités employées trop diverses ; aucun radiologue ne lui donnera de démenti. Les trois chapitres suivants sont consacrés à l'étude des applications médicales des rayons X, mais ici l'au- teur n'a nullement eu la prétention d'écrire un traité de radioscopie, de radiographie ni de radiothérapie; il a seulement voulu apprendre à ses lecteurs comment on pratique un examen à l'écran, comment on pro- cède pour exécuter une radiographie, pour obtenir une projection orthogonale des organes, pour faire la sté- réoscopie el même la cinéma-radiographie, et enfin quels sont les effets thérapeutiques et les dangers du rayonnement ainsi que les précautions dont on s’en- toure aujourd'hui pour les appliquer. Un dernier chapitre est consacré à un aperçu sur les corps radioactifs et la radioactivité. Là, comme dans les précédents, l’auteur expose beaucoup de choses en peu de mots eton peut lui être reconnaissant d’avoir su, dans un ouvrage de 108 pages à peine, dont une partie est consacrée à de grandes figures explicatives, donner à ses lecteurs à peu près tout ce qu'il est indispensable de connaître quand on n’est pas mé- decin radiologiste. H. GUILLEMINOT. ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Séance du 19 Octobre 1914. 19 SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. G. Darboux : Sur une proposilion relative aux équations linéaires du second ordre à deux variables indépendantes. — M. P. Duhem démontre que le paradoxe hydrodyna- mique de d'Alembert, sous la forme générale que lui à donnée M. Cisotti, demeure vrai même si le fluide est partagé par des surfaces de discontinuité. — M. E. Le- bon expose les principes d’une nouvelle table des divi- seurs des nombres, qui donne rapidement les facteurs premiers d'un grand nombre, ou permet d'affirmer que celui-ci est premier. — M. J. Comas Sola a observé photographiquement le 17 octobre à Barcelone une comète qui parait être celle découverte par M. Lunt au Cap, le 18 septembre: — M. A. Angot a noté, sur les sismographes du Pare Saint-Maur, dans la nuit du 3 au 4 octobre, un tremblement de terre très violent, dont l’épicentre a dû se trouver en Asie mineure, ce queles dépèches des journaux ont ensuite confirmé. 29 SCIENCES NATURELLES. — M. Ed. Heckel montre la possibilité d'obtenir, dans les pays à maïs, par la seule castralion mäle qui ne compromet pas la récolte en raines, el qui constitue une opération simple et facile à réaliser, des tiges riches en sucre capables de serv r en hiver à la nourriture du bétail qui en est très friand. Séance du 27 Octobre 1914. 1° SGIENCES MATHÉMATIQUES. — M. G. Darboux : Sur les équations linéaires aux dérivées partielles du second ordre à deux variables indépendantes, et sur les suites de Laplace formées avec de telles équations. — M. Cog- gia communique ses observations de la comète Lund (1914 d) faites à l'Observatoire de Marseille. — M. B. Berloty adresse ses observations de l'éclipse partielle de Soleil du 21 août, faites à Ksara (Liban). 20 SaENcEs PaYsiQuES. — M: André Blondel poursuit l'exposé de la théorie des alternateurs à enroulement inducteur distribué le long de l'entrefer. Séance du 3 Novembre 1914. 19 SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. Guéritot décrit une méthode expérimentale de détermination des courbes métacentriques de l'aéroplane sur un modèle réduit; celles-ci permettent ensuile d'étudier graphiquement sa stabilité de vol. — M. D. Eginitis adresse ses obser- vations de l'éclipse de Soleil du 21 août, faites à l'Ob- servatoire d'Athènes. 20 SCIENCES PHYSIQUES. — M. G. Lippmann rappelle le principe de la balance électromagnétique de Hughes, ui permet de déceler avec un téléphone le voisinage une masse métallique. Elle pourrait être employée à la recherche des projectiles de guerre; elle est plus sensible aux balles magnétiques qu'aux autres. — M. J. Bougault à constaté que la préparation des dioxytriazines aux dépens des semicarbazones des acides 4-cétoniques se fait avec de meilleurs rende- ments à froid qu'à l'ébulhtion. L'oxydation des dioxy- triazines par Na OBr montre que l'azote est attaché au carboxyle de l'acide 4-cétonique. — M. G.-A. Le Roy : Sur l'imperméabilisation improvisée des vêtements militaires (voir p. 731. 3° SCIENCES NATURELLES. — M. M. Baudouin areconnu, par des observations faites sur 70 à 80 squelettes d'adultes de l'âge de la Pierre polie, que la disparition du point d’ossilication supérieur des métacarpiens et mélatarsiens chez l'homme actuel est le résultat d'un ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 817 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER très vigoureux coincement, au milieu des os du carpe et du tarse, des extrémités correspondantes des méta- carpiens et métatarsiens. C’est un phénomène d'adap- tation fonctionnelle. — M. A. Lacroix montre que les produits d’altération des roches silicatées alumineuses de Madagascar correspondent tout au plus aux produits de la partie supérieure de la « zone de départ » de la Guinée; les vraies latérites de la « zone de concré- tion » ne se trouvent qu'exceptionnellement, Séance du 9 Novembre 191%. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — A la suite d'une remarque de M. Em. Picard au sujet du paradoxe hydrodypamique de d'Alembert, M. P. Duhem rappelle que sa démonsilration, comme celle de M. Cisotti, s’ap- plique à un fluide en repos à l'infini, — M. B. Globa- Mikhailenco démontre qu'une masse fluide, partant du repos, ue peut jamais devenir un cylindre indéfini, car, avant d'arriver à une figure d'équilibre stable, elle est obligée de passer par une infinité de figures instables, — M. A. Mesnager décrit une méthode expeditive pour le calcul, au moyen d'une abaque, des voûtes parabo- liques encastrées. — M. Ch. Rabut a étudié par la méthode de l’auscultation, en particulier sur le pont d'Eauplet, le problème de la déformation des arcs pourvus de tympans, et montre qu'ils subissent une fatigue beaucoup moins grande qu'on ne le supposait. — M. Amans monlre que la forme de l'aile, la forme et l'élasticité spéciale des rémiges des oiseaux voiliers permet d'améliorer le rapport montée : traînée, indé- pendamment de toutes les théories du vol émises jus- qu'ici. — M. H. Bourget adresse ses observations du passage de Mercure sur le Soleil le 6-7 novembre, faites à l'Observatoire de Marseille. — M. D. Eginitis com- munique ses observations de la comète Delavau, faites à l'Observatoire d'Athènes. 20 ScIENCES PHYSIQUES. — M. F. Garrigou décrit un appareil simple permettant d'obtenir la notion du relief en radioscopie, et très pratique au point de vue des applications à la chirurgie. — M. Balland rappelle les règles imposées par l'Administration militaire à la fabrication des conserves de viande pour l’armée, et critique certains procédés plus expéditifs employés récemment. 39 SCIENCES NATURE! LES. — M. A. Brachet a reconnu que l’action de l'acide butyrique fait tomber l’obstacle à la fécondation créé par le sperme de Sabellarra sur les œufs d'oursin fécondés. La formation de la mem- brane de fécondation n’est qu'un phénomène accessoire de la fcondation. — M. Aug. Lameere a constaté que le mâle des Dicyémides n’est pas l'individu infusori- forme, comme on l’a cru jusqu'ici. Il est formé d’une unique cellule somatique qui est entièrement compa- rable à la cellule axiale de l'infusorigène, c’est-à-dire à l'unique cellule somatique de la femelle. Ces faits démontrent le parallélisme complet entre le cycle bio- logique des Dicyémides et des Orthonectides. — MM. Caillaud et Corniglion oni traité quatre cas de télanos déclaré par la méthode de Baccelli (injections phéniquées), en lui adjoignant, dans deux cas très graves, des injections de lantol(rhodium colloïdal). Les quatre cas ainsi traités se sont terminés par la guéri- son. — MM. Ch. Nicolle, G. Blanc rt E. Conseil ont reconnu que les poux nourris du sang d'animaux atteints de typhus exanthématique ne sont pas infec- tieux avant le huitième jour; ils le deviennent le neu- vième et le dixième, ainsi que leurs déjections. Ils n’ont pas constaté de transmission héréditaire de l'infecuon chez le pou. M. A. Laveran rappelle à ce sujet que le 818 yphus exanthématique est, par excellence, une mala- die des armées en campagne, et que la destruction Sys- tématique des poux chez ls soldats s'impose comme une mesure urgente. — M.L. Gentil a étudié la struc- ture du plateau d'Oulmès (Maroc central). Il est cons- Litué par un massif granitique alfleurant sur une sur- face elliptique, entouré par une série schisteuse et calcaire très puissante. Il appartient au faisceau de plis de la chaîne hercynienne signalé dans le pays Zaër. Seauce du. 16 Novembre 1914. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. H. Deslandres com munique les observations de l’éclipse totale de Soleil du 21 août faites à Strômsund, en Suède, par la mission de l'Observatoire de Meudon, composée de MM. Bos- ler, de Meudon, et Block, de Lund. Un des spectro- graphes montre une raie rouge nouvelle dans le spectre de la couronne. — M. Courty adresse ses observations du passage de Mercure sur le Soleil faites à l'Observa- toire de Bordeaux le 7 novembre. 90 SCIENCES PHYSIQUES. — M. André Blondel établit expérimentalement que :1°ilne peut y avoir def. 6. m. induite dans un circuit, par un champ magnétique invariable, que si la déformation du circuit fait couper des lignes de forc- par une porlion mobile de ce cir- cuit; ce n'est pas le cas quand le til conducteur se déplace tangentiellement à sa trajectoire; 2° il n'est pas équivalent que la ligne de fermeture d'un circuit se déplace dans un conducteur massif entre des contacts mobiles ou que le conducteur massif se déplace lui- mème. Ces conclusions l'amènent à mdilier l'énoncé général des lois de l'induction. — M. P. Gaubert, en percant brusquement une plaque d’étain préparée par fusion entre deux plaques de verre, a observé la pro- duction de band s mâclées, d’orienta'ions différentes. 30 SCIENCES NaTURELLFS. — M. A. Chauveau estime que l'implantation et la mise en culture du germe tuber- culeux s'effectuent aussi sûrement dans les organismes vigoureux que dans les organismes débiles. Par contre, les ravages de l'infection sont généralement plus graves et moins facilement curables chez les sujets qu'une mauvaise hygiène condamne à vivre en état de misère physiologique. — M. H. Colin a constaté la présence simultanée el constante de saccharose el de sucre réducteur dans la souche des betteraves. Le saccharose peut se transformer, dans les tissus de la feuille, indépendamment de toute relation enlre l'appareil foliaire et la souche. — M. P. Hariot signale la présence de quelques espèces nouvelles dans la flore marine de l'île de Tatihou et de Saint-Vaast-la- Hougue — M. M. Lugeon montre, par l'identité des schistes dont elles sont formées (schistes de Casanna), que la nappe du Niesen n'est qu'une digitation frontale de la nappe du Grand-Saint-Bern1d.- M. M. Baudouin à découvert un menbir resté debout sous une dune des côtes de la Vendée. Il est en quartz blanc de filon. A la bise se trouvent des schistes à séricite (terrain pri- maire), | uis une terre noirâtre argileuse, représentant un ancien sol (probablement prénéolithique), et enfin une dune ancienne peu importante, datant au moins de l’époque de la Pierre polie. ACADEMIE DE MEDECINE Séance du 3 Novembre 1914. L'Académie autorise MM. Ranque et Senez, de Mar- seille, à préparer et à débiter un vaccin antityphoï- lique iodé, qui ne détermine que des réactions très {gères. M. Demmler préconise le triilement du tétanos par les doses élevées de chloral. On débute par nne ou deux doses de 6 gr, puis en pousse les doses jusqu'à 20 et 25 gr. tant que l'hyperexcitabilité du système nerveux persiste, pour revenir ensuite plus ou moins rapidement à la dose normale. ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES Séance du 10 Novembre 191%. M. Lenglet, directeur de l'Ecole de Médecine et maire de Reims, est élu Associé national. M. E. Quénu présente un appareil pour le traite- ment des fractures de cuisse infectées par projectiles de guerre, réalisant à la fois : 40 l'immobilisation con- tüinue de la fracture; 20 le pansement facile et la sur- veillance des plaies; 3° le maintien de la réduction par l'extension continue. — M. le D' Walther signale la fréquence relativement grande des lésions des nerfs des membres dans les blessures par projectiles de guerre. L'intervention, formellement mdiquée dans tous les cas de lésions des troncs nerveux provoquant. des douleurs vives, peut être faite mème d'une façon précoce avant d'attendre la fin de la cicatrisation des plaies. Dans les cas de paralysie pure, sans phéno- imènes douloureux, s’il n'y a aucune amélioration sous l'influence du traitement médical, l'intervention peut être pratiquée dès que la cicatrisation des plaies est complètement achevée. Séance du 17 Novembre 194%. M. A. Trillat estime que les relations qui existent entre la transmis-ion des épidémies par les germes de l'air et les phénomènes météorologiques découlent de la propriété que possèdent les germes de jouer le rôle de noyaux de condensation d'humidité et des pro- priétés des gouttelett:s microbiennes. — M. G. Ber- trand a analysé l'analgésique oblenu par action de la levure de bière sur la morphine et n'y a trouvé que du chlorhydrate de morphine. Etant donnés les bons effets de cet analgésique en obstétrique, M. Bertrand a fait injecter à des femmes en couches une solution de chlorhydrate de morphine pur à 3,24 °/, et a obtenu une ana'sésie profonde et sans danger, en particulier la suppression de la douleur inhérente à la contraction utérine. L'enfant est né très bleu, mais, dans chaque cas, il a pu être ranimé aisément. -- MM. Pauchet et Sourdat préconisent l'emploi de la gaze au trioxymé- thylène en chirurgie de guerre. Cette gaze, préparée à sec, est non seulement aseptique, mais slérilisante el fixatrice. Elle détruit les microbes et fixe les tissus superficiels. Elle donne aux plaies un aspect sec, jam- bonné, sans suintements, ni suppuration. Les auteurs estiment ce pansement comme le plus parfait qui existe actuellement pour les plaies de guerre. SOCIÉTÉ ROYALE DE LONDRES Séance du 25 Juin 1914 (suite). SCIENCES PHYSIQUES. — M. H. Richardson : L'excila- tion des rayons y par les rayous $. L'auteur à examiné la nalure générale de la radialion excilée quand les rayons $ et y du radium B et du radium C tombent sur diverses substances. L’excitation des radiations caractéristiques est due surtout aux rayons $ el non aux rayons y. Il n’y a pas de preuve évidente que les rayons y caractéristiques soientexcilés par les rayons y pénétrants émis par le radium C. Le radium C, en plus du type pénétrant de radialion pour lequel #—=0,115, émet égalementune pelite quantité de radiation y douce, semblable à celle dont Rutherford et Richardson ont montré le rayonnement par le radium B et pour laquelle & — 40 dans l'aluminium. La quantité de radiation y excitée par les rayons à du radinm C est négligeable eu comparaison de celle qu'excitent les rayons $. Lorsqu'on dépose du radium GC sur diverses substances, une radiation douce est émise qui consiste dans la radiation caractéristique de la substance, excitée par les rayons £ du radium C, avec la radiation douce émise par le radium C. Le Gérant: A. MARETHEUX. Paris. — L. MARETHEUX, imprimour, 1, rue Cassette, TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES CONTENUES DANS LE TOME XXV DE LA REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES PURES ET APPLIQUÉES (DU 15 JANVIER AU 30 NOVEMBRE 1914) I. — CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE Astronomie et Géodésie. Coreix (Paul). — A propos de la stéréo-autogrammé- MES She 542, (E.), — A propos de la stéréo-autograrnmé- LAAÈRS: Ricnanb (J.). — Quelques objections astronomiques a LhypathéserdenRItZ EN. 0. à | Une variable du type Lyre. . . . . . . . . L'absorplion de la gravitation., . . . . Ke. Différenc- de longitude Paris-Bruxelles. . . . La variation des latitudes. . . . . . . . PRE TE La photographie des Satellites de Mars. . . . . Le clair de lerre sur la Lune LE Influence de la température sur la collimation . . . . La périodicité des taches solaires . . . . . . . . . . La Voie lactée . RE ee la Botanique et Agronomie. Gax (Edmoud). — Nombres index exprimant l'aléa de la production agricole en France . . . . . . . . Rousser (H.). — Comment se forme le sucre dans la DORDBRAVE RS Us 0 et UN etes L'éclairage pendant la nuit des plantes en état de AUDIBSAUEE A ce + SO Un CA Le dévelippement de la belterave à sucre pendant la PARTNER ER D, MR ER Chimie. Cousrer (Ernest). — Photographie des couleurs sur papier. Le procédé par décoloration. . . . . . . — L'Ozobromie £ — Fixäge des papiers photographiques. . . . . . . Desmanets (M. — Fabrication d'ammoniaque au moyen decombustibles . . . "ES 172.70 — L'action de l'eau sur le plomb. . . . . . . . . . Marcaaxo (H). — Epuration du gaz par la chaleur. . Mariexox (Camille). — Production et consommation du cuivre, du zinc, du plomb et de l’étain en 1912. Mercer (R.). — Le jaugeage des débits par voie chi- DOUCE, dé à REMERCIER La mesure de la vitesse de réaction par le change- ment de volume en solution. . . . . . . . . . . Mélanges colorés à l'état liquide seulement La théorie des solutions él-ctrolytiques Les membranes lipoïdes artificielles. . . . . . . . . Sur une relation entre le pouvoir inducteur spécifique et'les charges atomiques : : : . ..4 = . + . . L'utilisation rationnelle des vinasses par le procédé ENEODE = CR. - - . 0 oi hp Lee ie du carbure de calcium à la formation ESAlliarves, CORRE -. .e QUE Leilunpatene:-duciiie ets + - . SC Le palmier nipa comme source commerciale de AUCIBE 2 - < RL. OCR Un nouveau procédé ponr produire des colorations solides sur les fibres textiles. . . . . . . . . . . D rue improvisée des vêtements mili- BireSs à + + »+ « 288 Distinctions et Solennités scientifiques. Election à l'Académie des Scinces de Paris. . . . . Le Concours Solvay (1910-4914): - …. . . .. . . 2. Election d'un Secrétaire perpétuel à l'Académie des SCIENCES MER PARIS RE on ee Mheirlete Remise de la médaille Gaudry. . . .. . . . . . . . Election de M. Raymond Poincaré au rectorat de l'Université de Glasgow. Là: 3.2.1. Electricité industrielle. Granexwirz (Alfred). — Nouveau perfectionnement de la télé-photographie Korn.. . . . . . . . . . Mancaaxp (H.). — Installations électriques du chemin de fer à courant continu à haute tension Butte- ANACONA EP CE EC ne SEE - — Un nouvel oscillographe. . + + . .". … - …. . Sur un nouvel élément à gaz de grande capacité. . . Le système Korn de télé-photographie sans fil . . . . Bobines incombustibles 4 CRM CRT CURE" Le train volant de M. Bachelet. . . Le nouveau Bureau central des Téléphones de Dresde. La dense radiotélégraphique transatlantique de Tuc- serton Enseignement. La préparation des futurs professeurs de mathéma- liques des lycées . . . Géographie et Colonisation. Czercer (Pierre). — La question des Nouvelles-Hé- 158 (ee ER CE UC PO ET A CRTC — La périodicité des crues glaciaires. . . . . . . . ParMENTIER (Georges). — Une nouvelle expédition po- ÉTERNEL NS = ReceLs?erGer (Gustave). — Les traversées du Grœn- land : Rasmussen le capitaine Koch. . . . . . . — Découverte de terres nouvelles dans l'Océan Gla- CIAATEIQUER LAS E de dar-nric ali Lee — L'expédition du D° Mawson dans l'Antarctique. . — La route de mer d Europe en Sibérie. . . . . . . — Le voyage du Dr Montandon dans l'Ethiopie. . . Rouzzer-Cnéry (Lucien). — La croisière de la Æevue générale des Sciences en Egypte et au Soudan Lu EN CRRMRENEN RE CREER NE — Une oasis d'Egypte : Khargeh. . . . . . . . . . Scouscn (N.). — Les sources non-musulmanes et la science historique au Maroc. . . . . . . . . . . Géologie et Paléontologie. Deswarers (M.). — Les dégagements de grisou. . . . Structure polygonale sur des roches gréseuses. . . . 29578 221 820 TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES Mathématiques. Les zéros de la fonction de Riemann. . . Le problème de Monge . Mécanique et Génie civil. CLerGer (Pierre). — Le rendement du travail de l'ou- NORME CE. : NE CRE NER 0 — La production métallurgique et minière aux Etats- COS RER ANR EE NA CTENNSENS A JE SES Une nouvelle machine fr igorifique SE Ta er Mo Les moyens d'économiser le combustible guerre Météorologie et Physique du Globe Perron (1.). — Mesures des perturbations du champ magnétique terrestre au voisinage des dynamos. — Relation entre les poussières volcaniques et les Changements de cllinat EU TENTE EE L : — Sur l'observation de la température du sol. Les tremblements de terre en Chine. . . . . . IODOOELaDhE ES VAR NPA RUES ER Le régime des pluies en Indochive en 1913. . | ; Minéralogie. Origine radioactive de la couleur des zircons Wécrologie. Cnonatr (R.). — Philippe van Tieghem (1839- 1914). Correr (Léon W.). — Sir John Murray (1841-1914). . HEGeR (PAU) AH; RTOonECkKET A EN ONE EN LE CHaTELIER (Henry). — G. Wyrouboff. . . , . . . . REGELSPENGER (Gustave). — Fernand Foureau. . . — Emile Gentil ste ercapitainelCorlier 0.1 21: SAUVAGE re ]. — Rudolph Diesel . Tassiczy (E.). — Charles Lauth. ANMANICONSIAerO PRE NTI NICE ANRT LEE OL NOUS ET AMEN AMAUPRE PAR Cr LS Physique. Bouraric (A.). — Sur le problème de la relativité. Croze (Francois). — Etudes nouvelles sur la constitu- tion des FDAAUES de lignes "2 Desmarers (M.). — Sifflet indicateur de grisou. 173 218 174 285 4164 581 130 761 135 L'analogue électrique de l'effet Zeeman Les TAYONSO ERREUR La liquéfaction et l'ébullilion du charbon . . . .*. . Bolomètre utilisé suivant une méthode de zéro. L'ionisation de l’air en vase clos et la radiation péné- trante : Changement d'état solide-liqnide à haute pression. Action du magnétisme sur la marche des chrono- Môtres A ER RE TR RE - PRE GexpripcipetderelatiVité TERRE Mesures absolues de l'énergie emmagasinée dans les matières phosphorescentes MER: COR < Nouvelle machine électrostatique . . . . . . . . . . L'effet longitudinal exercé par le champ électrique sur/les lionessprctrales PCR La décharge par lueurs dans les champs cylindriques sous la pression atmosphérique. . . . . . . . . Phénomènes de décharge observés dans des ampoules CDAQUATIZ EE PNR NT PER RCE Réflexion sélective produite par les solutions dans INfratOoUgE LT entre a NT CCR Conditions électriques pour le passage du spectre de l’arc'au spectre de’l'étincelle F2". Nc Origine de l'ionisation produite par le carbone incan- CCR NOM EE TA 6, à © : La détermination de l'intensité et de la dureté des FAYONS MMM Eee ECNE METR PACE L'influence de certaines radiations et du champ alter- natif sur la vitesse du son dans les gaz. . . . . . La résistance électrique du bore.. Sur la production de la décharge électrique en aigrette. Théories corpusculaires de lÉlumiere ti PES Sciences médicales. L'hygiène et les poussières dans le Métropolitain de PANSEMN SELLE I NE CNE ONE Comment se protéger contre le froid aux mains et BUXAP EU Eee ee CEE POLE Sur certaines blessures graves par balles de fusil. . Zoologie, Anatomie et Physiologie de l’homme et des animaux. Bu (Henri). — Nouvelles recherches sur l’utilisation de l’avoine dans l'alimentation humaine, en parli- culienmceledursoll a EEE EE Lomatiéretet aient. "ACER ER Lerchien de Mannteim-. TEE DUC CE Recherches relatives à l'air expiré CRAN RUET c Le vol dela mouche domestique. . - : : : ….. . | Le travail et l'emploi respectifs de la main droite et de lamain/gauche "2600 ER ER Influence de l'ingestion d’une grande quantité d'eau sunda direstion. 0e II. — ARTICLES ORIGINAUX Anthropologie. Hucuer {J.). — Les races marocaines. . . . . . . . . ManGuet (F.). — Les courbes de hauteur et leur em- ploï en Navigation et en Géodésie. . . . . . . . Puiseux (H.). — Revue annuelle d'Astronomie . ... . Botanique et Agronomie. Brcovuenez (Paul), — La vie latente, Sa nature et ses conséquences pour certaines doctrines de la Bio- logie contemporaine... : 1, ,, 0 sat 559 Bennarn (Noël), — Espèces et variétés. . . . . . . F Boupy. — Les forêts duMaroc…….". . | Vries (Hugo de). — Sur l'origine des espèces dans les genres polymorphes. "1%," . . VurccemiN (Paul). — Poisons et aliments des cham- OO EMPMENNS o 06 CCR à L'hydraulique agricole au Maroc . . . . . … . . . . Chimie. BauME (Georges). — Sur quelques applicalions de l'analyse thermique . . . . . . . Bouraric(A.) — Sur quelques c onséquences physico- chimiques des mesures de viscosité. Bruxer (L.). — Les répercussions de la guerre sur la production et l'approvisionnement de certains MÉTAUN COOP à » 1» 2e ve NAT TER Desmarers (M.). — Etat actuel de l'industrie du gaz. Apart tieAReDDIPELLOU |. P,NNSRONP INR RARE — 2° partie : Récupération des sous-produits el épu- ration . 545 733 769 506 350 187 24 354 TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES Maicue (Alph.). — Revue de Chimie organique. . MariGxon (Camille). — L'Industrie de l'lode. Son his- CO CRE ENQUETE RER Ryp8erG (J.-R.). — Le système des éléments chi- LIOUES EN Me so arc) 01 M NUS Ne Surrs!(A.). — Nouvelle théorie du phénomène de IMG ORERIAIPPENPETAT € PES Enseignement. Biocue (Ch.). — La Conférence internationale de l'Enseignement mathématique. . . . . . . . .. Géographie et Colonisation. ALLUAUD (Ch.) et JEANNEL (R.). — Le mont Kénya en Afrique orientale anglaise. . . . . . ÉMIS LE BEesnarp (René). — Le lotissement de la ville nouvelle DEUMALDA REC ANR eme ee ane ae 0 Ua Bouoy. — Les forêts du Maroc. . . . . . . . . . . . CuerGer (Pierre). — Le commerce du Maroc. . . . . — Revue de Géographie économique. . . . . . . . Gaunerroy-DEMOMBYNES. — Les langues du Maroc. . . 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Porcuëé (Georges). — Le port de Tanger. . . . . 318, REGELSPERGER (Gustave). — Une grande étude géogra- phique : L'Atlas de la Société de Géographie de PRE 0 TS COTE NO En, SERRE NC Renauv (J.). — La barre sur la côte atlantique du HÉROS RME : 42 RENE Vincewr (H.). — La lutte contre la fièvre typhoïde au RC AMEN NET à 121 ON en ERP LEE Zuusieac. — Le fonctionnement du Service de la Santé et de l'Assistance publique au Maroc. . . . . . . PT ON EU MATOC ER CE Dee Le port de Casablanca. . ; L’hydraulique agricole au Maroc. . . . . . . . . .. L'organisation judiciaire au Maroc. . . . . . . . . . Géologie, Minéralogie et Paléontologie. pétroles. . . . GLANGEAUD (Ph.). — Les plus jeunes volcans de la France.’ La/chaîne des Puys. . . . ... : . . à . : Teruier (Pierre). — Eduard Suess (1831-1914) . . . . Mathématiques. Biocne {Ch.). — La Conférence internationale de l'Enseignement mathématique. . . . . . . . . . Lorentz (H.-A.). — Considérations élémentaires sur letpuncine deals 2... . UM NN OcaGxe (M. d'). — Le rôle des Mathématiques dans les Sciences de l'Ingénieur. . . . . . . . . . . . 67 511 134 191 466 SraeckEL (Paul). — La préparation mathématique des Ingénieurs dans les différents pays. . . . . . . . Mécanique et Génie civil. Nécrologie. Termier (Pierre). — Eduard Suess (1831-1914) . . . . Physiologie. BecaTErEw (W.) — Les systèmes biochimiques et leur rôle dans le développement de l'organisme . . . STROUL (J.). — Revue générale de Physiologie des LHVORÉDRÉS "8 + 2 SEEN RES . . 626 Cousrer (Ernest). — La cinématographie en couleurs. Statistique. Huser (M.). — La Statistique générale de Ja France. Zoologie et Anatomie. GRAVIER (Ch.). — Revue de Zoologie (Vers). . . . . . GRuvEL (A.). — L'industrie de la pêche au Maroc . . — Les langoustes des côtes de Madagascar . . . . . LacuessE. — Revue d’Anatomie . . . , . . . . . Moxon (Th.). — De l'élevage au Maroc. . . . . . . . MuLox (P.). — Les lipoides envisagés du point de vue HiStoloPiquen PSE RE ee NE Roue (L.) — La biologie et la pêche du thon dans la Méditerranée occidentale ... .. . VazraAux (Camille). — L'industrie des pêches dans la OL CURN OUEN ME ide NOR DE Weser (A). — Revue d'Embryologie. . . . .:. .. Revues générales. CuerGer (Pierre). — Revue de Géographie économique. GraAvier (Ch.). — Revue de Zoologie (Vers) HouLLeviGue (L.). — Revue d'Optique . . . . . . .. LAGUESSE (E.). — Revue d'Anatomie . . . . . . . .. MaiLEe (Alph.). — Revue de Chimie organique. . . . Mauraix (Ch.). — Revue d'Aérotechnique expérimen- VAIO RS T CNET TENTE SR PRPENTT 7 Purseux (P.). — Revue annuelle d'Astronomie. . . . SrRoHL (J.). — Revue générale de Physiologie des NO RE le COPIER EEE NE 474 595 665 422 TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES ITT. — BIBLIOGRAPHIE I°{SCIENCES MATHEMATIQUES 2° SCIENCES PHYSIQUES Mathématiques. Physique. 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Feur (H.). — Compte rendu de la Conférence interna- Huçues (A.-H.). — Photoelectricity. . . . , . tiouale de l'Enseignement mathématique. . . . . 815 | Kaxe (G. W. C.). — X Rays . , . . . . . . . OR Gnersr (Î.). — Matematica dilettevole e curiosa. . . 687 | Lermoyez (Marcel). — Notions pratiques d'Electricité Hiserr (D.). — Théorie des corps de nombres algé- l'usage (desménecins el EN EE DTIQUES EN CE CE SITE Me tele: 447 | Lorentz (H. A.), Einstein (A.) et Mixkowsxt (H.). — KnogLauCr (J.). — Les bases de la Géométrie infini- Das RelaUVIEASPrINCip Re ET TIR CCR tésimale AE OM Dr ne 203 | Marois (L.). — Le froid industriel. . . . . . , .» Laroureur (M.). — Cours de Calcul algébrique, diffé- Ouxivier (H.). — Cours de Physique générale, t. IL. MENNOISEDANTÉRTAl Dee cle et UE 568 Thermodynamique et énergie rayonnante. . . . 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TMS INALÉLIEIlS PE EM eee are Ur Eee 527 | BAUER (Hugo). — L'état actuel de la synthèse des al- Descroix (L.). — Compte rendu du XLIIe Congrès des caloïiies vésétaux PEN ER EE délégués et ingénieurs de l'Union internationale BerrranD (G.) et Tnomas (P.). — Guide pour les ma- des Associations de surveillance des chaudières à nipulations de Chimie biologique . . . . . . . . vapeur, tenu à Munich, du 26 au 28 juin 1942 . . 568 | BimxGuccio (Vannoccio). — De la Pirotechnia , . . . Evmoxp (M.). — Accèssoires de coque. . . . . . . . 193 | Bonx (Richard). — L'emploi des terres rares. Revue EscarD (J.). — Le travail mécanique de la pierre dans critique Lente UC URSS HRUUSETIBS ES eee tease mode ete ele PE 36 1 CuaPLeT (A.). — Les apprêts textiles. . . . . . . . . Frick (P.) — Mécanique ét Electricité industrielles. 214 | Damour (Emilio), Carnot (Jean) et RENGADE (Etienne). De GRamoNTr, DUC DE GUICHE (Armand). — Essais d'Aéro- — Les sources de l'énergie calorifique . . . , . VRAAUE SN EN NE A NAT E Ce Ne 407, 751 | Descn (C. H.). — Intermetallic compounds . . . . . Gros (Charles). — Echappements d'horloges et de Dony-Hénauzr (0.), Gaz (H.) et Guye (Ph.-A.), — LD RO M A ENT AE NT AAA; De ECE ae. 31 Principes et applications de l'Electrochimie. . LecouTE-DENIS. — Comment on crée une mine. . . . 161 Duccoux (Ë. Herrero). — Los Estudios quimicos en Lumer (G.). — Essais et réglage des moteurs. . . . . 568 la Republica AT£eDIMa PEER RUE ENS Monrrz (F.). — Les moteurs thermiques dans leurs Errronr (Jean). — Les catalyseurs biochimiques dans rapports avec la Thermodynamique. . . . . . . 193 latvietetidans lIDOUSIDIE ER +. LUN NE Mourer (Ludovic). — Aide-mémoire de l'officier de la Ekecrantz (Thor). — Histoire de la Chimie . . , . . anime marahande EMEA PIQUE. EIRE 119 | Erpmanx (H.). — Traité de Chimie minérale. . . . . Perrr (F.-R.). — Les hydro-aéroplanes. . . . . . . 32 | Hanpen (A.). — Fermentation alcoolique. . . . . . . Pagynar (André). — Traité pratique du moteur Gnome. 651 | Hercay. — Nettoyage, détachage, dégraissage, blan- Sairurar (M.) et Perr (H.). — L'automobile à la por- chissage, bIanChIMENTEEMENENEC téardartout le: mende:ih: sacre EEE 688 | Horrmann (F.). — Les huiles essentielles. . . . . . . Tunix (André). — Les loyers de chaudières, leur con- Husaurr (Paul). — Les coulisses de la fraude; com- struction, leurs accessoires, leurs services annexes. 7ül ment on nous empoisonne , : . . . . . . . .. Isvnarr (G.) et Loncnescu (G.). — Cours élémentaire : 2 OR pe N de Chimie et de Minéralogie . . . . . . . . .. Astronomie, Géodésie ei Météorologie. Kempr (R.). — Table des combinaisons organiques les plus itnporlantes, classées d'après leur point de Bakuuyzex (H.-G. van de Sande). — Comptes rendus FUSION EE CRT. COR des séances de la XVIIe Conférence générale de Le Cnarezter (Henry). — La Silice et les Silicates . . l'Association géodésique internationale. . . . . 489 | Levenur (A.). — Les laboratoires sidérurgiques . . . Buravanp (H.). — Les lois empiriques du système s0- Maïccann (L.-C.). — Genèse des matières protéiques laire et les harmoniques tourbillonnaires. . . . 204 et des matières humiques : actions de la glycérine Moxe (Marcel). — L'Astrouomie. . . . . . . . . . . s0 et des sucres sur les acides «-aminés . . . . . . Publications of the Dominion Observatory (Ottawa). 31 | Mançivaz (K.). — Les colles. . . . . . . . . . . . . Relatorio do Observatorio Campos Rodrigues em Mowressus DE BALLORE (I. de). — La fabrication des Lourenco METIER ee 1002. A. ER 407 celluloses de papeterie autres que celles de bois. ea D = Cr 19 92 205 NoëLe (N.). — Fabrication de PADIGIME: +. Slt 25e Roscor (Sir H. E.) et Scnorcemmen (C.). — A trealtise on Chemistry. Il. The metals . . , Roux (1.). — Les laboratoires industriels d'essais | en trot SABATIER (Paul). — SocarA (Al.). La catalyse en Chimie organique. — Etude microscopique et chimique pour la différenciation des fibres végétales, laines, poils, duvets, soies naturelles et artifi- Gels enr . MONS GS CIO RNCS E Tiuvex (Sir William A.). — Les progrès de la Chimie scientifique à notre époque. . . . . - . . . . . ULLMANN (F.). — Travaux pratiques de Chimie orga- CACHE Es à LS core Un8aIN (G.) et SÉNÉCHAL (A) — Introduetion a Ja Chimie des complexes. Théorie et systématique de la Chimie des complexes minéraux Vassarr (Abbé). — Couleurs et colorants dans l'indus- LHBUS LICENSE NS ERP NE TOC Wazkeu (J.). —.Einführung in die physikalische Che- Eee CE APN OU EEE MORE ATEN Werner (A.). — Neuere Anschauungen auf dem Gebiete der anorganischen Chemie . . , . . . . WeyL (Th... — Les méthodes de la Chimie organique. GENERAL: Luberon too ocre ee Les classiques de la Science, v. 1 à 4. . . . . . . . Les progrès de la Chimie en 1942 . . . . . . . . . . 3° SCIENCES NATURELLES Géographie. Barrère (Henry). — Carte du Maroc. . . . . . . . . Bervaro (Augustin). — Le Maroc. . . . . . . . . . Besxaro (René) et AYMARD (Camille). — L'œuvre fran- caise au Maroc (avril 1912-décembre 1913) . Dusois (Marcel) et KERGOMARD (J.-C.). — Cartes géné- rales des cinq parties du monde. Afrique. FPacske (Maurice}—Maroc. tn SL Gaururoner (E.). — Tanger. Son port, ses voies de RéROMaLON ES RS Se do Ho 0 MarriN (Percy F.). — La Grèce nouvelle. . . . . . . Marronxe (Emm. de). — Traité de Géographie phy- sique. Climat, hydrographie, relief du sol. Biogéo- HonuCe Eee MS ORNE. RCE Moxcnicourt (Ch.). — La région du haut Tell en Tuni- sie (le Kef, Teboursouk, Mactar, Thala) . . . . . PERRET (Robert). — La géographie de Terre-Neuve. . Pruiserr (Vice-Amiral). — Les opérations de la Ma- rine au Maroc (1901-1908) Reccus (Onésime). — Atlas de la plus grande France. Sorre (Maximilien). — Les Pyrénées méditerranéennes; étude de géographie biologique. . . . . . . . . . Géologie, Minéralogie et Paléontologie. Carpentier (Abbé A.). — Contribution à l'étude du Carbonifère du Nord de la France. . . . . . . . Bouze (Marcellin). — L'homme fossile de la Chapelle aux Saints Cuacox (Paul-F.). — Eaux souterraines. Recherche, captage et purification Dgerar (J.) et Maxsuy (A.). — Etude géologique du nn oriental Durouyx (G.). — Etudes minéralogiques sur l'Indochine ÉCANCRIS ES CORPS . - 2 0e ce Escano (J.). — Les pierres précieuses. . . . . . - . Gignoux (Maurice).— Les formatious marines pliocènes et quaternaires de l'Italie du Sud et de la Sicile. Isrrart (C.) et LonciNescu (G.). — Cours élémentaire de chimie et de minéralogie. . . . . . . . . . . PELOURDE (F.). — Paléontologie végétale. Cryptogames cellulaires et cryplogames vasculaires. . . . . . Serivenor (J.-B.). — La Géologie et l'Industrie minière du district de Kivota, dans les Etats Malais. Botanique et Agronomie. Cours (H.). — Comment on collectionne les fleurs, les NÉTES MEN TIET ES ER. - : à 0 - CraMER (P.-J-S.). — Gegevens over de variabihteit van de in Nederlandsch Indie verbouwde Koffie- Sorten Jacouor (A-)}— Sylviculture. >." 1... : . . . ayt 207 TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES ——————…——…—…— —…"…—…—…—… ——_—————————…—…——……—….….…—………—……………………—……—……—…—…—…—…—.—.—.—..—.—.——.—.—.—.——.—.———.…——.—.—.—.…—..———— JuueLce (Henri). — Les cultures coloniales. Plantes à sucrer Café; CACRO, NÉ, maté, . 14 . 0e ne Joxezce (H.) et PerRiER DE LA BarTie (H.), — Palmiers ROME OT EEE Neveu-LeMaAIRE (M.). — Parasitologie des plantes agri- Poucer (L.), LÉONARDON (F. \ et CHoucnak (D ). — Agro- logie du Sahel. I. Sahel d'Alger. . . . . . , . . Rivière et Leco. — Traité pratique d'Agriculture pour femordrde AMIE REP IE LL. . 0: SaBacuniKOrr (Vladinur). — Contribution à l'étude des fumées et des poussières industrielles dans leurs rapports avec la végétation. . . . . . . . . . . WiLoeuax (Em. de). — Etudes sur la flore du Katanga Zoologie, Anatomie et Physiologie. BARBEY (A.). — Traité d'Entomologie foreslière . . . BECHTEREW (W.). — La Psychologie objective. . . . Boxer (Amédée). — Les problèmes de la détermina- HONNOUL SELS PR SN EL RE Borbas (Manoel). — Contribution à l'étude de la spermatogenése dans la Sagitla bipunctata. . . Brires (G.). — Investigacois istologicas. . . . . . . CaTHELIN (F.). — La circulation du liquide céphalo- rachidien, avec applications à la thérapeutique. CauzuerYy (Maurice). — Les problèmes de la sexualité. Chaine (J.). — La Cécidomyie du Buis. RARE CRressox (André). — L'espèce et son serviteur. DELAGE (Y.) et Gocpsmiru (M.). — La Parthénogénèse naturelle etfetpérimentale "nn Garix (Charles). — Recherches physiologiques sur la fixation et le mode de nutrition de quelques Nématodes parasites du tube digestif de l'homme eLTAESTADIMAUX- RER SU Houaro (C.). — Les Zoocécidies des plantes d'Europe et du bassin de la Méditerranée. . . . . . . . . Le Danrec (Félix). — Evolution individuelle et hérédité. MaurEez (Dr E.). — Essai sur l'alimentation dans les SROTTS 0 Ne Ru Ne EN CEE Mayer (Lucien). — Le développement physique de l'enfant. Etude sommaire des principaux éléments de la croissance normale du corps de l'enfant. Neveu-LEemaAIRE (M.). — Parasitologie des plantes agri- COIES 2 0 NSP MNT ER RP ll UE Piéron (Henri). — Le problème physiologique du SOIENT LR PEN EE Roue (L.) — Trailé de la pisciculture et des pêches. SNETHLAGE (Mlle E.). — Catalogo das Aves amazonicas. TEeRROINE (Emile). — La sécrétion pancréalique. , . . Vawssière (A.) et GERMAIN (L.). — Mollusques de ‘la France et des régions voisines. . . . . . . . . WaLzAce (A. R.). — Le monde de la vie. . . . . .. 4° SCIENCES MÉDICALES Médecine. Bonxier (Pierre). — L'action directe sur les centres nerveux. Centrothérapie. . . - . . . . . . . . . Cousrer (E.). — Les rayous X et leurs Cave (E — ) ANNE (G sité de Gand en 1913 Laxpouzy (L.). — Eléments d'Anatomie et de Physio- logie lien EUR LE EROEE — PAR c ROSENTIIAL (D' Werner). — Tierische Immunität. Sencexr (Emile). — Technique clinique médicale et Séméiologie élémentaires. . . . . . . . . ..: . Hygiène et Thérapeutique. Baraizcer (A.) et Tresront (E.). — Cours d'hygiène cenerale et moustuele re Se, - EurLicu (Paul). — Communications sur le salvarsan, D'RIeMEVOINNE CORAN MN . 5° SCIENCES DIVERSES Amar (Emile). — L'organisation de la propriété fon- cière au Maroc. Etude théorique et pratique. Arix (Félix). — Le régime légal des mines dans l'Afr ri que du Nord. Tunisie, Algérie, Maroc. Textes et AHEUÉDES ET SRE RTS - #12 271 TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES 824 Bourney (G.). — Le problème de l'apprentissage et l'enseignement technique. . . . . . . - . . . . Cornugerr(R.).-Dictionnaire allemand-francais etfran- cais-allemand des termes et locutions scientifiques. Deuger (Pierre). — La science et la réalité. . . . . . Gaunerroy-DEMONBYxES (M.) et Mercier (L.). — Manuel d'arabe marocain, avec introduction historique et géographique . DNS oo lee si 7e, ele A PDC GurzzemiNor (H.). — Les nouveaux horizons de la SCien CENT ULPRMITE EME... CRC Hozrz (Louis). — Traité de Législation marocaine, . Lonbier (Ch.). — Economie politique et statistique. . PERCIN (Général). — Le Combat. . . . . . . . . . - TayLzor (F.-W.). — La direction des ateliers. . . . . Zacox (L.). — Manuel pratique de prévention des accidents (At {ra val E RE N CRRE Ê IV. — ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER Académie Séances des 15 et 22 Séances des 16, 23,30 décembre 1913 . . . . . "en Séances des 13 et 20 décembre 1913 < 97 29 12 et 19 9 et 16 a 0,17, 24,31 , 14, 21, 28 5 et 12 19 et 26 3et9 16 = LATE EL OT OL des Sciences de Paris. décembre 1913 janvier 1914 février mars juillet septembre — octobre novembre Académie de Médecine. — Get 43 janvier MEET N ER: se — 20 — du CC ie — 27 — 0 OT ER eu D — 3 END TO D Len SOS OCT 1 — 10 et 17 — VE ARR: 2 UC: — 24 — TAN — 3 mars de, slt de pre — 10 et 17 — ES ER LU SC — 31 _— = nds ste RS Re — 1 avril = HN PEUR _ 14 et 21 — R Ch 7 _ 28 — TN 8 Et LA OPES cr ME — 5 mai ÉRPRNRR EREE — 12, 19 et 26 = TE CRE Es — 2 juin RE LU RE MANIERS à — 9 et 16 — re ie nine + — 3 et 30 — Me UE œufs le — 7 juillet REA: CA ONLE — 21 et 28 — nn AN AL OCREORETe — 6,43, 20,27 octobre — . .1. : . . . . _ 8, 40, 17 novembre — . . : . . . : + Société de Biologie. Séances des 10 janvier 19146. . te. — 17 et 24 _ = Wii RSC — 31 — = ts CCE — 1 et 14 février ‘21.4 CR — 21 — 0 N'ES — 28 — A I CO) — fl mars OOo à 0 — 14 et 21 — RE M lc — 28 — Re — 4 avril AR OI PTS à — 25 — RMS CIRE — 2 mai RE — 9 — EE - — 16 — M AO © — 23 — PDO te — 30 — fi LOC — 6 et 13 juin Ml IS UMENMERESE — 20 — = 1 4 NRC RER —— 27 — = 0 LORS EE — EN Quilet LOIRE — 11 — RU - — 18 — TL 20) oi CENTER — 25 — RO ER Ge © 5 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX Séances des D'AdECeMbre AT1S MERCURE Due — 6janvier) MAO NEC ERP — EAN 120 2 9 ©) Se Se — 3 mars Ne Lee . — 21 avril TAN EN NOR E ARS - — 5 mai RE NS à € — RE TS Gi 0 510 RÉUNION BIOLOGIQUE DE LILLE Séances des 14 mars AAA PEN. : — # avril a er à le OR — c mai Te 25) SR — 43 juin EE 0. TCURR — 11 JU ENT. : . © COM RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE Séances des A6 décembre. 19134... EE — 20janvien 1914. . ANBTENTIeN» :—"L.. VERRE — 17 mars — 1h CORRE : _ 24 avril —" 15 LR _— 19 mai — fs PR TE — 16 juin — SÉRENS SOES — 10 juillet — RIRE CE RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY Séances des Bédécembre AJ EEE — A9Manvier | ANSE _ AT février CR PPT € — 16 mars ne —_ 19 mai ER ER E AN juillet ! MR ONE Société française de Physique. Séances des 5 décembre 4943... _ 1 — et Ut ME ‘ Séances des 16 janvier — (n février = °0 Es — 6 mars = °0 Es — 3 avril — 4er mai — 5 juin — 19 3 juillet Société chimique Séances des 28 novembre ! — 12 et 26 décembre — 9 et 23 janvier _ 13 février — 13 mars — 24 avril — 8 mai == 92 = — 12 juin — 26 18 juillet TABLE» ANALYTIQUE DES MATIÈRES Société Royale de Londres. Séances des 13 et 20 movembre 1913 . . . . . . . . —— 927 er —UMNET COCA TE CRE — fonret SAdÉCeMDren— 007 - < , . — 11 — = PANE AT POP ES Het aderanvien LITE TENTE Le «à — GT MENT AN EE PEN TORCNE — A2 en = PARPREREN — 19 — RAS NE MN ER IE — 26 — IE à À . — 5 mars AN As STodEcut — 12 — A CA ce ETES NE — 26 — RL LE LOT TEL — 2 avril MR PCR UE — 30 - — D D lt tdiare 1 mai RES mn es ee — 14 et 21 — +. REMORQUE — 28 — = + A PRO EN TE C RE _— 11 juin Re dre — 25 _— — PRE NCA 803, | Société de Physique de Londres. Séances des 23% ane aol ie — AS UTP mr 20e — 21 c- ARE Et NÉS | — 13 mars TU PES ME CE | — 21 — NE Ci oMEN Ce à | — 8 mai =, Eee seb Al fle | — 22 - UE — 12 juin ne es «te PS — 20 RS ee re ll de | — 26 - MT ME AS Société de Chimie de Londres. + Communications reçues pendant les vacances. … . . . > Séances des 6 novembre 4 décembre (ile a | 22 janvier 5 février 19 — 1913 1ILE, HR cite Séances des [RSRIRIR TE mars 1914 5x0 et avril EP a mai _— 518, juin LA PRET Société anglaise de Chimie industrielle. Communications diverses . 128, 129, 171, 283, 457, 458, 497, 519, 619, 698, 699, 727, Académie des Sciences de Berlin. Séances des 13, 20, 27 11 novembre 1913 décembre — janvier 1914 . . ÉEVTICr = URES STADE mars avril (Ten Société allemande de Physique. Mémoires présentés au Congrès des naturalistes et des médecins allemands, à Vienne (21-28 septembre) . Mémoires présentés en octobre 1913 novembre 1913 décembre 1913. . . . janvier 1914 févrien dE. 0060 MAS AE NE avril 191% pe Nese TR CIE RS ki EE Académie des Sciences de Vienne. Séances des novembre 1913} 1671/6002 décembre" OCT EN LERE A ASRE À Ch février — mars ET D Or mai — Académie des Sciences d'Amsterdam. Séances des Séances d’ pre septembre Mie 0 En: 20 M OCIODI ENS CRE CNE 99Énovembrer We CL LE y MS ÉTAO E ET 1 ECS ER Te M Ne MEN AE ENORME 28 février NN HO Ie 28 mars TUE EU EMA > AS 24 avril — 660, 30 mai AR L'ENCRE Académie royale des Lincei. OCIGbre AMIE RCE, . DOVEMDPE RTE décémbrer 40... AAC: janvier AMEN. LR 420, vrier, NN. - ex. 120, TABLE CONTENUES DANS LE TOME A AcGaDémIE. — Eleclion à l'Académie des Sciences de Paris. — Election d'un Secrétaire perpétuel : à l'Académie des Sciences de Paris. . _ . AGCIDENTS. — Manuel BFAMQUE de prévention des accidents du travail. . . : : Acier. — Fabricalion de l'acier - UE AÉRODYNAMIQUE. — Essais d'A‘ rodynamique. . 403, AÉROPLANES. — Signaux pour l'atterrissage de nuit des aéroplanes. . AÉROTEGHNIQUE. — Revue d' Aérolechnique expérimen- tale. : ArriQue. — Cartes générales des cinq “parties ‘au monde. Afrique. . . : — Traité. pratique d'Agriculture pour le nord de l'Afrique . — Le régime légal des inines dans l'Afrique ‘du Nord. Tunisie, Algérie, Maroc. Textes et documents . AGricuzrure. — Nombres-index exprimant l'aléa de la production agricole en France . . — Traité pralique d'Agriculture pour le nord de l'Afrique . . . . Air. — Recherches relatives à l'air expiré. hic 2 ALCALOÏDES. — L'élat actnel de la synthèse des alca- loïdes végél Ux "0 : AuGÈèBke. — Lehrbuch der ALIMENTATION. Essai sports . . — Nouvelles recherches sur l'utilisation de l'avoine dans l'alimentation humaine, en particulier celle du soldat. : ALLIAGES. — L' application du carbure de calcium à la formation des alliages. . . Azcorrore. — Nouvelle théorie du phénomèr 1e de l'allotropie . . de — L'application de la théorie de l'ailotropie aux équilibres électromoteurs . : 2 AMMONIAQUE. — Fabrication d’ ammoniaque au moyen de combustibles . ANALYSE CHIMIQUE. — Sur quelqu s applications ‘de l'analyse thermique. ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Lec ons sur les principes ‘de l'Analyse. T. Il. . — Les principes de l Analyse mathématique. Exposé historique et critique. . . : ANALYSEUR. — Sur un analyseur elliptique à pénombre. ANATOMIE. — Revue d'Analomie. : — Eléments d'Anatomie et de Physiologie médi- cales . . AN&YoRIDE, — Conductibilité ‘électri ique de | anhydride sulfureux ass et de qe mis autres liquides purs . . ANTARCTIQUE. — L'expédi tion du Dr l'Antarctique . APPRENTISSAGE. — Le problème de l'apprentissage et le e nseigne ment technique . . . Arrnèr, — Les apprôts textiles . sb ne Anaëe. — Manuel d'arabe marocain, avec introduc- tion historique et g'ogr aphique. . ce Anc. — Sur l'arc au mercure à courant alternatif . : ASTRONOMIE. —/L'Astronomie . . . . .:. . . . . . . — Revue annuelle d'Astronomie. . . ATELIERS. — La direction de: ateliers . ‘Alsebra. à sur l'alimentation dans les ‘Mawson dans * Les chiffres gras reporlent aux arlicles originaux. ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES ATLAS. — Atlas de la plus grande France . . AUTONOBILE. — L'automobile à la portée de tout le monde . NE DS NP ee UE à B BaLLes. — Méthode pour la mesure de !a pression produite dans la détonation des explosfs forts ou par le choc des balles . — Sur certaines blessures graves par balles de fusil. BarRnE. — La barre sur la côte atlantique du Maroc. . Bases. — The simpler natural bases. . . Berienave, — Comment se forme le sucre dans la betlerave. . 1e — Le dévelo onpement de la betterave à sucre pen- dant la végétation. BIRÉFRINGENCE. — La biréfringence “électrique du sul- fure de carbone. . . me RS RouNEs. — Bobines incombustibles . RL Bocouèree. — Bolomètre utilisé suivant uue ‘méthode de zéro. ER CR à 0 Bone. — La résistance électrique du bore BUREAU. — Travaux et mémoires du Bureau interna- tional des Poids et Mesures. . . . . . . . C Caré. — Gegevens over de variabiliteit van de in Nederlanisch-In lie verbouwde Koffe-Sorten. . CazcuL. — Cours de Calcul algébrique, différentiel et intégral. Caxava. — La session du XII ‘Congrès géologique in terna'ional au Canada . . CaxaLz. — La reconstruclion du ‘canal ‘de Kiel. CaRuONIFÈRE. — Contribution à l'étude du Curbonif ère du Nord de la France. Cartes. — Cartes générales des ‘cinq parties du monde. Afrique. . où - CasaBLanca. — Le port de Casablanca. ; CaraLyse. — La catalyse en Chimie organique. CaraiysEeurs. — Les catalyseurs biochimiques 6 dans la vie et dans l’industrie . . . . EE , Cécivouvie. — La Cécydomyie du Buis. GELLULOSrS. — La fabrication des celluloses de pa peterie autres que celles du bois . CRE — L'action directe sur les centres nerveux. Centrothérapie . . È CERCLE. — Le problème ‘de la division du cerele. Cuavr. — Mesure des perturbations du champ ma- gnétique terrestre au voisinage des dynamos. Contribution à la réalisation de champs magué- tiques élevés . . . . La proluetion des champs magnétiques et le projet du gros électro-aimant de l'Uuiversité de Paris . E 626, CnauPIGxoxs.— Poisons et aliments des ‘champig gnons. CnanBox. — La liquéfaction et l'ébullition du char- porn CHAUDIÈRES. — - Compte rendu du XLIL Congrès des délégués et ingénieurs de l'Union internalionale des associations de surveillance des char dières à vapeur, tenu à Munich, du 26 au 28 juin 1912. Cuemin pe ren. — Installations électriques du chemin de fer à courant continu à haute tension Butte- Anaconda. $ ERA es CniEx. — Le chien de Mannheim. XXV DE LA REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES PURES ET APPLIQUÉES" 109 688 568 503 178 Cuire. — Revue de Chimie organique. — Traité de Chimie minérale. . . : — Cours élémentaire de Chimie et ‘de Minéralogie 2 — Les progrès de la Chimie en 1912. . . . ... .. — A treatise on Chemistry. Il. The melals . — Guide jour les manipulations de Chimie biolu- gique. . — Neuere Anschauungen auf dem Gebiete der anor- PARIS GReAONANLE. 0... . 0. NL — Histoire de la Chimie. — Los Estudios Ress enla Republica Argentina. — Les méthodes de la Chimie organique . — Travaux pratiques de Chimie organique. — Les progrès de la Chimie scientifique à notre époque. , . ANA E: — Einführung in ‘die ‘physikalische ‘Chemir. Cn:xe. — Les tremblements de terre en Chine. Cuoziwe. — Les éthers de la choline . . . . CuronomËiREs — Action du magnétisme sur la marche des chronomètres. CINÉMATOGRAPHIE. — Cinématngraphie des cordes vo- cales chez l'homme. . . . SRE è — La cinématographie en couleur. Carr. — Le clair de Terre sur la Lune. 5 ! Vo t: NT — Les De AS de la Science. 1, 11, [l . Cumar. — Relation entre les ‘poussières volcaniques et les changements de climat. . : . . . . . , - Couzes. — Les colles . Coztmanon. — Influence de la température sur la col- limation. : Coconariox. — Un nouveau procédé pour produire des coloralions soiides sur les fibres textiles. Cousar. — Le combat. Dore — Les moyens d' économiser le ‘combus- HDIE EE ST Cowmerce. — Le commerce Ju Maroc . CoueLexEes. — Introduction à la chimie des complexes. Théorie et systémalique de la chimie des com- plexes minéraux . . . cute Coxco rs. — Le concours Solvay (1910- 1914). PE Coxouerisiniré. — Cunductibilité électrique de l'anby- dride sulfureux liquide ei de quelques autres liquides purs £ — Influence de la température sur là conductibilité électrique des dissulutions étendues d'acide chlo- rbydrique. . . . à Coxouérrox. — La conduction de l'électricité dans les métaux. . Coxrérence. — La Conférence internationale de l'En- seignement mathématique + . Coxcrès. — La session da XIIe Congrès géoingique international au Canada ren. er M Coque. — Accessoires de Coque TE Connrs VOCALES. — Cinématographie des cordes vo- cales chez Fhonme. . . : Cores. — Théorie des corps de nombres dlgébriques. Coucues. — Couches monomoléculaires; nouveaux procédés d'observation . — Sur l'apparition. et la disparition des globules dans une mince couche d'huile étrndue d'eau. I. Apparition et disparition d'une buée . . . . . . Courrun. — Traité de la couleur au point de vue phy- sique, physiolugique et esthétique, et harmonie des.couleurs . . . . Te — Couleurs et colorants dans l'industrie textile. - : Courses. — Les courhes de hanteur et leur emploi en Navigation et en Géoldésie . . . . CrotsiÈre. — La croisière de la Revue générale des Sciences en Egypte et au Soudan anglais . . . Crorssaxck, — L'éclirage pendant la nuit des plantes en état de croissance. . . — Le développement physique ‘de l'enfant. Etude sommaire des principaux éléments de la crois- sance normale du corps de l'enfant. . . . . . CruEs. — La périodicité des crues glaciaires. . . Cuivre. — Production et consommation du cuivre, ‘du zinc, du plomb et de l'étain en 1912. . - Courures. — Les cultures coloniales. Plantes à sucre, calé icacao (thé, Maté. . . . DècaanGe. — La décharge par lueurs dans les champs cylindriques sous la pression atmosphérique . . — Phénomènes de décharge observés dans des ampoules en quartz. : ANG SUR (6 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES — Sur la production de la décharge électrique en aigrette. . . . DicrronnaiRe. — Dictionnaire allemand-franvçais et français-allemand des termes et locutions seieu- tfiques - … . Fer DIGESTION. — Influence ‘de l'inges tion d'une grande quantité d'eau sur.la digestion Dynamique. — Lecons sur la « dynamique des systèmes matériels . RE . Le E Eau*. — Eaux souterraines. Recberche, caplage et purification. EE Srée rh STE COMORES EcuareeMenrs. — Echappemen's d'horloges et de montres . . ECHELLE. — Théorie ‘mathématique de l'échelle musi- Cole FGLAIRAGE. — L' ‘éclairage pendant la nuit des plantes en état de croissance. : ce EcoxoutEe. — Economie politique et ‘statistique . Errgr. — L'analogue électrique de l'effet Zeerman. EcecraicIrÉ. — Notions RRSGHES d'électricité à l'usage des médecins . . ELFCTROCHINIE. — Principes et applications de l'Elec- trochimie. . ELéexr: — Sur un nouvel élément à gaz de grande vapacilé . . . — Les expériences internationales de W ashington pour la délermination de la force électromotrice de l'élément Weston . . — Le système des éléments chimi ques. Ecevace. — De l'élevage au Maroc. EuerYoLocie. — Rvrvue d'Embryologie. ExenGre. — Mesures absolues de l'énergie emmaga- sinée dans les matières phosphorescentes. TER — Les sources de l'énergie calorifique. . . Exranr. — Le développement phisique de l'enfant. Etude sommaire des principaux éléments de la croissance normale du corps de l'enfant . EnseiGxemexr. — Le problème de l'apprentissage et l'Enseignement technique. — La Gouférence internationale ‘de l'E: seignemeut mathématique . . 4 C0, ExromoLoGie. — Traité d'Entomologie forestière. . . EouiLiuues. — Les faux équilibres chimiques et la Ther- modyuamique classique. E:rèces. — Sur l’origine des es pèces dans les genres polymorphes . — L'espèce et son serviteur (sexualité, moralité) — Espèces et variétés . = Esquimaux. — La vie sociale des “Esquimaux : Eraix. — Production et consommation du cuivre, ‘du zinc, du plomb et de l'étain en 1912. . . EraLows. — Eludes sur les étalons industriels à broches et calibres. . . EtaT. — Cha: gemenut d'état solide- liquide à à haute pres- sion . Erats-Unis. — Organisalion et fonctionnement du Ser- vice météorologique des Etats-Unis . — La production métallurgique et minière aux Etats- Unis . . s À Evozuriox. — Evolution individuelle et hérédité . : — Les systèmes biochimiques et leur rôle dans l'évo- lubonee ExrLosirs. — Méthode pour la mesure de la pression produite dans la détonation des “ss forts ou par le choc des balles. RNA MCE F Fen. — Propriétés magnéliques du fer souslrait au magnétisme terrestre. . . A SOS FERMENTATION. — Fermentation alcoolique . Figres. — Etude microscopique et chimique pour la dilérenciation des fibres végétales, laines, poils, duvets, soies naturelles et artificielles. FINLANDE. — Une grande étude gographique. L ‘Atlas de la Société de Géographie “le Finlande. - FixaGe. — Fixage des papiers photographiques. FLaumes. — Contrib. à la spectroscopie des flamms. FLeuns. — Comment on collectionue les fleurs, les bêtes, les pierres. . - . . SAME FLuor. — Le fluor dans les eaux minérales. 2% Foxcriox. — Les zéros de la fonction de Riemann, . — Leçons sur les fonctions de lignes. 1 cr cr o 491 6 69 Forètrs, — Les forêts du Maroc . . . Foyers. — Les foyers de chaudières, leur construction, leurs accessoires, leurs services annexes. : France. — Atlas de la plus grande France. . . . . . — la Statistique générale “de la France. Fraude. — Les coulisses de la fraude; comment on nous empoisonne. . DRE NIET = - From. — Le froid industriel. ; — Comment se protéger contre le froid aux mains et aux pieds? . FuméEs. — Contribution à l'étude ‘des. fumées ‘et des poussières industrielles dans leurs rapports avec la végétation . FuxicuLaIREs. — Les fanie ulaires aériens pour voya- geurs. . . SU Fusiz. — La balistique du fusil de chasse . G Gaz. — Etat actuel de l'industrie du gaz. 1re partie : Fabrication. . . — 2° partie : Récupération ‘des sous- produits + et épu- ration 2 : — Epuration du gaz par la chaleur. : . . 9 GÉODÉSIE. — Comptes rendus des séances de la XVII Conférence générale de l'Association géo- désique internationale. . . - Ve Géocrapnie. — Revue de Géographie ‘économique. — Traité de Géozraphie physique. Climat, Arr te phie, Relief du sol, Biogéugraphie . : GéomérriE, — Les bases de la Géométrie infinitésimale. — Exercices de Géométrie analytique . . . GnRavirarION. — L'absorption de la gravitation . Grèce. — La Grèce nouvelle. à PE Grisou. — Sifflet indicateur de grisou. , — Les dégagements de grisou GRoENLAND. — Les traversées du Groenland : Rasmus- Sen/MeicapitaineKOCH ER CS RL H Héréorré. — Evolution individuelle et hérédité. . . HisrocoGie. — Investigations histologiques. . . . Home. — L'homme fossile de la Chapelle- aux-Saints. — Le cerveau de l'homme primitif. . . Muire, — Sur la phase d'équilibre des forces de ras- semblement et des forces d'extension agissaut sur l'huile déposée sur l'eau. I. Géuéralisation aux autres substances extensibles . . . — Les huiles essentielles. Vs HYDRAÉËROPLANES. — Les hydraéroplanes . Hé HyprauriQue. — L'hydraulique agricole au Maroc. HyGrène. — Cours d Hygiène g générale et industrielle. — L'hygiène du Marocain. IYPOTURÈSE. — Quelques objections astronomiques à l'hypothèse AEURIEZ EN RS RL LU EE ae Iumuntré. — Tierische Immunität. . . IMPERMÉABILISATION. — L'imperméabilisation visée des vêtements militaires. INDOCHINE. — Etudes minéralogiques sur l'Indochine française . INGÉNIEUN, — Le rôle des Mathématiques dans les sciences de l'Ingénieur. — La préparation “mathématique des ingénieurs dans les différents pays. impro- INTERRUPTEUR. — L'interrupteur à mercure. : INVERTÉBRÉS. — Revue RARES de Physiologie des Invertebrés. NE ET OS es long. — L'Industrie de l'iode . ; Ion. — Diffusion des ions en milieux aqueux. : IONISATION. L'ionisation de l'air en vase clos et la radiation pénétrante . . — L'ionisation de l'eau dans les dissolutions ‘d'un certain nombre de sels neutres. . . — Origine de l'icnisatiou A par le carbone incandescent . È lraure. — Les formations marines pliocènes et quater- naires de l'Italie du Suu et de la Sicile J JAUGEAGE. — Le jaugeage des débits par voie chimique. 96 | TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES K KaATANGA. — Etudes sur la flore du Katanga . . . KÉNY4A. — Le mont Kénya, en Afrique orientale an- glaise. ee CO MS = | É KnanGem. — Un oasis d'Egypte STATE M Kixta. — La Géologie et industrie minière du district de Kinta, dans es Etatsimelnis 2e. .. 01200 L LABORATOIRES. — Les Laboratoires industriels d'essais enAllemagne.t: LE SECTOR CURE — Les laboratoires sidérurgiques : ER LANGOUSTES. — Les langousti sdes côtes de Madagascar. LanGuEs. — Les langues du Maroc. . . . : . Larrrupes. — La variation des latitudes : : : : . : | LÉGISLATION. — Traité de législation marocaine. . . lLiëxes. — L'effet longitudinal exercé par le champ électrique sur les lignes Spectrales LixéomÉrRiEe. — Essai de Linéométrie . . Liroïnes. — Les lipoides envisagés du point le vue histologique . . LIQUÉFACTION. — Appareil Runge- Regnier | pour la liqué- faction des gaz (air, oxygène, azots, etc.) - Liquine. — Lacireulation du liquide céphalo- -rachidien, avec applications à la thérapeutique. . . LoxGrrune. — Différence de longitude Paris- Bruxelles. Lumière. — La lumière . . — Sur la propagation de la ‘lumière dans les milieux actifs absorbants . . . CL - — Théories corpusculaires de la lumière, : : . . Luxe. — Le « cluir de Terre » sur la Lune . . 18 Lyre. — Une variable du type Lyre . . . . . . . . M Macnines. — Les maladies des machines sens — Nouvelle machine électrostatique . . . . . . . — Une nouvelle machine (SP Aqe ; ET —MLesimachinesalvapeure PME MNT MaGxéroN. — Le magnéton . . . Macxéro-oprique. — Researches in © Magneto- Oplies: with special reference to the magnetic resolution of spectrum lines. . Mai. — Le travail et l'emploi respectifs de la wain droite et de la main gauche. . Marine. — Aide-mémoire de l'officier de la marine marchande . Maroc. — Les sources non musulmanes et la science historique an/Maroc- “ER ERE E —,Les races MATOCaines,. A. OCR — Les langues du Maroc PRO AT hygiène du Marocain . É La barre sur la côte atlantique du Maroc . Les ports du Maroc. . . Ne Les voies de communication au Maroc. D De l'élevage au Maroc. . . ere rie Re L'industrie de la pêche au MRC ne . . 100 Les forêts du Maroc. . RER re : L'hydraulique agricole au Maroc. RE | Le commerce du Maroc, . . . Le fonctionnement du Service de la Santé et de l’Assistance publiques au Maroc. L'action militaire de la France au Maroc. Ro Le Service géographique de l'armée au Maroc. Vieilles villes et cités modernes au Maroc, , . . . l’organisation judiciaire au M:roc . . . . . . . Les “capitaux français au Maroc . .... "En La recherche scientifique au Maroc . 74 Les opérations de la marine au Maroc . . . Le Maroc. . Carte du Matos rt: . OR Maror. 5 L' organisation de la’ propr iété foncière au Maroc. Etude théorique et pratique. L'œuvre française au Maroc bre 1913). . MannAkEcu. — Le Jotissement ‘de la ville nouvelle de Marrakech . : Mars. — La photographie des satellites de Mars : : : MarnéMarTiQues. — La préparation des futurs profes- seurs de Mathématiques des lycées . . — Betrachtungen über mathematische Erzit hung von Kindergarten bis zur Universilät . . , — Le rôle des Mathématiques dans les sciences de l'Ingénieur. . .« . . . « lavril 1912-décem- 505 450 276 * 688 711 30 469 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES — Leçons de Mathémaliques générales . — Matematica dilettevole e curiosa — Histoire des Mathématiques. Manière. — La matière et la vie — Genèse des matières protéiques et des matières humiques; actions de la glycérine et des sucres SUDIBS ACTES AaMINÉs , . -.. . 400.000 Mévarze. — Remise de la médaille Gaudry MéLanGes.— Mélanges colorés à l'état liquide seulement. Memeranes. — Les membranes lipoïdes artificielles Mer. — L'industrie des pêches dans la mer du Nord. Méraux. — Croissance des grains des métaux . — Les répercussions de la guerre sur la production et l'approvisionnement de certains métaux. — Intermetallic compounds MérTÉOROLOGIE. — Organisation et fouctionnement du Service mété orolugique des Etats-Unis. . . . . . Mérnopoirain. — L'hygiène et les poussières dans le Métropolitain de Paris 4 Mie. — Comment on crée une mine — Le régime légal des mines dans l Afrique ‘du Nord. Tunisie, Algérie, Maroc. Textes el documents . . MiNÉRALOGIE, — Cours élémentaire de Chimie et de NDS EE M ein one Cuslaneue 1 MINEUR. — Le rendement dutravaililel’ouvrier mineur. MorLusques. — Mollusques de la France et des ré- PADDSENDISINES ent ete Metal de etre tele à Moreuns. — Essais et réglage des moteurs. : . : . . — La question des moteurs sans Me : Le mo- NT RS ER EE ER ee — Traité pratique du moteur Gnome. . . . — Les moteurs thermiques dans leurs rapports avec la Thermodynamique . . . . . . . . CPS DE, Moucue. — Le vol de la mouche domestique. Mouveuenr. — Etudes sur le mouvement brow nien. I. Le mouvement brownien des spores de bac- DENON SERRE ES PTE UE Némarones. — Recherches physiologiques sur la fixa- ; tion etlemodedenutrition de quelques Nématodes parasites du tube digestif de l'homme et des ani- NETrOYAGE. — Nettoyage, détachage, dégraissage, blanchissage, blanchiment . .. Niva. — Le palmier nipa comme source commerciale GK CONS TENSION Noueres. — Leçons sur la théorie des nombres . . . NouveLLes-Héenines. — La question des Nouvelles- HÉRAENER. TN | OBSERVATOIRE. — Publications of the Dominion Obser- VERNON) - = 2 ME ne ce - — Relatorio do Observatorio Campos Rodrigues em L'ONFENERIMArQUES. … . . Ce. 1e Océax. — Dérouverte de terres nouvelles dans l'Océan Glacial Aretique.s. . . . . . Oiseau. — Catalogue des oiseaux de l'Amazone . OnpoGrapne. — L'Ondographe. . . . . . . . . OpPrique. — Revue d'Optique. . . . . . . . . . — Optique physique. IL. Etude des radiations OsciLLoGRaPnE. — Un nouvel oscillographe. Ozosroute. — L'Ozobromie . . . . . . . . . . . CM PaLÉONTULOGIE. — Paléontologie végétale. Cryptoga- mes cellulaires et cryptogames vasculaires. . PALMIERS. — Palmiers de Madagascar . . . . . . . . PARASITOLOGIE. — Parasitologie des plantes agricoles. PARTHÉNOGÉNÈSE. — La DR noesneèse naturelle et ExpéMDentals” . AREA. . . + cle Pècue. — L'industrie de la pêche au Maroc : : : : ! — L'industrie des pêches dans la mer du Nord . . . — Traité de la Pisciculture et des Pêches Peste. — Le virus de la peste des poules. . . . . . . Pérroues., — Le problème de l’origine des pétroles . Paospnorescence. — Mesures absolues de l'énergie emmagasinée dans les matières phosphorescentes. Pnoro-ÉLeCTRICITÉ. — Photoelectricity. . . . . . . . . Puorocraruie. — Photographie des couleurs sur papier. Le procédé par décoloration , . . . . . , PuystocoGie. — Eléments d'Anatomie et de Physio- logie médicales. . — Revue générale de Phy siologie des Invertébrés. Puysique. — Cours de Physique générale. II. Ther- modynamique et énergie rayonnaute C — Iniliation à la Physique. : — Traité de Physique. I. Champ magné tie ue constant. IL. Champ magnétique variable . FAIT Pierre. — Les Pierres précieuses . . — Le travail mécanique de la pierre dans l'industrie. Piscicuurure. — Traité de la Pisciculture et des Pê- ches “ . PLows. — Production et ‘consommation du cuivre, du zinc, du plomb et de l'étain en 1912 . — L'action de l'eau sur le plomb. PLure. — Le régime des pluies en Indochine en 1913. PôLe. — Une nouvelle expédition DURE AAC : Ports. — Les ports du Maroc. . . . . : .. . . 4: — Leportde langer LL COCOON GUS" — Le port de Casablanca. CC RUREE DR: Pouvres. — Les poudres de marine . : Poussières. — Contribution à l'étude des fumées et des poussières industrielles dans leurs rapports avec la végétation. — L'hygiène ‘et les poussières dans le Métropolitain DORE ES hic een een ate Pouvoir. — Sur une relation entre le pouvoir induc- teur spécifique et les charges atomiques . . . . . Prisue. — Le prisme à faces courbes et ses US UOnS #7 x Te ‘ ProuLimEe. — Le problème de Monge. RO AR ENT PsycnoLocie. — La Psychologie objective Rd ae Puxs. — Les plus jeunes volcans de la France : La Chaine des Puys. . . sue PYRÉNÉES. — Les Pyrénées “méditerranéennes : étude de géographie biologique . . . . . . . . . 5: Pyrorecnnie. — De la Pirotechnia . . . : : . . .. R RAGES — Lesiraces marines. 2.2... 02. RanraTiox. — L'ionisation de l'air en vase clos et la ta HA MON PENEITANRE. ARNO VAE — La radiation naturelle d'un gaz . . — La production d'une radialion de Rœntgen très douce par le choc des rayons cathodiques positifs AOL ME TE., HE RADIUMSIOLOGIE. — Conférences de Radiumbiologie faites à l'Université de Gand en 1913. . . . . . . Rares. — L' atome de sodium peut-il vibrer en n’émet- tant qu'une seule des raies D. . . . . . . . . — Rays of positive electricity and their r application to chemical analysis . . . . . . . RAVONE = MDESITAVUNSICNR" EME UNE ET re lele ne — La réflexion des rayons ‘calorifiques à grandes longueurs d'onde sur les surfaces rugueuses et leSTES EAU EL AT TR CL A TA US — Quelques remarques relatives aux spectres de RAVONS RAT LA MN A SN UE 0 RU QU — Contribution à nos connaissances des rayons résiduels à grandes longueurs d'onde . . — La détermination de l'intensité et de la dureté DES TEVONS EN SE EE Cia a ra — Analyse spectrale des rayons ‘secondaires des LYON AE NRONREN EEE NT E- e — Dispersion des FENQSE mare violets par les corps organiques . . . . . . NOESIS: — X Rays. . . . PS 2 — Les rayons X et leurs applications. TES É RAYONNEMENT. — Sur le rayonnement cles gaz. — Die radioaktive Strahlung als Gegenstand wahr- scheinlichkeitstheoretischer Untersuc huugen. RÉFLEXION. — Réflexion sélective produite par les solutions dans l’infra-rouge. . . . . . . . . . . RéFRACTION. — Sur les indices de réfraction des mé- IRHPES PHTEUX SE: 6 Ce cc CCE : Rerariviré. — Considérations ‘élémentaires sur le péaacrperdeniarelBtviie. ONE er ma — Das Relativitätsprincip. — Le principe de relativité. . . — Sur le problème de la relativité, . . RÉSISTANCE. — Application de la double réfraction du verre à l'étude de la résistance des matériaux de COUSIQUCUON ANS RES RES che. ee, 0 le Résonance. — L'intensité de la résonance superfi- cielle de la vapeur de sodium. . . . . . . . . . 5 ! REVUE, — Revue de Chimie organique. . . . . . . . 830 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÉ RES Revue de Zoologie (Vers. Revue d'Anatouile. Revue d'Op ique. Revue de Géographie ‘économique. - : Revue genérale de Physiologie des invertébrés. : Revue d'Aérotechnique expérimentale . "> Revue aunuelle d'Astronomie. . . . . . . . . . Revue d'Embryologie . . . Rocues. — Structure polygonale sur des roches gre- seuses. 5 ROTATIONS. — Les rotations ultra- rapides ie S Sarr. — Safi . . - 183351 2 1e SAHEL. — Agrologie ‘du Sahel. I. Sahel d'Alser. SALVARSAN. — AP sur le salvarsan. £ Sanré. — Le fonctionnr-ment du Service de la Santé et de l'Assistance publiques au Maroc. . . . . . Scrence. — La science et la réalité. — Les nouveaux horizons de la Science, t. re it li. Sécrérion. — La sécrelion pantréalique. . . Service. — Le Service géographique de l'Armée au Maroc. . . SEXE. — Les problèm:: s de la déterwination du sexe. SexuaLiTÉ. — Les problèmes de la sexualité. 2 Sisétue. — La route de mer d'Europe en Sibérie. Srcize. — Les formatious marin. s pliocènes el qua- ternaires de l'Italie du Sud et de la Sicile . Siuice. — La Silice et les Silicates. : SismoLoGiE. — Modern Sismology . . Soc. — Sur l'observation de la température du sul. Sozurions. — La (héorie des solutions CREER — Les propriétés optiques des solutious . : — Dispersion des solutiuns salines aqueuses . . . . — Reflexion sélective produite par les solutions dans l'infra-rouge a Sowmeiz. — Le problème physiologique ‘du sommeil. Sox. L'influence de certuines radiations et du champ alternatif sur la vitesse du son dans les ÉTÉ See —_ Conditions électriques pour le passage ‘du spectre de l'arc au spectre de l'étincelle. - — Les lignés de séries dans les spectres d° élincelles. — Etudes nouveiles sur la constitution des spectres de lignes. . — les spectres ‘d'étincelle et le spectre d'absorp- Lion de l'oxygène dans l'ultra-violet extrême . . SPERMATOGENESE. — Contribution à l'etude de la SP matogenèse dans le Sagitta bipunetala . STATISTIQUE. — La Stalistique générale de la France. STÉRÉOAUTOGRAMNÉTRIE, — La st‘réoautgrammétrie. — A propos de la stéréoautograminétrie. 463, 541, Sucre. — Comuent se furme le sucre dans la bette- TEVeNENT EU De SurrAce. — La notion de surfate de Riemann : : . SuscEPTIBILITÉ. — Recherches magnétiques. XII. La susceptibilité magnétique de l'oxygène solide dans deux étals. XIII. — La susceptibilité magnétique de mélanges liquides d'oxygèue et d'azote et l'influence de la distince des molécules sur le paramagnélisme. SyLviCULTURE. — La sylviculture. SysrèMe. — Les lois empiriques du système ‘solaire et les harmoniques tourbillonnaires. . . . . T Taëce. — Table des combinaisons organiques les plus importantes, classées d'après leur point ile fusion. TACuEs. — La périodicité des taches solaires. TANGER. — Le port de Tanger. . . .. 318, 149 259 440 517 595 679 246 3:9 704 cd | | | — Tanger. Son port, ses voies de pénétration . . . TECHNIQUE. — Technique clinique medicale et séméio- logie élémentaires. . . TÉLÉGRAPHIE. La Station de T. s. tique de Tuckerton . . . TéLévnonr, — Le nouveau bureau central des téé- phones de Dresde. — Le téléphone, instrument de mesure. graphie interférentielle . TÉLÉPHOTOGRAPHIE. Le système Korn de “télépho- tographie sans fil. . . . — Nouveau perfectionnement de ‘la iéléphotogr- — We transatlan- * Oscilo= phie Korn . . S CNP - Terres. — L'eploi des terres rare. . . Tenre-NEUVE. — La géographie de Terre- Neuve. THERMODYNAMIQUE. — Les faux équilibres ch: unes et la Therwodynamique classique. : . — Au sujet de la thermodynamique des sys stèmes condensés . . Tuox. — La bivlugie et la ‘pêche du thon dans la Mé- diterranée occidentale: : 10 28 /U ER TRaIx. — Le train volant de M. B.chelet . | TREMBLEMENTS DE TERRE. — Les trembiements de terre en, Chine ... TurANGLE. — De triangulis Sphaerici is libri ‘quatuor. De meteoroscopiis Plibri Sex. - . » TuxGsrÈNE. — L2 tungstène ductile DA Tunisie. — La région du Haut-Tell en Tunisie (Le Kef, Téboursouk, Mactar, THala): UE ARR U Uxiversrré: — Election de M. Raymond Poincaré au rectorat de 1 Université de Glasgow . . . . V Vareunx. — L'intensité de la résonance D ielle de la vapeur de sodium. . . 3 34 VARIABLE. — Une variable du type Lyre ? UE VARIÉTÉS. — ESpeceslet VATIÉLÉS NO VENINS. — Les venins. . . soir DEAR Vers. — Revue de Zovlogie (Vers) cs 3 HN ECS Vie. — La malière et la vie. — La vie atente. Sa nature et ses © conséquences pour certaines AE de la biologie contes raine. . : RUE CCE — Le monde de la vie. . UE VixassEe. — L'ulilisation rationnelle des vinasses par le procédé Effrout. . . . NiscosITÉ. — Sur quelques conséquences ‘pby sico- chi- wiques des mesures de viscosité . . Viresse. — La mesure de la vilesse de réaction par le changement de volume en solution. . . . . . Voie LaACtÉE. — La Voie lactée. Vocans. — Les plus jeunes volcans de la ‘France : La chaine des Puys. . mie mures Y. Yuxxax. — Elule géologique du Yunnan oriental . . Z Zixc. — Production et consommation du cuivre, du zin*, du p'omwb et de l'étain en 1912. . . .. . . Zincoxs. — Origine radioaclive de la cou'eur des zir- cons. . Zoocrcmnies. — Les Zoocéridirs des plantes d'Europe et du bassin de la Méditerranee Ée LE Zoozocir. — Revue de Zoologie (Vers) . . . . - . . A Abelous (J.-E.), #54, 617, 657, 658, 692, Abonnenc, 722. Aboulenc pan , 218. Abrabhauum (H. oo Abrami (P.), 40 . 724. Achard (Ch.), Acqua (C.). 132. Adhemar (R. d'}, 161, 527. Agostino (E. d'). 132, Aguihon (H.), se S8, 425, Alezais (H.), 40, 516. Allen (E.-S.), 18. Allen (S.), 194. Allievi i (L. ), 132. Allmanii (A.-J.), 763. Alluaud (Ch.), 639 à 644. Almansi (E.), 132. Amadori (M.), 132. Amar (E.), 405. Amar (J.), 209. Aworoso (L.\, 132. Ancel (P.), 126, 168. Andouard (P.), 40. Andoyer (H.) ) 166. Andrade (E. da C.), 697. Andrade Dole 32, 209. Aodré G), 615, 657. Andreoli (G.), 420. André-Thomas, 617. Andrew (G.-W.), 418. Augelesco, 656. AUS (Th.), 166, 151. Augot (A.), 85, 817. Appell (P.), 209, 407, 656, 151, 799. Appleyard (R.), 539. Arabu Qi: 575. Ardern (Ed.), 721. Argaud (R.), 124, 658, 695. Ariens Kappers (C. U.), 540. Ariès (A.), 210, 108. Arin (Félix), 406. Arisz (L.), 92. Arisz (W.-H.) #4 Ark (H.), 539. Arlo (J.), nt 280, Arloing (F.), 280, Armagnat ( (EL), 15: Armellini (G. }, 166, 411, 616. Arwstrong ‘H.-E.), 53S, 802. Arnaud (Ch.), 124. Arsimoles (L.), 758. Arthus (Maurice), 724, 800. Artini (E.), 460. Ashceroft (L.-S.), 801. Aston (F.-W.), 213, 762, Astruc (A.). 413, 756, 351. Aten (A.-H.-W.), 700. Atkins (W.-R. G.), 128. Atkinson (H.-M.,, 497. Aubel (E.). 616. Aubert (P.), 743. Aubry (A.), 86, 125, 414. Auché (B.), 40 Auger (VA. 452, 495. Ausset (E.), 126. Autonne (Léon), 161. Aviragnet (E.-C.), 575. Aymard (Camille), 613. 167, 282. 99 à 105, 413, 1 Les noms imprimés en earactères gras sont ceux des auteurs des articles originaux. Les chiffres gras reporlent à ces ar- | ticles. | Ballock Aynaud (M.), 415. Azambuja :L.d”}, 125. Azéma, 209. Babes (V ), 126. Babinski, 168. Bachalard, 1798. Backer (H.-J.\, 284. Backlund (R.-J.), 693. | Backman (E.-L.), 454. Baglioni (S.), 132. Babr (Mi'e FE, von), 91, 172. Baillaud (B.), 398. Baillaud (J.), 656. Baillaud (R.) 534. Baillehache (R. de), 416. Bain (Mile A.-M.), 128. Baker (A.), 457. Baker (H. -B.) , 128, 419. Baker (J.-L.), 518. Balard (P. 212, 415, 801 Baldit ( ae Balland (J.). 195, 494, 817. Ballif (L.), 615: (W.-E.), 89 Balss (H.), 620. Balteanu (J.), 575. Balthazard (V.), 491. Bamberger (M.), 216. Banceliu (J.), 412 Barbey (A.), 35. Barbier (Ph.), 616. Barbieri (N.), 761, 798. Barbosa (J.-M.), 798. Barcroft (J.), 456. Bardet (J.), 534. Bardier (E.), SES 126, 168, 695. Barendrecht (H.-P.1, 698. Barger (G.), 2 815. Barratt (T.), 619, 805. Barre (M ). 210. Barrère (Henry), 402. Barrelt (F.-L.), 43. Barriol (A.), 797. Barritt (N.-W.), Barrow (F.), 497. BarteL (K.), 692. Barthe de Sandfort, 495. Basch (A.), 620. . Basseches (S.), 414. Basseit (H.-L.), 417. Batailler (A.), 37. Bataillon (E.), 493, 692, 7 3. Balicle (E.), 412. Baltelli (F.), 454, 325. Battez (G.), 454. Baud ({E.\, 279. Baudouin (M.), 817, 818. Bauer (E1.), #13, #15, 494, 655. Bauer (lugo), 569. Bauer (M. ), 724. Baume (G.), Se à 258, 533, 195. Baxter (R.-R.), 9 Bayer (J.), 460. Bayeux (R.), 85, 87, 452, 615. Bazy (P.), 694. Beadle (C.), 764. Beauchamp (P. de), 574, Beauvais (C.), 722, Beauverie (J.), 281, 412, 533. Beauvy (A.), 75. 458. Bechterew (W.), 613, 370 à 777%. Becke (F.), 533. Beckett (E.-G.), 698. Becquerel (Paul, 559 à 56%. TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS: Bedreag (C.-G.), 723. Beeger (N.-G. =\. -H.), 763. Beesley | R.-M.\, 170, Le Béguei (M.), 638, 605 Béhal (A.), 282, 689. Beilby (G. Bel (AIF.), 405. Belin (M.), 452, 453. 496. Bellet (E.!, 210. Bellocq-lrague (Mme), 219, Bellucci (1., 132. Belot jen) » 38, 218. 723. Belt (N. M. 5 Bén: A (H: N 576. Bénard (R.), 124. Benech (J.), 281. Bénévent (E.), Le Benjamins (C.-E., 500. Bennett :G.-M. ' 7496: Benoist (L.), 278, 411, Benson (P.), 215. Berger (E.), 615. 656. Bergeron (A.), 495. Berget (A), 574 Bergouié (J.), 452, 494. Bernard (August n), 404. Bernard (Noël), 506 à 510. Bernier (R.), 454 Bernstein (G.), 513. Bernstein (S.), 209, 655. Berthelot (Alb.). 87, 196. Berthelot (D.), 125, 656. Bertin (L.-E.), 494, 616. Bertrand (D.-M.), 281, 617, 658. Bertrand (G. ), 38, 88, 123, 282, 408, 533. 514, 618, 657, 726 198, 818. Bertrand (L.), 167, 495, 515. Bertrand (P.), 411, 492. LBesnard | (René), 384, 613. hesredke (A) 168, 211, 535, 614. Beth (H.-J.-E.), 499. Betim Paes Leme (A.), 209. Bettencourt (N.), 694. Beyerinck (M.-W.), 92. Bezancon ([.), 39, 575. Bézier (T.), 692. Bezssonotl (N:); 495, 798. Bianchi eee) }, 420. Bidault (C.), 414. Bidet { k. S AR. Bielecki (J:);, 278, 413, 453, 494. Bierry (H. }+ 86, 166, 210, 212, 576, 657, 694, 759. Bigot (A.), 39, 439 à 488. Bigourdan G.) 166, 693, 79$, 799. Bilim: svitch (A.), 494. Billard (G.), 454, 658. Billy (M.), 27», 361. Biuet (L.), 454. Bioche (Ch.), 466 à 469, 718. Biot (R.), 280, 453, 725. Biringuecio \annoccio), 529. Birkeland (Kr.), 756, 798, 399. Biscons, 414. Bissett (C.-C.), 42, 419, 497, 539. Bith (H.), 126. Blaauw (A.-H.), 216. Blaise (E.-E.), 39, 210, #14, 655. Blanc (A.), 615. Blanc (G.), 657, 801, 817. Blanchard (R.), 39, 575, 758. Blanchet (A.), 413. Blaschke (W.), 412, 533. Blaringhem (L., 39, 85, 167 ,280, 617. Blayac (J.), 39, 693. Blin (Henri), 733. Bloc (R.), 534, 693. 412, 413, 537. 193. 832 Bloch (Mure E.), 656. Bloch (Eugène), 275, 408, 719, 760, 794. Bloch (Leon), 412, 533, 574; 760. Bloch (M.), 279. Blondel (André), 210, 279, 6 800, 817, 818. Blumenfeld (J.), 757, 198. Boas (I.), 91. Boccardi (J.), 209. Bodareu (Ë. Nu122s Bodroux (F.), 39. Boeckel ER SYE Boeke (J.), 131. Boer (S. de), 500. Büeseken (J.), 92, 216, 500, Boez (L.), 6IT, Bogitch (B.), 123. Bohm (C. Richard), 120 Bohr (H.), 124, 693. Bois (H. du), 764. Bokhorst (S.-C.), 540. Bokkel Hinnink (A. ten), 69%. Bolk (L.), 216. Boll (M.), 86. Bompiani (E.), 420. Bonazzi (O.), 580. Bone (W.-A.), 162. Bongrand (J.-Ch.), 494, 537. Bonnefon, 41, 694, S01. Bonnerot (S.), 453. Bonnet (Amédée), 755. Bonnier (G.), 209. Bonnier (P.), 86, 87, 2114, 6 Boquet fE ÿ 280. Borias (L.), 693. Bordas cl 271. Bordet Dr 211. Bordet (E.), 658. Borel (Em. \, 85, 212. Borel (P.), 280. Borrel (A.), 534, 535, 658. Borrelly, 38. Borrien, 659. RRENIer (L. de), 407. Bottazzi (F.), 132. Bouchet (L.), 615, 799. Bouchet (P.), 758. Boudy, 350 à 354. Bougauit (J.), 42, 88, 574, 811. ur (P.), 126, 168. Boulanger (A.), 527. Boule (Marcelin), 207. Boulet (L.), 415, 454, 725. Bouligand (G.), 611. Bouliguine (B.), 166, 655. Bouliu (P.), 37, 121. Boulois (A.), 659. Boulouch (R.), 722, 757. Bourcier (F.), 692. Bourgeois (H.), 495. Bourget (H.), #12, 453, 534, HURENgn on G.), 280. 2, ( Bourion (F.), 85 AE 126. Bourquelot (Em n.), 86, 125, 533, 573, 124, S00. Bourrey (G.), 165. Bourrières (F.), 38. Bousfeld (R.-W.), 21%, 196, 698. Boussac (J.), 207. Boussinesq (J.), 656, 692, 758, 798, 799. 1425 à 433, Boutarie (A.), 210, 2178, 616, 623 Bouthillon (L.), 616. Boutroux (Pierre), : Bouttier (H.), 575. Bouvier (E. ï. ), 616. Bouvier (M.), Le Bouzat (A.), 8 Bovini (F.),1 B. Bower (W.-R.), Boyle (Mie M.), Brachet (A.), 81 Brady (O.-L.), 457, 803. Bragg (w .-H.), 127, #19, Bragg (W.-L.), 127. TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS 540. 91% 571, 658, 122, 198, 817. 167, 413, 453, Braggio (Me M.), 132. Branas (G.), de Branford (R. | Brault (I. Ju A CT. Brazier (S.-A.), 43. Brell (H. 1 43 128 Brenans (P.), 88, 411, : Bresson (H.) 153. 2 Breton (M.), 1 6, 125 Briault | po }, 454. Brice al R.), 124. Bridel (M.), 125, 167, 4193, 533. allant de 573, 122. A AE 762. Briot (A.), 168, 694. Red (H.-V. %e de 457. Brissaud (Et.) , 124. Brites (G.), 196 Broca (André), 33, 120. re Brochet (A.), 573, 618, 652, 724, 151. Brodin (P.), 87, 280, 5 39, 658. Broek (A.-J.-P. van den), 216. Broglie (M. de), 32, 38, 125, 166, 169, 474, 279, 459, 615, 656, 696, 753, 751. Broquin-Lacombe ( Erouwer (H.-A.), 500. Brown (S.-G.), 496. Browne (P.-J.), 616. A.), 41. Browniog (Ph.-E.), 655. Bruce (Sir D. et Lady), 659, 802. Brack (P.), 453. Bruhat (G.), 726. Brun (A.), 124. Brunet (L.), 83, 529, Brusa (G.). 132. Buchner (E.-H.), 660. Buchta (F.), 216. Budde (C.), 458. Buddin (W.), 129. Buhl (F.), 166, 452, 57 653, 24% à 729, 3, 693. 615. Buisson (H.), 453, 534, Bull, 695. Bunbury ( H.-M.), 282 Burdel (A.), 452, 454. Burgess (M.-J.), 215. Burnet (Et.), 414. Burrows (G T d' 42, 283 Burgen (P.),1 Burson (V.), 60. Burton (D.), 539. Busquet (H.), 617, 693. Butavand (H 3 204. Butterworth (S.), 619. C Cabanès, 453. Cabaret (A.), 7517. Cahen (E.), 448, 793. Cain (J.-C.), 90, 215, 578, 698. Cairis (Mlle V.), 695. Calmette (A.), 413, 513, 575, 694, 724. Cawbi (L.), 420. Camis (M.), 456. Camo (1.), 759. Campbell (A.), 282. Camus (J.), 37, 40, 127, 280, 410, 576, 617. Camus (L.), 40, 86, 12 Canac (F.), 798. Canac (J.), 124. Cannevel (Ed. ), Cantacuzène (J.), y FE. Cardot (H.), 212, 454, Carnot (Jean), 119. 5, 168, 617. Carnot (P.), 40, 535, 695. Carpentier (abbé A.), Carr (F.-H.), 698. Carré (K.), 119. Carrel (Al.), 657. Carrière (E.), 574. Carrière (J.-F.), 540. Cartan (E.), 166. Carvallo (J.), #15. Caspari (W.-A.), 129. Castaigne (J.), 69%. 491. Catania (S.). 132. Cathelin (F.), 410. Caullery (M.), 691, 694. Cavaignac (Mlle H.), 452. Cavel (L.), 413. Cayeux (L.;, 534, 615. Celestino da Costa (A.), 658. Cellerier (F.), 276. Cermak (P.), 43. Certain (B.), 40, 280. | César-Franck (R }), 495, 656. | Chabanier (H.), 414, s01. Chabrol (E.), 125. Chadwick (J.), 699. Chaine (J.), 613, 69%, 758, Chalon (P.-F.), 83. Champy (Ch.), 86, 87, 694, 695, 724. Chantemesse (A.), 211, 279, 575. Chaplel (A.), 795. Chardet (G.), S01. Charpy (G.), 167, 453, 693. Charron (F.), 534. Chaspoul, 798 Chasseriaud (R.), 32. Chatelet (A.), 38, 166, 792. Chattaway (F.-D.), 90, 128, 215. Chatton {Ed }, 125, 209, 536, 801. Chattopadhyay ( (P.- -Ch.), 128. Chauchard (M et Mme), 616. Chaudron ! G )}, 756. Chauffard (A ), 44, 575. Chaunes (A.), 144 à 449. Chaumont (L.), ee Chaussé (P:), 124, 758. Chautard ManE ii 588 à 594, 691. Chauveaud (G.), 167. Chauvenet (Ed. ), 86, 124. Chavanne (G.), 616, 655, Chazy (J.), 38. Chedini, 535. Cheile (L.), 617, 659. Chéneveau (C.), 449. Chevalier UE: ), 800. Chevalier (St.), 38. Chevalier (P ), Fe 615 Chevenard (P.), Chevrotier (J.), Chiaraviglin (D.), Chifflot, 751. Chlopine a :),-122. Chodat (R.), 662. Chofardet (P.), 38, 453, 494%, G1l5, 692, 722. Chouchak (D.), 531, 692. Choux (P.), 209. Chree (C.), 418. Chrétien (H.), 533. Chuard (E.), 72+#. Church (A.-H.), 456. Chwolson (0.-D.), 685. Ciamician (G.), 132, 420. Gisotti (U.), 132, 420. e- l | Ciuca (A 20, | Ciuea (M.), 575. £ Ciusa (R.), 132. | Clairan (J.), 452, 533. | Clarens (J.), 124. ; Clarté (R.), #11. Claude EE 210, 411, #13, 696. Claude (H.), 40, 657. | Claussmann (P.), 574, 618, 655, 696. Clerc (A.), 87, 126, 695. Cléret (M.), 280. Clerget (Pierre), 49, 137, 175, 2171, 286, { 356 à 362, 517% à 526, 570, 690. | Clermont (D.), 87, 126, 168, 695. « Clewer (W.-B.), 90, 282, S04. | Cloarec (C.), 210. Clough (G.-W.), 170. Cluzet, 126, 211, 616, 722. Cobb (J.-W.), 699. Coca (F.), 694, 695, Coggia, 85, 453, 655, 199, 817. Cohen (Ernst), 92, 131, 215, 284, 660, 164. Cohen (J.-B.), 283. Cohen (W.-D.), 500. { Cohendy (Eug.). 534. Coirre (J.), 535, 695. Colani (A.), 210, 412. Coleman (f.-Ch.), 519. Colyate (R.-T.), 538. Colin (H.), 616, 818. Collet Léon-W.), 463. Collet N Miie P.), 693. Ron 40. Collin (P. à Collin (R. (er: 454, G1T. Collins (S.- Hi), 619. Colonnetti }G.), 420. Combuz (P.), 615. Combes (R.), 34, 166. Combiescu (D.) ), 1919: Commessatti (A.), 132. Compton (A. : 469, 198. Conduché (A), 533. Conor (A.), 724. Considère, 494, 616, 656, 798. Constable (A.-B.), 128. Contst (A.), 611. Coombs ,F.-A.1, 458. Cooper (Ch.), 496. Copaux (H.), 278, He 412, 531. Fire (M.). Coppin (N.-G.-S. \, 0, 539. Coppola (A.), 420. Corbin Paul), 223 à 252, 542, 622. Corbino (o.-M'), 420. Cordier (F.), 718. Cordonnier (D.), 454. Corelli (R.), 132. Cornec (E.), 49%, 761. Cornu (A.), 693. Cornubert (R.),167,277, 655, 657, 692, 722 Costa (S.), 576. Costantin (R.), 533, 573. Costeanu (N.), 452. Cotte (J.), 576, 611, 695. Cotton (A.), Si, 213, 626 à 639, 665 à 669 Coulthard (A Coupé (H.), 7 Coupin (H. fe So. Coursey (P.-R.), 214. Courtois (G.), 615, 655 Courtot (Ch.), 657. Courty (F.), 412, S1S. Cousin, 452, 445, 157. Coustet (Ernest), 136, 650, 652, :31. 816. 288, 645 à Coutard (H.), 755. : Couteaud (Dr), 535. Coutière (H.), 413. Coward (H.-F }, 496, 762. Crafts (1.-M.), 58. Cramer (P.-J.-S.), 570. Cramer (W.), 80. Crawley (C.-W. S.), Crémieux (Maxime), Cresson (André), 450. Crommelin (C.-A.), 92, 540. Croneau (A.), 394. Crookes (Sir W.), 89. Crossley (A.-W.), 170, 214, Crouzet (E.), 464, 543. Crowther (H.-L.), 419. Croze (Francois),102. Crudeli (U.), 132. Crussard (L.\, 124, 166. Cruveilhier (L.', 534. Crymble (C -R.), 283, 762. Cuccia (L ), 132. Cuénot (L.), 37, 691, Cundall (J.-T.), 170. Curie (Maurice), 655. Curtis (F.), 415. Curtis (R.), 282. Cusmano (G.), 132. Cutts (H. C.), 419. Czapek (E.), 460. Czukor (Karl), 498, 728. 619. 152. 119. 155. . Dakin (H.-D.), 539. Dalloni (M.), 574, 656. TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS 834 Damour (Emilio), 449. Dangeard (P.-A.), 167. Daniel (J.), eu Danne (6 .), 15ù Dantan (J.-L. Te Dantony (E.), 756. Dauysz Cu 125, 656, 798. Darboux (G.), 38, 817. Darling (C.-R.), 214. Darmois (Eug.). Jon Darmois (G.), 38, 278. Darré (H.), 659. Darwin (Sir F.), 169. Darzens (G.), 618. Daumézon (G.), 40, 168, 281. Dausset, 495. Davies (H.), 762. Dawkins (A.-E.), 457, Dawson (H.-M.), 128, #18, 419, 539. Debains (E.), 211, 658. Debré (R.), 40,126, 168, 211, 280, 414. Décombe {L.), 452. Deffins, 454. Defretin (A.), 692. Dehaussy (Ed.), 659, 725 Déjerine (J.), 40. Dejust (Mlie S.), Delage (Y.), 492, Delas (R.), 695. Delassus (Et.), 527. Delassus (M.), 39. Delater, 695. Delauney GE }, 574. De ava (P.), 454, 535. Delbet (Pierre). 122, 413, 156, 800. Delépine (M ), 166, 213, 534, 766. Delezenne (C.), 416. Delorme (Ed.) : 979, 198, 199. Demanche (R.), 575. Demassieux (Mme N,), 125, 411. Demenge (Emile), 35, 162, 450, 532, 568, 152. Demesse, 618. Demolis (Ed.), 274. Demoulin (A.), 85. Demoussy (E.), 574. Deuham (W.-S.), 42 Denizot (A.), 460. Denjoy (A.), 124, 452 Depéret (Ch. ), 693. Deprat (J.), 36. 125, 412, 616, 694, 757. Déribéré- Desgardes (BST Desbouis (G.), 279, fe Descarpentries (M.) Desch (C.-H.), 794. Descroix (L.), 568: Desgrez (A.), 156. Deslandres (H.), 125,166, 212, 692, 198, 818. Desmarets (M.), 97, 405% à 413,135, 438 à 443, 171, 217, 424. Desoil (P.). fées mue 12): Desroche (P.), Dettmann A. fe . 458. Devaux (Henri). 164, 455, 536. Dévé (F.), 40, 87, 280, 535. Devisé (R.), 453. Dey (B.-B.), 419, 496. Dey (M.-L. b 90. Dhéré (Ch.), 86, 452, 454. Dide (M.), 758. Diénert (F.), 83, 4954. Dietl (A.), 460, 499. Digby (L.), 169. Dima (G.-A.), 616. Dimmer (G.), 91. Dinguizli, 39. Distaso (A.), 168, 211, 454. Dix (A.-G.), 497. Dobbie (J.-J.), 457, 763. Dollfus (R.), 615. Donder (Th. de), 38, 411, 722. Donnan (F.-J.), 763. Dony-Hénault (O.), 795. Dopier (Ch.), 534, 694, 695, Dorlencourt (H.), 575. Dosne (P.), 210. Dougill (G.}, 699. 209, 455. 414. 151. AA, 533, 1 19 Ce Douin (R.), 575, Doumer (E.), 87, 415, 576, 577, 6117, Douvillé (H.), 757, 800. Doyen (E.), 250, 725. Doyer (Mike L.-C.), 700. Doyon (M.), 695. Drabowitch (W.), 638. Drach (Jules), 85, 452. Drapier (M.), 167. Drapier (P.), S5. Drechsler k Drecq (M.), 45 Dreyer (G.), Hi. Drouët (L.), 616. Dubard (M.), 86, 412. Dubois (Ch.), 618, 725. Dubois (Eugène), 131. Dubois (F.), 454 618. 216. 10 +, Dubois (Marcel), Duboseq (0.), 280, Duboux, 727, 7517. Duoreuil (G.), 658, Dubrisay (René), 213. Dubus (A.), 617. Ducelliez (F.), 278, Duclaux {J.), 692. Ducloux (E.), 689. Ducretet (F.), 124. Duddell (W.), 214. Dudley (H.-W.). 539. Duffour (A.), 156. Dufour (Al.), 573, 122 Dufour (M }, 41, 212. Dufraisne (Ch.), 655 Duguet, 38. 694. Dubem (Pierre), 161, 817. Dubhet (E.), 617, 618, 725. 279, 656, 693. Duhot(K.), 87 < Dujarric de la Rivière (R.), 415. 659. Dumas (J.), Duanu (P.-C. Dunningham | (A. _Ch.) ), 283, 419, 539. Dunoyer | L. ja 494, 534, 576, 615, 695. Dunsian (A.-E.\, 215, 539. Dupérié (R }, 212. Dupont (G.) HAL, 573. Dupouy (G.), 652 Dupuy (E.-L.), 512. Durand (H.), 415. Durand (P.), 759, S01. Durandard (M.), 166. Durandin (P.), 413. Dutoit (P.), 727. Dutt (P.-K.), 283. Duvillier (Ed.), 618, 659. Dye (D.- =W.) ), 447. Dyson (W. F. ), 693. E Earl (J.-C.), 283. Eckert (A.), 130, 620. Edmond (M.), 793. Edridge-Green (F.-W.), 89. Effront (Jean), 528. Egerton (A.-Ch.-G.), 282, Ehrenfest (P.), 130. Ehrenhaît (F.), 429, Ehrlich (Paul, S4 1 283. 130, 420, 494, 699. Einstein (A), 2 Eisenmann (K.) Ekecrantz (Dr. T r.), d Elias (G.-J.), 660, 763. Elliot (J.-C. 163. Emrys Roberts (E.), 411. Engler(A.), 723. English (S.), 518, 698, 763. Enriques (F.), 420. Enriquez (Ed.), 128, 657. Epstein PE a Erdmann (H.) Eriksson (.), vu. 53: Escard (J.), 796, 81: Esclaugon (E.) ts 85, 534, 574: Esmiol, 453. Espil (L.), 411, 72 8. 172. ho 834 TABLE ALPHABÉTIQUE Estanave (E.), Eucken (A.), Everest (A. hs Everling 48, 198. Evwins (A.-J.), 282. Fabre, 280, 615. Faury (Ch.), 453, 534, 615. Fabry (L.), 615. Fage (L.), 279. Fairise (C.), 454, 617, 801. Fallex ( (Maurice), 102, Fallot (P. Jar 112, RER Fandard (Me L.), 86, 126, 210. Farid Boulad Bey, 123. Farmer (J.-B.;, 169. Farmer (W.), : Faucon, 723, . Faure- Geors, 695. Favre (M.), 658, 724, Fawsitt NE Ed.) ), 12 Fehr (H.), 449, 815. Feigin (Mure B.), 658. Féjer (L.), 573. Fekete (M.), 534. Fénis (K. de), AURAI 163. Fernandes (F.-V.), Fernbach (A.), 3 Ferrié (G. | 122. Féry (Ch.), 281. Fessenkoff (B.), 278, Feuillié (E.), 168, Fiessinger ie Fiessinger Gi 54. Filippi (F. }, 6 £ Filon (L. L G) Findlay (Al.), 2 Fischer (H.), SA. Fischl (S.), 460. Flack (M), 456. Flajolet (Ph.), 411, 419, 655. Fleck (Al.), 215. Fleurent (E.), 616. Fliniaux, 513. Florentin (D.\, 88, 722 Foix (Ch.), 758. Foley (H.), 414, 452, 659, 693, 695, 123, 724. KFolmer (Me I.-J.), 764. Fonzes-Diacon (H.), 615, Forbester (R.-E.), 171. 452, 534. Forcrand (R. de), 86, 413, 453, 656, 722. Foresti (B.), 420. Forstall (A.-E.), 497. l'orsyth (W. Ci), 90. lort /M. ), 43. Fortineau (Ch.), 453. Fortrat (R.), 166. l'osse (R.), 494, 573, 574, 616, 659, 756, 758. Fouassier (M.), 210 Foulds (R.-P.), 42.° Fourneau (E ), # Fournier (Alb. Lu Fournier, 799, 15. a 414. Fournier d'Abbe (E.), 801. | Fourtau (R.), 85. Fowler (A.), 618. Fox (J.-J.), 45%, 763. Fraenkel (O. von), 91, 419 Franchimont (P.-N.), 44. Franchini (G.), 210, 712. | Francis (F.), 128. Franck (J.), 171, 172, 728. Franck (Ph.), 278. Francois (F.), 758. Francçois-Dainville (E.), 414. François-Franck (Ch.-A.), 40, 86. Frank (Ph.), 124, 419. Frankland (P.-K.), 418, lredenhagen (K.), 498. Fredericq (L.), 616. Frenkel (H.). 359. Freundler (P.), 495 i 497. 23. | Frick (P.), 274. Friedel (G.), Friedel (Jean), 209. Friedrich (W.), 172. Fritsch (K.), 283. Frobenius (G.), 727. Froin (G.), 126, 212, 280, 535. Fromaget (H.), S01. Frossard (H.), 412. Frouin (A.), 658, 798. Fyfe (A.-W.), 762, 163. 85, 124, 657 515, 617. G Gabreck (F.), 801. Gain (Edmond), 49, 277. Gall (H.), 795. Gallus (A.), 459. Gambier (B.), 124, 166, Gardet (G.), 657. Gardner (J.-A.), 89. Garfounkel (J.-G.), 39 Garin (Ch.), 31. Garner (W.-E.) Garnier (M.), 2 Garnier (René); Garrigou QE ) Gascard (A:), Gaskell (J.- Gateaux (I : Gatellier (J.), 695. Gau (P.-E. 2e 411. Gaubert (P.), 38, 85, 799, 818. Gaucher (L.), 168, 280, 495, 695. Gaudefroy (C.), 411, 693, 756. Gaudefroy-Demombynes (M.), 301 à 30%, 404. Gault (H.), 279, 411, 722, 756. Gaunt (R.), 619. Gauthronet (E.), 403. Gautier (A.), 195, 196, 169, 459, 374, 511, 618, 655, 696. Gautier (Cl.), 40, 86, 211, 414, 7 Gautrelet (1.), 49, 278, 454, 721. Gaver (F. van), 759. Gay (L.), 86, 2179, 656. Gazaud, 757. Gee (A.L.-W. de), 500. Gehlhoff (G }, 90. Gehrcke (E.), 699. Gelin (E.), 88. Gendron (Abbé), Geuin (V.), 88. Gentil (L.), 124, 336 à 310, 393 à 400, S18. Georgevitch (J.), 125. Georgievics (G. von), Gérard (E.), 573, 617. Gérard {F.), 656. Gérard (G.), 454, 659. Géraudel (E.), 86. Gerber (C.), 168. Germain (Louis), 164, Germaun (F.-E.), 724, 356. Gevrey (M.), 655. Ghedini, 695. Ghersi (1), 687. Ghosh (B.), 698. Giacobini, 38. Giaja (J.), 658, 156. Gianfranceschi (G.), Gibson (Ch.-S.), 418. Gicklhorn (J.), 620. Gidel (G.), 405. Gignoux (Maurice), 205, Gilbert (A.), 40, 87, 125. Gildemeister (E.), 689. Gill (Sir Daviu), 166. Gilling (Ch.), 90, Gillot “LV.), 695. Gilmour (R.), 171. Giran (H.), 756. Girard (P.), 415, 454, 576, 617, 758, 759. Girard (René), 389 à 393. Giraud (G.), 85 Giraud (J.), 616, 694, Giraud (P.), 755. 218, 533. , 497. 535, 725, 159. 86, ir 158. 460. 132. 615. Gronvwall ( DES AUTEURS Gironcourt (G. de), 411. Girvin (H.-G.). 457. ant Ph.), 50 à 67 Glazebrook (R.-T.), 417. Glénard (R.), 536. Gley (E.), 693. Godchot (M.), 210, 657. Godeaux (L.), 412, 534. Godin (P.), 123. Goldberg (J.), 911. Goldschmieët (G.), 419. Goldsmith (M.), 492. Goloubetf (W.), 574. Gompel (M.), 38, 40, 656, 658. Gorgey (R. } 216. Gorter (E.), 694. Gouault (E.), ae Goubau (R.), 124. Gouin (A. = io Goulding (E. ), 283 Goupil R «) 210: Gourdon (E. ), 278, 693, 158. Gouré de Villemontée (G.), 574, 616. Goursat (E.). 85. Gouy (G.), 411, 494. Gradenwitz (Alfred), 43, 90, 91, 430, 172, 460, 491, 498, 544, 580, 62, 649, 728. Gradwohl (R.), 759. Graham (G.), 89. Graham (J.-J), se Gramont (A. de), 38, 407, 722. Gramont, duc de ë iche (Armand de), 751. Granata (L.), 132, 460. Grassi (L.), 132. Gratiot (J.), 86. Gravier (Ch.), 30, 149 à 160, 209, 572, #74, Gray (F.-W.), 215, 854. Gray (d.-G.), 519. Gray (Th.), 128. Green (A.-G.), 89, 418. Green GP 698. Gregory (R pe ), 651. Greinacher (H.), 580. Grey (E.-C.), 578. Grifliths (E.), #18. Grigaut (A. }, 454, 535, 536, 658. Grienard (V:), 210, 657. Grill (E.), 460. Grimw que ie -G.), 129. HR) 815, 655. 167, Gros (Ch. je D Grossouvre, 85. Grosvener (W.-M.), 458. Groih (J.), 210, 656, 693. Grove (D.), 764. Gravel {A.), 39, 34% à 350, 744 à 247%. Gruzewska (Mme Z.\, 516, 657, 757. Grysez (V.), 513, S01. Guébhard (A.), 453. Guerbet (M.), 40. EU “Yamale, 758. Gugl (F.), 100. à (G*), 420. Guichard (G.), 412, 534, Guichard (M.), 723. Guieysse-Pellissier Guilbert (G.), 574. Guild (J.), 496. Guillaume (J.), 38, 799. Guillaumin (Ch.-0.), 659. Guillemard (H.', 167, 723. Guilleminot (IL), 654, 722, 816. Guillet (A.), 56. Guillet (L.), A 411. Guilliermond ( n Guinsbourg ( Guisez, 45% Guuwlich (E. Gunn (J.-A. Gunther, 412, 494. Gupta (N.-M.), Gupta(N.-S.), 43. Gutmann (R.-A.), 693. (A.), 573. 218, 412, 453, 616, 40, 81. | | a sine mnt "0 Gutton (C.), 279. Guyau (Augustin), 753. Guye (Ph.-A.), 724, 756, 795. Guyénot (E.), 415, 454. Guyon (F.), 38. Guyot (J.), 757. Guyou (E.), 2178. Gyôrgy (P.), 414, 695, 725. Haag (J.), 204. Haas (W. J. de}, 540. Haber (E.), 283. Haberlanat (G.), 619, Hadamard (J.), 452. Haga (H.), 284. Hsbhu (He 419. Hall (A.-A.), 619. Halla (C qi }, 620. Haïler (A.), 467, 412, 657, 693, 124. Hallion (L.), 454, 659. Hallopeau (H.), 414. Hamant (A.), #54 Hamburger (H.-J.), 131. Hamerton (A. E.), 659, S02. Hammarlund (C Hamy (M.), 124, 194, HEneock (H ), 209. Hano (J. von), 620. 534, 799. Hanriot (A.), 495. Hanriot (M.), 166, 209. Harden (A.), 283, 754. Hardy (G.-H.), 452 Harger (l.), 497. Hargreaves (\V.-A.), 579 Hariot (P.), 606, S1S. Harper (E.-M.), 128, 283. Hartley (E. J. G.), 419. Hartley (H.), 283, 518. Hartmann (H.), 279. Haschek (Ed.), 419. Hattwich (J.), 172, Hauer {F. von), 420. Haug (Em.), 39, S6, 167, 724. Hauser (E.), 279. Hauser (Fr.), 171. Havelock (T.-H.), 127. Haworth : W.-N.), 698, 763. Hazard (R.), 212. Hébert (A.), 532. Heckel (E.), 817. Hédon, 5175. Heger (Paul). 702. Heïlbron (1.-M.), 170, Heinricher (E.), 130. Heitz (J.), 658. Helbronner (P.), 573, 7199. Helderman (W.-D.), 92, 764. Hellmann (G.), 620. Helmert (F.-R.), 620. Henderson ( Henderson (J.-A.-R.), 470, 455. Henurick {J.), 283. Heori (Me V.), 453, 151, 798. Henri (V.), 38, 86, 453, 494, 615, 692, 125, 798. Henrijean, 211. Herçay, 408. Hérissey (H.), 125. 414. Herlant (M.), 615, 798. Hérouard (Edg.), 412. Hertz (G.), 171, 128. 131, Hewitt (J. TP. ) 282, De Heydw eiller (Ad.), Hicks (W.-M }, da. Higgins (S. -H.), 128. Higgins We. -F.), 762. Hilbert (D.), #41. Hildt, 41. Hill (L. ), 456. Hodgkinson (W.-R.), 699, 764. 191, 127, 218 TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS 13, 49%, 513, 655, 214,215, 379, 804. 215, 660, G.-G.),170, 214, 215,579, 804. | Jaeger (F.-M.), Hodgson (H.-H.), Hoffmann (F.), 689. 98. Hogg (T.-P.), 6 Holborn (L.), Hollard (A Hollely (W.- Holmes (J. 497. 498. .), 689, 195. F.), 418. ), 170, 497, 698. Holmyard (E.-J.), 539. Holst (G.), 163. | Holt (A.), 215, 578, 802 Hollz (Louis), 405. Hôünigschmid (0.), 216, 656, 693. Honing (J.-A.), 284. Hoore (F.-R.), 699. Hopfner (F.), 91. Hopkinson (B.), 127. 130. Horovitz (Mie De }, 656. Hopwood (A.), Hostinsky (B.), 3 Houard (C.). dis. Hough (A.-T.), 764. Houllevigne (L }, 440 à 446, 612. Houssay (F.), 692, Houston R. "AY vu 127, 571. Hovy (A.-J.), Howell (O0. es. Ilowie (M. 519. Huard (A.), 407 1. Hubault (Paul), 409. Haber (Michel), 552 à 559. Hübner (J.), 129, 619. Hucbard (C.), 415. Huchet (P.), 722. Huguet Hulme (W.), 128. Hulshof (H.), 660. Hulton (H.-F.-E.) Hombert (G.), 38. | Hughes (A.-H.), 194. Hugounenq (L.), 121, 414, (J.), 293 à 301. S16. ; 918. 166, 655, 692. Hurwitz (A.), 452. Hyman (H.), 57 8. Hynd (AL), 198. Tdrac (P.), 18, 723. Imbeaux (Ed.), 210. Imbert (Léon), 657. |! Infroit (Ch.), 694. Iuman (A.-C.), 212. Innes (Mile H.-R }, 698. Innes {F.-F. ),- 164. lovitchitch (M.-Z }, 413. Irvine (J.-C. Iscovesco (H }, Istrati (C.), 204 , 128, 451, 698, 18, 86, 81, 162. 196, 168. J Jackson (L.-C.), 283. Jacob (Ch.), 53 3. Jacobs (J.), 496. Jacquet (A.), 690. Jactel (René), 379 à 383. Jadin (F.), 413, 756, 2 157. 84, 500, 540, 164. Jager (F.), 218, 533. Jager (G.), 700. Jakob (M.), Jamot, 209. 498. Jana (S.-C.), 90. Jansson (C.), Jaques (A.), Javal (4.), Javelly (E.), K01. Javillier (M.), Jay, 167. 124, 169, 454. 539. 209. 533, 917 Jeandelize (P.), 617. Jeannel (R.), 639 à 644. Jeans (J.-H.), 127. Jeanselme (E.), 758. 761. Jeffrey (E.-C.), Jégou (P.), 656. Jekbowsky (B.), Jennisou (J.), 199, 800. #51. | Keen (B.-A.), Jentzsch (R.), #12. Joannis (A.), 413. Joannis (J.), 210, 656, 722. Johnson (Mie R.-M.), 282. Johnson (W.), 89. Johnstone (S -J.;, 283. Joleaud (A.), 617. Joleaud {L.), 166, 495, 516, 611. Jolibois (P.), 125. Jolly (J.), 40, 168, 694. Joltrain, 724. Jones (D.-T.), 215. Jones (M.), 579, 804. Jones (R.-L.), 282. Jones (W.-J.), 539, 804. Jonker (W.-P.-A.), 500. Jordan (F.-W.), 254 Jouan, 414, 535. Joubin (L.), 209, 575. Jouniaux (A.), 209. Jousset (A.), 616. Joyner (R.-A.), 90, Julius (W.-H.), 660. Jumelle (Henri), 217, 451, 155. Jungfleisch (E.), 210, 573. Jupille (F.), 211, 535. K Kadisson (M'e K.-B.), 212. Kailan (A.), 419. Kalicun (B.), 499, 699. Kampé de Fériet, 38, 209. Kapp (A.-W.), 128. Kapteyn (W.), 540, 660, 763. Karatfa-Korboutt, 279. Karpowicz (A.), 693. Kay (F.-W , 698. Ë Kaye (G.-C.), 762, 815. Kayser (E.), Le 127. Keesom (W.-H.), 44, 91, 92, 660. Keilin {D.), 414, 575. Kempf (R.), 82. Kenner (J.), 282, 762. Kent (A.-F. <$.) PURE Kenyon (J.) 42. 128, 110, 497. Keraval (E.), 166. Kercelli AE 124 Kerforne (F.), 575. Kergomard (J.-G.), Kervily (M. de), 617, 658. 402. : Ketelaere (0. de), 722. | Kænigs (G Kettner (A.), 500. Kidd (F.), 538, 761. Kiebitz (F.), 129. Kimpflin (G.), 413. King (A.-Th.), 698. King (G.), 539. King (H.), 539. Kipping (F.-S.), 90, 170, 214, 282. Kirmisson (F.), 616, 694. Kirpal (A.), 460. Klein (R.), 216. Klemensiewiez (Z), 692. Kling (A.), 88. 210, 722 Klinyatsch (A.), 91. Klintz (J.-H.), 499. Klooster (H.-S. van), 500. Kaoapp (A.-W.), #18. Knecht (Ed.}, 283. Knight (W.-A.), 90, 418, Knoblauch (J.), 203. Knox (J.), 698. Koher (L.), 620 Kæchlin (J.), 724. Kæœnigs EL G.), , 692: RH dberser J.), 459. Kohlmann (E.), 497. Kohlhür-ter (W. ), 43. Kobnstamin (Ph.), 245, 284, 660. Kollmann (M.), 86. Kopaczewski (W.), 759, 801. Korn (A.), 452. 692. 279, 516, 615, 658, 836 TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS ——————————— —— — —————————— Korreng QE Korteweg (D.-J 763. Kowalewski (G.), 130. 278. Kowalski (J. de), 219, 412, 513 Krall (H.), 215 Kratzmann ï ces (R.). j1, Kresta (O.), 172. Kritch Me N.), Krolunitsky (G.-4 -]s AU. Krongold (Mie S.), 724, 725. Kropsch (R.), 419, 160. Kruppa (E.), 130. Kruyt (H. -R. HE Ktenas (C.-A.) ait, #13: Kuenen (J.-P. ), 44, 540. Kunckell d' Here ulais (J.), 724. Kurtenacker (A.), 172, 700. Kuss, 211, L Laar (J.-J. van), 284, 499, Labbé (M.), 125,8 LES Laboureur (M.), 568. Labrouste Hs 168,279, 751. Lacoste, 41, 694. Lacroix (A.), 413, 655, 198, 199, 817. Ladenburg (R.), 656. Ladreit de Lacharrière (J.), 366 à 371. Lafite-Duoont Lagane (L.), Lagrange (E. Lagrange (FE): Laguesse (E. Lahure, Le Lahy (J.-M ), 4 Lallemand (Ch. Lambling (E.), Lameere Eu, Lammer (P.),1 Lamothe (de), 6 Lauipa (A.), ns. 916. Landau (E.), 125. Landau (M.), 125. Lander (P.-E.), 89. Landerer GE 798. Landouzy (L.) , 414, 515, 799. Landrieu (Ph.), 210, De Langelaan (J.-W.), 44, 131. Langeron (M.), 415, ee, Langlois (J.-P), 165, 409, 532. Lanquine pure Lanzenberg (A.), 8 Lapersonne (F. Fe 168. Lapicque (Mn* L.), 211, Lapicque (Louis), 84, 25: Laporte, 41. La Porte (F.), 655. Laporte (F.), 695, 725. Lapworth (A.), 90, 519, 804. Laqueur (E.) 700. Larguier des Bancels (J.), 694, 757. Larmor (Sir J.), 697. Larmor (J.-L.-B.), 697, Laroche (G }), 87, 454. Lassabliér. (P.), 167. 540, 660, 7163: .-A.), 415, 536. EE cages , 259 à 233, 618. b ee Des: 2 GR EE que 2914 à 292, 37, 167, 575 419, 616, 725. 211, 411, 419, 616, Lasseur (Ph.), 576, 617. Lassieur 210. Lattey (R.-T.\, 419. Laugier (H.), 212, 454 1 Launay (L. de , 430. Launoy (L.), 126. 280. Laurent (O ), 279, 533. Laurie (A.-P }, 469. Laveran (A.), 124, 210, 412, 494, 799, 800, 817. Léauré (A.). 533, Lebailly (C.), 725. Le Bas (Mile G. ), 49 Lebeau !P.), oi 1, 122. Lebeuf (A.), 8 Leblanc (E.), Th: Leblanc fils (M.), 466, 209, 455. 573, 693, Lebon (E.), 817. Le Bon (G.), 122. Lécaillon (A .), 86, 124, 125: Le Cerf (F.), 494. 166, 656, 693, Le Chatelier (Henry), 2, 612, 758. Lechner (A.), 172. Lecomte (Henri), 570, 723. Lecomte-Denis, 161. Lecornu (L.), % à 44, 85, Le Dantec (Félix), 121. Ledebur (A.), 688. Leduc (A.), 413. Leenhardt (Ch.), 210. Lees (C.-H.), 697. Lefébure (V.), 214. Lefebvre, 721. Lefèvre (J -), 125, 159 Le Filliatre (G.), 1 Me (R.), 219; Leger | De ; 5 Lég er E.), -)i 2 h UE Léger ( (M. 695, 150. Legramps (A.), 385 à 386. Legry (Dr), 694. Lehmann (0.), 209, 494, 598. Le Hur (P. } 801. Leidler (R.), 460. Leitmeier (F., 700. Lelieuvre (M. 274. Lematte (L.), 573, 575. Lembert (M.- 756. Lemoine (G 198. Lemoine | G: Pr ), 453. Lemoult (P), 34, 120. Léon, 574. Léonardon (F.), 531. Lepage (G.), 758. Lepape (Ad.), 219, 413. Lepierre (Ch.), 86 Lépine (André), 126, 280, 495. Lepke (W.), 699. Leprince-Rinsuet (F.), Lerch (F. va 1), 620. Leredde, 21:, 25. Léri (A.), 616. Lermoyez (Marcel), 32. Le Rolland (P.), 723. Le Roy (G.-A), 125, 817. Léry (G.), 119, 654. Lesage (A.), 280. Lesieur (Ch.), S6. Le Sourd (L.), 86, 454, GIG. Lespieau (R.), 39, ati 533, Le Sueur (H.-R.), 128: Letoux (M.), 758. Letts (E.-A.), 457. Letulle (M.), 495. Levaditi (C.), 40, 168,:415, 534, sol Levi-Civita (T.), 420. Levi-Franckel (G.), 535. Levinstein (H.), 721. Lévy (Paul), 452. Lévy (S.-1.), 170. Lévy-Brubhl (M.), 280. Lewin (K.), 456. Lewis (E.-A.), 619. Lichtenstein (L.), 85. Li-bisch (Th.), 497. Liebreich (E.), 580. Lienhart (R.), 41. Ligaier (0.), 724. Limozin (R.), 618. Lindelôf (E.), 166. Lindemann (F.-A.), 125, 579. Lindemann (R.), 459. Lindet (L.), 123. Lippmann | (L.-A.), 124, 452. | Lipschitz (Ad) 283. Little (H.-F.-V.), 457. Littlewood (J.-É.), 692, Liverseege (y: F.), 418. Livon (Ch.), 415. Livon fils (] ), 468. Lloyd (Mie D.-J.), 496, 659, Lloyd (F.-E.), 283. 757. 218, 646, 693. 720. 616, 724 ! Marfan (À D, Lobry de Bruin (C.-A.), 131, Lockett (W.-T.), 578, 721. Locquin (R.), 616. Loeb (J.), 615. Loeper (M.), 126, 535, 159, 801. Loffier (B.), 700. Lohr (E.), 172. Loisel (J.), 723, 757, 799. Lo ngchambon | M 124, Longinescu | (G.), 204. Lorain (P. V 568, 612, G51. Lorber (1.), 91, 419, 420, 300. Lordier (Ch.), 791. Lorentz (H.-A.), 19 à 486, 275. Lorenz (L. von), 172. Losanitch (M.), 655, Lo Surdo (A.), 420. Louvrier (J.), 412. Lovisato (D.), 132. Lowry (T.-M.), 1170, 539, 804. Loygue (P.), 576. Lublen (K.), 459. Lubimenko (V.), 210. Lucet (Ad.), 39, 412, 452. Lucien (M.), S01. Ludwig (Al), 453, #73, 124. Lugeon (M.), 694, 724, SIS. Lurzet (J.), 799. Lumet (G.), 124, 568. Lumière (Aug.), 124, 195, 534, 657. Lüschen (F.), Se Lusin (N.) É Lutaud (L. 6, 123. Lutze (y 166, 452, 693, Maas (R.), 91, 419, 460. Mac Bain (J.-W.), 457, 579. Mac Beath Ross (J.-D.), 419. Macbeth (A.-K.), 128, 283. Mac Combie (H.), 90, 419, 539, 763. Macdonald (H.-M.), 496. Macdonald (J.-L.-A.), 42. Marche (H.), 216. Mac Kenzie [Al. , 163, Mackie (J.-I1.), 578. Macleod (J. à 457. Mac Linlock (W.), 169. Mac Nab (L.), 283. Macquaire (P.), 534. Mac Queen (J.), 456. Magitot (Dr), 575. Magnan (A.), 412, 758. Magne (H.), 86, 658, 725. Magnin (L.), 86. Magrou (J.), 86 Maidi (F.), 420. Maigre (E tienne), 451. Maillard (L:-C.), 420, Mairet, 78. Makower Ne .), 649: .), 514, 618. ' 030, 576, 697 Malaquin (A Maldiney, 6ÿ Mallock (A, É Malméjac TN O8. Mancini Le 132, 460. Mäangin (L:), 799. Mangin (Maurice), 691. Manley- -Bendall, 143 à 118. Manouélian (Y.), 694. Manoukhine (J.), 168. Manouvrier (L.), 208. Manquat (A.), 1617. Mansuy (I.), 36. Manuelli (C.), 132. Maquenne (L.), 574. Marage, 126, 411, 413, 574, 718. Marcelin (A,), 450. Marcelin (R.), 38, 124, 209, 574, 655. Marchand (H. |, 504, 664, 769. Marchis (L.), 204. Marcille (RS ) 688: Marcolongo ( R. 132. 454, 534, 694, 800. D | o Ë 8 ). Mailhe (Alph.), 67 à SO, $2, 279, 413 453, 613, 756: CES tt D io RS. 2 Margerie (Emm. de), 721. Margival (F.), 462. Marguet (F.), 305 à 711. Marie (A.), 40, 168, 535, 616. Marie (C.), 276. Marie (P.), 616. Marinesco (G.), 211, 278, Marliangeas (R.-M.), 212. Marqueyrol (M.), 42, 88, 557. Marsh (J.-E.), 497. Marshall (J.), 283, 418$. Martel (de), 40, 168. Martel (E.-A.), 411, 5173, 123. Martens (F. F.), 171, 498. Marti (V.), 198. Martin (C.-H.), 456. Martin (G.), 763. Martin (H.-E.), 282, 457. Martin (Percy K.), 570. Martin (Pierre), 44. Martini (M.), 81. Martonne (Emm. de), 720. Mascarelli (L.), 132. 756. Massol (L.), 453, 694,123, 724, 125, 751 801, Masson (P.), 86. Mathews (Mile A.-M.), 252 Mathieu {Alb.), 495. Mathis (C.), 725, Mathison (C.-G.), 456. Matignon (Cuwille. 5. 205, 544 à 516, 529. er Matruchot (P.), 40, 411. Mattei (Ch. ), ts EG. Matthieu (P.), 212, 454. Maubant (E.), 199. Maurain (Ch.), 639 à 686. Mauran (D'), 306 à 308. Maurel (E.), #14, 533, 535, 695, 121. Mauriac (P.), 127, 536, 617. 659, S01. Maurié (E.), 198. Maury (E.), 693. Mawas :J.), 40. k15, 123. Mayer (A) } sd. 1617, Mayer (H.), Mayet Het 532. Mazé (BP. Y 539% 151. Mazurkiewiez (E.), 278 Mazzucchelli (A.), 132. Meado (A.-J.) ha. Meek CF D) 169. Meingast (R,), 700. Meissner (\W.), 498. Meldola (R.}, 418, 497, 698. Mellet (R.), 97, 724. . Ménard (P.-J.), 515. Ménétrier (P.), 495, 694. Menezes (S.), 694. Mengaud (L.), 82, 124, Mengel (Q.), 124, 531. Mercer (H.-N.), 418. Mercier (L.), #1, 212, 408, Merle (E.), 658. Merriman (R.- -W.). 4 Mersereau (G.), 1764. Merry (E.-W.), 419. Mertens (F.), 460. Merton (T. KR), 90, 214, 449. Meslin (G- ), 616. Mesnager, 87, 817. Mestrezat (W.), 658. Mesureur, 575. Meyer (H.), 172, 460, 620. Meyer (S.), 430, 420. Meyer (Th.-J.), 459. Meyeringh {l .), 693. Meyerson ([.), 124. Mézie (A.), 413. Michel (L.), 694. Michel-Lévy (A.), 39. Micklethwait (Me F.-M.-G.), 90, 698. Miège (M.), 157. Miège LE 39. Mignon, 414. Mignonac (G.), 574, 655, 696, 124, Mihaïesti (C.-J.), 535. 281; 514. 14 +94. ‘= | Moore (Ch.-N Morau (R.-C.), 723 : Muller (P.-Th.), TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS Milani (A.), 132. Miles (F.-D.), 169. Miller (J.), 497. Millochau (G.), Millosevich (E.), 132. Millosevich (F.), 132. Mills (W.-H.), 128, 698. Minea (J.), 211, 278, 156. Minguin (J.), 534, 693. Minkowski (H.), 275. Miramond de la Roquette, 278, 281. Mironescu (Th.) ), 413. Mislawsky (N.), 658. Mitzscberling (Arthur), 406. Moitié (A.), 514, 618. Moll (W.-J.-H.), 131. Molliard (M.), 799. Mouaco (Prince Albert de), 615. Monchicourt (Ch.), 276 453, 494, 723. | Monod (lh.), BAA à 347. Montaugerand (L.), 798. Montel (Paul), 687. Montessus (R. de), 5385 à 588. Montessus de Ballore (H. de), 205, 209, 411, 657. Monti (Mile R.), 460. Monti (V.), 420. Moog (R.), 756. Moore (B.), 659. N.), 656. Moore (T.-S.), JR Morat (J.-P.), 695, 759. Morax (V.), 535. | Moreau (Mme F.), 414. Moreau (F.), 725. Moreau (G.), 166. Moreau (L.), 413. Morel (A.), 40, 414, 535. Morgan (G.-T.), 214, 215, 457, 163. Morgan (L.), 457. Morgan (J.-D.). 539. Morisani (0.), 1617. Moritz (F.), 193. Morlot, 617, se Morrell (G.-F.) Morrell ( (R. -S.) (38° Morris (L. -P. + TE Morton (A.), kgs. Moss (H.-W.), 214. ! Mougeot (A.), 126, 168, 211, 454, 5175, 658. Moulin (M.), 452, 494, 574 Moulinier R. }, 212. .Mourelo (J.-R.), 124. Mouret ( CHOICE 149. Moureu (Ch.), 279, 413, 494, 537, 514, 655, 696, 724. Mouriquand | G.). 40, 535. Moutier (A. } ns, © 574, 69. Mouton (H.), Moycho (V.), 1$. Muye (Marcel), 80. Mukerjee (K.-Ch.), 43 Müller (Em.), 216. Muller (P.), 44. 408, 449. Mulon (P.), 64 à 67, 87, 124, S00. Mumford (E.-M.), 419. Mummery (J.-H.), 169, 578. Muntz (Ch.-H.), 692. Muraour (H.), 42, 88, 537. Murat (M.), 85, 167, 278, 412. Mutermilch (St.), 415. 576, 359, S01. Nabarro (D.), 454. Nagel (O.), 699. Nageotte (J.), 40, 574, 617, s01. Naunton (W.-J.-S.), Neesen (F.), 91. Nègre (L.), 659. Negri (M:), 152. Neogi | P.), 19. Nernst | (W.), 44, 128. 158, 498. 837 Netter (A.), 84, 124, 124. Neumann, 758. Neumeier (F.), 20. Neuville (H.), 40, 1284, 725, 159. Neveu-Lemaire (M.), 207 Newbery (E.), 282. Nicholson (J.-W.), 573. Nicklés (R.), 166. Nicloux (M.), 38, 167, 280, 654. Nicolardot (Paul), 120. Nicolas (E,), 159. Nicolle (M.), 575, 657, 817. Noble (N.), 35. Noc (F.), 168. Nogier (Th.), 656, 122. Noirel (H.), 374 à 379. Nordenskiold (Otto), 342 à 346. Nôrlund (N.-E.), 534, 513. Nowak (H.), 700. 167, 415, 453, 579, 658, 126, 211, 278, 658, [0] Ocagne (M. d'), 469 à 434. Occhialini (A.), 132, Oden (S.), 91. Oechslin (K.), 126. Oechsner de Coninck {W.), 40, Oldhbam (R.-D.), 495. Olivari (F.), 132. Ollino, 535, 695. Ollive (Dr), 40. Ollive (F.), 85. Ollivier (H.), 32 Onnes (H. Kamerlingh), 4 459, 494, 499, 500, 660, 722 Oosterhuis ee 49; 300. Orlando (L.) Orticoni (A. j. De 2, 454: O'Shaughnessy (F.-R.), 12 Osler (W.), 616. cr — p Padoa (M.), 420. Page (Harold J.), 416. Pagniez (Ph.\, 86, 454, 616. Painvin (G.-J.), 85 Pal (J.), 124. Palmenberg (0.-W.), 129 Pamard, #13. Papelier (G.), 793. Papin (L.), 86. Paraf (J.), 40, 126, 168, 211, 280. Parenty (H.), 166, 452, 573, 693, 751. Parhon (Mme C.), 535. Parhon (C.-J.), 35. Parhon (Mi: M. JE Parisot FE |: ee SOL, Parker (A Parker (H. y ji 698. Parker (L. Bt) 128, Parkes (J.-W.), 763. Parmentier (Georges), 625. Parsons (R.-C.), 699. Partington (J.-R.), 419. S04. Pascal (P.), 86, 209, 655,692, 798. Paschoud (M.), 723. Pasteur-Vallery-Radot, 575, 658. Paterson (Mile B.-M.), 457. Paterson (J.-H.), 171. Patterson (T.-S.), 90. Pauli (W.), 91. Pauron, 694, 695, 725. Pawlow (W.-1.), 762. Payenneville (J.), 535. Pchéborski (A.), 278 Peczalski (Th.), 533, 758. Peddle (C.-J.), 497. Pélabon (H.), 655, 692, Pelissier (P.), 801. Pellegrin (J.), 209. Pellew (Ch.-E.f, 164. Pellini (G.), 420. Pelourde (F. , 653. 519. 838 TABLE ALPHABETIQUE DES AUTEURS Penck (A.), 458. Penfold (W.-J.), 210. Penkiewilsch (B:), 210. Pérard (Alb.), 281. | Percin (Général), 654. “ Pereira de Sousa, 39, 694. | Pérès (J,), 132. | Perez (Ch.), 799. Perkia (A.-G.), 110, 698, Perkin (F.-M.), 619. Perkins (W.-H.), 128. Pernet, 126, 212, 280. S04. | Perot (A.), 166, 219, 414, 798. Perret (Robert), 690. Perret (U.), 132. Perrier (Capitaine), 490. Perrier (Albert), Y2, 284, 452, 494, 499. Perrier (Edmond), 38. Perrier (R.), 5174. Perrier de la Bathie (H.), 451. Perrin (J,), 533. Perrotin (H.), 143 à 4148, 174, 730. Peski (A.-J. vau), 500. Pesta (O.), 460. Petit (K.-R.), 32 Petit (G.), 576. Petit (H.), 688. Petri (LA, 132, 460. Pettit (Aug.), 535. Petzetakis (M.), 86. 87, 126. 211, 280, M4 415, 453, 535, 617, 695, 759. Pézard (A.), 210. Pezet (Ch.), 758. | Pezzi (C.), 81, 126, 535, 695. Philibert (Vice-Amiral), 401. ï Philibert (A.), 39. | Philippi (E.), \ 283. Philpot (A. if. ), 418. Phisalix (Mme M), 575, 123, 756, 158. Picado (C.), 658. Picard (Em.), 534. Picart (Luc), 85. Pick (G.), 278. Pickard (R.-H.), 42, 128, 470, 497. Picou.(M.), 533, 513, 615, 722. Picone (U.), 132. Picqué (L.), 414, Pictet (A.), 39. Piéron (Henri), 83, 81, 168, 658, 725, 156. Pierret (R.), 801. Pietschmaun (V.), 499. Piettre (M.), 85, 219, 692. Pinard (A), 167, S00. Pisani (F.), 494. Pizzetti (P.), 420. Plancher (G.), 132. Plate (F.), 132, 460. Platrier (Ch.), 85. Poelzl (Mile L.), 699. Poeschl (Th.), 693. Pohl (R.), 580. Polangi (M.), 580. Policard (A.), 280, 453, 535, 658. Pollak (J.). 620, Pollard (C.-Th.), 496. Polva (C.), 166. Pompeiu (D.), 799, Pouselle (A.), 535. (F.-G.), 215, 282, 804. .-J.), 42, 215, 451. Popolt (K. } 38. 800. 123, 196, 166, 124, 759, 860, 801. 315 à 327, Porak (R. \, 86, Porché (Georges . à 332. 328 Porte (A.), BASE ï Porter (A.-W. s A21- Portevin (A.), 4: ins. 533, 729 Pospielow | A.), 699. Postma (S.) , 164. Potts (I. ÆE. ), 497. Pouget (1.), 531. Pouynet (4.), 85. Poulton (E.-P.), 89. Powell (Ch.-W.-R.),.42, 458. Power (F.-B.), 214, 4: 57. 539, 804. Powis (F.), 128, 419, : Przibram Pozerski (F.), 535, 576, 124, 125. Pratolongo (M.), 132, 420. Pratt (W.-R.), 419. Preissecker (F.), 700. Prenant (A.), 695, 124, 797. Prescott (J.-A.), 579. Prey (A.), 700. Preynat (André), 651. Price (T.-S.), 43, 539. Priog (J.-N.), 418, 538. Pringault (E.), 40, 617, 759 Pringsheim (P.), 580. Procter (H.-R.), 214. Proust, 158. Prowse (R.-W.), 698. Prud’'homme (M.),. 796. Przibram (K.), 172, 420. (H.), 499. Puccianti (L.), 420. Puiseux (P.), 246 à 350, 799. Purvis (J.-E.), 128, 418, 579. Pyman (F.-L.), 539, 698, 763. Q Quincke (G.), 699. Quinquaud (A.), 759. Quintaret (G.), 694. Rabaud (Et.), 86, 122, 533, 801. Rabut (Ch.), 411, 199, 817. Radeliff (S ), 458. Rakshit (J.-N.), 458. Ramart-Lucas (Mn), T3, Ranc (A.), 126, 166, 212, Ranque, 40. Rathery (F.), 281, 415, 454. Ratner ($S.), 218. Ravenua (C.), 132. Ray (P. -C.), 90, 579, 698, 763. Ras left (Lo rd), 537, 697. Raynaud (A.), 218, 657, 693. Rea (Mlle FL. -W.), 457. Read (J.), 215, 457. Reade (Th.), 419. Reaubourg, 618. Rebattu (J.), 725. Reboul (G.), 210. Reclus (Onésime), 409. Reclus (P.), 39, 800. Recoura (A.), 85. Reeve (W.), 698. Regaud (CI.), 414, 656. 124. 759. Regelsperger (Gust.), 98, 134, 165, 406, 422, 584, 669 à 629, 104, 766, S07. Regnard (E.), 121. Regnault (F.), 168, 211. Regnier (G.), 723. Reiche (F.), 656. Reiïlly (J.), 40, 87, 215, 457. Reinders (W.), 4i, 500. Reis (A.), 129. Rémoundos (G.), 452, 722. Renard (Paul), 656. Renaud (J.), 509 à 344. Renaut (J.), 657. Renaux (E.), 617. Rengade (Etienne), 449, 452, Rennie (E.-H.), 451. Rénon (L.). 86, 126, 280, 453. Renouf (Mte N.), 214. Répelin (J.), 125, 166, 210. Retterer (Ed.), 40, 126, 211, 280, 414, 415, 617, 658, 698, 724, 725, 759. Riban (J.), 38. Ribemont-Dessaignes, Ricco /A.), 132. Richard (J.), 502. Richards (Th.-W.), 756. Richardson (0.-W.), #18. Richaud (A.), 758. Richet (Ch.), 87, 124, 167, A2, 573, 657. Richet fils (Ch.), 126, 280, Richtera ‘L.), 130. 158. Ress (Fr à 635 Rindl (M. Risseghem Mie H. van), Ritter (W.), 460. Rivière de Lecq, 403. Robert (Mile Th.), 167. Roberts (Ch.-E.), 695. Roberts (F.), 456. Robertson (G.-S.), 171. Robin (Alb.), 414, 657, 158. Robin (Félix), 41 Robin (P.), 692. Robinson (M!ie G.-M.\, 42, 648. Robinson (H.), 130. 42. ( 655. Robinson (R.), 39, 42, 170, 21%, 283, 698. Robien ( Robyn (A.), Rochaix (A.), 159, 804. Rodd |E.-H.), 538! 802. Rodemund (H.), 460. Rodriguez, 211. Roehrich (0.), 800. Roger ‘E.), 124. Rohden (Ch. de), 757. Rohmer (A.), 801. Rolland (Ch.-A.), 615. Rollet, 800. Roman (F.), 534. Romanovitch (M.), 759, Romburg (P. van), #4, 540. Rosati (C.), 132. Roscoe (Sir H.-E.), 408. M.), 519, 158. Rose TT -K.), 457. Rosé (Edm.), 452. Rosenblatt (Alfred), 85, 278. Rosenblatt QE) h Sa, 651, 726. Rosenbusch (H , 166. : Rosenstiehl ee 39: ‘Rosenthal (Werner), 614. Rossi (G.-B.), 132. Rothera (A.), 283. Rothé (E.), 411. Rothig (Paul), 44, 540. Roubier (Ch.), 87. Roubinovitch (J.), 694. Roudowska (Mile), 454. Roudsky (D.), G58, 798. Rouillard (J.), 40. Roule (L.), S5, 1617, 570, 573, 617, S08S à S14. Roullet-Chéry (Lucien), 9%, 505. Rowslacroix, 695. Roussel, 535. Rousset (H.), 289, 409. Roussy (G.), 40, 127, 280, Routier, 126, 534 Roux (E.), 166, 199. Roux (J.), 276, 615, 617. Rouzaud, 414, 535, 659. Rovereto (G.), 460. Rowe (F.-M.), 89. Rowett (F.-E.), Roy (L.), 166, SE IRUn nes (H. ), 497. Rubinstein, 11, 415. Rudge (A.-D.), 537, 538. Ruelle Lh 87. Rule (Al.), 215. Rule (H.-G.), 763 Russell (E.-J. 199, Russell {W.), 310. Rutgers (J.-G.\, 43. Rutherford (E.\ Rutten (L.), 254. KRydberg (J.-R.), 334 à 348, Ryfel (J.-H.), 456 576, 617. S Sabachnikoff (VI.), 163. Sabatier (P.), 85, 167, 278, 279, 411, 412, 413, 453, 652, 723, 166, 657, | LL DA Sacquépée (E.), 576, 695 : Sagastuue (C 4) , 2800 | Saguac (G.}, * Saint Blaucat (D) BY 798. Saint-Germain (A. de), 718. Sainturat (M), 688. Salet (P.), 453. Salimbeni (T.), 157. Salin (H.). 40, 81. Salmon (P.), 212. Saloz (J.), 658. Salway re -H.), Sambon(L.), 694. Sande Bakhuyzen (H.-G. van de), 489. Sanders (J.-Mc. C.), 763. Santchevitch, 572. Santy (P.), 535, 800. rs (A.), 41, 86, 284, 454. Sarvonat (F. h 87, 695. Sauton !B.), 126. Sauvage (E.), 45, 275. Sauvageau (C.), 285. Savariaud, 758. Savini (E.), 126. Sazerac (R), 618. Scagliirini (G.), 132. Scarborough (H.-A.), 539. Scarpa (6. % 132. Schaake (G.), 539. Schaeter (G.\, 40, 167, Schatïers (V.), 38 Schaumasse (A.), 453, G15. Scheel (K.), 171. Schetïer (F.-E.-C.), 92. Scheakl (E.), 43, 728. Schepers (J.-H.), 44. , Scheuer (0.), 692, 798. Schidlof (A.), 693. Schiller (J.), 168, 211. Schleidt (J.), 216. Schlesinger (L.), 692. Schmidt (W.), 620. Schniderschitz (N.), 700. Schoeller (W.-R.), 457. Schoen (M.), 39, 452, 656. Schorlemmer {C.), 408. Schottky (F.), 728. Schreinemakers (F.-A.-H.), 92, 131, 2 284, 500, 540, 660, 764. Schrodinger (E ne 91, 130. Schroers (F.), SH Les (S-- 5 6. Schulmann (E.), ), 280, 725, 159. Schulz (E.), 82. Schuster (A.), 697. Schwartz (Ed.), 651. Schwarzschild (K.), 172, 620. Schweydar (W.), 620. Sciolette (Mlle E.), 132. Scott (D.-H.), 89, 761. Scrivenor (J.-B.). 450. Sécérov (S ), 657. Segaller (D.), 128, 2145. Segol (Em.), 85 Segol (J.), 85. Séguin (P.), 454, 533. Sélényi (P.), 38. Seliber (G.), 535. Sen (K.-B.), 170. Senderens (J.-B.), 213, 278, 618. Sénéchal (A.), 85, 215, 156. Sénez, 40. Sen-Gupta (H.-K.), 215, 698. Senier (A.), 804. Ser (J.\, 274. Sérégé (H.), 536. Sergent (Edm.), 414, 452, 658, 6 695, 723, 124. Sergent (Emile), 653. Sérieux (Po 614. Seurat (L.-G.), 87, 168, 280, 576, 617, 658, 694, 195, 80f, Sève (Paul), 756. Severini (À. ), 420. Shaw (A.-N.), 213. Shaw (T.-W.-A. k 7e Shaxby (J.-H.), À 90, 214, 457, 539. 281, 415, 723. 15, 59, 693, 939, 414, Shell (J.-F.), 619. Surimption (A.-G.), 697. Sidaine (J.), 212, 415. Siigwick (N.-V.), 42. Sierpinski (W.), 278. Sieur, 211. Silber (P.), 132, 420. Sillevis (K.-H.-A.), 92. Simek (Ant }, 284, 764. Simond, 413. Simonsen (J.-L.), Sing (P.), 457. Singh (B.-K.), 579. Sinha (S.-N.), 458. Siredey A.), 495 Sitter (W. . de), 43, 91, 660. Skaupy (F.), 459. Skolem, 198, 199. Skrabal (A.), 216, 700. Slatineano (A.), 535. Slavine (A.,, 801. Slousch (N.), 290. Suuiles (S.), 698. 804. 245, 518. Smith (UI.), 448, 518. Smith (F.-E.\, 214, 697. Smith (G.), 161. :.), 496. Smith (S. W. < \ 496, 619. Smith T- , 90. Smits (A. x DER A91 à 202, 215, 540, 700, 764. Smyth (Mile W.-R.), 283. Sumythe (J.-A.), 418. Snape (H.-L), 282, 698, Snethlage (E.), 797. Socor (E.), 611. Soddy (F.), 518. Sodré (F.), 87. Solaro (Al), 491. Sollaud (E.), 452. Sommelet (M.), 39, 88, 495. Sorre (Maximilien), 529. Souèges (R.), 574. Soula (C.', 454, 613, 657, 653, 692. Soula (J.), 420. Souques (A.), 616. Spath (E.). Spengler (E. 5 Spillmann (L.), 212. Spillmann (P.), Spineanu (C.), 757. Staeckel ee is à 428. Sta-hling (Ch:}, Stansbie (J.- =H.), 8. Stanton cf .-E.), 417. Stark (J.), 90, 580, 728. Starling (W.-W.), 282. Stassano (H.), 40, 656, 658. Staub, 414, 535. Stead (J.-E.), 458. Steele (V.), S04. Steenwijk (J.-E. de Vos van), 499. Stefanescu (S.), 453. Steiner (K.), 130. Stephen (H.), 457, 539. Stephens (J.-W.), 496. Stern (Mile L.), 454, 725. Sterneck (R. von), 460. Steubing (W.), 91. Stevens (H.-P.), 764. Still (Ch.-J.), 42. Stirling (Sir J.), 571. Stodel (G.), 87. Stoïlow (S.), 756. Stok (1.-P. van der), 43. Stokvis (L. G.), 722. Strevens (J.-L.), 283. Strobl (J.), 5935 à 610. Stromeyer (C.-E.), 161. Strutt (R.-J.), 214, 762. Struve (H.), 90. Strymbau (Mis M.), 121. Stuart (J.-Me A.), 283. Stubbs (L.), 283. Sturany (R.), 700. Suchy (C. Th.), 91. Suess (E.), 533. Sundberg (C.-G.}, 454. 500, 839 Suppantschitsch (R.), 655. Swyngedauw (R.), 124, 166, 210, €15. Székely de Doba (Mile A.), 728. Szilard (B.), 218, 411. T Tabellini (G.), 420. Taboury (F.), 723, 156. Taffanel(J.), 86. Tainton (U.-C.), 418. Tawiarkine, 725. Jarmmes (Mile T.), 500. Tannenberg (W. de), 615. Tanret (C.), 495, 513, 514, 727, 1 Tanret (G.), 533, 618, 123. Tarazona (1.), 798. Tarnarider (Me Th.), 757. Tassilly (E.), 124,163, 167,210, Tauleigne (A. } 124. Taylor (Mit: C. 2M. ), 42. Taylor (G.-W.), #32. Taylor (G.-1.), 697. Taylor (H. S j, 804. Tedone (0.), 420. Teissier (P.), 125, 616. Termier (Pierre), 546 à 552. Terroine (Euile), 31 ,212,414,415,453,723 Terwen WS, 340. Thaller (R.), 130, 216. Theuuissen (F.), 500. Thiébaut (F.), 86. Thiébaut (R.), 454. Thole (F.-B.), 215, 763. Thomas (J.-S.), 215. Thomas (P.), 408, 616, 723. Thowpson (S.-P.), 418. Thompson (W.-R.), 40. Thowson (D.), 761. Thomson (J.-G.), 761. Thomson (Sir J.-J.), 119, 762. Thonus (J.-C.), 131. Thoroton (H.-G.), 761, Thornton (W.-M.), 538. Thorpe (J.-F.), 170. Thuln (1.), 211, 415. Tieghem (Ph. vau), 534. Tieri (L.), 132. Tiffeneau (M.), 42, 88, 162, 616, 693. Tilden (Sir William-A.), 755. Tilmant (A.), 280, 535. Timmermans (J.), 412. Tivkler (Ch.-K.), 89, 457. Tino (O.), 751. Tissot (J.), 88, 615, 656, 692. Tither ey (A.-W.), 170, 283, 539. Toch (M.). 721. Toit (D.-F. du), 131. | Toldt (C.), 246. Toltschinsky (A.), 126. Tonelli (L.), 420, 656, 695. Tonnet (J.), 535, 159, 801. Torkomian (V.-H.), #15. Tosi (A.), 420. Traube (J.), 129. Tresfont (E.), 31. Trévet, 281. Trillat (A.), 85, 210, Tronquoy (R.), 694. Tropsch (H.), 172, 620. Trotman (S.-R.), 129. Trotter (J.), 804. TschugaeTf (L.), Tucker (S - de 429: Tuffer (Th.), 279, 575, S00, Turin (André), 751. Turnbull (A.), 418. Turner (E.-D.), 496. Turner (E.-E.), 282. Turner (W.-E.-S.\, 42, 1170, 418, 496, 539, 518, 698, 763. Turpain (A.), 574, 51. Tutin (F.), 89, 90, 128 282, 804. Twiss (D.-F.), 170, 163. Tzanck (A.), 40, 87. Tzitzeica (G.), 38. 515, 657, SAS. 123: 122, 119, 840 TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS U Uller (K.), 498. Ullmann (F.), 720. Urbain (G.), 215, 494, 157, 761, 798. Uven (J. van), 540, 660, 763. V Vacca (G.), 132, 420. Vahram (K.), 759. Vaillant (Ch.), 199. Vaillant (P.), 452. Nacoriel dr ), 124, A1. Valdiguié (A ds 695. V Es es 130, 580. Vallaux (Camille), 433 à 4410. Vallier (E.), 799. Vallon FR 211: Vallot (J.), 85. Valsan (G.), 85. Vanlair, 453. Vanstone (E.), 42, 579. Vanzetti (B.-L.), 132. Variot, 573. Vassart (Abbé), 120. Vasseur (G.), 124. Vaslicar, 533, 534, Vaucher (nhédee) Vavon (G.), 209. Vayssière (A.), 164, 69%, 358. Vay:sière (P.), 36, 207, 410, 615. Vecchi (M.), 132. Veres (M.), 86. Verkade (P.-E.), 216. Vermeulen (H.-A.), 4% Vermorel (V.), 156. Verneri (Joanunis), 161. Vernes (A.), 219, 414. Véronnet (Al.), 209, 278, 655. Vialaite (Ch.), 452, 659. Viale (G.), 460. Vidal (E.), 694. Vidal (J.-L.), 413, 533. Vignon (L.), 574, 651. Vigu'er (A.), 725. Vila (A.), 85, 219. Villaret (M.), 576, 801. Villiers (A.\, 722, 761. 575. 718. & Vincent (H.), 87, 365 à 366, 575. Vinet (E.), 413. Violle (H.) }, 210, 656. Viré(Arm.), 39. Virieux (J.), 454. Visentini (A.), 132. Visser (S.-W.), 44. Vlès (F.), 88, dE 539, 519: Vogl (Mie Me de Vois Encf (E. Volmar, 452, Volterra (V. : Voronoff (Dr), 69%. Vos (Mle J.), 616. Vries (Hendrick de), 539. Vries (Hugo de), 15% à 491. Vries (Jean de), 28%, 499, 540, 660. 163. VPALIS, Vuillemin eur 24 à 30. Vuillet (A.), 154. Vujevic (P. ), 4 20. W Waage (E.), 216. Waals (J. D. van der), Waals Jr (J. D. vau der), 540. Wade (W.-R.), 212. Waele (I. de), 535. Waetzmann {E.), 699. Wager (H.), 538. Wagner (A.-J.), 100. Waldeyer (W.), 90. Walker (A.-J.), 579. Walker (E.-W.-A.), 417. Walker (G.-W.), 89, 496, 527. Walker (J.), us 815. Walker (Mie! ns 539 Wallace (A ), 816. Wallach Î R F 722. Waller (A.-D.), 161. Wallich (V.), 534. Wallerant (F.); 124, 209, 279 615. Walimsley (H.-P.), 619. Walstra (K.-W.), 215, 284, 660, Walter (L. H.), 801. Wulther (Dr), 279, 818. Walther (A.), 499. Walton (A.-J.), 578. Warburg (E.), 171. Warcollier (G.), 452. Ward (P.-J.), 90. Warner (Ch.-H.), 538. Wartenberg (4. von) Wassmulh. (A.), 283." Watrin (J.), 694, 695, 725. Watson (D.-P.), 659, S02. Watson (E.-R.), 43, 170. Waitteville (C. de, 722. Weber (A.), 339 à 394. Weber (Heinrich), 274. Weber (Sophus), 44. Weberitsch (S.-R.), 700. Weill (Me J.), 218, 725. Weinberg (M.), 280, 454, 535, Weir Mitchell, 167. Weiss (Pierre), 12 à 24, 38, 85 Weissberge (H.), 658. Weizwann (Ch.), 457 Wensink (Mie D.-W.), 5 Werner (A.), 449, 798. Werner (E.-A.), 90, 418. Wertheimer (E.), 454, 725. Wertheim-Salomonson 500. Wesendonk (K. von), 5179. Wessberge (H.), 695. Weyl (Hermann), 119. 497. Weyl (Th.), 689. Weymann (G.), 171. Wheeler (R. -V.), 215. Whelilale (M.), hi. Whiddington (R.), 417. — L. MARETHEUX, IMPRIMEUR, 1, (J.-K.-A.), 91, 284, 540. 2 n (AL), 44, 164 Wital (E.), 40, 724. Wien (W.), 458. Wigand (A.), 43, 498. Wildeman (Em. de), 754. Wilkens (A.), 620. Williams (RES) 212, Willis (J.-C.), 659, Willson (6: -É.), Willstætter (R JA 620. Wilsdon (B. “H. 1 Wilson (E.), : Winkler Eu Winmill (T.-F.;, Wintrebert @. )h Witte (H.), 459. Witz (Aimé), 719, 793. Wohlgemuih (H.), 616, 122, 1217. Wolf (K.), 420; 460. Wolf (J.) 39, 494. Wolff (L.-K.), 216, 660. Wolfke (M.), 90, 129, 171. Wollaston (T.-R. ), # 458. Woliman (E.), 534. Wologdine (S.), 210 Woltjer (Jr.,, 660. Wood (A.-B.), 619. Wood (J.-K.), 539. Wood (R.-W.), 418, 494, 534, 516, 612, 615, 695. Woodhouse (Mi- H.), 42. Worley (F. -P. ), b38. Worley (R.-P.), 170. Wourtzel (Eug.), 27 Wren (H.), 42. Wright (L.-T.), Wright (R.), 90, Wurtz (R.), 125. Wynne (W.-P.), 804, 698. } … 211, 219, 980. 283. 214, 419. Y 539. 452 Young (Ch.-R.), Yung (Em.), 39, Zacon (hi Zaeplfel (de Zahn (HI.), Zambaco, 0. Zambouini Zeeman Eh En it Le Zehnder QE 26. Zeiller (R ss Zellner G 172. Zickner (G.), 171. Zimmer (O.), 130. Zimmermann (H.), 90. Zoretli (L.), 651. Zuber, 617, S04. Zumbiebl, 362 à 365. Zunz (E.), 414, 695, 725. Zwardemaker (H.), 92. RUE GASSETTE,