# & se Z MARRANT PONT TANE ARE Ê no se ts PAU Ru + Revue générale Des SClencCes:. pures et appliquées TOME TRENTE-TROISIÈME Revue. générale Hé Sciences pures et appliquées PARAISSANT LE 15 ET LE 30 DE CHAQUE MOIS FonpaTEUR : Louis OLIVIER, DocTEUR ÈS SCIENCES Directeur : J.-P. LANGLOIS, Docteur ès Sciences, Professeur au Conservatoire national des Arts et Métiers, Chargé de Cours à la Faculté de Médecine de Paris, Membre de l’Académie de Médecine. COMITÉ DE RÉDACTION l’Institut, Professeur au Muséum d'Histoire MM. Paul APPELL, Membre de Recteur de l'Université l'Institut, de Paris: E.-L. BOUVIER, Membre de naturelle; E. DEMENGE, Ingénieur civil; E. GLHY, Professeur au Collège de France; Ch.-Ed. GUILLAUME, Correspondant de l'Institut; À. HALLER, Membre de l'Institut, Professeur à la Sorbonne; E. HAUG, Membre de l'Institut, Professeur à la Sorbonne; L. MANGIN, Membre de l’Institut, Directeur du Muséum d'Histoire naturelle; Vice-Amiral PHILIBERT ; Em. PICARD, Secrétaire perpétuel de l'Acadé- mie des Sciences; Professeur à la Sorbonne. Secrétaire de la Rédaction : Louis BRUNET. TOME TRENTE-TROISIÈME 1922 AVEC NOMBREUSES FIGURES ORIGINALES DANS LE TEXTE PARIS Gaston DOIN, Editeur 8, place de l’Odéon, 8 1922 MAS ES ALS etT Ir ACER LME 9 NUIT PaALITR PDU AR y 33: ANNÉE N°1 15 JANVIER 1922 Revue générale es Sciences pures et appliquées FONDATEUR DirBCTEUR : LOUIS OLIVIER J.-P. LANGLOIS, Professeur au Conservatoire national des Arts-et-Métiers, Membre de l’Académie de Médecine Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. J.-P. LANGLOIS, 8, place de l’Odéon, Paris. — La reproduetion et la traduction des œuvres et des travaux publiés dans la Revue sont complètement interdites en France eten pays étrangers y compris la Suède, la Norvege et la Hollande CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE $ 1. — Astronomie physique Les piles photo-électriques et leur sen- sibilité. — Les méthodes photo-électriques ont fait réaliser un progrès immense dans la détermination des grandeurs stellaires. Actuellement, leur application à l'étude des fluctuations lumineuses des étoiles varia- bles donne des résultats si précis, que, grâce à leur appoint, on pourra bientôt lever quelques-unes des énig- mes encore nombreuses qui entourent la variabilité de ces astres. Ces méthodes utilisent deux catégories analogues d'instruments : la cellule au sélénium et la pile photo- électrique. Dans les deux cas on dispose, en somme, d'une pile extrêmement sensible, dont larésistance varie sous l’action des rayons lumineux. Il en résulte des modifications de l'intensité du courant qui parcourt la pile, et les fluctuations lumineuses de la source étudiée sont enregistrées par un galvanomètre très sensible. La pile photo-électrique présente toutefois de grands avantages sur le photomètre au sélénium. Ce dernier instrument jouit,en particulier, dela curieuseet génante propriété de se fatiguer : après avoir été soumis à l’ac. tion de la lumière, le sélénium ne recouvre pas instan- tanément sa sensibilité primitive. Si on l’a exposé pendant dix secondes, par exemple, à la lumière d’une étoile, on doit lui donner, ensuite, un repos d’une minute avant de faire l’observation suivante ;et ceci peut présenter des inconvénients dans les travaux de photométrie stellaire où, au cours d’une même séance d'observation, on doit effectuer rapidement un grand nombre de pointés sur les astres à étudier, La pile photo-électrique, au contraire, loin de voir sa sensi- REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, bilité s'émousser temporairement à l’usage, subit plu- tôt dans certains cas une exaltation de sa puissance. C'est ce qu'ont montré des expériences récentes 1 : durant 523 heures, une pile à l’oxyde potassique fut soumise à l’action d’une source lumineuse ; le résultat fut une augmentation d'environ 70 °/, de la sensibilité. Par contre, une pile au potassium, après une illumi- nation de 1.000 heures, n'avait pas subi de variation sensible de ses propriétés photométriques. Le photomètre à pile photo-électrique se compose, en principe, d’un tube de verre fermé dans lequel on fait le vide. La face inférieure du tube est recouverte d’une couche d’un métal alcalin, ou de son oxyde, reliée au pôle négatif d’une batterie de piles ainsi qu’au sol : c’est la cathode, Au milieu du tube, d’autre part, un anneau formé d’un fil de platine, et relié au pôle positif de la batterie, constitue l’anode. Dans la construction de cet appareil on peut em- ployer n'importe quel métal alcalin; toutefois, leur sen- sibilité va en décroissant dans l’ordre : lithium, sodium, potassium, rubidium et cæsium. La sensibilité du qua- trième de ces métaux n’est guère que la moitié de celle des trois premiers, et celle du cæsium, le quart seule- ment, Les piles photo-électriques, au point de vue de la sensibilité, se comportent à peu près comme notre œil: elles ne sont excitées que par des lumières d’une région bien limitée du spectre et{leur sensibilité est maxima pour une lumière de longueur d’onde déterminée, La position dans le spectre dece maximum varie d’ailleurs ———————————————————————— —— __—_—_—_—___—aaamme 1. E. F. Seier : Color sensitiveness of photo-electric cells. Astrophysical Journal, vol. LIL, p. 129; octobre 1920. 2 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE avec les métaux : elle est de plus en plus déviée vers le rouge quand on passe du lithium au sodium, au potassium, puis au rubidium et au cæsium. Fait curieux : cette variation est en relation avec le poids atomique de ces divers métaux; tandis que cet élément croit quand on passe du lithium au cæsium, la sensibililé diminue, et son maximum se trouve déplacé vers le rouge. Enfin diverses autres interviennent pour modifier la sensibilité à la couleur des piles photo- électriques, et pour déplacer la longueur d'onde de son maximum :ce sont, par exemple, la nature du verre employé pour la construction del’ampoule, et la nature causes du gaz, hélium, néon, argon, que l’on y a introduit à la basse pression d'environ 95 centièmes de millimètre de mercure. En résumé, toutes ces actions se combi- nent pour former les caractéristiques d’une pile parti- culière, et il faut en tenir compte lorsqu'on veut cons- truire un instrument destiné à un but très limité. Les longueurs d'onde pour lesquelles a lieu le maxi- mum de sensibilité des diverses piles photo-électriques qu’il est possible de réaliser forment, d'ailleurs, une véritable gamme lumineuse, et cette circonstance, loin de constituer un inconvénient, est susceptible de con- duire, au contraire, à des résultats de la plus haute importance, En effet, l'emploi simultané, pour étudier l'éclat d’un astre, de deux piles à maxima de sensibi- lité très différents en longueur d'onde permet d'obtenir les intensités lumineuses en deux points très différents du spectre, et l’on peut ainsi connaître facilement la couleur et la classe spéciale de cette étoile. C'est en comparant ses résultats d'observation au photomètre au sélénium, et à la pile photo-électrique, que Stebbins ! a pu, par des considérations analogues, déterminer la classe spectrale des deux corps du système double photométrique d’Algol,. H. Grouiller, Astronome à l'Observatoire de Lyon. $S 2. — Electricité industrielle Une nouvelle étape dans l'emploi des très hautes tensions aux Etats-Unis. — La Southern California Edison Company, qui a entrepris la capta- tion des forces du bassin de la San Joaquin River, auquel elle compte pouvoir emprunter en fin de compte de 700.000 à 800.000 chevaux, et qui exploite depuis plusieurs années déjà un ensemble d'usines représen- tant plus de 150.000 chevaux, prépare en ce moment une transformation capitale de ses installations : les deux lignes qu’elle possède pour alimenter Los Angeles, et qui ont une capacité de transmission de 55.000 KW. chacune, élant devenues insuflisantes pour assurer le service de la grande cité californienne et des environs, plutôt que de la suppléer par une ligne nouvelle, elle a décidé de porter la tension de transmission, actuelle- ment déjà de 150.000 volts, au chiffre prodigieux de 220.000 volts; c'est d’ailleurs cette dernière tension que, dès à présent, l’on considère en Amérique comme 1.9, Sresgins : À phote-electric study of Algol. Astrophy- sical Journal, vol, LIII, p. 105; mare 1921, devant devenir la tension normale des grandes lignes de transmission par lesquelles on compte interconnecter les grandes usines du pays et leurs réseaux de distribu- tion, de façon à constituer un puissant système solida- risant, dans la production et la distribution, les instal- lations présentes et futures. Au point de vue de la ligne même, on estime que la transformation envisagée n’exigera pas une modiGcation très importante de l'outillage actuel : les conducteurs sont portés par des isolateurs de suspension; peul êlre faudra-t-il ajouter aux dispositifs en question quelques éléments supplémentaires; mais on espère que cette addition même ne sera pas indispensable et qu'il suflira de munir les lignes des cerceaux ou boucles protectrices dont l’eflicacité a été mise en lumière depuis quelques années (à la suite des travaux de Peek,Ryan,etc.) pour assurer la répartition uniforme du potentiel sur les divers éléments des chaînes isolantes de suspension. C’est par l'application de ces boucles que l’on commence la transformation de la ligne, se réservant d'adopter d’autres mesures si lesessais montrent plus tard que la modernisation ci-dessus indiquée n’est passuflisante. C’est donc au point de vue de l’obtention de la haute tension requise que la transformation est intéressante; jusqu’à présent, en effet, on n’avait pas élabli de trans- formateur statique de grande puissance capable de fonctionner pratiquement sous une tension pareille à celle que l’on veut réaliser et qui représente un saut brusque de 70.000 volts ou 50 ‘/, environ comparative- ment aux plus hautes tensions en usage. Ici encore, cependant, la compagnie et les constructeurs qui la secondent dans la transformation à réaliser estiment que cette transformation ne présente pas d’aléas redou- tables,qu’elle en offre moins même qu’il n’y en eut,il ya une dizaine d'années, à passer dela tension de 66.000 volts alors utilisée à celle de 100.000 volts que l’on sut mettre en pratique tout à coup. L'appareil sur lequel on compte pour résoudre le pro- blème est le transformateur dit « à bobines circulaires » ; ce transformateur se distingue des appareils usuels, où les noyaux et les bobines sont rectangulaires, en ce que les enroulements, à basse età haute tension, y sont circulaires; en outre, elles n’alternent pas les unes avec les autres: les bobines basse tension forment un ensemble unique, une bobine hélicoïdale, sur chaque branche du noyau; les bobines hautetension également, celles-ci constituées chacune d’une simple spire consti- tiluant un disque plat, les disques superposés en un ensemble cylindrique, concentrique à l’enroulement basse tension, à l'extérieur de celui-ci, Cette construction présenterait de nombreux avantages sur la construction usuelle à bobines rectangulaires : elle permettrait, aflir- ment les constructeurs, d'arriver beaucoup plus simple- ment et beaucoup plus sûrement à une robustesse élec- trique et mécanique absolument irréalisables avec les dispositions anciennes, L'isolement des parties les unes par rapport aux autres, leur consolidation mécanique intérieure, leur ordonnancement propre etréciproque sont de beaucoup plus aisés qu'avec les bobines rectangulaires etalternan- tes; ajoutons aussi que le conducteur est travaillé dans CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 3 des conditions beaucoup meilleures, qu’il est plus uni- formément tendu, par exemple, ce qui lui est aussi favo- rable qu'à son isolement ; les conditions électromagné- tiquesetélectrostatiques sont également améliorées d’une façon notable; les efforts électromagnétiques s’exercent latéralement, sans tendance à déformation de la part des bobines; la distribution du potentiel est plus uni- forme: les concentrations de potentiel sont évitées, surtout si, comme on le fait, on a soin de faire la liai- son avec la ligne au point milieu de l’enroulement, en reliant les deux extrémités à la terre; notons aussi une meilleure situation sous le rapport de la circulation de l'huile et de la réfrigération. Les transformateurs adoptés, et dont quelques-uns sonten voie d’achèvement,présentent d’ailleurs quelques perfectionnements de construction importants en dehors de ceux inhérents à l'emploi des bobines cireu- laires : la cuve est munie d’une chambre de dilatation, grâce à laquelle le réservoir principal peut être rempli d'huile complètement, jusqu’au couvercle, sans qu'il y reste aucune chambre à air; on élimine ainsi les risques de détérioration des isolantsetde l’huileelle-même,ainsi que la formation des mélanges explosifs qui peuvent se produire lorsque l'huile chaude vient en contact avec l'air atmosphérique. Notons enfin l'emploi d'un isola- teur de sortie à bain d'huile établi pour pouvoir sup- porter sans danger des tensions de 460.000 volts. Dans l’ensemble, l'installation en préparation consti- tuera une expérience des plus intéressantes et dont il y aura lieu de suivre le fonctionnement avec une attention toute particulière. Henri Marchand. $ 3. — Chimie La distinction de l’eau bouillie de l’eau non bouillie. — Il est souvent précieux de pouvoir s’as- surer si une eau prétendue bouillie pour l'usage de la table a bien subi ce traitement. l'indique M. W.R. G. Atkins!, on y arrive très facilement au moyen d'indicateurs appropriés au type d’eau, car l’effet de l’ébullition est toujours d’abaisser la concen- tration en ion H en éliminant CO? Comme de la solution et décomposant les bicarbonates, Ainsi l’eau des réservoirs de Plymouth, eau douce provenant du Dartmoor, a un pH égal à 6,8 et donne une coloration jaunâtre avec lerouge phénol. Après ébullition dans un tube en verre dur, elle donne une coloration rouge franc avec ce réactif, légèrement rose avec la phénolphtaléine, et jaunâtre avec le bleu thy- mol; son pH est alors égal à 8,5, L'eau de réservoir de Yougkal a un pH égal à 5,0, mais contient plus de bicarbonate que l’eau de Dart- moor, Car par ébullition elle donne non seulement le rouge franc avec le rouge phénol, mais aussi une colo- ration plus intense avec la phénolphtaléine et bleu ardoise avec le bleu thymol, dénotant un pH de 9,0, qui est la limite pour l’eau saturée de CaCO: en l’ab- sence de CO?. Pour des eaux plus alcalines, à pH supérieur, le 1. Nature,t. VIII, n° 2715, p. 339 ; 10 nov. 1921. rouge phénol ne peut plus servir, car ilcolore déjà en rouge intense l’eau non bouillie, mais on peut se servir de la phénolphtaléine qui donne soit une coloration, soit une augmentation d'intensité de la couleur avec l’eau bouillie. Par refroidissement, l’eau bouillie réabsorbe CO? jus- qu'à équilibre avec le stade bicarbonate, qui a un pH égal à 8,37. Ce stade donne toujours une belle couleur avec le rouge phénol, étant supérieur à 8. Comme l'oubli de l’ébullition de l’eau peut conduire, surtout sous les tropiques, à une maladie fatale, l'usage de la phénolphtaléine, du rouge phénol ou de tout autre indicateur y rendra sûrement des services. $ 4. — Physiologie La température de la peau des Pachy- dermes. — La connaissance de la température de la peau rend de précieux services dans l'interprétation des lois qui régissent la perte de chaleur de l’organisme animal ; mais elle est difficile à déterminer chez la plu- part des animaux à sang chaud, oiseaux ou mammi- fères, à cause de leur couverture de plumes ou de poils. Chez l’homme aussi, le vêtement contrarie sa mesure, car de nombreuses observations ont montré qu’elle varie sous les diverses pièces d’habillement, où elle est d’ailleurs toujours supérieure à la température de la peau nue. La détermination de la température de la peau d'animaux sans poils semble donc très intéres- sante, et c’estce qui a engagé MM. Benedict, Fox et Baker à profiter des facilités fournies à cet égard par le Pare zoologique de New-York pour mesurer les tem- pératures superficielles de quelques Pachydermes : deux éléphants, un rhinocéros et un hippopotamet. Ils opéraient au moyen de thermo-jonctions cuivre- constantan, en utilisant des moyens spéciaux d’appli- cation sur la peau, dans une région aussi lisse que pos- sible, pour obtenir la vraie température de celle-ci, Les animaux stationnaient dans une maison chauffée nuit et jour à 19°,5 C. Les auteurs ont noté, sur un éléphant indien femelle, une température allant d’un minimum de 20°,8 C. en un point situéentre les deux yeux à 29,6 sur l’épaule; chez un éléphant africain mâle, l'intervalle allait de 210,4 à 28°,3 C. Ils n’ont pas fait état de températures plus élevées mesurées au dos des oreilles ou près des veines, La température moyenne de la peau de l’élé- phant est donc de 250,5 C. La température rectale de l'éléphant mâle était de 35°,9 et celle des fèces au moment de leur expulsion de 360,2 et de 36°,7; l'élé- phant a donc une température rectale de très peu infé- rieure à celle de l’homme, Pour le rhinocéros,les mesures sur les diverses parties du corps se sont échelonnées de 240,1 à 27°,9, avec une moyenne de 26°,2, tandis que la température rec- tale était de 370,4. Enfin, pour l’hippopotame, la température superfi- cielle a varié de 20°,8 sur le dos à 30°,9 sur le ventre, soit une moyenne voisine de 25°, Cette différence beau- 1. Proc. of the Nat. Acad. of Sc. of the U.S. of America, t. VII, n° 5, p. 154; mai 1921, 4 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE coup plus grande des températures extrêmes paraît être due à la vaporisation beaucoup plus considérable d’eau par la peau de ce dernier animal. En résumé, ce groupe d'animaux, à température rec- tale presque égale à celle de l'homme, vivant en capti- vité à une température de 19°,5, présente une tempéra- ture constante de la peau à peine supérieure de 6 à 7° à celle du milieu, en moyenne. L'homme, qui est à peu près indépendant de la température extérieure par suite du vêtement, s’esl adapté à une température de la peau bien supérieure, quoique encore très variable, dont la moyenne est d'environ 33° sous le vêtement. L'étude de la perte de chaleur de l’organisme chez les gros Pachydermes paraît devoir présenter de gros- ses difficultés, mais, combinée avec les précédents résul- tats, elle conduira certainement à des résultats intéres- sants. | 5. — Géographie et Colonisation Les modes de groupement de la population en Belgique!. — Le problème du peuplement régio- nal est un des objets les plus attachants de la Géogra- phie humaine. Nous avons récemment examiné un de ses aspects, celui de la forme de l’habitation?. Le mémoire de Mile M. Lefèvre, préparé à l’Institut de Géo- graphie de Louvain, est une contribution importante, comme documentation etcomme méthode de présenta- tion, à l'étude des modes de groupement de la popula- tion en Belgique, Tous les modes se ramènent à deux types : le type dis- persé etletypeaggloméré, mais que de variantes entre la dispersion ou la concentration complètes * ! Mile Lefèvre a tracésur la carte jointe à son étude une ligne de démar- ‘cation quitraverse la Belgique d'ouest enestet sépareles formes disséminées du nord et les formes agglomérées du sud, Au nord, « la dispersion se caractérise par le fait que, sur toute l’étendue de la région, on rencontre des maisons isolées. Là même où les communes ont une tendance à l'agglomération en village, il y a tou- jours un certain nombre d'habitations éparpillées. Le contraire se présente dans le sud. En dehors des mai- sons agglomérées, au centre de la commune, il n’y a guère d'habitations dans les champs. On peut parcou- rir des kilomètres en Ardenne sans rencontrer trace d'installations humaines ».Les deux grandes régions ainsi délimitées ne sont point toutefois parfaitement homogènes, elles comportent des îlots d’un type difré- rent; c’est ainsi qu'au sud de la ligne, un groupe de la province de Liége appartient à la région de dispersion du nord. La dispersion se fait soit par grandes fermes isolées, 1. MarGueriTe Lerèvre : Carte régionale du peuplement de la Belgique. La Géographie, juin 1921, 2. Revue générale des Sciences,15 avril 1921 : Les types d'ha- bitations rurales en France. 3. M. J. Brunhes a donné deux figuralions de ces cas extré- mes dans sa Géographie humaine de la France, ch. xv. oo comme dans les polders, soit en bandes le long des dunes, des routes ou des digues, soit en hameaux, La concentration revêt également des formes variées, plus ou moins denses : « villages nébuleuse», « corons » des régions minières, « villages nucléaires », « villages- carrefours » des régions déboisées. On peut trouver l'explication de ces formes diver- ses dans trois ordres de facteurs : l’ethnographie, les influences du milieu géographique etles nécessités écono- miques, L’explication ethnique a naturellement une ori- gine allemande. Meitzen distinguait de ce point de vue trois sortes d'établissements : le village aggloméré carac- téristique de la race germanique; le village dispersé, composé de fermes isolées, propre à la race celtique, et le village construiten rond ou étalé le long d’une route, commun à la race slave, La réalité est tout autre et beaucoup plus complexe que ne le comporte cettesyslé, matisation, Les infiltrations germaniques se sont pro- duites en Belgique aussi bien au nord qu’au sud de la la ligne de démarcation tracée par Mlle Lefèvre, qui conclut très justement :« S'il faut attribuer une origine ethnographique au mode de peuplement actuel de la Belgique, tout au plus peut-on dire que, dans le mode d'établissement celto-franc au nord, on pourrait trou- ver une {endance à la dissémination, tandis qu’au sud la façon de construire « mur à mur », à la romaine, pourrait être le signe précurseur des villages agglo- mérés », Beaucoup plus exactes sont les explications prove- nant du milieu géographique et du genre de travail. La toponymie fournit d’utiles renseignements sur l’origine des villages, L'auteur en donne de nombreux exem- ples : c’est ainsi que les suflixes en sart et rode, très nombreux, désignent des défrichements. L'influence de la forêt occupe une place importante; elle agit partout dans le sens de l’agglomération, soit en vue du travail de défrichement, soit en vue de la défense. On peut rappeler ici que beaucoup de villes russes ont pris naïis- sance dans lesclairières. La présence de l’eau et, notam- ment, la plus ou moins grande profondeur de la nappe aquifère est partout un facteur important du mode de peuplement. En général, la population se concentre dans les régions pauvres en eau, tandis qu’elle se dissé- mine là où elle dispose d'eaux courantes ou de sources. Il faut remarquer, cependant, que l'abondance de l’eau permet simplement la dispersion, mais que d’autres raisons peuvent, même dans ce cas, exiger l'agglomé- ration, C’est ainsi que la nature du sol et le mode d’ex- ploitation contribuent aussi à la différenciation du peu- plement. On reconnaît généralement que, dans les con- trées de grandes exploitations, les maisons sont grou- pées, tandis qu’elles se disséminent dans les régions où la terre est morcelée ou dans lespays d'élevage. Enfin, l'attraction des routes, la création des stations de che- min de fer, les besoins en main-d'œuvre des mines et des usines ont agi dans le sens de l’agglomération. Pierre Clerget. Enouarp GUILLAUME. — Ÿ A-T-IL UNE ERREUR 5 Y A-T-IL UNE ERREUR DANS LE PREMIER MÉMOIRE D'EINSTEIN ? Le mot que d'Alembert prononcça, il y aura tantôt deux siècles, à propos de la nouvelle science qu'était alors la Mécanique de Newton, pourrait s'appliquer exactement à la théorie con- nue aujourd’hui sous le nom de « Théorie de la Relativité » : en général, a-t-il dit, on a été plus occupé jusqu'à présent à augmenter l'édifice qu’à en éclairer l'entrée, et on a pensé principale- ment à l’élever sans donner à ses fondements toute la solidité convenable. Aussi, une revision soignée des principes for- mulés par les fondateurs semble-t-elle urgente. Nous nous proposons d’examiner ici un point particulièrement important. I En l'absence de gravitation, la Théorie de la relativité est dite restreinte. Dans ce cas, elle n’est pas autre chose que l’étude de l'équation aux dérivées partielles exprimant la propaga- tion par ondes, et qu’a traitée pour la première fois ce même d’Alembert. Mais il aura fallu attendre jusqu’à nos jours pour connaître une propriété fondamentale de cette équation : son invartance relativement à un groupe de transfor- mations, appelées transformations de Lorentz par Poincaré en l'honneur du physicien hollan- dais qui, à la suite d’admirables recherches, dé- couvrit ces formules. L'importance fondamen- tale de celles-ci provient de ce qu’elles font connaitre les mouvements généraux de la propa- gation lumineuse sans qu'il soit besoin d'utiliser l'équation aux dérivées partielles de d'Alem- _bert. Outre la transformation de Lorentz, Einstein a placé à la tête de la relativité restreinte le célèbre principe de la constance absolue de la vitesse de la lumière, qui fut la source des innombrables paradoxes qu'ont exploités les adversaires de la Théorie. Or, lorsqu'on relit attentivement le mémoire de 1905, où Einstein jeta les fondements de la Relativité, on se heurte au $ 3(Annalen der Physik, p. 901) à une con- clusion si curieuse qu’on se demande si ce prin- cipe ne repose pas sur une simple erreur. Il y aurait donc plus qu’un paradoxe, il y aurait une inexactitude. C'est ce point que nous allons examiner. Rappelons d’abord la forme analytique de la transformation de Lorentz. Considérons deux systèmes de référenceen translation relative uni- forme de vitesse : un train parcourantune voie, par exemple. Lions un système de coordonnées cartésiennes S(x,y,:) à la voie et un système S’(x’,y°,3') au train. Soient r et -’ des paramètres homogènes à un temps exprimé en secondes, et Co—= 300,000 km/sec la vitesse de la lumière dans le vide. La transformation de Lorentz s'écrit alors, si l’on supposeque les axes Ox et O’x’ coïn- cident et ont la direction de la vitesse v : 2 ’ TE OR Co) M — (a) Cor —B(cor + «x') Bi — PC RAI x2) n Au début de son mémoire,Einstein, après avoir fait de longues considérations sur le temps et l’espace, croit pouvoir donner une « démonstra- tion » de la transformation de Lorentz '. Nous n'examinerons pas cette partie difficile du mé- moire, où Einstein proclame pour la première fois qu'il ne faut pas attacher de signification absolue à la notion de simultanéité. Par contre, à la fin du 3, l’illustre physicien fait une appli- cation aussi simple que fondamentale de cette transformation. La voici. Produisons un signal lumineux bref sur la voie, à l’origine O des coor- données, à l'instant r — 0. En vertu du principe de la constance de la vitesse de la lumiere, il engendrera une onde sphérique de centre fixe par rapport à la voie et dont le rayon croit à raïi- son de 300.000 kilomètres à la seconde. Son équa- tion pourra done s’écrire : (1) a? y LE 72 — c2r2 Comment, se demande alors Einstein, cette même onde apparaitra-t-elle à l'observateur entraîné avec le train ? Pour le voir, dit-il,il suf- fit d'appliquer la transformation de Lorentz. Le caleul et le résultat sont simples. On trouve en effet : (2) 22 + y? LE 32 — co?r2, et Einstein de conclure : « lorsqu'on la considère depuis le système en mouvement {train), l'onde envisagée est donc aussi une onde sphérique se propageant avec la vitesse c, ». Cette conclusion est elle exacte ? 1. L'ensemble des transformations de Lorentz forme un « groupe », nolion mathémalique très délicate. [lest beau- coup plus simple d'admeltre ce groupe comme un « être » mathématique nouveau dont on étudie les propriétés, que de chercher un système d'axiomes plus ou moins clairs d'où l'on° pourrait le déduire. Voir à ce propos la belle étude de M. Pierre Boutroux intitulée L'/déal Scientifique des Mathé- maticiens (F. Alcan, édit., Paris). 6 Enpouarp GUILLAUME. — Y A-T-IL UNE ERREUR L'équation (1) ne peut représenter une sphère que si l’on suppose + constant,c’est-à-dire expri- mant un instant unique et bien déterminé. Mais alors +’ ne peut être constant si les rela- tions (a) doivent être satisfaites quel que soit &. En fait, nous avons 8 variables et 5 relations indépendantes, donc 3 variables indépendantes. Dans le problème considéré, l'une d’elle, r,jouera le rôle du temps, — car, pour l’analyste,le temps n’est pas autre chose qu'une variable indépen- dante. Les deux autres, x et y par exemple, ser- viront à former la sphère (1). Mais, avec ces con- ditions, toutes les variables accentuées sont dépendantes,et r’nesauraitreprésenter le temps. Il doit s’éliminer. Soit R le rayon de la sphère à l'instant +. Il est facile de voir que la transfor- mée est non une sphère,comme le prétend Eins- tein, mais un e/l/ipsoïde, dont l'équation est: 13 72 2] R #\ è (3) x? + 72 te er) Il est de révolution autour de la direction du mouvement et possède un foyer à l’origine O’ des coordonnées. Son excentricité estz; elle ne dépend donc que de la vitesse relative des sys- tèmes. Notons en passant que Poincaré a signalé un ellipsoïde analogue dans Science et Méthode (p. 239). Ainsi donc, la conclusion d’Einstein, dans les termes que nous venons de rappeler, est erronée sans aucun doute. Comment les disciples s’en sont-ils tirés ? C’est ce qu’il est intéressant de voir. Ils s’accrochèrent à cet effet à la « relativité de la simultanéité ». Ouvrons par exemple le traité classique Dre Rela- tipitætstheorie de M. von Laue, le meilleur com- mentateur d'Einstein. M. Laue remarque parfai- tement que si r est constant, + ne peut l'être en même temps. Or, pourr constant, l'équation (1) représente une sphère, qu’on peut alors défini comme un ensemble depoints simultanés pour le système 5, puisqu'elle correspond à7—constante. Par contre, + étant variable, l'observateur lié à S’et qui considère + comme « son » temps à lui, ne constalera pas un ensemble de points simultanés. « Ainsi, conclut M. Laue, des évé- nements qui sont simultanés par rapport au sys- tème S ne le sont pas en général pour le système S’ » : lanotion de simultanéité devientune netion relative au système de référence sur lequel se trouve l’observateur!. ————————_————__—_————.— | 1. Le fascicule sur la Théorie de lu Relativité de l'édition allemande de l'Encyclopédie des Sciences mathématiques vient de paraître (rédaclion de W. Paurr jun. Munich, avec une préface de A. SommEerreLp). C'est au n° 4 (p. 553) que la « relativité de la simuitunéité » est introduite, Cette intro- düction est motivée par la nécessité de faire représenter aux équations (1) et (2) à la fois une méme sphère de centre im- mobile tant pour l'observateur de S que pour celui de Si, On voit, dès lors, à quel bouleversement pro- fond nous conduit ce relativisme. L’équation (2) ne représenterait plus une surface; elle repré- senterait un nouveau genre de « variétés conti- nues », et ces dernières auraient ceci de carac- téristique,que leurs points ne coexisteraient pas. Avant d'accepter ce relativisme, il convenait d'en examiner avec soin l’origine. On voit parce qui précède qu’ilne s’impose nullement à nous,et qu'il est beaucoup plus simple et satisfaisant de dire que l’équation (2) représente, dans le cas envisagé,une surface au sens ordinaire du terme, en l'espèce un ellipsoïde. En fait, remarquons-le, ce n'est rien moins qu'à l'abandon des représentations graphiques que nous conduiraient les relativistes. Pour eux, l'observateur en mouvement serait dans l’impos- sibilité de se faire une image de l’onde émise, car qu'est-ce qu’une sphère dont les points ne coexistent pas? Aussi bien, les traités qui expo- sent le relativisme sont-ils d’une abstraction rebutante. C’est que l’on ne saurait renier les graphiques sans renier par là même le meilleur lien que nous ayons entre les équations et la réalité des phénomènes. Enrésumé, nous pouvons dire que la transfor- mation de Lorentz appartientauxtransformations géométriques qui, à une surface, font corres- pondre une surface. En outre, le temps doit conserver ce caractère fondamental que l’illustre philosophe Henri Bergson lui a si justement reconnu, à savoir la qualité de n'être, analyti- quement, qu'une variable indépendante.Au cours du même problème, nous n'avons pas le droit de changerla variable temporelle choisie comme indépendante. Le tempsest universel en ce sens qu'il ne peut y avoir, dans chaque problème, qu'une seule et unique variable de ce genre pour représenter le temps, et cela, quel que soit le nombre de sysièmes de référence en présence. Ces modifications d'ordre purement mathéma- tique nous obligent à abandonner le principe de laconstance absolue de la vitessede la lumière et de lui substituer celui de la constance relative. Nous pouvons, en effet, grâce à la symétrie des formules de Lorentz,supposer que l’ébranlement est produit sur le train.Par rapport à ce dernier, l’onde sera une sphère que représentera l’équa- tion (2), dans laquelle maintenant +’ jouera Île rôle de variable temporelle indépendante. Vuede la voie, cette nouvelle onde apparaîtra sous la forme de l’ellipsoïde : Galet Le G pr )- comme l’exigerait la constance absolue de la vitesse de la lumière. DANS LE PREMIER MÉMOIRE D'EINSTEIN? , 7 Ces ellipsoïdes jouissent de propriétés très remarquables, et nul doute qu'Einstein les eût utilisés s’il en avait eu connaissance. Muis, avant de passer aux applications, il con- vient d'examiner la question d’un autre point de vue. C’est ce que nous allons faire. IT Dans la Théorie de la relativité restreinte, il y a, à côté de la transformation de Lorentz, des formules d'importance également fondamentale: ce sont celles qui expriment la regle d'addition des vitesses d'Einstein, règle indiquée d’ailleurs indépendamment par Poincaré. Nous établirons cette règle en procédant de la façon suivante. Désignons par w et u’ les produits c,r etcçr des relations (a). Ces quantités, homogènes à une lon- gueur, représenteront les chemins décrits par un même rayon lumineux repéré dans chacun des systèmes S et S'. Exprimons le temps, mesuré en secondes, par la lettre £, et dérivons les rela- tions (a) relativement à {, en, indiquant par un point sur les lettres le résultat de l'opération. Posons: / Ga ? x Qx—— Co, —. Qx = — Co... , u ü u Les relations (a) dérivées donnent : (b) K—= Qx° = == Si O— 1 + pa] Aie } C’est la règle d’addition cherchée; toutes les vitesses ( sont exprimées en km/sec. Considérons une onde lumineuse sphérique rapportée à la voie (système S). Nous pouvons la représenter par : (5) OO Q 2 C2: Transformons cette expression à l’aide de (b). Nous obtenons : (6) OR O2? — "co? soit de nouveau une onde sphérique. C'est ici done qu'Einstein pourrait appliquer sa conclu- sion. La transformée est une « vraie » sphère, et non une variété à points non simultanés, C'est probablement ce résultat qui a conduit Einstein à formuler sa proposition. Nous nous trouvons ainsi en présence d'une dualité de forme qui ne laisse pas d’être embar- rassante; nous lui vouerons toute notre attention dans un instant. Quoi qu'il en soit, ce n’est pas la « relativité de la simultanéité » qui résoudra la difficulté; elle ne pourra que la masquer.Si, mathématiquement, il est permis de dire que les expressions (1) et (5) sont des expressions analytiques différentes de la méme onde sphé- rique, il est par contre impossible de préten- dre que les transformées(3)et(6) sontidentiques. D'ailleurs, toutes ces relations ne sont pas indé- pendantes. C'est ce que montrent clairement les figures ci-dessous, qui constituent une représen- lation graphique remarquable de l’Optique des corps en mouvement. Le haut de la figure 1 représente une section d’une onde lumineuse en mouvement dans l'hy- pothèse de l'emission de Newton-Ritz. Ici, le Fig. 1. centre d'émission est supposé entraîné avec le système-train S’, donc animé de la vitesse y par rapport à la voie; il émet alors dans le vide, sui- vant toutes les directions, des particules lumi- neuses ayant la vitesse c, relativement à S': au bout d’une seconde, celles-ci se trouvent surune sphère analogue à I. Pour l'observateur situé sur la voie, au vecteur » — O0’ vient s'ajouter le vecteur O'P— c,;; le lieu des points P est la sphèreZ de rayon c, et dont le centre O’se dé- place avec la vitesse ». La résultante est le vec- teur OP. Le bas de la figure 1, par contre, représente l'onde émise dans l'hypothèse de la transforma- tion de Lorentz. Au lieu de la sphère X nous obtenons l’ellipsoïde Il que représente l'équa- tion (4). l'équation en coordonnées polaires s’écritimmédiatement. Posons: du’ ; du dx re — Co; TT c* = C COS ?- La transformation de Lorentz, dérivée par rap- port à {, donne alors directement : Co (n Re 7) — Ai—vcoss) 8 Evouarp GUILLAUME. — Y A-T-IL UNE ERREUR La résultante c est plus grande que OP : il y a sur-entrainement. Il serait facile de montrer que cet ellipsoïde n’est autre que la sphère ZX défor- mée dans la direction du mouvement suivant le rapport 6; il en est la figure affine, l'axe Oy étant un axe d'aflinité. Le centre de l’ellipsoide se meut avec la vitesse Sr, et tout le parallélogramme est lui-même étiré dans ce rapport. L’ellipsoïde vitesse — v par rapport à S'. On écrira dans ce cas : 2 QU + QE QE: c’est la sphère II. L’onde résultante pour l’ob- servateur lié à S est représentée par l’ellip- soïde IV. On voit qu'ici aussi ily a sous-entrati- nement, puisque la résultante est OM au lieu de Fig. 2. permet de construire immédiatement les angles d’aberration »et 9’, qui satisfont à 1 + xcos se’ Appliquons maintenant la règle d’addition des vitesses (b) à la sphère I.Cette dernière sera représentée par l'équation (6),|tandis que la tranformée résultera de l'équation (5); c’est également une onde sphérique dont le méridien se confond avec le cercle | de la figure. L’angle d’aberration correspondant à 4’ est encore ; par contre, la résultante n’est plus c,mais seulement la portion de c comprise entre l’origine O et le cercle I; elle a encore c, pour valeur; elleest donc plus petite que OP : il y a sous-entrainement. La figure,2 représente le cas général des for- mules (b).Onl’obtientlaisémenten supposantque les deux systèmes, au lieu de se déplacer dans le vide, se meuvent dans un milieu matériel ayant un indice de réfraction ». On admettra par exem- ple que le système S’ est fixe dans la mer, tandis que S est lié à un sous-marin animé de la (8) cos 9 — OP. D’ailleurs la partie du petit axe comprise entre la courbe et l’origine O a pour valeur dans la direction positive : 1—+an n + Co Co I = si 4: à) +... et.l’on retrouve le coefficient d'entraînement par- tiel de Fresnel. Mais il est à remarquer qu'avec la transformation de Lorentz, l'entrainement n’ap- paraît partiel qu’à l'observateur en mouvement relativement au milieu d'indice 7: pour l'obser- vateur immobile dans ce milieu, tout se passe comme si l'entrainement était toujours total, puisque la vitesse de la lumière est alors cons- tamment ec, : 2 et jamais (@ : n)— (y : x?) comme l’admettait Fresnel lorsque le milieu avait lui- même la vitesse v par rapport à l’éther. C’est là une différence essentielle qu'introduit la relali- vité provenant de la structure symétrique de la transformation de Lorentz, et qui a conduit Einstein à rejeter l’existence d'un éther analo- gue à un milieu matériel. Et édit | ; DANS LE PREMIER MÉMOIRE D’EINSTEIN ? 9 On pourrait voir que le conjugué M de N satisfait à la proportion : GM : GE = AN: AB, ce qui permet une construction simple des résultantes dans les différentes directions. Lors- que n tend vers l'unité, les deux surfaces III et IV viennent se confondre avec la sphère I. La figure 1 montre d’une façon saïsissante en quoi la Théorie de la relativité restreinte diffère de la théorie de l’émission, basée sur la règle du parallélogramme, et pourquoi la tentative de Ritz était vouée à un échec certain. L'entraine- ment partiel de Fresnel résulte en effet de la deformation même du parallélogramme, de sorte qu'il est impossible de tirer celle-là de celui-ci. III Dans les paragraphes précédents, nous avons appris à connaître les deux formules qui domi- nent, peut-on dire, toute la Théorie de la rela- tivité restreinte. Or, ces formules conduisent à des résultats d'apparence contradictoire. Suivant la transformation de Lorentz, il y aurait, dans le vide, sur-entrainement des mouvements; sui- vant la règle d’addition des vitesses, il y aurait au contraire sous-entrainement. L'invention du temps «relatif » fut d’une suprême habileté pour tenter la conciliation de ces contraires. Malheu- _ reusement, elle n’a servi de rien, et les para- doxes n'ont fait que s’accumuler. Remarquons d’ailleurs qu’il n’y a contradiction que dans les interprétations des formules (a) et {b). Leur parfaite compatibilité est démontrée parle fait même qu'elles conduisent à un graphique qui les _ englobe simultanément. On peut dire que la - transformation de Lorentz est à la règle d'ad- _ dition des vitesses, ce que les coordonnées . homogènes sont aux coordonnées ordinai- _ res, ce qu'une sphère est à sa projection — . sa «carte » —sur un plan. L'identité entre _ Les deux objets pourra Lour à tour être considé- _ rée comme parfaite ou comme imparfaite, et les plus curieux paradoxes surgiront selon le point de vue adopté. Nous avons affaire à des correspondances homo- _ graphiques, maïs d'ordre cinématique et non _ géométrique, et c’est ce qui nous dérange si fort lorsque nous voulons les concilier avec des re- _ présentations spatiales. | Mais, objectera-t-on, l'expérience ne peut-elle : 1. Sur les diflicultés que présentent la notion d'«explica- e- tion » et la méthode qui consiste à tirer le « complexe » du - «simple», nous signalerons l’étude profonde de M. J.-H. # Rosny ainé ; Les Sciences et le Pluralisme, qui vient de pa- — raître dans la Nouvelle Collection scientifique de M. Emile Borel (F. Alcan, éditeur). REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES trancher le différend, bien mieux, ne s'est-elle pas prononcée en faveur de la constance absolue dans les mémorables recherches des physiciens américains Michelson et Morley ? La réponse doit être négative, et ce serait une erreur de croire que cette expérience entraîne la cons- tance absolue comme conséquence nécessaire. La raison en est simple. Pour connaitre cette vitesse, Michelson et Morley utilisent un dis- positif où la lumière parcourt des chemins fermes. Un premier rayon part d’un point À, va se réflé- chir sur un miroir placé en un point B et revient en A;il a donc effectué le trajet fermé! ABA. Un second rayon parcourt semblablement un trajet fermé ACA, et l’on s'arrange de manière qu'à leur retour en A les rayons interfèrent. C’est l'observation des franges ainsi obtenues qui devrait révéler des différences dans la vitesse de la lumière selon les orientations données aux chemins AB et AC. Pour fixer les idées, suppo- sons que le système S' représente l’éther et le système S la Terre, dont la vitesse dé translation relativement à S’ serait — ». La relation (7) . nous donne alors pour S, et suivant une direction quelconque», lavitesse c d’un rayon qui possède la vitesse c, dans l’éther. Le temps de parcours d’une longueur AB = 4 dans S a pour valeur : d 1 - FE = AE — «cos ?) tandis que le temps nécessaire au retour est : PI pe ae de + æxcosp). +7) © La durée totale est par suite : t— tas + fpA = ad /V/ es — p2. Cette durée est donc constante quelle que soit l'orientation que l’on donne à AB;ilya exacte compensation entre l'avance que le rayon prend à l’aller et le retard qu'il subit au retour, et cette compensation provient d’une propriété de l’el- lipse. L'expérience ne peut donc trancher la question, et tout se passe comme si la vitesse de la lumière était constante absolument. Pourra-t-on jamais trouver un expérience qui mette fin au différend ? A l’avenir de répondre. Pour l'instant, nous proposons d'utiliser l'image mathématique suivante, qui possède l'avantage de rester sur le terrain de la relativité pure, ce ce qui est naturel puisqu'il ne s’agit ici que de systèmes galiléens, c'est-à-dire au repos ou en mouvement uniforme par rapport au système absolument fixe de Newton. On considérera les systèmes S et S’ comme des ynélieux continus se pénétrant intimement, tels deux gaz qui dif- fusent l’un dans l’autre. [a source sera un UN 0] 10 Tuéopore MONOD. — LES ADAPTATIONS ÉTHOLOGIQUES CHEZ LES CRUSTACÉS d'ébrantement dans le milieu S' par exemple, à l’origine O'sur la figure 14. Par un semblable centre, nous n’entendrons pas spé- cialement une source matérielle d'énergie rayon- nante, mais plus généralement une très petite portion d'onde lumineuse, eomme celle que l’on considère dans le principe d'Huyghens, et nous appellerons N'la fréquence de la lumière qu'il émet par rapport à S'avec la vitesse «, dans toutes les directions. Au bout d’une seconde, l’onde sera donc une sphère de rayon c,, analoguë à [. Pour le milieu S, le centre O’ constituera une source lumineuse en mouvement avec la vitesse p; il émettra donc dans S des rayons de fréquence N différente de la fréquence N', et l’on sait qu'entre celles-ci la théorie donne la relation : < centre N'— N&(i —ccoss); cette relation, multipliée par (7), conduit à : Nic N/Æc C’est là une expression générale remarquable de l'effet Doppler-Fizeau pour le vide ‘. La vitesse résultante « (fig. 1) n’est alors qu’une vitesse instantanée, au momentde l'émission, une manière de vitesse de paësage d’un milieu dans un autre, et qui ne fait que conditionner les nou- velles fréquences. Une fois émise dans S, la lumière reprend sa vitesse de propagation €, suivant toutes les directions, de sorte que ce serait toujours cette vitesse que nous mesure- rions, conformément à l'hypothèse faite dans la Théorie; les changements de vitesse ne laisse- raient de modification que dans les fréquences. En définitive, tout, se passera comme si la vitesse de la lumière était absolument constante. 1. Dans un miliea d'indice n, les phénomènes seraient beau- coup plus compliqués. Nous ne nous en occuperons pas ici. Nous retrouvons les résultats connus, mais avec une modification profonde dans la manière de les concevoir. En particulier, le phénomène de Doppler-Fizeau, qui, de sa nature même, présup- pose une variation dans la vitesse de propaga- tion, trouverait une explication satisfaisante. Cette façon schématique de se représenter les phénomènes ne constitue nullement une hypo- thèse physique, et nous tenons à insister sur ce point. Elle forme simplement un langage per- mettant de décrire commodément les graphiques donnés ici, lesquelsne sont eux-mêmes que des représentations des formules de la cinématique de la Théorie restreinte, en définitive des pro- priétés de l'équation de d’Alembert. Cette ciné- matique peut, dès lors, prendre place à côté de l'Optique géométrique et de l’'Optique cristal- line, où les constructions remarquables de Huy- ghens et de Fresnel à l’aide de surfaces d’onde ne présupposent même pas l'hypothèse ondula- toire. Quant à pénétrer la nature intime des phéno- mènes que synthétise la transformation de Lorentz, autrement dit à connaître le mécanisme même des échanges entre l'Energie rayonnante etla Matière symbolisée par les systèmes S ct :S',c’est une question d'ordre différent, qui doit rester indépendante de l'interprétation pure- ment géométrique que nous envisageons ici. On aura remarquéque nous n’avons fait usage nulle part de la « contraction » de Lorentz. Aussi | bien, pour retrouver les résultats fondamentaux de la Théorie de la relativité restreinte, cette «contraction» ne se présente plus dès que l’on abandonne la «relativité de la simultaneité ». Edouard Guillaume, Docteur ès Sciences (Berne). LES ADAPTATIONS ÉTHOLOGIQUES CHEZ LES CRUSTACÉS | (ÉTUDE DE BIOLOGIE MORPHOLOGIQUE) I.— PorymorpHisME DEs CRUSTACÉS ET GRANDE DIVERSITÉ DE LEURS HABITATS La vaste classe des Crustacés — si homo- gène en un certain sens — présente cependant une extraordinaire variabilité dans la forme extérieure : c’est d’ailleurs cette richesse infinie de types qui rend si passionnément attachante l’étude de ce groupe. Cette diversité morpholo- gique est liée à la diversité même des habitats et des genres de vie. Peu de classes dans l'échelle zoologique peuvent — où ont pu — sur ce point rivaliser avec les Crustacés; les Reptiles méso= zoïques et les Mammifères tertiaires et actuels … peuvent seuls être comparés aux Crustacés quant … à la multiplicité des adaptations à des milieux différents. L'habitat par excellence des Crustacés est bien certainement l’eau salée. Aussi est-ce dans les bassins océaniques que l’on rencontre S IA 7 Taéonore MONOD. — LES ADAPTATIONS ÉTHOLOGIQUES CHEZ LES CRUSTACÉS 11 les faunes carcinologiques les plus puissantes.A tous les niveaux bathymétriques, sous toutes les latitudes, sur tous les substratums, des rochers de la zone intercotidale aux vases molles des grands fonds, et de la surface ensoleillée aux ténébreux abîmes des fosses océaniques, partout s’est établi le Crustacé, merveilleusement adapté aux différentes stations qu’il occupe, ici fouis- seur, là nageur, là-bas sauteur,et plus loin sessile. Si les eaux marines sontl'habitat de prédilec- tion des Crustacés, il s’en faut de beaucoup qu’on les y trouve confinés. Les eaux saumâtres, les estuaires, les lagunes en communication tempo- raire avec la mer sont autant de milieux spéciaux auxquels se sont accommodés des Crustacés, formes spéciales à ces faciès ou formes marines peu ou pas transformées!. Les eaux courantes, elles aussi, sont l'habitat normal d’une foule de Crustacés (Potamonidæ, p.ex. T'elphusa fluviatilis du bassin méditerra- néen, nombreux Astacidæ). Les bassins lacus- tres, les mares, les étangs possèdent en commun un grand nombre d’espèces avec les eaux cou- rantes (Cladocères, Copépodes, p.ex.). Certains types leurs sont cependant propres et, si la pré- sence d’une caprelle dans le lac de Genève n'est pas certaine, il n’en est pas moins vrai qu'on pourrait citer une foule d'Amphipodes et d'En- tomostracés spéciaux au% dépressions lacustres. Les mares intermittentes sont célèbres parl’appa- rition subite et la rapide évolution à partir de l'œuf des Apus et des Branchippes. Si la faune dulcaquicole est en somme — tout au moins en comparaison de la faune marine — pauvre en espèces — elle est par contre très riche en indi- vidus : qu’ôn songe à la fréquence des Cyclops et à l’ubiquité des Daphnies ! A côté de types très évolués, les eaux douces renferment des éléments primitifs, archaïques, qui s’y sont « réfugiés » et ont pu à ce prix subsister jusqu’à nos jours :c’est le cas des curieux Syncarides des lacs australiens et tasmaniens. L’Anaspides tasmaniæ et le Koonunga cursorius sont, comme l’a montré Calman, les héritiers directs des Gampsonyx du Carbonifère. Le milieu terrestre est infiniment plus pauvre en Crustacés que le milieu aquatique. Certaines formes sont d’ailleurs plus au moinsamphibies: __ leur respiration-reste branchiale, mais un dispo- _ les eaux relativement dessalées des Carcinus _ Palæmon serratus, etc, sitif particulier leur permet d’emmagasiner une _ certaine quantité d'humidité autorisant un sé- jour plus ou moins long hors de l’eau. Le «tour- lourou » ou « crabe peint » des Antilles (Gegar-- 1. On trouve fréquemment dans les estuaires et même dans mænas, des | cinus ruricola), malfaisantpour les jeunes cannes à sucre, est un type bien connu'. Quant au Birgus latro, grand pagure adapté à la vie terres- tre, il est connu par son goût pour les noix de coco qu'il sait, paraît-il, admirablement ouvrir. Aux Etats-Unis, une écrevisse (Cambarus Dio- genes) sé creuse des terriers parfois très loin de toute rivière. Sur nos côtes, dans la zone supra- littorale vivent des Crustacés caractéristiques de ce niveau : un Brachyure (Grapsus marmoratus) et des Amphipodes (Talitrus et Orchestia), Ces genres, en particulier dans l'hémisphère sud, se rencontrent souvent à plusieurs centaines de mètres, voire à mille mètres au-dessus du niveau de la mer. Des modifications importantes dans l'appareil respiratoire permettent enfin à certains Crustacés derespirer l’airen nature (Oniscoidea). Les espèces de ce groupe recherchent cepen- dant — malgré leur différentiation anatomique avancée (pseudo-trachées)—les endroits sombres et humides. Seul, le milieu purement aérien — celui où triomphent les Oiseaux, les Cheiroptères et les Insectes —est complètement étranger aux Crustacés. Il est cependant des cas où des Crustacés peuvent se trouver passer un certain temps dans l’air. Des causes purement mécani- ques (le vent) ont pu soulever et transporter loin de leur point d'origine une certaine quantité d'A pus. Mais ce sont le plus souvent des causes organiques qui entraînent dans les airs des Crustacés ; des parasites peuvent être emportés avec leur hôte; c’est le cas du parasite (Penella exocæti) du poisson-volant (Exocætus volitans, E. Speculiger); des œufs de phyllopodespeuvent être transportés d’un étang à l’autre parlespalmu- res des pattes de Lamellirostres:on a même trouvé sur les caudales d’un oiseau une larve de cirri- pède au stade cypris (Ornitholepas australis). IT. — LA DISTRIBUTION DES FAUNES CARCINOLOGIQUES AQUATIQUES En présence d’un si grand nombre de types correspondant à une telle multiplicité d’adapta- tions, il paraissait intéressant de grouper quel- ques observations d'ensemble tendant à réduire à un certain nombre de typés bien délimités — types imposés et définis par un mode de vie par- ticulier — les aspects si variés de la classe des Crustacés. Une telle étude montrera la dépen- 1. A Mahableshwar, dans l'Inde, on a trouvé des Gegarcinus à plus de 1.300 m,. (4.500 feet.) MH. Woonwakp: Encyc. Brit, art. Crustacea., 1878. 2. Cf. W.T. Cazman : The parasite of the flying-fish. West Indian Bulletin, vol. XV, n° 2. 3. Observation de Targioni Tozzetli, 1872, Cité par STEs- BING : Encyc. brit., 1902. Art. Thyrostraca. 12 Taéonore MONOD. — LES ADAPTATIONS ÉTHOLOGIQUES CHEZ LES CRUSTACÉS dance si étroite qui existe entre le mode de vie d’un être et sa morphologie ; quant au détermi- nisme même de cette morphologie, nous l’entre- verrons en montrant que des types distants — phylétiquement parlant — peuvent, par « con- vergence », présenter des caractères identiques, s’ils adoptent un même habitat ou un régime com- mun, alors que de proches parents — voire des cousins — peuvent, par suite de mœurs diver- gentes, présenter des aspects extrêmement diffé- rents!. Mais, avant de commencer cette étude, il nous faut nous arrêter quelque peu sur des questions d'ordre général. Au premier abord, il semblerait logique et facile de se conformer au schéma clas- sique et de passer successivement en revue les types divers (et partant les adaptations à un milieu donné) des Crustacés planctoniques, nec- toniques et benthiques. Enréalité, cette méthode est inapplicable, étant donné que nous envisa- geons ici tout particulièrement la forme générale etnonladisposition particulière detelappendice ; nous pourrions dire facilement : tel peréiopode est ici natatoire, ici conformé pour la marche, mais ilnous est souvent impossible d’énoncer que tel type est lié à tel genre de vie : comme nous le verrons, en effet, le type caridoïde, carac- térisé parsa forme extérieure, se rencontre aussi bien sur le fond qu’en surface. Il faudra donc adopter une première division en « types» dont il s'agira alors de déterminer l'habitat. Une autre difficulté résulte de l'existence, à la surface de la mer, de corps flottants{algues, zos- tères auprès des côtes, débris ligneux,etc.) : ces matériaux sont l’objet d’une intéressante locali- sation faunique ? comprenant des types ordinai- rement bathyaux (Caprelles, certaines [dotées, Actinies, — certains Brachyures sont dans d’autres régions fréquemment rencontrés dans ces stations).— Faudra-t-il les classer dans la faune pélagique ? 11 ne le semble pas, car la pré- sence de ces types est évidemment liée à l'exis- tence fortuite et passagère de débris en surface : ils ne sauraient à aucun titre faire partie de la faune pélagique vraie (« euplanctonique ») eton leurpourraitattribuerleterme de formes«pseudo- planctoniques ». Seraient aussi « pseudo- planctoniques », pendant une partie de leur vie ES ee PR 1 Des travaux analogues, du plus vif intérêt, ont été publiés sur la morphologie externe des Oiseaux (A. A. ALLEN : « The bird as a flying machine », « Structure and habit», « The implements of birds », Bird-lore, vol. XXII, n° Let 2 (1921). La forme extérieure et l’ostéologie des Vertébrés ont fait l’ob- jet d'études du même genre (0, AëeL : Grundzüge der Paleo-. biologie der Wirbelliere, elc.). 2. J'ai eu l’occusien de l'étudier — pendant la mission océa- nographique du « Mistral » (1920) et celle du « Pétrel » (1921) — dansle bassin intérieur de l'archipel des Glénans. tout au moins, les Hypériens commensaux des Acalèphes, des Leptoméduses et des Salpes. Un troisième point délicat est la distinction d'une faune de Crustacés « nectoniques » : ils’a- girait en effet de Crustacés nageurs — vivant toujours entre deux eaux et possédant une zone d'action comparable à celle des Céphalopodes décapodeset del'immense majorité des Poissons. On rencontre en effet, grâce au perfectionnement des engins de capture bathypélagiques, une faune de Macrures et de Copépodes qui répon- draient à la définition d'une faune nectonique si l’on pouvait affirmer que ce sont des formes tou- jours caractéristiques du niveau envisagé, ni descendues de la surface ce qui est fréquent, ni montées du fond et n'y descendant pas. Quoi qu'il ensoit, ce mode de vie — au point de vue qui nous occupe ici —ne donne pas lieu à des types de morphologie externe bien définis, ce qui nous autorise à ne point distinguer de faune nectonique individualisée, pour les Crus- tacés tout au moins !. IL. — LES GRANDS TYPES DE MORPHOLOGIE EXTERNE ET LEUR LOCALISATION ? En possession desnotions précédemmenténon- cées, nous pourrons maintenant faire un effort de synthèse et tâcher de réduire à un certain nombre de types définis l’étourdissante variété de formes que nous présente la classe des Crustacés. La notion de « type » adoptée ici devra être à la fois bien délimitée et suffisamment large pour admettre sous un même titre des animaux sou- vent au premier abord très dissemblables, mais évidemment attribuables à la même architecture générale : malgré le peu de ressemblance qui 1. En réalité, il conviendrait d'étendre la province « péla- gique » plus qu’on ne le fait généralement et de distinguer dans toute faune marine (littoral excepté) deux grands ensembles : 1° une faune d'animaux sessiles ou fouisseurs, ou ram- pänts, ou marcheurs, ou sauteurs, élroitement liés à la pré- sence du substratum ; 2' une faune d'animaux nageurs pouvant dans certains cas se subdiviser en zone des nageurs profonds (necton) et zone des nageurs de surface (plancton). Conformément à cesobservations, nous pourrions schéma- tiser de la façon suivanteles grandes divisions bathymétri= ques qui règlent la distribution de la vie animale dans les mers (ou dans un bassin lacustre suffisamment profond): | plancto-necton, 1. necton sensu lato bathy-necton ; 2. benthon (avec ses subdivisions), 2 Nous laisserons de côtéles parasites {internes et externes) etmême les formes fixées sur un support inorganique (Cirri- pèdes). La considération de ces formes nous entrainerait … trop loin. Ces types présentent des modifications si variées et si profondes qu'on chercherait souvent en vain — dans leur morphologie externe — unrappel des caratères carcinolo- giques normaux (Lernéides, Rhizocéphales, certains stades d'Epicarides). Taéopore MONOD. — LES ADAPTATIONS ÉTHOLOGIQUES CHEZ LES CRUSTACÉS 13 existe entre un Scyllarus et un Palæmon, il est impossible den’ypoint voirdesreprésentants d'un même type, « caridoïde », mais que des adapta- tions différentes ont obligé à une appréciable divergence. C’est dire que sous le titre de «type» nous comprendrons souvent toute une série de formes qui, malgré leurs dissemblances, se rat- . tachent à un type de structure commun, imposé d’ailleurs par un genre de vie donné. La notion même de types déterminés par une adaptation spéciale à tel ou tel mode d'existence écarte toute idée de méler à cette étude des préoccupations phylogénétiques : il est trop clair que si la chauve-souris, l'oiseau et le ptérodactyle volent, . ils ne sont en aucune façon liés phylétiquement : c’est un simple cas de convergence accidentelle due à un genre de vie identique. Des faits de même nature se rencontrent parmi les Crustacés. _ 1. Type calanoïde!. — Cette forme est carac- térisée par l'allongement antéro-postérieur, l’ab- sence de compression donnant lieu à un corps à peu près cylindrique, la terminaison, en pointe Fig. 1. — Type calanoïde (Copépode). plus ou moins accusée, de la partie antérieure. Citons aussi la présence fréquente d’une fusion cé- phalothoraciqueaugmentant la rigidité des deux premières divisions du corps, suivies dans ce cas d’un abdomen cylindrique, mais d’un diamètre bien inférieur à celui du céphalosoma et du mé- tasoma. Le type calanoïde est, dans son essence, . franchement pélagique. Il est adapté à une nage _ horizontale : l’organe propulseur est souvent - une paire d'antennes dontles mouvements d'a- É vant en arrière, brusques et saccadés, font bondir l'animal à travers l’eau. Si l'on néglige l’action _ des pattes, la nage d’un Copépode typique est - comparable au vol si caractéristique du pic-vert _ (Gecinus viridis), dont les brefs battements d’ailes précédent {et suivent) à une cadence régulière . des périodes de vols planés. Le type ca/anoïde franc comprend l'immense majorité des Copépodes libres ettous les Copé- ._ podes nageurs adultes (fig. 1). On peut aussi lui attribuer un Cladocère, le curieux Leptodora 1. Cette énumération ne prétend pas être complète, car il … est certain que bien des formes uberrantes nécessiteraient la création de types nouveaux ; cependant les grandes direc- _ tions d'évolution chez les Crustaces sont citées ici. Tous les | pussages existent d’ailleurs entre les divers types décris. hyalina. Certaines larves d'Edriophtalmes arri- vent — pendant leur vie pélagique — à simuler par convergence le type calanoïde : telles sont par exemple les jeunes de la famille des Gna- thitdæ, qui possèdent pendant leur vie libre une Fig. 2. — Type calanoïde (nauplius de Copépode). tête conique etun corps cylindrique bien éloi- gné de l’aplatissement dorso-ventral générale- ment caractéristique des Isopodes. Signalons enfin certains nauplius aberrants de Copépodes que, malgré la présence d’une duplicature dor- sale de la peau du céphalothorax et l’absence d'abdomen (remplacé, il est vrai, au point de vue équilibre par de forts aïguillons), nous pouvons attribuer au type calanoïde (fig. 2). 2. Type polyphémoïde. — Corps globuleux, ovalaire, ou triangulaire à sommet postérieur. Tendance à la concentration des appendices lo- comoteurs (antennes surtout) dans la région Fig. 3. — Type polyphémoïde, céphalique.Nage verticale ou oblique parrapport à la surface [cette modalité paraît déterminée par des raisons statiques, le poids des embryons, chez les femelles gravides, tendant à incliner vers le bas la vaste poche incubatrice). Ce type, nageur pur, est limité au groupe des Cladocères, encore qu'ils ne comprennent pas tous les représentants du groupe : citons seule- ment ici les Daphnia, les Evadne (fig. 3), les Podon. 3. Type scapholébéroïde. — À ce type se rap- porte un Cladocère bien curieux : Scapholeberis mucronata. Il est évident qu’on trouverait dans le groupe d'autres représentants de ce type. C'est un Cladocère typique, mais dont le profil 14 Taéonore MONOD. — LES-ADARTATIONS ÉTHOLOGIQUES CHEZ LES CRUSTACÉS abdominal est rectiligne : cette particularité est en rapport avec le mode de vie de l’animal et M. Scourfield a montré comment les Scaphole- beris sont capables de circuler à la renverse sous la surface de l’eau, comme font les mouches au plafond. 4. Type branchippoïde. — Autre exemple de Crustacé adapté à la nage sur le dos, mais celui-ci nage à toutes profondeurs et non pas à la surface seulement. Le type estallongé, segmenté Fig. 4. — Type branchippoide. en un grand nombre d’anneaux mobiles ou plu- tôt flexibles les uns sur les autres, ce quipermet au corps d'adopter une courbure, caractéristique des branchippes qui nagent. Ce type très spécial n’existe que chez les phyllopodes du groupe des Anostraca |Chi- rocephalus, etc.) (fig. 4). 5. Type lépiduroïde. — Ici nous avons affaire à des Crustacés dont le caractère essentiel est de posséder un bouclier céphalo-thoracique pré- sentant un aplatissement dorso-ventral et un abdomen sans appendices, de forme et d’étendue variable. Les éléments du mérome appendicu- laire (sauf ceux qui sont spécialisés dans une direction sensorielle ou masticatoire) vibrent dans des plans perpendiculaires à la direction d’aplatissement. Ce type lepiduroïde, qui comprend des FSrinEe nageuses, serencontre dans les eaux douces(plu- viales le plus souvent) : Apus, Lepidurus,et dans la mer: formes larvaires planctoniques d'Euphau- siacea que l’aplatissement de la carapace semble écarter du type caridoïde. 6. Type arguloïde. — Vaste bouclier céphalo- thoracique à aplatissement dorso-ventral. Abdo- men réduit et foliacé, ou absent. Les appendices Fig. 5. — Type arguloïde, natatoires vibrent dans un plan parallèle au plan de compression de la carapace. Ce type peu répandu est représenté dans les eaux douces par les formes semi-parasites et na- geuses du groupe dès Branchiopoda(Areulus.ete.) et dans la mer par une catégorie aberrante de nauplius de Cirripèdes signalée par Hansen. J’ai retrouvé dans des pêches pélagiques opérées par moi au cours de l’été 1920 et 1921, au large de la côte Sud du Finistère, deux types de ces curieuses larves cuirassées, probablement nau- plius d'Apodes (fig. 5). 7. Type nauplioiïde. — À différentes reprises nous avons signalé des nauplius se rapportant à tel ou tel type de morphologie: l'immense ma- jorité cependant des nauplius de Crustacés pré- sentent assez de caraclères communs pour auto- riser la création d’un type rauplioïde. Ce type — qui embrasse plus de formes que le terme de, nauplius quand il n’est défini que par le nombre et la morphologie des appendices — possède une forme générale triangulaire, ce qui signifie non pas que la forme du bouclier soit toujours un triangle comme chez les nauplius de Cirripèdes, mais que, même quand le bouclier est ovale ou Fig. 6. — Type nauplioide, circulaire, la taille des appendices! diminue d'avant en arrière. Si l’on suppose queles appen- dices soient dirigés normalement à l'axe longi- tudinal du corps, l’ensemble du nauplius pourra être inscrit dans un triangle à sommet posté- rieur. Le dit sommetsera d’ailleurs fréquemment reporté très en arrière par l’existence d’épines dépendant soit de la carapace, soit de l’armure furcale (fig. 6). Le type nauplioïde est franchement needs c’est le type larvaire le plus caractéristique de la classe des Crustacés, et qui se trouve à l’origine de tous les développements sans incubation, C'est l'observation de cette larve qui a permis d'attribuer définitivement les Anatifes et les Ba-, lanés au groupe des Crustacés. Quant à l’impor- tance phylogénétique du stade nauplius, ce n’est 1. Tout au moins à partir de Ja deuxième antenne, Tuéonore MONOD. — LES ADAPTATIONS ÉTHOLOGIQUES CHEZ LES CRUSTACÉS 145 pas ici le lieu dela discuter: s'agit-il réellement d'une forme ancestrale, ou le nauplius n’est-ilque la résultante, dans des groupes d'origines diffé- rentes, de conditions biologiques (milieu, etc.) identiques ? 8. Type cythéroïde. — Occupant une place tout à fait à part parmiles Crustacés, le type cythe- roide est aisément caractérisable par l'existence d’une carapace formée de deux valves qui enfer- ment le corps tout entier. Unesemblable mor- phologie se rencontre dans trois groupes : les Phyllopodes conchostracés, les Ostracodes, les Cirripèdes. Ces derniers ne passent que tempo- rairement par un ‘type cythéroïde, au cours de leur évolution larvaire : c’est le stade cypris, si Fig. 7, — Type cythéroïde. caractéristique des larves de Cirripèdes. Chezles _ Ostracodes, au contraire, le type cythéroïde est permanent et exclusif (fig. 7). Parmiles Phyllo- podes, le groupe des Conchostracés (Estheria, Limnadia) possède les caractères du type cythe- roiïde. Ce type est d’ailleurs, à de rares excep- tions près, lié à la présence du fond : ce sont des formes benthiques, mauvaises nageuses. On objectera que les cypris de Balanes ou de Lepas sont des types pélagiques : cela est vrai, mais ce sont des larves au bout de leur évolution planctonique et qui, au boutde très peu de temps, se fixent sur un rocher ou un corps flottant pour y subir la métamorphose qui les transformera en adulte. Le seul cas de type cytheroïde franche- ment pélagique d’une façon peut-être permanente est celui de quelques rares Ostracodes (Conchoe- cia, Philomedes)!. 9. Type apseudoïde. -- Est caractérisé par un corps allongé, cylindrique ou sub-cylindrique, sans individualisation d’un céphalothorax:il n'intervient que des fusions de peu d’étendue entre la tête etles premiers somites du pereion. Pattes marcheuses.Formes adaptées àla vie ben- thique, à la reptation. Quelques Amphipodes et un nombre considérables d’'Isopodes devraient 1. « Nur die Halocypridæ und ein Teil der Cypridinidæ werden freischwimmend gefangen, doch ist die Frage offen, ob sich nicht auch diese Formen fast sämmtlich wenigstens vorübergehend am Meeresgrunde aufhallen. » G. W. Muieer: Thierreich. 31. Ostracoda, p. #, être cités ici. Nommons seulement|les genres Tanais, Leptochelia, Apseudes, Gnathia et Para- gnathia, Idotea p.p.. 10. Type cirolanoïde. — Ce type, répandu à profusion à travers le groupe des Isopodes?, est très polymorphe et onle voit passer aux types voisins (apseudoïde, caprelloïde). Tel qu'il est représenté dans les genres tout à fait typiques (Cirolana, Eurydice, Anilocra);ilest caractérisé par une forme générale ovale sans individualisa- tion céphalique quelconque: les yeux sont pri- mitivement écartés, mais leur développement Fig. 8. — Type cirolanoïde. parfois énorme les amène alors au contact (Aega monophtaima). Ces formes, quoique nettement benthiques, sont vagiles, circulent aisément, peu- vent parfois nager facilement. Certaines vivent dans les algues, d’autres sont ectoparasites sur des poissons (Anicocra mediterranea}* (fig. 8). Le type cirolanoïde est susceptible de fortes variations : parfois l’ovale s’allonge dans le sens antéro-postérieur (Conilera, Idotea p.p.); parfois il s'élargit dans le sens transversal (/aera, Cymo- docea, Næsa, Campecopea et surtout Dynamene et Sphaeroma qui contient des espèces presque aussi larges que longues). Le type cérolanoïde contient les seuls Crustacés parfaitement adaptés à la vie terrestre et à la respiration de l'air en nature (Oniscidae avec les genres Lygia, Por- cellio, Oniscus, Armadillo, etc.). 11. Type caprelloïde. — Quoique très diffé- rentes les unes des autres, les formes réunies sous ce titre ont en commun un genre de vie spécial, impliquant un même problème. En effet, ce sont tous des habitants soit d’Algues, soit de Bryo- zoaires dressés, soit d'Hydraires ; la vie dans un milieu ramifié exige la possibilité — pour se 1. C'est en appendice au type apseudoïde que nous place- rions les Stomatopodes adultes. 2. Certaines Copépodes benthiques (Porcillidium,ete.) ont par convergence acquis le type cirolanoïde. 3.Plusieurs larves planctoniques d'Epicarides appartiennent cependant à la faune pélagique, mais ce sont des larves, c'est à-dire des types morphologiques non permanents et en cours d'évolution. 16 _Tnéonore MONOD. — LES ADAPTATIONS ÉTHOLOGIQUES CHEZ LES CRUSTACÉS mouvoir —"de posséder avec le support un cer- tain nombre de points de contact, le plus possi- ble. En face de cette nécessité, deux séries de formes ont résolu le problème de deux façons différentes, mais également élégantes. Cette diversité nous oblige à établir une coupure secondaire dans le type caprelloïde et à y distin- guer deux sous-types. a) Sous-type protelloïde. — Les Crustacés que l’on peut ranger ici ont cherché la solution du problème dans un allongement individuel des segments somatiques,ou toutau moins decertains d'entre eux : en effet, alors que chez les Anthu- ridæ un pleon subsiste, à des degrés divers de Fig. 9. — Type caprelloï le, sous-tyve protelloïde, réduction, celui-ci est complètement atrophié chez les Caprellidæ (fig. 9), tandis que dans le genre Astacilla le quatrième segment thora- cique est seul démesurément allongé. Quel que soit le procédé employé, ce résultat est identique dans les trois cas. Les pattes offrent, quant à leur longueur relative, des caractères variables : elles sont adaptées à la préhension. Un phéno- mène de convergence très intéressant à noter est celui qui amène une si frappante similitude d'aspect — causée par une identité de vie — entre les Phasmes (Orthoptères qui vivent dans les buissons) etles Lémodipodes qui habitent les algues. b) Sous-type munnoïde. — Ici le. problème de la plus grande surface de contact est résolu non par un allongement linéaire d’un corps qui de- vient filiforme, mais par une extension démesu- rée des pattes, ce qui donne à certains Crustacés l'aspect d'Arachnides. Le genre Munna (fig. 10), si agile dans ses courses à travers les algues, est caractéristique du sous-type. Par convergence, amenée toujours parla communauté de l'habitat, certains Arachnides, les Pycnogonides, sont- à rapprocher du sous-type dont ils possèdent l’aspect?. Même remarque pour les « poux de baleine » (genre Cyamus), qui ont, eux aussi, un contact à conserver, mais cette fois avec 1. Certains Amphipodes du groupe des Hyperidea (genre Rhabdosoma) paraissent devoir faire partie du mème groupe adaptatif, mais on ignore Loul —- à mu connaissance toul au moins — de l'éthologie de cette forme curieuse. 2, On peut en dire autant de certains Brachyures aux pattes filiformes at démesurées (Stenorhynchus, etc.). une surface plane, ce qui explique chez eux, non seulement l'allongement des pattes, mais l’élar- gissement transversal et l'aplatissement du corps. Fig. 10. — Type caprelloïde, sous-lype munnoide. 12. Type gammaroïde. — De même que beaucoup d’Isopodes (pas tous!) sont aplatis dorso-ventralement, de même la plupart des. Amphipodes sont comprimés latéralement. Le type gammaroïde sera essentiellement distingué par cette compression, bien caractéristique Fig. 11. — Type gammaroïde. (fig. 11). Le type gammaroïde est benthique, sauteur, marcheur, nageur parfois, mais tou- jours lié à la présence d’un substratum, même quand il est pélagique : c’est aiusi qu’on trouve les Hypéries dans l’ombrelle des Acalèphes et les Phronimes dans des Pyrosoma, des Beroe, des Doliolum, des Salpes. Ils’en faut cependant que le type gammaroïde soit, comme on la longtemps eru, spécial aux Amphipodes. Le groupe des Syncarida de Packard et Calman, et le genre PAreatroicus qui est un Isopode, peuvent lui être rapportés. 13. Type caridoïde!. — Ce type, dont l'étude est nécessaire à la compréhension de la morpho- logie des Malacostracés, est particulièrement bien conservé dans le groupe des Décapodes. Pour le moment, et n'ayant en vue que la forme générale, nous ne ferons pas appel à la forme ou 1, « Garneelen-ähnlich » (Ortmann), Luc À ame à À Tuéonorr MONOD. — LES ADAPTATIONS ÉTHOLOGIQUES CHEZ LES CRUSTACÉS 17 au nombre des appendices pour définir ce type. Nous le caractériserons par la présence d’un bouclier céphalothoracique, comprenant la tête et les huit somites du pereion!, le pléon restant entièrement libre et portant des pattes réduites ou absentes (fig. 12). Le thorax est généralement cylindrique ou comprimé latéralement. La pré- sence d’une dilatation terminale et foliacée du ‘ Fig. 12. — Type caridoïde (Décapode). pléon — formée soit par un telson indivis, soil par le telson auquel s'ajoutent des uropodes — est très caractéristique et différencie le type caridoïde d’autres types à carapace (type lépidu- roide par exemple). Le type caridoïde est très polymorphe dans sa forme et offre une grande variabilité quant à son éthologie. Les zoés de Brachyures doivent être citées ici, malgré la forte dilatation de leur carapace, car elles ne possèdent encore ni l’aplatissement Fig. 18. — Type caridoïde (z0é de Brachyure). dorsoventral de la carapace, ni la réduction et l’atrophie du pléon qui sont caractéristiques du type carcinoïide (fig. 13). Une modification très spéciale dans le type caridoïde est la dégénérescence du pléon qu’on rencontre chez les Pagures, qui forment un groupe aberrant, profondément modifié par le 1. Chez l'adulte : ces segments apparaissent successive- ment sur des laryes qu'il faut déjà considérer comme appar- tenant au même groupe. genre de vie qu'ils mènent (ils s’abritent dans des tests de Gastéropodes), mais cependant faci- lement rattachables au type caridoïde france qu'a conservé leur larve. À un moindre degré, les Galathéeset les Porcellanes subissent une réduc- tion de l’abdomen, moins complète cependant que chez les Brachyures auxquels les Porcellanes ressemblent d’une manière frappante. Les Scyllarus présentent eux aussi de notables différences par rapport aux caridoïdes typiques, tels que les Palæmon et les Palinurus : aplatis et une deleurs paires d’antennes esttrans- formée en palettes élargies, peut-être utilisées à fouir le sable. Cette multiplicité de formes à l’intérieur du type caridoïde montre que celui-ci n’est pas lié à un habitat donné et qu’il comprend des repré- sentants marcheurs, nageurs de fond, nageurs de surface : cependant la nage est le mode de loco- motion primitif, celui qu’utilisent toutes les lar- ves non incubées et que certaines formes adultes ont secondairement abandonné, mais en gardant généralement, même quand ils sont benthiques (sauf les Porcellanes et quelques autres types), l’aspect général d’un animal nageur : les appen- dices seuls out dans ce cas été modifiés". ils sont 14. Type nébalioide. — Les Leptostracés (Nebalia, Paranebalia) forment un groupe bien distinct au point de vue morphologique. Nous avions cru pouvoir les compter au nombre des représentants du type caridoïde, malgré l'absence d’homologie dans la segmentation du peréion. Mais la présence d’une carapace bivalve pourvue de muscles normaux au plan sagittal des VNebalia, et surtout l’observation de spécimens vivants dont la nage s’est revélée fort analogue à celle des Branchippes, nous autorise à les ranger sous une menlion spéciale. Le type nébalioïde est exclusivement benthique, mais non pas unique- ment littoral, comme on l’a cru : si les Vebalia de notre côte océanique sont abondantes sous les pierres de la zone inter-cotidale, elles ne sont pas moins fréquentes sur les fonds algo- rocheux, par 20, 30, 40 m. et certainement davantage. 15. Type carcinoïde. — Ce type destructure,vul- garisé par l'observation facile des crabes, des étrilles et des tourteaux, se distingue du précé- dent par -un céphalo-thorax transversalement élargietparuneréduction beaucoup plus avancée — même que chez les Anomures — du pleon qui n’a plus chez l’adulte d’éventail caudal 1. Au même {ype apparliennentles Cumacés, les Mysidacés, les Euphausiacés adultes. 18 Tnéonore MONOD. — LES ADAPTATIONS ÉTHOLOGIQUES CHEZ LES CRUSTACÉS om s (telsonuropodes). Tousles Brachyures ettoutes leurs larves à partir du stade mégalope font partie de ce type carcinoïde (fig. 14) : on y pour- rait ranger aussi des larves avancées de Gala- thée, qui présentent les plus grandes analogies avec des mégalopes de Brachyures. Même ainsi circonscrit, le type carcinoïde pré- sente une infinité de formes très remarquables : tantôt la carapace est allongée dans le sens lon- gitudinal (Leptopodiadæ, Maiadæ), tantôt elle Fig. 14. — Type carcinoïde. est démesurément prolongée sur ses faces laté- rales par des épines ou des protubérances cylin- driques (Neptunus, Ixu). — La majorité des Bra- chyures sont marcheurs (ex. Carcinus mænas); d’autres sont nageurs, mais ne s’éloignent guère du fond (un grand nombre de Portunides, dont la dernière paire de pattes a une extrémité lar- gement dilatée en rames); d’autres enfin posse- dent une pareille disposition aux quatre derniè- res paires (toutes les « pattes » sauf les pinces) : citons ici les genres Ranina, Matuta, Polybius dont une espèce européenne, le Polybius Hens- lowi, est fréquemment rencontréeloin des côtes. Les formes pélagiques ont certainement des ancêtres benthiques (la mégalope n'est nulle- ment une forme bien adaptée à la vie plancto- nique comme est la zoé. C’est une larve âgée, qui s’alourdit et ne demande qu'à se cramponner aux algues avec ses jeunes pinces, signe mani- feste de son goût pour la vie benthique qu’elle ne va pas tarder à adopter). Mais ces ancêtres benthiques ont, eux, des ancêtres pélagiques, car la zoé, elle, est franchement adaptée à la vie de surface, Il est d’ailleurs infiniment probable que le Polybius repasse par ces divers stades dans son ontogénie et quil traverse entre la zoé pélagique et l'adulte pélagique (quoique pas de façon permanente) une phase benthique, pré- cédant la transformation des pattes en rames. JV. — Conczusion De ce long voyage à travers la classe des Crus- tacés, nous retiendrons d’abord l'extraordinaire puissance évolutive et adaptative du groupe et sa plasticité surprenante, crée d’ailleurs par l’ac- tion du milieu qui façonne les espèces et modèle les formes. On sait que desexpériences courtes —. en comparaison du temps qu'ont duré les époques géologiques et la lente évolution biologique qui ‘les a accompagnées — ont fait s’évanouir les limites de l’espèce linnéenne et que des chan- gements de salure, par exemple, ont modifié des - Phyllopodes, tandis que des variations de tem- pérature faisaient varier spécifiquement des Lépi- doptères. De même que des expériences de labo- ratoire, réalisant à partir de matières animales la synthèse d'hydrocarbures analogues au pétrole, ont permis de conclure, pour certains gisements tout au moins, à sonorigine organique, de même de rares expériences portant sur la variabilité morphologique de quelques Arthro- podes nous pouvons conclure que des causes analogues ont joué pendant les âges écoulés et que les formes qui nous paraissent stables, parce que les microscopes n’existent que depuis deux siècles, ont dû leur différenciation à des causes mécaniques, à des raisons d'équilibre, de susten- tation, tendant à faciliter la fonction alimen- taire, elle-même permettant la maturation des gonades. Les végélaux supérieurs accumulent des réserves pour la croissance de la graine, puis meurent: cette accumulation dure un an ou deux ans (plantes annuelles et bisannuelles); un eli- mat favorable peut rendre ces végétaux vivaces. Combien d’animaux sont dans le même cas et disparaissent dès que la reproduction est assurée! Tel est l'être vivant : il se nourrit (à partir d’un certain point.la fonction digestive «autorise», s’il yasurabondance de nourriture, lareproduction); mais il se nourrit d’aliments donnés, dans un milieu donné, dans des conditions de pression, de température, etc. données. De cet ensemble — insaisissable d’ailleurs dans son infinie com- plexité — résultera une forme définie, adaptée - au milieu qui l’a créée, mais susceptible de varier si le milieu varie. Nous répéterons en terminant, pour nous résumer en la modifiant, une formule célèbre : le milieu conditionne la fonction et par là crée l’organe. Théodore Monod, Licencié ès sciences, BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 19 BIBLIOGRAPHIE ANALYSES 4° Sciences mathématiques Buhl (A.).— Géométrie et analyse des intégrales doubles. — 1 vol. in-8 écu de 68 p. avec & fig. de la Collection Scientia (Prix : 6 fr.). Gauthier-Villars et Cie, éditeurs, Paris, 1920. M. Buhl à réussi à condenser dans cet intéressant petit livre un grand nombre de résultats géométriques et analytiques déduits de la formule de Stokes et de ses généralisations. Le premier chapitre est consacré à l’éta- blissement de la formule de Stokes, qui permet, comme on le sait, la transformation d’une intégrale curviligne prise ‘le long d’un arc de courbe fermé C en une inté- grale de surface prise sur une surface S passant par C, et à la généralisation de cette formule au cas où l’inté- grale prise sur C dépend du plan tangent à S le long de GC. De nombreuses applications de la transforma- tion de Stokes à la comparaison des volumes cylindri- ques et coniques et à la détermination des angles spatiaux nous conduisent, dans le chapitre Il,auxintéres- sants résultats de M. Koenigs sur les volumes canaux et à quelques beaux théorèmes de Humbert sur les exten- sions à l’espace du théorème d'Abel.La formule de Sto- kes,généralisée comme il a été dit,contient une intégrale double portant sur les éléments du second ordre de la _ surface S; M.Bubhl en déduit une élégante démonstration de la formule de Bonnel et diverses propositions analo- gues, ainsi qu'une formule générale très compréhensive dé M. Appell (chapitre IL); puis il recherche au chapi- tre IV les conditions pour qu'une intégrale double soit de la forme stokienne, ce qui le conduit à une classifica- tion des équations de Monge-Ampère et initie le lecteur _auxtravaux de MM.Cartan et Goursat.Dansun cinquième chapitre, l’auteur étend son mode de démonstration au cas des variables complexes en s’occupant surtout de la question des singularités ; il donne ainsi au lecteur quelques indications sur les problèmes délicats et diffi- ciles qui se posent dans la théorie des fonctions algé- briques de deux variables. Ajoutons que les formes symboliques de différentiel- les employées systématiquement par l’auteur trouvent aussi leur application dans les théories tensorielles d’Einstein (A. Bu, Comptes rendus, nov, 1920), L’ex- posé siatlachant de M. Buhl sera donc utile aux phy- siciens comme aux mathématiciens et rendra à tous les meilleurs services, G. VALIRON, Professeur à la Faculté des Sciences de Strasbourg. Lecat (Maurice).— Bibliographie des séries trigono- métriques (avec un appendice sur le Calcul des varia- tions). — Un vol. in-8° de vu + 336 pages(avec impres- sion sur une face) (Prix : 10 fr.). Louvain, avenue des Alliés, 92; Bruxelles, avenue Bois Cambre, chez l'auteur; 1921. Cet ouvrage consiste essentiellement en deux listes ET INDEX alphabétiquespar noms d'auteurs, L’une,la plus courte pp. 155-167, est destinée à compléter surtout pour la période 1915-1920 la « Bibliographie du Calcul des varia tions » publiée par l’auteur en deux volumes (1913-1916). L'autre, pp.1-133 et p.153, concerne les travaux con- sacrés aux séries trigonométriques ou utilisant celles- ci. L'auteur, sauf erreur, ne nous dit pas sur quelle période s'étend sa bibliographie; mais, d’après les précédents et d’après la liste même, il est vraisem- blable qu’il a voulu embrasser la période allant de l’origine à la date de publication, Cette liste, qui n’a pu être établie qu’au prix d’un labeur considérable, « donne les titres des ouvrages,des mémoires,les titres abrégés des recueils et l'indication des séries, tomes, années,pages,ainsi que les dates d'achèvement du manu- scrit, de remise, de lecture, d'impression, etc, », Quel- ques coups de sonde jetés au hasard me donnent le droit d'affirmer l’exactitude générale des renseigne- ments figurant dans cetteliste, sauf les quelques erreurs inévitables en un travail aussi ardu et dont l’auteur lui-même a signalé quelques-unes à la page 167. En outre de cetle liste destinée à rendre les plus grands services et qui signale 2.500 travaux, M. Lecat a établi une table des 328 recueils périodiques sur les- quels ont porté ses recherches. 11 est probable qu'il n’y aurait pas beaucoup à ajou- ter à cette table pour obtenir une listecomplète de tous les périodiques mathématiques, de sorte qu'il eût été peut-être souhaitable d'éditer à part une telle liste qui pourrait être utile à bien d’autres savants qu’à ceux qui s'intéressent aux séries trigonométriques. Il est vrai qu’alors elle ne remplirail pas le même but, la liste imprimée, pp.134-151, renvoyant en effet,au moyen de numéros, aux articles signalés dans la liste par noms d'auteurs, ; La statistique ajoutée par l’auteur est intéressante. Elle nous montre que sur 2,560 travaux recensés, 932 ont été publiés en français, 7965 en allemand, 495 en anglais et 100 en italien. Ceci indique à quel point le français est utilisé hors de nos frontières, alors que, sur mille auteurs recensés,268 sont allemands, 158 fran- çais, 135 anglais et 65 italiens Mais ces derniers détails montrent à leur tour combien il faut distinguer dans la production scientifique d’un peuple entre la quan- tité et la qualité. J'ai eu la curiosité de relever les noms des auteurs cités par M. Lecat lui-même (qui n’est pas, comme on le verra, susceptible de partialité), comme ayant le plus contribué aux progrès de la théorie des séries trigonométriques ; et j'y ai trouvé 9 Allemands, 7 Français et 2 Anglais sur un total de 24. Encore que M. Lecat lui-même pourrait objecter qu'il n'a pas eu l'intention de dresserun palmarès complet,iln’en résulte pas moins que cette dernière répartition estloin dereflé- ter l'énorme supériorité en quantité de la production, allemande sur la production française. Et pourtant, pour être objectif, je n’ai pas exclu de la petite liste 20 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 2 ———_—_———_—]| de M. Lecat les noms de Schlômilch, Hansen et Burck- hart dont M. Lecat reconnaïtrait Jui même que leurs travaux, bien qu’excellents, ne peuvent (page 3) être classés au niveau de ceux des sept auteurs français cités. » En faisant ces remarques, je vais peut-être m'exposer à être rangé par M. Lecat dans la chauvins. Car M. Lecat (dans un désir louable d'im- catégorie des partialité) attribue trop facilement (p. 161) au chauvi- nisme des déclarations entièrement justifiables quand on reste sur le terrain scientifique. L'arrêt qu'il déplore de la publication de l'Encyclopédie française des Scien- ces mathématiques eût été pourtant désirable, même avant 1914, s'il avait pu en résulter une nouvelle organisation de l'édition française où la liberté d’ap- préciation et d'expression eût été assurée vis-à-vis de l’édition allemande, Sans cette indépendance, le progrès des Sciences est compromis. S'il est malériellement possible de reprendre la publication de l'Encyclopédie française en assurant celte indépendance, alors seule- ment, mais bien volontiers, nous nous associerons au vœu de M. Lecat. " Maurice FRÉCHET (Université de Strasbourg). Petrovitch (M.), Professeur à l'Université de Belgrade, — Mécanismes communs aux phénomènes dispa- rates. — 1 vol. in-16 de 280 p. de la Nouvelle Collec- tion scientifique (Prix : 8 fr.). Librairie Félix Alcan, Paris, 1921. Les théories scientifiques actuelles, tout au moins celles qui ont pour objet des grandeurs mesurables, se ramènent généralement à de pures questions d'Analyse mathématique. Parvenues à ce stade, elles perdent leur personnalité et il peut arriver que deux théories ayant des origines entièrement différentes conduisent exac- tement aux mêmes équations. On peut alors établir entre elles une correspondance telle que deux éléments homologues soient représentés par la même variable - dans l'interprétation mathématique commune. Toute propriété relative à l’une des théories a sa corrélative dans l’autre et toute découverte faite dans la première se répercute immédiatement dans la seconde, _ Les exemples de ces sortes de rapprochement sont très fréquents en Géométrie etil arrive qu'on en décou- vre a posteriori la raison intime, c'est-à-dire qu'après avoir constaté l'identité analytique de deux problèmes, on les relie l’un à l’autre par une voie purement géo- métrique. De même, cerlaines questions de Mécanique, de Phy- sique, de Chimie, deviennent équivalentes, quand on les traduit en langage mathématique, et l'on a pu, de la sorte, établir un lien lout à fait inattendu entre des phénomènes de natures totalement différentes. Mais, dans ce cas, on ne peut que constater ce lien, sans pouvoir en pénétrer le mécanisme. Quoi qu’il en soil, tant au point de vue purement spéculatif qu'au point de vue de l'utilité pratique, l’in- térêt de semblables rapprochements est indiscutable. Sir W. Thomson a même prétendu que, « comprendre un phénomène, c’est pouvoir établir son modèle méca- nique », considérant évidemment les phénomènes méca- niques comme les plus simples de la Nature, Pour un géomètre, l'idéal serait peut-être de trouver un modèle géométrique et cela ne serait pas impossible, puisque, par exemple, la dynamique des systèmes sans frotte- ment peut être ramenée à la théorie des géodésiques. Sans prétendre établir une hiérarchie entre les dif- férentes espèces de modèles, M. Michel Pétrovitch s'est . efforcé d'en décrire les mécanismes communs, en abs- trayant leur spécificité. De plus, il a élargi son champ de spéculation, en ne se limitant pas au% seules analo- gies mathématiques, mais en envisageant aussi des ana- logies qualitatives. Il commence par préciser ce qu'il faut entendre par allure d'un phénomène. Dans ce but, il imagine qu'on a fait choix d’un certain nombre d'éléments descriptifs susceptibles de mesure et dont l’ensemble des variations constitue précisément le phénomène, Si l’on construit une courbe en portant le temps en abscisse et un élément descriptif particulier en ordon- née, la forme de cette courbe donne une image concrète de l'allure du dit élément. 11 peut se faire que l’on con- naisse cette allure quañtitativement, c’est-à-dire que la courbe représentative soit susceptible d’être tracée exac- tement ou du moins avec toute la précision que com- portent les mesures, Mais, il peut arriver aussi que l’on sache seulement donner une description qualitative dela courbe. On pourra dire, par exemple, si l'élément des- criptif croît ou décroit, s’il présente des maxima ou des minima, si sa varialion est discontinue, périodique, ele, L'ensemble des allures de tous les éléments deserip- tifs caractérise l'allure du phénomène, Deux phénomènes différents peuvent manifester une ressemblance d’allure plus ou moins accusée, Si toutes les courbes} figuratives coïncident exactement, il y a analogie mathématique. Mais, si elles présentent seule- ment un certain nombre de particularités communes, telles que simultanéité de la croissance ou de la décrois- sance, périodicité, discontinuités, elce., l’analogie n’est que qualitative. Après l'allure des phénomènes, M. Pétrovitch envisage leur mécanisme. Les particularités d’un phénomène résultent de l’en- semble des rôles joués dans sa production par différenls éléments, facteurs ou faits. On peut faire abstraction de la nature de ceux-ci et ne retenir que le type du rôle: L'auteur passe en revue un grand nombre de types, tels que rôle d’élément descriplif, rôle de cause, rèle de liaison, rôle d’obstacle, rôle de terrain. On connaît le mécanisme d’un phénomène lorsqu'on connaît les types de rôles intervenant dans son exis= tence et la manière dont les différentes particularités d’allure en résultent. Un ensemble déterminé de types de rôles donne naissance à un {pe de mécanisme. Un tel type étant donné, on peut en déduire les par- ticularités d'allure communes à tous les phénomènes disparates auxquels il s'applique. Et c'est là le problème Lure À BIBLIOGRAPHIE. — ANALYSES ET INDEX a fondamental de ce que M. Pétrovitch a appelé la Phéno- ménologie générale. L'auteur donne comme exemples quinze schémas, pour chacun desquels il résout ce problème. Puis, il se pose la question inverse : L’allure du phe- nomène étant connue, peut-on en conclure son méca- nisme? La réponse est, en général, négativeet celatient, au fond, à ce qu'il existe une infinité d'équations dif- férentielles qui admettent pour intégrale particulière une fonction donnée. Toutefois, si l’on possède cer- taines indications supplémentaires, il peut arriver que le type de mécanisme se trouve entièrement déterminé. Dans le chapitre suivant, M. Pétrovitch examine les formes variées sous lesquelles se présentent les divers types de rôles et les diverses particularités d'allure dans les phénomènes naturels. 7 Vient ensuite un chapitre extrêmement intéressant, où l’auteur met en évidence les mécanismes d’un grand nombre de phénomènes concrets des plus variés : méca- niques, électriques, thermiques, biologiques, physiolo- giques, psychologiques, sociologiques, ete. Pour en donner au moins un exemple, citons, à tout hasard, la décharge d'un condensateur électrique entre- tenu par une pile constante. Le mécanisme est le sui- vant : Phénomène à un élément descriptif (intensité du courant de décharge), changeant sous l’action de trois causes : l’une impulsive et invariable (force électromo- trice de la pile), l’autre réactive et dépressive, variant en raison directe de la grandeur de l'élément (force de résislance électrique, produit de la résistance du -cir- cuit par l'intensité), la troisième également réactive et dépressive, variant en raison directe de la totalité de l'élément (force électromotrice de Coulomb, proportion- nelle à la charge des armatures, la charge étant l’inté- grale de l'intensité). Enfin, le rôle d'inertie est joué par la force électromotrice de self-induction proportion- nelle à la vitesse de variation de l'élément descriptif, c'est-à-dire à la dérivée de l’intensilé par rapport au temps. De ce mécanisme, on peut déduire l’allure du phénomène : décharge asymptotique ou oscitlatoire amortie, suivant la grandeur relative du coeflicient de self-induction et de la résistance de l'élément. Enfin, le dernier chapitre est consacré à l’étude des analogies. L’analogie entre plusieurs phénomènes peut être quan- titative et la plus parfaite à ce point de vue est l’analo- gie mathématique, qui correspond au cas où les phéno- mènes sont régis par les mêmes équations. L'auteur en cile quelques exemples, tels que : équilibre électrique, propagation de la chaleur, mouvement permanent irro- tationnel des liquides non visqueux. IL y a aussi des analogies qualitatives et les exemples en sont évidemment beaucoup plus faciles à trouver. M. Pétrovitch en indique un grand nombre, des plus intéressants, Malgré son haut degré d’abstraction, ce livre est d’une lecture fort attrayante, surtout dans ses deux derniers chapitres. Il faudrait évidemment posséder une culture scientifique à peu près universelle, pour être à même d'apprécier avec compétence toutes les théories qui s’y trouvent schémalisées. Mais cela est loin d'être néces- 21 saire, sil'on se contente de la compréhension de leurs mécanismes. J. HAAG, Professeur de Mécanique à la Faculté des Sciences de Clermont-Ferrand, Allievi (Lorenzo). — Théorie du coup de bélier (-V). Traduit par Dantez GaDen. Préface de RENÉ Negser. — 1 vol. in-80 de xvr-136 p. et 1 atlas de 88 pl. (Prix : 6 fr.). Dunod, éditeur, Paris, 1921. Si la voiture de tête d’un train est arrêtée brutale- ment, il se produit, dans tout le convoi, une série de compressions et de dilatations longitudinales se propa- geant d'arrière en avant et d'avant en arrière. Ce phé- nomène, que nous avons tous vu et entendu, donne une première idée du coup de bélier, produit dans une con- duite d'eau au moment de l’ouverture de l'orifice d'écoulement. L'étude scientifique decesfaits est dehauteimportance, au moment où règne partout le désir légitime d'utiliser la houille blanche. L'ignorance, en cette matière, peut causer les accidents les plus graves et les plus coûteux : éclatement de la conduite, écrasement de la conduite, etc: Dans l’ouvrage de M. Denis Eydoux, analysé ici par M. L. Potin, le 15 octobre 1921, on trouve (Chap. Il et III) une remarquable étude d'ensemble des coups de bélier et des oscillations en masse. Dans ces pages, le nom d'AHiévi revient souvent, parce qu'Allievi est un des créateurs de la théorie. La Maison Dunod a donc eu une idée très heureuse, en publiant une traduction française des œuvres d’Allievi. Cette traduction est précédée par une Préface très claire et par une Note qui,en 5 pages, nous fournit l’outil mathématique nécessaire. Cette Préface et cette Note sont de M. Neeser, professeur à l'Université de Lausanne. Allievi, en réalisateur, a pris soin de traduire ses formules par des diagrammes, dont l’exé- cution matérielle est excellente. En résumé, ces 5 Notes remarquables d'Allievi cons- titüent un document précieux pour les ingénieurs qui, après la lecture du résumé de M, Eydoux, voudraient aller jusqu’à l’une des sources de cette doctrine impor- tante, à laquelle MM. Michaud, Rateau, de Sparre, Camichel, Jouguet, Eydoux, Gariel, Foch, ete. apportent constamment des perfectionnements, R. D'ADHÉMAR, Ingénieur des Arts et Manufactures, Docteur ès Sciences. Eydoux (D.), Professeur à l'Ecole des Ponts et Chaus- sées. — Hydraulique industrielle et Usines hy- drauliques. — 1 vol. gr. in-8° de 550 p. avec 300 fig. des Grandes Encyclopédies industrielles (Prix :40 fr.). J. B. Baillière et fils, éditeurs, Paris, 1921. Le présent volume, qui est le développement du cours professé par l'auteur à l'Ecole des Ponts et Chaussées, forme la suite logique de son précédent ouvrage de la même coliection, intitulé « Hydraulique générale et appliquée ». Dégagé du souci de l'exposition des premiers élé- 22 BIBLIOGRAPHIE. — ANALYSES ET INDEX ments de l'Hydraulique appliquée, Fauteur s’est pro- posé, comme but précis, l'étude de la transmission de l'énergie, en prenant l'eau comme intermédiaire, soit qu’on la mette sous pression ou qu'on l'élève à une cer- taine hauteur, pour utiliser ensuite l'énergie emmaga- sinée, soit qu'on l’emploie en la faisant descendre d’une certaine hauteur dans des conditions définies. Il est donc amené à étudier successivement les machi- nes hydrauliques, puis les moyens pratiques de les utiliser, c’est-à-dire les usines hydrauliques et leurs accessoires. Comme il s'adresse particulièrement aux ingénieurs de génie civil, il n’a pas la prétention de leur faire connaître en détail les machines hydrauli- ques, qui ont déjà fait l’objet de nombreuses publica- tions, etil a cherché uniquement à les munir des con- naissances indispensables pour ceux d’entre eux qui, ayant à construire des usines hydrauliques, veulent pouvoir choisir, en connaissance de cause, les machines qui doivent y être installées, Dans le même esprit, M. Eydoux passe à l'étude de l'élévation mécanique de l’eau, en faisant prendre con- naissance des pompes ordinaires et des pompes cen- trifuges et en continuant par les distributions d’eau sous pression, A propos de l'eau sous pression dans les conduites et en raison de l'avenir qui leur paraît réservé, il a paru, très judicieusement, d’ailleurs, à l’auteur, qu'il convenait de dire quelques mots sur les moteurs soni- ques, qui sont sortis des travaux de M. G. Constanti- neseu, et enfin sur la distribution hydraulique de l'énergie par pompes à pression et à débit variable, car son champ d'application dans l’industrie moderne peut devenir très vaste. Dans la 3° partie de l’ouvrage, M.Eydoux passe enfin à l’étude des usines hydrauliques, dont l’ensemble cons- titue ce que l’on appelle aujourd’hui : la houille blan- che. Ce sujet comportlerait des développements considé- rables, mais, comme ‘nous l'avons dit au début, l’'Hydraulique théorique a été traitée ailleurs et tous les points concernant la partie électrique seront, avec tous les détails voulus, étudiés dans d’autres sections de cette collection encyclopédique. Comme les machines hydrauliques forment le début du présent ouvrage, il ne restait donc, pour ainsi dire, à développer que les parties des usines rélatives au génie civil el aux conduites forcées. Cette partie elle- même est très importante, puisque les travaux du génie civil embrassent presque toutes les branches de l'art du constructeur, Loin d’être l'ennemi des avec juste raison, estime que si l'ingénieur peut y trou- ver des renseignements, à vouloir trop les développer dans un livre, on risque de masquer les principes géné- raux. Il a donc cherché, surtout, à dégager les idées d'ensemble et à les appuyer sur des exemples en nom- monographies, l’auteur, bre limité. En ce qui concerne les ouvrages connus et étudiés dans d’autres branches du Génie civil, il a réduit, dans de grandes proportions, la partie technique, se bornant à montrer leurs applications au cas spécial de la houille blanche, Par contre, il a insisté sur les condui- tes forcées, qui sont une des particularités des usines hydrauliques. Son but a donc été, comme on le voit, de donner des idées générales et d'expliquer l'appropriation de la houille blanche dans les types d'ouvrages déjà connus: L'ouvrage se termine par quelques mots sur les usi- nes à marées, quoique, à vrai dire, il n’en existe pas encore : mais on en parle beaucoup. Chacun des chapitres du volume se termine par une bibliographie très soignée, précieuse pour ceux des lecteurs qui voudront approfondir une particularité quelconque du sujet. Un index alphabétique facilite énormément les recher- ches. Enfin, en annexe, on trouvera quelques docu- ments administratifs, que l’on n’a pas toujours sous la main et dont le spécialiste a fréquemment besoin, tels les cahiers des charges et marchés de la Société Hydro- technique de France pour la fourniture de turbines et accessoires, de conduites forcées en béton armé ouen métal. Cet ouvrage, d'un ingénieur dont la compétence en la matière est bien connue, constituera; avec celui qui l’a précédé, un ensemble documentaire qui doit trouver sa place dans toutes les bibliothèques d'ingénieurs, et c'est ce qu'a estimé la Société Hydrotechnique de France, qui lui a donné son patronage, L. PoTIN ï Œhmichen (Etienne). — Nos Maîtresles Oiseaux. ÉTUDE SUR LE VOL ANIMAL ET LA RÉCUPÉRATION DE l'E- NERGIE DANS LES FLUIDES. — 1 vol.in-8° de 192 p. avec 118 fig. (Prix : 15fr.). Dunod, éditeur, Paris, 1920. Sous un titre qui fait immédiatement penser à un ouvrage de simple vulgarisation, M. Et, Œhmichen a fait paraître une très savante et très instructive étude du vol des Oiseaux, et même de celui des Insectes sur lequel nous n'avions jusqu'ici que de très imparfaites et très incomplètes données, M. Etienne Œhmichen possède une qualité très rare : il sait exposer les questions les plus ardues en se mel- tant à la portée de tous les lecteurs. Lorsqu'il traite des points de mécanique, il le fait en des termes que lesbio- logistes n’ont aucune peine à comprendre, et je suis certain que les ingénieurs ne trouveront aucune difii- culté à le suivre dans les considérations anatomiques et physiologiques qu'il développe. Dans le domaine de l'anatomie et de la physiologie, qui pourtant n’est pas le domaine qu’il a coutume de parcourir, M. Œhmichen se comporte en véritable professionnel de ces sciences, disant tout ce qu'il faut dire sans pédanterie et sans obscurité. Tout au début de son ouvrage, l’auteur poseet établit : que nous ne savons rien du mécanisme du vol des Oiseaux en dépit des dissections qui ont été faites, des recherches physiologiques empruntant les plus diver- ses méthodes d'investigation, de notre connaissance du milieu physique où le vol s’accomplit. Les lois connues de la résistance de l’air n’expliquent pas en effet le vol animal, et, si l’on essaie de construire un appareil sur le modèle de l'oiseau dépensant une aussi faible quan- BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 23 tité d'énergie motrice que celle que l'oiseau dépense, - cet appareil est incapable de voler. L'oiseau, comme l'insecte, ne peut en fait voler, et ceci est la conclusion des recherches et des expériences de M. Œhmichen, que parce qu’il récupère, pour l’uti- liser à son soutien et à sa progression, une certaine quantité de l'énergie contenue dans les courants de remous qui l’'aecompagnent ou se forment autour de lui. Pour savoir comment cette récupération s’elfectue, il faut lire la théorie du coup d’aile qu’expose l’auteur au chapitre III de son livre. Au moment, dit-il, où l’aile arrive au bas de sa course, l'oiseau l'arrête brusque- ment par le jeu de sesmuscleseten change l'inclinaison de telle sorte que l'énergie contenue dans l'onde de suile (courant de remous) est reprise et utilisée pour la propulsion, On sait que M. Œhmichen, passant de la théorie à la pratique, a construit et expérimenté un hélicoptère sur lequel il a pu, en janvier et février derniers, réaliser les premiers vols que l’on ait accomplis sur un sem- blable appareil. R. ANTHONY. 2° Sciences physiques Vauclin (L.)et Long (A.K.), Directeurs des Frigori- fiques de l'Alimentation Havraise. — Le Mécanicien frigoriste. — « vol. in-18 raisin de 296 p. avec 33 fig. (Prix : 8 fr.). J.-B. Baillière et fils, Paris, 1921. La Bibliothèque professionnelle, publiée sous la direc- tion de M. Dhommée, répond à un besoin; on ne peut qu’applaudir à cetteinitiative. Le meilleur amiet le meil- leur conseiller del’ouvrier intelligent qui cherche à s’ins- truire, c’est le livre professionnel bien fait.Le dévelop- pement, encore bien insuflisant, pris en France par l’industrie du froid rendait nécessaire un Manuel du mécanicien frigoriste.La rédaction de celui-ci a été con- fiée à MM. Vauclin et Long, directeurs des frigos du Havre. Après avoir donné la classification habituelle des machines frigorifiques, les auteurs étudient spécialement la machine à gaz liquéfié, dont ils définissent avec soin la puissance frigorifique et le rendement. Le cycle par. couru par le corps frigorifique, l'influence de l’espace nui- sible sur le diagramme représentatif du cycle, la com- paraison du rendement théorique pour CO?,AzH* et SO? au rendement réel sont passés en revue. Toutes lesconditions du fonctionnement dela machine sont précisées ; tour à tour,la vanne de réglage, le com- presseur, le presse-étoupes, les soupapes, leliquéfzcteur à immersion ou à ruissellement, le réfrigérant ou éva- porateur sont envisagés. Les auteurs considèrentensuite la disposition générale d'une installation et donnent des règles pratiques pour calculer les dimensions de toutes les parties d’une installation d'une puissance donnée et d’un type choisi. La machine à gaz liquéfié étant calculée et supposée réalisée, il faut savoir la monter, la mettre en marche, régler les espaces nuisibles, assurer l'étanchéité du presse-étoupes tdu compresseur. Puis, la machine est vérifiée à l'air comprimé porlé à une pression variable avec [a nature du gaz frigorifique pour vérifier les joints, les soudures etmême les serpentins (déjà essayés dans les ateliers). L'étanchéité absolue de la machine ayant élé obtenue et toutes les chasses d'air étant failes, il faut, avant l'introduction du gaz frigorifique dans le cireuil, enlever l'air en faisant avec le compresseur le vide maximum. La machine mise en marche, il faut étudierson arrêt, l'extraction de l'huile qui forme émulsion avec le gaz liquéfié, vérifier les manomètres. Puis il faut envisager le rodage des soupapes, la réfection du presse-étoupes, le remplacement dela tige du piston, l’encrassement des différentes parties de la machine frigorifique et la façon de parer à tous les accidents possibles, bénins ou graves. Les question de l’isolalion des locaux et de la fabrication dela glace sont bien étudiées comme, d’une manière générale, tout ce qui est technique. Je suis obligé de faire quelques réserves en ce qui concerne la partie théorique. On trouve p. 14 ceci : «la cohésion est nulle entre les molécules d’un gaz ». C'est une erreur formelle ! Les particules des gaz s’attirent, en vertu de l'attraction moléculaire, comme celles des solides et des liquides. Si la cohésion des gaz était nulle, il n’y aurait pas de nuages, ni de tourbillons gazeux, puisqu'une tranche de gaz en mouvement ne pourrait pas entrainer la tranche infiniment voisine en contact avec elle, A propos de la définition du mouvement uniformé- ment varié, on lit pp. 22-23 : « Est celui d’un mobile qui augmente ou diminue de quantités égales après des temps égaux. » Ce n’est ni français, ni correct. Ce qui varie de quantités égales en des teinps égaux ici, c'est la vitesse et non le mouvement. On trouve p. 23 : « La force d’attraction de la Terre à sa surface est égale à 981 dynes. » Il s’agit de la force d'attraction de la Terre sur quelle masse ? Les ouvriers qui liront le Manuel pour s’instruire pourront ne pas deviner qu'il s’agit ici d'un gramme-masse. P.67, la définition de l'équivalent mécanique de la chaleur est donnée sans la réserve du cycle fermé,ce qui est incorrect. Enfin, à propos du Tableau des constantes de diffé- rents gaz (pp. 72 et 73), on peut remarquer que les constantes critiques indiquées remontent à des époques très anciennes. Celles de l'hydrogène sont tout à fait fautives ; elles proviennent d’Olzewski et remontent à 1895. La température critique de l’ozone, indiquée comme non déterminée, est au contraire connue d’après Olzewski depuis 1889.Le néon,porté comme non étudié, a sa température et sa pression critiques connues depuis 1917. Les gaz frigorifiques CO? et SO?, en particulier, ont leurs constantes critiques connues avec une haule pré- cision. MM. Vauclin .et Long donnent pour CO? une pression critique un peu inexacte et pour SO? des cons- tantes qui remontent à Sajotchewski et par suite à 1879 ; or nous sommes en 1921 | Je m'en voudrais d’insister. Alors que la partie pro- fessionnelle est excellente, la partie théorique demande à être revue. La deuxième édition, que je souhaite pro- 24 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX chaine, sera l’occasion naturelle de faire disparaître des imperfections presque inséparables, il faut bien lerecon- naître, d’une première rédaction. E. MATHIAS, Correspondant de l'Institut, Directeur de l'Observatoire du Puy-de Dôme. L'Hoest (Louis), /ngénieur A. I. M., À. I. Lg., Direc- teur de la Société des Ateliers électriques de :Saint- Ouen. — La pratiquedes machines électriques. — Un vol. petit in-8 de 1x-160 pages avec 39 fig. (Prix : 16fr. relié). Ch. Béranger, éditeur, Paris et Liége ; 1920. Dans cet ouvrage, l’auteur s’est proposé de dévelop- per et de compléter une étude antérieure sur le dia- gnostic des défauts des machines électriques et sur les remèdes à leur appliquer. Il y a apporté le résultat de nombreuses années de pratique, qu'il a condensé en quelques pages faciles à lire; il a su éviter les considé- rations d'ordre théorique, tout en écrivant un travail original et non un ouvrage de vulgarisation. L'étude comporte quatre parties : 1° montage, mise en marche et entretien des machi- nes électriques ; 20 avaries ét réparations des machines à courant continu ; C 30 avaries et réparations des machines à courant alternatif ; 4° défauts d'ordre mécanique. Le contremaitre et l'ingénieur consulteront ce volume avec intérêt; car le premier y trouvera un exposé clair des données sur lesquelles reposent les pratiques d’ate- lier et l’autre appréciera à leur juste valeur des ensei- gnements dictés par une expérience journalière des machines électriques. ALT Réimaur (Jean). — Notions élémentaires de Télé- graphie sans fil et construction pratique de Postes et Récepteurs. — 1 vol. in-18 de 116 p. avec 61 fig. (Prix : 7 fr. 5o). Desforges, éditeur, Paris, 1921. .Ce petit livre met à la portée de tous les éléments nécessaires à la compréhension des phénomènes de la T.S.F.De bonnes analogies mécaniques et hydrauliques illustrent les explications. Cet ouvrage, qui étudie ensuite les « constructions pratiques de postes récep- teurs,tickers, hétérodynes, et amplificateurs », donne des montages simples et pratiques. Ce livre intéressera cer- ‘tainement le technicien, mais plus encore l'amateur qui pourra, sans grands frais,construire des postes de récep- tion lui permettant «le recevoir les messages des grands postes. 3° Sciences naturelles Hovelaque(Emile),/nspecteur général de l'Instruction publique. — Les Peuples de l'Extrème-Orient. Le Japon. —1 vol. in-16 de 344 p.de la Bibliothèque de Philosophie scientifique (Prix : 9 fr. 50). Librairie E. Flammarion, Paris, 1921. Ce livre fait suite à celui que le même auteur a con- sacré l’an dernier à la Chine et dont ila été rendu compte dans cette Revue.ll en suppose,dans une certaine mesure, la connaissance, car la Chine a été, en effet, la Grèce et la Rome de l’'Extrême-Orient et son constant modèle, de telle sorte que toutes les civilisations d’Extrême-Asie sont solidaires et dérivent de la civilisation chinoise. Les deux tiers de l’ouvrage sont consacrés à l’histoire etaux arts du Japon; le reste étudie l'évolution politi- que etadministralive du Japon moderne et son expan- sion militaire et pacifique. L'ensemble se recommande par les mêmes qualités de documention et d’intéressants aperçus synthétiques qui caractérisaient le précédent livre sur la Chine, Au moment où se réunit la Confé- rence du Pacifique où le Japon va faire figure d'un des principaux acteurs et où il aura à se défendre de l’ac- cusation d’impérialisme, l'ouvrage de M. Em, Hovelaque est particulièrement utile à consulter. Après un isolement prolongé, nul pays — le Maroc seul pourrait bien faire exception — n'a opéré une transformation aussi rapide. Mais il faut ajouter immé- diatement qu'il s’agit simplement, encore à cette heure, d’une transformation politique et économique, car les mœurs traditionnelles, les habitudes, les religions, l’art, la littérature n’ont pas changé et sont tels qu’autrefois; « l'âme du samouraï anime encore ses commerçants, ses industriels, ses paysans et ses savants ». Cette exis- tence en partie double est appelée évidemment à dispa- raître. Combien durera-t-elle encore ? Nul ne peut le dire avec certitude, Mais son spectacle est des plus curieux à observer et on en trouvera dans le livre de M. Em. Hovelaque une peinture des plus vivante. PIERRE CLERGET, Bernard (Noël), Professeur à la Faculté des Sciences de Poitiers. — Principes de Biologie végétale. = 1 vol. in-16 de xur-212 pages avec 18 fig. de la « Nou- velle Collection scientifique (Prix : 8 fr.). F. Alcan, éditeur, Paris, 1921. Ce nouveau petitlivre posthume de M. Bernard forme la deuxième partie du cours de Botaniqne que professa le regretté savant. La première parlie a paru en 1918, sous le titre « Evolution des plantes ». Nous en avons longuement rendu compte dans le n° du 30 juin 1918, p. 376, de cette Revue, Dans une première partie, l’auteur envisage l'étude de la« Physiologie cellulaire » ; dans une deuxième par- tie, intitulée « Coordination », celle du jeu des cellules assemblées, Les divers groupes de Thallophytes y sont brièvement passés en revue. A la base de l’étude de la vie de la plante ou Physio- logie végétale se trouve le principe du déterminisme : « Tout phénomène dépend de conditions précises; il se produit quand ces conditions sont réalisées et ne se produit pas sans elles, » L'expérience de la nutrition de l’Aspergillus niger au moyen du liquide synthétique de Raulin sert de sujet de démonstration. L'auteur aborde ensuite les conditions physiques de la nutrition: état de dissolution ou état colloïdal de Valiment, constitution physique du protoplasma, propriétés osmotiques des cellules végétales. De là nous passons au métabolisme nutritif: nature de l’aliment délerminée par les métho- des analytique ou synthétique, utilisation de l'aliment BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX LD ot tant au point de vue des réactions de construction, ou anabolisme, que de destruction, ou catabolisme. L'étude du métabolisme se complète par celle des diastases qui en sont les agents. Puis l’auteur traite, en deux chapitres spéciaux, l'alimentation en carbone et les aliments azotés- Les cellules sont environnées par le milieu: il y a donc lieu de traiter l’action des agents extérieurs. Ce dernier chapitre de la première partie fait transilion avec la seconde, celle qui traite de la « Coordination ». Les cellules ne vivent très généralement pas à l'état isolé, sauf chez quelques microorganismes unicellulaires que l’on peut arriver à séparer à l’état d'unité dans les cultures pures de laboratoire. Dans la nature, un même milieu limite : flaque d’eau, motte de terre, héberge, en général, des microorganis- mes variés, des cellules appartenant à diverses espèces. Dans ces associations forcées, chaque cellule réagit et s'adapte aux conditions que créent les autres ; il y a une coordination des efforts de ces organismes et leur ensemble répond à une physiologie particulière. C’est cette physiologie de la coordination que M. Bernard considère dans la deuxième partie. La coordination peut se faire par le milieu extérieur entre organismes très simples vivant associés par voi- sinage tout en restant séparés, mais elle peut devenir plus intime si deux êtres, par exemple, s'associent par contiguité, intrication, comme chez les lichens ; la coor- dination s’effectue alors par le milieu intérieur. Enfin, chez tous les êtres pluricellulaires, toutes les cellules constituent une colonie où la forme de chaque cellule, la différenciation des tissus, les fonctions, s'établissent par des lois régulières et aboutissent à des caractères spécifiques. L'auteur part de là pour aborder l'étude des Thallophytes sans qu'il paraisse toutefois faire une application spéciale de cette donnée de coordination. C'est un exposé rapide des faits de reproduction et d’é- volution ontogénique, particulièrement chez les Schizo- phytes, les Myxomycètes, les Champignons et les Algues — en tout une 6one de pages. Cette étude estcom- plétée par un « Aperçu sur les théories lichéniques », morceau savoureux qui est d’ailleurs un fragment de conférence publique. Vient ensuite un chapitre intitulé « Remarques sur limmunité chez les plantes ». C’est la reproduction de l’article paru dans le Bulletin de l’Institut Pasteur, en 1909; il est bien connu des biologistes, L'auteur y montre, en partant du cas de la symbiose des Orchidées avec des champignons filamenteux, com- ment les faits d’immunité chez ces plantes ne sont pas essentiellement différents de ce qu’ils sont chez les ani- maux où on les a étudiés depuis plus longtemps. Ce sont des pages éminemment suggestives. L'éditeur, dans son avant-propos, nous fait part de ses scrupules : « Devais-je livrer au public un travail inachevé ? Si N. Bernard avait vécu, son cours, mieux adapté à la science toute contemporaine, eût été modi- fié.. » Sans doute. Ces pages ont quelque chose de frag- mentaire et d'incomplet. On ne saurait y voir un véri- table traité. Nous avons aujourd’hui une heureuse flo- raison d'ouvrages remarquables de langue française destinés particulièrement à l’enseignement el qui met- tentau point, autant que faire se peut, l'actuelle science botanique : ceux de Costantin, Chodat, Molliard, Ma- quenne, Massart, Gravis et, à une époque un peu moins récente, Bonnier, Leclerc du Sablon, pour ne pas remon- ter plus loin, Si dans les livres posthumes de N. Bernard l'étudiant ne saurait rencontrer pareille documentation, du moins y trouvera-t-il de précieuses lectures, l’ex- posé clair, élégant, avec une mise en relief saisissante, de diverses grandes questions biologiques. Le biolo- giste lira aussi avec plaisir ces pages attrayantes, L'ouvrageest précédé d'un avant-propos de Mme N. Bernard qui s’est fait l'éditeur des œuvres posthumes de son mari. Elle évoque, avec quel culte aämiratif ! on le conçoit, sa physionomie intellectuelle etmorale. Nous sourions au tableau du jeune professeur pénétrant, «en agitant joyeusement ses clés », dans le laboratoire qu'il aime, La sympathie va à lui de tous ceux qui ont voué leur existence aux joies calmes et jamais déçues de l’étude et de la recherche et qui peuvent ainsi, au sens le plus noble, « vivre leur vie ». Une des lettres de Bernard noustrace,dansun tableau d’un pittoresque achevé, la mise en scène de son cours inaugural à Caen. On nous montre enfin les étapes de sa vie de Faculté de province, ses projets, ses espoirs, interrompus par une mort prématurée, Du moins la mémoire de N. Bernard aura-t-elle trouvé chez les siens et parmises élèves et ses disciples des volontés zélées à la faire vivre. J. BEAUVERIE, Professeur à la Faculté des Sciences de Clermont-Ferrand, Chancerel (Lucien), Conservateur des Eaux et Forêts, Docteur en Droit, en médecine, en sciences. — Traité pratique de Sylviculture.— 1 vol. in-8° de vin-375 p. avec 75 fig. (Prix: 21 fr.). Cauthier-Villars et Cie, éditeurs, Paris, 1920. Id. — Précis de Botanique forestière et Biologie de l'arbre. — 1 vol. in-8° de 284 p. avec 191 fig. (Prix : 18 fr.). Berger-Levrault,éditeur, Paris, Nancy, Strasbourg, 1920. Le traité de Sylviculture de M. Chancerel est écrit en vue de la vulgarisation des Sciences forestières. L'au- teur a essayé de réunir les principales connaissances que doit posséder un sylviculteur, un exploitant de forêts, un reboïiseur, Il s'adresse donc aux propriétai- res de forêts, et aux marchands de bois; aussi a-t-il écarté les notions arides qui conduisent aux méthodes d aménagement et d'exploitation. Il formule les conclu- sions et les faits déduits par les forestiers des expé- riences et des dissertations techniques. C’est un livre pratique utile; il peut convenir aux élèves des Ecoles d'Agriculture du niveau moyen, qui y trouveront une initiation à la science forestière en général, Le même souci de simplifier les questions, parfois même d’une façon trop accentuée, se retrouve dans le Précis de Botanique forestière et biologie de l'arbre. S'il nous était permis une critique, nous voudrions mettre en évidence combien le titre de Botanique fores- tière correspond assez peu au contenu du livre. La forêt est une société végétale, la Botanique forestière est 26 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX donc une science sociale, L'auteur étudie l'arbre, mais il n’y est jamais question du concept forestier. La table des matières de l’ouvrage correspond à celle d’un ouvrage de Botanique générale où l’on supposerait qu'il n'existe que des arbres, et où il n’est question (sauf à la seule page 41) que de l'arbre isolé, sans souci de sa vie en société. Le chapitre sur la graine donne trois dessins (haricot, ricin, nénuphar); pourquoin'avoir pas choisi des types plus forestiers? l'ouvrage de M. Hickel en aurait fourni avantageusement de mieux appropriés à la biologie de l’arbre. Cette conception d'un ouvrage scientifique de ce genre est d'autant plus surprenante que l’auteur est forestier de profession, qu'il pourrait sans doute nous présenter des vues synthétiques sur la physiologie et la morphologie des groupements fores- tiers, sur leur organisation complexe, sur la variété des éléments floristiques quifont cortègeaux arbres et par- ticipent à la biologie végétale de la forêt, enfin sur les aptitudes grégaires et sur la vie collective des diverses essences ligneuses. Il y a assurément une Botanique forestière, mais ce n’est pas celle que nous présente M. Chancerel, pas plus que la description minutieuse de l'organisation schématique, du costume et de la physiologie indivi- duelle d’un fantassin ne pourrait représenter une étude sur la science, l’organisation et la vie des armées. La Botanique forestière est un chapitre de la Bota- nique appliquée; pour l’étudier, il faut supposer con- nus les éléments de la Botanique et de la biologie d’un arbre, mais c’est seulement ensuite que commence la science botanique de la forêt. L'étude d'anatomie et de physiologie de l’arbre, qui se trouve être le but de cet ouvrage, est d’ailleurs présentée sous une forme clas- sique, mais en oubliant trop, nous le répétons, le point de vue forestier, Enmonp GAIN, Professeur à la Faculté des Sciences de Nancy. Caullery (Maurice), Professeur à la Faculté des Sciences de Paris. — Parasitisme et Symbiose. — 1 vol. in-18 de 4oo pages de l'Encyclopédie scientifique (Prix cart.: 14fr.). G. Doin, éditeur, Paris, 1921. Le présent volume fait partie de la Bibliothèque de Biologie générale de l'Encyclopédie scientifique dont la maison Doin a entrepris la publication; c'est dire que l'histoire des parasiles est comprise, non pas au point de vue de leur inventaire méthodique comme dans les Traités de Parasitologie, mais à celui, plus général, des rapports existant entre des organismes associés plus ou moins étroitement, à titre d'hôte et de parasite ou commensal, ou bien de symbiotes. La Bactériologie et les questions qu'elle soulève sont laissées decôté, devant être étudiées dans d’autres volumesde l’Zncyclopédie. Les premiers chapitres, consacrés au commensalisme, au mutualisme et à l’inquilinisme, mettent en lumière lestransitions très graduées qui existent dans la Nature entre la simple association, sans qu'une espèce vive aux dépens de l’autre, et le parasitisme le plus complet, où le parasite emprunte directement sa nourriture et son oxygène à l'hôte et présente une adaptation corré- lative à son mode d'existence; les exemples sont tirés de la faune marine (Pagures et divers commensaux, Crabes et Actinies) et de la faune terrestre (Fourmis et myrmécophiles). L'esclavage des Fourmis et les plantes myrmécophiles sont rattachés à ce chapitre, Il est bien connu que les parasites sont des organis- mes profondément modifiés, à tel point qu'il est parfois très diflicile de reconnaitre à quel groupe zoologique ils se raltachenten réalité: les adaptations au parasitisme sont suivies dans un certain nombrede cas bien choisis, Ichthyotomus pour les Annélides, la série des Gastro- podes quiva de Thyca à l'Entoconcha, les Crustacés (Isopodes, Epicarides, Rhizocéphales et le Copépode Xenocæloma). M. Caullery appelle parasitisme provi- soire ou protélien le cas particulier (Monstrillides, Glo- chidium des Unionides, Insectes entomophages) où le parasitisme n’est qu'une phase transiloire de jeunesse, conduisant à un état adulte libre dont l'organisation est normale. Les parasites hétéroxènes sont ceux qui subis- sentune migration plus ou moins complexe, comme les Cestodes, Sporozoaires et Flagellés. Parmi les moditfica- tions adaptatives des parasites, les plusfrappantes sont celles qui compensent la difliculté de trouver à temps l'hôte convenable, par une augmentation des chances, par exemplel’élévation considérable du nombre des œufs, l’intercalation de processus de multiplication au cours du développement comme la schizogonie des Sporo- zoaires, les rédies et cercaires des Trématodes et la polyembryonie de certains Insectes entomophages.Je me borne à signaler les deux chapitres intéressants de la spécificité parasitaire et les modes divers d’infestation de l'hôte, et des actions réciproques du parasite et de l'hôte (antiferments des parasites intestinaux, cas- tration parasitaire, galles animales et végétales). Une part considérable du livre est consacrée à la symbiose chez les animaux et végétaux: chez les pre- miers, les xanthelles et chlorelles surtout fréquentes chez les Protozoaires, les levures associées constamment à de nombreux Homoptères, et quelques cas encore dou- teux chez les Blattes et les Céphalopodes (glandes nida- mentaires el organes lumineux bourrés de bactéries d’après Pierantoni); chez les seconds, les gonidies des Lichens, les bactéries des nodosités des Légumineuses, les mycorhizes des racines dont le rôle est si important dans la germination des Orchidées. A ce propos, M,Caul- lery étudie assez longuement les idées de Pierantoni et de Portier sur la structure symbiotique des cellules, dont les granulations cytoplasmiques sont considérées par ces auteurs comme des bactéries symbiotiques à pouvoir de synthèsetrès étendu ; tout en admettant qu’il y a des cas nombreux de symbiose, il ne lui parait pas admi:sible de considérer celle ci comme la forme fonda- mentale de la vie cellulaire, Cet ouvrage, accompagné d'une abondante bibliogra- phie, très suggestif par les lacunes ou imprécisions qui sont signalées au passage, est un excellent ensemble de leçons sur le sujet traité; conçu dans un esprit tout moderne, s’attachant de préférence aux acquisitions récentes, il est digne de remplacer le livre de P. J. van Beneden sur les Commensaux et parasites qui fut si longtemps classique. L. Cuénor, Correspondant de l’Institut, Professeur à lu Faculté des Sciences de Nancy. BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 27 De Beauchamp (P.), Préparateur à la Faculté des Sciences de Paris!. — Les Grèves de Roscoff. ETUDE SUR LA RÉPARTITION DES ÈTRES DANS LA ZONE DES MARÉES. — 1 vol. in-8' de 270 p. avec 94 phototy- pies, 30 dessins de M. Méagur et 1 carte. L. Lhomumne, éditeur, 3, rue Corneille, Paris, 1914 ?. Voici l’un des plus beaux livres qu’il soit donné à un naturaliste d'étudier pour son instruction ou de lire pour son plaisir. Débarrassons-nous sans plus attendre, avant d’en entre- prendre l'étude, de quelques observations de détail, L'incon- vénient d'introduire des néologismes est-il compensé par l'avantage de dire « bios » pour « monde vivant » et « biote » pour « être vivant »? Pourquoi ne pas parler français, tout simplement? Pourquoi détourner le mot « littérature » de son sens? Pourquoi ne pas designer par leur nom français tous les êtres cités ou énumérés ? un index alphabélique au- rait permis d'indiquer les synonymes, au moins les plus importants, et cela aurait permis d'éviter aisément les difi- cultés taxinomiques. Enfin, il reste quelques fautes typogra- phiques; il est regrettable, pour un ouvrage de ce genre el de cette imporlance, qu'elles n’uient pas éte relevées. Avant de dire ce qu'il a voulu tenter dans son ouvrage, M. de Beauchamp declare que « pour prévenir Lout malen- tendu, il est nécessaire de dire ici ce qu'il n’est pus ». Il sait bien qu'il n'a pas épuisé les questions qu'il a traitées et en a mème laissé plusieurs completement ou presque de côté. Il en est ainsi de celle des variations du monde vivant en fonction du temps. A celle-ci se rattache l'étude métkodique du plane- ton, « genre de travail qui, dit M. de Beauchamp, parail n'avoir jamuis été entreprisi ». — Mais M. de Beauchamp avait bien assez à faire de réaliser le dessein qu'il avait formé, Il peut sembler, il semblera même certainement aux profanes, que ce soit bien peu de chose que de se limiter à l'étude de la flore et de la faune d’un district parlieu- lier, à l'étude de l’étendue que la mer. en se retirant, laisse à découvert sur quelques kilomètres de côtes. Une telle étude peut être faite de bien des façons différentes. Mais, même faite de la façon la plus sèche et la plus en- nuyeuse, elle représente un très gros travail. L'entreprise était ardue et hardie d'essayer de faire une description bionomique des Grèves de Roscoff. On peut dire que M. de Beauchamp y a réussi autant qu'il était possible de mener à bien une telle entreprise. Il a défini lui-même, dans plusieurs passages, ses ambitions. [l les a certes pleinement réalisées, ainsi que nous allons le voir. Dans la première partie de son ouvrage, l’auteur ne fait que rappeler, comme il le dit lui-même, les condi- tions de distribution des êtres vivants; il y fait métho- diquement et avec grand soin l'étude des conditions écologiques de la zone des marées. « Si ce livre, dit-il [p- 61}, contribue à bien poser quelques-uns des pro- blèmes que l'avenir résoudra, il aura réalisé son ambi- tion principale, » Il fait davantage : il contribue gran- dement à mettre sur la voie des solutions. Il pose les 1. Actuellement chargé de cours à la Faculté des Sciences de Dijon, 2. Reçu à la Revue en mai 1921, 3. A.E. MaLARD a ébauché une telle étude : Bull, du Mus., 1902. — V. également : E. PERRIER et À, E. MALarp : 4° Con- grès de Zoologie, Cambridge, 1895. 4. Ge travail a été projeté par Ep. Perrier dès 1899 [Con- grès des Pèches maritimes (Dieppe)] et devait étre entre- pris en 1907 (Bull. Mus.). bases de sa classification en niveaux (reprenant en somme ceux qu'établirent en 1830 Audouin et Milne- Edwards), modes et faciès. Puis dans les deuxième et troisième parties est faite, de deux manières différentes, l'étude spéciale de la région considérée. La deuxième est consacrée à la description pour ainsi dire impromp- tue des environs immédiats de Roscoff « tels qu'ils se présentent pour une personne qui descend à la grève ». Dans la troisième sont décrits en détail les divers faciès et modalités. Or, « c’est par une étude précise des faciès avec toutes leurs subdivisions, des conséquences qu’en- traîne le moindre changement pour les formes animales associées, qu'il vise à l'originalité »; et il y atteint, L'illustration y est pour beaucoup. Les belles photogra- phies, d’après nature, de l’auteur et les dessins si ori- ginaux et expressifs de M. Méheut font une bonne part de l’ouvrage. Malgré tout son talent et quoiqu'il ait voulu ne rien faire qui ressemblat à cela, l’auteur n'a pas su éviter des énumérations fastidieuses qui font ressembler cer- taines pages à des passages de catalogue!. Il n’est pas sûr que des personnes n'ayant pas une certaine érudi- tion zoologique et botanique prennent grand intérêt à la lecture de tels passages ; elles auraient tort, mais ne seraient pas trop blämables. Par contre, il est telles pages — el elles sont nombreuses — qui sont tout sim- plement superbes, comme la description de la grotte d’Estellen-bihan [p. 164-167] (mais pourquoi l'auteur parle-t-1til d'en « excuser » le lyrisme ?). Il faut retenir la conclusion finale de l’ouvrage, étayée sur de nombreux et probants exemples : « En somme, rien n’est plus faux que la conception poétique de la mer tirant tout de son sein fertile, nourrissant et difré- renciant de son propre fond tout ce qui vit en elle et en dehors d’elle.. C’est la terre qui nourrit et varie le monde vivant littoral, comme c'est la zone littorale qui diversifie Le reste du monde vivant marin, » Puisse l'exemple de M. de Beauchamp être suivi; puisse son vœu de servir de guide pour l’étude d’autres points.être satisfait (il le sera certainement un jour). Tous n’auront pas son érudition et son talent; mais tous ceux qui le suivraient apporteraient une contribu- tion précieuse à la connaissance du monde vivant. Peut- être, comme il semble le penser lui-même |p. 148-149], les contributions les plus utiles seront-elles des études monographiques d'espèces ou de districts encore plus limités que celui qu’il a choisi (des stations étudiées « à quelques mètres près », dit-il). Les naturalistes peuvent se laisser entrainer par l'exemple d’un naturaliste fer- vent et ils trouveront à la grève, en même temps que des moissons de faits dont ils enrichiront la science, la sérénité qui manque parfois ailleurs et y oublieront « au contact de la nature et de la vie, les petitesses du Laboratoire ».… et d’autres. JEAN DELPHY, 1. C'est une des raisons, certainement, pour lesquelles le travail de grande valeur de M. Ferronnière (1901, Bul Soc. Sc. Nat. Ouest) est « trop peu lu », comme dit M. de Beau- champ. — Un Index alphabétique rendrait de grands ser- vices, 28 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER ACADEMIE DES SCIENCES DE PARIS Seance du 12 Decembre 1921 Séance publique annuelle. Proclamation des prix et subventions décernées par l’Académie en 1921. Seance du 19 Decembre 1921 M. le Président annonce le décès de M. H. Parenty, Correspondant de la Section de Mécanique. — M. P. Zeeman est élu Correspondant de la Section de Phy- sique. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES, — M. Em. Borel : Za théorie du jeu et les équations intégrales à noyau symé- trique. — M. R. Lagrange : Sur le calcul différentiel absolu. — M.J.Wolff : Sur les séries Z (Ax/(z— vx). — M. A. Denjoy : Sur les fonctions quasi-analytiques de variable réelle. — M. Et. Delassus: Sur les chaînes articulées fermées. — MM. H. Abraham et R. Pla- niol : Sur un chronographe astronomique de précision. Les auteurs fractionnent ietemps au moyen d'une hor- loge électrique auxiliaire qui bat exactement les dixiè- mes et demi-dixièmes de seconde, pendant chaque in- tervalle d’intérpolation,c'est-à-dire pendant2 secondes, et qui est automatiquement remise à l'heure et relan- cée à chacun des battements de l'horloge astronomique fondamentale. La précision de la lecture dépasse le centième de seconde, — M. J.- Ph. Lagrula : Principe et schéma du « chronographe imprimant à synchronisa- tion géométrique ». Cet appareil est particulièrement simple de construction et son principe géométrique le met à l'abri de toute défaillance de synchronisation, — M. J. Guillaume : Observations du Soleil faites à l'Ob- servatoire de Lyon pendant le troisième trimestre de 1921. 2° SCIENCES PHYSIQUES. — M. Ch. Richet: L'unité psychologique du temps. Letemps est pour la conscience une réalité en soi, et l'unité élémentaire de ce temps est pour la conscience un douzième de seconde environ. Dans le domaine biologique, pour les organes (qui,évo- luant perpétuellement, sont soumis à une succession ininterrompue de phénomènes distincts), le temps est une réalité en soi, indépendante de toutes nos mesures arbitraires, indépendante de toutes les contingences extérieures, — M.E. Esclangon : Sur la relativité du temps. Pour l’auteur, puisque la définition physique du temps peut comporter de l'arbitraire, il est clair que la simultanéité, à distance, n’a pas de sens réel. — M. J. Le Roux : /nterférence et réflexion dans un système mobile. — M. A. Boutaric : Le rayonnement nocturne au Mont-Blanc. Le rayonnement nocturne au Mont- Blanc prend sa valeur maxima peu après le coucher du Soleil et décroît ensuite légèrement au cours de la nuit, comme au niveau de la mer. Contrairement à l'opinion courante, le rayonnement nocturne n’est pas exception- nellement intense aux grandes altitudes, — M, G. Gouy : Sur la tension superficielle des électrolytes élec- trisés. L'absence constatée par M. Michaud d'effet de l’électrisation sur la tension superficielle des électroly- tes n’est pas une objection à la théorie des ions; elle s'explique bien dans cette théorie en renonçant à l'idée d'une accumulation des ions à la surface même, qui entraine toujours des diflicultés, — MM. J. Chappuis et Hubert-Desprez : Electrolyse parles courantsvaga- bonds. Les expériences des auteurs montrent que,d’une façon générale, l’électrolyse réalisée dans le sol se com- porte très différemment de l’électrolyse réalisée dans un liquide, — M.Taffin : Mesure de la double réfraction dans le verre trempé. Description de l'appareil et de la méthode utilisés par l’auteur pour mesurer la biréfrin- gence sur des prismes de verre. — M. M. Siegbabhn : Nouvelles mesures de précision dans le spectre de rayons À. L'auteur a obtenu comme valeur moyenne de la radiation Ke, du cuivre sur la calcite : 14°42'0",6, ce qui donne pour la longueur d'onde 1537,302.10—!! em. — M. A. Sellerio : Analogies et différences entre l'effet galvano- magnétique et son corrélatif thermomagnétique. Dans la même plaque et avec le même champ, on rencontre des différences très remarquables entre les deux effets. l’angle de réflexion de premier ordre de Cela est un obstacle à toute théorie qui tend à unifier les phénomènes thermiques et électriques dans les métaux, en les rapportant à un modèle unique.— M, J. Duclaux : Ze mécanisme du rayonnement lumineux continu, L'auteur a émis une hypothèse d’après laquelle l'émission et l’absorption du spectre continu sont sous lä dépendance de l'établissement ou de la rupture des valences chimiques. Celle hypothèse a reçu des confir- mations intéressantes par l'étude des spectres d’absorp- tion des gaz mono et diatomiqueset des spectres d’émis- sion, — M. B. Bogitch : Sur les dilatations à de hautestempératures de quelques matériaux réfractaires. L’allongement le plus faible se rapporte à la brique de bauxite fondue, riche en alumine et pauvre en silice, qui est donc indiquée pour les fours à allure brutale. La dilatation de la brique de silice est des plus irrégu- lières et fait place à une faible contraction au-dessus de 1.000°.La magnésie et la chromite présentent de forts allongements etne conviennent qu'aux fours à marche continue, — MM. G. Friedel et L. Royer : Sur les mélanges de liquides anisotropes et l'identité des liqui- des stratifiés de Grandjean avec les liquides du type azoxyphénétol. Les mélanges de corps susceptibles de fournir des liquides apparaitre aucun intermédiaire entre les quatre types anisotropes ne laissent jamais jusqu’à présent connus de la malière : 1° matière eris- tallisée; 20 matière à coniques ; 3° matière à fils; 4’ma- tière amorphe. — M. A. Charriou : Surl'entrainement de la chaux par les précipités d'oxyde ferrique. Pour se rapprocher dans les analyses chimiques des conditions d'entrainement minimum, il faut opérer sur une liqueur très peu concentrée en chlorure de caleium et employer une quantité d’ammoniaque aussi faible que possible ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 29 pour précipiter l'oxyde ferrique. — M. R. Lespieau : Sur l'érythrite acétylénique. L'action de l’aldéhyde de l’acétylène donne une masse visqueuse qui, traitée par Br,finit par fournir des cristaux du dibromure de l’érythrite acéty- lénique dichlorée CH?CI.CHOH.CBr : CBr.CHOH.CH?CI. — MM. J. B. Senderens et J. Aboulenc : /ydrogé- nation catalytique des polyphénols par voie humide.Les auteurs ont obtenu la réduction des polyphénols par voie humide en présence de nickel en opérant sous une monochlorée sur le dérivé magnésien pression assez forle à une température aussi basse que possible, dans une bombe soumise à un mouvement d'agitation. Dans ces conditions, la résorcine est trans- formée en cyclohexanediol-1 : 3, — M. E. Grandmou- gin : Sur les indigos halogénés. — M. KR. Fosse : Syn- thèse d’un principe azoté des végétaux, l'acide cyanhy- drique, par oxydation de l’ammoniaque et des hydrates de carbone, de la glycérine ou de l'aldéh)de formique. Cette synthèse peut s’obtenir assez facilement en pré- sence d’un sel d'argent ou de mercure. — M. H.Héris- sey : Synthèse biochimique du méthyl-d-mannoside x. 3° SCIENCES NATURELLRS. — MM. P. Termier et L. Joleaud : ésumé de nos connaissances sur la nappe de Suzette. La question de son origine. La nappe de Suzette ne contient que du Trias, formé presque exclu- sivement de cargneules ; c’est une immense mylonite de Trias. Elle provient sans doute d’une région des Alpes où le Trias était très puissant, probablement enfouie aujourd’hui sous les schistes lustrés dela zone frontière franco-italienne. — M. P. Viennot : Le bord méridional du Flysch nord-pyrénéen entre la vallée d’Aspe et celle du Saison. La présence de nombreuses lames exotiques le long de la bordure méridionale du Flysch nord- pyrénéen dans ce secteur prouve le caractère anormal de ce contact. C’est la base tectonique d’une nappe, ou tout au moins d’un bourrelet du Flysch, apparemment poussé au sud par les terrains d'âge antérieur. — M. J. Yung : Sur la tectonique hercynienne des Vosges. Les divers granites des Vosges ne forment pas des massifs indépendants, placés au hasard. La répartition des dif- férentes variétés met, au contraire, en évidence des direc- tions générales de plissements qui permettent de réunir en un mêmeensemble tectonique les différents lambeaux de gneiss et de terrains primaires qu'on jugeait jusqu'ici disparates. — M, P. Corbin : Observations nouvelles sur la bordure vrientale des monts de Lans. — Mlle J. Pfender : Sur la présence de galets exotiques au port d'Alon (Var). La présence de galets exotiques reconnus par l’auteur appoïte un argument de plus en faveur de l'existence, au large des côtes de Provence, d’une an- cienne terre dont la disparition sous les eaux daterait d'une époque très récente. — M. Emm. de Martonne : Sur les plates-formes d’érosion des Monts métallifères du Banat. L'auteur a observé dans cette région quatre plates-formes d'érosion, dont il a déterminé l’âge. — Mlle Y. Boisse de Black : Recherches sur les alluvions mindéliennes dans la haute vallée de la Cère et sur le plateau de Lacapelle-Barrez (Cantal). — MM. P. Loisel et R. Castelnau : Sur la radioactivité des eaux du Mont-Dore. Ces sources, par leur teneur en émanation, appartiennent au groupe des sources faiblement radio- actives, mais leur débit considérable produit un dégage- ment important d'émanation dans l’atmosphère envi- ronnantles sources. — MM. Ch.Jacobet M. Removille: Sur une chute de météorites en Cochinchine. Cette chute s'est produite le 30 juin 1921; deux fragments recueillis à Soc Trang et Rach Gia présentent la constitution de sporadosidères typiques. — M. G. Arnaud : Sur les affinités des Erysiphées et des Parodiopsidées. L'auteur décrit une Parodiopsidée nouvelle chez laquelle le my- célium intérne présente une réduction considérable, ce qui la rapproche des Erysiphées. — M. L. Blaringhem: Hérédité des caractères physiologiques chez les hybrides d'Orges. L'auteur montre que les caractères physiolo- giques de ces hybrides sont intimement liés à la struc- ture anatomique des individus et sont plastiques comme elle avec l’âge. — M. G. André : Sur les transformations que subissent les oranges au cours de leur conservation. La diminution de l'acidité qui se produit au cours de la conservation n’est pas uniquement imputable à une oxydation, puisqu'elle a lieu même dans le vide. Elle parait devoir être mise aussi en partie sur le compte d'un dédoublement de nature diastasique. — M. M. Bridel et Mile M. Braecke : Sur la présence de sac- charose et d'aucubine dans les graines de Melampyrum arvense Z. — M. P. Dangeard : Sur l’évolution des grains d’'aleurone du ricin pendant la germination. Une grande vacuole à contenu très liquide peut se morceler, prendre une consistance demi-fluide (filaments, réseaux) ou même presque solide (grains d’aleurone), puis de nouveau passer par des états filamenteux ou réliculés et revenir à l’état de grande vacuole, — M.A.Demolon: Sur le pouvoir sulfoxydant des sols. Ce sont les terres légères riches en matières organiques qui présentent le pouvoir sulfoxydant maximum (75 mgr. de S pour 100 gr. de milieu). Les microbes qui oxydent le S élé- mentaire dans le sol sont des germes ammonifiants. — MM. L. Ravaz et G. Vergé : Sur la germination des spores du mildiou de la vigne. La chaux, en se carbona- tant, perd trop vite ses propriétes toxiques à l'égard des spores du mildiou pour être pratiquement efficace. La bouillie cupro-calcique résiste longtemps à l’entraine- ment par les eaux de pluie ou de rosée, et elle leur cède des doses de cuivre très largement suflisantes pour les rendre impropres au développement des germes du mildiou. — MM. L. Léger et E. Hesse: Wicrosporidies à spores sphériques. Les auteurs ont trouvé des Micro- sporidies chez lesquelles la spore, toujours extrêmement petite, est parfaitement sphérique, au lieu d’être ovoide ou piriforme, Ils créent pour ces formes un genre nou- veau, Cocconema. — MM. R. Legroux et J. Jimenez : Facteur de croissance dans les Donovani, Dans les cultures cultures de Leishmania in vitro de Leishmania, ceux-ci utilisent pour leur croissance une substance provenant de l’altération des globules blanes et qui passe dans le sérum. — M. L. Mercier : La larve de Limno- phora aestuum Vüillen., Diptère marin. — M. A. Michel : Interprétation de la profonde différenciation histologique des élytres et cirres dorsaux des Annélides Aphroditiens. — M. J. Lichtenstein : chez un Chalcidien Habrocytus cionicida. Chez les fe- melles vierges ou venant d’être fécondées, le détermi- Le déterminisme de la ponte 30 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES nisme de la perforation dépend de facteurs externes, probablement d’un contact ou d’un équilibre particulier. Chez celles qui ont effectué déjà an certain nombre de pontes, un facteur physiologique domine les autres; mais il n’est pas assez puissant, en général, pour pro- voquer l’émission de l’œuf qui est sous la dépendance de la sensation tactile d’un plein spécial. — M. L. Roule: Sur les changements périodiques d'habitat du thon commun (Orcynus thynnus) et leur liaison avec les con- ditions de milieu. Le thon commun se tient dans les eaux à isothermes et à isohalines déterminées; c’est en elles qu’il accomplit ses migrations de rassemble- ment et de dispersion. Non seulement il s’y déplace selon la conduite de ces migrations, mais il suit égale- ment ces eaux dans leurs propres mouvements d’exten- sion ou de retrait selon les saisons ou les courants. — MM. G. Bourguignon et A. Radovici : Chronaxies des nerfs sensitifs rachidiens du membre supérieur de l'homme. I y a au membre supérieur 4 chronaxies sen- sitives comme il y a 4 chronaxies motrices, et les chro- naxies sensitives et motrices sont égales entreelles pour une même région. La classification des nerfs sensilifs par la chronaxie est associée à la classification fonction- nelle des muscles et des nerfs moteurs. Cette associa- tion explique en partie certains réflexes (radio-périosté, etc.). — MM. E. Nicolas et P. Rinjard : la vaccinu- tion des Bovidés contre la peste bovine. Les auteurs ont constaté qu'en employant des doses convenables dans la vaccination des Bovidés par la méthode de Kolle et Turner, onréaliseune immunisationactiveetsilencieuse, sans provoquer de réaction apparente chez les sujets neufs, donc sans créer de foyer dangereux dans la zone d'application. SOCIÉTÉ FRANCAISE DE PHYSIQUE Séance du 2 Decembre 1921 M. M. Garvin : Remarque au sujet des miroirs pour appareils de mesure. Les miroirs sphériques pour gal- vanomètres, électromètres, ete. sont généralement cons- titués par des lames de verre d'épaisseur à peu près uni- forme,argentées sur leur face postérieure (faceconvexe) : même quand les surfaces sont de qualité convenable (cas assez rare), un satellite provenant de la réflexion vitreuse vient se former, à de presque introuvables exceptions près, à côté del’image fournie par l’argenture. Dans le cas de la lecture sur échelle transparente, on peut, par une disposition convenable dumiroir, rendre l'image parasite peu gênante, et même utile. Avec un spot ponctuel employé pour l'enregistrement photogra- phique, le cliché est sali par une courbe parasite qui, dans certains cas, diminue la précision des mesures ou provoque des hésitations. Dans ce second cas, il vaut beaucoup mieux employer, quand une inertie exception- nellement faible (oscillographes,par exemple) n’est pas de rigueur, des lentilles minces argentées sur la face opposée à celle qui reçoit la lumière : diverses disposi- tions étant possibles, l’auteur a cherché à déterminer pratiquement celle donnant les meilleurs résultats. A cet effet, l’auteur a étudié, en collaboration avec M, G. Ranque, l'influence de l'aberration chromatique et de l’astigmatisme des systèmes catadioptriques ainsi cons- titués, systèmes dont letype classique se compose d'une lentille plan-convexe argentée sur sa face plane. 1° Aber- ration chromatique: I faut tenir compte, au réglage de l'enregistreur, du « foyer chimique »; mais cela ne cons- titue pas une difficulté : cependant il vaudrait mieux que l’achromatisme fût bon, done que la convergence provint surtout de la face argentée. 20 Astigmatisme : Les lieux des focales et du cercle de moindre diffusion diffèrent beaucoup, suivant le choix des courbures réa- lisant une convergence déterminée : de cechoix dépend la possibilité d’une mise au point restant satisfaisante pour des déviations assez grandes. À ce point de vue, comme au précédent, la disposition classiquecitée plus haut est très mauvaise : on doit lui préférer soit une lentille biconvexe symétrique argentée sur l’uné de ses faces, soit une lentille plan-convexe argentée sur sa face convexe. L'idéal serait vraisemblablement un ménisque (non sans analogie avec le miroir Mangin). — M. P. Langevin : Sur les grandeurs champ et induction. La discussion soulevé à la Société à propos des unités de champ et d’induction magnétiques semble se pro- longer sans que les opinions très divergentes émises se soient sensiblement rapprochées, Ilest cependant indis- pensable d'arriver à une entente, dans l'intérêt commun dela Science, de la technique et de l’enseignement. La difficulté tient à ceque la question posée se rattache de très près aux problèmes fondamentaux de la constitu- tion des systèmes d'unités et de la nature des grandeurs physiques. /1 n’est possible, en effet, de confondre et de désigner sous le même nom les unités de champ et d’in- duction que siles deux grandeurs peuvent être considé- rées comme étant de même nature. Une unité est une grandeur particulière de lanature de celles qu’elle sert à mesurer et l’on ne peut, sans créer de confusion, don- ner le’ même nom à des unités de natures différentes. Il faut tout d’abord donner un sens précis à la question de savoir si deux grandeurs sont ou non de même nature. Il ne suflit pas,pour qu’on puisse aflirmer l'iden- tité, que les dimensions soient les mêmes, c'est-à-dire queles mesures‘varient dans un même rapport quand on modifie les unités fondamentales ou les constantes arbitraires du système. 71 faut encore que ces mesures varient de La même manière quand on change le système de coordonnées d'espace ou, plus généralement, le sys- tème de référence employé.Quand on applique ce crité- rium auxgrandeurs champ et induction, on constate le fait remarquable que les équations de Maxwell, dans lesquelles est contenu l'essentiel des lois de l’électro- magnétisme, conservent exactement leur forme simple habituelle pour un changement quelconque du système de coordonnées ou,plus généralement, du système de réfé- rence au sens de la relativité généralisée, aussi bien dans le vide quedans un milieu matériel quelconque en repos ou en mouvement par rapport aux observateurs à condition que les composantes du champ et de lindue- tion magnétiques subissent des transformations diffé- rentes. L'égalité des mesures du champ et de l'induction dans le vide ne peut exister qu'avec des axes rectangu- laires et disparaît dans tout autre système de coor- données. Z£lle n'a donc aucune signification intrinsèque. ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES La théorie de relativité généralisée montre de plus que les équations de Maxwell conservent encore leur forme pour un système de référence quelconque dans un milieu quelconque et en présence d'un champ de gravitation quelconque à condition que les composantes du champ et de l'induction subissent des transformations différentes. Ces équations simples expriment ainsi, non seulement les loisde l'électromagnétisme, mais aussil’influence de la gravitation sur les phénomènes électromagnétiques. Ilestdonc nécessaire de considérer comnie distinctes les grandeurs champ et induction magnétiques, aussi bien que les grandeurs électriques correspondantes qui sont respectivement l'induction et le champ électriques, et d'employer pour les mesurer des unités différentes portant des noms différents. — M.G. Gaillard: Wesure du temps dans l'échange des températures. L'auteur a repris les observations qu'il avait communiquées l'année der- nière en utilisant, au lieu de thermomèêtres à mercure, alcool ou toluène, un pelit ballon de verre de 5 em*rem- pli d'air, faisant fontion de thermomètre à air en même temps que de calorifère et relié à une capsule de Marey permettant l'enregistrement. On plonge ce ballon, qui est à la température ambiante, dans un volume de 200 em du liquide à étudier, maintenu à o° au milieu d’une masse de glace fondante environ 10 fois plus grande; l'écart des températures est choisi pour qu'il ne dépasse pas 80 à 10°, On mesure ainsi le tempsque l'air contenu dans le ballon et ce dernier mettent à perdre la température à laquelle ils se trouvaient pour arriver à o°, et non pas seulement ce qu’on appelle leur conduc- tibilité, Avec AzOSH à 36°B., HCI à 22°, et SO'‘H? à 600, on constate des écartsqui necorrespondent point à la différence de densité des concentrations de ces acides, bien que ces différences interviennent, et qui permet- tent de les ranger dans l’ordre oùils sont nommés.Dans les solutions aqueuses des deux derniers, et surtout de SO‘H? avec lequel l'échange des températures est bien moins rapide que pour l’eau, le temps employé aug- mente avec la concentration, Après AzH3 à 220 B., dans lequel l'échange est le plus rapide, se rangent les les- sives de potasse et de soude à36° B, Alors que NaCI en solution aqueuse a une action peu appréciable, MgCl? et BaCl? pour tes solutions de même concentration amè- nent, le premier, un retard sensible et, le second, un retard plus considérable, Avec les solutions de S’ONa?, de KletI, etc., on constatedes variations du même sens, mais de valeurs très différentes, pour chacun de ces corps. Les phénomènes de convection ne jouent pas dans ces échanges le rôle qu’on pourrait être tenté de leur attribuer. La viscosité ne semble pas davantage avoir une action décisive. Il serait prématuré d’in- terpréter ces résultats encore trop peu nombreux, qui ne fournissent que des indications et ne sauraient pré- tendre constituer de véritables mesures. Ils prennent néanmoins une signification intéressante si on les com- pare à ceux que M. Gaston Gaillard a obtenus en recherchant le temps que la précipitalion met à appa- raitre, et il semble qu'en les rapprochant se confirment mutuellement, Ainsi que l’auteur l'a indiqué dans sa précédente communication, il ressort de ces observations que les varialions dans le temps employé ils 31 Î pour l’échange des températures ne paraissant pas pouvoir être rattachées directement à la conductibilité ou à la chaleur spécifique; il semble qu'il faille faire intervenir un coeflicient de temps, tout corps n'étant susceptible d'emprunter ou de céder une quantité de chaleur à un autre pour des différences de températu- res données que dans un temps dépendant de l’ensemble de ses caractères physiques et chimiques et ayant, par suite, une valeur spécilique. SOCIETÉ DE BIOLOGIE Seance du 10 Decembre 1921 M. M. Kollmann : égénéralion caudale chez les Batraciens. Un facteur réglant les dimensions de la purtie régénérée. L'un des facteurs qui règlent le volume de la partie régénérée, c'est la valeur de la surface de régénéralion, Or cette dernière résulte de la régulation. Donc la régulation inhibe la régénération, comme inver- sement la régénération entrave la régulation. — M. E. Fauré-Frémiet : Variation périodique de la sensibilité de l'œuf de Sabellaria alveolata ZL. aux solvants des graisses, L'auteur a montré que la substance fonda- mentale du cytoplasma des Sabellaria se gonfle sous l’action des solvants des graisses (alcool, éther, chloro- forme) en solution dans l’eau de mer, Si l’action d’un tel mélange se prolonge, on observe une précipitation des albuminoïdes cytoplasmiques et une cylolyse rapide, qui présente un rythme régulier suivant le stade au- quel se trouve l'œuf, 5 minutes après la ponte, les œufs ontune sensibilité moyenne, qui s’accroit bientôt pour descendre ensuite à zéro, puis remonter jusqu'à un maximum remarquable au début de la métaphase de la première figure de maturation; la sensibilité diminue de nouveau avant de remonter encore et ainsi de suite, — M. A. Vaudremer : Un procédé de culture homogène rapide du bacille tuberculeux. Les bacilles tuberculeux humains et bovins ensemencés en surface poussent en voile sur bouillon de pomme de terre ; ensemencés en profondeur, ils donnent dans ce milieu des cultures ho- mogènes qui troublent uniformément ce bouillon. Les bacilles composant ces cultures homogènes sont agglu- tinés par un sérum tuberculeux humain. Seance du 17 Decembre 1921 M.T. Rietz: 7remblement pendant l'anesthésie géné- rale et moyen de l'empêcher. Au cours de lanesthésie générale, les malades présentent parfois des tremble- ments qui peuvent gêner l'opérateur. Chez la plupart d’entre eux, on les fait disparaître immédiatement en comprimant très fortement le creux carotidien. — M. et Mme L. Lapicque : Quelques mesures de concentra- tion en chlore et en électrolytes et de concentration moléculaire totale chez les Laminaires. La concen- ration moléculaire globale des substances solubles est, chez le L.flericaulis à l’état sain, notablement supé- rieure à celle de l’eau de mer; l'excès correspond à un abaissement du point de congélation d'environ un demi- degré. En été et en hiver, cette concentration est sen- siblement la même, mais se compose d'éléments difré- rents ; les sels de l'eau de mer en forment la moitié ou 32 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES un peu plus en élé et les 7/10 en hiver. — MM. E. Fauré-Frémiet et Pierre Girard: Ændosmose élec- trique des cellules du foie chez le Rat blanc. L’endos- mose électrique constitue un moyen d'imposer aux cel- lules d’un tissu vivant, en place et normalement irrigué, des modifications remarquables. Les altérations décri- tes se séparent, et sur le foie d'un animal sacrifié quel- ques jours après avoir subi l'épreuve de l’endosmose électrique, elles semblent avoir disparu. — M. P.-L. Violle : De l'influence de la digestion sur les élimina- tions urinaires. La chute de la diurèse après les repas est caractéristique, La quantité des chlorures éliminés est exactement proportionnelle à la quantité d’eau éli- minée, La courbe de l’urée suit approximativement celle des chlorures, mais avec des variations plus faibles. M. Marcel Labbé est élu membre titulaire de la Société, M. Ed. Laguesse membre associé, et MM. Si- galas et Weill membres correspondants nationaux. SOCIÉTÉ ROYALE DE LONDRES Séance du 3 Nopembre 1921 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. L. Bairstow, Miles B. M. Cave et E. D. Lang : Le mouvement lent à deux dimensions des fluides visqueux. — M. G. I. Tay- lor : Expériences avec des fluides en rotation. — M. T. R. Merton : Le spectre des isotopes du plomb. La comparaison deslon- gueurs d'onde de 5 lignes des spectres du plomb ordi- naire et du plomb retiré de la carnotite australienne 2° SCIENCES PHYSIQUES. montre des différences qui ne sont pas constantes, mais qui varient pour les diverses lignes. La différence de longueur d'onde observée pour la principale ligne, 1 — 4.058, est environ 200 fois plus grande que celle qu’on déduit théoriquement. — MM. C. V. Ramanet B. Ray : Les couleurs de transmission des suspensions de soufre. Quand on ajoute quelques gouttes d'acide sulfurique à une solution diluée de thiosulfate de so- dium, il se forme graduellement un précipité de soufre dans le liquide ; la suspension devient d’abord pratique- ment opaque aux plus courtes longueurs d'onde, et plus tard aux plus longues, puis regagne partiellement sa transparence, les longueurs d’onde les plus courtes reparaissant les premières, el ensuite les plus longues. — M. E. F. Burton et Mlle E. Bishop: La loi de dis- tribution des particules dans une solution colloïdale. — M. H. C. H. Carpenter et Mlle C. Elam: La pro- duction de cristaux isolés d'aluminium et leurs proprié- tés élastiques. Les auteurs opèrent sur une portion d'une feuille d'aluminium de 4 ><1 >< 0,125 pouce, con- sistant en 1.687.000 cristaux environ. La transforma- tion de cette partie en un seul cristal nécessite un trai- tement calorilique de 6 h. à 55o°,une tension de 2,4 ton- nes par pouce carré produisant un allongement moyen de 1,6/; sur 3 pouces, et un traitement final commen- çant à 45o° et se terminant à 6000. La ténacité des cristaux isolés varie de 2,8 à 4,08 tonnes par pouce carré, tandis que l'allongement sur 3 pouces varie de 34 à 86 0/, suivant l'orientation du cristal par rapport à la traction. Des expériences sur des barreaux ronds ont abouti également à la formation de cristaux isolés. Seance du 10 Novembre 1921 SCIENCES NATURELLES. — M. A. J. Wilmott: Xecher- ches expérimentales sur l'assimilation et la respiration végétales. XIV. Assimilation des plantes aquatiques submergées dans des solutions diluées de bicarbonates et d'acides. La tige coupée d’une plante aquatique im- mergée dans de l'eau à laquelle on a ajouté un acide libre dégage des bulles d’acide carbonique avec une vitesse accrue ; ce résultat est dû à l’effet de l’acide sur les carbonates présents. Quand on emploie de l’eau douce, on n’observe aucune accélération. — MM. F. Kidd, C. West et G. E. Briggs : Analyse quantita- tive de la croissance de l’'Helianthus annuus. 1. Respi- ration de la plante et de ses parties pendant le cycle évolutif. Les auteurs nomment « indice respiratoire » la quantité de CO? en mgr. par gr. de poids sec et par heure produite par le tissu en état de respiration dans des conditions types; c’est une mesure très approchée de la « quantité effective de matière cellulaire respirant ». L'indice respiratoire de la plante entière et des orga- nes individuels diminue tout le long du cycle évolutif; cette diminution va de 3 à 0,3 dans le cas de la plante entière. Elle suit de très près la chute de la « vitesse de croissance relative ». — MM. A.R.. Linget D.R.Nangi: Lalongévité de certaines espèces de levures. Les auteurs ont constaté que des cultures de levures préparées en 1887 par feu le Prof. Hansen étaient toujours yivan- tes; maisils n’ont pu déterminer la forme sous laquelle elles avaient maintenu leur vitalité. Le S, apiculatus hiverne dans le sol; comme la levure avec laquelle Hansen travaillait ne forme pas d’endospores, elle peut s'être conservée sous forme de spores de repos. Le Gérant : Gaston Don. Sté Gle d'Imp. et d'Ed., rue de la Bertauche, |, Sens. 33: ANNÉE PSN 2 30 JANVIER 1922 Revue générale des Scien pures et appliquées | FonparTeur : LOUIS OLIVIER Dixecreur : J.-P. LANGLOIS, Professeur au Conservatoire national des Arts-et-Métiers, Membre de l’Académie de Médecine Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. J.-P. LANGLOIS, 8, place de l’Odéon, Paris. — La reproduction et la traduction des œuvres et des travaux publiés dans la Revue sont complètement interdites en France eten pays étrangers y compris la Suède, la Norvege et la Hollande ————_— CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE $ 1. — Distinctions scientifiques Le Jubilé scientifique du Professeur H. Le Chatelier. — Le 23 janvier, les amis et admira- teurs de M. Henry Le Chatelier se sont réunis à l’am- phithéâtre de Chimie de la Sorbonne pour remettre à l'éminent professeur et académicien une médaille d’or frappée en souvenir de toute une vie de laborieuses recherches scientifiques et techniques, M. G. Noblemaire, ancien directeur des Chemins de fer P.-L.-M., qui présidait cette cérémonie, a rappelé les diverses étapes de la carrière du savant, marquées par unesérie de découvertes dont la plupart ont reçu d'importantes applications industrielles : étude de la constitution des ciments et produits hydrauliques, et mécanisme de leur durcissement ; travail, en collabo- ration avec Malard,surles mélanges gazeuxet la vitesse de propagation delacombustion dansleur sein ; recher- _ches sur le chauffage industriel et réalisation du pyro- -mètre thermo-électrique ; étude de la constitution des alliages métalliques et construction d’un microscope D osrcphique: établissement d’un certain nombre de lois importantes de mécanique chimique, qui per- “mettent aujourd'hui de prédire à l'avance le sens des Béactions chimiques. 3 MM. Molliard, doyen de la Faculté des Sciences, Ber- “tin, président de l’Académie desSciences, et Trasenster, délégué de l'Université de Liége, se sont ensuite asso- eiés à l'hommage rendu à M. Le Chatelier. ”… La souscription internationale ouverte à l’occasion .de ce jubilé a laissé un reliquat de plus de 100.00ofranes, _démie des Sciences en vue de favoriser la recherche fo E REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, ds dont M. H. Le Chatelier a décidé de faire don à l’Aca-- scientifique, L'éminent savant a voulu, par ce geste généreux, souligner une fois de plus l'importance de la recherche et faciliter à d’autres l'entrée dans une voieoù il a trouvé de sibriilants succès. $2. — Physique Démonstration des discontinuités de lai- mantation par les amplificateurs et le télé- phone. — Barkhausen a découvert en 1919 que, lors- qu’on soumet une substance ferromagnétique à l’action d’un champ magnétique croissant d’une manière conti- nue, l'accroissement de l’aimantation produit des discon- tinuités. Cet effet a été mis en évidence parles courants in- duits dans une bobine qui, renforcés par un amplificateur à lampes, sont reçus dans un téléphone. Celui-ci rend un son caractéristique qui est, suivant le nombre et l'im- portance des discontinuités, un bruissement ou un cré- pitement, Ce phénomène a fait depuis lors l’objet d’une étude de M. B. van der Pol Jr. qui a noté un certain nombre de ses particularités, Ces discontinuités se rattachent à la partie irréver- sible des variations d’aimantation. Elles n'apparaissent abondantes que dans les régions de variation rapide des cycles, c’est-à-dire surtout pour des champs voisins du champ coercitif. Van der Pol admet qu'elles sont causées par des modifications brusques de la direction de l’ai- mantation spontanée qui se produisent dans l'étendue des cristaux élémentaires composant les substances isotropes en apparence, À MM. P. Weiss et G. Ribaud ont pu, avec deux amplificateurs basse fréquence de trois lampes en série et un ensemble de deux téléphones rendus haut par- 34 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE leurs par l’adjonction de- cornets acoustiques, faire entendre ce phénomène à un auditoire nombreux. Voici quelques expériences faciles à montrer : 10 Magnétile. — Avec une plaque de cette substance de 7 cm. de longueur, taillée dans un beau cristal de 3r0Zz0 parallèlement à la face de l’octaèdre, on obtient un bruissement très intense, Cette observation s’ac- corde bien avec l’étude directe des propriétés magné- tiques, qui montre que la symétrie cubique n’est que grossièrement réalisée et résulte sans doute d’un grou- pement d’édifices cristallins de symétrie moindre. Le bruit observé résulte des grains, probablement assez gros, de ce groupement, : 20 fer doux, invar. — Avec des tiges ou des fils de ces deux substances l'observation est très facile; il est particulièrement intéressant de constater que si, après avoir aimanté la substance dans le sens positif, par exemple, on fait agir un champ négatif 2 de l’ordre du champ coercitif, le phénomène n'existe plus pour toutes lés variations du champ comprises entre L et zéro. Cela tient à ce que, dans ces limites, les variations d'ai- mantation sont, depuis lors, réversibles. Si l’on dépasse la limite À en faisait agir un champ démagnétisant un peu plus fort k', le phénomène réapparaît, après quoi c'est À” qui est la limite de la région silencieuse. C’est comme si la résérve de bruit avait été épuisée jusqu’en k d’abord, jusqu'en k' ensuite, 30 Champ terrestre. — Si, plaçant la magnétite de l'expérience ci-dessus dans une bobine induite, on l’ai mante d’abord avec un aimant en acier dans le sens du champ terrestre, puis, après avoir éloigné l’aimant, on la retourne bout pour bout de manière à faire agir le champ terrestre en sens inverse de son aimantation, on entend nettement le bruit caractéristique. 4o Viscosité magnétique. — Elle est facile à observer avec un tore qui a élé aimanté dans le sens positif, par exemple, et que l’on soumet brusquement à un champ- négatif. Quand ce dernier èst voisin du champ coerci- tif, la viscosité se manifeste par le bruissement dû aux discontinuités, qui continue avec une grande inten- sité pendant un temps assez long (jusqu’à 14 secondes), $ 3. — Electricité industrielle - Installations actuelles de la station radio- télégraphique de Nauen (Allemagne). — La sta- tion radiotélégraphique de Nauen a subi, pendant la guerre et depuis l'armistice, diverses modilications importantes qui l’ont appropriée à l'application des pro- cédés de travail les plus modernes et ont permis de la mellre en exploitation régulière comme poste commer- cial, entre les mains d’une compagnie nouvelle, spé- cialement créée à celle in, sous la dénomination de « Société anonyme de télégraphie sans fil transocéa- nique » (7rans Kadio); son objet est principalement aujourd’hui d'assurer l'échange des communications entre l'Allemagne el les pays extra-européens, particu- lièrement ceux de l’'Amérique,sans emprunter les câbles sous-marins détenus parla Grande-Bretagne; depuis 1919, elle correspond avec la station du Gouvernement des Etats-Unis à New-Brunswick et, depuis 1920, avec celle d'Annapolis ; mais les temps pendant lesquels ces deux postes peuvent se tenir à sa disposition sont limités, et insuflisants pour permettre l'échange des correspondances à assurer. Aussi desnégociations actives sont-elles poursuivies avec les grandes compagnies étrangères, spécialement avec la Radio-Corporation, pour étendre les relations ; depuis août 1920, le poste d’Annapolis n’est plus appelé à recevoir de Nauen que les communications oflicielles ; les correspondances privées sont transmises à la station de Marion, ‘dela Société américaine susvisée ; comme cette station elle-même est prise, pendant une partie du jour, pour ses communications avec la station de l'Etat à Stavanger, en Norvège, les pourparlers se poursuivent en vue de l'établissement de relations américano-alle- mandes supplémentaires; en attendant, Nauen corres- pond avec la plupart des centres européens et avec divers postes lointains, de toutes les parties du monde, et il transmet journellement, en dehors de l’Europe, des télégrammes de presse réguliers, représentant une moyenne de 100 mots par jour et,en Europe,des corres- pondances du même genre, pour un total de 1.000 mots ; son trafic annuel dépasse 3 millions de mots (en 1920: « 2.289.485 mots transmis et 849.644 mots reçus). Le poste fonctionne aujourd’hui, en ordre principal, au moyen d'ondes entretenues produites à l’aide d’alter- nateurs à haute fréquence et de doubleurs de fréquence M statiques ; il a conservé un équipement à étincelles bri- | * è 4 sées musicales, mais cet équipement n’a plus qu'un rôle accessoire : il sert uniquement à la transmission des signaux horaires. Quant à l'installation de machi- nes à haute fréquence,elle est double : elle comprend, d'une part, deux machines de {oo kw., pour les rela- tions transocéaniques, et, d'autre part, une machine de 130 kw. pour les relations européennes ; ces machines consistent essentiellement en un moteur électrique et un alternateurà 6.000 ou 8.000 périodes ; la fréquence, obtenue à l'alternateur est quadruplée, dans le cas des » grosses machines,à l’aide de deux doubleurs de fréquence ce qui donne une fréquence de 24.000 périodes; pour la machine de 130 kw., il y a trois doubleurs successifs, conduisant à une fréquence de 64.000 périodes; dans l’un comme dans l’autre cas, les doubleurs de fréquence, consistent chacun en un système de deux transforma- teurs statiques, à circuit magnétique fermé, et saturé par un courant continu permanent circulant dans un circuit d'excilation spécial; les enroulements primaires . sont alimentés par le courant à haute fréquence de l’al- . ternateur; les enroulements secondaires sont ainsi le siègede forcesélectromotrices alternatives de fréquence double de celle des courants primaires et qui donnent lieu à un courant alternatif rendu sinusoïdal grâce à des bobines de self et à un condensateur approprié, le montage étant faitsuivant la méthode de Joly ; les alter- nateurs sont des alternaleurs à fer tournant, inducteur et induit fixes, sans bagues, ni balais ; ils marchent à … 1.500 t.m : et,pourlesgrosses machines, dont le diamètre est de 1m..65, la vitesse périphérique du rotor est de 130 m. par seconde;ces machinessont refroidies par une venti- lation énergique, qu'assurent deux ventilateurs montés sur le rotor,el par une circulation d’eau dans des canaux" CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 35 ménagés dans le système magnétique feuilleté de l’in- ducteur et de l’induit. De même qu’il y a deux équipements de production d'ondes, il y a deux antennes distinctes : l’une pour le service transocéanique, l’autre pour le service européen ; la première est une antenne en T orientée dans la direc- tion Nord-Sud et formée d’un nappe de à fils suspendue à 260 m. de hauteur, au milieu, et à 120 im, de hauteur aux extrémités; la longueur utile de cette nappe est de 1.200 mètres. L’antenne pour le service européen est orientée dans la direction Est-Ouest ; elle est formée de 16 fils de 360 m. de longueur, suspendus, d’une part à un câble tendu entre 2-mâts de 155 m. de hauteur et d'autre part à une barre de 18m. de longueur montée au somiuet d'un mât de 135 m., pour descendre de là à un autre transversal placé à {o m, de hauteur et passer ensuite à la station. La longueur d'onde propre de l'antenne principale est de 5.000 m.; des bobines de self complètent cette antenne ; elles ont 2 m. 4o de diamètre; une section de ces bobines sert de variomètre; le contact est actionné par un électromoteur; cet électromoteur est commandé du tableau général à l’aide de simples bou- tons de pression; quatre longueurs d'onde peuvent être réalisées, à chacune desquelles correspond un bouton au tableau. On travaille à la main, à l’aide d’un mani- _ pulateur ordinaire agissant sur une série de relais à action rapide, où les étincelles sont soufllées par un vent énergique; ces relais eux-mêmes agissent sur une inductance à circuit magnétique saturé; au repos, mani- . pulateur levé, l'antenne se trouve shuntée et ne reçoit aucun courant; là pleine intensilé y est au contraire appliquée dès que le manipulateur est abaissé, La station possède un poste de réceplion, mais ce poste ne sert qu'aux observations, expériences, elc.; l'installation de réceplion proprement dite est établie à Geltow, près de Potsdam, à 30 km. de Nauen; elle fonctionne avec un aérien fermé,éomprenant 2 cadres de 6 fils chacun, disposés, côte à côte, suivant un angle _ de 45°, diagonale verticale; la hauteur (diagonale) est de 4o m. Cette installation échappe complètement à l'influence des postes de transmission de Nauen du moment que la longueur d'onde de travail diffère de 10 0}, de celle des postes en question; on reçoit sur tubes électroniques, à l’ouie ou sur enregistreur; comme enregistreur, on utilise le Morse; l'appareil employé permet d'opérer à une vitesse de 100 mots par minute; il peut être placé à Gellow, à Nauen ou en tout autre * endroit, > Pour faire la réception enregisirée, on recourt à . une première amplification à haute fréquence et à une deuxième à basse fréquence sur un « {transformateur acoustique à résonance », lequel, excité par les courants agil pour produire des basse fréquence amplifés, | 4 . alternances de courant d'intensité convenable, qu'un 4 tube redresseur rectifie en vue de l’actionnement de - l’enregistreur. L'avantage principal de ce système est non seulement de réaliser une amplification considé- É rable, mais encore, et surtout, de n’amplifier, du côté À de l’enregistreur, que les signaux proprement dits, sur la fréquence desquels il est à cette fin accordé, tandis qu'il laisse intacts des courants d’origine étrangère (perturbations atmosphériques). Le résultat oblenu à cet égard est très bon ; on compte l'améliorer encore en combinant avec l'aérien en cadre actuel, un petit cadre tournant, de façon à réaliser un Système possédant des propriétés directrices bien accuséés; dans les con- ditions présentes, l'enregistrement est encore souvent impossible, particulièrementen été, par suite de l’inten- sité des efféts perturbateurs. Henri Marchand. $ 4. — Botanique La gélose des Algues.Floridées. — Dans son excellent ouvrage sur l'Utilisation des Algues marines (Encyclopédie scientifique, Doin, Paris, 1920) !, M. Sau- a rappelé ce que l’on sait sur l'emploi des gélose vageau Floridées, que l’on utilise surtout pour la qu’elles fournissent, Dans un important mémoire récem- ment paru ?, il examine à ce point de vie un grand nombre d'espèces de Floridées et conclut que certaines d’entre elles, indigènes ou exotiques, qui sont négligées, seraient sans doute utilisables. « J'ai voulu montrer ici, dit-il, que certaines espèces de Floridées peuvent fournir de la gélose aussi bien que celles d'Extrème- Orient, et le produit retiré de telle ou telle espèce, jusqu’à présent négligée, pourrait présenter des avan- tages dans telle ou telle application industrielle medi- cale. Non pas cependant qu'on en trouve aucune chez nous qui, par son abondance, puisse concurrencer les espèces d'Extrême-Orient, mais un autre point de vue n’est pas sans intérêt. On sait combien l'étude des col- loïdes stables ést peu avancée; au lieu de S’adresser à l'agar du commerce ou au lichen, souvent malpropre, les chimistes trouveraient des sujets d’étude plus favo- rables dansles mücilages d'espèces choisies, » Il y a déjà quelqués années #, M. Sauvageau avait attiré l’at- tention sur l’importance qu'il ÿ a à ce que les recher- ches de chimie biologique végétale soient faites sur des plantes récoltées dans des conditions déterminées. En ce qui concerne les mucilages gélosiques qu'elles péuvent fournir (et qui ont été obtenus, pour arriver à des résultats comparables, toujours de la même manière, en chatffant toutes les espèces uniformérient à l’'autoclave à 120°, pendant une demi-heure environ), les Floridées étudiées peuvent se répartir en trois grou- pes caractérisés ainsi : 1° celles du tÿpe Gelidium, dont le décocté, même peu concentré, se prend en masse en se refroidissant ; la Solution iodo-iodurée colore cer- taines de leurs parois cellulaires (propriété attribuée à une substance comparable à l'amyloïde); — 2° celles du type Chondrus, dont le décoctése prend en masse s'il est très concentré, ou seulement sous l'influence de divers électrolytes s’il est à faible concentration; la solution iodo-iodurée ne colore pas leurs parois cellulaires ; — TR PRE RE 1. Analysé par M. Péchoutre dans le n° d'août 1920 de la Revue. 2, Camizce SAuvAGrAu: La gélose de quelques Alrues Floridées. Bulletin de la Station biologique d'Arcachon. Bor- deaux, 1921, 3. C. SauvacEAU : Réflexions sur les analyses chimiques d'Algues marines. Rev. génér. des Sci., 1918. 36 3° celles du type Polyides, dont la prise en masse du décocté est intermédiaire entres les deux autres types; le sulfate d’alumine a une action coagulante particu- lière; leurs parois cellulaires sont perméables à l’em- pois de l’amidon et généralement insensibles à la solu- tion iodo-iodurée. M.Sauvageau signale l’inutilité du blanchiment des Floridées destinées à des usages industriels, On peut toujours, quand il y a lieu, blanchirla gelée et mieux encore la phycocolle! soit par l’eau froide (groupe Gelidium), soit par le KCI (groupe Chondrus). J. Dru. $ 5. — Géographie et Colonisation Le recul de la Russie en Extrème-Orient?. — Depuis la guerre, et surtout depuis la révolution, la Russie recule en Asie sous la pression de la Chine, du Japon et des Etats-Unis. L'action de la Chine s'exerce d’abord en Mongolie, où ses droits de souverainelé étaient contestés parla Russie qui voulait en faire un Etat tampon, du genre de ceux dont l’Angleterre aime à entourer l'Inde, où elle pût exercer une action à la fois politique et économique. L'influence politique a cessé par la Convention sino- russo-mongole de Kiakhta (juin 1915), qui rétablit la souveraineté de la Chine en Mongolie; quant à l’expan- sion économique, elle a disparu également depuis la guerre, La Russie a,de même, dû abandonner la Mand- chourie, notamment ses droits sur le chemin de fer de l'Est chinois et certain territoire dont elle avait obtenu l’autonomie en bordure de la Transbaïkalie. Mais la Chine ne se contente pas d’avoir rétabli entièrement sa grontière sibérienne, elle est en train de reprendre aux Russes les droits politiques et économiques qu'ils avaient acquis chez elle et de ruiner une politique de deux siè- cles ; la République des Soviets se déclare d’accord, mais l’ancienne Russie proteste, Sur le Pacifique, c’est l’expansion japonaise quiavance, à la suite de son intervention militaire en août 1918, pour répondre à la menace des prisonniers austro-alle- mands et pour faciliter l'évacuation des Tchécoslova- ques. Après l'armistice, l’armée japonaise resta pour empêcher l'influence bolcheviste d'atteindre le Pacifique - et pour la retenir à l’ouest du Baïkal. L’occupation s'étend à toute la bordure littorale (Province maritime) el à la moitié de l'ile Sakhaline que la Russie avait con- servée; elle s’est renforcée à la suite des troubles qui ont éclaté à Vladivostock et à Nicolaieysk. Sakhaline, surtout, est précieuse pour ses richesses naturelles : 1. Terme de Léon Marchand très heureusement repris par M. Sauvageau pour désigner le produit sec oblenu par dessic- cution du décocté à l'étuve. 2. S. Rrizzer : Le recul de la Russie en Extrême-Orient. L'Asie française, juin 1921. | CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE charbon, pétrole, forêts, poisson, et pour sa position stratégique. Entre les Soviets, maîtres de la Sibérie orientale, et les Japonais, en possession de la côte, s'é- tend la République autonome d’'Extrème-Orient, espèce d'Etat-tampon dont le sort est des plus précaire. Enfin, il y a un quatrième intéressé à cette lutte pour le Paci- fique, ce sont les Américains. Les Etats-Unis sont aussi voisins des Russes en Extrême-Orient, au point où les deux continents ne sont plus séparés que par le détroit de Behring. D'un bord à l’autre, pêcheurs, chasseurs, prospecteurs passent faci- ment, et tout le mouvement,se fait d'Est en Ouest; il y a une véritable invasion économique américaine vers la Sibérie, et qui commença du jour où, en 1867, la Russie échangea l'Alaska aux Etats-Unis contre une somme de 9.290.000 dollars. C'était une bonne-affaire qui ne s'est révélée qu’à la découverte de l'or en Alaska, vers 1900, D'ailleurs, à l'extrême pointe orientale de l'Asie, dans le Kamtchatka et dans la presqu'ile de Tchou- khotsk, l’activité russe, enrayée par la distance et le climat, était presque nulle, tandis qu'il est facile à l'influence américaine de s'y exercer par mer, attirée, d’ailleurs, par les richesses de ces régions : pê- cheries, fourrures, forêts, minerais, charbon, naphte, sans parler, là aussi, de la position stratégique de ces « Dardanelles de l'Extrême-Orient », quand la naviga- tion arctique aura triomphé des résistances qu’elle ren- contre encore aujourd’hui, ou qu’un chemin de fer aura été construit, reliant les deux continents, Le projet franco-américain du Transalaskan Raïlway, qui se heurta, en 1906, à l'hostilité du Gouvernement russe, devait relier la ville de Kansk, en Sibérie centrale, à Vancouver, au Canada, en passant en tunnel sous le détroit de Behring. Le Gouvernement des Soviets a essayé de canaliser l'influence américaine au moyen de sa nouvelle poli- Lique des concessions, en donnant à bail, pour 6o ans, à un syndicat de capitalistes américains toute la Sibérie du Nord-Est, soit un vaste territoire de 400.000 milles carrés, avec droit exclusif d'exploiter les gisements de pétrole et de charbon et les pêcheries. Le Gouvernement des Etats-Unis n’a pas encore approuvé ce contrat, qui. comporte la reconnaissance oflicielle des Soviets; le Japon a annoncé qu’il y ferait opposition en vertu du traité de Portsmouth, du 5 septembre 1905, qui termina la guerre russo-japonaise, el qui donne à ses nationaux le droit de pêche sur toutes les côtes sibériennes jusqu’au détroit de Behring. Dans tous les cas, l'influence de la Russie est menacée de disparaître en Sibérie orientale si le flot de ses émigrants, tari par la guerre et par la révolution, ne reprend pas rapidement pour faire front à l’infiltration des jaunes et à la pression économique des Américains. Lours FRANÇOIS. — LES PROGRÈS DE LA T.S.F. 37 LES PROGRÈS DE LA T.S.F. DUS A LA LAMPE A TROIS ÉLECTRODES Dans un premier article sur la T.S. F.', nous | la plaque ont apportée sur elle. Si l’on inverse la avons dit quelques mots sur les améliorations apportées au dispositif récepteur par l'emploi de la lampe à 3 électrodes. Nous nous proposons aujourd’hui de reprendre la question plus en détail et de montrer dans toute leur importance les progrès que la Radiotélégraphie doit à l'emploi des lampes. Ces progrès, nous les passerons en revue en parlant successivement des trois fonctions que peut remplir la lampe. Elleest ditectrice, elle est amplificatrice,elle engendre des ondes entre- tenues et se prête à la réalisation de postes émetteurs dont nous verrons plus loin les avantages. I. — PRiNCiPE DU FONCTIONNEMENT DE LA LAMPE A 3 ÉLECTRODES Le principe même du fonctionnement de la lampe repose sur le fait qu'Edison signalait déjà en 1883, et qui estle suivant: Le filament incandescent d’une lampe électrique allumée Fig. 1. — Schéma de la lampe à 3 électrodes. émet dans toutes les directions des électrons chargés d'électricité négative. Si l’on place dans a ampoule, en face du filament incandescent, une plaque métallique reliée au pôle. be d'une batterie de quelques ‘dizaines de volts dont le pôle négatif est relié au filament, on onstate que cette batterie débile dans un cir- ‘cuit qui présente unecoupure entre la plaque et le filament (fig. 1}. l'électricité positive débitée par la batterie de plaque neutralise .l'électriciténégative que les électrons attirés par - distance. Rev. pén. des Sciences du 15 décembre 1921,t, XXXIF, : 1. L. Fnançors : Les communications par T.S.F, à grande - p. 697 et suiv, batterie de plaque de façon que la plaque soit reliée au pôle négatif, les électrons sont repous- sés par la plaque et aucun courant ne passe. Si dans le circuit de plaque on fait agir non plus une force électro-motrice continue, mais f.é. m. alternative, une seule alternance, qui rend la plaque positive par rapport au fila- ment pourra passer. La lampe à 2 électrodes dont nous venons de parler forme donc soupape. C'est la valve de Fleming, qui peutservir,comme nous le montrerons plus loin, de détecteur. Mais le dispositif ne pouvait vraiment pren- dre toute l'importance qu'il devait avoir pour l'avenir de la radiotélégraphie que du jour où l’on disposa entre plaque etfilament une 3° élec- trode, appeléela grille, parce que, dans certaines lampes, elle a réellement la forme d’une petite grille métallique. Cette grille, portée à une ten- sion convenable et reliée au point commun à la plaque et au filament, va permettre de faire jouer à la lampe son triple rôle de détecteur, une celle d'amplificateur et de générateur. L'idée en est due à M. de Forest. En agissant sur le poten- tiel de la grille, on agit sur le nombre d'électrons qui vont du filament à la plaque et l’on modifie l'intensité du courant filament-plaque. On peut agir sur ce potentiel de grille à l’aide d’une énergie extrêmement faible et produire des variations notables dans le courant de plaque. La lampe à 3 électrodes fonctionne ainsi comme un relais, relais très sensible et dépourvu d'inertie, puisqu'il ne comporte aucune pièce mécanique. Avant de montrer comment la lampe fonc- tionne comme détecteur, comme amplificateur et comme générateur, il est rendre compte comment, pour un chauffage du filament et une tension de plaque donnés, le courant de plaque varie en foæction de la ten- sion de grille. La courbe de la figure 2, appelée caractéristique de la lampe, mentre que, une tension de grille variant de — 20 volts à 30 volts, la courbe du courant de plaque (la ten- sion de plaque étant supposée égale à 150 volts) orosso modo, la forme d’une droite terminée » © à ses deux extrémités par des régions à cour- intéressant de se pour a bure accentuée. La région courbée voisine de l'axe des x correspond au moment où la grille. n’est plus assez négative pour repousser tous les électrons émis par le filament et où, par suite, le 38 Louis FRANÇOIS. — LES PROGRÈS DE LA T.S.F. courant de plaque commence à s'établir; la région courbée qui fait suite à la partie droite dans la région des + positifs correspond au phé- nomène suivant : la grille est suffisamment positive pour que tous les électrons émis par le filament soient canalisés sur la plaque. Si le potentiel de la grille augmente encore, le nom- Vols grille Fig. 2. — Caractéristique de la lampe à 3 électrodes. bre des électrons attirés par la plaque reste constant, puisque la plaque les attire tous, et la courbe du courant de plaque devient parallèle à l'axe des x. La valeur correspondante du courant de plaque est celle du courant dit de saturation, qui correspond à un chauffage et à une tension de plaque donnés et qu'il est impossible de dépasser si l’on n’augmente pas le chauffage du filament ou la tension de la plaque. Nous allons pouvoir nous rendre mieux compte à présent comment la lampe fonctionne en détecteur et en amplificateur. Nous montrerons ensuite comment elle a permis de créer des postes émetteurs ayant des qualités tout à fait remarquables. II.— LA LAMPE DÉTECTRICE Quel est le rôle du détecteur en T. S. F.? Le détecteur n’est pas autre chose qu’un redresseur de courant. Si l’on envoie, en effet, le courant haute fréquence d'une réception T. S. F. dans un téléphone, la membrane de ce dernier, sollicitée successivement dans les deux sens avec une fréquence qui varie suivant les postes de 15.000 à 1.000.000, restera immobile, l’inertie de la matière étant trop grande pour obéir à des impulsions en sens inverses aussi rapprochées ; le courant moyen qui passe dans le téléphone est nul et l'effet produit nul également. Si l’on met en série avec le téléphone un dispositif qui se laisse traverser par une alternance sur deux, autrement dit un redresseur de courant alterna- tif, le téléphone, sollicité toujours dans le même ‘sens, sera attiré pendant toute la durée du signal reçu au poste récepteur. Ce redresseur, c'est le détecteur. Le résultat sera d'ailleurs obtenu égalementsile détecteur se laisse simplement mieux traverser par une alternance que par l’au- tre. Le courant moyen n’a pas la valeur maximum qu'il pourrait avoir si chaque demi-alternance était entièrement supprimée, mais il n'est pas nul etle téléphone est encore actionné. Si le poste émetteur est un poste à étincelles, à cha- que étincelle émise correspond un train d’on- des qui donnera après détection une impulsion au téléphone récepteur, lequel vibrera donc avec le fréquence même des étincelles du poste d'émission. Si le poste émetteur produit des ondes entre- tenues, un détecteur et un téléphone nesuffisent pas à assurer la réception. Tout au plus Ja membrane du téléphone sera-t-elle attirée au début de chaque signal pour être libérée à la fin de cesignal, mais le téléphone ne vibrera pas. Il faudra, pour recevoir l’onde entretenue, des dispositifs spéciaux dont nous parlerons plus loin et dont la lampe à 3 électrodes permettra encore la réalisation. Quoi qu'il en soit, tout redresseur de cou- rant peut servir de détecteur. C’est ainsi qu'on a pu employer la galène, cristal de sulfure de plomb dont le contact avec une pointe fine métallique permet un passage plus facile du courant dans un sens que dans le sens opposé. Nous avons vu plus haut que la lampe à 2 élec- trodes ne laisse passer qu’une alternance d’un courant alternatif appliqué à la plaque. Si donc nous appliquons à cette plaque le courant radio- télégraphique de réception, une alternance seule passera et un téléphone placé dans le cireuit plaque pourra être impressionné. Le détecteur ainsi constitué est la valve de Fleming, dontnous | avons parlé plus haut. La lampe à 3 électrodes se prête mieux encore à ce rôle de détection. Il suffit de faire agir sur la grille la force électro-motrice alternative reçue dans l'antenne et qu'il s’agit de déceler. Si la. grille est soumise à une tension convenable, une seule alternance passera et le téléphone disposé sur la plaque entendra la réception à enregis- trer. Ceci devient immédiatement évident si l’on se reporte à la fgure 2 et si l'on remarque que dans la région courbée de la caractéristique, par exemple en À, à des variations égales de poten- tiel de grille parrapport à la valeur moyenne qui correspond au point À, correspondent des varia= tions inégales du courant de plaque dont l’inten- sité moyenne n’est ainsi pas nulle. La lampe fonctionne bien alors en détecteur. DUS A LA LAMPE A TROIS ÉLECTRODES 39 Son avantage sur la galène, c'est d'être indéré- glable et toujours prête à fonctionner, alors que dans la réception avec cristal, il faut chercher par tâtonnement un emplacement favorable pour la pointe métallique, emplacement que la moin- dre trépidation peut faire perdre. Toutefois, pour les très courtes ondes, la lampe introduit des capacités parasites qui peuvent être gènan- tes (capacité entre grille et plaque) et la galène redevient plus pratique pour la réception. Le montage de la lampe en détecteur est donné par la figure 3, où le circuit CL est le secondaire d’un poste récepteurdontle primaire, comportant self et capacités variables, est inter- 2 os s 0 Frens/ormateur du Zelkbohore FSU) 5e _—— - Fig. 3. — Montage en détecteur de la lampe à 3 électrodes. CL, secondaire du poste récepteur; r, grande résistance, calé dans l'antenne. Dans la grille est intercalée une très grande résistance 7, dont le rôle.est d'amener le voltage grille à la valeur convenable (voisine du potentiel de la borne négative de l’ac- eumulateur de chauffage); la capacité qui shunte cette résistance ouvre un chemin aux oscillations haute fréquence qui doivent agir sur la grille. Le - téléphone de plaque peut être branché aux bor- . nes du secondaire d’un transformateur dont le » primaire est dansla plaque.On évite ainsi de faire _ parcourir les enroulements de ce téléphone par le courant de l’accumulateur de plaque. . Nous avons vu que le détecteur permet, sans à autre dispositif, de transformer la réception d’un . poste à étincelles en un son dont la hauteur est . directement liée au nombre d'’étincelles du poste émetteur. Comment recevoir les émissions à _ ondes entretenues dont l'amplitude reste con- - slante tant que dure le signal ? Le procédé le plus . ancien a consisté à interrompre et à rétablir pen- dant la durée du signal le courant de réception en intercalant par exemple une roue dentée dans l'antenne, qui ouvre et ferme à vitesse réglable le circuit de cette antenne.Le téléphone,actionné de cette manière x fois par seconde, si » est le nombre de contacts par seconde de la roue den- tée avec le circuit qu’elle vient fermer, rend un son dontla hauteur est liée à ce nombre » de con- tacts ou à la vitesse de la roue dentée ou #cer. L'inconvénient du procédé est qu'une partie de l'énergie captée par le dispositif récepteur reste inemployée et que l’emploi duticker dimi- nue certainement la portée. Un 2° dispositif uni- versellement employé à présent consiste à créer sur placeune émission à ondes entretenues locale grâce à un appareildont nous parlerons plus loin et qui a été appelé l’Létérodyne. Si j, est la fré- quence de l'émission à recevoir, si /, est la fré- quence de l’émisssion locale, fréquence sur laquelleilest facile d'agir, comme nous le ver- rons, ilse produitentre les deux émissions simul- tanées un phénomène d’interférence, d’où résul- tent des battements. À intervalles réguliers, les deux émissions sont en phase et s'ajoutent, puis elles sont en opposition et leur résultante passe : par une amplitude minima. On démontre que la périodicité des maxima ou des minima ainsi réalisée est : f, —/,. Le téléphone récepteur est alors actionné exactement de la même manière que si un poste faisait des étincelles avec cette fréquence f, — f,. Puisqu'on peut agir sur /,, le son reçu dans le téléphone peut être réglé à volonté, On peut en particulier l’ajuster sur le régime propre de vibration de la membrane télé- phonique et réaliser ainsi une sorte de réso- nance acoustique. De plus, on montre, en étu- diant de près le phénomène, que l’emploi de l’hétérodyne et de son énergie locale amplifie la réception et ajoute son effet à celui des amplifi- cateurs simultanément employés pour améliorer cette réception. Enfin, nous verrons plus loin que l'hétérodyne est souvent remplacée, en tant qu'appareilautonome, par une simple modilica- tion du dispositif récepteur quiproduitlui-même l'onde auxiliaire nécessaire à la réception de l'onde entretenue.C’estle dispositifautodyne.Un dernier avantage de la réception par hétérodyne ou autodyne consiste dans la protection contre les brouillages que peuvent produire d’autres émissions. Pour que la vibration de fréquence” f— f, soit susceptible d’être entendue dans le téléphone, il ne faut pas queÿ, — f, dépasse 3.000. Si donc 2émissions sont simultanément captées par l’antenne réceptrice, l’une de fréquence ,, l’autre de fréquence f,, l’hétérodyne décélera la première si l'onde locale qu'elle émet a une fré- quence comprise entre /, + 3.000 et /, — 3.000 ; 40 Lours FRANÇOIS. — LES PROGRÈS DE LA T.S.F. elle décélera la seconde si l’onde locale a une fré- quence comprise entre /, —3.000 et j, + 3.000. Si f, est plus grand que , et que 7, — 3.000 reste supérieur à /, + 3.000, il sera impossible de donner à l’hétérodyne une fréquence qui rende audibleles deux émissions simultanément, même au cas où elles seraient assez voisines pour ne pouvoir être séparées par le réglage même du circuit récepteur. L’'hétérodyne donne donc une possibilité supplémentaire de sélection. Nous n’en dirons pas davantage sur la lampe considéréecomme détecteur. Elle remplace avan- tageusement la galène, sauf pour les ondes très courtes ; elle permet la réception autodyne des ph + Lrére Let L'on ggplgce & courent à samples Fig. 4. — Amplificateur de courants téléphoniques. ondes entretenues, qui se prête sans appareil spécial à la sélection dont nous venons de parler et à une amplification, connexe du phénomène détecteur et dont nous dirons un mot à propos de la lampe génératrice. Déjà comme détecteur, la lampe à 3 électrodes apporte doncune amélio- ration sensible au dispositif récepteur. III. — LA LAMPE AMPLIFICATRICE La lampe amplificatrice était destinée à réno- ver entièrement le problème de la réception, de même que la lampe génératrice apportait à l’'émis- sion des perspectives entièrement nouvelles. Le principe même de l’amplification est très simpleet se lit sur la caractéristique de la fig. 2. Si, au lieu de maïntenir la grille à un potentiel qui correspond aux parties courbées de la caractéristique, ce qui nous conduit aux phéno- mènes de détection, on lui donne une valeur qui correspond à la partie sensiblement rectiligne de la courbe, on voit qu'à de petites oscillations B, B, B, B du voltage grille autour d’une valeur moyenne OB correspondent des variations importantes du courant de plaque. C’est le relais dont il a déjà été question et qui est d’une fidé- lité parfaite, parce qu'aucune pièce matérielle et ————. douée d'inertie ne vient en retarder le fonction- nement. Les divers dispositifs amplificateurs dont nous allons maintenant parler avec quelques détails reviendront toujours à agir avec une faible éner- gie sur le potentiel de grille pour recueillir sur la plaque une variation d'énergie bien plus con- sidérable et qui aura été empruntée à la source d’énergielocale. Cette variation d'énergie recueil- lie sur la plaque pourra d'ailleurs agir sur la grille d’une deuxième lampe dont la plaque don- nera une variation amplifiée au carré et ainsi. de suite, les lampes en cascade donnant un phé- nomène amplificateur toujours croissant. Æleohone o $ 1. — Amplificateur à basse fréquence Le premier amplificateur que la guerre ait vu apparaître et qui a été répandu par milliers aux armées est un amplificateur de courants télépho- niques. Son montage est extrêmement simple et est représenté par la figure 4. Sur la grille d'une 1"e lampe est intercalé le secondaire d’un trans-: formateur dont le primaire est parcouru par le courant téléphonique à amplifier. Le potentiel de la grille, reliée par ailleurs au pôle négatif de l’accumulateur qui chauffe le filament, se trouve ainsi directementinfluencé parle courant dont on cherche à obtenir l’amplification. À ces petites variations de potentiel grille, correspon- B. dent d'importantes variations du courant plaque. Ce courant, dont les variations sont amplifiées, agit, par l'intermédiaire d’un transformateur, sur la grille d’une 2° lampe; la plaque de cette | 2° lampe agit sur la grille d’une 3°, et on recueille | finalement dans le cireuit plaque de cette 3-lampe un courant infiniment plus important que Île courant original, et dont les variations suivent fidèlement celles de ce faible courant qui leur a donné naissance. On n’a pas été au delà de 3 lampes en cascade D DUS A LA LAMPE A TROIS ÉLECTRODES kA parce que l’on arrive, en amplifiant trop, à ampli- | cadre de petite dimension, ce qui a rendu pos- fier en même temps des bruits parasites et à amorcer des ondes locales, ce qui a finalement pour effet de rendre les réceptions moins nettes que si l'on se contente de mettre le téléphone dans la plaque de la 3° lampe. Les applications de cet amplificateur basse fréquence à trois lampes ont été et sont encore très nombreuses. En T.S.F., on l’a employé pourrenforcer le courant téléphonique de récep- tion. Ce courant, après détection, au lieu d’être envoyé directement dans le téléphone, est envoyé dans le primaire du 1° transformateur de l’am- plificateur et l’on recueille à la sortie de l’appa- reil un courant beaucoup plus intense, ce qui a amélioré considérablement, pour une énergie donnée au départ, la portée des postes. Le même amplificateur a permis l'écoute des communications téléphoniques ennemies et la télégraphie par le sol. Ces deux applications déri- vent du même principe qui est le suivant : Une ligne parcourue par un courant variable (courant téléphonique ou courant vibré comme dans le cas de l'émission en télégraphie parlesol) agit par induction et aussi par conduction (quand cette ligne a un ou plusieurs points à laterre) sur une ligne semblable également à la terre en un ou plu- sieurspoints et placée à une distance convenable, Cette ligne réceptrice peut aussi être remplacée par un cadre. Le courant induit dans la ligne ou _le cadre récepteur est rendu plussensible grâce à son envoi dans un amplificateur basse fréquence. , C'est ainsi que des conversations téléphoniques ‘ennemies, surtout quand elles étaient faites sur des lignes avec retour par la terre ou des cir- cuits mal entretenues, ont été surprises grâce à des bases dont les deux extrémités étaient mises à la terre et dans lesquelles un amplificateur était embranché. C’est ainsi que la télégraphie par le sol permettrait d'échanger entre deux bases de 50 à 100 mètres de longueur au maximum et dont les extrémités étaient également à la terre des signaux Morse que l’on pouvait entendre jus- qu’à des distances atteignant 2 à 3.000 mètres. Cette télégraphie par le sol était très intéressante à l’extrême avant, parce que très sûre dans son emploi. Les appareils étaient robustes et les bases posées à terre, ou même enterrées quand on en avait le temps, beaucoup moins sujettes à destruction que les antennes de la T. S.F.L’ap- pareil émetteur était une sorte de bobine d'in- duction, d'un type un peu spécial, très bien mise - au point par M. Boucherot; l'appareil récepteur était exactement l’amplificateur que nous avons décrit plus haut. L'emploi de ce même amplifi- cateur a permis encore la réception T. S. F. sur REVUE GÉNÉRALE LES SCIENCES, sible les mesures goniométriques à l’aide d’un seul cadre tournant, mesures qui reposent sur ce fait, facile à expliquer théoriquement, que le cadre reçoit au maximum quand son plan passe par le poste émetteur, au minimum dans la posi- tion perpendiculaire. Nous avons déjà parlé, dans notre précédent article, de cette propriété de la réception sur cadre. Ainsi et dès le début de son emploi, la lampe amplificatrice augmentait les portées des postes d’une façon considérable, permettait la télécra- phie par le sol et la radiogoniométrie. Elle apportait aux armées des possibilités nouvelles du plus grand intérêt. Elle était appelée simul- tanément à révolutionner tout ce que l'on savait de la réception. $ 2. — Amplificateurs à haute fréquence A l’amplificateur basse fréquence, premier né d'une longue série, vinrent bientôt s'ajouter des amplificateurs haute fréquence qui renfor- çaient directement le courant capté par l’antenne de réception avant que ce courant ne fût détecté. Les premiers en date de ces amplificateurs dif- féraient de l’amplificateur basse fréquence par le mode de liaison de la plaque d'une lampe à la grille de la suivante, Au lieu de faire cette liaison par l'intermédiaire d’un transformateur, on intercalait sur la plaque une forte résistance de l’ordre de 70 à 80.000 ohms. Les variations de tension appliquées à la grille de la première lampe se traduisaient par des variations d’inten- sité dans le courant plaque, lesquelles entrai- naient des variations de potentiel entre les extré- .mités de la résistance intercalée dans la plaque, variations amplifiées par rapport à celles qui agissaient sur la grille. Par l'intermédiaire d’un condensateur reliant la grille de la 2° lampe à l’extrémité de la résistance de plaque, on faisait agir ces variations amplifiées sur cette 2° grille, amenée à être au repos à une tension convenable grâce à une forterésistance de quelques mégohms qui la reliait à son filament. Sur la 2° plaque, on avait alors une amplification plus considérable, transmissible de li même manière à une 3* lampe et ainsi de suite (fig. 5). Pour une onde de fré- quence donnée /, la capacité c introduit l’équi- 3 APe : 1 valent d’une résistance proportionnelle Pa ilya 7 intérêt à ce que cette quantité soit faible et dans un’ rapport convenable avec la résistance qui relie la grille au filamerñt; on conçoit done qu'un amplificateur monté avec des capacités d’une certaine valeur soit particulièrement adapté à amplifier des ondes d'une fréquence donnée, 2 42 Louis FRANÇOIS. — LES PROGRÈS DE LA T.S.F. Les amplificateurs haute fréquence peuvent avoir des liaisons différentes entre leurs lampes successives. C’est ainsi que l’on a fait toute une série d'amplificateurs à transformateurs dont le principe n'est pas essentiellement différent de celui des amplificateurs à basse fréquence; les caractéristiques électriques des transformateurs sont simplement changées et leurs tôles extrê- mement fines. On a même fait de tels transforma- teurs qui, après avoir amplifié à l'aide de plusieurs lampes en cascade le courant haute fréquence, le détectent à l’aide d'une autre lampe qui fait suite A = 70 9 8a000 Loére BetL'onspplique Le courent 5 omphler quence. Le courant de réception, ainsi deux fois amplifié, peut être employé à actionner un dis- positif enregistreur (inscription automatique des signaux dont nous avons déjà parlé dans unarti- cle précédent), ou bien, et c’est en cela que ces amplificateurs ont été particulièrement intéres- sants, on peut l'employer à actionner un dispo- sitif de télémécanique, à faire fonctionner un relais qui déclanchera certaines manœuvres. On .sait que la télémécanique a déjà donné d'intéres- sants résultats et a permis, entre autres choses, de faire circuler une vedette en rade de Toulon T=495 mEÿohms vers & grile Cire 3 ?mpe Fig. 5.— Amplificateur à haute fréquence, aux précédentes et amplifient ensuite le courant basse fréquence produit après détection à l’aide des mêmes lampes qui ont amplifié le courant haute fréquence, lampes sur lesquelles on monte simplement des transformateurs différents. $ 3. — Amplificateur à résonance On a réalisé également des amplificateurs dits à résonance qui ont la propriété de n’amplifier qu'une longueur d’ondes, celle sur laquelle on accorde les cireuits oscillants à capacité variable qui sont montés sur les grilles et les plaques des lampes successives. On obtient, grâce à de tels amplificateurs, des accords extrêmement aigus qui peuvent réussir à diminuer l'intensité des signaux parasites. Une application particulièrement intéressante de l’amplificateur à résonance, c'est l’amplifica- teur dit à très basse fréquence dont les capacités de jonction sont relativementimportantes, ce qui le rend adéquat à amplifier des courants à fré- quence très petite, de l’ordre de moins d’une pé- riode par seconde. Des signaux Morse passés à cadence normale sont assimilables à des oscilla- tions de cette faible fréquence et peuvent ainsi être amplifiés par un tel amplificateur qui fait généralement suite à un amplificateur basse fré- sans qu'il y ait personne à bord, la vedette étant conduite électriquement par signaux hertziens émis, soit d'un poste à terre, soit d’un poste sur avion, Le problème le plus important à résoudre est d’ailleurs moins le problème radiotélégraphi- que proprement dit (les amplificateurs sont assez au point pour qu'il n’y ait pas là de difficulté majeure) que le problème de la protection du dis- positif, soit contre les parasites atmosphériques, soit contre les brouillages systématiques enne- mis. On yest parvenu, mais par des dispositifs qui sont encore secrets et sur lesquels il ne nous est’pas possible d’insister. 7 $ 4. — Applications des amplificateurs aux liaisons par fil Cette remarquable mise au point des amplifi- cateurs n’a pas seulement permis d'améliorer la T.S.F., elle a permis aussi de grands progrès dans les liaisons par fil. Nous citerons simplement deux améliorations très importantes : les amplificateurs à lampes des courants téléphoniques etl’application aux liai- sons par fil des émissions à haute fréquence. La première de ces améliorations consiste à mettre, soit au début d’une ligne pour l’ampli- fication du courant téléphonique de départ, soit 7 ns Mit ltrmate tenté bé nb ebientt +. de ses. on cmd ne né DUS A LA LAMPE A TROIS ÉLECTRODES 43 en un point quelconque de cette ligne pour fonc- tionner comme relais, un amplificateur à lampes dont le principe du fonctionnement n’est pas différent de ce que nous avons précédemment dit, mais dontle rôle est de permettre, soit des portées presque indéfinies sur une ligne en bon état, soit une exploitation téléphonique satisfai- sante sur des lignes'en mauvais état et dont les pertes ne permettent plus un trafic normal avec des appareils ordinaires. Les relais téléphoni- ques par amplificateur à lampes ont nolamment été très employés aux États-Unis, où ils permet- tent des liaisons entre centres urbains comme New-York et San Francisco, distants de plusieurs milliers de kilomètres. L'emploi des courants haute fréquence pour faire de la téléphonie et aussi de la télégraphie par fil est également d'un très grand intérêt. Il consiste essentiellement, pour la téléphonie par exemple, à faire parcourir les fils du réseau par du courant haute fréquence produit par un poste à lampes et sur l'amplitude duquel l’abonné agit à l’aide de son microphone. La fréquence de ce courant ainsi modulé est soi- gneusement réglée au départ. Au poste récep- teur un circuit de réception, accordé sur cette fréquence et muni d’un dispositif à lampes, dé- tecte le courant modulé et le transforme à nou- veau en courant téléphonique ordinaire, reçu comme une communication banale dans le télé- phone écouteur del’abonné, après amplification s’il y a lieu. L’intérêt du système consiste en la possibilité de brancher sur un même circuit un grand nombre d'émissions modulées ou télé- graphiques de fréquences différentes dont cha- .cune n’est reçue quepar le récepteur accordésur elle. On est ainsi arrivé à superposer sur 2 mêmes fils aériens 4 conversations téléphoniques et 20 communications télégraphiques. Nous n’en dirons pas plus sur les amplifica- teurs. Leur nom suflit à indiquer les services qu'ils rendent. Ils ont amélioré la réception au point qu’on a pu se demander si les postes extra- puissants restaient bien nécessaires. La réponse a malheureusement été affirmative, d’abord à ‘cause des parasites atmosphériques dont Îles amplificateurs amplifient également l'intensité et qu'il faut à tout prix dépasser en intensité si on ne peut les supprimer par des dispositifs spé- ciaux dont nous dirons un mot plus loin, à cause aussi des émissions automatiques auxquelles correspondent les réceptions enregistrées. Si l’émission-à toute vitesse n’a pas un excédent nota- ble d'énergie, la réception des postes ne se fera souvent pas d’une façon satisfaisante, le courant de réception qui leur correspond n'ayant pas le temps d'atteindre sa valeur de régime, IV. — LA LAMPE GÉNÉRATRICE $ 1. — Emetteur local Il nous reste à parler de la lampe génératrice d'ondes entretenues. On peut se rendre compte d’une manière assez simple de la façon dont une lampe à 3 électrodes peut entretenir, dans une antenne à laquelle elle est rattachée, des oscil- lations entretenues. Prenons le schéma de la figure 6. Dans la grille d’une part, dans la plaque d'autre part, sont intercalées deux bobines dont la seconde fait en même temps partie de l'an- tenne à actionner. On constate avec un pareil Fig. 6. — Lampe fonctionnant comme génératrice d'ondes entretenues, dispositif qu’il suffit d’allumer la lampe pour déclancher dans l’antenne un courant oscillant à grande fréquence. Comment ce courant est-il entretenu dans la lampe? La bobine de plaque, parcourue par le courant alternatif dont l’an- tenne est le siège,agit parinduction sur la bobine de grille. Tantôt cette dernière est le siège d’une force électro-motrice qui lui donne un potentiel supérieur à celui du filament et qui est son po- tentiel au repos, tantôt, soumise à l’autre alter- nance, la grille‘devient négative par rapport au filament. Quand la grille est positive, elle attire les électrons et permet à la pile de plaque de débiter; quand elle est négative, elle arrête tout courant de cette pile de plaque. Si les deux bo- bines sont disposées de façon que la grille laisse débiter la pile ou l’accumulateur de plaque au moment où ce courant, toujours de même sens, favorise l’oscillation qui parcourt l’antenne et la bobine de plaque, on se rend compte que ce cou- rant apportera à ces oscillations une énergie nouvelle qui compensera les pertes subies par 44 Louis FRANÇOIS. — LES PROGRÈS DE LA T.S.F. rayonnement ou échauffement des conducteurs et l'onde sera entretenue. Quand l'alternance du courant d'antenne a changé de sens et que le courant de la pile de plaque aurait tendance à lui faire obstacle, la grille, devenue négative, empêche ce courant de passer. , Tel est le processus très simple grâce auquel la lampe, en employant l'énergie locale de ses aécumulateurs de filament et de plaque, rend à l’antenne l'énergie que cette dernière perdrait en oscillant, comme c’est le cas pour les postes à étincelles. Un manipulateur, placé par exemple sur le fil de plaque, et qui permet de couper ou de rétablir les circuits, un microphone, disposé pouractionner le courant de la bobine de plaque, . pour le moduler, permettront alors à volontéd'en- voyer des signaux Mopse pour faire de la télégra- phie ou d'émettre en téléphonie sans fil. Si, au lieu de relier la bobine de plaque à une antenne et à une prise de terre, on la relie à une capacité variable, de façon à brancher sur la plaque un circuit oscillant de période réglable, le même phénomène se produit et l’on a la possibilité d'émettre localement des ondes à rayonnement restreint, mais sur la fréquence desquelles on peut agir très simplement. C’est l’appareil qui a été appelé hétérodyne et qui permet de recevoir simplement les ondes entretenues. En étudiant de près le mécanisme de la lampe. considérée comme générateur d'ondes, on peut calculer entre quelles limites le coefficient d’in- duction mutuelle des deux bobines grille et pla- que doit être compris pour que des oscillations s’amorcent; on constate que si la lampe est mon- tée en détecteur avec le secondaire du circuit de réception sur la grille, si le circuit de plaque contientune bobine couplée avecla self du cireuit récepteur de façon que les oscillations locales soient jJustesur le point de se produire, mais ne prennent pas naissance, tout se passe comme si la résistance du cireuit intercalé dans la grille était nulle et il en résulte un renforcement très im- portant de la réception. Ce renforcement existe encore en grande partie quand lalampe détecteur est montée enautodyne,c’est-à-dire que la bobine plaque est disposée pour que des oscillations locales naissent de façon que la lampe soit à la fois détectrice et hétérodyne. On dispose les bobines pour être très près de la condition limite de production des ‘oscillations et l'on profite {d’une amplification du même ordre que celle dont nous venons de parler. Une dernière application du générateur local hétérodyne ou autodyne trouve son emploi dans l’un des nombreux dis- positifs antiparasites actuellement en essais. Dans ce dispositif imagine par M. Lévy, l’onde quiarrive interfère avec une première hétérodyne qui est réglée pour réaliser, après détection, une fréquence inaudible (par exemple 10.000 vibra- tions par seconde). Cette réception inaudible est envoyée, à travers plusieurs circuits oscillants accordés sur elle etqui sont un obstacle aux para- sites, dans un 2° dispositif à lampes formant amplificateur, détecteur et autodyne et qui, cette fois, la transforme en une réception audible (800 à 1.000 périodes); la majorité des parasites ne sont plus alors perceptibles. Ce dispositif antiparasite a donné de bons résultats, concurremment, d’ailleurs, avec des dispositifs différents dont plusieurs étaient sim- plement basés sur des résonances très aiguës permettant, à l’aide de circuits intermédiaires . convenables, d'avoir une résonance qui metassez de temps à s'établir pour que le parasite ait cessé son action avant que l'effet de résonance soit complet. $ 2. — Postes émetteurs Ilnous reste, ayant parlé de l'émetteur local, à donner à présent quelques détails sur les postes émetteurs proprement dits, en commençant par les postes à petites lampes qui ontrendu tant de services aux armées. M. Gutton, professeur à la Faculté des Sciences de Nancy et mobilisé à la Radiotélé- graphie Militaire, a réalisé entre 1916 et 1918, 2 1 Microphone permettaé © ce fire de lg Éelephonie = le manpulsteur — étant bloqué. Manpuloteur permettant de fètre ces SIQISUX Morse Fig. 7. — Schéma d'un poste émetleur à petites lampes. sous la direction du Général Ferrié, toute une série de petits postes de ce type, tous basés sur le schéma de la figure 7 ou sur des schémas analogues et dont l'emploi a grandement facilité la solution du problème si délicat des transmis- sions aux armées. Ces postes, installés sur ca- mionnettes légères, munis d'antenne sur perches DUS A LA LAMPE A TROIS ÉLE en bambou dont le démontage et le remontage étaient presque instantanés, actionnés par des accumulateurs que l’on chargeait dans les quar- tiers généraux quand ils étaient déchargés, ont bouleversé toutes les idées que l’on pouvait avoir au début de la guerre sur la radiotélégraphie en “campagne. Grâce à l’onde entretenue, on fit des portées relativement considérables (80 à 100 km.} sur antenne basse, 250 et davantage quand l'antenne était soutenue par un mât métallique (de 24 m.) avec des consommations d’énergie réduites. On réussit à faire fonctionner dans la même région un grand nombrede postes à la fois. Les camionnettes, qui passaient partout, permi- rent d'assurer les liaisons d'unités en marche sans aucune discontinuité, le matériel étant partout en double exemplaire et un poste arrière se repliant et ne cessant son écoute que lorsque son poste jumeau, porté en avant, avait achevé son installation au nouvel emplace- ment et l’en avait prévenu.Ces postes à lampes, - que les Allemandsne possédaient pas encore sur F le front à la veille même de l’armistice, firent, à partir de 1917, les liaisons de tous les quartiers généraux, depuis le G. Q. G. jusqu'aux divisions les plus poussées en avant. On les mit sur les avions pour régler les canons lourds à grande puissance; on les mitaussi sur les chars d'assaut. Un réseau radiotélégraphique serré et parfaite- ment adapté à tous les déplacements fonctionna aux armées pendant les deux dernières années de la guerre et rendit d'excellents services. Ce réseau se prêtait à la téléphonie, comme nous l'avons dit plus haut. Il suffisait pour cela, au lieu de fonctionner par tout ou rien, comme dans le cas de la télégraphie, d'envoyer l’onde hertzienne en permanence dans l’espace et de la moduler en faisant agir sur elle un microphone dont on pouvaitpar exemplerelierles deux bornes à quelques spires de la bobine plaque: En parlant devant le microphone, la résistance du circuit comprenant cet appareil subissait des variations qui agissaient sur le régime du courant de plaque et par suite sur celui du courant haute _ fréquence émis par l'antenne. Après détection au poste récepteur, on percevait au téléphone la voix qui-avait modulé l'émission. C’est précisément pour faire de la téléphonie que l’on créa les premiers postes à grosses lam- pes français, en même temps que sortait un poste de télégraphie à lampes moyennes destiné à l’ar- mée d'Orient. Les grosses lampes ont un fonc- tionnement théorique absolument semblable à celui des lampes de petit modèle, mais, calcu- lées pour fonctionner avecuneénergie de chauf- fage et une tension plaque beaucoup plus fortes CTRODES = que ces dernières, elles permettent de mettre dans. l’antenne une intensité importante et de réaliser des portées qui arrivent à présent à atteindre plusieurs milliers de kilomètres. Le plus gros poste à lampes réalisé en France pendant la guerre dispose de lampes absorbant chacune 150 watts environ, alors que les petites lampes courantes n’en absorbent guère que 20. Il fait une portée de 3 à 400 km. en téléphonie et 1.000 environ en télégraphie. La tension plaque est de 1.200 volts, alors que les petites lampes fonctionnentsous320.Le filamentestchauffésous 7 volts et 2 ampères. Des lampes plus fortes sont actuellement en construction. L'Allemagne et l’Angleterre en ont réalisé qui absorbent 7 kilowatts et supportent une tension de plaque allant jusqu’à 18.000 volts. C’est avec ces lampes également que l'Angleterre a projeté de réaliser son réseau impérial, dont les postes doiventcom- muniquer à des distances atteignant 3.000 à 3.500 kilomètres. De tels postes à lampes sont d’ailleurs encore à l'état de projet. Par contre, la Marine anglaise dispose de postes à lampes de puissance moyenne dont la portée sur mer atteint certainement et dépasse 1.000 km. et davantage et qui possèdent la propriété de pouvoir soit donner de l’onde entretenue, ainsique nous avons essayé de l'expliquer plus haut, soit une onde d’une autre espèce qui peut être reçue sans hété- rodyne. Cette dernière émission est obtenue très simplement de la facon suivante : au lieu d'ali- menter la plaque par du courant continu, l’alimente par du courant alternatif. Quand l’al- on “ternance qui rend la plaque positive passe, la lampe fonctionne; elle cesse de fonctionner quand la plaque, soumise à l’autre alternance, est devenue négative et repousse les électrons. Le poste émetteur envoie alors dans l’espace une onde entretenue interrompue et qui n’est émise que pendant la moitié du temps que dure le signal. Que se passe-t-il alors à la réception? Le détecteur, fonctionnant, donne au téléphone une impulsion qui dure pendant une demi-alternance du courant alternatif alimentant la plaque émet- trice, qui cesse pendant la demi-alternance sui- vante pour reprendre ensuite. Résultat : le télé- phone récepteur se mettra à vibrer en donnant une note dont la hauteur est directement liée à la fréquence de l’alternateur qui alimente la plaque des lampes d'émission. Il est donc inutile d'employer l’artifice de l'hétérodyne pour assu- rer la réception. Le dispositif d'ensemble est alors très simple : Les lampes d'émission ontleur | plaque alimentée par du courant alternatif, ce qui permet d'assurer, simplement à l’aide d'un transformateur, le haut voltage nécessaire. Ceci 46 Louis FRANÇOIS. — LES PROGRÈS DE LA T.S.F. AN OS TE donne de l’onde coupée, directement lisible à la galène ou à la lampe détectrice. Veut-on faire de l’entretenue pure, on envoie le courantalternatif dans une soupape qui le redresse et qui peut être précisément une lampe à 2 ou 3 électrodes. On retrouve alors l’alimentation de la plaque par courant continu et la réception se fait avec hété- rodyne. Une lampe valve allumée ou éteinte, et l’on passe de l’entretenue à l'émission par ondes interrompues qui permet de se passer d’hété- rodyne. Pour faire de la téléphonie avec ces postes à grosses lampes, on module le courant émis d’une façon moins simple que nous ne l'avons dit plus haut. C’est ainsi que le premier grand poste de téléphonie sans fil français avait deux sortes delampes : de grosses lampes émettrices et des lampes plus petites modulant cette émission. Le schéma était, dansses grandes lignes, le sui- vant: Un circuit microphonique, devant lequel on parlait, agissait par l'intermédiaire d’un trans- formateur sur la grille d’une lampe amplifica- trice. La plaque de cette lampe agissait sur la grille d’une deuxième. Le courant micropho- nique, plusieurs fois amplifié par des lampes en cascade, était finalement envoyé dans le pri- maire d’un transformateur disposé sur la der- nière plaque du dispositif amplificateur et dont le secondaire agissait sur la grille de 6 lampes émettrices fonctionnant en parallèle. L'avantage considérable d'un dispositif amplificateur de courant microphonique, c'était de permettre de ne pas faire passer dans le microphone un cou- rant trop intense tout en modulant avec une énergie suflisante le courant d'émission. Car la grande difficulté dans la téléphonie sans fil a toujours été de faire passer dans le microphone les courants assez énergiques dont on avait besoin pour émettre, sans brüler ces micropho- nes dont les modèles courants ne supportaient pas des intensités pareilles. Nous n’en dirons pas plus sur les postes émet- teurs à lampes. Ils ont rendu pendant la guerre des services inespérés, ont rendu la téléphonie plus pratique et tendent actuellement, quand les grosses lampes seront tout à faitau point, et dans certains pays tout au moins, à supplan- ter tout autre mode d'émission à ondes entre- tenues, au moins pour les distances que l’on peut appeler moyennes (inférieures à 3.000 km.). Leur inconvénient principal, c’est que les lam- pes sont très chères et que, si les frais de pre- mier établissement d’un gros poste à lampes sont relativement minimes, les frais d'entretien seront toujours très dispendieux. V.— LA LAMPE INSTRUMENT DE LABORATOIRE Il nous reste, pour être complet, à parler de la lampe comme instrument de laboratoire. Elle n’a pas rendu là de moindres services que dans ses autres applications. Nous décrirons sommaire- ment deux appareils dustous deux à MM, Abra- ham et Bloch et qui appliquent d’une façon très intéressante les propriétés des lampes. L’un est le voltmètre amplificateur qui a permis, pour la première fois, de mesurer des tensions alternatives très faibles de l’ordre du millivolt. La tension à mesurer est appliquée entre la grille et le filament d’une première lampe, qui traduit ces variations par des varia- tion amplifiées du courant plaque. Cette lampe amplificatrice estsuivie d'une seconde, amplifiant encore les variations du courant plaque de la première, et derrière cetle 2 lampe, on en place deux autres en parallèle qui fonctionnent en détecteuret donnent finalement dans leur cir- cuit de plaque un courant redressé en milli- ? ampères ou en microampères qui est lié à la diffé- rence de tension qui a agi surl’appareil à l’en- trée. On peut, si l’on n’a pas besoin d'employer toute la sensibilité de l'appareil, éteindre une ou deux lampes amplificatrices et n’employer dans ce dernier cas que les lampes détectrices. Pour déduire des déviations du milliampèremètre la tension que l’on cherche, il suffit d’étalonner l'appareil de la façon suivante : Un générateur local (hétérodyne) débite du courant alternatif à la fréquence approximative à laquelle on veut mesurer la tension cherchée, sur des résistances sans self connues. Un ampèremètre donne l’in- tensité du courant fourni par l’hétérodyne. La tension aux bornes des résistances est done connue; on l’applique à l'entrée du voltmètre amplificateur, ; on lit la déviation du milliam- pèremètre qui lui correspond.On construit ainsi une courbe d'étalonnage qu'il faut vérifier de temps à autre, mais qui reste suflisamment constante. On constate que pour les grandes ondes un milliampèremètre de courant redressé correspond à peu près à-!/,, de volt aux bornes d'entrée de l’appareil, toutes les lampes étant allumées. à Un emploi très intéressant du voltmètre ampli- ficateur est réalisé par la mesure de rayonne- ment d’un poste émetteur. Il suflit de recevoir le poste dont on veut mesurer le rayonnement dans un cadre de dimensions convenables et convenablement orienté (plan du cadre pas- sant par le poste à recevoir). Le voltmètre amplificateur donne la tension e induite par l'émetteur aux bornes du cadre. Connaissant la DUS A LA LAMPE A TROIS ÉLECTRODES 47 fr résistance du cadre pour la fréquence de l'onde reçue, quantité que l’on détermine facilement, on en tire, le cadre étant accordé à l’aide d’une capacité variable sur cette fréquence, l'intensité 7 du courant de réception par la formule e = 7. Cette intensité permet d'étudier le rayonne- ment d’une antenne donnée dans toutes les directions. On peut aussi, grâce à ces mesures de rayonnement, étudier la valeur comparative des divers types d'antennes pour un poste émetteur et, d’une façon générale, se ren- .dre compte de la valeur pratique d’un poste, non par les ampères qu’il met dans son antenne et qui ne sont pas toujours des ampères utiles, mais par les qualités mêmes qu'il doit avoir pour remplir la destination pour laquelle il même est fait, à savoir rayonner au maximum pour - une énergie au départ donnée. Le 2° appareil de mesure basé surles proprié- tés des lampeset dont nous nous proposons de parler s’appelle le multivibrateur et permet de mesurer les longueurs d’onde en valeur absolue. Avant la création de cet appareil, on mesurait les longueurs d’onde des postes en mettant en résonance sur ces ondes un circuit oscillant, appeléondemètre,comprenanten général une self fixe etune capacité variable ou bien l'inverse, et dont on évaluait la période soit par calcul, soit par comparaison avec un étalon. Il était difficile d’être absolument sûr des résultats, car les selfs ou les capacités parasites venant des connexions et les capacités des bobines étaient mal définies. En fait, le besoin d’une évaluation rigoureuse des longueurs d'onde, et par un procédé expérimental, se faisait impérieusement sentir. MM. Abraham et Bloch construisirent un appareil à 2 lampes appelé le multivibrateur, dans le détail du schéma duquel nous n’entre- rons pas et qui possédait la propriété d'émettre des courants alternatifs dont la fréquence était réglable à l’aide de capacités variables interca- lées entre la grille d’une lampe etla plaque de la seconde. L’appareil possédait en outre la pro- priété d'émettre, en même temps que le cou- rant alternatif fondamental, de très nombreuses harmoniques. Pour étalonner un ondemètre avec un tel appareil, on passe alors par les deux stades suivants :1° Etalonnage du multi- vibrateur à l’aide d’un diapason lui-même soi- gneusement étalonné, On écoute pour cela le son produit dans un téléphone par le courant alternatif fondamental que donne le multi- vibrateur eton le compare à la vibration du diapason. Quand les fréquences sont voisines, on entend des battements de plus en plus rares et on arrive parfaitement à réaliser l’accord à l’aide des capacités variables du multivibrateur. On connaît alors la fréquence exacte du courant émis par l’appareil, aux capacités duquel on ne touche plus. Les longueurs d'onde correspon- dant à la fréquence fondamentale (1.000 par exemple par seconde) sont beaucoup plus lon- gues que celles que l’on rencontre en T.S.Æ. 2° Aussi, pour étalonnerl'ondemètre, onl’accorde sur une des nombreuses harmoniques que le mul- tivibrateur émet en même temps que le courant fondamental. Il suflit de connaître le numéro d'ordre de cette harmonique pour avoir avec précision un point de la courbe d’étalonnage de l’ondemètre. La comparaison de l’onde élec- trique avec l’onde sonore, dont le nombre de vibrations peut être facilement contrôlé, a donc permis d’avoir une mesure très précise des lon- gueurs d'ondes de la T. S.F. en valeur absolue. Un autre appareil de laboratoire très intéres- sant a été imaginé par M. Gutton et permet de réaliser des ondes très courtes, de quelques mètres à peine. Il se compose essentiellement d’un poste à lampes dont les bobines plaqueet grille sont réduites à leur plus simple expres- sion. Il donne des ondes très courtes par le même mécanisme que celui d’un poste à lampes ordinaire.Cesondes courtes permettent d'intéres- santes expériences de laboratoire et leur emploi pourra peut-être conduire à des postes nouveaux. On cherche précisément en ce moment àaugmen- ter dans la gamme des ondes courtes les possibi- lités d'emploi des émissions de T.S. F. Il était intéressant de signaler ce mode de production d'ondes très courtes. Voilà donc ce que la T.S. F. moderne doit aux lampes : Une réception extraordinairement améliorée grâce aux amplificateurs. La possibi- lité de faire de la réception enregistrée, de la télémécanique, de la goniométrie et de se pro- téger contre les parasites. Une émission nou- velle, simple, facile à mettreen œuvre et donnant des portées allant à 2 ou 3.000 kilomètres. La possibilité de faire de la téléphonie de façon plus pratique qu'avec toute autre émission à ondes entretenues. Enfin, des instruments de labora- toire permettant des recherches et des mesures impossibles jusque-là. Tels sont les premiers progrés réalisés grâce aux lampes. D’autres sui- vront certainement, impossibles à prévoir, mais dès maintenant on peut dire que l'audion a entièrement rénové la T.S.F. Louis François. 48 J. VILLEY. — LE PROBLÈME DU MOTEUR D’AVIATION LE PROBLÈME DU MOTEUR D'AVIATION La conception, le calcul et l'établissement des moteurs d'aviation, ou du moins des moteurs d'aviation fixes !, ont subi une évolution prudente et progressive; cette méthode, logiquement in- troduite par l’évolution de la navigation aérienne vers les altitudes de plus en plus élevées, a été pratiquement imposée par l'urgence des réalisa- tions qu’exigaient les circonstances de guerre : on a adapté sur avions des moteurs antérieure- ment créés par les efforts prolongés de la techni- que automobile {moteurs de course), et on leur a fait subir des retouches successives en vue d’amorcer prudemmentet lentement l'adaptation à des altitudes progressivement croissantes. Les nécessités tactiques ont, avec une rapidité qu’on n’aurait jamais prévue, élevé les altitudes d'utilisation à des valeurs telles que les varia- tions de densité de l’air interviennent, non plus comme un facteur de correction, mais commeun terme fondamental du problème. Ce nouveau point de vue est encore accentué dans les projets actuels des ingénieurs qui songent à réaliser économiquement, en faisant voler les avions à des altitudes très élevées, des vitesses de trans- portinaccessibles aux altitudes actuellement pra- tiquées. Le progrès dans cette voie nouvelle est subordonné avant tout à la réalisation de cabines à atmosphère artificielle, assurant aux pilotes et passagers, avec la sécurité indispensable, un milieu physiologiquement acceptable. Mais une autre question doit être simultanément étudiée : le milieu dans lequel s’alimente le moteur est tellement modifié par rapport à ce qu'il était initialement, qu’il paraïîtrait logique et avanta- geux d'abandonner la méthode timide de l’adap- tation progressive du moteur automobile à l'aviation, pour envisager en soi le problème du moteur d'aviation pour altitudes élevées. Ce problème est le suivant : choisir, tant au point de vue thermodynamique qu'au point de vue mécanique, les formules de construction les plus avantageuses pour un moteur destiné à être normalement utilisé dans de l'air à densité beau- coup plus faible que celle du sol (égale par exem- ple au quart de celle-ci, ou mème encore plus réduite), mais sans oublier que ce moteur doit pouvoir fonctionner dans l'air à toutes les den- sités intermédiaires entre celle-là et celle du sol. A la période des réalisations urgentes, qui ne 1. Les moteurs rotatifs, qui répondent à une conception mécanique différente, ont été imaginés exclusivement pour l'aviation, permettait que l’évolution progressive, succède actuellement une période d’études, où les tenta- tives de révolution sont permises : sile construc- teur d'avions entreprend une telle révolution, il faut qu’elle soit tentée parallèlement pour le mo- teur. Autrement dit, il y a intérêt à ce que le pro- blème énoncé plus haut soit étudié sans parti pris, en évitant de se laisser trop influencer par les formules de construction actuelles, qui doi- vent étre considérées seulement documents. Nous ne prétendrons pas résoudre ici ce pro- blème. Il ne pourra l’être qu'après des expéri- mentations très longues pour lesquelles les installations sont encore, presque partout, à créer. Le seul but qu’on puisse, dès maintenant, se proposer légitimement, est de définir et classer les éléments très variés dont il faut tenir compte dans son étude; et c’est cela seulement que nous tenterons de faire. comme des I. — Mopes D'INTERVENTION DE LA DENSITE DE L'AIR Pour cela, il faut d’abord préciser les divers modes d'intervention de la densité de l'air dans lefonctionnementdes moteurs d'aviation actuels (dont les formules sont encore peu différentes des formules du moteur à explosion « xormal»). On peut les cataloguer ainsi : 1°Ces moteurs étant des moteurs à combustion interne, le remplissage normal fournitun couple moteur décroissant avec la densité de l'air d’ali- mentation ; 2e Ces moteurs à combustion interne étant de plus des moteurs à explosion, c’est-à-dire à mé- lange explosif préalable, leur coefficient de com- pression volumétrique ne doit pas dépasser une certaine valeur pour une densité de remplissage donnée; cette limite maximum croit lorsque la densité de remplissage diminue; 3 Ces moteurs étant utilisés actuellement à faire tourner une hélice invariable avec yn rap- port de vitesses invariable, le couple freinant est fonction non seulement de la vitesse du moteur, mais aussi de la densité de l’air ; d’où l'influence indirecte de l’altitude sur le couple moteur sus- ceptible d’être absorbé. Etudions succinctement les trois facteurs d’action ainsi définis. $ 1. — Variation du couple moteur avec la densité de remplissage La décroissance du couple avec la densité de l'air extérieur résulte immédiatement du principe J. VILLEY. — LE PROBLÈME DU MOTEUR D’'AVIATION 49 même des moteurs à combustion interne et à remplissige naturel, puisqu'il y a diminution progressive de la masse de fluide utilisée dans chaque cylindrée. Les résultats observés sont bien d'accord en gros avec ce que l’on peut prévoir, mais ils ne sont encore pas suffisamment catalogués, ni sur- tout assez précis, pour permettre d’énoncer et de justifier une loi générale; dans l’état embryon- naire où se trouve encore la documentation expé- rimentale, les discussions à priori sont vides. A titre d'exemple, on pourrait rappeler-une que- relle qui à sévi à une certaine époque, entre partisans de la proportionnalité du couple moteur soit à la densité d de l'air extérieur, soit à sa pression p ; les adversaires prétendaient donner une réponse, conforme à leurs préférences, adap- table à tous les moteurs uniformément, et sans seulement faire mention des conditions de réchauffage des gaz ; une simple analyse approxi- mative des éléments de ce problème suflit à montrer combien sont prématurées de telles querelles, où des raisons de sentiment rempla- cent les bases expérimentales vraiment trop . fragiles encore. Si on examine cette question à priori, on doit y distinguer d'abord deux éléments : — A) la décroissance du travail exercé sur le piston par les gaz de chaque cylindrée — et B) la décrois- sance du couple moteur utile sur l’arbre. A) Dans le calcul du couple brut, on peut envisager deux approximations successives 1° En considérant le rendement thermodynami- que comme invariable et déterminé par la cons- truction {coefficient volumétrique de compres- sion), le couple moteur brut sera proportionnel à la densité moyenne r de l’air de la cylindrée au moment de la fermeture des soupapes d’admis- sion, soit C.r. Si l'air était alors encore à la température extérieure, on aurait 7 — d'ou plutôt r = Ed, k définissant le coefficient de remplis- sage (voisin de {, et qui pourrait même dépasser 1 sous l’action de coups de bélier favorables dans la tuyauterie d'admission); si, au contraire, l'air, en s’échauffant dans les tuyauteries et surtout dans le cylindre, arrivait à une température moyenne pratiquement fixe et indépendante de la températureextérieure, on aurait approximati- vementr — k'p ; les lois réelles de variation de la masse de cylindrée viennent vraisemblable- ment s’intercaler entre ces deux lois extrêmes, en se rapprochant de l’une ou de l’autre suivant l'activité des échanges thermiques entre le mo- teuret l’air dans la phase de remplissage. 2° La seconde approximation ferait de plus intervenir, dans les variations du couple, les variations du rendement thermique en fonction de la densité de la cylindrée. L'évaluation elassi- que, qui fait dépendre ce rendement du seul coef- : ; À V +p ficient de compression volumétrique p — JTE L 0,41 k gi : - par la formule R — 1 — (= ) : faiten effet partie p/ de tous les calculs à priort, admissibles seule- ment à titre d'indication, qu'on fait trop facile- menten négligeantles échanges thermiques entre les parois et la masse gazeuse. L'importance de ces échanges suflit à montrer avec quelle pru- dence doit être utilisée cette approximation. De plus, les combustions défectueuses auxquelles on arrive, même avec de très bons dosages, pour des densités trop faibles, manifestent encore un autre mode d'action de la densité sur le rende- ment thermique. ; B) Mais quand on parle du couple d’un moteur il s’agit du couple net utile disponible sur l’ar- bre, c’est-à-dire du couple brut diminué du couple équivalent à l’ensemble des frottements; on l’écrira donc (en supposant par exemple la proportionnalité du couple brut à la-densité de l'air extérieur) C.d.— K. Dans les forces du frottement, certaines sont proportiannelles aux efforts moteurs principaux, c'est-à-dire aussi à d, et toutes les autres sont seulement fonction de la vitesse (couples absor- bés par toutes les commandes annexes, et portion des frottements principaux d’arbre moteur liée aux pressions d'inertie des pièces alternatives) ; en les séparant, on écrira le couple utile sous la forme C’.4 — K', où K’ est une constante pour un moteur donné tournant à une vitesse donnée. Les formules de construction actuelles condui- sent à des valeurs de K’ voisines de un dixième du couple principal au sol, soit approximative- AIS : Et ment K'— To ? € qui permet d'écrire le couple : : d, utile sous la forme C (a re) Pour tous ces moteurs le couple variera proportionnellement à l'excès de la densité de l’air d sur la densité ne 0 Le , limite —; c'est là simplement une conséquence 10? de ce fait qu'ils sont tous établis d’après les mé- mes traditions et les mêmes formules pratiques, ‘ ee, : 1 entrainant approximativement Tù relative du couple passif K’, mais il n’en résulte pas que la mème densité limite s’impose a priort à tous les moteurs qui pourraient être conçus suivant de nouvelles formules. Par exemple, un moteur construit spécialement pour l’altitude où d, 0 2 pour valeur -avec le même coefficient volumétrique de 50 J. VILLEY. — LE PROBLÈME DU MOTEUR D'AVIATION compression et un volume de cylindrée double, transmettrait les mêmes efforts et pourrait être réalisé avec des pièces mobiles dont le poids ne serait augmenté que faiblement; son cou- ple résistant K” serait alors peu augmenté, soit x, CA Cd, - K” = K'(1 +c) avec K = tandis que son coef- ficient C” serait doublé, soit C" = 2C'; il aurait, à cette altitude (5.300 m. environ), à peu près le mêmé couple que le premier moteur au sol : de ; : " ù (A D — K” = C'do — K'{1 +), et, aux altitudes supérieures, un couple décroissant suivant la loi: Ca — _ (1 + e) ou C” [a . (1 + a On voit tout ce qui reste à faire pour arriver à débrouiller l'intervention de tous ces facteurs dans la décroissance des couples moteurs avec l’altitude. $ 2. — Limitation du coefficient de compression volumétrique en fonction de la densité de remplissage La limitation du coeflicient de compression volumétriqueestliée à la réalisation du mélange explosif avant compression, c’est-à-dire au cycle à explosion : ilne faut pas que la compression soit poussée assez loin pour que l'échauffement correspondant entraine l’inflammation du mé- lange avant le moment convenable choisi pour l’allumage par étincelle. Ce phénomène de l'auto- allumage diminue beaucouple couple utile effec- tif, et même peut compromettre le moteur par les efforts à contretemps qu’il entraine; on l’évi- tera en ne dépassant pas pour le coefficient volu- V+p métrique p — » une certaine valeur maxi- mum qu'il importe de définir. Cette détermination ne peut pas être faite a priori, à cause de la complexité des circons- tancesquiinterviennent dans l’auto-allumage. Si c'était un allumage spontané (sans intervention de la paroi) du mélange supposé soumis à une compressionexactement adiabatique, l’auto-allu- mage se produirait pour une valeur déterminée du coeflicient de compression volumétrique, in- dépendante dela_densité, et variable seulement en fonction de là tempéralure {des gaz d’alimen- tation, puisque la tempéralure de ces gaz en fin de compression serait déterminéepar la loi adia- batique T — 49041, En réalité, il n’en est nullement ainsi et le coeflicient maximum admissible sans auto-allumage dépendessentiellement de la den- sité de remplissage, parce que les parois inter- viennent, non seulement par des échanges de chaleur dont l'importance relative varie beau- coup avec cette densilé, mais plus encore par “ l’incandescence de certaines portions saillantes (pointes de bougies, dépôts charbonneux...) dont l’'échauffement est lié à l’action accumulée des cycles antérieurs et dépend du régime thermi- que moyen. L'expérience indique que, avec les formules actuelles de construction et les coefficients de remplissage qu’elles comportent, on peut, sous la pression atmosphérique normale, élever le coefficient de compression jusqu'à la valeur po = 4,7 en restant à l’abri de tout inconvénient d’auto-allumage. Pour les remplissages à moin- dre densité obtenus par aspiration normale à des altitudes z plus élevées (ou, par le jeu d’un étranglement, au niveau du sol), on peut aug- menter le coefficient jusqu’à des valeurs limites 2: croissantes avec.z. Les données expérimen- tales précises acquises à ce sujet sont encore bien incomplètes; il semble que les dangers d’auto-allumage soient liés, en première ap- proximation, à la valeur de la pression atteinte en fin de compression; si on admet que la pression en fin de remplissage est à peu près égale à la pression extérieure p-, on aurait alors, pour défi- nir le coefficient maximum p- admissible à cha- que altitude z, la relation : 1 NS Popot'1 ou p:—= n(E)S avec po = 4,7 $3.— Variation du couple absorbable par l’hélice L'emploi d’hélices fixes indéformables, tour- nant avec une vitesse angulaire égale ou inva- riablement proportionnelle à celle de l'arbre moteur, entraîne que, pour une vitesse donnée (régime mécaniquement admissible pour le mo- teur) et pour un recul donné {conditions de vol déterminées), le couple freinant, c'est-à-dire aussi le couple moteur utilisable, diminuent proportionnellement à la densité de l'air. Cette loi de variation du couple freinant est d’ailleurs, au moins en première approximation, celle du couple moteur normal fonctionnant à pleine ad- mission, Grâce à cette concordance, le moteur normal, muni d’une hélice invariable à multipli- cation fixe, fonctionne aux diverses altitudes à des vitesses voisines d’une valeur fixe qu'un choix convenable de l’hélice fait coïncider avec le régime de vitesse mécaniquement admissible pour le moteur. Les trois modes d'intervention de l'altitude, qu’on vient d'analyser ci-dessus, sont relatifs aux moteurs à explosion, et à ce système seul. Ilimporte de noter que, si le moteur à explosion est le seul utilisé en aviation, l’évolution histo- rique qu'a subie son adaptation est encore un J. VILLEY. — LE PROBLÈME DU MOTEUR D’AVIATION 51 facteur important de cette situation de fait, Il serait imprudent d'affirmer, si l'on aborde le problème sous son aspect actuel, que le système à explosion soit à priort seul à envisager. Sion compare par exemple le moteur à vapeur et le moteur à explosion normal, on sait qu'au niveau du sol le second l'emporte de beaucoup comme puissance massique sur le premier. Mais celui-ci, utilisant l’évolution thermique d'un fluide indépendant du milieu extérieur, conserve un couple moteur fixe indépendant de l'altitude, et le rapport des puissances massiques s’inver- sera au-dessus d’une certaine altitude. Ainsi s'explique que des projets de moteurs à vapeur pour avions de hautes altitudes aient pu être en- visagés et étudiés par des ingénieurs très sérieux ; il ne semble pas d'ailleurs qu'aucun essai de réalisation ait été effectivement tenté, et /’«dap- tation du moteur à explosion aux hautes alti- tudes paraît susceptible de maintenir sa supé- riorité au point de vue puissance massique. Une solution moins révolutionnaire, et qui mériterait sans doute d’être sérieusement exa- minée, serait l'emploi de moleurs à combustion interne par injeclion progressive de combusti- ble dans l’air préalablement comprimé, Ce pro- cédé, éliminant complètement les auto-alluma- ges, supprime la limitation correspondante du coeflicient de compression volumétrique et per- met par cela même des augmentations notables de rendement thermique : le bénéfice qui en ré- sulte pourrait sans doute, dans bien des cas, l'emporter sur l’alourdissement du moteur lui- même.Ïlestintéressant d'observer que l'injection de combustible après remplissage d’air résout en même temps la difficulté principale rencontrée dans la mise au point du moteur à deux temps. Mais ces questions sontentièérement nouvelles au point de vue aviation, et leur étude pratique n’a encore été qu'eflleurée. Nous les Jaisserons de côté,etnousétudieronsseulementiciles méthodes utilisables pour adapter le moteur à explosion aux altitudes variées qui intéressent l'aviation. Il. — ADAPTATION DU MOTEUR A EXPLOSION A L'AVIATION L'élément nouveau à faire intervenir dans les applications aéronautiques est la variation de densité de l'air extérieur d'alimentation. Pour classer les modifications à faire subir aux mo- teurs et les accessoires à leur adjoindre, il suf- fira donc de considérer successivement chacun de ses trois modes d'intervention. $1. — Densité de remplissage Si l’on veut obtenir du moteur,à diverses alti- tudes, le couple moteur pourlequelil est calculé et construit, il faudra lui assurer toujours la densité de remplissage correspondante, c’'est-à- . dire abandonner le système deremplissage libre du moteur normal. On peut caractériser la den- sité de remplissage choisie par l'altitude Z où elle est spontanément obtenue par remplissage libre à pleine ouverture d'admission : nous pour- rons désigner cette caractéristique Z souslenom d'altitude de construction.Si on considère le pro- blème du moteur d'aviation en soi {au lieu de le considérer comme une modification progressive du moteur d'automobile), il est normal d'admet- tre qu’on pourra prendre comme point de départ, au lieu d’un moteur créé spécialement pour la pression particulière qui se trouve exister au niveau de la mer!',un moteur qu'aurait créé une mise au point analogue poursuivie sous une autre des pressions qui intéressent les avions: l'altitude de construction Z sera alors positive. Un léger effort de généralisation supplémentaire conduit d’ailleurs à penser qu'il n'y a pas lieu d’écarter a priori les cas où une densité de rem- plissage plus grande que celle spontanément réalisée par l'aspiration libre normale au sol paraîtrait avantageuse; ce qu’on pourra exprimer en disant que l’altitude de construction Z choi- sie pour le moteur serait alors négative. Si le moteur fonctionne à une altitude 3 infé- rieure à son altitude de construction Z, il faudra maintenir sa densité de remplissage normale, en limitant convenablement l’admission.Cette limi- tation peut être réalisée au moyen d’un étrangle- ment réglable de la tuyauterie d'admission : c’est le procédé le plus immédiat et le plus simple à appliquer. Elle pourrait être réalisée également par le clapet d'admission, qui resteraitlibrement ouvert seulement pendant une fraction réglable de la course d'admission, et se fermerait alors complètement : c’est un procédé qui a été préco- nisé en particulier par M. Witz. Ces deux pro- cédés sont très voisins l’un de l’autre, et leurs résultats ne différeraient guère que par les con- ditions différentes des échangesthermiquesentre les parois et le gaz pendant la phase d'admission. Ils exigent l’unet l’autre un réglage en fonction de l'altitude qu'il paraît intéressant, étant donné son importance,de confier à un organe de réglage automatique en fonction de la pression dans le cylindre à un moment donné du eyele.Ce réglage automatique peut aussi être fonction de la pres- sion atmosphérique extérieure (à condition d'y faire intervenir une correction en fonction vitesse de rotation du moteur lorsque la limita- de la 1. Cette idée très simple a été mise en valeur, avec une autorité particulière, par M, Caquot, à qui on doit l'impul- sion et le développement si remarquables du Service Techni- que de l’'Aéronautique pendant l’année 1918, [ol Le] J. VILLEY. — LE PROBLEME DU MOTEUR D'’AVIATION tion est réalisée par étranglement). Pour éviter cet organe de réglage automatique assez com- plexe,on peut aussi utiliser le remplissage libre, suivi d'un recrachement partiel par clapet taré pendant la phase de compression : c’est un pro- cédé qui a été expérimenté et paraît susceptible d'applications intéressantes. : Au contraire, lorsque le moteur fonctionne à une altitude z plus grande que son altitude de construction Z, si on veut maintenir la densité et le couple pour lesquels il est construit, il faudra avoir recours au remplissage forcé où suralimen- tation. D'abord tentée sans succès au moyen de pompes d'alimentation à piston entrainées par le moteur, la suralimentation a reçu une solution fortélégante sous la forme du turbo-compresseur Rateau, pompe d'alimentation centrifuge, à très grande vitesse entraînée par la poussée des gaz d'échappement sur une turbine coaxiale. Depuis lors, les efforts des constructeurs anglais et sur- tout allemands paraissent s'orienter plutôt dans la voie du compresseur centrifuge, entrainé, au moyen d’engrenages, par le moteur ou même par un moteur spécial supplémentaire. $ 2. — Coefficient de compression Tant que la densité de remplissage est mainte- nue à la valeur définie parl’altitude de construc- tion Z, on peut arbitrairement choisir pour le coefficient volumétrique s une valeur au plus égale à la limite maximum , correspondante, en particulier la valeur », elle-même si on recher- che le rendement thermique maximum. Mais, en l'absence de dispositifs auxiliaires capables de maintenir la densité de remplissage constante, ou en dehors des limites d’altitude où ils assu- rent effectivement ce résultat, la limite maxi- mum g. jusqu'où on pourrait élever » pour avoir le rendement maximum, varie avec l'altitude s- Pour éviter de perdre aïnsi un bénéfice possi- ble, on a envisagé, et même réalisé, des moteurs à compression variable; le réglage à faire inter- venir en fonction de l'altitude peut être obtenu, dans le cas d’un moteur à cylindres en ligne, par une translation relative de l’arbre moteur paral- lèlement à l’axe des cylindres. En fait, c’est une solution pratiquement inacceptable (au point de vue desréalisations mécaniques) pourles moteurs fixes à grosse puissance ; on devra donc choisir un certain coefficient de compression fixe p.Sup- posons que le moteur vole à l'altitude z, où la 2 limite est s-, et soit Æ la valeur du rapport £, d'où Or pz p—=kp;; si nous admettons la relation indiquée plus haut comme limite d'auto-allumage, la pres- sion p en fin de remplissage devra être au maxi- mum égale à la valeur donnée par la relation $ 1 M. P. ko pz Pl = poztht où pp: Tin qui indi- que, pour chaque altitude 3 {et au seul point de vue autoallumage), dans quelle proportion doit obligatoirement intervenirla limitation d’admis- sion lorsque Æ > 1 (autrement dit lorsques > p2), et dans quelle proportion la suralimentation peut être tolérée lorsque # < 1 [autrement ditp < pz). $ 3. — Hélices réglables La loi même de décroissance du couple mo- teur des moteurs normaux les amène automa- tiquement à entrainer, comme on l'a vu plus haut, les hélices fixes non réglables à des vites- ses peu variables en fonction de l'altitude et qui peuvent ainsi rester voisines du régime de vitesse mécaniquement acceptable pour le moteur. Les modifications signalées dans les deux pa- ragraphes ci-dessus visent au contraire à obtenir, à toute altitude, un couple moteur constant, aussi voisin que possible de celui que la construction du moteur rend mécaniquement admissible. Un moteur à couple constant, s’il actionnait une hé- lice invariable à multiplication invariable, lui imprimerait donc une vitesse croissante avec l'altitude. Comme les conditions de sécurité mé- canique limitent aussi bien la vitesse de rotation N que le couple moteur C, on serait amené à choisir l’hélice invariable telle que cette vitesse N soit atteinte à l’altitude la plus élevée L où l’on se propose de faire travailler le moteur avec son “couple fixe C. Aux altitudes inférieures z, C res- tant constant, la vitesse de rotation N, diminue- rait avec l'altitude conformément à la relation N>.d; — C*, c’est-à-dire proportionnellement à l'inverse de la racine carrée de la densité, et la puissance motrice, diminuant également suivant la même loi, deviendrait aux basses altitudes trop faible pour assurer de bonnes conditions de vol, ou même insuffisante pour permettre le départ du sol. : ; La conséquence immédiate, c’est que les mo- teurs spéciaux, capables de donner à toutes alti- tudes d'utilisation le couple moteur pour lequel ils ont été construits, ne peuvent amener à des progrès considérables en aviation que s'ils sont complétés par des hélices à pas variable, capa- bles d’absorber aux diverses altitudes la puis- sance C2rN pour laquelle le moteur est calculé, et mieux encore par des hélices à pas et multi- plication séparément variables, capables d’absor- ber cette puissance avec une vitesse de rotation adaptée à chaque altitude pour le rendement op- timum. C’est un problème deréalisation pratique assez difficile, pour atteindre la robustesse et la J. VILLEY. — LE PROBLÈME DU MOTEUR D'AVIATION 53 sécurité de fonctionnement indispensables. Les , donner a priorila solution adaptée à chaque cas; efforts qui sont poursuivis en vue de le résoudre | la première chose à entreprendre est de distin- permettent toutefois d'espérer qu’on arrivera à des solutions satisfaisantes. ILT. — CARACTÉRISTIQUES DE CONSTRUCTION Avec les procédés et accessoires dont il a été question au chapitre précédent, on pourrait donc réaliser (limitation, suralimentation, etc.), et utiliser (hélices réglables) des moteurs spéciaux d'aviation capables de fournir, entre deux limi- tes plus ou moins éloignées d'altitude, toute la puissance pour laquelle ils ont été construits. Une question fondamentale se pose alors : Ces moteurs peuvent devenir, surtout si l’on en- visage les altitudes d'utilisation très élevées dont on a beaucoup parlé depuis quelques années, fort différents des moteurs d'automobiles qui ont jusqu'ici servi de point de départ pour les adap- tations. Si l’on fait volontairement abstraction de toutes les habitudes imposées par l'évolution de fait que les moteurs actuels ont ainsi subie, où pourra chercher quelles formules de construc- ton paraissent a priori les mieux adaptées au problème nouveau ainsi envisagé en soi. Les trois caractéristiques essentielles du mo- teur sont : la vitesse de rotation N, la densite de remplissage dz, qu’on peut définir aussi bien (comme nous l’avons vu plus haut) par l’altitude de construction Z, et le coefficient volumétrique de compression p. La limitation de la vitesse de rotation N, liée surtout aux efforts d'inertie des pièces en mou- vement, dépend de considérations mécaniques qui laissent assez peu de marge pour un choix arbitraire. Toutefois les caractéristiques ther-. modynamiques {qui en comportent beaucoup plus) peuvent réagir de deux manières sur la vitesse maximum de rotation admissible : lors- que leur choix conduit à augmenter la masse de pièces en mouvement alternatif, ou lorsqu'il en- traine des échanges thermiques avec les parois assez intenses pour nécessiter une réduction de la fréquence des cycles. Il y aura donc là des considérations à ajouter encore aux facteurs déjà extrêmement complexes qui interviennent dans le choix des caractéristiques thermodynamiques proprement dites. Ces caractéristiques thermodynamiques sont essentiellement l'altitude de construction Z, et le coeflicient de compression £; leurs choix ne sont d’ailleurs pas indépendants, mais réagis- sent au premier chef l’un sur l’autre comme il est à prévoir et comme on le verra plus en détail ci-dessous. La complexité des facteurs d'action est telle qu'il serait déraisonnable de prétendre guer et de classer ces facteurs en vue de fournir un point de départ pour une étude expérimen- tale méthodique du problème. Il est inutile d’insister sur le fait que la den- sité de remplissage réalisée spontanément au niveau de la mer n’a aucune raison & priort d’être la plus avantageuse pour le moteur d’avia- tion dont nous envisageons l’étude. Le choix de l’allitude de construction Z se présente donc comme arbitraire dans de larges limites, les valeurs négatives devant même être prises en considération comme.on l’a indiqué plus haut. Pour rechercher des directives dans ce choix, il faut d’abord bien définir le but poursuivi, c'est-à-dire fixer l'altitude maximum d’utilisa- tion normale L où l’on se propose de faire tra- vailler le moteur à la puissance pour laquelle il est construit. Pour certaines applications spé- ciales, telles que l'emploi sur les avions militai- res de chasse, la considération de l'altitude d'utilisation normale se trouve primée par celle de l'altitude la plus élevée K jusqu'où le moteur sera capable d'élever exceptionnellement l'avion: Nous laisserons de côté cet aspect spécial de la question pour considérer seulement le cas de l’avion de transport, où la donnée intéressante est L. Si Zest l'altitude de construction du moteur, on appellera altitudes d'adaptation toutes les altitudes z pour lesquelles les accessoires qui lui sont annexés permettent de lui maintenir le même remplissage que dans l’aspiration libre à Z. Pour z < Z ce résultat suppose l’interven- tion d’un limiteur d'admission, et pour 3 > Z celle d’un dispositif de suralimentation. Les altitudes d'adaptation z pour lesquelles ce résultat sera effectivement réalisé seront com- prises entre deux limites k (inférieure) et H (su- périeure); et l’on a nécessairement £ Z 0; mais si 2. de, ce qui entraine la condition (L—Z) 0 puisque p< p,; —d’autre part, nous dirons qu’un moteur est allégé lorsque 5 < p, : pour le même coeflicient de sécurité mécanique, il sera moins lourd que le moteur normal (Z = 0) de mêmes dimensions, ou que tout moteur poussé à la limite d'autoallumage (Z,p2) de mêmes dimen- sions. Ces qualités (liées au choix de » lorsque Z, est déjà choisi) sont donc absolument indé- pendantes de la suralimentation {liée à Z < L) et de la limitation (liée àZ > 0); d'autre part, elles ne sont pas incompatibles entre elles : Par exemple, un moteur pourra être simultanément. suralimenté, surcomprimé et allégé, si l'on a LES Let po LE << Py» On ne pourra songer à définir les solutions les mieux adaptées aux divers genres d'avions (alti- tude maximum d'utilisation normale, et durée .des parcours) qu'après des expérimentations très complètes et très méthodiques, par conséquent très longues étant donnée la complexité des fac- teurs, systématiquement poursuivies en atmo- sphères artificielles. Elles sont du plushautinté- rêt si l'on poursuit la mise au point d’avions de très haute altitude, car elles peuvent conduire à les doter de moteurs fort différents, comme conception, des moteurs actuels : des tentatives engagées par de simples tätonnements ne sau- raient aboutir, dans cette voie, à des résultats ralionnels. J. Villey, Maitre de Conférences à la Faculté des Sciences de Caen, 56 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX BIBLIOGRAPHIE ANALYSES ET INDEX 41° Sciences mathématiques Fabre (Lucien). — Les Théories d'Einstein.— 1 vol. in-18 de 242 pages (Prix : 7 fr. 50). Payot, éditeur, Paris, 1921. Moch (Gaston). — La Relativité des phénomènes. — 1 vol. in-18 de 366 pages avec 21 figures (Prix : 7 fr.5o). Ernest Flammarion, éditeur, 26, rue Racine, Paris, 1921. Nordmann (Charles), Astronome de l'Observatoire de Paris. — Hinstein et l'Univers. — 1 vol. in-12 de 221 pages. Hachette, éditeur, Paris, 1921. Plus qu'aucune autre doctrine scientifique, la théorie de la relativité a le don d’intriguer et de passionner le grand publie. Par ses considérations sur la portée et les fondements de notre connaissance, par ses spéculations sur les concepts fondamentaux d'espace et de temps, il faut avouer qu'elle est de nature à troubler la quiétude intellectuelle de bien des gens dont la philosophie repo- sait jusqu'ici sur le mol oreiller des théories classiques, Il n’est pas étonnant dans ces conditions que différents auleurs, séduits eux-mêmes par l'étrangeté et la gran- deur des nouvelles conceptions, aient essayé de faire partager leur enthousiasme et se soient efforcés de pré- senter sinon le développement de la théorie, du moins ses principaux résultats d’une manière compréhensible et accessible au lecteur non familier avec l'appareil mathématique considérable exigé pour une étude appro- fondie. n'x Le plan suivi par Lucien Fabre dans « Les théories d’Einstein » nous paraît en tous points excellent : s'adressant à des lecteurs de formation scientifique très inégale, l’auteur a échelonné les difficultés et présenté la question en trois étapes : une introduction élémentaire, une étude historique d’ordre un peu plus élevé, puis, pour des lecteurs possédant quelques connaissances algébriques, un développement semi-mathématique. La première partie ne présente pas de difficultés spé- ciales et peut être abordée par tout le monde. On doit regretter toutefois que l’auteur ne s'y soit pas étendu davantage et ne lui ait pas donné dans son livre la place qu’elle mérite : certaines des conséquences de la théorie, notamment celles concernant le temps, sont si délicates pour des esprits non prévenus qu'il n’est peut- être pas inutile d’y insister et de les envisager sous toutes leurs faces de manière à dissiper par avance toute confusion. Il est juste de dire d’ailleurs qu’elle est complétée fort heureusement par l'étude historique qui, plus détaillée et sans être plusdiflicile, offrira au lecteur toute satisfaction. Les chapitres IL, IV et V, destinés à ceux encore nom- breux qui connaissent les premiers éléments de l'algè- bre, sont à notre avis les mieux réussis, et tout lecteur qui se donnera la peine de les lire, possédera sur le sujet des vues précises et particulièrement bien ordon- nées, Successivement l'auteur étudie la notion de relativité ou mieux, comme il le dit, d'indépendance (rappelons que le principe de relativité fut appelé aussi: principe d'indépendance de l'absolu) des réalités géométriques, mécaniques et physiques, et chemin faisant expose l’es- sentiel de la théorie dela relativité sous ses deux formes, restreinte-el générale. Un dernier chapitre consacré à l’examen critique dela théorie termine l'ouvrage et l’auteur, en même temps qu’il exposel’opiniondivergente dedifférents physiciens, y présente quelques remarques personnelles. Dans l’ensemble, l'ouvrage, pour lequel Einstein lui- même a écrit une préface, est bien conçu, et suivant l'expression même de l’auteur chacun trouvera à y gla- ner selon ses propres connaissances. "+ La Bibliothèque de Philosophie scientifique nepouvait manquer de présenter un ouvrage sur la question; elle le. fait sous la signature de M. Gaston Moch. j Une des caractéristiques du présent livre réside dans l'abondance des dissertations et des commentaires qui occupent plus de la moitié de l'ouvrage. e Le volume n’y perd pas comme intérêt, au contraire. À part quelques passages qui font double emploi avec d’autres volumes de la même collection, tous ces déve- loppements ont leur utilité, soit qu’ils éclaircissent le sens d'une locution ou la portée d’un énoncé, soit qu'ils préviennent à l'avance quelque équivoque possible, Dans cet ordre d'idées, l'introduction et la première partie intitulée « Physique et Métaphysique » constituent | une véritable préparation à l’étude des nouvelles con- ceptions : tout ce qui de près ou de loin se rattache à la notion de relativité et ses extensions modernes y est mentionné et analysé. ; Avec une telle entrée en matière, la lecture des chapi- tres consacrés à la théorie de la relativité proprement dite devient aisée et nous n’avons rien trouvé dans son exposition qui puisse arrêter le grand public. Les pré- cisions numériques qui sont données, ainsi que la dis- cussion de nombreux points de détail qu'on trouve rare ment ailleurs, achèvent d’éelairer le lecteur et de fixer ses idées. Après cet exposé substantiel et très suflisant, l'auteur revient à ses préoccupations du début et passe un exa- men critique des nouveaux concepts. Il ne saurait être naturellement question dans cette ra- pide analyse de donner notre sentiment, même écourté, sur toutes les discussions soulevées. Bornons-nous à dire qu’à notre sens on aurait tort de prendre à la lettre des fictions mathématiques qui ne sont que de simples manières de parler et de douer d'objectivité de purs artifices de calcul. Pour user d'une comparaison physique, ces fictions BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 57 mathématiques, ces artifices de calcul, ont autant de chances d'existence que les masses positives et négali- ves de la théorie du magnétisme, On sait qu'il est à peu près certain que les masses magnétiques n’ont aucune réalité et que le doublet magnétique n’est qu'un être de raison, une simple manière de parler équivalant aux courants atomiques fermés de la théorie électronique; mais on sait aussi de quelle utilité est la considération de ces masses pourl’étude du magnétisme et quelsavan- tages on en a retiré pourl’avancement de’cette partie de la science. Pareillement, ilen va de même en relativité dont les artifices de caleul ne sont que des procédés analytiques, commodes pour exprimer le comportement des phénomènes physiques. Par Avec M. Cherles Nordmann nous retrouvons la manière enjouée et un peu légère qui caractérise ses chroniques scientifiques dans les quotidiens, L'auteur s'est entendu à claritier un sujet considéré comme par- ticulièrement diflieile et le lecteur ne saurait trouver un meilleur guide pour une première initiation, Sans doute, ce dernier, une fois sa lecture achevée,ne pourra prétendre à une connaissance approfondie de la théorie; mais rien ne l’en empêchera, s’il en a le désir et les con- naissances, de porter ses pas plus avant : l'ouvrage de Ch. Nordmann lui aura montré le chemin. Du plan suivi par l’auteur, nous n'avons rien à dire de particulier, l'originalité du livre résidant surtout dans le ton de l'exposition etles exemples choisis. A cet égard, l’auteur a pleinement réussi dans son objet, qui était d’instruire sans ennuyer, etsonlivre, malgré l’ari- dité des questions traitées, demeure pour le grand public des plus passionnant. D'un plus grand intérêt que l'exposé de la relativité elle-même seront, pour ceux qui la connaissent déjà, les deux derniers chapitres du volume consacrés aux objections contre la théorie telle qu’on la présente d'or- dinaire; il y a là, condensés en quelques pages, des argu- ments précis d’une force singulière qu’on fera bien de méditer, L'auteur y fait une large place à la discussion des fondements de la relativité portée récemment par M. Painlevé devant l'Académie des Sciences. Aux con- elusions qu’en tire Ch. Nordmann nous ajouterons celle- ci, déjà signalée par M. Brillouin : c'est que, si révolu- tionnaire que puisse paraitre la théorie de la relativité, elle n’est au fond qu'une théorie physique comme les autres, et que, de même que les autres théories physi- ques, elle subira tôt ou tard une limitation de principe. De tout ceci résulte qu’il y a encore de beaux jours pour les chercheurs et que, sans diminuer le mérite d’Eins- tein, on peut être sûr qu'après lui viendront d’autres esprits qui se tailleront une place très honorable dans l’histoire de la science etde la relativité en particulier. MAURICE SAUGER. 2° Sciences physiques Ariès (E.), Correspondant de l'Institut. — I’œuvre scientifique de Sadi Carnot; introduction à l’étude de la Thermodynamique.— 1 vol.in-16 de 160 pages, de la Collection Payot (Prix cart.,:4% francs). Payot et Cie, éditeurs, Paris, 1921. MM.Payot et Cie ontentrepris de publier une « Ency- elopédie française de haute culture ne comprenant que des volumes d’une incontestable valeur scientifique et des ouvrages de tout premier ordre » ; la belle étude de M. Ariès réalise de tous points l'engagement que les éditeurs ont pris à l'égard du public. C’est plus qu'une introduction à l'étude de la Thermodynamique, C’est un compendium de celte science, très résumé, il est vrai, mais lumineux, préeis, bien ordonné et riche en aperçus profonds et suggestifs, Pour goûter l’œuvre et en tirer profit, il faut sans doute déjà savoir : ceux qui savent déjà liront ces pages avec un vif intérêt el, pour en tirer le suc qu'elles renferment, ils les médi- teront et les reliront. Voici les titres des chapitres : 1 — Le principe de la Conservation de l'Energie ; II — Le principe de Carnot; II — La température absolue et l'Entropie; IV — La dissipation ou la dégradation de l'Energie; V — Les deux facteurs de l'Energie; VI — Les problèmes de l'avenir. Les dernières lignes de l’ouvrage sont à citer, car elles en dépeignent la physionomie : « La Thermody- namique estune science bien conforme au génie de notre race, qui se suflit à elle-même, et devrait pouvoir ger- mer avec abondance sur notre sol, sans être obligée de passer nos frontières pour aller s’appauvrir à l'étranger. Puisse ce petit volume, inspiré par notre seul désir de faire pénétrer cette vérité dans l'esprit de la jeunesse de de sa modeste portée, à la renaissance et à la culture de cette notre pays, contribuer, dans la mesure belle science, avec l'unique semence que nous devons à un grand Français,à Sadi Carnot. » AIMÉ W1rz, Correspondant de l'Institut. 3° Sciences naturelles De Launay (L.), Membre de l'Institut, Professeur à l'Ecole supérieure des Mines et à l'École des Ponts et Chaussées. — Géologie de la France. — 1 vol, pelit in-8° de 5or p., avec 64 photogr. et 53 fig. dans le texte, 8 cartes hors texte en couleurs (Prix : 4o fr.). Librairie Armand Colin, Paris, 1921. Id. — Où en est la Géologie? —1 vol. in-12 de 205 p, avec 13 fig.de la Collection des mises au point, Gau- thier-Villars et Cie, éditeurs, Paris, 1921. Dans le livre que M. de Launay vient de consacrer à la Géologie de la France, les grandes régions de notre pays sont groupées en massifs anciens et fosses d’effon- drement connexes, aires d’ennoyage, chaines plissées, littoral et prolongements sous-marins. Le texte, comme l'auteur le dit lui-même dans sa préface, ne comporte aucune coupe locale détaillée, aucun nom de fossiles et aucune référence bibliographique. Pour rendre plus clair son exposé, le savant professeur de l'École des Mines numérote les étages géologiques de 1 à 6o. Une abondante illustration, constituée par des photogravu- res et par des cartes en couleurs très schématiques, facilite la lecture de l'ouvrage, qui vient heureusement 58 compléter la longue liste des œuvres de vulgarisation de l’éminent Académicien. L'opuscule de M. de Launay qui fait partie de la col- lection des « Mises au point » est écrit dans un style vivement coloré, destiné à rendre compréhensible pour tout le monde les récentes découvertes des géologues. Les premiers chapitres envisagent la sédimentation (facies, diagénèse, métasomatose) et la tectonique, qui a surtout aujourd'hui pour champ d'activité les char- riages. L'histoire des océans précède un exposé des relations de la Géologie avec l’Astronomie et la Phy- sico-Chimie, où sont largement développées les idées les plus hardies sur la mort de la Terre et du Soleil, les évaluations géologiques en années, la constitution de la Lune et de l’intérieur de notre globe, Le livre se termine par des considérations de Géologie appliquée sur la métallogénie, la recherche de la houille, du pétrole et des minerais métalliques, L. JorEeAuUD. Chauveaud (Gustave), Directeur de Laboratoire à l'Ecole des Hautes-Etudes. — La Constitution des Plantes vasculaires révélée par leur ontogénie. — 1vol. in-8° der56 p. avec 54 fig, (Prix:10 fr.)- Payot et Cie, Paris, 1921. . Il y a déjà une vingtaine d'années, MM. Edm.Perrier et Ch. Gravier attiraient l'attention des naturalistes sur l'importance considérable des recherches de M.Gustave Chauveaud!. Depuis lors, celui-ci n'a cessé de multi- plier ses observations, Après en avoir exposé les résul- tats principaux dans un Mémoire fondamental?, il en publie aujourd'hui pour ainsi dire la conclusion sous cetitre significatif: Za Constitution des Plantes vascu- laires révélée par leur ontogénie. Ce serait certainement méconnaitre entièrement la pensée de l’auteur que voir dans cet ouvrage l’exposé d'une nouvelle théorie de la constitution des plantes vasculaires. Il se borne au contraire à mettre cette constitution en lumière par l'étude méthodique des faits relatifs à leur ontogénie. La première partie de son ouvrage est consacrée à l'examen des diverses théories en présence et des objec- tions qui leur #euvent être opposées. « Après avoir constaté, dit Gustave Chauveaud [p. 48], que, parmi toutes les théories proposées jusqu'à présent, aucune ne se montrait en concordance parfaite avec les faits . observés, il nous a paru indispensable de revenir à l’on- togénie,afin de reconstituer exactement toutes les forma- tions du végétal. C'est pourquoi nous avons substitué lobservation directe aux différentes hypothèses etessayé de suivre pas à pas l'édification des diverses parties du corps de la plante, en prenant l'œuf pour point de départ. » Ainsi donc, c’est par une étude minutieuse de leur développement, examiné dès ses débuts, que 1. Eom.PErrieret Cn. GRavier : La Tachygénèse ou accé- lération embryogénique... Ann. Sci. Nat., Zool., (8), XVI, 1902 (133-374; v. surtout pp, 152-156). 2. L'appareil conducteur des plantes vasculaires et les phases principales de son évolution. Ann.Sci. Nat., Bot. (9), XIII, pp. 113-438, 218 fig., 1911 .[Analysé par JEAN DecPpny (Les Pages Modernes, t. VIII, no 51, pp. 170-172, févr. 1912).] BIBLIOGRAPHIE. — ANALYSES ET INDEX l'on peut espérer se rendre compte du mode de forma- tion du corps des plantes vasculaires. Quelles sont les conséquences auxquelles une telle étude conduit ?Ilest bon, pour la commodité de l’expo- sition, d'envisager successivement, comme le fait l’au- teur : 1° la morphologieexterne,2° la morphologie interne ou structure. En ce qui concerne la première, Gustave Chauveaud a « réussi à mettre en évidence l'unité fondamentale qui paraît avoir étécommune à toutes les plantes vasculaires ouplantes à racines, C’est une plantuleen miniature,dans laquelle on reconnait aisément deux parties distinctes; l’une, dirigée en haut, offrant la forme et la coloration d'une feuille ; l’autre, dirigée en bas, ayant la forme et la coloration d’une racine.Nous donnons à la première le nom de phylle,à la seconde le nom de rhize, et à la plan- tule le nom de phyllorhise, » Dans l’étudede la morphologie interne,on peut se bor- ner à celle de l'appareil vasculaire, constituant principal de la structure. « Si l’on veut comprendre l'appareil vas- culaire, il faut l'observer depuis son origine et s'adresser, par conséquent, aux premiers stades du développement de la plante.» Cet appareil est essentiellement cons- titué par la formation de systèmes élémentaires succes- sifs, dont chacun correspond à une phyllorhize, « L’unilé fondamentale du système conducteur est le conver- gent » ; celui-ci est « composé d'un faisceau vasculaire centripète en alternance avec deux demi-faisceaux cri- blés ». La considération de cette unité permet de com- prendre l'appareil conducteur des Phanérogames ; on sait d'autre part que E. Bertrand et Cornaille { ont pu expliquer par celle du divergent la structure des Cryp- togames. Or, « le convergent correspond à la moitié seulement du divergent, et cela montre qu'il représente bien la partie fondamentale la plus simple qui puisse être distinguée dans l'appareil conducteur des Crypto- games », Mais ilintervient naturellement au cours du dévelop- pement des plantes vasculaires des circonstances perturbatrices dela formation des phyllorhizes et de l'évolution du convergent.La plus importante de ces cir- constances est l'intervention d'unetachygénèse intense, à laquelle Gustave Chauveaud donnele nom d’« accéléra- tion basifuge » et qui permet de comprendre toute l'or- ganisation des plantes vasculaires et notamment «e paradoxe que « la racine, c'est-à-dire le membre auquel est attribué la plus récente origine »,mais dans laquelle l'accélération basifuge se manifeste très peu, présente la structure la plus primitive. Bien des naturalistes ont fait des applications abusi- ves de la loi de Serres (ou de Fritz Müller), loi biogéné- tique fondamentale?, Il ne semble pas que l’on puisse faire un tel reproche à Gustave Chauveaud. Comme il le disait dès 1911% : «le développement révèle des faits de la plus grande importance, tant au point de la phylo- génie de la tige que de sa morphologie, Ainsi, l’onto- 1. Travaux et Mémoires de l'Université de Lille, t. X, 1902, 2, On consultera avec le plus grand intérêt sur ce sujet l’article d'Etienne RapAup : Les phénomènes embryonnaires et la phylogénèse (Setentia, t. XIX, n° xzvunr, # avril 1916). 3. Op. cit., pp. 165 et 166. BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 59 génie montre une succession de phases qui sont carac- térisées chacune par une disposition différente des deux sortes d'éléments conducteurs. Comme, d'autre part, cette succession s'effectue suivant un ordre constant, cela fournit un critérium précieux pour établir l’âge relaif de ces différentes dispositions. » IL est vrai que Gustave Chauveaud, lui aussi, aurait pu mettre en épigraphe à ses travaux ces paroles de Lamarck: « Quelques diflicultés qu'il y ait à découvrir des vérités nouvelles en étudiant la nature, il s’en trouve de plus grandes encore à les faire reconnaitre, » JEAN DELrny, 0 Chef de travaux à l'Ecole des Hautes Etudes. Laurent (J.), Docteur ès sciences, Professeur au Lycée et à l'Ecole de Médecine de Reims, Lauréat de l’'Ins- titut. — La Végétation dela Champagne crayeuse. Erupe De GÉOGRAPHIE BOTANIQUE, — 1 vol. in-8° de 355 p. avec 24 planches et 9 cartes. E. Orlhac, éditeur, 4, rue Dante, Paris, 1927. Cet ouvrage qui vient de paraître est, en même temps qu'une œuvre scientifique, la dernière pensée d’un savant français chassé de ses laboratoires de Reims par les obus allemand. Il fawt lire la touchante préface de ce livre,signée de M.le Professeur G, Bonnier,pour savoir quelle perte est pour la science française la mort de J.Laurent, « La Végétation de la Champagne crayeuse » résume une grande partie de ses travaux et nous mon- tre quel souci de la vérité animait ce passionné des choses de la nature. - Dans quatre longs chapitres,l'auteur étudie successi- vement le climat, le sol, les formations et les associa- tions végétales, les sous-districts de la Champagne, Les caractéristiques de la végétation de la Champagne crayeuse se trouvent dans la présence de quatre for- mations : les tourbières, les garennes primitives, les savarts et les pineraies, et pour chacune l’auteur étudie avec grand soin les relations entre le sol et la plante. Dans les dernières lignes de son ouvrage, l'auteur formule cette conclusion que nous ne pouvons nous empêcher de citer textuellement: « Peu nous importe que nous possédions sept ou huit formes de Papaver Rhæas; si ces formes peuvent vivre côte à côte sur le même terrain, elles témoignent simplement de la disso- ciation de l'espèce ; mais s'il était possible de démon- trer que chacune d’elles exige des conditionsécologiques spéciales, soit que le milieu détermine la forme, soit même que la forme restant fixe ne puisse se dévelop- per que dans un milieu donné, la Phytogéographie perdrait son allure primitive de science descriptive pour prendre son caractère véritable de science expli- cative de la distribution des végétaux. » Marcel RIGoTARD, Ingénieur agronome, Delafosse (Maurice), ancien gouverneur des colonies, professeur à l'Ecole coloniale et à l'Ecole des Langues orientales, — Les Noirs de l'Afrique. — t sol. in-16 de 160 p. avec 4 cartes, de la Collection Payot (Prix P yol( cart. dl Payot et Cie, éditeurs, Paris, 1922. Les Noirs africains sont restés longtemps très mal connus des populations européennes et en même temps très inexactement jugés, mais aujourd'hui que le mou- vement dela colonisation nous a fait pénétrer parmieux, nous avons plus de facilités pour nous rendre compte de leur vie véritable dans le présent et dans le passé. Mais souvent on s’est créé des opinions trop superfi- cielles; pour bien comprendre ces peuples, il faut avoir été assez longtemps en contact avec eux et avoir appro- fondi toutes les connaissances les concernant. Aussi, l’auteur de ce volume, M. Maurice Delafosse, qui les a vus de près comme explorateur et administrateur, et qui, s'étant toujours attaché aux questions d’ethnogra- phie, n’a cessé d'étudier leurs langues si nombreuses, leurs mœurs, leurs usages, leurs traditions, leurs gen- res de vie à touspoints de vue, avait-ilune compétence toute particulière pour retracer leur existence à tra- vers les âges et les dépeindre aujourd’hui. Son but a été de présenter un aperçu d'ensemble sur l’histoire des populations de race noire, habitant le continent afri- cain, et sur leurs civilisations, leurs caractères maté- riels, intellectuels et sociaux. L'ouvrage renferme de nombreuses connaissances ethnographiques, très ins- tructives et très précieuses à signaler pour la science, pour l’histoire et pour la colonisation. L'auteur remontejusqu'aux temps préhistoriques pour rechercher les origines des Noirs africains, et c'est avec beaucoup d'érudition historique qu'il suit tous leurs développements et leurs traces de civilisation dans l’an- tiquité et au moyen âge. Puis, à partir de cette époque jusqu'à nos jours, il étudie successivement les Noirs dans trois grandes zones africaines séparées: Afrique occidentale, Soudan central et oriental, Afrique méri- dionale, On ne peut manquer d’être frappé, par toutcet exposé historique, de l'importance qu'ont prise certains Etats indigènes et de l'organisation qu'ils eurent. Arrivant à l'époque actuelle, M. Delafosse montre ensuite, en tenantcompte des nombreuses diversités que les Noirs présentent selon les régions, quels sont les caractères principaux pouvant être relevés chez eux quant aux civilisations matérielles, aux coutumes sociales, aux croyances et pratiques religieuses, aux manifestations intellectuelles et artistiques. Ces derniers chapitres contiennent encore beaucoup de précieux détails et sont un tableau très précis et très frappant de ce qu'est le Noir de l'Afrique aujourd'hui. A chacun des dix chapilres de son ouvrage, l’auteur a ajouté des bibliographies qui forment par leur ensem- ble une documentation très étendue et très précieuse, G,. REGELSPERGER. 60 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Séance du 27 Décembre 1921 de M. Schwarz, Correspondant pour la Section de Géométrie. 10 SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. Em. Borel : Les fonctions quasi-analjtiques de variables réelles. — M. M. Gevrey : Sur la détermination des intégrales des équations aux dérivés partielles d'ordre 2 p à m varia- bles admettant une famille multiple de caractéristiques d'ordre p. — M. Gast. Bertrand : l'équation de Kred- holm et les masses statiques de la première sorte. — M. d'Azambuja: Sur un mode de représentalion gra- phique dés filaments de la couche supérieure de la chro- M. le Président annonce le décès mosphère solaire. L'auteur présente un planisphère sur lequel sont marqués tousles filaments observés sur les spectrohéliogrammes du calcium pendant une rotation (n° 881) du Soleil. 20 SCIENCES PHYSIQUES, — M, Ch. Ed. Guillaume: Déterminations fondamentales et vérifications récentes des mètres-étalons.La comparaison des résultats obtenns en 1889 et 1920 dans la vérification des mètres-êtalons au Bureau international des Poids et Mesures montre que les équations relatives du prototype M et de ses témoins sont restées identiques, tandis que les règles 26 et T,; ont subi un allongemént indiscutable, Celui-ci a faussé peu à peu les valeurs numériques des longueurs déduites des étalons d'usage et qui se sont trouvées exprimées en nombres trop faibles; mais cette erreur doit se trouver compensée, pour certaines tempéra- tures, par une erreur positive inverse dans les dila- tabilités déduites des déterminations fondamentales. — M.H.Hubert : Nouvelles recherches'sur les grains ora: geux en Afrique occidentale .Il apparaît de p'us en plus que, du moins dans les régions soudanaises, les grains s’élaborent lentement dans le plan horizontal situé à la limite commune de la mousson et de l’harmattan. Ils s’entreliennent en cours de route, puis se désagrègent peu à peusuivantles obstacles qu'ilsrencontrent.L'abais- sement de température provoqué par le passage d'un grain peut dépasser 10°. — M. E. Carvallo: Le pro- blème de la relativité dans les diélectriques. —M. 3. Villey : La liquéfaction adiabatique des fluides. L'au- teur montre que les résultats de M. Brubat, critiqués par M. Ariès, sont pleinement d'accord avec les prévi- sions auxquelles conduit, d'une façon plus intuitive, la conception cinétique. — M. L. de Broglie : Sur la théorie de l'absorption des rayons X par la matière et le principe de correspondance. L'auteur démontre que le coefficient de la loi de Bragg-Pierce est une constante universelle exprimable en fonction des constantes de l'électron et du rayonnement, — M. A. Dauvillier: Contribution à l’élude de la structure des éléments de nombre atomique moyen. L'auteur donne le résultat de ses mesures sur les spectres de haute fréquence de l'or, du cérium, de l’antimoine, — M, R. Boulouch: Sur le problème de l'achromatisme. Etablissement des conditions de l’achromatisme angulaire et de l’achroma- tisme latéral. —M.Ch.Staebling: Sur la radio-activité desoxydes d'uranium. Les préparations d'oxyde vert d’urane, même très pur,s’hydratent lentement à l'air, ce qui pourrait expliquer leur diminution d'activité, Les oxydes noirs,obtenus par calcination à très haute tem- pérature,ne s’hydratent pas; leur radio-activité ne varie pas. Il semble donc exister un oxyde noir défini, qui. serait U?0° ou une variété allotropique de l’oxyde vert U*O8, — M. H.Pélabon: Sur La constitution du sélénium. Les différents échantillons de sélénium gris doivent être formés de mélanges en proportions variables . de deux modifications x et 8. La modification serait très résistante; la modification @ serait au contraire très conductrice, — M. P. Woog : Rela- tions entre les propriétés moléculaires et la capacité de fixation d’iode de certains hydrocarbures. L'au- teur déduit la proportion de doubles liaisons de la sur- face occupée sur l’eau par une molécule moyenne d'huile ; l’étalement de ces corps sur l’eau n’est dû, en effet, qu'à la présence active de ces doubles liaisons. Si l’on calcule le poids d’iode correspondant à celles-ci (à raison de 2 at. d'I par double liaison) et qu'on en retranche les valeurs d’iode absorbées par molécule, il reste des quantités d’iode qui semblent être en relation régulière avec les poids moléculaires. — MM. Samec et V. Ssajevic: Sur la composition de l'agar. Dans l’agar, l'acide sulfurique et peut-être aussi silicique semblent jouer un rôle analogue à celui de l'acide phosphorique dans l’amidon. L’agar serait donc un éther sulfurique de gélose, de formule approximative (C6H!005);7 SO'H?. — MM.M.Niclouxet G.Walter: Wicro-analyse quan- titative gravimétrique de l'urée.Les auteurs ont appliqué les micro-méthodes de Pregl au dosage gravimétrique de l’urée, à l’état de xanthylurée, tout d’abord en solw tion aqueuse, puis dans le sang lui-même. Les résultats sont remarquablement satisfaisants. — M. E. Aubel:. Attaque du glucose et du lévulose par le bacille py0cye anique. Ces deux hexoses sont décomposés avec forma- tion de méthylglyoxal, puis d'acide pyruvique, d’acé- taldéhydeet enfin d’alcoolet d'acide acétique.En outre le méthylglyoxal se transforme en acide acétique el aldéhyde formique, dont le dernier donne, par oxyda- tion, de l'acide formique. — MM. P. Courmont, A.Ro- chaix et F. Laupin: Sur le rythme de la disparition de l’ammoniaque au cours de l'épuration des eaux d’égout par les boues activées. Cette disparition est fonction linéaire dutemps. 3° ScrENCES NATURELLES. — M. W. Kilian : Sur un problème de la tectonique des chaines subalpines dau- plinoises. La simplicité de structure des chaines subal- pines dans les Montagnes de Lans, de la Grande Char- treuse et des Bceauges ne serait qu'une apparence; leur portion orientale serait formée par des écailles post- burdigaliennes plongeantes, elles-mêmes reployées, et ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 61 les chaînons situés à l’est du synclinal molassique de Voreppe seraient seuls complètemerit autochtones. — M. A. Schoep : Sur la kasolite, nouveau minéral radio- actif, Ce minéral provenant du Katanga, en morceaux compacts formés d’agrégats cristallins à structure sac- charoïde, jaune d’ocre et jaune brünâtre, répond à la composition 3PbO,3UO:.3Si0?.4H°20. Il est soluble en jaune dans l'acide azotique. — M. Alb. Petit : Sur la cytologie de deux bactéries. Dans les deux Bactériacées étudiées, le protoplasme se présente avéc les mêmes caractères : c’est une masse spumeuse, renfermant dans ses mailles de nombreux grains sidérophiles. Dans le bacille endosporé, ces granulations disparaissent pen- dant la croissance de la spore, tandis que se différencie un corps nucléiforme; on pourrait interpréter ces faits en admettant que ces granulations sont de nature chro- natique et se condensent pendant la sporogenèse en un noyau transitoire. — M.L. Daniel : Nouvelles recher- ches sur les greffes d'Helianthus. La mise en réserve est toute différente chez les greffes à épibiote ne fabriquant pas d’inuline et chez celles dont l’épibiote etl’hypobiote en élaborent simultanément. — M. L. Emberger : Contribution à l'étude cytologique du sporange chez les Fougères. Les cellules épidermiques des Fougères doi- vent subir des modifications profondes pour arriver à former un sporange, Ces modifications consistent en un rajeunissement. En oulre, un chloroplaste, même très différencié, peut revenir à l'état de mitochondrie dans les périodes de repos fonctionnel. — MM. Ed. Chat- ton et A.Lwoff : Sur une famille nouvelle d'Acinétiens, les Sphenophryidae, adaptés aux branchies des Mollus- ques acéphales. — M. Boel : L'adaptation automatique de l'angle d'attaque du vol chez les organismes vivants (étude sur le mécanisme duvolnaturel): Un plan, libre autour d'un axeet soumis à la résistance de l'air, adop- tera un angle d'attaque tel que la résultante de la résistance de l'air passe par cet axe. L’auteur montre que le vol des insectes, des oiseaux et des graines ailées obéit à cette loi. — M. Aug. Lumière : Sur le méca- nisme des accidents provoqués par l'injection de sérum d'épileptiques. Les résultats obtenus à la suite de l’in- jection de sérum d’épileptiques correspondent exacte- ment à ceux que l’on observe dans le choc anaphylac- tique et dans le choc par contact. La cause déterminante des crises comitiales doit done vraisemblablement être rapportée à l'excitation des centres par des floculats.— M. L. Blum : L'action antiphlogistique des sels de cal- cium. Le mécanisme de l’action du calcium dans les phénomènes d'inflammation est identique à celui qui est à la base de son action diurétique : il déplace le sodium et avec celui-ci de l’eau. Séance du 3 Janvier 1922 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES, — M, P. Montel : Sur les familles quasi-normales. — M. Auric: Sur la géné- ralisation des fractions continues. — MM. Gossot et Liouville : Sur les principes de la Balistique exté- rieure. Les auteurs discutentles résultats obtenus, dans un certain nombre de problèmes de Balistique exté- rieure, par les deux Ecoles de l'intégration et de la com- pensation. 2° SCIENCES PHYSIQUES, — M. G. Sagnac : Les inva- riants neswtoniens de la matière et de l'énergie radiante, et l'éther mécanique des ondes variables. Pour l’auteur, l'hypothèse de la relativité générale impose sans raison physique l'impossibilité de toute variation dans la vitesse des ondes. Elle supprime d'autre part l'existence sur la Terre du vent d’éther dont l’auteur a donné la théorie mathématique. — M. H. Chaumat : Sur le gal- vanomètre balistique, L'auteur donne des formules utilisables pour tous les galvanomètres et permettant d'établir des équations réduites, car elles font apparai- tre le rapport de la valeur d’amortissement dans des conditions quelconques de fonctionnement de l'appareil à la valeur de l’amortissement correspondant à la périodicité critique. —M.R. Jouaust: Sur la réceplion des ondes entretenues par modulation, La modulation à la réception consiste à faire varier périodiquement par un dispositif quelconque l'intensité du courant dans les organes récepteurs; on obtient ainsi un courant audible au téléphone dont l'amplitude, dans le cas d'une modulation complète, est la moitié de celle du courant qui circule dans les organes récepteurs. — M. Taffin : Le recuit des verres. L'auteur a repris les expériences d'Adams et Williamson, en cherchant à généraliser leur loi expérimentale pour des retards compris entre 95 et 5 pp. Il propose deux modifications de cette formule, qui représentent bien les expériences pour des tensions comprises entre 50 et 100 pu. — MM. A. Zimmern et E. Salles : Zlude spectrographique du dévirage du pla- tino-cyanure de baryum dans effet Villard. Les radia- tions susceptibles de détruire l'effet Villard semblent se répartir en quatre bandes principales : la plus basse dans l'infra-rouge, une dans le vert-jaune, une dans le bleu et une dans l'ultraviolet. — MM. R. Fosse et A. Hieulle : Synthèse de l'acide cyanhydrique par oxydation, en milieu argentico-ammoniacal, d’alcools, de phénols et d'amines. — M, J. Effront : Sur les pro- priétés distinctives des amylases de différentes prove- nances. Les amylases de différentes provenances se distinguent par le rapport entre leur pouvoir liquéfiant et leur pouvoir sacchariliant, par l'intensité de leur pouvoir saccharifiant, par leur température oplima, par leur action à la température de 20° et par leurs résis- tances aux températures de 90°, g5° et 100. — M. R. Combes : La recherche des pseudo-bases d’an- thocyanidines dans les tissus végétaux. Les corps que Noack croit avoircaractérisés comme pseudo-bases dans les extraits amyliques de tissus végétaux sont des phlobatannins, et les substances rouges qu'il a obte- nues par chauffage en présence des acides, et considé- rées par lui comme des anthocyanidines, sont des phlo- baphènes. 3° ScreNCES NATURELLES. — M. L. Gentil : L'âge des phosphates marocuins. Les phosphates marocains sont, au moins en grande partie, crétacés, d'âge maëstrich- tien et danien, Ils atteignent en hauteur le Montien, à l'extrème base du Tertiaire, le Corax pristodontus qui persiste dans le Montien se trouvant dans les parties les plus élevées des couches phosphatées. — M. P. Vien- not : Le contact anormal du Flysch nord-pyrénéen au nord de Saint-Jean-Pied-de-Port, Le caractère anor- 62 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES mal du-contact du Flysch nord-pyrénéen est aussi , apparent sur la feuille de Sainñt-Jean-Pied-de-Port que sur celle de Mauléon, La grande variation du pendage de la surface du contact le long de sa ligne d’aflleure- ment montre que cette surface est elle-même plissée. — M. Ph. Négris : L'Atlantis et la régression quaternaire. D'après l’auteur, la forme du lit sous-marin de l'Hudson River, qui se présente à la profondeur de 2,000 m.ayec un canon dont les murs encaissants ont plus de 1.100 m. de hauteur, confirme l'idée d’un affaissement et de la submersion de l’Atlantis, en même temps que de la régression quaternaire. — M, A. Allemand-Martin: Les lignites du Cap Bon (Tunisie). Les lignites du Cap Bon sont compris entre le niveau à Zuritella Jimbriata, Cerithium lignitarum et Ostrea crassissima; comme ils sont plus rapprochés de l’âge tortonien que de l’àgé helvétien, ils peuvent être considérés comme étant tor- toniens, — M, L. Moret : Sur la présence de calcaires à Alvéolines d'âge probablement anversien à la base du Nummulitique du plateau d’Aräche (Haute-Savoie). — M. J. Savornin : Les captures de l’'Oum er Rebiaet l'ly- drographie générale du Moyen-Atlas marocain. L'auteur signale une nouvelle capture de l’Oum er Rebia, celle du haut Bou-Regreg-Aguenmour, — M. P. Lesage : Etude des plantes salées, pendant la période où se produisent des anomalies. Les plantes arrosées à 12°/,, de NaCI absorbent 8 fois plus de sodium que les témoins. Les graines des plantes salées sont plus arron- -dies, plus dodues que celles des plantes témoins. — M. Martin-Zédé : De l'influence de l'orientation sur le succès de la transplantation des arbres. L'auteur a pratiqué à Anticosti la transplantation de divers ar- bres, en les replaçant dans la même direction initiale, par rapport aux points cardinaux, qu'ils possédaient dans la pépinière. Sur le nombre des arbres ainsi remis en terre, le nombre de,ceux qui séchaient était insigni- fiant (6 à 8 °/,), alors qu'avant l'application de cette méthode il dépassait souvent 50 ?/,. — MM. L. Léger et E. Hesse : Coccidies d'oiseaux palustres, Le genre Jarrina n.g. — M. R. Hovasse : La régulation du nom- bre des chromosomes chez les embryons parthénogéné- tiques de Grenouille rousse. Son mécanisme. Cette régulation est générale et précoce. Elle n'est pas le résultat d’une fusion du pronucleus femelle avec le second globule polaire non émis. Elle dépend vraisem- blablement d’une augmentation de la quantité de -chromatine nucléaire aux dépens des produits nucléi- niques existant dans le cytoplasma de Fœuf, — M. R. Courrier séminale et des caractères sexuels secondaires chez les Sur l'indépendance de la glande Poissons. Par l’action de la chaleur, on active les divi- sions spérmatogénétiques dans le testicule de l’'Epi- noche d'hiver et l’on obtient des ampoules séminifères ayant une structure entièrement identique à celle qu’elles possèdent en été. La glande séminale ne pro- voque pas l’apparition des caractères sexuels secon- daires et en particulier la sécrétion spéciale du rein, — M. A. Lécaillon : Surles caractères d’un hybride issu de l'union d’un canard musqué mâle et d’une oie d'Egypte femelle. Get hybride se rattache incontestablement par certains caractères aux deux espèces don il est issu; mais il a néanmoins aussi des caractères spéciaux, On ne pourrait le regarder comme constitué par une mosaïque de caractères dont les uns seraient identiques à ceux du père et les autres identiques à ceux de la mère, — M. KR. Stumper : Le venin des fourmis, en particulier l'acide formique. Le venin des fourmis étu- diées par l'auteur ne renferme, comme acide volatil libre, que H.COOH. S'il y existe d’autres acides, ce n’est qu’en quantité négligeable. — M, et Mme A: Chau- chard : Mesure de l'excitabilité d’un nerf sécrétoire : corde du tympan et glande sous-maxillaire. Les lois qui régissent l’excitabilité d'un nerf sécrétoirerentrentdans la formule générale des nerfs itératifs. — MM. Rous- selot et À. Marie : Sur un signe auditif de spéciji- cité. Les syphilitiques atteints de syphilis neurotrope ancienne présentent souvent le signe suivant : intégrilé de l’audition pour les notes aiguës jusqu'aux environs de2.000 vibrations doubles ; diminution progressiveau- dessous, jusqu’à surdité presque complète pour 64 vi- bralions doubles. — MM. A. Sartory et L. Moinson: Sur un cas de moniliase bronchique. Description d’un cas d'affection pulmonaire, dû à la présence d’un cham- pignon du genre Monilia dans les poumons. SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PHYSIQUE Seance du 12 Decembre 1921 M. H. Chipart : Sur les actions mutuelles de cou- rants et d'aimants plongés dans un liquide magnétique illimité, Pour calculer ces actions, Boltzmann a proposé, en 1893 les lois suivantes : 1° Les actions mutuelles de deux courants plongés dans un liquide illimité sont pro: portionnelles à la perméabilité p. de ce liquide. 2° Les actions mutuelles de deux aimants varient en raison inverse de »,30 L'action d'un courant sur un aimant est indépendante de y. Ces énoncés sont en désaccord avec la théorie de l’aimantation induile édifiée par Poisson, laquelle nous apprend que les trois lois de Boltzmann ne s'appliquent qu'au système comprenant des aiguilles aimantées, des plaques aimantées tangentiellement, des courants linéaires et enfin des nappes de courants. En toute autre circonstance, les règles de Boltzmann abouti- ront nécessairement à des résultats inexacts. Un exemple topique est tiré de l’étude du principe d'équivalence entre courant linéaire et feuillet magnétique : de la théorie de Poisson on conclut que l'énoncé donné par Ampère pour les courants et feuillets placés dans le vide sub- siste sans modifications lorsque ces corps sont plongés dans un liquide magnétique, résultat tout différent de celui que fournissent les lois de Boltzmann. Ces lois fictives ne peuvent donc être conservées, Parmi les énoncés généraux qu’on déduit de la théorie classique de Poisson, il en est trois qui paraissent devoir retenir plus particulièrement l'attention, L'auteur les expose successivement. Première règle : Les actions subies par les corps U’, U”, U”,..., plongésdans un liquide magné- tique illimité, de perméabilité y, sont fois plus grandes que les actions mutuelles des corps U'y, Us, Us, placés dans le vide. Seconde règle : Pour calculer les actions mutuelles d’aimants et courants plongés dans un liquide illimité, de perméabilité z, on commencera CR un its RS ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 63 par faire ce calcul dans l'hypothèse où ces mêmes corps sont placés dans le vide et possèdent des aimantations permanentes et des perméabilités y fois plus petites; on multipliera finalement par y les résultats obtenus. Troi- sième règle: Pour calculer les actions mutuelles de corps plongés dans un liquide, de perméabilité u —1 + 4 tk, on peut faire abstraction de ce liquide et appliquer les formules à condition d'attribuer à chacun des corpsun coefficient fictif d’aimantation (k'— }) égal à l'excès du coeflicient véritable k’ sur le coeflicient À du liquide considéré, Remarque finale : Tous les résultats qui précèdent s’étendent à l’électrostatique. Par consé- quent les expériences statiques ne permettraient pas, à elles seules, de mettre en évidence la constantediélec- trique etla perméabilité d'un liquide illimité non con- ducteur dans lequel seraient plongés des conducteurs électrisés, des diélectriques, des courants et desaimants. Les formules de Lorentz apprennent que cette conclu- sion négative tombe en défaut lorsqu'on expérimente sur les corps en mouvement, — M. P. Chévenard : Appareilindustriel d'analyse thermique. Le nouvelappa- reil, créé il y a un anaulaboratoiredes aciéries d’Imphy (de la Société Commentry, Fourchambault et Decaze- ville), est destiné au contrôle des produits métallurgi- ques et à l’enseignement. Le nouvel appareil comporte un double système d'enregistrement : il inscrit à la fois, Sur un tambour de chronographe, les variations de température et les changements de longueur d’un échantillon soumis à une chauffe et à un refroidisse- ment réguliers. Les anomalies de ces graphiques carac- térisent les transformations thermiques de la subs- tance étudiée, Mais, tandis que les singularités de la courbe « température-temps » # cessent d'être percep- tibles quand la température varie lentement, celles de la courbe de dilatation À conservent une amplitude sem- siblement indépendante de la vitesse de chauffe ou de refroidissement. Cette courbe A a donc pour but de révé- ler dans tous les cas les phénomènes critiques, alors que la première en détermine la température.Pour l’ins- cription de la température, l'appareil utilise un pyro- mèêtre à dilatation basé sur les propriétés d'un alliage spécial, le Pyros. L'échantillon étudié est formé d'un cylindre foré suivant son axe d’un canal étroit dans lequel s'engage à frottement douxune aiguille de Pyros. Il est disposé dans’ un tube de silice contre le fond -duquel bute l'extrémité de l'aiguille pyrométrique. Celle-ci, grâce à sa petite masse, se met rapidement en équilibre thermique avec l'échantillon et ses change- ments de longueur correspondent aux variations de température de la substance étudiée; la dilatation de l'aiguille, reportée hors du four par une tige de silice, est amplifiée une centaine de fois à l’aide d'un système de deux leviers : un de ceux-ci porle une plume qui marque sa trace sur un tambour de chronographe; un dispositif analogueinscrit la dilatation de l'échantillon. Des précautions spéciales ont été prises pour éviler la rencontre des deux plumes quand la substance étudiée est beaucoup plus dilatable que le Pyros. Ce métal, dérivé du Baros de M. L. Dumas, est essentiellement un alliage de nickel et de chrome durci par une addition de tungstène ou de molybdène. Il est inoxydable et rigide à haute température; il ne présente aucune sin- gularité thermique et sa loi de dilatation, exactement réversible, s'exprime par une fonction parabolique pour toutes les températures supérieures à l’ambiante, En associant ce métal à la silice fondue, on réalise des pyromètres à dilatation, précis, indéréglables, robustes et dont le fonctionnementest rapide et sûr. Ainsi, l’analy- seur est insensible aux trépidations et les tracés obte- nus sont toujours nets, même si l'appareil est installé à peu de distance d’un marteau-pilon en activité, Les différentes transformations des aciers, des ferro-nickels. des bronzes d'aluminium sont caractérisées avec net- teté et l'appareil convient particulièrement au contrôle thermique des aciers spéciaux. — M, A. Pérard : /ndi- cations sur les méthodes de détermination des étalons primaires en quartz. Conformément aux décisions du Comité international des Poids et Mesures, les étalons primaires en quartz sont destinés à constituer un nou- veau contrôle de la stabilité de l’unité métrique, Ces étalons, établis par M. Jobin, présentent la forme de prismes à section carrée de 25 mm. de côté,dontles arètes sont parallèles à l'axe cristallographique, et dont les bases,soigneusementtravaillées,planeset parallèles, défi- naissent par leurdistance la valeur de chaque pièce, Deux méthodes de détermination par les interférences lumi- neuses ont élé élaborées, qui, entre autres avantages, répondent à la condition d'éviter toute argenture sur les surfaces terminales des quartz, opération suscep- tible, par sa répétition, d’altérer la valeur des étalons. Les phénomènes lumineux que ces méthodes mettent en jeu sont essentiellement différents; maiselles utilisent, l'une et l’autre, un dispositif semblable : interféro- mètre Michelson légèrement modifié, l’étalon à étudier étant disposé sur un support réglable devant la région centrale de l’un des miroirs interférents. Dans la pre- mière méthode, l'étalon et les deux miroirs sont réglés au parallélisme optique. En lumière monochromatique convergente, on peut observer les anneaux à l'infini detrois manières : 1° entre les miroirs directement, dans les régions marginales, de part et d'autre de l’élalon ; -2° entre les miroirs à travers le quartz, l’un des fais- ceaux traversant l’étalon en un point choisi; 3° entre les deux faces de l’étalon seul, les deux miroirs étant masqués, La détermination de l’ordre d'interférence au centre de ces divers phénomènes fournit trois équations indépendantes à trois inconnues qui sont : la distance optique des miroirs; l'indice moyen relatif (par rap- port à L'air ambiant) du quartz au point observé; l'épaisseur du quartz en ce point, Dans la deuxième méthode, les régions centrales des deux miroirs de l'in- terféromètre sont désargentées sur une surface corres- pondant à la section de l’étalon à étudier ; la face posté- rieure de celui-ci est amenée très près de l’un des miroirs, et inclinée sur lui d’un pelit angle; on règle le second miroir, en orientation et en distance, de façon à obtenir son parallélisme optique avec le premier, et son recoupement optique avec la face antérieure de l'étalon, Si l’on dirige alors un faisceau monochroma- tique convergent, et en même temps la visée de la lunette, sur les régions marginales des miroirs en dehors du quartz, on observe les anneaux à l'infini; et ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES un faisceau parallèle projeté dans la région centrale de ces miroirs donne naissance à deux phénomènes de franges de Fizeau qu'il est aisé de séparer : d’une part un masque opaque intercalé devant le second miroir ne laisse susbsister que les franges localisées entre le premier miroir et la face postérieure de l'étalon; et d'autre part, en lumière blanche, les franges colorées, qui ne sont visibles qu'au voisinage immédiat du con- tact optique, apparaîtront seulement entre la face anté- rieure de l’étalon et le second miroir. La différence des lames d'air qui peuvent êlre ainsi mesurées donne l'épaisseur de l’étalon, dont l’inclinaison est d’ailleurs exactement connue. L'auteur indiqueles résultats obte- nus par ces méthodes. ACADÉMIE D’AGRICULTURE . Séances de Juin et Juillet 1921 M. Jean Chauzit donne les conclusions d’expérien- ces concernant l'emploi du soufre comme agent de fer- tilisation. Le soufre répandu dans une terre cultivée a une action très nette sur le rendement agricole. Cette action varie suivant la quantité de matière organique existant dans le sol, suivant l'étendue de la surface de contact et la durée du contact. Pratiquement la quan- tité de soufre à employer est de 4oo à 600 kg. à l’hec- tare, enfouis à l'automne avec le fumier ou d’autres fu- mures organiques. — M. Alfred Le Chatelier a donné un rapport sur les Phosphates du Maroc. Onsait que leur exploitation est assurée par un Oflice chérifien qui est une tentative intéressante d'œuvre coloniale. — M. Edmond Théry a exposé ce que le Communisme a fait dela Russie agricole. I] montre les tentatives de réforme agraire poursuivies de 1861 à 1906 par l’Ad- ministration tsariste. Les statisliques comparées des moyennes obtenues dans les rendements pour les deux périodes 1898-1902 et 1908-1912 montrent très nette- ment les augmentations moyennes qui sont le fait des réformes de 1906. Pour les cultures d'orge, de maïs, de betterave, de blé,de pomme de terre, les accroissements sont respectivement de 62, 44, 42, 87, 31 °/,. Et la nata- lité accuse un accroissement de 220/o de 1902 à 1912. Aucune nation de l'Europe ne peut montrer un essor décennal agricole comparable à celui de la Russie d'avant guerre, et cela sans main-d'œuvre étrangère. Cela justifiait réellement l'amélioration du crédit exté- rieur de la Russie. Cela pourrait justifier aussi son crédit d’après-demain, si demain lui assurait une res- tauration de son organisation administrative et de son labeur. Les monopoles étatistes el la socialisation des moyens économiques furent l'œuvre du Gouvernement soviétique : il conduisit à la ruine l’exploitation des chemins de fer, l'industrie métallurgique, toute la pro- duction et l’industrie agricole, en même temps que les finances de l'Etat. L’abolition du droit de propriété sur la terre créa des luttes quotidiennes entre paysans et communes.Le système de réquisition des produits agri- coles fit de l’agriculture un travail forcé dont le rende- ment s’affaissa, en 1920, de 930/, Sur les prévisions soviétiques. La famine fut l’œuvre de trois ans de poli- tique désastreuse. Ce grand pays d’exportation de pro- duits agricoles n’a plus qu'une disponibilité intérieure qui n’est que de 50 ?/, de ses besoins. Il faudrait dix ans d’une nouvelle orientation économique pour replacer l’organisme russe sur des positions qui restau- rent ses facultés d'exportation. — Le Général Toutée préconise l'exploitation des palétuviers; ce n’est pas tout à fait nouveau, — M. Vilcoq recommande pour le traitement de la coccidiose hépatique du lapin une dose de 25 cgr.d’'un extrait éthéré de racine de fougère mâle, — Des expériences de M. .Ch. Lormand ont montré l'efficacité de la chloropicrine pour la destruction des Renards, On l'emploie en avril en versant 1/2 litre de chloropicrine dans un terrier dont on bouche les orili- ces. — M. J. B. Gèze a fait une étude des Zlés mouche tés. D’après l’auteur, la moucheture ne serait qu’une poussière superficielle et non une altération du grain.— M. André Gouin a expérimenté le sorgho dans l'ali- mentation intensive du porc. Sinous ne produisons guère de sorgho en France, nous avons une production abondante en A.O.F. Cette semence se place comme valeur aliméntaire au même rang que le blé, l'orge, le seigle, le manioc. 100 kg. de sorgho sont équivalents à 125 kg. d'avoine et à 140 kg. de sarrasin, La richesse nutritive du sorgho atteint celle du tourteau d’arachide. Les animaux sont friands de sorgho. Avec du lait écrémé et 200 kg. de sorgho on peut tirer des porcelets 7 kg. de viande grasse en 4 mois. Cette viande peut être obtenue à bas prix puisque le sorgho se vend 35 fr, le quintal. Il faut compléter la nutritivité du sorgho par de la poudre d'os (10 kg.)et un peu de tourteau d’arachi- des (70 kg.) pour 2q. de sorgho. 200 petits éleveurs de la région nantaise ont actuellement fait l'heureux essai de cette graine très recommandable, — M. Paul Mar- chal lit un mémoire sur l’ëntroduction en France d’ün parasite américain du puceron lanigère du Pommier, l’Aphelinus mali Jaldeman. A l’état larvaire ce petit Hyménoptère est parasite du Puceron lanigère. Les pre- miers envois en France sont de 1920 et on a créé d’abord des postes d'élevage à Paris, Montargis, Antony,Rouen, Lyon et Bordeaux. Ces postes se sont multipliés. Ce parasite est une recrue de plus qui s'ajoute à l’action de nos prédateurs indigènes. Il sera intéressant d'en sui- vre l'extension, et aussi l'utilité de son concours dans la lutte contre un des plus dangereux ennemis du Pom- mier, — M. le Dr E. Rey expose ses expériences de quatre années sur la culture sarclée du Blé. Trois faits importants se dégagent de ses conclusions : 1° La eul- ture sarclée, pratiquée convenablement, assure une augmentation considérable du rendement, car la moyenne à l’ha.s’est élevée de 20 à 6o hl.2° Elle réalise une économie de semence de 70°, car il suflit de 100 | grains au m? au lieu de 300 à 400.3" Elle permet l’éco- nomie des engrais azotés, qui ne se montrent pas très, actifs dans’ce genre de culture, et l’on peut pratiquer la culture du blé pendant plusieurs années sur le même sol. Mais l’auteur insiste qu'il faut opérer sur sol très propre, bien entretenu et ameubli par des binageset sarclages, Nous voudrions voir imiter M. Rey dans di- verses régions à blés où l’on se désintéresse trop des méthodes nouvelles. — M.Vilcogq a fait des essais de destruction des Coquelicots dans les céréales. Une so- Jution à 5ou6°/, de sulfate de cuivre s’est montrée efficace sans causer de sérieux préjudice à la céréale. Pratiquement les procédés mécaniques semblent préfé- rables aux procédés chimiques. En. Gain. |] 7 Le Gérant : Gaston Doi, Sté Gle d'Imp. et d'Éd., rae de la Bertauche, !, Sens. 33: ANNÉE N°85 15 FÉVRIER 1922 KReçoue générale De. Sciences pures et appliquées FONDATEUR LOUIS OLIVIER Direcreur : J.-P. LAN GLOIS, Professeur au Conservatoire national des Arts-et-Métiers, Membre de l’Académie de Médecine Adresser tout ce qui concerne la rédaction a M. J.-P. LANGLOIS, 8, place de l’Odéon, Paris. — La reproduction et la traduction des œuvres et des travaux publiés dans la Revue sont completement interdites en France eten pays étrangers y compris la Suede, la Norvege et la Hollande CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE $ 1. — Distinctions scientifiques Elections à l’Académie des Sciences de Paris. — Dans sa séance du 30 janvier, l'Académie a procédé à l’élection d’un Académicien libre en rempla- cement de M. J. Carpentier, décédé. Les candidats pré- sentés par la Commission spéciale étaient : en 1"° ligne, M. Maurice de Broglie; en 2° ligne, M. Paul Séjourné ; en 3° ligne, MM. J. Charcot, Al. Desgrez et M, d'Ocägne. Au {4° tour de scrutin, M. d'Ocagne a été élu par 35 suf- frages contre 32 à M. Séjourné.— M. d'Ocagne est pro- fesseur à l'Ecole Polytechnique et à l'Ecole des Ponts et Chaussées, et l’auteur de travaux bien connus sur la Nomographie. Dans sa séance du 6 février, c’est au remplacement de M. A. Grandidier dans la Section de Géographie et Navi- gation que l’Académie a procédé. La Section avait pré- senté la liste suivante de candidats : 1° M. G. Ferrié ; 20 MM. K, Arago, Eug. Fichot, G. Perrier, Ed, Perrin et J. Tilho. Au premier tour de scrutin, le Général Ferrié a été élu à la presque unanimité des suffrages,— Le _ nouvel Académicien a derrière lui une œuvre considé- rable dans le domaine de lat.s.f. et de ses applica- tions à l’art militaire et à la navigation. Aux deux nouveaux élus, qui sont ses collaborateurs, la Revue adresse ses plus cordiales félicitations. $ 2. — Nécrologie Camille Jordan, de l’Académie des Sciences (6 janvier 1838 — 21 janvier 1922). — Pour parler d’un Savant de cette taille, je n'ai qu'un seul titre: mon admiration, mon affection, mon respect, La France REVUE GÉNÉKALE DES SCIENCES, perd, en M. Jordan, un homme de sa plus haute élite! Qu’a fait Camille Jordan ? Abel, en 1826, a prouvé l'impossibilité de résoudre une équation algébrique'par des radicaux ,en général, au delà du 4° degré.Il faut donc chercher autre chose et,d’abord, les équations spéciales, résolubles par des radicaux, quel que soit leur degré. Ici intervient une idée. Lors- que les méthodes actuelles des mathématiques sont inaptes à donner la solution totale, quantitative, d’un problème, on essaie de faire une étude qualitative de la question. Si l’on parvient, en effet, à connaître des qualités, en nombre croissant, d’une fonction ou d’un nombre,on finira par atteindrece nombre, comme on atteindrait un point géométrique par des courbes de plus en plus étroites, entourant nécessairement ce point. Notons donc que la mathématique n’est pas seulement la science du nombre en lui-même,mais aussi la science de l’ordre et de la situation,abstraction faite des grandeurs abso- lues, Telle est l'idée directrice de Camille Jordan. Jordan s'applique, dès 1860, à l’Algèbre de l’ordre, l’'Algèbre des idées, bien plus haute que l’Algèbre des calculs, et, tout naturellement, il continue l’œuvre de cet enfant génial et décevant, Galois, qui, blessé dans un duel ridicule, mourut en 1832,âgé de 21 ans, En 10 ans, Jordan construit ce qu’on appelle les Groupes des équations résolubles par radicaux et classe les équations non résolubles, distinguant celles qu'on peut ramener à des équations auxiliaires. Ses décou- vertes ont été publiées,en 1850,dans le Zraité des substi- tutions et des équations algébriques, qui marque, après Abel et Galois, un progrès immense de l’Algèbre, Ce livre est un monument,ettous les géomètres regret- 66 CHRONIQUE LE! CORRESPONDANCE tent que M. Camille Jordan n'ait jamais voulu publier une 2° édition. Avant 1870, Jordan a aussi écrit des Mémoires sur les surfaces et sur la symétrie des polyèdres. Ces travaux ont une haute allure : c’est la géométrie de l’ordre et de la situation, non point la géométrie de la grandeur. Après 1870, Jordan n'a certes pas abandonné l’Algè- bre des Groupes, mais il s’est occupé également, avec succès, des formes quadratiques, question fondamentale. Ingénieur du Corps des Mines, devenu Professeur à l'Ecole Polytechnique et au Gollège de France, il a été attiré par l'Analyse infinitésimale,où il a introduit une notion capitale, la fonction à variation bornée. Dans cette nouvelle voie, Jordan est encore un maître ; ses travaux sur les Intégrales et sur la série de Fou- rier setrouvent à l’origine du grand mouvement d’idées auquel MM. Borel et Lebesgue ont pris une part prépondérante. I1 m'est impossible de tout dire et je ne donne qu'un résumé trop bref, mais une chose est certaine: qu’il soit algébriste ou analyste, chaque fois qu’il manie un être mathématique, Jordan met sur lui sa griffe puis- sante et austère. Là .où il a été, la tranchée est nettoyéel Il a laisséla trace durable de son double enseignement dans tetadmirable Cours d'Analyse de l'Ecole Polytech- nique — qui serait mieux nommé: Cours du Collège de France. Je me demande s’il serait possible, pour un autre, de donner, en 3 volumes, les Principes, la Géo- métrie, les fonctions elliptiques, les fonctions abé- liennes, les potentiels, etc., etc. IL y a, dans ces trois volumes, une puissance synthétique formidable ; c’est toujours l'idée la plus riche, servie par les moyens les plus puissants, Beaucoup d'idées, pas trop de calculs ; telle est la marque du génie scientifique. Je parlais, un jour, avec M. Jordan, du travail con- sidérable que demande la publication d’un cours,parce qu'il est impossible d’avoir, sur toutes les questions, des vues personnelles. « Etant, un jour, embarrassé — me répondit-il — j'allai me renseigner auprès d'Henri Poincaré, notre maître à tous ! » Je n'oublierai ni ce trait, ni l'impression presque enfantine de bonté et de douceur, que je lisais, à ce moment, sur le visage de M. Jordan. Ce vieillard illus- tre parlait, avec respect, d’un confrère beaucoup plus jeune que lui! Je suppose qu'Henry Poincaré a aussi, parfois, demandé des renseignements à Camille Jordan. Chargé d’honneurs, M. Jordan était infiniment modeste, bienveillant, juste et ferme. Son caractère était remarquablement pondéré; il y avait autant de force que d'équilibre dans cette belle tête! La dernière fois que j'ai eu l'honneur de le voir, au mois de mars 1918, je lui exprimai mes regrets au sujet des deuils profonds que la guerre lui avait causés; trois de ses fils et un deses petit-fils avaient été tués, aux armées, et Madame Jordan était morte... 1. Charles, capitaine d’Artillerie coloniale, 1914; — pierre, capitaine d'Infanterie, élève au Grand Séminaire d'Issy, 1914; Louis, 1915; —et, en outre : un petit-fils, Camille, blessé mor- tellement à Verdun, le 17-2-16, mort le 19-2-16. M. Jordan ne me répondit rien, mais, tandis que je parlais, sa physionomie était celle d’un patricien romain, grave, digne, ferme. Ce jour-là,les obustombaient sur Paris, près de nous, et M. Jordan attendait la Victoire, ne pensant qu’à la France, oubliant ses douleurs personnelles. Savant génial, M. Jordan a été un homme dont la haute dignité morale était universellement respectée. L'homme était aimé et l'œuvre sera toujours admi- rée. ‘ Robert d'Adhémar, Professeur à l’Institut Industriel du Nord de la France. $S 3. — Physique du Globe Les grandes marées de la baie de Fundy et leurs causes. — Le point du globe où les marées attei- gnent leur plus grande amplitude est, comme on le sait, la baie de Fundy au Canada, Dans la partie supé- rieure de cette baie, au cours d’une période de 6 h., le niveau de la mer s'élève verticalement de 12 à 15 m., et dans la période suivante de 6 h. s'abaisse dela même quantité, La baie de Fundy constitue une masse d’eau en forme d’entonnoir, avec un fond qui se relève graduellement de l'embouchure jusqu’à la partie supérieure de la baie, et c’est à celte disposition qu’on a attribué la grande amplitude de la marée au fond de la baie, car il est bien connu que la concentration de l'énergie de mouve- ment d’une grande masse d’eau dans un détroit qui va en se rétrécissant provoque une augmentation d'ampli- tude de la marée, Mais cette explication ne permet pas de rendre compte d’une manière satisfaisante d’un accroissement d'amplitude allant de moins de 3,5 m. à l'entrée jusqu'à plus de 12 m. au fond de la baie. M. H. A. Marmer vient de se livrer à une étude nou- velle de ce phénomène, qu'il a communiquée à l’une des dernières séances de la Société philosophique de Washington. En notant les heures de la marée dans la baie, et leurs rapports avec les heures de courant, ce savant a reconnu que le mouvement de la marée est du type de l'onde stationnaire, avec un nœud à l'entrée de la baie, Par suite de ce fait, il doit y avoir une augmentation graduelle de l’amplitude de la marée en allant vers le fond. Un autre accroissement doit se produire aussi, à la suite du rétrécissement des rives et de la diminution de la profondeur. En appliquant les formules d’oscillation d’une onde stationnaire dans une enceinte pleine d’eau ouverte à une extrémité, formules développées par Harris et par Honda etses collègues, M. Marmer trouve que la période d’oscillation de la baie de Fundy est approximativement de 12 1/2 h., soit la période de la marée océanique. Il en conclut que le phénomène qui se passe ici découle d’abord du fait quela période d’oscillation de l’eau dans la baie se rapproche de très près de la période de la marée océanique. Il en résulte un mouvement à onde stationnaire de l’eau qui produit la plus grande ampli- tude de la marée compatible avec les conditions géo graphiques. nés. aie dit ds | CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE | 67 $ 4. — Génie civil Le chauffage central et l'utilisation méca- nique de l'énergie contenue dans la vapeur à très basse pression. — Il y a encore de très grands progrès à réaliser pour pouvoir diminuer les frais d'exploitation des grandes installations de chauffage central et, en particulier, leur dépense de combustible. M. A. Nessi a présenté à ce sujet une très intéressante communication à l’une des dernières séances de la Société d'Encouragement pour l'Industrie nationale. Il envisage d'abord l’économie de combustible immé- diatement réalisable si on améliore le système de canalisations etle mode de réglage général de la tempé- rature. Il faut entendre par là le réglage qui s'opère simultanément, sur tous les radiateurs, par la manœu- vre d’un ou plusieurs organes situés en un même point tel que la chaufferie. Ce réglage a pour but de maintenir une température constante dans les locaux chauffés, quelle que soit la température extérieure, Il s'impose particulièrement dans notre pays où la température extérieure hivernale est très variable ; on constate, en effet, que la quantité de chaleur utile à fournir peut se réduire, d’un jour à l'autre, pendant les. 150 jours de chauffage d’un même hiver, dans le rapport de 4 à 1. D'autre part, il importe que l'installation soit à fonc- tionnement continu et automatique, et quela dis- tribution de chaleur se fasse uniformément quel que soit le régime de marche. La nécessité d’un réglage général de la température est doncd’autant plus grande que l’installation est plus étendue. Le chauffage par circulation mécanique du fluide chauffant permet d'obtenir les résultatscherchés, Quand c’est de l’eau chaude, on active sa circulation en inter- calant une pompe centrifuge sur un collecteur de retour d’eau. La force motrice est celle d’un moteur indépendant, électrique généralement, dont le courant, dans les grandes villes, est fourni par le secteur. Dans ce cas, il faut prévoir un moteur de secours, à essence le plus souvent. Mais ce moteur et le moteur électrique ne peuvent être confiés au personnel inexpérimenté chargé du service des chaudières à fonctionnement continu et automatique employées pour le chauffage central, ce qui fait perdre toutle bénéfice de cet emploi. MM. Nessi frères réalisent un ensemble parfaite- ment autonome, à fonctionnement continu et automa- tique, sans surveillance continue, en employant comme moteur de la pompe de circulation une petite turbine consommant la vapeur à très basse pression qui pro- vient des chaudières du chauffage, Ce système nouveau a reçu le nom de dynamo- circuit à eau chaude ou à air chaud, selon que le fluide chauffant est de l'eau ou de l’air. Dans ce dernier cas, la pompe centrifuge est remplacée par un ventilateur. La turbine motrice spéciale, étudiée à cet effet par MM. Nessi, satisfait aux conditions suivantes : Sa construction est simple : pompe ou ventilateur sont accouplés directement sur son arbre ; elle se met d'elle-même en marche dès que la vapeur d’admission atteint la pression, extrêmement basse, de 20 gr: cm? ; il n’y a qu'un seul palier pour tout le groupe, et son grais- sage est assuré automatiquement, par un seul grais- seur, pour un mois au moins : aucun grippage n’est possible; on n’envoie pas d'huile au condenseur ; les organes, très robustes, sont facilement interchangea- bles; leur durée est de beaucoup des chaudières. Comme les calories contenues dans la vapeur d’ad- mission quine sont pas transformées en travail dans supérieure à celle la turbine, sont restituées au chauffage par l’intermé- diaire d'un condenseur à grande surface où se réchauffe l’eau de circulation, la consommation de celte turbine se traduit par une dépense de combustible qui est insigni- fiante par rapport à celle qui correspond au chauffage pro- prement dit, pratiquement LR de celle-ci. D'’ail- 1000 1000 leurs, elle ne doit pas entrer totalement en compte puis- que le frottement de l’eau dans la pompe et les conduits provoque une récupération d'énergie, sous forme de chaleur, qui est utilisée au chauffage. 1 M. Nessi a eu l'occasion d'appliquer son système dynamo-circuit à eau chaude, notamment : à une instal- lation comprenant 350 radiateurs ; à un groupe de deux immeubles contigus, l’un à loyers, l’autre à usage de bureaux; à un autre groupe de 17 immeubles contigus, pouvant consommer 1.485.000 calories par heure; à une distribution d’eau chaude dans un grand hôpital parisien. Dans le cas du groupe de 17 immeubles — le radiateur le plus éloigné étant à 350 m. de la chauf- ferie — les rendements obtenus par rapport à ceux qu’auraient donnés soit l’eau chaude par thermo-siphon soit la vapeur à basse pression(en admettant que les canalisations puissent suivre lemême chemin, ce qui eût été impossible pour la vapeur) peuvent être exprimés par les chiffres 1/3, 1/2 et 1. Les systèmes de M. Nessi constituent une étape im- portante vers la solution du problème de la distribu- tion rationnelle de la chaleur dans les grandes villes. $ 5. — Electricité industrielle Un système de transmission électrique de l'énergie à fréquence variable. — Le problème de la transmission de l’énergie d’un moteur thermique aux organes récepteurs d’un appareil de locomotion comporte un grand nombre de solutions purement mécaniques, largement répandues dans la pratique industrielle. On doit donc se demander si l’électricien peut vraiment venir se mesurer sur ce terrain avec les mécaniciens, surtout si l’on en juge par le nombre tout à fait restreint des applications existantes de la trans- mission électrique en France ou même en Europe. Les avantages techniques de la transmission élec- trique sont cependant évidents, Ce sont, d’abord, la possibilité de réaliser une démultiplication impor- tante du nombre de tours, avec au besoin variation du rapport de réduction, ensuite la faculté de fraction- ner la puissance, soit réceptrice, soit motrice, enfin la commodité d'installation, en raison de l'indépendance mécanique des moteurs et des récepteurs, et la facilité de manœuvre, Ces intéressantes qualités ont été mal- heureusement contre-balancées jusqu'ici par des incon- 68 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE : ———_—_—_—_—…—…—…— …—…—"—…—"—————— vénients d'ordre plutôt économique que technique. Tout d’abord, le prix et le poids de l'équipement électrique sont souvent considérables, surtout avec l'emploi du courant continu. En second lieu, le rendement de la transmission électrique peut, dans bien des cas, être inférieur à celui d'une transmission purement méca- nique, Enfin, on peut reprocher aux machines électri- ques àcourant continu d'exiger des frais d’entretien assez élevés, le collecteur étant un organe délicat qui demande une surveillance suivie. Ces défauts sont-ils inhérents à la transmission électrique et sont-ils suflisants pour luiretirer toute chance de développement, en dépit des précieuses qualités qu’elle possède par ailleurs ? M. Mar- celdeConinck vient de selivrer à une étude approfondie de cette question !, et après avoir examiné tous les éléments du problème, il arrive à cette conclusion que le seul type de moteur électrique qui puisse convenir à celte transmission, c'est la machine à pôles saillants avec excitation par courant continu, employée simul- tanément avec une génératrice asynchrone. On peut faire varier d’une manière progressive la fréquence, et par suite la vitesse des moteursrécepteurs, en agissant sur la résistance rotorique des génératrices ou l'excitation des moteurs. On peut obtenir en outre plusieurs vitesses économiques enchangeant le nombre de pôles des génératrices, ce qui sera particulièrement facile dans le cas où le rotor est à cage d’écureuil. La génératrice comporte un seul enroulement, fermé, du type imbriqué avec pôles en parallèle, à deux cou- ches de conducteurs. On modifie le nombre de pôles par simple changement des connexions entre la géné- la nature même de ratrice et le moteur. Le démarrage, ou plutôt le « décollage » des moteurs à pôles saillants s'obtient en lesalimentant par des cou- rants polyphasés à fréquence variable depuis zéro jusqu’à une certaine fraction de la fréquence normale, La petite quantité d'énergie nécessaire au décollage est empruntée à une source auxiliaire de courant continu, au moyen d’un rhéostat tournant à col- lecteur transformant le courant continu en courants polyphasés. L'emploi de moteurs à pôles saillants permet de réa- liser une grande économie sur le poids des machines en raison de la faible valeur que l'on peut donner au pas polaire et qui serait inadmissible pour des moteurs à vitesse lente à courant continu ou du type asynchrone. La facilité de mise en parallèle des génératrices per- met de faire varier la puissance dans des limites éten- dues en adoptant plusieurs groupes générateurs que l’on met en route selon les besoins. M. de Coninck a comparé le mode de transmission électrique qu’il préconise à la propulsion par turbines à engrenages, actuellement en si grande faveur chez les constructeurs de navires, Au point de vue du poids et de l'encombrement, et à celui de la sécurité de-fonc- tionnement, l’avantage de la transmission électrique est évident. Si l'on considère la consommation de com- ro 1. Bull de la Soc. française des Electr.,h° sér., L. I, n°6, p. 291. bustible, la solution électrique présente une infériorité d'environ 4 ‘/, dans les conditions ordinaires ; mais, si l’on fait intervenir la surchauffe, la turbine pourra supporter facilement une température de vapeur de 40 à 5o° plus élevée que dans le cas de la réduction pan engrenages, donnant une économie de vapeur de 5 à 7 °/« ce qui compense, et au delà, la petite infériorité de ren- dement de la solution électrique. Mais c’est surlout au véhicule automobile que l’adop- tion d’une transmission électrique ne laisserait pas d'apporter des modifications profondes. Elle permettrait, tout d'abord, la suppression de l'embrayage, de la boîte de vitesses, du différentielet même, dans une certaine mesure, des freins, Mais l'avantage le plus important résiderait dans la possibilité de rendre motrices toutes les roues du véhicule, la charge étant répartie à pe près également entre elles. On peut même concevoir des véhicules à 6 ou 8 roues, chacune d’elles étant action née par un moteur électrique directement accouplé. Pour M. de Coninek, il ne serait pas surprenant que dans un avenir relativement rapproché, le moteur pôles saillants fonctionnant sous une fréquence varia ble vienne occuper une place prépondérante dans las plupart des applications industrielles de la force motrices électrique. Le développement industriel de ce moteuw aura-t-il son origine en France ou à l'Etranger ? telle est la question que l’auteur pose en terminant. $ 6. — Agronomie L'activité del’Association cotonnière colo= niale depuis 1914.— La Revue a attiré à plusieurs reprises l'attention de ses lecteurs sur l'importance” pour la France de développer la culture du coton dans ses colonies, en particulier dans l'Afrique Occidentale française, et elle a signalé les efforts accomplis dansce but par l'Association cotonnière coloniale". La production du coton,stimulée parles prixexcessive ment élevés atteints pendant la guerre par cette fibre textile,s’est développée dans nos colonies dans des pro portions importantes. C’est ainsi que, pour les seules colonies du Haut-Sénégal-Niger, du Dahomey et dela Côte d’Ivoire, l'exportation avaitatteint: en 1914,287.000 kg.; en 1916, 545.000 kg.; en 1917, 660.000 kg; en 1918 892.000 kg.; en 1919, 635.000 kg. Pour cette dernière année, une grande partie de la récolte n'avait pa encore pu être envoyée en France à la fin de l'année, « faute de moyens de transports. Pour l’année 1920, les statistiques douanières neson mais il est probable que les indigènes pas parvenues au complet, © l'augmentation ne sera pas sensible, ayant consommé sur place la plus grande partie de la récolte pour alimenter l’industrie indigène du tissage qui avait presque totalement disparu depuis de nombreuses années et qu'on a vu reparaitre par suite de la pénurie de cotonnades importées d'Europe et de leurs prix très élevés. Cet état de choses ne sera que temporaire, de même que l’on arrivera à stabiliser les prix d'achat sur place, ces prix ayant fortement suivim ceux du coton. Les indigènes à qui l’on avait payé 1, Voir t.XIV,p. 2095. XV, p. 729;t. XVI, p. 667; XXII, p. 93. TLTE CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 69 E ZE" le coton brut à des prix fabuleux montraient quelque résistance à céder leur coton au prix correspondant aux cours du coton lorsque ceux-ci,quiavaientatteint au Havre le maximum de 970 fr. les 5okg. le 12 avril 1920, tombèrent à 174 fr. le 24 juin dernier. Indépendamment des colonies de la Côte Occidentale, la production du coton s’est considérablement déve- loppée dans nos possessions de l'Océanie pour attein- dre, en 1917, un maximum de 973.000 kg. Ces cotons toutefois par suite du manque de moyens detransport, n’ont pu être qu’en partie acheminés vers la France et ont été absorbés principalement par l'Australie. La culture dans ces régions est entreprise par des sociétés et le rôle de l'Association cotonnière coloniale est limité à la fourniture d’égreneuseset de presses permettant la préparation et l'exportation des cotons produits. Il résultait des conclusions du dernier rapport pré- cité de l'Association que la culture du coton est entrée dans les habitudes des indigènes de nos possessions de l'Afrique Occidentale et que la qualité en a été suffisamment améliorée pour que ce coton puisse être employé d'une façon courante par les filateurs français. Il resteà cette Association à porter ses efforts vers l'augmentation de la production par les indigènesetvers l'amélioration constante des qualités produites. Les indigènes, en effet, ne disposent que d’instruments de culture des plus rudimentaires et il ne fait pas de doute que,s’ils pouvaient utiliser des moyens plus perfection- nés, la production se développerait considérablement sans qu'ils aient à fournir un travail excédant leurs possibilités. Dans ce but, l'Association projette de créer au Soudan des fermes destinées à expérimenter des instruments agricoles et à enenseigner l'emploi aux indigènes auxquels ils seraient remis. Sur ces fermes, le cotonnierserait cultivé suivant les meilleures métho- des reconnues et cescultures produiraient des graines amélioréeset sélectionnées que l’on distribuerait aux indigènes. Le Gouvernement général de l'Afrique Occidentale a faitétudier un projet-de canal d'irrigation pour arro- ser une partie de la région comprise entre le Niger et le Bani qui convient bien à la culture du cotonnier. L'Association, dont le but était de déterminer celles de nos colonies françaises où la culture du coton pouvait être entreprise avec succès, a réalisé la première partie deson programme. Son action est encore indispensable pendant de nombreuses années afin que les travaux de - recherche des meilleurs procédés de cultureet d’amélio- ration des espèces ne soient pas interrompus d'ici le moment où les grands travaux hydrauliques prévus de créer de grandes exploitations.Une première entre- L prise de ce genre s’est fondée récemment dans le but de cultiver du coton sur des territoires situés en bordure du Niger dans la région du Goundam, où des études “entreprises par l'administration du Soudan ont révélé . des conditions favorables à cetteculture. D'autre part, les maisons de Bordeaux spécialement : intéressées au Soudan procèdent en ce moment à l’orga- nisation d’une exploitation dans la région de Bamako- _ Koulikoro. seront achevés et permettront à des entreprises privées $ 7. — Zoologie Influence de la température sur la compo- sition qualitative du plankton.— On sait depuis longtemps à quel point certains organismes pélagiques sont sensibles aux variations de température, même très faibles. C’est à des phénomènes de cet ordre qu'on demande l'explication de certaines distributions géo- graphiques, celle des Péridiniens par exemple. Sur les côtes tempérées de nos pays, la question de l'influence de la température sur le plankton est étroitement liée à celle des variations saisonnières de ce même plankton. IL serait cependant trop simple d'opposerune compo- sition planktonique d’hivertype à une composition du même genre pour l'été. Les faits sont plus complexes : preuve en soit les caractères si tranchés de l'été 1920 et de l'été 1921, pouvant être considérés l’un comme à tendances froides, l’autre comme à tendances chaudes, Ayant eu personnellement l’occasion de récolter, puis d'étudier pendant ces périodes un abondant matériel pélagique, il nous semble intéressant de donner -ici quelques-uns des résultats de nos travaux. En 1920 la température de l'air aceusait une moyenne de 17°,2, celle de l’eau de surface unemoyenne de 149,9. En 1921, les mêmes éléments se chiffraient respective- ment par 19°,8et 17°,3. Cette différenceremarquable dans I capacité calorifique des eaux de surface nous expli- que la présence en 1921, sur nos côtes armoricaines, d'éléments à aflinités méridionales, voire tropicales. Sur des graphiques établis par nous, on constate en 1921 une augmentation très notable du nombre des formes méridionales sur 1920. On n’observe pas, par contre, une aussj importante diminution des formes boréales : ceci pourrait conduire à croire que la faune normale des côtes S-O de la Bretagne comporte des types à afli- nités nordiques. Et le fait que l'influence des hautes températures se fait plus sentir que celle des tempéra- tures moins élevées s’expliquerait par le fait que les formes méridionales trouvent infiniment plus de facili- tés à gagner nos latitudes, grâce au Gulf-Stream, dès que les conditions thermiques le permettent, que n’en ont les formes du Nord à descendre jusqu'à nous, même lorsqu'un refroidissement notable semblerait autoriser cette migration. L'inverse pourrait peut-être s’observer sur les côtes Est du Labrador où le plankton doit plus facilement être envahi de formes de mers froides que de formes sub-tropicales. Parmi les formes à affinités méridionales que nous avons découvertes sur nos côtes, nous citerons une Salpe (Salpa scutigera-confæderata Cuv. Forsk.), un Appendiculaire (Oikopleura fusiformis Fol), un Hypé- rien (Vibila Jeangerardi Luc.), un Cladocère (£vadne tergestina CIs.) 1, des Péridiniens (Pyrophacus horo- logicum Stein, Ceratium reticulatum (Pouchet) Cleve, C. candelabrum (Erbrbg.) Stein, etc.), des Diatomées (Rhizosolenia alata f. indica (Perag), Chaetoceros didy. mum Ehr. etc.), enfin certaines formes de Silico- flagellés. Th. Monod. 1. Espèce nouvelle pour la faune de France. 70 Quirio MAJORANA. — SUR L’ABSORPTION DE LA GRAVITATION SUR L’ABSORPTION DE LA GRAVITATION Dans cet article, que le Comité de Rédaction de la Revue générale des Sciences a eu la cour- toisie de me demander, j'ai l'intention de résumer quelquesrecherchesthéoriquesetexpérimentales sur la gravitation,accomplies par moi pendant les quatre dernières années ; dans cet exposé, je sui- vrai le processus logique qui m'a conduit au furet à mesure aux affirmations et aux expérien- ces qui suivent, Henri Poincaré, dans ses « Hypothèses cosmo- goniques », montre clairement le désaccord qui existe entre les géologues, d’une part, et les physiciens de l’autre, quant à l’explication de l’origine de la chaleur solaire. Les arguments qu'il apporte, quoique non partagés partous ceux qui, avant ou après lui,ont étudié cette question, sont tellement suggestifs, qu’ils m'ont poussé à tenter la recherche d’une telle cause, jusqu'ici non soupçonnée, qui, comme le fait remarquer Poincaré, pourrait fournir une nouvelle explica- tion de la chaleur solaire. Je pensai alors à la possibilité que la chaleur des astres provienne, au moins en grande partie, d’une propriété par- ticulière de la matière, laquelle s’échaufferait spontanément d’autant plus vite qu’elle serait agglomérée ou condensée dans un espace plus petit.Etla raison d'un teléchauffement serait due précisément à la force gravifique, émanant de chaque élément matériel. Examinons d’abord si cette hypothèse peut être confirmée par quelque raisonnement de nature différente et si elle ne contredit pas, par hasard, ce que l’observation ou l'expérience ont déjà démontré. Quelques théories physiques modernes ont, eomme on sait, la tendance à abolir l'éther cos- mique; cet être, qui a rendu tant de services à la Science et qu’on semblait pouvoir toucher pres- que de la main, il y a environ vingt ans (c’aurait été alors une hérésie d’en nierl’existence), a tou- tefois le grave défaut d'échapper à certains con- trôles, que logiquement le physicien a voulu tenter. En outre, quoique né du travail de ceux qui voulaient donner un modèle mécanique des phénomènes lumineux et électromagnétiques, il devait être doué de certaines propriétés qu’au- cun milieu mécanique ne possède. Par conséquent le concept d’éther vacille; et la théorie moderne de la Relativité vient lui porter un nouveau coup. On peut, il est vrai, discuter l'opportunité de cette théorie, qui est ; loin de trouver aujourd’hui un consentement unanime, notamment parmiles physiciens expé- rimentateurs. Personnellement, je ne suis pas relativiste, mais je tire de la dite théorie, et des doutes élevés déjà par d’autres, des arguments” pour établir ce postulat : « l’éther n'existe pas». C’est une affirmation hardie, mais je la formule parce qu’elle peut servir de base à une série de déductions, donnant lieu éventuellement à des contrôles expérimentaux. Il ne s’agit donc pas d’une vaine affirmation, basée sur quelque chose de vague et d’incertain ; mais plutôt d’une tenta- tive qui peut nous ouvrir le chemin pour décou-* vrir de nouveaux secrets de la Nature. Si, après un travail honnête et consciencieux, la recherche expérimentale ainsi fondée se montrait infruc- tueuse, elle pourrait se retourner contre ce pos- tulat et en amener l'abandon. Ceci posé, si l’éther n'existe pas, le seul con- cept qui nous reste pour l’interprétation de cer- tains phénomènes physiques (actions à distance) est celui de l’émission., Ainsi, la force attractive entre deux corps ne pourrait prendre naissance que par suite de l'émission, de la part de chacun d'eux, de quelques particules, allant choquer l’autre corps. Cette conception rencontre immé- diatementune difficulté de caractère mécanique : comment peut-il se faire que le choc des parti-. cules sur un corps donne lieu à une impulsion sur celui-ci en sens contraire du mouvement des. particules mêmes ? Evidemment en soulevant ce doute, noussous-entendons un principequenous ne sommes pas obligés d'admettre, à savoir que les particules ont des propriétés mécaniques. Cette assertion est purement gratuite; si nous ne la faisions pas, nous pourrions dire que, la force attractive étant un fait certain, l’arrivée des dites particules (dont l’existence est indispensable, si on abolit l’éther) engendre cette force. Cette dé- duction est simplement logique, au moins autant. que pourrait l'être tout autre modèle pour l’ex- plication de la forceattractive. En effet, on pour- rait encore penser aux fameuses particules ultra= mondaines de Lesage, qui arrivant des régions éloignées, dans toutes les directions, et étant en partie arrêtées par deux corps en présence, » donnerontlieu à la force newtonienne. Mais le modèle de Lesage a été trop de fois discuté pour que j'aie besoin de rappeler pourquoi, du point de vue »r7écanique, il n’est pas satisfaisant. On pourrait dire, il est vrai, qu'il s’agit là aussi de particules douées de propriétés non mécaniques ; mais alors il n’y aurait plus lieu de recourir à Quiriso MAJORANA. — SUR L’ABSORPTION DE LA GRAVITATION l'intervention d’une cause, dont nous ne possé- dons pas d'autres preuves (l’arrivée des particu- les lointaines), puisqu'il serait plus simple de recourir à l’autre hypothèse des particules loca- les. Et c’est à celle-ci que je vais m'attacher. # En formulant cette hypothèse on peut sup- poser que quelques particules, dans leur mou- vement à travers un milieu matériel, viennent d’être arrêtées. Pour mieux comprendre encore le phénomène gravifique, on pourrait même dire que la force attractive dépend, d’une manière certaine, des particules qui s'arrêtent; mais celte hypothèse n’est pas rigoureusement nécessaire, et elle ne nous conduit pas, au moins pour le moment, àentrevoir des contrôles expérimentaux plus précis. Il suffira de dire que, comme consé- quence du passage des particules à travers un milieu matériel, le/{ux des particules, c'est-à-dire le nombre de celles qui, dans l’unité de temps, traversent l'unité de section, diminue par l’ab- sorption. Et, puisque la force attractive ne doit dépendre que de ce flux, elle ne peut que dimi- nuer par l’interposition d’un milieu matériel entre deux corps qui s’attirent. Je reviendrai à la fin de cet article sur les contrôles expérimentaux entrepris par moi dans ce sens. Mais en attendant, d’après les hypothèses fai- tes, une masse considérable comme celle d’un astre (le Soleil, par exemple) ne peut exercer à l'extérieur une action gravifique correspondant à la somme de ses actions élémentaires ; elle se comportera commesi,le phénomène d'absorption n'existant pas, elle était plus petite. L’astronome, qui déduit de la troisième loi de Kepler ou dela théorie des perturbations les masses des astres, ne déterminerait donc que des masses apparentes ; les r»#asses réelles pourraient être notablement plus grandes. Nous arrivons ainsi à une autre conséquence importante, se rattachant aux prémisses posées, et qui fournit un contrôle à la recherche dont je vais parler. Selon toute probabilité, et sans vouloir douer les particules gravifiques de pro- priétés mécaniques, on doit admettre qu'elles renferment de l’énergie. Certes, la valeur de cette énergie dépendrait de caractéristiques spéciales tout à fait nouvelles, dont il serait prématuré et facilement fallacieux de parler, mais il suffit qu’elles possèdent de l’energie. Que va-t-il adve- nir de l'énergie possédée par les particules quand elles s'arrêtent, à la suite de l’absorption gra- vifique? Si l’on a renoncé, dans les théories modernes de la Physique, à la conservation de 71 la matière, on ne sait pas faire de même pour l'énergie ; celle-ci ne peut pas se perdre, et les particules, en s’arrêtant, doivent enrichir le corps absorbant d’une qualité énergétique : il pourra p. ex. s’échauffer. Cette déduction ne présente pas de caractères de certitude absolue, puisqu'on ne .sait rien de concret sur la nature des particules et qu'on ne peut pas dire ce qui arrive quand elles s'arrêtent. Mais elleaau moins un haut degré de probabilité, permettant de re- chercher une nouvelle cause de la chaleur des grands amas naturels de matière : les astres. L’absorption gravifique occasionnerait donc l’échauffement de la matière traversée par le flux de force. On comprend que, là où ilya une plus grande agglomération de matière, il doit y avoir aussi une production plus grande de chaleur, puisque chaque élément matériel émet- trait des particules gravifiques, qui seraient plus facilement absorbées par les nombreux éléments environnants. Les grands amas de matière pour- raient donc à chaque instant développer detelles quantités de chaleur, qu'ils seraient portés à l’incandescence : au-dessus d’une certaine valeur critique, ils ne pourraient être obscurs. Le Soleil, tant qu’il maintiendra une masse comparable à sa masse actuelle, jamais ne s'éteindra ; son âge et sa vie future pourront être incomparablement supérieurs à la limite fixée par la contraction de Helmholtz (cinquante millions d'années). Celui qui suit mon raisonnement va soulever ici une objection. Comment est-il possible que la matière émette ou rayonne ces particules in- définiment ? À cela on peut répondre qu'il n'y a aucune raison pour admettre que le fait se poursuive indéfiniment. Rien n'empêche de pen- ser que, comme le radium emploie quelques milliers d'années à se désagréger, toute la matière se transforme de même, mais avec une lenteur incomparablement plus grande : dans un temps compté en intervalles par rapport auxquels la vie du radium serait très courte, toute la matière que. nous voyons irait en se désagrégeant.. Mais un tel raisonnement n’aurait pour résultat que de faire taire une de nos préoccupations logiques, et je ne saurais m'avancer davantage dans des considérations qui deviendraient de la pure métaphysique. On voit donc l'importance d’un tel ordre d’idée dans la compréhension des plus grandioses phénomènes naturels. Certes, cette déduction qui fait dépendre la chaleur des astres du phé- nomène gravifique n’a pas la rigueur logique qui pourrait la faire admettre comme absolument certaine ; mais, d'autre part, il ne me semble pas | possible de trouver quelque argument 4 prior 1 Lo] qui la fasse considérer comme invraisemblable. Je dirai même que plusieurs indices sont en sa faveur. * * * Le premierest,aufond, la nécessité de recher- cher une cause nouvelle de la chaleur solaire, mais ceci peut sembler un argument logique insuffisant. Un second argument est le suivant. On peut se demander : Comment varierait la chaleur émise par une masse matérielle avec sa concentration dans un espace donné ? Si l’on admet, d'après les hypothèses faites, qu’une telle chaleur dépend d’une action réciproque entre chaque couple d'éléments matériels, il n'est pas hors de place de supposer qu’elle puisse croître proportionnellement au carré des masses (je ne fais ici qu’une hypothèse grossièrement quanti- tative). Considérons donc les masses astronomiques de la Terre et du Soleil; elles sont dans le rap- port de 1 à 334.000. Mais, selon l'hypothèse de l’absorplion gravifique, ces chiffres repré- sentent le rapport entre les masses apparentes. Le rapport entre les »”4sses raies pourrait être différent. En particulier, la masse connue de la Terre, très petite vis-à-vis de celle du Soleil, pour- rait représenter aussi, avec une bonne approxi- mation, sa »asse raie; tandis que la masse vraie solaire pourrait être notablement supé- rieure à sa masse apparente où astronomique. Je suppose que celle-ci soit seulement 1/10 de la première ; alors, la masse solaire vraie sera 3.340.000 fois celle de la Terre. Et les carrés de ces masses seront dans le rapport de {(pour la Terre) à 10!* (pour le Soleil). Simaintenant nous prenons les chiffres plus précis représentant la chaleur émise par la Terre et par le Soleil, on a respectivement : 8,5.10° et 8,5.10?? grandes calories pour 1”. Le rapport entre ces deux nom- bres est encore précisément 10!*; c’est une preuve de l'intérêt de la théorie proposée. On comprend d'autre part qu’un tel raisonne- ment suppose que toute la chaleur solaire est d'origine gravifique. S'il n’en était pas ainsi, et si l’on devait prendre aussi en considération la contraction de Helmholtz, la densité vraie (10 fois plus grande que la densité apparente) pourrait être excessive et on arriverait à une valeur plus petite. Il est superflu d’ajouter que le calcul est sujet aussi à l'incertitude des déter- minations de la chaleur terrestre et de la chaleur solaire. Mais ce qui importe c'est que l'ordre de grandeur du rapport entre les nombres cités coïncide avec celui des carrés des masses vraies. Quirio MAJORANA. — SUR L'ABSORPTION DE LA GRAVITATION J’émets toutes ces hypothèses avec la réserve dont ne doit jamais se départir l’œuvre du phy- sicien. Je ne puis me cacher, en effet, combien il entre d'arbitraire dans les différentes hypo- thèses faites; mais comme je propose un champ d’études tout à fait nouveau, il m'est permis d'y travailler avec l'imagination sans considérer les faits connus et les théories actuelles comme une barrière infranchissable. Seules les obser- vations ou les recherches futures fourniront la preuve de l'exactitude ou de la fausseté de mes hypothèses. C’est ici qu’il faudra invoquer avant tout l’œuvre de l’astronome ét du physicien. L’astronome doit rechercher si ses observations peuvent éventuellement confirmer ou non les théories que je propose. Ainsi on pourra recher- cher si la rotation du périhélie de Mercure peut être expliquée d’une manière nouvelle, en tenant compte simplement de l’absorption de la force gravifique à travers la masse solaire. On pourra, en outre, répondre à une question que m'a déjà poséele regretté prof. G. Lippmann, il y a deux ans, en ces termes : | «.., du moment que la matière altère l’attrac- « tion newtonienne, ne s’ensuit-il pas que cet « effet doit être plus marqué pour les grosses « planètes que pourles petites? Nes’ensuit-il pas à aÿ ue « que la loi de Kepler Ts = Const. ne se vérifie * 3 : a À « pas exactement, le quotient 45 devant être « plus petit pour les grosses planètes que pour « les petites ? » La réponse à une telle question dépend sim- plement des observations astronomiques, mais je ne puis dire si la précision de celles effec- tuées jusqu’à présent suffit à établir la justesse de mes théories ou non. D'ailleurs, même si l’astronome trouve que ses observations concor- dent exactement avec la troisième loi de Képler, ce fait ne peut pas constituer un argument cer- tain contre ma théorie. En effet, la question posée par Lippmann, traduite en d’autres termes, peut s'exprimer ainsi : « Si la force gra- vifique émanant d’un corps est absorbée par la matière, son inertie ne doit pas être absorbée. » Mais ce n’est qu'une nouvelle hypothèse, à laquelle on peut toujours opposer cette autre : « Comme la force gravifique émanant d’un corps s’affaiblit en traversant la matière, il en est de même pour son inertie. » De cette faço non com- prendrait pourquoi la troisième loi de Képler reste toujours rigoureusement vérifiée. Entre ces deux hypothèses opposées, seule l’observa- tion ou l'expérience permettra de choisir dans l'avenir. in Lotus bmtamtate adé és matt à ad tete ASS Sd ds tt be Quirio MAJORANA. — SUR L’ABSORPTION DE LA GRAVITATION 73 En restant dans le champ de l’astronomie, il me plaît encore de citer un travail de De Sitter, dans lequel il contredit certaines conclusions de Bottlinger! sur la possibilité d’une absorption de la force gravifique du Soleil sur la Lune dans les périodes des éclipses lunaires, c’est-à-dire par l’interposition de la Terre. lei le calcul de De Sitter, rigoureux à tout point de vue, se base sur l'hypothèse que l'absorption doit se produire le long des lignes droites joignant les masses élémentaires du Soleil et de la Lune, quand elles traversent la Terre, et que l'allure des lignes de force gravifiques est rectiligne en chaque point de l’espace. S’il n’en était pas ainsi, le raisonne- ment de De Sitter perdrait sa valeur, et l’ab- sorption, quoique relativement notable, pourrait donner lieu à des perturbations dans le mouve- ment de la Lune, échappant à tout contrôle astro- nomique. * * * On pourrait formuler et étudier d’autres ques- tions analogues, de caractère astronomique, mais j'ai hâte d’arriver aux contrôles purement phy- siques de mes théories, réalisables au labora- toire. À cet égard, je dirai tout de suite que j'ai entrepris, il y a troisans, une expérience pour vérifier la justesse de mes prévisions ; mais, pour bien faire comprendre mes recherches, j'établi- rai d’abord quelques prémisses. On peut supposer d’abord que l'absorption gravifique dépend de la densité du milieu absor- bant et, pour simplifier, qu’elle est exactement proportionnelle à cette densité. D’après cette hypothèse, la loi de Newton, modifiée pour le cas d’une force attractive se propageant à travers la matière de densité d, deviendrait: mm = —— ne Je où est le coefficient d'amortissement ou d’'ab- sorption gravifique ; il représente l’absorption que subit l'unité de force, lorsqu'elle traverse l’unité de distance et pour un milieu d'unité de den- sité. Avant de penser à une recherche expéri- mentale quelconque, j'ai, parun calcul laborieux, que je ne peux reproduire ici, cherché à estimer l'ordre de grandeur probable de ce coefficient A. Et j'ai appliqué ce calcul au cas de la plus grande agglomération de matière pondérable voisine de nous : le Soleil. Puisque cet astre nous apparaît 1. W. De SiTrer : On absorption of gravitation; Proceed. R. Acc. Amsterdam, v. XV, p. 808; 1912; K. F. Borruincrer : Die Gravitations-theorie und die Bewegung des Mondes ; Mün- chen, 1912, REVUR GRNÉRALE DE8 SCIENCES, avec une densité différente de zéro (1,41), on en conclut que la valeur de À n'est pas infinie (car autrement le Soleil nous apparaîtrait comme ayant une densité ou une masse nulle: en con- sidérant le Soleil, on déduit par le calcul une valeur limite supérieure de 4, égale à 7,66.10—1?, correspondant à une densitéhypothétiquesolaire infinie. En réalité À doit avoir une valeur bien plus petite, parce que, selon toute probabilité, le Soleil ne peut avoir en tout cas une densité supérieure à 25 environ (densité des corps les plus lourds connus). En outre, si nous admet- tons qu’une partie non négligeable de la masse solaire reste pour ainsi dire cachée, puisque c’est d'elle que dépend la formation d’une bonne par- tie de la chaleur solaire, et si nous supposons, P. ex., que cette partie soit au moins le 1/10 de la valeur totale, la densité vraie du Soleil, au lieu d’être égale à 1,41, sera de 1,6 environ. Le même calcul nous montre que la valeur de À est alors de 10—!?. Par conséquent, quelle que soit l’hy- pothèse admise pour la densité vraie du Soleil (comprise entre 1,6 et 25), l’ordre de grandeur de la valeur du coefficient d'absorption À esttou- jours de 10—"?. Seule une analyse, que je ne puis développer ici,peutexpliquerce résultat curieux, apparemment paradoxal, mais qui m'a été un pré- cieux auxiliaire dansla réalisation des contrôles expérimentaux dont je vais maintenant parler brièvement. Pour rechercher la valeur de la constante b, j'ai réussi, il ya déjà deuxans, à peserune sphère de plomb de 1.274 gr., libre, puis entourée symé- triquement de 104 kg. de mercure. La balance employée avait une telle sensibilité qu'elle pou- vaitdéceler une variation de poids correspondant à un amortissement ‘de la force gravifique de 10—'?. Sans discuter ici des nombreuses cau- ses d’erreur que j'ai eu à éliminer dans le cours de cette expérience, je dirai simplement que j'ai. trouvé la diminution prévue du poids de la sphère provenant dela présence du mercure,égale à 1/1.000 dé milligramme. Autrement dit, con- formément à mes prévisions, la force gravifique (la gravitation dans ce cäs), en traversant le manteau de mercure de 8,5 cm. d'épaisseur envi- ron, disposé autour de la sphère, s’est trouvée affaiblie. La valeur de X, c’est-à-dire l’affaiblis- sement subi par l’unité de poids, pour l’unité de densité du milieu et pour l’unité de distance par- courue parla force gravifiqué, est par conséquent de DE 1 millième de mg. 1.274 gr. X 13,6 X 8,5 cm. où 13,6 est la densité du mercure ; cette valeur confirme donc mes prévisions non seulement 2 — 6,66.10—!?, 74 Quirio MAJORANA. — SUR L'ABSORPTION DE LA GRAVITATION DR ER — nouveau dispositif et quidépend du parcours rec- tiligne de la gravitation dans la masse du cube (ce parcours, malgré la masse environ 100 fois plus grande, n’est que 4 ou 5 fois plus grand que dans le cas du mercure), aurait dù être précisément 4 à 5 fois plus forte, c’est-à-dire égale à 4 ou 5 mil- lièmes de milligramme, étant donnée la faible dif- férence de densité entre le mercure etle plomb. En fait, après avoirlutté plus d’une année contre comme signe, mais encore comme ordre de grandeur. Récemment, J'ai répété l'expérience dans des conditions notablement différentes. La sphère de plomb et la balance sont les mêmes que dans la première expérience ; la masse absorbante Fig. 1. — Appareil ayant servi à déceler l'absorption de la gravitation. S, sphère en plomb de 1.274 gr. ; P;, P,, prismes en plomb de 5 tonnes chacun. Les prismes peuvent tourner automatiquement et se porter sous la sphère. La balance est placée à l'étage supérieur. les difficultés résultant de la nécessité de faire mouvoir une masse de 10 tonnes dans le voisi- nage d'une balance qui devait déceler des varia- tions de poids de l’ordre du milliardième de la masse attachée à ses bras (c’est-à-dire un mil- lième de mg. pour 1 kg. environ), j'ai trouvé que la variation de poids, quoique se manifestant dans est constituée par 9.603 kg. de plomb, disposés en forme de cube, de 95 em. de côté (fig. 1). Le cube peut être décomposé en deux prismes de 95 cm. de hauteur et de 95>-47,5 em? de base. Ces prismes sont mobileseton peut les réunir de manière que, dans une première série d’ex- périences, la sphère de plomb soit emprisonnée au centre du cube ainsi formé et suspendue sans le toucher, par un fil, à la balance extérieure ; ou bien les dits prismes peuvent être écartés jus- qu’à 3 mètres de la sphère. La diminution de poids de la sphère, qu’on peut prévoir avec ce le sens voulu, n’est que de 2/1.000 de mg., c’est-à- dire d'environ la moitié de la différence prévue. Ceci conduit pour À à une valeur de 2,8.10—12,au lieu de 6,7.10—12. Présentement je ne saurais pas dire si la différence entre ces deuxrésultats pro- Quirio MAJORANA. — SUR L’ABSORPTION DE LA GRAVITATION 75 ————— ———…—…—…—…—…—…—…—…—…——…———— …———————————_——_————————————.——.——————..—— ————————————— vient de quelque erreur dans la première déter- mination, ou (mais c’est moins probable) dans la seconde: ou bien d’un défaut de ma théorie, qui serait valable de cette façon seulement en première approximation. D’autres expériences pourront répondre à cette question; mais la concordance du signe et, dans une certaine mesure, de l’ordre de grandeur des deux déter- minations est déjà un résultat très satisfaisant. Dans une seconde série d'expériences, j'ai dis- posé la sphère de plomb immédiatement au- dessus du cube protecteur, en déterminant de cette façon l'attraction newtonienne correspon- dante, égale à peu près à 2/10 de milligramme. Et enfin, dans une troisième série, j'ai placé la sphère immédiatement au-dessous du cube ; la nouvelle attraction, de direction contraire à la précédente, se trouve quelque peu plus grande en valeur absolue (c’est-à-dire supérieure à 2/10 de mg.) d'environ 4/1.000 de mg. Cette différence est donc le double de la diminution de poids que l’on avait observée lorsque la sphère était au centre du cube. L’ex- plication la plus simple de ce résultat est que, dans la deuxième série d'expériences, l’absorp- tion gravifique est double, justement parce que les rayons gravifiques terrestres traversent toute la largeur du cube, et non la moitié, comme dans le cas de la sphère placée au centre ; au contraire, dans la troisième série, l'absorption est nulle. Ce résultat, non seulement montre l'accord entre l'absorption trouvée dans le cas delasphère placée au centre du cube et dans le cas de la sphère placée au-dessus, mais nous permet de décider définitivement entre l'hypothèse des particules locales,avancée par moi, et celle des particules ultramondaines de Lesage. En effet, d'après cette dernière théorie, même lorsque la sphère se trouve au-dessous du cube, elle aurait dù subir un allégement à cause de la présence du cube même, parce que des parti- cules venant de l'extérieur s’y seraient arrêtées. Il me semble donc que la théorie des parti- cules locales soit préférable sans aucun doute. * * Avec les expériences citées, qui représentent quatre années de travail, jene prétends pasavoir fourni une preuve absolue des théories propo- sées par moi. On peut m'objecter que quelque cause perturbatrice cachée m'a induit en erreur, quoique je sois persuadé de les avoir toutes éliminées ; le lecteur en jugera par les relations détaillées de mes expériences que j'ai déjà pu- bliées, ou qui vont encore paraître. Certes, le problème que J'ai posé a uné telle importance pour le progrès de la science physique, et pour la compréheñsion de deux des plus formidables phénomènes naturels (gravitation et chaleur solaire), qu'il serait désirable que d’autres savants tâchent de répéter mes expériences dans des conditions identiques ou différentes. Ce n’est que lorsque les résultats annoncés par moi auront été confirmés par d’autres, même quali- tativement, que la Science aura fait un autre pas sûr dans la voie du progrès. En attendant, j'ai le plaisir d'annoncer que l’éminent physi- cien américain A.A. Michelson, qui s’est inté- ressé à mes recherches, vient de m'informer qu’il se propose de répéter mes expériences. Pour terminer ce bref exposé, je dois dire que j'ai suspendu pour le moment les observations relatives à l’action d'écran de la matière sur la gravitation, et que j’ai l'intention de commen- cer des recherches expérimentales sur le phé- nomène éventuel de la génération de la chaleur dans un champ gravifique. Quirino Majorana, Professeur à l'Université de Bologne. (Traduitde l'italien parSt.Procopiu, Professeur agrégé.) 1 [eP] Cu. MAURAIN. — LA VARIATION DE LA VITESSE DU VENT AVEC L'ALTITUDE LA VARIATION DE LA VITESSE DU VENT AVEC L'ALTITUDE Un ensemble de travaux récents a mis en évi- dence une propriété nouvelle de la stratosphère, cette zone de l’atmosphère à température sensi- blement constante qui a été découverte par Teisserene de Bort : alors qu'’au-dessous de la stratosphère la vitesse moyenne du vent croit avec l'altitude, à partir de l’altitude où com- mence la stratosphère cette vitesse se met au contraire à décroitre. Ilétait intéressant, au moment où la mise en service des moteurs suralimentés de M. Rateau rendait possible le vol des avions à des altitudes non encores atteintes, d'être renseigné sur les vitesses des vents que lesavions rencontreront en s’élevant de plus en plus haut. Jusqu'aux alti- tudes actuellement atteintes par les avions ou les ballons montés, la vitesse moyenne du: vent croit avec l'altitude. Cave, dans l'important ouvrage où il aexposé les résultats de ses obser- vations par ballons-pilotes à Ditcham Park !, a noté que les résultats moyens des quelques son- dages (onze) au cours desquels le ballon avait pénétré dans la stratosphère indiquaient que la vitesse du vent cesse de croître à la limitede la stratosphère et décroît ensuite à mesure que l'altitude croît. En vue de préciser cetle variation, j'ai uti- lisé, dans les Publications de la Commission internationale pour l’Aérostation scientifique, toutes les ascensions de ballons-pilotes ayant dépassé 10.000 mètreset pour lesquelles les visées ont permis la mesure de la vitesse, du 1° jan- vier 1904 au 30 juin 1912; il y en a 192, abstrac- tion faite d’un très petit nombre faisant double emploi, auxquelles j'ai joint 6 autres ascensions données dans l’ouvrage de Cave. Pour chacun de ces sondages a été tracé, avec l’aide du bureau de dessin de la Direction des Recherches scien- tifiques et industrielles et des Inventions, le graphique représentant la variation de la vitesse du vent avec l'altitude, et on en a déduit les vitesses moyennes à chaque altitude. La courbe de la figure 1 résume les résultats obtenus ?. On voit que la vitesse moyenne déduite de ces sondages présente un maximum très accusé cor- respondant à l’altitude de 11 kilomètres; c’est à peu près l'altitude moyenne de la limite de la slratosphère dansles régions tempérées, régions dont provenait latrès grande majorité des obser- 1. C.J.P. Cave : The structure of the Atmosphere in clear weather. Cambridge, 1912. 2, C.R, de l'Académie des Sciences, t. GLXIX, p.79 ; 15 juil- let 1919, s s vations utilisées'. Ces résultats, portant sur un nombre beaucoup plus grand que celui des sondages utilisés par Cave, conduisent à la même conclusion, en lui donnant un caractère de certitude. On doit remarquer, naturellement, que ces observations correspondent à des conditions spé- ciales, celles d’un vent assez faible pour que le ballon n’ait pas été déporté horizontalement à une distance où il aurait échappé à la visée. SET A La CT TRIEIS AIN 2000 4000 6000 8000 10000 12 000 000 00 1E000 ZCOUL Alkitude Fig. 1. — Variation de la vitesse moyenne du Dent avec l'altitude dans 198 ascensions de ballons-pilotes ayant dépassé 10.000 m. D'ailleurs, le nombre des observations décroit à mesure que l'altitude augmente, les sondages ayant atteint une certaine altitude étant d'autant plus rares que cette altitude est grande; il en résulte que, dans les moyennes obtenues, celles : qui correspondent aux altitudes élevées sont défavorisées, quant à la valeur de la vitesse, par rapport aux moyennes correspondant aux basses altitudes : il y a en effet des chances, d’après la remarque faite ci-dessus, pour que les observa- tions à grande altitude correspondent à des vents en moyenne plus faibles que les observations limitées aux altitudes plus basses. we M. le Capitaine de corvette Rouch a publié, à la même époque?, les résultats de quelques 1. Voici la liste de ces observations: Strasbourg, 31; Zurich,21 ; Lindenberg, 19 ; Ditcham Park, 16 ; Hambourg, 12; Ténériffe, 10; Copenhague, Ekatérinbourg et Pavie, 9; Vienne, 7; Océan Atlantique, 6. Pawlowsk, 6; Batavia, Blue-Hill ‘et Nijni-Oeltchedaeff, 5 ; Uccle, 4; Koutchino, Milan et Tachkent, 3; Bergen, mer Caribique, Fuerteven- tura et Friedrichshafen, 2; Bracciano, Francfort, le Caire, Munich, Pola, Tiflis et Trappes, 1. 2, J. Poucx : C. R, de l’Acad, des Sciences, t. GLXVIII, p. 1281; 23 juin 1919. Cu. MAURAIN. — LA VARIATION DE LA VITESSE DU VENT AVEC L'ALTITUDE 77 ascensions de ballons-pilotes effectuées dans les stations maritimes de météorologie ; de l’en- semble de ces résultats, il conclut que, dans les conditions de ces sondages, la vitesse du vent ne diminue pas dans la stratosphère, la règle générale étant plutôtune augmentation de vitesse qu'une diminution; et M. Rouch, devant ses propres résultats (dus, je pense,au nombre trop faible des sondages utilisés), tend à attri- buer à la circonstance que je viens d'exposer à l'instant l’allure avec maximum de la courbe de la figure 1, allure qui aurait ainsi un caractère plus apparent que réel. Maïs on peut se convaincre, par l'étude des résultats d’un grand nombre de sondages, que l'allure à maximum correspond bien à un phéno- mène réel. Sans entrer dans le détail, il suffit par exemple de prendre parmi les sondages, comme je l'ai fait', seulement ceux qui ont dépassé une grande altitude, supérieure à celle du maximum de la vitesse moyenne, 15 kilomè- tres par exemple, et de calculer les moyennes correspondant à ces sondages seulement; on obtient ainsi des valeurs peu différentes de cel- les de la courbe dela fig. 1, et présentantle maxi- mum pour la même valeur, 11 km., de l'altitude ; voici ces valeurs (nombre d’ascensions 55) : Altitude GR 2 3 n 5 6 Vitesse (=) 5,2 6,01 6,63 7,40 8,18 9,04 9,57 moyenne\sec. Altitude 7 8 9 10 11 12 Vitesse moyenne 10/65" 11,53 12,71: 14,02 14,55, 13,17 Allitude 13 14 15 16 17 18 19 Vitessse moy. 12,13 10,88 10,05 9,44 9,36 8,12 8,04 On est bien certain alors, puisque les valeurs moyennes correspondant aux altitudes infé- rieures à 15 kilomètres sont déduites du même nombre d'observations provenant des mêmes son- dages, que, pourcessondages, la vitesse moyenne du vent passe par un maximum et décroit ensuite; au-dessus de 15 kilomètres intervient encore ici l'influence perturbatrice provenant de la décroissance du nombre des observations, mais cette influence est faible. % * * Depuis ont été publiés d’autres travaux statis- tiques, dont les auteurs ont utilisé un nombre d'observations encore plus grand que celui des observations dont j'avais pu disposer, ce qui leur a permis d'établir des moyennes portant sur des zones de latitudes différentes et de montrer que l’allure de la variation de la vitesse moyenne du vent avec l'altitude est reliée étroitement à celle dela variation de la température. La limite de 1, CR. de l'Acad. des Sciences, t. GXIX, p. 1419; 29 dé- cembre 1919, la stratosphère, c’est-à-dire l’altitude à partir de laquelle la température cesse de décroitre, dépend en effet de la latitude : dans nos régions, elle est en moyenne de 11 kilomètres environ : à 68° de lat. Nord (Kiruna),elleest d'environ 10 km.; dans les régions équatoriales, la limite moyenne n'est pas atteinte à 14 km. Dans une station déterminée, la limite de la stratosphère est d’ail- leurs variable ; dans nos régions, par exemple, elle varie en général de 8 à 13 km., et est parfois en decà ou au delà de ces altitudes. Vitesse en -rêtres Seconde Altitude bn Ailomèttres 8 10 1 1& 16 18 £o 9° 2 # 6 Fig. 2, — Variation de la vitesse du vent avec l'altitude, d'après W. Peppler (observations par ballons-pilotes). Les résultats déduits par W. Peppler! d'ob- servations par ballons-pilotes sont résumés dans les courbes de la figure 2. La courbe I repré- sente les moyennes d'observations faites à Batavia (Van Bemmelen), à 6° de latitude Sud; II, les moyennes d'observations faites entre 10° et 150 de latitude Nord (A. Peppler); III, entre 15° et 30° Nord (A. Péppler); IV, entre 45° et 55° Nord (W. Peppler). On voit que, aux faibles latitudes, la vitesse du vent est plus faible que dans nos régions; pour Batavia, la vitesse croît avec l’altitude jusqu'aux altitudes de 14 ou 15 km., ce qui correspond à l'élévation plus grande de la stratosphère rap- pelée ci-dessus; pour les latitudes intermé- diaires, le nombre des observations utilisées est relativement faible; il y aurait à préciser les 1. W. PePrpLer : Die Windverhaltnisse der freien Almo- sphere, dans: Die Arbeilen des preussichen Aeronautischen Observatoriums bei Litdenberg pour 1919, tome XII, p. 50-65; Braunschweig, Fr. Vieweg. M. Lapresle a publié dans l'Aéro- phile (mars 4920, p. 66) un exposé résumé de ce travail. 78 Cu. MAURAIN. — LA VARIATION DE LA VITESSE DU VENT AVEC L'ALTITUDE ————————————————————————— (2 ———_—_——— moyennes. Ces observations se trouvent être des | observations dont la moyenne générale est re- observations d’été, et donnent par suite des | présentée par la courbe IV. Les courbes de moyennes un peu faibles par rapport à ce que | la figure 3 représentent ces moyennes d'été et seraient des moyennes portant sur toute l’année, | d'hiver; en hiver les vitesses sont plus grandes la vitesse du vent étant plus faible en été qu'en | et le maximum correspond à une altitude plus hiver. La courbe IV représente les moyennes | faible qu’en été (10 km. environ pour l'hiver, déduites de 798 ascensions de ballons-pilotes | 11 km:pour l'été). effectuées dans des stations d'Europe situées M. Peppler a cherché à préciser la relation entre 45° et 55° de latitude Nord, et de0° à 15° de | entre la limitede la stratosphère et le maximum longitude Est; mais W. Peppler a utilisé toutes | de la vitesse du vent; pour celail a choisi 45 as- censions particulièrement favorables Vitesse en te 7 7 7 7 7 par altitude atteinte et la netteté des 20 variations de la température et du FA veut; sa conclusion est que le maxi- F mum de vitesse du vent se produit un 16 peu au-dessous de la limite de la stratosphère, cette différence étant du d'autant plus accusée que l'altitude est A plus grande; lorsque la limite de la stratosphère est à 8 ou 9 kilomètres, le <',1 23 maximum de la vitesse du vent se pro- duit à peu près à la même hauteur: ; dans les conditions les plus habi- 6 tuelles, le maximum se produit envi- ron {kilomètre au-dessous de la strato- # sphère, et la différence s’accentue | jusqu’à tendre vers 2 kilomètres quand 2 la stratosphère commence seulement vers 14 kilomètres. ° LANE ce NE TEE MT MOTTE TOR MENT AR SET 7 Ç Fig. 3. — Variation de la vitesse du vent avec l'altitude pendant les mois Lie d'hiver et d'été(observations par ballons-pilotes, d’après W. Peppler). M. Hildebrand Hildebrandsson a pu- blié un travail d'ensemble sur la répar- les ascensions ayant dépassé 4 kilomètres seule- | tition du ventet de la température aux différentes ment: ses moyennes sont donc beaucoup plus | altitudes!; il y réunit les résultats exposés ci-. troublées par la diminution du nombre desobser- | dessus et y ajoute ceux d’autres travaux statis- vations avec l'altitude que ne le sont les miennes | tiques portant aussi sur les observations par (sur ces798ascensions, 65 seulement ont dépassé | ballons-pilotes : les courbes de la figure 4 repré- 15 kilomètres) ;les valeurs des vitesses moyennes | sentent des moyennes provenant respectivement sont plus élevées que celles de la courbe que j'ai | de 7 ascensions effectuées à Batavia, 17 ascen- -obtenue : cela provient, d’une part, de ce que W. | sions effectuées au cours de campagnes de Teis- Peppler a utilisé les ascensions dépassant 4 km., | serenc de Bort en 1906 et 1907 à bord de l’'Otario, et, d'autre part, de ce que j’aifait entrer en ligne | dans l’Atlantique entre 70 de lat. Sud et 17° de de compte, pour prendre toutes les observations, | lat. Nord ?, et 10 ascensions effectuées à la même quelques-unes provenant d’ascensions à faible | époque par Teisserenc de Bort sur l'Atlantique latitude, c’est-à-dire, de régions où la vitesse | entre 19° et 32 de lat. Nord *. Les deux pre- moyenne du vent est moindre que dans nos | mières courbes ne présentent pas de maximum; régions.— Quoi qu'ilensoit, lacourbe IV présente | la dernière présenteun maximum pour une alti- une allure tout à fait semblable à celle de la | tude d'environ 12 kilomètres. : fig. 1, avec un maximum très accusé de la vitesse M. Hildebrandsson donne aussi les pitesses du vent; les fluctuations de la courbe correspon- | moyennes déduites de mesures faites en utilisant dant aux plus hautes altitudes proviennent sans A ondes Panel doute de la faiblesse du nombre des observa- vitesses du vent et les températures dans l'air libre à des tions à ces altitudes. hauteurs différentes. Geogra/fiska Annalen, 1920, H. 2, p.97- ; PTE ee 2 118 {en français) M.W. Peppler a établi séparément les moyen- 2. Travail SeEnipaues De Tarte de Melo lee nes d'été et les moyennes d'hiver pour les | dynamique de Trappes, tome IV, Gauthier-Villars, 1909. Vitesse en Cu. MAURAIN. — LA VARIATION DE LA VITESSE DU VENT AVEC L'ALTITUDE 79 ——_—_—_—_—_—_—_—_—_—_—— le déplacement des nuages, au cours d’observa- tions très nombreuses faites il y a une vingtaine d'années, sous son impulsion, par un certain nombre d’observatoires. M. Hildebrandsson donne aussi les hauteurs moyennes des diffé- rentes sortes de nuages obtenues par ces obser- vations et les vitesses de vent correspondantes. Il en déduit en particulier pour cinq stations (Upsala, Potsdam, Trappes, Washington et Blue Hill) les vitesses moÿennes approximatives d’hi- ver et d'été. Ces valeurs manifestent comme mètres seconde Atlantique 725 172N és 19 Ti Batayia Atlantique 19° al L nue fs rpares| AS ii ] OT TE TEST Fig. 4. — Variation de la vitesse du vent avec l'altitude, d'après Hildebrandsson (observations par ballons-pilotes). les précédentes une vitesse plus grande en hiver. Dans la figure 5, on a représenté en fonction de l'altitude les moyennes des valeurs d'hiver et. d'été, c’est-à-dire approximativement les moyennes générales. Les vitesses obtenues par ce procédé sont, comme on le voit, beaucoup plus grandes que celles déduites des ascensions de ballons-pilotes; cette différence provient sans doute de ce qu’il y a des nuages à peu près par tous les temps, tandis que les ascensions de ballons-sondes qui permettent des mesures jusqu'aux grandes alti- tudes correspondent, commeil a été ditplus haut, à des temps clairs et à des vents pas trop forts. Il serait évidemment de grand intérêt d'étendre à de plus grandesaltitudeset à destypes de temps variés la comparaison des résultats obtenus par les deux procédés. Maïs les nuages font défaut dans la stratosphère; dans nos régions, les cirrus les plus élevés dépassent rarement 10.000 mètres; dans les régions équatoriales, où la stratosphère est plus élevée, on observe des nuages jusqu’à 11.000 ou 12.000 mètres, ‘exceptionnellement 13.000 ou 14.000. Les nuages ne peuvent donc fournir de renseignements généraux sur la vi- tesse moyenne du vent au-dessus de 9.000 ou 10.000 mètres. $ Pendant la guerre, on a souvent utilisé pour étudier le vent les petits nuages produits par les mètres Vitesse S'econde CA 2 4 6 8 1o Fig.5.— Variation de la vitesse du vent avec l'altitude, d’après Hildebrandsson (observation des nuages). éclatements des obus, mais seulement jusqu’à quelques kilomètres; l'emploi d’une artillerie spéciale permettrait peut-être d'étendre la mé- thode à de plus grandes altitudes, par exemple par la formation, pendant la nuit, de nuages lu- mineux de persistance suffisante. Un américain, M. Goddard, a étudié des fusées destinées à s’élever dans la haute atmosphère, et même à y faire des prises d'air, mais il semble ne pas être encore passé à une réalisation satisfaisante !. Les mesures par ballons-pilotes peuvent être étendues à des temps autres que les temps clairs par l'emploi d’une méthode établie pendant la guerre par le Service Météorologique militaire, 1. Robert H. GopparDp : À method of reaching extreme altitudes, Publications de la Smithsonian Institution, Wus- hington, 1919, V. La Nature, 14 mai 1921. 80 CH. MAURAIN. — LA VARIATION DE LA VITESSE DU VENT AVEC L'ALTITUDE méthode reposant sur le même principe que le repérage de l'artillerie par le son : les ballons- pilotes emportent des pétards qui explosent à intervalles convenables; le bruit des explosions est enregistré par plusieurs postes ; on déduit de cet enregistrement la position du ballon au mo- ment des explosions successives, et par suite la trajectoire du ballon. Cette méthode acoustique s'applique quand la visibilité fait défaut; c’est pour cela qu’elle a été imaginée, en vue de fournir à l'artillerie, par temps couvert, la vitesse du vent dans l'atmosphère, nécessaire aux corrections du tir. Elle peut donc permettre une grande exten- sion des renseignements obtenus par ballons- pilotes. Une telle extension peut être déjà déduite de l'observation des points de chute des ballons- enregistreurs ; les observatoires météorologiques utilisent les petits ballons libres de deux maniè- res : de petits ballons (ballons-pilotes, de 40 centi- mètres de diamètre environ) n’emportent aucun appareil, etservent uniquement à l’étude du vent; d’autres, plus gros (ballons-sondes, ou ballons- enregistreurs, de 1,5 mètre de diamètre par exemple), emportentdes appareils enregistrant la pression, la température, l’état hygrométrique; on peut effectuer sur ces ballons-enregistreurs des visées si le temps est clair; si le temps est couvert, l'enregistreur de pression permet de con- naître approximativement la hauteur atteinte pendant l'ascension : d’ailleursla vitesse d’ascen- sion et la vitessede descente de ces ballons sont approximativementconstantes et égales ; si donc on connaît le point de chute, on peut calculer la vitesse moyenne du vent du sol à la hauteur maximum atteinte. C’est ce qu’a fait W, Peppler pour les observations de Lindenberg.Dans le tra- vail cité plus haut, W. Peppler donne les moyen- nes ainsi obtenues pour les diverses directions, et les moyennes d'hiver et d'été déduites de plu- sieurs centaines d'observations. J’indique ci- dessous seulementles moyennes générales, com- parées aux mêmes moyennes déduites des visées de ballons-pilotes : Ballons Ballons enregistreurs pilotes = ÿ seconde de 0 à 8,5 kilomètres..... UE 10,45 mètres de 0 à 12,5 Le NEA 13,3 — 12,28 de O0 à 17,5 AMEN PCR 11,8 — 12,95 de 0 à environ 25, — ..... CIRE 12,1 Le parallélisme des deux séries de valeurs est, comme le fait remarquer W, Peppler, beaucoup plus grand qu’on n'aurait pu l’attendre; la série correspondant aux ballons enregistreurs mani- feste nettement une diminution de la vitesse moyenne du vent aux grandes altitudes ; à vrai dire, on peut penser que c’est surtout par temps relativement calme que l’observation des points de chute des ballons enregistreurs peut être faite. # * * * En résumé, les mesures de la vitesse du vent déduites de l'observation des ballons-pilotes in- diquent l’existence d’un maximum de la vitesse à une altitude qui est- voisine de celle de la limite de la stratosphère ; la valeur de ce maximum est d'environ 16 ou 18 mètres par seconde, D’autre part, l’observation des nuages, limitée à9 ou 10 ki- lomètres, conduit à des valeurs moyennes plus grandes que les précédentes. Enfin l'observation des points de chute des ballons-enregistreurs donne plus de généralité à l’allure des résultats obtenus par la visée de ballons-pilotes. La con- séquence globale probable est que la vitesse moyenne d'ensemble du vent varie avec l’altitude dans le sens qu'indiquent les ballons-pilotes, mais avec des valeurs plus fortes de la vitesse. — Quant à la direction, les vents dominants sont dans nos régions les vents d'Ouest, avec légère rotation vers le Nord à mesure que l'altitude croît; la prédominance n’est d’ailleurs pas très accen- tuée. Dans les régions équatoriales, ce sont les vents d’Est qui sont dominants. — La strato- sphère se présente ainsi comme une zone où les mouvements généraux de l’atmosphère devien- nent plus lents (et probablement plus réguliers), comme on pouvaitl’attendre d'après le caractère peu variable de sa température. Ch. Maurain, Professeur à la Faculté des Sciences de Paris, Directeur de l'Institut de Physique du Globe, JEAN DUFRÉNOY. — LA SÉLECTION DES BLÉS RÉSISTANT AUX ROUILLES 81 2 LA SÉLECTION DES BLÉS RÉSISTANT AUX ROUILLES Les Blés peuvent être rouillés par trois « espè- ces » de Puccinia : la première, du type ?. Gra- minis (P, Graminis-trilici), cause la rouille liné- aire (rouille noire; rouille des tiges ; black stem rust); les deux autres, du type rubigo vera !, sont Je P. Glumarum Î. tritict (rouille jaune ou r. vraie) et le ?. triticina (rouille brune) ?. Il ne semble pas exister de Blé résistant aux rouilles en général$. I. — Le P. Graminis trilici attaque fortement les 7'riticum vulgare, sauf quelques races sélec- tionnées (Kota)*. Il attaque peu les Bles durs dont les races sélectionnées en Amérique (Ku- banka C.[. 2094, Jumillo C.[. 1736, Acmé, D.4) sont pratiquement résistantes, et laisse indemne les blés amidonniers, 7. dicoccum*, qui ont fourni la variété Minnesota 1165, pratiquement douée d’immunité,et la variété d’origineindienne Khapli C.I. 4013, le plus résistant de tous les blés connus. L Le P. Glumarum est pour nos cultures fran- çaises la rouille la plus gêénante : si les 7. monococcum en sont exempts,si les 7’. durum, polonicum, turgidum et quelques dicoccum lui résistent, les 7. spelta, compactum et la presque totalité des vulgare lui sont sensibles. C'est dire que seules quelques races de blés tendres peuvent lui résister ; en 1921, c’est exclu- sivement le P. Glumarum qui rouillait les blés des cultures expérimentales de Schribaux à Noisy, de Beauverie à Clermont: entre des lignes parfois tres rouillées,Beauverie a vu Wilhelmina, Thule, et Pansar II de Svaloff résister, et Schri- baux a pu cultiver ses hybrides productifs parfai- tement indemnes, Il. Le P, triticina rouille fortement les 7'.com- 1. G.Fron : Les maladies des plantes cultivées.J.Montaudon, Paris, 1920, £ 2. Cette rouille, considérée jusqu'ici comme autoïque, pourrait avoir un stade écidien sur les Thalictrum (JAck- son et Mains : Aecial stage of the orange leafrust of wheat... J. Agr.'Res., oct. 1921). 3. Forex : Rouilles des céréales. Montpellier, 1908, 4. WaLpRoN et CLarx : Kota, a rust-resistant var, of common spring-wheat, J. Amer. Soc. Agro., mai 1919, 5. G. Frasez : Conseils pour la saison N° 19, Ottawa, 1921. 6. Kubanka G,I, 2094 a cependant été rouillé dans les cul- tures de Beauverie d’une façon-assez sensible, — BEAUVERIE : Les méthodes de sélection appliquées aux céréales de se- mences. Rev.gén.Sc. des 15 et 28 fév. 1919. — Ip, : L'amé- lioration des céréales par la pratique des sélections. Public. Of. région. agr. Clermont-Ferrand, 1920. — Ip. : Rev, Syn- dicät dep. Agr, et Vitic. Puy-de-Dôme, nov. 1921. — Hein- RICK : Sélection des var. de Blé en A.-L. C.R, Congrès A,F.4.8. Strasbourg, p.757; 1920. pactum (American Clubs), modérément les Pou- lards et le T. Spelta (Epeautres). Les blés durs, les amidonniers,et les engrains sont généralement résistants. Les blés les plus résistants nous viennent de Crimée (Malakoff C. L. 4898, et l'hybride Ture X Minnesota barbu). IT. — Le ?. qu'on considère comme spécial à l’ancien continent, fut décou- vert aux Etats-Unis par K. Ralvn en 1915. Ce- pendant il y est sans importance, et les blés qui nous viennent d'Amérique sont fortement enva- his quand on les cultive en Europe. Glumarum, Nous venons de distinguer des « espèces », des « races » et des « lignées » de blés. En effet, les «espèces » sont des complexes d’hétérozygotes, où le facteur résistance est plus ou moins mas- qué. De chaque espèce on peut tirer un certain nombre de lignées pures offrant chacune aux rouilles une inégale résistance ?, Sélectionner des blés résistants, c'est, d’une « espèce » groupant des individus résistants dans l'ensemble, isoler les sujets les plus résis- tants. 1. Des blés tendres résistant au 2. Graminis trilici ont été obtenus en croisant des amidon- niers résistants avec des blés tendres suscep- tibles. 2. Des blés durs résistant au P. Graminis- tritici,croisés avec des blés tendres susceptibles, ont fourni des hybridesrésistants du type épeau- tre, amidonnier, poulard, blé dur ou blé tendre. Par ségrégation transsressivedu caractère résis- tance, certains de ces hybrides se sont montrés plus résistants que leur parent résistant. 3. Il existe dans les Oasis du Sahara des Epeautres (T. Spelta), des Blés durs (7. durum) et des blés tendres (7. eulgare) remarquables pour leur productivité (M. Ducellier a trouvé des épis de 100 grains, des épillets de plus de 6 grains)$. Ces blés ne peuvent être cultivés en France, parce qu’ils y sont très fortement rouilles. 1. WuerzeL et Humpurey : F.W. Ralvn (Phytopath., v. XI n° 1, p. 2). 2. BeauveRIE : Etat actuel de la question de la propaga- tion des Rouilles. Rev. gén. Sc., 15 fév. 1912, pp.106-19. 3. DuceLLier : Les blés du Sahara. RuWIÈRE et LecQ : Sur l’agriculture algérienne . ScoriEeLp : The algerian durum wheats. Travaux de l'Ecole d'Agriculture de Tunis, de M. Faucon, de M. Trabut (Faculté d'Alger). , 82 Croisés avec le Rlé de Riéti, ces blés suscepti- bles donnent des hybrides résistants, très pro- ductifs et très précoces |[Schribaux), justifiant de grandes espérances. Que la résistance soit un caractère mendé- lien! ou non (Schribaux), c’est un caractère transmissible; une race résistante, obtenue par sélection naturelle ou artificielle, peut servir à la production d’hybrides résistants. Non plus que de Blé résistant aux Rouilles en général, on ne doit parler de Blé résistant au P. Graminis-tritici, où au P. triticina,.… sars plus préciser. Le P. triticina a été, aux Etats-Unis, décom- posé en deux formes ?. L'histoire des Puccinia que groupe le vocable Graminis est compliquée : l «espèce » P. Gra- minis fut décomposée, d’après les hôtes rouillés, en 6 «espèces » dont l’une, P. Gramäinis-trilici, dut plus tard être divisée en P. Graminis-trilici et P. G. tritici-compactr. Enfin, l'étude des Rouilles des différents blés du monde réunis dans les cultures de l’Univer- sité de St-Paul (Minnesota) a montré à Stakman et à Levine que P. G. tréici et P. G. tritici- compacti ne sont encore que des groupements artificiels, comprenant à eux deux 33 formes distinctes et d’égale valeur. Chaque forme ne peut rouiller que certains blés ; son identité biologique est déterminée par son degré de virulence pour chaque race de blé*; cette virulence spécifique est une propriété cons- tante que des passages successifs sur des hôtes plus ou moins sensibles ou résistants ne peut ni exalter ni affaiblir‘. 1. Hayes, Parker et KurrzweiL : Genetics of rust resis- tance in crosses of varielies of Trilicum vulgare With varie- ties of T. durum and T. Dicoccum. J. Agr. Res.,v. XIX, n°11, sept. 1920. — Lopiore : Recent biol., researches on the russ affecting Cereals. Missourz Bull. Agr. Intell. et Plant. diseases, juin 1919. 2. Mains et Jackson : Two strains of P.triticina on Wheat in the U.S. Phytopathology, v. W, p. 40.— MeLcners : /bid., v. VAT, p. 79; et v:X;"p.3. TayLor : Report of the chief of the bureau of Plant Indus- try, p. 44. U.S. Dept. of Agriculture, 10 oct. 1920. 3. Levine et STAKMAN: À third biologic form of P. Gra- minis. on wheat. J. Agr. Research, v. XIII, juin 1918. STAKMAN, LEvine et LEacu : New bielogic forms of P.Gra- minis- J. Agr. Research, v. XVI, n°5, janvier 1919. CLark, MARTIN et Smiru : Varietal experiments with spring wheat on the northern great Plains, VU, 8. Dept. of Agr. Bull. 878, 9 nov. 1920. 4. STAKMAN, Parker et Pirmrisez ; Can biologic forms of stem rust on wheat change rapidly enough to interfere with breeding for rust resistance ? J. Agr. Res., v. XIV, juin 1918. STAKMAN, LEVINE, PiEMEIsEL : Elasticity of biologie forms of P. Graminis. J. Agr. Res., v. XV, oct. 1918. Lercu: P. G. trilici and P, G, trilici-compacti. Phytopath., v. IX, février 1919. Jean DUFRÉNOY. — LA SÉLECTION DES BLÉS RÉSISTANT AUX ROUILLES Chaque forme biologiquea d’ailleurs son iden- tité morphologique déterminée par la moyenne biométrique, l’aspect, le coloris de ses urédo- spores. 32 des 33 formes biologiques existent aux Etats-Unis : certaines localisées à quelques sta- tions, d’autres couvrant tout le territoire ou pénétrant au Canada, où Miss Margaret Newton les a retrouvées. La 33° forme est pyrénéenne!, Certaines de ces formes biologiques existent sur de grands territoires, d’autres paraissent localisées à des surfaces restreintes, mais cha- cune a sa répartition géographique propre. Et comme un même blé (Kanred...) peut être absolument résistant à une de ces formes biolo- giques, tandis qu il est fortement rouillé par une autre,on comprend qu’une même variété de blé, résistante dans une localité, soit rouillée dans une autre. # * *% C’est sur place qu’il faut sélectionner les blés résistant à la rouille qu'on veut cultiver dans chaque localité, puisqu'il ne paraît pas exister de race de blé résistant aux « Rouilles » en géné- ral ?. Chaque race de Blé se caractérise par son degré de susceptibilité ou d’immunité vis-à-vis de chaque race de Puccinia. Chaque race de Puccinia se caractérise par son degré de virulence vis-à-vis de chaque race de blé*. ; Etles races ainsi déterminées sontnombreuses. % * * Tel blé, résistant dans. sa station d’origine, et dépaysé, perd sa résistance, soit brusquement dès la première génération, soit progressivement au cours des générations successives. La résistance d’une variété commerciale, c'est- à-dire d'une population, diminue à chaque géné- ration si les individus que le milieu nouveau favorise et rend plus nombreux sont les moins résistants : la régression, au sens de Galton, se 1. Nous ne possédons pas évidemment en France les 33 for- mes de P.Graminis-tritici reconnues par les Américains, mais sans doute nousen possédons un certain nombre.et d'ailleurs nous possédons des formes qui nous sont propres : les Blés et les Berberis de Barèges (Hies-Pyrénées) nous ont fourni une forme que Levine a trouvée différente de celle quil connaissait aux Etats-Unis. Srakman et Levine : The effect of certain ecological fac- tors on the morphology of the urediniospores of ?.Graminis. J. Agr. Res., v. XVI, janv. 1919. 2. Tout au plus existe-t-il des blés résistant au P. Gra* minis sous ses 33 formes, 3. Cf. J. Durrenoy : Les réactifs biologiques de l’'Espèce- Rev. génér. Sc., janvier 1919, Jean DUFRÉNOY. — LA SÉLECTION DES BLÉS RÉSISTANT AUX ROUILLES 83 comprend dans les mélanges de lignées pures, non dans les lignées pures (Johannsen)!. La perte brusque de la résistance des lignées pures dépaysées n'admet que deux explications : 1° Le milieu nouveau possède des races de rouille qui n’existaient pas dans la station d’ori- gine, et auxquelles le blé introduit est sensible ; 2° La réceptivité s’acquiert par modification des conditions écologiques qui démolit l’équili- bre cyto-structural et augmente la fragilité mito- plastidaire (Beauverie). Dans chaque blé, les chloroplastes réagissent d’une façon différente à l’infection de chaque Puccinia. L'immunité est la conséquence d’une histolyse rapide des chloroplastes, d’une fonte graisseuse généralisée, provoquant la mort rapide des cellules infectées, et la formation d’une plage nécrosée où le mycélium périt faute d’aliment. La réceptivité, au contraire, est marquée par une longue suractivité des chloroplastes, sécré- tant, dans les cellules envahies, les substances graisseuses dontle mycélium s’alimente à mesure. On comprend dès lors quel intérêt s'attache aux expériences de Beauverie, qui, dès leur début, tendent à établir que les mitochondries 1. PanraneLzt:Selezione e creazione di piante resistenti alle malattie. I. Frumenti resistenti alla ruggine. Rivista di Bio- logia, V, HI, f. II, Roma, 1921. et les plastes, facteurs essentiels de la vie cellu- laire et par suite de la vie de toute la plante, sont fragilisés par la présence d'un champignon parasite, mais que leur résistance ! peut être variable d’une plante à l’autre. Si l'étude de la résistance mitoplastidaire des diverses espèces ou races de blés, éprouvées en chämp d’expérience pour leur résistance ou leur sensibilité au P, glumarum, que résistance ou sensibilité sont fonction de la solidité ou de la fragilité de ces éléments cel- lulaires, M. Beauverie aura donné un moyen d'étude chimique du mode d'action d’un parasite, et du comportement de l'hôte. Pour le choix des variétés résistantes par pedigrees ou par croise- ments, il peut trouver là, en puissance, une méthode nouvelle d'investigation en Phyto- pathologie ?. vérifie Jean Dufrénoy, Chef des Travaux de la Station de Pathologie végétale. a 1. Cette resistance peut s'exprimer en degrés de concen- tration de saponine. 2. Nous désirons exprimer tous nos remerciements à MM. Beauverie, Foëx, Stakman et Levine qui ont bien voulu relire le manuscrit de cet article, nous faire profiter de leurs criliques et nous communiquer des observations inédites. 84 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX BIBLIOGRAPHIE ANALYSES ET INDEX 4° Sciences mathématiques Les Œuvres complètes d'Archimède, traduites du grec en français avec une introduction et des notes, par Ver Ecxe (Paul), Ingénieur des mines. — 1 vol. broché in-8° jésus de 1x — 553 pages, avec 253 figures et 2.000 notes mathématiques (Prix : 99 fr.). Librairie Desclée, de Brouwer et Cie, Paris, 30, rue St-Sulpice; Bruxelles, 5o, rue de la Montagne, 1921. Il y a une cinquantaine d'années, tous les hommes cultivés avaient étudié le grec pendant le cours de leurs études secondaires. Aujourd’hui les choses ont un peu changé et l’on trouverait jusque parmi les savants les plus éminents de l’Institut des hommes qui ignorent le grec et même le latin. Doit-on en déduire nécessaire- ment un affaiblissement de l'influence du génie grec sur les générations françaises ? Si les admirateurs désin- téressés de ce génie grec savent s'inspirer de l'exemple que vient de leur donner M. Ver Ecke, c'est bien plu- tôt l'inverse qui se produira. Parmi tous ceux qui avaient étudié le grec dans leur jeunesse, combien auraient été capables de lire Archi- mède dans le texte ? Même ceux qui ont fait de l’étude du grec leur occupation principale — et le nombre de ceux-ci n’est pas appelé à diminuer — seraient pour la plupart hors d'état d’en saisir tout le sens. Au con- traire, la publication de la traduction française de M. Ver Eecke, grâce surtout à ses notesexplicatives, per- mettra à tous ceux qui s'intéressent à l’histoire et à la philosophie des Sciences de suivre sans longs efforts la méthode d'exposition, synthétique d'Archimède, Cette publication comblera une véritable lacune. En effet, nous ne possédions en français que la traduction de certains des ouvrages d'Archimède. Mais des décou- vertes récentes (1899,1906) ont mis à jour un nouveau palimpseste contenant entre autres, l’œuvre d’Archi- mêde sinon la plus riche en résultats nouveaux pour l’époque, du mois la plus suggestive : « De la Méthode mécanique ». C’est dans cette lettre à Eratosthène qu Archimède dévoile la méthode d'investigation fondée sur la Statique qui lui a permis d'obtenir certaines pro- positions démontrées ensuite et publiées par lui sui- vant la méthode géométrique déductive chère à Euclide. Ces textes nouveaux figurent déjà dans la nouvelle édition du texte grec des œuvres d’Archimède (suivi d’une nouvelle version latine) publiée par M. J. L. Hei- berg, professeur à l’Université de'Copenhague, en 1913- 1915. Grâce à M. Ver Eecke nous en possédons mainte- nant une version française où le texte original a été traduit aussi littéralement que possible, ses obscurités étant dissipées dans les notes qui l’accompagnent, Je crois qu’il était en effet) nécessaire de procéder d’abord ainsi, touteintervention personnelle'du traduc- teur étant exclue du texte et reléguée dans les notes, la pensée d’Archimède ne subissant aucune mutilation, élant rendue avec la plus grande fidélité. Mais ceci accompli, le principal étant fait, peut-être pourrait-on envisager aussi l’utilité d’une seconde édition, faite sous une forme très différente, dans laquelle, l’exactitude du détail étant laissée de côté, le traducteur ou plutôs l'adaptateur se préoccuperait surtout de rendre l’œuvre d’Archimède très accessible. 11 n’hésiterait pas à la transcrire en langage moderne, disant par exemple ellipse au lieu de section de cône droit acutangle, résu- mant par une formule algébrique simple une longue phrase compliquée, soulageant en outre le lecteur des discussions philologiques et des preuves du bien fondé de telle ou telle interprétation. C’est en partie ce qui a été fait par M. Th, Reinach, en français, -pour les tex- tes nouvellement publiés, et par Sir Thomas Heath en anglais pour l’œuvre entière d'Archimède. Sans diminuer en rien l’œuvre utile et excellente de M. Ver Eecke, j'exprime le vœu qu’une adaptation en français du genre que je viens d'indiquer vienne satis- faire une nouvelle calégorie de lecteurs. M. FRÉCHET (Université de Strasbourg). Oppermann (A.), /ngénieur en chef des Mines, en retraite. — Premiers éléments d'une théorie du quadrilatère complet. — 1 vol. in-8 de 76 p.avec 26 fig. et 1 pl. (Prix: h4 fr). Gauthier-Villars et Cie, éditeurs, Paris, 1919. Comme il l'indique dans sa préface, M. Oppermann s’est proposé de coordonner les principaux résultats obtenus dans l'étude du quadrilatère complet, en même temps qu'il les complétait par des théorèmes nouveaux ou peu connus. Il s'appuie principalement sur l'étude des six couples que l'on peut former en en associant deux à deux les quatre triangles qui ont respectivement pour côtés trois des quatre côtés du qua- drilatère; certaines propriétés relatives à l’un de ces couples, s'appliquant à tous les autres, peuvent être étendues au quadrilatère lui-même : d’où une méthode d'investigation quel'auteurutilise avec succès. M.Opper- mann étudie également les faisceaux de cercles liés au quadrilatère, ainsi que la parabole qui lui est ins- crite; enfin, il applique les théorèmes généraux à quelques cas particuliers du quadrilatère complet, ce qui lui donne la solution immédiate de plusieurs pro- blèmes intéressants. L'ouvrage est complété par une bibliographie des: diverses publications relatives au quadrilatère complet; M. Oppermann a jugé suflisant d’y renvoyer le lecteur, afin de conserver à son mémoire un caractère purement géométrique et élémentaire. Cette nouvelle édition d’une note que M. Oppermann avait publiée antérieurement est d’une lecture at- trayante et facile; elle intéressera certainement les géomètres, et en particulier les professeurs et les élu- diants qui y trouveront, en même temps que des pro- BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 85 positions nouvelles, des démonstrations élégantes et inédites de propriétés connues. Maur. LELIEUVRE, Directeur de l'Ecole préparatoire à l'Enseignement supérieur des Sciences et des Lettres de Rouen. Haag (J.), Professeur à la Faculté des Sciences de Clermont-Ferrand. — Cours complet de Mathé- matiques spéciales.— 7ome 1: Algèbre et Analyse. 1 pol. in-80 de vi-ho2 p. avec 44 fig. (Prix : 18 fr.). — Exercices du Tomel, 1 vol. in-80 de 1v-220 p.avec 14 fig. (Prix : 15 fr.). — Tome II : Géométrie. 1 vol. de vn-662 p. avec fig. (Prix : 65 fr.). Gauthier- Vil- lars et Cie, éditeurs, Paris, 1914-21. Ce qu'on nomme dans les lycées Mathématiques spé- ciales, et dans les facultés Mathématiques générales, est un ensemble fort étendu de connaissances variées. Cet ensemble, M. Haag nous le présente en un ouvrage dont deux volumes sont actuellemen‘ parus. Le tome premier comprend l’Algèbre et l'Analyse. Il débute par une théorie des nombres irrationnels, fondée sur la notion de coupure, présentée d’une façon vraiment simple et claire, Viennent ensuite les imaginaires, les séries, les qua- dratures et leurs applications, les équations différen- tielles. L'auteur a omis quelques démonstrations un peu épineuses sur la continuité, l'existence des fonctions implicites, des intégrales, et le théorème de d’Alembert. La seconde partie du volontairement volume est consacrée aux polynômes, aux équations, aux déterminants et aux formes quadratiques. La façon de traiter la décomposition en fractions simples est celle qu’employait autrefois Hermite. Trois notes terminent le volume. Un petit volume d’exercices résolus ou à résoudre renferme quelques questions destinées à compléter le cours d'Analyse. Le tome II a pour titre Géométrie, Il contient la Géométrie analytique, avec bien des questions de Géo- métrie pure. L'auteur y mène de front la géométrie plane et la géométrie dans l’espace, rapprochant ainsi les questions analogues relatives à deux et à trois dimensions. L'ouvrage est divisé en deux parties. La première contient la droite et le plan, le cercle et la sphère, et des théories générales sur les courbes et les surfaces, dépassant largement le programme des Mathématiques spéciales. En effet on y trouve les formules de Serret- Frenet, la théorie de la courbure,le théorème de Meus- nier, les lignes de courbure, les lignes asymptotiques. Je signale un chapitre sur les problèmes de Géométrie qui conduisent à des équations différentielles, puis deux chapitres, l’un sur les complexes et les congruen- ces de droites, l’autre sur les transformations. La seconde partie concerne surtout les courbes et les surfaces du second ordre, Un chapitre sur les coni- ques considérées comme courbes unicursales contient . une élégante démonstration du théorème de Pascal, On trouve aussi des notions sur des courbes et surfaces du 3°et du 4° degré, et sur d’autres courbes et sur- faces, L'auteur explique dans sa préface pourquoi il n’a pas développé plus la seconde partie, d’une utilité plus restreinte que la première, mais pourquoi il n'a pu se résoudre à sacrilier certaines questions de géo- métrie. Je pense, comme lui, qu’il faut entretenir le goût de la Géométrie, Ces choses sont belles ; c'est une raison pour les étudier ; elles affinent l'esprit, le rendent plus apte aux recherches théoriques, ce qui est la véritable utilité des études mathématiques, La clarté de cet ouvrage, la facon simple et sans lon- gueurs inutiles dont est faite l'exposition des diverses théories, aussi bien que l’abondance des matières qu’il renferme, le recommandent aux étudiants, J, RicHARD, Professeur au Lycée de Châteauroux. Zoretti (L.), Professeur à la Faculté des Sciences de Caen.— Cours de Cinématique appliquée, professé aux élèves de première année. — 1 vol. in-8 de 64 P. avec 72 fig. Institut technique de Normandie, rue Pas- leur, Caen, 1921. Petite brochure particulièrement intéressante qui, si elle est pour l'étudiant un courselair et précis, n’a rien d'un manuel, Elle incite le lecteur, grâce à une biblio- graphie générale bien faite, à se reporter aux grands traités de Mécanique,lui donne le goût de la recherche, en même temps qu’elle l’intéresse à une branche de la Mécanique qui de tout temps a toujours été négligée chez nous. 2° Sciences physiques Lémeray (M.E.). — Leçonsélémentaires sur la gra- vitation, d’après la théorie d'Einstein. — 1 vol. in-16 de 97 p. de la Bibliothèquedes Actualités scien- tifiques (Prix :7 fr.). Gauthier- Villars et Cie, éditeurs, Paris, 1921. ï Dans ce petit livre, qui faite suite à un ouvrage Sur la relativité publié dans la même collection, M. Léme- ray s’est proposé d'exposer la théorie nouvelle de la gravitation, dans le cas du corps unique, sans passer par l'intermédiaire de la relativité généralisée, Dans ce cas particulier du corps unique, la loi de la gravita- tion peut s’énoncer de la manière suivante : les 6rbi- tes sont les géodésiques et les trajectoires lumineuses sont les géodésiques de longueur nulle d’un Univers dont l’élément linéaire est donné par la formule de Schwarzschild. Cette loi étant admise, le calcul des orbites et destrajectoires lumineuses se fait par l’appli- cation des formules les plus simples du calcul des variations et de la théorie des fonctions elliptiques, Les résultats obtenus mettent en évidence la rotation du péribélie et l’incurvation des rayons lumineux dans le voisinage de la masse centrale, prévisions qui ont été vérifiées quantitativement par l'expérience, Le déplacement des raies speetrales solaires par rapport aux raies d’une source lerrestre de même nature est prédit comme conséquence de la formule de Schwarz- schild. Ces diverses conséquences de la loi de la gravi- tation sont exposées au chapitre LIL de l'ouvrage, Les 86 BIBLIOGRAPHIE. — ANALYSES ET INDEX | résultats du caleul des variations et les méthodes géné- rales de la Dynamique classique qu’il est nécessaire de connaître ont été données au chapitre I, de façon à ren- dre l'ouvrage intelligible aux étudiants des universités. Peut-être pourrait-on reprocher à M. Lémeray d’avoir donné trop d'importance à ce premier chapitre, où sont traités des exemples sans intérêt pour la suite. Le chapitre II contient un bref exposé des résultats supposés acquis dans la relativité première. C’est de ces résultats et du principe d'équivalence d’Einstein que l'auteur a essayé de déduire, par induction, la formule de Schwarzschild; mais il est manifeste que la forme donnée aux formules de transformation (page 58) ne se justifie guère que par le résultat connu que l’on veut obtenir, et que cette méthode ne peut donner au lecteur aucune idée des difficultés qui ont été surmontées par Einstein et ses émules. D'ailleurs, ce défaut ne semble pas avoir échappé à l’auteur, qui s’est surtout proposé de « rendre service à tous ceux qui désirent compren- dre rapidement et sans effort » et qui renvoie ceux qui veulent approfondir la théorie aux travaux d’Einstein, de Weyl et de Levi-Civita. À ceux-ci, les traductions des ouvrages de Weyl et d'Eddington rendront les meilleurs services. G. VALIRON, Professeur-à la Faculté des Sciences de Strasbourg. Kanthack (R.). — Tables of Refractive Indexes. Vol. II : Oils, Fats and Waxes. — 1 vol. in-8° de 295 pages (Prix cart.: 15 sh.). Adam Hilger Ltd., éditeur, 795 À Camdem Road, Londres, 1920. Ce volume est le second d’une série, dont le premier était consacré aux huiles essentielles. Il renferme envi- ron 2.500 mesures d'indices de réfraction effectuées sur plus de 500 huiles, graisses et cires. Chaque mesure a été transcrite directement de la source originale, à laquelle renvoie une bibliographie de 478 numéros. Le compilateur a indiqué en outre la température à laquelle l'observation a été faite, et souvent il a calculé le coef- ficient de température de l'indice de réfraction. Il est inutile de souligner l'intérêt de ces tables pour tous ceux qui s'occupent de la chimie des matières grasses. 3° Sciences naturelles Denis (Pierre), Agrégé d'Histoire et de Géographie, Docteur ès lettres. — La République Argentine : la mise en valeur du pays. — 1 vol. in-8° carré de 300 p. avec 7 pl. hors texte (Prix : 1h fr.). Librairie Armand Colin, Paris, 1920. L'auteur, qui a séjourné plusieurs années en Argen- tine, a cherché à définir les aspects essentiels de la colo- nisation de ce pays au xix° siècle. Après un premier chapitre sur les régions naturelles de l'Argentine, M. Denis étudie successivement : les oasis du Nord- Ouest et la vie pastorale dans la brousse; Tucuman et Mendoza etles grandes cultures industrielles (canne à sucre et vigne) dont elles sont le centre ; l'exploitation des forêts dans le nord du pays, avec l’industrie annexe du tannin ; la Patagonie et l’élevage extensif du mou- ton et du bœuf qui s’y pratique; la plaine pampéenne avec ses cultures et son élevage ; les voies de commu nication : routes, chemins de fer, voies navigables; enfin la population avec les courants d’émigration et les migrations saisonnières. Tout cet ensemble est fortement documenté aux sources mêmes et constilue une excellente étude d’en- semble du pays et du peuple argentins. Ameghino (Florentino). — Obras completas y Correspondencia cientifica. I. Vida y obras del sabio. II. Primeros trabajos cientificos. Edicion oficial ordenada por el Gobierno de la provincia de Buenos Aires, dirigida por Arrrepo J. TorGezrr. — 2 vol. in-8° de 4oo et 770 p. avec nombreuses planches et figures dans le texte. Taller de Impresiones ofi- ciales, La Plata, 1913-14. M. Alfredo J. Torcelli a entrepris, à la demande du Gouvernement de la province de Buenos Ayres, la réimpression de tous les travaux et de la correspon- dance scientifique de Florentino Ameghino. Les deux premiers tomes de cette publication, qui portent les millésimes de 1913 et de 1914, viennent seulement d’ar- riveren Europe. Le volume I est consacré à la biographie du savant naturaliste argentin : M. À. J. Torcelli trace un intéres- sant portrait de cette si curieuse figure, ne nous fai- sant grâce; il est vrai, d’aucuns détails, même des plus inattendus. Parmi les sociétés auxquelles appartenait Ameghino,les groupements français occupent une place prépondérante, qui témoigne de l'attachement qu'il avait toujours gardé pour notre pays. La liste des ouvrages imprimés de cet auteur ne comprend pas moins de 186 numéros. Le tome II reproduit les 24 premières notes scientifi- ques du regretté directeur du Muséum de Buenos-Ayres ; 13 d’entre elles sont en français, dont 5 ont trait au gisement classique de Chelles. * Le premier travail de ce paléontologiste, publié en France dans le Journal de Zoologie de 1875, men- tionne la contemporanéité de l'Homme et de Mammifè- res éteints de la faune de la Plata. Le mémoire IV sur l'Homme quaternaire de la Pampa était resté inédit: présenté à la Société scientifique de l'Argentine en 1896, il avait fait l’objet d’une vive discussion au sein de la Commission directrice et la polémique avait même gagné la presse quotidienne ; aussi Ameghino crut-il nécessaire de faire insérer un article sur la question dans « La Libertad » du 27 mars 1877. Un secondravail en français, suivi de plusieurs autres, a pour objet l'Homme préhistorique dans la formation pampéenne; il semble bien acquis aujourd’hui qu'Ameghino s’exagérait singulièrement l'ancienneté des populations ayant utilisé, comme grottes d’habita- tion, les carapaces des Édentés gigantesques. Un peu plus tard il fait connaître 307 espèces de Mammifères fossiles de l'Amérique du Sud dans un important mémoire écrit en collaboration avec H. Gervais. La série des notes sur Chelles occupe la fin de l'ou- vrage, qui se termine par la description d’un mode de sténographie inventé par Ameghino, la taquigraphie. : BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX L'œuvre poursuivie par M. A. J. Torcelli sera certai- nement très utile aux paléontologistes qui s'occupent de la faune des Mammifères fossiles sud-américains : il faut souhaiter le prompt achèvement de cette réim- pression. . L. JorEAuU», Maître de Conférences à la Faculté des Sciences de Paris. Chodat (R.), Correspondant de l'Institut, Professeur de Botanique à l'Université de Genève. — Principes de Botanique. 3° édition. — 1 vol. in-8° de 878 p. avec 921 fig. (Prix : 52 fr.). J. B. Baillière et fils, Paris; Editions Atar, Genève, 1921. Nous avons analysé ici même, au cours de l’an- née 1911, cet excellent ouvrage dont la 2° édition venait alors de paraître. Nous disions que ce nouveau livre, modestement intitulé « Principes de Botänique », pou- vait avoir une large portée et ouvrir aux lecteurs des horizons nouveaux en mettant au point des questions considérées avec juste raison comme délicates et com- plexes et en résumant les observations faites dans les recherches récentes. Le succès de cet ouvrage a été tel que, dès l’année 1914, il se trouvait épuisé et que la publication d’une 3° édition était envisagée. Les bouleversements surve- nus durant les pénibles années de guerre en ont sus- pendu la réalisation, et il nous faut savoir gré à l'au- teur et aux éditeurs d'avoir conduit à bonne fin ce travail alors que les conditions de publication sont encore si difliciles. Cette nouvelle édition n’est d’ailleurs que la sœur cadette de la précédente; M. Chodat a conservé la dis- position générale apportée précédemment, disposition qui a fait ses preuves et est particulièrement ration- nelle. Dans un premier chapitre de physiologie générale, l’auteur étudie la constitution dela matière vivante; il examine les sources et les transformations de l’éner- gie, puis la cellule avec les modifications qu’elle peut subir pour la formation des tissus. Notons dans ce chapitre des détails apportés dans la constitution des mitochondries et la mention des belles recherches effec- tuées par Guilliermond sur la question. Malheureuse- ment les quelques mots relatifs à ce sujet ne mettent pas en évidence l'intérêt qu'il présente et le lecteur se trouve dans la nécessité d’avoir recours à l'ouvrage original pour en comprendre la portée. Le chapitre spécialement consacré à l'anatomie donne une étude complète de la structure tant primaire que secondaire. Diverses innovations heureuses ont été apportées dans la rédaction de ce chapitre, et le nom- bre des exeniples choisis permet une facile compréhen- sion du texle. | . La physiologie spéciale et les questions relatives à la génétique sont longuement développées. De nombreux détails et des observations personnelles de l’auteur don- nent à ce chapitre un intérêt particulier, et le maitre comme l'étudiant peut y puiser des documents précieux. Nous regrettons néanmoins qu’il n’y ait pas un cha- pitre spécial consacré à la symbiose et aux grandes questions qui en découlent et auxquelles les travaux de Noël Bernard ont donné une si grande importance biologique. Il nous semble que ces questions auraient pu trouver place dans un ouvrage de cette importance. . Tel qu'ilest, le succès de ce livre est assuré et c’est un ouvrage qui a sa place marquée dans toutes les bibliothèques spéciales. G. FRow, Professeur à l’Institut nationalagronomique. Koehler (R.), Professeur à la Faculté des Sciences de Lyon. — Faune de France. I. Echinodermes. — 1 vol. in-8® de 210 p. avec 153 Jig. P. Lechevalier, éditeur, Paris, 1921. La détermination des Echinodermes de nos côtes n’était pas jusqu'ici chose facile ; pour trouver le nom de quelque Ophiure commune, il fallait recourir à des monographies anciennes, ou à des travaux de détail, dipersés à travers les périodiques. La faune que vient de nous donner M.Koebler arrive done à son heure pour combler une importante lacune de notre littérature zoologique. L'ouvrage de M. Koehler est exclusivement destiné à la détermination des espèces: c’est pourquoi les notions générales que l'auteur donne sur l'ensemble de l’em- branchement (pp.r-1 2),sur les Stellerides (pp.15-19), les Ophiurides (pp. 58-61), les Echinides (pp. 93-103)et les Holothurides (pp.1 40-143) sont-elles uniquement celles qui sontnécessaires à la compréhension des clefs dicho- tomiques el des diagnoses. Ces clefs — dont ilest inutile de souligner l'importance — sontmalheureusement trop souvent absentes de travaux faunistiques : c'est pourquoi celles que nous devons à la compétence de M. Koehler nous sont particulièrement précieuses. La figuration des espèces est un complémentaujourd'hui indispensable detout travail systématique : c'est l'absence de figures qui rend parfois si diflicile l'emploi des admirables volu- mes du T'hierreich malgré lalprécision de leursdiagnoses. Le dessin de l’espèce (pouvant être schématique s'il sait mettre en valeur les caractères importants) fournit une vérification immédiate de la détermination à laquelle ont conduit les tableaux dichotomiques, Dans l'ouvrage de M. Kochler toutes les espèces sont figu- rées, la plupart d’entre elles par la photographie. L'em- ploi de photographies assure l'exactitude de la repré- sentation; par contre, il interdit toute possibilité de choisir les caractères à figurer puisqu'elles présentent d’une façon indentique, sur le même plan, si l’on peut dire, des détails d’ordre générique et d’autres purement spécifiques. Quoi qu’il en soit, nous avons ici un re- cueil iconographique des Echinodermes français que sa fidélité appelle à rendre d'importants services. Il est infiniment regrettable que les limites imposées à M. Koehler aient été si étroites, le forçant à laisser de côté la question des formes larvaires. Et pourtant, quiconque s’est quelque peu occupé d’études plancto- niques sait et la variété de formes et la difliculté d'identification de ces stades pélagiques. Durant deux missions successives sur nos côtes atlantiques, j'ai pu récolter une espèce de Bipinnaria, dix d’Ophiopluteus, trois d’'Echinopluteus : sur ces quatorze formes, la moi- 88 BIBLIOGRAPHIE— ANALYSES ET INDEX tié se composait d'espèces non encore signalées. M. Koehler, par sa connaissance approfondie de la bibliographie du sujet, aurait pu compléter et adapter aux formes françaises les clefs dichotomiques de Th. Mortensen (Plankton Exp: et Nord. Plankton), À un autre point de vue, on aurait voulu trouver dans ce volume des indications un peu étendues sur l’éthologie des Echinodermes, leur localisation par faciès, les en- sembles biologiques à la composition desquels ils par- ticipent : les limites imposées à l’auteur l’ont seules empêché de nous donner ces notions, Tu. Monop. Sanchez y Sanchez (Manuel). — Investigaciones sobre el tejido cartilaginoso de los Selacios (Memorias del Instituto Español de Oceanografia, t. ZI, n°1). — 1 broch. in-4o de 31 p. avec 13 fig. Madrid, 1920. Le tissu cartilagineux en général et celui des Séla- ciens en particulier, qui s’y prête spécialement, ont été l’objet de bien des études. L'originalité de M, Sänchez y Sänchez est d’y avoir fait l’application des méthodes récentes et fort remarquables de l'Ecole histologique espagnole : tanno-argentique d'Achücarro, à l’urano- formol de Cajal, au carbonate d'Ag ammoniacal de Rio Hortega. L'auteur attire l’attention sur l'importance extraordinaire que prend le formol comme fixateur des fins détails du protoplasme. Ses recherches ont porté sur la Centrine, la Roussette et la Raie bouclée, à divers états de développement. Il étudie d’abord la morphologie des cellules cartila- gineuses et leurs connexions. Il distingue dans le tissu cartilagineux trois zones : 1° des petits chondroblastes arrondis, 2° des grands chondroblastes de même forme, 3° des cellules cartilagineuses polymorphes. Les cel- lules se rencontrent en groupes isogéniques, pour employer l’heureuse expression de Renaut. L'auteur examine la théorie syncytiale où plasmo: diale du cartilage, de Hansen, et reconnaît que celle-ci n’est pas en accord avec les résultats de ses propres recherches. Puis il étudie le chondriome des chondroblastes. Il insiste sur la nécessité de distinguer avec soin « ce qui est chondriome de toutes les autres sortes de granules protoplasmiques ». « Entre la multitude de granula- tions décrites comme mitochondries, il règne aujour- d’hui, dit-il, une confusion due principalement à ce que la techniquene dispose pas d’une méthode suflisamment sélective qui colore les mitochondries à l’exelusion de toute autre chose, » Dans les chondroblastes des Séla- ciens, cette distinction peut être obtenue « admirable- ment » par la première variante de la méthode d'Achu- carro. En ce qui concerne l’origine du chondriome, l’auteur pense, avec la plupart des histologistés, que ses éléments se forment et disparaissent dans le proto- plasme, sans jamais émigrer du noyau, comme le disent Galeotti et Sjübring. j L'auteur décrit dans les chondroblastes un appareil réticulaire de Golgi dont il suit la complication dans le cartilage céphalique de la Raie, Puis il décrit sous le nom de squelette filaménteux protoplasmique un appareil « qui doit être homologable au squelette de la cellule de Schwann » décrit par Cajal et lui-même dans les tubes nerveux. Cet appa- reil ne paraît avoir rien de commun avec le chondriome ni avec les filaments d’origine centriolaire décrits par Rio Hortega. ; M. Sänchez y Sänchez passe ensuite à l'étude de la substance fondamentale du cartilage. Il remarque que dans le cartilage des Sélaciens les fibres conjonctives présentent un développement extraordinaire, Quant à leur histogenèse, elle lui paraît pouvoir avoir lieu de deux manières différentes : l’une par accroissement et assemblage de certains granules quisetrouvententre les chondroblastes (embryons de Raïie), l’autre par méta- morphoses compliquées de’ cellules conjonctives (Cen- trine, cartilage vertébral), La nutrition du cartilage s'opère par des canalicules (dont l’existence a été niée par Hansen, par Retterer, mais mise hors de doute dans de nombreuses recher- ches par des procédés divers) dont on peut obtenir des images positives par la méthode de Cajal et négatives par celle de Rio Hortega. Ce mémoire est très bien illustré et constitue une importante contribution à l’étude du sujet qu’il traite. - JEAN DELPHYy. Delphy (Jean), Docteur ès sciences, Chef des travaux de l'Ecole des Hautes-Etudes. — Etudes sur l’orga- nisation et le développement des Lombriciens Limicoles thalassophiles. — 1 vol. in-8° de 137 pages, avec 65 fig. dans le texte. Chez l’auteur et Librairie Doin, Paris, 1921. Si plusieurs groupes de Vers sont bien connus actuel- lement, pour avoir été l’objet de nombreuses et impor- tantes études, il n’en est pas de même pour les Lom- briciens, et pour les Limicoles marins en particulier. En fait, depuis Claparède (1861-63) et Ferronière (1899), aucun travail d'ensemble n’a été fait sur ce sujet. M. J. Delphy vient de combler fort à propos cette lacune par une importante contribution à l'étude de ces Anné- lides, qu'avec une persévérance et une perspicacité louables, ila étudiés sur place pendant plusieurs années, sur les côtes du Cotentin. Le travail est divisé en deux parties; la première, qui porte le titre d'Etudes biologiques et anatomiques, pourrait porter aussi celui d'Etudes systématiques, car c’est, jusqu’à un certain point, une revision des limico- les de la région intéressée. Pour chacune des espèces étudiées, on trouve une synonymie et une biliographie détaillées, un chapitre éthologique, etune étude appro- fondie portant sur tous les organes, ce qui complète heureusement les descriptions des auteurs qui, bien souvent, ont passé sous silence des organes absolument essentiels. Ce dont il faut aussi louer M. Delphy, c’est d'avoir toujours étudié ses animaux vivants, avant de les livrer aux liquides fixateurs, de les avoir reégardés de longues heures vivre dans leur milieu naturel, ou sous le microscope; il a pu ainsi se rendre compte de l’incon- vénient qu’il peut y avoir à considérer comme fixée la forme de certains organes, qui sont au contraire d’une grande plasticité, La fig. 35, caractéristique à cet égard, BIBLIOGRAPHIE. — ANALYSES ET INDEX 89 nous montre trois aspects absolument différents du même Ver. La deuxième partie est consacrée à la reproduction et au développement. La part originale, là aussi, est importante. L'accouplement n'était pas connu dans ce groupe de Vers. M. Delphy a pu l’observer à maintes reprises sur deux espèces, et ila pu, de plus, étudier la ponte du Clitellio arenarius, qui s'opère d’une manière toute spéciale : les œufs sont déposés au nombre de 2 à 4 dans de très petits « cocons » sécrétés par le clitellium, et ces cocons sont placés à la face inférieure des pierres à moitié enfouies dans la vase où vivent ces petits Vers. Par ailleurs, M. Delphy a suivi le développement com- plet de plusieurs espèces. Ce travail, abondamment illustré, ajoutera beaucoup à nos connaissances sur ce groupe si mal connu. En attendant un travail plus étendu que M, Delphy nous promet, on pourra, avec cette « Etude », déterminer les Limicoles marins de nos côtes, grâce aux descriptions soignées, et au tableau dichotomique qui termine la première partie. \ % L,. BERLAND, Assistant au Muséum d'Histoire naturelle, 4° Sciences médicales Apert (Dr), Médecin à l'Hôpital des Enfants malades, — La croissance. — Un vol. in-18 de 252 pages, de la Bibliothèque de Philosophie scientifique (Prix : 6fr. 75). E. Flammarion, éditeur, Paris, 1921. Le volume que nous offre le D' Apert est bien moins une œuvre d’anthropométrie et de biométrie, qu'un exposé médical et physiologique. L'auteur s'adresse au médecin, et à quiconque a charge d'enfants. Il le fait d'une façon claire, intéressante, sans développements techniques. Après une cinquantaine de pages consacrées aux phé- nomènes de la croissance, à partir de l’ovule fécondé — où elle est prodigieuse d'intensité — jusqu’à la fin de l'adolescence, il expose les principes généraux de l'alimentation, selon les idées récentes et plus exactes que celles dont il fallait se contenter il y a 20 ans, et donnant à la notion des vitamines les développements qu'elle mérite. . Trois chapitres viennent ensuite qui sont d’un inté- rêt tout particulier : ils ont trait aux rapports exis- tant entre les sécrétions internes et la croissance. On sait maintenant que le corps thyroïde, le thymus, les glandes génitales, les surrénales aussi, jouent un rôle, et que leurs altérations retentissent sur le développe- ment des organes, On sait aussi que, par l’administra- tion des sucs qui manquent, on peut beaucoup améliorer la situation, et réactiver une vitalité défaillante et devenue anormale, Lespages que consacre le D' Apert à la question sont fort instructives, bien qu’assurément nous ne sachions pas encore toute la vérité en ce qui concerne le rôle des sécrétions internes dans la crois- sance. = L'auteur d’un livre sur la croissance ne pouvait passer sous silence les altérations de la croissance dues à des lésions du système nerveux dont le mongolisme est un exemple bien connu, ni celles qui sont dues au rachitisme ou à l’athrepsie : le lecteur se trouvera très suffisamment renseigné sur ces points. Il lira avec un intérêt spécial les pages consacrées à l'influence des maladies intercurrentes sur la Et il se demandera sices maladies — les microbiennes en par- croissance, ticulier — ne sont par utiles à la croissance : en quoi elles diffèrent des « maladies de la croissance » qui ne le sont nullement. Le livre du D' Apert est très rempli de faits et d'idées; il est de lecture facile : c’est dire qu’il sera appré- cié non seulement du médecin, mais des parents et de tous ceux qui ont à s'occuper d’enfants. H. DE VARIGNY. 5° Sciences diverses A Catalogue of British scientific and technical Books, prepared by a Committee of the British Science Guild. — 1 vol. in-8° de xvir-396 p. (Prix cart. : 10 sh.). British Science Guild, Londres, 1921 (Dépôt à Paris à la B. S.M., 198, rue Saint-Jacques), Le succès obtenu par le Catalogue des livres scien- tifiques et techniques ayant figuré à la première Expo- sition des Produits scientifiques anglais en 1918 a en- gagé la British Science Guild à publier une liste beau- coup plus complète des ouvrages de ce genre. C'est celle qu’elle présente aujourd’hui au public et qui ambitionne d’être le catalogue de tous les volumes scientifiques et techniques autres que ceux destinés à l’enseignement élémentaire, qui sont actuellement en vente chez les éditeurs du Royaume-Uni. Ce catalogue fournit pour chaque volume le nom de l'auteur, le titre, le format, le nombre de pages, la .date de la dernière édition, le nom de l'éditeur et le prix (en avril 1921). Le volume contient plus de 6.000 titres, classés par ordre de sujets en cinquante cha- pitres, divisés eux-mêmes en plus de 500 paragraphes. Dans chaque paragraphe, les ouvrages sont disposés par ordre alphabétique de noms d’auteurs. Un cha- pitre spécial donne une liste de dictionnaires des termes techniques en anglais et autres langues, Le volume se termine par une table générale des noms d’auteurs, une table des sujets et une table des noms d’éditeurs avec leurs adresses. La préparation de ce catalogue a été faite sousla direc- tion d'un Comité présidé par Sir R. Gregory et com- posé de spécialistes, ce qui en garantit la valeur. En publiant ce travail, la British Science Guild s’est proposé de faire mieux connaître la littérature scienti- fique anglaise non seulement à l'intérieur, mais à l'Etranger. Il serait souhaitable de voir surgir en France une initiative analogue. Lours BRUNET. 90 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Seance du 9 Janvier 1921 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. Ch. Lallemand : Sur la genèse et l'état actuel de la science des abaques. L'auteur fait l'historique de la science des abaques et des contributions que lui ont apportées particulière- ment MM. d'Ocagne et Soreau. Etant donné le rôle im- portant qu'a pris la Nomographie parmi les sciences appliquées, l'heure est venue, semble--il, de lui donner une place dans l’enseignement technique. — M. Th. Varopoulos : Sur une classe de fonctions croissantes, — M. P. Humbert : Sur le produit de Laplace relatif à certains hypercylindres. — M. G. Dumas: Sur un ta- bleau normal relatif aux surfaces unilatérales, — M. A. Denjoy : Sur les fonctions définies par des séries de fractions rationnelles. — M. B. Gambier : Surfaces et variétés de translation de Sophus Lie. — MM. Ch. Nordmann et Le Morvan : Observation d’une étoile anorniale au photomètre hétérochrome de l'Observatoire de Paris, L'étoile 13 Céphée présente dans son spectre, au point de vue photométrique,une anomalie singulière. L’'intensité de ses rayons, vue à travers l’écran rouge, est, proportionnellement à leur intensité vue à travers l'écran bleu, tout près de deux fois plus grande que ne le comporte le type spectral de cette étoile, Autrement dit, cette étoile du type spectral A possède une inten- sité lumineuse répartie dans son spectre d’une manière qui correspond à peu près à la répartition dans les spec- tres du type K, c’est-à-dire dans les étoiles à tempéra- ture basse. Cette anomalieprovient sans doute de l’exis- tence d’une atmosphère extrêmement absorbante autour de l'étoile, 2° ScrgNcEs PHYSIQUES. — M. E. Carvallo : Le prin- cipe de relativité dans les diélectriques. L'auteur arrive à la conclusion qu'une source animée d’une trans- lation entraîne avec elle son train d'ondes électroma- gnétiques, comme un aimant emporte avec lui son champ magnétique dans les expériences de Faraday. * S'il en est ainsi, l'harmonie de l’Electro-optique avec la Mécanique est complète, sans qu'il soit nécessaire de bouleverser les fondements de notre connaissance d’après les idées d'Einstein. — M. P. Chevenard : Di- latabilité du chrome et des alliages nickel-chrome dans un intervalle étendu de températures. Entre o° et 100, la dilatation du chrome est exactement réversible, et le métal paraît dépourvu de toute singularité thermique. L'addition de chrome amène une atténuation très rapide de l’anomalie de dilatation du nickel; les alliages ama- gnétiques n’accusent plus de singularité thermique, et leur coeflicient de dilatation vrai augmente régulière- ment avec la température. — M. Faïllebin : Composé organométallique mixte de l'aluminium. L'aluminium se dissout dans un mélange anhydre d'iodure de méthy- lène et d’éther, avec formation du composé CH? Al]; une réaction accessoire donne lieu à un dégagement d’éthylène. Avec le bromure de méthylène, on obtient, mais plus difficilement, un composé analogue, qui par distillation perd Br et donne un liquide épais ne conte- nant plus qu’Al et un résidu hydrocarboné., — M, J. Barlot et Mlle T. Brenet : Détermination des acides gras par la formation de leurs complexes à base d'ura- nyle et de sodium. Les auteurs ont constaté que la réac- tion de Streng, appliquée aux homologues de l'acide acétique, donne des résultats positifs chaque fois que l’acide gras renferme dans sa chaîne un nombre pair d’atomes de carbone consécutifs. 30 SCIENCES NATURELLES, — M. Emm. de Martonne: Sur le massif de Poïna Ruska et la corrélation des cy- cles d’érosion des Carpathes méridionales. Les obser- vations de l’auteur sur ce massif permettent d'établir la corrélation des niveaux d’érosion dans l’ensemble des Carpathes méridionales, y compris le Bihar et le Banat. — MM. Y. Milon et L. Dangeard: Sur une for- mation rédonienne (Miocène supérieur) ravinant les ar- giles éocènes, à minerai de fer, au sud de Rennes: Les auteurs ont observé au Vieux-Chartres le contact, avec ravinement, des argiles éocènes et du Rédonien fossili- fère. Ce dernier se présente sous l'aspect d’un falun rappelant le type classique d’Apigné, ou d’une argile de décalcification contenant des concrétions d'oxyde de fer. — M. E. Zaepffel : Sur le mécanisme de l’orienta- tion des feuilles. Pour l’auteur, les réactions tropistiques des feuilles se réalisent par des courbures ou par des torsions du pétiole, provoquées par une inégale bydra- tation des deux moitiés de ce dernier, — M, Ch. Douin : Sur le gamétophyte des Marchantiées. Dans le développement terminal, les tissus nouvellement formés repoussent en avant l’initiale terminale et les mérophytes voisins, tandis que, dans le développe- ment basilaire, ce sont les initiales basilaires qui res- tent fixes sur le thalle ou la tige, pendant que les tissus jeunes repoussent les plus âgés à l'extérieur, — M. L. Plantefol: Sur la toxicité de divers phénols nitrés pour le Sterigmatocystis nigra. Le phénol et les produits nitrés qui en dérivent sont toxiques pour le S{erigma- tocystis nigra, les produits mononitrés étant plus toxi- ques que le phénol, le dinitrophénol-1 : 2 : 4 encore plus, le trinitrophénol-1 : 2 : 4 : 6 moins que le dérivé dinitré. — M. Ed. Chatton : Sur le polymorphisme et la maturation des spores des Syndinides (Péridiniens). L'organisation et le mode de division nucléaires des Syndinium présentent d’une espèce à l’autre une unifor- mité remarquable. La maturation des spores west point accompagnée de méiose; ceci, joint à leur évolu- tion solitaire, interdit de les regarder comme des ga- mètes. — MM. R. Sazerac et C. Levaditi : Emploi du bismuth dans la prophylaxie de la syphilis. Malgré l'absence d’une action préventive définitive, certains sels bismuthiques ne sont pas totalement inactifs au point de vue prophylactique lorsqu'on les administre per os. La pommade bismuthique agit préventivement ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 91 chez des animaux exposés à une infection certaine par voie de l’accouplement sexuel, Seance du 16 Janvier 1922 M. le Président annonce le décès de M, G. Ciami- cian, Associé étranger de l’Académie, 19 SCIENCES MATHÉMATIQUES, — M, C. Guichard : Sur les réseaux Qco. — M. P. Montel : Sur une extension d'un théorème de M. Landau. — M. Auric : Sur la généralisation des nombres entiers complexes. — M. M. d'Ocagne : Sur la réduction de la quatrième dimension à une représentation plane. L'auteur montre la possi- bilité de représenter directement, sans aucune disso- ciation à la 3° dimension, les équations à plus de trois variables par des nomogrammes à points alignés. — M. G. Tzitzéica: Sur les réseaux de points, — M. F. E. Fournier : Relations entre: les formes de carènes d'un navire; les déplacements relatifs de sa houle satellite; son aptitude à la vitesse; sa vitesse la plus économique ; et la résistance de l’eau à sa translation. — M. P. Salet : Sur la pression des atmosphères des étoiles et du Soleil. L'auteur mesure cette pression d’apfès le déplacement des raies du fer vers le rouge, qui est un effet de la pression. La pression de la cou- che renversante du fer dans le Soleil ne paraît être que de quelques dixièmes d’atmosphère; par suite, le dépla- cement des raies solaires vers le rouge ne-peut pas s'expliquer par la pression, qui devrait être alors de 5 ou 6 atmosphères. Il est done possible que ce déplace-" ment soit dù à l'effet Einstein. 29 SCIENCES PHYSIQUES. — M. A. Boutaric : Sur le rayonnement diurne de l'atmosphère au Mont-Blanc. Au sommet du Mont-Blanc, par temps clair, une sur- face noire tournée vers le zénith et abritée des rayons solaires rayonne vers l'atmosphère et se refroidit; quand le temps se couvre, le rayonnement change de sens, et la surface noire s’échauffe. — M. Ch. Dufour : Valeur des éléments magnétiques à la Station du Val- Joyeux, à Villepreux (S.-et-0.), au 1* janvier 1922. Déclinaison : 12°37',1; inclinaison 64°40',1; composante horizontale, 0,19665; composante verticale, 0,41541; force totale, 0,45961. — M. E. Brylinski: Sur l'inter- prétation de l'expérience de Michelson. On ne voit pas bien quelle conception autre que celle de l’éther abso- lument immobile pourrait permettre de tirer de l’expé- rience de Michelson la conclusion qui est le fondement des théories d’Einstein. Mais s’il n’y a pas d’éther fixe, le mouvement de la Terre dans l’espace devient un mouvement mathématique qui ne saurait avoir aucune répercussion physique sur les phénomènes qui se pas- sent à sa surface. — M. H. Chaumat : Sur l’applica- tion du galvanomètre ballistique aux essais de fer. — M. G. Claude : Sur des accidents observés dans la synthèse de l’ammoniaque par les hyperpressions et sur les moyens de les éviter. L'auteur a observé de nom- . breux éclatements de tubes catalyseurs dus à la pres- sion exercée par les couches intérieures plus chaudes sur les couches extérieures plus froides du métal, qui s'ajoute à la pression à l’intérieur des tubes ; on les empêche en immergeant les tubes dans un calorifuge, le kieselguhr, qui maintient tout le tube à la même température, et, au lieu d’évacuer la chaleur de réac- tion à travers la paroi, on opère par un autre moyen, — M. Taffin : Sur le recuit et les propriétés mécaniques du verre, Le phénomène de recuit d’un verre ne serait pas autre chose qu’une déformation visqueuse sous l’ac- tion des tensions internes. Le recuit ne peut plus se faire lorsque ces tensions deviennent égales ou infé- rieures à la limite élastique; il pourra toutefois se pro- duire à la longue une légère diminution des tensions due à la disparition des déformations subpermanen- tes. — M. P. Woog: Sur la vitesse d'extension des couches minces d'huiles à la surface d’une nappe d’eau. L'auteur a reconnu que la vitesse d'extension des corps gras à la surface de l’eau dépend dans une certaine mesure de l’« activité » des molécules, — M. A. Kling et M. et Mme A. Lassieur: Appareil pour la déter- mination de la concentration d’une solution en ions H. Application à la recherche des acides minéraux dans le vinaigre. Le vinaigre présente un exposant d’hydro- gène assez fixe, variant de 2,54 à 2,84; la présence de . très petites quantités d’un acide minéral l’abaisse d’une façon frappante à 2 ou au-dessous. — M. E. Grand- mougin : Sur la sulfobenzide. L'auteur confirme le fait que cette matière première n'offre qu'un intérêt limité au point de vue de son application dans le domaine des colorants synthétiques. — MM. P. LemayetL. Jalous- tre : Sur quelques propriétés oxydasiques du thorium X, Le thorium X exerce une action oxydasique puissante sur l’adrénaline et sur la morphine; au contraire, il n’en a aucune sur les alcools. —M. Muguet: Ze plomb dans les minerais d’urane de Madagascar. Le traite- ment industriel de plusieurs tonnes de bétafite a per- mis d'isoler des quantités de plomb représentant envi- ron 0,6°/, du poids du minerai employé. C’est une preuve de l'exactitude de la théorie représentant le plomb comme le terme ultime de la désintégration atomique de l’uranium. 30 SCIENCES NATURELLES. — M. M. Leriche : Les vestiges du Lutétien remaniés dans le Quaternaire du Nord de la France. L'auteur a reconnu dans le Nord de la France, à l’état de vestiges remaniés dans le Quater- naire, toutes les assises du Lutétien marin du bassin de Paris. — M.Ch. Jacob: La structure du Nord-Annam au Nord du Thanh Hoa. Le Nord du Thanh Hoa est un pays de nappes où l’auteur distingue quatre éléments tectoniques superposés : le massif cristallin côtier, la série primaire, la série des schistes rubannés à porphy- rites, les masses calcaires supérieures. — M. L.Joleaud : Sur l’âge des dépôts de phosphate de chaux du Sud marocain, algérien et tunisien, Le dépôt des phospha- tes de chaux a commencé au Maestrichtien, non seule- ment au Maroc, mais dans tout le sud de la Berhbérie, jusqu'à Tébessa (Algérie) et Gafsa (Tunisie), comme en Egypte et en Palestine. L’horizon intéressant pour l'exploitation date du Maestrichtien dans le N.O. et le N.E.de l'Afrique, Maroc,Egypte.Dans la région intermé- diaire (Sud algérien et tunisien), il remonte seulement au Montien. Enfin, dans le Tell algérien, à Souk-Abras, dés phosphates moins riches, dont l'exploitation ne s'est pas montrée rémunératrice, existent à la fois dans Te 'ab sénle : ‘hé 92 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES le Montien et dans le Lutétien, — MM. H. Joly et N. Laux: Sur la faune des couches moyennes et supé- rieures de l'Aalénien du Grand-Duché de Luxembourg. — M. M. Bridel: Sur la présence d'un glucoside à essence dans les tiges foliées et les racines du Sedum Telephium Z. Ce glucoside n’a encore pu être isolé à l’état cristallisé; il donne par hydrolyse du glucose et un produit à odeur de géraniol. — MM. A. Goris et H. Deluard : /nfluence des radiations solaires sur la culture de la Belladone et la formation des alcaloïdes dans les feuilles. L'action de la lumière solaire directe favorise la production desfeuilles de Belladone. A poids égal, ces feuilles renferment sensiblement la même quantité d'extrait sec, mais la proportion d’alcaloïdes est plus élevée dans les feuilles développées au soleil que dansles feuilles poussées à l'ombre. — MM. Ch.Ober- thur et C. Houlbert : Quelques vues nouvelles sur la systématique des Melanargia (Lépidoptères : Satyridæ). : — M. S. Metalnikow : Za mort stérile des chenilles infectées. Chez des chenilles contaminées avec des cul- tures de microbes peu virulentes, on observe une réac- tion phagocytaire d’abord faible, puis de plus en plus forte, à tel point que tous les microbes finissent par être bactériolysés et digérés par les phagocytes. Mais. la chenille, stérile, meurt peu après d’épuisement et d'intoxication. — M. Chr. Champy: Sur le détermi- nisme des caractères sexuels chez les Tritons. Critique des notes récentes d'Aron. —M. B. Roussy : Mesure de ja surface cutanée du cheval. L'auteur montre que la loi géométrique qu'il a trouvée pour la surface du corps de l’homme s'applique aussi au cheval. Cette surface est égale au produit du périmètre moyen par la hauteur périphérique moyenne.— M.Marage : L'acuité auditive et l'aptitude au service militaire. Pour l’auteur, à l'heure actuelle où il y a pénurie d'hommes, la surdité ne devrait plus être une cause de réforme, un sourd étant tout à fait capable de rendre des services à l’armée. — M. J. Dragoiu: /n/fluence de la pression osmotique sur la division cellulaire. Le passage des œufs d’oursin dans un milieu ayant une pression osmotique de 30-50 atm. influence toujours leur division; cette influence produit une série de dégradations en échelons réguliers. Si l’on ramène les œufs dans l’eau de mer normale, l’altération est réversible et la division normale reprend chez ceux qui sont le moins dégradés, pas chez les autres quine peuvent plus se segmenter. — M. Schein: Dualité pos- _sible de la fièvre aphteuse (hypothèse detravail).L’auteur suppose l’existence de deux entités morbides encore confondues : la fièvre aphteuse proprement dite et la fièvre aphtoïde, la première immunisant contre elle- même, mais ne vaccinant pas contre l'autre, et vice versa. — MM. H. Vallée et H. Carré : Sur l’immunité anti-aphteuse. Des lots de jeunes bovidés guéris, les uns de fièvre aphteuse expérimentale, les autres de la maladie naturelle, toutes deux provoquées par un même virus de provenance française, résistent à la réinfec- tion parle virus d'origine, mais contractent une fièvre aphteuse classique sous l'influence d’un virus d’origine allemande. Ce fait pose la question de la pluralité des virus aphteux. Séance du 23 Janvier 1922 M. le Président annonce le décès de M. Camille Jordan, membre de l'Académie. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. D. Riabouchinski : Quelques considérations sur la forme du solide et l'éner- gie cinétique du fluide qui l'entoure. 2° SCIENCES PHYSIQUES. — MM. L. Besson et H. Du- theil : Le déplacement des hausses et des baisses baro- métriques et la direction des cirrus. Les isallobares (lignes d’égale variation de la pression barométrique) sont orientées en moyenne NS lors d’un passage de cir- rus, mais tendent à se mettre en croix avec la direction des cirrus quand ceux-ci viennent des régions N ous. — M. À. Perot: Sur la variation des longueurs d’onde des raies telluriques. La longueur d’onde de ces raies croit avec la hauteur du Soleil suivant la formule 1—), (1 + K sin 6). Mais le coefficient K est variable suivant les époques; il est probablement en rapport avec les conditions météorologiques des hautes atmo- sphères, — M. H. Collin et Mlle A. Chaudun : Sur la loi d'action de la sucrase : vitesse d'hydrolyse et réac- tion du milieu. La vitesse d'hydrolyse augmente d’abord avec l'acidité et diminue ensuite; de plus, le poids de saccharose susceptible de fixer la quantité de sucrase présente dans la liqueur est d'autant plus faible que l'acidité est plus considérable; autrement dit, l’addi- tion d’acide se traduit par une diminution de la quan- tité d'enzyme qui entre en jeu. — M. C. F, Muttelet : Nouvelle méthode pour la recherche de la graisse de coco dans le beurre de vache. L'addition de graisse de coco d’origine française, même à la dose réduite de 10 0/,, peut être aisément décelée par l'essai à l’acétate de phy- tostérine, lorsqu'on isole les stérines par la digitonine. 30 SCIENCES NATURELLES. — MM. P. Lemoine et R. Abrard: Sur l'existence du Crétacé supérieur dans la fosse centrale de la Manche d’après les dragages du Pourquoi-Pas? Les échantillons recueillis par ces dra- gages montrent qu'un affleurement important de Cré- tacé supérieur à faciès craie se trouve dans l’axe de la Manche; la trouée de la Manche existait donc déjà à cette époque, faisant communiquer les mers crétacées du Bassin de Paris avec celles des Pyrénées et des ré- gions méditerranéennes, — M. L. Dussault: Sur la géologie de la province de Sam Neua (Haut Laos orien- tal). — M. R. Bourret: Les massifs autochtones du Nord-Est du Tonkin. Ces massifs sont formés surtout de Dévonien et d'Ouralo-permien, avec quelques terrains cristallins. — M. P. Russo : Sur la structure du Trias des régions de Meknès à l'Innaouen (Maroc septentrio- nal). — M. À. Allix : Observations sur la structure en relief par les glaces. L'auteur a vérifié sur le gradin inférieur du Glacier blanc du Pelvoux le phénomène d'érosion signalé par Johnson et Stracey, consistant | dans le délitage, l’arrachement et le décollement des blocs sous-jacents ; il propose d'appeler cette action spéciale corrosion sous-glaciaire. — M. G. Dubois : Sur les modifications apportées à la plage de Sangatte à la suite des tempêtes de 1921. Les sondages et les af- fleurements de la plage de Sangatte montrent que la tourbe s’est formée à l'abri de la mer derrière le cor- \ ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 93 don littoral des Pierrettes ou ses ramifications, La tourbe ayant commencé sa formalion au Néolithique, il faut admettre que le cordon des Pierrettes était cons- titué, au moins dans ses grandes lignes, dès cette époque. — M. S. Stephanescu : Sur l'importance pra- tique et phylogénétique du talon antérieur des molai- res des mastodontes et des éléphants. L'examen de ce talon apporte unepreuve de plus à la liaison phylo- génétique de ces deux espèces, les seconds descendant des premiers, — M. R. Combes : Sur la formation des pigments anthocyaniques. Critique des travaux récents de M. Jonesco. — M. G. Hamel : Sur la végétation al- gologique de Rockall. Toutes les algues de ce rocher perdu dans l’Atlantiqué à 240 milles de l'Irlande sont caractéristiques des rochers exposés et ont déjà été si- gnalées dans de semblables conditions aux Feroë et à Clare Island ; mais-elles sont naines et chétives. — M. E. Chemin : Sur le parasitisme du Sphacelaria bipin- nata Sauvageau. L'auteur considère cette algue comme une épiphyte perforante, plulôt que comme une para- site. — M. W. Koskowski: L'action de l'histamine sur la sécrétion du suc gastrique chezles Pigeons. L'au- teur conclut de ses expériences que l’histamine n’est pas détruite dans le sang et qu’elle n’est pas transfor- mée dans le sang en substance stimulante de la sécré- tion gastrique; elle subit cette transformation dans les autres tissus et principalement dans la peau. — MM. C. Levaditi et S. Nicolau : Vaccine pure cérébrale. Viru- lence pour l’homme. Le virus vaccinal cultivé dans le cerveau de lapin depuis 8 mois n'a pas perdu son afli- nilé cutanée pour l’homme. Inoculé à des nouveau-nés, des nourrissons et des adultes, il engendre des vésiculo- pustules semblables a celles de la vaccine habituelle, évoluant comme elle, sans nulle tendance à la généra- lisation et exemptes de toute complication. Il offre sur la vaccine ordinaire l’avantage d’être, sans nulle addi- tion d’antiseptique, d’une pureté absolue. — MM. A. Donatien et R. Bosselut : Encéphalite aiguë conta- gieuse du bœuf. Il s’agit d'une maladie contagieuse du bœuf, observée aux environs d'Alger en automne 1921. Elle est transmissible en série au bœuf, au lapin et au cobaye. Il s’agit d’un nouveau virus neurotrope. SOCIÈTÉ DE BIOLOGIE Seance du 7 Janvier 1922 MM. M. Duval et P. Portier : Limite de résistance au froid des chenilles de Cossus cossus. La tempéra- ture mortelle pour ces chenilles se trouve au voisinage de — 21°. Le mécanisme de la mort parait être dû à la congélation du contenu cellulaire, qui jûsque-là reste à l’état de solution sous-refroidie. — MM. E. Bardier, P. Duchein et A. Stillmunkès : Remarques surla gly- cosurie caféinique. Le glycosuriecaféiniqueest très diffi- cile à réaliser sur l’animal normal; elle ne se manifeste guère qu'avec de fortes doses sur des animaux ayant préalablement reçu une alimentation riche enhydrates de carbone, Sympathique et glycosurie caféinique. L'in. tégrité des splanchniques est nécessaire à la manifesta- tion de la glycosurie caféinique ou diurétinique ; d'autre part, sous l’influence de ces deux substances, les fibres , ‘ decenerfsontenétat d'hypoexcita bilité.— M.A.Urbain: Sensibilisatrice due à La bactéridie charbonneuse. En uti- lisantcommeantigène uneémulsion de bactéridies aspo- rogènes ou sporulées tuées par l’alcool-éther, on peut mettre en évidence des anticorps dans le sérum d’ani- - maux immunisés contre la bactéridie charbonneuse. — M. E. Nicolas: Sur la gélification des sérums par l’aldéhyde formique. L'auteur a vérifié l’action gélifiante de l’aldéhyde formique (solution commerciale de formol) sur les sérums normaux de chevalet de bœuf, Elle n’est pas instantanée et elle est précédée des phénomènes qui accompagnent généralement la coagulation et la prise en masse des liquides colloïdaux, — M. M. Koll- mann : Fégénération caudale chez les Batraciens. La queue est capable de régénération à tous les niveaux.Si l’axe squelettique peut se reformer, le volume régénéré augmente de l'extrémité à la base dans la mesure où augmente elle-même la surface de régénération. — MM. A. Fernbach et M. Schoen : l'acide pyruvique dans la fermentation alcoolique. Les auteurs sont par- venus à cultiver une levure de Champagne en présence de sucre dans un milieu purement minéral, additionné de craie, et ils ont observé la formation d’acide pyru- vique. Il n’y a donc pas de doute que celui-ci ne soit un produit de la fermentation alcoolique. — M. E. Fauré- Frémiet : Zchanges respiratoires des œufs de Sabellaria alveolata L. au cours de la segmentation ou de la cyto- bise. Il semble que l’activité respiratoire des œufs de Sabellaria ne soit que très faiblement augmentée par la fécondation et que cette augmentation légère soit en rapport avec l'accroissement de surface correspondant à la formation des premiers blastomères. La consom- mation d'oxygène étant sensiblement égale pendant la segmentation normale ou pendant la cytolyse, on peut supposer que ces deux processus diffèrent peu l’un de l’autre au point de vue énergétique. — M. A.Richaud: Sur la teneur en adrénaline des capsules surrénales, déterminée par la méthode chimique et par la ntéthode physiologique. Les résultats différents obtenus par l’au- teur au moyen de ces deux méthodes montrent, d'après lui, que les procédés d’extraction de l’adrénaline des capsules surrénales, actuellement en usage, ne fournis- sent pas tous la totalité de l’adrénaline renfermée dans ces organes, — MM. J.Thomas et Binetti: £lude de la variation du pouvoir réducteur des sérums normaux et cancéreux, en présence d'extraits detumeurs.Les sérums cancéreux, mis en présence d’un extrait de tumeur can- céreuse, possèdent un pouvoir réducteur plus élevé que celui des sérums normaux,tuberculeux ousyphilitiques. Sur 63 sérums, la réaction s’est montrée positive dans 39 cas de cancer ; elle a été négative 14 fois chez des sujets normaux et 10 fois chez des syphilitiques et des tuberculeux. Il y aurait donc là un procédé intéressant de diagnostic du cancer. Séance du 14 Janvier 1922 MM. E. Nicolas et L. Panisset : Action du formol sur les propriétés du sérum hémolytique.La formolisation du sérum hémolytique,;même dans une proportion capa- ble dele gélifier au bout d’un temps plus ou moinslong, ne modifie pas certains anticorps que ce sérum peut 94 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES renfermer. — M. M. Romieu: Sur l'apparition de l’'hémoglobine dans les hématies des Invertébrés.Lenoyau des hématies, même adultes, chez les Invertébrés, est chargé d’hémoglobine. La noyau semble douc jouer un rôle essentiel dans la production de ce pigment, qui se formerait aux dépens de la chromatine comme l'avaient supposé plusieurs auteurs. — MM.C.Levaditi et S. Nicolau : La vaccine cérébrale. L'inoculation intra-cérébrale faite en séries régulières pendant 8 mois a permis d'obtenir un virus vaccinal fixe, adapté au cer- veau, mais n’ayant pas perdu son aflinité pour les seg- ments cutané et cornéen de l’ectoderme, au moins chez le lapin, Inoculé à l’homme, ce virus cérébral déter- mine une vaccine cutanée, sans aucune tendance à la généralisation, — MM. H. Roger et L. Binet : Le pou- voir lipolytique du sang et des tissus. Le foie et le pou- mon possèdent le plus haut pouvoir lipolytique; puis viennent les ganglions lymphatiques qui, pendant la période digestive, regorgent de graisse; les autres organes ont une action moins marquée, ACADÉMIE D'AGRICULTURE Séances d'Octobre 1921 M. M. Ringelmann étudie l'utilisation du charbon de ‘bois pour la production du gaz pauvre applicable aux moteurs utilisés en agriculture. Les gazogènes actuels utilisent du carbone et de l’eau à l’état de vapeur; le résultat est la production d’un mélange d'oxyde de carbone, d'hydrogène et de gaz inertes. De nombreux perfectionnements furent apportés aux gazogènes pour l'alimentation des moteurs fixes: il faut compter sur une dépense en marche pratique de 650 à 900 gr. de carbone par cheval-heure, La combustion complète du carbone dégage 8.000 calories par kg., l’oxyde de car- bone 2.400, et celle de l'hydrogène 34.500. Les perfec- tionnements à obtenir visent donc l'augmentation de la proportion d'hydrogène. — M. René Greilsammer apporte le résultat d'essais d'un tracteur moderne fonc- tionnant au gaz pauvre. La consommation de charbon de bois d’un tracteur de 35 chevaux, monté avec gazo- . gène Cazes, est au maximum de 52 kg. par hectare, représentant, dans l'Indre, une dépense de 11 fr, 45 en 1921. Dans les mêmes conditions de travail, le moteur consomme 4o litres d'essence par ha., soit une dépense de 72 fr. environ. Ainsi ‘l’économie réalisée serait de 60 fr. à l'ha. L'économie de dépense réalisée sur l’es_ sence ressort à 85 0/5. Là où le bois est abondant, par exemple en pays forestier aux colonies, on peut avoir le charbon de bois à un prix plus bas encore : c’est dire que la culture mécanique dans ces pays est grandement intéressée par ces essais.Le gaz pauvre c'est le carburant à bon marché, Il a d'autant plus d'avenir qu'il estappli- cable sans modification au moteur, par la simple adjonction d'un gazogène d'un poids de 4oo à 500 kg. Même aux prix d’avant-guerre (charbon deboïis à ofr. 05 le kg., et essence à o fr. 4o le litre), le gaz pauvre res- terait plus économique de 85 /;.—M.Fouassier expose ses expériences sur l'augmentation de l'assimilation de la matière azotée des graines. L'auteur a nourri 2 lots de souris, l’un avec des graines d’avoine aplaties et stérilisées à 120° en milieu humide, l’autre avec les mêmes graines arrosées au préalable avec une eau char- gée de Bacillus subtilis. Ce deuxième lot accuse un engraissement de 15,5 0}; alors que le premier lot ne donne que 9,4 0}, d'augmentation. Le Bacille aurait une action peptonifiante qui faciliterait l’utilisation de l’ali- ment. Il y a peut-être là une idée intéressante pour l’ali- mentation rationnelle: ce principe, en eflet, d’une pep- tonificalion artificielle est admis comme méthode de préparation pour certains aliments du régime alimen- taire de l'homme. D’autre part, l’action microbiologique des flores intestinales des Ruminants est bien connue: il ne serait pas irrationnel de la faire travailler sur l’aliment avant son ingestion, Nous croyons que les méthodes diverses de préparation, ou de cuisine des ma- tières alimentaires destinées aux animaux de la ferme se montreront, dans l'avenir, plus. économiques qu'on ne l’a considéré jusqu'ici, C’est ce principe qui nous avait antérieurement guidé dans nos recherches sur les poudres et tourteaux de foin digestibles dont nous avions entretenu l'Académie en 1918.— M.le D' Trabut envoie une note sur la multiplication du dattier par semis. Les bonnes variétés dedattier sont ordinairement multi- pliées par rejetons, qui le plus souvent sont contaminés par une cochenille, L'auteur a expérimenté le semis. IL réussit avec la plus grande facilité et donnedes dattiers vigoureux, sains, qui sont plus vite en rapport que les dattiers issus de rejets. Pour obtenir de bons résultats il suflit de féconder artificiellement les pieds femelles avec du pollen d'arbre connu de qualité et sélectionné. Les essais des Américains sont démonstratifs à cet égard, Ainsi le procédé de reproduction des bonnes sortes par semis est possible et conserve les qualités à la condition de ne pas livrer la pollinisation au hasard Ent. de qualité douteuse. Séances de Novembre et Décembre 1921 M. L. Mangin apporte le résultat d'essais industriels sur les cotons longue ‘soie du Cambodge. Les cotons viennent des terres rouges des plateaux qui pourraient fournir 2 millions d'hectares à cette culture, qu’on es- sa yait jusqu'iciseulementsurles rives basses du Mékong. Deux balles de coton de 22 à 26 mm.; travaillées à Mulhouse, ont donné des fils dont les caractéristiques montrent que ces cotons longue soie ont des qualités comparables ou parfois supérieures à celles des cotons américains, Ilreste à organiser un grand centre de pro- duction cotonnière et l'administration locale pourrait faire beaucoup pour attirer les initiatives et les capi- taux. — M. Fr. Diénert a étudié les conditions écono- miques de l'irrigation par les eaux souterraines de la nappe des alluvions dans la vallée de la Loire, Il arrive à cette conclusion pratique que ces irrigations peuvent revenir à moins de 300 francs par hectare pour une aug- mentation de récolte qui peut être estimée à 600 francs. C'est done une opération recommandable, — M. Sto- quer adresse un mémoire sur l'influence de la tempéra- ture sur les propriétés absorbantes des sols. De juillet à janvier les moyennes mensuelles, aux environs de Paris, diffèrent de 24° à la surface et de 19° à o m. 25 de profondeur. Les expériences de l'auteur ont porté ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 95 sur les propriétés absorbantes de 4 terres vis-à-vis du sulfate d’ammoniaque aux températures de o°, 16°, 35°, 55°, Le pouvoir absorbant a diminué lorsque la température s'élève, le pouvoir de dépollution de l’eau augmente avec la température. Aux époques chaudes l’alimentation azotée des plantes est donc facilitée, — M. A. Le Chatelier a soutenu devant l’Académie la thèse suivante : La mévente des pailles peut conduire àune solution de la crise du papier. L'emploi de la paille -pour la fabrication du papier est recommanduble, I ne s’agit que d'organiser une nouvelle industrie agri- cole dont l’outillage modeste apparaît dès maintenant comme très rémunérateur. L'étude technique est faite dans ses conditions de réalisation, son rendement pra- tique, ses difficultés commerciales, Il apparaît bien que beaucoup de départements français pourraient produire 20 à 30.000 t. de pâtes à papier de paille. Une Fédé- ration régionale, avec Bureau central de vente des pâtes blanchies, serait dans de meilleures conditions encore de réalisation. Quant aux capitaux nécessaires pour l'outillage et la mise en train d'une usine, M. Le Chatelier apporte ses prévisions raisonnées : Pour une fabrication de 300 t. par an (soit 1 tonne par jour), il faudrait immobiliser 100.000 fr. et l’on y trouverait un bénéfice annuel de 15.000 fr. Pour une fabrication dé 500 t. et de 1.000 t., les chiffres seraient de 150.000 et250.000 fr.aux immobilisations, de4{o.000 et 100.000 fr. aux bénéfices. Une fabrication de 3 tonnes par jour serait dans des conditions particulièrement avanta- geuses. Bien des agriculteurs ont organisé des sucreries coopératives ; on ne voit pas pourquoi ces mêmes agri- culteurs ne pourraient pas conduire des fabriques de pâtes dont ils fourniraient les matières premières, On pourrait ajouter que la multiplication des roseaux sur les sols marécageux pourrait être un appoint de matières premières pour les papeteries rurales, Et cette mise en valeur de grandes étendues peu productives ne serait pas négligeable! — M. Alfred Massé a étudié l'élevage du cheval gros trait en Allemagne. Pendant que la France a perdu, du fait de la guerre, 30 (/, de ses effec- tifs en chevaux de gros trait, l'Allemagne, qui à pillé la Belgique et le nord-est de la France, a ses effectifs de 1921 égaux à ceux de 1912. Lesrégions allemandes qui s’a- donnaient à l'élevage du cheval d'arme se consacrent au- jourd’hui, pour l’exportation, à l'élevage du cheval de trait. Les traces du pillage s’affichent d’ailleurs dansles statistiques officielles : en Silésie il y avait en 1897 36 étalons de race belge, on en trouve 117 en 1920. La Saxe, la Prusse, la Bavière accusent des faits semblables. — M. Païllot présente une notesurun parasite nouveau des plantations de pêchers dans la vallée du‘Rhône. Il s’agit du Veurotera nemoralis; c’est une espèce voisine dela mouche à soie du Poirier, qui se trouve dans la Drôme et l'Ardèche, Ce nouveau parasite a ravagé 3 ha en 1920 et plus de 15 ha en 1921. Les essais de trai- tement et de lutteont montré que les formules d'insec- ticide à base de nicotine et de quassia sont les plus recommandables, L'hellébore est aussi efficace mais ce produit est difficile à obtenir. Deux pulvérisations à 5 jours d'intervalle, l’une avant et l’autre après l’éclo- sion des premières larves, sont susceptibles d’enrayerle fléau. La ponte des œufs a lieu vers le 10 mai, l’éclosion a lieu 8 jours après, et les larves ont atteint leur maxi- mum de croissance 15 jours après. Elles descendent en terre où elles passent l'hiver. Il est à souhaiter que les foyers infectieux soient surveillés et traités pour éviter l'extension des dommages vers le sud-ouest, — Au mo- ment où l’on exagère d’une façon dangereuse les aflir- mations visant la soi-disant non-toxicité du cuivre, il est intéressant de signaler la communication de M.Ca- doret, sur la lutte le Mildiou de la Vigne. D'après cet expérimentateur, les Vignes bleuies par les sulfatages, du 1° juin au 14 juillet, sont indemnes de Mildiou. L'auteur recommande les bouillies à 2,5 °/, et basiques. Il considère les traitements de mai comme peu contre utiles et préconise des bouillies riches en cuivre et pau- vres en chaux avant le 14 juillet, et d’autres pauvres en cuivre et riches en chaux après cette date. — M, A. Angot a défini Les caractères de l'année météorologique 1920-21.C'est une année exceptionnelle, Pour le climat parisien c’est une année très chaude. Depuis plus d’un siècle, janvier et juillet n’ont présenté qu’une fois des caractéristiques aussi élevées. Le régime pluviométri- que a été encore plus anormal que le régime thermique. Il y a eu onze mois déficitaires par rapport aux pluies ordinairement constatées, Au total (278 mm.) moins de moitié de la quantité normale ; deux mois, juin et juil- let,avec seulement 5 mm.de pluie, La cause en est dans la présence d’une zone de hautes pressions surla France ou dans son voisinage. Le régime des vents a donc été très anormal, avec prédominance des vedts secs du Nord à l'Est particulièrement en automne et en été. Les causes de la météorologie anormale de l’année 1921 ré- sident donc dans les causes inconnues qui ont réalisé les centres de pression et le régime des vents.— M.Buf- fault a décrit la région dite « Double du Périgord », vaste plateau marécageux, pauvre, dépourvu de cal- caire. Pays essentiellement forestier ayant un coeflicient de boisementqui, depuis 20 ans, a passé de 63 à 430/,. L'auteur préconise des mesures d'amélioration: chau- lages, boisement en Pin maritime à gemmage, retard dans l’exploitation des taillis. — M. le Marquis L. de Vogüé présente une étude sur l’agriculture et les im- pôts. L'un des arguments les plus frappants qui est mis en évidence, et admis aujourd’hui par tout le monde, c’est quela taxation à la vente des produits agricoles d'alimentation pendant la guerre a représenté un sacri- fice de 5 ou 6 milliards de la part du producteur, Et c’est un chiffre qui équivaut à la contribution sur les bénéfices de guerre, qui. a atteint l’industrieet le com- merce, et dont ceux-ci se prévalent comme d’une con- tribution qui leur est propre. — M. Ch.Fr. de Mauny a réuni une documentation sur les cours du cheptel sur pied. Il a vérifié expérimentalement sur huit types de bœufs quel est le rendement moyen. Il s’est montré de 58,8 (salers) à 64,8 (charolais), avec un chiffre moyen général de 61°/,.pourles bêtes de bonne qualité venues à la Villette. Le squelette représente environ le 6° du poids de la viande. La pesée, le transport, le marché, la réfrigération, les coopératives d’éleveurs sont autant de points qui retiennent son atlention. Et il conclut, comme on le fait depuis longtemps, à la nécessité d’une 96 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES ee ———"—"…"”"”"—"—— ——— organisation d’abattoirs et de marchés régionaux, à une réorganisation du Marché de la Villette et à une fixation des cours basée sur les mêmes principes que pour le marché des valeurs mobilières. Il y a sans doute beau- coup d'inertie du côté des éleveurs, car on ne voit pas pourquoi ils ne prennent pas en main une organisation commerciale, à leur profit, du marché dela viande dont ils sont les producteurs. Ep. Gain. ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE CLASSE DES SCIENCES Seance du 2 Juillet 1921 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. C. Servais : Zé- traèdres réciproques orthologiques. — M. J. Neuberg : Notes de Géométrie. 2° SCIENCES PHYSIQUES. — M, G. Cesàro : Démons- tration élémentaire de la forme de la caustique par ré- flexion et de la formule donnant l'indice de réfraction d'un prisme en fonction de l'angle minimum de déviation. — MM. E. Henriot etR. Crombez : Variation de l'in- dice de réfraction des liquides avec la température. Comparaison numérique. des différentes formules propo- sées. Les auteurs ont opéré cette comparaison en utili- sant des séries de nombres données par Eykman pour une vingtaine de corps organiques dont les indices de réfraction sont aussi divergents que possible et où des fonctions chimiques très différentes sont représentées. A la 4e décimale près, la formule d'Eykmann : —I1. ok —Iconst., où ? est la densité, représente bien les phénomènes ; cependant quelques corps font exception à cette règle, — M. Edm. van Aubel : Sur une relation entre les tem- pératures absolues de fusion, d’ébullition et critique des corps. L’auteur a reconnu que les dérivés halogénés du mercure satisfont à la relation énoncée par M. Maur. Prudhomme ! ; mais le mercure métallique donne une valeur de r tout à fait anormale, égale à 0,512. — M. G. Cesäro : Sur la forme des cristaux déposés par une couche mince de liquide cristallogène sur une lame de verre plane. L'auteur formule les deux lois suivantes : 1° Lorsqu'une couche mince de liquide dépose des cris- taux sur une lame plane, la face par laquelle les cris- taux adhèrent à la lame est rigoureusement une face cristalline, 2° En général, si les conditions restent les mêmes, la face de contact reste la même pour une même substance, En se basant sur ces lois, on peut caractéri- ser très facilement un certain nombre de corps. — M. A. de Hemptinne : Réduction des oxydes métalliques par l'effluve électrique. IV. — M. F. Swarts : Sur quelques fluorures aliphatiques. L'auteur a préparé un certain nombre de fluorures aliphatiques nouveaux par l’action des fluorures d’Ag ou de Hg secs sur les bromures ou les iodures alcooliques correspondants. Ce sont les fluorures d’amyle normal, Eb. 622,8, de décyle nor- mal, d’isoamyle, Eb. 530,5, d’heptyle normal, Eb. 1 19,7- 119,9, d’octyle normal, Eb. 142°-142°,5, de cétyle, Eb. 287°,5, d’octyle secondaire, Eb. 139°,3. Les fluoru- res d’alkyles secondaires ou à chaine anormale se dé- composent par distillation en HF et hydrocarbure éthylénique. 1. Rev. gén. des Sc. du 15 janv. 1921, t. XXXII, p. 2. Séance du 6 Août 1921 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. C. Servais : Sur les quadriques de révolution. — M. A. Demoulin : Sur les surfaces cerclées. 2° SCIENCES PHYSIQUES. — M. H. Rouche : Sur l'a- cide parafluorométanitrobenzoïque. L'auteur a préparé l'acide p-fluoro-m-nitrobenzoïque par nitration de l'acide p-fluorobenzoïque ; il se forme accessoirement du p-fluo- ronitrobenzène. Le fluor exalte le caractère acide de l'acide nitrobenzoïque moins que le chlore et le brome, contrairement à ce qui s’observe dans la série grasse, 3° Sc1eNCES NATURELLES, — M. V. Villem : Synchro- nisme des mouvements respiratoires et des pulsations cardiaques chez les Poissons. L'auteur a rencontré chez les Poissons le synchronisme, à périodicité égale, des mouvements respiratoires et des pulsations cardiaques, dans des « conditions de tranquillité ». Il a trouvé à ce synchronisme, comme minimum de régulation, une réaction du mécanisme inspirateur vis-à-vis de l’afflux sanguin dans les branchies, et suggère, d'autre part, une action sur la contraction du sinus venosus de l’as- piration péricardique résultant de la manœuvre inspi- ratoire. Il y aurait ainsi influence réciproque d’un appa= reil sur l’autre, Si une excitation perturbatrice amène une variation trop rapide d’un rythme particulier, il y a dissociation des rythmes. Il peut sans doute se réta- blir ensuite, sous les impulsions répétées qui émanent du mécanisme de régulation, un nouveau synchronisme avec un rythme autre, correspondant aux conditions nouvelles. Seance du 8 Octobre 1921 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. J. Neuberg : Un problème sur les quadrilatères articulés, — M. L. Go- deaux : Sur la congruence linéaire de cubiques gau- ches. — M. P. Stroobant : Observations de Saturne effectuées en 1921, à l'époque de la disparition de l'an- neau. Les observations de l’auteur semblent confirmer l’idée que, si la partie relativement dense de l'anneau a une très faible épaisseur (quelques dizaines de km. seulement), sa surface limite s'étend, pour certaines zones, principalement à l’intérieur de la division de Cassini, à une assez grande distance du plan médian de l'anneau. 2° SCIENCES PHYSIQUES, — M. J. E. Verschañffelt : Sur la construction graphique de ménisques capillaires. L'auteur décrit un procédé qui constitue un perfection- nement important de la méthode graphique de Thom- son et qui permet de restreindre à un nombre relative- ment petit les éléments dont se compose la courbe capillaire, c’est-à-dire de donner à ces arcs une ouverture relativement grande. — M. J. E. Verschañffelt : Déter- mination par construction graphique de l'ascension capillaire d’un liquide entre deux cylindres coaxiaux. Au lieu de mesurer les hauteurs d’ascension capillaire, l’auteur s’est proposé de les déterminer directement en construisant, par le procédé de Kelvin, la courbe méri- dienne de ménisques annulaires, dans des conditions très variées, pour un liquide fictif à constante capillaire donnée (a — précision qui n’est pas inférieure à celle avec laquelle on peut déterminer le rayon du tube capillaire (1 0/,, à peu près). — M. A1. de Hemptinne : Sur la réduction des oxydes métalliques par l’effluve électrique. V. L'au- teur a cherché à mesurer la perte de poids de l'oxyde métallique qui doit accompagner le phénomène de réduction. Le Gérant : Gaston Doux. Sté Gle d'Imp. et d'Ed., rae de la Bertauche, |, Sens. 10). Les résultats obtenus sont d’une . 33: ANNÉE N° 4 28 FEVRIER 1922 Revue générale des DOLenCes pures et appliquées FoNpaATEUR : LOUIS OLIVIER DirecTEUR : J.-P. LANGLOIS, Professeur au Conservatoire national des Arts-et-Métiers, Membre de l’Académie de Médecine Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. J.-P. LANGLOIS, 8, place de l’Odéon, Paris. — La reproduction et la traduction des œuvres et des travaux publiés dans la Revue sont complètement interdites en France eten pays étrangers y compris la Suède, la Norvège et la Hollande CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE $ 1. — Nécrologie L’explorateur polaire Shackleton.— Le grand explorateur polaire sir Ernest Shackleton est mort le > janvier des suites d’une angine de poitrine à bord de son navire le Quest, au large des iles de la Géorgie du Sud, alors qu'il tentait encore une fois d'atteindre le pôle Sud. Ses restes, transportés d’abord à Montevideo, doivent être inhumés aux iles Falkland, selon le désir de sa veuve.f Né à Kilkee, en Irlande, en 1874, Ernest Shackleton s'était engagé dans la marine marchande, n’ayant alors que dix-sept ans à peine et il prit part au transport des troupes britanniques vers l'Afrique du Sud lors de la guerre du Transvaal ; au cours de naufrages, il montra une admirable énergie qui devait caractériser toute sa vie d’explorateur polaire, De 1901 à 1904, le lieutenant Shackleton fit partie de l'expédition anglaise dela Discovery, commandée par le capitaine Scott, qui reconnut et leva les côtes de la terre Victoria et des iles voisines, et s’avança jusqu’à 82017 lat. S., dépassant ainsi le point atteint par Borchgrevink en 1900. E Puis, en 1907, se proposant de pousser plus loin encore l’avance vers le pôle Sud, Shackleton prit lui- même le commandement d’une nouvelle expédition qui laissa Londres, le 30 juillet, sur le VNimrod, et dura jus- qu’en 1909. Le 9 janvier de cette année, il parvint à atteindre la latitude 88°23’, où il se trouvait à 198 kilo- mètres du pôle!. Il se peut que, sans la perte d’un mulet 1. Pour les résultats de ces deux explorations antaretiques de Shackleton sur la Discovery et sur le Nimrod, nous ren- voyons aux quelques détails que nous avons précédemment REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, chargé de vivres qui avait disparu dans une crevasse, il aurait pu atteindre le premier le point austral extrême de notre planète, où sont parvenus Amund- sen le 14 décembrergr1 et le capitaine Scott le 17 jan- vier 1912. Malgré ces grands succès obtenus par d’autres, Sha- ckleton n'avait jamais perdu l'espoir de pouvoir arri- ver lui aussi jusqu’au pôle. IL se remit à étudier le plan d’une nouvelle expédition destinée à ajouter un utile complément aux connaissances déjà acquises. Ce qu’il se proposait c'était d'explorer le continent antarc- tique, de l’aborder par le côté le moins connu, de le traverser, et le pôle Sud n’eût élé qu'une étape de ce raid formidable, Il partit de Londres sur l’'£ndurance le 8 août 1914 et il était accompagné d’un navire de renfort, l’Aurora, ancien bateau desir Douglas Mawson lors de son expédition de 1911-1914! et que comman- dait le capitaine Mackintosh. D'’importantes recon- naissances et découvertes furent faites, mais des catastrophes qui atteignirent les deux navires vinrent entraver les progrès de l'expédition. Shackleton courut de très grands dangers et ce fut grâce à sa vigueur et à son énergie qu'il parvint à sauver tout son équipage ?. donnés dans la Revue générale des Sciences, 30 avril 1909, p- 348-349. 1. Voir: Revue générale des Sciences, 30 juin 1914, p. 583- 584. l 2. Voir les détails que nous avons précédemment donnés dans la Revue générale des Sciences, 15 juillet 1916, p. 393- 394. — Le récit complet de cette expédition a été dernière- ment publié: Sir Ennesr SHACKLETON, South. The story of Shackleton’s last erpedition 1914-1917. London, William Hei- nemann, 1920, in-8, xx1v-376 p., 46 pl., { carte hors texte, — On peut se référer au compte rendu qui en a été donné par | M. S.RerZLer dans La Géographie, décembre 1921, p. 638-639, 1 98 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE La persévérance du grand explorateur était inlassa- ble. Le 25 septembre 1921, il avait quitté l’Angleterre à bord du Quest pour se diriger une fois de plus vers le pôle Sud. Le navire emportait pour plusieurs années de vivres. Cette fois ce fut la maladie qui, en enlevant subitement le courageux et éminent voyageur, vint le priver du bonheur de voir se réaliser jusqu’au bout le rêve glorieux poursuivi par lui toute sa vie. G.Regelsperger. $2. — Physique Sur le mouvement des électrons animés de très grandes vitesses !. — Il est inutile de rap- parler ici les longues discussions qu'ont provoquées les expériences de Kaufmann sur la variation d'inertie des corpuscules £& du radium. Ces expériences avaient, en effet, montré la varia- tion d’inerlie des corpuscules£en fonction de la vitesse, mais elles étaient insuffisamment précises pour permet- tre de trancher la question de savoir si celte variation était conforme à la théorie de Max Abraham (électron sphérique, indéformable) ou s’il fallait tenir compte, dans cette variation, de la contraction de Lorentz- Einstein, conformément au principe de relativité. Les dimensions des clichés obtenus par Kaufmann n'étaient, en effet, guère plus grandes que celles d'un ‘ongle et les interprétations subtiles des courbes obtenues con- cluaient tantôt en faveur de l’une et tantôt en faveur de l’autre théorie. Cependant, deux ans plus tard, Bucherer entreprit de nouvelles déterminations qui, sans per- mettre de trancher définitivement la question, étaient cependant plus favorables à la théorie de Lorentz-Eins- tein qu’à celle d'Abraham. M. Ch.E. Guye eut alors l’idée de chercher à attaquer le problème par l'étude des rayons cathodiques de grande vitesse. Mais la production de ces rayons, que l’on ne peut obtenir que dans des vides très poussés, présente de très sérieuses'diflicultés expérimentales. En outre, il faut faire choix d’une méthode qui permette, avec une exactitude aussi grande que possible, de dé- celer la différence entre les’deux théories. Après exa- men attentif des dispositifs les mieux appropriés au but àatteindre, M. Guye s’arrêta à la méthode qu'il a appe- lée méthode des trajectoires identiques, qui présente le très grand avantage d'éliminer, dans la comparaison des deux théories, l'évaluation toujours très délicate des intégrales du champ. Cette méthode est particuliè- rement avantageuse lorsque les champs que traversent les rayons cathodiques ne sont pas uniformes. C’est en 1907 que M. Guye a commencé, au Labora- toire de Physique del'Université de Genève, les pre- miers travaux relatifs à l’inertie des rayons cathodiques de grande vitesse, avec la collaboration de M, Simon Ratnowsky. La conclusion de ce travail fut « que, des deux formules proposées, celle de Lorentz paraît seule 1. Ch. Eug. Guye, avec la collaboration de S. RATNOwWSKY et Ch. Lavancuy : Vérification expérimentale de la formule de Lorentz-Einstein faite au Laboratoire de physique de l'Université de Genève. (Mémoires de la Société de Physique et d'Histoire naturelle de Genève, vol. XXXIX, fase. 6; 1921.) donner des résultats compatibles avec l’expérience. Les divergences avec la formule d'Abraham atteignent pres- que 41/,,alors qu'avec la formule de Lorentz elles sont d'environ 1 à 2 0/5. » Ainsi la formule d'Abraham était netlement en dé- saccord avec l'expérience : la formule de Lorentz-Eins- tein, tout en étant compatible avec les résultats obte- nus, n’était cependant pas vériliéeavec une exactitude suflisante. Aussi, M.Ch.-Eug.Guyereprit-il, avec la collaboration de M. Lavanchy,une autre série d'expériences en intro- duisant de nombreux perfectionnements destinés à en augmenter considérablement la précision. Une des principales causes d’erreur des expériences précédentes résultait de la variation rapide que subit la dureté-du tube au cours d’une même série de mesures. D’où l’idée de substituer à l'observation directe des déviations un enregistrement photographique beaucoup plus rapide: la méthode n’est plus alors, il est vrai, rigoureusement celle des trajectoires identiques, mais de très petites corrections, faciles à calculer par une étude prélimi- naire, lui rendent toute sa sécurité. Les inconvénients des variations de dureté du tube sont ainsi considérable- ment réduits et les enregistrements photographiques ont une entière objectivité. En outre, la photographie de points de repère fixes tracés sur le fond du tube permet d'éliminer leserreurs provenant de la dilatation ou dela contraction de la gélatine. La discussion minutieuse des belles expériences faites par MM. Guye et Lavanchy leur a permis de conclure que : la formule de Lorentz-Einstein relative à la variation de l'inertie en fonction de la vitesse se trouve vérifiée avec une grande exactitude .La répartition à peu près indif- férente des écarts positifs et négatifs, jointe au grand nombre de mesures effectuées, semble bien indiquer, en outre, que la formule de Lorentz-Einstein représente une loi très exacte, que des déterminations individuel- lement plus précises ne parviendraient pas aisément à mettre en défaut. En particulier, la moyenne algébrique des écarts À que présentent les mesures faites par rap- port à chacune des théorie est : Lorentz-Einstein, Amoy = —- 0,0002 Max Abraham, Amoy — —- 0,0112 L'écart algébrique moyen avec la formule d'Abrabam est incomparablement plus grand qu'aveë celle de Lo- rentz-Einstein, pour laquelle cet écart est insignifiant. La vérification de la formule de Lorentz-Einstein, pour les électrons de grande vitesse, constitue une vérifica- tion indirecte de la relation : mV? = E, qui réunit en un seul principe le principe de la conser- valion de la masseet celui de la conservation de l’éner- gie.On conçoit dès lors tout l'intérêt des recherches effectuées par M. Guye, sur l’inertie des électrons en mouvement très rapide, qui, à l'heure actuelle, consti- tuent là vérification expérimentale peut-être la plus directe del’une des conséquences les plus importantes des nouvelles théories : leparallélisme de la matière et de l’énergie, A. Boutaric. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 99 Reproduction artificielle des phénomènes accompagnant les décharges électriques atmosphériques. — Afin de pouvoirétudier expéri- mentalement les phénomènes produits par les déchar- ges électriques -atmosphériques (coups de foudre) et spécialement d'en observer les effets sur les appareils et installations électriques, le Professeur Steinmetz a établi un équipement spécial, qui est actuellement employé par la General Electric Company pour l'essai de son matériel de protection contre la foudre. Cet équipement -se compose essentiellement d’une grande capacité, formée d’un certain nombre de con- densateurs à plaques (200 plaques en tout) et d’un groupe de kenotrons (redresseurs à émission électro- nique) transformant en courant unidirigé le courant alternatif à haute tension d’un transformateur ordi- naire; le système ainsi constitué se décharge sur un circuit de faible résistance présentant un éclateur à boules. La capacité totale des condensateurs est de 1,6 micro- farad (0,008 microfarad par plaque); la tension admis- sible, de 30,000 volts par plaque; l'énergie accumulée Ce? ë Aire 1 sur l’ensemble des condensateurs atteint ainsi W—- 2 = = X 1,6 X10—6 X 30? >< 106 — 720 joules ; en grou- Fa les plaques par 4 en série et formant 5o groupes en multiple, on obtient, avec une capacité de 0,1 micro- farad, une impédance momentanée (l’inductance minima du circuit de décharge étant de 0,016 mh) : DE = 7 LEE 102 2 138 ue 0,1 X 106 Dans ces conditions, le courant de décharge peut > x : atteindre 9.500 ampères sous 120.000 volts, cé qui cor- respond à un débit momentané de plus de 1 million KVA à une fréquence f — — 126.000; la résis- arVLe — jones du circuit de décharge étant pratiquement nulle, on arrive à une impulsion de 120, 000 volts, 4.700 am- pères, soit 1/4 million kw pendant 2,3 secondes, etc. Pour régler l'intensité, la rapidité et la durée de la décharge, une résistance spéciale était nécessaire, sans inductance et capable de supporter des puissances momentanées considérables ; on l'a constituée de tiges de silicium coulé, de 25 em. de longueur et : mm. envi- ron de diamètre et ayant chacune 6 à 8 ohms environ de résistance; les jonctions sont opérées au moyen de capuchons en fer appliqués sur les tiges au rouge, et ainsi soudés au métal. Cet équipement permet d'obtenir des décharges d’une intensité et d’une nature tout à fait comparables aux plus forts effets que peuvent produire les décharges atmosphériques et il se prête à des essais très intéres- sants ; il aurait déjà donné l’occasion, au cours d’essais de parafoudres, de faire des observations scientifiques d’une portée considérable. H. M. $ 3. — Agronomie La température du sol et les facteurs qui la déterminent. — MM.B. A. Keen et E. J. Russell!, de la Station expérimentale de Rothamsted, en Angle- terre, sesont livrés à unesérie de recherches très intéres- santes sur la température du sol et les facteurs qui influent sur celle-ci, abstraction faite de l’'émanation de chaleur qui se dégage de l’intérieur de la croûte ter- restre, celle-ci ne représentant, au point de vue envi- sagé, qu'une source de chaleur négligeable, Les auteurs ont également examiné à quel degré la température du Sol peut être évaluée au moyen d’autres mesures, telles que la température de l’air, la durée de l’insolation, ete., lorsqu'il n’y a pas de déterminations directes. Les données recueillies furent obtenues au moyen d’un thermomètre enregistreur introduit à 15 em, dans leter- en comparaison d'une série de ou ense- rain de Rothamsted, thermomètres exposés en plein air, à l’abri velis dans le sol, ainsi que d’un héliomètre et d’un radiomètre enregistreurs, Le terrain placé au-dessus du thermomètre fut soigneusement maintenu privé de’ toute végétation ; les observations analysées furent effectuées du 22 décembre 1913 au 23 décembre 1914; toutefois les données continuèrent d’être recueillies. La température du sol ne se comporte pas en hiver comme en été, dans cesens qu'en hiver on n’observe aucune variation quotidienne sensible, mais des varia- tions embrassant des périodes de plusieurs jours, le maximum de l’une pouvant être le maximum de la suivante, Par contre, la variation de la température est nota- ble en été ; la température commence à s'élever à la surface avec l’aube et l'élévation pénètre à 15 cm. de profondeur, pour la latitude et la longitude observées, vers 9 h, 1/2 du matin; la température continue à s’éle- ver jusque vers 16 h. 1/2; à ce moment il y a un arrêt ou un abaissement ; après 17 h. 1/2, l’abaissement se produit décidément, mais il est beaucoup plus lent que l'élévation et il continue jusque vers 8 h. du matin. A la profondeur de 15 cm., la température du sol s'élève donc pendant 7-8 h. et descend pendant 15- 16 h. ; il y a souvent une période d'arrêt, de durée varia- ble, à la fin des deux périodes d’élévation et d’abais- La température moyenne sement de température. s’observe vers midi et minuit ; il y a donc une période chaude de midi à minuit et une période froide de minuit à midi, Le maximum de température du sol, à 15 em. de profondeur, présente un retard de 3 h, rela- tivement à celui indiqué par le thermomètre en plein air sous cage. Les maxima de la température du sol ne sont pas en rapport étroit avec la durée de l’insolation, le coefli- cient pour la période d'observation du 2 février au 23 décembre 1914 ayant été 0,434 + 0,032; le coeflicient diminue encore et est de 0,357 si l’on ne tient compte que des heures d’insolation jusqu’à 12 h. 1/2, car il faut compter que celles-ci seules ont une influence définie 1. The Journal of Agricult. Science, t. XI, fase. 3, p. 211; d'après le Bull. mens. des Rens. agric., t. XII, n° 12, p. 1610; déc. 1921. 100 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE sur le maximum de température du sol. Par contre, la variation positive dela température à 15 cm. de profon- deur est étroitement unie à l'indice de radiation solaire tel qu'il est donné par le radio-intégrateur Wilson, le coefficient étant 0,877 + 0,009; l'élévation de tempé- rature ou ampleur de la variation est également unie, mais dans une moindre mesure, aux heures d’insola- tion, le coeflicient étant 0,768 + 0,015. L'augmentation journalière de température est naturellement influencée négativement par la précipitation atmosphérique, mais non par le vent, du moins en apparence; en tout cas un accroissement du maximum de température n’a jamais été constaté par suite de la pluie. La surface du sol augmente de température bien plus que l’air ; mais cette augmentation s’atténue tellement à 15 em. de profondeur que le maximum est à peu près égal, en été, à celui de l'air, et de 3° C. plus bas en hiver. Le refroidissement du sol, qui détermine les minima de température, est favorisé par des nuits claires, tan- dis qu’en automne les pluies le retardent en empêchant le sol de se refroidir comme cela aurait lieu autrement. Le refroidissement du sol ne se manifeste ordinaire- ment pas comme celui de l'air; en été, le minimum de température du sol peut être supérieur de 6-80 C. au minimum de l'air; en hiver il peut l'être de 3° C. et plus; d’autre part, le minimum de température du sol est atteint plustôt en été qu’en hiver, respectivement à 7h.4{5et10 h/30, là où, à l’air, le minimumest atteint à peu près à la même heure pendant toute l’année, savoir à 3 h.45. Le maximum de température observé à 15 em. de pro- fondeur fut ordinairement, en été, d'environ 22° C., bien qu’il ait atteintune fois 26,5 C.; le minimum fut de 18° C. et il arriva à 210 C.; la température moyenne fut d'environ 20° C. Celle-ci ne présenta pas les rapports étroits offerts par le maximum de température relati- vement à la radiation et à l’insolation. Par contre, il y a un rapport assez net avec le taux d'humidité du sol, bien que les données ne soient pas étroitement paral- lèles ; quoi qu'il en soit, le sol se réchauffe en se séchant et se refroidit en devenant humide. Le pas- sage des températures d'hiver à celles d'été se pro- duit soudain, et cela par suite du fait que le sol se sèche et que le rayonnement solaire augmente; au début de l'hiver, il y a également un refroidissement rapide du sol, dû probablement aux belles nuits d’oc- tobre, durant lesquelles les pertes de chaleur par rayonnement du sol sont notables ; mais les pluies, comme on l’a déjà dit, retardent ce processus. Il en résulte donc que l’ « edaphon », ou ensemble des êtres vivant dans le sol, jouit d'un climat plus favo- rable que les êtres vivant dans l'air; de plus, il s'y trouve dans des conditions de plus forte humidité, de sorte que, pendant l’été, la surface du sol présente des conditions semblables à celles d’un ineubateur tenu à 20° C. S $ 4. — Zoologie Un sous-ordre nouveau pour la faune française. — Me Murrich, dans un travail récent, signale la présence, sur les côtes américaines, de ces curieux nauplius cuirassés auxquels Hansen ? a donné le nom de « nauplius du Typus Y ». Les formes décri- tes par Hansen avaient été capturées dans l'Atlantique tropical par la Plankton Expedition ; des types analo- gues ont été revus dans le golfe de Kiel par Apstein#, puis par Lohmann‘. Enfin Steuer, en -1903 Ÿ, décrivait une nouvelle espèce provenant de Trieste sous le nom de Proteolepas Hanseni. Au cours de deux missions biologiques sur les côtes Sud-Ouest de la Bretagne, nous avons eu personnellement l’occasion de récolter un nombre considérable de ces types anormaux : les uns appartiennent à l'espèce décrite par Steuer, les autres à une forme encore inédite, Proteolepas britta- nicus nov. sp. Hansen considère ces larves comme des stades précypridiens de Cirripèdes apodes : une confir- mation de cette hypothèse se trouve dans le fait que nous avons observé sur deux exemplaires de P. brit- tanicus des rudiments d'appendices cypridiens et d'yeux pairs, L'adulte est encore inconnu : peut-être est-il, comme le 2. bivincta Darwin, parasite d’un Tho- racique. Le fait remarquable que dans la plupart des cas les larves de Proteolepas ont été découvertes dans le voisinage des côtes (St-Vincent, Boavista, Fernando Noronha, Kiel, Trieste, Concarneau, ete.) semble indi- quer que l’hôte est soit un Pédonculé sédentaire (Polli- cipes, p. ex.),soitun Operculé (Balanus, Verruca, Chta- malus, etc.). Th. Monod. 1. Notes on some Crustacean forms occuring in the plank- ton of Passamaquody-Bay. Ottawa Trans. Roy. Soc., 1917, 2. Erg. Plankt. Exp.,Bd II : Cladoceren und Cirripedien, 1899, 3. Plankton in Nord und Ostsee auf den deutschen Termin fahrten. Wiss. Meeresunters. Abt. Kiel, t. 1X, 1905. &. Untersüchungen zur Feststellung des vollständigen Gehal- tes des Meecres an Plankton. Wiss. Meeresunt. Abt. Kiel, t. X, 1908. 5. Uber zwei interessante Larvenformen aus dem Plank- ton der Triester Golf. Zoo, Anz., t. XVIII. — Uber eine » neue Cirrepedienlarve aus dem Golf von Triest., Arb. Inst, Wien,t. XV (2). dti Pau BECOUEREL. — LA DÉCOUVERTE DE LA PHYLLORHIZE 101 LA DÉCOUVERTE DE LA PHYLLORHIZE SES CONSÉQUENCES POUR LA MORPHOLOGIE ET LA BIOLOGIE DES PLANTES VASCULAIRES Un événement scientifique qui a passé ina- perçu et qui cependant marquera une ère nou- velle dans la Botanique vient de se produire. C'est la découverte de la véritable « constitution des plantes vasculaires révélée par leur onto- génie !», que publie après vingt-cinq années de recherches sur ce sujet capital M. Gustave Chau-' veaud. Depuis trois siècles que les botanistes étudient l’organisation des plantes vasculaires, on pou- vait penser que l’on connaissait au moins dans leurs grandes lignes comment se formaient leurs tiges, leurs racines, leur appareil conducteur. Or, ainsi qu'on va le constater avec un éton- nement profond, il n’en est rien. Cette partie la plus importante de la Morphologie classique des Cryptogames vasculaires, des Gymnospermes et des Angiospermes est bouleversée par un grand nombre de faits nouveaux incompatibles avec les anciennes doctrines. I. — La mérHone DE LA MoRPHOLOGIE DYNAMIQUE Encore une fois se vérifie l'opinion des plus illustres fondateurs de la Biologie générale, c’est que la question de méthode est primor- diale lorsqu'il s’agit de mettre en évidence. le véritable enchainement des formes, dans l’indi: vidu comme dans les espèces, pour établir leurs relations et leur origine. La méthode qui a été employée dans ce tra- vail n’a pas été autre que celle de l’observation comparée dans le temps et dans l’espace, du développement de la plante à partir de l'œuf, afin d’assister progressivement à la formation de ses tissus, à la naissance de ses organes et à leur différenciation jusqu’à l’état adulte. Cette méthode, que nous appelons la méthode de la Morphologie dynamique ou ontogénique, n’est pas nouvelle. Les plus fervents partisans de l'Evolution, Serres, Darwin, Haeckel, Kowa-- lewsky, Giard, Delage, Edmond Perrier, l'avaient déjà appliquée avec succès en Zoologie dans leurs brillantes recherches d’Embryogénie. Mais la plupart des botanistes n’ont pas suivi rigoureusement leur exemple. Les anatomistes, surtout, s’en sont tenus à la vieille méthode de la Morphologie statique purement descriptive. Pour expliquer la structure d’une plante, ils 1. Gustave CHauyeauD : La constitulion des plantes vas- culaires révélée dans leur ontogénie, Payot et Cie, Paris, 1921. se contentaient de l’étudier à l’état adulte, dans l’espace, dans la phase la plus favorable de son existence, parce qu'ils croyaient avoir sous les yeux, en partant de ses points végétatifs en voie de croissance, toutes les étapes de l’édifi- cation de ses tissus ou de ses organes. Or la Morphologie dynamique est beaucoup plus exigeante. Elle estime que les tissus en voie de crois- sance dans l’adulte ne présentent pas toutes les étapes de leur différenciation et de la formation des ofganes telles qu'elles se produisent dans l'embryon. Pour connaître avec certitude le mode de for- mation du végétal, et par suite sa constitution, ce n’est pas un seul individu d’un certain âge qu'il faut examiner, mais de nombreux indivi- dus de la même espèce, d'âge différent, arrêtés méthodiquement aux divers stades de leur déve- loppement depuis l'œuf jusqu’à l’état adulte, afin de déterminer, par l'observation micro- scopique des coupes exécutées dansleurs parties comparables, la succession exacte des modifi- cations que leurs tissus ont subies dans l'espace et le temps. Cette méthode a imposé à M. Chauveaud un travail considérable. C’est ainsi qu'il a étudié l’'ontogénie de plusieurs milliers d'espèces de plantes vasculaires appartenant aux familles les plus importantes. Si l’on songe que pour cha- que espèce il lui a fallu observer des centaines de germinations d’âge divers, on reste confondu devant la grandeur de la tâche accomplie. Avec une méthode aussi minutieuse, nous comprenons maintenant quelle peut être la valeur des résultats nouveaux que nous allons exposer. II. — LA PHYLLORHIZE, PLANTULE ÉLÉMENTAIRE Qu'est-ce qu’une plante vasculaire ? Est-ce un individu ayant trois membres nette- ment définis : la racine, la tige, la feuille, ou une colonie d’individualités élémentaires fusion- nées les unes dans les autres ? Voilà une ques- tion qui soulève d’ardentes controverses. Elle a déjà suscité de nombreuses théories; et sur elle règnent encore les opinions les plus contradic- toires. Poùr la résoudre, M. Chauveaud s’est d’abord adressé aux Fougères, où il est facile d'étudier le développement de l’œuf. 102 Après avoir suivi la morphologie de nom- breuses germinations à tous les stades de leur évolution, le savant anatomiste a découvertque la Fougère adulte était une sorte de colonie végétale constituée par l’association deplusieurs unités fondamentales. Cette unité est une plan- tule minuscule visible à l’œil nu. Elle possède A Pauz BECQUEREL. — LA DÉCOUVERTE DE LA PHYLLORHIZE sif initial, autre voisin de la rhize, le pied, qui était engagé dans le prothalle en voie de dispa- rition (fig. 1, À, 1). $ 1. — Origine de la phyllorhize chez les Fougères D'où vient cette plantule élémentaire et quelle sera sa destinée ? Cette plantule élémentaire pro- 2 Fig. 1. — Phyllorhizes (d'après G. Chauveaud), À, d'une Fougère, le Ceratopteris thalictoïdes. — Plante constituée d'abord par une, puis par deux, enfin par trois phyllo- rhizes, — F, phylle; R, rhize: O, massif initial; P, pied ; OP, caule. B, d'une Monocotylédone, l'Alisma plantage. — Plante formée d'une, de deux, de trois phyllorhizes. C, d'une Dicotylédone, l'Iberis umbellata, — Plante ayant deux, puis quatre, enfin six phyllorhizes fusionnées par paires, — F, phylle; O, massifinitial; R, racine. deux parties distinctes : l’une verte, dirigée vers le ciel, ayant l'aspect d’une feuille rudimentaire à laquelle on a donné le nom de phylle (oo, . feuille), l’autre blanchâtre, s'enfonçant dans la terre, la rhize (pu, racine), sorte “de racine pri- mitive. L'ensemble est une pAyllo-rhize. Dans cette plantule élémentaire, #Ÿ n’y a pas de tige. Sur le pétiole de la phylle, appelé caule, sont situés deux bourrelets, l'un plus élevé, le mas- vient d’une partie du méristème primitif issu de l'œuf, etnon, comme le décrivent tous les traités classiques, dela multiplication de quatre cel- lules primitives ou de la différenciation de quatre portions de l’ensemble du méristème, l’une pro- duisant le pied, l’autre la tige, la troisième la feuille, la quatrième la racine. En réalité, la phyllorhize a été engendrée par la multiplication de deux cellules initiales, situées chacune à l’un des pôles de la masse globuleuse embryonnaire indifférenciée. L’ini- tiale terminale du pôle supérieura construit la -phylle, l’initiale subterminale du pôle inférieur a donné la rhize. Aucune initiale pour le pied, aucune pour la tige qui n'existe pas. La rhize et la phylle croissant avec rapidité, ce qui reste du méristème embryonnaire forme le massif ini- tial qui se trouve porté sur la partie latérale de la caule de la phylle. Suivons maintenant le curieux travail qui s’opère dans ce massif. Nous voyons alors une ‘nouvelle polarité se manifester. À sa partie su- périeure apparaît une seconde cellule initiale, engendrant par ses rapides bipartitions une deuxième phylle, pendant qu’à la partie infé- rieure opposée une seconde cellule subterminale constilue par ses cloisonnements répétés les tis- sus d’une seconde rhize, si bien qu’au bout de quelque temps nous avons une jeune Fougère résultant de l’association de deux phyllorhizes soudées par leurs parties caulaires. La deuxième phyllorhize porte à son tour sursa caule la partie non différenciée du mas- sif embryonnaire, dont une portion va encore refaire de la même manière une troisième phyl- lorhize. Et ainsi de suite, toujours aux dépens d’une partie du méristème dérivé de l'œuf, l’autre étant réservée pour la prochaine phyllorhize, les phyllorhizes se forment les unes après les autres. En sesoudant progressivement par leurs parties caulaires, elles édifient cet axe du végétal qu’on a appelé la tige (fig. 1, À, 1,2, 3). $ 2. — Les variations du développement de la phyllorhize Mais ce développement, quel’on suit sur les sujets propices jusqu’à la quatrième et quelque- fois cinquième phyllorhize, ne continue pas sa marche uniforme. Il subit des variations brus- ques et des variations progressives. Les variations brusques, très irrégulières, dont les causes sont mal connues, portent sur un arrêt de développe- ment de l’une des parties de la phyllorhize. Ordi- nairement c’est un avortement de la rhize, plus rarement c'est la feuille qui est ainsi frappée. Par contre, les variations progressives,. fait impor- tant, sont constantes. Elles décèlent un phé- nomène bien connu des zoologistes. Pendant l'ontogénie, il y a une accélérution et une condensation du développement. Les phyllorhizes apparues les dernières n’évo- luent pas comme les premières. La formation typique est modifiée dans sa taille et dans sa différenciation plus rapide et plus accentuée. Pau BECQUEREL. — LA DÉCOUVERTE DE LA PHYLLORHIZE 103 Cette double modification aboutit à la produc- tion de feuilles fertiles très complexes, bien diffé- rentes et souvent des centaines de fois plus grandes que celles du début. Tous ces faits nouveaux ont été réunis par M. Chauveaud sous forme d’une loi: « Durant les premiers stades du développement de la plante, la distance qui sépare dans le temps et dans l’espace deux phyllorhizes successives décroit pendant que leur taille et leur différen- ciation vont au contraire en croissant, d'où résul- tent la fusion progressive des: caules et la for- mation d'un ensemble représentant la tige qui parait acquérir une individualité de plus en plus complète. » Un autre fait intéressant est à signaler : c’est que, sous l'influence de l’accélération et de la condensation du développement, le massif em- bryonnaire initial qui engendre les phyllorhizes et qui est devenu le bourgeon latéral sur la caule, après la naissance d’un certain nombre de phyllorhizes de plus en plus rapprochées, se transforme graduellement en un bourgeon termi- nal intérieur qui leur parait commun, caractère qu’il conservera jusqu’à la fin du développe- ment de la plante. Voilà ce que les auteurs classiques, ignorant les étapes du développement, ont pris pour le sommet de la tige chez les Fougères, en lui attribuant une croissance terminale lorsqu'il ne s’agit que d'un méristème phyllorhizogène. $3. — La phyllorhize chez les Monocotylédones L'esprit éveillé par cette découverte chez les Fougères, M.Chauveaud se mit à rechercher si un pareil mode de formation ne se rencontrerait pas chez les autres plantes vasculaires. Ses recherches ne furent pas infructueuses. Les Monocotylédones aquatiques et terrestres lui fournirent de magnifiques exemples de phyl- lorhizes. Qu'il me suflise de citer ici le éas de V’AZisma plantago, le Plantain d’eau. Quand nous suivons le développement de l’œuf decette plante, nous voyons que le massif embryonnaire indifférencié qu'il produit donne au début une première phylle, non plus aplatie en lame, mais arrondie, avec une rhize très grêle; la base phyllaire, la caule, représente l’ancien hypocotyle des auteurs. À la face interne de la caule, comme pour la Fougère, une partie du massif initial engendre une autre phylle et une autre rhize, dont l’ensemble constitue une seconde phyllorhize. Bientôt après, à la face interne (fig. 1, B) de la deuxième caule, aux dépens d’une portion dérivée du massif embryon- naire, toujours par le travail de deux sortes de 104 Paur BECQUEREL. — LA DÉCOUVERTE DE LA PHYLLORHIZE cellules initiales, l’une terminale, l’autre sub- terminale, une troisième phyllorhize apparaît. Mais à partir de ce moment il arrive des per- turbations embryogéniques. La rhize, troublée par l'accélération et la con- densation du développement,n’accompagne plus régulièrement la formation des phyllorhizes qui se différencient de plus en plus; nous retombons dans la loi de croissance des Fougères adultes. D'après ces faits, les Monocotylédones leur sont comparables. C’est aussi par adjonction de phyllorhizes successives plus rapprochées et - plus évoluées dans l’espace et le temps qu’elles constituent leur corps. $ 4. — La phyllorhize chez les Dicotylédones Chez les Dicotylédones, le problème paraît plus difficile. De prime abord, on ne voit pas comment on pourrait y déterminer une unité morphologique. Et cependant, en étudiant avec soin le dévelop- pement de la plante, en tenant compte des modi- fications dues à une accélération embryogénique plus accentuée, M. Chauveaud a réussi à recon- naître l’existence des phyllorhizes. Maïs la condensation de l’ontogénie est telle que, dans le méristème primitif issu de l’œuf, les deux premières phyllorhizes s'organisent simul- tanément dans l’espace et letemps en demeurant coalescentes. Leurs deux phylles libres sont les deux cotylédons ; leurs deux caules fusionnées constituent la tige: leurs deux rhizes associées forment la racine, pendant que leurs deux ma- melons latéraux, provenant de ce qui reste du méristème indifférencié, se soudent à la base des deux phylles pour constituer le massif ini- tial terminal phyllorhizogène (fig. 1, C}. _ Eneffet, une partie de ce massif initial, au bout de quelques heures, engendre simultanément deux nouvelles phyllorhizes, tandis que l’autre partie, reportée plus haut entre les deux nouvelles phylles, redevient un nouveau massif initial. Et ainsi de suite pour la production de toutes les autres paires de phyllorhizes. C’est ce que nous montre l’examen des différents stades de la croissance de la plantule de l’/berts (fig. 1, C). Mais toutes ces nouvelles phyllorhizes ne pro- duiront plus de racine ; elles se serviront de celle des deux premières phyllorhizes. Car ici se manifestent encore l'accélération et la condensation embryogéniques, par l’appari- tion hâtive de phyllorhizes de plus en plus évo- luées et par le rapprochement de leur niveau d'insertion. Les phyllorhizes naissantes sont alors disposées autour du massif initial terminal selon des spires très serrées. Pour les Gymnospermes, le mode de forma- tion simultanée de plus de deux phyllorhizes primitives et le mode de croissance des autres phyllorhizes sontanalogues ; il n'y a pas lieu d'y insister. C’est ainsi qu’en s'appuyant sur leur morpho- logie dynamique externe, il est déjà intéressant de constater qu'en remontant des Cryptogames vasculaires aux Phanérogames les plus élevées en organisation, la constitution de leur corps est la même. Partout nous avons trouvé une colonie végétale, formée de phyllorhises de plus en plus évoluees dans l'espace et le temps, engen- drées par la multiplication et la différenciation successive d'un meéristème fondamental issu de l'œuf. IIT. — LE SYSTÈME VASCULAIRE DE LA PHYLLORHIZE Mais cette conception si séduisante de la plante colonie bourgeonnante de phyllorhizes, basée sur sa morphologie dynamique externe, ne serait-elle qu’une,illusion, qu’une interprétation originale de la succession des formes exté- rieures ? C'est ce que nous allons vérifier par l'étude de sa morphologie dynamique interne, en exami- nant la partie la plus importante de la plante, son système vasculaire. En effet, si la phyllorhize répond à une unité morphologique fondamentale réelle, pour satis- faire ses besoins particuliers, elle doit avoir un système vasculaire qui lui est personnel. Or que nous montre l'étude microscopique de sa vascu- larisation ? À $ 1. — Système vasculaire de la phyllorhize des Cryptogames et des Monocotylédones En se servant d’une technique particulière qui lui a permis de voir apparaitre dans leur ordre naturel les éléments conducteurs, voici ce que M.Chauveaud a constaté dans les phyllorhizes des Cryptogames vasculaires et des Monocoty- lédones. La première phyllorhize (figure 2, A) pré- sente dans son axè un cordon vasculaire unique médian partant de l'extrémité de la phylle, tra- versant la caule pour se rendre à l’extrémité de la rhize. Bien qu’on puisse distinguer dans ce cordon vasculaire une partie foliaire, une par- tie caulaire et une partie radiculaire, son unité, sa continuité sont incontestables. [l appartient bien à la phyllorhize. D'ailleurs, aussitôt que la seconde phyllorhize naît, on voit s'y développer un second système vasculaire identique au pre- mier. Puis un fait nouveau est survenu. Entre | les deux systèmes vasculaires élémentaires, doi Pauz BECQUEREL. — LA DÉCOUVERTE DE LA PHYLLORHIZE 105 ————_—_—_—__—_———_—_————"——"———"—"—"—…"…"—"—"…—"…"—"—"—"—"—…"—"—— ————————…—————— s'établit dans la région commune des caules un faisceau vasculaire intermédiaire, le faisceau in- tercaulaire. Pour les autres phyllorhizes qui se succéderont, la même organisation vasculaire se produira etse raccordera. Les Monocotylédones, avec quelques variantes concernant les faisceaux intercaulaires, ont un processus analogue, ce que les figures schématiques indiquent (fig. 2B). Fig. tylédone est constitué par l’ensemble de tous les systèmes vasculaires élémentaires de ses phyllorhizes. $2. — Le système vasculaire de la phyllorhize chez les Dicotylédones ! En est-il de même chez les plantules des Dico- tylédones et des Gymnospermes, où l’ontogénie VE — Système vasculaire des phyllorhizes (d'après G. Chauveaud). A, chez la Fougère; B, chez la Monocotylédone; C, chez la Dicotylédone, pour les espèces précitées. Les traits espacés représentent les parties foliäire et caulaire du cordon vasculaire ; les traits rapprochés, la partie radi- culaire ; les bandes noires équidistantes le faisceau intercalaire. En A et en B, les systèmes vasculaires élémentaires des phyllorhizes sont réunis entre eux par des faisceaux intercaulaires. — En C, chaque phyllorhize a un cordon vasculaire qui descend jusque dans la racine; on peut y distinguer également des parties foliaire, caulaire, intercaulaire et radiculaire. Les phyllorhizes devenant plus évoluées à | mesure qu'elles se succèdent dans le temps et dans l’espace, leurs cordons vasculaires se com- pliqueront, suivront cette progression. Il y aura donc parallélisme complet entre la morphologie dynamique externe de la phyllorhize et sa mor- phologie dynamique interne. En définitive, le système vasculaire général . d’une Cryptogame vasculaire ou d’une Monoco- REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, est déjà si condensée? La conception si auda- cieuse de l’union simultanée de deux phyllo- rhizes primitives, caule à caule et rhize à rhize, qu'aurait produit en même temps une partie du méristème primitif de l'œuf, ne serait-elle qu'une ingénieuse hypothèse ? Prenons comme exemple une jeune plantule de Crucifère,l'/beris. Faisons des coupes dans sa racine, dans sa tige, dans ses cotylédons. Examinons-les au micro- 2 106 scope.Nous constaterons alors avec surprise qu'il y a deux systèmes vasculaires indépendants, qui au début ont la même structure de bas en haut. Chaque système part dela racine et se rend dans un cotylédon. La plante est donc double, elle est partagée en deux plantules élémentaires ayant chacune sa phylle, sa caule et sa rhize (fig. 2 C). Cette dualité de la plantule des Dicotylédones devient un fait incontestable, si l’on s'arrête un instant pour regarder le système vasculaire de ces curieuses plantules d'Ombellifère qu'a décou- vertes M. Chauveaud. Dans ce cas particulière- ment suggestif, qui n’est pas pathologique, chaque moitié de la plantule, depuis l'extrémité de la racine jusque dans son cotylédon, possède un cylindre central, avec son endoderme. Dans son embryon, il y a donc eu deux initiales subter- minales de rhize,comme il y a eu deux initiales terminales de phylle. Les cylindres centraux ne s'étant pas encore fusionnés, il n’y a plus de doute possible pour l’existence des deux phyllorhizes primitives qui constituent cette plantule. Maintenant, en dehors de ces deux premières phyllorhizes, comment vont se comporter toutes celles qui apparaîtront dans la suite ? En raison de l'accélération du développement, aucune ne donnera de rhize. Elles seront donc forcées dese servir de la racine conimune, engendrée par la fusion des deux rhizes primitives. A cet effet, chaque nouvelle phyllorhize émet un nouveau cordon vasculaire qui se prolonge dans le corps de la plante. D’après le trajet par- couru, le cordon présente une portion caulaire, une partie longue intercaulaire traversant succes- sivement toutes les caules des premières phyllo- rhizes pour se continuer dans la racine par une partie radiculaire. Dans ces conditions, le sys- tème vasculaire général de la tige et de la racine sera formé par tous les systèmes vasculaires élémentaires de chaque phyllorhize. Mais une difficulté surgit. K Très rapidement, les systèmes vasculaires engendrés par les premières phyllorhizes rem- plissent le cylindre central trop petit de la tige et de la racine. Presque toutes les cellules du parenchyme de la moelle s'étant transformées en vaisseaux, il n’y aura plus de place pour les nouveaux venus. C’est alors qu'il se produit un événement qui aura un retentissement considérable sur la vie de la plante. Les dernières cellules périphériques de la moelle, placées entre les massifs libériens et les derniers vaisseaux du bois, deviennent cellules génératrices susceptibles d’engendrer, par leur cloisonnement dans le sens radial, Pau BECQUEREL. — LA DÉCOUVERTE DE LA PHYLLORHIZE les nouveaux éléments conducteurs nécessaires aux nouvelles phyllorhizes. Ces éléments seront si serrés qu’ils formeront chaque année un anneau continu, dans lequelil sera difficile de distinguer ce qui appartient à chaque cordon phyllorhizaire. A ce moment, le végétal, muni de son assise génératrice circulaire, aura Ja précieuse propriété de s’accroitre indéfiniment en épaisseur. C'est ainsi que se constituent les géants du Règne végétal, ces arbres magnifiques, dont quelques-uns,commeles Eucalyptus d'Australie, les Sequoia de la Californie, ont cent mètres de hauteur sur dix de diamètre. Leurs trones énormes ne sont que la résultante de l'agglomé- ration progressive des innombrables cordons vasculaires qu'ont produits, à travers les siècles, la vie de leurs centaines de millions de phyllo- rhizes! IV. — L'uNITÉ DE L'APPAREIL CONDUCTEUR L'appareil conducteur de la phyllorhize ne comprend pas seulementun système vasculaire, le bois, mais un système de tubes criblés, le liber, dont la disposition par rapportau premier est variable. Comme ces deux systèmes ont ten- dance à se rapprocher l’un de l’autre dans la phylle, et qu’en surplus chaque appareil conduc- teur, quand il y a deux phyllorhizes primitives et simultanées, se dirige l'un vers l’autre, jus- qu’à ce que leur liber et leur bois se fusionnent dans la racine, M. Chauveaud a appelé cet appa- reil conducteur le convergent. | Sr. — Le convergent des Cryptogames vasculaires Le convergent dans les Cryptogames vascu- laires présente trois dispositions : la disposition centrique, où le faisceau du bois est au centre du cercle des tubes criblés; la disposition excen- trique, où le faisceau du bois s’écarte du centre ; la disposition alterne, où le faisceau du bois est placé entre deux faisceaux criblés (fig. 3 A). Chez les Fougères, la disposition centrique débute dans la phylle, devient excentrique dans la caule, puis alterne dans la rhize. Maïs pour les phyllorhizes plus évoluées, c’est la disposi- tion alterne qui est représentée. Ë La convergence commence à se manifester lorsque les deux faisceaux criblés de la rhize en montant dans la feuille vont s’unir en une seule masse libérienne,comme dans la première phylle du Polypode. Il arrive aussi, lorsque la disposi- tion alterne est établie, s'il y a deux faisceaux du bois, que ces deux faisceaux convergent au cen- tre l’un vers l’autre. C’est ce que l’on voit dans les rhizes de la plupart des Cryptogames où il y ch 4 ét D NOR Sd dns Ms dédie. à à Pauz BECQUEREL. — LA DÉCOUVERTE DE LA PHYLLORHIZE 107 a deux convergents. Les plus primitives, celles des Isoètes, des Sélaginelles, des Lycopodes, n’en ont qu'un seul. $ 2. — Le convergent chez les Phanérogames et son évolution Le convergent chez les Phanérogames nous offre trois dispositions : la disposition alterne, la disposition intermédiaire, et la disposition superposée (fig. 3 B, 1, 2, 3). EMAO Fig. 3. — Disposition de l'appareil conducteur (d'après G. Chauveaud). A, Dans les Cryptogames vasculaires. — 1, disposition centrique ; 2, excentrique; 3, alterne ; les carrés sont des tubes criblés ; les ronds des vaisseaux du bois. B, Dans les Phanérogames. — 1. disposition alterne; 2, intermédiaire; 3, superposée. Ghaque disposition représente un stade de l’évolution du convergent. C, L'évolution vasculaire et son accélération basifuge. — Dans la racine, les vaisseaux des trois dispositions de l’évolution vasculaire sont représentés, Quand on monte dans la tige, l’accé- lération basifuge supprime les vaisseaux alternes (1), puis intermédiaires (2, 3), pendant que les vaisseaux superposés apparaissent avec l’assise génératrice. Le convergent dans la tige âgée ne conservera que les vaisseaux superposés du dernier stade de son évolution, Les éléments conducteurs qui sont ‘supprimés sont en pointillé. Cette évolution suit si réguliérement cette marche, que M. Chauveaud, qui l’a découverte et vérifiéesur plusieurs milliers d'espèces, n’a jamais trouvé d'exemple où cet ordre ait été renversé. Après les vaisseaux du bois centripète, s’ajou- tent toujours les vaisseaux intermédiaires, puis les vaisseaux superposés !. Dans les deux premières phyllorhizes des Dicotylédones et des Gymnospermes, lorsque le développement embryonnaire n’est pas trop condensé, chaque con- vergent, depuis l’extré- mité de la racine jusque dans la phylle, pré- sente la succession des trois stades de son évolution vasculaire. On à au début la dispo- sition alterne à bois centripète, c'est-à-dire la structure vasculaire de la racine, dans la tige et dans la feuille, ce qui est contraire à toutes les théories clas- siques concernant ces deux organes. $3. — L'accélération basifugedansl'évolution du convergent Mais ordinairement lorsque l’on monte de la racine vers le som- met de la phylle, toutes les productions des stades de cette évolu- tion ne coexistent plus, et le cycle est incom- plet pour les portions Dans la première, les vaisseaux du bois à diffé- | caulaires et phyllaires du convergent. Dans renciation centripète se trouvent entre deux groupes de tubes criblés, Dans la seconde, les vaisseaux du bois ne sont ni centripètes, ni centrifuges ; le sens de leur différenciation est intermédaire, c’est-à-dire tangentiel. Dans la troisième disposition, les vaisseaux du bois à différenciation centrifuge se superposent au liber, et, aussitôt l’assise génératrice formée, cette disposition continuera pendant toute la vie de la plante. - Ce qu'il y a de plus remarquable dans ces trois dispositions, c'est qu’ellesne sont pas troistypes différents de structure ; elles correspondent à trois stades de l’évolution du convergent, qui se succèdent dans le même ordre dans l’espace et le temps, cette partie de l'appareil conducteur, on ne constate que la disposition superposée à bois cen- trifuge de la dernière phase. Que s'est-il donc passé? Ÿ aurait-il une anomalie ? Nullement. Il s’est produit un phénomène d’une importance capitale, comparable à celui de la tachygenèse dans le développement embryonnaire des ani- maux :.c'est lephénomène de l’accélération basi- fuge du développement du convergent, que seule la méthode de morphologie dynamique pouvait mettre en évidence. Cette accélération basifuge se manifeste par une suppression des éléments conducteurs 1. Cnauveaup (Gustave) : L’appareii conducteur des plantes vasculaires et les phases principales de son évolution, Ann. des Sc, Nat., Bot., 1x° série, tome XIII 108 anciens et par une apparition plus hâtive des éléments conducteurs nouveaux à mesure que l'on s'éloigne de la base de la caule (fig. 3, M 1,2,5). Quand le développement des deux premières phyllorhizes n’éstpas trop condensé, au moment où les vaisseaux superposés au liber se forment, rien de plus curieux que d’assister à la dispari- tion par cytolyse des éléments des dispositions alterne et intermédiaire, encore présents. Les anciens auteurs, qui croyaient que les vaisseaux du bois une fois formés ne disparaissaient plus, prenaient ces phénomènes pour des accidents de préparation! Il arrive alorsun moment où, dans la phylle et dans la caule, il n'y aura que les élémentsconduc- teurs de la troisième phase de l’évolution don- nant la disposition superposée. Lorsque le développement est très raccourci, ce qui se constate dans beaucoup de Phanéro- games, l'accélération basifuge est encore plus accentuée. Dans la caule et dans la feuille, les vaisseaux alternes et les vaisseaux intermé- diaires ne seproduisent plus. Lescloisonnements secondaires de l’assise génératrice apparaissent avee une grande précocité ; les premiers élé- ments différenciés sont toujours superposés. Cette disposition superposée précoce des deux premières phyllorhizes va se trouver réalisée dans toutes les parties foliaires et caulaires des convergents des autres phyllorhizes, où l’accé- lération basifuge sera encore plus forte. $ 4. — Les conséquences de l'accélération basifuge La découverte de l’évolution vasculaire du con- vergent et de son accélération basifuge a une portée considérable. Elle renverse tous les tra- vaux d'anatomie où elle a été méconnue. En effet,elle montre queles dispositions vascu- laires que les anciens auteurs décrivaient comme primitives au même degré pour chaque membre de la plante adulte, nelesont pas. Les formations dites primaires dans les trois membres de la plante adulte n'ont rien de comparable. Celles dela feuille et de latige ne sont en réa- lité que la dernière disposition superposée à bois centrifuge du troisième stade de l’évolution vasculaire. Les termes de protoxylème et de métaxylème dans la tige et dans la feuille des plantes actuelles doivent disparaître. D'autre part, en raison de ces faits, on comprend pour- quoi s’effondrent toutes les théories du passage du système vasculaire de la racine à celui de la tige et vice versa. On ne peut plus dire que le faisceau vasculaire centripète de la racine se dédouble en demi-faisceaux qui subissent une Pau. BECQUEREL. — LA DÉCOUVERTE DE LA PHYLLORHIZE a ———————————————…—…—…——…—…“û…—…û…—“——“— rotation autour d’un pôle ligneux en montant dans la tige pour constituer deux nouveaux fais- ceaux centrifuges superposés au liber, puisqu'il s'agit de dispositions vasculaires qui, dans la racine et dans la tige, n'ont rien de commun;'ni par leur origine, ni par leur äge, ni par leur structure. " Ainsi que je l’avais démontré en 1913 pour la plantule du Lupin', qui sert encore d'exemple classique pour affirmer le contraire, tant la vérité a du mal à percer, # n'y a jamais eu de pôles ligneux, de dédoublement de faisceau ni de rota- tion. Comme l'avait bien vu M. Chauveaud depuis vingt ans sur beaucoup d’autres espèces de Pha- nérogames, toutes ces interprétations sont faus- ses. C’est une illusion due à l’observation de l'état adulte non éclairée par l'examen des dis- positions vasculaires successives pendant les premières phases dela germination. Dans les deux phyllorhizes primitives d’une plantule à évolution peu condensée, comme mous l’indiquions précédemment pour l’/beris, ël ny a pas de passage du système vasculaire de la ra- cine à celui de la tige. Le convergent est le même pour chaque phyllorhize lorsqu'il se trouve au premier stade de son évolution vasculaire. Ce n’est que plus tard, lorsque les vaisseaux du stade alterne et du stade intermédiaire ont disparu par accélération basifuge(fig.3,C,2et3,, qu’il semble y avoir deux structures differentes, celle de la racine et celle de la tige, dont on doit trouver le passage au collet où se sont mainte- nues toutes les productions vasculaires des trois stades de son évolution : bois centripète alterne, bois intermédiaire et bois centrifuge superposé: Cela est si vrai que dans les plantes fossiles vasculaires les plus anciennes, où l’évolution de leur convergent n’a pas été frappée par la tachy- genèse, il est impossible de trouver une démar- cation dans leur cylindre central entre la racine et la tige; le bois centripète alterne dans tous . les membres de la plante coexiste avec le bois intermédiaire et le bois centrifuge. V.— NouveLLES DÉFINITIONS DES PARTIES DE LA PLANTE La constitution phyllorhizaire du végétal, où sa morphologie dynamique externe est en si par= faite harmonie avec sa morphologie dynamique interne, entraîne beaucoup de modifications dans notre manière de concevoir la racine, la tige et la feuille. Pour chaque membre de la plante, elle nous impose une définition nouvelle. 1. Paul BecQuereL : L’ontogénie vasculaire du Lupin, ses conséquences pour certaines théories de l'anatomie classique Comptes rendus de l'Acad. des Sciences, 1913. Pauz BECQUEREL. — LA DÉCOUVERTE DE LA PHYLLORHIZE $r. — Nouvelle définition de la racine Ÿ La racine n'est plus ce membre à symétrie axile ayant une structure particulière, figurée par des faisceaux du bois centripète alternant avec du liber. C’est une fusion de rhizes de deux ou de plusieurs phyllorhizes primitives, simulta- nées, qui à la faculté de s’accroître indéfiniment et de remplacer toutes les rhizes des nouvelles phyllorhizes. Définie ainsi,elle est l'organe radiculaire d’une colonie, d'un ensemble de phyllorhizes. Par contre, ce que l’on décrivait comme racine dans les Cryptogames vasculaires et les Monoco- tylédones n’est qu'une rhize, c’est-à-dire une partie de phyllorhize. Comme la rhize corres- pond à une phylle ou à une portion de phylle, elle est l'organe radiculaire d’une phyllorhize. $ 2. — Nouvelle définition de la feuille La feuille n'est pas un appendice de la tige, à symétrie bilatérale, dont les vaisseaux ligneux centrifuges sont toujours superposés aux tubes criblés, puisqu'elle peut appartenir par sa caule à une rhize avant qu’il y ait formation de la tige, et avoir, au début de son développement, un faisceau ligneux centripète commun avec la rhize. D’après son ontogénie, la feuille est la partie terminale de la phylle dont la-caule est libre ou coalescente, Entre la feuille et la caule, il y a une grande variation dans leur développement respectif. Tantôt c’est la feuille qui prendra la prépondé- rance, comme dans les Fougères et les Monoco-: tylédones ; tantôt c’est la caule qui l'emporte, telles les Lycopodinées, les Equisétinées, les Gymnospermes, les Dicotylédones. Entre les plantes macrophylles du premier groupe et les plantes microphylles du second, il y a toutes les transitions que suit le développe- ment de leur appareil conducteur. $ 3. — Nouvelle définition de la tige La tige n’est pas un membre autonome à sy- métrie axile dont les faisceaux ligneux sont tou- jours superposés au liber, dont l'existence est absolument nécessaire pour porter la feuille et l'unir à la racine, puisque la plantule la plus pri- mitive, la phyllorhize, en est dépourvue. En effet, on ne peut pas appeler tige la base de la phylle, la caule qui porte ce qui reste du mé- ristème embryonnaire. La tige n'apparait que lorsqu'ily a fusion de deux caules, et à partir de ce moment nous assistons à son édification. Sa définition précise : c’est l'ensemble des cau- les coalescentes de toutes les phyllorhizes. Elle n’a pas de croissance terminale, mais une croissance intercalaire en longueur et en épais- seur, qui est le résultat de la croissance des caules. La croissance terminale qu'on lui attribue encore faussement n’est que celle des phyllorhi- zes naissantaux dépens du méristème fondamen- tal de l’axe terminal du bourgeon, méristème qui est dérivé du méristème embryonnaire de l’œuf, ainsi que le prouve l’ontogénie. Ce méristème terminal devrait porter le nom de méristème phyllorhizogène. Le mode d’agencement des caules au fur et à mesure de leur formation produit deux catégo- ries de tiges. : Dans la première, l'épaississement progressif est minimum à la base de latige, ce qui lui donne la forme d’un cône renversé la pointe en bas, la base en l’air : ce sont les tiges des Fougères et des Monocotylédones,. Dans la seconde, l’épaississement progressif est maximum à la base, le tronc forme un cône droit la pointe en l'air. Ce sont les tiges des Gym- nospermes et des Dicotylédones. La raison en est pour ces dernières dans la condensation beaucoup plus accentuée du déve- loppement et dans la présence d’une racine uni- que à croissance indéfinie, permettant au collet la réception de tous les convergents de l’ensem- ble des phyllorhizes. Le nombre des convergents diminuant à mesure que l’on s'élève vers le som- met, le diamètre du tronc décroît à l'extrémité des rameaux, ii se réduit à celui des phyllorhizes récemment apparues. ù ; VI. — Les THÉORIES GLASSIQUES DE LA CONSTITUTION DE LA PLANTE Devant ces nouveaux faits qui modifient les définitions anciennes de la feuille, de la tige et de la racine, que deviennent les anciennes théo- ries de la constitution de la plante? Nous serons très bref. Les théories caulinaires de la stèle de Van Tieghem, du divergent de Bertrand, du strobile de Bower, qui cherchent à expliquer, par la tige, l’origine des feuilles et des s'écroulent, parce qu'elles donnent à la tige une individualité, une autonomie que les faits nou- veaux contredisent. Ne sont pas plus heureuses, les théories foliaires du phyllome de Delpino, de l'article de Celakowsky, du péricaulome de Poto- nié, du mériphyte de Lignier; car, si elles rendent compte en partie de la formation de la tige, elles se heurtent à un obstacle qu'elles n’ont pu tour- ner, l’origine de la racine et son raccordement racines, 110 Pauz BECQUEREL. — LA DÉCOUVERTE DE LA PHYLLORHIZE ————————Z—Z— ro — avec la tige. D'autre part, les théories phyton- naires de Gaudichaud et de Gaston Bonnier, ba- sées sur des descriptions anatomiques erronées, ne résistent pas non plus à l'examen. Le défaut capital de toutes ces théories expli- catives du végétal, c’est d’avoir méconnu les diverses étapes du développement de la plante depuis l'œuf jusqu’à l’état adulte, Pour comprendre l’organisation des plantes vasculaires, il n’est pas besoin de faire des théo- ries ; il n'y à qu'à connaître leur morphologie dynamique,qu’à observer les faits qui nousmon- trent comment elles se forment, phyllorhize par phyllorhize de plus en plus évoluées. VII. — L'ONTOGÉNIE ET LA PHYLOGÉNIE DES PLANTES VASCULAIRES Les conséquences biologiques qui résultent de la découverte de l’ontogénie de la phyllorhize sont encore plus importantes. Comme la phylogénie est parallèle à l’ontogé- nie, il y a lieu de se demander si la loi biogéné- tique de Serres s'applique dans la circonstance. C'est ce qui arrive pour l’appareïlconducteur, principalement chez les Phanérogames. Le convergent des premières phyllorhizes, lorsque leur développement n’est pas troublé par Fig. 4. — Composition d'une tige fossile et d'une tige actuelle très jeune. I. Sphenophyllum plurifoliatum du Carbonifère (d'après à Scott). — Coupe dans une tige fossile montrant que les trois stades de l’évolution vasculaire de ses trois conver- gents primilifs ont été conservés. Leur bois centripèle alterne forme au centre un triangle. II. Cryptomeria japonica (d'après G. Chauveaud). — Coupe dans une tige actuelle très jeune montraat que vers sa base l’évolution vasculaire a reproduit exactement les stades de l’évolution vasculaire de la plante fossile. Les trois convergents primitifs avec le bois centripète de leur stade alterne ont aussi formé un triangle, l'accélération, reproduit pendant son évolution les différents stades par lesquels sont passés les appareils conducteurs des phyllorhizes des plantes ancestrales. Que l’on compare ces deux coupes (fig. 4), l’une dans une tige fossile de Sphe- nophyllum, qui a quelques millions de siècles d'existence, dont l’espèce est éteinte, l’autre dans une tige actuelle très jeune de Cryptomeria ! On sera frappé de voir avec quelle fidélité l’onto- génie vasculaire de la plante récente a reproduit les stades de l’évolution vasculaire de la plante ancienne. à A la lumière de cette loi, qui projette une lueur’ singulière dans la nuit épaisse environnant l’ori- gine des plantes vasculaires, M. Chauveaud a prévu la découverte des Ptéridospermées et le changement de place des Gÿymnospermes dans les anciens tableaux phylogénétiques deux ans! avant la découverte des paléobotanistes ?. Les Phanérogames étaient donc bien plus an- ciennes qu’on le supposait. Il est fort possible qu’on en retrouve des représentants fossiles dès la base du Silurien avant que les Fougères aient pris un grand développement. D'un autre côté, en se basant sur l’ontogénie particulière des phyllorhizes, il faudra séparer les Monocotylédones des Dicotylédones et des Gymnospermes. En effet, les Monocotylédones sont les seules Phanérogames qui possèdent une rhize et non une véritable racine qui résulte d'une fusion de rhizes. . Ce caractère fondamental, ignoré jusqu’à ce jour des classificateurs, rapproche les Mono- cotylédones des Cryptogames vasculaires qui ont une rhize, Encore un fait nouveau qui va changer l'orientation des recherches sur l’origine des Monocotylédones et des Dicotylédones, car si l'évolution procède du simple au complexe, il sera bien difficile de faire descendre les plantes à rhizes des plantes à racines. Devant de pareils résultats, susceptibles de renouveler l'étude de l’évolution du Règne végé- tal, on reste émerveillé. Désormais une nouvelle morphologie des plan- tes vasculaires est née. C’est leur Morphologie dynamique intégrale. La découverte de la phyl- lorhize, de son système vasculaire élémentaire, et de son degré d'évolution selon son ordre d'ap- parition dans la constitution du végétal, nous sera un guide précieux. Elle nous permettra non seulement de suivre dans le présent l’origine et le développement des formes végétales les plus complexes, mais encore de prévoir dansle passé quel a été leur mystérieux enchainement. Paul Becquerel, Docteur ès Sciences, Lauréat de l'Institut, Chargé d'enseignement pratique de Botanique à la Sorbonne. 1. Cuauveaun : Les tubes criblés précurseurs. C. R Acad, Sc., 1902. 2 Kipsron Rogerr : On the fruetification of Neuropteris heterophylla. Phil, trans. Roy. Societ. of London, série 8, 1904, P. CLERGET. — REVUE DE GÉOGRAPHIE ÉCONOMIQUE 111 REVUE DE GÉOGRAPHIE ÉCONOMIQUE LES NOUVEAUX ÉTATS DE L'EUROPE PREMIÈRE PARTIE I. — Lys PRINCIPES DU PARTAGE Quatre principes ont guidé les diplomates dans le tracé des frontières des nouveaux Etats. Opération difficile entre toutes que de fixer des forces mobiles et de partager des enchevêtre- ments inextricables sans provoquer de justes réclamations, sans constituer des organismes qui ne soient pas viables, sans préparer de bel- liqueuses revanches. Le premier principe appliqué est le droit de libre disposition des peuples. Maïs leplébiscite, au moyen duquel il s'exerce, est un instrument qui n'a souvent que l'apparence de la justice, partout où il peut être l'objet d’une pression de la part d’un des Etats intéressés. On l'a bien vu dans le Slesvig méridional, en Prusse orientale, en Haute-Silésie, comme on le verra sûrement en territoire sarrois,dans une douzaine d'années. Les diplomates ont bien fait d’en restreindre l'application, mais les nationalités russes s’en sont servies spontanément. Il a été fait beaucoup plus usage des raisons historiques, reposant surla continuité des grou- pements nationaux. « Depuis que l'Europe Centrale s’est peuplée et civilisée, écrivent MM. Brunhes et Vallaux, la répartition des principaux groupes de peuples n’a subi que peu de changements. Et il est d’autant plus légi- time d'invoquer, comme principe directeur, le droit historique, que les Sociétés politiques de l'Europe du Centre et de l'Est sont composées, dans leur immense majorité, de paysans fixés au sol. Les Sociétés paysannes ont, plus que toutes les autres, le sens etle besoin de la continuité qui s’aflirme chez elles, même parmi les individus et les groupes déracinés !, » Ce sont des raisons historiques qui justifiaient la résurrection de la Bohème, dela Pologne et de l'Arménie, l'extension de la Roumanie, de la Serbie, de la Grèce et de l'Italie. : L'application des deux principes précédents fournissait, en quelque sorte, le substratum des nouveaux Etats, leur base d'existence. Mais pour les rendre viables et forts, capables de résis- 1, J. Buunues et C. VaLLAUx : La Géographie de l'Histoire, Géographie de la paix et de la guerre sur terre et sur mer. 1 vol. in-8, avec 36 cartes ou digrammes, F, Alcan, éditeur, Paris, 1921, tance, au besoin, envers leurs anciens maîtres, restés leurs voisins, il fallait les armer au dou- ble point de vue stratégique et économique. C'était encore là une tâche difficile que de ne pas exagérer les extensions territoriales, résul- tant de ces nécessités vitales, et qui se trouvaient souvent en conflit avec le droit de libre disposi- tion ou ledroit historique. L’Autriche a protesté, non sans motif, contre l'absorption par l'Italie des populations allemandes du haut Adige, en raison de.considérations stratégiques. Le par- tage du Banat hongrois, entre la Roumanie et la Serbie, a été particulièrement difficile, non seulement par l’enchevêtrement ethnique, mais aussi parce que les intérêts économiques de la Roumanie s’y heurtaientaux intérêts stratégiques de la Serbie pour la protection de sa capitale. Ce morcellement politique, auquel certains reprochent d’avoir « balkanisé » l’Europe Cen- trale et Orientale, n’est pas sans inconvénients au point de vue économique ; il nécessitera des accords qui arriveront à reconstituer des blocs économiques correspondant territorialement aux grands Etats disparus. C’est, d’ailleurs, en par- tie, pour pallier à ces inconvénients que le nou- veau statut de l'Europe a fait revivre le principe de l’internationalisation des fleuves qui, comme le Rhin, l’Oder, la Vistule, le Danube, traver- sent plusieurs Etats, — qu'il a frappé de servitu- des detransit certaines voies ferrées, reliant à la mer les Etats intérieurs qui n’y ont pas accès. [T. — L’Aurricne ! L'ancienne monarchie d’Autriche-Hongrie, « petite Europe » dans la grande, avait une superficie de 676.000 km? avec une population de 51 millions d'habitants. Le nouvel Etat n’a plus que 83.000 km? et 6 millions et demi d'ha- bitants, dont 30 % sont concentrés dans la capi- tale, située à moins de 40 km. de la frontière. C’est essentiellement un pays de montagnes et même, pour les 3/5 de sa superficie, de hautes montagnes constituées par les Alpes orientales. 1. MARCEL Duvan: L'Autriche. 1 vol. in-8, avec deux cartes hors texte. F. Rieder et Cie, éditeurs, Paris, 1921. — E,. pe Maxronws: Le traité de Saint-Germain et le démembrement de l’Autriche. Annales de Géographie, 15 janvier 1920. — J. E. Picuon : Le recensement des populations en Autriche- Hongrie, Travaux du Comité d’études. 11. Questions euro- péennes. In-4, Paris, Imprimerie nationale, 1919. 112 P. CLERGET, — REVUE DE GÉOGRAPHIE ÉCONOMIQUE = gberec » Sc, SILESIE dr Graz STYRIE : É js) HO} GR RU ALFÔ Pelch ÿ 22 LE D . RANYA SLAVO BACKA k Yeib Ses, À RC" N Megentré _ ee NIE PANNONIE Prod OMrAOTET NOUVEAUX ÉTATS DE L'EUROPE SUD -ORIENTALE ce f Re sers frontières aenterieures av ‘MONTENE traite de Bucarest de /9/3 ser - “PSétinié - smrsnses Frontières fixees par le traité +0 à ce Bucarest. À À meme Frontières actuelles firees per An _ £ les traites de /9/9 et /990 cure D ««/frontières de /2 Hongrie AL avant 19/4. Îyrazzo Fig. 1. — Carte des nouveaux Etats KAŸ1 E " RU € [4 ; à À Hotist s Yo Pretis/ave re BAVIÈRE \ Sobb Vienne s. Presbourg) Bo AE OS/ZLOUrS ÿ Ko /omernaf Ph Pa) AUTRICHE ‘# Ve on brick) eBruck ..;?0pron & VORARLBER mes / Loi Pest LI à mnt Mr + î { 1 - DES 4 + 2 1 ps \ s 5 ñ PES h ‘ fs o F7 “ | Prod +, { 27 TaCQUIe o L emberg SR 2 SFrrempsl ° ernopol S UKRAINE PCT PE à ÿ ARR LAS $ SLOVAQUIE *., > 4 RUTHENI sé See DT Ne { 2 7 ‘ OL NEUÉT es Pau PT re een ds £a Los # f ZErnoviz) S ses te À | Foksj F NE BUCOVINE H Seuie => ! ET n Jpss S/TEV ÿ Le os a ; , à É Ok \ IE Debretsen 7e ne R OX" MANI 5 Klausenburg ? :_] BESSARABIE [2 - L # _#. TRANSYLVANI SMOLRAVIE J'Ared À PS Rp Mores pue ln 3 Le Ge? 4 % erm FO à ., a - o(Kro S adt) Ne 7 De? Ed RE ne É o /ermesvar FT feils } a ES 27 ÉANAT LP & L 1 à Si o Poiest; ook ROUDJA Où PU, À À VALACHIE Bucarest ) dConstertze 7 SLR à St OLT ME TE Le rede Se €. Tao 2? Sy Ca À HoUMADIA Ca LA an dr Ë Dusiohout * Fan, ES D Ce Ÿ Re (3 =. * © rnovo %. -#ouibezer Proë) aribrog BUL G2Z RIE ee} “FACH} me 2 of © Cour ges Ro => É ken) sie ezen/k ve - st : Av & Gtenai]. Fhilippopol PME PS Midis Fa Ne y we éAnorinople Co … HBACE OR“ 7 de Europe sud-orientale, 113 114 On peut distinguer trois régions naturelles orien- tées d'Ouest en Est : au Nord, le rebord du pla- teau bohémien; au Centre, les petites plaines danubiennes ; au Sud, les massifs alpestres. La frontière Nord maintient à peu pres l'an- cienne limite administrative qui séparait la Basse-Autriche de la Bohême et de la Moravie. A l'Est, l'Autriche reçoit une bande de territoire hongrois où domine l’élément allemand : c’est le Burgenland. La frontière avec la Suisse n’a pas été modifiée, maïs la frontière méridionale a été reportée sensiblement vers le Nord. La Yougoslavie a hérité du pays slovène qui s'étend sur la Carniole et sur une partie de la Carinthie et dela Styrie.La frontière italienne aété reculée de150km. jusqu'au Brenner; elle suit, en grande partie, la ligne de partage des eaux pour obéir aux nécessités stratégiques invoquées par l’Ita- lie, mais quiont l'inconvénient d’englober 223.000 Allemands. Par sa situation intérieure, par son relief, on peutrapprocher l'Autriche de la Suisse, dontelle estle prolongement naturel avec une population etune superficie sensiblementdoubles, une com- position ethnique beaucoup plushomogène, puis- queles-éléments non allemandsne dépassent pas 10 %, dont 6 °/, d'Israélites. « Tout notre.avenir estaux mains des agricul- teurs », déclarait le 27 janvier 1921 le président de la République, le D' Hainisch. C’est dire jus- tement que le nouvel État doit s’efforcer d’aug- menter sa production agricole en vue de réduire ses énormes importations de matières alimentai- res. Ses récoltes de céréalesne couvrent que 30 % desa consommation ettoutes les cultures n’occu- pent actuellement que le quart de la superficie. IL a perdu avec le Tyrol méridional ses meil- leurs vergers, et avec la Bohéme la plus grande partie de ses champs de betteraves et de ses hou- blonnières. La vigne peut donner encoreun mil- lion d'hectolitres; le lin etle chanvre fournissent quelques milliers de quintaux. L’Autriche est bien plus favorisée au point de vue de l'élevage ; on compte plus de2 millions d'hectares de prairies et de pâturages, mais le cheptel a été très réduit par la guerre et il serait nécessaire d'introduire, dans ün milieu semblable, les méthodes suisses d'économie alpine. L’Autriche ne possède aucun bassin houiller important; le lignite même est de qualité infé- rieure ; de telle sorte qu’elle doit importer les quatre cinquièmes du charbon et la totalité du coke dont elle a besoin. Par contre, elle estexcep- tionnellement favorisée en houille blanche, mais 200.000 chevaux seulement sont aménagés, soit le dixième à peine des réserves totales d'énergie. P. CLERGET. — REVUE DE GÉOGRAPHIE ÉCONOMIQUE De plus, elle possède en Styrie un des meilleurs minerais de fer de l’Europe; ces gisements four- nissent une production annuelle de 2 millions detonnes,que l’on pourraitaugmenterfacilement. C'estégalementen Styriequesetrouventlesriches exploitations de magnésite, qui s’expédie dans tous les pays industriels. Les autres richesses minérales sont moins importantes: le mercure, à Idria, le cuivre, le plomb, le zinc; cependant, le selet le graphite fournissentaussi à l'exportation des quantités-appréciables. La perte de la Bohême a réduit dans une pro- portion moyennedes trois quarts l’ensemble des industries autrichiennes. La métallurgie est res- tée la plus importante, concentrée, en grande partie,entre les mains d'une grande société finan- cière, qui possède également les gisements de minerai. La construction mécanique est repré- sentée par de nombreuses usines dont les pro- duits sont appréciés. Les industries textiles ont été parmi les plus atteintes ; il reste 20 °}, des filatures de coton, 10 0/, des tissages ; l'industrie. lainière compte quelques filatures, mais aucun üssageimportant ; la confection etla préparation des fourrures se sont maintenues en grande partie comme étant centralisées à Vienne. Il en est de même des industries du bois, et, notam- ment, de la fabrication des meubles, favorisées par l'étendue des forêts qui couvrent 38 °/, de la superficietotale. L'Autriche a conservé également les deux tiers des papeteries,et cette branche in- dustrielleestcapable d'alimenter une exportation considérable. L'industrie du cuir est aussi une spécialité célèbre de Vienne. Quant aux branches agricoles, et notamment la sucrerie et la brasse- rie, elles ne sont plus représentées que par un tout petit nombre d’établissements. L'Autriche ne dispose plus que de 6. 326 km. de voies ferrées sur un total de 22.280 ; de plus, les nouvelles frontières ont été tracées en englo- bant au profit des Etats voisins les gares impor- tantes'et les croisements de lignes. Il a bien fallu établir des servitudes de transit au profit des Etats intérieurs, mais elles n’empêchent pas les complications du passage d’un Etat dansunautre. De Prague à Trieste, par Vienne, la ligne forme quatre tronçons successifs, tchécoslovaque, au- trichien, yougoslave et italien, ayant chacun leur tarif propre, exprimé dans sa monnaie et en lan- gue différente. Coupée dela mer, l'Autriche ne possède qu'une seule voie d'eau importante, le Danube, avec les deux ports de Vienne et celui de Linz. Son important outillage de transport fluvial, qui représentait 600.000 tonnes,157 bateaux à vapeur et à moteur et983 chalands, se trouve fortement | L P. CLERGET. — REVUE DE GÉOGRAPHIE ÉCONOMIQUE réduit dans une proportion qui n’est pas encore définitive. L'Autriche, pas plus que ses voisins, ne peut se passer d’une politique d'entente et d'accords en matière de douanes et de transports pour parer à ce morcellement antinaturel, qui finirait par compromettre gravement la vie économique de tous les pays danubiens. III. -— La Howcrie Le traité de Trianon, du 4 juin 1920, a réduit le nouvel Etat de 325.000 à91.000 km?, et sa popu- lation, de 22 millions d'habitants à 7 millions et demi. La Hongrie perd tout accès à la mer. La nouvelle frontière est presque toute convention- nelle, à l'inverse de l’ancienne; elle est inspirée du principe des nationalités, ainsi que des inté- rêts stratégiques et économiques. Le nouveau territoire est en très grande partie magyar, mais il laisse en dehors deux millions de Hongrois, englobés en Tchécoslovaquie et en Roumanie. Les conditions ethnographiques sont telles qu’il a été impossible, comme en Autriche et plus en- core, de faire coiïncider la frontière politique avec la frontière ethnique. Etat essentiellement agricole, qui fournissait à l'Autriche une bonne partie de son déficit alimentaire, la Hongrie d’avant-guerre devenait de plus en plus industrielle, en vue de se rendre économiquement indépendante de son associée et de développer ses villes, instrument efficace de magyarisation. Par sa position excentrique vis-à-vis des nouvelles frontières et par sa croissance démesurée et anormale, Buda-Pest ressemble encore plus aujourd’hui à Vienne; c’est aussi le grand centre commercial et finan- cier, avec la même importance particulière de l'élément israélite, mais c'est davantage une grande cité industrielle. Les autres villes sont en grande majorité agricoles ou demi-agricoles. L'économie rurale hongroise reste basée sur les céréales et l'élevage. D’après M.L.Eisen- manu, le-nouvel Etat ne produira que 39,7 -°/, de ses récoltes antérieures de blé, 62,4 ‘/, en seigle, 46,9°/, en orge; il devient encore plus déficitaire en avoine (29,1 ”/,) eten maïs (26,9 °/0), mais il bénéficie d’un excédent en betteraves à sucre et en pommes de terre. Ses vignobles représentent encore 62,4 °/. Nomade, venu des steppes de l’Asie Centrale, ce peuple de pas- teurs avait gardé une prédilection pour l'éle- vage, et la grande plaine de l’Alfold s’y prêtait —— 1. L. Ersexumaxs : La nouvelle Hongrie. Annales de Géogra- phie, 15 septembre 1920, — Ip. : Le problème hongrois. Revue politique et parlementaire, février 1920. — RENE GoNnakp : La Hongrie au XX® siècle, 1 vol. in-16, A. Colin, 1908. — R. RecOuLY : Le pays magyar. 1 vol. in-16, F. Alcan, 1903, 115 bien, mais dans cette branche agricole la Hon- grie estencore largement amputée; elle ne con- serve que 31,6 °/, de gros bétail, 25,8 o/, de moutons, 44,40/, de pores et 39,7 0}, de chevaux. Dans ce pays aussi, la réforme agraire, en sup- primant les grands domaines des magnats, per- mettra d'accroître les rendements. Parmi ses richesses naturelles, la Hongrie ne conserve que 17 0/, de ses forêts, elle perd ses réserves d'énergie hydraulique et de gaz natu- rels (estimées à 500 milliards de m°);il lui reste toutefois la majorité de ses gisements de houille (mines du Pecs) et les lignites du Tatra; sa pro- duction d'avant-guerre en combustibles s'élevait à 10 millions de tonnes. Ses régions les plus industrielles, malencontreusement situées à la périphérie, lui ont été enlevées: la métallur- gie, localisée près du minerai de fer, au nord et au sud-est, dans les bassins de Gemer,Hunyad et du Banat ; les salines de Marmures et de Tran- sylvanie ; les industries textiles, plus dissémi- nées, mais qui dominaient aussi sur le pourtour. La Hongrie ne conserve que le cinquième de ses minerais. de fer, les deux cinquièmes de la grosse métallurgie, le quart des filatures et tis- sages de coton, la moitié des manufactures de lin et de chanvre et seulement le dixième de celles de laine. Les branches les moins atteintes sont la construction mécanique, concentrée sur- tout à Buda-Pest, et les industries agricoles: tanneries, minoteries, distilleries, sucreries, réunies souvent à l'exploitation rurale des grands domaines. J Au point de vue des transports, la Hongrie se _ trouve placée dans les mêmes conditions que l'Autriche: ses chemins de fer souffrent des mêmes inconvénients; elle a perdu son accès à la mer, au port de Fiume qu'elle avait outillé pour son usage, et n'obtient en compensation que des servitudes de transit. Elle conserve le Danube, dont sa capitale restera un des ports les plus importants.Et, là encore, il faut répéter que la Hongrie ne vivra qu’en bon accord avec tous ses nouveaux voisins, en adoptant leur régime social et en abandonnant l'orientation politique et les arrière-pensées de restauration monarchique qu'elle a conservées jusqu'ici. IV.— La TcnécosLovaquie ! Les Tchécoslovaques, placés en avant-garde dans le milieu de civilisation occidentale, sont, 1. E. ve MaRTonnE : L’Elat tchécoslovaque, Annales de Géographie, 15 mai 1920, — A. Ficneire : Les débouchés maritimes de la Tchécoslovaquie, /d., 15 juillet 1921. — V. DepecEKk : La Tchécoslovaquie et les Tchécoslovaques. 1 vol. in-16, avec une carte hors texte. Editions Bossard, - 116 P, CLERGET. — REVUE DE GÉOGRAPHIE ÉCONOMIQUE : pour cette raison, les plus évolués des Slaves. Le nouvel Etat est formé de la Bohême, la Mora- vie et la Silésie, enlevées à l’Autriche, et de la Slovaquie et de la Ruthénie subcarpathique, qui dépendaient de la Hongrie. Sa superficie est d'environ 137.000 km?, le quart de la France, avec 13 millions et demi d'habitants. Ce terri- toire, très accidenté, à forme allongée, s'étend, en s’effilant, de la Bavière à la Roumañie; il est la résultante de l’expansion germanique et de l'invasion magyare, qui ont refoulé les Slaves vers les régions montagneuses. A ce premier inconvénient stratégique de frontières trop étendues s'ajoutent encore la position inté- rieure du nouvel Etat, entouré de voisins hos- tiles, et sa composition ethnique qui comprend deuxcinquièmes d'étrangers. Les plus nombreux sont les Allemands(deux millions et demi), loca- lisés principalement sur la périphérie de la Bohême, dans les districts industriels. Les Hongrois viennent ensuite comme importance, puisles Ruthènes, les Juifs, les Polonais. * Ces inconvénients sont compensés en partie par un ensemble de régions aux ressources variées et par la présence de populations actives, industrieuses et instruites. Tândis que la vie agricole domine dans toute la Slovaquie et la plus grande partie de la Moravie, le travail industriel l'emporte dans le nord et le centre de la Bohême. Cette dernière province était la pièce de choix de l’ancienne marqueterie austro- hongroise par son agriculture riche et spécia- lisée, et par ses industries d'exportation, d’une technique très avancée. La Tchécoslovaquie produisait avant guerre à peu près sa consommation de céréales ; le seigle prédomine avec l'orge et l’avoine; le blé est réservé aux régions les plus fertiles. La vigne est peu répandue, mais on trouve partout des vergers où dominent leprunier(la moitié du total), le poi- rier, le pommier, le cerisier; une grande quantité de fruits s’exportent, d’autres sont transformés en conserves, confitures ou eau-de-vie. Deux cul- tures industrielles sont particulièrement pros- pères : la betterave à sucre, localisée surtout en Bohème et en Moravie, qui a pris depuis trente ans une extension considérable, et le houblon, . planté à peu près dans les mêmes régions. L'éle- vage occupe une place importante dans l’écono- mie rurale,et principalement celui des bêtes à : Paris, 1919. — L. ErseNMmanN : La Tchécoslovaquie. 1. vol. in-8, Rieder et Cie, 1921, — La République tchécoslovaque. Apercu de la vie intellectuelle, politique, économique et sociale, rédigé sous la direction de MM.0. Butter et B. Ruml 1 vol. in-8, Prague, 1921, — J. E, Picnon : Les frontières de l'Etat tchécoslovaque. Travaux du Comité d'études. II. Op. cit. cornes, qui donne lieu à une industrie froma- gère. La réforme agraire de 1919 a réduit les grandes propriétés à un maximum de 150 hec- tares. Les richesses minérales sont nombreuses. La houille se rencontre en Bohême, en Moravie, en Silésie ; avec le charbon de Teschen qui se prête le mieux aux besoins métallurgiques, la Tchécoslovaquie pourra disposer annuellement de 12 à 15 millions de tonnes de combustible minéral, auquel s'ajoutent au moins 20 à 25 mil- lions de tonnes de lignites. Le pétrole est reconnu en Slovaquie et l'on peut compter aussi sur d'importantes réserves de forces hydrauli- ques dans les affluents de l’Elbe et les torrents des Carpates. Parmi les métaux, on exploite les minerais d’or (300 à 400 kg. de métal), d'argent, d’antimoine, d’étain,de zinc, de plomb. Les-mines de pechblende de Jachymov (Joachymsthal) ap- partiennent à l'Etat ; le minerai extraitannuelle- ment correspond à 3 grammes de radium; la Tchécoslovaquie posséderait près du tiers des réserves mondiales de ce métal. Le minerai de fer se rencontre en Bohême et en Moravie: sa production, qui dépasse un million et demi de tonnes, ne suffit pas aux besoins nationaux. On extrait encore le sel et l'asphalte, monopoles de l'Etat, le soufre, le graphite, le kaolin. L'industrie tchécoslovaque est remarquablé- ment développée. Par rapport à l’ensemble de l’Autriche-Hongrie, sa production représentait 60°, de la métallurgie, 100 °/, de la porcelaine, 92 °/ de la verrerie, autant du sucre, 75‘}, du coton, 80 °/, de la laine, 75 °/, des produits chi- miques, 57 ‘/, de la bière, 70 °/, du cuir, 90 °/ de la ganterie, etc. La Bohème était par excellence la région industrielle de l’ancien royaume. La métallurgie s’est installée vers le minerai; elle alimente d'importantes usines de construction mécanique à Plzen (établissements Skoda), Pra- gue, Brno (Brünn}, Ostrava, qui fabriquent du matériel de chemin de fer, des machines agri- coles, des automobiles, ete. L'industrie chimique prépare les produits les plus variés : engrais, acides, sels divers, etc. Les.filatures et tissages, qui emploient surtout le coton et la laine, sont: localisés principalement sur le pourtour mon- tagneux de la Bohème ; Reichenberg est le centre cotonnier le plus actif, avec Brno pour la laine. Deux des industries les plus anciennes sont très importantes : la céramique, quiemploieles riches gisements de kaolin des environs de Plzen, et la verrerie, qui comptait 60.000 ouvriers et dont les usines de Gablonz, Jablonec, Prague, Trnova écoulent leur verroterie d'ornement dans tous les pays du monde. Industries d'exportation - | P. CLERGET. — REVUE DE GÉOGRAPHIE ÉCONOMIQUE encore la cordonnerie, la ganterie, la chapellerie de feutre et les fabriques de fez, les industries si variées du bois, produisant la cellulose, les papiers et cartons, la laine et la pâte de bois, et enfin presque toutes les industries agricoles, et particulièrement la sucrerie, qui date de la fin du XVIII: siècle, la brasserie (de Plzen) et la malterie, la distillerie, la minoterie, la charcu- terie de Prague, les fabriques de succédanés du café, etc. Cette nécessité d’une exportation considérable et, en même temps, de l'importation de nom- breuses matières premières pour les industries métallurgiques, chimiques et textiles exige des conditions de transports terrestres d’autant plus favorables que la Tchécoslovaquie n’a pas d'accès à la mer. C’est pourquoi les Traités de paix lui ont garanti la liberté du transit sur les voies ferrées qui la relient à Trieste et. à Hambourg, et, dans ce dernier port, la possession à bail pendant 99 ans de docks et entrepôts, avec l’ou- tillage qui les dessert. Des deux grandes voies fluviales qui desser- vent la Tchécoslovaquie, la plus utile est celle de l’Elbe-Vltava, longue de 777 km. entre Prague et Hambourg. Elle nécessiterait, toutefois, un ap- profondissement entre la frontière allemande et le confluent de la Saale, ce qui n'empêche son trafic d’être déjà plus grand qu'avant guerre. La seconde, c’est le Danube, qui fait frontière sur 161 km., et c’est en vue de mieux profiter des facilités de cefleuve internationalisé par le Traité de Versailles, que la Tchécoslovaquie va aména- ger le port de Bratislava dont elle veut faire le principal entrepôt de l’Europe centrale et une des escales principales de la grande voiefluviale qui ira de la mer du Nord à la mer Noire, par le Rhin et le Danube. NV. — La YoucosLavie ! La Yougoslavie, officiellement dénommée Royaume des Serbes, Croates et Slovènes, groupe une population de près de 13 millions d'habitants sur un territoire de 248.250 km?. Elle réuni les deux royaumes indépendants de Serbie et de Monténégro à la Croatie-Slavonie, R à la Dalmatie, à la Bosnie-Herzégovine, à une à . 1. Y.Cuaraicneau : LaYougoslavie. Annales de Géographie, 15 mars 1921. — Frano CviérisA : Les problèmes nationaux de l'Autriche-Hongrie. Les Yougoslaves. 1 vol. in*16, avec deux cartes hors texte. Bossard, éditeur, Paris, 1918, — Auc. GAUVAIN : La question yougoslave. 1 vol. in-16. Bossard, - éditeur, Paris, 1918. — René Gonxakp: Entre Drave et Save. 1 vol, in 16 - La question adriatique au point de vue des Yougoslaves. La Larose, éditeur, Paris, 1911, — E, Haumanr : - fronlière septentrionale de l'Etat yougoslave. — E. pe MAK- « TONNE : Conditions physiques et économiques de la question -adriatique. Travaux du Comité d’études, II. Op.cit, 117 partie de la Baranja, de la Backa et du Banat hongrois, de la Styrie, de la Carniole et de la Carinthie autrichiennes, avec quelques recti- fications en terre bulgare. C’est un Etat bien groupé, aux frontières inégales, au point de vue de la défense, et qui a le grand avantage de posséder moins de populations allogènes que les autres Etats balkaniques et danubiens, l’Autriche excepté, soit 12 0/, au maximum. Les deux principaux groupes étrangers sont les Roumains du Banat et de la vallée du Timok, et les Turcs et Albanais dans la région de la Vieille- Serbie, auxquels on peut ajouter quelques mil- liers \d’Allemands, de Hongrois et d’Italiens. Les 10.000 Italiens de Dalmatie sont bien peu à côté des 500.000 Croates et Slovènes annexés par l'Italie. Les richesses naturelles du nouvel Etat sont assez variées pour lui permettre de se suflire. Trois régions très différentes le composent : à l'Ouest, la région montagneuse des Alpes dinariques ; à l'Est, la longue dépression où coulent en sens inverse la Morava et le Vardar: enfin, au Nord, le riche bassin pannonique sil- lonné par le Danube, la Save et la Drave. L'agriculture occupe 80 à 900/, de la popula- tion ; la petite propriété domine, surtout en Serbie, ce qui explique pourquoi les Yougo- slaves émigrent peu. La zadrouga, sorte de pro- priété familiale, survivance de la vie en tribu et du régime patriarcal, est en voie de disparition en Croatie-Slavonie, et, d’un autre côté, les grands domaines constitués en Bosnie-Herzé- govine, à la suite de la conquête turque, vont être morcelés par la réforme agraire en prépa- ration. L'économie rurale repose sur la culture des céréales, de la pomme de terre et sur l'élevage. Le maïs domineet forme la base de l’alimenta- tion populaire avec le chou, la fève et les pro- duits de la prune, confiture et eau-de-vie. La vigne est répandue en Dalmatie, Herzégovine et dans le bassin pannonique ;l’olivierse rencontre en Dalmatie. Parmiles plantes industrielles, on cultive la betterave à sucre, le houblon, le chan- vre, le lin, le tabac, et la sériciculture tend aussi à se développer. Le bétail était avant la guerre un important article d’exportation, le porc principalement. L'industrie de transformation est encore peu évoluée, mais la variété des richesses minières est capable d'en assurer le développement. La houille du bassin du Timok, de Croatie, du pays slovène fournit près de 2 millions de ton- nes ; les lignites, un million et demi de tonnes, quantités bien suffisantes pourlesbesoins actuels, mais qui pourront être facilement augmentées. 118 P. CLERGET. — REVUE DE GÉOGRAPHIE ÉCONOMIQUE Le pétrole se rencontre entre Brod et Maribor ; les réserves de forces hydrauliques sont impor- tantes dans les Alpes dinariques. Le minerai de fer est abondant dans le Timok, près de Zagreb et en pays slovène ; c’est le minerai de cuivre qui est le plus exploité, dans les mines de Bor, de la région du Timok, où l'on trouve encore del’or. Les autres minerais métalliques relevés sont le plomb, le zinc, l’antimoine, le mer- cure, le manganèse, le chrome (près de Skoplie), la bauxite, abondante en Carniole. L'industrie métallurgique comprend quelques hauts fourneaux à Varès, Z/enica, Zagreb, près de Llubljana, et des ateliers de construction mécanique, dont les plus importants sont en Croatie. L'industrie chimique n’est encore qu’à ses débuts ; elle fabrique du carbure de cal- cium à Sebenik, des parfums, de la cellulose. Les forêts, qui couvrent 35 °/, de la superficie totale principalement dans la région monta- gneuse, renferment d’abondantes réserves, capables d’alimenter des industries variées et de fournir à l'exportation. Les industries textiles sont les plus répandues, mais elles sont, ‘en général, à un stade technique peu avancé; elles emploient surtout le lin etle chanvre; le coton prend de l’extension en Serbie, et on fabrique des tapis en Bosnie et à Pirot. Les industries agricoles sont représentées par les sucreries, les brasseries, la fabrication des con- serves alimentaires; c’est en Croatie qu'elles sont les plus nombreuses. Les routes sont encore la région montagneuse, les moyens de transport sont toujours des plus primitifs. Jusqu'en 1904, les voies ferrées étaient réduites aux deux grandes artères sur Salonique et sur Cons- tantinople ; depuis, tout un réseau à voie étroite a été commencé, notamment en vue de relier l’intérieur à la côte adriatique. La navigalion fluviale est importante sur le Danube, la Save etla Drave. Deux projets, de tracés différents, ont été étudiés pour la jonction du Danube à l’Adriatique, et un autre se rapporte à la liaison du Danube à la mer Egée, par les vallées de la Morava et du Vardar. La Yougoslavie reste en partie un Etat conti- nental, en raison des difficultés d'acces au rivage qui lui aété concédé. Les ports naturels ont été attribués à ses voisins : Trieste et Fiume, qui sont les débouchés «naturels du riche bassin pannonique, et Salonique, qui est le seul accès de toute la dépression Morava-Vardar. Ces trois ports, d’ailleurs, ne vivront‘que par le trafic yougoslave si l'Italie et la Grèce savent l’attirer par des concessions et des franchises. insuffisantes et, dans VI. — L'Arpanie ! | : | L'importance de l’Albanie lui vient de sa position géographique. Allongée en façade sur | l'Adriatique, elle barre à une partie de la Serbie l'accès à cette mer, etelle possède dans le port | de Valona une sorte de Gibraltar, anse profonde | et bien abritée dont la situation, sur le canal d'Otrante, en fait la clef de l'Adriatique. Et ceci Se Mitrovitzs Qe ù - . \ ePrichkina eVranga \ Koprulu L Krushevo Prilep  Vallona PÉRUESE 5 Leg Chimarèd, Arai 0 Q Cu > A San Quara Corfou Trikkals .—.—.—. Limite proposée par les Alliés balkaniques en 1913 Limite fixee par la Conférence de Londres (1912) ++++++ Limite proposée par l'Autriche et l'TEalie en 1913 Limite proposée parle Gouvernement provisoire Albanais en 1913. | Voie Egnatienna (d'après Kiepert) mme Foute actuelle de Vsllona. à Salonique GMeye Fig. 2. — L'Albanie, explique l’intérêt queles Italiens ont toujours porté à ce port. L'indépendance, de l’Albanie remonte à 1912, au moment de sa libération de la Turquie; elle a été confirmée et reconnue par la Société des Nations: Le chiffre de la population est encore mal. connu? M.J. Bourcart, qui a parcouru ce pays 1. J. Bourcarr:L’Albanie el les Albanais. 1 vol. in-16, avec 19 photographies et une carte hors texte. Editions Bos- sard, Paris, 1921. — G.P. Sorivex : The Awakening of Alba- nia. The Geographical Hevieiw, août 1919, — J, Brunes : Indépendance politique et limites possibles de l'Albante. Tra- vaux du Comité d'études, II, Op. cit. PE P. CLERGET. — REVUE DE GÉOGRAPHIE ÉCONOMIQUE pendant la guerre, l'évalue à un million et demi. Les Albanais, issus des anciens Pélasges ou Illyriens, forment une des races les moins mélangées de l’Europe ; le nombre des étrangers ne dépasserait pas 50.000. La géographie en fournit l'explication : tout l’intérieur du pays est occupé par un nœud compliqué de montagnes qui, presque partout, dépassent 2.000 mètres, de telle sorte que les invasions ont laissé bien peu de traces dans ce pays où le conquérant n'a jamais pu établir de garnisons que dans quelques forteresses. L'unité ethnique et lin- guistique n'existe pas moins que l’unité géo- graphique, de telle sorte qu’il est équitable de considérer l’Albanie comme une véritable natio- nalité, ayant droit à l’indépendance. Les difi- cultéscommencentavec la délimitation des fron- tières du côtéde la Serbie et de la Grèce, où l’élé- ment albanais est mélangé avecses voisins; elles restent encoreaujourd’hui en discussion. L’Albanie est avanttout un grand pays forestier encore à peine exploité, surtout dans la haute région ; le maquis du Sud fournit déjà à la tein- ture et àla tannerie lesumac et la vallonée. C’est ensuite un pays agricole qui cultive le maïs, l’avoine, le blé, l'orge, et le riz dans les bassins humides, mais si toutes les surfaces cultivables de la montagne sont à peu près utilisées, grâce souvent à des prodiges d’ingéniosité, il n’en est pas de même de la plaine, où les neuf dixièmes des terres sont encore à drainer et à assainir. Le tabac est cultivé à Elbasan et à Scutari, la vigne sur le versant oriental, ainsi que la plupart des arbres fruitiers, tandis que les espèces méditer- ranéennes : olivier, figuier, oranger sont répan- dues du côté de l’Adriatique. On pourrait introduire la sériciculture et probablement le cotonnier dans les plaines littorales. L'élevage, et principalement celui du mouton, est une des ressources principales. Les richesses minières sont encore mal con- nues, elles apparaissent déjà très variées. Comme métaux, on signale le cuivre, le mercure, le chrome,le manganèse ; des gisements importants de lignite peuvent fournir de combustible toute l'Albanie ; l'ozokérite, le bitume et l’asphalte ont été longtemps exploités, près de Valona, par une société française. L'industrie à l’européenne n'existe pas encore, mais elle trouverait dans le pays une main-d'œuvre experte, facile à former, et des forces hydrauliques abondantes. Les arti- sans locaux fabriquent des tissus de laine et de soie, des tapis, des vêtements brodés, des objets en filigranes, des armes ciselées. Ce qui manque le plus au nouvel État, ce sont les voies et moyens de transport, Il faudra 119 construire de nouvelles routes, améliorer celles qui existent, relier par voie ferrée Durazzo ou Valona à Monastir, d’où la future ligne se conti- nuera sur Salonique et Constantinople. Enfin, il faut envisager l'aménagement des ports, princi- palement ceux de Saint-Jean-de-Medua, de Durazzo et de Valona. C’est seulement à ces conditions que les relations commerciales pour- ront se développer et que la mise en valeur du pays deviendra possible. VII: — La Roumanie! La guerre a valu à la Roumanie une notable augmentation de territoire et de population, jus- tifiée par l'expansion de la nationalité et les per- tes des régions dévastées. La superficie a passé de 138,000 à près de 250.000 km?, et la population de 7,5 à 17 millions d'habitants. La Roumanie s’est accrue de la Transylvanie et d’une partie du Banat, partagé avec laSerbie, de la Bukovine, de la Bessarabie, c’est-à-dire que, sauf au Sud, ses frontières ont avancé dans toutes les autres di- rections; son centre de gravité s’est relevé vers le Nord, de telle sorte que le nouvel Etat devient moins balkanique et se rattache de plus en plus à l’Europe centrale et orientale, Comme le fait observer M.de Martonne, sa forme presque globulaire est extrêmement avantagèuse au dou ble pointde vue de la facilité des communications intérieures et de la défense contre les dangers ex- térieurs. Les Carpates, qui traversent la Rouma- nieen son milieu, sont bien une gêne pour la circulation, mais ils sont desservis par des passa- ges faciles et leurlargeur est inférieure à 100 km. L'inconvénient le plus sérieux du nouvel Etat, c’est le grand nombre d'étrangers qu'il a dû absorber et la lente adaptation qui sera néces- saire aux populationsdes territoires qui ont vécu pendant des siècles sous des administrations étrangères différentes. Le même problème se pose, d’ailleurs, en Pologne, en Tchécoslovaquie, en Yougoslavie. La Roumanie a incorporé un million de Slaves du Nord, 300.000 Slaves du Sud, 300 à 400.000 Juifs, 800.000 Allemands, 1. E Martonwe : La nouvelle Roumanie, Annales de Géographie, 15 janvier 1921, — Ip.: La question du Banat ; la Transylavanie: la Bessarabie ; la Dobroudja. Travaux du Comité d'Etudes. T. II, p. 553 et suiv, — Ministère de l'in- dustrie et du commerce. La Roumanie économique. 1921, in- 4. Bucarest, 1921. — Office commercial français en Rouma- nie. Notice sur la grande Roumanie. Br. in-8 : Paris, 1920, — E. PirrarD : La Roumanie (Valachie-Moldavie-Dobroudja) ; l'vol. in-8, Paris, 1920.— Cf. le n° spécisl consacré à la Rouma- nie par la Revue générale des Sciences (15 juin 1920), et no- tamment : VaLsan : La (lerre et le peuple roumains; V. T, Brarrano : La Roumanie nouvelle ; P, ANronesco : Les forêts de la Roumanie, 120 un million et demi de Magyars, formantun groupe compact au centre du nouvel Etat. La Roumanie reste avant tout un pays agri- cole dont l'économie repose sur les céréales et l’élevage. La superficie des terres arables a plus que doublé, celle plantée en vignes a triplé. Les céréales occupent à elles seules 11 millions d’hec- tares, sur un total de 14 millions et demi en terres cultivables; blé et maïs se partagent à peu près également 8 millions d'hectares et fournis- sent un gros contingent à l'exportation. L’ali- mentation rurale à pour base le maïs et les légumes, principalement les haricots et les pommesdeterre, cultivéssouvent dansleschamps de maïs. Comme partout dans les Balkans, les vergers occupent une superficie importante; c'est le prunier qui domine, ses fruits étant employés pour la fabrication d’une boisson alcoo- lique. La vigne est répandue sur le versant sud des Carpates, ainsi qu’en Bessarabie, Les plan- tes industrielles, peu cultivées avant la guerre, prennent plus d'importance dans le nouvel Etat, notamment le chanvre en Transylvanie, le tabac et le colza en Bessarabie, la betterave à sucre dans le Banat et en Bessarabie. C’est l'élevage qui a le plus souffert de la guerre; mais le chep- tel national s'accroît sensiblement par l'annexion de la Transylvanie et des autres provinces ; mou- tons et bêtes à cornes sont les plus répandus. Depuis la réforme agraire du 16 novembre 1918, la grande propriété qui représentait 47% de la superficie cultivable dans l’ancien royaume, avant l’éxpropriation, n’occupe plus aujourd’hui que 8°/,. Cette proportion sera la même dans les * nouvelles provinces. Il en résultera des modifi- cations dans l’économie rurale, et, notamment, dans la réduction du blé, cultivé surtout dans les grands domaines. Les seules richesses minérales de la Roumanie d'avant guerre étaient le pétrole et le sel. La Transylvanie et le Banat viennent y ajouter la houille, le lignite, les gaz naturels, le minerai de fer, les pyrites, l’or et l’argent. Mais le pétrole reste la richesse la plus importante ; la Roumanie venait au quatrième rang dans le monde (3,3 % ), avec 1.885.000 t., en 1913, bien que la superficie exploitée ne couvrit que 2.500 ha., sur 20.000 ha. P. CLERGET. — REVUE DE GÉOGRAPHIE ÉCONOMIQUE reconnus pétroliféres.Les neuf dixièmes de la production viennent de la région de Prahova. Source d'énergie pour l'industrie nationale, c’est aussi un important article d’exportation (20 °/,), qu’un pipe-line conduit vers Bucarest et Constantza. Le nouvel Etat peut disposer, en outre, d'uneproduction annuelle de 780.000 t. de houille et de 2.750.000 t. de lignite. Aux industries anciennes du bois, représentées par des scieries,des fabriques de meubles, aux industries agricoles : minoteries, distilleries, sucreries, s’est ajoutée l’industrie métallurgique du Banatet de la Transylvanie. La fabrication des produits chimiques, les filatures et tissages, à peine représentés dans l'Etat d'avant guerre, voient leur importance grandir avec l’annexion des nouvelles provinces. Mais la Roumanie res- tera encore longtemps tributaire d’un grand nombre de produits industriels qu’elle peut heu- reusement échanger contre un notable excédent de pétrole, de boïs et de céréales. ? Les voies ferrées suffisent aux besoins actuels; quelques rivières sont partiellement navigables, comme le Mures et le Prut: le Dnjestr pourrait faire un bon fleuve navigable en tournant parun canal les rapides de Yampol, près de Soroca, et en draguant son cours inférieur. Mais c’est le Danube qui est la meilleure voie de transport, et son rôle ira en augmentant grâce à l’organisation internationale prévue par les traités de paix. En améliorant encore ses conditions de navigabilité, notamment en amont des Portes-de-Fer,il pourra compenser, dans une certaine mesure, pour la Roumanie, le gros inconvénient de n’avoir de façade que sur une mer presque fermée, en per- mettant aux produits nationaux de pénétrer par le fleuve très avant en Europe centrale, et même en Europe occidentale, quand des systèmes de canaux relieront le Danube aux grands fleu- ves de la Baltiqueetde la mer du Nord. Dans un second article, nous étudierons les pays qui se sont constitués sur le territoire de l’ancienne Russie. P. Clerget, Directeur de l'Ecole supérieure de Commerce de Lyon. | | | | ui cu re date is dun tn dd BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX BIBLIOGRAPHIE ANALYSES 4° Sciences mathématiques The early mathematical Manuscripts of Leibniz. Translated from the latin texts published by Carl Immanuel Gernaror with criticaland historical Notes by J. M. Cuicn. — Un vol. in-8 de 1v-238 p. (Prix : 7 sh. 6 d.). The Open Court Publishing Company, Chicago and London, 1920. Le vieux débat sur la priorité de l'invention du Cal- cul infinitésimal, mené avec plus de passion par les partisans de Newton et de Leibniz que par ces deux grands esprits eux-mêmes, vient d’être renouvelé dans ce livre par M. Child. L'ouvrage offre un intérêt parti- culier par le fait que le débat est placé sur un terrain nouveau. Il ne s’agit plus en effet de savoir ce que Leib- niz doit à Newton, mais ce que l’un et l'autre ont emprunté aux Lectiones Geometricae d’Isaac Barrow, publiées.en 1670 et rééditées par M. Child en 1916. 11 est hors de doute que Newton y a puisé plus largement que Leïbniz, puisqu'il est démontré que Barrow a com- muniqué ses découvertes à Newton déjà en 1664. En ce qui concerne Leibniz, la question que se propose d'é- lucider M. Child est de savoir si Leibniz a fait connais- sance de l’œuvre de Barrow en utilisant la première édition de 1670, thèse que soutient M. Child, ou la seconde édition de 1674, comme l'aflirme Leibniz. Pour donner à sa polémique l'appui nécessaire, M. Child a eu l’heureuse idée de reproduire en anglais et dans l’ordre chronologique les manuscrits de Leibniz se rapportant à cette question. Ils sont au nombre de 16 et ont été com- posés de 1673 à 1677. M. Child a, en outre, reproduit le post-scriptum à la lettre adressée à Jacques Bernoulli en avril 1703 et l’Historia et Origo Calculi Differentialis, où Leibniz montre comment il est arrivé à ses décou- vertes, et s'efforce de prouver que les accusations de plagiat qu'on a lancées contre lui manquent de fonde- ment. Leibniz affirme entre autres qu'il trouva anticipée dans les ZLectiones de Barrow une grande partie de ses théorèmes, ce qui signifie qu'il ne doit rien à ce dernier, C’est ce que M. Child se propose de réfuter en suivant Leibniz pas à pas, l’arrêtant presque à chaque ligne et discutant ses aflirmations dans des notes nombreuses et étendues qui atteignent le chiffre respectable de 200, à quoi il faut encore ajouter des Notes générales précédant chaque manuscrit. Il n’est pas probable qu'on arrive jamais à traiter ce sujet d’une façon plus sévère et plus minutieuse. Pour apporter la preuve décisive que Leibniz était en possession de la première édition des Lectiones Geometricæ de Barrow, M. Child s’ap- puie principalement sur la lettre que Leibniz a adres- sée à Oldenburg en avril 1673, où il dit qu'il pos- sède les Lectiones de Barrow, ce qui prouve que c'est l'édition de 1670 qu'il s'était procurée pendant son pre- mier séjour à Londres. Reste à savoir si Leibniz les a lues immédiatement. après qu’il se les est procurées. ET INDEX M. Child croit pouvoir trancher cette question par l’af- firmative en disant que « il est vain de supposer que Leibniz ait acheté ce livre sur la recommandation d’un ami uniquement pour le posséder; Leibniz achetait des livres ou en empruntait dans le seul but de les étudier ». Cette argumentation ne me parait pas très satis- faisante, À qui de nous n'est-il pas arrivé de se procurer un ouvrage dans le but de l’étudier et d’être empêché de lefaire par suite de circonstances imprévues? Leibniz avait l'esprit ouvert à tout, il lisait énormé- ment, il possédait une faculté d'invention peucommune et savait donner aux idées même empruntées une valeur toute nouvelle et les rendre extraordinairement fécon- des. C’est en somme ce qu'accorde à la fin du volume M. Child lui-même. Ilse défendd'être un anti-leibnizien, ce qu'on aurait pu croire en lisant sa critique parfois très vive. Il a voulu seulement, déclare:t:il, montrer que Leibniz n'a nullementplagié Newton, mais qu'il a tout pris à Barrow, excepté les méthodes. Mais qui connait la valeur de ces dernières avouera que Leibniz a accom- pli une chose qui doit être comptée parmi les plus grandes dans l'Histoire des Mathématiques. Enfin, quelle que soit la position qu’on prenne en face de cette question, et füt-on en opposition complète avec M. Child, son livre reste précieux par la facilité qu'il nous offre de lirelesmémoires fondamentaux surleCaleul infinitésimal de Leibniz, et par la richesse de renseigne- ments historiques, qui nous font connaître d’une façon plus détaillée le développement et le perfectionnement graduel du Calcul infinitésimal. 3 MAURICE SOLOVINE. Nachtergal (A.), professeur d'écoles industrielles, — Calcul des chaudières à vapeur ; applications. 2° édition. — 1 vol. in-8°, de 85 pages avec 22 figures (Prix : 10 fr.). Béranger, éditeur, Paris et Liége,1927. En présentant son livre au public, l’auteur déclare dans sa préface qu'il a résumé la théorie aussi succinc- tement que possible, en s’efforçant surtout de montrer comment on l’applique:l'ouvrage est en effet une œuvre essentiellement pratique, consacrée aux chaudières à vapeur; elle rappelle toutes les formules établies dans les traités, et fait suivre chacune d’elles d’un exem- ple de calcul numérique. Tous les systèmes de généra- teurs sont étudiés tour à tour en vue de la détermination des épaisseurs de tôles, des capacités, des surfaces de chauffe, des surfaces de grilles,des sections de carneaux, etc. Une application récapitulative est faite enfin à une chaudière Galloway, dont on-passe en revue tous les éléments. Les élèves d'écoles industrielles se servi- ront très utilement de ce livre pour l’exécution de leurs projets de fin d'année et de concours ; c'est sans doute pour eux que le maître l’a écrit, et ils devront lui en savoir gré, en épuisant rapidement cette deuxième édi- tion. 1 AIMÉ Wirz, 422 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 2° Sciences physiques Cunningham (E.). —Relativity and the Electron Theory. 2° édition. — x vol. in-8° de 148 p. avec 9 fig. de la collection : « Monographs on Physics » (Prix cart.:10 sh.6 d.). Longmans, Green and Co., Londres, 1921. La théorie de la Relativité jouit actuellement d'une vogue universelle. Les profonds travaux d’Einstein et de Weyl, dont l'étude semblait devoir rester l’apanage d’une élite de théoriciens, ont commencé à passionner -le grand publie, et l’on voit apparaître dans tous les pays une floraison de livres et d’articles de vulgarisa- tion ou de polémique sur ce diflicile sujet. Il ne faut pas se plaindre de cette faveur, qui sera sans doute passagère. Si nous lui devons toute une litté- rature d’un intérêt scientifique assez médiocre, elle a du moins provoqué quelques exposés intéressants, même pour le public des spécialistes. Le livre que nous présentons aux lecteurs de la Revue est de ce nombre. Il ne satisfera évidemment pas les esprits passionnés de rigueur, etil ne saurait se substituer, pour une étude sérieuse de la question, aux beaux ouvrages d’'Edding- ton et de Weyl. Néanmoins il pourra rendre des servi- ces réels aux lecteurs désireux de se renseigner sur l'évolution historique et logique de la Relativité, et même sur la marche des principaux développements mathématiques. L'ouvrage a d’ailleurs reçu bon accueil en Angleterre, puisque l'édition actuelle est la seconde, Après une courte introduction, l’auteur étudie, dans une première partie, le principe de relativité restreinte. Il en indique d’abord les origines historiques et les bases expérimentales, en insistant sur l'expérience de Fizeau et sur la fameuse expérience de Michelson. Le principe lui-même est ensuite exposé, au point de vue cinématique (chapitre II), puis au point de vue élec- tromagnétique (chapitre IV): les expériences de Ray- leigh et Brace, d’une part, de Trouton et Noble,d'autre part, sontdiscutées dans cette partie de l'ouvrage. Enfin la dynamique de la relavité, avec ses applications au mouvement des électrons à grande vitesse, aux relations entre la masse et l’énergie, aux conceptions de Min- kowski sur l’espace-temps à 4 dimensions, trouve place dans les derniers chapitres de cette première partie. La seconde partie, beaucoup plus brève, se rapporte au principe de relativité généralisée. Le chapitre VII en expose les bases théoriques, en mettant en lumière le rôle des champs de gravitation, et en le rattachant à l'élément linéaire dans l’espace généralisé et au principe d'Hamilton. Malgré un effort très sérieux de l’auteur pour grouper les idées de la manière la plus claire, il faut bien reconnaitre qu’une connaissance plus appro- fondie du sujet reste nécessaire pour tirer réellement parti de son exposé. Le chapitre VIIL est consacré aux vérifications expérimentales: mouvement séculaire du périhélie de Mercure, déviation des rayons lumineux par le Soleil, etc. Le dernier chapitre enfin résume et généralise les résultats obtenus, en cherchant en parti- culier à donner quelque idée de la contribution nouvelle apportée par Weyl à l'édifice relativiste. L'auteur, sans entrer dans le détail des démonstra- tions mathématiques, n’a cependant pas reculé devant l'emploi des formules algébriques essentielles au déve- . loppement de son sujet, de sorte que son ouvage est d’un caractère scientifique assez élevé. On peut en recomman- der la lecture, comme introduction à l'étude de ces nouvelles théories; mais cette recommandation ne sau- rait s'adresser qu’à des étudiants déjà instruits. Elle éveillera en eux certaines curiosités sans les satisfaire entièrement : c’est sans doute le but que l’auteur se pro- posait d'atteindre. EUGÈNE BLocu. 3° Sciences naturelles D’Andrimont (René), Professeur de Géographie phy- sique à l'Ecole coloniale supérieure de Belgique, Fraipont (Charles), Professeur du cours de Paléon- tologie à l'Université de Liége,et Anthoine (Ray- mond), ancien assistant du cours de Géologie à l'Uni- versité de Liége. — La Géologie mise à la portée de tous. SES RAPPORTS AVEC LA GÉOGRAPHIE PHYSIQUE ET SON UTILISATION POUR LA RECHERCHE DES MINERAIS, DES COMBUSTIBLES, DES ENGRAIS ET DES EAUX. —14#0l. in-8° de 218 + vin p.avec 178 fig. Imprimerie G. Bothy, rue de la Concorde, 22, Bruxelles, 1921 (Dunod, à Paris, dépositaire pour la France). MM. d’Andrimont, Fraipont et Anthoine, qui ont écrit ce manuel en s'inspirant du cours de M. le pro- fesseur Lohest, présentent leur « petit traité » comme reflétant les « principes directeurs de l'École de Liége: on ycherchera en vain les grands mots et les vastes nomenclatures, les subdivisions et les détails qui encombrent la plupart des traités existants ». Lesauteurs revendiquent la priorité pourla notiondes charriages en faveur d'un mémoire présenté à l’Aca- démie de Belgique en 1830 par André Dumont. Comme l’a montré récemment M. Emile Haug ! , la première idée des recouvrements se trouve dans un rapport de Dolomieu paru au Journal des Mines de l'an VI (1797) : cette conception scientifique est donc due à l'École française. L'illustration très abondante exagère quelquefois la notion de schéma: témoin la figure 53 où la mer des Indes, devenue un simple fossé plus étroit que le canal de Mozambique, est presque aussi large que Madagascar. La dernière partie de l'ouvrage constitue une bonne description géologique sommaire dela Belgique. Le livre de MM. d’Andrimont, Fraipont et Anthoine, d’une lecture facile, expose les notions essentielles de « la géologie mise à la portée de tous », D’un carac- tère éminemment pratique, il renferme cependant des développements assez étendus sur certaines questions négligées dans beaucoup d'ouvrages analogues, gise- ments de sel et de pétrole, levé et lecture des cartes géologiques, hydrologie. Son utilité, qui ne saurait faire de doute, aurait été plus grande si le dessin et la lettre des 178 figures avaient été plus soignéset mieux présentés, L. JoLkAUD, Maître de Conférences à la Faculté des Sciences de Paris. 1. Les Disciplines de la Géologie(1®" article). Revue générale des Sciences, t. XXXII, n° 4, p. 108; 28 février 1921. a. bn hé BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 123 Champy (Ch.), Professeur agrégé à la Faculté de Médecine de Paris. - Manuel d'Embryologie. — 1 vol. in-16 de 228 p.@vec 6 pl. en couleurs (Prix : 12 fr.). Masson et Cie, éditeurs, Paris, 1921. Ce Manuel a, entre autres, le mérite de l'originalité, surtout pour un livre destiné à des étudiants en méde- cine, Ce qu’y dit l’auteur de l’'Embryologie générale, à laquelle il a donné la plus grande place, ne pourra recueillir que des approbations : « Elle comporte les notions fondamentales sans lesquelles les acquisitions faites par l'étudiant dans le domaine de l’Afñatomie et de l’Histologie seront forcément fragmentaires et sans liaison. Elle doit être la base de l'instruction morpho- logique du médecin. » Un simple coup d’œil sur la liste des chapitres per- mettra de se rendre compte de la distribution des ma- tières : I, Produits sexuels et fécondation !; II, La segmenta- tion ; IL, Gastrulation ; IV, Evolution générale de l’em- bryon des Vertébrés; V, Développement de la forme du corps; VI, Le mésenchyme; VII, Les enveloppes de l'œuf; VIII, Particularités de l'embryon humain; IX, Les organes entodermiques ; X, Dérivés du mésoderme ; XI, Organes ectodermiques; XI[,Organes mésenchymenteux. Une remarque s'impose, relative à l’étude du mésen- chyme (ch. vi) et à celle des organes mésenchyma- teux (ch. x), Il est indubitable que l'ouvrage aurait gagné en clarté et en unité à ce que ces études fussent réunies et placées au voisinage de celle des dérivés du mésoderme (ch. x). Quelque opinion que l’on ait sur l’origine du mésenchyme ?, il est peu logique d’en sépa- rer l'étude de celle du mésoderme. L'auteur a cherché à réunir sous le plus petit volume possible « toutes les notions utiles à un médecin ». Il ne faut pas entendre par là uniquement les notions uti- les à la pratique du métier, mais celles, infiniment plus importantes, qui sont indispensables à la formation in- tellectuelle de ceux qui se destinent à jouer le rôle social si considérable du médecin. En ce qui concerne l’embryologie générale, l’auteur donne une prépondérante sans doute trop exclusive à la fameuse loi de patrogonie (qu’il désigne sous les noms de loi biogénétique générale, loi de Goethe, ou de Von Baer,'ou d'Hueckel, et qui!porte encore ceux de Fritz Müller et, peut-être mieux, de Serres). Cet ouvrage, s'adressant à des étudiants en médecine, est forcément très dogmatique, d'autant plus que l’au- teur était dans la nécessité de se restreindre aux limites d’un Manuel. IL ouvre toutefois quelques horizons in- téressants sur des questions encore discutées. C'est une très heureuse idée qu'a eue l’auieur de le faire suivre d’un Index-glossaire « qui permettra aux débutants de se remettre rapidement en mémoire le sens des termes dont la valeur leur aurait échappé ». En somme, ce petit livre semble répondre parfaite- ET 1. L'étudiant 'qui désirerait avoir des'notions générales claires et précises sur ces questions consultera avec le plus grand profit l’ouvrage de M. Caullery : Les problèmes de la sexualité, Paris (Flammarion), 1913. 2, On sait depuis longtemps que la « coelom-theorie » de Hertwig est insoutenable. ment à son but et l’on peut conelure avec l’auteur : « Tel qu’il est, il correspondra assez exactement au cours préparatoire d'Embryologie qui est fait à la Faculté pour peu qu’on le complète par quelques lectures !. » J, Derruy, Gourdon (L.), Dijonneau (H.)etThibaudeau (J.). — Lerendement professionnel des mutilés.— 1 vol. in-Bavec 68 fig.et photographies. Doin, éditeur, Paris, 192 I. Le rendement réel des grands mutilés est très difli- cile à connaître. Le mutilé se défie toujours de l'en- quêteur, craignant de voir diminuer sa pension ou aug- menter les contributions,s’il reconnait une amélioration notable de son rendement professionnel. Le livregque vient de publier le D' Gourdon avec ses Collaborateurs directs Dijonneau et Thibaudeau est particulièrement intéressant, parce que, comme direc- teur de l'Ecole pratique de rééducation professionnelle des mutilés de Bordeaux, il a pu s'adresser à des sujets qu’il connaïssait bien, dont il avait pu acquérir la confiance absolue, Sa grande habitude des mutilés, le zèle déployé par lui dans son école le mettaient à même de mieux se rendre compte des progrès accom- plis, des méthodes à suivre, Enfin, par l'emploi systématique de l’oscillomètre de Pachon, on obtient une preuve physiologique de l’en- trainement des élèves, Toutes les observations que publient Gourdon et ses collaborateurs portent sur les mutilés de la région du Sud-Ouest ayant bénéficié soit de la prothèse du travail, soit de la rééducation professionnelle et souvent des deux, L'enquête porte sur 2.000 grands mutilés. Les résultats sont,dans l’ensemble,très satisfaisants. La presque totalité de ces 2.000 grands mutilés arepris le travail. 1.231 mutilés ont repris leurs professions d'avant guerre @ .08r avaient une profession manuelle, 150 des profes- sions intellectuelles ou des emplois). 33 mutilés sont incapables de travailler. 798 ont appris de nouvelles professions (396 de nou- vaux métiers manuels, 340 de nouvelles professions intellectuelles ou de nouveaux emplois). Le rendement professionnel moyen, déclaré par l’en- semble des 2.000 mutilés, oscille entre 6vet 70 °/, du rendement normal.Sur 3.000 grands mutilés,on compte 1.042 cultivateurs dont plus des deux tiers (735) ont repris leur profession ; sur les 307 autres cultivateurs, un certain nombre ont appris des métiers complémen- taires, tels que ceux de vanniers, sandaliers, sabotiers, cordonniers, et,tout en exerçant ces métiers d'appoint, ils s'occupent des travaux accessoires de la ferme. Mentionnons parmi les résultats surprenants les amputés de deux avant-bras : deux cultivateurs ayant repris leur métier avec un rendement de 45 °/,, les am- putés des bras pouvant gagner de 9 à 16 francs par jour. Le mutilé n’est plus, grace cette à rééducation, un 1. En vue de celles-ci, quelques indications bibliographi- ë è » 4 1 8 ques"précises n'auraient peut-être pas été superflues et n’au- raient guère augmenté le volume de l'ouvrage. 124 BIBLIOGRAPHIE. — ANALYSES ET INDEX invalide, mais il joue encore son rôle utile de travail- leur. Et cette constatation est d'autant plusintéressante que les mutilés du travailbénéficient des efforts et des pro- grès accomplis avec les mutilés de guerre, J. P. LANGLoIs, Professeur au Conservatoire des Arts et Métiers (Chaire d'organisation technique du travail). 4° Sciences diverses Tassy (Edme)et Léris (Pierre).— Les Ressources du travail intellectuel en France. Préface de M. le Général SÉBERT. — 1 vol. in-80 de xxI-711 pages. (Prix : 50 fr.). Gauthier-Villars et Cie, éditeurs, Paris, 1921. C'est une excellente idée qu'ont eue MM. Tassy et Léris de grouper en un ouvrage d'ensemble tous les ren- seignements relatifs aux diverses ressoures de docu- mentation et aux aides qui s'offrent en France aux tra- vailleurs intellectuels. On ne se fait pas toujours une juste idée de leur nombre et de leur richesse, et maint chercheur s’est trouvé plus d’une fois arrêté faute d’avoir connu les institutions qui auraient pu lui prêter un concours eflicace. Les auteurs ont réparti la matière de leurlivre d'après le plan suivant : 1. Renseignements généraux. — Dans la première partie de ce chapitre, sous le titre : Moyens de documen- tation et d’information, on a réuni les organes et établis- sements français et internationaux où les travailleurs peuventobtenir desrenseignements divers, gratuitement ou moyennant rétribution. La seconde partie contient les organes d’intercommunication scientifique, destinés à mettre les travailleurs en rapport. La troisième expose tous les auxiliaires directs d'exécution des travaux lit- téraires et scientifiques : agences de traduction, decopie, de placement, renseignement sur l'édition d'ouvrages, la protection de la propriété intellectuelle, ete, II-III. Sociétés savantes. — Ces chapitres groupent, par catégories pour Paris, et par ordre alphabétique de villes pour la province, les Sociétés savantes, en indi- quant autant que possible les moyens de travail et les encouragements divers qu’elles offrent à leurs membres ou au public. IV. Associations professionnelles. — Ce chapitre men- tionne les associations professionnelles de gens de let- tres, membres de l’enseignement, ingénieurs, médecins, journalistes, etce., dont le butest la défense des intérêts corporatifs et l’aide matérielle et morale. V. Encouragements et aides. — Dans ce chapitre sont indiqués les divers moyens (subventions, prix et con-. cours, lectures publiques) dont disposent soit les insti- tutions officielles, soit des sociétés et cercles privés, soit des fondations internationales, pour aider ou encoura- ger la production intellectuelle. VI. Perfectionnement des études et expansion intellec- tuelle. — Ici sont signalées les sociétés instituées en vue de perfectionner les moyens de travail et les connais- sances des travailleurs (comme le Musée social ou les Sociétés des Amis des Universités) et les Sociétés d’ex- pansion intellectuelle (comme l'Alliance française); on trouvera aussi dans ce chapitre la liste des cours des grandes Ecoles gouvernementales ou autres. VII. Services et Etablissements scientifiques spéciaux. — Ce chapitre renferme des indicationssur les bureaux, offices et services officiels autonomes dépendant des ministères, et sur les grandes commissions, conseils ou comités appelés à délibérer sur des sujets de pratique ou de technique scientifique, puis sur les laboratoires, musées et collections d’études, et observatoires. VIII. Périodiques spéciaux. — Sous ce titre est donnée la liste, avec adresse et prix d'abonnement, de tous les périodiques français, littéraires et scientifiques, classés sous 16 rubriques. IX-X. Bibliothèques et Dépôts d'archives. — Ce chapi- tre renferme, pour toutes les bibliothèques de Paris et de province et les dépôts d'archives nationales, dépar- tementales, communales et hospitalières, des renseigne- ments généraux sur l'accès à ces institutions, le prêt des livres et des manuscrits, les catalogues des impri- més et des manuscrits. XI. Bibliothèques circulantes, d'échange, de prêt. — Même genre de renseignements à propos de ces biblio- thèques. $ XII, /ndications bibliographiques. — Ce dernier cha- pitre contient la nomenclature raisonnée, l'adresse et le prix d'abonnement de tous les périodiques français bibliographiques, la liste des principaux ouvrages de bibliothéconomie, la bibliographie de la Bibliographie française et étrangère scientifique et littéraire. Ajoutons que chaque chapitre est précédé d'une table analytique détaillée et qu'on trouve aussi à la fin de l'ouvrage une table alphabétique. On se rend compte par ce qui précède de l'énorme quantité de renseignements accumulés dans cet ouvrage et du grand intérêt qu'ils présentent pour tous les tra- vailleurs intellectuels. Quelques vérifications faites au hasard nous permettent d'assurer qu'ils sont exacts et assez complets (sauf modifications survenues depuis l'impression de l’ouvrage). Ce volume est donc appelé à rendre de constants services à ceux auxquels il est destiné, L. B. LL me ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 125 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Séance du 30 Janvier 1922 M. M. d'Ocagne est élu Académicien libre. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. Ch. Lallemand: Sur les avantages comparés des abaques hexagonaux et des abaques à points alignés. L'auteur montre qu’en Nomographie il n’existe pas de méthode générale uni- versellement supérieure à toutes les autres ; le choix à faire entre elles, dans chaque cas particulier, dépend de la forme de l’équation à résoudre et des conditions du problème. — M. Th. Varopoulos: Sur un théorème de M. Montel. — M. À. Angelesco : Sur les zéros de certaines fonctions. — M. A. Cahen: Sur les équations différentielles du premier ordre à points critiques fixes. — M. Auric : Sur le développement en fraction continue des nombres algébriques. — M. R. Jacques : Sur les surfaces telles que les axes des cercles osculateurs à une famille de lignes de courbure appartiennent à un com- plexe linéaire. — M. Em. Belot : La périodicité et le mouvement des taches du Soleil en latitude expliqués par la pulsation de son noyau. 2° SCIENCES PHYSIQUES. — M. A. Boutaric : Observa- lions relevées au Mont-Blanc. Relevé des mesures acti- nométriques et polarimétriques de l’auteur, Bien qu'au Mont-Blanc l’atmosphère soit très pure, la polarisation de la lumière diffusée par le ciel n’est pas exceptionnel- lement forte, — MM. Ph. Schereschewsky et Ph. Wehrlé : La signification des cirrus dans la prévi- sion du temps. Les cirrus sont toujours les indices de la proximité d’un système nuageux, mais ils ne signifient pas nécessairement que le système pas- sera sur la station, que le temps se gâtera. — M. L, Gentil : Sur la climatologie du Maroc. Les isohyètes de 100 mm. et de 200 mm. des régions désertiques doi- vent s’incurver fortement vers le nord et recouvrir la plus grande partie de la vallée de la haute et moyenne Moulouia ; le Haut Atlas forme une barrière climatique qui sépare la zone maritime de la zone désertique du Sahara, — M, G. Gouy : Sur la pression dans les flui- des aimantés et polarisés, L'auteur donne une démons- tration, utilisable dans l'enseignement, de la formule de Liénard, et étudie l’application de cette formule au problème des forces apparentes agissant sur les con- ducteurs électrisés placés dans un.diélectrique autre que le vide. — M.H. Chaumat: Sur la mesure des iso- lements par la méthode dite d'accumulation. L'auteur étudie les causes d’erreur de cette méthode et montre comment l’on peut y remédier. — M. Marcel Dufour: Relation entre l'aberration et l'astigmatisme pour un point situé sur l'axe d’un système optique centré. Dans un pinceau de révolution, la distance entre les deux points focaux situés sur un rayon est égale au double de l’aberration longitudinale relative à ce rayon. — M. J. Rey : Portée obtenue par un phare de grand atterrage avec optique à réflecteurs métalliques. La portée du phare de l’ilot du Galiton, au NO de Bizerte, calculée pour 30 milles, atteint 33 milles, car on l’aperçoit fréquemment de Tabarka; on l’aperçoit même assez souvent du Ras-Enhelah, à 41 milles, par un temps clair. On peut donc obtenir des portées plus con- sidérables avec des réflexions métalliques qu'avec des optiques en verre de Fresnel de mêmes dimensions. — ‘: MM. H. Weiss et P. Henry : /nfluence de la tempéra- ture sur la vitesse d’interpénétration des solides. Cette influence (étudiée sur une solution solide hétérogène qui s’homogénise par un recuit) est représentée par la formule : » — K a7, où Test la température absolue. — MM. Ch. Moureu et Ch. Dufraisse : Sur l’autoxyda- tion : les antioxygènes (voir p. 127). — M. E. Darmois : Sur deux nouveaux molybdomalates d'ammonium. La courbe de variation du pouvoir rotatoire de l'acide malique additionné de quantités croissantes de molyb- date d’Am ordinaire a montré à l’auteur l'existence de deux nouveaux molybdomalates lévogyres : MoO, 2C1H605,2NH5 et MoO%.2C#H605,4NH, le premier assez stable, le second ne se formant qu’en présence d’un excès de malate neutre d'Am. Il a réussi à isoler ces deux composés. — MM. Seyewetz et Vignat : Action du sulfite de soude sur le nitrobenzène, Cette réaction a lieu à chaud et fournit du paramidol sulfonique, avec un rendement d'environ 50 0/;. — Mile C. Veil: Rela- tion entre l'indice de chlore et la teneur en azote de La terre végétale. D'une manière générale, une terre est d'autant plus riche en azote que son indice de chlore est plus grand. 3° SctENCES NATURELLES. — M. Ch. Jacob : La struc- ture du Nord-Annam au sud du Thank Hoa.Le Nord- Annam presque tout entier est une région de nappes; vers la côte seulement, et sans doute aussi au sud- ouest de la chaîne annamitique, il peut être question d'un avant-pays, qui serait caractérisé par une couver- ture transgressive de grès secondaires, — MM. F.Blan- chet et E. Chagny : Nouvelles observations sur les dislocations de la Montagne de la Bastille, près Gre- noble. — M. G. Corroy : Sur quelques Poissons néoco- miens de la Haute-Marne et de la Meuse. L'auteur con- firme l'existence dans cette région du Mesodon gigas, du M. robustus, du M. heterotypus, du Coelodus Man- telli et de l’'Odontaspis macrorhiza. — M. L. Joleaud : Sur l'aire de dispersion de Dynosaurus, Crocodilien fossile du Nord-Ouest africain. Les mers continentales d'Afrique abritaient encore, à l'aurore des temps éocè- nes, une faune résiduelle jurassico-crétacée se propa- geant de la Berbérie au Congo par l'Afrique occiden- tale. Avec ces animaux à physionomie archaïque vivaient alors en Afrique des précurseurs des éléments caractéristiques de milieux biologiques européens plus récents. — M. Pierre Dangeard : Sur l’origine des vacuoles aux dépens de l’aleurone pendant la germi- nation des Graminées. Chez les Graminées, les grains d’aleurone ne sont pas des plastes particuliers, mais 126 représentent des éléments du vacuome, comme ceux du pin et du ricin. Ilest certain que les vacuoles des plan- tules se forment aux dépens de l’aleurone des graines. — M.R. Jeannel : La variation des pièces copula- trices chez les Coléoptères. Les recherches de l’auteur montrent le rôle importantîque la variation des pièces copulatrices mâles a dû jouer dans la production des espèces. Les classifications actuelles des Coléoptères, qui ne tiennent aucun compte des caractères sexuels, sont donc à refaire ou à compléter. — MM. L. Léger et E. Hesse : Microsporidies bactériformes et essais de systématique du groupe. Les auteurs ont rencontré chez diverses larves aquatiques de Diptères un certain nombre de Microsporidies dont les spores simulent les types morphologiques caractéristiques des Bactéries. Les Microsporidies peuvent être classées en Dicapsulées et Monocapsalées, et ces dernières en trois familles sui- vant que leurs spores sont piriformes, sphériques ou en bâtonnet. — Mme A. Drzewina et M. G. Bohn: Sur des phénomènes d'auto-destruction et d’'auto-agglu- tination chez les Convoluta. Quand les Convoluta sont réunies en grand nombre ou bien placées dans un petit volume de liquide, les effets d’une solution normale de KCI (cytolyse et autotomie) sont beaucoup plus désas- treux que dans le cas contraire, et se manifestent en particulier par le phénomène d’agglutination. — M. M. Aron : Signification morphologique du tissu glandu- laire endocrinien du testicule des Urodèles. Ce tissu paraît assumer l’exercice simultané de la double pola- rité, exocrine et endocrine, que l’on voit chez les Uro- dèles mise en jeu alternativement, et représente un tissu destiné à supporter les cellules de Sertoli, désor- mais vouées au rôle purement exocrine d’intermédiaire entre le milieu nourricier et la lignée germinale. — M. W. Kopaczewski: La tension superficielle et la nar- cose. D'une façon générale, les narcotiques et les anes- thésiques abaissent la tension superficielle ; il ÿy a un parallélisme entre ce degré d’abaissement et leur puis- sance narcotique. Séance du 6 Fevrier 1922 M. le Général G. Ferrié est élu membre de la Sec- tion de Géographie et Navigation, en remplacement de M. Alfred Grandidier, décédé, 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M, M. d'Ocagne : Sur l'examen comparatif des diverses méthodes nomo- graphiques. — M. C. Guichard : Sur les réseaux qi sont plusieurs fois Q0. — M. M. Gevrey : Remarques sur les fonctions quasi-analytiques et les fonctions indé- finiment dérivables. — M. G. Julia: Les séries de fractions rationnelles et l'intégration, — M. T. Car- leman : Sur un théorème de M. Denjoy. —M.M.Hamy: Sur la détermination interférentielle des diamètres des étoiles dont l'éclat superficiel n'est pas uniforme. L’au- teur détermine les conditions dans lesquelles l’applica- tion de la méthode interférentielle peut s'étendre aux étoiles entourées d’une atmosphère absorbante dont la surface n’est pas uniformément lumineuse. — M.G. Sa- gnac : La projection de lu lumière des étoiles doubles périodiques et les oscillations des raies spectrales. L'auteur émet l'idée que la concentration de l’énergie ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES des étoiles doubles enun maximum d'éclat est un effet complexe de la projection de l'énergie issue de l'étoile à chaque instant avec la vitesse CL Av par rapport à la Terre (C, vitesse de la lumière; Av, vitesse radiale). Les éléments d’énergie successivement émis avec des vitesses Av par exemple, croissantes quand l'étoile vient vers nous, se resserrent en avant et peuvent se super- poser ouse dépasser même. Cetteinterversion est cachée à l’observateur au photomètre ; elle est, au contraire, un fait observable au spectroscope. 20 ScIENCES PHYSIQUES. — M. L. Lecornu : Quelques remarques sur la relativité, L'auteur recherche si la déviation einsteinienne des rayons lumineux au voisi- nage du Soleil ne pourrait être attribuée à l’action com- binée de l’attraction newtonienne et d’une force agissant dans le plan de l'orbite, perpendiculairement à la vitesse et proportionnellement à elle. Ses calculs ne sont pas favorables à cette hypothèse et montrent que, dans le voisinage immédiat du Soleil, les phénomènes sont beaucoup plus compliqués qu'on ne le croit, — MM. A. de Gramontet G. A. Hemsalech: Sur l'évolution du spectre du magnésium sous l'influence d'actions électri- ques croissantes. Applications à l'Astrophysique. Les centres d'émission du Mg peuvent exister dans 5 états différents, dont chacun est caractérisé par l’apparition unique ou la prédominance dans le spectre destypes de raies suivants: 1° raies de la flamme; 2° raies d’arc (triplets de série); 3° raies d'arc (série nébuleuse de Rydberg); 4° raies d’étincelles fines ; 5° raies d’étincel- les élargies, Le dernier état correspond au proto-magné- sium de Lockyer. Les effets spectraux des champs élec- triques intenses sont surtout marqués dans l’étape initiale d’un phénomènes lumineux (arc ou étincelle); au fur et à mesure que la température augmente, l’émis- sion qui dépend de la présence de chutes de potentiel rapides diminue ou même disparaît, — M. J. Timmer- mans, Mile H. van der Horst et M. J. K. Onnes: Les points de congélation de liquides organiques purs comme- repères thermométriques aux températeurs inférieures à oc ©. Les auteurs recommandent de prendre comme repè- res les corps suivants, dont ils ont déterminé les points de congélation exacts : CCI‘, — 22°,9; chlorobenzène, —145°,2; chloroforme, —630,5 ; acétate d’éthyle, — 830,6; toluène, — 950,1; CS?, — 111°,6 ; éther éthylique (forme stable), — 116,3 ; (forme instable), — 123°,3; méthyl- cyclohexane, — 126°,4 ; isopentane, — 159°,6. — M. D. Coster: Sur la série L du spectre des rayons X. L'auteur fait ressortir la divergence de ses résultats avec ceux de M. Dauvillier. — M. Bedeau : Mesure de la constante diélectrique des gaz et vapeurs au moyen des circuits à ondes entretenues. — MM. C. E. Guye et R. Rüdy : Nouveau mode de détermination des diamètres moléculaires par la rotation électromagnéti- que de la décharge dans les gaz. Contrairement à l'opinion admise, les expériences des auteurs prouvent que la vitesse de rotation dela décharge électrique dans les gaz n’est pas inversement proportionnelle à la den- sité du gaz, mais bien au produit du carré du diamètre moléculaire par cette densité. — MM. L. Guillet et J. Cournot: Sur la.variation des propriétés méca- niques des métaux et alliages aux basses températures. À CE ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 12 1 Une augmentation générale de dureté a été constatée au refroidissement. La fragilité aux basses tempéra- tures est une caractéristique de la ferrite ; le Ni et le Cu, au contraire, n'amènent pas de fragilité, Les aciers spéciaux perlitiques au nickel présentent une grande fragilité dans l'air liquide. — MM. P. Jolibois et R. Bossuet : Relations entre les différents oxydes d'ura- nium. La décomposition de UO# est irréversible dans le vide et donnenaissance à l'oxyde U?OS à 502°. L'oxy- dation de UO? en U*OS8 s'effectue rapidement dans un intervalle de température très restreint à partir de 1850. U#OS est réduit par H en UO? de 625° à 650° sans formation d’un composé intermédiaire. UO$ se dissocie complètementen UO?et Odansle vide à 2,000°. — M.P. Lebeau: Sur les oxydes d'uranium.Seuls les com- posés oxygénés de l'uranium, UO#, U?O8 et UO? ont une existence certaine. Les oxydes gris foncé, désignés par- fois sous le nom d'oxyde noir, correspondent à UO#, U*OS et U*O8; ils sont inaltérables à l'air et peuvent être chauffés jusqu’à 1,000°sous la pression atmosphérique.Les oxydes vert olive préparésà une température inférieure à 800° renferment des quantités variables d'anhydride uranique et sont susceptibles de s’altérer au contact de l'air humide. — M. H. Pélabon: Action du sélénium sur l'or. Contrairement à ce qu'on a cru jusqu'ici, l'or est attaqué par le sélénium ; il y a échange partiel entre les deux éléments. Le métal fixe du sélénium qui s’éli- mine diflicilement par élévation de température ; le sélénium lui-même prend de l'or. Le sélénium dit £En’est pas un corps pur ; il tient de la poussière d’or en sus- pension. — M. Eug. Grandmougin : Sur quelques nou- veaux dérivés de la sulfobenzide. — M. G. Dupont: Sur la composition de l’essence de térébenthine d'Alep. L’essence d'Alep fraiche renferme 95 ©}, de pinène droit, 1,14 0/5 d’acétate de bornyle inactif et 3,8 ©/, de sesquiterpène, SOCIÉTÉ FRANCAISE DE PHYSIQUE Seances du 20 Janvier 1922 M. P. Langevin : Sur la nature des grandeurs et le choix d’un système d'unités électriques. Contre l'identité de nature des unités de mesure du champ et de l’induc- tion magnétiques, l'auteur présente l’argument suivant: Pour maintenir aux équations de Maxwell une forme invariante dans un changement d’axes de coordonnées; il faut faire subir des transformations différentes aux composantes de H et de B. Ce ne sont donc pas des quantités de même espèce, et l'égalité des mesures du champ et de l’induction dans le vide n’a pas de signi- fication intrinsèque. SOCIÉTÉ CHIMIQUE DE FRANCE Séance du 27 Janvier 1922 MM. Ch. Moureu et Ch. Dufraisse : Sur l'autoxyda- tion : les antioxygènes. L'interprétation de remarques faites au cours d’un travail sur les modes d’altération de l'acroléine a conduit les auteurs à supposer que certains corps, ajoutés en proportions infimes à des substances autoxydables, devaient empêcher ces subs- tances de fixer l'oxygène libre. L'expérience a con- firmé leurs vues théoriques et a montré que les phénols possédaient la propriété de s'opposer à l’action de l'oxygène sur les substances autoxydables. Les corps qui jouissent de cette propriété ont reçu le nom d’an- tioxygènes. Les expériences de vérification ont porté sur de nombreux composés à fonction phénolique et sur les substances autoxydables les plus variées. Sui- vant la nature des phénols et leurs proportions, on peut observer toute la gamme des actions inhibitrices jusqu’à la suppression complète,au moins en apparence, de toute action de l’oxygène., Les phénols quise sont révélés les plus actifs sont la pyrocatéchine, l'hydro- quinone et le pyrogallol; le phénol ordinaire et la résorcine le sont peu. La phloroglucine, opposée à l'acroléine, non seulement n’a pas ralenti l'oxydation de cet aldéhyde, mais encore a même paru l’accélérer : ce résultat ne doit pas surprendre outre mesure, puis- que la phloroglucine se comporte souvent non comme un triphénol, mais comme une tricétone. L'activité de certains phénols peut être considérable. C’est ainsi que l'hydroquinone paraîtarrêter toute ox ydation de l’acro- léine à la dose de 1/20.000 et manifeste encore une cerlaineaction retardatrice à la dose de 1/1.000.000, La durée d’action paraît être aussi très grande, ainsi que : cela ressort tout d’abord des expériences réelles de conservation effectuées sur divers corps altérables et prolongées pendant plusieurs années. De plus, le phé- nol introduit ayant été retrouvé engrande partie inal- téré après de longues périodes, son action n’a pas de raison de s’atténuer rapidement avec le temps. En même temps qu'ils fixent l'oxygène libre, les corps autoxydables manifestent souvent certaines réactions secondaires, des condensations en général, qui se tra- duisent extérieurement par diverses modifications de l'apparence du produit. C’est ainsi qu'il se produit des changements de teinte, des précipités, de l'épaississe- ment, du durcissement, du rancissement,etc. En même temps qu ils ralentissent le phénomène primitif d’au- toxydation, les phénols ralentissent aussi les phéno- mènes secondaires dont il vient d'être parlé : le furfurol ne noircit plus, l’acroléine ne précipite plus de disa- ’ cryle, le styrolène ne se charge plus de métastyrolène, l'huile de lin se maintient fluide même si on l’expose à l'air en couches minces (trois ans d'observation), les corps gras ne rancissent plus, etc. Les auteurs se sont préoccupés de pénétrer le mécanisme de l’action anti- oxygène et ils exécutent actuellement des expériences en vue de vérifier l'hypothèse qui leur a paru la plus vraisemblable. D’ores et déjà ils croient pouvoir rap- porter cette action à une action catalytique. On remar- quera combien cette catalyse doit être active puisque, dans l’exemple cité plus haut (1/20.000 d'hydroquinone dans l’acroléine), une molécule d’antioxygène préserve de l'oxydation quarante mille molécules de corps autox y- dable, Les faits rapportés ci-dessus auront sans doute des répercussions dans les sciences biologiques, en rai- son de l'importance des phénomènes d’autoxydation chez les êtres vivants et aussi de la présence de com- posés phénoliques dans les divers organismes, Quelques conséquences apparaissent immédiatement, On ren- ‘ 128 contre des phénols très variés et en quantités impor- tantes chez les végétaux; le contraire est constaté chez les animaux. Or, les premiers sont des êtres à vieralen- tie, et par suite à oxydations peu intenses, tandis que les seconds, les animaux à sang chaud surtout, ont une vie active et des oxydations intenses. Les phénols ne joueraient-ils pas chez les premiers le rôle d'agents protecteurs contre une action trop vive de l’oxygène ? Des essais effectués en vue d'observer une action retar- datrice sur l’autoxydation de l’hémoglobine n'ont pas donné de résultats positifs. La cause en serait peut-être dans l’extraordinaire vitesse avec laquelle l’hémoglo- bine fixe l’oxygène : l’action des phénols serait trop lente pour donner des effets appréciables dans les conditions habituelles des expériences. Il est vraisemblable, toutefois, que les phénols doivent agir énergiquement sur quelque stade des processus d'oxy- dation chez les animaux supérieurs. L'on peut en voir une preuve dans leur toxicité, les phénols les plus actifs comme antioxygènes setrouvant être, en même temps,les plus toxiques,et les symptômes de l’intoxica- tion rappelant généralement ceux de l’asphyxie. La considération du pouvoir antioxygène pourra peut-être aussi fournir des renseignements utiles sur divers phé- nomènes biologiques tels, par exemple, que l’action antiseptique des phénols ou l’action physiologique de certaines toxines ou des venins, Enfin, en pharmaco- logie, l’action antithermique de certains médicaments recevra sans doute quelque éclaircissement de la notion d’antioxygène. D'une part, en effet, les phénols sont des antithermiques, et vraisemblablement le sont-ils parce qu'ils atténuent l'intensité des oxydations dans l’éeo- nomie, et, d'autre part, les antithermiques utilisés en thérapeutique sont des substancesaromatiques dont on a, dans plusieurs cas, reconnu la transformation dans l’organisme en composés phénoliques, ce qui est de nature à laisser supposer qu'eux aussi agissent, en dernière analyse, comme antioxygènes. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Séance du 21 Janvier 1922 MM. P. Slonimski et J. Zweibaum: Sur l'excrétion des colorants vitaux par les Infusoires. Les auteurs éta- blissent l’existence d’un rapportétroitentre l'apparition des granulations B el la formation des « perles ». En effet, chez les individus qui ont déjà éliminé le colo- rant et ne contiennent plus que très peu de granules B, ceux-ci réapparaissent lorsqu'on ajoute à la cul- ture de nouvelles quantités de colorant; on observe alors de nouveau l’excrétion des perles.— MM. L. Lau- noy et A. Falque : Pouvoir antitryptique normal du sang et choc anaphylactique. Dans le choc anaphylac- tique provoquant la mort en 4 ou 5» minutes, la valeur antitryptique du sérum sanguin ne varie pas sensible- ment, — M. A. Richaud: Sur le mécanisme physiolo- gique de la paralysie produite par l'arnica. Chez la grenouille, l’arnica amène la paralysie même dans un 4 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES membre postérieur qui a été entièrement ligaturé, à l'exception du sciatique. À la période d'état de la paralysie, le muscle et le nerf moteur sont directement excitables, alors que les excitations réflexes ne déter- minent plus aucun mouvement. On peut en conclure que l’arnica porte son action sur la moelle,dont elleabolit la conductibilitéetle pouvoir réflexe. —M.H.Busquet: Production d'arrêts cardiaques momentanés avec le chlo- rure d’'ammonium : Surle cœur isolé de lapin, une solu- tion nutritive avec ammonium, succédant à cette même solution sans ammonium, provoque un arrêt cardiaque momentané, présentant tous les caractères de l’inhi- bition par le nerf vague, mais attribuable à une action directe de l’ammonium sur le nerf vague. — MM.H. Car- dot et H. Laugier: Action des fortes concentrations salines sur le bacille lactique. Les fortes concentrations salines atténuent l’activité du ferment lactique; il est vraisemblable que ce procédé pourra être étendu aux microbes pathogènes, Cette diminution d'activité est passagère et disparaît sur les cultures petites-filles. L'action est peu marquée sur les cultures en état de vie ralentie. ÿ Séance du 28 Janvier 1922 M.F. Maignon : Sur l'absence de danger et les avan- tages de l'administration abondante de corps gras aux diabétiques acétonuriques en état de dénutrition azotée. Les sujets atteints de diabète spontané, dans la grande majorité des cas, digèrent, assimilent et utilisent par- faitement les graisses, et chez eux l’acétone diminue au lieu d'augmenter avec le régime gras lorsqu'on neutra- lise les effets hyperacides de celui-ci par l'administration de bicarbonate de soude. Parmi les nombreux diabéti- ques traités de cette façon, l’auteur n’a jamais enregistré de cas de coma. — MM. A. Tzanck et P. Vallery- Radot : Application pratique de la skeptophylaxie diges- tive à la prophylaxie des crises nitritoïdes. Pour éviter les accidents consécutifs à l'injection des arsénobenzols, les auteurs ont fait ingérer en série quelques gouttes de solution d’arsénobenzène à tous les malades ultérieure- ment injectés et ont obtenu dans 18 cas sur 20 un ré- sultatnettement favorable, —MM. H. Roger et L. Binet: Le pouvoir lipolytique (lipodiérèse) du sang artériel et du sang veineux. La lipodiérèse apparaît nettement dans le sang artériel conservé pendant 18 h. à 38° après adjonction de NaF ; la proportion des matières grasses diminue d’un tiers environ. Le sang veineux agit peu sur les graisses, en partie parce qu'il ne contient pas assez d'oxygène. — MM. A. Lanzenberg et L. Képi- now : Glande thyroïde et anaphylaxie. Les animaux thyroïdectomisés ne donnent pas de choc anaphylacti- que quand l’éthyroïdation a été totale et pratiquéeavant la sensibilisation. La thyroïdectomie pratiquée chez les animaux déjà sensibilisés n'empêche pas le choc. Le Gérant : Gaston Doux. —_—_——_——————————— Sté Gle d'Imp. et d'Ed., rue de la Bertauche, 1, Sens. dtmttdis détient 10 33: ANNÉE N°5 15 MARS 1922 Revue générale He Sciences pures et appliquées FonparTeur : LOUIS OLIVIER Dirgcreur : J.-P. LAN GLOIS, Professeur au Conservatoire national des Arts-et-Métiers, Membre de l’Académie de Médecine A dresser tout ce qui concerne la rédaction à M. J.-P. LANGLOIS, 8, place de l’Odéon, Paris. — La reproduction et la traduction des œuvres et des travaux publiés dans la Revue sont complètement interdites en France eton pays étrangers y compris la Suède, la Norvege et la Hollande CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE $ 1. — Astronomie Sur une représentation de la force d'inertie due à la rotation de la Terre.— La représentation suivante de la force d'inertie complémentaire due à la rotation de la Terre est parfois commode, par exemple pour voir comment elle va agir, pour orienter son effet par rapport aux points cardinaux, au zénith. Soit à la surface de la Terre un point T animé d’une vitesse rela- tive Vr. Soit C la force d'inertie complémentaire. C étant perpendiculaire à V- età la rotation «, c'est-à-dire à l’axe des pôles, cette force C « est située sur l'équateur Fig. 1. de la sphère locale etson angle horaire, c'est-à-dire sa dis- tance au méridien comptée du méridien supérieur vers l'ouest, est égal à l'angle horaire de Vr augmenté de 6h, HC=— 90°, C est pôle de PH, REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, | Exemples : Dans le cas d’un corps en chute libre, l’an- gle horaire du nadir étant 12h,celui de C est 18h; donc le corps est dévié vers l’est. De plus, dès que cette dévia- tion est commencée, la figure montre que deux autres déviations secondaires interviennent, vers le Sud et vers le haut dans l’hémisphère Nord. Dans le cas où la vitesse relative est horizontale, les formules de la Trigonométrie sphérique donnent immé- diatement pour la composante horizontale Cx : CH = 2 w Vrsin #. C est indépendante de la direction de V; dans l’ho- rizon,mais change de signe avec lalatitude +. La figure montre encore que, si un projectile est tiré dans l’ouest horizontalement, la portée est diminuée, qu’elle est aug- mentée s’il est tirée dans l’est, qu’il y a simplement déviation latérale s’il est tiré dans le sud ou dans le nord, F. Marguet. $ 2. — Art de l'Ingénieur L'utilisation de la force des marées en Grande-Bretagne. — La Grande-Bretagne — qui, pendant un siècle, dut à la richesse de ses houillères une grosse part de sa prospérité extraordinaire — se trouve contrainte aujourd’hui de chercher des éléments d'existence en dehors de ses ressources en- combusti- bles; la captation des forces hydrauliques, dont elle avait pu se désintéresser, la préoccupe maintenant de la façon la plus viveet, comme elle n’est pas très large- ment dotée à cet égard, elle songe aussi à réaliser pra- tiquement cette idée que seuls quelques théoriciens avaient caressée jusqu’à ce jour : l’utilisation de la forcé des marées. 130 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE ————————_—"—— C'est dans les environs de Cardiff, sur le canal de Bristol, que ses ingénieurs se proposent d'établir la première installation de l'espèce; le Severn forme en cet endroit, comme on le sait, un immense estuaire où les marées ont une amplitude beaucoup plus considé- rable qu’en aucun autre point des côles de la Grande- Bretagne, de telle sorte que les conditions y sont par- ticulièrement avantageuses pour entreprendre un essai de ce genre, et d'autant plus qu’à d’autres égards aussi l'exécution des installations est favorable à cel endroit. Aux syzygies la marée totale atteint, dans l’estuaire du Severn, jusqu’à 15 mères de hauteur; si les varia- tions avaient toute l’année une pareille amplitude, il n'est pas douteux que l'utilisation du flux et du reflux serait extrêmement avantageuse ; malheureusement, il n’en va pas ainsi ; de grands écarts se constatent et, aux quadratures, la hauteur moyenne est de 5 mètres seulement; la chute est donc considérable : elle ne dé- truit pas cependant l'intérêt du problème etla caplation des eaux reste des plus tentante. La grosse difficulté réside pourtant dans l'inégalité des mouvements sur lesquels on peut compter ; celle irrégularité est particulièrement nuisible par suite du fait que lesécarts varient de jour en jour et nese pro- duisent pas journellement aux mêmes heures ; si l'on pouvait accumuler les eaux, dans des réservoirs de ca- pacité suffisante, le mal ne serait pas grand ; mais celte solution est pratiquement impossible, parce que son application exigerait des sacrifices énormes, hors de proportion avec le résultat que l’on peut enattendre. Pour mettre cette solution à exécution, il faudrait en elfet non seulement établir de puissants barrages, mais encore installer un outillage de turbines et demachines électriques imposant : une partie pour produire directe- ment l'énergie nécessaire, une partie pour alimenter des pompes électriques refoulant l’eau en excès dans les accumulateurs hydrauliques ; on peut concevoir, à vrai dire, que des pompes centrifuges fonctionnent ensuite comme turbines, pour utiliser le retour des eaux; même ainsi simplifiée, l'installation resterait excessivement dispendieuse. Le Professeur F. C. Lea, qui s’est spécialement oceupé de l'étude de ce problème, estime que l’on peut évaluer à 95 °/0 le rendement des conduites et des tur- bines dans une installation de ce genre, à 95°/, celui des machines électriques, à 600/ celui des convertis- seurs, transformateurs el lignes de transmission, et à 80 °/, celui des turbines aux barrages, de telle façon que « si toute l’eau devait passer par les réservoirs accumulateurs, l’on n’obtiendrait à Fusine réceptrice pas plus de 32 à 38 */, de l'énergie disponible ». L'hypothèse envisagée en l’occurrence est celle d'un bassin de capacité réduite placé à une hauteur aussi grande que possible; on peut imaginer une installation à plusieurs bassins de grandes dimensions, disposés, par exemple, en cascade, et faisant travailler les tur- bines sous de faibles hauteurs de chute ; mais il est pro- bable que cette combinaison serait encore moins avan- tageuse que la précédente, au point de vue du rendement général, et qu'elle ne rendrait done qu'une fraction déri- soire de l'énergie captée,ce qui aurait pour effet de porter à untaux prohibitif les charges de capital affé- rentes à l’unité d'énergie utilisable. La meilleure disposition étudiée jusqu’à présent — c’est celle que préconisent les milieux officiels (Minis- tère des transports) — parait être d'employer, avec un réservoir d'accumulation surélevé, des turbines condi- tionnées pour travailler sous des hauteurs de chute variable; avec les hauteurs de chute à prévoir, les unités réalisables pourront avoir une capacité d’un millier de chevaux ; on envisage l'installation de quelques cen- taines de machines de ce genre, pour arriver à capter une puissance totale de quelque 500.000 chevaux. Pour restreindre au minimum la capacité du réservoir nécessaire el pour pouvoir faire concourir les turbines du barrage à l'alimentation directe des lignes de trans- mission, on sera toutefois obligé de recourir à des dis- positions spéciales; la combinaison à laquelle vont actuellement les préférences consiste à accoup'er les turbines à des dynamos à courant conlinuet à utiliser le courant de ces dynamos pour alimenter les moteurs de groupes convertisseurs, fournissant du courant aller- natif, pour l'alimentation de la ligne de transmission; on ne peut envisager l'accouplement direct des tur- bines à des alternateurs, parce que la fréquence et la tension des courants produits seraient trop variables. Le D° Wall a proposé de tourner la difliculté en pas- sant à l'emploi de courants alternatifs à fréquence moyenne (ou fréquence téléphonique, quelques centaines de périodes), de façon que la longueur des lignes de transmission corresponde approximativement au 1/4 de la longueur de l’onde de propagation; cé système ingé- nieux permettrait d'obtenir directement à l'extrémité des lignes de transmission un courant alternatif à ten- sion constante, utilisable sans difliculté pour les appli- cations thermiques(lumière, chaleur, elc.) et pouvant être converti sans peine, au moyen de redresseurs à vapeur de mercure, en un courant continu à tension constante utilisable par les applications de la force (traction, industrie, etc.). Cette adaptation d’uneidée étudiée depuis un an ou deux par les techniciens français est originale et les spécialistes britanniques la considèrent comme devant retenir l'attention; à vrai dire, elle est impuissante à réduire le nombre des turbines principales qu’exigerait la captation envisagée ; mais elle éliminerait une moi- tié de l'outillage que prévoit le projet officiel ; elle cons- tiluerait en outre une innovation hardie et qui marquerait probablement une étape nouvelle dans le développement de électrotechnique moderne. Henri Marchand. $ 3. — Métallurgie L'industrie duferen Franceen 1789 !. — Au début dela Révolution,70 1/,des usines sidérurgiques sont RER PRES OR 1. Ministère de J’Instruction publique. Collection de docu- ments inédits sur l'histoire économique de la Révolution française. L'industrie sidérurgique en France au début de la Révolution, par Hus:kr et GrorGes BourGiN. 1 vol. in-8, Imprimerie Nationale, Paris, 1920. — A. DEemancroN: La répartition de l’industrie du fer en France en 1789. Annales de Géographie, 15 novembre 1921, is à à bis né nt CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE groupées dans les deux régions de l'Est et du Centre : le long de la frontière Nord-Est, sur les plateaux de Champagne el de Bourgogne, en bordure des Vosges, en Franche-Comté, dans le Nivernais, le Berry et le Limousin. Ces deux régions représentent 85 à go ‘/, de la production totale, 50°/, pour celle de l'Est, 20°/, pour celle du Centre; la seconde apparaît par rapport à la première comme un foyer d'industrie métallurgique en décadence, d'origine beaucoup plus ancienne. Les autres groupes de moindre importance sont localisés en Nor- mandie, dans les Pyrénées Centrales et Orientales et en Dauphiné. A la fin du xvurre siècle, une usine sidérurgique exige pour vivre la proximité du minerai, du bois et de l’eau ; elle devait done rechercher, dans les régions forestières pourvues de minerai, les vallées dont lesrivières pou- vaient aclionner les soufllets et les marteaux. L’imper- feelion et le coût des transports limitent pour chaque usine le périmètre d'exploitation, aussi bien pour le buis que pour le minerai, de telle sorte que les installations sont nombreuses mais de faible importance chacune, On en compte 138 dans la Nièvre, 95 dans l'Isère, 72 dans la Haute-Marne, etc. ; le nombre desouvriers ne dépasse pas 20 à 30. : Dans les Pyrénées et l'Isère, on exploite des gites en place, des minerais en filon, par le procédé de la forge catalane, qui permet d'obtenir directement le fer. Par- tout ailleurs, onutilise les dépôts ferrugineux, superfi- eiels ou voisins de la surface ; la facilité de l'extraction fait pulluler les usines. Aussi, l’'approvisionnement en bois est plus impérieux que celui de minerai, etce’est plu- tot par manque de combustible que l'usine menace de s'arrêter. Les hauts fourneaux sont de gros consomma- teurs de bois, de sorte que, dès le début du xvrie siècle, l'Etat est obligé d'édicter des ordonnances pour régle- menter et ménager l'exploitation forestière. Les villes qui grandissent font concurrence aux usines sidérurgiques pour leurs besoins de chauffage, ce qui pousse à l’usage de la houille dans les régions où elle est connue. La fabrication souffre aussi de l'irrégularité du régime des eaux, des sécheresses, des inondations, des gelées ; elle se plaint de l’usage quiest fait des rivières soil pour la navigation, soit pour l'alimentation des canaux. Les diflicultés de transport, l'emploi également des forces hydrauliques rapprochent les usines de trans” formation des hauts fourneaux; chaque région sidé- rurgique réunit toutes les formes de travail du fer ; parfois même les ateliers voisinent ou se confondent avec les forges. La séparation se produit avec l’amé- lioration des transports; les usines de transformation vont alors s'établir dans des grandes villes, comme Paris et Lyon, dans des ports, comme Rochefort, Bor- deaux, ou dans des régions comme la dépression du Gier et du Furens qui bénéficie du combustible miné- ral et reçoit son fer de l'Est et des Pyrénées, Comme le remarque justement M. Demangeon, « le travail du fer ne représente pas pour la France, comme - pour l'Allemagne, l'Angleterre et la Haute Belgique, une forme traditionnelle de l’économie nationale, C’est plutôt dans l’art de tisser que la France excelle ». En niétallurgie, elle est tributaire de l’étrangeret lui achète 131 ce qu’elle ne peutimiter, C’est d'Angleterre que viennent beaucoup d'initiatives nouvelles, notamment la fabri- cation du fer-blanc et de l'acier ; Saint-Etienne imite Liége pour l’'étirage des canons de fusils. Nous produi- sons presque uniquement pour le marché national, en luttant même dificilement contre certaines importa- tions étrangères. L'exportation commence avec la cou- tellerie de Thiers, les armes et la quincaillerie de Saint- Etienne ; ce sont déjà des articles finis, bien travaillés, qui peuvent soutenir la comparaison avec les meilleurs produits anglais. Sauf quelques grands établissements, c’est la petite industrie qui domine, disséminée le plus souvent à tra- vers la campagne où elle reste en rapport avec le milieu rural ; le paysan devient ouvrier pendant l'hiver; le travail agricole et le travail industriel se soutiennent mutuellement, On peut déjà noter cependant quelques signes d'évolution, C’est d’abord l’emploi de la houille dans beaucoup d’usines ; partout où l’on peut se la pro- curer à bon compte, elle représente une grosse écono- mie sur le charbon de bois, Mais elle demeure exclue deshauts fourneaux, tant que l’on ne saura pas latrans- former en coke, à l’imitation de ce que l’on fait en Angleterre. C’est ensuite la fondation de l'usine du Creusot (1781-85), qui inaugure le nouveau régime industriel en métallurgie ; elle s’installe près d’un bas- sin houiller, remplace le charbon de bois parle coke, et les forces hydrauliques/par des « machines à feu », première application de l'emploi de la vapeur, « vrai cours d’eau artificiel », dit un document de l’époque, Enfin, la nouvelle usine bénéficie encore d’améliora- tions dans les transports : le canal du Centre s'ouvre à la navigation à la fin de 1793, et l’on installe la première voie ferrée de type anglais, composée derails de fonte, supportés par des traverses en bois et sur lesquels on fait rouler les wagons de charbon, En introduisant, d'un coup, tous les perfectionnements anglais, l'usine du Creusot a joué un rôle exceptionnel dans l'histoire de la métallurgie française, Pierre Clerget. $ 4. — Biologie La « castration parasitaire » des Arthro- podes. — A diverses reprises, les zoologistes ont décrit des Insectes ou des Crustacés offrant des modifications des caractères sexuels corrélatives à la présence d’un parasite. Dès 1879, J. Pérez signalait les curieuses inversions de caractères sexuels secondaires présentées par des Andrènes (Hyménoptères) des deux sexes, parasités par des Stylops. Bien que n'étant pas directement touchées, les gonades étaient plus ou moins atrophiées, Giard, à la suite de ses études sur les Crabes sacculinisés ?, attira l'attention sur les phénomènes de cet ordre et les ST ne PS el 1. Cf. Preure CLerGET: L'évolution de la sidérurgie francaise de 1864 à 1910, Revue générale des Sciences, 13 mars 1921. 2. Les Sacculines adultes se présentent sous lu forme d'un sac fixé à la face inférieure de l'abdomen d'un Crabe, L'étude de leur développement a démontré qu'elles appartenaient au mème groupe que les Anatifes et les Balanes {Crustacés cirripèdes). CHRONIQUE ET CORRESPONDANCEÉ PS Re EEE EE TE EU TT 2 réunit, en1887, sous lenom de castration parasitaire. | Sans méconnaître la complexité du problème, il admet- tait que « la modification des caractères sexuels exté- rieurs est le résultat de la lésion profonde des glandes génitales ». Il était tout naturel, à cette époque, de comparer les faits présentés par les Insectes et les Crus- tacés infestés avec les aberrations déterminéeschez les Vertébrés par la.castration expérimentale. Mais de semblables perturbations morphologiques sont-elles effectivement provoquées, chez les Arthropodes, par l’extirpation ou la destruction des gonades ? Des opérations de cet ordre ont pu être menées à bien chez les Insectes, notamment sur des chenilles, par plusieurs expérimentateurs !. Elles ont toujours donné des résultats négatifs, même lorsqu'on les faisait suivre de la transplantation des gonades du sexe opposé. Les caractères externes des Papillons châtrés ne sont nul- lement modifiés. D'autre part, Kornhauser a apporté, en quelque sorte, la contre-épreuve de ces expériences en montrant qu'un parasite : Aphelopus theliæ pouvait modifier les caractères sexuels secondaires d'un Hémi- ptère : Thelia bimaculata, tout en laissant les gonades intactes ?. La castration expérimentale des Crustacés semble présenter des difficultés pratiques insurmontables, mais les indications que cette opération pourrait procurer sont, en partie, fournies par diverses observations. Celles-ci s’accordent pour mettre en évidence l’absence de liaison entre les variations des caractères somati- ques et l’état des glandes génitales. L'étude de la castration parasitaire des Décapodes a été reprise par G. Smith (1906-1914), qui a montré que la présence d’un parasite modifie profondément le méla- bolisme général de l'hôte et peut ainsi influer, à la fois, sur tous les caractères sexuels, primairesetsecondaires. Dans certains cas, très significatifs, l’auteur a remarqué qu'il se formait, après le départ du parasite, des ovules rudimentaires dans les gonades d'individus mâles (Eupagurus excavatus, Inachus scorpio). La modifica- tion des caractères primaires était done postérieure à l'inversion des caractères secondaires. Récemment, R. Courrier #, examinant un grand nombre de Crabes sacculinisés, a constaté qu’il n’y avait aucun parallé- lisme entre le degré d’atrophie des testicules et l’impor- tance de la féminisation extérieure, J’ai pu faire chez des Cladocères des observations tout à fait concordan- tes. Certaines femelles de Daphnia atkinsoni, parasitées par une Microsporidie, étaient complètement stériles et les coupes ne laissaient plus distinguer aucune trace d’ovaire. Cette véritable castration parasitaire n’était pourtant accompagnée d'aucune aberration des caractères morphologiques externes. Par contre, dans d’autres lignées appartenant à la même espèce, On pou- vait trouver des individus femelles, plus ou .moins masculinisés, mais ayant des ovaires morphologique- ment etphysiologiquement normaux.L'étude des gynan- dromorphes et des intersexués montre, d’ailleurs, que ee —————— 1. Oudemans (1899), Kellogg (1904), Meisenheimer (1908), Kopec (1911). 2, Jour, of Morph., 1919, p. 531. 3. C, R. Ac. Se., oct. 1921. les caractères primaires et secondaires se modifient indé- pendamment les uns des autres, Les faits qui sont rapportés ici, auxquels on pour- rait joindre beaucoup d’autres, semblent bien établir que, chez les Arthropodes, l’apparition ou le maintien des caractères sexuels secondaires ne dépend pas, comme chez les Vertébrés, d'hormones sécrétées par les gonades ou par des glandes annexes, et qu’il ne faut pas se hâter d'étendre à tous les groupes zoologiques les con- clusions dégagées de l'étude d’un seul embranchement. R. de La Vaulx. $ 5. — Géographie et Colonisation Une préparation d’ascension du mont Eve- rest. — Malgré toutes les diverses diflicultés d'accès du massif de l'Himalaya, quiest la chaine de monta- gnes la plus étendue du monde et celle renfermant les sommets les plus élevés, de nombreuses expéditions ont déjà profondément pénétré dans cettezoneetelles en ont rapporté de très précieuses connaissances scienti- fiques, mais les points culminants n’ont pu être encore atteints. Actuellement un très important projet, qui a été organisé et est déjà entré en commencement d’exé- eution, a pour but d'effectuer l'ascension du plus haut sommet de tous, le mont Everest, et tout porte à croire que le magnifique résultat désiré sera obtenu. Le mont Everest a une altitude généralement estimée à 8.840 mètres! ; c’est le colonel Everest, directeur du Service géographique des Indes, qui, le premier, a pris la mesure de cette montagne et, pourcetteraison, son nom lui a été donné. Très couramment on voit attribuer à cette même montagne le nom de Gaurisankar, mais comme l’a montré le colonel Wood en 1903, ce nom appartient à un autre sommet distinct du premier et qui nedépasserait pas 7.143 mètres. C’est sur la fron- tière même séparant le Népal, quifaitpartie del'Empire anglais des Indes, du Tibet, pays qui dépend de la Chine et où on ne laisse guère pénétrer les voyageurs, que se dresse cette formidable cime. Aux difficultés physiques s’en ajoutaient donc d'ordre politique. C'est pour ce motif surtout que jusqu'ici l’on n’a pas fait por ter les essais d’ascension du côté de l'Everest. Les voyages d'exploration ont plutôt été dirigés dans le Népal même, vers les zones dominées par d’autres grands sommets, comme le Kinchinjinga, haut de - 8.580 mètres et situé également à la frontière du Tibet, On a aussi beaucoup exploré la chaine du Karakoroum, séparée de l'Himalaya par le cours supérieur de l’Indus, où se trouve le pic K? ou mont Godwin-Austen, la seconde cime du monde, haute de 8.620 mètres, après laquelle vient entroisième rang le Kinchinjinga. Mais ces sommets n'avaient pas davantage été atteints ?. Ce fut seulementaprès de longues négociations diplo- matiquesavec le Gouvernement de Lhassa que l’interdit 1. On lui a même assigné 8.882 mètres, De même, on trouve aussi quelques nouveaux chiffres indiqués pour les autres grands sommets. 2, Ne pouvant mentionner ici toutes les explorations déjà faites dans l'Himalaya, nous nous bornons à renvoyer à de précédentes indications données par nous dans la Revue: 1903, p. 801-802; 1907, p. 568-570. _coddith inbltiniiéél CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 133 permanent de pénétration fut levé et que l'Angleterre put songer à organiser l’expédition, Des tentatives déjà essayées en 1907 n'avaient pu aboutir. Pour avoir la cer- titude de pouvoir exécuter le projet dans des conditions favorables, il fallait obtenir ce consentement du Tibet, car c’est à travers son territoire, par le versant septen- trional dela chaine, quela montagne paraît être le plus facilement accessible. D'après le plan qui fut alors formé, on se proposait bien en effet de tenter l'ascension de l’Everest par le versant nord, car on avait toujours reconnu qu'au sud il était inabordable en raison de l'altitude générale de la région. Pour arriver à réaliser cette grande entre- prise, on envisageait avec raison comme nécessaire de faireune reconnaissance aussicomplète que possible du Tingri Maidan supérieur, dans le Tibet, et de toutes les régions entourant les pentes septentrionales de l'Eve- rest, afin d’en rechercher les meilleures conditions d'accès, C’est de Darjeeling que l’on comptait partir pour gagner le Tibet par l’une des vallées montantvers Kampa Dzong. Ce plan concordait avec celui déjàadopté à l’occasion du projet qui avait été formé en 1906-1907, mais auquel il n’avait pu être donné aucune suite. IL fut décidé que l'expédition comprendrait deux campagnes successives. La première, ayant lieu en 1921, devait avoir pour objet d'explorer tout le versant nord de l’Everest, afin de rechercher quelles pouvaient être de ce côté les voies d'accès possibles vers le som- met, et en même temps en quels points on pouvait établir pratiquement des dépôts de provisions et de matériel, La seconde expédition, guidée par les travaux de la première, devait, en 1922, tenter l'ascension. Il avait été décidé que la caravane comprendrait deux groupes : l’un composé de topographes, devant s’occu- per exclusivement de l'exécution de la carte ; l’autre composé d’alpinistes, devant prévoir tout ce qui con- cerne l’escalade, C'est le colonel Howard Bury qui a été désigné comme chef de cette grande mission anglaise. La première expédition est partie de Darjeeling les 18 et 19 mai 1921 en deux détachements, C’est le major H. T. Morshead qui était chargé du service topographi- que. L'expédition comprenait en totalité une douzaine de membres. Munie d’une équipe considérable, la mission avait pu transporter un matérieltrès complet pour toutes les observations géographiques et scientifiques. La route suivie fut la vallée de Chumbi, par le col de Jelep La et Phari, à l’est de la vallée de la Tista, mais elle était beaucoup plus favorable que celle-ci. De Phari l’expé- dition gagna Kampa Dzong, d'où elle se dirigea du côté de l’ouest vers le nord de l’Everest.Mais un petit groupe suivit en même temps la vallée de la Tista pour corriger quelques-unes des cartes du Sikkim. L'expédition poussa jusqu’à Tingri Dzong, qui est juste en face du versant nord du géant de l'Himalaya, Pendant le mois de juillet, tout ce versant ainsi que le nord-ouest ont été explorés avec le plus grand soin, mais ce fut une déception pour le colonel Howard Bury et ses collaborateurs d’être amenés à conclure que les versants nord et ouest du pic étaient impraticables pour une ascension. Ils avaient pu reconnaître eux aussi que du côté sud, également, il n’y avait aucun espoir de réussite. Il ne restait plus qu’à étudier la région de l’est. L'expédition quitta alors Tingri Dzong et alla s’ins- taller à Kharta, village situé dans la haute vallée de l’Arun, à 32 kilomètres de l’Everest, afin de rechercher les possibilités que pouvait offrir cette zone. Le 22 sep- tembre, six membres, avec 26 coolies, parvinrent à un col qui commande la haute vallée du Kharta Sangpo et qui est situé à 6,900 mètres, sur l’arête nord-estde l’'Eve- rest. Ils établirent leur camp à 7.200 mètres et, le sur- lendemain, après avoir franchi un glacier très acciden- té, trois des explorateurs parvinrent à prendre pied sur l’'arête nord-est du mont Everest lui-même. La voie d'accès était trouvée pour gravir le sommet, et la mis- sion est rentrée à Darjeeling tout à la fin d'octobre. Nousne pouvons donnerici un exposé détaillé detoutes les longues reconnaissances effectuées par cette expé- dition pendant près de six mois!, mais nous tenons à faire remarquer que ce furent de sérieusesexplorations ayant donné d'importants résultats géographiques et scientifiques, dont beaucoupintéressent la géologie. C’est ainsi, par exemple, que de grands glaciers ont été décou- verts, tel celui de Khombu, longde près de 20 kilomètres, au nord de l'Everest. Maisil a été fait aussi de nom- breuses recherches ethnographiques, zoologiques et botaniques. Une série considérable de photographies a été rapportée, Durant cette première campagne, l’expédi- tion britannique a exploré et cartographié un territoire à peu près grand comme la Belgique et complètement inconnu jusqu'ici. La seconde expédition, qui doit définitivement tenter cette année l'ascension, en se basant sur toutes les informations recueillies par la première, se prépare à partir incessamment. G. Regelsperger. 1. De nombreux détails ontété donnés dans le Times, le Graphic, le Geographical Journal, La Géographie. Voir aussi un important article de M. GHArLes RA8OT dans L'Jllustration, 29 octobre 1921. 134 S. VEIL. — LES ISOTOPES ET LA SPECTROGRAPHIE DE MASSE LES ISOTOPES ET LA SPECTROGRAPHIE DE MASSE Le problème de la constitution dela matiereest un de ceux qui n’ont cessé d'occuper la pensée scientifique depuis l'antiquité la plus reculée, et les conceptions ont grandement varié avec les époques, Au xx: siècle, après les immenses travaux des Dalton et autres créateurs des théories chimi- ques modernes, on connaît un certain nombre de corps simples ou éléments qu’on consi- dère comme indécomposables en constituants plus élémentaires. La matière, non divisible à l'infini, se réduit en dernière analyse à des particules très petites et insécables, nommées atomes. Les atomes se soudent entre eux pour former des 77olécules, Dans les corps simples, les molécules sont formées d’atomes tous de même nature. Dans les corps composés, des atomes d’espèce différente sont réunis dans la molécule, phénomène désigné sous le nom de combinaison. Chaque élément se distingue par son poids atomique ou masse chimique de combinaison, et nombreuses sont les systématiques essayées successivement pour rechercher si les valeurs des diverses masses atomiques sont reliées par une loi. Une tentative de ce genre, particulièrement intéressante, fut celle de Mendéléef, qui s’aper- çut qu’en classant les éléments par poids atomi- ques croissants, ils reprennent périodiquement des propriétés analogues. Le tableau dressé par Mendéléef comportait encore des places vides; certains des éléments manquants furent décou- verts plus tard, précisément avec les propriétés qu'il avait été possible de leur prévoir, et ce ne fut pas un petit succès pour la théorie. Les substances radioactives vinrent à leur tour et purent, elles aussi, se situer dans la classifi- cation de Mendéléef. Grâce aux lois de Soddy, les caractères de leur rayonnement suffisent pour déterminer, en même temps que leur poids atomique, leur numéro d'ordre dans le-tableau, c'est-à-dire leur 2ombre atomique. À ce moment, il ne s’agit plus seulement de combler des ca- ses vides, mais il y a encore surabondance d'élé- ments pour une même case. Plusieurs éléments de poids atomiques différents ont le même nom- bre atomique et possèdent, par ailleurs, des pro- priétés physiques et chimiques pratiquement identiques. C’est à de tels éléments que Soddy donne le nom d'isotopes. Ces circonstances remarquables, observées pour la première fois par Rutherford et ses élèves, modifient profondément notre concep- tion de l'atome. Toutela chimie radioactivecom- prend de nombreux isotopes. Le radium et le mésothorium Iforment un couple de cette nature: à part leur rayonnement, ilssont indiscernables et, une fois réunis, ils ne se laissent plus sépa- rer. l D'après les idées actuelles, qui envisagent l'atome comme un noyau positif autour duquel gravitent des électrons, les propriétés chimi- ques, qui ne dépendent que des électrons péri- phériques de l’atome, sont constantes dans un même groupe d'isotopes; au contraire, une pro- priété nucléaire, telle que le rayonnement, dif- férencie nettement les isotopes d'un même groupe. A l'appui de cette manière de voir, les décou- vertes de Moseley sont venues montrer qu'en effet les propriétés chimiques ne dépendent pas du poids atomique, mais de quelque chose que les physiciens modernes considèrent comme plus fondamental, le nombre atomique. Le nom- bre atomique d’un élément est le nombre d’uni- tés de charge positives du noyau de l’atome; il n’est done pas un simple numéro d'ordre. Dire que l'hydrogène, l’hélium, le lithium oecu- pent les trois premiers rangs, c’est dire que leurs charges nucléaires sont respectivement 1,2 et 3. * Les recherches de Sir J. J. Thomson apportè- rent une éclatante confirmation des vues de Soddy, en démontrant que l'isotopie n’est pas particulière aux éléments radioactifs, mais qu'elle se présente, au contraire, comme une propriété beaucoup plus générale. Les lecteurs de la Repue générale des Sciences :. ont été tenus au courant de ces travaux!. Rap- pelons-en brièvement les grandes lignes. Les rayons positifs, qu'on peut obtenir en arrière de la cathode perforée d’un tube à dé- charge ordinaire, constitués par des particules, molécules etatomes des gaz présents, so 1t capa- bles d’illuminer certaines substances fluores- centes et d'impressionner la plaque photogra- phique. Ils subissent, de la part du champ électrique'et de la part du champ magnétique, e (mr et Er e étant la charge d’une particule, » sa masse, # sa vitesse. Dans la technique de Thomson, où des déviations proportionnelles à 1. S. Veiz : Revue générale des Sciences, p. 664; 192. | S. VEIL. — LES ISOTOPES ET LA SPECTROGRAPHIE DE MASSE un champ électrique et un champ magnétique appliqués simultanément produisent des dévia- e tions rectangulaires, les points de même 7 Se trouvent sur une même parabole. La charge e étant connue comme la charge d’un ion où un de ses multiples, il reste, pour connaître 72 en valeur relative à partir d'une base donnée, à effectuer des mesures graphiques. On aperçoit immédiatement tout l'intérêt du procédé pour l'étude des isotopes, puisque cha- que espèce de particule trace sa parabole propre et se distingue ainsi de chacune des autres espèces de particules. Sur un échantillon de néon qu'il tenait de Sir James Devwar, Sir J. J. Thom- son remarqua que ce gaz inactif se comporte d'une façon anormale. Tandis que tous les élé- ments précédemment examinés donnent des paraboles simples ou paraissant telles, celle du néon est double. La courbe la plus brillante cor- respond grossièrement à un poidsatomique de 20, une courbe moins accentuée à un poids atomique de 22, le poids atomique chimique du néon étant 20,20, ainsi qu'ilrésulte des mesures de densité si précises de Watson. Il n’est pas possible d'attribuer cette ligne à un composé, et il faut admettre qu'elle correspond à un constituant élémentaire du néon jusque-là inconnu. Ce résultat est d'autant plus intéressant que le néon est l'élément le plus léger dont le poids ato- mique s’écarte notablement d’une valeur entière. * La méthode de Sir J.J. Thomson donnait déjà la solution d’un grand nombre de problèmes, Fig. 1. — Principe de la méthode focus de F,W. Aston. Cependant F. W. Aston se proposa de gagner encore en précision eten intensité par la concen- tration des rayons de chaque espèce en un foyer, Pour les rayons lumineux, dans les instruments d'optique, ce but est rempli, généralement, à l’aide de lentilles, et, dansle cas présent, on pou- 135 vait concevoir des analogues, lentilles électri- ques ou magnétiques, plateaux ou pièces polai- res de formes appropriées. Aston parvint à mettre au point un dispositif qu'il désigne du nom de focus et qui permet d’ob- tenir la convergence cherchée. Le schéma en est reproduit dans la figure 1. Voici comment l’auteur expose le principe de sa méthode : Le faisceau positif, étalé en arrière de la ca- thode en un spectre électrique au moyen des pla- ques parallèles P,, P,, peut, après son passage dans le champ électrique, être considéré comme provenant d’une source virtuelle Z, à moitié che- min dansle champ sur laligneS,S,.Diaphragmé en D, il passe dans l’entrefer d’un électro- aimant. Le champ entreles pièces polaires, figu- réesiciparun cercle, estuniforme ettel qu’ildévie les rayons dans une direction opposée à celle du champélectrique précédent. Soient @ et D les angles, comptés algébrique- ment, sous lesquels le pinceau derayonsestassu- jetti à traverser les champs électrique et magné- tique X et H. On a pour de petits angles, approximation suffisante en pratique : (PE à Ve SONT 01 ae TRS (2) m m let Létant les longueurs des parcours desrayons dans les champs X et H. Dans d’étroites limites déterminées par le diaphragme, @v? et ds sont constants pour tous les e : rayons de ee donné et l’on a: LRU db dv rm AN 0 UT En éliminant » entre les équations : d® _ db À T 2° Afin de voir le plus simplement possible comment cette relation peut être utilisée pour obtenir la convergence du faisceau, supposons que les angles, exagérés sur la figure, soient petits etquele champ agisse comme s’il était con- centré au centre O des pièces polaires. Si à est la longueur ZO, le groupe choisi s’étendra jusqu’à une largeur bd® de O, et à une distance ulté- rieure, la largeur sera: bd® + r(d@ + dd) — ae v 73 rs 3e 5)| G) Les déviations électrique et magnétique étant dans des directions opposées, @ est un angle négatif. Posons 6 — — ©. L'expression (3) s'annule pour une valeur de r telle que r(® — 20") — b.20", 136 équation qui apparaît correcte pour de larges pièces polaires. Par rapport aux axes OX, OY, le foyer a pour coordonnées 7 cos (® — 20") et 7 sin (d — 20) —= 1°, b. 20°, tant que la position du diaphragme reste fixée. Les foyers se trouvent alors tous sur la droite ZF, menée par Z parallèlement à OX, et si l'on place suivant cette droite une plaque RE TAN on ne ll. trs 15 56: mr 21 ln É : CR Ï l Î | HET FA LE è e Se Ce : et] LL LIRE j SITES #£zs LL EE à CS F (RE | = LAVE ae Rae TETE | £ ñ B # TP Ne te VI s Es 4 4 PRE NE VII — as a ÉS RE TT x IX (RE . et #7 sus S. VEIL. — LES ISOTOPES ET LA SPECTROGRAPHIE DE MASSE charge double, etc., à des molécules ne corres- pondent que des lignes du premier ordre; les atomes ont le privilège de pouvoir posséder des lignes d'ordre multiple. Cette règle, qui admet cependant quelques exceptions, est utilisée pour différencier les atomes des molécules. Les lignes de référence choisies sont d’abord $ Cl Il 5 Re FE] A + Re | | À - à F PÉSTRME NAT A Fig. 2. — Spectres de masse de quelques éléments. photographique ou un écran fluorescent de vwil- lémite, on obtient ce que F. W. Aston nomme spectre de masse des éléments considérés. Nous n’entrerons pas dans le détail de l’appa- reil. Parlons seulement de la facon dont les résultats se présentent. La figure 2 reproduit les spectres de masse de quelques éléments. Les spectres, lus au moyen despectres deréfé- rence parfaitement connus, sont interprétés au moyen dela règle empirique de Sir J. J. Thomson. L’éminent savant, dans sa méthode d'analyse de la parabole, remarque en effet surun très grand nombre de clichés que seuls les atomes sont susceptibles de porter plus d’une charge. Si donc on appellelignes du premier ordre celles qui se rapportent à une charge simple, lignes du second ordre celles qui se rapportent à une celles de l'oxygène, adopté comme étalon (masse atomique 16), et donnant, avec la ligne molécu- laire 32, les lignes atomiques 16 et 8 du premier et du second ordre. À ces lignes s’ajoutent celles du carbone et de ses composés oxygénés, c’est- à-dire les lignes atomiques 12 et6 de C, les lignes moléculaires 28 de CO et 44 de CO?. D’autres lignes de référence sont encore fournies par les hydrocarbures. L'ordre dans lequelles différents éléments sont examinés a son importance, car, dans la plupart des cas, il est impossible d'éliminer tel élément avant que le suivant ne soit introduit: Il est très difficile, soit par nettoyage, soit par épuisement, de rendre le tube à son état primitif; les gaz sont occlus dans les parois et ne disparaissent que graduellement, à la suite de décharges répétées. À . k S. VEIL. — LES ISOTOPES ET LA SPECTROGRAPHIE DE MASSE 137 Après l’étude de l’oxygèñe (P. A. 16 pris comme base) et du carbone (P. A. 12), Aston aborde celle du neon (P. A. 20,20), afin de pré- ciser les résultats de Sir J. J. Thomson. A partir d'un mélange d'oxyde de carbone et de néon, il obtientun spectre composé des lignes 10, 11, 20 et 22, ce qui confirme l'existence des néons Ne, et Nes», donnés ici par leurs lignes du pre- mier et du second ordre. D'après le calcul, ces constituants doivent se trouver dans le rapport de 90 à 10, ce qui semble d’accord avec l’inten- sité des lignes. Sur les spectres les plus nets, il y à en outre de très faibles indications d’une li- gne correspondant à un isotope de masse 21, qui doit encore rester douteux. Le chlore (P. A. 35,46), considéré ensuite par Aston, est étudié au moyen du gaz phosgène COCF. Son spectre se compose des lignes 35 . et 37, avec les lignes plus faibles 17,5 et 18,5; les premières appartiennent au spectre du pre- mier ordre du chlore, les secondes à celui du second ordre. Le chlore se révèle par suitecomme constitué par deux isotopes de poids atomiques 35 et 37, dont on ne peut jusqu’à présent fixer les proportions relatives. D’autres lignes appartien- nent à des composés des deux espèces de chlore: dans tous les spectres où le chlore est présent, on peut distinguer une faible ligne à 39 et il est possible qu'il s’agisse là d’un troisième iso- tope. Aston a retrouvé plus tard cesrésultats par une autre voie. Par élévation de la pression entre les fentes, il se forme des rayons négati- vement chargés dont on peut obtenir le spectre de masse en renversant le sens des champs d’analyse.Ces spectres, beaucoup moins intenses que les autres, ne montrent pour le chlore que les lignes 35 et 37; la ligne 39, trop peu marquée sur le spectre normal, ne pouvait être attendue ici. L’argon [P. A. 39,88 (Ramsay), 39,91 (Leduc)|}, examiné après le chlore, possède un constituant principal à 40, reproduitdans le second et le troi- sième ordre à 20 et à 13,33. Une faible ligne à 36 dénoteraitla présence d’un second isotope, qui devrait exister dans la proportion d'environ 30/,, pour rendre compte du poids atomique fraction- paire déterminé à partir de la densité. L’azote(P. AÀ.14,01) n’offre-aucune caractéristi- que anormale. Sa ligne atomique du premier ordre se confond avec la ligne de CH? et sa ligne moléculaire avec celle de CO. Sa ligne atomique du second ordre apparaît exactement à 7. L’azote se présente donc comme un élément simple, ce que son poids de combinaison faisait prévoir. REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES L’Aydrogène (P. À. 1,008) et l’héliwm (P. A. 3,99) ont été examinés à la fois et comparés parun artifice spécial d'encadrement, leurs lignes se trouvant dans une région très éloignée deslignes de référence. Le champ magnétique maintenu constant, on fait varier le champ électrique du simple au double : en opérant ainsi, toutes les masses dans le rapport de 2 à 1 viennent coïncider, Comme cette coïncidence serait malaisée à obser- ver, on ajoute, puis on retranche au potentiel le plus élevé un petit potentiel supplémentaire. On obtient un spectre où deux lignes se trouvent de part et d'autre d’une troisième, symétriquement si les masses sont bien dans le rapport de 2 à 1, ce qui arrive pour la molécule etl’atome d’hydro- gène.L’hydrogène est un élément puretson poids atomique est bien 1,008. La nature de H°, hydrogène triatomique, est établie sans aucun doute. La masse de He est inférieure à deux fois celle de H?, comme le pro- cédé d'encadrement le laisse voir (fig. 2). Le krypton(P. A.82,92) et le xénon (P.A. 130,2) sont aussi étudiés simultanément. Le krypton est .caractérisé par un groupe de cinq fortes lignes à 80, 82, 83, 84, 86 et une sixième faible à 78, groupe bien reproduit au second et au troisième ‘ordre,avec les mêmes intensités relatives. C’est là le premier exemple d'isotopes ne différant que d'une unité. Le xénon conduit à des résultats plus incertains. Ses lignes paraissent être au nombre de 5 et suivre la loi des nombres entiers. Son étude, reprise ultérieurementavecun échan- tillon contenant une plus forte proportion de xénon, montre en effet cinq lignes fortes à 129, 131, 132, 134, 136, avec de faibles indications à | 128 ét 130, donnant la possibilité de deux iso- topes complémentaires. Le mercure(P. AÀ.200,6) avait son spectre à peu près sur toutes les plaques, à cause de la présence constante de vapeur de mercure dans le tube, circonstance d’ailleurs avantageuse pour le fonc- tionnement régulier de la décharge. Le spectre du mercure révèle deux constituants à 202 et 204 ; on constate en outre une bande s'étendant de 197 .à 200. Signalons, en passant, que tout récemment la séparation partielle des deux isotopes du mer- cure a été tentée à Copenhague par Bronsted et Hevesy ; ces auteurs, en opérant soit par évapo- ration dans le vide et recondensation sur paroi extrêèmement refroidie, soit par effusion, sont parvenus, après un grand nombre d'opérations successives, à obtenir des fractions extrèmes dont les densités diffèrent de 1/2 0/0. Le Bore (P. A. 10,90), le fZuor (P. A. 19,0) et le silicium (P. À. 28,30) ont été étudiés ensemble. Aston utilise, additionné d’une grande quantité 2 138 S. VEIL. —.LES ISOTOPES ET LA SPECTROGRAPHIE DE MASSE EE — — — ————— — — —————]—————"—"—"————] —— ——]—]— —"—"—— —— de CO3, du trifluorure de bore, préparé à partir d'acide borique et de trifluorure de potassium. Ce gaz possède la bizarre propriété de faire revivre le spectre des gaz passés préalablement dans l'appareil; ceux du premier et du second ordre du krypton étaient tout à fait réapparus. Les lignes 10 et 11, visibles sur les spectres, sont des lignes du premier ordre du bore; elles ne sauraient provenir de néon régénéré, à cause de leurs intensités relatives et de l’absence de lignes du second ordre de cet élément; en tous cas, les lignes bien nettes 5 et 5,5, obtenues pour la première fois, ne peuvent être considérées que comme lignes du second ordre du bore. Il faut admettre, par conséquent, que le bore ren- . ferme au moins deux isotopes de masses ato- miques 10 et 11. L'intensité photographique relative ne s'accorde pas bien avec un poids ato- mique aussi élevé que 10,9. On pourrait songer à expliquer ce désaccord par la présence d’un troisième isotope à 12, masqué par le carbone, qu'on n’est pas encore parvenu à éliminer de la décharge. Cependant, cette hypothèse est mise en défaut par un cliché ultérieur, montrant une ligne très forte à 49 et une faible à 50 : la ligne 49 est due à B,,F? et la ligne 50, imputable à B,,F?, qui lui correspondrait, doit être considérée” d’abord comme une ligne du quatrième ordre du mercure. Aucune raison ne permet donc de pré- sumer l'existence d’un troisième isotope du bore. Pour le fluor, la valeur si exactement entière de son poids atomique laisse penser que cet élé- ment ne se compose que d’un constituant uni- que. Son spectre consiste, en effet, en une forte ligne à 19, avec une ligne du second ordre à 9,50. La ligne très faible vue à 20 est imputable soit à HF, soit à Ne,,, soit à À,, pour le second ordre. Le fluor peut donc être considéré comme simple. En remplaçant le fluorure de bore par le fluo- rure de silicium, on passe à l’étude du spectre du silicium. Cet élément possède un constituant prédominant à 28, un autre à 29 et peut-être un troisième à 30, le dernier assez douteux, car les lignes 30, 49, 68, 87 peuvent se rapporter à des composés hydrogénés et la ligne 15 est certaine- ment due à CH. | Tous ces clichés sont interprétés au moyen de la règle empirique de Sir J. J. Thomson énoncée plus haut, à savoir que les molécules portant plus d'une charge sont au moins extrêmement rares. Pourtant, le spectre obtenu avec BF* con: tient à 23,50 et à 24,50 deslignes pour lesquelles il ny a aucune possibilité d'explication, sinon qu’elles sont dues à des composés moléculaires multiplement chargés. Sans cette interprétation, la loi des nombres entiers est en question, et d'autre part toute hésitation est dissipée du fait que à 47 et à 49 se trouvent les lignes les plus intenses de la plaque. Ces dernières ne sauraient être regardées comme élémentaires; elles pro- viennent certainement de combinaisons du fluor, soit avec le bore B,, F?, soit avec le silicium Sig F, soit avec les deux. La ligne 33,50, qui est sans doute uneligne du second ordre de B,,F* ou Si,, F?, montre encore que les composés du fluor sont capables de porter double charge. Aussi loin que vont lesrésultats, le fluor est le seul parmi les éléments à posséder des molé. cules doublement chargées en nombre suffisant - pour produire des lignes du second ordre d’une intensité aussi élevée. L'étude du brome(P. A. 79,92), faite à partir du bromure de méthyle, conduit à des résul- tats très nets. On pouvait s'attendre à ce que cet élément fût simple, étant donné son poids ato= mique si proche d’une valeur entière. Au con- traire, d’après son spectre de masse, il est un mélange de deuxisotopes en proportions prati- quement égales. Le groupe caractéristique con- siste en quatre lignes 79, 80, 81,82. Les lignes 79 et81, de beaucoup les plus intenses, sont dues évidemment à des bromes élémentaires, résultat confirmé par les lignes du second ordre 39,5 et 40,5, sensiblement moins marquées. Les lignes 80 et 82 sont relatives aux deux acides bromhy- driques correspondants. Toutefois on ne peut regarder ces conclusions que comme très proba- bles, à cause de la possibilité de composés hydrogénés. Le soufre (P. À. 32,06), examinéaprès addition d'acide sulfureux dans le tube à décharge, se présente comme un élément simple avec les for- tes lignes 32 due à Set 44 due à CS. Il n’y a aucun indice d’isotope plus élevé, comme le suggère la valeurde la masse chimique de com- binaison. Le phosphore (P. A. 31,04) et l’arsentc (P. A. 74,96), étudiés à partir de l'hydrogène phosphoré et de l'hydrogène arsénié, donnent tous deux des résultats analogues. Quatre lignes sont visi- bles sur chacun des spectres, l’une due à l'élé- ment, les autres à des bydrures. Le phosphore et l’arsenic ne paraissent pas posséder d’isotopes, ni donner de lignes du second ordre visibles. Durant céès expériences apparaissaient de temps à autre sur les clichés des lignes difficiles à interpréter, trois en particulier à 5,33, 6,50 et 13,50. Avec le sélénium (P. A. 79,2), examiné à partir d'hydrogène sélénié, et le tellure (P. A. 127,5), examiné à partir de tellurure de méthyle, on ne del LE 1 DA NM: CAS patate S. VEIL. — LES ISOTOPES ET LA SPECTROGRAPHIE DE MASSE 139 parvint à aucun résultat, ce qui est regrettable, en particulier pour le tellure, à cause de la posi- tion anormale de cet élément vis-à-vis de l’iode dans la table périodique. Par contre, l’iode (P. À. 126,92), étudié à l’aide d’iodure de méthyle mélangé de CO? et de CH, fournit une ligne intense à 127, confirmée par une autre ligne à 142 due à CHI, et se présente comme un élément simple. L’antimoine (P. A. 120,2), étudié à partir d’hy- drogène antimonié, ne conduisit à aucune con- clusion, sans doute à cause de la grande insta- bilité de ce composé. Pour l’étain (P. À, 118,7), on rencontre égale- ment de sérieux obstacles, car le tétrachlorure d’étain utilisé attaque la graisse des robinets de l'appareil. Une seule expérience, laissant peut- être supposer l'existence d’isotopes de l’étain, n’a pu être répétée et n’est par suite susceptible d'aucune interprétation. Le tableau suivant résume les résultats que nous venons de passer en revue. TABLEAU I ET TE 5 ë É ë Ë É à M des isot ar ord - D «= £ Masse des isolopes orare ÉLÉMENTS El: Li: ÉÉS dinteneté A % s CE HE | 1 1.008| 1: 1 008 Hey. AE 3.99 1 4 B é SAT 10.90 2 11, 10 (17 DDETS 221 20 12.00 1 12 N TOI NE k 14.07 1 14 0 à 3 16.00 I 16 F + s1E9 19.00 1 19 No. -0..lnr0 20.20 2 20, 22, (21) Si rasé 28.30 2 28, 29, (30) P tnt LO] DE 31.04 I 31 S er |N167|06932706 I 32 Cl 3 117] 35.46 | à 35, 37, (39) A ..| 18 39.88 2 Lo. 36 INSEE SE F6 94.96 1 75 Br : .| 35 79.92 | 2 99, 81 Kr 36 82.92 6 84, 86, 82, 83, 80, 78 I ARE 53 | 126.92 I 127 SR NL F 129, 132, 131, 1 136, = Fe EE l i (128, 130?) : Eg 80 | 200.60 | (6) | (197-200), 202, 204 (Les nombres entre parenthèses ne sont que provisoires.) * X * La méthode suivie jusqu'ici, et qui a conduit Aston à de si brillants résultats, n'est cependant pas générale et ne permet pas l'étude complète des espèces chimiques. Elle ne convient, en effet, que pour la recherche d’éléments de tension de vapeur suffisamment élevée, ou capables de for- mer des composés stablesjouissant de cette pro- priété. Au premier groupe appartiennent les gaz élémentaires, au second des éléments tels que le carbone et le bore. Malheureusement la majorité des éléments, y compris tous les métaux, sauf le mercure, ne satisfont à aucune de ces condi- tions dans d’assez larges limites; pour les der- niers que nous avons mentionnés, la recherche devient très ardue et mène fréquemment à des échecs. Pour poursuivre ses investigations, Aston a quelque peu modifié sa technique en faisant appel auxrayons anodiques. À cette fin, il utilise comme anode une bande de platine recouverte d’un sel du métal à analyser et chauffée électri- quement par une batterie extérieure. Les expériencespréliminaires sur le phosphate desoude, faites avec la méthode deSirJ.J, Thom- son, offraient, malgré les difficultés, le grand avantage de produire les rayons du métal et non d’autres, ce qui élimine les ambiguités.Les lignes de l’oxygène ne pouvant plus alors servir de lignes de référence, c'est le sodium qui fut adopté comme étalon quand on eut mis hors de doute que cet élément est simple et que son poids atomique est exactement 23 sur l'échelle de l’oxygène. Avec un mélange des phosphates de sodium et de lithium, Aston et G. P. Thomson ‘obtien- nent une parabole intense à 7, une faible à 6, résultat confirmé indépendamment par les me- sures électriques de Dempster : le lithium est un élément complexe, ce que son poids atomique 6,94 faisait attendre. Les expériences furent continuées au spectro- graphe de masse, avec certaines complications expérimentales, en particulier une incertitude quant au réglage du champ électrique opti- mum. La ligne du sodium était toujours extrême- ment brillante. À partir d'un mélange desulfate de potassium, de bromure de potassium et d’un peu de phos- phate de sodium, on trouve pour le. potassium, de poids atomique 39,10, une ligne brillante à 39 et une ligne faible à 41. En ajoutant au mé- lange un peu de chlorure de rubidium, le rubi- dium se révèle par une ligne intense à 85 et une plus faible à 87, la relation d'intensité s’accor- dant assez bien avec le poids atomique accepté 85,45. En utilisant un mélange des chlorures de rubi- dium et de cæsium, on obtient une ligne repé- rée à 133, d’après les deux lignes du rubidium. Quand on emploie du chlorure de cæsium pur, cette ligne du cæsium reste unique sans indi- quer aucun autre constituant, en dépit de la valeur fractionnaire 132,81 du poids atomique. 140 S. VEIL. — LES ISOTOPES ET LA SPECTROGRAPHIE DE MASSE Ces derniers résultats sont condensés dans le tableau suivant: TABLEAU II EEE Masse Nombre É LÉ \ s 58 isotop ELEMENT ne noue Le pipe isotopes d'intensité mt | comment | moemeremennes | nement Li 3 6,94 2 9h 6 Na 11 23,00 1 23 K 19 39.10 2 39; 41 Rb 37 85,45 2 85; 87 Cs 55 132,81 1 133 En rapprochant ce tableau du tableau I, on voit que, à l'exception de K,, et de l’hypothéti- que CL,,, il n’y a pas d’isobares si, avec Soddy, on nomme sobares des éléments de caractères chimiques différents etde même poids atomique. L'enchevêtrement des poids atomiques est très curieux dans le cas des dix nombres entiers représentant les isotopes du brome, du krypton et du rubidium : Kr 78,Br79, Kr 80, Br 81, Kr 82, Kr 83, Kr 84, Rb 85, Kr 86, Rb 87. On peut aussi remarquer que, dans la majo- rité des cas, le poids atomique estpair ou impair en même temps que le nombre atomique, ce qui signifierait que,dans le noyau de la plupart des types d’atomes, le nombre des électrons est pair. # *X % De l’ensemble des résultats se dégage la con- clusion essentielle que, à l'exception de l’hydro- gène, les poids atomiques de tous les éléments examinés, et plus que probablement ceux de tous les éléments en général, sont des nombres entiers au degré d’approximation de l'expérience, c’est-à-dire à 1/1.000 près. Ce fait suggère à Aston une notion simple de la masse, voisine de l’idée originale de Prout, pour qui les atomes étaient tous formés d’un constituant unique. Pour Aston, les constituants sont de deüx sortes : l'atome d'électricité positive et l'atome d'électricité négative; le second a recu depuis longtemps le nom d’électron; au premier, véritable unité de masse, est réservé celui de proton. Comme nous l’avons vu, les propriétés chimi- ques d’un élément ne sont fonctions que de son nombre atomique, charge de son noyau expri- mée en fonction del'unité de chargee. Un atome neutre d’un élément de nombre atomique Naun noyau consistant en KN protons et K électrons, et autour de ce noyau se trouvent N électrons. A cette échelle, le poids d’un électron 0,0005 est négligeable, et KÆN est le poids de cet atome. Si aucune restriction n’est à apporter à la valeur de K, il y a possibilité d’isotopie. K ne saurait, en effet, être quelconque. Sauf dans le cas de l’hydrogène, il ne peut être infé- rieurà N, car le poids atomique d’un élément est toujours trouvé égal ou supérieur au double de son nombre atomique. Les valeurs de K sem- blent aussi supérieurement limitées, car on ne connaît pas pour un même élément deux isoto- pes différant de plus de 10 °/, du poids atomi- que moyen; la plus grande différence numéri- que est de huit unités dans le cas du krypton. Jusqu’à présent, il n’est possible de réduire à aucune loi les phénomènes d'isotopie. Les édifices atomiques peuvent être regardés. comme formés de protons et d’électrons. Un atome de masse /2est transformé en un atome de masse 72 + 1 par addition d’un proton et d'un électron. Si tous deux pénètrent dans le noyau, un isotope en résulte, car la charge du noyau reste inaltérée; si le proton seul y parvient, il se forme un élément du nombre atomique suivant. Au cas où les deux formes d’addition conduisent à une configuration stable, il se forme à la fois deux éléments isobares. D’après la théorie électromagnétique, la masse n’est additive que si les charges sont suf- fisamment éloignées les unes des autres. Cette circonstance se présente lorsque H? et H* sont formés à partir de H, dont le noyau consiste en un seul proton, avec un seul électron plané- taire. Dans tous les autres cas, les noyaux sont composés de protons et d'électrons très rappro- chés, et, probablement pour cette raison, la masse de ces structuresest inférieure à la somme des masses des constituants. Il serait peut-être excessif d’ailleurs d’atiri- buer à la règle des nombres entiers une rigueur mathématique, car il faut présumer que protons et électrons ne sont pas également serrés dans les différents noyaux. S, Veil, Docteur ès Sciences, F. WOLFERS. — L'ACTION BIOLOGIQUE DES RAYONS X lat L'ACTION BIOLOGIQUE DES RAYONS X ESSAI DE Dès le lendemain de la découverte des rayons X, de nombreux chercheurs ont essayé d'appliquer cette nouvelle forme de l'énergie rayonnante au traitement d’affections diverses. De longs et pénibles tâtonnements ont abouti, non sans faire de nombreuses victimes parmi les malades et les médecins eux-mêmes, à établir une technique asssez bien définie pour le trai- tementde certaines maladies. L'on a même ob- tenu depuis quelques années, par l'emploi des rayons les plus pénétrants etgrâce à une étude ap- profondie de leur absorption et de leur diffusion dans lestissus, des résultats très remarquables dans le traitement des néoplasmes. Pendant ce temps, au laboratoire, de nombreuses expériences furent entreprises en vue de préciser le mode d'action des rayons sur les diverses cellules ; mais, de ce côté, les efforts des chercheurs n’ont pas encore été couronnés de succès : la plupart des résultats publiés sont imprécis et contra- dictoires. Il noussemble qu’il serait possible aujourd'hui d'éclaircirun peule sujet et d'orienter les recher- ches futures, en précisant certaines notions, et en faisant intervenir des considérations théori- ques basées sur les récents progrès de la Phy- sique. I. — LEs DONNÉES ACQUISES L'état actuel de la question au point de vue biologique peutse résumer en un petit nombre de propositions !. On sait que : io Toute cellule vivante peut être tuée par une irradiation suffisante. 20 La « dose » de rayons nécessaire pour nécro- ser diverstissus dépend de la nature des cellules ; autrement dit, les différentes cellules sont d’une « sensibilité » aux rayons très variable. 30 L'action «in vitro» sur les ferments, les bactéries, les protozoaires, les bacilles patho- gènes, les globules du sang, les spermatozoïdes, est faible ou nulle; les résultats sont contra- dictoires. 4° Au contraire, certains de ces mêmes orga- nismes, considérés « én pipo'», ne semblent pas réfractaires aux rayons (leucocytes, bacilles tu- 1. Voir entre autres : Lepoux-LegARD et DAUVILLIER : « La physique des Rayons X », chap. vi. Paris, 1920, — Krœnic et Friedrich : « Physikalische und biologische Grundlagen der Strahlentherapie », Berlin, 1919. THÉORIE - berculeux dans les adénomes), tout en étant peu sensibles. 5° Les cellules jeunes, peu différenciées, et surtout en voie de prolifération, sont les plus sensibles en général (Bergonié et Tribondeau); l’action des rayons semble se concentrer sur- tout sur le fuseau chromatique, centre de l’activité caryocinétique, mais ce dernier ré- sultat reste discutable. 6° Enfin, des doses faibles peuvent exciter l’activité cellulaire; elles favorisent, d’après divers auteurs, certaines sécrétions internes, en particulier de la rate ; la germination des graines peut se trouver favorisée; le développement des néoplasmes est parfois accéléré d’une façon considérable par des radiations insuffisantes. L'on remarquera d’abord l’imprécision des notions employées, telles que la « dose »et la « sensibilité ». À rigoureusement parler, il fau- drait utiliser des rayons X de Zongueur d'onde déterminée, mesurer leur #ntensité par une mé-=. thode d’ionisation qui seule peut donner des résultats ayant un sens précis, évaluer la dose en multipliant l'intensité trouvée par la durée de l'irradiation, etenfin définir la sensibilité d’une cellule commeétantla dose exactement nécessaire pour la tuer. Des déterminations de ce genre n’ont encore jamais été faites soigneusement, à notre connaissance. Or il est possible aujour- d'hui‘, bien que diflicile, de connaître avec assez de précision l'intensité du rayonnement à une profondeur quelconque en fonction de l'inten- sité du faisceau incident ; la seule condition est que celui-ci soit homogène, c’est-à-dire composé d'une longueur d’onde unique. On pourrait done étudier avec précision les modifications de toutes sortes de cellules sous l’action plus ou moins prolongée de rayonnements bien connus. Un autre aspect du problème est le suivant: l’on s’est demandé si, « à énergie égale absorbée », les différentes longueurs d’onde constituaient ou non des « médicaments différents ». Posée d’une façon aussi vague, la question ne pouvait rece- voir de réponse nette, et les résultats publiés sont contradictoires. Et que faut-il entendre au juste par « énergie absorbée » ? Car on sait que l'énergie du faisceau incident est en 1. Voir DESSAUER : Archiv. für Gynehkologie, t. CXI, p.209; 1919. — G. Lièvre et F. WoLrErs : t. XXXII, p. 330; juin 1921, Rev. gén. des Sciences, partie diffusée en tous sens, en partie trans- formée en rayons secondaires de fluores- cence dont la fréquence est moindre, qu’en partie elle est transformée en énergie oinéti- que d’électrons émis par les atomes (photo- électrons), puis en énergie chimique, cealori- fique, etc. Tout ce qu’il semble possible d’aflir- mer, c'est que l'on n'a Jamais pu distinguer jus- qu'ici une frequence de rayons X ayant une action spécifique sur des tissus déterminés. Enfin, pour expliquer les faits connus,l’on n’a guère proposé encore. que de faire intervenir l’action ionisante des électrons photo-électriques émis par les atomes sous l’action des rayons X\, et analogues aux rayons 8 radioactifs. Cette hypo- thèse est jusqu'ici restée stérile; nous ne con- testons pas que le phénomène en question puisse jouer un rôle assez important, mais il ne nous semble pas que ce daive être le rôle essentiel. En effet, les électrons rapides que peuvent émettre les atomes légers qui constituent les tissus sont très peu nombreux!; et, bien que leur pouvoir ianisant soit considérable, un atome à peine sur 10!0 se trouve ionisé, D'ailleurs les ions formés se recombineront rapidement, et, en moyenne, l’état électrique du milieu ne doit pas se trouver influencé notable- ment. — Jl est plus vraisemblable d'admettre, conformément à tout ce qui va suivre, que, si les électrons et les ions produits ont une action biologique, c’est par l'intermédiaire de l’éner- gie qu'ils rayonnent au moment de leur arrêt ou de leur recombinaison. Tout ceci n'est bien entendu nullement en contradiction avec les beaux résultats de M. Zwaardemaker surl’action des matières radio- actives?, où interviennent des conditions très différentes. IT. — Essai pE THÉORIE Nous allons essayer une {théorie photochimique pourinterpréter l’action biologique des rayons X, et nous baser pour cela sur les idées de M. I. Perrin ; Dans toute réaction chimique, un pre- mier groupe À de particules se disloque pour faire place à un nouveau groupement B des mêmes’ particules.Il fautentendre le mot « réaction» dans le sens le pluslarge, en y comprenant les phéno- mènes d'ionisation, d'émission électronique, peut- être même de radioactivité, aussi bien que les 1. Voir entre autres: SapLer : Phil, Mag., t. XXII, p. 447 (1911), et WHippINGTon : Proc, Roy. Soc., t. LXXXV, p. 99 (1911). 2, H, ZwaarDemaker: Arch. Néerl, Physial., t. IV, p. 177; (1920). F. WOLFERS. — L'ACTION BIOLOGIQUE DES RAYONS X transpositions atomiques ordinaires. M. Perrin! admet que la dislocation est toujours accompa- gnée de l'absorption d’une certaine quantité h» d'énergie rayonnante de fréquence déter- minée »; le coeflicient À est une constante uni- verselle (constante de Planck) égale à 6,56.10—27. De même la recombinaison qui aboutit au nou- veau groupement est accompagnée de l'émis- sion d'un nouveau rayonnement de fréquence » en quantité hy. De la sorte, la réaction peut s’écrire hs +ATTB+ et la différence A(; —») représente la quantité d'énergie mise en jeu par la réaction. Cette théo- rie rend compte d’un très grand nombre de faits; en particulier, des phénomènes de phospho- rescence et de fluorescence en Chimie organique par exemple ; elle comporte une vaste générali- sation des faits connus en Photochimie, et fait comprendre de la façon la plus simple l'émission et l'absorption discontinue de l'énergie qu’en- visage la théorie du rayonnement de Planck, dite théorie des quanta. Cette théorie autrefois mys- térieuse joue un rôle prédominant dans toute la physique des rayons X. Pour ce qui suit, il nous suffit d'admettre que la théorie de Perrin s'applique aux principales réactions intracellulaires, la nature de ces réac- tions étant d’ailleurs totalement inconnue. Toute modification de l’activité cellulaire se ramène en dernière analyse à des changements dans l’état chimique de la cellule ; notre hypothèse consiste à voir là des phénomènes phatochimiques régis par les lois que nous venons de résumer. III. — ConsÉQUENCES Partant de ce point de vue, on conçoit d'abord sans peine qu'unecellulejeune en voie d’'accrois- sement, et surtout qu'une cellule en voie de division, — où les échanges nutritifs et toutes les transformations sont particulièrement actifs, — doivent être plus sensibles à l’action de rayons: pouvant causer des réactions perturbatrices. D'autre part, l'on ne peut admettre que les rayons X pénétrants dont on se sert pratique- ment puissentavoir une action directe : s'il en était ainsi, on devrait s'attendre à ce que seuls soient eflicaces les rayons de fréquence» bien définie, qui seraient susceptibles de provoquer des réactions dans les cellules. Or nous avons vu qu'aucun effet sélectif n'avait été observé. Dans ces conditions, il est naturel d'admettre que les facteurs de l’action biologique doivent 1. J. PERRIN : Ann. Phys. janvier 1919, F, WOLFERS. — L'ACTION BIOLOGIQUE DES RAYONS X 183 être recherchés parmi les radiations de fré- quence moindre, comprenant le domaine des rayons de Holweck, entre les rayons X les plus mous et l'ultra-violet, ainsi que l’ultra-violet lui-même. Ces rayons utiles appartiendraient notamment aux spectres K, L, M... des atomes contenus dans les cellules ; /e rôle des rayons incidents se bornerait à exciler ceux-ci par fluo- rescence, soit directement, soit par l’intermé- diaire des photo-électrons et des ions formés, lesquels rayonnent de l'énergie en se recombi- nant. Ainsi les rayons X ne seraient qu'un véhi- cule, permettant de porter dans la profondeur des tissus l'énergie génératrice de rayons de plus grande longueur d'onde ; ceux-ci, extrême- ment absorbables, sont utilisés presque sur place à des réactions chimiques intracellulaires !. Cette façon de voir est d'accord avec le peu qu'on sait de l’action biologique intense de l’ultra-violet. Elle rend compte du fait connu que le «rendement biologique» des rayons X décroit à mesure que ceux-ci deviennent de plus en plus durs : les rayons secondaires de fluorescence sont excités de plus en plus faiblement à mesure que la fréquence croît au delà de la valeur carac- téristique qui correspond à la résonance. De plus, les rayons incidents de fréquence infé- rieure à cette valeur ne doivent plus avoir aucune action nécrosante, et il en est bien ainsi des rayons lumineux et calorifiques. Il serait difficile, mais non sans doute impos- sible, de mettre en évidence l'action hiologique de ces rayons très absorbables, dont il ne reste sensiblement rien après un parcours d’une très petite fraction de millimètre dans la matière : l'on trouverait alors sans doute une sorte de spectre, excessivement complexe d’ailleurs, de rayons ayant sur les tissus certaines actions spécifiques. De telles recherches pourraient être entreprises avec des rayons ultra-violets mono- chromatiques. Nous pouvons aussi maintenant nous faire une idée du rôle important de beaucoup d'éléments présents dans les tissus vivants à l’état de traces. Toute cellule vivante se trouve en effet baignée dans le champ de radiation des substances radioactives qu’elle renferme, du potassium en particulier. Les expériences de Zwaardemaker ? ont démontré l'importance primordiale de ce champ de radiation. Là, tous les éléments, même peu abondants dans la cellule et qui n’exercent sans doute pas d'action chimique directe, doi- ventémettre par fluorescence leurs rayons carac- 1. Rien n'empêche d'admettre que lesrayons 4 ou & émis par les corps radio-actifs ne puissent avoir une action analogue. 2. Loc. cit. téristiques; ils pourront ainsi provoquer indi- rectement certaines réactions intracellulaires importantes. Le manganèse, par exemple, pour- rait donner lieu àdiver ses réactions réversibles allant d’un état d’oxydation à un autre, etcesréac- tions, réglées par la nature du champ de rayonne- ment, pourraient jouer un rôle essentiel dans la vie cellulaire. D’autre part, les cellules devront être d’autant plus « sensibles » que l'intensité des rayons fluo- rescents excités sera plus grande. Pour des tis- sus de constitution chimique identique et pour des rayons X de longueur d'onde donnée, cette intensité est proportionnelle à l'énergie absor- bée : c'est dire qu'à énergie égale absorbée (pour reprendre avec un sens’ précis les ter- mes critiqués au début) toutes les cellules seraient également sensibles si, avec la même densité, elles renfermaient les mêmes éléments dans les mêmes proportions, La sensibilité doit donc être régie par la présence plus ou moins abondante, par la concentration, de certains éléments dans la cellule. C'est là encore un nous veau terrain où des recherches précises seraient possibles. Ainsi Bœbe! a déjà signalé, dans des tissus cancéreux, un excès de potassium et une moindre teneur en calcium. D'autre part, on peut espérer voir aboutir de nombreuses tenta- tives entreprises en vue de « sensibiliser » aux rayons certains tissus pathologiques (cancers), en introduisant certains éléments, soit par la bouche (magnésium), soit par injections (collai- des), soit, comme le propose M. P. Girard, par l’osmose électrique. Nous pouvons encore rendre compte du peu d'action des rayons X sur certaines cellules, signalées plus haut, lorsqu'elles sont cultivées in pitro; cela par deux considérations : D'abord l'activité cellulaire se trouve alors ralentie. Puis surtout, #2 10, chaque cellule se trouve plongée dans le champ des rayons directs diffusés et des rayons secondaires émis par tous les atomes des cellules voisines, alors que ën vitro le milieu ambiant n'ayant pas la même constitution, elle ne reçoit, au moins pour certaines longueurs d'onde, que ceux qui se produisent dans sa pro- pre masse. De la sorte, la différence apparente des effets observés ne tient sans doute qu'aux différences réelles entre les champs de rayonne- ment employés. Enfin nous pouvons tirer encore une consé- quence de la théorie, qu'il pourrait être possible de contrôler. À l’examen radiologique, divers tissus de composition très voisine peuvent avoir 1. Proc. of the New York Pathol. Soc., 1904. 144 des opacitéstrès notablementdifférentes. Or cette opacité dépend de l'énergie absorbée; #7 doit donc y avoir parallélisme entre la sensibilité des divers tissus et leur opacité aux rayons. La couche de Malpighi, génératrice de l’épiderme et partieu- lièrement sensible, devrait paraître, si l’on fai- sait une « microradiographie », moins transpa- rente que les autres couches de cellules. Le simple fait que des tumeurs malignes sont sou- ventvisibles surl’écran du radiographe au milieu des tissusenvironpants de constitution chimique analogue, prouve qu’elles doivent être plus sen- sibles aux rayons X, c’est-à-dire qu’une radio- thérapie profonde des tumeurs peut être possi- ble, fait aujourd’hui acquis. De plus, à épaisseur égale, les diverses tumeurs devront être d’autant P. CLERGET. — REVUE DE GÉOGRAPHIE ÉCONOMIQUE plus sensibles qu’elles seront moins transparen- tes. Il y aurait donc lieu, à cet égard, de faire des comparaisons photométriques sur des radio- graphies de tumeurs. Dans tout ce qui précède, nous n'avons fait que transposer dans le domaine de la biologie les idées de la plupart des physiciens. Il va sans dire que, dans tout cela, il reste bien des indé- terminations, et bien des objections possibles. Cependant il nous semble qu'on pourrait en tirer, pour les recherches à venir, une orientation précise et sans aucun doute féconde, à condition de voir collaborer de près physiciens et biolo- gistes. F. Wolfers. REVUE DE GÉOGRAPHIE ÉCONOMIQUE LES NOUVEAUX ÉTATS DE L'EUROPE DEUXIÈME PARTIE! VIII. — Les Erars BALTIQUESs ? $ 1. — Lituanie, Lettonie, Estonie Ces troïs Etats sont formés de plaines légère- ment ondulées, portant les marques du passage des anciens glaciers : moraines, lacs,marécages. Un climat très rigoureux achève d’en faire des terres de rude effort; une faible proportion est cultivable; de sombres forêts de conifères en recouvrent une plus grandeétendue,de 20 à 40°/,. Le peuplement humain est clairsemé, la densité moyenne est de 30 habitants : zone incertaine, disputée, lieu de rencontres et de luttes formant transition entre trois mondes :scandinave,germa- nique et finno-slave.Ce sont des Slaves, à l'Ouest, et des Finnois, à l'Est, qui forment le fond de la population et ont su garder leur nationalité sous les sédiments ethniques apportés par les Scandi- naves et surtout parles Germains,venus comme missionnaires, colons ou marchands. La Russie fit la conquête de ces terres au cours du vin siècle 1. Voir la première partie dans la Revue du 28 février 1922. 2. J. Baunnes et C. VaLLAux : Les ambitions allemandes d'exploitation coloniale dans l'Orient européen. Revue hebdo- madaire, 28 novembre 1918, — A. MriLLer: Pologne et Lituanie; Ch. Seicwosos: La nation lettone. Travaux du Comité d'Etudes. II, Questions européennes. In-4, Paris, Imprimerie Nationale 1919.— J.Porror : Les quatre Républi- ques baltiques : Finlande, Esthonie, Lettonie, Lithuanie.1 vol. in-16, Bossard, Paris, 1922, — M. MarTna : L'Esthonie. Les Esthoniens et là question esthonienne. 1 vol, in-16, A. Colin, Paris, 1920, et c’est sur leurs côtes qu’elle ouvrit ses « fenê- tres » sur l’Europe; ce n’est qu’au début du xIx° siècle, avec la colonisation des steppes du Midi, que les ports de la mer Noire commencèrent à concurrencer ceux de la Baltique. La nature a fait ainsi de ces pays les courtiers et les transi- taires de tout le centre de la Russie et ils sentent si bien cette dépendance qu'ils ont été les pre- miers à faire la paix avec les Soviets. Les ports sont leurs plus grandes richesses naturelles. L'influence anglaise y est prépondérante; elle a remplacé l'influence allemande qui s’y est exer- cée pendant la guerre, avec l’appui des barons baltes, d’origine germanique et maitres de Ja richesse foncière. A.— Les frontières de la Lituanie ne sont fixées qu'avec la Lettonie et la Prusse orientale ; et encore, il est possible qu’on lui ajoute le petit territoire de Mœmel, enlevé à l'Allemagne et encore internationalisé à ce jour sous mandat français. La frontière avec la Pologne reste à délimiter, les deux pays revendiquant la région de Vilna, tous deux pour des raisons ethni- ques et sans que les tentatives de concilia- tion aient pu aboutir jusqu'ici. Il n’est donc pas possible de donner de chiffres pour la popula- tion et la superficie!.Ce qui complique justement 1. Le traité de Moscou du 12 juillet 1920, passé entre les Soviets et la Lituanie, et qui englobait la région de Vilna, délimitait une superficie de 85.000 kilomètres carrés et une population de 4 millions et demi d'habitants. dinà. Ce AA P. CLERGET. — REVUE DE GÉOGRAPHIE ÉCONOMIQUE 145 -leproblème,c’estque les Lituaniens sont aussi des Slaves, proches parents des Polonais, et comme eux en grande majorité de reli- gion catholique. La Lituanie forme un Etat pres- que entièrement continental, qui ne dispose sur la mer que du minuscule accès de Polangen; la cession de Mœmel, à l’embou- chure du Niemen, lui serait d'une grande utilité. Sa sécession a un moindre inconvénient pour a Russie, en raison de sa situation excentrique, que celle de la Let- tonie et de l'Estonie; c’est sur- tout avec la Pologne qu’il impor- terait pour elle d'entrenir de bons rapports de voisinage. La Litua- nie est avant tout un pays de culture et d’élevage, produisant surtout des céréales : seigle, avoine, orge, des pommes de terre, du lin dont la fibre et la graine forment une grosse part - des exportations. La Lituanie vend encore de la laine et des œufs, etle produit de ses forêts. L'industrie est peu développée et ne comprend guère que des fabriques de pâte de bois et d’al- s’accroîtra avec la réforme agraire votée en avril 1991, qui exproprie les grands domaines avec ata dQ Uleaborg lumettes, des distilleries, des brasseries. ; B. — La Lettonie a ses fron- tières entièrement fixées; de même que pour l’Estonie, son indépendance a été reconnue de Jure par la Société des Nations. Sa superficie atteint 63.000 kilo- mètres carrés et sa population est évaluée à deux millions et demi d'habitants. Les Lettons en repré- sentent plus des trois quarts; par leur origine, leurs coutumes, leurs caractères physiques, com- me par leur langue, ils res- semblent aux Lituaniens et for- ment un rameau de la même souche, mais ils sont en grande Fig. 1. — Les nouveaux Etats de la Baltique. (Le cliché de cette figure, extraite de La Géographie, t. XXXVF, p. 437, partie de religion protestante. La nous a été aimablement communiqué par la Société de Géographie.) minorité est formée d'Allemands, — commerçants ou grands propriétaires fonciers (ce sont les barons baltes). C’est la même économie rurale qu’en Lituanie, avec exportation de lin, chanvre, produits de l'élevage : viande, beurre et œufs; il faut y ajou- ter le bois et l'alcool. La production agricole indemnité, en laissant seulement 30 hectares à chaque propriétaire. La grande industrie avait commencé à s’ yimplanter, principalement à Riga et à Libau ; une partie du matériel et de l'outillage a disparu pendant la guerre, mais les usines se reconstituent, des branches nouvelles se créent, P, CLERGET. — REVUE DE GÉOGRAPHIE ÉCONOMIQUE comme la stéarinerie, la filature et le tissage de la laine, les produits chimiques et pharmaceuti- ques, la fabrication dela margarine. Les trois ports de la Lettonie prenaient en 1913 le quart du commerce extérieur russe et 62 0}, des exportations de lin et de filasse. Le plus importantest Riga, à treizekilomètres dela mer, sur la Dwina; c'était autrefois le premier port du monde pour les bois. Libau vient au second rang et Windau au troisième; tous deux sont libres de glace à peu près toute l’année et on travaille à procurer le même avantage à Riga. Pour bénéficier pleinement de ses avantages naturels, la Lettonie poursuit en même temps l'aménagement de ses ports et le développement de son réseau ferré, notamment en ramenant à l’'écartement normal des rails leslignes en com- munication avec les pays occidentaux. C.— L'Estonie s'étend sur 44.000 km? et compte un million et demi d'habitants; 90 °/, sont des Estes, c'est-à-dire des Finnois, proches parents des Finlandais et comme eux luthériens. Le reste comprend principalement des Russes et des Allemands qui étaient, comme en Lettonie, grands propriétaires fonciers, aujourd'hui sup- primés par la réforme agraire. j Les deux principales sources de revenus sont l'élevage et les forêts. L'Estonie approvisionnait avant la guerre Petrograd en produits animaux d'alimentation : viande, lait, beurre, fromage, œufs. Les terres cultivables n’occupent que 15°}, du total, consacrées aux céréales, à la pomme de terre et au lin. On signale des dépôts de schistes bitumineux. Les industries de transformation sont déjà nombreuses et variées : tissages de cotonnades, drapset toiles, corderies, usines métallurgiques, fabriques de pâte à papier, de meubles, papeterie, industries agricoles : mino- teries, distilleries, brasseries. L’exportation com- prend surtout les bois, le lin, les pommes de terre, le papier et la pâte à papier, le ciment. Ses ports jouent aussi un rôle important dans le transit russe, et principalement Reval, Port- Baltique, Pernau et Narva. Les trois Etats ont constitué une Union char- gée de défendre leurs intérêts communs, poli- tiques et économiques. Ils ont compris que leur entente était une nécessité vitale ; deux projets en cours d'étude concernent les relations doua- nières etl’unification des chemins de fer. $ 2. — La Finlande Plus évoluée que les autres républiques bal- tiques, la Finlande a proclamé son indépendance le 4 décembre 1917, et à la veille de l'armistice: elle était prête à se transformer en monarchie avec un prince allemand; la victoire des Alliés lui a évité cette tutelleétrangère. Sa population, qui atteint près de trois millicns et demi d’habi- tants, dépasse celle de la Norvège et du Dane- mark; elle est formée de S8°/, de Finnois et de 11°/, de Suédois, qui représentent l’élément pré- pondérant au double point de vue intellectuel etéconomique. C'est, d’ailleurs, de Suède que la Finlande a reçu sa religion et sa culture. Ce sont les voies d’eau et les bords de la mer qui ontle plus attiré le peuplement, et les villes ont aug- menté surtout en fonction du développement industriel. L'émigration s'était accrue, surtout depuis 1880, provoquée par la crainte de la cons- cription en Russie et par la pauvreté du sol. La Finlande, dont la superficie est de 373.600 km?, est un plateau cristallin, de faible altitude, à topographie glaciaire, dont les quatre cinquièmes sont recouverts d’un manteau morai- nique. Le elimat esttrès dur et cause de grandes variations dansles récoltes d'une année à l’autre. Le blé est rare; c'est le seigle et la pomme de terre qui dominent, puis l'avoine et l'orge. L’ex- tension des cultures vers le Nord est favorisée par le gain de température résultant des longs jours d'été dans la région du soleil de minuit. Dans les hautes latitudes, l'orge ne met que 63jours à müûrir, des semailles à la récolte. L'éle- vagea une grande importance; on compte plus d’un million de bêtes à cornes, et grâce à la eréa- tion de nombreuses laiteries coopératives le beurre s'exporte en Angleterre. À l'inverse des autres pays baltiques, la grande propriété y est rare et la plupart des paysans sont proprié- taires. Le climat et le sol sont favorables aux forêts, qui sont avec les chutes d’eau la principale richesse du pays. Les essences résineuses et le bouleau dominent; c’est ainsi que le bois etses produits de transformation représentent 75 % des exportations. Les forces hydrauliques sont évaluées à trois millions de chevaux, dont moins du dixième sont utilisés. La seule richesse miné- rale est le fer, qui alimente quelques usines métallurgiques. Des papeteries, des tissages, des minoteries complètent le bagage industriel de la Finlande. C’est un des pays qui comptent le plus de voies ferrées proportionnellement à la popula- tion. La marine marchande n’est pas négligeable, mais se compose surtout de voiliers, favori- sés par la richesse des côtes en ports natu- rels. P. CLERGET. — REVUE DE GÉOGRAPHIE ÉCONOMIQUE — Erars pu CAUGASE ! IX. La Transcaucasie est une région de transition mi-européenne, mi-asiatique, sorte d'isthme qui sépare la mer Noire et la mer Caspienne, et qui est limitée, au Nord, par la puissante chaîne du Caucase, etau Sud, par le plateau d'Arménie. Lepays se compose de deux plaines littorales qui se tournent le dos, de part et d'autre d'un 147 séparément plus nombreux queles Tatars. Aussi bien, est-il impossible de tracer des frontières sans éviter que chaque Etat n’englobe un grand nombre d'étrangers en abandonnant en même temps un grand nombre de ses nationaux.C’est d’ailleurs la même difficulté qui se rencontre dans tout le Proche-Orient et c'est pourquoi les pays du Caucase ne sont pas encore ofliciel- lement délimités. Kislovad COSAQUE 45 XKEb DA : DS En LMINGREE LIE KALMOUKS =} 2YEch À S . € se Tkvibouli dE TR ES RUES 04 = Borjom Trébizonde #7 Kars , TURQUIE ; PTS, D'ASIE Erzérour ARM ENIE ÆPAlexand { Re Hole à Lane ALERP E o 12 RASraan | | den Re ee. ma = où ou TÉREK = nù Srozny à E 0777 Es, Ÿ Mere = Hairtinéee, ) 1 4Creboky Cu TCHETCHÈNES nn M 777 y DA y un Us G, 4 07» D 7 D (77 7 AT Q Ur caca à, Eu, à Ve, N\ Q s Fig. 2. — Les nouvequx Elats du Caucase. chaîinon montagneux, orienté Nord-Sud. C’est une mosaïque de toutes les races qui ont peuplé l'Europe. Sur sept millions d'habitants, on compte un quart de Géorgiens, un autre quart d'Arméniens, deux millions et demi de musul- mans, comprenant principalement des Tatars, puis des Persans, des Turcs et des Kurdes. Au- eune nationalité et aucune race ne prédominent; tout au plus, malgré la dispersion, reconnaïit-on quelques foyers de concentration : les Géorgiens dominent à l'Ouest, dansles gouvernements de Koutaïs, de Tiflis, dans la province de Batoum ; les Arméniens, au Sud, dans les provinces de Kars et d'Erivan ; les Tatars, à l'Est, dans les provinces d’'Elizavetpal et de Bakou. Mais, à Bakou mème, les Russes et les Arméniens sont 1. P.G. La Cnesnais : Les peuples de la Transcaucgsie pen- dant la guerre et devant-la paix. 1 vol. in-16, avec 3 cartes. Bossard, Paris, 1921.— D: JEAN Loris-MéÉLiCor : La révolution russe et les nouvelles républiques transcaucasiennes. 1 vol, in-8, Alcan, Paris, 1920. — A. MriLLer : La queslion armé- nienne. Travaux du Comité d'études. Il. Op. cit. — F. P. RenauT : La situation politique en Caucasie. Revue des Sciences politiques, 15 octobre 1919. \ La révolution russe a provoqué, dès 1917, la for- mation en Transcaucasie de trois Républiques, correspondant à chacune des races dominantes : la Géorgie, autour de Tiflis; l'Arménie, autour d’Erivan; l’Azerbeidjan, autour de Bakou. Les deux premières sont chrétiennes; elles consti- tuent un poste avancé de la civilisation occi- dentale, tandis que la troisième, celle des Tatars, musulmans et d’origine touranienne, s'oriente naturellement du côté de la Turquie et de la Perse. Ces trois États, ainsi que celui qui a été formé par les montagnards habitant la pente nord du Caucase, sont actuellement recouverts par la marée bolcheviste, de telle sorte que leurs représentants officiels ont dù émigrer à l’étran- ger. Divisés avant l'invasion, ceux-ci se sont rap- prochés deyant le désastre commun et ont signé à Paris, le 44 juin 1921, un Pacte d'alliance défensive, politique et économique, encore plus nécessaire que celui des Etats baltiques, et d’après lequel ils formeront un territoire unique de transit, A. — La Géorgie, qui occupe la plaine littorale 148 de la mer Noire et une partie des pentes sud du Caucase,comprendl’ancienne Colchide, sirenom- mée pour sa fertilité et ses richesses minières, dont la Toison d'or représentait le symbole. Elle n’a point démérité aujourd’hui. C'est une région de climat méditerranéen, bien abritée des vents du nord par l'écran caucasien. Aussi bien, forme- t-elle un immense verger d'orangers, de citron- niers,d’oliviers et des arbres fruitiers de l’Europe tempérée ; c’est un des rares ilots où l’arbre à thé ait réussi en dehors du Moyenetdel'Extrême- Orient. Les vins rouges dela Kakhétie sont répu- tés. Les céréales sont cultivées partout, y compris le riz. Les plantes industrielles comprennent le cotonnier, le lin, le tabac, le mürier; la séricicul- ture y rencontre des conditions particulièrement favorables. Les forêts sont très répandues sur les pentes du Caucase et encore à peine exploitées; les essences les plus variées y sont représentées, parmi lesquelles le hêtre, le chêne, le noyer, le sapin, le pin, l'if, etc. Les minéraux utiles sont très nombreux et aussi peu exploités que les forêts en raison du manque de capitaux et de moyens de transport.Le fer, le plomb argentifère ont été reconnus, et on extrait déjà de la houille, du sel gemme, du cuivre etsurtout du manganèse. Les réserves de ce dernier minerai sontévaluées à un milliard de tonnes; on comptaitavant la guerre plusieurs centaines de mines en activité étla pro- duction représentait la moitié de celle du monde entier. Le pétrole est répandu tout le long du Caucase, mais encore inexploité ; les sources mi- nérales sont nombreuses. L'industrie indigène est des plus rudimentaire. L'isthme entier est traversé par la voie ferrée qui va de Bakou à Batoum et à Poti; de Tiflis, la capitale géorgienne, un embranchement se di- rige sur Kars et Erivan et se prolonge en Perse jusqu'à Tabriz. D’autres voies sont projetées de Poti à Novorossisk, en longeant la «riviera cau- casienne »,et de Tiflis à Vladikavkas, à travers le Caucase, par un col où passe déjà une route mili- taire. B. — L’Azerbeidjan s’adosse à la Géorgie, en bordure de la mer Caspienne : c’est une région aussi fertile que la précédente et de productions analogues; dans les vallées inférieures de la Koura et de l’Araxe, le riz, la vigne, le cotonnier, la sériciculture pourraient donner des résultats magnifiques. Mais les Tatars sont plutôt des pas- teurs que des cultivateurs; leurs préférences vont à l'élevage, et notamment à celui du mou- ton. Les pêcheries représentent encore une richesse mal exploitée. Maïs, au point de vue économique, l’Azerbeidjan est avant tout le pays du pétrole et celui d’origine de son emploi. P. CLERGET. — REVUE DE GÉOGRAPHIE ÉCONOMIQUE C’est là que furent faits, en 1823, les premiers essais d'industrialisation. Les gisements s’éten- dent tout le long de ia chaîne et se prolongent même au delà de la Caspienne, dans le Tur- kestan. On distingue trois groupes principaux d'extraction : 1) la région de Maïkop et du Kou- ban, qui s’étend jusqu’à la presqu’ile de Kertch; 2) la région de Grosny, qui expédie par Petrovsk (au moyen d’un pipe-line) ou par Novorossisk; 3) la région de Bakou. Les deux premières régions se trouvent au Nord du Caucase et dépendent de la République des montagnards du Caucase. La production de 1916 aatteint respectivement pour ces trois centres d'extraction : 49.000, 1.750.000 et 3.571.000 tonnes. C’est dire la prépondérance de la région de Bakou, fortement industrialisée et concentrée entre trois groupes financiers, dont le plus important est celui de la Société Nobel, représentant avant la guerre 40 °/, de la produc- tion totale. Un pipe-line de 15 em. de diamètre, long de 750 kilomètres, relie Bakou à Batoum, pour les expéditions sur l’Europe, indépendam- ment du transport par la voie ferrée en wagons- citernes. Mais la plus grande partie s’en allait en Russie, par Astrakan, en remontant la Volga dans de grands bateaux-citernes jaugeant jus- qu’à 9.000 tonneaux. Le pétrole y était le com- bustible le plus employé, et ceci explique la mainmise des Soviets sur cette industrie et l’oc- cupation qu'ils exercent sur les riches pays du Caucase. C.— L’Arménie est bien la plus représentative de ces nationalités du Proche-Orient qui confinent à l’Europe et à l'Asie et mènent une vie nationale européenne par leur religion et leur culture, sans pouvoir se dégager entièrement du despotisme et de l'anarchie, survivances asiatiques qui sem- blent être le lot naturel des pays d'Orient. L'Ar- ménie a des titres de liberté comparables à ceux de la Pologne et de la Bohême et même plus anciens.Sa population déborde de la Trans- caucasie russeet s'étend dans plusieurs vilayets d’Anatolie, principalement dans ceux d’Erze- roum, Van et Bitlis et partiellement dans ceux de Diarbékir, Mamuret-el-Aziz et Sivas. Maïs les Armériens ne sont en majorité dans aucun, ce qui rend la délimitation particulièrement dif- ficile, bien qu'il ne faille pas oublier que cette … situation est due en grande partie aux dépor= tations et aux massacres opérés par les Turcs. … Le sol de l'Arménie est un chaos montagneux, … une région de hautes terres dominées par des. sommets très élevés ; la « plaine d’Erivan » est à près de 1.000 m. d'altitude. C'est aussiun château d’eau, qui donne naissance à des fleuves impor- tants, comme le Tigre et l’'Euphrate, dont l’Ar- ‘P. CLERGET. — REVUE DE GÉOGRAPHIE ÉCONOMIQUE ménie n’occupe que les vallées supérieures. Cet isolement physique explique aussi le maintien de la civilisation nationale, mais, d’un autre côté, il en a retardé ou empêché l’expansion. Le climat est rude, avec des étés brülants et des hivers glacés; la culture n’est possible le plus souvent que par l'irrigation qui pourrait faire des vallées un immense verger; c’est ainsi que la plaine d’Erivan est un désert semé d’oasis. On cultive les céréales, le riz, la vigne, le coton et le tabac. Les richesses minérales sont mal connues et inexploitées ; on signale la présence de fer, cuivre, plomb, cobalt, pyrites, sel, charbon, pétrole; les sources minérales sont nombreuses, les forces hydrauliques, abon- dantes. Mais malgré ces avantages naturels, faute de capitaux surtout et de main-d'œuvre, l’industrie se réduit à quelques métiers consa- crés au travail du cuivre et du bois. Le pays manque aussi de voies et de moyens de transport et ne dispose pas d’accès à la mer. Une seule voie ferrée relie Kars et Erivan à Batoum par un long détour ; une ligne directe serait nécessaire en même temps qu'une route automobile reliant le centre du pays à Trébizonde. Après les Juifs, les Arméniens sont le peuple le plus disséminé de la terre. On les rencontre depuis l’Inde jusqu'aux Etats-Unis; ils ont des colonies importantes à Constantinople, Tiflis, à Bakou. Dans les villes du Proche-Orient, ils sont nombreux appartenant aux professions libé- rales, ou bien courtiers, commerçants ou ban- quiers. X. — LA Porocne! La résurrection de la Pologne a réparé une des plus criantes injustices du passé. Mais son absorption parses trois puissants voisins avait _été facilitée par l'absence de frontières naturel- les, par l'incapacité de l'Etat, par les abus d’une classe de grands seigneurs féodaux, par le manque de commerce et d'industrie. Ces rai- sons sont encore bonnes à méditer aujourd’hui, et notamment celle des frontières. Le mot polonia signifie plaine ; la Pologne se compose, en effet, d’une plaine immense qu’au- cun obstacle ne sépare des plaines germa- nique et russe, et qui n’a de limites naturelles que du côté du Sud-Ouest, là où les terrasses de la Galicie viennent s’appuyer à la muraille 1. D. V. Buctez : La Pologne et les Polonais. 1 vol. in-16, avec une carte hors texte. Editions Bossard, Paris, 1921.— La Pologne, revue bimensuelle, organe de l'Association France-Pologne, Paris, 7, rue de Poitiers. — M. FALLEXx : Les frontières de la Pologne. Travaux du Comité d'Etude. II. Op. cit. — Revue générale des Sciences, n° spécial du 30 noyem- bre 1921 consacré à la Pologne. 149 des Carpates. On peut lui appliquer l’épithète que Michelet ajoutait à l'Allemagne et parler de « l'indécise » Pologne. Ce fut et c’est encore sa faiblesse par la tentation qu’elle éprouve de s'étendre soit vers les confins russes, où sa fron- tière n’est encore que provisoirement fixée par le traité de Riga, signé avec les Soviets, soit du côté de la Lituanie, où l’attribution de Vilna n’est pas encore réglée. La Pologne doit regarder naturellement vers l'Ouest, du côté de son plus redoutable adversaire, tandis que sa frontière orientale, à la population mélangée et clair- semée,ne peut être qu'un glacis,une zone de contact et de transition. C’est, d'autre part, le pays d’un fleuve : la nation polonaise est grou- pée autour de la Vistule, depuis sa source dans les Carpates jusqu’à son embouchure dans la Baltique. C’est pourquoi il faut regretter que Dantzig, qui est à l'embouchure du fleuve, n'ait pas été attribué en toute propriété à la Pologne. La géographie proteste contre la décision d’en avoir fait une ville libre, qui deviendrait rapide- ment une ville morte si les Polonais se décidaient à créer un port sur le fragment de côte qui leur appartient, en le reliant à la Vistule. La vie économique est concentrée en grande partie sur deux zones de peuplement dense, par- courues par les deux grandes routes de commu- nication d'Ouesten Est : l’une au Nord, de Poznan à Varsovie par Lodz, l’autre au Sud, qui s’étend de la Silésie au Dniestr, par Cracovieet Lemberg. La Pologne est, avant tout, un pays agricole pratiquant également la culture et l'élevage. Ce sont les céréales et la pomme de terre qui domi- nent, accompagnées à l’ouest par la betterave à sucre, au centre par le houblon, et à l’est par le chanvre. La réforme agraire va augmenter les rendements en morcelant les grandes propriétés, répandues surtout à l’est el au sud. Les richesses minières sont abondantes et variées; elles sont presque toutes concentrées au voisinage des Carpates et du massif ancien de Bohême. La houille est répandue dans un bassin de 600.000 hectares, à cheval sur l’an- cienne frontière des trois Empires et dont la Haute-Silésie possédait 530/;. Avant la guerre, la Pologne russe produisait 7 millions de tonnes, la Pologne autrichienne, 9 millions, y compris 7 millions pour la Silésie de Teschen {dont le gisement a été attribué à la Tchécoslovaquie), enfin la Haute Silésie, 45 millions, Comme le Conseil de la Société des Nations vient de lui attribuer 80 ©}, de cette dernière production, la Pologne se trouve bien dotée au point de vue houiller. Elle ne l’est pas moins en ce qui con- cerne le pétrole, localisé en Galicie, le long des 150 P, CLERGET. — REVUE DE GÉOGRAPHIE ÉCONOMIQUE Carpates, et qui fournissait avant la guerre un million et demi de tonnes d’huile brute ; le sel, produit en grande partie par la même région, dansles mines célèbres de Wielizka et de Bochnia; les sels de potasse de la région de Kalisz ; les phosphates de Podolie, le minerai de soufre, la cire minérale ou ozokérite, dont la Galicie ren- ferme l'unique gisement exploité en Europe. Il faut ajouter à cela les minerais de fer, dont les plus riches sont en Haute Vistule, de zinc et de plomb, en Haute Silésie, de cuivre dans la région de Kielce. kr L'industrie s’est concentrée dans les régions de Sosnowice-Dombrowa, de Lodz, de Varsovie, de Czenstochowa. L'industrie métallurgique est localisée principalemeut sur le bassin houiller. C’est Lodz qui est le grand centre des industries textiles, du coton, de la laine, du lin et du chan- vre. Les industries du bois et de la terre — et notamment les fabriques de cimerit qui expor- tent, — les verreries, quelques fabriques de produits chimiques s'ajoutent aux industries agricoles de la sucrerie, de la minoterie et de la brasserie. Enfin le récent partage de la Haute- Silésie accroît notablement la valeur industrielle de la Pologne, en lui attribuant dans la produc- tion totale de cette région : 82 % de la houille, 510/, du coke, la totalité du zine et du plomb, 65,3 °/, de la fonte, 70,5 5/, de l’acier, toute la production de l’acide sulfurique, sans compter de grandes usines métallurgiques, la centrale électrique de Chorzow, qui fournit le courant à tout le bassin, et une grande usine de produits nitrés synthétiques. XI. — La nouvezze Russie! Une autre nationalité demande encore à se sé- parer de la Russie. C’est l'Ukraine. 11 est douteux que la Société des Nations en accepte la recon- naissance et prenne une responsabilité qui atteindrait gravement les sources vives de la Russie future dans son territoire, dans sa popu- lation, dans sa vie économique. L’Ukraine, c’est le pays des Petits Russes et des Ruthènes; elle rayonne autour de Kief,« mère des villes russes », à la fois ville sainte et cité industrielle.Ses limites sont des plus incertaines, elles ne correspondent nulle part à des accidents physiques ou à des divisions consacrées par le temps. Ni la langue, ni les caractères ethniques ne séparent nettement les habitants de leurs voisins, les Grands Russes. D'autre part, l'Ukraine, c’est avec 30 millions d'habitants la plus grande partie dela région des 1, E. HAumanT : Le problème oukrainien ; L, HAUTKCŒUR : Les rapports économiques de la Russie etde l'Ukraine. Travaux du Comité d’études. II. Op. cit. — Simon ZAGorskY : La Répu- blique des Soviets. Bilan économique.1 vol. in-8, P. Payot et Cit, Paris, 1921, terres noires, le pays du blé et de la betterave à sucre, où se trouvent le grand bassin houiller du Donetzetle riche gisement de ferde Krivoirog: la perte de ses ports sur la mer Noire viendrait s'ajouter pourla Russie à celle des ports Baltiques. Sans doute, elle pourrait encore vivre avec son seigle, mettre en valeur ses richesses minières de l’Oural et de la Sibérie. Mais, comme le fait observer M. Haumant, «l’unité russe a été le résul- tat d’un effort plusieurs fois séculaire ,etceteffort, c'est la géographie qui l’a imposé aux grands princes de Kief et aux tsars de Moscou. Des au- tonomies régionales sont possibles et même dési- rables dans cette plaine immense, mais vouloir créer des Etats, ce serait faire à rebours un pro- cessus historique qui a été civilisateur et, d’ail- leurs, inévitable. En affrontant l'Ukraine et la Russie, les Puissances prépareraient une guerre de récupération, analogue, sauflenom’à la guerre de Sécession des Etats-Unis, » Cette dernière perspective apparait évidem- ment lointaine, car l'application des principes communistes par le gouvernement des Soviels a ruiné pour longtemps la prospérité économique . de la Russie, sans que l’on constate, tant la masse du peuple est amorphe et inorganisée, aucune réaction contre ce régime. La Russie paye cher l'absence d’une forte classe moyenne, celle qui, ailleurs, fait les révolutions et les défait. Faute d’une intervention de ce genre, il faudra proba- blement attendre l’évolution du gouvernement actuel qui, d’ailleurs, est déjà commencée. Après avoir nationalisé la terre, les banques, le com- merce, les industries, les moyens de transport, les Soviets ont dù reconnaitre qu’ils avaient ruiné le pays et ses habitants. La Russie est devenue, comme l'Inde d’avantles chemins de fer, un pays de famines. L'Etat capitaliste a dû imposer à ses usines un véritable régime militaire, allant jus- qu’à la suppression du droit de grève, et malgré cela, la grande industrie disparaît de plus en plus. À l'inverse de ce quise passe dansles autres. pays d'Europe, on constate un exode urbain: la population des grandes villes diminue rapide- ment, tandis que les paysans, en tant que classe sociale el puissance économique, deviennent de plus en plus prédominants. Devant ces résultats, les Soviets évoluent; ils acceptent le principe de la propriété foncière; ils laissent le commerce se reconstituer, l'industrie privée se reformer ; ils font appel aux capitalistes étrangers pour repren- dre la mise en valeur des richesses naturelles. Mais ce qui retardera encore longtemps le relè- vement économique de la Russie — cependant si précieux pour l'Europe entière, — ce sera, d'une part, l’état des moyens de transport, en grande partie détruits, et, d'autre part, la situation finan- cière, à la suite de l'émission illimitée du papier- monnaie. Pierre Clerget, . Directeur de l'Ecole supérieure de Commerce de Lyon, dédnuss mûl ht luth nn 2 dd tintin nt À dés). BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 154 BIBLIOGRAPHIE ANALŸSES ET INDEX 1° Sciences mathématiques Czuber (Dr Emmanuel). — Die statistischen For- schungsmethoden.— Un vol. de x 238 pages avec 35 figures (Prix : 6o marks, plus les majorations). Seidel und Sohn, éditeurs, Vienne, 1921. L'auteur nous dit dans sa préface que c'est à l’appa- rition de l'ouvrage « An Introduction to the Theory of statistics » par G. Udnÿ Yule qu'il doit d’avoir eu l'idée d'écrire un ouvrage de même nature. Il écrit aussi qu'il a emprunté à M. Yule un grand nombre d'exemples numériques. Et en effet un simple coup d'œil sur la table des matières révèle ia presque identité des deux ouvra- ges dans leur composition générale. Ils se divisent cha- cun en les mêmes trois parties:1, Théorie des attributs. II. Théorie des caractéristiques variables, IK.Relations avec la théorie des erreurs. Et chaque partie est sembla- blement divisée dans les deux livres: par exemple la seconde partie (celle qui est plus particulièrement basée sur les travaux anglais, ceux de K. Pearson et de son école) contient, dans l’un comme dans l’autre, les sec- tions suivantes: 10 La courbe des fréquences ; 20 Les moyennes; 3° Le coeflicient de dispersion; 4° La théorie de la covariation (ou corrélation); 5° La pratique; 6° L'emploi du coeflicient de covariation; 7° La covaria- tion de plusieurs variables. Le Dr Czuber a cru devoir cependant modifier l'ou- vrage original anglais en y introduisant un nombre assez grand d’exemples numériques empruntés aux statistiques allemandes et autrichiennes et concernant des domaines variés d'application de la statistique. En résumé, on peut considérer son livre comme une adaptation de l’excellent livre de M, Yule, à l'usage des lecteurs de langue allemande. M. FRÉGHET, Professeur à l’Université de Strasbourg, Beghin (H.), Professeur à l'Ecole Nuavale. — Stati- que et Dynamique. Tomes 1 et 11. — 2 vol. in16 de 200 et 208 pages, avec 96 et 15r fig., de la Collection Armand Colin (Prix:5 fr. chaque volume). Librairie Armand Colin, Paris, 1921. Get ouvrage fait partie de la collection de petits livres édilés par la librairie Armand Colin et dont le but est de « vulgariser sans abaisser » les connaissan- ces les plus variées. , L'auteur s'adresse principalement aux jeunes gens qui se deslinent aux carrières industrielles. Mais il pourra tout aussi bien trouver des lecteurs parmi les personnes qui, possédant déjà une certaine culture scientifique, désirent acquérir des connaissances pré- cises sur la Mécanique, sans être obligées de se plonger dans de volumineux ouvrages techniques, dont la lon- gueur décourage et dont les détails masquent souvent les principes fondamentaux. e Certes, ces ouvrages de pure technique ont leur uti- lité, Mais il me semble qu'on ne peut les aborder avec fruit qu'avec un minimum indispensable de culture théorique. Et ceci est surtout vrai en Mécanique, car rien n’est plus dangereux que de se livrer à cetle science, si l’on n’en connail pas parfaitement les principes. Ceci n’est probablement pas l'opinion de nombreux mécaniciens d'atelier, qui, à la suite d’une longue pratique, ont acquis, en quelque sorte, le sens des phénomènes au milieu desquels ils vivent et aflichent ordinairement un souvérain mépris pour les théoriciens, qui ne savent même pas donner un coup de lime, ni tenir un burin, L'usage exclusif de la Mécanique intuitive conduit incontestablement à des résultats, qui, la plupart du temps, sont exacts. Mais, il peut conduire aussi, à pro- pos de phénomènes nouveaux, compliqués ou peu familiers, à des hérésies, dont les conséquences peu- vent être fort dangereuses, 1 On m'objectera que la Mécanique purement théori- que, dite Mécanique rationnelle, présente le grave défaut de n’aboutir, la plupart du temps, qu'à des résultats abstraits, sans utilité pratique, et que les professeurs chargés, en France, d'enseigner cettescience seraient à peu près tous incapables de faire foncltion- ner une machine dans une usine quelconque. Gela est parfaitement exact, car ces professeurs sont généralement des mathématiciens de profession. Mais cela prouve simplement qu'il ne suflit pas de connaître la Mécanique rationnelle pour s'intituler ingénieur, Après la théorie, vient la pratique et le bon ingénieur doit connaître l’une et l’autre, Il doit être également familier avec la Mécanique rationnelle et avec la Méca- nique intuitive, la première devant contrôler la seconde et lui venir en aide dans les cas difliciles. Je pense que cette est aussi celle de M. Béghin, car son livre, bien que s'adressant à de opinion futurs ingénieurs, garde toute la rigueur d’un ouvrage de mathématicien, sans s’embarrasser néanmoins d’au- cune considération philosophique sur les concepts de la Mécanique, cette science élant regardée, avant tout, par l’auteur, comme une science expérimentale. Le tome I commence par une étude sur la Géométrie ‘et la Cinématique des masses. Viennent ensuite les Lois de la Mécanique, très clairement exposées et, pour ter- miner, la Dynamique du point. Le tome II débute par un chapitre sur les mouve- ments oscillatoires. L'auteur expose ensuite la Statique des solides invariables, la Statique des corps défor- mables (fluides et fils parfaitement flexibles) et la méthode du travail virtuel. ‘Les chapitres suivants sont consacrés à la Dynami- que des systèmes (théorèmes généraux ; énergie, machi- nes ; dynamique des solides invariables). Viennent enfin un chapitre sur les chocs et percussions et, pour ter- miner, une note sur les sys{èmes d'unités. 152 BIBLIOGRAPHIE: — ANALYSES ET INDEX Il estimpossible, sous peine d’allonger démesurément cette analyse, de rendre compte d’une manière détaillée de l'énorme quantité de choses contenues dans ces deux petits livres, qui sont extrêmement bien docu- mentés. Outre les théories classiques de la Mécanique rationnelle, M. Béghin envisage une foule d’'applica- tions pratiques et industrielles, qui sont le plus sou- vent proposées comme exercices à résoudre. Leur grande variété et les indications précises qui les accom- pagnent prouvent que l’auteur n’est pas seulement un mathématicien, mais aussi un technicien distingué, très au courant de la science de l’ingénieur. On trou- vera dans son ouvrage une foule de renseignements sur les questions les plus diverses, et les professeurs de Mécanique eux-mêmes auront intérêt à puiser, pour leurs élèves, parmi les 464 exercices que comportent les deux volumes, car ces exercices présentent toujours un véritable intérêt mécanique et ne sont pas, comme on nous l’a si souvent reproché, des distractions de mathématicien. En outre, ils sont poussés, la plupart du temps, jusqu'à l'application numérique, avec des données vraisemblables, telles qu'on en peut rencon- trer dans l’industrie. L'ouvrage, par sa concision même, est évidemment d’une lecture un peu diflicile pour quiconque ne sait encore rien de la Mécanique. Il est à la portée d’un bon élève de Mathématiques spéciales ou de Mathématiques générales, en ce qui concerne, du moins, la compréhen- sion des théories, Pour ce qui concerne la résolution des exercices, je serai beaucoup moins aflirmatif, car nombre d’entre eux m'ont paru assez ardus, même pour un candidat au certificat de Mécanique ration- nelle. Cela tient à ce que l’auteur a voulu présenter, sous cetle forme extrêmement condensée, une foule de problèmes techniques, dont certains, tels que la stabili- sation gyrostatique, pour ne citer qu'un exemple, con- tiennent de sérieuses difficultés théoriques. Le lecteur qui s’imposerait de les résoudre tous y dépenserail une grande peine; mais, en compensation, le bagage acquis serait considérable et lui permettrait de lire avec facilité les ouvrages de pure technique aux- quels j'ai fait allusion au début de cette analyse. J. H44A6, Professeur de Mécanique à la Faculté des Sciences de Clermont-Ferrand. Villat (Henri). — Aperçus théoriques sur la Résis- tance des fluides. — 1 vol. in-8° écu de 101 p. avec 56 jig. de la Collection Scientia, n0 38 (Prix : 4 fr.). Gauthier-Villars et Cie, éditeurs, Paris, 1921. Dans le magistral Traité de Mécanique, d'Appel, la 3e édition du tome II est totalement refondue et 4o pa- ges de ce beau livre sont consacrées aux travaux de M. Villat et rédigées par M. Villat. Cet exposé se trouve élargi, complété par le volume que nous analysons de la Collection Scientia, déjà vieille et toujours jeune ! Ce volume n° 38 résume, dans une direction, les progrès de l'Hydrodynamique théorique en ces 20 dernières années, progrès dus à MM. CGisotti, Levi-Civita, Brillouin, et à M. Henri Villat, dans une suite de travaux originaux qui s’échelonne sur 10 an- nées (1911-21) et qui concerne le mouvement d’un fluide touchant un obstacle et le mouvement d’un solide dans un fluide. Questions ardues, même dans le schème simplifié du fluide parfait, discussions épineuses, puisqu'on rencon- tre et qu'on doit expliquer des paradoxes, ceux de Dubuat, de Dalembert, de Brillouin. L'œuvre de M. Villat est fortement originale; les cha- pitres 2,5, 7, 8, 9 de ce livre sont tout entiers de lui, et il a trouvé, d’ailleurs, un disciple distingué en M. René Thiry. M. Thiry, dans sa Thèse (Strasbourg, 1921), a fait l’étude systématique des indéterminations dont M. Vil- lat avait prouvé l'existence. Ces indéterminations,ces solutions multiples donnent l'impression que l’'Hydrodynamique est et demeure une science excessivement diflicile. Et je dois prévenir le lecteur qu’il faut être vraiment mathématicien pour lire M. Villat. Le « Certificat de Mathématiques générales » ne suflirait pas,car il ne comporte pas la représentation conforme, le principe de Dirichlet, les fonctions ellip- tiques, dont M. Villat fait usage, dès l’abord. Lorsqu'une question est diflicile, demande du savoir et du talent, les ignorants ont la ressource (dont ils abusent un peu) de dire : « c’est de la Théorie ». Félicitons ceux qui, comme M. Villat, font de belles théories, cadres nécessaires de la science en forma- tion ! - Robert »'ADHÉMAR, Ingénieur des Arts et Manufactures, Docteur ès Sciences. 2° Sciences physiques Einstein (Alb.). — L'Ether et la Théorie de la Relativité(Zrad. franc.par M. SoLovine).— 1 broch. in-8° de 16 p. (Prix : 2 fr.5o). Gauthier-Villars et Cie, éditeurs, Paris, 1921. Cette petite brochure d’une quinzaine de -pages est la traduction d'une conférence faite par M. Einstein à Leyde en mai 1920.L’auteur y étudie l’évolution de l’idée d’éther depuis la naissance de ce concept et essaye de dégager ce qui pourra subsister de cette notion au milieu du bouleversement général de nos idées qu'ap- porte la théorie de la relativité générale. Née du besoin d'expliquer les actions newtonniennes à distance, que l'esprit humain répugnail à regarder comme se transmettant instantanément d’un corps à un autre sans intermédiaire, l’idée d'éther a trouvé un point d'appui dans la théorie vibratoire de la lumière. On était arrivé ainsi à l'idée d’un éther quasi rigide, doué de propriétés bizarres calquées sur celles de la matière. 3 Le développement de la théorie de l'électricité fit évo- luer cette notion et on en arriva, avec Lorentz, à la dépouiller de la plupart de ses propriétés mécaniques. Au début de la théorie de la relativité, une tendance nette se manifesta, celle de rejeter entièrement l’idée d'éther. Les présentes considérations de M. Einstein marquentun pas en senscontraire. L'auteur montre que l'idée d'éthern’est pas incompatible avec la théorie dela relativité générale, qu’il est au contraire commode et LL mn mb es bete dre lt 6 à À RL Sn à te 2 mn BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX peut-être nécessaire del'introduire à condition de pous- ser encore plus loin les idées de Lorentz, de ne pas regarder l’éther comme constitué de parties repérables dans le temps et de ne pas lui appliquer la notion de mouvement. - Est-ce là le stade définitif de la notion d'éther? Il serait bien osé de l’affirmer et l’on ne peut guère s'empêcher de penser que la vraie solution, si on pou- vait y arriver sans contradictions, serait le rejet de cette notion dont l'utilité ne s’est jamais grandement fait sentir. R, Tuairy, Maitre de conférences à la Faculté des Sciences de Strasbourg. Burton (E.F.). — The physical properties of col- loïdal solutions (2° édition). — 1 vol. in-8° de 220 p. avec 18 fig. de la collection « Monographs on Physics » (Prix cart.: 12 sh. 6 d.). Longmarns, Green and Co., éditeurs, Londres, 1921. Nous avons déjà présenté, il y a quelques années, aux lecteurs de la Revue,la première édition du livre de M. Burton (voirla Revue générale des Sciences de 1916, page 532). La seconde édition diffère assez peu de la précédente. Le plan d'ensemble et la plupart des chapi- tres ont été conservés. Le lecteur y trouvera donc tou- jours la mine de renseignements intéressants et l’abon- dante bibliographie que nous avions signalées. Je rappelle que les principales questions traitées sont les propriétés optiques des colloïdes, le mouvement brow- nien, la cataphorèse, la coagulation des colloïdes. Les chapitres qui ont reçu les remaniements les plus importants sont : 1° le chapitre d'introduction, 2° celui qui traite de la coagulation des colloïdes. Les travaux récents ontélé partout mis en œuvre, et, en particulier, une étude critique des théories de la coagulation a été ajoutée à l'exposé des expériences. L'auteur n’a pas oru devoir déférer au vœu que nous avions exprimé en 1916, et qui était de voir alléger un ouvrage si touffu de certains développementshistoriques (histoire du microscope, histoire du mouvement brow- nien), qui restent d'un intérêt secondaire dans un sujet si vaste. Le mérite et l’utilité de son travail ne s’en trou- vent nullement diminués, et on ne peut que le recom- mander à tous ceux qui sont curieux de sé renseigner sur cette importante question. ” Eucène BLocn. Moureu (Ch.), de l’Académie des Sciences. — La Chi- mie et la Guerre. SCIENCE ET AVENIR. — 1 ol, de384 pages. Masson et Cie, éditeurs, Paris, 1920. Lelivre de M. Charles Moureua étérapidement connu du public et consacré par le succès. Aussi nous ne pré- tendons pas aujourd’hui le présenter au lecteur, mais nous voulons qu'il ait sa pläce dans cette bibliographie, et qu'il y soit enregistré comme un livre qui fait date. Il marque en vérité un temps dans l’histoire de la Chi- mie. Sans doute, avant la guerre, l'utilité pratique de la Chimie n’était pas ignorée, et de louables efforts étaient faits pour donner à l'industrie chimique plus de développement dans notre pays. Mais c’est la guerre des gaz, inaugurée par les Allemands en avril1915, qui a donné brusquement aux recherches et aux fabrica- tions chimiques un caractère de nécessité urgente et de vitaleimportance. Dans la lutte tragique qui s’estenga- gée alors, on sait que M. Charles Moureu et ses colla- borateurs ont joué un rôle de premier plan, Nul n’était donc plus qualifié que lui pour en écrire l’histoire, Elle est racontée d’une façon très vivante et très fidèle, Mais elle n’occupe guère qu’une cinquantaine de pages (sur deux cents) dans la première partie du livre. C’est que l’auteur a voulu par ailleurs mettre en lumière l'utilité générale de la Chimie dans tous les servicesde l’armée. Ni l'artillerie, nil’aéronautique, nil’intendance, ni le servicede santé ne peuvent se passer d'elle, Et c’est l’image de ce qui a lieu normalement dans la vie économique du pays. Aussi M. Moureu tire de là des leçons salutaires pour l'avenir. La seconde moitié de l'ouvrage dresse un remarquable tableau de ce que doit être dans la France moderne l’organisation du travail scientifique. Elle est écrite avec une conviction ardente qui appelle l’action. IL faut souhaiter que cet excellent livre se répande davantage encore, et dans tous les milieux. * A. Jos, Professeur au Conservatoire des Arts et Métiers, 3° Sciences naturelles Mendes Corrêa(A.A.), da Accademia das Sciencias de Lisboa, Professor da Universidade do Porto. — Homo (O8 MOoDERNOS ESTUDOS SÔBRE A ORIGEM DO Homen). — Un vol. in-12 de 320 p. avec 29 fig. Lumen (Empresa internacional editora), Lisboa, Porto, Coim- bra, 1927. L'ouvrage de M. Mendes Corréa intitulé « Homo » expose clairement les idées modernes sur l’origine de l'Homme. L'auteur, après avoir passé brièvement en revue les hypothèses récemment émises sur l’origine animale de l'Homme par Keith, Gregory, Elliot Smith, Wood-Jones, Klaatsch, Sergi, Sera, insiste sur l'absence de données précises, dans l’état actuel de nos connais- sances, en ce qui concerne notre type ancestral. Cet exposé est complété par un examen comparé des doc- trines évolutionnistes récentes de Weissmann, Mendel, Cope, Rosa, Osborn, Einstein. Les Singes fossiles comprennent, à côté des Lému- riens d'Europe, d'Amérique et de Madagascar, quel- ques Platyrhiniens et Catarrhiniens, mais surtout des types très variés d’'Anthropoïdes, bien connus aujour- d’hui à la suite notamment des travaux de Pilgrim et Gregory. La calotte cranienne de Pithecanthropus est morphologiquement intermédiaire entre les Anthro- poïdes et l'Homme, tandis que le fémur du Trinil aurait appartenu à l’Homo sapiens. L'Homme fossile le plus archaïque est le Palxo- anthropus heidelbergensis de Mauer, Après avoir briè- vement retracé la question de l'Homme de Piltdown, l’anthropologiste portugais étudie l’Jomo neander- thalensis et sa variété krapinensis, puis la série des formes du Paléolithique supérieur, Æ. aurignacensis, Grimaldii, spelæus et priscus de Combe-Capelle, Gri- 154 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX maldi, Cro-Magnon et Chancelade, Les gisements épi- paléolithiques et prénéolithiques d’Ofnet, de Mugem et de Salvalerra de Magos (Portugal) comptent: 1° des dolichocéphales méditerranéens ou ibéro-insulaires (A. afer taganus), qui rappellent l'A, aurignacensis par leur type physique et leur cullure ; 2° des brach ycé- phales comparables à la race cévenole ou occidentale (4. alpinus). Le problème de l'Homme pléistocène d'Amérique est encore en suspens. Le crâne de Boskop (Transvaal) présente des aflinités discutables, tandis. que celui de Talgai (Australie) indique une variété proto-australiana. a Les documents que nous possédons actuellement ne sont pas suflisants pour permeltre de reconstituer la phylogénie de l'Homme; ils ont néanmoins révélé l’exis- tence de formes de Primates fossiles plus généralisées que lestypes actuels et dont Dubois, Schlosser, Pilgrim, Keith, Gregory et Osborn se sont servis pour dresser des arbres généalogiques, malheureusement tous plus ou moins prématurés. Nous ne sommes pas davantage absolument fixés sur le mécanisme, les facteurs et les centres de l’anthropogénèse, quoique l'Asie soit le plus souvent considérée comme le berceau de l'humanité. La doctrine néomonogéniste deGiuffrida-Ruggeri voit dans l'humanité une espèce linnéenne, A. sapiens, dans laquelle la formation des races serait due à l’inter- vention de nombreux facteurs comparables à ceux qui ont déterminé la genèse des divers types d'animaux. Le livre de M. Mendes Corrêa, qu'illustrent une trentaine de figures dans le texte, offre une intéressante mise au point de la question des origines de l'Homme. 11 témoigne d’une solide documentation bibliographi- que. Cet intéressant exposé de vulgarisation fera certai- nement pénétrer dans les milieux cultivés de langue portugaise des notions scientifiques concrètes et pré- cises sur la Paléontologie humaine ; le lecteur s’y docu- mentera aisément sur l’un des grands problèmes qui préoccupent le plus les esprits curieux des choses du passé. L. JoLEAUD, Maitre de conférences de Paléontologie à la Faculté des Sciences de Paris. Paris (P.). — Faune de France. 2. Oiseaux.— 1 vol. in-8o de 473 p. avec 490 Jig. (Prix: Lo fr.). P. Leche- valier, éditeur, Paris, 1921. Il ya déjà quelques années, M. Paris publiait une clef dichotomique des Oiseaux d'Europe dont j'ai pu par l'usage apprécier l'utilité. Aujourd’hui c’est une faune ornithologique exclusivement française qu’il offre à nos zoologistes. L'ouvrage commence par üun résumé — à la fois suc- cinct et complet — de l’organisation des Oiseaux : l’au- teur passe successivement en revue le tégument, la morphologie externe, la mue, le squelette, la muscula- ture, le système nerveux, les organes des sens, la loco- motion, l'appareil digestif, circulatoire, respiratoire, la phonation, l'appareil urinaire, génital, l'œuf. A ces notions font suite quelques renseignements sur la bionomie des oiseaux, leurs migrations, leur classi- fication, leur distribution géographique et stratigra- phique, enfin la préparation des échantillons de collec- tion. Arrivé là, le lecteur attentif sait tout ce qui peut lui être nécessaire pour la détermination de ses spéci- mens et l’intelligence des diagnoses donttousles termes techniques ont été expliqués dans l'introduction. Une première clef dichotomique, fondée sur la mor- phologie de la podothèque et de la ramphothèque, con- duit au nom de la famille (parfois même déjà à celui du genre). Pour chaque famille a été élablie une clef qui conduit, elle, directement au nom spécilique, La clarté et la simplicité de ces tableaux dichotomi- ques tient à ce fait que les caractères invoqués pour la détermination des oiseaux sont très apparents et aisé- ment observables (taille, couleur, forme du bec, des pattes, morphologie des plumes, etc.). La partie iconographique du volume mérite elle aussi quelque attention : la grande majorité des espèces est figurée, non pas en entier, mais dans ce qu’elle a de plus caractéristique. C’est le plus souvent la tête qui est représentée, fré- quemment aussi la patte,parfois l’aile la queue,l'oreille ou le bec. Pour chaque espèce de notre avifaune, M. Paris nous donne non seulement les caractères morphologiques du mâle el de la femelle (aux différentes époques de l'an- née), mais aussi la description du jeune et celle du poussin à l’occasion. C'est là un des éléments les plus précieux de cette faune : tous ceux qui ont tenté d'étudier nos oiseaux français connaissent les diflicultés que l’on rencontre dans l'identification des jeunes, sou- vent très différents des adultes, et sauront gré à l’auteur des renseignements si précis qu'il donne à ce sujet. Ce n’est d’ailleurs pas tout, et, pour chaque forme, nous trouvons aussi des notions sur le nid,sonemplacement et sa composition, enfin sur la ponte, lenombre d'œufs, leur forme, leur taille et leur coloration. Quelques indi- cations sur la résidence habituelle et la répartition géo- graphique complètent la diagnose spécifique. Par l'abondance des renseignements qu'il contient;sa synonymie moderne et l'abondance des figures, celivre de M. Paris est appelé à devenir l'indispensable vade- mecum de l’ornithologiste français. Ta. Moon. Villemin (F.), Professeur d'Anatomie à l'Ecole de Médecine de Reims. — Recherches d'Anatomie comparée sur le duodénum de l'Homme et des Mammifères. — 1 vol. in-80 de 164 p. avec fig. (Prix : 18 fr.). 3° fascicule des « Archives de Morphologie générale et expérimentale ». G. Doin, éditeur, Paris, 1922. Au point de vue anatomique, le duodénum des Mam- mifères se distingue nettement du reste de l'intestin grêle par un certain nombre de caractères (fixité rela- tive, situation profonde). Mais cette individualisation du duodénum est-elle purement superficielle ou peut- elle aussi se justifier par sa structure et son rôle, tel est le but des recherches de M. Villémin, Son travail comprend trois chapitres. Le premier est consacré au duodénum de l’homme (adulte, enfant, embryon). Après avoir élabli que.la limite avec le Pr 9) BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 155 jéjunum est nettement marquée par un rétrécissement extérieur et, intérieurement, par une valvule, l’auteur montre qu'un étranglement, situé un peu au-dessus de l'ampoule de Vater, subdivise le duodénum en deux parties..La partie supérieure a une paroi épaisse; elle ne possède pas de valvules conniventes ; elle contient des glandes de Brünner ; les villosités y sont espacées et courtes; la vascularisation est assurée par l'artère hé- patique. La partie inférieure a une paroi mince, des valvules conniventes, des villosités serrées et hautes, de nombreuses glandes de Lieberkühn, mais pas de glandes de Brünner; ses vaisseaux viennent de l'artère mésentérique supérieure. « Le deuxième chapitre étudie le duodénum grand nombre de Mammifères. Chez tous existe la division en deux segments avec les mêmes carac- tères que nous avons vus plus haut; souvent même, la séparalion est beaucoup mieux marquée que chez l'homme. Le point où se fait celte séparation est in- téressant à préciser : lorsque les canaux biliaire et pancréatique s'ouvrent dans le duodénum au même ni- d'un . veau, la limite passe juste au-dessus de leur commun abouchement, Mais, lorsque ces conduits se terminent loin l'un de l’autre, cette limite est toujours située im- médiatement au-dessus de l'orifice du canal pancréati- que. Quant au canal biliaire, il s'ouvre en un point variable du premier segment, Le chapitre III, consacré à l'étude de la signification morphologique et fonctionnelle du duodénum, résume et interprète les faits précédents. M. Villemin montre que la différenciation du duodénum des Mammifères en deux segments est un fait primordial. Le segment est tout à fait caractéristique ; son existence est liée à celle des glandes de Brünner. La non-identification de celles-ci avec les glandes pyloriques, sur laquelle insiste longuement l’auteur, prouve qu'il ne se rattache pas à l’estomac comme on l'avait prétendu, À son niveau se manifeste l’action spécifique des glandes de Brünner (neutralisation du chyme gastrique, mécanisme sécré- _ toire de la sécrétine, début d'action protéolytique ?). Le segment inférieur est lié à la fonction pancréatique; sa structure le rapproche beaucoup du reste de l'intestin” grêle, Il est probable qu'à son niveau commence l’ab- sorption intestinale. Les lignes qui précèdent montrent que le travail de M. Villemin n’est pas un travail d'anatomie macroseco- pique pure, et c'est là son mérite. En étendant ses recherches à l’anatomie microscopique, à l’embryologie et à la physiologie du duodénum, l’auteur est arrivé à nous montrer d’une façon complète et précise la valeur morphologique de celui-ei. Hexrt V, VALLOIs, Professeur à la Faculté de Médecine de Toulouse. 4° Sciences diverses Brunschvicg (Léon), Membre de l'Institut. — Na- ture et Liberté. — 1 vol.in-18 de 162p. de la Bibliothè- que de Culture générale (Prix : 4 fr.). Librairie F. Alcan, Paris, 1921. Comme l’auteur l'indique très neltement dans son introduction, le but de ce petit volume est d'exposer une certaine conception de la philosophie. S'il existait une histoire étendue à toutes les doctrines quiont eu quelque influence effective et saisissant les relations de la pensée philosophique avec l’état des sciences et des techniques ainsi qu'avec les vicissitudes des sociétés politiques et religieuses, on pourrait « décrire avec exactitude le jeu d'actions et réactions entre les faits et les raisons, qui de la science et de l'action fait surgir les principes sur quoi elles vont s'appuyer », «La philo- sophie saura ce que les hommes ont cru; mais dumême coup elle dira pourquoi il y a certaines propositions qu'il est absurde d'affirmer encore, d’autres qu'il ne serait pas moins absurde de ne pas aflirmer... La phi- losophie, dans l'hypothèse où nous nous plaçons ici, résumera l'expérience de l'humanité pensante : celte expérience, après avoir par ses étonnantes variétés ins- truit le elinicien et diverti le dilettante, devra s’ache- ver en une épreuve de vérilé qui opérera le discerne- ment des valeurs, qui éliminera la diversité et les contradictions, pour ne plus laisser subsister que la seule unité. » Dans la première partie : «Les directions initiales de la pensée moderne », M.Brunschvicg étudie, à propos de Descartes et de Pascal, les deux courants antagonis- tes de rationalité et d’irralionalité qui, dès l'aurore de la civilisation moderne, se sont partagé l'empire des esprits. Dans la deuxième partie : « Philosophie de la na- ture », il s'occupe de l'œuvre philosophique d'Henri Poincaré!, des rapports de l’arithmétique avec la théo- rie de la connaissance, et des rapports de la conscience intellectuelle et de la conscience morale. Enfin dans la troisième partie : « Philosophie de la liberté » , par deux études qui, bien que datant de 1902 et de 1914, sont encore d'actualité, il met en regard l’idée de liberté dans l'éducation française et le concept de La culture allemande. La conclusion, consacrée aux rapports entre la religion etla philosophie de l'esprit, aurait pour ambition de montrer comment se résout le problème suprême de la philosophie pour qui est attentif à ne rien laisser perdre du long travail par lequel l'humanité, scrutant sans trêve, avec un scrupule croissant, ses motifs d'aflirmer et ses raisons d'aimer, a renversé les idoles de l'imagination et les rites de la tradition afin d'assurer la richesse de la vie intérieure. » Cetouvrage sera lu avec intérêt parles savants qui, ne se laissant pas absorber uniquement par la recherche scientifique, aiment à se tenir au courant du mouve- ment général des idées et se préoccupent de la valeur de la Science. Manrcez Durour, Professeur à la Faculté de Médecine d'Alger. 1. Cetté étüde a paru en septembre 1913 dans le numéro que la Revue de Métaphysique et de Morale a consacré spéciale- ment à Henri Poincaré. 156 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Seance du 6 Février 1922 (fin) 30 SGIRNCES NATURELLES, — M. G. Mouret : Sur la limite orientale du massif granitique de Millevaches. — M.Ph. Glangeaud : Le bassin nligocène effondré de Saint-Flour (Cantal)-Malzieu (Lozère). La Truyère miocène affluent de l'Allier. — M. Ph. Négris : Phases glaciaires en Grèce; leur relation avec le morcellement de l'Egéis. D'après l’auteur, le continent égéen n'aurait disparu qu'après la phase glaciaire la plus froide re- trouvée en Grèce, qu'il attribue au Rissien., La mer, lors de la submersion de l’'Egéis, avaient encore un niveau de 700 m. et plus. — M. R. Bourret: Les nap- pes dans le Nord-Est du Tonkin. — M. L. Dussault : Sur la géologie du Tonkin occidental. La structure du Tonkin occidental est symétrique. Dans l'axe, corres- pondant à une dépression synclinale, dirigée SE, est conservé un vaste lambeau d’une nappe qui forme les plateaux calcaires, sous lesquels et de chaque côté des- quels se rencontre une série gréso-schisteuse triasique avec de nombreuses intercalations éruptives. — M. E. Saïllard : Composition des betteraves sauvages. Des betteraves sauvages (c’est-à-dire qui n'ont été soumises à aucune sélection par la main de l’homme), provenant du Finistère, se sont montrées aussi riches en sucre queies betteraves industrielles. —M.R. Stumper : Vou- velles observations sur le venin des fourmis. La présence d’acide formique est constante chez les Camponotinae ; les Myrmicinae et les Dolichoderinae n’en sécrètent pra- tiquement pas. — M. A. A. Mendes-Correa : e l’asy- métrie du squelette des membres supérieurs. Sauf dans quelques rares éléments métriques, tels que l’indice de la diaphyse radiale, les recherches de l’auteur ne met- tent pas en évidence des différences concluantes entre les pièces du squelette des deux côtés du corps, — M.M. Doyon : /ncoagulabilité du sang circulant provoquée chez la grenouille par les injections d'acides nucléiques. Durée de la phase. Comparaison avec divers anticoagu- lants. Seuls les acides nucléiques sont vraiment efficaces comme anticoagulants chez la grenouille, La durée de leur action est de 24 h. — M. Ch. Richet, Mlle E. Bachrach et M.H. Cardot : L'accoutumance du ferment lactique aux poisons (spécificité, simultanéité et alter- nance). L'accoutumance des microbes à tel ou tel poison, transmise par hérédité, est spécifique, c'est-à-dire limi- tée au poison auquelils ont été accoutumés. La cellule microbienne peut s’accoutumer simultanément à deux poisons, el cette accoutumance à chacun de ces poisons est, dans certains cas au moins, aussi facile et aussi complète quand il y en a deux que quand il n'yena qu'un seul. Quand, au lieu de faire pousser simultané- ment les cultures sur les deux toxiques pour développer l’accoutumance, on alterne leurs cultures, l’accoutu- mance se produit encore, mais à un degré moindre que si l’action des toxiques était continue, au lieu d’être interrompue par des alternances. — MM. F. Widal, P. Abrami et J. Hutinel : Xecherches sur l'insufisance protéopexique du foie dans l'hépatite dysentérique. 11 semble que dans la dysenterie amibienne non seulement le foie, même lorsqu'il est le siège de lésions métasta- tiques suppurées, conserve l'intégrité de sa fonction protéopexique, grâce, sans doute, à la persistance d’un grand nombre de cellules hépatiques normales en dehors des foyers malades, mais que sa résistance même soit augmentée, puisqu'il peut supporter sans dommage des doses de certains toxiques, comme les arsénobenzènes, qui, en quantité beaucoup plus faible, suflisent à rendre déficiente la fonction protéopexique d’un foie normal. — MM. Alezais et Pegron : Sur l’'histogenèse et l'ori- gine des chordomes. Les observations des auteurs sur les chordomesont permis de retrouver dansles tumeurs les stades classiques de l’évolution de l’'ébauche chor- dale, d’abord creuse (canal chordal), ensuite pleine, mais encore indifférenciée, et enfin adaptée à un rôle de soutien. — M. E. Burnet : Sur un nouveau procédé de diagnostic de la fièvre méditerranéenne. C’est l’in- tradermoréaction faite avec une goutte de filtrat d'une culture en bouillon de Micrococcus melitensis. — MM. M. Léger et A. Baury : La musaraïgne, Crocidura Stam- pilii, et la peste au Sénégal. Cet animal ne propage pas la peste à distance, comme les rats, mais il constitue un réservoir local de virus, capable de créer de petites épidémies de cases. Séance du 13 Février 1922 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. M, Janet : Les caractères des modules de formes et les systèmes d'é- quations aux dérivées partielles. — M. W. Wilkosz : Sur un‘point fondamental de la théorie du potentiel. —M.E.Cartan: Sur une définition géométrique du ten- .seur d'énergie d'Einstein. À chacune des trois faces d’un parallélipipède élémentaire limitées par trois arêtes OA,, OA», OA, issues d’un sommet O, on peut faire cor- respondre trois vecteurs (R;), (R:), (R3), représentant les projections, sur les espaces perpendiculaires à OA,, OA», OA3, des trois rotations associées aux trois faces. La somme géométrique de ces trois vecteurs, multipliés respectivement par les longueurs (ou intervalles) OA, OA», OA, définit le vecteur cherché, tenseur d'énergie d’Einstéin. Ce tenseur est nul dans toute région vide de matière. — M. Auric: Sur la résolution d'une équa- tion linéaire indéterminée. : 2* ScreNCEs paysiQUES. — M. V. Dolejsek :. Sur les lignes Ka des éléments légers. Résultats des recherches de l’auteur sur les éléments Zn-Cl. — M. A. Dauvillier: Sur la complexité de la série K des éléments légers et son interprétation théorique. La série K possède jus- qu'à 10 composantes dans le cuivre; pour expliquer l'existence de certains satellites, l’auteur admet qu’ils proviennent de combinaisons entre denouveauxniveaux L de basse fréquence et le niveau K.— M. C. E. Guye : ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES : 157 Sur l'extension de la loi de Paschen aux fluides polari- sés. La loi de Paschen généralisée peut se mettre sous la forme [A]V — F(n,a), où [A] est une fonction de la pression du gaz. — M. Mercier : Sur la synchronisation harmonique des oscillateurs électriques. L'auteur mon- tre qu’il existe une tendance à la synchronisation chez deux oscillateurs simples ayant des fréquences voisines et entre lesquels il existe une liaison. Cette tendance se retrouve dans le cas où l’un des deux oscillateurs émet sur l’un des harmoniques de l’autre. On peut même étendre cette propriété à plusieurs oscillateurs en cascade, chacun d’eux étant accroché sur un des harmoniques du précédent. — M.R. Boulouch : Calcul des éléments qui déterminent un système centré formé par un nombre quelconque de surfaces. — M. A. Zim- mern : /nfluence de la température sur la sensibilité des émulsions en radiographie. L'accroissement de tem- pérature ne sensibilise pas d’une façon appréciable les émulsions vis-à-vis des rayons acliniques, mais au con- traire il augmente fortement leur sensibililé auxrayons X. — M. P. Pascal: Âecherche magnélo-chimique des constitutions en Chimie minérale. Les acides du phos- phore. Dans tous les dérivés incomplètement saturés, le diamagnétisme du phosphore ou des groupements oxyphosphorés est fortement atténué. Dans ces dérivés, le phosphore et les groupements oxyphosphorés pos- sèdent une individualité magnétique constante. — M.E. Decarrière : Sur le rôle des impuretés gazeuses duns l'oxydation catalytique du gaz ammoniac. Influence de l'hydrogène phosphoré. Mème à la dose infime de 1/5.000,000, PH figurant dans le mélange d'air et d'ammoniac comme unique impurelé se comporte comme un poison redoutable. — MM. C. Matignon et M. Fré- jacques : Sur la transformation de l'ammoniaque en urée. Résultats de l'étude statique et cinétique de la réaction, montrant l'influence favorable des tempéra- tures élevées. L’urée préparée est três pure et se sépare par une simple évaporation au bain-marie. — M. V. Thomas : Composé organométallique mixte de l'alumi- nium. Résultat d'observations faites il y a une dizaine d'années, que l’auteur publie à l’occasion de la note de M. Faillebin (v. p. 90). — MM. M. Godchotet P. Bédos : Sur l'oxyde du cyclohexène et l’o-méthyleyclohexanol. La réaction de CH* Mgl sec sur l’éther-oxyde de cyclo- hexène a fourni l’o-méthylçÿyclohexanol, Eb. 163°-1640, différent de celui obtenu par MM. Sabatier et Mailhe en hydrogénant l’o-crésol.,On se trouve probablement en présence des deux isomères cis et trans. — M, Alph. Mailhe : Nouvelle préparation d'amines cycloforméni- ques. L'auteur a préparé diverses amines cycloformé- niques par hydrogénation des cétazines des cétones cycloforméniques. — M. G. Meunier : Action d'acides minéraux sur les celluloses brutes; formation et destruc- tion concomitantes de réducteurs. Utilisation de sous- produits de cette destruction. Les acides dilués à chaud peuvent dégrader leslignocelluloses aussi profondément que les acides concentrés à froid, cela avec beaucoup moins d'acide, dans un temps plus court et avec la faculté de faire varier dans de larges limites les quan- tités absolues et relatives des réducteurs et de leurs produits de destruction, 30 SCIENCES NATURELLES. — M, Ch.Jacob: La struc- ture du Tonkin méridional. Avec des modalités de détail un peu différentes, la structure du Tonkin méri- dional est celle du Nord Annam. — Mlle Y. Boisse de Black: L’érosion rissienne dans les hautes vallées de la Cère et du Goul (Cantal). — M. P. Monnet: Sur le tremblement de terre italien du 7 septembre 1920. L’aire pléistoséiste, qui intéresse la Garfagnana, la Lunigiana et l’Apennin, figure dans son eusemble un ovale dont le grand axe est parallèle à ladirection générale de l’Apennin septentrional (SE-NO). Toutefois, la région des Alpes Apuanes fait pont dans cet ensemble et a été épargnée. — MM. C. et M. Schlumberger : Phé- nomènes électriques produits par les gisements métalli- ques. Les auteurs déduisent de nombreuses observations la conclusion suivante: Toule masse minérale qui pos- sède la conductibilité électrique métallique continue sur une hauteur suflisante et quiest enfouie dans le sol de telle façon que certaines de ses parties s'élèvent au- dessus du niveau hydrostatique, produit dansl terrain humide ambiant des courants électriques, observables par les différences de potentiel qu'ils entraînent, — M. P. Guérin: Le mucilage chez les Urticées. Le muci- lage se trouve largement réparti chez les Urticées et sa présence possible dans les divers organes de ces plantes constitue un caractère de réelle valeur, digne de s’ajouter aux particularités anatomiques (fibres, cys- tolithes) des représentants de cette tribu. — M. H. Jumelle: Les Neophloga, Palmiers de Madagascar. Ce sont de très petits palmiers, poussant généralement en touffes, à tiges grêles, avec feuilles à limbe simple fré- quemment et à pétiole très court, — MM. A. Guillier- mond et G. Mangenot: Sur la signification des cana- licules de Holmgren. Les canalicules ne sont pas des artefacts, mais représentent certaines phases du sys- tème vacuolaire, bien connues aujourd’hui dans la cellule végétale, encore ignorées dans la celluleanimale. — M. Eug. Bonnet: Action des sels solubles de plomb sur les plantes. Les plantes soumises à une forte dose de sel de plomb l’absorbent ; le métal absorbé se retrouve intégralement dans les racines. Tandis que l'absorption du plomb arrête la croissance des tiges, elle ralentit simplement celle des racines. — M. G. Bertrand et Mme M. Rosenblatt : Sur la variation de la teneur en man- ganèse des feuilles avec l’âge. La teneur en Mn présente un maximum dans la période de développement de la feuille, parfois dès l’apparition de celle-ci; elle subit dans la suite un fléchissement plus ou moins accentué. Souvent, on assiste à un relèvement final, tantôt faible, tantôt assez marqué pour que la proportion finale de Mn soit plus grande qu’au début, — MM. J. Rivière et G. Pichard : La stérilisation partielle du sol, L'arsé- niate de soude peut servir pratiquement pour stériliser partiellement un sol, afin d’en obtenir de meilleurs ren- dements (20 à 50 °/, de plus), sans qu'il soitnécessaire, temporairement, d'y faire apport d'engrais azotés, — M. C. Champy: Sur les conditions de la genèse de l'har- mozone sexuelle chez les Batraciens anoures. Les expé- riences de l’auteur permettent d'éliminer le tissu inter- stitiel comme élaborateur de l’harmozone testiculaire. — MM. Aug. Lumière et H. Couturier : Résistance des femelles en gestation aux chocs anaphylactiques et anaphylactoides. Cette résistance provient de ce que le volume de la masse sanguine est notablement augmenté pendant la grossesse, Si l’on pratique une saignée préa- lable chez les femelles en gestation, elles récupèrent leur sensibilité au choc; si l'oninjecte du sérum physiolo- gique aux mâles, ils acquièrent temporairement l’immu- nilé des femelles, — M.H.-J. Frossard: Les gymnas- tiques respiraloires et les épreuves de Valsalva et de Muller. L'auteur montre que seule est sans danger pour le cœur et les vaisseaux une gymnastique respiratoire à aspiration lente sans obstacles et à expiration sans pression sensible intrathoracique et sans vitesse à la sortie de la bouche, comme la réalise le chant de sons suflisammentgraves, faibleset prolongés. — M. Foveau de Courmelles : La radiothérapie combinée du sein et des ovaires contreles tumeurs du sein. Séance du 20 Fevrier 1922 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. Em. Borel : Sur les fonctions d’une variable réelle indéfiniment dériva- bles. — M. G. Julia: Les équations fonctionnelles et La représentation conforme. — M. G. J. Rémoundos : Sur le raccordement des lignes. et la courbe élastique plane. — M. R. Lagrange : Sur quelques applications du Cal- cul différentiel absolu. —M. B. Gambier: Correspon- dance ponctuelle entre deux surfaces avec échange des réseaux conjugués en réseaux orthogonaux etvice versa. — M. Frontard: Cycloïdes de glissement des terres. — M. J. Petitpas: /ravail dépensé dans l'usinage méca- nique du bois. Douze années de recherches ont montré à l’auteur que l'énergie requise pour l’usinage du bois peut être évaluée d’une manière rationnelle et mise sous forme de formules et de barèmes applicables aux diffé- rents cas. Tout le gros usinage peut se diviser en 2 ca- tégories : 1° le sciage sous toutes ses formes ; 2° lerabo- tage et opérations similaires. La variété des essences de bois se réduit à un petit nombre de cas-types, — M. P. Bourgoin : Au sujet de la vitesse de combustion des poudres colloïdales. D'après l’auteur,la discordance entre les résultats fournis par les formules de la Balis- tique intérieure et ceux de l'expérience, remise récem- ment en évidence par MM. Gossot et Liouville, tient au fait essentiel que l'expression adoptée pour la détermi- nation de la vitesse de combustion ne tient pas compte de la température du milieu dans lequel s'effectue la ‘combustion, Les expériences de l'auteur mettenten évi- dence le rôle capital de ce facteur, — M. H. Andoyer : Sur le calcul de la précession. L'auteur propose de nou- velles formules, d'application simple et facile, — M. A. de La Baume-Pluvinel: Sur une lunette coudée des- tinée à l'application de la méthode des hauteurs égales. — M. M.Baudouin : La représentation matérielle pré- historique des Pléiades à 10 étoiles, dans un bassin de rocher des Epesses (Vendée). — M. G. Perrier: Sur les différences d'altitude des stations de l'arc méridien de lEquateur. 2° SCIENCES PHYSIQUES, — M. G. Gouy : Sur les ten- sions et pressions de Maxwell dans les aimants et les diélectriques. L'auteur montre que, des deux énoncés donnés par Maxwell dans son grand Traité, l’un pour ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES les aimants, l’autre pour les diélectriques, seul le pre- mier doit être conservé, bien: qu'il faille sans doute renoncer à rattacher les forces en jeu à la théorie de l’'élasticité. — MM. M. Courtines et J. Villey: Sur les barovariomètres à écoulement capillaire. Les auteurs ont étudié les conditions très diverses quiinfluent sur la sensibilité et la précision de ces appareils. — Mlle P. Collet : Couches minces formées par des mélanges de glycérides. Les mélanges de glycérides peuvent s'éten- dre en couche mince sur l’eau, mais la loi d’addition ne s'applique pas à la surface couverte. Bien qu'aucune réaction chimique ne paraisse possible, on constate l'existence d’un maximum ou d'un minimum de cette surface pour une certaine composition du mélange. Le changement d'état, lorsqu'il y en a un, se produit au voisinage de ce point. — M. H. Chaumat: Sur la me- sure des puissances en courants alternatifs dans les cas anormaux. — M. Galibourg: Utilisation de la force thermo-électro-motrice de contact pour identifier quel- ques aciers. Les différences de f.é.m. entre les divers aciers sont suffisantes pour qu'à 1200 la mesure de la f.é.m. dans les conditions indiquées par l’auteur per- melte de classer les aciers courants ordinaires et spé- ciaux dans un ordre différent de celui que donne l'essai de dureté Brinell, et de donner par conséquent une deuxième équation (la première étant fournie par la durelé) pour présumer de la nature d’un acier dont on ne peut faire l’analyse. —M. Maur. Curie : Action des rayons rouges el infra-rouges sur les sulfures phospho- rescents. Pour l’auteur, l’action extinctrice de la partie la moins réfrangible du spectre sur certaines substan- ces phosphorescentes consisterait à rendre Je milieu conducteur par détachement d'électrons des atomes de soufre. SOCIÉTÉ FRANCAISE DE PHYSIQUE Seance du 3 Février 1922 M. A. Pérard : £tude des calibres industriels au moyen des interférences lumineuses. Les jauges indus- trielles se classent en trois catégories suivant la forme, sphérique, cylindrique ou plane, de leurs surfaces ter- minales. Les méthodes de détermination des deux pre- mières catégories ont été exposées dans une communi- cation antérieure (voir page 63). Pour lescalibres à faces planes, du type Johanssoh, une première méthode d'étude a utilisé cette propriété essentielle de superposi- tion des calibres les uns aux autres. Deux calibres- étalons auxiliaires, munis d'une échelle divisée, tracée dans l'axe longitudinal, étaient tantôt adaptés aux deux bouts du calibre à étudier, tantôt mis directement en contact entre eux, et l’on mesurait chaque fois la dis- tance de deux traits choisis sur leurs échelles respecti- ves. La précision du résultat, obtenu ainsi pardifférence, était celle des pointés aux microscopes micrométlriques, soit 2 à 3 dixièmes de micron, précision largement suf- fisante pour tous les calibres supérieurs à 2 centimètres. Pour les petites pièces, la précision nécessaire dut être demandée aux phénomènes d’'interférence lumineuse. Une première application de ces phénomènes a été exé- cutéc à l’interféromèêtre de MM. Fabry et Pérot, Le ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES . 459 calibre à étudier était intercalé entre les deux glaces, préalablement désargentées, de l'appareil, et réglé au moyen d’un support spécial, qui le tenait à hauteur de la région centrale de ces glaces. En projetant un fais- ceau de lumière monochromatique alternativement sur les deux faces de l'appareil et du calibre, on obtenait, de chaque côté, pour un réglage convenable, un dou- ble phénomène de franges de Fizeau : dans la région centrale, franges produites entre la face du calibre et la glace contiguë; dans les régions marginales, franges pro- duites directement entre les glaces, Les épaisseurs des trois lames d'air, déterminées par le numéro d'ordre des interférences, établissaient, par différence, la valeur optique du calibre étudié, Par ailleurs, la configuration seule des franges révélait, à première vue et avec la plus haute précision, les défectuosités de construction (pla- nilude et parallélisme) des surfaces, Cette méthode permettait de mesurer jusqu'à 10 millimètres d'épais- seur de calibre; elle donnait une précision de 2 à 3 cen- tièmes de micron; mais elle exigeait desréglages assez délicats et instables. Pour le calcul exact des valeurs réelles, une correction ne devait pas être négligée; c'était celle qui résultait de la perte de phase par ré- fl:xion normale sur l'acier, dont l'effet était de faire ressortir, pour l'épaisseur des lames d'air correspon- dantes, des valeurs légèrement trop fortes, comme si la réflexion se produisait sur une surface optique quelque peu plus enfoncée dans le métal que la surface méca- nique ou réelle. Cette correction a été étudiée au moyen d'expériences indépendantes, par la mesure d’anneaux de Newton produits entre la surface sphérique de petites lentilles plan-convexes, et une surface plane de verre ou d'acier. Ces expériences ont permis de vérifier que pour la réflexion sur le verre le changement de phase eit, à la limite d’exactitude des expériences, égal à 1/2, et de faire ressortir, pour l'acier poli, une perte de phase supplémentaire légèrement variable avec la lon- gueur d'onde et correspondant, pour le milieu du spec- tre visible, à une discordance d’environ 0,70 entre la surface optique et la surface mécanique. En outre, ces mêmes expériences, qui mesuraient avec une grande précision les déformations de surfaces en contact, con- stituaient par surcroît une étude expérimentale de la formule de Hertz. Par la mesure de diverses sommes de calibres déterminés , chacun individuellement, cette méthode a permis de constater que, dans la superposi- tion de deux calibres Johansson, l'épaisseur de la cou- che de lubrifiant qui reste interposée entre les surfaces adhérentes est d’un ordre de grandeur inférieur à toute quantité mesurable (plus petite que 0,02 y à 0,03 y), et que la nature du lubrifiant (vaseline, huile de vaseline, pétrole, essence) est sans influence appréciable au point de vue métrologique. Une seconde méthode interféren- tielle, actuellement encore employée, met à prolit cette dernière constalation, Le calibre à vérilier est accolé contre un plan d'acier de plus grande élendue, qui le déborde de part et d'autre. Un plan de verre, muni de points de repère, produit encore, en lumière monochro. matique,un double système de franges d’interférence, d’une part sur la face extérieure du calibre, d'autre part sur la régionlibre du plan d'acier. Les épaisseurs des lames d'air ainsi mesurées donnent, par différence, la valeur du calihre avec une précision qui n’est pas infé- rieure à celle de la précédente méthode. On a pu mesu- rer directementen valeur absolue des calibresatteignant 25 mm. Comme ci-dessus, l'exactitude de la construc- tion (parallélisme et planitude) se révèle aussitôt par la configuration relative des deux systèmes de franges. L'appareil qui est utilisé dans ces expériences est un intérféromètre réduit à sa plus grande simplicité. Le même appareil se prêle à la comparaison des jauges de grandes dimensions, par groupe de trois; il suflit de les coller côte à côte sur le même plan d'acier; l'examen des trois systèmes de franges produits entre le plan de verre et les faces supérieures de ces calibres donne (avec la même précision de 2 à 3 centièmes de micron) la différence du calibre central par rapport à la moyenne des deux autres. Les pièces à comparer peuvent sans inconvénient différer entre elles de plusieurs millimé- tres. On a, de cette façon, la possibilité d'exécuter de véritables étalonnages par sommation de calibres et comparaison de longueurs voisines. Plusieurs calibres de 100 mm. se sonl trouvés ainsi mesurés indirectement par les seuls moyens des interférences lumineuses. —M. H. Abraham répond aux objections formulées par M. Langevin contre l'identité de nature du champ ma- gnélique et de l'induction magnétique. Une discussion s'engage à ce sujet, à laquelle prennent part MM. Po- mey, Janet, Langevin, Hadamard, Brylinskiet Abraham, SOCIÈTÉ DE BIOLOGIE Seance du 11 Février 1922 MM. P. Gonzalez el M. Armençué: Sur le pouvoir hémolytique de l'iode. L’iode à très faible dose exerce sur les globules une action hémolytique, à plus forte dose une action coagulante. Le pouvoir antihémolytique que possède le sérum en présence des nombreux agents chimiques qui agissent sur les hématies se manifeste également en présence de l’iode, — M. C. Strzyzow- ski: Sur la constatation spectroscopique de l’oxyde de carbone dans le sang an moyen dela levure de bière.La réductase de la levure de bière a lapropriété deréduire l’oxyhémoglobine du sang, mais non la carboxyhémo- globine.Le sangrenfermant cette dernièrereste done rose et continue à montrer le spectre de la carboxyhémo- globine, — M. T. Saragea: Le diamètre des hématiés de l'homme aux différents âges de lu vie. Ce diamètre s'abaisse régulièrement du jour de la naissance (8 62) jusqu’à la fin du premier mois (814). Cette chute se poursuit plus lentement jusqu’à la fin de la 2° année; puis le diamètre augmente pour atteindre, à l’âge de 30 à 50 ans, le chiffre moyen de 755. — M. E. Dou- mer : L'action de la peptone sur la tension superficielle de l'eau. Sous l'influence de quantités croissantes de peptone du Codex, la tension superficielle de l’eau dimi- nue suivant une courbe régulière, L’abaissement est plus marqué pour l’eau chargée de NaCIl que pour l’eau distillée. Seance du 18 Février 1922 MM. M. Piettre et G. de Souza : Milieux acides 160 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES pour l'isolement des champignons, Les auteurs recom- mandent les milieux à l’acide citrique, qui constitueun aliment de choix pour les champignons et arrête provi- soirement l’évolution des bactéries. Ces milieux sont, en particulier, très appropriés à l'isolement des levures. — MM. C. Saloz et A. Grumbach: Le diagnostic de la scarlatine par la déviation du complément. Il est possi- ble d'obtenir un antigène, probablement spécifique, en pratiquant un extrait alcoolique du sang des scarlati- neux au début de la maladie, En présence de cet anti- gène, la déviation du complément de Bordet et Gengou est précoce (5° jour), mais elle ne persiste complète que jusqu’au 36° jour environ. La réaction peut étre utilisée comme séro-diagnostic dans les formes anormales dela scarlatine, — M. S. Metalnikow : Leschangements des éléments du sang de la chenille (Galleria melonella) pendant l'immunisation. "L'auteur distingue 3 stades dansl’établissement de l’immunité : 10les globules blancs sont attirés ou repoussés par le microbe et sestoxines; 2° il y aréaction phagocytaire (englobement et digestion des microbes); 30 il y a leucolyse et phagolyse qui met- tent en liberté des ferments intracellulaires et des anti- corps. — MM. À. Chauffard,P.Brodin et A. Grigaut : Diffusibilité chimique comparée de l'acide urique et de l'urée. L'urée et l'acide urique semblent se diffuser sui- vant une même loi dans les liquides ascitiques et pleu- rétiques; par contre, l'acide urique ne passe qu’en pro- portion très minime dans le liquide céphalo-rachidien, la méninge choroïdienne, perméable à l’urée, semblant arrêter la presque totalité de l’acide urique. — M.R. Legendre : Action de l'étirement et de la striction sur les fibres nerveuses. Les expériences d’étirement longi- tudinal montrent que la traction est supportée unique- ment par la gaine conjonctive du nerf. La striction transversale, quand la charge ne dépasse pas une cer- taine limite, est suivie d’un retour à la forme normale ; au delà de cette limite, il y a section totale. SOCIÉTÉ ROYALE DE LONDRES Séance du 17 Norembre 1921 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES, —MM.P. A.Mac Mahon et W. P. D. Mac Mahon: Le dessin de motifs qui se répètènt. Etude et classification des motifs qui se répè- tent dans un espace à deux dimensions. — M. KR. A. Fisher: Les bases mathématiques de la Statistique théorique. ; 2° ScrENCES PHYSIQUES. — M.J. W. Nicholson : Un problème de la théorie de la conduction de la chaleur. Détermination de la vitesse de déperdition calorifique d’un cylindre dont la surface est maintenue, à partir d’un instant donné, à une température constante. — M. C. H.Lees : Les tensions thermiques dans des en- ceintes sphériques chauffées concentriquement. Etude des tensions dans la matière d’un four de forme à peu près sphérique dues aux différences de température. — M.F. P. White : La diffraction des ondes électroma- gnétiques planes par une sphère parfaitement réfléchis- sante, — MM. C. V.Ramanet G. A. Sutherland: Le phénomène des galeries à écho. Les auteurs complètent la théorie, due à Lord Rayleigh, des galeries à écho, qui ne permettait pas d'expliquer tous les phénomènes observés, Séance du 24 Novembre 1921 1° SCIENCES PHYSIQUES. — MM. D. J. Lloyd et Ch. Mayes : La courbe de titration de la gélatine. En solu- tions dont la concentration en acide est moindre que 0.04 N, HCI se combine à la gélatine suivant la loi d’ac- tion de masse. K» est égal à 4,8.10—12 pour la gélatine, si l’on prend 839 pour poids de cette dernière entrant en réaction, La combinaison se produit probablement aux groupes NH? libres présents dans quelques-uns des amino-acides de la gélatine. En solution de soudediluée (moindre que 8,01 N), la gélatine se combine avecla base à un taux moindre que celui qu’on déduit des expé- riences avec les acides ; le nombre des points d’attache pour les bases n’est probablement pas lemême quepour les acides. 2° SCIBNCES NATURELLES. — M. C. S. Sherrington : : 1. Observations sur les réponses réflexes auxexcitations rythmiques chez la grenouille. 2. Effets de courants gal- vaniques constants sur les préparations nerf-muscle el réflexe de mammifères. — MM. D.H. de Souza et J.A: Hewitt : La périodicité idio-ventriculaire. — M.E.Pon- der: L'action hémolytique du glycocholate de soude. L'addition de faibles quantités d'histamine ou d’histi- dine augmente considérablement l'action hémelytique du glycocholate de soude. Mais, par addition préalable d'histamine à la suspension, on peut immuniser les érythrocytes contre l’hémolyse produite par ces mélan- ges, L’hémolyse est probablement due à des variations de tension superficielle. ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE CLASSE DES SCIENCES Séance du 5 Novembre 1921 SCIENCES MATHÉMATIQUES, — M, C1. Servais : Sur la géométrie du tétraèdre. I. — M. L. Godeaux: Sur une involution rationnelle, douée de trois points de coïnci- dence, appartenant à une surface algébrique de genre 3. I. Le Gérant : Gaston Doux. Sté Gle d'Imp. et d'Ed., rne de le B-rtauche,1, Sens. 33: ANNÉE N° 6 30 MARS 1922 KReoue générale des Sciences pures et appliquées FONDATEUR LOUIS OLIVIER Direcreur : J.-P. LANGLOIS, Professeur au Conservatoire national des Arts-et-Métiers, Membre de l’Académie de Médecine Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. J.-P. LANGLOIS, 8, place de l’Odéon, Paris. — La reproduction et la traduction des œuvres et des travaux publiés dans la Revue sont complètement interdites en France eten pays étrangers y compris la Suède, la Norvège et la Hollande CHRONIQUE ET GORRESPONDANCE $ 1. — Météorologie La mesure de la vitesse du vent à haute altitude par les ballons-pilotes. — Dans son très intéressant article sur la variation du vent avec l'altitude publié par la Revue générale des Sciences du 15 février 1922, M. Maurain, directeur de l’Institut de Physique du Globe, a bien voulu rappeler une note qui a paru sur le même sujet en 1919, dans les Comptes Rendus de l'Académie des Sciences. Dans cette note, j’exprimais, au sujel des observa- tions du vent à haute altitude par ballons-pilotes, des réserves que je crois utile de préciser. La portée d’un bon théodolite servant aux sondages par ballons-pilotes est, en moyenne, de 24 kilomètres, d’après les mesures que nous avons faites pendant la guerre. À une distance plus grande, un ballon-pilote ordinaire n’est visible que tout à fait exceptionnelle- ment. ? Dans ces conditions, nécessairement, les sondages qui atteignent de hautes altitudes ne peuvent être exc- cutés que lorsquéla variation de la vitesse du vent est tout à fait particulière. Ainsi que je vais le montrer, il est souvent obligatoire, pour que le sondage puisse être exécuté, que le vent présente, à une certaine alti- tude, une décroissance de vitesse. Pour rendre mon raisonnement très simple, je vais supposer que le vent, à toute altitude, ait la même direction. Si le théodolite, ayant une portée de 24 kilo- mètres, est en O (fig. 1}, la zone dans laquelle le ballon sera visible sera une sphère de centre Ô et de 24 kilo- mètres de rayon, et si je suppose que le vent a tou- jours la même direction, le ballon restera toujours dans le même plan, qui est le plan de la figuré. REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES. Pour que le ballon reste visible à la hauteur de 18 kilomètres par exemple, il est obligatoire qu'il soit, à cette altitude, entre les points A et B, la droite hori- zontale AB étant à 18 kilomètres du point O. Si le vent à toute altitude a soufllé dans la direction 24 An a — — Fig. 1° de la flèche, le ballon sera obligatoirement entre le point Cet le point A. La distance horizontale AC est égale à 16 kilomètres { environ, Les ballons-pilotes, dont on $e sert générale- ment, ont une vitesse ascensionnelle de 200 mètres à la minute : ils mettent donc, pour arriver à l'altitude de 18 kilomètres, 5.400 secondes. La vitesse moyenne du vent, pour que le ballon reste visible, aura donc dû être inférieure à 3 mètres par seconde. Si à basse altitude la vitesse moyenne a été supé- rieure à 3 mètres par seconde, ce qui est le cas général, il est obligatoire qu’à une certaine altitude cette vitesse f diminue, sans quoi le ballon n’aurait pas été visible jusqu’à 18 kilomètres de hauteur. Si la vitesse moyenne, dans les couches inférieures de l'atmosphère, est de 10 mètres par seconde (droite O9 de la figure), nous ne pourrons observer jusqu’à 18 kilomètres de hauteur que les sondages qui, à partir de 5 kilomètres de hauteur, présenteront une vilesse nulle, sans quoi le ballon ne resterait pas visible assez haut. Les seuls sondages aérologiques à grande hauteur que je pourrai exécuter, dans le cas où la direction du vent ne changera pas sensiblement, sont donc ceux où la vitesse du vent sera très faible, ou ceux qui présen- teront à une certainealtitude une diminution de vitesse. Tous les ‘autres seront éliminés, La diminution de vitesse à une certaine allitude n'est pas, dans ce cas, un caractère propre du vent, mais un phénomène inhé- rent à mon procédé d’expérimentation. Les conclusions précédentes subsistent quand le vent ne présente pas de très grands changements de direc- tion. En tout cas, avant de tirer des conclusions nettes des sondages par ballons-pilotes, il faut considérer chaque sondage au point de vue de la direction du vent et examiner si la décroissance du vent qu'on y observe n’est pas une condition obligatoire de l'expérience. C’est la raison pour laquelle les statistiques des son- dages par ballons-pilotes à grande altitude ne me paraissent pas convaincantes pour donner la loi de la variation de la vitesse du vent. Ce quime convainc davantage que lé vent ne doit pas être fort dans la stratosphère, c’est le fait que les ballons- sondes, lancés par n'importe quel temps, retombent sur le sol, après avoir atteint des altitudes considérables, à des distances relativement faibles de leur point de départ. Le point moyen de chute est situé à 50 kilo- mètres environ du point de départ, et l'ascension dure en général a heures. Ce qui fait, en admettant que le vent ne change pas de direction, une vitesse moyenne de 7 mètres par seconde environ. Comme la vilesse moyenne dans la troposphère est supérieure à 7 mètres, il est obligatoire que plus haut la vitesse du vent soit plus faible. C’est la raison pour laquelle je me suis ral- lié aux conclusions de M. Maurain dans uneétude sur les caractères météorologiques de la haute atmosphère, parue dans Z’Aérophile du 1e"15 juillet 1920. J. Rouch, Capitaine de corvette. $2. — Physique Réalité de la contraction lorentzienne. — On sait que la contraction longitudinale des corps en translation uniforme, admise par Fitzgerald et Lorentz pour expliquer le résultat négatif de l'expérience de Michelson, a été présentée par Einstein comme simple apparence réciproque provenant de la considération du temps local. Depuis, on s’est généralement rangé à celte manière de voir et l’on était forlilié dans cette opinion par le fait diffieilement acceptable, semblait-il, que la contrac- tion affecterait identiquement tous Les corps de quelque nature qu’ils soient. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE Or nous allons voir que cette universalité d’action attribuée aux translations uniformes non seulement ne prouve rien contre la contraction de Lorentz, mais encore constilue un argument en faveur de sa réalité. Remarquons tout d’abord que notre répugnance à admettre l'identité des effets du mouvement sur tous les corps n'est pas fondée: nous avons l'exemple de la pesanteur, dont l’intensilé est indépendante du corps considéré, et à priori rien ne prouve qu'il n’en soit pas ainsi pour les effets mécaniques du mouvement, Bien mieux, nous pouvons le démontrer rigoureuse- ment, car les deux ordres de faits sont connexes. En effet, la généralisation des postulats de la relati- vité restreinte oblige à admettre que, si une transla- tion uniforme comporte une contraction longitudinale, un mouvement varié entrainera une déformalion ana- logue, mais plus compliquée : en général, la conlrac- tion sera remplacée par une distorsion, Mais, de par le principe d'équivalence, tout effet mécanique ou physi- que attribué au mouvement varié peut être causé par un champ de gravitation convenable. Or, en ce qui concerne la gravitation, la déformation des corps soumis à son influence est parfaitement effec- tive el ne peutplus être niée. La célèbre formule d’Eins- tein-Schwarzschild implique qu’une échelle de mesure disposée radialement vers le Soleilse raccoureisse à mesure qu'on s'approche de celui-ci, et la rotation du périhélie de Mercure, ainsi que la déviation des rayons lumineux rasant le Soleil, ont vérifié cette conséquence et l’ont rendue hors de contestation. Remontons maintenant la chaîne de la relativité générale, Si la contraction radiale des règles matérielles près les concentrations de matière comme le Soleil est réelle et indépendante du corps choisi, on doit poser de même, en vertu du principe d'équivalence, qu'il en est ainsi pour les déformations dues à un mouvement accéléré, Ces déformations se réduisant à une contraction &mi- forme dans le cas particulier d'une translation, il faut en conclure que la contraction de Lorentz est, elle aussi, bien réelle. D'un point de vue expérimental nraintenant, rappe- lons que l'étude précise des variations de masse de l’électron avec la vitesse! a montré le bien fondé des formules de Lorentz qui admettent cette contraction, et l'on sait qu’en ce qui concerne tout au moins l’électron sa contraction se présente comme une conséquence naturelle de l'existence des forces de eohésion de Poincaré. “ Mais, arrivé là, c'est tout le problème de l’éther qui se pose et reparait, Nous n’en dirons par conséquent pas plus, l'essentiel étant d’avoir montré la réalité dé la contraction lorentzienne el du même coup l'objecti- vité des aulres pliénomènes compensateurs (ralentisse- ment des mouvements internes) qui empêchent un observateur en lranslalion uniforme de déceler son mouvement par rapport à l’éther. Maurice Sauger. 1. Voir en particulier Iæ note récente de M. A. Boutaric sur ce sujet dans là Revue gén. des Seiences du 28 février 1922, - p. 98. sh. dre. nt de. dates ns De id re dit alu nt ni dd ès, Da CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 163 a ——————————————…—— ————————————— $ 3. — Chimie physique La fluorescence de la cellulose et de ses dérivés.— M. J. Lewis vient de signaler à la Section de Manchester de la « Society of Dyers and Colourists » les observations suivantes qu'il a faites sur ce sujet. Quand un spectre ultra-violet de longueur d'onde 3.300 à 2.100 (invisible à l'œil nu) est projeté sur une feuille de papier ou un morceau de tissu de coton blan- chi, il se « dégrade » ; autrement dit, les rayons ultra- violets sont convertis en rayons visibles, qui peuvent êtré photographiés au moyen d’une chambre noire ordinaire. Dans les mêmes conditions, les divers papiers et tissus examinés donnent des images photographiques d'intensité variable, suivant leur composition et leur mode de fabrication. En acétylant la cellulose, on aug- mente considérablement sa fluorescence ; la nitration la diminue, au contraire, jusqu’à la faire presque dispa- raître. Les divers traitements auxquels les tissus de coton sont soumis pour leblanchiment, ainsi que le degré de baltage de la pulpe dans lé papier, trouvent leur expres- sion dans les images pholographiques; aussi l’auteur espère pouvoir appliquer cette méthode à l'examen des produits industriels, $ 4. — Agronomie La culture du cotonnier en Afrique oéci- dentale et les irrigations du Niger! — Le Niger et son affluent principal, le Bani, forment avant leur jonetion un véritable delta, aux bras multiples réunissant les thalwegs principaux ou cheminant vérs une immense région lacustre qui est leur éxutoire com- mun et dont le lac Débo n’est que la cuvette principalé. Cette région lacustre mesure en longueur 300 kilom,, et en largeur près de 200 kilom., elle finit aux abords de Tombouctou: Comme la plupart des fleuves tropicaux, placés sous le régime des moussons, le Niger a, dans son cotirs supérieur et moyen, une grande crue annuelle qui com- mence quelques semaines après le début de lhivernage, et qui provoque, dans les régions deltaïques et lieustre de son ceurs moyen, de vastes inondations. Fonte cette région forme un vaste bassin qui se remplit {ant que lé Niger et le Bani lui apportentde l’eauet se vide énsuite graduellement, autant par évaporation et infiltration que par ses émissions dans le Niger inférieur, Aussi favorisé par la nature que l'Egypte et la Méso. potamie, le Soudan nigérien est resté, à l'inverse de ces contrées, jusqu'ici inorganisé. On n'y connaît aucune trace d'ouvrages d'hydraulique agricole. Et cependant, les possibilités d'irrigation sont immenses; le delta nigérien y est aussi propice que ceux du Nil ou du fleuve Rouge. On estime au moins à deux millions d'hectares - la superficie des terrains alluvionnaires susceptibles d'être irrigués. Le projet élabli par M. l'ingénieur Bé- en ——_—_ _—_—] ZE 1. Les Irrigations de la vallée du Niger. Mission Bélime. Publication du Gouvernement général de l’Afrique occiden= tele française, — L'Afrique française, octobre 1921. Rensei- gnements coloniaux et documents, p. 217-232. lime éompoïte trois systèmes d'arrosage : 1) le canal de Ségou, sur la rive droite du fleuve, d'une capacité irri- gable de 950.066 ha 2) le canal dé Nÿamina, sur la rivé gaüche, irriguant 350.000 ha; 3) le canal de San- sähiding, d'une capacité de 300,000 ha. Lé Sénégal à élé écarté de cé prémier programme d'études pârcé que l'irrigation pargravilation naturélle ñ’y ést pôssiblé qué Sur dé faibles superficies; il fau- dr'ait construire sûr lé haut fleuve de puissanis réser- Voirs où âvôir récoürs à dés appareils élévatoires. Le cotonnier est bien déjà cultivé dans tout le Soudan üigérién, mâis ne récévant que les pluies locales irrégu- lièrés et de éoüèté durée, et malgré de nombreuses ten- tätives d'amélioration, il donne des produits de qualité inférietré qui üe conviennent pas à nos lissages. Pour obténir les variétés égyptiennes ét âméricaines, l'irri- gâtion à été réconnüé nécessaire, ét par une circons- tânée heureuse, il sé trouve que la crue du Niger con- éordé âvéé l4 période de éullüré cotonnière. Si le Cambodge, l'Afrique du Nord, le Sénégal et quelques autres colünies peuvêént nous fournir un certain ton- nage de coton brut, seul le Soudan est capable de don- ner des récoltes suffisantes à l’approvisionnement de Findustrie métropolitaine, Eä eulture sèche qui ne donne, il est vrài;qu'une qua- lité inférieure, mais qui correspond à üne zone éténdue etne comporte aucun ffais d'aménagement, pourrait fournir à nôtre industrie la inätière première d'ürie bran- | che nouvelle, ces guinéés ét cés tissus à bon marché, fabriqués dans l’Indé, en Holländé, en Angleterre, et aveo lesquels S’habillent toüté$ nos populations de l'Afrique occidentale. L'irrigation n’a pas seuleïñent poùr effét de mettre À la disposition des végélaux l'éat qui léuréstnécessaire, mais aussi de favorisér la nitrification ef de solubiliser lés matières fertilisantes du 661; éofimée lé silicate dé potassé et les phosphates; qe 14 planté ne pourrait utiliser säns cela: C’est d’aufänt plus important que les terres des vallées nigériéninés, dé même qué la plupart des sols tropicaux; soft relativément pauvres én férti- lisants. Letr ténéur ést pourtâñt $uflisanté pour four- nir, par un système dé eullure approprié, dés rende- ments aussi élevés qu'en Egypte. La richesse agricole dé ce dérnier pays provient, d'äilléurs, pour üne large part, du travail de l’homme ef du ehoix judicieux des cultures d’assoklement, : Les terrains irrigués devront être résérvés aux cültu- res d'exportation comme le coton, lé tabac où encore le dà, excellent succédané du juté, La saison pluvieuse du climat soudanais suflit largement Pour les plantes alimentäires, M: Bélime, d'accord avéé M. Auüg. Che- väliér, éstime, d'autre part, qi'il est pas possible dé faire de la cultüre irriguée, petite ou grande, en Afrique occidentale, sans l'intervention de lEuropéen, Cest aiïñsi que For a commencé au Turkestan rüsse. On doit condamner comme utopique tout projet de culture irriguée qui reposerait sur l'exploitation directe du sol par l’indigène ; celui-ci a besoin tout d'abord d’être longuement éduqué. Quant à la main-d'œuvre, elle ne manque pas : le Soudan compte sept millions d'habitants, mais il faudra savoir l'attirer et la conserver, l’'amener 164 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE à secouer sa nonchalance, C’est possible. L'immense champ cotonnier américain est une création de la main d'œuvre africaine dirigée par l’'Européen. L’éloignement de la côte n’est pas une objection sérieuse. Cet inconvénient de la distance n’a pas empê- ché l'essor de la culture cotonnière au Turkestan, dont la production d'avant guerre approchaït de 200.000 ton- nes. Or, si le Soudan est à 1.500 kilom. de Dakar, ïi ya d’Andidjan,centre de la région cotonnière du Ferghana, à Moscou, 3,709 kilom. qui doiventêtre parcourus entiè- rement par chemin de fer. Le plus gros effort à vaincre, maintenant que le plan d'action est dressé, et qu’il a été reconnu viable, c'est d'en assurer la réalisation, sans attendre qu'un autre plus perfectionné ait vu le jour. Il y a vingt ans que nous étudions la question du coton en Afrique occiden- tale et que nous en restons aux discussions et aux pro- jets. Il est grand temps d’agir, sous peine d’encourir, de la part d’autres Etats, le reproche d’être de mauvais exploitants, Pierre Clerget. $ 5. — Zoologie L'utilisation des faunes carcinologiques dans l'établissement des divisions bathymé- triques de la zone intercotidale. — Un groupe zoologique (les Mollusques) et un groupe botanique (les Algues) ont fourni la quasi-totalité des points de repè- res biologiques utilisés dans l'étude de la zone interco- tidale !, Bien d'autres types, cependant, présentent une étroite localisation bathymétrique et sontpar là suscep- tibles de déterminer des niveaux, parfois très précis. Dans cette note préliminaire, je voudrais attirer l’at- tention sur le rèle que pourraient jouer à cet égard les Arthropodes, en particulier les Crustacés?. IL y a, parmi eux, certaines formes dont la localisation déjà entrevue devra être précisée, d’autres pour lesquelles elle est encore à découvrir. Nous pouvons cependant citer déjà quelques types qui pourront un jour définir des horizons bionomiques dans la zone des marées3, Copépodes: Certains types sont étroitement localisés, en particulier un intéressant Harpacticide, Tigriopus 1. Cf. R. Dorrrus : Les zones subterrestre et littorales à l'île Tatihou et dans la région de Saint-Vaast-la-Hougue (Manche). Bull, Mus. Hist. Nat., 191%, n° 4, uba litt. 2. [1 va sans dire que l'étude des autres divisions du groupe Acarina, Pantopoda, Aplerygogenea, certains Hexapoda (et leurs larves) fournirait des résultats intéressants. 3. Ces indications ne s'appliquent qu'au faciès rocheux tel qu'il est représenté, par exemple, sur les côtes granulitiques du Finistère. L'établissement de divisions faunistiques, fon- dées sur les Crustacés, pour le faciès sableux, est plus déli- cat: il faudrait considérer quelques Gammarides, les Bra- chyures, quelques Macrures et les Schizopodes, Pour le faciès vaseux des estuaires, on pourrait probablement aussi trouver des types caractéristiques et prendre pour repère la zone à Corophium volutator Pall et Akidognathia halidait (Bate and Westwood). fulvus Fisch, L’habitat de ce Copépode m’a parutoujours supérieur à la zone à Lichina pygmaea Agardh.Sa limite supérieure est certainement comprise dans la zone sub- terrestre, Il vit dans des flaques souventinsignifiantes, surchauffées, ou encombrées de matières végétales en putréfaction. Je l’ai même rencontré au sommet de ro- ches jamais recouvertes, dans des cuvettes souillées par les déjections et les repas des Laridés. — Un autre Copé- pode, /liopsyllus coriaceus, qui vit sédentaire sur les tiges de Corallina officinalis, possède un habitat bien délimité. IL est possible que d’autres Podoplea adaptés à la vie algique possèdent un habitat très localisé. Cirripèdes: Il est inutile d'insistersur les conditions de vie d’un certain nombre d'espèces d'Operculés (Chta- malus, Balanus) qui fournissent desrepères relativement précis : il faut bien entendu mettre à part les cas oùdes circonstances spéciales (abondance des embruns, p.ex.) autorisent des exceptions aux règles de leur distri- bution!. Un Thoracique (Pollicipes cornucopia Leach) indique lui aussi un niveau bathymétrique. Isopodes : Parmi les Péracarides, il existe des espè- ces à rayon d’action vertical peu étendu, Signalons ici le cloporte maritime bien connu, Lygia oceanica L., si abondant aux niveaux supérieurs de la zone littorale. : Un petit Flabellifère, Campecopea hirsuta Leach, pos- sède aussi un habitatrestreint puisqu’onle trouve prin- cipalement sous les touffes de Zichina pygmaea Agardh. et parfois dans les tests vides de Balanus balanoï-. des?. : Il faudrait étudier la localisation possible du genre Stenosoma dans les niveaux à Cystoseira et à Coral- lina. s Amphipodes : Zalitrus saltator Mont. et Orchestia gammarellus Pall. sont caractéristiques des horizonsles plus élevés et s’aventurent fréquemment dans la zone sub-terrestre. Des observations personnelles que nous espérons compléter un jour nous incitent à croire qu'un Laemodipode (Caprella acutifrons Latr.) occupe un niveau déterminé. Décapodes : Un Catométope commun sur nos côtes océaniques (Pachygrapsus marmoratus F.) se rencontre toujours dans une situation très élevée: il s'agirait de déterminer avec précision l’étendue des déplacements verlicaux qu'il est susceptible de supporter. D’autres Décapodes (Galathéides, Porcellana platycheles Penn.) pourraient peut-être prendre part à la division de la zone de balancement des marées en horizons carcinolo- giques, Tout, sur ce point, reste à faire: puissent ces quelques lignes donner aux Zzoologistes maritimes le désir d'approfondir cette intéressante question. Th. Monod. 1. Cf. R. Dourus : loc. cit., p. 7 et 9. 2. Cf. E. Cuevreux : Assoc, Fr. Av. Sc., 1884, add sût DSC er nn, dt à ds Hat. : ——… …—…—_—_—_——————————————————— Louis FRANÇOIS. — LA T.S.F. APPLIQUÉE AUX NAVIRES ET AUX AÉRONEFS 165 LA T.S.F. APPLIQUÉE AUX NAVIRES ET AUX AÉRONEFS Nous avons, dans un premier article, parlé des émissions par T.S.F. à grandes distances! ; nous avons cherché ensuite à montrer tout ce que la technique radiotélégraphique devaità la mise au point des lampes à trois électrodes ? ; nous nous proposons de jeter un coup d'œil aujourd’hui sur les postes mobiles de T.S.F.et sur les services que la radiotélégraphie est appe- lée à rendre aux navires et aux aéronefs, soit qu’elle leur assure des communications pour les- quelles rien ne peut la remplacer, soit qu’elle les aide à faire leur route, soit qu’elle leur per- mette même, par l'intermédiaire de la télémé- canique, de faire la route d’un mobile qui leur est subordonné. La télémécanique mise à part, qui naît à peine, la T.S.F. a en effet deux fonc- tions fondamentales pour le navire comme pour l’avion. Elle lui permet de rester en communi- cation avec le reste du monde, elle l'aide à retrouver son chemin. Il n'est pas sans intérêt d’exposer ici avec quelques détails où en est, à ce double point de vue, la T.S.F. de navire d’abord, et ensuite, plus récemment mise au point, la T.S.F. à bord des aéronefs. L. — T.S.F.nE Navires $ 1. —Installations à bord des navires La télégraphie sans fil a été longtemps pour les navires un simple moyen de liaison. Dès le jour où la première communication radiotélégra- phique eût été réalisée par Marconi, il parut naturel de doter de postes de T.S.F. les navires isolés jusque-là du monde dès qu’ils avaient quitté le port. : Le paquebot, comme le navire de guerre, dis- posait alors d’un poste àétincelles plus ou moins puissant, alimenté en général par l'électricité fournie par le bord et débitant sur une antenne généralement tendue entre deux mâts. Ce poste unique à étincelles, qui commence maintenant seulement à paraître un peu démodé, permettait au paquebot de rester en communication avec les postes côtiers et de recevoir en pleine mer les nouvelles officielles etles télégrammes pri- vés. C’est lui qui a permis, grâce au signalde . détresse que tous doivent répéteret à l'audition duquel toute autre émission doit cesser, de sau- - ver tant de vies humaines qui, sans la T.S.F., 1. Revue gén. des Sciences du 30 novembre 1921. 2. Rev. gén. des Sc. du 30 janvier 1922. n'auraient pu échapper à leur destin. C’est lui encore qui à Tsoushima a rendu de grands ser- vices à la marine japonaise, alors que les Russes, par crainte de voir leurs télégrammes renseigner l'ennemi, n'avaient pas employé leur T.S.F. Les postes à étincelles les plus puissants atteignaient des portées de 1.500 à 2.000 kilomè- tres entre navires et poste côtiers. Ce poste à étincelles, qui restera pour un temps la seule émission du cargo, estentrain de passer maintenant au second plan et va servir de poste de secours aussi bien pour le paquebot de luxe que pour le grand navire de combat. C’estque là, comme partout, la T.S.F. à évo- lué et l'onde entretenue a pris la place de l’onde amortie, moyen d'émission véritablement bar- bare. On à installé à bord des navires, surtout des navires de guerre, des postes à arcs; on y installé aussi des postes à lampes. Il est même question d'installer des alternateurs à haute fré- quence, quiont toutefois l'inconvénient de don- ner des ondes trop longues pour le trafic courant et auxquels il faudra vraisemblablement adjoin- dre des multiplicateurs de fréquence. Le poste à lampes, qui permet de faire de la téléphonie sans fil d’une façon commode, paraît être le poste qu'emploieront seuls les navires de commerce, Les navires de guerre anglais en ont également, et nous avons dit en tous détails dans un précé- dent article comment, avec de tels postes ali- mentés en alternatif, on peut, à l’aide de lam- pes redresseuses que l’on allume ou éteint à volonté, faire de l'onde entretenue ordinaire, qui ne peut être reçue qu’à l’aide d’une hétérodyne, ou de l'onde coupée, reçue dansles mêmes con- ditions que l’amortie, Ces postesanglais mettent plusieurs dizaines d’ampères dans l’antenne et ont sur mer des portées de l’ordre de 2.000 kilo- mètres au moins. Le poste à lampes de paquebot, et ilen fut installé de tels sur le Paris et le Lafayette lors de la conférence de Washington, permet, avons-nous dit, de faire de la téléphonie. Les postes actuels, qui font de 1.500 à 2.000 kilo- mètres en télégraphie, ont une portée de plu- sieurs centaines de kilomètres en téléphonie, ce qui est encore extrêmement intéressant. La télé- phonie sans fil à bord est surtout d’un emploi commode et d’un intérêt immédiat pour les pas- sagers quand on l'utilise comme les Américains. Ceux-ci branchent la réception de téléphonie, convenablement amplifiée dans le poste côtier qui est en liaison avec le navire, sur leur réseau : général urbain et interurbain, de sorte que tel 166 Louis FRANÇOIS. — LA T.S.F. APPLIQUÉE AUX NAVIRES ET AUX AÉRONEFS négociant de Chicago qui se trouve en mer. à 100 milles de New-York peut, à l’aide de la télé- phonie, demander son propre bureau et conver- ser avec les siens sans quitter sa cabine. Toute- fois, on se heurtera toujours, si un tel moyen de liaison devait être étendu à tous les navires, à l'impossibilité de faire parler simultanément sans brouillage un grand nombre de personnes par téléphonie sans ŒL Tel va donc se présenter, au point de vue liai- sons, le paquebot moderne : il disposera d’un poste à lampes, grâce auquel il fera de la télé- . graphie quand il sera loin de la côte et de la télé- phonie quand ses correspondants seront assez près de lui; il aura un poste à étincelles de secours, généralement alimenté par un groupe électrogène indépendant, et qui lui permettra, quel que soit l'accident qui arrive au navire ou au poste à ondes entretenues, d'appeler au secours ou simplement d'assurer des communi- cations provisoires avec la côte ou les navires qu'il rencontrera. Ce poste à étincelles lui per- mettra aussi d'être entendu des nombreuxpostes de bord qui n’ont pas encore le matériel néces- saire pour recevoir les ondes entretenues. Il peut à ce point de vue être remplacé, nous l'avons vu plus haut, par une émission d'ondes entretenues interrompues, émission quel’onobtienttrès sim- plement en alimentant les plaques du poste nor- mal à ondes entretenues par de l’alternatif au lieu de continu. Comment sont montés maintenant en T.S.F., au point de vue des transmissions dont nous nous occupons d’abord, le grand navire de com- bat, le sous-marin? Sans entrer dans des détails qui doiventrester secrets, nous pouvons dire qu’un grand navire de guerre doit comporter au moins cinq ou six émissions, non compris les émissions desecours, indépendantes des machines du navire, etautant de réceptions pour assurer sa liaison avec les innombrables correspondants qui peuvent avoir à lui parler simultanément. L'installation radio- télégraphique d'un tel navire, qui se présentait avant la guerre aussi simplement que celle d’un bateau de commerce, devient un problème d’une complexité presque inextricable, étant donnés la faible distance qui sépare nécessairement toutes ces émissions qui peuvent être simultanées et les locaux exigus dont on dispose à bord. Le sous-marin en surface aura un poste émet- teur semblable à celui de tout autre navire. En plongée, ilne fera généralement que recevoir à l’aide d’un dispositif qui a été mis au point en France par M. de Broglie et qui consiste essen- tiellement en un cadre récepteur placé dans la —_————.——————————————————————————————û@#î + coupée du sous-marin et dontles deux extrémités sont fermées sur un amplificateur puissant. On a constaté que seules les ondes longues étaient bien reçues par les sous-marins en plongée, les ondes courtes étant absorbées par la mer. C’est pourquoi il semble indiqué de transmettre aux sous-marins par des alternateurs haute fréquence installés à bord des grands navires et munis, comme nous l’avons dit, de multiplicateurs de fréquence pour les liaisons courantes, l’alterna- teur donnant son onde normale beaucoup plus longue pour les liaisons avec les sous-marins. Ona cherché à faire de l’émission en plongée soit sur cadre, soit sur antenne flottante, mais sans grand succès jusqu'ici. Les Américains cependant prétendent avoir fait des portées de quelques milles en émettant dans un cadre très spécial, dont le sous-marin lui-même forme l’un des côtés. Ce cadre est constitué par deux fils très fortement isolés soudés à l'avant et à l’ar- rière du sous-marin, tenus écartés de sa masse par de petits mâtereaux et venant se fermer dans l’intérieur du navire sur l'appareil émetteur. Ce même cadre peut naturellement servir aussi à la réception. à Pour les communications rapprochées entre navires d'une même escadre, la marine a essayé un dispositif spécial, identique dans son principe à la télégraphie par le sol qui a rendu tant de services aux éléments avancés des armées et que l’on appelle la T.P.M. (télégraphie par la mer). Ce dispositif consiste essentiellement à fairepar- courir un cäble mis à la mer à chaque bout par du courant variable fourni par un alternateur. Un dispositif récepteur, formé par deux plaques immergées analogues à celles de l’émission et reliées par 2 câbles isolés à un amplificateur basse fréquence, reçoit par induction et aussi par conduction les signaux Morse que l’on manipule à l'émission, et l’on réussit ainsi, en employant d’ailleurs une énergie très notable (plusieurs ampères dans le câble émetteur), à obtenir des portées de 2 à 3 kilomètres et à échanger entre navires proches des signaux perceptibles dans la brume et qui ont l'avantage précieux de ne pas brouillerles réceptions T.S.F. Telle se présente donc la liaison pour les navires. Des postes à ondes entretenues pour le service normal permettant la téléphonie, des postes à étincelles de secours qui doiventencore marcher même quand les machines du navire sont en panne. Rien par conséquent d’essentiel- lement différent du montage originel, si ce n’est que les portées sontplus grandes et que, pourles navires de guerre tout au moins, les postes se sont considérablement multipliés. néons Loubet péde àédd dé dl Sd Louis FRANÇOIS. — LA T.S.F. APPLIQUÉE AUX NAVIRES ET AUX AÉRONEFS 167 $2. — Services rendus par la T.S.F. à bord des navires Voyons maintenant ce que la T.S.F.a pu réa- liser pour faciliter la marche des navires. Là, nous trouvons des principes nouveaux et des progrès véritablement frappants. La T.S.F. permet au navire de faire avec pré- cision son point en haute mer; elle l’aide, à l'approche des côtes, à faire sa route à l'aide des phares hertziens dont la portée dépasse généra- lement celle des phares lumineux etqui peuvent être utilisés par tous les temps. Enfin, des pro: cédés basés sur l'induction électrique et voisins «par conséquent de la T.S.F. permettent au navire qui rentre au port de se piloter soi-même et de suivre sans erreur un chenal inconnu. 1. Le point. — Pour faire le point avec préci- sion à l’aide de la T.S.F., il suflit d'écouter les signaux horaires émis par les postes puissants de tous les pays et dont nous avons parlé dans notre premier article. L'envoi de l'heure par la T.S.F, à grande portée a été mis au point en France vers 1909 par le Général Ferrié et MM. Claude et Driencourt. Le dispositif a été généra- lisé à tous les pays possédant des postes puis- sants, et un Bureau international de l’Heure a été créé dont le Présidentest M. Bigourdan et qui prend toutes décisions utiles pour l'émission de ces signaux horaires qui est devenue un service d'intérêt mondial. La réception de ces tops horaires, qui se fait facilement avéc une précision de l'ordre de 1/4 de seconde detemps, précision qui correspond à une centaine de mètres tout au plus comme erreur possible sur la longitude, permet au navire de contrôler ses chronomètres et lui assure une excellente déter- mination de la longitude. Le développement même de ces émissions est la preuve des excel- lents services qu'elles rendent à la navigation, services évidents sur lesquels il n’est pas besoin d’insister davantage. 2. Route au voisinage des côtes. — La possibi- lité pratique pour les navires de faire leur route au voisinage des côtes à l’aide de phares hertziens ou plus généralement à l’aide de la goniométrie est plus récente et date en fait dé la guerre, Le principe même de la goniométrie, nous en avons précédemment parlé, est bien antérieur à 1914 et avait été indiqué par M. Blondel vers 1902. Des postes goniométriques à ? cadres avaient été ins- tallés, notamment à Boulogne, par MM. Bellini et losi plusieurs années avant la guerre et don- paient de bons résultats, mais les relèvements par goniométrie ne devaient devenir réellement | pratiques que le jour où, grâce au progrès de la réception et à l'emploi d’amplificateurs puissants, on réussit à faire usage, avec une portée intéres- sante, de goniomètres à un seul cadre mobile, orientable sur le poste émetteur. A partir de ce moment, la détermination de la position du navire à l’aide de lagoniométrie pou- vait se faire de deux façons, Ou bien on trans- mettait à terre (c’est le véritable phare hertzien), et le navire, à l’aide d’un cadre tournant placé à bord, se relevait lui-même sur le poste émetteur dont il connaissait la nature des émissions et l'emplacement sur la carte. Il lui suffisait de pouvoir entendre, simultanément, deux phares hertziens pour déterminer sa position d’une façon suflisammentexacte, S'il pouvait en enten- dre trois, il avait une vérification précieuse. Ce procédé donne lieu à deux erreurs qu’il est heu- reusement fort possible de corriger: erreurs dans l’angle lu à bord, due, surtout pour les navires de guerre, aux masses métalliques et aux antennes qui peuvent exister à proximité du cadre radiogoniométrique; erreur de route, due au fait que le navire, se relevant successivement sur différents phares hertziens, a fait du chemin entre deux relèévements et reporte des angles qui ne correspondent pas pour lui à une même posi- tion. Ces erreurs peuvent se corriger sans grande difficulté et on admet que la goniomé- trie donne pour chaque relèvement une erreur qui ne dépasse pas 2°. Un second procédé consiste à faire transmettre le navire, et cette facon de faire a l’air de sem bler préférable à la marine de guerre. Des postes de réception goniométriques à un ou deux cadres, installés à terre en des points connus du navire, déterminent très soigneusement l'angle de la droite qui les joint au navire avec une direc- tion fixe, par exemple le nord magnétique, Ils envoient ensuite cet angle, qui correspond à une position bien déterminée du navire, par T.S.F., à celui-ciet le navire n’a plus qu’à reporter les droites correspondantes sur la carte pour déter- miner avec précision le point d’où il avait émis. Il est certain que, si les postes à terre sont instal- lés avec soin ét disposent d’un personnel d'élite, ce qui est toujours réalisable, les mesures paraissent devoir être plus précises que les pré- cédentes et ne sont entachées d’aucune erreur importante à corriger, Mais il est certain aussi, et il semble que ce soit en général l’opinion de la marine de ecommerce, qu'un capitaine aura toujours plus confiance dans les mesures gonio- métriques qui seront faites à son bord par un personnel qu’il.connaïit qu’en des mesures qui lui arrivent de terre'et surlesquelles il n’a aucun 168 Louis FRANÇOIS. — LA T.S.F. APPLIQUÉE AUX NAVIRES ET AUX AÉRONEFS contrôle, Quoi qu'il en soit, les deux procédés sont actuellement employés, et l'un et l’autre donnent de très bon résultats. ; Un 3% dispositif destiné à assurer üne relève goniométrique a été employé par les Allemands pendant la guerre et mérite d’être signalé, sur- tout à cause de sa discrétion et sa facilité d’em- ploi pour les postes récepteurs qui veulent en faire usage. Ce procédé consiste à faire usage d’une émission tournante, dont l'installation d'ailleurs n’est certainement pas simple. Suppo- sons installées par exemple 60 antennes dirigées, rayonnant autour d’un même point central (déca- lées de 6° l’une par rapport à l’autre) etcomposées chacune d’une partie verticale, sur laquelle induira une bobine tournante reliée à un poste émetteur, et d'une partie horizontale (fil unique ou nappe) ayant une direction privilégiée de rayonnement comme l’on sait (direction opposée à celle du fil ou de la nappe horizontale). Une de ces antennes est dirigée exactement vers le nord. La bobine tournante qui induit successivement ces antennes est animée d'un mouvement très régulier etfait, par exemple, un tour par minute. Au moment où elle induit l’antenne dirigée vers le nord, le poste émetteur dont elle fait partie envoie automatiquement un signal spécial dans l’espace. On voit maintenant très simplement comment se relever à l’aide d’un tel dispositif. I1 suffit de disposer d’un poste récepteur ordi- .natre ‘et d'un chronographe. Supposons que la bobine tournante effectue son mouvement dans le sens des aiguilles d’une montre; quand ‘cette bobine induira l'antenne dont la direction prolongée passe par le poste récepteur qui cherche à se relever sur l’émission tournante, ce poste recevra au maximum et, d’une façon générale, tout poste récepteur entendra cette émission spéciale avec une intensité passant par des maxima et des minima très nets. Quand notre poste récepteur entendra le signal indiquant que c’est l’antenne pointée vers le nord qui est induite, il mettra en route son chronographe et l’arrêtera quand il recevra au maximum (il peut naturellement faire l’opération à plasieursrepri- ses et prendre une moyenne de ses observations). S’il s’est écoulé 10 secondes entreles deux obser- vations, l'antenne dirigée vers lui ou qui est la plus voisine de la droite dirigée vers lui fait avec le nord l’angle 360°/6 (puisque le tour complet _ se fait en 60 secondes), soit 300. On à ainsi la direction du poste récepteur par rapport à l’émis- sion, avec une approximation de l’ordre de la moitié de la distance angulaire des deux anten- nes émettrices consécutives, soit 3° dans le cas présent. Un deuxième poste àémission tour- nante permettra de trouver un deuxième lieu pour le poste récepteur, et par conséquent sa position sera déterminée en tenant compte tou- jours de l'erreur de route. Nous terminerons cet exposé sur l'application de la radiogoniométrie à la navigation par l’'in- dication d’un dispositif très simple dû à MM. Driencourt et Marti, ingénieurs hydrogra- phes, et qui permet à un navire de déterminer son emplacement à l’aide d’un seul poste gonio- métrique installé à terre. Le principe est le sui- vant ; le navire, à l’aide d’un dispositif automa- tique, fait partir un pétard sous l’eau et émet simultanément un signal par T.S. K, Ce dernier - signal, étant donnée la faible distance du navire à la côte par rapport à la vitesse de la lumière, estinstantanément reçu par un poste à cadre qui détermine ainsi en même temps l’azimut du navire et l’instant où la détonation a eu lieu. Cet instant est enregistré à l’aide d’un dispositif dans le détail duquel nous n’entrerons pas. On enregistre aussi l'instant où le bruit de la déto- nation arrive au poste côtier. Connaissant la vitesse du son dans l’eau, on a donc un lieu sur lequel le navire doit se trouver et qui est le cer- cle décrit avec le poste côtier comme centre et le chemin parcouru par le son (distance du navire) comme rayon. Ce cercle coupe l’azimut déterminé par le radiogoniomètre au point demandé. 3. Pilotage dans un chenal. — Le navire a donc pu jusqu'ici faire, grâce à la T. S. F., son point en haute mer ; il s’est relevé, dès qu'ilest arrivé à portée, sur les phares hertziens de la côte, tournants ou fixes, ou s’est fait envoyer sa posi- tion par les postes goniométriques installés à terre. Comment la T. S. F. ou plutôt les phéno- mènes d'induction vont-ils le conduire sans pilote jusqu’au port même. . Plusieurs dispositifs ont été imaginés pour faire franchir un chenal au navire sans pilote à bord. Nous en citerons deux : le câble Loth et la télégraphie par l'air. Le câble Loth est un câble immergé dans l’axe du chenal que le navire doit traverseret qui est parcouru par du courant alternatif à fré- quence musicale. Le navire est muni d’un cadre fermé surun dispositif de réception et dans le- quel ce câble induit. Tant que le navire est à l'aplomb du câble, l'induction est intense; sile navire sort de sa route, cette induction s’affai- blit immédiatement, et le navire n’a qu'à virer pour retrouver l'induction maxima et sa route en même temps. La télégraphie par l'air permet à un navire . | + | Louis FRANÇOIS. — LA T.S.F. APPLIQUÉE AUX NAVIRES ET AUX AÉRONEFS piloté de suivre un navire pilote sans le voir, ce qui peut être précieux en temps de brume. Le navire pilote fait parcourir un cadre par du cou- rant alternatif de fréquence musicale (1.000 pé- riodes par exemple); le navire qui suit a un dou- ble cadre de réception incliné symétriquement par rapport à la ligne de foi du navire. Si le navire piloté marche bien dans la direction du navire qui le précède, les deux cadres de récep- tion sont également inclinés par rapport à la droite qui les joint au cadre émetteur; ils doi- vent recevoir avec une intensité égale. Un com- mutateur permet de fermer l’un ou l’autre cadre non seulement sur des appareils de réception, mais sur un appareil qui mesure l'intensité du courant récepteur. Si l'on constate que l’un des cadres récepteurs a une réception plus intense que l'autre, c’est que le navire est sorti de sa route, et il suffit de virer du côté du cadre qui a la réception la plus forte. Si l'émission du pilote est bien régulière, ce qu’on a réussi à réaliser d’une façon suflisante, on conçoit que la mesure du courant de réception, recueilli à la sortie de l’amplificateur sur lequel on ferme les cadres récepteurs et redressé par une galène, puisse indiquer, et on a vérifié que la précision était suffisante, la distance même des deux navires. Ainsi, position en haute mer, route précise près des côtes, entrée au port, la T.S. F. ou les phénomènes d’induction aideront le navire à naviguer convenablement en toutes circons- tances. : Nous avons dit dans un précédent article que par T. S. F. également on a déjà réussi à faire manœuvrer de loin et sans personne à bord soit un navire comme ont fait les Américains, soitune vedette comme on l’a réalisé en France en rade de Toulon. Des résultats analogues ont été obte- nus par l’avion comme nous le dirons plus loin. Il est intéressant de noter ici que la T. S.F. ne permet pas seulement au navire de rester en liai- son avec la terre et les autres navires et de faire sa route depuis la haute mer jusqu'au port, elle lui permet encore de faire marcher un méca- nisme subordonné qui a été jusqu'ici un autre navire, qui pourra peut-être bientôt êtreune tor- pille ou tout autre mécanisme sur lequel il y aurait intérêt à avoir une action à distance. “ II. — T.S.F. A BorD DES AÉRONEFS Que va maintenant demander à la T.S. F.cet autre navire qui s’appelle l'avion ou plus généra- lement l’aéronef. Exactement la même chose : un moyen de liaison, qui sera le seul dont le navire REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES. 169 volant disposera pour se relier au monde exté- rieur, une aide efficace pour retrouver sa route, exceptionnellement la possibilité d'agir à dis- tance sur un autre mobile à l’aide de la télémé- canique. Tout cela s’est surtout mis au point pendant la guerre et il ne sera pas inutile, avant de con- sidérerles besoins de l’avion commercial et la façon dont il y a été répondu, de faire un court historique de la T. S. F. appliquée à l’aéronau- tique avantet pendant la guerre. $ 1. — Historique La T.S. F. à d’abord été installée à bord d’un dirigeable et les premiers essais datent de 1909 et 1910. Le général Ferrié, alors commandant, fit en compagnie du capitaine Karcher de nombreux vols et l’on mit au point un appareil pas très dif- férent dans son principe des postes militaires automobiles que l’on créait à la même époque. C'était un poste à étincelles d’environ 2 kilo- watts, dont l’alternateur était actionné par un des moteurs de l’aéronef, dont l’étincelle écla- fait dans une enceinte entourée de toile métalli- que pour conjurer tout risque d'incendie et dont l’antenne était constituée, comme plus tard pour les avions, par un fil enroulé au repos sur un roueten matière isolante et déroulé pour la transmission à travers un tube en ébonite qui lui permettait d’être isolé de la masse du diri- geable, utilisé comme contrepoids électrique et jouant le rôle de la terre dans un poste fixe ordi- neire. Ce fil, dont on déroulait une centaine de .mètres, était tendu par un poids et flottait ainsi derrière le ballon. Aux manœuvres de 1910, des dirigeables restèrent ainsien liaison avec la Tour Eiffelsur des distancesatteignant 500 kilomètres. Le problème de la liaison des aéronefs au sol semblait résolu. Vint alors l’avion, dont on envisagea sérieusement l'emploi pour des fins militaires vers 1910. | On chercha avant la guerre à le munir, dans les mêmes conditions que le dirigeable, d’un poste ayant de la portée. On y parvint. On fit en 1913 la liaison Chartres-Villacoublay, l'avion étant muni d’une antenne flottante et d’un poste analogue à celui du dirigeable {à alternateur, entrainé par le moteur de l’avion), la réception ayant lieu sur une antenne en parapluie suppor- tée par un mât métallique démontable de 24 me- tres, et sans amplificateurs, ces derniers ne de- vant apparaître que fin 1915. 2 2. — La T.S.F. à bord des aéronefs de guerre Dès que la guerre éclata, de nombreux problè- mes se posèrent en ce qui concerne la T. S.F. 2 170 Louis FRANÇOIS. — LA TSF. APPLIQUÉE AUX NAVIRES ET AUX AÉRONEFS d'avions, qui tous furent victorieusement réso- lus, grâce, il faut le dire, aux beaux travaux des techniciens de la radiotélégraphie militaire. Nous allons les énumérer dans l’ordre chrono- logique. Ce furent d’abord les artilleurs qui demandè- rent à régler leur tir à l’aide d'avions munis de T. S. F. Il fallait donc prévoir des appareils lé- gers et de faible portée (8 à 40 km. tout au plus). On disposa d’abord sur l'avion des appareils fort simples, actionnés par accumulateurs et se composant d’une bobine d'induction dont les deux extrémités du secondaire étaient reliées, d'une part à un éclateur, et d’autre part à l’an- tenne flottante que nous avons décrite et à la masse métallique de l'avion formant contrepoids électrique. On remplaça ensuite ce premier type de rhatériel par des alternateurs montés, soit en excitation directe, l’antenne et la masse étant branchées aux deux extrémités du se- condaire d’un transformateur élévateur de tension dont le primaire était relié aux bor- nes de l'alternateur, un manipulateur placé dans ce cirouit primaire permettant l'envoi de signaux Morse, — soit en excitation indirecte, l'antenne étant induite par une bobine qui fait partie d'un circuit oscillant dans lequel débite l'alternateur. Ces alternateurs étaient entraînés par une hélice que le déplacement de l'avion fai- sait tourner, hélice simple en bois, d’abord, et réglée pour une vitesse déterminée (vitesse théo- rique de l'avion sur lequel l'alternateur était monté), hélice automatiquement réglable ensuite de sorte que l'alternateur tournait à son régime quelle que fût la vitesse effective de l'avion, souvent bien inférieure à la vitesse théorique. Tout à fait à la fin de la guerre, on étudia un entrainement de l'alternateur par le moteur de, l'avion, et il semble que la tendance actuelle soit d'entraîner par ce moteur une dynamo con- tinu à bas voltage d'assez grande puissance, dynamo qui fournirait toute l'énergie électrique nécessaire à bord et ferait tourner en par- ticulier un groupe convertisseur donnant le courant alternatif nécessaire à la T. S. F. Il est à noter, et nous reviendrons sur ce point important, que le montage de la T. S. F. à bord d'avion a toujours été compris de telle manière qu’en cas de panne de l'avion, la T. S. F. est muette, ce qui n’était-pas très gènant pour des avions militaires, mais n’est pas sans inconvé- nient pour les avions commerciaux dont nous aurons à parler plus loin. Quand le poste de T. S. F. à faible puissance nécessaire aux artilleurs fut complètement au point (postes uniquement émetteurs), on cher- cha tout d'abord à installer la réception à bord. Le problème, avant la guerre, paraissait inso- luble, à cause de la trépidation et des bruits in- tenses de l'aviation en vol. La mise au point des lampes et des amplificateurs permet de tourner la difficulté, et un récepteur à 4 lam- pes, dont 3 amplificatrices et une détectrice, fut mis au point et donné aux avions. Un sim- ple commutateur bipolaire à 2 directions per- mettait de brancher antenne et masse soit sur le dispositif émetteur, soit sur le récepteur à bord. Survinrent alors les canons à très gros calibres dont les réglages se faisaient à 30 et 40 km. de la pièce. Il fallut doter les avions correspondants de postes puissants et ne gênant pas les antennes de l'artillerie de petit et moyen calibres, au- dessus desquelles ces avions pouvaient être ame- nés à émettre. L’onde entretenue permit de ré- soudre simplement ce problème, et des postes à lampes, à la fois émetteurs et récepteurs et ana- logues à ceux dont nous avons parlé dans notre précédent article, furent donnés aux avions (à la grande stupéfaction de nos ennemis dont nous pümes constater l’étonnement dans des pièces prises sur des prisonniers) et aux groupes d’ar- üillerie lourde puissante qui se faisaient régler par eux. C’est notamment grâce à ce matériel à ondes entretenues que l’on put efficacement con- trebattre la pièce qui bombardait Paris en 1918. Les avions de réglage de tir et d'observation élant ainsi dotés, qui de postes à étincelles avec ou sans récepteur à bord, qui de postes à ondes entrelenues d’une portée plus grande, il fallut penser aux avions de bombardement et de combat. | Dans leurs randonnées à longue distance et par escadres constituées, ces avions pouvaient avoir besoin d’un poste puissant pour communi- quer d'un peu loin avec la terre, d’un poste de moindre puissance pour les liaisons intérieures de l’escadre, enfin d’un dispositif, et c’est ici qu’apparait le deuxième rôle de la T.S. F. pour l'aviation, les aidant à retrouver leur route dans la brume. Le poste puissant pour communiquer de loin avec la terre fut donné sous forme d’un alterna- teur de 500 watts, semblable dans son principe au petit alternateur de réglage d'artillerie, entrainé comme lui par hélice et faisant des por- tées allant de 100 à 300 km. et même davantage, suivant qu’on l’écoutait sans amplificateurs ou avec les amplificateurs les plus perfectionnés. Le poste pour les liaisons intérieures de l’es- cadre fut un poste de téléphonie sans fil assez analogue au poste à ondes entretenues destiné ; 3 $ À à A Louis FRANÇOIS. — LA T.S.F. APPLIQUÉE AUX NAVIRES ET AUX AÉRONEFS 171 aux réglages des gros canons et comprenant comme lui 3 lampes émettrices et 3 lampes ré- ceptrices. Tous ces postes à lampes installé ssur avion avaient-les filaments des lampes chauftés par accumulateurs ; d’autres accumulateurs don- naient la tension de plaque nécessaire à la récep- tion. La tension plus grande des plaques émettri- ces était généralement fournie par unepetite dy- namo spéciale actionnée, elle aussi, parhélice. Le poste de téléphonie prévu pour les escadres de bombardiers ou de chasseurs afaitune portée de l’ordre de plusieurs kilomètres entre avions et a été entendu à terre à plus de 30 kilomètres. La portée d’uneémission faite de l’avion à la terreou d'avion à avion dépend naturellement des posi- tions relatives des avions, soit entre eux, soit par rapport au poste à terre. L’antenne d’avion a en effet un pouvoir directif très net. Les portées que nous donnons ci-dessus correspondent aux con- ditions les plus défavorables. Avant de passer maintenant au dispositif adopté pour aider les avions à retrouver leur route, nous dirons un mot sur un problème que posaient les aviateurs de chasse, Ceux-ci, tou- jours soucieux de laliberté deleurs mouvements, n'avaient jamais beaucoup appréciél’antenne flot- tante qui, une fois déroulée, s’opposait à toute acrobatie. Ils demandèrent done une émission sur antenne fixe ou sur cadre. Le problème a paru longtemps insoluble, l'antenne fixe, nécessaire- ment très rapprochée de la masse de l'avion, ou le cadre rayonnaient très mal et ne donnaïent au- cune portée. Des études récentes, dues au Pro- fesseur d'hydrographie Mesny, ont montré qu’en employant des ondes très courtes, notablement inférieures à 100 mètres, on avait des portées in- téressantes, en émettant sur une petite antenne fixe tendue à un mètre au plus de l'avion, entre la queue et l'extrémité des plans supérieurs. Des appareils spéciaux allant avec cette antenne ont été réalisés et les chasseurs auront probablement bientôt toute satisfaction. Restait alors à aider les aviateurs à retrouver leur route. Restait à faire de la goniométrie à bord d'aéronefs. Nous avons vu qu’en dehors de l'émission tournante qui peut servit à se relever à bord d’avion comme partout ailleurs, mais dont l'installation à terre n’est pas simple, il y a deux moyens pour un mobile de faire sa route à l’aide de la T. S. K. Ou le mobile peut émettre, et des postes goniométriques, à terre, lui passer son point, ou il reçoit au contraire à bord l’émis- sion des phares hertziens. Le premier procédé est dangereux en temps de guerre pour les diri- geables qui se sont ainsi fait repérer et contre- battre efficacement, ceci s’appliquant surtout aux « Zeppelins » qui employaient ce moyen de faire leur route et dont la marche était ainsi suivie et contre-carrée, quand elle ne se terminait pas par la descente brusque de l'aéronef, véritable victoire radio-goniométrique. Il n’est pas très pratique pour l’avion, dont la marche rapide fait que le point que les postes à terre mettent quelques minutes à lui donner n’est déjà plus qu'une approximation très éloignée de sa posi- tion actuelle. On tendra donc de plus en plus, et cela fut, effectivement, la solution adoptée à la fin de la guerre, à faire parler des postes à terre et à se relever sur eux. Mais, là encore, deux procédés. Le premier est un peu grossier et a donné néan- moins de bons résultats. [1 consiste à tendre, entre les plans et les montants de l'avion, un cadre fixe dont les extrémités se ferment sur des appareils récepteurs disposés dans la carlingue. L'avion se dirige-t-il correctement sur le poste émetteur qui lui sert de point de direction, son cadre perpendiculaire à sa direction de marche lui donne une réception faible ou même nulle (il est prudent, dans ce cas, de munir l'avion d'un deuxième cadre perpendiculaire au premier qui sert uniquement à vérilier que le phare hertzien continue bien à émettre. Un commutateur ferme l’un ou l’autre cadre sur les appareils de récep- tion). Si, au contraire, l’avion dévie de sa route, son cadre se met immédiatement dans une direc- tion où la réception du phare hertzien devient plus forte et le pilote, averti par l'observateur, ou qui écoutelui-même, n’aqu’à virer pourretrouver sa réception minima de tout à l'heure. De cette façon, par une sorte de courbe du chien qui suit son maitre, l'avion marche sur le phare hertzien et fait ainsi sa route avec une approximation suffisante. Ceci n’est pas resté dans le domaine de la théorie. Des expériences concluantes ont été faites à plusieurs reprises par des avions qui se sont ainsi dirigés exactement soit sur la Tour Eiffel, soit sur le poste allemand de Nauen. Veut-on, au contraire, faire des relèvements précis, on munit l’avion d’un cadre tournant comme en ont les postes goniométriques à terre, L'observateur dirigera le cadre sur le phare hert- zien qu’il entend {ces phares sont d’ailleurs des postes quelconques dont il lui suflit de con- naître les heures et les caractéristiques d’émis- sion et l'emplacement). Quand il a ainsi obtenu la réception maxima ou minima, il lui suflit de comparer la direction du cadre avec celle de la boussole pour connaître l'angle que fait avec le nord la droite qui joint l'avion au poste émet- teur sur lequel'il se relève. Cette méthode est entachée de plusieurs causes d'erreur dont deux 172 au moins sont faciles à corriger.La première est l'erreur de route qui fait que l'avion, pour reporter son emplacement sur la carte, a besoin de se relever sur plusieurs postes émetteurs et est obligé à le faire successivement; elle est facile à corriger, nous l'avons dit plus haut. La deuxième estl'erreur due aux masses métalliques de l’avion,qui faussent les indications du radio- goniomètre. Mais ces erreurs peuvent être rele- vées une fois pour toutes et à terre ; elles sont donc faciles à corriger. La troisième erreur est plus grave. Elle tient à ce que la boussole, à cause des mouvements brusques de l’avion, ne marque pas toujours la direction instantanée exacte qu’il faudrait, mais là encore, de grands progrès ont été réalisés et on touche presque à la boussole sans inertie. Enfin, on a constaté depuis déjà longtemps,:et on a vérifié que cette constatation faite à terres’appliquait aux mesures faites à bord, que l’azimut d’un poste émetteur reliéauradiogoniomètre pouvait ne pas être tou- jours le même, des variations importantes et indépendantes des appareils de mesure ayant lieu, notamment au lever et au coucher du soleil. Il faudra donc se méfier des mesures faites à ce moment-là et éviter de se relever aux heures défavorables. Malgré toutes ces causes d'erreur, la goniométrie à bord d’avion avec cadre mobile permet à présent de faire des relèvements à quelques degrés près et il semble que, le jour où l’on installera le radiogoniométriste aérien dans une cabine confortable,il aura d'aussi bons résultats que son confrère en bateau. C’est pendant la guerre,enfin, et nous termi- nerons par là ce rapide exposé des différentes étapes parcourues de 1914 à 1918 par la T. S.F. aérienne, que l’on a fait d’intéressants essais de télémécanique, tant sur avion que sur vedette. On a réussi, à Etampes, à faire manœuvrer un avion sans pilote et sur un parcours atteignant 50 km. à l’aide d'émissions de T.S.F. faites, soit à bord d’un autre avion, soit par un poste à terre. Les perspectives d'avenir de la téléméca- nique semblent très intéressantes. Le dispositif n’est plus un montage de laboratoire et l’on entre en pleine période de réalisation. Sinous résumons tout ce que nous venons de dire, nous voyons que l'aviation de guerre a réussi, au point de vue liaison, à faire en ondes amorties des portées allant de 10 à 300 kilome- tres ; elle a fait de la téléphonie, à petite dis- tance il est vrai, mais c’estainsi que le problème était posé, les aviateurs ne désirant pas être enten- dus et répérés de trop loin.Elle a fait de la gonio- métrie, elle a fait enfin de la télémécanique. Qu’allonsinous maintenant trouver sur l'avion Louis FRANÇOIS. — LA T.S.F. APPLIQUÉE AUX NAVIRES ET AUX AÉRONEFS 2 commercial d’aujourd’hui,qui dérive directement . de l’avion militaire ? $3.— La T.S.F.à bord des avions c© mmerciaux Nous y trouverons un poste à ondes entrete- nues qui fera généralement de la téléphonie sans fil ; nous y trouverons un cadre goniomé- trique; nous y trouverons encore, seule nou- veauté, un poste de secours pouvant marcher encore quand l’avionest en panne. Comme amé- nagement à terre complémentaire de la T.S.F. nous aurons un réseau reliant entre eux les aéro- ports et les terrains d’atterrissage et recueillant les renseignements météorologiques si néces- saires à la navigation aérienne. Nous aurons dans les aéroports des dispositifs électriques facilitant l'atterrissage et la bonne arrivée des avions. Nous allons donner quelques détails sur ces divers dispositifs. Le poste de téléphonie ou de télégraphie d'avion sera un poste à lampes, émetteuretrécep- teur, dont les plaques peuvent être alimentées en courant alternatif pour faire de l'onde interrom- pue que tout récepteur peut recevoir, ce qui est indispensable pour les signaux de détresse. Ces postes àlampes n’ont rien d’essentiellement différent de ceux qui ont été mis au point par la radiotélégraphie militaire. Actuellement, les avions commerciaux, notamment ceux de la ligne Paris-Londres, sont munis de postes à grosses lampes dontl’énergie de plaque est four- nie par une machine à hélice et dont la portée est de l’ordre de 250 à 300 kilomètres. L'avion peut donc converser en permanence avec'le point de départ (le Bourget) ou le point d'arrivée (Croydon) et, pendant la majeure partie du par- cours, avec les deux à la fois. La possibilité de faire de la téléphonie est précieuse pour un avion commercial, car elle évite d’avoir à emmener un spécialiste lecteur au son. Par ailleurs, il n'y aura pas, d'ici longtemps, assez d’avions émet- tant simultanément en téléphonie pour causer de sérieux brouillages. Le poste goniométrique n’est pas encore d’un type arrêté. En fait, sur la ligne Paris-Londres, c’est le poste récepteur à terre de Croydon qui a une réception goniométriqueet donne à l'avion son azimut quand il arrive. Ce seul azimut, bien connu du pilote qui fait tous les jours la même route, suffit à lui indiquer s’il est dans la bonne direction. Il n’y a d’ailleurs aucune diffi- culté théorique à installer un goniométriste spécialisé dans une cabine close et à lui faire faire le point comme il le ferait à terre. Le poste de secours,dontl’absence a failli cau- ser la perte des passagers du « Goliath » lors de Be nt, 2 2: n Sn Los ot het dus. ARNO LD 2 she FA Lours FRANÇOIS. — LA T.S.F. APPLIQUÉE AUX NAVIRES ET AUX AÉRONEFS 173 —————— leur fameux raid sur Dakar, estabsolumentindis- pensable. Il faut que l'avion, au moment où il a une panne, puisse appeler au secours, et c’est à ce moment-là que son poste normal cesse en général de fonctionner. Le « Goliath », qui dis- posait d’un poste à étincelles de 500 watts qui fait des portées de 500 kilomètres pendant son voyage et d’un appareil récepteur à bord, n'avait ni cadre goniométrique, ni poste de secours. Quand tout allait bien, il a pu toucher 40 corres- pondants et envoyer 30 télégrammes, mais au moment où, du fait de la perte d'une hélice, l'avion dut s’arrêter et atterrir, l’alternateur, ne tournant plus à son régime, a empêché d'envoyer le signal de détresse et les passagers n’ont été sauvés que par le plus grand des hasards. Actuel- lement, on prévoit pour ces grands avions (no- tamment pour les hydravions de la marire) un poste alimenté par accumülateurs ou même par un petit groupe électrogène spécial. L’antenne, un simple fil de 100 à 150 mètres de longueur, sera soutenue en l’air, soit par un ballonnet gonflé à l’aide d'une bouteille d'hydrogène que l’avion emporte avec lui, soit par un cerf-volant qui pourra être mis en service si le vent est suflisant. L'avion en panne disposera ainsi d’un moyen d'appel qui fonctionne en dehors de lui. La T.S.F. à bord des avions commerciaux ne rendrait pas lous les services qu'on est en droit d'en attendre sil'infrastructure n’était pas orga- nisée d’une façon convenable. Cette infrastruc- ture comprend essentiellement des aérogares ou aéroports et des terrains d’atterrissage. Ces ter- rains doivent être reliés soit par téléphone, soit par T.S.F., soit même par les deux. Actuelle- ment, les mêmes postes de T.S.F. assurent les liaisons avec la terre et les liaisons avec l'avion. Quand le trafic aura pris toute l'importance qu’on peutlégitimement entrevoir, il faudra doubler ces postes et spécialiser l’un d’eux aux liaisons avec l'avion. Ces postes de T.S.F. ont pour rôle fon- _ damental, en dehors de leur office de postes de liaison, de recueillir les renseignements météo- roloyiques que la Tour Eiffel, 5 fois parjouret le Bourget 2 fois, transmettent à l’usage, non seu- lement des aviateurs, maisaussi des agriculteurs et de tous ceux que l’état du ciel, la vitesse du _ vent et les prévisions du temps peuvent intéres- - ser. Partout où un avion est amené à atterrir, il trouve un représentant dela météorologie quilui donne les résultats des dernières observations et des derniers sondages et la prévision la plus récente que le Service météorologique a pu faire. Ces prévisions sont faites pour une durée qui dépasse généralement celle d’un trajet nor- mal en avion. L’aéronef sait donc, en partant. ce qui l'attend comme temps aux diversesaltitudes. Si un grain, un orage, un phénomène imprévu est annoncé, les postes de T.S.F. alertés lelui annoncent. Il peut, d’ailleurs, les interroger à ce sujet. Grâce à la T.S.F. et à la météorologie combinées, iln’est pas’d’aéronef qui ne puisse navigueravec la sécurité maxima,et c’est ce qu'il y a de plus frappant et de mieux organisé dans la navigation aérienne commerciale dès mainte- nant. Grâce à la météorologie, l'avion vole en sécu- rité; grâce aux dispositifs que l’on étudie en ce moment, il peut également atterrir en toutes circonstances dans les conditions lès leures. . On a cherché d’abord à guider lavion, déjà mis sur la route de son aérodrome grâce à !la goniométrie, jusqu'au terrain d'atterrissage même, à l’aide d'un câble Loth analogue à ceux disposés dans le chenal des ports et dont l’émis- sion est recueillie par un cadre spécial installé à bord. Tant que ce cadre reçoit, l'avion est au- dessus du câble et sera dirigé, grâce à ce guide invisible, droit sur son terrain. Ceci est très précieuxentemps de brume. Sur leterrain même, on arrive, en faisant parcourir des cadres verti- caux de grandedimension pardes courants alter- natifs de nature spéciale, à obtenir dans le cadre récepteur de l’avion des courants de réception qui lui permettent de se rendre compte s’il est à droiteou à gauche du cadre émetteur. On guide ainsi l’avion jusqu’à la dernière minute’et on lui prépare un atterrissage sans aucune surprise. On a essayé de résoudre aussi le problème, fonda- mental pour l’avion, qui consiste à lui permettre de déterminer son altitude au-dessus du sol quand ilest perdu dans la brume. L’altimètre, eneffet, ne lui donne que son altitude au-dessus du niveau de la mer et non sa position par rap- port au sol. Le principe du dispositif est fort simple et repose sur la connaissance de la vitesse du son. L’aviateur qui ne sait plus à quelle hau- teur il est et qui ne voit pas le sol tire un coup de revolver. Le bruit de ce coup de revol- ver est enregistré sur un appareil spécial qui enregistre aussi l'écho du bruit réfléchi sur le sol. Si alors, et l'appareil est disposé pour donner cerenseignement, une seconde s’est écou- lée entre l'enregistrement du bruit direct et l'enregistrement du bruit réfléchi, l'avion est à 170 mètres d'altitude (la vitesse du son étant de 340 mètresenviron à laseconde, et le son réfléchi ayant eu à parcourir, alleret retour, 170 mètres). Il sera à autant de fois 170 mètres de hauteur qu’il se sera écoulé de secondes entre le bruit direct et le bruitréfléchi (renseignement de toute meil- 174 R. ne LA VAULX. — L’INTERSEXUALITÉ première importance pour un avion qui ne voit pas le sol et qui risque de s’y briser). Telles sont donc les possibilités de la T.S.F. en ce qui concerne la navigation aérienne. Grâce à elle, l'avion, comme.le navire, reste en liaison avec le monde extérieur, et retrouve sa route quand la boussole ou la vue directe ne suflisent plus à le diriger. La T.S.F.: ou les phénomènes d’induction connexes le conduisent jusqu’à son terrain d'atterrissage, et la sécurité en avion, qui s'accroît chaque jour, le doit en grande partie à la radiotélégraphie. Louis François. ErRATA. — Dans l'article du même auteur, paru dans notre numéro du 30 janvier 1922, lire : Page 42, colonne 1, ligne 10 en remontant : SE ficateur à résistances, au lieu de « amplificateur à résonance »; Page 46, colonne 2, ligne 13 en remontant : milliam- | père, au lieu de « milliampèremètre ». Pé L'INTERSEXUALITÉ Bien que le terme d’intersexualité n'ait été in- troduit en Biologie,parR. Goldschmidtet O.Rid- dle, que dans ces dernières années, plusieurs auteurs l'ont déjà repris et appliqué à des phé- nomènes assez différents. Comment faut-il comprendre cette nouvelle expression ? Quels sont les faits qui ont suscité sa création ou motivéson application ? Dans quelle mesure ceux-ci sont-ils comparables et suscep- tibles de recevoir la même interprétation? Tels sont les différents côtés du problème que je me ‘ propose d'examiner ici. I.— INTERSEXUÉS ET GYNANDROMORPHES On a signalé depuis longtemps, dans presque tous les groupes d’animaux gonochoriques!, l’apparition d'individus anormaux, offrant un mélange de caractères primaires (gonades) ou secondaires propres au mâle ou à la femelle. Les auteurs les ont désignés sous les noms les plus variés, dont il ne convient de retenir actuelle- ment que ceux de gynandromorphe et'd'inter- sexuê. Dans un article récent, paru dans cette revue, M.J. Delphy? estime que ces expressions sont absolument synonymes et que l’une des deux doit disparaître. Sans méconnaitreles difficultés que peut soulever lapplication'de ces termes à des individus isolés, je crois qu’il est préférable de les conserver l'un et l’autre, tout au moins provisoirement.Le fait que les deux types d’aber- rations ont pu être distingués dans un même 1. Gonochoriques = ayant normalement les sexes séparés, par opposition aux hermaphrodites qui les ont réunis chez un même individu. 2: Le gynandromorphisme et les Crustacés Rev, gén. Sc., 80 nov. 21. intersexués, groupe, voire dans une même espèce (Lymantria dispar, Drosophila melanogaster), parait justi- fier cette opinion. En s’en tenant aux exemples les plus typiques, il est possible d’assigner aux deux sortes d’ano- malies les caractéristiques suivantes : Les intersexués offrent, dans leur ensemble, une constitution intermédiaire entre les types mäle et femelle, et cet état paraît être, le plus ' 4 : Fig. 1, — Mue antennulaire d'une Daphnie intersezuée peu masculinisée. — L'antennule droite (second plan) est du type @ normal; la gauche appartient à un type intermé- diaire, x 250. Comparer avec les fig. ?, al et 3. souvent, la conséquence d'un revirement de la dominance sexuelle au cours de l'ontogénèse. Ils apparaissent, soit dans certaines lignées, soit comme résultat de croisements hétérogènes ou de modification expérimentale du milieu, et tou- jours en assez forte proportion (de 40 à 80°/,). Il est généralement possible, tout au moins en fai- sant varier les conditions expérimentales, de se procurer tous les termes de passage entre les deux types sexués normaux. En principe, et sous réserve de complications secondaires, ces ani- maux sont symétriques et formés non seulement de régions mâles et femelles, maïs de parties morphologiquement intermédiaires (fig. 1). On n'observe jamais, comme cela se produit pour Le: R. pe LA VAULX. — L'INTERSEXUALITÉ les gynandromorphes dits « bipartis »,la sépara- tion de deux moitiés sexuellement différentes suivant un plan sagittal. Lorsque l’intersexualité est due à l'hybridation, on constate que, dans les portées, la proportion habituelle des sexes est faussée et que les individus aberrants sont for- més au détriment d’un seul sexe : cela permet généralement de distinguer des mâles intersezues et des femelles intersexuées. Est-il nécessaire de faire remarquer que l'in- tersexualité est une notion purement morpholo- gique. Au point de vue de la fonction, chaque gamète étant complémentaire de l'autre, il ne peut y avoir d’intermédiaire !. Les gynandromorphes sont typiquement cons- titués par une mosaïque irrégulière de régions nettement mâles ou femelles. Fréquemment les individus sont bipartis, chaque moitié étant d'un sexe différent. Bien que certaines lignées sem- blent prédisposées à la production de ces ano- malies, celles-ci sont toujours assez rares, Ce sont des formes exceptionnelles et la plupart des biologistes s’accordentpour attribuer leurgenèse soit à une fécondation anormale, soit à une répar- tition inégale de la chromatine au cours de la division deshlastomères.Le gynandromorphisme proprement dit apparaît done comme une aber- ration locale d'ordre cellulaire. Un exemple caractéristique de gynandromor- phisme pur est fourni par les Drosophiles étudiées par T. H. Morgan et ses collaborateurs?, Ces Mouches, apparues dans certaines lignées dans la proportion de 1 sur 2.200, présentaient une juxtaposition irrégulière de régions mâles et femelles, sans transitions. L'étude génétique a permis de démontrer qu’il s'agissait de femelles, etque les’ régions offrant le type masculin avaient perdu un chromosome sexuel. Si des exemples typiques permettent de dis- tinguer le gynandromorphisme de l’intersexua- lité, il faut reconnaitre que, dans la pratique, non seulementles deux phénomènes nes’excluent pas, mais qu'ils se superposent fréquemment. Beaucoup d’Arthropodes intersexués ne sont pas symétriques. Il semble que lacause quitrouble le déterminisme initial de l'œuf, influence égale- ment la régularité des divisions nucléaires au cours de l’ontogénèse. Aussi, l'examen morpho- logique ne permettant généralement pas de faire, sur un individu isolé, de distinction entre 1. On sait que, chez certains organismes inférieurs, on ne peut plus distingner les deux sexes que parl’attraction qu'ils exercent réciproquement l'un sur l’autre. L'on remplacealors parfois les mots mâle et femelle par les signes + et —. 2. Contribution to the genetic of Drosophila melanogaster. The origin of gynandromorphs. Publ. n° 278, Carnegie Inst, Washington, 1919. M. gynandromorphe et intersexué, paraïît-t-il pré- férable de réserver ce dernier terme pour dési- gner des animaux observés en série au cours d’élevages. Quoique peu nombreux, les faits d'inter- sexualité signalés jusqu'ici par les auteurs offrent une assez grande variété. Je vais les passerrapidement en revue. IT. — L'INTRRSEXUALITÉ CHEZ LES INVERTÉBRES Les Papillons étudiés par R. Goldschmidt ont fourni les premiers exemples d’intersexualité. Ce sont aussi les plus typiques. En croisant entre elles diverses races de Lymantria dispar, l’auteur obtient une série d'individus offrant tous lesétatsintermédiaires entre les deux sexes; mais, à un croisement donné, correspond un certain degréd'intersexualité.Goldschmidt expli- que ces résultats au moyen d’hypothèses ingé- nieuses, assez compliquées!. Je n'en donne ici ‘que l’idée fondamentale. Le sexe d'un individu dépend du rapport qui existe, dans l'œuf dont il dérive, entre deux sub- stances enzymoïdes : andrase etgynase,apportées par les gamètes. Si l’on admet, avec l’auteur, que ces substances se trouvent en quantités différen- tes dans les races expérimentées, on conçoit que le rapport normal puisse se trouver faussé dans les produits des croisements hétérogènes, Sup- posons, par exemple, que le sexe femelle soit F — 100 NM = 30 dans une déterminé par la proportion Hi— 02 M — 60 que les races ne seront pas mélangées, une diffé- rence quantitative suffisante entre les deux « fac- ‘teurs » Fet M sera maintenueetlesexe apparaîtra normal. Mais, dans le cas d’hybridation, certains individus pourront recevoir le facteur M de la : 82 80’ La différence quantitative devient alors trop faible. Dans ee cas, ilya dominance insuflisante et tran- sitoire, desorte qu’à un certain moment de l’ontogénèse, le déterminisme sexuel change de sens, plus ou moins tôt, suivant la proportion d’andrase ou de gynase contenue dans l'œuf. Fait remarquable, après avoir, à la suite de premiers essais, attribué certaines valences sexuelles à chaque race expérimentée, Gold- schmidt arrive à prévoir, pour un croisement race (A). et par dans une autre (B). Tant race À et le facteur F de la race B, soit: 1. Voir en particulier : Expérimental intersexuality and the sex problem. 4m. Nat., t. L, p. 705-717 ; 1916, et A fur- ther contribution to the theory of sex. J, exp. Zool.,t.XXII, p. 593; 1917. 176 donné, le degré’d’intersexualité que présente- ront les hybrides. Bien que les intersexués obte- nus ne soient pas toujours symétriques,il admet que l’enzyme dominante agit sur la totalité de l'individu par l'intermédiaire d’une hormone. L'hybridation des Papillons a souvent fourni des aberrations sexuelles, mais l’asymétrie est généralement beaucoup plus accentuée que dans les exemples précédents. D’autres expérimentateurs sont parvenus à obtenir des séries d’intersexués en croisant des races différentes. L'hybridation de Pediculus capitis et P. cor- poris a livré à D. Keïlin et G.H.F. Nuttall! un lot d'individus sexuellement anormaux qu'ils nomment hermaphrodites, mais qu’ils compa- rent, avec juste raison, aux Papillons de Gold- schmidt. Les animaux aberrants fournissent des formes de transition entre les deux types sexués normaux. Ils ne présentent pas, à proprement parler, de mosaïque et sont sensiblement symé- triques. Aucun spécimen n’est biparti, et l’asymétrie de certains organes peut s'expliquer, sans faire appel au gynandromorphisme, par les considérations que je formulerai plus loin. Certaines expériences incitent les auteurs à admettre que P. capitis et P.corporisne sontque deux races locales d’une même espèce : P. huma- nus,et que les deux formes peuvent se trans- former l’une dans l’autre suivant les conditions de vie. Si le fait se confirme, on pourrait, il me semble, en tirer une conséquence du plus haut intérêt pour la Biologie générale. Nous avons vu que, suivant l’hypothèse, très vraisemblable, de Goldschmidt, l’intersexualité des hybridesserait due à une différence quantitative dans la consti- tution des gamètes des deux races croisées. Si donc une pareille différence nucléaire, révélée parla formation d’intersexués, existe entre deux races manifestement produites par des variations des conditions extérieures, il faut admettre que les fluctuations du soma peuvent retentir sur le germen. Il y a quelques mois, E.W. Sexton et J.S. Hux- ley ont obtenu des intersexués en croisant des variétés de Gammarus chevreuxi, espèce voisine de nos « Crevettes de ruisseau ». Les auteurs admettent qu’il s'agit toujours de femelles mas- culinisées?, et soulignent ce fait que l’appari- tion des caractères mâles n’entrave pas néces- 1. Hermaphroditism and other abnormalities in Pediculus humanus, Parasitology, t. XI, p. 279-328 ; 1919. - 2, Voir: Intersexes in Gammarus Chevreuxt and related forms. J. Mar. Biol. Assoc,, Plymouth, t. XXI, sept. 1921, Depuis la publication de ce mémoire, M. E. W. Sexton a bien voulu me faire savoir qu'il avait trouvé également des mâles intersexués, & R. pe LA VAULX. — L'INTERSEXUALITÉ sairement le développement desformes femelles. Ces intersexués ont une croissance très longue et atteignent une taille supérieure à celle des individus normaux. Les ovaires sont fréquem- ment stériles ou atrophiés, mais aucune trace de gonade mâle n’est signalée. Je ne m’arrête pas à la description des Crabes intersexués signalés par Morgan. D'après M. J. Rathbun?, il ne s’agirait que de femelles immatures. C’est encore parmi les produits d’un croise- - ment, effectué entre deux mutants, de Droso- phila melanogaster, que; tout récemment, C.B. Bridges * a trouvé mélés à 969 et 95, 80 inter- sexués de divers types, mais tousstériles. Comme il fallait s’y attendre, l’auteur, collaborateur de Morgan, propose une explication différente de celle de Goldschmidt. On sait que, pour les néo- mendéliens, le sexe d'un organisme dépend de ‘la présence de certains chromosomes. Chez les Drosophiles, en particulier, on admet que deux chromosomes X déterminent le sexe femelle, tandis que le sexe mâle correspond à la formule XO. Or, l'examen cytologique des intersexués a montré des dispositionschromosomiques variées permettant de les rapporter à quatre types. La plupart possèdent la formule XX (©), mais le second et le troisième chromosome [autosomes) sont triples au lieu d’être doubles, comme de coutume. L’auteur est ainsi conduit à admettre que le sexe ne dépend pas seulement des chro- mosomes sexuels, mais qu’ilest déterminépar un rapport entre les « gènes » situés dans les chro- mosomes X et ceux contenus dans Îles autoso- mes. 2 X: 2 autosomes correspondant au sexe © et 1 X : 2 autosomes au sexe O", il en déduit que le rapport intermédiaire 2 X : 3 autosomes pro- voque l'apparition d’un état intersexuel. L'année précédente, A.P. Sturtevant {, autre collaborateur de Morgan, avaittrouvé dans un lot de Drosophita simulans 200 intersexués apparte- nant tous au même type.Ils offraient un mélange de caractères secondaires © et®, mais leurs gonades étaient extrêmement réduites ou absen- tes. L'analyse génétique démontra que la for- mule chromosomique de ces intersexués était du typé femelle (XX). Pour expliquer l’anomalie, l’auteur a recours à l'argument babituel des généticiens. [linvoquel'apparition d’un « facteur 1. Variation in the secondary sexual character of the Fidd- ler Crab. Amer. Nat.,1920. 2. On intersexes on Fiddler Crab. Amer. Nat.,t. LV, p, 80- 82 ; 1921. 3. Triploid intersexes in Drosophila melanogaster. Science, t. LIX, p. 252: 1921, 4. Intersexes in Drosophila simulans. Science, t. LI, p. 325; 1920. Fig. 2. — Femelle normale de Daphnia atkinsoni (Crustacé Cladocère). — al,antennule : a2?,base de l'antenne (cet appendice, dépourvu de caractéristiques sexuelies, n'est pas représenté sur les fig. 3,et6); p, pnst- abdomen; d, replis dorsaux retenant deux œufs dans la cavité incubatrice; o, ovaire. x 43. 4 Fig. 4. — JIntersezué symétrique de*D. atkinsoni. — Tète et carapace de forme intermédiaire; pattes — typeO ; post-abdomen et gonades — type Q ; re- / E- plis dorsaux et antennules © peu développés. x 43. Fig. 5.— Gonade mirie on Ovo-testis d'un interserué très aberrant (D. atk.). — La moitié supérieure contient un œuf mür et d’autres en formation; la partie inférieure est du type O7 mais n'a pas poursuivi son évolution. >< 215. Fig. 3. — Mäle normal de D. at- kinsoni, — Il se distingue de la femelle principalement par la taille, par la forme de la tête, des antennules, de la carapace, des pattes (présence d’un cro- chet), du postabdomen, et par la nature des gonades. x 47. Fig. 6. — Interserué éphippial très asymétrique (D atk.). — Côté droit de l'animal : antennule, carapace et postabdomen intermédiaire, patte ©”, éphippie très anormale (1 loge); côté gauche : antennule intermédiaire, carapace, patte et postabdomen ©, éphippie presque normale, Ovaire de chaque côté. x 31. 178 R. pe LA VAULX. — L'INTERSEXUALITÉ intersexuel » récessif logé dans un autosome. « Le mécanisme normal du déterminisme du sexe, dit-il, n’est pas du tout affecté, mais le résultat final est modifié par un gène qui n’est même pas dans le chromosome sexuel. » Malgré l'ingéniosité de ces diverses explica- tions, il faut reconnaître que la découverte d’in- tersexués chez les Drosophiles diminue singu- lièrement le rôle qu'il convient d’attribuer aux chromosomes X dans le déterminisme du sexe. L’hybridation n’est pas la seule origine possi- ble de l’intersexualité. On a vu ce phénomène apparaître dans les lignées parthénogénétiques des chez ces derniers qu'il a été étudié récemment par A. Banta et par l’auteurde cet article! L’aptitude à la production des intersexués apparaît dans une lignée, brusquement, à la façon d'une mutation, mais se manifeste très irrégulièrement dans la descendance. L’inter- sexualité est en effetenrelation avec l'apparition des mâles, qui dépend elle-même de facteurs internes et externes. On trouve tous les termes de passage entre les deux sexes (fig. 2 et 3), mais la symétrie (fig.4) est exceptionnelle et le gynandromorphisme, c'est-à-direl'indépendance sexuelle des diverses régions du corps, est poussé très loin (fig. 6). On peut admettre cependant, en se fondant surtout sur l'étude des gonades, que, dans l’ensemble, ces animaux, primitivement orientés vers le sexe mâle, ont subi secondaire- mentune féminisation plus ou moins précoce. Aucun individu n’est rigoureusement biparti; les plus anormaux, au point de vue de la mor- phologie externe, ont des gonades mixtes (ovo- testis) non fonctionnelles (fig. 5). La présence éventuelle d’éphippies? chez les Daphnies m'a permis de mettre en évidence l’existence d’une constitution intersexuelle latente, des régions morphologiquement neutres à l’état habi- tuel (région dorsale) (fig. 6). Bien que les auteurs qui les ontétudiés n'aient pas usé de ce terme, on peut également considé- rer comme intersexués les individus aberrants apparus au d'expériences réalisant un déterminisme épigamique du sexe. C’est ainsi que F,. Baltzer détermine le sexe des Bonellia, Vers géphyriens, enlaissantles larves en contact avec une femelle âgée ou en les isolant. Lors- dans cours 1.R, pe LA Vaurx : L'intersexualité chez un Grustacé Cla- docère. Bull Biol. Fr. Bele.,t. LV, p. 1-86; 1921. On trou- vera dans ce mémoire, outre un exposé sommaire des prin- cipales théories du gynandromorphisme et de l’intersexualité, les indications bibliographiques qui n'ont pu trouver place 1e1. 2. On nomme ainsi un étui chitineux, formé par un épais- sissement de la carapace des Cladocères et destiré à contenir les œufs fécondables, Phasmes et des Cladocères. C’est surtout. qu’une larve déjà orientée vers unsexe estensuite soumise à l'influence antagoniste, elle présente des aberrations sexuellesquien font un véritable intersexué. IT. — L'INTERSEXUALITÉ cHez LES VErTÉBRÉS ! Presque en même temps que Goldschmidt, O. Riddle a employé le terme d’intersexué (sex intermediate) pour désigner des Pigeons et des Tourterelles dont il modifiaitexpérimentalement les caractères sexuels, soit par l’effet de l'hybri- dation, soit en soumettant les mères à un travail reproducteurintensif. [la pu constater un rapport entre le sexe d’une part, et la dimension et l'hy- dratation des œufs d'autre part. Ce sont les œufs dont le jaune est de taille intermédiaire quidon- nentles intersexués. Ceux-cise distinguent prin- cipalement par leur comportement. Les singula- rités psychiques,la stérilité, accompagnée parfois de l’atrophie des avaires, ne paraissent pas rares chez les hybrides, mais, bien que ces phéno- mènes résultent, sans doute, de causes peu diffé- rentes de celles qui provoquent l’intersexualité, il semble préférable de réserver ce terme aux ano- malies morphologiquement intermédiaires entre les types sexuels normaux. R. Hertwig et d’autres expérimentateurs ont réussi à modifierlesexe des Batraciens et, comme on pouvait le prévoir, ont obtenu fréquemment des individus sexuellement intermédiaires. Il est d’ailleurs probable que beaucoup d'anomalies signalées sousles noms d’hermaphrodisme ou de gynandromorphisme pourraient être attribuées à l’intersexualité. La vérité est que la question, déjà fort complexe chez les Arthropodes, pré- sente chez les Vertébrés des difficultés nouvel- les par suite de la présence d’Aormones charriées par le torrent circulatoire. On ne peutconsidérer comme intersexués un chapon, une Faïsane arrhénoïdique, au même titre que les Papillons de Goldschmidt. La panachure des caractères sexuels est ici la conséquence directe de la cas- tration ou de l’atrophie des ovaires; c’estun phé- nomène secondaire en rapportavec l’intime cor- rélation des parties!. 1. Chez les Vertébrés, le déterminisme du sexe s’accomplit, en quelque sorte, en deux temps. La constitution de l'œuf ne régit directement que la nature des gonades, tandis que les hormones, sécrétées par celles-ci ou pardes glandes annexes, dirigent secondairement la morphologie de l'individu sexué en agissant sur un état primitivement neutre. Lipschutz admet même que la nature des gonades est, elle aussi, déterminée par une hormone primordiale.A vrai dire, l'indé- termination sexuelle primilive du soma n'est pas aussi cer- taine que les remarquables expériences de Bouin, d'Ancel, de Pézard, de Steinach le donneraïentà penser. L'existence, chez les oiseaux, de gynandromorphes bipartis, ne peut s'expliquer que par un déterminisme cellulaire précoce qui sensibilise choque moitié du corps vis-à-vis d'une hormone particulière. R. ne LA VAULX. — L'INTERSEXUALITÉ 179 DRE RO ——— La question de l’intersexualité chez l’homme appelle naturellement des réserves semblables. Depuis longtemps, Hirschfeld a admis que des types seæuelsintermédiaires pouvaientètre carac- térisés par certaines aberrations psychiques. Or, récemment, Steinach! a démontré que celles-ci étaient en rapport avec la constitution des glan- des interstitielles et dépendaient des hormones. D'autre part, il existe certaines particularités telles que la taille, le psychisme, qui, sans consti- tuer de véritables caractères sexuels secondaires, sont habituellement liées à un sexe. La variabilité de ces caractères, dont le déterminisme dépend à la fois de l’hérédité et de multiples sécrétions internes, permet-elle d'établir des degrés dans la sexualité ? La question peut être discutée. Au surplus, comme l’a fait justement remarquer Caullery?, une observation minutieuse permet- trait de multiplier les caractères sexuels à l'in- fini. En augmenter le nombre conduirait à éten- dre abusivement et par suite à dénaturer la notion d'intersexualité. Mieux vaut, semble-t-il, lui'conserver l’acception plus restreinte, mais aussi plus nette que je lui donnais plus haut celle d’une transition graduelle entre les deux types sexuels, ponvant intéresser les caractères primaires aussi bien que les secondaires *, IV. — INTERPRÉTATION Les faits qui viennent d’être exposés montrent que, même en mettant à part les exemples de gy- nandromorphisme pur (Drosophiles de Morgan, Insectes sexuellement biparlis), l'intersexualité se présente sous des aspects divers et a suscité des théories bien différentes. Est-il possible d'ordonner ces premiers résultats ct d'en déga- ger une interprétation générale? La principale question à résoudre me parait être celle-ci : La constitution intersexuelle résulte-t-elle de l’antagonisme de deux « déter- minants » dont l’action se fait sentir simultané- ment, où provient-elle de l'application succes- sive de ces deux forces directrices ? On sait que cette dernière interprétation est celle de Gold- schmidt. Cet expérimeutateuradmet que le déve- 1. E. Sreinacu : Histologische Beshaffenheit der Keimdrüse bei homosexuellen Männern. Arch, Entw. Mech., t. XLVI; 1920. Û 2, M. CaurerYy : Les Problèmes de la Sexualité, Bib, de Philos. Sc., Paris, 1913, p.322. 3. Chez les Végétaux dioïques, où de nombreuses expé- riences ont démontré la possibilité d'un déterminisme épi- gamique du sexe, on doit s'attendre à retrouver quelque chose d'équivalent à l'intersexualité, sous des formes, d'ailleurs, notablement différentes, En raison de l’absence presque géné- rale de véritables caractères sexuels secondaires, de la grande indépendance des parties, de l'alternance des générations sexuées et asexuées, Ja question se présente ici sous un aspect tout particulier et son étude doit être laissée aux botanistes, loppement suit d’abord la directive sexuelle de l’enzyme dominante, et qu'à un certain moment, cette dernière étant épuisée, l’autre enzyme entre en action. L'ordre, dans lequel les divers organes des Papillons sont sexuellement modi- fiés, corrobore d’ailleurs cette hypothèse, qui peut, avec certaines restrictions, s'appliquer éga- lement au cas des Pediculus, des Gammarus et même des Cladocères. L'intervention successive de deux déterminismes semble expérimentale- ment démontrée chez les Bonellies anormales ; par contre, l'hypothèse s’adapterait peut-être mieux au cas des Drosophiles et des inverse Colombidés. Goldschmidt, assimilant les facteurs sexuels à des enzymes, admet, en principe, qu'ils ne peuvent agir simultanément. Beaucoup de géné- ticiens pensent, d’ailleurs, que les caractères mendéliens dits « allélomorphes » s’excluent toujours; il semble bien, cependant, y avoir des exemples indiscutables d'hérédité mixte, quine peuvent être attribués qu'à la coopération des deux facteurs en présence. La dominance est alors incomplète!. L'étude des hormones, qui constituent des sortes de « déterminants » secon- daires accessibles à l’expérimentation, fournit des faits comparables. Des expériences récentes (de Steinach, de Knut Sand) ont montré que, contrairement à ce que l’on avait cru d’abord ?; il est possible de créer des « hermaphrodites » artificiels par la greffe simultanée des deux sor- tes de gonades sur des individus préalablement reutralisés au moyen de la castration. Rien ne s'oppose donc, en théorie, à ce que l'inter- sexualité résulte parfois d'un conflit entre deux déterminismes antagonistes, d'autant plus que la nature de ceux-ci est certainement beaucoup plus complexe que la conception, un peu sim- pliste, des facteurs le laisserait supposer. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, l'étude attentive de l’embryologie des sujets anormaux ne permet pas toujours de résoudre, dans chaque cas particulier, la question que je posais plus haut, En fait, différents phénomènes viennent compliquer le problème. En premier lieu, le gynandromorphisme. Nous avons vu que les intersexués sont fréquemment asymétriques, et que les anomalies peuvent se 1. Les Mendéliensintransigeants croient pouvoir, au moyen de l'hypothèse des facteurs multiples, sauver la loi de domi- nance et rejeter toute possibilité d'hérédité ‘mixte, mais celle-ci est admise, à la suite de Mendel lui-même, par beau- coup de biologistes notoires, 2. D'après les faits de gynandromorphisme biparti rencon- trés chez les oiseaux, les expériences de parabiose (soudure artificielle de deux individus de sexes différents) et de trans- plantation croisée des gonades. 180 — ‘répartir sans aucun ordre (cas de Cladocères). On ne peut plus, alors, conserver la théorie de Goldschmidt qu'en admettant qu'à la suite de divisions irrégulières des blastomères, les caractéristiques nucléaires déterminant le sexe se trouvent inégalementréparties entre les diver- ses régions du corps, et qu'en conséquence le changement de dominance nes’effectue pas par- tout au même moment. Il faut noter, d’ailleurs, qu'indépendamment des mosaïques nettement définies, on constate des différences entre les réactions des diverses cellules du corps vis-à- vis d’un excitant général; c’est ainsi que les animaux modifiés expérimentalement, dans leur pigmentation ou leur structure, par l’action de la chaleur, ne sont généralement pas tout à fait symétriques. Les intersexués de Pediculus four- nissent, à ce point de vue, des exemples signi- ficatifs : dans cette espèce, les mâles portent sur l'abdomen des bandes sombres qui manquent chez les femelles; or, les intersexués ne mon- trent ni une disposition régulièrement intermé- diaire (bandes plus courtes ou plus étroites, moins pigmentées ou moins nombreuses), ni une mosaique définie, mais des dispositions très irrégulières (bandes diversement fragmentées), correspondant néanmoins à une conslitution intermédiaire. Une autre difficulté se présente si l’on songe que la véritable détermination de la forme d'un organe est toujours antérieure à sa manifes- tation. Le fait est d'autant plus important à con- sidérer que l’on a souvent affaire à des Insectes, sujets à des métamorphoses complètes. De plus, le développement d’un organismeétant toujours conditionné par les états antécédents, on est conduit à admettre que l’édification d’un organe intersexué, considéré à un moment donné, dépend non seulement du « facteur» présente- ment actif, mais de l'orientation acquise anté- rieurement. C’est ainsi que, sous l’action de deux déterminismes réellement successifs, l'organe conserve au cours de sa croissance un caractère intersexuel et que l’on ne peut saisir sur le fait le revirement de la dominance sexuelle. Chez les Pediculus intersexués, la coexistence des arma- tures génitales mâles et femelles est fréquente,et D. Keilin et G. Nuttall attribuent ce fait à ce que, provenant d’ébauches différentes, les deux appareils peuventpoursuivre leur développement sans se gêner mutuellement. Une fois « déclan- chée », la formation d’un organe a pu s'achever malgré l’inversion du déterminisme sexuel. Une explication analoguerend compte probablement d'une anomalie signalée chez les Gammarus et mentionnée plus haut (p. 176, 1re colonne). R. ne LA VAULX. — L'INTERSEXUALITÉ La façon dont se répartissent les caractères sexuels paraît beaucoup moins surprenantesil'on se rappelle que ceux-ci ne différent pas essen- tiellement des caractères de race ou d’espèce. Cette analogie est démontrée par un grand nombre d’expériences portant sur les croise- ments, latransplantation des gonades,larégénéra- tion, l’action des facteurs externes !. Nombre de biologistes voient dans les deux sexes un couple d’allélomorphes et il est, en tout cas, certain que ceux-ci constituent un exemple typique decarac- tères dont, habituellement, l’un exclut l’autre. Or, les études génétiques ont montré que les caractères de ce genre peuvent se répartir dans la descendance de façons diverses. À côté de l’hérédité alternative (héréditémendélienne pro- prement dite, type Pisum), il existe des cas de dominance transitoire, d’hérédité mixte (mode Zea) et, même, d'hérédité en mosaïque. Trans- posés dans le domaine de la sexualité, ces dif- férents modes deviennent respectivement : le gonochorisme ou séparation des sexes, l’herma- phrodisme successif ou l’intersexualité (type Lymantria), V'intersexualité {type Drosophile?), et le gynandromorphisme. Le problème del'intersexualitéest inséparable de celui du déterminisme du sexe, qui est lui- même bien loin d’être résolu. On a pu mettre en évidence le rapport de la sexualité avec des con- stitutions chromosomiques variées, des formes particulières de métabolisme,des influences ex- térieures comme la température, l'alimentation, le parasitisme, etc., des traumatismes et, chez les végétaux, la pression osmotique. Bien que cette diversité soit, dans bien des cas, plus apparente que réelle, etque des facteurs différents puis- sent, en dernière analyse, agir de la même façon, il paraît de plus en plus évident que le sexe dépend de l’interaction de nombreux éléments, dont quelques-uns seulement sont actuellement accessibles à notre investigation, et, pour cette raison, s'imposent trop exclusivement à l’at- tention. Seule, une connaissance suffisam- ment approfondie du rôle joué par ces divers éléments permettra d'établir une classification vraiment rationnelle des anomalies sexuelles et de proposer une théorie générale de l’inter- sexualité. Dès maintenant, cependant, deux conséquen- ces importantes paraissent se dégager des faits que nous venons d'examiner. 1° Le sexe ne dépend pas de facteurs disconti- nus, de l’absence ou de la présence de quelque 1. La plupart de ces faits sont exposés dans le mémoire de KamMERER : Ursprang der Geschlechtsunterschiede, Fortsch. d. Naturwis. Forschung, Wien, 1912. - 41 R. ne LA VAULX. — L’'INTERSEXUALITÉ 181 chose, ainsi que les formules chromosomiques XX =— ©, XO — 0" le laisseraient à penser,. mais de causes complexes, susceptibles de présenter des variations quantitatives. 2° Tout individu unisexué possède en puissance les attributs de l’autre sexe et peut les manifes- ter dans certaines conditions. Il ne semble donc pas qu’un sexe puisse être réellement homo- zygote, c'est-à-dire homogène quant aux facteurs sexuels. L'étude des Papillons intersexués a d'ailleurs conduit Goldschmidt à modifier, dans ce sens, les symboles habituels des généticiens. V. — CoxczusioN Même limitée à son sens morphologique, le seul qui soit admissible, la notion d’inter- sexualité a quelque chose de surprenant pour le biologiste. En effet, la plupart des faits observés jusqu'à ce jour ont montré que, dans toute espèce gonochorique, la sexualité n'apparaît que sous l’une ou l’autre de ses deux formes : mâle et femelle, aussi nettement. différenciées que les deux systèmes de cristallisation des corps dimorphes. Le résultat est d’ailleurs aussi mani- feste, que le sexe paraisse lié à des facteurs dis- continus, tels que la présence ou l'absence d’un hétérochromosome, ou qu'il semble dépendre d’une cause quantitativement variable, comme le métabolisme, la température, etc.! 1. On sait que, dans le cas des hormones, particulièrement bien étudié, on a pu montrer que la quantité minima de gonade grelfee, nécessaire à l'apparition des caractères sexuels secondaires, suffit à provoquer leur formation com- plète. Pur contre, un fragment plus petit, sécrétant une dose plus faible, n'amène aucun résultat, C'est ce qu'exprime la loi du « tout ou rien » de Pezard. Comment peut-on concilier ce fait avec l’exis- tence des formes intermédiaires, menant par gradation d'une forme sexuée à l'autre ? L'hypothèse d’unrevirement dans l'orientation du déterminisme sexuel au cours de l’ontogé- nèse rend compte des phénomènes lorsqu'ils sont dus à l’hybridation (théorie de Goldschmidt) ou lorsque l'action successive des deux facteurs opposésestmanifeste. Parcontre, nousl’avons vu, le cas des intersexués d’origine parthénogéné- tique, celui des Drosophiles et des Colombidés, sont plus obscurs, et l’on est conduit à admettre la possibilité d'un antagonisme entre deux for- ces agissant simultanément. Les faits examinés ici apportent, en tout cas, des données extrêmement intéressantes pour la Biologie générale et fourniront peut-être un ter- rain d'entente aux écoles rivales. Si, d’une part, quelques-uns d’entre eux imposent de graves restrictions à la théorie chromosomique du déter- minisme sexuel, chère aux néo-mendéliens, les cas de gynandromorphisme montrent que le sexe ne peut dépendre exclusivement du métabolisme général, comme semblent le croire quelques néo- lamarckiens, mais qu'il trouvesa cause principale dans la constitution cellulaire. On voit que, si l'étude des intersexués pose actuellement plus de questions qu’elle n’en ré- soud, elle ouvre aux chercheurs une voie nou- velle pour aborder les divers problèmes de la sexualité !. R. de La Vaulx, Docteur ès sciences. 1. Les clichés qui illustrent cet article ont été aimablement prêtés par la direction du Bulletin biologique de la France et de la Belgique, 182 2 BIBLIOGRAPHIE. — ANALYSES ET INDEX BIBLIOGRAPHIE ANALYSES ET INDEX 4° Sciences mathématiques Pigal (H.). — Méthode pratique de règle à calcul, type Mannheim. —41 vol. in-8° de 109 pages. Des- forges, éditeur, Paris, 1921. Le principe de la règle à calcul est très simple. Sur une règle sont inscrits les nombres à des distances de l'extrémité de la règle mesurées par leurs logarithmes. Une seconde règle identique à la première glissele long de celle-ci, Dans une position quelconque de celte se- conde règle, les nombres qui se trouvent en regard sur les deux règles sont proportionnels. Lorsqu'on tient pour la première fois entre les mains une règle à caleul, et qu'on veut appliquer le principe ci-dessus, on s'aperçoit que l'application est beaucoup moins simple que le principe, et qu'il y a des diflicul- tés imprévues et embarrassaites. L'ouvrage de M. Pigal supprime toutes ces difficultés. Quiconque l'aura lu, avee une règle à calcul à la main, saura manipuler la règle d’une façon sûre et tirer de cet instrument tout le parli qu’on peut en tirer. _ L'auteur donne d’abord le principe de la règle à 3 calcul, et des indications sur la façon de la graduer. I1 décrit ensuite la règle à calcul du type ordinaire due à Mannheim; dans les chapitres suivants il indique les diverses façons de se servir de la règle et comment on peut calculer, avec le minimum de déplacements de la réglette, le quotient de deux produits de facteurs, les racines carrées, cubiques, etc. Un chapitre est réservé aux calculs trigonométriques, Un aulre, intitulé frac- tions, est fort intéressant. Il donne des applications de la règle à calcul d'une extrême simplicité, par exemple pour avoir une échelle de réduction pour le dessin, Suit un appendice sur diverses façons de faire ou d'a- bréger certains calculs et un chapitre sur les perfection- nements de l'instrument. Le curseur à trois traits T parallèles, dont la distance est le logarithme de % est très commode. Le trait médian étant sur le nombre D de l'échelle inférieure et par conséquent sur le nombre D? de l'échelle supérieure, le trait de droite est sur le rD? nombre de l'échelle supérieure et donne par consé- quent l'aire du cercle de diamètre D. L'auteur donne d’autres applications. D’autres perfectionnements, comme l'introduction d'une échelle des cubes, sont éga- lement très importants. k Ce livre permettra d'acquérir én peu de temps la pratique de la règle à calcul et de manier sans hésita- tion cet instrument si commode. J. RicnARD, Professeur au Lycée de Châteauroux. Roy (Louis), Professeur à l'Université de Toulouse. — Cours de Mécanique rationnelle. — 1 vo/..in-89 de vi-260 p. avec 103 fig. (Prix : 25 fr.). Gauthier- Villars et Cie, éditeurs, Paris, 1921. M. Roy publie, chez Gauthier-Villars, le cours de Mécanique rationnelle qu’il professe à l’Université de Toulouse devant les élèves de l’Institut électrotechni- que et de Mécanique appliquée et les candidats au certificat de Mathématiques générales. C’est une besogne délicate que d'écrire un traité élé- mentaire de Mécanique rationnelle destiné à de jeunes élèves ingénieurs, Ces élèves n’ont pas besoin d’une connaissance approfondie des développements mathé- maliques de la Mécanique; mais ils doivent avoir une vue netle et précise de ses notions fondamentales et être capables de les appliquer correctement soit à la solution complète des problèmes simples, soit à l’ana- lyse sommaire des problèmes plus compliqués. Unedes principales difficultés provient du tour abstrait qu’a pris la Mécanique afin de pouvoir bénéficier de Pusage du langage mathématique. L'étudiant doit, le plus tôt possible, se familiariser avec ce caractère, pour n'être pas dérouté par lui, pour comprendre les avantages qu'il offre au point de vue de la précision, mais pour se rendre comple aussi qu’il s’agit là d’une question de forme qui ne doit pas lui masquer le côté concret et expérimental du fond. L'ouvrage de M. Roy nous parait très propre à don- ner au débutant des idées nettes et justes sur ce qu'est exactement la Mécanique rationnelle, Il est toujours — et ce n’est pas un mince mérite — d’une correction ma- thématique parfaite, Et pourtant, il ne contient aucun appareil compliqué, aucun calcul diflicile. L'auteur s’est systématiquement arrêté aux questions qui com- portaient des développements mathématiques trop avancés, Il n’en est pas moins parvenu à exposer tout ce qui est essentiel, Certains sujets, dont l’étude com- plète aurait entrainé trop loin, sont néanmoins traités d'une manjère suflisante à propos de cas particuliers. Tels sont, par exemple, les phénonèmes d’amortisse- ment et de résonance (peut-être eût-il été intéressant d'y joindre ceux de synchronisation) qui sont expli- qués à propos du mouvement des pendules simple et composé. Nous mentionnerons aussi tout spécialement le chapitre où M. Roy expose d'une manière à la fois simple et rigoureuse la méthode du travail virtuel et la notion des multiplicateurs de Lagrange, La clarté avec laquelle il a su présenter celte question fera sans doute regretter qu’il n'ait pas complété ce chapitre par quelques indications sur le principe de d'Alembert et l'équilibre fictif entre les forces et les forces d'inertie. . La conceplion de cet équilibre fictif apparaît parfois comme un artilice de calcul bien abstrait. Elle a cepen- dant un véritable intérêt physique et même pratique. Il n’est pas un ingénieur qui, ayant fait un calcul sur les efforts statiques d’une machine, n’ait besoin de savoir comment ses résullats sont modifiés par les BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 185 forces d'inertie quand la machine est en mouvement. Nul plus que M. Roy n'était capable d'expliquer, en toute rigueur et en toute simplicité, la signification de ce procédé de raisonnement. L'exposé des théories est complété par des applica- Lions intéressantes et bien choisies dont plusieurs sont poussées jusqu'aux calculsnumériques, Par là s’affirme le côté concret de la Mécanique, Nous regretterons simplement qu'aucune des applications numériques ne soit faite avec le système d'unités M. T.S., légal en France depuis le 2 avril 1919. Mais la principale originalité du livre de M. Roy réside dans le soin particulier avec lequel.sont exposés les principes de la Mécanique. « J'ai tenu essentielle- ment, dit l’auteur, à être précis et à ne pas éluder cer- taines questions, d'intérêt purement théorique, il est vrai, mais qui se posent forcément dès qu’on réfléchit un peu et sur lesquelles on a généralement coutume de glisser dans les ouvrages didactiques. » Aussi est-il conduit à énoncer certaines hypothèses que La plupart des exposés classiques admettent implicitement, C’est ainsi qu'il insiste sur les conditions de régularité analy- tique nécessaires pour les forces dans la théorie de l'équilibre et qu’il montre comment la supposition, généralement reçue, que la foree appliquée à un point ne dépend que du temps, de la position du point et de sa vitesse résulte de l'hypothèse que le mouvement est déterminé par la position et la vitesse initiales. À notre avis, cette recherche de la précision doit être entièrement approuvée. Les débutants ont des exigen- ces logiques qu’il faut satisfaire et il n’y a aucun inté- rêt à les habituer à raisonner faux sous prétexte d'éviter les excès de l'esprit géométrique, On ne pour- rait présenter d’objeclion que si le désir d’être précis entrainait à de véritables complications. Or le lecteur de M. Roy pourra se convaincre que tel n’est pas Le cas etque lesexplications de cet auteur, — qu'il présente d’ailleurs comme un complément de son enseignement oral, — bien loin derisquer de troubler l’espritde l'élève, sont de nature au contraire à l’éclairer vivement. Nous louerons aussi M. Roy de n’avoir pas éludé la question de la véritable nature des principes. Sans entrer dans des développements philosophiques dépla- cés, il montre cependant que la Mécanique rationnelle est une construction abstraite destinée à représenter le mouvement des corps naturels, que les principes sont les hypothèses (au sens étymologique du mot) sur lesquelles elle est fondée, et que leur vérité se démontre par l’accord dé leurs conséquences avec les faits; pour marquer ce caractère, il les désigne de préférence sous le nom de postulats. Il est certainement bon que ces idées soient données même à des débutants et que les principes ne leur soient pas présentés comme résultant irréfutablement d'expériences incontestables. Peut-être seulement pourrait-on souhaiter quelques éclaircisse- ments sur la manière dont a été fait le choix des postu- lats fondamentaux. A.ce point de vue quelques indica- tions historiques sommaires eussent été de nature à montrer que ces postulats, s'ils ne sont pas purement et simplement expérimentaux, n’ont pas cependant élé choisis au hasard et que, si abstraite que soit la cons- truction de la Mécanique rationnelle, elle n’en a pas moins des fondements solides dans la réalité, Mais il faut reconnaître qu'un pareil complément aurait alourdi un volume qui, systématiquement, ne devait pas êlre trop gros. En résumé, par le choix heureux des questions et des applications traitées, par la correction comme par La sim- plicité des démonstrations, par la précision dans l'exposé des principes, le livre de M, Roy fait le plusgrand hon- neur à l'enseignement de l’Institut électrotechnique de la Faculté des Sciences de Toulouse, E. Joucucr, Professeur à l'Ecole Nationale supérieure des Mines. 2° Sciences physiques - Neveux (V.), /ngénmieur des Arts et Manufactures. — Stations Centrales proprement dites. — Un vol, pelitin-8o de 199 pages avec 27 fig. (Prix : 14 fr.). Ch. Béranger, éditeur, Paris et Liège, 1920. Suivant le programme de l'Encyclopédie technique des aide-mémoire Plumon, dont il fait parlie, ce volume comprend : d’une part un exposé général de la question traitée, devant permettre l'élaboration d’un avant-projet, la rédaction d’un contrat ou l'exécution des essais de réception, d'autre part,les formules, tables et coeflicients d'usage courant pour le spécialiste. Dans une première partie, l’auteur décrit les instal- lations thermiques et hydrauliques de production d'énergie ; il donné en particulier d’utiles conseils pra- tiques concernant la conduite et l'entretien des machi- nes à vapeur, [L’étude des machines électriques ne comporte, en dehors de généralités élémentaires, que des renseignements trop sommaires sur l'entretien et les essais, ainsi que la reproduction des règlements officiels concernant les précautions à prendre et les soins à donner en cas d’accident de personne, Parmi les tableaux et coeflicients reproduits à la fin de l'ouvrage, certains n’ont qu'un rapport assez éloigné avec lesujet, tels ceux donnant la composition des mortiers et ciments ; l’un des plus utiles, en revan- che, est le tableau des unités de mesures, que l’auteur ne respecte malheureusement pas dans le texte. Trop souvent d'ailleurs M, Neveux oublie que les qualités primordiales d’un aide-mémoire résident dans sa présentation et son exposition et que le vocabulaire technique est régi par des règles strictes. A, LANGE, Chef de travaux à l'Ecole supérieure d'Electricité. Neveux (V.), Zngénieur des Arts et Manufactures. — Stations centrales : Distribution d'énergie. — Un vol, petit in-8v de 225 pages avec 195 fig. (Prix: 16 fr.). Ch. Béranger, éditeur, Pariset Liége, 1921. Quoi qu'on en puisse préjuger par son titre, cet ouvrage traite des installationsintérieures el des appli- cations de l'énergie électrique. A côté d’études descrip- tives assez élémentaires, l’auteur donne des renseigne- mentsnumériques et des conseils pratiques intéressants ; 184 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX il étudie successivement les différents modes de distri- | sais préalables, et décrites avec énormément de détails. bution, la mesure de l'énergie électrique et son emploi pour l'éclairage et la force motrice : il signale les essais de réception àeffectuer et les causes des défauts et acci- dents dansles machines.Les caractéristiques des accumu- lateurs et les soins qu'ils nécessitent sont exposés d’une manière judicieuse. Après quelques indications intéres- santes sur les redresseurs et le chauffage électrique, l’ou- vrage reproduit lesinstructions concernant les instal- lations intérieures et la réception des machines; il se termine par des tableaux de coefficients et de valeurs numériques. Les renseignements de cet aide-mémoire sont sou- vent originaux et paraissent dignes de foi, mais gagne- raient à être exposés dans un style précis et dans une langue correcte et à être présentés méthodiquement ; ce dernier défaut est souligné dans la table analytique des matières etnous semble d'autant plus regrettable que l’absence detable alphabétique n’en pallie pas les inconvénients pour le lecteur. A.L. Sainte-Claire-Devilile (Emile). — Manuel de Chi- mie gazière. — 1 vol. in-8° de vin-208 pages avec 60 fig. (Prix broché : 17 fr. 50). Dunod, éditeur, Paris, 1921. Contrairement à ce que pourrait laisser croire son titre, cet ouvrage n’est pas une étude du gaz au point de vue chimique, mais bien un manuel indiquant les méthodes et procédés des essais et analyses en usage à l'usine expérimentale de la Villette de la Société du gaz de Paris. Cette petite observation étant faite, il est juste de mentionner la très grande valeur de ce manuel. Alors que trop d'ouvrages de Chimie analytique ne sont presque exclusivement qu'œuvres de compilation, sans que leur auteur se soit astreint à vérifier la préci- sion, les facilités d'application des méthodes décrites, le manue] de M. Sainte-Claire-Deville, au contraire, ne contient que des méthodes éprouvées par une pratique journalière et dont les résultats ont été rigoureusement contrôlés. Cela n’a rien de surprenant pour qui connaît la haute conscience professionnelle de l’auteur, mani- festée déjà dans de nombreux et remarquables travaux. D'ailleurs la préface prévient que des procédés analy- tiques publiés en France et surtout à l'étranger, il n’est question dans l'ouvrage que des méthodes adoptées à l'usine expérimentale, les autres ayant été essayées sans succès ou n'ayant pas été connues de l’auteur. Cette belle franchise donne une idée du crédit que l’on peut accorder aux méthodes décrites ; ajouter à cela que beaucoup de ces méthodes « ont permis d’accumu- ler des milliers de données analytiques absolument comparables entre elles ». D'après l’auteur, les méthodes adoptées sont celles qui ont paru joindre à une exactitude sufisante, une facilité et une rapidité d’exécution permettant de mül- tiplier considérablement les opérations, Ce manuel met donc à la disposition de ceux qui ont à effectuer des analyses concernant le gaz, des métho- dés éprouvées par la pratique, pouvant être utilisées en touté sécurité, sans qu’il soit besoin d'effectuer d’es- Ilrendra service aussi bien aux chimistes d’usine à gaz qu'à ceux de cokerie, Il faut toutefois noter que, sans en donner la raison, certaines méthodes presque uni- versellement employées, telle celle d'Eschka pour le dosage du soufre dans les combustibles, n’ont pas été adoptées par l’auteur. En outre, certains appareils modernes et très pratiques semblent avoir été systéma- tiquement écartés. Parmi les études à signaler notons : l'influence de l’âge des creusèts de platine sur les résultats de la teneur en matières volatiles de la houille; comparaison avec les creusets de quartz ; le dosage du benzol en poids (le seul exact à notre avis); le dosage de l’acide carbonique en poids ; la manipulation de la burette de Bunte ; le dosage de la naphtaline par la méthode dite du piège. à M. DESMARETS. 3° Sciences naturelles Bertin (Commandant A.), inspecteur des Eaux et Forêts, avec la collaboration de Gravet (Fernand), inspecteur des Travaux Publics de l'Etat (Ponts et Chaussées), et de Pellegrin (françois), docteur ès Sciences, préparateur au Muséum national d'Histoire naturelle de Paris. — Mission d’études forestières envoyée dans les colonies françaises par les Ministères de la Guerre, de l'Armement et des Colonies. Tome 1V.Les bois du Cameroun. Lettres préfaces de M. Lucien FourNEau et de M. CARDE, gouverneurs des colonies, commissaires de la Républi- que française au Cameroun. — 1 vol. in-8 de 3x2 p., avec grav. et cartes. Emile Larose, éditeur, 11, rue Victor-Cousin, Paris, 1920. On peut se rendre compte déjà par les 4 tomes précé- demment publiés par M. André Bertin, et représentant en réalité 5 volumes, que nous avons signalés dans la Revue!, combien sont intéressantes au point de vue scientifiqueet utiles pour une mise en valeur plus pra- tique et plus sûre de nos bois coloniaux, toutes les con- naissances botaniques et les informations techniques rapportées par la Mission forestière coloniale qui a été dirigée en Afrique par le commandant André Bertin. Le dernier volume publié, tome V, avait ajouté des données nouvelles sur les bois de la Guyane française et du Brésil, grâce à un voyage effectué par M, Betten- feld, membre de la Mission, et à la collaboration de M. R. Benoist qui avait précédemment rempli aussi une mission forestière à la Guyane. Quand nous annoncions ce volume, le présent tome, qui est le tome IV, était sous presse et il vient aujourd’hui nous apporter un complément très important à l'exposé des travaux remplis en Afrique par la Mission. Avecla Côte d'Ivoire et le Gabon, le Cameroun entre parmi les régions de l'Afrique tropicale qui offrent les ressources forestières les plus considérables. La superficie des forêts du Cameroun a été estimée à 12 millions d’hectares, ce qui est le même chiffre que pour la Côte d'Ivoire, 1. Revue générale des Sciences, 30 novembre 1919, p. 641; 30 juin 1921, p. 377, " BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 185 M. André Bertin et ses collaborateurs suivent ap- proximativement dans cet ouvrage le même plan que celui des deux premiers tomes, consacrés à la Côte d'Ivoire et au Gabon, et ils poursuivent le même but, qui est de présenter des connaissances à la fois scienti- fiques et pratiques de la région, les secondes s'appuyant sur les premières. L'ouvrage débute par un aperçu donnant des indica- tions générales sur le Cameroun,où nousrelevons notam- ment celles sur la géographie physique,la faune,le climat, la géologie, et ilest donné aussi d’intéressants extraits d’un volume publié en 1914 par le Gouvernement allemand, Puis les auteurs abordent l'étude spéciale de la forêt du Cameroun et nous y trouvons enregistrés les résultats de toutes les prospections qui y ont été effectuées par la Mission. Ilest donné tout un vocabu- laire des bois usuels y compris les noms scientifiques, puis des classements de ces bois d’après leurs utilisa- tions industrielles. Pour chaque espèce, envisagée sépa- rément, sont relatés ensuite tous les caractères scien- tiliques et ceux révélés par les essais pratiques qu'a effectués la Mission. Ayant rappelé comment avaient été conduites par l’Al- lemagne les exploitations forestières au Cameroun, M. André Bertin fait un tableau, dont il sera bon de tenir comple, de tout ce qu’il convient de faire pour amélio- rer et développer l'industrie forestière dans notre nou- velle possession, et il estime que, grâce aux nouveaux règlements forestiers, le commerce des bois au Came- roun ne doit pas tarder à reprendre et à dépasser l’im- portance qu'il avait acquise au début de 1914. Dans le chapitre suivant, l'auteur, résumant la question des bois coloniaux telle qu’elle se pose actuellement, donne un exposé des mesures générales qu’il convient d’appli- quer dans toutes nos colonies d'Afrique pour assurer à la- fois la conservation des forêts et le développement des exploitations. On ne saurait trop attirer l’attention sur cet ensemble de travaux de la Mission qui don- nent des vues si utiles pour une mise en valeur efficace d’une de nos plus grandes richesses coloniales. Un tome VI, actuellement sous presse, sera consa- cré aux Bois du Mayombé (Moyen Congo). G. REGELSPERGER. Osborn (Henry Fairfield), Président du Muséum a mé- ricain d'Histoire naturelle de New-York.— L'origine et l'évolution de la Vie. Edition française avec pré- face et notes par Fécix SARTIAUX. — 1 vol. in-8o de 304 pages et 126 figures dans letexte(Prix : 25 fr.net). Masson et Cie, éditeurs, Paris, 1921. L'Origine et l'Evolution de la Vie, dont l'édition amé- ricaine est de 1917, mesure l'étape parcourue, depuisun quart de siècle, en Amérique comme en Europe, à la fois par Les études physico-chimiques sur la Terre et le Soleil, source de l’énergie, et par les études paléontolo- giques qui nous ont révélé les modalités de l’évolution des formes. La première question qui se pose est cellede l’origine de la Vie: est-elle quelque chose de nouveaudans l'Uni- vers, a-t-elle eu un commencement absolu {vitalisme), ou bien n'est-elle qu'une recombinaison d'énergies pré- existantes, qu’un stade del’évolution générale du monde (énergétisme)? Sans hésiter, M. Osborntient pour bonne la seconde allernative. A grands traits, il trace l’his- toire de la Terre avant l'apparition de la Vie, et décrit la constitution chimique de la lithosphère, des eaux et de l'atmosphère ; l'eau de mer primitive devait être pau- vre en sel marin et en azote; aussi est-il permis de croire que les premiers organismes ont apparu soit dans des crevasses humides des rochers ou du sol, soit dans les eaux douces des étangs qui contenaient des azotales et des azotites formés par synthèse due aux décharges électriques des orages ; le premier pas vers l’organisa- tion de la matière vivante a dü être l'assemblage, un à un, éléments actuellement essentiels à la vie (L,O,N,C,PB,S, etc.) qui existent dans tous les orga- des nismes vivants; la Vie a du reste utilisé presque tous les éléments chimiques que l’on rencontre fréquem- ment, à l'exception cependant de l'aluminium, du baryum, du strontium et du titane. Les Bactéries proto- trophiques, telles que le Mitrosomonas nitrifiant, capa- bles de se développer en empruntant leur énergie et leurs éléments aux composés chimiques inorganiques, nous représentent sans doute un des premiers stades des êtres vivants ; thermophiles et héliophobes, les Bac- téries nitriliantes vivent à l’intérieur des roches poreu- ses, où l'humidité est permanente et où parvient facile- ment l'oxygène. Après la phase des Bactéries, est venue celle des Algues bleues et vertes, puis celle des Proto- zoaires, qui se sont d’abord développés dans les eaux- douces ; la vie a pu s'étendre peu à peu jusqu’à la mer, et la succession des formes marines a été sans doute déterminée elle-même, dans une certaine mesure, par l'adaptation à une concentration saline croissante des eaux des océans, s'enrichissant en NaCI par la désagré- gation des roches continentales. Pendant la longue pé- riode précambrienne,quiest évaluée au moins à 30 mil- lions d'années, se sont développés les Invertébrés pluricellulaires, qui se sont répandus dans toutes les mers, et dont les magnifiques trouvailles de Walcott nous ont révélé tant de formes peu différentes des ac- tuelles. M. Osborn dessine ensuite de main de maitre les grandes lignes de l’évolution des Vertébrés, telles que nous les montre si clairement la Paléontologie, en mettant bien en lumière -l’expansion rayonnante des Reptiles et des Mammifères dans les habitats les plus divers, où ils acquièrent les formes les plus variées, parfois singulièrement convergentes ; cette partie de son livre sera certainement la plus nouvelle pour le lecteur français, grâce aux nombreuses figures de reconstilu- tion des fossiles, fournies par l’incomparable matériel de l'American Museum. Mais s’il est relativement facile de se représenter en gros ce qu'on peut appeler les événements extérieurs de l’évolution, révélés surtout par les progrès de la Paléontologie, il en est tout autrement lorsqu'on cher- che à comprendre les causes ou le processus même de celte évolution ; M. Osborn déclare qu'il n'appartient à aucune école, ni lamarckiste, ni darwiniste, ni muta- tionniste; cependant il faut choisir, et c’est peut-être pour avoir voulu rester éclectique, qu'il y a quelque confusion et même quelques contradictions dans les 186 BIBLIOGRAPHIE— ANALYSES ET INDEX AU opinions qu'exprime M. Osborn sur ce sujet capital : pour lui,la forme des animaux et des plantes est l'ex- pression visible de l'évolution invisible du germe héré- ditaire, c’est-à-dire de la chromatine des cellules germi- nales; les mutations'sontattribuables à des modifications de la constitution moléculaire ou atomique de la chro- matine héréditaire ou à desmodifications dans lanature de l'énergie fournie à la chromatine pendant le déve- loppement du’germe;"la chromatine héréditaire aurait les propriétés suivantes: elle enregistre les formes cor- porelles etles adaptations passées ; elle répond aux cir- constances du présent par la capacité d'adaptation qu'elle confère aux cellules vivantes. de’ l'organisme; enfin elle donne”’sans cesse” naissance à de nouveaux caractères el à de nouvelles fonctions. M. Osbornn'ad- met pas que les variations soient fortuites,'sans loi, diri- gées dans des sens quelconques; au contraire, l’évolu- tion effective de la chromatine héréditaire correspond à des mutations (au sens de Waagen) dirigées : l’évolution est graduelle, continue et adaptative dans son essence (principe de continuité); chaque; organe s'adapte indé- pendamment des autres à sa fonction propre, et évolue avec sa vitesse propre; un grand nombre des caractères nouveaux sont déterminés dans leur développement et prennent dès l’origine une direction adaptative (prin- cipe dé rectigradation ou d’orthogénèse). La sélection n’est pas unedes énergies de l’évolution; elle ne fait que déterminer celle. des combinaisons d'énergie qui doit survivre et celle qui doit périr. Quant aux causes de l’évolution du germe héréditaire, elles sont complète- mentinconnues, mais assurément il n’y a pas. de prin- cipe interne de perfectionnement {entéléchie, élan vital); on ne sail pas non plus si le développement de l'orga- nisme a une action sur l'évolution du germe, les lamar- ckiens ayant cherché;en vain des preuves de la trans- mission héréditaire des actions et réaclions acquises par les tissus somatiques ; du reste il ne semble pas queles variations physico-chimiques du milieu constituentune cause essentielle de l’évolution morphologique, car des évolutions rapides (Ammonites, Poissons) ‘aboutissant à des stades extrêmes, peuvent se produire dans un milieu physico-chimiquerelativement stationnaire. Mais, si je ne me trompe, il me semble ‘que cette enveloppe plus ou moins mutationniste recouvre une autre con- ception, apparentée à celle de Cunningham, et qui au fond est tout à fait'lamarckienne : la véritable explica- tion des origines, de ,la vitesse d'évolution et de la coordination des caractères pourrail êlreé cherchée dans la direction de la catalyse, c’est-à-dire de la libération l(au cours des actions et réactions de formes et de mou- vements) de messagers physico-chimiques,tels que hor- mones, chalones, enzymes, etc., qui produiraient la cor- rélation fonctionnelle entre les caractères somatiques et auraient une répercussion correspondante sur les éner- gies physico-chimiques du germe. Le traducteur, M. M. Osborn de nombreuses notes bibliographiques et Sartiaux, a ajouté à l'œuvre de une préface intéressante, où il apparaît, comme il con- vient à un Parisien, très lamarckien et pas du tout men- déliste; on doit lui être reconnaissant d'avoir traduit l'excellent livre de M. Osborn, qui sera certainement très goûté par le publie français. L. Cuénor, Professeur à la Faculté des Sciences. de Nancy, 4o Sciences diverses. Pellegrin (ColonelF.L. L.). — Lavie d'une armée pendant la Grande Guerre. Préface du Général MANGIN. — 1 sol. in-16 de 331 p. avec croquis,3 cartes, 1 plan directeur et 4 photagr. aériennes, de la Biblio- thèque de Philosophie scientifique (Prix : 8 fr. 50). Zrn. Flammarion, éditeur, Paris, 1922. Le titre de cet ouvrage pourrait tromper. On s’attend à l’histoire d’une armée pendant la guerre, soit une de ces armées de l'Est qui sont restées toujours à la même place, soit une armée célèbre par ses opérations offen- sives ou défensives, Il n’en est rien. Le Colonel Pelle- grin, breveté d’Etat-Major, a entrepris de nous initier à la vie intérieure d’un élal-major d'armée pendant la grande güerre. Nul n’était mieux qualifié que lui pour nous raconter cette partieinconnue du grand drame.Les souvenirs personnèls voisinent avec Ja réminiscence desestravaux; sans douteest-celuiqui fiten automobile la liaison du septembrerg14 entre la IIl° Armée et Ver- dun; sans doute était-il parmi les oficiers d’Etat-Major que le Général Degoutle, commandant la VI* Armée, emmenait avec lui dans les Flandres en septembre 1918. Mais ceci, c'est l’anecdote. L'histoire trouvera dans ce livre une défensede l’Etat-Major. Celui-ci estinconnu pour la masse, décrié par ceux qui l’ignorent, méprisé par ceux qui n'acceptent aucune supériorité. Ce livre nous met au courant du travail anonyme accompli par les officiers brevetés sortis de l'Ecole de Guerre et par leurs camarades d’active ou de réserve qui sont venus les aider dans leur tâche, Tàäche qui n’était pas ingrate, puisque grâce à elle la victoire nous souriait ou que les préjudices causés par la défaite étaient réduits. Le Colonel Pellegrin nous initie aux mystères des différents bureaux de l’armée: bureaux du personnel, du service des renseignements, des opérations, du transport; il nous promène au milieu des différents services de l'artillerie, du génie, de l'intendance, de santé, ete. Mais ce n’est pas une nomenclature aride, Des faits illustrent ce qu'il nous dit et nous voyons le travail énorme accompli par ces bureaux on ces ser- vices à Verdun, dans la Somme, à la Malmaison, dans l'Aisne, dans lesFlandres. £ C'est un ouvrage qu'il fautlire pour apprendre à con- naîtreles Etats-Majors, à les apprécier et pour pouvoir les défendre, s’il en était besoin, contre leurs détrac- teurs. ‘ 6 Capitaine VILLATE, Détaché à l'Ecole de Guerre. ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 187 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Séance du 20 Février 1922 (fin) 3° ScreNcEs NATURELLES. — M. H. Douvillé : Ze Num- mulitique au sud des Pyrénées. La succession des cou- ches est beaucoup plus régulière que sur le versant nord: à la base, les deux niveaux de l’Eocène inférieur, Thanétien et Cuisien ; au sommet, le Lutétien inférieur, dont les couches passent par alternance au poudingue de Palassou. — M. G. Mouret: Sur le prolongement de la fracture d'Argentat (Corrèze) dans la région du Dorat (Haute-Vienne et Vienne). — M. L. Dussault : Le Tam Dao et la région de la basse Rivière Claire (Ton- kin). — M. J. Fromaget: Sur la géologie des environs d'A Mi Tchéou ( Yunnan oriental). — M. Gignoux: Sur la présence du Tortonien à Valence (Espagne). Des travaux d'adduction d’eau, à 16 km. de Valence, ont rencontré à 8 m. de profondeur, sous les alluvions quaternaires, des marnèes bleues fossilifères, où l'auteur a trouvé une faunule caractéristique du Torlonien. — M. Ch. Gorceix: Sur la formation du « Gouf de Cap Bre- ton ». L'examen des cartes du Service hydrographique de la Marine montre qu'on n'est pas en présence d'une vallée, encore moins d’un estuaire submergé. L'auteur pense qu'on se trouve en présence d’une vaste bande gypso-salifère, avecunesérie de cassures intéres- sant les couches protectrices du sel et du gypse et per- mettant l'infiltration de l’eau de mer. La dissolution du sel et du gypse et le délayage de l'argile auraient provo- qué unesérie d’éboulements sous-marins, — M.R. Jean- nel: La dispersion géographique des Silphidae Cato- pinae pendant le Tertiaire. Les Plomaphagus provien- nent du nord de l'Amérique du Sud, d’où ils ont passé en Europe, puis de là dans l'Afrique du Nord et l’Eu- rope séptentrionale, d’une part, dans l'Amérique du Nord d'autre part. Les Catops, partis de l'Europe médi- terranéenne, se sont répandus dans la région paléarc- tique, puis dans l'Amérique du Nord, par la voie nord- atlantique et par l’Asie orientale, — MM. A. Goris et A.Liot: VNouvellesobservations sur la culture du B. pyo- cyanñique sur milieux artificiels définis. Les dérivés ami- dés ne peuvent servir d'aliments au bacille pyocyani- que, Au contraire, les acides aminés peuvent servir à son développement; mais, en général, ils sont de moins bons aliments que les sels ammoniacaux dérivés des acides bibasiques, surtout lorsqu'on les emploie sans addition de substances minérales. —M.R. Noël: Sur des phénomènes de condensation des corps gras à la surface des mitochondries. Morphologiquement, la graisse apparaît d'abord à la périphérie de la mitochon- drie sous la forme de granulations très petites, qui ultérieurement confluent en un anneau. —M.R.Argaud: Sur quelques fonctions du mégacaryoc)te tumoral, en par- ticulier sur son rôle vasoformateur. Dans certains cas pathologiques, les cellules de Howel peuvent donner * naissance à des tumeurs quelquefois volumineuses, Ces mégacaryocytes humoraux constituent, par l'émission de nombreux prolongements protoplasmiques, anasto- motiques, la trame fondamentale de Enfin, par le morcellement du noyau végétant et fragments nucléaires autour d’une ces tumeurs, répartition des cavité intraprotoplasmique, le mégacaryocyle devient vasoformateur ; il est aussi globuligène. — M. E. Wert- beimer: Sur lu circulation entéro-hépatique des ‘acides biliaires. L'auteur décrit une expérience de cours très simple et très frappante montrant le cycle de la bile qui va de l'intestin au foie pour retourner à l'intestin, —M.F.Maignon : /echerches sur les propriétés physio- logiques et thérapeutiques des diastases tissulaires. De l'existence des diastases synthétisantes, L'auteur a extrait lesdiastases tissulaires en adaptant auxorganes animaux la méthode Lebedeff pour l'extraction de la zymase alcoolique. Les effets thérapeutiques de l’inges- tion de ces diaslases sont ceux de l’opothérapie ordi- naire, mais'plus nets et plus constants. — M, J. Glover : L'auscultation électrique de larespiration au début de la tuberculose, nouvelle méthode d’auscultation pratiquée à l’aide de sthétoscopes microtéléphoniques amplifica- teurs. — MM. Edm. Sergent et A. Donatien: Les slo- moxes propagateurs de la trypanosomiase des droma- trypanosomiase des dromadaires est de deux façons : daires. La transmise, dans la nature, 1° en pleine campagne, dans le bled, par les taons dont les larves foisonnent dans lesable humide du fond des val- lées ; 20 dans les lieux habités, par les stomoxes dont les larves vivent sur le fumier pailleux des écuries. — M. L. Cavel : Le procédé d'épuration par les « boues activées » est-il applicable au système séparatif? Les expériences de l'auteur montrent sans aucun doute la possibilité de cette application Séance du 27 Février 1922 M. E. I. Fredholm est élu Correspondant de lAca- démie pour la Section de Géométrie. — M. H. Jumelle est élu Correspondant de l’Académie pour la Section de Botanique. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES, — M, T, Carleman : Sur les séries Z[A,/(z-,)]. — M. S. Sarantopoulos : Sur un théorème de M. Landau, — M. E. Cartan : Sur une généralisation de la notion de courbure de Riemann etlesespaces à torsion. Dansun espace à courbure et Lor- sion, la méthode du trièdre mobile permet, comme dans l’espace euclidien, d’édifier une théorie de la courbure descourbes(et même des surfaces), Une lignedroite sera caractérisée par la propriélé d’avoir en tous ses points une courbure (relative) nulle, c’est-à-dire de conserver de proche en proche la même direction, La ligne droite n’est plus alors nécessairement le plus court chemin d'un point à un autre; elle l’estdans lesespaces dépour- vusde torsion; elle peutl’être aussi exceptionnellement dans certains espaces doués detorsion., — M. Ph.Fox: Mesure de parallaxes stellaires à l'Observatoire de 188 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES Deadborn (Etats-Unis). — M. Th. Moreux : Sur une nouvelle théorie de la formation des nébuleuses spirales et du système solaire. L'auteur considère une masse attirante (soleil ou étoile) immobileau sein de météores animés par rapport à elle d’un mouvement relatif à vitesse constante et qui décrivent destrajectoires paral- lèles, Ceux-ci seront, suivant les conditions, captés directement ou indirectement, Si l’on suppose ensuile la masse attirante animée d’un mouvement de rotation se communiquant de proche en proche, on assiste alors à la formation de deux branches spirales oppo- sées, caractéristiques de la plupart des nébuleuses, — M. G. Perrier : Compensation des différences d'altitude d'une chaine de triangles de premier ordre. Applica- tion à latriangulation de l'arc méridien de l'Equateur. 2° SCIENCES — M. Miramond de Laro- quette : Mesure du pouvoir moyen de pénétration d’un PHYSIQUES, faisceau de rayons X par un nouveau procédé radiochro- mométrique. L'auteur décrit sous le nom de grille selé- rométrique un dispositif qui n’a pas seulement pour but d'indiquer le degré de pénétration moyen, mais permet de suivre de mm, en mm. d'aluminium, ou approximativement de em, en cm. dansles tissus l’ab- sorption du rayonnement, — M. P. de la Gorce : La mesure des puissances par l'électrodynamomètre diffé- rentiel, La méthode consiste essentiellement à équili- brer la puissance à déterminer, ou une fraction connue de celle-ci, par une autre puissance aisément accessible un circuit non inductif convenablement réalisé), et à utiliser à-cet aux mesures (puissance dissipée dans effetun électrodynamomètre à miroir de grande sensi- bilité. — M. A, Poucholle : Contribution à l'étude de la trempe. La trempe est caractérisée par le rejet du point de transformation Ar, à bassetempérature, L'am- plitude de l’accident Ar, diminue : a) par l'élévation de température jusqu'à une valeur nulle qui correspond au dédoublement de la transformation ; b) la tempéra- ture restant la même, par la durée de chauffe. — M. P. Job : Etude électrométrique de l'hydrolyse, sous l'action de la baryte, de quelques complexes aminés du cobalt, L'auteur arrive aux conclusions suivantes :1°1le, nitrate sulfopentammine ne contient pas d’eau de consti- tution ; la concentration des ions OH croît régulière- ment quand on ajoute à sa solution une solution de baryte ; 20 le chlorure roséo contient 1 mol. d’eau de constitution; paraddition debaryte, la concentration des ions OH augmente d’abord lentement,puis brusquement quand la molécule d’eau a été entièrement chassée du complexe par le groupement OH; 3° le chlorure roséo contient 2 molécules d’eau de constitution, — M. Cha: pas : Solubilité des acides toluiques isomères dans les trois xylènes. L'acide p-toluique est peu soluble dans les trois xylènes; l'acide m-toluique possède la solubilité la plus grande, mais peu différente de celle de l'acide o-toluique. — MM. J. B. Senderens et J. Aboulenc : Préparation catalytique des cyclohexane- triols. Les auteurs ont préparé les cyclohexanetriols par hydrogénation catalytique, en présence du Ni et sous pression, des solutions aqueuses ou alcooliques des triphénols correspondants. —- MM. M. Godchot et P. Brun : Sur quelques dérivés de la subérone. Ges dérivés ont été obtenus en soumettant cette cétone cycloheptanique à l’action condensante de l’hydrure de calcium. — M. Eug. Grandmougin : Sur les isatines halogénées. L'auteur a préparé un certain nombre d'isatines halogénées par oxydation des indigos halo- génés, et déterminé leur constitution par distillation avec les alcalis caustiques. 11 a d'autre part mesuré leur absorption dans l’ultra-violet à l’aide d'un spec- trographe. —MM. Warcollier et Le Moal: Disparition progressive de l'acide sulfureux libre dans un jus de pommes conservé. Sous l’action d’un mélange oxydant, comme dans les jus de pommes pourries sous l’action des diastases oxydantes des moisissures, il se forme aux dépens des sucres et des matières pectiques des jus de nouveaux corps, aldéhydiques ou cétoniques, aptes à fixer de grandes quantités de SO?. IL en résulte que, quand on voudra sulfiter des jus de pommes en cidrerie pour les conserver à l’état doux pendant une longue période, il conviendra de n’utiliser que des jus sains. — M. A. Schoep : Sur la dewindtite, nouveau minéral radioactif. Ce minéral, jaune canari, provient de Kasolo (Katanga), où il est mélangé à la chalcolite. Ilrépond à la formule 4 PbO. 8UO*. 3 P20ÿ. 12H20. 3 Scrences NATURELLES. — M. Ch. Jacob: La struc- ture du Nord et du Tonkin. L'auteur distin- gue dans ces régions trois ensembles superposés : le substratum (avant-pays et éléments autochtones, en fenêtres sous la série intermédiaire), la série intermédiaire (terrains secondaires, principale- ment schisto-gréseux) et les nappes charriées, — M.J. Savornin : Observations stratigraphiques et tectoni- ques à la frontière nord-est du Maroc.— M.J. Thoulet: Sur les lignes neutres de sédiments sous-marins. La mer, par son agitation, est un instrument de triage des éléments minéraux meubles qu’elle contient ,agissantavec autant de puissance que de délicatesse et de précision.Il existe une agitation caractéristique de sable,une agita- tion de sable vaseux, de vase très sableuse, de vase sableuse, etc. Il n’y a pas qu’une seule ligne neutre, mais Annam ceux-ci bien un grand nombre qui, juxtaposées les unes aux autres, se succèdent en ordre constantet par degrés insen- sibles selon la loi de Lavoisier. — MM. A. Nemec et F. Duchon : Sur une méthode indicatrice permettant d'évaluer la vitalité des semences par voie biochimique. L'activité de la catalase de la graine est étroitement liée avec son énergie vitale, Le volume d'oxygène dégagé par la catalase et mesuré sous des conditions comparables de température, de concentration de H?0? et sur une quantité suflisante de farine, décroit régulièrement avec l’affaiblissement dela faculté germinative de la graine. — M. L. Mercier : Contribution à l'étude de la régres- sion d’un organe : les muscles vibrateurs du vol d’Apte- rina pedestris Meig pendant la nymphose. Bien que les muscles vibrateurs du vol fassent défaut chez l’imago d’A.pedestris,des ébauches de ces muscles peuvent appa- raître chez la nymphe. L'importance de ces ébauches est subordonnée à l'apport des myoblastes constructeurs ; lorsque ceux-ci ne prolifèrent pas, les ébauches ne se constituent pas. — M. L. Roule : Sur un genre de poissonabyssal japonais très rare nouvellement retrouvé dans l'océan Atlantique nord-africain. L'auteur a étudié \ ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 189 un poisson capturé devant Agadir et appartenant au genre /jimaia, créé pour un unique échantillon pêché au Japon, dans la mer de Sagami.Il constitue une espèce nouvelle, 7. Loppei.La famille des Atéléopidés à laquelle il appartient paraît avoir les aflinités les plus direc- tes, non avec les Blenniformes, mais avec les Gadifor- mes. — M. Th.Monod : Sur la morphologie des pièces buccales chez le mâle d'Akidognathia halidaii (Bate and Westwood). L'auteur a découvert chez le mâle de Paragnathia halidaii le rudiment d'appendices maxil- laires qu’il considère comme représentant l’appendice du Ve segment (premières mâchoires). Cette découverte autorise la réunion du genre Paragnathia au genre Akidognathia, dont il était précisément séparé par la présence. de mâchoires dans le second et son absence dans le premier. — MM. A. Policard et G. Mangenot: Action de la température sur le chondriome cellulaire. Un critérium physique des formations mitochondria- les. Il semble que dans toutes les cellules, animales ou végétales, les mitochondries ne peuvent supporter sans disparaitre des températures supérieures à 48°-5o°., En dehors de sa signification biologique, probablement considérable, ce caractère constitue un moyen précis et commode pour se rendre compte de la nature mito- chondriale d'une formation cellulaire. — MM. H. Gre- net et H. Drouin : Sur un composé bismuthique de la série aromatique etson activité thérapeutique.Lesauteurs ont expérimenté, en injections intraveineuses et par la voie hypodermique, un dérivé phénolique du bismuth. Ils ont obtenu la disparition des lésions syphilitiques primaires, secondaires et terliaires avec une rapidité comparable à celle que donnent les arsénobenzènes. Seance du 6 Mars 1922 M. le Secrétaire perpétuel annonce le décès de M. Max Noether, Correspondant pour la Section de. Géométrie. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. G. Julia : VNou- velles applications de la représentation conforme aux équations fonctionnelles. — M. H. Villat: Sur un pro- blème nouveau concernant les fonctions analytiques et la représentation conforme. — M. R. Lagrange: Sur l'application des variétés d'ordre p dans un espace x d'ordre n. — M. B. Gambier : Correspondances ponc- tuelles déduites de l'étude des trois formes quadratiques fondamentales de deux surfaces. — M. G. Prévost : Détermination des coefiicients dans le développement en polynômes de Laplace d’une fonction de deux variables. — M. A. Planiol: Xendement organique des moteurs à combustion interne. L'auteur montre la nécessité abso- lue d'introduire dans le calcul de ce rendement deux nouveaux facteurs déterminants de la variation des pertes organiques, qui sont les effets d'inertie des piè- ces à mouvements alternatifs, et les pertes causées par les résistances à l'écoulement des gaz transvasés de l'atmosphère dans le cylindre, et vice versa. — M. G. Camichel : Sur les surfaces de discontinuité, les ex- périences de l’auteur montrent qu’il existe, en général, un potentiel des vitesses dans la plus grande partie. d'une masse d’eau en mouvement, — MM. Ch. Nord- mannet Le Morvan : Observation d'un phénomène singulier que présente l'étoile 8 de la Grande Ourse. L'étoile 9 de la Grande Ourse est anormale; bien que voisine du type solaire par ses raies spectrales, elle présente une répartition de l'intensité, une température effective voisine de celles des étoiles très chaudes à hydrogène. Ce cas est exactement l’opposé de celui de 13 Céphée. 2° SCIENCES PHYSIQUES. — M. Labussière : Sur l’exis- tence géométrique d’un invariant général des faisceaux de rayons se réfractant suivant la loi de Descartes, et ses applications à l'Optique géométrique et au rayonne- ment. — M. Ed. Belin: Sur la transmission télégraphi- que des photographies, dessins et écritures. L'auteur décrit les appareils qu'il emploie pour cette transmis- sion, dont le principe consiste : au départ, à traduire les variations de relief en variations électriques d’in- tensités correspondantes; à l’arrivée, à traduire les variations d’intensités électriques en variations lumi- neuses correspondantes ; enfin, à assurer le parfaitsyn- chronisme des organes correspondants des deux pos- tes. — M. G. Claude : Sur l'élimination de la chaleur de réaction dans la synthèse de l’ammoniaque par les hyperpressions. La méthode de l’auteur consiste à in- troduire les gaz dans le tube de catalyse sans avoirété échauffés au préalable’; ils sont échauffés dans l’inté- rieur du tube aux dépens de la réaction, à mesure que celle-ci se produit, — MM. G. Chaudron et G. Juge- Boirard : Sur le dosage du soufre dans les pyrites de fer. Les variétés de pyrite de fer facilement attaquables par l’eau régale, marcassite ou pyrite contenant d’au- tres sulfures, en particulier de cuivre et de zinc, don- nent dès que la température dépasse 60° une sépara- tion de soufre; si la réaction se faità froid,on observe, par contre, une oxydation totale du soufre, Cette méthode est donc à préconiser pour le dosage de S, malgré sa durée plus longue. — M.Hervé de Pomme- reau : Sur la réduction du bensoate d’éthyle et de quel- ques autres composés benzéniques par le sodium et l'alcool absolu, L'étude de la réduction par le sodium et l'alcool d’un certain nombre de composés benzéniques indique que, seuls, les noyaux auxquels est directe- ment fixé un groupement carboxyle sont facilement réduits. — MM. M. Sommeletet J. Guioth: /ydro- génation formique des sels quaternaires d’hexaméthy- lènetétramine. L’acide formique réagit comme hydrogé- nantsur les sels quaternaires d'hexaméthylènetétramine avec formation d’amines tertiaires diméthylées à l'azote, — M. P. Nottin: Solubilisation et dégrada- tion diastasique des matières azotées du maïs ; applica- tion aux fabriques de levure. Pour disposer du maxi- mum de matières azotées assimilables par la levure, il faut éviter de tuer par la chaleur les enzymes contenus dans le maïs cru. Cette manière de faire est en opposi- tion avec la nécessité de transformer en empois l’ami- don que l’amÿlase du malt va saccharifier. L'auteur indique le moyen de concilier les deux choses, 3° SCIENCES NATURELLES. — M. A. Allix : Observa- tions sur la sculpture du relief par les glaces. — MM.A. Guilliermond et G. Mangenot : Sur la signification de l'appareil réticulaire de Golgi. Les auteurs admet- tent que l'appareil réticulaire de Golgi, tout au moins 190 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES dans sa forme typique, n'est pas un artifice de prépa- ration ; c’est bien un constituant morphologique de la cellule, Les auteurs le considèrent commé superposa- ble au trophosponge d'Holmgren,et assimilent ces deux formations à certaires figures de l’évolution des vacuo- les. — M, P. Georgévitch : L'origine du centrosome et la formation du fuseau chez le Stypocaulon scoparium (L.) Kutz. Dans les cellules apicales de Stypocaulon, le centrosome est d'origine intranucléaire et prend nais- sance de la masse nucléolaire. — M. et Mme G. Ville- dieu : Contribution à l'étude des bouillies cupriques. Toutes les bouillies, en dehors de leur alcalinité ou de leur acidité, peuvent agir par la simple solution de sels adjoints aux sels de cuivre: sulfate de calcium pour les bouillies bordelaises ou sulfate de sodium dans les bouillies bourguignonnes, auxquels viennent s'ajouter les sels déposés par les eaux ayant servi à leur prépa- ration, Sans le concours problématique du cuivre, ce simple fait suffit à expliquer l’action antieryptogami- qué de ces bouillies, — Mme A. Pruvot: Sur un type nouveau et remarquable de Gymnosomes (Laginiopsis n.g.). L'auteur décrit un nouveau Gymnosome, bien caractérisé d’ailleurs, mais qui présente une régression des parties buccales allant jusqu’à la disparilion com- plète de tous les organes préhensiles, et montre dans tout le tube digestif des anomalies remarquables qui ont leur répércusSion sür le système nerveux. — MM. Ch. Oberthür et C. Houlbert : Convergence ou variation parallèle dans le genre Halimede. Les auteurs ont observé, pour deux espèces bien définies, Æ rsia- tica et H, Menetriesi, deux schémas £e varialions pa- rallèles abs5lument concordants. Ces deux thèmes de yariätlions $e relrouvent d’ailleurs dansles genres Arge, Melanargia, Parce; ils répondent donc à uné loi biolo- gique générale que les auteurs se proposent d'étudier. — M. M. Aron: Sur le détérminisme des caractères sexuéls secondaires chez les Urodèles. Réponse aux critiques deM, Chaämpy. — M. J. Benoit: Sur les con- ditions physiologiques relatives à la parure nuptiale périodique chez les Oiseaux. Il existe une corrélation étroite entre l’état de la glande interstilielle testicu- läiré et l'état de la parure nuptiale. Quänd la parure nuptiale est complètement développée, les cellules interstitiéllés sont volumineuses el en plein travail sécrétoiré. il n'existe auéüné corrélation entre ce même caractère séxuel et là glande séminale intralubulaire. — M.F. Maignon: Utilisation dés diastases tissulai- res pour la détermination de l'organe dont l'insufisance fonctionnellé ést la cause d'un état pathologique déter- miné. L'émploi de la spécificité des diaslases tissulaires a permis à l’auteur de conclure Qué la maladie de Base- dot ést an syÿndromé qui péut reléver de causes mul- tiples, que l'eczéma relève d’une insuffisance hépalique et certains troubles digestifs d’une insuflisance thyroïi- dienne. SOCIÉTÉ FRANCAISE DE PHYSIQUE Séance du 17 Février 1922 M. Holweck : Délermination directe dés potentiels relatifs « aux niveaux » d'énergie d'un atome. Nouvelle mesuré dé la constante h de Planck. Un.atomé peut êlre caractérisé, d’aprèsle schéma deRutherford-Bohr,parles énergies Wx, Wr, Wa... relativesaux différents niveaux d'énergie sur lesquels circulent les électrons entourant le noyau positif. Ces niveaux d'énergie, auxquels cor- respondent les discontinuités d'absorption, sont des grandeurs caractéristiques de l’atome plus simples que les râies d'émission qui font intervenir deux niveaux. D'autre part on peut choisir, comme grandeurs carac- téristiques de l’atome, aulieu des énergies Wx,Wz, Wm.…., les potentiels Vx, Vr, Va... nécessaires pour extraire un électron du niveau correspondant et l’éloigner à l'infini. Ona la relation: Wx — eV, elc., e étant la charge élé- mentaire. Si une méthode expérimentale précise per- met de mesürer directement Vx, nous aurons le moyen d'évaluer les grandeurs fondamentales de l’atome indé- pendamment des valeurs numériques des constantes het N, lesquelles interviennent si l'on veut, soit calcu- ler la fréquence de laradiation correspondante par la relation d'Éinstein, soit mesurer la fréquence par diffrac- tion des rayons sur un cristal de composition, forme et densité connues. Une méthode particulièrement sim- ple pour détérminer directement les potentiels carac- téristiques est la suivante : Sil’on détermine la trans- parence T d'un corps pour les rayons À produits en arrétant, sur une anode, un faisceau d'électrons lancés par üne différence de potentiel V (T étant le nombre qui mesure l'intensité des rayons traversantle corps, le rayonnement incident étant égal à 100), la courbe T — f(V) présentera un point singulier au momént où Ÿ prendra la valeur : V — Wx/e. En effet à ce moment le quantum de la radiation de plus courte longueur d'onde émise par l'anode sera égal à Wx et, par consé- quent, suflisant pour expuülsér un électron du niveau Æ. Il en résultera un brusque ressaut dans la valeur du coeflicient d'absorption de la substance considérée. Le point singulier sera d'autant plus net que les rayons auront été plus filtrés, c’est-à-direcontiendrontune pro- portion plus grande de radiations intéressant l’extré- mité du spectre continu du côté des hautes fréquences. L'auteur décrit l'appareil qu’il utilise pour l'application de cettéméthode, puisindique quelques-uns des résultats obtenus : Potentiel critique À de l'aluminium. Trois dé- terminations ontété faites. Dans la troisième, lesrayons étaient considérablement filtrés au travers de 32.10—1 em, d'acétate de cellulose qui laissait passer moins de 1/100 du rayonnement incident. La discontinuité, très nette, a été trouvée à 1.555 + 10 volts. Potentiel critique L1 del'aluminium. La feuille d’aluminiumemployée avait 6,3.10—5 em. d'épaisseur environ (aluminium battu). La filtration des rayons était uniquement faitepar la feuille étanche de celluloïd qui avait 0,8.10—5cm. d'épaisseur. La discontinuité, très franche, se place à 64,0 +2 volls, soit À — (193,5 + {)10—$ em. Ce nombre est en bon ‘ accord avec celui déduit, d’après le principe de combi- naison, dela raie Kx, et de la discontinuité K et avec celui calculé par extrapolation, suivant la loi de Mose- ley, de la raie L 8,, dont la discontinuité L, est voisine, Là valeur observée directement est vraisemblablement la plus précise. Il est à remarquer que la discontinuité L, del’aluminium tombe dansle domaine des radiations uliraviolettes étudiées par Millikan (longueur d'onde ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES rue ee LE LA te à Un à . minimum 140.10—$ cm.). Mesure de la constante h. Si l'on détermine par l'angle de diffraction des rayons sur un cristal. deconstante rétieulairé connue, la fré- quence » d'une discontinuilé d'absorption et si l'on mesure le potentiel correspondant V, on a les éléments pour calculer !. Hugo Fricke a déterminé, au moyen du spectrograplie de Siegbahn, la longueur d'onde des discontinuités K d’un certain nombre d'éléments légers, de l'aluminium en particulier, Il a trouvé pour AIK, 1 = 7,9/70.10-$ em., en se servant comme références de WLz,,} — 1,4935 et de SnLz,, 1 — 3,5929. Le poten- Liel critique Æ étant1555 + 10 volts, et en prenant pour la charge élémentaire la valeur 4,774. 10— 10, on trouve pour (6,55 + 0,02), 10—27, L'erreur, porte principa- lement sur la détermination du potentiel critique. La précision sur la détermination du potentiel critique est susceptible d’être acerue en améliorant, par des mesurés croisées, lé tracé de la courbe TZ — f{(V}). — MM. JF. Villey et M.Courtines: Sur l'utilisation des barosario- mètres à écoulement capillaire. L'appareil, bien connu, comporte une enceinte thermiquement isolanté com- muniquant avec l'atmosphère par un tube capillaire et un manomètre sensible, dont les indications sont direc- tement liées au taux de variation d?/dt de la pression extérieure. Il est susceptible d'applications très variées quiont conduil les auteurs à étudier en détail les divers facteurs qui influent sur la précision et la sensibilité de ce disposilif. L'étude des régimes permanents (x — constante, æ étant l'indication du manomètre) définit la sensibilité de Fappareil, égale au produit de la sen- sibilité du manomètre par un coëélicient qu'on peut appeler la sensibilité du vase à fuite, Cette sensibilité aux variations depression est inversement proportion- nelle à la pression extérieure P. L'étude des régimes permanents (+ non constant) introduit lanotion d’iner- tie de l'appareil. On commet des « erreurs de mesure » quand on interprète la lecture æ comme liée à d?/dt par le facteur de proportionnalité . (sensibilité) des régions permanentes, Quand on augmente la sensibi- lité (ce qui est facile dans des proportions très consi- dérables), on augmente simultanément les effets d’iner- tie. L'étude dés perturbations dues aux actions méca- niques (rotations relatives de la pesanteur apparente) conduit à préférer, pour la réalisation des très grandes sensibililés, le manomètre différentiel à tige verticale : l'alcool éthylique et les pétroles plus où moins dénses , fournissent des couples de liquides très avantageux. Il peut même être particulièrement intéressant utiliser un manomètre dérivé de celui-là, où les deux liquides deviennent identiques et sont séparés par un simple index d’un autre liquide non miscible: l'index se déplace dans un tube horizontal de faible section s et traduit par de très grands déplacements x les dénivel- lations très faibles entre les deux surfaces libres de section S. ‘SOCIÈTÉ CHIMIQUE DE FRANCE Séance du 10 Février 1922 _ MM.C. Matignon et M. Fréjacques : Sur la trans- formation de l'ammoniac en urée. Les auteurs ont fait l'étude cinétique de la réaction de transformation du car- 191 bamate en urée : CO?.2NH3 — H20 - CO(NH?}°. A une même tempéralure, la marche de la transformation présente au début une anomalie : la vilesse de réaction est accélérée au lieu d’être retardée comme l’exigerait le rôle des masses actives. Les auteurs ont Ljouvé l’ex- plicalion de celte anomalie dans la présence de l'eau formée pendant la réaction, qui joue au début un rôle catalyseur progressivement croissant en raison de son apparition progressive, La témpérature active rapide- ment la réaclion : par exemple, après { heures, les pro- portions transformées Sont de 1 °/, à 1300, 6°/o à 1350 et 41°}, à 1450. De plus, le rendement à l'équilibre augmenté ävec la température et ne passe pas par un maximum à 1359 comme on l'avait annoncé, Les cata- lyseurs hÿdratants comme la thorine, l’alumine, la silice, le kaolin augmentént notablement la vitesse, sur- tout aux températurés lés plus basses ; mais cette action devient pratiquement négligeable vers 1500, A 1300, la proportion d'urée formée est de 4,5 °/, sans calalyseur, et de 13,5, 14,2 et 15,3 °/, avec l’alumine, la silice, le kaolin, Des essais pour trouver un agent capable de s'emparer de l’eau en vue de supprimer l'équilibre et de réaliser une transformation complète sont restés sans résultats, L’urée ainsi préparée est très pure, elle fond à 1330. A partir des données précédentes, il a été per- mis d'établir logiquement et sûrement une méthode de fabrication de l’urée à partir de lammoniaque, problème qui prend un grand intérêt, puisqu'il transforme l’an- moniaque en un engrais azoté beaucoup plus concentré. — M. Leroide : Contribution à l'étude des Prepriètés des éthers-sels wz-disubstitués. Les cétones 2 dishb= stituées donnent avec les magnésiens propyliques des alcools secondaires et du propylène au lie d'alcooïs tertiaires, produits normaux de la réaction. H ÿ ävait lieu de penser que les éhers-sels de même constitution conduiraient à des résultats analogues. L'expérience le vérifie : l’auteur a préparé à partir de lPéther pivalique et des magnésiens éthylique, -propylique et n-butyli- que les alcools secondaires suivants : Ethylpseudobu- tylearbinol Eb. — 140-1480 impur; phényluréthane F, 83°. Propylpseudobutylcarbinol Eb. — 153-1560 sous 795 mm.; phényluréthane F, 68-690. Pseudobutylbutyl- carbinol Eb. — 96-540 sous 16 mm, ; phényluréthane F. 650. L'x-diméthylmalonate d'éthyle donne ävec le chlorure de Propylmagnésium an glycol bi-secondaire, le diméthyl-5.5-nonanediol-4.6 fondant à 239 et bouillant à 150-1520 sous 18 mm, et surtout des produits de cou- pure. Enfin, l’auteur montre que le remplacement d’un radical méthyle par une fonction éther oxyde ou par une fonction alcool tertiaire, maintient à là réaction son caractère ordinaire; il y a formation d'alcool ter- liaire. — M. G. Mignonac : Sur l’hydrogénation des cétimines et des cétisocétimines, Par hyÿdrogénation catalytique effectuée en milieu liquide (alcool absolu), en présence de nickel réduit, l’auteur a réalisé à basse température (15-200) la fixation de l'hydrogène sur les cétimines RR'C : NH etpréparé par cette voie des amines correspondantes. Les célisocétinrines, basés résultant de la condensation des cétimines avec élimination de gaz ammoniac, traitées dans les mêmes conditions, conduisent aux amines secondaires R'CH2CHR.NH. 192 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES CHR.CHR’, — M. G. Mignonac : Sur la déshydrogé- nation des amines. L'auteur montre que la déshydro- génation des amines sur le nickel, à la température de 190-2309, a lieu en passant par l'intermédiaire del’imine (RCH : NH ou RR'C : NH) et qu’elle peut être représen- tée par l’équation : 2NH2 © 5 PÉere =N -- H2 RCH?NH ._ ROCH: NH +H L_ROC=N+H. Dans les cas où l’on n’a pu isoler l’imine, on a mis sa formation en évidence en entraînant par un courant d'azote, sur le nickel chauffé, un mélange d’amine et d’eau. Dans ces conditions on constate la production de l’aldéhyde ou de la cétone résultant de l'hydratation de l'imine, M. Mignonac pense que la formation des ami- nes secondaires et tertiaires, observée chaque fois que l’on produit une amine primaire par la méthode de MM. Sabatier et Senderens, est liée à la condensation . de l’imine et résulte de l’hydrogénation des produits de condensation. — M. E. André présente à la Société un appureil à fractionnements pour distillations sous pression réduit». Son fonctionnement, très simple, répose sur l'emploi de deux trompes à eau. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Séance du 25 Février 1922 MM. Loeper et Debray : L'accroissement de l’activité peptique du sérum dans l’'imperméabilité rénale. Le pou- voir peptique du sérum augmente dans l’imperméabilité rénale, clinique et expérimentale; cette augmentation va de pair d’ailleurs avec celle de l’amylase et une rétention indiscutable, — M. L. Cruveilhier : Vacci- nothérapie dans le chancre mou. L'auteur a traité avec succès des chancres mous au moyen de la méthode des auto-vaccins. Séance du 4 Mars 1922 Mmes M. Lapicqueet M. Nattan-Larrier: Action de l’adrénaline sur l'excitabilité musculaire et sur la fatigue. L’adrénaline a pour effet de diminuer la chronaxie de tous les tissus musculaires et nerveux considérés, ainsi que la fatigue consécutive à des excitations répétées, — M. F. d'Hérelle : Sur la présence du Bactériophage dans les leucocytes. Le bactériophage, loin d’être pro- duit par les leucocytes,est phagocyté et détruit par eux. Ce seul fait suflirait pour montrer qu'il ne peut être d'origine leucocytaire, et cette destruction intra-leuco- cytaire donne la raison de sa rareté au sein de l’orga- nisme.— M.J.Turchini : Nature muqueuse des cellules à mélanine de la glande du noir dela Seiche (Sepiaofficina- lis Z.) et mécanisme de l'excrétion du pigment. La cellule à mélanine de la glande du noir est de nature muqueuse. Pour cette raison, elle acquiert, contrairement à l’im- mense majorité des mélanoblastes connus, le curieux pouvoir d’excréter le pigment qu’elle forme. Les grains mélaniques sont mis en liberté au niveau de la zone ori- ficielle de la glande, en même temps que le mucus,lors- que cette substance a distendu et fait éclater la cellule. — MM.R. Debré et H. Bonnet : L'intradermoréaction tuberculinique au cours de la tuberculose expérimentale du cobaye. L'intensité de l’intradermoréaction estexac- tement proportionnelle à l'intensité de la lésion locale; la persistance d'une intradermoréaction positive est d'autant plus durable que le cobaye est plus gros. SOCIÉTÉ ROYALE DE LONDRES Séance du 8 Décembre 1921 SCIENCES PHYSIQUES. — Lord Rayleigh: La ligne de l'aurore boréale dans le spectre du ciel nocturne. L'au- teur a retrouvé 2 nuits sur 3 la ligne del’auroreboréale 2-5.578 dans le spectre du ciel nocturne photographié à Londres et à Newcastle ; l'intensité de cette ligne sem- ble aller en augmentant vers le Sud. Elle serait donc due à une cause différente de l'aurore boréale, et encore inconnue, — M. H.P. Varan: Nouvelle forme d’inter- féromètre. L'auteur emploie comme interféromètre à plaques parallèles une couche mince de liquide trans- parent (huile de ricin) flottant sur du mercure. — M.J. W. Gifford : Pression atmosphérique et indices de réfraction. L'auteur a calculé la correction qui permet de ramener les indices de réfraction pour diverses lon- gueurs d'onde à la pression normale et à une tempéra- ture quelconque aux indices à pression et tempéra- ture normales (15° C.). — M. H. Harle: Les viscosités des acides halogénhydriques. L'auteur a déterminé les coefficients de viscosité de ces acides à l’état gazeux par la méthode du passage continu à travers un tube capil- laire. — M. W. D. Womersley : L'énergie dans l'air, la vapeur et CO? de 1000 à 2.000° C. L'auteur a étudiéau moyen du calorimètre enregistreur d'Hopkinson l’ex- plosion de H et CO mélangés d'air ou d'oxygène. — MM. E. F. Armstrong et T. P. Hilditch: £tudedes actions catalytiques sur les surfaces solides. VII. ]nfluence de la pression sur la vitesse d'hydrogénation des liqui- des en présence de nickel. Cette influence dépend du type de composé organique en expérience. Les composés éthyléniques simples sont hydrogénés à un taux pres- que proportionnel à la pression absolue de l'H. Si le composé non saturé contient un autre groupe qui a de l’affinité pour le Ni, mais non hydrogénable,l’augmen- tation de pression de l'H provoque une augmentation du taux d'absorption de ce dernier. — Lord Rayleigh: Etude de la luminescence du phosphore. La luminosité intermittente ou périodique qu'on observe en enlevant les dernières traces d'oxygène de l'air au moyen du phosphore, ou en laissant entrerlentement l'air dansun tube à vide contenant du P, ne se produit qu’en pré- sence de vapeur d’eau. Une dessiccation modérée rend la luminescence parfaitement continue. La vapeur d’eau - a donc le pouvoir d'empêcher la combinaison de la vapeur de P avec O dans certaineslimites. D’autres sub- stances (camphre, NH, etc.) possèdent la même pro- priété inhibitrice. Le Gérant : Gaston Doin. Sté Gle d’Imp. et d'Ed., rue de la Brrtauche, 1, Sens. 33: ANNÉE NS 15 AVRIL 1922 Revue générale bS SCrences pures et appliquées FoNDATEUR : LOUIS OLIVIER - Direcreur : J.-P. LAN GLOIS, Professeur au Conservatoire national des Arts-et-Métiers, Membre de l’Académie de Médecine Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. J.-P. LANGLOIS, 8, place de l’Odéon, Paris. — La reproduction et la traduction des œuvres et des travaux publiés dans la Revue sont complètement interdites en France eten pays étrangers y compris la Suède, la Norvege et la Hollande CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE $ 1. — Physique A proposde lathéoried'Einstein.— Il y a dans la théorie d'Einstein des affirmations singulières, dont - le sens demanderait à être précisé. D'après la théorie, la présence d’un champ degravitation empêche l’espace- temps d’être euclidien; par voiedeconséquence, l’espace ordinaire, qu'on obtient en ne faisant pas varier le temps, n’est pas euclidien non plus. Ceci n'est pas clair et, bien que les partisans d'Ein- stein se réclament de Poincaré, ceci est en contradiction avec ce que Poincaré dit de l’espace, qu’il n’est par lui- même ni euclidien, ni non euclidien, Cela dépend de ce qu'on nomme dislance. Là-dessus on ne peut pas m’objecter que la distance est effectivement ce qu'on mesure avec les solides naturels, et que c’est cette dis- tance-là qui est plus euclidienne, Dans un champ de force, il n’y a plus de distances naturelles, car les corps solides subissent des déformations; une barre d'acier suspendue par en hautestallongée par le champ de la pesanteur, soulenue par en bas elle est raccourcie ; elle fléchit si on la met horizontale sur deux appuis, et cesse d’être rectiligne. Il n’y a point en réalité de corps invariable ; la notion de corps inva- rable est une notion purement abstraite, suggérée par les corps réels, sans doute, mais n'ayant pas plus de réalité dans la nature que les gaz parfaits par exemple, Vous ne pouvez pas dire qu'un champ de force modilie cette notion. La conception einsteinienne du temps n’est pas claire non plus. Puisqu’il n'y a pas de temps absolu, pour- quoi dans la formule qui donne le ds? dans le champ d'un corps attirant, Einstein” envisage-1-il £ comme REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES. donnant le temps exact? Les moyens de mesurer le temps sont multiples ; dans un champ de force intense, ils ne concorderont peut-être plus. Pour calculer la déviation de la lumière, ou le mouvement du périhélie de Mercure, on élimine le temps, ce qui fait que sans inconvénient on peut le remplacer par une autre varia- ble, C’est peut-être la raison pour laquelle le 3° critère, par la période de vibration de la particule, ne réussit pas comme les deux autres, On pourra, je crois, débarrasser la théorie d’Einstein de ces interprétations qui la rendent obseure..Il fau- drait l’envisager d’une façon très abstraite comme il suit : Un point événement dans l'univers est caractérisé par 4 variables x, ÿ,z, u, On peut faire des change- ments de variables, en prendre d’autres X, Y, Z, U, fonctions des premières. Si deux pointsévénements onlmêmes valeurs de x,7, z avec deux valeurs différentes de u, on dit qu'ils ont lieu à la même place par rapport au premier système, S'ils ont mêmes valeurs de X, Y,Z avec des valeurs différentes de U, on dit qu'ils ont lieu à la même place dans le second système, De même, si u a la même valeur pour deux points- événements, on dit qu’ils sont simultanés dans le pre- mier système; siU a la même valeur, ils sont simulta- nés dans le second système, Partant de là, on peut dire: Les lois naturelles se formuleront en écrivant des équations différentielles en TNT» Zi Ur Ces équations différentielles pourront s'obtenir en égalant à zéro la variation d’un intégrale { ds, où ds? | est une forme quadratique différentielle en x, y, z, u, 194 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE Si on veut avoir les lois avec les variables X, Y, Z, U, il faudra faire le changement de variables dans les pre- mières équations différentielles. On pourra, et ce sera généralement plus commode, faire le changement de variables dans ds? et chercher, pour l’égaler à zéro, la variation de la nouvelle intégrale f ds. On trouvera les mêmes équations. Cela ne détermine pas du tout la forme quadratique qu'il faut choisir. Les considérations qui font choisir à Einstein son ds? renferment beaucoup d’arbitraire. S'il existe une rela- tion entre les coeflicients du ds? et leurs dérivées qui soit vraie quelles que soient les coordonnées, cette rela- tion doit être invariante ; c’est là une tautologie, et cela ne donne rien du tout; je ne vois pas pourquoi une pareille relation existerait. Bref, l'observation et l'expérience me paraissent obli- gatoires pour compléter la théorie. Mais alors la théorie n'a pas la portée qu’on vou- draitlui donner; elle ne remplace pas la Physique par une sorte de Géométrie, elle n’est qu'un principe pré- E à sentant des analogies avec le principe de la moindre action, ou le principe à Hamilton, ou d’autres principes analogues qui donnent les lois d’un phénomène par l'annulation de la variation d’une intégrale. J.Richard, D' ès Sciences. $ 2. — Art de l'Ingénieur L'utilisation des chaleurs perdues dans les centrales électriques. — L’attention a trop sou- vent été attirée sur les pertes considérables que repré- sente la transformation de l'énergie calorifique des combustibles, du charbon particulièrement, en énergie électrique, dans les usines à vapeur, pour qu’il soit encore #écessaire aujourd’hui d’y insister. La plupart des installations génératrices d'électricité ne fonctionnent qu'avec un rendement pratique de 7 à 8°}, au maximum : 20 °/, du combustible sont perdus sous les chaudières et les 90 */, du reste dans les ma- chines à vapeur et électriques, Il est possible de relever quelque peu le réndement, sinon des chaudières, du moins des équipements de la salle des machines et des génératrices, et de porter le rendement général à quelque 11 ou 12 °/,, ou même à un peu plus que ces chiffres; mais, comparativement aux pertes considérables de la transformation, l’amé- lioration est peu appréciable, On commence aujourd’hui à reconnaître que les per- fectionnements à réaliser directement, surles machines motrices et génératrices et sur leurs accessoires, canali- sations, auxiliaires, etc., ne seront jamais considérables et qu’il faut chercher ailleurs si l’on veut arriver à un progrès plus sensible, F Une solution que l’on tend actuellement à envisager est celle qu'ont déjà mise en pratique certaines entre- prises de l'Etranger, particulièrement en Amérique, et consistant à combiner la centrale électrique avec une installation distribuant de la chaleur, dans un rayon plus oumoins étendu, Cette tendance est importante à noter, parce qu’elle a pour conséquence de mettre en question cerlains prin- cipes que l’on était porté à considérer comme fondamen- taux,notamment celui visant à établir les grandes cen- trales à proximité d’une voie d’eau, pouvant assurer le refroidissement des machines et condensateurs. Dans la conception nouvelle, au lieu de choisir, pour la centrale, un emplacement où l'on soit en mesure d’évacuer l’énergie calorifique non utilisable par les machines, on s'occupe de la situer au centre d’une agglomération où cette énergie puisse être employée à des applications utiles, pour le chauffage. Cette idée vient de faire l'objet d’intéressantes discussions à l’/nstitution of Electrical Engineers de Grande-Bretagne, à la suite de deux rapports présentés par MM. C. Ingham Haden et F. H. Whysall, membres de l'Association. Ë M. C. I. Haden a tracé la courbe de la quantité d’éner- gie calorifique nécessaire à chaque instant, pour une agglomération, peudant la journée la plus froide de l'hiver, et, supposant celte énergie fournie par les vapeur d'échappement d’une usine électrique, il a cal- culé quelle serait à chaque instant la puissance électri- que disponible correspondante. : Cette puissance dépasse considérablement, pendant la plus grande partie du jour, l'énergie électrique néces- saire pour l'éclairage de l’agglomération intéressée, et même, sauf au moment de la préparation du diner, entre 7 et 8, la charge continue de l'éclairage et de la cuisine électrique. Dans ces conditions, la production de l'électricité pour l'éclairage et la cuisine n’est plus, en fait, qu’accessoire, comparativement à la production de la vapeur et de l'eau chaude, pour la distribution de la chaleur et de l’eau. £ La situation est renversée en été: la demande d’éner- gie électrique pour l’éclairage et pour la cuisine, sans dépasser, dans le total journalier, la demande de vapeur el d’eau, est cependant telle, par moments, que toute la vapeur d'échappement disponible n’est pas utilisée. On est donc amené à envisager l’adjonction, à l’ins- tallation génératrice, d'appareils accumulateurs thermi- ques, capables d’'emmagasiner le surplus d'énergie calo- rifique disponible aux moments de forte charge électri- que; mais cette combinaison n'est profitable, cela va de soi, que s’il y a une demande locale spéciale de vapeur et d'eau. 2 D'autre part, comme il y a lieu de tenir compte d’une charge d'énergie électrique pour la distribution de la. force motrice, on voit qu’en règle générale la quantité de vapeur d'échappement disponible est plus que sufñ- Sante et même excessive pour assurer les besoins du chauffage, en vapeur et en eau chaude. Partant delà, M. C. Ingham Haden estime que la bonne solution consiste à utiliser, pour la production simultanée de l'électricité (en vue de l'éclairage, de la cuisine et de la force), de la vapeur et de l’eau chaude (pour le chauffage), des stations locales, de moyenne puissance, suppléées au moment voulu par une grande centrale, pour le service électrique. Combattant le projet d'abandonner les petites usines existantes, disséminées dans tous les quartiers de Lon- dres, il préconise en conséquence la conservation de ces CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE installations — modifiées pour échapper à une pression suflisante — pour la production de la vapeur et de l’eau chaude, ainsi que de l'électricité. i Les remarques de ce spécialiste sont à prendre en considération, d’une façon d’autant plus attentive qu'elles ne sont pas basées sur de simples estimations théoriques, mais bien sur des constatations pratiques, M. Haden ayant depuis plus de dix ans la direction d’une installation mixte de l’espèce qu’il recommande, Cette installation est celle des St-James’s Buildings, de la Calico Printers' Association, à Manchester : em 1911, la ‘société de M. Haden avait reçu mission d'équiper ces batiments, au point de vuede la ventilation et du chauffage; comme l'édifice est proche de l'usine municipale de la Diekinson Street, elle s’arrangea avec cette usine pour lui acheter ses vapeurs d’échappe- ment. Cette combinaison a permis à la Compagnie intéres- sée d'économiser environ 800 tonnes de charbon par an, avec une économie correspondante sur les frais de main-d'œuvre (suppression ‘des manipulations de ce combustible), et de simplifier considérablement son outillage. Celui-ci ne comporte, au lieu de la vaste chaufferie qu'il aurait fallu, qu'un groupe de pompes pour assu- rer le renvoi dela vapeur condensée à l’usine généra- trice, et quelques appareils de mesure, notammentun enregistreur de vapeur du système Lea, et tout le ser- vice en est assuré par un seul homme. Dans la suite, le système adopté pour les St-James’s Buildings a été étendu à d'autres bâtiments et les cana- lisations de vapeur ont été prolongées jusqu'à 200 mètres de distance, en particulier jusqu’au « Refuge » ; ici, et dans d’autres bâtiments, l'eau de condensation est filtrée et employée pour les lavatories, Ilest clair que l’utilisation des vapeurs d’échappe- ment des usines génératrices serait considérablement facilitée s’il était possible de concentrer, autour des stations, des établissements industriels ayant besoin de, grandes quantités de vapeur, fabriques de papier, raflineries de sucre, etc., par exemple. Malheureusement, cette condition n’est pas facile- ment réalisable dans la pratique, et il convient donc de rechercher le moyen de rendre l’utilisation des vapeurs - d'échappement avantageuse, tant pour la centrale que pour les consommateurs, touten respectant les situa- tions établies. M. R. E. O. Crompton, commentant le rapport de M. Haden, a fait remarquer, non sans raison, que la - situation est moins favorable en Grande-Bretagne, et spécialement à Londres même, qu’en Amérique, parti- “culièrement à New-York, parce que les grands édifices y sont notablement moins nombreux et moins serrés. Pour obtenir la même charge de chauffage, on doit, dans la plupart des cas, en Grande-Bretagne, couvrir une surface plus vaste, entreprendre une zone d'action dans un rayon notablement plus grand, ce qui ne faci- lite pas la solution pratique du problème ; d’ailleurs, a fait remarquer M. F.H. Whysall, en Amérique même, on a élé amené récemment à abandonner certaines installations mixtes. 195 M. F.Biggin, président del’/nstitution of Heating and Ventilating Engineers, à déclaré qu'il existait en Grande-Bretagne plusieurs exemples d'installations de ce genre fonctionnant dans de bonnes conditions ; ila mentionné entre autres celle du Collège Scientifique Impérial de South Kensington, À Detroit (E.-U.), cependant, la compagnie d’électri- cité, l’une des plus grandes entreprises électriques du monde, qui avait commencé à distribuer ses vapeurs perdues pour le chauffage public, a renoncé à ce sys- tème et elle a créé, pour la distribution du chauffage, des installations génératrices spéciales. L'une de ces installations possède, depuis la fin de 1921, une chaudière à vapeur qui est la plus puis- sante du monde ; les conduites de vapeur sont, les unes logées dans des tunnels, les autres enterrées dans le sol, sous une enveloppe calorifuge de 4 em. d'épaisseur, un revêtement de bois et un massif de béton. M. A. H. Barker, tout en souhaitant qu'une combi- naison telle qu’en envisage M. Haden fût possible, ne croit pas que l’on puisse espérer arriver à un résultat avantageux dans l’ordre d'idées indiqué par ce spé- cialiste. Il signale que des mesures systématiques faites dans quelques habitations ouvrières de Londres ont montré que la quantité d'énergie calorifique à fournir par habitation ne dépasse pas 80 B.T. u. par jour, pendant la saison la plus froide. EH. M. $ 3. — Chimie physique La diffusion du plomb solide en lui-même. — Nous avons signalé ici même, l’année dernière, l'in téressante application que MM. J. Groh et G. von Hevesy ont faite des isotopes!. Tandis que d’autres ont em- ployé les colorants, ou les potentiels électriques, ou les indices de réfraction pour révéler les progrès de la diffusion, les deux savants hongrois, désirant étudier la diffusion du plomb liquide en lui-même, ont eu l’'heureuse idée de rendre une partie du plomb radio- aclive par l'addition d’un de ses isotopes, le thorium B,. Quand cette portion du plomb diffuse dans l’autre por- tion formée demétal ordinaire, son avance se manifeste par l'apparition de la radio-activité. Les mêmes auteurs ont étudié d’une façon analogue le problème de la diffusion du plomb à l’état solide ?. Mais ici ils ont renoncé à l’emploi du thorium B, dont la moitié est transformée au bout de 10,6 heures, à cause de la longue durée des expériences avec le plomb solide, Comme indicateur actif, ils se sont servis de plomb de Joachimsthal, mélange d'uranium et de ra- dium D, ce dernier possédant la radio-activité. Un cylindre de plomb inactif et un autre de plomb radio-actif sont joints par fusion de leur surface de contact, Pendant plus d’une année, le bloc a été main- tenu à la température de 280*°C., de 46° inférieure au point de fusion du métal, A la fin de cette période, il a été impossible de déceler la moindre diffusion du plomh actif dans l’autre extrémité du cylindre, 1. Rev. gén. des Sc. du 30 janv. 1921, p. 35. 2, Ann. der Physik, n°11, 1921, 196 Ce résultat est surprenant, En effet, il y a 25 ans, Roberts-Austen a étudié la diffusion de l’or solide dans le plomb solide, et il a obtenu un coefficient de diffusion notable, Comment les molécules d’or peuvent-elles donc se frayer la voie dans le plomb mieux que les molécu- les de plomb elles-mêmes? Les auteurs suggèrent l’hy- pothèse suivante : Quand l'or pénètre dans le plomb, il brise dans une certaine mesure.la structure cristalline de ce dernier, facilitant l'entrée d’autres molécules d’or, tandis que la molécule de plomb laisse le réseau cris- tallin inaltéré. $ 4. — Chimie végétale: Les constituants odorants des pêches. — La nature des substances auxquelles la pêche doit son odeur ne paraît pas avoir été jusqu’à présent élucidée, On trouve bien dans le commerce des préparations dé- signéessousle nom d'« essence de pêches » et employées comme parfums, mais elles consistent pour la plupart en mélangesempiriques d'éthers et d'huiles essentielles. MM. F. B. Power et V. K. Chesnut! ont récemment entrepris l'étude des constituants odorants des pêches, en faisant porter leurs recherches uniquement sur la pulpe fraiche de pêches Belle de Géorgie müres, et ils sont arrivés aux résultats suivants : 1° Les constituants odorants de la pêche consistent principalement en éthers linalyliques des acides formi- que, acétique, valérique et caprylique, méêlés à une forte proportion d’acétaldéhyde et à une faible quantité d'une aldéhyde de poids moléculaire plus élevé. Il est probable que les acides volatils sont aussi présents à l'état libre en très faible quantité, 29 L’émanation du fruit mür entier contientune petite quantité d’'acétaldéhyde. . 3° Les auteurs n’ont trouvé aucune trace d'acide cyan- hydrique ou de benzaldéhyde dans le distillat de la pulpe fraiche, Ils en concluent que la présence du glu- coside amygdaline est restreinte au noyau du fruit et qu'il n'existe dans la pulpe aucun autre composé capa- ble de fournir HON, 4° En extrayant à l’éther un distillat concentré de pêche, on obtient une très minime quantité d'huile es- sentielle : liquide limpide, jaune pâle, possédant une odeur de pêche très intense et caractéristique. Refroidie au-dessous de la température ordinaire, elle se prend en une masse solide, transparente, parsemée de petits cris- taux aciculaires. Ces cristaux sont évidemment un hydrocarbure paraflinique;-isolés, ils fondent à 32°. Le rendement en huile essentielle est de 0,000.74 du poids de la pulpe employée. Outreles éthers mentionnés, l'essence contient un peu d’acétaldéhyde et de furfural, le dernier provenant sans doute de l’action d'acides organiques sur le sucre du fruit pendant la distillation, L'essence de pêche est un produit très instable : con- servée dans un tube de verre avec un rétrécissement capillaire et peu exposée à l’air, elle se transforme au bout de peu de .temps en une masse noire, visqueuse, qui a complètement perdu son parfum original, Par 1. Journ. Amer. Chem. Soc.,t XLIII, p. 1725; 1921, CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE ———————————— contre, dans nn tube de verre hermétiquement scellé, elle paraît pouvoir se conserver indéfiniment. $ 5. — Biologie La radiopuncture, nouvelle technique de cytologieexpérimentale.— Les méthodes de vivi- section, auxquelles nous devons peut-être les plus belles conquêtes de la Physiologie,ne sont, malheureu- sement, guère applicables aux organismes de petite taille, particulièrement aux êtres monocellulaires. Seuls,quelques opérateurs, doués d'une habileté et d’une patience peu communes, ontputirer de l'emploi de la renseignements précieux, Les résultats sont d’ailleurs fort aléatoires, la précision nécessaire étant bien diflicile à obtenir avec des outils matériels, toujours trop grossiers pour le but que l’on se propose d'atteindre, On voudrait posséder un ins- trument maniable et sûr, agissant avec une extrême microvivisection des délicatesse. C’est cet instrument dont le Dr S. Tchahotine! vient de doter la science en mettant au point une méthode élégante fondée sur l'emploi des rayons ultra-violets. L'action abiotique de ces radiations est bien connue, mais leur concentration en un faisceau suflisamment fin constituait une sérieuse difliculté que l’auteur a fort habilement surmontée, Gràce à l'emploi judicieux de lentilles et de prismes de quartz, il arrive à projeter l’image réelle,considérablement réduite, d’une « pupille » derrière laquelle est située la source rayonnante. Celle- ci est constituée par une étincelle éclatant entre deux électrodes de magnésium. Voici, en quelques mots,com- ment on opère : la mise au point est faite, sous le micro- scope,à l’aide d'une goutte de fluorescéine dans laquelle le faisceau rayonnant indique son passage par une minuscule tache verdâtre (5u). Le lieu exact oùtombele rayonestsoigneusement répéré au moyen d’un index ocu- laire,puis l’on substitue à la solution fluorescente la pièce destinée à l’expérimentation, en faisant coïncider avec . la pointe de l'index l'endroit que l’on désire irradier. Lorsqu'il s’agit de léser le noyau seul, un obstacle se présente, car, sous l’action du rayonnement, la mem- brane cellulaire se désagrège facilement,entrainant une cytolyse rapide, On vient à bout de cette nouvelle difli- culté en immergeant l'organisme dans une solulion de CaCl?, douée de la propriété de durcir le protoplasme superficiel, et en rapprochant le noyau dela périphérie au moyen de la compression ou de la centrifugation, C’est sur l'œuf d'Oursin que le D'Tchahotine a expé- rimenté sa méthode.Elle lui a permis d'arrêter le déve- loppement d'un des deux premiers blastomères en irra- diant le noyau. Le blastomère intact continue à se segmenter normalement. Le « dard » ultra-violet ne sert pas seulément à détruire le protoplasme; il permet encore,;en augmentant la per- méabilité de la membrane cellulaïre, de faire pénétrer électivement, dans certaines parties d’un embryon, des substances donton désireétudier l’action.C'est ainsi qu’il est possible, en irradiant légèrement un blastomère, 1. TenanotiNe : Recherches de cytologie expérimentale, faites avec la méthode de la radiopuneture microscopique, Bull. Inst. Océan. Monaco,n° 401, oct. 1921, CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE l'embryon étant plongé dans une solution de LiCl, d'amener sa turgescence par absorption de lithium, Ces quelques expériences préliminaires permettent de se rendre compte de tout le parti que des expérimen- tateurs habiles et inventifs pourront tirer de la méthode de la radiopuneture microscopique. Son emploi appor- era certainement à l'embryologie et à la physiologie cellulaire des données nouvelles du plus haut intérêt. R. de La Vaulx. $ 6. — Géographie et Colonisation La valeur économique de la Tripolitaine!. — Une évaluation en date de 1917 altribue à la Tripo- litaine une population indigène de 570.000 habitants, répartis très inégalement sur une superficie de 500.000 kilom. carrés, Plus des quatre cinquièmes de la population se trouvent groupés dans la région septen- trionale comprise entre la côte et la région monta- gneuse du Djebel, et la moitié de ces habitants vivent sur le littoral même. Avec les Européens, Tripoli compte 60.000 habitants; en y ajoutant son oasis et cellede Tadjoura, l'agglomération dépasse 109.000 habi- tants. 5 La Tripolitaine est un pays d’une médiocre valeur agricole, parce que le désert accède jusqu’au littoral. On distingue trois zones se succédant de la côte vers l'intérieur : a) l’étroite bande du littoral, large de quelques kilomètres. succession d'oasis où l’on cultive surtout le palmier, puis l'olivier, les agrumes, les autres arbres fruitiers, les légumes ; b) les plateaux du Djebel, sillonnés de vallées, où domine l'olivier, et où l’on peut cultiver encore les arbres fruitiers, le safran, les céréales ; c) la région d'oasis disséminées à de gran- des distances dans l’intérieur, dont Ghadamès est le type. Le palmier-daltier est ainsi la plante la plus répandue dans toutes les oasis, on en compte quelque trois millions; le fruit constitue avec l’orge la base de l’alimentation indigène, mais la production de la datte fine de table n'existe pas encore. L'olivier vient ensuite, quoique la fabrication de l'huile débute à peine. Par contre, les oranges s'exportent et il pourrait en être de même de beaucoup d’autres fruits. La vigne et le mürier sont susceptibles d'extension : le henné s'exporte en Tuni- sie et l’alfa, très répandu dans l’intérieur, se vend prin- cipalement en Angleterre, comme celui d'Algérie, L’éle- yagea toujours eu une certaine importance et peutfournir à l'exportation de la laine et des cuirs, 1. GC. Finec : Une mission en Tripolitaine (septembre 1920), Renseignements coloniaux, ét documents publiés par lé Comité de l'Afrique française et le Comité du Maroc, n°°2et3, février et mars 1921, 197 Si les conditions sociales, climatériques et agricoles de la Cyrénaïque pourront peut-être permettre un mouvement d'immigration de colons italiens, la Tripo- litaine est par contre trop pauvre pour devenir un pays de peuplement. Mais on peut en accroître la valeur économique par le développement des cultures frui- tières, des plantes fourragères, par l'introduction de plantes nouvellés comme le sisal ou l’arachide. Il faut pour cela résoudre le problème de l'irrigation et s'adresser aussi aux méthodes du dr) farming, qui permettront d'étendre la culture des céréales, En attendant, l'outillage de la colonie se poursuit, Un réseau de voies ferrées, à écartement de o m. 9, s'étend déjà sur 254 kom., dont 120 kilom. pour la ligne de Tripoli à Zuara. L'aménagement du port a déjà absorbé 13 millions de lire ; il comporte un grand môle de 1.300 m., prolongeant l’ancienne jetée, et un vaste terre-plein permettant l'atterrissage direct des paquebots-poste. A l'inverse de ce qui existe dans nos ports marocains, par exemple, on a même l'impression, devant ce vaste port souvent presque vide, d’une orga- nisation dont l'importance dépasse les besoins actuels. Parmi les autres travaux publics, il y a lieu de signa- ler 1.250 kilom. de routes, 1.400 kiiom. de lignes télé- graphiques, le réseau téléphonique, la station radioté- légraphique de Tripoli, le forage des puits ordinaires et artésiens, les travaux de distribution d’eau, etc. d'industries se sont installées Un certain nombre depuis l'occupation italienne, soit en vue de faciliter la construction et les travaux publics : scieries, ateliers mécaniques, carrières et matériaux de construction, soit pour l'alimentation : huilerie, minoterie, glace, eaux gazeusés, distilleries, soit pour la préparation des produits à exporter : cuirs, alfa, crin végétal. L'Etat italien a établi le monopole du tabac et du sel; ce der- nier, exploité près de Tripoli et de Benghazi, fait même l’objet d'exportation en Turquie et en Bulgarie. La pèche des éponges marque une reprise très sen- sible; elle est effectuée par des Grecs du Dodécanèse ; les éponges de Libye et particulièrement celles de Cyré- naïque sont assez recherchées sur les marchés euro- péens. La pêche du thon, de date récente, promet des résultats intéressants. Si les relations caravanières entre la Tripolitaine et le Soudan sont bien tombées, par contre, le commerce maritime des progrès sensibles, ayant passé déjà de 48 millions et demi de lire, en 1917, à 114 millions, en 1919, pour la Libye entière. L'Italie, qui prend déjà! les deux tiers de ce commerce, recueille enregistre ainsi la récompense des efforts très sérieux qu'elle a faits jusqu'ici sur une terrre ingrate, qui rend son mérite d'autant plus grand. Pierre Clerget. 198 R. CORNUBERT. — LA MICROANALYSE ORGANIQUE QUANTITATIVE LA MICROANALYSE ORGANIQUE QUANTITATIVE Dans le numéro du 15 juillet 1920 de la Æevue générale des Sciences !, nous avons publié un article dans lequel nous avons tout spécialement décrit les méthodes de microanalyse organique quantitative du Prof. Pregl. Cet article était la reproduction d’une conférence dans laquelle nous avions été obligé de nous limiter et de parler avant toute autre chose des méthodes de M. Pregl pour l’étude desquelles une bourse nous avait été accordée en 1914, et nous avions dû nous contenter de dire quelques mots des méthodes de M. Dubsky et de mentionner le microcarius de M. Donau, 320 $ 1. — Dosage du carbone et de l'hydrogène Deux cas sont à considérer suivant la consti- tution de la molécule à analyser, } 1. Dosage dans des composés en C, H, 0, ou en C, H, O, N. — L'appareil est représenté schématiquement par la figure 1. Il est constitué par un tube en verre d’Iéna de 10 mm. de diamè- tre extérieur et de 43 cm. de longueur, étiré à l’une de ses extrémités en un bec à paroi épaisse de 40 mm. de longueur et de 4 mm. de diamètre à extérieur; l’autre extrémité comporte un long x Ë RS ne LE CPR CE Fig. 1. — Appareil de M. Dubsky pour le dosage du carbone et de l'hydrogène. A, couche de fil d'argent; B, mélange d'oxyde de cuivre et de chromate de plomb: C, microtortillon d'oxyde de cuivre; r, rampe à gaz; R, robinet à 3 voies (cotes en millimètres), Les méthodes de M. Dubsky, bien que nous ne les ayons pas pratiquées, nous avaient sem- blé susceptibles de quelques petites remarques; elles valaient cependant mieux qu'une descrip- tion sommaire. Possédant, grâce à M. Dubsky, une documen- tation sérieuse sur ses méthodes, nous venons compléter notre conférence par l’étude détaillée de ce que nous avions dû négliger. Enfin, grâce encore à l’amabilité de M. Dubsky, nous pour- rons mesurer rapidement les progrès de la tech- nique de l'analyse organique depuis Lavoisier jusqu’à nos jours. I, — Les MÉTHODES DE MICROANALYSE SIMPLIFIÉE pe M. Dupsxy? Ainsi que nous avons eu l’occasion de le dire dans notre précédente conférence, ces métho- des concernent : 1° le dosage du carbone et de l'hydrogène d'après Liebig ; 2° le dosage de l’azote d’après Dumas. 1. Revue générale des Sciences, t. XXXI, n° 13, p. 442, 2. Le lecteur trouvera tous détails aux références sui- vantes : Helvetica chimica Acta, vol. IE, fasc. I, p. 63 (1919); ABDERHALDEN : Handbuch der biologischen Arbeitsmethoden, p. 395. rodage sur lequel vient s’emboîter un autre tube. Une disposition inverse des éléments du rodage ne conviendrait pas, car une petite quantité d'air pourrait aisément pénétrer dans l'appareil. Le rodage -peut être remplacé par un caoutchouc large ou par un bouchon de caoutchouc, mais le rodage est préférable. Le chargement de ce tube est le suivant d’abord une couche de 5 cm. de fil d'argent fine- ment coupé(A), puis une couche de 16 cm. d’un mélange d’oxyde de cuivre et de chromate de plomb (B), enfin, ad libitum, une nouvelle cou- che de 5cm. de fil d'argent finement coupé, ces chargements successifs étant séparés par de petits tampons d'amiante ou d'amiante platinée. La matière vient ensuite, contenue dans une micro-nacelle de platine ou de porcelaine. Dans le cas des substances azotées, si l’on opère en tube fermé (en fermant le robinet à trois voies R), il faut introduire un microtortillon d'oxyde de cuivre (C) dans la partie arrière du tube. Le chargement antérieur est entièrement chauffé avec une rampe 7, à l'exception du fil d'argent qui ne l’est que pour la moitié. Les tubes absorbeurs, tout d’abord identiques à ceux établis par M. Pregl, sont maintenant différents. [ls sont représentés par la figure 2. R. CORNUBERT. — LA MICROANALYSE ORGANIQUE QUANTITATIVE #& 199 Ils sont constitués par un tube cylindrique com- portant à chaque extrémité un bouchon de verre creux percé d’un trou, permettant de mettre le corps du tube en communication avec un-tube capillaire ne comportant aucun rétrécissement (les tubes de M. Pregl comportent au contraire un double rétrécissement). Trois de ces tubes sont nécessaires. Le premier est rempli de chlo- rure de calcium rendu indifférent à l’acide car- bonique, en morceaux de la grosseur d’un grain de millet ; il doit toujours être relié au tube à combustion par la même extrémité. Le second Fig. 2. — Tube absorbeur. est chargé avec de la chaux sodée de même gros- seuret le troisième est un tube de contrôle dans lequel on introduit par moitiés de la chaux sodée etdu chlorure de calcium. Cetroisième tube doit être pesé séparément et n’augmente guère de poids quelorsque la chaux sodée du deuxième tube est hors d’usage. On peut se dispenser de cette pesée en renouvelant plus fréquemment le char- gement de l’absorbeur d’acide carbonique. Après cetroisième tube on dispose un compte-bulles qui constitue un contrôle suffisant de la vitesse du courant gazeux. Lorsqu'on les utilise pour la première fois, ces appareils doivent être essuyés avec un chiffon humide, puis avec un linge constitué par plu- sieurs couches de gaze ; par la suite, le simple essuyage avec la gaze suffit. Avant toute pesée, on laisse les appareils refroidir pendant 15 minutes. Les raccords se font avec du caoutchouc bien nettoyé intérieurement. Les raccords destinés aux absorbeurs, d’une longueur de 15 mm., sont enduits intérieurement de glycérine par le même procédé que dans la méthode de M. Pregl, c’est- à-dire en y faisant passer un petit tampon d’ouate enroulé sur un fil, plongé dans la glycé- rine, puis exprimé entre les doigts. Le mode opératoire ne présente aucune par- ticularité. Cela ne peut étonner puisque le but poursuivi par M. Dubsky, en mettant sa méthode au point, était de rendre celle de M. Pregl iden- tique au procédé macroanalytique. Il est bon de dire néanmoins qu’on chauffe au rouge clair en 5 minutes, qu’on brüle la matière en quelques minutes, puis qu’on fait passer de l'air pendant 15 minutes. On sépare les tubes et on les pèse après refroidissement !. L'ensemble du dosage exige environ 45 mi- nutes. Chaux sodee Chlorure de ealerum.$ Fig. 3. — Epurateur de l'air et de l'oxygène. 2. Dosage dans des composés sulfurés, halo- génes et nitrés. — La précédente méthode donne de bons résultats avec les composés ne conte- nant que du carbone et de l'hydrogène; il en est de même avec la plupart des combinaisons azo- tées, y compris le nitrotoluène, le nitrophénol, le dinitrobenzène, le dinitrotoluëène, si l’on brüle le corps avec précaution dans un lent courant d'air ou en tube fermé. Dans ce dernier cas il est avantageux, ainsi qu'il a été dit précédemment, d'introduire derrière la nacelle un tortillon de cuivre oxydé, comme en macroanalyse. Au con- traire, avec des corps explosifs, et avec le tri- chlorodinitrobenzène, on obtient des résultats trop forts en hydrogène et en carbone. Après différents essais effectués avec denom- breux dérivés nitrés explosifs, et avec letrichlo- rodinitrobenzène, M. Dubsky a reconnu qu'on 1. Les pesées se font à la balance de Kuhlmann qui donne, rappelons-le, 1,10—6 gramme pour une charge maximum de 20 grammes. 200 R. CORNUBERT. — LA MICROANALYSE ORGANIQUE QUANTITATIVE EEE RS SR CR ER nc nn pouvait obtenir aisément des analyses exactes en substituant à la couche d'argent une couche de peroxyde de plomb chauffée à température cons- tanté par un bain d’aniline (Eb. 186°). L'appareil est alors celui que représente la figure 4; il comporte, comme l'appareil de chargement universel de M. Pregl, un «bloc » portant la partie antérieure du chargement à température constante, Son chargementest le suivant : Chargemént Chargemenñt 7 de M. Dubsky de M, Pregl MATRON eee tee o 1 Cm, Peroxyde de plomb (A)....... 5 em, 2 ArventnB) MESSE ete tele 5 3 CuO + CrOiPb (C).......... 15 14 ArnentiIDi trente 5 3 I1 diffère done un peu de celui de M. Pregl. La couche d'argent D protège les couches À et B contre un trop rapide épuisement, en par- ticulier avec les corps sulfurés ou halogénés. Cependant, pour ces cas excep- tionnels, on peut aussi utiliser le premier mode de chargement {ar- gent et mélange d'oxyde de cuivre et de chromate de plomb), en ayant recours à la méthode macroanalytique deréductiondesoxydes de l’azote de F.G. Benedict!. Cette méthode con- siste à brûler simultanément une quantité pesée d’acide benzoïque, de naphtalène ou ge sucre. L'un de ces trois corps (l’acide benzoïque par exemple) est introduit dans une nacelle séparée que l’on dispose à 1 cm. du chargement du tube, puis on place la nacelle contenant le corps à analyser et éventuellement le tortillon oxydé. L’acide benzoïque, d'abord brülé, réduit l’oxyde dé cuivre avoisinant, ét le cuivre réduit décom- posé lés vapeurs nitreuses(on ne peut en effet émployér un tortillon de cuivre réduit à l’al- covl méthyliqué, car il contiendrait toujours des traces de formaldéhyde). RÉSULTATS NUMÉRIQUES 4° Corps pouvant être brülés par la première methode Quantité H°/ G°/e Suks : = A nn — DESERT Sn MET. | ‘trouvé cale, trouve cale, Naphtalène ..,...., 10,439 6,6 6,25 | 93,6 93,95 Acide camphorique. .| 7,830 8,46 8,00 | 59,89 | 60,00 o-diméthoxy-p-dioxy- m-diacétyldiphényl- HÉEDANE EL et ner 6,305 | 6,04 | 5,83 | 66,53 | 66,40 Nitrophénol..::.:,.. 6,98 3,68 3,59 | 52,04 | 51,79 Nitrotoluëne ........ 7,94 5,35 5,15 | 61,45 | 6x,3x 1. Am, chem. Soc., t. XXIIT, p. 343 (1900). Maine | RO! Ag | 2° Corps ne pouvant être brüles par la première méthode a) Par la métliode de Duübskÿ-Benédict ÉRIC Eee _ 2 56 [2s28|- æ— DS SUBSTANCE SF |[sscE| » . 72 à 5 d = 5 & 5 = os |[22884l 0 & © £ = CDR 5 9 b7) o Acide picrique...:..... 8,71 | 8,37 | 1,44] 1,31/31,58/31,44 Dinitrophénol.......... 5,25 | 7,78 | 1,93| 2,14/39,38|39,13 Trichlorodi-nitrobén- Zéne lies rende 9,73 | 10,20 | 0,47] 0,36|26,52|26,50 Fig. 4. — Appareil de M. Dubsky pour le dosage des composés sulfurés, halogénés et nitrés. b) Par l'autre méthode (avec bloc de chauffe et PbO?) Chlorhÿdrate de l'acide û 2:12] 6,50|34,40134,78 aminoisobutyrique....|11,350 » 2-l-dicéto-3-phényltétra hydrothiazol ......... 9,08 » 3,65| 3,61/56,21/55,96 $ 2: — Dosage de l'azote L'appareil est représenté par la figure 5. M. Dubskÿ, considérant que l'emploidel’appa- reil de Kipp présenté de grandes difficultés pour le débutant, emploie le procédé de Walter-Bru- ner qui consiste à chauffer du bicarbonate de soude avec une microflamme. Le bicarbonateest disposé dans un tube de 8 cm. de longueur et de 10-15 mm. de diamètre. À ce microtube on adapté un microcompte-bulles dans lequel on met? gouttes d’eau. Au bout de 6 à 8 minutes de chauffage avec une pétite flammeé pointue, on obtient dans l’azotomètre les microbulles requi- ses. Le tube à bicarbonate doit être disposé un peu obliquement pour que l’eau qui se forme se dépose au bouchon. Le chargement comprend, comme en macro- analyse, un tortillon de cuivre réduit?, une cou- 1: La combustion de ce corps, effectuée avec l'appareil de la première méthode, avait donné, suivant différentesmodalités : G ce}, 28,54, 29,86, 30,68. H°/, 1,17, 1,66, 1:38. 2. Ce tortillon de cuivre est réduit à l'alcool méthylique et chauffé ensuite pendant quelques minutes à 120° pour chas- ser les dernières traces d'alcool méthylique ou de formal- déhyde. R. CORNUBERT. — LA MICROANALYSE ORGANIQUE QUANTITATIVE 201 ———_— che d'oxyde de cuivre, la substance dans une nacelle, puis un tortillonentoile de cuivreoxydé. Le tube, en verre d’Iéna, de 10 mm. de diamètre, doit avoir 43 cm. fermé, soit par des bouchons de liège, soit par des bouchons de caoutchouc, soit par deux rodages. 7 Le microazotomètre, gradué en centièmes de centimètre cube, donnant le millième par exa- men à la loupe, jauge 1,9 centimètre cube, On le remplit de lessive de potasse à 50°/.. de longueur. Il peut être. | nous avons échangée, M. Dubsky nous a appris que son travail de simplification n’a pas porté sur les méthodes de M, Pregl que nousavons pra- tiquées en 1914, méthodes qui représentent le deuxième stade de la microanalyse, mais sur celles mises au point en 1912, époque à laquelle M. Dubsky a fait un stage au laboratoire de M. Pregl, premières méthodes qui sont décrites en particulier dans l'ouvrage d’Adberhalden : Biochemische Arbeitsmethoden,t. V,p.1307-1356, let que M. Pregl à complètement abandonnées. i 40: é | Don @ == cm-qeer sep ons memems emma om viqe ue Fig. 5. — Appareil pour le dosage de l'azote par la méthode de M. Dubsky (cotes en millimètres). B, oxyde de cuivre en fils; C, D, toile de cuivre oxydée; L, laveur; M, manchon réflecteur de chaleur; N, nacelle; P, brûleurs ; R, rampe; T, tube à bicarbonate de soude pour le dégagement de CO?. Rappelons que dans son ouvrage intitulé : « Vereinfachte quantitative Mikroelementar- analyse organischer Substanzen», paru en 1917, M. Dubsky s’exprimait ainsi : « Dans la plupart des cas il est avantageux de brüler la substance en la recouvrant d’oxyde de cuivre. » Le mode opératoire ne présente aucune parti- cularité. La matière, dont on prend de 5 à 15 mgr., est pesée dans une micronacelle. L'opé- ration dure environ 25 minutes. Le volume lu doit être diminué de 2 °/,!. RÉSULTATS NUMÉRIQUES - RATE Quantité| Cmce N°0 RY en mgr.| d'azote |‘irouvé | théorie ER Urée re RASOIR 4,636 | 1,860 46,5 46,6 Nitrophénol..…............... 9,105 | 0,832 10,2 10,1 DDCÉLQUNITO M 05» semer unie 4,360 | 0,554 14,2 14,1 IL. — CoMPARAISON DES MÉTHODES DE MM. Precz Er Dupsky Dansl’introduction de son ouvrage, M. Dubsky s'exprime ainsi: «Le but que j'ai poursuivi « était de simplifier la microanalyse élémentaire « de façon à la rendre identique à l'analyse élé- « mentaire ordinaire, de telle sorte que quicon- « que connaissant cette dernière puisse de lui- « même posséder la microanalyse élémentaire + « ordinaire. » Mais dans la correspondance que 1, Voir Revue générale des Sciences, loc.cit., p. 454. REVUR GÉNÉRALE DES SCIENCES. Quels sont les avantages respectifs des métho- des de MM. Preglet Dubsky? Dans la conférence que nous avons eu l'occasion de faire en 1920, nous avons dit que nous donnions notre préfé- rence aux méthodes de M. Pregl ; il nous faut revenir sur les conclusions que nous avions for- mulées à cette époque. 1° Dosage du carbone et de l'hydrogène. -- D'abord il faut faire ressortir que les deux mé- thodes permettent d'obtenir des nombres qui ne laissent en rien à désirer. D'autre part, il est cer- tain quel’appareillage étudié par M. Dubsky est plus simple que celui de M. Pregl; il n'y a plus de régulateurs de pression, il ne semble pas que l’on ait à se préocuper à un aussi haut degré des questions de vitesse du courant gazeux; en un mot, le mode opératoire semble àl’avantage de la méthode de M.Dubsky; par contre, la méthode de M. Pregl présente un avantage, à notre avis intéressant : un seul appareil permet d'analyser tous les composés organiques, quelle que soit : leur composition élémentaire. Nous nous som- mes demandé, M. Dubsky étant obligé, dans le cas de composés halogénés, sulfurés ou nitrés, d'utiliser une microgrille et un tube de combus- tion très semblables à ceux de M. Pregl, si les avantages de la première méthode {corps en C, H, O,N) ne pourraient pas être combinés à ceux de la seconde (corps contenant X,S, N0O?). Ayant demandé à M. Dubsky la raison pour laquelle il ne s'était pas contenté d’un seul mode de charge- ment du tube à combustion, il nous a adressé 2 la réponse suivante : « L’universalité de charge- ment paraît être pratique, puisqu'on brüle toutes les substances dans le même appareil. Quelques- uns de mes élèves se servent de celte méthode, mais je préfère, pour les corps en C, H, O, un simple chargement sans peroxyde de plomb, R. CORNUBERT. — LA MICROANALYSE ORGANIQUE QUANTITATIVE de M. Pregl donnait des analyses plus précises, que le chargement Pregl était le meilleur et que l'emploi d’un appareil de Kipp conduisait à de meilleurs résultats que celui du bicarbonate. A la vérité, ainsi que le montre le tableau suivant, les deux méthodes donnent des résultats exacts. TABLEAU I | Théorie Méthode de M. Dubsky Méthode de M. Pregl 16,24 16,49; 16,15; 16,23 16,31; 16,50; 16,31 8,16 ,k15 8, 8,14; 8,19 8,89 9,24; 9,11; 9,05; 9,49: 9,04; 9,06: 9,28; 9,04 8,90; 9,06 11,32 11,91; 11,59; 11,495 11, 11,99; 11,42 8,16 8,16; 8,29 8,19; 8,20 9,95 7785 7,99 91995 95293 7170: 7164 729 7:07: 7,61: 7,41: 7,38; 7,46 719395 7, 13,22 13,66; 13,43; 13,18; 13,37 13,34; 13,27 6,99 7,26; 7,08; 7,13 7,01; 7,08 13,94 14,00; 13,85 13,97; 13,96 22,96 23,10; 23,11 . 22,08; 23,02 parce que le travail avec le peroxyde de plomb est toujours difficile. » M. Dubsky a évidemment plus que nous la pratique de la microanalyse et ses avis ne sont pas sans valeur. Cependant il faut remarquer que le peroxyde de plomb, étant for- cément porté à température constante, n’exige de ce chef aucune surveillance au cours des dosages.. C'est l'impression que nous ont laissée les analyses effectuées par nous au laboratoire de M. Pregl. En résumé le microliebig de M. Dubsky, sem- ble avoir l'avantage d’être plus simple que celui de M. Pregl, tout en étant aussi précis et d’une exécution aussi rapide; la seule remarque que l’on puisse faire à son sujet est qu’il nécessite deux appareils, chacun d’entre eux convenant pour un groupe de corps ; ce défaut d’universa- lité est d’ailleurs en partie corrigé par l'emploi de la méthode de Benedict. La différence de 3 à 10 mgr. sur la prise d'essai moyenne ne peut intervenir en chimie organique que dans des cas très rares, mais au contraire intéresse vivement les physiologistes. 2° Dosage de l'azote. — I] faut se rappeler que la différence essentielleentre le microdumas Pregl et le microdumas Dusbky réside dans la position du cuivre réduit dans le tube à combustion. Dans le mode de chargement de M. Pregl,le cuivre est placé entre deux couches d'oxyde ; dans celui de M. Dabsky, il est à l'extrémité du chargement comme en microanalyse. D'autre part, à la suite d’une série de mesures comparatives, H. Fis- cher ! avait été amené à dire que la méthode 1. Berichte, t.LI, p. 1322 (1918). | M. Pregl insistant tout spécialement dans son ouvrage! sur l'importance de la disposition du cuivre réduit entre deux couches d'oxyde, et M. Dubsky obtenantdes nombres exacts en procé- dantautrement, nous avons demandé à M.Dubsky son-avis sur celte question. Sa réponse a été la suivante: «La présence du cuivre entre deux cou- ches d'oxyde peut être importante si le cuivre est impur par du zinc. Mais j'ai nettement constaté que le cuivre, dans les conditions de l’analyse, ne décompose pas l'acide carbonique en oxyde de carbone ; il faut remarquer que, s’il en était ainsi, le dégagement de gaz ne cesserait pas. Nous nous en sommes persuadé par des analyses qui ont duré une heure, effectuées sans matière, et nous n’avons pas observé de quantité visible de gaz.» La raison donnée par M. Dubsky, la présence de zinc,est bien celle fournie par M. Preglcomme déterminant la formation d’oxyde de carbone; mais il faut noter que, demême que le microlie- big de M. Pregl a l'avantage de l’universalité vis- à-vis de la composition élémentaire des corps à brüler, le microdumas de M. Pregl a encore un avantage d’universalité vis-à-vis des cuivres que l’on emploie. On ne peut, dans un laboratoire de chimie organique, sans risquer de perdre beau- coup de temps, analyser les oxydes decuivredont on se servira ; avec la méthode de M. Dubsky, il faut doncse contenter du résultat d’une première analyse effectuée sans matière, résultat qui sera corroboré par l'exactitude de toutes les analyses ultérieures, ce qui au reste ne constitue qu'un petit inconvénient. 1. Die quantitative organische Mikroanalyse (1917), + R. CORNUBERT. — LA MICROANALYSE ORGANIQUE QUANTITATIVE En résumé, les différences existant entre les méthodes de MM. Dubsky et Pregl,aussi bien pour le microliebigque pourle microdumas, ne portent que sur desdétails ; dans l’ensemble, les résultats qu'elles donnent sont très bons et l’on peut dire avec M. Dubsky ! : « L'avenir montrera quelle est celle des deux méthodes qui doit être préférée, » III. — Le Microcanius ve Donau Dans un petit tube ayant la forme indiquée dans la figure 6, pris dans du verre de 1 mm. d'épaisseur, on introduit dans la boule À une quantité de matière comprise entre 1 et 3 mgr., À 2 Ê WO 34 ; WMebiere ou et reactif Fig. 6. — Appareil employé pour le microcarius de Donau. puis un petit excès de nitrate d'argent ou de chlorure de baryum. L'introduction de ces ma- tières se fait au moyen d’une petite nacelle de platine spécialement établie pour cet usage. Dans l’ampoule B on introduit ensuite 2 gouttes d’acide nitrique concentré au moyen d'une longue pipette coudée. On scelle ensuite à 7 em.et l’on dispose le tube verticalement en le laissant refroidir. Le chauffage de cette microbombe s’effectue en dis- posant le tube verticalement dans un bloc spécial en cuivre de dimensions appropriées. On porte à 300c en trois quarts d'heure et l’on maintient à Amp Ampoule Mi Fig, 7. — Transformation de la microbombe de la fig. 6 pour effectuer la fin du dosage. 320° pendant un temps compris entre une et trois heures. Après refroidissement les microbombes sont retirées du bloc avec précaution, ouvertes dans la flamme d’un bunsen, puis on coupe la microbombe au milieu de l’'ampoule B en faisant un petit bec sur la paroi de verre (fig. 7). Dansl’ampoule A transforméeen petitecapsule, on poursuit le dosage suivant des détails qu’on trouvera dans l’article original?. Nous dirons 1. Chemisch Weekblad, t, XVI, p. 1491 (1919). 2. M.f; Ch., t. XXXIIX, p. 169 (1912). 203 simplement que lesréactifs à introduire semesu- rent en gouttes. IV. — HisroinE DE L’ANALYSE ORGANIQUE QUANTITATIVE ? La macroanalyse organique quantitative a été créée par Lavoisier . Après avoir, en 1781, éta- bli la teneur en carbone de l'acide carbonique avec une précision assez grande, et avoir déter- miné, après Cavendish, mais seulement approxi- mativement, la quantité d'hydrogène contenue dans l’eau, il eut l’idée d'utiliser ces données pour établir la constitution des composés orga- niques. Sa méthode consistait presque toujours à déterminer la quantité d'oxygène nécessaire à la combustion d’une quantité donnée de substance organique et à mesurer la quantité d'acide car- bonique formé. Admettant qu'il ne se formait que de l’eau et de l’acide carbonique dans la combustion, l’eauétait dosée pardifférence entre ‘le poids de l’acide carbonique engendré et la somme des poids de la substance brülée et de l'oxygène employé. La matière était brûlée dans une lampe dans l'oxygène, l’eau formée était condensée dans un réfrigérant et absorbée par des tubes desséchants, l'acide carbonique passait sur de la lessive de potasse dans dix ampoules successives, mais sans barbotage. Dès 1784, Lavoisier modifiait son appareil et brülait des substances facilement volatilisables, ‘comme l'alcool et l’éther. Dans une cloche rem- plie d'oxygène, isolée avec du mercure, il dispo- sait une capsule contenant environ 1 gr. de sub- stance qu'il allumait avec un peu de phosphore. Le volume d'acide carbonique formé était déter- miné par absorption par de la lessive de potasse et l’eau forméeétaitcalculée à partir de l'oxygène consommé. Les premiers dosages de carbone de Lavoisier donnaient des différences en moins de 4 à 5 % ; les dosages d'hydrogène étaient tout à fait faux, car il admettait que l’eau contenait une trop grande quantité de ce constituant. Lavoisier s'in- génia à améliorer son appareil et sa méthode, etreconnut l'importance d’un dosage direct de l’eau ; il chauffa alors la substance avec des oxydes métalliques et du chlorate de potassium. 1. Lors de la mise au point de ses premières méthodes, M. Pregl avait également étudié un microcarius (Voir ABDER- HALDEN, Biochemische Arbeitsmethoden, t. V, p. 1307). 2, Ce chapitre est le résumé d’un article de M. Dussx x : « Les premières années de la macro et de la micro-analyse orga- nique quantitative.» Chemisch Weekblad,t. XVI, p. 1482 (1919). 3. Auparavant, on accordait aux composés organiques cinq constituants fondamentaux laqueux, huileux, salin, ete. ;voir p.ex., LÉMERY : Cours de Chymie, 1675). 204 R. CORNUBERT. — LA MICROANALYSE ORGANIQUE QUANTITATIVE En 1807, de Saussure fit l'analyse de l'alcool et de l’éther par la méthode de Lavoisier et essaya deux nouveaux modes opératoires : la détonation de vapeurs d’alcool dans un excès d'oxygène, et le passage de l'alcool dans un tube de porcelaine porté au rouge et rempli d'oxygène. Berthollet -obtint de meilleurs résultats; il distillait de 10 à 30 grammes de substance dans une cornue, faisaitpasserles produits de décom- position dans un tube de porcelaine porté au rouge blanc et analysait les gaz eudiométrique- ment. Il obtint ainsi des résultats assez exacts avec le sucre et l’oxalate de calcium. Gay-Lussacet Thénard, en 1810, firent faire un grand progrès à l'analyse élémentaire en chauf- fant les substances organiques avec un corps libérant de l’oxygène par chauffage, en l'espèce le chlorate de potassium. La quantité de matière utilisée représentait 0,5 à 0,6 gr. Gay-Lussac et Thénard analysèrent ainsi un certain nombre de corps dont le saccharose, l’amidon, la cire, la caséine, la gélatine, et obtinrent pour certains des résultats très précis. Berzelius en 1814 réalisa l’idée émise par Lavoisier en 1787 de peser directement l’eau for- mée. Il mélangeait la matière (0,3 à 0,5 gr.) avec un mélange de chlorate de potassium et de chlo- rure de sodium,chauffait le mélange dans un tube de verre disposé horizontalement,recueillait l’eau formée dansun tube remplidechlorure decalcium et l'acide carbonique dans une cloche remplie de mercure dans laquelle il dosait ensuite ce gaz. Il analysa ainsi 14 substances etla précision des résultats fut suffisante pour que la validité des lois de la stœchiométrie puisse être également reconnue dans le cas des composés organiques. Presque au même moment (1815), Gay-Lussac et Dœbereiner utilisaient l’oxyde de cuivre; le pre- mier opérait dans un tube vertical, le second dans un tube horizontal. À partir de ce moment, l’oxyde de cuivre fut employé couramment pour les analyses organiques. En 1831 enfin, Liebig, rassemblant les faits acquis jusqu'alors, reconnut les perfectionne- ments à apporter et réalisa de nombreuses amé- liorations. En particulier, il établit à cette occa- sion son fameux laveur à acide carbonique et le tube fermé dit à baïonnette. La méthode qui, pen- dant près d’un siècle, devait servir à l’analyse des substances organiques, était ainsi établie. Elle ne devait connaître que des modifications de détail. Mais soninconvénient était de nécessiter envi- ron 0,2gr. de matière, ce qui, dans certains cas, représentait un véritable sacrifice de la part de l’expérimentateur. Placé en face de cette alter- native de gaspiller un temps précieux à préparer une quantitésuffisante de matière ou de modifier le mode opératoire, M. Pregl n’hésita pas en 190 à s'engager dans cette deuxième voie et élabora les méthodes étonnantes de précision que nous avons eu l'occasion de décrire. Cette méthode microanalytique fut d’ailleurs modifiée au bout de peu de temps par M. Dubsky de la façon que nous venons d'indiquer. S Le dosageexact de l’azote futtenté tout d’abord avec succès par Gay-Lussac et Thénard en 1810; ils considéraient comme azote le résidu gazeux après absorption de l’acide carbonique et de l'oxygène. En 1829, après des modifications du précédent procédé dues à différents auteurs, Liebig dosait dans une grande quantité de matière le carbone et l'hydrogène, et dans une plus petite le rapport de l'acide carbonique à l'azote. : Ce ne fut qu’en 1831 que Liebig se décida à séparer le dosage de l'azote de celui du carbone. La méthode airisi établie par Liebig fut modifiée par Dumas au cours de la même année. L’azoto- mètre fut introduit par Hugo Schiff en 1868. La méthode dite de Dumas, tout comme celle de Liebig pour le dosage du carbone et de l'hydro- gène, ne subitque des modifications de détail jusqu’à l'apparition des méthodes microanalyti- ques de M. Pregl en 1912-1914 et de M. Dubsky en 1915; encore les principes fondamentaux en étaient-ils respectés. Tel est l’état actuel de la microanalyse orga- nique quantitative, que nous aspirons à employer à cause, avant tout, de l’économie de temps qu’elle procure et, conséquemment, à cause des nombreux résultats qu’elle permet d'obtenir dans un temps court. R.Cornubert, Ingénieur - Chimiste, Docteur ès Sciences. R. THIRY. — SUR LA POSSIBILITÉ DE SE REPRÉSENTER L'ESPACE FINI 205 SUR LA POSSIBILITÉ DE SE REPRÉSENTER L'ESPACE FINI ET SANS BORNES DE LA THÉORIE DE LA RELATIVITÉ: Parmi les conséquences que la théorie de la relativité prétend nous imposer et que nous avons du reste quelque peine à assimiler, il en est une tout à fait singulière, découlant dela théorie généralisée. Certains relativistes, dont en particulier M. Einstein, prétendent que l'uni- vers sensible dans lequel nous vivons est un univers fini et cependant sans bornes. Sans vouloir entrer dans aucune étude ni au- cune discussion sur la valeur des théories relati- vistes, il m'a paru d’un certain intérêt de dévelop- per à ce sujet quelques réflexions très simples. Sans doute, ces réflexions ne sont pas nouvel- les, mais puisque de telles questions se trouvent remises à l’ordre du jour par les physiciens, il peut y avoir avantage, ne serait-ce que pour quelques personnes non initiées, à préciser le sens des mots que l’on emploie. * * *% La Géométrie peut être envisagée à deux points de vue différents. Tout d’abord elle est l’œuvre des mathématiciens. Ceux-ci, ayant pour but la construction d’un édifice logique et complet, introdaisent en Géométrie des êtres de raison, - qui, bien qu'ayant été manifestement imposés à l'esprit humain par le contact avec l'univers extérieur, n'existent cependant pas réellement. Nous ne trouvons dans la nature ni le point, ni la ligne, ni la surface, ni même le volume parfaitdu géomètre. Non content d’avoir ainsi dégagé ces concepts de la réalité, le mathémati- cien s’est mêmerapidement habitué à substituer aux points des groupes de coordonnées, aux lignes et aux surfaces des équations, aux volumes des inégalités. ; A l’aide de ces êtres de raison, le géomètre construit un édifice logique en prenant pour base un certain nombre minimum de propriétés qu'il admet et qu'il appelle des postulats. Cer- tains de ces postulats sont au fond des défini- tions des termes employés ; quant aux autres, on s’est efforcé longtemps d’en réduire le nombre et de démontrer quelques-uns d’entre eux en les faisant découler de postulats antérieurs d’un caractère plus intuitif. Bien que les efforts faits dans ce sens soient souvent restés infructueux, il persistait l’idée que certains postulats, comme 1. Communication présentée à la Seclion strasbouryzeoise de la Société de Physique, le 20 janvier 1922. celui d’'Euclide par exemple, étaient nécessaires et qu'ilétait impossible de s’en passer. Ce n’est que plus tard que des wéomètres de génie ont démontré rigoureusement que l'on pouvait réje- ter ces postulats et que l’édifice complet gardait néanmoins son caractère logique. Autrement dit, le mathématicien était arrivé, à partir des êtres de raison introduits par lui, à construire toute une série de Géométries également soli- des et belles, différant seulement par les postu- lats de base. Nousles appellerons les géométries pures; parmi elles nous en retiendrons plus spé- cialement deux ‘la géométrie euclidienne et la géométrie de Riemann. Ces deux géométries ont les mêmes bases; seul, dans la seconde, le pos- tulatum d’Euclide est remplacé par un énoncé admettant que deux droites ont toujours un point commun, quelles que soientleurs positions. Les physiciens considèrent la géométrie à un tout autre point de vue. Ils font, eux, de la géo- métrie expérimentale; ils mesurent des lon- gueurs, des surfaces, des volumes, des angles en les prenant dans l’univers lui-même etnon en les regardant comme un jeu de leur esprit. On peutdonner un nom spécial à leur géométrie, l'appeler sion veut la géométrie naturelle. Ce n’est du reste pas l’édifice parfait du mathéma- ticien : les mesures faites sont entachées d’er- reurs inévitables, mais les physiciens s’estiment satisfaits s'ils en connaissent les limites. Ce qu'ils demandent alors au mathématicien, c’est de leur indiquer, parmi toutes les géométries püres imaginées par celui-ci, quelle est celle qui s'adapte le mieux à la géométrie naturelle. Pendant longtemps, on a été persuadé que c'était la géométrie classique d’'Euclide qui rem- plissait le mieux ce but. Evidemment, il était hors de notre pouvoir de le démontrer en toute rigueur, mais les vérifications expérimentales qu'on en pouvait faire : mesure de la somme des angles d’un triangle, contrôle du théorème de Pythagore, ete., se faisaient avec une précision telle qu’on pouvait en toute bonne foi attribuer les différences légères constatées uniquement aux erreurs inévitables des mesures. : Prenons pour bien préciser une de ces vérili- cations, Imaginons que nous ayons une série de cubes (au sens euclidien du mot), de mêmes dimensions, et juxtaposons-les en pensée en accolant leurs faces deux à deux à la facon des enfants qui font des châteaux. La géométrie 206 R. THIRY. — SUR LA POSSIBILITÉ DE SE REPRÉSENTER L'ESPACE FINI mm —————— pure euclidienne nous apprend qu’une telle opé- ration est toujours possible, que les vides créés entre les différents cubes se trouveront comblés exactement par des cubes nouveaux et qu'à la pyramide ainsi construite rien ne nous empê- chera d’ajouter sans cesse de nouveaux élé- ments. On réalise ainsiunesorte de pavage indé- fini de l’espace. Si nous faisions l’expérience, si nous construisions en un métal parfaitement poli des cubes égaux en nous entourant de toutes précautions pour qu'ils soient presque parfaits, pour qu'ils ne se dilatent ni ne se déforment, la géométrie naturelle nous apprendraitsans aucun doute que la même construction est possible, et si quelque puissant microscrope nous montrait un léger vide entre deux cubes voisins, nous attribuerions cette erreur à un défaut de cons- truction des solides plutôt qu’à un vice de la géométrie employée. Bien plus, bien que ne pou- vant faire une telle expérience que dans un champ restreint, avec des cubes en nombre fini, nous nous réprésentons que la géométrie expéri- mentale nous permettrait de la continuer indé- finiment, tout comme la géométrie pure qui nous a servi de guide. C'est dans ce sens que nous dirons que nous vivons dans un univers eucli- dien, infini et sans bornes, carrien ne limite le nombre des cubes élémentaires qui y peuvent trouver place. Mais ici interviennent les relativistes, qui nous tiennent à peu près ce langage : « Vous « êtes dans l'erreur, nousdisent-ils ; d’abord ül « n’y a pas de cubes dans la nature, il ne peut « pas y en avoir, il n'existe pas de solides ayant « six faces carrées égales. Ce que vous construi- « sez n'est qu'une ébauche imparfaite. Votre « expérience paraît évidemment confirmer vos « idées, mais c'estparce que vous la commen- « cez seulement; si vous étiez les maîtres « de la poursuivre indéfiniment, vous verriez « que votre échafaudage ne serait plus possible, « que vos soi-disant cubes refuseraient de s’a- « dapter les uns dans les autres. Et, bien plus, « nous affirmons que si vous vouliez poursuivre « votre pavage de l’espace en déformant mêmeau « besoin, pour qu’ils s'adaptent mieux entre eux, « vos solides élémentaires (en leur conservant « le même volume naturellement), nous aflir- « mons que votre opération s’arrêterait, que « vous vous buteriez à quelque chose qui vous : « empêcherait de la continuer. Ce quelque « chose serait tout simplement les cubes déjà « placés et il viendrait un moment où, bouchant « le dernier trou, sans avoir jamais rencontré « d’autres obstacles que ceux placés par vos « propres mains, vous auriez rempli tout l’uni- « vers à l’aide d'un nombre ffani de solides de « même volume. Ce ne sont pasles lois de la « géométrie d'Euclide que vous devez prendre « comme guide de la géométrie naturelle, mais « bien celles de la géométrie de Riemann. » Evidemment, à de telles affirmations nous pou- vonstoujoursrépondrequenous maintenons notre point de vue euclidien tant qu’on ne nous aura pas donnéde raisons sérieuses d’en changer.C’est à l'expérience de décider, et je n’ai pas la pré- tention de rechercher ici si les relativistes ont apporté déjà l'expérience cruciale nécessaire ou s'ils sont capables de l’apporter dans un avenir prochain. Néanmoins. s'ils avaient raison ; une curio- sité bien naturelle nous pousse à examiner de plus près leurs affirmations. Localement, et si nous ne sommes pas dans un champ de forces trop grand, l'univers esteuclidien avec une pré- cision dépassantde beaucoup celle de nos mesu- res. Mais l’homme a toujours cherché à englober l'Univers dans une vue unique; avec l'univers euclidien déjà, ses efforts dans ce sens. ne sont pas toujours couronnés de succès et son esprit vacille bien un peu devant l'infini, mais que seraït- ce avec l'univers riemaunnien, et pouvons-nous imaginer l'impression que cet univers nous ferait si nous n’étions pas attachés à la Terre, si nous vivions très longtemps et si nous pou- vions le parcourir entièrement pour apprendre à le connaître comme on apprend à connaître latopographie d’une ville ? Pour préciser les idées, servons-nous d'une fiction classique. Imaginons des êtres infiniment plats vivant sur une surface, n'ayant aucune notion de ce qui se passe en dehors; ces êtres, supposés intelligents, construiront comme nous des géométries, mais à deux dimensions seule- ment,et nous concevonsbien ques’ils habitent un plan ils auront conscience d’un univers infini;si au contraire ils habitent une sphère ou un tore, ils pourront en un temps fini prendre contact avec tout leur domaine sensible; celui-ci leur paraîtra fini sans cependant qu'ils aient jamais rencontré d'obstacles le bornant. Ilest vraisemblable, par suite, que si nous pouvions acquérir la notion d’une quatrième dimension, tout ce qui se passe dans notre uni- vers actuel prendrait pour nous un aspect nou- veau et que l'univers fermé des relativistesnous semblerait une conception aussisimple que celle d'une sphère vue de notre espace à trois dimen- sions. . Cette quatrième dimension n’est pas pour . s ET SANS BORNES DE LA THÉORIE DE LA RELATIVITÉ embarrasser le mathématicien, qui raisonnera aussi bien sur des groupes de quatre coordon- nées que sur des groupes de trois. Mais alors que les êtres de raison de la géométrie pure à trois dimensions ont une base dans la géométrie naturelle, ceux de la géométrie à quatre dimen- sions n’en ont plus aucune, et les théorèmes en restent, pourtout espritnon prévenu, des for- mules vides de tout sens physique. Est-il donc: impossible, sans sortir de notre espace tridimen- sionnel, de concevoir l'univers sphérique de Riemann ? Pour arriver à ce but, M. Einstein sesert d’une image très élégante!. Reprenons les êtres à deux dimensions de tout à l'heure et imaginons- les se mouvant sur une sphère. Supposons qu'au lieu de cubes ils s'amusent à juxtaposer deux à deux une série de petits disques circulaires (ou plutôt de petites calottes sphériques égales). Si nous étions dans un plan, on sait fort bien qu'autour de chaque disque viendraientse ranger six autres disques tangents deux à deux et que rien n’empécherait de continuer indéfiniment cette mosaïque. Sur la sphère il n’en sera plus de même; si les disques sont très petits par rap- portau rayon de la sphère, les premiers paraïitront bien se ranger suivant la loi indiquée avec des erreurs imperceptibles; mais à la longue ces erreurs s'accumuleront jusqu’au moment où on ne pourra plus les attribuer à un défaut de pré- cision de l'expérience, et à cela les êtres recon- naîtront qu'ilsne sont pas dans un plan. Au bout d’un certain temps du reste, ils auront rempli complètement leur sphère de petits disques, ils s’arrêteront ayant conscience que leur univers n’est pas euclidien, qu'il est fini etsans bornes. Supposons maintenant que nous menions à la sphère un plan tangent en un de ses points À et qu’au point diamétralement opposé B nous pla- cions une source lumineuse puissante qui donne de tout ce qui se passe surla sphère une ombre portée sur le plan. Les ombres des petits disques seront encore sur le plan limitées par des circon- férences (le passage de la sphère au plan n’est autre chose qu’une inversion); celles de ces cir- conférences qui sont au voisinage de À auront sensiblement le même rayon que les petits dis- ques de la sphère, celles au contraire qui sont à une certaine distance (euclidienne) r du point À seront d’autantplus grandesquer sera plus grand etil est facile de voir qu'elles auront subi une dilatation linéaire par rapport aux précédentes 2 ; x 7 . é égale à 1 + AE (2). Imaginons maintenant ce plan 1. Emsrenn : La géométrie et l'expérience (Paris, Gauthier- Villars). 2. a désigne le rayon de la sphère. 207 peuplé de corps et d'êtres soumis eux-mêmes à cette même loi de dilatation, c’est-à-dire augmen- tant de dimension dans le rapport précédent en s’écartant de À ; ilest évident que cesêtres cons- truiront une géométrie expérimentale en tous points identique à celle créée par les habitants de la sphère. Quant à leurs variations de granr deur,elles n’existentque pour nous qui considé- rons la chose d’un point de vue euclidien; pou- eux, il leur sera impossible de s’en apercevoir, car tous leurs instruments de mesure se défor- merort dans les mêmes conditions; ils conclu- ront donc tout comme les êtres de la sphère à un univers non euclidien, finiet sans bornes. Ornous pouvons étendre notre procédé de defi- nition de ces êtres bizarres à tout l’espace eucli- dien à trois dimensions, en convenant que les variations de grandeur mentionnées plus haut auront lieu dans toutes les directions autour du point A. Ces êtres auront l'impression d’être dans ununivers à trois dimensions, non euclidien, fini et sans bornes; la géométrie naturelle dontleurs physiciens se serviront devra prendre comme guide la géométrie sphérique de Riemann. Si nous pouvons nous mettre à leur place et réaliser leurs sensations, nous connaîtrons ainsi l’univers de la théorie de la relativité. M. Einstein prétend que cette adaptation se ferait facilement et qu'au bout de quelques instants nous nous sentirions très à l'aise. Il y a quelque cinquante ans, Helmholtz, discutant des idées analogues, seservait d'une comparaison frappante.Lorsqu’on regarde des objets à travers une lentille ou que l’on met pour la première fois des lorgnons trop forts, la perception de la position relative des corpsen profondeur est faussée et les lignes droi- tes vues au bord de la lentille sont fortement incurvées; puis, au bout de quelques instants, cette apparence disparaît etles sens s’habituent tellement bien à la déformation qu'ils ne l’enre- gistrent même plus. Helmholtz prétend que dans l'univers riemannien l'adaptation serait aussi aisée. Nous pouvons ainsi imaginer l’espace habité par deux races d'êtres différents : les uns (nous parexemple) à conceptioneuclidienne, les autres àconception riemannienne de la catégorie de ceux dont venons de parler. Il est vraisemblable qu'ils’ouvrirait entre ces deux races une série de discussions dont les polémiques actuelles sur la relativité ne peuvent donner qu'une faible idée. Les Euclidiens essayeraient de faire constater aux Riemanniensleurschangements de grandeur. Ceux-ci leur répondraient parl'histoire de la paille et de la poutre, et les plaisanteraient sur leur propriété ridicule de devenir de plus en plus 208 R. THIRY. — SUR LA POSSIBILITÉ DE SE REPRÉSENTER L'ESPACE FINI petits en s’éloignant du point A. Et si les Eucli- diens reprenaient nos cubes de tout à l'heure et voulaient leur faire toucher du doigtl'infinité de l’espace, les Riemanniens hausseraient les épau- les en répondant: « Vous nous servez un vieux « paradoxe; du temps de Zénon on prétendait « démontrer qu'Achille ne rattraperait jamais la « tortue en accumulant dans un intervalle de « temps finiunesuiteinfinie d’intervalles élémen- « taires de plus en plus petits ; vous reprenez le « paradoxe en voulant démontrer qu'un volume « fini est infini parce que vous pouvez y accumu- « ler en nombre infini des solides élémentaires « tendant vers zéro. » Si les êtres plats vivant sur la sphère du début s'étaient trouvés sur une île de petite dimen- sion sans pouvoir en sortir, à eux aussi l'univers eût semblé euclidien en première approximation etils auraient sans doute adopté la géométrie euclidienne comme guide par raison de commo- dité. Imaginons qu’un jour de hardis explo- rateurs ont quitté l'ile, ont parcouru le large, dressé des cartes des continents rencontrés, pen- sant ainsi seulement agrandir un peu le champ de leur connaissance de l'univers infini. Puis un beau jour ils se sontaperçus avec émotion qu'ils avaient tout repéré, tout catalogué. Ils ont un moment douté de leur raison et il leur a fallu certainement un effort considérable pour s’ha- bituer à l’idée qu'ils vivaient dans un monde fini. Nous aussi, nous sommes dans une île minus- cule, c’est une île flottante, il est vrai, mais sion compte le temps seulement par durées de vies humainesou même par durées de races humaines, son déplacement est insensible relativement aux distances énormes qui séparentlesastres. De har- dis exploratéurs viennent, en pensée seulement, hélas, de quitter l’île, ils ont cru voir la vérité ét, si nous avons le droit de réserverencorenotre opinion, nous ne pouvons pas leurrefuserun juste tribut d'admiration. Cequ’il fautretenir,à monavis,deces considéra- tions,c’estl’absence designification du motespace indépendamment des corps qui s'y trouvent. Suivant les propriétés de ces corps, l'espace paraîtra euclidien ou courbe, fini ou infini. Ces mots : l'espace est ou n’est pas euclidien, est ou n'est pas infini he peuvent avoir qu'une sighifica- tion relative à la géométrie naturelle des êtres qui s’y meuvernt: ! * # Il est encore possible, sans abandonner la con- ception euclidienne de la mesure, d'arriver à la représentation d'un espace fermé, qui ne sera plus l'univers sphérique de Riemann, mais dont je tiens à dire un mot à titre de curiosité. Reprénons encore des êtres à deux dimensions 4 conception euclidienne habitant un planet supposons que dans ce plan la disposition des objets qui s’y trouvent soit périodique, c'est-à- dire qu’on puisse ledécomposer en bandes paral- léles telles que deux bandes présentent identi- quement le même aspect à une translation près. Représentons-nous parcourant ce domaine:ilest bien évident que nous aurons la même impres- sion que si nous étions sur un cylindre. Si par hasard nous avions des doutes surce point, nous ferions dans la bande où nous serions dés repères de façon à être assurés de reconnaître plus tard les objets ; supposonsmaintenant qu’un être très habile, une sorte de démon de Maxwell, assistant à nos efforts s'amuse à répéter fidèle- ment dans les bandes voisines les modifications faites par nous dans la première. Oh alors, nos doutes Seraient levés, nous serions certains de vivre dans un espace à deux dimensions à con- nexion cylindrique, et si quelqu'un nous disait qu'au lieu de nous croire sur un cylindre, nous pourrions nous croire dans un plan à con- dition d'imaginer l'être extérieur qui s'amuse à nous troubler,nousrejetterionsévidemment cette dernière hypothèse comme la plus compliquée des deux. Imaginons de plus maintenant que la distribu- tion des objets dans le plan soit doublement périodique, c’est-à-dire que chacune des bandes à son tour soit divisée en rectangles identiques; pour des raisons analogues, notre cylindre nous paraîtrait se recourber sur lui-même et nous aurions l'impression d'être sur un tore. Or ce procédé se généraliseévidemment à trois dimensions : imaginons-nous dans un espace découpé,au sens euclidien du mot, en parallélipi- pèdes rectangles, peuplés d'objets de disposition identique ; untelespace nous apparaïîtrait comme fermé,nous pourrions mesurer son volume total, nous n'ÿ trouverions pas de bornes, il aurait la contiéxion de ce qu’on peut appeler un hyper- tore et localement il serait rigoureusement euclidien. Un tel univers aurait du reste des propriétés fort bizarres où les mombres entiers joueraient un grand rôle. Pourne signaler qu'une de ces propriétés et sans insister davantage, supposons que les êtres qui l'habitent construisent un mur parallèlement au plan de l’une des faces des parallépipèdes ; comme dans les cases voisines leurs gestes se trouveront fidèlement répétés, au. bout d'un certain temps ils trouveront des pier- res qu’ils croiront avoir été placées par eux et ils auront l'impression d’avoir construit une surface complètement fermée. Or cependantils pourront, ANTONIN ROLET, — LE CAMPHRIER 209 l’autre côté du mur, car il leur suflira d’aller en | que nos faibles sens nous permettent d’ex- examiner l’autre face dans la case voisine. Si des êtres habitués à un tel espace, y ayant vécu de tout temps ainsi que leurs ancêtres les plus reculés, venaient chez nous, il est vraisem- blable qu'ils trouveraient absurde notre concep- tion euclidienne d'un univers infini, qu'ils se croi- raient encore dans un univers comme le leur, mais avec des parallélipipèdes de dimensions ploreri. Je ne pense pas du reste qu’un tel univers puisse avoir une signification physique, et c’est surtout pour la curiosité d’une conception assez amusante que j'ai tenu à en parler !. R. Thiry, Maitre de conférences à la Faculté sans le traverser, aller voir ce qui se passe de | considérables par rapport à celles du domaine | des Sciences de Strasbourg. 1. Peu après avoir fait cette communication, j'ai eu con- 2. 1] est à peine utile de faire remarquer que, par raison naissance des épreuvesd'unintéressant ouvrage,paru aujour- de simplicité,je me suis borné à l’espace à 3 dimensions. Pour d'hui, de M. E. Boxe : L'espace et le temps où se trouvent | entrer complètement dans les vues relativistes, c'est sur développées, entre autres, des idées analogues. l'espace-temps à & dimensions qu'il faudrait raisonner. LE CAMPHRIER ACCLIMATATION. — CULTURE. — RENDEMENT ’ On sait ‘que le pays de prédilection pour la | Hanser. Depuis 1892, ce savant s’est efforcé de culture du camphrier est Le Japon, qui possède | le faire adopter, en vue de l'extraction du cam- aujourd’hui un véritable monopole pour la pro- | phre des feuilles. En 1919, des plantations ont duction du camphre naturel. été faites par le Service forestier, sur plusieurs Pour réserver à peu près exclusivement à ses | hectares, dans la forêt de Doumia, les plantes nationaux le monopole de l’industrie du cellu- | étant fournies par le Jardin d’essai d'Alger. Le loïd, le Gouvernement japonais a apporté | Camphora inuncta croit aussi en Algérie, mais depuis quelques années une série de res- | il ne donne pas de camphre. Enfin, au Jardin trictions à l’exportation du camphre brut. Aussi | botanique d'Alger, le D' Trabut a signalé, les acheteurs européensetaméricains ont-ils jeté | encore, un hybride de Cinnamomum CUamphora. les yeux sur d’autres sources de ce produit. D’après Rivière et Lecq, le Laurus Camphora Etant donné l'intérêt de cette question, nous | n’a aucun avenir économique dans Je Nord de nous.proposons d'étudier les principales régions |‘l’Afrique.On a donné, disent-ils, une bien fausse où l’on pourrait tenter avec succès la culture du | indication, en signalant que l’est de l’Algérie,les camphrier, les méthodes à employer et les ren- | environs de Constantine, seraient des régions à dements en camphre obtenus en divers points | sa convenance, oubliant que le froid y est pro- du globe. : longé et très vif, puisque le thermomètre des- cend souvent au-dessous de —10° et —15°, - En Italie, le ZLaurus Camphora est acclimaté à On rencontre le Cinnamomum Camphora dans | Naples et aux environs (Capodimonte, Portici), quelques parcs ou jardins du littoral de la Pro- | à Caserte (Pare royal), à Rome, Pise, Florence, vence, où. croît l’oranger, et où, il est vrai, on le | sur la Riviera, sur le Lac Majeur (Isola Bella), confond quelquefois avec des espèces voisines, | ete. M. Giglioli recommande la culture dans les comme le C. inunctum, le C. glanduliferum, ou | parties littorales peu exposées aux vents et où le I. — L'Accrimararion avec des hybrides de ces trois types. sol n’est pas trop aride. En particulier, nous avons vu, àla villa Thu- Ce savant a reconnu, aussi, en Italie, le €. glan- ret; à Antibes, un beau spécimen de C. Camphora | duliferum, et des hybrides. et un autre de C; glanduliferum, semé là en Dans les Etats malais, les premières graines :1902. Ses feuilles sont plus larges que celles du | de Cinnamomum Camphora ont été apportées en premier, mais il donne peu de graines. 1904. D’après M. Sandmann, les arbres ainsi Le Camphrier de Formose (€. Camphora) | obtenus seraient aussi beaux, aujourd’hui, que poussetrès bien dans les sols forestiers du .#/to- | ceux du même âge qu'il a vus au Japon. ral algérien, où il y a, dit le D Trabut, de très Le Camphrier est acclimaté, encore, en Egÿpte, beaux sujets, dispersés dans de nombreuses | en Afriqueorientale(anciennecolonieallemande L , _ localités : Alger, Blida, Bougie, El-Milia, El- | et colonie anglaise), à Madagascar, où il aurait , ; 5°» , 5 SD 5 ; 210 ANTONIN ROLET. — LE CAMPHRIER été introduit il y a près de 30 ans ; à la Réunion, à Maurice; aux Îles Hawaï (Sandwich); en Aus- tralie : aux Canaries; à Buenos-Ayres, en Cali- fornie, où les étés sont chauds et secs; dans la Caroline du Sud, où il fait froid en hiver. D’après Dewey, aux Etats-Unis, la limite sep- tentrionale du Camphrier serait Charleston et Summerville, dans la Caroline du Sud; Augusta, en Géorgie ; Oakland, en Californie. Depuis une cinquantaine d'années, on cultivait l’arbre en question en Floride, comme sujet d'ornement, ou pour former des haies brise-vent, à la façon des cyprès en Provence. Mais vers 1905, les pépi- niéristes de ce pays expédierent une grande quantité de plants dans d'autres régions des Etats du Sud de l'Union, pour l'exploitation pos- sible de l’arbre, au point de vue de l’extraction du camphre. Dès 1912, l'Union importait moins de ce produit du Japon. Une plantation de 7 à 8 hectares suffirait pour rémunérer la construc- tion d’une distillerie. En 1912, le prix de vente en gros oscillait entre 8 et 12 francs le kilog. L’aire géographique que peut occuper le Camphrier est, on le voit, très vaste. Voici en- core quelques renseignements concernant les conditions climatériques : Le Laurus Camphoru, très âgé, résisterait, au Japon, à des froids de —9 à —11° C., pendant 70 à S0nuits d'hiver ; il donne du camphre à 2.700 mè- tres d'altitude dans l'Inde anglaise; il craindrait : —100 à —15° C. dans la région de Constantine (Algérie). Dans l'Ile Formose (Japon), le Camphrier croit, dans les forêts du Nord, depuis la plaine jusqu’à 1.000 mètres; dans le Centre, on le trouve entre 200 m. et 1.500 m.; il est plus rare dans la partie tout à fait méridionale. A Ceylan, où l'espèce est connue depuis 1852, et où on la cultive assez abondamment depuis 1895, après que la station d'Hagkata eut distribué de jeunes plants, produits avecdes graines reçues du Japon, on a obtenu de bons résultats en sol approprié, aussi bien à l’altitude de 80 m., où la hauteur des pluies, par an, atteint 1 m. 40 pour 104 jours, qu'à 2.150 m., où le sol reçoit, annuel- lement, 5 m. 4 d’eau, en 217 jours. S. Hood dit qu’en Floride, des conditions cli- matériques et des précipitations atmosphériques variables sont à considérer dans la culture, comme provoqüant de notables variations annuel- les. L’Administration de l'Agriculture des Etats- Unis a conclu de ses travaux que les meilleures conditions climatériques, pour la culture du Laurus Camphora dans ce pays, sont : tempé- rature minimum d'hiver de — 6 à — 7°C.; 1 m.25, au moins, de pluie, pendant la saison chaude. « Le Camphrier, écrivent MM. Rivière et Lecq est peu rare dans les jardins de la Provence chaude et sur le littoral algérien ; il s’avance, même, danslesparties montagneuses, où le ther- momètre accuse souvent — 5°. Mais il est pru- dent de ne pas l’exposer à des abaissements plus forts, et répétés. Si le Laurus Camphora est rustique dans les parties chaudes et tempérées, il n’est, cependant; pas partout de croissance très rapide, et comme il exige de bonnes terres, etune bonne exposition, il paraît économique- ment impossible d’attendre 40 à 50 ans le déve- | loppement d’un arbre, avant de l’abattre, pour en distiller toutes les parties. » À un autre point de vue, tout au moins dans une situation économique mondiale plus nor- male que celle que nous traversons, il y a lieu, aussi, de bien examiner, pour chaque contrée, si les frais de main-d'œuvre, pour l'extraction du campbhre de plantation, permettraient de le faire entrer en concurrence avec le camphre de For- mose et de la Chine, où il estobtenu sans grande dépense, sur des arbres sauvages traités intensi- vement, sans souci de l'avenir. IT. — Cucrure pu CAMPHRIER COMMUN $ 1. — Semis C’est le meilleur mode de multiplication pour cet arbre. Mais étant donnéela faible production en graines des gros Camphriers acclimatés en Europe, on est obligé d’avoirrecours aux semen- ces du Japon. Or, soit en raison de leur altéra- tion possible, pendant ce long voyage, soit à cause du faible pouvoir germinatif naturel de l'embryon, de par la constitution de la graine (elle est oléagineuse), soit pour tout autre motif, comme retard dans l’expédition, défaut de soins dans la récolte, on a dit que la levée des semen- ces est très aléatoire. On sait, d'autre part, qu’un moment le Japon, pour mieux compléter son œu- vre de monopolisation, se disposait à interdire la venteetl’exportation des semences de Camphrier. Le prof. Cavara, qui a eu l’occasion de semer, à plusieurs reprises, des graines du Japon (de la Yokohama Nursery), a constaté, contrairement à ce que l’on prétend, qu’elles germent parfaite- ment, donnant des plantes vigoureuses, qui, une fois confiées à la pleine terre, prirent, en peu d'années, un développement merveilleux. Avec des semis pratiqués au Jardin botanique royal de Naples, on a pu faire, après 3 ans, une plantation de Laurus Camphora, sous forme de taillis bas, en vue d’une utilisation soignée des feuilles et des rameaux, pour l'extraction du camphre par distillation. ANTONIN ROLET, — LE CAMPHRIER Le Dr Trabut, qui, dès 1892,employa des grai- nes de variétés de Camphriers exploités en Extrême-Orient, obtint des sujets qui prirent, rapidement, un grand développement, au Jardin botanique d’Alger, et donnèrent 1,26 °/, de cam- phre dans les feuilles. Quoi qu’il en soit, si les graines doivent voya- ger un certain temps, venir.du Japon ou de la Chine, par exemple, d’où elles doivent être ex- pédiées en octobre, novembre, ou décembre, il faut les placer dans de la poudre de charbon de bois, un peu humide, ou toute autre matière pulvérulente non altérable, ce* qui constitue, en somme, une sorte de stratification. On a con- seillé, aussi, pour les conserver fraîches un cer- tain temps, de les tenir à l'abri de l'air, dans des bouteilles ou des flacons soigneusement fermés. Ce quiest certain, c’est que les graines qui mürissent dans notre Midi en septembre-octo- bre germent là assez facilement. Il n’est pas rare, en effet, de voir de jeunes sujets nés du semis naturel de fruits tombés des arbres. Rappelons que, d’après Russel (Washington), l'enlèvement de la pulpe des graines hâte, en moyenne, de deux semaines la germination ; en outre, cela fait plus que quintupler le pour- centage de germination, relativement aux grai= nes qui ont conservé leur pulpe. Les semis pro- venant de graines dont la pulpe a été enlevée donnent, par transplantation, un arbre plus haut, plus gros, plus vigoureux, qu’un semis de grai- nes ayant conservé leur pulpe. En résumé, dit l’auteur, la suppression de la pulpe augmente le- pouvoir germinatif de 200 9% , au moins, ce qui, joint au développement plus vigoureuxdes plan- tes, compense largement les frais que l’opération entraine. Avant de confier les semences au sol, il peut être bon de les laisser dans l’eau durant 24à 48 heures. S'il y en a qui surnagent, on les éli- mine. ° A la villa Thuret (Antibes), qui est dirigée par le D' Poirault, secondé par M. Tessier, chef de culture, on a semé, à la façon ordinaire, en ter- rine, en janvier 1921, des graines du Cinnamo- mum Camphora qui pousse dans le pare, et qui sont müres en automne. Bien que la germina- tion ne füt pas régulière, toutes les semences, ou à peu près, ont levé après 2 mois 1/2 à 3 mois, en serre, à la température de 12 à 15°. Une fois assez fortes, on mettra les plantules en godets (une par vase), pour les planter définitivement, en plein air, en automne, avec la motte. Suivant les régions, on pourrait aussi faire le semis en automne, et en pépinière, en plein air, en lignes. On éviterait ainsi les manipula- 211 tions de rempotage d’une grande quantité de sujets et l’achat des terrines et des godets. Cependant, il faudrait vérifier si les plants, qui sont à racine pivotante, ont une reprisesuffisante après la mise en place sans motte. La pépinière doit être établie en so/ sain, donc léger, perméable (le mélanger, au besoin, avec du sable) et, en outre, bien préparé. On peut, ainsi, semer en poquets espacés de 15 à 20cm.environ,danslesquels on met2ou 3 graines, que l’on recouvre de 2 à3 centimètres de terreau, ou de terre fine, On donne, ensuile, des arrosages suffisants, et abrite contre le soleil trop ardent. Signalons qu’au Texas, on auraitobtenu debons résultats en semant les graines à la façon du blé. Quandles plantes ont 1m.,on les coupe à 30 em. du sol, pour les distiller. Elles repoussent, et l'on peut récolter à nouveau. S. Hood, en Floride, dit que, le rendement en camphre dépendant, en grande partie, de l’ac- croissement du végétal, le forçage donnerait une plus grande quantité de matière première, et plus riche. $ 2. — Bouturage. Marcottage. Greffage Ces procédés sont plus rarement mis à contri- bution, pour la multiplication du Camphrier. D’après ce que nous avons appris à la Villa Thuret (Antibes), le houturage du Cinnamomum Camphora ne réussit pas, même quand on appli- que le mode opératoire spécial employé en pareil cas, et que voici : Mettre, par les fortes chaleurs de l'été, du 15 juin au 15 août, dans le Midi, les boutures en plein soleil, sous chdssis vitré, et par les hautes températures de la journée; les bassiner souvent (toutes les cinq minutes), sinon on risque de les laisser brüler. En somme, s’il faut beaucoup de chaleur, il est indispensable d'entretenir, aussi, beaucoup d'humidité : on doit voir la rosée sur les feuilles. Malgré ces conditions, nous le répé- tons, la reprise ne s’est pas faite. La plantation de fragments de drageons serait préférable, d’après M. Nock, de Ceylan. Pour le D' Trabut, le bouturage est possible. M. Jumelle conseille de choisir des rameaux de l’année, suffisamment aoûtés, mais, cepen- dant, pas trop durs, de l'épaisseur d'un gros crayon, et de 15 à 22 cm.-de longueur. On les sectionne net, juste au-dessous d’un nœud, puis les met en pépinière, en terre sablonneuse, bien préparée et fertile. Les lignes sont espacées de 22 à 30 cm. et les branchettes de 7 à 8 em. sur elles. Enfin, ces dernières sont enterrées de façon que 2 ou 3 bourgeons, seulement, sortent du sol. Le D' Trabut estime que l’on peut greffer faci- lementles variétés de Camphrier du Japon riches en camphre, sur le Camphora inuncta. Elles don- nent, sur ce pied, autant de camphre, bien que le support ne soit pas producteur de ce produit. La greffe, dit Jumelle, passe pour être facile. On peut la faire sur des pieds dont les espèces sont voisines du Laurus Camphora. C'est le gref- fage sur Cinnamomum glanduliferum, qui est le plus intéressant, pour les pays qui correspon- dent à la limite de végétation du Camphrier, car il est un peu plus résistant au froid que le Cén- namomum Camphora. On peut, ailleurs, essayer le Cinnamomum inunctum. $ 3. — Plantation La future plantation doit être établie dans un endroithien exposé, aussi abrité que possible des vents froids, ou violents. En Floride, S. Hood dit que le plus léger om- brage est nuisible au Camphrier;iltend à abais- ser le porcentage du camphre dans les feuilles, et il diminue aussi la surface foliaire totale de la plante. En ce qui concerne la nature du sol, aussi bien au point de vue constitution physique que degré de fertilité, les avis sont partagés. Il faut préfé- rer, dit Jumelle, les terrains profonds, légers, plutôt sableux, très calcaires, riches en humus. Dans les provinces du sud des Etats-Unis, le Camphrier prospérerait dans les sols pauvres, sablonneux, où nulle autre culture ne peut se développer. En Californie, on a remarqué que le terrain peut être, sans trop d’inconvénient, un peu saumäâtre. Les observations de S. Hopd, en _Floride, lui ont montré que les rendements les plus élevés en camphre sont obtenus dans les sols les meilleurs, particulièrement dans ceux qui sont argileux, compacts, tandis qu’ils sont ipfe- rieurs quand le sol devient plus léger, plus sa- blonneux. D'une facon exceptionnelle, ce savant a observé que dans un terrain très pauvre, où les plantes s'étaient rabougries, le pourcentage en campbhre, dans les feuilles, était plutôt élevé. À la villa Thuret, à Antibes, on peut voir un beau spécimen de Cianamomum Camphora en terre forte, et, à Cannes, à la Villa Menier, un type semblable, de belle venue, en terre légère. Mais on ne connaît pas la teneur en camphre dans ces deux situations. EnAlgérie, disent Rivière et Lecq, le Laurus Camphora exige de bonnes terres. D'après Bamber, les sols de Hagkala, excel- lents pour le Camphora, ont la composition sui- vante : 5 % d’eau, 14,5 de matière organique ; 8,5 d'oxyde de fer et manganèse; 11,3 d’oxyde de AnTonIN ROLET, — LE CAMPHRIER = fer et aluminium ; 0,14 de chaux; 0,072 de ma- gnésie; 0,030 de potasse ; 0,012 d’acide phospho- rique, et 60,6 de sable et silicates, L'âge des plants à mettre àdemeure varie avec les régions, le mode de multiplication adopté, le genre de culture, etc. En Floride, les sujets venus de semis sont plantés en décembre, quand ils ont atteint 50 à 70 cm. soit à 2 à3 ans. On les débarrasse de toutes leurs feuilles, et des plus petites-branches; on épointe le pivotet rafraichit les radicelles. Nous avons dit quela plantation avec la motte facilite la reprise. Peut-être, le repiquage en pé- pinière, quelque temps après la levée, en forti- fiant le système radiculaire, donneräit-il des - plantes mieux constituées et plus prospères. | L'utilisation des petites branches et des feuil- les des tout jeunes camphriers, pour l'extraction du camphre, que l’on tend à adopter aujour- M d’hui, car on ne saurait attendre un âge -avancé pour exploiter le bois, à la façon par trop radicale | suivie au Japon, est facilitée par la conduite des arbres à basse tige. Aux Etats-Unis, dit Jumelle, on taille le Cam- phrier 5 ou 6 ans après lesemis, quand il a atteint 2 m. à 2 m.5. On le plante en lignes es-" pacées de 4 m. 5, les pieds étant à 1 m. 80 sur ces lignes. Au Japon, à Izu, à la limite septentrionale de la culture, on compte 7 ou 8 sujets par are; chacun d’eux dispose, donc, de 13 m. carrés environ. Mais il est probable que les arbres ne sont pas taillés aussi bas qu'aux Etats-Unis. Dans les Etats Malais on met 1.750 pieds à l’hectare. Les soins en cours devégélation consistent en sarclages, en binäges, pendant au moins quel- ques années. Par la suite, des labours fré- quents maintiendront le sol suflisamment meu- ble et propre. Un point capital est de ne pas ménager les irrigations, qui seront abondantes en été, à moins que le terrain ne soitassez frais. On possède peu de données sur la nature des engrais qui conviennent le mieuxau Camphrier® Mais il est à supposer queses exigences, à cé point de vue, sont du même ordre que celles des” autres arbres. Tout en ignorant l'action spéci- fique des principes azote, acide phosphorique, potasse et chaux, dansla production du camphre, il est certain que l’on a tout intérêt ici à favori- ser le développement foliacé, le parenchyme du végétal. Or, on sait que lazote est, en l’espèce, un facteur de premier ordre. Les fumures or- ganiques azotées seront donc abondantes; et, aur moment où la végétation est le plus active, on se trouvera certainement bien de l'emploi du nitrate de soude, du sulfate d'ammoniaque, ou de tout autre ingrédient à azote rapidement assimilable . ANToniN ROLET, — LE CAMPHRIER III. — RENDEMENTS Les rendements en camphre du €. Cam- phora diffèrent suivant les climats, la saison, la température, l’âge des arbres, suivant, aussi, que la matière est distillée fraiche ou sèche, séchée au soleil ou à l'ombre, enfin suivant le mode de distillation. . Dans le rendement, il faudrait tenir compte aussi de l'huile de camphrier, qui dissout une partie de ce dernier, en enindiquant la proportion. À Formose et en Chine en général, on n’ob- tient guère,au total, que 2°}, d'huile et de cam- phre, Mais, d'après M. Moriya, en procédant avec -soin, on peut retirer 2,21°/, des petites branches ; 2,70, des branches ordinaires ; 3,84, de la partie supérieure du tronc; 4,23, dela partie inférieure ; 5,49, de la partie supérieure de la souche ; 5,74 de la parite inférieure; 4,46 des racines; soit, en moyenne, 4,220/,. A Soukhoum (Caucase), les feuilles fraîches de Cinnamomunr Camphora, âgé d’environ 20 ans, contiennent 0,9 °/, de camphre brut, en y com- prenant l'huile de camphrier (77,4 ©}, de cam- phre, 2,26 d'huile). Les gros rameaux, d’un dia- mètre de &à 6 cm.; ne contenaient que 0,09 °/, d’une masse oléagineuse, de couleur jaune, à odeur de camphre; maïs ce dernier ne se sépara pas. Selon le prof. Giglioli, la distribution du cam- phre dans les diverses parties du Cinnamomum Camphora poussant en Italie est la suivante: cinq analyses ont fourni, comme moyenne dans le feuillagetendre, 0,70 °/,; 97 analyses de feuil- lage vert, 1,20 °/,; six analyses de feuilles sèches, 2,18,/,; quatorze de bois jeune, 0,10 °/,. D’après l'ouvrage de Gildemeister « Les Auiles essentielles » (traduction française, 1914), les feuilles et rameaux de diverses provenances de Laurus Camphora ont donné : Ceylan et Inde : feuilles et rameaux, 10/, de camphre; Antilles: feuilles vertes,1,2à 1,5 ; Jamaïque :feuillessèches, 1,57; Afrique Orientale : 1,55; Archipel Malais : feuilles vertes, 1,17 à 1,2; feuilles séchées à l'air, 1,10 à 1,16; Etats-Unis : feuilles sèches, 2; Italie : feuilles vertes, 1,2 à 1,5; feuilles sèches, 2,4 à 3. Ainsi, le Camphrier italien a les feuilles les plusriches. Mais, par contre, ses autres parties, branches, tronc, racines, sont de beaucoup infé- rieures au Camphrier japonais. Les copeaux du tronc, par exemple, ne donnent que 0,10 °/,, con- tre 2°/, obtenus au Japon. La supériorité des feuilles sèches italiennes semble tenir, outre la moindre quantité d’eau, à uneoxydation accélérée de l’huile de camphrier pendant les derniers stades dela vie de ces orga- nes. Quant au tronc, la différence est peut-être due, plus qu’à la diversité du climat, à l'élabo- ration différente dans les cellules des jeunes plantes, comparativement aux plantes adultes, ou âgées. Dans les premières, il y a plusd’essence (huile de camphrier), dans les secondes, plus de camphre. Les rapports varient suivant les orga- nes de la plante et même avec les saisons : en hiver, on trouve plus de camphre; en été, plus d'essence, Sur cent parties extraites, par distil- lation, des feuilles du Camphrier italien, il y a environ 1/3 d'huile de camphrier. Les recherches faites par MM. Campbell et Eaton, à Sélangor (Inde),ont donné les rende- ments suivants : feuilles, 1 °/,; tronc et gros ra- meaux, 0,66 ; petits rameaux, 0,21. M. Trabut, distillant, à Alger, des feuilles et des brindilles de variétés de camphriers d'O- rient, venus de semis dans cette ville, obtint 1 à 1,70 0), de camphre pur [ilexiste surtout dans les feuilles ; les rameaux n’en contiennent que des traces). Mais il n’en obtint pas avec d’anciens campbhriers d'Alger, que Hardy désignait sous le nom de Camphora inuncta. En Italie, M. Giglioli admet qu'un arbre de 15 ans peut fournir annuellement 35 k. de feuil- les fraîches ; et un sujet plus âgé, 50 k. Ainsi, suivant l'âge, il faut deux ou trois arbres pour produire 1 k. de camphre, et 0 k, 93 d’essence. En ce qui concerne le rendement d'un hectare, il y a à tenir compte, en outre de ce que nous avons dit, de la densité de la plantation, de l’im: portance et du nombre des tailles. Lommel et Amani estiment qu'avec deux tailles annuelles, on peut avoir, par hectare, 145 k. de camphre et 46 k. d'huile. Pour le D' Frabut, en Algérie, une plantation de Camphriers de Formose donnerait, à 25 ans, 30 tonnes de brindilles par hectare. Avec un minimum de 1°}. de camphre, cela ferait 300 k., et à peu près autant d'huile de camphrier. D'après Hood et H. Eric, aux Etats-Unis, avec des haïes de Camphriers plantés à 4 m. 5 sur 1 m. 80, et exploilés à 5 ou 6 ans, quand ils ont atteint 2 m.5, on obtient, chaque année, avec deux tailies, et par hectare, 20 tonnes de matière verte (feuilles et menues branches), qui peuvent fournir 200 k. à 225 k. de camphre marchand. Ambrose Warner cite, paraît-il, des résultats analogues en Afrique du Sud. Dans les Etats fédérés malais, M. Eaton con- seille de commencer la taille à 3 ans. On peut, ainsi, obtenir environ 12 tonnes par hectare, en une seule coupe, soit 36 tonnes par an, en 3 tailles. Aux coupes suivantes, le rendement sera moindre, mais on aura à peu près la même quantité de camphre, car ces coupes seront cons- tituées principalement en feuilles. En calculant d’après ces seules feuilles, on compte qu'un hec- tare de camphriers de 3 ans, comprenant 1.750 pieds, doit donner 67 k. de camphre, soit, par an, en trois tailles, 200 k. Antonin Rolet, Ingénieur agronome, Prof. à l'Ecole d'Agriculture d'Antibes, 214 BIBLIOGRAPHIE. — ANALYSES ET INDEX BIBLIOGRAPHIE ANALYSES ET INDEX 4° Sciences mathématiques Laplace (Pierre-Simon). — Essai philosophique sur les Probabilités. — 2 vol. in-16, brochés, de x1 + 102 et de 108 pages, de la collection : Les Maitres de la pensée scientifique (Prix : 6 fr.). Gauthier-Villars et Cie, éditeurs, Paris, 1921. L'ouvrage original n’a été publié par Laplace que deux ans après sa Théorie analytique des Probabilités, celte œuvre monumentale qui tient dans l’esprit des statisti- ciensla même place que son Traité de Mécanique céleste dans celui des astronomes, Mais l’idée première de cet Essai, paru en 1814, doit êlre cherchée dans une leçon donnée par Laplace aux « Ecoles Normales » de 1795. Après avoir appliqué toutes les ressources de la science et de son génie dans sa « Théorie analytique », La- place a voulu exposer «sans le secours de l’Analyse,les principes et les résultats généraux de celte théorie, en les appliquant aux questions les plus importantes de la vie », À vrai dire, cerlains chapitres de son Æssai ne peuvent être réellement compris que par des lecteurs possédant une forte culture mathématique, bien que Laplace ait évité avec soin l’usage des formules. Mais la plus grande partie de l'ouvrage peut être lue avec fruit par les profanes. Un grand nombre des considéra- tions de Laplace n’ont rien perdu de leur valeur; il a su y résumer sa pensée en des formules saisissantes de- venues classiques, comme la conclusion exprimée page 105, tomeIl : « la théorie des probabilités n’est au fond que le bon sens réduit au caleul », . D'autres chapitres ont été vivement discutés, comme son étude de la probabilité des témoignages et de celle des jugements des tribunaux. Bertrand a raillé avec esprit les efforts faits par Condorcet, Laplace et Poisson pour soumetlre ces questions au caleul. Mais il leur prête volontiers, pour mieux les accabler, une naïveté toute gratuite.« Qu'il s’agisse d’un jury d’'expropria- tion, d’un crime contre les personnes ou contre les propriétés, ses formules et ses chiffres », dit Bertrand de Laplace, « n’en reçoivent aucun changement. Un seul renseignement figure dans ses formules : le nom- bre des voix émises en faveur de chaque opinion », Vraiment, c’est triompher trop facilement et, à ce jeu, on pourrait prétendre que toutes les prévisions astro- nomiques formulées par Laplace étaient également sans valeur parce qu’il a constamment négligé l’action des millions d'étoiles qui entourent le Soleil. Ou aussi bien pourrait-on se moquer des actuairesquiutilisent des tables de décès où nesont point distingués les taux spé- ciaux aux différents climats, aux différentes professions, etc.— Mais, dans ces exemples, on peut s'assurer que les approximations faites étaient légitimes: les prévisions astronomiques se prêtent à vérification, les compagnies d'assurances fournissent des dividendes, alors qu'on peut toujours disputer de la justesse d'un tribunal] judi- Maurice FRÉCHET (Université de Strasbourg). ciaire. MM. Gossot et Liouville nous apportent avec leur nou- ‘servent les principes qui ont été la base de leurs tra- ‘équation différentielle rattachée à la Thermodynami- … Gossot (F.), Général de division d’'Artillerie,et Liou- ville (R.), Zng®nieur en chef des Poudres. — Traïté de Balistique intérieure. — 1 vol. gr. in-8 de 50 pages, des Grandes Encyclopédies industrielles, J.-B. Baillière et fils, éditeurs, Paris. 1922. Les applications de la Balistique intérieure ont pris, pendant la guerre, une extension telle que les cas envisagés dans l’ancienne Balistique ne constituent que la moindre partie de ceux qui doivent être étudiés aujourd’hui. C’est cette extension et cette revision d'ensemble que veau traité de Balistique intérieure. Les auteurs con- vaux antérieurs. Rappelons brièvement ces principes : C'est Résal qui, le premier, a donné pour le mou-… vement du projectile dans l’âme des bouches à feu une que. Il supposait, et l'hypothèse n’était pas encore cho-. quante, que la combustion dela poudre était instantanée, Peu d'années après, Sarrau faisait intervenir les véritables conditions du phénomène en tenant compte de la durée de combustion des poudres. L'expérience n'avait jusque-là fourni aucune mesure directe de cette durée et cependant, à l’aide des seuls résultats des tirs, Sarrau avait été conduit à penser que la vitesse de … combustion de la poudre noire, la seule existant à cette époque, devait être proportionnelle à la racine … carrée de la pression, “4 Les recherches de laboratoire ultérieures ont montré que tout se passe en effel, au point de vue de la quan= tité de gaz formée à chaque instant, comme si cette loi était vraie. Les formules données par Sarrau en 1893 mettaient, en évidence un théorème de similitude d’une impor-" tance fondamentale et qui reste à l’origine de toutes les études ultérieures. Lorsque les poudres sans fumée prirent la place des poudres noires, les progrès des recherches de labora- toire permettaient de fournir en même temps les données expérimentales relatives au mode de combus- tion de ces poudres et par suite des bases correctes à la théorie. Mais, comme il arrive si souvent, ces lois expérimen- tales ne conduisaient pas à des équations différentielles attaquables par des méthodes d'intégration simples et l’on était tenté, pour arriver aux formules indispen- sables aux praticiens, de recourir soit aux méthodes d'intégration approchée, soit à des hypothèses propres. à faciliter l'intégration, mais en désaccord notable avec la réalité. à Les auteurs du présent ouvrage ne se rallient ni à l'une ni à l’autre de ces deux méthodes. L'intégration par des séries réduites ne leur parait pas assez sûre, BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 245 dans les conditions actuelles où les données du pro- blème remplissent un champ très étendu. D'autre part, approximation consistant à admettre la proportionnalité des vitesses de combustion des pou- dres à la pression au lieu de la variation expérimentale suivant la puissance 2/3 de cette même pression, leur semble trop loin des réalités pour se prêter à une repré- sentation correcte des phénomènes. C’est dans l'emploi systématique et nouveau du théorème de similitude signalé par Sarrau que MM. Gos- sot et Liouville ont chérché et obtenu dès 1905 les moyens d'établir la Balistique intérieure sur des bases solides. Les formules qu’ils proposent tiennent compte de toutes les lois expérimentales relatives à la combustion des poudres, et en particulier de la valeur du coefti- cient de vivacité déterminé par des essais de labora- toire : elles ne sont plus sujettes, d’autre part, à des difficultés d'ordre analytique, parce qu’elles ne deman- dent à l’équation différentielle rigoureuse que la connaissance des groupements caractéristiques des variables du tir qui permettent de construire pour les vitesses une surface et pour les pressions une courbe. Les auteurs ont construit cette surface et cette courbe au.moyen d'un nombre considérable de résultats de tirs accumulés par l'artillerie navale et l'artillerie métropolitaine jusqu'en 1918, et leur représentation analytique, sous ces conditions théoriques, de forme nécessaire, ne présente ni les difficultés ni les objec- tions auxquelles donne lieu l'emploi des séries rédui- tes ou des quadratures dans les méthodes d'intégration. MM. Gossot et Liouville ont signalé dès 1908 une con- séquence inattendue du choix de l’exposant de la pression suivant lequel varie la vitesse de combus- tion. Lorsque cet exposant est pris égal à l'unité en vue de permettre l'intégration par quadratures, la position du maximum de pression dans l’âme obéit théorique- ment à des lois qui ne semblent pas d’accord avec les données expérimentales recueillies jusqu’à ce jour et intéressent d’une façon particulière la construction des bouches à feu. Il serait d'un grand intérêt que des expériences nou- velles apportent la lumière sur ces questions, aussi importantes au point de vue théorique qu’à celui de la sécurité du tir. Le but final d’un ouvrage sur la Balistique intérieure ne peut être que la mise à la disposition des praticiens des moyens d'étudier effectivement tous les problèmes qui se posent à lui, soit pour l’utilisation la meilleure de bouches à feu existantes, soit pour la construction des bouches à feu répondant à des conditions nouvelles, Les auteurs du présent ouvrage ont voulu donner à- l'artilleur les moyens de résoudre les problèmes avec sûreté, en évitant tous les tälonnements, parfois longs et infructueux. A cet effet, ils font connaître des procé- dés reposant, soit sur l'emploi des tables, qu'ils ont réussi à construire, soit seulement sur les formules elles- mêmes. Aux très nombreuses questions qui se présen- tent, ils ont pu, grâce à la simplicité attribuée aux fonctions représentatives, grâce aussi à des artifices de calcul, étudiés avec le plus grand soin et très variés, apporter des solutions commodes et rapides qui font de leur traité un véritable Manuel pour le praticien. Aucun des traités de Balistique offerts au public ne présentait au même degré ce caractère, Au cours de leurs recherches, une étude s’est rencon- trée qui pouvait passer pour secondaire avant la guerre, mais à laquelle les tirs à longue portée faits sur Paris par les Allemands, ont donné tout au moins un intérêt d'actualité. IL s’agit de savoir quelle est la distribution des pressions derrière le projectile et la force vive emportée par les gaz. Dans lestirs ordinaires, il n’y a peut-être rien de très important pour la pratique à attendre immédiatement d’une pareille étude, mais la connaissance des phéno- mènes réels produits dans la masse gazeuse, lorsque son poids atteint ou dépasse celui du projectile, ren- ferme, à n’en pas douter, l'explication de bien des perturbations dans les tirs ordinaires en même temps que des données indispensables à la construction d’ar- tilleries plus puissantes, dont personne ne peut assurer l'inutilité dans l’avenir, Les auteurs, en prenant pour base les principes éta- blis en 1886 par Hugoniot, ont entrepris sur ce sujel une série de recherches théoriques par lesquelles ils ont cherché à préparer et suggérer des recherches expé- rimentales, Bien que le problème ait dû être réduit à une forme pour ainsi dire schématique, on attachera peut-être quel- que intérêt aux conclusions, d’après lesquelles il y a lieu de regarder comme faible la différence moyenne des pressions sur la culasse et sur le culot du projec- tile, tandis qu'une importance très grande doit être attribuée à la force vive emportée par les gaz. Les résul- tats auxquels les auteurs parviennent leur permettent de rendre compte de ce que l'on sait ou croit savoir con- cernant les « Berthas » qui onttiré sur Paris en 1918. P. VI£ILLE, Membre de l'Institut. Salmoiraghi (Angelo), /ngegnere direttore dell ofji- cina « la Filotechnica », fondata in Milano dal prof. Porro. — Guida practica del Geometra Moderno. 2° édition. —x vol. in-8° de 120 p. avec 15 fig. et plan- che (Prix : 10 lire). Typographie Umberto Allegretti, via Orti, 2, Milan, 1920. Nous devons à l'ingénieur Salmoiraghi, connu aussi comme constructeur d'instruments de précision,une se- conde éditionitalienne de son Guide du géomètre moderne publié pour la première fois en français en 1888,en italien en 1910, et qui peut être considéré comme la suite, la seconde partie de son ouvrage « /nstrumenti e Metodi moderni di Geometria applicata », dont la première par- tie seule a paru (1880). Il existe de nombreux manuels analogues publiés en France, mais le volume de M. Salmoiraghi pourra être utilement consulté par ceux de nos géomètres auxquels la langue italienne est tant soit peu intelligible. L'auteur s’est proposé de mettre au courant les lecteurs possé- dant les premiers éléments:des Mathématiques et de la Géomélrie appliquée, des méthodes à employer pour les levés de plans à grande échelle, dans les régions où existe déjà un canevas géodésique, tout comme dans les pays encore inexplorés. L'auteur attribue une importance primordiale, dans la topographie de détail d’une région étendue, aux mé- thodes tachéométriques de polygonation, Les premiers chapitres de son ouvrage décrivent les procédés à employer dans le cas où les cheminements primordiaux peuvent s'appuyer sur un réseau géodésique préexis- tant. Par la suite, M. Salmoiraghi expose sommairement comment l'ingénieur, appelé à opérer en pays inconnu, peut déterminer rapidement un azimut et une latitude de départ. Enfin ses derniers chapitres traitent de divers pro- blèmes (compensation du réseau trigonométrique, cal- cul des coordonnées géographiques, etc.). Il faut voir dans l'ouvrage dont nous rendons compte un manuel élémentaire sans prétention, mais écrit par un auteur qui possède à fond son métier, et utile par les nombreux exemples numériques qu’ilrenferme. Nous y avons noté avec plaisir un chaleureux plaidoyer en faveur de la division centésimale du quadrant. Lieutenant-Colonel PERRIER, Chef de la Section de Géodésie et d'Astronomie au Service Géographique de l'Armée. 2° Sciences physiques Pacotte (J.). — La Physique théorique nouvelle. Préface de M.Em.Bonez. — 1 vol. in-8o de vru-182 p. (Prix 12 fr.). Gauthier-Villars et C, éditeurs, Paris, 1921. 3 Fondéepar Ampère, il y a un siècle, l'Electrodyna- mique ne s’est tournée définitivement vers le centre électrique lui-même que depuis une vingtaine d'années. Ce fut dans cette orientation, pour la Physique théori- que, l’origine d’un profond renouvellement, La Physique théorique nouvelle s'inspire d’une con- ception du monde physique, où la loi des actions retar- dées s’exerçant entre deux mobiles ponctuels électriques joue un rôle prépondérant. Elle a pour origine l’Elec- trodynamique de Lorentz, qui est la forme définitive de celle de Maxwell. Son étape la plus avancée, qui fait aujourd’hui tant de bruit, est due à Einstein. Le présent volume est un essai historique, critique et méthodologique sur la science nouvelle, En l’écrivant, l’auteur a voulu tenir une gageure en ne faisant appel, à aucun moment, à aucun appareil mathématique. Peut- être son ouvrage aurait-il gagné en n'écartanti pas, d’une façon aussi systématique, un outil dont le maniement est bien connu et habituel à ses lecteurs éventuels. Quoi qu'il en soit, il a entrepris là une tâche, à priori pres- que impossible à accomplir, et comme ledit M. E. Borel dans sa préface, on doit lui savoir gré de l'avoir cepen- dant tentée, et le féliciter de la manière dont il l’a réa- lisée. Aujourd’hui, on substitue, au centre doué de masse d'inertie, le centre uniquement doué de masse électri- que, et la Dynamique classique fait place à l’Electrody- namique, BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX, La matière est considérée comme un système électri- que et on envisage spécialement le champ électro- magnétique quasi stationnaire qu’elle engendre. La radiation électromagnétique est leconcept fondamental de la Physique nouvelle. Le premier chapitre de l'ouvrage envisage done immédiatement la radialion au point de vue électrody- namique, dans les trois étapes auxquelles s’attachent, respectivement, les noms de Maxwell, Lorentz et Ritz, La première étape apporte la notion de champ élec- tromagnétique, dont l'existence n’est pas nécessaire- ment liée à celle de courants actuels. La deuxième prend, pour base de l’Electrodynamique, le rapport d’un cen- tre électrique au champ électromagnétique. La troisième enfin fait disparaître la notion de champ: c’est l’action retardée d’un centre sur un autre qui devient la con- ception fondamentale. Le phénomène auquel participe la radiation est bien connu : il s’agit d’une action retardéeentre deux centres électriques. Une tâche imporlante est donc de confron- ter la théorie de ce phénomène et les principes de la Physique ; c'est l’objet des deuxième et troisième cha- pitres. Eu égard aux questions importantes qui s’y rat- tachent, le chapitre à est consacré à l'étude du prin- cipe de relativité. L'auteur n’a pas suivi une méthode uniforme et a préféré traiter chaque principe d’une manière conforme au genre de difficulté qu'il présente. Pour la plupart des principes, il a montré leur rapport avec plusieurs conceptions de l’Electrodynamique., Il a même parfois introduit, dans la discussion, des théories électrodyna- miques antérieures à Maxwell, ou même des théories de ce physicien où n'intervient pas encore la radiation. Le quatrième chapitre traite du rapport entre la ra- diation et la matière, M. Pacotte y a d’abord porté son attention sur la méthode en Optique physique, et présente, d’un point de vue logique plutôt qu'histori- que, les différents stades de l'explication du phéno- mène, La fin de cechapitre est consacrée à l’équivalence entre la matière et l'énergie électromagnétique, Il montre comment la théorie statistique des quanta de Planck, et le désir de maintenir les principes de la masse et de la réaction, ont conduit Einstein à repren- dre en Optique l'hypothèse de l’émission corpusculaire de Newton. Enfin,le cinquième etdernier chapitre est un exposé des conceptions méeanistes de l’éther. La Physique contemporaine a dégagé la question purement positive de la radiation ; le rôle de l’éther se trouve ainsi diminué. Comme la question de la nature de l'éther est devenue inutile à beaucoup d’égards et parait même insoluble, les physiciens s’en détournent. Il ya plus : la Physique nouvelle voit, danslaradia- tion, un phénomène réel de l’espace où circulent les centres électriques, mais elle discute les principes sans envisager un mécanisme vibrant; ainsi elle supprime l'éther, el sielle fait usage du terme, c’est seulement pour désigner lechamp électromagnétique, ou le repère pour lequel valent les équations aux dérivées partielles de ce champ. L'ouvrage que voici est donc d’un réel intérêt actuel, BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 217 et, comme M. Borel, il faut souhaiter qu'il contribue à orienter de nombreux jeunes gens vers la Physique théorique où l’œuvre restant à accomplir est immense, L. Porin. Bouthillon (Léon). — La théorie et la pratique des Radiocommunications. Il. La propagation des ondes électromagnétiques à la surface de la Terre.— 1 vol. gr. in-8° de xv-34o p. avec 133 fig. Librairie Delagrave, Paris, 1921. M. Léon Bouthillon a entrepris depuis quelques années la rédaction d’une véritable encyclopédie des Radiocommunications. Un pareil ouvrage faisait com- plètement défaut en France et l’on ne peut que féliciter l’auteur d’avoir cherché à combler une lacune aussi importante, Aussi avons-nous salué avec plaisir l’appa- rition du premier volume, publié en 1919, et analysé dans la Æevue du 30 avril 1920 (p. 237). Ce volume était une introduction d'ordre théorique à l’étude de la pro- pagation des ondes hertziennes. Dans le volume actuel, qui est le second, M. Bouthil- lon traite successivement du point de vue expérimen- tal et du point de vue théorique le difficile et impor- tant problème dela propagation des ondes à la surface de la Terre. La première partie est expérimentales ». Elle comprend cinq chapitres, qui trai- tent des lois de propagation à petite distance, des lois de propagation à grande distance, de l'influence de la configuration géographique du sol, desinfluences météo- intitulée « Constatations rologiques, enfin des signaux parasites, On trouve dans cette partie la description des dispositifs expérimentaux et l’ensemble des résultats obtenus dans ce domaine, Nous citerons,entre autres, les expériences du comman- dant Tissot, de W, Duddell, d’Austin, les nombreux essais faits en vue de vérifier la formule bien connue d'Austin, Les travaux récents et en particulier ceux qui ont été accomplis pendant la guerre ontété mis à contribution : ainsi les transmissions par sans fil aux antipodes, les essais de réception faits à bord de sous- marins en plongée trouvent leur plate au chapitre II. Les réceptions en ondes amorties et en ondes entrete- nues sont soigneusement comparées. Le chapitre sur les parasites renferme une collection de documentsintéres- sants de date récente. * La seconde partie, intitulée « Tentatives d’explica- tion », renferme les essais de théorie élaborés en vue de l'interprétation des faits, C'estlà surtout que la com- plexité du problème apparaît nettement. Dans un pre- mier chapitre, l’auteur étudie l'influence des propriétés électro-magnétiques du sol sur la propagation ; dans le suivant, l'effet de la courbure de la Terre; dansledernier, le rôle de l'atmosphère. Un chapitre de conclusions résume les principaux résultats acquis. Nous signalons, dans celte seconde partie, l’exposé de la théorie déjà assez ancienne de Zenneck et des intéressants calculs de Sommerfeld (chapitres VI), la théorie de Eccles (chapi- tre VID) qui tient compte de l’ionisation del’atmosphère, L'auteur n’a pas craint — avec raison à notre sens — de consacrer une place suffisante à l’étude physique de l’ionisation atmosphérique, qui semble jouer un rôle notable dans la propagation :il y a là une intéressante question de Physique du globe, à laquelle se rattachent les travaux de Stormer, Villard, Birkeland, L’impression générale qui se dégage de la lecture de l'ouvrage, — et il ne saurait guère en être autrement dansun sujet aussitouffu,— est celle d'une accumulation immense d’efforls expérimentaux et théoriques, qui, sans avoir éclairei complètement les phénomènes, four- niront une base solide aux travaux futurs. Les sans- filistes n’ont pas encore épuisé l'étude des parasites et des lois de propagation, mais il connaissent aujourd’hui, en plus d'instruments d'étude d'une sensibilité presque inespérée, les éléments fondamentaux du problème: leurs progrès seront sans doute rapides, ‘Le livre de M. Bouthillon nous donne une idée fort complète de l’état actuel de la question et restera un ouvrage de documentation de la plus grande utilité. J'ajoute pour terminer que l'éditeur a fait un effort très louable pour améliorer la typographie, et que lacorrec- tion du texte et des formules est devenue à peu près satisfaisante. EuGÈèNe BLocu. Montoriol (E.), Inspecteur des Postes et Télégraphes, Professeur à l'Ecole supérieure des Postes et Télégra- phes.-— Appareils et Installations télégraphi- ques.P?réface de M.A. BLonpez, Membre de l’Institut. — Un vol. grand in-8 de V1-625 pages avec kho fig. (Prix : 4o fr. broché, 50 fr. relié souple), J.-B. Baillière et fils, éditeurs, Paris, 1927. L'ouvrage que vient de publier M. Montoriol est le premier volume paraissant dans l'Encyclopédie d’Elec- tricité industrielle que publie la librairie Baillière sous la direction de M. Blondelet qui doit constituer un tableau d'ensemble de la grande industrie électrique, de ses principes et de son adaptation à la solution des problèmes industriels. La technique télégraphique constitue une branche très spécialisée, mais fort importante de l'électricité insdustrielle ; elle exige des connaissances théoriques approfondies et comprend des données constructives poussées jusqu'au moindre détail, suivant qu'il s’agit de la propagation des courants où de l'agencement des postes. Pour traiter ce dernier sujet, nul n’était mieux qualifié que M. Montoriol, à la fois par son enseigne- ment à l'Ecole supérieure des Postes et Télégraphes et par sa longue pratique des appareils télégraphiques ; son ouvrage est caractérisé par un exposé très clair, quoique très documenté, une classification rationnelle des différents systèmes et une comparaison fondée sur les leçons del'expérience. L'auteur insiste particulièrement sur le fonctionne- ment des appareils français et illustre son exposé par la description d'installations types choisies dans notre réseau national. Il ne néglige cependant pas lesappa- reils étrangers et fait d’une façon pénétrante la critique des différents systèmes: il estime que l'outillage français pourrait être réduit d’une part à l'appareil Morse pour les lignes à faible trafic, d'autre part au Baudot à trans- mission automatique pourtoutes les autres communi- cations. Dans l’état actuel de la technique, ce dernier 218 système occupe la première place, tant àcause de sa portée théoriquement illimitée que par sa souplesse et sa rapidité de transmission, et il la conservera aussi longtemps qu’un système basésur un principe nouveau ne viendra pas la lui disputer. D'un intérêt constant et d'unegrande utilité pratique, cet ouvrage, destiné surtout aux professionnels français, expose d’une façon claire et précise les problèmes les plus délicats de l'exploitation télégraphique et répond ainsi parfaitement à son but. A. LANGE, Chef de travaux à l'Ecole supérieure d'Electricité. Pascal (Paul). — Métallurgie. Leçons professées à la Faculté des Sciences de Lille et à l’Institut indus- triel du Nord. — 2 vol,, l’un de 192 pages avec 128 fig. (Prix : 25 fr.), l'autre de 330 pages avec 178 fig. (Prix: 35 fr.). G. Janny, éditeur, 4, place Philippe- Lebon, Lille, 1921. . La première partie de ce traité de Métallurgie con- tient, après une étude sommaire des minerais, un exposé assez complet de la préparation mécanique des minerais. Il existe peu d'ouvrages traitant celte inté- ressante question avec autant de détails et de clarté que celui de M. Pascal; l'étudiant aussi bien que l'in- génieur y trouveront toute la documentation théorique et pratique, mise à jour, nécessaire pour suivre les progrès de cette branche de la métallurgie, Un oubli cependant : les rhéolaveurs France, construits par la Sté de Fives-Lille, excellents pour les minerais et que certains charbonnages ont substitué entièrement aux cribles à secousses. Le grillage des minerais est traité avec suffisamment de détails, bien que la partie théorique ait été un peu négligée. La première partie se termine par unexposé succinct de l'élaboration des métaux et sur des données statis- tiques, dont les plus récentes datent de 1913. La 2° parlie comprend un cours complet, très clair, de sidérurgie, dans lequel les explications théoriques et les descriptions de procédés et d'installations sont en proportions judicieusement équilibrées. Elle se termine par un exposé très à jour de l’électrosidérurgie. M. DESMARETS,. 3° Sciences naturelles Lemoine (Paul), Professeur de Géologie au Muséum national d'Histoire naturelle. — Traité pratique de Géologie (d’après James Gewie: Structural and Field Geology). 2° éd. — 1 vol. in-8° de 542 p. avec 215 fig. et 60 pl. (Prix: ho fr.). J. Hermann, éditeur, Paris, 1922. Le livre de M. Paul Lemoine occupe dans la littéra- ture scientifique française une place restée longtemps vacante. À côlé des ouvrages fondamentaux, comme le magistral « Traité de Géologie » de M. Émile Haug, il était indispensable de publier un manuel, où soient développées des notions pratiques qui ne sauraient figurer dans des ouvrages didactiques généraux, C'est le cas notamment des données réunies ici dans les BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX deux importants chapitres « Études sur le terrain » et « Lecture des cartes géologiques ». La Carte géologique est un instrument de travail pré- cieux pour bien des spécialistes, D'introduction toute récente-dans les programmes universitaires, sa con- naissance est heureusement exigée aujourd’hui des can- didats à la licence dans plusieurs Facultés, ainsi que des aspirants et aspirantes au professorat des Écoles normales, Aussi le remarquable exposé méthodique qui figure dans le livre de M. Paul Lemoine sera-t-il également apprécié de ceux qui se préparent à ces diffé- rents examens et des jeunes gens qui se destinent à la carrière d'ingénieur. Les développements qui ont trait aux cartes géolo- giques sont heureusement placés par M. Paul Lemoine dans la partie de son livre consacrée à la Géologie appli- quée, après le chapitre de la Formation du Relief (appli- cations de la Géologie à la Topographie et à la Géogra- phie physique) et avant ceux qui envisagent les For- mations métallifères, les Recherches de matériaux utiles et d’eau, les Études du sol et du sous-sol dans leurs relations avec l'Agriculture. Par l’homogénéité du texte, la clarté et la netteté du style, le livre de M. Paul Lemoine a su s'assurer un beau succès dès sa première édition parue en 1910. On regrettera que la superbe illustration empruntée à l’ou- vrage de James Geïikie « Structural and Field Geology » n'ait pas bénéficié, comme par le passé, d’une impres- sion sur un papier parfaitement approprié à la finesse de la similigravure. L'éditeur tiendra certainement à honneur de corriger ce petit défaut dans un tirage ulté- rieur que le nombre toujours croissant des lecteurs de l'intéressant Traité de M. Paul Lemoine rendra süre- ment nécessaire dans un-avenir très prochain, ' L. JoceAUD, Maître de Conférences à la Faculté des Sciences de Paris. Jenkins (Dr J. Travis), Superintendent, Lancashire and Western sea Fisheries. — A History of the Whale Fisheries.— 1 voi. in-8° de 336 p. avec 12 fig. (Prix, cart. : 18 sh.). H. F. et G. Witherby, éditeurs, Londres, 1921. Comme le dit très justement l’auteur dans sa Préface, la tâche n'était pas aisée de présenter sous un faible volume une histoire générale des pêches de Cétacés. Cela est d'autant plus vrai qu'aucun essai de ce genre n'avait été tenté et que, s’il existe de bons ouvragessur les pêches des Hollandais (F. S. Müller), celles des Allemands (Brinner), celles des Américains (Tower). ni en Angleterre ni en France ce sujet n'avait été traité avec quelque ampleur. L'ouvrage débute par deux chapitres très substan- tiels, qui lui servent pour ainsi dire d'introduction, sur: I, les Cétacés et leur classification; II, leur valeur éco- nomique. Ces sujets sont très largement traités, comme il convient, et l’auteur renvoie pour les détails aux ouvrages qui y sont particulièrement consacrés. Mais il a su admirablement condenser en quelques pages ce qu'il y a d’essentiel à connaitre sur le groupe d’ani- maux dont il s'occupe. On trouvera avec plaisir dans le tn nach, nt 42 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 219 1°* chapitre, mêlés à l’'énumération et à la caractérisa- tion des genres et des espèces, d’utiles renseignements sur leur éthologie et en particulier sur leurs migra- tions. ‘ On verra dans le 2° chapitre que, dans une usine mo- derne, presque rien des Cétacés capturés n’est perdu; l’auteur y examine ensuite les diverses réglementations appliquées à la pêche des Cétacés et conclut qu’il sera nécessaire que cette pêche soit soumise sur toute la sur- face du globe à une réglementation convenable. Les six autres chapitres sont consacrés au sujet pro- prement dit de l'ouvrage, l’histoire des pêcheries de Cétacés. Cette histoire présente, dit l’auteur, quatre ou cinq phases bien définies, plus ou moins indépendan- tes, et il est par conséquent possible de faire l'exposé successif des aspects principaux de ces importantes pê- cheries. Il envisage successivement : l'histoire ancienne de ces pêcheries (depuis les si curieux baleiniers bas- ques du xe siècle jusqu’en 1623) [chap. 1], la prédomi- nance des baleiniers hollandais (1623-1950) [chap. 1v], le système des primes [chap. v], les pêcheries du Sud [ehap. vil, les pêcheries américaines [chap. vu] et [chap. vur|, la dernière phase des pêcheries de Cétacés (introduction de la vapeur ; le canon porte-harpon et la capture des rorquals ; ... la pêche dans l'Antarctique). Nous ne pouvons le suivre dans le détail de l’exposé de ces divers sujets. L'étude en est faite avec le plus grand soin et appuyée sur de nombreux et importants documents. Le point de vue historique y domine, natu- rellement ; c'est peut-être un peu trop une histoire commerciale; mais l’auteur a su rendre son ouvrage de haute vulgarisation très attrayant, aussi bien pour le grand public cultivé qui s'intéresse aux questions scientifiques générales que pour les zoologistes qui s’in- téressent aux Cétacés. Ce livre est d’une lecture facile et même agréable, tout en étant très instructif, Le D: Jenkins insiste à maintes reprises sur la néces- sité de restreindre la chasse aux Cétacés et il conclut sa préface en ces termes : « Si dans les quelques décades prochaines la pêche des Cétacés n’a pas complètement disparu, par suite de ce fait que les animaux qui en sont l’objet même auront pratiquement disparu des mers du globe, il faudra que des mesures soient prises pour réglementer cette industrie par une action internatio- nale. Autrement, un groupe d'animaux marins extrê- mement intéressant sera chassé jusqu’à son extinction et une grande richesse naturelle rendue sans valeur afin d'enrichir un groupe de spéculateurs et de capita- listes. Ce livre a été écrit dans l'espoir que, avant qu'il soit trop tard, des mesures seront prises pour enrayer cette impitoyable destruction. » è JEAN DELPHY. _Brachet (A.), Professeur à l'Université de Bruxelles, Correspondant de l'Institut. — Traité d'Embryologie des Vertébrés. — 1 vol. in-8° de xv-602 pages avec 1. Lire à ce sujet: A. SreveNsoN, Les pêcheries de baleine des Iles Falkland, dans la Revue gén. des Sciences du 30 mars 1915, t. XXVI, p. 181,et surtout ; J. NiprGen, L'In- dustrie de la Baleine aux Iles Falkland, dans La Géographie, t'XXXVI, 3; 1921. 567 figures (Prix : 60 fr.). Masson et Cie, éditeurs, Paris, 1922. Celui qui a devant lui ce beau livre, d’une édition si parfaite, et qui dès la couverture y voit la signature du Professeur Brachet, éprouve tout de suite, avant de l'avoir lu, l'impression agréableet réconfortante, depuis longtemps non ressentie, d'un bel et bon livre et d’un ouvrage fondamental, qui se distingue parmi tous ceux qui dans ces derniers temps ont paru dans le domainé de la Morphologie et même dans celui plus étendu de la Biologie. C'est un beau livre. On avait perdu lhabi- tudede l'édition soignée, de l'illustration aussiabondante quirréprochable.C’est un bonlivre. On a, sous la garan- tie du nom de M. Brachet, toutes les certitudes désira- bles : que l'information documentaire y est exacte et actuelle, que les faits sont présentés avec ordre et mé- naturelle et dans leur thode dans leur succession enchaînement logique, et surtout que ce livre contient sur l'Embryologie des Vertébrés tout ce qu’il faut savoir, tout ce qu'on peut regarder comme acquis, tout ce qu'il est intéressant de connaître, et que par conséquent cet ouvrage, bien qu'il soit loin d'avoir des dimensions exagérées, est véritablement un Traité d'Embryologie | des Vertébrés. Il débute par une Introduction, où les questions qui dominent la Morphologie sont présentées en raccourci et dont la lecture est des plus attachantes et des plus profitables. L'exposé de ces grandes questions est fait dans cette Introduction mieux que savamment ; il l’est avec simplicité et bon sens, ces deux qualités del’homme de science véritable, qui, dédaigneux de la supériorité apparente que lui conférerait une langue dificile à entendre, veut surtoutse faire comprendre ; il l’est avec un grand esprit critique, donnant la juste et saine note dans l’acceptation ou le refus des solutions proposées. L'ouvrage lui-même, comme tout traité similaire, se divise obligatoirement en deux parties : l'Embryologie générale etl'Embrrologie spéciale ou Organogénie.Mais, contrairement aux ouvrages d'Embryologie allemands ou américains, la plus large part est faite à l’'Em- bryologie générale, c’est-à-dire à cette première partie de l'Embryologie qui établit les lignes primordiales et par conséquent principales de l'ontogenèse, et aussi à cette « embryologie causale », comme l’auteur l’a appe- lée, qui recherche en effet la causalité des premiers processus du développement. La seconde partie, l'Em- bryologie spéciale, n’occupe dans ce traité qu'une moindre place, parce que l’auteur n’a pas voulu pousser à fond les détails de l’organogenèse et qu'il a considéré sa tâche d’embryologiste comme terminée avec les ébauches des organes. IL y a, à cette manière de faire, une double raison. C’est que d’abord, en effet, c'est l’'embryologie générale, et c’est l’'embryologie causale surtout, qui est capable de faire de l'Embryologie plus qu'un but d'instruction, mieux qu'une connaissance à acquérir, d'en faire un moyen d'acquisition de la con- naissance, de l'élever à la hauteur d’une discipline de valeur générale et pédagogique. Mais, outre cette rai- son, d'ordre moral en quelque sorte et supérieur, il en estune autre, simplement didactique et pratique. L’Em- | bryologie est la préface d'autres sciences morphologi- BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX ques, l’'Anatomie, l'Histologie, consacrées à la morpho- logie des organes et à la structure des tissus de l'adulte, Puisque chronologiquement l’objet de l'Embryologie précède ceux de l’Anatomie et de l’'Histologie, logique- ment l’étude de l’Embryologie doit aussi précéder celledesautres sciences morphologiques ; lEmbryologie, venue après coup, comme explication en quelque sorte des dispositions réalisées chez l’adulte, perdrait toute sa valeur de science autonome, Or si l’exposé de l'Em- bryologie ne suppose comme connaissances préalables indispensables que celle de l’existence d’une tête, d’un foie ou d’un tissu musculaire, et si à partir de la pre- mière cellule embryonnaire on peut suivre jusqu'à celte région, cet organe et ce tissu les étapes de déve- loppement sans crainte d'obscurité, c'est à condition qu'on ait la sagesse de s'arrêter à temps dans la des- cription des processus de l'organogenèse. Le rôle de l’'embryologiste est terminé, quand il a fourni à l’ana- tomiste les ébauches dont celui-ci façonnera les organes de l’adulte, à l’histologiste les cellules que celui-ci dif- férenciera en tissus; ce sera à l’un et à l'autre de pren- dre la suite de l’organogenèse et d'établir le raccorde- ment avec l’état adulte, C'est selon ces principes et conformément à ces exigences qu'est organisé l’ensei- gnement de l'Embryologie à la Faculté de Médecine de Paris. On pourrait faire ressortir nombre de qualités carac- téristiques de cet ouvrage, témoignant de l'esprit profondément imprégné de sens embryologique avec lequel il a été conçu et rédigé. C’est ainsi que la partie générale révèle un souci très louable d'Embryologie zoologique, pour ne pas dire comparée, dans la des- cription des stades principaux et des processus essen- tiels. Les groupes de Vertébrés sont examinés séparé- ment les uns des autres, et il y a, toutes les fois qu'il est nécessaire, des paragraphes distincts pour les Sélaciens et les Reptiles. Dans la plupart des traités antérieurs, on pouvait regretter au contraire un certain degré « n'importe qu'isme », à remplacer par le Poulet ou la d’anthropomorphisme ou tout au moins de Torpille la description documentairement déficiente d’un stade où d’un processus de développement d'un Mammifère ou de l'Homme, fl en résultait un caractère fâcheusement artificiel de la description embryologique, que M. Brachet a certainement voulu éviter. Le même sens profond des réalités embryologiques fait que, dans la seconde partie, dans l'Embryologie spéciale ou Or- ganogenèse, l’auteur, au lieu de décrire, comme dans la plupart des grands et petits traités classiques, les ébauches des organes à partir des feuillets blastoder- miques et du mésenchymie, prolongeant ainsi et conti- nuant jusqu’au bout la tyrannie de la doctrine des feuil- lets, rapprochant sous prétexte d’origine blastodermique commune des organes quin’ontle plus souvent rien à voir les uns avec les autres, a préféré traiter l’organogenèse par régions et par appareils, donnant ainsi de l'or- ganogenèse une idée moins fragmentaire et plus topographique, partant plus synthétique. Quant à l'illustration, non seulement on appréciera lé grand nombre et la qualité des figures, mais encore on louera le choix de ces figures, qu’on sent sûrement! 8 ; délibéré, empruntées qu'elles sont toujours aux au- teurs qui ont fourni les premiers des représentations décisives. On peut se poser la question de savoir à quelles catégories de lecteurs s'adresse ce traité. On peut sans hésiter répondre : à toutes les catégories. Il servira aux embryologistes de profession à fixer leurs idées dans des questions sur lesquellesbeaucoup d’entreeux peuvent être encore flottants. Une catégorie plus large de lecteurs sera formée par les biologistes el spécialement les mor- phologistes, qui y trouveront une mise au pointelaire et abrégée de nos connaissances en embryologie. Enfin, malgré les dimensions déjà considérables de cetouvrage, les étudiants en sciences et en médecine, auxquels la connaissance de l'embryologie est imposée, auront intérêt à l’apprendre dans ce livre, en raison de sés éminentes qualités, s'ils veulent comprendre comme il convient les phénomènes de l’embryologie et surtout s'ils veulent tirer de leur lecture des enseignements généraux. ; A, PRENANT, Professeur à la Faculté de Médecine de l'Universilé de Paris. ré 4° Sciences médicales Boulan (D' Pierre), Chef du Service de Radiologie et. d'Electrothérapie à l'hôpital de Saint-Germain, — Les Agents physiques et la Physiothérapie. — 1 vol. in-16 de 160 p, de la Collection Payot (Prix cart.: 4 fr.). Payot et Cie, Paris, 1922. Il est rare de trouver autant de choses dans un petit in-octavo de 160 pages. Kinésithérapie, méthodede Bier, aérothérapie, thermothérapie, cryothérapie, hydrothé- rapie, photothérapie, électrothérapie, rayons X, corps radioactifs, tout y passe, etnon pas sous la forme d’un énoncé fastidieux des notions que tout le monde connaît plus ou moins, mais avec une coufeur scientifique qui plaît. L'auteur a même trouvé parfois le moyen de don- ner des notions historiques fort intéressantes sur l'emploi des agents qu'il décrit, témoin l'électricité pour l’histoire de laquelle il arrive en 4 pages à résumer une conférence très documentée du Dr Turrell d'Oxford et à exposer l'évolution de cette science, Aujourd'hui que la mode est à la division du travail et aux ouvrages en collaboration, l’opuscule synthéti- que de Boulan surprend le lecteur parce que l’on trouve en lui l’homme qui a beaucoup lu, et qui, malgré le vaste champ qu'ilembrasse, est arrivé, jusque dans le détail, à se tenir presque au courant des sciences qui avancent-le plus vite, telles que la Radiologie, L'ouvrage intéressera tous les médecins non spéciali- sés; il sera utile pour vulgariser l'emploi des agents physiques en attribuant à chacun d’eux l'importance qu'il mérite, D' H. GuiLLEMINOT, : À ACADÉMIES ET, SOCIÉTÉS SAVANTES 221 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Séance du 13 Mars 1922 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES, —M. C. Guichard : Sur les réseaux qui sont harmoniques à une congruence C, L. et conjuguée à une autre congruence ©. L, — M. Maur. Lecat: Sur les cayléens et les bicayléens anormaux. — M. K. Popoff : Sur l'équation générale du type elliptique, —M. E. Cartan : Sur les espaces géné- ralisés et la théorie de la relativité. L'Univers d’Eins- tein peut être regardé comme un Univers euelidien déformé (mais sans torsion). L'Univers de H. Weyl est une déformation de l'Univers de laRelativité. restreinte, dans lequel il n’y aurait pas d'unité de longueur fixée une fois pour toutes. — M. E. Bompiani: La géomé- trie des espaces courbes et le tenseur d'énergie d'Eins- tein. — M. J. Andrade : Les problèmes mécaniques des ressorts réglants, Evaluation de la précision que l'on peut espérer atteindre par l'emploi de spiraux cylindri- ques convenablement associés dans la poursuite de l'isochronisme des vibrations des chronomètres, — M. Frontard : Logoides de glissement des terres. — M. E. Fichot : Sur le sens de rotation des lignes coti- dales autour des points amphidromiques. Justification d'une intuition de H. Poincaré. — M. Maur. Hamy : Sur une propriété des émulsions photographiques et l'enregistrement des étoiles, pendant les éclipses totales de Soleil, en vue de La vérification de l'effet Einstein. La lumière résiduelle, émanant du ciel, a pour effet de faci- liter l'inscription des images des astres faibles. La pho- tographie des étoiles autour du Soleil, lors d'une éclipse, semble donc devoir être entreprise avec des temps de pose plutôt un peu inférieurs à ceux qui con- viennent pour obtenir leur inscription en pleine nuit, 2° SCIENCES PHYSIQUES. — M. M. Siegbahn : Sur le degré d’exactitude de la loi de Bragg pour les rayons X. Réponse à une critique de M. Dauvillier, — Mlle E. Gleditsch et M. B. Samdahl : Sur le poids atomique du chlore dans un minéral ancien, l'apatite de Balme. Le chlore dans l’apatite de Balme a un poids atomique égal à celui du chlore ordinaire; les variations sont de l'ordre des erreurs expérimentales, Le chlore, à l’épo- que de la formation des minéraux du magma primaire, comprenait donc déjà les deux isotopes dans le même rapport qu'aujourd'hui, — M. J. Durand : Sur le trai- tement thermique de quelques fontes de mouläge. L'in- fluence de la trempe et du revenu est d'autant moins . accentuée que l’élément modifié par ce traitement, c’est- à-dire le carbone combiné, est en proportion plus fai- . ble. — M. Charriou : Sur la séparation de l’oxyde ferrique et de l'alumine d'avec la chaux par la méthode des azotates. Dans la solution des oxydes mélangée de . nitrate d'Am., on précipite le ou les sesquioxydes avec une solution d'ammoniaque à 11 moléc.par litre, puis le tout est desséché sans dépasser 1500. La masse est en suite reprise el lavée par décantation à l’eau bouillante. F3 L’entrainement a été nul dans le casdes deux sesquioxy- des pris séparément ; de même dans le cas du mélange des deux sesquioxydes. — M. Eug. Decarrière : Sur le rôle des impuretés gazeuses dans l'oxydation catalytique du gaz ammoniac. La présence de l'hydrogène sulfuré permet de contre-balancer l'influence si redoutable de l'hydrogène phosphoré dans cette synthèse, — MM. H. Gault et T. Salomon : Sur les acides v-alcoyllévuliques, L'éther acétonylmalonique, préparé par condensation dela monobromacétone avec l'éther malonique sodé, fournit facilement un dérivé sodé qui, condensé avec les iodures alcooliques, conduit aux éthers alcoylacé- tonylmaloniques. Les acideslibres résultant dela sapo- nification de ces éthers perdent une molécule de CO? sous l’action de la chaleur en donnant finalement nais- sance aux acides &-alcoyllévuliques. — M, E. Grand- mougin : Sur les leucoindigos acylés et alcoylés. L'acyla- tion ou l'alcoylation du leucoindigo donne des dérivés O-substitués. Les dérivés acylés s’oxydent en dérivés N-acylés de l'indigo, par suite d'une migration du groupe acylé; les dérivés alcoylés, par contre, sont sa- poniliés en régénérant simplement de l’indigo. 3° SCIENCES NATURELLES. — M. Ch. Jacob : Lesroches éruptives de la série intermédiaire dans le Nord-Annam et le Tonkin. Ce sont des rhyolites et des porphyrites. Les premières semblent interstratifiées dans le Trias ; les secondes sont contemporaines du charriage des nap- pes charriées. — M. P. Corbin : Quelques coupes sur la bordure orientale du massif du Vercors. Ces coupes résument l'interprétation tectonique que l’auteur a donnée précédemment de cette région. — M. L. Guil- laume : Les Turritelles tertiaires et actuelles : évolu- tion et migrations. En ce qui concerne les Turritelles, les rapports entre l'Europe et l'Amérique ont cessé à l'Oligocène ; ils ont persisté jusqu’à la fin du Miocène avec les mers orientales ; enfin au Pliocène les affinités s’établissent avecla faune actuelle des côtes de l'Afrique occidentale et à un moindre degré avec celle de la mer Rouge. — M. P. Lesage : Sur la détermination de la faculté germinative autrement que par la germination des graines. Critique d’une note récente de Nemecet Duchon et réclamation de priorité. — MM. J. Bouget et Ad. Davy de Virville : /nfluence de la météorologie de l'année 1921 sur le rougissement et la chute des feuil- les. En 1921, année chaude et irès sèche, les teintes automnales des feuilles ne se sont pas produites ou ont apparu très tard, dans la région des Pyrénées centrales, et la chute des feuilles a été également très tardive, — M. R. Poisson : L’histogénie des muscles du vol chez la Ranûtre, la Nèpe et les Naucorises, Les muscles du vol chez ces insectes présentent le plus souvent une histogénèse anormale qui aboutit pour les vibrateurs longitudinaux, soit à la formation d’un organe particu- lier (organe trachéo-parenchymateux), soit à la dispa- rition presque totale de ces muscles. Celle évolution est caractérisée d’abord par un arrêt dans la multiplication 222 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES et le développement des myoblastes, puis secondaire- ment par des phénomènes de dégénérescence. — M. G. Bourguignon : Modifications de la chronaxie des mus- cles squelettiques et de leurs nerfs, par répercussion de la lésion de neurones auxquels ils sont fonctionnelle- ment associés, Toute lésion d'un neurone peut avoir une répercussion sur la chronaxie des neurones qui lui sont fonctionnellement associés, Quand il ya contracture ou rigidité, l'attitude parait liée au rapport des chro- naxies des extenseurs et des fléchisseurs, qui sont modifiées, Il paraît y avoir une relation entre le tonus et la chronaxie, à l’état pathologique comme à l'état normal. Au contraire, quand il y a tremblement ou mouvements choréiformes, la chronaxie motrice péri- phérique reste normale. — MM. Aug. Lumière et H. Couturier : Surles chocs traumatiques. Les expé- riences des auteurs conduisent à la conclusion que les accidents du choc traumatique sont dus à la floculation des colloïdes tissulaires lorsqu'ils sont mélangés par le broyage, de sorte quelechoc traumatique semble dépen- dre de la même cause physique que le choc anaphylac- tique, — MM. Ch. Nicolle et E. Conseil: Vaccination préventive par voie digestive chez l'homme. Les expé- riences des auteurs prouvent qu’il est possible de vacei- ner préventivement l’homme par voie digestive contre la fièvre méditerranéenne et la dysenterie bacillaire ; contre cette dernière maladie, l'emploi d'un vaccin est d'ailleursla seule méthode applicable. Les vaccinsétaient constitués par des cultures de bacilles respectifs, stéri- lisées à 95°. — MM. C. Levaditiet S. Nicolau: Les feuillets embr)onnaires en rapport avec les affinités du virus vaccinal. La vaccine, virus filtrant et invisible, offre une aflinité élective pour tous les tissus dérivés de l’ectoderme et pour certains organes de provenance endodermique, alors que son affinité pour les tissus d’origine mésodermiqueest, pour ainsi dire, nulle. — MM. E. Fernbach et G.Rullier: Action d’un suc gas- trique-artificiel sur les granulations pulmonaires tuber- culeuses du cobaye, En traitant par un suc gastrique artificiel les granulations pulmonaires dues à l’inocu- lation au cobaye de bacilles tuberculeux (race bovine de Vallée), la virulence de ces granulations décroit à peu près régulièrement jusqu’à devenir nulle, à mesure . que la durée du temps de contact s'accroît, Seance du 20 Mars 1922 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. G. Mittag-Lefïler : Le théorème de Cauchy sur l'intégrale d'une fonction entre des limites imaginaires. — M, J. Drach: Sur la détermination des équations différentielles du second ordre intégrables par quadratures. — M. G. Julia : Sur la transformation des substitutions rationnelles en substitutions linéaires. — M. Stoïlov: Sur l'intégrale définie et la mesure des ensembles.— M: J. Ubach : Sur les observations de l’éclipse partielle de Soleil du 1°* oc- tobre 1921, faites à Buenos-Ayres (République Argen- tine). 29SCIENCES PHYSIQUES. — M. G. Guilbert : Sur l'obser- vation des nuages en prévision du temps. Réclamation de priorité, à propos des communications récentes de MM. Wehrlé et Schereschewsky. — M. F. Michaud: Micromanomètre à sensibilité réglable. Dans cet appa- reil, formé de deux récipients à large surface reliés par . un tube de verre de faible diamètre et remplis par- tiellement de liquide, on équilibre la pression incon- nue agissant dans l’un des flacons en immergeant plus ou moins dans lautre une aiguille suspendue à un fil qui s'enroule sur un tambour gradué. L'auteur arrive à déceler une différence de pression de 1/1000 de barye.— “ M. A. Guillemet: Sur un nouvel oblurateur d'objectif 1 pour la prise de photographies aériennes avec les appa= reils à grand foyer. Cet appareil comprend : 1° un dis- À positif sélecteur laissant périodiquement passer la « lumière. pendant une durée totale égale au temps de pose désiré (1/200 à 1/300 de seconde); un dispositif d'armement très simple, qui permet d'utiliser, en temps voulu, ou à intervalles réguliers (obturateur auitoma- | tique), l'ouverture ainsi périodiquement donnée.— M. C. Chéneveau: Sur une méthode optique pour la détermination de la solubilité réciproque de liquides peu miscibles. Le procédé préconisé par l’auteur con- siste à utiliser la méthode d’autocollimation, en la ren- dant différentielle. — M. V. Henri: Spectre d’absorp-" tion de la vapeur de benzène et grandeurs fondamen- tales de la molécule de benzène. Le spectre d'absorption ultraviolet de la vapeur de benzène se compose de . quatre séries de bandes superposées, obéissant à des formules déduites de la théorie de Bohr. On déduit de - la structure fine des bandes le moment d'inertie de la molécule de benzène, qui est égal à 1,45.10—38, et ce » dernier permet de calculer la distance entre les atomes dec arbone, soit 1,85.10—8 em,, et le diamètre de la. molécule, soit 2,6.10—8 em, — M. F. W. Klingstedt : Spectre d'absorption ultraviolet du phénol dans diffé- rents solvants. Le spectre d'absorption du phénol dis- sous dans le pentane ou l’hexane, ou spectre normal, … comprend dans l’ultraviolet deux régions : 1° entre 1— 2.860 et 2.400 A.; 2° entre 2 — 2.325 et l'ultraviolet extrême, Ce spectre se déduit du spectre de la vapeur par élargissement et fusion des bandes, avec déplace- cement vers le rouge. Le spectre d'absorption du phé-. nol en solution change avec la nature du solvant.— M. A. Haller et Mme Ramart-Lucas : Nouveaux carac=. tères distinctifs des trois propanol-%-camphocarbolides fondantrespectivement à 141, 117°-118° et 89°-90°. La. première possède la configuration d’une molécule cis- trans, la seconde celle d’un composé cis-cis. La troi- sième semble dériver de.la première, — MM. C. Sauva- geau el G. Denigès: A propos des efflorescences du Rhodymenia palmata; présence d’un xylane chez les Algues floridées. Les auteurs ont retiré, comme E Mme Swartz, un pentosane des efllorescences de cette Algue, par extraction à l’eau bouillante. Celui-ci four- nit par hydrolyse du xylose: c'est donc un xylane, corpsnonencoresignalé chez les Algues. —M.G. Tanret: Sur la composition chimique de l'ergot de Diss et de l'ergot d’Avoine. On trouve dans l'ergot de diss et dans l'ergot d'avoine les mêmes principes que dans l’ergot de seigle, mais en proportions très différentes, L'ergot de diss.est pauvre en ergotinine cristallisée, alors que celui d'avoine est plus riche que la moyenne des seigles. ergotés ordinaires. L’ergot d'avoine semble donc pou- ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 223 voir être substitué au seigle ergoté dans tous ses emplois. 35 ScreNGEs NATURELLES.— M. H. Joly : Sur l'existence de phénomènes de charriage à l'extrémité orientale de la chaine ibérique, près de Montalban (province de Téruel, Espagne).— M. H. Coupin : Détermination de l'opti- mum d'humidité du milieu extérieur chez les Oscillaires. Si les Oscillaires sont des végétaux normalement aqua- tiques, elles cherchent à fuir l’eau le plus possible jus- qu’à ce qu’elles’aient atteint la limite de la sécheresse relative compatible avec leur existence ; il leur faut de l’eau, mais modérément.— M. A. de Puymaly : Xepro- duction des Vaucheria par zoospores amiboides. L’au- teur a retrouvé chez le Vaucheria hamata DC. le mode de reproduction asexuée, par Zoospores amiboïdes, découvert par Stahl en 1879 chez le V. geminata. Ila reconnu, d'autre part, que les articles, transportés dans l’eau, se comportent différemment suivant leur âge : les articles âgés, déjà transformés en sporanges, fournis- sent des spores, tandis que les jeunes, à structure de Vaucheria, ne se différencient pas en sporanges et ger- ment directement.— M. Ch. J. Gravier : Sur les rela- tions du Crustacé et de l'Eponge chez les Cirripèdes spongicoles. D'une part, les tissus de l’'Eponge se déve- loppant autour et au-dessus du Cirripède fixé à sa sur- face finissent par l’enfouir complètement. D'autre part l'Eponge, avec ses faisceaux de spicules siliceux, atta- que la base calcaire peu épaisse du Cirripède, qu’elle corrode, et finit par pénétrer à l’intérieur de l'animal, qu’elle peut tuer même avant son enfouissement complet, SOCIÉTÉ FRANCAISE DE PHYSIQUE Seances du 3 Mars 1922 M. Guntz : Présentation et propriétés de nouveaux sulfures de zinc phosphorescents. Le sulfure de zinc phosphorescent vert, connu sous le nom de blende de Sidot, doit sa phosphorescence à une trace de cuivre, impureté phosphorogène, Le fait a été longtemps con- testé. L'erreur provient des doses infinitésimales aux- quelles le cuivre agit déjà nettement, doses du millio- nième, A côté du rôle capital joué par l’impureté phosphorogène, le milieu diluant doit aussi avoir son influence. Le sulfure de zinc est dimorphe; la wurtzite, cristallisée dans le système hexagonal, est la variété phosphorescente habituelle. M. Guntz a également préparé la blende ou sphalérite, variété isotrope, et dont il montre par ses expériences quelques propriétés. La blende diffère de la wurtzite par une plus grande sensibilité à la lumière; elle est très fluorescente; la phosphorescence est très brillante, mais de courte durée vis-à-vis de la grande persistance de la vwurtzite. M. Guntz expose ensuite les résultats qu'il a obtenus en substituant partiellement le sulfure de cadmium au sulfure de zinc. Ces deux sulfures isomorphes donnent une solution solide du type wurtzite et colorée par le sulfure de cadmium en jaune. Cette coloration est due à l'absorption de la lumière verte, bleue et violette, absorption qui empêche le phosphorogène d'émettre de la lumière verte et bleue. Il en résulte que la couleur de la luminosité se déplace du vert au rouge avec des doses croissantes de sulfure de cadmium. Les expé- riences faites montrent que les autres propriétés res- tent identiques, en particulier l'extinction par les rayons rouges et infrarouges ainsi que la thermolumi- nescence. M. Guntz a pu mettre ‘en évidence ces résul- tats grâce à la simplicité de la composition du sulfure de zinc; il critiquel’emploi des sulfures alealinoterreux pour des recherches sur la phosphorescence, Le sulfure de calcium, en particulier, est un mélange complexe où il n'entre pas moitié de sulfure de calcium proprement dit et où on trouve, associés, du sulfate, du carbonate de calcium, de la chaux et même de l’eau car le pro- duit est altérable. M. Guntz termine en donnant quel- ques indications sur les précautions à prendre pour la manipulation des sulfures phosphorescents. SOCIETE CHIMIQUE DE FRANCE Séance du 24 Février 1922 M. R. Dubrisay a étudié l’action de l'acide borique en solution sur les polyalcools par la méthode d'analyse physico-chimique basée sur l’observation des tempéra- tures de miscibilité. L'étude a porté sur les couples glycérine-acide borique, mannite-acide borique et acide- tartrique-acide borique.La formation d’un composéappa- rait nettement pour les deux derniers couples, bien que ce composé soit partiellement dissocié. Aucune: combinaison ne se manifeste au contraire avec la glycé- rine. En solution alcoolique, les résultats sont iden- tiques. En présence des alcalis, ily a au contraire dans tous les cas formation d’une combinaison de base, d’a- cide borique et de polyalcool; mais ces combinaisons sont encore parliellement dissociées dans les couples mannite-acide borique et glycérine-acide borique. Ces résultats sont identiques à ceux que donnent d’autres méthodes physico-chimiques. — MM. M. Sommelet et Guioth : Surun mode de production d'amines tertiaires diméthyiées à l'azote (voir page 189). — M. M. Prud- homme: Les états correspondants : les dérivés halogénés du benzène. Les états correspondants de Van der Waals constituent un système de mesures de relativité, par l'emploi des valeurs réduites, pour les températures, les tensions de vapeur et les densités. IL semble que les valeurs réduites sont identiques pour les membres d'un même groupe ou d’une même famille. Entout cas, ilen est bien ainsi pour les 4 dérivés halogénés du ben- zène. Si la vérification ne peut se faire pour d’autres séries de corps, cela tient aux lacunes qu'on rencontre dans les valeurs expérimentales des tensions de vapeur et des densités. L'auteur ajoute quelques considérations relatives aux indices de réfraction et aux chaleurs de vaporisation. Seance du 10 Mars 1922 MM. E. Fourneau et Puyal ont préparé quelques homologues de la novocaine (aminobenzo yldiéthylami- noéthanol), en particulier les éthers aminobenzoylés du diéthylaminv propanol, d'un diéthylaminobutanol et d’un diéthylaminopentanol, Les aminoalcools correspondants s’obtiennent en faisant agir la diéthylamine sur les brombhydrines,faciles à préparer quand on suit les indi- 224 cations de Read etHook. Ces savants ont remarqué que l’eau de brome étendue fournit avec les carbures éthy- léniques une forte proportion de bromhydrine à côté d'un peu de dibromure. Les carbures éthyléniques né- cessaires à la préparation des bromhydrines ont été préparés par MM. Fourneau et Puyal en faisant passer les vapeurs d’alcool sur un granulé deterre d’infusoires (60 °/,) et d'argile (40 °/) chauffé à environ 4000. Avec le butanol primaire on obtient presque exclusivement le butène symétrique; avec le pentanol (alcool amyli- que du commerce) on obtient surtout le méthyléthylène, alors que la déshydratation de ce même alcool par le chlorure de zine fournit surtout le triméthyléthylène. L’éthylméthyléthylène est caractérisé par le fait qu'il fournit la stovaïne par traitements successifs par l'eau de brome, la diméthylamine et le chlorure de benzoyle. — M. P. Nicolardot : Composition et analyse des ver- res de laboratoire. Après avoir rappelé les difficultés qui se présentent dans l'analyse des verres, notamment des borosilicates, et insisté sur les causes d’erreur pro- venant de l’attaque des creusets de platine, conduisant à supposer que certains verres renferment de l’anti- moine, l’auteur montre que la composition des verres de France est celle d'excellents verres.-L’un d'eux se classe en tête des autres verres ; malheureusement sa haute teneur en silice, qui le rend très résistant, mais aussi très réfractaire, entraine l'obligation impérieuse de lui faire subir un traitement thermique délicat pour éviter les conséquences fâcheuses (bris spontané) résul- tant d’un recuit insuflisant. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Séance du 11 Mars 1922 MM.F. Battelli et G. de Morsier : Action des courants électriques industriels sur le cœur. Les courants élec- triques industriels ayant un voltage suffisamment élevé pour faire cesser les trémulations fibrillaires n'arrêtent pas le cœur en diastole, mais en contraction tonique plus ou moins énergique suivant le voltage employé. En outre, à côté de l'arrêt diastolique, les battements du cœur peuvent aussi cesser d’une manière passagère par une élévation du tonus cardiaque. — MM. C. Leva- diti et S. Nicolau : Propriétés de la neurovaccine. Après 9 mois de passages exclusivement cérébraux, la neurovaccine offre une activité pathogène des plus marquées, tant pour la peau que pour le cerveau, La neurovaccine conservée dans la glycérine, à la glacière, garde sa virulence, tant pour la peau que pour le cer- veau, au moins pendant 205 jours. La neurovacecine ne perd pas son aflinité neurotrope après passage sur la peau du lapin. — MM. H. Cardot et H. Laugier : Le réflexe linguo-maxillaire. Les auteurs nt observé chez le chien un nouveau réflexe localisé, qui consiste en ceci : lorsqu'on pince vivement et énergiquement le bord de la langue, particulièrement dans la région de la pointe, on voit se produire un mouvement générale- ment très ample, assez brusque, d’abaissement de la mâchoire inférieure, La disparition de ce réflexe est très tardive, au cours de l’anesthésie chloroformique. — ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES M. A. Liacre : Les liquides fixateurs et les fibres ner- veuses à myéline. Quelles que soient les conditions dans lesquelles on les emploie, tous les fixateurs modifient l'aspect des fibres nerveuses à myéline; les déforma- tions sont toujours considérables, sauf avec l'acide osmique et le liquide osmio-chromique, où cependant elles sont évidentes. Ilest donc permis de douter de la valeur de la fixation, au moins en ce qui concerne les fibres nerveuses à myéline. Seance du 18 Mars 1922 MM. C. Levaditi et S. Nicolau : Mécanisme de l’im- munité cérébrale dans la neurovaccine. Chez les animaux réceptifs, la neurovaccine, introduite dans l’encéphale, cherche à s’y acclimater, avant de pulluler abondam- ment, Elle ne provoque aucune altération au début; les lésions n'apparaissent nettement que lorsque l’adapta- tion s’est opérée et que la culture a commencé, Par con- tre, chez les animaux réfractaires, le virus est détruit dès qu’il prend contact avec le tissu cérébral. — M. M. Ozorio de Almeida : Sur la vagotomie bilatérale chez le cobaye. Chez le cobaye, la section des vagues sans irritations permet la vie, tandis que des irritations des: mêmes nerfs sans section amènent la mort. Le rôle des irritations paraît donc bien établi, — M: J. Lhermitte : Le diabète insipide d’origine infundibulaire. L'auteur conclut, de l’étude anatomo-clinique d’un patient, que, chez l'homme comme chez l'animal, la polyurie essen- tielle reconnait comme substratum anatomique une lésion non pas de l’hypophyse, mais du centre végéla- tif de la base du cerveau représenté par les noyaux du tuber. — MM. A. Boquet et L. Nègre : Sur ia propriété antigène in vivo des extraits méthyliques des bacilles tuberculeux. L’extrait méthylique de bacilles de Koch préalablement traités par l’acétone permet, non seule- ment de déceler avec une très grande sensibilité les anticorps du sérum des sujets tuberculeux, mais encore, injecté à des lapins neufs et à des lapins tubereuleux, il fait apparaître, ou accroît, en très grande abondance, leurs anticorps spécifiques. — MM. E. Bachrach et H. Cardot: Action des acides sur la marche de la fermentation lactique. C'est seulement pendant les pre- mières heures de la fermentation que l'acidité du milieu exerce une influence prépondérante sur la multiplication du microbe et règle ainsi, dès le début, la marche de la fermentation, tandis que dans les phases suivantes l'in. fluence de l'acidité du milieu, sans cesse croissante, est beaucoup plus restreinte. — M.L. Lapicque : Paillettes scintillantes dans le protoplasma des Spirogyres. En examinant à l’ultramicroscope un brin de Spirogyra, l’auteur a observé dans le protoplasma des cellules des points scintillants de 1 # sur 2 # qui se déplacent avec la démarche du mouvement brownien. M. Grigaut est élu membre titulaire de la Société, MM. A. Krogh, G. H. F. Nuttall et F. Silvestri, membres correspondants. Le Gérant : Gaston Doix, Sté Gle d’Imp. et d'Ed., rue de la Bertauche, |, Sens. 33: ANNÉE N°8 30 AVRIL 1922 Revue générale des Ciéences pures et appliquées | Fonpareur : LOUIS OLIVIER « Dinecreur : J.-P. LAN GLOIS, Professeur au Conservatoire national des Arts-et-Métiers, Membre de l’Académie de Médecine Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. J.-P. LANGLOIS, 8, place de l’Odéon, Paris. — La reproduction et la traduction des œuvres et des travaux publiés dans la Aevue sont complètement interdites en France eten pays étrangers y compris la Suède, la Norvège et la Hollande CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE $ 1. — Mathématiques Sur la notion de courbure de l’espace. — Je me permets d'ajouter quelques mots à un article que j'ai publié ici même récemment sur l'Univers fini et sans bornes de la théorie de la relativité !. Pendant que cet article était à l'impression ont eu lieu les conférences sur la relativité faites au Collège de France par M. Eins- tein, et parmi les objections soulevées contre sa théorie se trouvait le fait que, suivant la façon de mesurer la distance de deux points, l’espace pouvait avoir une cour- bure nulle, positive ou négative. Cette remarque, développée par M. Leroux’ dans une note aux Comptes Rendus (séance de l’Académie des Sciences du 3 avril 1922), est en complet accord avecles idées que j’exprimais dans l’article en question. Il est bien évident qu'en soi, l’espace n’a pas de courbure défi- nie, qu'il n’en acquiert une que relativement à une métrique particulière, et qu'il en est de même pour le fait de son étendue finie ou infinie. Mais on ne saurait voir là non plus une objection contre les idées émises par M. Einstein. Les relativistes font usage en effet d’une métrique particulière qu’ils ne choisissent pas au hasard, mais qu'ils tirent de consi- dérations physiques sur la nature des corps. C’est rela- tivement à cette métrique qu'ils affirment que l’espace est courbe et même qu’il est fini. Une telle affirmation “ a un sens précis et est susceptible, comme l’a fait - remarquer du reste M. Einstein, de vérifications expé- . rimentales, R. Thiry. ee À, Revue générale des. Sciences du 15 avril 1922, ” REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, L $2. — Physique La durée du choc des barreaux. — Si l’on approche deux barreaux métalliques jusqu’à ce qu’ils se choquent, après un instant de contact ils se séparent. D’où provient celte séparation? On en a donné deux explications. D'après l’une, une onde de compression part dans cha: que barreau de l'extrémité en contact et se propage jus- qu'à l’autre extrémité d’où elle est réfléchie comme onde de tension; celle-ci revient en arrière jusqu’au point de départ et elle repousse chaque barreau de l’autre, D’a- près cette théorie, "le temps pendant lequel les barreaux restent en contact devrait être proportionnel à la lon- gueur du barreau le plus court, puisque l’onde doit se propager jusqu'à l’autre extrémité et revenir avant que la séparation ait lieu. En outre, la vitesse des barreaux au moment du contact ne devrait avoir aucune influence, puisqu'elle n’affecte pas la vitesse de l’onde dans les barreaux. M.E. W. Tschudi, qui vient d'étudier ce phénomène !, a constaté non seulement que la durée du contact n’est pas proportionnelle à la longueur du barreau le plus court, mais aussi que la vitesse avant le choc influe sur la durée’ du contact. Ces résultats négatifs semblent de nature à faire rejeter la théorie précédente. L'auteur tire d’autres arguments analogues de l'emploi de barreaux modèles de longueur égale constitués par des ressorts d'acier chargés de façon à réduire la vitesse de l’onde de propagation. La marche de l'onde de compression peut ainsi être rendue visible à l'œil, On observe alors que l'onde n’a parcouru qu’un tiers environ de la lon= L Phys. Rev., décembre 1921, 226 gueur du barreau au mement où il se sépare de l’autre barreau. Une seconde théorie, due à Hertz, se base d’abord sur le contact des surfaces courbes. Ce savant admet que . l'effet du choc se localise près du point de contact. « La pression augmente graduellement jusqu’à ce queles corps soient amenés au repos, puis elle diminue jusqu’à ce qu'ils se séparent, Les mesures de la durée de contact de sphères métalliques vérifient cette théorie et ont encouragé M. Tschudi à l’adapter au cas de cylindres qui se rencontrent. Quand une sphère en fonte de 7,62 em. de diamètre frappe une autre sphère égale au repos avec une vitesse de 96 cm. par seconde, le contact dure 0,000.33 sec. ; quand la vitesse est det14 em, par seconde, le contact dure 0,000.58 sec, Quand un cylindre en acier pour machines laminé à chaud, de 2,86 em. de diamètre et 15,9 cm. de longueur, se mouvant ayec une vitesse de 90 cm. par seconde, frappe un cylindre semblable au repos, le contact dure 0,0002 sec. En réduisant la vi- tesse à 1/5 de sa valeur, la durée de contact augmente d'environ 60 °/,. Les résultats obtenus pour les cylin- dres sont donc du même ordre de grandeur que pour les sphères. Pour la mesure des durées de choc, M. Tschudi em- ploie le dispositif suivant : Quand l’une des pièces métalliques arrive au contact de l’autre, le circuit de charge d’un condenseur se ferme. La charge que le con- denseur acquiert dépend de la durée de contact. Ensuite le condenseur est déchargé à travers un galvanomètre balistique, de la déviation duquel on déduit d'abord la charge et ensuite la durée de contact. $ 3. — Electricité industrielle Les progrès de la production de l’électri- cité en Amérique. — Les applications de l'électri- cité se développent aux Etats-Unis avec une rapidité de plus en plus marquée; de 1900 à 1920, la consomma- tion d'énergie électrique par habitant est passée de 23 à 435 kwbh. ; cette extension considérable des usages de l'électricité a permis d’abaisser graduellement le prix de vente ; dans les derniers temps, la cherté du maté- riel et de la main-d'œuvre a provoqué un léger relève- ment ; mais cette situation est considérée comme tem- poraire. La réduction du prix de l'énergie a pu être obtenue grâce à l'amélioration du facteur de charge, au relè- vement notable du rendement des installations de pro- duction et de distribution, résultant tant du perfection- nement de l’outillage que de l’accroissement de la taille des unités, et enfin à la généralisation du chargement mécanique, qui a procuré des améliorations d'ordres divers : amélioration des machines et réduction de la main-d'œuvre, Le facteur de charge a étéamélioré, d'une façon géné- rale, dans toutes les installations; il atteint actuelle- ment jusqu’à 70 0/4. La taille des turbines a passé, de 1910 à 1920, de r00 à 60.000 kw; la pression de vapeur, de 9 à 14 atmo- sphères ; la consommation de vapeur par unité d’éner- gie produite est descendue dans la proportion de 3 à 1. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE Le chargement mécanique a amélioré le rendement des chandières et permet d'augmenter la taille de celles-ci; on est passé de 450 m° à 2.000 m? pour la surface de chauffe et il ne faut plus que r homme pour assurer le service d'une chaudière de 5.000 chevaux. Il semble diflicile d'améliorer encore les installations si l’on doit rester dans les voies suivies jusqu’à pré- sent : tout ce qu'il était possible de faire y a été fait; on pourrait relever un peu la température de la vapeur et la porter à quelque 430° C. (au lieu de 330-370) on abaisser légèrement le vide aux condensateurs; mais ces améliorations seraient peu eflicaces ; reste le relè- vement de la pression de la vapeur. Les bonnes installations actuelles travaillent sous une pression de 14 à 16 atmosphères ; on pourrait aller beaucoup plus haut ; pour la vapeur saturée, une pression de 35 atmosphères correspond à une tempéra- ture de 230 C°. et une pression de 113 atmosphères à une température de 3302 C. ; au point de ‘vue de la température, le relèvement de la pression ne présente donc pas de difficulté. Mais, quelle que soit la pression employée, il est nécessaire de surchauffer la vapeur ; or, le gain de ren- dement calorifique par degré d'augmentalion de tem- pérature tombe rapidement lorsque la température croît au delà de certaines limites, et le bénéfice de l'augmen- tation de la pression est ainsi combattu par une dimi- nution du bénéfice dû à la surchauffe. Une bonne installation, à 14-16 atmosphères, travail- lant à une température de 330-350° C., n’est pas sen-. siblement inférieure à ce que l’on pourrait réaliser à 28 atmosphères et 3302 C.; le gain de rendement de celle-ci comparativement à celle-là est à peine de 8 1/;; pour une installation à 4aatmosphères, 4209 C., le gain serait de 15 (/, approximativement ; les Américains estiment que ce gain n'est d'ailleurs pas pratiquement réalisable et que, de toute façon, il ne pourrait être obtenu qu'au prix d’une augmentation prohibitive des prix d'installation. | D’après les spécialistes américains, une pression de 28 atmosphères doit être considérée comme le maxi- mum pratique (il y a actuellement une installation à 27 atmosphères à l'essai), et encore ne serait-elle avan- tageuse que si le prix du charbon augmentait encore. d’une façon notable, tandis que se produirait une dimi- nution considérable des frais d'installation. 8. Z, Ferranti a préconisé il y a quelques années de soumettre la vapeur, à différents stades du cyele d'ex- pansion dans la turbine, à des surchauffes successives; la théorie montre que ce système permettrait de réali- ser une augmentation de rendement de 20 °/, environ; mais, une fois encore, en pratique, le résultat atteint est moins décisif : l'amélioration n’est que de 5 °/, tout au plus, k Plus eflicace sans doute serait la solution proposée par Emmeit : la lurbine à vapeur de mercure ; du mer- cure, vaporisé dans une chaudière appropriée, agit dans une première turbine et se condense dans une chau- dière où, cédant sa chaleur à l’eau, il en provoque la vaporisalion, la vapeurainsi produite allant agir dans une seconde turbine; cette combinaison permettrait de CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 227 réaliser une augmentation de rendement de 4o°/,; il a élé reconnu possiblede condilionner Les conduites, les joints, ete,, pour éviter toute déperdition de vapeur mercurielle; néanmoins, il n'y a encore qu'une seule installation de cette espèce, et de caractère expérimen- tal. Parmi quelques perfectionnements réalisés dans les derniers temps en Amérique, il y a lieu de mentionnçr ceux visantla construetion des économiseurs ou réchauf- feurs ; la fonte, employée pourles appareils ordinaires, ne s’accommodant pas des hautestlem] ératures, on con:- truit actuellement ces appareils en fer forgé, mais comme ce métal se corrode sous l'action de l’eau, des dispositions spéciales ont dû être adoptées pour le met- tre à l'abri. £ Une autre innovation intéressante est l’utilisat'on des gaz chauds pour chauffer l’air eomburant; ce sys- tème procure une économie de 3 à 5 °/,; malheureusc- ment, il n’est possible qu'à la condition de mettre l'air en cireulalion au moyen de ventilateurs, ce qui fat perdre une partie de l'énergie économisée par ailleurs et introduit dans l'installation des appareils d’un entre- tien onéreux; en oulre, l'air élant chauffé, il peut arri- ver que les grilles ne soient plus suflisamment refro:- dies. Quoi qu'il en soit des perfectionnements possibles, on estime que les moyens actuels permettraient d’arri-- ver couramment, à pleine charge, à un rendement géné- ral de 23 0), alors que les installations existantes les plus parfaites ne vont qu’à 18 ou 19 ‘/,; on compte que, d'ici peu de temps, le rendement pratique sera de 20 à 21 °/, au moins. Henri Marchand. $ 4. — Biologie L'influence de l’'émanation du radium sur l'incubation des œufs de poule. — Au Congrès mondial d’Aviculture tenu à La Haye en septembre dernier, M, Ed. Wieninger! a exposé les résultats d'expériences poursuivies pendant 5 ans, relatives à l'influence exercée par l’'émanation du radium sur l’incu- bation des œufs : 1° en couveuses artificielles à renou- vellement d’eau chaude; 2° en couveuses à injection d'air chaud; 3° effectuée par des poules couveuses. La température, dans les couveuses artificielles ayant un état hygrométrique de 55 à 65 c/,, variait entre 380,3 et 4o°,6 C. Pour l'exposition des œufs à l’émanation, le bromure de radium, enfermé dans des capsules d'ébonile d'un diamètre de 2 em. couvertes d’une mince lame de mica, fut introduit dans le centre de l'appareil, à 20 em. au- dessus des œufs, Les expériences ont montré que la durée de l'émana- tion et la quantité de radium employé n’exercent aucune action défavorable sur l’éclosion des poussins, L'incu- bation artificielle donna 95,2 °/, d'éclosions, ce qui est remarquable, étant donné que les résullats furent obte- nus de novembre à janvier, mois où, en général, la 1. Wiener Landwirt. Zeit., t. LXXI, p. 464; 1921. Résumé dans Bull, mens. des renseign. agrie., &. XIN, n° 1, p, 117; jany. 1922, a —————— …—— —…——"—.—._"—_—_——... —_———— fécondation des œufs se fait moins bien. D'autre part, on a pu observer une réduction de 4 à 6 jours daps la durée d'incubation des œufs. Les poussins éclos des œufs exposés à l'émanalion ayaient une rare vigneur etune aptitude à la croissance très prononcée; ils accusèrent, au haut de six semaines, un développement double de celui des poussins lémoins. I1s commencèrent à pondre après le 5° mois et la ponte se poursuivit presque sans interruption d'août à février. Ces mêmes phénomènes purent aussi être observés chez les descendants de ces poussins. Etant donné qu'il n'existe aucune difficulté technique à résoudre et qu'il s’agit seulement de disposer des quantités de Hromure de radium nécessaires (bo à 100 mg.), l’auteur croil qne ce procédé pourrait êlre appliqué à l'avenir dans la pratique de l'incubation, La coloration protectrice chez les Oiseaux : ses cinq modalités; son extension, — À, A. Allen publie dans le « Schoat Department » du « Bird- Lore » une série d'intéressants articles sur des points généraux de morphologie et de biologie ornithologique, Le numéro de novembre-décembre 1921 contient une étude remarquable sur la coloration protectrice chez les Oiseaux !, Nous nous proposons d'analyser ici les observations d’Allen et d'en chercher l'application dans d’autres groupes zoologiques. La règle première dela coloration protectriceestle prin- cipe dit du désombrement ? (« counter-shading v). Si, pour donner à un objet plan l'apparence du relief, il suflit d'en figurer l'ombre, on pourra par un processus inverse rendre inconsistant et (sur un fond approprié) pratique- mentinvisible un objet solide en faisant disparaitre son ombre. L'application de ce fait d'observation est aisée à saisir ; chez un très grand nombre d'oiseaux, les cou- leurs foncées occupent les parties du corps particulière- ment éclairées, alors que celles qui restent dans]'ombre possèdent des teintes claires. De saisissantes photogra- phies ont été publiées de modèles d'oiseaux en bois : l’un d'entre eux a élé laissé noir; l’autre a été peint de façon à contre-balancer exactement les ombres pat des touches successives de blanc : ce dernier modèle est alors parfaitement indiscernable, Mais ce principe n’acquiert sa pleine valeur protec- trice qu'accompagné du phénomène de l’omochromie. Le principe de « color pattern » est un des plus répandu et probablement le plus eflicace chez les Oiseaux. On en citerait de nombreux exemples ; bornons-nous aux cas suivants Tetrastes bonasia, Scolopax rusticola (sol forestier); Asio otus, Certhia familiaris, Jynx tor- quilla, Strix aluco (écorces) ; Alauda arvensis, Perdix perdix, Coturnix coturnix, Sturnella magna (graminées, herbes sèches) ; Lagopus mutus, Nyctea nyctea (neiges) ; Erolia, Tringa, Charadrius (plages et galets). Ce phé- nomène de l’homochromie, envisagé par nous comme un fait de constatation el sans y attacher aucune idée de finalité, se retrouve chez un grand nombre d’autres EE NN NT EN TRES 1. A. À. ALLEN : « Concealing coloration ofbirds»., Bir d-lore, vol, XXII, n° 6, pp. 320-326 ; noy.-déc. 1921, 2, Ce néologisme peut seul rendre le sens si précis du terme anglais, CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE animaux, Batraciens, Poissons, Insectes, Crustacés, Mollusques. Citons ici la double homochremie des Glau- cus qui mènent une vie pélagique de surface et possè- dent une face bleue el une face blanche, celle des /do- tées qui présentent des variations de coloration si remarquables selon que le sujet vit sur des Chlorophy- cées, des Fucus ou des Floridées !. L'homochromie qui, nous venons de le voir, peut se rencontrer isolée est souvent complétée par une similitude affectant non plus la couleur mais la forme : l'adjonetion de l’homomorphie à l’homochromie cons- titue le mimétisme (« mimicry »)?. Iei l’auteur n’a trouvé que quelques très rares exemples qualifiables de mimé- tiques : il indique seulement le MegascoPs asio comme ressemblant à un morceau d’écorce, l’engoulevent (qui perche allongé parallèlement à l’axe du support) comme ayant l'apparence d’un tronçon de branche cassé; l'Zrobrychus exilis, bec dressé, figurerait assez bien un roseau, À la vérité, le monde ornithologique, si fécond en homochromies, n’est pas celui du mi- métisme! 11 doit céder ici le pas aux incroyables mor- phologies que nous offrent les Arthropodes et qui sont trop connues pour que nous puissions insister. Le quatrième principe de coloration protectrice est celui des interruptions (« ruptive marks »). Il y a des oiseaux dont la coloration affecte, dans la région cépha- lique et sur la poitrine, l'aspect de bandes de couleur tranchée, en forte opposition avec le reste du corps. On trouve de semblables dispositions en collier chez un grand nombre de formes (Aigialitis vocifera, Aix sponsa, Ficedula collaris, Charadrius hiaticula, Olis tetrax, etc.). La forme générale de ces oiseaux apparaît discontinue, brisée, et ce phénomène contribue à'em- pêcher une perception nette du contour total et partant la vision de l'oiseau. Le principe des interruptions (comme d’ailleurs celui du désombrement et de l'homo- chromie) a été mis à contribution pendant la guerre pour des camouflages variés. Ce principe me parait spécial aux oiseaux et je n’en vois pas pour le moment application à d'autres types zoologiques. Le dernier mode est appelé principe de la coloration- éclair (« flash-colors », « banner marks »). Il s’agit ici de ces teintes extrêmement vives qui ornent la queue ou les ailes, ne sont visibles que pendant le vol et s’étei- gnent brusquement à l'instant où l'oiseau se pose (Ex. : la queue blanche du /unco et du Sturnella magna, le croupion blanc du Colaptes auratus). Au moment où la note vive disparait, l'impression colorée persiste quel- ques secondes sur la rétine : l'œil ne réalise pas immé- diatemenñt arrêt de l'oiseau et cet instant permet à celui-ci de faire quelques sauts ou de contourner un tronc d'arbre, Un échassier américain (Willet) aux ailes noi- res et blanches les conserve levées (donc très visibles) quand il s’abat, puis aussitôt court sur le sable pendant quelques pas, ailes fermées. Ce principe ne peut, bien entendu, s'appliquer qu'à des animaux possédant des 1. Il est bien probable que dans ce cas l'animal a tout sim- plement la couleur de ses aliments! F 2. Il nous parait utile de disjoindre le concept de mimé- tisme, car, comme l’homochromie, l'homomorphie pourrait se rencontrer seule. ailes ou des expansions susceptibles de se replier pour en masquer la coloration. De nombreux insectes sont dans ce cas : l’eflicacité du procédé sera évidente pour celui qui dans les pierrailles du Midi aura poursuivi des OEdipoda cœrulescens ou OË. miniata, sauterelle dont les ailes inférieures sont vivement colorées en bleu ou rouge et visibles seulement pendant les bonds de l’ani- mal, Citons enfin quelques papillons qui présentent la même particularité : Catocala electa, C. nupta, C.sponsa, Callimorpha quadripunctaria. Chez les pois- sons le développement des pectorales permet parfois l'observation des colorations-éclair : c’est ce que l’on peut remarquer, parmi les poissons de nos côtes, sur le Trigla lucerna dont les pectorales (déployées) sont bleu sombre et sur certaines variétés de Cottus bubalis chez lesquelles la coloration vive des pectorales s'oppose à la teinte sombre du corps. Ces observations — A, A. Allen s’en rend compte le premier — ne sont pas applicables à tous les oiseaux : un corbeau, écrit l’auteur, sur le ciel ou la neige, par- tout sauf dans un trou à charbon sera visible sous tous les angles! Il est bien évident que les cinq règles que nous avons étudiées ne donnent pas la clef de toutes les colorations : certaines resteront longtemps encore inex- plicables, comme celles du loriot et du martin-pêcheur, à moins que l’absence de coloration protectrice chez ces types ne soit compensée par une promptitude particu- lière dans la fuite et une perception plus rapide du dan- ger à éviter ! Quoi qu'il en soit, les principes énoncés par Allen seront pour nous des points de repères et éclai- reront d’un jour nouveau les questions de coloration protectrice. Tb. Monod. $ 5. — Physiologie L'hyperglycémie asphyxique.— Lesrecherches classiques de C1. Bernard ont montré que le sang des Vertébrés contientune petite quantité de sucre (glycose) et que cette quantité reste constante chez l'animal nor- mal, même si, ayant pris un repas riche en sucre ou en matières amylacées, il absorbe du sucre au niveau de l'intestin, même si, accomplissant un travail musculaire, il consomne son sucre au niveau des muscles, On sait encore que, durant l’absorption, le sucre absorbé, amené au foie par le sang de la veine porte, s'y dépose sous forme de glycogène, et que, durant le jeüne, le glycogène du foie se transforme en sucre, en quantité exactement suflisante pour compenser l'usure du sucre du sang. ë Toutefois la teneur du sang en sucre est parfois supé- rieure à lanormale ; elle peut être de 2 à 4 gr. de sucre par litre de sang, au lieu de1 à 1 1/2 gr.(chiffre normal), et cette augmentation du sucre sanguin, qui correspond à ce qu'on appelle l'hyperglycémie, a pour conséquence le passage du sucre à travers le rein et son apparition dans les urines. Cette hyperglycémie existe chez les diabétiques, etelle résulte alors de l'incapacité plus ou moins complète de l'organisme à utiliser, comme il le fait régulièrement, le sucre dont il dispose. L’hypergly- cémie existe aussi chez des sujets ou chez des ani- maux, accidentellement ou expérimentalement sou- Li as id CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE mis à cerlaines intoxications ou qui ont subi certaines lésions ou altérations temporaires ou durables du système nerveux central, et elle résulte alofs d'une exagération de la transformation du glycogène du foie en sucre, trop considérable pour ne pas dépasser les besoins présents. Au début de ma carrière scientifique, mon maître en physiologie, pour faire mon éducation technique et expérimentale, m'avait fait reprendre des recherches qu'il avait lui-mème exécutées sous la direction de C1. Bernard, Quand on soumet un animal à l’intoxica- tion par le curare (l'animal mourrait asphyxié, en raison de la paralysie de tous ses muscles, produite par ce poison, si l’on ne prenait soin de pratiquer la respiration artificielle), on constate que parfois, mais non toujours, le sucre augmente dans le sang et se retrouve dans les urines, Quel estle mécanisme de cette diabétique, ou relève-t-elle du ci-dessus ? Question banale à première vue, importante pourtant à résoudre, parce que si cette hyperglycémie était équivalente à l’hypergly- cémie diabétique, on aurait eu dans le curare un agent capable d'engendrer le diabète, et cela eùt permis de poursuivre sur cette maladie d'importantes et peut-être fructueuses recherches. En procédant aux expériences méthodiques, devant conduire à la solution du problème, on reconnut que l'hyperglycémie curarique était en réalité asphyxique : elle ne se produisait chez l'animal curarisé que si la respiration artificielle était insuflisante pour assurer la rénovation des gaz du sang; elle disparaissait quand on activaitle rythme des insufllations, ou quand on augmentait la quantité d’air insufflé; d'autre part, elle se montrait, chez l'animal non curarisé, quand on réa- lisait chez lui l’asphyxie partielle par l’un quelconque des nombreux moyens dont on dispose pour la pro- duire, Dans les deux cas du reste, qu’on étudie l’hyper- glycémie de l’animal curarisé ou l’hyperglycémie de l'animal asphyxiant, le mécanisme en était le même : il s'agissait toujours d'uneexagération dela production de sucre aux dépens du glycogène du foie, Or, CI. Bernard avait découvert que si, à l’aide d’une pointe fine, on fait une piqûre d’un point déterminé de cette région du système nerveux central, compris entrer le cerveau et la mœælle,et qu’on appelle le bulbe rachidien, on détermine la même hyperglycémie et la glycosurie consécutive, relevant du même mécanisme ; piqûre du bulbe et asphyxie partielle sont done deux interventions équivalentes. Mais la piqüre bulbaire réa- lise une excitation du bulbe, et on étudia et fixa les voies de conduction de cette excitalion du bulbe au foie ;on imagina done que l'acide carbonique accumulé dans le sang durant l’asphyxie et qui lui confère ses qualités particulières, est agent d’excitation bulbaire; on justifiait, au moins partiellement, cette conception en démontrant que l'asphyxie, pour produire l’hyper- glycémie, avait besoin, tout comme la piqûre bulbaire, que les voies nerveuses de conduction antérieurement reconnues fussent en état de parfaite intégrité. Ces résultats ontété de ceux qui ont conduit les phy- | siologistes à considérer l’acide carbonique comme un hyperglycémie ? Est-elle second mécanisme noté cs 2 © © excitant général des centres nerveux, et à soumettre le sujet à la demi-asphyxie pour réaliser telles ou telles conditions expérimentales, qui leur paraissaient inté- ressantes, En parcourant récemment un périodique américain, The american Journal of Physiology, mes yeux sont tombés sur un travail'publié par M. K. Yamakami de l'Université impériale de Tokio, et dont le titre retint monattention : The hyperglycemia provoking abi- lity of asphyxial blood, ce que je traduirai par : priété que possède le sang asphyxique de provoquer l'hyperglycémie, C'est un très honnête tra (l’auteur cite 26 travaux antérieurs, dont le plus ancien est de 1881; C1. Bernard, étant véritablement trop antique, n’est pas cité), renfermant maintes hypothèses la pro- rail, fortement documenté très classiques. Opérant sur le lapin, M. K. Yamakami prélève quel- ques centimètres cubes de sang dans les veines d'un animal soumis à l’asphyxie et le recueille en un vase, où il le mélange à une substance qui l'empêche de coa- guler, puis il l’injecte dans les veines d’un autre lapin, respirant librement. De 20 à 30 minutes plus tard, il retire un peu de sang des veines de ce second lapin, et constate que ce sang est surchargé de sucre. Or on ne saurait imaginer que le sang d’asphyxiant injecté en petite quantité dans les veines d’un animal qui respire amplement met celui-ci en état d’asphyxie et que l'acide carbonique soit la cause de l’hyperglycémie cons- tatée. IL est nécessaire de conclure que le sang as- phyxique contient quelque substance apte à provoquer l'hyperglycémie, mais cette substance n’est pas l’acide carbonique en excès. Et voilà que l’un des arguments sur lesquels la phy- siologie classique s’appuyait pour faire de l'acide car- bonique un excitant du système nerveux central, s’éva- nouit. C'est dire qu'avec la question de l’'hyperglycémie asphyxique qui renaît, d’autres vont se poser, qu'il faudra reprendre, et dont la solution sera peut-être autre que celle qu'avaient proposée nos devaneiers. Ainsi un travail modeste peut, si l’on veut bien en tirer les conclusions qu'il renferme, provoquer de nou- velles recherches et acquérir une incontestable valeur. Mais quelles sont donc ces substances contenues dans le sang asphyxique et qui provoquent l’hyperglycémie ? M. K. Yamakami s’est efforcé de les découvrir; il a échoué dans sa tentative, Je crainsbien qu'il ne s'agisse encore là de quelque substance insaisissable, comme nous en connaissons, ou plus exactement comme nous en imaginons tant, dont la composition et la constilu- tion chimiques, dont les propriétés physiques nous sont totalementinconnues, et qui ne nous sont révélées que par les actions qu’elles exercent. Je regrette, je l'avoue, mon bon vieil acide carbonique, qu'on pou- vail recueillir, mesurer, peser, absorber, régénérer,etc. ; mais à quoi bon gémir ? A l'acide carbonique va succé- der, à coup sûr, une « hyperglyeémigénine » et qu'il faudra bien respectueusement accueillir. Toutefois, il sera sage pour les physiologistes et les médecins de garder avec toutes ces substances, qu'on fait . naître de nos jours et qui sont des impondérables et qu’on ne peut saisir, une prudente réserve. Maurice Arthus. 230 M. »D'OCAGNE. — COUP D'ŒIL SUR LES PRINCIPES FONDAMENTAUX COUP D'ŒIL SUR LES PRINCIPES FONDAMENTAUX DE LA NOMOGRAPHIE EN QUELS CAS ET COMMENT ILS PERMETTENT DE RÉDUIRE A UNE REPRÉSENTATION PLANE DES DIMENSIONS EN NOMBRE SÜPÉRIEUR À TROIS La question qui fait l’objet de cet {article se trouve déjà exposée dans plusieurs de mes publi- cations relatives à laNomographie et notamment dans mongrand J'raite (176 éd., 1899 ; 2° éd., 1921). Mais peut-être n'est-il pas inutile, pour éviter le retour de certaines confusions qui se sont déjà produites, de la reprendre ici plus à fond. I. — GÉNÉRALITÉS Si À quantités, que nous représenterons par Gi, So, , Sn, SOnt variables, c’est-à-dire suscep- tibles de prendre toutes les valeurs comprises entre certaines limites fixées par la pratique, et liées éntre elles de telle sorte qu'à ün système de valeurs données pour # — 1 d’entre elles én cor- responde üne bien détérminée pour la x°, cette liaison peut prendre la forme analytique, et elle s'exprime alors par une équation eh 3,, 33, ..., %n; ou la forme graphique, et elle s'exprime alors par un z20mogramme comportant des systèmes cotés en Z;, 23, -.., Zn et qui peut étre regardé comme une représentation plane de cette équa- tion. K Quels sont les éléments constitutifs d'un tel nomogramuie? On peut, à chacune des variäbles Z;, fairé correspondre ün système d'éléments géométriques [des lignes, en général, qui, en cer- tains cas, peuvent se réduire à des points), dépen- dant d'un paramètre variable (formant, par con- séquent, ce qu’on appelle un système simplement infini, ou système !), et tels que l'élément coté z soit celui qui correspond à la valeur s; at- tribuée au parametre Il va sans dire que, lorsque nous parlons d'un tel système, nous avons dans l’idée l’ensemble de tous les éléments engendrés par la variation continue du paramètre 3; entre lès limiles tonsi: dérées, maisque,prätiquement, nous n’effectuons le tracé que d’un certain nombre d’entre eux correspondant à des valeurs simples de z; crois- sant régulièrement (tellés que 1,2, 3, .:.) et suffi- samnient rapprochées pour que, nous figürant mentalement ceux qui correspondraient aux valeurs intermédiaires entre celles que avons retenues pour le dessin, nous puissions, au degré d’approximation requis parl’application que nôus avons en Vue, les faire intervenir dans nous la lecture du graphique au même titre que ceux qui y sont effectivemént tracés. C’est.là ce qu’on appelle pratiquer une énterpolation à pue, opéra- üon que l’ôn a l'habitude d'effectuer avec le double décimètre lorsque, entré deux traits con- sécutifs dé celui-ci, on évalué à l’estiie une fraction de millimètre. Si, sur un même plan, on peutfaire correspon- dre à chacune des variables z,, Zn ee) UNE système 1! coté, et si le fait que ces variables sont liées analytiquement par une certaine équa- tion se traduit par une Uaison graphique simple, d’une constatation immédiate, entre les éléments cotés correspondant à ces variables, de telle sorte que la connaissance des élémentscotés au moyen des valeurs donnéés dé # — 1 dé cés variables entraine sans tttonneinent celle de l’élément coté au moyen de la valeur correspondante de la »!°, on a, sous forme de nomogramme, réalisé une représentation plane de l'équation donnée. Mais cela ne signifie pas, dans tous les cas, que l’on ait, à proprement parler, réduit x dimensions à une réprésentation plane. Ici se place,en effet, une distinction fondamen- tale dont il convient de bien préciser le sens : dañscertains cäs, laliaison graphique ne suppose l'introduction d’äucun système d'éléments auxi- liaires, correspondant à des variables venant s'ajouter à celles qui entrent explicitement dans l'équation considérée; on dit alors que la repré- sentation est stple, parce qu'elle porte directe- mentsurl’ensemble des 7 dimensions envisagées, - sans décomposition possible. C'est évidemment lorsque cette circonstance se produit, et dans ce cas-là seulement, que l’on peut dire que la n° dimension 4 été effectivement réduite à une repré- sentation plane. 11 n'en va plus de même si, une telle représentation simple n'étant pas réalisable, on parvient à former, grâce à l'introduction de 9 variables auxiliaires convenablement choisies, 9 - 1 équations, chacune d’un nombre p de di- . mensions inférieur à #, individuellement sus- ceptibles d’une représentation simple, et telles que l'élimination entre ellés des » variables auxi- liairesreproduise précisémentl’équation donnée. Dans cés conditions, l'ensemble des p Æ 1 no- mogrammes à p dimensions ainsi construits à DE LA NOMOGRAPHIE 231 pourra suppléer à la représentation simple, sup- posée impossible, de l'équation proposée; cet ensemble constituera alors pour cette équation ce que l’on peut appeler une représentation tont- posée, bornée à la p° dimension (avec p < n), qu'il est essentiel de ne pas confondre avec la repré- sentation simple ci-dessus définie qui atteint seule effectivement la »° dimension. L'opération qui consiste à former les p +1 “équations individuellement susceptibles de re- présentation simple, en partant de l'équation donnée, est dite une dissociation à la p° dimension si chacun des nomogrammes partiels possède au plus p dimensions. Il convient de ne pas confondre.cette dissocia- tion avec la disjonction des variables ayant pour objet, en vue de la construction d’un nomogramme simple, de définir analytiquement, au moyen des coordonnées choisies, les divers systèmes cotés fiscurant sur ce nomogramme. Dans le cas d’une représentation composée, bornée à la p° dimension, bien qu'il s'agisse d'une équation à 2 dimensions (x > p), la représenta- tion plane ne résulte en fait que d'un enchaine- ment de nomogrammes à p dimensions au plus chacun. Il est encore essentiel d'ajouter à ce qui précède une: observation de la plus haute impor- tance : il se peut que, en vue d'appliquer à une équation donnée un certain mode de représenta- tion, on soit amené à faire correspondre à la fois à une même variable z;, dans la composition du nomogramme considéré, plusieurssystèmes cotés distincts. Si, dans ces conditions, la variable z; donne lieu à s; + 1 systèmes cotés, on peut dire que s; de ces systèmes sont surabondants; etsile nomo- gramme comporte s; de ces systèmes surabon- dants,ou voit qu’il doit êtré regardé comme com- prenanten réalité # +X8; variables, ces variables étant ensuite rendues identiques entre elles dans divers groupes en comprenant respectivement SEA SDr Tone ; Il va sans dire que de tels systèmes surabon- dants doivent être évités autantque fairese peut, etque l’on ne sauraitse résoudre à yrecourir que dansles cas où l’on n'entrevoit aucun moyen de faire autrement. Mais, il y a plus : lorsque, sur un nomOgramme, une variable comporte des sys- tèmes cotés surabondants, elle ne peut y êtré prise pour inconnue. Il n'est pas besoin de réfléchir beaucoup pour reconnaître la justesse de cette remarque. Comment, en effet, pourrait-on tenter d'obtenirla valeur de cette variable z, étant don- nées celles des » — 1 autrés ? Joignant à ces n— 1 valeurs données une valeur arbitraire attri- buée à 3; dans s; des s; + 1 systèmes correspon- dants, on en déduirait, pour cette même variable, dansle(s; + 1)°système,une valeur généralement différente de celle d’où l’on serait arbitrairement parti, et ilfaudrait recommencer un tel essai jus- qu’à ce que la valeur obtenue dans le dernier système fût égale à la valeur de départ choisie dans les s; premiers. Un tel tâtonnement, même dans le cas où s; —1, exclut évidemment toute possibilité d'emploi pratique du nomogramme pour la détermination de cette variable z;; on peutdire qu’au regard de cette variable, cet emploi devient purement #/lusoire, - On rencontrera même tel type de nomogramme qui, appliqué à un certain type d’équation, sera, par suite de cette circonstance, {{lusoire à la fois pour toutes les variables y figurant; au point de vue pratique, par conséquent, il sera, en pareil cas, rigoureusement inutilisable. Nous allons maintenant éclairer ces généra- litésen entrant un peu plus dans le vif du sujet. II. — EquarioNs A TROIS VARIABLES Nous avons dit que, sur un nomogramme, les élémients puisés dans lés divers systèmes cotés ont entre eux une certaine liaison graphique. Rendons-nous d’abord bien compte de ce qu'est la nature d’une telle liaison. Ainsi que nous en avons fait depuis longtempsla remarque, si nous disons qu’une ligne est en contact avec un point lorsqu'elle passe par cepoint(ce qui ramètie, en particulier, la notion du parallélisme entre deux droites à celle du contact d’une de ces droi- tes avec le point situé à l'infini sur l’autre), la notion géométriqué du contact ainsi élargie permet de ramener la définition la plus générale de la liaison graphique régissant la lecture d’un numogramme à ceci : constatation d’un contact isolé ou de plusieurs contacts simullanés entre élé- ments figurant sur ce nomogranme. Dans le cas de trois dimensions, si à chacune des variables correspond un système de li- gnes cotées [z,), (35); (2, on voit que le seul mode de liaison graphiqueréalisable sans inter- vention d'aucun autre élément se réduit à ceci : une ligne prise dans un des systèmes est en con- tact avec le point de rencontre de deux lignes prises respectivement dans les deux autres sys- tèmes. Autrement dit : les lignes cotées au moyen de valeurs correspondantes de z,, z, et z, con- courent en un même point. Parexemple, sur la fis lléslignes 5%, 2,=—5,z; — 7 étant con: courantes, ce système dé valeurs des variables satisfait à l’équation représentée. Si les sys- tèmes (2,), (4) et (z,) sont, à l'aide de coordon- 232 M. »'OCAGNE. — COUP D'ŒIL SUR LES PRINCIPES FONDAMENTAUX nées ponctuellesx ety (quelconques mais qui seront le plus souvent des coordonnées cartésien- nes), définis par des équations telles que : PCs Ps 21) — 0, (1) pa(X Y; 20) — 0; Pa(X; V5 23) = 0; l'équation représentée par le nomogramme ainsi constitué sera celle : (2) que l’on obtiendra en éliminant x et y entre les trois équations (1). F(z4, Z9;, Z3) nu Fig. 1. Un tel mode de représentation est, on le voit, applicable à une équation à trois variables absolument quelconque, et cela d’une infinité de manières; on peut, en effet, pour une équation (2) donnée, choisir arhitrairement les deux pre- mières équations (1), sous la seule condition que les lignes ainsi définies se coupent en des points réels ; l'élimination de 4, et z, entre ces deux équations et (2) fournit alors la troisième équation (1) qui, jointe aux deux premières, définit le nomogramme à lignes concourantes correspondant de l’équation (2). C'est à cela, dans ce cas, que se réduit la disjonction des variables. On pourra toujours, en particulier, effectuer cette disjonction en prenant pour les systèmes (z,) et(z,) les équations : D —= Z4s 48 ce qui donnera pour(z;) F(x, Y; 23) — 0. C'est en cela que consiste la représentation purement cartésienne (fig. 2), susceptible d’être employée dans tous Les cas, mais qui ne conduira pas toujours au nomogramme de la construction la plus simple. On obtiendra évidemment le maximum de simplicité dans cette construction lorsqu'on n'aura à tracer que des droites, 1 c'est-à-dire lorsque les équations (1) prendront la forme (où les indices des signes fonctionnels désignent les variables sur lesquelles ils por- tent): ( en tan CO @) xfa À 82 + la —o, ( Xf3 + Y83 + 3 —0, auquel cas l'équation (2) devient: fa Sa la @) 9 ga ha 10. {3 83 hs Or, et c’est là un fait capital, la très grande majorité des équations que l’on a àtraiter dans 1e les applications rentrent dans ce type (4), envi- sagé en premier lieu par Massau, notamment celles qui s’écrivent : @) (183 + fahs + fa 0, pour lesquelles les équations des trois systèmes cotés sont : 6 it —f F=/» SA a x83 + ha + fs = 0. Dans le cas, plus particulier encore, où les fonctions g, et ., étant identiques, on peut met- tre l'équation sous la forme : (7) hi+fa Hits, le système (z,), dont l’équation s’écrit alors : Œ) z+y +0, est [comme chacun des systèmes (z,) et(z,), tou- jours définis par les deux premières équa- tions (6)] constitué par des droites parallèles entre elles. C’est à proposdececas particulierque Lalanne a, pourla première fois, formulé, sous le nom d'anamorphose, le principe de la transformation ponctuelle permettant de substituer de simples droites aux courbes que comporterait la repré- sentation purement cartésienne. Lalanne l’ap- pliquait d’ailleurs à des équations de la forme : FAX Dh 0 CI PRESS aisé pu oué C2 dé 64 ÿ DE LA NOMOGRAPHIE ramenées à la forme (7) parla transformation loga- rithmique qui permet de les écrire : È log #1 + log fs — log #3. La fig. 3 montre l'application de cette transfor- mation à la table graphique de multiplication comportant, dans le procédé purement cartésien le tracé d'hyperboles équilatères. Quand une équation, de type très particulier, comme on voit, est ainsi représentable par con- cours de trois systèmes de droites parallèles, on Y \ ÿ es \ peut substituer à ces trois systèmes un transpa- rent portant trois index concourants respective- ment parallèles aux droites de chacun de ces systèmes, les cotes correspondantes étant lues sur des échelles perpendiculaires à cesdirectiôns. C’est ainsi que sont constitués les nomogram- mes dits abaques hexagonaux (fig. 4), lorsque les axes sont pris inclinés à 120° et que les coordon- nées x et y sontde l’espècediteo/thogonale (obte- nues en projetant orthogonalement sur les axes BEVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES. - Ox et Oy le point qu’elles servent à déterminer). Ces abaques ne s’appliquent donc, dans le cas de trois variables, strictement qu'auxéquations ren- trant dans le type (7). L'usage du transparent à trois index (ici dirigés suivant les diagonales d’un hexagone régulier, d’où l’appellation adop- tée) introduit certaines facilités dans laconstruc- tion et la lecture du nomogramme ; mais on voit qu’au point de vue mathématique un tel abaque ne doitêtre regardé que comme un nomogramme à trois systèmes de droites parallèles, sans plus, chacun de ces systèmes étant engendré par les diverses positions de l’un des troix index lors- que le transparent se déplace en conservant son orientation. LIT. — Equarions A PLUS DE TROIS VARIABLES REPRÉSENTÉES PAR DISSOCIATION AU MOYEN DE LIGNES CONCOURANTES Si nous prenons tout d’abord une équation à quatre variables : (9) nous voyons que,pour chaque valeur attribuée à 3,,nous aurons un nomogramme à trois dimen- sions tel que ceux que nous venons d’envisager. Comme nous sommes toujours libres du choix de deux des systèmes, (z,) et (z,) parexemple, les variations de z, pourront être regardées comme n’allérant que le seul système (z,); mais il est clair que ces divers systèmes (z,) n'étant pas simultanémentreprésentables surle réseau farmé par les systèmes (z,) et(z,), où ils produiraient un enchevêtrement absolument inextricable, on doit renoncer à représenter par ce moyen, sur une seule feuille, une équation à quatre varia-, bles et, afortiori, à un plus grand nombre de variables. On pourra toutefois lever pratique- ment cette difficulté lorsque, suivant la termino- logie définie plus haut, l'équation à plus de trois variables considérée sera, moyennant l’'intro- duction appropriée de certaines variables auxi- liaires, déssoctable en une suite d'équations à trois vartables. Supposons, par exemple, que l'équation (9) apparaisse comme le résultat de l'élimination de £entre les équations ! : F3 = 0; »(z 72 ë) — 0, ao se zjs &) — 0. Chacune de ces équations étant représentable par trois systèmes de lignes concourantes, on pourra, en choïsissant le même système (£) sur DE POP SOINS RTS ER ES 1. Autrement dit, les seules équations à quatre variables dissociäbles sont celles qui peuvent se mettre sous la forme Fo = Fu 234 RE ——————— les deux nomogrammes, construire ces nomo- | grammes sur une même feuille avec le système(E) commun. Les deux nomogrammes ainsi accolés permettront,dansleslimites deleurs graduations, d'obtenir tout système de %,, 2, 33, 24, Satisfai- santà (9) grâce à la liaison graphique s'énonçant ainsi : e point de rencontre des lignes (z,) et (22) et celui des lignes (z;) et (z,) sont sur une même ligne (£). Mais on voit qu’il s’agit ici d’un nomo- gramme composé et non pas simple, attendu qu’en répétant de l’un à l'autre la graduation des lignes (t) (qui n’apas besoin d’être inscrite dans le cas, ci-dessus supposé, de l'accolement), on peut construire surdes feuilles séparéesles nomo- grammes de chacune des équations (10), en pas- sant de l’un à l’autre par la valeur deë: par exemple, les valeurs de z, et z,, lues sur le pre- mier nomogramme partiel, donnent une valeur de & ; cette valeur de, jointe à celle de z;, fait connaître, sur le second, la valeur correspon- dante de z,. Si, en particulier, l'équation (9) est de la forme: Gi) Hh+tit ta, on peut la dissocier en: G2) fi Fifa F0, (représentable par un abaque hexagonal pour la construction duquel on aura pris + — é) et: Q3) E— [35 * représentable par un nomogramme à lignes con- courantes pour lequel on aura pris également æ—&. L'accolement de ces deux nomogrammes par leur système commun x — £ fournit alors ce qu’on appelle un abaque hexagonal à échelle binaire en z, et z,. C’est d’ailleurs là le type le plus, général d’abaque hexagonal pour le cas de quatre variables, étant entendu que, si l'équa- tion (13) est elle-même de la forme: fs + fi on la représentera aussi par nn abaque hexago- nal en faisant usage des mêmes axes que pour le précédent, en sorte que le passage de l’un à l’autre abaque s'effectuera par un simple glisse- ment du transparent dans le sens de l'index perpendiculaire à l'axe des +. \ Pour un plus grand nombre x de variables, le même procédé s’appliquera lorsque Fon pourra, par une dissociation appropriée, substituer à l'équation donnée une suite d'équations à trois variables, enchainées les unes aux autres par les systèmes auxiliaires (£i) qu'elles ont en com- mun. Et ilne sera pas possible, au moyen de systèmes figurés sur une même feuille, de pousser des choses plus loin en n'usant que du principe des lignes concourantes. si — 0, M. D»'OCAGNE. — COUP D'ŒIL:SUR LES PRINCIPES FONDAMENTAUX En fait, on aura ainsi, par enchaîinement de yomogrammes à trois dimensions, suppléé au nomogramme simple à 7 dimensions impossible & construire, et de plus, cet artifice ne s'appliquera que pour des équations de forme particulière. On voit bien aisément comment on peut for- mer le type le plus général de ces équations : partant de l'équation à trois variables la plus générale, on y remplace chaque variable par une fonction arbitraire de deux autres varia- bles, puis, à leur tour, chacune des nouvelles variables par une fonction arbitraire de deux autres variables, et ainsi de suite. Au point de vue nomographique, cela revient à rattacher à chacun des systèmes > entrant Fig. 5. dans la constitution du nomogramme le plus général à trois dimensions, à lignes concouran- tes, un nombre quelconque 77 de cotes aü moÿen de systèmes ramifiés tels que celui que repré- sente la figure 5 pour le cas de » — 4. Toutefois, on voit immédiatement que, bien que correspon- dant à tous les systèmes de valeurs de 3,, %,, Z3, Z;, choisies dans les quatre systèmes 1! cotés, les courbes C neconstituentpourtant pas un système 4, mais bien seulement un système !, ce qui m'a conduit à dire de ces lignes qu’elles sont condensées, chacune d’elles, quoique n’apparte- nant qu'à un système !, correspondant, en fait, à une infinité quadruple de valeurs de 2,, Zo> Zas .Zys ét à dénotersun tel système comme étant, sous le rapport nomographique, un sÿs- tème [=*],. Si nous faisons correspondre les paramètres £, £’,&”, respectivement au système des lignes C et à ceux qui le relient d’une part aux systèmes (z,) et (x), de l'autre aux systèmes (<,) et (z;), nous voyons que la liaison analytique entre les courbes C et les quatre cotes s'obtient par éli- mination de &' et £” entre des équations telles que : RE EN — 0, fa", %45 22) — 0, fais 235 24) — 0 DE LA NOMOGRAPHIE Ainsi est mise en évidence la dissociation ana= lytique donnant naissance à ce système rami- fié. La généralisation pour le cas dé 72 quelcon- que est évidente, et je n y insisle pas. IV, — Cas PARTICULIER DES ABAQUES HEXAGONAUX Les abaques hexagonaux à plus de trois variables, obtenus par M. Lallemand suivant une tout autre voie, purement élémentaire, anté- rieurement d’ailleurs à l'établissement de la théo- rie générale qui vient d'èlre résumée, appa- raissent comme un cas très particulier de l'application de celle-ci, caractérisé commé suit : 1° au lieu de partir d’une équation quelconque trois variables telle que (2), on part d’une équation du type (7), s'écrivant: fh+h+s=0; 2° on y fait une première série de substitu- tions, non pas de la forme f;;, mais de la forme fi + f;, de façon à passer de ce type à 2- Zfi— 0, avec un nombre quelconque de termes; 3° une deuxième série de substitutions de la forme /; /;, de façon à passer au type 4° enfin seulement, et une seule fois au plus pour chaque variable, des substitutions de la forme fi;, ce qui donne le type Zi; fki QE {mn —= 0. Somme toute, dans ce cas particulier, comme dans le cas général, on n’a en réalité ici qu’ur enchainement de nomogrammes à trois dimen- sions seulement. L'auteur de la méthode estime que l’on peut Vappliquer dans la plupart des cas de la prati- que, moyennant, le cas échéant, l'admission de plusieurs systèmes cotés distincts pour une même variable, c'est-à-dire ce que nous avons appelé plus haut des systèmes surabondants. Mais cela suppose, ainsi que nous l'avons montré daus les généralités, que les variables correspondan- tes n'auront jamais à être prises pour incon- nues, attendu que le nomogramme est, em fait, purement illusoire et inutilisable au regard de celles-ci. D'autre part, ainsi qu’on va le voir, même dans certains cas où cette circonstance strictement rédhibitoire ne se produirait pas, on peut pour telles équations comportant néces- sairement, avec la représentation en abaque hexagonal, des systèmes surabondants, obtenir d’autres modes de représentation qui en sont affranchfs, ce qui cst un avantage assurément non négligeable, 12 2] ET Sans aller chercher bien loin un exemple où +, l'emploi des abaques hexagonaux est entière- ment illusoire, il nous suflira de prendre les équations à trois variables du type général (4), auxquelles va s'appliquer la méthode dont il nous reste à parler. Admettant que, pour sim- plifier l’écriture, nous divisions tous les élé- ments de chaque ligne du déterminant par celui contenu dans la dernière colonne, ce qui revient à supposer 4, — À, — h;—1, nous pouvons écrire l'équation développée : Ga = 83) + fes = 81) + la — 82) — Pour représenter cette équation en abaque hexagonal, nous aurons à accoler respectiye- © ment aux trois axes les nomogrammes de falga— 83); fe (83 — Bi, la (gi — 81h .ce qui revient à effectuer la dissociation : Ce nomogramme, dissociable, comme on voit, en sept nomogrammes simples, dont un aba- que hexagonal, comprendra done trois systèmes cotés pour chacune des variables 3,, z,, z,; il sera, par suile, {/usoire pour chacune d'elles, c’est-à-dire s/rictement inutilisable. Pour le cas de quatre variables, la forme de beaucoup la plus fréquente dansles applications est celle qui s'écrit: (4) fig3i + folai + fax = 0. Elle ne sera représentable en abaque hexago-: nal, sans système surabondant, que si g,, et A., sont identiques, auquel cas on retombe surle type (11), dissociable, si l’on veut, comme on l’a vu, enun abaque hexagonal simple et une échelle binaire, mais également représentable, bien entendu, par la méthode rappelée plus loin. Si cette condition n’est pas remplie, la représenta- tion de {14) ne pourra se faire en abaque hexago- nal que moyennant l’adoption de deux échelles binaires en 3, et z,, soit avec un système sura- bondant pour chacune de ces variables au regard desquelles l’abaque sera, par suite, illusoire, ce qui, dans nombre de cas où se présente une équa- tion de la forme (14), rend la méthode effective- ment inutilisable. En tout cas, l’abaque ainsi construit comporte une dissociation en quatre nomogrammes à trois dimensions chacun. En fait, l'usage des abaques hexagonaux est pratiquement assez restreint, et la meilleure preuve à l'appui de ce dire est que les seuls exem- ples que l’on en puisse citer sont ceux qui ont été publiés par l’auteur même de la méthode. Il n’est, au reste, pas un seul cas où elle s'applique qui ne puisse être également traité par la méthode 236 M. » OCAGNE. — COUP D'ŒIL SUR LES PRINCIPES FONDAMENTAUX dont il va maintenant être parlé, alors qu’une foule d’autres cas, que celle-ci permet de résou- dre avec la plus extrême facilité, lui échappent totalement. | V.— EQuATIONs A PLUS DE TROIS VARIABLES REPRÉSENTÉES SANS DISSOCIATION PAR POINTS ALIGNÉS Les nomogrammes à points alignés provien- nent d'une transformation dualistique appliquée aux nomogrammes à droites concourantes repré- sentatifs des équations du type (4). Il suffit, pour Fig. 6, les obtenir, de remplacer, dans les équations (3) les coordonnées ponctuelles x ety par des coor- avait lieu dans le cas des lignes concourantes, être dessinés sur une même feuille, avec les mêmes échelles, (z,) et (z,); il suffit, à côté de chacune des échelles (:,) ainsi obtenues, d'ins- crire la valeur correspondante de z,. On peut, au reste, considérer les lieux géométriques des points de même cote 3, sur ces diverses échel- les et leur affecter cette cote z,. Dès lors,à chaque couple de valeurs de 3, et z, cœŒfrespondra le point de rencontre des lignes cotées (z,) et (z,) qu'il suflira d’aligner avec les points (z;) et (z,). En somme, ici, la liaison graphique con- siste en un alignemententre des points(z,) et (2) appartenant à des systèmes =!et un point (z,,3;) appartenant à un système ?, Un tel nomogramme est simple, au sens que nous avons défini plus haut, donc effectivement doué, sans décomposi- tion possible, de quatre dimensions. Et c’est pourquoi j'ai pu dire, dans l’Introduction de la seconde édition de mon 7raité de Nomographie (p. x}, que « c’est le principe des points alignés qui, pour la première fois, a permis de réduire effectivement à une représentation plane un nom- bre de dimensions supérieur à trois ». C’est là un fait mathématique hors de toute contestation. Le type d’équation ainsi représenté est celui que l’on obtient en remplaçant, dans la dernière Fig. 7. données tangentielles w et, dont, au point de vue pratique, les plus avantageuses sont celles dites parallèles (pour des raisons auxquelles je n’ai-pas à m’arrêter ici où je n'ai souci que des principes qui dominent le sujet). On obtient ainsi dès nomogrammes du type représenté par la fig. 6, sur lesquels la liaison graphique entre les points cotés (z,), (z,) et (z,) consiste simple- ment en un alisnement. Si, sur un tel nomogramme, on fait varier l’un des systèmes, (z,) par exemple, au moyen d’une quatrième variable (z,),les divers nomosrammes à trois variables correspondant aux valeurs suc- cessives de z,, peuvent, à l’encontre de ce qui ligne du déterminant (4),iles fonctions de la seule variable z, par des fonctions de 3,et z,. On peut, au reste, bien évidemment, effectuer une substitution semblable dans chacune des lignes du déterminant et l’on obtient ainsi une équation à six variables du type: fa ge lu (15) 31 831 Ag | — 0, se 856 56 représentable, sans aucune dissociation, par un nomogramme simple, du type schématisé sur 1. Ceci fait ressortir la confusion commise dans certaine note (Comptes rendus, 1% semestre 1922, p. 25%) où l’auteur confond la dissociation qui correspond à la fragmentation d'un nomogramme composé en plusieurs nomogrammes sini- » Et l'E Le RCI DE LA NOMOGRAPHIE 22 la fig. 7, où la liaison graphique est constituée par l'alignement des, points (z,,2,), (z:, z;) et (z,, 34) pris dans les trois réseaux. Mais les équations, susceptibles dece mode de représentation, qui, de beaucoup, se rencontrent le plus fréquemment dans les applications, sont celles de la forme (14) ci-dessus, qui rentrent bien dans le type (15) lorsqu'on les écrit 1 0 EN Q 1 —\fa | = 0: gs y —fs On vient de voir que de telles équations ne sont susceptibles de représentation par abaque 237 Sareprésentation parabaque hexagonal,moyen- nant l’adoption de systèmes surabondants pour r et T,est schématisée sur la fig. 8, où les cadres en pointillé entourent les quatre nomogrammes partiels à trois dimensions qui, par leur accole- ment, engendrent cette représentation, et où le mode de liaison graphique est indiqué par des traits gras. On voit que, moyennant la répéti- tion des graduations des variables auxiliairesé, (sur Let Il), 6, (sur Let II), €, (sur IIL et IV), on pourrait dessiner ces nomogrammes partiels sur quatre feuilles séparées et s'en servir, comme du nomogramme composé, pour calculer P en hexagonal que moyennant l'introduction de deux | fonction des trois autres variables.5Mais ce Fig. 8. systèmes surabondants en =, et z, et une disso- ciation en quatre nomogrammes à trois dimen- sions. Par points alignés ces mêmes équations se représentent sans aucune dissociation par un nomogramme simple à quatre dimensions, com- portant deux échelles rectilignes et parallèles (z,) et (z,) etun réseau de poinis à deux cotes EENE Voici, pour rendre la chose plus claire, un exemple concret: il s'agit de l'équation du poids total transporté par un avion en vol horizontal, traitée pendant la guerre à la Section technique de l'Aéronautique, et qui figure, à titre d’exem- ple, dans mes Principes usuels de Nomographie (p. 58). Si p est le poids total transporté, T la puissance normale, 7 la charge par cheval, A le paramètre de sécurité, celte équation, pour une masse puissancique prise égale à 2, s'écrit : 2 3 2 p + ATSTS— (x — 2)T — 0. ples avec la disjonction permettant, pour la construction d'un nomogramme simple, de définir analytiquement les divers syslèmes colés qui y interviennent, Fig. 9. nomogramme composé, pas plus que la série des quatre nomogrammes partiels, ne permettrait de prendre comme inconnue 7 ou T. Or, ce que, pratiquement, on avait besoin de connaitre, c'était les divers couples de valeurs der et T cor- respondant à un couple donné de valeurs de p et À, et, plus spécialement, celui de ces couples comportant la plus petite valeur pourr; et l’on voit que, pour cette détermination, /e dit abaque hexagonal est pratiquement inutilisable, par suite de l’existence des systèmes surabondants pour 7 etrE Voici maintenant, sur la fig.9,la schématisation du nomogramme à points alignés de la même équation (donné dans son exacte disposition par la fig. 16, p. 59, de mes Principes usuels), nomo- gramme indécomposable cette fois, donc, effec- tivement, à quatre dimensions. Il suffit d’unir par un alignementles points(A) et {p)correspon- dant aux valeurs données pourque tous lespoints du réseau (r, T}, situés sur cet alignement, fournissent les couples de valeurs correspon- dantes de % et T; en particulier, la courbe (r) 238 M. D'OCAGNE. — COUP D'ŒIL SUR LES PRINCIPES FONDAMENTAUX messe ie) tangente à cet alignement fait connaître par sa cote le minimum correspondant de x. Et je m'empresse d'ajouter que ce n’est pas là un exemple isolé. La grande majorité des équa- tions traitées pendant la guerre pour les besoins des diverses techniques qui s’y rapportaient (tir de l'artillerie; autofreittage des ‘canons; construction et utilisation des avions ;...) appar- tenaient à ce même type. Cette possibilité d'obtenir des nomogrammes simples, et sans système surabondant, pour un grand nombre d'équations à quatre variables se rencontrant dans la pratique est sans doute une des raisons dela faveur rencontrée par la méthode _ des pointsalignésauprès destechniciens de toute spécialité, ainsi que je vais le rappeler plusloin. Remarquons, au surplus, qu’il sera possible également d'effectuer des dissociations aboutis- sant soit à un enchainement de nomogrammes tous à points alignés {alignements multiples), avec échelles simples ou réseaux de points à deux cotes, soit un enchaïnement de nomogrammes les uns à points alignés, les autres à lignes con- courantes. , Par exemple, en substituant aux deux systè- mes simples qui engendrent un réseau de points à deux cotes respectivement des systèmes à »2 et m' cotes, constitués par des ramifications suc- cessives (comme celui de la fig. 5 pour #—4), on transformera un nomogramme de même type que celui de la fig. 9 en un nomogramme représen- tatif d'une équation à »1+7n'+4-2 variables; mais, ici encore, il ne faut pas s’y tromper; ce que l’on aura réalisé en fait, c’est l’enchainementde(m— 1) + (n° —1) + 1= m7 + m'— 1 nomogramumes, dont un à quatre dimensions et »2 + m»'— 2 à trois !. 1. Dans sa note du 9 janvier 1922, aux Comptes rendus (p.85), M. Lallemand signale un exemple d'une telle repré- senlation, obtenue dans le cas de m = 2 et m =—1 par M:Soreau, comme s'il s'agissait là d'un principe nouveau; en fait, la multiplication des cotes attachées à un élément, par système ramifié, se trouve très explicitement formulée dans mon l'railé de Nomographie, dès la 17° édilion [p. 351). Bien que cela s'écarte un peu de mon sujet, je saisirai l'oc- casion qui mest ici offerte de formuler une autre remarque relative au passage qui précède immédiatement celui que je viens de viser, dans la même note, Cette remarque consisle à faire observer que les points nodaux de M, Soreau ne different que par le nom des points que j'ai nommés criliques qui sont ceux où les valeurs des variables entrant dans une équu- tion d'ordrenomographique 3 deviennent criliques.Ces points, dans lé cas où l’on envisage la représentation d'une telle équation par nomogramme conique, sont ceux où le support rectiligne rencontre le support conique, points désignés pur let Juu n°78 et sur la fig, 122 de mon ouvrage Calcul graphi- que el nomographie. J'ai, dès la 17 édition de tet ouvrage, mis en évidence le rôle essentiel joné par ces points dans ce mode de représentation, uussi bien que dans celui comportant trois échelles rectilignes, par lequel il m'a paru plus logique de débuter pärce qu'il ne suppose pas,comme le précédent, lintroduclion d'un facteur parasite, Il ne semble pas qu'il suflise de changer la forme donnée à la théorie d'une certaine - notion mathématique pour justifier un chanyement du nom par lequel a été primitivement désignée celte notion, VI. — RÉsuMÉ ET coNczusions J'ai tenu à développer les considérations théo- riques qui précèdent pour permettre à tout lec- teur sans initiation spéciale d’asseoir son opi- nion sur le sujet visé; mais, si l’on se borne à vouloir être éclairé « sur les avantages comparés des abaques hexagonaux et des abaques à points alignés ! », il existe, pour trancher le débat, un critérium indépendant de ces-considérations et qui ne saurait tromper : celui du plus ou moins grand usage qu’il est fait, dans la pratique, de l’une ou l’autre de ces méthodes. Or, alors qu'il semble bien qu'il n’ait guère été fait d’applica- tions des abaques hexagonaux en dehors.de cel- les que l’auteur du procédé a lui-même fait con- naïître, la méthode des points alignés est devenue d’un emploi tout à fait courant, journalier même, peut-on dire, entre les mains des techni- ciens de toute spécialité. Ainsi que j'ai déjà eu l’occasion de le dire dans l’/ntroduction de la seconde édition de mon Traité de Nomographie (p. xu), la simple liste de celles des applications de la méthode qu’il m’a été donné de réunir à l'Ecole des Pontset Chaus- sées, et qui émanent de plusieurs centaines d’au- teurs, « fournirait à elle seule la matière d’un petit opuscule ». Elles se rapportent d’ailleurs aux objets les plus variés : résistance des maté- riaux; stabilité des constructions; cubature et mouvement des terres; hydraulique; astrono- mie; géodésie; navigation; thermodynamique; organes des machines; électricité; balistique intérieure et extérieure; aviation; calculs finan- ciers; assurances; ete., etc. | Soutiendra-t-on que c'est de parti pris que les nombreux auteurs de ces applications si diver- ses ont fait, de préférence à toute autre, usage de la méthode des points alignés ? qu'ils s’y soient arrêtés pour obéir à une sorte de mot d’ordre ? Leur libre choix n'est-il pas, au contraire, le meilleur garant des avantages par eux reconnus à la méthode, voire des possibilités qu'elle leura données et qu'ils n’auraient pas rencontrées ailleurs ? ; Nombre d’entre eux se sont, au reste, plu à proclamer explicitement la supériorité de la méthode, M. Soreau notamment, lorsqu’en en publiant une application nouvelle, il a dit?: « Ainsi s'affirme, une fois de plus, et de façon particulierement probante, la supériorité de la belle méthode des points alignés.….qui a êté l’objet 1. Titre même d'une des notes ici visées (Comptes rendus, 1er sem. 1922; p. 253). 2. Mémoires de la Sociélé des Ingénieurs civils, 1907, 1er sol., p. 693. = des plus importants travaux faits en Nomogra- phie dans ces dernières années. » M. Gœdseels, le savant administrateur de l'Ob- servatoire de Belgique, qui compte, lui aussi, parmi les spécialistes des études nomographi- ques, va même plus loin encore. S'attachant à faire ressortir l'importance de la méthode des points alignés, il n'hésite pas à déclarer ! que l'« on peut presque dire qu'elle constitue aujour- d’'hui la Nornographie proprement dite ». Je me permettrai d'ajouter, à titre de confir- mation de cette manière de voir, qu’au cours de la guerre, où c’étaient plus que jamais, est-il besoin de le dire, les exigences impérieuses de la pratique qui fixaient le choix des problèmes et celui des méthodes à suivre pour leur résolu- tion, c’est, à peu près exclusivement, la méthode des points alignés (et, d’ailleurs, pas une seule fois celle des abaques hexagonaux) qui a été uti- lisée, non seulement à la Section spéciale de 1. Revue des Questions scientifiques, de Bruxelles (jan- vier 1922, p. 205). R. D'ADHÉMAR. — LA DÉMONSTRATION SCIENTIFIQUE 239 | Nomographie,mais aussi dans les divers bureaux de caleul fonctionnant pour le compte de plu- sieurs grands organismes comme la Section technique de l’Aéronautique! et les Etablisse- ments Schneider. Et c'est pourquoi les instruc- tions que j'ai été amené-à rédiger, au cours de la guerre, pour les officiers et techniciens char- wés d'étudier ces applications (et qui ont, depuis lors, pris la forme de ma brochure Principes usuels de Nomogruphie), se sont trouvées, en quelque sorte, automatiquement limitées, en dehors de quelques généralités sur la représen- tation cartésienne, à la seule méthode des points alignés. Dominant toute discussion éx abstracto, l'expérience s’est prononcée. M. d'Ocagne, de l’Académie des Sciences. 1. Voir à celpropos, dans les Annales des Ponts et Chaus_ sées (1921, fasc. I, p. 87), le témoignage très explicite de l'Ingénieur en chef Caquot qui avait, pendant la guerre, été chargé des fonctions de Directeur de la Section technique de l'Aéronautique. LA DÉMONSTRATION SCIENTIFIQUE PREMIÈRE PARTIE Le rapport, lumineux et bref, de mon maître M.Emile Picard, surla Théorie de la Relativité!'» me suggère quelques réflexions sur la démons- tration scientifique. La théorie d'Einstein est encore jeune, et déjà l’on voit, autour d'elle, presque des... fanati- ques et des iconoclastes ! Mais je ne veux pas entrer dans le nouveau « temple » et je me contenterai, en curieux, de circuler dans les avenues qui nous y conduisent. Si la nouvelle doctrine rencontre, parmi les hommes de valeur, des opposants et des adhé- rents, peut-être la question n'est-elle pas mûre; peut-être aussi, avons-nous plusieurs manières de comprendre la construction de la Science ? Examinons les théories les plus classiques, et alors nous pourrons avoir une idée approxima- tive de la nature et de la valeur des discussions que poursuivent, actuellement, nos illustres savants. Et si je commence par rappeler, au sujet des Mathématiques, des choses bien con- nues, ce n'est pas que j'attribue à cette science 1. La Théorie de la relativité et ses applications à l'Astro- nomie, par Emize Picarp, Secrétaire perpétuel de l’Académie des Sciences, chez Gauthier-Villars, 1922 (extrait de l'An- nwatre du Bureau des Longitudes). une pré-éminence, une pré-excellence quelcon- que. Mais, comme le dit M. Emile Picard, il est plus facile d'apprendre les Mathématiques que de s’en passer, L'ANALYSE MATHÉMATIQUE Assurément, il y a, à l'ultime source, à la base des notions premières de l'Analyse, des expé- riences et de l'intuition, mais, grâce aux défini. tions, on a pu créer une langage logique et imper- sonnel. «On a marché, dit Henri Poincaré, vers la rigueur; j’ajoute qu'on l’a atteinte et que nos rai- sonnements ne paraitront pas ridicules à nos des- cendants; je veux parler, bien entendu, de ceux de nos raisonnements qui nous satisfont, » Dans cette élaboration, une seule notion, intuitive a été conservée, celle du nombreentrer, On én déduit la notion du nombre rationnel et, enfin, on définit le nombre irrationnel par 2 sui- tes infinies de nombres rationrels. Je vois bien, à travers cette définition des nom- bres irrationnels, l'intuition de « limite », de pas- sage à la limite. Néanmoins, cette intuilion est masquée logiquement par une définition qui engendre un langage parfaitement cohérent, » Le nombre 2 ne sera plus la mesure de la diagonale du carré dont le côté est un, intuitive. Le nombre 2 devient la coupure de 2 suites infinies de nombres définis antérieure- ment. Et ensuite, passant à l'application géo- métrique de l’Analyse, t'est cette coupure qui devient la définition de la longueur de la dia- notion gonale. La Mathématique a obtenu aïnsi des démons- trations parfaites, en restreignant la dose de l'intuition (pour la démonstration — je ne parle pas de la découverte) et en faisant plus grande la part de la définition. M. Gaston Milhaud a écrit, sur ce renversement des anciennes habitudes, des livres déjà anciens et toujours lumineux!. Cela me dispense d’insister. Il faut noter un fait capital, concernant l’appli- cation géométrique : c’est l’existence des Géomé- tries non euclidiennes. On cherche toujours à énoncer explicitement tous les postulats de la Géométrie ordinaire, clas- sique, mais c'est extrêmement difficile parce qu'il s’agit d’une lente élaboration de l'esprit sur l’ex- périence accumulée des générations quant aux corps solides, Certains postulats ont pu passer dans l'inconscient, et n’en avons-nous pas mis, sans le savoir, que nous ployons ? De tous nos postulats, le plus fameux est celui qui concerne la parallèle à une droite : c’est le Postulat d'Euclide, si mal nommé : « par un dans les ynots em- point, on peut mener une parallèle à une droite, etune seule ». Des savants hardis ont supposé qu'on ne pou- vait mener aucune parallèle, ou bien qu’on pou- vait en avoir une infinité, et leurs constructions logiques sont cohérentes. On a fait des Géomé- tries non euclidiennes logiquement valables, mais on pouvait se demander si, un beau jour, on ne se heurterait pas à une contradiction ? Henri Poincaré a démontré que nous sommes sûrs de n'être pas arrêtés, dans cette voie?. L'existence d’une infinité de Géométries diffé- rentes prend de l'importance, au moment où Einstein introduit, non pas, ilest vrai, des espaces non euclidiens, mais des univers non euclidiens, l'existence du point matériel étant équivalente à une déformation locale, en un point, d'un’uni- vers. Pour notre objet actuel, retenons d’abord que 1. Essai sur la Gertitude logique, Rationnel, Alcan, 1898, 2. La Science de l’Hypothèse, pages 57 et 58; E. rion, Bibliothèque de Philosophie scientifique. 3. Emize Picanp, brochure citée, p. 19. chez Alcan, 1894; Le Flamma- R. D'ADHÉMAR. — LA DÉMONSTRATION, SCIENTIFIQUE la certitude logique de la démonstration mathé- matique repose sur un formidable travail d’abs- traction, ensuile qu’au seuil même de l’applica- tion, on se trouve en présence d'une infinité de Géométries logiques et cohérentes : une infinité de théories physiques de l’espace. Nous mentionnerons aussi un caractère spé- cial de la théorie analytique, la possibilité fré- quente d’un renversement dans l’ordonnance des idées. Qu'il s'agisse, par exemple, de l’ellipse ou du sinus, etc., je pars d'une définition À et j'obtiens un théorème B. Je pourrai, souvent, prendre la propriété B pour définition et alors la définition À deviendrait un théorème démontré: Les sciences mathématiques — ce n’est pas contesté — ont pris naissance à la suite d’une réflexion séculaire sur les propriétés pratiques des solides que nous touchons et manions, de triangles que nous arpentons, ete. Mais, perfectionnées par l'élaboration savante de définitions synthétiques, les Mathématiques ont pris, peu à peu, l'aspect d’un jeu de symboles nets, précis : jeu très difficile, jeu d'imagination et de logique, de finesse et de puissance, jeu aus- tère! On peut dire « jeu » ou « spéculation » parce qu'on se meut dans l’abstrait (extrait du réel, généralisé, étendu...) et ensuite parce que — nous venons de le dire — certains points de départ sont arbitraires ; l'ordonnance de cer- taines théories est réversible. Nous devonsrechercher, maintenant, s'ilexiste des caractères semblables ou Fe dans la Mécanique, dans la Physique ? La Mécanique Dans la Mécanique classique, il faut définir la force statique, dont l’idée première provient dela sensation d'effort musculaire, et il faut définir la force dynamique qui, d'après le Principe de l’Inertie, est introduite (par définition, chaque fois que le mouvement d’un point matériel isolé n’est pas, à la fois, rectiligne et uniforme. Les forces statiques et les forces dynamiques présen- tent, en outre, des analogies permettant de les assimiler (Principe de d'Alembert). Mais celui qui veut exposer les éléments de la Mécanique classique se trouve immédiatement dans breuses ; il n’est pas, je crois, deux savants sui- vant la même piste et il n'existe pas un seul expôsé satisfaisant tout le monde L’auteur, lui- même, se juge sévèrement et se reconnaît impuis- sant : les principes de la Mécanique sont terri- blement subtils. La définition de la force est toujours critiquée. des broussailles enchevêtrées et téné- R. D'ADHÉMAR. — LA DÉMONSTRATION SCIENTIFIQUE Chacun connaît la célèbre critique de Hertz!: «Hertz, disait Henri Poincaré, n’a pas cherché à Galilée et à Newton une simple querelle d’alle- mand... avec le système classique il est impossi- ble de donner de la force et de la masse une idée satisfaisante. » On critique la Mécanique classique, l'étudiant ni l'ingénieur ne peuvent la rejeter et sa disparition n’est pas prochaine, quoi qu’il ad- vienne. Examinons seulement quelques points de l'his- toire de la Mécanique. La règle du parallélogramme, pour la compo- sition de 2 forces, est devenue, peu à peu, un Principe après avoir été longtemps un fait expé- rimental pour les uns — pour d’autres, une déduction à partir de faits tenus pour plus pri- mitifs, ayant une priorité d'expérience ou de logique. Fait d'expérience? - Assurément, on peut faire des expériences, comme celles de Stevin et de Varignon?. On doit faire des expériences, et, sans cela, d’où partirait-on ? Il faut mêmeen faire beaucoup. Mais, comme l’a remarqué Henri Poincaré, on ne peutaccrocher etdécrocher une force dynamique, comme on attelle ou dételle une locomotive! L'expérience suggère la définition dela force; elle ne définit par la force. Si, d’autre part, on mais ni veut démontrer,« more geometrico », la règle du paraléllogramme, en partant, par exemple, du losange... la critique découvre aisément un ver- biage creux et des cercles vicieux. On a donc renoncé à « démontrer », mais il y a eu une lutte épique entre ces deux rivales : défi- nilion et démonstration. La mécanique des machines avait créé la quasi- certitude pratique de la règle du parallélo- gramme. Après de longs et vains efforts, on a renoncé à démontrer cette règle; on la pose comme principe et elle fait partie de la définition de la force. Par une élaboration très soignée des Prin- cipes concernant l’Inertie, la règle du parallélo- gramme, les actions, les liaisons, etc., on a construit des définitions correctes et l’on a pu instituer une Mécanique démontrée,une Mécani- que rationnelle. Maiïsil s’agit de démonstration sous condition : lorsque les principes sont vala- bles,.… voici ce que l’on pourra déduire... On obtient bien une tlémonstration « more geometrico », mais en chargeant les définitions 1. H. Potncaré, Revue générale des Seiences, 30 septem- bre 1897. 2. La Mécanique, par Macu, trad. française chez ler- mann, 1904, Cet ouvrage est extrêmement remarquable. 241 d'un fardeau pesant : toute une expérience, une conception de la Nature! Expérience et conception intellectuelle mar- chentde front et sont inséparables, dès que l'on: abandonne l’expression la plus banale, la plus brutale des faits. Et cette juxtaposition est telle- ment certaine que notre expérience commune du monde mécanique peut se traduire, aussi bien,dans la langue de la dans la langue de la théorie énergetique. Dans la première conception, il y a 4 notions fonda- mentales, espace, temps, masse, force. Dans la seconde conception, l’énergie fondamentale et la force s’introduira comme une expression analytique, commode d’emploi lorsqu'ont lieu des échanges d'énergie. Il est, d’ailleurs, aussi difficile de bien définir l’éner- sie que de bien définirla force. Nous retrouvons bien, ici, la reéversibilité de l’ordre des notions, mais à moindre dose que dans l’Analyse pure, parce qu’il y a, devant le physicien, le volant régulateur du sens commun. et de l'expérience, qui limitent le degré d’arbi- traire de son jeu. Que l’on veuille adopter le système classique, ou bien le système énergétique, on rencontre une notion extrêmement féconde, celle de travail virtuel, dont l'importance est telle qu’il faut raconter son histoire. On remarque, immédiate- ment, que certains auleurs disent Principe des travaux virtuels, tandis que d’autres emploient le mot Théorème. Ce fait a besoin d’un commen- taire. Le travail virtuel correspond à un déplacement infiniment petit, compatible avec les liaisons dépourvues de frottement. L'étude physique des liaisons, telles qu’elles sont réalisées dans les machines (au frottement près), montre que le travail virtuel des forces de liaison est nul. L'étude mécanique des systèmes en équilibre montre que, si un système est en équilibre, le travail virtuel des forces directement appliquées est nul — et réciproquement. Telle est la règle théorie classique, et sera la notion des travaux virtuels !. Descartes a eu l’idée de faire de cette pro- priété, entrevue, du travail virtuel, un principe primitif et Lagrange en a fait la base de la Sta- tique analytique, mais Lagrange ne regardait pas cette notion comme pouvant être immédia- 1. Je suppose les froltements nuls, c'est-à-dire négligea- bles, Je suppose, en outre, les déplacements virtuels renver- sables. Sinon il faut dire : travail des forces de liaison =0, travail des forces directes 0. Mais ces inégalités, correspondant aux liaisons lunilaté- rales, compliqueraient mon langage, et je les omets, volon- tairement, pour parler plus facilement. ! Ja proposition suivante : 242 R. D'ADHÉMAR. — LA DÉMONSTRATION SCIENTIFIQUE tementérigée en principe. Il a fait une démons- tration, par la considération de trains de pou- lies qui transformeraient les forces en poids !, C’est une démonstration de physicien. Foun- rier a donné une autre démonstration, en subs- tituant au système donné un système plus sim- ple, susceptible d’être déplacé de la même manière. Mais les démonstrations de Lagrange et de Fourier nous paraissent artificielles et superfi- cielles. Celle de Fourier se préoccupe, assez peu, de la réalisation effective des liaisons. Et Gauss disait (d’après Jacobi) que Lagrange n’a pas démontre ses équations d'équilibre, Dans ces conditions, il les aurait posées, par principe, “par définition ? Le Traité magistral et fondamental de M. Ap- pell donne une démonstration, qui consiste d’abord en une vérification de la Règle des tra- vaux virtuels, pour les types classiques, connus, de liaisons — à la lueur des premiers, éléments de la Cinématique et de la Mécanique. Ayant vérifié que les liaisons sans frottement ne travaillent pas, dans un déplacement compa- tible avec les liaisons, M. Appell? érige ensuite ce fait en définition générale des liaisons sans frottement, et alors il démontre le principe des travaux virtuels. Telle est bien la méthode de la Physique ‘mathématique : élaboration de bonnes défini- tions, permettant de faire une analyse cohérente. Tout récemment, M. Louis Roy a été bien plus loin, dans cette voie, en partant d’une défi- nition analytique des liaisons sans frottement et en employant les méthodes de la Mécanique aralytique : il obtient ainsi, par déduction, le Principe, comme théorème #. Tout autre sera, en général, le processus de la pensée d’un physicien et nous voyons, par exemple, M. Bouasse‘ ériger en Principes de Physique : ‘ {0 que, pour un déplacement virtuel, les liai- sons ne travaillent pas (plus exactement, les for- ces de liaison frottement ne donnent jamais un travail résistant, négatif), sans 1, La proposition générale se trouverait alors ramenée à l'équilibre d'un système de corps pésauts à lieu lorsque le centre de gravité est aussi bas que possible, en tenant compte des liaisons. L'image de Lagrange est une conception remarquable de physicien, d'ingénieur, Voir l'ouvrage, cité, de Macn et les 2 beaux volumes de M. Joucuer : Lectures de Mécanique, chez Gauthier-Villars, 1908 et 1909, 2. Précis de Mécanique rationnelle, par APreLz et DAurue- VILLE, chez Gauthier-Villars, 1918, p, 492. 3. Louis Roy : Sur les équations jsénérales de la Mécu- nique, Annales de La l'acullé des Sciences de l’Université de Toulouse, 1921, à 4. H. Bouasse : Stalique, chez Delagrave, 1920, pages 60 et 61. 20 que, pour un déplacement virtuel, le travail des forces directement appliquées est nécessai- rement un travaïl »#0teur, positif. Il en résulte que, dans le cas de l'équilibre, le travail virtuel des forces directes est nul, dans le cas des liaisons bilatérales — négatif, dans le cas des liaisons unilatérales. C’est la règle des travaux virtuels, érigée en Principe. Su » Nous constatons, en somme, comme un fait, l'existence d’attitudes scientifiques très diverses, et une certaine possibilité de jeu, de spécula- tion, dans la Mécanique Analytique. De la méthode si élégante, si correcte, dans la forme, du physicien mathématicien, ne pour- rait-on dire qu’elle semble perdre en objectipité ce qu’elle gagne en précision logiqueet analy- tique ? On voit, en somme, que tout le fardeau des difficultés possibles se trouve reporté sur une définition des liaisons. Il faut une extrême perfection des définitions pour atteindre la forme correcte de la démons- tration analytique, mais aussi, quand on regarde de près, voit-on parfois la définition plier sous le poids des énigmes qu’on a accumulées en elle, quant à la question capitale de l’accord de la théorie avec le Réel. Et cependant, jamais on ne renoncera à cette méthode parce que la langue des géomètres est si maniable, subtile et puissante qu’elle permet de voir les choses connues, sous des aspects nou- veaux ; en outre, elle fait trouver des choses nou- velles, des rapports imprévus entre des phé- nomènes dissemblables, en apparence. Dans les parties élénrentaires de la Science, l'ingénieur, le physicien, disions-nous, peut se contenter d’une induction énoncée à la suite d'un ensemble d’expériences variées. Après N expériences, il pose un Principe, maisil n'existe, certes, aucune règle pour fixer N. C’est un art! C’est le bon sens qui décidera. Les timides demanderont que N soit un très grand nombre et les hardis se moqueront de cette prudence. Des jugements de ce genre se retrouvent dans toute théorie rationnelle. A quel stade de notre expérimentation ration- " . . nelle pouvons-nous nousarrèter provisoirement, — poser un principe, — ensuite déduire et ana- lyser dans les cadres de la Mathématique ? A quel moment l'induction est-elle devenue assez sûre pour que nous puissions mettre en train la déduction et démontrer ? On ne constatera pas, dans cet ordre d'idées, un accord complet éntre les savants, parce que les uns sont plus intuitifs, les autres plus rai- sonneurs; les uns sont surtout inventeurs, les be es. nant. Nil. 22,2 R. n'ADHÉMAR. — LA DÉMONSTRATION SCIENTIFIQUE autres sont systématiques. Grande est la va- riété des bons’esprits et nous l'avons bien vu, à l’occasion du Principe, ou Théorème du tra- vail virtuel. Dans l'application, il n’y a aucun désaccord, parce que nous, touchons la synthèse de tout ce qui est acquis sur l'équilibre des ma- chiues sans grincements. Dans la conception, quant à la situation de cette notion dans le mo- nument de la Science, le désaccord est complet. d'un démontre un Théorème, et encore le mot « démonstration » n’a pas, pour tous, le même sens. L'autre pose un principe, le principe étant une sorte d’hypothèse, dontle succès est tel qu’on lui confère un rang pré-éminent et transcendant par rapport aux autres hypothèses. On pourra toujours dire, de la Physique théo- rique, qu'elle se berce de folles illusions si celle prétend démontrer, « more geometrico », le principe du travail, car elle introduit impli- citement au moins deux formidables postulats : 4° Il n'existe que des liaisons analogues à celles que nous connaissons actuellement, 2 Les liaisons’sont nécessairement représen- tées par telle ou telle forme analytique. Connaissons-nous donc toute la nature et tous les mécanismes ? Et, quant à la forme mathématique des liaisons, y a-t-il si longtemps que Hertz nous a appris à distinguer les liaisons solides ou ho/onomes (re- lation entre les coordonnées des points) et les liaisons non holonomes (relation entre les coor- données et leurs vitesses) !. Toutes ces critiques ont du poids, mais si l'on déclare que la Physique mathématique, en se ripprochant à l’excès de la Mathématique, in- quiète, et même effraie un peu, sion lui repro- che de vouloir forcer et violenterla Nature, contre cette défiance le Théoricien saura se défendre. Il montrera, sans peine, la commodité, la fé- condité, le succès desthéories dans la Mécanique céleste, l’'Optique, l’Électricité, dans tout ce qui peut être observé et mesuré, avec précision, Néanmoins, la forme mathématique de la théo- rie étant obtenue par des définitions, ce vète- ment mathématique ne confère pas, « priori, à la Physique mathématique la certitude logique et mathématique. Disons-le, dès maintenant, la Physique théorique n’est pas nécessairement une démonstration, au sens mathématique ou lo- gique de ce mot — ou bien une explicationintime du Cosmos. C’est, peut-être,seulement uneclassi- fication rationnelle des données de l'expérience. Telle était, à peu pres, l'idée de Duhem?. 1. M. E« Decassus, dans ses Leçons de Dynamique (Hermann, 1913). distingue un %° type, la liaison semi- holonome (page 25). À 2. Revue générale des Sciences, 15 janvier 1908. - 243 . Si nous nous plaçons à ce point de vue: classt- fication rationnelle des phénomènes — plutôtque démonstration logique et mathématique, alors le physicien réaliste, l'ingénieur justifieront aisé- ment leur position lorsque, par exemple. ils feront de la Règle des travaux virtuels un Prin- cipe primitif. Ils nous diront : « La Regle des tra- vaux virtuels synthétise ce que nous savons surles machines en équilibre ‘au frottement près. Nous l'érigeons en Principe,parce que l’application en estsûre êt rapide, et aussi parce que la Slatique de Lagrange a pu évoluer vers la Statique Géné- rale, de J. Willard Gibbs !. Notre principe sera le fondement d’une théorie commode, féconde, capable d’admirables extensions et développe- ments...» j La Science aime ce qui est ample, général, universel.Mais c’est toujours une question impor- tante que de réduire au minimum le nombre des principes primitifs. Ce triage, tres diflicile, n’est pas inspiré par une subtilité byzantine. Il faut toujours tenter de faire le tri des prin- cipes primitifs, car on ne peut vraiment pas, délibérément, courir le risque d'introduire, dans une théorie, l’incohérence. Je ne sais donc pas si la règle des travaux vir- tuels suivra nécessairementles mêmes évolutions que la règle du parallélogrammedes forces, parce que la question est de plus grande envergure et de plus grande complexité. Mais, en faisant une ébauche de discussion, sur ces deux cas simples, j'ai essayé de saisir, dans ses origines, la notion de démonstration scientifique, dansla Physique, dans la Mécanique. Pratiquement, bien entendu,que nousimporte, que l’on dise « principe » ou «théorème» ! Toute étude des Travaux virtuels peut être intéressante et utile, quelle que soit son inspi- ‘ration intime, Mais je m'occupe ici, moins de ce que nous savons, que de la »#anière dont nous lé savons, des conditions et des limites de la connaissance scientifique. On voit done, à l’origine de la Mécanique, un choix de groupes de faitsanalysés, nettoyés, puri- fiés par l’abstraction, cettesé/ection étant accom- pagnée d’une synthèse solidaire qui crée les dé- finitions et les principes. On découvreun certain degré d’arbitraire dans le choix des faits jugés primordiaux, dans le choix des notions jugées primitives, dans le dé- veloppement des idées, qui doit être toujours juste, logique, commode, efficace. 1. Voirla série d’arlicles de P. Duuem dans la Revue géné- rale des Sciences, de janvier à mai 1903. 244 R. D'ADHÉMAR. — LA DÉMONSTRATION SCIENTIFIQUE a ————————…— —" —————— —————— "———— — ———— Et l’on pourrait, un peu superficiellement, dis- tinguer deux genres : 1° La théorie du physicien réaliste, de: l'ingénieur — les Principes étant posés par induction, après N expériences, sans un très grand souci de la forme et de l’ordre des inductions et déductions. Cette méthode est un peu courte,etellene vaut que pour une science assez rudimentaire, toute proche des constatations du sens commun.— Elle a, d’ailleurs, une immense valeur pédagogique. 2 La théorie du physicien mathématicien, la démonstration «more geometrico » — où l'on se préoccupe de réduire les premiers Principes au strict minimum, où l'on incorpore les principes dans les définitions, où l'onobtient un enchaine- ment parfait des idées et des formules, où l'on obtient desthéorèmes, comme dans la déduction mathématique. Seulement, chaque conclusion sera suivie iné- vitablement, dans notre esprit, d’un /»rais ou d'un si... « Sile bloc des principes et définitions est valable, pour tel objet... » Plus on perfectionnela forme, plus on sou- met de problèmes à la critique. Par contre, se rapprochant de l’analyse mathématique, on crée delarges possibilités de voies nouvelles, à travers le connu et, vers l'inconnu. Assurément,il ya les sz et les mais; néanmoins, n'oublions pas la richesse inépuisable des for- mes mathématiques. Ce sont, d’ailleurs, ces si et ces mais qui ont pu faire dire à d’éminents savants que la Physi- que mathématique ne démontre pas, qu'elle classe méthodiquement les faits dans les cadres préparés par les mathématiciens. Assurément, le verbe « démontrer » peut avoir, dans la Philosophie, des sens très différents, ce qui rend souvent les discussions interminables. Voulant rester iei sur un terrain solide, objec- tif, jJ'emploie le mot démontrer avec une signi- fication qui pourrait être définie comme une moyenne des expressions suivantes : « Rendre évident, ou indiscuté », tenir une « notion théorique en concordance parfaite avec la pratique », créer « une image ou un symbo- lisme unique, sans variantes possibles, tout au- tre symbolisme étant impraticable ». Et en outre, « pouvoir dire tout cela, dans une langue impersonnelle », le contraire exactement du langage littéraire ou musical, quiest émotion pure ! La « démonstration » supposerait donc, me semble-t-il, /e contour des définitions très nette- ment dessiné, des définitions et principes clairs, uniques, indispensables, exprimés sans aucune ambiguïté. en La démonstration parfaite serait une corres- pondance d’un état de faits dûment constatés avec un système de concepts, — toute évolution des états réels étant en accord uniforme et réci- proque avec un déroulement correspondant {logi- que ou mathématique) d'un jeu de symboles. Et cette condition serait essentiellement exigée : Eclairement maximum des Principes, Postulats, Axiomes, c'est-à-dire de ces propositions en nombre limité, qui sont nécessaires et suflisantes pour une construction, logique ou mathémati- que, nettement stable. Je poursuivrai mon enquête, mais, dès main- tenant, je conclus : La Science théorique montre, plus qu'elle ne démontre. Elle nous offre uniquement des Schèmes des phénomènes naturels, des classifications. Cette classification rationnelle de la Physique, analytique dans sa forme, est bonne si elle peut grouper le nombremaximum de faits connus dans le nombre rr7inimum de définitions, de principes bien ordonnés, de formules, et si la langue que l’on parle est, au degré maximum, énmpersonnelle, exactement communicable d'homme à homme. Le savant a toujours l’espoir qu’en rassem- blant, en concentrant, au maximum, le donné, le connu,le certain —1l aura le maximum de chances de tenir /e bon instrument de l'intelligence, La bonne méthode pour la découverte : pour inventer | Bien classer Les mots sont toujours insuffisants pour tra- duire des idées fines : « traduttore traditore». J'emploie volontiers le mot « classer » parce qu'il a, à mes yeux, un sens scientifique positif, tandis queles termes «démontrer », « expliquer» risquent d'introduire, frauduleusement, un parti pris philosophique et nécessiteraient done d'in- terminables commentaires. Mais, je ne veux nullement affirmer que la Physique mathématique dresse des catalogues, par ordre alphabétique, et se contente de col- lér des étiquettes numérotées... «Classer rationnellement » signifie : établir la meilleure notation analytique des faits, — la meilleure ordonnance d'idées et de symboles, à propos des phénomènes connus. Et ce n’est point faire un inventaire banal. (A suivre.) R. d'Adhémar. P.-S. — Après la rédaction de cet article, j’ai pris con- naissance du discours de M. Emile Picard, sur Pierre Duhem, lu à l'Académie des Sciences, le 12 décem- bre 1921 ; on y trouvera l’exposé le plus exact de ce que Duhem entendait par «elassification des lois » (page 21). Duhem, en métaphysicien, aboutit à l’idée de clas- sification naturelle et d'ordre ontologique, mais à ce moment, il abandonne, à dessein, le terrain de la science positive. R. A, BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 245 BIBLIOGRAPHIE ANALYSES ET INDEX 4° Sciences mathématiques Poirée (J.), Professeur à l'Ecole militaire du Génie de Versailles. — Précis d'Arithmétique. — 1 vol. in-8° raisin de v-64 p. (Prix: 9 fr. 50), Gauthier-Villars et Cie, éditeurs, Paris, 1921. Cet ouvrage est unesorte de condensation en 62 pages de toute l’arithmétique élémentaire ; il n’est pas fait pour ceux qui, complètement ignorants de la science des nombres, voudraient l'apprendre; il ne contient pas un effet les règles pour effectuer les opérations dans le système décimal; l’auteur suppose cela connu. Mais à celui qui sait déjà il fournit un moyen de savoir davan- tage, car il contient sous une forme extrêmement con- cise toutes les théories un peu moins élémentaires que les 4 règles renfermées dans les traités usuels. La numé- ration est un chapitre d’une seule page, et des notions sur les opérations fondamentales forment le second chapitre de deux pages. Après ces deux chapitres, qui ne sont que des préliminaires, viennent successivement la divisibilité, le plus grand commun diviseur et le plus petit commun multiple, puis les nombres premiers, et la théorie de l'indicateur de Gauss, La théorie des fractions ordinaires et décimales qui vient ensuitetient peu de place, et cependant est claire. La théorie des proportions lui succède, avec des applications pratiques et des indications extrêmement courtes sur le système métrique. Viennent ensuite un chapitre sur la racine carrée, un autre sur les progressions. Le dernier chapitre, le plus intéressant de tous, est intitulé : Introduction à la théorie des nombres. Il est plus développé que le reste de l'ouvrage. L'auteur com- mence par introduire la notation de Gauss sur les con- gruences, puis les restes obtenus en divisant par un même nombre les termes successifs d’une progression * arithmétique. Cela le conduit à l'équation indéterminée du 1°r degré à deux inconnues. Le théorème de Fermat et celui de Vilson sont démontrés ensuite, et l’auteur expose le début de la théorie des résidus quadratiques, puis les propriétés des congruences algébriques de module premier sur les résidus des puissances succes- sives d’un nombre, les racines primitives et les indices, La concision extrême de ce livre nenuit pas à la clarté ; il se lit facilement. LA J. RicnanoD, Professeur au Lycée de Châteauroux; Maillard (Louis), Professeur d’Astronomie à lUniver- sité de Lausanne. — Cosmogonie et Gravitation (Deux Mémoires). — Une brochure in-8° de ho pages, avec 4 figures (Prix :3 fr.). Gauthier-Villars et Cie, Paris, 1922. _ Le premier des deux remarquables mémoires que l’auteur a réunis dans cette brochure estintitulé: Mise au point des hypothèses cosmogoniques nébulaires. Les résultats exposésont déjà fait l’objet d’une importante | communication au dernier Congrès international des Mathématiciens (Strasbourg, septembre 1920). d On sait que la nébuleuse de Laplace secomposait d’un noyau attirant,entouré d’une atmosphère très subtile, l’ensemble tournant tout d’un bloe. Enserefroidissant, cette atmosphère se contractait et abandonnait dans le plan de l'équateur une série d’anneaux successifs, d’où devaient naître les planètes.Celles-ciseseraient donc for- mées à l'extérieur de la nébuleuse, dans le vide, et le noyau central aurait agi sur les particules de matière en raison inverse du carré de la distance. Avec Faye, M. Maillard suppose que la nébuleuse originelle est d’abord homogène; l'attraction à l’inté- rieur est alors proportionnelleà la distance r au centre. Puis une condensation centrale se produit, elle formera le Soleil, et, à l’état final, l'attraction est réciproquement comme le carré de la distance. Pour la période inter- médiaire, Faye admet que la loi de force est de la forme ar + b/r?, accolant simplement les deux cas limites précédents; à tendrait vers zéro avec le temps, alors que bcroitrait pour atteindre une limite fixe. C’est à l’intérieur même de la masse nébulaire que seseraient formés les anneaux d’où provinrent les planètes, La loi de Faye, ainsi composée, a une allure artificielle ; l'attraction est infinie à une distance infinie, Pour des valeurs données de a et b, les orbites ne sont plus ellip- tiques ; ce sont des spirales. M. Maillard propose une loi beaucoup plus satisfai- sante entre les cas limites précédents. Il part de l’hy- pothèse simple suivante : durant l’évolution mécanique du système, une particule libre décrit une spirale telle que, si la contraction due au refroidissement de la nébu- leuse cessait brusquement, la trajectoire serait une ellipse rapportée à un centre de force situé entre le centre de figure etlefoyer. Calculant la loi de force quiimpose à une particule une telle trajectoire, l’auteur trouve: — mr g ITR) 32 (C2+ gr — &) où et & sont des paramètres lentement variables avec le temps. La force est nulle à une distance infinie. Mais une des particularités les plus remarquables de cette loi, c’est la discontinuité qu’elle présente lorsque r devient inférieur à :la force est alors imaginaire. M. Maillard utilise ce fait pour montrer comment des anneaux discontinus ont pu se détacher de la masse pour donner naissance aux planètes. Avec la loi en 1/r? employée par Laplace ou celle de Faye, qui n’offrent pas detelles discontinuités, la séparation d'anneaux distincts demeure incompréhensible; il ne devrait exister, autour du Soleil, qu’un vaste anneau formé d’amas plus ou @) = moins continus; c’est le cas des planètes télescopiques qui serait la règle. L'auteur montre ensuite comment des rolations de sens rétrograde ou de sens direct ont pu prendre naïs: sance; elles correspondent respectivement à deux BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX périodes (1,8 petit ; IL, « petit), entre lesquelles se place la formation des planètes télescopiques. IL explique également l’inclinaison de l’axe d'Uranus, etc. Dans son second mémoire, intitulé : Ze mouvement quasi-newtonien et la Gravitation, Vauteur examine Ja loi de force : = puir T5 à laquéllé sé ramène l'expression générale (1) lorsque 22 est très petit (A2négligéable). Lesconstanteszet{£sont calculées par comparaison avec la loi empirique de New- éümb, et À est déterminé de façon que Ÿ® rende compte dés résidus séculaires : 1° de l’accélération du moyen iiouvement de là Luñe;29 de l'avance à du périhélie dés planètes, de Mercure en particulier. Les résultats obtenus sont surprénañts. M. Maillard montre que l'on trotive les avances à pour les quatre planèles intérieures ét pour Saturne, en posant À — ». 10—$, où la quaritité » prend des valeurs entières croissantes. Voici d’ailleurs les éotnparaisons numériques: Planètes » ù ô calculé probable 1. Mercure 2 435 434 2. Vénus ‘4 17"4 19° 3. Terre 6 11"6 [TN 4. Mars 12 8'2 8" 7. Saturne 96.60 Lo” bo” Le procédé utiliséici rappelle la « quantification que les physiciens fontsubir aux ellipses képlériennes, dééri- tes par des électrons, pour retrouver les séries spec- trales, Dégagé de toute hypothèse physique, ce procédé _ consiste essentiellement à utiliser des formules relati- ves à des mouvements continus, mais comportant une variable à laquelle on donne des valeurs discrètes, Les concordances numériques ci-dessus montrent qu'il per- met, en Astronomie, de tenir compte, d'une façon simple, de l’ensemble des actions perlurbatrices. Pour établir une liaison entre la gravitalion et les phénomènes lumineux, l'auteur a l'heureuse idée de con- fronter la loi D avec les lois électrodynamiques données par divers auteurs : Riemann, Webér, Tisserand, Mau- rice Lévy. Il parvient ainsià un potentiel commun à l’'Electricité et à l’Astronomie, dont l'expression en valeur absolue est: pm Yes = — Æ 12 EE [: Æ a 6+ r c ést la vitesse de la lumière; vetr’ sont les vitesses relatives de deux masses graviliques ou de deux char- ges électriques. Il en résulte que la vitesse ‘de propa- gation devientnumériquement égale à celle de la lumière. Il éxisle une aberration gravilique de même grandeur que l’aberration lumineuse. Il n'y a plus d’incompati- bilité entre les deux théories classiques de la lumière: émission et ondulation. Les grains d'énergie sont émis constamment dans tous les sens par les charges élec- triques. On peut s'attendre à cequ'un rayon lumineux soit dévié en passant près d’une masse gravifique. C’est effectivement ce qui a lieu, Il suffit de poser r—c dans l'expression de P, qui devient alors 2 m/r en première approximation. Le potentiel estainsi égal à deux fois le potentiel d’une particule attirée suivant la loi de Newton, La dévialion sera donc le double de celle que permet de prévoir la théorie de l'émission. Ce résultat est exactement celui auquel Einslein à été conduit par la Relativité générale !. Établissant la comparaison entré le mouvement düäsi-newtonien et la Relativité, M. Maillard montre que la troisième prévision d'Einsteéin —le déplacement des raies spectrales dans le cliämp solaire — peut être retrouvée également dans la Mécanique classique. Si l'effet en question existe, la Relativité en donne le maximum, La démonstration répose sur des postulats qui ne sont pas évidents, Il est intéressant dé relever que les trois vérifications de la Relativité dépendent toutes du carré de l’aberration, Par contre, la formule d’Einstein, le célèbre ds?, ne s'applique ni an caleul du moyenmouvementdela Lune, nià celuide à des planètes en général: Pourla Terre; par exemple, elle donne", et pourMars,1'b;elle ne s'applique strictement qu'à Mer- cure, et, dans ce cas, M. Maillard trouveune valeur iden- tique à celle d'Einstein. C’est quela loi de force d’Eins- tein se compose,en dernière analyse, de la loi de Néwton et d'un terme complémentaire rigide, qui ne permet pas de tenir compte de l'ensemblé des actions pertur- batrices, Pour introduire ces actions, l'illustre physis cien devrait, avec sa loi de force, aborder le problème des n corps ; la question n’est pas près d'être résolue, La formule de M. Maillard n'en prend que plus d'im- portance. Toute théorie de la gravitation devra, avec uné certaine approximation, conduire à cette formule, Il faut fétieiter l’auteur, qui, partant d'une hypothèse cosmogonique, est parvenu à ces très intéressants résultats, Epouarp GUILLAUME, Docteur ès Sciences (Berne). 2° Sciences physiques Roussel (l.).— Le Livre de l'Amateur de T.S.F.— 1vol. in-8° de vr8ok p. avec 232 fig. (Prix : 15 fr.). Librairie Vuibert, Paris, 1921. Comme l'indique M. Roussel dans la préface, ce volume, écrit pat tn athaleur pour des amateurs, n’a qu'un seul but: initier le lecteur aux mystères de celie science viéille à peine de 40 ans que le publie considère, bien à toit du reste, comine relevant du domaine de la sor- cellerie. Après un rapide historique, l’auteur rappelle les quelques notions fondamentales d'électricité indispen- sables pour bien comprendre le fonctionnement d'un poste récepteur’; puis il aborde la réception des signaux, pni y? 1. 1 est à remarquer que pour r = pv etP=— {1 — =); Fer V2 — = et mn = LI & 0 L æ ce qui conduit à la masse lorentzienne et au potentiel LoMo \ x Po — ——: qui reprend la formé classique. r rien n'empêche de poser /o— LL BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 247 mm dans laquelle il guide le lecteur pas à pas, depuis les pos- tesen «direct » jusqu'aux postes syntonisés les plus com- plexes. Etudiant ensuite,au point de vue pratique, les ampli- ficateurs, il décrit, à côté de divers disposilifs mécani- ques ou acoustiques, les précieuses lampes à 3 électro- des, les «loupiotes» en argot de mélier, qui ont fait progresserla T.S.F, à pas de géant pendantla guerre et permettront à l'amateur d'accroître son champ d’action en revevant des postes de plus en plus lointains. Le lecteur ambitieux, que ne satisfait plus la sim- ple lecture au son, voudra réaliser les excellents enre- gistrements obtenus par l’auteur et reproduits dans cet ouvrage où il trouvera tous les renseignements néces- saires. « Chacun s'arrêtera à l'étape qui lui plaira, choisis- sant selon ses goûts, ses désirs et ses possibilités d’exé- cution, » Mais que servirait de recevoir des émissions loin- taines, si l’on ne pouvait les identifier et interpréter les différents groupements de chiffres qui constituent les Bulletins Météorologiques ? Toute une partie de cet ouvrage est donc consacrée à là lecture des « Radios », signaux horaires, indicalifs de postes et météos. Un autre chapitre traite des matériaux à utiliser et de l'outilläge nécessaire, outillage qui, tout en étant réduit au striet minimum, a permis à l’auteur de cons- truire lui-même tous les appareils qu'il décrit. Puissent ces indications donner au lecteur le goût du travail manuel, trop dédaigné en France! L'amateur« ami du chiffre » trouvera une partie de calculs qui lui évitera de fastidieux tàtonnements et lui permettra, grâce à la formule et aux tables de Nagaoka, de calculer les bobines de self-induction qui lui seront nécessaires, tandis que les tableaux emprun- tés à Zenneck lui donneront les valeurs de Let de C à adopter pour s’accorder sur telle longueur d'onde qui lui plaira: Enfin, pour les « curieux d'exactitude », lPauteur se devait d'indiquer des méthodes de mesure élémentaires permeltant de vérifier les calculs. Toutefois, il est regrettable que dans ce chapitre, trop court à notre gré, il n'ait pas été fait mention de la méthode si simple et précise à la fois du pont à téléphone, ou pont de Sauty, pour la mésure des condensateurs. Un aperçu du statut légal de la T.S.F. des amateurs en Franceet quelques descriptions des appareils de divers constructeurs terminent d’une façon instructive cet ouvrage qui intéressera vivement les futurs « sans- filistes ». J.S. Urbain (G.), Membre de l’Institut, Professeur à la _ Sorbonne, — Les disciplines d'une science : la Chi- mie. — 1 ol. in-16 de 325 pages de l'Encyclopédie scientifique du D' Toulouse (Prix broché, 10 fr.; cart.: 12 fr.). G. Doin, éditeur, Paris, 1922. ° Sous ce titre, un peu imprévu, l’un des maîtres les plus éminents de la Sorbonne et de l’Institut vient de publier un ouvrage qui a sa place marquée dans la bibliothèque de tous les chimistes, Après uné assez longue introduction, plutôt philoso= phique que scientifique, M. Urbain nous donne un petit traité de Chimie générale en trois parties : les elassifications, lesinvariants, les symboles. 10 Les classifications. C'est d’abord un historique abrégé, mais très clair, de la théorie atomique, où, notamment, l'influence des travaux de Dalton et de Berzélius est bien mise au point. Certains trouveront peut-être que le rôle dé Mitscherlich et celui de Dulong et Petit sont traités un peu cavalièrement, eu égard aux services rendus, Puis l’auteur aborde la classification des éléments en rendant justice à notre J.-B. Dumas, qui fut le grand précurseur. Ses critiques de la classification de Méndeleef parati- tront peut-être sévères en raison de ses beauxtriomphes du premier âge et surlout de la façon élégante dont celte classification a pu accueillir soit les gaz inertes, soit les isotopes de Soddy. Sans doute, il y à les métaux des terres rares et puis les trois triades du fer, du ruthénium et de l’osmiuni, séries dans lesquelles l’ana- logie existe entre éléments de poids atomiques très voi: sins, ce qui est absolument contraire à la conception primitive de Mendeleef. , L'accord ne pourrait-il se faire en considérant ces comme formées d'éléments qui seraient des « pseudo-isotopes » ? IL est vrai que la notion üu « numéro atomique » y perdraitsa valeur, mais serait- ce bien à regretter ? : Puis vient une critique très originale de l'isomor- séries phisme, loi fausse en somme sous la forme que lui avait donnée Mitscherlich, et qui ne saurait plus correspon- dre qu’à l'énoncé des liens de parenté plus ou moins étroits et dont la coexistence n’est pas nécessaire, C’est assurément un progrès de substituer à l’ancienne loi une relation basée sur les coefllicients moléculaires thernio-élastiques des combinaisons (homéomérie). « Si ces coeflicients sont égaux deux à deux, l’analogie de composition chimique s'ensuit, » Toute cette fin de chapitre est à lire; et laisse une impression profonde, 2° Les invariants. Dans le premier chapitre de celte seconde partie, l'auteur pose les deux grands principes thermodynami- ques — sous une forme peut-être trop abstraite pour le . principe de Carnot et qui laisse trop voilée, pour un ouvrage élémentaire, sa signification de loi de dégrada- tion; — il insiste d’ailleurs sur le peu d'utilité pratique de l’énoncé de Carnot, et termine en mentionnant seu- lement les efforts de Nernst, 3e in’attendais à une dis- cussion plus approfondie des idées du gfand ther- modynamiste de Berlin ; elle füt sortie lumineuse de la plume de M. Urbain, Espérons qu'il nous la donnera quelque jour. Le chapitre II oppose les deux domaines et les deux doctrines que l’auteur distingue en Chimie — opposition peut-être un peu trop absolue — : d’une part la Chimie organique et celle des éléments à faible électro-aflinité, que domine la contraïnte chimique, et d'autre part le domaine de la mobilité, « où seules les doctrines éner- gétiques rêgnent souverainement », Si la Chimie orga- nique est la chimie des composés du carbone, elle com- 248 prend bien des réactions où la contrainte chimique n'apparaît pas. £ Il revient ensuite, dans le chapitre III, sur les grandes lois physico-chimiques et sur les lois de Proust et de Richter. Il termine en paraissant regretter que tout soit remis en question par la Radiochimie naissante. Ces regrets sont-ils bien de saison? La Physique a ses lois, la Chimie a les siennes, la Physique et la Chimie ont des lois communes et des lois contraires, Pourquoi regretter qu’une science nou- velle, absolument différente par son objet de ses deux ainées, ait aussi ses lois à elle, très éloignées des pré- cédentes, peut-être contraires? La vérité est relative. Pour le physicien la molécule ne se coupe pas; pour le chimiste c’est l'atome qui est insécable; pour le radio- chimiste c’est l’électron qui est la poussière d’atome. Peut être un jour des phénomènes, encore absolument inconnus de nous aujourd'hui, nous montreront-ils de la poussière d'électrons. En une page (246), M. Urbain rend justice aux efforts de Berthelot en vuede prévoir le sens des modifications chimiquesnon réversibles. — Ne s'est-il jamais demandé pourquoi la règle de Berthelot «trompe si rarement » ? 3° Les symboles. Cette troisième et dernière partie est peut-être celle que l’on aimera le moins à lire et à relire. Non pas certes que l'auteur ne nous montre, avec sa grande lucidité habituelle, comment nos notations symbolisent leslois générales; non pas qu’il ne s’y ren- contre encore quelques belles pages sur la systéma- tique des combinaisons organiques et aussi sur les relations entre les propriétés physiques et la constitu- tion de ces composés, Mais ce sont là des notions pour la pluparttrop familières pour que nous retirions de la lecture de ces chapitres de grands avantages. En outre, la systématique des « complexes minéraux parfaits » ne se rattache, semblet-il, que péniblement à tout ce qui précède. : En résuméil s'agit d’un livre qui fera époque. Forte- ment pensé, clair, élégamment écrit, il laisse dansl’esprit une impression durable par les vues profondes que l'on rencontre presque à chaque page. Ilfait honneur à notre école de chimie française. R. DE FoRGRAND, Correspondant de l'Institut, 8° Sciences naturelles Galiphpeé (le Docteur V.)et Souffland (Mme G.). — Biologie générale. La vie de la matière. RecnEer- CHES EXPÉRIMENTALES. — 1 pol. in-80 de 113 p. (Prix : 10 fr.). Maloine et fils, éditeurs, Paris, 1921. Les recherches sur la vie dela matière poursuiviespar le docteur Galippe et Me Souflland ont conduit ces bio- logistes à des résultats surprenants. Les fossiles de tous âges, les météorites les plus variées, les minerais de toutes espèces, la turquoise, l’opale, l’agale, le quartz, l'onyx, le marbre, l’obsidienne,-le pechstein, le basalte, le granit, les cendres et les laves du M! Pelée recéleraient encore des organites pouvant être cultivés sur un milieu nutritif approprié et devenant alors ca- pables de se multiplier, malgré lés hautes températures BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX (200 à 340°) auxquellesles expérimentateurs les avaient préalablement soumis, Pour M. Galippe et M° Souffland des microorganis- mes inclus dans Je granit, par exemple, se seraient minéralisés, en prenant la constitution chimique de ces roches et auraient ainsi pu supporter sans altération l’action du métamorphisme.Déminéralisés par de l’acide chlorhydrique ou de la lessive de soude, gorgés d’eau et de matière organique, ces fossiles « irréductibles » reviendraient à la vieet seraient de nouveau suscepti- bles d'évoluer, Commencées sur l’ambre, les recherches des auteurs ont continué sur des organismes fossiles dans les conditions les plus diverses el auraïent tou- jours été couronnées de succès. S'avançant de plus en plus dans le domaine de l’invraisemblable, M, Galippe et Me Souffland se sont adressés aux météorites, aux minerais, aux roches et seraient arrivés constamment aux mêmes résultats. L, JozeAUD. Molliard (M.), Doyen de la Faculté des Sciences. de l'Université de Paris. — Nutrition de la plante. I. Echanges d’eau et de substances minérales. — II. Formation des substances ternaires. — 2 vol. in-16 de 400 p. et 450 p. avec 46 et 88 fig. de l'Ency- clopédie scientifique (Prix: brochés, 10 et 12 fr. ;. cart., 12 et 14 fr.). G. Doin, éditeur, Paris, 1921. Les deux volumes que M. Molliard vient de faire paraître constituent le début d’une collection qui doit grouper l'étude des grands problèmes de Physiologie végétale dans son sens le plus large. Pourentreprendre un travail de cette envergure, l’auteur se trouve dans des conditions particulièrement favorables : professeur de Physiologie végétale à la Sorbonne, il lui est pos- sible d’envisager successivement dans son enseigne- ment les différentes questions de son programme et il est heureux qu’il ait songé à faire bénéficier les tra- vailleurs des documents et travaux qu'il analyse. Dans un premier volume, l’auteur étudie les échanges . d’eau et de substances minérales qui seproduisent entre la plante etle milieu extérieur. Après avoir établi la constitution des végétaux et avoir exposé les diverses méthodes qui ont permis de mettre en évidence cette constitution, le rôle physiologique de chacun des élé- ments est passé en revue. Notons les observations relatives à la toxicité et à ce que, avec Loeb, il désigne sous le nom d’antitoxicité, Cette notion repose sur le fait suivant : si l’on mélange deux solutions A et B, également toxiques quand elles agissent séparément sur un végétal, com- ment vont-elles se comporter dans le mélange ? Est-ce que l’action toxique sera la somme de l’action de cha- cun des éléments, ou bien est-ce qu’il y aura augmenta- tion ou diminution du fait du mélange, On voit que, dans la grande majorité des cas, la toxicité est diminuée du fait du mélange : l'effet antitoxique correspond à cette diminution et est longuement examiné sur des exemples choisis avec soin, Cette conception est impor- tante et peut amener à des conclusions intéressantes sur la toxicité de certaines solutions, vis-à-vis des cham- pignons particulièrement (action du sulfate de cuivre sur la fermination des spores). BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 249 Les échanges d’eau dans la plante sont longuement envisagés et permettent à l’auteur de mettre en évi- dence les phénomènes osmotiques au travers des mem- branes perméables et semi-perméables ainsi que dans le cytoplasme même de la cellule. Ces questions, pri- mordiales pour la conception de la vie de la plante, amènent à l’étude de l'absorption radiculaire et à celle de la circulation de l’eau dans l'intérieur du végétal. Les phénomènes de transpiration, de sudation et d’ex- crétion de l’eau sous des formes diverses sont la consé- quence de cette absorption. : Dans un second volume, l’auteur étudie la formation des substances ternaires chez les végétaux. Ces subs- tances jouent un rôle considérable : elles correspondent à ce qu’on a appelé pendant longtempsles hydrocar- bonés ou hydrates de carbone ; ce sont les sucres tels que le glucose ou sucre d’amidon, le lévulose ou sucre des fruits, le saccharose ou sucre de la betterave et de la canne ; mais ce sont aussi les acides gras tels que l'acide acétique, l'acide lactique, les phénals. L'auteur limite son sujeten désignant sous le nom d’alcools pol)- atomiques les sucres qui possèdent plusieurs fonctions alcool primaire (— CH°OH) et secondaire (— ,CHOH —), Les monosaccharides ou sucres réducteurs chezlequels intervient l’une des deux fonctions aldéhyde (— COH) ou acétone (— CO —) constituent les aldoses ou cétoses. Enfin, les polysaccharides ou sucres hydrolysables résultent de la condensation des précédents et présen- tant la fonction éther oxyde R — O —R’, R et R’ dési- gnant des restes des monosaccharides, Chacun de ces groupes est envisagé successivement pour amener à la formation des hydrates de carbone en établissant une distinction, dans l’ensemble du rêgne végétal, entre les plantes vertes chez lesquelles la fonc- tion chlorophyllienne assure la matière organique à partir de subsfances empruntées au règne minéral, leur nutrition ne dépendant pas d’un autre organisme vivant, — ce sont les aulotrophes,— et les végétaux qui, comme les animaux, dépendent plus ou moins directe- ment des plantes vertes pour trouver leur nutrition carbonée, — ce sont les hétérotrophes (champignons, bactéries el quelques rares plantes vasculaires). La formation des réserves sucrées est envisagée ensuite, ces réserves s’accumulant soit dans les tissus, soit dans des organes spéciaux, tubercules ou fruits, ainsi que la formation des substances neutres ou fai- blement acides, rangées sous la désignation de gluco- sides, tannins, acides organiques, corps gras, cire, essen- ces, résineset latex. Dans un dernier chapitre, la nutrition carbonée des végétaux hétérotrophes ou dépourvus de chlorophylle est longuement étudiée, Puis l’auteur résume les recher- ches qu’il a lui-même effectuées sur la nutrition carbo- née organique des plantes vertes réalisant, en culture aseptique, le développement des végétaux. Ajoutons que chacun de ces volumes est accompagné d’une riche documentation bibliographique qui permet aux travailleurs de remonter aux mémoires originaux signalés dans le texte. Ces ouvrages viennent combler une lacune dansnotre littérature scientifique ; ils sont appelés à rendre de grands services et ne manqueront pas d’être appré- ciés, G. FRON, Professeur à l’Institut National Agronomique. Langeron (D'M.), chef de laboratoire à la Faculté de Médecine de Paris, chef des travaux de Parasito- logie à l’Institut de Médecine coloniale, — Précis de Microscopie (TECHNIQUE, EXPÉRIMENTATION, DIAGNOS- Tic). Troisième édition entièrementrefondue. — x vol. in-12 de xv-916 pages avec 293 fig. (Prix : broché, 30 fr.; cartonné, 34 fr.). Masson et Cie, éditeurs, Paris, 1921, Le Précis de Microscopie de M. le D' Langeron atteint sa troisième édition. Le succès de ce livre s'explique, parce qu'il n’en existe aucun, en France ou même à l'étranger, qui, sans rien sacrifier de la précision des renseignements techniques, s'applique également à toutes les sciences qui emploient le microscope, et qui ait sa place sur la table de travail à la fois du médecin et du vétérinaire, de l’histologiste et de l’anatomo-patho- logiste, du parasitologue et du bactériologiste. Cepen- dant, en raison de son ubiquité même, cet ouvrage ne doit pas être pris pour un précis de techniquehistolo- gique. «Il ne peut être question iei de donner un aperçu, même sommaire, de la technique histologique. Je ne me place donc pas ici au point de vue de l’histo- logiste, mais à celui du chercheur, du naturaliste et du médecin, qui observe et expérimente et qui veut pou- voir lire facilement les coupes exécutées dans les orga- nes d'animaux èn expérience. Les histologistes choi- sissent leur matériel, en s’attachant aux types chez lesquels tel ou teltissu est plus facile à voir. L’expéri- mentateur est forcé de tirer parti d'un animal quelcon- que. ; il doit donc se contenter de méthodes histologi- ques générales... » Ceux qui se sont rendu compte du soin avec lequel ce livre a été écrit, de la compétence avec laquelle les conseils y sont donnés, regretteront que M. Langeron, au risque d'augmenter encore l'épaisseur de son précis, n'ait pas pu, à l'usage tout au moins des histologistes débutants, faire pour l’histologie ce qu’il a fait pour la parasitologie, c’est-à-dire indiquer quelest l’animal de choix pour l'étude histologique d’un organe ou d'un tissu donné, et quelle est la technique totale à suivre pour parvenir à l'obtention d’une préparation miero- scopique montrant cet organe ou ce tissu. Avec l’éclec- tisme éclairé que lui vaut son expérience personnelle, il eût fait choix de quelques objets particulièrement favorables, de quelques techniques d'exécution plus sûre ; il eût assuré à son ouvrage une plus parfaite symétrie, en donnant à la partie plus particulièrement histologique des proportions même réduites par rap- port à l’ensemble ; il l’eût rendu presque aussi utilisa- ble pour l'histologiste que pour le parasitologue ; il eût ainsi complètement justifié son titre très général de « Précis de Microscopie ». Le regret exprimé ici est celui d’un histologiste, qui aurait voulu que les histo- logistes eux aussi trouvent dans cet excellent livre un manuel de technique qui leur suffit complètement. Peut- être, eùt-on pu faire l’économie du nombre de pages 250 suffisant pour remplir le programme agrandi qué je signale, en allégeant la partie théorique de la pre- mière parlie, en éläguant la deuxième partie et en en retranchant des techniques ou même de simples prépa- rations de réactifs, qui ne diffèrent les unes des autres que par des détails souvent insignifiants. Dans son introduction, M. Langeron se réjouit que tout le matériel, tous les réactifs nécessaires à la microscopie, sont actuellement fäbriqués en France de façon satisfaisante pour ne pas dire irréprochable. « En ce qui concerrie les matières colorantes employées en microscopie, nous pouvons nôus considérer comme affranchis de la fabrication allemande. » Chacun vou- drait pouvoir s’en réjouir avec M. Langeron, dont l'optimisme ne correspond pas toujours malheureuse mént à la réalité. Non seulement nombre de matières colorantes journellemént employées par l’histologie ne sont pas fabriquéés en France, mais encore et surtout certaines couleurs de fabrication française ne sont pas utilisables et ne donnent pas les résultats qu’on en atténd ; c’est ce qui résulte d'une expériénce pratiquée sur une large échelle ét par conséquent tout à fait pro- bante, Il n'est pas douteux que de grands efforts ont été faits pour fabriquer en France ce dont l'étranger avait jusqu'alürs le monopole ; müisilne l’est pas moins qu'il y a encore de sérieux progrès à faife dans ve sens: Dans cette même introduction, M. Langeron donné les raisons pour lesquélles il à proserit dé Son langage les termes élrangers et germaniques, tels que Mastzel len, Plasmazellen, qu'il est si facile de remplacer par ceux de labrocytes, pläsmocytes eréés au moyen de racines gréco-latines, À défaut de térmes espérantistes, ceux-ci, qui n'ont de français que la désinence, et qui par leur étymologie ont la valeur et l'utilité de déno- minations internationales, satisferont tout lé monde, Malheureusement les expressions telles que Plasma- zellen, Mastzellen et d'autres sont déjà tellement con- sacrées par l'usage mondial, qu’il apparait comme très difficile de s’en affränchir, si les concepts auxquels ces dénominations correspondent persistent eux-mêmes. Puissé, espère M. Langeron, à la fin dé son Intro- duetion, ce livre faciliter la tache des biologistes, en leur faisant connaître les procédés lés plus simples et les plus sûrs de la technique moderné ! Une quatrième édition répondra certainément à cellé espérance, Ca» il n’est pas, pour le répéter encore, d'ouvrage de tech- nique micrographique qui donne aux besoins dés cher- cheurs autant satisfaction que celui-ei. A. PRENANT, Professeur à la Faculté de Médecine + dé l'Université de Paris. BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 4° Sciences diverses Blondel (Georges). — La Rhénanie. Son passé, son avenir, — 1 oliin-16 de 260 p. (Prix:7 fr.). Plon- Nourrit et Cie, éditeurs, Paris, 1921. Sans être un livre de géographie à proprémént parler, cèt ouvrage de M. G. Blondel s’y rattache néanmoins en ce sens qu'il nous montre l’influënce souverit consi- dérable qu'offre la configuration physique dés pays sur la vie des peuples, sur leurs relations politiques et économiques, et sur les raisons naturelles justifiant leur répartition sur lé sol même. L'auteur nous retrace en effet la haute importance qu’a offerte de tout temps le Rhin vis-à-vis des populations que le fleuve séparaïit. La question du Rliin s'est posée dans l'antiquité, au moyen âge ét dans les téemps modernes. Comme le fait remiquer M. G. Blondel, « lé Rhin est la limite natu- réelle qui sépare l’Europeotcidentale de l'Europeteritrale, de cetté Mittel Europa où les Allémands voulaient être lés maîtres ». Mais, si la rive gauche du grañd fleuve a été fortement germanisée, il n’en est pas moins vrai que la Rhénatiie ést unë région à part, dont les habi- tantS ônt leur physionomie particulière, et l’onné péut s’émpêcher de reconnaitre que leur mentalité se rap- proche plus dela nôtre que de celle de la Prussé, Aussi : ÿ a-t-il lieu dé réchértlier aujourd'hui, après tous lés événements qui se sont écoulés, quelle est la ieilleüre politique à suivre pour tout cè qui touche à la Rhénanie. C'est sur célte Gravé question que l'ouvrage dé M. G. Blondel nous fournit lès plus sûres informations. Ayant fait de nombreux voÿages én Allémägne ét en parti- culier dans la Rhénanie, ayant étudié depuis longtemps toutes les questions concernant l'Allemagne et ayant été chargé pendant la guerre de services Spéciaux s’y rap. portant, ilpeut compter parihiles plus docümentés pour en parler. Après avoir rappelé tous les conflits Que la question rhénane a soulevés à travers les âges, M. G. Blondel nous montre comment elle se présente ajourd'hui, et ce qu'est l& mouverent séparätiste actuel. Après dé longs exposés très documentés, bäsés sut des enquêtes faites sur place, il én arrivé à poser d'intéressantes con- clusions où il met en relief toute la tâche qué nôus avons à remplir. En Somme, si l’on ne peut songér à rattacher à l'ancienne térre gauloise des popülätions qui né sont pourtant qu'à demi-allemändes, il faut s'el- forcer de créér entre la France et la Rhénanie des rap- ports favorables et faire de celle-ci un rempaët coniré des incursions toujours menaçantes, Divérses questions se rapportant aux solutions à donriér au problème sontexarmitiées dans un appendice. G. REGELSPERGER. PRO ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 251 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Séance dù 27 Mars 1922 M. le Président annonce le décès de M. L. Ranvier, membre de la Section d’Analomie et de Zoologie. M. Henneguy donne lecture d'une noticé sur sa vie et son œuvre: 19 SCIENCES MATHÉMATIQUES, M. E. Goursat! Sur une théorie classique de Cauchy. — M.-P. Montél: Sur un théorème d'Algèbre. — M.G. Giraud: Sur les équa- tions non linéaires aux dérivées partielles du second ordre du type elliptique. —M. P. Lévy : Sur le rôle de la loi de Gaussdans la théorié des erreurs. — M.E:Car- tan: Sur les espaces conformes généralisés et l'Univers oplique. L'auteur appelle Univers oplique d'Einstein l'espace conforme généralisé normal défini en annulant le ds?.de l'Univers d'Einstein. C’est conformément aux propriétés géométriques de cet Univers optique que se fait la propagation de la lumière, Dans toute région vide de matière, la courbure de l'Univers matériel d'Einstein est dé la même nature géométrique que là courbure de rotation d’un espace conforme généralisé normal. —M; A: Planioi: Etude des pertes par frotte- inênts dans les moteurs à combustion intèrné. Les pro- cidés mis en œuvre ontété les suivants : 1° mesure du rendement organique à l'indicateur et au fréin de Pronÿ; 2° entrainement du moteur, tournant à vide, par diffé- rentes machines électriques étalonnées; 8°mesure directe des résistanees passives par la méthode cinétique de M. Witz. L'ensemble desrésultats montre que le couple résistant de frottement du moteurexpérimental exprimé en kilogrammètres peut être mis sous la forme : Cr = à + b Il. Il montre également qu’on peut calculer le ren- dement organique des moteurs à combustion sansavoir directement recours à l'indicateur, — M.H. Roussilhe: Sur les applications de la photographie aérienne et de l'appareilde photorestitution, L'auteur a expérimenté en 1919-20 sa méthode par laquelle il transforme les élichés pris en avion en carte précise, Les plans eadas- . traux obtenuscoïncident, à 0,1 mm. près, avecles plans dressés par lès méthodes ordinaires de la topométrie. — M. Ch. Lallemand: Sur le saluire parabolique.L'au- teur a établi une formule de salaire qui assure automäa- tiquement à l’ouvrier une sorte de participation dans les bénéfices de l’entreprise.Ellé peut être appliquée au moyen d’un abaque hexagonal. Cette formule a donné d'excellents résultats en l’appliquant au travail des équipes du Service du nivellement général de la France, - 2° SCIENCES PHYSIQUES, — M. H. Chaumat : Sur un nouveau wattmètre.Le nouvel appareil présénteles avan- tages suivants : 1° coefficient d’induction mutuelle des deux circuits nul à toutes charges (pas de correction en courant alternatif); 2° proportionnalilé rigoureuse }; 3° l'intervention de l’opérateur se borne à faire tourner des pièces massives bien centrées ; 4° l'emploi de Fins- twument peut s'’admettre jusqu’à des angles de près de 360°. — M. O. Liévin : Etude cinétique des solutions alcalines diode. En milieu alcalin, l’iode se transforme en iodate par des mécanismes bien différents sélon le dégré d’alcalinité, L'alcali, l’eau, l’iodufe influent sur la réaction, tantôt pour l'accélérer lantôt pour la retarder et l'on peut constituer des milieux dont l’évolution est indépendante de ces facteurs en mélangeant conveña- blement des bases fortes et des bases faibles, — M. E. Toporescu : Sur la préparation du bicarbonate de sodium. L'auteur a déterminé les conditions d'équilibre à 15° de chacun des quatre séls qui participent à la réaction avec léurs solutions saturées. IL a établi un diagramme qui permet de se rendre compte immédiate- ment des solutions qui peuvent par évaporation laisser précipiter du bicarbonate de sodium pur: — M. H. Le Chatelier: Sur la fabrication de la soude à l'ammo- niaque.L'autéur déduit des expériences précédentes de M. Toporescu le rendement théorique dé la fabrication dé la soude à l’amimoniaque, c'est-à-dire la propurtion de NaCI transformable en NaHCOM. Ilest égal à 0,846, Il applique ces donnéés aux cas de la pratique, — M. Alph. Mailhe: Sur la décompsition catalytiqué dé l'acide oléique. La décomposition catalytique de l'acide uléique sur cuivre-aluminé cohduit à des gaz riches et à des produits liydrocarbonés liquides que l'hydrogé- nation sur nickel transforme en üun mélange de carbures aliphatiques et de carbures cycliques parmi lesquels se trouvent le benzène, le toluène et lé m:xÿlène. — M.A. Schoep: Sur la stasite, un minéral nouveau, dimorphe de La dewindtite: Ce minéral à été trouvé sut la chalcolite de Kasolo (Congo belgé) en petits prismes “aplatis d'un beau jaune d'or.fl possède la même formulé que la dewindtite : 4PbO. 8UO8. 3P20ÿ. 12H00, mais en diffère par la densité, la couleur et la forme dés cristaux. 3° SCIENCES NATURELLES,. — M. L. Blafinghem : Hérédité anormale de la couleur des embryons d'une variété de Pois (Pisuin sâtivum /.) Certaines lignées de Pisum suativum présentent éomme les Zordeum, les Lins, des irrégularités frappantes dañs la transmission des caractères discontinus. Il faut fairé un triage sévère dés lignées pour vérifiér rigoureusement les lois dé Mendel; elles seules constituént les véritables variétés régressivés ulilisables comme réactifs pour l'analyse wéëndélitnne de la descéndance. — M, H. Ricome : Sur l’élongation des racines. Il suflit de gêner la multipliea= tion céllulaire én détruisañt les cellules les plus actives de l'axe de la raciné pour constalëér que l'effet de la pesanteur sur l'élongalion est lé même que dans la tige et non inverse comme on le croyait: — M. M. Mol- liard : Sur une nouvelle fermentation acide produite par le Sterigmatocystis nigra, Quand on diminue notable- ment l’azoté et les séls minéraux fournis au champi- gnon, celui-ci fabrique de l'acide glutosique aux dépens du sucre, soit à l’état pur, soit én quantité prédomi- nante par rapport à l'acide citrique: Si l'on ne diminué que ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES la dose de la substance azotée, c’est l’acidecitrique quide- vient prédominant. Quand on réduit le phosphore, il se forme les acides citrique et oxalique; quand on réduit le potassium, il s’accumule de l’acide oxalique.— M. J.Pel- legrin : Sur un nouveau poisson aveugle des eaux dou- ces de l'Afrique occidentale. Ce poisson, pêché dans un petit ruisseau se jetant dans un imarigot aux environs de Monrovia, constitue un genre nouveau de la famille des Synbranchidés, auquel l’auteur donne le nom de Typhlosynbranchus. La cécité de ce poisson vient sans doute du fait qu’il vit dans la vase. — M. A. Lécaillon: Sur les caractères d'un hybride mâle provenant de l'union d'uh canard pilet mâle (Dafila acuta Z.) et d'un canard sauvage femelle (Anas Boschas Z.). Cet hybride ressemble davantage, par certains caractères, soit à l’un, soit à l’autre des mâles des deux espèces desquelles il dérive. Mais on doit noter qu'à d’autres points de vue il est plus ou moins intermédiaire entre ces deux animaux. — M. J. Mawas : Sur le tissu lymphoïde de l'intestin moyen des Myxinoïdes et sur sa signification morphologique. L'auteur a trouvé chez les Myxinoïdes un réseau hémo-lymphatique intra-intesti- nal qu’il homologue à une rate interstitielle, diffuse dans la paroi intestinale. Ce serait la forme la plus simple et la disposition la plus primitive de cet organe. — M. G. Bourguignon : Zraitement de la contracture par l'ex- citation électrique des muscles non contracturés. L’exci- tation électrique, bien localisée, des muscles non con- tracturés, à chronaxie normale ou augmentée, constitue un excellent traitement de la contracture d’origine cen- trale des lésions du faisceau pyramidal. C'estle traite- ment de choix, sinon le seul efficace, de la contracture secondaire à la paralysie faciale périphérique, Les résultats de ces traitements s’accusent non seulement eliniquement, mais aussi par la tendance au retour à l'équilibre normal des chronaxies. — M. Ch. Richet, Mlle E. Bachrach et M. H. Cardot : Ætudes sur la fermentation lactique. Le souvenir chez les microbes. Les expériences des auteurs sur le ferment lactique montrent que, lorsque deux cultures de microbes, de même espèce, ont vécu, même très peu de temps, dans des milieux très peu différents, elles sont différentes l'une de l’autre. — M. P. Cristol : Zinc et cancer. La teneur élevée en zinc des tissus cancéreux est fonction de la prolifération et de l’activité cellulaire etnucléaire. — MM.C. Levaditi et A. Navarro Martin : Action préventive et curative dans la syphilis du dérivé acétylé de l'acide oxyaminophénylarsinique (sel de soude). Ce dérivé est un médicament qui, administré par la bou- che, prévient la syphilis et provoque la cicatrisation rapide des manifestations syphilitiques, tant chez l'animal que chez l'homme. Il est encore trop tôt pour savoir si ce mode de traitement amène une guérison définitive de la maladie. Seance du 3 Avril 1922 M. le Président annonce le décès de M. Ph. A.Guÿe, Correspondant pour la Section de Chimie. M. A.Haller donne lecture d’une notice sur sa vie et ses travaux. — M. R. Baire est élu Correspondant pour la Section de Géométrie. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. N. E. Norlund: Sur la formule d’interpolation de Stirling. — M. B. Gambier : Surfaces isothermiques à représentation sphérique isotherme. — M. J. Le Roux : La courbure de l'espace. Nous ne pouvons arriver à la notion de courbure des surfaces que par la considération simultanée de deux formes quadratiques et l’attribu- tion à l’une d'elles d’un sens physique déterminé. Si nous considérons comme dans la théorie de la relativité, nous pourrons encore calculer une seule forme, des invariants qui auront une signification analytique, mais nous n’aurons pas le droit de faire correspondre à ces invariants une propriété de l’espace. — M. Stan. Millot: Sur une balance à calcul. L'auteur montre comment on peut généraliser l'emploi de la balance à calcul en lui donnant la forme d’un plateau oscillant sur lequel sont placées diverses combinaisons d’échelles, variables selon les problèmes à résoudre. — M. G. Rémoundos : Sur les déformations planes et le pro- blème de la poussée des terres. L'auteur indique une méthode par laquelle, moyennant une transformation bien connue, il ramène le problème de la poussée des terres à des équations du second ordre et linéaires. — M. Frontard : Loi de la hauteur dangereuse des talus argileux. Etant donnée une matière cohérente, de frottement interne nul, il est impossible d’en constituer un massif à talus rectiligne de hauteur supérieure àune limite déterminée, si faible que soit l’inclinaison du dit talus. — M. M. Hamy: Sur la détermination du dia- mètre des étoiles par la méthode interférentielle. — M. A. Perot : Mesure de la pression dans l'atmosphère du Soleil, L'auteur a appliqué sa méthode de mesure de la pression dans les masses gazeuses à l’atmosphère du Soleil, Il a trouvé une valeur voisine de 35 cm. de mercure, qui se rapproche des nombres trouvés par Salet. — M. J. Mascart : Observations de l'éclipse purtielle de Soleil du 28 mars 1922 faites à l'Observa- toire de Lyon. — M. E. Esclangon: Observation de l'éclipse de Soleil du 28 mars 1922 à l'Observatoire de Strasbourg. —M.Th. Moreux: Observations de l'éclipse de Soleil du 28 mars 1922. 2° ScIENCES PHYSIQUES. — M. Maur. de Broglie : Sur les spectres corpusculaires des éléments. L'auteur a produit ces spectres avec un appareil agrandi, qui met en évidence un certain nombre de lignes; le fond spec- tral continurestant est dù à des rayons 8 possédant des vilesses variant d’une façon continue. —M. C. Gutton : Sur l'entretien simultané d'uncircuitoscillant et de circuits harmoniques.Si, outre le circuit oscillant principal, on dispose sur le circuit de plaque d’une lampe à 3 électrodes un cireuitaccordé sur l’un des harmoniques du courant de plaque, il vibrera en même temps que le premier, sans qu’il soit nécessaire de le coupler au cireuit de grille. Il est ainsi possible d’entretenir, simultanément, par une seule lampe, une oscillation et toute la série de scs harmoniques. — MM. G. Brubhat et A. Delaygue: Détermination du point d'inversion supérieur de la cha- leur spécifique de la vapeur saturée de benzine. Les auteurs ont trouvé deux limites du point d’inversion supérieur de la chaleur spécifique de la vapeur saturée de benzine, 2520 et 267°, entre lesquellesla température ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES - 253 est certainement comprise. — MM. Ch. Moureu et Ad. Lepape : Dosage du krypton et du xénon en valeurs absolues par spectrophotométrie. La préparation de solutions. titrées artificielles de krypton pur et de xénon pur dans l’argon pur a permis aux auteurs de simplifier leur méthode primitive tout en la rendant absolue, En diluant dans l’argon pur des volumes con- nus de ces solutions-mères, ils ont obtenu des solutions de titres voisins de 10—3, 10—4 et 10—ÿ, qu'on compare spectrophotométriquement avec les mélanges à doser. — M. P. Job : Sur l'hydrolyse des selsroséocobaltiques. La mesure des f. é, m. dans l’hydrolyse des complexes roséocobaltiques sous l'influence de la baryte montre que, sous l'influence des ions OH, les sels roséo se transforment en sels hydroxo suivant la réaction indi- quée par l’auteur, — MM. A. Wahl, G. Normand et G. Vermeylen : Sur les monochlorotoluènes. La chloruration en présence du fer donne 59 à 58°/, d'ortho pour 43 à 42°/0 de para-chlorotoluène. La présence du chlorure de plomb exerce une action catalytique sur la réaction. 3° ScrENcEs NATURELLRS. — M. A. Lacroix : Sur une syénite à corindon et sillimanite formée par endomor- plhisme du granite. À Madagascar, l'injection des mica- schistes renfermant des gisements de corindon par des apophyses granitiques donne une roche renfermantdes cristaux de sillimanite, avec parfois des veinules de damourite, — Mile G. Cousin: Observations tectoniques sur les terrains secondaires de la bordure méridionale des Vosges. Les observations de l’auteur pour laréfec- tion de la carte Lure-Mulhouse lui ont montré que, lors de l'établissement du golfe tertiaire d'Alsace, les cou- ches secondaires de la bordure méridionale des Vosges se sont infléchies et brisées du côté où se produit la dépression. Puis, lors des plissements jurassiens, des forces tangentielles.ont poussé les assises inférieures de la falaise jusqu’à les redresser complètement contre le massif vosgien, — MM. L. Dangeard et Y. Milon : Contribution à l'étude du bassin tertiaire du sud de Rennes. Découvertes de lits à Poissons et à plantes dans les argiles noires au sommet du Chatien. — M. P. Bugnon : Sur l'hypocotyle de la mercuriale. D’après l’auteur, c’est l'intervention plusou moins précoce, plus (7 û ou moins intense, c’est la localisation particulière de l'accroissement intercalaire longitudinal, phénomène secondaire au cours du développement ontogénique, qui paraissent déterminer, dans l’hypocotyle et les cotylé- dons, les dispositions vasculaires variables interprétées par G. Chauveaud comme l’évidente manifestation d’une accéléralion basifuge plus ou moins forte, — M. H. Jumelle : Un grand Palmier du centre de Madagascar. C’est le Chrysalidocarpus decipiens, dont Beccari a décrit les feuilles et inflorescences, et qui constitue un bel arbre de 10 à 20 m. dont il n’existe plus qu'uñe vingtaine d'exemplaires dans le Manankazo, — MM. F. Mesnil - et M. Caullery : L'appareil mazxillaire d'Histriobdella homari; afinité des Histriobdellides avec les Euniciens. “ IL résulte avec évidence des données apportées par les auteurs que l'appareil maxillaire d’AÆistriobdella, par son plan, sa structureet ses connexions, est identi- que à celui des Euniciens, Et cette similitude ne peut L guère s'expliquer que par des aflinités réelles. D’autre part, les appendices céphaliques rappellent aussi les Annélides de cette famille. — M,E.Roubaud: Sommeil d'hiver cédant à l'hiver chez les larves et nymphes de Muscides.Chez certaines larves etnymphes de Muscides, nila chaleur, ni l'excitation brusque ne parviennent à rompre le sommeil d'hiver. Seule l’action prolongée du froid ramène le développement avec un temps perdu parfois considérable. Le froid apparaît done comme un facteur réactivant, indispensable à la vie de l’es- pèce. — M. E. Grynfeltt : Sur les fibres perforantes de l'os des Mammifères. L'auteur distingue dans l'os deux catégories de fibres perforantes : 1° les fibres perforantes périostales, ou fibres de Sharpey des classiques, en géné- ral plus épaisses, el qui n'existent que dans les por- tions de l'os résultant de l’ossification fibreuse ; 2° les fibres perforantes médullaires, beaucoup plus fines, en continuité avec les minces fibres collagènes de la trame conjonctive de la moelle, — MM. A. Policard etJ. Trit- chkovitch : Surun mécanisme intervenant dans la fixa- tion des graisses par la glande cortico-surrénale. Cette fixation paraît se faire directement sans intervention d’une destruction préalable de la graisse, à condition que les vacuoles adipeuses de la cellule soient entourées d'uneenveloppe protoplasmique très mince et au contact immédiat ou presque immédiat avec le sang véhiculant les particules de graisse; ces conditionsne sontréalisées que lorsque les vacuoles adipeuses sont très volumi- neuses. — M. P. Bouin : Sur la conjugaison parallèle des chromosomes et le mécanisme de la réduction chro- matique. Chez la Scolopendre, la maturation se fait selon le schéma hétérohoméotypique, et la réduction numé- rique des chromosomes est obtenue par la conjugaison longitudinale. des chromosomes spermatogoniaux. — M. P.Lecomte du Nouy: Sur l'équilibre superficiel du sérum et de quelques solutions colloïdales. La tension superficielle, à température constante, du sérum sanguin et de ses solutions diminue en fonction du temps, spon- tanément, très rapidement pendant les dix premières minutes, puis plus lentement, La courbe du phénomène esttrès voisine de celle des phénomènes d’adsorption.— MM. H. Bierry, F. Rathery et F. Bordet : Azotémie et hyperprotéido glycémie expérimentales. À la suite de la suppression brusque, chez le chien, de l’excrétion urinaire ne permettant une survie que de 2 ou 3 jours, l'élévation du taux du sucre protéidique dañs le plasma sanguin est, parallèlement à celle du taux de l’urée, moins rapide et moins intense, à l'inverse de ce qu'on observe chez les brightiques. L’hyperprotéidoglycémie est le sligmate plasmatique révélant un trouble progres: sivement amené et profond du métabolisme. — M. Et. Burnet : Sur un type d’arthrite fréquemment observé chez les cobayes infectés par le Micrococcus melitensis, SOCIÈTÉ FRANÇAISE DE PHYSIQUE Séance du 17 Mars 1922 M. A. Boutaric : Xecherches sur le rayonnement de l'atmosphère. L'influence qu'exerce l'atmosphère sur - l’état thermique de notre globe peut être schématisée d’une manière très simple. Pendant le jour, l'atmosphère 254 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES tamise le rayonnement solaire et en arrête une grande partie, La nuit,elle modère le refroidissement delasurface terrestre, Ces deux actions contribuent à atténuer l’am plitude des variations diurnesde la température, 1. Pou- voir absorbant de l'atmosphère pour le rayonnement solaire. L'auteur s'est attaché à étudier l'influence de la vapeur d’eau et des poussières, L'influence prépondé- rante appartient aux poussières, dont les observalions polarimétriques (photopolarimètre deCornu)permetlent d'apprécier l'importance, Une longue série de mesures actinométriques, bygrométriques et polarimétriques, faites à Montpellier de 1912 à 1914, lui a permis de comparer les inlensités du rayonnement solaire 10 pour les mêmes heures de journées voisines; 2° pour des épaisseurs atmosphériques égales an cours d'une mème année; 30 pour des journées correspondant au même mois et des quantièmes voisins de diverses années. Sauf quelques rares cas, où les pressions de la vapeur d'eau au voisinage du sol étaient très diffé- rentes, les intensités durayonnement solaire au ycisi- nage du sol, pour des épaisseurs atmosphériques éga- les, varient dans le même sens que les polarisalions, Le phénomène est très net et des observations suivies, en un même lieu, pendant plusieurs années, permettraient d'établir une formule qui donnerait l'intensité du rayon- nement solaire en fonction de l'épaisseur atmosphérique traversée, de la polarisation et de la pression de la vapeur d’eau. Les conclusions précédentes ne subsistent plus lorsque, pour une raison quelconque, l’albedo du solest modifié. Aussi l’auteur les a-t-il trouvées en défaut au Pic du Midi (2,859 m.), lorsque la mer de nuages s'établissait au-dessous de l'Obseryatoire, el au Mont Blanc (4.350 m.), après d’abondantes chutes de neige, L'auteur signale en passant qu'aux altitudes élevées, bien que l’atmosphère fût très pure, il n'a pas observé de valeurs excessivement fortes de la polarisa- tion du ciel(les valeurs n’ont pas dépassé 0,70, alors que Cornu signale des valeurs de 0,80 en plaine). 2. Rayonnement nocturne. Le rayonnement nocturne se présente comme la différence entre l'émission thermique de la surface rayonnante, régie par la loi de Stefan, et l'énergie q que cette surface reçoit de l'atmosphère, On peutle mesurer aumoyende l'actinomètred'Angstrom et enregistrer ses variations au moyen d'une pile thermo- électrique et d’un galvanomètreinscripteur, un groupe de soudures dela pile étant dirigé vers le zénith, l’autre vers uneélamebrillante demétalà faible pouvoir émissif, dont la température est celle de l'atmosphère au lieu de l’expé- rience. Par nuit claire le rayonnement nocturne: 1° est indépendant de la polarisation de la lumière diffusée par le ciel (mesurée un peu avant le coucher ou peu après le lever du soleil); 2° varie dans le même sens que la température de l'air aulieu de l'expérience; 30 varieen sens inverse de la pression dela vapeur d'eau; 4° passe par un maximum peu après le coucher du soleil et décroit ensuite lentement et régulièrement jusqu'au matin. L'auteur a établi, par une théorie simple, que le rayon- nement peut êlre représenté par une expression de Ja forme: r = c'F(f),s désignant la constante du rayonne- ment intégral (Stefan), 9 la température absolue et F une fonction décroissante de la pression de la vapeur d'eau, Cette théorie met en évidence que les facteurs prépondérants pour la détermination du rayonnement nocturne sont la température de l'airet la pression de la vapeur d’eau au voisinage du sol, Des rayonnements observés sous des températures peu différentes et des pressions de la vapeur d’eau voisines doivent, d'après la théorie, avoir des valeurs comparables, quel que soit le lieu d'observations En effet, contrairement à l’opinion généralement admise, le rayonnement n'est pas excep; tionnellement intense aux altiludes élevées; 10 l’auteur a observé à Montpellier, par temps sec, des valeurs comparables à celles qu’il a obtenues au Pic du Midi et au Mont Blanc; 2° si l’on représente en fonction def le . r . L quotient — relatif aux valeurs observées par l'auteur à Montpellier, au Pie du Midi(2.859 m.), au Mont Blane (4.350 m.), par Anders Angstrom à Bassour (1,160 m.) et auMont Whitney (4,420 m.), par Kimball à Washington (137 m.), en des années et des mois très différents, les points figuratifs se disposent autour d'unemêmecourbe. Si le rayonnement nocturne n’est pas intense aux alti- tudes élevées, bien que la pression de la vapeur d'eau soit faible, c'estque la température est aussi générale- ment basse pendant la nuit, ce qui tend à diminuer le rayonnement, /3. ÆAayonnement diurne. L'auteur a établi qu'une surface noire, abritée des rayons solaires directs et tournée vers le zénith, se refroidit pendant le jour, même par les plus chaudes journées d'été, lorsque le ciel est parfaitement pur. Les échanges entre la sur: face noire et l'atmosphère se traduisent par un rayon- nement résultant dirigé de la surface noire vers l’atmo- sphère, C’est ce qu'on peut constater aisément au moyen d’une pile thermo-éleotrique reliée à un galvanomètre ; avec un galvanomètre inseripteur on peut enregistrer le phénomène, Le galvanomètre accuse, pour des soudures tournées vers le zénith, un rayonnement résultant vers l'atmosphère du même ordre de grandeur que le rayonnement nocturne, Dès que les nuages apparaissent dans leciel ou qu'un brouil- lard se forme dans l'atmosphère, le rayonnement résultant entre la surface noire et l'atmosphère change desens; la surface noire s'échauffe. En disposant, aus dessus de la pile thermo-électrique, une lame de verre qui laisse seulement passer les radiations de courte longueur d'onde, les échanges entre les soudures et l'atmosphère se traduisent par un gain de chaleur des soudures. On peutainsi mesurer etenregistrer le rayon- nement lumineux du ciel. M. Dunoyerattire l'attention sur la curieuse décroissance continue du rayonnement terrestre pendant la nuit, mise en évidence par les expériences de M. Boutaric. Ilsuggère que cette déerois- sance pourrait être due, toutau moins par temps calme, à la formation progressive des couches atmosphériques‘ dans lesquelles les sondages effectués le matin indiquent des inversions de température souvent très fortes, M,Boutaric partage également cette opinion, —M. Hoï weck présente quelques appareils nouveaux : 1° un électroscope à charge automatique; 29 un nouveau made de construction des lampes à incandescence de grande puissance; on utilise un eulot métallique pour fermer le col de l'ampoule, le joint étanche entre ces deux pièces ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES étant assuré par un anneau de caoutchouc pur conve- nablement serré par un presse-étoupe; 30 une nouvelle pompe moléculaire. Cette pompe consiste en principe en un tube enroulé en hélice et dont les parois sontformées de deux parties: une partie fixe constituée par un filet hélicoïdal creusé dans unstator cylindrique épais, et une partie mobile, se déplaçant à grande vitesse, cons- tituée par un rotor cylindrique tournant à l’intérieur du stator en ne laissant qu'un très petit jeu. Pour un sens de rotation convenable et bien que la vitesse linéaire du rotor soit faible devant celle dés molécules gazeuses (4o m. :s. devant 5oo m. : sec. environ), celles-ci sont entraînées par les chocs successifs contre le rotor et cheminent le long de l’hélice pour être finalement éva- cuées dans une pompe préparatoire. Le vide limite donné par cet instrument, mesuré au manomètre absolu, est de 10—5 à 106 mm. de mercure, avec un bon vide préparatoire. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Séance du 25 Mars 1922 MM. L. Stern et R. Gautier : L'emploi de l'injec- tion intraventriculaire comme méthode d'étude de l'ac- tion directe des substances sur les centres nerveux. L'introduction d'une substance active dans le liquide céphalorachidien est le seul moyen sûr pour agir sur les centres nerveux cérébrospinaux. Des résultats posi- tifs ne peuvent être obtenus d'une manière certaine que lorsque l'introduction de la substance à examiner est faite dans le système ventriculaire (de préférence dans le ventricule latéral). On atteint ainsi non seulement les centres nerveux localisés des parois ventriculaires, mais aussi les centres corticaux et sous-corticaux. Cette méthode pourra être appliquée avec suecès dans un but thérapeutique. — MM. W. Mestrezat et A. Magitot : Sur la nature de l'humeur aqueuse de seconde forma- tion chez l'homme. Il n’y a pasde distinction fondamen- tale à établir entre l'humeur aqueuse seconde de l’homme et celle de l’animal ;une question de degré seule les sépare. L'œil humain est mieux adapté que celui de l'animal au maintien et à la récupération rapide de la composition physiologique des humeurs qu'il renferme. — MM. H. Coutard et J, Lavedan : 7roubles cardio- vasculaires déterminés par les rayons X au cours du traitement des néoplasmes.Unsyndrome cardiovasculaire apparaît chez un grand nombre de personnes soumises aux irradiations larges, intenses, profondes. Les signes fonctionnels en sont : l’essoufllement à l'effort, l'asthénie musculaire; les signes physiques sont : la tachycardie ou la tachyarythmie, l’'abaissement de la tension arté- rielle, parfois l'apparition de souflles fonctionnels. — MM. P. Carnot, W. Koskowski et E. Libert: Action de l’'histamine sur les sucs digestifs chez l’homme. Il est impossible d'affirmer que l'histamine amène une hyper- sécrélion de suc duodénobiliopancréatique ; constam- ment, après l'injection, on observe une augmentation du pouvoir lipasique et du pouvoir protéolytique. La méthode employée permet diflicilement de juger si l’activité du pancréas est due directement à l’histamine ou doit être, au contraire, considérée comme secondaire au passage du sue gastrique acide sur la muqueuse duo- dénale. ACADÉMIE D'AGRICULTURE Séances de Janvier 1922 Le premier mémoire scientifique présenté en 1922 à l’Académie d'Agriculture est de M. Schribaux, et porle sur les Betleraves fourragères sélectionnées d'origine danoise. Pendant la période 1903 à 1912, la betterave fourragère oecupait en France 630.000 h., surface deux fois et demie plus grande que celle consacrée à la bette- rave à sucre. Tandis que la betterave à sucre est le chef- d'œuvre de la sélection, la betterave fourragère a été négligée, ses variétés ont diminué de valeur malgré les grands intérêts économiques qu'elle représente. On vi- sait à produire des racines massives sans se soucier de leurs qualités nutritives, qui reposent sur leur composi- tion chimique et leur teneur en matière sèche. On a vu des betteraves d'exposition pesant 13 kg. et ne titrant que 5 °/, de matière sèche. L'augmentation de la teneur en matière sèche a été poursuivie par les sélectionneurs danois, qui exportent 2.000 1. par an de semences de betteraves fourragères. Les variétés et lignées réputées, expérimentées pendant 3 ans dans 7 stations d'essais, ont pu être classées par ordre de mérite, et c'est une ya- riété d’origine française, Ovoide des Barres, qui tient la tête : Sludstrup V est une lignée (issue de la variété française) qui est mise en vedette par les derniers essais, En 1926 on pourra avoir une lignée « VII » encore plus améliorée. En concurrence avec les variétés étrangères usuelles, les betteraves fourragères danoises représen- tent une augmentation de 10 à 20 °/, durendement en matière sèche. M. Godineau, à Angers, dans des essais comparatifs de 1921, a même enregistré parfois 4o °/, de différence en faveur des Sludstrup qui ne titrent pas 85 °/, d'eau. ; Ep. GAIN. SOCIÉTÉ ROYALE DE LONDRES Séance du 19 Janvier 1922 19 SCIENCES PHYSIQUES. — MM. L, Hill, H. M. Vernon et D. H. Ash : L'emploi du katathermomètre à la mesure de la ventilation. — M. S. J. Lewis : Le spectre d'ab- sorption ultraviolet et la rotation optique des protéines dessérums sanguins. La courbe d'absorption dela pseudo- globuline est constante et identique pour les sérums sanguins humain et de cheval. La courbe de l’euglobgline a la même forme générale que célle de la pseudo-globu- line, mais diffère pour les coeflicients d'extinction. Les courbes d'absorption des variétés d’albumine humaine et chevaline sont analogues; seules leurs dimensions diffèrent dans un rapport constant; cela tient peut-être à l'association d’un agrégat à absorplion sélective fai- ble ou nulle, p. ex. un aminoaeide aliphatique ou un polypeptide, au constituant principal. La similitude de forme de toutes les courbes ramenées à une amplitude commune, et le fait que les amplitudes sont presque toutes des multiples simples d’un facteur commun, in- 256 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES diquent une similitude de constitution de ces protéines et une concentration variable du groupe actif. 29 SCIENCES NATURELLES.— MM. J. A. Gardner et F. W. Fox : L'origine et la destinée du cholestérol: dans l'organisme animal. XII. L’excrétion des stérols chez l’homme. La mesure del’absorption et de l’excrétion des stérols dans 26 cas de régime montre, dans 25 cas, un excès de l’excrétion sur l’absorption (moyenne : 0,3 gr. par jour). Une grande partie du cholestérol du sang et de la bile est réabsorbée dans l'intestin avec les sels biliaires, mais ce processus paraît limité par la réduc- tion du cholestérol en bihydrocholestérol dans l'intestin, surtout chez l'homme adulte. L'excès de l’excrétion sur l’absorption conduit à la conclusion qu'il existe dans le corps un organe capable de synthétiser le cholestérol. — Miles M. Stephenson et M. Whetham: Ztudes sur le métabolisme des graisses chez le bacille de la phléole des prés. Les auteurs ont suivi, durant la croissance du bacille de la phléole des prés sur un milieu composé de sels minéraux (avec de l’'ammoniaque comme seule source d'azote), du glucose et de l’acétate de sodium, la formation de la protéine et de la graisse en même temps que la disparition du glucose et de l’acétate. Ils n'ont trouvé aucun produit de décomposition intermédiaire du glucose, Ils ont alors étudié les cultures sur les pro- duits de décomposition possibles du glucose, La crois- sance en présence d’acide lactique, propionique ou bu- tyrique est très analogue à celle en présence de glucose. L’acide acétique n’est utilisé qu'en présence d’acide lactique. — M. E. W. A. Walker: Etudes de varia- bilité chez les bactéries. Présence et développement de formes dys-,eu- et hyperagglutinables de certaines bac- téries. — MM. C. B. Healdet W. S. Tucker : Courbes de recul décelées par le microphone à fil chaud. Le microphone à fil chaud a été employé pour mesurer le recul du‘corps par suite de l’action du cœur ; les valeurs obtenues mesurent des quantités proportionnelles à l'énergie cinétique communiquée au corps parles mou- yements du sang. 5 Séance du 26 Janvier 1922 ScrENcEs Puysiques. — MM. J. A. Crowther et B. J. Schonland : La dispersion des rayons f. Les au- teurs ont mesuré la dispersion d'un faisceau homogène de rayons £ par divers éléments sous divers angles. La dispersion est due à des rencontres simples des parti- cules £ avec les particules dispersives, comme le prévoit la théorie de Rutherford, jusqu’à ce que l'épaisseur de la matière dispersive ait réduit la radiation à la moi- tié de sa valeur. La dispersion par l’or concorde numé- riquement avec la théorie sous de très petits angles; elle augmente rapidement lorsque l'angle du faisceau primaire augmente, et finalement elle atteint une valeur environ 4 fois plus grande que celle donnée par la théo- rie. Cette valeur élevée est fournie par les éléments légers, quel que soit l’angle du faisceau. Les théories actuelles de la dispersion nécessitent donc certaines modifications. — M. C. V. Raman : La dispersion mo- léculaire de la lumière dans l’eau et la couleur de la mer. — Mile A. C. Davies : Les énergies électroniques minimum associées à l'excitation des spectres de l'hé- lium, Leslignes des séries de l’ortho-hélium et du para- hélium sont simultanément excitées quand l’ionisation de l’atome d'He se produit. Les voltages limites pour l'excitation sont 20,4 ou 25,2, suivant que l’ionisation par chocs multiples a lieu ou non, Les voltages corres- pondants dans le cas de la ligne élargie à 4686 sont res- pectivement 54,2 et 80,0. Cette ligne peut aussi être excitée aux dépens de l'ion He positif, sans autre ioni- sation de l'atome, à 50,8 volts, valeur déduite de la théorie de Bobr, Le voltage minimum pour l'apparition du spectre de bandes de l’hélium est de 20,4 et les con- ditions indiquent qu’il est émis par les molécules He?, ‘ Les lignes de l'ortho-hélium et du para-hélium et le spectre de bandes se maintiennent quand on abaisse le voltage jusqu’à 13 volts sous des pressions élevées. — MM.C.N. Hinshelwood, H. Hartley et B. Topley: Influence de la température sur deux modes alternes de décomposition de l'acide formique. La vapeur d’acide formique en contact avec une surface de verre entre 200° et 300°C. se décompose principalement des deux façons suivantes : a) H.COOH — CO? + H?; b) HCOOH — CO + H20. Les deux modes de décomposition procè- dent à vitesses approximativement égales; mais les énergies critiques calculées d’après les coefficients de température des constantes de vitesse respectives sont si différentes qu'une des réactions devrait prédominer presque entièrement, à moins d'introduire une restric- tion de phase. Dans ce cas, les molécules possédant l'énergie interne critique nécessaire ne réagissent que sielles sont dans une certaine phase. — MM. WW. A. Bone, A. R. Pearson, E. Sinkinson et W. E. Stoc- . kings : /techerches sur la chimie du carbone. Il. Les constituants résiniques et les propriétés colkéfiantes des charbons. L'extraction prolongée des résines des char- . bons n’a pas d'influence sur leurs propriétés cokéfiantes, qui né proviennent done pas de leur présence. Cette extraction a permis d'isoler de deux charbonsbitumineux une résine de poids moléculaire 450 et de formule empirique C*H3?03, dont les propriétés font un résène de la classification de Tschireh. La méthode d'extrac- tion à la pyridine-chloroforme donne un mélange de résines et de substances non résineuses d'origine cellu- losique, désignées provisoirement sous le nom de «corps humiques ». C'est à la présence de ces dernières, dont le point de fusion est inférieur à leur température de décomposition rapide, ou à leur formation sous l’in- fluence de la chaleur, que sont dues principalement les fortes propriétés cokéfiantes de certains charbons. Les substances d’origine cellulosique plus complexes, qui forment la principale partie du charbon et qui se dé- composent sans fondre, ont peu ou pas d'influence sur les propriétés cokéfiantes. Le Gérant : Gaston Don. ro Sté Gle d'Imp. et d'Ed., rue de la Bertauche, 1, Sens, 1 Rol 33: ANNÉE 9 15 MAI 1922 Revue générale Des Sciences pures et appliquées FonpaTeur : LOUIS OLIVIER Direcreur : J.-P. LAN GLOIS, Professeur au Conservatoire national des Arts-et-Métiers, Membre de l’Académie de Médecine Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. J.-P. LANGLOIS, 8, place de l’Odéon, Paris. — La reproduction et la traduction des œuvres et des travaux publiés dans la Revue sont complètement interdites en France eten pays étrangers y compris la Suède, la Norvège et la Hollande ‘CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE $ 1. — Physique du Globe Sur l’absorption de la gravitation. — Dans un article publié sous ce titre (Rev. gén. des Sciences du 15 février 1922), M. Majorana a présenté une théo- rie toute nouvelle de la gravitation. L'enchainement de ses raisonnements peut se résumer ainsi : jusqu’à ce jour, la considération de l’éther ne nous a pas révélé la genèse de la gravité; à titre d'hypothèse que la suite confirmera ou infirmera, admettons que l'éther n'existe pas. À son défaut, la gravité ne peut plus provenir que d'une émission. Celle-ci ne sera pas faite par des particules ultra-mondaines (de type Lesage), puisque la conception de Lesage s’est montrée mécaniquement inadmissible, Dès lors, puisque les particules ne peu- vent plus converger de l'infini vers les corps graves, il ne reste plus qu’une solution à envisager, celle de par- ticules locales, rayonnées par les corps graves eux- mêmes. Ainsi le Soleil attire la Terre et la Lune parce qu'il les transperce sans cesse des particules qu'il rayonne : celles-ci, en traversant planète et satellite, y freinent leur énergie, et c'est de cet effet que nait le poids de la Terre et de la Lune vers le Soleil. _ Pour vérifier ces vues, des expériences ont été faites, notamment sur une boule de plomb B de 1,274 gr. et - sur un cube de plomb C de o m.95 de côté. Le poids de B a été trouvé fonction de la gravité terrestre, de l'attraction newtonienne entre B et C, et enfin de l’ab- sorption a éprouvée par la gravité terrestre (particules locales) pendant qu’elle traverse le cube C (écran de © m. 95 de plomb) avant d'atteindre la balle B : a s’est -montrée égale à 4 ug —{4 microgrammes sur 1,274 gram- - mes de poids, soit un freinement de 1 pour 319 >< 106, Fi REVUE GÉNÉRALE DES ACIENCES, Ce qué je viens de résumer suggère de sérieuses objections. D'abord on n’a jamais vu une force attrac- tive naître entre deux corps parce que l’un d'eux (ou chacun des deux) lance sur l’autre des particules ou projectiles quelconques : la force ainsi engendrée serait toujours répulsive. Ensuite Laplace a prouvé que l’ab- sorption de la gravité, quelle qu’en fût la cause, était tou- jours très faible. Ainsi la gravité issue du Soleil vers la Terre et la Lune s’affaiblit au plusde 1 :107en traversant la Terre; sans quoi«ilenrésulterait dans le mouvement de la Luné une inégalité très sensible » (PoINCARÉ : Science et Méthode, p. 265). Ceci ne préjugeant rien sur la cause de la gravité, et s'appliquant aux particules de M. Majorana aussi bien qu'à toute autre cause, on en conclut que la valeur a — 4 pg ci-dessus citée doit être erronée. En effet, grosso modo, avec un écran ayant la densité de la Terre (5,5) au lieu de celle du plomb(11,35), a diminuerait dans le rapport de 11,35 à 5,5; mais, si l'épaisseur de l'écran passait de o m. 95 (cube C) à 12.940 km. (globe terrestre), «& croîtrait parallèlement, et, finalement, la diminution relative de la gravité serait approximativement de : Se 5,5 12,94 XX 106 = CRE 0,02. AND TOITS 0,95 Ainsi, le globe terrestre, agissant comme écran, freine: rait la gravité de 2 °/,, ce qui est sûrement faux, puis- qu'on n’observe pas les inégalités prévues par Laplace et Poincaré, Cependant les 4 ug résultant des observations de M.Majorana sont très réels. Se pourrait-il que la vraie valeur de a ne füt qu'une fraction de ces 4 ag, le reste s’introduisant sous l’action d’une force naturelle CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE inconnue, ou par suite d’un vice dans le dispositifexpé- rimental,… ou... ete. M. Majorana, et M. Michelson- qui va reprendre en Amérique les expériences de Bolo- gne, nous renseigneront sans doute un jour sur ce qu’il en est. En attendant, il est permis de remarquer ceci. Si onen juge par certains passages de l’artiele de M. Majorana (notamment col. 2 des pp. 973 et 74), ces expériences de laboratoire ont dû présenter d'énormes difficultés. Par conséquent, lorsque les très petits nom- bres qu’elles fournissent sont en désaccord avec des résultats astronomiques, ce sont ces derniers qu'il faut tenir pour justes. — D'autre part, considérant combien il est peu vraisemblable qu'un corps puisse en attirer un autreen le criblant de particules, on est enclin à douter des particules locales imaginées par M. Majo- rana, et à reprendre, mais en sens inverse, l’enchaîne- ment logique du savant professeur, en disant: il n'y a pas de particules, nilocales (divergentes), ni ultra-mon- daines (convergentes) : il y a donc un éther. Il y a 20 ans, dit M. Majorana (p. 70), nier l’éther eût été une hérésie. Pourquoi l’hérésie serait-ellemoin- dre aujourd’hui, ajouterai-je, si, comme je crois l’avoir prouvé dans une brochure de quelques pages (Ether ou Relativité, Gauthier-Villars), l’étude de l’éther, devenue facile aujourd'hui, lève fort simplement les contradictions très sérieuses qui embarrassaient les physiciens depuis nombre d'années, et notamment cel- les que M. Einstein s’est proposé de «sauver» quand il a combiné sa théorie de la Relativité. Une dernière remarque, sur les lignes de force gra- vifiques sillonnant l’espace : M. Majorana ne voit rien qui les empêche d’être rectilignes (p. 73). Or, si elles l’étaient, on ne s’expliquerait pas que la formule deNew- ton fût pratiquement moins juste que la formule empi- rique de Newcomb, où l’exposant de la distance est un peu différent de 2. L'étude expérimentale de l’éther montre que ces lignes de force sont courbes, et que la petite retouche à apporter à la formule de Newton s’en déduit aisément (Ether ou Relativité, pp. 49-51). Maurice Gandillot. $2. — Physique Phénomènes de polarisation dans les arm- poules à rayons X. — Au cours de quelques expé- riences avec une ampoule à rayons X traversée pendant longtemps par une décharge continue, M. S. Ratner a observé un durcissement graduel de l'ampoule, malgré le maintien d’une pression relativement élevée, De nouvelles expériences analogues lui ont révélé un effet remarquable qui se produit dans toute ampoule à rayons X ou, d’une façon plus générale, dans tout tube à vide après un fonctionnement suffisamment long et constant, Dans ce cas, on observe en effet un moment où la résistance de l’ampoule commence à croître gra- duellement jusqu'à devenir assez élevée poux arrêter la décharge, quoique la pression se maintienne constante et élevée. Ce phénomène est analogue à la polarisation d’une pile électrolytique. Le temps requis pour la polarisation d’un tube n’a 1.Philos. Magazine, janvier 1922, été que de quelques jours. Alors unedifférence de poten- tielde50 ,000 volts ne produisait aucune décharge,même à la pression de 0,035 mm. En renversant la direction du courant, il traverse facilement le tube polarisé. Abandonné à lui-même pendant une nuit,un tube polarisé est redevenu normal le matin. Quelles sont les causesde cephénomène?Ilne dépend pas des gaz de l’ampoule, car il persiste après introduc- tion - d'air, tandis qu'un voltage plus faible produit une décharge entre deux électrodes placées dans un tube latéral, où la composition des gaz est la même que dans l’ampoule principale. L'introduction d'un peu de vapeur réduit immédiatement la polarisation, D’après l’auteur, le phénomène serait dû à la destruc- tion électronique des couches gazeuses situées à la sur- face des électrodes, Ces couches, dont l'existence est aujourd'hui bien établie, jouent un rôle important dans divers phénomènes. On sait depuis longtemps que les gaz occlus dans les électrodes facilitent beaucoup le passage de la décharge dans les tubes à vide, et on a trouvé récemmentque les surfaces métalliques soïgneu- sement débarrassées de gaz ne présentent pas d'effet photo-électrique appréciable. IL semble done que le processus d'émission électronique par les surfaces mé- talliques ne puisse se réaliser que par l'intermédiaire de la couche superficielle de molécules gazeuses. $ 3. — Agronomie Ees productionsagricoles dela Guadeloupe. — Cette riche île française, quine mesure dans ses plus grandes dimensions que 60 à 70 km.et a une surface de 178.000 hectares, est cependant capable de fournir une production agricole tout à fait importante. M.M. Rigotard, dans une conférence aux élèves de l'Institut national d'Agronomie coloniale, a réuni les principaux éléments d'ordre géographique et agricole concernant cette île, C’est la canne à sucre, culture dominante dans Îles Antilles, qui retient d’abord l'attention. De nombreux domaines de 1.000, 2,000, 3.000, même 10.000 hectares, possédant chacun une sucrerie, sont divisés en «habita- tions » ou fermes dirigées par un« géreur »,placé lui- même sous le contrôle d’un inspecteur de culture. Ce personnel reste en permanence à la colonie; le direc- teur de l'usine et le personnel de son état-major : ingé- nicurs, chimistes, elc., peuvent ne rester que pendant la période de fabrication, de «roulaison» comme on dit là-bas. .: j La canne donne à la Guadeloupe un rendement en sucre de 3 à 4 tonnes par hectare, au lieu de 5,5 à 6,5 à Cuba, de 8,95 à 11,25 à Java et de 10 à 12,5 t. aux Hawaï. A la Guadeloupe les rendements en sucre sont donc très bas. Ils ont été beaucoup plus élevés autre- fois, mais les méthodes de culture et les soins apportés à la protection de la canne contre divers parasites sont insuflisants : labours trop superficiels, culture perma- nente de la canne sur le même terrain au lieu de prati- quer un assolement, et fumures insuflisantes. D’autre - part la composition des sols, qui a fait l'objet, de la part . de l’auteur, de nombreuses recherches, exigerait l’em- ploi d'engrais ou d’amendements appropriés, Ces sols » sont presque tous dépourvus de calcaire et leur défaut d’alcalinité favorise le développement des champignons. Le Directeur de la Station agronomique de la Guade- loupe, M. Dash, propose d'élever dans une proportion CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 259. Janvier 87 mm, Juillet 139,5 Février 55,9 Août 148,0 Mars ? Septembre 185,7 Avril Octobre 191,7 Mai Novembre 199,6 Juin Décembre 128,8 considérable la dose de fumier pour une récolte de can- nes: il faudrait accroître en conséquence le troupeau de la colonie, De plus, il conseille de faire l’assolement suivant : d'abord trois récoltes de cannes, puis une de coton ou de ricin, et enfin une légumineuse (engrais vert ou fourrage). Quant à la composition chimique des terres, on peut dire que certaines sont très riches. En général, elles sont argilo-siliceuses, très pauvres en cal- caire, colorées en rouge ou en jaune; elles reposent sur un substralum calcaire, mais en sont le produit de décalcification. L'azote y est presque toujours abon- dant: en moyenne de 2 à 3 pour mille. Moins bien pour- vues en acide phosphorique, elles en contiennent en moyenne plus de 1 pour mille. Voici d’ailleurs une analyse complète d’une bonne terre qui portait une belle récolte de cannes : Analyse physique : Cailloux £ 0,0 Sable grossier tolal 163,5 — fintotal 244,9 Argile et éléments impulpables. 292,0 1.000, 0 Analyse chimique : Azote 2,18 % P205 total 2,91 — assimilable 0,52 K20 total 0,81 — assimilable 0,24 Chaux CaQ Relativement à la fumure des terres, on peut remar- quer, d’abord, que le bétail n'est pas assez abondant, ensuite qu'étant parqué en plein air, il s’ensuit que le fumier est lavé par les pluies et perd une grande partie de sa valeur. Et cela est d’ailleurs constaté par les analyses déjà anciennes faitespar Léger et par Bonaiwe, que l’auteur cite, Le bétail est soumis alternativement à des périodes de nourriture suflisante (feuilles vertes de cannes), puis de privations. M. Rigotard regrette qu'on ne fasse pas de réserves de fourrages secs, ni de maïs en grain, qui vient cependant très bien à la Guadeloupe, Pour terminer avec ces questions qui gravitent autour de la culture de la canne à sucre, retenons que la production totale du sucre, à la Guadeloupe, a été en 1917 de 31.000 tonnes (en année moyenne 30,000 t.). La production de rhum a été de 12.000.000 litres en 1917. Il n’est pas exagéré de dire qu'un perfectionne- ment de la culture doublerait la production du sucre. Le massif montagneux, ou Guadeloupe proprement dite, est un enchevêtrement de mornes volcaniques, . d’arêtes, donnant un relief chaotique. Une multitude de torrents à régime très irrégulier sillonnent ce massif formé de roches massives, imperméables, d’origine volcanique, La pluviométrie est bien connue, car chaque usine possède un pluviomètre et l’on dispose de nombreuses années d'observations. Les moyennes de 36 années dans la région du Moule sont : Six 1'* mois 538,2 Six derniers 993,3 La récolte de la canne se fait pendant les six premiers mois. Au point.de vue température, la moyenne des minima est voisine de 20° en décembre, 252 en juillet; celle des maxima est proche de 279 en janvier, 31° en juillet, La lempérature des torrents, observée en décembre par l’auteur, élail de 20° (air 219,3), 200,2 {air 210,2), done très peu inférienre à celle de l'ambiance, Par contre, l'eau de mer avait une température supérieure d'envi- ron 19,2 à celle de l’air dans une observation faile au Morne à l'Eau. Les forêts couvrent toutes les montagnes et en ren- dent l'accès très?diflicile. La carte est loin d’être éta- blie, De nombreuses essences sont bonnes pour l’ébé- nisterie, la construction, et sont d'ailleurs utilisées, mais l'exploitation n’est pas organisée, Le campêche est abondant et donne lieu à une cer- taine exportation, Parmi les cultures les plus:prospères et les plus capa- bles d’être développées se trouve le cacaoyer. D’excel- lentes cacaoyères, en partie irriguées, ont pu être visi- tées par l’auteur, Dans l’une d’elles, le rendement était de 700 à 800 kg. de graines par hectare. Il est intéressant de rappeler que, d'après les nom- breuses analyses de terres faites par M. Rigotard, ce sont les terrains les plus riches en potasse qui portent les plus belles récoltes de cacao, alors que dans les terres contenant peu de potasse assimilable la canne à sucre croit très bien. Le caféier est cultivé en plantations spéciales ou bien intercalé entre les eacaoyers. Des lignes d’arbustes à 2 m. de distance sont alter- naliyement constituées par des cacaoyers et des ca- féiers, et de loin en loin des lignes de pois doux (/nga laurina) servent de brise-vent et d’abri contre le soleil. Des vanilliers sont plantés contre les pois doux qui servent de support à cette liane. Oz a tendance à présent à séparer les plantations de cacaoyeret de caféier; la culture et la récolte sont faci- litées.et simplifiées. Tellessont les principales cultures porlées par ce sol riche, sous un climat éminemment favorable à la végé- tation, LR: $ 4. — Géographie et Colonisation La population de la France en 19211. — Les résulats provisoires du recensement du 6 mars 1921 donnent pour la population totale dela France 39-194.550 habitants, y compris l’Alsace-Lorraine quiien compte 1.695.156. Si l’on s’en tient aux 86 départements d'avant le traité de Versailles, on voit que la population a rétro- A er se. ne y) PAPE 1. Maukice ZIMMERMANN : La population de la France en 1921. Annales de Géographie, 15 janvier 1922, p. 37-51, 260 gradé de 39.601.509 à 37.499.394, soit une diminution de 2.102.115, provenant des pertes de guerre, de l’épi- démie de grippe de 1918 et de la réduction des naissan- ces. Cette diminution se trouve même réduite par l'augmentation du nombre des étrangers qui, de 1911 à 1921, a passé de 1.159.835 à 1.415.128, malgré la dispa- rition de la plus grande partie des Allemands, Autri- chiens et Hongrois. De telle sorte que, si l’on défalque le nombre des étrangers et celui des militaires occupés hors de France, la population française s’est réduite, de 38.441.664, en 1911, à 36.084.266, en 1921, et cette dimi- nution de 2.357.398 traduit nos véritables pertes. Huit départements seulement ont vu leur population augmenter : Alpes-Maritimes, Seine-Inférieure, Pyrénées Orientales, Hérault, Rhône, Bouches-du-Rhône, Seine ét Seine-et-Oise. Les départements envahis sont natu- rellement parmi ceux qui ont le plus souffert : la Meuse a perdu 25,5 °/,, l'Aisne 20,5 °/,, la Marne 16, la Somme 13, les Ardennes 12,8, les Vosges 11,6, Meurthe-et- Moselle 10,8, le Nord 8,8, le Pas-de-Calais 9,3. Dans les autres portions duterritoire, la dépopulation porte d’abord sur les régions montagneuses, comme on l’observe depuis un demi-siècle; parmi les régions de plaine, le phénomène est particulièrement marqué dans . la partie centrale du bassin aquitain, malgré lafllux croissant des Espagnols et des Bretons et la présence” de deux foyers assez vivants : Toulouse et Bordeaux. La seconde zone de dépeuplement un peu moins intense s'étend du Berry jusqu'aux Vosges; elle correspond à la Sologne, au Morvan, aux plateaux calcaires du Berry, de la Bourgogne et de la Franche-Comté; le Doubs doit à sa position frontière et à ses florissantes industries d’être moins atteint. Un troisième pôle de dépeuplement, également ancien, quoique plus restreint, se présente dans l'Ouest, particulièrement dans les départements bocagers de la Manche, del Orneet de la Mayenne, avec extension en Bretagne et dans les départements d’entre Loire et Charente. On observe, d'autre part, que le mou- vement debaisse sembleenrayéen Normandie, province classique du dépeuplement; il faut en voir probable- ment la raison dans le développement industriel et commercial et dans l’afflux des étrangers depuis dix ans. Dans l'étude que nous analysons, M. Maurice Zim- mermann essaye de discerner les causes géographiques principales qui paraissent enrayer ou atténuer le dépeu- plement, et il en signale deux : la présence des grandes villes et la position périphérique. On constate, en effet, un rapport direct entre le volume des agglomérations urbaines et le pourcentage de déficit ou de gain des dé- partements qui les renferment. Pour les départements qui possèdent une ville de 5o à 100.000 habitants, le taux de dépeuplement varie de 3 à 9 °/.; si la ville atteint ou dépasse 100.000, l’état est stationnaire; enfin, il y a gain lorsque l’agglomération dépasse 500.000 habitants, et, à propos de Paris, par suite de l’accroissement péri- +2 + CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE phérique, on constate que le gain porte encore plus sur la Seine-et-Oise que sur la Seine. La position périphérique agit comme facteur de peu- plement par l’attraction des étrangers. Sur les rivages maritimes, l'influence est moins marquée à l'Ouest qu'au Nord et au Midi, en raison du vide océanique, Sur la frontière continentale, l’afflux des étrangers tend pres- que partout à atténuer le dépeuplement; seuls font exception les départements adossés à de hautes bar- rières montagneuses. Depuis le milieu du xix° siècle, le nombre des‘étrangers en France va croissant, consé- quence naturelle de la diminution de la natalité. On en: comptait 399.000 en 1851, et 1.415.128 en 1921. En 1911, Italiens (419.234) et Belges (306.319) venaient en têle, puis les Espagnols (105.760), les Allemands (102.271), les Suisses (73.422), les Anglais (40.378). La localisation est déterminée naturellement par la proximité du pays d’origine; Anglais, Suisses et Italiens sont les plus diffusés, et c’est Paris qui centralise toutes les natio- nalités. Pour 1921, on n’a pas encore publié la répartition des étrangers par nationalité, mais seulement le chiffre brut par département. Ce qui permet de constater l’aug- mentation de la population étrangère dans les départe- ments du Nord, conséquence du besoin de main-d'œuvre pour le travail de reconstruction, et dans les grands centres métallurgiques de l'intérieur. La colonie étran- gère de la région parisienne (Seine, Seine-et-Marne et Seine-et-Oise) n’a passé de 267.647 qu'à 277.980. Ce qui est plus significatif, c’est l'arrêt de Yimmigration en Provence, en même temps que sa progression excep- tionnelle dans le bassin rhodanien, jusqu’à la Haute- Saône, D'autre part, l'immigration espagnole s’est largement répandue dans les départements du Midi pyrénéen. En calculantles pourcentages dans les régions où le peuplement étranger est le plus dense, on trouve 4,9 pour la région parisienne (3 départements), 5,5 pour la région de l'Est (4 départements en bordure de l'Alsace-Lorraine), 6,5 pour la région du Nord (6 dépar- tements), 14,7 pour le littoral méditerranéen (7 dépar- -tements), soit au total 1.053.000 étrangers dans 20 dé- partements, alors qu'il n’en reste que 362.000 pour 67 départements (pourcentage 1,5). M. Zimmermann compare, enfin, en terminant, les recensements de 1872 et de 1 921 et constate que, pendant ce demi-siècle, 22 départements seulement ont aug- menté; ils appartiennent aux régions frontières, au littoral méditerranéen, à la région parisienne et aux grands foyers industriels de l'intérieur. Les plus gros pourcentages de gain entre ces deux dates sont : 98,7 pour la Seine, 99,7 pour les Alpes-Maritimes, 66,1 pour leterritoire de Belfort, 58,8 pour Seine-et-Oise, 51,7 pour les Bouches-du-Rhône, 42,7 pour le Rhône, 38 pour la Meurthe-et-Moselle, etc. Pierre Clerget. ob né. rh Ré LL étions, Dr VERNEAU. — L’'ETHNOGRAPHIE ET LA°PRÉHISTOIRE 261 L'ETHNOGRAPHIE ET LA PRÉHISTOIRE : La Paléontologie humaine — science bien jeune encore aux progrès de laquelle les savants français ont largement contribué — a déjà pro- jeté une grande lumière sur les débuts de l'Hu- manité. Assise sur de solides bases que lui ont fournies diverses branches de l'Histoire naturelle, elle s’est trouvée rapidement en mesure de bat- tre en brèche les vieilles légendes qui avaient la prétention d’expliquer l'origine de l'Homme. Quoique jeune aussi, l'Ethnographie a prêté, et prête chaque jour, un concours eflicace à la Pré- : histoire ; c’est ce que je me propose de démon- trer dans le présent article. | * * * Parmi les légendes les plus invétérées, je cite- rai en première ligne celles relativesaux pierres de foudre. Les Grees de l'antiquité ont eru aux cé- raunies; les Romains ont partagé cette croyance, qui se retrouve en Asie, en Afrique; en Amérique aussi bien qu’en Europe.Les céraunies de l'anti- quité, les flèches de la foudre du moyen âge, les langues du tonnerre des indigènes de l’Extrême- Orient et de l'Amérique, ne sont autre chose que des haches en pierre polie, des pointes de flèches ou d’autres instruments en pierre soigneusement travaillés. Ce sont ces produits de l’industrie humaine, antérieurs à la découverte des métaux, que l’on considérait comme se formant dans les nuages et tombantsur laterre pendant les ora- ges. À l’appui de cette opinion, on invoquait des faits qui semblaient bien probants ; je me bor- nerai à en citer quelques-uns àtitre d'exemples. Lorsqu'il n'était encore que gouverneur de l'Espagne tarraconaise, Galba vit un jour la foudre frapper un lac des Cantabres; il fit fouil- ler le lac et on en retira douze haches en pierre polie. Le futur empereur n’hésita pas à les con- sidérer comme des sortes de talismans que lui envoyaient les divinités, qui voulaient, par ce moyen, l’informer des hautes destinées auxquel- les il était appelé. S'il s'était trouvé des scepti- ques, les événements devaient se charger de les convaincre. e Au xvi siècle, un Allemand, Kentmann, ami du naturaliste Conrad Gessner, prétendait qu'on découvrait toujours les céraunies dans le sol, en des lieux où le tonnerre avait frappé un arbre, une maïson, et, comme preuve, il décla- rait qu'une de celles qu'il possédait avait été rencontrée, par un jeune homme, enfouie dans …. 1. Conférence faite le 11 mars 1922 à l'Institut de Paléonto- - logie humaine, la terre après l'orage du 17 mai 1561 ; qu’une autre avait été recueillie à Siplitz, par des paysans, sous un chêne déraciné par la foudre ; qu’une troisième lui venait d’un maçon digne de foi qui l’avait découverte à une profondeur de douze coudées, où le tonnerre l'avait enterrée. A ces pierres,auxquelles on attribuait une ori- gine surnaturelle, on attachait une valeur consi- dérable. On en ornaïit les diadèmes des déesses Isis et Junon. Dans le tribut que l'Espagne payait à Rome figurait une pierre de foudre. Prudence nous dit que des Germains en por- taient sur leurs casques d’or pour s'assurer la victoire dans les combats. Non seulement, elles faisaient gagner les batailles, prendre des villes, s'emparer de flottes, mais elles préservaient des naufrages, protégeaient contre la foudre les per- sonnes et les maisons, faisaient gagnerles pro- cès et procuraient un doux sommeil et d’agréa- bles: songes. Elles jouissaient en outre de pro- . priétés astringentes et antiphlogistiques. C’est ce qu'affirmait, au xu° siècle, Marbode, évêque de Rennes, auteur d’un célèbre Lapidatre; dans son poème intulé Dactylotheca, il consacra une page entière à l'énumération, en vers latins, des vertus merveilleuses des céraunies. En 1081, Alexis Comnène, empereur de Byzance, envoya à l’empereur d'Allemagne, Henri IV, quelques présents qui comprenaient, à côté d’un coffret renfermant des reliques, une astropelekia, c’est-à-dire une hache du ciel, montée en or. Au xvu siècle (vers 1670), une pierre de fou- dre a été apportée, commeune chose précieuse, « à Monseigneur le prince François de Lorraine, Evesque de Verdun, par M. de Marcheville, Am- bassadeur pour le Roï de France à Constantino- ple auprès du Grand Seigneur». C’est ce que nous apprend la vieille inscription placée sur la hache polie dont il s’agit qui a été conservée au Musée Lorrain de Nancy. L’étiquette dit en outre que « laquelle pierre nephréticque portée au bras, ou sur les reins, a une vertu merveilleuse pour jeter et préserver de la gravelle, comme l’expérience le faict voire journellement ». A l’époque où M. de Marcheville apportait au prince Françoisde Lorraine le précieux talisman pour préserver de la gravelle, la croyance à l’ori- gine surnaturelle de la hache en pierre polie était si répandue que Boèce de Bootécrivait, en 1636, la phrase suivante : « C’est une renommée si constante, et approuvée de l’approbation de tant de personnes, que c’est la flesche du foudre, Dr VERNEAU. — L'ETHNOGRAPHIE ET LA PRÉHISTOIRE que si quelqu'un vouloit combatre cette opinion communement tenuë et y desnier son consente- ment, il paroïstroit fol.» Au risque d'être taxé de folie, l’auteur se demanda, cependant, si les pierres de foudre n'étaient pas des marteaux, des coins, des haches, des socs de charrue façon- nés primitivement en fer et transformés en pierre par le temps. Ce serait une grande erreur de croire que les superstitions dont il s’agit aient complètement disparu de nos contrées et qu’on n’en retrouve de traces que chez certaines populations arrié- rées d'Asie, d'Afrique ou d'Amérique. Partout où les haches et autres instruments de pierre ont cessé d’être en usage depuis de longs siècles, les légendes/à leur sujet persistent. Les Nègres de la région du Tchad les considèrent comme tombés des nuages pendant les orages et leur attribuent, entre autres propriétés, celle de pré- server de la foudre. Le$ ciseaux fusiformes en piertre ont, aux yeux des indigènes, plus d’efli- cacité encore que les haches proprement dites. Les Ouadaïens recherchent les pierres de foudre pour les placer au fond de leurs greniers à mil. Ils sont persuadés qu’elles ne sauraient rester sans être constamment recouvertes de grain et que, si la provision menace de s’épuiser, elles feront naître des circonstances heureuses qui permettront au propriétaire de remplir son gre- nier. Dans ma jeunesse, je m'étais réfugié sous un arbre, en Touraine, un jour d’orage. La foudre tomba sur une étable située à moins de dix mètres de moi. Les paysans, après avoir sorti leurs bestiaux et éteint un commencement d’in- cendie, se mirent à la recherche de la pierre de foudre. En Bretagne, dans l'Aveyron, les bergers attribuent aux céraunies la propriété de les préserver de la foudre, ainsi que leurs trou- peaux. Dans la Haute-Garonne, en Italie, en Ecosse, etc., elles sont regardées comme de puis santstalismans. Des pointes de flèches en silex, montées en argent, constituent des amulettes hautement appréciées en Îtalie. Suspendues à un chapelet, elles rendent la prière plus efficace. Et, cependant, Mercati, qui était né en 1541 et mourut en 1593, avait déjà reconnu la véritable pature des prétendues ‘pierres de foudre. En s'appuyant sur l’'Ethnographie, il avait montré que des instruments de pierre, analogues aux céraunies, avaient été en usage à des époques his- toriques.-[l citait, notamment, les couteaux de silex dont se servaient les embaumeurs égyp- tiens pour ouvrir les cadavres, ceux que Jéhovah avait ordonné à Josué de fabriquer pour cir- concire les [sraélites, et les couteaux qu'em-” = ployaient les prêtres de Baal et de Cybèle pour se faire des incisions dans le but de se rendre les divinités favorables. D’un autre côté, disait-il, rien ne prouve que les céraunies aient été dépo- sées par la foudre dans les endroits où on les découvre. Il en arriva à conclure que ces pierres étaient simplement les armes, les outils des «plus anciens des hommes ». Pour lui, ces hom- mes qui, faute de métaux,« fabriquaient tout avec des pierres aiguisées », avaient vécu entre Adam et Tubalcain. Son livre, intitulé Metallo- theca Vaticana, ne fut publié qu’en 1717 et laissa bien des incrédules. En 1723, Antoine de Jussieu revint à la charge et, lui aussi, emprunta ses arguments à l'Ethno- graphie, mais à l’Ethnographie moderne, De Fig, 1. — Hache en pierre polie des Antilles ayant appartenu à M. de Jussieu. Fig. 2: — Siernur de Patagon transpereé par unèe flèche en silex qui a traversé tout le corps du sujet, d'arrière en avant. grands voyages d'exploration avaient été accom- plis; ils avaient procuré des instruments en pierre employés par des sauvages et provenant, les uns «des iles d'Amérique (fig. 1) et les autres du Canada ». Dans un mémoire qu'il lut à PAca- démie des Sciences et qui traitait De l'origine et de l'usage des pierres de foudre, À. de Jussieu n’hésita pas à déclarer que « du moment que nous apprenons, à n'en pas douter, que les sauvages de ces pays-là se servent à différents usages de pierres à peu près semblables qu'ils ont taillées avec une patience infinie par le frottement contre D: VERNEAU. — L’ETHNOGRAPHIE ET LA PRÉHISTOIRE 263 mme piraterie sente mererceereoseerset10 e 0 O T 2 d'autres pierrés », on ne pouvait se refuser à admettre qu'il en avait été de même autrefois en France et en Allémagne. Avant la découverte des métaux, disait-il, nos ancètres élaient des sau- vages et fabriquaientleurs outils avec des pierres qui, enfouies dans le sol, s'y sont conservées ; «et voilà lès pierres tombées avec la foudre », déelarait-il en terminant. De Jussiéu n'avait pas convaincu l’Académie. Sept ans plus tard, Mahudel ne fut pas plus heu- reux lorsqu'il vint développer les mêmes idées devant la savante Compagnie; on lui reprocha de n'avoir pas exposé « les raisons qui prouvent l'impossibilité que ces pierres se forment dans ‘les nues ». En 1758, dans un remarquable ouvrage, un magistrat fort érudit, Goguet, fut non moins affirmatif que de Jussieu et Mahudel. Il alla plus loin qu'eux, car il déclara qu'après s’être servi de la pierre, l’homme avait employé « le cuivre durei par la trempe etsurtoutpar l alliage » avant de fabriquer des outils en fer. Dampierre, Frézier, La Condamine, Bougain- ville, Cook, Forster, La Pérouse, La Billardière, Freycinet, Choris, etc. rapportèrent de leurs voyages des collections d'outils en pierre qui ‘eomprenaient tous les types des céraunies. La question était jugée : l’'Ethnographie avait fait justice de la lésende des pierres de faudre. re È Les instruments en pierre qui avaient attiré l'attention des Anciens et auxquels on attribuait une origine céleste étaient naturellement ceux dont le travail soigné ne permettait pas de les confondre avec de vulgaires cailloux; ce sont céux qui caractérisent l’époque néolithique où de la pierre polie. Aune période plus ancienne, que les séologues désignent sôus le nom de plérstocène, alors que la faune et la flore différaient dé la faune et de la flore actuelles, l'Homme existait déja à la sur- face du globe et savait se conféctionuer des armes et des outils, qu'il tirait également de la pierre. Maisignorant l’artdé polir sesinstruments où de les perfectionner au moyen de fines retou- ches, il se contentait de les dégrossir en en déta- chant des éclats par percussion ; cette période est celle de la pierre taillée ou époque paléolithi- que. Nous savons aujourd’hui qu’il n’a pas existé d'hiatus éntre le Paléolithique et le Néolithique, _qu'uneépoque detransition, qualifiée d’azilienne, rélie l’un à l’autre. Dé longue durée, la période pléistocène a été subdivisée en six époques secondäirés qui sont, surtout ün armement. en allant de la plus récente vers la plus ancienne, l'époque magdalénienne, l'époque solutréenne, l'époque aurignacienne, l’époque moustérienne, l'époque acheuléenne et l’époque chelléenne. Cette classification, valable pour notre région, est basée sur là Géologie, la Paléontologie etsur l’industrie. Les couches les plus anciennes du Quaternaire, contiennent les que caractérisent Pléistocène, ou restes d'une faune chaude, Hippopotamus amphibius, Elephas antiquus, Rhi- noceros Mercki. Plus tard, nous trouvons une faune froide, qui comprend eñcore un Eléphant — l’Élephas primigenius où Mammouth — et un Rhinocéros — le Rhinoceros tichorhinus ou Rhi- nocéros à narines cloisonnées; mais, grâce à leur épaisse toison, Mammouth et Rhinocéros à natrines cloisonnées pouvaient supporter de basses témpératutés. Il est à peine besoin de rappeler que ces deux animaux, après avoir émi- gré plus tard vers le Nord, se sont éteints dans les régions boréalés, où l’on en a découvert dés cadavres entiets, consérvés dans les glaces dela Sibérie. A la fn de l’époque pléistocène, une faune, tout à fait comparable à la faune actuelle des steppes et des toundras, dans laquelle le Renne était ahondamtment représenté, prospé- rait dans notre paÿs. Le climat a donc été rigou- reux durant la plus grande partié de cette période et Les glaciers ont acquis une puissance remarquable, tout èn offrant des alternatives d’éxtéension et de récul qui dénotent que les conditions climatériques ont subi désoscillations très appréciäbles. Dès le début, pour lutter contre les redoutables añimiaux dont il était éntouré et pour pourvoir aux nécessités de soh éxistence, l'Homme s’est vu dans l'obligation dé 8e créer un outillage et Péu à peu, il a perfec- tionné ses instruments, rendant ainsi sa vié de plus éñ plus facile. A la fin du Pléistocène, grâce aux progrès accomplis, grâce à l'abondance du gibier, notämment du Renne, qui fournissait à nos ancêtres, non seulement sa chair ét sa peau, mais aüssises os et sés bois pour cotifectionner uné grande väriété d'armes et d'outils, l'Homme assurait sans peine son existence et consacrait uné partie de ses loisirs à exercer ses instincts artistiques.L’Ethnographie a démontré que toute l’industrie paléolithiquese retrouve de nos jours chez certaines populations du globe et que des œuvrés d'art, tout à fait comparables à celles des artistes dé l’époque magdalénienné, sont encore exécutées par lés peuplades boréales. Les plus grossiers instruments dél’épôque acheuléenne et chelléenine continuent à être fabriqués par quel- ques tribus arriérées dé l'Australie. 12 RS . ee L'instrument typique des premiers temps qua- ternaires a une forme plusou moins amygdaloïde obtenue en détachant d’un bloc de pierre des éclats au moyen d’un caillou servant de percuteur. Si grossier qu'il soit, il dénote déjà une techni- que qui ne permet guère de le considérer comme le premier tâtonnement industriel de l'Homme. A priori, on devait penser qu’on rencontrerait des outils plus primitifs dans des couches plus an- ciennes, c'est-à-dire dans les couches supérieures (pliocènes) du Tertiaire. Desnoyers, l’abbé Bour- geois, Rames, Carlos Ribeiro crurent en avoir trouvé dans des couches pliocènes, voire miocè- nes, de France et de Portugal. Ces trouvailles donnèrent lieu à de grandes discussions. On contesta l’âge de certains gise- ments, ou bien le travail intentionnel des objets recueillis dans des couches incontestablement tertiaires. Ce travail fut néanmoins admis sans. hésitations par des savants qui, au point de vue des doctrines, différaient autant qu'Armand de Quatrefages et Gabriel de Mortillet. Pour de Quatrefages, l’être qui avait travaillé les silex de Saint-Prest, de Thenay (fig.3), de Puy-Courny et d'Otta ne pouvait être qu'un homme. Pour G. de Mortillet, l’ouvrier n'était ni un homme ni un singe, mais un intermédiaire qu’il qualifia du nom de Æomosimius. Ilimagina même trois espèces d’intermédiaires entre l’Homme.et le Singe: l’Homosimius Bourgeoisi, l'Homosimius Ribeiroi et l'Homosimius Ramesi. Quant à Albert Gaudry, il attribua le travail des silex tertiaires à un véritable Singe, le Dryopithecus, dont une mâchoire avait été découverte dans les argiles tertiaires de Saint-Gaudens. Aucun des Anthro- poïdes vivants ne s’est montré capable de façon- ner un outil en pierre, si rudimentaire füt-il. Je ne connais qu’un seul exemple de Singe anthro- pomorphe quise soit montré inventeur. Il s’agit d’un chimpanzé auquel son maître, administra- teur des Colonies, avait imposé le nom d'Edgar. Au Congo, le singe avait réussi à meubler le coin de la véranda qui lui était affecté : le mobilier se réduisait d’ailleurs à une vieille casserole dans laquelle Edgar conservait jalousement quelques objets. Son maitre l’avait vu en retirer un caillou dont il se servait pour casser des noyaux.Dès que quelqu'un approchait, le chimpanzé s’empressait de remettre dans la casserole l’objet qu’il tenait à la main et de le recouvrir d’un chiffon noir. Intrigué par les allures mystérieuses de son singe, M. B... s’arrangea de façon à le surveiller sans en être vu. Quel ne fut pas son étonnement Je jour où il surprit Edgar en train de contempler D: VERNEAU. — L'ETHNOGRAPHIE ET LA PRÉHISTOIRE | mination, on devrait donc les regarder comme ses traits dans un miroir qu'il avait fabriqué lui- même. Ce miroir se composait simplement d’un fragment de bouteille derrière lequel le chim- panzé appliquait le chiffon noir qui lui servait à recouvrir sa casserole. Le fait m'a été certifié par M. B... lui-même. Amené en France, le pau- vrechimpanzé est mort alcoolique à la ménage- rie du Muséum. 3 Il n’est nullement démontré que le Dryopithè- que ait été un singe supérieur aux Anthropoïdes actuels et qu'il ait travaillé les silex tertiaires ci-dessus mentionnés. A plus forte raison n'est-il pas prouvé qu'il faille attribuer la taille de ces silex à un homme-singe dont on n’a retrouvé aucune traceen France ni en Portugal. Par éli- 8 Fig. 3. — Silex de Thenay (d'après Gaudry). Fig. 4. — £Lolithe (d'après Rutot). Fig. 5. — Pseudo-éolithe (d'après Boule), ayant été façonnés par un être vraiment humain, s'ils ont été réellement travaillés intentionnel- lement. Ici, la question se complique. G. de Mortillet faisait remonter les outils de pierre à peine ébau- chés dont il s’agit à une période qu’il appelait éolithique et qui devait comprendre «tout ce qui se rapporte au Tertiaire ».Le nombre de ces outils était assez limité et la taille en était douteuse. Pour convaincre les récalcitrants, un géologue belge, M. Rutot, se mit à la recherche des éoli- thes etilen découvrit une quantité considérable. Ce savant, ilest vrai, considère comme desoutils primitifs des pierres présentant une forme natu- relleetdont quelques éclats ont été détachés pour adapter, dit-il, ces pierres à l’usage auquel onles destinait (fig. 4). Il en a recueilli aussi bien dans des gisements quaternaires que dans des couches tertiaires. Toutefois, leur présence dans des assises antérieures au Quaternaire constituerait un puissant argument en faveur de l'existence de l'Homme tertiaire s'il étaitreconnu que les éclats des éolithes en ont été détachés intentionnelle- ment; malheureusement il n’en est rien. Il est 3 Dr VERNEAU. — L'ETHNOGRAPHIE ET LA PRÉHISTOIRE même démontré aujourd'hui que de simples chocs accidentels peuvent produire le même résultat que l'intervention humaine. Cette dé- monstration, nous la devons à un savant géolo- gue et préhistorien, M. Laville, chef des travaux pratiques de Paléontologie à l'Ecole des Mines. Au cours d’une excursion dansles environs de Paris, M. Laville découvrit dans un tas de cail- loux provenant des malaxeurs de la fabrique de ciment de Guerville, près de Mantes, des silex (fig. 5) offrant toutes lesapparences de ceux trou- vés à Thenay, au Puy-Courny, à Otta, etc., et des éolithes de M. Rutot. Or, il s'agissait, sans le moindre doute, de rognons de silex de la craie qui, brassés dans les malaxeurs par des herses en fer, s'étaient entre-choqués pendant vingt- neuf heures et éclatés de mille manières. Le fait a été contrôlé par MM. Boule et Cartailhac. Le même phénomène doit fatalement se produire dans les cours d’eau torrentiels qui roulent une multitude de cailloux. Sur cette question, qui passionne les spécia- listes, l'Ethnographie peut-elle fournir aux Pré- historiens la solution du problème? Examinons les faits. = En Californie, notre regretté ami Chaplain- Duparc a observé des Indiens qui étaient encore à l’âge de pierre, et voici ce qu’il a constaté. Ces Indiens, qui connaissaient le polissage et étaient capables de confectionnerdes pointes de flèches à pédoncule et à barbelures aussi finement retouchées que nos plus belles pointes néolithi- ques, utilisaient néanmoins des éclats informes lorsqu'ils étaient très susceptibles de percer ou de couper. Parfois, ces éclats étaienttrès légère- ment dégrossis au moyen de quelques coups de percuteur et ressemblaient alors étonnamment aux éolithes de Rutot. En Touraine, j'ai vu un paysan qui, manquant de ficelle pour réparer un accident arrivé au harnais de son cheval etayantoublié son couteau, s'empara de deux blocsde silex et, frappant l'un avec l’autre, se procura rapidement un éclat tranchant dont il se servit pour couper quelques branches d’osier. Cet outil improvisé ne portait aucune retouche. Aux Canaries, en Syrie, on emploie toujours, pour égrener les céréales, levieux tr1bulum com- posé d’épaisses planches garnies, à leur face inférieure, de nombreux éclats de pierre bruts. En Australie, le progrès a été extrêémementlent sous tous les rapports. La flore, avec ses fougères - arborescentes, la faune, avec ses marsupiaux et - ses ornithorynques, offrent un aspect d'un autre - âge. L'Homme lui-même a peu évolué, et c’est - dans ce pays qu'on rencontre l’un destypes les REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES. plusinférieurs de l’Humanité.Dans le Queensland vivent des familles extraordinairement arriérées, qui s’abritent dans des grottes ou sous les bran- ches d’un arbre abattu qu’elles recouvrent de broussailles et d’herbage. Si certains indigènes sont capables de fabriquer des haches de pierre au moyen de la taille et parfois du polissage, le plus souvent ils se contentent, comme armes et comme outils, de branches, ou de pierres brutes. Celles-ci, fixées dans l’anse d'une liane recourbée ou assujetties à l'extrémité d'un manche au moyen de résine, constituent des massues (fig. 6). Le couteau est un simple éclat, sans retouches Fig. 6. — Massue australienne formée de deux pierres brutes fixées par de la résine. Fig. 7.— Couteau australien en pierre. (fig. 7). Lejour où le bois et la résinedes massues australiennes auront disparu, on se trouvera en présence de vulgaires cailloux, dont rien n’indi- quera la destination primitive. Que conclure de tout cela? c’est que : 4° si les pseudo-éolithes de Guerville, une fois patinés par le temps, ne pourront être distingués des éolithes du géologue belge, il est impossible d'affirmer que ceux-ci sont l’œuvre d’un être intelligent; 2° du fait que des populations mo- dernes, plus ou moins arriérées, font encore usage d'instruments de pierre aussi frustes — et même beaucoup plus frustes — que les éolithes, ‘on n’a pas le droit de dire qu'aucun de ceux-ci n’a été utilisé par l'Homme ou par un précurseur des races humaines actuellement connues. Pour trancher la question de l’existence de l'Homme tertiaire, il faut posséder d’autres preuves plus concluantes que celles tirées des outils en pierre. J'éstime, pour ma part, que nous possédons déjà quelques-unes de ces preuves, sur lesquelles je ne saurais insister ici. Mais des enseignements 2 fournis par l’'Ethnographie, il est permis de conjecturer que l'Homme primitif a dû se servir d'armes et d'outils de pierre à peine ébauchés, sinon entièrement bruts. % x % A deux autres points de vue, l’Ethnographie apporte à la Préhistoire des enseignements fort importants: elle montre à quelles erreurs s’expo- sent les archéologues qui ne tiennent compte que de la forme des instruments pour en établir l’âge; elle nous permet de déterminer l’usage d'objets dont la signification était parfois énig- matique. On constate, chez certains Préhistoriens, une tendance fâcheuse à subdiviser les époques et à baser leur chronologie sur la morphologie seule des armes et des outils de pierre. Quelques légè- res différences dans la technique n’autorisent pas à déclarer que deux stations voisines sont d’épo- ques différentes. À cet égard, les observations faites en Californie par Chaplain-Dupare sont des plus instructives. Celui des savants auxquels je fais allusion, qui aurait entre les mains une série des instruments fabriqués par le même Indien, ytrouverait des types industriels s’éche- lonnant depuis les plus grossiers éolithes jus- qu'aux pointes de flèches néolitiques les plus parfaites. Il ne faut pas oublier non plus que, dans la même population, deux ouvriers ont rarement une égale habileté professionnelle. Des réserves s'imposent plus impérieusement encore quand on envisage des localités et, à fortiori, des con- trées différentes; c’est ce qu'avait fort bien com- pris Émile Cartailhac, quand il écrivait que la classification de G. de Mortillets’appliquait «tout au plûüs à la Gaule » et qu’elle devait « varier suivant les pays ». Nous savons, enfin, que des types archaïques ont été reproduits à des épo- ques récentes. J'ai récolté moi-même aux Canaries, dans une grotte qui a servi d’habila- tion au xve siècle, une hache en basalte du type de Saint-Acheul, et le même type est encore fabriqué de nos jours en Australie. : Aupointde vue de l’utilisation desinstruments en pierre, l’hésitation n’est guère permise. Les haches polies étaientemmanchées comme le sont celles des Néo-Calédoniens et de diverses peu- plades modernes. D'ailleurs, dansles grottes néo- lithiques de la Marne, le baron J. de Bayeen a recueilli des spécimens encore pourvus de leurs manches. Les couteaux devaient être également munis d’une emmanchure en bois ou en os, ou bien le talon en était recouvert d'une masse de fibres et de résine ainsi qu’on le voit en Austra- lie. Il est curieux de constater que les pointes de Dr VERNEAU. — L'ETHNOGRAPHIE ET LA PRÉHISTOIRE flèches en silex — armes redoutables pouvant perforer le sternum après avoir traversé d’arrière en avant le corps d’un individu, ainsi que le démontre la fig. 2 — étaient parfois utilisées en guise de couteau ou de scie : dans le premier cas, un bord seul débordait du manche; dans le second cas plusieurs pointes étaient fixées dans une rainure creusée dans un morceau de bois, ne laissant déborder que leur extrémité. De telles scies, constituées par de simples éclats de silex, sont toujours en usage parmi les Austra- liens. De petits blocs de pierre, généralement en grès, ou même de grands polissoirs montrent parfois des rainures étroites, à coupe semi- circulaire. Les observations faites chez les Indiens de Californie nous ont appris qu'ils ser- vaient à dresser et à polir les hampes des flèches. À l'époque magdalénienne ou âge du Renne, on rencontre, dans nos contrées, des grattoirs: à tranchant convexe et épais (fig. 8), tout à fait RE RS EE er ré Fig. 8. — Grattoir en silex de l'âge du Renne provenant de la Dordogne. © Fig. 1. — Grattoir emmanché des Esquimaux. Fig. 10. — Rabot patagon garni de deux gratloirs en quartz. l analogues à ceux dont se servent actuellement les Esquimaux, qui les munissent d'un manche | (fig. 9). Les Patagons en garnissent de très curieux | rabots en bois (fig.10). Les percoirs de la même époque étaient naguère employés par les Cliff- Dwellers du Nouveau Mexique et de l’Arizona pour armer leurs drilles, etles Indiens de Cali- fornie lestiennent directement à la main, après en avoir garni le talon d’une masse de résine. À la'même époque, les instruments en os ou en bois de renne étaient fort abondants; ce sont. desharpons, barbelés tantôt d’un seul côté, tantôt | sur les deux bords, qui sont identiques à ceux usités de nos jours par des populations boréales. Dr VERNEAU. — L'ETHNOGRAPHIE ET LA PRÉHISTOIRE 267 / Les poinçons en os, les aiguilles percées d'un chas se retrouvent chez maintes populations modernes. Dans des grottes de la Charente, de la Vézère, des Pyrénées, de la Suisse, etc., où a découvert des bäâtonnets en bois de Renne, décorés de gravures ou de sculptures en demi-bosse et munis d'un crochet vers une extrémité, dont on ne com- prenait pas l'usage. Les voyageurs ont recueilli des objets entièrement comparables au Pérou, en Équateur, en Colombie, au Mexique, et les chroniqueurs nous disent qu'ils servaient aux indigènes de propulseurs pour lancerleurs traits. Le D' Rivet en a rapporté de la République de l'Équateur de beaux exemplaires, qui étaient recouverts de lamelles d’or. Ces propulseurs sont encore employés par des peuplades de l'Ama- zone, par les Esquimaux, par les Australiens. Le racloir moustérien sert aux Esquimaux de l'Alaska à préparer les peaux et à polir des objets en os. L'Ethnographie a démontré que l'instrument grossier, à extrémités épaisses, désigné soûs le nom de hache du type de Saint-Acheul était une massue plutôt qu'une hache. On lui soup- connait cet usage, ce qui l'avait fait qualifier de coup-de-poing, mais les populations modernes qui l’emploient lepourvoienttoutes d'un manche. En résumé, il n’est guère d'instruments décou- verts dans nos stations préhistoriques qui n’aient leurs analogues, de nos jours, chez des peuplades arriérées. L'usage qu’en font aujourd’hui ces peuplades nous renseigne sur celui qu’ont dü en faire nos ancêtres. Il n’est pas jusqu'à l’art si intéressant de l’âge du Renne qui n'ait actuellement son similaire. Pour ne pas allonger démesurément cette notice, je me bornerai à signaler les peintures rupestres des Boschimans, des Hottentots,des Californiens, des Australiens, les gravures et les sculptures en ivoirede morse des Esquimaux et des Tchou- tchis. Nous savons déjà que les petites figurines en ivoire de morse constituent de véritable talis- mans pourles chefs tchoutchis,quilesportentsur leurs chapeaux de bois, et il n’est pas illogique de considérer comme des amulettes les figurines analogues découvertes par Alphonse Milne- Edwards dans la grotte de Lourdes. L'Ethnographie comparée pourraitnousfournir beaucoup d'indications sur les coutumes et les croyances de nos ancêtres préhistoriques. Ainsi la coloration au moyen d’ocre rouge de certains ossements de nos cavernes quaternaires dénote un rite funéraire qui n’a pas complètement dis- paru. Mais pour traiter le sujet dans toute son ampleur il faudrait écrire un volume. Je me con- tenterai done, en terminant, de quelques brèves considérations sur le degré de culture des vieilles populations de l'Europe occidentale. L'Homme des premiers temps quaternaires ne surpassait pas, au point de vue industriel, l'Aus- tralien le plus arriéré d'aujourd'hui. A la fin du Pléistocène, nos ancêtres étaient parvenus à un degré de civilisation comparable à celui qu'ont atteint de nos jours diverses popu- lations boréales. Nes peuplades néolithiques peuvent être comparées à maintes populations modernes mi- pastorales, mi-agricoles, sédentaires et possédant déjà une véritable organisation sociale. Groupées en villages et même en cités importantes, elles se contruisaient parfois des habitations sur pilotis pour se protéger contre l'humidité, contre les animaux dangereux ou contre des ennemis, comme le font encore quelques pêcheurs d'Europe et maintes peuplades de l'Indochine, du golfe de Guinée, de l'Amérique du Sud et de la Nouvelle- Guinée. C’est évidemment d’un ancien village lacustre des Cantabres que provenaient les douze haches en pierre polie de Galba. Par l'étude de l'Ethnographie comparée, nous voyons se confirmer la loi du progrès; malgré les accidents qui en entravent momentanément la marche, elle a toujours régi et régira toujours le monde. En vertu de cette loi, il est permis de prédire à l'Humanité future le plus brillant avenir, à la condition que le civilisé renonce à la conception de l’Australien du Queensland, pour qui la force prime toujours le droit. D' Verneau, Professeur d’Anthropologie au Muséum national d'Histoire naturelle et à l’Institut de Paléontologie humaine, Conservateur du Musée d'Ethnographie, 268 R. D'ADHÉMAR. — LA DÉMONSTRATION SCIENTIFIQUE LA DÉMONSTRATION SCIENTIFIQUE DEUXIÈME PARTIE La Pnysique Ün examen sommaire des théories de la Phy- sique proprement dite confirmera et précisera les conclusions qui précèdent. N'employons pas ici les termes généraux de cartésiens, denewtoniens,.… parce qu'avec ces grands motsnous pourrions introduire des idées métaphysiques, c’est-à-dire embrouiiler infail- liblement une discussion scientifique, déjà bien assez délicate. $ Quelques cas particuliers, s’ils sont bien choi- sis, suflisent pour marquer très visiblement les divergences notables des diverses doctrines scientifiques. Comment Lord Kelvin (Sir W. Thomson) com- prenait-il la Physique ? «Si je puis faire un modèle mécanique — disait-il, je comprends; tant que je ne puis faire un modèle mécanique, je ne comprends pas. » Pour Lord Kelvin, la matière est discontinue et chaque molécule est un petit monde comprenant des ressorts, des leviers, des poulies, des courroies, des toupies, etc. 6 Maxwell, un Anglais également illustre, a développé magnifiquement l’Electrodynamique d'Ampère, celle des corps conducteurs, en fon- . dant l’Electrodynamique des diélectriques. Et quelle était la nature du génie de J. Clerk Max- well ? Assurément possédait-il des notions dont il n’a pas daigné nous faire part, car sa doctrine, en apparence, consisterait uniquement en un jeu analytique d'équations. Duhem lui a reproché, avec une âpreté exàgérée, son incohérence logi- que, défaut plus apparent que réel. Hertz regar- dait les « équations de Maxwell » comme des postulats, des définitions, et, certes, cette concep- tion n’a pas été, pour son génie, une entrave, puisque Hertz a réalisé, 20 ans après la Théorie, les courants de déplacement prévus par Maxwell. À Lord Kelvin, à Clerk Maxwell, Duhem a tou- jours,très systématiquement, opposé Helmholtz, le profond savant allemand, dont l’idée maitresse, semble-til, était d'introduire, peu à peu, les nombres, correspondant aux phénomènes phy- siques, dans les formes analytiques de la Méca- nique, élargies, assouplies, adaptées. Avec Helm- holtz, l’électricitéentre dans les cadres classiques de la Mécanique : la Conservation de l'Energie, 1, Voir la première partie dans la Hevue générale des Sciences du 30 avril 1922. le principe de la moindre action, le principe de la stabilité de l’équilibre, etc. Cette grande voie romaine, unie, large, recti- ligne, majestueuse, plaisait infiniment à Duhem qui, sur les fondations posées par Gibbs, par Helmholtz, bâtissait son Energétique, comme classification substituée au chaos des faits. Duhem a toujours défini la science comme étant classification logique et mathématique. C’est, peut-être, comme conception, ce qui nous diviserait le moins ? C'est, je crois, la con- ception la plus positive, la moins exclusive. Duhem n'aimait pas la méthode des atomis- tes, je veux dire l’emploi systématique du « modèle mécanique ». Henri Poincaré, d’ailleurs, a fait de la vieille question de «l'explication mécanique des phé- nomènes » une critique pénétrante, etil a mis en relief l’indétermination de la méthode du modèle mécanique, quant à l’ultime interpréta- tion des faits. - « S'il est oiseux, disait-il ‘, de chercher à se représenter dans tous ses détails le mécanisme des phénomènes électriques, il est très important au contraire de montrer que ces phénomènes obéissent aux lois générales de la Mécanique. «Ces lois,en effet,sontindépendantes du méea- nismeparticulierauquelelles s'appliquent. Elles doivent se retrouverinvariables à travers la diver- sité des apparences. Si les phénomènes électri- ques y échappaient, on devrait renoncer à tout espoir d'explication mécanique: S’ils y obéis- sent, la possibilité de cette explication est cer- taine, et on n'est arrêté que par la difficulté de choisirentre toutesles solutions quele problème comporte. » Si l’on tient une explication mécanique, on en tient une énftnite. Cette observation n’est pas de nature à décou- rager les savants de l’école atomiste moderne. Leurs succès récents et admirables sont connus et eussent fini par déconcerter Duhem, dont le grand esprit était exclusif. Mais l’électron est,peut-être, un modèle méca- nique, plutôt qu’un « Système du Monde »! De même qu'il y a plusieurs Géométries, de même il existe plusieurs Physiques rationnelle- ment acceptables, aujourd’hui. Il y a un choix, au départ; je ne dis pas : « une fantaisie ». Il y 1. La théorie de Maxwell et les oscillations hertziennes, chez Gauthier-Villars (collection Scientia). R. D 'ADHÉMAR. — LA DÉMONSTRATION SCIENTIFIQUE a même del'arbitraire dans l’organisation de toute théorie. Lorsque nous obtencensune « Physique mathé- matique », ne soyons pas dupes : la démonstra- tion « more geometrico » n’est logique,ou mathé- matique, que dans sa forme, puisque l’on n’a atteint un exposé cohérent qu’en rejetant toutes les questions épineuses dans les notions primi- tives, principes, postulats où définitions. Par suite, toute théorie physique constitue un bloc. Duhem l'a vu si clairement, lui qui disait: «la Physique n’est pas une machine qui se laisse démonter; on ne peut pas essayer chaque pièce isolément... » Dans la Mécanique classique, la critique par- tielle d’un élément risque de tomber à faux, si elle ne tient pas compte de toute la doctrine classique, des données empruntées à la Géomé- trie, des données astronomiques fixant les axes de référence ét le temps, des instruments employés, des erreurs d'observation, etc., etc. S'il faut ‘préciser davantage et donner un exemple, je choisirai le Principe de l'Inertre :. « Par rapport à trois axes de coordonnées abso- lument fixes, un point matériel isolé, soustrait à une influence, aura une accélération nulle », et cette accélération reste nulle par rapport à un trièdre quelconque, en translation rectiligne et uniforme par rapport au trièdre fixe. Enoncé un peu obscur, et pour beaucoup de raisons. Le point matériel est une fiction, ou une ap- proximation. Jamais nous ne verrons une masse isolée, indépendante de tout l'Univers. L'espace absolu, des axes absolus, savons-nous ce que c'est? Est-ce concevable, scientifiquement ? Et le temps absolu, qui sert à mesurer les vitesses, d’où le tirons-nous ? C'est l'Astronomie qui nous donne «le temps». C'est la Mécanique céleste — une fois faite — qui nous fournit des axes privilégiés, pouvant jouer le rôle d’axes absolus. Et alors, l’ensemble de la Mécanique classique se tient debout. Mais c'est une construction ? Nous partons de définitions partielles, hypo- _thétiques, aussi bien faites que possible, suggé- it No rées par l'expérience, soutenues par le succès de là Théorie; mais /a definition totale, véritable, ne se trouvera-t-elle pas au terme de l’évolution, au terme d’une évolution qui aura reussi ? J'aperçois bien d’excellentes démonstrations partielles, fragmentaires, des chapitres très bien faits; mais dire, en général, en totalité, que la théorie « more geometrico » démontre ou explique les faits, e’est admettre que les bases, les définitions sont parfaites ? Il n’en est rien, ni pour le temps, ni pour la masse, ni pour l’inertie, même dans l’ordre de grandeur des apprôximations de la Mécanique classique. Parcontre, un réseau serré de concordances, d’admirables réussites, maintient l'édifice. Nous ne doutons aucunement de la limpidité, de la véracité des transformations mathémati- ques, mais il est très difficile de posséder des définitions suffisantes et de ne pas poser des postulats inconsctents, même dans la Géométrie, a fortiori dans la Physique. Dans ces conditions, la notion de démonstra- tion ne s’évanouit-elle pas, dans la Physique, au moment où l’on croit la tenir? On peut bien ergoter indéfiniment sur ce terme : « démonstration scientifique », mais je ne l’accepterais que dans le cas d’un schème unique s'imposant absolument et clairement. Si la notion de démonstration analytique est un peu dissociée par des considérations analo- gues à celles qui viennent d’être exposées, ne faut-il pas dire, plutôt, que l'on fait, dans la Physique, une construction synthétique, par une lente et pénible adaptation de l'esprit aux cho- ses de la Nature. La théorie physique est un organisme vivant, qui lutte. L'œuvre scientifique ressemble à l'œuvre d'art. < Œuvre d'art, parce que l'inventeur est un artiste, parce que la définition bien faite est une création — et nous savons la charge que portent les définitions, dans la Science rationnelle. Tous les savants, en construisant leurs théo- ries, recherchent une interprétation ou une image des faits expérimentaux, juste, exacte, simple, commode, féconde, efficace. Chacun désire un langage clair, impersonnel, bien ordonné. Tout cela se réalise, approximative- ment, de plusieurs façons, parce que chacun a ses tendances propres. En présence de cette variété de théories, à peu près équivalentes, si nous avons renoncé à voir dans l’une d’ellesune démonstration proprement dite, une explication complète et définitive, nous chercherons une échelle des valeursspour juger les théories diverses. Lorsque nous sortons du domaine restreint de la Logique formelle et de la Démonstration mathématique proprement dite (où ily a, déjà, bien plus que de la Logique statique), — il nous faut des critères de valeur. 1. J'ai soutenu cette opinion, avec beaucoup de candeur, dans la Revue des Deux Mondes du 15 janvier 1900. Je retrouve, involontairement, aujourd’hui, cette idée — avec un peu moins de candeur, je l'espère: 270 R. D'ADHÉMAR, — LA DÉMONSTRATION SCIENTIFIQUE D C’ést une tendance invincible, pour un esprit | vigoureux, que d'établir une échelle des valeurs de ses actes, et du labeur d’autrui, dans tous les ordres. On sait l'aventure mémorable de Taine!, qui, parti sans préjugé, pour visiter les Musées de l'Italie et des Pays-Bas, revint avec son critère : le degré de bienfaisance du caractère de l'œuvre d'art! 3 Tout naturellement, dans la Science Ration- nelle, si nous n'avons pas trouvé une démons- tration proprement dite, nous chercherons un jugement de valeur. Et telle est la raison pour laquelle les savants ne sont pas toujours en complet accord : leurs échelles de valeurs ne sont pas identiques. Leurs critères de valeur ne sont pas les mêmes, chacun ayant en vue, dans la Science, quelque caractère, à ses yeux, essentiel, dominateur, qu'il veut mettre en relief. L’un, par exemple, recher- che les modèles mécaniques; l’autre, les formes de la Mécanique analytique; un troisième, des formes analytiques quelconques, sans aucun souci de leur origine, etc., etc. Tous les critères de valeur ne sont pas identi- ques, parce qu'il est bien diflicile,qu'on le veuille où non, de n'avoir pas quelque parti pris, plus ou moins conscient, Tout homme qui réfléchit a sa Philosophie, sa méthode, Notre jugement, sur la valeur d'une théorie scientifique, dépend de notre philoso- phie. Il faut que cette philosophie soit positive, inspirée par un esprit de méthode, d'observa- tion, de réflexion, sans préjugé. Sinon, en ju- geant la science d’un point de vue qui n’est pas le sien, nous ne ferons qu'embrouiller la discus- sion, dans notre for intérieur, et nous aggrave- rons, sans doute, les désaccords entre les théo- riélens, Alors même que les savants entendent rester sur le terrain ferme de la science positive, il existe, entre eux, des divergences d'interpré- tation. Il y a, dans la construction scientifique, plus d’un choix à faire, choix de faits, choix de méthodes, choix de buts. Le choix d’un théori- cien sera déggrnriné par quelque caractère qui se trouve, à ses yeux, légitimement dominateur, tandis qu'un autre physicien jugera secondaire ce même caractère. Et lequel des deux savants cédera-t-il ? Aucun, peut-être! Si lathéorie physique estune construction, que nous voulons simple?, féconde, efficace, harmo- 1. Philosophie de l’art, 2 vol. chez Hachette, 2, Henri Poincaré employait le mot commode etilen a abusé, car, pour Jui, en certains cas, «commode » voulait dire ! indis- nieuse, deux théories peuvent avoir pour char- pente des blocs d’hypothèses; en contradiction l’un avec l'autre, et cependant les deux théories peuvent être valables, comme traduction d’un même groupe de faits. « Le principe de contradiction, dit Pierre Duhem! peut juger sans appel du vrai et du /aux ; il n’a aucun pouvoir pour décider de l’utile et de l’énutile. » L'œuvre de science ressemble à l’œuvre d’artetaux organismes vivants.La volonté d’exis- tence de la Science, son élan vital deviennent: facilement comme un « impérialisme », lorsqu'un savant entend faire, du caractère dominateur adopté ou trouvé par lui, un principe unique, une norme universelle. C'est ainsi que tout « monisme » est une manière d’« impérialisme », ou un impérialisme en puissance. En général, un équilibre moyen et provisoire s'établit, peu à peu, entre tous les impérialismes d'idées, soufflant aux quatre coins de l'horizon. C'est cet équilibre moyen et temporaire qui, à la longue, crée « le bon sens moyen de l’huma- nité, où Descartes mettait le fondement de la certitude, et quiétait, pour lui, le trait d'union entre notre pensée et le réel ? ». Einsrein gr L’Espace-Temps J'ai posé beaucoupde questions,surla science; J'ai vaguement dessiné le plan d’une solution et, peut-être, ai-je laissé paraitre un de ces parti- pris, d'ordre philosophique, que je condamne ? Néanmoins c'est dans ce mouvement d'idées, dans celte ambiance queje vais me placer, pour examiner le point de départ d'Einsteinÿ. La relativité restreinte Dans son exposé élémentaire qui est sisédui- sant, Einstein remarque d’abord que le Principe d'Inertie, de Newton et de Galilée, « peut cer- tainement s'appliquer très approximativement aux étoiles fixes ». Il appelle système de coordonnées de Galilée ou « système de Galilée » trois axes de réfé- rence relativement auxquels « les étoiles fixes ne sontpas animées de mouvements circulaires ». pensable, impossibilité pratique de faire autrement. La forme est un peu paradoxale, dans ses écrits philosophiques, mais son scepticisme n'était qu'une apparence. 1, Notice sur ses Litres et travaux scientifiques, Bordeaux, Imp. Gounouilhou, 1913, Il demeure bien entendu que l’on peut employer, parallè- lement, deur théories essentiellement différentes, et même opposées, mais qu'à aucun moment on ne se permettra d'en faire un mélange ; ce serait incohérent et absurde. : ?, Emize Picanp : La Théorie de la Relativité, p: 27. 3. Ennsreis : La Théorie de la Relativilé restréinte et géné- ralisée, trad. par Mlle J, Rouvière, préface de M, E. Borel, chez Gauthier-Villars, 1921, R. »'ADHÉMAR. — LA DÉMONSTRATION SCIENTIFIQUE 271 Et tout système, ayant une translation rectili- gne et uniforme par rapport à un système de Galilée, est aussi un système de Galilée, c'est-à- dire quele principe de l’Inertie reste valable pour le second système en translation uniforme par rapport au premier. Telle est la forme classi- que de la notion de relativité. Einstein généralise, en posant son postulat, dit Principe de relativité restreinte ! : les phéno- mènes naturels suivent /es mêmes lois, quel que soit le système de Galilée pris comme système de référence. La vitesse de la lumière, par exem- ple, est invariablement /a même. Considérons maintenant le théorème de la Cinématique classique sur « la composition des vitesses », qui repose, en particulier, sur la notion commune de {emps absoiu. Avant toute réflexion, scientifique ou philoso- phique, il nous semble que le « temps » est un câble, infini dans les deux sens, auquel l'Univers est suspendu, glissant le long de la corde, tou- jours dans le même sens. Et deux phénomènes simultanés correspondraient à un seul et même point géométrique sur ce cäble, support du Monde. Précisons, avec Einstein. Regardons une voie ferrée rectiligne, surlaquelle un train marche, à la vitesseconstante y, etlançons un rayon lumi- neux, le long de la voie, dans le même sens que le train. La vitesse uniforme de propagation du rayon lumineuxsera c (dans le vide, c— 300.000 ki- lom. par sec.). Les vitesses cet y sont mesurées sur la voie, système de référence primitif. D’après la Cinématique classique, la vitesse de propagation du rayon lumineux par rapport au wagon, second système de référence, sera w = c — ÿ. Généralement, pratiquement, # est sipetit, par tapport à c, que c’estun nombre négligeable ; mais telle n’est pas la question. Aux yeux de la science classique, w et c sont deux nombres différents, résultat en contradic- tion avec le Principe de la Relativité — principe posé, non point par un décret de fantaisie, prin- cipe inspiré par toute l'Electrodynamique de l'illustre Lorentz, « qui a comme conséquence inévitable la loi de la constance de la vitesse de la lumière dans le vide », — principe en har- monie avec l'expérience de Michelson?. Et nous sommes à un carrefour. Il faut, ou bien abandonner {a loi simple de propagation de la lumière, ou bien renoncer au Principe de la Relativité. Nous l'avons bien vu : la Théorie physique n’est pas une machine dont on remplace aisément un organe partiel, dès que 1. Livre cité, page 11. 2. Esrein: Livre cité, pages 17 et 45. l’on entend un grincement. L'expérience de Michelson mettaitles savants devant une énigme. Einstein en a fait sortir une doctrine. Il se demande d’abord ce qu'est la stmultaneité ? Mettons-nous, dit-il, sur la voie ferrée, au point M, milieu de A B. Les points AetB, sur la voie, recoivent la foudre en même temps, au temps {;les deux éclairs sont simultanés. Ceci signifie, scientifiquement, dit Einstein, que, placé en M, avec deux miroirs à 900, un observa- teur verra simultanément les éclairs À et B, au temps { + ©. Telle sera la definition de la simul- tanéité. Elle suppose que nous pouvons mesurer la position de M, milieu d'une droite À B. D'une manière générale !, nous poserons cette définition : Plaçons des miroirs en À eten B et, aupointP, lancons un signal lumineux. S'il revient, en même temps, en P, après réflexion en A, et après réflexion en B, on dira que P est équidistant de A et de B. Voici, d'ores et déjà, deux définitions posées, en vue d'une construction nouvelle. Maintenant,supposons le train en mouvement sur la voie,et soit M' la position d’un voyageur, dans le train, qui coïncide avec le point M, sur la voie, à l'instant £ de la production deséclairs. Comme M’ se rapproche de B, en s’éloignant de A, le voyageur verrait l'éclair B un peu avant l’éclair A, si le mécanisme de sa vision était assez rapide. Einstein conclut que « des événements simul- tanés par rapport à la voie ne le sont plus par rapport autrain »,et que « chaque système de référence géométrique a son temps propre ». Il dénonce, dans la Physique, un gros postulat implicite, inexprimé, ou inconscient, sur letemps absolu, c’est-à-dire indépendant du mouvement. du système de référence, « hypothèse incom- patible avec la définition de la simultanéité », avec la définition « optique » de la simulta- néité, d'Einstein. On peut immédiatement donner d’autres exem- ples montrant que notre notion commune du «temps » est floue. Pour avoir des chiffres simples, prenons un cas extraordinaire, en remarquant que le fond sub- siste avec des données très réalisables. Pierre fait, sur la Tour Eiffel, un signal lumi- neux, qui commence au temps / et finit, chrono- mètre en main, au temps { + 2, en secondes. Paul se trouve, en avion, sur la verticale du’ signal, à 300 kilomètres, avec un chronomètre identique. Pour lui, le signal commence à l’ins- 1. E. Picaxp : brochure citée, p. 8. Lo 1 Lou tant { + 1 millième. Paul, instantanément, fait un signal lumineux, pour dire qu'il descend, et il se lance avec une vitesse immense, pour arri- ver à la Tour Eiffel, quand le feu s'éteint, Pour Paul, le feu n'a pas duré 2 secondes. Et, pour Pierre, la durée du trajet de Paul est moindre que pour l’exécutant. Il faut -done s'entendre sur /a définition du temps ! Il y à longtemps que l’on discute, a priori, sur le Temps et sur l'Espace, mais lorsque la discus- sion prend une tournure positive, scientifique, on découvre que ni le temps ni l’espace ne sont des objets donnés {out nus, indépendamment des choses qui les remplissent. Les définitions communes du temps et de la distance ne permettant pas, en particulier, de comprendre aisément l’expérience célèbre de Michelson, Einstein suggère une revision sévère des anciens poestulats, et il propose les siens, qui constituent une nouvelle définition provisoire. Il est obligé de sacrifier ces deux données du sens commun, il rejette ces deux axiomes : 4° « L’intervalle de temps qui sépare deux événements est indépendant de l’état de mouve- ment du système de référence. » 20 « La distance, dans l’espace, de deux points d'un corps solide est indépendante de l’état de mouvement du système de référence. » Et nous avons vu comment on peut définir la simultanéité, dans un système de corps 5, fixe ou mobile, et l'égalité des distances sans déplacer des étalons de mesure, ce qui créerait une con- tradiction. Dans le système Y, nous réglons les chronomètres d’après la Simultanéité, bien dé- finie. Si un signal optique, ditM. Picard'!, «par- tant de À au temps zéro, y revient au temps 4, après réflexion en B, l'horlogeence dernierpoint devra marquer l'heure 9 quand arrivera le signal lancé par À ». Puis on prendra : pour unité de longueur « par exemple la longueur d’onde d'une radiation dé- terminée, émise par une source rattachée à 5, et pour unité de temps la période correspondant à cette onde ». 6 N Pour obtenir la longueur d’onde, on se sert de vis micrométriques, de glaces à faces parallèles, de blocs de verre parallèles, de microscopes, ete. I] faut avoir une radiation monochromatique : cycle d'opérations complexes, contenant, peut- _être, des cercles vicieux, pratiquement éliminés par les concordances d'expériences nombreuses! On ne peut s'empêcher d'observer qu'ici la classification rationnelle n’est pas encore faite. 1, E. Picarp : brochure citée, p. 8 et 9, R. D'ADHÉMAR. — LA DÉMONSTRATION SCIENTIFIQUE - d’altérer notre matériel. Par suite, cette compa- La découverte d’abord! Oui — mais notre instinet scientifique réclame des schèmes bien ordonnés, et je ne crois pas que cette exigence. soit nécessairement la marque d’une inféconde subtilité. = En attendant la clarté du plein jour, après les lueurs de l'aurore, nous discernons la possibilité de définitions optiques de la distance et des temps, dans un système 3. Peut-être ces définitions nouvelles exigent- elles une chaîne d’approximations successives, à partir des définitions, des mesures ordinaires ? Admettons, avec Einstein, que nous possédons le temps et la distance, dans un système fixe 6, . le temps et la distance, dans un système entrans- lation uniforme S {voie et train). s Chaque système estun monde fermé, par hypo- thèse. Et alors, comment passerons-nous du temps et de la longueur, dans un système, au temps et à la longueur, dans l’autre ? Comment faire la comparaison ? Opération satellectuelle! Nous nous trouvons devant deux mondes qui peuventêtre dépourvus de fenêtres... en outre, nous ne pouvons passer de l’un à l’autre, avec armes et bagages, sans courir le risque — d’après nos définitions — raison, Einstein la fait, en revenant à son pro- blème, au dilemme : « Peut-on imaginer une relation entre la position et le temps d'un événe- ment, par rapport à deux systèmes de référence, telle que toutrayon lumineux possède la même vitesse de propagation c, par rapport à la voie et par rapport au train?» Einsteinrésout aisément l'énigme, par la trans- formation de Lorentz, dont les équations se déduisent du Postulat de l’invariabilité de la vitesse de la lumière c; quelle que soit la trans- lation, rectiligne et uniforme, de l’observateur. Soit Ox un axe dans le système fixe s (la voie ferrée); soit Q X un axe dans le système entrans- lation rectiligne et uniforme S {le train); Q X glisse sur Ox avec la vitesse constante p. Puis- qu'ilexiste, pardéfinition, un {emps local,on peut dire qu’un point M a pour coordonnées x et, dans le premier système, X et T, dans le deuxième !. 2 | . p : Posant r — /: — —: on obtient : #2 - 2 (1) TND OL TN c ou bien, d’une manière équivalente : 1. Eumie Picaro : brochure citée, p. 10, Ds Æ R. D ADHÉMAR. — LA DÉMONSTRATION SCIENTIFIQUE TC TT L'espace et le temps ne sont plus séparés et Einstein définitdoneun nouveau continuum :l’es- pace-temps !. Nous n’avons plusune Cinématique séparée de la Géométrie, mais on retrouverait le point de vue classique, le temps isolé et l’espace isolé, en supposant que cest infini. On trouve alors 7 = 1 et les formules (1) et (2) se réduisent EU / KT pt D — 7: Bien entendu, pour nos vitesses usuelles, le rapport #? : c?est négligeable, et, pratiquement, le nombre r peut être confondu avec un. L'Art de l'Ingénieur ? n’est pas, actuellement, atteint par la Mécanique d’Einstein! Par contre, l'élec- ton est conçu comme ayant un mouvement si rapide que, pour lui, le nombre rest différent de un. : On remarque, immédiatement, la réciprocité des systèmes d'équations (1)et (2); on peut échan- .geræetX,zet T, à condition de changer +:p en — ÿ, ce qui revient à regarder QX comme fixe ét Or comme mobile, en translation par rapport à OX, avec la même vitesse relative. Toutes les apparences restent les mêmes, dans ces condi- tions. Etudions les équations (1), (2). Pierre est sur la voie ferrée (système o) et voit, au temps £, 2éclairs sur la voie, aux points d’abs- cisses x, etx,. Au couple de valeurs (xt) corres- pond, pour le train (système S), le couple (X, T,), et à (x, {) correspond de même {X, T,). Les for- mules donnent: : r(X, — X;) = La — Ty. Le train étant en mouvement, Pierre verra une distance réduite, sur le train. Si ce train porte, sur son axe, une règle graduée, Pierre verra tou- tes ses subdivisions réduites, dans le même rap- port, parallèlement à la voie. Si nous regardons le train, en translation, comme un monde clos, dans ce monde tout est raccourci pour Pierre, mais un voyageur, Paul, pourra ne pas prendre conscience de ce raccour- cissement général parallèle à la voie. Henri Poin- caré nous à habitués à ces exercices d’imagina- tion, supposant seulement que les variations géométriques et cinématiques- n’ont aucune répercussion physiologique. Supposons mainte- 1. Minkowskr, en 1908, 3 ans après Einstein, a müri cette notion d'espace-temps. Son travail a élé traduit dans les Annales de l'Ecole Normale supérieure, en 1909. 2. Il n'existe pas deux sciences,et le théoricien est tout aussi réaliste que l'ingénieur; mais le théoricien, préoccupé de voir le tout, et le mieux possible, ne s'inquiète pas d’une réalisation à longue échéance, tandis que le praticien est pressé ! Telle est souvent la différeuce d'orientation qui existe entre la théorie et la pratique. 273 nant qu’à la queue du train (X — 0), Paul allume une lanterne, pendant l'intervalle de temps T, mesuré à l'horloge du train. Pierre, qui est sur la voie, lira, sur l'horloge de la voie, une durée #, plus longue que T, parce que les formules don- nent : r— T. Mais, les voyageurs du train n’ont cure des mesures de Pierre et peuvent conserver leurs temps à eux, leurs temps locaux (chaque point, sur l'axe du train, a son heure propre). On ne peut aucunement, dira-t-on, se repré- senter tout cela qui contrarie toutes nos habi- tudes! « Ma foi! répond le relativiste, nous ne pos- sédons pas davantage la représentation concrète d’une courbe sans tangente. Les formules (1), (2) résultent des postulats ou définitions d'Einstein. Il ne s’agit pas de chercher des images, plus ou moins trompeuses, mais bien de comparer le Schème d'Einstein aux phénomènes de la Phy- sique. Quant au schème lui-même, il suffit qu’il ne contienne aucune contradiction interne, il suffit qu’il soit cohérent. Souhaitons qu'il soit efficace! » < ; Le continuumespace-temps choqueles notions classiques, mais l’expérience de Michelson les choque aussi. Et, une fois de plus, notre attention se trouve attirée sur cette remarque : Si, dans un monde fermé, des altérations se produisent, qui atteignent tout-en bloc, — aux yeux d'un etranger, — ces variations, touchant tout le milieu, peuvent rester inaperçues par les habitants de ce monde isolé. Retenons que le schème d’Einstein consiste es- sentiellement en des signeslumineux/nstantanés et perçus instantanément, au passage de l'onde, propagée à la vitesse constante €, finie, tandis que le sens commun paraît tenir cette vitesse pour én/finie. Dire que c est infini, c’est faire une pre- mière approximation, largement suffisante dans la Mécanique ordinaire, insuffisante dans la Mécanique des électrons. Le caractère dominateur de la Relativité restreinte est l’invariabilité de la vitesse de la lumière quand on passe d’un système de coor- données à un autre, en translation rectiligne et uniforme par rapport au premier. Le but dominant consiste dans l’harmonie de la Mécanique ordinaire avec l'Electrodynami- que, dans la subordination de la Mécanique classique aux conceptions électro-optiques. On abandonnerait le temps absolu, les axes de référence absolus, ou privilégiés, les actions à distance instantanées de notre Mécanique céleste, etc., etc. LD 1 = R. D'ADHÉMAR. — LA DÉMONSTRATION SCIENTIFIQUE Encore faudrait-il savoir si l’on ne conserve pas — dans l'inconscient — une très grande par- tie de la mentalité classique, en construisant la Mécanique relativiste, et c’est bien probable: « Natura non facit saltus, » La connaissance de la Mécanique classique n'en serait que plus indispensable pour enten- dre la Mécanique d’Einstein ? La Mécanique clas- sique reste notre base principale, notre pre- mière approximation. Si la théorie physique, même la théorie achevée, peut toujours susciter des critiques, étant non pas démonstration, expli- cation, mais bien classification et construction, œuvre d'art — à fortiori peut-on, et doit-on criti- quer une théorie en formation, comme celle de la Relativité d’Einstein. Pour que cette théorie règne, d’une façon assez stable, il faudrait qu’elle füt, un jour, element commode qu'elle serait devenue indispensable. Quand on ne peut plus se passer d’une Doctrine, le sens commun la dit srate. Nous n’en sommes pas à ce point ; il faut du « temps », au sens vul- gaire de ce mot, beaucoup de « temps» Mais n'oublions pas que jamais une théorie scienti- fique n'aurait vécu si, dès sa naissance, elle avait été impitoyablement et systématiquement critiquée. Il y a bien quelques points obscurs, partout. Devant la hardiesse prodigieuse d’Einstein, la critique, au visage ordinairement impassible, ne se détendra-t-elle pas et n’aura-t-elle pas un sourire de haute admiration ? Je ne vois pas ce qui choquerait tant le sens commun, puisque le sens commun est le résidu intellectuel d’une accumulation d'expériences faites sur les petites vitesses qui sont nos vitesses usuelles. Pour ces petites vitesses, nous n'avons pas, pratiquement, à nous préoccuper des con- cepts d'Einstein ;nousconservons, pratiquement, notre Géométrie, séparée de la Cinématique. Il s’agit de savoir s’il est avantageux ou néces- saire, pour les grandes vitesses, de fonder la Science exclusivement sur des définitions opti- ques. Cette réforme s’imposera-t-elle? Autour de l'inspiration, de la conception de cette réforme profonde, on voit scintiller la divine étincelle du Génie. Je n’ai parlé que de la Relativité restreinte et j'ai omis, à dessein, la Felativité généralisée. La relativité générale Nous étions, par abstraction.en dehors de tout champ de gravitation ; entrons maintenant dans ce nouveau domaine !. 1. Pour se rendre compte de la nature des instruments mathématiques, employés dans ces théories physiques, il On découpera le continuum espace-temps{pour abréger,disons : le continuum) en cellules à 4 di- mensions, une dimension étant complexe (ou imaginaire) pour obtenir une image réaliste, pour distinguer l'office propre du temps. On ne parlera guère de l’éther, tout se rappor- tant à cet espace, plus exactement, à ce conti- nuum. Si nous voulons une représentation, uni- quement pour donner un support au discours (nous ne sommes pas des esprits purs), imagi- nons nos cellules élémentaires limitées par de fines toiles d'araignée : la présence, en un point, de ce que nous nommons « matière » corres- pondra, par definition,à une deformation du con- tinuum,comme si l’arrivée de la matière secouait notre subtil tissu de toiles d’araignée ! Tout point matériel est une déformation du continuum, qui . cesse d’être galiléen, euclidien (il faut, absolu- ment, consulter un ouvrage savant, sur cel objet). Qu’advient-il maintenant: comment jouent nos cellules ? ES La masse du Soleil, par exemple,étant grande, équivaut, pour Einstein, à une modification des cellules, bien supérieure à la modification ana- logue au voisinage de la Terre. Quel rapport trouve-t-on entre ces deux défigurations ? D’après Einstein, un même corps, sur le Soleil,émettant des radiations,émettra les mêmes radiations que s'il était sur la Terre,dans les mêmesconditions, MAIS avec une petiteaugmentation de la durée des vibrations. Par suite, en comparant les deux spectres, leurs raies, on constaterait ce qu’on nomme le « déplacement vers le rouge ». + Les physiciens font des vérifications expéri- mentales,difficiles, et qui semblent pouvoir réus- sir. | L Poursuivons notre examen sommaire; nous rencontrons le Postulat essentiel de la relativité généralisée : « Les lois fondamentales de la Physique con- servent la même forme, quel que soit le système de coordonnées choisi dans le continuum.» Einstein en déduit ce résultat qu’un rayon lu- mineux sera réfracté par un champ de gravita- tion !. Pour suivre son idée, imaginons un observa- teur sur une planète de faible masse, voisine du Soleil,soumise à un champ degravitationintense, SE ER ETAT EN AIRES TRES suffit d'ouvrir l'ouvrage fondamental de H. WeyL : Temps, Espace, Matière, traduction francaise (Blanchard, Paris, 1922). 3 4. Je.ne veux pas oublier de citer 2 brochures bien inté- ressantes : G. CASTELNUOvO, dans la revue italienne « Scien- lia », vol. IX, en 1911. —T. Levi-Civira, conférence faite à Rome, traduite dans l'Enseignement mathématique, 1920, CM R. »'ADHÉMAR. — LA DÉMONSTRATION SCIENTIFIQUE 275 - a —_—_—_—_—_— ’ — ————— de telle sorte que la courbure de sa trajectoire soit forte. Ce physicien étudieunrayon lumineux, venant d'une étoile. Si ce rayon étaitréellement rectiligne, pour un observateur éloigné, un observateur terrestre, il paraîtrait "eurvilione au physicien (entrainé dans an mouvement très courbé), qui ne pourrait aligner le signal lumi- neux sur une droite liée à sa planète. Si, au con- traire, le physicien de la planète peut aligner le signal sur ses repères géodésiques, puisque les dits repères décrivent des. orbites courbes, alors il faut conclure que le rayon lumineux est im- pressionné, aussi bien que la petite planète, par le champ solaire. On dira que la lumière est pesante, ou encore que le champ de gravitation du Soleil équivaut à un milieu réfréngent spécial. Dans ces conditions, le physicien de la petite planète ne pourra jamais, par ce procédé opti- que, déceler lemouvement propre de sa planète. Au contraire, nos astronomes attendent de nou- velles périfications, au sujet de la déviation des rayons venant d’une étoile et passant près du Soleil. Les premières vérifications paraissent satisfaisantes !, mais il s’agit de nombres très petits, qu'on n’accroche pas aisément. Cela im- pose une grande prudence, qui n’est pas néces- sairement scepticisme. On ne parlerait plus de la gravité comme force attirante, on regarderait maintenant un corps, dans un champ de gravitation, comme libre, Mais se mouvant dans un continuum déformé par rapport à sa situationantérieure,en l'absence de tout champ de gravitation. L'existence d’une grosse masse solaire est synonyme de déforma- tion du réseau des cellules et le champ solaire crée, ipso facto, la trajectoire de la planète, l’or- bite curviligne du rayon lumineux, les déforma- tions des instruments, de notre rétine. En un mot, tout, globalement, est déformé comme une masse gélatineuse et nous, habitants de la pla- nète, restons inconscients de cette défiguration intégrale. Un étranger éloigné, au contraire, verra où mesurera ces déformations. On voit ce que signifie l'indifférence du système de réfé- rence : le système de référence d’Einstein est un mollusque; telle est sa propre expression. Pour que ce point de vue, parfaitement nou- veau, ne demeure pas un élan d'imagination sté- rile, sans valeur scientifique, il a fallu le trans- former en un schème mathématique et Einstein y est-arrivé, grâce à une imagination puissante,qui a su trouver, dans la géométrie de Gauss et de Riemann, un outil fondamental. 1. Mission du savant anglais EoniNGrox, dont l'ouvrage, traduit par J. RossiGnoz, est bien connu: Æspace, Temps, Gravitation (Hermann, 1921). Tout champ de forcesera analogue à un champ de gravitation; ce sera une deformation des cel- lules, que nous imaginons tissées par des arai- gnées,pour marquer la mobilité. lafluidité essen- tielle du continuum espace-temps. Einstein met toute la Physique sur ce tissu léger, support de 4 variables x,7,z,10, où de 4au- tres variables, dans un autre repérage. Ces 4 paramètres sont soumis à des opérations mathématiques savantes !etil est indispensable, pour être exactement renseigné, d'être géomè- tre, et de l'être complètement. Effort gigantesque, aujourd'hui plus que pleine réalisation ! Notre admiration ne demande qu’à se muer en adhésion complète, mais il est, peut-être, prudent de repousser la grande tentation de faire, dès maintenant, un nouveau « Système du monde ». Nous sommes des raccourcis d’atome, pour parler comme Pascal! Nos moyens sont limités, pourparler la langue précise de la science! Ayons conscience des bornes que l'on ne dépasse que par un dévergondage d'imagination. L'instinct averti du physicien pourra deman- der des limitations au jeu, parfois libre, du géo- mètre : grande est la variété des formesque nous offre Einstein. C’est l’aurore ; l’aurore est riche et si nous souhaitons de posséder une Physique plus unie et plus une, ce qui ne manquerait pas d'accroître notre empire sur les forces naturel- les, suivons, avec le plus vif intérêt, ceux qui espérance, osent tenter une synthèse nouvelle. Les philosophes remarqueront la méthode d’Einstein?. Il ne greffe pas une branche sur le vieil arbre de la science, mais, conduit par une idée, il creuse le sol, pour atteindre les racines profon- des et il modifie les axiomes les plus primitifs. I unit habilement les variables fondamentales réelles de la Mécanique, l’espace et le temps, mesures par le physicien, etil voit tout, désor- mais, dans un nouveau milieu, dans les cellules du continuum. imagine un jeu varie de defor- malions du réseau des cellules et, comme con- clusion,le physieien doit prendre son micro- scope, et l’astronome doit chercher, dans sa lunette, des objets réels, des choses possibles *, Cowerusion. — La. méthode est remarquable, etilest probable qu'un progrès sensible doit, 1. Voir l’excellent résumé de Léon Brocu, dans la Revue gén. des Sciences du 15 janvier 1921. Ë 2. Je fais allusion, en particulier, à M. Le Roy et à tous ceux qui ont soutenu des discussions si intéressantes, il y a quelques années, à la Société française de Philosophie. 3. Les ignorants, seuls, verront, dans le schème d'Einstein, des fantômes et des chimères,ou bien il faut dire que l'infini ment petit est un’fantôme !, Einstein part du réel mesuré, et uboutit à du réel mesurable, Que veut-on de plus ? 276 en général, surgir d’une revision intégrale des postulats, plutôt que d’une timide revision par- tielle. Mais il y a, ne l’oublions jamais, un piège sous chacun de nos pas, lorsque nous étudions ces théories: souvent, par routine, nous insérons (sans en prendre conscience), dans la Mécanique nouvelle, un postulat de l’ancienne. Et alors, infailliblement, on est pris, plus loin, par la con- tradiction que l’on avait semée, tout naïvement. Il esttoujours difficile de passer d’un système de concepts à un autre; les mots changent de sens, les représentations de l'imagination changent de forme, le dynamisme interne de la pensée n'est plus le même! Je crois, d’aiileurs, que les savants qui refuse- ront la nouvelle Mécanique tireront cependant profit des discussions actuelles, pour mieux comprendre la Mécanique classique, pour mieux savoir ce qu’elle renferme d’'essentiel...cette Mé- canique classique qui demeure, pour tous, la première approximation, pour beaucoup, la seule technique immédiatement pratique. J'espère avoir fourni quelques éléments utiles pour une discussion complète et serrée, qui est infiniment difficile '. Vouloirreconstruire tout l'Universavec des ds?, n'est-ce point, prise sur le vif, une tendance «im- périaliste »... sice mot n’est pas un peu gros? N'est-ce point aussi uné tendance vers le jeu des idées, vers la spéculation pure, instinct natu- rel du mathématicien, mais quieffraie un peu, chez le physicien ? Il n’est pourtant pas certain qu'Einstein mérite ce reproche, puisqu'il termine son Livre? par un point d'interrogation, en ce qui concerne la Re- lativité généralisée. Soyons prudents, mais soyonspatients : pas de veto a priori; c’est le contraire de l'esprit scien- tifique. Il faudra probablement attendre, dit M. Emile Picard ,« que de nombreuses expériences, d’un caractère positif, aient été effectuées dans les laboratoires ». Attendons |! Rappelons-nous, d’ailleurs, que l'Histoire des Sciences révèle de formidables évolutions dans les « critères de valeur ». L'Histoire est un fameux maître. Dans tous les cas difficiles, il faut lui demander ses enseigne- ments. Ne manquons pas de le faire. Dans l’algèbre, le symbole complexe, ou ima- ginaire, / a eu bien de la peine à se faire accepter, jusqu'au jour où il est devenu indispensable.Son 1. Après la rédaction de cet article, ont paru plusieurs ouvrages : E. BorEL : J. BEGQUEREL : L'espace et le temps (Alcan). Un livre savant (Gauthier-Villars), où l'on trouve, en particulier, un résumé des idées de M. LANGEvIN, etun livre plus bref (Payot). E, EscLANGoN : nne brochure sur les vérifications astronomiques (Gauthier-Villars). Gus- tave Mie : La théorie einsteinienne de la gravitation (Her- mann). Actuellement, les moyens de se mettre au courant ne manquent pas. 2, EINSTEIN, livre cité, p. 117. R. D'ADHÉMAR. — LA DÉMONSTRATION SCIENTIFIQUE rôle, capital, est de nous faire aller, rapidement, d'une donnée réelle à un résuitat réel, plus ou moins neuf. Cette méthode a paru extra- vagante, pendant longtemps, et ensuite on a reconnu : {4° qu’elle n'implique aucune contra- diction logique interne, et 2° qu’elle réussit. Donc, elle vaut. Le symbole imaginaire cest. vrai, puisqu'il faut s’en servir. La Physique, elle, a pour but positif, scienti- fique, immuable, indiscuté, d'aller des données liées à l’expérience, des rapports prais, comme disait Henri Poincaré!, à des rapports nouveaux, liés à l'expérience, contrôlables. Voilà ce qui vaut, scientifiquement, dans la Physique. Pour attein- dre ces buts difficiles, on lutte péniblement, on recherche les conditions les meilleures, on tà- tonne. Un; jour, peut-être, lechemin suivi par Einstein dans la Théorie de la Relativité, ne paraîtra pas plus extraordinaire que ne l’est, aujourd’hui, le contour imaginaire de Cauchy, pour le calcul d'une intégrale réelle. - Mon dessein (ai-je réussi?) était exclusivement de signaler, à ceux qui s’énitient à la doctrine d’Einstein, l'observation suivante : Il est rigoureusement impossible de juger, hâtivement et a priori, une Théorie aussi vaste, aussi complexe, aussi nouvelle, savante et sédui- sante. ; On n'en peut parler raisonnablement qu'après une enquête serrée sur la nature de toute théorie physique. La Théorie est-elle « démonstration» à partir de notions rendues évidentes ? Est-elle une explication intime et suflisante de la Nature, ou bien une classification, un voile de symboles idoines, jeté sur les choses ? Est-elle une cons- truction synthétique, et sur quel fondement ? La théorie physique serait-elle comme une œuvre d'art, mettant en un relief saisissant des carac- tères essentiels et dominateurs de la réalité? Avant tout, que renferment les définitions et jusqu’à quel point les démonstrations fragmen- taires valent-elles ? Voilà, d’abord, ce qu'il faudrait dire et savoir! Après cela, il deviendra possible d'exprimer un jugement positif sur la situation de l’expé- rience de Michelson par rapport au Schème d'Einstein, sur la position du continuum Espace- Temps dans l’ensemble de nos connaissances scientifiques actuelles. Il n’est pas de plus beau sujet de méditation sur la science d'aujourd'hui, et les bonnes expé- riences que l'on fera— pour ou contre Einstein— conserveront toujours une valeur, quelle que soit la forme, imprévue, sous laquelle la Relativité vivra, ou revivra dans la science de demain. Robert d'Adhémar. 1. La Valeur de la Science, p. 272-274, à propos de la rota- lion de la Terre et du procès de Galilée. Il faut n'avoir pus lu ces pages, pour parler du scepticisme de Poincaré. BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 27 ES] BIBLIOGRAPHIE ANALYSES 4° Sciences mathématiques Loria (Gino), Professeur à l'Université de Gênes. — Storia della Geometria descrittiva, dalle origini sino ai giorni nostri. — 1 vol. in-16 de 584 pages, dela collection des Manuels Hæpli (Prix cart. : 25 lire). U. Hæpli, éditeur, Milan, 1921. On retrouvera dans cet ouvrage les qualités ordinai- res de M. Loria : une information très étendue et très sûre, un vif souci du détail, et en même temps des idées générales nettement dégagées et des conclusions expri- mées dans un langage vivant et élégant qui frappe l'imagination du lecteur. Personne n’a plus que M. Loria le talent de rendre attrayants les chapitres les plus ari- des de l’histoire des Mathématiques. La Géométrie descriptive est d’origine récente. Sans doute les dessinateurs et les architectes se sont-ils préoccupés de tout temps de définir des procédés per- mettant de projeter des figures solides sur une surface plane. La codification de ces procédés faisait l'objet de la Perspective, dont M. Loria, dans sespremiers chapitres, retrace brièvement l'évolution. Mais la Géométrie des- criptive ne devint une science que vers 1799. Elle fut créée par Gaspard Monge ettoutesonhistoire se déroule pendant le xrx° siècle, On jugera de la minutie avec laquelle M. Loria a étudié cette histoireen constatantqu'il signale et analyse les travaux de près de quatre cents auteurs, auxquels sont dus des progrès techniques plus ou moins impor- tants. D'ailleurs, tout en passant cette longue revue d'ouvrages, M. Loria fait ressortir un fait général, un caractère d'ensemble de l’histoire de la Géométrie des- criptive, qui est extrêmement curieux et intéressant. Les historiens s'accordent généralemeht à trouver qne la science du x1x° siècle n’a, pour ainsi dire, pas de physionomie nationale. Et, s’il est une branche de la science que l’on s'attend à voir soustraite à toute influence locale, c’est bien la Géométrie descriptive, qui est ayant tout une discipline de techniciens. Eh bien ! c’estle contraire qui est vrai, Née des préoccupa- tions des grands savants français _de l’époque révolutionnaire (qui ont su opérer un fécond rapproche- ment entre la théorie et la technique et qui ont créé lEcole Polytechnique), la Géométrie descriptive a long- temps subi les conséquences de ses origines. Elle n'a . pas été accueillie dans les pays ennemis des idées fran- çaises, et elle ne s’est d’abord développée qu'en France et en Italie. Plus tard, vers 1830, elle pénétra en Alle- magne,en Suisse, en Autriche-Hongrie et dans les autres pays d'Europe. Mais alors elle était devenue avant tout matière d'enseignement ; et c’est pourquoi M. Loria croit devoir étudier séparément ses progrès dans - les différents centres d’études, c'est-à-dire dans les diffé- rents pays.. En adoptant ce mode d’exposition, M. Loria met clairement en évidence le rôle prépondérant joué par ET INDEX l'école française dans l'élaboration et la mise au point de la Géométrie descriptive. PIERRE BouTRoUx, Professeur au Collège de France. Vessiot (E.), Professeur à l'Université de Paris, Sous- Directeur de l'Ecole Normale supérieure, et Mon- tel (P.), Maitre de Conférences à l'Université de Paris. — Cours de Mathématiques générales, professé à la Faculté des Sciences de Paris en 1919-1920. — 2 vol.in-8° de 504 et 580 pages,avec fig. (Prix :60 fr.). Librairie de l'Enseignement technique, Paris, 1921. L'Université de Paris délivre un Certificat d'Etudes supérieures de Mathématiques générales, destiné aux étudiants qui se préparent à l'étude des Sciences physi- ques. Le programme se rapproche très sensiblement de celui des classes de. Mathématiques spéciales. Il com- prend, dans ses grandes lignes, la Théorie des Fonc- tions, la Géométrie analytique, l’Analyse,la Mécanique rationnelle, N'y figure pas, par comparaison, la Théorie des Equations, du moins dans ses chapitres qui, à par- tir du Théorème de d’'Alembert, traitent des problèmes de l'élimination, de la transformation et de l’abaisse- ment des équations. Par contre, il comporte toute une série de notions destinées au Calcul numérique où figu- rent, par exemple, l'usage de la règle à calcul, de l’in- terpolation, le calcul approché des intégrales définies, des intégrales doubles, etc. Mais l’esprit surtout est différent. Il s’agit ici princi- palement de fournir aux étudiants la connaissance sûre et le maniement aisé des instruments mathématiques nécessaires à l'étude des sciences expérimentales, C’est ce qui détermine une exposition parliculière des théo- ries. Avant le souci de l’impeccable rigueur, il s’agit d'établir les principes généraux sans de grands déve- loppements qui pourraient les masquer, de chercher à dégager les idées d'ensemble, à les appuyer sur des exemples en nombre limité, de laisser sévèrement de côté, dans ces exemples surtout, tout ce qui n’est pas orienté du côté des applications matérielles (exemples : les théorèmes spéciaux sur la continuité, l'existence des fonctions implicites, etc.), de ne pas craindre enfin de faire appel à l'intuition pour établir des démonstra- tions dificiles. Les auteurs semblent avoir parfaitement réalisé ces conditions. En particulier, ils ont fait un emploi fécond de l’image géométrique, à côté ou à la place des théo- rèmes abstraits. Cela est visible surtout dans le pro- blème fonctionnel; citons, au hasard, les maximum et minimum absolusdes fonctions continues,les fonctions hyperboliqués et circulaires où la méthode aide beau- coup à fixer les résultats et à mettre en évidence les analogies remarquables. De même, la présentation des intégrales définies est purement géométrique : on part de l'existence d’un nombre À mesurant l'aire considé- rée et on renvoie au Cours d'Analyse rigoureux de dé- 278 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX montrer directement, sans considérations géométriques, que la limite d’une certaine somme S, sous certaines conditions, est la définition dela mesure de l'aire A. Exactement de même pour les intégrales multiples: on prouve l’existence de la limite S quitend vers le volume V d'un tronc de cylindre, en admettant que ce volume est capable de mesure, tandis que l'Analyse démontrera directement l’existence de cette limite servant de défi- nilion à la mesure de V, Il ne faudrait pas croire queles auteurs ont sacrifié la tenue scientifique de leur Cours à des considérations ulilitaires, Bien loin de là. Ils ont réservé à des para graphes imprimés en petits caractères les développe- ments théoriques exacts, dans le genre de ceux que les étudiants trouveront plus tard dans un Cours de Caleul différentiel et intégral. Enfin le choix des exemples est tout orienté vers les réalités concrètes; citons au hasard : les courbes ortho- gonales en optique, les courbes parallèles et de Van der Waals, la théorie des enveloppes dans Les ondes opti- ques, les engrenages, lesintégrales multiples en ther- modynamique, les moments d'inertie, les différentielles totales dans les erreurs numériques. Le Cours de Mécanique termine le second volume. Comme introduction, la théorie géométrique des vec- teurs qui allège évidemment la Cinématique et la Sta- tique. Celles-ci, de même que la Dynamique du point et des systèmes, sont volontairement réduites à descha- pitres choisis. Il est impossible, croyons-nous, de mieux ramasser résultats et méthodes en un raccourci plus substantiel, Sans sortir de la science pure, il y a la cor- rélalion nécessaire avec les autres enseignements (la Physique générale en particulier). L'étudiant en pos- session de ce « précis » et familiarisé avec le Calcul exposé dans la première partie, n'aura aucune peine à aborder avee succès la Mécanique appliquée, subor- donnée à l’expérimentation et où se trouvent les assem- blages complexes aux liaisons difficiles. Enfin un recueil des questions posées aux examens de la Sorbonne et un utile répertoire alphabétique com- plètent cet important ouvrage qui aura certainement tout le succès qui s’est attaché au Cours oral donné par les savants professeurs à la Sorbonne. La typographie est très soignée, malgré quelques errata dus à la rapi- dité avec laquelle le Cours imprimé a succédé aux feuilles autographiées!, Ep. DéMoLis, Professeur à l'Ecole des Arts et Métiers de Genève. 2° Sciences physiques Bary (Paul), /ngénieur-Conseil, Ancien chef des travaux à l'Ecole de Physique et de Chimie et au Laboratoire Central d'Electricité. — Les Coilloïdes, leurs gelées et leurs solutions. — Un vol. in-8* de 508 pages, avec 105 fig. (Prix broché: 5olfr.). Dunod, éditeur, Paris, 1921. L'étude des célloïdes a déjà fourni des résultats EEE ent 1. Signalons, au hasard d'une première leeture, des cor- reetions, de peu d'importance généralement, à apporter aux pages 63, 91, 112, 219, 326, 338, 345, etc. extrêmement importants, tant pour la connaissance de la matière que pour les applications les plus variées : le physicien, le chimiste, le médecin,nombre de techni- ciens, doivent connaître les propriétés essentielles des colloïdes. C'est à eux que s'adresse l'ouvrage de M. Bary, où sont exposées les principales recherches expérimentales dont les colloïdes ont fait l’objet et les théories émises pour interpréter les faits observés. Dans celte monographie, soigneusement rédigée, les travaux originaux sontrésumés avec précision et clarté: les dispositifs expérimentaux sont représentés par des schémas clairs et les résultats sont très souvent tra- duits par des tableaux numériques et des courbes ; de nombreuses indications bibliographiques seront parti- culièrement appréciées des chercheurs. Dans beaucoup d'ouvrages sur les colloïdes, on se borne souvent à l'étude des suspensions colloïdales et des émulsions, l’état colloïdal n'étant parfois envisagé que comme un état allotropique particulier des corps. En fait, cependant, il semble n’exisler de substances colloïdales que celles dont la constitution permet à la molécule de prendre un, degré élevé de polymérisation. C'est cette idée directice qui a engagé l'auteur à faire débuter son ouvrage par l'examen des propriétés de la matière à l’état colloïdal, soit que cet état représente la seule forme connue d’une substance déterminée, soit qu'il n’en soit qu’une forme allotropique plus ou moins fréquemment rencontrée. Il développe ensuite, d’une manière proportionnée à son importance, la propriété remarquable qu'ont ces corps de fournir des solutions ou suspensions colloïdales. Ainsi, après quelques considérations générales sur les colloïdes, l’auteur étudie les propriétés des gelées, des suspensions et les phénomènes de gonflement. Un chapitre est consacré à la colloïdité, ce mot étant pris avec un sens analogue à celui que lui donnait Graham qui le rapportait au degré de polymérisation du corps étudié, la plus forte polymérisation correspondant à la colloïdité la plus marquée. L'auteur étudie de ce point de vue les colloïdes minérauxet les colloïdes organi- ques. Les deux derniers chapitres sont consacrés aux suspensions et aux émulsions. En résumé, l'ouvrage de M. Bary nous parait par- faitement adapté au programme que s'était tracé l’au- teur « diffuser dans les industries chimiques, quirepren- nent actuellement en France un nouvel essor, la con- naissance des faits concernant cette vaste branclie de la chimie, connaissance rendue difficilement aborda- ble par l'absence de livres spéciaux »,. A. BouraRIG, Professeur à la Faculté des Sciences de Dijon. Lesur (Léon). — Théorie de la combustion et uti- lisation des combustibles. Zome 1. — r1vol.in-16 de xX1V-193 p. avec fig. de la Bibliothèque d’Enseigne- ment technique et professionnel (Prix cart : 8 fr). G. Doin, éditeur, Paris, 1922. : Le présent ouvrage traite d'une manière générale la théorie de la combustion. L'utilisation des combustibles sera traitée dans le tome II. L'auteur indique nettement dans sa préface le but 4 Re : BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX Le] 1 je] qu'il s’est proposé : étudier la situation créée dans l’In® dustrie par les prix élevés du charbon et les moyens d'y porter remède. Economiser le combustible ? cette question n'est pas nouvelle ettous les industriels, petits et grands, en cherchent la solution. Les grosses indus- tries ont un personnel de contrôle, de recherches, de mise au point; les moyennes suivent de plus ou moins loin, et dans les petites on brûle du charbon avéc la fiévreuse pensée de l’économiser. Beaucoup d'industriels, ignorant totalement la théorie de la combustion, peuvent être victimes d’inventeurs de procédés plus ou moins consciencieux. Le livre de Lesur n'apporte pas la solution, ce qui serait impossible vu la complexité du problème, mais il donne à tous les intéressés les directives qui condui- sent à la solution. Inspiré de l’ouvrage si documenté et si scientifique de M. Damour, le présent livre en a toute la rigueur dans le but qu'il se propose et toute la méthode dans les moyens de l’atteindre, Ce livre est à la portée de tous ceux qui désirent s'instruire, tout en n'ayant pas desconnaissances scien- tifiques très développées. L'auteur enchaîne tout son sujet en unesuite logique ; il l’'aborde et le poursuit avec force exemples, ce qui le rend vivant et facile à lire : pas de formules abstraites, mais des calculs concrets, Un chapitre préliminaire résume les notions de Phy- sique et de Chimie nécessaires à la compréhension de la combustion. Après avoir étudié cette combustion, il en détermine toutes les températures. L'auteur traite ensuite des pertes de chaleur -dans les fours et des moyens de réaliser des économies arri- vant à la récupération qu'il présente avec autant de précision que de simplicité. Logiquement il arrive à l'application de tout ce qui précède pour l'obtention des hautes températures ; il indique les méthodes de con- trôle, analyses des gaz, mesures des températures, rendement des fours. Enfin, chaque chapitre comporte à sa suite un résumé qui est un véritable aide-mémoire. Ce livre sera très apprécié de ceux qui le prendront comme guide, en attendant avec impatience le tome Il, sur l'utilisation des combustibles. ROBERT FAILLIE, Préparateur au Conservatoire des Arts et Métiers. Méthodes actuelles d'expertises employées au Labo- ratoire municipal de Paris, publié sous la direction de M. AñDré KuwG. Tome 1, Produits animaux, Conserves. Salaisons et produits conservés. — 1 vol, in-8° de 326 p. avec 18 fig. et 8 planches en cou- leur (Prix: 32 fr.). Dunod, éditeur, 47 et 49, quai des Grands-Augustins, Paris, 1921. On connaît le succès très grand obtenu, autrefois, par le Compendium de Girard surles Documents du Labora- toire municipal de Paris, Les Méthodes actuelles d'Ex- pertises du même laboratoire, publiées sous la direction de son directeur, M. Kling, ne peuvent manquer d’avoir encore plus de faveur, si possible. : La rer volume de cet importantouvrage vient de parai- tre ; il est consacré aux produits animaux etaux conser- ves et salaisons. M. Kling s’y est réservé l'étude des laits. Un résumé, très clair et complet, des connaissances acquises sur la composition de ces liquides, sur les influences qui peuvent les modifier, sur les altérations dont ils sont maintes fois le siège et sur les diverstraite- ments auxquels on les soumet ordinairement avant de parvenir au consommateur, sert de logique introduc- tion à l’article. Viennent, ensuite, l'analyse et l'essai du lait comprenant : le prélèvement et la conservation des échantillons, la détermination des constantes physi- ques, viscosité, point de congélation, indice de réfrac- tion. Puis l'analyse chimique proprement dite suivie de l'examen bactériologique et de l'interprétation des résul- tats analytiques. Enfin l'étude des laits concentrés, desséchés, maternisés et fermentés termine cetrès cons- ciencieux et très substantiel chapitre. . M. Pons, chimiste principal au Laboratoire municipal, a écrit le chapitre fromages. Il a eu l’'heureuse idée de ne point localiser son article à l’analyse chimique de ces produits: les principes généraux de leur fabrication, le rappel de leur classification donnée par M. Pourian, celui de la composition chimique des principaux d’entre eux, d’après M. Balland, l'indication de leurs altérations et de leurs falsifications précèdent, en effet, l'examen des méthodes employées au laboratoire municipal pour les anlyser. à -M. Froideveaux a rédigé, avee sa compétence bien connue, les deux derniers chapitres du volume qui ont trait aux viandes, puis aux conserves alimentaires et sont, de tout point, remarquables. L'influence de l'âge, de l'hygiène, de la nourriture et de la race sur la qualité des viandes y est d’abord exa- minée. Suit l'étude de leur composition chimique et de leur constitution biologique, de leurs altérations post mortem,enfin des maladies bactériennes ou parasitaires qui les atteignent. Les volailles et le gibier, avec leurs affections micro- biennes et leurs parasites, font l’objet d’un paragraphe annexe que termine leur analyse ainsi que celle des viandes de boucherie. Les viandes travaillées (charcuterie, triperie) sont la substance du seconde paragraphe, On y a donné l’im- portance qui luiconvient à la méthode des précipitines, pour leur indentification, Le paragraphe sur les œufs renferme le tableau si net et si précis de Chrétien, sur les œufs altérés.Celui qui traite des poissons, crustacés: et mollusques clôt, avec un appendice sur l'examen microscopique des viandes, le premier chapitre de l’ar- ticle. Le second est consacré aux conserves alimentai- res.et aux produits conservés dont le mode d'obtention est donné, dans ses grandes lignes : sont d'abord étu- diés les conserves, les extraits et les peptones de viandes, puis les viandes frigorifiées, les viandes salées et fumées, les saumures, les œufs et les poissons con- servés, enfin .les légumes verts ou secs, les racines et tubereules, les champignons et, pour terminer, les fruits conservés soit en boîte, soit par dessiceation naturelle ou artificielle, Ajoutons que huit magnifiques planches 280 —_— en couleur, indépendamment d’autres figures, enrichis- sent le texte et l’éclairent d’une manière complète. in résumé, bien que très modestement, dans sa pré- face, M. Kling ait écrit que les délais qui lui ont été impartis par les circonstances, dans la publicationde son ouvrage, ont été insuflisants pour donner à celui-ci la forme et l'ampleur qu’il aurait désirées, et que les Wétho- des d'Expertises offrent peut-être plus de ressemblance avec la 2° édition des Documents du Laboratoire munici- pal qu'avec l'ouvrage qu'il avait conçu, le lecteur trou- vera qu'il s'agit bien d’une refonte complète et très heu- reusement effectuée de ce dernier, très modernisée et d’une haute utilité pratique, et que chimistes et experts doivent être reconnaissants à M. Kling et à sescollabo- rateurs de l'avoir si remarquablement réalisée, G. DENIGES, Professeur à la Faculté de Médecine de Bordeaux. 3° Sciences naturelles Waguet (Pierre), Professeur de Géologie à l’Institut agricole de Beauvais.— Géologie agricole du dépar- tement de l'Oise. DESCRIPTION GÉOLOGIQUE ET ÉTUDE ÉCONOMIQUE, accompagnées de : un tableau de Strati- graphie, deux planches de Fossiles dessinées d'après nature, cinq coupes géologiques, une carte géologique et agronomique du département au 250.000°. — 1 vol. in-8° de 105 p., 5 fig. 2 pl. et 1 carte. Imp. libr, Prévot, 20,rue St-Pierre, Beauvais, 1921. Dans la Géologie agricole du département de l'Oise, M. Pierre Waguet envisage successivement dix régions naturelles : la Picardie, les pays deBray et de Thelle, le Vexin français, le Clermontois, leSoissonnais, le Valois, le Multien, le Servois et le Noyonnais. Un tableau d'ensemble des terrains sédimentaires aflleurant sur le territoire du département figure au début de l’opuscule: il indique les épaisseurs, les notations dela Carte du Ministère des Travaux publics et un ou deux fossiles caractéristiques figurés d’ailleurs sur des planches an- nexes. Pour chaque région naturelle, l’auteur définit la situation géographique, la constitution géologique (avec quelques coupes à l'appui du texte), les conditions de l’agriculture et de l'industrie (industrie agricole, amendement et engrais, matériaux de construction, industries mécaniques).l/ouvrage comprend encore des aperçus sur l’hydrographie, la valeur foncière des ter- rains ; il se termine par une bibliographie de 4o numé- ros, où figurent 1 0 thèses agricoles locales. La carte au 250.000" qui accompagne ce livre n’a malheureusement de géologique que le nom. La petite monographie Waguet, rédigée avec clarté, sera lue par tous ceux qui très concise de M. Pierre s'intéressent au développement économique de la région parisienne : il faut féliciter l’auteur de son heureuse initiative et souhaiter que son exemple, suivi par d’au- tres agronomes, contribue à donner une orientation de plus en plusscientifiqueauxtravaux denos agriculteurs. L, JozkAuUD. Trouessart (E.L.), Professeur au Muséum national d'Histoire naturelle. — La distribution géographi- BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX que des animaux. — 1 vol. in-18 de 328 p. avec 14 fig-et cartes, de l'Encyclopédie scientifique (Prix : broché, 10 fr.; cart.12 fr.). G. Doin, éditeur, Paris, 1922. Le volume que -publie aujourd’hui M. Trouessart n’est pas une simple réédition de son traité de 18go (La géographie zoologique) : c'est un ouvrage nou- veau, mis au courant des découvertes récentes et enri- chi de développements inédits. Le premier chapitre est nresque entièrement consa- cré à l’histoire de cette science toute récente de la Géo- graphie zoologique : le fondateurinconscient de cette discipline serait Buffon en 1749, suivi de toute une li- gnée de savants qui ont amassé des documents et des matériaux, permettant par làla synthèse que nous offre M. Trouessart, = Le corps même de l’ouvrage se compose de deux par- ties bien distinctes: d’abord les facteurs qui entrent en jeu dans la répartition géographique des animaux, puis, comme résultat de l’action de ces facteurs, la divi- sion du globe en un certain nombre d’aires et de ré- gions caractérisées chacune par un ensemble faunisti- que donné. 1. Facteurs de la distribution géographique des ani- maux. Sous cette mention, M. Trouessart range une sé- rie de chapitres que nous allons sommairement signa- ler.Il est de toute évidence que la structure actuelle d'un territoire est liée à son histoire géologique : il est vrai aussi que la composition de sa faune s’expli- querait d'elle-même sinous avions une connaissance précise et des changements paléogéographiques qu’il a subis et des caractéristiques de ses faunes successives. Il faut donc étudier l’histoire des continents à travers les époques géologiques : c’est l’objet du chapitre I. Ce chapitre est complété par des cartes : celle du Jurassi- que supérieur indique une jonction continentale entre l'Australie et la Chine, alors que l'existence de dépôts bathyaux sur l'emplacement de cette jonction semble- rait devoir indiquer là la présence d’un géosynelinal mésogéen, Le chapitre II est consacré à l'étude des faunes palé- ontologiques, à l'époque à laquelle les différents grou- pes zoologiques semblent avoir fait leur apparition, enfin aux migrations de ces groupes. Cette dernière notion est très importante, car elle explique des aires de répartition actuelle : on a pu reconstituer ces mi- grations avec une certaine exactitude pour les Probosci- diens, les IHystricidés, les Antilopes, les Equidés, ete, Les facteurs édaphiques, climatiques et trophiques font l’objet d'un chapitre spécial où sont étudiés, à cet égard, la configuration dupays, lanature du sol, le de- gré d'humidité et de sécheresse, la nourriture, enfin la vie insulaire. Le chapitre V renferme des indications sur les modes de locomotion en usage dans le règne animal : vol, nage, marche, transport par le vent, par les oiseaux, les courants marins, l’homme,*Les pages qui ont trait aux migrations des oiseaux sont parlicu- lièrement au point. Les migrateurs, en règle générale, évitent les mers trop larges! et ont tendance à suivre les côtes : or on remarque que la plupart d’entre eux A ————_—_————————————…—…—".…." —————— —————h 1. Comme les montagnes trop élevées. no BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 281 traversent en ligne droite le golfe du Mexique:il est probable qu'il faut voir là une habitude héréditaire contractée au temps où des terres émergées existaient sur l'emplacement du golfe. Les chapitres VI et VII sont consacrés à l'étude de la vie marine et des condi- tions physiques de cette vie (lithologie, pression, tem- pérature, courants, etc.). L'auteur étudie successivement la faune littorale et ses faciès, la faune si curieuse des Sargasses, celle des récifs coralliens, enfin la faune pé- lagique et le plancton, « masse des animaux et des végétaux de petite taille qui flottent dans la mer en se laissant entrainer passivement où inconsciemment par les vagues et les courants ». Cette définition ale tort d’insister sur ce caractère de passivité que l’on attri- bue souvent aux organismes pélagiques : cela n'est même pas exact des Radiolaires, dont les variations bathymétriques, synchroniques des variations lumi- neuses et thermiques de la surface, n’ont rien de passif. Le chapitre qui concerne les faunes dulcaquicoles (chap. VIII) peut être considéré comme l'un des plus intéressants du volume. La faune d’eau douce a une double origine marine: on parlera de faune de pénétra- tion quand il s'agira d'animaux qui ont passé par le cours d’eau de la mer aux eaux douces (Ex. : Anguilles, Crocodiles, ete.), de faune résiduelle quand on aura affaire aux habitants d’un bassin marin progressive- ment dessalé par la perte de ses connexions avec ‘océan (Ex. : Phoques de la Caspienne). Il est d’ailleurs souvent difficile d’attribuer à un type donné l'une ou l’autrede ces origines. Un fait remarquable est l'abondance de formes incubatrices (à œufs volumineux et peu nombreux) dans les eaux douces : des poissons couvent leurs œufs dans leur bouche (Arius, etc.), des batraciens portent leurs petits sur leur dos (Pipa, Hyla, Nototrema), les écrevisses éclosent sous une forme voi- sine de celle de l’adulte. Cette accélération du dévelop- pement se manifeste encore par la viviparité d’un cer- tain nombre d’'Urodèles. Citons enfin la progenèse! des Axolotls (Sirenodon), dont les gonades arrivent à maturité alors que l'animal possède encore un aspect larvaire. Le chapitre se termine par quelques notions sur la faune des eaux souterraines, des cavernes, des puits artésiens et des eaux chaudes. 2° Les grandes Régions zoologiques. — La seconde partie de l'ouvrage illustre en quelque sorte la première en nous montrant les résultats de l’action des facteurs de la distribution géographique animale. Nous n’en- trerons pas dans le détail de ces considérations : con- formément aux schémas de Sclater (1857) et de Wal- lace (18796), M. Trouessart divise le globe (pour la faune terrestre) en 6 régions admettant chacune un certain nombre de sous-régions : 1.Région Paléarctique (Europe, Asie Septentrionale, Nord de l'Afrique); 2. Région Ethiopienne (Afrique au Sud de l'Atlas, Madagascar, Arabie); 1. Et non pédogenèse (p. 194)! La pédogenèse est une repro- duction parthénogénétique sous la -forme larvaire, dont le type classique est la larve de Cecidomya (Miastor). La proge- nèse, elle, s'accompagne de fécondation normale! 3. Région Orientale (Asie au Sud de Chine du Sud, Malaisie) ; 4. Région Australienne (Célèbes, Lombock, Austra- lie, Polynésie) ; 5. Région Néarctique (Grœænland, Amérique au Nord du Mexique); 6. Région Néotropicale (Mexique, Antilles, Amérique du Sud). A ces 6 régions classiques,M .Trouessart enajoute deux l'Himalaya, autres qui seront l’objet d’un intéressant chapitre où est traitée laquestion importante de la bipolarité des faunes : 7. Région Arctique ; 8. Région Antarctique, Aprèsl’étude détaillée des régions et de leurs carac- tères fauniques — presque uniquement d’ailleurs mam- malogiques — M. Trouessart nous donne un chapitre sur les Régions Océaniques, où il adoptela division pro- posée par Gunther pour les poissons et passe en revue les principaux groupes spéciaux aux diverses régions marines, Enfia l'ouvrage se termine par un chapitre un peu court sur les Invertébrés terrestres, où ne sont envisagés sous ce titre que les Coléoptères, les Lépi- doptères, les Onychophores et les Mollusques. Le volume de M. Trouessart est un excellent traité, dans l’ensemble : il est clairet sera certainement lu avec intérêtet profit non seulement par le public cul- tivé, mais aussi par le spécialiste, heureux de rencon- trer, au sortir de ses préoccupations de détail, ce re- marquable effort de synthèse. Ta.Mowo». Vandel (A.), préparateur à la Sorbonne. — Recher- ches expérimentales sur les modes de reproduc- tion des Planaires triclades paludicoles (Thèse de la Faculté des Sciences de Paris). — 1 vol. in-8° de 196 p. avec 41 fig. Edition du Bulletin biologique, Paris, 1922. L'intérêt que présente ce travail dépasse singulière- ment celui d’une simple étude de Zoologie, Ce sont les plus importants problèmes de la Biologie, ceux de la préformation et de l’épigénèse, du rôle et de l'utilité de la fécondation, de la mort et du rajeunissement, que l’auteur a eu l’occasion d’aborder au cours de ses recherches. L'observation patiente et scrupuleuse des faits lui a permis d'apporter, sur tous ces sujets, d’im- portantes contributions à nos connaissances, Beaucoup de Planaires peuvent présenter, en outre de la reproduction sexuée, une multiplication agame consistant en une scission spontanée, isolant un frag- ment da corps. Bien que périodique, ce processus n’est pas en rapport avec la croissance ; c’est un phénomène intermédiaire entre la simple autotomie et le bourgeon- nement, tout à fait distinct de la formation de zoïdes observée chez d’autres Vers. Cette autotomie repro- ductrice est vraisemblablement due à un manque de corrélation entre les diverses parties de l'animal, car la décapitation, en supprimantle système de commande (ganglions cérébroïdes), l’accélère très nettement. Le fragment isolé par la scission est capable de don- ner un nouvel animal par multiplication des cellules (épimorphose) et par refonte des anciens éléments (morphallaxie), L'importance relative de ces deux pro- cessus varie suivant l'espèce considérée et l’état de dif- férenciation de l'organisme. L'étude histologique du fragment en voie de remaniement montre que certains éléments sont capables de revenir à l’état embryon- naire et d'évoluer ensuite vers une nouvelle destination. Des cellules ayant formé l’appareil copulateur peuvent ainsi contribuer ultérieurement à l’édification du pha- rynx. Cette dédifférenciation, équivalant à un rajeunis- sement de l'organisme, permet de comprendre pour- quoi Planaires peuvent se multiplier indéfiniment par scissiparité sans manifester le nioin- certaines dre indice de dégénérescence. Les Planaires d’origine scissipare peuvent devenir sexuées, Les gonades se forment alors aux dépens de cellules-souches, ayant conservé leurs caractères em- bryonnaires, et l'apparition de l’appareil copulateur se montre liée à celle des testicules. L'importance des deux modes de reproduction : sexué et agame diffère suivant les espèces et les lignées, et dépend essentiel- lement de facteurs héréditaires, « Les circonstances extérieures ne peuvent qu'accélérer ou retarder telle ou telle phase du cycle, mais n’ont pas le rôle détermi- nant qu’on leur a souvent attribué. » L'opposition entre cette dernière conclusion et les idées qui dirigeaient l’auteur au début de ses recher- ches est un sûr garant de la conscience avec laquelle celles-ci ont été poursuivies. R. pe LA VaAuzx, Docteur ès sciences. 4° Sciences médicales Richet (Ch.), Professeur de Physiologie à la Faculté de Médecine de Puris, Membre de l'Académie des Sciences et de l’Académie de Médecine, et Richet fils (Ch.), Chef de travaux de Pathologie expérimen- tale à la Faculté de Médecine de Paris. — Traité de Physiclogie médico-chirurgicälé. — 2 vol. in-8° conténant 1.452 pages avéc 141 figures (Prix : 95 fr.). Librairie Félix Aleun, Paris, 1921. Il y a plus d’un demi-siècle, Alfred Richet écrivait son admirable 7'railé d'Anatomie médico-chirurgicale, dans lequel l’auteur exposait l’Anatomie en insistant sur les divers détails qui comportent des déductions opératoi- res ou cliniques ; c'était un ouvrage destiné, non pas à l'étudiant anatomiste, mais à l'étudiant en chirurgie et au praticien, la Chirurgie y tenant une aussi grande place que l’'Anatomie. Le Professeur Charles Richet et son fils ont fait pour la Physiologie ce qui avait été fait par Alfred Richet pour l’Anatomie, Le phénomène normal est d’abord étudié ; puis, cette étude étant achevée, et parfois même dans le cours de cette étude, se trouvent developpees les déductions uti- les qu'on en peut tirer pour la thérapeutique, l'hygiène, la médecine légale et la clinique. On comprend dès lors l'intérêt d’un tel ouvrage, non pas seulement pour le médecin, mais encore pour le biologiste :cat,suivant la juste remarque du Professeu r 2 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX Charles Richet : « si la Pathologie est éclairéé par la Physiologie, la Physiologie, à son tour; ést éclairée par la Pathologie, Pour ces deux sciences, loin qu'il y ait désaccord, il y a harmonie et äppui mutuel, » Et en effet le médecin ne comprendra les maladies du cœur et du poumon, les troubles de la nutrition. .., que s’il connait bien — et parfaitement bien — la physio- logie de la circulation, de la respiration, de Ha nutri- tion. De même le physiologiste,; dans l'étude du sys- tème nerveux, doit utiliser les données de cette admirable méthode anatomo-clinique qui a permis de nous faire une idée exacte sur le rôle du cervelet, des noyaux gris centraux, de l'écorce cérébrale, C'est dans un tel esprit que sont rédigés les divers chapitres consacrés à l'étude des fonctions de relation et des fonctions de nutrition, et à chaque instant $e trouvent exposées les idées personnelles de l’un dés plus éminents physiologistes, de sorte que l’ouvrage sera consulté avec profil par tous ceux qui voudrorit se documenter sur les nombreux ét adtuirables tra- - vaux du Maitre, D' Léon BINET, Dopter (D), Professeur au Val de Grâce, Membre de l'Académie .— Les Maladies infectieuses pendant la guerre. ETUDE ÉPIDÉMIOLOGIQUE. — 1 vol. in-16 de 300 pages de La collection : Les questions de Médecine actuelles (Prix : gfr.). Félix Alcan, éditeur, Paris, 1922. Dans ce volûme, l'auteur fait l'historique dés maladies infectieuses dont fut atteinte l'armée française dé 1914 à 1919. Les maladies furent relativement peu fréquen- tes et, malgré les effectifs considérables mis en jeu, la mortalité et la morbidité furént infiniment inférieures aux pertes éprouvées de ce fait par les troupes dans les campagnes antérieures, dt inoins autant qu’on peut s’en rendre compte par les travaux médicaux anciens. L'auteur, qui à éü entre les maiñs tous les documents sanitaires concérnant les troupes du front ét de l’inté: rieur, a pu ainsi faire un vaste et intéréssant exposé de toutes les infections subies, aussi bien de celles aüx- quelles nous étions habitués comme la typhoïde, la diphtérie, la scarlatine, ele., que des maladies exotiques inplantées sur la terre de France, comme le typhus exanthématique et le sodoku, et que des infections nouvelles comme la fièvre des tranchées. La partie statistique de ce livre paraît toutefois devoir être envisagée avec circonspection pour qui sait ce qué valent les statistiques en fénéralet surtout celles qui ont été faites aux armées pendant la guerre. La pattié hygiène et prophylaxie, par coritre, ést extrêmement judicieuse et intéressante et montre les immenses sérvices qué rendit l'assainissement des tranchées et des cantonnements. Ce livre,de ce fait, séra très utile aux médécins de troupes et d'agblomérations aussi bien qu'aux chefs et dirigeants. Les généraux des wuërres futures tireront grand profil à méditer ces sages paroles de l’auteur: « En temps de guerre, les fau- tes contre les règles de l'hygiène et de Îa prophylaxie se soldent toujours par des vies humaines. » Dr GaALrior. ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 283 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER ACADÉÈMIE DES SCIENCES DE PARIS Séance du 10 Avril 1922 10 SCIENCES MATHMATIQUES, — M. Em. Borel : Dé- finition arithmétique d’une distribution de masses s’éten- dant à l'infini et quasi périodique, avec une densit- moyenne nulle, — M.I. Fredholm: Une application de la théorie des équations intégrales. — M. E. Vessiot: Sur la géométrie conforme des systèmes de cercles: — M. Maur. Janet : Sur les formes canoniques invariantes des systèmes algébriques et différentiels, — M. T.Carle- man :Démonstration d'unthéorème de M. Borel (Remar- que de M.E, Borel). —M. A. Myller: Quelques pro- priétés des surfaces réglées en liaison avec la théorie du parallélisme de M. Levi-Civita. — M. J. Andrade : Les problèmes mécaniques des: ressorts réglants, — MM. H. Chrétien et P. Ditisheim : Chronographe électrique, enregistrant, en chiffres, le tempsau centième de seconde. Cet appareil se compose de deux parties distinctes : 1° un moteur électrique synchronisé, com- biné pour imposer un mouvement de rotation bien uni- forme à un arbre, sous le contrôle intermittent d’une horloge ou d’un chronomètre pourvus de contacts élec triques ; 2° un mécanisme imprimant, dans lequel le moteur synchronisé produit l'avance des tambours chiffrés, dont l'empreinte est prise en temps voulu à l’aide d’un mécanisme de frappe. — M. Maur. Sauger : Sur une coincidence remarquable dans la théorie de La relativité. — MM. Berloty et Combier : Eclipse de Soleil du 28 mars 1922, observée à l'Observatoire de Ksara (Syrie), — M. I. Tarazona: Observation de l’éclipse annülaire de Soleil du 57-28 mars 1922, faile à l'Observatoire astronomique de Valence (Espagne). — M.J. Guillaume : Observations du Soleil, faites à l'Ob- servatoire de Lyon pendant le 4e trimestre de 1921. 2° SCIENCES PHYSIQUES. — M, H. Chaumat: Sur un dispositif permettant l'élimination et la détermination du facteur de correction des wattmètres.—M. Ch. Devé: Sur le bruit des avions. La Revue publiera dans son prochain numéro un article de l’auteur sur ce sujet, — MM. J. Galibourg et F. Ryziger : Sur une méthode permettant de reconnaitre les perles japonaises culti- vées. Les auleurs examinent directement l’intérieur de la perle avec un microscope, en profitant du trou qu’elle comporte pour être utilisée comme parure et en intro- duisant dans ce trou une goutte de mercure dont le ménisque, formant miroir, réfléchit toute la surface intérieure du trou, Dans les_perles japonaises, on cons- tate une différence d'aspect très nette entre les couches externes et le noyau artificiel. — M, P. Garrigou- Lagrange : Les grands mouvements de l'atmosphère et la prévision du temps.La connaissance des mouvements généraux de l'atmosphère permet de déterminer le caractère des périodes successives au point de vue notamment de la distribution des pressions et des tem- pératures. Quant à la prévision proprement dite, elle permet de l'améliorer notablement en déterminant les transformations qui doivent sé produire dans une Situation donnée. — M. P. Mondain Monval : Sur la p'éparation du chlorure d'ammonium:, L'auteur a étudié les conditions de eristallisation du, chlorure d'ammo- nium dansles solutions renfermant à la fois du chlo- rure et du carbonate neutre de sodium et d'aminonium, à la température de 16°. — M. P, Riou: Sur la vilesse d'absorption de l'acide carbonique par les solutions alcalines. L'auteur a étudié l'influence des différents facteurs sur cette vitesse : concentration du carbonate neutre de sodium, pur ou mélangé avec des quantités variables de bicarbonate et de chlorure de sodium ; température; dilution de CO? dans l’air; agitation du liquide. — M. C. Chéneveau : Sur une application de la méthode optique de détermination de la solubilité d'unliquide dans un autre, Si lon met en présencé d’aniline une solution aqueuse d’un sel, minéral ou orga- nique, insoluble dans ce liquide et inactif sur lui, dé l’abais- sement d'indice de réfraction de l’aniline ést propor- l’eau passe dans l’aniline, L'auteur montre que tionnel à la quantité d'eau qui y passe; il est le même par unité de masse pour tousles sels inorganiques ou les corps organiques sans action chiiquesur l’aniline, _— MM. R. Fosse et A. Hieulle: Aptitude del'aldéhyde formique à former l'acide cyanhydrique par oxydation en milieu argentico-ammoniacal. L'acide cyanhydrique, terme intermédiaire instable précurseur de l'acide cya- nique et de l’urée, peut être isolé avec des rendements de 30 à 37 °/, lorsqu'on traite par des doses massives de MnOÿK de très petites quantités dé CH?O au sein de l'ammoniaque concentrée, en présence de sel d'argent et de NH'CI. 3° SCIENCES NATURELLES. —M.A. Lanquine : Sur l'al- lure et les dislocations de la nagpe du Cheiron au sud du haut Estéron, jusqu’à la haute vallée du Loup (Alpes- Marit.). Les études de l’auteur mettent en évidence la fragmentation plus ou moins accentuée de la nappe provençale du Cheiron par les mouvements alpins. Dans cette région, cependant, les répercussions alpines ont conservé les grandes directions tectoniques des char- riages antérieurs. — M, À, Guébhard: À propos du dernier tremblement de terre provencal. — M. P, Vuil- lemin : Une nouvelle espèce de Syncephalastrum; aÿ/i- nités de ce genre. L'auteur a trouvé une nouvelle espète dece champignon, qu'il nomme S, rhisopi, dans des cultures ensemencées avec des crachats humains, Les observations faites sur ce groupe lui permettent de conclure que le genre Sincephalastrum appartient à la famille des Mucoracées et à la tribu des Absidiées, — M. Eüm. Gain : par les embryons d'Helianthus annuus Z, Des embryons Température ultra-maxima supportée de cette plante peuvent passer à la vie active après avoir subi des chauffages maintenus parfois 30 min: au-dessus de 1300, el poussés par paliers au delà de 1500, Nos connaissances actuelles sur certaines propriétés de ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES la cellule vivante semblent en discordance avec ces [ le film enregistreur reste immobile, et le train d'images résuliats. — M. A. Petit: À propos du réveil de la terre arable. Réclamation de priorité à propos des travaux de M. Lumière, — M.J. Mawas: Le tissu lymphoïde de la valvule spirale de l'intestin moyen de V'Ammocætes branchialis ef sa signification morphologique. La val- vule spirale correspond à la rale des autres Vertébrés : embryologiquement, même origine et même zone de développement ; histologiquement, même structure. — M. A. Dehorne : Zistolyse et phagotyÿtose musculaires dans le cœælome des Néréides à maturité sexuelle. — M. R. Bayeux : La respiration maximum aux très hau- tes altitudes. À l'altitude, le débit respiratoire maxi- mum diminue. La fatigue n'intervient que pour une faible part dans cette diminution. Les injections sous- cutanées d'oxygène le ramènent vers la normale. — M. W. Koskowski : Vicotine et lesnerfs inhibitoires du cœur. Malgré la dégénérescence des pneumogastriques, on obtient, chez le chien, sous l'influence de la nicotine, une courbe de la pression sanguine qui caractérise l’ac- tion de cet alcaloïde, ce qui prouve que, malgré la vago- tomie, les ganglions intracardiaques ont conservé leur pouvoir de réaction, Ces ganglions ne sauraient donc être considérés comme terminaisons des pneumogastri- ques, dont ils sont indépendants au point de vue tro- phique. — M. W. Kopaczewski : La différenciation des phénomènes de choc par contact. Les faits apportés par l’auteur constituent desargumentscomplémentaires enfaveur d’une différenciation des chocs par contacl; actuellement déjà, il existe une base expérimentale pour distinguer parmi eux le choc cellulaire ou anaphylacti- que, nécessitant un temps d’incubation, et un choc humoral, qui se déclenche immédiatement. Parmi les chocs humoraux, on distingue le choc floculant, le choc _ lrtique et le chocthromboplastique. —M. Kohn-Abrest: L'indice de toxicité des appareïs d'éclairage, de chauf- lage et des moteurs aexplosion. L'auteur désigne sous ce terme le rapport des volumes de CO et de CO? produits par la combustion, Il est des plus élevés pour les moteurs à essence. Pour les appareils à charbon, il varie d'une façon imprévue suivant la qualité du com- * bustible. Les appareils à gaz habituels ne présentent pas d'indice élevé, saufs certains becs à incandescence. Séance du 18 April 1922 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. E.Goursat : Sur le problème de la poussée des terres.— M. Em. Borel: Hypothèses physiques et hypothèses géométriques. — M. G. Valiron:Surles fonctionsentières d'ordre entier. — M. E. Be'ot: Sur le rôle des milieux nébuleux dans la dynamique des systèmes stellaire et planétaire. Les nébuleuses agissent sur les étoiles d'un courant comme des filtres sélecteurs des densités et des vitesses dans . le sens où l'augmentation de masse coïncide avec la diminution de vitesse ; on comprend ainsi pourquoi les nébuleuses paraissent dépouillées d'éléments denses. 2° SCIENCES PHYSIQUES. — M. L. Bull : Appareil pour la dissociation rapide des images dans la cinématogra- phie par étincelle électrique. Dans l'appareil de l’auteur, la dissociation des images produites par une série d’étincelles se fait à l'inverse de la manière habituelle : reçu d’abord sur un prisme à réflexion totale, est ren- voyé, dissocié par une rotation rapide de celui-ci, sur la surface sensible. — M. A. Nodon: Sur l'action photogé- nique des ultraradiations. Les ultraradiations émises, d'après l’auteur, par le Soleil et la haute atmosphère, ont une action photogénique intense qu'on met en évi- dence à l’aide de dispositifs appropriés.— M. E. Ariès : Sur le maximum de la chaleur de vaporisation.L’auteur établit une formule qui montre qu'à partir du zéro absolu la chaleur de vaporisation commence par croi- tre et, comme elle doit s’annuler à la température cri- tique, il faut bien qu’elle passe par un maximum, — M. E. Darmois : Action des acides sur le molybdoma- late d'ammonium. Ce sel est très sensible à l’action des acides, sous l'influence desquels sa rotation décroîit très rapidement quand leur concentration croît, en tendant vers la même valeur limite pour les acides forts. Pour l'acide chloracétique, la diminution de rotation est proportionnelle à la quantité d'ions OH. — M. Ad. Braly : Nouvelle méthode de recherche de l'or et de l'ar- gent dans les minerais au moyen du chalumeau. L'auteur opère cette recherche par scorification complète, en utilisant de petits scorificatoires de 2 cm. de diamètre existant dans le commerce. — M. A. Schoop : La sod- dite, nouveau minéral radioactif. Ce minéral, de couleur jaune terne, cristallisant dans le système rhombique, est associé à la curite de Kasolo (Congo belge), La com- position correspond à la formule 12 UO3.5 SiO?. 14 H20; il est très radioactif. L'auteur lui donne le nom de soddite. 3° SCIENCES NATURELLES, — M. J. Thoulet : Erup- tions volcaniques sous-marines profondes. L'analyse des échantillons de fonds sous-marins récoltés dans la région des Iles du Cap Vert, des Canaries et des Açores, a permis de reconnaitre l'existence d’éruptions sous- marines, spécialement dans la fosse de l’Hirondelle. — M. R. Souèges : Embryogénie des Rosacées. Les pre- miers stades du développement de l'embryon chez le Geum urbanum Z. — M. et Mme E. Moreau : Le mycé- lium à boucles chez les Ascomycètes. Les auteurs ont observé chez un Ascomycète, le champignon du lichen Parmelia acetabulum, la présence d'hyphes ascogènes dont les dernières ramifications sont à cellules binu- cléées et présentent sur leur flanc des boucles identi- ques à celles des mycéliums, également à cellules binu- cléées, des Basidiomycètes. — MM. L. Corbière et Aug. Chevalier: Sur lorigine du Spartina Townsendi et sur son rôle dans la fixation des vases marines, Le S. Townsendi et le S. Neyrauti sont une même plante. Ce n’est nullement un hybride né sur les côtes d'Europe, mais c’est une plante importée de la côte atlantique de l'Amérique du Nord, le S. glabra. Son introduction accidentelle est heureuse : grâce à son pouvoir colma- tant considérable, plusieurs milliers d'hectares ne tar- deront pas à être gagnés sur la mer dans la baie des Veys; cette plante constitue, d'autre part, un four- rage brouté avec satisfaction par les bovins, — M. J. Stoklasa : /nfluence du sélénium et du radium sur la germination des grains. Le sélénium, sous forme de - sélénite, est déjà très vénéneux aux plus faibles doses; A r - x = ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES sous forme de séléniate, à faible dose il accroit la faculté et l'énergie germinatives, mais devient nuisible à des doses plus fortes. La faculté et l’énergie germina- tives sont grandement favorisées par la radio-activité du milieu, qui neutralise même en majeure partie les effets toxiques du sélénium, sous forme de sélénite ou de séléniate. — M. R. Argaud : Sur la présence intra- nucléolaire du centrosome. Dans un myélome de la mamelle, l’auteur a observé un centrosome intranu- cléolaire, et un centrosome ayant également quitté le noyau et logé en plein protoplasma.— MM. Aug. Lu- mière et J. Chevrotier : Vaccination antityphoïdique par scarification. Des cobayes chez lesquels douze sca- rifications avec une culture virulente de bacilles d'Eberth et de paratyphiques A etB ont été pratiquées sont deve- nus immunisés contre une injection massive de la même culture, fatale à des cobayes témoins non scari- fiés. — MM. Cohendy et E. Wollmann : Quelques résultats acquis par la méthode des élevages aseptiques. L. Scorbutexpérimental. I. Infection cholérique du co- baye aseptique. Les auteurs ont observé chezles cobayes élevés aseptiquement un certain nombre de symptômes du scorbut, ce qui montre bien que cette maladie n’est - pas d’origine microbienne. Les petits cobayes aseptiques meurent rapidement de l'infection cholérique, tandis que les témoins non aseptiques, nourris avec des ali- ments stérilisés, résistent à la maladie et font disparai- tre les vibrions ingérés. SOCIÉTÉ CHIMIQUE DE FRANCE Séance du 24 Mars 1922 M. C. Matignon : Quelques documents historiques concernant le problème de la synthèse de l’ammoniac. Dans le procédé de synthèse de l’ammoniaque, tel qu'il est appliqué par la Société Badoise, deux parties dis- tinctes sont à séparer : la combinaison de l’azote et de l'hydrogène sous pression par l'intermédiaire de cata- lyseurs, d'une part, et d'autre part la préparation de l'hydrogène. En ce qui concerne la réaction synthétique elle-même, plusieurs brevets anciens, mis à jour par le conférencier, montrent nettement qué l'emploi des cata- lyseurs métalliques les plus variés, seuls ou associés entre eux ou mêlés avec des oxydes et supports neutres, ’ était dans le domaine publie; que l'intervention de la pression n’est pas davantage un principe nouveau car on la trouve indiquée dans deux brevets différents. En ce qui concerne la préparation de l'hydrogène, l’auteur eite un brevet de 1910, pris sur ses indications par la Société des nitrures, dans lequel est revendiqué, pour la . première fois, l'emploi d'un mélange de gaz pauvre et de gaz à l'eau pourobtenirle mélange réactionnel N -- H3 après remplacement de l'oxyde de carbone par l’hydro- gène, ce remplacement pouvant être réalisé en utilisant une vieille réaction de Merz et Weith : CO - Ca(OH)? — CO'Ca + IH. On savait aussi depuis longtemps que dans la préparation du gaz à l'eau, on remplaçait une partie de l’oxyde de carbone par du gaz carbonique et de l'hydrogène quand on abaissait la température et qu’on augmentait la proportion de vapeur d’eau. D’ail- leurs les brevets Sauer de 1907 et Näher et Müller de 1910 revendiquaient essentiellement cette transformation : CO + H?0 — CO? + H2, avec ou sans l’aide de cataly- seurs. Tous les principes qui sont à la base du procédé étaient done déjà connus. — M. Tanret a recherché dans l’ergot de Diss et dans l’ergot d’'Avoine, communs ove, ’ en Algérie, la présence des principaux corps définis qui ont été isolés jusqu'ici dans le seigle ergoté. Il a reconnu la parenté chimique de ces ergots qui contien- nent tous les mêmes principes : graisses et résines, avec ergotinine, ergotoxine et ergostérine; sclérérythrine, sucres (mannite, tréhalose, glucose), ergothionéine. … La proportion en est néanmoins fort variable : c’est ainsi que l’ergot de Diss est pauvre en ergotinine cris- tallisée, alors que l’ergot-d’Avoine en contierto gr.8o au kilog., chiffre supérieur à la moyenne des seigles ergotés ordinaires. La récolte des ergots de diss et surtout d'avoine pourrait donc être une source de profit pour nos provinces algériennes. SOCIÈTE DE BIOLOGIE Seance du 1er April 1922 MM. A.Navarro-Martinet G.J. Stefanopoulo: 4c- tion de l'aminophénolarsinate de soude(189)surles trypa- nosomiases expérimentales du cobaye.L'aminophénolar- sinate de soude est un puissant agent trypanocide, dont le coefficient thérapeutique chez la souris et le cobaye tout au moins, est plus favorable que celui des autres dérivés arsenicaux employés jusqu'ici. — MM. J.Giaja et B. Males : Sur la levure toluénisée et fluorée. La levure traitée par le toluène ou par le fluorure de s0- dium accuse une dépense d’oxygène dont l'intensité est du même ordre de grandeur que celle de la levure vivante. L’activité fermentative de la levure toluénisée n’est pas modifiée lorsque la concentration de la solu- tion sucrée varie de 1 à 10 °/,.— M.R. Moog : Le dosage de l’ammoniac par la méthode de Schloesing. En opérant dansle vide et en présence d’acide sulfurique normal, le dégagement et l'absorption de l’ammoniac par la méthode de Schloesing sont complets après 12 h.avec lachaux et 20 h.avec la magnésie. Pendant ce temps, l’'ammoniac dégagé par l’urée et l'acide urique est de l’or- dre du dixième demgr.—MM.A.Boquet et L.Nègre:Sur les antigènes des extraits alcoolo-méthyliques de bacil- les deKoch et des lécithines semble qu'ilexiste dans les extraits méthyliques de bacilles de Koch : 1° une subs- tance de nature lipoïdique, commune à plusieurs espè- ces microbiennes, capable de provoquer in vivo la for- mation d'anticorps analogues à ceux que développe la lécithine de l'œuf; 2° des substances plus étroite- ment spécifiques, qui, associées au précédent lipoïde, se comporteraient 1 vitro comme un antigène très sensi- ble, —M. L. Lapicque: L'hypertonie minérale dans les Algues marines. Dans le suc d’un bulbe jeune de Sac- corhiza, la concentration moléculaire, constituée prati- quement rien que par des sels, présentait un excès de 20 °/, sur l’eauambiante, soit une différence de pres- sion osmotique effective pour la turgescence égale à 5 atm, Ce fait paraît général chez les Algues marines, Le] [ee] (en) ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES ACADÉMIE D’AGRICULTURE Séances de Janvier 1922 (suite) M. Aug. Chevalier : /istoire et amélioration des pommiers à cidre. Le Malus das’) phylla d'Asie occidentale a fourni la plupart des formes du 1. domestiea. Les pom- miers à cidre de Normandie auraient pris naissance dans le pays Basque, Le dénombrement des variétés de pom- miers cultivés atteint plusieurs dizaines de milliers, et l’on peut en déduire l'utilité d’une fixation à souhaiter des caractères d'un petit nombre des meilleurs types. Il faudrait pour cela des vergers d'essais pouvant poursui- vre des études prolongées. — M. R. Hommell décrit l’épisootie de fièvre aphteuse en Alsace et Lorraine de 1918 a 1921, Il prouve que la stricte application de me: sures sanilaires bien comprises peut anéanlir une grave épidémie: qui a frappé 1.663 communes, 20.000 établis- sements et 42.000 bovins, causant une perte estimée à 160 millions de francs. Au plus fort de l'épidémie, qui atteignait simultanément 20.000 animaux au début de 1920, un arrêté restrictif de la circulation fit tomber ce chiffre à 3.500 en moins de trois mois, Interdiction du commerce ambulant, mise en quarantaine de 3 jours des animaux importés, amenèrent l'extinction de la fièvre aphteuse en six mois, Tant qu’il n’existera pas de vac- cinalion préventive contre cette maladie, les moyens curatifs ne sont que des facteurs secondaires pour dimi- nuer la contagion. Les mesures de police sanitaire, appliquées avec rigueur, sont au contraire d'une eflica- cilé certaine. Les règlements sanitaires appliqués en Alsace et en Lorraine sont différents de ceux qui sent imposés aux autres départements français. Ils sont, parait-il, un modèle d'organisation qui pourrait nous - inspirer des améliorations de nos propres méthodes. — MM. L. Moreau et E. Vinet ont étudié l'évolution de la Cochylis et de l’'Eudémis dans les vignobles de l'Ouest. A l’aide de pièges-appâts, il a été possible de dresser des graphiques de numération et de fréquence relative des papillons de ces espèces, On a pu constater qu'une température de 40° au moment du vol de la Cochylis affecte profondément le développement de eelle-ei, Une arrière-saison chaude et sèche favorise l'Eudémis en permettant l’évolution complète de la 3 génération, Larépétition de conditions elimatériques semblables pro- duit la substitution de la prédominance de l’Eudémis à la Cochylis, et inversement si les années diffèrent. La disparition simultanée de ces deux ampélophages est donc rare, — M. Raybaud donne le compte rendu d’un essai d’acclimatation en Provence de plusieurs graminées coloniales. Cet essai a duré sept ans, et il a porté sur 99 types, dont 42 Maïs, 20 Sorghos, 5 Penni- setum, 4 Elenzine, 4 Paspalum, 3 Panicum et 1 Setaria. Certaines variétés ont donné des plantes plus élevées et de plus beaux grains que dans leur pays d’origine. La plupart subissent des perturbations dans leur dévelop- pement, dues aux conditions nouvelles du rythme du climat thermique et hygrométrique. Certaines variétés de Maïs tunisiens (Kilania Amra, par exemple) bénéfi- cient notablement de la désaeclimatation, et de leur introduction en Provence. — M. Jacques de Vilmo- rin a exposé un résumé des inavaux de M. Munerati sur la Beiterave à sucre. Cet expérimentateur italien dispose de 100 ha, de terrains d'essais et d'un gros budget obtenu par une taxe sur la production. Il a étu- dié notamment l'influence des divers engrais, les varia- tions du contenu en sucre dans les betteraves porte- graines, la richesse saccharine suivant l'étendue des surfaces de culture, les caractères et le développement des betteraves issues d’un même glomérule, l'influence de l’effeuillage sur la teneur sucrière. Il tire de ses ex- périenees diverses conclusions : Les influences météo- rologiques font varier énormément le poids, L'écarte- ment ne fait pas varier proportionnellement la taille de Ja racine. Dans des conditions très homogènes de terrain, les betteraves varient beaucoup de poids et de richesse, d'où la difliculté pour établir l'échantillon moyen, L’effeuillage de la betterave diminue la richesse saccharine, la production de feuilles nouvelles se fai- sant aux dépens du sucre contenu dans la racine. Un glomérule de betteraves est une famille d'individus peu homogènes. M. J, de Vilmorin, qui a étudié les bette- raves fourragères sélectionnées, indique que certaines de ses belteraves françaises se montrent égales aux betteraves danoises avec 17 à 18 °/, de matières sèches. Il reste à sélectionner au point de vue surtout de l’été- ment nutritif azoté en isolant les amides et les nitrates, ce qui complique le problème. — M. P. Raybaud fait une communication sur le Service agricole de la Cie P.-L.-M. Cette compagnie de chemins de fer a développé depuis six ans un Service agricole rattaché à son Ser- vice commercial et visant à augmenter son trafic de transport des produits de l’agriculture. Elle vise soit l'augmentation dutonnage des produits principaux, soit l'extension de la consommation : éducation du produc- teur, accroissement des cultures, augmentation des rendements, économie de main-d'œuvre, accroissement du cheptel, recherche des débouchés, amélioration des emballages, organisation de missions d’études, partiei- pation aux expositions et concours, mise en valeur de régions peu productives, étude de la résistance des pro- duits aux transports lointains — telles sont les questions qui ressorlissent à ce service agricole — déjà imité par d’autres compagnies telles quel'Orléans. La prophylaxie des maladies des plantes et la séleetion des semences, l'utilisation des engrais, la préparation industrielle des produits sont susceptibles d'augmenter le rendement agricole et d’influencer grandement le trafic par les voies ferrées. Séances de Février et Mars 1922 M. Hickel appelle Fattention sur l'utilité d'unensei- gnement forestier à l'usage des particuliers qui exploi- tent des domaines forestiers. Déjà il y a 20 ans nous avions abordé celte même question, qui semble n'avoir fait aucun progrès depuis lors. — M. Schribaux à étudié expérimentalement la deuxième végétation de la pomme de terre. Lestubercules produits par la première et par la deuxième végétation ont une valeur inégale. JL faut préférer ceux qui germent le mieux, le plus vite, éviter les germes filiformes. Si un tubercule a une nature mixte, il faut supprimer la partie qui est la moins bonne. Cest en plantant des tubereules tout : É s = & ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 287 — — ——————————"—"— —”—"—"—”"’"—"—"—"…"—"—"—”—"—"—"—"—"”—"—"’—"…"’—…"…"’— _…— ’"’——— … ’ —"—"’"’ venant, sans triage raisonné, qu’on arrive à constater la dégénérescence des cultures de pommes de terre. — M, Faucon signalela création d'une Ecole saison- nière de Bergers à Rambouillet. On vise particulière- ment à maintenir et développer les effectifs si dimi- nués du cheptel ovin. On espère que l'Afrique du Nord pourra accentuer un effort dans ce sens, — M..E. Rabaté donne des indications sur la culture du Lotier corniculé. I a cultivé cette plante comme four- rage et comme porte-graines et il en a essayé la propa- gation dans le Centre et dans le Sud-ouest. Cette plante peut ienir une place à côté de la luzerne et du trèfle, Elle se laisse attaquer par la cuscute, et ses tiges peu- vent se coucher; aussi lui donne-t;on des appuis en l’'associant au dactyle, au brome, semences ont une productivité assez irrégulière, mais au sainfoin. Ses que la sélection améliorera facilement. L’ensemence- ment d’un hectare exige 12 kg. et coûte le même prix qu'avec le trèfle violet. IL réussit sous tous nos climats de France, résiste à. l'altitude, à la sécheresse, vit dans des sols très variés, même non calcaires et humides. Sa culture donne deux coupes et un regain, on en obtient un bon foin. Plante améliorante comme la luzerne, elle résiste au négril qui attaque celle-ci. Sa durée est indéfinie. Cette plante donnera surtout mesure de sa valeur dans les terres médiocres améliorées par les phosphates et la potasse. — M. P. Marchal aflirme les résultats effectifs obtenus, avec les virus Danysz modi- fiés,dans la lutte contre les campagnols. — M.L.Serre donne des renseignements sur un Palmier peu connu, le Pejibaye, dattier du Costa Rica. Cet arbre donne de septembre à mars 5 régimes de fruits pesant ensemble bo à 70 kg. Le fruit est jaune,en forme de toupie, à goût de châtaigne, plus nourrissant que la banane.Sonnoyau duret blanc renferme une amande oléagineuse, Il y a aussi, parmi les variétés, un Pejibaye sans noyau, — M.L. Mangin aétudiéle problème de la reconstitution des châtaigneraies. Les châtaigniers des Cévennes et du Plateau central sont menacés, On défriche les chätaigne- raies çgommeinsuflisamment productives, et la maladie de l'encre y ajoute ses effets quiaugmententle dépeuplement. Lareplantation s'impose dans quelques départements etla reconstitution pose un problème différent suivant qu'il s'agitdesolsatiaqués par la maladie ou de sols défrichés volontairement pour la vente aux usines d’extraitstanni- ques. L’assainissement des sols infectés pourrait être tentéavec du sulfate de protoxyde de fer en solution à 20°/0. Un second procédé consiste à introduire des chà- taigniersexotiques: Castanea dentata donne des variétés japonaises qui résistent bien à la maladie de l'encre, mais pourraient être victimes d’un ascomycète (Ændothia para- sitica). On a trouvé dans une espèce chinoise, Castanea mollissima, un type résistant. Le greffage sur ces deux espèces exotiques de nos espèces indigènes donneraitune plus value à leurs fruits. Mais le Service phytopatho- logique aura la surveillance des plants importés et sou- mis à une quarantaine qu'imposent les mesures restric- tives à l'entrée en France de ces plants étrangers. — MM. Marc Fouassier et Jacques Lhomme ont recher- ché si les Azotobacters ajoutés à un sol préalablement stérilisé ont une influence sur le développement des om qq ee plantes, Le solavait été stérilisé partiellement par le for- .mol à la dose de 3 gr. 45 par m°. Après 24 heures on a semé du trèfle et on a arrosé aussitôt avec D litres d’eau par m2. Dans cette eau, l’Azotobacter avait été introduit en abondance, L’'Azotohacter semble avoir produit un excédent de récolte, mais l’auteur ne donne pas de chit- fres. I1 indique que le prix de revient du fertilisant serait de 30 fr. par hectare, — M. René Worms com mente une décision du Conseil d'Etat jugeant au con- tentieux un litige survenu entre deux communes qui se disputaientle mercredi comme jour de foire auxbestiaux: une commune qui entreprend surles droits de sa voisine, en ouvrantune foireconeurrente sans autorisation légale, est astreinte à une indemnité assez élevée, enréparation du dommage, — MM. Warcollier el Le Moal étudient la disparition de l'acide sulfureux libre dans un jus de de cidres fermentés sont édulcorés avec des jus de pommes conservés par addi- tion de SO?. L'expérience montre queles jus sullités per- pommes conservé, Des jus dent peu à peu deleur acide sulfureux libre, qui passe à l'état combiné au détriment de ses propriétés antisep- tiques. Dans les jus de porames pourries sulfilés à 1gr. par litre, SO? disparaît en quelques jours dans la pro. portion de go à 95 °/,. Les analyses montrent que, sous l’action des corps oxydants, il se forme, aux dépens des sucres et des matières pectiques des jus, de nouveaux corps de nature aldéhydique ou cétonique aptes à fixer de grandes quantités d’acide sulfureux, Les diastases oxydantes des moisissures qu’on trouve dans les jus de pommes pourries semblent très actives pour détermi- ner les réactions précédentes. Lorsqu'on veut sulfiter des jus de pommes pour les conserver à l'état doux pendant longtemps, il faut donc n'utiliser que des jus sains. — M. Henry Sagnier résume une étude sur l’évolution des cultures de plantes oléagineuses. La guerre a apporté un trouble profond dans le com- merce des matières grasses végétales, dont la valeur a triplé ou quadruplé. L'importance des oléagineux tro- picaux va en s’accroissant, et de nouvelles matières premières, peu connues il y a cinquante ans en Europe, continuent une ascension remarquable : tels sont les coprahs et amandes du palmier à huile, — M. Imbart de La Tour expose la situation forestière actuelle au point de vue économique. Il s’attache à la comparaison des prix de vente par les propriétaires forestiers, ceux du commerce et ceux des salaires des ouvriers bûüche- rons. Il reconnait que les frais de transport sont exces- sifs et doivent être abaissés comme ceux d'ailleurs de toutes les marchändises lourdes, Les bénéfices des intermédiaires sont souvent exagérés, comme aussi les prix des salaires ouvriers. = M. Paul Dechambre lit un mémoire sur le sujet suivant Applications à l'élevage de quelques aperçus nouveaux sur l'hérédité. Il envisage notamment quels sont les caractères domi- nants el les caractères récessifs, Caractères morpho- logiques comme ceux des pigmentalions, huppes des volailles, absence de corne ; caractères physiologi- ques comme ceux de précocité, de haute production laitière, Il note aussi certaines corrélations : dance entre le sexe et la coloration par exemple, concOor= — M. Henry Lafosse résume un travail sur l’amé- 288 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES nagement des forêts par la méthode expérimentale. — M. A. Gruvel envoie une note sur l’utilisation des peaux de squales dans nos colonies. Il donne une liste de 12 espèces de grande taille (2 à 5 m. de long) com- munes à Madagascar et en Indo-Chine, dont il préco- nise l’utilisation. — M. Mottet apporte une note sur l’'Arboretum de Pezanin. Cet Arboretum, créé en 1904 sur 18 ha. en Saône-et-Loire, a déjà donné lieu en 1918 à un mémoire intéressant qui se trouve ici complété. D’environ 1.000 espèces d'arbres et arbustes essayés à Pezanin, les Conifères se montrent supérieurs aux feuil- lus. Le climat du H' Charolais semble très favorable au développement dè quelques types : Abies grandis ou Sapin de Vancouver, Pseudotsuga Douglasii, Larix europæa. Parmi les chênes, le groupe des chênesrouges d'Amérique offre un réel intérêt forestier par la rapi- dité du développement, On peut citer en particulier Quercus palustris, rubra, coccinea, tinctoria. Parmi les essences ornementales, les espèces d’Abies d'Orient viennent très bien. Abies concolor et À. arizonica y acquièrent une glaucescence d’une haute valeur décora- tive. Parmi les Picea, c'est le P. Omorica qui atteint la plus grande hauteur. Il atteint 7 mètres de haut à dix ans de plantation, et produitdes graines fertiles. Parmi les Pins, l’auteur signale la réussite de Pinus flexilis et P. Coulteri. Il note aussi Tsuga canadensis et T. Mer- tensiana, Juniperus Virginiana, Thuya gigantea et Libo- cedrus decurrens. Par contre, parmi les échecs com- plets, il mentionne Ginkgo biloba qui supporte pourtant bien le climat rigoureux de Lorraine. —M.Delamarre de-Monchaux a communiqué à l'Académie le premier fascicule du Recueil ofliciel des Standards des Races françaises d'oiseaux et d'animaux de basse-cour. Cette publication est un essai intéressant de recensement de nos races françaises ; elle orientera les efforts faits pour leur amélioration et leur sélection et facilitera le travail des jurys dans les concours. — M. Ardouin Dumazet signale l'entrée du Département de l'Aube dans la pro- duction du tabac de Champagne. C’est dans la région viticole, qui proteste contre son classement en 2° zone, que se produit l'extension de la culture nouvelle. Un des planteurs, en 1921, a obtenu 170 fr. de tabac à l’are. On comprend qu’un tel rendement attire de nouveaux adhérents au Syndicat des planteurs français de tabac qui comprend plus de 40.000 membres. L’Aube livrera son tabac en gare de Brienneet dépendra de la circons- cription de Vesoul, — M. Sourisseau a communiqué une note sur les poteaux-supports des lignes électriques agricoles. Il préconise le simple poteaude sapin injecté et recherche les systèmes les plus recommandables pour les types de prises de courant. — M. Schribaux signale l'intérêt du Sapin de Douglas en Danemark et en profite pour préconiser la sélection des essences _ forestières. C’est une question qui avait déjà élé envi- sagée antérieurement par le Professeur Guinier de Nancy. — M. P. Lavallée donne le compte rendu des expériences de culture de la pomme deterre à la Ferme expérimentale d’Avrillé, Il apporte des conclusions sur l'influence que peut avoir l'origine de la semence sur l’économie de cette culture et son rendement prati- que. — M. Fonzes-Diacon présente une note sur les vins anormaux de 1921. Les pluies violentes survenues après une longue période de sécheresse ont apporté de troublantes modifications à la composition habituelle des vins méditerranéens. Les plus riches en potasse se sont les plus appauvris en tartre, franchissant la limite au-dessous de laquelle les règles officielles les font con- sidérer comme vins mouillés. — M. H. Velu, étudiant la lutte contre les. insectes parasites des cultures colo- niales, préconise les arsenicaux qui ont fait leur preuve en Amérique, mais dont l'emploi est entravé en France par la législation. : EDpmMonp Gain. ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE CLASSE DES SCIENCES Séance du 3 Décembre 1922 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. C1. Servais : Sur la géométrie du tétraèdre. II. — M.1L. Godeaux: Sur une involution rationnelle douée de trois points de coïn- cidence, appartenant à une surface algébrique de genre 3. II. 2° SCIENCES PHYSIQUES. — MM. P. Bruylants et A. Stassens : Contribution à l'étude des composés à noyau triméthylénique. Les auteurs ont étudié l’action de CI et Br sur l’acide triméthylène-carbonique. Ils ont également établi l'existence d'une combinaison molécu- laire de cet acideavec l’eau. 30 SCtENCES NATURELLES.— M. A.. Dalcq : Sur les modifications physiologiques de l'œuf d'Asterias glacia- lis au cours dela maturation et après la fécondation. L'auteur a étudié l’action sur l’œuf de quelques solu- tions salines hypertoniques et des bases fortes. Il con- firme les observations fondamentales d’Herlant sur les œufs d’oursin, non seulement pendant le premier cycle cellulaire de l'œuf fécondé, mais aussi pendant la ma- turation, — M. G.Leplat : De la musculature interne de l'œil de quelques Reptiles. Les musculatures irienne et ciliaire des Reptiles ressemblent fort à celles des oi- seaux. Cependant, chez ces derniers, les fibres du mus- cle tenseur de la choroïde ont toutes une direction méridienne, tandis que chez les Chéloniens,lesSauriens et peut-être les Crocodiliens, les fibres du muscle de Müller ont une disposition spéciale : elle semble répon- dre à la présence du muscle transverse, particulier à ces Reptiles, et en équilibrer la traction oblique. L’as- pect seul de ce musele transverse impose la pensée d’une analogie entre lui et le muscle protractor lentis des Urodèles. Sur le développement de la musculature in- terne de l'œil des Reptiles.Chez les Reptiles, le muscle ciliaire se forme, in situ, aux dépens du mésenchyme périoculaire,comme chez tous les Vertébrés., Le muscle transverse a la même origine mésodermique.Le sphineter de la pupille, ici comme dans toutes les classes de Vertébrés, est d’origine ectodermique et dérive de Ja rétine, Le Gérant : Gaston Don. DR RER CC 7 Re ” Sté Gle d’Imp. et d'Ed., rue de la Bertauche,1, Sens. 33: ANNÉE N° 10 30 MAI 1922 + Revue générale des Sciences pures et appliquées Fonpareur : LOUIS OLIVIER l ; : ; Dirgcreur : J.-P. LAN GLOIS, Professeur au Conservatoire national des Arts-et-Métiers, Membre de l’Académie de Medecine ù Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. J.-P. LANGLOIS, 8, place de l’Odéon, Paris, — La reproduction et la traduction des œuvres et de travaux publiés dans la Revue sont complètement interdites en France eten pays étrangers y compris la Suede, la Norvege et la Hollande CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE $S 1. — Mathématiques A propos de la conception einsteinienne de l'espace fini. — Nous recevons de M.R. Paucot, proviseur du Lycée de Lorient,la lettre suivante: « Monsieur le Directeur, « Auriez-vous l’obligeance de bien vouloir accorder l'hospitalité des colonnes de votre revue à quelques remarques, complétant peut-être l'article fort intéres- sant paru dans la Revue du 15 avril sur l’espace fini et sans bornes ? « M. Thiry y montre avecraison que le désaccord entre einsteiniens et euclidiens provient du choix d’une unilé différente de mesure des longueurs et que les deux conceptions opposées se concilient par la variation de l’une des unilés par rapport à l’autre. « J'avais moi-même indiqué ce point de vue dans un article de la Revue Scientifique : « La durée et la con- ception einsteinienne du temps » (n° du 15 janvier - 1922), où je disais à propos del’expérience de Michelson : « « Ge que l’on constate, c'est une discordance entre la - longueur définie au moyen du corpssolide et celle défi- Ë nie au moyen du chemin optique, » « On pourrait peut-être ajouter ceci : = « La règle solide parfaite est, bien entendu, une abs- traction de géomètre, et non une réalité de physicien : c'est la longueur euclidienne. | 4 ; | 2 « Le chemin optique constant est un postulat com- mode pour les calculs des physiciens; c’est donc aussi une abstraction, qui résulte d’une certaine conception - d’un lien entre l’espace et le temps, contenue dans la définition de l'intervalle relativiste: c'est la longueur . einsteinienne. REVUE GÉNÉRALE DES ACIENCES, «L'espace mesuré en chemin optique, ensiècles-lumière unités-de longueur, estfini, puisqu'on peut en mesurer les dimensions à l’aide d’un nombre fini de ces unités; mais, comparée à une règle solide, cette longueur aug- mente indéfiniment quand on s'éloigne des masses gra- vitantes, c'est à-dire que la vitesse de la lumière aug- mente indéfiniment, dans un champ gravifique de plus en plus faible, pour un euclidien qui mesure les lon- gueurs avec une règle solide. « Pour celui-ci donc, l’espace est infini puisqu'il lui faut un nombre infini de règles indéformables mises bout à bout pour mesurer ce nombre fini de siècles-lumière, dont la longueur est de plus en plus grande pour le géomètre euclidien. « Réciproquement, le géomètre einsteinien voit se contracter ces règles. solides, la vitesse de la lumière étant pour lui une constante absolue, et l’espace infini est alors une illusion que l’on dissipe de la même façon que le paradoxe de Zénon, comme le fait remar- quer M. Thiry. « L'expérience peut-elle décider entre les deux points de vue ? Je nele pense pas; si même on prouvait la con- traction des solides réels dans les conditions indiquées par les relativistes, cela ne prouverait pas la contrac: tion du solide parfait, abstraction pure, et indéforma- ble par sa définition même. « Une géométrie est vraie dès qu'elle est pensable; bien qu'il n’y ait ni solides parfaits ni transmission ins- tantanée de signaux, nous avons observé des solides assez rigides et des signaux assez rapides pour conce- voir abstraitement le solide indéformable et le signal instantané, base de la simultanéité absolue dans le temps. 290 « Ce passage à la limite a été imposé à notre esprit parce que, pendant fort longtemps, nous n'avons pu constater de déformations sensibles de certains soli- des très rigides, et surtout nous ne pouvions faire aucune différence entre la vitesse très grande de la lumière et une vitesse infinie. « La notion abstraite et absolue de solide indéfor- mable et de transmission instantanée en est résultée, et c’est sur ces abstractions qu'est construite la géomé- trie euclidienne, dès lors valable abstraitement pour notre esprit, en dehors des conditions physiques réelles. « L'espace n’est pas une réalité en soi, mais une con- ceplion très abstraite de notre esprit ; c'est en quelque sorte la projection dans le plan de notre esprit de cer- taines propriétés des corps, dites spatiales, propriétés idéalisées par l’abstraction et pour lesquelles notre esprit a été amené à procéder à un passage à la limite, « L'espace ne peut donc être, à vrai dire, ni einStei- nien ni euclidien, done ni fini, ni infini; mais notre idée de l'espace s’est formée dans des conditions telles que nous l'avons conçu euclidien et par là même infini. « Les théories de la relativité nous permettent de comprendre comment et dans quelles conditions il eût pu en être autrement. « Quant à l’espace-temps à 4 dimensions, ce n'est à vrai dire qu'une traduction, en langage géométrique, d'équations où figure le temps; ce n’est pas une concep- tion géométrique véritable et primitive comme l’est la géométrie euclidienne et comme auraient pu l'être les géométries de Riemann ou de Lobatchefsky. « Veillez agréer, Monsieur le Directeur, etc... « R. Paucot. » $ 2. — Art de l'Ingénieur Sur l'emploi dela vapeur àhaute pression.— Bien que l'intérêt des hautes pressions soit généralement apprécié partout, la plupart des techniciens considèrent encore qu'en pralique il n’est pas possible d'aller très loin dans le relèvement dela pression desinstallations à vapeur; à une récente session dé l'Association des _Ingénieurs électriciens d'Angleterre, par exemple, la question a été discutée par divers spécialistes et la conclusion des débats a été,semble-t-il, qu’il n’y a pas grand’chose à attendre de l'application de la vapeur à haute pression. Les Allemands paraissent être d'un autre avis ; W. Schmidt, dont on connaît le rôle dans le perfectionne- ment de la machine à vapeur et la mise en pratique du surchaufreur, s'est livré à delongs travaux sur l'emploi de la vapeur à haute pression,jusqu'à 6o atmosphères,et les ingénieurs allemands sont disposés à considérer que ses études et essais ont établi que la-question de la production en grand de la vapeur à haute pression est pratiquement résolue. ‘La première installation de l'espèce réalisée par Schmidt remonte à 1910 ; elle comportait une chaudière à tubes d’eau de 1: m? de surface de grille et 72 m° de surface de chauffe, avec surchauffeur, travaillant sous une pression de 60 atmosphères ; celte chaudière don- nait 700 kg. de vapeur à 450° C., 6o atmosphères, par CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE heure, avec une charge de 100 kg. de charbon et 7.500 cal. au kg. 3 En 1910, cette chaudière fut légèrement modifiée : la surface de grille étant portée à 1,44 m?, on put en obtenir 1.340 kg. de vapeur par heure;ce résultat a été confirmé par de nombreux essais effectués, sur une plus grande échelle;après la guerre; la machine employée en conjonction avec la chaudière était une machine Schmidt tandem à simple effet, soupapes en nickel et fonte, On l’a modiliée,en lui donnant un cylindre de 180 mm, de diamètre, ce qui a obligé à réduire la pression à 45 atmosphères; lés conduites n’ont que 1/6,3 de la sec- tion qu’elles devraient avoir sous 10 atmosphères; leurs parois ne doivent pas avoir plus de 4,5 à 5 mm.d’épais- seur; bourrageset joints en klingerit; avec la nouvelle disposition de la chaudière,on a supprimé la surchauffe intermédiaire (entre les deux cylindres h, p. et b.p.); la machine marche à 150 tours par minute. La consommation de vapeurest de 2.410 cal.parcheval- heure indiqué à 33 atmosphères et de 2.3go cal. à 44 atmo- sphères ; desessais ont étéfaits aussi avec des machines à plusieurs cylindres d’autres systèmes, à grande vitesse, 1.000-1.500 tours par minute ; la consommation de vapeur a été de 5,7 à 6,3 kg. de vapeur par cheval- heure effectif; rendement dans le cylindre à haute pression 95,6-88,5°/,, dans le cylindre à basse pression 5o°/,, température de la vapeur à l'entrée, respective- ment 4oo et 233-2620 C. La construction des machines à haute pression ne présente pas de difficulté ; elle esi pratiquement possi- ble pour toutes puissances; les machines à haute pression procurent, à égalité de vide, une économie de 20°), comparativement aux machines à 1 5 atmosphères; elles sont particulièrement avantageuses dans des ins- tallations où l’onutilise la vapeur d'échappement au moyen de machines à pistons ou de turbines. On réalisealors dans la partie haute pression le même rendement qu'avec une installation équivalente à con- densation’et l’on récupère,en supplément, toute l'éner- gie par les vapeurs d'échappement; la possibilité de travailler avec des pressions à la sortie relativement élevées sans influer appréciablement sur le rendement facilite d’ailleurs notablement l’arrangement général des installations. L'encombrement et le coùt des machines à haute pres- sion sont moindres, à égalité de puissance, que pour les machines à moyenne pression ordinaires; les frais d'installation des chaudières à haute pression sont à peine plus élevés que pour de bonnes chaudières ordi- naires, Henri Marchand. $3. — Physique ‘La radiation J.— Les différences considérables entre les résultats obtenus par les divers chercheurs qui ont étudié la dispersion des rayons X semblent indi- quer l'existence d'une radiation ayant une longueur d'onde plus courte que celles de la série K, à laquelle on a donné le nom de radiation J. Son existence cepen- CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE dant n’a pasété généralement acceptée, surtout, comme le dit M. A. Crowther!, « parce qu'une radiation de ce type n’est pas prévue par la théorie courante sur la structure de l’atome ». M. Crowther a étudié les rayons X dispersés par la parafline, le cuivre et l'aluminium, Il interprète les résul- tats obtenus par l'émission de radiations fluorescentes qui, provenant de substances dont le poids atomique est faible, sont peu intenses en comparaison des radiations K et très différentes d'elles : elles comprennent en effet des raies très éloignées dans le spectre, $ 4. — Zoologie Quelques mots sur la spécificité parasi- taire chez les Crustacés. — Sans vouloir ici poursuivre un débat théorique, et restant sur le terrain de l’observation impartiale, je voudrais signaler une série de faits qui, sans infirmer, pour tous les cas, une théorie générale de la spécificité parasitaire, en restrei- gnent cependant la portée. = On sait que l’on entend par spécificité parasitaire l'exclusivité du parasitisme d’une espèce sur une autre: à chaque hôte correspond une espèce déterminée de parasite, toujours la même, et réciproquement, un pa- rasite donné — un stade larvaire libre par exemple — ne pourra se fixer et évoluer que sur un hôte, et un seul, De cette conceplion, relativement plus ancienne qu'on ne lecroit généralement, découlent plusieurs consé- quences importantes, relatives à la taxonomie des pa- rasites. Comme l’a fort bien montré J. Guérin-Ganivel? qui cependant conclut favorablement à la théorie — la systématique des parasites sera soumise aux vicissilu- des de celle des formes parasitées. Que deux espèces d'hôtes doivent être considérées comme synonymes, et on devra conclure a priori, — et toute conclusion de ce genre est à rejeter, dans le domaine de la biologie des- criptive, — à l'identité des parasites. D'autre part, pour certaines formes offrant de grandes ressemblances à l’état adulte, les sacculines par exemple, on en arrivera à négliger totalement ia morphologie de l’animal et à le définir uniquement par l'hôte qu'il infeste, ce qui donne lieu à des diagnoses manifestement insuffisantes ! Ou bien, pour distinguer à tout prix, sous le nom d'espèce les individus récoltés sur des hôtes différents, on devra avoir recours à des caractères tout à fait insignifiants, de coloration par exemple. Hesse, le laborieux investi- gateur de la rade de Brest, et l’auteur de remarquables travaux sur les Crustacés, a cru devoir créer dix-neuf espèces d’'Anceus. Hesse croyait à la spécificité parasi- taire : « Elles (les pranises) ont des préférences qui indi- quent un discernement que l’on est surpris de rencon- trer dans des êtres aussi infimes ; chaque Ancée parait en effet adopter une espèce de poisson sur lequel il vit 1. A. CrowTuer : Phclosophical Magazine, novembre 1921. . 2. Contribution à l'étude systématique et biologique des _ Rhizocéphales, p. 10-11, Trav. Science, Laborat. Concarneau, _ tome III, fase. 7, 1911. 3. Contenant souvent d’ailleurs de grossières erreurs d’ob- servation. exclusivement !. » Bien .d’autres citations pourraient être apportées ici, Fidèle à sa doctrine il nomme, au fur età mesure dé ses captures, un Anceus lupi, un À. trigli, un A-cotti bübali,un À. scombri, un À. congert, etc. Ilest inutile d'ajouter que les diagnoses de ces espèces sont fondées sur des caractères en relation avec la variation individuelle possible ou même avec l’état d'évolution du spécimen. L’emploi de la coloration, en particulier, est particulièrement néfaste pour caractéri- ser des Gnathiïidae dont les stades larvaires sonlremar- quablement polychromes. Des 19 espèces de Hesse, deux, trois peut-être ont été revues; l'espèce banale de nos côtes, Gnathia maxillaris (Mont), étant représentée dans les travaux de Hesse par une quinzaine de syno- nymes ! J. Guérin-Ganivet, qui a vu les inconvénients de ces diagnoses incomplètes, cherche à sauver le principe de la spécificité par l'étudedes larves. Si, dit-il, lasacculine du crabe ordinaire est à l'état adulte parfaitement iden- tique à celle d'un Portunus où d'un Platyonichus, les stades larvaires diffèrent peut-être. L'idée de rechercher chez les larves des caractères spécifiques véritables sera certainement féconde, mais ne risque-t-on pas d’élever au rang de caractère spécifique des détails de structure attribuables à une variation individiduelle ou à une influence écologique locale? Allons plus loin : souvent une espèce valable de para- site a été décrite sur un exemplaire unique; longtemps elle n’a donc été connue que comme corrélative d'un seul hôte : de quel droit aflirmer la spécificité d’un tel parasite? Passons maintenant rapidement en revue les groupes de Crustacés parasites : pour chacun d’entre eux, à côté de formes spécifiques (tout au moins jusqu'ici)nous découvrirons des formes susceptibles de parasiter plu- sieurs hôtes. Les Copépodes renferment de très nombreuses espèces de parasites, dontheaucoup peuvent parasiter plusieurs hôtes. Citons ici : Zepeoplhteirüs sturionis Kr. qui se trouve non seulement sur l’esturgeon mais sur un tri- gle, Zernæenicus encr'asicoli (Turtor), sur l’anchois et le spratt, Lernæwopoda galei Kr. sur le milandre, l’émis- sole, la petite roussette, le chien de mer, Parmi les Cirripèdes,le groupe le plus intéressant au point de vue qui nous occupe est celui des Rhizocépha- les. Bornons-nous au genre Sacculina. On l’a découvert sur dés crabes, des portunés, des sténorhynques, des pirimèles, des xantho, des pises, des carpilius, des go- noplax et d’autres genres encore, Pour les uns (Giard) il y a autant d'espèces de sacculinés que d'hôtes; pour d’autres (Guérin-Ganivet) il y en a presque autant, celles du Portunus nolsatus, du P. marmoreus, P. pusillus, du Platyonychus latipes ne pouvant véritablement pas être séparées de celle du crabe ; pour d’autres enfin (Smith),il n'existe qu’une sacculine susceptible d'infes- ter un grand nombre d'hôtes. D’autres genres de para- sites serencontrent sur plusieurs espèces d'hôtes. Les /sopodes ont longtemps fourni des arguments aux partisans de la spécificité : le groupe des Epicarides 1. Revue des Sciences naturelles, 1. IV, p. 455; 1875. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE paraissait, ily a vingt ans, satisfaire aux exigences de cette théorie. Il n’en est plus de mème aujourd’hui. Toute une série de formes se révèlent capables d’infester plu- sieurs espèces, plusieurs genres, plusieurs familles, plu- . sieurs ordres!, Citons lesfaits suivants : Boryrus squil- larum est trouvé sur Leander serratus, L. squilla, L. Fabrici; Bopyrina virbii sur Hippolyte varians, et H. viridis; Pseudiore Hyndmanni sur Eupagurus ber- nhardus et probablement Æippolyte varians; Athelges paguri sur £upagurus bernhardus, Æ. Prideauxi, Ana- pagurus laevis ; Aspidophryxus peltatus sur Erythrops erythrophtalma, E. microphtalma, E. serrata, E. elegans, Paraerythrops obesa, Mysidopsis didelphys; la famille des Dajidæ, que l'on croyait exclusivement paræ#ite des Mysidacea, s'étend aux Décapodes (Richardson 1908, Koehler 1911). Parmi les autres groupes d’Isopodes parasites, celui des Cymothoadés ne nous occupera pas ici, et nous avons déjà parlé de celui des Gnathiidés. Une conclusion s'impose. Devant l'impossibilité d’énoncer des lois d'une portée générale s'étendant par exemple à toutes les formes parasites du règne animal, nous pouvons dire que, chez les Crustacés, il n’exisle pas de spécificité parasitaire absolue. Il y a cependant des espèces qui sont liées à un hôte. déterminé ; les exemples que nous avons cités, parmi tant d'autres, montrent que la théorie de la spécifité parasitaire est loin de présenter la généralité qu’on lui a parfois'attri- buée. Th. Monod. $ 5. — Géographie et Colonisation Une grande traversée africaine ; la Mission Bruneau de Laborie. — Chargé par le Ministère des Colonies et la Société de Géographie d’une mission dans le Territoire du Tchad, M. Bruneau de Laborie en a profité pour étendre son itinéraire d’une façon consi- .dérable; il a poussé à l'est jusqu’au Soudan Egyptien et ilest revenu en France par l'Algérie après avoir traversé tout le Sahara. Aussi a-t-il pu rapporter de ce voyage d’abondants et précieux documents. En dehors de certaines questions purement géogra- phiques, il avait été surtout chargé d’éludier, dans la région du Tchad, tout ce qui se rapporte au dévelop- pement du coton et du bétail, en raison des grands avantages qu'ils peuvent offrir dans ces pays pour l’industrie française. La science retirera aussi de ce voyage bien des indications utiles, commele montrent déjà certaines impressions résumées par M.Bruneau de Laborie dans un récent article?. Parti de Bordeaux le 3 janvier 1921, il débarqua à Cotonou, au Dahomey, et gagna Lagos, dans le Nigéria 1. Cf. W. M. TarrersALz : Isopoda in Marine Fauna of the coast of Ireland. lishertes, Ireland, Sci. Invest., 1904, II (1906). 2. Ouadaï-Tchad-Sahara (Le Temps, 30 avril 1922). dont il fit la traversée jusqu’au Bornou, au sud du lac Tchad, et de là, par le nord du Cameroun, il atteignit Fort-Lamy, près du confluent du Chari et du Logone. Se dirigeant alors vers le sud, il remonta le Logone jusqu’à Laï (Béhagle), puis, se portant vers l'est, il se rendit à Fort-Archambault et, par Am Timane, atteignit au Dar Four la frontière du Rest Egyptien. Remon- tant vers le nord, il arriva à Abecher d’où, prenant la direction de Tac en traversant le Ouadai, il vint au lac Tchad. Après avoir visité une partie des iles qui s’y trouvent répandues, M. Bruneau de Laborie, pas- sant par le Kanem, contourna le lac par le nord jusqu'à l'embouchure de la Komadougou, située à l'ouest, puis entra dans le Territoire du Niger et se rendit à Zinder. C’est de cette ville qu’il entreprit, le 20 octobre, pour rentrer en France, la traversée du Sahara qui devait ajouter environ 3.000 kilomètres au long parcours qu’il avait déjà effectué; elle put s’accomplir sans incident. Le voyageur, étant passé par Agadès et Iferouane, arriva à Tamanrasset, dans le Hoggar, où il put saluer les tombes de deux glorieux Francais, le R. P. de Foucauld et le général Laperrine, dont les noms se rattachent à l’histoire du Sahara. Du Hoggar, M. Bruneau de Labo- rie continua sa route vers le nord par In Salah, El Goléa et Ghardaïa; il arriva à Alger au début de février 1922, puis rentra à Paris. M. Bruneau de Laborie estime que l'étendue du lac Tchad, qui varie d’ailleurs avec les saisons etles années, est d'environ quarante-deux fois celle du lac de Ge- nève. Dans certaines parties, ce vaste réservoir est couvert d’archipels qui le découpent en une série de lacs communiquant les uns avec les autres par des passes étroites, Beaucoup de rives de ces iles sontcou- vertes de roseaux, qui sont de plus en plus étendus à mesure que l’on avance, Si, après deux ou trois jours de navigation, on tente d'aborder, on s'aperçoit que la terre n'émerge plus, et que ces roseaux ne font que don- ner une illusion de sa présence. {l y a partout de un à deux mètres de profondeur, et il est désormais impos- sible de prendre pied. Ces rives de trompeuse appa- rence présentent ensuite des solutions de continuité . nombreuses et c’est de plus en plus une zone donnant une impression d'inondation, où apparaissent de temps à autre des trones d'arbres flottants, Lorsque le vent s'élève, il arrive que se montrent de fortes vagues rendant la navigation dangereuse. Grâce à sa traversée du Sahara, M. Bruneau de Laborie a pu se former une opinion éclairée sur l’intérèt qu’offrait la construction du Transsaharien, depuis longtemps déjà envisagée, et il a fait ressortir tous les intérêts qu'il présenterait pour un rendement plus efficace de notre domaine colonial africain!. Gustave Regelsperger. 1. Voir son article: A propos du Transsaharien, dans Le Temps, du 13 mai 1922. ÉuiEe GAGNEBIN. — LA DÉRIVE DES CONTINENTS 2 © LA DÉRIVE DES CONTINENTS SELON LA THÉORIE D'ALFRED WEGENER La Géologie, depuisla synthèse générale qu'en fit Edouard Suess, depuis la découverte, par Marcel Bertrand, Schardt, Lugeon, Termier, des grandes nappes alpines de charriage, ne s’est enrichie d'aucune idée plus importante, ni plus nouvelle que la théorie de Wegener. Alfred Wegener, de Marbourg en Hesse, n’est point un géologue; il est géophysicien. Mais c'est devant les géologues allemands, réunis à Francfort le 6 janvier 1912, qu'il vint pour la première fois exposer son hypothèse. Et celle-ci, en effet, concerne beaucoup plus l’histoire de la Terre, ses changements d'autrefois, que l’état d'équilibre relatif où nousla voyons aujourd’hui. Depuis 1912, Wegener a müri et précisé sa théorie. Elle fut critiquée, dans ses principes et dans ses conséquences, par de nombreux savants allemands, hollandais, scandinaves; lui-même l’a fortifiée d'arguments nouveaux. En 1920 il en publia un nouvel exposé, qu'il considère à peu près comme définitif; dès lors, les géologues se passionnent pour ou contre, et cette discussion encombre les revues d’outre-Rhia!. En France, où les théories d'Einstein et la psy- chanalyse de Freud sont si furieusement à la mode, on ignore presque entièrement l'hypo- thèse de Wegener; je ne crois pas qu'aucune revue spéciale en ait encore parlé. Le programme du Congrès international de Géologie qui se tien- dra l'été prochain à Bruxelles n'en fait aucune mention. C’est là une lacune fâcheuse. Car si l’idée de Wegener est critiquable à plus d’un 1. AereD Wecener : Die Entstehung der Kontinente und Oceane, 2° Auflage. — 1 vol. in-8°, vi-135 p., 33 fig., col- lection Die Wissenschaft, Vieweg und Sohn, Braunschweig, 1920, C'est dans cette brochure, sauf indications spéciales, que nous chercherons nos références. Aurrep WeGEenEr : Die Entstehung der Kontinente. Geolo- gische Rundschau, vol. HI, p. 276-292, 3 fig. ; 1912. 1n. : Petermann's Mitteilungen, 1912, p. 185-195, 253-256, 305-309. — Zeitschrift der Gesellschaft für Erdkunde, 1921, n°3 à4: Vorträge, gehalten in der Fachsitzung am 21,2,21: ALrReD WeGEnre : Die Theorie der Kontinental verschie- bungen, p. 89-103. Franz Kossmar : Erôrterungen zu A. Wegeners Theorie der Kontinentalverschiebungen, p. 103-110. ® ALBRECHT PENCK : Wegeners Hypothese der kontinentalen Verschiebungen, p. 110-120. W. Scuweypar: Bemerkungen zu Wegeners Hypothese der Verschiebung der Kontinente, p. 120-125. A.WEGEnNER : Schlusswort, p. 125-130, WALTHER PENCK : Zur Hypothese der Kontinentalverschie- bung, p. 130 à 143. point de vue, si les réserves à son égard s’impo- sent, on ne peut plus actuellement l’ignorer ni la passer sous silence, Il est évidemment impossible, dans les limi- tes d’un article tel que celui-ci, de traiter en détails et complètement la théorie de la dérive des masses continentales. Il ne peut s’agir que d’en tracer les grandes lignes. Cependant, nous nous attacherons ici à donner une idée juste de cette hypothèse, en suivant avec fidélité la pen- sée de l’auteur, quitte à abréger nos réflexions personnelles. [l importe d’abord que les géolo- gues français soient mis au courant; les critiques naitront d’elles-mèmes. Mais j'insiste encore sur le fait que Wegener n'est qu'un géologue d'occasion ; il faut accepter sa gaucherie, etse tenir de pousser leshauts cris lorsqu'elle se manifeste. Les absurdités appa- rentes de sa théorie, il n’est pas certain qu’elles condamment l'idée fondamentale, ni même qu’elles aient grande importance. Cuvier s’est mal trouvé d’avoir dédaïgné, sur leur raideur formelle et sur leurs contradictions, les écrits de Eamarck. Î.— [LE DÉPLACEMENT DES MASSES CONTINENTALES Wegener suppose que les masses continen- . tales sont mobiles, qu'elles peuvent se déplacer horizontalement. Réunies autrefois en un seul bloc;ellesse seraientindividualisées par d’énor- mes cassures, puis éloignées peu à peu les unes des autres. L'Amérique, selon lui, était intime- ment liée à l’Europe et à l'Afrique. L'Atlanti- que ne serait qu’une longue fracture, graduelle- ment élargie. L'Australie et la Nouvelle-Guinée, autrefois rattachées à l’'Antarctide, auraient vogué vers le Nord-Ouest, retroussant devant elles la guirlande des îles de la Sonde. Primitivement, enfin, la partie la plus super- ficielle de l’écorce terrestre s'étendait sur l’en- semble du globe, recouverte entièrement d’eau : c'était la« Panthalassa» d'Edouard Suess. Sous l'effet d’une force quelconque, la pelure superfi- cielle fut déchirée, et les deux bords de la fente écartés, tandis que cette croûte plastique se plissait, comme une lanterne de papier qu'on ouvre. Ainsi naquirent les premières chaines de montagnes et, dans la déchirure, le premier fond océanique. Dès lors, cette vaste et unique éten- due continentale-s’est morcelée à son tour, sem- 294 ÉLiEe GAGNEBIN. — LA DÉRIVE DES CONTINENTS blable à une immense banquise !;les fragments s’en vont à la dérive, flottant sur le magma pro- fond; la résistance du magma à ces mouvements de translation provoque les plissements monta- gneux qui diminuent la superficie continentale. Etles bassins océaniques actuels occupent les étendues abandonnées par la croûte superficielle de la terre, par la lithosphère. Les fonds marins sont donc constitués par une autre couche, plus interne, par la pyrosphère basique solidifiée?. Nous. allons préciser et examiner l’une après l’autre ces assertions qui paraissent d’abord pure fantaisie; voyons auparavant sur quels faits s'appuie Wegener. Prenons l'exemple de l’Atlan- tique; c'est le plus manifeste et c'est lui qui a fourni la première idée de cette hypothèse. If. —,L’ArLanrTiQuE Si l’on découpe, sur un globe terrestre, l'Amé- rique du Sud et qu’on tente de l’accoler à l’Afri- que, on ne peut qu'être étonné de la concordance parfaite qui existe entre les deux continents. Le cap St-Roque vient s’emboîter dans le golfe de Guinée ; l’inflexion de la côte de Bahia est occu- pée parle renflement de celle du Gabon; le bom- bement du cap Frio comble sans lacunes la baie de St-Paul de Loanda et l'échancrure de Rio-de- Janeiro épouse Mossamédès avec une stricte fidélité. à Pourl’Amérique centraleetl’Amérique du Nord, le raccord avec l'Afrique et l'Europe ne va pas si facilement. Mais si l’on cherche à rassembler en un bloc unique le bouclier canadien, le Groen- Jand et le bouclier scandinave, les correspon- dances géologiques vont apparaître avec une non moins surprenante unanimité (voir fig. 1). C’est Marcel Bertrand qui, le premier, en 1887, envisagea la chaîne hercynienne des Appala- ches comme le prolongement des plis armori- cains, etles bassins houillers d'Amérique comme la suite directe de ceux de Belgique, de France et d'Angleterre. Jusqu'ici, on admettait qu'entre deux un vaste continent s'était effondré, sur toute la largeur de l'Atlantique. Mais si l'on rapproche les continents, les deux tronçons de cette chaine, fort sinueuse dans son ensemble, se rejoignent parfaitement. Supposer un effondrement de l'Atlantique, c’est admettre entre ces tronçons connus un segment hypothé- tique plus vaste que les régions hercyniennes d'Europe et d'Amérique réunies. 1. Lee comparaisons avec une lanterne de papier, avec les fragments d’une banquise, sont de Wegener lui-même (Loc. cit., p. 59, 20, 51, etc.). 2, Wegener dit « la barysphère», mais ce terme est géné- ralement employé dans le sens de noyau central. Au nord dela chaine hercynienne s’allongeen Europe la chaine calédonienne, plissée à la fin Fig. 1. — L'Atlantique à l’époque éocène, d’après Wegener (sans tenir compte des mers épicontinentales). 1.— Raccord de la limite du Dévonien et du Trias, sur la terre de Grinnel et le Groenland, 2.— Raccord des dépôts carbonifères du Spitzhberg et du Groenland. 3.— Raccord des roches intrusives précambriennes, au Labrador et au Groenland, 4. — Chaîne Huronienne. 5. — Chaine Calédonienne. 6.— Chaine Hercynienne. : À. — Plis anciens du Brésil Nord et de la Guinée. 8.— Plis des gneiss du Brésil Sud et d'Angola. 9.— Sierras de Buenos Aires etchaine du Cap. du Silurien. En Amérique se retrouve, exacte- ment dans la même position, ce que Termier a nommé les Caleédonides canadiennes, où se con- ÉLiEe GAGNEBIN. — LA DÉRIVE DES CONTINENTS tinuent certainement celles d'Europe. Pareille concordance existe encore entre les vieux plis huroniens des Hébrides, de l’Ecosse septentrio- nale, et ceux des gneiss du Labrador. Ce n’est pas tout; la reconstruction de Wege- ner fait coïncider les roches intrusives précam- briennes du Labrador avec celles qu'on trouve, identiques, dans le Sud du Groenland; les dé- pôts houillers de la côte orientale Groenlan- daise, avec ceux du Spitzberg; elle raccorde en outre, entre la terre de Grinnel et le Nord du Groenland, leslimites du Trias et du Dévonien. Les géologues se sont étonnés de voir, en Amérique,les moraines frontales de la grande glaciation quaternaire descendre beaucoup plus loin vers le Sud qu’en Europe, atteinäre la côte atlantique dans la région de Boston, alors qu’el- les n'arrivent pas jusqu'à Bristol. Or si l’on joint l'Amérique et l'Europe de façon à renouer les chaînes hercyniennes, calédoniennes, huro- niennes, les moraines frontales, de part et d’au- tre de l'Océan, viennent, elles aussi, coïncider. Nous avons vu avec quelle perfection les côtes de l'Amérique du Sud s'’emboîtent dans les sinuosités durivage africain. Si l’on examine la structure géologique des deux continents, la con- cordance est encore plus stupéfiante. Les tra- vaux de Lemoine! ont fait connaître la constitu- tion de la Guinée. Le vieux massif gneissique africain est affecté, dans le Soudan et jusqu'au Cameroun, de plis dirigés au NE, comme le cours supérieur du Niger. Au Sud du Cameroun, un plissement moins ancien a une direction méridienne. Et voici que le vieux massif gneis- sique du Brésil a subi, d’après Vélain?, des plissements qui se raccordent exactement à ceux d’Afrique, lorsqu'on rapproche les deux continents. Plus au Sud, une virgation hercynienne des Andes aboutit à la côte atlantique près de Mar del Plata : ce sont les Sierras de Buenos-Aires décrites par H. Keïdel, qui déjà avait noté leur concordance probable avec la chaîne permienne du Cap. Leur jonction est parfaite lorsqu'on accole l'Amérique à l'Afrique. 1. Lemoine: Afrique occidentale. Handbuch der Regionalen Geologie. VII, 6 A,14. Heft, p.57. Heidelberg, 1913 (je cite la référence de Wegener). 2. Ep. Suess: La Face de la Terre, trad. de Margerie, Vol. IT, p. 222 et 223 (Référence de Wegener sur l'édition alle- mande). 3. H. Keinec : La geologia de las Sierras de la Provincia de Bdenos-Aires y sus relaciones con las Montañas de Sud- Africa y los Andes. Annales del Ministerio de Agricultura, Secriôn geologia, IX, 3. Buenos-Aires,1916. H,. Keinez : Ueber das Alter, die Verbreitung und die gegensentigen Beziehungen der verschiedenen tektoni- schen Strukturen in den argentinischen Gebirgen, Étude faite à la 12° Session du Congrès géologique internationale Ottawa, 1914, 295 Est-ce là un hasard ? Il aurait suffi, le long de cet immense bord atlantique, que les Sierras de Buenos-Aires arrivent au littoral quelques centaines de kilomètres plus au Nord ou plus au Sud pour que leur attache à la chaîne du Cap contredise le dessin des côtes brésiliennes et congolaises. Or, ily a, au contraire, entre ces deux phénomènes si différents, correspondance absolue. Il ne faut pas oublier, en outre, que l’Améri- que du Sud est autrement orientée que l'Afrique. Lesrivages américains ne sont nullement paral- lèles à ceux de la Guinée ou d’Angola ; les plis des gneiss brésiliens ont, actuellement, une tout autre direction que ceux du Soudan; la chaîne du Cap ne correspond plus à celle de Buenos-Aires.L’Amérique du Sud a subi une tor- sion de 450 par rapport à l'Afrique. « Quoi! s’écrie Wegener, aucun parallélisme et pourtant con- cordance parfaite! » et il récapitule les preuves géologiques, qui en s’additionnant augmentent en puissance exponentielle la probabilité de ses conclusions. La Cordillère du Cap, les plis bré- siliens, les moraines frontales.les chaînes her- cyniennes, calédoniennes, huroniennes de l'Amérique du Nord! « Nous pouvons en gros parier un million contre 1 pour la théorie des déplacements continentaux. » L'Ancien et le Nouveau Monde sont comme deux fragments d'un journal déchiré que l’on peut raccorder ligne à ligne. JITI. — La CoMPosITION DE L'ÉCORGE TERRESTRE Wegenerestun esprit systématique et un géo- physicien. Dès le premier exposé de sa théorie, il l'appuyait de considérations générales sur l'écorce terrestre, il la fondait sur des doctrines dont les géologues ont appris à se méfier. C'est là le point faible de son argumentation, et cer- tainement les «preuves» qu'il tire de la Géophy- sique auront peine àse faire admettre en France, comme elles lui ont valu en Allemagne ses plus violents contradicteurs.Mais en France, son lan- gage et ses idées sur l'écorce choqueront plus encore ; car il se sert de la terminologie de Suess en la détournant de sa signification première, en donnant aux distinctions établies par le maître 1. Zeilsehr, d. Gesellsch, für Erdkunde, loc. eit., p.94, 95,96. IL faut ajouter tout de suite que celte concordance par- faite de part et d’autre de l'Atlantique a été contestée dans la discussion de la Gesellschaft für Erdkunde, Kossmat a objecté que les Pyrénées, ainsi que les plis hercyniens de la Meseta espagnole, et les chaînes du Maroc, n'avaient aucun correspondant aux Etats-Unis. Walther Penck donne des plisséments brésiliens une autre esquisse que Vélain et qui ne s'appliquerait plus au Soudan tel que le décrit Lemoine. Il n’admet pas non plus le raccord de la chaine du Cap avec els Sierras de Buenos-Aires, qui se trouveraient plus de 300 km. trop au Sud pour vérifier la théorie de Wegener, un caractère beaucoup plus absolu, plus rigide. Et c'est là, en Allemagne, une déformation trop commune pour qu’on s’en étonne encore. ) Suess distingue’, dans le globe terrestre, trois zones ou enveloppes concentriques qu'il nomme d’après leur composition chimique. Au centre la barysphère ou le nife (composé de Ni et de Fe), puis le sima (où prédominent Si et Mg)et le sal (Si, Al). La densité va décroissant de l’une à l’au- tre. Le sal est constitué principalement par des ÉuE GAGNEBIN. — LA DÉRIVE DES CONTINENTS Wegener part de l’isostasie ; ellè représente pourlui plus qu’un ensemble de faits, un système de nécessités physiques hors desquelles on ne peut imaginer l’état du globe terrestre. Mais, au lieu d'admettre que sous les océans la croûte de sal est plus mince, il suppose simple- ment qu’elle n'y existe pas. Les masses continen- tales seules seraient formées de sal; elles flotte- raient, isolées, sur le magma fluide, et dans les fonds océaniques afileurerait la zone plus pro- fonde et distincte du sima. La Km res ES : 1000 Tee Dune) ithosphère neserait plus repré- SE gere sentée que par les continents == EEE ee (voir fig. 2). Fig. 2. — Constitution du globe terrestre, d'après Wegener. gneiss, des granitesetles terrains sédimentaires; le sinra comprend les roches basiques telles que le basalte. Or les phénomènes volcaniques nous appren- nent qu'à une certaine profondeur, que l’on peut évaluer à 30 ou 40 km?, les roches sont en fusion, tout impréenées de gaz. La lithosphère solide repose en équilibre sur ce bain de magma plus dense ; et pour que l’équilibre archimédien soit possible, il faut admettre que les masses continentales, plus élevées, plongent aïnsi plus profondément dans le magma que les planchers océaniques,et, par conséquent, quelalithosphère légère est plus épaisse sous les continents que sous les mers. L’hypothese est vérifiée par les mesures d'intensité de la pesanteur: celle-ci, qui devrait être plus faible sous les océans, se trouve compensée par la proximité plus grande du sima basique. Telle est la thèse soutenue par la théorie de l'Isostasie, imaginée dès 1855 par Pratt, dévelop- pée par Airy, Dutton, Heim et, en France, par Lippmann*. 1. Ep. Suess : La Face de la Terre, vol. III, 4° partie, Les Profondeurs, pages 1457, sqq. Rinne : L'étude pratique des roches, trad. Pervinquière, 2e16d., p. 2. 2. Wegener estime que les gneiss n'entrent gère en fusion que vers 100 km. de profondeur (loc. cit.,p. 25 et °6). 3. Cf. A. BerGeT : La Vie et la Mort du Globe, Flammarion, 1912, p. 50, Et voici sur quoi il fonde cette hypothèse. Si l’on fait la statis- tique des surfaces de même alti- tude, positive et négative, sur la résultat par une courbe, celle-ei présente deux maxima très nets, l’un à + 100 m., l’autre à la pro- fondeur de — 4.700 m. environ (fig. 3.;. C’est dire que, sur la Terre, les régions qui ont ces altitudessontheaucoup pluséten- dues que les autres. Pour Wege- ner, cette particularite si frappante ne peut s’ex- pliquer qu'en admettant que la face de la Terre 0.1 2 3 4 5 6 7%Frequence Fig. 8. — Courbe de la fréquence des diverses allitudes sur la Terre, d'après Wegener. est formée de deux couches distinctes, de nature différente. L'une est représentée par les conti- nents, dont on sait qu’ils sont bordés, en géné- ral, par un talus en pente raide; l’autre, ce sont les vastes étendues océaniques, dont le fond est peu accidenté. Ces deux zones bien tranchées, Wegener ne Terre, et qu’on en exprime le ÉurE GAGNEBIN. — LA DÉRIVE DES CONTINENTS a —_—_———"———————— met pas en doute qu'elles ne soient le sa/! et le St. Les socles continentaux, saliques, d’une den- sité moyenne de 2,8, flottent en plongeant dans le bain de séna, dont la densité, à sa partie supé- rieure, serait de 2,9, comme les glaçons sur l’eau, L’épaisseur moyenne des continents serait de 100 km. environ, variant de 50 à 200 km. suivant l'altitude des régions terrestres,selon laloi d’iso- stasie. À la base du socle salique, il y aurait done déjà fusion partielle des gneiss, et là Wege- ner reconnait que la limite n'est peut-être pas nettement tranchée entre les deuxenveloppes de la Terre ?. Sauf cette restriction, il raisonne tou- jours comme si leur individualité était bien dis- tincte. | Dans cette position d'équilibre hydrostatique, les continents peuvent se mouvoir hovizontale- ment. « Le sima cède en s’affaissant sous les socles continentaux en dérive, et derrière eux'se relève», en subissant lui-même des remous, dont on pourrait voir la manifestation, par exemple, dans le banc des Seychelles {au NE. de Madagascar) et dans les iles Fidji. IV. — ORoGÉNÈSE Pour Wegener, un des principaux avantages de son hypothèse est de fournir une théorie oro- génique qui nous délivre des idées en cours. Les géologues, en effet, en sont encore à admettre, d’après les travaux de Dana, d'Albert Heim et de Suess, que les plissements sont dus à la contrac- tion de l'écorce, causée par le refroidissement progressif du noyau terrestre. La Terre serait ‘une pomme dont la pelure se ratatine. Or c’est là une idée insoutenable. Sait-on seulement, depuis la découverte de la radioactivité, si l’intérieur de la Terre se refroidit ou s’il se réchauffe ? Et lors- qu’on cherche à calculer en gros à quel refroidis- sement correspondrait le plissement des seules chaïnes tertiaires, d’après un coefficient de dila- tation moyen, on trouve une diminution de tem- pérature, pour l'ensemble du globe, de 2400°, ce qui est évidemment inadmissible #. 1. Wegener dit « Sial », pour éviter toute confusion avec le terme latin qui désigne le sel, - $ 11 faut remarquer que, dans la pensée de Suess, il n'y avait pas différence nette entre le sima et le sal, mais bien pas- sage graduel, de densité insensiblement décroissante, et même mélange. «L'enveloppe salique, dit-il(loe. cit., p.1462), . est principalement constituée par du gneiss ou, plus exacte- ment, par l’ensemble de sédiments métamorphiques variés et de batholites qui sont réunis sous ce nom, depuis le gneiss à hornblende, déjà assez riche en sima, du faîle voisin du Baïkal, jusqu'au prétendu gneiss (normal» de Freiberg..…. ete. «— Il admet plutôt une séparation assez tranchée entre le sima etle nifé, à environ 1 500 km. de profondeur. 2. WEeGENER, loc. cit., p. 24. 3. WEGENEK, loc. cit., p. 54. ; s 4. Wegener ne tient pas compte ici des formidables déga- gements gazeux des magmas, ni des masses éruptives qui passent de la pyrosphère sur la lithosphère. 6 REVUE AENERALE DES SCIENCES. "4 La formation des chaînes de montagnes s'ex- plique beaucoup plus simplement, pour Wege- ner, par la résistance qu’oppose le sa au front des continents en dérive. Decette résistance nait une compression, qui s’exerce sur la plate-forme et en provoque le plissement. La.poussée orogénique ne se produirait donc qu’au niveau du sima. En effet, selon l’isostasie, la hauteur des socles continentaux, au-dessus des fonds océaniques, ne représente que 5 % de leur épaisseur totale; 95 % baignent dans le magma. Et toute augmentation de l'altitude cor- respond, pour la partie inférieure du sa/, à-un épaississement 19 fois plus grand. Les plisse- ments de l’écorce que nous voyons ne sont rien, comparés à leur-répercussion interne; ou plutôt, c’est le phénomène interne, c’est l’épaississe- ment de la base du sa/ qui est la chose impor- tante, et nos montagnes n’en sont que le contre- coup atténué. C’est donc une pression agissant à Fig. 4 — Un plissement selon la loi d'isostasie, d'après : Wegener. la profondeurdes océans, vers 5.000 m., qui plisse les chaînes ; et ne peuvent être surélevées par le plissement que les zones supérieures au niveau du sema ! (voir fig. 4). La pression latérale ne plisse que les socles continentaux, seuls assez rigides?. Il faut renoncer à voir, dans les géosynelinaux, où se préparent les chaînes, des mers profondes. Ce sont des mers épicontinentales. Les sédiments dont sont formées les montagnes sont, en effet, des dépôts terrigènes, voisins des côtes. L’appro- fondissement graduel du fond du géosynelinal n’estdü qu'à la pression isostatique des sédiments qui le comblent. 1. WeGenen, loc. cit., p, 31. — Il sufirait que ces conclu- sions apparaissent nécessaires pour infirmer les principes de l'isostasie, car elles sont directement contredites par l’ob- seryation géologique. Les exemples de charriages superficiels, où la pression s'est effectuée au-dessus du niveau de la mer, abondent dans les Alpes. Et il suffit de citer le cas du Sim- plon, où les nappes inférieures ont été recouvertes autrefois par 20 km. de matière,et ont été tout de même surélevées, pour démentir la dernière affrmation de Wegener. — Cf. EmiLe ARGAND : Les nappes de recouvrement des Alpes Pen- nines et leurs prolongements structuraux, p. 3. (Matériaux pour la Carte géol. suisse, nouvelle série,vol. XXXI, Berne 1911), et Coupes géologiques dans les Alpes occidentales (Carte spe- ciale n° 64, Berne, 1911). 2. Nous reviendrons sur ce point tout à l'heure, 298 ÉuE GAGNEBIN. — LA DÉRIVE DES CONTINENTS Du reste, les roches sédimentaires ne forment qu'une partie négligeable des masses continen- tales. Sien certains points elles atteignent 10 km.” d'épaisseur, leur puissance moyenne ne dépasse pas, d’après Clarke, 2.400 m. Les 97 % des conti- nents sont conslitués par le «terrain primitif !». Mais, sur l’emplacement des futures chaines de montagnes, l’alfaissement des dépôts sédimen- taires, grâce à l’isostasie, diminue l'épaisseur du socle, etc’est une des raisons qui font des géosynelinaux les zones faibles de l'écorce, celles qui subiront les plissements. Voici done comment se passent les phéno- mènes : Une étendue continentale se brise sur toute sa longueur et toute son épaisseur, suivant un sys- tème de fractures analogues à celles qui traversent l'Afrique et la Syrie. Sitôt la fissure assez large, le sima la remplit. Puis les deux parties continentales s’écartent. Elles égrènent parfois des fragments de lithosphère découpés par des failles satellites; ce sont desiles. Sur leur front d'avancement, les socles continentaux subissent, de la part du simasolidifié, une résis- tance suflisante pour plisser leur plate-forme bordière. Il ne faut pas se figurer que la mise au jour du magma fluide s'accompagne d'éruptions catastrophiques; car l’eau océanique est]à, dont la pression critique ne dépasse pas 200 atmo- sphères. À 2.000 m. de profondeur, l’eau n’entre plusenébullition, quelle que soitla température*. C’est pourquoi les volcans sous-marins sont si paisibles. En outre, les masses continentales, en équilibre, n’exercent aucune pression sur le magma dans lequel elles plongent. Les volcans naissent bien plutôt sur le front d'avancée des socles en dérive, où ceux-ci refoulentle sima,äont la partie supérieure est solidifiée. Nous verrons plus loin les suppositions qu'on peut faire sur la cause des déplacementscontinen- taux. Wegener compare ces mouvements à ceux d’une plaque de caoutchouc élastique, dont on- tirerait l’une des extrémités. L’allongement d’un des diamètres provoque le rétrécissement de l’autre, comme sous l'effet d’un refoulement bilatéral, d’une compression. C’est: dire qu'il peut naître des fractures et se produire des inflexions horizontales au bord postérieur de a — 1. « Urgestein » (loc. cit., p. 22). — Est-il besoin de rap- peler que les gneiss, dont on faisait jadis le type des terrains primitifs, sont uctuellement reconnus pour d'anciens sédi- ments métamorphiques? Suess le remarque clairement dans la définition, citée plus haut, qu’il donne de la couverture salique, £ 2, Wegener (loc. eit., p. 52) indique 20 atmosphères et 200 mètres d'épaisseur d’eau, C’est un lapsus, -la plaque, comme lorsque l’on comprime un jeu de cartes couché sur sa tranche. Tel est le mécanisme que Wegener invoque pour expliquer les guirlandes d'iles le long de la côte pacifique del’Asie. Ces guirlandes sont retenues en arrière par adhérence au séna pacifique, lequel, mis aù jour depuis très longtemps, est refroidiet solidi- fié sur une grande épaisseur. Tout le continent asiatiqueémigrait vers l’ouest. La traction exercée par le continent sur son bord détaché en guir- landes a provoqué, entre les iles etla surface du sima océanique, par décollement partiel, un sillon très profond (fosses des Aléoutiennes, des Kouriles et du Japon). Tandis que le sima fluide est venu percer en fenêtre dans les mers de Behring, d'Okhotsk, du Japon et de Chine, entre les guirlandes et le continent qui les avait aban- données. Œt ce sina, comprimé par la courbure des guirlandes, jaillit en volcans sur leur bord concave. En se déplaçant vers l'Ouest, les continents ont eux-mêmes subi des déformations. La résis- tance du sima étant proportionnelle au front d’avancée, et la force qui pousse les conti- nents proportionnelle à leur surface, ce sont les régions les moins larges qui seront les plus retenues dans leur mouvement. L’exem- ple de l'Amérique est admirable, où d’une part les Antilles, d'autre partles Sandwich avec les Orcades et la Géorgie du Sud, sont restées en arrière, tordues en boucles et égrenées par les vastes socles qui poursuivaient leur dérive vers l'occident; et de celle dérive naissaient les Rocheuses et les Andes. Pourquoi, d’autre part, les masses continen- tales mobiles ne plissent-elles pas devant elles la surface solidifiée du siria pacifique ? C'est que le sima est trop plastique; devant les socles continentaux, il «cède en fuyant par dessous ou latéralement, tout.juste comme l’eau entre deux icebergs qui se rapprochent! ». Le sul estmoins plastique quelesima,etaussi moinsfusi- ble. plonge d'unecentaine de km., à peine fondu à sa base, dans un magma déjà liquide. Tout au plus, lorsque l'épaisseur des continents aug- mente, un paquet de sal fondu peut-il rester pris dans le sima, et abandonné par le socle qui fuit vers l’ouest. Ainsi s’expliquerait, par exemple, le seuil étrange qui s’allonge æu milieu de l’Atlan- tique et que E. Haug a interprété comme une chaine de montagnes en formation. Il n'y a pas de chaînes sur les fonds océaniques, dont la topographie peu accidentée restait inexplicable jusqu'ici. EE 1. Wegener (loc, cit., p. 20). . ÉLie GAGNEBIN. — LA DÉRIVE DES C CONTINENTS * *X *# Nous ne pouvons tout de même poursuivre cet exposé fidèle sans relever les contradictions foncières de la thévrie orogenique de Wegener. Admettons.que le sna forme les fonds océa- niques. Si faible soit sa conductibilité thermi- que, il doit être solidifie sur une grande épais- seur, de 20 à 30 km. tout au moins !. Et comme c'est la partie la moins dense du sima qui se trouve à sa surface, sa croûte solidifiée devrait être en équilibre isostatique sur le magma plus profond. Alors, ou bien cette croûte de sima est plus plastique que la plate-forme continentale — et c’est elle qui doit se plisser; elle ne peut offrir une résistance suffisante au front des continents en dérive pour provoquer leur compression en cordillères montagneuses ; ou bien cette croûte simique est plus rigide que les continents — et ceux-ci ne peuvent plus bouger; ils ne voguent pas comme un glaçon sur'l'eau, mais sont blo- qués comme un vaisseau pris dans la banquise. Wegener (loc. cit., p. 27 et 28) admet une rigi- dité du sima 8 fois moins forte que celle de l'acier; mais il se base sur les données sismolo- giques de Benndorf et de Pockels, qui envisagent l’ensemble du sima, jusqu'à une profondeur de 1.500 km. Or sur cette épaisseur, la plus grande partie du sima esl en fusion, donc beaucoup plus plastique. Le sima solidifié est plus rigide que le s1/, comme le basalte est plus rigide que le gneiss ?. En outre, la notion de géosynelinal échappe complètement à Wegener ; dans la définition de Haug, qu’il cite p. 30, il remplace simplement ce terme par celui de « Schelf », qui signifie aussi bien plate-forme tue que mer épi- continentale. Pour lui, la Méditerranée actuelle n’est pas un «Schelf» ; les dessins quenous repro- duisons (fig. 1 et 5) le montrent clairement. Mais les géosynclinaux alpins, hercyniens, calédo- niens, la Thétys étaient des « Schelf ». Or les plis- sements hercyniens se sont produits, en Europeet en Afrique, de l'Angleterre au Sahara, sur une largeur de 30° de latitude ; les plissements calé- 1. Wegener admet (p. 44 et 51) que le sima est d'autant plus profondément solidifié qu il est depuis plus longtemps découvert; c'est logique; mais lorsqu'il estime que toute la durée de l’ère tertiaire (qu'il évalue à plus de 40 millions d'années) n’est pas suffisante pour solidifier les fonds océa- niques. — dont la matière serait encore « trop fluide pour pouvoir se fissurer », — on peut trouver qu'il exugère. 2. Rinxe (Étude pratique des roches, 2° éd., p. 288) donne des chiffres indiquant la résistance à Pécrésemont en kgr. par cm? : Granite.., 800 — 2,500 (et jusqu'à 3,000) Basalte,,.,,.. 5 4.000 — 5,000, doniens, des Hébrides au Gabon, sur une lar- geur de 50°. Imagine-t-on les mers continen- tales qui les auraient préfigurés ? Enfin, la Méditerranée actuelle est manifeste- ment, pour tous les stratigraphes, un vestige de la Thetys, de cette vaste mer qui, dès le Dévo- nien, et tout au long des ères secondaire et ter- tiaire, couvrait en partie l’Europe et le Nord de l'Afrique. Suess a magnifiquement raconté son histoire au Miocène. Au Pontien, après le plis- sement principal des Alpides, elle ne s’étendait pas plus loin, vers l'Est, que la Sardaigne et la Corse. On ne saurait admettre, pour la Méditer- ranée, une nature entièrement différente de celle des géosynelinaux alpins ou hercyniens. Malgré sa DOICEND de même que dans ces géosyneli- naux, il ne s’y dépose que des sédiments terri- gènes. Quel que soit donc le sort réservé à JE notion des déplacements continentaux, la théorie oro- génique de Wegener, de même que ses idées sur la constitution de l’écorce terrestre, paraissent dès maintenant inadmissibles. Et cependant, c'est par la théorie orogénique qu'il commence l'exposé de ses vues, comme si elles représen- taient son argument le plus fort. [Il faut remarquer, toutefois, que l'hypothèse de Wegener est assez souple, dans son idee fon- damentale, pour s’accorder avec des theories oro- géniques bien differentes. Nous allons examiner, désormais, des faits beaucoup plus probants et des considérations beaucoup mieux justifiées, qui donnent véritable intérêt à la théorie de Wegener. son V.— LES PONTS CONTINENTAUX L'existence, autrefois, de relations entre des continents fort éloignés à l’époque actuelle, est un des faits les mieuxétablis par la science géo- logique. Que l'on étudie la distribution des flo- res anciennes sur le globe, les migrations des animaux terrestres, les affinités dans l’éspace des faunes marines, l'extension des chaines de mon- tagnes paléozoïques, ou la nature des sédiments les conclusions de chacune de ces recherches spéciales portent à admettrequ'il y eut des ponts jetés autrefois entre nos continents dispersés. La synthèse de Suess a mis en lumière de la fa- con la plus frappante ces connexions, dont on peut même, avec une certaine exactitude, suivre les avatars, dater les interruptions ou la rupture définitive. Qu'il nous suflise de renvoyer à l’ad- mirable Traite de Géologie d'E. Haug, où, période après période, sont analysés les faits dont la concordance ne permet plus de doute à l’égard | de ces ponts continentaux. 300 On imagine donc qu'à certaines époques, les continents se prolongeaient là ou règne aujour- d'hui l’océan.On parle d'un continent Nord-A tlan- tique qui, du Cambrien au Quaternaire, se serait étendu depuis le Canada jusqu’en Écosse; d’un continent de Gondswana qui aurait réuni, à la fin des temps primaires, le Brésil, l'Afrique, l'Inde et l’Australie.On sait que le détroit de Mozambique s’ouvrit au Lias; au Crétacé supérieur la sépara- tion du Brésil et de l’Afrique fut accomplie, etc. Il faut bien convenir alors que ces ponts con- tinentaux se sont efondrés dans les fonds océa- niques actuels. Mais cette conception soulève de ñ Arnériguè À er Sud —| Éuie GAGNEBIN. — LA DÉRIVE DES CONTINENTS Penck en Allemagne, etc. Ils s'appuient sur le fait, incontestable, que nous ne connaissons, parmi les sédiments anciens,presqueaucun dépôt abyssal. Mais ils se trouvent bien embarrassés pour rendre compte de toutes les migrations intercontinentales des faunes et des flores. ‘La théorie de Wegener lève toutes ces diffi- cultés. Siles continents autrefois étaient accolés, si les transgressions marines qu'ils ont subies ne furent qu'épicontinentales, le désaccord entre partisans des ponts et partisans de la permanence des océans n'existe plus: Le continent Nord- Atlantique, le continent de Gondwana s’expli- Fig. 5. — Position des masses continentales à la fin de l'époque anthracolitique, d'après Wegener (sans tenir compte des mers épicontinentales). grandes difficultés; on ne retrouve en effet au- | quent tout naturellement (voir fig. 5). Ils n'ont cune trace de ces masses disparues; le fond de l’Atlantique n’est pas différent, entre l'Irlande et le Labrador, de ce qu'il est entre les Antilles et Gibraltar — où la mer n’aurait cessé de s'étendre pendant l’histoire géologique. D'autre part, lorsqu'on cherche à se figurer le volume d’eau que ces ponts, s'ils se rétablissaient, de- vraient déplacer, il semble que presque toute la surface de la terre serait immergée. Enfin, l’effondrement de masses si étendues, à des pro- fondeurs de 5 ou 6 km., ne s’accorde nullement avec les nécessités de l’isostasie. On peut alors chercher à tournerla difficulté, à imaginer des chapelets d’iles plutôt que de véritables continents. Plusieurs géologues, au contraire, ont pris le parti de nier ces ponts con- tinentaux, et d’affirmerla permanence des Océans; tels sont entre autres Bailey Willis en Amérique, pas vu la moitié de leur masse s'effondrer dans la mer, ils se sont seulement disjoints et nous avons montré avec quelle précision l’on pouvait raccorder certains de leurs morceaux, comme l'Amérique du Sud et l'Afrique. 2 Le cas de l'Australie est particulièrement in- téressant. Sa faune actuelle est formée de trois éléments distincts :une faune trésancienne, dont les affinités sont avec l'Afrique; une faune « en- démique », faite de Marsupiaux et de Monotre- mes, dont les proches parents se retrouvent en Amérique du Sud, une faune papoue, enfin, toute récente, qui n’occupe encore que la Nouvelle- Guinée et la côte orientale du Queensland. Il semble donc que l'Australie ait été en relation prolongée avec l'Amérique du Sud, et que sa proximité des iles de la Sonde soit récente. Or le dessin des îles qui entourent au Nord DSP ET PP PIIURTA TR -ÉuE GAGNEBIN. — LA DÉRIVE DES CONTINENTS 301 l'Australie serait la preuve évidente, pour Wege- UE antipodes, s’étendait un océan dont la ner, d'un refoulement dü à l’intrusion d’une masse étrangère, qui serait la Nouvelle-Guinée et l'Australie jointes par un haut fond. La guir- lande d'îles qui entoure la mer de Banda a été tordue sur elle-même, courbée en une boucle complète; la Nouvelle-Poméranie(Nouvelle-Bre- tagne) paraît avoir quitté la direction générale des archipels Bismark et Salomon, avoir pivoté surelle-même, entrainée par la Nouvelle-Guinée. La fosse qui s'étend au Sud de la Nouvelle-. Poméranie serait l’effet de ce mouvement. On pourrait multiplier les exemples. Wegener en étudie plusieurs en détail et l'on ne peut qu'admirer la simplification que son hypothèse apporte aux problèmes de la paléogéographie. - L'esquisse que donne Wegener de la position des continents à la fin de l'ère primaire (fig. 5) n’est qu’un premieressai.Il ne-la donne que pour tel. Envisagée ainsi, on ne peut nier qu’elle ne présente une image nouvelle et des plus sug- gestives. Îl est des corrections qu’un géologue pourrait y faire d'un trait de plume. Je me suis interdit d'y toucher, pour n’affaiblir en rien la saveur de cette ébauche, et ne pas me substituer à l'inventeur d’une théorie que je crois féconde. VI. — LES GRACIATIONS CARBONIFÈRES A lafin dela période carbonifère, le continent de Gondwana, qui réunissait le Brésil, l'Afrique, l'Inde et l'Australie, fut couvert de glaciers. On en a trouvé des traces manifestes dans chacune de ces parties du globe, ainsi qu'aux îles Falk- land. C’est là un fait indéniable, mais dont l'ex- plication n’est point aisée !. On a supposé que le pôle Sud était alors situé au centre de l'océan Indien. Mais aux antipodes, au Mexique, on ne trouve pas trace d'un pôle Nord, et les forma- tions houillères des États-Unis, qui sont bien connues, ont un caractère nettement tropical. Du reste, même si l'on pouvait placer le pôle Sud au centre des glaciations carbonifères, leur extension autour de lui serait si vaste, que les bords de la banquise atteindraient le 35° ou le 30° degré de latitude. . On admet plutôt un soulèvement en masse du continent de Gondwana. Mais c’est presque tout un hémisphère qu'il faut alors supposer sur- élevé. Avec l’image que donne Wegener des conti- nents au Carbonifère, tout se simplifie. L’exten- sion de la calotte glaciaire apparaît considérable- ment diminuée, et l’on peut y placer le pôle Sud, 1. Voir E. Hauc : Traité de Géologie, p. 817, la carte paléo- géographique de la Terre à l'époque anthracolitique, et p. 825- S28 la discussion de ces phénomènes glaciaires. place ne fut occupée par l'Amérique qu'à une époque beaucoup plus récente. Cet exemple, particulièrement typique, nous amène à traiter brièvement la question, insoluble jusqu'ici, de la paléo-climatologie, que Wegener résout en admettant une migration des pôles. VII. — LE DÉPLACEMENT DES PÔLES TERRESTRES La possibilité du déplacement de l'axe terrestre avait été niée, à la suite des travaux de Laplace et d'Euler, qui considéraient le Globe comme rigide. Wegener, naturellement, va d’abord dis- cuter longuement cette question, et se rallier à la thèse de Schiaparelli!, qui justifie sa théorie. Nous examinerons plutôtles arguments géolo- giques,qui nous inclinent à supposer qu’en effet les pôles terrestres se sont déplacés au cours des âges. Certains animaux, marins et terrestres, etsur- tout les plantes que l’on trouve fossilisées dans les sédiments, nous permettent d'estimer le climat qui régnait, à telle ou telle période, sur les régions connués de la terre. Il semble, d’après ces données, que l’atmo- sphère terrestre n’ait pas été en se refroidissant, comme on le croyait jadis, mais que les zones torrides, lesquelles s’étendaient, au Cambrien, sur tout le Globe, se soient graduellement loca- lisées autour de l'Équateur. Les variations loca- les ettemporaires du climats’expliqueraient, une fois admis ce grand principe, par l’établisse- ment de courants marins, chauds ou froids, et par des oscillations altitudinaires régionales. Telle est la thèse soutenue par E. Haug dans son Traite de Géologre. Mais commentexpliquercetteuniformité primi- tive duclimat tropical ? On ne peut plusinvoquer, comme le faisait Faye, l'influence de la chaleur interne du Globe, depuis que l’on connaît des phénomènes glaciaires au Cambrien et même au Précambrien. Supposer que les nuits prolongées du pôle et leur froid glacial n'existaient pas à l'ère primaire, c'est admettre avec Blandet que le diamètre angulaire du Soleil était, à cette épo- que, de 47’, au lieu des 32’ qu’il mesure actuel- lement. Ce sont là des difficultés astronomiques considérables. Il paraît beaucoup plus simple d’avouer que nous connaissous mal les climats paléozoïques en dehors de l’Europe et des États-Unis; et d'imaginer que les pôles, en ces temps reculés, 1. ScurAPARELLt: Dela rotation de la Terre sous l'influence des actions géologiques.— Mémoire présenté à l'Observatoire de Poulkava, à l’occasion de sa fèle semiséculaire. Saint- Pétersbourg, 1889 (référence de Wegener). vs 1 del NC VE PRE 302 ÉuiE GAGNEBIN. — LA DÉRIVE DES CONTINENTS étaient ailleurs qu’en leur point actuel, de façon à faire tomber les zones torrides sur les régions où la flore et la faune s'avèrent tropicales. Maïs tout essai de ce genre avait jusqu'ici échoué. Car si l’on arrivait à localiser sur le Globe une des zones polaires, on ne retrouvait nullement, aux antipodes, des formations correspondantes. C'est déjà ce que nous avons vu au paragraphe pré- cédent. Avec lathéorie des déplacements continen- taux, cette difficulté tombe d’elle-même. Car si, à la fin de l’ère primaire, les continents n'occu- paient qu’une des hémisphères, s'ils se trou- vaient rassemblés ainsi que le suppose Wege- ner, les antipodes n'étaient pas du tout où ils sont aujourd'hui, et le principal argument géo- logique s’évanouit, qui s’opposait à l'hypothèse des migrations des pôles. Il ne s'agit plus que de trouver, d’après les renseignements de la stratigraphie et de la tec- tonique, les positions réciproques descanltinents à telle époque, et la place probable des pôles. C’est là un travail difficile, mais attrayant, car la dérive des masses continentales introduit une variable de plus dans le problème. Les déplacements de l’axe terrestre seraient provoqués précisément par les changements d'équilibre dus aux migrations des continents. Ainsi, les principales variations polaires coïnci- deraient avecles époques de plus grande mobi- lité continentale, avec la formation des chaines de montagnes !. I1 nous est impossible de résumer ici la dis- cussion après laquelle, pour chaque période géo- loscique, Wegener détermine la situation proba- ble des pôles. Bien des points sont à reprendre dans son argumentation?. Nous nous bornerons à reproduire le tableau dans lequel il condense ses résultats et fixe la position des pôles approxi- mativement, d’après la position de l’Afrique, comme si l'Afrique était restée stable de tout temps : : PÔLE NORD PÔLE SUD Actuel... ei... go° N — 90° S — Quaternaire. ..... 70° N 10 W}70° S 170 E Pliocène. ........ 90° N — go° S — Miovène 1... 65° N 192 W|6r S 8E Oligocène........ 58° N° env. 180 ‘ | 58 S env. 0 Eogène.......... 45° N » 180 W|45 S » 0 Paléocène ....... 5o° N » 180 W | 50° S » o Crétacé. ....:.. 48" N 140 W]48 S ho E Jurassique....... 6° N 170 W | 69° S 10 E MAS NET ne 11e à | Boe N 30 W | 50 S PAR Permien......... Lun 29 20 Carhonifère...... 25° N 155 W|o25 S 25 E Dévonien..,..... 30° N 140 W | 30° S ho E 1. Wecener, loc. cit.,p. 123. 2. W. KôPpren: Polwanderungen, Verschiebungen der Kon- . tinente und Klimageschichte. — Peterm. Mutt., 1921, vol. LXVI. Au delà du Dévonien, nos connaissances des climats sont encore trop peu sûres pour que Wegener se risque à en parler. Et de même, les valeurs qu'il indique dans le tableau ci-dessus ne sont que proposées, en un premier essai. Notons seulement que, grâce à la théorie de Wegener, aucune hypothèse spéciale n’est à invoquer pour expliquer les périodes de glacia- tion des temps quaternaires. Le climat steppi- que, essentiellement continental, reconnu en .Europe occidentale pendant les périodes inter- glaciaires, est difficilement conciliable avec la présence d’un océan Atlantique. Et si l’on doit admettre qu'au Quaternaire la Sibérie avait un climat plus chaud que l'Europe, ce fait s'expli- que de lui-même dans la théorie de Wegener. Le déplacement du pôle Nord, au Quaternaire, d'Amérique versl’Europe, résoudrait aussile pro- blème des glaciations américaines, dont la plus ancienne semble avoir précédé sensiblement notre première phase glaciaire !. A la fin du tertiaire, Nathorsta montré que les flores de l’Asie orientale témoignent d’un ré- chauffement graduel du climat, pendant que les périodes glaciaires se préparaient en Europe; c'est là un fait presqueincompatible avec la no- tion de l’uniformite climatérique, et qui vient appuyer l'hypothèse d’un déplacement des pôles ?. Pour les périodes antérieures, l’image que nous donne Wegener est tout aussi séduisante, La grande mer sud-européenne, la Thétys, aurait été pendant toute l’ère secondaire, et jusqu’à l'Oligo- cène, en pleine zone équatoriale,ce qui concorde remarquablement avec toutes les données strati- graphiques. É Enfin, pour la période carbonifère, nous avons vu déjà (fig. 5) quelle simplification admirable nous présentait Wegener,en faisant coïncider le pôle Sud avec le Cap, ce qui plaçait l'Équateur au Nord de l'Espagne et. au Mexique. VIII. — CausEs DES DÉPLACEMENTS CONTINENTAUX ET OBSERVATIONS ACTUELLES à Wegener garde une prudence parfaitement justifiée lorsqu'il cherche à définir les forces qui provoquent la dérive de continents. Il insiste sur le caractère très hypothétique de ce qu'il avance et sur le fait que nous r’avons encore aucune donnée positive sur ce sujet. ; Néanmoins, quelques grands traits se lais- sent reconnaître dans l'histoire de la Terre. Les 1. Cette antécédance est très contestée. Haug met en lumière le «remarquable parallélisme » des glaciations euro- péennes et américaines (Traité, p. 1872). 2. A. WeGENrR : in Geologische Rundschau, vol, II, p.289, 2 PV KVS BOUT A dE dé * a À \ ll À 1 16 lié ei ÉcrEe GAGNEBIN. — LA DÉRIVE DES CONTINENTS 303 continents se sont déplacés d’une part vers l'Ouest, d'autre part vers l’Équateur. Ainsi s'ex-- plique d’abord le plissement méridien des Ro- cheuses et des Andes, au front d’avancée, vers l'occident, de l'Amérique. Et de même la pré- sence des guirlandes d’iles à l’est de l'Asie et de l'Australie, et encore la courbure des Antilles et des iles Sandwich. Cette migration vers l'Ouest pourrait bien être causée par la rotation de la Terre. Le mouvement des masses continentales vers l'Equateurse manifeste surtout en Eurasie, par - le plissement des grandes chaines hereyniennes et alpines. Car l'Équateur, d'après Wegener, se trouvait sur leur parcours lors de leur formation. Voici comment, d’après W. Koppen, Wegener essaie de motiver ce mouvement. Le centre de gravité d’une masse continentale se trouve environ à 2,4 km. au-dessus de son centre de poussée archimédienne, c’est-à-dire qu'il est davantage soumis à la force centrifuge et sous l'influence d’une pesanteur moins intense. Les verticales de ces deux points ne seront donc pas rigoureusement parallèles (si ce n’est aux pôles et à l’Équateur), mais feront entre elles un angle très obtus, qui sufhrait à provoquer une petite « résultante » horizontale dans le cou- ple que forment la poussée et la gravité. Cette petite résultante, dans le sens de l’Équateur, serait l’une des causes de la dérive des conti- nents !. Il est plus intéressant pour nous de connaître le résultat des mesures géodésiques dans les- quelles Wegener trouve une confirmation de sa théorie. En 1912, lorsqu'il l’exposait pour la première fois, Wegener espérait que les observations astronomiques décèleraient un élargissement encore actuel de l'Atlantique, une distance de plus en plus grande entre l'Amérique et l'Europe. Ilestime encore,d’après les évaluations de temps, les plus sujettes à caution du reste, que l'Amérique a dû s’écarter de l'Europe avec une vitesse moyenne de 2 à 3 m. par an. Mais aucune détermination géodésique n’est venue prouver que ce mouvement dure encore. Par contre, il semble bien que le Groenland s'éloigne, actuellement, de l'Europe. La comparaison des mesures de longitude faites au Groenland par Sabine en 1823, par Bürgen et Copeland en 1870, enfin par Koch en 1907, en tenant compte des inexactitudes possibles, per- met de reconnaître un déplacement vers l’ouest assez important. Il aurait été d'environ 400 m. 1. WecEewrr, loc, cit,, p. 121. — Kôppen a donné tous les développements mathématiques de cette hypothèse, entre 1823 et 1870, de plæs d'un kilomètre entre 1870 et 1907 !. Il faut ajouter que la valeur de ces mesures a été contestée par plusieurs adversaires de Wegener?, mais sans qu'ils puissent nier le caractère étonnant des données de Koch, qui ont été acquises avant que l’on songe à la dérive des continents. : L’indication d'un mouvement actuel des masses continentales ne serait évidemment pas une preuve de l’action de ces mouvements dans le passé. Toutefois, si l’on pouvait constater bien clairement, par des mesures précises. une varia- tion dans les coordonnées géographiques d’un continent, ce serait une présomption sérieuse en faveur de l'hypothèse de Wegener. IX. — Conczusions Telle que nous l'avons exposée, telle que la présente Wegener, la théorie de la dérive des continents ne résiste pas à toutes les critiques. Son auteur la donnait encore en 1912 pour une «hypothèse detravail»; depuis,ila pris de l’assu- rance;ilreçoitassez aigrementles objections des géologues et déclarait en 1921 : « je ne connais aucun géophysicien qui repousse ma théorie 3», Il n’est cependant pas difficile de relever, dans la brochure de Wegener,des contradictions et des erreurs; on peut lui opposer soit des rai- sonnements, soit des faits. Je crois qu’il importe surtout d’établir avec soin une distinction nette entre l’idée fonda- mentale d’une part, à savoir la dérive des con- tinents, leur réunion autrefois en masses diffé- rentes des nôtres, l'absence de ponts continéntaux effondrés, le déplacement des pôles, et d’autre part les considérations prématurées touchant l’orogénèse, la constitution de l’écorce terrestre, l'isostasie, ete. Le tort de Wecener est de tout vouloir expliquer. Or, parmi les phénomènes de la nature, etles phénomènes géologiques spécia- lement, il en est bien peu à quoi l’on puisse assi- gner des causes purement physiques. Il faut éta- blirla réalité des faits avantd’en vouloirconnaître la cause. Tel est le cas, par exemple, pour les nappes de recouvrement qui forment nos mon- tagnes. « On dit souvent /a théorie des grandes nappes, pour désigner cette découverte. En réa- lité, ce n’est point une théorie, c'est l'expression 1. W:Gener, loc. cit., p.127. — Référence donnée : Dan- mark-Ekspeditionen til Gronlands Nordastkyst 1906-1908 un- der Ledelsen af L. Mylius-Erichsen, 6 (Meddelelser om Grün- land, 46), Kjobenhavn, 1917, 2. Spécialement par A. PrNCKk Erdkunde, 1921, p. 115-117. 3. Zeitschr. Gesellsch. fir Erdkunde, 1921, p. 130. Zeitschr. Gesellsch. für 304 Colonel DÉVÉ. — LE BRUIT DES AVIONS É d’un fait, dont la théorie, c’est-à-dire l’explica- tion, est encore très lointaine !. » L'étonnante concordance de l'Amérique du Sud et de l'Afrique est un fait. La coïncidence extraordinaire des chaînes de l'Amérique du Nord avec celles de l’Europe, qui se complique encore de la jonction des moraines frontales, est un fait aussi. L'idée du déplacement des masses céutinentales est une hypothèse, mais qui vient simplifier tant de questions diverses et qui appelle des vérifi- cations si importantes, qu'on ne peut nier sa grande valeur, Pour comprendre le plissement des chaînes européennes, Marcel Bertrand admettait déjà une avancée du socle africain vers le Nord. L’ampleur que Wegener donne à cette notion vient rendre intelligibles du coup les migrations intercontinentales, l'identité des boucliers Canadien et Baltique, l’étendue de la terré de Gondwana, la torsion des arcs de la 1. P. Termier : Epilogue de la Face de la Terre de Suess; édition française, 3° vol., p. 1715. Sonde, des Antilles, des iles Sandwich; la paléo- climatologie esse d’être une énigme insoluble. Après cela, que les fonds océaniques soient composés de sima ou de sal ,que les plissements superficiels se voient deux fois décuplés à la base des continents, ce sont des questions où notre ignorance est encore totale, et rien ne sert de conjecturer dans le vide. Il est beaucoup plus urgent de vérifier la tectonique du Brésil et de la Guinée, d'explorer avec soin les régions encore mal connues, d’étu- dier attentivement les faunes sédimentaires qui nous renseignent sur les climats anciens. En donnant un nouvel intérêt à ces recherches, Wegener fait une œuvre féconde; son idée ne pourrait s’honorer d’un qualificatif plus beau que celui qu'il avait d’abord trouvé : c’est une hypothèse de travail. Élie Gagnebin, Docteur ès sciences, Assistant au Laboratoire de Géologie de l’Université de Lausanne, LE BRUIT DES AVIONS' Dès le début de la grande guerre, le bruit des avions attira chaque jour l’attention de tous ceux qui setrouvaientdansla zone desarmées. L'avion, dont en entendait le ronflement, était-il ami ou ennemi ? C'était une question qu’on résolvait facilement en plein jour, à l’aide d'une jumelle ; mais, la nuit, on ne pouvait se faire une opinion que d’après le son, et certains observateurs, aux orëillés particulièrement exercées, étaient arri- vés à identifier au son les types d'avions. En 1917, le lieutenant Audoin, en collabora- tion avec M. Guy Ropartz, l’éminent directeur du Conservatoire de Musique de Nancy, avait analysé, à l’aide de boîtes de résonance, les sons émis par des avions. J’ai noté, d’après ces expé- rimentateurs, la tonalité du son fondamental de quelques types d’avion en service à cette époque : Gotha, mi grave (80 vibrations). Caproni, entre sol et solh. Voisin(Renault), entre la b et sol grave. Nieuport, fai grave. Mais le son fondamental est combiné avec plusieurs sons complémentaires, dont les princi- paux varient avec la hauteur de l'oreilleau-dessus du sol, en sorte qu’un homme assis n'entend pas 1. Cette étude n été résuniée dans une note présentée à l'Académie des Sciences le 10 avril 1922, par M. Rateau * (C. R., t. GLXXIV). le même accord qu’un homme debout. Lephéno- mène est frappant quand on baisse et relève la tête. Le son monte très progressivement quand on se baisse; il redescend, à la manière d’une sirène qui va s'arrêter, quand on se relève. Les officiers de mon entourage s’amusaient souvent de cette expérience, etles passants non initiés regardaientavecstupéfactionces « fous » saluant jusqu’à terre les avions français ou allemands qui passaient au-dessus de leur tête. Dans quelques courts articles parus, il y a quelques mois, sous le titre « À nerw acoustical phenomenon », la revue scientifique anglaise « Nature » a rappelé ce phénomène de montée du son des avions, en l’attribuant d'une façon assez vague à la réflexion du son par le sol. Il m'a paru intéressant d'étudier de plus près le mécanisme des transformations que paraissent subirles bruits d'avions. Voici d’abord les faits d'expérience : I.— Les rarrs 1° À quelques centaines de mètres d’un avion, on n'entend plus que lebruitdu moteur; lenom- bre d’explosions à la seconde détermine le son fondamental de l'avion. Un avion qui descend en vol plané paraît silencieux. 2° Lorsqu'on se trouvesur un terrain dur(cour, Colonel DÉVÉ. — LE BRUIT DES AVIONS 305 mm ———————————— route, champ n'ayant que de courtes végéta- tions), la hauteur du son d’un avion passant à moins de45° du zénith, dépend de la hauteur de l'oreille au-dessus du sol. Le son perçu par l'oreille baissée ‘à 80 cm. du sol semble à peu près l’octave supérieur du son perçu quand on se tient debout. Le phénomène n’est pas per- ceptible pour un observateur placé à la fenêtre d'un étage. 3° Lorsque, l'avion étant près duzénith,on baisse la tête lentement jusque près du sol, le son paraît monter très- progressivement de plus de deux octaves; il repasse par les mêmes tons, quand on se relève ; k Le son perçu parait renforcé par moments, même si l'avion n’a qu’un seul moteur; ces ren- forcements de son n’ontpas derythme déterminé. IT. — L'EXPLICATION DES FAITS Voici comment il me semble qu'on peut expli- quer ces faits. 1. Montée du son. — Ce phénomène est l’effet de la combinaison des ondes directes avec les ondes réfléchies par le sol et de la forme de ces ondes. Si le son perçu était d’allure sinusoïdale, la superposition des ondes réfléchies aux ondes directes donnerait un train d'ondes de même période, quel que soit le décalage des unes par rapport aux autres. Pour un décalage d’un nom- bre entier de périodes, le son serait renforcé; il y aurait interférence complète pour un décalage d’une demi-période. Ainsi, en baissant la tête, c’est-à-dire en augmentant progressivement le décalage, on modifierait l'intensité du son, sans changer sa tonalité, ce qui n’est pas vérifié par l'expérience. On peut donc déjà conclure que le son d’un avion n’a pas une allure sinusoïdale. On le savait à priori, maïs il est nécessaire de se rendre compte assez exactement de l'allure de ce son pour comprendre les phénomènes observés. Le bruit du moteur dominant tous les autres bruits parasites, étudions le cas d’un moteur déterminé. Prenons pour exemple un moteur à 8 cylindres tournant à 1.500 t/m. [Il donne 4 ex- plosions par tour, soit 6.000 explosions par minute ou 100 à la seconde; il produit donc un son grave. La distance d'une onde à la suivante (je ne dis pas la longueur d'onde) est de 3 m. 40. Un homme d'une taille de 1 m. 80 a son oreille à environ 1 m. 70 du sol, S'il est debout, il reçoiten . même temps l’onde directe et l'onde précédente réfléchie provenant d’un avion volant au-dessus de lui, c'est-à-dire qu’il ne perçoit que le son fon- damental, mais il le perçoit renforcé, car il à son oreille, en quelque sorte, à un nœud de vibration d'un tuyau fictif allant de l'avion au sol. Dès 1839, Savart avait constaté un tel mode de renfor- cement du son; il pensait que, dans un bruit, l'oreille perçoit surtout le son composant dont l’onde réfléchie forme un nœud dans l'oreille de l'observateur. Si l’observateur baisse un peu la tête, il reçoit d'abord une onde réfléchie et aussitôt après l’onde directe. À 0 m. 85 du sol, il reçoit l'onde directe une demi-période après l’onde précédente réfléchie. À O0 m. 20 du sol, il reçoit l’onde directe, et, aussitôt après, son onde réfléchie. On verra plus loin que l’effet n’est pas tout à fait le même suivant que l'onde directe précède ou suit immédiatement uñe onde réflé- chie. Le moteur produit deux bruits principaux : l'explosion, qui est d'une durée très courte avec un front s’élevant brusquement, et l’échappement bruit dominant, présentant un front s’élevant aussi brusquement, mais suivi d’une détente relativement longue. Fig. 1. Supposons d'abord ces ondes infiniment cour- tes, c’est-à-dire réduites à de simples crochets, sur une bande d’enregistrement. En superposant un train d'ondes directes à un train d'ondes réfléchies décalées d’une demi-dis- tance de front (fig. 1), on obtient l’octave du son fondamental, ce qui estconforme à l'expérience (on constaterait le silence si l'onde directe était sinusoïdale). Toujours dans la même hypothèse, si, le pre- mier octave étant atteint, l’onde réfléchie conti- nuait à devancer l’onde directe, les mêmes inter- valles d'onde devraient se reproduire et l’on repasserait par toutes les tonalités précédemment perçues sans dépasser le premier octave. Il n’en est pas ainsi, car l’on constate la montée de la tonalité bien au delà du premier et même du deuxième octave; il faut donc renoncer à l'hypo- thèse simpliste et considérer des ondes ayant des formes et des intensités telles que celles qui sont réellement en jeu. Cherchant à expliquer le phénomène par la transformation d’un son fondamental unique, je ne considérerai que le bruit de l’échappe- ment, Chaque échappement produit une sorte 306 Colonel DÉVÉ. — LE BRUIT DES AVIONS —————_———— —…— — ——————_—____ de détonation, c'est-à-dire une onde à front s’élevant brusquement, suivie d’une détente qui s'étend pendant environ un demi-tour du moteur, en sorte qu'une onde complète d'échappement empiète sur les deux ou trois ondes suivantes. Le résultat de cette superposition doit être un train Fig. 2. — Onde directe. d'ondes de l'allure représentée par la figure 2. C’est l'allure du train d'ondes que reçoit l’ oreille à 1 m.70 du sol. Fig. 3 — Onde réfléchie. ._ A cetrain d'ondes directes, vient se superposer untrain d'ondes de même période et affaiblies (fig. 3). Si ce deuxième train est décalé d’un- Fig. 4. — Oreille à 0,85 m. du sol, demi-intervalle par rapport au premier, le train d'ondes perçues a l’allure de la figure 4, qui, conformément à l’expérience, représente* Fig. 5. — Oreille à 1,45 m,. du sol, bien l’octave du train de la figure 2, octave perçu par une oreille à 0 m. 85 du sol. Mais, sile train réfléchi, au lieu d'être décalé d’un demi-intervalle, est décalé d'une petite frac- tion d'intervalle, l’allure du train résultant est - très différente,suivant que ce décalageesten plus ou en moins; on obtient l’allure de la figure 5, quand on a baissé la tête à 1 m. 45 du sol, et l’al- lure de la figure 6, quand la tête est à‘0 m.25 du sol. À comparer ces deux figures, on comprend qu’on entende le son aigu ab de la figure 6, mais on n'est pas fondé à en déduire qu’on doive en- tendre le son be de même hauteur de la figure 5, car le point à, au lieu de se présenter comme un sommet, se présente plutôt commeun palier sur la figure 5. En fait, il semble bien qu’on n’en- tende que les sons 4b et ac de la figure 5. Quand on baisse la tête, l'oreille, attentive dès le début à suivre la montee progressive du son ab dela figure 5 jusqu’à l’octave ab de la figure#, la suit facilement jusqu’à la note aiguë ab de la figure 6. Il peut paraître surprenant que la note &b de la figure 6 soit entendue quand l'oreille n'entend pas le son bc de la figure 5; on peut expliquer cette particularité par la plus grande netteté de l’onde réfléchie, quand on la recueille près du sol; on ne recueille, en effet, dans ce cas, qu'une portion d'onde provenant d'une FRAELTEMARTEEE RE Be du sol. Fig. 6. — Oreille à 0,25 m. région tres limitée du sol; lorsque l'oreille est plusloin, elle reçoit successivement des élé- ments d’ondes réfléchies émanées de régions plus ou moins éloignées et différemment orientées; il en résulte que l'onde arrive défor- mée et produit un son confus. De même, une image optique peut paraître nette et bonne dans un mauvais miroir, à condition que l'œil soit tout près du miroir, et n’en utilise qu'un petite portion; l’image devient détestable et floue si l’on se recule de plusieurs mètres du miroir, de façon à faire travailler tout le miroir sur la même image. D'autre part, lorsqu'il s'agit d'une onde de 3 à 4 mètres,. une différence de 0 m. 30 dans le trajet d’un élément d'onde réflé- chie n’altère pas sensiblement la portion d’onde arrivant à l'oreille; la même différence déforme aucontraire complètement une onde d’un mètre; c’est pourquoi les ondes longues, c’est-à-dire les sons graves, sont plus renforcés que les ondes courtes par la réflexion sur le sol, pourun obser- vateur debout. Pour la même raison, la sensation de montée du son disparait complètement quand l'avion est à plus de 45° du zénith; l'onde arrivant très obli- Colonel DÉVÉ. — LE BRUIT DES AVIONS quement du sol émane d’une plus grande sur- face de terrain et les irrégularités de ce terrain rendent l’onde réfléchie tout à fait confuse. L'augmentation de netteté de l’onde réfléchie doitcompenserle peu d'intensité du son ab quand il est assez élevé. On peut objecter que l'onde,en se réfléchissant surle sol, doitêtre retardée d'une demi-longueur d'onde; mais cela ne modifie pas la théorie expo- sée ci-dessus. Le retard d’une demi-longueur d'onde n'intéresse que la détermination du niveau auquel il faut placer l'oreille pour enten- dre un son donné; d’ailleurs, par retard d'une longueur d'onde, il faut entendre : retard d'une demi-longueur d’une onde isolée et non pas retard de lademi-distance de deux fronts d’ondes. L’explication qui précède n’est pas rigoureuse, car elle repose sur l'hypothèse d’une forme pro- blématique des ondes sonores provenant de l’avion. Mais elle montre, au moins, qu'un phé- nomène acoustique inexplicable par des ondes de formesinusoïdale peut s'expliquer parla forme particulière des ondeset par la différence d’inten- sité des ondes composantes. Un autre phénomène vient contribuer à inten- silier les composantes aiguës, quard on approche l'oreille du sol. _ Aux délonations et à l'échappement, causes dominantes du bruit de l'avion, se mêlent beau- - coup d’autres sons, par exemple les vibrations des haubans, celles du moteur, le bruit du pas- sage des pales devant les plans de l’avion (son grave}; parmi ces nombreux sons, il y en a de très élevés, imperceptibles, quand ils sont couverts par les autres sons, mais qui peuvent devenir -perceptibles quandils sont renforcés; or, les dis- “tances au-dessus du sol, pour lesquelles ces -petits bruits se renforcent,sont proportionnelles - aux distances des fronts d'ondes, et, pour que - ces courtes ondes réfléchies ne soient pas con- fuses, il faut, comme on vient dele voir, qu’elles émanent d’une région du sold’autant plus réduite que l'onde est courte; on ne les perçoit donc que très près du sol. Le Professeur H. Hartridge à “envisagé cette explication en comparant le phé- nomène acoustique au phénomène d'interférence de la lumière exploité par Lippmann pour la pho- tographie des couleurs !; mais cette explication ne doit contenir qu'une part de vérité. Les bruits parasites ne jouent qu’un rôle secondaire dans les phénomènesobservés, car un homme debout “ne les entend pas. D'ailleurs, pour expliquer, | comme le professeur Hartridge, la montée pro- _gressive du son, il faudrait que le bruit de 1. Nature, N° 2697, Vol. CVII, page 586. 307 l'avion contint, avec unintensité presque égale, la suite continue de tousles sons possibles dans l'intervalle de plusieurs octaves. Si compliquée qué soit la nature du son de l'avion, on ne peut cependant pas lui attribuer cette constitution. Je pense qu’ilfaut tirer l'explication de la nature des bruits dominants, et l'explication que j'ai donnée en premier lieu paraît confirmée par une expérience de laboratoire facile à répéter. Un disque en bois tourne à environ 2.500 t/m. Ce disque est divisé en 24 parties égales. Sur chacune des divisions, on peut fixer un clou, traversant ou ne traversant pas ledisque,en sorte Q . .. - que, sur chaque joue du disque, on a une série Fig. 7.— Schéma du disque tournant. de clous. Lorsque le disque tourne, on obtient un bruit en appuyant à la main le bout d’une baguette taillee en anche sur l’une des séries de clous. En appuyant alternativement la baguette sur l’une et l’autre série de clous, on compare facilementles deux bruits produits parde petites percussions périodiques, qui représentent assez exactement les détonations périodiques du moteur. Voici comment se classent ces bruits d'après le nombre et la position des clous : 4 clous équidistants (n°* 1-7-13 et 19),son leplus grave. 8 clous (n°s 1-2, 7-8, 13-14, 19-20), son un peu plus élevé que le précédent. 8 clous (n°° 1-3, 7-9, 13-15, 19-21), son sensiblement plus élevé que le précédent. 8 clous équidistants (n0° 1-4,79-10,13-16, 19-22), octave de 4 clous. 24 clous équidistants, la quinte au-dessus du précé- dentou de son oclave ? (la complexité du bruit permet diflicilement d'en juger). De la première à la quatrième de ces dispo- sitions, la cadence se modifie bien comme les espacements des ondes directes et des ondes réfléchies, quand on baisse l'oreille de 1 m. 70 à 0 m. 85 du sol. On ne peut pas pousser plus loin la modification de la cadence, car on recommencerait le même cycle, la cadence 1-5, 7-11, 13-17, 19-21, qui peut s’écrire 5-7, 11-13, 17-19, 21-1, étant identique à la cadence 1-3, 7-9, 13-15, 19-21. 308 Colonel DÉVÉ. — LE BRUIT DES AVIONS Le phénomène de montée de tonalité d’un bruit n’est pas particulier au bruit desavions. Un observateur, placé sous un grand arbre, entend le bruissement des feuilles changer de tonalité et monter progressivement, quand il se baisse. Placé entre une cascade et un mur distant de un à deux mètres, il entendra encore la tonalité du bruit de la cascade monter, s’il se rapproche du mur. Cette curieuse impression a fait l’objet d’une assezlongue controverse entresavants allemands, et, dans une étude très documentée, M. F. A. Schulze ! prétend établir une théorie différente de’celle que je viens d'exposer. D’après ce savant, l’oreille ne percevrait que des sons réellement émis par la source sonore; les sons fondamen- taux existeraient avectoute la série de leurs har- -monique,est le bruit réfléchi par une surface plus ou moins éloignée renforcerait tels ou tels har- moniques du bruit direct, suivant la distance de la surface réfléchissante, M. F. A. Schulze a exécuté, avec tout leluxeexpérimental désirable, des expériences analogues à celle du disque à clous citée plus haut. Il a pensé reproduire des sons équivalents aux sons réfléchis, en seservant d’une sirène spécialement construite pour pro- duire deux sons fondamentaux décalés l’un par rapport à l’autre d’une quantité variable à volonté, et accompagnés de tous leurs harmo- niques ; il a noté les harmoniques dominants pour différents décalages et il a comparé ces résultats expérimentaux aux résultats du calcul appliqué au théorème de Fourier. On sait que, d’après Fourier, une vibration périodique de forme quelconque peut être considérée commelarésul- tante d’un son fondamental sinusoïdalet de cer- tains deses harmoniques également sinusoïdaux. Le calcul a confirmé l'expérience comme on pou- vait s'y attendre, puisque la sirène donne des sons de caractère musical avec de nombreux harmoniques; mais serait-il légitime d’en çon- clure que la théorie est applicable aux cas que nous avons considérés (bruit des avions, des arbres et des cascades)? Puisqu'il s’agit, d'après l'auteur, de renforcer certains harmoniques, n’aurait-il pas fallu considérer leurs intensités : or, un son, après réflexion, est très affaibli, et connaït-on d’ailleurs l'intensité des harmoni- ques avant réflexion ? S'il s’agit d'expliquer le phénomène de montée du bruit d'une cascade, est-il besoin de faire un calcul compliqué ? Ne suflit-il pas de considérer que ce bruit est la résultante du son de milliers de filets d'eau, de masses et de vitesses différentes, c’est-à-dire 1. Annalen der Physik, 1916, Band XLIX, p. 683. _devantles murs, par exemple, des loges de théà-" d’une quantité innombrable de sons; la surface réfléchissante ne renforce, pour l'observateur, que les sons dont la longueur d'onde /est un sous-multiple du double de la distance 4 de l'oreille au mur, c’est-à-dire ceux pour lesquels l’onde réfléchie arrive exactement en phase avec l’onde directe à l'oreille de l'observateur. Lorsqu'on rapproche l'oreille du mur, tous les 24 24 TES sons de longueur d'onde / — 24, l=— = 24 ! k = 7" quisont les sons renforcés, montent en même temps, à mesure que d diminue. Ainsi, du moment qu'on admet que le bruit est! composé d’une grande variété de sons, il est absolument inutile de s’embarrasser de la considération des harmoniques de la source sonore pour expli- quer le phénomène. Ilestàa remarquer que la présence d’un mur rapproché donne au bruit d’une cascade un cer- tain caractère musical, puisque tous les sons réfléchis se trouvent être les harmoniques d’un. son fondamental, constamment changeant d'ail- leurs, quand on se rapproche ou s’éloigne du mur. Cela conduit à une conclusion pratique. — L'effet qu’un mur produit sur le bruit d'une cascade, se produit évidemment aussi sur le” bruit d’un orchestre, et, comme la série de sons harmoniques renforcés par la réflexion sur le mur n’est qu’exceptionnellement dans le ton. de l'orchestre, l’effet est nuisible. Pour l’éviter, le meilleur moyen est d’amortir par des tentures. les sons réfléchis, comme on l’a fait avec un certain succès dans la Salle du Trocadéro et dans quelques autres salles de concert, pour supprimer des échos. Mais, là où l’on ne peut mettre de tenture, il parait indiqué d'éviter les larges surfaces murales unies et de leur substi- tuer des surfaces rompues par des saillies en échelons, de façon à brouiller les sons réfléchis qu'pn ne peut éteindre; de même, en Optique, on dépolit ou noireit les surfaces réfléchissantes gênantes. On sait déjà que des cellules placées tre, sont aussi propres à brouiller les sons réflé- chis, et, pour reprendre la même comparaison optique, on peut remarquer que les dimensions d'une loge sont aux dimensions d'un grain de verre dépoli dans le rapport des longueurs d'ondes acoustiques aux longueurs d’ondes lumineuses. | Quant à appliquer la théorie de M.F.A. Schulze« au bruit des avions, il me semble qu'il n’y faut pas songer. Le bruit des avions ne donne à con-" sidérer qu'une suite de détonations évidemment" Colonel DÉVÉ. — LE BRUIT DES AVIONS dépourvues d'harmoniques ; appliquer le théo- rème de Fourier à une suite de détonations pério- diques et considérer le bruit produit comme la résultante d’un certain nombre desons sinusoi- daux, ce serait prendre pour une réalité l’élégante fiction d'un mathématicien; on n'a pas le droit de faire jouer et interférer entre elles des com- posantes fictives. Ainsi, la théorie de M. F. A. Schulze ne peut s'appliquer qu’à une source sonore émettant des harmoniques ; elle est inutilement compliquée, s’il s’agit d'un bruit composé d’un très grand nombre de sons variés quelconques; elle est inapplicable au cas des moteurs d'avions, ou, plus généralement, au cas de percussions ou d’explosions périodiques. 2. Renforcement apériodique du son. — La sen- sation de hauteur d’un son ou d’un bruit est perçue même quand il ne passe qu'une seule onde. La détonation d’un fusil est plus aiguë que celle d'un canon; l'artillerie lourde a un son beaucoup plus grave encore. Il en est de même des ondes de choc; nul ne confondra le claque- ment d’une balle de fusil, avec le claquement d’un gros obus. La sensation de hauteur parait donc produite par la longueur de l’onde, c'est- à-dire par l'intervalle qui sépare le passage de deux maxima de pression. Dans le cas des détonations, les deux maxima sont la demi- onde condensée qui suit immédiatement le front d'onde et l’extrémité postérieure de la demi-onde dilatée (qui, par suite de l’élasticité du milieu, peut être lesiège d’un second front d'onde très faible par rapport au premier). La longueur de l’onde dépend évidemment du vo- lume d’air déplacé par la détonation ou par le projectile (onde de choc); il est donc naturel que les gros canons et les gros projectiles émet- tent des détonations ou des claquements beau- coup plus graves. Cette sensation de l'oreille au passage d’une onde isolée n’est pas infiniment courte ; il y a certainement une durée de persis- tance des impressions auditives, commeily a _une durée de persistance des impressions lumi- neuses ; l'oreille doit rester en résonance pen- 309 dant un temps appréciable. Si de nouvelles per- cussions arrivent en phase avec la première pendant que l'oreille est encore en résonance, le son doit paraître renforcé et prolongé. Ce phénomène doit se produire lorsque la distance de deux fronts d’ondes est un multiple exact de la longueur d’une onde de détonation. Or, si l’on peut considérer comme à peu près constante la longueur d’une onde émise par le moteur, la distance de deux fronts consécutifs est essentiel- lement variable ; elle dépend, en effet de la vitesse de rapprochement ou d’éloignement de l’avion; on conçoit donc que, pour certaines valeurs de cette vitesse, le son fondamental ou quelque son complémentaire puisse paraître renforcé. D'autre part, l'intervalle de deux percussions successives détermine un son de tonalité défi- nie; si, parmi les intervalles des percussions prises deux à deux; se trouvent des multiples ou des sous-multiples de la longueur d'onde consi- dérée, le son doit être renforcé. Ainsi, lorsque les ondes se succèdent à intervalles réguliers, la tonalité est bien caractérisée. Lorsque, en” outre, les distances qui séparent les fronts d’on- des sont égales aux longueurs d'onde où à des multiples de ces longueurs, le son est musical. Le phénomène du renforcement du son est. également sensible quand on baisse la tête pour observer la montée de la tonalité. Une autre cause intervient alors : quand il n’y a pas de rapport simple entre les sons ab — be — et ac, il n’y a pas de renforcement, mais si l’une de ces longueurs est un multiple ou un sous-multi- ple de l’une des deux autres, il doit y avoir renfor- cement de l’un au moins des deux sons. On en peut dire autant de tous les sons composant le bruit de l'avion. Je ne parle pas des battements que donnent les avions à deux moteurs ; ils proviennent d’un petit écart de synchronisme des moteurs. Le renforcement du son est donc dû à des causes différentes dont les manifestations, dé- pendant de la situation et de la marche de l'avion, ne peuvent produire d’eflet rythmé. Colonel Dévé. 310 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX BIBLIOGRAPHIE ANALYSES ET INDEX 4° Sciences mathématiques | Richard (P.J.). — Théorie mathématique des assu- rances (2° édition). — 2 vol, in-16° de 452 et 320 p. de l' « Encyclopédie scientifique » (Prix 24 fr.; cart., 28 fr.). G. Doin, éditeur, Paris, 1922. bruckhés, La première édition de ce livre, publiée en 1909 par MM. P. J. Richard et Petit, constituait déjà un ouvrage très intéressant dont il a été rendu compte dans la evue (année 1908, p. 456). Cette seconde édition, complétée etremaniée par M. P. J. Richard, est un traité très com- plet de la science des assurances. Dans le rer volume, M. Richard rappelle d’abord les notions indispensables du calcul des probabilités et de la théorie du jeu et il en fait immédiatement application aux probabilités viagères résultant de statistiques éta- blies suivant des règles que l’auteur commente et dis- cute avec soin. Le calcul des primes pures de toutes les combinaisons possibles d'assurances forme la seconde partie du livre; il est suivi de l'établissement des tarifs et des calculs d’inventaires par les diverses méthodes employées. Le second volume est presque entièrement nouveau et traile de toutes les assurances autres que celles repo- sant seulement sur la vie humaine : assurances contre l'invalidité, contre la maladie, assurance complémen- taire (dont M. J. Richard est l’un de ceux ayant le plus contribué à la faire connaitre), assurance de responsa- bilité civile, assurance des choses. Passant ensuite à un sujet beaucoup plus complexe, l’auteur étudie les bases techniques des assurances sociales, en rappelant les éternelles discussions sur la capitalisation etla répartition (nos législateurs auraient grand besoin de lire cette partie de l’ouvrage!). M.J. Richard est un dirigeant de société d'assurances ; aussi traite-t-il la question de l'assurance contre les accidents du travail d'une façon réellement supérieure et telle que nous ne l’avions pas vue jusqu'ici exposée aussi clairement. L'ouvrage se termine par un appendice relatif aux Caisses d'Etat, aux tontines et aux Sociétés de capita- lisation sur lesquelles on a assez peu écrit, malheureu- sement d’ailleurs, car le manque de technique a permis la floraison de sociétés émettant des contrats consti- tuant des vols manifestes. Il serait diflicile d'analyser en détail le traité de M. Richard; la matière est trop complexe, mais la plume alerte de l’auteur a su rendre la lecture réelle- ment ag.éable même pour des profanes en matière d’as- surances ; cet ouvrage est le plus complet qui ait été fait jusqu'ici et l’auteur a droit à des remerciements et à des félicitations que je suis heureux de lui adresser ici au nom des Acluaires français, A. BARRIOL, Directeur de l'Institut des Finances et des Assurances. MINISTÈRE DES RÉGIONS LIBÉRÉES. — RECONSTITUTION FON- CIÈRE ET CADASTRE. — Emploi de la photographie aérienne aux levés cadastraux et aux levés géo- graphiques. Rapport sur les etudes techniques effec- tuées en 1919 et 1920 sous la direction de M. H,Rous- siLHE, /ngénieur Hydrographe en Chef de la Marine. — 1 vol. in-h de 116p. avecak pl. Imprimerie Hallu, Paris; 1921. , Ce rapport, que vient de publier le Ministère des Régions libérées, est relatif à l'emploi de la photogra- phie aérienne aux levés cadastraux. La question n'est pas nouvelle pour les lecteurs de cette evue, qui se souviennent certainement de l'arti- cle paru dans le n° du 30 mai 1920, sous la signature du capitaine Guillemet, concernant l'application de la pho= tographie aérienne aux travaux topographiques et en particulier à la réfection du Cadastre prévue par la loide 1898, et du compte rendu bibliographique de la publica- tion par l’Imprimerie nationale du travail de M. Rous- silhe « Application dela photographieaérienne aux levés topographiques de précision », paru originairement dans les Annales Hydrographiques de 1917 (n° 709), dont le présent rapport constitue en réalité la suite. M. Roussilhe, affecté en janvier 1919 à la Direction de la Reconstitution Foncière et du Cadastre au Ministère des Régions libérées, présente dans la première partie de son rapport la description et l’étude expérimentale de l'appareil de pholorestitution, tel qu'il a été et tel qu'il doit être définitivement établi, avec les résultats obtenus dans la région de Serris (Seine-et Marne), dont le Cadastre avait été refait en 1914 sous Le régime de la loi de 188 et qui permettait donc toutes les comparai- sons utiles. La 2° partie du travail expose la méthode à suivre pour obtenir la restitution d’un cliché et les éléments nécessaires à la rédaction du plan, Les premiers trayaux de l’auteur avaient d’abord eu pour objet la rédaction des plans aux échelles compri- ses entre le 1/1.000 et le 1/5.000. Mais il a été amené à envisager aussi les échelles situées entre le 1/5.000 et le 1/20.000.Les conditions d'emploi de la photographie aérienne pour les levés, ainsi que la description de l'ap- pareil spécial utilisé, sont exposées dans la troisième partie, Les recherches de M. Roussilhe lui ont permis de constater les déformations apportées aux clichés par les obturateurs plans focaux: Or la précision qu’exige la rédaction cadastrale impose une limite à ces défor- mations, et a nécessité la construction d’un instrument nouveau, l’obturateur d'objectif à grande vitesse, qui permet des temps de prise compris entre le 1/150 et le 1/300 de seconde. Enfin il a fallu réaliser un magasin automatique à grande capacité et le montage sur un même avion d'appareils à prise de vues à axe vertical et à axes inclinés. La quatrième et dernière partie du rapport s'occupe de ces questions annexes, : me “ol ie asddté À +2 séat aff NT 4 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 311 L 2 37 tableaux numériques et 24 planches accompagnent le texte de ce rapport, dont les techniciens de latopopho- tographie devront prendre connaissance et qui laissevoir à quelles mains habilesie Ministère des Régions libé- rées a su confier son important service de la Reconsti- tution cadastrale de la zone dévastée, L. Porin. Lecornu (Léon), Membre de l’Institut, — Dynamique appliquée, 2° édition, revue et corrigée. — 2 vol. in-16 de 394 et 339 pages avec 149 figures dans le texte; de l'Encyclopédie scientifique (Prix : brochés, 24 fr.; cart.: 28 fr.). G. Doin, éditeur, Paris, 1921. La Dynamique appliquée, de M. Léon Lecornu, dont une dernière édition vient de paraître dans l’Encyclo- pédie scientifique du D' Toulouse, atteint admirable- ment le but de cette importante collection : présenter pour chaque branche de la science, théorique ou appli- quée, un exposé systémalique des résultats el surtout des méthodes, Le domaine de la Dynamique appli- quée, même en deliors de la Thermodynamique et de l’Electricité industrielle, que M. Lecornu exclut de son cadre, est déjà tellement vaste et continue à se dévelop- per si rapidement, qu’il serait vain de chercher à le décrire en entier, füt-ce en y consacrant de nombreux volumes. Grouper, au contraire, un ensemble d’exem- ples propres à montrer comment doivent être abordées scientifiquement les recherches pratiques qui relèvent de la Dynamique, tracer les méthodes sans entrer dans les détails, donner, cependant, pour les sujéts que le cadre restreint de l’ouvrage permet seulement d’effleu- rer, les indications bibliographiques nécessaires en vue de leur étude complète, tel est, résumé dans les termes mêmes employés par M. Lecornu dans son Avant- propos, le programme éminemment utile réalisé par l’auteur. L'ouvrage est divisé en 4 parties : I) Résumé des théories de la Mécanique rationnelle ; II) Propriétés mé- caniques des solides naturels; III) Applications diverses .de la Dynamique; IV) Théorie des machines. La première partie (53 p.) rappelle, sans entrer dans les démonstrations, les résultats à connaître pour com- prendre le reste de l'ouvrage. Les questions traitées dans les trois auires parties sont d’une extrême variété et nous ne pourrons en don- ner qu'une faible idée par l’'énumération des chapitres : Deuxième partie: Elasticité, Frottement de glissement (notamment dans les engrenages), Résistance au roule- ment, Résistance au pivotement (notamment les roule- ments sur billes), Raideur des cordes, Résistance del'air (50 pages), Effets des chocs (notamment celui des corps allongés),. = Troisième partie: Dynamique des ressorts (étude no- tamment des ressorts de véhicules), Théorie de l’indi- cateur de Watt, Mouvements pendulaires, Effet gyro- scopique, Mouvements divers (axes flexibles de turbi- nes, etc.), Pelils mouvements d’un système matériel (stabilité, ete.). Quatrième partie : Production et utilisation de la force vive, Régularisation du mouvement (à signaler tout particulièrement), Freins, Dynamique des trans- missions (barres d’attelage, courroies, câbles, billes,etc.), Similitude dans les machines. On est heureux, en lisant ce livre, de constater, comime le souhaite M. Lecornu,que la Mécanique ration= nelle — et l’on peut ajouter les Mathématiques — ne servent pas uniquement-à la conquête des diplômes; tout ingénieur devrait avoir cet ouvrage sous la main, certain de gagner un temps précieux, soit qu'il y trouve immédiatement la réponse complète à la question qu'il se pose, soit qu’il y trouve rapidement le point de dé- part et la manière de développer son travail. Tu. Gor, Ingénieur de la Marine, Docteur ès sciences. Willotte (H.), /nspecteur général honoraire des Ponts et Chaussées. — Lois mathématiques de la Résis- tance des fluiies. — Th:orie de l'Hélice. — 1 vol. in16 de 300 pages avec fig. de l'Encyclopédie scienti- fique (Prix : broché, 10 fr.; cart., 12 fr.). Gaston Doin, éditeur, Paris, 1921. M. Willotte, dans son intéressant ouvrage, suit la marche normale : description des expériences, — formu- les empiriques, — encadrement de ces formules dans le schème de la théorie, ce qui donne à la science la forme déductive. On lira, avec plaisir, les 112 premières pages, où l’au- teur résume les données expérimentales récentes sur la résistance des fluides et sur l’hélice, Dans ces pages, les noms du Colonel Ch. Renard, d’Eiffel, de Rateau, de Sée, du Colonel Lafay reviennent souvent, C’est une matière neuve, difficile et de haute importance pour le navire comme pour l'avion, On doit remarquer qu’il y a beaucoup d’arbitraire dans la /orme des formules empiriques. L’approxima- tion fixée étant e, ce chilfre : permet de choisir libre- ment entre plusieurs formules, tous les paramètres dont on dispose restant dans des limites données. Ici, les faits sont si complexes et nouveaux, qu’on les enferme dans un filet à mailles très larges, en prenant des formules commodes. Après cela, M. Willotte se place délibérément dans le domaine de l’'Hydrodynamique, et il étudie les for- mes à donner aux solides en mouvement dans unfluide, Cetouvrage contient beaucoup de remarques utiles et intéressantes et le plan est très séduisant. En ce qui concerne l’hélice, je dois signaler que M. Rateau, dans son ouvrage récent (chez Gauthier- Villars, 1920), a suivi une tout autre voie, laissant de côté l’'Hydrodynamique du fluide parfait et utilisant des hypothèses dont la simplicité est admirable, La manière de M. Willotte est un peu plus théorique, tout en conservant toujours son orientation vers la pratique. ROBERT D'ADHÉMAR, Ingénieur des Arts et Manufactures, Docteur ès Sciences. 2° Sciences physiques Einstein (Alb.). — La Théorie dela Relativitéres- treinte et généralisée (7rad. franc. par Mlle J. 312 ROUVIÈRE). — 1 vol. in-8° de xx + 120 p. (Prix : 9 fr.). Gauthier-Villars et Cie, éditeurs, Paris, 1921. Parmi les nombreux ouvrages de vulgarisation sur la théorie de la relativité restreinte el généralisée et bien qu’il soit un des premiers en date (l'édition alle- mande date de 1916), ce petit livre, exposé de la théorie par son auteur lui-même, mérite d'occuper une place tout à fait à part. Dans certains de ces ouvrages, les idées fondamentales, quelquéfois même déformées, sont souvent compliquées de réflexions d’allure philosophi- que et métaphysique présentées de telle sorte que les faits scientifiques les plus certains prennent un caractère douteux. C’est au contraire un fait frappant, quand on lit les mémoires originaux de M. Einstein, que la sobriété du style et le souci constant qu'apporte l’auteur à ne rien mélanger de métaphysique aux faits scientifiques étudiés. Le plan de l'ouvrage esttrès simple. Dans une pre- mière partie, traitant de la relativité restreinte, l’au- teur, après quelques remarques sur le sens du criterium de certitude géométrique et sur les procédés de repé- rage dansl'espace, étudie tout d’abord l’espaceetletemps dans la Mécanique classique et expose la contradiction apparente existantentrele principe delarelativitétel que le conçoit cette mécanique et la loi de la constance de la vitesse de la lumière telle qu'elle résulte de l’expé- rience célèbre de Michelson. M. Einstein montre ensuite comment cette contradiction peut se lever en critiquant d’une façon profonde à la fois la notion de simultanéité dans le temps et celle de distance dans l’espace. On arrive ainsi aux formules bien connues de Lorentz et aux modifications des règles et des horloges en fonc- tion de leur mouvement. Ceci constitue l'essentiel de la théorie de la relativité restreinte, qui, en dehors del’ex- périence de Michelson, s'accorde parfaitement avec l'expérience de Foucault sur l'entrainement de la lu- mière par un liquide en mouvement et forme un cadre dans lequel s'adaptent merveilleusement les théories électrodynamiques de Maxwell et de Lorentz. La deuxième partie est consacrée à l'étude de la rela- tivité généralisée, L'auteur montre d’une façon progres- sive comment les résultats de la théorie restreinte sont insuflisants, comment l'identité entre la masse pesante et la masse d'inertie vient à l'appui d'un principe de relativité généralisé et il nous fait toucher du doigt, d’une façon remarquable pour un ouvragequi systéma- tiquement est privé de l'appareil mathématique, les différentes difficultés rencontrées : en particulier impos- sibilité de rapporter les mouvements à des corps solides au sens euclidien du mot, difficulté de définir le temps dans un système non galiléen. Ensuite sont indiquées les conséquences de la théorie : déviation des rayons lumineux dans un champ de gravitation (question qui n'avait pas encore été l’objet d'observations astrono- miques à l’époque oùle livrefut écrit), avance du périhé- lie de Mercure, déplacement vers le rouge du spectre des étoiles. Cette deuxième partie se termine par quelques ré- flexions sur l'Univers considéré comme un tout, ré- BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX OR TE SE NE flexions très intéressantes certainement, mais difliciles, peut-être même impossibles à soumettre à l’expérience et sur lesquelles il semble bien que l’opinion la plus sage soit celle qu'émet M. Em. Borel dans l'excellente préface qu'il a écrite pour la traduction de ce petit ouvrage : « que l’on se contente de se demander si la théorie nouvelle s'étend à toute la portion de l'Univers qui nous esl accessible et sion peut espérer qu'elle dure quelques siècles ». Enfin, en appendice trouvent place quelques remar- ques d'ordre mathématique très simple qui, pour les lecteurs qui voudront les regarder, éclaireront et préci- seront certains points du texte précédent. En résumé un excellent petitmodèle de vulgarisation, simple et concis, n’enveloppant pas les difficultés dans des phrases creuses, et l’on ne peut qu'être reconnais- sant à Mile J. Rouvière de l'avoir, par une traduction élégante et fidèle dans son ensemble, mis à la portée du public de langue française, R. Tairy, Maitre de conférences à la Faculté des Sciences de Strasbourg. Gattefossé (R. M.etJ.). — Nouveaux parfums syn- thétiques.— 1 vol. in-8° de 308 p. avec pl. hors texte. Publications Pierre Agence Lyon, 1921. Les rares ouvrages publiés jusqu’à ce jour surles par- fums synthétiques étaient fort incomplets et leurs au- teurs semblaient n’y avoir mis que ce qu’ils voulaient lais- ser perdre. Les exigences commerciales faisaient de la parfumerie synthétique une branche très fermée de la chimieindustrielle,çchaque parfumeur estimant qu’il déte- nait des secrets dont il ne voulait pas faire profiter ses concurrents. Il faut savoir gré à MM. Gattefossé d'avoir. rompu avec cette manière de faire et d’avoir rempli leur ouvrage de détails souvent inédits et derenseigne- ments que seule leur longue expérience et leur compé- tence indiscutable leur permettaient de donner. Après une introduction élémentaire à la chimie des parfums et une classification des parfums de synthèse, les auteurs abordent leur fabrication, étudiant métho- ” diquement chacun d’eux, classé suivant la fonction chimique à laquelle il appartient : alcools, phénols, oxydes, cétones, aldéhydes, etc., puis dans un chapitre bien détaillé le groupe des muses et celui de l’indol et du scatol. Enfin ils ajoutent à une documentation abondante des projets d'installation d'ateliers pour la fabrication du sulfate de méthyle, du gaïacol et de la vanilline, ce qui constitue une innovation dans cette littérature spéciale. C’est en somme un ouvrageclair,et consciencieux, où : le savantcomme le technicien puiseront des renseigne- ments sérieux, Si onajoute qu’à peine parue, la pre- mière édition est complètement épuisée, ce succès consti- tue le plus sûr éloge de l'ouvrage de MM. Gattefossé dont la seconde édition, sous presse, sera plus parfaite encore que sa deyancière, D'P. Bourcer. # BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 313 RE AE ; Cazeneuve (P.) et Morel (A.). — Résumé analyti- que du cours de Chimie organique, professé à la Faculté de Médecine et de Pharmacie (Lyon). Edition revue el mise au courant des découvertes récentes. — 1 vol. in-8° de 436 p. (Prix : 25 fr.), Baillière et fils, éditeurs, Paris, 1921. Les premières pages de ce petit 7raité de Chimie organique sont consacrées à l'exposition des notions du groupement fonctionnel et des différentes isoméries, Ces faits sont présentés simplement pour permettre de suivre, aisément l’enchainement qui relie les corps les uns aux autres, Dans la première partie sont successivement étudiés les corps non azotés à fonctions simple et multiple, les corps azotés, les corps organo-métalliques. En tête de chaque chapitre sur les différents groupes fonctionnels se trouvent des notions générales bien exposées et d’une ordonnance telle qu'elle frappe immé- diatement l'esprit. La seconde partie (série acyelique) est traitée sur le même plan. La troisième partie est réservée à l'étude des groupes complexes (matières colorantes artificielles, alcaloïdes, matières albuminoïdes, ferments),. 7 Les découvertes récentes et importantes en chimie organique, concernant les composés organo-magnésiéns, les catalyseurs, les alcaloïdes anesthésiants synthéti- ques, les composés arsenicaux sont parfaitement mises ‘au point, Il en est de même des notions nouvelles sur la cons- titution des corps naturels complexes, sucres, cellulo- ses, terpènes, alcaloïdes, glucosides, pigments végétaux et animaux, uréides, matières albuminoïdes, enzymes. Les auteurs pensent que ce Résumé analytique pourra rendre service aux débutants qui ne peuvent d'emblée aborder la lecture des Traités complets de Chimie orga- nique ; nous croyons qu’il servira également à tous les étudiants au cours de leur scolarité pour une revision rapide de leurs connaissances. LE A. Goris. 3° Sciences naturelles Stevens (F.L.), Professor of Plant Pathology in the University of Illinois, and Hall (J.G.), formerly assis- tant in Vegetable Pathology in the North Carolina Agri- cultural Experiment Station. —Diseases of Economic plants. Xevised editionbyK.L.Srevens. — 1 vol. in-8e de507 p. avec 288 fig. (Prix cart. : 3,90 doll.). The Muc- - millan Company, New York, 1921. Il est peu de branches de la Science appliquée où se manifeste plus d'activité que dans le domaine de la Phytopathologie, Dans cette partie de l'Agriculture, la Science a pris le pas sur l’empirisme dont l’eflicacité restait très restreinte; elle a montré combien elle y était indispensable au progrès, En peu d'années, la moisson a été immense ; on peut s'en rendre compte en feuilletant les traités actuels de Phytopathologie. Les progrès ont été en progression géométrique, pourrail:on dire, à mesure qu’on se rapproche de l’année actuelle, Rappelons que si le traité de Frank date de 1880, celui | de Sorauer de 1874, celui de Prillieux n’est que de 1895, celui de Ward de 1896. L'enseignement officiel de la Phytopathologie chez nous date de Prillieux. Stevens nous apprend qu'avant 1875 il n’y avait pas aux Etats- Unis d'enseignement de ce genre. Les premières mala- dies bactériennes des plantes ont été reconnues par Prillieux et par Burrill en 1878 et 189. puis une éclipse de vingt ans se fait sur cette question. La bouillie bordelaise de Millardet date de 1885. Les progrès, depuis ces âges héroïques de la Phytopathologie, peuvent se mesurer à l'examen de nos actuels traités; en France : Delacroix et Maublane, Ducomet, Bourcart, Mangin, Eriksson (traduction Blaringhem), Vermorel et Dan- tony; en Angleterre : Massee; en Italie : Savastano, Briosi et Cavara, Ferraris; en Allemagne : Sorauer (42 édition, 1921, pour le T, II, parasites végétaux) ; en Suède : les traités d’Eriksson ; aux Etats-Unis existent plusieurs traités, les chaires de Phytopathologie sont nombreuses dans les Universités, l'étude des maladies des plantes est remarquablement organisée dans un sens très pratique qui n’exclut pourtant pas toujours le souci des grandes questions de biologie du parasi- tisme, d’une utilité moins immédiatement visible, Il nous suflira de rappeler, à ce dernier point de vue, les noms de Erwin F, Smith et Jones. Parmi les très nombreux travailleurs qui ont publié d'importants travaux, nous pouvons citer au hasard les noms suivants parmi les contemporains : Bessey, Atkin- son, Halsted, Stevens, Hall, Whetzel, Carleton, Free- man, Stakman et Levine, Duggar, Reddick, Coons, Hedgeock, Orlon, Olive, Shear, Massey, Johnson, Pam- mel, Taubenhaus, Rand et Pierce, et combien d’autres dont les publications sont éparses dans la revue Phyto- pathology, dans le Journal of Agricultural Research et dans les abondantes publications du Department of Agricullure. Celui-ci, par une propagande savamment organisée, s'efforce d’aller répandre les derniers pro- grès de la Science jusque dans la ferme de l’agriculteur sous une forme vulgarisée, mais qui frappe cependant Par sa tenue, par la préoccupation visible d'expliquer théoriquement les faits avant de donner les « recettes » de traitement. Ajoutons que chaque Collège d'Agriculture des Universités des Etats (car les Ecoles d'Agriculture sont ici des annexes des Universités!) a ses publications. et, chez certains, comme l’Agricultural College de l'Uni- versité d’Ithaca, elles forment d’'imposantes collections. EL Re 1. Quand réformera-t-on chez nous dans ce sens l'organi- sation surannée de notre enseignement agricole? Des per- sonnalités agricoles comme M. Viala ne craignent pas de proclamer la nécessité de la fusion de l'Enseignement supérieur agricole avec les Universités. [1 faut souligner, à ce sujet, les paroles prononcées par ce savant et praticien dans son discours à l’occasion des fêtes universitaires de nov. 1921 à Montpellier, devant M, le Président de la Répu- blique, dans les locaux de l'Ecole nationale d'Agriculture : «C'est parce que cetle école s’est impréynée de l'esprit et de la méthode de nos Facultés, qu’elle a pu contribuer au salut du vignoble, La condition essentielle de tout progrès agri- cole réside et résidera de plus en plus dans la Science, et cetie condition sera pleinement réalisée lorsque tous nos éta- blissements d'enseignement supérieur agricole feront partie intégrante de nos Universités, dans le Ministère de l'Educa- tion nationale. » 314 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX » ————.—………—…"…"…"…"…"…"…"…"—"…—……"…""—.—.…—…—"…—…——.—_—_————— Aussi bien tenons-nous à saisir l’occasion d'analyser un Traité américain pour mettre à l'honneur l'effort grandiose réalisé en Phytopathologie dars ce pays et reconnaître sa libéralité. Désirant nous tenir au cou- rant des progrès de la Phytopathologie, et en ayant exprimé le désir, nous pourrions aujourd’hui constituer une véritable bibliothèque des envois qui nous ont été faits des Etats-Unis. Mais il est temps que nous arrivions à l'ouvrage de MM. Stevens et Hall. Ce traité veut être, et est avant tout, un livre pratique: l’ordre de présentation est celni des grandes catégories de cultures; les diagnoses sont données en se limitant aux caractères qui peuvent être reconnus sans l’aide du microscope, mais des réfé- rences bibliographiques fort détaillées permettent de suppléer, pour qui le désire, à l'absence des caractères d’histologie pathologique et de morphologie des para- sites. Pour chaque culture sont détaillées les maladies principales, tandis que les« minor » sont traitées à la suite d'une façon beaucoup plus sommaire, 235 pho- pour chaque maladie les symptômes et, s’il y a lieu, certaines gographies, très nettes, reproduisent opérations cäractéristiques du traitement, avec, çà et là, quelques schémas. L'esprit pratique de la rédaction n'empêche pas l’au- teur de faire précéder son livre d’un court historique avec portraits, parmi lesquels celui de notre compa- triote Milliardet, pour qui le fait d’avoir établi la for- mule de la bouillie bordelaise vaut plus de gloire que maints travaux peut-être plus difficiles de lui-même ou d’autres savants. On constate chez les savants américains, si pratique que soit généralement le but poursuivi, une tendance à s'échapper parfois dans un domaine moins réaliste qui surprend un peu chez eux; le souci de la filiation des découvertes que comporte un historique en est une manifestation, Alors que nous n'avons pas encore écrit, en France, l'histoire de la Phytopathologie, Whetzel 1 nel’a-t-il pas déjà tenté? Mais c'est surtout dans le monumental ouvrage de Erwin F, Smith : Bacteria, et dans son Pacterial Diseases of Plants que l’on trouve la plus belle et la plus curieuse expression de cetle ten- dance à s'échapper parfois du cercle des faits positifs pour s'élever à des considérations historiques ou de haute philosophie sur la recherche scientifique, sur Véthique du chercheur, les qualités intellectuelles et morales qu'il doit posséder. Nous tenons à souligner ce fait, que nous méconnaissons peut-être trop et quicons- titue sans doute un symptôme de l’évolution de ce grand peuple dans une voie moins constamment ulilitaire, dans un domaine plus large de généralisation et d'idéal. A cet historique succèdent des chapitres dont nous ne pouvons donner que les titres, faute de place: Carac- tères des dommages causés, prévention et cure des mala- dies(méthodes générales); maladies générales parexem- ple Damping off », terme de jardiniers pour dési- gnerles altérations des germinations, boutures et autres plantes jeunes, en voie de croissance et particulière- ————————————————— 1. WuerzeL : An Outline of the history of Phytôpathology. Saunders, 1918, 130 p., 22 fig. ment faibles et sujettes aux attaques des parasites; les maladies des cultures spéciales (ce chapitre occupe natu- rellement la plus grande partie de l'ouvrage); les fongici- desetles appareils d’aspersion ; la désinfection du sol ; la Bibliographie. Celle-ci est précieuse et ne comporte pas moins de 556 n°, On est frappé de la faible part qui y est laissée aux publications étrangères à l'Amérique etc’est une impression que nous éprouvons presque tou- jours ensuivant les index bibliographiques des publica- tions américaines de cet ordre. La bibliographie est presque exclusivement américaine et le cas de E. F. Smith parait exceptionnel, Il existe là une tendance à aller au plus pressé qui expose à des omissions, Que de choses intéressantes et utiles il y aurait à relever au point de vue de la Phytopathologie pure si nous avions pu entrer dans quelques détails, car il y a beaucoup à apprendre dans un tel livre sur la pratique de certains traitements, sur le comportement des para- sites dans des conditions agrométéorologiques souvent différentes des nôtres, sur de nombreuses maladies que nous n’avons pas chez nous, maïs qui nous mena- cent d'autant plus que l’activité des relations interna- tionales est devenue plus considérable et opère un « brassage » plus intensif des produits végétaux et... de leurs parasites. En fin de compte, nous serions heureux d’avoir alliré l'attention sur cet excellentouvrage, très caractéristique de la manière de nos amis d'Amérique; il nous est agréable d’avoir l’occasion de leur présenter le témoi- gnage de notre admiration et aussi-de notre reconnais- sance personnelle pour l’obligeance et la libéralité avec laquelle ils veulent bien mettre à notre portée les fruits de leur puissant labeur. J. BRAUVERIE, Professeur à la Faculté des Sciences de Clermont-Ferrand. Chaine (J.), Professeur à la Faculté des Sciences de Bordeaux. — Anatomiecomparative. — 1 vol. in-8° de 280 p. (Prix: 14 fr.). J. B. Baillièreet fils, éditeurs, Paris, 1922. °. Le petit livre que M. J. Chaine vient de faire paraître se divise en deux parties. Dans la première, qui est la plus considérable, l'auteur définit l'Anatomie compara- tive, indique quel est son objet, quelles sont ses métho- des, quel est son but; la seconde partie est consacrée à l'examen et à la critique du langage anatomique actuel ainsi qu'à l'exposé des tentatives (auxquelles M. J. Chaine a pris, comme l’on sait, une très large pari) de réforme de la nomenclature. Les questions très générales qu’aborde M. J. Chaine ‘sont évidemment de celles qui appellent le plus la dis- cussion, et l'auteur ne s’étonnera pas si, sur les divers points dont il traite, d'autres anatomistes émettent des avis différents du sien. Je me bornerai à quelques obser- vations. Je pense par exemple qu'il n’est pas exact de dire que l’anatomiste comparatif n’est pas obligatoire- ment un « homme delaboratoire » ; je crois au contraire que les faits recueillis par le descriptif pur ne peuvent jamais avoir pour lui une valeur comparable à celle des faits qu'il recueille lui-même; bien des détails, et sou- « PR VI ON ONE Pr BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 315 vent les plus importants pour la synthèse, échappent à qui n’est pas guidé par le souci même de cette synthèse, En poursuivant ses longues et patientes recherches sur le musele dégastrique, M. J. Chaine a d'ailleurs montré qu'il était bien de ce sentiment. Je trouve aussi que M. J. Chaine aurait pu insister sur ce que l’Anatomie comparative est la seule voie par laquelle on puisse parvenir à l'explication (et il ne peut être question en science que d'explication causale) des faits morphologiques. Il eut été amené ainsi à parler lon- guement des théories transformistes dont l’Anatomie comparative est la meilleure illustration. Ceci est une véritable lacune, mais sans doute une lacune voulue, puisque l’auteur annonce un autre livre où cette ques- tion ne pourra manquer d’être traitée. Il est enfin ün chapitre que j'aurais voululire dans le livre de M. J. Chaine; j'aurais désiré l'entendre réfuter les sophismes par lesquels on a cru pouvoir, en ces temps tout derniers, diminuer l'intérêt qui s'attache à l’Anatomie comparative, e même, d’une façon plus générale, aux études de Morphologie. Dans ses récents « Eléments de Biologie générale » (1920), M. Et. Rabaud a soutenu que le problème de l'adaptation morphologi- que est un problème qui ne se pose pas, qu’il n’existeen fait aucun rapport entre la forme de l’organisme et le milieu( voir parexemple chapitreIV,paragraphe 1,notam- ment pages 204 et 205). Et qu'on observe bien que ceci ne tend à rien moins qu'à enlever tout intérêt aux études morphologiques. Pour prouver qu’il n’y a aucun rapport entre la forme de l'organisme et le milieu, M. Rabaud fait observer que les. Poissons qui vivent dans le même milieu, l'eau, ont cependant les formes les plus variées. Le sophisme est transparent : on doit éntendre par milieu d’un organisme l’ensemble des conditions où il vit et non pas l’une quelconque de ces conditions prise séparément : il est manifeste que les conditions où vit la sole et celles où vit l’hippocampe soni loin d’être identiques... Ceci dit pour donner un simple aperçu des développements auxquels eût pu conduire une dissection soignée des « Eléments de Biologie générale » pratiquée par le morphologiste avisé qu'est M. J. Chaine. Ces développements eussent été dans son livre tout à fait à leur place; mais ce dernier était peut êlre déjà écrit lorsqu’a paru l’ouvrage _ de M. Rabaud, et personne ne reprochera à M. J, Chaine de n’avoir pas prévu des objections que la, logique ne pouvait pas permettre de prévoir, Quoi qu'il en soit, l’auteur, et c'est cela qu'il faut retenir, a fait un effort méritoire pour rappeler à ceux qui l’oublient que la Morphologie estla base fondamen- tale des études biologiques. Son livre contribuera cer- tainement, comme y a déjà contribué son exemple, à diriger les jeunes générations vers les recherches si fruc- tueuses et si pleines d'intérêt de l’'Anatomie compara- tive. R. ANTHONY, Professeur au Muséum. 4° Sciences médicales Apert (D'). — Vaccins et sérums. — 1 vol. in-16 de 282 pages de la Bibliothèque des Connaissances mé- dicales (Prix : 9 fr. 5o). E. Flammarion, éditeur, Paris, 1922. Le livre que le D' Apert publie dans la Bibliothèque des Connaissances médicalesrépond parfaitement au but poursuivi. C’est une excellente mise au point de la question complexe de la vaccino-thérapie et de la séro- thérapie. L'auteur passe en revue et expose d’unefaçon fort claire l'historique et les applications de tous les sérums et vaccins connus, Débarrassé des hypothèses et se basant sur des faits réels et parfaitement contrôlés, ce livre donne au lecteur une notion exacte de l’état actuel de la question. L'auteur a eu lui-même l’occasion de faire l'essai de la plupart des sérums et vaccins dont il parle; il résume en quelques lignes fort nettes l'opinion personnelle qu’il en a tiré. Ces paragraphes de judicieuse critique que l’on trouve dans la plupart des chapitres, font de ce livre autre chose qu’une froide revue générale : de ce fait, il doit être fort utile, non seulement à tous les médecins soucieux de se tenir au courant des progrès de la science, mais encore à toute personne que la biologie intéresse. D' GALLIoT. 5° Sciences diverses Gaudeifroy-Demombynes, Professeur à l'Ecole des Langues orientales. — Les Institutions musulma- nes. — 1vol. in-16 de x1r-192 pages (Prix : 4 fr. 5o). Ernest Flammarion, éditeur, Paris, 1921. En rendant compte dans cette Revue, il y a deux ans, de l’ouvrage du D' Insabato sur l’/slam et la politique des Alliés, jesoulignais l'importance qu'avait pour nous la connaissance de la religion musulmane, sur laquelle repose toute la vie sociale et économique des peuples qui la professent. Les événements qui se sont passés depuis ont confirmé cette appréciation, L'Angleterre rencontre de sérieuses difficultés dans l’Indeet en Egypte pour sa politique antiturque, tandis que notre accord d’Angora a exercéune répercussion heureuse en Afrique du Nord. Îl faut savoir gré à un spécialiste de l'Islam, aussi com- pétent que M, Gaudefroy-Demombynes, d’avoir fait œuvre de vulgarisation en résumant dans un petit livre les origines de la religion musulmane, son développe- ment, ses dogmes, ses rites, les points essentiels de sa loi familiale, enfin quelques indications sur le rôle que cette religion a joué dans la vie sociale des peuples qui l'ont adoptée. Une notice bibliographique, placée en tête de l'ouvrage, permettra aux lecteurs qui le désire- ront de compléter facilement leurs connaissances dans ce domaine, BR: C, ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Séance du 24 April 1922 1° SCIENERCS MATHÉMATIQUES. — M. E. Goursat : Sur la théorie des invariants intégraux. L'auteur montre que le procédé employé par M. Cartan dans ses Leçons sur Les invariants intégraux est équivalent à une com- binaison des méthodes d'H. Poincaré. — M. E. Vessiot: Sur les surfaces cerclées. — M. E. Cartan: Sur les équations de structure des espaces généralisés et l'ex- pression analytique du tenseur d’Einstein. — M; N. E. Norlund : Sur la formule d’interpolation de Newton. — M. B. Gambier: Sur les correspondances ponctuelles de deux surfaces et sur une classe de surfaces analo- gues aux surfaces isothermiques. 2° SCIENCES PHYSIQUES. — M, L. Lumière : Chemine- ment capillaire, diffusion et déplacement. Lorsqu'on dispose verticalement une bande d’un tissu quelconque préalablement mouillé, en repliant l'extrémité supé- rieure dans une cuvette pleine d’eau, celte eau chemine dans les interstices capillaires des fibres et vient se. résoudre en gouttelettes à réalise ainsi une sorte de siphon sans enveloppe exlé- rieure. L'auteur a mesuré la vitesse d'écoulement de ce l'extrémité inférieure. On siphon, et il a appliqué ce phénomène : 10 à l’élimina- tion des sels solubles retenus par la couche de gélatine des plaques photographiques au cours des manipula- tions; 2° au lavage des précipités; 39 à l'obtention d'extraits, — MM. A. Pictet et J. H. Ross : Sur la polymérisation de la lévoglucosane. Par polymérisation à une température constante, mais sous des pressions croissantes, la lévoglucosane donne desproduits (à 2, 4, 6,8 molécules condensées) dont les propriétés se rap prochent de plusen plus de celles des dextrines, — MM. G. Mailfitano et M. Catoire : L'amylocellulose considérée comme un composé d'acide silicique et d’amylose. Les éxpériences des auteurs les amènent à concevoir l’amylocellulose comme un composé de formule [SiO? (CSH100)1]R2, En tout cas, la résistance remarquable de l'amylocellulose doit être attribuée à la présence de silice. — M. P. Gaubert : Sur les cristaux liquides de phosphate de calcium. Les rhomboèdres de clivage-des cristaux de calcite pulvérisés, attaqués par l'acide orthophosphorique, donnent naissance à un liquide biréfringent, formé de cristaux liquides de phosphate de calcium. . 3° SCIENGES NATURELLES, — M. P. L. Mercanton: Etat magnétique de basaltes arctiques. L'étude magné- tique d'échantillons de basaltes recueillis dansl’ile de Disco, au Groenland (époque tertiaire), et à l'île Jan Mayen (époque moderne)montre qu'entre ces deux épo- ques l'inclinaison magnétique terrestre paraît avoir changé de sens dans les régions boréales, — M. S.Ste- fanesco: Surla phylogénie de l’'Elephas antiquus. L’au- teur déduit de ses recherches paléontologiques que’les trois espèces E. antiquus, Ë. meridionalis et Æ. africa- nus appartiennent à trois phylums différents d’élé- phants; elles ne sont pas liées par une filiation généa- logique directe, — M. A.Carpentier : Sur les Coni- fères et les Fougères du Wealdien de Féron Glageon (Nord). Par ses aflinités à la fois jurassiques et infracré- tacées, la flore de Féron se place bien dans le Weal- dien, c'est à-dire dans les couches de passage du Juras- sique au Crétacé et au Néocomien inférieur. — M. J. Ma- heu : Sur une tardive régénération de Mousse. L'auteur cite un cas de régénération, sous l’action de l'humidité, de Barbula muralis demeuré 14 ans à l’état de séche- resse absolue, avec production de nouvelles pousses feuillées par le développement de protonemas primai- res et secondaires, les premiers naissant sur des frag- ments de vieilles feuilles, par allongement de cellules nématogènes‘ donnant des propagules produisant par germination des protonémas secondaires bulbigènes. Les bulbilles se transforment sur place en plantes feuil- lées. — M. G. Nicolas : Des synanthies, à propos du Narcissus Tazetta Z. Chez cette plante, la synanthie est caractérisée par un moindre développement du tissu palissadique et de la chlorophylle, tant dans la hampe que dans les pédoncule# floraux. La synanthie serait donc due, non à un excès de nutrition, mais à un excès de nutrition déficiente. — M. P. Marchal : La meta- morphose des femelles et l'hypermétamorphose des mâles chez les Coccides du groupe des Margarodes. Les Margarodes mâles et femelles passent identiquement par les trois formes adaptatives suivantes : 1° larve primaire hexapode et migratice destinée à gagner la plante nourricière ; 2° larve apode et kystoïdale consa- crée à la croissance et secondairement adaptée à la vie fixée sur le végétal; 3° forme hexapode, astome et fouis- seuse, d'aspect larvaire mélolonthoïde. Tandis que la femelle est néoténique et arrête son évolution à cette forme larvaire, le mâle continue à évoluer pour arriver après 2 ou 3 autres mues à la forme ailée, en réalisant un exemple remarquable d’hypermétamorphose. — M. A. Vila : /n/fluence de la chaleur et de quelques dis- solvants sur la viscosité du sérum de cheval, L'acélone exerce sur le sérum une action coagulante, analogue à un effet thermique. Cette action peut être atténuée et même évitée en prenant certaines précautions. — M. Y. Manouélian : Recherches histomicrobiologiques sur la paralysie générale. Dans la paralysie générale, le tréponème n’est pas dans le cerveau comme il l’est dans un chancre, une syphilide ou une gomme ; il se trouve dans le tissu propre du cerveau. Bien plus, il pénètre dans le cytoplasme des cellules nerveuses du cortex. Séance du 1° Mai 1922 19° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. G. Mittag- Leffler : Le théorème de Cauchy sur l'intégrale d'une fonction entre des limites imaginaires. — M. E. O-Lo- vett : Généralisation d'un problème de Sophus Lie dans ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 31 1 la-géométrie des transformations de contact, — M. P. ; nissent des quindolines substituées., — MM. C.Deguide Painlevé: La théorie classique et lathéorie einsteinienne de la gravitation. L'auteur cherche à préciser les corré- lations et les divergences qui existent entre ces deux théories, — M. J. Chazy: Sur les vérificalions astro- nomiques de la théorie de la relativité. D'après l'auteur, si lerayon de l'Univers, supposé cylindrique ou sphé- rique, est d'ordre supérieur à mille années de lumière, la correctiondes longitudes des périhélies planétaires, mise par lui en évidence, est impossible à observer. Sile rayon de l'Univers est de l’ordre de mille années de lumière, la correction considérée est presque compa- rable aux observations actuelles, — M. J. Trousset : Les lois de Képler et les orbites relativistes. D’après l’auteur, en considérant non seulement la position, mais le temps, l'écart entre les orbites einsteiniennes et képlériennes est de l’ordre de 1 kilom. Aux distances ordinaires des planètes, rkilom. est vu de la Terre sous un angle de 1/1.000 de seconde d'arc. Tant qu’on ne saura pas observer avec cette précision, le mouvement du périhélie de Mercure sera le seul argument en faveur de la loi d’'Einstein. — M, P. Dienes : Sur la connexion du champ tensoriel. — M. P. Fatou : Sur le mouve- ment d'une planète dans un milieu résistant, — M. A. Séguin: Sur une machine automatique à multiplier. — M. J. Andrade : Les problèmes mécaniques des ressorts réglants. Le doublet sinusoïdal doit être préféré, pour l'essai d’une atténuatiôn de la perturbation d'inertie due à un spiral unique; mais le doublet symétrique a l’avantage de se prêter à une détermination expérimen- tale pratique de l'effet d'inertie, qui jusqu'ici n’a pas encore été évalué expérimentalement, — M. G. Guil- laumin: Sur l'équilibre des talus en terre cohérente. 2°SCISNCES PHYSIQUES. — M.St.Procopiu : Sur un effet électro et magnéto-optique des liquides qui tiennent des poudres métalliques en suspension. Tous les liquides renfermant des poudres métalliques fines en suspension présentent, soit dansle champ électrique, soit dans lé champ magnétique, une biréfringence négative; elle ne disparaît pas en même temps que le champ : il y a un temps de relaxation de 2 à 3 minutes.Ces mêmes liqueurs - présentent, en dehors de tout champ, une biréfringence - spontanée positive, due probablement à la chute des particules, — M. L. Royer : Sur l’inversion du pouvoir rolatoire dans les liquides anisotropes. Le cinnamylate de cholestérine pur montre l’inversion du pouvoir rota- toire pour une certaine longueur d’onde qui varie avec la température (déplacement vers les grandes longueurs d'onde quand la température décroit); la longueur d'onde de la couleur réfléchie varie dans le même sens que la longueur d’onde d’inversion; ces deux longueurs d'ondes semblent être identiques. — M, E. E. Blaise et Mlle Montagne : Action du chlorure de thionyle sur les acides-alcools «. En opérant sur l'acide glycolique, les auteurs ont obtenu d'une part le chlorure du chloro- sulfite glycolique, Eb. 98°-82° sous 16 mm., d'autre part, le chlorure chloracétylglycolique, Eb. 99°-r01°sous 19 mm, — M. E. Grandmougin: Sur les quindolines. Si l’on fait réagir sur l’indigo les amines primaires phé- noliques, on obtient les indigos diarylimidés qui, trai- tés par les acides minéraux en milieu acétique, four- ‘7 Ps du dus 3 ù 2 5 net." à die s me et et P. Baud : Un nouveau procédé de fabrication indus- trielle de la baryte pour le traitement des mélasses de sucrerie. Le prix élevé de l’'hydrate de baryte a jusqu'ici restreint son emploi en sucrerie, car il est diflicile à régénérer du carbonate, Les auteurs ont pallié à cet in- convénient en transformant le carbonate, par chauffage avec de la silice, en silicate tribarytique, qui, sous l’ac- tion de l’eau, libère une forte quantité d’'hydrate de ba- ryte. — M. L. Semichon : Sur la composition des vins de lies et des lies de vin. Il est facile de reconnaitre les vins de lies à leur composition spéciale. En pratique, il serait bien plus avantageux dans les installations vi- naires de passer de suite les lies bourbeuses que laisse le premier soutirage dans un filtre-presse, plutôt que de les laisser longtemps à digérer sur les bourbes, Le vin ainsi extrait au filtre-presse aurait sensiblement la composition du vin de soutirage, ne perdrait pas d’alcool ni d'acide tartrique, et serait marchand au même titre que le vin normal. 3° SCIENGES NATURELLES.— M, H. Joly : Sur la pré- sence d'écailles ou de lambeaux de charriage dans la chaine celtibérique. — M. P. Russo : Sur la constitu- tion géologique du territoire des Hauts-Plateäux et de Figuig (Maroc oriental). Toutle pays des Hauts-Plateaux est cénomanien; toute la région plissée qui le borde au Sud est paléozoïque, triasique et jurassique ; les plis de cette dernière région affectent la disposition en éven- tail et sont orientés d'W en E. — M.H. Lagotala : La chronologie du Quaternaire et les fouilles de Cotencher- — M. G. Corroy : Les Reptiles néocomiens et albiens du Bassin de Paris. Au Crétacé inférieur, dans le Bas- sin de Paris, on assiste à la décadence des Reptiles. Les Plésiosaures sont encore ceux qui persistent le mieux, tandis qu’on touche à l'extinction du groupe des Ichthyo- saures. Les Crocodiliens ont perdu la place prépondé- rante qu'ils occupaient à l’époque précédente et les Dinosauriens, si bien représentés au Wealdien encore, s’acheminent en hâte versla disparition, — M. P. Vuille- min: Aelations.entre les chlamydospores et les boucles mycéliennes.L’auteurattire l'attention sur leschlamydos- pores quioffrent avec les bouclesles mêmes relations que les asques et les basides. Ce cas se trouve surtout réalisé dansle genre Bornetina.—M.P.Bugnon :Sur la ramifica- tion dichotome dans les cotylédons. L'existence habituelle ouanormale d’une ramilication terminale dichotome des limbes cotylédonaires, ou seulement de leur nervure mé. diane, peut être regardée comme untrait d'organisation ancestrale, qui mérite d’entrer en ligne de compte dans l'étude des rapports phylogénétiques des plantes à graines entre elles. — M.R. Souèges : Embryogénie des Rosacées. Les derniers stades du développement de l'embryon chez le Geum urbanum I. Le Geum urbanum représenteuntype nouveau de développement embryon: naire qui ne peut être identifié jusqu'ici à aucun autre, — MM. L. Mercier et R. Poisson : Une Haplospori- die, H. Caulleryi nov, sp., parasite de Nereilepas fucata Sav,— M. W. R. Thompson : Théorie de l'action des parasites entomophages. Les formules mathématiques du parasitisme cyclique. L'effet déterminé par l’action des Insectes parasites est une variation rythmique ou 318 cyclique dans le nombre de l'hôte, variation qui peut êlre d’une régularité assez nette, l’insecte nuisible agis- sant en fléau destructeur à des intervalles déterminés. L'auteur représente mathématiquement la marche du cycle parasitaire, — M, A. Labbé : Lerôle de l'aleali- nilé de l’eau de mer dans les fécondations hétérogènes. L'alcalinité joue un rôle important dans la pénétration du spermatozoïde; elle agit comme liquéfiant, augmen- tant la perméabilité pour les ions OH et diminuant la tension superficielle de la membrane de l'œuf, SOCIÈTÉ FRANCAISE DE PHYSIQUE Seance du 7 Avril 1922 M. E. Ariés : La valeur limite de la chaleur de vapo- risation au zéro absolu. L'auteur a présenté, dans diverses publications, une théorie sur les vapeurs satu- rées aux basses Elle l’a conduit à envisager de préférence l'hypothèse que la chaleur de . vaporisation L d’un liquide s’annulait au zéro absolu. Cette hypothèse a paru inacceptable à quelques auteurs, notamment à M, Bruhat, qui admet que / tend vers une valeur finie L,, Cette dernière hypothèse conduit à cette conclusion que la détente adiabatique d'un fluide, à partir d'un état initial quelconque. tend à produire une liqué- faction complète, quand le volume augmente indéfini- ment, et que la température tend vers le zéro absolu. La quantité dé liquide, qui s’accroit sans cesse, conserve températures, bien un volume fini tendant vers le volume. U, qu’oc- cupe le fluide entièrement condensé au zéro absolu, tan- dis que la quantité de vapeur en contact avec le liquide occupe un volume indéfiniment croissant, quoique cepen- dant cette quantilé tend à s’annuler avec la température. La conception d’un pareil phénomène a paru à M. Ariès bouleverser toutes les idées reçues, d’après lesquelles la détente finit toujours par faire aboutir un fluide à l’élat entièrement gazeux, et non à l’état entièrement liquide. C’est pour cette raison que, sans plus ample examen, il a adopté l'hypothèse Z, — 0. Pour justifier sa façon de voir, ilapporte deux démonstrations, l’une basée sur le principe de Nernst, l’autre sur la formule de Cla- RAÔE - 2 peyron, de la formuie : Lim 1 — C'pour 7 —0, ce qui montre qu’à partirdu zéro absolu la chaleur de vaporisa- tion commence par croitre. Comme elle doit s’annuler à la température critique, il faut bien qu'elle passe par un maximum, La quéstion de la véritable valeur à attribuer à /, reste cependant entitre, et ne peut être encore tran- chée d’une façon définitive. Il importe de le retenir. Pour faire un choix entre les deux hypothèses possibles, dans l’étatactuel denosconnaissances, ne subsiste qu'un crité- rium, l’effet produit par une détente adiabatique indéfini- ment prolongée, M. Ariès n'hésite pas, pour sa part, jus- qu'àplus ample information, à donnerla préférence à celle des deux hypothèses qui fait aboutir cette détente à une production complète de l’état gazeux, elnon à une pro- duction complète de l’état liquide. — M, A. Pérot : Dif- fraction acoustique expérimentale (Etude de guerre), Pour des recherches spéciales liées à l'écoute des avions, on a construit, pendant la guerre, à l'Observatoire de Meudon, un miroir formé par une portion de cylindre ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES parabolique. La hauteur était 3,50 m. et la parabole section droite du cylindre avait une distance focale de 6 mètres ; l'ouverture du miroir était 30 mètres. Cet ap- pareil a permis de faire quelques recherches intéressan- tes sur la diffraction au voisinage du foyer. Une batterie de 11 téléphones de 250 ohms dont la self-inductance était 0,152 henry, montés en parallèle et munis de cor- nets de haut parleurs, a été placée sur l'axe de la para- bole à 4oo mètres du sommet; on y a envoÿé le courant d'un alternateur à 1.000 p:8 épuré par un cireuit de résonante ; les 11 téléphones prenaient 0,2 ampère au total, On avait ainsi constitué une source puissante monochromalique, Lorsque l'air était en repos, si l’on se déplaçait dans le plan focal, on entendait une succés- sion de maxima et de minima du son avec un maximum très net au foyer, correspondant aux franges qui se pro- duisent au foyer d’une lunette ou d’un miroir concave. Pour mesurer l'inténsité du son, on à employé comme récepteur un téléphone relié à un amplificateur, le télé- phone de réception étant remplacé par un transforma- teur aux bornes duquel étaient branchés en série un microampèremètre de 1,800 ohms et une galère. On a vérifié que les indications du microampèremètre étaient propottionnelles à l'amplitude de la vibration sonore. La courbe obtenue en déplaçant le téléphone auditeur dans le plan focal ést analogue à celle qu’indique la théorie de la diffraction dans les lunettes, et vérifie nu- mériquement la formule théorique dans les limites des erreurs expérimentales, Les expériences sont d’ailleurs rendues très difliciles par le déplacement des franges qui se produit sous l'action du moindre courant d'air. Ilexiste une sorte de scintillation extrêmement curieuse, — M, L. Dunoyer : Les spectres d'induction du césium et du rubidium : 1, Méthode employée. On place un tube de verre -ou de quartz, sans électrodes, et contenant une petite quantité de césium ou de rubidium pur introduit par distillation dans le vide, à l'intérieur d’un solénoïde constitué par un fil de cuivre enroulé ‘par spires non jointives sur un tube de verre. Ce solénoïde est parcouru par le courant à haute fréquence d’un circuit oscillant. Dans les expériences montrées en séance, ce circuit oscillant est celui d’un petit alternateur de télégraphies sans fil en usage dans l'aviation, le solénoïde rempla- çant l’antenne. Un courant de gaz chauds provenant d'un brûleur parcourt le tube sur lequel est enroulé le solénoïde et baigne le tube spectroscopique. Il. Carac- tères particuliers de la luminescence. La luminescence commence à apparaitre quand la température atteint 80 à 1002 C, ; elle disparait à une température plus éle- vée, de l’ordre de 3000 C. Dans cet intervalle, elle peut présenter, tant pour le rubidium que pour le césium, au moins trois aspects très différents au fur et à mesure que la température s'élève : 1’ À basse température la luminescence est très brillante (dans les expériences montrées en séance, il était possible de lire facilement à plusieurs mètres du Lube, dont la longueur était d’une quarantaine de centimètres, avec un diamètre de ro mil- limètres environ), Elle est blanc bleuâtre pour le cé- sium, bleu violet pour le rubidium. 2° A une tempé- rature un peu plus élevée, la luminescence change brusquement deteinte; elle devient pourles deux métaux 4 salés ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 319 avec des nuances différentes, rose pourpre. Elle est encore brillante, mais beaucoup moins que la précé- dente, 3° La température s'élevant davantage, l'éclat de la luminescence diminue beaucoup jusqu’à disparaître, Elle est bleu verdâtre pour le césium ; saumon pour le rubidium, À un même instant les divers types de lunri- nescente peuvent exister simultanément en diverses parties du tube, A moins d'admettre que la pression ne s’y équilibre qu'avec une extrême lenteur, cé qui est peu vraisemblable, il faut en conclure .que le caractère de la luminescence dépend à la fois, et d'une manière indépendante, de la densité de la vapeur et de sa tem- pérature. Certains indices font penser qu’elle peut dé- pendre aussi du fait que la vapeur est saturante ou non saturante, IIT, Spectres obtenus. Les spectres qui ont été photographiés et mesurés sont ceux des luminescences les plus brillantes, à basse température, Quelques indi- cations sèulement ont été obtenues sur les spectres de baute température, L'auteur a trouvé dans le spectre du césium 680 raies entre 2.200 A et 6.500 A environ; pour le rubidium il en a obtenu 337 entre les mêmes limites. Les mesures faites (avec une précision moyenne -d’à peu près 0,2 À) conduisent aux conclusions suivan- tes : 1° Les spectres d’induction à basse température contiennent toutes les raies obtenues jusqu’à présent dans les spectres d'étincelle (98 pour le césium, 6r pour le rubidium). Ces raies y figurent avec de fortes inten- sités. Mais beaucoup de raies très intenses des spectres d’induction n’ont pas encore été trouvées dans les spec- tres d’étincelle. 20 Les spectres d’induction obtenus ne contiennent aucune raie appaftenant à une sérieconnue, sauf les deux premiers doublets de la série principale (n° 2 et 3). Mais ces doublets y présentent uneinten- sité d'autant plus faible que la température est plus basse. Comme, d'autre part, la luminescence de basse température apparait tout d'un coup avec tout son éclat, on peut présumer qu’à la plus basse température possible lesspectres d’induction ne comprennent aucune raie de série. Ces résultats sont en harmonie avec ceux qu'a obtenus récemment Me Lennan sur la vapeur de potassium, mais en opposition avec ceux d’autres obser- vateurs qui, dans la décharge sans électrodes à travers les vapeurs de mercure, de cadmium et de zinc, ont obtenu à peu près autant de raies d’are que de raies d’étincelle, L'intérêt des spectres d’induction des métaux alcalins se rattache au fait signalé par Sommerfeld et rappelé par Me Lennan, que les atomes des métaux alealins; lithium, sodium, potassium, rubidium, césium, une fois privés de leur électron externe, ou.électron de valence, ne doivent différer de ceux des gaz rares, hé- lium, néon, argon, krypton, xénon, que par la charge de leur noyau positif, supérieure d’une quantité égale à la charge élémentaire. Les spectres de séries appartien- draient aux atomes non ionisés, tandis que les spectres d’étincelle, et particulièrement les spectres d’induction, appartiendraient aux atomes ionisés. Il devrait donc exister des relations entre les spectres d’induction des métaux alcalins et ceux des gaz rares. En outre, l’éclat de la luminescence produite, la pression extrêmement basse pour laquelle elle se produit, la facilité avec la- quelle on l’obtient, le nombre et la finesse apparente des raies, font penser qu'elle pourrait constituer une source intéressante de radiations monochromatiques pour la spectroscopie de haute précision, SOCIÉTÉ CHIMIQUE DE FRANCE Séance du 28 Avril 1922 M. C. Matignon : Xéalisation économique de réac- tions oxydantes dans les usines d'acide nitrique syn- thétique. Applications. L'auteur montre l'intérêt qu'il y aurait à adjoindre aux usines de synthèse de l'acide nitrique, une petite usine chargée de fabriquer des pro- duits ‘chimiques par oxydation à l’aide de l'acide nitrique. Lorsque l'acide nitrique agit comme agent d’oxydation, soit sur les corps minéraux, soit sur les corps organiques; tout l’azote combiné fort coûteux qui y est contenu passe dans les gaz résiduaires etse trouve totalement perdu. La réduction peut conduire à NO?, .N205, NO, N°0, N°, NH, ete., les produits de la réduc- tion étant d'autant moins oxygénés que la température et la concentration sont toutes deux plus élevées, Il est presque toujours possible, par une dilution conve- nable de l’acide, de ne pas dépasser le terme NO et par suite de recueillir tout l'azote résiduaire sous forme de vapeurs nitreuses faciles à retransformer en acide nitri- que, en les envoyant simplement dans les tours d’ab- sorption de l’usine. Dans ces conditions, iln’y a aucune dépense et l'oxydation se ramène à une oxydation par l'intermédiaire de lair (les tours absorbent en effet 98-99 °/, des vapeurs nitreuses). L'intervention d'un acide étendu entraîne généralement une concentration et une évaporation finales ; toutefois ces opérations sont purement gratuiles en tant que calories consom- mées, car les usines de synthèse par l’air électrique sont loin deconsommer toute la chaleur qu'elles récu- pérent des gaz à leur sortie du four, Toutes ces réactions d’oxydation se ramènent donc, comme dépenses essen- tielles, aux dépenses de main-d'œuvre et d’amortisse- ment des appareils. L'auteur prend deux exemples dè fabrications qui donneront certainement des résultats intéressants, celle de sulfate de cuivre à partir du métal et celle de l'acide oxalique à partir du sucre ou des mélassesrésiduaires ou même de la cellulose. L’au- teur a reconnu que la réaction bien connue de formation du sulfate de cuivre : 3Cu - 3SO‘H? + 2NO03H—3S0 Cu —-2NO +4H?0 s'effectue pour des concentrationsconve- nables d’une façon théorique et que tout l’azote est éli- miné sous forme de bioxyde d’azote,done entièrement récupérable. Il en est de même pour la préparation de acide oxalique à partir du sucre; on a constaté égale- ment que, dans des conditions déterminées, la réduction de l’acide n’allait pas au delà du terme bioxyde et que était ainsi récupérable. tout l'azote combiné M.G. Chaudron: Sur le dosage du soufre dans les prrites de fer. La méthode généralement recommandée pour le dosage du soufre dans les pyrites consiste à le transformer en acide sulfurique au moyen del’eau régale. Sur les conditions de cette réaction, les traités d'ana- lyse donnent des indications très différentes et ils signa- mise en liberté de facteurs lent comme un incident courant la soufre. L'auteur s’est efforcé de déterminer les 320 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES dont dépend cette séparation accidentelle du soufre. La ! ligues du muscle sur les processus anaboliques. Les marcassite ou les échantillons de pyrite contenant des sulfures de cuivre et de zinc donnent, dès que la tem- pérature d'attaque dépasse 60°, une séparation de sou- fre. Si la réaction se fait à froid, il y a toujours une oxydation totale dn soufre ; cette méthode est done à préconiser malgré l'inconvénient de la durée d'attaque, variant de 5 à 12 heures, — MM. A. Wahl, G. Nor- mand et G. Vermeylen: Sur les monochlorotuluènes. Les auteurs ont étudié la chloruration du toluène en vue de la préparation d’o-chlorotoluène. Ils ont établi préalablement la courbe des points defusion des mélan- ges d’o- &t de p-chlorotoluène purs, de façon à pouvoir déterminer la composition du mélange résultant de la chloruration du toluène. Ce mélange (chloruration en présence de Fe) renferme en moyenne 58 °/, d'ortho et 42°}, de para. Le chlorure de plomb agit catalytique- ment en orientant à chaud la chloruration vers le noyau, en fournissant,avec du chlorure de benzyle, un mélange de chlorotoluènes contenant 62 °/5 d’oriho. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE S Avrcl 1922 MM. J. E. Abelous et L. C. Soula: active et adrénaline virtuelle, Un contact, Seance du Adrénaline même très court, avec le sérum sanguin sullit pour faire perdre à l’adrénaline ses propriétés hypertensives et mydriati- ques, propriétés qui reparaissent sous l'influence du contact avec les tissus, particulièrement avec les tissus riches en terminaisons nerveuses et sympathiques. — MM. E. Guyénot et K. Ponse: l'organe de Bidder et les caractères sexuels secondaires du Crapaud. Les ca- ractères sexuels secondaires du Crapaud sont, comme c’est le cas général, sous la dépendance du testicule et nou de l’organe de Bidder; celui-ci ne paraît avoir au- cune fonction quelconque. — M. P. Genieys: Sur le déterminisme des variations de la coloration chez un . Hyménoptère parasite. L'auteur a étudié l'influence de divers facteurs sur la coloration de l'Xabrobracon bre- vicornis. L'action de la chaleur est la plus manifeste: elle se fait sentir sur le développement général de l’in- secte, qu'elle accélère, mais surtout elle agitd’unefaçon intense sur la coloration des adultes en provoquantune dépigmentation générale, Mais tandis que sur la crois- sance l’action est continue aux divers slades de la vie, sur la couleur elle influe seulement à l’état de nymphe. — M. A. Richaud: Sur l'action des sucs digestifs sur leB-benzyl-d-glucoside. Ce glucostde résiste énergique- — M. CI. Regaud : /n/luence de la durée d'irradiation sur les effets déterminés dansle testicule par le radium.L'allon- gement du temps d'application, sans accroissement de la dose, est une condition qui favorise beaucoup l’efli- ment à l’action de l’émulsine intestinale, cacité de l’irradiation, Il parait même plus important d'augmenter la durée que d'augmenter la dose. Séance du 29 April 1922 M. J.Belehradek : l'influence des produits catabo- produits cataboliques du muscle influencentle métabo- lisme non seulement du tissu musculaire, mais encore celui de tout l’animal.Ils sont transmissibles d’un orga- nisme à l’autre par voie digestive et incitent l'anabo- lisnre total. — MM. M. Fourcade, L. Jaloustre et P. Lemay : Sur les propriétés spirillicides de l'oxyde hydraté de bismuth. L’oxyde hydraté de bismuth se montre actif à toutes les périodes dela syphilis humaine et ne présente pas de loxicité aux dosesthérapeutiques, pas plus pour l’homme que pour le lapin et le chien.— MM. R. Sazerac et C. Levaditi: Action du bismüth, en tant que corps simple, sur la syphilis. Le bismuth, sans être engagé dans une molécule étrangète, consti- tue à lui seul un spécifique très actif contre la syphilis, Ilest, du reste, suflisamment peu toxique pour être employé dans la thérapeutique humaine. — MM. R. Argaud et H. Duboucher: Sur les vasa vasorum du cordon ombilical des Ruminants. Les vasa vasorum des cordons ombilicaux, d’une artère, par exemple, consti- tuent chez les Ruminants un véritable réseau capillaire intrapariétal dont les branches afférentes, issues de la veine, font place, dans l'épaisseur de la paroi artérielle, à des branches efféréntes se jetant dans la lûmière de l’artère elle-même, sans mélanger leurs éléments tissu- raux à ceux de la paroi transfixée, à la façon, par con- séquent, de conduits absolument étrangers. — M. CI. Regaud : Le rythme alternant de la multiplication cel-t lulaire et la radiosensibilité du testicule. Les spermato- gonies passent par des moments de grande radiosensi- bilité (correspondant à leurs divisions),séparés par des durées plus longues de radio-sensibilité moindre (cor- respondant aux intervalles de repos entre les divi- sions); dans l’ensemble du testicule, il.y a à tout moment un mélange de spermatogonies inégalement sensibles. Le rythme alternant de la reproduction cellu- laire fournit done une explication de l'eflicacité d’une irradiation prolongée, dans le cas où la prolongation ‘de l'irradiation compense une diminution de l’intensité du rayonnement sans augmenter la dose totale. — M.A,. Migot : Sur le mode de fixation des Lucernaires à leur support. Les Lucernaires se fixent sur les feuilles de Zostère au moyen d’une lame recouverte d’une forma- tion chitineuse complexe, et non par une ventouse. — M. P. Génieys: Observations biologiques sur les Habro- bracon. L'habitude de faire un tube de succion n’est pas une caractéristique de toutes les espèces du genre Habrobracon; puisque l'A. brevicornis n’en fait pas ;elle peut même manquer chez les espèces qui en font habi- tuellement. La formation des tubes paraît liée à la pré- sence du cocon -autour de l’hôte attaqué. — MM. E. Wollman et M. Vagliano: Sur le rôle des microorga- nismes dans la production des vitamines. Ni le bacille bulgare, ni l’Amylomucor ne produisent de vitamines A et B (facteurs de croissance). Le Gérant : Gaston Doi. Sté Gle d'Imp. et d'Ed., rue de la Bertauche, 1, Sens. nt dus dt RS, doc : ons nos éd din 7. | | | 33: ANNÉE NT 15 JUIN 1922 Revue générale D. Sciences pures et appliquées FonparTeur : LOUIS OLIVIER DirecTeuRr : J.-P. LANGLOIS, Professeur au Conservatoire national des Arts-et-Métiers, Membre de l’Académie de Médecine Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. J.-P. LANGLOIS, 8, place de l’Odéon, Paris. — La reproduction et la traduction des œuvres et des travaux publiés dans la Revue sont complètement interdites en France eten pays étrangers y compris la Suède, la Norvege et la Hollande CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE $ 1. — Distinctions scientifiques Election à l'Académie des Sciences de Paris. — Dans sa séance du 29 mai, l’Académie a pro- cédé à l’élection d’un membre dans sa Section de Géo- métrie, en remplacement de M. Camille Jordan, décédé. La Section avait présenté la liste suivante de candi- dats : 10 M. Henri Lebesgue ; 20 MM. E. Cartan et J. Drach; 30 MM. CI. Guichard et E. Vessiot. Au pre- mier tour. de scrutin, M. H. Lebesgue a été élu par la majorité des votants. Le nouvel académicien, qui est professeur à la Sor- bonne, est connu par ses travaux mathématiques, en particulier sur la définition de l'intégrale et l’intégra- tion. $ 2. — Nécrologie L. Ranvier. — La personnalité de Ranvier domine vraimenttoute l'Histologie française, Maisilne suffit pas d'affirmer que Ranvier est le plus grand nom de l’His- tologie française, il faut encore dire pourquoi. Sans déprécier l’œuvre scientifique de ses contempo- rains et émules, Ch. Robin, G. Pouchet, Ch. Rouget, on peut dire que les recherches de Ranvier, effectuées — avec des méthodes d’une impeccable technique, ont mar- —… qué un progrès décisif dans l’évolution de l’Histologie en France. Grâce à cette technique, s’il n’a pas tout dééouvert, parce que presque tout ce qui était directe- - ment accessible à l'observation l'était déjà, du moins a- til vu mieux que la plupart de ses prédécesseurs ce qu'il a décrit et figuré. Telle est la süreté de cette tech-- nique, qui ne laissait rien au hasard, qu’il n’est pas d’histologiste, répétant les observations de Ranvier et REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, suivant exactement la méthode recommandée, qui dans chaque cas particulier n'ait pu retrouver exactement ce * qu’il avait décrit. Aussi n’y a-t-il pas encore actuelle- ment de meilleure initiation pour un débutant que de commencer par répéter les procédés et les observations de Ranvier. Il serait injuste et fâcheux de négliger ces procédés, de ne pas refaire ces observations qui con- duisent à coup sûr à la constatation de faits qui sont restés fondamentaux et qui ont conservé leur exacti- tude. Les savants étrangers et notamment allemands ont rendu fréquemment hommage à la fidélité, à la probité des descriptions de Ranvier, affirmant leur entière confiance dans sa technique et dans ses résul- tats. Certes cette technique, dont la süreté avait pour condition sa simplicité, était bien peu variée et peu compliquée et ne répondrait plus aujourd’hui à tous les besoins de la recherche. Mais de celte technique comme d’un instrument monocorde, l’habile artiste savait tirer tous les sons et les plus purs accents, Ce n’est pas d'ailleurs par la qualité seule de sesinves- tigations que Ranvier s’est placé hors de pair, mais encore par l'étendue du domaine qu’il a parcouru, par la quantité des faits nouveaux qu’il a fait connaître. C'est qu’en effet, dans la longue période de son acti- vité scientifique, qui s'étend environ de 1872 à 1901 et qui dura quelque trente ans, s’il a laissé à peu près complètement de côté l'étude des viscères, et si à la fin de sa carrière scientifique il a fermé les yeux sur le champ immense de la cytologie qui s’ouvrait devant lui, du moins il a exploré méthodiquement la plupart des organes et des tissus, tantôt précisant des détails struc- turaux mal fixés avant lui, tantôt en révélant de nou- veaux, tels que l'existence des fibrilles névrogliques et Ll 322 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE celle des étranglements des tubes nerveux. C’est ainsi qu'il a tour à tour étudié : le tissu conjonctif (cellules tendineuses et tissu conjonctiflàche), le sang et les cel- lules sanguines (formation de la fibrine, hématies, leu- cocytes et globules de pus, clasmatocytes), les vais- seaux etorganes vasculaires sanguins et lymphatiques (développement des capillaires sanguins, développe- ment des lymphatiques des villosités intestinales, cœurs lymphatiques), le cartilage et l’os (ossification), le péritoine, les muscles (muscles lisses, muscles striés, structure des muscles, blancs et rouges), les nerfs et les organes nerveux centraux (tubes nerveux à myéline, névroglie, ganglions spinaux), les terminaisons ner- veuses (dans les muscles lisses et striés et dans le mus- cle cardiaque, dans la cornée, dans les organes tacli- les, dans les organes électriques), les organes des sens (épiderme, glandes sudoripares, processus de kérati- nisation), les glandes salivaires et le foie (processus his- tologique de la sécrétion), etc:, ele. Toutes ces questions ont fait l’objet de notes; ou bien elles ont été traitées dans des leçons faites au Collège de France, qui ont été publiées à part ou dans le Journal de Micrographie : telles sont les « Éléments et tissus du système conjonc- tif », le « Système vasculaire », le « Tissu musculaire lisse », le « Tissu nerveux ». Le Traité technique d’Histo- logie, qui date de 1895, fut la synthèse impérissable de ce travail. Débordant hors de l’Histologie normale, Ranvier étudia, aux confins de celle-ci et de l’Histolo- gie pathologique, la cicatrisation, l'inflammation des Sa place était avec lequel ïl séreuses, la dégénérescence nerveuse. donc tout indiquée aux côtés de Cornil, collabora au Wanuel d’Histologie pathologique. Mais on donnerait une idée incomplète de l’œuvre scientifique de Ranvigr, si l’on se bornait à en faire ressortir la qualité, due à celle de la technique elle- même, et la quantité, produit d’un labeur incessant, Il faut encore, pour apprécier le travail scientifique de Ranvier, en marquer la nature, Ranvier appartenait à une époque où la technique encore précaire n'avait pas encore pu révéler aux investigateurs les détails de mor- phologie structurale dont la recherche a fait ensüite, et souvent jusqu’à l’excès, la jprincipale préoccupation des histologistes. Cette époque était celle où, à l’insufli- sance de la technique histologique éloignant les cher- cheurs des buts purement morphologiques, s’ajoutait le souci physiologique de la liaison de la fonction à la structure, souci qui, après avoir longtemps disparu de l'esprit des histologistes, parait devoir les reprendre à nouveau. Les Engelmann, les Ranvier, les R, Heiden- hain et d’autres ont été les principaux histophy- siologistes de cette période. D'ailleurs Ranvier n’appartenait pas seulement à une époque; il était scientifiquement né dans un milieu où l’Histologie ne pouvait être comprise et pratiquée que dans ses rela- tions avec la Physiologie, Son illustre maître Cl. Ber- nard, pour avoir proclamé que la Physiologie ne pou- vait être que cellulaire, aurait été lui aussi certainement amené, quelques lustres plus tard, à accomplir l’œuvre histophysiologique de Ranvier, On ne peut assurer que le maître eùt tenu la place de l'élève, Mais Ranvier a maintes fois aflirmé qu’il élail le continuateur de CI. Bernard et s’est réclamé de la Physiologie, et de la méthode expérimentale, seules inspiratrices de ses recherches histologiques. « L’enseignement de l’Anato- mie générale, dit-il, est une émanatlion de la chaire de Médecine... Cl, Bernard est mon maitre, J'ai adopté sa manière de faire, et, fidèle à la tradition qu’il m'a trans- # mise, j'accorde une importance spéciale aux procédés de recherche; je m'’attache à bien montrer les faits et c’est seulement après les avoir décrits que je les groupe pour en faire ressortir la signification. C'est en cela que consiste l’enseignement de la méthode expérimen- tale, et tel qu’il est pratiqué depuis longtemps pour les sciences physiques. » C’est dans l’étroile association de. la méthode expérimentale et de l'observation, dans la fusion histophysiologique des deux disciplines, la Phy- siologie et l'Histologie, que réside le caractère essentiel etoriginal de l’œuvre de Ranvier. C’est à quoi Ranvier doit d’être considéré comme le plus grand histologiste de notre pays. Si, par l’Histologie, le disciple ne s’éleva pas au-dessus du maitre, c’est que le maitre élait vrai- ment très haut placé, et peut-être aussi que la portée philosophique de l’Histologie est moindre que celle de la Physiologie. SOA me D > ee né te ns ; © A. Prenant, Professeur à la Faculté de Médecine de l'Université de Paris. $3. — Physique Un résultat des discussions de la Théorie d’Einstein au Collège de France !. — Dans ies discussions qui viennent d’avoir lieu au Collège de France avec Einstein, nous avons présenté l’objection suivante à la Théorie de la relativité restreinte. Supposons que dans un système de référence rectan- gulaire S (x, y, ), on produise à l’origine O un signal lumineux bref qui donne naissance à l'onde sphérique : (1) a? + y? 2 02, On demande comment apparait cette onde à un obser- ’, z') en mouve- 1 LOUER vateur entrainé avec un système S'(x', ) nent uniforme de vitesse y dans la direction des axes» Ox et Ox', supposés superposés. Comme on sait, on applique la transformation de Lorentz sous sa forme habituelle, à savoir : ax x AC, — Vs. ci duc CLÉ EE où a — 1 — f?. Transformant l’expression (1) à l’aide de ces relations on trouve : (2) x? +y2+ 32 — C4? et Einstein en conclut que l’onde envisagée, pour l’ob= servateur en mouvement, apparaît aussi COMME Une onde sphérique?. C’est contre cette conclusion que nous nous sommes élevé. Nous soutenons qu’il est impossible que les équa: tions (1) et (2) représentent à la fois des sphères si ces équations sont liées par la transformation de Lorentz: Celle-ci comporte les 4 relations ci-dessus, qui, ajoutées ——— 1. Communication présentée à la Société suisse de PLIS que, réunie à Fribourg, le 6 mai 1922. 2, Ann, d. Phys., 1905, t. XVII, p. 901. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE aux relations (1) et (2), donnent en tout 6 équations entre les 8 variables +, 7, =, t;x',y',z/,t'. Mais ceséqua- tions ne sont pas indépendantes : l’une quelconque d’en- tre elles est la conséquence des 5 autres; il n’yena donc que 5 d’indépendantes, ce qui porte à 3 le nombre de variables dont nous pourrons disposer à notre gré. Conformément à la Science classique, on conservera au temps son caractère essentiel de variable mdépendante et l’on posera dans notre cas : t — constante, Sur les 3 variables x, y, z, 2 resteront indépendantes et serviront à former la sphère (1). Mais alors, toutes les variables accentuées seront dépendantes, et {' ne pourra plus représenter le temps. On l’éliminera à l'aide de la relation de Lorentz entre t, t’ et x’. On en tirera t’ que l’on remplacera dans (2), ce qui donne : G) x y 32 — (act — fx’)? C’est là l'équation d’un ellipsoïde ayant un foyer à l'origine et 8 comme excentricité. Cet ellipsoïde permet de construire immédiatement les traces dans S et S’ d’un rayon lumineux avec les angles d’aberration cor- respondants # et »'. Nous pouvons énoncer le résultat : Un ébranlement lumineux qui se propage par ondes sphériques concentriques relativement à un systèmes, se propage par ondes ellipsoïdales homothétiques et con- focales relativement à un système S’ en mouvement uniforme par rapport à S ; l'ébranlement initial coïncide avec le foyer, centre d'homothétie !. Dans la discussion, M. Langevin utilisa les construc- tions graphiques de l’Espace-Temps ; nous les avons re- produites ci-contre, mais en les rapportant aux systè- mes de référence ingénieux de M. le Professeur Gruner (Berne})?. Les axes Ou (u — ct) et Ox’ d’une part, et Ou’ (u' — ct’) et Ox d'autre part, sont respectivement per- pendiculaires, et l’on prend : sin (uOu’) — sin (x'Ox) —8 = v:c. Avec ce dispositif, il n’y a pas de changement d'échelle et les segments unités se trouvent sur le cercle de rayon 1. Les droites Of et O» sont les traces du cône lumineux : Of est la bissectrice des angles (uOx) et (4'Ox'); Onla bissectrice des angles (— xOu) et(—x'Ou'). Les plans xOy et x'Oy', perpendiculaires au plan de la figure, sont supposés rabattus d’une façon arbitraire sur ce dernier pour montrer : en haut, la demi-méri- - dienne de la sphère d’onde Z,, en bas, la méridienne de l’ellipsoïde Z’,. Lors de la discussion, M. Einstein prit d’abord la parole. Il reconnut l'existence de l’ellipsoïde dans ses 1. Cf. Poincaré (Science et Méthode, p. 239), qui fit usage - d'ellipsoïdes analogues pour expliquer le résultat négatif de l'expérience de Michelson et Morley. Ce résultat n’exige donc nullement la constance absolue de la vitesse de la lumière, que postule Einstein. Pour l'expliquer, il suffit de remarquer que, dans la célèbre expérience, les rayons lumineux parcou- rent des trajets fermés. L'avncea que prend un rayon dans un sens est exactement compensée par Le retard qu'il subit en sens inverse, et cette compensalion rigoureuse est une conséquence d'une propriété de l'ellipse : la somme des inverses de deux rayons vecteurs opposés et issus d’un foyer, est constante, 2. Phys. Zeitschr., t. XXII, p. 384; 1921. 323 propres formules, mais ajouta qu'il n’était pas intéres- sant. M. Langevin expliqua ensuite que dans la Théo- rie de la relativité restreinte (pour rester conforme au principe de la constance absolue de la vitesse de la lumière), il fallait couper le cône lumineux à la dis- tance u— 1 pour le système S et u— 1 pour le système S’ (fig. 1, 2). On obtient ainsi deux ondes spériques X, et Z'. Ces affirmations nous conduisent nécessairement aux conclusions suivantes : 1° Au lieu de conjuguer à la sphère Ÿ, l’ellipsoïde Z',, comme l’impose la figure, on lui conjugue une sphère X', n'ayant aucune liaison directe avec la première, alors que la sphère £’, a comme conjugué naturel l’ellip- soïde 2; . 20 Dans la Théorie, un point tel que A de l'Espace- Temps représente un événement élémentaire, dont les coordonnées sont (Ou, aA) par rapport à S. Envisagé depuis S', cet événement possède les coordonnées (Oa’, a'A). Or la Théorie de la relativité a justement pour objet la considération de l’ensemble des événe- ments élémentaires qui composent l'Univers et la déter- mination de leurs coordonnées par rapport à fous les systèmes de référence possibles. On voit donc qu’en lais- sant l’ellipsoïde de côté, on postule par là même qu’il existe des variétés d'événements élémentaires qui n’ont pas de sens lorsqu'on les rapporte à certains systèmes de référence, contrairement à l’objet de la Théorie. Cela se rattache au fait que les relativistes ont introduit une définition conventionnelle et arbitraire de la simultanéité. Leur « simultanéité » est relative : elle correspond à { — const. pourS, et à {’— const. pour S’, et la forme d’un corps est l’ensemble des positions « simultanées » de tous ses points (définition de M. Langevin). La sphère £,; possède donc une forme, car elle correspond à £ — const.; par contre, l’ellip- soïde £’, n’en a point, car pour lui, dans son système S', t’ n’est pas constant [équation (2)]|; il constitue ainsi une variété à points non « simultanés ». Les rela- tivistes méconnaissent le caractère essentiel de variable indépendante que possède le temps dans les sciences physico-mathématiques (Bergson!); ici, c’est la variable 1. Cf, L'Evolution Créatrice, p. 363 : … «La science moderne doit se définir surtout par son aspiration à prendre le temps pour variable indépendante », 324 indépendante { quiconstitue le temps même pour l’ellip- suide, comme cela ressort de son équation (3), et l’en- semble de ses points correspond bien, à chaque instant, à une même valeur de {. Si nous imaginons un nombre quelconque de systèmes de référence S', S”,S'’,... en translation uniforme relativement à S, le signal lumi- neux y engendrera des ellipsoïdes d'onde dont les équa- tions seront toutes exprimées en fonction de la variable indépendante t. Celle-ci possède donc bien une signifi- cation universelle, c’est-à-dire indépendante du sys- tème de référence envisagé. 3° Alors que les ellipsoïdes permettent de construire immédiatement les rayons conjugués et leurs angles d’aberration #, #’, cette construction devient impos- sible dès que l’on conjugue £’, à Z,. Cette impossibilité est d'autant plus extraordinaire que la construction avec l’ellipsoide correspond exactement à la belle for- mule d’aberration découverte par M. Einstein lui-même, à savoir : 8 + cos p' 1+Ecos y En résumé, même ceux qui se plaisent à ‘‘ postuler ” l'absence d’une erreur initiale dans le Mémoire #e 1905 devront convenir que l'omission des ellipsoïdes Z’, et ;, sans aucune explication, est pour le moins étrange; elle creuse dans la structure mathématique de la Théo- rie de la relativité un véritable trou, une. disconti- nuité qui demeure absolument inexplicable. Ces ellip- soïdes, qui résultent immédiatement de l’application de la notion classique de temps universel à la transfor- mation de Lorentz, n’ont pas d'existence réelle dans le « temps Einsteinien ». Aussi bien, ce dernier a masqué aux relativistes ces constructions simples et fondamentales. C’est là la plus grave objection que l’on puisse faire à la valeur heuristique du «temps cos p— Einsteinien ». Ed. Guillaume. La luminescence de l'antimoine vers son point de solidification. — Quand on chauffe l’an- timoine au-dessus de son point de fusion (6300 C.), devient d’un rouge intense. Sion le laisseensuite refroi- dir, son éclat diminue avec la température jusque vers le point de solidification, où l'on observe une augmen- tation subite de sa luminosité; il se produit en même temps une élévation de température. Ce phénomène est donc très analogue à la recalescence du fer. IL semble qu'on se trouve en présence d'un cas de cristallo-lumi- nescence. Le phénomène n’est en tout cas pas dû à l'oxydation de l’antimoine, car ilse manifeste dans l'hy- drogène et dans le vide. Un échantillon de bismuth a présenté le même phé- nomène à la même température ; maison areconnu qu'il était dû à la contamination du bismuth: il suflit d’une partie d’antimoine dans 2.000 debismuth pour produire la luminescence !. $4. — Chimie La séparation de l'élément chlore en ses isotopes. — Nous avons plus d’une fois signalé à nos Re 1, E. KarRek: Phys. Rev.,2,t, XIX,n° 4, p.437 ; avril 1922. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE lecteurs les beaux travaux de Sir J. J. Thomson, puis d’Aston, qui ont montré, par l'emploi des rayons posi- tifs, qu’un grand nombre d'éléments, supposés simples, sont en réalité formés d'un mélange de deux ou plu- sieurs isotopes, de mêmes propriétés CAE mais de poids atomiques différents !. = On a tenté de vérifier ces résultats par la séparation de quelques-uns de ces isotopes et, au commencement de 1920, Harkins et Broeker furent les premiers à sépa- rer le chlore en deux fractions qui présentaient une dif- férence de poids atomique de 155/100.000. W.D. Har- kinset A. Hayes ? viennentdereprendre cette opération sur une plus grande quantité de matière en opérant par diffusion de l’acide chlorhydrique à la pression ordi- naire. Les résultats obtenus prouvent que 1e séparation est réelle et n’est pas attribuable à des impuretés. En tout, ils ont préparé k gr. de chlore de poids atomique 35,515, 10 gr. de poids atomique 35,498 et 90 gr. depoids atomique 35,494, en partant de chlore de poids atomi- que normal 35,460. D’autres expériences préliminaires- de W. D. Har- kins etR. S. Mulliken sur la séparation des isotopes du … mercure ont déjà donné une différence de poids atomi- que de 127 millionièmes 3, $ 5. — Biologie Notes sur la coloration et l’homochromie. — « Cette convoluta est verte, ce distome est jaune, cet asellote est vert, ce crangon est gris, cette pranize est rouge vif » : il n'y a là que l'énoncé de faits d'observa- tion, directement contrôlables par la vue, exprimant le concept — simple en apparence — de « coloration » : en réalité ce concept général est infiniment complexe. Si l’on recherche la cause interne qui, chez nos exemples communs, nous procure des sensations colorées, on lui découvrira une étonnanteet déconcertante diversité: la convoluta est verte parce que son parenchyme contient en grand nombre des algues symbiotiques unicellulai- res ; le distome (Didymozoon Scombri O. Taschb.} paraît jaune par suite de l’accumulation des œufs dans l'utérus distendu, l’asellote par suite de leur présence dans son marsupium; le crangon doit son aspect grisà- tre à la présence, sous son revêtement chitineux, de“ cellules pigmentaires particulières (chromatophores), portant des prolongements souvent extrêmement rami- fiés; la pranise, enfin, doit son aspect à l'existence, dans son intestin dilaté, de sang pompé sur un poisson. Si les perceptions lumineuses qui, par l'excitation de notre rétine, font naître dans nos centres supérieurs des sensations spéciales, dites « colorées », présentent génétiquement — c’est-à-dire au point de vue de leur ori- gine — de pareilles différences, onest autorisé à voir dans. le concept de coloration — entendu dans son sens géné- ral —un être bicéphale, une synthèse composée par la réunion des deux ensembles, qu'une analyse, même superficielle, permet de distinguer. 1. Voir en particulier : S. Veir, Rev. gén. des Se. du 15 per 1922, . The Phys. Rev., [2], t. XIX, n° 4, p. 403; avril 1922. à Tbid., p. 44. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE L'idée de coloration peut être envisagée en effet au double point de vue statistique et dynamique, organique etfonctionnel, anatomique et éthologique, interne et externe, subjeclif ou objectif. Soit à analyser la phrase suivante : « cet Æippolyte est pourpre » ; un premier temps de l'analyse consisterait à rechercher la cause anatomique de celte coloration, cause que l’on décou- vrirait dans le grand développement, sous le tégument, de chromatophores possédant un pigment particulier, disposés suivant des lois constantes (à égalité d'âge des sujets) et répartis, par exemple dans un groupe neural, un groupe viscéral, un groupe caudal, un groupe accessoire !. Un deuxième temps nous permettrait de passer des causes aux effets, aux résultats, et de l’exis- tence du pigment rouge au rôle qu’il joue dans la bio- logie de l’ÆZippolyte et dans les rapports du décapode avec le milieu ambiant : l'animal pourpre est en effet aceroché aux rameaux d’une Rhodophycée, avec la colo- ration de laquelle il se confond; il est doué d’homo- chromie et même d'une homochromie variable avec l'intensité et la qualité des rayons lumineux qui l'éclairent, avec enfin le substratum sur lequel il vit. L’homochromie, ou existence chez un animal d'une similitude plus ou moins accusée entre sa coloration propre et celle du milieu, a été considérée jusqu'ici trop souvent au seul point de vue général et éthologique dont nous parlions plus haut: c’est d’ailleurs le seul qui soit directement et immédiatement perceptible et que nous exprimons par le terme vague de « couleur ». Il peut être utile et intéressant de rechercher si cette apparente uniformité du phénomène homochromique est réelle, et si l'identité des effets ne masque pas la diversité des causes. Ce que nous avons dit de la colo- ration serait à répéter ici : les animaux jouissant de l'homochromie doivent cette faculté à un certain nom- bre de dispositions que l’on peut répartiren deux grou- pes principaux : 1° L'homochromie due à la présence dans le tube digeslif? de matières ingérées, empruntées au support qui joue ici tout ensemble le rôle de substratum et celui d’aliment. Les cas attribuables à celte homo- chromie très spéciale, « syntrophique », nutriciale, sont relativement rares : on en découvrira certainement un certain nombre d'exemples chez les Crustacés, les Insec- tes, les Vers, certains Mollusques. Citons pour l’ins- tant des Copépodes ectoparasites branchiaux (Zernæa branchialis p. ex.), des Isopodes [Gnathiidæ juv. p.p., 1. La pigmentation de cet animal, comme celle d'un grand nombre de Malacostracés, a été très bien étudiée, tant anato- miquement que physiologiquement, dans les remarquables études de Keeble et Gamble (1900-1905). 2. Et peut-être dans certains cas dans les tissus, voire les téguments, à la suite de l'absorption intestinale. Idotea p. p. (?)}, un Tectibranche (Archidoris tubercu- lata juv.), un Polyclade (Cycloporus papillosus). 2° Infiniment plus fréquente est l’'homochromie nor- male, indépendante du régime alimentaire ou tout au moins du contenu intestinal, « épitrophique». Au point de vue de son origine, elle est toujours due à la localisa- tion du pigment en surface, sous ou dans letégument!. La grande majorité des cas d’homochromie signalés peu- vent se rattacher à ce mode particulier: on pourrait d’ailleurs pousser plus loin la distinction et considérer deux groupes : les animaux dont l’homochromie est immobile (p. ex. Phyllum et autres insectes) et ceux chez lesquels elleest mobile, variable avec la nature du milieu et du substratum (Céphalopodes, Hippolyte, Palæ- mon, Cottus bubalis, ete.)?. Th. Monod. $ 6: — Sciences diverses Lestablesdeslivres scientifiquésfrançais.— Les livres scientifiques en langue anglaise ou en lan- gue allemande présentent aujourd'hui une disposition régulière de leurs tables. On y trouve en général : l’une suit l’ordre des chapitres et des pages et volumes ; l'autre, 2tables se trouve au commencement des alphabétique, est placée à la fin. Certains ouvrages contiennent 2 tables alphabétiques, une table des auteurs et une table des matières, En France règne, au contraire, actuellement l’irré- gularité, etle lecteur estobligé souvent de chercher la ou les tables tantôt au commencement, tantôt à la fin des volumes. A notreépoque d'organisation scientifique du travail, il serait utile de faire disparaitre cette irré- gularité. La meilleure solution paraît être la suivante: adop- ter le système anglais et allemand, en n’admettant qu'une seule table alphabétique. C’est, en effet, une complication inutile d’avoir 2 tables alphabétiques, une pour les auteurs, une autre pour les matières. Il est plus simple et plus pratique de combiner les deux en imprimant, par exemple, en italiques les noms des au- teurseten romain ceux des malières. B. Bourdon, Professeur à l'Université de Rennes, 1. Ou à l’absence de pigment ! I] faut en effet remarquer que la hyalinité de beaucoup d'êtres planktoniques {salpes, mé- duses, siphonophores, etc.) peut être considérée comme une homochromie, mais une homochromie négative pour ainsi dire. 2. Voir à ce sujet les quelques cas signalés par Cuénot : « Influence du milieu sur les animaux », p. 15, et « Genèse des espèces animales », p. 499. 326 E. DOUBLET. — UNE FAMILLE D’ASTRONOMES : LES HERSCHEL UNE FAMILLE D'ASTRONOMES : LES HERSCHEL A PROPOS DU CENTENAIRE DE LA MORT DE WILLIAM HERSCHEL Le 25 août prochain, il y aura un siècle que l’illustre William Herschel aura quitté ce monde. L'occasion est donc favorable pour rap- peler les titres de ce grand astronome à larecon- naissance de la postérité, ainsi que ceux de son digne fils, et aussi de quelques membres de sa famille, moins connus, mais qui n’en ont pas moins bien mérité de la science. # X * Wilhelm (c’est là son véritable prénom) Hers- chel était né dans le Hanovre le 15novembre 1738. Son pays natal se trouvait alors dans une situa- tion assez singulière, car, touten faisant partie du « Saint Empire Romain et Germanique », il avait pour souverain le roi d'Angleterre. — On saitque les premiers princes de la maison de Hanovre qui gouvernèrent la Grande-Bretagne étaient si étrangers à cette contrée que George Ier ignorait complètement la langue anglaise, et, ses successeurs conservérent longtemps une affection si particulière à leur pays d’origine que, sous leurs auspices, les Hanovriens trou- vaient facilement à se placer en Angleterre. — C'est ce qui arriva à Herschel, et le monde entier doit s’en féliciter. La famille Herschel était, dit-on, d'origine juive; mais les ancêtres de l’astronome, à une époque que nous ne pouvons indiquer, s'étaient convertis au christianisme. C’est peut-être à cause de leur origine que le père et l’aïeul de celui qui nous occupe ont porté le prénom d'Isaac, et son bisaïeul celui d'Abraham. Quoi qu'il en soit, Wilhelm eut neuf frères ou sœurs, dont quatre moururent en bas âge. Une famille aussi nombreuse était une lourde charge pour un simple professeur de musique, car telle était la profession d’Isaac Herschel. Ne pouvant donner une éducation complète à tous ses enfants, il s’efforça du moins de leur ensei- gner l’art qui le faisait vivre, et ce fut avec succès. En particulier, Wilhelm devint un artiste de grand talent,qui, non seulement dans sa patrie, et plus tard en Angleterre, eut de grands suc- cès dans les concerts, mais aussi, à l’occasion,fut un compositeur distingué. — Mais venons-en à ce qui concerne sa véritable éducation, qu'il ne dut qu'à lui-même, car Herschel est un des plus beauxexemples d'autodidactisme que l'on puisse citer. C’est ainsi qu'il apprit le français, l'anglais et le latin; il alla moins loin en grec. D’autre part, la métaphysique, à laquelle les cerveaux scientifiques sont, en général, si rebelles, eut toujours un vif attrait pour lui ; enfin,ce qui nous intéresse le plus, c'est queses études mathé- matiques furent très fortes. À un âge encore ten- dre, il possédait parfaitement l’algèbre,la théorie des sections coniques, et le calcul infinitésimal. Mais il fallait vivre, et toutes ces belles études ne luien donnaientpas lemoyen. Herschel arriva d’abord à se placer comme organiste à Halifax, dans le Yorkshire, puis à Bath, ville mondaine où il trouva de nombreuses occasions de se faire entendre et où ilne manqua pas de leçons à donner. Il parvint donc rapidement à une cer- taine aisance,et en profita pour compléter son instruction. À trente ans, il avaitune position très convenable ; c'était comme chef de la musique d’un régimenthanovrien qu'il avait débuté, et ce fut pour lui une véritable bonne fortune que le changement de garnison qui amena ce régiment dans la Grande-Bretagne. Comme àbien d'autres, le hasard devait lui révéler sa véritable vocation. Un simple téles- cope de deux pieds de longueur focale étant. tombé entre ses mains, les merveilles que ce petitinstrument lui fit découvrir dans le ciel l’en- thousiasmèrent; il voulut s’en procurer un plus puissant. Maïs, et ce fut sans doute une circonstance heureuse, le prix qu'on lui en demanda était fort au-dessus de ses moyens. Il ne se rebuta pas pour cela; il avait des con- naissances approfondies en Optique, il était très habile de ses mains ; sa ténacité était de fer, L'instrument qu'il ne pouvait acheter, il résolut de le construire, et il commença par faire une multitude de recherches sur la composition des alliages métalliques les plus propres à réfléchir la lumière, sur la mahière d'amener les miroirs à la forme parabolique, de leur donner un poli parfait, etc. Son labeur obtint le succès qu'il méritait : en 1774, Herschel disposait d’un téles- cope newtonien de sept pieds de foyer. Ce n'était qu'un premier résultat, et Herschel ne devait pas, à beaucoup près, s'en tenir là. Dans le cours de sa carrière, il tailla plusieurs centaines de miroirs, dont le plus grand avait quatre pieds anglais et dix pouces de diamètre, et trente-neuf pieds de distance focale. La cons- truction du télescope gigantesque dont ce miroir fit partie demanda quatre années, et dura de 1785 D RE PE E. DOUBLET. — UNE FAMILLE D'ASTRONOMES : LES HERSCHEL à 1789. Il ne rendit pas d’ailleurs autant de ser- vices qu’on s’y était attendu. Il fallait beaucoup de temps à cette masse pour se mettre en équili- bre de température avec l'atmosphère, etles heu- res de ciel serein sont si rares en Angleterre que, lorsque cet équilibre existait, bien souvent le brouillard ou les nuages venaient rendre les observations impossibles. (Un autre télescope, de vingt pieds de distance focale seulement, fut beaucoup plusutile.) L’instrument, tant au point de vue optique qu’au point de vue mécanique, n’en était pas moins un chef-d'œuvre, et il im- porte de faire mention ici d’un frère de l’astro- nome, Alexandre Herschel, dont le talent de mécanicien vint grandement en aide à celui-ei. — Ajoutons qu’on doit présumer qu'à l’occasion Herschel, très lié avec l’illustre James Watt, le consultait sur les meilleures dispositions à adopter pour que ses télescopes, malgré leurs dimensions inusitées, fussent dirigés facilement vers la région du ciel qui l’intéressait,. Dans sa famille, William trouva encore un auxiliaire dévoué qui mérite bien de ne pas être laissé dans l'ombre. C'était sa sœur Caroline, qui, née le 16 mars 1750, devait vivre jusqu'au 9 juin 1848. Admiratrice des talents deson frère, elle poussa jusqu'aux dernières limites le dévoue- ment qu'il lui inspirait. Elle fut à la fois son assistant, son calculateur et son secrétaire. Un jour, en travaillant avec lui, il lui arriva de se blesser si gravement au genou -qu’on craignit tout d'abord qu’une amputation ne füt néces- saire. Un illustre astronome français, dont le nom n’est pas assez connu, fut témoin de cette colla- boration de tous les instants. Elle fit sur lui une vive impression; si on veut en juger, il faut écouter Cassini IV lui-même ! : « Mais il me restait encore, pour remplir tous les objets de ma mission, de visiter l'observa- toire de M. Herschel, et de voir ces fameux téles- copes,à qui l'astronomie estredevable d’un nou- veau ciel et de nouveaux astres. — Sans parler de l'intérêt tout particulier que j'avais à cette visite, ileüt sans doute été aussi ridicule à un astronome de passer en Angleterre sans voir les télescopes de M. Herschel qu’à un voyageur en Egypte de ne point voir les Pyramides. Je me rendis donc à Slough avec mes collègues. À quelques pas de l'habitation de M. Herschel, au milieu d’un vaste boulingrin, s'élevait en plein air, vers le ciel, ce 1. Le directeur de l'Observatoire de Paris fit, en 1787, un voyage en Angleterre pour commander des instruments au plus grand constructeur de cette époque, à l'illustre Ramsden. Ce lui fut une occasion toute naturelle de visiter les principaux observatoires anglais, 327 grand télescope de vingt pieds, qui lui avait servi aux intéressantes découvertes dontil entretenait depuis plusieurs années le monde savant. Mal- heureusement, la nouvelle planète qu'il avait découverte n’était pas sur l’horizon. Il fallut se contenter d'observer des étoiles doubles, triples, et ces nébuleuses trouées, M. Herschel. L’effet de ce télescope nous parut supérieur à tous ceux que nous connaissions : mais rien n’attira autant notre examen et notre admiration que l'élégance et la solidité du sup- port de l’instrument, le mécanisme, la précision et la facilité de ses mouvements, et surtout l’in- génieuse manière de diriger à volonté ce long tube vers telle ou telle partie du ciel que l’on veut parcourir, sur tel astre que l’on veut observer et reconnaitre, Placé commodément en haut vers l’ouverture du tuyau (il n’avait pas encore alors supprimé le petit miroir), M. Herschel, isolé et dans une obscurité propice, observe, fait ses remarques et les dicte à miss Herschel, sa sœur et sa coopératrice, qui est renfermée dans un petit cabinet au centre de l’échafaudage formant le pied de l'instrument; devant elle, un méca- nismeingénieux représente et trace sur une carte céleste les degrés d’élévation, d'abaissement, et les divers mouvements en tous sens qu'a faits le télescope depuis le point de départ, ce qui la met à portée de juger et de faire connaître, même à l’observateur, vers quel point est dirigé son télescope, et à quelle étoile se rapportent les cir- constances qu’il observe et qu’il croit dignes de noter. C’est ainsi que, séparés du reste des hom- mes, l'esprit et le regard élevés vers les régions célestes, le frère et la sœur, unis de pensée et d'actions, s'occupent sans cesse dans le silence des nuits à parcourir les régions les plus reculées de la voûte étoilée, cherchant de nouveaux mon- des dont la découverte ne coûtera jamais rien à l'humanité, Nous devons le dire, et nous ne craignons pas d’être démentis par celui qui y aurait le plus d'intérêt, c’est à sa digne et inimi- table sœur que M. Herschel est redevable en grande partie de ces observations nombreuses et curieuses sur les étoiles fixes dont il aenrichi l'astronomie, En effet quelle autre que miss Her- schel aurait la complaisance, la patience, le cou- rage et le zèle de s'identifier ainsi à des recher- ches, à des veilles, à des travaux aussi longs, aussi ingrats, aussi fatigants? M. Herschel ne refusera donc pas de céder quelque portion d'une gloire qu’il peut partager avec une sœur, sans en rien perdre. » Ajoutons que lorsque Herschel était occupé de la construction de l’un de ses grands miroirs, ce travail ne devant souffrir aucune interruption, inconnues avant 328 c'est de la main de sa sœur qu'il prenait les quelques aliments dont il ne pouvait se passer,- et que ces aliments, elle les avait préparés elle- même. LE & Venons-en maintenant aux belles découvertes .que fit l'observateur avec les instruments qu'avait construits l’opticien. Le 13 mars 1781, Herschel découvrit dans la constellation des Gémeaux un astre mobile, qu'il prit d’abord pour une comète, mais qui, en réalité, était une nouvelle planète. Le 8 mai suivant, un magistrat français, le président de Saron, qui avait des connaissances approfondies dans plusieurs sciences et notamment en astro- nomie, reconnut la véritable nature du nouvel astre. Cela fit une sensation profonde, car, de temps immémorial, on était persuadé qu'il n'existe que six planètes, ou, si l’on veut, sept en comptant la Lune. Herschel donna au neuvel astre le nom de Georgium sidus, qui n’a pas pré- valu, non plus que celui de Herschel, que Lalande aurait voulu voir adopter. Depuis longtemps, cet astre n’est connu que sous le nom d'Uranus. Cette découverte sensationnelle lui valut la médaille de Copley, dont la valeur matérielle est minime, mais qui n’en est pas moins la plus glorieuse récompense que puisse décerner la Société Royale de Londres.Cette même médaille fut décernée, en 1821 eten 1847, à son digne fils, à John Herschel. De son côté, le roi George; très attaché à tout ce qui venait du Hanovre, traita Herschel comme il le méritait. Il lui fit une rente annuelle de 300 guinées et lui accorda une habitation au village de Slough, près de Windsor. — Herschel devint donc, non pas astronome royal, comme on l’a dit quelquefois, mais astronome particulier du roi d'Angleterre ; quant à sa sœur, elle fut nom- mée astronome adjoint, avec des appointements suffisants pourses besoins modestes. Dispensé désormais de considérer la musique autrement que comme une noble distraction, Herschel ne vécut plus que pour la science. Parmises principales découvertes, que nous ne pouvons pas énumérer toutes ici à beaucoup près, nous citerons celle de deux satellites de Saturne et de deux satellites d'Uranus, celle du mouvement propre du système solaire dans l’es- pace; enfin, nous ferons mention de ses immeu- ses travaux sur la structure de l'univers étoilé, autrement dit sur la distribution des étoiles dans l’espace infini, travaux qu'a repris W. Struve, et que reprendront après lui bien des générations d’astronomes. E. DOUBLET. — UNE FAMILLE D’ASTRONOMES : LES HERSCHEL Une pareille activité devait attirer à Herschel tous les honneurs auxquels il pouvait prétendre dans sa patrie d'adoption. L'Université d'Oxford, à l’occasion de la découverte d'Uranus, lui con- féra solennellement le diplôme de docteuren droit, ce qui nous semble assez singulier. Il est plus naturel qu'à la création de la Société Royale astronomique (1820), Herschel ait été nommé président, le duc de Somerset, auquel on avait songé tout d’abord, n'ayant pas accepté. En France, l’Académie des Sciences se l’était attaché comme associé étranger dès 1790. Pen- dant la courte période où, au temps du Consu- lat, la France et l'Angleterre furent en paix, Herschel vint à Paris, et Bonaparte tint à le voir. — On peut s'étonner de ce que Napoléon n’a point cherché à doter l'astronomie française d'instruments aussi puissants que ceux de l’as- tronome de Slough, si bien qu'Arago étaitobligé, pour l'honneur scientifique de notre pays, de faire remarquer {à propos de la réimpression des œuvres de Laplace) que l’analyse mathématique est aussi un instrument bien puissant, grâce auquel notre grand géomètre put prévoir des vérités qu'Herschel constata seulement plus tard. Herschel mourut doucement à l’âge de 84 ans. Sa sœur Caroline quitta alors l'Angleterre et relourna dans son pays natal, où elle vécut encore plus d’un quart de siècle. Son neveu John, dont nous allons parler, recueillit tous les documents concernant cette éminente femme. Les « Memoirs and Correspondence of Caroline Herschel » furent publiés en 1876 par Mrs John Herschel, sa petite-nièce. * + * Deson mariage, contracté à l’âge de cinquante ans avec une veuve fort riche, Herschel eut un fils unique, né le 7 mars 1792. À Eton d’abord, puis à l’Université de Cambridge, John Herschel fit de brillantes études. Quand il les eut termi- nées, il hésita quelque temps entre la Chimie et l’Astronomie, mais se décida finalement à mar- cher sur les traces de son illustre père, observa, en compagnie de James South (1785-1867), les étoiles doubles, et chercha à perfectionner les objectifs des réfracteurs, comme W. Herschel avait perfectionné les miroirs des télescopes. Avec un télescope de vingt pieds de foyer, pen- dant huit ans, il « balaya les cieux », et forma des catalogues contenant 4.000 étoiles doubles,et 2.306 nébuleuses. $ Ces grandes recherches dans le ciel ne l’em- pêchèrent point d'écrire un grand Traité d’Op- tique, dont la traduction française,due à Verhulst et Quételet, forme deux volumes in-8°. Ni Lx E. DOUBLET. — UNE FAMILLE D’ASTRONOMES : LES HERSCHEL 329 Il jugea qu'il travaillerait plus utilement pour la science sous un ciel différent de celui de l’Eu- rope, et, en 1833, on le voit s’embarquer pour le Cap avec sa femme et ses enfants. Il emportait avec lui de beaux instruments. Dès Île 5 mars 1834, son observatoire était monté et il pouvait commencer ses travaux, qui durèrent pendant cinq ans, et dont le fruit fut un magni- fique ouvrage publié à Londres en 1847. Les étoiles doubles, les nébuleuses, voilà les princi- paux objets auxquels ce livre est consacré, mais il n’a pas négligé la comète de Halley, les satel- lites de Saturne, les taches du Soleil, etc. Comnie jadis son père, il obtint tous les hon- neurs qu'un savant peut souhaiter. Comme lui, il présida la Société Royale astronomique et, de plus, la Société Royale de Londres, qui est une des plus illustres académies de l’Europe. Correspondant de notre Académie des Sciences en 1830, il devint associé étranger en 1855. Dès 1845, il avait présidé la session de l'Association britannique pour l'avancement des Sciences qui se tint à Cambridge, et il avait été un des fon- dateurs de cette utile Société. — Les habitants du Cap, pour conserver le souvenir de son séjour parmi eux, élevèrent un obélisque à l’en- droit même où il avait établi son grand téles- cope. Enfin, quand il mourut le 11 mai 1871, il fut enterré dans l’abbaye-de Westminster, où il repose à côté de Newton! On n'en avait pas fait autant pour William Herschel, qui fut enseveli dans la petite église du village d'Upton, peu éloigné de Windsor. Plusieurs des ouvrages de John Herschel ont été traduits en français, notamment son /Jrs- cours sur l'étude de la Philosophie naturelle, dont l'analyse, faite par Littré dans un brillant article du Vational, commença à attirer l’atten- tion publique sur le futur auteur du Diction- natre de la langue française. On lui doit encore un Tratté élémentaire d'As- _ tronomie qui a eu de nombreuses éditions et que Cournot a mis à la portée des lecteurs fran- çais. On n’en a malheureusement pas fait au- tant pour un autre ouvrage de vulgarisation qu’il a publié dans les dernières années de sa vie, les Familiar lectures on scientific subjects. Une grande partie de ce volume est consacrée aux phénomènes terrestres, et, en particulier, aux éruptions volcaniques. La curiosité de | J.Herschel s’étendait, en effet, à tout ce qui est du domaine de la Physique. — Ajoutons, pour en finir avec cet homme à l'esprit encyclopé- dique, qu’il devina le grand rôle que la photo- graphie devait jouer dans l’astronomie de l’ave- nir, et, ce quiest plus surprenant, qu'il était REVUE RÉNERI\LE DES SCIRNCFS . poète à l’occasion, et qu'il a publié un certain nombre de pièces de vers. * * * Parmi les douze enfants de John Herschel, deux de ses-fils, qui portaient les prénoms d'Alexandre et de John, doivent retenir notre attention. Nés l’un et l’autre au Cap, en 1836 et 1837, ils moururent tous les deux en 1907, à Slough, où ils s'étaient retirés à la fin de leur carrière active. Alexandre Herschel avait, en 1866, été nommé professeur de Physique mécanique et expéri- mentale à l’Université de Glasgow, et, en 1871, il était passé à l’Université de Durham, où il occupa une chaire de même nature. Il la garda jusqu’en 1886. Alors, il retourna s'établir à Slough, où il ne retrouva plus le bel horizon qui avait tant facilité les travaux de son aïeul. Il put néanmoins continuer à s'occuper de ses travaux sur les étoiles filantes, auxquelles il s'était inté- ressé toute sa vie. Sa dernière observation de ces phénomènes est datée du 13 février 1907; il mourut le 18 juin. Il est un des astronomes qui ont le plus con- tribué à faire admettre cette idée, généralement reçue aujourd'hui, que les étoiles. filantes, dont les essaims s’observent à des époques périodi- ques, sont les débris d'anciennes comètes qui se sont fragmentées, et qui sont disséminés tout le long de leurs orbites. Tel est le cas de la fameuse comète de Biéla, qu'on vit se diviser d’abord en deux fragments qui suivaient la même route, qu'on nerevit plus depuis 1852, mais à laquelle on rattache les grandes pluies d'étoiles filantes de 1872 et 1885. John Herschel, frère d'Alexandre, avait suivi la carrière militaire. En 1868, on le trouve dans l'Inde, capitaine du génie, et on le voit à Gun- toor observer, en même temps que M. Janssen, la fameuse éclipse du 18 août. En 1871, le 11 dé- cembre, il cherche encore à observer une éclipse totale, mais l’état du ciel ne lui permet pas de réussir. M. Janssen, établi cependant dans la même région, fut plus heureux. Enfin, John Herschel s’est beaucoup occupé de ‘géodésie. Il parvint au grade de colonel, et passa ses dernières années à Slough, en compagnie de son frère et de ses sœurs. En 1863 et 1866, le digne fils de William Her- schel avait donné à la Société Royale astronomi- que de Londres lesregistres originaux des obser- vations de nébuleuses, d'étoiles doubles, etc., faites par cet illustre astronome, ainsi que les copies duës à sa laborieuse sœur. D’autres papiers étaient demeurés entre les 2 330 R. ne LA VAULX. — LES CARACTÈRES SEXUELS mains de la famille, mais Alexandre etJohn Hers- chel se sont finalement décidés à les offrir à la Société Royale, en sorte que celle-ci est en pos- session de tous les documents nécessaires pour la publication d’une édition des œuvres com- plètes de Sir William Herschel, publication dont elle a chargé M. Dreyer, directeur de l’Ob- servatoire d'Armagh, qui a déjà entrepris la publication des œuvres de Tycho-Brahé. C'est en 1910 que l’on a décidé de nous don- ner les œuvres du grand Herschel; on conçoit que les événements aient porté obstacle à cette entreprise. Deux volumes de ces Scientific Papers ont paru en 1912, et depuis dix ans la suitese fait attendre. Mais, quelle que soit l’impatience des astronomes à cet égard, ils n’ont aucun doute sur son succes final, sachant qu’elle est confiée à l'homme le plus capable de la mener à bonne fin. E. Doublet, Astronome à l'Observatoire de Bordeaux, LES CARACTÈRES SEXUELS ET LE PROBLÈME DE LEUR GROUPEMENT La multiplication des êtres apparaît aux yeux du biologiste comme une conséquence de l'assi- milation, propriété fondamentale de la matière vivante. S’accroissant aux dépens du milieu exté- rieur, l'organisme, dontla taille ne peut dépasser certaines limites, est contraint de se diviser. Ce mode de reproduction, consistant en un dédou- blement de l'individu, semble suffire à la propa- gation de beaucoup d’espèces; dans la majorité des cas cependant, on voit apparaître, à un cer- tain moment du cycle évolutif, un processus plus complexe, dont la nature et la signification exacte nous demeurent inconnues : c’est la sexua- lité. Ce phénomène, qui peut, dans le détail, pré- senter des aspects assez variés, paraît consister essentiellement dans l'attraction réciproque et la fusion de deux cellules. Celles-ci peuvent être morphologiquement semblables, et leur réunion constitue alors l’ésogamie ; mais, le plus souvent, elles sont différentes (hetérogamie) et permettent de distinguer deux sexes. L'une, d'assez forte taille et généralement immobile, est dite femelle; l’autre, de dimension plus réduite, possède un cytoplasme peu abondant et est douée de mobi- lité: c'est l'élément /74le. Chez les êtres pluri- cellulaires, ces deux sortes de cellules, nommées gamètes, peuvent être formées par le mème indi- vidu, que l’on dit alors hermaphrodite, ou être le produit caractéristique de deux individus dis- tincts : c’est l’état de gonochorisme. Dans ce der- nier cas, les deux types d'individus ne se distin- guent généralement pas seulement par la nature de leurs gamètes, mais encore par des particula- rités morphologiques, physiologiques ou psy- chiques, offrant des rapports plus ou moins étroits avec la fonction qu’ils sont appelés à remplir. Le mâle et la femelle différent donc par un certain nombre de caractères d’imfortance diverse. Îl est devenu classique de diviser ceux-ci en deux catégories : 1°les caractères primaires, constitués principalement par les glandes géni- tales et, accessoirement, par les parties servant à l'évacuation des gamètes; 2° les caractères se- condaïres, comprenant toutes les autres diffé- rences sexuelles. Cette classification, qui présente quelques avantages pratiques, est totalement arbitraire, et, sielle peutsuffire au morphologiste, elle offre, au point de vue biologique, le grand inconvé- nient de ne tenir aucun compte de la véritable nature des éléments qu'elle prétend grouper. En poussant un peu plus loin l’analyse; on verra que le sexe n’est pas formé par l'union de deux sortes de caractères, mais qu’il est constitué par un grand nombre d'éléments hétérogènes. Pour étudier la formation de ce complexe, il ne suffit donc pas de rechercher, comme on a tendance à le faire actuellement, quelle est la nature des liens qui unissent les caractères secondaires aux ca- ractères primaires, mais il faut surtout examiner par quel mécanisme les éléments du sexe, de nature et d’origine si différentes, ont pu se grou- per en deux catégories antagonistes. Nous ver- rons que c’est là un problème très complexe, mais aussi très général, dont la solution, appli- cable à d’autres cas de polymorphisme, dépasse de beaucoup l'intérêt des questions de sexua- lité. Avant de l’aborder, il convient de passer une revue critique des éléments du sexe. \ * * * Le nom de caractères primaires, ou mieux primordiaux, devrait, semble-t-il, être réservé à ceux qui distinguent les éléments appelés à se fusionner, c’est-à-dire les gamètes. Ce sont les … ET LE PROBLÈME DE LEUR GROUPEMENT 331 ————_—————————————…..—— seuls qui soient nécessaires pour distinguer les sexes, etles êtres monocellulaires n’en présentent évidemment pas d'autres. Toutes les autres particularités sexuelles, y compris la forme des gonades, peuvent rentrer - dans la catégorie des caractères secondaires, si toutefois l’on tient à conserver ce nom. Les diffé- rences morphologiques qui séparent les glandes génitales ne dépendent pas, en effet, de la na- ture des produits qui se forment à l’intérieur de celles-ci. Chez beaucoup d’espèces (Vers, Echi- nodermes), une hétérogamie très nette n’est pas incompatible avec une grande similitude de forme des glandes génitales. On sait, du reste, que chez les hermaphrodites, les deux sortes de gamètes peuvent être issus non seulement de la même glande, mais encore du même diverticule glandulaire. A plus forte raison, est-il difficile de considé- rer comme caractères primaires ceux qui dépen- dent de la structure des voies évacuatrices, appa- reils copulateurs, glandes annexes, ete. Non seulement ces organes ont une origine embryo- logique souvent très différente de celle des go- nades, mais on sait, dans bien des cas, qu’ils n'ont été adaptés que secondairement à leur fonction actuelle : tel le canal déférent des Ver. tébrés supérieurs,qui n’est autre que l’uretère du mésonéphros (canal de Wolff). Quant aux appa- reils copulateurs proprement dits, parfois éloi- gnés et tout à fait distincts des voies évacuatrices (Araignées, Libellules), ils doivent être rangés parmi les nombreux organes adaptatifs qui seront examinés plus loin. . ; + * *% è Dans la hiérarchie des caractères sexuels, il convient de placer à la suite de ceux qui sont relatifs à la nature des gamètes, les particularités qui, pour des causes physiologiques, dépendent directement de celle-ci. La formation d’ovules, nécessitant l'accumulation de matières de ré- serve, exige un système d'échanges différent de celui qui est propre au mâle, et il est fréquent que cette diversité de métabolisme se manifeste par des signes bien visibles. Chez les Arthro- _podes notamment, on a montré que le sang était, chez les mâles, plus riche en graisse et . plus pauvre en glycogène que chez les femelles ; - parfois même, il diffère de couleur dans les deux - sexes. Dans certains cas, il est possible que les différences pigmentaires soient aussi la consé- quence directe de la diversité des métabolismes, mais il serait imprudent de généraliser. Quel- ques naturalistes, poussés par le désir d’expli- quer par des causes très simples la cohésion des | nl diverses particularités qui distinguent chaque sexe, voudraient attribuer à l'activité des gona- des presque tous les caractères sexuels secon- daires. Les brillantes livrées du mâle, ses orne- mentations plus développées, son activité plus grande, seraient dues à ce que les substances nutritives utilisées chez la femelle à la formation des œufs, pourraient être, chez lui, employées à d’autres usages. Ces vues, un peu simplistes, ne résistent pas à l’analyse. Remarquons d'abord queles brillan- tes couleurs ne sont pas toujours l'apanage ex- clusif du mâle. Dans certains cas, les deux sexes se ressemblent; dans d’autres, c’est la femelle qui est la plus ornée. L'examen de la taille pré- terait à des remarques semblables. Ensuite, on observe souvent un polymorphisme unisexuel, consistant en ce fait que des individus ayant la même fonction génitale présentent des aspects fort différents. On connaît des espèces d'Oiseaux ou d'Insectes possédant deux ou plusieurs types de mâles. Il existe notamment une race de Gallus domesticus (race Campine)chez laquelle on trouve deux sortes de coqs. Les uns ont le panache cau- dal habituel à ces animaux, tandis que les autres ne possèdent que le terne plumage de la poule. On a démontré que, chez ces derniers, la produc- tion des faucilles caudales était inhibée par la sécrétion de certaines glandes interstitielles. Elle n’est, en tout cas, aucunement en rapport avec l’activité génitale. Il se peut, d’ailleurs,que beaucoup decaractères qui ne dérivent plus aujourd’hui directement du fonctionnement des gonades, doivent en partie leur origine à l’activité de ces organes: mais il faut se garder de confondre l'action actuelle de la cause déterminante avec celle qui s’est fait sentir au cours des âges. La première peut se résoudre en un mécanisme relativement simple, tel que celui des hormones ; la seconde, dans laquelle interviennent tous les facteurs de l’évolution et de l’hérédité, est nécessairement beaucoup plus complexe. * *X *° La_ plupart des particularités qui distinguent les sexes peuvent être considérées comme des caractères adaptatifs spéciaux, en rapport avec la fonction reproductrice de l'individu. Leur genèse pose les mêmes problèmes que celle de tous les caractères adaptatifs, et est justiciable des mêmes tentatives d'explication : actidôn de l'usage, sélection, etc. Une grande partie de ces caractères montrent une adaptation réciproque, ce sont ceux qui ont trait à l’accouplement et à la rencontre des sexes : organes copulateurs, 332 appareils spéciaux permettant au mâle de saisir la femelle, etc. On peut citer comme exemple les dispositifs merveilleux présentés par les Argules et par beaucoup d’Araignées. D'autres caractères sont relatifs à l'adaptation particulière d’un sexe à un certain genre de vie, mais ne sont souvent liés que très indirecte- ment avec la fonctionsexuelle, à telle enseigne que,suivant les espèces, ces caractères se rencon- trent chez le mâle ou chez la femelle. Tels sont, par exemple : l’aptérisme de certains insectes (chez le ©’ de Blastophaga, chez la $ de Psyche, Orgya, etc.), les modifications consécutives à la vie parasitaire et à des modes d'alimentation différents, l'état larvaire dans lequel peut persis- terl’un des sexes. Ce sont là, à proprement par- ler, des adaptations spécifiques limitées à un sexe. Lorsqu'on passe en revue la série des carac- tères sexuels, on est frappé de voir que des attributs constituant, chez certaines espèces, l'apanage exclusif d’un sexe, existent chez le mâle et chez la femelle dans des espèces ou des genres voisins. On peut citer comme exemple : les cornes des Ruminants {limité es au’ chez le Cerf, étendues aux deux sexes chez la plupart des Rennes), les défenses des Eléphants (chez le 3 d’'E.indicus, chez le &G etla © d’E. africanus), les appareilsiumineux de certains Insectes (chez la © du Lampyre, chezle & et la 9 de Luciola italica). L'origine de ces caractères a donné lieu à des interprétations différentes. Pour certains auteurs, Kammerer, Ash, ce seraient des carac- tères spécifiques qui auraientfini par êtremono- polisés parun sexe. Pour Ash ', en particulier,ils correspondraient à des fonctions abandonnées, chez le jeune, à cause de la croissance, et, chez la femelle, en raison des nécessités de la repro- duction, Meisenheimer ? pense, au contraire,que ces attributs ont d’abord été conquis par un sexe et sont passés secondairement au rangdecarac- tère spécifique. Il cite, en particulier, l’exemple des Cervidés : les plus anciens d’entre eux, Moschus, Hydropotes, n’ont pas du tout de bois, puis ceux-ci se forment peu à peuchezle mâle 1. J.W.Asu : The explanation of secondary sex characters as characters of abandoned function, with observations on the insnfliciency of the hormone-theory. Rep. 85 1h Meet. Bril. Assoc. Adv. Sc. Manchester, 1916, p. 471-472, 2. J. MetseN8E1MER-: Aussere Geschlechtsmerkmale und Gesammtlorganismus in ilhven gegenseitigen Beziehungen. Verh. deutsch, Zodl. Ges., 23° Vers, Bremen, 1913, p. 18-56. -type le plus commun, chez lequel les bois sont ‘coces ettardifs, en constants et saisonniers, elc.; R. De LA VAULX. — LES CARACTÈRES SEXUELS de beaucoup d’espèces, et, chez la plupart des Rennes, ils se développent dans les deux sexes. L'histoire des Antilopes et celle des Bovidés fournissent des faits analogues. Ilse peut que, suivant les cas; les deux théo- ries soient exactes. Le pointintéressant à mettre en évidence est que la plupart des caractères sexuels ne diffèrent pas de nature des caractères spécifiques etque beaucoup d’entre eux sont, au moins actuellement, indépendants de l’activité des glandes génitales. Comment le passage d’un caractère de l'état sexuel à l’état indifférent, ou l'évolution inverse, ont-ils pu s'effectuer ? L’hybridation permet par- fois d'assister àla réalisation brusque de subs- | titutions de ce genre, mais il est probable que, dans la série évolutive, les passages se sont ac- complis-graduellement par une autre voie. Dans - des races voisines, un même caractère peut offrir toutes les gradations entre la nature sexuelle et la nature purement spécifique. Il y a dans le gouvernement de Kasan une race de Renne où la femelle n’a pas de bois; en Scandi- navie, on en connait une autre où les bois exis- tent chez la femelle, mais moins développés que chez le mâle, et qui mène ainsi par transition au également développés dans les deux sexes. Au point de vue qui nous occupe, il est in- téressant d'examiner certains caractères fluc- tuants, tels que la taille dans l’espèce humaine, qui ne caractérisent un sexe que si l’on consi-… dère une moyenne. lei, ce sont, en effet, les courbes de fréquence du caractère en question qui distinguent les sexes, de sorte que, dans certains cas, une particularité, généralement … développée à un degré supérieur chez le mâle, pourra être exceptionnellement plus prononcée chez la femelle. Dans d’autres cas, il y aura éga- lité. C’est peut-être par déplacement graduel” de la moyenne ou du »#ode des courbes de fré- quence que, peu à peu, un caractère a pu de. sexuel devenir spécifique ou accomplir le pas- sage inverse. En se plaçant à d'autres points de vue, il seraït possible de diviser les caractères sexuels-en pr'é-. mais cette analyse rapiden’a d’autres buts que de souligner la diversité d’origine et de nature des, particularités sexuelles et de montrer dans toute, sa complexité la question qui se pose mainte- nant: Par quel mécanisme les divers éléments constitutifs du sexe se sont-ils ordonnés suivant deux catégories exclusives, et réapparaissent-ils en-bloc, toujours groupés dela même façon, sous l'influence du déterminisme approprié ? “ # | L ET LE PROBLÈME DE LEUR GROUPEMENT % * * Si l’on ne considère que ce quise passe chezles Vertébrés,ce que beaucoup de physiologistes sont tentés de faire, il semble que la solution du pro- blèmesoitfournie parla découverte des hormo- nes. On sait que la castration, pratiquée sur des sujets suffisamment jeunes, a pour résultat d’abolir presque toutes les différencessexuelles. Par contre, il suffit de greffer au castrat un tes- ticule ou un ovaire pour faire réapparaître les caractères du mâle ou ceux de la femelle. On se trouve ainsi amené à conclure que les caractères secondaires sont sous la dépendance des carac- tères primaires, grâce aux sécrétions élaborées par les gonades. Mais, en examinant les choses de plus près, on ne tarde pas à voir que le phénomène est réellement beaucoup plus complexe. D'abord, dans beaucoup de cas, il est aujourd’hui prouvé que ce ne sont pas les cellules germinales (véri- tables caractères primaires) qui sécrèlent les hormones, mais des cellules conjonctives ayant souvent une origine assez différente. Parfois, un caractère sexuel peut même être conditionné par deux sortes de glandes : c'est ainsi que, d’après Bouin et Ancel, le gonflement des ma- melles et la sécrétion lactée n'apparaissent que sous l'influence d'hormones venant successive- ment des corps jaunes et de cellules glan- dulaires myometriales situées dans la paroi de l'utérus. Mais la question des hormones appelle bien d'autres remarques ; leur spécificité ne pa- rait pas aussi absolue qu'on l’a cru d’abord.Chez les Batraciens, on a pu faire apparaître des caractères mâles sur des castrats non seulement au moyen d'extraits d’ovaire (Meisenheimer, 19141),mais avec de l'extrait thyroïdien (Kollmann, 1919). D’après Harms (1913), les variations saison- nières des callosités du pouce de Hana fusca sont en partie indépendantes des glandes géni- tales. L'étude des Cervidés a révélé d’autres singularités : des caractères comme la croissance des cornes, qui chez certaines espèces dépendent des hormones, paraissent, chez d'autres, totale- ment indépendants de celles-ci. Un traumatisme extragénital, tel qu’une blessure de l'os frontal, peut faire apparaître unecorne {caractère 0) cnez une biche. La castration unilatérale amène l’atro- phie du bois situé du côté opposé et, d’après Rœærig, un effet semblable serait provoqué par une fracture du membre postérieur. L'action croisée de la castration et de la fracture ne paraît pas compatible avec la théorie des hormones. Cette théorie perd d’ailleurs toute valeur d’ex- plication générale par le seul fait que les liai- 333 sons humorales ne semblent jouer aucun rôle chez beaucoup d'animaux, particulièrement chez les Arthropodes, Au surplus, elle laisse dans l’ombre le point le plus intéressant à connaitre au point de vue de l’évolution, c’est-à-dire l’ori- gine des caractères sexuels. 11 est évident que ce ne sont pas les produits chimiques sécrétés par les glandes endocrines qui ont fait surgir des organes complexes comme les mamelles. Ce sont là des appareils adaptatifs formés sans doute progressivement, et dont l'anatomie com- parée permet de saisir quelques stades évolu- tifs. Ilest difficile d'admettre avec Pézard que l’évolution ait pu se faire par les hormones, lors- que l’on songe à toutes les singularités que l’étude de ces sécrétions a révélées !. . Il paraît plus exact de considérer les liaisons hormoniques comme des processus de corréla- tion qui ne sont ni primitifs, ni nécessaires. * + * Les généticiens, qui ont surtout fait porter leurs recherches sur des caractères de variétés dus à des mutations, ont été frappés de voir que ceux-cise manifestent presque toujours par grou- pes. Ils expliquent le fait en admettant que les « déterminants » des caractères ainsi liés sont disposés en série linéaire sur le même chromo- some. De prime abord, on pourrait êlre tenté d'appliquer cette hypothèse aux caractères sexuels, qui se présentent précisément en deux séries nettement séparées; mais ik faut bientôt reconnaître, qu’abstraction faite des réserves qu'appellent les théories chromosomiques, celles-cin’apportent aucune solution au problème qui nous occupe. On sait, en effet, que, d’aprèsles idées néo-mendéliennes, le sexe n’est pas déter- miné par un certain chromosome, mais, dans le cas le plus général, par un nombre simple ou double de chromosomes sexuels. Ceux-ci peu- vent done passer d’un sexe à l’autre et donner ainsiau mâle ou à la femelle les caractères, dits sex-linked (associés au sexe), dont ils sont censés porter les déterminants. Quant aux véritables caractères sexuels (sex-limited),ils ne paraissent pas affectés par ce chassé-croisé de chromoso- mes, de sorte que leur association ne semble pas 1 N'est-il pas curieux,en particulier, que l hormone mater- nelle n'ait aucune action sur le sexe de l'embryon contenu dans l'utérus, tandis que, d'après Lillie, un fœtus mâle peut, par ses sécrétions, masculiniser un fœlus jumeau du sexe femelle, à condition qu'il y ait anastomose des chorions (eus des free=-martins). N'y aurait-il pas là une question d’adaplation, l'embyon étant immunisé vis-à-vis de l'hormone femelle maternelle, cas normal, mais non contre une hor-: mone mâle (cas anormal) ? 334 R. pe LA VAULX. — LES CARACTÈRES SEXUELS recevoir d'explication de la génétique mo- derne. : Il faut encore parler d’une troisième hypothèse qui paraît contenter quelques biologistes. C’est celle qui lie le sexe et tous ses caractères à un métabolisme spécial : au sexe mâle correspon- draitun système d'échange plus actif que celui du sexe femelle. Il est certain que cette concep- tion renferme beaucoup de vrai, et que la diffé- rence de métabolisme doit se trouver à l'origine de tout dimorphisme sexuel. Mais, si certains caractères peuvent, comme nous l'avons vu plus haut, être considérés comme étant des consé- quences directes de l’activité physiologique spéciale au mâle ou à la femelle, il n’en est pas de même de tous. En particulier, les appareils relatifs à une adaptation spéciale ne peuvent être le résultat d’une simple réaction chimique. Si le métabolismeintervient dans l'apparition de ces caractères, c’est en tant que « messager chi- mique », suivant l’expression de Bayliss et Star- ling, déclanchant, à la façon d’une hormone, l'ap- parition d’une des deux formes inscrites dans le patrimoine héréditaire de l'espèce !. Il se peut d’ailleurs qu’un déterminisme qui n’agit plus aujourd'huiqu'à titre de«signal» ,aitjouéau cours de l'évolution un rôle plus important, un véri- table rôle créateur dans la formation du carac- tère qu’ilse borne maintenantàfaire apparaître : le fait a pu se produire, notamment, pour beau- coup de caractères ornementaux. * * * Ayant dû éliminer successivement les diverses explications qui s’offrent au biologiste, nous nous retrouvons toujours en face du même pro- blème. Il serait téméraire de prétendre le résou- dre complètement, mais peut-être est-il possible, en le présentant sous un jour plus exact, d’en faire entrevoir la solution. 1.L'étude des Crastacés est particulièrement instructive à cet égard. G. Smith a montré que les parasites qui « féminisent » les Crabes mâles produisent ce résultat en faisant évoluer, par leur présence, le métabolisme de l'hôte vers le type femelle, Guidé par ces idées, il a été amené à penser que le type du système d'échange détermine le sexe des Crustacés, et particulièrement des Cladocères. Or l'étude des Daphnies normales, parasilées ou intersexuées, m'incite à croire que la différence de métabolisme (accumulation de graisse ou de glycogène) est, au contraire, le résultat de l'activité des gonades, Une Daphnie, dont l’ovogénèseest arrêtée, accumule de la graisse comme un mâle, tandis qu'un intersexué de type mâle extérieurement, mais formant des œufs, emploie à cette production la graisse qu'il assimile, et n’en contient pas plus qu’une femelle. On peut ainsi penser que le métabo- lisme général, résultat du sexe, a pu, secondairement, être la cause de l'inversion des caractères externes (lorsque ceux-ci présentent une certaine labilité, comme chez les Crabes sac- culinisés) et jouer ainsi un rôle comparable à celui des hor- mones. Il convient d’abord d’écarter toute conception tendant à présenter le sexe comme une qualité surajoutée à un organisme, telle que celle de l'état neutre ou asexuel. Cette idée se fonde sur la grande ressemblance qu'ont entre eux -les castrats. Cette similitude n’a rien de surprenant et résulte de l’intime liaison existant entre les parties. Puisque, chez les Vertébrés, la plupart des caractères sexuels ne peuvent se manifester sans l'intervention d’une substance issue des gonades ou d’autres glandes, il est évident que l’extirpation précoce de ces organes empêchera les caractères en question d’apparaître. Il faut se garder de voir un état neutre dans l’indéter- mination, plus apparente que réelle, que mani- feste toujours nécessairement un embryon ou un germe jusqu’à une date plus ou moins tardive de son ontogénèse. On ne saisit pas d’ailleurs comment aurait pu se constituer un état neutre, vu que l’évolution des animaux gonochoriques n'a pu s'effectuer qu’à travers une chaîneininter- rompue d'individus sexués. Cette dualité d’indi- vidus a pour conséquence une double série de perfectionnements inscrits dans le protoplasme, mais mélangés à chaque amphimixie. La ques- tion est donc de savoir comment, de l’ensemble des caractères ainsi confondus, les deux séries peuvent se séparer à chaque génération. L'idée que l’hérédité s'apparente aux phéno- mènes de mémoire n’est pas neuve et Le Dantec l’a résumée dans une formule devenue classique: « l'hérédité est la mémoire de l'espèce». Or, on peut trouver dans l'étude des phénomènes mnémoniques des faits rappelant, jusqu’à un cer- tain point, la double hérédité du protoplasme des animaux gonochoriques. Ce sont ceux que les psychologues ont étudiés sous le nom de dédou- blement de la personnalité. Chez les malades atteints de cette affection, les souvenirs se sont ordonnés suivant deux catégories, et c’est l’alter- nance de ces deux groupes de souvenirs qui détermine la double mentalité. Sous l'influence d'une crise, la substitution se produit et tous les souvenirs correspondant à une certaine époque, ayant été associés, réapparaissent à l’exclusion des autres. La réapparition de souvenirs, d’habi- tudes, de réflexes, associés par séries, n’est pas particulière à l'homme etpeut être décelée, à l’état rudimentaire,chezlesanimauxlesplusinférieurs. La mémoire associative paraît être une propriété essentielle de la substance vivante. On est ainsi conduit à penser que la cause fon- damentale de l'union des caractères propres à un sexe réside précisément dans le fait qu'ils ont évolué ensemble sur le même type d’individu, j et qu’ils ont été associés par cette mémoire du = ET LE PROBLÈME DE LEUR GROUPEMENT 4 protoplasme que constitue l’hérédité. En adop- tant cette interprétation, on dira, par exemple, que c’est parce que l'organe d’accouplement s’est formé et développé progressivement dans un organisme présentant un certain métabolisme dû à son rôle sexuel, que ce même organe appa- raît dans tout être offrant des conditions phy- sicochimiques semblables. Ces conditions sont normalement produites par la présence d'une gonade d’un sexe déterminé, maïs elles peu- vent exceptionnellement avoir une autre cause, par exemple lorsque l’on injecte à un castrat de l'extrait testiculaire, ou lorsqu'une Sacculine change le métabolisme d’un Crabe mäle. Dans ces derniers cas, ce sont des circonstances inha- bituelles qui établissent de fausses corrélations. Chez beaucoup d'espèces le déterminisme est précoce et paraît définitif, de sorte que, l’orga- nisme étant orienté vers la manifestation d’une catégorie de caractères, aucun changement ne peut plus se faire. Chez certaines, au contraire, la série demeurée à l’état latent réapparaît plus ou moins facilement. Dans d’autres enfin, quel- ques caractères paraissent fixés de bonne heure, tandis que d’autres demeurentsujets à variation. La labilité sexuelle diffère donc à la fois suivant les espèces et suivant les organes considérés. La liaison par association héréditaire peut encore rendre compte des corrélations manifes- tées dans le temps. Certains caractères tardifs ne se montrent qu’à l’état adulte, précisément au moment où les gonades sont müres. Là encore il faut distinguer le cas où ces caractères, demeu- rés labiles, suivent les variations physiologiques des glandes génitales grâce à des liaisons humo- rales (Vertébrés), et celui où les variations mor- phologiques et glandulaires sont indépendantes quoique *synchrones. Ce dernier cas peut être observé chez les Daphnies: on peut voir, sur un intersexué, des organes mâles d’accouplement se développer peu à peu et ne se montrer achevés qu'à l’état adulte, bien que les testicules soient ici remplacés par des ovaires. Ce fait démontre bieh que ce n’est pas par suite d’une corrélation actuelle que, chez le mâle normal, l'organe nese trouve complètement formé qu’au moment où il est appelé à collaborer à l’accouplement. L’asso- ciation n'existe plus ici qu'entre la formation de l'organe et l'écoulement, depuis le début de l’ontogénèse, d’un certain laps de temps, carac- térisé par l’état général du développement. CoxcLusions A Si les idées qui viennent d’être exposées sont exactes, eiles permettent d’envisager sous un 335 à la sexualité et indiquent peut-être la voie dans laquelle il convient de chercher leur solution. Si l’on admet la double hérédité du protoplasme on comprend notamment que la manifestation de la série des attributs du mâle ou dela femelle n'empêche pas la réapparition éventuelle d’une partie ou de la totalité de l’autre groupe (herma- phrodisme, intersexualité, gynandromorphisme) -et que les caractères propres à un sexe puissent être transmis par l’autre. Les hormones perdent de leur caractère mysté- rieux: ce nesont plus des substances miraculeu- sement préadaptées, spécialement élaborées dans le but de faire surgir des modifications plus ou moins utiles à la fonction sexuelle; ce sont de simples produits d’excrétion qui doivent leur vertu déterminante au fait qu’ils ont été, au cours de l’évolution, constamment associés au dévelop- pement du dispositif qu'ils font apparaitre. Le problème du déterminisme du sexese mon- tre également sous un jour nouveau.Il n'ya plus lieu de s'étonner de l’extraordinaire diver- sité des facteurs que l'on a été amené à mettre en cause, ni de s’obstiner à rechercher une rela- tion fondamentale entre un sexe etune substance chimique déterminée ou un certain système d'échange qui serait partout du même type. Il est vraisemblable qu'à l'origine, l’hétéro- gamie, première manifestation du dimorphisme sexuel, a été due effectivement à une différence de métabolisme, mais, actuellement, dans beau- coup de cas tout au moins, la nature du détermi- nisme sexuel semble plutôt être en rapport avec les particularités éthologiques de chaque espèce. La relation entre un sexe et les circonstances qui le font apparaître ne serait pas essentielle, mais en quelque sorte contingente, fortuite ; ce serait une forme particulière d'adaptation, fixée par l’hérédité. Le sexe mâle et le sexe femelle sont les deux seuls états sous lesquels peut se montrer un individu appartenant à une espèce gonochorique, et l’on conçoit, dès lors, que des forces très faibles et d’ailleurs de natures diver- ses puissent suffire à faire pencher la balance d'un côté ou de l’autre ?. . 1. Le cas des Bonellies, où l'embryon évolue vers un sexe différent suivant la siluation qu'il occupe par rapport à la femelle (Baltzer), celui de certains Hyménoptères, chez lesquels un réflexe, en réglantla fécondation, détermine le sexe de l'œuf d’après la forme de l’alvéole dans laquelle ce dernier sera pondu, celui des Cladocères, dont les cycles repro- ducteurs paraissent primitivement réglés par les conditions du milieu, sont particulièrement suggestifs à cet égard. 2. Dans un précédent article (Rev, gen. Sc., 30 mars 1922, p. 174), j'ai montré que le cas des intersexués ne constituait qu'une exception apparente à cette alternative stricte. Pour ce qui est des Insectes neutres, on sait que ce sont originelle- nouvel aspect la plupart des problèmes relatifs | ment des sexués, devenus secondsirement stériles. 336 L. JOLEAUD. — REVUE DE PALÉONTOLOGIE ANIMALE Quant à l’origine des caractères sexuels, elle | peut être attribuée, pour une part, à l’activité physiologique en rapport avec le type de gamèle produit par l'individu, et pour l’autre à tous les - facteurs évolutifs invoqués à propos des carac- tères spécifiques. Considérée dans toute sa géné- ralité, la question de la génèse des caractères qui font l’objet de cette étude ne pose pas tant un problème physiologique qu'un problème phy- logénétique, compliqué du fait qu'il y a lieu d'envisager ici une double hérédité. Le dimor- phisme sexuel n’est d’ailleurs qu’un cas particu- lier du polymorphisme (p.larvaire, p.saisonnier), en vertu duquel un organisme peut, suivant les circonstances déterminantes, manifester telle ou telle série. de caractères ancestraux. Quelle que puisse être la tentation de ne pro- poser que des explications simples, empruntées au domaine des sciences physiques, il ne faut jamais perdre de vue que la matière vivante sur laquelle nousexpérimentons n’estpas seulement une substance chimique très complexe, mais qu'elle peut étre considérée comme une somme prodigieuse d'inscriptions héréditaires, L'inter- action du protoplasme avec une certaine subs- tance inorganique, relativement simple et im- muable au cours des siècles,n’a évidemment rien de comparable avec une banale réaction chimi- que. Le passé domine la matière vivante ; c’est lui qui règle et conditionne ses réactions, et les phénomènes biologiques deviennent incompré- hensibles si l’on ne tient pas compte de ce fac- teur, impondérable mais toujours présent R..de La Vaulx, Docteur ès sciences REVUE DE PALÉONTOLOGIE ANIMALE La « Revue de Paléontologie animale » que j'ai donnée dans le numéro du 30 juillet 1920 de la Revue générale des Sciences avait trait aux publi- cations éditées au cours des années 1917, 1918 et 1919 ; celle qui fait l’objet de cet article se rap- porte à 1920 et à 1921. Chaque jour s'affirme davantage la nécessité de la mise en harmonie des: données fournies par les documents paléontologiques et des prin- cipes que les biologistes déduisent de leurs investigations. Aussi ne saurait-on trop recom- mander, aux personnes qui s’adonnent à l'étude des organismes fossiles, la lecture des ouvrages où sont groupés les résultats définitivement acquis dans le domaine de la science des êtres vivants. C’est en me plaçant à ce point de vue que je signalerai tout spécialement à l’attention des paléontologistes les deux derniers livres de M. Etienne Rabaud : Éléments de Biologie géné- rale! ; L'Hérédite?. Dans lé premier de ces ouvrages, un certain nombre de chapitres sont particulièrement ont trait à l’origine de la vie et aux influences | 1. Bibliothèque de Philosophie F. Alcan, 1920; in-8, 444 p., 51 fig. 2 Collection Armand Colin, Section de Biologie, n°13, Paris, A, Colin, 1921; in-16, 190 p., 34 fig. contemporaine, Paris, i | Î externes envisagées suivant les données chi- PREMIÈRE PARTIE mico-physiques, à la formation des organismes pluricellulaires que domine dès le début l'unité fonctionnellé, à l'adaptation et à la variation con- comitantes, aux changements du milieu, à Ja répartition géographique des êtres vivants liée à leurs affinités réciproques, à leurs interactions et à l'interpénétration des peuplements, à la per- sistance et à la disparition des espèces, enfin à la sélection et à l’évolution. Le livre sur « L'Hérédité» de M. Étienne Rabaud intéresse le paléontologiste à plusieurs titres: les développements quitraitent du rôle du milieu dans les manifestations héréditaires, où il se tra- duit par un polymorphisme plus ou moins accusé ; ceux quiconcernentles variations héréditaires et leurs diverses modalités conduisentnotamment à des conclusions quis'accordent avec lesfaits révé- lés par l'étude des fossiles. Tout organisme est inéluctablement lié aux changements du milieu qui l'entoure : rien dans un être ne saurait s op- l poser aux variations, pas plus, d’ailleurs, qu'y : déterminer le sens ou læ vitesse de l’évolution. dignes d'intérêt pour le paléontologiste, ceux qui ; Au début de la Revue que je publiais ilya deux ans, je signalais les nouvelles éditions de deux manuels, l’un anglais de H. Woods, l’autre allemand de F. Broiliet M. Schlosser, indépen- damment de deux livres sur l’évolution écrits par des auteurs américains, R. S. Lull et H. F. Osborn. Depuis, dix ouvrages classiques de Paléozoologie ont vu le jour : ils sont dus à L. JOLEAUD. — REVUE DE PALÉONTOLOGIE ANIMALE S. A. Pelly!, A. M. Davies?, H. L. Hawkins, E. R. Lankester ‘, O. Abel, E. Stromer von Reichenbach 5, E. Dacqué7, F. Broili$. Tous les ouvrages didactiques récents qui traitent des animaux fossiles ont donc été imprimés chez nos voisins d'outre-Manche, d'outre-Rhin ou d'ou- tre-A ltantique. Comme il en est également ainsi dans beaucoup d’autres branches des sciences, l'expansion au dehors de la pensée française ‘court certainement à l’heure actuelle de graves dangers. [1 n’en est fort heureusement pas de mêmedans le domaine spécial de l'étude des Hommes fos- siles. Un Traité de Paléontologie humaine, œu- vre magistrale de Marcellin Boule *, est sorti des presses de la_ maison Masson : bien peu de temps après sa publication, ce livre était déjà épuisé en librairie, tandis que s’achevait à peine la préparation d'une traduction anglaise. L’appa- rition de la belle œuvre de synthèse et de criti- que de l’éminent Professeur de notre Muséum National fera époque dans l’histoire de la science des fossiles !°. I. — FoRAMINIFÈRES Les Cyclostègues D'Orbigny avait institué un ordre des Cyclos- tègues pour les Foraminifères présentant un développement annulaire :Cyclolina, Orbitolites, Orbitolina, Orbitoides. H. Douvillé ‘! vient de montrer que ces Proto- zoaires appartiennent en réalité à différents grou- pes : leur mode de croissance, qui dépend des particularités de leur genre de vie, aurait simple- 1. Glossary and Notes on Vertebrate Palæontology. London, - Methuen, 1918, in-8, 119 p. 2. An Introduction to Palæontology. London, Murby, 1920, in-12, 414 p., 100 fig. 3. Invertebrate Palæontology, An Introduction to the Study of Fossils. London, Methuen, 1920, in-8, 245 p. k. Extinct animals, Newed., London, A. Constable, 1920, in-8. - : 5. Die Stamme der Wirbeltiere. Berlin und Leipzig, Walter de Gruyter, 1919, in-8, 914 p., 669 fig. — Lehrbuch der Paläozoologie, Jena, Gustav Fischer, 1920, in-8,500 p., 700 fig. — Lebensbilder aus der Tierwelt der Vorzeit. Jena, Gustav Fischer, 1921, in-8, 643 p., 507 fig., I pl. 6. Paläozoologisches Praktikum, Berlin, 1920. 7. Vergleichende biologische Formenkunde der fossilen niederen l'iere, 2 fasc. Berlin, Gebrüder Bornträger, 1921, in-8, 777 p., 345 fig. 8. Grundzüge der Paläontologie. {. Invertebrata. München und Berlin, R. Oldenburg, 1922, in-8, 710 p., 1458 fig. * 9. Les Hommes fossiles, Eléments de Paléontologie humaine, Paris, Masson, 1921, in-8, 499 p., 239 fig. 10. Voy. L.Jouxaun: L'état actuel de nos connaissances en Paléontologie humaine, d'après le récent livre de Marcellin Boule « Les Hommes fossiles». Rev. 2én.Sc., XXXII, 1921, p. 69-/4. 11. Les Cyclostègues de d'Orbigny. Compt. rend. Acad. Sc., t. CLXIX, 1919, p. 1130; — Sur l’origine des Orbitoides. Zd., Lt. CLXX, 1920, 337 ment déterminé, entre ces êtres unicellulaires, des phénomènes de convergence. La forme cyclostègue n'aurait été acquise par eux que secondairement. Il convient tout d'abord, en effet, de séparer, parmi ces organismes, les types à test compact des types à test poreux. Les premiers ontété originellement arénacés, puis porcelainés. Le développement initial a affecté un mode spiral dans Urbitopsella et Spr- rocyclina. Orbitopsella !‘ du Lias du Tyrol méridional a la forme d’une lentille biconcave entourée par un bourrelet périphérique qui a tendance à s’hyper- trophier et à se déverser sur les faces supérieure et inférieure; aux premiers tours nummulitifor- mes qui entourent des loges embryonnaires très petites, ces Foraminifères étant toujours micro- sphériques, succèdent les tours spiralés de la phase Peneroplis ou Orbiculina; ensuite la coquille devient cyclostègue et les loges annulaires com- mencent à augmenter rapidement de hauteur pour former le bourrelet. Spirocyclina est encore un type jurassique, mais où la phase spiralée per- siste beaucoup plus longtemps et où se déve- loppe un réseau alvéolaire rappelant celui des Fusulines. Orbitolina du Crétacé inférieur et moyen a une coquille conique, à loges complètement divisées. Puis la phase spiralée se réduit considérable- ment dans Cyclolina et Brœckina, où les loges sont encore entières, ainsi que dans Præsorites, où les cloisons demeurent incomplètes. A partir du début de l’ère tertiaire, cette série offre un embryon de Miliolidé, tantôt droit (Orbitolites), tantôt couché (Archiacina, Sorites, Amphisorus, Marginopora). s Les formes cyclostègues à test poreux ou Orbi- toides dérivent de formes spiralées ?. Elles débu- tent avec les premiers Orbitella, qui provien- nent de Sorites et comptent parmi les grands Foraminifères utilisés pour la détermination de l'âge des terrains crétacés supérieurs et num- mulitiques. De forme généralement lenticulaire, la coquille de ces Protozoaires est caractérisée par l'existence d'une assise équatoriale recou- verte sur ses deux faces par des couches plus ou moins nombreuses de chambres latérales, les logettes de l'assise médiane affectant une dispo- sition eyclostègue. Dans le genre Orthophrag- mina, qui atteint son maximum à l'Éocène, les logettes médianes sont rectangulaires, tandis 1. M. Gicnoux et L. Mourir : Le genre Orbitopsella-Mun. Chalm, et ses relations avec Orbitolina. Bull, Soc. Géol.France, [a], XX, 1921, p. 129-140, 5 fig, pl. VI. 2. H. DouvieEe : Revision des Orbitoides Bull, Soc. Géol. France, [4], XX, 1921, p. 209-232,37 fig., pl. VII. 338 L. JOLEAUD. — REVUE DE PALÉONTOLOGIE ANIMALE qu’elles sont arrondies dans Lepidocyclina de l'Oligocène. Le genre le plus ancien de la famille, Orbi- tella, commence au Campanien inférieur dans l'Afrique du Nord et l'Inde, où il persiste au Maes- trichtien, époque qui a vu son aire de dispersion atteindre le Midi de la France : les logettes équa- toriales y constituent un réseau à mailles losan- giques courtes. — Simplorbites du Maestrichtien de la France méridionale, de la Sicile, des Car- pathes et de l'Égypte peut atteindre 50° milli- mètres de diamètre : à son intérieur on trouve une coque embryonnaire ovoide et épaisse de plus de 2 millimètres de diamètre, divisée en de nombreuses logettes de disposition plus ou moins irrégulière, A l’extérieurde cette coque, l’assise équatoriale offre les mêmes caractères que dans Orbitella. Lepidorbitoides du Maestrichtien de la Belgi- que, de la France, de l’Inde, de Madagascaretde l'Éocène inférieur du Thibet a son embryon composé d'une petite loge sphérique accolée à une loge cireulaire plus grande, tandis que tout autour l’assise équatoriale se présente sous la forme d’un réseau à mailles fortement convexes en avant, rappelant celui de Lepidocyclina. — Clypeorbis du Maestrichtien des. Pyrénées est remarquable par les logettes de sa couche équa- toriale disposées en réseau à mailles hexagona- les aplaties dans le sens du rayon. — Ümphalo- cyclus du Maestrichtien du Limbourg, des Pyré- nées, de l'Italie, de la Roumanie, de la Tunisie, de la Perse, du Beloutchistan, de l'Inde et du Thibet, se compose originellement d’une simple couche de loges cyclostègues subdivisées en logettes. IT. — CÉLENTÉRÉS Les Stromatoporoïdes des terrains secondaires Les|Stromatoporoïdes paléozoïques étaientbien connus des paléontologistes, grâce aux travaux de H. A. Nicholson (1886-1892). Considérés pen- dant longtemps comme propres à l’ère primaire, ces curieux Célentérés ont été reconnus dans les terrains secondaires il y a vingt ans par Munier- Chalmas. C’est à l'étude de ces derniers repré- sentants du grand groupe disparu d'Hydro- zoaires que Yvonne Dehorne! a consacré dix années de patientes recherches. De formation intellectuelle essentiellement biologique, notre très regrettée confrère était toute désignée pour élucider l’intéressant problème des relations 1. Les Stromatoporoïdés des terrains secondaires, Mém. Carte Géol. France, 1920, Paris, Imp. Nat., in-4, 170 p., 33 fig., 17 pl. héliogr. taxonomiques de ces êtres fossiles avec les ani- maux vivants. Les matériaux recueillis dans les terrainssecon- daires font voir des détails histologiques qui ne sont guère discernables sur les échantillons découverts au milieu des roches paléozoïques. Ainsi Yvonne Dehorne put-elle affirmer que les Stromatoporoïdes, envisagés généralement comme un groupe «éncerltæ sedis»,constituent en réalité le trait d'union entre les Hydractiniaires- (Hydractinides) et les Hydrocoralliaires (Millé- porides). Remarquables surtout par la présence d’astrorhizes (canaux stellaires superficiels), les Stromatoporoïdes sont, les uns dépourvus de logettes tabulées (Actinostromides), les autres caractérisés par cette disposition structurale particulière (Burgundidés, Stromatoporoïdés) ; les premiers font songer aux Hydractinoïdes, les autres aux Milléporoïdes. D'une façon générale, les Stromatoporoïdes sont des êtres fixés, vivant en colonies consti- tuées par une succession de lames calcaires con- centriques, plus ou moins ondulées, que sépa- rent des éléments calcaires verticaux, arrondis en forme de colonnettes ou bien aplatis. Le sque- lette calcaire paraît composé de granules exces- sivement petits. ; Dans l’état actuel de nos connaissances, cet or- dre d'Hydrozoaires fait défaut dans les terrains postdévoniens et antébathoniens. Cependant les Stromatoporoïdes mésozoïques ne diffèrent que bien peu de ceux de l’ère primaire, l'ensemble se présentant comme un groupe à évolution très lente : les genres Actinostroma et SNtromato- pora ont vécu du Silurien au Crétacé supérieur. Répandus de l’Ordovicien au Dévonien supé- rieur, les Stromatoporoïdes primaires ont été in- diqués de l’Europe, du Maroc, de l'Amérique du Nord,de l'Inde (Salt Range),du Tonkin et del’Aus- tralie occidentale ; une même espèce (Actino- stroma clathratum) se rencontre en Europe, au Maroc, au Tonkin eten Australie. Au Mésozoïque les plus anciens représentants se trouvent dans le Bathonien de Sardaigne et les plus jeunes au sommet du Sénonien moyen de. Provence ; ceux d’âge intermédiaire ont été signalés en France, Suisse, Moravie, Portugal, Italie, Roumanie, Tunisie et Japon. Si Stroma- topora milleporoides offre encore une large répartition géographique au Jurassique supé- rieur (Portugal àTunisie et Roumanie), il ne pré- sente plus au Crétacé qu’une étroite localisation: ce semble être d’ailleurs une règle générale pour les derniers représentants de l’ordre. Les conditions d'existence des Stromatopo- roides ne différaient sans doute pas de celles re de AS L. JOLEAUD. — REVUE DE PALÉONTOLOGIE ANIMALE des Coraux actuels ; elles étaient certainement moins favorables à ces Hydrozoaires au Méso- zoïque qu’au Paléozoïque. Les Coralliaires du Pliocène californien T. W. Vaughan! vient d’étudier la riche faune du récif corallien de Carrizo Creek, dans l’Imperial county de Californie. Ces Polypiers sont remarquables par les grandes analogies qu’ils présentent avec ceux de l'Atlantique ac- tuel : par exemple Eusmilia carrizsensis et Mæ- andra Bowerst sont tout à fait comparables à des espèces des Bahama ; Dichocænia Merriami, Siderastrea Mendenhalli et Poritescarrizensis sont étroitement alliés à des Coralliaires de la Flo- ride ; Solenastrea Fairbanksi a des calices identi- ques à ceux d'une forme des Antilles. Les analogies de la faune de Carrizo Creek sont surtout manifestes avec celle du Pliocène de Floride ; ainsi donc le golfe de Californie et l’Atlantique auraient communiqué au Pliocène ancien par un détroit, dont j'ai déjà entretenu les lecteurs de la Revue genérale des Sciences il y a deux ans et que j'ai appelé le détroit nord- floridien?. à III. — BrYozoAIRES Les Bryozoaires de l’Éocène nord-américain R. Bassler et F. Canu*se proposent de publier à l’occasion de deux monographies des Bryo- zoaireséocènes et miocènes de l'Amérique du Nord, ainsi que d’un travail sur ceux de ces ani- maux qui_ vivent aujourd'hui aux Philippines, une étude d'ensemble de cet intéressant groupe zoologique. La répartition des Bryozoaires actuels en Chei- lostomes et Cyclostomes, repose Bsentiellement sur les caractères des formes larvaires : aussi le paléontologiste se heurte-t-il dans l’étude de ces groupes à de très grandes difficultés. Pour lui ce sera surtout la forme et la nature de l’ovicelle qui lui serviront de guide; mais la conserva- tion de ces organes par la fossilisation est loin d’être fréquente. Finalement les auteurs en ont été réduits à faire entrer surtout en ligne de compte la nature du squelette et les rapports de l’opercule avec l’ovicelle pour les Cheilostomes. La classification des Cyclostomes fossiles repose plus spécialement sur la forme des tubes 1. The Reef Coral Fauna of Carrizo Creek,Imperial county, California, and its significance, Un. Stat, Geol. Surv., Prof- pap., n°98, 1920, p. 355-395, 2. L. Joueaup : Les Migrations des Mammifères américains et africains à travers les régions atlantiques pendant les temps néogènes. Rev. gén. Sc., XXX, p. 706. 3. North american early tertiary Bryozoa. Un. Stat, Nat. Mus., Bull. 106, 1920, p. 1-879, 276 fig., 162 pl, 339 adventifs ou accessoires avec la calcification. Les tubes accessoires sont dits tergopores, s'ils se présentent comme des tubes ouverts dorsaux de direction différente de celle des autrestubes; firmatopores, s’ils constituent des tubes capil- laires dorsaux à direction descendante ; némato- pores, s'ils forment des tubes fins, linéaires, à orifice oblique; dactyléthrés, s'ils sont avor- tés, obliques et fermés par une membrane calcaire ; cancellés, s'ils dessinent des tubes cylindriques, à spinules internes. Les tubes adventifs sont appelés vacuoles, dans le cas de petites perforations dans un tissu pariétal épais, dont les orifices sont disposésau fond de tulcis, ou mésopores, lorsque l’on a affaire à des rami- fications régulières, égales, à parois très épaisses, dont l’ensemble forme une épithèque concen- trique. IV.— CrusrTacés L'anatomie de la face ventrale des Trilobites Dans ma. précédente Revue de Paléontologie animale, je signalais à l'attention deslecteurs de D) LEE 41 ®, ÿ NS 2} & À NS S Fig. 1. — Neolenus serratus Rominger.— Cambrien moyen: argiles de Burgess, près Field {Colombie britannique). — Restauration de la face ventrale, x 9/8 (d'après P. E. Ray- mond). = 340 L. JOLEAUD, — REVUE DE PALÉONTOLOGIE ANIMALE la Revue générale des Sciences, le beau travail de C.D.Walcott sur les appendices des Trilobites.Un nouveau mémoire sur le même sujet vient encore de voir le jour aux Etats-Unis. Il est dû à P.E. Raymond, élève de C. E. Beecher, et s'inspire largement des directives du regretté paléontolo- giste. L'auteur y traite successivement de la face inférieure d'une dizaine de genres, Veolenus, Isotelus, Triarthrus, Ptychoparia, Kootemia, Calymene, Ceraurus, Acidaspis et Cryptolithus; Fig. 2. — Isotelus marimus Locke, — Ordovicien : calcaire de Black Trenton, près d'Oltawa (Ontario). — Restauration de Ja face ventrale, 3/4 gr, nat. (d'après P. E. Raymond). parmi ceux-ci, Ptychoparia, Kootenia et Acidas- pis ne sont pas suffisamment connus pour que P.E. Raymond ait cru pouvoir les figurer vus du côté ventral. ë Les appendices des Trilobites comprennent une paire d’antennules, quatre paires de membres birameux insérés sous la tête, un nombre de pai- res de membres birameux égal au nombre de segments du thorax etenfin une quantité varia- ble d’appendices pourle pygidium, avec, tout au 1. The Appendages Anatomy and l'elationships of Trilo- bites, Mem, Connect. Acad. Arts Sc., New-Ilaven, vol. VIS, 1920, 169 p.. 46 fig. 11 pl. moins chez Neolenus, une paire d'organes tac- tiles à l'extrémité postérieure du corps. Chaque membre de la tête, du thorax et du pygidium, comprend un article basilaire, le Coxopodite, qui est attaché par sa face dorsale sur le tégument ventral et qui porte comme appendices un exo- podite et un endopodite. Aux exopodites, élargis en forme de palette natatoire, non segmentés et dirigés vers l’avant, sont allachés des soies et I 14 4 2 2} IS 7 CS PNR L I RS RS te à ne XX ITS 7 DE Do Se FTP UV EEE + di NS D TN d © A\\\\ (7 él ON - SR TE G, QE E Fig. 3. — Triarthrus Becki Green. — Ordovicien : argiles charbonneuses noires d'Utique, près de Rome (New-York). — Restauration de la face ventrale, x 3 (d'après P. l. Raymond). des pointes de forme variable, consistant en un, deux ou un plus grand nombre de segments. Les endopodites, robustes et à peu près identi- ques tout le long du corps, comprennent six seg- ments, dontledistalest armé d'unepointe portant des épines (fig. 1). ; l’ensemble de ses caractères a conduit P.E,. - Raymond à donner de Veolenus serralus une reconstitution assez différente de celle publiée en 4918 par C. D. Walcott. Pour le Professeur de Harvard, l’épipodite et l’exite distingués par le Secrétaire général de la Smithsonian Institution "17 seraient en réalité un exopodite et un coxo- podite. Sous le nom de Vathorstua transitans, Walcott aurait décrit un Veolenus venant de subir une mue et n'ayant pas encoresa carapace complète- ment reconstituée. Isotelus est, parmi les Trilobites dont on a pu restaurer la face ventrale, celui dont on connaît le moins bien les différentes parties des appen- dices : les exopodites, en particulier, n’ont pas encore pu être distingués avec précision (fig. 2). > > CA Sesasesae Ÿ = SX sb > ER) ZE L. JOLEAUD. — REVUE DE PALÉONTOLOGIE ANIMALE 341 longent sur leur face interne en une endobase incurvée et subcylindrique; les endopodites,qui ne dépassent pasici Le bord du corps, sont grêles, graduellement amincis et pourvus de petites épines à l’extrémité distale de chacun de leurs segments; enfin les exopodites présentent un long processus non segmenté, auquel sont atta- chées les branchies formées non pas par deux tubes spiraux, mais par des soies longues et aplaties (fig. 4). Cryptolithus ou Trinucleus, Trilobite fouis- PA L À (z NE” SE Fiy. 4, — Calymene senaria Conrad. — Ordovicien : calcaire de la chute de Tren- Fig. 5. — Cryplolithus (— Trinucleus) tessellatus Green, — Ordovicien : ton (New-York). — Restauration de la argile de Frankforth, au sud de Rome (New-York). — Restauration de la face ventrale, >< 7/4 (d'après P. E. Ray- face ventrale,x 6 (d'après P. E- Raymond). mond), Dans Triarthrus, les articles des endopodites abdominaux portent de nombreuses épines et se différencient ainsi des autres appendices. Les antennules sontinsérées sous la glabelle à la hau- teur de la deuxième paire de sillons. Les autres appendicescéphaliques sont disposés en dedans du sillon circumglabellaire, la première paire sous la troisième paire de sillons glabellaires et la dernière sous l’angle antérieur de l’anneau occipital (fig. 3). Ceraurus et Calymene ont les deux premiè- res paires des appendices céphaliques peu déve- loppées, les endopodites restants courts et min- ces, les exopodites très réduits se dirigeant parallèlement aux bords de l’hypostome. Les coxopodites des appendices abdominaux se pro- seur, possède de longues antennules dirigées en arrière; aucun de ses appendices ne dépasse le bord de la carapace, qu’atteignent cependant les exopoditespluslongsquelesendopodites; ceux-ci ontleurs trois premierssegments dirigés en avant et en dehors et leurs quatre derniers en arrière parallèlement au rachis. Leurs appendices les plus grands correspondent à la partie antérieure de la région abdominale et leurs dactylopodites endopodiaux portentun bouquet desoies (fig. 5). Le coxopodite des Trilobites ne correspondrait pas au protopodite des Crustacés plus évolués ; la terminaison interne de cet article basilaire est soit aplatie, soit cylindrique : dans les membres céphaliques, elle est plus ou moins modifiée en vue de servir à la mastication; dans les membres 342 ï L. JOLEAUD. — REVUE DE PALÉONTOLOGIE ANIMALE thoraciques ou abdominaux, elle peut présenter la même forme, mais elle est souvent quelque peu différente. Lesantennulessont, en général, longues, fines et composées de nombreux segments munis de soies. Chez Trinucleus, elles dépassaient très sen- siblement le rebord céphalique et pouvaient se replier sous lecorps ; leur point d'insertion était, semble-t-il, toujours situé à lahauteur du milieu oudela partie antérieure del'hypostome.C’étaient sans doute des organes tactiles très mobiles. En dehors des antennules, touslesappendices, à l’exception de ceux du segment anal, consistent en un coxopodite avec une expansion interne, l’endobase, et une paire de branchies situées à l’extérieur; au-dessus vient l’exopodite, et au- dessous, les six articles de l’endopodite. Les exopodites du bouclier céphalique sont semblables à ceux du thorax. Les endobases des coxopodites des appendices céphaliques jouaient probablement le rôle de pattes-mäâchoires; elles sont situées au voisinage de l’hypostome. Les appendices thoraciques sont au nombre d’une paire par segments; ils varient sensible- ment suivant les genres. Les endopodites étaientsans doute des organes locomoteurs,utilisés à la fois pour se déplacer sur le fond, pour nager et pour fouir, dans le cas tout au moins de Trinucleus ; les nombreuses épines de leurs coxopodites en faisaient des organes de préhension recueillant les animaux dont se nour- rissait le Trilobite ; ceux de la partie postérieure du thorax et. ceux du pygidium semblent avoir servi plus spécialement d’organes de natation. Les exopodites avaient pour principale fonction d’assurer l’aération du sang; leurs mouvements déterminaientune circulation d’eau sous le ventre des Trilobites assurant un renouvellement cons- tant de l’oxygène en vue de la respiration de’ces Arthropodes ; ils jouaient vraisemblablement un rôle comparable à celui reconnu chez les Cirri- pèdes, où ils forment de véritables râteaux faisant converger vers la bouche les particules servant à l’alimentation du Crustacé. Les pygidiums relativement larges pouvaient servir soit d’opercule de protection lorsque l’animal s’enroulait sur lui-même, soit de pa- lette natatoire. Les appendices du pygidium ne présentent pas de modifications spéciales. Ils sont en général semblables à ceux de la partie postérieure du thorax. Le segment anal ou protopygidium seul aurait un appendice de forme spéciale (cerci), à nombreux segmentsconstituant un tout très flexi- ble, les pointes correspondant à des organes tactiles. Les antennes pygidiales, si développées dans Neolenus, se retrouvent à l’état rudimentaire dans Apus et dans divers autres Phyllopodes, ainsi que dans beaucoup d’Isopodes. Elles sont bien développées dans de nombreux ordres d’Insectes archaïques. La pustule médiane que présente la glabelle d’un certain nombre de Trilobites aété envisagée par divers naturalistes comme un œil médian et par d’autres comme un organe impair excréteur comparable à celui d’Apus. Les Trilobites, tout comme leurs larves pro- taspis, étaient benthiques, pélagiques, plancti- ques ou nectiques. Les premiers protaspis detous ces Crustacés étaient planctiques, alors que les protaspis arrivés aux derniers stades de leur dé- veloppement et beaucoup de Trilobites à grand pygidium et carapace épaisse étaient nectiques; toutefois la majorité des représentants du groupe menait une vie benthique. La plupart des formes à petits pygidiums (7riarthus, Paradoxides) étaient de mauvais nageurs, surtout adaptés à La marche; d’autres, par contre, remarquables par leurs grands pygidiums, /sotelus, Dalmanites, étaient à la fois marcheurs et bons nageurs. Enfin Trinucleus et Harpedes étaient marcheurs et principalement fouisseurs. Le régime des Trilobites, essentiellement car- nivore,est devenu limnivore dans Trinucleus. Les Trilobites étaient des Crustacés archaïques non encore nettement spécialisés. Leur ressem- blance avec les Mérostomes semble due à des phénomènes de convergence. Ils étaient sans doute proches parents des Branchiopodes,notam- ment d’Apus. Mais ce serait surtout les Euco- pépodes non parasites qui présenteraient des analogies avec eux, surtout en ce qui a trait aux antennules, antennes et mandibules. Dans le groupe des Malacostracés, les Phyllocarides con- finent aussi aux Trilobites, qui auraient donné assez directement naissance aux Syncarides et aux Isopodes. V. — GASTÉROPODES Le genre Lychnus, curieux Gastéropode des eaux douces du Crétacé supérieur provençal Le si curieux genre Lychnus est étroitement localisé dans les formations fluvio-lacustres du Crétacé supérieur de la Provence, des Baléares et de l'Espagne. Comme viennent de le montrer J. Repelin et H. Parent!, il débute au Campa- nieninférieur(Valdonien), où il ne compte qu’une 1. Monographie du Genre Lychnus. Mém. Soc. Géol. France, Paléont.,t. XXII, fasc. 1, n° 58, 25 p.,6 pl. nés dis nes de L. JOLEAUD. — REVUE BE PALÉONTOLOGIE ANIMALE seule espèce(L. elongatus), etn’est encore repré- senté que par un unique type (L. Marioni) au Campanien supérieur (Bégudien) ; ilatteint fina- lement son polymorphisme extrême au Danien (Rognacien), en même temps qu’il apparaît en Espagne, puis s'éteint presque immédiatement. Les formes campaniennes de Lychnus sont caré- nées et ornées de stries, comme une partie des formes rognaciennes : la majorité de celles-ci sont arrondieset leurcoquille porte de véritables côtes. Ce Gastéropode est remarquable par son extra- ordinaire mode d'enroulement, qui au début rappelle celui de certains Bulimidés, comme Ana- dromus. Plus tard, l'ouverture se déplace et s'élève versle sommet de la spire, comme dans Drymaæus du Brésil. Finalement le dernier tour se rabat vers la base de la spire de telle façon que le plan de l'ouverture devient perpendicu- laire à l’axe de la coquille. Les analogies des faunes lacustres et terres- tres du Crétacé supérieur méditerranéen avec . les faunes actuelles d'Amérique se manifestent d’ailleurs dans des groupes variés ; elles s’obser- vent simultanément avec des relations africaines, concernant surtout des Mollusques du lac Tan- 4 gauyka. VI. — CÉPHALOPODES .La dissymétrie et le siphon des Ammonites Dans leur ensemble, les lignes de suture des Ammonites dessinent une figure à peu près symé- trique par rapport au plan médian de la coquille. Mais cette disposition est loin d’êtretoujours par- faitement réalisée, comme il est aisé dele prévoir a priori. C. Nicolesco ! a récemment insisté sur la tendance plus ou moins accusée à la dissymétrie que présente, parrapport à un plan médian, letracé d’une même ligne de suture sur les deux flancs de la coquille : les différences portent sur le des- sin, les dimensions des éléments, la disposi- tion relative et le nombre des lobes et des selles. La dissymétrie peut même se traduire par une translation de l’ensemble du tracé cloisonnaire, liée parfois à une déformation de la courbe spi- rale ou de la section du tour : le lobe siphonal peut ainsi se trouver transporté sur un flanc ou même alternativement sur les deux flancs du Céphalopode, son déplacement latéral accompa- gnant, d’ailleurs, celui du siphon. En général, l’exagération de développement 1. Étude sur la dissymétrie de certains Ammonitidés, Thèse Fac. Sc. Paris, Paris, Soc. Gén. Imp. et Edit., 1921, in-8, 97 p., 14 fig 343 d’un flanc est en rapport avec, une largeur anor- male des lobes et des selles et un accroissement du nombre de leurs denticulations. Le degré d’accentuation des côtes et des tubercules influence également le tracé de la ligne sutu- rale : les bords des cloisons contournent géné- ralement les pointes des tubercules et entraînent ainsi une exagération de la largeur où de la lon- gueur des éléments de la ligne de suture. La différenciation des deux faces dans la coquille d’une Ammonite finit par entrainer le développement de la spire en une hélice à pas plus ou moins grand. La dissymétrie de la sec- tion des tours détermine, en effet, une différence dans la largeur et la profondeur de l’ombilie : la coquille devient ainsi une spirale conique symé- trique par rapport à un axe. L'enroulement peut y être dextre ou sénestre : les genres depuis longtemps connus comme affectés d'un enroule- ment hélicoïdal, Cochloceras, Heteroceras, Spi- roceras, Turrilites, Bostrychoceras, Helicoceras, Anisoceras, correspondent simplement à des cas extrèmes de cette disposition commune à toutes les Ammonites. Les études récemment entreprises par Mie G. Cousin !, dansle même ordre d’idées, mais sous une forme plus synthétique, ont révélé le syn- chronisme des variations individuelles portant sur les caractères de l’ornementation, de l’en- roulement, de l'épaisseur des tours, de la ligue de suture et du déplacement du siphon. Les recherches poursuivies par cette nouvelle élève du laboratoire de Géologie de la Sorbonne ont porté sur Psiloceras planorbis de l'Hettangien de Nellinger Mühle (Würtemberg). Les change- ments extrêmement variés qui affectent la cloi- son ne semblent pas être en relation avec les modifications de la morphologie externe ; ils portent-principalement sur le nombre etla forme des indentations secondaires. Mais l’évolution individuelle la plus remarquable est celle qui amène les déplacements du siphon : celui-ci n’est que bien rarement médian ; le plus souvent il est déjeté à droite ou à gauche du plan de symé- trie; une même coquille peut arriver à présenter des déplacements tantôt d’un côté, tantôt de l’au- tre. La position du lobe siphonal, qui apparaît alors comme liée à la place du siphon, entraine une réduction de la largeur des lobes et des selles sur le flanc où se porte le siphon. Peut-être est-ce à de tels changements succes- sifs dans le cours du développement des Ammo- nites que seraient liés les curieux faits que vien- nent de nous révélerles dernières notes de A.E. 1. Sur les variations individuelles de Psiloceras planorbis Sow. Compt. rend. Acad, Sc,, t. CLXXII, 1921, p. 1369-1371. 344 Truemann !. En examinantun grand nombre de sections de Céphalopodes, ce paléontologiste aurait constaté quele siphon n’était pas continu à travers toutes les chambres. Ainsi un exemplaire” d'Arietites (Asteroceras) obtusus de 70 mm. ne présentait plus à partir du diamètre de 38 mm., soit dans les dix premières loges, aucune trace de siphon.On pourraitse demander si cette absence n'est pas simplement une apparence due à une déviation latérale du siphon, conséquence de l’asymétrie : il convient cependant de remarquer que celle-ci serait extrêmement rare dans les Ammonites à quille. Dans beaucoup de cas, des Ammonites, sur- tout des individus lisses ou polis, présentent un tube siphonal visible sur le bord externe. Une Ammonite hildocératiforme de 175 mm. de dia- mètre offre ainsi un siphon discontinu; les par- ties qui subsistent sont tantôt situées dans le plan axial, tantôt obliques à ce plan ou même ne le recoupent pas: mais de telles anomalies ne pourraient-elles pas être liées à des conditions spéciales de la fossilisation ! Beaucoup de spéci- mens de Psiloceras planorbis du Lias de Laver- nock, près de Cardiff, remarquables par la min- ceur de leur coquille, laissent voir extérieurement un siphon déplacé latéralement etcourantcomme un ruban blanc décrivant une spirale que l’on ne suit plus dans quelques-unes des dernières loges où il aurait fait défaut. On peut donner deux explications de l’absence ou de la discontinuité de l’enveloppe siphuncu- laire dans quelques-unes des dernières loges. Ce peut être un caractère de sénilité ou même d’ado- lescence en rapport avec une faible activité du pouvoir de sécrétion de la partie du manteau qui donne naissance au phosphate de calcium du tube siphonal; ce peut être, au contraire, un indice de croissance normale, l'enveloppe for-. mée par le siphon membraneux devant nécessai- rement laisser des vides dans plusieurs cham- bres. Cette manière de voir serait confirmée par l'étude de jeunes Ammonites appartenant à di- vers Aildoceras, Dactyloceras, Amblyceras de quelques millimètres de diamètre, où le tube siphonal fait défaut dans les deux où trois pre- mières chambres. Avec l’âge, le nombre des loges dépourvues de tube siphonal paraît augmenter. Ces nouvelles observations seraient favorables à l’ancienne hypothèse qui voyait dans le siphon un organe permettant au Céphalopode de flotter à la surface de la mer ou de s'immerger complè- tement, par l'augmentation ou la dimiñution de 1. The {mmonite siphuncle, Geo/, Mag., n° 667, LVII, jan- vier 1920, p. 26-31, 2 fig. L.JOLEAU.— REVUE DE PALÉONTOLOGIE ANIMALE la quantité de gaz incluse dans ses loges inhabi- tées : cette conception est, par contre, incompa- tible avec la présence d'une enveloppe siphonale continue, dont semblaient témoigner presque toutes les observations antérieures. VII. — Poissons Les Scopélidés à organes lumineux du Miocène supérieur de l'Algérie C. Arambourg! procède en ce moment à une intéressante revision de la faune ichthyologique du Sahélien d'Oran, faune essentiellement mé- diterranéenne, dont cependant quelques rares types ne vivent plus que dans l'Atlantique, sur les bords de l’ancien géosynelinal transverse :7 côtes du Maroc, de Madère, des Canaries, du Cap-Vert et des Antilles. Le plus remarquable des nouveaux Poissons du Miocène supérieur algérien est un petit Scopé- lidé, Myctophum prolaternatum Arambourg ?, dont les empreintes présentent la trace d'organes lumineux parfaitement bien conservés par la fos-. silisation. Ces photophores consistent en lignes de cupules dont la lentille est formée par une écaille remarquablement épaissie en son milieu. L'espèce oranaise est très voisine d’une forme actuelle des régions tropicales : littoral pacifique américain, côte nord-ouest de l’océan Indien, côte d'Afrique du Maroc à la Guinée. Le même genre se retrouve dans les gisements synchroniques de Sicile, à Licata notamment. VIII. — AmpiBieNs Lysorophus, le plus ancien Urodèle fossile Lysorophus est un curieux Vertébré du Carbo- nifère supérieur du comté de Vermillion (Illinois), décrit parE. D. Cope en 1877. Regardé par le grand paléontologiste américain comme un Rep- tile, il était attribué avec doute par cet auteur à la famille des Clepsydropidés, une subdivision des Théromorphes (1879;. Etudié ensuite par E. C. Case (1899-1902), d’après de nouveaux maté- riaux recueillis au Texas, il fait plus tard l’objet d'un travail de F. Broili (1904), qui y voit le type d'un nouveau groupe, les Patérosauriens, ancé- tres des autres Reptiles et alliés aux Poissons. E. C. Case (1908) le considère comme un Amphi- bien, tandis que F. Broili le maintient parmi les Reptiles, que S. W. Williston le rapproche des 1. Sur la faune ichthyologique du Sahélien de la région d'Oran. Compt. rend. Acad. Sc.; t, CLXXII, 1921. p. 1243. 2. Sur un Scopélidé fossile à organes lumineux : Myctophum prolaternatum n. sp. du Sahélien oranais. Bull. Soc. Géol. France, 4, XX, 1921, p. 283-239, .: TRES L. JOLEAUD. — REVUE DE PALÉONTOLOGIE ANIMALE Urodèles et que R. L. Moodie {1909}; y trouve un type affine des Gymnophiones : au Texas, les dépôts qui renferment ses restes datent de la fin du Pennsylvanien supérieur (Carbonifère supé- rieur). F. Broili en 1911 rattache les Patérosauri- dés aux Squamata. S. W. Williston, en 1913, place définitivement Lysorophus parmi les Uro- dèles et cette conclusion est confirmée par von Huene. Deux exemplaires communiqués à R. Broom ont été fractionnés et c’est la série des sections ainsi obtenue qu'a étudié et figuré W.J.Sollas!. D'un premier examen de ces sections R. Broom a conclu que Lysorophus est un véritable Amphi- bien, plus proche des Urodèles que des Anoures ou que des Gymnophiones. Watson a attiré l’at- tention sur les connexions dusquamosal, du qua- drate et de l’articulaire qui sont comparables à celles que l’on observe chez les Amblystomes (Urodèles salamandrines). Pour W. J. Sollas, Zysorophus est un Am- phibien tres archaïque, un véritable ancêtre des Urodèles; par beaucoup de ses caractères, il diffère des genres actuels. La présence, par exemple, de deux forts os,un basi-occipital et un supra-occipital, l'existence d’un foramen pour le 12° nerf, l’individualisation d’un pro-atlas, la nature de l'articulation.condylaire du squelette, correspondent à un stade encore réalisé chez les Poissons osseux, et qui par conséquent nous reporte fort en arrière dans l’histoire des Am- phibiens. D'autres caractères apparaissent comme très particuliers : tels sontle mode d'union du maxil- laire avec le palatin, l’ossification du vomer et du 1. On the structure of £ysorophus as exposed by serial sections, Philos. Trans. Roy. Soc. London, sér. B, vol. CCIX, 1919, p. 481-597, 44 fig., pl. Lxx. 345 ptérygoide, la nature des vertèbres et l’incurva- tion des côtes relativement longues. Celles-ci rapprochent Lysorophus des Gymnophiones et confirment les vues des naturalistes qui ont ad- mis une parenté entre les Gymnophiones et les Urodèles : P. et F. Sarasin réunissent même les Gymnophiones et les Amphiumidés en un seul sous-ordre de l’ordre des Urodèles. Si cette parenté était admise, les Gymnophiones appa- raitraient comme dérivés de Lysorophus : mais d'importantes parties de leur squelette, le lacry- mal ou le nasal latéral, le postfrontal ou le post- orbital, le jugal, éloignent déjà ces Amphibiens de Lysorophus. La séparation des Urodèles et des Anoures s’est probablement accomplie à unedate fort ancienne avant le stade des Urodèles représenté par Lyso- rophus : dans le squelette de ce dernier, le para- sphénoïde est large et caractéristique, les os du toit du crâne sont distincts ; il y a un large tem- poral, un quadrate, maïs pas de jugal, ni de qua- dratojugal; le squamosal est dirigé en avant, comme dans Siren, Proteus et Necturus ; enfin la présence d’un tabulaire rappelle Proteus et Am- blystoma. Peut-être les Urodèles dérivent-ils des Bran- chiosauriens, comme le suppose Moodie, mais cette conception ne peut s'appuyer sur Lysoro- phus.Parmi les Dipneustes, Dipterus rappelle par son parasphénoïde les Urodèles; mais les parti- cularités de la dentition excluent toute compa- raison. (A suivre.) L. Joleaud, Maître de Conférences de Paléontologie à la Sorbonne. 346 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX BIBLIOGRAPHIE ANALYSES ET INDEX 4° Sciences mathématiques Jammy (E.), /ngénieur aux Forges et Chantiers de la Méditerranée. — La construction du Vaisseau de guerre. — 1 vol. in-16 de 200 pages avec 183 figures dans le texte et4 planches hors texte de la Collection Armand Colin (Prix : broché, 5 fr.; relié, 6 fr.). Li- brairie Armand Colin, Paris,1921. La Collection Armand Colin vient de s’augmenter, dans sa section des Arts militaires, d’un nouveau livre de vulgarisation bien comprise, relatif au navire de guerre. L'auteur, M. Jammy, ingénieur des Construc- tions navales, s’est attaché à donnerun tableau fidèle et vivant de la construction des engins si complexesque sont les grands cuirassés modernes. Ilne pouvait mieux faire'que de suivre, commeil l’a fait, dans son exposé l’ordre chronologique même des étapes successives de la construction : les études géné- rales, les études d'installation et de détails, la construc- tion du navire sur cale avant le lancement, le lancement, l’achèvement à flot, les essais, Dans ce livre spéciale- ment consacré au cuirassé, bien des parties sont d’ail- leurs d’un intérêt général en construction navale : tels sont les chapitres relatifs aux calculs préliminaires, au lancement, aux essais : nous signalons particulièrement l’analysedonnée de la méthode de M. La Besnerais pour l’utilisation desessais de petits modèles dansles caleuls des projets. Nous souhaitons que cet ouvrage, dont la lecture est facilitée aux profanes par un glossaire des termes de métier, contribue à faire mieux connaître les questions maritimes dans notre pays. = Tx. Gor, Ingénieur de la Marine, Docteur ès sciences. Cordier (le colonel F.). — Turbines à vapeur. 2° Edition. — 2 vol. in-16 de 335 et 342 pages, avec 58 et 125 figures, de l'Encyclopédie scientifique du D'Toulouse (Prix : 22 fr.). Gaston Doin, éditeur, Paris, 1921 el 1922. La première édition des « Turbines » du colonel Cordier avait été publiée en un volume, en 1911; la nouvelle édition en compte deux, le premier étant réservé à l’'étudethéorique des machines et à leursessais, le second à la description des turbines modernes, Le tome I est divisé en trois titres : Principes géné- raux de thermodynamique, Etude théorique et pra- tique, et Essais. Dans les principes, l’auteur traite des propriétés de la vapeur d’eau, saturée et surchauffée, et il expose les lois de son écoulement, ce qui lui per- met d’étudier les distributeurs et les tuyères et de poser les équations fondamentales des turbines. Il pénètre ensuite plus avant dans la question, en consi- dérant tour à tour le fonctionnement des diverses classes de turbines, les pertes d'énergie, les calculs d'établis- sement, la régulation, et les diverses applications. Les Essais passent en revue les meilleures méthodes d'obser- vation et de mesure : des annexes sont consacrées aux génératrices électriques; ce complément, qui semble déborder du cadre, esttraité du reste fort succinctement, en hors d'œuvre. Le second volume débute par un rappel des propriétés fondamentales des divers genres de turbines, avant de passer à la description des types les plus répandus, qui fait l'objet de nombreuses monographies: les figures illustrant le texte sont généralement assez claires, pour permettre d'apprécier leurs détails, bien que le petit format du livre ne se prête pas très bien à la représentation des mulliples organes dont se compose une turbine, Les condenseurs sont traités fort briève- ment. Un chapitre de 56 pages est consacré aux calculs d'organes, avec quelques applications numériques, qui servent d'exemples. Une planche de diagramme entro- pique et un nomogramme terminent le volume. 11 fallait bien ces deux volumes pour traiter l’ample sujet des turbines, etla nouvelle édition est à cet égard en notable progrès sur la première. Tel qu’il est main- tenant, l'ouvrage du colonel Cordier donnera entière satisfation aux ingénieurs désireux d'étudier et même de creuser la question, et la limpide ordonnance de ses chapitres sera grandement appréciée par eux. AIMÉ Wir, Correspondant de l’Institut. Booth (Harris), /ngénieur.— Aeroplanes perfor- mance caleulations.—1 vol. in-8° de 207 pages avec igures de la « D. U . Technical Series » (Prix cart, : 21 sh.). Chapman et Hall, éditeurs, Londres,1921. L'ouvrage a pour but de donner les méthodes per- mettant la prévision des performances d’un avion.Dans la première partie, l’auteur établit les relations qui ser- viront aux calculs ; dans la deuxième partie, il donne les valeurs numériques des coeflicients aéro-dynami- ques qui entrent dans ces équations; la troisième par- tie est consacrée aux applications pratiques des métho- des proposées. Les performances palier avec moteur, le vol en montée, le vol plané, le rayon: d’action, l'atterrissage et l’envol. Les méthodes analytiquesemployéessont assez compliquées et néces- sitent de longs calculs: elles ne permettent pas de ré- pondre immédiatement au problème qui se pose géné- ralement et qui consiste à déterminer la vitesse à étudiées comprennent le vol en une altitude donnée d’un avion dont on connaît la polaire. L'auteur procède en sensinverse : il se donne un point de la polaire et détermine pour ce point la vitesse et l'altitude correspondantes. C'est Ià d’ail- leurs un défaut commun à toutes les méthodes analy- tiques employées dans la Mécanique de l'Aviation ; seules les méthodes graphiques ,permettent la solu- tion directe du problème. L'auteur étudie le vol avec moteur, soit en uégligeant le souflle de l’hélice, soit en tenant compte de celui-ci. hetamlte nt ns mit Lil je BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 347 On sait actuellement que l'influence du souffle de l’hé- lice est très importante et l’auteur a été un des premiers à étudier cette question. Mais la complication des méthodes employées ne lui a pas permis de mettre en évidence ce fait essentiel, que l'étude du vol en palier, en tenant compte du souf- fle de l’hélice, peut se faire très simplement au moyen d’une polaire unique, quelles que soient l'admission et : l'altitude. Cette polaire se déduit directement de la polaire de l’avion obtenue, soit en vol plané, soit par l'essai en soufllerie. De même les conditions du vol en montée s’établissent facilement en considérant pour chaque altitude une polaire spéciale, dépendant de la polaire du vol plané etde la caractéristique du groupe motopropulseur. Pour chiffrer l'influence du souflle de l’hélice, l’auteur a supposé que la résistance et la portance étaient pro- portionnelles au carré de la vitesse de l'air derrière Vhélice, cette vitesse étant calculée d’après la théorie de R. E. Froude. Or des expériences récentes de M. Bacon (U, S. N. À. C. À., Report N° 122) ont montré que cette hypothèse conduisait à des valeurs dela résistance et de la portance trop élevées et que d’autre part l’aug- mentation de la résistance était plus importante que celle de la portance, D’après ces expériences, le coefli- cient b de la formule donnant le rapport (R/R.) des résistances oudes portances: R/R0—1 + b(F/ V? D?), est de6,4 pour les résistances et de 5,6 pour les por- tances, tandis que l’auteur a admis b— 20,4. Dans la deuxième partie de l'ouvrage, M. Booth indi- que les valeurs numériques des coefficients de résis- tance des différentes parties de l'avion, ainsi que les corrections applicables aux éléments de la résultante quand on veut modifier l'allongement, le décalage ou l’entreplan d'unecellule.Ces corrections, qui ont pour base les expériences du N. P. L., gagneraient à être établies d’après la théorie générale de l'Ecole de Goet- tingen. En résumé, l’ouvrage constitue un essaiintéressant de réunir en un ensemble les méthodes de prévision des performances d'un avion, mais la question aurait pu être traitée plus simplement. W. MarGouLis. 2° Sciences physiques Richardson (0. W.). — The emission of elec- tricity from hot bodies. 2° édition. — 1 vol, in-8° de 320 p. avec 35 fig. de la collection « Monographs on Physics » (Prix cart : 16 sh.). Longmans and Co, édi- teurs, Londres, 1921. L'important ouvrage de M. Richardson a paru en 1916 et a été analysé en son temps dans la Aevue (tome XX VIIT, p. 27; 1915). C’est la seconde édition que nous présentons aujourd’hui au lecteur, Chacun sait la part très importante que l’auteur a prise à l'étude des phénomènes thermioniques. Déjà la première édition de son livre se signalait par l’abon- dance et la précision de sa documentation, ainsi que par la critique serrée des résultats, M. Richardson a tenu, dans la seconde édition, à rester à l’avant-garde du progrès. Bien que le plan de l’ouvrage et la liste des chapitres aient été conservés, le texte a été remanié de fond en comble et il a été fait état de tous les travaux récents. Aussi le livre peut-il être regardé comme étant encore aujourd’hui la meilleure base de documentation sur ce sujet. L'introduction historique est suivie d’une étude détaillée de l'émission électronique dans le vide, tant au point de vue théorique qu’au point de vue expéri- mental, L'effet des gaz sur l'émission électronique est étudié ensuite, Enfin l'émission d'ions positifs par les métaux dans le vide et dans les gaz conduit l’au- teur à l'étude des émissions thermioniques par les sels chauffés et à l’examen des ionisations par voie chimique. Les applications des phénomènes thermioni- ques (redressement des courants alternatifs, etc.) sont volontairement passées sous silence, pour ne pas alourdir l'ouvrage outre mesure. S'il était possible de faire à l'auteur un reproche, ce serait celui d’avoir péché par excès de précision: ily a des questions comme celle de l'influence de l'hydrogène sur l'émission électronique du platine, ou comme celle de la détermination en valeur absolue des constantes de la formule de Richardson, qui ont donné lieu à tant de controverses qu’il paraît un peu excessif de les repro- duire dans tous leurs détails. Un certain nombre d’ex- périences anciennes, qui datent de l'époque oùla techni- que du vide était encore insuffisamment connue,auraient pu sans désavantage être passées sous silence ; il en est de même de certaines vues théoriquesun peusurannées. Mais ce sont là des critiques bien légères, et dont on peut même contester le bien fondé, quand il s’agit d’un ouvrage de documentation écrit, — chose bien rare, — par un physicien parfaitement compétent. EucèNe BLoc. Baud (Paul). — Les Industries chimiques régio- nales de la France. — 1 vol. in-8° de 244 pages (Prix: 7 fr. 50). Librairie Octave Doin, Paris, 1921. Le livre de M. Baud est le résumé des leçons qu'il a faites àla Sorbonne, au cours de l'hiver 1920-1921. Dans une première partie, on trouve les causes du dévelop- pement de l’industrie chimique allemande, les richesses naturelles, le rôle de l’ouvrier etles méthodes employées pour conquérir les marchés du monde. Tout cela a été répété bien souvent pendant la guerre; mais ce livre vient rassembler, d’une manière peut-être un peu trop succincte, les connaissances sur les causes qui ont per- mis à l'Allemagne de devenir la première puissance industrielle du monde, Un chapitre spécial est consacré aux créations chimiques allemandes nées de la guerre. Si, comme le pense M. Baud, aucune invention géniale n’est sortie de l’industrie, il n’en est pas moins vrai que les chimistes allemands ont produit un travail du plus haut intérêt. La préparation industrielle de la cellulose pure destinée à remplacer le coton nécessaire à la fabri- cation de la poudre sans fumée, la fabrication indus- trielle des hydrures de naphtaline pour obtenir des ver- nis ou des produits carburants, l’'hydrogénation de la houille, etc., constituent des conquêtes scientifiques importantes. 348 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX La seconde partie de?ce livre est une nomenclature des divers produits formant la richesse de la France, Ils sont décrits par région et l’auteur est ainsi amené à indiquer pourquoi telle fabrication existe dans une pro- vince plutôt que dans une autre, Dans la troisième partie sont énumérés les progrès réalisés en France pendant la guerre. Un chapitre spé- cial fait connaitre les produits que l’on peut retirer de nos colonies. Sans doute, leur exploitation peut fournir une grande partie des matières qui manquent chez nous. Mais, pour la réaliser, il faut des capitaux. Or, la ten- dance française a été jusqu’à présent d'exporter l'argent et l’on sait trop ce qu'il est devenu. Le jour où des in- dustriels sérieux sauront l’utiliser au mieux des créan- ciers, il n’est pas douteux que l'épargne française, séduite par des bénéfices convenables, ne persiste plus dans les erreurs du passé. Tout le monde contribuera ainsi au relèvement économique de la France. En expri- mant ces idées dans son livre, M. Baud a donné à son pays une preuve de confiance qui permet d’envi- sager le meilleur avenir. A. MAILHE, Professeur à l'Université de Toulouse. 3° Sciences naturelles Petronievics (Branislav), Dr. Ph. — Ueber das Becken, den Schultergürtel und einige andere Teile der Londoner Archæopteryx. — 1 broch, in-8° de 31 p., avec 2 pl. Georget Co, éditeurs, Genève, 1921. L'étude comparatiye des squelettes d'Oiseaux trouvés à Solenhofen et rapportés à deux types différents, Archæopteryx Oueni du Muséum de Londres et Archæ- ornis Siemensii du Muséum de Berlin, a conduit M. Branislav Petronievics à formuler une série d’hypo- thèses sur l’origine des Oiseaux. Les Oiseaux descendraient indiscutablement des Reptiles Lacertiliens, à moins que les plus anciens des types de ces deux groupes ne dérivent d'un aïeul com- mun. La ressemblance entre les Oiseaux, d’une part, les Dinosauriens et les Ptérosauriens, d’autre part, tient à une convergence. Archæopteryx, tant par les caractères de son bassin que par ceux de sa ceinture scapulaire, est plus primitif que Archæornis; il repré- sente un type d'Oiseau très généralisé et très synthé- tique réunissant des traits de Reptile primitifetd’Oiseau évolué. Déjà au Jurassique s'étaient séparés deux ra- meaux d'Oiseaux dans les deux directions des Carinates (Archæornis) et des Ratites (Archæopteryx); leur diver- gence est d'ailleurs aussi bien marquée au Crétacé, où Hesperornis représente le rameau des Ratites, et Ichthyornis celui des Carinates, Il faut reconnaitre que ces conclusions s’écartent très sensiblement de l'interprétation donnée généralement des modalités de l’évolution des Oiseaux. L. JorrauD. Bordas (Dr L.), Professeur de Zoologie à la Faculté des Sciences de Rennes. — Etude anatomique et histologique de l'Appareil digestif des Lépido- ptères adultes. — 1 broch. in-8° de 56 p. avec 34 fig. [ Ann. des Se, Nat., Zool.,10* série,t. HI]. Paris,1921!. 11 seraitsuperflu de rappeler lesnombreuses et impor- tantes contributions du Professeur L. Bordas à la con- naissance de l'anatomie etparticulièrement de l'appareil digestif des Insectes, Son Mémoire sur l’Appareil diges- tif des Lépidoptères adultes est un exposé de faits éta- blis avec leplusgrand soin par l’étude minutieused’une cinquantaine d'espèces de Papillons. Il est impossible de suivre l’auteur dans le*détail de ses observations, exposées en des descriplions et des figures fort claires. On ne peut iciquesignaler sesrésul- tats qui paraissent les plus importants, à savoir: l’in- dépendance complète des glandes«salivaires » à l'égard de l'appareil digestif, — l'hypothèse que le jabot joue un rôle plus ou moins important dans le mécanisme du vol des Papillons,rèle de ballon ou de vésicule aérostati- que, comparable à la vessie natatoire des Poissons [hypothèse qui serait à vérifier par des expériences phy- siologiques sans doute très délicates], — l'homologa- tion des « glandes rectales » des Lépidoptères avec cel- les des Hyménoptères et des Orthoptères. Ce Mémoire de pure anatomie paraît suggérer des sujets de recherches physiologiques pour lesquelles il constituerait une base morphologique essentielle, DD 4° Sciences médicales Lacapère (G.) et Vallery-Radot (P.). — Traite- ment de la syphilis héréditaire et de la syphilis infantile acquise. — 1 vol. in-8° de 242 pages (Prix : 7 fr.). A. Maloine et fils, éditeurs, Paris, 1922. A une époque où la thérapeutique de la syphilis a fait de si grands progrès,on a le droitde s'étonner que, dans les ouvrages les plus récents, le traitement de l’hérédo-syphilis occupe à peine quelques pages. Aussi devons-nous savoir gré à MM. les D'° Lacapère et P. Vallery-Radot d’avoir su condenser en un petil livre pratique et complet l'essentiel de ce qu'il faut savoir dans le traitement dela syphilis héréditaire : les doses à administrer, la durée du traitement, l’inter- prétation souvent bien délicate des réactions delabora- toire, leur valeur par rapport aux signes cliniques. Ces chapitres s'accompagnent de pages concernant les notions d'hygiène et de diététique indispensables. Les auteurs divisent le traitement en trois grandes pério- des : traitement d'urgence, traitement de fond, traite- ment de sécurité, L'enfant est ainsi suivi pas à pas depuis le moment de sa conception jusqu’à son avenir éloigné, Un long chapitre est consacré entièrement au mariage des syphilitiques ; il trouve sa place dans cet ouvrage, car c’est par le traitement des parents mala- des qui s'exerce la meilleure prophylaxie de l’hérédo- syphilis. En résumé, ouvrage clair et précis, qui est assuré de trouver auprès des praticiens le succès qu'il mérite. D' GALLIOT. D EE 1, Mémoire déposé en mars 1917. ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 349 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER - ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Séance du 8 Mai 1922 M. le Président annonce à l’Académie le décès de M. J. R. Benoît, Correspondant pour la Section de Physique, et de Sir Patrick Manson, Correspondant pour la Section de Médecine et Chirurgie, 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. C. Guichard : Sur les lignes asymptotiques des surfaces. Etude d'un cas particulier, — M. P. Montel : Sur un nouveau théo- rème d’Algèbre. — M. J. Sudria : Sur une démonstra- tion et la généralisation du théorème de Menabrea. — M. D. Riabouchinski : Sur quelques cas de mouve- ments plans des fluides autour de solides avec tourbil- ‘lons. 2° SciENGES PHYSIQUES. — M. Th. de Donder : Champ électromagnétique compatible avec le champ gravifique correspondant. L'auteur montre que dans certaines con- ditions on peut construire un champ électromagnétique et gravifique, sans l'intervention de forces ou de ten- seurs appliqués et sans l'intervention d’un champ mas- sique,— M.L. Roy : Sur l’Electrodynamique des milieux homogènes et isotropes en repos. L'auteur montre que la théorie de Helmholtz constitue la véritable démons- tration des. équations de Maxwell, dont l'établissement laissait jusqu'ici fort à désirer, — M. A. Bigot : Xao- lins, argiles, bauxites, etc. Perte au feu et porosité, Les substances (argiles, bauxites, kaolins) qui renferment plus de 14 °/, d’eau de combinaison perdent l'excès de cette eau vers 3000 el avant 600°. Ces substances, qui sont plastiques, à des degrés divers, durcissent vers 4o0° avant la déshydratation normale lorsqu'elles ont été agglomérées au préalable ; alors elles ne se délitent plus dans l’eau ordinaire, ni dans l’eau alcalinisée ou acidulée, à froid ou à l’ébullition. — M, A. Haller et Mme Ramart-Lucas : Déshydratation du méthyl-2-phé- nyl-2-propanol-1 et du diméthyl-2 : 2-phényl-3-propanol-1. La déshydratation du premier de ces corps fournit un carbure composé presque exclusivement de C6HŸ,CH : C (CH} ; en présence de pyridine, on obtient surtout CSH®.C(CH) : CH.CH3. Avec le second propanol, on ob- tient respectivement C6HS.CH?.CH : C(CHS}? et CSH, CH2.C(CHÉ) : CH.CHŸ. — M. Palfray : Ethers homocam. phoriques neutres et leurs produits de réduction. La réduction de l’homocamphorate diéthylique fournit un mélange de glycol homocamphorique et d’éther-alcool, — M. J. Froidevaux : Sur le dosage de l'azote ammo- niacal dans les matières organiques azotées, et particu- lièrement dans les matières protéiques et leurs produits de dédoublement. L'auteur a étudié l’action qu’exerce la soude concentrée en contact avec une solution d’une matière protéique renfermant de l’azote ammoniacal libre ou combiné. À la température ordinaire, l’azote provenant de l’ammoniaque libre, des sels ammonia- caux ou des amines, est entièrement dégagé au bout de 8 h. L'azote protéique, au contraire, ne se libère que très lentement; quant aux amino-acides, la soude ne possède sur eux qu'une action presque nulle, — MM. G. . Bertrand, Freundler et Mlle Ménager : Sur les varia- tions de composition chimique de l’eau de mer et l’éva- luation de La salinité. La méthode actuelle d'évaluation de la salinité, établie d’après une seule composition chimique, n’est pas valable pour toutes les mers et doit être considérée, en général, comme approximative, Cette méthode peut suffire pour les besoins de la pêche et de certaines recherches biologiques; mais, ne permettant pas de pousser avec certitude le degré d’approximation jusqu’à la limite de précision atteinte par la prise de densité ou même par le titrage des halogènes, elle doit s’effacer devant ces deux déterminations lorsqu'il s’agit d'étudier les courants marins. — M. A. Schoep : Sur la becquerélite, nouveau minéral radioactif. L'auteur a trouvé autour de morceaux de pechblende de Kasolo (Congo belge)une croûte cristalline jaune serin à orange, formée d’un nouveau minéral radioactif, appartenant au système rhombique, de formule UO3.2H20, que l’au- teur nomme becquerélite. 3° SCIENCES NATURELLES, — M. A. Gruvel : De l'origine fluviale de la baie du Lévrier. L'auteur, par l'examen de quelques échantillons subfossiles recueillis dans le fond de la baie du Lévrier, montre que celle-ci est bien, comme il l’avait supposé dès le début, l’ancien estuaire d'un grand fleuve, tout comme, certainement, la baie du Rio de Oro. — M. P. Thiéry : Sur la limite du Batho- nien et du Bajocien en Lorraine. Des observations de l’auteur, il résulte qu’on doit faire seulement commen- cer le Bathonien avec les caillasses à Anabacia porpites, Parkinsonia wurttembergica, etc., qui constituent le Bathonien inférieur. Quant au Bathonien supérieur, il comprenddes caleaires blancs oolithiques (dalle d’Eltain) à Perisphinctes subhackeriae, ete., qui passent latéra- lement aux marnes et ovoïdes à Zyonsia peregrina de la région de Toul. — Mlle Y. Boisse de Black : Le Wür- mien dans les hautes vallées de la Cère et du Goul (Cantal). — M. J. B. Charcot : Sur les températures à différentes profondeurs de la fosse du Cap-Breton. D’a- près les observations rapportées par le Pourquoi pas ? en 1913 et 1914, la décroissance de la température, en allant vers le fond de la fosse, est absolument normale et régulière. — M. J. Thoulet : Distribution du calcaire dans les globisédiments profonds. La profondeur ne semble pas avoir une influence très importante sur la composition élémentaire des grands fonds, constitués essentiellement de calcaire provenant des dépouilles des Globigérines vivant dans les eaux tout à fait super- ficielles sus-jacentes. — M. L. Mayet : La faune villa- franchienne des sables de Chagny (Saône-et-Loire), — M. J. Stoklasa : /nfluence du sélénium sur l’évolution générale, en présence ou en l'absence de radioactivité. L'émanation du radium exerce une action des plus avantageuses sur la synthèse végétale qui, à la lumière, se traduit notamment par la disparition à peu près com- 350 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES plète des propriétés toxiques du sélénium. — M. L. Roule : Sur l'ontogenèse des Poissons Scombriformes appartenant à la famille des Luvaridés. Les jeunes Lu- varidés commencent par ressembler, non pas à leurs reproducteurs adultes, mais aux représentants d’autres familles des Scombriformes, les Coryphénidés en pre- mier lieu, puis les Lampiridés et les Stromatéidés, Ensuite la métamorphose, qui leur donne progressive- ment l’aspect définitif, est de durée fort longue. — M.F. Lecomte du Noùy : Sur l'équilibre superficiel du sérum et de certaines solutions colloïdales. L'auteur a observé le rétablissement de la tension superficielle du sérum et d’autres solutions colloïdales après l’abaissement causé par l’addition d’une substance fortement surface- active. — MM. P. Béhague et J. Beyne : Ætude des: temps de réactions psycho-motrices tactiles chez l'homme normal, La mesure des réactions psycho-motrices exige un déterminisme expérimental rigoureux. Les valeurs physiologiques des temps de réaction oscillent nonpoint de part et d’autre d’une moyenne, mais dans une zone un peu plus étendue que ne le ferait croire la notion de temps moyen. Les valeurs des temps de réactions chez un même sujet sont moins fixes que ne l’ont admis cer- tains auteurs et présentent des évolutions légères à l'inté- rieur de la zone physiologique, suivant les jours et les heures. — M. F. Ladreyt : Sur l'histogenèse des épi- théliomas baso-cellulaires. L'appareil pilo-glandulaire de la peau donne naissance à des formations néoplasi- ques dont la cytologie et l’évolution rappellent étroite- ment la morphologie et le développement des éléments qui constituent les épithéliomas baso-cellulaires. — M. H. Plotz : Contribution à l'étude de la culture in vitro du virus de la vaccine. L'auteur a cultivé le virus de la vaccine en prenant comme point de départ le sérum de lapin inoculé. Les cultures du 5° passage produisent des lésions comparables à celles que donne la pulpe vaccinale. Seance du 15 Mat 1922 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES, — M.G. Guillaumin : Sur les équations de l'équilibre limite des corps cohé- rents.— M. J. Chazy : Sur le mouvement d'une planète dans un milieu résistant. 2° SCIENCES PHYSIQUES. — MM. H. Abraham et R. Planiol : Sur une nouvelle méthode d'émission dou- blant le rendement des stations de télégraphie sans fil. Le premier télégramme est transmis sur une longueur d'onde À, le second sur une longueur B; mais les cho- ses sont disposées de telle sorte que, lorsque les deux clefs de manipulation se trouvent en même temps sur leur position de travail, l'émission se fait sur une troi- sième longueur d'onde C. Chacune des émissions est faite avec toute la puissance du poste. Le poste récep- teur est disposé pour recevoir des émissions de lon- gueur d'onde À ou C à l’exclusion de toute autre, — MM. G. Charpy et L. Grenet: Sur l'étude de la péné- tration de la trempe dans l'acier. Le procédé employé par les auteurs consiste à chaufler à une température uniforme une barre prismatique du métal à étudier et à la refroidir en arrosant seulementunebase du prisme et en évitant le refroidissement par les faces latérales, j Dans ces conditions, le métal se refroiditsensiblement de la même façon que s’il faisait partie d’une plaque épaisse, refroidie seulement par une de ses faces. Quand le refroidissement est terminé, on peut, en effectuant des empreintes de bille sur les faces latérales, déter- miner la variation de la dureté à partir de la surface trempée sans avoir à effectuer aucun travail d'usinage. — M. F. Michaud: /Za rigidité des gelées. Aumoyen d’une nouvelle méthode, l’auteur a recherché comment la rigidité d’un gel varie avec sa concentration. Sous cer- taines différences de pression, les déformations des gels sont bien élastiques. Lorsque cette différence dépasse une certaine valeur, on observe une dislocation qui se manifeste par une hétérogénéité : certaines régions deviennent liquides et se glissent entre les morceaux restés solides. M. A. Grebel: Sur un comburi- mètre et uncontrôleur pour le gaz, système Grebel-Velter. Le comburimètre est formé d’une chambre de combus- tion, où arrivent le gazet l'air, mesuréschacun par un compteur, et d’une chambre de contrôle, où les gaz brûlés arrivent sur un petit miroir de plomb fondu. La neutralité de la combustion correspond à la dispari- tion complète des langues irisées etmobiles delitharge qui se forment quand ily a excès d'air. Le contrôleur est basé sur les variations de hauteur des cônes inté- rieurs d'un brûleur de Bunsen. — Mme Ramart et M. G. Albesco : Etude de deux propiophénones cxf8- substituées et de leurs produits de dédoublement par l’'amidure de sodium. — M. M. Delépine : Sur l’auto- oxydation des composés sulfurés organiques. L'auteur montre que l'oxydation spontanée à l'air des composés organiques sulfurés, avec production de fumées et de lumière visible dans l’obscurité, s'arrête au bout de très peu de temps. Il attribue la cause de cet arrêt à la subs- tance sulfurée elle-même, qui serait son propre anti- oxygène. 30 ScIENCES NATURELLES. — MM. L. Maquenne et R. Cerighelli : /nfluence de la chaux sur le rende- ment des graines pendant la période germinative, L'ac- tion favorisante de la chaux se fait sentir sur le poids des organes élaborés pendant la germination aussi bien que sur leurs accroissements en longueur. — M. Alph. Labbé: L’activation duspermatozoïde dans les fécondations hétérogènes. L'évolution du pronuceléus mâle et la formation de l'irradiation dans les féconda- tions hétérogènes, même entre animaux d'espèces très éloignées, peuvent s'effectuer par untraitement en deux temps : traitement alcalin par une solution de NaOH, traitement par une solution hypertonique de NacCl, puis report dans l'eau demernormale. — M, A.Dehorne: Sur la formation de fuseaux myolytiques et sur leur phagocytose dans le ‘cælome de Lipobranchus interme- dius de Saint-Joseph. Les fibres musculaires lisses, en s'altérant, se fragmentent, et leurs fragments se pré- sentent presque tous sous la forme decorps en fuseaux, striés dans le sens de la longueur. Les sarcolytes fuse- lés de Lipobranchus rappellent de près les corps en fuseaux rencontrés dans le cœlome des Néréides à maturité sexuelle, — M. H. Piéron : Loi de lavitesse d'établissement des processus chromatiques fonda- mentaux en fonction de lintensité de l'excitation | . . 4 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES lumineuse. La loi V = A. 10,75 s'applique à la vitesse du processus psycho-physiologique déclenché par l’excita- tion lumineuse — du moins pour une catégorie d’élé- ments récepteurs, les cônes — aux deux versants de l'établissement et de l'évanouissement, les augmenta- tions d'intensité accélérant dans la même proportion les phases initiale et terminale. — M. C. Gessard : Variétés de bacilles procyanoïdes. L'auteur a obtenu des variations du bacille pyocyanique pouvant aller jusqu’à la perte du caractère spécifique (fonction pyo- cyanogène) à l’égard de tous les milieux de laboratoire, même les plus propres à manifester ce caractère. — M. Alb. Berthelot et Mme St. Danysz-Michel: Sur la présence de microbes acétonogènes dans la flore intestinale des diabétiques. Il y a des microbes acéto- nogènes qui peuvent, chez le lapin, alimenté surtout d'hydrocarbonés, déterminer par ingestions répétées une glycosurie persistante accompagnée fréquemment d'un certain degré d’acidose, — MM. M. Breton et V. Grysez : Réactions de défense et d'immunilé provc- quées par injection intradermique de microbes vivants ou tués par la chaleur.Les auteurs ont constaté l’excep- tionnelle propriété de défense que présente chezle lapin le derme vis-à-vis des microbes qui y sont inoculés, et ils ont pu provoquer les réations humorales qui accom- pagnent l’immunité, par injection unique, dans le derme, de divers microbes vivants ou tués par la chaleur, SOCIÈTE FRANCAISE DE PHYSIQUE Séance du 5 Mai 1922 M. A. Cotton: Surles miroirs de Fresnel; conditions de netteté des franges et réglage de l'appareil.La théorie de la netteté des franges d’interférence pour des sour- ces d’étendue variable peut être traitée très simplement lorsqu'on peut — ce qui arrive le plus fréquemment — assimiler à desondes planesles deux ondes qui vien- nent se croiser en un point du plan où on étudie les franges. M. Cotton prend comme exemple les miroirs de Fresnel, qu'il suppose éclairés par une fente lumi- neuse éloignée (sur laquelle l’image de la source est pro- jetée),et calcule les angles maxima sous lesquels on doit voir la largeur de cettefente et sa longueur pour qu’une frange d'ordre donné reste nette. Le même calcul élé- mentaire s'applique à bien d’autres franges, telles que celles d'un seul miroir. Dans le cas des miroirs de Fresnel, la discussion des conditions de netteté permet de justifier très simplement les règles pratiques suivan- tes, qui permettent de disposer l'expérience très rapide- ment : 1° Pour chercher les franges, il faut donner à l'angle aigu des deux surfaces une valeur (1/200 par exemple) telle qu’on ait des franges serrées que l’on regardera avec une forte loupe, 2° Cette loupe sera pla- cée aussi près que possible des miroirs. 3° Avec la loupe on aura soin d'explorer toute la partie commune aux deux faisceaux réfléchis. 4° /E faut bien se garder d’em- plover une fente pour trouver et améliorer les franges. C'est un point lumineux qu’il convient d'employer. 5° Les franges en lumière blanche ne peuvent s’observer que si les miroirs ne présentent pas l'un par rapport à 351 | l'autre, dans leur partie contiguë, une différence de niveau notable. M. Cotton montre, comme application de ce qui précède, la façon dont on peut'disposer l’ex- périence lorsquela source est une lampe à incandescence à filament rectiligne substituée à la fente. Les modèles de miroirs de Fresnel fournis par les constructeurs pré- tent à diverses critiques et il sera utile de les perfection- ner. — M. G. Reboul : Nouveau rayonnement de courte longueur d’onde. Un corps médiocrement conducteur de l'électricité, parcouru par un courant dans des condi- tions convenables, impressionne une plaque photogra- phique. Les particularités de cette impression amènent à supposer que le corps traversé par un courant est le siège d'émission d’unrayonnement très absorbable, Les expériences de l’auteur ont eu pour but de mettre hors de doute l'existence de ce rayonnement et de détermi- ner les longueurs d'onde des radiations qui le forment. Le caractère principal deces radiations réside dans leur grande facilité d'absorption par toute matière. Ces radiations impressionnent la plaque photographique et noircissent des sels d'argent assez peu sensibles (papier au citrate d'argent). Elles provoquent dans l'air la for- mation d'ozone et ont une légère aclion sur les tissus organiques. La forme des courbes de saturation que l’on obtient en les étudiant montre que ces radiations pro- duisent des effets analogues à l'effet photoélectrique. Enfin l’on constate que,dans des conditionsconvenables, elles sont susceptibles de produire des actions analo- gues à la cohération, quand elles tombent sur des élec- trodes très rapprochées. Leur longueur d’onde moyenne est voisine de 350 angstrôms. — MM. H. Abrahamet R. Planiol présentent un ensemble d'appareils pour enregistremeñts chronographiques continus sur papier enfumé :1° magnéto-oscillographe à plume; 20 chronogra- phe à déroulement continu avec fixation instantanée des traces à sec; 3° horloge thermoionique donnant les dixièmes et vingtièmes de seconde, SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Séance du 6 Mai 1922 M. C. Picado: Atrophie des fleurs consécutive à l’in- jection de pollen hemologue. L'auteur a injecté destiges florifères de Lis avec une émulsion de pollen de cette espèceet a constalé l’atrophie consécutive des fleurs, laquelle nes’est pas produite après l'injection du pollen de maïs. Il pense qu’on se trouve en présence d’une sorte de castration biologique « active ». — MM. L.Ké- pinow et A. Lanzenberg : Glande thyroïde et anaph)- laxie. Les animauxéthyroïdés peuvent être sensibilisés passivement : ils présentent lephénomène du choc ana- phylactique quand, ayant reçu du sérum d'animaux non opérés sensibilisés, on pratique sur eux l'injection déchainante. Lesanimauxéthyroïdés ne possèdent pas, dans leur sérum, après les injections préparantes, la substance qui confère l’anaphylaxie passive à des ani- maux soit non opérés soit thyréoprives. Il faut donc admettre que la glande thyroïde joue un rôle primor- dial dans le phénomène de l’anaphylaxie. — M. A. Jan- cou: Vaccination de l'homme par la neuro-vaccine. L'au- teur, ayant vacciné avec le virus vaccinal Levaditi- 352 Nicolau 319 sujets (nouveau-nés et adultes),.a obtenu lesrésultats suivants : sur 30 nouveau-nés, 70 °/o de résultats positifs; sur 289 adultes, 370/,; en moyenne ho,4 °/, de résultats positifs. Ces résultats sont au moins comparables à ceux de la vaccine habituelle. — M. et Mme Chauchard : Mesure de l’excitabilité du pneumogastrique nerf d'arrêt du cœur. Les fibres inhi- bitrices cardiaques du pneumogastrique du Chien sont soumises aux lois générales d'excitabilité des nerfs itératifs, Leur pouvoir de sommation n'est pas très grand (3 sec.); leur chronaxieest de o,oo1sec., — M.H. Piéron : Des lois du déséquilibre chronique initial et de la’ prépondérance de la diffusion chromatique dans l'excitation lumineuse de la rétine. 1° Sous l'influence d'uneexcilation lumineuse de la rétine par unrayonne- ment complexe à résultante incolore, il se produit au début un déséquilibre chromatique, avec prédominance successive de nuances allant du rougeau bleu dans l’or- dre des couleurs spectrales, par suite d’une inégale vi- tesse d'établissement, jusqu’à atteinte du stade hyper- -maximal transitoire des processus chromatiques fon- damentaux déclenchés. 2° Lorsqu'une petite surface rétinienne n’est pas ou n’est que faiblement excitée au voisinage d’une région qui est le siège d’un processus lumineux et chromatique, l’excilation de cette surface par diffusion comporte une prédominance du processus, chromatique qui diffuse avec une intensité plus grande que le phénomènelumineux. — MM. P.Bailey et Bre- mer: *echerches expérimentales sur le diabète insipide et le syndrome adiposo-génital. Une lésior même minus- cule de larégion para-infundibulaire de l’hypothalamus provoqueavec certitude une polyurie qui apparaît dans les deux premiers jours. Ellé est transiloire ou perma- nente suivant l'étendue de la lésion. La polyurie per- manenle a tous les caractères du diabète insipide chez l’homme. La piqüre du tuber cinereum a produit chez deux chiens le syndrome adiposogénital, avec polyurie persistante. ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE CLASSE DES SCIENCES Séance du 7 Janvier 1922 1° SCIENCES PHYSIQUES. — M. P. Bruylants: Con- tribution à l'étude de la réaction des composés organo- magnésiens sur les nitriles. Le produit principal de l’action du réactif de Grignard sur l’acéto-nitrile est le diacétonitrile, qui se condense en partie soit en dimé- thyloxycyanopyridine, soit en diméthylaminocyanopy- ridine. 2° SCIENCES NATURELLES. — M. H. Lonay : Contribu. tion à l'étude des relations entre la structure des diffé- rentes parties de l’ovule et la nutrition générale de ce- lui-ci avant et après la fécondation. Les recherches de l’auteur, effectuées sur le fruit et la graine du Polygonum aviculare, montrent que les antipodes semblent d’abord ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES destinées à transmettre au sac embryonnaire, en leur faisant subir des transformations chimiques, les matiè- res nutritives à l’état de solution qui leur viennent de la chalaze à travers l’hypostase, Par la suite, l’antipode géante et, après elle, la couche protéique ont pour fonc- tion surtout de sécréter les diastases nécessaires pour digérer l’albumen sur le passage de l'embryon. Séance du 4 Février 1922 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. O1. Servais : Sur la géométrie du tétraèdre. WI, a 29 SCIENCES PHYSIQUES. — M. O. Dony-Hénault :* Sur l’emploi du nickel granulaire pour le chauffage élec- trique. Les conducteurs de nickel sphéroïdal ont une vie plus longue que celle des conducteurs d’acier. Comme, au surplus, le point de fusion du nickel (1.450°-520) est supérieur à celui de l'acier à billes (1.370°), on obtien- dra, dans le four à nickel, une température au moins s égale à celle des températures du four à billes d’acier, + où bn fie, c'est-à-dire 1.200°.— M. A. de Hemptinne: Sur quel- | ques propriétés du bioxyde de manganèse, Sous l’in- | fluence de l’effluve électrique, l'hydrogène réduit à la température‘ ordinaire MnO? en un produit qui se réoxyde lentement dans l'air. Dans les mêmes condi- tions, MnO, en présence d’un mélange de Het HS, fixe rapidement ce dernier gaz. — M. M. Philippson: Sur une nouvelle forme de résistance électrique des électro- lytes. Il existe dans les électrolytes une résistance spé- ciale, fonction en première approximation: 1° de la fré- quence du courant de mesure ; 2° de l'intensité du courant de mesure ; 3° du nombre d'ions intervenant dans le transport du courant; {° de la vitesse propre de cesions. Cette résistance se comporte au point de vue décalage du courant comme la réactance de self-induction élec- tromagnétique; l’auteur l'appelle réactance cinétique des électrolytes. Cette réactance n’est pas une fonction simple de la fréquence ; elle passe par un maximum pour. une fréquence déterminée. 3° SCIENCES NATURELLES. — M. G. Poma: L'influence de-la salinité de l’eau sur la germination et la croissance des plantes halophytes. L'auteur a constaté que beau- coup de plantes halophytes germent dans l’eau douce; la germination se fait d'autant plus vite que la concen- tration en eau de mer est plus faible, La croissance dé- pend également de la concentration en eau de mer du milieu, Aucune des plantes étudiées n’est parvenue à germer dans l’eau de mer concentrée à la moitié de son volume. L'auteur conclut qu’il y a un rapport entre le pouvoir germinatif des graines et la pression osmoti- que du milieu.Pour la croissance, il y a aussi une pres- sion osmotique optimum différant avec la plante. Le milieu le plus avantageux pour la germination n'est pas le milieu optimum pour la croissance. Le Gérant : Gaston Don. Sté Gle d'Imp. et d'Ed., rue de la Bertauche,1, Sens. 33: ANNÉE N° 12 30 JUIN71922 Revue générale des DS CTences : pures et appliquées FonparTeur : LOUIS OLIVIER Dirgcreur : J.-P. LAN GLOIS, Professeur au Conservatoire national des Arts-et-Métiers, Membre de l'Académie de Médecine : Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. J.-P. LANGLOIS, 8, place de l’Odéon, Paris. — La reproduction et la traduction des œuvres et des travaux publiés dans la Revue sont completement interdites en France eten pays étrangers y compris la Suède, la Norvege et la Hollande CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE $ 1. — Nécrologie A. Laveran (1845-1922). — Le Professeur Lave- ran, membre de l’Institut et de l’Académiede Médecine, dont le nom est associé d’une manière impérissable à la découverte des Hématozoaires du paludisme, s’est éteint le 18 mai, Nous devons aux lecteurs de cette Revue de résumer l’œuvre accomplie par ce grand homme de science qui fut avant tout un inlassable travailleur, et dont le nom demeure, pour tous ceux qui l’ont connu, comme un symbole de dignité scientifique, et d'attachement absolu à la recherche. A. Laveran était né à Paris le 18 juin 1845. Son père, le D' L, Laveran, qui appartenait au Service de Santé - militaire,avait terminé sa carrière comme Médecin Ins- pecteur des Armées et Directeur de l'Ecole d'application du Val de Grâce. A. Laveran voulut tout d’abord sui- vre la même voie et en 1863 il fut admis à l’Ecole du Service de Santé de Strasbourg. Médecin aide-major, il servit en 1870 à l’armée de Metz, puis en 1874 il fut nommé, après concours, professeur agrégé au Val de Grâce. En 1878, son temps d'agrégation étant terminé, il fut envoyé en Algérie, chargé d’un Servicé à l'Hôpital de Bône. Cette affectation devait avoir, sur sa carrière et son orientation scientifique, une influence profonde : c'est là qu’il fut, pour la première fois, en contact avec les problèmes alors si obscurs des fièvres palustres. La plaine de Bône est une des régions les plus impaludées de l'Algérie, et les fiévreux abondaïent à son hôpital. Il put étudier de près la question du pigment noir que l’on avait signalé dans les vaisseaux des paludéens : ce fut là le fil directeur qui, par une observation soute- REVUE GÉNÉRALE DES RCIENCES, nue et attentive, l’amena à la découverte du parasite qui devait immortaliser son nom. Voici comment il définit lui-même en quelques phrases très simples l’histoire de cette découverte, dont on peut dire qu’elle a ouvert à la Pathologie, surtout tropicale, un champ immense, auparavent insoupçonné : « J’eus l’occasion de faire l’autopsie de plusieurs su- jets morts de fièvre pernicieuse et d'étudier la mélané- mie qui déjà avait été observée, mais qui n’était pas considérée commeunealtération constante du paludisme ni comme une altération spéciale à cette maladie. Je fus frappé des caractères singuliers des granulations de pigment noir, surtout dans le foie et dans lesvaisseaux cérébraux, et je cherchai à poursuivre, dans le sang des malades atteints de fièvre palustre, l'étude de la formation du pigment. Je trouvai dans le sang des leu- cocytes chargés de pigment, déjà vus par d’autres ob- servateurs; mais, à côté de ces Leucocytes mélanifères, des corps sphériques, de volume variable, pigmentés, doués de mouvements amiboïdes, et des corps en croissant pigmentés attirèrent mon attention; je sup- posai dès lors qu'il s'agissait de parasites. » Ces parasites, illes retrouve en 1880 à l'hôpital de Constantine, où il voit certains d’entre eux émettre des prolongements mobiles, des flagelles; il les retrouve encore en 1882 dans la Campagne romaine. S'il n'y avait plus désormais pour lui aucun doute sur la nature parasitaire de ces éléments, il n’en fut pas de même pour le public scientifique. Ces agents pathogènes que Lave- ran décrivait comme doués de mouvements amæboiïdes, émettant des flagelles activement mobiles,étaient si difré- rents des agents microbiens ordinaires ! Il fallut prés de 10 ans pour que l'accord se fit sur la nature et le rôle CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE pathogène des hématozoaires du paludisme, avant que des recherches diverses aient permis de les définir comme appartenant aurègne des Protozoaires,et voisins des Coccidies. En 1889 l’Académie des Sciences sanc- tionnait ofliciellement l'importance de la découverte de ces Sporozoaires, en décernant à l’auteur le prix Bréant. Cette importance n'allait d’ailleurs pas tarder à S'affir- mer. Parmi les questions relatives à l’hématozoaire du paludisme, il en est une qui avait particulièrement retenu l'attention de Laveran, celle du mode d'infection. Comment le parasite pénètre-t-il dans l’organisme hu- main ? Où se trouve-t-il dansle mondeextérieur? Après l’avoir vainement recherché dans l’air ou dans l’eau des localités palustres, À. Laveran avait été amené à la conviction que le parasite existait également à l’état parasitaire, en dehors du milieu humain, chez d’autres organismes. A cette époque, le grand pathologiste anglais, Sir Patrick Manson — lui aussi récemment disparu — venait d'ouvrir, par ses belles recherches sur la propa- gation de la filariose par les Moustiques, une voie toute nouvelle à l’histoire des infections parasitaires sangui- nes. Laveran n'hésite pas à s’y engager et dès 1884,dans son Zraité des fièvres palustres, il écrit: « Les Mousti- ques jouent-ils un rôle dans la pathogénie du palu- disme comme dans celle de la filariose? La chose n’est pas impossible; il est à noter que les moustiques abon- dent dans toutes les localités palustres. » Il revient sur cette manière de voir à différentes reprises et notamment en 1894 au Congrès International de Buda-Pest. Il est curieux de noter que, dans le même temps, cette hypo- thèse était vivement combattue et déclarée sans fonde- ment par un auteur italien, Grassi, qui devait plus tard devenir un fervent apôtre de la doctrine anophé- lienne. Ayant dù quitter les régions palustres, Laveran ne put vérifier ses conceptions. Il était réservé à un élève de P. Manson, le major Ronald Ross — aujourd'hui Sir R.Ross — d’en démontrer le bien fondé, En publiantses mémorables travaux qui établissaient d’une manière irréfutable le rôle de certains moustiques dans l’évolu- tion et latransmission des hématozoaires du paludisme, comme dans celle des hématozoaires d'oiseaux, Ross tint justement à reconnaître qu'il avait été guidé dans ses recherches par les inductions de Lavyeran. Par ces deux importantes découvertes, qui se com- plétaient l’une l’autre, se trouvait désormais appuyée sur-des bases bien définies la prophylaxie du paludisme. La plus vaste endémie dont l'empire s'exerce sur le monde devenait justiciable de la médication quiniqueet de la lutte contre les moustiques, Résultat immense, œuvre capitale pour l’avenir humain! Aussi Laveran s’employa:t-il activement à faire connaître et à répan- dre la doctrine antipaludique en Corse, en Algérie, étu- diant les moustiques des localités palustres, et mon- trant partout qu'il n’y a point de paludisme sans Anophèles, « À mesure que le temps s'écoule, l’impor- tance de tous ces travaux nous apparaît plus considé- rable, Grâce à eux, ces contrées que la Malaria inter- ainsi que le travail d’un savant peut avoir pour l’huma- nité des conséquences qui dépassent celles des concep- tions de nos plus grands politiques !. » De 1884 à 1894, A. Laveran occupa la chaire d'Hy- giène au Val de Grâce, Mais, parvenu au terme de son professorat, il ne pouvait plus trouver, dans les fonc- tions administratives diverses dont ‘il fut investi, la possibilité de se livrer aux recherches de laboratoire. Aussi, en 1897, préféra-t-il prendre une retraite antici- pée pour venir poursuivre ses travaux en toute liberté à l’Institut Pasteur. Son orientation était depuis long- temps bien établie : ayant ouvert à l'étude des parasi- tes du sang un avenir magistral, il désirait surtout approfondir le sillon déjà tracé et qui déjà promettait de toutes parts une moisson merveilleuse. Un labeur persistant, ininterrompu jusqu’à la mort, lui a dès lors permis d’apporter une contribution de premier ordre à l’histoire des divers groupes d’hématozoaires. C’est en 1900 qu'il aborda l'étude des Trypanoso- mes, flagellés du sang qui occupent aujourd’hui dans la pathologie, surtout tropicale, une place de haute impor- tance, Une semaine après la présentation de l’hémato- zoaire de Laveran à l’Académie de Médecine (23 nov. 1880), Griffith Evans avait précisément fait connaître le premier trypanosome pathogène décelé chez les ani- maux, l’agent du Surra de l’Inde. Plus tard, Rouget en découvrant le trypanosome de la dourine (1894), Bruce celui du nagana (1897), affirmaient l’importance de ces flagellés en pathologie vétérinaire. Dutton, bientôt après (1901), étendait leur champ d’action à la méde+ cine humaine en découvrant le trypanosome de la ma ladie du sommeil. Laveran s'attache à une étude approfondie de ces passionnants organismes,qui se pré- tent beaucoup mieux que les autres hématozoaires à l’expérimentation de laboratoire. Il précise leur mor- phologie à l’aide dela technique decoloration qu’il avait perfectionnée, en fait connaître de nouvelles espèces, règle leur identification par la méthode de l’immunité « croisée, étudie la sérothérapie, les réactions sériques des divers trypanosomes, la thérapeutique chimique, etc. Tous ces efforts aboutissent en 1904, avec la colla- boration de F.Mesnil,à l'apparition d’un ouvrage fonda- mental, le grand Traité des 7rypanosomes et Trypanoso- miases,dont les auteurs donnèrent en 1912 une Seconde édition double de la première. Un autre groupe de Protozoaires pathogènes appe- lait en même temps l'attention de Laveran. La décou- verte en 1901, chez l’homme, d’une maladie à trypano- somes (maladie du sommeil), caractérisée par de la fiè- vre, de l’hypertrophie de la rate, avait amené, en 1903, celle d’un nouvel organisme pathogène, agent de l'affec- tion à splénomégalie connue aux Indes sous le nom de Kala-Azar. Dans une étude faite en commun avec F. Mesnil, Laveran avait affirmé l’individualité de ce parasite découvert par Donovan dans la rate, et qui, bien connu aujourd’hui sous le nom de Leishmania Donovani, est devenu le type d’une catégorie spéciale d’hématozoaires rencontrés dans différentes affections dites leishmaniennes (Leishmanioses). De 1910 à 1918 1. D' G. Roux : Discours prononcé au jubilé de M. Lave- disait à l’Européen sont ouvertes à la civilisation; c'est | ran Je 20 juin 1915, CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 355 Laveran a beaucoup contribué à l'étude expérimentale de ces hématozoaires sur les animaux de laboratoire,et, en 1917, il faisait paraître un Traité complet des Leishma- nioses, ouvrage de plus de 500 pages dont la guerre a quelque peu différé l'avènement. Trypanosomes et parasites leishmaniformes sont des hématozoaires flagellés étroitement apparentés les uns aux autres. Bien des faits plaident en faveur de leurs relations intimes avec certains Flagellés que l’on ren- contre très fréquemment dans le tube intestinal des Insectes. Dans les toutes dernières années de sa vie, Laveran s'était attaché à préciser ces rapports en mon- trant,expérimentalement, comment nombre de Flagellés d'insectes peuvent être, par voie d’inoculations, l’origine d'infections de mammifères. En collaboration avec le D' Franchini, il a réuni sur ce sujet, avant tout d’un grand intérêt biologique, nombre d'observations très suggestives. La production scientifique deLaveran s’est poursuivie sans relâche pendant plus d’un demi-siècle. Il serait vain, dans un aperçu aussi succinct, de prétendre en fournir un exposé suflisant. Je ne puis guère qu'en accuser l’unité, la filiation, et la haute portée que les honneurs sont venus progressivement consacrer. Lave- ran avait été élu en 1893 à l’Académie de Médecine, dont il devint plus tard président; en 1901 à l’Acadé- mie des Sciences, dont il était correspondant depuis 1895. En 1907 le prix Nobel de Médecine, qu’il consacra généreusement à l'installation d’un laboratoire de Pro- tozoologie, à l’Institut Pasteur, lui était décerné. Il était Commandeur de la Légion d'honneur... Mais ni les distinctions honorifiques, ni les années n’ont pu le distraire de l'idéal scientifique auquel il avait voué sa vie, et il le rappelait lui-même dans cette formule de Bacon : Bene est scire, per causas scire. E. Roubaud, de l’Institut Pasteur de Paris, $2. — Physique La luminescence des solides incandes- cents. — MM. E. L. Nichols et H.L, Howes ! ont cons- taté que certains oxydes, chauffés à une température située dans un intervalle déterminéetparfois très étroit, ‘émettent, dans une région limitéedu spectre, uneradia- tion bien supérieure à celle que dégage le corps noir dans cette région àla même température ; l'excès de radiation est attribué à la luminescence. C'est ainsi que la radia- tion bleue de l’oxyde de niobium à 560° est environ 85,000 fois la radiation correspondante du corps noir, ce rapport allant en décroissant à mesure que la tempé- fature s'élève jusqu’à tomber à 1,37 à 1037°C., peuavant le point de fusion de cet oxyde. De même, les oxydes de Be, Mg, Ca, Al, Si et Zr pré- sentent une lueur bleue, relativement la plus forte au commencement de l'incandescence, diminuant ensuite jusqu’à un minimum, pourse relever jusqu’à un ou deux sommets correspondant à des explosions de lumines- cence bleue entrer.100° et1.500° C. Les courbes d'intensité en fonction de la température 1. The Phys. Rev.,2,t. XIX, n° 4, pp. 300-318 ; avril 1922, pour les radiations rouge, verte et bleue des oxydes de Sa, Gd, Ga, Nb, Er, Ce, Pd et Nd, de 9000 à r.550°, mon- trent que tous ces corps, sauf Ce, émettent une lueur bleue ou vert bleu, et que tous, sauf Nb et Nd, possè- dent une ou deux explosions rouge, verte ou blene au-dessus de 1.000, Cette luminescence diffère de la radiation due à l’échauffement non seulement par sa variation avec la température et par sa distribution dans le spectre, mais encore parce qu’elle présente des effets de fatigue mar- qués et varie avec le traitement calorifique antérieur et avec le mode de chauffage de la substance. La présence de traces d’impuretés exerce aussi sur le phénomène un effet très sensible, Pour les auteurs, la luminescence est probablement un phénomène d'instabilité, associé à une modification chimique telle que l'oxydation ou à des perturbations physiques que subissent les oxydes chauffés et qui se manifestent par des changements de conductibilité élec- trique, de structure cristalline ou d’autres propriétés, $3. — Chimie Une nouvelle synthèse de l'indigo. — MM. Bailey et Potier ! viennent de décrire une nouvelle méthode de synthèse de l’indigo à partir de l'acide fu- marique. Ce dernier est d’abord convertien acide dibro- mosuccinique symétrique par traitement avec le brome et l’acide acétique glacial sous pression à une tempéra- ture de 100" pendant 7 heures. L'acide dibromosuccini- que est transformé en acide dianilidosuceinique symé- trique par traitement à l’aniline. Puis on déshydrate 300 gr, d’un mélange équimolécu- laire de NaOH et de KOH par chauffage à 4500 C. pen- dant 2 h. 1/2 dans une cornue en fonte fermée et agitée. On y ajoute 30 gr. de sodamide, et on fait passer un courant d’ammoniac sec dans la cornue. À la masse fondue, on ajoute 25 gr. de dianilidosuccinate de soude et l’on maintient une température de 2300-2400 C. pen- dantr 1/2 heure. La masse résultante est dissoute dans l’eau, puis on fait passer de l’air à travers la solution. Il se précipite de l’indigo, qu’on recueille sur un filtre. Cet indigo titre 96,5 °/, de produit pur, et possède des propriétés tinctoriales satisfaisantes. Le rendement est de 60,4 °/ à partir de l'acide dianilidosuccinique, et de 25 0/, du rendement théorique à partir de l’acide fuma- rique. $ 4. — Chimie industrielle Nouveau procédé et nouvel alliage anti- rouille. — Il est connu depuis longtenfps que l’alu- minium — semblable en cela au zinc — se recouvre rapidement, lorsqu'il est exposé à l'air, d'une pellicule transparente et imperméable d'oxyde qui met le métal sous-jacent à l’abrides agents atmosphériques et empêche ainsi toute corrosion ultérieure ; comparativement à celle qui se forme sur le zine, cette couche protectrice a l'avantage d’une durabilité beaucoup plus grande en présence de la chaleur. Partant de là, un technicien américain, M, van Tat- TA 1. Journ. of the Am.chem. Soc., t. XLIV, p. 215-16 ; 1922, 39500 ter, a imaginé d'employer l'aluminium pour former sur les métaux oxydables, tels que le fer et l’acier, une cou- che protectrice, jouant le même rôle que le zinc dans la galvanisation ou la sherardisation, mais spécialement destinée à assurer la' protection des objets exposés à des températures plus ou moins élevées. Ce procédé, que son inventeur a appelé calorisation, a été étudié par le Laboratoire de recherches de Shenectady; on peut aujourd’hui le considérer comme, commercial : il est applicable de deux façons : par la méthode dite « de la poudre » et par la méthode « à immersion ». Dans la calorisalion à la poudre, les objets à traiter sont introduits dans un réservoir étanche à l’air etrem- pli d'un mélange de calorisalion, consistant en une poudre très fine d'aluminium métallique en suspension dans de l’oxyde d'aluminium; le récipient étant hermé- tiquement elos vis-à-vis de l'atmosphère extérieure, on y fail arriver de l’hydrogène, de façon à expulser l'air et à constituer dans l’appareil une atmosphère réductrice. On soumet ensuite le système à une température éle- vée; dans ces conditions, les particules d'aluminium, que l’alumine tient séparées les unes des autres, pren- nent contact avee les objets plongés dans le mélange et se fondent dans la surface de ces objets, pénétrant plus ou moins profondément selon la durée du traite- ment et la composition du mélange. Chauffées, dans la suite,au contact de l'air, les pièces ainsi iraitées se recouvrent, comme l'aluminium pur, d'une mince pellicule d'oxyde protecteuretelles peuvent dès lors supporter les températures élevées sans s'alté- rer et sans que leur surface s’écaille, ainsi que cela a lieu, à défaut de la couche protectrice d'aluminium, pour les objets ordinaires. Dans le procédé à l’immersion, dû à C. Dantzizen, du Laboratoire de recherches, la métalli- sation à l'aluminium est obtenue en plongeant les objets l'ingénieur à traiter dans un bain d'aluminium fondu, après les avoir frottés d’un fondant convenable, d’une façon identique, par conséquent, à celle que l’on applique dans le nickelage. La calorisation par immersion est plus rapide que la calorisation à la poudre, maiselle ne donne qu'une métallisation moins épaisse; de ce fait, elle convient moins que l’autre pour la protection d'objets soumis à une usure sévère ; lorsque les conditions d’usage à pré- voirne sont pas trop rigoureuses, elle suffit largement, particulièrement pour les pièces de petites dimensions. Tant pour la calorisation par immersion que pour la calorisation à la poudre, on emploie de préférenceun four électrique; par l’une et l’autre méthode, la calori- sation peut être appliquée au traitement de différents métaux et pour la métallisation d’objets de tout genre; on l’a particulièrement expérimentée pour la protection du fil de fer, d'éléments de chauffage, de grilles, de brà- leurs, de pièces de fours à tremper et autres, decaisses de cémentation, de Lubes de chaudière, de pièces de lus- trerie, de pièces de moteurs à gaz, de pièces d’automo- biles à vapeur (vaporisateurs), etc.,bref, de toutes pièces métalliques ayant à travailler à des températures élevées. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE Elle peut être employée pour les températures ordi- paires, en remplacement de la galvanisation et de la shérardisation, mais alors sa supériorité ne se mani- feste pas aussi nettement ; néanmoins, la calorisation se distingue de la galvanisation par une plus grande résistance de la couche protectrice, plus intimement fusionnée avec le métal porteur. On observe d'ailleurs que la pénétration du métal protecteur dans le métal protégé s’accentue à des tempe- ratures suflisantes; la couche protectrice, au début, est formée d'aluminium pur: elle s’allie petit à petit au métal, pour donner une couche d’alliage qui a, au sur- plus, la même efficacité protectrice contre l'oxydation. L'eflicacité de la couche protectrice réside dans la pellicule d'oxyde qui se forme sur l'objet, sous l’action « de l’air et de la chaleur; cette pellicule est très résis- tante aux abrasifs; en outre, elle se reconstitue pour ainsi dire instantanément lorsqu’elle vient à être deté- dde hati h ncon ile—. 4 | . riorée ou enlevée à certains endroits, - Les objets calorisés peuvent généralement être sou- mis sans destruction de la coucheprotectrice à des tem- pératures de go0 à 1.000 C. Il n’est pas à recommander de dépasser ces températures, surtout d’une façon pro- longée et pour les objets de grande section, parce qu'à partir de g00° C., la diffusion de l'aluminium dans la masse devient rapide et peut amener un appauvrisse- ment des couches superficielles tel que la pellicule d'oxyde ne se reconstitue plus si elle est détériorée, La calorisation n’affecte pas appréciablement les propriétés chimiques du métal traité; on constate cepen- dant une légère diminution de la conductibilité calo- rifique et de la conductibilité électrique ; on calorise non seulement les métaux ferreux, mais aussi le cuivre, le laiton, le nickel,etc. ; la calorisation met ces métaux à l’abri de l'attaque de l'air et des liquides acides; pour les métaux ferreux, la calorisation est eflicace contre l'acide carbolique, le goudron chaud, la poix,. l’anb ydride sulfureux, l’oxyde de carbone, ete, Pour les objets de très grandes dimensions, pour les pièces en fonte, particulièrement si elles ne sont pas de qualité satisfaisante, la calorisation peut n'être pas d'une efficacité décisive; pour les cas où la calorisation. est insuflisante, il a été créé un alliage anti-rouille de fer, d'aluminium et de nickel, dénomné « calite ». Le calite est absolument inoxydable, déclarent les créateurs, jusqu’à 1.200 et même 1,300 C,; des pieces de calite polies placées dans un jet d’eau de mer pen- dant 200 heures, à 4o° C. environ, n’ont montré aucune atteinte d’oxydation; il est inattaquable par l'acide. acétique, les chlorures, cyanures, et sulfures en. fusion, les vapeurs de soufre ; l’acide nitrique l'attaque” faiblement; l’acide chlorhydrique le dissout lentement; l’acide sulfurique, rapidement, . Henri Marchand. $ 5. — Botanique E’action toxique du gaz d'éclairage sur les. plantes, — On sait depuis longtemps que les plantes : en état de croissance, en particulier les pousses éliolées de pois ou de pomme de terre, sont très sensibles à la CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 357 présence de faibles traces de gaz d'éclairage dans l’at- mosphère, et cette action nocive a été attribuée aux hydrocarbures non saturés, tels que l’éthylène, toujours présents dans le gaz. M. J. H. Priesley!, ayant placé des racines ou des pousses étiolées dans une atmosphère renfermant du gaz d'éclairage ou de l’'éthylène pur, a constaté qu’elles cessent de croître en longueur tout en se développant en épaisseur; en outre, l'endoderme fonctionnel pri- maire disparait, ce qu'on peut attribuer au déplace- ment par les gaz toxiques des acides gras non saturés qui s'accumulent normalement sur les parois de l’en- doderme au cours du développement. La tige normale, croissant à la lumière, ne forme pas d’endoderme de ce genre, ce qui concorde avec le fait qu’elle est à peu près insensible à la présence des hydrocarbures gazeux non saturés dans l'atmosphère. L'effet décrit ci-dessus est produit par des concentra- tions d’éthylène de l’ordre de 1 millionième; la crois- sance des tiges étiolées constitue donc une réaction excessivement délicate de ce gaz. $ 6. — Géographie et Colonisation Les influences maritimes dans la vie des indigènes marocains. — Malgré la résistance que l'Islam oppose aux transformations des peuples qui le . professent, le contact de notre civilisation arrive quand même à modifier leurs coutumes et leur genre de vie.ll semble qu’au Maroc ces modifications soient plus rapi- des qu'ailleurs. Les causes en sont diverses, les unes venant des indigènes, les autres, plus puissantes, croyons-nous, dues à nos méthodes de pénétration, Il est donc du plus grand intérêt sociologique d’observer et de noter ces formes de civilisation avant qu'elles aient disparu. M. L. Brunot, professeur à l’Institut des Hautes Etudes marocaines, a consacré une thèse récente à rechercher le rôle de la mer dans les traditions et les industries indigènes à Rabat et à Salé?. Sujetinexploré qui a nécessité de la part de l’auteur une longue et minutieuse enquêle auprès des derniers représentants d’une civilisation maritime mourante, mais qui a joué un rôle important dans l’histoire du Maroc, La conclusion historique de M, L. Brunot est que les ports du Bou Regreg n’ont eu d'activité que du fait des étrangers : Phéniciens, Romains, Méditerranéens, Mau- . res andalous, renégats.Ce sont ces derniers qui ont pra- tiqué la piraterie et organisé la traite. Les indigènes . marocains, au contraire, ont toujours eu la terreur de - la mer; ce n’est pas sans hésitation et sans crainte que 1922. les Arabes se sont décidés à franchir le détroit de Gibraltar pour se répandre en Europe. Le vocabulaire - maritime montre que l’industrie nautique indigène a été EE 1. Association of Economie Biologists, séance du 19 mai 2. Louis Brunor : La mer dans les traditions et les indus- tries indigènes à Rabat et à Salé. 1 vol. in-8° illustré, avec curtes hors texte, E. Leroux, éditeur, Paris, 1921, importée d'Espagne; l'arabe classique ne fournit que des termes à signification générale, ce qui montre bien l'inaptitude atavique des indigènes aux arts de la ner, et, d'autre part, de Mazagan à Tanger, le vocabulaire maritime est le même dans tous les ports marocains, La pêche à Rabat et à Salé se fait dans l’oued et sur les rochers qui bordent la côte; jamais les indigènes ne se sont aventurés à la recherche des hauts fonds pois- sonneux, et jamais ils n’ont suivi vers le large les pé- cheurs italiens et espagnols. Les procédés et les engins de pêche n’ont rien d’original, ils sont copiés plus ou moins sur ceux d'Europe. Depuis que la course a cessé, au début du siècle der- nier, en même temps que l'intervention des Andalous non indigènes et des renégats, la batellerie indigène est arrivée au dernier degré de la décadence, tout près de disparaître entièrement, De navires, il n’est plus ques- tion ; comme dans les autres ports marocains, il n’y a plus que des barcasses, conduites à la rame ou à la traîne des remorqueurs. L'art desconstructions navales avait étéimporté d'Espagne et les indigènesn’ont jamais été que des imitateurs maladroits et imparfaits; les bateaux des corsaires étaient construits à Saléet à Tétouan par des renégats ou des Algériens. Quand les ports marocains seront aménagés et que les vapeurs ou les voiliers pourront entrer en rivière ou s’amarrer à quai, la marine etles marins indigènes auront cessé d'exister; il n'y aura plus, comme en Algérie ou en Tunisie, que des arrimeurs et des débardeurs. M. L. Brunot examine les raisons de cet état de cho- ses. Les diflicultés de la mer et de la barre ne sont pas une explication, car les côtes inhospitalières ont formé les meilleurs marins, et les indigènesn’ontjamais voulu suivre l'exemple des Européens. Il semblerait alors que c'est dans la mentalité des indigènes, dans leur peur instinctive de la mer qu'il faille chercher la cause qui les a éloignés de la navigation.Pourtant,il faut serap- peler que leurs ancêtres d'Arabie furent de hardis ma- rins, qui ont servi, dans l'antiquité et au moyen âge, d’intermédiaires au commerce maritime entre l'Asie et l’Europe, et dontles descendantssont encore nombreux dans les Indes néerlandaises. M. L. Brunot note, par ailleurs, que les mariniers de Rabat ne manquent pas d’aptitudes nautiques, qu'ils exercent habilement leur métier, que plus d’un s’est enrôlé dans des équipages européens. La mentalité ethnique est donc hors de cause, il faut chercher ailleurs. Grecs anciens et moder- nes, Scandinaves, Hollandais et Anglais se sont faits marins pour aller chercher les aliments que refusait de produire le sol de leur pays, tandis que, comme le remarque avec raison M. Brunot, les populations du Maghreb vivaient dans de riches plaines qui suflisaient amplement à leurs besoins. Les Marocains, comme les Barbaresques, n’ont pas navigué parce qu'ils n’en ont éprouvé ni le besoin ni la nécessité. Pierre Clerget. 358 W. KOPACZEWSKI. — LES COLLOÏDES ET LA VIE LES COLLOÏDES ET LA VIE Il suffit d'ouvrir n'importe quel périodique scientifique ou médical, n'importe quelle revue consacrée à l’industrie, pour retrouver le mot de « colloïde ». Dans toutes les conversations, ce mot cabalistique se fait entendre et dans la vie journalière, quoi qu’il n’apparaisse pas souvent, l’état colloïdal de la matière joue un rôle des plus importants. En effet, nos vêtements, nos chaussures, nos gants, —en soie, en laine, en coton ou en peau, — et leurs couleurs sont des substances colloi- dales. Notre nourriture (pain, lait, fromages, amidon, viande, etc.) est composée de colloï- des, et la cuisinière accomplit toute une foule de réactions colloïdales sans le savoir : mayon- naise, blancs en neige, crèmes, ete. La fabrication d’un grand nombre d’autres objets qui nous entourent, soit pour faire notre correspondance (papier, encre), soit pour nous éclairer (pétrole, lampe à incandescence à fila- ment métallique de tungstène ou de tantale), soit pour égayer notre vue (bibelots en faïence, porcelaine, etc...), soit pour nous embellir (pierres précieuses, poudres, crèmes), soit pour nous distraire (photographies, reproductions artistiques), soit enfin pour diffuser nos pensées (imprimerie), est également basée sur nos con- naissances colloïdales. Ajoutons à toutes ces industries celle de la métallurgie, où les progrès récents ont été mar- qués par l'intervention de l’état colloïdal; celle des masses plastiques (viscose, galalithe, baké- lite, celluloïd), celle du caoutchouc synthétique ou naturel, et de la soie artificielle ; et je crois qu'il ne paraîtra plus exagéré de dire qu'aucune des branches de l’industrie ne peut se passer de la connaissance des colloïdes. Même des indus- tries comme celle de l'or se rénovent aujourd’hui par les applications des réactions colloïdales (flotation). IL en est de même en ce qui concerne les sciences exactes. Certains chapitres de la Phy- sique se confondent avec l’étude de l’état col- loïdal (osmose, charge électrique, radioactivité, viscosité, plasticité, etc.). En Chimie, la science colloïdale a permis l’analyse quantitative vérita- blementinfinitésimale, de beaucoup plus sensible que l’analyse spectrale ; en effet, grâce à la colo- ration intense des colloïdes,on peutretrouver des quantités difficilement imaginables d’or et d’ar- gent (0,000.002 de mgr.). Des procédés simples ont pu être imaginés pour la séparation des sub- stances difficilement purifiables ou infiltrables ; qui désespéraient les chimistes. Des réactions peuvent être accomplies grâce à la présence de métaux en poudre (procédé catalytique, si bien étudié par Sabatier) ; l'action des ferments nous apparaît comme un reflet des réactions colloi- dales. En Minéralogie, les recherches de Ledue, de Liesegang et debien d’autres, ont permis d’élu- ciderla structure de certains minéraux tels que l’agathe, le jaspe, etc., en reproduisant artificiel- lement ces structures en anneaux; par des dif- férences de degré de dispersion, on a expliqué les aspects différents de corps chimiques iden- tiques, tels que la silice (calcédoine, hyalite, opale, quartz, etc.). En Agriculture, on a compris pourquoi les ter- rains sableux, dépourvus de colloïdes, ne sont point fertiles. Et, finalement, dans toutes les sciences biolo- giques, les applications des données acquises sur l’état colloïdal sont capables de produire une révolution. Etant donnée leur importance capi- tale, nous y insisterons davantage. [.— Les CozLoïnes EN BIoLOGIE 1. Fonction membraneuse. — L'intérêt capital de la Biologie se concentre dansla vie de la cel-! lule ; la vie cellulaire est dominée à son tour par la membrane. ; Sur l’existence, la nature, le rôle exact, les fonctions etlemécanisme intime dela membrane, les recherches des siècles précédents n’ont ap- porté que des notions vagues et grossières. Si nous ouvrons un traité classique de Biolo- gie générale, voici comment la question y est résumée : =: En dehors d’une membrane d’enveloppe, com- posée d’une couche plus ou moins épaisse de cellulose, qu’on rencontre surtout dans les cel- lules végétales, il existe une membrane péri- phérique de protoplasma condensé. La première membrane est une membrane perméable pour l'eau et pour les électrolytes; la seconde est. hémiperméable, c’est-à-dire se laissant traverser seulement par l’eau. En appliquant les lois de la Chimie physique à la vie cellulaire, il apparaît clairement que. les phénomènes de diffusion, d'imbibition, de filtration et d'osmose doivent y jouer un rôle capital. On peut expliquer le mouvement des liquides, de l'eau en particulier, dans les tissus par l’existence d'une membrane hémiperméable; W. KOPACZEWSKI. — LES COLLOÏDES ET LA VIE la pression osmotique, — c’est-à-dire les forces exercées par les molécules des corps dissous à l’intérieur de la cellule contre la paroï, — devrait provoquer un courant opposé de l’eau. Mais si des membranes, plus ou moins hémi- perméables, ont pu être obtenues artificiellement par Traube, on n’en a pas trouvé dans la nature, car,en dehors de l'estomac d’Aplysie, des mem- branes du poumon aqueux ou du tube digestif des Holothuries et des Oursins, — d’ailleurs d’une hémiperméabilité bien délicate et éphémère, — ‘on n’a pas pu en citer d’autres. H. de Vries considère qu’il n’est pas besoin, pour expliquer le mouvement des liquides dans les plantes, que la membrane soit absolument hémiperméable ; il suffit qu'elle le soit à peu près et pendant un temps relativement long. Il à observé que toutes les membranes se laissent traverser par la glycérine, par l’urée ; d’autres sont perméables pour le nitrate de soude, la -diphénylamine (Van Rysselberghe), etc. Le phénomène de plasmolyse,constaté par lui, n’est pas, non plus, durable ; car très souvent le plasma remplit peu à peu de nouveau toute la cellule. Il se peut que, suivant l'hypothèse de Chanoz, l'hémiperméabiliténe soitqu’un épisode dans la vie de la membrane et constitue une forme d'adaptation de la cellule aux conditions du milieu nutritif. À cette conception ancienne de la membrane, les expérimentateurs ont opposé d’autres faits qui démontrent pleinement l'insuffisance de la seule pression osmotique pourexpliquer les phé- nomènes des échanges intercellulaires. Ainsi, Hamburger, dans des travaux classiques, constate que sur 60 % d’eau contenue dans les globules rouges, 40 à 50 % seulement sont représentés par les solutions salines ; le reste doit done avoir une autre fonction. Dans de nombreux cas, la concentration des sels dans l’intérieur de la cel- lule est beaucoup plus forte qu’à l'extérieur, et, . malgré cela, la pression osmotique n’accuse pas . de différences ; ou bien, on constate des abais- sements dela pression osmotique alors que les modifications de la concentration en sels exi- seraient son élévation. ° Hedin a démontré queles différents sels en con- centration équimoléculaire ne possèdent nulle- ment la même action sur les globules rouges: ainsi les solutions équimoléeulaires de NaClet de KNO®* ne sont nullement isoosmotiques, par- tant isotoniques. Donc, l’isoosmocité ne signifie pas du tout l’isotonicité. C’est pourquoi on ne peut que conclure avec Hoeber : l’hémiperméa- bilité hypothétique de la membrane nous force à supposer que la cellule est imperméable pour tout ce dont elle a besoin, et pour tout ce qu’elle est obligée d'évacuer.….. En s’appuyantsur ces résultats expérimentaux, Martin Fischer considère une membrane hémi- perméable comme une ineptie logique, car on doit se demander comment les produits autres que l’eau, etqui sont absolument nécessaires à la vitalité de la cellule, peuvent alors traverser la membrane ; si, par contre, la membrane laisse traverser ces produits osmoactifs, ils ne peuvent plus constituer les facteurs du mouvement de l’eau. Des coups rudes sont apportés à la con- ception purement osmotique d’une membrane hémiperméable. Martin Fischer a démontré l'importance capi- tale du gonflement et du dégonflement des colloïdes dans la fonction membraneuse à la place de la pression osmotique. Voicises résultats avec toutes les conclusions qu’ils comportent pour l'explication de certains états pathologiques, tels que: ædèmes, néphrites, etc. Contrairement à la pression osmotique, les phénomènes de gonflement sont capables de pro- duire du travail. Les Egyptiens utilisaient cette farce degonflement pour faire éclater les rochers en y plaçant des traverses de bois qu’on imbibait fréquemment. De plus, les modifications du pou- voir de gonflement dela membrane doivent ame- ner des modifications dans la filtration, dans la diffusion et dans l’osmose. Enfin, aux phéno- mènes de gonflement sont liés les phénomènes de synérèse, c’est-à-dire la sécrétion d’un li- quide de nature colloïdale. Expérimentalement, les modifications du degré de gonflement dans les cellules vivantes, sous l'influence des substances chimiques, ont été observées et düment constatées par de nom- breux auteurs. Bechhold a établi que certaines substances s'ouvrent automatiquement passage à travers la membrane (urée), tandis que d’au- tres la rendent imperméable (sulfates, glucose, alcool, etc.). Lepeschkin a démontré que les agents physiques tels que la température, la lumière, etc. sont capables d’influencer le pou- voir gonflant de la membrane. Voici donc la première invasion de la Chimie colloïdale sujette à donner des résultats im- prévus dans l’étude des phénomènes transmem- braneux. Si nousnous demandons quelle est la nature de cette membrane protoplasmique, la réponse sera aujourd'hui très malaisée, car la théorie d'Overton,qui régnait jusqu'à ces temps derniers, n’est plus suffisante.Overton considérait la mem- brane protoplasmique comme une membrane lipoïde, de sorte que, seules, les substances 360 solubles dans les lipoïdes peuvent, d’après lui, la * traverser. En réalité, il est démontré que ce n’est nulle- ment le cas. Ainsi certaines substances narcoti- ques précipitent les lipoides.On a donc cherché à modifier cette théorie. J. Traube et Czapek con- sidèrent la membrane comme une émulsion de substances grasses ; cette théorie a trouvé une base expérimentale dans les recherches de Clowes qui, par l’action des sels de CaCl° et autres ions polyvalents, a pu transformer une émulsion d'huile dans l’eau en émulsion d’eau dans l'huile, c’est-à-dire rendre cette membrane per- méable, soit pour les solutions aqueuses, soit pour les solutions huileuses, D'autres expérimentateurs considèrent la membrane comme une substance protéique ou même anorganique, non lipoide. Traube et Rhumbler soutiennent que le seul facteur domi- nant des échanges à travers la membrane est la tension superficielle; elle seule trouble l'équi- libre de la structure membraneuse. Ruhland prend en considération uniquement le degré de perméabilité de la membrane, fonctionnant comme un ultra-filtre. Quoi qu’il en soit, cette discussion permet d’entrevoir l'importance des facteurs nouveaux dans les phénomènes trans- membraneux. 2 La seule chose süre c’est que, parmi toutes ces théories, celle d’Overton n’est plus soutenable, car la membrane étant un colloïde, tous les fac- teurs qui modifient sa structure, en tant que col- loïde, doivent y jouer leur rôle. - Une importante contribution à l'intelligence des phénomènes transmembraneux a été appor- tée par les travaux de F.-G. Donnan. Considé- rons une membrane perméable séparant deux solutions d’electrolytes ; un de ces électrolytes possède un ion quine diffuse pas. À priori, on doit s’attendrequ’à la fin de la diffusion les élec- trolytes seront partagés uniformément des deux côtés de la membrane ; or, il n’en est rien. Don- nan a soumis ce phénomène àune analyse serrée. Supposons que l’électrolyte avec ion non dif- fusible (qui ne doit pas être, nécessairement un colloïde) est séparé de l’eau courante par la membrane. Nous observons alors l’hydrolyse dans le cas où l’électrolyte est un sel, ou bien la formation d’un sel sous l'influence des concen- trations minimales de H+ ou OH-; autrement dit, par la seule présence d’une membrane, on peut décomposer les sels des acides et des bases fortes, lorsque l’un des ions d’électrolytes n'est pas diffusible. Cela nous rappelle d'acides dans l'estomac et d’alcalis dans le pancréas et la formation W. KOPACZEWSKI. — LES COLLOÏDES ET LA VIE les intestins. Maïs, lorsque notre électrolyte à ion non diffusible se trouve séparé d’un autre électrolyte, les choses se passent différemment. . Envisageons le cas d’un ion commun des deux côtés de la membrane. L'ion commun ne peut pas traverser la membrane, étant retenu par son ion non diffusible ; par conséquent le troisième, et avec lui son congénère, peuventseuls transfu- ser. La quantité d’électrolyte transfusée dépend de la concentration primitive des deux côtés de la membrane. Dans le cas où les électrolytes, des deux côtés de la membrane, ne possèdent aucun ion com- mun, l'ion non diffusible attire les anions de l’autre côté de la membrane, si c’est un cathion, et inversement. Cela nous explique larépartition des ions observée dans les globules rouges, qui était tout à fait incompréhensible auparavant. La théorie de Donnan a permis également d’ex- pliquer la différence de potentiel, souvent très appréciable, qui existe dans l’organisme vivant (muscles, nerfs, poissons électriques, etc.); il s’agit alors de différences dans le transport des ions à travers la membrane. H.-R. Procter et J. Loeb ont appliqué cette théorie à l’explication purement osmotique des phénomènes de gonfle- ment de la gélatine. On se rend parfaitement compte que, dans le fonctionnement de la cellule, le rôle de l’état col- loïdal est d’une importance capitale. Il en est de même dans d’autres questions biologiques. éfe nUuE tt Dit. à; 2. Forme et structure desêtres vivants. — Ainsi, pour expliquer les formes et structures des êtres vivants, toute une série de processus colloïdaux peut être invoquée. Les travaux si peu connus de Stéphane Leduc en constituent le point de départ. Cet auteur est arrivé à reproduire, uni- quement par l'intervention des forces de dif- fusion et d’osmose, non seulement les diffé- rentes formes des organismes vivants, telles que des animaux aquatiques, des champi- gnons, des plantes, etc., mais bien plus, la structure cellulaire des tissus, les formes de karyokinèse, les différentes taxies, etc. : En dehors des formes, on observe dans ces expériences des phénomènes de croissance. Evidemment, nous ne voulons pas dire par là que les phénomènes mis en jeu expliquent la crois- sance, la nutrition des êtres vivants, mais unique- ment que ces phénomènes doivent y jouer un rôle considérable, puisqu'ils sont de nature à re= produire leurs formes et leurs fonctions prin- cipales. | Les expériences de Leduc, de Runge, d'Uhlen- hut, de Wislicenus, Jost, Ambronn, etc., ont W. KOPACZEWSKI. — LES COLLOÏDES ET LA VIE 361 démontré qu’en dehors de la force osmotique, les réactions chimiques de catalyse, la cristalli- sation en milieux colloïdes, la dessiccation des colloïdes, etc., sont capables de reproduire les formes de la nature. La structure des organismes vivants trouve une analogie dans les processus physico-chimiques. En Physique, plusieurs forces s’accompagnent de la production de formes rencontrées parfois dans la nature; il suffit de mentionner ici les figures de Chladni produites dans les sables par les oscillations sonores; les lignes de force magnétiques, les figures de polarisation de la lumière, etc. Les décharges électriques s’accom- pagnent de production de formes empruntées au monde végétal. Les travaux de Leduc publiés en 1901, et ceux de Liesegang en 1905 sont les premiers au sujet de la production des membranes de précipitation et des anneaux concentriques. Cet auteur a dé- crit, non l’épaississement continu de l’anneau membraneux jusqu’à l’égalisation de la pression osmotique, mais la formation d’anneaux con- centriques séparés par la masse gélatineuse. Des membranes analoguesontété obtenues par Bechhold avec les sérums et autres produits col- loïdaux organiques. Liesegang a étudié les cas où plusieurs précipités se forment en même temps dans une masse gélatineuse ; il a constaté qu’il se forme alors des membranes ayant d’au- tres aspects que la forme sphérique. La produc- tion de ces membranes de précipitation a une limite, atteinte par l'égalité de la pression osmo- tique des deux côtés. Lestravaux de W. Ostwald, Hatschek, Kobler, Pierce, Bechhold, etc. ont confirmé et élargi ces expériences. Il suflit de regarder ces structures en anneaux pourvoirimmédiatement toute l’ana- logie avec la structure des grains d'amidon, avec les perles, coquilles et autres, avec les produc- tions calcaires des Spongiaires, Foraminiferes, des Poissons, avec les canaux osseux de Havers, la structure des muscles striés, les ailes de papil- lons, les anneaux annuels des arbres, la structure des concrétions solides observées dans l’orga- nisme. - Küster a attiré l’attention sur les structures analogues dans beaucoup de plantes, telles que Succulentia, Pinus Thumbergii. Munk a décrit la production des anneaux pendant la croissance de certains champignons. Rabl suppose que la formation des anneaux pendant la coloration des nerfs par la méthode de Golgi est de la même nature. Le mécanisme de cette formation des anneaux de Leduc-Liesegang est totalement inconnu; en tout cas, il ne peut s’agir ici de la REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, production de membranes de précipitation, car la simple cristallisation ou réfrigération dans des gelées peut les reproduire. Evidemment, tant que ce mécanisme des anneaux de Leduc-Liesegang n’est paséclairei, il ne s’agit que de simples analogies, analogies frappantes. Detout cela résulte pourtant un fait brutal : la nécessité d’invoquer soit la présence des colloïdes, soit les processus purement phy- siques pour réaliser les expériences de morpho- génèse. 3. La croissance. — L'étude des phénomènes de la croissance a été abordéecestemps derniers du point de vue colloïdal. Déjà, les expériences de Leduc ont permis de voir une analogie entre la croissance des figures artificielles et la crois- sance des organismes vivants. En effet, cet auteur a pu obtenir des croissances osmotiques ayant 2.300 fois le diamètre des grains semés. Puis, certains auteurs (J. Loeb, Herbst, Daven- port, Backmann et Runstrom, Gerhartz, Tangl, etc.\ ont constaté que les phénomènes de la croissance sont en relation étroite avec le gon- flement et le dégonflement des tissus, et, par la suite, avec l'absorption plus ou moins grande d’eau. Effectivement, les analyses ont démontré que la quantité d’eau et le degré de croissance vont de pair, surtout dans les premières périodes de la vie. Les recherches de Borowikow et M. Fischer tendent à expliquer la croissance chez les végé- taux par l'ionisation des protéines plasmatiques, grâce aux ions H, et les passages consécutifs du plasma de l’état de gel à l’état de sol. h. Mouvement. — Le mouvement des organis- mes a été le sujet debien des tentatives d’expli- cation colloïdale. Et ces tentatives sont les premiers essais d'explication du mouvement par les faits et non par les mots, tels qu’exci- tation, tropismes, taxies, etc.; c'est un point de départ pour une conception physique expé- rimentale de la vie. Les travaux de Porodko sem- blent attribuer aux phénomènes de coagulation une importance dans les tropismes des plantes; les recherches de M. Neisser, V. Friedemann et Bechhold, attirent l’attention sur le rôle de la charge électrique des colloïdes biologiques dans la production du mouvement ; les expériences de G. Berthold et de L. Rhumbler démontrent le rôle des modifications de la tension super- ficielle dans le mouvement des amibes. Ce der- nier auteur a pu admirablement reproduire les mouvements de ce protozoaire : en remplissant une boîte de Petri avec de la laque, desséchée 2 362 W. KOPACZEWSKI. — LES COLLOÏDES ET LA, VIE D superfciellement, et en humectant ensuite avec de l’eau, puis ajoutant une goutte de chloro- forme additionnée de baume de Canada, on peut observer des mouvements qui rappellent ceux de l’amibe à s’y méprendre. Ce phénomène s’ex- plique parfaitement bien parles modifications de la tension superficielle; en effet, après un petit moment, le chloroforme solubilise la laque; sa tension diminue, alors la goutte tend à se répandre sur la surface, en débutant par l’ex- trémité la plus éloignée de l’endroit solubilisé, et ainsi de suite. M. Fischer a attiré l'attention sur les mouve- ments d’une feuille de gélatine sur laquelle on souffle, lesquels évoquent, dans ce cas, le rôle du gonflement dans la production du mouvement. Il suffit d'approcher d'une feuille de gélatine une bandelette de papier-filtre imbibée dans l’eau pour que cette feuille s'éloigne tout de suite en s’encurvant. Quincke a signalé la production des mouve- ments amiboïdes pendant la formation des émul- sions : lorsque l'huile vient au contact de la solution de soude, il se forme une membrane savonneuse qui se dissout, et lorsque cette dis- solution arrive au contact de l'huile, elle s’é- tend brusquement sur toute la surface commune à l'huile et à l’eau ; elle entraîne alors avec elle les particules solides du savon non dissous et de l'huile adhérente; il se produit des filets d'huile qui se transforment en gouttes et pro- gressent vers l'intérieur de la solution. . Beaucoup d'autres mouvements s'expliquent par les lois physiques connues : tel le mouve- ment des gouttes de collodion sur l’eau, des. gouttes d’eau sur la plaque métallique chauffée à blanc, des morceaux de sodium métallique sur l'eau, etc. Mais, dans tous ces cas, la question se pose : quels sont les facteurs qui provoquent dans l’organisme ces variations de la tension super- ficielle et du gonflement ? En dehors des forces électriques (le phéno- mène de Lippmann le témoigne suffisamment), d’autres facteurs interviennent sans doute, et, parmi eux, l’aflinité chimique, expérimentale- ment constatée. Quoi qu’il en soit, les questions de tropismes, chimiotaxie, etc. se trouvent ramenées à l’étude des colloïdes. Les travaux sur la phagocytose de Metchni- koff, J. Bordet, C. A. Pekelharing, R. Leber, Ranvier, H. J. Hamburger et Hekma ont apporté un matériel considérable de faits, compréhen- sibles en grande partie par les modifications de la tension superficielle, de la charge électrique, du gonflement, etc. Il devient inutile d’invoquer aujourd’hui l'existence de substances hypothé- tiques, responsables de chaque phénomène observé. 5. Fécondation. — Pour terminer cet exposé rapide sur l'intérêt des études colloïdales dans leurs applications à la Biologie, mentionnons encore une analogie entre les réactions colloi- dales et le phénomène de la fécondation. On saitque le premier signe visible de la fécon- dation de l’œufconsiste dans la formation des asters. Des recherches multiples ont prouvé que cette formation des asters n'est qu'une coagulation des colloïides du plasma, passage de l’état de sol à l’état de gel. Cette conclusion semble être confirmée par l'observation ultra- microscopique directe. De plus, une autre ana- logie existe entrela coagulation etla fécondation ; toutes les deux sont, en effet, faciles à reproduire par une multitude d'agents physiques, chimi- ques et mécaniques, comme cela résulte des tra- vaux de J. Loeb sur la fécondation artificielle. Finalement, ilest aisé d’imiter artificiellement la formation des asters dans les mélanges colloïi- daux, ainsi que cela a été fait, il y a déjà long- temps, par Butschli et Leduc. Naturellement tous ces faits ne doivent pas être considérés à l'exclusion d’autres facteurs, par exemple des facteurs chimiques d’oxydation ou de réduc- tion ; il faut aussi trouver, et avant tout, la cause coagulante. II. — Les CoLcLoïres EN PHYysIOLOGIE La connaissance des colloïdes a permis de contribuer largement à l’éclaircissement de dif- férents problèmes physiologiques des plus im- portants, tels la narcose, les phénomènes d’ex- citation nerveuse et musculaire, de sécrétion, etc. 1. Narcose. — Ainsi que nous l’avons men- tionné, la théorie de la narcose émise par H. Meyer et Overton subordonnaitles propriétés - anesthésiques des substances à leur solubilisa- tion dans les lipoïdes de la membrane cellulaire. Mais les expériences de Moor etRoaf ontdémon- tré que les petites quantités d’anesthésiques, non seulement ne solubilisent pas, maïs flocu- lent les lipoïdes; puis celles de Meltzner ont établi que les sels de magnésium, totalement insolubles dans les lipoïdes, peuvent produire la narcose, et que, pendant la narcose magné- sienne, la quantité de magnésium reste invaria- ble dans le cerveau {G. Mansfeld). Leduc a pro- duit une narcose par un courant électrique approprié, W. KOPACZEWSKI. — LES COLLOÏDES ET LA VIE 363 Les recherches de Battelli et Stern ont souli- gné le parallélisme entre le pouvoir narcotisant, la floculation des albumines et l'oxydation des tissus. Les belles expériences de Hæber ont démontré que le cylindraxe nerveux accuse, sous l’in- fluence des substances narcotiques, des modifica- tions dans son gonflement ; cet auteur a apporté, à l'appui de sa thèse, l’analogie entre les modi- fications du gonflement et de la perméabilité pour les électrolytes du cylindraxe nerveux, et les modifications constatées avec les hématies. Les expériences de Hæber concordent avec les observations de Osterhout, Arrhenius, Traube, etc. Mais une question se pose : par quoi ces modifications dans le gonflement sont- elles provoquées ? J. Traube et Czapek ont émis l'hypothèse que la narcose est provoquée par l’abaissement de la tension superficielle. D'autre part, les expériences très élégantes de d’Arsonval, effectuées en 1884-6, ont établi la corrélation entre la tension superficielle et la. production des courants de repos ou d'action dans les muscles et Îles nerfs. Ce savant a pu construire un muscle artificiel pour la démons- tration de cette corrélation. Nos travaux personnels ont permis de fixer, tout d’abord, que tous les anesthésiques, narco- tiques, hypnotiques connus possèdent le pou- voir d’abaisser la tension superficielle de l’eau et du sérum; que le sérum obtenu dans des con- ditions particulières possède, sous l'influence de la narcose, une tension plus basse. D'autre part, on sait que les substances dimi- nuant la tension superficielle exercent égale- ment une action sur le degré de gonflement. Une seule exception a été observée par nous au sujet dela morphine, dont les propriétés anal- gésiques et même, dans certaines conditions, anesthésiques, sont connues, mais qui n’abaïsse point la tension superficielle. Il est à souligner . que son pouvoir modificateur du gonflement est également nul en ce qui concerne le tissu ner- veux, ainsi que cela résulte des expériences de Lapicque et de Legendre. De tous ces travaux, il résulte, avec la plus grande netteté, que l'application des notions colloïdales est de nature à résoudre le problème séculaire de la narcose. 2. Fonction nerveuse. — Pour expliquer le mécanisme de la production de l’influx nerveux, le premier pas’ a été fait par Bethe, par sa théo- rie de l’excitation musculaire. D’après cette théo- rie, les modifications de la concentration ioni- que (H+) peuvent agir comme excitantes. Ainsi, toutestes causes qui produisent le mouvement des électrolytes à travers les membranes cellu- laires, à savoir les excitations chimiques, méca- niques et physiques, osmotiques, électriques, etc., et, mutalis mutandis, toutes les causes qui sont de nature à modifier la structure perméable de la membrane, doivent produire des troubles dans la répartition des ions H+ des deux côtés de la membrane. W. Pauli explique, par les différences dans la vitesse de transport des ions, l'existence des grandes tensions électriques dans les muscles et les organes électriques des poissons. Evidem- ment, tout cela peut être appliqué à l'étude des excitations nérveuses, et il est fort probable que ces deux problèmes de Physiologie, envisagés à ce point de vue, ne tarderont pas à être éclaircis. 3. Secrétion. — Le mécanisme de la sécrétion et de l’excrétion a été également l’objet d’une explication colloïdale. E. Pribam suppose que les colloïdes nutritifs des glandes subissent tout d’abord une coagulation; le gonflement et la synérèse se produisent par la suite. Wo. Ostwald identifie la sécrétion avec la synérèse des colloï- des ; car, dans les sécrétions et la synérèse, on ne se trouve pas exclusivement en présence des électrolytes, mais toujours des colloïdes, quali- tativement identiques, quoique à des degrés de dispersion différents, 4. Nutrition. — Lorsque nous discutons pour- quoi le lait de vache estindigeste pourle nourris- sonetquenous nousperdons dans des conjectures différentes, la chimie colloïdale nous apporte une explication nette et palpable. En coagulant le lait par les acides, on voit la formation de gros | flocons durs et compacts de caséine ; mais, lors- qu’on tente cette coagulation en présence de la gélatine, ou bien elle ne se fera pas, ou bien les flocons auront l’aspect de petits filaments légers, spumeux. Nous savons d’autre part qu’à une teneur de 1,25 % d’albumine dans le lait de femme corres- pond seulement une teneur de 0,53 % dansle lait de vache ; or, les albumines jouent également le rôle de colloïdes stabilisants, tout comme la géla- tine. Nous comprenons pourquoi, dans l’esto- mac du nourrisson, la caséine coagulée sous une forme différente est sans doute plus facile à digé- rer que la caséine du lait de vache. Tout de suite, une indication thérapeutique nous vient à l'esprit; au lieu de diluer le lait de vache avec de l’eau, il sera préférable de lui ad- joindre de la gélatine, de l’albumine d'œuf, ou j toute autre substance protectrice appropriée. 364 Pour établir la valeur nutritive des substances, on se contentait, jusqu’à ces temps derniers, du calcul du nombre de calories, en laissant de côté les propriétés colloïdales et physiques de ces substances. Et voilà que des travaux récents, et, en premier lieu, ceux du savant polonais Casi- mir Funk, nous forcent à admettre qu’en dehors des calories, il faut envisager l'existence d’un autre facteur. Il nous semble que dans la ques- tion des vitamines, abordée jusqu’à présent par les chimistes avec des conceptions chimiques, la science coilloïdale peut apporter des éclaircis- sements décisifs. Les travaux très intéressants de Mouriquand semblent prouver qu'il est suflisant de dessécher REVUE DE PALÉONTOLOGIE ANIMALE DEUXIÈME PARTIE ! IX. — RePrTires La succession des faunes de Reptiles dans l’An- thracolithique et le Trias de l'Afrique du Sud. Les récents progrès de la stratigraphie dans l'Afrique du Sud ont permis l'établissement de zones paléontologiques dans les importantes for- mations continentales de Karoo qui correspon- dentàl'Anthracolithiqueet au Trias. Les données aujourd’hui acquises sur cet intéressant chapitre de l'évolution des Vertébrés terrestres archaï- ques ont été résumées par 5. H. Haughton ?. La série de Dwyka (Carbonifère) présente 2 Reptiles, Mesosaurus et Noteosaurus, animaux aquatiques carnivores de l’ordre des Progano- sauriens. Le premier de ces genres, qui se re- trouve dans le Sud du Brésil et l'Uruguay, est voisin de Stereosternum du Nord-Est du Brésil. La série d'Ecca (Permien) compte aussi 2 Rep- tiles, Eccasaurus et Archæosuchus. Eccasaurus serait un Diadectasaurien de la famille des Pro- colophonidés et Archæosuchus, un Deinocéphale voisin de T'itanosuchus. La série de Beaufort comprend six zones, dont les trois inférieures à T'apinocephalus, à Endo- thiodon et à Cystecephalus sont encore permien- nes, tandis que la moyenne (à Lystrosaurus) et les deux supérieures, à Procolophon et à Cyno- gnathus, correspondent au Trias. La zone à Tapinocephalus compte 40 genres de 1. Voir la première partie dans la Rev. gen. des Sc. du 15 juin 1922, p. 334. 2, À Review of the Reptilian Fauna of the Karoo System of South Africa. Trans. Geol. Soc. South Africa, XXIT, 1920, p.1-%5, 4 fig. Reptiles appartenant des aliments pour qu'ils deviennent scorbuti- gènes. Comment alors invoquer la présence d’une substance spéciale dans ces conditions ? Ne serait-il pas plus logique de parler plutôt d’un certain état physique particulier de la ma- tière, que de la production ou de la disparition d’une substance, malgré tout insaisissable ? On voit combien l'application des notions colloïdales à la Biologie et à la Physiologie a été fertile en résultats. Il en est de même pour la Médecine". L. JOLEAUD. — REVUE DE PALÉONTOLOGIE ANIMALE | | W.Kopaczewski. 1. Leçon d'ouverture du 15 mai, à l'Amphithéâtre Trous- seau, aux ordres ci-après : Paréiasauriens (4 genres), Deinocéphales (14), Dromasauriens (1 : Galeops), Dicynodontes (2 : Dicynodon, Pristerodon), Gorgonopsiens (1 Galesuchus), Thérocéphales (16), Chéloniens (1 : Eunotosaurus), enfin Broomia de position taxo- nomique incertaine. é Les grands Paréiasauriens de cette zone, Bra- dysaurus, Embrithosaurus, Propappus, mesu- « raient 2 m. 50 à 2m.75 de long: c'étaient desher- bivores fouisseurs présentant une physionomie comparable à celle des Monotrèmes.— Certains Deinocéphales, T'apinocephalus, Struthiocepha- lus, Titanosuchus, tout aussi grands, étaient des animaux massifs, les uns herbivores, les autres carnivores : ils se rattachaïent aux Thérapsides comme les Pélycosauriens américains, Varano- saurus, Dimetrodon. — Eunotosaurus avait l’as- pect général d'une Tortue : mais au lieu d’une carapace continue, il offrait une série de très. larges côtes. Watson y verrait volontiers l’ancé- tre des Chéloniens: ceReptileen avait sans doute : les mœurs, mais ses membres n'étaient pas adaptés à la vie aquatique. — Enfin Broomia pourrait être comparé à Aræoscellis et à d'autres grands Lézards. x La zone à Endothiodon a présenté les restes de 17 genres : Paréiasauriens (1 : Propappus), Dicynodontes (8 : Dicynodon, Pristerodon, Endo- thiodon, etc.), Gorgonopsiens (4), Thérocépha- les (4). Les Thérocéphales sont donc alors en voie de diminution notable, les Deinocéphales et les Dromasauriens ont disparu, tandis que les Dicy- nodontes et les Gorgonopsiens progressent. La zone à Cistecephalus compte 28 genres : L. JOLEAUD, — REVUE DE PALÉONTOLOGIE ANIMALE Paréiasauriens (4 : Propappus, Pareïasaurus, etc.), Dicynodontes(5 : Dicynodon, Cistecephalus, etc.), Thérocéphales (4), Gorgonopsiens (13), Eosuchiens (1 : Youngina); enfin le genre Sau- rosternon de position incertaine. Les Gorgonop- siens sont en voie d'accroissement marqué. Parmi les Dicynodontes, certains Dicynodon et Eocy- clops atteignent. jusqu’à 5 m. 50 de long. — Les Thérocéphales évoluent dans la direction des Bauridés, une famille de Cynodontes des couches supérieures de Beaufort. — Les grands Reptiles carnivores de la zone sont des Gorgonopsiens remarquables par leur spécialisation. Parmi eux, Arctops offre une forme générale intermédiaire entre les Gorgonopsiens, comme Broomisaurus (= Scymnognathus) de la zone à Endothiodon, et les Cynodontes, comme Diademodon des couches supérieures de Beaufort. En général, les Gorgo- nopsiens diffèrent des Thérocéphales par la lar- geur de la région intertemporale, la possession d'un palais secondaire, l'absence de cavités sub- orbitales et l’individualisation d’un menton à la mandibule. La ressemblance entre les deux groupes vient de la dentition qui comprend des incisives, des canines et des molaires. Cynosu- chus, par ses molaires, rappelle un Cynodonte, Nythosaurus. Whaïtsia a sa dentition réduite à une canine à la mâchoire supérieure et à une canine etune ou deux incisives à la mandibule : pas de molaires ni en haut, ni en bas. La zone à Lystrosaurus est caractérisée par l'association de ce genre avec un certain nombre d’autres intermédiaires entre Dicynodon et Lys- trosaurus et-qui ressemblent d'ailleurs assez à Cistephalus. À côté de 5 Dicynodontes, on compte 3 genres qui paraissent être des Cyno- dontes très anciens (/ctidopsis, Glochinodon, Platycraniellus), ancêtres de ceux des couches supérieures de Beaufort. Lystrosaurus avait deux fortes canines, mais pas d’autres dents ; c'était semble-t-il un herbivore, aux mœurs plus ou moins aquatiques. La zone à Procolophon est surtout remarqua- ble par le Cotylosaurien de ce nom. La zone à Cynognathus compte 20 genres : Dicynodontes (1 : Kannemeyerta), Cynodontes (10 : Cynognathus, etc.), Bauriamorphes (4), Lacertiliens (1 : Palacrodon), Archosauriens (4 : Erythrosuchus, Euparkeria, Howesia, Mesosu- chus). Kannemeyeria est un grand Dicynodonte, le dernier de l'ordre. — Les Cynodontes indiquent alors une évolution très avancée vers les Mam- mifères.— Bauria et les genres alliés ont maints points de similitude avec les Thérocéphales, notamment avec Scaloposaurus. Ils possèdent 365 une large cavité suborbitale : leur palais secon- daire n’était pas aussi étendu que celui des Cy- nodontes;leurs molairesindiquent des caractères de rongeurs : chez l’un d’eux, Microzomphodon, les incisives sont de la même forme que chez les Mammifères Rongeurs. — Ærythrosuchus était un carnivore amphibie de plus de 3 m. 50: Euparkeria était plus petit et ressemblait à cer- tains Dinosauriens carnivores : Brown y voit même l’ancêtre de ces Reptiles; c'était un ani- mal terrestre. Dans la serie de Stormberg (Rhétien), au-dessus des couches de Molteno, viennent les couches rouges à Dinosauriens Théropodes : c'étaient de petits animaux rappelant les Dinosauriens tria- siques d'Europe. Un seul Dinosaurien prédenté est connu de ces formations. En outre, on trouve des Cynodontes peu spécialisés et un ou deux Archosauriens comparables à Euparkeria, comme Sphenosuchus. Le sommet du système de Karoo compte quelques Dinosauriens et Archo- sauriens. Ily a là un ensemble de données extrêmement intéressantes au double point de vuestratigraphi- que et paléontologique. Nous voyons ainsi appa- raître successivement dans l'Afrique australe : 1° Les Proganosauriens, 2°les Diadectasauriens, 3° les Paréiasauriens, Deinocéphales, Dromasau- riens, Dicynodontes, Gorgonopsiens, Thérocé- phales, Chéloniens, 4° les Eosuchiens, 5°les Cy- nodontes, 6° les Bauriamorphes, Lacertiliens, Archosauriens, 7°les Théropodes (Dinosauriens). L’on ne peut s'empêcher de comparer la net- teté des résultats auxquels conduit l’étude strati- graphique et paléontologique détaillée des Rep- tilestriasiques à l’imprécision relative où demeure encore la classification géologique basée sur les Ammonites de la même période. Ainsi s'affirme une fois encore la nécessité de ne pas accorder la prééminence absolue aux Invertébrés dans l'établissement d’une chronologie géologique, mais l’urgence de faire beaucoup pluslargement appel à l’évolution des animaux supérieurs, des Vertébrés, dont l’organisation, infiniment com- plexe, se modèle délicatement sur les variations du temps. Les Gavialidés fossiles d'Amérique et d'Afrique Les Crocodiliens fossiles intermédiaires entre les Gavials etles vrais Crocodiles ont fait l’objet, dans ces dernières années, de plusieurs études portantsur des restes fossiles trouvés en Europe, en Afrique et en Amérique. Comme le montre C.C. Mock!, Tomistoma 1. Skull Characters of Recent Crocodilia with Notes on the Affinities of the Recent Genera. Bull, Amer, Mus. Nat 366 L. JOLEAUD. — REVUE DE PALÉONTOLOGIE ANIMALE Schlegelit actuel se place entre Gavialis et Croco- dilus,mais demeure sous bien des rapports beau- coup plus proche du second de ces genres que du premier. Il existe d’ailleurs, parmi les Croco- diles vivants, un groupe, comprenant C. cata- phractus, C. intermedius et €. Johnstoni, qui vient, dans le genre Crocodilus, combler partiel- Fig. 6. — Crânes de Gavialidés vus par la face supérieure : À, Gavialis gan- geticus Gmelin, Actuel, Inde, 1/8 gr. nat. — B, Euthecodon Brumpti Joleaud (£. Nitriæ Fourtau) du Pliocène de Garet Muluk, Wadi Natrun, Egypte, 1/10 gr. nat. — C, Tomistoma Schlegelit Müller, Actuel, Bor- néo, 1/10 gr. nat. (A et G, d'après C. C. Mook; B, d’après R. Fourtau:) lement la lacune séparantles Crocodiles typiques (C. niloticus, etc.) du Tomistoma de Bornéo. E. H. Sellards a fait connaitre, il y a quelques années, la présence dans les phosphates du Pon- tien de Brewster (Floride), de Tormistoma ameri- cana. C. C. Mock', qui reprend l'étude de ce Reptile, tout en reconnaissant ses analogies avec T.Schlegelii, constate qu’il se rapproche sous beaucoup de rapports de Crocodiluscataphractus. Son rostre, notablement plus élancé que celui de Hist., New-York, XLIV, art. XIII, 1921, p. 123-368, 14 fig.— V.aussi Notes on the Postcrarial Skeleton in the Crocodilia, Id., p. 67-100, 20 fig., pl. XIII-XIV. The Dermo-Supraoc- cipital Bone in the Crocodilia. Id., p. 101-173, 2 fig. Indi- vidual and Age Variations in the Skulls of Recent Crocodilia. Id., p. 51-66, 4 fig: , pl. xxrrr. 1. Skull characters and aflinities of the extinct Florida Ga- vial Gavialosuchus americana Sellards, Bull. Amer. Mus. Nat. Hist., vol. XLIV, 1921, art. V, p. 33-41, pl. V-IX. T.gavialoides Andrews de l’Oligocène d'Égypte, rappelle de très près ceux de Gavialosuchus eggenburgensis Toula et Kaildu Burdigalien d'Eg- genburg (Autriche) et de 7. calaritanus Capel- lini du Burdigalien de Cagliari (Sardaigne), retrouvé récemment dans l’Aquitanien de Visone, près Acqui (Piémont). Le Crocodilien des phosphates de Floride ressemble incontestablement aux autres espèces tomistomoïdes, mais en diffère cependant. Ses aff- nités sont surtout marquées avec G. eggenburgensis dont Lydekker fait un Tomistoma; à bien des points de vue ce Gavialidé américain se sépare de l'espèce autrichienne pour se rappro- cher de 7°. Schlegelir. On peut penser que le genre Gavialosuchus, auquel il faut rattacher cette espèce, est étrot- tement apparenté à T'omistoma, mais doit, cependant, en être séparé. Gavia- losuchus, intermédiaire entre Tomi- stoma et Crocodilus, ressemble plus au premier de ces genres qu’au second. Un autre Gavialidé-fossile, dont la place dans la série zoologique a fait l’objet de récentes discussions, a été! indiqué du Pliocène du Nord-est afri- cain. Cet intéressant Reptile, dont un fragment de rostre provenant de la vallée de l’Omo (Ethiopie) a été figuré . dans le Traité de Géologie de Émile Haug, m'a paru devoir être classé dans le genre Tomistoma : j'ai proposé de l’appeler 7. Brumpti?. G. A. Boulen- ger * a depuis cru devoir assimiler ce Crocodilien à Gapyialis gangelicus ac-" tuel. Mais R. Fourteau ‘ a tout der- nièrement fait connaître une tête complète du même animal trouvée dans le Pliocène de Wadi Natroun (Égypte). Pourleregrettépaléontologiste du Service géologique khédival, le Gavialidé du Nord-est africain serait le type d’un genre nou-- veau et devrait recevoir le nom d’Euthecodon Nitriæ:son apparition en Égypte remonterait même au Burdigalien à Moghara. L'examen comparatif des figures données par 1. C. per Veccuio: Sualeuni denti di Tomistoma (Crocodilia) del Oligocene di Visone presso Acqui. Atté Soc. Ital. Sc, Nat., LX, 1991, p. 419-431,3 fig. 3 2. L. JoueauD : Sur la présence d'un Gavialié du genre Tomistoma dans le Pliocène d'eau douce de l'Ethiopie, Compt. rend. Acad. Sc., CLXX, 1920, p. 816-818. 3. Sur le Gavial fossile de l'Omo, /d., p. 914. E 4, Contribution à l'étude des Vertébrés miocènes de l'Égypte. Supplément. Ministry of Finance, Egypt, Survey Depart. Caire, 1920, p. 111-121, fig. 67-68, pl. IH. L. JOLEAUD. — REVUE DE PALÉONTOLOGIE ANIMALE 367 R. Fourteau ! et de celles du Gavial et du Tomistoma actuels de C. C. Mook * mon- tre clairement, en tout cas, que c'est plutôt de Tomistoma que de Gavialis que se rapproche l'espèce égypto-éthiopienne, conformément à ma manière de voir et contrairement à l'interprétation de G.A. Boulenger. En somme, on peut établir une série morphologique de différenciation gra- duelle allant de Gayialis à Crocodilius par Euthecodon, Tomistoma, Gavialosu- chus. Les Dinosauriens du Colorado C. W. Gilmore * vient de consacrer une belle monographie aux Dinosauriens Carnivores, notamment à Antrodemus valens Leidy de l’ho- rizon de Morrison (assise de passage du Juras- sique au Crétacé) de Middle Park (Grand County, Colorado) et à Ceratosaurus nasicornis Marsh, de la même localité et de la même couche. Les autres Théropodes étudiés par le paléonto- logiste du Muséum national des États-Unis se répartissent entre les familles des Mégalosau- ridés (Dryptosaurus, Tyrannosaurus, Deinodon, Labrosaurus), des Céluridés (Cœlurus) et des Ornithomimidés (Ornithomimus). Au cours des périodes géologiques successives des changements progressifs se sont produits dans la morphologie du squelette des Théropo- des. Ils se traduisent : 1° par une réduction des fenêtres correspondant à un développement du tissu osseuxatteignant son maximum au Crétacé supérieur avec Tyrannosaurus ;2° par une réduc- tion du nombre des dents de la série prémaxil- laire-maxillaire; 3° par une réduction de taille des préfrontaux; 4° par un changement de forme du carré, longuement articulé et mobile dans les espèces triasiques et jurassiques, court et fixe dans les types du Crétacé supérieur. La spécialisation des membres et des pieds des Dinosauriens carnivores se manifeste : 1° parune diminution de taille de l’ensemble du membre; 2 par une réduction du nombre des doigts; 3° par l'allongement des phalangettes; 4 par l'allongement de l’omoplate. Un type jurassique archaïque Antrodemus avait une cuirasse abdominale, qui consistait en 7 et probablement 8 ou 9 petites ossifications distinc- tes, lesquelles étaient réduites à 4 dans Gorgo- .— Ceratosaurus nasicornis Marsh. — Jurassique 1 supérieur, Morrisson, Garden park, près de Cañon City (Colorado). — Restauration du squelette, 1/30 gr. nat. (d'après C. W. Gilmore). Fig. 1. Loc, eit., pl. IT. = 2. Loc. cit., p.131 et 143, 3. Osteology of the Carnivorous Dinosauria of the United States National Museum, with special referenceto the genera Antrodemus (Allosaurus) and Ceratosaurus. Smith. Instit. S,. Nat. Mus., Bull. 110, 1920, 160 p., 79 fig. et 36 pl. . 368 L. JOLEAUD. — REVUE DE PALÉONTOLOGIE ANIMALE saurus et à 2 dans Tyrannosaurus du Crétacé supérieur. Dans une magistrale monographie, éditée luxueusement par l'American Museum of Natu- ral History, H. F. Osborn et C. C. Mook! ont repris l'étude des Dinosauriens Sauropodes décrits par Cope de cette même formation de Morrisson, près de Canyon City du Colorado. Finalement ces paléontologistes ramènent à deux formes les nombreuses espèces décrites avant eux : Camarasaurus supremus et Amphi- cœlias altus. Avec ces deux Sauropodes est décrit un Théropode, Epanterias amplexus. Comparé aux autres Reptiles géants, Diplodo- cus et Apalosaurus (— Brontosaurus), Camara- saurus (— Morosaurus) apparaît comme plus massif, plus élevé au niveau des membres anté- rieurs, beaucoup plus allongé et mieux propor- tionné. C'était un animal terrestre sans doute adapté à la vie amphibie, à terminaison caudale plutôt brusque: il mesurait de la tête à la queue près de 18 mètres. Amphicælias était beaucoup plus élancé que Camarasaurus. Il devait ressembler plutôt à Diplodocus, maïs était plus grand et plus fort que toutes les espèces connues de ce genre. X. — Mammirères ? Le plus ancien Cétacé connu : Pappocetus Lugardi de l'Éocène inférieur de la Nigeria Les Cétacés ont fait tout dernièrement l’objet d’uneintéressanterevision de I. Winge, traduite en anglais et augmentée d'importantes notes complémentaires par G.S. Miller #. Ce travail de synthèse a malheureusement sans doute été rédigé avant que ne fût parvenue en Amérique la note relatant la découverte, dans la Nigeria du Sud, d’un nouveau Zeuglodonte, Pappocetus Lugardi C. W. Andrews ‘: la mandibule de ce type archaïque rappelle celle de Prozeuglodon et de Zeuglodon. L’axis présente, sur sa face dor- sale, une dépression postéro-centrale que l’on a déjà signalée chez l’Ours des cavernes et dans un Créodonte Apterodon. Ainsi ce nouveau Zeuglo- donte suggère l'existence d'affinités entre les Cétacés et les Créodontes-Carnivores.Fraas avait, 1. Camarasaurus, Amphicælias and other Sauropods of Cope. Mem. Amer. Mus. Nat. Hist., n.s., v. III, p. 3, 1921, 387 p., 127 fig. et Spl. 2. Voy. aussi mon analyse de l'important mémoire de M. Boule, sur les mammifères quaternaires de Tarija (Bolivie), dans'la Revue générale des Sciences, XXXII, 1921, p. 618-619. 3. Smith. Collect., LXXII, 8. k. À description of new species of Zeuglodont and of Leathery Turtle from the Eocene of Southern Nigeria. Proc. Zool. Soc., 1920, p. 309-319, pl. I-If. dès 1904, émis l'hypothèse d’une telle origine pour Protocetus, Zeuglodonte de l'Éocène moyen de Mokattam, Matthew et Gregory ontpensé, au contraire, que les /Zeuglodontes dérivaient d'In- sectivores primitifs, comme Pantolestes de l'Éo- cène. De curieuses analogies existent, d’ailleurs, entre les Zeuglodontes et certains Centétidés, comme /lemucentetes.]Ilest donc probable que les ancêtres des Centétidés auraient vécu en Afrique au début des temps tertiaires et que c’est d’eux que tireraient leur origine les Zeuglodontidés; ceux-ci étaient déjà arrivés à l'Éocène inférieur à un stade d'évolution et à un degré de spécialisa- tion beaucoup plus avancé que les Centétidés: le plus ancien Centédité connu est Palæoryctites du Thanétien du Nouveau-Mexique, et un autre genre de cette famille, À pternodus, a été observé dans le Sannoïisien du Montana; le Zeuglodontidé le plus vieux serait précisément Pappocetus, qui pourrait aussi remonter à l'Eonummulitique. La même physionomie centétoïde se retrouve chez des Carnivores de l'Éocène inférieur, les Acréodontes (Mésonychidés) dont P. Teilhardde Chardin vient précisément de montrer les ana- logies avec les Insectivores Zalambdodontes (Centetes),. L'évolution des Hippopotames fossiles Je me suis efforcé de déméler les modalités de l’évolution des Hippopotames fossiles! évolution sur laquelle des divergences d’opinion s'étaient fait jour entre Lydekker, Guldberg et Forsyth Major. Le genre le plus ancien du groupe parait être Aprotodon de l’Aquitanien du Béloutchistan, qui est dépourvu d'incisives. Chæœropsis,sous-genre pygmé, que l'on connaît du Quaternaire des îles méditerranéennes (//. minutus) et de l’aire de refuge qui correspond, dans la nature actuelle, à l'Ouest africain (7. libertensis), ne possède que deux incisives à la mandibule. Peut-être sa différenciation est-elle antérieure au Burdigalien. De petits Hippopotames propres, l’un à la faune subfossile de Madagascar (/1. madagascariensis) l’autre aux gisements pliocènes inférieurs nord- africains (4. hipponensis),nous révèlent une spé- cialisation progressive du groupe africain dans le sens tétraprotodonte qui aboutit à des formes à quatre incisives plus ou moins fonctionnelles (Tetraprotodon).Cette évolution, qui dut se mani- fester dèsle Miocène moyen et supérieur, se pour- 1.L.JoreAuD : Contribution à l'étude des Hippopotames fos- siles. Full. Soc. Géol. France, 4, XX, 1920, p. 13-26, pl. I; — Con- sidérations sur le système dentaire des Hippopotames, Bull. Soc, Zool. France, LXVI, 1921, p. 18-23, 1 fig. L. JOLEAUD. — REVUE DE PALÉONTOLOGIE ANIMALE suivit sans doute au Pliocène inférieur et permit dès le Pliocène moyen l'individualisation de l'Hippopotame amphibie actuel. Au Pliocène supérieur les Hippopotames africains envahis- sent l'Europe méridionale, où ils sont représen- tés par une très grande forme(#. major). Mais dès le dèbut du Quaternaire, on ne trouve plus guère que des Hippopotames de la taille deceux qui peuplent aujourd’hui les fleuves et les lacs de l’Afrique.L'identité spécifique des uns et des autres ne saurait cependant faire de doute.2’Hip- popotameamphibie aurait donc subi une réduction de taille au cours du Quaternaire : ce fait infirme la loi d’accroissement de grandeur qui, pour cer- tains biologistes, dominerait l'évolution des ani- maux. Les Hippopotames hindous ont présenté, pendant les dernières périodes géologiques, des modifications graduelles différentes de celles qui ont affecté les Hippopotames africains. On voit apparaître au Pontien un type àsix incisives (Hexaprotodon), qui est ramené progres$ivement au Pleistocène à une forme à quatre incisives (Tetraprotodon) : mais, tandis que dans l’espèce africaine c’est l’incisive externe qui manque, dans l'espèce hindoue c'est l'incisive moyenne. Les Hippopotames du phylum africainont donc acquis graduellement quatre incisives -à l’époque où ceux du phylum hindou en perdaïent progres- sivement deux. Ces faits ne cadrent guère avec les idées préconçues des paléontolongistes qui veulent à tout prix que l’évolution des êtres obéisse à des lois immuables Aussi Ch. Depéret! a-t-il cru devoir, au nom de ces doctrines, s’élever contre ma mauière de voir. Comme moi, cependant, l’éminent doyen de la Faculté des Sciences de Lyon admetl'origine asiatique des Hippopotames, qui constituent pour lui un groupe « aberrant »; il donne de l'histoire du rameau asiatique une vue synthétique qui ne diffère pas de celle que j'avais admise. Dans l’ensemble des Hippopotames européens et africains, Ch. Depéret distingue six rameaux. ce qui peut surprendre, à priori, dans un groupe aussi homogène, Son premier rameau, qui ne comprend que 71. Pantanelli, est, comme je l'ai montré, une simple dérivation directe du tronc des Hippopotames asiatiques. /. minutus et 1. liberiensis, qui représenteraient un second rameau, offrent, comme le reconnait Ch. Depé- ret, des caractères archaïques aux molaires et aux canines, et rappellent /. Pantanelli : je crois qu'il convient de les placer encore 1. La phylogénie des Hippopotames, Compt. rend. Soc, Géol. France, 1921, p. 163-165, . 369 à la base de la série africano-méditerranéenne. I. hipponensis, que j'avais indiqué comme correspondant à une branche latérale de cette série, est le type du troisième rameau de Ch. Depéret. Les formes des quatrième, cinquième et sixième rameaux du savant paléontologiste lyonnais sont tout au plus des variétés .géogra- phiques de l’'Hippopotame actuel pour les natu- ralistes qui ne cèdent pas à la tendance à la pulvérisation des espèces, malheureusement chère à toute une école de biologistes. C. A. Aiïraghi! donne de l’évolution des Hippopotames une interprétation un peu diffé- rente de celle de Ch. Depéret,quoiqueinfluencée par des idées directrices du même ordre. Pour lesavant paléontologiste italien, cesArtiodactyles ont subi, aux cours des temps géologiques, üne diminution régulière du nombre des incisives, tandis que leur taille, d’abord en voie d’accroisse- ment continu, a subi ensuite une réduction progressive. La série européenne comprendrait ainsi les stades Pantanelli (de Casino et de Gravi- telli}, »#2ajor, amphibius, Pentlandi, minutus etla série africaine offrirait la succession hipponensis, major, amphibius, madagascariensis, libertiensts. La doctrine de l’orthogénèse appliquée aux Hippopotames oblige donc C. A. Aüiraghi à admettre une phase de régression de la taille que ne reconnait pas Ch. Depéret. Cependant, parmi les formes affectées de nanisme, certaines sont incontestablement assez évoluées comme H. Pentlandi, tandis que d'autres présentent des caractères archaïques comme 71. liberiensis, ete. Je ne crois done pas que l’on puisse adopter intégralement les conclusions de notre savant confrère italien et je persiste à penser que l’évo- lution des Hippopotames témoigne de faits beau- coup plus complexes que ceux exprimés par une loi biologique simplement basée sur la régu- larité et la constarice d’un phénomène. Les Dicérathériens d'Amérique Les genres de Rhinocérotidés Cænopus et Dice- ratherium, le second semblant descendre directe- ment du premier, présentent dans le Dakota du Sud, le Nebraska et à John Day, la répartition stratigraphique ci-après, selon O. A. Peterson? : 1° Oligocène inférieur ou Sannoisien (Chadron : zone à Titanotherium : néant) ; — 2° Oligocène moyen (Lower Brule: zone à Oreodon et Metamynodon) : Cœnopus occidentalis et Copet 1. L'Hippopotame (Hipp. amphibius L,) dell'antico lago de] Mercure (Caiabria). Att. Soc. Ital. Sc. Nat., Milano, LX, 1921, P. 408-418, 2 fig. 2, The American Dinoceratheres. Mem. Carnegie Mus., vol. VII, n° 6, 1920, p. 399-456, 37 fig., pl. LVII-LXVI, 370 L. JOLEAUD. — REVUE DE PALÉONTOLOGIE ANIMALE ; [niveau de Protoceratherium {Dicerathérium) | 6 Aquitanien supérieur (Lower Harrison — minutum d'Europe]; — 3° Oligocène supérieurou | Columbia) : Diceratherium Cooki et niobrarense Peterson ; — 7° Burdi- galien et Vindobonien (Upper Rosebud — Up- per Harrison — Mas- call} : néant. Ainsi aux anciennes espèces de Dicerathe- rium. décrites par Marsh de la base de l’Aquitanien, O.A.Pe- terson vient d'ajouter trois formes des zones moyenne et supérieure de cet étage. L’une : . d’entre elles, D. Cooki, ; a offert des restes fort ù intéressants du sque- lette de plusieurs jeu- nes mâles et femelles, voire de fœtus, sem- ble-t-il : on sait com- bien est rare la rencon- tre d’ossementsfossiles d'individus non adul- … tes, a fortiori la décou- verte d'exemplaires encore au stade fœtal est-élle tout à fait ex- ceptionnelle. La for- . mule dentaire des très ; EE ic 34 jeunes individus > T 13 rappelle celle des types les plus anciens de Rhinocérotidés américains, 7rigonias, de l'Oligocène infé- rieur. | Les Siréniens fossiles de l'Ancien Monde Fig. 8. — Diceratherium ARR Retxion = Aquitanien supérieur, Lower Harrison CH Depetttes F_Ro- à (Nebraska), — Crâne d'un jeune mâle, 1/3 gr. nat. = Ç 1, vue de profil; — 2, vue de la face palatale; — 4, vue de la face supérieure man! viennent de faire (d'après O. A. Peterson), connaitre, dans un beau mémoire publié par le Chattien (UpperBrule —Lower John Day: zoneà | Muséum d'Histoire Naturelle de Lyon, les grandes Leptauchenia et Protoceras\: Cænopus tridactylus | lignes de l’évolution des Siréniens fossiles de et dahotensis ; — h° Aquitanien inférieur (Ge- | l'Ancien Monde. k ring—Middle John Day): Drceratherium annectens La structure bunodonte de la dentition adulte … et armatum Marsh [niveau de Dicerathertum = pleuroceros d'Europe] ; —5°Aquitanien supérieur 5e 4 RE He Se = ses “es des Sirétiese 0 NES (Lower Rosebud — Monroe Creek Beds— Upper | àe Ancien Monde. 4reh. Mur. Mist. Nat. Lyon, 192, p. 35, John Day) : Diceratherium Gregorit Petersou; — | 14 fig., 7 pl. > sables pliocènes de …. . AS - L. JOLEAUD. — REVUE DE PALÉONTOLOGIE ANIMALE des Siréniens éocènes semblerait indiquer que les ancêtres de ces Mammifères étaient des Suil- liens archaïques. Maïs cette hypothèse semble contredite par l’étude des dents de lait de deux types oligocènes, Prorastoma veronense du M° Grumi et Mesosiren Dolloi du M° Zuello, qui sont peut-être simplement les jeunes de Æalithe- riumSchinztet H.veronense.La première dentition de ces deux formes étant semi-sélénodonte, il faudrait sans doute en conclure que les Siréniens dérivent plutôt des Anthracothériidés. A l'Éocène moyen, le groupe des Siréniens était non seulement déjà bien individualisé Fig.4.— Diceratherium Cooki Peterson. — Aquitanien supé- rieur, Lower Harrison (Nebraska). — Mandibules, 4/9 gr. FF pat. à 7, vue de la face orale, chez un sujet adulte; 8, vue de la face interne, et 9, vue de la face orale, chez un très jeune individu (fœtus ?) (d'après O. A. Peterson). mais encore ses deux principales subdivisions, géographiquement aujourd'hui disjointes, les Lamantins etles Dugongs, se trouvaient déjànet- tement différenciées et présentaient alors la même localisation que maintenant. Prorastoma strenoides de l’Eocène de la Jamaïque, avec son _prémaxillaire faiblement incurvé, sa mandibule allongée, ses molaires nombreuses, de type tapi- roïde, se rattache nettement à WManatus demeuré depuis en Amérique, à l'exception d'une espèce, M. senegalensis, émigrée sur les côtes africaines. Au contraire, les Siréniens fossiles de l'Ancien Monde rappellent tous les Dugongs par leur pré- maxillaire fortement incurvé, leur mandibule courte, leurdentition réduite, de type bunodonte. Parmi ceux-ci, Ch.Depéretet F.Roman distin- guent sept séries. 4° Eotherium-Halitherium, dont le type le plus ancien, Eotherium ægyptiacum du Lutétien d'Égypte, ressemble à Æalitherium (Protothe- 371 rium) veronense de l'Auversien du M® Zuello, près Ronca (Vénétie), déjà sensiblement plus grand. L’on ne connait pas d’AHalitherium du Bartonien, du Ludien et-du Sannoisien.Dans le Stampien du bassin de Mayence, de la Belgi- que, de la Suisse, de la région parisienne et de l’Aquitaine, À. Schinzi représente un stade à peine plus fort que /{. veronense; l'augmentation de taille dans l’Aquitanien de Schio (Vénétie, donne /1. Bellunense. 20 Eosiren-Prohalicorne débute dans l’Auver- sien d'Egypte avec Æosiren libyca, qui, plus petit que Eotherium, possède, d'ailleurs, des molaires supérieures plus simples, quadrituberculaires et non plus sextuberculaires. ÆEosiren apparaît donc comme plus archaïque que Æotherium, cependant plus ancien. [l semble avoir eu pour descendant Prohalicorne Dubaleni de l'Helvétien d'Odon (Landes). 30 Rhytiodus Lapgrandi est une forme géante de l’Aquitanien du Lot-et-Garonne et dela Gironde, qu'il serait intéressant de comparer à Crassi- therium robustum du Rupélien de Belgique. Dès l’'Oligocène supérieur, des Siréniens atteignaient donc déjà presque la taille dela Rhytine récem- ment éteinte. ho Metaxytherium diffère d’'Halithertum par des caractères tels que l'allongement du crâne, le moindre infléchissement du rostre prémaxillaire, l’écartement des crêtestemporales, indiquant un type plus primitif, alors que la réduction du nombre des molaires etla complication de leur structure font songer à des formes plus évoluées. M. Beaumonti est peut-être l'unique espèce bur- . digalienne, répandue dans l’Aquitaine, la vallée du Rhône, la Suisse, l'Autriche. Dans le Miocène moyen lui succèdent M. Cuvieri du bassin dela Loire et JM. Petersi del’Autriche etdel'Aquitaine. 5° Miostren-Rhytine grouperait Miosiren Kochi du Miocène supérieur de Belgique, à formule dentaire complète, mais à volume très réduit des molaires, et la gigantesque Rhytine, dépour- vue de molaires. 6° Felsinotherium semble à priori se rattacher à Metarytherium. « Mais, disent Ch. Depéret et FE. Roman, il y a à ce rattachement une difficulté stratigraphique : le fe/sinotheriumle plusancien, F. Serresi des sables de Montpellier, est de taille trop petite pour pouvoir se rattacher phylétique- ment à un Metaxytherium vindobonien tel que Metaxytherium Petersi qui est beaucoup plus grand que l’espèce de Montpellier. » J'avoue, pour ma part, ne voir aucune difficulté à faire descendre un type plus petit d’un autre de plus grande taille. Au contraire, je verrais volontiers dans le fort intéressant exemple signalé- par L. JOLEAUD. — REVUE DE PALÉONTOLOGIE ANIMALE Ch.Depéret et F. Roman,un cas de régression de taille, comme ceux cités par les nombreux biolo- gistes qui nadmettent pas les doctrines de l’orthogénèse. Æ. Serresi aurait, d’ailleurs, donné naissance à un type plus fort, à molaires plus réduites, F. Foresti de l’Astien de l'Italie. 7° Halicorre,le Dugong actuelde la mer Rouge et des régions indo-pacifiques, aurait divergé de bonne heure du rameau Fe/sinotherium. Notharctus, un Primate de l Éocène américain W.K. Gregory! vient deconsacrer une superbe monographie à la description complète du sque- lette d’un primate de l'Eocène moyen des Lower Bridger beds, dans le Wyoming, Notharctus Osbornt. Ce Primate fait partie de la série des Lémuri- formes et de la famille des Adapidés, qui com- prend les Adapinés, représentants européens de ce groupe eocène,et les Notharctinés ou Adapidés américains.Ceux-ci,qui paraissent localisés dans l'Eocène inférieur et moyen, alors que les pre- miers sont répandus dans tout ce système géolo- gique, comprennent les genres Pelycodus et Notharctus. Les deux sous-familles présentent des caractères divergents, notamment dans la dentition. Les Notharctinés constitueraient une modalité plus archaïque et moins spécialisée que les Adapinés, Stehlin pensait que les Adapinés ne faisaient point partie de la lignée ancestrale des Lémuri- dés actuels : il est évident, en effet, que la région tympanique des Lémurs modernes présente un bien moindre degré de complication que _celle des Adapinés. Cependant W. K. Gregory n’adopte pas entièrement la manière de voir du savant paléontologiste suisse. C’est dans le Paléocène de l’Asie septentrio- nale (!) qu’il faudrait, suivant l’anatomiste amé- ricain, rechercher l'hypothétique Lémuroïde pri- mitif. De ce tronc commun se seraient détachées, avant l’Eocène, deux branches conduisant, l’une par les Notharctinés de l'Eocène nord-américain aux Platyrrhinés de l'Amérique du Sud, l’autre à tous les Lémuriens de Madagascar. Celle-ci comprendrait deux rameaux, l'un, sur lequel se greffent les Adapinés de l'Eocène européen,aurait donné les Lémurinés, Mégaladapinés et Cheiro- galinés ; l’autre, qui à l’origine se relierait à Cœnopithecus del'Eocène européen, serait repré- sentée par les Indrisinés, les Archéolémurinés et les Chiromyidés, Cependant beaucoup d’auteurs font de cette dernière famille un groupe complè- tement à part. 1. On the structure and relations of Notharctus, an Ame- rican Eocene Primate. Mem. Amer. Mus. Nat. Hist.,n. 8., vol. II, part. 2, 1920, 243 p., 84 fig., 59 pl. Les Primates des Phosphorites du Quercy Les Primates des phosphorites du Quercy étu- diés par P. Teilhard de Chardin!sont générale- ment de très petites formes qui permettent"de saisir sur le vif le processus de la différenciation des phylums. Malheureusement les êtres de taille médiocre sont bien moins souvent conser- vés dans les couches de l'écorce terrestre queles grands organismes. C’est le cas notamment pour les Mammifères et en particulier pour les Verté- brés qui ont atteint la spécialisation la plus éle- vée. Aussi les curieux types pygmés des phos- phorites du Quercy que vient de nous faire connaitre P. Teïlhard de Chardin offrent-ils un grand intérêt pour l'étude de nos origines. Avec une clarté et une concision remarquables, le savant professeur de l'Institut Catholique de Paris nous expose, à propos de la description de ces ossements fossiles, des vues générales sur l’évolution des Primates. Cinq genres dedimensions fort exiguës avaient été brièvement définis, par Filhol ou par Steh- lin, du remplissage des fentes du plateau des Causses ou du Jura : Microchærus, Necrolemur, Anchomomys, Nannopithex, Pseudolorts. Par la réduction de l'apophyse coronoïde et l'élévation du condyle, Pseudoloris s'éloigne considérablement des Lémuriens actuels. Son palais est imparfaitement ossifie : les fosses pa- latines antérieures sontlarges et suivies de deux | grandes fosses palatines postérieures réniformes:; : celte curieuse disposition, réalisée chez la plupart des Marsupiaux, se retrouve parfois chez les He- rissons, mais n'avait jamais encore été observée chez un Primate; elle correspond incontestable- ment à une disposition fort archaïque des Mam- mifères, Un petit museau efjile tubulaire, presque cylindrique, séparait deux énormes orbites, aussi vastes et aussi ossificées que celles du Tarsier ac- tuel. Le type de la faune européenne le plus voi- sin de Pseudoloris est Necrolemur, qui a un front plus fuyant, des orbites moins grandes et moins ossifiées, des molaires plus compliquées et une taille plus élevée. Parmi les types améri- cains connus, le célèbre T'etonius (Anaptomor- phus) homunculus Cope, qui est plus fort, pos- sède des orbites moins vastes, à parois moins épaisses, une dentition plus spécialisée, un mu- seau plus court: quoique plus ancien, il est cé- - pendant plus évolué dans une direction d’ail- leurs assez différente. Tous ces types néanmoins présentent un air de famille et doivent être réunis en un même 1. Sur quelques Primates des phosphorites du Quercy. Annales de Paléontologie, X, 1921, p. 1 à 30, fig. { a 6, pl. I et I, , L. JOLEAUD. — REVUE DE PALÉONTOLOGIE ANIMALE 373 —————————————————————————————————————————————————————————————————————————————____ ——_—_— ‘ groupe, les Anaptomorphidés, qui viennent se placer entre les Lémuriens et les Singes: appa- rus en Amérique au Wasatch {Tetontus), ils ne sont connus en Europe que du Bartonien ou du Ludien inférieur (Pseudolorts) ; ils disparaissent du continentnord-atlantique à la fin de l’Eocène, mais continuent à vivre en Malaisie. Si Pseudo- loris présente, en effet, des affinités assez vagues, d’ailleurs, avec Tetonius, il offre, par contre, une ressemblance saisissante avec le T'arsier actuel, aussi bien par l’ensemble de sa physio- nomie, que par les détails de sa dentition. T'arsius estplus grand,aune formule dentaire plusréduite, des fosses palatines antérieures plus petites, et des fosses postérieures quine sont plus indiquées que par un simple amincissement de l'os; mais les modifications essentielles qui conduisent du Primate des phosphorites à celui de la Mulaïsie consistent dans une réduction de la face au profit du cräne, suivant une règle très générale qui do- mine l’évolution des Primates. La série Anaptomorphidés-Tarsiidés, qui con- stitue le sous-ordre des Tarsiens, vient ainsi se placer entre les vrais Lémuriens et les Simiens, sous la forme d’un phylum indépendant. J'arsius est un dernier Pseudoloris géant, qui à survécu seulement dans la région indo-pacifique: il cor- respond, dans sa propre lignee, à un stade pres- que aussi avancé que l'Homme dans le rameau des Anthropoïdes. Les Tarsiens n’ont donc guère varié depuis la fin des temps éocènes et ce n’est d’ailleurs pas là un fait exceptionnel dans la classe des Mammi- fères. D’autres habitants des terres indo-pacifi- ques, comme un Carnassier, le Cryptoprocte de Madagascar, ou un Ongulé,le Tapir, sont aussi demeurés jusqu’à aujourd’hui tels qu'ils étaient aumilieu dela période nummulitique.Mais le fait peut paraître surprenant par l’idée que l’on se fait souvent du degré élevé d'organisation de la totalité des Primates. Quand les Tarsiidés apparaissentdans l'Éocène inférieur d'Amérique, ils ont déjà certains carac- tères de haute différenciation : leur dernière molaire inférieure, par le développement de son troisième lobe, semble moins archaïque que celle des Anthropomorphes. Lorsqu'ils arrivent en Europe, à l'Éocène supérieur, leur spécialisation est extrême. Puis une seule file persiste, celle de Tarsius, qui est le plus céphalisé de tous les Tarsiens. Cette céphalisation se présente d’ail- leurs commeinitiale dans l’état actuel de nos con- naissances, puisqu'elle est déjà très marquée chez le plus anciennement connu des Tarsiens Teto- nius homunculus. I] faut donc rechercher, dans un très vieux passé, l’époque où se séparèrent niveau moyen du Moustérien du trone commun les trois branches maîtresses des Lémuriens, des Tarsiens et des Simiens. À fortiori doit-on reculer à une bien lointaine période géologique l’âge d’invidualisation du tronc commun des Primates : Pseudoloris ne nous a-t-il pas fait entrevoir de curieuses analogies avec les Marsupiaux, analogies qui font songer à un âge crétacé pour nos premiers ancêtres peut- être encore didelphes et plus ou moins confon- dus avec les Préinsectivores. Les caractères de l'enfant dans Homo neanderthalensis Le D: Henri Martin! a découvert dans le célèbre gisement de la Quina (Charente), au supérieur, un crâne d’enfant deS ansenviron dans un merveil- leux état de conservation.Ce crâne,quiappartient incontestablement à l'espèce Homo neander- thalensis, révèle des caractères infantiles très dif- férents deceuxquel'onconstate dans /. sapiens. La région antérieure, au lieu d’être bombée, comme chez les enfants actuels, présente, au contraire, un frént fuyant, aplati et rétréci ; les bosses frontales n’y sont pas encore indi- quées et il en est de même des bosses pariétales et temporales. Au-dessus des orbites s’avance déjà une forte saillie, mais ce n’est encore qu’une indication des énormes arcades sourcilières qui caractériseront l’adulte néanderthalien. Le maxillaire supérieur est renfléet fortement projeté en avant, tandis que la fosse canine fait complètement défaut. Le crâne de l'Homme de Néanderthal présente un profil très surbaissé, d'énormes arcades sourcilières, un front très fuyant, une région occipitale saillante et déprimée, une face forte- ment prognathe, une profonde dépression supra- nasale. Tous ces caractères sont presque l'opposé de ceux que l’on observe chez l'enfant, L'indice céphalique de /1. neanderthalensis adulte varie de 70 à 76, soit 72,5 en moyenne ; il est de 77 chez l’enfant de la Quina. Ce dernier est done sous- dolichocéphale, alors que l’adulte est dolicho- céphale. On sait que les enfants actuels sont hyperbrachycéphales. En résumé, dans 7/7. neanderthalensis, les caractères infantiles présentent, par rapport aux caractères de l'adulte, des différences d’un ordre bien plus élevé que dans 77. sapiens, mais le sens des variations qui les séparent reste le même. Il en résulte que l'enfant de la Quina est presque moins différent d’un adulte actuel que de l'adulte de 7. neanderthalensis. 1. Un crâne d'enfant néanderthalien provenant du gisement de la Quina (Charente). Compt. rend. Instit. F. d'Anthrop., 16 mars, L'Anthropologie, XXXI, 1921, p. 331-334, fig, 1-2. 374 L. JOLEAUD. — REVUE DE PALÉONTOLOGIE ANIMALE » 0 Les Hommes fossiles des contrées | en a retrouvé seulement un morceau de mandi- : africano-pacifiques bule, des vertèbres cervicales, une clavicule, des Les découvertes de restes fossiles humains | fragments d’omoplate et de bassin avec le coccyx étaient jusqu’à ces dernières années demeurées | encofe adhérent, un tibia et les deux extrémités étroitement localisées d'un fémur. Fortement à l'Europe occidentale et centrale. La pré- sence d’ossements iso- lés avait bien été indiquée en 1914-1915 de Chine, de nate de zinc et de plomb, ce crâne était accompagné d’un fragment .de mâchoire supérieure l'Afrique ayant appar- orientale et de tenu à un se- l'Australie, cond individu, un petit enfant sans doute. A. S. Wood- ward, qui étu- die en ce momentcesin- téressants do- mais c’est seu- lement au cours de 1921 que des docu- ments très im- porlants pour la Paleontolo- gie humaine cuments palé- ont été signa- ontologiques, lés en dehors e tend à croire de nos pays. que toute une colo- Tel est le cas no- nie des étres hu- tamment de ceux mains auxquels ils rencontrés dans la ont appartenu a ha- Broken Hill, vers bité jadisla caverne. l'intersection du pa- Auprès du sque- rallèle de Mozambi- lette de Broken que et du méridien Hill ont été trouvés de Prétoria, dans le des broyeurs en grès Nord de laRhodésie, tout à fait compara- enAfrique australe!. bles auxpierres dont Une exploitation mi- les indigènes se ser- nière à ciel ouvert vent aujourd’hui a atteint dans cette dans le pays pour colline une étroite écraser le grain, et, caverne longue de non loin de là, un cinquante mètres, crâne de Lion. Le dite « caverne des sol de la grotte est ossements », au fond formé essentielle- de laquelle gisait, ment d’ossements à trente mètres de : 3 i i- : Fig. 10, — Homo neanderthalensis Schaafausen. — Niveau moyen supé- plus °ÿ mers fossi profondeur,uncrâne rieur de la Quina (Charente). lisés, généralement humain à aspect re- A, Crâne d’un enfant de 8 ans, vue de profil, gr, nat. — B, Crâne brisés et partielle- d'adulte (par comparaison), vue de profil, 1/3 gr. nat. tt ans è (D'après des clichés aimablement communiqués par le D' Henri MenLinans Pme chaïque. Le sque- Martin) phosphates de zinc lette entier dont il “et de plomb; ces faisait partie a été brisé par les ouvriers et l’on | restes proviennent d’'Éléphants, de Rhinocéros, marquablement ar- 1. African Ape Man, a newhuman species, The Times,8,9et | - 11 novembre 1921 ; — A.S. Woopwakp, Nature, 17 novembre. | the Broken Hill skull, The Jllustrated London News, 19 no- 4921 ; — W.E. Harus, The Finding of the Broken Hill skull: | vembre 1921. La plus ancienne mention de la découverte figure the mystery of the great Bone Cave; — A.S. Woopwarp,On | dans le Sunday Times de Johannesburg. encroûté par du carbo- - | d'Hippopotames, d'Antilopes, de Lions, de » rt fit Dédat ddénes. “à is ét : dt À or Y | | , | | : 1 | | 3 à pulls à led d'in AE dé Lot db à De dise dép ardihée à pot à Rat D SRÉRES L. JOLEAUD. — REVUE DE PALÉONTOLOGIE ANIMALE Panthères et surtout de petits animaux (Ron- | geurs, Oiseaux, etc.) Tous ces ossements, comme d’ailleurs le crâne humain, semblent à peine fossilisés, ce qui peut tenir à des conditions locales particulières et ne témoigne pas néces- sairement contre l’ancienneté de tels documents paléontologiques. La face de l'Homme de Broken Hill était sur- tout remarquable par un prognathisme extrême- ment accusé; la mâchoire supérieure graude et plate ne présentait pas de fosses canines; au- dessus d’elle se creusait une large cavité nasale ; les arcades sourcilières, réunies en une visière à saillies fortement accusées, marquaient un front très fuyant presque rudimentaire. L'aspect de la face antérieure de cette tête offrait une physio- nomie tout à fait archaïque, qui contrastait avec les caractères du crâne. Celui-ci, dont la capa- cité était relativement grande, possédait des parois peu épaisses; sa voûte pariétale, faible- ment aplatie, surmontait un occiput à courbure quelque peu atténuée se prolongeant jusqu’au trou occipital, à position plutôt antérieure. Long de 210 mm., large de 145 et haut de 131, ce crâne était nettement dolichocéphale. Les dents, assez volumineuses et morphologiquement très hu- maines, étaient toutes cariées, fait non encore observé en Paléontologie humaine. Les os des membres droits et grêles rappelaient assez ceux des squelettes actuels. L'Homme de Broken Hill, trèsanalogue à celui de la Chapelle-aux-Saints (//omo neanderthalen- sis), mais plus archaïque par le profil de sa face, semble, par contre, plus évolué par le galbe de son crâne : il portait. certainement la tête plus haute et plus droite que son congérière pléisto- cène d'Europe et tout dans son attitude révélait un Hominien se dressant dans la marche de toute la hauteur de sa stature : aussi A.S. Woodward a-t-il cru devoir en faire le type d’une nouvelle forme, Homo rhodestensis. La divergence qui se révèle ainsi entre les os de la face, d’une part, du crâne et des membres, d'autre part, lorsqu'on les compare à ceux des Hommes de Néanderthaä, et surtout à ceux des Hommes actuels, n’est pas un fait nouveau pour l'histoire des Primates. Pithecanthropus erectus et Âomo Dawsoni, si les diversossements recueil- lis au Trinil et à Piltdown appartiennent, pour chacune de ces localités, à un même être, nous apparaissent comme offrant des caractères que l’on retrouve disjointschez les types vivants. Ces deux espèces, comme Æomo rhodesiensis, témoi- gneraient donc de l'extrême inconstance de l’évolution. Dans le cas particulier des ossements de la Rhodésie, je verrais volontiers une liaison entre l'attitude de l'Homme et les conditions de la vie sud-africaine, bien différentes de celles de l’'Eu- rope quaternaire. Tandis quele milieu biologique subissait profondément chez nous l'emprise des C Fig. 11. — Homo rhodestensis À. S. Woodward, — Crâne trouvé à Broken Hill, Rhodésie du Nord, — A, vue par la face antérieure, — B, vue par la face palatale. — C, vuexde profil, 1/4 gr. nat. (d’après À. S. Woodward}, grandes extensions glaciaires, l'Homme devant se retirer dans les cavernes, dans l'Afrique méri- dionale, nos semblables ne furent sans doute jamais obligés de mener cette existence de reclus à laquelle furent condamnés les habitants de l'hémisphère nord au Pléistocène. Unetrès importante question reste d’ailleurs à élucider: l’âge géologique du crâne de Broken Hilln'a pu, semble-t-il, être exactement défini, 376 Les ossementsde Mammifères de lacaverne révè- lent une faune peu différente de celle qui vit aujourd’hui dans le pays; cependant des décou- vertes antérieures paraissent indiquer la persis- tance dans l'Afrique australe, au Pléistocène, d'animaux comme les Mastodontes, qui ont dis- paru de nos pays dés la fin des temps tertiaires. La différence entre la faune quaternaire etla faune actuelle, dans cette contrée, doit être bien moins accusée que chez nous, où se sont succédé plu- sieurs phases glaciaires. M. Boule ! suggère que l'Homme de Broken Hill estpeut-êtrepost-pléistocène. Le type /omo neanderthalensis pris au sens large, en y com- prenant Aomo rhodesiensis, aurait disparu de l'Europe peuaprès la dernière grande glaciation, tandis qu’ilauraitsurvécu, dans l'Afrique méridio- nale, jusqu’à une époque géologiquement proche de la nôtre. La découverte de Broken Hill est très intéressante au point de vuede la paléogéographie humaine. La remarquable extension dans la plus grande partie de l’ancien continent des types d'industrie lithique les plus anciens, Chelléen et Moustérien, avait conduit les préhistoriens à admettre des migrations étendues des formes humaines archaïques. La découverte de Broken Hill vient en apporter la confirmation en ce qui concerne l'Homme du Moustier; quel que soit l'ancienneté du crâne de la Rhodésie, il n’en reste pas moins que /lomo neanderthalensis s'est répandu depuis l'Europe jusqu'a l'Afrique du Sud, laissant peut-être, dans cette dernière con- trée, des descendants qui n’ont guère évolué par la suite. Cependant des Hommes analogues aux Nègres actuels existaient déjà en Afrique au Pléistocène, si l’on s’en rapporte aux caractères craniens révé- lés par les ossements découvertsen 1914 à Boskop (Afrique orientale). De mêmeque dans nos pays, un typehominien, H. Dawsoni, dont le crâne rappelle celui des Européens actuels, a été le contemporain de /1. neanderthalensis, de même en Afrique une forme humaine comparable aux Nègres a dû vivre côte à côte avec A. neanderthalensis rhodesiensis. Ces données témoignent à la fois de la très grande ancienneté des principales races d'//omo sapiens et de leur mise en place dans leur habitat actuel dès le Pléistocène. On peut dès lors se demander si Homo neanderthalensis, qui phylogénétique- ment est tout à fait indépendant de //omo sapiens, ne serait pas le descendant, attardé au milieu de l'humanité quaternaire, d’un type tertiaire. Mais nous sommes ici dans le domaine de l'hypothèse 1. Un nouvel Homme fossile. La Nature, n° 2489, 17 dé- cembre 1921, p. 385-387, fig. 1-2. L. JOLEAUD. — REVUE DE PALÉONTOLOGIE ANIMALE pure et il faut attendre que les progrès si rapides faits en quelques années par la Paléontologie humaine aient encore franchi une nouvelle étape pour se prononcer sur ces passionnantes questions. D’autres Hommes fossiles ont été récemment décrits des divers archipels du Pacifique occi- dental. De Java, le docteur Eugène Dubois! nous a fait connaître les deux crânes pléistocènes bien fossilisés de Wadjak qui rappellent ceux des Australiens modernes, mais avec une nuance plus archaïque, notamment en ce qui a traità la forme du palais, comparable à celui de l'Homme de Néanderthal. L'aspect est robuste, la mandi- bule très massive et la capacité cranienne élevée (1.550 cmë). Incontestablement bien différent de Ÿ. nean- derthalensis, H. wadjakensis rentre dans le ca- dre de 71. sapiens, dont il est sans doute l’un des représentants les plus archaïques.Proche parent des Australiens actuels, il est le premier type de ce groupe humain trouvé en dehors de la Nouvelle-Hollande et des ilesadjacentes. Ce Pro- australien ne jalonnerait-il par la route suivie par les premiers envahisseurs del’Australie ? A moins que les indigènes de ce continent ne représen- tent, comme l’a suggéré J.Matthew,le mélange de deux races : des Dravidiens (ou plus exactement des Prédravidiens) et des Tasmaniens. Ceux-ci, dont les derniers représentants se sont éteints en 1677, se rattachaient aux Négritos et seraient pour B. Spencer les plus anciens habitants de la Nouvelle-Hollande. Les Prédravidiens, venus d'Asie, seraient représentés sous leur forme la plus pure par l'Homme de Wadjak, qui pourrait être envisagécomme l’ancêtre non seulement des Australiens, mais aussi des éléments les plus ar- chaïques des populations de la Malaisie. Des iles Philippines, nous connaissons main- ténant un crâne humain trouvé à 2 m.50 ou3m.de profondeur dans lesous-sol de Manille au milieu des alluvions du rio Päsig, grâce à un récent mémoire de Domingo Sänchez y Sänchez?. Ce crâne, de forme générale ovoiïde, est de taille relativement faible,quoique ayantappartenu àun adulte probablement de sexe féminin. La face, plutôt petite par rapport au volume du crâne, offre un prognatisme bien accusé. Par beaucoup de ses caractères métriques, le crâne fossile de Manille, que nul reste archéologique ne permet 1. Dusois (Eug.) : De proto-Australische fossiele Mensch van Wadjak (Java). Koninkl. Akad. Wetensch, "Amsterdam, Versl. Geiwon. Vergad. Wis. Naturk, Afdeel, XXXIX , 1920, p. 88-105, pl. J-II. 2, Un cräneo humano prebistérico de Manila (Filipinas) Mem. Real. Soc. Españ. Hist. Nat., XI, n° 54, Madrid, 1921, p-. 149-211, pl. I-IV. D.» L. JOLEAUD. — REVUE DE PALÉONTOLOGIE ANIMALE malheureusement de dater, ne se réfère à aucun des types humains qui peuplent aujourd’hui les Philippines. Il semble indiquer une race qui s'éloigne plus des Négritos de cet archipel;que de certains indigènes à physionomie très archaïque des îles de la Sonde, d'Andaman, de l’Inde con- tinentale,de la Nouvelle-Guinée et de l'Australie. Par contre cet Homme fossile rappelle le type des crânes de Négritos d’une ancienneté relative trouvés dans les grottes des Philippines et plus particulièrement celui d’un petit crâne de la ca- verne de Peñon de Coron(iles Calamianes). La race à laquelle appartenait le crâne fossile de Manille peut être envisagée comme une race prenegritos (Homo manillensis), qui, dans lhÿpo- thèse de W. Schmidt, serait la plus ancienne de toutes les races humaines. Un certain nombre de squelettes humains asso- ciés à un outillage néolithique ont été récemment signalés de diverses localités du Japon par H. Matsumoto!'. Presque tous les caractères com- muns à ces squelettes se retrouventdans la popu- lation actuelle des Ainus ; beaucoup, d’ailleurs, de ces caractères du peuple du Japon à l’âge de pierre et des Ainus rappellent ceuxdes Hommes du Paléolithique récent et de certains Néolithi- ques d'Europe. Les restes jusqu’à présent connus des anciens habitants de l'archipel japonais peuvent être groupés en trois types. Le type d'Aoshima,qui se trouve dans l'ile principale et à Miyato, est un dolicho-mésocéphale modérément petit (1 m.57 à 4 m.62). Le type nain de Miyato, qui existe d'ail- leurs aussi dans la grande ile, est vraiment petit 4 m.52 à 1 m.57); généralement méso-brachycé- phale, il est parfois brachycéphale, notamment dans la grande ile. Le type de grande taille de 1. Notes on the Stone Age People of Japan. Americ.®An- throp., n. 8.,vol. 23, n° 1, 1921, p. 50-76, fig. 11-23. 377 T'sukumo (1 m.67 à 1 m.69), méso-brachycéphale, rappelle tout à fait par la longueur des os de ses membres inférieurs la race de Cro-Magnon, bien qu'apparaissant comme plus évolué sous bien des rapports. Le type nain de Miyato et celui de grande taille de l'sumoko sont très semblables à des Européens par les caractères de la face et spécialement par ceux des mâchoires et des dents : vraiment ils sont plus près que les Ainus des Européens. On réunit généralement les Caucasiens, les Aïnus et les Australiens en un grand groupe racial, où les Aïnus se présentent comme beau- coup plus évolués que les Australiens et bien plus archaïques que les Européens. Les anthropologistes modernes distinguent deux races d’Ainus à Hokkaiïdo, l’une grande à tête allongée, l’autre petite à tête courte; la première, à laquelle devraient être rapportés la plupart des Ainus des Kouriles et de Saghalin, correspondrait au type fossile d'Aoshima, tandis que la seconde serattacherait au type fossile nain de Miyato. Parmi les Japonais actuels, on peut séparer les quatre races d'Ishikawa, d’Okayama, de Chi- kuzen et de Satsuma. La première résulterait de la mongolianisation de survivants du type fos- sile de Miyato et la troisième d’une modification de même ordre subie parle type fossile de Tsu- kumo; l’origine de la race de Satsuma n'a pas encore pu être définie ; enfin la race de Okayama, qui se rattacherait au type coréen du stock mon- golique, n'aurait envahi le Japon qu’à la fin de l’âge de la pierre ou au début de l’âge du métal. L. Joleaud, Maître de Conférences de Paléontologie à la Faculté des Sciences de Paris. 378 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX BIBLIOGRAPHIE ANALYSES 4° Sciences mathématiques | Williams (Kenneth P.), Professeur à l'Université d'Indiana. — The dynamics of the Airplane. — 1 vol. in-8° de 138 p. avec 50 fig. (Prix cart, : 13 sh. 6 d.). Chapman et Hall, éditeurs, Londres; 1921. L'auteur a suivi en 1919 le cours de M. Marchis; son ouvrage constitue le développement des parties de ce cours qui ont particulièrement attiré son attention, Il ne le considère pas comme un traité complet de l’Avia- tion, mais comme un ouvrage destiné aux étudiants, s'intéressant aux questions de la dynamique de l’avia- tion. Les huit chapitres du livre sont consacrés à l’étude des caractéristiques aérodynamiques des voilures, aux conditions du vol horizontal et oblique, au vol circu- laire, à l’hélice, à la détermination des performances et aux questions de stabilité statique et dynamique. Toutes ces matières sont traitées d’une façon élémen- taire, sauf en ce qui concerne le chapitre de la stabilité dynamique, qui résume les travaux classiques des au- teurs anglais sur ce sujet. W. MaArGoULIS. 2° Sciences physiques L Mie (G.). — La Théorie einsteinienne de la Gravi- tation. — 1 vol. in-12 de xu-120 p. (Prix : 4 fr. 5o). J. Hermann, éditeur, Paris, 1922. Dans son discours sur Duhem, lu à l’Académie des Sciences, le 12 décembre 19231, M. Picard a parlé « des théories atomiques de l'électricité, contenant, comme celle de Maxwell, plus d’une contradiction, qui entrai- nent aujourd’hui la Physique, avec une vitesse vertigi- neuse, dans des voies nouvelles », Je suppose que M. Picard faisait allusion à la théorie de la relativité : après Einstein c’est Weyl, puis c’est Eddington... Cette vitesse vertigineuse rend indispensables lesouvrages de haute vulgarisation. Bien certainement, un homme de science n’aura jamais l'illusion qu'un ouvrage de vul- garisation procure le savoir aux indolents. Néanmoins, : un beau livre de vulgarisation est très utile pour pré- - céder l'initiation et la faciliter. Ceux qui ouvriront le livre de M.Mie ne le fermeront qu'après en avoir achevé la lecture, car ce n’est point un exposé servile de la théorie d’Einstein; c’est un exposé personnel, cri- tique. Je signale les’pages (40-46) relatives à l’éther, et les pages (57-62) concernant la théorie de la gravitation, qui définirait le potentiel de gravitation, non plus par un nombre unique, mais par un tenseur à 4 dimen- sions, correspondant à 10 nombres. En particulier, ce nouveau potentiel tensoriel devient nécessaire (« pour rendre compte d’une réfraction de la lumière dans un champ de gravitation » (p. 79). Il y a une remarque à faire, au sujet de ce phéno- mène, et nous la ferons ultérieurement. ET INDEX On verra (p. 74) comment M. Mie définit le Principe de la relativité des actions de gravitation, et (p. 86) ce qu’il nomme « principe généralisé ». Puis il explique pourquoi le physicien est tenté de préférer le « principe », redoutant de trouver un peu de fantaisie algébrique dans le « principe généralisé». Sur un exemple, fort bien choisi, il montre comment Einstein (p. 99) offre un grand nombre de descriptions géométriques de notre univers, mais qui n’ont pas toutes la méme valeur pour le physicien (p. 100). Il est agréable de rencontrer un savant qui, sans diminuer la valeur exceptionnelle de l'initiative d’Eins- tein, réclame, en physicien, une limitation au libre jeu de la spéculation. Il me semble que le petit livre de M, Mie est extré- mement remarquable et confirme cette impression qu'une Physique théorique plus unie, plus harmo- nieuse est en formation. ‘ Mais, si ceux quine sont pas spécialement qualifiés pour porter un jugement ont aussi, peut-être, plus d’in- dépendance, j'oserai faire une observation. M. Mie tient-il pour définitivement acquises les véri- fications astronomiques"de la théorie d'Einstein, véri- fications de haute portée (pages 71 et 78). Les croire complètement faites, n’est-ce pas aller un peu vite, à une vitesse vertigineuse ? Actuellement, les vérifications sont en concordance avec la théorie, au point de vue dusens dela variation, plutôt que numériquement !. Le traducteur, M. Rossignol, a écrit, à la fin de l’ou- vrage, une Note sur les travaux originaux de Mie, sur le postulat deMie,relatifau continuum «espace-temps ». On a, une fois de plus l'impression que rien n’estencore stable, que la fermentation des idées est puissante,qu’il en sortira des faits nouveaux, quel que soit le sort des théories relativistes. : Chacun y trouve son intérêt : Le mathématicien ren- contre la Géométrie de Riemann, de Levi-Civita, les Crochets de Christoffel, qui ne s’attendaient pas à jouer ce rôle. Le physicien attend des vérifications numé- riques, qui seront des faits. Le philosophe trouve une occasion merveilleuse de voir le jeu de la méthode scientifique, précisément parce que l’idée-maîtresse d'Einstein a consisté, non pas à greffer une hypothèse sur une branche puissante, mais à remonter jusqu'aux racines profondes, à modi- fier les postulats primitifs de la Physique. L'affaire étant de grande envergure, l'esprit scienti- fique nous commande, non point l'admiration béate, mais une patience attentive et active. Avec la Relativité restreinte (le champ de la gravita- tation étant exclus), nous avons la meilleure synthèse de l’Optique et del’Electromagnétisme,pourles systèmes au repos ou en translation rectiligne et uniforme. —— 1. Voir E. EscLancon : Les preuves astronomiques de la relativité, Gauthier-Villars, 1922, BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX Avec la Relativité générale, et le principe de l’indif- férence du mouvement du système de référence au point de vue de l’expression mathématique des Lois, nous aurions découvert une parenté entre les phénomènes de gravitation et les phénomènes électro-optiques. Mais, tout cela ne se fait pas en un jour, et on attend une clarté meilleure, émerveillé et séduit par l'habileté géniale de l'imagination scientifique d’Ein- stein. R. D'ADHÉMAR, Ingénieur des Arts et Manufactures, Docteur ès Sciences. Thomson (Sir. J. J.), F. R. S. — Rays of Positive Electricity and their application to chemical Analysis. 2° Edition. — 1 vol, in-8° de x-235 p. avec 43 fig. et 9 pl. de la collection : Monographs on Phy- sies (Prix cart. : 16 sh.). Longmans, Green and Co., éditeurs, Londres, 1921. Parmi les ouvrages récemment parus et consacrés à des questions de Physique moderne, aucun peut-être ne permet plus facilement de mesurer les remarquables progrès accomplis depuis quelques années dans le domaine des radiations, que le livre du professeur J. J. Thomson. La première édition avait été publiée en 1913 et analysée dans la Revue du 15 avril 1914 (tome XXV, page 719). L'édition actuelle, qui est la se conde, a un volume presque double de celui de la première ; le nom- bre des chapitres a passé de 17 à 39, car tout un ensem- ble de travaux récents et importants ont dû trouver leur place dans l'ouvrage entièrement remanié, L'auteur a naturellement consacré une place étendue à la description de la méthode d'analyse des rayons positifs par l’action simultanée d’un champ électrique et d’un champ magnétique. Cette méthode, dont il est l’auteur, avait déjà donné entre ses mains de très beaux résultats sur la chimie des tubes à vide. Mais elle a pris une ampleur tout à fait remarquable avec les tra- vaux d’Aston, l’un de ses élèves. Ce physicien, grâce à d’ingénieux perfectionnementsdans les dispositifs expé- rimentaux, a réussi non seulement à mettre hors de doute l’existence de nombreux isotopes, tels que ceux du néon, du bore, du chlore, du silicium, etc., mais encore à créer une technique de détermination des poids atomiques dont la précision paraît égale, sinon supérieure, aux meilleures méthodes chimiques, Il y a là les éléments d’une véritable révolution dans l'étude de la structure des atomes et des molécules, ou, tout au moins, d’une méthode d'analyse dont la puis- sance paraît réellement surprenante, Tous ces travaux sontexposés et discutés par le professeur J. J, Thomson avec la clartéet la profondeur qui lui sont coutumières et la lecture de ces chapitres est hautement suggestive. On trouvera également une foule de vues originales à l'occasion de l’exposé des travaux relatifs aux rayons anodiques, à l'effet Doppler des rayons positifs, aux phénomènes physiques qui accompagnent la décharge (absorption desgaz, désintégration des électrodes, etc.). Les lecteurs de la première édition auront autant de plaisir que de profit à étudier un ouvrage qui est en réalité presque nouveau. EuGèNxe BLocx, 379 3° Sciences naturelles Association de Géographes français. XXV:- XXIX'‘ Bibliographie Géographique (1915-1919), faisant suite à la Bibliographie Géographique annuelle des « Annales de Géographie ». Publiée sous la direction de Elicio Colin,avec le concours de nom- breux collaborateurs. — 1 in8 de 4&6 p. Librairie Armand Colin, Paris, 1921. vol, La Bibliographie Géographique annuelle des Annales de Géographie, qui présentait déjà une suite de vingt- quatre années, avait malheureusement été suspendue pendant la guerre, en raison des diflicultés qui avaient surgi à ce moment. Ilétait tout à fait désirable que cette publication pût reprendre vie, etelle y est parve- nue, grâce à la formation de l'Association de Géogra- phes français que préside M. Lucien Gallois, professeur à la Sorbonne, le but principal de cette société ayant été de se consacrer à cette œuvre. Jusqu'en 1915, date à laquelle avait paru la XXIIIe- XXIVeBibliographie pour 1913-1914,c’est M. Louis Rave- neau qui avait conduit ce travail avec le plus entier dévouement ; aujourd’hui c’est M. Elicio Colin qui s’en est chargé à sa place. Pour revenir à la publication annuelle régulière, il fallaitecombler la lacune. En 1921, on a donné en un volume toute la série de 1915 à 1919, cette année paraîtra la Bibliographie de 1920-1921. Cette longue série bibliographiqueprésente une docu- mentation du plus haut intérêt non seulement au point de vue de la géographie proprement dite, mais en ce qui cemcerne les sciences nombreuses auxquelles tou- che la géographie.Autant dans la partie générale que dans la partie régionale de la Bibliographie, nous voyons constamment cités des ouvrages intéressant les sciences. Dans la partie générale, il se trouve un cer- tain nombre de sections spécialement consacrées à des matières scientifiques, telles que la géographie mathé- matique et la physique ; dans cette dernière, la géologie occupe une grande place,et il fautajouter aussi la météorologie, la botanique, la zoologie. Dans la partie régionale, on rencontre pour chaque pays des ouvrages souvent nombreux traitant de tous les sujets scientifiques les plus variés L'ouvrage est établi ayec beaucoup de méthode et de clarté; les recherches peuvent y être faites avec une grande facilité. Pour le plus grand nombre des ouvrages, leur énoncéest suivi d'analyses qui, bien que très rédui- tes comme étendue, éclairent utilement sur leur con- tenu, G. REGELSPERGER, Maquenne (L.), Membre de l'Institut, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, — Précis de Physio- logie végétale. — 1 vol. in-16 de 195 p. de la Col- lection Payot (Prix cart. :-4 fr), Payot et Cie, éditeurs, Paris, 1922. Cet exposé succincet, très à jour des données récentes, se rapporte exclusivement à la Physiologie chimique de la nutrition des plantes. L'auteur a même laissé? de côté certaines questions qui sont liées assez intimement à la vie chimique des organismes végétaux : celles qui relèvent par exemple du parasitisme et des associations 380 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX = eh ee biologiques en général. A plus forte raison n'est-il pas question de la reproduction et de la physiologie des mouvements chez les plantes qui, pourtant, sont aussi liées souvent à des phénomènes chimiques. Ayant travaillé personnellement beaucoup des ques- tions générales de Chimie végétale, l’auteur présente un exposé qui domine facilement l'ensemble du sujet: il voit dans les diastases et leurs actions de catalyse les agents essentiels et moteurs des analyses et des synthè- ses dont la cellule végétale est le siège, Le chapitre de _l’assimilation des matières minérales est parmi les plus documentés. On y touche aux questions de toxicité, d’antitoxicité et des influences dites desinfinimentpetits chimiques. Ceux qui actuellement parlent de la pré- tendue légende de la toxicité du cuivre métallique pour- ront y trouver (p.107) l’avis d’un savant qui a travaillé la question, qui cite seS auteurs et justifie l'opinion encore debout de la toxicité des ions métalliques, par- fois à doses infinitésimales. Nous avons trouvé dans le présent ouvrage un retlet des claires et suggestives leçons dont nous gardons le souvenir, et que recevaient déjà il y a 30 ans les anciens auditeurs de M. Maquenne dans l’amphithéâtre du Muséum. Ce petit manuel, excellent résumé, sera certai- nement recherché des étudiants en Botanique et en Physiologie. EpMonpD Gain, Professeur à la Faculté des Sciences de l’Université de Nancy. Kofoid (Charles-Atwood) et Swezy (Olive). — The free-living unarmored Dinoflagellata. —(Memoirs of the University of California, t, VI.) — 1 vol. in-4o de viu-562 p. avec 388 fig. et 12 pl. (Prix : 12 doll. 5o c.). University of California Press, Berkeley, 1921. Les Dinoflagellés constituent un des groupes les plus intéressants d’êtres vivants, ne serait-ce d’abord que par celte alternative : sont-ce des végélaux ou des ani- maux ? des algues ou des protozoaires ? Kofoïd et Swezy examinent la question, en lui accordant l’impor- tance qu’il convient, et concluent pour la deuxième solution. On sait que le critère en définitive le moins mauvais pour distinguer, dans les cas douteux, l’« ani- mal » du « végétal » est le mode de nutrition. Or « on trouve que les Dinoflagellés présentent tous les types de nutrition connus dans les autres groupes d’organis- mes vivants » (holophytique, saprophytique, holozoï- que, parasitique). Kofoïd et Swezy n’admettent pas que le mode saprophytique soit nécessairement, au moins en ce qui concerne les Protozoaires, un indice de dégénérescence et remarquent que les modes opposés peuvent se rencontrer jusque dans le même organisme (Amphidinium, Gÿmnodinium, ete.). Ils s'élèvent contre l'opinion de West, qui place les Dinoflagellés parmi les Algues et disent : « Son estimation que «go °/, d’entre eux sont de vrais organismes végétaux à nutrition holophy- tique » peut être vraie des formes d’eau douce, mais ne peut certainement s'appliquer aux Gymnodinioïdés [Di- noflagellés inermes] ni aux formes marines de profon- deur, chez lesquels le mode saprophytique tend à pré- valoir, » Laissant de côté les Gymnodinioïdés parasites | Blas- todiniidæ K. et Sw.], pour lesquels ils renvoient aux beaux travaux du Professeur Chatton, de l’Université de Strasbourg, Kofoïd et Swezy s'occupent des Dinofla- gellés inermes libres, Leur travail a d'autant plus d'im- portance que ces êtres, d’une délicatesse extrême, ne se peuvent en aucune manière conserver en collections et qu’il n’est qu'un moyen de les étudier : sur le vivant. Il ne faut pas entendre par là le vivant immobilisé par tel procédé mécanique ou chimique, mais l'organisme vivant en action. Fort heureusement les auteurs de ce bel ouvrage étaient pourvus d'excellents moyens d’in- vestigation, dans une région (à La Jolla, Californie) très favorable, — et ils ont fait preuve d’un talentadmi- rable. Leur travail peut se diviser naturellement en deux parties : les huits premiers chapitres forment une Partie générale et les douze suivants une Partie spéciale, La seule énumération des chapitres suflira déjà à donner une bonne idée de tout ce que renferme la première partie, où chaque sujet est traité à fond et passé au crible d’une critique serrée et judicieuse : Morphologie générale : taille et forme, — organites moteurs, — sil- lonsettorsion du corps; — IL. Noyaux, — vacuoles, — ocelles, — nématocystes ; — III. Dif/érenciation cytoplas- mique:coloration, — différenciation superficielle; — IV, Physiologie : l’ «eau rouge», — nutrition, — réactions aux stimuli, — luminescence; — V. Organologie compara- tive : ocelles, — vacuoles, — nématocystes; — VI. Cy- cles vitaux : effets du parasitisme sur le eyele vital, — division binaire et multiple, — enkystement, — sexe; VII. Evolution : affinités, — dérivation, — développe- ment à l’intérieur du groupe, — évolution structurale, — nutrition et évolution, — relations avec les Métazoai- res | les auteurs voient dans la présence de nématocystes et de tentacules chez certains Dinoflagellés un rappro- chement possible avec les Cœlentérés}); — VIII. Distri- bution : distribution locale, — historique, — discussion, Le chapitre IX est consacré à établir la classification adoptée, en grande partie nouvelle et basée sur les faits suivants : le g. Pyrocystis Murray n’est qu'une phase dans le cycle vital d’autres Dinoflagellés : la fameuse Noctiluque | Voctiluca Surray|, à laquelle on attribuait abusivement toute la phosphorescence de la mer, est retirée des Cystoflagellés de Hæckel pour former avec le nouveau genre Pavillardia ! la famile des Noctilucidés, parmi les Dinoflagellés. Les chapitres suivants sont consacrés à l’égude détaillée dessgenres et des espèces, ils sont superbement illustrés de nombreuses figures en noir dans le texte et de douze planches en couleurs. Cet ouvrage de Kofoïd et Swezy est une des plus bel- les acquisitions de la Science. Il fera aussi bien l’admi- ration des botanistes que celle des zoologistes, Les auteurs ne disent-ils pas: « La grande fonction fonda- mentale de la nutrition n’a pas atteint, chez les Dino- flagellés, ce degré de différenciation qui délimite les règnes animal et végétal. » Mais ces organismes, qui n€ sont ni animaux ni végétaux — ou qui sont, peut-être plutôt, les deux à la fois, — « forment une part extré- mement importante du monde vivant marin, source du fonds nutritif primitif de la mer, aussi bien par le nom- bre des individus que par la masse des substances vivantes produites ». JAN DeLPuy. IE RE EE 1. Dédié au Professeur Pavillard, de l'Université de Mont- pellier, dbéast ss nb Li onrat . Lhé à gd D ei, ch Sn ns À rest cd Été, à die MP LS) 7 ad, ES LE Re. sit abs ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 381 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Séance du 22 Mar 1922 M. le Président annonce à l’Académie le décès de M. A. Laveran, membre de la Section de Médecine et Chirurgie. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M.S. Sarantopoulos: Sur les fonctions croissantes positives. —M. Th. Varo- poulos : Sur quelques théorèmes de M. Borel. —M,. R. Nevanlinna : Sur lesrelations quiexistent entre l'ordre de croissance d’une fonction monogèneetla densité de ses séros. — M. J. Andrade: Sur trois classes de mouve- ments vibratoires non entretenus. — M. Eug. Pagézy: Sur la forme optimum à donner aux hélices propulsives. L'auteur démontre que la véritable hélice optimum est celle dont le pas analytique reste rigoureusement con- stant. — M. P.Fatou: Sur le mouvement d'une pla- nèle dans un milieu résistant. — M. P. Chofardet : Observations de la comète Skjellerup (1922 a), faites à l’équatorial coudé de l'Observatoire de Besançon.— M.A. Schaumasse : Observations de la comète Skjellerup (1922 b) faites à l’équatorial coudé de l'Observatoire de Nice. 2° ScieNCES PHYSIQUES. — M. Ph. Flajolet : Perturba- tions de la déclinaison magnétique à Lyon pendant l’an- née 1920-1921. La comparaison avec l’année précédente- montre une diminution très sensible des perturbations, .— M. A. Andant : Sur les variations de l’opalescence critique avec la température et la longueur d’onde de la lumière incidente.La théorie de Smoluchowski-Einstein, qui prévoit la proportionnalité de l’opalescence à (T — 4)—1, est vérifiée, mais jusqu’à 0°,20 environ de 9 seulement. La théorie d’'Einstein, quiprévoit la propor- tionnalité de l’opalescence à À 1, se vérifie jusqu’à 0°,19 du point du critique; au point critique même, il y a proportionnalité à 1-2. — M. Edm. Bauer : champ électromagnétique des trajectoires stalionnaires Sur le de Bohr. L'auteur démontre, par deux raisonnements différents, que, si les trajectoires stationnaires de Bohr n'émettent aucune onde, leurs champs à grande distance doivent être constants.— M.Aug.Frigon : £tude expé- rimentale sur les pertes d'énergie dans quelques diélec- triques industriels. Les pertes par effet Joule sont négli- geables devant les pertes cycliques. En fonction de la température, les pertes peuvent s'exprimer par une fonction de la forme P — »T". En fonction dela tension, on trouve de même P—mVr, — M. A. Dauvillier : Sur les séries L du lutécium et de l’ÿtterbiumet sur l'iden- tification du celtium avec l'élément de nombre atomique 72. L'auteur a étudié en détail les séries L du lutécium et de l’ytterbium, contenus à l’état d’oxydes dans une préparation de M. Urbain. En outre, il a reconnu de très faibles lignes démontrant la présence d’une trace * de thulium dans ce mélange. De plus, deux lignes très faibles démontrent l'existence d'une trace de celtium et lui assignent le nombre atomique 72. — M. G. Urbain: Les numéros alomiques du néo-ytterbium, du lutécium et du celtium. Grâce aux spectres de haute fréquence, on peutattribuer sans ambiguïté à ces éléments les numéros atomiques suivants: Yb,90; Lu, 71; Ce, 72.— MM. A. Boutaric et M. Vuillaume : Æloculation du sulfure d'arsenic colloïdal, Influence de la concentration du colloïde, de l'agitation et de La température. Pour quelques électrolytes la vitesse de floculation augmente avec la concentration du colloïde; pour d’autres elle diminue, L'influence de l'agitation et celle de la tempé- rature se manifestent également dans des sens opposés suivant la nature de l’électrolyte. — M. E. Berger: Sur la réduction des oxydes par l'hydrogène. La courbe de vitesse de réduction d’un oxyde, lorsqu'il existe des oxydes intermédiaires stables à la température de l'ex- périence, peut présenter des coudes au passage de ces oxydes. Par contre,l’existence d’un coudedansla courbe de vitesse de réduction ne paraît pas signifier forcément la formation d’un composé intermédiaire : c’est le cas de NiO. — M. A. Damiens: Sur l’allotropie « dynami- que » du tellure.La densité du tellure obtenu par vapo- risation (6,310) est invariable à toute température. La densité des autres produits paraît plus faible parce que, en raison de leur mode de production, ils sont légère- ment poreux. Il n’y a pas d’allotropie dynamique du tellure. — MM. P. Urbain et G. Urbain: £xtraction et purification du scandium de la thorvéitite de Mada- gascar.Les auteurs ont extrait le scandiumen se basant sur la faible solubilité du sulfate double de K et de Se, dans une solution saturée de sulfate de K.Le sel double est ensuite transformé par l’ammoniaque en hydroxy- carbonate de Sc, puis ce dernier en hydrate et enfin en acétylacétonate qu’on dissout dans le chloroforme. — M. A.-A. Guntz : Sur le sulfure de zinc phosphores- cent. La structure cristalline paraît jouer un rôle impor- tant dans la phosphorescence du sulfure de zinc, rôle mis en évidence par la durée différente de la luminosité des deux variétés (la phosphorescence dela wurtzite est plus persistante que celle de la blende), et par le fait connu que leur pulvérisation supprime presque lotale- ment leur émission lumineuse, — MM. A. Job et J. Reich : Essai d'extension systématique de la prépara- tion des organo-métalliques. Application à l'iodure de fer-éthyle. Les auteurs ont fait réagir le dérivé orga- nozincique sur un grand nombre de chlorures métalli- ques et ont obtenu les dérivés organo-métalliques cor- respondants. Avec C?HÿZnl et Fel?, ils ont préparé l'iodure de fer-éthyle C?HÿFel. C’est un réactif modéré, qui avec l’alcool absolu donne de l’éthane et de l’iodo- éthylate ferreux. — MM. Clément et Rivière: Æssais de fabrication synthétique des nacres par production de réseaux chimiques. La nacre possède une charpente alvéolaire constituée par un albuminoïde, entre les montants de laquelle se dépose du carbonate de cal- cium. En opérant la précipitation du carbonate de cal- cium dans un milieu colloïdal albuminoïdique,étalé sur 382 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 2 une plaque de verre, les auteurs ont Fobtenu des pla- ques nacrées, — MM. A. Helbronner et W. Rudolfs : L'attaque des minerais par les bactéries. Certaines bac. téries convertissent la blende en sulfate de zinc. Le zine solubilisé n'empêche pas l’action ultérieure des bac- téries. La présence du soufre favorise l'oxydation. Les bactéries de Lippmann produisentsuflisamment d'acide sulfurique pour solubiliser les silicates et le carbonate naturels de zine. Dans les minerais de zinc et de plomb, le zine est solubilisé à l’exelusion du plomb. 3° SctENCES NATURELLES: — M. J. Costantin : Sur les croix de Malte présentées par les bois soumis à des traumatismes. Les auteurs ont observé sur la section de certaines tiges d'arbres une croix de Malte d’un brun noirâtre. Ils montrent que cette apparenee extraordi- naire est la conséquence d’un traitement connu que ces tiges ont subi en vue de l'obtention de cannes, manches de parapluie, de porte-plume, etc, —M. A. Petit: Sur la nocuité du terreau de fumier. L'action nocive du terreau de fumier sur certaines plantes est due en grande partie à la présence de substances solubles nui- sibles, L’argile, qui possède un pouvoir absorbant élevé, a la faculté de fixer la substance nuisible du terreau et dela rendre ainsi inoffensive pour les plantes. — MM. C1. Vaney et J. Pelosse : Relations entre le sang et la coloration du cocon chez le Bombyx mori. La ma- tière colorante de la soie du Bombyx moriparaît dériver du sang, Si l’on fait absorber aux vers à soie des feuil- les de müûrier recouvertes de certaines matières -colo- rantes, on obtient des cocons présentant à peu près la même teinte. — M. E. Fauré-Frémiet et Mlle H. Gar- rault : Constitution de l'œuf de Truite (Trulta fario). L'œuf de truite renferme environ 25 °/, de vitelline, 20 ©/, de corps gras (glycérides, phosphatides, choles- térine), un peu d’hydrates de carbone, du calcium, etc. — MM. P. Portier et M. Duval: Variation de la pression osmotique du sang des Poissons Téléostéens d’eau douce sous l'influence de l'accroissement de sali- nité de l’eau ambiante. La pression osmotique du sang de la Carpe augmente à mesure que l’eau environnante s'enrichit en sels; mais elle augmente moins vite que celle du milieu extérieur. Le poids du poisson diminue à mesure quela teneur en sels du milieu augmente, — M. A. Policard et MHe J. Tritchkovitch: Sur la fixation directe des graisses par les glandes sébacées. Les auteurs établissent, par des expériences de colora- tion, l'existence d'une fixation directe, sans dislocation préalable, des graisses absorbées au niveau de l'intestin. — MM. H. Cardot et H. Laugier : Le réflexe linguo- mazxillaire (ultimum reflex). Les auteurs apportent de nouvelles preuves, directe et indirecte, de l’existence de ce réflexe (voir p. 224). — M. G. Bidou : Compas d'orientation du pied. Ce compas mesure : les attitudes du pied par rapport à la jambe ; les variations d’angles entrois plans : horizontal, vertical et frontal, ce qui permettra de rétablir pour le malade une base de sus- tentation physiologique, par la correction appropriée des difformités établies scientifiquement, — MM. L. Fournier, C. Levaditi, A. Navarro-Martin et A. Schwartz : Action préventive, dans la syphilis, du dérivé acétylé de l'acide oxyaminophényiarsinique (sel de soude). Les expériences sur les animaux montrent que le 190, administré per os, 2h., 5h., 6b.,12 h., 24 h., 2 jours et même 7 jours après l'infection spiro- chétienne, agit préventivement. Les essais sur l’homme confirment ces données expérimentales : ils prouvent que, à la dose de 2 gr., administrée 5 h, après une infection massive, le 190, pris par la bouche, met à l'abri dela contamination. SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PHYSIQUE Séance du 5 Mai 1922 M. Maur. de Broglie : Nouvelles recherches sur:les corpuscules rapides extraits des atomes par les rayons X. L'auteur présente un appareilagrandi et muni de divers perfectionnements pour enregistrer les spectres magné- tiques des rayons £ excités dans les atomes par les rayons X. Sur le cliché, les raies correspondant à un rayon À de trajectoire dans le champ magnétique se trouvent à une distance du milieu de la fente égale à x — V4RT cos? ? — &?, si ? est l'angle compris entre la direction initiale des corpuscules et la direction qui joint le radiateur au centre de la fente, a étant la dis- tance de la fente au radiateur. L'auteur discute les pro- priétés géométriques qui découlent de cette expression et indique que les conditions de dispersion maxima correspondent à des corpuscules de faible énergie res- tante et à des champs magnétiques faibles, cette der- nière condition conduisant à donner à l'appareil de grandes dimensions et à employer un champ magné- tique uniforme sur une grande étendue. M. de Broglie projette un certain nombre de clichés obtenus avec ces nouveaux disposifs ; l'un de ces clichés montre notam- ment comment, en agissant par filtration sélective sur l’une des lignes du spectre X incident, on peut caracté- riser dans le spectre 8 secondaire celles des raies qui sont excitées par la radiation considérée; d’autres se rapportent à des expériences d'absorption sur le fond continu de rayons £ qui se manifeste dans les spectres magnétiques. — M. Predhumeau : Appareil de stéréo- topométrie. Les appareils constituant ce système per- mettent de relever sur le terrain une paire de photogra- phies stéréoscopiques prises à terre, les axes des objectifs étant horizontaux et parallèles, et de trans- former ces photographies en plans cotés ou à courbes de niveau que l’on rapporte à une échelle quelconque et que l’on trace d’un trait continu. Ces plans sontsurtout nécessaires pour les études de travaux publics. SOCIÉTÉ CHIMIQUE DE FRANCE Séance du 12 Mar 1922 M. C. Matignon et Mile G. Marchal : La trans- formation du formiate de soude en oxalate."En 1916, le prix de l’acide oxalique s'étant élevé à 16 fr. le kg. (il coûtait o fr. 90 en 1914), il était intéressant de relier la préparation de cet acide à la production synthétique de l’acide formique à partir de l’oxyde de carbone et de la soude, Les auteurs reprirent l'étude. de la décom- position du formiate de soude par la chaleur, faite déjà en 1880 par Merz et Weith, qui a lieu suivant les Léo ftainte nm és. de de is te nd ml né à Cotes ob à ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES deux réactions suivantes : 2HCO?Na —H?-+CO-+COSNa?; 2HCO?Na — H2-+C?OiNa2. Ils opérèrent avec du formiate de soude pur et du formiate à 90 °/,, à une température de 44o° C., dans le vide, dans l'air et en présence de catalyseurs [NaOH,KOH,COSNa?]. Ils arrivèrent aux conclusions suivantes : 1° La réaction est très rapide ; 2° Le vide n’améliore pas sensiblement le rendement en oxalate, surtout en présence de catalyseurs ; 3° Le for- miate pur donne un rendement en oxalate de 47-57 °/.; 4° La soude et la potasse favorisent la transformation en oxalate, la proportion à recommander paraît être de 2 °/, de soude (rendement 90 °/,); 5° Le formiate com- mercial, contenant 1,38 °/, de soude, donne un rende- menti en oxalate plus élevé (70 °/,) que le formiate pur ; 6° Le carbonate de soude n’a pas d’action catalytique, ce qui était à prévoir puisqu'ils’en forme dans la décom- position. Des essais industriels furent entrepris, mais ils ont été interrompus par suite de la baisse du prix de l’acide oxalique pendant le deuxième semestre de 1916. — M. M. Delépine : Autoxydation des composés sulfurés organiques. M. Delépine rappelle que certains compo- sés sulfurés organiques à soufre doublement lié possè- dent l’oxyluminescence, par suite de leur autoxydation spontanée à l’air, à la température ordinaire. Il expose les singularités de ces autoxydations, dont la plus remarquable est certainement qu’il n’y a jamais oxy- dation intégrale et même qu'il n'y a qu'une petite partie de la vapeur qui s’oxyde. De là découlent des expériences nombreuses dont il donne le détail, Il signale enfin qu’il y a des substances empêchantes, comme l’éther, l’aldéhyde, d’autres indifférentes, comme l'alcool, et d’autres encore excitantes, comme l’acide acétique. Il pense que le corps autoxydable est lui-même son antioxygène, lorsque sa dose est suflisante. La ten- sion de vapeur des corps sulfurés à la température ordi- naire serait plus que suffisante pour arrêter l’'autoxyda- tion. M. Ch. Moureu, au nom de M. Dufraisse et au sien, profite de l’occasion offerte par la communication de M. Delépine pour faire connaître quelques résultats d'expériences du même ordre que poursuivent les deux auteurs : 1° L’hydroquinone, la pyrocatéchine, le gaïa- col, ne semblent pas exercer une action appréciable sur la phôsphorescence du thiosulfoearbonate de méthyle ; 2e Si l’on agite de petits fragments de phosphore avec de l’eau pureet de l’air dans un flacon à l'obscurité, l'atmosphère du flacon devient aussitôt phosphores- cente, et ce phénomene bien connu persiste aussi long- temps que dure l’agitation. En remplaçant dans cette expérience l’eau pure par dessolutions aqueuses d’anti- oxygènes (hydroquinone, pyrocatéchine, gaïacol, etc.), on observe que la phosphorescence n’est plus continue ; elle apparaît de temps en temps sous forme d’éclairs, les intervalles étant d'autant pluslongs (quelques minu- tes et plus) et la durée de l’éclair d'autant plus courte que les antioxygènes mis en œuvre sont plus actifs et leurs solutions plus concentrées. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Seance du 13 Mai 1922 MM. C. Levaditi et S. Nicolau : Aôle de l’épilage 383 dans la localisation cutanée de la vaccine. L’arrache- ment des poils détermine une prolifération régéné- rative des épithéliums des bulbes pileux et de la cou- che de Malpighi. L'état mitotique de ces cellules fait que le virus se fixe sur elles et s’y multiplie, en pro- voquant en même temps un développement intense des épithéliums cutanés avant de les nécroser et de les transformer en pustules. — M. C1. Regaud : La radio- sensibilité des néoplasmes malins dans ses relations avec les fluctuations de la multiplication cellulaire. La radio-destruction des éléments les plus résistants d’un cancer exige souvent des doses de rayonnement telles qu'elles sont difficilement compatibles avec le minimum d’intégrite dù aux tissus normaux de la région malade. L'auteur indique une solution de ce problème dans une distribution chronologique de l’irradiation,.adéquate aux conditions de la reproduction cellulaire, — MM.J. P. Langlois et A.Mourgeon: Les variations de la tension artérielle suivant les attitudes avant et après l'exercice. Un exercice bien dosé modifie très peu les réactions cardiaques et vasculaires, L'indice oscillométrique, par contre, est abaissé parce même exercice modéré.— MM.Pasteur Vallery-Radot et J. Haguenau : 4bsorp- tion de l'antipyrine par voie stomacale. La ligature du pylore n'empêche pas l’antipyrine de passer dans la circulation générale ; l'absorption peut donc s’effectuer par la muqueuse stomacale, — M. H. Vincent : Sur la nature de la bronchite sanglante. Dans toutes les préparations miscroscopiques de crachats de bron- chite sanglante examinées par l’auteur, il a constaté l’association du Bacillus fusiformis etd’un Spirochète, — MM. J. Camus et G. Roussy : Æypophysectomie chez le chien et le chat. Les auteurs ontpratiqué 149 foiscette opération, La mort estfréquente dans toutes les opéra- tionssur la région hypophysaire. Toutefois, ils ont conservé en vie des chiens complètement privés d’hy- pophyse (ablation totale vérifiée par l’examen histolo- gique). — MM. M. Labbé, H. Labbé et P. Nepveux: L'hyperglycémie provoquée chez les basedowiens. L'épreuve de l’hyperglycémie provoquée et la mesure du métabolisme basal ont une grandevaleur pour le dia- gnostic des états d’'hyperthyroïdie, M.Babonneix estélu membre titulaire de la Société. Séance du 20 Maë 1922 MM. R. Sazerac et C. Levaditi : Action de certains dérivés phénoliques du bismuth sur la syphilis. Le bis- muthopyrogallate de sodium fait disparaitre les spiro- chètes assez rapidement et guérit les lésions syphiliti- ques chez le lapin à des doses qui ne semblent pas toxiques. — MM. L. Launoy et A. Falque : Applica- tion de la réaction de l’'añtiprotéase à l'identification de souches de Proteus. Tous les germes de cette espèce — quelles que soient les modifications morphologiques ou les changements d'habitat de ces germes par rapport au germe type — sécrètent une même diastase, identi- fiable par l’antidiastase homologue spécifique (anti- protéase). — MM. J. Camus, G. Roussy et A. Le Grand : Etude anatomo-pathologique des lésions expé- rimentales provoquant le syndrome polyurique et le syn- drome adiposogénital chez le chien. Le syndrome 384 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES polyurique relève non d'une lésion hypophysaire, mais bien d'une lésion superficielle de la région du t{uber cinereum, plus exactement les noyaux propres du tuber dans leur région moyenne et antérieure.—M. H. Piéron: La règle de sant Hoff et les temps de réaction des Acti- nies.* La vitesse de la réaction d’épanouissement des Actinies à l'agitation continue de l’eau s’est montrée indépendante de la température, malgré la simplicité de ces organismes. — M. P. Génieys : Sur le détermi- nisme des variations de la coloration chez un Hyméno- ptère parasite. Si le développement des nymphes d'Habrobracon brevicornis se fait à une température élevée, les insectes parfaits sont de couleur claire; tou- tefois certaines régions gardent une coloration foncée. L'auteur montre que ce sont les régions présentant une activité physiologique exceptionnelle où l'arrêt du dé- veloppement pigmentairé est le plus difficile à obtenir. — M. C1. Regaud : Distribution chronologique ration- nelle d’un traitement de cancer épithélial par les radia- . tions. Dans la plupart des espèces decancers épithéliaux, qu’on les traite par les corps radioactifs ou par les rayons X, on obtient la guérison locale plus constam- ment, à dose moindre, et avec un minimum de phéno- mènes réactionnels, si la durée de traitement est com- prise, selon les circonstances, entre 6 et 15 jours, — M. Marc Romieu : Sur l'existence de la strie bordante dans les globules rouges des Invertébrés et de l'homme. La strie bordante, déjà observée dans les hématies du lama par M. Jolly, a été retrouvée par l’auteur chez les Annélides et chez l'homme. Séance du 27 Mat 1922 MM. H. Dorlencourt, A. Trias et Paychère Absorption de l'adrénaline par voie digestive. L'ingestion d'adrénaline à dose suflisante détermine toujours de l'hyperglycémie, preuve non douteuse de son absorption. Toutefois, il se peut qu’elle soit arrêtée au niveau du foie sans pénétrer dansla circulation générale. — MM. H. Bierry, F. Rathery et L. Levina : Bases adrénali- ques, hyperglycémie et glycosurie. Après injection de certaines adrénalines, on constate des hyperglycémies notables pouvant atteindre 3,8 gr. de sucre libre par litre de plasma, sans qu'on puisse déceler le passage du glucose dans l’urine. Par contre, la glycosurie est facilement déclenchée par d’autres adrénalines synthé- tiques ou naturelles. — M. M. Olombel : Le détermi- nisme de la procession des chenilles processionnaires du pin. L'auteur montre que ce sont les poils qui détermi- nent la procession, en exerçant une action excitante sur les chenilles. SOCIÉTÉ ROYALE DE LONDRES Séance du 2 Février 1922 SCIENCES NATURELLES. — M. C. Shearer : Les pro- cessus d’oxydation de l'œuf d’Echinoderme durant la fertilisation. L'entrée en contact du sperme avec la surface extérieure de la membrane de l'œuf dE. microtuberculatus provoque une consommation immé- diate d'oxygène et un dégagement de CO? équiva- lents à une augmentation du métabolisme de l'œuf de plus de 8.000 °/,. La fusion des pronucléus mâle et femelle à la fin de la fécondation est sans influence sur la consommation d'oxygène. Le dipeptide gluta- thione, présent dans l’œuf, semble jouer un rôle impor- tant dans les processus d’oxydation, — MM. J. S. Huxleyet L, T. Hogben: Expériences sur la méla- morphose des Amphibiens et les réponses pigmentaires en relation avec les sécrélions internes. Etude de l’in- fluence de divers produits : iode, extraits thyroïdien, prostatique, pituitaire, surrénal, pinéal, sur la méta- morphose et la pigmentation des larves de divers Am- phibiens : Salamandre, triton, axolotl, etc. — M. J. Schmidt : Les lieux de reproduction de l’anguille. L’anguille commune d'Europe a une seule aire de repro- duction, dans l’Atlantique, au SE des Bermudes; les lar- ves pélagiques sont transportées vers l'E et le NE par le courant atlantique; la métamorphose en jeune an- guille n’a lieu qu'au bout de 3 ans. Le lieu de repro- duction de l’anguille américaine (4. chrysypa) est au SW de l’anguille européenne, mais s'y superpose en partie ; le développement de la larve ne dure qu’un an. Cela explique pourquoi on ne trouve pas l’anguille eu- ropéenne dans les rivières d'Amérique, ni l'anguille américaine dans celles d'Europe. — M. J. Gray: Le mécanisme des mouvements ciliaires. Les cils sont des faisceaux de fibres élastiques dont la tension varie du- rant les diverses phases de leur battement. Ce batte- ment est sous la dépendance de la concentration en ions H de l’intérieur de la cellule; son amplitude varie sui- vant la pression osmotique du milieu extérieur, Séance du 9 Février 1922 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. H. Bateman: La solution numérique des équations intégrales. L'auteur donne une solution approchée d’une équation intégrale du type de Fredholm en employant une représentation . approximative du noyau au moyen d’une double série de fonctions connues. — M.J. W. Nicholson: Problé- mes relatifs à un anneau plan mince. — M. T. H. Ha- velock: L'effet d'uneeau peu profonde sur la résistance des ondes. — MM. R. H. Fowler et C. N. H. Lock: L'aérodynamique d'un obus en giration. M. 29 SCIENCES PHYSIQUES. — Sir J. A. Ewing: Le pro- cessus atomique dans l'induction ferromagnétique. L'au- teur modifie l'ancien modèle du processus d’inducetion ferromagnétique, en conservant l’idée de contrôle magnétique, avec un élément de Weber dans chaque atome, mais il suppose que la force de contrôle s'exerce entre les électrons mêmes de l’atome, plus pré- cisément entre l’enveloppe, plus ou moins fixée par ses. relations avec les atomes voisins, et un système élec tronique interne qui constitue l’aimant de Weber. Le contrôle dépend de la différence entre deux forces oppo- sées presque égales; cette caractéristique permet au modèle de combiner un contrôle suffisamment faible avec un intervalle étroit de déviation stable. — M. F!, B. Pidduck : La thévrie cinétique d’un type spécial de 4 molécule rigide. Li Le Gérant : Gaston Don. Sté Gle d'Imp. et d'Ed., rue de la Bertauche, 1, Sens. 33: ANNÉE N° 13 15 JUILLET 41922 Revue générale des Sciences pures et appliquées FonparTeur : LOUIS OLIVIER Direcreur : J.-P. LAN GLOIS, Professeur au Conservatoire national des Arts-et-Métiers, Membre de l’Académie de Médecine Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. J.-P. LANGLOIS, 8, place de l’Odéon, Paris. — La reproduction et la traduction des œuvres et des travaux publiés dans la Revue sont completement interdites en France eten pays étrangers y compris la Suède, la Norvege et la Hollande CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE $ 1. — Distinctions scientifiques Election à l’Académie des Sciences de Paris. — Dans sa séance du r9juin, l'Académie a pro- cédé à l’élection d'un membre dans sa Section d’Ana- tomie et Zoologie, en remplacement de M. Ranvier, décédé. La Section avait présenté la liste suivante de candidats : 1° M. Jules Gravier ; 20 M. Maur. Caullery ; 30 MM. R. Anthony, L, Lapicque, Ed. Retterer et L. Roule. Au premier tour de scrutin, M. Gravier a été élu par 37 suffrages, contre 10 à M. Caullery, 10 à M. Lapicque et 1 à M. Retterer. Le nouvel académicien est l’auteur de nombreux tra- vaux de Zoologie, en particulier surles Versetles Coraux. $ 2. — Nécrologie Ernest Solvay (1838-1922). — Depuis quelques semaines la mort a pris deux hommes quiont, à des litres divers, bien servi la Science et l'Industrie. Ernest "Solvay s’éteignait doucement à Bruxelles, à l'âge de - 84 ans, le 26 mai ; quelques jours avant, Philippe Guye succombait à Genève à une douloureuse maladie. L'amitié unissait ces deux savants, et il nous semble convenable de rapprocher leurs noms quandl'Humanité les voit, presque en même temps, disparaitre pour pren- dre dans l’histoire des Sciences la place glorieuse qu’ils occupaient au milieu de nous. Nous ne rappellerons ici que les titres d'Ernest Sol- yay à notre admiration et à notre reconnaissance. Né le 16 avril 1838, il fut obligé, en raison de la posi- tion modeste de son père, d'écourter ses études et de débuter à 16 ans dans une usine à gaz dirigée par son parent Semet. REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, C'est là qu'ilconçut la méthode de préparation du car- bonate de soude qui a pris depuis un si formidable essor. Combien il était impressionnant d'entendre Sol- vay décrire son découragement, heureusement passa- ger, quand il trouva la description de sa découverte dans la littérature scientifique. [Œuvres de A. Fresnel en 1808, publication de Vogel (1822) ; brevet de Dyar et Hemming du 30 juin 1838 et autres travaux faits par Muspratt, Conning (1840), Watterton, Grimes (1852), Gossage (1854), Boroker, Deacon, Turck (brevets fran- çais de 1854-1855), Schloesing et Rolland (1855), et Heeren (1858).] A cette liste il faut ajouter l'indication des brevets pris depuis les premiers essais de Solvay. Ce sont ceux de Margueritte (1863), de Barres wil (1864) et enfin le nouveau procédé de Schlæsing (mai 1878). Le grand mérite de Solvay fut de ne pas abandonner l'idée qu'il avait eue indépendammant de ses prédéces- seurs et d’oser tenter de mettre en œuvre une réaction chimique que tant d'hommes éminents avaient en vain cherché à rendre utilisable industriellement, Le premier brevet important de E. Solvay date du 19 novembre 1863 (n° 60.920). Il travailla avec son frère Alfred Solvay et avec Hanrez et ils tinrent secrets leurs procédés de fabrication, ne publiant dans leurs sept premiers brevets que ce qu’il était indispensable de faire connaître. Au moment où Ernest Solvay réussit ainsi du pre- mier coup à rendre pratique son procédé et à installer sa première usine à St Josse-ten-Node près de Bruxel- les, il avait vingt-cinq ans. Il se maria la même année, et en septembre 1913, cinquante ans après, il fêta le dou- ble anniversaire de son mariage et de son entrée dans l'industrie, 386 Quel spectacle admirable ce fut, pour ceux qu'il con- via à ces belles fêtes, de voir cet homme illustre, aussi généreux et bon qu’il avait été ingénieux et tenace, aux côtés de la digne compagne de toute sa vie, et entouré de ses enfants, secondé par son fils Armand si capable de succéder à un tel père! En cette journée mémorable, Solvay distribua plus de 6 millions de francs à des établissements scientifi- ques, à des œuvres sociales et surtout à tous ses colla- borateurs sans oublier les plus humbles. A sa première usine il ajouta, dès 1865, unesuccursale importante à Couillet près de Charleroi et, en 1873, celle de Varangeville-Dombasle, qui prit un développement prodigieux. Le nombre des établissements analogues qu’il fonda en Europe et en Amérique était de plus de cinquante en 1913 etla quantité de carbonate de soude préparée annuellement a dépassé depuis 2.000.000 de tonnes. Très peu sensible aux honneurs qu’il ne rechercha jamais, Solvay les obtint tous : Grand Oflicier de la Légion d'Honneur, Grand Croix de l'Ordre de Léopold, correspondant de l’Académie des Sciences de Paris, membre de celle de Berlin dont il démissionna en 1914, Solvay resta l’homme simple etbon que l’on avait connu dans sa jeunesse, C'est en voulantsauver son chien qu'un tramway menaçait d’écraser qu'il fit, ily a quelques années, une chute dont il ne se remit jamais complè- tement. Auteur de publications très originalesdans lesquelles il s’efforçait de montrer à quel point les conceptions scientifiques dirigent notre vie au point de vue physio- logique et social, ce robuste vieillard prouvait encore son activité par des ascensions alpestres à près de 4.000 mètres d'altitude. Solvay fut un homme heureux. Il connut les joies du succès, de la fortune, de la sympathie universelle, de l’activité de l'esprit et du bon équilibre des forces mora- les et physiques. f Tous ceux qui, comme nous, ont eu, au cours de leur carrière scientifique, à solliciter son appui, lui conserve- ront des sentiments d’affectueuse gratitude et de pro- fond respect. Sur notre demande il nous offrit son busteen marbre blanc qui figure en bonne place à l’Institut de Chimie appliquée de Paris et qui rappellera aux générations d'étudiants qui se destinent à l’industrie tout ce que peut faire l'alliance d’une lumineuse intelligence etd’un noble caractère. C. Chabrié, Professeur à la Sorbonne, $3. — Physique La nature de la parole et son interpré- tation. — M. A. Fletcher vient de se livrer, au Labo- ratoire de recherches de la « American Telephone and Telegraph Company and Western Electric Company », à d’intéressantes études quantitatives sur la parole et l’audition !. 1. Journ, of the Franklin Inst., t. CXCII,n°6, p. 729 ; juin 1922. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE = La raison pour laquelle on a obtenu si peu de résul- tats réels dans les recherches sur les sons émis par les cordes vocales réside dans le fait qu'il est extrêmement difficile de faire varier le volume et la distorsion de ces sons par des moyens acoustiques. Grâce aux perfec- tionnements récents dans la transmission électrique de la parole, il est aujourd’hui possible de produire l’équi- valent de ces variations par des moyens électriques. M. Fletcher est parvenu à construire un système télé- phonique qui reproduit la parole pratiquemment sans distorsion. Au moyen d’atténuateurs sans distorsion, il a pu faire varier le volume de la parole reproduite dans de très larges limites, et il est arrivé ainsi aux résultats suivants. L’intensité de la parole non déformée qui est reçue par l'oreille peut varier dans la proportion de 100 à 1/1.000.000 par rapport à l'intensité initiale prisecomme unité sans cesser d'être interprétée. Il faut que l’inten- sité soit réduite à 1/10.000,000.000,000 pour atteindréle seuil de l’audibilité pour l’oreille moyenne. D'autre part, tout appareil construit pour reproduire la parole en conservant toutes ses qualités caractéris- tiques doit pouvoir transmèêtte avec la même efficacité des fréquences allant der00 à plus de 5.000 cycles. Quoique la plus grande partie de l'énergie de la parole soit transportée par les fréquences inférieures à 1.000, les caractéristiques essentielles qui déterminent son interprétation sont portées surtout par les fréquences supérieures à 1.000 cycles, Dans la conversation ordi- naire, les sons /, v et le tk anglais sont les plus difci- les à entendre et occasionnent 5o °/, des erreurs d’in- terprétation. Les caractéristiques de ces sons sont por- tées principalement par les très hautes fréquences. ! Recherches expérimentales sur la rapidité du parafoudre à décharges fractionnées.— En vue de l'étude expérimentale des phénomènes accompa- gnant l'emploi des très hautes tensions, les ingénieurs du laboratoire de la General Electric Company ont éta- bli il y a quelque temps une installation au moyen de laquelle ils parviennent à réaliser des tensions consi- dérables, du même ordre que celles susceptibles de se produire à l'occasion des décharges atmosphériques!. Cette installation leur a servi déjà à un certain nom- bre de recherches, particulièrement en ce qui concerne la façon dont se comportent, en présence de ces ten- sions, les dispositifs en usage pour les installations à haute tension; les parafoudres ont notamment fait l’objet de leur attention; nous résumons ci-après les. observations qu’ils ont publiées à ce sujet. Trois types de parafoudres sont, comme on sait, en usage : le parafoüdre à cornes, le parafoudre à alumi- nium et le parafoudre à décharge fractionnée; c’est le troisième système qui a été étudié, dans le but de véri- fier l'intérêt pratique que présente l’adjonction, au dis- positif en question, d'une résistance série ou de résis- lances shunt. Le parafoudre à décharge fractionnée, ou «multigap», est basé sur cette propriété particulière que l’are à REINE EEE ee een 1. Voir la Rev. gén. des Sc. du 28 février 1922, p. 99. £ ; ] à 1 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 387 courant alternatif à tension modérée, produit entre des électrodes métalliques de grand volume (et par consé- quent ne s’échauffant pas et se refroidissant vite), s'éteint chaque fois que la tension s'annule et ne se reforme que si la tension d’amorçage initiale se rétablit, Ce système est d'ailleurs connu depuis plusieurs années, non seulement en Amérique, mais aussi dans nos pays; en France, il était introduit dès avant la guerre par la société Thomson-Houston qui ena signalé différentes fois les mérites et les caractéristiques; ilest particulièrement intéressant en raison de sa simplicité et de son eflicacilé. Au point de vue de la simplicité, il est comparable au parafoudre à cornes; mais ila sur celui-ci la supé- riorité d’un fonctionnement plus rapide et plus sûr, le parafoudre à cornes n’assurant pas toujours une rup- ture assez rapide de l’are, surtout lorsque, pour atté- puer le courant amorcé par le jaillissement de la décharge, on le met en série avec une résistance assez forte. À Au point de vue de l’eflicacité, de la rapidité d’ac- tion et de la suppression immédiate de l'arc, il peut être considéré comme se rapprochant du parafoudre à aluminium; on, il a sur ce dernier le grand avantage d’être plus simple et plus robusteet de pouvoir beau- coup mieux, de ce fait, répondre aux besoins de la pra- tique, pour la protection des transformateurs de distri- bution. Dans sa forme la plus simple, le parafoudre à décharge fractionnée se compose d’un certain nombre d'inter- valles de décharge successifs élablis entre des électro- des en laiton ; ces électrodes peuvent être sphériques ou cylindriques, selon les circonstances; le système s'intercale entre la ligne, d’une part, et la terre de l’au- tre, comme le parafoudre à cornes. Lorsqu'une surtension d'une ampleur déterminée se produit, elle donne lieu à une décharge, de la ligne à là terre, à travers les intervalles de décharge successifs ; la décharge se continue, entretenue par le courant de ligne, jusqu'à la fin de la demi-période pendant laquelle elle a jailli; à ce moment, elle s'éteint, et elle ne se ral- lume pas, si le nombre d’intervalles de décharge est suflisant pour que la tension en lignene puisse établir une décharge. Le court-circuit produit sur le parafoudre est donc strictement limité à la durée d’une demi-période au maximum, c'est-à-dire à une fraction de quelque 1/100 ou 1/120 de seconde, ce qui protège absolument l'ins- tallation contre toute perturbation grave et, par exem- ple, évite même tout décrochage des moteurs synchro- nes connectés au réseau, - Quoi que l'on fasse, la production de l’are de court- circuit donnelieu cependant à la formation, entreles élec- trodes, de vapeurs métalliques, conductrices, et, si le nombre d’intervalles de décharge n’est pas choisi assez grand (ce qui toutefois relève la limite de la tension pour laquelle l'instrument entre en jeu), il peut se faire, lorsquele court-circuit est intense, que la décharge ne cesse pas assez vite. On peut combattre cet inconvénient en adjoignant au dispositif une résistance série; il va desoi cependant que ce système, de même qu'il atténue l'intensité du courant de court-circuit, ralentit décharge et diminue ainsi de la la capacité de protection de l'instrument; à cet égard, ilest préférable de disposer une résistance en dérivation, éclateurs. l'écoulement sur quelques-uns des Lorsque l'on shunte quelques-uns des intervalles, le courant dynamique amorcé par la décharge, s’il se maintient sur le parafoudre après la première demi- phase, ne parvient pas cependant à franchir les inter- valles shuntés et s'établit sur les résistances shunt, ce qui en réduit l’intensilé et en amène l'extinction au bout de la 2e ou de la 3° demi-période. La source à haute tension employée pour étudier expérimentalement la façon dont le parafoudre en ques- tion se comporte consistait en un groupe de 2 paires de kenotrons, combiné avec un transformateur élévateur, et chargeant un ensemble de condensateurs, se déchar- geant lui-même, à travers un ‘éclateur, sur le para- foudre à essayer, celui-ci se trouvant d'autre part bran- ché entre les conducteurs d’une canalisation à 2.300 volts. Les oscillogrammes relevés au cours dela produc- tion d’une décharge à haute tension sur le parafoudre, montrent tous d'une façon très nette la rapidité d’ac- tion du dispositif; la décharge se continue pendant la 2° demi-période, mais elle disparait à la 3*;on peut constater aussi que le courant amorcé par la décharge est immédiatement supprimé surles intervalles shun- tés, du moins si la résistance shunt est convenable- ment choisie. L’extinction est notablement plus rapide, conformé- ment à ce que nous avons dit plus haut, qu'avec un parafoudre à cornes, où le soufllage dépend d’un dépla- cement mécanique de l'arc, nécessairement assez long; par contre, elle est moins rapide encore qu’avecle para- foudre à pellicule d'oxyde, la reconstitution de la pelli- eule après la décharge étant instantanée et supprimant absolument toute perturbation. H. M. $ 4. — Chimie industrielle Une installation pour la distillation de la houille à basse température, en Angleterre. — Des techniciens anglais, après une vingtaine d'an- nées d’études sur plus de 40 types de cornues, et traite- ment d’au moins 200.000 tonnesde charbon, ont récem- ment inauguré, à Darnsley, dans le Yorkshire, une installation industrielle pour l’application de la distilla- tion de la houille à basse température, Cette application préoccupe depuis longtemps déjà les techniciens et elle a acquis récemment un intérêt parti- culier, permettant éventuellement de produire des quantités respectables d’un combustible liquide appro- prié aux moteurs à explosion et constituant un excel- lent succédané du pétrole, Mais elle s’est heurtée à des difficultés pratiques di verses; l’une dés principales est, probablement, que les spécialistes ne sont pas encore tout à fait d'accord quant à sa valeur; d’autres proviennent de particulari- tés inhérentes à la façon dont le combustible se com- 388 porte lorsqu'il est chauffé à des températures modé- rées : ildevient visqueux, adhérent, difficile à détacher des cornues; en outre, au moment de la sortie de celles- ci, le produit s’enflamme au contact de l’air et, si on le précipite dans l’eau, il s’y désagrège. En fait, « les cornues à gaz et à coke usuelles ne conviennent nullement pour cette fabrication »; et, d'autre part, il est assez délicat de maintenir l’exacte température requise ; si la température est trop faible, la masse n’est transformée que superficiellement; si elle est trop élevée, on n’obtient que du coke ordinaire. Le type de cornue employé à Darnsley résout, aflirme- t-on, le problème de la carbonisation, « d'une façon Fig. 1. — Schéma d'un élément de four pour la distiliation de la houille à bassè température. — À, trémie ; B, valve rota- tive ; C, plaques rapprochées; G, plaques écartées; F, cor- nue ; 1, registre rotatif fermé; E, portes ouvertes ; H, char- bon; D, coalite tombant dans la chambre de refroidisse- ment J,. ingénieuse, pratique et simple »; il constitue l’âme de l'installation; pour le reste, celle-ci ne comporte que des appareils : laveurs, transporteurs, aspirateurs, sé- parateurs, etc., de construction courante. Chaque four comporte vingt éléments; au-dessus de chaque élément est disposée une trémie; les trémies sont alimentées par un convoyeur: elles sont pourvues d’une valve rotative, actionnée par un levier extérieur ; l'ouverture de la valve fait passer le contenu de la tré- mie dans l'élément correspondant. L'élément proprement dit est formé d’une chambre en briques réfractaires de 2 m.70de profondeur, 1 m, 95- 2 1%. de longueur et 28 à 30 cm. de largeur, chauffée ex- térieurement au gaz; à l’intérieur de cette chambre sont disposées verticalement deux plaques en acier perforé, de 12 mm. 1/2 d'épaisseur, placées, en temps normal, à 10 em. l’une de l’autre, C'est ce dispositif qui constitue la caractéristique du système; son but est de faciliter l'extraction de la masse lorsque la carbonisation est terminée; les deux plaques, qui déterminent dans la chambre deux com- CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE | entre les plaques mêmes, peuvent se rapprocher par un simple mouvement du mécanisme de suspension. L’agencement du système est d’ailleurs montré par la figure scliématique ci-contre : on voit, à cette figure, la trémie A, la cornue F, le registre de décharge 1 de celle-ci et lachambre de réfrigération J dont chaque élément est muni; le croquis montre la position des éléments res- pectivement en marche normale (côté gauche) et à la décharge (côté droit). En marche, le registre rotatif de déchargement étant fermé, le charbon, déversé par la trémie, est retenu dans les deux compartiments H, oùilest serré par les plaques du dispositif intérieur, lesquelles, durant toute la pé- riode de carbonisation, sont tenues à distance l’une de l’autre, ainsi qu’on le voit par le croquis, Pendant la cuisson, qui dure 7 à 8 heures, les aspira- teurs sont mis en action sur desconduites reliées à l’es- pace entre les plaques et produisent ainsi dans cet espace une dépression qui y attire les gaz de la houille et empêche toute diffusion à travers les parois réfrac- taires de l’élément; « à défaut de cela, les gaz traverse- raient les parois et viendraient brûler à l’extérieur, ce qui non seulement représenterait une perte très préju- diciable, mais, en outre, empêcherait de contrôler con- venablement la température des cornues ». Lorsque la cuisson est terminée, l’opérateur manœu- * vre le mécanisme de suspension des plaques, ce qui a pour effet de rapprocher celles-ci de 5 cm. environ, et de dégager la masse dans les deux compartiments H;il ne reste plus qu’à faire tourner le registre de décharge les deux colonnes de matière D tombent dansla cham- bre de refroidissement. Celle-ci consiste en une simple chambre J à parois refroidies par un bain d’eau et où le produit est laissé pendant quelques heures, pour se refroidir lentement ; la chambre est hermétiquement close; « les rentrées d'air y sont nulles, et il n’est donc pas à craindre qu la matière s’enflamme ». ! Les appareils sont conditionnés de telle sorte que le refroidissement de la masse soit suffisant au bout de 7 à 8 heures, durée de la cuisson; avant de procéder à un nouveau déchargement des cornues,on fait donc sor- tir des chambres de refroidissement J la masse qui s'y trouve ; ceci s'opère très simplement par des plans in- clinés déchargeant la matière sur un convoyeur qui la transporte aux soutes ou la conduit directement aux Wagons. ù En opérant avec un mélange de 30°/, de charbon de coke et 70°/, de charbon autre, on obtient de la sorte un excellent combustible, solide et dense, et convenant remarquablement pour les usages domestiques ; pour le différencier du coke ordinaire, les producteurs lui ont donné le nom de « coalite » (de coal — charbon). Quant aux gaz aspirés des éléments,ils sont traités de la façon habituelle: onleslave etrefroidit,pour recueil- lir les dérivés liquides, qui sont ensuite convertis, par les voies ordinaires, en benzol, toluol, etc.; le gaz purifié peut être vendu pour l'éclairage, ou utilisé pour le chauffage des cornues; si on en a la vente, il vaut mieux en profiter et chauffer les cornues au gaz de gazo- partiments de cuisson, séparés par l’espace libre | gène. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE La proportion de coalite fournie est de 806 kg. par 1.000 kg. de houille traitée; le bilan calorifique de la distillation indique un rendement d’un peu plus de 80 °/o environ: par 1.000 calories du charboninitial,on retrouve 710-715 calories dans lecoalite et 100 approxi- mativement dans les produits gazeux et liquides. Le goudron recueilli aune densité de 1,06; ilcontient beaucoup de crésol, peu de phénols et pas de naphta- line; distillé à 3000 C.,il donne un bon combustible de moteur, avec lequel on obtient 4,4-4,5 hp-heure par kg. ; des produits plus légers peuvent êtrerecueillis à partir de 1700 C. Le gaz possède 6.650:6.500 calories par m*;il con- tient 27,5 0/ d’hydrogène,48 0/, de méthane,10,1 °/od’hy- drocarbures divers,7,3 °/0 d'oxyde decarbone,3 °/0 d’hy- drocarbures nonsaturés, 2,5 °/o d'anhydride carbonique et 1,6 0/0 d'azote, soit 95°/: de gaz combustibles. Henri Marchand. $ 5. — Géologie Le prolongement de la chaine Calédonienne dans l'Extrême-nord américain.— Les récentes explorations des géologues danois au Groenland { ont montré que la chaine Calédonienne se prolongeait fort loin dans les régions polaires boréales. On sait que cette zone de plissements, qui affecte en Europe une direction générale subméridienne SSW-NNE, occupe : l'Irlande, jusqu’au cours inférieur du Shannon; le pays de Galles, en dehors de sa bordure extrême versle sud; l'Angleterre, au nord des Mendip hills ; l'Écosse, à l’ex- ception de sa lisière occidentale; les Shetlands; les Orcades et tout l'Ouest de la péninsule Scandinave, D’après les nouveaux documents publiés, la chaîne Calédonienne tournerait brusquement ensuite vers le NNW pour gagner la côte occidentale du Spitzberg, puis, par le seuil sous-marin qui sépare la fosse nord- atlantique de la fosse arctique, elle atteindrait le littoral nord du Groenland; elle se terminerait enfin dans les montagnes de la « chaîne des États-Unis »:sur le rivage est des terres de Grant, de Grinnell, le long du Kennedy channel; sur le littoral ouest de l’ile d’Ellesmere, en bordure de l’Eureka sund (fig. 1). Les mouvements orogéniques qui ont donné nais- sance à cette chaîne de montagnes commencèrent au milieu des temps siluriens pour se prolonger jusqu’au Dévonien moyen. C'est ainsi que, dans le Nord-ouestdu Groenland, on voit s'avancer transgressivement, sur un socle de gneiss déjà pénéplainé, des grès et des calcai- res schisteux siluriens plus ou moins métamorphisés, 1. Lauce Kocu : Stratigraphy of Northwestern Greenlande. Meddelser fra Dansk geologisk Forening, NV. 17, Kobenhavn, 1920, 78 p., 2 pl. que recouvrent, en discordance, du Dévonien et du Carbonifère horizontaux. Or à l’ouest de l'Amérique du Nord, dans les Mon- tagnes rocheuses, depuis l'Alaska jusqu’au Colorado et au Nouveau-Mexique, il s’est produit une phase deplis- sement avant la fin des tempssiluriens, Des manifes- tations de même âge ont encore affecté, au sud du bou- clier Canadien, le Texas, l'Oklahoma et l’Arkansas. Enfin, sur le bord atlantique du Nouveau continent, un RS 2 Cl) et dans la vaporisation du sodium. Dans le cas du chlorure de rubidium, l'énergie dégagée dans 395 autrement si la réaction a lieu en milieu aqueux. L'ionisation, favorisée par la forte constante diélectrique du dissolvant, devient alors très exothermique et l'association des ions en molé- cules isolées ou en un édifice cristallin n’est plus qu’un phénomène secondaire, dont la tonalité thermique est relativement très faible. Dans cette théorie des composés hétéropo- laires, la dissociation électrolytique ou le pas: sage d’un élément à l’état d'ions sont des phéno- mènes foncièrement différents. L'usage qui s’est introduit de les désigner l’un et l’autre du même nom d'ionisation correspond à une conception fausse et devrait être abandonné. Il n’ya pas d’ionisation dans la dissociation électrolytique, si les ions préexistent dans les molécules des sels. On observe cependant, très souvent, un paral- lélisme frappant entre l'aptitude d'un élément à s’ioniser etla tendance de ses combinaisons à subir la dissociation électrolytique. C'est ainsi, par exemple, que la constante de dissociation des hydrates alcalins marche de pair avec le caractère positif du métal. L’hydrate de lithium, en particulier, est une base sensiblement moins forte que l’hydrate de sodium, Pareillement, les métaux alcalino-terreux, beaucoup moins posi- tifs que les métaux alcalins, forment des bases moins dissociables, Il serait facile de multiplier les exemples. La cause de cette relation est évidente. D’après la théorie de Kossel, la force qui, dans un sel ou dans l’hydrate d’un métal, maintient l'anion lié au cation a exactement la même origine que celle qui, dans l’atome neutre, retient les électrons périphériques et les empêche de se séparer en’ donnant naissance à des ions positifs. Toute cause, telle qu'un changement du volume de l’atome ou de sa charge interne, qui fait varier l’une de ces forces, doit donc aussi influencer l’autre dans le même sens. Cependant ce parallélisme ne s’observe plus dans les familles d'éléments négatifs. Tandis que dans les halogènes la tendance à l'ionisation décroit graduellement du fluor à l’iode, l’acide fluorhydrique est moins dissociable que: l’acide chlorhydrique, qui lui-même est un peu moins fort que les acides bromhydrique ou iodhy- drique. l'ionisation devient très sensible; elle est égale à 24 Cal, ci = 119 Cal. IRb — + 95 Cul.); l'union des ions reste cependant la cause essentielle de l'énergie dégagée (155 Cal.). Enfin, dans la formation du bromure ou de l'iodure de so- dium, l'ionisation des éléments absorbe de la chaleur (84 — 117 = — 33 Cal. pour BrNa et 87 — 117— — 40 Cal, pour I Na), tandis que l'association des ions en un édifice cristallin dégage 160 Cal. pour le BrNa et 147 pour le INa. 396 A. BERTHOUD. — LA CONSTITUTION DES ATOMES Le groupe de l'oxygène donnelieu à des obser- vations analogues. La théorie de Kossel laisse bien prévoir ces faits. Nous avons déjà vu comment ‘un accrois- sement du volume atomique entraîne un affai- blissement de la force par laquelle un atome d’un halogène tend à s'unir àunélectron, en pas- sant à l’état d’ion.Or, il est clairqu’un accroisse- sement du volume ionique diminue aussi la force qui dans l'acide lie l'ion hydrogène à celui de l’halogène. On conçoit donc quele fluor, plus facilement ionisable que le chlore, donne un acide FH, moins dissociable que CIH. ! # * *# La théorie de Kossel conduit à une concep- tion très simple de la valence. Un atome, tel que celui de calcium, qui pos- sède deuxélectrons périphériques, peut les céder, par exemple, à deux atomes de chlore, en donnant un ion Ca et deux ions CI , capables de s'unir en une molécule CaCl2. De même, un atome d'oxygène, dont la zone externe ne contient qué six électrons, peut emprunter deux électrons complémentaires à deux atomes d'hydrogène ou de sodium, ou à un seul atome bivalent. Rien ne permet de supposer que dans l'ion Ca’ deux électrons occupent une position sin- gulière et ont un rôle spécial dans la formation de la molécule. Il n’y a donc pas lieu de penser que, dans la molécule CaCl?, l'ion Ca met en jeu deux forces distinctes représentant deux valences. L'hypothèse la plus simple est qu’il agit sur les ions CL , comme un seul tout, par le champ de force qu'il crée autour de lui. S’il se combine à deux atomes de chlore et non pas à un autre nombre, plus ou moins quelconque, c’est que son passage à l'état d’ion, dans sa réaction avec le chlore, est lié à la formation de deux ions CI qui, en raison de leur charge négative, se trou- vent soumis à son attraction. Semblablement, si l'atome d'oxygène, dans la molécule d’eau, est uni à deux atomes d’hydro- gène, ce n’est pas, d’après Kossel, qu’ilen émane deux forces distinctes, mais simplement qu’en complétant sa zone périphérique, il a privé deux atomes d'hydrogène de leur électron. | Ces exemples suflisent pour comprendre comment une valeur déterminée de la capacité de combinaison d’un élément peut s’interpréter sans faire appel à la notion devalences distinctes qui semblait autrefois indispensable. Il y a longtemps déjà que les chimistes ont été amenés à distinguer deux sortes de valences : les valences négatives, mises en jeu par un élément négatif, tel que le chlore ou l’oxygène qui s’unit à un élément positif comme l’hydrogène, et les valences positives, que possèdent les éléments positifs et qui sont saturées par les valences négatives. On voit que la théorie dont j’expose les grands traits rend bien compte de cette distinction qui est fondamentale dans la chimie des composés hétéropolaires. Ces deux sortes de valences ont une origine différente et en quelque sorte opposée. Les valences positives (du sodium, du calcium, etc.) correspondent aux électrons capables de se détacher del'atome ; les valences négatives (du chlore, de l'oxygène, etc.) sont. attribuables à des places disponibles dans la zone périphérique. Un même élément peut d’ailleurs intervenir avec des valences de polarité différente, suivant qu'il se combine à.un élément plus positif ou plus négatif que lui-même. L'atome de chlore, qui possède une grande tendance à compléter sa zone périphérique et qui, en conséquence, se comporte ordinairement comme élément négatif univalent, pourrait aussi, dans des conditions favorables, cédersesseptélectrons périphériques à un autre élément très négatif. C’est ainsi que Kossel interprète l'existence de l’acide perchlo- rique CI10'H, où le chlore a sept valences posi- tives. Enraison de la force relativement grande qui,dans l’atome de chlore,s’oppose au départdes sept électrons externes, leur passage dans les sphères d'action des atomes d'oxygène n’a paslieu spontanément ; il exige une forte dépense d’éner- gie ; la combinaison formée est donc peu stable. Pareillement, le soufre qui dans SH? a deux valences négatives, correspondant aux deux pla- ces disponibles danssa zone périphérique, forme avecl’oxygènelecomposé SO*, etaveclefluorSFf, où il intervient avec six valences positives, en cédant ses six électrons externes à l’oxygène ou au fluor. Le chlore a une valence négative (CIH) et sept positives (CIO“H) ; le soufre possède deux valen- ces négatives (SH?) et six positives (SO*, SF6). Dans l’un et l’autre cas, la somme des valences de polarité opposée que l'élément peut mettre en action est égal à Auit. Cette relation n’est pas spéciale à ces deux éléments. Ainsi qu'Abegg l’a fait observer, il y a longtemps déjà, elle se véri- fie généralement pour les éléments des petites périodes. Sa cause ressort si évidemment de ce qui vient d’être dit de l’origine des deux espèces de valences qu'il est inutile d’insister. * * Je passe donc à un autre sujet, celui des com- posés complexes où les idées de Kossel éclai- cn ES. SDS dE de ns « ET L'AFFINITÉ CHIMIQUE ——_—_—_—_—_—_—_—_—_—_—_—__—_————…—….….…—….…"…—. rent d’un journouveau plusieurs points obscurs de la théorie de Werner. Parmices combinaisons extrêmement nombreuses, il suflitde choisir un cas particulier. Chacun sait que le chlorure de platine, PtCI', qui est incapable de se combiner au chlore pour former un chlorure supérieur, telque PtCIF, pos- .sède la faculté de s’unir à deux molécules d’acide chlorhydrique, avec formation d'acide chloropla- tinique, PtCISH2. Les travaux de Werner ont prouvé indubitablement que dans ce composé les six atomes de chlore sont directement liés à l'atome central de platine, tandis que les deux atomes d'hydrogène occupent une zone externe. Pour rendre compte de ces faits et d’un grand nombre d’autres analogues, Werner a admis l'existence de deux sortes de valences : les va/en- ces principales et les valences secondaires dont le total, ordinairement égal à 6 ou à 4, est l'indice de coordination. Les valences principales ne sont autre chose que les valences ordinaires, seules prises en con- sidération dans l’ancienne doctrine de l’affinité ; ce sont elles qui interviennentseules dans la for- mation du PtCl';le platine en possède donc quatre. Les valences auxiliaires s’en distinguent par deux caractères essentiels : 1° Pour qu’elles entrent en jeu, il est néces- saire que préalablement les valences principales soient saturées ; 20 Elles sont incapables de lier des atomes pris à l’état neutre; elles n’agissent que sur des ions libres ou des molécules déjà formées. C'est par deux valences secondaires de l’atome central que la molécule de PtCl* s'associe à deux molécules d’acide chlorhydrique ou, ce qui est équivalent, à “deux ions CI. Cependant, il a été abondamment démontré que, dans l’acide PtCISH? ainsi formé,les six atomes de chlore,dis- posés suivant les sommets d’un octaëdre régulier, sont tous liés exactement de la même manière au platine. Aiusi les deux sortes de valences ne se distinguent que par les conditions dans les- quelles elles entrent en action : dans la molécule une fois constituée, toute différence s’éva- nouit. Malgré l'admiration que méritent les travaux de Werner, il faut reconnaître que sa théorie n’est guère qu’une traduction des faits expéri- mentaux et qu’elle est bien loinde satisfaire l’es- prit. On ne comprend pas à quoi tiennent les différences entre les deux sortes de valences, ni pourquoi elles ne se manifestent pas dans les mêmes conditions et cependant s’identifient dès qu’elles sont saturées. 397 La théorie de Kossel permet de répondre à ces questions. à Nous connaissons déjà l’origine des valences principales. La formation du chlorure de platine est précédée d’une ionisation de ses composants. Dans cette substance, l'atome central, en raison de sa charge quadruple, exerce une forte attrac- tion sur les quatre ions Cl qui l’entourent.Mais, pour s'unir à de nouveaux atomes de chlore neutres, il faudrait qu’il pût leur céder les élec- trons nécessaires à leur ionisation. Cette condi- tion n'étant pas réalisée, l’atome de platine reste æ OÙ (D PTS oo ©) to œ E Il PtCli a PtCI,H, Fig. 2. saus action sur le chlore libre. Mais, grâce à sa charge positive, il est capable de s'unir aux ions CI quiexistent en excès dans la solution. Le calcul indique que la fixation de deux de ces ions doit être accompagnée d’un dégagement de chaleur.La formation de l'acide chloroplatinique, représentée schématiquement dans la figure 2, devient donc parfaitement compréhensible. Les caractères particuliers des valences secon- daires s'expliquent aussi très simplement. On comprend qu’elles n'apparaissent qu'après satu- ration des valences principales et on conçoit, si la charge centrale agit également dans chaque direction, que tous les radicaux entourant le noyau prennent des positions équivalentes. L'association du PtCl*, ou de tout autre com- posé analogue, avec des substances telles que l’eau ou l’ammoniaque pourra s’'interpréter de la même manière. Quoique l’ammoniaque ne soit pas un électro- lyte, elle contient, suivant Kossel, l’azote à l’état d'ions avec une triple charge négative,correspon- dant à sestrois valences principales.La formation du complexe PtCI'.2NH* peut donc être conçue comme une conséquence de l'attraction entre les atomes de platine et d’azote électrisés de signes contraires. Tandis que les composés à noyau positif sont très nombreux, ceux dont l'atome central est négatif sont relativement rares. Les plus impor- tants sont précisément dérivés de l’'ammoniaque. 398 A. BERTHOUD. — LA CONSTITUTION DES ATOMES En raison delaïcharge triple de l’atome d’azote, cette substance est capable de s'unir, non seu- lement à des composés tels que PtCl', mais aussi à de l'hydrogène ionisé. La formation du chlo- rure d’'ammonium peut être représentée par le schéma suivant (fig. 3). Ici de nouveau le calcul indique que l’asso- ciation d’un ion H* et d’une molécule NH° est accompagnée d'un effetthermique positif. L’in- dice de coordination est égal à 4 dans les sels d'ammonium. Il en est de même dans les com- développée par Langmuir, il se produit dans la molécule CCI“, par exemple, une interpénétration des zones périphériques des atomes composants, de telle manière que chacun d’eux se trouve entouré d’ün octet cubique de huit électrons (fig. 4). Mais ces cubes ne sont plus ici indépen- dants, comme dans les composés hétéropolaires. Chacun des octets du chlore a deux électrons communs avec celui du carbone. Les atomes de chlore se trouvent ainsi naturellement placés autour du carbone sur les sommets d’un tétra- posés AuCI'K, et BCI'K qui se forment d’une | èdre, selon la conception classique. manièreanalogue, mais dont l'atome central, d’or ou de bore, est positif. : Les mêmes idées se prêtent également à l’in- terprétation des complexes d’autres types, aux- quels il faut rattacher les associations de molécules de même espèce, comme il en existe dans les liquides dits anomaux, l’eau, l’ammonia- que, l'acide fluorhydrique, etc. Mais jene puis ici analyser d'autres cas particuliers, car nous avons à nous occuper encore des substances homéopolaires. * * * Les composés les plusimportants de cette classe sont ceux du carbone. Cet élément se distingue par sa faculté de former des combinaisons d’une stabilité à peu près égale aussi bien avec l'hydro- gène qu'avecdes éléments très négatifs, tels que le chlore. En outre, le nombre deses valences principales est Égal à 4, comme son indice de coordination. {l n’a donc pas de valences secon- daires. Enfin, ses atomes peuvent s'unir les uns aux autres en chaines ou en anneaux très solides. Pour rendre compte de tous ces faits qui im- priment à la chimie du carbone un caractère très - particulier, la théorie de Kossel n’est pas sufli- sante. La simple hypothèse d’une ionisation, exempte detouteconsidération relative à la forme des ions, est inopérante à l'égard de composés tels que CH*CI ou CHCÏ, où le carbone est lié à des éléments de polarité opposée. Elle est égale- ment inapte à expliquer l’enchainement des ato- mes de carbone dans les hydrocarbures. D’après la solution proposée par Lewis et CCK Fig. 4. Dans la molécule de méthane, les quatre élec- trons de l’hydrogène s'unissent de même aux quatre électrons du carbone en un octet cubique et il est à prévoir que les noyaux atomiques de Fig. 9. l'hydrogène, en raison de leurs répulsions mu- tuelles, viennent aussi se placer vis-à-vis des arêtes du cube, suivant les sommets d’un tétra- èdre régulier! (fig. 5). Cette conception fait disparaitre toute difli- culté dans l'interprétation des produits de sub- ————————_—_— 1. Il est à remarquer que ces figures ne donnent qu'une image approchée de la configuration des électrons, Les octets du carbone et du chlore, par exemple, pris isolément, n'au- raient pas les mêmes dimensions, Leur association doit donc entrainer leur déformation. De même, dans la molécule de méthane, la présence de l'ion H vis-à-vis d'une arête doit provoquer un rapprochement des deux électrons situés à ses deux extrémités et l'octet doit prendre ainsi une symétrie tétraédrique. L ET L’'AFFINITÉ CHIMIQUE ——————————————…—…——— slitution du méthane. Le chlorure de méthyle, par exemple, prend la configuration représentée dans la figure 6. On peut concevoir d'une manière analogue l’enchainement des atomes de carbone par des liaisons simples !, ainsi que la plupart des com- binaisons de la série aliphatique ?. Il est à remarquer que; dans toutes ces molécu- les, une liaison simple entre deux atomes est réalisée essentiellement par deux électronssitués aux extrémités de l’arête commune à deux oc- tets. On peut donc parler ici d'électrons de valence. Cette conception n’est d’ailleurs pas nouvelle. Il y a longtemps déjà qu’elle a été for- mulée par Ramsay et abondamment développée par Stark, qui a cru pouvoir l’étendre à toutes les combinaisons, quelle qu’en soit la nature. Quoique cette généralisation ne semble plus jus- tifiée aujourd’hui, les idées de Langmuir trou- vent des applications nombreuses en dehors de la Chimie organique. Entre les composés polaires et les combinai- sons non polaires, il n’y a pas de limite tranchée; il existe un grand nombre d’intermédiaires, vis- à-vis desquels la doctrine de Kossel, qui fait totalement abstraction de considérations struc- turales, se montre insuffisante. C’est ainsi que les causes qui déterminent la configuration tétraédrique du méthane doivent se retrouver presque identiquement les mêmes dans l'ion NH“*. Ce radical a donc très proba- blement la même structure que la molécule CH, dont il ne se distingue guère que par un excès 1. Dans une double liaison, les deux octets cubiquesauraient une face commune, ou en d’autres termes, 4 électrons com- muns. 2. Un cas particulièrement simple est représentée par un cristal de diamant qui, d’après les recherches de Bragg, doit être assimilé à une énorme molécule où chaque atome de carbone est entouré de quatre autres, disposés suivant les sommets d’un tétraèdre régulier, Les liaisons résultent ici, comme dans les hydrocarbures, d’une interpénétration des zones périphériques de manière que chaque atome se trouve entouré d’un octet cubique. La dureté du diamant serait une conséquence de la solidité de ces liaisons, 399 d'électricité positive. S'il en est ainsi, il y a lieu de penser que, dans la molécule d’ammoniaque (NHS), les trois atomes d’hydrogène sont aussi placés vis-à-vis de trois arêtes de l’octet entou- rant l’atome d'azote. Cette conception est en accord avec l’idée, fondée sur l’isomérie géomé- trique de certains composés d'azote (oximes), que les valences de cet élément ne sont pas diri- gées dans un même plan. Il n’est pas certain non plus que la molécule d’eau ait la symétrie qu’on lui attribue généra- lement. Certains faits, et en particulier la cha- leur moléculaire de l’eau à l’état de vapeur, nota- blement supérieure à celle de l’oxygène ou de l'azote gazeux, semblent justifier l'opinion con- traire. lei de nouveau la conception de Kossel serait trop simple. Enfin, il n’est pas invraisem- blable que la valeur de l'indice de coordination, généralement égal à six, et la configuration oc- taédrique des composés complexes, soient en rapport avec la forme cubique de l’octét central. * On ne saurait se dissimuler queles hypothèses de Kossel et de Lewis-Langmuir, bien qu’elles s'adaptent à l'explication d’un grand nombre de faits expérimentaux, ne constituent pas une solu- tion définitive du problème de l’affinité. Il n’est pas difficile de trouver des combinaisons qui sortent du cadre trop étroit qu'elles nous tracent. Elles ne donnent pas une explication suffisante des variations de l’atomicité d'éléments tels que le manganèse qui, selon les conditions, intervient avec 2, 3, 4, 6 ou 7 valences. D'autre part, dans nombre de cas où elles laïs- sent concevoir l'existence d’une combinaison donnée, elles ne permettent pas de prévoir ses propriétés caractéristiques. C'est ainsi que ni Kossel, ni Langmuir ne nous apprennent pour- quoi la substitution de l’hydrogène par le chlore, ou le fluor, dans l'acide acétique, parexemple, augmente la force de l’acide. Kossel a tenté d'expliquer pourquoi les hydra- tes des oxydes supérieurs (MnO'‘H?, MO“H, CrO‘H?, etc.) sont des acides, tandis que ceux des oxydes inférieurs sont généralement basi- ques. Il serait exagéré de dire qu'il ait comple- tement réussi. On a bien l'impression que les théories élabo- rées jusqu'ici sont trop simples et qu'il n’a pas été tenu compte de tous les facteurs qui inter- viennent dans les liaisons entre atomes.On remar- quera, en particulier, qu'il a été fait totalement abstraction des mouvements des électrons péri- phériques, qui vraisemblablement ont aussi un rôle qui n’est pas négligeable. L'ignorance dans 400 A. BERTHOUD. — LA CONSTITUTION DES ATOMES oo laquelle nous sommes à l’égard de ces mouve- ments constitue une grave lacune dans nos doc- trines de l’aflinité. L'histoire de la molécule d'hydrogène, la plus simple de toutes, est propre à donner une idée des difficultés auxquelles on se heurte dès que l’on cherche à serrerde prèsleproblèmede l'union des atomes. Chacun connait l’image de cette molécule, proposée par Bohret dans laquelle les deux électrons diamétralement opposés décrivent une même orbite circulaire, dans un plan normal à l'axe qui joint les deux noyaux. Les recherches théoriques faites en vue de vérifier si ce modèle s'accorde avec les proprié- tés de l'hydrogène ont donné d’abord des résul- tats favorables. Debye a montré qu'il rend bien compte de la dispersion de la lumière dans ce gaz.Les mesures de la chaleur de dissociation de l'hydrogène en ses atomes ont donné des résul- tats moins satisfaisants ; il n’y a concordance avec la valeur prévue que dansl’ordre de grandeur; l'écart est d’environ 25 %. Puis on a fait obser- vér que la molécule de Bohr,en raison du mou- vement circulaire des deux électrons, doit possé- der un moment magnétique; chaque molécule représente un petit aimant qui devrait s'orienter dans un champ magnétique parallèlement à la direction des lignes de force. L’hydrogène, en d'autres termes, devrait être paramagnétique; en fait, il est diamagnétique. L'image de Bohr ne correspond donc pas à la réalité. D'autres solu- tions moins simples ontété proposées, mais n’ont pas encore été soumises à l'épreuve du contrôle expérimental. Le fait quenous ne connaissons pas d’une façon précise la constitution de la plus simple de tou- tes les molecules meten lumière,d’une manière frappante,combien nous sommes éloignés d'une solution définitive du problème de l’affinité. La théorie actuelle se réduit à quelques principes qui ne constituent encore qu’un schéma trop simple pour rendre compte de l’extrème com- plexité des faits observés. Cependant, si nos conceptionssontencoredans un état rudimentaire et si,dans nos affirmations, la prudence est de rigueur, les questions qui attendent encore une solution et les difficultés qui subsistent ne doivent pas faire méconnaître l'importance des résultats acquis. Il n’y a pas un quart de siècle qu'on ignorait toutde l’origine de l’affinité. Le chemin parcouru dès lors nous laisse loin du but, maisil y a lieu de croire que nous nous en sommesrapprochés.Pouraller plus loin encore, il faudra la collaboration étroite des physiciens et des chimistes; ce n’est pas notre génération, sans doute, qui verra l’achèvement du vaste problème dont la solution sera pour la Chimie l’aurore d’une ère nouvelle. A. Berthoud, Professeur de Chimie physique à l'Université de Neuchâtel. BIBLIOGRAPHIE Ouvrages d'ensemble sur la structure atomique A. SOMMERFELD : Atombau u. Spektrallinien. Vieweg, Braun- schweig. E. Bauer: La théorie de Bohr. Constitution de l'atome et la classification périodique. A. BerrHoup: La constitution des atomes. Payot, Paris, 1922. A. BERTHOUD : Les conceptions nouvelles de la matière et de l'atome. Doin, Paris (sous presse). A. Lepape: La discontinuité et l'unité de la matière. férence faite au Collège de France. : Théorie générale de l'affinité et de la valence AgecG: Ber. d. Deut. Chem. Ges., t. 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Si cela est possi- ble, c’est en tout cas absolument inconcevable à notre mentalité ancestrale, et nous ne pouvons pas nous représenter, quelque effort que nous fassions, le mécanisme, la nature de cette pro- pagation. « À coup sûr, il doit y avoir, dans le rôle que joue le nombre qui exprime la vitesse toujours invariable de la lumière, quelque profonde réa- lité substantielle, cachée et subtile, qui nous échappe encore. Cela doit être, à en juger par » les étonnantes conséquences vérifiées qu'Eins- -tein a su tirer de cette base mystérieuse.» En écrivant les lignes qui suivent, l'auteur es- père pouvoirjeter quelque lueur dans un si grand mystère. * k * Il y a une seu/e explication rationnelle pour le fait de la vitésse-limite de la lumière : c’est celle donnée par la doctrine finitiste de l’espace et du temps. * kX * La doctrine finitiste de l’espace et du temps a lété formulée sous deux formes bien distinctes : le finitisme uniforme et le finitisme b#forme. Le finitisme uniforme affirme que l’espace se compose d’une seule espèce de points juxtaposés, “et le temps d’une seule espèce d’instants (d’ins- “tants du changement). " Le finitisme biforme (qui a été élaboré pour la première fois par l’auteur de cet article? en 1904) affirme, au contraire, que l’espace et le temps sont composés de deux sortes d'éléments; l’espace de points et de distances minimes, le 1. CnarLes NorpMann : Einstein expose et discute sa théorie. Revue des Deux Mondes du 1° mai 1922, p. 165-66. 2. Comp. B. Perrontevics : Principien der Metaphysik, Ter. Bd. 1te Abth, : Algemeine Ontologie und die formalen Kategorien. Mit einem Anhang : Elemente der neuen Geo- metrie. Carl Winter's Universitätsbuchhandlung, Heidelberg, 1904 (Voir le compte rendu de L. Coururar dans le « Bulle- lin des Sciences mathématiques », 1905.) temps d'instants du changement et d’intervalles de non-changement !. Pour expliquer la différence dans les vitesses du mouvement, le finitisme uniforme est obligé de supposer que le temps est interrompu par des intervalles non-temparels de repos, tandis que ces intervalles font partie intégrante du temps d’après le finitisme biforme. Selon le finitisme uniforme, lorsqu'un point matériel mobile occupe chaque point de l’espace pendant un seul instant du temps, la vitesse du mobile représente la plus grande vitesse possi- ble, Car si le mobile s'arrête en certains points d'espace plus d’un instant (moins il ne le peut guère), le temps du mouvement n’est plus uni- forme, mais interrompu par des intervalles de repos, et partant la vitesse du mouvement est plus petite que la vitesse maximale. D’après le finitisme biforme, quand un point matériel mobile occupe chaque point de l’espace pendant un intervalle de repos zninime, la vitesse du mouvement sera la plus grande possible. Car si l’intervalle de repos, pendant lequel le mo- bile s’arrête aux points de l’espace, est plus grand que l'intervalle minime, la longueur parcourue par le mobile pendant le même temps sera plus courte et par conséquent sa vitesse plus petite! # X *# Comme on le voit; le mouvement doit posséder une pitesse maximale d’après la doctrine finitiste de l'espace et du temps. Mais, d’autre part, d’après cette même doc- trine, l’espace et le temps doivent être conçus comme absolus, etcela même en un sens encore plus strict qu'ils ne le sont — quand ils le sont — d’après la doctrine infinitiste. Parce que, si l’espace etletemps sont continus, l’unité de mesure des longueurs et des temps n’est que relative, tandis que, dans la doctrine finitiste (biforme), la distance minime de l’es- paceet l'intervalle minime du temps représen- tent des unités de mesure absolues (la grandeur des points dans l’espace et celle des instants dans le temps étant zéro?). 1. On trouvera un court exposé de ma doctrine finitiste, en comparaison avec la doctrine finitiste uniforme, dans mon article « Le Finitisme, comme doctrine philosophique fran- çaise du xixe siècle » dans « Le Monde nouveau ÿ, avril 1920, p. 1402-405. 2. Que la géométrie discrète n’est possible qu'en supposant que la grandeur de la distance minime de l'espace soit égale à l'unité et celle du point à zéro, on en trouvera une démons- tration rigoureuse pour la vérité de cette affirmation dans mon article « Ueber die Grosse der unmittelbaren Berühruug. zweier Punkte. Beitrag zur Beyriündung der discreten Geometrie » dans « Annalen der Naturphilosophie », 1905, 402 BrANISLAY PETRONIEVICS. — LA VITESSE-LIMITE DE LA LUMIÈRE ET LE FINITISME Ainsi, une longueur discrète et un intervalle temporel discret (une partie de temps discret) ne peuvent jamais devenir plus petits ni plus grands qu'ils ne sont en soi, tandis que cela reste possible, au moins formellement, pour une longueur et un intervalle continus. L'espace et le temps étant absolus, il y a lieu de distinguer, à côté de la vitesse absolue d'un mobile {c’est-à-dire de sa vitesse par rapport à l’espace immobile), la vitesse relative du même mobile par rapport à d'autres mobiles. Et il est bien évident qu’un mobile ne possède qu’une seule vitesse absolue, tandis qu'il peut avoir plusieurs vitesses relatives en même temps. Or, comme la vitesse absolue possède, dans l'hypothèse finitiste, une valeur numérique qu’elle ne peut pas dépasser, il en est de même pour la vitesse relative. Supposons, en effet, deux mobiles animés de vitesses absolues maximales : si leurs directions de mouvement sont parallèles, leur vitesse rela- tive sera nulle. Mais si ces directions sont de sens opposé (convergent ou divergent), la vitesse relative de chacun de ces mobiles par rapport à l’autre sera évidemment le double de leur vitesse absolue. Le double de la vitesse maximale absolue repré- sente donc, dans l’hypothèse finitiste, la vitesse maximale relative. Supposons maintenant, à côté de ces deux mo- biles animés de vitesses relatives maximales l’un par rapport à l’autre, un troisième mobile animé d'une vitesse absolue plus petite que la vitesse maximale absolue. Qu'’arrivera-t-il alors ? La vitesse relative de chacun des deux mobiles sera évidemment plus petite par rapport à ce troisième mobile que leur vitesse relative maximale. Par conséquent, la vitesse absolue de ce troisième mobile ne pourra ni augmenter, ni diminuer cette vitesse relative maximale que possèdent déjà les deux mobiles. * x * Appliquons maintenant les principes énoncés ci-dessus à la question de la vitesse limite de la lumiere. S'il se confirme définitivement que cette vi- tesse représente vraiment la vitesse maximale réalisée dans la nature et qu’elle ne peut pas être augmentée ni diminuée par la vitesse de n'im- porte quel mobile, qui fuit ou qui va à la rencon- tre d’un rayon Jumineux!, on devra conclure 1. Dans la théorie de relativité généralisée, la vitesse de la lumière peut être diminuée, il est vrai, par la déviation d'un rayon lumineux dans un champ de gr: ATOS suffisamment fort, mais cette diminution affecte, dans l'hypothèse finitiste, la vitesse absolue et non la vitesse relative de la lumière (c'est-à-dire sa vitesse par rapport à un corps mobile). —————————— qu'il s’agit là vraiment de la vitesse maximale des finitistes !. Mais la question reste alors ouverte de savoir si c’est la vitesse maximale absolue ou relative qui s’y trouve réalisée. Parce que, sic’estla vitesse relative, il faudrait alors admettre que chaque rayon lumineux se propage en sens opposé par rapport à un autre rayon lumineux, et qu’en mesurant la vitesse de la lumière nous mesurons toujours la vitesse relative d’un rayon lumineux. Par contre, si c'est la vitesse maximale abso- lue qui se manifeste dans la vitesse limite de la lumière, il faudrait alors supposer, — l’espace et le temps étant absolus dans l'hypothèse fini- tiste, — que ce sont nos appareils physiques qui ne sontet ne seront jamais capables de nous révéler l'augmentation ou la diminution qu'’é- prouve objectivement cette vitesse-limite par rapport à un corps mobile{par rapport à la Terre dans l’expérience de Michelson par exemple). Cette deuxième alternative, quoique para- doxale, pourraitnéanmoinsêtre vraie. Mais je ne saurais apporter en sa faveur qu'une simple analogie (analogie trompeuse peut-être.) Quand nous nous trouvons dans un train en mouvementqui va à la rencontre d'un autre train en mouvement, on sait que, dans notre percep- tion sensible, la vitesse de ce deuxième train s'ajoute à la vitesse de notre propre train, lors- que celui-ci reste en repos pour notre percep- tion. Supposons maintenant que le train, qui passe devant notre train en mouvement, le fasse avec la vitesse maximale des finitistes. Alors, dans l'hypothèse finitiste, la vilesse de notre train ne s’additionnera plus, pour notre percep- tion sensible, à la vitesse maximale absolue du train en passage, l’espace et le temps subjectifs étant, eux aussi, d’après cette hypothèse, dis- crets, et par conséquent ne permettant pas à notre perception d'apercevoir une vitesse plus grande que celle de la vitesse maximale absolue, Est-ce que nos appareils physiques jouent le même rôle à l'égard de la vitesse-limite de la lu- mière, que joueraient certainement nos sens par rapport à la vitesse maximale absolue du train dans notre exemple ? Je pose la question sans pouvoir donner une réponse. Je laisse aux physiciens le soin d'y répondre; je n'ai voulu, comme je le disais au début, que jeter une lueur dans un mystère. Branislav Petronievics, Docteur en philosophie. 1. La théorie des quanta est une autre théorie physique qui plaide, au moins indirectement, en faveur de l’hypo- thèse finitiste de l’espaceet du temps. nt Ce ds ont à cd in BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 403 BIBLIOGRAPHIE ANALYSES ET INDEX 1° Sciences mathématiques Geffroy(J.), Professeur à l'Ecole Centrale. — Traité pratique de Géométrie descriptive. — 1 vol.in-16 de 188 pages, de la Collection Armand Colin (Prix : 5fr.). Librairie Armand Colin, éditeurs Paris, 1922. > Cet ouvrage est un traité très élémentaire de Géo- métrie descriptive, avec des applications à la stéréoto- mie et à la charpente, Pour montrer le caractère de ce livre, une analyse très brève suflira. Il y a six chapitres, plus des sujets d'épures. Le premier chapitre concerne le point, la droite, le plan. La géométrie cotée et la géométrie à deux pro- jections n’y sont pas séparées. Outre l'avantage de la brièveté, cette manièrede faire a celui de familiariser de suite le lecteur avec le passage d'un système à l’autre, en choisissant comme on veut le plan vertical. Le chapitre II (Méthode graphique) contient les chan- gementsde plans, les rabattements et les rotations. C’est ce chapitre qui contient l’idée saillante de l’ou- vrage : c'est la transformation générale consistant à amener deux plans rectangulaires quelconques à être es plans de projection ; l'utilité d'une pareille trans- formation apparaît dans le dernier chapitre. Le chapitre IIL contient les problèmes relatifs aux distances et aux angles, et le suivant les polyèdres et leurs ombres. i Ê Le chapitre V contient les applications. On y voit Vutilité de la transformation générale du chapitre II. Après des considérations générales sur la stéréotomie et la charpente, l’auteur étudie plus en détail les piè- ces d’une coupe biaise, chevrons et empanons, et en particulier l'empanon déversé, qui servait autrefois d’épreave pour la réception des compagnons charpen- tiers. ; Dans ces épures l’auteur emploie, comme je l’ai déjà dit, les méthodes du chapitre II. Bien que ces constructions soient des applications pures et simples de ces métho- des, on ne parvient à les faire sans s’embrouiller que si og possède très bien la matière du chapitre II. Pour étudier ces questions avec fruit, il faut faire soi-même les épures. . Le chapitre VI est consacrée à l'homologie plane ; enfin des sujets d'épures terminent le volume et permet- tent au lecteur de s'exercer, ce qui est indispensable, La descriptive est une science éminemmentpratique ; trop souvent l'élève ne s'en doute pas. Ce petitouvrage le montre, et peut servir d'introduction à l’étude de la coupe des pierres et de la charpente. J. RICHARD, Professeur au Lycée de Châteauroux. Poincet, Professeur à l'Ecole d'application du Génie maritime. — Turbines à vapeur. — 1 vol. in-16 de34o pages, avec 181 figures, des Grandes Encyclopédies Industrielles (Prix : 35 fr.), J.-B. Baillière et fils, édi- teurs, Paris, 1922. Goudie (William), Professeur du cours de Machines thermiques à l’Université de Londres. — Les turbines à vapeur./raduit par BEN3AMIN GIRAUD.— 1 vol.in-16 de 534 pages, avec 230 figures (Prix : 50 fr.). Dunod éditeur, Paris, 1921. Le prodigieux développement pris par les groupes‘ électrogènes à turbines à vapeur, au cours des dernières années, et la situation hors de pair qu’ils occupent désormais dans les grandes Centrales thermiques, con- centrentsur ces remarquables machines l’attention non seulement des techniciens de la construction mécani- que, mais de tous ceux qui s'intéressent en général aux puissances motrices et en particulier à la production de l'énergie électrique. Il n’est donc pas étonnant que la littérature des turbomoteurs s’enrichisse chaque jour d’œuvresnouvelles consacrées à leur étude théorique et pratique, s'adressant aux lecteurs de tout savoir et de toule compétence, Voici trois de ces ouvrages parus presque en même temps. Ils portent le même titre, mais se différencient l'un de l’autre par une caractéristique d'espèce : le premier fait partie d’une Encyclopédie scientifique, tandis que le dernier est une publication indépendante, dont le plan n’est surbordonné à aucune coordination d'ensemble. Avant de rendre compte ducontenu de cesouvrages, que nous rapprochons, sans avoir nullement le dessein deles mettre en parallèle, il nous paraît utile de les spécifier par le genre auquelils appartiennent, Il en ressortira une première indication pour les acheteurs éventuels; à valeur égale, ces deux livres peuvent en effet convenir plus particulièrement à telle ou telle catégorie d’intel- ligences etrépondre à des goûts et à dés besoins divers. Les Encyclopédiesscientifiques se multiplient ; chaque grande maison d'édition aura bientôt la sienne, à laquelle on s'efforce de donner, sinon une utilité dis- tincte, du moins une physionomie particulière, Le concept primitif de ces collections a évolué, moins dans le programme imposé à leur rédaction que dans la forme matérielle des volumes qui les composent, Les uns, et c'est encore le plus grand nombre, fidèles à la première constituent un groupement de manuels, d’aide-mémoire, de mises au point, petits livres du format in-18 ou in-16, d’un prix accessible à toutes les bourses. livres de voyage plutôt que de cabi- net, d’une dimension qui permet de les mettre en poche, d’un maniement commode. On dirait des frag- ments d’un dictionnaire, dont les articles copieusement idée, développés forment des fascicules séparés, répondant à la demande individuelle de chacun, susceptibles 408 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX isolément de réédition, s'ils rencontrent de la part du public assez de faveur pour être épuisés, ce qui n'arrive pas à tous. Ce sont des instantanés, retraçant l’état actuel d’une science, que l’on tient à jour. Leur ensem- ble constitue une anthologie, à laquelle des maitres éminents et les écrivains les plus autorisés donnent une valeur incontestée, quelquefois vraiment remarquable, Mais d’autres projets d’encyclopédies ont surgi. Décou- pant la science en tranches plus épaisses, on s’est pro- posé de composer des Bibliothèques, dont les unités ont plus d'importance : la matière de chaque volume n’est plus de 300.000 lettres environ, mais de plus du double ; le format a augmenté ainsi que le prix. On paraît s'adresser à un autre public, auquel on annonce une Grande Encyclopédie. Les auteurs ne sont plus astreints à autant de concision;on ne leur demande plus d’écrire un livre de lecture, mais un livre d'étude; on cherche moins à être utile à la culture générale des non-spécialisés qu'à l'instruction particulière du tech- nicien, Présentées sous des couvertures de même couleur, ces œuvres forment encore un ensemble, dont les élé- ments sont conçus vraisemblablement dans le même esprit, et qui s'étaient les uns sur les autres, On n’ose sans doute pas aflicher la prétention de supplanter les Traités complets possédant une documentation, une originalité personnelle, résumant quelquefois une vie d'expériences et d’études inlassablement poursuivies durant une longue carrière dans une direction unique, mais on fait entendre qu'on a extrait la quintessence de ces ouvrages, et qu'on les a résumés dans ce qu’ils ont d’essentiel. On espère atteindre de la sorte de plus larges couches de lecteurs; c’est un vœu qui se réali- sera peut-être, si l’on sait s’y prendre. C'est dans ce dernier cadre que rentre l'ouvrage de M. Poincet. L'auteur débute par des généralités, relatives au diagramme entropique de la vapeur d’eau et à l'écoule- ment des fluides : elles s'adressent à un lecteur déjà averli, attendu qu’elles traitent de la représentation entropique des phénomènes irréversibles. Viennent ensuite les tuyères, et une classification, basée sur le rapport de la vitesse circonférencielle de la roue à la vitesse de la vapeur à la sortie du distributeur. L'étude des pertes et du fonctionnement à un régime donné conduit aux calculs d’un projet. Un court chapitre est accordé à la description de trois types de turbines fixes, de Laval, Parsonset Ljung- strüm, alors que deux autres chapitres font une large place aux turbines marines, de la page 109 à la page 152. L’auteur traite ensuite quelques questions de cons- truction, puis il examine les appareils auxiliaires et notamment les condenseurs. Après avoir décrit les instruments et procédés de mesure, il passe aux dis- positifs destinés à améliorer le rendement d’une instal- lation de turbines, spécialement à bord des navires, auxquels il s'intéresse particulièrement. En quelques pages est discuté l’avenir des turbines à gaz, auquel M. Poincet ne croit guère, avec raison, Enfin un der- nier chapitre réunit des études diverses, indépendantes les unes des autres, qui auraient peut-être gagné à être Le réseau entropique est tracé sur une belle planche de grande dimension, mesurant {7 sur 57 centimètres. Les éditeurs ont apporté un soin louable à l’exécu- tion typographique du texte et au dessin des figures, Si nous passons maintenant à l'ouvrage de M.Goudie, nous lisons dans la préface : « Ce livre a été écrit principalement pour répondre aux besoins des élèves ingénieurs, mais nous espérons que les méthodes de calcul qui y sont exposées seront également utiles aux ingénieurs qui s'occupent du calcul ou de l'exploitation desturbines à vapeur, » Nous sortons donc de l’ouvrage de série encyclopédique, et trouvons un Traité ex pro- fesso, enseigné par un maître à de jeunes gens, qui pourront s'appliquer à la construction des turbomo- teurs ou être appelés à diriger des Centrales actionnées par des turbines. L'ouvrage revendique un caractère théorique et pratique, mais l’auteur s'impose de rester dans« les limites dans lesquelles la théorie a reçu la consécration de la pratique »; il ne s’agit plus ici de meubler l'esprit de considérations générales, ni seule- ment de se rendre compte du fonctionnement d’une remarquable machine thermique, mais de former des techniciens de la turbine. En donnant la suite des chapitres, nous ferons voir comment cet objectif est atteint. Chapitres Ià V: classifications et descriptions. Chapitres V et VI: étude des propriétés de la vapeur. Chapitres VII à IX: tuyères, aubages, rotors. Chapitres X à XII: pertes et rendements. Chapitres XIII, XIV et XV : calculs et exemples. Le dernier chapitre traite de la régulation;la des- cription des condenseurs n’a pu être abordée, parce qu’elle aurait exigé de trop longs développements. L’abaque classique pour la détermination des volu- mes spécifiques dela vapeur d’eau termine le livre. Ecrit en anglais, cet ouvrage est ordonné avec une méthode toute française, logique et claire : c’est un cours qui a subi l'épreuve de l’enseignement. Les exem- ples numériques sont nombreux et propres à faciliter les applications; les figures, nettes et faciles à lire. La documentation est assez abondante et les sources d’in- formation sont indiquées en note: on peut regretter qu'elles soient presqueuniquement d’origine britannique et semblent ignorer les travaux de la science française. Un index alphabélique augmenterait le coeflicient d'utilisation de cet important travail, riche en rensei- gnements de tout genre, au milieu desquels on risque de se perdre. - AIMÉ W1rz, Correspondant de l’Institut, 2° Sciences physiques Weyl (H.), Professeur à l'Ecole Polytechnique de Zu- rich. — Temps, Espace, Matière (LEÇONS SUR LA THÉORIE DE LA RELATIVITÉ GÉNÉRALE, {raduites sur la quatrième édition allemande par G.Juver et R. Leroy). — 1 vol. gr. in-8* de vr-290 p. (Prix : 20 fr.). Albert Blanchard, éditeur, Paris, 1922. Toutes les personnes qui s'intéressent à la théorie de la relativité, autrement que par son côté purement phi- plus étroitement incorporées au corps de l'ouvrage, | losophique etses conséquences d’apparence paradoxale, 1 L | J ÿQ BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 405 seront reconnaissantes à M. G. Juvet de commencer la collection de ses monographies scientifiques étrangères par la traduction (sur la quatrième édition allemande) du livre de Weyl. Cet ouvrage, qui a eu dans ses qua- tre éditions originales un succèsconsidérable, a été pen- dantlongtemps le seul traité scientifique condensant et groupant les différents aspects mathématiques et phy- siques du problème de la relativité. Ce n'est pas qu'à mon avis il faille regarder comme définitif tout ce que contient le livre ; M. Weyl, en effet, ne s’est pas con- tenté d'exposer ce que la théorie pouvait jusqu’à au- jourd’hui présenter d’immuable, il a développé tout ce qu'a donné une application des principes poussée jus- qu’à ses dernières limites et dans la troisième et la qua- trièmeédition il a apporté pour sa part un important complément à l'édifice; il n’est donc pasétonnant que, ‘dans ces conditions, certains pointspuissentêtre appe- lés à subir des remaniements; l'utilité d'ouvrages comme celui-ci consiste du reste à les préparer en ex- posant lesidées nouvelles et en mettant en regard les points de vue des différents auteurs. L'ouvrage commence par une introduction purement philosophique sur le mécanisme de notre perception de l'univers, et transposer ces considérations souvent sub- tiles a dû être pour les traducteurs un début épineux. Beaucoup de nos physiciens et de nos philosophes qui parcourraient cetteintroduction d'un œil rapide seraient sans doute choqués d’y lire, par exemple, que «les cou- leurs sont en réalité, non pas des vibrations de l'éther, mais des fonctions mathématiques de quatre argu- ments, correspondant aux trois dimensions de l’espace et à l’unique dimension du temps». C’est que, moins encore que tout autre, le livre ne se laisse pas décou- per en morceaux isolésetqu'il estnécessaire, pour com- prendre pleinement la pensée de l'auteur, de le lire en entier. Le premier chapitre est consacré à une revision des bases de la Géométrie, revision systématique, mise sous la forme la plus apte à éviter des erreurs d’intuition et en même temps à être généralisée à plus detrois dimen- sions.Puis l’auteur nous initié au calcul tensoriel. Le tenseur est l'instrument mathématique nécessaire pour la suite; la définitionet les propriétés en sont exposées avec beaucoup de détails et sur denombreux exemples. Parmi ceux-ci, un des plus saisissants pourle profane estcelui du moment d’une force par rapport à un point, Nous avons l'habitude de représenter ce moment par un vecteur parce que troisnombres suflisent à le carac- tériser; or cette coïncidence du nombre de coordonnées du moment et du vecteur est purement forluile et n'a lieu que parce que nous sommes dans un espace à trois dimensions; en réalité, le moment est un tenseur (d’une espèce particulière, du reste), C'est cette nature spéciale du moment, distincte de celle de la force par ‘exemple, qui fait qu’en Géométrie plane un nombre suf- fit seul à Le caractériser alors qu’il en faut encore deux pour le vecteur. Il existe en Physique beaucoup de quantités de ce genre ; leur confusion avec des vecteurs peut procurer des avantages formels de notations, mais risque de nous donner des idées fausses sur lastruc- ture des champs, idées auxquellesnousn’aurions pas été exposés si nous nous étions trouvés vivre dans un monde à quatre dimensions spatiales. Enfin quelques pages sur le champ électrique stationnaire terminent cette première partie. Le chapitre II est consacré à l'étude du continuum métrique et de la géométrie riemannienne, que lathéorie arrivera peu à peu à substituer à la conception eucli- dienne courante de l’espace. L'auteur expose la notion fondamentale, due à M. Levi-Civita, du déplacement parallèle d’un vecteur, Ici encore, dans ce chapitre du calcul tensoriel,des modifications pourront inter- venir ; une note récente de M. P. Dienes parait faire prévoir, eneffet, que la structure du champ tensoriel est encore plus complexe que l’exposé de Weyl ne l’in- dique !; de nouveaux aperçus sont à attendresur ce point, qui n’infirmeront du reste nullement la théorie, mais, au contraire, ne pourront que la préciser. Le chapitre IIT est consacré à une critique du principe de relativité de Galilée, puis à un exposé du principe de relativité restreint d’Einstein. Entre temps l’au- teur développe en quelques pages l’électrodynamique des champs variables avec le temps, qui a conduit, comme on le sait, aux formules de Lorentz et joué un rôle considérable dans le développement historique de la question. Le chapitre se termine par un exposé de la mécanique de la relativité, une critique de la notion de masse et d'énergie sous le jour des idées nouvelles etquelques pages sur la théorie de la matière de Mie. Le chapitre IV s'occupe de l'étude de la relativité géné- rale, dont ilest impossible de donner un aperçu en quelques mots et dont les idées fondamentales ont déjà été exposées aux lecteurs de la Revue ?. Les cas élémen- aires que l'on sait traiter ont naturellement fait l’objet d’une étude détaillée. En particulier, nous trouvons icila célèbre formule de Schwarzschild qui aconduit au cal- cul connu surle mouvement du périhélie de Mercure et sur la déviation des rayons lumineux dans les champs de gravitation. C'est dans cette partie de la théorie que se rencontrent fréquemment les conséquences les plus inattendues,et l’on sesent un peu effrayé lorsquel'auteur affirme qu'il ne serait pas illogique que nous vivions à l'heure actuelle des événements qui soient en partie déterminés par nos faits et gestesà venir. Enfin, l’au- teur expose une dernière synthèse quiest son œuvre propre et qui ferait découler tous les phénomènes (gra- vitation, électricité, etc.) de la seule métrique d’univers. Il y a là une tentative incontestablement fort belle, mais qui n’a du reste pas encore l’assentiment de tous les relativistes et sur laquelle M. Einstein en particulier formule des réserves. Enfin le livre se termine par une bibliographie fort détaillée (etcomplétée du reste dans l’édition française) ; c’est là un point qu’on ne saurait trop louer et qu’on désirerait ne voir jamais négliger, La traduction en est dans son ensemble fidèle, à part quelques petites inexactitudes, Je n'en relèverai qu'une, un peu plus saillante que les autres: page 57, l’auteur,$parlant de la possibilité d'observer directement 1. C. r. Acad Sc. (séance du 1° mai 1922). 2. Léon BLocu : Electricité et Géométrie. Revue gén. des Sciences du 15 janvier 1921. 406 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX le mouvement de la matière, ajoute « Was übrigens auch nur bedingt zugegeben werden kann » (ce qui du reste ne peut être accordé que sous réserves). La tra- duction « ce qui du reste peutêtre donné » manque évi- demment et de précision et d’exactitude. Mais, ces pelits détails inévitables mis de côté, il faut reconnaitre l’effort fait pour mettre à la portée du public delangue française cette œuvreconçue en allemand par un esprit allemand, Dans leur préface, les traduc- teurs nous annoncent qu’ils ne nous donnent pas une adaptation, mais une traduction fidèle, Ils sont évi- demment restés dans leur rôle enconcevant leur but de cette manière, mais deux cerveaux de nationalités différentes ne pensent pas de la même façon et la difré- rence des langues est sans doute pour beaucoup dans ce fait. Il ne faut donc, à mon avis, regarder ces tra- ductions d'œuvres étrangères que comme un palier per- mettant au savant français de se mettre au courant des théories nées hors de nos frontières, jusqu'à ce que nous en ayons de véritables adaptations, qui, elles, ne pourront être que des œuvres originales conçues en français par des esprits français! Quant à la valeur de la théorie de la relativité, à son avenir, les avis sont encore partagés et bien des points de la théorie actuelle devront sans doute être modifiés, Weyl, dans son enthousiasme, nous dit que « quelques- uns des accords puissants de cette harmonie des sphè- res à laquelle Pythagore et Képler rêvaient, sont par- venus à nos oreilles »: La conclusion d'Eddington à son ouvrage bien connu, tout aussi imagée, est peut-être plus juste : « Nous avons découvert l'étrange empreinte d'un pas sur le rivage de l'inconnu. Nous avons enfin réussi à reconstituer l'être qui laissa cette empreinte, et cet être, il se trouve que c’est nous-mêmes | » R. Try, Maitre de conférences à la Faculté des Sciences de Strasbourg. Pécheux (Hector), Docteur ès sciences physiques, sous- Directeur, études à l'Ecole nationale d'Arts et Métiers de Lille, Lauréat de l'Institut, — Traité d'Electricité Industrielle. 7ome 1 : Etude des courants électriques continus. — 1 vol. in-8 raisin de 834 pages avec 593 fig. (Prix: 58 fr. broché, 66 fr. relié), — Tome 11: Etude des courants élec- triques alternatifs. —1 01. in-8 raisin de 376 pages, avec 210 fig. (Prix : 25 fr. broché, 33 fr. relié). Dela- grave, éditeur, Paris, 1922. Censeur des M. Pécheux avait publié en 1918 une première édition de son « Elude des courants alternatifs », qui a rencon- tré, auprès du publie, le meilleur accueil; à coup sûr, le même succès est réservé à l'ouvrage actuel, qui s'impose par sa clarté d'exposition. Rédigé conformément aux programmes des Ecoles nationales d'Arts et Métiers, ce traité d’Electricité industrielle se propose moins de for- mer des ingénieurs électriciens que d'apprendre à des 1. A signaler qu'ilest déjà paru en français un ouvrage de M. J. BecqueneL: Le prihcipe de relativité et la ‘fhéorie de la gravitation {Gauthier-Villars, éd.) et tout récemment un livre de M. Du Pasquier : Le principe de la Relativité et les Théories d’Einstein (G. Doin, éd.). praticiens les services qu'ils peuvent attendre de l'élec- tricité sous ses multiples applications et la façon d’en tirer le meilleur usage; dans ce but, il comporte d'utiles compléments sur la construction et le fonctionnement des machines électriques. % Le Tome I est plus spécialement réservé à l'étude des courants continus. Il traite des notions d’électrostatique réduites à ce qu’elles ont d’indispensable pour un ingé- nieur, des lois fondamentales de l'électricité et du ma- gnétisme, de la production, dela distribution et de luli- lisation des courants continus. Il se termine par une étude sommaire des courants de haute fréquence, de la télégraphie et de la téléphonie (avec et sans fils), sujets dont la compréhension exige l'étude préalable du Tome II. Celui-ci traite des courants alternatifs ; après l'exposé des propriétés fondamentales des courants sinusoïdaux et non sinusoidaux, il étudie leurs applications indue- trielles. Une quatrième partie, qui n'existait pas dans l'édition précédente, précise les conditions de fonction- nement des machines à courant alternatifet décrit som- mairement leur construction. Sans entrer dans des développements aussi considéra- bles que ceux qui sont de mise dans les Instituts. élec- trotechniques, l’auteur vise cependant à donner à ses lec- teurs une culture générale appréciable, toutenn’exigeant qu'un minimum de connaissances mathématiques. Il réussit dans cette tâche difficile grâce à un mode d'expo- sition essentiellement personnel; c'est ainsi qu'il fait reposer les lois fondamentales de l'électricité sur un ensemble de phénomènes faciles à reproduire comme expériences de cours; dans l’exposé de la théorie des courants alternatifs, il emploie la méthode analytique concurremment avec les représentations géométriques : ces dernières conduisent souvent à d’heureuses inter= prétations, telles le calcul des circuits dérivés. Dans la voie des applications industrielles, l’auteur a tenu compte des plus récents perfectionnements. Les figures, claires et abondantes, complètent parfaitement le texte ; cependant elles se rapportent souvent à des appareils déjà anciens, comme on en voit malheureusc= ment trop dans nos Ecoles techniques. A. LANGE, Chef de travaux à l'Ecole Supérieure d’Electricité, Fresenius (C. R.). — Traité d'Analyse chimique qualitative. Entièrement refondu par Ta, W. FRESE- Nius. 12° édition française, rédigée d'après la 17° éd tion allemande par M. Frenxker, Docteur ès sciences. — 1 vol. in-89 de xx-834 p. avec fig. et x pl. en cou- leurs (Prix : 60 fr.). Masson et Cie, éditeurs, Paris, 1922, ot tirs. = Peu d'ouvrages ont connu une carrière aussi brillante. que le Traité de Fresenius, dont la première édition re- monte à 80 ans passés et qui est devenu, non seulement dans son pays d'origine mais dans le monde entier, le livre où la plupart des chimistes se sont formés à la pratique de l'Analyse qualitative. Il doit cette vogue à la compétence indiscutable de l’auteur, et de ses fils qui . ont continué son œuvre, et au soin avec lequel les BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX éditions successives ont été tenues au courant de tous les progrès dans cette branche de la science, La 11° édition française étant épuisée depuis 10 ans, ses éditeurs ont été bien inspirés en publiant une 12° édition de l'ouvrage, que M. Frenkel, succédant au Dr L. Gautier qui a traduit les éditions antérieures, a élablie d’après la 17° édition allemande, parue en 1919. Cette édition diffère des précédentes principalement en ce qu'elle est enlièrement basée sur la théorie de la dissociation électrolytique des solutions, ce qui a né- cessité une refonte très étendue du texte des éditions antérieures, La traduction a présenté quelques difficul- tés pour la fixation de la nomenclature, qui n’est pas encore uniforme parmi les chimistes français; la solu- tion adoptée par M. Frenkel parait la plus logique et finira sans doute par rallier tous les suffrages. Malgré cette refonte, l'ouvrage conserve d'ailleurs son unité didactique et méthodique et son double caractère de manuel d'instruction et de guide technique où tous les renseignements sont classés sous une forme systé- matique, aussi facile à retrouver que dans un diction- paire, Ajoutons que.le traducteur a revu avec soin toutes les indications bibliographiques et rétabli les sources originales ‘pour les auteurs français et aussi pour les chimistes de langue anglaise et italienne. Le « Fresenius » ainsi modernisé continuera à ren- dre d’utiles services dans Les laboratoires, et franchira allégrement l’étape qui doit le mener sans nul doute à son centenaire, L, PRUNIER, 3° Sciences naturelles Sorre (M.), Chargé de Cours à la Faculté des Lettres de Bordeaux, — Les Pyrénées. — 1 ol. in-8 de 216 p, avec croquis et vues photographiques, et 3 cartes hors teate (Prix :5fr.). Librairie Armand Colin, Paris, 1922. M. M. Sorre, auteur d’une excellente thèse de géogra- phie sur les Pyrénées méditerranéennes, élait bien pré- paré pour rédiger cette étude de géographie régionale consacrée à toute la chaine. L'idée est, d'ailleurs, loua- ble de consacrer à nos régions françaises de petites mo- nographies de ce genre, qui, tout en renseignant le touriste, par delà les guides, rendront de grands servi- ces dans l’enseignement, en permettant de développer l'étude de la géographie régionale, M. Sorre étudie le milieu physique, les genres de vie, décrit chacune des divisions naturelles de la chaîne et passe en revue les _ ressources agricoles et industrielles de la région. Bien illustré en croquis, vues et cartes, cet ouvrage inaugure dignement la Section de Géographie de la nouvelle Col- lection A. Colin. PIERRE CLERGET. Cordier (Henri), Membre de l'Institut, Professeur à l'Ecole des Langues orientales. — La Chine. — 1 vol. in-16 de138 p., avec x carte hors texte, de la Collec- tion Payot (Prix cart. : 4 fr.). Payot et Cie, éditeurs, Paris, 1921. Cet ouvrage de M. Henri Cordier fait partie de la Collection Payot, laquelle renferme des exposés à la fois très érudits et mis à la portée de tous sur les con- 407 naissances humaines les plus diverses, Ils doivent leur valeur à la haute compétence des auteurs qui lui appor- tent leur collaboration et, pour la Chine, M. Henri Cordier était des mieux désignés pour en parler; car il est, on le sait, l’un de nos plus savants sinologues, et tous les ouvrages qu'il a écrits sur le vaste pays asia- tique nous fournissent à son sujet une très précieuse documentation. Ce volume, de même que celui de M. Delafosse, Les Noirs de l'Afrique, que nous avons déjà signalé ici, renferme beaucoup plus de matières que son format ne le ferait croire. M. Cordier nous présente un tableau de la Chine qui nous la fait con- naîlre à de nombreux points de vue. Dans la première partie, l’auteur décrit le pays en passant en revue tous lestrails principaux de la géo- graphie physique, et tout ce qui touche au climat, aux races qui y vivent, aux chiffres de la population de ses régions distinctes et de ses groupes très divers. Des détails précis et curieux sont donnés sur les religions différentes répandues dans le pays. Après la géogra- phie, nous avons donc là toute une étude ethnographi- que, et nous voyons ensuite ce qu'est aujourd'hui la vie en Chjne, ce qui est resté des vieilles pratiques et en même temps quels progrès ont élé réalisés dans l'administration et dans le fonctionnement économi- que. Nous sommes renseignés sur l’état des chemins de fer et des ports, sur le commerce, puis ensuite sur les mesures d'usageet sur la linguistique. Avec la seconde partie nous abordons l’histoire et nous remontons à une haute antiquité, Ce sont encore bien des considérations ethnographiques qu’à cette occa- sion nous suivons à travers les àges. Nous voyons toutes les agitations qui se sont produites dans le pays et nous relevons cette conclusion de M. Henri Cordier : « La Chine, dit-il, ne se maintient encore que par ses coutumes ancestrales et son droit coutumier, » G. REGELSPERGER. Houlbert (C.). — Les Coléoptères d'Europe.France et régions voisines. Tomes II et III, — 2 vol. in-16 de 340 et 297 p: avec 99 fig. et 30 pl., et 30 fig. et 30 pl. de l'Encyclopédie scientifique (Prix cart, : 12 fr. le vol.). G. Doin, éditeur, Paris, 1922. L'année dernière, nous signalions aux lecteurs de la Revue le premier volume de cet important ouvrage !, consacré à des généralités sur ce grand groupe d’Insec- tes que formentles Coléoptères. Le Genera analytique illustré de la faune euro- péenne, commencé dans lepremier volume par le phyl- lum carabidien, se poursuit dans les volumes IL et IL par l'étude successive des phylum staphylinidien, cla- vicéridien, chrysomélidien, téléphoridien, buprestidien, rhynchophoridien, scarabæidien et prionidien, en tout 799 familles qui composent la faune coléoptérique des régions moyennes de l'Europe. L'auteur a donné de brèves ténébrionidien, indications concernant tantôt les genres, tantôt les espèces elles-mêmes, sui- vant que la biologie de ces dernières a amené à con- naître leur utilité ou leur noeivité, Toutefois, lorsque 1. Rev. gén. des Se. du 30 juin 1921,t, XXXIT, p.378. 408 BIBLIOGRAPHIE. — ANALYSES ET INDEX l'étendue des familles s’est trouvée trop vaste, il s’est borné aux considérations générales relatives aux sous- familles et tribus. Un soin tout spécial a été apporté à l'illustration ; grâce aux nombreuses planches et aux figures inter- calées dans le texte, plus de 1.300 espèces sont repré- sentées par les caractères les plus saillants de leur silhouette, avec l'indication de leur taille. Bien qu'il ne s'agisse que de schémas, ces dessins permettront cepen- dant d'utiliser les tableaux analytiques sans s’éga- rer et d'arriver à la connaissance de tous les genres européens. Tous les entomologistes seront vivement reconnais- sants à M. Houlbert du bel instrument de travail qu'il vient de leur donner, et ils souhaiteront qu'il le com- plète dans un avenir pas trop lointain d’un Species analytique et descriptif dont le besoin se fait depuis longtemps sentir. R, JEQUIER. Feytaud (D'Jean), Directeur de la Station entomolo- gique de Bordeaux, Chargé de Conférences à la Fa- cullé des Sciences. — La cité des Termites :mœurs sociales du Termite lucifugé; ses ravages; sa destruction. — 1 vol. in-12 de 134 p. avec 10 fig. (Prix : 3 fr.) Librairie L. Lhomme, Paris, et Librai- rie Féret et Fils, Bordeaux, 1921. Résumer nos connaissances actuelles sur la biologie des Termites — et en particulier de l'espèce qui sévit dans notre Sud-Ouest, — caractériser les dégâts opérés par les bataillons de ces dangereux insectes, indiquer enfin les moyens susceptibles de les détruire, tel est le but de ce très intéressant petit livre. M. Feytaud, qui depuis de longues années étudie notre Leucotermes luci- . fugus Rossi, était particulièrement qualifié pour nous donner cette synthèse, d’une lecture facile et même attrayante. Je n’entreprendrai point ici de donner l’ana- lyse, chapitre par chapitre, de cet ouvrage : rien n’en peut remplacer la lecture, et je me bornerai à en don- ner un résumé d'ensemble en insistant particulièrement sur-quèlques points !. Longtemps confondus avec les Æyÿménoptères, puis placés dans l’ordre des Pseudonévroptères, enfin dans celui des Corrodentia, les Termiles ont trouvé une « stabilisation » systématique dans la création de l’or- dre des /soptères, caractérisés, outre la vie sociale, par un certain nombre de dispositions anatomiques (ailes, tarses, cerques, etc.). Notre Termite du Sud-Ouest, qui vit soit dans les souches de la forêt landaise?, soit dans les maisons (poutres, plinthes, planches, meubles, etc.), est, comme ses congénères, une espèce coloniale, for- mant d'immenses agglomérations. Ces colonies sont 1. A titre de renseignement, voici la nomenclature des chapitres : 1. La faune d'une souche ; II. Caractères généraux des Termites ; 111. Le Termite lucifuge : les castes ; 1V. Les fonctions : travail et défense ; V. Les fonctions : la repro- duction; VI. La vie extérieure : l’essaimage ; Vil. Leurs méfaits ; VIll. Notre revanche ; IX. Le communisme chez les Termites, 2. On a cru longtemps à l'imporlation exotique, améri- caine, du Termite : c'est en réalité une espèce endémique sur les bords occidentaux du bassin méditerranéen. formées d'individus dissemblables, appartenant à un certain nombre de castes, à chacune desquelles, en principe, est dévolue une fonction déterminée. L'ou- vrier est aveugle et n’a pas d'ailes; comme l'indique son nom, c’est le « travailleur » par excellence, le prolétaire de la cité, « tour à tour mineur, maçon ou cimentier, portefaix, croque-mort, nettoyeur, nourrice ou bonne d'enfant, valet ou femme de chambre ». Aptère, lui ” aussi, assez myope, muni d'un casque blindé en chitine durcie, le soldatest le « défenseur » : de la coupole de ce « tank en miniature » sortent deux vigoureuses ci- sailles, toujours prêles à se refermer sur la taille de quelque fourmi trop hardie.Chez certains termites exo- tiques, une deuxième espèce de soldat abandonne l’arme blanche et projette, par l'orifice d’un «nez » tubu- laire, son venin sur l’adversaire. Logés, nourris, défen- dus par la foule anonyme des castrats, certains indivi- dus peuvent se livrer aux fonctions reproductrices, accroître la colonie, en créer de nouvelles, Le roi et la reine sont ailés,— quand ils sont jeunes tout au moins, — et occupent dans la termitière des appartements spé- ciaux, caractérisés, sinon par une disposition particu- lière des lieux (comme chez certaines formes exotiques), du moins par l'activité débordante et fébrile qui les entoure. d Là, mari et femme vivent plus longtemps que les castrats, atteignent 6 ou 7 ans, puis s’éleignent au milieu de leur très nombreuse progéniture. Que les conjoints disparaissent ensemble ou que l’un d'eux reste veuf, il faut des remplaçants : alors entrent en scène les néoténiques, mâles et femelles,« sexués en herbe, candidats éventuels aux fonctions reproductri- ces ». Plusieurs arrivent à la maturité génitale, et au couple royal et monogame est substitué un « harem à la turque », comprenant un ou quelques mâles dispo- sant d’un groupe de sultanes, Au printemps a lieu, pour les imagos, l'essor à l’air libre, l’essaimage : après un vol rapide, les ailes se brisent et c’est à terre que la femelle, après la formalité des fiançailles avec sa « pro- menade », contracte avec le mâle de son choix cette. «union durable ÿ du couple royal » qui prend les allu- res d’un mariage ». Le vol n’est pas marqué, chez nos, sages et pudiques termites, de ces scènes brutales que nous offre le vol nuptial des hyménoptères qui prati- quent « un amour libre et dissolu ». Quelques semaines après l'hymen commence la ponte et avec elle la créa- tion d’une colonie nouvelle. Je ne puis insister sur les dégâts causés par les ter- mites ; ils sont, hélas! trop bien connus : une simple promenade aux Galeries de Zoologie du Muséum per- met d’en évaluer l'étendue. Parmi les traitements, cura= lifs ou préventifs, préconisés par M. Feytaud, j'e relève un qui a donné de bons résultats : c’est la vapori- sation de la chloropicrine, dorit les vapeurs lacrymos gènes, plus lourdes quel'air, pénètrent dans les galerie des Termites et les asphyxient. Il est permis d’ailleurs de pousser plus loin encore l'étude des Termites, et après la nécessaire et minu tieuse énuméralion des faits d’en tirer une conclusion sur les modalités et les causes de cette vie coloniale problèmes qui nous touchent de près, nous qui sommes, BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 409 loin de réaliser une association aussi homogène, et, en apparence, aussi bien ordonnée que la « société com- muniste des souches de pin »! Cette société est une famille, composée d’un père, d'une mère et d'enfants : le sexe mâle n'est pas ici un indésirable, qui chez les abeilles, après la fécondation unique du vol nuptial, : périt misérablement ; l'égalité des sexes est réalisée même lorsque la monogamie du couple fondateur aura fait place à la polygamie des néoténiques devenus repro- ducteurs. Autre point: la « socialisation des moyens de production et d'échange » est déjà chose accomplie chez les Termites : la communauté de possession du pa- trimoine repose d’ailleurs sur cette différenciation fonc- tionnelle etorganique extrêmement poussée qui a donné naissance aux castes. Le roi et la reine ne sont pas des monarques : cesontdes parents vénérés, fort bien soignés, surveillés d'ailleurs de près par la colonie qui leur doit sa prospérité. Quant aux mobiles qui dirigent cette société, il semble bien qu'il n’y en ait qu'un seul : l’in- térêt. Les manifestations qui pourraient sembler dictées par l’amour maternel, l’altruisme, le souci du bien com- mun ne le sonten réalité que par la recherche d’un avantage matériel Telles sont les conclusions aux- quelles arrive M. Feytaud, suivant, en cela Lameere. Remercions-le encore une fois desonclair et lumineux exposé. Tu. Mono. Treadwell (A. Louis), Professeur de Zoologie, Vassar College. — Leodicidae of the West Indian region. — 1 vol.in-ho de 1v-131 p. avec 463 fig.et 9 pl. (Prix : 7 doll. 50 c.). Publication 293 de la Carnegie Institu- tion, Washington, 1921. Cet important Mémoire, très luxueusement illustré (les 9 pl. comportent 140 fig. en couleurs), contient la description systématique des Léodicidés (— Euniciens) des Indes Occidentales (de la Floride à Tobago et Ber- mudes). Un tel travail ne se prête pas à l'analyse Ilest toutefois digne de remarque que l’auteur, après une étude de la question, rejetant les classifications peu compréhensibles de Me Intosh (1910), adopte celle de Grube (1878) et du Professeur Ch. Gravier (1900), en remplaçant cependant, en conformité rigoureuse avec les Règles de la nomenclature, les termes employés par ces auteurs. D. J. D. 4° Sciences diverses Index Generalis 1920-1921. ANNUAIRE GÉNÉRAL Des UniversirÉés... publié sous la direction de R. De _Monressus DE BALLORE, Professeur à l'Université catholique de Lille. — 1 vol. in-16 de 1845 p. (Prix : broché, 5o fr.;relié, 55 fr., plus 5 fr. de port pour l'Etranger). Gauthier-Villars et Cie, éditeurs, Paris, 1921. Nous avons signalé aux lecteurs de la Revue, au moment de son apparition, le premier volume de cet Annuaire !. L'accueil fait à cet ouvrage a été si encou- rageant que dès ce moment le directeur et les éditeurs ont pris la décision d'en publier une nouvelle édition, améliorée et complétée, qui a vu le jour récemment. Au premier coup d'œil, on peut juger des progrès réalisés en comparant le nombre de pages du volume actuel (1845) à celuidel’annuaire précédent (768). Cette augmentation considérable d'épaisseur résulte d’abord de l’introduction de toute une série de chapitres spé- ciaux concernant les Grandes Académies, Archives, Bibliothèques, Institutsscientifiques, Jardins botaniques et zoologiques, Musées, Observatoires, Sociétés savan- tes. Puis tous les pays ont été admis à figurer dans l’An- nuaire, tout au moins dans la mesure où leurs institu- tions ont bien voulu fournir les renseignements solli- cités ; pour éviter des erreurs, le directeur a préféré se limiter, en effet, aux indications fournies par les per- sonnalités compétentes ou intéressées. Il en résulte quelques lacunes, mais l'Annuaire est tout au moins complet pour les Universités, les Grandes Ecoles et les Observatoires. La liste d'échanges s’est également considérablement accrue et intéressera un grand nombre de chercheurs. Pour la nature et l’ordre des matières, on a conservé toutesles dispositions prises dans le volume précédent. La Table alphabétique des noms du personnel ensei- gnant, qui termine l'ouvrage, contient plus de 40.000 noms. Nous souhaitons à cette seconde édition de l'/ndex generalis tout le succès auquel lui donne droit le labeur considérable fourni par sondistingué directeur et ses collaborateurs. Louis BRUNET. 1. Voir la Rev. gén. des Sc. du 30 décembre 1919, t. XXX, p. 694. 7 410 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Seance du 29 Mai 1922 M. le Président annonce le décès de M. Ernest Sol- vay, Correspondant pour la Section de Chimie.— M.H, Lebesgue est élu membre de la Section de Géorétrie, en remplacement de M. Jordan, décédé, 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES, — M. Riquier : Sur les figures intégrales singulières des systèmes partiels du premier ordre auxquels s'applique la méthode d'inté- gration de Jacobi. — M. J. W. Lindeberg : Sur la loi de Gauss. — M. P. J. Myrberg : Sur les fonctions au- tomorphes de plusieurs variables indépendantes. — M. F.-H. Murray : Sur le tracé des arcs de cercle de grand rayon. L'auteur résout ce problème avec un ins- trument basé sur un principe mécanique très élémen- taire, et qui possède les dimensions du compas ordi- paire. — M.G.Guillaumin : Sur les lignes de glissement planes des corps pulvérulents, cohérents ou plastiques, — M. Æ. Danjon : Sur une nouvelle méthode interfé- rentielle pour La mesure du diamètre apparent des étoi- les. L'auteur décrit un dispositif interférométrique où la détermination du diamètre d’une étoile est ramenée à la mesure photométrique des éclats extrèmes que prend l'étoile vue dans l’interféromètre.— M. Ferrier : Sur les déviations des rayons lumineux passant'au voi- sinage d'un astre. L'observation de l'effet Einstein au voisinage d’un astre analogue à la Terre n'est qu'insen- siblement modiliée par la réfraction de l'atmosphère entourant cet astre, Par contre, au bord dela Lune l’ef- fet de réfraction est difficilement séparable de la dévia- tion de gravitation. — M. J. Guillaume: Observations de la comète Skjellerup, faites à l'équatorial coudé de l'Observatoire de Lyon. — Mlle O. Jasse : Observation de la comète 1922 b (Skjellerup}, faite à l'Observatoire de Marseille. — M. J. Lecarme: Expériences relatives à la marche d'un pendule et d'un chronomètre, effectuées à Chamonix et à l'Observatoire du Mont Blanc, du 1e' août au 10 septembre 1921. 29 SCIENCES PHYSIQUES — M.S.Zaremba : Sur la con- ception relativiste de l'espace. L'auteur recherche s’il est possible d’attribuer un sens aux assertions de la théo- rie de la relativité relatives à la nature de l'espace. Cela est impossible par le procédé qu'il indique, et il lui paraît malaisé de trouver autre chose, — MM. E, Mathias, C. A. Crommelin et H. K. Onnes : a chaleur de vaporisation et la différence m'— m des cha- leurs spécifiques à l'état de saturation pour l'argon, l'oxygène, l'azote et l'hydrogène. Les chaleurs de vapo- risation L ont été déduites de la formule de Clapeyron- Clausius et la différence m'— m des chaleurs spécifiques de la vapeur saturée et du liquide saturé a été calculée par la formule classique m'°— m— dL/dT — L/T.La difré- rence m'— m, fortement négative près du point critique, est plus petite en valeur absolue aux duites plus basses. — M. L. G. Stokvis : Sur les dia- températures ré- | grammes circulaires des systèmes triphasés déséquili- brés et la définition de leur degré de déséquilibrage. — MM. H. Weiss et P. Henry: /n/luence du facteur temps sur l’interpénétration des solides par réaction chimique. Le temps nécessaire aux molécules pour tra- verser la couche de composé déjà formée .est propor- tionnel à son épaisseur ; la durée dela réaction chimique est négligeable devant ce temps. Les auteurs n’ont pas constaté, à parlir d’une certaine épaisseur de la couche formée, le ralentissement signalé par certains auteurs. — M.J. Blondeau : Ælude de quelques cyanures de bensyle dialcoylés, ainsi que des alcools, amides, amines el acides correspondants. L'auteur a préparé les dérivés bisubstitués du cyanure de benzyle C£H.C(R,R,)N, les a hydratés pour les transformer en amides,puis a réduit les amides en alcools correspondants au moyen du so- dium et de l'alcool. — MM. R. Locquin et S. Wou- seng : Sur l'action de l'acétylène sur les cétones sodées et la préparation dgs dialco) léthinylcarbinols.En faisant réagir l’acétylène purifié sur le dérivé sodé de différen- tes cétones R'CH:CR.ONa, on obtient directement les alcools acétyléniques tertiaires RR'C(OH).C = CH. 30 SCIENCES NATURELLES. — MM. L. Maquenne et E. Demoussy : Sur la végétation dans les milieux pau- vres en oxygène. Les feuilles sont capables, chez cer- taines espèces, de conserver leur vitalité en l'absence d’air pendant un temps qui peut être fortlong, puisqu'il arrive à dépasser celui qu’employent lesplantesannuel- les à parcourir le cycle entier de leur évolution. Les graines ne sont donc pas, comme on le croit, les seuls organes qui puissent vivre longtemps encoreaprès qu'on les a séparés de la plante qui les a produits. — M. L. Blaringhem : Sur l'hérédité du sexe chez la Lychnide dioique (Lychnis vespertina Sibthorp). L'hérédité du sexe chez le Zychnis dioica et chez plusieurs autres Caryophyllées d’ailleurs (Silene, Dianthus) est une pro- priété de lignée; certaines plantes ne donnent que des descendants femelles où presque; croisées avec d'au- tres, la tendance s’évanouit immédiatement oupresque. Mais il ne parait pas impossible de fixer les lignées à tendance femelle marquée, ou même à tendance herma- phrodite. — MM, E. F. Terroine et R. Wurmser: Le rendement énergétique dans la croissance de l'Asper- gillus niger. Le rendement énergétique réel dans la croissance de l’Aspergillus (rapport entre l'énergie em- magasinée dans le mycélium et l'énergie métabolisable) est extrêmement élevé, Il atteint 66 à 900/,. — M, A. Lécaillon : Sur la fécondité des hybrides obtenus par le croisement du canard pilet mâle (Dafila acuta L.) et du canard sauvage femelle (Anas boschas L.). L'auteur a obtenu : 1° trois hybrides issus directement de l’accouplement des deux parents d'espèces différentes ; 2° 12 hybrides provenant de l’union d’un mâle hybride précédent avec la femelle parente; 3° cinq hybrides provenant de l’accouplement entre eux des hybrides de 2° catégorie, — M. W. R. Thompson: Etude mathéma- | | | | ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES tique de l'action des parasites entomophages. Durée du cycle parasitaire et accroissement de la proportion d'hôtes parasités. — MM. G. Bourguignon et Conduché: Expériences sur l'introduction de lion iode par électro- lyse chez l’homme, et son élimination par les urines. Dans l'introduction électrolytique de l’iode, il se con- stitue une réserve d'iode qu'on peut supposers’accumu- lér dans le corps thyroïde, et ensuite il s'établit un équilibre entre l’iode qui entre au pôle négatif et qui ‘sort au pôle positif pendant la séance, celui qui est en circulation, celui qui est en réserve et celui qui s’éli- mine par les reins dans l'intervalle des deux séances. A l'arrêL de l’ionisation, la réserve s’élimine en quelques jours. Séance du 6 Juin 1922 1° SGIENGES MATHÉMATIQUES. — M. C. Stoôrmer: Délermi- nation du champ magnétique extérieur du Soleil par la structure de la couronne du Soleil et les constantes des aurores boréales. En supposant que les corpuscules qui causent l'aurore boréale sur la Terre sont les mêmes que ceux qui causent les rayons de la couronne solaire ex- térieure, l’auteur trouve pour le moment M du champ magnétique extérieur du Soleil une valeur voisine de 2.10, du même ordre que celles trouvées en 1911 par ‘M. Deslandres par la méthode des vitesses radiales. 20 SCIENCES PHYSIQUES. — M. L. Roy : Sur les actions électromagnétiques dans un système isotrope. L'auteur montre que les formules données par P. Duhem dans le eas où les courants sont distincts des aimants subsis- tent dans le cas général où les courants circulent dans la substance magnétique. — M. G. Reboul :Sur un - nouveau rayonnement et son application à l'étude de l'ultraviolet de Millikan et de Lÿyman (voir p.351). — M. A. Tian : Thermostat à enceintes multiples. L'auteur a construit des thermostats à enceintes multiples où la température n’est pas systématiquement répartie d’une manière uniforme, mais où l’on réalise seulement l'é- quilibre thermique dans chacune des enceintes concen- triques, isoléesles unes des autres, qui les composent. Ces . appareils nenécessitent aucune agitation, —MM. Léon et Eug. Bloch : Sur les spectres d'étincelles dans l’eau. La photographie des étincelles métalliques sous l’eau, par la séparation qu'elle fait automatiquement entre les raies d'arc et les raies d’étincelles, et par les différences d'aspect qu'elle donne entre les raies, paraît un moyen assez puissant de recherche des régularités spectrales, — M. de Bellescize : Amortissement des oscillations des résonateurs de t. s, f. Les appareils récepleurs de t. s. f. comportant une antenne associée à un amplifi- cateur à résonance donnent souvent naissance à des phénomènes complexes. L'auteur a étudié ce qui se passe lorsque l'antenne est soumise, soit à urc onde d'amplitude et de fréquence constante, soit à une onde . parasite et apériodique. — M. A. Recoura : Sur les nou- velles propriétés du sulfate vert de chrome. L'auteur a - reconnu qu'alors que sous sa forme simple une molécule de sulfate vert de chrome ne peut dissimuler que 3 mo- lécules de sulfate métallique, sous sa forme condensée une molécule de sulfate vert peut dissimuler des cen- AAA taines de molécules de sulfate métallique. — M. P. Riou : Sur la vitesse d'absorption de l'acide carbonique par les solutions alculines. La vitesse d'absorption de CO? passe par un maximum pour une concentration de COK? de la solution de 5,6 °/.; elle augmente rapide- ment avec la température ; elle est à peu près rigoureu- sement proportionnelle à la concentration de CO?. — Mlle Wurmser : Sur la préparation de l'azotate d'am- moniaque. L'auteur a construit le diagramme carré d'équilibre entre la solution des 4 sels qui prennent partäàlaréaction : NH'CI-ENaNO#— NH'NO$ + NaClet les sels solides à 1000. Par comparaison avec le dia- gramme à 16°, elle en déduit la possibilité d’une sépa- ration de l’azotate d'ammoniaque à l'état pur. — Mile N. Wolff : Sur la furfural-«-méthyleyclohexanone et quel- ques-uns de ses dérivés et sur les mono- et di-furfural- cyclohexanones. — M. E. Berger : .formol. L'auteur a modifié le type habituel de lampe à Sur une lampe à formol en augmentant la quantité d’alcool évaporée pour une même quantité d'air employée à la combus- tion ; il y arrive en employant une plus grande partie de la chaleur de la réaction à échauffer la mèche qui alimente la lampe. Le rendement en formol est aug- menté, et l'appareil peut servir à la désinfection en surface des locaux. — MM. Ch. Boulanger et G. Ur- bain : Sur la composition et les caractères chimiques de la thortveitite de Madagascar. Les auteurs ont trouvé dans ce minéral : SiO? 44, r °/, ; Sc?O3 42,4 ; ZrO? 8,4 ; A1L2O3 3,3 et Fe?03 2,0. Ce minéral est très diflicilement attaquable par les acides ; même avec la soude fondue, il faut reprendre par 2 fois le résidu. — MM. A. d'Ar- sonval, F. Bordas et Touplain : Etude des eaux des glaciers d’Argentière et des Bossons. Les auteurs ont constaté des écarts sensibles dans la minéralisation générale des eaux de ces deux glaciers, ce qui laisse entrevoir la possibilité de reconnaitre par l'analyse des eaux la nature géologique des terrains recouverts par des glaciers plus ou moins importants. 30 ScrENCES NATURELLES, — M. H. Joly : Sur iallure tectonique des couches crétacées et tertiaires aux envi- rons de Haro (province de Logrono, Espagre). Les plis- sements ont été de grande intensité au nord de la vallée de l'Ebre comme au sud, et les phénomènes de charriage auxquels ils ont donné lieu y sont du même ordre, tout en étant de sens opposés. Ils ont provoqué le resserre- ment de la vallée de l’'Ebre. — M. P. Lory : Sur les stades glaciaires ebsur un vallon enregistreur des sta- des (Bédinat, chaine de Belledone). Le vallon de Bédinat a conservé complète la série des stades post-wurmiens : ceux-ci sont au nombre de six, caractérisés par les alti- tudes les plus basses du front glaciaire qui suivent : 980 m.,1.420 m.,1.600 m., 1.760 m., 1.940 m.et2:110m.— M. P.L. Mercanton : Le système glaciaire du Beeren- berg de Jan Maÿen. L'auteur a réussi à faire l'ascension de.ce volcan éteint et englacié et y a reconnu l’existencé de 4 systèmes de glaciers. — MM. Pons et Rémy : Sur la coloration ocre que présentèrent en mars neiges du Brianconnaïs, Cette coloration provenait d’un 1922 Les dépôt, apporté sans doute par des courants atmosphé- riques et constitué par un silicate d'alumine mélangé à de fines particules de mica et de quartz, coloré par d 412 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES l’oxyde de fer et renfermant une faible proportion de poussières organiques. — M. P. Bugnon : l’organisa- tion libéroligneuse, chez la Mercuriale, reproduit-elle une disposition ancestrale? D'après l’auteur, l’organisa” tion libéroligneuse de l’hypocotyle, même chez la Mer- curiale, cas cependant considéré par Chauveaud comme l’un des plus favorables à sa théorie, ne semble pas satisfaire aux conditions nécessaires pour qu'elle puisse être interprétée avec vraisemblance comme une dispo- sition ancestrale. — M. G. Chauveaud : Les princi- pales variations du développement vasculaire dans les premières phyllorhises des Phanérogames ne sont pas déterminées par l'accroissement intercalaire. Réponse aux critiques de P. Bugnon., — M. L. Lapicque : Méca- nisme des échanges entre la cellule et le milieu ambiant. L'auteur reconnaît l'existence dans la cellule d’une fonction vitale dépensant de l'énergie pour surmonter les équilibres physiques, comme une pompe surmonte les équilibres hydrostatiques ; il appelle cette fonction épistèse. L'énergie dépensée serait fournie par la com- bustion respiratoire. — MM. P. Portier et M. Duval : Variation de la pression osmotique du sang des Sélaciens sous l'influence de la modification de la salinité de l'eau de mer environnante. La pression osmotique du sang de Scyllium canicula est légèrement supérieure à celle de l'eau de mer environnante. Elle s’abaisse ous’élève dans des solutions salines de concentration inférieure ou su- périeure à celle de l’eau de mer, — M. E. Fauré-Fré- miet et Mile H. Garrault: Constitution de l'œuf ovarien de carpe. — MM. H. Vallon et H. Carré : Sur la plu- ralité des virus aphteux. Chacun des virus O et A, si- gnalés précédemment par les auteurs, vaccine contre lui-même, mais ne confère aucune résistance apprécia- ble à une infection croisée. Toutefois, les auteurs ne concluent pas encore à la pluralité des virus. Seance du 12 Juin 1922 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M, Riquier : Sur les figures intégrales singulières des systèmes passifs du premier ordre w'impliquant qu’une seule fonction in- connue. — M. T. Carleman : Sur les séries asympto- tiques. — M. G. Valiron : Sur la méthode d'approxi- mation d'Hermite.—M.G. Rémoundos: Sur le problème général de la poussée des terres. — M. Sudria : la déformation élastique d'un corps isotrope. — M. A. Rateau : Théorie générale du turbo-compresseur pour moteurs d'avion. L'auteur donne la théorie générale du fonctionnement de cette machine et établit la formule fondamentale qui relie entre elles les diversesquantités qui s’y rapportent. On voit ainsi qu'il est aisé de remet- tre, à n’importe quelle altitude, le moteur dans les con” ditions de fonctionnement au sol, sauf peut-être, à cause des fuites, une contre-pression d'échappement légèrement plus forte. — M. J. Andrade : 7rois ciasses de vibrations isochrones non entretenues et trois types de machines horaires fixes, Instruments nouveaux pour l'étude expérimentale des viscosités. — M. E. Merlin : Sur le calcul des coordonnées héliographiques. — M. A. Danjon : Observations de la comète 1922 a (Skjellerup} faites à l'équatorial de l'Observatoire de Strasbourg. 2° SCIENCES PHYSIQUES. — M. Dufour : Sur la réfrac- | Sur tion d’un pinceau lumineux dans le cas général. L'auteur indique une méthode qui permet d'obtenir les trois équations qui définissent le pinceau réfracté en faisant intervenir l’invariant optique du 1°" ordre 7 cos idi, — M. A. Andant : Sur les variations de l'opalescence cri- tique avec le remplissage des tubes et la nature des li- quides étudiés. La loi régulière de variation de l’opa- lescence avec la nature du liquide subit, comme la loi de variation avec la température et avec la longueur d'onde, une forte perturbation au voisinage de la température! critique, Ainsi se confirme l’idée qu'il faut séparer la vraie opalescence du trouble très accusé caractéristique du passage au point critique. — M. Maur. Leblanc : Sur l'emploi de l'air comme agent frigorifique. Il y aurait les plus grands avantages, dans l’industrie du froid, à employer l’air comme agent frigorifique. On n’y estpas parvenu économiquement jusqu'ici, mais l’auteur indi- que les moyens d'y arriver au moyen d’une machine composée d’un compresseur watté et d'un détendeur déwatté. — M. A. Dauvillier : Sur la mesure précise des niveaux d'énergie de l'atome de barÿum et sur l’ap- parition du spectre L d'ionisation. — MM. M. de Bro- glie et A. Dauvillier : Sur un nouveau phénomène d'absorption observé dans'le domaine des rayons X. En étudiant le spectre d'émission L du baryum, on a obte- nu, sans l’interposition d'aucun écran, des clichés mon- trant des raies d'absorption au voisinage des limites de haute fréquence. Il semble que l'apparition de ce phé- nomène soit liée à l’état d’ionisation intense dans le- quel se trouvent les atomes de baryum occupant le foyer. — MM. G. Friedel et L. Royer : Sur les liqui- des à plans équidistants de Grandjean. La structure à plans équidistants découverte par Grandjean dans le cyanobenzalaminocinnamate d'amyle se retrouve dans» beaucoup d’autres cas et paraît caractériser d’une ma- : nière tout à fait générale les liquides biréfringents à couleurs épipoliques et grand pouvoir rotatoire. Toule- fois les liquides susceptibles de prendre cette structure ne l’affectent pas toujours. — M.H. Le Chatelier : Sur la représentation géométrique des équilibres salins. Ré- ponse à uneréclamation de priorité injustifiée de M.Jae- necke. — M. A. Damiens : Sur la cristallisation du tellure. Le tellure cristallisé obtenu de diverses maniè- res, même par trempe du liquide, est toujours identi- que : il se distingue seulement du tellure amorphe qui est une forme métastable, pour laquelletoutes les tem- pératures où le tellureest solide sont inférieures à cel- les où il peut être stable. — MM. R. Locquin et S. Wouseng : Sur la préparation des dialcoyWinylearbi- nols. Par hydrogénation partielle des dialcoyléthinyl- carbinols en présence de Ni réduit, les auteurs ont pré- paré les dialcoylvinylearbinols RR’. C (OH).CH : CH, liquides mobiles formant avec l’eau des hydrates plus ou moins stables. — M. E. E. Blaise el Mlle Monta- gne : Action du chlorure de thionyle sur les acides-alcools . Avec l’acide lactique et l'acide «-oxyisobutyrique; les auteurs ont obtenu des corps d’un type nouveau, des anhydrosulfites d’acides-alcools, s'hydratant facile= k ment à l'air pour redonner les acides-alcools primitifs. — MM. Pastureau et H. Bernard : Sur la chlorhy= drine de l'oxyde de mésityle et sa transformation en $ — EN + ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 413 chlorkydrine delatétraméthylgbycérine. Cette transforma- tion s'effectue par l’action de CH* Mg I, puis celle de l’eau. 3° SCIENCES NATURELLES. — M. Ch. Depéret : Æssat de coordination chronologique générale des temps qua- ternaires. On retrouve dans les pays riverains de la mer du Nord et de la Baltique les diverses glaciations et étages marins interglaciaires que l’auteur a décrits dans les Iles Britanniques. —M. Edm. Gain : Sur la ré- sistance comparative à la chaleur des points végétatifs de l'embryon du Grand Soleil. Parmi les embryons sou: mis au chauffage, il en est qui gardent 5, 4,3, à ou 1 seulement des divers points végétatifs. La résistance relative de ces divers points de croissance est d'autant plus grande qu'on s'éloigne du point radiculaire pour passer à l’axe hypocotylé, à la gemmule, à la base des cotylédons, puis au bord libre des feuilles cotylédonai- res. — M. M. Lenoir : tige aérienne d'Equisetum arvense, IL semble résulter des observations de l’auteur que la substance fondamen- tale du chomosome est la nucléoline (— pyrénine ou plastine des auteurs); la chromatine en dérive. — Mlle Marg. Larbaud : Anatomie des fleurs d'une même es- pèce à diverses allitudes. La dimension des fleurs varie peu, en général, avec l'altitude. Les poils sont plus nombreux en montagne qu'en plaine. Les épidermes ont une cuticule plus épaisse chez les fleurs de monta. gne.— MM. CI. Vaney et J. Pelosse : Origine de la co- loration naturelle de la soie chez le Bombyx mori. La coloration du sang du ver et des cocons du Bombyx La cinèse somatique dans la mori paraît provenir des pigments xanthophylliens de la feuille de mûrier qui, après avoir dialysé à travers la paroi intestinale du ver, pénètrent dans le milieu sanguin où ils subissent une oxydation plus ou moins profonde sous l'influence de la tyrosinase sécrétée par les leucocytes. — M. M. Aron : Sur le développement des caractères sexuels primaires chez les Urodèles. Hypothèse sur son déterminisme. Les Urodèles présen- tent une évolution dissociée et fort nette des caractères sexuels. Les primaires, chez le mâle, apparaissent rela- tivement très tard, alors que la glande génitale est de- puis longtemps différenciée ; par contre, leur dévelop- pement est accompagné et parait conditionné par la formation, dans le testicule, d’un tissuglandulaire par- ticulier. — M. P. Bouin : La dipyrénie des spermies dans certaines doubles spermatogénèses est obtenue par une mitose hétérotypique qui se produit au cours du développement. — M. A. Pézard : Notion de « seuil différentiel » et explication humorale du gynandromor- phisme des oiseaux bipartis.A partir d’un certain mini- > mum au-dessous duquel l'effet morphogène est nul, un accroissement très petit de tissu génito-endocrine fait apparaitre les caractères sexuels secondaires mâles et assure leur développement total. Le minimum efficace n'est pas le même pour tous les caractères dépendant des glandes reproductrices. — M. G. Bidou : Musculo- mètre artificiel. — MM. À. Desgrez, H. Bierry et F. Rathery : Régime équilibré et acidose diabétique. Avec une ration bien équilibrée et adaptée à chaque cas, l'élimination du glucose et des corps acétoniques peut, chez le diabétique acidosique, tomber à un taux voisin de celui du jeùne, à condition de donner, pro- gressivement et sans la dépasser, la quantité maxima d'hydrates de carbone qui peutêtre assimilée. — M. P. Goy: Physiologie microbienne et facteur accessoire de la croissance. Il semble impossible de titrer le facteur B en étudiant son action sur la prolifération d’une culture de levure. — M. Ch. Lebaïlly : La durée de la période contagieuse dans la fièvre aphteuse, La propagation se fait par les animaux malades aux seules périodes d’in- cubation et d’invasion et pendant un temps très court. Ces constatations expliquent l'impuissance des mesures sanitaires appliquées lorsque les épidémies ont déjà pris un certain développement. Seance du 19 Juin 1922 M. Ch. Gravier est élu membre de la Section d’Ana- tomie et Zoologie, en remplacement de M. Ranvier, dé- cédé. > 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES, — M. Riquier : Sur l’é- limination des constantes arbitraires. — M, Gosse : Des équations aux dérivées partielles du second ordre inté- grables par la méthode de Darboux. — M. B. Gambier : Surfaces applicables avec égalité des rayons de cour- bure principaux. —M. M. Brillouin : Champ isotrope. Sphère fluide hétérogène. Schwarzschild a obtenu en 1916 les potentiels de gravitation d’une masse sphéri- que liquide, tant à l’extérieur de la sphère que dans tout l’intérieur. L'auteur montre comment cette solution permet de passer de la sphère homogène à la sphère formée de couches concentriques homogènes de densi- tés différentes, et même à la sphère dont la densité varie d’une manière continue du centre à la surface. 20 SCIENCES PHYSIQUES. — M. A. Rateau : Pressions et poids spécifiques de l'air en atmosphère normale. L’auteur déduit des résultats obtenus par M. Soreau et par l'Observatoire de Lindenberg des courbes qui re- présentent, à quelques millièmes près, les variations relatives de la pressionet du poids spécifique moyen de l’air avec l'altitude dans nosrégions. — M. Maur. Le- blanc: Sur une nouvelle machine frigorifique à air. Cette machine, actuellement en essai, est constituée par la réunion d’un compresseur watté, d'un détendeur dé- watté, d'un refroidisseur, d’un réfrigérant et de deux ventilateurs, — MM. L. Dunoyer et P. Toulon: Sur la polarité de l'arc électrique. Les expériences des au- teurs confirment que, s’il n’y a pas contact entre les électrodes, il n’y a jamais allumage de l’arc (au-dessous d’une tension limite), même au sein d’un gaz très con- ducteur, si l'électrode froide est cathode; il y a, au con- traire, allumage certain si elle est anode. Il faut done, pour l’allumage de l’arc, que l’une des électrodes émette des électrons. En effet, quand l'électrode froide est ca- thode, elle n’en émet pas parce qu’elle est froide, et l'électrode chaude n’en émet pas parce qu’elle est posi- tive; si, au contraire, l’électrode chaude est négative, elle émet des électrons et l'arc s’allume. — M. B. Szi- lard : Sur un nouvel électromètre à index rigide destiné à la mesure des radiations. Il est fondé sur le principe suivant : L’aiguille servant à la fois d'équipage mobile et d’index rigide est électriquement reliée à la cage; elle est attirée par un « cadran » de forme spéciale, | isolé et chargé d'électricité au moyen d’une minuscule h14 machine à frottement. L’aiguille est suspendue par un ruban fin, {endu, dont la torsion sert de couple anta- goniste, —M.F. Guéry : Sur une propriété curieuse d'un montage spécial des machines électriques excitées en série.— Il s'agit du montage dit en zigzag, où induit d'une des machines est monté en série avec l’inducteur de la voisine et où tous ces ensembles d’un inducteur et d’un induit sont mis en parallèle les uns avec les autres.—M. Ed. Belin: Sur la transmission de l'écriture et des dessins part. s. f. L'auteur est parvenu àtrans- mettre sans fil l'écriture et le dessin, Il a utilisé les ondes entretenues pour la transmission, et pour la réception il a substitué au nomètre enregistreur. — MM. G. Friedel et L, Royer : Sur les liquides à plans équidistants de Grandjean. 1i paraît hors de doute que le pouvoir rotatoire énorme qui caractérise les liquides à plans est, au même titre et en même temps que la réflexion des télé one son galva- couleurs par ces liquides, déterminé par la structure très particulière liée à l'existence de ces plans. Cette structure doit comporter, d’un plan à l’autre, des tor- sions extrêmement fortes. — M. H. Longchambon : Etude spectrale de la triboluminescence du saccharose. Le spectre de la lumière émise par triboluminescence est formé de bandes étroites et bien séparées. La tri- boluminescence du sucre serait due à une eflluve s’ef- fectuant dans l'air entre deux particules solides qui viennent d’être séparées brusquement et se trouvent chargées électriquement. — MM. P. Jolibois et R,. Bossuet : Précipitation par la soude du nitrate d’ura- nyle. Radio-activité du précipité. La précipitation du nitrate d'uranyle en solution étendue ne commence que lorsque l'introduction d’une quantité équimoléculaire de soude est complète; le précipité de UO? renferme plus ou moins de soude. Le premier précipité qui se forme entraîne une partie très importante de l'uranium X. — M. M. Geloso : Sur l'adsorption du fer par les pré- cipités de bioxyde de manganèse. La quantité de fer adsorbé varieen raison inverse de l'acidité ; elle croît avec l’adsorbant, Le fer adsorbé se trouve en majeure partie à l’état d’hydrate et non de sel. — MM. Ch. Dufraisse et P. Gérald : l’action des alcools sur l’u- bromobenzalacétophénone. — M. St. Jonesco : Sur la répartition des anthocyanidines dans les organes colorés des plantes. Les anthocyanidines, en tant que pigment coloré et à l’état libre, n’existent pas dans tous les tis- sus colorés qui contiennent de l'anthocyane. Elles semblent caractéristiques des organes d'un rouge pur, tandis que l’on trouve à leur place un pigment jaune dans les organes colorés en bleu, en violet ou dans ceux d’un rouge pourpre, chez lesquels les anthocyanidines font complètement défaut. 3° SCIENCES NATURELLES. — M.Ch Depéret: Æssai de coordination chronologique générale des temps quater- naires. L'auteur termine son étude des formations qua- ternaires marines du nord de l’Europe par un court aperçu sur l’histoire du bouclier scandinave, — M, (T Delphy : Gregarina Saenuridis All, et son hôte, L’au teur a retrouvé chez le Pachydrilus verrucosus des côtes de la Hougue, en grande abondance, cette Grégarine décrite par Kolliker en 1848. Elle passe par un stade - ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES / Monocystis, puis par un stade Zygocystis. — M. W.R. Thompson : Ætude de ‘quelques cas simples de para- sitisme cyclique chez les Insectes entomophages. L'étude mathématique du parasitisme cyclique montre que la présence du parasite n'empêche pas l’hôte de S’accroitre; il devient même de plus en plus nuisible pendant un temps considérable, puis peut rester en nombre sta- tionnaire, deux générations dans le cas examiné; le maximum d’abondance est alors atteint. Mais à ce mo- ment brusquement s'accomplit le résultat du travail parasitaire : l'hôte disparaît presque complètement; après quoi il peut rester à l’état inoffensif pendant une longue période. — MM. E. Wolman et M.Vagliano: Influence de l'avitaminose sur la lactation. La ratte nourrice est incapable de réaliser la synthèse des vita- mines de croissance, Mise à un régime avitaminé, elle continue à fournir pendant quelque temps du lait de qualité et en quantité suflisantes pour assurer le déve loppement des petits. Plus tard, la sécrétion lactée de- vient insuflisante. — MM. G. Mouriquand et P. Mi- chel: Sur l'auto-immunisationcontreles régimes carencés. Les auteurs ont observé chez des cobayes nourris avec des aliments carencés une forme de scorbut chroni- que, avec rétablissements et rechutes successives. Tout se passe comme si l'organisme avait acquis une sorte d’immunité vis-à-vis de l'aliment carencé, — MM. L. Panissetet J. Verge: Les « donneurs de sang » en médecine vétérinaire. Les dangers de l’agglutination et de l’hémolyse sont peu à craindre chez le cheval. Ils apparaissent beaucoup plus redoutables chez le bœuf, mais il sera toujours possible de leséviter en pratiquant avant toute transfusion, des expériences in vitro. — MM. C. Levaditiet S. Nicolau : Vaccine et néoplas-\ mes. L'origine embryologique des néoplasmes domine leur aflinilté pour la vaccine : les tumeurs épithéliales ecto-endodermiques permettent la culture du virus vac- cinal, à l'encontre des tumeurs sarcomateuses mésoder- miques qui, elles, détruisent ce virus. La vaccine fait perdre aux cellules néoplasiques épithéliales leur pou- voir de greffe. L’épithéliome, contaminé par la vaccine, subit une excitation néoformative avant de se ramollir, de se nécroser et de s’éliminer, La cellule cancéreuse emprunte à l'organisme qui l’héberge l’état réfractaire vaccinal conféré à ce dernier. Elle est cependant inca- pable de se vacciner pour son propre compte. SOCIÉTÉ FRANCAISE DE PHYSIQUE Seance du 2 Juin 1922 M. B. Cabrera : Le paramagnétisme et la structure de l'atome. L'état actuel de nos connaissances rela- tives à la constante magnétique des ions du groupe du | fer nous permet d’en tirer d’inléressantes conséquences concernant sa constitution électronique; elles peuvent être étendues aux autres groupes paramagnétiques constitués par les deux autres triades d'éléments de la colonne VIII de la classification périodique et par les ter- res rares. Une critique raisonnée de l'ensemble des ré=, sultats obtenus dans ces dernières années par différents expérimentateurs montre que les moments atomiques des ions du groupe du fer ont les valeurs indiquées ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES dans le tableau suivant, exprimées en magnétons de Weiss : Cation Cr: Cr” Mn::' Mn:: Fe: Fe: Co::: Co:: Ni°:: Ni Cu Cu. Moment 19 © 24 ? 292:729 26 HAE MAN MADETS 0 Nombre d'électrons Ni 3 & & 5 5 6 6 7 7 8 9 Une autre conséquence importante de cette étude cri- tique est l'indépendance du nombre de magnétons des ions par rapport au degré de dissociation du sel. Comme conséquence inévitable de cette dernière loi, il faut sup- poser que les électrons de valence n’interviennent pas dans la production des moments magnétiques, D’au- tre part, la périodicité du paramagnétisme, en opposi- tion avec l'uniformité de variation des masses atomi- ques et des spectres K et L de rayons X, montre égale- ment que ni le noyau ni les premiers étages qui se forment dans le Het He (K) et dans la première période courte constituée par les éléments du Li au Ne(L), ne participent non plus à l’origine de celte propriété, En ce qui concerne les électrons ajoutés à l'atome dans la deuxième période courte du Na au A, il est probable qu'ils ne jouent aucun rôle, quoique aujourd’hui on ne sache pas exactement si l’étage correspondant s'est com- plètement formé dans le A. Ce qui parait indubitable est que l'organisation du système électronique produi- sant le moment magnétique ne commence que vers le Ti dans la première période longue. Pour l'interprétation de la variabilité des valences des éléments compris entre le Ti et le Cu, on admet aussi généralement que les électrons qui s'ajoutent dans ce groupe peuvent pénétrer dans des couches profondes dé l'atome, Pour cela, et laissant de côté toute hypothèse concernant l'étage dans lequel se trouvent réellement ces électrons, l’au- teur appelle N, les électrons qui ne se présentent pas comme électrons de valence, et dont le nombre, pour chaque cation, est consigné dans le dernier rang du ta- bleau précédent. Construisons un graphique avec ce nombre d'électrons pour abscisses et le moment atomi- que pour ordonnées : il offre une régularité si évidente, qu'il devient un auxiliaire précieux pour nous aider à résoudre le problème de la localisation de ces électrons. On peut ajouter comme origine de cette courbe le mo- ment atomique 0 pour le Ti:'°° et alors on obtient comme moments très probables pour les cations avec un électron (Ti et V:°°:) et avec deux électrons (Ti: : et V:::) dans N,,8 et 14. Nous n'avons pas encore de données expérimentales précises concernant ces ions; on trouve seulement dans la littérature une valeur pour le CBTi, très discutable d’ailleurs, due à Wedekind et d’où l'on déduit 8,6 pour le nombre de magnétons du Ti: :". Un intéressant problème que la courbe en ques- tion peut amener à résoudre, est de savoir si les élec- trons qui produisent la liaison entre l'oxygène et le métal dans le cas des oxydes, cessent d'intervenir dans le moment magnétique. Il existe plusieurs séries de mesures concernant cetle sorte de composés, mais, gé- néralement et pour divers motifs, elle ne sont pas uti- lisables pour le calcul du moment atomique, On peut si- gnaler seulement un travail de Honda et Sené, pas très précis, sur les oxydes du manganèse, d'où on déduit que l'intervention desdits électrons dans le moment magnétique est pratiquement nulle. Ainsi dans MnO?, pour lequel l’atome Mn a quatre de ses électrons em- ployés dans la liaison avec les deux oxygène, corres- pond un moment voisin de 19 magnélons, comme pour le Cr':, nombre caractéristique du cas où existent trois électrons dans N, et dans Mn°O* le moment est voisin de 24, comme pour le Cr'’, puisqu'il reste libres quatre électrons dans N,. Malheureusement, on ne peut dé- duire aucune interprétation concernant le comportement magnétique, en dessus ou en dessous du point de Curie, des métaux ferromagnéliques. Il faut aussi signaler que le système d'électrons où se trouve localisé le moment atomique possède une pleine liberté d'orientation, même lorsqu'il fait partie de molécules rigides, comme c'est le cas pour Mn?0*. On déduit ceci de la méthode de calcul qu’il est nécessaire d'appliquer pour déduire les moments qui s'accordent au graphique mentionné aupa- ravant. ‘Tous les résultats précédents ont une haute importance au point de vue des théories: actuelles sur la structure de l’atome. Il parait clair que la régularité de la loi de variation du moment magnétique avec le nombre d'électrons N, doit montrer que dans la série des éléments compris entre le Ti et le Cu se produit l’organisation d’un système unique d'électrons, qui est suffisamment voisin de la surface de l'atome pour pou- voir se modifier lorsque le caractère chimique de l’élé- ment change, mais qui se trouve plus profondément placé que la région occupée par les électrons de valence. En deuxième lieu, la libre orientation de l’axe magné- tique indique que les liaisons qui existent entre les ato- mes d’une molécule rigide influent sur l’ensemble des électrons qui établissent les liaisons, à l’exclusion de tout le reste de l’atome, qui peut s'orienter librement, au moins dans les éléments que nous venons de consi- dérer. Cette observation a une importance fondamen- tale pour l’atome récemment décrit par Bohr. — M. A. Guillet : Chronomètre à indication continue et uniforme. M. Guillet présente à la Société un chronomètre dont le rouage, conduit sans discontinuité par un électro-dia- pason, est animé d’un mouvement uniforme. L'appareil réalise la réversibilité de l'opération d'inscription du mouvement de l’oscillateur. SOCIÈTÉ CHIMIQUE DE FRANCE Séance du 26 Mai 1922 M. Palfray : Æthers homocamphoriques neutres et leurs produits de réduction. L'auteur a préparé l’ho- mocamphorate mixte d’éthyle et de phényle, F,. 510- 519,5, et l'a réduit par le sodium et l’alcool absolu en glycol correspondant, CSH!‘ (CH-CH°OH) (CH?OH), F. 63° - 630,5. IL a également obtenu un produit de ré- duction incomplète C8H! (CH2CH°OH) (COOH), F. 130°- 130. — M.P. Landrieu: Sur un nouveau genre de racémique actif. L'auteur communique les résultats qu'il a obtenus en cherchant à combiner l'acide tartri- que actif avec l'acide tartrique inactif par nature, Il a obtenu de beaux cristaux d’une combinaison double, 416 formant une sorte de racémique actif, Ces cristaux, dissous dans l’eau, ont un pouvoir rotatoire égal à la moitié de celui de l’acide actif. L'étude de la courbe de la composition des eaux-mères en équilibre avec les différents précipités démontre qu'on est bien en pré- sence d’une combinaison double et non pas de cristaux mixtes. Seance du 9 Juin 1922 MM. Ch. Moureu, Ch. Dufraisseet C. M. Mackall : Le diphénylphényléthinylcarbinol et ses dérivés. Les au- teurs ont préparé le chlorure (CH) (C6H®.C — C)CCI, . en cristaux blancs, F,90-71°, donnant par hydrolyse, l’alcool correspondant. En essayant de préparer l’éther- oxyde éthylique par action de l'alcool en présence d'acide sulfurique ou chlorhydrique, les auteurs ont obtenu un composé jaune, fusible à 87-889, qui paraît être identique au composéque viennent de décrire Meyer et Schuster. — M. E. E. Blaise communique les résul- tats de ses recherches sur la préparation des v-dicéto- nes à partir du chlorure d’oxalyle et des dérivés organo- zinciques mixtes. Il montre que l’action de C#H7.7Znl sur le dichlorure oxal-bis-oxyisobutyrique donne un mélange renfermant le bis-cycloacétal-oxyisobutyrique du propylglyoxal et le biscycloacétal-oxyisobutyrique du dibutyryle. Ce dernier existe lui-même sous deux formes stéréoisomères, l'une racémique et l’autre inac- tive par nature, Le dédoublement des cycloacétals, réa- lisé dans des conditions convenables, conduit respecti- vement au propylglyoxal et au dibutyryle. Le premier de ces corps doit sa formation à une action réductrice du dérivé organo-zincique ; il constitue un liquide jaune vert, à odeur forte et piquante, bouillant à 36° sous 16 mm., donnant immédiatement une disemicarbazone et. une osazone, Son acétal diméthylique bout à 65-66° sous 16/4 mm. Le dibutyryle, déjà obtenu par M.Locquin, bout à 610,5 sous 14 mm. Sa dioxime fond à 181-1820 et sa disemicarbazone au-dessus de 250°. SOCIÉTÉ ROYALE DE LONDRES Séance du 9 Février 1922 (fin) M. J. E. Jones : La fonction de distribution de la vitesse et les tensions dans un gaz monoatomique raréfié non-uniforme. — M. W. B. Hardy et Mlle I. Dou- bleday : La lubréfaction limite; la série paraffinique. Les auteurs ont étudié les propriélés lubréfiantes des paraffines normales et de leurs acides et alcools dans les conditions de frottement limite. La loi d'Amonton se vérifie rigoureusement pour les mêmes surfaces de frottement et lubréfiants. Le frottement est indépendant ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES de la quantité de lubréfiant présent. C’est une fonction linéaire du poids moléculaire; on au — frottement : charge — a — bM, où M est le poids moléculaire et b une fonction pure de la constitution chimique. Seance du 16 Février 1922 SCIENCES NATURELLES. — MM, J. B. Cohen, C. H- Browning, R. Gaunt et R. Gulbransen : Xelations entre l'action antiseptique et la constitution chimique. Les recherches des auteurs mettent en évidence l’action antiseptique extrêmement puissante de certains dérivés de l’acridine, des sels de diamino-acridine et du métho- chlorure de cette base, La présence de groupes aminés accroit le pouvoir antiseptique de l’acridine ; l’alkyla- tion du groupe aminé le diminue, et l’acétylation le détruit. — MM. L. Hill, D. H. Ash et J. A. Camp- bell : Le chauffage et le refroidissement du corps par l'application locale de chaleur et de froid, Quand on chauffe ou refroidit les mains avec de l’eau, le chauffage ou le refroidissement du corps est important, mais il n’est pas constant pour un intervalle donné de tempé- ralure. Une perte de chaleur de 20 à 25 kilo-calories par les mains en 30 min. n’affecte pas sensiblement le métabolisme du corps, — M. D. T. Harris : L’hyper- émie active. Le nerf lingual contient de vraies fibres vaso-dilatatrices et des fibres vaso-constrictives sympa- thiques. On peut produire une hyperémie active dans la langue du chien par excitation réflexe des nerfs vaso- dilatateurs au moyen de la stimulation des récepteurs calorifiques de la peau. — M. B. B. Sarkar : Le nerf dépresseur du lapin. Ce nerf est généralement formé de deux branches, une provenant du laryngé supérieur et une du vague, et il est relié avec le ganglion cervical inférieur, la racine de l'aorte et la base du cœur. Il contient des fibres moyennes et très fines à myéline, et desfibres sans myéline. — MM. A. Lipschutz, B.Ottow, C. Wagner et F. Bormann : L’hypertrophie des cellu- les interstitielles dans le testicule du cobaye soumis à diverses conditions expérimentales. La castration par- tielle cause souvent une énorme hypertrophie du tissu interstitiel. Cette hypertrophie n’est pas compensatrice, car la tendance à l’hypertrophie est plus marquée dans les fragments à afflux sanguin amélioré. L’hypertrophie parait être indépendante de la fonction sécrétoire interne du testicule dans ses relations avec l’ensemble de l'organisme; c’est une réponse à des conditions locales. Le Gérant : Gaston Don. Sté Gle d’Imp. et d'Ed., rue de la Bertauche, 1, Sens. | À 33: ANNÉE N° 14 30 JUILLET 41922 Revue générale HeS Sciences pures et appliquées Fonpareur : LOUIS OLIVIER Direcreur : J.-P. LANGLOIS, Professeur au Conservatoire national des Arts-et-Métiers, Membre de l’Académie de Médecine ss 2 . Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M.J.-P. LANGLOIS, 8, place de l'Odéon, Paris. — La reproduction et la traduction des œuvres et des travaux publiés dans la Revue sont complètement interdites en France eten pays étrangers y compris la Suède, la Norvege et la Hollande CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE $ 1 — Distinctions scientifiques Elections à Paris. — Dans ses séances des 26 juin et 3 juillet, l'Académie a procédé à l'élection de deux correspon- dants dans sa Section de Chimie, en remplacement de MM. Ph.-A.Guye et E. Solvay, décédés. Son choix s’est porté sur M. Amé Pictet, professeur de Chimie à l'Uni- versité de Genève, auteur de beaux travaux sur la cons- titution des alcaloïdes et celle de l’amidon, et sur M, A. Recoura, professeur à l'Université de Grenoble, qui s’est spécialisé dans l'étude des composés complexes du chrome, $2. — Physique Le problème de la prise de terre en radio- télégraphie. — La réalisation d'une bonne prise de terre constitue l'un des problèmes essentiels de l’éta- blissement des postes radiotélégraphiques ; elle est particulièrement importante en ce qui concerne les relations à grande distance, parce que, pour ces rela- + tions, on opère au moyen d'oscillations à fréquence relativement basse ; le rayonnement des aériens est alors sensiblement moins efficace que pour les postes » ordinaires, travaillant avec des oscillations plus rapi- » des ; la fraction d'énergie rayonnée,comparativement à 1 la dépense totale d'énergie, se trouvera de la sorte très réduite; c’est ainsi que telle grande station, transocéa- nique, avee une résistance perdue de 1,6 ohm, dont 1 pour la prise de terre, ne rayonne qu'une puissance correspondant à une résistance fictive de 0,07 oh; le rendement de rayonnement n’y est done que 4,1 /, ce qui représente un gaspillage d'énergie considérable; il REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, Een l'Académie des Sciences de est dès lors évident que l’on aurait le plus grand inté- rêt à améliorer les prises de terre. L'ingénieur américain Alexanderson, créateur d’un alternateur à haute fréquence pour la production méca- nique directe des oscillations radiotélégraphiques, a imaginé à cel égard un perfectionnement susceptible d'améliorer notablement le fonctionnement des instal- lations radiotélégraphiques; son système consiste à établir, en un certain nombre de points dela longueur de l’antenne, des liaisons supplémentaires vers la terre. Ce système a été mis en pratique à la grande station radiotélégraphique de New Brunswick; l’on y est par- venu de cette façon à abaisser la résistance de la terre de 3 ohms à 0,20. D’après cela, le procédé pourrait être. tenu pour pratiquement efficace; il n’est toutefois appli- cable qu'aux antennes longues et étroites, telles qu’on les emploie au poste sus-indiqué ; en outre, il impli- que un accord séparé pour chacune des prises de terre, ce qui oblige à des opérations peu avantageuses, cha- que fois que l’on veut modifier la fréquence d'oscillation de l’aérien ; l'inconvénient est mitigé, il est vrai, lors- qu'il s’agit d'installations puissantes, parce que l’outil- lage en est de toute façon tellement complexe que la complication de l'antenne ne change pas grand’chose à la situation. En Allemagne, le D' Meissner, de la Compagnie Tele- funken, prétend être arrivé à des résultats non moins décisifs par un procédé plus simple, qui consiste à déposer dans le sol, sous l'antenne, des fils distribués de telle sorte que le courant recueilli par chacun soit proportionnel à l'intensité du champ électrique de l’an- tenne dans la région correspondante; entre ces fils et la prise de terre proprement dite, des conducteurs de 1 418 retour sont établis sur potelets. Le D' Meissner aflirme que, de cette façon, le courant est repris à la terre aussitôt qu'il y pénètre et que la résistance de la prise de terre est ainsi réduite à un minimum; pour de peti+ tes antennes, il est arrivé par ce procédé à abaïsser la résistance à 0,1 ohm; or, la résistance des grandes antennes est toujours moindre que celle des petites; les grands postes, on peut donc compter ainsi arriver à des résistances plus faibles encore que celle de 0,1 ohm déjà réalisée dans les petits ,postes ; il reste toutefois à vérilier expérimentalement cette conclusion, l'inventeur n’en ayant pas encore fait la preuve. E. M. pour $3. — Chimie Recherches sur l'effet des atmosphères réductrices sur le cuivre.— Le cuivre subit d’or- dinaire, lorsqu'il èst chauffé vers roo ou 800° C., des modifications de texture qui en altèrent considérable- ment les.propriétés et peuvent le rendre absolument inutilisable pour les applications usuelles. Des travaux récents ont montré que ce phénomène * ° est dù à l'influence des atmosphères réductrices dans lesquelles on opère sur l’oxyde de cuivre que le métal contient ; M. T.S. Fuller, à Shenectady, s'est livré à ce sujet à une longue série d'expériences. Ses recherches ont particulièrement établi que la sensibilité du métal vis-à-vis des gaz réducteurs est extrêmement marquée, de telle sorte qu'il suflit de l’at- mosphère réductrice résultant des matières organiques d'un bain de sable de mer pour l’affecter profondé- ment. Un autre technicien américain, M. R. J. Redding, avait d’ailleurs déjà reconnu que la légère pellicule d'huile laissée sur des pièces en cuivre par les opéra- tions d'usinage pouvait provoquer la détérioration du métal au cours du recuit. Une première conclusion des observations de M. T.S. Fuller est qu’il faut soigneusement veiller à ne pas chauffer le cuivre dans des milieux susceptibles d’exer- cer une action réductrice, si faible soit-elle, sur le métal ; l’acier et le sable ne peuvent à cet égard être considérés comme inertes à l’égarddu cuivre. On ne peut espérer conserver à un fil de cuivre ses füt-ce dans un même propriétés normales si on le chauffe, milieu absolument inerte, dans un tube d’acier, préalablement chauffé d’une façon prolongée; le car- bone‘du métal suffit à produire une atmosphère réduc- trice d’une nocivité marquée. Avec un tube en fer électrolytique, pas de contamination du cuivre, à la condition que la malière où celui-ci est placé ne soit pas de nature à donner des gaz réducteurs; c’est ce qui se présente avéc le sable, si l’on n’a pas la précaution de le sou- mettre préalablement à un chauffage prolongé, de 4-5 heures par exemple, à 600°C. Moyennant ce traitement, le sable est rendu inerte ; est inerte aussi l’alumine en poudre fine; un fil plongé dans cette matière et chauffé dans un tube en porcelaine ne subit pas de détérioration ; même chose dans un ; par contre, un fil chauffé pendant y heure, on ne constate tube en cuivre CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE à l'air, perd complètement ses propriétés ordinaires, de ductilité par exemple. M. T.S. Fuller pense que la dégradation subie par le métal est due à la formation et à l'accumulation, et fina- lement aux pressions internes qui résultent de cette accumulation, des gaz provenant de la combinaison des gaz réducteurs avecl’oxygène de l'oxyde de cuivre dis- séminé dans la masse; on constate, en tout cas, une légère augmentation du diamètre des conducteurs après chauffage. D'autre part, le cuivre ne subit pas de détérioration lorsqu'il est exempt d'oxygène; on obtient du cuivre exempt d'oxygène en désoxydant le métal, lorsqu'il est en fusion et surchauffé, par une addition de carbure de bore. Henri Marchand. $ 4. — Zoologie L'histoire naturelle des grenouilles nord- américaines. — Le « Bureau of Fisheries » des Etats-Unis a récemment publié un intéressant opus- cule sur l'utilisation et la biologie des grenouilles !. Jusqu'icitoutes les grenouilles ?étaient capturées à l’état sauvage. Pour permettre de tenter avec des chances de succès l'élevage des grenouilles, il importait avant tout de posséder des renseignements précis sur les espèces comestibles, la chronologie de la ponte et des éclosions, la nourriture des têtards et des adultes, les ennemis à redouter : ce sont ces indications que nous fournit M. Wright dans sa brochure magnifiquement illustrée. Les espèces comestibles sont nombreuses : ce sont les grenouilles yertes(Rana clamituns), taureau(?. cates beiana), taureau du Sud (2. grylio), léopard (2. pi- piens), léopard du Sud (2. sphenocephala), pickerel (R.palustris), à pattes jaunes (2. boylii), occidentale (2. pretiosa), taureau de l'Ouest (2, aurora). — D'au- tres formes de grenouilles (Rana septentrionalis, R.vir- gatipes), R. æsopus, où de crapauds (Scaphiopus Hol- breokii, Bufo americanus) pourront peut être aussi apparaître sur le marché. — Enfin il existe toute une série d'espèces appartenant aux genres Æ/yla,Acris, ete. considérées comme « undesirable ». Pour tenter l'élevage des grenouilles, il faut commen: « cer par se procurer un « stock » : on pourra à cette fin s'adresser à cinq stades : adultes isolés, individus dd ae œufs, têtards, stades de transition. . Individus isolés. — Les mœurs sont très abs et sa espèce possède des faciès de prédilection. Des photographies illustrent ces faits et montrent l’habitat des différentes grenouilles, de celui du « mink frog » qui fréquente les étangs à castors couverts de nénu- phars à celui de la rainette des déserts qui hante les mares pierreuses de l’Arizona. Certaines formes sont” grégaires (grenouille léopard), d’autres sont beaucoup plus solitaires (grenouille verte et taureau) : il sera 1. A. H. Wricar : Frogs, their natural history apd utiliza=- tion. Appendix VI to Report U. S. Commiss, Fish. 1919 (Bureau of Fisheries, Document n° 888), 1920, 44p. + xxirpl. 2, En 1908, on signale 250.000 livres de pattes, valant 42,000 dollars. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 419 done plus difficile de commencer un élevage par les adultes isolés de ces dernières. ; 2. Paires accouplées. — On sait que le mâle se recon- naît à la tuméfaction glandulaire du pouce. Les prin- cipales espèces comestibles peuvent — fait précieux — être distinguées par le mode de leur accouplement. Les quatre Rana édibles (léopard, picherel, verte, taureau) pratiquent « l’embrassement pectoral »,le mäle tenant la femelle en arrière des pattes antérieures, ses mains appliquées sur la poitrine de cette dernière. La rainette et le crapaud s'adonnent à « l’embrassement axillaire », le mâle enfonçant ses avant-bras dans les aisselles de la femelle, ses doigts antérieurs repliés. D’autres gen- res (Scaphiopus, Gastrophryne, ete.) pratiquent « l’em- brassement inguinal», le mâle saisissant la femelle juste en avant des pattes postérieures. IL faut noter d’ailleurs qu’un mâle affaibli de Bufo (à embrassement normal axillaire) ou de ana (à emb. norm. pectoral) peut saisir la femelle selon le mode inguinal, 3. OŒEufs.— La difliculté réside ici dans la détermi- nation des œufs qui exige une certaine attention. L’au- teur donne des renseignements précis sur la forme des masses d'œufs et sur leurs emplacements : certains œufs flottent, d’autres sont fixés à des végétaux, se présentant sous forme de lames, d’amas diversement conslitués, ou de chapelets; rarement les œufs sont pondus isolés; en ce cas, leur récolte est particulière- ment difficile (//yla crucifer). 4. Tétards. — La durée de cette phase est très varia- * ble : alors que 60-80 jours s’écoulent, pour la grenouille léopard, entre la sortie de l’œuf et la transformation en grenouille, il faut compter 1 an pour la gre- nouille verte, 2 pour la grenouille taureau dont la larve atteint une taille de plus de 8,75 cm. à. Stades de transition. — La métamorphose est une époque critique pour le têtard et certains recomman- dent la capture des grenouilles au moment où les pattes sont apparues et où la queue est en voie de réduction. Un problème capital pour l'élevage est celui de la nourriture des grenouilles. Les têtards se contentent de matières en putréfaction, végétales ou animales : ils dévorent en captivité avec ardeur leurs congénères décédés et l’on sait que les têtards se chargent à mer- veille du dépouillement des pièces ostéologiques, Pen- dant la métamorphose, l'animal se nourrit à peine : il est vraisemblable que les réserves provenant de la ré- sorption caudale suflisent à l’alimenter, Enfin, dès que la queue a disparu, s'établit le régime purement car- nassier des adultes, où les végétaux (moins de 1 0/5) sont probablement ingérés accidentel'ement, comme le gravier (0,1 0/0). — Les animaux forment 97-98 0/5 du total : mollusques (1-3 0/0), vers(1 0/0 chez le crapaud), araignées (2 0/, [crapaud] — 27 0/5 [grenouille léopard|), crustacés (2 0/0 [crapaud] — 20,25 0/5 [g. taureau), myriapodes (1,6 0, [grenouilles] — 10 0/0 [crapaud}|), insectes surtout formant la grosse majorité (coléopte- res, chenilles, sauterelles, fourmis, etc.). Les Vertébrés sont rarement utilisés : on a cependant trouvé dans l'estomac de la grenouille taureau des têtards, gre- nouilles, poissons, moineaux, canetons, souris, ser- pents, voire de jeunes alligators ! [ p. 1-12 et36-41 [en russe] (résumé en français, p, 71-72 et 76). Les ennemis des grenouilles sont innombrables : Insectes (notonectes, larves de dytiques), Poissons, Amphibiens (salamandres, Necturus, Cryptobranchus ; certaines grenouilles adultes ne reculent ni devant le fratricide, ni devant le cannibalisme), Reptiles, les plus dangereux et féroces mangeurs de grenouil- les (alligator, tortues et surtout serpents qui leur font une guerre acharnée), Oiseaux (hérons, falco- nides, canards, etc.), Mammifères (rats, petits carnas- siers). Enfin l'homme détruit les grenouilles à toutes les époques de l’année et spécialement pendant la pa- riade (0,9 des captures) : il faudrait fixer des dates à partir desquelles seulement la chasse serait autorisée, ce qui permettrait d'empêcher le dépeuplement tôt ou tard fatal si une réglementation scientifique n'inter- vient. Th. Monod. S 5. — Sciences médicales La peste en Russie.— Les nouvelles qui nous par: vienneñt de Russie sont assez rares pour qu’il ne soit pas sans intérêt de mettre sous les yeux des lecteurs de la Xevueles renseignements donnés par le Dr S. Nika- noroff, Directeur de l'Institut de Microbiologie et d'Epi- démiologie à Saratov, sur l'épidémie de peste qui a sévi tout récemment dans le pays des Kirghiz!, Ces rensei- gnements élant de source russe, donnés avec une rigueur scientifique, ne peuvent être entachés d’inexactitude ni surtout correspondre à un pessimisme exagéré. Ils sont intéressants’ à plus d’un titre. La peste sévit à l’état subendémique dans la steppe des Kirghiz, Avant la guerre, il y eut des épidémies en 1900 et 1913 ; depuis en 1915, 1917 et enfin 1921-22. Toutes ces épidémies suivirent immédiatement des épizooties pes- tiques de Rongeurs (rats, souris, surmulots, spermophi- les). En 1920-21, il y eutune grande épizootie de souris, qui ne fut pas suivie d’épidémie. Au cours de la dernière épidémie, le rôle [déjà connu] des puces dans la propa- gation de l'infection a été très évident; mais, s’il est important, il n'est pas nécessaire, Le D' Nikanoroff signale «l’origine de la pneumonie primaire chez l’une des premières victimes de l'épidémie [de 1915]. La per- sonne en question rentrait du foin, dont les couches inférieures contenaient beaucoup de cadavres de souris mortes aux différents moments; il y avait aussi des malades et des mourantes, C’est problablement en res- pirañt la poussière infectée que la contagion s’est pro- duite. La possibilité de ce fait tient à ce que le microbe de la peste dans le milieu albuminoïde à l’état sec (cra- chat, exsudat, fèces) conserve, d’après nos observations, la vitalité et la virulence pendant 165 jours environ. » [On admet généralementque le bacille de Yersin se con- serve mieux à l’état humide qu'à l'état sec et le maxi- mum de durée observe était 109 jours (Zlatagoroff, sur des cadavres de rats conservés à 3 ou 5°).] Voici, très rapidement résumé, ce que dit le Dr Nika- noroff de la dernière épidémie, qui n’était pas terminée en février dernier: « Jusqu'au dernier temps, la peste 1. Rev. de Microbiol. et d'Epidémiol. (Saratovy), t. L L 420 endémique dans la steppe des Kirghiz n’a pas présenté de menace à la République, car il y avait la certitude que la vigoureuse organisation anti-pestique dela steppe ga- rantit du danger.A présent la situation est changée ; l'or. ganisation est détruite; nous manquons de force et de moyens pour lutter contre la peste. C’est pour cela que l'épidémie qui a éclaté dans le rayon de Talovka de Kirghiz présente un intérêt particulier. De juillet 1921 à février 1922, chez 3 familles, 23 personnes ont été atteintes, 6 guéries, 16 mortes et r encore malade. Des 23 cas,nous attribuons : 18 à la peste bubonique, 3 à la forme pulmonaire, 1 bubono-pulmonaire, 1 à la peste cuta. née; le nombre de cas mortels est de 70 °/,. L’épidémie s'est passée de soins médicaux... On ne peut pas envi- sager l’avenir sans inquiétude parce que pour la lutte contre la peste nousn’avons ni personnel ni équipement pour l'évacuation. Or, laigrande mortalité des habitants à la suite de famineet d’autres maladiés a affaibli la peur de la peste, ce qui augmente la possibilité de pro- pagation de l'infection. Au surplus, on s'attend à ce qu’au printemps la population se nourrisse en n#asse de spermophiles. S'il y a une épizootie pestique, cela fera un contact sans précédent des habitants avec la cause de la peste. Et il est problable qu’une épidémie pestique éclatera de nouveau .l» — Si la peste, partie de l’Oural, menace la Russie occidentale, cela constitue un danger prochain pour l’Europe centrale et peut-être même l’Eu- rope occidentale, ; t $6. — Géographie Les influences géographiques en linguis- tique. — La Géographie linguistique, d’après M. Al- bert Dauzat, a pour but essentiel de reconstituer l’histoire des mots, des flexions, des groupements syn- taxiques d’après la répartition des formes et des types actuels !. Cette répartition, en effet, doit être non seu- lement fonction du passé, mais aussi des conditions géographiques et du milieu dont l’homme est solidaire. A limitation de la Géologie, la Géographie linguistique devra reconstituer par leurs affleurements actuels les couches superposées des motsen grande partie enfouis. Il s'agira de retrouver, pour le nom d’un objet ou d’une idée, l’âge respectif et les aires successives des types aujourd'hui juxtaposés. C’est ainsi que les mots les plus archaïques se retrou- vent en général dans les montagnes et que les forma- tions néologiques se sont développées dans les plaines, ce qui tient aux conditions qui ont présidé au rayonne- ment et à la propagation des motset qui sont nécessai- rement en rapport avec la géographie physique. Cette connexion supporte cependant des exceptions, et M. Dauzat observe que des conditions purement sociales entrent aussi en jeu. Par exemple, la Wallonie, contrée de plaine, est sensiblement aussi archaïque que la région pyrénéenne et l’est souvent plus que les Alpes, parce qu’elle est adossée, aunord et à l’est, aux langues germaniques. En même temps que la distribution des vocables qui 1.Ac8EertT DAuzAT : La géographie linguistique, 1 vol. in-16 de 200 pages, avec 7 figures dans le texte, E, Flammarion, éditeur, Paris, 1922. CHRONIQUE ET {CORRESPONDANCE peut s'inscrire sur des cartes, la Géographie linguisti- que étudie leurs migrations, leur extension, leur recul, — les rencontres, les altérations, les chocs survenus au cours de ces voyages. C’est au cours de ces déplace- ments que les termes sont le plus sujet à s’altérer. « Les mots suivent les grandes voies géographiques emprun- tées par les invasions "comme par les échanges com- merciaux et les relations sociales normales ; eux aussi se heurtent à des barrières naturelles formées par la mer, les montagnes, les espaces inhabités, comme aussi aux barrières linguistiques qu'offrent les groupements humains parlant des langues foncièrement différentes, et réfractaires, par suite, aux échanges intellectuels. Mots, formes et locutions rayonnent surtout autour des grands centres urbains, qui sont à la fois des foyers de civilisation et, d’une façon plus restreinte, d'irradia-, tion linguistique, » La différenciation du langage a des causes purement sociales et des raisons d'ordre géographique; elle est plus grande dans les montagnes que dans les plaines, à cause du plus complet isolement des vallées. Les rap- ports linguistiques des idiomes voisins dépendent des relations entre les populations quiles parlent. M. Dau- zat cite l'exemple de la Corse où l'on parle un dialecte qui n’est ni provençal, ni gênois, mais toscan, preuve des relations continues avec la Toscane pendant le Moyen âge. Les patois de l'ile de Ré se rattachent aux parlers poitevins situés au nord, tandis que ceux de l'ile d'Oléron dérivent des parlers saintongeais situés au sud-est, Les séparations linguistiques diffèrent beaucoup en précision. Elles peuvent être très nettes quand il s’agit d'obstacles naturels : bras de mer, montagnes difficiles à franchir, espaces inhabités ; l'embouchurede la Gironde forme une limite bien tranchée entre le gasconet le saintongeais. On peut toujours délimiter une langue dans l’espace en l’opposant à des langues d’un type dif- férent. Nous connaissons les limites du français et de l'allemand, mais on éprouve déjà une certaine peine à tracer la frontière respective du français et du proven- çal, du haut et du bas-allemand, et la difliculté estbien plus grande encore si l’on veut établir des lignes de démarcation à l’intérieur des parlers d’un même domaine linguistique !. « Aucune limite réelle écrit Gaston Paris, ne sépare les Français du Nord de ceux du Midi; d’un bout à l’autre du sol national, nos parlers populaires étendent une vaste tapisserie dont les couleurs variées se fondent sur tous les points en nuances insensible- ment dégradées. » Il en est des dialectes comme des régions naturelles : quand elles ne servent pas de base à des divisions politiques, les limites en restent toujours L indécises, M. J. Vendryes observe qu'en Bretagne la séparation des dialectes coïncide avec les anciennes divisions religieuses et politiques du pays. C’est dans le même sens que M. A. Meillet, parlant des parlers slaves méridionaux, déclare qu’une limite linguistique tran- chée résulte toujours de quelque accident historique, et que c’est la politique qui décidera de l'avenir linguisti- que de la Macédoine ?. Pierre Clerget. DERPE HIREERR Eee E PE LES RES eEbe ÉE LS A e 1. J. Venpryes: Le langage. Introduction linguistique à l'histoire. 1 vol. in-16, Paris, 1921. 2. A. MeILLET : Les langues dans l'Europe nouvelle. 1 vol. in-16, Paris, 1918. Dr Epmonp LOCARD. — L'EXPERTISE DES ÉCRITURES 421 L'EXPERTISE DES ÉCRITURES PAR LES MÉTHODES SCIENTIFIQUES Depuis qu’il y a des écrits, ily a des faux. Jus- tinien en parle et nous avons toute une littérature sur cette question au Moyen âge et dans les temps modernes. Mais, si les faussaires se mon- trent parfois habiles, les malchances et les bé- vues de ceux qui ont mission de les découvrir ont fait la joie des chroniqueurs. Nos contempo- rains ont vécu les jours où se déroulèrent l’A4/- faire Dreyfus et VAffaire Humbert-Crawford, drames, grâce aux experts en écriture, mâtinés des joies de l'ironie. Est-ce donc que la découverte des faux nepeut vonnaître ni technique ni certitude? On en se- rait moins sûr si l’on songeait aux conditions dé- plorables dans lesquelles se font ces sortes de recherches. Je ne parle pas seulement des obli- gations absurdes qu'impose une procédure ar- chaïque, mais surtout du recrutement des ex- perts. Alors que le médecin légiste, le chimiste des fraudes alimentaires, le toxicologue, sont choisis parmi les compétences les plus distin- vuées que puisse offrir le milieu universitaire ou celui des praticiens, l’examen graphique sera remis à qui veut bien s’en charger. On n’exigeni étude préalable, nicompétence,ni spécialisation, ni diplôme, et je préfère ne pas raconter ici quelles étranges combinaisons ces choix peuvent parfois déceler. Osons done le dire, le ridiculeoù a sombré une aussi importante opération de l’ene quête criminelle est dû pour une très large part à l'indifférence et à l’inertie des magistrats. Mieux eût valu renoncer absolument à ordonner des recherches, que de les confier à des gens en qui on n'avait nulle confiance, et dont on reprendrait ‘le travail point par point. Ilest résulté de ce discrédit qu’au moment où se sont fondés les Laboratoires de police, un cer- tain nombre de créateurs de ce qu'on a appelé la police scientifique, effrayés par le dur courant qu'il fallait remonter, renoncèrent systématique- ment à l'étude de l'écriture. Quelques-uns seu- lement osèrent entreprendre l'introduction des méthodes scientifiques dans un domaine où l’em- pirisme seul avait régné jusqu'ici, é Je voudrais, en une revue rapide, montrer où enest la question,où des acquisitions essentielles ont été faites déjà, mais qui appelle encore des efforts prolongés. Il importe avant tout de pré- ciser et de sérier les questions. C’est ce que je vais faire d’abord. + Un document écrit peut être l’objet de diverses sortes de forgeries !. Tantôt le faussaire a gratté une partie du texte, l’a lavé, ou l’a surchargé; c'estce qu’on peut appeler le groupe des faux mécaniques; dans ces sortes de questions, on peut dire que les méthodes d’expertise sont au point. Tantôt le faussaire a décalqué un modèle; et là encore nous sommes armés, lantôt il a guidé la main de sa victime; et c’est encoreun problème clairement soluble. Mais le plus souvent il aura seulement imité l’écriture d’un modèle,ou bienil aura déguisé la sienne propre; et ici se pose la question dela vérification d'écriture proprement dite, qui est la dernière venue dans les labora- toires et la plus redoutable. I. — Les rAux MÉCANIQUES Reiss, à Lausanne, Dennstedt, Voictlander, Popp, Paul, Schneïickert, en Allemagne, ont montré que la microphotographie et l’analyse chimique peuvent toujours déceler les faux mécaniques. Il peut s’agir de grattages, de surcharges, ou de l’un et l’autre superposés. Il est presque tou- : jours facile de faire réapparaitrele texteprimitif, soit par la photographie, soit par certains réac- tifs. S'il s’agit de mots écrits au crayon, la pho- tographie du verso en chambre noire, avec un pinceau de lumière rasant le papier, fait appa- raitre le relief du foulage produit par la pointedu crayon avant l'effacement. Une autre méthode donne d'excellents résul- tats, qu’il s'agisse de grattage, de gommage, ou même de déchirure ou d’arrachement d’une feuille : c’est l’utilisation de la décharge. Onsaït que l’encre et le crayon qui ont servi à tracer un texte ou un dessin ont la propriété de céder une part de leur matière à la page blanche ou noire qui entre en contact avec la feuille où le texte ou le dessin a été tracé. Il se forme ainsi desimages renversées qui, lorsqu'elles ne sont pas discer- nables à l’œil, sont décelables par la photogra- phie. On conçoit qu’en cas de grattage, la dé- charge du texte effacé pourra servir à la recon- stitution. C’est ainsi qu’on a pu connaître une lettre qui était le nœud d'un procès criminel, et dont le coupable avait avalé la page dénonciatrice de- vant même le magistrat qui l’interrogeait. Maisla feuille était double, et craignantsans doute de ne 1. Cf. L'Enquéte criminelle et les Méthodes scientifiques, Paris, Flammarion, 1920. — Du même, Manuel de technique policière, Paris, Payot, 1922. — Policiers de roman etpoli- cters de laboratoire, Paris, Payot, 1922, 29 Dr Enmoxn LOCARD. — L'EXPERTISE DES ÉCRITURES CE ET ESS CERN PER DRE RSR D TRE EE D pouvoir tout ingérer, le malfaiteur avait séparé la page blanche de celle qui lui paraissait seule dangereuse : la page blanche répondit à l’inter- rogation de l'expert et montra ce qu'avait con- tenu le document accusateur. Dans le cas de surcharge, letexte nouveau peut consister en une simple modification des ca- ractères primitifs ou en une substitulion après Fig. 1. — Verso d'un chèque ayant porté un reçu de huit cents francs. — Le reçu a été gratté au canif, surchargé de barres à l’encre violette, puis recouvert d'une bande de papier collé. grattage; le premier cas est constamment solu- ble, avec l’aide de la microphotographie. En effet, il n'est pas de retouche, si admirablement Fig. 2, — Le verso du chèque de la fig. | après traitement. — On a photographié par transparence, après injection de sulfhydrate d’ammoniaque, qui a remonté les traces d’en- cre gwttée. Le texte est réapparu nettement sur la photo- graphie, faite soit-elle, où le microscope ne permette de distinguer le trait primitif du trait surajouté. Si la surcharge repose sur un grattage, l’opération estplus compliquée : il faut lire le texte primitif sous le texte nouveau. La photographie, l'examen microscopique. l’étude de la décharge, l'analyse du foulage au verso, doivent permettre d’aboutir dans tous les cas. La figure 4 montre le verso d'un effet de commerce, tel qu'il fut présenté à l'expert: il s'agissait de déchiffrer une mention ayant figuré sur ce verso ; or, le texte avait d’a- bord été’ gratté au canif; on avait ensuite sur- chargé le grattage par des barres à l'encre vio- lette ; on avait enfin collé sur le tout un morceau Fig. 3. — l'aux par surcharge. — Le nombre 1,000 a été transformé en 11.000, de papier vergé. Un fort éclairage par transpa- rence supprima l'obstacle du papier surajouté:; la plaque photographique, peu sensible au violet, permettait de négliger la surcharge; enfin, le Fig. 4. — Microphotographie du faux de la fig. 3. — On voit . que le premier 1 a été tracé après le second, sulfhydrate d’ammoniaque fit réapparaître les traces d'encre du texte gratté, et on put lire : Reçu en compte, sur les mille francs, huit cents francs, et la date (fig. 2). En principe, dans les expertises concernant. les grattages, il faut avoir confiance, même dans les cäs les plus désespérés. Dans une affaire criminelle, on m'a demandé de lire une étiquette PAR LES MÉTHODES SCIENTIFIQUES 423 —_—_—— …—… —…—…—"—"…"—"— —"—"—"—"——"———————…——— sur une petite boîte d'échantillons. L’étiquette était arrachée presque entièrement, et la place où elle était avait été lavée. Malgré des condi- tions d'apparence si défavorable, les réactifs usuels firent réapparaitre le texte avec une net- teté surprenante, grâce à ce qu'un peu d'encre s'était insinué dans le bois sous-jacent à l'éti- quette. La figure 3 montre la transformation d’un chè- que de 1.000 fr. en un chèque de 11.000 fr. La microphotographie (fig. 4) fait clairement voir que le premier 1 est en surcharge sur la barre | us € D | D Fig. 5. — Trois noms pris dans un même testament et pro- venant d'uneforgerie par calque sur nn même modèle. On voit la trop exacte coïncidence de nombreux repères. d'attaque du second. Il s’agit donc bien d'un faux. IT. — LE FAUX PAR DÉCALQUE Le faux par décalque implique l’existence de reprises et de retouches qui le rendent presque toujours facile à reconnaître. C’est la micropho- tographie qui réscudra ici le problème; c’est aussi le repérage des écartements montrant que tous les espacements des mots semblables con- cordent. La découverte du crime sera surtout facile lorsqu'on aura saisi la pièce même qui a servi de modèle, comme il arrive assez souvent. Après la mort d’un paysan savoyard, un notaire reçoit, dans des conditions d'ailleurs romanesques,un testament dont les dispositions semblent suspectes, malgré la parfaite identité de l'écriture avec celle du défunt. L'examen microscopique pratiqué au Laboratoire de Lyon fait d’abord découvrir la présence d'innombra- | bles retouches. Mais surtout on constate, comme il est évident sur la figure 5, que certains mots répétés proviennent d'uncalquecommun, comme en témoigne leur repérage beaucoup trop régu- lier. Il faut, bien entendu, dans le cas où le dia- gnostic de calque ou d'imitation servile est basé sur la seule présence des retouches et des repri- : ses, distinguer avec grand soin la retouche du retoucheur de la retouche du faussaire. [l y a, en effet, de nombreux individus dont l'écriture est informe ou tremblée, qui reviennent sur un mot ou sur un membre de phrase pour en rema- nier les lettres les plus. défectueuses. Ainsi la retouche du retoucheur tend vers un maximum de lisibilité, c’est-à-dire vers un optimum calli- graphique, tandis que la retouche du faussaire tend à altérer les formes spontanées pour les rapprocher du type graphique du modèle. III. — Le FAUX A MAIN GUIDÉE La question de la main guidée se pose dans un assez grand nombre d’affaires, des testa- ments ou des donations par exemple. Elle a été spécialement étudiée au Laboratoire de police de Lyon. Il y a trois sortes de mains guidées, que nous appellerons la mai inerte, la main aidée, la main forcée. Dans le premier cas (main inerte), un paralytique, un parétique, un illettré total, parfois même un agonique, acceptent ou dési- rent que l’on écrive pour eux, mais ils savent ou ils croient que l'écriture n'aura de valeur que si la plume est entre leurs doigts. Ils abandonnent leur main morte à une main guide qui la con- duit. Le résultat est un graphisme analogue à celui qu’eût tracé le guide s’il écrivait seul, avec cependant une déformation caractéristique, qui est un développement des largeurs par rapport aux hauteurs. Cette déformation porte à la fois sur les espaces interverbaux, les écartements intergrammatiques etles écartements intragram- matiques.A cette déformation principale et con- stante s'ajoutent des altérations variées portant sur les valeurs angulaires, la fréquence des cou- pures, les modes de liaison et, plus encore, la position et la forme des accents et de la barre du ft. Mais ces troubles ne sont point tels que l'écriture en perde son aspect général recon- naissable. Ils ne sont points tels surtout que l'analyse graphométrique ne reste possible et ne permette d'identifier en toute assurance la main guide. Dans les cas de main forcée, la victime (car il ne peut s'agir que d’un acte criminel) a eu la main saisie par un agresseur qui lutte pour Li t \ 424 l’obliger à tracer un texte. C’est le cas du duc de Guise forçant la duchesse à écrire à Saint- Mégrin sous la pression de son gantelet de fer. Dans les faits de cetordre, la lutte entre les deux volontés se traduit par une écriture à peine lisi- ble et dont les hachures sont extrêmement caractéristiques. Fig. 6. — lragment d’un lestament écrit à main guidée. — On remarque la grandeur des » et des 7 fortement appuyés, Û l'irrégularité de direction des mots, la largeur des boucles, la malfaçon des 7. Reste le cas de la main aidée, de beaucoup le plus fréquent. Le scripteur sait mal écrire, ou bien il est atteint d’une impotence fonctionnelle plus ou moins grande (sénilité, rhumatismes, lésion nerveuse centrale ou périphérique, bles- sure du bras, etc.); ou enfin l’affaiblissement dû Dr Epmonp LOCARD. — L'EXPERTISE DES ÉCRITURES des lignes sont hésitantes parce que les deux mains cherchent leur point d’attaque en des en- droits différents ; la ponctuation est très souvent doublée; enfin les mots sont alternativement descendants et ascendants. La figure 6 représente un cas très net d'écriture à main guidée où l’on retrouve tous les siwnes qui viennent d'être dits. IV. — LES FAUX PAR IMITATION Il arrive parfois que le faussaire s’astreint à. reproduire servilement un modèle. Dans ce cas, les imperfections du faux sont les mêmes que s’il y avait eu calque !. \ 4 à | Fig. à une affection générale lui ôte le moyen d'écrire seul. 11 réclame l’aide d’une main guide. Mais il ne s’abandonne pas; il collabore, De ce con- cours de deux forces et de deux volontés tantôt concordantes, tantôt en passager désaccord, va résulter un ensemble de symptômes caractéris- tiques. Les forces s'additionnent dans les traits . descendants, surtout dans les jambages des met des », qui sont à la fois très appuyés et trop longs; elles interférent dans les lettres courbes comme les r et les s, les boucles sont toujours trop grandes parce que les deux scripteurs ont peur de les pocher; l'attaque des mots et celle 7. — Faux par imilalion servile. — La première ligne est authentique, la seconde imitée. On note les retouches des r, de l’y et du }, et la tache ajoutée sur le e de cent par un excès de scrupule. - Un usurier savoyard prête à un paysan une ‘ somme de 100 francs ; celui-ci lui fait un billet » pour cette somme, puis s’acquitte de sa dette. ” Quelque temps après, il meurt ; l’usurier pré- sente aux héritiers un nouveau billet reconnais- sant une dette de 500 francs. Personne n'avait entendu parler de cette dette dans l'entourage du de cujus, et aucune trace n’en existait dans ses comptes ; on argue le billet de faux. L'éeri- ture etla signature ressemblent absolument à celles du défunt; cependant, ’ 1. Cf. Manuel de technique policière, jam. cit. 5 sur certaines let- PAR LES MÉTHODES SCIENTIFIQUES tres, le microscope fait voir de légères retouches. J’appris que le premier billet de 100 francs, bien qu'acquitté, était resté entre les mains de l’usu- rier : la comparaison microscopique entre les deux pièces montra avecla plus entière évidence que l’usurier, après avoir imité de son mieux {et remarquablement bien) le texte qui lui servait dè modèle, avait, par excès de soins, retouché une à une les lettres qui ne lui paraissaient pas constituer une reproduction assez servile de l’authentique (on en trouvera des exemples dans ar _)childié LS Fig. 8. — Mricrophotographie d'un faux par imitation : Bou- cle de G reprise deux fois. la fig. 7); il avait été jusqu'à ajouter des taches là où l'original en avait. Le faussaire fut con- damné par les assises de la Haute-Savoie, en juillet 1912, sur la preuve apportée par l’ex- pertise. J'ai vu de même un notaire reproduire fort bien l'écriture de son frère décédé et fabriquer un remarquable faux testament. Malheureuse- ment, quelques retouches avaient été faites avec une encre de même couleur, mais de composi- tion chimique différente et par conséquent d’ac- tinisme différent. La microphotographie rendit ces retouches assez sensibles pour convaincre le jury. Les figures 8 et 9 en donnent d'assez beaux exemples. Mais, d’autres fois, l'écriture du faussaire est suffisamment courante pour qu'on n’y découvre presque aucune retouche. Peut-on cependant arriver à démontrer, avec une pleine certitude, que telle écriture imitée provient non pas de la même main que les modèles, mais de la main du REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES. suspect ? En d’autres termes, l'identification scripturale est-elle possible ? En théorie, il n’y a pas de doute. L'écriture est un geste résultant à la fois de volitions et de réflexes, ceux-ci conditionnés par des constantes anatomiques, physiologiques et psychologiques (dues à l’hérédité et à l'éducation). En pratique, nous voyons que chaque écriture comporte une série d’idiotismes dont le scripteur ne peut se départir entièrement lorsqu'il tente une forge- rie. De telle sorte que, dans une écriture dégui- sée, on constate la persistance involontaire et inévitable d’un grand nombre de constantes permettant l'identification du scripteur ; tandis que l’impossibité d'introduire dans le geste gra- phique les constantes propres à l’auteur imité permettra toujours de déceler le faux par imi- tation. . x [l Fig. 9. = Microphotographie d'un faux par imitation. — Une lettre a été retouchée. L'encre de la retouche est de même couleur à l'œil nu, mais de composition chimique différente. L'actinisme différent donne des nuances opposées à la photographie. Mais quelles sont les constantes qui persiste- ront malgré la forgerie ? Il est absurde de penser qu'elles puisserit consister en des formes de let- tres. Ce que le déguiseur modifie, c’est le tracé de ses courbes et de ses jambages; ce que l’imi- tateur songe à reproduire, c'est le dessin des minuscules et bien plus encore des grandes let- tres. Là est Perreur puérile et persistante des experts d'occasion qui affirment l'identité d’ori- gine dès qu’ils voient des majuscules sembla- bles, sans s'inquiéter de savoir si, dans la pièce incriminée, le microscope ou la lanterne à pro- jection ne décéleront point les innombrables reprises et les multiples retouches du décalque ou l'imitation servile. Car rien n’est plus inquié- 2 tant qu'une ressemblance trop complète. Ce n’est pas du côté formel qu’il faut chercher les preuves de l’idenfité, c'est du côté quantitatif. Mais notons que l’altération des valeurs abso- lues ou leur imitation estrelativement facile. On peut renverser l'axe de ses lettres, en modifier la hauteur, grandir ou diminuer lesespacements. . Mais ce qu’on ne songe guère à changer, ce sont les proportions, c’est-à-dire les valeurs relatives. Quel forgeur aura la prudence de modifer le resserrement progressif de ses lettres dans les mots longs, pour adopter la loi de croissance de ce resserrement dans l'écriture imitée? Bien plus, l’expérience nous prouve qu'avecla volonté arrêtée de reproduire les valeurs proportion- nelles d’autrui, on ne païvient qu'à des approxi- mations qui restent discernables. C'est sur des expériences de cet ordre, faites au Laboratoire de police de Lyon, que j'ai tenté d'établir une technique de l'identification scrip- turale. J’ai constaté que, dans les imitations expé- rimentales les plus parfaitement réussies au point de vue formel, les rapports de dimension n'étaient jamais ceux qui constituaient les idio- tismes du modèle imité, mais qu'ils restaient semblables dans une large mesure à ceux de l'écriture courante du forgeur. En appliquant ces principes à des faits réels pris dans la pra- tique du laboratoire, j'ai pu établir la preuve de la forgerie dans de nombreux cas où les compa- raisons formelles eussent conduit à des conclu- sions diamétralement opposées. Et je ne tiens compte, dans une statistique de cet ordre, que des cas où des preuves extrinsèques et, en par- tüculier, des aveux sont venus confirmer les con- clusions de l’analyse. Je ne puis. donrerici l’exposé complet de la technique graphométrique. Je choisirai seule- ment un exemple, celui des rapports des hau- teurs minusculaires. Sion mesure dans uneécriture donnée la hau- teur de chacun des grammas (c’est-à-dire de cha- que lettre ou jambage de lettre), on constate que la hauteur moyenne reste constante pour un gramma donné, par rapport aux hauteurs moyennes des autres grammas.llen résulte que, si le scripteur modifie la grandeur générale de son écriture, soit parce qu'’ildispose de peu de place, soit dans un but de déguisement, ‘ses grammas conserveront entreeuxles mêmes proportions.Si, par exemple, il a l’habitudé de faire des z très petits ou des s très grands, ce caractère persis- tera malgré le changement d'aspect général du graphisme et, si l’on dispose les grammas dans un ordre croissant de hauteur, cet ordre ne sera pas modifié.[lest aisé de construire ainsi une Dr Epmonn LOCARD. — L'EXPERTISE DES ÉCRITURES courbe ayant pour abscisses les grammas dans leur ordre de grandeur croissante, et pour or- données les hauteurs. Si maintenant nous avons à étudier deuxécri- tures, l’une authentique donnée comme pièce de comparaison et l’autre arguée de faux, nous n’au- rons qu’à juxtaposer leurs deux courbesobtenues par la méthode qui vient d’être dite. Siles deux textes proviennent de la même maïn, les deux courbes se superposent {si la moyenne générale des hauteursest la même), ou du moins suivent une marche parallèle. Dans le cas contraire, elles divergent. De même, on peut utiliser les rapports des valeurs angulaires, c'est-à-dire des obliquités. Lorsqu'on mesure, à l’aide d’un rapporteur trans- parent, les angles formés, pour chaque type de grammas par les axes littéraux avéce la ligne de base, on constate que ces valeurs angulaires, sensiblement égales pour un même gramma, varient notablement d’un gramma à un autre; et que si le scripteur étudié modifie, par suite d’un changement de vitesse ou dans une inten- tion de déguisement, l'inclinaison moyenne de son écriture, les proportions entre les valeurs angulaires de divers grammas restent les mêmes. Par contre, dans les meilleures imitations, le forgeur arrivera peut-être (et encore est-ce fort rare) à reproduire à peu près exactement l’obli- quité moyenne du graphisme imité ; jamais il ne pourra conserver les proportions des diverses valeurs angulaires. Bien mieux, il y substituera celles de son propre graphisme. On peut considérer de même le gladiolage, c’est-à-dire ia loi de décroissance des lettres du commencement à la fin des mots, les écarte- ments progressifs des lettres dans le mot, la position et la fréquence des coupures, etc. Une des opérations dont le résultat est le plus saisissant est la détermination de l'indice de parallélisme grammatique.On vient de voir que la valeur angulaire, hors le cas d’écritures particu- lièrement scolaires etappliquées,subit des varia- tions sensibles dans un même mot. Il en résulte que les axes littérauxdes différents grammas sont loin d’être rigoureusement parallèles. Leurs pro- longements strictement parallèles, dans une écriture strictement calligraphique, se coupent dans l'immense majorité des cas. Mais la hau- teur des intersections est à la fois très variable, très caractéristique et très peu imitable par le faussaire ignorant d’un signe qu'un arti- fice technique insoupçonné peut seul révéler. Si donc on dessine sur la photographie d'un mot l’axe de chaque lettre jusqu’à son intersection avec celui de la lettre précédente, on obtientune PAR LES MÉTHODES SCIENTIFIQUES 427 figure d'un aspect étonnamment varié suivant le graphisme. On notera que la hauteur d'in- tersection des axes est fonction de deux facteurs : Fig. 10. — Parallélisme grammatique.— Ecriture d'une lettre missive à indice de parallélisme faible, le non-parallélisme des axes littéraux et l'espa- cement des grammas. On réduit le parallélisme Fig. 11. — Parallélisme grammatique. — Un post-scriptum constituant un faux par adjonction a été tracé au bas d’une lettre authentique. L'indice de parallélisme est beaucoup plus élevé. grammatique à un indiceen calculant sur un grand nombre de mots la distance moyenne des intersections à la ligne de base. Les figures 10 et 11 montrent le diagnostic de faux par imitation établi, grâce au parallélisme grammatique, dans uneaffaire où la forgerie con- sistait dans l’adjonction à une lettre authentique d’un post-scriptum très bien imité. contenant une disposition testamentaire. Fig. 12. — Analyse graphométrique (variation des valeurs angu- laires) d'une série de codicilles et de testaments argués de faux. — Toutes les courbes se superposent à celle des piè- ces de comparaison. Toutes les incriminées sont de la même main, toutes sont authentiques. Voiciquelques exemples de résultats obtenus ‘. Un individu est accusé d'avoir fabriqué plu- sieurs codicilles ou testaments. On pratique l'analyse graphométrique sur les divers textes incriminés et sur des lettres authentiques pro- venant du de cujus. Les courbes se superposent avec une admirable régularité (v. fig. 12 et 13). Les textes sont donc tous de la même main. On recherche l’auteur d’un faux chèque :l’ana- lyse graphométrique est faite sur le texte incri- miné et sur les écritures de deux suspects. Comme on peut le voir à la fig. 14, l'une des Re PTE DU DS PRO RER EE ET: 1. Cf. Policiers de romans et policiers de laboratoire, jam. cit. D: Enmonr LOCARD. — L'EXPERTISE DES ÉCRITURES écritures donne une courbe qui se superpose absolument à celle du faux, alors que l’autre s'en éloigne identifié. Deux inculpés se rejettent l’un sur l’autre la extrêmement. Le faussaire est des inculpés fournit une courbe qui se super- pose à celle du document, alors que l’autre en diffère très sensiblement. Le faussaire est identifié. Il y a d’ailleurs bien souvent intérêt à complé- ter les résultats de l’analyse grapho- métrique par la recherche comparée des idiotismes, c'est-à-dire des par- ticularités du graphisme, que le scrip- Vutsreyat. du 4220-4020 uhauuut du A1-4- 1e NAT teur conserve dans la rédaction du faux, ou qu'il néglige d'emprunter au modèle. Enfin l’analyse de l'encre et du pa- pier apporte un contingent de preuves parfois décisif. Bayle, de Paris, vient par l’analyse spectrale de faire accom- plir à cette partie des recherches un immense progrès. Fig. 13. — Analyse graphométrique (rapport des hauteurs minusculaires) d'une série de codicilles et de testaments argués de faux. Résultats confirmant ceux de la fig. 12. rédaction d’un acte quiconstitue une escroquerie. On applique l’analyse graphométrique.Comme le montre la fig. 15 pour l’une des opérations, un de LE T 3001! 1 mn y + je F » 1] LIRE ES Er) : ! i 7 LR 28 1 EE Lure À 4 | # k T- ù £ ‘va EC 4 | | cd oi ALES | \ _ ANR ARS RE EE ù le 35 Le PT En HS Te 15 Se 5 4e ds 7 sn dde Fig.14.— Analyse graphométrique (variation des valeurs angu- laires) appliquée à la découverte de l’auteur d'un chèque. — Le trait plein est donné par le chèque. L'écriture de l’un des inculpés donne une courbe qui se superpose à celle du chèque, alors que l’autre s’en éloigne extrêmement. Un cas particulièrement redoutable est celui où le faux consiste seulement en une signature. En de pareils cas, l’analyse graphométrique ne saurait s'appliquer, puisqu'elle repose sur le calcul des probabilités et la loi des grands nombres et qu'elle implique donc des séries nombreuses d'éléments mesurés. Mais voici une application de la graphométrie au cas particulier. C'est ce que j'ai appelé la méthode des pariations exorbitantes. 4 nébiguammus Ë £ ? Se + . Fig. 15. — Analyse graphométrique (fréquence des levées de plume). — Deux inculpés se rejettent la paternité d’un écrit; la courbe fournie par le document en question se superpose avec la courbe fournie par l'écriture de l'inculpé D. Celle donnée par l'écriture de C direrge. Soient une signature incriminée et une série d'authentiques données comme pièces de compa- raison; on mesure sur les incriminées et les authentiques une série d'éléments comparables (hauteurs minuseulaires, espacements, valeurs angulaires,ete.). On construit pour chaque sorte d'éléments des courbes. Si l'on constate que la at +, "x PAR LES MÉTHODES SCIENTIFIQUES courbe représentant l’incriminée est toujours en dehors de la limite des variations du groupe des authentiques, l’incriminée est un faux. Ainsi dans la fig. 16, où les traits pointillés correspon- dent à la série des authentiques, on voit que le trait plein correspondant à l’incriminée est constamment en dehors du groupe. Il s’agissait en effet d’un faux. 429 les mondes, sans pouvoir cependant prétendre au monopole Je citerai à ce propos une anecdote assez caractéristique. Une femme qui appartient à la meilleure société vint un jour me consulter au Laboratoire de police. Elle me confia qu'elle était, depuis plusieurs semaines, harcelée par un persécuteur qui, presque chaque:soir, glissait sous sa porte A8 a CEE NET Per NET T Fig. 16. — Méthode des variations exorbitantes (application de l'analyse graphométrique aux signatures). La courbe obtenue avec la signature incriminée (ligne pleine) est constamment en dehors du groupe des courbes obtenues avec les signatures authentiques, L'incriminée est donc un faux. V. — LE DÉGUISEMENT Reconnaître une écriture déguisée est prati- quement le même problème que déceler une imitation. Là encore il s’agit de résoudre la question de l'identité scripturale. Là encore, l'analyse graphométrique donnera bien souvent la solution du problème. Parfois aussi le docu- ment portera une empreinte digitale latente qu'il sera possible de révéler et qui fera décou- vrir en toute certitude le coupable. Un emploi fort usuel de la vérification des écritures est la détermination de l’origine des lettres anonymes. La lettre anonyme constitue une part impor- tante du courrier des parquets et des services de sûreté. IL est fort important de savoir qui apporte ainsi à l’exercice de la justice répressive une collaboration souventutile,mais bien habituelle- ment fallacieuse. D'autre part, la lettre anonyme constitue entre particuliers un moyen de ven- geance où les femmes excellent, et dans tous des feuilles ouvertes, sur quoi s’étalaient les plus abominables imputations. Ses domestiques et, ce qui la désespérait, sa fille même, avaient ainsi pris connaissance d’allégations ignobles et d’ailleurs dénuées de toute vraisemblance. L’écri- ture ne semblait point féminine; elle était faiblement déguisée, mais la victime n'avait pas le moindre soupçon qui püt aiguiller les recher- ches. Je dus, en ces conditions, lui avouer mon impuissance et que, étant ‘expert et non point sorcier, j'étais bien incapable de mettre un nom au bas de ces ordures, Devant son désespoir, je lui conseillai de m'apporter toute la corres- pondance qu’elle avait pu conserver des deux ou trois mois précédents. Elle revint en effet le lendemain avec une liasse volumineuse. Je n’eus pas besoin de feuilleter longtemps pour décou- vrir une écriture extrêmement analogue à celle des malpropretés anonymes. Ma cliente bondit et m'afflirma que j'étais dans l'erreur la plus profonde et que l’auteur du document auquel je m'étais arrêté était son propriétaire, person- 430 D: Epmoxr LOCARD. — L'EXPERTISE DES ÉCRITURES a ——————————————————————_—_—_————— . … —_———… . —… — …"_—. nage considérable, d’une austérité de mœurs bien connue. Elle le nomma. J'avoue que je fus surpris. Mais plus j'examinais la pièce, plus j y retrouvais des signes non douteux d'identité avec les placards dont l'écriture était, je l’ai dit, fort peu contrefaite. J’eus le lendemain avec le notable personnage une conversation des plus vives quise termina par des aveux d’un cynisme candide. Il reconnut avoir écrit les papiers anonymes : « Que voulez-vous, voilà une femme qui, sous prétexte qu’elle est veuve de guerre, jouit d’un appartement magnifique dont on m'offre un loyer plus que triple. Ne sachant comment la faire déguerpir, j'ai imaginé de lui -faire prendre la maison en grippe, parce moyen qui, après tout, ne constitue pas un crime. » J'eus un peu de peine à lui faire comprendre que si ce n’était pas un crime c'était du moins un délit, puisqu'il y avait outrage à la pudeur et menace, et qu’en outre si l’anecdote était connue il aurait quelque difficulté à faire figure de galant homme. Il ne faut pas croire d’ailleurs que ce genre d'opération soit resté à l'état de cas unique. J'en pourrais, pour ma part, citer trois exemples, dont le dernier vise une personnalité parisienne très en vue. Dans les trois cas, le propriétaire était très loin d'appartenir au prolétariat de cette caste, car si les deux premiers possèdent de confortables immeubles lyonnais, le troisième a, entre autres biens, une des plus superbes maisons du quartier de l'Etoile. Il s’en faut que la lettre anonyme ait toujours un but aussi raisonnable. Je ne parle pas des vengeances d'amour et autres sottises du même ordre ; mais il y a des individus pour qui la rédaction et l’envoi de lettres anonymes est un véritable besoin. Pour de tels malades, car il s’agit là de dégénérés ou d'hystériques, la let- tre obscène ou injurieuse est une occupation au moins quotidienne. Il arrive même que cette obsession, devienne épidémique ; plusieurs membres de la même famille collaborent et l’on est stupéfait de voir les inimaginables grossiè- retés qu'une mère et un fils, par exemple, peu- vent écrire en commun. Ces familles offriront d'autre part les allures les plus réservées et seront l’objet de la considération, du respect, voire même de l'édification du voisinage. Le plus bel exemple en est cette romanesque - affaire Thévenet!, dont le héros, licencié ès lettres et docteur en droit, inscrit au barreau de Lyon, se targuait tout ensemble de l’ancienneté de sa famille et de ses brillantes relations, aca- démiques et cardinalices. 1. Cf. Policiers de romans et policiers de laboratoire, jam, cit. 8 Un chef de service de la Préfecture du Rhône, que j’appellerai M. Berthin, rentrant de voyage en février 1920, apprit qu’on avait collé contre la porte de son appartement plusieurs placards d’une obscénité inimaginable, où les mœurs de sa femme et de sa fille étaient dépeintes comme ignobles et cela dans les termes les plus crus. On avait en outre collé, à côté de la plaque por- tant son nom, quatre lettres découpées dans du papier blanc et figurant un mot qui, depuis l'abus qu’en a fait Molière, ne s'emploie que fort peu dans le langage des gens distingués. Quinze jours après, le 8 mars, un nouveau placard était apposé dans les mêmes conditions. Puis commençait la série des lettres anonymes, remarquables par leur incongruité. M. Berthin s'en fut trouver le Procureur de la République, qui l’envoya au Laboratoire de police. Le problème se posait dans ces termes : iden- üfier une écriture en bâtons sans aucune pièce de comparaison du même type. Je ne dis pas qu'il soit insoluble, mais je le tiens pour redou- table. Heureusement, diverses considérations connexes purent servir à nous guider. Les lettres découpées formant le dissyllabe qui caractérise les époux infortunés avaient été taillées dans du papier blanc. Mais le verso de l’une d’elles présentait un caractère d'imprime- rie. Il fut aisé d'établir que le papier était un imprimé à en-tête de l’administration dont M. Berthin était le chef. Il fallait donc recher- cher parmi ses employés. D'autre part, un billet anonyme non adressé à la principale victime, mais qui avait rapport à l'affaire, était dactylo- graphié. Rien n’est plussimpleque d'identifier la machine. (C’est une question sur laquelle je reviendrai tout à l'heure.) La machine était dans un des bureaux de M. Berthin, où peu de per- sonnes avaient accès, et parmi elles Thévenet père et fils. Je demandaïi enfin à M. Berthin à quelle hauteur précise avaient été collés les pla- cards : il me désigna le point exact, fixant ainsi la taille du coupable, car l'expérience démon- tre qu'on colle toujours, à moins d'obstacle, à la hauteur de ses yeux; de même lorsqu'on trace des inscriptions sur la muraille, des graffiti, c’esttoujours sur le plan de l’axe oculaire. La taille obtenue en l’espèce correspondait à celle de Jean Thévenet. { Si l'on joint à ces arguments techniques, les soupçons inspirés par les circonstances, on voit que, dès le débutde l’affaire, le champ des hypo- thèses était singulièrement restreint. Mais les incidents pittoresques allaient commencer. La plainte avait été déposée contre X. Le juge d'instruction chargé de l'affaire entendit les PAR LES MÉTHODES SCIENTIFIQUES 431 me ere eme e ne ner O1 SO Se 12 EU AL OS PI DU 0 Thévenet comme témoins. Leur attitude fut ar- rogante, le père magnifique d'indignation, le fils excipant de sa qualité d’avocat licencié ès lettres, d'auteur d’un livre remarqué, d'ami (?) de Maurice Barrès et du cardinal Mercier, pour repousser du pied des insinuations odieuses. Un moyen s’offrait de prouver aussitôt son in- nocence. J'avais conseillé à M. Berthin de m'ap- porter sans les ouvrir quelques-unes des let- tres anonymes qui continuaient à pleuvoir sur lui, sur ses collègues, surle Conseil général et un peu partout. Sur l’une d'elles j'avais trouvé un petit fragment d’empreinte digitale. « Donnez vos empreintes, disait le juge d'instruction à Jean Thévenet, et sielles ne correspondent pas l’iucident est clos en ce qui vous concerne. » Jean résista, donnant de médiocres prétextes : il ne voulait pas que sa fiche fût mêlée à celles des apaches ; il craignait que l'empreinte trouvée sur la lettre ne fûtla sienne,parce qu’on l'y aurait mise par on ne sait quelle fraude criminelle.Plus tard, un bâtonnierfougueux devait lui interdire de donner ses empreintes lant qu'il ne serait pas inculpé, ceci au nom de l'honneur et de l'Ordre. Rien de plus légitime d'ailleurs. Cependant, parmile flot toujours montant des anonymes, commencçaient à arriverau juge d’ins- truction, au président du tribunal, au procureur dela République, des lettres d’uneécriture cur- sive non déguisée, qu'on a appelées les docu- ments gris, à cause de la couleur du papier. C'étaient des lettres très correctes de ton, sans ombre d’obscénité, qui ne menaçaient ni n’in- juriaient personne (sauf parfois un peu le juge d'instruction, mais avec tant de modération et de dignité !). Leur but était d'aider la justice en montrant qu’on s’égarait,queles Thévenet étaient l'innocence même et que l'auteur des placards et des lettres obscènes était un sieur Vautour, sous- ordre de Berthin et qui voulait le pousser à dé- missionnerpour hériter de sa place. Cependant une filature avait été organisée par la police desüreté. Et Thévenet père était pris au moment où il mettait dans une boite une lettre grise, qui ne contenait d'ailleurs que du papier sans un mot d'écriture. Mais l'adresse était bien de la même main que tous les documents ana- logues. Que les Thévenet fussent en relation avec l’auteur des anonymes était désormais hors de doute. Le juge ordonna une perquisition. Les résultats en furent curieux: on découvrit une collection de papiersà en-tête de toutes sortes: Conseil général, Conseil municipal, cabinet du président du Conseil général (sans compter plu- sieurs cartes du maire de Lyon en pile, avec le papier pelure qui les séparait). Or, un certain nombre des anonymes étaient écrites sur du papier à en-tête identique. On trouva aussi du papier écolier dont les détaiis cadraient avec ceux des feuilles qui avaient servi pour les placards injurieux. Le lendemain, les Thévenet étaient inculpés. L'identification du papier est une opération très minutieuse qui peut conduire à des résul- tats extrémementprécis. Il ne suflit évidemment pas de considérer le format et la nuance. On doit mesurer, à l'aide d'instruments, tels que la réglette à vernier et le sphéromètre,l’épais- seur et le‘réglage, étudier au microscope la fibre du papier, analyser par des réactifsla pâte, par d’autres réactifs la charge d’argile, de kaolin, de silicate de magnésie, de sulfate de chaux. Avec une comparaison aussi poussée, l'identification ne prête guère au doute !, J'aidit que les Thévenet, après la perquisition, avaient été inculpés. Il leur fallut d’abord expli- quer comment Thévenet père avait mis dans la boite une lettre grise dont il prétendait ignorer l’auteur, et ensuite comment ils avaient en leur possession des papiers à en-tête d’origine admi- nistrative, qu'ils n’eussent point dû receler et qui, par surcroît, étaient identiques à ceux des anonymes. Ils n’hésitèrent pas : la réponse était prête. Un ami inconnu, l’auteur des documents gris, veillait sur eux. Il les avait avertis par des lettres grises, dûment versées au dossier, de machinations tramées contre eux: il les avait prévenus notamment que la police les espionnait et leur avait conseillé (toujours par correspon- dance) de mettre à la boîte une lettre contenant seulementdu papier : ils verraient que cettelettre serait saisie. C’est en effet ce qui était arrivé. D'autre part, les feuilles à en-tête etles cartes. de visite du maire avaient été mises dans leur boîte par un ennemi politique qui voulait les perdre, et de cela aussi l’ami inconnu les avait avertis par. une lettre qu'ils brandissaient avec assurance. Ces explications funambulesques eurent auprès du juge le suécès que l’on peut croire. Les Thévenet régulièrement inculpés n’avaient plus aucun prétexte pour refuser leurs empreintes et des corps d'écriture faits sous la dictée. C’est à quoi ils se résignèrent. Une première charge fut établie aussitôt. Dans la colle de l’une des affiches on avait trouvé une empreinte digitale fragmentaire,mais asséz nette, qu'une tentative maladroite de coloration au noir de fumée gâta. Si nous avions eu à ce moment-là le sulfure d'antimoine, la trace eût été fort belle. Mais telle quelle, elle donnaït encore onze points RER in Cf. RP ENORME 1. Cf. Manuel de technique policière, jam. cit. 432 de repères, c'est-à-dire une identification établie avec une chance d’erreurcontre 4.194.304 chances d'exactitude. Cette empreinte était celle du médius droit de Jean Thévenet, qui tenta de parer le coup en aflirmant que cette empreinte était ancienne et que le placard avait été fait avec une feuille de cahier prise chez lui par Isabelle Berthin. Explication plausible si la trace eût été sur le papier, mais qui ne répondait à rien puisque l'empreinte était dans l’épaisseur de la colle. Une seconde charge non moinsgrave résultait de la comparaison des écritures. Jean Thévenet, accompagné de son défenseur, était venu au Laboratoire écrire une page en majuscules typographiques. Il affirma employer ce mode scriptural pour la première fois de sa vie. Dès la première ligne, il traça les caractères de bas en haut, commençant chaque lettre par le pied, geste qui peut être normal pour les À ou les M, mais qui ne l’est pas pour les E ou les 1 par exemple. Je le lui fis observer, ettirès complaisam- mentil attaqua ses lettres d’une façon ordinaire. Cependant nous causions du procès avec son défenseur : l’inculpé prit part à une conversation qui l’intéressait plus que personne, tout en con- tinuant à écrire. Et j’observais que son écriture, très différente de celle des anonymes au début, devint, pendant cette distraction out à faitiden- tique. J’arrêtai l’expérience. _ Il ne faut pas croire qu'il soit plus difficile d'identifierune écriture en bâtons qu'une cursive. Bien au contraire. Ici le texte tracé par Jean Thé- venetoffrait une série très riche d’idiotismes qui permettaient de conclure en toute certitude. En outre, l'analyse graphométrique, parfaitement applicable en des cas de ce genre, montrait que les valeurs proportionnelles étaient les mêmes dans les anonymes et dans la dictée. Le 29 juin 1921, le Tribunal correctionnel de Lyon condamna Jean Thévenet à deux mois d'em- prisonnement et à 500 francs d'amende, peine confirmée une première fois par défaut, et une seconde fois sur opposition par la Cour d'appel. VI. — LA MACHINE A ÉCRIRE Certains auteurs de lettres anonymes consi- dèrent comme lecomble de l’art l'envoi de textes frappés à la machine à écrire. Outre qu'ils sont quelquefois découvertsgrâce à leurs empreintes, il esttoujours trèsaisé d'identifier au moins la machine, si l’on a des soupçons. En effet chaque appareil, même neuf, a fortiori usagé, a une série de caractéristiques, lettre plus encrée en haut qu’en bas ou à droite qu'à gauche, brisures imper- ceptibles, déformation microscopique qui appa- D: Enmoxp LOCARD. — L'EXPERTISE DES ÉCRITURES raissent avec une extrême netteté sur les forts agrandissements. Les figures 17 et 18 montrent des fragments de deux textes, l'un anonymeet diffamatoire, l’autre fourni comme pièce de com- paraison, émanant de la même machine. D'autre Tieur faire piefsir 908 CRE du érep de l'armée > pour j'{llemagne, Eterger, Ha et pisteure, É: à re ami l'ex Kaiser, e l'armée allenänée, revers 4 ES fs a] Fig. 17. — fragment d'une lettre à la machine. —,On remar- que la brisure du c, l'empâtement de la queue du r, lâ différence d'empätement en haut et en bas de £, à droite et à gauche de d, l’irrégularité de hauteur de frappe des diverses lettres. part une méthode nouvelle, étudiée au Labora- toire de police de Lyon, permet d'identifier en toute certitude les machines même neuves. Le moyen véritablement mathématique d’iden- tifier l’origine d'un texte dactylographié repose Fig. 18.— fragment d'un texte frappé à l'aide de la machine qui a servi à écrire l'anonyme de la fig. 11. — On retrouve les mêmes défauts. sur la considération de la longueur des marteaux: En effet, les bras qui portent à leur extrémité supérieure des caractères typographiques ont des longueurs calculées de manière à ce que le point d’ impaction soit.toujours identique. Mais, quel que soitle fini de la fabrication, etle soin apporté à la mesure des leviers, la frappe de cha- cun d’entre euxse fera en un pointdifférent dela frappe de chacun des autres, d’une quantité aussi petite d’ailleurs que l'on voudra, mais qui, pratiquement, ne saurait être inexistante. On peut donc, pour une machine donnée, sérier les divers signestypographiques dansun See quel- conque, et par exemple decelui qui a l'impaction la plus basse à celui qui a l’impaction la plus haute.Et il est possible de représenter cette série par une courbe ayant pour abscisses l’ordre des caractères et pourordonnées les distances entre les pieds des lettres et une horizontale com- ‘mune passant par le pied de la plus basse. D'autre part, le calcul des probabilités nous montre qu'ilestpratiquement improbable de ren- + ke R. CORNUBERT. — RÉFRACTION contrer deux machines, fussent-ellesde même fa- brication, qui fournissent les éléments de deux courbesainsiconstruitessuperposables.Cettevue de l'esprit est strictement confirmée par l’obser- vation; elle l’a été aussi parrecherchesexpérimen- tales pratiquées au Laboratoire de police de Lyon. La méthode employée sera la suivante : l’exa- men direct ne saurait donner quedes probabilités, car les différences sont de l’ordre du dixième de millimètre. On fait donc des agrandissements photographiques de 4 diamètres au moins. On choisit par tâtonnement dans le texte étudié le caractère dont le‘ point d’impactionest le plus bas. A l’aide d’une équerre, on mène une perpen- diculaire à la marge gauche tangente au pied de ce caractère,et l’on mesure les distances qui séparent cette droite du pied de chaque espèce de caractère. On constate que cette distance est constante pourune lettre donnée,et variable,bien que parfois de fort peu, pour chaque sorte de ET DISPERSION MOLÉCULAIRES 433 lettre. On traduit les résultats obtenus par une courbe, comme il a été dit plus haut. On opère de même pour le texte conféré. Et Les problèmes que soulève la recherche du faussaire sont, on le voit, multiples et d’une redoutable difficulté. On ne saurait prétendre que tous soient aujourd’hui pleinement résolus. Mais les résultats obtenus doivent encourager à chercher encore et à avancer dans la voie des méthodes scientifiques, seules capables de subs- tituer à une preuve morale sans portée, des preu- ves physiques dont il est du moins possible de calculer les chances d’erreur. Dr Edmond Locard, Directeur du Laboratoire de police technique de Lyon. RÉFRACTION ET DISPERSION MOLÉCULAIRES ! Depuis déjà un certain nombre d’années, les chimistes ont cherché à établir des relations entre les propriétés physiques des molécules, en particulier des molécules organiques, et la constitution de ces dernières. Ils ont ainsi étu- dié : la réfraction et la dispersion moléculaires, le pouvoir rotatoire et la dispersion rotatoire, le pouvoir rotatoire magnétique, le diamagnétisme, les spectres d'absorption, la fluorescence, les chaleurs de combustion, les volumes moléculai- res et atomiques, les tensions superficielles, etc. Dans un certain nombre de cas, il en est ré- sulté la découverte de relations qui ont fourni aux chimistes organiciens de nouveaux moyens de travail, et, à côté des méthodes purement chimiques, leur ont donné des méthodes physi- ques de détermination de la constitution. Parmi ces nombreux travaux, ceux qui ont eu le plus grand développement concernent Ja réfraction et la dispersion moléculaires. Nous allons les examiner dans cette conférence. Li * * En 1666 Isaac Newton décomposait la lumière solaire et expliquait la dispersion?. Il croyait bientôt saisir une relation entre la manière d’être - 1. Conférence faite le 14 juin 1922 au Laboratoire de M, le Professeur Haller à lu Sorbonne, 2. Une étude historique très détaillée a été faite par CHe- NEVEAU, Ann, de Ch. et de Ph., 8 s., t. XII, p. 145 (1907), La bibliographie est à la page 385. des différents corps et leur aptitude à propager la lumière. Ayant observé que l’ambre, les huiles, le soufre, etc., corps combustibles, possèdent un fort pouvoir dispersif, il pensa qu'il existait une relation entre ces deux propriétés, et ayant remarqué que le diamant jouissait des mêmes propriétés optiques que les corps précédents, il en inféra que le diamant pouvait bien être com- bustible, conclusion qui était alors fort risquée. I. — RÉFRACTION MOLÉCGULAIRE $ 1. — Constantes réfractométriques Partant de sa théorie de l’émission, Newton donnait par l’expression x? — 1, dans laquelle n représente l'indice de réfraction, une mesure n? —1 d qu'il appelait « pouvoir réfringent absolu », il ramenait ce pouvoir réfringent à une même den- sité. Telle est l’origine de ce que certains chi- mistes appellent aujourd'hui la « réfractomé- trie !». Plus d’un siècle plus tard, Laplace, dans son du pouvoir réfringent; par l’expression 1.11 ne faut pas oublier que d'autres chimistes utilisent le mot « spectrochimie », tandis que d'autres appellent « spec- trochimie » l’analyse qualitative et même quantitative par observation des spectres de lignes ou de bandes. Voir en par- ticulier G. Urbain et Yuyi Shibata, qui parlent de spectrochi- mie des complexes coballiques pour une étude des relations entre la constitution de ces complexes et leur absorption [C. R., t. CLVII, p. 593 (1913)]. 434 R. CORNUBERT. — RÉFRACTION ET DISPERSION MOLÉCULAIRES ———————— ————_—_—————…—.———.—. ——_—_—_—_—_—_——_—___— ——_—_—_—_—_—_——— Traité de Mécanique céleste, établit que l’ex- pression newtonienne du pouvoir réfringent (la constante réfractométrique de Newton), pour une seule et même substance, devait être indé- pendante de la valeur de la densité condition- née par la température et la pression, c’est-à- dire devait être indépendante des conditions 9 —= constante. d extérieures, soit Les recherches de Biot et Arago?, puis celles de Dulong*, sur le pouvoir réfringent des gaz et vapeurs, donnèrent de l'importance à l’ex- pression jusque-là purement hypothétique du pouvoir réfringent. Ces premières mesures quan- titatives semblèrent confirmer la formule de Newton et les idées de Laplace‘. Cette expres- sion de la constante réfractométrique devait bientôt perdre sa base théorique par le triomphe de la théorie des ondulations. Les travaux entrepris à partir de 1858 par Gladstone avec la collaboration du Rev. T. Pel- ham Dale surla dépendance du pouvoirréfringent et de la température chezles corps liquides, mon- trérent que l'expression de Newton n’est pas constante, mais est fortement influencée par la température. L'expérience les conduisit, au con- Se 7 ; à traire, à l'expression 7 qui reste sensible- ment constante *. Cette relation s’applique éga- lement aux gaz et aux vapeurs. Pendant une vingtaine d'années, la constante de Gladstone-Dale rendit de très grands servi- ces, mais à mesure que le nombre d'observations augmentait, cette constante faisait voir des im- perfections qui la firent finalement abandonner. sers LIÉE ER En particulier, les valeurs de 7 étaient tou- jours considérablement plus grandes, pour une seule etmême substance, à l’état solide ou liquide qu’à l’état de gaz ou de vapeur. C’est alors qu’en 1880 L. Lorenz, de Copenha- guef, et II. A. Lorentz, de Leyde’, arrivèrent 1. TomelV, p. 232. 2. Mémoires de l'Institut, t.VIl , p. 301 (1806). 3. Ann. Chim. Phys:,t. XXXI, p, 154 (1826). 4.Ces recherches établirent également une relation entre le pouvoir réfringent d'un mélange de plusieurs gaz, les pou- voirs réfringents des constituants et la proportion de cha- cun des gaz dans le mélange. Les travaux d'Arago et Petit [ Ann. Chim. Phys., [2],t. I n= = , p- 1 (1816)] montrèrent que l'expression conduisait LA aux mêmes résultals pourvu que + ne soit pas trop élevé. 5. Proc. Roy. Soc, t. 11, p. 448 (1862-63), La relation n — 1 d de Beer-Landolt. 6. Wied. Ann., t. XI], p. 70 {1880). 7. Wied, Ann., t. IX, p. 641 (1880). — Ce est désignée en Allemagne sous le nom de loi simultanément à une nouvelle expression de Ja réfraction. Le premier, partant de la théorie ordinaire de la lumière, etle second, de la théo- rie électromagnétique de Maxwell, arrivèrent à la formule : n?—1 1 RE Li! L'expérience montra que cette expression théo- rique, pour tous les corps, était pratiquement inchangée, non seulement par des variations de température et de pression, mais encore par un changement d'état physique. Cette formule, dite de Lorenz-Lorentz, est celle qui est encore en usage, bien que plusieurs autres aient été proposées !. $ 2. — Réfraction spécifique et réfraction moléculaire Ces constantes réfractométriques, qui sont appelées aujourd’hui « réfraction spécifique », ne donnent aucun renseignement sur des com- binaisons de grandeurs moléculaires différentes. Berthelot ? fut le premier à essayer d'utiliser ces constantes réfractométriques à la comparai- son de corps de poids moléculaires différents. IL dénomma «pouvoir réfringent spécifique » le produit du poids moléculaire par la réfraction spécifique, suivant la formule de Newton en honneur à cette époque (1856) : Rae Eur d Très peu de temps après parurent les travaux de Landolt® sur le même sujet; il utilisa la même grandeur, mais substitua la formule de Gladstone-Dale à celle de Newton. Par suite on appelle aujourd’hui « réfraction moléculaire » l'expression : Vi NA EP n+2 d . suivant la réfraction Lorentz ‘. Cette expression de la réfraction moléculaire spécifique de Lorenz- 1. Voir par exemple EisENLOHR : Spektrochemie organi- scher Verbindungen, p. 20-21. 2. A. BERTHELOT : Ann. Chim. Phys., [3], t. XLVII, p. 842 (1856). 3. Poge. Ann., t. CXVII, p. 353 (1862); t. CNXII, p. 545 (1864); t. CXXII, p. 595 (1864). 4. Sur l'examen mathématique de la signification électri- que et thermodynamique de l'expression — à voir PoLya : Physik. Zeitschrift, +. XIV, p. 352 (1913). Sur la technique de la mesure de net de d, voir Rorx et Ersen- Lour: Refraktometrisches Hilfsbuch (Leipzig, 1911). #4 R. CORNUBERT. — RÉFRACTION ET DISPERSION MOLÉCULAIRES 435 reste-t-elle constante quel que soit l'état physi- que d’un corps déterminé ; est-elle indépendante de la température ? En ce qui concernelepremier point, le tableau suivant, pris dans le « Lehrbuch der Optik » de Drude, montre que les nombres obtenus pour un même corps à l’état liquide et à l’état de vapeur sont très voisins !: vapeur liquide différence eau 0,2068 0,2061 0,0007 sulfure de carbone 0,2898 0,2805 0,0093 chloroforme 0,1796 0,1790 0,0006 Quant à la variation avec la température, elle est extrêmement faible ; ceci s'observe parexem- ple avec le sulfure de méthyle et de phényle et le corps de formule CH3.COS.CSH'.CH* pour la raie D; il n’en est toutefois pas toujours ainsi ; la substance de formule CH*.COS.CSHÿ, pour la raie D, donne en effet des nombres très différents pour de faibles changements de tem- pérature ?. CHS.S. CSH5 CH5.COS.CSH5 CHS.COS. C6H1. CH TER EE Ds PNA ES ARR ELA ES 51,21 15 ,5 37,54 40,43 JE. RANGS ITS MERS 49,33 IDE TER TE PR RENTE 51,23 96 ,5 37,57 ÉE ALES A AE ROE A RER e 51,29 PSC TC TEES &u,59 Uk 37,68 RÉ SRE ne Se Enr 51,44 RACE LT as . 44,74 La variation de la valeur de la réfraction moléculaire avec la pression a été également étudiée. Gale * a trouvé que les formules du pou- voir réfringent étaient valables jusqu’à 20 atmo- sphères ; Magri', étudiant l’air jusqu’à la pres- sion de 193 atmosphères, a conclu que seule n—1 1 n+2 d sensiblement constante. l'expression semblait se maintenir très 1.. On trouvera un autre tableau dans F. EisenLour : Spektrochemie organischer Verbindungen (1912), p. 20. Ce tableau établit la comparaison avec les nombres donnés suivant la formule de Gladstone-Dale, nombres qui sont très différents à l’état liquide et à l'état de vapeur. Sur le pouvoir “réfringent idéal des gaz, voir Phil. Mag., [6], t. XXIX, p- 28-35. 2, F. Tasoury : Ann. Ch. Phys.,[8],t. XV,p. 66 (1908). Dans l'ouvrage d'Eisenlohr déjà cité (p. 21), on trouvera la varia- tion de la réfraction spécifique suivant les formules de Glads- tone-Dale, Lorenz-Luorentz et Eykman pour l’hexane et la méthylhexylcétone. : D'une manière générale, la formule de Lorenz-Lorentz conduità des valeurs qui croissent légèrement quand la température s'élève; la formule de Gladstone-Dale donne au contraire des nombres qui diminuent légèrement duns les mêmes conditions. Seule la constante réfractométrique d'Eykman Le en sensiblement indépendante de n+0,k d la température. 3. Ph. Rev.,t. XIV, p. 1 (1902). k. Nuovo Cim.,t. VI], n°5, p. 81 {1904). IT. — DisPERSION MOLÉCULAIRE L'indice de réfraction variant avec la lon- gueur d'onde, l'expression de la réfraction spéci- fique varie avec cette dernière, et pour comparer des corps on est obligé, ou bien de ramener tou- jours à la même longeur d'onde, ou bien de don- ner le pouvoir dispersif des corps en compa- raison. $ 1. — Réfraction moléculaire électrique Pour éliminer l'influence de la dispersion, cer- tains auteurs ont introduit, dans l’expression de la réfraction spécifique, l'indice de réfraction pour une longueur d’ondeinfinie. Cet indice de réfraction ne pouvait évidemment pas être mesuré, mais on en établissait la valeur par des formules dont la plus employée fut celle de Cauchy : PARC n=A+ CRT où À, B, C, représentent des constantes que l'on déterminait par le calcul en mesurant l’in- dice de réfraction pour trois longueurs d’onde connues, Pour n — =), il reste alors : nr 50 = À. Mais, si l'indice de réfraction n ne peut être mesuré, son carré peut être obtenu par la mesure de la constante diélectrique, puisque K — »?. L'expression de la réfraction spécifique devient alors K—1 = 1 K+2 d réfraction moléculaire électrique *. C’est ce que l’on appelle la $ 2. — Dispersion moléculaire Ne pouvant éliminer la dispersion dans les expressions de la réfraction, l'idée vint d'utiliser le pouvoir dispersif à côté du pouvoir réfringent. Bien quela premièretentativede ce genre, d’après Eisenlohr, soit due à Schrauf ?, ce n’est qu’avec Gladstone que cette grandeur prit un: réel inté- rêt *. Comme mesure dela dispersion, Gladstone prit la différence des réfractions pour les raies H et À de Frauenhofer. D’après cet auteur, l’expres- sion dela dispersion moléculaire était représentée par : TH — NA NE 12e Brühl compléta l'œuvre de Gladstone et, uti- lisant la formule de Lorenz-Lorentz et les raies 1. Sur cette question, voir pour tous détails : EisENLOuR : Spektrochemie organischer Verbindungen, p. 203, et Kaurr- MANN : Beziehungen zwischen physikalischen Eigenschaften und chemischer Konstitution, p.367, 2. Pogg. Ann.,t. CXVI,p. 193 (1862). 3. Phil. Trans.,t. CLIII, p. 217 (1863). 436 Hy et Hz, donna à la dispersion moléculaire l’expression AH? — 1 P Ne? — 1 P nn? + 2 d n ?+2 d Ces deux expressions, en particulier celle de Brühl, restent constantes quand on fait varier la température ou quand on considère un corps sous deux états physiques différents !. D'après Brühl?, la dispersion est une pro- priété encore plus sensible que la réfraction et qui dépend davantage de la constitution molé- culaire que la réfraction elle-même. III. — PROPRIÉTÉS ADDITIVES DE LA RÉFRACTION MOLÉCULAIRE. RÉFRAGTIONS ATOMIQUES. ELEMENTS PERTURBATEURS. VALEURS NORMALES En 1856, à l’occasion d’une étude générale sur la variation des propriétés physiques dans les séries homologues, Berthelot * a étudié, sur des liquides homogènes, la variation de la valeur de ce qu'il appelait le « pouvoir réfringent » spéci- fique en passant d’un terme à l’autre dans ces séries homologues. Il trouva que le fait d’intro- duire des groupes CH? dans une molécule avait pour résultat d'augmenter la réfraction molécu- laire de 18 unités, C'était la première démons- tration des propriétés additives de la réfraction moléculaire. { Peu d'années après, Schraufentreprenait des travaux identiques et vérifiait l’additivité; il montrait que des corps isomères présentent la même valeur de la réfraction moléculaire. Gladstone et Dale *, presque au même moment, commencçaient des recherches de cette nature ; ils observèrent que si, dans la série aliphatique, la loi d’additivité se vérifie pour différents iso- mères, il n’en est plus de même dans la série aromatique. « Les exceptions étaient si nom- breuses qu’elles semblèrent réellement submer- ger toute la loi d’additivité 6. » Enfin Landolt 7 apporta une importante con- tribution à l'établissement des regles d’additi- 1. Voir par exemple EisENLour : scher Verbindungen, p. 30-31. 2. Conférence faite devant la Royal Institution of London le 26 mai 1905, 3. Ann. Chim. Phys., [3], t. XLVIN, p. 343 (1856). 4. Pogg. Ann.,t. CXVI, p. 193 (1862) ; L. GXIX, p. 461 et 553 (1863). 5. Phil. Trans.,t. GLII, p. 317 (1863). Gladstone et Dule Spektrochemie organi- appelèrent « équivalent de réfraction » l'expression Gus [J. chem. Soc.,t. XXII, p. 191 (1872)]. 6. BuxuaL : Conférence faite devant la Royal Institution de Londres le 26 mai 1905, 7. Poge. Ann.,t. CXVII,p. 353(1862); t, CXXII, p. 545 (1864); t, CXXII, p. 595 (1864). | R. CORNUBERT. — RÉFRACTION ET DISPERSION MOLÉCULAIRES vité en étudiant les dérivés aliphatiques conte- nant seulement carbone, hydrogène et oxygène. Les expériences de Gladstone et Dale portaient en germe toute une série de travaux nouveaux. Ainsi que Brühl l’explique lui-même dans une conférence faite à Londres le 26 mai 1905 devant la Royal Institution, l'attention de ce savant fut attirée par les anomalies rencontrées par Glads- tone et Dale dans la série aromatique et en par- ticulier par une note de Gladstone! dans laquelle ce dernier discutaitles exceptions à la loi d’ad- ditivité. Il montrait d’abord que la réfraction moléculaire n’est jamais trop petite, mais tou- jours trop forte, et que des classes entières de composés présentent cette anomalie. Brühl fut étonné de voir que les anomalies étaient tou- jours des différences par excès, et jamais des différences par défaut; il fut frappé par ce fait que ces corps anormaux étaient toujours riches en carbone. Les expériences de Gladstone et Dale pouvaient se résumer ainsi : Paraffines CnH:r+2 Réfr. normale carbures éthyléniques — H? normale terpènes — H5 + 3 benzène et dérivés — HS + 6 Cet écart de 6 unités dans la réfraction molé- culaire du benzène le frappa; s'appuyant alors sur l'hypothèse de Kékulé relative à la consti- tution de ce corps, hypothèse d’après laquelle la molécule de benzène comporte 3 liaisons dou- bles, Brühl pensa queces 6 unités d'écart étaient dues aux 3 liaisons, c’est-à-dire que l'incrément d'une liaison double devait être de 2 unités. Mais cette hypothèse de Brühl avait contre elle l'affirmation de Gladstone et Dale d’après laquelle les carbures éthyléniques avaient une réfraction moléculaire normale. Brühl reprit l'étude des carbures éthyléniques et constata que Gladstone et Dale s'étaient trompés;les expérien- ces de Brühl aboutirent aux résultats suivants : Paraflines CnHant2 R' normale carbures éthyléniques — H? — + 2 carbures diéthyléniques — Hi — + 4 dérivés benzéniques — H$ _— + 6 L'influence des liaisons doubles était ainsi démontrée?; Brühl mit ensuite en évidence celle de la liaison triple *. Compte tenu de ces degrés de saturation, la formule d’additivité reprenait sa vraie valeur, si bien que l’on pouvait écrire, pour un corps de composition C*HvO:... R=ar = lby RICz Er 1. J. chem. Soc., mai 1870, 2. BruuL : Lieb. Ann.,t. CC, p.139 (1880); t. CCI, p. 255 (1880); Ber., t. XII p. 2135 (1879), t. XII, p. 1119, 1520 (1880). 3, BkuuL:£Lieb. Ann., t. CCI, p. 1 (1880). PTT CENTER NS PE PONTS TS 12 . R. CORNUBERT. — RÉFRACTION ET DISPERSION MOLÉCULAIRES a, b, c, étant des constantes caractéristiques des atomes de carbone, d'hydrogène, ete., ou des degrés de saturation.Ces constantes consti- tuent ce que l’on appelle aujourd'hui les «refrac- tions atomiques ». Pourles calculer, on a d’abord étudié un grand nombre de séries homologues et l’on a déterminé ainsi l’incrémentde laréfrac- tion moléculaire qui correspond au groupe CH?; puis, par soustraction de cette valeur ou de l’un de ses multiples des réfractions moléculaires des aldéhydes et des cétones (C"H?0), on a ob- tenu la réfraction atomique d’un atomed’oxygène de carbonyle. En soustrayant la valeur corres- pondant à l'ensemble (0 + 7CH?) de la réfrac- tion moléculaire de l’acide CrH2*0'0”, on a eu la valeur de l’incrément d'un atome d'oxygène d’hydroxyle. Enfin, en retranchant des valeurs de la réfraction moléculaire des carbures paraf- finiques le multiple correspondant de CH2, on a déduit la valeur du double de la réfraction ato- mique de l’hydrogène. Des valeurs correspon- dant à H? et à CH? on a déduit la valeur de la réfraction atomique du carbone. Ces expériences ont montré que, pour différents atomes, comme ‘en particulier l'oxygène, l’azote, etc., le mode de liaison a une influence. Ces différentes réfractions atomiques ont été calculées à plusieurs reprises, d’abord par Lan- dolt en 1864, puis par Brühl en 1880, puis de nouveau par Landolt en 1882, enfin par Brühl? (raies z et) et Conrady {raie D) en 1889-1891 3 Mais en 1910, pour différentes raisons, en par- ticulier : 1° parceque les poids atomiques avaient été «arrondis », 2° parce qu'on avait mal choisi certain corps, 3° enfin parce que les nombres cor- respondant à la raie D manquaient de précision, Eisenlohr a repris les calculs des réfractions atomiques #. Il a choisi à cet effet 145 combinai- sons judicieusement critiquées au point de vue de leur constitution, appartenant aux différentes familles de la Chimie organique, puis il entre- prit le même travail de revision pour les compo- me azotés . Les nombres établis par cet expéri- mentateur font actuellement autorité ; ces nom- bres sont les suivants° m1. On trouveraun exposé très détaillé de l'influence optique “des modes de liaison des atomes dans : EisenLouk : Spek- trochemie organischer Verbindungen (p.42 à 82). Z. f. phys. Ch.,t. VIl, p. 191 (1891). . Coxrany : Z. f. phys. Ch.,t.11l, p. 226 (1889). . Z. [. physik. Ch., t. UXXV,p. 585 (1910). Z.f. physik Ch.,t. LXXIX, 129-146 (4911). . Von Steiger a cherché à montrer que chez les carbures aromatiques la réfraction moléculaire se calcule mieux à par- tir de « réfractions de saturation » (C—C, C—H) qu'à partir - des réfraclions atomiques. Von Auwers combat d'ailleurs cette manière de voir [Ber.,t, L1V, p. 3188 (1921)]. Des valeurs un peu différentes de ces réfractions atomiques sont obtenues ‘Par W. Swientoslawski (Roczniki Chemji, t. 1, p. 104, 1921). parer pi ' 437 H, D H3 B, CRE RE ENT 2,413 2,418 2, Le 2,466 HU ARE Re QU 1,092 1,100 1,122 O (de carbonyle).... 2,189 2,211 2,267 0 (d’éther-oxyde) 1,639 1,643 1,662 O (d’hydroxyle) ..... 1,522 1,525 1,541 GERS LE UE 5,933 5,967 6,101 BRERRCR RSR EE 8,803 8,865 9,152 13,757 13,900 14,521 1,686 1,733 1,824 1,893 2,328 2,398 2,506 2,538 N (amine primaire aliphatique)....... 2,309 2,322 2,368 2,397 N {amine secondaire aliphatique). ..... 2,475 2,499 2,561 2,603 N (amine tertiaire aliphatique). ..... 2,807 2,840 2,940 3,000 Nine) een MUS:05E 3.070 3,108 3,129 Cependant l’examen d’un très grand nombre de corps n’a pas lardé à montrer que la loi d'ad- dition n'est pas toujours exacte, qu’elle n'est même assez souvent qu'approchée; on a ainsi observé que des corpsisomères neconduisent pas à la même valeur de la réfraction moléculaire et l'on en a inféré que ces différences sont dues à la constitution. L'expérience a montré que ces différences apparaissent chez des substances présentant telle ou telle configuration dans une partie de la molécule et l’on a été amené à con- cevoir des éléments « perturbateurs » avec l’idée de les utiliser pour des déterminations de consti- tutions. L'étude de ces éléments perturbateurs va pré- cisément constituer la matière de cette confé- rence. Mais auparavant il faut rappelerles différentes grandeurs utilisées en réfractométrie et indiquer leur symbolisme. Tout d’abord on appelle exaltation molécu- laire {que l’on représente par les lettres E. M.) la différence entre la valeur de la réfraction molé- culaire donnée expérimentalement par la formule de Lorentz-Lorenz et celle calculée d’après la formule d'addition. A côté de cette grandeur, certains auteurs ont été amenés à en introduire une nouvelle : l’exal- tation spécifique ES. Ils estiment que l’exal- tation est due à un certain mode de groupement d’une partie de la molécule comportant un élé- ment perturbateur. Cet élément agirait d'une certaine manière sur l'indice de réfraction et sur la densité, de sorte que la valeur exaltée de la constante réfractométrique, se trouvant ensuite multipliée par le poids moléculaire, donne des exaltations moléculaires qui augmentent pour des poids moléculaires croissants. La comparai- son directe de l’exaltation moléculaire de corps de poids moléculaires différents est de ce fait impossible. Pour cette raison, ces auteurs ont 438 R. CORNUBERT. — RÉFRACTION ET DISPERSION MOLÉCULAIRES rendu les exaltations indépendantes dela valeur du poids moléculaire en ramenant ces exaltations à un poids moléculaire fictif de 100, c’est-à-dire en multipliant l’exaltation moléculaire par le 100 ; £ - quotient FE L'’exaltation spécifique de la dis- persion s'exprime alors en 0/0. Soit un corps de poids moléculaire P pour le- quel, pour la raie D, la formule de Lorentz- Lorenz donne la valeur a; la loi d’additivité con- duit à la valeur a’; l’exaltation moléculaire sera: EMn— 4 — a; l’exaltation spécifique sera : . ESp = (a — a’) —- Si pour les raies « et £ ces valeurs sont respec- tivement betb’, c et c', la dispersion trouvée pour (8 — «) sera c — b et la dispersion calculée sera c'— b'. Dans ces conditions, l’exaltation molé- culaire de la dispersion sera : EM:, — (c — b) — (c' — b') et l’exaltation spécifique de cette dis- persion sera : (Ch 2 Joel Cm EZs-e — ; 0 c — b’ lo K. Auwers et F. Eisenlohr, qui sont les pro-. tagonistes de ces nouvelles srandeurs, déclarent que les combinaisons appartenant à un type déterminé à liaisons doublesconjuguées présen- tent des exaltations de la réfraction et de la dis- persion spécifiques qui sont constantes. La con- naissance des valeurs de EX et de EX; —X, ainsi établies, qu’ils dénomment « valeurs normales », pourrait, d’après ces auteurs, accroître les possibilités d'emploi de la réfractométrie pour la résolution des questions de constitution (pour plus de détails, voir la question des « conjugai- sons troublées »). Tout ce qui précède ne concerne que le cas des corps homogènes, c’est-à-dire des liquides. Pour les corps solides, on en fait une dissolution dans un solvant dont on connaît les constantes et l’on applique la règle des mélanges de Biot et Arago { : Ant Re eu +30 d nya di 100 solution corps dissous 1. En/ce qui concerne l'étude réfractométrique des corps dissous, on trouvera toùs détails et références dans CHENE- VEAU : Ann. Ch. Phys., 8 S.,t. XI], p. 145(1907). Voir aussi ce qui donne : nm? — 1 1e 100 Nn22—1 1 ETAT AA m+2" d 100 — + TRE EN équation dans laquelle p représente en poids le pourcentage du corps dissous dans 100 parties de solution. Cette règle des mélanges admet que les propriétés du corps dissous et du solvant se superposent purementet simplement. Malheu- reusement cette hypothèse n’est souvent pas satisfaite d’une façon rigoureuse, car les solu- tions ne sont pas toujours de simples « mélan- ges » ; des phénomènes de dissociation, d’asso- ciation, de tautomérie, etc., peuventse produire, de sorte que les résultats fournis par les corps solides sont plus sujets à caution que ceux don- nés par les corps liquides. Enfin la nature du solvant n’est pas sans influence, comme le montrent les nombres sui- vants empruntés à un travail d'Edouard Bauer!: R.M. = EM, Bhénol:pur: =: 1-8 FRS HOT DONS — 0,20 Phénol eau reneene RARE TARN PS A 5 + 0,02 Phénol #altool PE Er Rs ee cie + 0,55 Acide benzoïque, alcool! à 64 0/,..........., Re + 1,21 Acide benzoïque, toluène.............11...2 + 0,56 Acide p-oxybenzoïque, eau...........:.... de + 1,91 Acide p-oxybenzoïque, alcool à 35 0/, ......... + 2,85 Acide p-oxybenzoïque, alcool à 60 0/,........., + 2,89 Acide p-oxybenzoïque, alcool à 95°/.......... + 2,88 | La concentration joue également un rôle?. R. Cornubert, Ingénieur chimiste, Docteur ès Sciences. (A suivre.) Contribution à la théorie des solutions : (1909). Sur la réfraction moléculaire des solutions colloïdales, voir Xolloidchemie, t. aqueux, voir Z. Blatt, 1912,t. 1, p. 973. Sur l'influence de la température sur les propriétés optiques des corps dissous, M voir CHENEVEAU : C. R.,t. CXLV, p. 1332 (1907) et t. CL, p- 866 (1910). Voir aussi Limann : Z. Phystk, t. VII, p. 13-19 (1921). 1. Thèse Nancy, 1904, p. 75-77. 2, Voir EisenLour : ouvrage déjà cité, p: 193-194. F. Schwers a montré que la constante réfractométrique varie avecla concentration chez les dérivés halogénés (Bull. Acad. Roy. Belgique (1912), p. 525 et 610). Sur l'emploi du sulfure de carbone comme solvant pour les mesures de réfraction moléculaire, voir F. Scnwers : J. chem. Soc., t, Cl, p. 1889 (1912). Ber.,t. XLII, p. 86 . VII, p. 251-282 (Z. Blatt, 1915, t. Il, « p: 867). Sur la réfraction moléculaire dans des liquides non BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX . BIBLIOGRAPHIE ANALYSES ET INDEX . 4° Sciences mathématiques . Moreux (Abbé Th.), Directeur de l'Observatoire de Bourges, — Origine et formation des Mondes. — Un vol. in-8° de xu-412 pages, avec 124 figures dans le texte et18 planches hors texte (Prix : broché, 25 fr.). G. Doin, éditeur, Paris, 1922. S'appuyant sur les découvertes astronomiques les plus récentes, en particulier sur celles relatives aux né- buleuses spirales, M. l'abbé Moreux nous présente une hypothèse cosmogonique nouvelle, d’une grande sim- plicité, destinée à expliquer l’origine et la formation des mondes, Pour interpréter le fait que les Novæ s'entourent gé- néralement de nébulosités rappelant les branches spi- rales des nébuleuses, on a émis l’idée qu’une étoile peut rencontrer des amas de gaz à basse température; mais on se heurte ainsi à de graves objections et en parti- culier à celles formulées par Maxwell. L'abbé Moreux pense qu’on pourrait tourner la difli- cullé, en supposant que la pénétration s’effectue au sein d'un nuage composé de météores, c’est-à-dire de petites masses solides, non élastiques. Dès lors, ces par- ties constituantes restent soumises aux lois de la gra- vitation et le problème relève de la Mécanique céleste. Les conditions ne changent pas si l’on considère une masse attirante M (soleil ou étoile), immobile au sein de météores animés par rapport à elle d'un mouvement relatif à vitesse constante et qui décrivent des trajec- toires parallèles. Le développement de l'hypothèse conduit à envisager deux cas: 1° Si la direction relative générale des météores est perpendiculaire à l'axe de rotation de la masse M, les deux spires s’enrouleront autour de l'équateur de cette même masse Dès lors, la condensation se continuera régulièrement et la totalité desamas sera précipitée vers le centre ; il n’y aura donc aucune cause de formation de planètes, C'est l'explication des étoiles simples par- fois géantes. 2° Les conditions changent du tout au tout lorsque le plan de circulation des amas aborde l’axe de rotation sous un angle quelconque,-Les premiers méléores cap- tés s’enrouleront bien encore autour des régions équa- toriales, en raison de l'entrainement rapide ; mais, la vitesse communiquée diminuant avec l’éloignement, les amas auront de plus en plus tendance à rester dans le plan de leurs trajectoires primitives. D'où la formation de deux ellipsoïdes de condensation : le plus petit, inté- rieur, tournantsuivant la mêmeorientation que la masse centrale ; le plus grand, extérieur, ayant son grand axe en coïncidence assez approchée avec la direction géné- rale du nuage cosmique. Les spires marquant les régions de forte densité affecteront donc la forme de courbes gauches, rappelant un ressort de montre dont on écar- terait la partie extérieure du plan dans lequel a lieu l’enroulement normal, Tel fut le cas qui se présenta sans doute pour notre système solaire, où nous constatons une déviation de 5°48' du plan équatorial actuel du Soleil par rapport au plan du maximum des aires, Dans de telles conditions, la formation des planètes s'explique naturellement : la concentration, en précipitant les particules extérieures vers le centre, a dû, dès l’origine, et en vertu du théo- rème de la composition des rotations,relever sans cesse l'axe du Soleil; les mouvements de bascule de l’équa- teur solaire se sont ainsi communiqués peu à peu aux branches spirales et y ont déterminé des cassures suc- cessives où les matériaux se sont de préférence accu- mulés ; de plus, ces cassures ont élé forcément diamé- tralement opposées et symétriques danschaque branche et c’est ce que confirme l'emplacement actuel des planè- tes par rapport au plan du maximum des aires. La discussion des circonstances dans lesquelles les cassures se sont produites au sein des deux ellipsoïdes explique l'existence des grosses planètes, loin du Soleil, les particularités des orbites des astéroïdes, ainsi que la présence de ces mondicules aux confins de l’ellipsoide intérieur. Elle fournit également une raison plausible des intervalles planétaires, en montrant que la série de Bode, taxée jusqu'ici d’empirique, n’est qu’une conséquence des lois de la gravitation newlonienne; elle laisse enfin entrevoir dans les accroissements successifs du Soleil la véritable cause des excentricités variées des orbites planétaires. Quant aux comètes, elles proviendraient, d’après cette théorie, d’amas ayant échappé à la concentration générale. Telles sont les grandes lignes de l'hypothèse que dé- veloppe M. l’abbé Moreux, en rappelant les données astronomiques essentielles et indiquant de nombreuses etintéressantes vérifications. Sans doute, en un sujet aussi délicat, M. l’abbé Moreux ne saurait se flatter d’en- trainer la conviction de tous les astronomes. Il n’en de- meure pas moins que son hypothèse a pour elle une séduisante simplicité. Il nous la présente dans le style élégant et clair qui caractérise toutes ses productions. De nombreux schémas, de très belles planches font oublier l’austère gravité du sujet. Enfin, tous les lecteurs sauront gré à l'éditeur, M. Gaston Doin, d’avoir réalisé une fort jolie impression, sur beau papier, qui rap- pelle les meilleures éditions d'avant guerre, auxquelles nous n’étions plus habitués surtout pour les ouvrages scientifiques. A. BourTARIC, Professeur à la Faculté des Sciences de Dijon. Collard (Aug.), Zibliothécaire de PObservatoire Royal de Belgique. — L'Astronomie et les Astrono- mes. —1 vol. in-8° de 119 p. de la Collection : Réper- toires des ouvrages à consulter. Librairie nationale d'Art et d'Histoire, Bruxelles, 1921. L'auteur a indiqué dans ce Répertoire les ouvrages 440 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX généraux et spéciaux relatifs à l’'Astronomie parus de- puis 1880, renvoyant pour les travaux antérieurs à la Bibliographie générale de l'Astronomie de J. Ch. Hou- zeau et A. Lancaster, Les ouvrages sont classés sous les rubriques suivan- tes : I. Dictionnaires et Encyclopédies; Il. Biographies ; II. Traités ; IV. Histoires; V. Bibliographies; VI. Atlas; VII. Revues ; VIII. Tables. Les travaux publiés dans une même langue sont mentionnés à la suite et dans l’ordre chronologique d'apparition, avec indication du nom de l'éditeur. Ce volume fait partie d'une collection de Répertoires des ouvrages à consulter, créée pour l'avancement des Sciences, des Lettres et des Arts en Belgique; elle com- prendra quatre séries de fascicules : I, Beaux-Arts et Archéologie; IT. Belles-Lettres ; IT. Sciences ; IV. Scien- ces appliquées, dont plusieurs ont déjà paru. 2° Sciences physiques Becquerel (Jean), Professeur au Muséum national d'Histoire naturelle. — Le principe de Relativité et la théorie de la Gravitation.— 1 vol. in-80 de 342p. avec 21 fig. (Prix: 25 fr.). Gauthier-Villars et Cie,édi- teurs, Paris, 1922. Une théorie nouvelle a bouleversé nos notions fon- damentales de la Mécanique et dela Physique classi- ques. A. Einstein, s’élevant au-dessus de Copernic, de Gali- lée et de Newton, a, en deux étapes, l’une en 190 con- cernant la théorie de la relativité restreinte au mouve- ment uniforme, l’autre depuis 1912 relative à la théo- rie de la relativité généralisée, découvert la loi de la gravitation et abouti à une impressionnante synthèse de l'Univers. Ce n’est qu'en 1916, en pleine guerre par conséquent, qu'il a formulé d’une façon définitive ses conceptions, et ceci explique qu’en France, sauf quelques exceptions, les savants n'aient pu être mis immédiatement au cou- rant de ses travaux, etque dans notre pays la relativité n'ait été étudiée qu'avec un certain retard, Mais ce retard, à en juger parla liste,qu'il serait dès maintenant diflicile de dresser complète, des articles et ouvrages consacrés à la question, a été largement rat- trapé depuis, Ces études ne sont pas toutes comparables, et pour les apprécier en toute équité, il fauttenir compte de la catégorie de lecteurs à laquelle se sont adressés leurs auteurs qui, il faut bien le reconnaître, n'étaient pas toujours très qualifiés pour traiter d’un sujet si ardu. qu'ils ne possédaient pas eux-mêmes entièrement. Un article récent du journal Z’/nformation du g mai classait ces lecteurs en quatre catégories : la première connaissanttoutes les ressources de l’analyse et sachant manier le calcul tensoriel ils sont peu nombreux ; la deuxième pourvue d'une forte instruction mathémati- que, mais obligée de s’en rapporter à la première pour la discussion et la critique; la troisième douée d’une bonne culture générale, et la quatrième enfin composée de la masse simplement curieuse. L'ouvrage de M. Becquéerel est essentiellement des- linéaux lecteurs de la deuxième catégorie, et ceux de la première catégorie ne ieliront pas non plus sansprofit. Il est la traduction écrite du cours professé par son au- teur à l'Ecole Polytechnique et au Muséum d'Histoire naturelle, et est donc inabordable aux deux dernières catégories ci-dessus. î C’est certainement le premier ouvrage didactique sur la relativité, dont il est un exposé complet, clair et méthodique, écrit avec toutes les qualités d'exposition et de style du savant professeur. l'une consacrée à la relativité restreinte, l’autre réservée à la: relativité gé- néralisée. Ce serait une entreprise difficile, dans l’éten- due qui nous est réservée, que de vouloir en rendre compte autrementqu’en reproduisant la table des ma- tières, entreprise qui serait d’ailleurs dénuée d’inté- rêt, Nous nous bornons donc à attirer l'attention sur les chapitres VI: PUnivers de Minkowski, et IX : Dy- namique de la relativité, de la premiére partie qui se Il est divisé en deux parties : lira facilement etavec un réel plaisir grâce au talent qu'y a déployé l’auteur. Les diflicultés commencent avec la deuxième partie, dont la lecture ne peut être abordée qu’à l’aide du cal- cul tensoriel. Très justement donc M. Becquerel a commencépar lui réserver un chapitre où ila développé les notions strictement indispensables. Et c’est ici où nous exprimons le regret, pour plus d’un lecteur, qu'il ait élé trop concis ou plutôt que ce caleulnouveau n'ait pas été trailé avec plus de développement. Après cette introduction, mis en possession du ten- seurde Riemann-Christoffel, l'auteur aborde, paragra- phel,chapitre XIV l'étude de la loi dela gravitation dans le vide en exprimant les six équalionsR »» — o qui remplacent, dans l’ancienne théorie, Laplace. Mais il reste à déterminer la loi quidoit remplacer la loi de proportionnalité àla masse et à l'inverse du carré de la distance. C'est à cette recherche de la loi d’Ein- stein et aux vérifications qui en ontété faites qu'est réservé le deuxième paragraphe du même chapitre XIV, le plusimportant du volume. Dans ce chapitre, on aété conduit de deux façons dif- férentes à la loi générale de gravitation. Celle-ci est, en effet, d’une part le résultat entre l'égalité d'un tenseur de courbure conservatif et le tenseur impulsion-énergie, cequia pour conséquence la conservation de l'impulsion énergie, et d'autre part, si à priori on considère ce der- nier principe comme exact, on est aussi conduit à écrire la loi d’Einstein. Lorentz et Hilbert,puis Einstein ont réussi à présenter les équations générales dela gravitation comme consé- quence d’un principe unique d'action stationnaire, Un résumé de la méthode employée par Lorentz, puis l'ex- posé du travail d’Einstein sont donnés au chapitre XVI. Il est un fait démontré: l'Univers n’est pas euclidien dans son ensemble, Il possède en chaque point-événe- ment des lignes de courbure connexes du champ de gravitätion et il est impossible de conserver l’an- cienne conception de l'Univers. L'espace de Newton est infini et la loide Newton n'est pas exacte, On est dono amené à penser que l'Univers pourrait ne pas être infini. ILest même possible, hypothèse d'Einstein et de Sitter, l'équation de BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX qu’il soit fini dans toutes ses dimensions bien qu’il- limité. Le temps seul resterait infini. ‘L'auteur expose donc au chapitre XVII les raisons profondes qui conduisent à attribuer à l'Univers une courbure non nulle, même dans le vide, et à considérer l’espace comme infini. Enfin si l'existence des phénomènes électromagnéti- ques et les lois qui les régissent s'accordent parfaite- mentavec la théorie de larelativité, cependant lechamp de gravitation et le champ électromagnétique y sont complètement séparés en ce sens que l'électricité n’est pasraltachée à une propriété géométrique de la structure d'Univers représentée par les dix potentiels g,, de gravitation. Ce serait un grand progrès si l’on pouvait unir dans une même géométrie le champ de gravita- tion et le champ électromagnétique. Cette fusion, H. Weyl l’a réalisée; mais Weyl a conservé une res- triction parce que sa suppression soulevait une grosse difliculté pour attribuer à la lumière une trajectoire définie, Il a, en effet, admis que les variations de la longueur généralisée ne dépendent que du parcours suivi et sont indépendantes de la manière dont a été fait le transport sur un même parcours S Eddington a fait tomber cetterestriction, la dernière qui subsistait. L’ Univers enfin n’est plus soumis qu’à la condition, nécessaire évidemment, de posséder une structure géométrique. Il paraît impossible de réduire davantageles hypothèses. C’estl'exposition des théories mathématiques quiconduisent à ce résultat que pré- sente lechapitre XVIII et dernier de ce volume, quisitue, dans son état actuel, avec la plus grande clarté que peut comporter le sujet, la théorie complète de la rela- tivité. Les mathématiciens le liront donc. L, Porn. Tillieux (J.), Directeur de l'Institut du Sacré-Cœur, à Mechelen-sur-Meuse. — Leçons élémentaires de Physique expérimentale selon les théories mo- dernes. 2° édition, revue el augmentée. Fascicule x. — 1 vol. in-8° de 219 p. avec 244 fig. et 5 pl. dont 4 en couleurs. Fr. Ceuterick, 60, rue Vital Decoster, Lou- vain, 1922. En rendant compte de la première édition de cet ou- vrage !, nous avons attiré l'attention de nos lecteurs sur la voie nouvelle où l’auteur a tenté d'orienter l’en- seignement élémentaire de la Physique : abandon total des divisions habituelles des cours de Physique et adop- tion d'une méthode qui consiste, en partant du fait de la divisibilité de la matière, à étudier les propriétés des corps en partant de l’échelle des astres pour descendre à celles des molécules, des atomes, des électrons, pour terminer par l’éther. L'accueil extrêmement favorable fait au premier essai de l’auteur, qui s'est trouvé rapidement épuisé, l’a engagé à publier une seconde édition deses Leçons, d’ailleurs revue et augmentée, Le premier fascicule, qui vient de paraître, est consacré au domaine du pon- dérable; le second renfermera ce qui concerne l’impon- dérable, c'est-à-dire l’éther. REV A 1. Rev. gén. des Sc, du 15-30 août 1919, p. 492. Howe (H. M.). — La Métallographie de l'acier et de la fonte. 7raduit par Ocrave Hock. — 1 vol. in-8° de 706 p. avec 123 fig. et 45 pl. hors texte (Prix : 120 fr.). Ch. Béranger, éditeur, Paris et Liége, 1922. M. Hock, ingénieur de l’Ecole de Liége, nous donne une excellente traduction de l'ouvrage classique du Professeur Howe, qui a occupé pendant de longues années la chaire de métallurgie de l’Université Colum- bia de New-York. Les travaux de l’éminent maitre, qui vient de mourir il y a quelques jours, sont connus du monde entier et ont eu en France, dans ce pays que M.Howe affectionnait d’une façon toute spéciale, les plus fortes répercussions. Le livre, dont il nous est donné aujourd’hui une très belle édition française, est un important volume de plus de 700 pages, accompagné de magnifiques microgra- phies., — Le sujet est d’ailleurs merveilleusementordon- nancé. Après une introduction où se trouvent résumés l'historique de la métallurgie du fer et l'étude des ré- serves mondiales en ce métal, l’auteur étudie d’une façon succincte les procédés actuels de fabrication du fer et de l'acier, ainsi que la classification des produits sidérurgiques. Une ésquisse de la constitution de l’acier est ensuite donnée et, avant d'entrer dans le vif du sujet, le pro- fesseur Howe, pour faciliter l'étude du diagramme Fe-C, présente le diagramme eau-nitrate de sodium. Les chapitres suivants développent l'étude du liqui- dus, du solidus et des courbes de transformation du système Fe-C, en insistant sur les transformations de l'acier et de la fonte et la formation du graphite. Après un exposé de la loi des phases, viennent une succession de chapitres relatifs aux déformations et à la structure cristalline, à la théorie de l’amorphisme de Beilby, à la déformation plastique dans l'acier, aux mâcles et à leur formation, etaux modes de rupture des produits sidérurgiques. L'ouvrage se termine par des considérations sur la fibre et l'influence des méthodes de fabrication sur son existence et sa formation. Le volume du professeur Howe doit se trouver dans toutes les bibliothèques des usines métallurgiques et l’on doit être particulièrement reconnaissant à M. Hock de nous en avoir donné une traduction française, extré- mement claire et fidèle, L'éditeur, la maison Bérenger, n'arien négligé, d'ailleurs, pour donner à ce volume un caractère de luxe, indispensable à tous les ouvrages de métallographie microscopique. L. GuILLET, Professeur au Conservatoire national des Arts et Métiers, et à l'Ecole Centrale des Arts et Manufactures. 3° Sciences naturelles Regelsperger (G.), Pelleray (E), Froment- _Guieysse (G.). — Notre Domaine Colonial. X. L'Océanie française. — 1 vol. in-4° de 158 P:, avec 30 photographies et 6 cartes (Prix : 7 fr. 5o). Edition Notre Domaine Colonial, Paris, 1922. Ecrit par des spécialistes très au courant de nos colo- 442 BIBLIOGRAPHIE. — ANALYSES ET INDEX nies océaniennes, illustré avec soin, pourvu d’excellen- tes cartes, mis au courant des dernières statistiques, cet ouvrage mérite d'être particulièrement signalé, Notre collaborateur, M. G. Regelsperger, y étudie la Nouvelle-Calédonie, M. Pelleray, les Nouvelles-Hébri- des, et M. Froment-Guieysse, les Etablissements français d'Océanie. Au moment où l’on cherche à répandre les connaissances coloniales à tous les degrés de l’ensei- gnement, ce livre peut être recommandé comme une des meilleures sources de documentation, Une bibliogra- phie termine chaque étude. PACE Bouchié de Belle (E). — La Macédoine et les Macédoniens. ?’réface de Jacques BaiNvicze. — 1 vol. in-16 de 308 p. (Prix: 79fr.). Librairie A. Colin, Paris, 1922. , La Macédoine, mosaïque de races et de religions, a été pendant longtemps un des problèmes orientaux les plus difficiles à résoudre. Elle était sous l’administra- tion turque une autre Arménie. Partagée aujourd'hui entre la Serbie et la Grèce, découpée en chair vive sans qu'il ait été tenu compte de ses intérêts économiques, la Macédoine n’a pas trouvé sa solution définitive. On en parlera encore, et l’on pourra trouver dans le livre de M. Bouchié de Belle tous les éléments nécessaires pour résoudre le problème macédonien, L'auteur, offi- cier de l’Armée d'Orient, mort là-bas pour la France, a fait sur place une enquête politique et économique, qui témoigne de rares qualités d'observation et qui restera comme un des meilleurs documents que nous possédions sur cette région. PC: Perrot (Emile), Professeur à la Faculté de Pharmacie de Paris, et Gentil (Louis), Professeur à la Faculté des de Paris. — Sur les productions végétales du Maroc.La constitution du sol maro- cain et les influences climatologiques. [Rapport de Mission.Ministère du Commerce. Travaux de l'Of- fice national des Matières premières végétales. Notice Sciences n° 10. Décembre 1g21.] — 1 vol. in-8° de 170 p., avec 7 fig, à carte géol., 8 pl. (Prix : 25 fr.). Larose, éditeur, Paris, 1921 L'opuscule que vient de publier l'Office des Matières premières sur le Maroc réuniten 7 chapitres un ensemble de données d’un haut intérêt théorique et pratique con- cernant notre protectorat du Nord-ouest africain. Les éléments d’information qui y figurent ont été recueillis au cours d’une mission d'exploration effectuée il y a deux ans par deux professeurs de l'Université de Paris, un botaniste, M. Perrot, et un géologue, M. Gentil. En même temps, la Société Botanique de France orga- nisait dans l'empire Chérifien une grande excursion, dont le programme coïncidait partiellement avec celui de cette mission ; M. le Dr René Maire, Professeur de Botanique à la Faculté des Sciences d'Alger, qui don- nera prochainement le compte-rendu de cette réunion extraordinaire,a rédigé pourle livre de MM, Perrot et Gentil un intéressant article sur la Végétation du Maroc, Lorsque l'on se rend d'Algérie au Maroc par la frontière oranaise, on traversed'abord lazone méditer- ranéenne du plateau d'Oudjda. Puis l’on pénètre, avec la moyenne vallée dela Mlouya, dans les steppes du Maroc oriental, dont la stérilité doit être surtout attri- buée au développement d’une carapace calcaire super- ficielle : jadis occupée par une forêt-parc de Betoums et de Jujubiers, cette contrée au climat subdésertique, caractérisé par la prédominance des vents du Sud, a une flore où abondent les éléments sahariens ; les grandes nappes d’Alfa des Hauts Plateaux oranais s'y avancent vers l'Ouest jusqu’à la Mlouya. Avec les marnes miocènes du détroit Sud-rifain, commence, au delà du col de Zhaza, la brousse épaisse de Palmiers-nains, où le Diss, le Lentisque et l’Olivier, siabondants en Algérie,sont remplacés par des éléments nouveaux ; en mêmetemps, les conditions météorolo- giques accusent un caractère atlantique. À Taza, se montrent déjà lestirs, les terres noires célèbres par leur fertilité ; de Fez à Meknès dominent les hamri argilo- sableuses decouleur rouge. Les causses de calcaires ju-: rassiques des contreforts du Moyen Atlas (750 à 1.400m.), jadis occupés par un boisement plus ou moins clair- semé de Quercus ilex, avec sous-bois de Chamærops humilis, forment uné ceinture aux forêts de Chênes yeuses du Moyen Atlas installées sur les schistes carboni- fères ; à partir de 1.600 m, viennent s’y mélanger, vers Azrou, des Cèdres qui, un peu plus haut, finissent par prédominer., Les collines calcaires du Maroc occidental, soumises, très avant dans l’intérieur, à l'influence du climat maritime, sont occupées par un maquis buis- sonneux sensiblement de même type que celui du Tell oranais. Les plaines, où subsistent,sur les sables du Mio- cène supérieur, à la Mamora, les restes de forêts claires de Chênes-lièges et de Pirus mamorenis, étaient autre- fois sans doute complètement couvertes ; leur sous- bois d'Ulexet de Thymelæa lytroides les distingue des forêts de Chênes-lièges de l'Algérie et de la France mé- Les sables maritimes de Rabat offrent une végétation comparable à celle des dunes méditer- ridionale. ranéennes. Dès la sortie de Casablanca commencent les immen- ses plaines de la Meseta marocaine, où les terres noires de la Chaouia et de la Doukkala ont dû jadis être mas- quées par des broussailles de Jujubiers-Lotus. Puis au sud des Djebilet, à partir du Haouz de Marakkech, s'étendent les steppes du Maroc méridional : les magni- fiques jardins de l’Aguedal y constituent une véritable oasis au milieu d'un paysage désertique. Autrefois s'étendait une forêt-pare d'Acacia gummifera : de nom- breuses espèces des Hauts Plateaux algériens y sont encore mélangées à des types sahariens. Cette forêt se continuait sur les contreforts calcaires du Haut-Atlas, où les clairières correspondent encore, notamment vers Demnat,à destouffesd'Æ£uphorbiaresinifera,hautes derm. et ressemblant de loin à de gigantesques carapaces de tortues. Plus haut, dans la montagne, comme aussidans la zone sublittorale, s'étendent des forêts de Callitrix articulata, un Thuya particulièrement précieux pour l’ébénisterie, qu'accompagnent de nombreuses espèces méditerranéennes. Celles-ci se retrouvent, à côté d'une BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 443 flore rocheuse subsaharienne, dans la forêt d'Arganiers | réactions de l'hôte : il est impossible, depuis Malpighi, qui commence vers Chichaoua, à peu près à la hauteur des aflleurements de phosphates, En approchant de la côte, la densité dececurieux peuplement, dernier témoin d'une flore tertiaire, diminue rapidement surtout lors- qu’on arrive à la zone des dunes du Maroc austro- occidental, où les plantes habituelles des sables litto- raux sont accompagnées des éléments macaronésiens, Les rochers maritimes voisins présentent une végéta- tion frutescente riche aussi en plantes indiquant une ancienne liaison continentale avec les archipels atlan- tiques, comme Chenolea Polycarpea nivea, qui sont particulièrement nombreux dans l'ile de Mogador. M. Jean Gattefossé, Ingénieur chimiste, a rédigé une intéressante notice surles Plantes dans la Thérapeutique canariensis, indigène auMaroc, avec indications des noms arabes et berbères. Me W. Dufougeré présente une curieuse étude sur lès Matières colorantes naturelles employées par les Indigènes. Enfin M. Perrot traite des plantes utiles spontanées, ainsi que de celles dont il conseille l’intro- duction. La précieuse documentation recueillie par la mission Perrot-Genti, qui présente une excellente mise au point de nos connaissances sur la Géographie botanique du Maroc, est appelée à rendre les plus grands services au développement économique de l'Empire chérifien. L, JorEAuD. Maître de conférences à la Faculté des Sciences de Paris. Nicolle(M.)et Magrou (J.). — Les Maladies parasi- taires des plantes.— 1 vol. in-8° de 199 p.(Prix:8fr.). Masson et Cie,éditeurs, Paris, 1922. Lestraités de Pathologie végétale avaient étudié les plantes malades ou les parasites responsables des mala- dies. Jamais les maladies n'avaient été étudiées pour elles-mêmes, selon un classement inspiré de l’observa- tion clinique. « Donner une interprétation claireet raisonnable du mécanisme de chaque affection, de chaque groupe, de la totalité des maladies végétales », écrire enfin ce quiest proprement un traité de Pathologie végétale, expliquer la multiplicité des troubles fonctionnels et des lésions par le jeu de quelques causes simples, sans jamais invo- quer d'hypothèses gratuites, tels sont les mérites du récent ouvrage de MM. Nicolle et Magrou. Cet excellent résumé de nos plus récentes comme de nos plus classiques connaissances phytopathologiques est fort original, les syndromes décrits s’expliquant à la lumière des travaux personnels des deux auteurs. Aux recherches sur la symbiose, poursuivies par Magrou, après N. Bernard, nous devons des observa- tions précieuses, concernant l’immunité des plantes et la destruction intra-cellulaire des parasites, — due à des anticorps. — En effet, « la plante attaquée résiste aux effets des spoliateurs si elle compense ses pertes et si elle demeure insensible à l’action despoisons émis, ou les neutralise... ». Avec les diastases qui solubilisent les réserves, les « toxines » sécrétées par le parasite provoquent les de ne pas attribuer la production des galles largo sensu à des venins (toxines), — en admettant le rôle subordonné des modifications osmotiques. Les toxines malpighiennes se confondent avec les toxines ordinaires; c'estlemême poison, qui,«émis d’une façon brusque et abondante, engendre la nécrose des tissus, et qui, sécrété d'une façon continue et discrète, détermine leur hypertrophie ». On comprend peu pourquoi les auteurs, admettant dans les hyperplasies l'influence des modifications osmotiques, invoquent un effet d’excitation (?) pour expliquer le développement prématuré des fleurs, la naissance des racines adventives, la formation des balais de sorcière (p. 155). Ilnous paraît, avec Smith, que la seule augmentation de pression osmotique, qui provoque l’hypertrophie ou l’hyperplasie de cellules parenchymateuses,suflit également à expliquer la for- mation d'organes différenciés, par l’évolution anor- male de cellules embryonnaires (« totipotent cells »), Les facteurs concrets de la spécificité et de l’électivité des parasites (p. 107) restent pour les auteurs très mal connus. La différenciation fonctionnelle des races physiolo- giques, démontrée par Erikson sur le Puccinia graminis, eût pu être illustrée par l'analyse des travaux complé- mentaires de Stakman, Melchers.….. La chapitre IV classe utilement les connaissances acquises sur les maladies bactériennes dont l'agent pathogène a été cultivé et inoculé avec succès (les tra- vaux classiques d'Arnaud auraient pu fournir, au sujet de lanécrose duMürier, de plusamples développements). En résumé, cette synthèse du concept parasite résul- tant de l’exposé de l’évolution des principaux parasites, ce parallèle des lésions et des réactions résultant de la spoliation, de l’intoxication on de l’irritation par les insectes, les phanérogames parasites, les champignons ou les bactéries, semblent écrits, et pour le biologiste ou le médecin qu'intéresse la Pathologie générale, et pour le pathologiste le plus spécialisé, qui y trouvera d’utiles termes de comparaison. J. DurFRÉNOY, Directeur de la Station de Pathologie végétale de Brive, Forster (A.), Professeur d'Anatomie à la Faculté de Médecine de Strasbourg. — La voûte tarsienne transversale; sa formation et son mécanisme. — 1 vol. in-8° de 188 p. avee 38 fig. (Prix : 20 fr.). 6e fasci- culedes « Archives de Morphologie générale et expé- rimentale ». G. Doin, éditeur, Paris, 1922. Tandis que la concavité que forme le pied d’avanten arrière est bien connue et bien étudiée, il n’en est pas de même de celle qu'il forme dans le sens transversal. C’est l’étude de cette « voûte transversale » qu'a entre- prise M. Forster dans un mémoire étayé sur de nom- breuses dissections et illustré de belles figures. Le type que l’on peut considérer comme le point de. départ pour cette étude estcelui des Lémuriens.Chez eux, le tarse forme un cintre osseux, très régulièrement dis- posé, dans la concavité duquel se logent les tendons hhk BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX des fléchisseurs des orteils. La clé de voüteest au niveau du 3° cunéiforme, prismatique à cet effet. Le cintre est très oblique par rapport à l’horizontale : cela tient à ce que son bord interne ne repose pas sur le sol, si bien que tout le côté interne de la plante du pied est direc- tement accessible : une telle disposition semble indi- quer que le rôle de sustentation du poids du corps ne joue ici qu’une influence secondaire, Chez les divers Singes et quelques Anthropoiïdes, on assiste à une aplatissement progressif de la voûte plan- taire dans sa partie externe, Par suite, l’inclinaison de cette voûte diminue et son bord interne se rapproche progressivement du sol. En même temps, la forme et la disposition des diverses pièces osseuses changent: le 2° cunéiforme tend à devenir prismatique et partage avec le troisième le rôle de clé de voûte. Toutes ces modi- fications ont probablement pour cause l'augmentation progressive de l’action du poids du corps. Chez l'homme et,à un moindre degré, le chimpanzé et le gorille, tous les phénomènes précédents s’accentuent. Le cintre tarsien, très peu oblique sur l'horizontale, est aussi beaucoup moins accessible en dedans; le 2° cunéi- forme enest devenu la clé. En même temps, l’arcade se resserre dans le sens transversal et réduit à une étroite gouttière toute la partie profonde de la plante; seuls peuvent s'y loger un petit faisceau musculaire et du tissu conjonctif. Quant aux tendons des fléchisseurs des orteils, ils sont refoulés à un niveau plus plantaire. Même disposition chez le nouveau-né, dont le pied serait, d'après les recherches de l’auteur, beaucoup moins aplati qu'on le dit généralement, Quand enfin on considère des animaux comme les Carnivores ou les Rongeurs,'où l'action de sustentalion du poids du corps est encore plus complète, en même temps que la régression du gros orteil exelut toute mo- dification attribuable à la préhensilité du pied, on as- siste à l’exagération des dispositions précédentes : ho- rizontalité de la voûte transversale, abaissement complet du bord interne, sibien que le creux plantaire n'est plus du tout accessible en dedans; il le serait même plutôt du côté externe chez quelques espèces, L'étude très détaillée des variations de la voûte plan- taire transversale que nous venons de résumer est com- plétée par une dissection approfondie et minutieusedes muscles susceptibles d’exercer quelque action sur la forme de sa concavité : extenseurs péroniers des orteils, court péronier latéral et, tout particulièrement, long péronier. En ce qui concerne ce dernier, l’auteur a pu établir que deux raisons essentielles en déterminent l'hypertrophie : une grande mobilité du gros orteil et l’abaissement de la voûte tarsienne. Le degré auquel se combinent ces deux facteurs chez les divers animaux explique les variations de volume du muscle qui atteint son maximum chez le chimpanzé, Dans l’ensemble, on voit que le travail de M. Forster met au point une question d'anatomie comparée qui, malgré tout l'intérêt qu’elle présente, avait jusqu'ici été laissée dans l'ombre. Son étude sur la morphologie du pied se relie à celles de Volkov, d’Anthony, de Pftzner; elle contribue à nous faire connaître les étapes par les- quelles le pied humain se rattache à celui des Anthro- poïdes et des autres Primates. Henri V. VALLOIS, Professeur à la Faculté de Médecine de Toulouse. 4° Sciences médicales Mackenzie (Sir James). — L’'Avenir de la Méde- cine. — Zraduit par le D'F. FRANÇON. — 1 vol. in-8° de vur-2792 p. avec 28 fig. (Prix: 12fr.). Librairie F, Alcan, Paris, 1922. Ce livre est excessivement original et intéressant. Il se compose de 3 parties : la première est une criti- que sévère des méthodes d'enseignement de la médecine en Angleterre. L'auteur y expose comment, au sortir des études didactiques, il se trouva seul et sans guide aux prises avec les difficultés de la clientèle. La méde- cine qu’il eut alors à pratiquer n’avait qu’un lointain rapport avec celle qui lui fut enseignée au cours de ses études. L'auteur se mit résolument au travail, et c'est au cours de ses années de médecin praticien qu'il fit ses belles découvertes sur les insuflisances cardiaques. C'est sa méthode detravail qu'ilexpose dans la deuxième partie de son livre et comment, par l'étude minutieuse des symptômes, etavec des appareils de fortune, il est arrivé à voir clair dans le chaos des arythmies. La troisième partie de l'ouvrage est un exposé des mé- thodes médicales telles que les conçoit l’auteur, Elles sont en général fort justes. L'auteur s'élève sur- tout contre la cristallisation des spécialistes, les abus des méthodes de laboratoire et les grandes machines américaines et allemandes qualifiées de maisons de dia- gnostic, au sujet desquelles il rapporte de savoureuses anecdotes. é Le livre se termine par un excellent chapitre sur « la place du médécin » et la nécessité pour les profes- seurs d'avoir les vues larges. Beaucoup des critiques que l’auteur adresse au recrutement des professeurs londoniens pourraient d’ailleurs s'appliquer à la Fa- culté de Médecine de Paris où, parfois comme à Lon- dres, « le meilleur et le plus sûr moyen pour obtenir un titre est de ne pas faire de pratique générale ». L’au- teur voudrait que les postes de médecin dans les hôpi- taux d'enseignement soient réservés en partie aux pra- ticiens ayant de longues années de pratique courante, Ce livre d'un grand intérêt sera lu avecfruit par tous ceux que l’enseignement médical intéresse; il montrera à tout médecin comment chacun dans sa petile sphère peut par la méthode et la réflexion arriver à de belles découvertes. D° GaLrior. ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 445 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Seance du 26 Juin 1922 M. Amé Pictet est élu Correspondant pourla Section de Chimie, en remplacement de M. Ph. A. Guye, décédé, 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES, — M. H. Mineur : Sur certaines équations fonctionnelles agébriques. — M.T. Carleman : Sur le problème des moménts. — M. EP. Lévy : Sur la loide Gauss. Rectification. — M.W. Mar- goulis : Les abaques à transparent orienté. L'auteur a établi, principalement en vue de la solution de diffé- rents problèmes d’aviation, une trentaine d’abaques de cette nature. Ces abaques conviennent surtout à la résolution, par une seule opération, et sans systèmes surabondants, d'une ou de plusieurs équations à grand nombre de variables; ils se prêtent particulièrement à la discussion nomographique des équations. — M. M. d’'Ocagne: Sur les nomogrammes à transparent orienté, L'auteur recherche dans quelle catégorie de sa classi- fication générale rentrent les précédentsnomogrammes de M. Margoulis. —M. A. Rateau: Calcul des varia- tions du plafond d'un aéroplane dues à une variation de son poids ou à l'emploi d'un turbo-compresseur. Les précisions données récemment par l’auteur en ce qui concerne les pressions barométriques et les poids spé- cifiques de l’air lui permettent de calculer d’une façon beaucoup plus exacte les variations du plafond d’un aéroplane. — M.Gaston Bertrand: La loi de Rie- mann, le périhélie de Mercure et la déviation de la lu- mière. L'auteur montre qu’il faudra des mesures d'une extrême précision pour décider entre les théories de Riemann et d'Einstein. — MM. Ch. Nordmannet Le Morvan: Observations d'étoiles du type N et notam- ment d'une étoile effective à température extrêmement basse, au moyen du photomètre hétérochrome de l’'Obser- vatoire. Contrairement à une opinion répandue,la tem- pérature effective des étoiles du type N (étoiles carbo- nées) n’est pas toujours inférieure à celle des étoiles du type M. L'une des étoiles observées par les auteurs, 112.559 H.D., possède la température effective la plus basse que l’on ait jamais déterminée parmi les étoiles : 2.1600 absolus, c'est-à-dire 1889° C. 29 SCIENCES PHYSIQUES, — M. V. Karpen : Vouvelle évaluation de la pression interne des liquides. Crité- rium de l'association des molécules dans un liquide. L'auteur calcule la pression interne par là formule K=—T (4/2) — p, où pet T sont la pression et la tempé- rature absolues du fluide, + et y lescoefficients de dilata- tion et de compression. Lorsque, à la température con- sidérée, les molécules sont associées et sedissocient par la décompression, ilfaut introduire la chaleur dq absor- bée par la dissociation des molécules, et la formule devient : J dg/dv —T(2/)—K—p. Cette formule con- stitue un critérium de l'association des molécules dans un liquide. — M. B. Szilard : Sur le dosage direct de très faibles quantités de radium par les rayons péné- trants. L'auteur emploie dansce but l’électromètre qu'il a récemment décrit, avec quelques perfectionnements qui en font un appareil d’une sensibilité non encore atteinte par un instrument transportable. — M, P. Pascal : Recherche magnétochimique des constitutions en chimie minérale. Les acides de l'arsenic. L’arsenic combiné possède deux susceptibilités atomiques, sui- vant le degré de saturation de ses composés ; l’auteur avait déjà trouvé cette propriété pour le phosphore, et elle peut être généralisée aux autres éléments de même famille, — M. G. Gire : Sur La dissociation du chloro- platinate de baryum. L'auteur a étudié expérimentale- ment la dissociation du chloroplatinate de baryum et en a déduit l’équation de la courbe d'équilibre. Cette dissociation A est un équilibre du genre sol. + gaz sol. + Q. — M. A. Demolon: Sur les éléments accessoires des scories de déphosphoration. La chaux caustique n'existe qu’en faible quantité (1 à 3°/.) dans les scories ; elle diminue d’ailleurs par carbonatation spontanée à l'air. Ilexiste dans les scories des silica- tes complexes susceptibles de libérer de la chaux assez lentement sous l’action de l’eau pure, plus facilement sous l’action de l’eau sucrée ou d’une solution d’humate d’ammoniaque. La magnésie existe en quantité notable et d’ailleurs assez variable dans toutes les scories. Les scories renferment à l’état d'oxyde du manganèse pro- venant des ferromanganèses introduits dans les con- vertisseurs. — M. L.-J. Simon : Sur l'oxydation par les mélanges d'acide sulfurique et de chromates. Par l’em- ploi du mélange d’acide sulfurique et d’anhydride chromique, l'acide acétique combiné résiste presque complètement à l'oxydation; il est presque complète- ment brülé par l'emploi d'acide sulfurique et de chro- mate d'argent. Le rôle du chromate d'argent paraît spécifique. — Mlle H. Billon: Sur l'action du chloro- bromure de triméthylène sur quélques cétones de la série grasse. On obtient dans tous les cas des cétones ô-chlo- rées, sur lesquelles la diméthyl- et la diéthylamine réa- gissent pour donner des diaminocétones. — MM. R. Locquinet S. Wouseng : Sur la transformation des alcools éthyléniques tertiaires (genre linalol) en alcools éthyléniques primaires (genre géraniol). Les dialcoyl- vinylcarbinols n’ont pas été modifiés dans le sens désiré par action de l’eau surchauffée, même à 220° pendant 30 h. Par contre, ils ont tous pu être isomérisés en alcools primaires correspondants sous l'influence de réactifs acides en général (anhydride acétique à 120°, acide acétique bouillant, HCL ou HBr gazeux, etc.). — MM. M. Nicloux et G. Welter : l'acide cyanique existe-t-il dans le sang? Le terme intermédiaire de l’oxydation des matières protéiques et des acides ami- nés en urée est l'acide cyanique, d’après les travaux de Fosse. Les recherches des auteurs montrent que cet acide n’existe pas dans le sang et dans la lymphe à 446 l’état normal; du moins nos procédés d'analyse actuels ne peuvent le déceler, 3° SCIENCES NATURELLES. — MM. F. Kerforne et L. Dangeard : Sur les roches paléozoïques draguées par le Pourquoi pas ? en 1921 dans la Manche occidentale. Ces roches sont constituées en majeure partie par des grès d'Erquy. — M. F. Ehrmann : Sur la découverte du Silurien à Graptolithes et du Dévonien à Tentaculites aux Beni-Afeur (sud de Djidjelli, Algérie). — M. Ch. Gorceix: Répartition de la température dans le lac du Bourget. Le fait capital ressortant des observations, c’est l’idendité des formes des courbes de répartition suivant la verticale, en tous les points du lac, etle peu d’écarts qu'elles présentent entre elles le même jour. La forme est connue: le point d’inflexion correspondant à la couche du saut de Richter s'abaisse au fur et à me- sure de l'emmagasinement de la chaleur. — M. P. A. Dangeard: Recherches sur la structure de la cellule dans les iris, Le genre /ris se prête merveilleusement à une étude d'ensemble du plastidome et du sphérome, seuls élé- ments figurés, avec le vacuome, du cytoplasme de la cel- lule végétale, — M. J. Costantin : Sur l’hérédité acquise. L'auteur montre que certaines plantes, ayant acquis des caractères spéciaux à l’état sauvage par suite de la sym- biose avec des mycorhizes, conservent ces caractères à l’état cultivé, malgré la disparition des mycorhizes, par suite de l'influence d’un facteur à action parallèle, quiest le climat froid, alpin ou septentrional., — M, H.Jumelle: Le groupe du Chrysalidocarpus lutescens. Autour du Chrysalidocarpus lutescens de Madagascar se groupent plusieurs espèces qui pourraient tout aussi bien n’en être que des modifications locales, provoquées par les condi- tions de milieu (altitude, sol, exposition, humidité, etc.), puis fixées par l’hérédité, — M. P. Nobécourt : Sur le mécanisme de l'action parasitaire du Penicillium glau- cum Link et du Mucor stolonifer. Ehrb. L'action nuisible exercée sur les fruits par le ?. glaucum et le M. Stoloni- fer est due à des substances sécrétées par ces champi- gnons et qui, diffusant dans la chair du fruit parasité, se retrouvent dans le suc que l’on peut en extraire, Ces substances sont de natureenzymoïde. — M. J. Bouget: Observations sur l'optimum d'altitude pour la colvration des fleurs. L'auteur ajoute de nouveaux exemples à ceux qui avaient été donnés par M. G. Bonnier sur l'opti- mum d'altitude pour la coloration des fleurs, et montre par des faits précis, empruntés à la flore pyrénéenne, à quel point cet optimum est variable selon les espèces, —M.J. Dufrénoy : Sur la tuméfaction et la tubérisation. La présence des tumeurs, accidentelle et pathologique chez la plupart des plantes, peut devenir habituelle chez certaines espèces : Eucalyptus, Arbutus, ete. Ces tumeurs accumulent en automne et en hiver de grosses quantités d’amyloleucites; elles ont donc la signification anatomique et physiologique de tubercules, offrant un exemple de transition entre la tuméfaction et la tubéri- sation, — M. R. Hovasse : Sur un Péridinien, parasite intracellulaire des Vélelles, L'auteur a trouvé un Pro- tiste de 8 à 12 u existant en abondance et se multipliant activement dans les canaux gastrovasculaires, dans la mésoglée et surtout à l’intérieur même des cellules bor- dant les quatre canaux radiaires des bourgeons sexués ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES que portent les gonozoïtes des Vélelles. Il le range dans le genre Blastodinium Chatton. — M. A. Vandel: La spanandrie (disette de mâles) géographique chez un Iso- pode terrestre. La reproduction bisexuée, qui paraît être la règle dans la région méditerranéenne pour les Trichoniscus, fait place, dans le Nord de l'Europe, àune parthénogénèse constante accompagnée de la dispari- tion partielle ou totale des mâles; l'auteur désigne ce phénomène sous le nom de spanandrie géographique. — M. R. de La Vaulx: Sur l'apparition d'intersexués dans une lignée de Daphnia magnia (Crustacé Cladocère) et sur le déterminisme probable du phénomène. Chez k une lignée de Daphnia magnia, élevée depuis 8 ans en captivité et provenant d’un unique exemplaire, sans avoir présenté un seul cas d’intersexualité, l’auteur a vu apparaître, à la suite du confinement, des formes intersexuées, dues peut-être à l’intoxication créée parle confinement. — M° A. Lécaillon : Sur la variabilité de l'espèce et la création expérimentale de nouvelles races chez le Bombyx du mürier. En choisissant quelque carac- tère qui n’existe normalement que chez certains indivi- dus d’une race, alors qu'il est toujours absent chez cer- tains autres, et en prenant exclusivement comme reproducteurs, soit des individus n'ayant pas le carac- tère en question, ou au contraire le possédant toujours, l’auteur a obtenu chez le Bombyx du murier, en detrès courts laps de temps, plusieurs races chez lesquelles le caractère pris comme devant être le caractère essentiel de la race à créer se trouve définitivement fixé. — M. A. Weber : /nfluence sur le développement des œufs d’un Batracien d'une substance extraite de la fertilisine des œufs d'un Poisson. L'agent parthénogénétique de la fertilisine d’un gardon inhibe le développement des œufs de Triton comme si ces œufs avaient été plongés pendant quelques instants dans une solution faible d’un narcotique solvant des graisses, ou greffés dans la ca- vité péritonéale d’un Urodèle adulte. — MM. W. Mes- trezat, P. Girard et V. Morax : Perméabilité ionique élective des éléments cellulaires. Les dissociations ob- servées par les auteurs dans le passage des ions d’une même molécule à travers une barrière cellulaire ou seu- lement endothéliale montrent que la perméabilité des cellules aux électrolytes est seulement une perméabilité ionique et que cette perméabilité est élective. — MM. L:. Panisset et J. Verge: /diosyncrasie et anaphylaxie. Les auteurs ont observé chez un cheval des phénomènes morbides manifestés à la suite de transfusion de sang homologue citraté. Les phénomènes avaient lallure cli- nique du choc anaphylactique. Idiosyncrasie et anaphy- laxie sont impossibles à différencier cliniquement, mais les méthodes d’antianaphylaxie permettent de pallier aux symptômes fâcheux qui peuvent survenir au cours des transfusions. — M. M. Doyon : Rapprochement des effets des acides nucléiques et de lantithrombine du plasma de peptone sur la coagulabilité du sang cireu- lant chez la grenouille. — MM. P. et L. Bazy: Sur la vaccination préopératoire. Les opérations pratiquées sur des organes ou des régions infectés peuvent don- ner lieu à des accidents sérieux, par suite de l’absorp- tion des produits septiques par de nouvelles bouches. Pour parer à ce danger, les auteurs ont pratiqué avant « mibtisilitieastés ss. Sn ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 447 l'opération l’auto-vaccination préventive, en particulier dans les infections de l’appareil urinaire. Seance du 3 Juillet 1922 M. le Président annonce le décès du Prince Albert de Monaco, Associé étranger. — M, le Secrétaire perpétuel annonce le décès de M. O. Lehmann, Correspondant pour la Section de Minéralogie. — M. A. Recoura est élu Correspondant pour la Section de Chimie, en rempla- * cement de M. E. Solvay, décédé. 12 SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. A. Cahen: Sur les solutions singulières des équations différentielles du pre- mier ordre. — M. M. Bieraacki : Sur le déplacement des zéros des fonctions entières par leur dérivation. — M. R. Jarry-Desloges : Contribution à l'étude de la surface des planètes. L'auteur a revu à Sétif en mai et juin le voile mystérieux ou décoloration de certaines plages sombres de l’hémisphère austral de Mars, observé par lui au Revard en 1909. Il a observé également le vague, l'insaisissabilité des rivages de certaines plages sombres australes sur leur bord sud. — M. J. Baïillaud et Miles Bonnet, Clavier et Lhomme : Distribution des étoiles dans la zone de Paris du Catalogue astro- photographique . Les résultats obtenus par les auteurs mettent en évidence l'existence dans la zone de Paris de maxima stellaires très nets, sensiblement de même am- plitude à 6 h. 20 et 20 h. 30 d’ascension droite, de deux minima inégaux légèrement dissymétriques par rapport aux maxima, l’un aux environs de 3 h., l’autre aux environs de 14 h, 2° SCIENCES PHYSIQUES. — M. A. Blondel : Sur l'arc électrique dissymétrique entre charbons et métaux. L’au- teur explique l’anomalie apparente de l'arc Garbarini en supposant qu’une partie du carbone vaporisé par l'anode en charbon se dépose constamment en couche très mince sur l’anode refroidie ; c’est done en réalité sur une cathode de charbon extrêmement mince, qui peut atteindre facilement l’incandescence bien que le support soit refroidi, que doit jaillir l'are. INA Lindh : Sur ie spectre d'absorption du soufre pour les rayons X. Dans le spectre d'absorption des composés du soufre, les limites d'absorption K se déplacent vers les longueurs d onde plus courtes pour les hautes va- lences. La limite pour le soufre rhombique a la même valeur que celle du soufre bivalent. — M. A. Portevin : Sur le traitement thermique des pièees moulées et spé- cialement des projectiles en fonte aciérée. La fonte dite « aciérée »type est à faible vitesse critique de trempe; mais ce grand pouvoir trempant accroît considérable- ment les chances de tapures à la trempe. Les traite- ments thermiques déterminent la porosité du métal, constatée au moyen de l'épreuve hydraulique ; elle se manifeste quel que soit le traitement thermique choisi, — M.R.-J. Boussu : Limite d'inflammabililé des va- peurs du système alcool-essence et d'un système triple à base d'alcool et d'essence, Les auteurs ont déterminé la variation de la limite inférieure d’inflammabilité du sys- tème binaire essence-alcool et du système ternaire essence-alcool-éther en envisageant la substitution pos- sible de tout ou partie d'essence par l'alcool dans les carburants des moteurs à explosion. — MM. C. Mati- gnon et M. Fréjacques : gypse en sulfate d'ammoniaque. L'examen des courbes met en évidence l'existence de deux phases distinctes Sur la transformation du dans la marche de la décomposition du gypse par le carbonate d'ammoniaque: une première phase à marche plus ralentie, à laquelle succède une phase de vitesse plus grande. La finesse du grain du gypse et l'agitation accélèrent la vitesse de réaction. — MM. A. Granger et PB. Brémond : Sur la composition chimique d'une roche dénommée kaolin de Djebel Debar (Algérie). La roche peut se séparer en une parlie dure, qui a une composi- tion voisine de celle de l’halloysite (silicate d’alumine), et une partie pulvérulente, qui est un silicate d’alumine hydraté contenant de l'acide sulfurique et un peu de silice quartzeuse. 30 SCIENGES NATURELLES, — M. P. Thiéry : Le Bujo- cien supérieur de la Lorraine. — M. G. Denizot : Les dernières variations du niveau marin sur les côtes de la Basse-Provence. Les côtes de la Basse-Provence présen- tent les traces d’un récent stationnement de la mer un peu au-dessus du niveau actuel (environ 1 m.). Il daterait probablement du début de l'époque historique. — M. P. A. Dangeard : Surla structure de la cellule chez les Iris. Le plastidome et le sphérome ont une existence aussi générale que le noyau dans la cellule végétale. Ces deux formations sont nettement indépendantes. Les plastes du plastidome se présentent avec des formes très variables; les microsomes du sphérome sont nor- malement sphériques. Le plastidome et le sphérome existent dans les grains de pollen et dans le sac em- bryonnaire; leur présence dans l'œuf n’est pas douteuse ; il est nécessaire d'en tenir compte au point de vue de la transmission des caractères héréditaires. — M, P. Bugnon : Sur l'accélération basifuge dans l’'hypocotyle. Réponse aux critiques de M. G,. Chauveaud, — M. G. Nicolas : Un nouvel hôte du Phyllosiphon Aühn. L'au_ teur a reconnu la présence du Phyllosiphon sur l'Arüm italicum. — M. P. Lesage : Expériences pour servir à l'étude du mouvement des liquides dans les massifs cel- lulaires. L'auteur a imaginé une complication de l’os- momèêtre de Dutrochet qui consiste à intercaler une cellule artificielle entre l’osmomètre et le liquide infé- rieur. Il a pu réaliser ainsi des expériences très curieuses sur le mouvement des liquides dans les mas- sifs de cellules végétales. — MM. J. de Vilmorin et Cazaubon : Sur lacatalase des graines. Chez les graines de pin et de mélèze, la catalase semble pouvoir subsis- ter parfois, et à dose assez élevée, après que la graine a perdu toute faculté germinative. La présence de la catalase n’est done pas chez toutes les espèces une preuve de la vitalité de la graine, — MM. R. Cambier et E. Aubel : Culture de bactéries en milieu chimique- ment défini à base d'acide pyruvique. Dégradation de l'acide pyruvique. Les auteurs ont obtenu des cultures de divers bacilles sur un milieu minéral dont la seule source de carbone est représentée par l’acide pyruvique. Les produits de dégradation de ce dernier sont les acides acétique, lactique et glycolique, — MM. M. Romieu et F. Obaton : Etude spectroscopique comparative du pigment vert du Chétoptère et de la chlorophylle de l’Ulve. La chétoptérine est une substance pigmentaire ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES d’origine extrinsèque qui doit entrer dans le groupe des entérochlorophylles auxquelles elle ressemble beau- coup spectroscopiquement, —M. S. Metalnikow : {ne épizootie chez les chenilles de Galleria melonella, Cette épizootie a été provoquée par une association de deux microbes : un bâtonnet et un microcoque, dont la réu- nion est excessivement virulente pour ces chenilles. — M. W. R. Thompson : Zhéorie de l'action des para- sites entomophages. Accroissement de la proportion d'hôtes parasités dans le parasitisme cyclique . L'éta- blissement d’un parasite dans une région donnée peut très bien ne pas donner de résultats nets pendant une longue période, sans que l’on soit en droit de conclure pour cela à l’ineflicacité du parasite, qui peut mettre un temps considérable à atteindre son but et finir, quand même, par anéantir son hôte, — M. P. Wintre. bert : Les premières manifestations de la coordination nerveuse sur les mouvements du corps des Sélaciens scyllioidiens. La auparavant la contractilité aneurale, s'établit progres- sivement d'avant en arrière, de sorte qu’à son début les deux mécanismes aneural et nerveux sont associés pour déterminer le mouvement. Cependant l'initiative liaison neuro-musculaire, comme nerveuse se substitue à l'initiative musculaire au lieu même où est situé le point de départ de la contraction aneurale. — M, P. Girard : Au sujet d'une note de M. Lapicque sur le mécanisme des échanges entre la cellule et le milieu ambiant. MM. L. Garre- lon, D. Santenoise et R. Thuillant: Action du choc peptonique sur le système nerveux vago-sympathique. Les auteurs concluent de leurs expériences que la ma- nifestation du choc peptonique est conditionnée par une susceptibilité antérieure du système vago-sympa- thique, — M, J. Athanasiu : Sur l'énergie nerveuse motrice : électromyogrammes. Dans l’électromyogramme volontaire, les grandes oscillations appartiennent seules au musele et représentent le courant d'action des se- cousses dont est formée loute contraction volontaire, Les petites oscillations représentent le courant d'action de l’excitant nerveux qui met le muscle en état de con- traction volontaire, — Mme Danysz-Michel et M. W. Koskowski : ÆEtude de quelques fonctions digestives chez les pigeons normaux nourris au riz poli et en inanition. La mort des pigeons carencés peut s’expli- quer par le manque de substances plastiques nécessaires à l'évacuation des produits toxiques, par le manque de substances azotées (certains acides aminés) nécessaires à la reconstruction des tissus, et surtout des ferments. La nécessité d’invoquer un principe assez mal défini, une vitamine, ne parait pas établie. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Séance du 3 Juin 1922 MM. C. Levaditiet S. Nicolau: Association entre ultravirus, cutovaccine, neurovaccine et épithélioma des Oiseaux. Un ultravirus pathogène pour un animal donné peut annihiler limmunité naturelle ou acquise de cet animal vis-à-vis d’un autre ultravirus apparte- nant au même groupe et inoculé en même temps que lui, — MM. L. Stern et F. Battelli : Za contracture par les décharges électriques. On constate dans les muscles soumis aux décharges électriques deux pério- des de raccourcissement parfaitement distinctes, La première est constituée par une contracture par l’élec- tricité analogue à celle qu’on obtient en soumettant le muscle au passage des courants alternatifs; la seconde est due à l’établissement de la rigidité cadavérique. — M.R. Stumper : l'influence de la température sur l’activité des fourmis, L'activité des Fourmis se trouve comprise entre deux seuils de température, variables suivant les espèces, mais constants pour chaque. espèce: Formica rufa, 8-10° et 4o°; Lasius niger,10-12° et28°; Myrmica rubra, 8 et 25-280.— MM. F, Arloing et L. Thévenot : Essais sur l’anaphylaxie chez les Bactéries. Les bactéries sont susceptibles d’être modi- fiées dans leurs caractères biologiques généraux par de brusques passages dans des milieux de culture bouil- lon-sérum faits à des taux très différents, Les phéno- mènes observés semblent pouvoir êtreinterprétés comme une manifestation de l’anaphylaxie chez les Bactéries. Les modifications portent surtout sur la végétabilité, le pouvoir pigmentaire et la virulence. — M. D. Com- biesco : Sur le phénomène de d'Hérelle. Le principe lytique capable de reproduire le phénomène de d’Hérelle se trouve dans l’entérokinase et la trypsine du com- merce. Cependant, les expériences de l’auteur n’élimi- nent pas la possibilité d’une souillure de ces diastases par le contenu intestinal au cours de leur préparation, — MM. H. Roger et L. Binet : Nouvelles recherches sur la lipopexie et la lipodiérèse pulmonaires. En tra= versant le poumor, les globules rouges récupèrent le. pouvoir lipodiérétique qui est nul ou peu marqué dans le sang du cœur droit; mais ce résultat ne dépend pas d'une simple oxygénation du sang. — M. J. Millot: Formation des iridocyles chez les Batraciens. Les for- mes les plus jeunes d'iridocytes ou guanophores révé- lées par l'observation sont remplies de cristaux dans toute leur étendue, l’espace nucléaire seul étant réservé en clair, Tout se passe comme si les cellules formatives des iridocytes élaboraient une solution de guanine capable à un moment donné de cristalliser brusque- ment dans tout le protoplasme pour former d'emblée un iridocyte. Séance du 10 Juin 1922 MM. E. Weill, F. Arloing et A. Dufourt : Essai de traitement de la carence du pigeon par des cultures mortes ou vivantes de microbes intestinaux. Chez les pigeons présentant une carence alimentaire nelle pro- duite par le riz décortiqué, l'administration de cultures microbiennes vivantes ou desséchées à diverses tempé- ratures (39°, 520, 950, 1050) est incapable d'empêcher la marche progressive de la carence et la mort.—MM.Ch. Achard et L. Binet: Recherche clinique de l'insufi- sance glycolytique par tes échanges respiratoires. Dans l'insuflisance glycolytique, le glycose n’est brûlé que tardivement, incomplètement, et son introduction dans l'organisme déclenche souvent d'abord une chute dans les échanges respiratoires. LEVÉE LT 9e A DIRECTE ETS Le Gérant : Gaston Doi. Sté Gle d’Imp. et d'Ed., rue de la Bertauche, 1; Sens. à 33° ANNÉE Nos 45-16 15-30 AOÛT 1922 Revue générale Pdes Sciences pures et appliquées Fonpareur : LOUIS OLIVIER Direcreur : J.-P. LAN GLOIS, Professeur au Conservatoire national des Arts-et-Métiers, Membre de l’Académie de Médecine Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. J.-P. LANGLOIS, 8, place de l'Odéon, Paris. — La reproduction et la traduction des œuvres et de travaux publiés dans la Aevue sont complètement interdites en France eten pays étrangers y compris la Suede, la Norvège et la Hollande CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 1. — Nécrologie J. C. Kapteyn. — Le 18 juin 1922 a été un jour de deuil pour l'Astronomie internationale, car il marque la mort de l'asitronome hollandais Jacobus Cornelius Kapteyn, qui fut jusqu'en 1921 professeur à l'Univer- sité de Groningue et directeur du Laboratoire astrono- mique qu’il y avait fondé. Après sa démission, il a voué la dernière année de sa vie à la réorganisation de l'Observatoire de Leyde, en qualité de directeur adjoint pour les observations méri- diennes et l'astronomie fondamentale. Sa position exceptionnelle dans le monde internatio- nal des astronomes justifie un aperçu détaillé de sa vie et de ses recherches scientifiques. Kapteyn, né le 19 janvier 1851 dans un petit village néerlandais, fit son éducation universitaire à Utrecht. Ayant écrit en 1875 une thèse de Physique mathémati- que, il ne devint astronome que par hasard : une place vacante à l'Observatoire de Leyde lui fut offerte. I n’y resta pas longtemps ; dès 1898 le Gouverne- ment le désigna pour la nouvelle chaire d’Astronomie de Groningue et jusqu’en 1921, c’est-à-dire pendant une période de 43 ans, il consacra son génie supérieur au développement du laboratoire qu'il y avait créé. Ce professorat a été une des périodes les plus brillantes dans l’histoire de l’Astronomie. Parti pour Groningue plein d'idées et de projets, basés sur la promesse des autorités d'y ériger un observatoire petit, mais bien équipé, il reconnut bientôt que la réalité n’est pas toujours en harmonie avec l'idéal, Le Gouvernement ne remplit pas ses promesses et, après REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES. quelques années, Kapteyn dut s’avouer qu'il était un astronome sans observatoire, Aujourd’hui plusieurs astronomes exécutent des re- cherches importantes et parviennent à des résultats de grande valeur sans disposer de télescopes; en ce temps là, c'était une nouveauté. Et c'est justement un des plus grands mérites de Kapteyn d’avoir donné cet exemple. Obligé de travailler sans observatoire et voulant à tout prix servir l’Astronomie, il a cherché et trouvé le chemin qui a conduit finalement au traitement staisti- que des données d'observations qui, compilées partout dans le monde, lui furent livrées, parce que là on était sûr d’une réduction sans pareille. Son premier grand travail fut déjà un résultat de cette collaboration, plus tard si souvent appliquée par lui, entre sonlaboratoire et un observatoire muni de grands instruments, En 1885 Kapteyn offrit à Sir David Gill, directeur de l'Observatoire du Cap, qui, pour compléter le travail. d’Argelander et de Schônfeld (la Bonner Durchmuste- rung du ciel boréal et austral jusqu’à la déclinaison — 230), voulait photographier le ciel austral, de lui mesurer et réduire ses nombreuses plaques à Groningue. Comme la méthode photographique allait s'appliquer pour la première fois à un « Durchmusterung », elle avait à soutenir une rude épreuve et l’on peut com- prendre quel génie, quelle énergie une entreprise pa- reille exigeait, Aidé d’un personnel peu nombreux, se servant d’un instrument de mesure construit d'après son propre dessin, il travailla plus de dix ans à mener à bien cette belle entreprise, qui est connue sous le nom de « Cape Photographic Durchmusterung » et parut en trois 450 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE ———————————————————.—…—.—.—.— — — ————— volumes de 1896 à 1900. La C. P. D, contient les posi- tions et les grandeurs, déduites des diamètres des images photographiques, de 450.000 étoiles entre la déclinaison — 18° et le Pôle Austral. Déjà avant le commencement de ce travail Kapteyn avait compris l'importance d'une connaissance plus étendue des distances des étoiles fixes, et le directeur de l'Observatoire de Leyde lui avait donné l’occasion d'appliquer une nouvelle méthode pour la détermi- nation des parallaxes. Les résultats de ces observations, faites au moyen de la lunette méridienne de Leyde, sont publiés dans le tome VII des Annales de cet observa- toire. Bien que la méthode füt bonne, bien que les résultats obtenus fussent excellents, Kapteyn comprit que la lu- nette méridienne serait bientôt à la limite de son pou- voir et que l’application de la photographie fournirait peut-être la clef pour pénétrer dans les profondeurs de l'Univers, fermées hermétiquement jusque-là. Partout dans l’œuvre de Kapteyn on rencontre le même problème : le fil rouge, qui parcourt sa vie, est sa recherche assidue de la constitution de l'Univers. Et comme il n’y avait pas de chemin menant directement à ce but, Kapteyn fut obligé de s'engager dans diverses recherches. Ainsi, étant convaincu qu’il fallait disposer de beau- coup plus de parallaxes que les méthodes d’alors n’en pouvaient fournir, il décrivit des méthodes nouvelles pour en étendre la quantité au moyen de la plaque pho- tographique, dans les « Publications ofthe Astronomical Laboratory at Groningen », publiées à partir de 1900. Désirant mieux connaître les nombres d'étoiles dans des régions différentes du ciel, il s'occupe du dénom- brement des étoiles ; puis, apercevant la nécessité de subdiviser ces nombres selon les diftérentes classes de grandeurs, il détermine la luminosité des étoiles. Ainsi, orientant toujours ses recherches là où le but final qu’il avait en vue l’exigeait, procédant toujours selon le matériel accessible à chaque époque, Kapteyn parvint à deux grandes découvertes : 1° celle des deux courants d'étoiles, classée par Eddington parmi les six événements les plus importants de l’Astronomie du siècle passé; 20 celle de la loi de la luminosité abso- lue des étoiles. La première découverte, qu’il a faite en étudiant l’apex du mouvement du Soleil, a changé énormément l’aspect de la structure de l'Univers, bien qu’on ne soit pas encore d’accord sur l'explication à donner à ces deux courants d'étoiles. Il est possible que nous voyons s'entremêler deux groupes différents d'étoiles, qui con- tinuent leurs mouvements originaux, mais il se peut aussi que ce phénomène s'explique par les forces opé- rant dans un système unique; Kapteyn, lui-même, dans une de ses dernières publications, défendait ce dernier point de vue. De la loi des luminosités absolues, qui dit que les luminosités absolues des étoiles fixes sont distribuées selon une courbe gaussienne, ayant pour médiane une valeur égale à la dixième partie de celle du Soleil, il a déduit la loi dela densité aux différentes distances du Soleil. Si l'on suppose que notre Soleil soit placé au centre du système et que ce système soit symétrique Par rapport au plan de la Voie lactée et à l'axe perpen- diculaire à ce plan, cette loi de densité donne pour no- tre système d'étoiles la forme d’un ellipsoïde de rota- tion, ayant des axes respectivement de 9,000 et de 1.200 parsecs. : Pour parvenir à ces résultats, Kapteyn fut forcé de s'occuper d’un trop grand nombre d'étoiles et cette considération l’a conduit à la publication, en 1906, du « Plan of Selected Areas », Dans cette publication, Kap- teyn proposa de borner les observations et les réduc- tions à 200 parties du ciel, choisies par lui de telle sorte qu’elles sont situées dans des zones de 15° de déeli- naison, avec une distance mutuelle de 1 h. d’ascénsion droite. Mais les données sur ces régions, petits carrés d’un degré de côté, devaient être aussi complètes que possible, comprenant des recherches sur les mou- vements propres, parallaxes, spectres, grandeurs et nombres, Vu la grande autorité de Kapteyn dans le monde international de l’Astronomie, on fut partout disposé à exécuter une partie de ce programme, et les plus grands astronomes formèrent un Comité pour surveiller les progrès de cette œuvre. Malgré la guerre, qui a re- tardé cette entreprise, beaucoup de résultats sont déjà obtenus. On y travaille actuellement en Hollande, en Amérique, en France, en Angleterre, en Allemagne, etc., et toutes ces nouvelles données nous permettront de corriger peu à peu l’image de l'Univers, que Kapteyn lui-même nous a révélée, Kapteyn avait des amiset des relations scientifiques partout dans le monde. Il a été membre du Comité Per- manent pour la Carte du Ciel, membre du bureau de l’Astronomische Gesellschaft, et « Research Associate » de l'Observatoire de Mount Wilson. Dans cette dernière fonction, en particulier, il a contribué beaucoup au bril- lant essor de l’Astronomie en Amérique. Plusieurs gouvernements ont reconnu ses services pour la science : la Légion d'honneur, l'Ordre pour le Mérite et des Ordres Hollandais lui furent décernés ;en outre, il était « Associate » de la « Royal Astronomi- cal Society», dont il avait recu la médaille d’or en 1902, Membre Correspondant de l’Académie des Scien- ces de Paris et Membre d'Honneur de plusieurs autres institutions scientifiques. Pour l’Astronomie internationale la mort de Kapteyn est une perte douloureuse et irréparable, mais plus encore pour la Hollande, puisqu'il était l’un des hom- mes qui prouvent que les petits pays peuvent jouer un rôle important dans la science internationale, C. H. Hins, Assistant à l'Observatoire de Leyde, $ 2. — Physique Repèresthermoniétriquesaux basses tem pé- ratures. — La Conférence internationale des Poids et Mesures de 1917 a recommandé la fixation d'un certain nombre de repères thermométriques convenablement choisis, en vue de faciliter l’étälonnage des thermo- mètres auxiliaires. En vue de répondre à. ce desiderata en ce qui concerne la région des températures inférieures | | CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE ào°,M.J.Timmermans, Mille H. van der Horst et M, H.Ka- merlingh Onnes viennent de se livrer, au Laboratoire cryogène de Leyde, à une série de déterminations du point de congélation de liquides organiques, Heat dans le plus grand état de pureté possible !, Ils ont opéré au moyen d’un cryostat construit spé- cialement dans ce but. La mesure des températures a été faite à l’aide de deux thermomètres à résistance de platine, qu’ils ont recalibrés par comparaison avec le thermomètre à hélium. Le travail des savants températures de congélation capables de servir de repères pour la thermométrie des basses températures ; hollandais fait connaître dix ce sont les suivantes: CCI! — 2209C,. CS? — 1116 C. CSHiCI — 4502 Ether (stable) — 11603 CHCI L — 6305 » (instable) — 12303 Acétated’éthyle — 8306 Méthyleyclo- Toluène — g9°1 hexane — 126°3 Isopentane — 159°6 L'expériencè prouve que ces repères sont faciles à reproduire, avec une erreur n'atleignant jamais le dixième de degré. Le Bureau des Etalons physico-chimiques, créé à Bruxelles sous les auspices de l'Union internationale de Chimie pure et appliquée, espère pouvoir bientôt mettre à la disposition des intéressés des échantillons des re- pères ainsi créés. $ 3. — Chimie industrielle Nouvelles recherches sur l'utilisation des lignites. — Onsait que les Allemands affirment être arrivésàarendreleslignites pratiquement utilisables, par un traitement purement mécanique, el qu’ils ont depuis quelques anrfées créé, dansleur pays età l'étranger, d’im- portantes usines, pour' la fabrication commerciale de briquettes de lignite ou pour l'utilisalion directe de ce combustible en vue de la production de l'électricité ; la question préoccupe beaucoup aussi les Américainset les Anglais; elle présente pour eux un intérêt considérable, car il y ad’énormes gisements de lignite dans plusieurs des Etats nord-américains, au Canada, en Australie, aux Indes, etc. L’attention des Anglais se porte surtout pour le moment sur les procédés qui pourraient être mis en œuvre dans l'exploitation des gisements australiens; il y a, en particulier, à Morwell, dans l'Etat de Victoria, un gisement d’une richesse exceptionnelle (septcouches de minéral représentant une épaisseur utile de 225 m. se superposant surune profondeur de 300 m. à peine); le Gouvernement local a décidé d’en entreprendre l’uti- lisation ; il y a créé des mines, quiseront bientôt en activité ; il y construit une grande fabrique de bri- quettes et une puissante usine électrique. A défaut de meilleure solution, les aulorités ont emtamé des négociations avec des constructeurs de pres- ses à briquettes d'Allemagne ; les techniciens anglais 2 4. Arch. néerl, des Sc. ex. 1922: ctnal., sér. LL A, t. VI, p. 180 51 voudraient établir eux-mêmes un procédé d'exploitation qui:püt répondre aux besoins ; plusieurs spécialistes s’occupent de ce. problème ; les uns recherchent les moyens d'enrichir les lignites d’une facon suflisante pour en permettre l'emploi économique dans les foyers domestiques et industriels ; les autres étudient les for- mes de foyer à utiliser pour brûler ces combustibles spéciaux, D'une façon générale, les lignites usuels contiennent une proportion notable d’eau, allant jusqu'à 40 ou 50°/,, et descendant rarement à 20 °/, ; un premier moyendeles enrichir est de les exposer à l’air, ce qui permet facile- ment d’abaïsser la teneur jusqu’à 15°/, mais ce procédé est incertain et il dépend trop des conditions tériques pour que l’on puisse ment; il est clima- s’y confier entière- nécessaire de disposer d'un procédé de dessiccation artificiel, au moyen de chaleurs perdues. En Allemagne, on recourt à cette fin à l'emploi de la vapeur d'échappement des machines : le lignite, ayant subi une dessiccation préliminaire à l'air libre, est entassé dans des chaudières cylindriques de 6 m. 50 environ de longueur sur 2 m. approximativement de diamètre, chaudières chauffées intérieurement par des tubes où l’on fait passer la vapeur provenant de l’échap- pement des machines. En Angleterre, on voudrait, en plus de cela, utiliser les chaleurs des gaz provenant des foyers. M. W. A. Bone, qui a plus particulièrement étudié celte question, estime que les gaz, qui se trouveraient habituellement à une température voisine de 4ooo C. pour des foyers brülant des lignites secs, contiennent suflisamment de calorique pour vaporiser toute l’eau de lignites bruts à 500/, d'humidité ; mais la difficulté provient de l’inflammabilité que présente le lignite sec et de sa tendance à sedésagréger; pour ce qui est du danger d'inflammation, on peut cependant l’éliminer simplement en faisant en sorte que les gaz de cheminée contiennent au moins 10 °/, d'anhydride carbonique. Convenablement séchés, les lignites peuvent être soumis à la distillation dans des conditions compara- bles à celles que l’on rencontre avec les combustibles maigres ; la quantité de sous-produits que donne la dis- tillationest élevée ; les gaz sont utilisables pour l’éclai- rage et la production de la force; ils demandent toute- fois à être purifiés d’une façon spéciale (à la chaux) par suite de leur forte teneuren anhydride carbonique, due à la forte proportion d'oxygène dans le combustible : la proportion d'oxyde de carbone y est un peu élevée. On peut également appliquer la gazéification à basse température et aussi employer les lignites dans les gazogènes, Une intéressante observation faite par M. Bone est que, soumis d’une façon prolongée à une température de 379° C., le lignite perd une partie notable de son oxy- gène, représentant 1/8 environ de son poids, et subit une transformation chimique profonde, une sorte de condensation comparable à celle quis’est produite aux âges reculés, dans les profondeurs de la Terre, au cours du « mürissement » des lignites primitifs devenus des houilles, transformation qui en augmente notablement la teneur en carbone etenaccroit sensiblementla valeur 452 calorifique ; les chiffres ci-après sont à noter à ce propos : Lignite sec avant le traitement Lignite sec après le traitement Carbone EU TEEN 62,50 68,5 Hydrogène..." "00. 4,85 4,9 Azote et soufre.......... 0,65 0,8 OxYEÈNO EPA ere 28,00 21,0 Cendres PER nee ,00 4,6 100,00 100,0 Valeur calorifique (cal parEn) Le RC RCE 5.600 6.360 Les bilans chimique etthermique de l'opération s'éta- blissent ainsi qu’il suit : | 87,6 parties de 100 parties de lignite sec donnent —— lignite sec traité contenant : Ÿ Ÿ l ss $ Carbone... 62,50 parties 5,5 parties H°0 60 parties Hydrogène. 4,85 — 46,5 — CO? 4,30 — Oxygène... 28,00 — 18,55 — Soit., 560.000 cal. 558.000 cal. On voit que le combustible perd 1/3 du poids d’oxy- gène qu'il contenait, 1/10 de sateneur en hydrogène et seulement 1/30 de sa teneur en carbone; la perte de poids totale est de 1/8, mais elle porte à peu près exclu- sivement sur les éléments nuisibles; chose remarqua- ble, cette transformation est un phénomène propre aux lignites ; le mettant à profit, M. Bone, de concert avec M. W.R. Wüod, directeur de l’Underfeed Stoker Co, de Londres, a créé un appareil destiné à s’adjoindre aux chaudières à tubes d’eau, pour assurer la dessic- cation et l'enrichissement simultané des combustibles inférieurs. Cet appareil, d’ailleurs assez simple, se compose d’un réservoir en tôle, contenant un certain nombre de pla- ques parallèles, entre lesquelles descend lentement le lignite, etoù l’on fait passer les gaz du foyer,avantleur envoi à la cheminée, la circulation étant assurée par tirage forcé; avec des gaz à 300-3150 C., la dessiccation et l'enrichissement sont largement assurés ; on y récu- père plus des deux tiers de l’énergie calorifique dispo- nible,la température finale des gaz tombant à moins de 1000 C. Le système est donc, semble-t-il, très avantageux au point de vue du rendement calorifique; il l’est aussi sous lerapport de la capacité de vaporisation des instal- lations,parce que le combustible enrichi brûle beaucoup plus énergiquement et plus intensément que le combus- tible ordinaire, de telle sorte que le feu est rendu nota- blement plus ardent ; le gain de capacité évaporatoire serait de 25 à 30 °/o. Henri Marchand. $ 4. — Zoologie La «parthénogenèse» chezles Protozoaires. — Il est très remarquable qu'il n'ait été décrit chez les Protozoaires de phénomènes qui se puissent interpré- ter comme se rapportant à la parthénogenèse que chez des parasites, des hématozoaires, trypanosomes et try- panoplasmes d'une part, plasmodiums de l’autre. C'est CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE à propos de ces derniers que l’on émit d’abord l’hypo- thèse de la possibilité de tels phénomènes ; pour Grassi (1901), peut-être même les « microspores » peuvent se multiplier par parthénogenèse; l’année suivante, Schau- dinn décrit en détail la « parthénogenèse » des macro- gamétocytes (mais non des microgamétocytes) du Plas- modium vivax, agent dela fièvre tierce. Les observations récentes de F. Kitaeff et I, Joff! les conduisent à mettre en doute l'interprétation de Schau- dinn. En effet, chez un individu atteint de « malaria tertiana », dont le sang abondait en parasites, ils ont découvert une quantité frappante de doubles et multi- ples infections des globules rouges. En outre même, il y avait des infections triples, de plus rares quadruples et même une quintuple. Non seulement les jeunes para- sites prenaient part à l'infection, mais aussi les gros schizontes et les gamètes qui formaient toutes sortes de combinaisons imaginables, Il serait trop long d'ex- poser ici le détail de ces combinaisons et il suflira de faire connaître les conclusions des auteurs cités : Pour expliquer l’origine de doubles et multiples infec- tions, il faut admettre l'infection de globules soit par deux ou plusieurs mérozoïtes, soit par des mérozoites non encore divisés, — Les doubles infections par des macrogamètes et par les différentes formes de schizon- tes étroitement liées ressemblent beaucoup à ce qu’a observé Schaudinn et qu’il a expliqué comme schizogo- nie ou parthénogenèse des macrogamètes, Il faut tenir l'opinion de Schaudinn pour douteuse, parce que : 1° Les tableaux décrits comme parthénogenèse des macro- gamèêtes et certaines doubles infections se ressemblent tellement au point de vue morphologique, qu’on ne sau- rait les distinguer ; 2° Schaudinn n’a pas pensé àla pos- sibilité de confondre ces deux phénomènes, croyant que dans le fait de doubles infections les parasites sont tou- jours visiblement séparés l’un de l’autre; 3° Dans le cas de Sehaudinn, on ne peut pas tout à fait exclure les doubles inféctions. — Quant à la confirmation des conclusions de Schaudinn, faite par certains auteurs (Mark, Bluml et Metz, van der Hilst Karrewij), elle n’est point du tout convaincante, car dans les cas ob- servés par ces auteurs il ne s'agissait certainement pas de parthénogenèse, mais de doubles infections. Ainsi l'existence de la parthénogenèse en cas de malaria ter- tiana peut êtreenvisagée comme non prouvée et exige des recherches plus exactes sur des cas où les doubles infections de globules seront absolument exclues, Déjà, en 1910, Gary N. Calkins écrivait : « Tenant compte qu’il est possible de confondre, dans ces diver- ses formes de parasites, des processus parthénogénétis ques normaux avec des phases d’involution et de dégé- nérescence d'individus végétatifs, on ne peut admettre comme établies les observations, variées et ordinaire- ment contradictoires, de parthénogenèse, » Ce n’est pas à dire que l'occurrence de ces phénomènes soit invraisemblable. « Il n’est pas inconcevable, dit encore Calkins, que de faibles modifications dans la composi- tion du sang, spécialement de sa teneur en sels, agissent 1. Revue de Microbiologie et d'Epidémiologie (Saratov), t.1, n° 1,p: 13-21, pl. II [en russe|[résuméen français, p. 72-73]. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE . sur les parasites de la même manière que le phosphate de potassium sur les Paramécies affaiblies, » Mais les faits tout à fait probants manquent encore. DJ. D. $ 5. — Anatomie La fibre striée est-elle génétiquement uni- ou multicellulaire ? — Un intéressant mémoire de Franz, publié en 1915, mais qui vient seulement de parvenir dans nos bibliothèques, expose les recherches entreprises par son auteur sur l'origine première du muscle strié !. Ce problème capital avait été posé en 1839 par Th. Schwann qui conclut à l’origine multicellulaire de la fibre, considérée comme résultant d’un certain nom- bre de soudures entre des cellules superposées. La théorie mullicellulaire, avec des modalités diverses, a été soutenue depuis, parmi beaucoup d’autres, pour les Arthropodes par Leydig, Snethlage, Moroff, pour les Vertébrés par Leydig,A.Schneider,Meves. Un deuxième groupe, celui des partisans de la théorie unicellulaire, comprend un grand nombre d'auteurs, depuis Remak 845) jusqu’à Baldwin (1913), en passant par Balfour, Heidenhain et Duesberg. Il existe enfin une troisième théorie,celle du blastème,qui considère les myofibrilles comme provenant d’un blastème (ou matrix) non cellu- laire et ne provenant pas de fusions cellulaires : Clark, Rouget et Wagener sont à rattacher à ce groupe. La simple inspection du tableau dressé par Franz,où les auteurs sont disposés selon la solution qu'ils préco- nisent, montre que le plus souvent ceux d’entre eux qui admettent la genèse unicellulaire ont étudié les Verté- brés alors que les protagonistes de l’origine multicellu- laire se sont adressés à des Arthropodes, Nous avons déjà là une indication sur la solution du problème. Franz a étudié avec le plus grand soin la myogenèse des Crustacés (Oniscidae) et celle des Batraciens (Uro- dèles), Il décrit d’abord la myogenèse du cloporte (Porcellio scaber), laquelle peut être divisée en cinq moments : 1° De la gastrula au stade de la multiplication nuclé- aire. — Les masses nucléaires mésoblastiques qui formeront la musculature se multiplient rapidement: chaque noyau possède un territoire protoplasmique étroit, mais il n’existe pas de membranes cellulaires dans ce tissu qui est un syneytium. Les noyaux desti- nés à la musculature appendiculaire émigrent dans les bourgeons ectodermiques des pattes et s’y multiplient à l'extrémité; dans la partie proximale de l’appendice les noyaux sont au repos. 2° Pulvérisation nucléaire (Kernzerfall); chromidies ; formation du symplasma. — Un certain nombre de noyaux s’effritent et leurs granulations chromidiales sont, avec le reste du contenu nucléaire, le matériel formatif d’un symplasma. Les rares noyaux qui subsis- tent s’orientent dans ce symplasma en rangées (Xern- 1. A. W. Franz: Das Problem der uni-oder multizellu- lären Entwickelung der quergestreiften Muskelfasern (spe- ziell untersucht an Isopoden and Ürodelen). Archiv. f. Mikros, Anat.,t. LXXXVII; 1915. 453 kolonnen). Fait important: aux futurs points d'insertion l’'hypoderme (ectoderme) et le mésoderme concourent tous deux à la formation du symplasma (la membrane basale disparaît sur ce point). 3° Différenciation fibrillaire. — Au moment où appa- raissent les rudiments des fibrilles,il n’y a toujours pas de limites cellulaires et on ne peut distinguer de sarco- lemme. 4° Insertions et anastomoses du sarcoplasma des piliers. — L'auteur étudie en détail la constitution des insertions musculaires qui ont, elles aussi, une origine syncytiale. Ce quatrième stade est caractérisé par les anastomoses plasmatiques qui réunissent les fibres, résultat mécanique de la quantité toujours plus grande du matériel symplasmatique consacré à la formation des fibres. Toujours ni limites cellulaires ni sarco- lemme. 5° Le « faisceau primitif » (Primitivbündel) définitif. — Le sarcolemme apparaît enfin comme un épaississe- ment de la périphérie du sarcoplasma : c'est une limi- Lans de ce dernier, une simple couche corticale,n’ayant rien de commun ni avee une membrane cellulaire, ni avec un produit d’une telle membrane. La myogénèse du Triton est décrite dans les chapi- tres suivants : 1° formation des somites ; 2° disparition des myocèles; extension des myoblastes; 3° stade de « l'insertion cunéiforme » !; amitose, Ce dernier stade est capital pour la compréhension de l'ensemble : les divisions amitotiques, en effet, conduiront à la constitution de l'élément musculaire polynucléé, mais de la constitution polynucléée de la fibre musculaire des Vertébrés il ne faut pas conclure à son origine multicellulaire ; 4° disposition parallèle des myoblas- tes ; différenciation des fibrilles. Les membranes cellu- laires persistent; 5° le « faisceau primitif » définitif. Le sarcolemme résulte ici de la modification de la mem- brane cellulaire elle-même. En résumé, la fibre musculaire du Triton (et partant des Vertébrés) a une origine unicellulaire, celle du Por- cellio (et partant des Arthropodes) une genèse multi- cellulaire. Il n’y a donc aucune identité morphologique à établir — à la lumière des faits organogéniques — entre la fibre du Crustacé et celle de l’Urodèle : la valeur des noyaux, la constitution du sarcolemme, tout yest génétiquement différent. En facede cecas de« con- vergence » anatomique, il n’est plus possible deconserver ce terme de « faisceau primitif» (« Primitivbündel ») pour désigner l’élément premier des fibres striées : il faudra, avec Franz, dissocier cette notion, le « Primitiv- bündel» des Vertébrés devenant « Primärbündel » ou « Primärfaser » (faisceau ou fibre primaires), le « Pri- mitivbündel » des Arthropodes laissant la place aux termes plus exacts de « Sekundäürbundel » ou de « Sekun- därfaser » (faisceau ou fibre secondaires). Th. Monod. 1. Le terme parfait « Auskeilung » est intraduisible. Les deux moitiés des somites s'affrontent, après la disparition du myocèle, suivant une ligne droite: alors, pour s'accroitre, les cellules introduiront leurs extrémités dans l’espace inter- cellulaire qui leur fait face et rapidement la ligne devien- dra brisée, 45k A. LAMOUCHE. — INVESTIGATION ET RÉALISATION INVESTIGATION ET RÉALISATION ESSAI DE SYNTHÈSE SCIENTIFIQUE Le besoin d'intensité, de précision, et d’eff- cacité dans l’action augmentant rapidement, sans que l'aspiration à la généralité et à l’exac- titude dans la connaissance en soit réduite, toutes nos grandes disciplines doivent forcément tendre — ou prétendre — au schéma scien- tifique. Peut-on raisonnablement juger le mouvement actuel d’aprèsles principes etles catégories classi- ques, élaborés à des époques où certaines desten- dancesles plus caractéristiques de cette évolution commençaient à peine àse dessiner ?— Dispose- t-on en particulier, à l'heure présente, d’un cri- terium certain pour vérifierla légitimité effective de cette prétention à l'allure scientifique ? — Cette tendance générale, d’autre part, suit-elle bien, sous sa forme actuelle, telou tel processus simple systématisé par les grands philosophes du passé ? L'importance relative croissante du point de vue constructif ou utilitaire vis-à-vis du point de vue spéculatif ou compréhensif, dans toute l’activité moderne, n’a-t-elle pas au con- traire enrichi tout naturellement la méthode scientifique de moyens plus souples et plus puis- sants ; — ou tout au moins n'a-t-elle pas développé d'une façon plus complète l’usage de toutes les ressources que pouvait contenir, plus ou moins inconsciemment, l'effort spontané et intégral de la pensée humaine ? — Enfin les objectifs dis- tincts d'investigation et de réalisation d'une part, — la diversité déconcertante des champs d'action ou d'exploration d'autre part (et la diffé- renciation ou la spécialisation extrême qui en résulte), laissent-ils subsister, dans l'ensemble complexe accessible à notre pénétration, une unilé suffisamment cohérente et consistante, pour que nous puissions encore édifier sur elle un principe d'harmonisation individuelle et sociale? Par cesimportantes questions qu’elle soulève, la « scientification » à outrance de l'énergie humaine pose pratiquement en raccourci {out le problème de la Science, — de sa définition, de ses subdivisions, de sa méthode.Et sous leur forme moderne ces problèmes fondamentaux débordent irrésistiblement du plan purement logique sur lequel il avait semblé possible de les localiser autrefois. La présente étude a pour objet d'esquisser une solution générale de l’ensemble de ces pro- blèmes dans leur état actuel. I. — DÉriNiTioN On peut définir la science par Za précision dans la prévision ; ce criterium ne fait pas intervenir une différence de nature, mais une différence de degré: une catégorie quelconque de connais- sances coordonnées méritera, à tel moment, d'é- tre considérée comme science proprement dite, lorsque,avec un certain minimum de régularité et de simplicité relatives, un ensemble de causes donné y reproduira, pour nos facultés d'analyse et d'observation, un effet déterminé !. Ceite simplicité et cette régularité sont les conditions nécessaires et suffisantes pour donner prise à la comparaison, et permettre à notre esprit et à nos sens d'exploiter systématiquement cette opération de comparaison, à la fois dans le sens abstrait pour la généralisation, et dans le sens concret pour la mesure. Ce criterium, essentiellement pragmatique, de précision dans la prévision n'apparaîtra peut-, être pas au premier aspect comme suffisamment profond, général et idéaliste. On reconnaîtra cependant, en y réfléchissant, qu’il épuise tout le mécanisme caractéristique de la science, à tous les degrés et dans tous les domaines. — Pour l’'objectifspéculatif, en particulier, —où ce crite- rium réaliste pourrait sembler ne pas jouer un rôle véritablement spécifique, — il fournit en fait le moyen unique de vérification ou de justi- fication, — de coordination effective du concep- tuel avec le réel. Il représente donc le terme commun le plus général à l’investigation spécu- lative et à la réalisation, comme moyen exclusif de la première et comme but même de la der- nière, C’est bien le maximum dece qu'on pou- vait exiger de ce criterium : à moins de se per- dre dans les généralités les plus nébuleuses de la métaphysique, on ne pouvait demander qu'il identifiât ces deux objectifs, qui doivent forcé- ment diverger à partir d'un certain point puis- que le premier nepeut procéder que par abstrac- tion, et que l'autre a pour aboutissement nécessaire la concrétisation. On peut d’ailleurs aller plus loin et dire que, 1. On peut substituer à la notion de causalité la notion plus générale de fonctions, ou de variations concomitantes, sans que le criterinm s'en trouve alléré ; il pourrait même, avec ces nouveaux symboles, acquérir une forme plus mathéma- tique. Nous avons conservé la notion de causalité comme plus représentative, TE NE A. LAMOUCHE. — INVESTIGATION ET RÉALISATION 455 dans la science investigatrice elle-même, ce cri- terium englobe toute la partie: science propre- ment dite; en dehors de sa zone d'influence effective, la science finit et la philosophie propre- ment ditecommence. Il n’est pas inutile d'approfondir la diffé- rence, encore mal définie, qui s’est lentement creusée d'elle-même, au cours du dernier siè- cle, entre la science et la philosophie ; l’une et l’autre sont bien les disciplines des relations définies entre divers éléments de notre Univers, mais il n'y a réellement science que lorsqu'il y a détermination possible de rapports quantila- tifs, dont la traduction constitue de véritables lois ; si les rapports conçus ou constatés sont trop complexes ou trop abstraits pour donner lieu à d’autres représentations que des liaisons qualitatives de similarité ou d’enchainement, ils ne sont justiciables, au moins momentanément, que d’une philosophie de la question. Bien entendu, ici comme dans toutes les catégories humaines, et d'autant plus qu’elles sont d’un ordre synthétique plus élevé, il n’y a pas de ligne de démarcation nette entre la philosophie et la science, — mais une zone commune plus ou moins étendue qui est d’ailleurs, à un instant donné, un des deux foyers du progrès scientifique dans la branche considérée : la partie science gagne sans cesse sur la partie philosophie d'un côté, sur la partie empirisme de l’autre. Cette distinction entre la science et la philo- sophie n’a d'ailleurs rien de définitif: de même que la science actuelle n’est en somme qu’une philosophie symbolique de la quantité, c'est-à- dire de la comparaison en étendue ou en intensité, de même on peut concevoir comme aboutissement suprême de l'effort humain, et par un retour indirect aux conceptions ancien- nes, une science de la qualité. À ce moment la science et philosophie se confondront peut-être de nouveau sous un aspect unique plus vrai, ou au moins plus humain, des rapports fonction- nels dont le jeu donne naïssance aux phénome- _ nes sensibles. Malgré des tentatives isolées, cette phase hau- tement synthétique de la connaissance coordon- née parait fort éloignée encore; et, dans l’état actuel de la question, on est conduit finalement à admettre qu’il y a science en un domaine donné dans la mesure où il ya, à un degré minimum d'approximation, de signification, ou d'utilité, des phénomènes mathématisables. Il. — CLassiFIcATION Les subdivisions pratiquement adoptées dans les sciences à l’époque actuelle, malgré des di- vergences de détail, se rattachent tout naturelle- ment à une classification générale, qui diffère assez sensiblement de toutes: celles qui ont été énoncées plus ou moins arbitrairement. Si l'on cherche à mettre en évidence & posteriort cette classification implicitesurlaquelle sontcalquées les dites subdivisions, on trouve tout d’abord les trois grandes catégories classiques, qui subsis_ tent pratiquement, non seulement en tant que domaines qualitatifs encore irréductibles les uns aux autres, maisaussientant qu'étapes diffé- rentes dans le degré général d'avancement: A) Sciences physiques ou cosmologiques ; B) Sciences naturelles ou biologiques ; C) Sciences morales ou noologiques. Chacune de ces 3 classes se décompose en caté- gories, relatives aux groupes d’abstractions élé- mentaires dont la commodité compréhensive ou utilitaire nous a imposé dans chaque cas le rap- prochement; il n’y a pas là d’autre loi générale qu'une convenance fonctionnelle, plus ou moins déformée d’ailleurs par la tradition. Ces groupes restent toujours théoriquement révisables ; dans la pratique cette révision éventuelle, aussi justi- fiée qu’elle soit, est d'autant plus difficile que la science correspondante traineun poids plus con- sidérable de déductions et d'applications !. Chacune des sciences particulières “ainsi constituées se décompose d’elle-même en deux parties : a) Science normative ou d'énvestigation ; b) Science appliquée ou de réalisation. Enfin chacune de ces subdivisions se dédouble elle-même en : z) Science schématique ou fonctionnelle; B) Science descriptive ou organique. On vérifie aisément que cetté taxinomie est bien celle qui se dégage a posteriori des subdi- visions pratiquement admises à l'heure actuelle ; elle se trouve correspondre à un schéma psycho- logique simple et suggestif.Les écarts peu nom- breux qu’on rencontre sont imputables à la recherche de facilités particulières d’ordre péda- gogique ou technique ; elles ne sauraient porter atteinte à la simplicité des délimitations princi- pales qui se dessinent nettement dans tout l’en- semble. L'édifice scientifique, ainsi ordonné, serait d'ailleurs incomplet si l’on ne faisait spéciale- ment mention dela grande catégorie des sciences qui constituent ses bases mêmes, les sciences abstraites ou mathématiques : l'effort systémati- que vers la généralité et la précision, caractéris- tique de la science, devait conduire,entre autres 1. C'estle cas de la théorie d'Einstein vis-à-vis de la Géo- métrie et de la Mécanique. voies, à l’abstraction qualitative maximum, et par suite à l'étude desassociations ou des décom- positions de rapports quantitatifs portant sur le nombre minimum d'éléments hétérogènes. Les bases inductives des disciplines correspondantes une fois posées, les déductions devaient en être particulièrement nombreuses et variées, leur recherche attrayante et inoffensive, et leurinter- prétation féconde : d’où le remarquable déve- loppement et la fertile utilisation des sciences mathématiques. Considérées souvent comme faisant partie des sciences physiques, parce qu’elles leur ont em- prunté leurs schémas fondamentaux et qu'elles y trouvent leur champ d'application privilégié,ces sciences sont en réalité hors classe, et représen- tent leschéma-type surlequeltoute science tend, avec plus ou moins de succès, à se modeler. L'importance, reconnue déjà ci-dessus, de ce dernier criterium, nous conduira à chercher ici les conditions générales auxquelles les phéno- mènes, ou la connaissance que nous en avons à un moment donné, devront satisfaire, pour se prêter à un degré quelconque au schéma mathé- matique. III. — Les PHÉNOMÈNES « MATHÉMATISABLES » La condition fondamentale, etrigoureusement éliminatoire, est la condition de comparabilité : « il n’y a de science que du général »,et il n'y a pas de généralisation possible sans comparai- son. Le mécanisme investigateur de nos sens et de notre raison repose d’ailleurs essentiellement sur la relativité ou la comparaison; leur fonc- tionnement consiste à rapporter la différencia- tion de certains éléments à la constance de cer- tains autres: il faut constater ou poser une certaine invariance pour y rattacher des varia- tions, et chercher à les ramener à des lois de covariation. La connaissance scientifique n’est ainsi que le prolongement naturel de la connais- sance vulgaire. Sous une forme plus précise,on a vu plus haut que cette condition de comparubilité se ramène aussi à un minimum de constance et de simpli- cité du processus causal dans l’ordre de phéno- mènes considéré. Or dire que le principe de cau- salité s'applique dans ce domaine pour nos facultés d'observation et de réflexion, c’est dire en fait que nous avons puisoler par voie d’abs- traction, au sein de ces phénomènes, un certain nombre de caractères qualitatifs communs,entre lesquels nous avons constaté des rapports de concomitance ou de covariation d’un sens déterminé. A. LAMOUCHE. — INVESTIGATION ET RÉALISATION Ceci suppose : 1° que nous disposions de repères déterminés nous permettant d'apprécier directement ou indirectement la constance ou la variation de chacun des caractères ainsi déga- gés; 20) que pour chacun de ces caractères nous ayons su définir, sinon une additivité véritable, au moins un accroissement où une réduction com- paratifs ; 3°) que l'influence mutuelle de certains de ces caractères ait pu être séparée de celle des autres facteurs, définis ounon,qui interviennent dans ces phénomènes ; — autrement dit, que le réseau causal complexe mis en jeu par les dits phénomènes ait pu être ramené, à un degré d'approximation minimum, à un nombre fini de circuits linéaires de causalité. Il pourra arriver ainsi un moment où nos moyens de perception et d'analyse (y compris les procédés artificiels à l'aide desquels nous les prolongeons ou lesamplifions) nous permettront — d’une part de définir de proche en proche les divers caractères isolés, en fonction des éléments premiers communs à toutes nos représentations (espace, temps, etc.), ou d'éléments plus com- plexes antérieurement « mathématisés » ; — d’autre part de représenter avec plus de préci- sion les sens de variation qualitatifs par des ordres de grandeur comparatifs en fonction, d’une unité où échelle propre au caractère consi- déré; — c'est-à-dire de traduire les relations conçues ou constatées par un symbolisme guan- titatif. À partir de ce moment-là, les caractères considérés deviennent de véritables variables ou caractéristiques ; les opérations 1°) et 20) définis- sent des mesures, — l'opération 3°) définit des principes où des lois. Les principes correspon- dent en général aux relations fondamentales d'identité ou d’énpariance; l'intuition joue un rôle capital dans leur élaboration ; et ils ne peu- vent être vérifiés qu’indirectement par leurs con- séquences ; — les lois expriment plutôt des rela- tions de copariation, et elles peuvent être établies logiquement de proche en proche, ou vérifiées directement par l'expérience. Les phé- nomènes considérés sont dès lors thcoriquement mathématisables. Tantque l’objet de l'étude entreprise est pure- ment spéculatif, tant qu’elle ne vise que des entités fictives, ou encore des faits passés dont le mécanisme n'est pas directement vérifiable a posteriori, on peut s’en tenir là: et la disci- pline correspondante peut, à des degrés diffé- rents, el sous réserve d’un contrôle futur s’il devient possible, s'ériger en science. Mais lors- qu’on a en vue l'expérience directe ou l'applica- tion, lorsque les sanctions catégoriques et sou- vent redoutables de la réalité sont au bout du : — UT ET SE TS SON CONTI NT és + à A. LAMOUCHE. — INVESTIGATION ET RÉALISATION processus dans lequel on s'engage, il faut y regarder de plus près ; et on est nécessairement conduit à se poser cette question supplémen- taire : à quelles conditions les phénomènes con- sidérés sont-ils pratiquement mathématisables ? Or Pabstraction, qui a permisd'isolerles carac- téristiques essentielles, entraine forcément une simplification analytique des phénomènes réels, qui altère leur identité synthétique d’une façon plus ou moins profonde; en outre, nos moyens constitutionnels de représentation nous impo- sent le plus souvent une transposition s{atique des phénomènes dynamiques, qui symbolise le mouvement ou l'évolution par une série finie ou infinie d'états de repos. — Il faut trouver prati- quement un compromis convenable entre ces deux altérations systématiques d'une part, dont l'objectif est d'ordre compréhensif, et d'autre part la condition positive ou pragmatique de fidé- lité dereprésentation ou de degré d’approxima- tion minimum. Le degré d’approximation imposé est, dans l’investigation, /e plus élevé possible ; dans la réalisation, il est déterminé par l'objectif poursuivi ou par les moyens concrets dont on dispose pour l’atteindre; dans tous les cas, il tendrait en général à imposer un »ombre mini- mum de variables assez élevé. En définitive, si le compromis adopté a conduit, — tout en permet- tant à l’ensemble de nos facultés de compréhen- sion et d'action de s'insérer dans le jeu réel des phénomènes au degré d'efficacité requis, — à ne retenir pratiquement qu'un r20ormbre suffisam- ment restreint de ces variables, pour que l’es- prit cultivé ou spécialisé qui aura à-employer ce mode de représentation puisse l’« intégrer (c’est- à-dire l’assimiler et l'utiliser) commodément, les phénomènes envisagés seront pratiquement matheéematisables. , L'introduction plus ou moins explicite d’un schéma mathématique sera,au contraire, impos- sible si ce nombre minimum de variables effec- tivement nécessaires est trop élevé, ou si leur séparation est trop difficile; ce qui revient à dire que le réseau d’enchaîinement causal cor- respondant est trop inextricable pour être intel- ligiblement intégrable en un petit nombre de circuits de causalité définis. Dans un tel état, la discipline considérée ne pourra prétendre au titre de science : elle ne se prêtera pas à un mi- nimum admissible de précision dans la prévi- sion. Elle pourra emprunter à la science son objectif fonctionnel (exactitude et généralité) et sa méthode psychologique : elle se placera ainsi sur le rang des futures sciences (?), sans que cette simple candidature puisse lui conférer les privilèges distincetifs de la science authentiquée. REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, Il y a un cas intermédiaire où le nombre des variables ou leur difficulté de séparation, tout en s'opposant à la traduction suffisimment exacte et complète de leurs relations parle sym- bolisme mathématique explicite, se prêteront cependant à une sorte de mathématique impli- cite, Qui amènera pour ainsi dire la qualité jus- qu'au seuil de l'évaluation quantitative. Le champ d'investigation où de réalisation corres- pondant sera, par extension, considéré comme objet de science. Mais la science ainsi consti- tuée, privée en grande partie du symbolisme condensé et impersonnel des formules mathé- matiques, sera d'une transmission moins facile, d’une utilisation moins immédiate, moins auto- matique et moins rigoureuse. Celui qui voudra en acquérir la connaissance ou l’habileté d’em- ploi devra arriver, par un exercice méthodique fait d'expérience accumulée et de méditation prolongée, à calquer en quelque sorte le jeu de ses facaltés mentales sur le mécanisme causal propre à cette science, de manfère à développer en lui une véritable #ntuition spécialisée des phé- nomènes de cet ordre; il devra d'ailleurs com- bler sans cesse, par un effort mnémonique parti- culier ou par une documentation abondante, les lacunes résultant de l’absence de circuits logi- ques simples, explicitement condensés en for- mules ou en lois. 7. Dans l’état actuel des connaissances humaines, les sciences physiques, les sciences morales et les sciences biologiques offrent respectivement, dans l’ensemble, des exemples nettement carac- térisés des 3 cas successivement envisagés ci dessus; ceux-ci (en rétablissant leurordre normal) marquent les trois étapes de la pensée, les pha- ses progressives de l'emprise synthétique de la science sur les 2 processus divergents de l’ac- tion et de la connaissance : l’empirisme incoor- donné d’une part, et l'essai de coordination pu- rement philosophique d'autre part. : Si l’on cherche à pousser plus loin l’analyse, et à déterminer (sur la catégorie des sciences la plus nettement constituée : les sciences physi- ques) les obstacles concrets qui, d’une manière générale, limitent ou compliquent l'usage des mathématiques, on trouve que ces obstacles sont de deux ordres : 10 Obstacles de forme ou de symbole : ee sont les écarts pratiques des subdivisions naturelles du temps et de l'espace par rapport aux purs sché- mas de l’abstraction mathématique : « Ce qu’elles ont gagné en rigueur, dit H. Poincaré des scien- ces abstraites, elles l'ont perdu en objectivité. C'est en s’éloignant de la réalité qu’elles ont acquis cette pureté parfaite. On peut parcourir oi 458 A. LAMOUCHE. — INVESTIGATION ET RÉALISATION librement tout leur domaine, autrefois hérissé d'obstacles, mais ces obstaclesn'ont pas disparu. Ils ont seulement été transportés à la frontière, et il faudra les vaincre de nouveau si l’on veut franchir cette frontière pour pénétrer dans le royaume de la pratique. » Uniquement préoccu- pés d'assurer à leurs déductions le maximum d'ordre esthétique et de pureté logique, les ma- thématiciens sont forcément conduits à se désin- téresser des exigences de l’application, et à perdre le contact avec la réalité : « Les Mathé- matiques pures, écrit Bertrand Russell, sont en- tièrement composées d’affirmations construites sur le modèle suivant : si telle proposition est vraie d’une chose quelconque, telle autre propo- sition est vraie de cette même chose. Il est inu- tile de chercher à savoir si la-première proposi- tion est réellement vraie, et de spécifier la nature particulière de la chose dont il s’agit. On peut donc définir les Mathématiques pures comme une étude où l'on ignore de quoi on parle, et où l’on ne sait pas si ce qu'on dit est vrai. » 20 Obstacles de fond ou de mécanisme physti- que : les phénomènes élémentaires sur lesquels la théorie mathématique a prise sont ceux qui obéissent à un principe naturel de composition ou de synthèse, — ou, d’une façon plus précise, ceux qui présentent spontanément un caractère définissablestatiquementparuneadditivitéenumé- rique ou géométrique, et dynamiquement par un synchronisme énergétique. — Ce principe de syn- thèse peut avoir ses racines dans la structure ‘profonde des phénomènes, dans leur harmo- nieuse stabilité, dans les liaisons particulière- ment constantes ou rigides de leurs éléments ; et les lois ou formules simples qui les régissent traduisent alors une véritable integration natu- relle de ces éléments : c’est le cas d’un grand nombre des propriétés des corps solides. — Ce principe peut aussi être d'ordre plus superficiel, ne plus correspondre à une aflinité aussi étroite ou à une similarité aussi profonde; et les lois qui le traduisent sont alors de nature purement s{a- tistique : tel paraît être le cas de la plupart des propriétés des gaz. — Mais ilyaun grand nombre de phénomènes élémentaires qui ne s’intègrent ni analytiquementniarithmétiquement, au moins avec la rigueur minimum exigée par la science, et qui dès lors ne sont plus à proprement parler « mathématisables » : leur défaut de cohérence ou de convergence, leur éparpillement dans l’es- pace où dans le temps, ont fait réunir ces phéno- mènes sous le terme général de dissipation de l'énergie. Le rôle de ces derniers dans les phénomènes réels sur lesquels nous avons à agir est malheu- reusement très important! : leur existence est l'obstacle le plus sérieux, à la fois, à l’investiga- tion compréhensive et à la réalisation utilitaire, — ce qui justifie en particulier le qualificatif d’ « inférieures » infligé aux formes de l’énergie où ces micro-phénomènesindisciplinés prennent une extension particulière (chaleur, lumière). En définitive, lorsqu'on observe à quel point les lois ou formules pratiquement utilisées dans les sciences physiques appliquées (qui seules maintiennent le contact étroit avec la réalité brute) sont éloignées déjà de la belle simplicité et de l’impeccable rigueur de celles des sciences mathématiques, on est conduit à penser qu'il ya sans doute autre chose qu’une insuffisance mo- mentanée de nos moyens de conception ou d’ex- pression, dans la résistance que nous opposent certains ordres d’activité à se plier au cadre scientifique ou au schéma mathématique; et l’on reste forcément un peu sceptique devant l'espoir successivement caressé, sous des formes diver- ses, par les rationalistes, les positivistes et les néo-mécänistes, de voir condenser toute la con- naissance humaine en formules simples et rigoureuses. Toutn’estcependant pas chimérique dans cette conception, et sa fécondité manifeste dans des cas déjà nombreux semble lui apporter une con- firmation pragmatique précieuse : en réalité, elle considère simplement comme un fait acquis ou comme une possibilité prochaine ce qui, dans un grand nombre de cas, n’est pratiquement qu’une tendance, un objectif fonctionnel, une « limite ». Elle étend, un peu hâlivement et parfois arbi- trairement, au résultat la double analogie quali- tative du but et du procédé; de l'unité duschéma- type correspondant à l'abstraction maximum, et de l’unité psychologique de la méthode, par laquelle toutes les disciplines y visent, elle déduit w prématurément ou indüment l'identification de ces disciplines avec ledit schéma. Elle néglige ainsi d’une partles obstaclesinfranchis ouinfran- chissables qui séparent certaines d’entre elles du schéma-limite, et d'autre part les divergences techniques de la méthode qui accroissent prati- quement cet écart. a ——_—_—_—_—_—_—_—_—_—_—_— 1. Les seuls phénomènes concrets dans lesquels ces élé- ments incoordonnés soient pratiquement négligeables sont les phénomènes astronomiques; et c'est du remarquable succès de l'effort humain dans cette voie que sont nés lacon- fiunce et l'orgueil scientifiques. — Mais lorsque, laissant de côté la schématisation géométrique, on tentera de ramener » ces phénomènes au schéma énergétique (terme commun le plus général, à la fois aux points de vue compréhensif et w utilitaire, à toutes les formes de l’activité naturelle), l'énergie | rayonnée, dont il faudra tenir compte, posera sans doute ici aussi la question perturbatrice des pertes non intégrables. A. LAMOUCHE. — INVESTIGATION ET RÉALISATION IV. — La MÉTHODE - La doctrine cartésienne de l'unité de la science par l'unité de la méthode demeure entièrement vraie à la double condition : 1° de creuser la technique dela méthode, forcément variable dans les divers champs d'investigation, pour en déga- ger la psychologie qui se révèle alors qualitative- ment constante; 2° d'envisager cette méthode unique sous une forme moins étroite que celle des rationalistes. La méthode caractérisée de lascience moderne (et qu’on retrouve d’ailleurs en germe dans toute la genèse historique des sciences) est en réalité une méthode dont la phase analytique n’est que le prélude d’une reconstitution puissamment synthétique ; celle-ci fait harmonieusement con- courir à la recherche de la vérité tous les moyens supérieurs dont dispose l’entendement humain. Au lieu de centrer le mécanisme de la certitude illuminatrice ou créatrice sur l'intuition avec Platon et les Grecs, sur la logique avec Descartes, sur l’expérience avec Auguste Comte, elle reporte l'axe de ce mécanisme au centre de gravité même du triangle de sustentation fondamental, offert à notre édifice psychologique par ces trois fonc- tions essentielles !. — Elle est avanttoutune me- thode d'accord : son critérium invariable consiste à poursuivre systématiquement l'accord de con- vergence ou de coïncidence entreles trois aspects d'une même question : l’aspect intuitif ou de bon sens, l’aspect logique ou rationnel, l’aspect positif ou expérimental. Cet accord constitue en quelque sorte la condition de composition des réactions élémentaires de l’esprit en une résul- tante unique, seule ‘capable de déclencher en nous cette impression mystérieuse d'assouvis- sement intellectuel et de sécurité quasi mystique qu’on appelle la certitude. Les trois grandes fonctions ainsi exploitées correspondent aux trois mécanismes spécifiques, irréductibles Vun à l'autre, qui participent à la représentation coordonnée : le mécanisme éns- tinctif, le mécanisme intellectuel, le mécanisme sensori-moteur. Leur conjugaison correspond dans l’ensemble au régime de fonctionnement sui- vant : la connaissance ne procède que par réduc- tion à l'évidence; Vintuition fournit le crite- rium d’évidence subjective a priori, l'expérience 1. L'éntuition, qui formule des « jugements synthétiques a priorë » (Kant), apparaît surtout comme le sens profond de l'ordre ou de l'harmonie; la logique est l'ensemble des procé- dés de raisonnement, mais de raisonnement surtout déductif (car dans l'induction une part importante revient à l’intui- tion); enfin l'expérience, sous sa forme scientifique, est l’ob- servation provoquée et généralisée (Cl. Bernard, H. Poincaré.) 459 le criterium d’évidence objective a posteriori; la logique met en jeu les transformations expli- cites successives qui permettent de mettre cha- cun d'eux en action avec le maximum de préci- sion et d'efficacité, et de les combiner l’un à l’autre pour déterminer la certitude #ntévrale. L'analyse des grandes découvertes, dans les sciences les plus diverses, met nettement en évidence un effort systématique, quoique le plus souvent inconscient, pour mettre en œuvre cette méthode d’accord entre l'intuition, la logi- que et l’expérience; et un résultat quelconque n'a jamais été considéré en fait comme scienti- liqguement établi que lorsqu'on à pu faire jouer complètement à son sujet le criterium de cet accord ternaire fondamental. Bien que n’ayant pas encore été généralisé et systématisé comme il le mérite, ce criterium d’accord a été nette- menténoncé, sur des cas particuliers, par un certain nombre de savants ou de penseurs. — C’est ainsi qu’à propos des progrès modernes de la Physique mathématique, H. Poincaréécrivait : « La nature est-elle gouvernée par le caprice, ou l'harmonie y règne-t-elle ? Voilàla question ; c'est quand elle nous révèle cette harmonie que la sciente est belle et digne d’être cultivée. Mais d’où peut nous venir cette révélation, sinon de l'accord d’une théorie avec l'expérience? Cher- cher st cet accord a lieu ou s'il fait défaut, c’est donc là notre but...» —« Deviner avant de démon- trer, écrivait-il ailleurs, ai-je besoin de rappe- ler que c’est ainsi que se sont faites (outes les découvertes importantes .» Or on devine avec l’in- tuition, on démontre par la logique et l’expé- rience. Dans le domaine de la Mécanique, le Profes- seur Mach dit aussi, au sujet de l'étude des lois du plan incliné par Stévin : « Stévin rendit ainsi à ses lecteurs et à lui-même le service de juxta- poser des connaissances différentes, les unes clairement connues ?, les autres tnstinctives*, de les relier les unes aux autres‘, et de les mettre d'accord de manière qu’elles se prêtent un appui mutuel.» Dans l’ordre des sciences appliquées, M. Ra- teau par exemple écrit de même(« Théorie des hélices propulsives »):« Si les hypothèses sont simples et logiques, et si, par intuition, nous avons le sentimentqu'elles renferment les choses essen- tielles des phénomènes, nous pouvons nous en servir sousréserve d'un contrôle ultérieur... La a #———— à 1. À posteriori, pour distinguer l'expérience scientifique, ou « observation provoquée », de l'expérience vulgaire, 2. Expérience. ‘ 3. Intuition. 4. Logique, 460 A. LAMOUCHE. — INVESTIGATION ET RÉALISATION OO comparaison entre les résultats expérimentaux et les formules qu'on en déduit montre si elles sont légitimes ou non. S'ilya accord convenable, dans les limites d’approximation que l’on désire, cela ne prouvera pas, bien entendu, que les hypothè- ses sontexactes,mais seulement qu'elles donnent une bonne image des phénomènes réels etqu’elles ontétéutiles pour obtenir des formules que, sans elles, on n'aurait peut-être pas pu découvrir. » — Cette citation fournit une application très nette de la méthode d'accord ; elle affecte en outre à la science sa véritable signification : elle en fait simplement la recherche du mode de représenta- tion ou de transposition des faits le mieux ap- proprié à l’insertion précise et efficace de l’en- semble de nos facultés de compréhension ou de réalisation dansle jeu des phénomènes naturels; — recherche au cours de laquelle ce seul crite- rium peut nous guider, soit comme moyen, soit comme but : /a précision dans la prévision. Enfin la théorie développée par Einstein à l’oc- casion du principe de relativité {qui constitue évidemment un des événements scientifiques importants de notre époque) ne correspond-elle pas précisément à un effort de conjugaison plus complet et plus harmonieux de nos trois facul- tés essentielles : intuition, logique, expérience, pourréviser la définition, le mode de groupe- ment et les relations fondamentales des éléments premiers qui furent placés, sur la foi d'hypo- thèses peut-êtretrop purement logiques, à la base de notre science ? Sans insister davantage sur l'importance effec- tive de ce criterium d’accord dans les sciences, on peut se borner à signaler que, si l’on cherchait sa justification la plus directe et la plus géne- rale, on la trouverait dans cette simple remarque, énoncée par Poincaré pour un ordre de ques- tions analogue : « Tant de succès ne sauraient être dus au hasard. » En définitive chaque opération scientifique qui meten jeu ce criterium d'accord, traduit un acte de foi implicite dans l'ordre na- turel ou l'harmonie universelle : harmonie dans la nature,harmonie dans l'homme,harmonie spé- ciale enfin entre l'homme et'la nature !. C’esten somme un criterium sÜprême d'adéquation ou d'adaptation ; il représente, sous une forme syn- 1. Harmonie ne signifie nullement ici comme chez les phi- losophes optimistes (Leibniz parexemple) :existence des rela- tions optima entre les divers éléments del’Univers ; mais sim- plement existence d'une interdépendance fonctionnelle définie, dans laquelle tous les rapports évolutifs ne sont pas forcé- ment simples, mais où se manifeste une tendance spontanée et systématique à la prépondérance des rapports simples sur les rapports complexes, — que le criterium de cette prépondé- rance soit d'ordre énergétique ou d'ordre esthétique. | thétique élevée, le « principe de raison suffi- sante » intégral de la certitude scientifique. L'unité psychologique de la méthode n'exclut d’ailleurs nullement la diversité des multiples modalités concrètes qui constituentsa technique ; celle-ci varie d’une partavec la nature qualitative du domaine exploité, d'autre part avec les objec- tifs divergents de la spéculation et de l’action. Selon ledegré auquelles phénomènes considérés sont effectivement mathématisables, le dosage relatifdes trois facteurs constitutifs de la méthode synthétique d’accord est naturellement différent : moins ces phénomènés sont mathématisables, et plus le concours judicieux de l'intuition et de l’expérience doit s’intensifier pour combler les lacunes logiques de leur enchaînement symbo- lique. C’est ce rôle complémentaire de l'intuition et de l’expérience vis-à-vis de la logique qui se révèle, d’une manière parfaitement continue et progressive, lorsqu'on passe, dans les sciences physiques par exemple, des Mathématiques aux: Sciences expérimentales, puis de celles-ci aux Sciences appliquées. C’est d'ailleurs l’unité qualitative dela méthode, ainsi que la continuité de variation du dosage relatif deses facteurs composants, qui ont permis aux sciences appliquées de tirer des deux autres catégories de science tout le parti nécessaire pour faciliter leur remarquable essor actuel. — Origi- ñaire en général des données obscures de l’empi- risme, la science de réalisation arrive peu à peu, dans ses progrès opiniâtres, à entrer en conjugai- son avec la science d'investigation ; ex ploitant alors méthodiquement les résultats de cette dernière, elle semble n’en être qu’une sorte d’annexe, au moins sur une certaine étendue de son développement. — Mais au point où la science d’investigation, se heurtant à des obstacles pratiques, oblique vers la spéculation, la science de réalisation, obligée de franchir hardiment ces obstacles ou de les habilement pour atteindre son propre but, doit reprendre son indépendance : enrichie désor- mais des méthodes sûres et précises de la science de pure investigation, elle se libère de sa tutelle, s’accommode tant bien que mal de son état d'avancement actuel, pour progresser délibérément par ses propres moyens. Cette tendance systématique de la réalisation à féconder, à exploiter et à déborder successive- mentla spéculation est surtout caractéristique de l’évolution moderne. Les exigences de l'action tendentirrésistiblement, après les avoir longue- ment chevauchées, à passer au travers des exi- gences de la pensée, en prolongeant dans la réa- hté le processus composé ainsi créé. C’est cette tourner cotés lc: die éhousumei ais À dl A. LAMOUCHE. — INVESTIGATION ET RÉALISATION 461 double fonction (en apparence contradictoire, | tendent à prendre, dans les domaines les plus mais remarquablement adaptée en fait au méca- nisme des relations de l’homme avec l'Univers), cette double fonction de fusion et d’émancipation opportunes de l'Action à l’égard dela Pensée, qui définit ce siècle de positivisme, de pragma- tisme, et finalement d’«accord» par rapport aux siècles de rationalisme et d’empirisme inconci- liés qui l'ont précédé. V.— Résumé-ConcLzusioxs En définitive, l'effort supérieur de l'homme tend à fixer les repères fondamentaux de son évolution, les points d'appui à la fois gnostiques et dynamiquesde sesdeux grandes fonctions spé- cifiques : agir etconnaitre ;ce double jalonnement dans l'Univers objectif et dans l'Univers subjectif ne peut se faire que par confrontation mutuelle, effectuée de proche en proche, entre les divers aspects de ces deux champs d'activité étroitement corrélatifs : si donc dans cette lente discrimina- tion par laquelle il abstraitles fatalités des con- tingences, ou les lois des accidents, l'esprit pro- cède exceptionnellement par vision synthétique directe, son processus normal se ramènera forcé- ment au mode général des approximations suc- cessives. Pour maintenir entre les deux domaines leur lien fonctionnel de relativité réciproque, l’homme a spontanément recours, dans cette progression méthodique, à une conjugaison harmonieuse de ses trois grandes fonctions d'investigation : l’#n- tuition, la logique, V'expérience ; il vérifie ainsi ou complète avec précision une relation entrevue, par la concordance de ses projections sur les trois plans de repère différenciés de l’entende- ment : le plan subjectifsynthétique, le plan sub- jectif analytique,et le plan objectif! . — ['’ensem- ble : intuition-logique-expérience forme donc une multiplicité réciproque et complémentaire, dontla fusion synthétique doitreconstituer expli- citement l’unité de la certitude illuminatrice ou créatrice. Bien qu'appliquée instinctivement, au moins dans la science, depuis les origines de la con- naissance coordonnée, cette méthode n’a été envisagée successivement par les grands systèmes philosophiques que sous ses trois aspects partiels; — l'aspect synthétique total dessine une orienta- tion nouvelle de l’activité moderne, lourde de besoins plus variés et plus intenses, mais forte aussi de moyens plus souples et plus puissants. Et si les produits coordonnés de cette activité 1. On pourrait aussi décomposer l'expérience en expérience sçnthétique et expérience analytique, qu: correspondraient sen- siblement à l'expérience vulgaire et à l'expérience scientifique. divers, l'aspect scientifique, c'est que la science est, par définition même, le champ privilégié où cette methode d'accord acquiert toute sa force et sa rigueur, — celui où elle déclenche avec une sûreté «mathématique » ce critérium unique d’ac- tion ou de justification: /a précision dans la prévision. Depar la nature même de ce critérium, l’investigation etla réalisation y sont étroitement conjuguées; et l’énergique impulsion psycho- dynamique qui en résulte doit conférer à toute la science moderne ce caractère de hardiesse créa- trice que M. Appell a si heureusement défini par l’action scientifique. Cette même méthode d'accord ne s’en applique pas moins, sous une forme qualitativement cons- tante, à tous les ordres d’activité : dans les do- maines mêmes où le facteur affectif ou mystique joue un rôle essentiel!, le maximum de progrès de la connaissance et de l’action ne peut être attendu que du maximum d'extension donné à l'emploi explicite et systématique de cette mé- thode naturelle. La méthode, est-ce donc autre chose qu’une « assuragce » minimum contre le désordre et le déséquilibre, — contre l’excès de fantaisie inco- hérente d’une imagination en révolte plus ou moins avouée contre les lois fonctionnelles les plus élémentaires de l’Aarmonie ? I] n'y a pas lieu d’ailleurs deredouterque l'application d’une méthode judicieuse mette un frein à l’inspira- tion créatrice : celle-ci doit avoir au contraire plus de « rendement » ou de fécondité en con- centrant son énergie au travers des canaux régu- liers ouverts par la méthode dans nos facultés de représentation, d'expression, et de réalisation, qu’en « giclant » au hasard par les mille orifices divergents d'une personnalité incoordonnée, — d’une intelligence, d’une sensibilité ou d’une volonté qui « fuient » dans toutes les direc- tions. Et lorsque cette méthode se trouve en outre conçue de manière à assurer la coordination aussi parfaite que possible de la Pensée et de l’Action, elle doit garantir automatiquement à notre activité réceptrice ou créatrice le maximum de stabilité et d'efficacité pratiquement réali- sable. Il en résulte immédiatement qu'il serait pos- sible de baser sur cette méthode générale toute 1. Si le cadre de cette étude l'avait permis, on aurait pu aisément mettre en évidence, dans le domaine même de l'art par exemple, une méthode d'accord nettement basée sur la trilogie : intuition-logique-expérience, dont les traduc- tions spécifiques seraient alors respectivement : l'inspiration créatrice de base, — l'esthétique, — et le « mélier » ou en- semble des procédés de composition et d'exécution. 462 A. LAMOUCHE. — INVESTIGATION ET RÉALISATION une philosophie d'accord, hautement synthéti- que, harmonieusement compréhensive et fruc- tueusement dynamique. Une telle philosophie concilierait (non plus en un éclectisme dispa- rate, mais en une discipline intégrale rigoureu- sement cohérente) systèmes du passé : cien, rationalisme cartésien, positivisme,— mais encore leurs homologues modernes : intuiti- visme, idéalisme, pragmatisme. La philosophie d'accord condenserait et intégrerait harmonieu- sement ces doctrines, en extrayant tout naturel- lement de leur substance, — par neutralisation non seulement les grands mutuelle des systématisations excessives encore qu’inévitables en leur temps, — les éléments fondamentaux de notre équilibre mental et leur mode d'association optimum. Ainsi le criterium général d'accord n'a pas seulement une genèse logique très nette ; sa ge- nèse philologique ou historique apparaît aussi clairement : basé psychologiquement sur la mise en facteurs communs de nos sources de certitudes élémentaires, il se dégage lui-même comme un véritable facteur commun d’ordre élevé aux efforts, — en apparence divergents ou « incom- mensurables », — de l’esprit humain dans la recherche d’un gage suprême de certitude. On en déduit en particulier que la loi des trois états d’Auguste Comte (sorte de chaîne sans liaisons ou d’équation sans second membre) se- rait à compléter par un 4° état synthétique, qui se révèle comme l’aboutissement naturel et la raison d'être des trois premiers : ilne les suit pas seulement, illes intègre. Les trois premiers états (dans lesquels prédominent en somme res- pectivement l'intuition, lalogiqueetl’expérience) ne sont plus de simples étapes successives, sans lien logique de continuité ou d’enchaîrement, mais les phases d'élaboration progressive des éléments constituants du mécanisme intégral de l'esprit humain ; — ils jalonnent la séparation échelonnée des facteurs composants de la mé- logico-intuitivisme platoni- thode générale, qui se révèle comme si remar- quablement appropriée au double effort d'inves- tigalion et de réalisation. | On ne saurait, sans sortir du cadre de cette étude, s'étendre plus longuement sur cet aspect très vaste du problème général de conjugaison de la Pensée et de l'Action ; mais on doit noter qu'un tel prolongement naturel du processus psychologique de la science, dans nos divers champs d'activité, ne saurait être considéré à aucun titrecommeunetentative plus ou moins dé- tournée pour remettre en honneur un scéentisme désuet. Il faudrait plutôt voir là une tendance opposée au scientisme, ou au moins une mise au point énergiquement restrictive de ses insoute- nables prétentions : les développements qui pré- cèdent ont en effet mis en évidence l'existence de limites organiques de la science ; mais celles- ci ne s'opposent nullement à l’extension fonc- tionnelle illimitée de sa méthode, considérée sous son aspect le plus général. Et si l’on est tout na- turellement amené à emprunter à la science, de préférence à tout autre domaine, un schéma compréhensif et un mécanisme constructif, c’est qu’elle s’élabore dans la zone de la conscience la plus accessible à notre pénétration analytique, la plus extérieure, la plus intellisible ; c’est aussi qu’elle représente le maximum de précision, de sûreté et d’eflicacité qu'on puisse attendre du mécanisme général de la connaissance ou de l'action coordonnées. L'extension fonctionnelle de sa méthode, qui s'effectue d’elle-même, doit assurer automatiquement la convergence syner- gétique des besoins et des moyens humains, et garantir à la fois le maximum d’équilibre spécu- latif et de rendement créateur à toute organisa- tion individuelle ou collective expressément basée sur son application. A. Lamouche, Ingénieur principal de la Marine. JuLes ANDRADE. — PROBLÈMES MÉCANIQUES 463 GG OO RS EE Em, PROBLÈMES MÉCANIQUES ET CHRONOMÉTRIQUES ACTUELS [. — PROMENADE RAPIDE À TRAVERS L'HISTOIRE pes Machines horaires Les efforts croissants dépensés pour obtenir une mesure mécanique du temps,de plus en plus précise ont abouti, depuis 150 ou 200 ans, à l'emploi de deux sortes d'instruments : 1° les montres de poche ou les chronomètres marins, consti- tuant la chronométrie spéciale; 2 les horloges plus massives, et jusqu’à ce jour du moins utili- sant le rythme réglant d’un pen- dule, formant l'horlogerie pro- prement dite. Mais, lorsque vous ouvrez pour la première fois avec curiosité une montre, ou quand vous visi- tez pour la première fois l'hor- loge d’une cathédrale, une même surprise vous guetle et vous trou- ble; le trop grand nombre de détails accumulés dans la grosse ou dans la petite machine horaire vous accable, et l'unité aujour- d'hui presque scientifique de l'horloge ou de la montre vous échappera certainement lors de votre premier examen, si vous ne vous êtes pas préparé à la voir, par quelque lecture à la fois historique, géométrique et phy- sique. C’est à cette courte lecture que ce préambule rapide se propose de suppléer. La machine horatre, tel est le terme audacieux que les pre- miers artistes de l’horloge ou de _ la montre ont employé pour dé- signer l’objet de leurs efforts créateurs; par ce terme ils aflir- maient nettement leur foi ins- tinctive dans leur méthode spon- tanée; ils affirmaient ainsi que le problème auquel ils s’attaquaient est un simple problème de Mécanique physique, problème très parent en somme de celui auquel s'étaient atte- lés les fondateurs de la Physique moderne, Kepler,Galilée, Newton, Huygens.Ceux-ci avaient prévu, en effet, dans le ciel la réalisation la plus sûre de mouvements réguliers capables de con- Fi La toile d'araignée du spiral (au milieu de la dernière rangée) s'est exagérée trôler toutes les machines horaires, et la mesure du temps elle-même. Le poète et conteur américain Bret-Harte nous a bien raconté, avec sa fantaisie pittoresque et charmante, que toute montre a une âme aussi et 1. — Pièees détachées d'une montre de poche. dans la reproduction typographique, ne laissant voir que la courbe terminale du spiral dont'les spires sont fondues, { que celle-ci ne s’'accommode pas toujours avec l'âme du porteur de la montre; mais’ les grands et opiniätres créateurs de la chronométrie au xvuie siècle : Harrison, Arnold et Earnshaw, fort heureusement, n'avaient pas encore eu le loisir de se préoccuper de la psychologie des montres lorsqu'ils résolurent de fournir aux navigateurs les premières montres-marines de quelque pré- cision ; hâtons-nous d’ailleurs d'ajouter que la psychologie des montres n'a pas encore pénétré dans les écoles d’horlogerie, et que, peut-être, il ne faut pas prendre la fantaisie de Bret-Harte trop à la lettre. La figure 1 représente, photographiées, quel- ques pièces détachées d’une montre de poche de nos jours; sur la première rangée en haut, à gauche, on voit déroulé et détendu dans son barillet ouvert le gros et puissant ressort du rouage; à côté de lui l'organe de l’arrétage et du remontage, la croix de Malte, puis des roues dentées, puis la tige de remontoir : ce sont là des pièces du gros rouage; en bas, la dernière ligne des pièces détachées laïsse voir la roue d’échap- pement et son ancre; puis le balancier, fendu après avoir été fondu: bague de laiton et acier soudés; c'est l'organe compensateur, qui a pour fonction de maintenir le rythme des vibrations du balancier aux températures diverses ; quant à ce rythme vibratoire du balancier d’où provient- il ? Regardez non loin de lui, à droite, ce fin res- sort en forme de spiral plat, qui sur la photo ressemble, quelque peu, à une toile d’araignée : c'est l'âme de la montre, c’est l’organéréglant de la montre de poche, c’est le spiral. Ce fin ressort assure au balancier mobile sur son axe et sur le pivôt de cet axe une position d'équilibre bien déterminée; la position natu- relle du balancier dans la montre toute montée peut être modifiée par un discret effort de votre main; accentuez l'effort tournant de votre main, vous augmenterez encore l'écart angulaire du balancier par rapport à sa position d'équilibre ; accentuez encore l'écart du balancier à sa posi- tion primitive d'équilibre, à son point mort comme disent les horlogers, vous sentirez dans votre main croître encore la résistance du spiral; cet effort du spiral sur le balancier, qui le trans- met à son tour à votre main, est un efort tour- nant,ou — comme disent les mécaniciens — c’est très approximativement un couple, et de plus l'intensité de ce couple est à très peu près pro- portionnelle à l’angle qui mesure l'écart du ba- lancier 4 son point mort. Pour résumer le rôle des organes réglants, on ne saurait mieux faire que d'emprunter le lan- gage d’un fin régleur, Ernest Jaccard, malheu- reusement enlevé à son artalors qu'ilétait encore dans la force de l'âge en 1913 : « L'organe réglant est une masse oscillante conduite par un fin spi- ral qui maintient la masse vibrante dans un rythme dont la régularité très grande persiste malgré l'extinction inévitable et graduelle des Juzes ANDRADE, — PROBLÈMES MÉCANIQUES amplitudes géométriques des dites vibrations. » Un autre régleur compare l'organe réglant à une calme danseuse, gardant le rythme malgré la fatigue que lui imposent des frottements très variés ; à toute montreil fautune danseuse accom- plie donnant le rythme, ce rythme résulte de la liaison du ressort spiral au balancier oscil- lant. j Ce rythme réglant des vibrations qui s’étei- gnent fut pour la première fois remarqué par Galilée, alors étudiant en médecine, devant les balancements réguliers d’une lampe de bronze suspendue à la voûte d’une cathédrale italienne. Le phénomène n'a rien de rare, il est au con- traire très général et des plus communs; mais cette régularité de rythmes vibratoires, l’isochro- nisme, comme disent aujourd'hui les physiciens qui en ont depuis longtemps apprécié l’impor- tance, n'aurait pas suffi à constituer l'horlogerie ; historiquement l'horlogerie a dû résoudre au préalable un problème mécanique assez complexe et que les débutants s'assimilent malaisément. La danseuse dont le rythme doit scanderle temps finit par s'arrêter épuisée ; sans doute on pour- rail la laisser dormir, quitte à la réveiller pour des mesures utiles de durées assez courtes; c'est ce que faisait Galilée lorsqu'il voulait me- surer la cadence du pouls d’un malade par la réalisation d’un synchronisme entre cette ca- dence et les battements d’un petit pendule dont il réglait rapidement la longueur, de manière à obtenir l'accord désiré des rythmes. Mais la mesure du temps et son enregistrement continu ne pouvaient, comme le médecin, se résigner à des mesures interrompues parle som- meil ou le silence de l'organe réglant. Il fallait, par un choc réparateur, donner au balancier oseillant une impulsion bienfaisante et de plus la donner rapidement, et au bon moment de manière à ne pas même troubler la durée de l’oscillation restaurée. Ce choc réparateur est réalisé par l’'échappement, L'échappement à ancre pour montres de po- che est visible sur la dernière ligne de lafigure 1, montrant à gauche ses deux parties superposées (en bas la roue d'échappement et au-dessus l’an- cre). Cet échappement appartient à la catégorie créée par Arnold ; cette catégorie, créée pour les chronomètres marins, supprime toute communi- cation entre le balancier et le rouage, sauf pen- dant la courte durée dans laquelle est fournie l'impulsion réparatrice ; ce rôle del’'échappement est ici rempli par la fourchette de l'ancre. Au contraire, avant que l'instant, de l’impul- sion ne soit arrivé, l'un des bras inférieurs de l'ancre maintient l'arrêt de la roue d'échappe- ET CHRONOMÉTRIQUES ACTUELS 465 ——_———_————……—…—.——— —.— — ——_——————————————__ ment, le bec de la dent de la roue d'échappement se reposant alors sur une face d’un rubis, mais tout près de l’arête de l’angle dièdre formé par les deux faces du rubis; dès que le balancier, par sa cheville de plateau, vient heurter une joue de la fourche de l’ancre, l’ancre se met en mouve- ment; la face de repos, sur le rubis, se dérobe bientôt devant le bec de la roue d'échappement; celle-ci, excitée par le gros ressort du rouage, vient alors s'appuyer sur la facette inclinée du rubis ; par cette facette la force du rouage ac- tionne l'ancre dont la fourche actionne et rat- trappe à son tour la cheville du plateau du ba- lancier qui, par ce choc, reçoit l'impulsion réparatrice de l’usure d’énergie due aux frotte- ménts ; dès que l'impulsion a été ainsi donnée au balancier, celui-ci active /{brement son oscil- lation, tandis que la roue d'échappement vient à nouveau buter et se reposer par le bec de sa dent sur une face de repos du second rubis. Dans les montres de poche auxquelles se rap- portent les photographies de la figure 1, l’échap- pement agit dans le voisinage de la position du poiut mort et à chaque oscillation simple du balancier; dans les chronomètresmarins, l'échap- pement nedonnant le choc réparateur que toutes les deux oscillations simples est dità coup perdu ; au point de vue du comptage par l'oreille, il y a une oscillation muette. II. — LE PROBLÈME DU RÉGLAGE A LA FIN . DU XVIII® SIÈCLE Dans le sens le plus réaliste, régler une mon- tre c’est lui assurer d’abord une marche aussi invariable que possible aux températures usuel- les,entre autres 0° et 30°; c'est ensuite lui donner une marche aussi invariable que possible en toutes positions de la montre, et pour toutes les valeurs de l’amplitude de régime dans une lati- tude de variation assez étendue, et modifiable d’ailleurs par le régleur par la modification du degré d’armage du gros ressort de barillet (épreuve d’isochronisme). Pourles chronomètres de poche aussi bien que pour les chronomètres navigants, le réglage aux températures fut un problème préliminaire in- dispensable; pour les horloges d'observatoires on eût pu simplifier le problème en s’efforçant, comme on le fait aujourd’hui à l'Observatoire de Paris, de placer les pendules directrices dans une salle de température à peu près constante, mais historiquement le problème complet du réglage a été envisagé sous ce double aspect. Régler une machine horaire, c'est : 1° affran- chir le‘plus possible sa marche des variations de température; 2 affranchir le rythme de l'organe REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, réglant des variations accidentelles de l’étendue de l'amplitude de l’oscillation de l’organeréglant, variations qui peuvent se produire avec l’armage variable du ressort du gros rouage, ou par la vieillesse des huiles dans l’emploi des chrono- mètres marins; bornons-nous tout d'abord au problème du réglage tel que l’ont posé et résolu les artistes créateurs dela chronométrie depréci- sion, et ensuite nous verrons comment le pro- blème général des machines horaires peut au- jourd’hui se poser, grâce surtout à la récente et grandiose découverte métallurgique de M. Guil- laume. $1. — D'Arnold et Pierre Le Roy à Phillips, Villarceau, Résal et Caspari Dès la fin du xvure siècle, Arnold et Earnshaw avaient résolu le problème de la compensation thermique, par la construction d’une bague bi- métallique formée d’un anneau intérieur d’acier et d’un anneau extérieur de laiton; cette bague ayant été obtenue par fusion et soudure est ensuite systématiquement fendue et s'appuie alors sur la barrette comme sur un autre pont diamétral d'acier ; ce pont est lui-même traversé par l’axe d’oscillation du balancier; cette bague dans les chronomètres marins, armée de quel- ques vis de réglage et de deux grosses masses com- pensatrices, subsiste encore de nos jours ; les masses compensatrices ont disparu dans la bague des montres de poche. C’est encore Arnold qui, vers la fin du xvrrre siè- cle, devina les premières méthodes mécaniques du réglage des chronomètres ; il employait exclusi- vement comme organe réglant le spiral cylindri- que, qui, comme Huygens l’avait pressenti, pos- sède une régularité d'action d'autant plus grande que le nombre de ses spires est lui-même plus grand. Mais Arnold, pressé par la nécessité de perfec- tionner le chronomètre marin, devina que l’on peut beaucoup augmenter l’isochronisme d'un tel ressort en modelant ses extrémités aussi bien ‘vers l’attache fixe (piton) que vers l’attache mo- bile au balancier (virole); ce modelage des cour- bes terminales d’Arnold restalongtemps mysté- rieux jusqu’au jour où Phillips, vers 1860, aperçut une définilion géométrique simple et précise des mystérieuses courbes terminales d’Arnold et cela à la grande satisfaction des ré- gleurs de tous pays. Il est utile de préciser deux résultats forts importants visés par la méthode de Phillips et de fixer la précision avec laquelle les résultats de Phillips ont été obtenus.Si w, est la semi-amplitude de marche du balancier me- surée en radians, si P est l'étendue angulaire 3 466 Jues ANDRADE. — PROBLÈMES MÉCANIQUES du spiral cylindrique à l’état naturel, la portion régulière des spires reste circulaire à l'approxi- : U x : . : mation de pi; et, à la même approximation, les réactions de chaque encastrement sur le spiral sont un couple pur identique au moment trans- mis par la virole au balancier; ce .dernier a EI RME pour valeur — -E w, pour l'écart w du balancier. Enfin le centre de gravité du spiral modelé en courbes terminales symétriques demeure sur l’axe du balancier, et la déformation statique du ressort spiral reste une déformation de flexion simple. À retenir que le calcul de Phillips néglige toutes actions longitudinales élastiques du res- sort; sans doute celles-ci ne fournissent pas de moment par rapport à l’axe du balancier, mais elles peuvent modifier les pressions sur la tête du pivot de cet axe. A côté de la découverte de l'Anglais Arnold, il est juste de rappeler que le Français Pierre Le Roy a réalisé un isochronisme pratique du spiral purement cylindrique; sa méthode, précisée et justifiée par Caspari, consiste à donner tout simplement au spiral cylindrique une étendue angulaire égale à un multiple impair et suffisam- ment élevé de quarts de tour; en d'autres termes : l'étendue angulaire P du ressort est PR 0r ==) 5 radians (x étant un nombre entier). Mais cet isochronisme approché chronisme qui n’est pas sinusoïdal, ce qui lui enlève une partie de sa sécurité à l’égard des perturbations secondaires des frottements, sur- tout pour l’inconstance des frottements due à la vieillesse des huiles. A côté des travaux de Phillips, et quoique moins connus des horlogers, les travaux théori- ques de Villarceau sont venus éclairer les génia- les divinations d’Arnold et fournir une théorie d'ensemble sur la compensation aux températu- res. C’est encore à Villarceau, semble-t-il, que l’on doit cette remarque, qu'un frottement cons- tant n’introduit aucune perturbation sérieuse dans l’isochronisme des vibrations qui ont la régularité pendulaire, etalors même que celles-ci ne sont pas entretenues. J'aurai l'occasion, à la est un iso- fin de cet article, de compléter et de généraliser : cette précieuse remarque et de rattacher ainsi à la remarque si simple de Villarceau des consé- quences pratiques très intéressantes pour la chronométrie et pour diverses mesures physi- ques nouvelles. Pour l'instant, complétons le rappel des étu- des théoriques de la chronométrie qui ont surgi en France de 1860 à 1876 à la suite des travaux de Phillips. Résal, plus préoccupé, ilest vrai, du ressort du gros rouage que du délicat spiral réglant, a re- marqué que la théorie mathématique d'un spi- ral plan, circulaire à l’état naturel, peut se rat- tacher très simplement à l'étude de la flexion plane; cette remarque, qui ne devait pas être d’une très grande utilité pour l'étude pratique et fort pénible du ressort de bariilet, fut pieu- sement recueillie par Caspari qui admirait beau- coup Résal et me l'a souvent répété. En suivant ainsi, pas à pas, la marche des cal- culs de Résal, Caspari eut la bonne fortune d’y rattacher une intéressante justification de la méthode de Le Roy. Ces justifications théoriques, en retard deplus d'un siècle sur l’œuvre des inventeurs, ont néan- moins grandement intéressé les horlogers ; mais aux travaux chronométriques que nous venons de citer nous devons ajouter la plus importante des découvertes de Phillips. Reportons-nous une dernière fois à la photo- graphie de la figure 1, et regardons-y encore le petit balancier compensateur des montres, et sa bague bi-métallique fendue. | Que cette bague soit fendue, c’est, comme nous l’a appris Villarceau, une nécessité impé- rieuse pour le mécanisme même de la compen- sation thermique, mais que cette bague soit fendue c’est là aussi une circonstance très in- quiétante pour cette sécurité de l’isochronisme que nous réclamons aujourd’hui avec juste titre aux machines horaires de haute précision; voici en effet le danger de la bague fendue constituant le balanciercompensateur. Cette bague est néces- sairement déformable dans le cours même d'une oscillation du balancier ; or parmi les forces capables d’accentuer cette déformation figure la force centrifuge, variable avec la vitesse angu- laire du balancier; d’ailleurs, cette perturbation sera surtoutsensiblesurles chronomètres marins, eu égard à la grosseur de leurs masses compen- satrices; Phillips fit le calcul de cette déforma- tion, modifiant d’un instant à l’autre, dans une même oscillation, le balancier réglant et son mo- ment d'inertie; puis Phillips compléta ce calcul en cherchant la variation que cette perturbation peut apporter à la durée même de l’oscillation lorsque l'amplitude de régime de la montre vient à varier; comme on le fait d'habitude, Phillips rapporta le résultat du calcul non pas à une vi- bration isolée, mais àla durée d'un jour complet, soit 86.400 secondes du temps solaire moyen ; or ce calcul de Phillips nous apprend que, pour une variation de la semi-amplitude de l’oscilla- ET CHRONOMÉTRIQUES ACTUELS nn ————_—_—_—_— tion du balancier passant de 1 à 3 quarts de tour, un chronomètre marin du ealibre et du type de ceux qui étaient alorsen usage dans la marine devait accuser un retard diurne dépas- sant 12 secondes. Cette perturbation d’isochronisme est la plus forte de celles que l’on connaissait, et ja- mais elle n'avait été soupçonnée dans la pratique de l'horlogerie. La conclusion de ce calcul devait rendre pes- simistes les horlogers qui en eurent connais- sance : «À quoi bon, en effet, rechercher le degré le plus élevé d’isochronisme ? » lorsque le balancier réglant, lui-même, produit un pareil anisochronisme. $ 2. — La solution par les aciers au nickel On voit donc dans quelle dépendance le réglage mécanique proprement dit se trouve vis-à-vis du problème de la com- pensation thermique et de lasolution que des chronométriers de génie lui avaient donnée. Il faut d’ailleurs rappeler que la com- pensation aux températures extrêmes laisse subsister une erreur aux tempéra- tures moyennes; on a cherché d’abord à atténuer cette erreur secondaire par des dispositifs compliqués et peu sûrs, — des bibe- lots mécaniques comme les appelait Cornu, — jusqu’au jour où la métallurgie des aciers au nickel, ayant réussi d’abord à faire presque dis- paraître l’erreur secondaire, avait pu, tout au moins dans les montres de précision moyenne, remplacer la bague bi-métallique fendue dont les méfaits, nous venons de le voir, semblaient devoir limiter à jamais l’isochronisme et la pre cision des chronomètres. Un nouveau progrès métallurgique a mis fin aux caprices des invars; grâce à la découverte de M. Guillaume confiant la compensation tout simplement à la création métallurgique d'une molécule physique nouvelle, l'audacieuse »e- thode mécanique d'Arnold et d’'Earnshaw, si géniale à son heure, va pouvoir être aban- donnée. L'heure de la transition a exigé une transac- tion momentanée avec l’affixe compensateur de M. Ditisheim qui, sur une petite portion de la bague rigide, a quelque peu violé la pureté de la méthode nouvelle, mais la portion du jeu an- cien de la compensation, ainsi réapparu dans des réglages de la période de transition, estrelative- ment faible. Admettons donc ici que la période de transition 467 soit définitivement franchie et voyons dans quel- les directions le problème mécanique du réglage débarrassé de la bague déformable peut se poser aujourd'hui. Le modelage des courbes terminales d’Arnold précisées par Phillips reste, dans les machines horaires fondées sur l’élasticité, et qui n'em- ploient qu'un seul spiral réglant, le procédé le plus râpide etle plus simple entre les mains d'un régleur habile et, si on se limite à un seul spiral, je n’aurais rien de plus à dire. Il y a cependant des problèmes de mécanique Fig. 2.— Mon premier spirale double, publié en 1911. de précision, déjà assez nombreux, pour lesquels se posent des problèmes identiques à celui du réglage, etpour lesquels on ne peut pas deman- der aux fabriques de spiraux un changement d'échelle de fabrication ; # y a, dis-je, des pro- blèmes de mécanique expérimentale qui exigent l'emploi de spiraux multiples associés, et de ces problèmes il yen aura de plus en plus dans les instruments de mécanique expérimentale de haute précision. C'est pour ces problèmes surtout que je vais exposer les propriétésencore peu connues des spt- Taux ASSOCIES. III. — PROPRIÉTÉS DES SPIRAUX ASSOCIÉS La figure 2 montre l’ajustage de mon premier spiral double, sur un rustique support d'étude, que m’a construit autrefois Ernest Jaccard, mon regretté collaborateur de la première heure, avec qui mon modeste laboratoire d'alors s’est dévoué scientifiquement et financièrement pour l’enseignement de la chronométrie à l'époque où le budget de l'Etat ne daignait pas encore s'y intéresser. On a pris un spiral cylindrique d’étendue angu- laire égale à un multiple impair de demi-tours; en le sectionnant, on a obtenu deux spiraux de 468 Juzes ANDRADE. — PROBLÈMES MÉCANIQUES Le Roy à peu près identiques; si on donne à ce doublet même plan intermédiaire. de viroles, ce doublet possède la propriété suivante, quelle que soit la disposition relative des viroles : Il transmet au balancier un moment mécani- que différent du double du moment que trans- mettrait chaque portion munie de courbes ter- minales, et ce moment, proportionnel à l’angle d'écart du balancier au point mort,a pour valeur: 2 Lu +) Les termes irréguliers non isochrones se détruisent rigoureusement à une EL 1 LA UE approximation relative de l’ordre de Ps’ aisément — 2 ÉRARATE ART Al 406 réalisable jusqu’à l’ordre de nième. Je laissai dormir ces résultats, qui n’avaient alors que peu d'intérêt pour la chronométrie ; ces résultats nouveaux étaient empruntés à la théorie de Résal-Caspari, dont Caspari avait tiré la justification de la méthode d'isochronisme de Pierre Le Roy en 1876. ; En 1920, ayant besoin de connaître la position du centre de gravité de divers doublets associés, j'eus l’occasion de reprendre de près le mémoire de Caspari, et je trouvai une grave erreur dans sa méthode d’approximation; J'eus un instant peur, d’abord pour.la belle justification de la méthode de Pierre Le Roy et ensuite pour les vertus quej’en avais tirées à l’actif de ce spiral double en 1911 ; je rectifiai la position attribuée par Caspari au centre de gravité du spiral eylin- drique et je repris son calcul relatif à la méthode de Le Roy; après avoir tenu compte des termes méconnus par Caspari, j’eus la joie de recon- naître que ces termes fournissent dans la valeur du moment transmis au balancier des termes qui en dérivent individuellement, maïs dont la sommeestrigoureusement nulle : la justification de la méthode de Le Roy était sauvée. Quant à la rectification de la position du cen- tre de gravité (écart transverse) d'un spiral cylin- drique non déformé par aucune courbe termi- nale, elle est précisée aux pages 61 et 63 de mon récent volume sur Les organes réglants des chronomètres (Magron, éditeur, Bienne et Be- sançon, 1922). Elle acquiertsurtout de l'importance lorsqu’on veut préciser les frottements dans divers dou- blets susceptibles d’être essayés dans des chro- nomètres marins ; mais je ne m’arrêterai pas sur les applications et les essais qui peuvent être tentés sur de simples doublets. Les conséquences les plus fécondes, soit pour une théorie approfondie des nouveaux types de machines horaires, soit pour la métrologie des déterminations expérimentales des résistances passives, appartiennent à des associations de spiraux un peu plus complexes, si l’on veut évi- ter les réactions élastiques longitudinales des ressorts réglants qui jusqu'ici ont échappé à tous les théoriciens de l’élasticité. En revanche, nous allons trouver une moisson de faits nouveaux susceptibles d'augmenter la précision et.la puis- sance de la Mécanique expérimentale. IV. — NouveLLes RECHERCHES DE CHRONOMÉ- TRIE ET DE MÉCANIQUE SUR LES SPIRAUX ASSOCIÉS. (Elles me font rechercher et construire une ba- lance des frottements au millième, elles provo- quent une pue d'ensemble sur les problèmes ac- tuels des machines horaires et fournissent un instrument propre à résoudre un problème phy- sique nouveau relatif aux viscosités.) C'est en automne 1920, et grâce à des rensei- gnements inattendus, que j'ai pu orienter nette- ment des efforts efficaces dans une voie où j'avais tout d’abord hésité et tâätonné. C'estauregretté, à l'éminent chimiste Philippe Guye de Genève, et aux renseignements très dis- crets qu’il m'avait révélés au seuil de l’année 1920, que je dois d'avoir pu m'orienter dans le modeste domaine de la Mécanique du réglage que je défriche encore aujourd’hui. Comme je lui avais déclaré un jour que je me désintéressais des applications purement chro- nométriques des spiraux associés depuis que j'avais appris d’une manière positive que la dis- parition du balancier coupé d’Arnold ne concer- nait pas les montres de précision, brusquement il m'interrompit en ces termes : « Pour l'instant, pas encore; mais je ne trahis « aucun secret en vous annonçant que nous mar= «chons nettement vers ce but; certainement « nous y arriverons, nous y arrivons bientôt. » Dix mois plus tard, j’apprenais que M.Guil- laume venait de publier sa mémorable décou- verte d’abord à Neuchâtel à la Société helvétique des Sciences naturelles, puis dans sa confé- rence de Mulhouse. On pouvait dès lors, dans le domaine de la Mécanique appliquée aussi bien que dans celui de la chronométrie, se remettre à la poursuite de systèmes élastiques réglants assurant un isochro- nisme beaucoup plus serré que celui toléré par le balancier compensateur plus que cente- naire d'Arnold. Je comptais pouvoir en 1921et 1922 entrepren- dre et achever le montage de balances spirales à flotteur, et envisager ensuite le montage de ET CHRONOMÉTRIQUES ACTUELS 469 machines horairesuniquementfondées sur l’élas- ticité, chronomètres fixes fonctionnant tout d’a- bord à température constante, etavecle concours de chronométriers bien entendu, particulière- ment dans le but de déterminer expérimentale- ment et pour la première fois la seule petite perturbation d'isochronisme restante due à l'inertie des spiraux. Mais, en vue de pouvoir élucider par une discus- sion expérimentale décisive la dis- tinction de l’isochronisme séculaire ou à longue période et de l'iso- chronisme immédiat, j'ai dû tout d’abord aborder cette question pré- liminaire : /a réalisation d'une bu- lance capable de peser les frotte- ments à l'approximation du mil- lième; je reproduis un peu plus loin une photographie de cette réalisa- tion dans mon laboratoire. Mais je crois devoir, avant de terminer cet exposé, et en m'inspi- rant d’une idée de Villarceau signa- lée plus haut, préciser comment se pose aujourd'hui /e problème des chronomètres fixes ou horloges élas- tiques et établir la connexité ac- tuelle de ce problème avec le pro- blème des viscosités ou frictions entre solides et liquides. $ 1. — Isochronisme de vibrations non entretenues et décalage de l'échappement dans les mouvements vibratoires entretenus Envisageons un système isochrone de ressorts réglants, c'est-à-dire produisant la force de rap- pel, strictement — je veux dire au millionième près — proportionnelle à l'écart du balancier au point mort, et demandons-nous, en généralisant la remarque de Villarceau, quelles sont les ré- sistances passives qui, tout en éteignant peu à peu le mouvement, laissent les vibrations parfai- tement isochrones ? Nous trouvons pour ces résistances : 1° Le frottement constant; 2° la résistance vis- queuse ou proportionnelle à la vitesse ; 3° la combinaison des deux résistances précédentes; Lo la résistance proportionnelle à la valeur absolue de l’écart au point mort; 5° la combi- naison de la précédente avec la résistance vis- queuse. Remarque essentielle : la combinaison de la résistance 4 et de la résistance 1 supprime l'iso- chronisme assuré de la vibration non entre- tenue. $ 2. — Conséquences et réalisations ire Conséquence : Un système de 8 ressorts convenablement ajustés, mais deux à deux de configurations symétriques et deux à deux de configurations identiques, et dont. chacun est séparément en équilibre en la même position Fig. 3. — Balance pour la pesée des frottements de glissement (en construction). du balancier, réalisera rigoureusement des vibrations isochrones. 2° Conséquence : Le même système de ressorts agissant sur un balancier à flotteur réalise des vi- brations isochrones non entretenues, alors même qu'agissent sur lui les 3 résistances passives : a)viscosité entre flotteuret liquide; 4) frottement supplémentaire de glissement entre liquide et flotteur et si ce frottement, à un même niveau du flotteur, est constant; c) frottement résiduel pos- sible sur la tête conservée du pivot de l’axe du balancier. 3° Conséquence flotteur, soumis aux seules résistances à et b, mais dont on photographie les amplitudes suc- cessives (à l’aide d’un collimateur à axe vertical et d'un prisme à réflexion totale monté sur le flotteur), fournira : A) avec les résistances à et b simultanées, la réduction de semi-amplitude suivant la loi : (un + 9) = (üo +) H; B) avec la seule résistance a, la réduction de semi-amplitude suivant la loi : Un balancier isochrone à = Un — UoH", /, 470 Juues ANDRADE. — PROBLÈMES MÉCANIQUES H désignant un nombre moindre que 1et lié à l'amortissement de viscosité !. he Conséquence (intéressant physiciens et mécaniciens; et simple corollaire de la précé- dente) : Le montage de balances spirales per- Fig. 3b5, — La méme balance terminée. En haut, le disque chargeur, vu en plan. met d’élucider photographiquementle problème physique suivant : Les frictions tangentielles entre solides et liquides parglissements concentriques sont-elles 1. Dans mes conférences sur les mathématiques de l’'ingé- nieur etdans mon petit volume sur les organes réglants, j'ai précisé les calculs auxiliaires de l’enregistrement des vibrations A (pages 19-23 de ce dernier volume ; Magron, éditeur, Bienne et Besancon). viscosités pures ou bien une viscosité accompa- gnée d’un frottement constant ? ; Les enregistrements photographiques des réductions A) ou B) fourniront la réponse à cette question. 5e Conséquence : Dans les ma- ‘ chines horaires des types généraux précédents et pour lesquelles, d’ail- leurs, il est recommandable de disposer un échappement (électri- que ou non, maïs agissant par im- pulsions couplées), il est possible, dis-je, de mettre l'organe réglant à l'abri des effets de la vieillesse des huiles. . Il suflit, pour les frottements in- times de l’organe réglant, de s’en tenir aux frottements à sec : le frot- tement ici est alors constant; et dans le cas d’un flotteur, il suffit de maintenir la machine horaire à température constante : les coefli- cients de viscosité sont alors cons- tants. Dès lors, si par la vieillesse des huiles du gros rouage, le choc ré- parateur de l’échappement varie d'intensité, on se mettra à l’abri des “effets de cette variation en décalant le centre de phase de l’échappement en arrière de l’oscillation en cours; ce décalage, étant lié aux frotte- ments constants propres à l'organe, ne variera donc pas malgré les effets de la vieillesse des huiles qui ne portent plus que sur le gros rouage. On voit ici ur cas pratique où la connaissance suflisamment exacte d'un coefficient de frottement est nécessaire pour réaliser cette adap- tation de l'échappement. V,.— BALANCE POUR LA PESÉE DES FROT- TEMENTS DE GLISSEMENT A L'APPROXIMATION DU MILLIÈME ! Unebalance double (fig. 3); le fléau principal en croix porte, par son couteau supérieur, un second fléau d’environ 1 mètre de longueur, dit fléau frotteur, qui porte en-effet sous son bras supérieur horizontal de droite la plaque de frottement expérimentée, sertie et maintenue dans un assemblage en aronde ; le plan prolongé de cette plaque frot- tante passe par l’arête du couteau supérieur 1. Construite au Laboratoire de Mécanique de Besançon par J. Andrade et Armand Simonet, mécanicien de précision, nl | mit) hosted Ont. ee, «+ te OT APTE 1 , R. CORNUBERT. — RÉFRACTION ET DISPERSION MOLÉCULAIRES du bras vertical du gros fléau ; le système des fléaux exécute de lentes oscillations à 2 degrés de liberté. A l'extrémité du fléau frotteur, un disque annu- laire sectionné en deux et un segment cylindri- que entre disque formant un tout invariable, constituant un poids de surcharge d’environ 600 grammes ; pour faciliter l’accrochage et le décrochage de ce disque chargeur, les disques ont été ouverts radialement en bas; le disque chargeur est destiné à produire la pression génératrice du frottement ; la seconde surface frottanteesttournée en poulieplate,placée coaxia- lement sur l’arbre d'un petit moteur électrique de machine à coudre. La verticalité de la ligne des couteaux du gros fléau se vérifie à l’aide d’un fil à plomb parallèle très voisin à la ligne des deux couteaux et tra- versant le pont de support du couteau central du gros fléau. L’ajustage en équerre du fléau frottant et de l'arbre moteur exige desrepérages minutieux qui ne peuvent être décrits à fond dans cet article, utilisant divers autres fils à plomb, un viseur et une longue règle bien dressée horizontale, per- mettant au besoin de suppléer au viseur. Le 471 moteur mis en marche et l'arbre tournant dans le sens des aiguilles d’une montre, peu après l’accrochage {sans ébats) du disque de charge, et après vérification du repère de frottement, le fléau frotteur est happé versla droite; on rétablit l’équi- libre avec une tare, lentement versée dans le pla- teau de gauche du gros fléau, tandis qu’on observe soit à la loupe, soit avec un viseur, la position du repère du fléau frotteur par rapport à l'arbre. L'équilibre établi, on mesure à une bonne petite balance le poids T de la tare; le sys- tème général étant, sauf les plateaux, monomé- tallique (fonte et acier), on a mesuré une fois pour toutes à une température quelconque la distance verticale À des deux couteaux centraux du gros fléau etla distance horizontale d du gros couteau central au couteau du plateau de tare ; le frottement pesé a pour valeur T x d/h; le poids Q du disque de charge, connu, détermine le coefficientde frottement f— ; >< e Jules Andrade, Correspondant de l’Institut, Professeur à la Faculté des Sciences de Besançon. RÉFRACTION ET DISPERSION MOLÉCULAIRES !: IV. — ETupe DES ÉLÉMENTS PERTURBATEURS Les nombreuses études entreprises sur la réfraction moléculaire ontpermis d'établir l’exis- tence d’un certain nombre d'éléments perturba- teurs que nous allons étudier successivement : A) les liaisons doubles conjuguées; B) les liaisons triples conjuguées, entre elles ou avec des liaisons doubles; C]) les radicaux négatifs; D) la cyclisation; E) les liaisons doubles semicycliques; F) les groupes doubles. $ A. — Les liaisons doubles conjuguées Les expériences de Gladstone et Dale, expli- quées par Brühl ainsi que nous venons de le voir, ont fait ressortir que les degrés de satura- ration doiventintervenir dans la formule d’addi- tivité ; mais l'examen d’un grand nombre de composés polyéthyléniques montra que dans certains cas l’exaltation moléculaire, au lieu d’être sensiblement nulle, acquérait une valeur Ve 4 CR GEL EEE ar 1. Voir le commencement de cet article dans le n° du 30 juillet 1922, p. 432. trop élevée, la différence pouvant atteindre plu- sieurs unités. Ces cas correspondent à l’existence dans la molécule de ce que l’on appelle des «liai- sons doubles conjuguées » —C—C—C—C—. Ce fut Gladstone lui-même qui pressentit l’in- fluence de ces conjugaisons, mais sansapprofon- dir son idée!. Nasini? également, au cours d’études sur des composés aromatiques, fut amené à dire qu’une liaison double devait se trouver en position x 8 dans une chaîne laté- rale pour que l’exaltation apparaisse. Il dé- montra son idée en comparant les exaltations fournies par des dérivés aromatiques à liaison double en « 8et à liaison double en 8; ou 5. À partir de 1886, Brühl publia un grand nombre de travaux sur cette question et montra que les corps anormaux, même non aromatiques, sont caractérisés par une dispersion énorme *. Enfin Eykman ‘ arrivait à la même conclusion en étu- diant comparativement les dérivés allyliques et 1. Proc., t. XXXII, p. 327 (1881). 2. Rend. Linc., [4], t. 1, p.78 (1885). 3. Brühl a publié un résumé de ses 16 années de travaux sur cette matière, voir Ber., t, XL, p. 878, 1153 (1907). On y trouvera des détails sur les différents cas de conjugaisons. 4. Ber.,t. XXII, p. 2796 (1889); t. XXII, p. 855 (1890). R. CORNUBERT. — RÉFRACTION ET DISPERSION MOLÉCULAIRES | propényliques et, d’une manière plus générale, les dérivés du cinnamène à liaison double en A, et A,. En 1891, Brühl a publié la première recherche systématique sur les relations entre la composi- tion chimique des corps et leur aptitude à dis- perser la lumière. Il montra qu'il existe entre la composition chimique et la « dispersion molécu- laire » un lien analogue à celui existant entre la réfraction moléculaire et la constitution. Il mon- tra que dans les cas où deux groupes C — C, ou un groupe C—C et un groupe C—O sont conju- gués, formant des squelettes C—C—C=—C ou C—C—C=0, il y a accroissement de la ré- fraction moléculaire et tout particulièrement aussi de la dispersion moléculaire. Il établit aussi queles réfractions moléculaires exaltées se présentent non seulement dans des classes de substances offrantun fortpouvoir dispersif, maïs aussi chez des corps de pouvoir dispersif rela- tivement faible, comme par exemple l'acroléine. L'expérience fit également connaître des sub- . stances de très fort pouvoir dispersif qui sont optiquement normales, ne contenant pas de conjugaisons. L Depuis 1900, de très nombreuses études ont été engagées sur ces questions, si bien que dans l’état actuel de nos connaissances, il faut envisa- sager une série de cas : 19 Conjugaisons entre liaisons doubles ne re- liant que des atomes de carbone ; 2° Conjugaisons entre liaisons doubles reliant des atomes de carbone et d’autres éléments, ou d’autres éléments seulement ; 3° Conjugaisons entre une liaison double etun atome incomplètement saturé, et entre éléments non saturés. 1. — Conjugaisons entre liaisons doubles ne reliant que des atomes de carbone a) Conjugaisons réelles. — L'influence de ces liaisons doubles conjuguées ressort nettement lorsqu'on compare la réfraction moléculaire de corps qui en comportent et celle d’isomères n’en contenant pas, mais possédant un nombre égal de liaisons doubles, c'est-à-dire possédant des liaisons doubles dites « isolées » : R, Rp Ra-R, RyR, CH3—CH—CH—CH—CH—CH3 29,87 30,79 0,92 1,46 isodiallyle 1 CH?—CH—CH°—CH2—CH—CH?98,77 29,40 0,63 1,00 diallyle ? cale. pour C6HI0 ?2 28,89 » »' 104505 1. EyxMann : p. 3069 (1892). 2. BrünL : Ann. d, Ch., t. CC, p. 139 (1880); Z. f. phys. Ch., t. VIN, p. 140 (1891). Ber., t. XXII, p. 855 (1890); t. XXV, CH— CH—CH | CH? (tropilidène) 31,57 32,57 1,00 1,62 | CH—CH—CH 7N 2 CH (toluène) ( i 30,79 31,63 0,84 1,36 N7 calc. pour CTHS à 30,89 » » 1,25 30-22 N\__CH-CH— CH CH*O K_Z CH—CH—CH | anéthol 47,70 50,65 » 2,95 DATN 2 __op2 RE RQ —CH=—CH? 45,95 47,99 » 2,04 cal. pour C!0H!20 45,89 » » 179 Les trois cas cités de l'isodiallyle, du tropili- dène et de l’anéthol montrent l'influence de la conjugaison ; le diallyle, le toluène et le p-allyl- anisol démontrent la normalité des molécules à liaisons doubles isolées !. D'ailleurs, Brühla mon- tré la normalité du corps éthylénique le plus. simple : l’éthylène®. De même les liaisons dou- bles contiguës sont sans influence; ainsi pour le diméthylallène (CH*}C—C—CH, Brühl a trouvé RMhn 24,32 alors que la théorie est 24,333, En ce qui concerne les corps à liaisons doubles isolée, on ne connaît actuellement aucun corps aliphatique qui enfreigne la loi de normalité # ; nous verrons plus loin que certains dérivés ali- cycliques font exception à la règle. Par contre, on connaît des corps à systèmes conjugués qui se comportent comme des sub- stances à liaisons doubles isolées, et, qui plus est, on connait même des systèmes conjugués donnant lieu à une dépression au lieu d’une exaltation. Mais, avant d'examiner ces deux cas, il nous faut nous intéresser à deux ordres de phénomè- nes : 10 à l'action des substituants dans le com- plexe AE UE sur l'influence de La a la conjugaison (conjugaisons troublées); 2° à l’ac- tion des systèmes conjugués les uns sur les autres(conjugaisons accumulées et croisées). 1° Conjugaisons troublées*. — Rappelons, pour 1. Dans le calcul des valeurs théoriques, il faut tenir compte de l'époque à laquelle ces mesures ont été faites et par suite des réfractions atomiques en honneur à ce moment. 2,Z. [.physik. Ch.,t. 1, p. 335 (1887); t. V, p. 19 (1891). Il enest de même à l’état liquide [Livæinc et Dewar : Phil, Mag., 209 (1892)]. 3. Lieb. Ann.,t. CC, p. 183 (1880). 4. Von Auwers et MoosBrkuGGEr|Annalen, t. CCCLXXX VII, p.167 (1112)] ont étudié en particulier un très grand nombre de diènes et de triènes aliphatiques, ainsi que d'autres corps comportant jusqu’à six liaisons doubles isolées, sans trou- ver le moindre écart, 5. Voir en particulier Ber., t. XLIII, p.806 (1910): voir aussi K. Auwers et F. EisenLouR : J. f. pr. Ch.,[2], t. LXXXIT, p- 65-180. substitution par des groupements dans le but de permettre à la réfractométrie de » R. CORNUBERT. — RÉFRACTION ET DISPERSION MOLÉCULAIRES 473 expliquer ce qui va suivre, que l’on appelle «ato- mes de carbone médians » les atomes (a) et (b), et « atomes de carbone latéraux » les atomes (c) et (d). Auwers et Eisenlohr ‘ ont entrepris une série de recherches sur cette action. Leurs travaux ont concerné des substitutions par des groupes alcoyle. Ces auteurs ont résumé leurs recherches de la façon suivante : 1° L'action exaltante du système conjugué —CH=CH—CH—CH— est affaiblie d'une façon tout à fait générale par la perturbation que représente la fixation d’une chaine latérale sur ce système. Le degré d’affaiblissement dépend de la position, de la nature et du nombre des substituants; plusieurs perturbations peuvent faire cesser totalement l’anomalie. 2° Les combinaisons appartenant à un type déterminé, avec système conjugué perturbé, présentent des exaltations de la réfraction et de la dispersion spécifiques, qui sont constantes ? Les nombres suivants viennent à l’appui de ces conclusions : Conjugaisons EXx En EX, — EZx sans perturba- Ses tions 246114 4,6env 1,8env 50 °/ FES 1 perturbation 0,7env 1,1 — / À perturbation 0,85 1,0 45 cinnamènes À? 2 — 0,45 0,55 30 Re 0:20""0,351: 1120 Il faut ajouter à ce qui précède qu'un substi- tuant donné diminue plus fortement l’exaltation de la réfraction moléculaire lorsqu'il est placé sur l'un des atomes de carbone médians que lorsqu'il se trouve sur l’un des atomes latéraux. Mais ces règles ne sont valables que pour des restes hydrocarbonés intervenant comme substituants perturbateurs : von Auvers a, par suite, entrepris une étude précise de l'effet de oxygénés répondre sans ambiguïté aux questions de tauto- mérie #. Les travaux de von Auvers sur ce point peuvent se résumer de la manière suivante : des substituants oxygénés tels que OH, OAlc, OAc, se fixant sur l’un desatomes de carbone latéraux d'une conjugaison, renforcent son action exal- tante. Si, au contraire, le groupe oxygéné se “place sur l’un des atomes de carbone médians du système, son influence est moins marquée et 1. J. f. pr: Ch., [2], t. LXXXII, p. 65-180. 2. Les auteurs esperent ainsiaccroitre les possibilités d'em- ploi dela réfractométrie pour des déterminations de consti- tution. Voir aussi Auwrns et WESTERMANN: Ber.,t. LIV, p- 2993 (1921). 3. Ber., t. XLIV, p. 3514-24 (1911). Le mémoire est intitulé «Sur ia spectrochimie des énols et des dérivés énoliques ». À est variable."La substitution de R par OR dans les cinnamènes du type C$H°—CH—CH—R (cinnamanes)augmente l’exaltation aussi bien de la réfraction que de la dispersion de 60-70 °h, tandis que dans lescinnamènes du type CSH° — CR=—CH?, la même substitution modifie à peine le pouvoir réfringent ou n’accroit que d'environ 1/3 le pouvoir dispersif. De plus, l’ac- tion optique des différents radicaux oxygénés n'est pas la même dans tous les cas; en général OH est le plus efficace, puis OAlc et enfin OAe quand Ac est un groupe acylé aliphatique. 20 Conjugaisons accumulées et croisées1. — Si l'influenceoptique d’une conjugaison estmodifiée par des substituants, elle est également modifiée par une autre conjugaison. À ce point de vue, on distingue deux cas : les conjugaisons accumu- lées et les conjugaisons croisées. Parconjugaisonsaccumulées on entend la cons- titution d’un groupe C—C—C—C—C—C—C—C tel que lesatomes de carbonelatérauxde chacune desconjugaisons soient contiguset parsuite en- gendrentune treisièmeconjugaison.Les systèmes conjugués accumulés du type précédent provo- quent des exaltations d’une valeur en généraltri- ple de celle d’une conjugaison simple, ainsi que le montre l'exemple suivant: ESS NES cinnamène : CH—CH CH Nc cH—CcH 14,13 +480 NcxcH/ phénylbutadiène : CH=CH CH< Ÿc—cH—CH—CH—CH? +3,69 +130°/ NCH—CH/ Par conjugaison croisée, on entendau contraire la fixation sur l’un des atomes de carbone du système conjugué d'une chaîne latérale com- portant une liaison éthylénique en A,., par rap- port au système conjugué; c’est, somme toute, une conjugaison troublée d’un genre spécial, telle que la liaison double dela chaïne latérale forme avec une des liaisons doubles du système conjugué une nouvelleconjugaison. Dans ce cas, la variation des exaltations est extrêmement fai-. ble et l’effet reste sensiblement celui d’une con- jugaison simple comme le montre l'exemple suivant : ES» EZ,-- 8-méthylcinnamène : CH—CH, H C—CH—CH—CH? Ncn—cH” +1,19 14800 1. Sur cette question, et EisEXLOHR;J. f. prakt. Ch. [2],t. Zentr. B., 191, t. II, p. 518 et 521. voir tout spécialement VON AUWERS LXXXIV, p. 37 (1911); A7k R. CORNUBERT. — RÉFRACTION ET DISPERSION MOLÉCULAIRES w-phényl—$8-méthyleinnamène : CH—CH, CHR NC—C—CH—CH3 14,01 138% CHE CHAR) C UN CH CH | | CH CH Ncx” b) Systèmes conjugués neutres. — Par systèmes conjugués neutres on entend des systèmes com- portant des conjugaisons, devant par conséquent donner des nombres anormaux, et conduisant au contraire à des nombres en parfait accord avec la loi d’additivité. Le type de ces systèmes con- Z jugués neutres est le benzène!, | ||, NA dont les exaltations spécifiques sont : EEc— —0,18 et E£n— —0,18 ? Un autre exemple est le cyclooctatétraène * : (4 N CH CH , | | CH CH NcH—cx/ Ro trouvé 35,20 calc. C8HS 39,24 Cette neutralité disparaît si, sur le noyau ben- zène par exemple,on vientfixer un groupement éthylénique créant une conjugaison réelle avec l’une des liaisons doubles du système neutre. Un exemple est naturellement le cinnamène: EM +1,00 E(My—Me) — +0,58 Cependant,il faut remarquer que l'introduction de substituants saturés à la place des atomes d'hydrogène du noyau benzénique fait perdre peu à peu au système sa neutralité: Benzène 2h Muse —0,15 POMENE 2e RE 0,14 Pentaméthylbenzène. ... +0,50 Hexaméthylbenzène . ... +-0,85 1. BkunL: Ber., t. XL, p. 878 (1907). Contre cette concep- tion de Brühl s'élève Ida Smedley,d’après des expériences sur le diphénylhexatriène et des carbures de ce groupe (Proc. Chem. Soc., t. XXIII, p. 295 (1907); J. Chem. Soc., t. XCV, p. 372 (1908). 2. Enxraan: Rec. Trav. Chim.,t. XXXVI, p. 215 (1917) a montré récemment que dans des corps très voisins des déri- vés benzéniques, comme par exemple CH?2—CH—CH—CH —CH=CH°,les liaisons conjuguées jouaient normalement, Ce corps offre une exaltation spécifique EXZ% de + 2,90. De même : orthoxylène CH=CH2CH—CH* | Il nm LE CH—CH—C—CH5 3. WiLLSTAETTER et WASER : Ber., t. +0,21 XLIV, p. 3423 (19141). Les études de Landoltet Jahn1, Brühl?, Per- kin#, von Auwers 4 ont montré l'influence de la position des substituants et ont fait ressortir en particulier la place spéciale occupée par les dérivés ortho: xylène éthyltoluène propyltoluène cumène ortho +0,21 0,18 —+-0,22 +0,19 méta 0,34 +0,32 +0,41 +-0,34 para +0,40 0,38 +0,50 +0,33 c. Systèmes conjugués dépressifs. —Il existe enfin des systèmes conjugués qui provoquent une dépression de la réfraction moléculaire. Ce fait fut signalé pour la première fois par Nasini et Scala Ÿ à propos du thiophène (1) : Re: 24.19 25,514 EMx —1,24 puis vérifié par Nasini et Carrara f sur d’autres corps du même genre: furane (Il) et pyrrol(lIl) par exemple : trouvé cale. Ra EM: trouvé cale. furane 18,42 19,22 —0 ,80 pyrrol 20,54 21,39 —0,85 CH CH CHUUCH CH CH CH CH CH ;CH CH - CH y A) \7 S O NH I II III Il faut noter,d'ailleurs,que la fixation de groupes alcoyle sur ces noyaux a pour résultat dediminuer la dépression observée 7. \ On pourrait croire que ces dépressions, pour lesquelles aucune explication satisfaisante n’a encore été trouvée,sont dues aux atomes desoufre, d'oxygène ou d’azote. Or, plus récemment, K. Auwers$ a montré que le cyclopentadiène, qui CH —— CH | || , présente des CH—CH?—CH exaltations spécifiques négatives : EZx —0,45 Ep répond à la formule —0,47 Le cyclopentadiène ressemble donc réfracto- métriquement aux composés hétérocycliques de constitution analogue et von Auwers pense que ces systèmes cycliques pentagonaux iso et hété- rocycliques semblent être régulièrement carac- 1. Z. phys. Chem., 1. X, p. 312 (1892). 2. Lieb. Ann., t. COXXXV, p. 1 (1886), et J. f. pr. Ch. [2], t. L, (1894). 3. J. Chem. Soc., t. LXXVII, p. 277 (1900). k. Voir p.ex. Lieb. Ann.,t. CDXIII, p. 253 (1917) ; t.CDXIX, p. 92 (1919); t. CDXXII, p. 160 (1920). 5. Rend. Linc., [4], t. 1, p. 617 (1886). 6. Gazz, chim, tal,,t. XXIV,1, p. 256 (1894). 7. Voir un résumé de la question dans BruñL: Ber.,t, XL p. 1153 (1907); chapitre V. ï 8. Rer.,t. XLV, p. 3077 (19192). PSP PRE R. CORNUBERT. — RÉFRACTION ET DISPERSION MOLÉCULAIRES térisés par une dépression du pouvoir réfringent moléculaire. De semblables dépressions ne se retrouvent plus lorsque le groupe —CH—CH—CH—CH— fait partie d’un noyau hexagonal!. Ainsi le car- vénène (I) a donné une exaltation de 1,4? et le CH(CH3)> | C CH IN IN CH? CH CH CH? ANS AN tu CH? CH CH CH? NO NA C —CH3 CH dihydrobenzène (II) est normal (EEn—+4-0,05).La pyrone a une réfraction moléculaire normale. [l faut ajouter que le cyclohexène (111) * et le cyclopentène (IV) offrent respectivement des ZAR — SZ NZ IL \ IV dépressions de -— 0,25 et — 0,50 pour Exp». Ces dépressions disparaissent lorsque des groupes alcoyle sont fixés sur ces noyaux fondamen- taux, sauf toutefois lorsque des groupes doubles sont créés (voir plus loin). ’ 2. — Conjugaisons entre liaisons doubles reliant des atomes de carboneet d'autres éléments Brübl, par de nombreux exemples, a montré que le concept de la conjugaison entre liaisons doubles ne se limite pas à des conjugaisons par groupes —CH=CH—, mais s’étendaussi aux con. jugaisons entre un groupe —CH—CH—et d’autres groupements comportant des liaisons doubles, comme par exemple le groupe carbonyÿle C—O. L'un des premiers exemples fut l'acroléine * CH? —=CH—CH=0 ; mais Brühl ne tarda pas à trou- ver de très nombreux corps vérifiant cette règle. Le benzylidènecamphre et les alcoylidènecam- phres, étudiés par MM. Haller et P. Th. Muller, l'illustrent également 6. Brühl montra d’ailleurs également qu'en intro- duisant dans le noyau benzénique des substi- tuants comportant desliaisons doubles telles que celle du groupe carbonyle, on obtient encore des exaltations. Les cas de l’aldéhyde benzoïque, de PRE PA ER UP er Cp ER RAR ne MNT 1. K. von Auwers: Ber., t. XLV,p. 3077 (1910). 2. Semmier: Ber., t. XLII, p. 522 (1909). - Vox AuweRs: Zieb. Ann.,t. CDX. p. 299 (1915). - Von Auwexs: Lieb, Ann.,t. CDXV,p. 112 (1918). . BRUnL: Lieb, Ann., t. CC, p. 139 (1880). . C.R.,t. CXXVILI, p. 1370 (1899). Go Cu 475 l’aldéhyde salicylique, viennent à l'appui de cette idée ! : Ra EMz CSHÿ__CHO Tr34,77 cale: 31,01, =20;76 OH (1: 1e 34,03 32,52 11,51 CHO Ceci est d’ailleurs encore exact avecles liaisons C=N. Ainsi, l’«-benzaldoxime C6H5 —CH=—NOH présente les constantes suivantes: cale. 35,21 (EM) = “+0,79 Ro tr. 36,00 Bien des choses concernant les conjugaisons CH=CH—CH=CH peuvent être répétées ici. Les conjugaisons de ce deuxième groupe peu- vent «s’accumuler» avec des conjugaisons du pre- mier et provoquer des exaltations considérables. Ainsi l'acide cinnamylidène-acétique (dissous dansl’acétone\ présente les constantes suivantes: AN Rore — CH—CH—C—OH 4 . || Ro Ry-Ro trouvé 60,42 9,70 cale. 50,06 2.04 D'une manière générale, les corps contenant un groupe carbonyle terminal, comme l’acide cinna- mylidèneacétique, connaissent de fortes exalta- tions, tandis que ceux contenant deux groupes carbonyle terminaux, comportant par exemple le squelette O—C—C—C—C=0, n'offrent que des exaltations peu importantes. De même, les conjugaisons de cette deuxième catégorie sont « troublées » par des substituants se fixant sur la conjugaison?. L'effet des conjugaisons croisées est le même que dans le premier cas ; ainsi: EM benzylidène-camphre 5,27 diphényl-méthylène-camphre 5,14 ? Des conjugaisons entre groupes non saturés conduisent aussi à des exaltations, surtout si ces 4. BruuL! Z. f. phys.Ch.,t. VII, p. 140 (1891). Voir aussi K. von Auwers: Lieb. Ann., t. CDVIII, p. 214 (1915), qui a montré dans ce mémoire que, chez les aldéhydes, céto- nes et éthers de la série benzénique, les dérivés ortho possè- dent les exaltations spectrochimiques les plus basses et les dérivés para les plus élevées. Voir aussi J. W. BeuuL: J. f. pr.Ch.,[2],t L, p.174(1894); Z. f. phys. Ch., t. XNI, p. 501(1895); Ber.,t. XXXVI, p. 3637 (1903); J. W. Brun et H, Scaroner :!Z. f. phys. Ch., 1. L, p. 1 (1904); t. Ll,p. 1 (1905). Pour les dérivés anthraniliques, voir O. ScaMiDT : Ber., t. XXX VI, p. 2463 (1903). 2. K. Von Auwers et F. EisenxLour : J. f.pr. Ch.,t LXXXII, p. 65-180. 3, A. HaLzer : Communication inédite 476 R. CORNUBERT. — RÉFRACTION ET DISPERSION MOLÉCULAIRES groupes sont différents. Cependant le cas du groupe O—C—C—0 est particulièrement inté- ressant à ce point de vue. Ce squelette ne se trouve sans perturbation que dans un seul corps, le glyoxal O—C—C—O, et ce dernier donne ER HET EMp = + 0,45, Ep = + 0,78 ! : il fournit donc des exaltations importantes. Par contre, l’in- troduction de substituants sur la conjugaison ramène très rapidement ces valeurs exaltées à des valeurs normales. C’est par exemple le cas du diacétyle (EMn:—+ 0,06) et de l’acétylpro- pionyle (EM»:—0,07)?. Le squelette EEE se conforme donc à la règle générale*. 3, — Conjugaisons entre une liaison double etun atome incomplètement saturé et conjugaisons entre éléments non salures Dans des combinaisons contenant de l’azote ou des éléments du même groupe, on observe des exaltations quine peuventpas être attribuées à un système conjugué de liaisons doubles. L'étude de ces corps montre que des éléments qui possèdent plusieurs atomicités provoquent en position conjuguée par rapport à des liaisons doubles, dans certaines circonstances, des exal- tations optiques qui semblent dues aux valen- ces secondaires de l'élément incomplètement sa- turé. Ainsi l'azote, le phosphore et le soufre provoquent des exaltationsimportautes; les halo- gènes n’en engendrent pas régulièrement; l’oxy- gène semble occuper une position intermé- diairef. L'aniline offre ainsi une exaltation de 0,9 pour la réfraction et de 35 % pour la dispersion, CH IN CH CH penll CH C—NH? Ne CH nombres qui se rapprochent beaucoup des exal- tations des corps du type du cinnamène. Les 1. Harries et TEmMME: Ber.,t. XL, p. 167 (1907). 2. J. W. BrüaL : Ber., t. XL, p. 1153 (1907). 3. Ida Smepceyx : J. Chem. Soc., t. XCV, p. 218 (1909), avait montré que, dans des corps aromatiques de constitution gé- nérale C6H5—CO —CO, il y a une exaltation et pensait avoir ainsi mis en lumière une activité du groupe CO—CO. Comme Auwers et Eisenlohr l'ont fait ressortir [Ber.,t. XLIII, p. 806, (1910) |, l'exaltation observée provient de la conjugaison entre une liaison éthylénique du noyau benzénique et le CO en « [Ida Smedley, répondant à ces auteurs, revient par ailleurs sur cette question (J. Chem. Soc., t. XGVII, p. 1475-87)]. 4. Eiseniour: Ber.,t., XLIII, p. 810 (1910); t. XLIV, p. 3188 (1911). IL faut remarquer que Brühl avait déjà été amené à concevoir les groupes OH et NH? comme non saturés [Ber., XL, p. 878 et 1153 (1907)]. constantes du thiophénol{(E. M. 0,35) (disp. 20 %) montrent nettement l'existence d’une position conjuguée. Les éthers-oxydes dontl’atome d’oxy- gène est conjugué par rapport à une double liai- son présentent des exaltations identiques. Avec les chlorures d'acides R {0 :) CCI:::::, on trouve pour le chlore un équivalent plus élevé de 0,4 pour la réfraction et de 0,03 pour la dispersion, | que dans les dérivés chlorés ordinaires. Des perturbations de conjugaisons entre liai- sons doubles et valences secondaires exercent en général la même influence que sur des conju- gaisons ordinaires entre liaisons doubles. Une perturbation multiple d'une conjugaison entre liaisons doubles et valences secondaires peut conduire jusqu’à une dépression absolue et l’ac- cumulation de conjugaisons de cette 3° espèce fournit encore des exaltations importantes. En ce qui concerne la conjugaison de valences secondaires par rapport à des valences secondai- res, une conjugaison entre valences secondaires d’un seul et même élément ‘polychlorures et po- lybromures, hydrazines, disulfures aliphatiques, diacétyle) n’est pas capable de fournir de cons- tantes optiques exaltées. Mais, si des valences secondaires de deux éléments différents viennent en conjugaison, comme dans l’isopropyldichlo- rylamine CHI NG ilen résulte, parconju- gaison des atomes de chlore par rapport à l'azote, des valeurs exaltées. Il en est de même par exemple entre le chlore et le soufre. C’est à cause de cette propriété des éléments se présentant sous plusieurs degrés de saturation, et en particulier de l’azote, de provoquer des exaltations de la réfraction moléculaire, qu'Ei- senlohr? a entrepris un grand travail de revision de la réfraction atomique de l'azote au moyen des nouvelles réfractions atomiques du carbone, de l'hydrogène et de l’oxygène, en excluant les corps dits anormaux. Cette étude lui a montré que les constantes optiques de l’azote primaire .du groupe amino coïncident presque complète- ment avec celles de l’azote de l’hydrazine et de l’hydroxylamine. Dans l’hydrazine, la position conjuguée des deux atomes d’azote non saturés ne provoque donc pas d'effet optique, pas plus que les valences secondaires de l'azote et de l’oxygène n'’interviennent dans l’hydroxyl- amine *. Par contre, les amines aromatiques se classent nettement à part; dans ce cas, il y a con- 1.Le BLanc: Z.f. Physik. Ch.,t. IN, p. 554 (1889); BrüuL : Z. f. physik. Ch., t. NII, p.178 (189); ErseNLO8R : Z.f.phy- sik. Ch. t. LXXV, p. 585 (1910). 2, ErsenxLour : Z.f. phys. lh., t. LXXIX, p. 129 (1911). 3. BruuL : Ber., t. XL, p. 878 (1907). R. CORNUBERT. — RÉFRACTION ET DISPERSION MOLÉCULAIRES 477 jugaison entreles valences secondaires de l'azote et l’une des liaisons doubles du noyau benzé- nique comme-nous venons de le voir. L'influence des chaines latérales se fait nettement sentir, de sorte que les valeurs de la réfraction atomique de l’azote dans les composés aromatiques doivent être considérées comme inconstantes. $S B. — Les liaisons triples conjuguées L'influence des liaisons triples a été bien moins étudiée que celle des liaisons doubles. En dehors de quelques mesures faites par Brühl !, tous les travaux sur les liaisons triples ont été'effectués par M. Moureu?. Ces différentes recherches ont mis en relief des faits tout à fait identiques à ceux observés à propos des liaisons doubles. La conjugaison de deux liaisons triples pro- voque une exaltation de la réfraction molécu- laire. Les liaisons triples peuvent se conjuguer avec les liaisons doubles, que celles-ci fassent partie du noyau benzénique ou d’une chaïne. Ainsi Phénylacétylène EM : 1.05 L’accumulation de liaisons triples et deliaisons doubles conduit à des exaltations considérables. Exemples : diphényldiacétylène : CSHÿ—G—C—C=C—CSHS EMh : 12,86 Butylènephénylacétylène CSHÿ—C—=C—C—CH—CH EMp: 4,27 | CH On observe aussi des conjugaisons avec des liaisons du 2° type. Ex. : nitrile hexylpropiolique CH3—(CH2)ÿ—C—C—CN * EMb : 1,69. Les exaltations de la dispersion inoléculaire, relativement peu élevées pour les corps acycli- ques, sont au contraire très marquées chez les composés aromatiques, où elles arrivent à dépas- ser deux unités (butylènephénylacétylène). $ GC. — Radicaux négatifs MM. A. Haller, P. Th. Muller et Ed. Bauer * ontété amenés à expliquer les exaltations obser- vées dans certaines molécules contenant des liaisons doubles en admettant une influence des groupements négatifs de ces molécules. A la suite de ses recherches sur les liaisons 1. Lieb. Ann.,t. CCXXXV, p.10 (1886), et Z. f. physik. Ch., t. Vil, p. 187 (1894). 2. Ann. Ch. Ph., 8° série, t. VIl, p. 536 (1906): Mouseu, P. Ta. MuLeer et VaRix : C. r., t. CLVII, p. 679 (1943). 3. A. Hazzer et P. Tu. Muicer : C. R., t. CXXVII, p- 430, 1370 (1899); v. CXXXVIIN, p. 440 (1904); P. Tu. Muier : Bull, Soc. Chim., [3], t. XXVII, p. 1014 (1902); P. Tu. Muzuer et Ep. BauER : J. Ch. Phys., t. 1, p. 190 (1903). triples, M. Moureu était arrivé également aux conclusions suivantes : 1° L’exaltation de la réfraction moléculaire croit à mesure que les radicaux entrant dans les molécules sont plus électronégatifs ; 2° La contiguité immédiate des groupements négatifs à la liaison acétylénique paraît être la condition de leur influence sur l’exaltation de la réfraction moléculaire. Cette interprétation des faits par l'influence des groupements négatifs n’a pas été admise par Brühl qui s’est exprimé ainsi ! : « M. Moureu attribue volontiers les exaltations observées, en particulier à la nature électro- négative des groupes C—C, C5H, etc., de même que d’autres chercheurs français? sont arrivés à l'hypothèse d’une influence spéciale de la néga- tivité des radicaux à la suite de découvertes ana- logues avec les nitriles, les oximidodérivés et d’autres corps non saturés. Mais, comme le groupe NH? et d’autres complexes électropositifs exercent le même effet que des complexes élec- tronégatifs, il n’est pas douteux que l’interpréta- tion précédente ne convient pas. La base réelle, et la seule, des exaltations optiques observées est plutôt l’'enchaînement direct, la conjugaison de groupements atomiques non saturés, que ceux-ci soient négatifs ou positifs, et là où ces conjugaisons n'existent pas, il n’y a pas d’exal- tation comme les essais de Moureu le vérifient pour une série de dérivés acétyléniques qui se comportent d’une façon sensiblement normale. » De son côté, M. Haller n’a pas admis l’hypo- thèse de Brühl qui consiste à accorder le carac- tère non saturé à des groupements comme OH,NH°? et à d’autres complexes à affinité rési- duaire comme NHR, NR?, NO, NO, ete. A la fin d’un de leurs mémoires, MM. Haller et Muller s'expriment ainsi: « La rédaction de ce mémoire était achevée quand parurent les deux publica-. tions de M. Brühl# sur les ‘effets optiques des radicaux non saturés. M. Brühl ne partage pas notre manière de voir sur l'influence desradicaux négatifs; pour lui, les exaltations sont dues au voisinage de la double liaison et de groupements non saturés. Sans vouloir répondreici à M.Brühl, il nous semble que ce savant pousse beaucoup trop loin la généralisation ; il est amené ainsi à attribuer le caractère non saturé à des groupe- ments tels que OH,CN,NH2,NO2. » De même, Ed. Bauer a montré l'influence des 1. Ber., L. XL, p. 878 (1907). 2. HazLer et MüLLER : Ann. Ch. Phys., [8], t. XIV, p. 125 (1908). 3. Ann. Ch. Phys., [8], t. XIV, p. 125 (1908) &. Ber.,t. XL, p. 878 (1907) et 1153 (1907). 5. Ed. Bauer: Thèse Nancy (1904), p, 65-85 et 125, radicaux négatifs sur la réfraction moléculaire et a été amené à écrire : « La classification des radicaux négatifs que nous avons obtenue coïn- cide avec celle que nous fournit la chimie orga- nique. » « L'influence des radicaux négatifs sur | la réfraction est incontestable. » Enfin M. P. Th. Muller!, dans son étude des éthers oximidocyan- acétiques, conclut ainsi : « Il en-résulte que les deux radicaux négatifs azotés CN et NO s'influen- cent mutuellement en exaltant leur pouvoir ré- fringent et leur pouvoirdispersif. La doubleliai- son entre le carbone et l'azote joue peut-être ici un certain rôle ainsi qu’on l’a déjà observé dans d’autres cas?. » $ D. — Cyclisation A la suite d’un grand nombre detravaux pour- suivis par différents chercheurs*, on était arrivé, Brühl en particulier, à cette conviction que la cyclisation était sans influence sur la réfraction moléculaire. Mais depuis 1890 un nombre sufli- sant d'observations a montré que certains types de cyclisations font exception à cette règle. Ce sont le noyau triangulaire et le noyau tétra- gonal, qui provoquent des exaltations très nettes #. L'exaltation due au noyau triangulaire a été mise en relief par Tschugaëffÿ en travaillant dans la série de la thuyone; l’exaltation aïnsi reconnue (EMp = + 0,71) a été retrouvée dans des corps de constitution beaucoup plus simple contenant un noyau triangulaire. Ce dernier peut d’ailleurs entrer en conjugaison avec des liaisons doubles et donner des exaltations. C’est 4. Bull. Soc. Chim., t. XXVII, p. 1014 (1912). 2. BrüaL:Z. f. pr. Ch.,t. L, p. 119 (1894); A. HALLER et P. Ta. Muzzer: C. r., t. CXX VIII, p. 1370 (1899). Cette influence de l’accumulation de radicaux négatifs a élé retrouvée-par M. Pascal [ Ann, Ch. Ph., [8], t. XIX, p. 67 (1910)j en étudiant la susceptibilité magnétique de quelques nitriles qui présentent tous un diamagnétisme beaucoup plus fort que celui qu'on aurait pu prévoir : cyanure de phényle (excès46), cyanure de benzyle (excès 45,5), cyanacétate d’éthyle (excès 44). « Tous ces corps, au contraire des nitrilessimples déjà étudiés et qui obéissent à la loi d'additivité, ont la pro- priété commune de contenir, à côté du groupement CN déjà négatif, un autre groupement négatif comme C5H° ou CO?H. C’est là que doit se trouver l'origine de l’anomalie observée, car on sait que l'accumulation des radicaux négatifs dans une molécule produit toujours une perturbation notable des propriétés additives. C’est ce qui résulte très nettement, en particulier, des recherches réfractométriques de MM. Haller et Muller sur les dérivés cyanés. » 3. BrünLz: Ann., t. CCI, p. 143 (1880); Ber., t. XXIV, p. 656 (1891): t. XXV, p. 1952 (1892); WisLiceNUe: Ann., t. CGOXXIX, p. 329 (1893); Eykman: Ber.,t. XXV, p. 3069 (1892). È 4. Les noyaux pentagonaux et hexagonaux sont sans aucune influence ; à partir du noyau heptagonal, on observe une légère dépression qui s’accentuc à mesure que le noyau s'étend. 5, Ber ,1. XXXII, p, 3122 (1900). 478 R. CORNUBERT. — RÉFRACTION ET DISPERSION MOLÉCULAIRES par exemple le cas du benzoyltriméthylène (dans ce corps il y a d’ailleurs des conjugaisons accu- mulées) : 2 CiH5—C— CH dE I CH? O pour lequel EMh est de 1,44. L'exaltation provoquée par le noyau tétrago- nal (EMhn : 0,48) a été soupçonnée tout d'a- bord par Wallach? à propos du pinène, puis re- trouvée dans une série de corps. , Enfin il faut rappeler ce que nous avons vu précédemment : que certains systèmes provo- quent des dépressions de la réfraction molécu- laire (furane, pyrrol, thiophène, etc.) (systèmes conjugués dépressifs) *. SE. — Liaisons doubles semi-cycliques Les liaisons doubles semi-cycliques, c’est-à- CS CECHEME se comportent pas comme les liaisons doubles isolées ordinaires. Sans aucune conjugaison, elles provoquent une exaltation, tant de la réfrac- tion que de la dispersion moléculaire, comme le montrent lesexemples suivants 4 : dire les liaisons du type ES EZy—Z LIN CEGERE La +0) KID 002240?) TT Nec o AMC CCE +0,47 +6o} On considère actuellement que l’exaltation spécifique moyenne et la dispersion spécifique dues à une liaison double semi-cyclique s’élè- vent respectivement à 0,4 et 7-8 °/., Ces liaisons doubles semi-cycliques peuvent d’ailleurs entrer en conjugaison, soit avec d’au- tres liaisons doubles, soit avec des noyaux trian- gulaires ou quadrangulaires *. Un exemple de la conjugaison d’une liaison semi-cyclique et d’un noyau triangulaire est le cas du sabinène, pour lequel les exaltations de la réfraction et de la 1. A. Hazzer et E. BenoisrT: Ann. Ch.,[9], t. XVII, p. 225 (1922). On trouvera dans l’ouvrage d'Eisenlohr une longue liste de composés à noyau cyclopropanique avec conjugaison réelle ou tronblée (loc. cit., p. 135 et suiv.). 2. Sur l’action spectrochimique de la cyclisation, voir en particulier : von Auwers : Lieb. Ann., t. CDXV, p. 98 (1918), et t. CDXXII, p. 137 (1921). 3. Von Auwers et ELLINGER : Lieb. Ann..t. CCCLXXXVIF, p. 200 (1912). 4. Lieb. Ann.,t. CCCXLVIT, p. 319 (1906); t. CCCLX, p. 37 (1908). 5. En ce qui concerne l'influence spectrochimique des noyaux triangulaire et tétragonal, voir en parliculier ŒsTLinG : J. chem. Soc., t, CI; p. 457 (1921). _R. CORNUBERT. — RÉFRACTION ET DISPERSION MOLÉCULAIRES 479 dispersion spécifiques sont de + 1,35 et de sn 20 see $ F, — Groupements doubles À la suite de nombreuses recherches réfracto- métriques effectuées d’abord sur des substances contenant un groupe de liaisons doubles conju- guées ?, puis sur l'acide camphorique 3%, les aci- des déhydro- et isodéhydrocamphoriques, les éthers mono- et dialcoylmaloniques et acétylacé- tiques *, von Auwers a été amené à penser que les dépressions moléculaires observées dans presque tous les cas où les molécules examinées contenaient deux groupes alcoyle fixés au même atome de carbone, étaient liées à l'existence d’un semblable groupement CR? dans ces combinai- sons. Les groupes C(CH*}? seraient cependant sans influence. Cette théorie a été appelée par von Auwers « lheorie der gem. Dialkylgrup- pen »; nous la dénommons « théorie des grou- pes doubles ». En particulier, von Auvwers et Lange ont montré que les diméthyl-ua-di- éthyl-f'g-cyclohexanone et cyclohexanol pré- sentent pour la raie D des décréments de —0,35 pour la cétone (EEn : — 0,19) et de — 0,53 pour l'alcool ÿ (EXD : — 0,29). CH? (c2H5)c/ \c? ce ec: co D'une étude faite récemmentsur les polyallyl- et polypropyleyclohexanones, il semble égale- ment résulter que les décréments observés (p.ex. —1,06 pour la 6-méthyl-zxe x'-tétrapropyley- clohexanone) sont dus à ces groupes doubles. Dans la série cyclohexanique, von Auvwers a cependant observé que la position du groupe C(CH}? en para par rapport à un groupe carbo- nyle ou à un groupe alcool secondaire condui- sait à des résultats s’écartant nettement des règles observées dans l’étude de nombreux iso- mères de cette série’. 1. Sur des carbures hydro-aromatiques comportant plu- sieurs liaisons doubles dont des liaisons semi-cycliques, voir K. von Auwers et G. Peters : Ber., t. XLIII, p. 3.076 (1910); sur des dérivés du groupe semi-benzénique, K. von AUwERS et ZIÉGLER : Lieb. Ann., t. CDXXV, p. 217-314 (1921). 2. Von Auwes et EisenLonx : J, f. pr. Ch.,t. LXXXIV, p-1 (1911). 3. Von Auwers et ScaMipr : Ber., t. XLVI, p. 457 (1913). 4. Von Auwerxs: Ber., t. XLVI, p. 498 (1913). 5. Von Auwers et LANGE : Lieb. Ann. t. (1915); voir aussi von Auwers et LANGE t. CDI, p. 303 (1913). 6. Ann. de Chimie, [9], t. XVI, p. 141 (1921). 7. K. von Auwers : Lieb. Ann., t. CDX, p. 287 (1915). Sur des relations entre les propriétés physiques et la consti- tution chimique dans la série hydro-aromatique, voir : von CDIX, p. 161 Lieb. Ann., V. — CaARACTÉRISATION DES LIAISONS DOUBLES CONJUGUÉES Des développements qui précèdent se dégage celte conclusion : les liaisons doubles conju- guées représentent l'élément perturbateur le plus important, et celui qui a été, jusqu’à pré- sent, de beaucoup le plus étudié. D'’ane manière générale,on peutdire qu’une mo- lécule contenant un ou plusieurs groupes deliai- sons conjuguées connaituneexaltation de sa ré- fraction moléculaire.Mais, ainsi quenousl’avons vu précédemment, cette règle n’est pas générale. En effet, d'une part, d’autres éléments perturba- teurs provoquent de semblables actions exaltan- tes (noyaux triangulaire ettétrangulaire, liaisons semi-cycliques); d'autre part, l'introduction de chaines latérales surles atomes de carbone de la conjugaison a pour effet de diminuer l’exalta- tion à un degré qui varie d’une chaïne à l’autre; il en résulte que l’exaltation .peut s'annuler et même se transformer en un décrément. D'’ail- leurs, certains systèmes conjugués n’ont aucune activité optique (benzène, par exemple) ; d'au- tres ont des valeurs inférieures à la théorie (thio- phène, etc.)}. La « spectrochimie », pour le décèlement des liaisons doubles conjuguées, ne peut donc pas être utilisée sans précautions : de l'observation d'une exaltation on ne peut en effet conclure à l’existenced’un système conjugué que sila molé- cule ne contient ni noyau triangulaire ou tétra- gonal, niliaison semi-cyclique ; de la non-obser- vation d’une exaltation on ne peut conclure à l’inexistence de liaisons doubles conjuguées !. VI. — EmpLOI DE LA RÉFRACTION MOLÉCULAIRE DANS DES DÉTERMINATIONS DE CONSTITUTION ? De très nombreuses mesures réfractométriques ont permis d'établir les conclusions qui précè- dent ; inversement, ces conclusions ont permis, dans un certain nombre de cas, d’éclaircir la constitution de certaines molécules 3. Ceci est particulièrement vrai pour la série terpénique ; les mesures réfractométriques de Gladstone, qui furent les premières dans cette série‘, puis de Lieb. Ann.,t. CDX, CDXX, p. 84 AUWERS, HINTERSEBER et TREPPMANN : p. 257 (1915), et Von Auwers: Lieb. Ann., t. (1920). L. Sur cette question de la validité de la règle des liaisons doubles conjuguées, von Auwers et Eisenlohr ont publié un travail d'ensemble : Ber., t. XLIII, p. 806 (1910). 2. Un ouvrage a paru sur ce sujet ; EisENLOHR : Anwend- barkeït der Molekularrefraktion und Dispersion zur Ermittlung der chemischen Konstitution, Greifswald (1940), 127 pages. 3. Sur la réfraction moléculaire et les influences interato- miques, voir Z. Blatt, 1917, 1, 1060, et II, 794. 4. The Development of Spectrochemistry ; conférence faite par Brühl le 26 mai 1905 devant la Royal Institution of Great Britain (Edition allemande, Berlin, 1905). 480 R. CORNUBERT. — RÉFRACTION ET DISPERSION MOLÉCULAIRES EEE M DE 0 2 D 2 7 2 PT Brühl, de Wallach, de Semmler, ete., en font foi. Un exemple le montrera; prenons le cas du terpinène. D'après Semmler!,le terpinène était le At: dihydrocymène (I), tandis que Wallach * et Brühl# pensaient que c'était l’isomère At* (Il). C—c3H7 cc b (| È \Z Né €_ cm I il Pour différencier ces deux isomères, Semm- lerf fit des mesures réfractométriques et obtint une exaltation moléculaire de + 1,5, nombre qui dénotaitune conjugaison et militait.en faveur de la formule II défendue par Wallach et Brühl. L'auteur, pour appuyer sa conclusion, montra d’ailleurs que, dans un noyau, un système de liaisons doubles conjuguées provoque encore une exaltation, et, à ceteffet, a réalisé le cycle de réactions : c— CT C— CH C— CH ca? ŸcH ca? Nc ca?” Ncx A te cm 2 ml ) 2 Jon cm Jco cæl Jeci CHA Jen ÉH— CH C— CH C— CH carvénone. En dehors de ces déterminations de constitu- tion, la réfraction moléculaire a permis d’appor- ter une contribution à l'étude d’autres phéno- mènes *. VII. — La TAUTOMÉRIE L'étude physico-chimique de la tautomérie a donné lieu à un certain nombre de travaux dans lesquels leurs auteurs ont développé des consi- dérations réfractométriques. Brühlfut le premier à y avoir recours i. $ r. — L'équilibre céto-énolique Les corps tautomères étant des corps suscep- tibles d’exister sous deux formes souvent en équilibre, et cet équilibre pouvant être déplacé dans un sens ou dans l’autre par des causes va- riées, on pouvait en effet espérer que l’étude réfractométrique de ces corps tautomères rensei- gnerait sur leur constitution. Poursuivons notre .Ber.,t. XL, p. 29,59 (4907). | . Lieb. Ann., t. CCCLXII, p. 293 (1908). 3. Ber.,t. XLI, p. 3745 (14908). 4. Ber., t. XLI, p. 4474 (1908). 5. Sur ces questions de détermination de constitution, on trouve une longue bibliographie dans l'ouvrage déjà cité d'Eisenlohr : Spektrochemie organischer Verbindungen, p.180 :onne peut lui faire qu’une critique, celle de ne pastenir compte des travaux autres que les travaux allemands, 6. J. f. prakt Ch., [2], t: L, p. 119 (1884). 19 raisonnement sur le cas le plus connu, celui de l’équilibre céto-énolique. Dans ce cas, la molé- cule peut prendre deux formes, la forme cétoni- que —CH?=CO— et la forme énolique —CH— C(OH)—. En calculant au moyen des réfractions atomi- ques, les réfractions moléculaires de ces deux formes, on voit, si l’on représente par A la part qui revient au reste de la molécule, qu'elles sont égales à (pour la raie D): 1 A+ 9,23 II A + 10,29 soit une différence de 1,04. Si donc on détermine expérimentalement le pouvoir réfringent molé- culaire du corps à étudier et si on le compare aux deux valeurs théoriques calculées, on verra si le nombre trouvé coïncide avec l’un de ces deux nombres ou est compris entre eux. Dans ce dernier cas, on conclurait que le corps examiné est un équilibre entre les deux formes. Malheu- reusement les choses ne sont pas aussi simples. Certains composés conduisent ‘en effet à des va- . leurs bien supérieures aux-deux nombres calcu- lés; ces corps vont d’ailleurs nous ramener à la controverse que nous avons déjà signalée entre un groupe de savants français et un groupe de savants allemands sur l'influence ou la non- influence des radicaux négatifs. En particulier, MM. A. Haller et P. Th. Muller! ont étudié réfractométriquement quelques déri- vés du méthane dans lesquels deuxettrois atomes d'hydrogène sont remplacés ‘par des radicaux négatifs : dérivés cyanés des éthers acétylacéti- ques R—CO—CH(CN)—COOR. Dix substances ont été examinées, six à l’état liquide et quatre dans le toluène, dissolvant qui ne modifie pas la constitution des corps qu'on y dissout. Pour ces dix corps, MM. Haller et Muller ont trouvé, en moyenne, une exaltation par rapport à l’'énol de 1,54 et par rapport à la cétone de 2,48 (raie D). S'appuyant sur le fait que l’éther cyanocarbo- nique CN—COOC*Hi ne présente dans les mêmes conditions qu'une différence de 0,68, que le cyanoxalate de méthyle CN—CO—COOCH* se comporte normalement en solution toluénique (EMn:--0,66), ces savants en inférent que l’ac- cumulation des radicaux négatifs ne suflit pas pour rendre compte à elle seule de divergences aussi notables, Par contre l'éther «-cyano-8- oxycrotonique, CH? — (OC2H5)C — C(CN) — COOC?H, dans le toluène, présente, pour la raie D, une exaltation moléculaire de 2,08 par rap- port à l'énol normal et une dispersion molécu- — 1. Ann. Ch. Phys. , (8), & XIV, p. 125 (1908). R. CORNUBERT. — RÉFRACTION ET DISPERSION MOLÉCULAIRES 481 laire de 1,25. Ces auteurs pensent que « seule la présence d’une liaison double à côté des radicaux négatifs peut expliquer de pareils écarts » et que les dix corps examinés sont, en équilibre stable, des mélanges de cétone et d’énol : CH*—CO— CH(CN)—COO?H* CH3 —C(OH)=C(CN) COOC?H. Admettant enfin les exaltations fournies par la molécule énolisée CH$—C{(OC?H* —C (CN)—COOC?H5 comme répondant au maxi- mum de ces corps méthiniques cyanés au sein du toluène, ils ont calculé la proportion de subs- tance énolisée que renferment les 10 corps examinés et ont trouvé : —— raie D dispersion 82 9/0 61 0/0 ! À ce mémoire qui conclut à l’influence d’une liaison double influencée par des radicaux néga- tifs, s'oppose le texte suivant, reflet de l’école allemande. Eisenlohr, dans son ouvrage déjà cité ?, s'exprime ainsi à la page 179 : « Par les récentes règles spectrochimiques, la question des formes tautomères a acquis une base beaucoup plus assise. D’après ces règles, dans la forme énolique, l’action de conjugaison * des valences secondaires de l'atome d'oxygène par rapport à la liaison éthylénique entre égale- menten jeu,et il. faut attendre de ce chef des valeurs exaltées par rapport au caleul antérieur qui ne faisait entrer en ligne de compte que l’in- crément introduit par la liaison double. Si, simultanément, la liaison double carbonée de l’énol entre en conjugaison avec une autre liai- son double, il faut considérer, d’après les don- nés spectrochimiques actuelles, le système con- jugué acéumulé des valences secondaires et des liaisons doubles, comme ïilen existe un dans l’acétylacétate d’éthyle sous sa forme CH°—C (OH)—CH—C(OC?H)—=0O. « De cette manière, Auwers * a pu estimer à 8°/, la teneur en énol de l’acétylacétate d’éthyle non dissous et frais, tandis qu'une récente méthode chimique, dont les résultats sont certains‘, a 1. Des mesures faites dans l'alcool au lieu du toluène ont montré que les dérivés méthéniques en CH? qui sont opti- quement normaux à l’état pur et ne conduisent pas le cou- rant en solution aqueuse sont encore normaux dans l'alcool, tandis que les éthers acylcyanacétiques et cyanomaloniques, molécules méthiniques renfermant sous la forme ordinaire un CH entouré de radicaux négatifs (CN et CO), sont forte- ment influencés par l'alcool et sont de véritables acides, ainsi que l’a démontré M. Guinchant (Thèse, 4897, p. 121). 2. Spektrochemie organischer Verbindungen (Stuttgart, 1912). 3. Ber., t. XLIV, p. 3525 (1911). 4. K. H. Meyer : Lieb Ann., t. CCCLXXX p. 220 (1911) (méthode au brome). ; conduit à la teneur de 7,4 °/,. Le fait que Brühl! ait considéré l’acétylacétate d’éthyle comme une forme cétonique pure, montre combien ces résul- tats doiventaux nouvelles données spectrochi- miques (nouveaux équivalents, valeurs norma- les, etc.).» Avec la conception d'Eisenlohr il faut noter que tout composé énolique de la forme —C (OH)—CH-— engendre une conjugaison, et par conséquent que la réfraction moléculaire théorique d’un énol doit être supérieure à celle que l’on peut calculer à partir de sa composition élémentaire et de ses degrés de saturation. De plus, il ne faut pas oublier que des suhs- tituants fixés sur les atomes de carbone médians d'une conjugaison ont une influence qui est variable suivant la nature des substituants (voir précédemment l'étude des conjugaisons trou- blées). Le. calcul de la valeur théorique de la réfrac- tion moléculaire d’une forme énolique est donc une chose fort délicate, et, par suite, la déter- mination par voie réfractométrique de la teneur en énol est assez incertaine dans bien des cas ?, Quoi qu’il en soit, la réfractométrie représente l’une des méthodes d'examen des corps tauto- mères *. $2. — Les pseudoacides Une application importante de la réfractomé- trie a été la mise au point par M.P.Th.Muller de la méthode différentielle de diagnose des pseu- doacides #. Cette méthode repose sur les consi- dérations suivantes : Soit une molécule, un acide AH par exemple, ayant uneréfraction moléculaire R, dans laquelle nous remplacerons par la pensée un atome d'hy- drogène par un atome de sodium. Soit ANa la molécule nouvelle et R'la réfraction correspon- dante prise dans les mêmes conditions que R (c'est-à-dire dans le même dissolvantet àla même 1, Ber., t. XXV,p, 366(1892) ; t. XXXVIII, p. 1868 (1905). Voir aussi Z,. f. physik, Ch.,t.L, p. 1,et tt. LI, p. 1 (1905). 2. Deux études d'ensemble sur ces imprécisions, donnant des exemples d’analyses réfractométriques de mélanges cétoénoliques, ont paru récemment[voy AUwERS : Lieb. Ann., t. CDXV, p. 469 (1918; ; t. CDXX VI, p. 161 (1922)]. 3. Sur les différentes méthodes physicochimiques aux- quelles on a eu recours pour l'étude de ces corps, voir A. KuinG : La Tautométrie, dans A. Hazrer: Les récents progrès de la Chimie, 3° sér., Paris /190$), p. 147-180 ; voir aussi les mémoires suivants: A. HanrzscH:; Ber,,t. XLII, p. 3049 (1910); A, Hanrzscn et K. MrisenBurG : Ber., t. XLIII, p.105 (1910). Sur la constitution des Æ-dicétones, voir Ida Smepuey : J. chem. Soc.,t. XCVII, p. 148% (1910). 4. Bull, Soc. Chim. Paris, t. XXVII, p. 1019 11902). Sur les différentes méthodes d'examen des pseudoacides, voir P.Tu. Muzcer, dans A. HALLER : Les récents progrès de la Chimie (2° série, Paris, 1906), p.31 ; sur l'historique des pseu- doacides, voir aussi Ed, Bauer : Thèse Nancy (1904), p. 90. / 482 concentration moléculaire). Supposons que les molécules M et M’ aient la même constitution. Dans ce cas, si nous faisons la différence des réfractions moléculaires R'—R, nous devonstrou- ver une valeur constante qui caractérisera l’é- change des atomes, nombre qui ne dépendraque de l'atome d'hydrogène et de l'ion sodium. C’est ce qui résulte d’ailleurs des expériences de Le Blanc et Rohland portantsur un certain nom- bre d'acides monobasiques faibles (formique, acétique, glycolique, glycérique, ete. !). La moyenne trouvée pour A s'élève à 1,64 pour la raie D. MM. Muller et Bauer ont de leur côté trouvé 1,52 pour l’acide succinique par rapport au monosuccinate et 1,57 pourle monosuccinate par rapportau disuccinate?, Tous ces acidesont une constitution bien déterminée, qui se con- fond avec celle de leur sel de soude, c’est-à-dire que la structure du radical À de l'acide estiden- tique à celle de l’anion A du sel. La différence caractérisant les acides normaux est donc d'en- viron 1,6. Il faut noter que Le Blanc et Rohland ont trouvé des dilférences plus petites pour les acides forts? : An CH3—COOH 1,60 C?H5ÿ—COOH 1.56 CICH2—COOH 1.60 C2CH— COOH 1,34 CC—COOH 1.16 NO*H 1,02—0,73 “HCI 0,93—0,75 Ils interprètent ce fait en attribuant à l'ion H une réfraction plus grande qu'à l’hydrogène combiné. Quoi qu'il en soit, il n'y a pas d’exem- ple d'acides normaux où la différence entre la réfraction du sel de soude et celle de l'acide at- teigne deux unités. Le passage du radical A à l'état d'ion À semble donc altérer fort peu les propriétés optiques. Considérons maintenant un pseudoacide, c’est- à-dire un acide tel que le radical À de l'acide non ionisé ait une autre constitution que l’anion du sel de soude que nous appellerons A’. Les propriétés optiques, très sensibles aux change- ments de constitution, devront déceler la modi- fication et la différence pourra varier considéra- blement. C’est ce qu'ont létabli les expériences de P. Th. Mullersur les sels de soude des éthers isonitrosocyanacétiques #. Les composés CN—C—COOCH* CN—C—COOC?H$ || et HIRMGZ NONa NONa 4. Z. f. physik. Ch.,t. XIX, p. 264 (1896). 2. J. de Ch. physique, t. 1, p. 207 (1903). 3. Sur les divers cas qui peuvent se présenter, voir E. BauER : Thèse Nancy, 1904, pages 85-90. 4. Bull. Soc. Chim.,t. VI, p. 4049 (1902), R. CORNUBERT. — RÉFRACTION ET DISPERSION MOLÉCULAIRES lui ont donné respectivement pour une norma- lité de 0,249 les valeurs de A de 3,47 et3,51. Les acides oximidés correspondants : CN—C—COOCH: CN—C—COOC?Hÿ e Non Non ayant une acidité de l’ordre de celle de l’acide acétique, M. P.Th. Muller en conclut que le radi- cal R de l’acide isonitrosé RH n’a pas la même constitution que celle du sel de soude, c’est-à-dire queces corps sont des « pseudoacides ».M. P.Th. Muller a alors posé la règle suivante : Si l’on trouve entre la réfraction moléculaire d’un sel de soude et celle de l’acide correspondant une différence supérieure à trois unités, on a le droit de conclure que l'acide et le sel n’ont pas la même constitution !. L’acide oximidocyanacétique est particulière- ment intéressant à ce point de vue, carilcomporte deux fonctions acides parfaitement caractéri- sées : CN—C (—NOH)—COOH. La première molécule de soude donne un sel blanc au carboxyle etla mesure de À a donné 1,06; la seconde molécule de soude a engendré un sel jaune CN—C{(—NONa) —-COONa;une nou- velle mesure de A (différence entre la réfraction, moléculaire du sel disodique et celle du sel mo- nosodique) a fourni 3,27?, Cette méthode a, par la suite, été employée dans plusieurs cas. D'abord E. Bauer* a généra- lisé l’étude de son maître et a prouvé que toutes les molécules isonitrosées à fonction acide sont en réalité des pseudo-acides. Cet expérimenta- teur a montré de plus que des sels de soude de composés cétoniques, en particulier le cyano- : camphre sodé, sont des sels de pseudoacides, et que réfractométriquement le phénol et les cré- sols sont évalement des pseudoacides. Brühl et Schroder ont appliqué cette méthode aux sels sodiques de l’éther camphocarbonique‘ et de l’éther acétique. MM. A. Haller et P. Th. Muller l'ont appli- quée aux sels de sodium de quelques dérivés du méthane dans lesquels 2 ou 3 atomes d’hydro- gène sont remplacés par des radicaux négatifs. 1. A la suite de ces développements, M. P. Th, Muller discute la formule possible de ces sels de souûe ; voir aussi à ce sujet A. Hazer et P. Th. Muicer : Ann. Ch. Phys., [8}, t. XV, p. 289 (1908). 2. J. de Ch. physique, t. 1, p. 207 (1903). 3. E. Bauer : Thèse Nancy, 1904, p. 96 et suivantes. h. Ber., t. XXXVII, p. 2512 (1904); Z. f. physik! Ch., t. L,p. 4 (1904); t. LI, p, 1 (1905). Cette étude sur l'acide camphocarbonique, ses sels, éthers et sels d’éthers, est extrêmement intéressante : elle démontre le parti que l’on peut tirer de recherches chimiques et phy- sicochimiques simultanées. 5. A. Hairer et P, Ta: Murcen: Ann. Ch. Phys., [8], t. XV, p. 289 (1908). sé Re CSS R. CORNUBERT. — RÉFRACTION ET DISPERSION MOLÉCULAIRES 483 Cette méthoderéfractométriqueest-elle la meil- leure méthode physicochimique d'étude de la tautomérie ? D'après Hantzsch, pour l'étude du phénomène de tautomérisation, la détermination dela réfrac- tion n’est pas un moyen suflisant pour étayer des conclusions absolues. Cet auteur pense que, si la méthode réfractométrique peut convenir pour des déterminations de constitution de composés organiques saturés ou non saturés, elle donne des résultats plus ou moins incertains avec Îles corpstautomérisables ou isomérisables. Il pense que l'étude de l'absorption convient mieux dans le cas qui nous occupe et ajoute qu'il n’est plus possible, sous le titre « Détermination de cons- titution par voie spectrochimique ou optique » de comprendreexclusivement des recherches sur les réfractions moléculaires. Les recherches de Hantzsch ont montré dans tous les cas que la réfraction et l'absorption, au moins dans Îles composés organiques, sont intimement liées, et qu'une exaltation de la réfraction moléculaire correspond à une exaltation de l'absorption et à l'apparition d’une absorption sélective ou à son décalage vers le domaine des très grandes lon- gueurs d'onde, ce qui est vrai non seulement pour l’acétylacétate d’éthyle et les corps de ce groupe; mais encore pour les nitrophénols, les oxybenzaldéhydes, l’oxyazobenzène, etc. ‘ D’après V. Henri également ?, cette méthode réfractométrique n’est pas la plus sensible pour l'étude des phénomènes detautomérie. Ce serait celle de la mesure quantitative de l’absorption des rayons ultraviolets, méthode qui serait pré- férable encore à celle du pouvoir rotatoire magné- tique et à la magnétochimies. Dans tousles cas, von Auwers s’exprime ainsi : « Il est désirable que les résultats des titrages au bromeet de la réfractométriesoient confirmés par d’autres modes d'investigation, en particu- lier dans le cas où ces deux méthodes ne donnent pas encore une concordañce suflisante ‘.» 4. Ber.,t. XLIII, p. 3049 (4910) ; HanrzscH et MRiSENBURG : Ber., t. XLIII, p. 95 (4910). ?. Société de Chimie physique, recueil 1909-1914, p. 115, séance du {2 octobre 1913. 3. PascaL : Ann. Ch. Phys., [8], t. XIX, p. 52 (1910). 4, Lieb, Ann.,t. CDXV, ». 206 (1918). VIII. — Conczusrons De l'exposé qui précède se dégage avant toutes choses l’influence exaltante des liaisons doubles conjuguées sur la réfraction et la dis- persion moléculaires; toutefois l’exaltation qu’el- les provoquent est nulle dans certains cas, voire même négative, comme est nulle également l’in- fluence des liaisons doubles isolées et celle des liaisons doubles contiguës. Cette conclusion est-elle valable pour toutes les propriétés physiques ? Peut-on, dans l’état actuel de nos connaissances, dire que nous con- naissons des relations générales entre la con- stitution des molécules organiques et leurs diverses propriétés physiques ! ? En ce qui concerne les systèmes conjugués, nous les voyons : 1° provoquer également une exaltation sur le pouvoir rotatoire, le pouvoir rotatoire magnétique, la biréfringence magnéti- que; 2° exercer une action de dépression sur la chaleur de combustion et la viscosité; 3 être sans action sur le point d’ébullition, le volume molé- culaire, la dissociation électrolytique. Quant aux liaisons doubles isolées, elles agis- sent quelquefois d’une façon extrêmement bizarre; ainsi, dans le cas de la susceptibilité magnétique, des liaisons doubles isolées en nombre supérieur à deux n'interviennent que comme deux d’entre elles. Malgré tous les travaux réalisés il règne en- core sur la plupart des points un profond mys- tère* pour ce qui est d’une constante physique donnée, les relations avecla constitution n'appa- raissent pas nettement, et lorsqu'on examine l’action d'un élément de constitution sur les différentes grandeurs physiques, des influences disparates se font jour. «L'époque où la Faculté des Sciences ne com- portera plus qu'une chaire dans laquelle seront enseignées les relations algébriques reliant les différentes grandeurs mesurables » semble en- core bien lointaine. R. Cornubert, $ Ingénieur Chimiste, Docteur ès Sciences. 1. On trouvera un exposé d'ensemble de la question des rela- tions entre les propriétés physiques et la constitution chimi- que dans l'ouvrage de KaurFMANN : Beziehungen zwischen physikalischen Eigenschaften und chemischer Konstitution (Stuttgart, 1920). 484 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX BIBLIOGRAPHIE ANALYSES 4° Sciences mathématiques Bigourdan (G.), Membre ‘de l'Institut et du Bureau des longitudes. — Gnomonique ou Traité théorique et pratique de la construction des cadrans solai- res. — 1 ol. in-8 de 214 p.avec 104 fig.(Prix:10 fr.). Gauthier- Villars et Cie, éditeurs, Paris, 1922, Malgré la généralisation de l'emploi des montres et des horloges, les cadrans solaires, sicommuns autrefois» sont loin d’être abandonnés, Les collectionneurs recher- chent les petits modèles, et les grands cadrans sont employés souvent comme motifs de décoration architec- turale ou d’ornementation des jardins. C’est en pen- sant à tous ceux, amateurs, théoriciens, praticiens, qui s'intéressent encore à ces instruments, que M. Bigour- dan a écrit le présent ouvrage, où ils trouveront des renseignements de la plus grande utilité. L'auteur rappelle d’abord, dans un court historique, comment on a passé du gnomon primitif au cadran solaire, puis il expose la théorie des divers types de cadrans: équatoriaux, horizontaux, verticaux, azimu- taux, analemnatiques, etc. Il décrit toutes les opérations pratiques que nécessite la construction d’un cadran de type donné, soit par les méthodes graphiques, soit par les méthodes numériques, dont l’emploi est facilité par des tables placées à la fin du volume, On ne peut qu'être reconnaissant à l’auteur d’avoir doté la litté- rature scientifique moderne d’un ouvrage qui lui man- quait. . Fenael (Pol), Chef de Travaux pratiques de Mathéma- tiques à la Faculté des Sciences de Nancy. — La recherche des lieux géométriques en Géométrie analytique. —1vol.in-8° de 232 pages (Prix: 18 fr.). Librairie Armand Colin, éditeur, Paris, 1922. Les débutants en Géométrie analytique éprouvent généralement quelque embarras, lorsqu'ils appliquent les méthodes de cette science à la recherche des lieux géométriques. Ils commettent des confusions entre les coordonnées d'un point du lieu à chercher, et les coor- données d’autres points figurant dans la question. L'ou- vrage de M: Pol Simon est destiné à leur venir en aide, et à leur montrer, par des exemples très simples, com- ment on trouve un lieu géométrique. L'ouvrage est d’une extrême simplicité ; point de dé- terminants, point de dérivées, point de notations abré- gées, ni de coordonnées trilinéaires Au début, une préface qui fait partie intégrante de l’ouvragé, et doit être lue par l’étudiant, On y explique la méthode cons- tamment suivie, et on y donne les formules utiles en très petit nombre, Pour éviter la confusion dont j'ai parlé, x ety désignent toujours les coordonnées d’un point du lieu, X et Y les coordonnées d’un point quel- conque d’une ligne autre que le lieu. L'ouvrage est divisé en quatre livres qui correspon- dent aux quatre livres de la Géométrie élémentaire ET INDEX plane. Les problèmes qu’il contient sont toujours sim- ples.. La solution géométrique est toujours donnée après la solution analytique. Dans beaucoup de cas la solu- tion géométrique est la plus simple et parait la plus naturelle. Quelquefois, comme dans la recherche de la figure inverse d’une droite ou d’un cercle, elle est clas- sique et connue du lecteur, Mais dans d’autres cas la solution analytique semble préférable. Ainsi le lieu des points dont la somme des carrés des distances aux sommets d’un polygone est constante, et les autres problèmes analogues se traitent mieux par la Géométrie analytique. Pour les traiter géométriquement, il faut faire usage de relations compliquées, et dont la démons- tration, si on voulait la faire, seferait plus simplement par la Géométrie analytique. Cet ouvrage simple et élémentaire sera utile aux dé- butants, et l'on peut souhaiter qu’il ne soit qu’un pre- mier volume, et que par la mêmé méthode toute simple l’auteur traite d’autres questions sur les coniques, ou les courbes de degré plus élevé. J. RicHaR», Professeur au Lycée de Châteauroux. Le Gavrian (P.), /ngénieur en chef des Ponts et Chaussées, Professeur à l'Ecole nationale des Ponts et Chaussées. — Les Chaussées modernes. — 1 vol. gr. in-8° de 430 p. avec 89 fig. des Grandes Encyclo- pédies industrielles (Prix : broché, Lo fr.; relié, 5ofr.). J. B. Baillière et fils, éditeurs, Paris, 1922. La chaussée, qui avait vu son importance économi- que fortement diminuée par les chemins de fer, a repris son rôle dès que la traction mécanique a pu aborder, dans des conditions industrielles, les transports de voyageurs et de marchandises. Déjà, les quelques années avant la guerre avaient vu se dessiner le retour à la route. Le rôle qu’elle a joué pendant les hostilités, et pendant les années 1919 et 1920 où la désorganisation des voies ferrées était à peu près complète, a montré ce qu’on pourrait attendre d’elle si.., elle était constituée pour ce qui doit être sa destination moderne, Malheureusement, en France au moins, car en Amérique et en Angleterre Ja question a davantage été étudiée, les méthodes de construction et d’entretien des routes n'ont pas évolué parallèle- ment à la circulation nouvelle. Aussi, notre magnif- que réseau routier de jadis se ressent actuellement for- tement de cette circulation automobile, laquelle désor- ganise les revêtements qui ne sont plus en mesure de résister aux actions destructives résultant de la vitesse et du poids des véhicules. Pourtant on réagit sous l’em- pire des nécessités qui se manifestent. On jugera de l'effort tenté déjà en lisant (annexe 3.580 des Documents parlementaires de la Chambre, à la page 562 du chapitre 9 traitant des méthodes nouvelles d'entretien des routes, en vue de la circulation automo- BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX bile), dans le rapport fait au nom de la Commission des Travaux publics et des moyens decommunication, char- gée d'examiner le projet de loi fixant les conditions d'attribution de subventions de l'Etat pour l’organisa- tion de Services publics de transports automobiles, l'énumération des applications récemment exécutées de revêtement moderne des chaussées, On devra beaucoup dans ce sens à l’actuel Ministre des Travaux Publics, M. Le Trocquer, qui a saisi son Administration de cette question par ses circulaires du 12 novembre 1919 et du 2 mai 1924 et qui, d'autre part, par la sage limita- tion de l’article 2 du nouveau Code de la Route (décret du 27 mai 1921), a imposé la pression maximum de 150 kg. par centimètre de largeur du bandage, pour l'effort exercé par une roue sur la chaussée, La technique des routes modernes est donc à présent l’objet de vives préoccupations, mais le sujet est encore trop neuf pour être définitivement fixé, et les notions la concernant, en France du moins, ont jusqu'ici le grave défaut de n’avoir pas été rassemblées et condensées. Les ingénieurs quis’y intéressent sont donc embarrassés pour découvrir la documentation certaine dont ils ont besoin, car cette documentation reste éparse dans des mémoires, des brochures fragmentaires et des comptes rendus d'expériences. Siquelques ouvrages anglo-saxons ontété écrits surle sujet, ils n’ont pas été traduits, et, le fussent-ils, ils ne sauraient tels quels se passer de commentaires, car les méthodes qu'ils décrivent ne pourraient être transpor- tées chez nous sans une adaptation que rend néces- saire la diversité des climats, la qualité des maté- riaux, etc. Or, M. Le Gavrian, appuyé sur de nombreuses expé- riences personnelles, et sur une pratique profession- nelle déjà longue, était mieux qualifié que tout autre pour satisfaire à ce besoin qu'ont les ingénieurs char- gés d’un Service de voirie, de posséder enfin un ouvrage d'ensemble sur la question. C’est ce qu'il a fait dans ce volume de la collection Baïllière, -où il a transposé ses leçons orales à l'Ecole des Ponts et Chaussées. Il a divisé son ouvrage en deux parties, Dansla pre- mière, avant d'entrer dans le vif de son sujet, il a cru devoir, afin de lever la confusion qui existe dans les appellations des matières employées dans les revête- ments, traîter de la terminologie américaine, allemande et anglaise, et enfin de la terminologie française qu'il a proposée pour les matériaux goudronneux, bitumeux et asphaltiques à la Commission Permanente de Stan- dardisation. Il passe alors à l'étude propre des liants hydrocarbonés, le goudron de houille et ses dérivés, les bitumes, asphaltes et pétroles, et enfin de leur méthode d’essais et de celle des mélanges agglomérés. La deuxième partie est relative à la condition des revêtements des chaussées. 11 distingue trois sortes de revêtements : 1° les revêtements utilisant les liants hydrocarbonés, c'est-à-dire les revêtements agglomérés avec le gou- dron, ou avec le bitume et l'asphalte ; 20 les revêtements utilisant les liants hydrauliques, c'est-à-dire le béton et le macadam ; -- 30 enfin, les revêtements à éléments réguliers cons- 485 titués par les pavages en bois, en mosaïque, en bri- ques, carreaux et pavés artificiels, L'ouvrage se termine par des annexes : forme lexique concernant les matériaux et les procé- dés employés dans la des chaussées modernes; la deuxième rappelle les instructions minis- térielles dont nous avons parlé ; la dernière est relative aux coeflicients detraction et à quelques données numé- la première construction riques utiles, Un index alphabétique très développé facilitera les recherches, et une bibliographie placée en tête du volume permettra aux intéressés de se documenter plus parfaitement sur tel sujet déterminé. Quoique ne fixant aucune doctrine,carla matière n’est pas entièrement explorée et beaucoup de recherches restent à faire, l'ouvrage de M. Le Gavrian, qui est, comme nous l’avons dit,unique dans la littérature fran- çaise, rendra d’énorimnes services à tous ceux qui, à quel- que degré que ce soit, ont à s'occuper de questions de voirie, et il n’est pas douteux qu'il sera très favorable- ment accueilli des ingénieurs et des entreprises de Tra- vaux Publics. L. Porn. 2 Sciences physiques Borel (Em.). — L'Espace et le Temps. — 1 vol. in-16 de 245 p. de la Nouvelle Collection scientifique (Prix : 8 fr.). Librairie Félix Alcan, Paris, 1922. Haldane (Lord). — Le Règne dela Relativité. 7ra- duction francaise de M. ne VARIGNY,— 1 vol, in-8° de 320 p. (Prix : 30 fr.). Gauthier-Villars et Cie, Paris, 1922. Parmi les nombreux ouvrages traitant de la Relati- vité qui se disputent aujourd’hui la faveur du publie, celui que nous offre M. Borel mérite une mention à part. Ce n’est pas une simple compilation, exposant avec plus ou moins de bonheur dans un cadre devenu clas- sique les idées d'Einstein et de ses disciples, mais le li- vré d’un maître qui a réfléchi et müri les questions qu’il traite et qui présenteses réflexions au lecteur. On ne trouvera donc pas ici un exposé didactiquedes théories de la Relativité, pour lesquelles il ne manque plus désormais en langue française d'ouvrages spéciaux tant élémentaires que savants, mais une discussion ap- profondie des hypothèses fondamentales de la Géomé- trie et de la Physique, avec les modifications que la théorie de la Relativité est venue leur imposer. L'’au- teur fait, suivant sa propre expression, une promenade intellectuelle autour des théories d’Einstein et, chemin faisant, en décrit quelques aspects insistant plus parti- culièrement sur la notion d'espace el de temps ainsi que sur les diflicultés de toutes sortes que soulève leur mesure. Laissant délibérément de côté les banalités courantes en la matière et dont l’'invariable répétition finit par lasser le lecteur mème le plus indulgent, il dissèque scientifiquement, car toute métaphysique est rigoureusement exclue, les fondements de la Géométrie et de la Physique, montre leur élaboration et analyse leur degré d'approximation, 486 Voici, pour fixer les idées, les titres des différents cha- pitres dans leur ordre de succession : La Géométrie et la figure de la Terre. — L'espace et le Temps en Astronomie. — La Géométrie abstraite et les cartes géographiques. — La continuité et la topolo- gie. — La propagation de la lumière, — La théorie dela Relativité restreinte. — La théorie de la Relativité gé- nérale. Puis, renvoyées en fin de volume, trois notes d'un ca- ractère plus technique: La Cinématique de la Relativité restreinte, — Sur les Hypothèses fondamentales de la Physique et de la Géométrie, — Le continu mathématique et le continu physique, Une introduction détaillée, intitulée « De Newton et Poincaré à Einstein », constitue d’autre part une excel- lente préparation au corps de l'ouvrage. Nous ne pouvons songer naturellement àexaminer par le menu les nombreuses idées souvent originales expri- mées dans ce livre ; ce serait se substituer au lecteur. Disons seulement que l’auteur y fait une large place aux considérations géométriques et insiste avec raison sur l'importance croissante de la discontinuité physique, discontinuité qui s’oppose en un certain sens à la théo- rie de la Relativité puisque celle-ci est essentiellement bâtie sur la notion de continuité. Ces diverses vues sont exposées en un langage précis, facilement accessible et toujours très clair; illustrées par des exemples particulièrement bien choisis,emprun- tés pour la plupart à l’histoire de la science, elles ren- dent l’ouvrage aussi attrayant que profond. “+ La théorie de la Relativité aura eu cette fortune sin- gulière pour une discipline de Physique mathématique d’éveiller la curiosité et d’exciter les commentaires aussi bien des philosophes que des mathématiciens; et par philosophes nous entendons ici non seulement ceux qui cultivent la philosophie des sciences, mais ceux-là éga- lement qui s’adonnent,comme Lord Haldane, aux spécu- lations métaphysiques. Au fond, cet engouement se comprend et s’explique si l’on considère que, sous le manteau de son appareil analytique, la théorie de la Relativité recouvre une manière de voir nouvelle du monde et des choses: Cependant il ne faudrait pas s’imaginer, prenant le ti- tre à la lettre, que l’ouvrage de Lord Haldaneest unique- ment consacré à l’extension de la Relativité au domaine philosophique; si quelques chapitres du livre traitent effectivement de cette théorie et de ses bases métaphy- siques, plusieurs autres y sont étrangers et l’idée de, Relativité n’yapparaît que secondairement, quelquefois même qu'incidemment, L'ouvrage est divisé en quatre grandes parties. Dans la première, la théorie est étudiée sous son as- pect scientifique ordinaire et l’auteur y confronte les diverses manières de comprendrele principe, dont celles de Whitehead et d’Einstein, Une idée chère à l’auteur, d’ailleurs fort juste et que nous retrouvons à plusieurs reprises, est que science et philosophie se touchent et que volontairement ou à son insu le physicien est au BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX cours de ses préoccupalions fréquemment entrainé sur le terrain mouvant quiles sépare. La seconde partie est avant tout consacrée à la théorie de la connaissance; c’est ici qu’interviennent etse pla- cent les fondements méthaphysiques de la Relativite. L'auteur y traite successivement de la part du soi dans la connaissance, compare l’apparence à la réalité etfait ressortir plusieurs niveaux et différents degrés dans la formulation de la vérité. à La troisième partie, qui sera pleinement goüùlée par les amateurs de discussions métaphysiques, contient diverses appréciations sur la philosophie grecque, prin- cipalement sur l'œuvre d’Aristote, ainsi que des com- mentaires sur le réalisme des modernes, Puis l’auteur passeen revueles opinions de Locke, Berkeley,Kant, He- gel, Schopenhauer et Bergson se ratiachant à son sujet. A notre grand étonnement, nous n’avons pas trouvé une seule fois le nom d'Aug. Comte, qui -pourtant a laissé dans ces questions la trace d’un maître et qui mé- ritaitici au moins une citation, lui qui a proclamé en tête de sa philosophie positive le Relativisme universel, La quatrième et dernière partie, enfin, est une étude des relations de l’homme avec ce qui l’environne, rap- ports de l'individu avec la société, avec l’état; et, pour terminer,unexamen de conceptionsanthropomorphiques et autres des idées dedivinité et d’immortalité de l'âme. Comme on peut s’en rendre compte par cette brève ana- lyse, l'ouvrage consiste surtout en un ensemblé de ré- flexions diverses sur des sujets d'ordre très varié al- lant dela Géométrie au Spiritualisme. Ainsi compris, le livre plaira aux esprits de tournure métaphysique et aussi au public éclectique qui y trouvera ample matière à philosopher. Ajoutons que le traducteur a su rester rigoureux et que la pensée de l’auteur a été fidèlement rendue, quel- que tourmentée qu’elle puisse paraitre en certains pas- sages. MAURICE SAUGER, A Dictionary of Applied Physics, edited by Sim Ricaarp GLAzZEBROoK. — Vol, I : Mechanics, Engi- neering, Heat. — 1 vol. in-8° de 1x-1067 p. avec fig. (Prix cart : 63 sh.). Macmillan and Co, éditeurs, Lon- dres, 1922. Les applications de la Physique à pris depuis vingt-cinq ans un développement considé- rable. Il est devenu de plus en plus difficile, pour les ingénieurs et les techniciens, d'acquérir, même partiel- lement, les connaissances qui se rattachent à ces appli- cations et même de se documenter à leur sujet. Les recherches modernes sont en effet dispersées dans d’in- nombrables revues spéciales, dont les unes sont d’un caractère proprement scientifique, les autres plutôt techniques, de sorte que, pour se faire une idée à peu près correcte de l’état actuel d'un problème de Physi- que appliquée, il est en général nécessaire de faire un effort bibliographique considérable, souvent dispro portionné avec là valeur des renseignements obtenus. Le but du Dictionnaire de Physique appliquée dont le premier volume vient de paraître est de remédier à cet état de choses, Sous la haute direction de Sir Ri- l’industrie ont ; BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 487 chard Glazebrook, de nombreux collaborateurs se sont chargés de rassembler, sous une forme à la fois claire et compacte, les renseignements les plus précis et les plus récents que nous possédions sur les problèmes de la Physique appliquée. Ces collaborateurs ont d’ailleurs été choisis avec soin parmi les personnalités les plus compétentes de langue anglaise, et, bien que l’on puisse déplorer, à certains égards, que presque aucun étranger n'ait été sollicité de participer à cette œuvre, il faut reconnaître que, dans l'ensemble, on ne peut que se louer des choix qui ont été faits. Plusieurs difficultés se présentaient dans la réalisa- tion d'une œuvre aussi considérable. Adopter rigoureu- sement dès le début l’ordre alphabétique risquait de créer une confusion presque inextricable, Aussi les ré- dacteurs ont-ils préféré diviser d’abord le sujet en vas- tes chapitres, dont chacun fait l’objet d’un volume séparé. A l’intérieur de chaque volume, on revient à l’ordre alphabétique, qui se trouve ainsi ne porter que sur des sujets apparentés les uns aux autres. Le premier volume, seul paru actuellement, se rap- porte, comme l'indique son sous-titre, à la mécanique physique, aux moteurs mécaniques ou thermiques, aux propriétés calorifiques des solides et des fluides, etc. Les éditeurs se proposent de faire paraître, de trois en trois mois, les volumes suivants, qui seront consa- crés à l'électricité (tome Il), à la météorologie et aux mesures physiques (tome II), à l'optique, à l’acousti- que et aux radialions (tome IV), enfin à la métallurgie et à l'aéronautique (tome V). Si ce programme peut être accompli, l'ouvrage ne pourra manquer de rendre des services signalés aux ingénieurs aussi bien qu'aux physiciens. Le volume actuel nous montre avec quel art les édi- teurs anglais savent surmonter les problèmes typogra- phiques les plus difficiles. Il s'agissait, dans les 1.000 pa- ges du livre, de faire tenir la matière d'innombrables ouvrages techniques, d'y logeren plus des figures nom- breuses et claires, et cela en rendant sa lecture facile et même agréable. Ce problème a été résolu de main de maître : le caractère, quoique petit, est très net et agréa- ble à l'œil, le papierest d’une qualité presque luxueuse, et malgré cela le volume reste très maniable et même assez élégant. y Quant à la valeur même des articles, seule une prati- que assez prolongée permettra d’en juger d’une manière définitive. Ceux d’entre eux que nous avons examinés de près nous ont paru, malgré quelques inégalités, d’une qualité tout à fait satisfaisante, D'ailleurs les noms des signataires sont en général les meilleurs garants de cette qualité. Ainsi c’est le Laboratoire de Recherches de la General Electric Company (Langmuir et ses col- laborateurs) qui s’est chargé de l’article sur les pompes à vide; ce sont MM. Griffiths qui ont rédigé les articles sur l'équivalent mécanique de la calorie, lacalorimétrie et la pyrométrie; c’est à Sir James Alfred Ewing que nous devons les articles sur la thermodynamique, la liquéfaction des gaz et la théorie des moteurs thermi- ques, à M. Horace Lamb que nous devons les articles d'ordre théorique sur l’hydrodynamique et la conduc- tion de la chaleur, ete. \ Chaque article se termine par la bibliographie des principaux ouvrages et mémoires se rattachant à la question, bibliographie à laquelle on peut reprocher quelquefois une certaine partialilé en faveur des An- glais et des Américains (c’est le cas par exemple pour les articles de Sir Ewing), Le volume lui-même se ter- mine par un double index, d’un emploi très commode, avec classification par noms d'auteur et aussi par matières. Il nous reste, pour conclure, à exprimer deux vœux. Le premier est que le change français s'améliore sulli- samment pour que les bibliothèques scientifiques et techniquesfpuissent, sans s'imposer une charge exces- sive, acquérir ce très précieux ouvrage, dont la valeur marchande est naturellement en rapport avec l'énorme somme de travail intellectuel et matériel qu'il a fallu dépenser pour saréalisation. Le second est que les sa- vants et les éditeurs français entreprennent, sans trop de retard, une œuvre analogue et ne se laissent pas tou- jours devancer par l'étranger quand il s’agit d’accom- plir une besogne, lourde à la vérité, mais aussi profi- table finalement au point de vue matériel qu'aux foints de vue scientifique et national. EuGÈèxe BLocu. Jauch (L.), Mécanicien en chef de la Marine. — Le Pétrole et son industrie.— 1 vol. in-8° de 366 p. avec 71 fig. (Prix : 25 fr.): Augustin Challamel, éditeur, Paris, 1921. L'ouvrage de M. le Mécanicien en chef Jauch paraît au moment où, après une guerre dont on a pu dire qu'elle fut une guerre de pétrole et d'essence, la politi- que mondiale paraît être devenue, elle aussi, «une poli- tique du pétrole ». Chargé de mission en Roumanie,oüilfitavant la guerre un assez long séjour, l’auteur put y étudier sur place toutes les questions se rattachant à l'extraction et à l’in- dustrie du pétrole. Adjoint, tout dernièrement, à l’{ns- pecteur Général des Combustibles, au Ministère de la Marine, il put rassembler une abondante documenta- tion concernant l’utilisation et la réglementation du pétrole et de ses dérivés. Le livre qu’il publie aujour- d’hui doit d’avoir été aussi rapidement connu, moins encore à l'opportunité de sa publication qu’à ses qua- lités techniques et à la valeur des renseignements qu’il fournit. Dans un premier chapitre sont exposées la nature, les propriétés et la constitution des pétroles. Les notions de chimie indispensables au praticien ysont traitées avec clarté, mais en évitant une ampleur qui eût été dépla- cée dans un ouvrage essentiellement pratique. Les diverses théories relatives à l’origine du pétrole y sont rapidement passées en revue, Dans le chapitre II sont indiqués les principaux gise- ments pétrolifères du globe, la valeur de leur produc- tion ainsi que les Compagnies et Sociétés industrielles chargées de les exploiter, Des schémas et des cartes ‘illustrent abondamment letexte. Dans un troisième chapitre qui traite « de l'extraction, du transport et du magasinage des pétroles », l’auteur [ expose les divers procédés de prospection, de forage 488 BIBLIOGRAPHIE. — ANALYSES ET INDEX et de vidange des gisements pétrolifères. La documen- tation est ici particulièrement riche et d’une précision que seul pouvait donner un observateur avisé ayant vu tout ces procédés à l’œuvre, Le magasinagé et le transport des pétroles font l’objet d'un exposé complet au cours duquel ont été énumérés et classés tous les dépôts maritimes commerciaux des combustiblesliquides.Le chapitre se termine par l'étude des accidents qui peuvent survenir au cours des mani- pulations et sur les moyens mis en œuvre pour prévenir et combattre les incendies. Le chapitre V décrit les différentes méthodes de dis- tillationet de raffinage etexpose la législation douanière du pétrole. L'ouvrage se termine par un chapitre où sont traitées les méthodes de détermination des constantes physi- ques ainsi que les procédés d'analyse des pétroles et de leurs dérivés. Les conditions de recettes adoptées dans les divers pays font l’objet d’un examen qui joint à l’incontestable mérite d’être complet celui de réunir, pour la première fois, une documentation jus- qu’ichéparse. Ce livre a été écrit dans le but de condenser pour les techniciens des données élémentaires assez précises. Ce n’est donc point une Encyclopédie touffue, mais un traité complet et d'une remarquable précision sur une question dont nulle vue d’ensemble n’avait encore été donnée. Ce livre, bien « qu’écrit pour les techniciens », sera lu avec profit par tous ceux que la question du pétrole intéresse. Sa forme condensée ne nuit point à la clarté de l’exposition et sa lecture en demeurefacile. La faveur qui a salué son apparition en est la meilleure preuve et son meilleur éloge. BERGER, x Mécanicien Général de la Marine D. C. R. 3° Sciences naturelles Vidal de la Blache (P.), Membre de l’Institut. — Principes de Géographie humaine, publiés d'après les manuscrits de l'auteur par Emmanuel nr Mar- TONNE. — 1 Vol. in-8° de 327 p., avec 2 cartes en noir et cartes en couleur hors texte (Prix : 25 fr.). Li- brairie A, Colin, Paris, 1922. P. Vidal de la Blache, chef de notre Ecole géographi- que, est mort le 5 avril 1918, en pleine vigueur intellec- tuelle, laissant inachevé l'ouvrage publié aujourd’hui par les soins éclairés de M. E. de Martonne. Cet ina- chèvement est d'autant plus regrettable qué la Géogra- phie humaine n’est pas faite, que l’on discute encore son objet et sa méthode, et qu’il eût été infiniment pré- cieux d’avoir, écrit par un maître de cette valeur, un ouvrage complet sur une science en formation. La matière intéressait vivement P, Vidal de la Bla- che, puisque, dès 1905, il avait rédigé un plan de ce livre. Quelques chapitres en avaient été publiés dansles Annales de Géographie. Grâce au rassemblement cri- tique opéré par M. de Martonne, nous avons au moins l'essentiel comme texte ; ce qui fait évidemment le plus défaut, dans une œuvre de ce genre, c'est l'illustration, | malgré l'intérêt très grand des six cartes horstexte con- sacrées aux grandes cultures de céréales, à la périphé- rie urbaine des régions arides, à la répartition de la population et aux matériaux caractéristiques des for- mes de civilisation. Les Principes de Géographie humaine se composent d’une introduction sur le sens et l’objet de cette branche de connaissance, et de trois parties, La première traite de la répartition des hommes sur le globe : densité, migrations, agglomérations. La seconde étudie les for- mes de civilisation : les instruments et le matériel, les moyens de nourriture, les moyens de construction, les établissements humains, l’évolution des civilisations. La troisième partie a pour objet la circulation et décrit les moyens et les voies de transport :‘routes, chemins de fer, mer. Le livre se termine par des fragments déta- chés sur la formation des races, la diffusion des inven- tions, les genres de vie et domaines decivilisation, la ville. La simple lecture des matières énumérées suflit à montrer que, comme le souligne M. de Martonne, « le point de vüe historique pénètre, domine, inspire l'examen, le classement, l'explication de tous les faits ». P. Vidal de la Blache est venu à la géographie par l’histoire; toute son œuvre géographique ést pénétrée de cette formation, Ses Principes, notamment, Sont une merveilleuse introduction géographique à une his- toire universelle de la civilisation. Ce sont d’admira- bles fresques, des vues d'ensemble richement éclairées, suggestives d'horizons nouveaux. Mais, tout cela, est-ce bien entièrement de la Géographie humaine? Puisque cette science est en gestation, il est bien permis de dis- cuter son objet. Etude des rapports entre l’homme et la terre, elle s'exprime différemment suivant que l’auteur accorde la prépondérance à l’un des deux facteurs, la terre ou l’homme. P. Vidal de la Blache penché pour le facteur humain et sa géographie perd pied, si je puis dire, lorsqu'il se laisse entraîner à décrire l'évolution des civilisations, Le « paysage » qui est, en quelque sorte, la pierre de touche du phénomène géographique s'évanouit parfois quand il est question de migrations, de matériel ethnographique, d’inventions, de progrès. Toutes ces pages sont bien imprégnées du meilleur esprit géographique, et ce qui fait leur valeur c’est qu'aucun historien ou sociologue n'aurait pu les écrire, mais je crois qu'elles appartiennent plutôt au domaine de l'Histoire qu’à celui de la Géographie humaine, science des «paysages » tracés par la main de l’homme. PIERRE CLERGET, Directeur de l'Ecole supérieure de Commerce de Lyon. Burkitt (M. C.), M. 4.,F. G.S. — Prehistory. À sTupy OF EARLY CGULTURES IN EUROPE AND THE MEDITER- RANEAN BASIN, with a short preface by l'abbé H.Breux, professor at the Institute of Human Paleontology, Paris. — à vol. in-8° de xx + 439 p. avec XLNIII pl. (Prix : 35 sh). Cambridge, University Press, 1921. L'exposé très clair de M. Burkitt sur l’état de connaissances en Préhistoire est presque limité à l’Eu- ropecet à l'Afrique du Nord, c’est-à-dire aux seulées régions sur lesquelles notre documentation soit assez nos BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 489 étendue, Un tableau montre, dès le début de l’ouvrage, la classification adoptée, en conformité avec les idées directrices de l’École française, Dans un bref exposé historique, une large part est faite aux découvertes les plus importantes de nos compatriotes, Les études géo- logiques sont prises comme base des recherches préhis- toriques, notamment celles ayant pour point de départ l'examen de la série des glaciations, Peut-être les sub- divisions admises pour les périodes lithiques sont-elles un peu trop nombreuses (Magdalénien I, Il, IL, IV, V, VI, par exemple) : nous sommes loin de pouvoir encore aflirmer qu'il s'agit là d’horizons ayant même une valeur géographique un peu large. Pour chaque période préhistorique, l'auteur insiste, indépendamment des caractères archéologiques, sur la distribution géographique et la faune, avec lis'es de localités et d'espèces animales. Les différentes races humaines sont décrites sommairement avec l’indica- tion des localités qui ont fourni les restes fossiles et de leur âge exact. Mais ce sont surtout les grottes avec peintures rupes- tres du Sud de la France et de l'Espagne qui font ici l’objet de développements importants. Dans toute cette étude et plus particulièrement dans l’élablissement d’une chronologie de l’art quaternaire, l'auteur s’ins- pire très largement des travaux de l'abbé H. Breuil. Les questions de chronologie, de localisation sui- vant des provinces ethnographiques, de fauniques en rapport avec les changements de climat ou la diversité des conditions locales, sont l’objet d'im- portants développements qui donnent au livre de M. Burkitt les caractères d'une élégante synthèse sur variations l'art paléolithique des cavernes d’après les belles décou- vertes récentes. Un chapitre final envisage comparativement les civi- lisations paléolithiques et les cultures des peuples archaïques actuels ou disparus depuis peu. M. C. Bur- kitt tend à voir dans la magie sympathique la raison d’être de l’art des cavernes. L'excellente bibliographie qui termine le livre met nettement en relief le rôle prépondérant joué par les savants français en Préhistoire : 150 références sur un total de 250. Le superbe atlas de 48 planches qui accom- pagne le texte donne la première vue d'ensemble de l’art paléolithique. L. JoLEAUD, Maître de Conférences à la Faculté des Sciences de Paris. Chevalier (Aug.), Directeur du Laboratoire d'Agro- nomie coloniale, Chef de la Mission permanente d'Agriculture au Ministère des Colonies. — Histoire et amélioration des Pommiers et spécialement des pommiers à cidre. — 1 vol. in-80 de 92 p. (Prix : 5 fr.). Laboratoire d’Agronomie coloniale, 57, rue Cuvier, Paris, 1921. L'auteur s’est proposé de faire connaitre en France des travaux américains, souvent trop ignorés, même dans nos pays à cidre du Nord-ouest. IL montre l’his- torique des problèmes posés en Pomologie, et ceux qui ont été résolus ou appellent de nouvelles recherches. Tout en apportant des observations personnelles, il attire aussi l'attention sur la possibilité de dévelop- per la culture du pommier dans des contrées montagneu- ses de colonisation tropicale : Indo-Chine et Mada- gascar. D'une façon générale, les 32 espèces principales de Malus actuellement connues n’ont fait l’objet que de recherches et d’études très incomplètes. C'est le Malus dasyphylla d'Asie qui a fourni la plupart des formes du Malus domestica. L'auteur nous donne d’utiles indi- cations de répartition géographique de ces espèces et sur la nature hybride de quelques-unes. Il y a, parait-il, 3.000 à 4.000 variétés dénommées de pommiers, le Cata- logue français n'en retenant qu'une soixantaine méri- tantesetrecommandables parmiles 80.000 à 100.000 sor- tes qui sont connues sur notre territoire. C’est en Bis- caye qu'est née la culture du pommier à cidre. Celle-ci s’est étendue dans le Nord-Ouest français, en Angleterre, dans le sud du Chili où le pommier a pris l'apparence d’une plante sauvage formant de petites forêts. L'Amé- rique du Nord, l'Afrique du Sud, la région australe du Pacifique possèdent aujourd’hui des pommiers à cidre extrêmement variés et adaptés aux conditions écolo- giques locales. Les anciennes variétés sont souvent en décadence et doivent être rajeunies. Il est possible d'obtenir des variétés parthénocarpiques dont les fruits se développent sans avoir été fécondés, et par suite sont sans pépins. D'autre part, c’est un fait assez connu que les soins donnés aux vergers de pommiers et à la préparation du cidre sont chez nous trop négligés. La récolte n'y est pas régulière, et ne présente souvent qu'une bonne an- née sur deux. La méthode scientifique peut remplacer beaucoup de variétés médiocres par des fruits de choix, particulièrement dans la création des grands vergers qui ne considèrent pas la production fruitière comme un accessoire de l’exploitation. Epmonp GAIN, Directeur de l’Institut agricole et colonial de Nancy. Champy (Christian), Professeur agrégé à la Faculté de Médecine de Paris. — Etude expérimentale sur les différences sexuelles chez les Tritons (Zriton alpestris Laur)., — 1 vol. in-8° de 180 p. avec 82 fig- et 4 pl. dont 1 en couleur (Prix : 25 fr.). Fascicule VII des Archives de Morphologie générale et expérimen- tale. G. Doin, éditeur, Paris, 1922. Depuis une vingtaine d'années, l'attention des phy- siologistes a été particulièrement attirée par le problème des rapports unissant entre eux les différents carac- tères sexuels; mais, malgré le grandnombre des publi- cations consacrées à ce sujet, nos connæissances demeu- rent encore bien imprécises. Aussi faut-il savoir gré à M. Champy d’avoir repris l’étude de la question sans idées préconçues et d'apporter, dans le présent travail, avec des vues très personnelles, une abondante mois- son de faits soigneusement observés. Les recherches ont porté sur le Triton alpestre, qui | offre le double avantage de supporter facilement la 490 captivité et de présenter des caractères sexuels exter- nes très nets. La plus grande partie de ceux-ci n’appa- raissent qu'à la saison des amours ; aussi était-il indis- pensable, avant toute expérimentation, de comparer leur évolution saisonnière avec celle de la glande sexuelle; c’est ce que fait l’auteur dans la première partie de son travail, De ses études anatomiques et histologiques, il conclut que l’apparition des caractères temporaires est liée, chez le mâle, à la présence de sper- matozoïides mürs, et, chez la femelle, à celle d'œufs renfermant des enclaves vitellines. La régression de la parure de nôces est d’ailleurs assez irrégulière; elle coïncide avec la poussée annuelle de spermatogénèse,et avec la disparition concomitante de la réserve nutritive constituée par le tissu adipo-glandulaire. Dans une seconde partie, l’auteur vérifie les données récédentes au moyen de l’expérimentation. A la castra- P B E tion chirurgicale qui introduit de nombreuses causes d'erreur, il préfère généralement substituer la castra- tion alimentaire. En soumettant des Tritons au jeûne total au moment de la spermatogénèse, on obtient des animaux dont les testicules sont dépourvus de cystes à spermatozoïdes. Afin que l’action directe du jeùne soit éliminée, les Tritons sont ensuite copieusement mour- ris, et, dans ces conditions, l’on constate qu’une fois passée la période propice, les spermatozoïdes ne se for- ment plus et que la parure des noces fait également défaut,malgré la présence d’un tissu adipeux abondant. Dansun cas où le jeûne a été poussé au point d'amener l’atrophie totale du testicule, il s’est produit un phéno- mène très curieux : l’inversion du sexe. Alimenté à nouveau, l'animal a pris, peu à peu, l'aspect de la fe- melle et, à l’autopsie, s'est révélé porteur d’ovaires. Ce résultat singulier semble dû à ce que l’épithélium ger- minatif reforme plus facilement des oyocytes que des spermatocytes. L'auteur, après avoir montré que rien n'autorise à croire à la présence d'un chromosome acces- soire, conclut que le sexe des gonades n’est sûrement pas prédéterminé. Pour interpréter sainement ce cas d'in- version, il faut se rappeler que, chez les Batraciens, le sexe est particulièrement labile, et que l’on observe nor- malement, chez le Triton, un véritable hermaphrodisme canaliculaire temporaire, c’est-à-dire que le canal de Muller se reforme chez le mâle pendant la période de régression annuelle, L'idée principale qui se dégage du -travail de M. Champy est que les caractères sexuels ne sont pas conditionnés par les glandes interslitielles, mais parla présence de produits sexuels mürs, Cette conception sera certainement très discutée, car elle est en désaccord avec ce qui est généralement admis à la suite des tra- vaux de Bouin, d’Ancel et de leurs élèves, de Steinach, etc. Il faut, en tout cas, louer l’auteur d'avoir dénoncé l'abus qu’il y a à parler de glande et de sécrétion là où l’on ne constate que des corrélations. Il est bien certain que le fonctionnement d'un organe peut modifier le milieu intérieur et créer ainsi des conditions détermi- nantes sans qu'il y ait nécessairement sécrétion d’hor- mones. BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX Une illustration abondante permet au lecteur de se rendre compte de tous les faits sur lesquels l’auteur fonde ses conceptions. R. DE La Vaurx, Docteur ès Sciences, 0 14 y 4° Sciences médicales Marehadier (A. L.) et Goujon (A.). — Les poi- sons méconnus. — 1 vol. in-18° de 286 p. de la Bibliothèque de Philosophie scientifique (Prix : 9/". 50). Ern. Flammarion, éditeur, Paris, 1922. Le livre de MM. Marchadier et Goujon vous fait à la lecture passer un petit frisson : en effet, ce volume est une étude des innombrables poisons qui guettent à chaque pas notre santé et menacent notre vie; ils sont d'autant plus traîtres que beaucoup d’entre eux sont insoupçonnés. C’est d’abord l’histoire des ptomaïnes et des intoxi- cations alimentaires, puis des maladies causées par des microbes hôtes occasionnels d’aliments le plus souvent sains :huîtreset fièvre typhoïde, viandes charbonneuses, - moules, etc. C’est ensuite un très curieux chapitre con- sacré aux empoisonnements dus à des mets inoffensifs généralement : la bière à picrotoxine, le miel, l’inno- cent miel lui-même qui peut devenir toxique quand les abeilles qui l’ont produit ont butiné des fleurs d’aconit ou de digitale, les haricots exotiques, les laitues mon- tées en graines qui peuvent encore causer des intoxica- tions. L'importante question des vitamines et le danger des aliments stérilisés sontégalement fort judicieusement exposés. À cette question se rattachent aussi d’intéres- santes études sur le pain blanc, le blutage des farines, etles impuretés que celles-ci peuvent contenir : ergot de seigle, nielle, etc, À Les auteurs étudient les impuretés de nos boissons : les eaux dangereuses (eaux éberthisées, eaux généra- trices de goître, eaux plombifères etsaturnines); le lait que le mouillageavec des eaux impures peut souiller de microbes divers, el qui peut être toxique par lui-même siles vaches ont brouté des aliments toxiques; le vin, dangereux par les opérations de plätrage, surplâtrage, déplâätrage;la bière, qui peut contenir des quantités importantes d’arsenic. De longues pages nous exposent le danger des pro- daits falsifiés, des denrées de remplacement, les ersatz des Allemands, qualifiés en France du délicat euphé- misme de « fantaisie »; ce sont tous des produits synthé- tiques plus ou moins toxiques. À joindre à ce chapitre celui consacré aux drogues dangereuses employées pour la conservation des aliments, petits pois au vert de gris, « vinaigres potassiques, etc. En résumé, livre très attachant et d’un grand intérêt pour le médecin et le biologiste, A Dr GazLror. ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 491 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Séance du 10 Juillet 1922 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. E. Cartan : un théorème fondamental de M. H. Weyl dans la théo- rie de l'espace métrique. L'auteur généralise, pour n quelconque, le théorème démontré par M. Weyl pour n'— 2 etn —3, — M. A. Chatelet : Groupes abéliens finis. — M. J. Guillaume : Observations du Soleil faites à l'Observatoire de Lyon pendant le premier tri- mestre de 1922. — M. G. Sagnac: Les oscillations des raies spectrales des étoiles doubles expliquées par la loi nouvelle de projection de l'énergie de la-lumière. — M. E. M. Lémeray: La relativité générale et la Voie lactée. La théorie de la relativité, en particulier la no- tion de courbure des rayons lumineux, conduisent à envisager comme possible une structure du monde stel- laire tout autre que celle qui est communément ad- Sur mise, 29 SCIENCES PHYSIQUES. — M.R. Jouaust : Compa- raison des étalons prototypes de l’ohm international. L'auteur a comparé entre eux au Laboratoire central d’Electricité les dix étalons prototypes de l’ohm inter- national construits par M. René Benoît, Deux ont été éliminés. Pour. les autres, la comparaison des valeurs déduites des mesures électriques et des mesures géo- métriques fait ressortir une valeur moyenne de 1,000.075 ohm, avec une différence moyenne de + 1,9 X 10—5, M. Paul Janet rappelle l'historique de la construction de ces étalons. — M. V. Karpen: Sur une classe particulière de piles.L’auteur a constitué une très grande variété de piles formées de deux liquides À et B non miscibles, directement superposés et conte- nant en solution ou à l’état colloïdal un sel ou un mé- lange de sels d’un métal M, en contact chacun avec une électrode formée du même métal M. Le fonctionnement de ces piles ne produit .aucune réaction chimique, aucune modification de la concentration des deux solu- tions en contact. 11 n’est pas conforme à la théorie os- motique des piles de M. Nernst, et semble même con- tredire le 2° principe de la Thermodynamique. —M.A. Duffour : Sur un nouvel exemple de formes hémièdres non conformes au signe de l'activité optique. L'auteur a observé un échantillon d’acide abiétique cristallisé pro- venant de la gemme du pin d'Alep. Il était formé de belles lamelles ayant bien le contour triangulaire de l’acide abiétique; mais, au lieu de la disposition nor- male des faces hémièdres, elles offraient la disposition énantiomorphe. — M. A. Granger: Observations sur la cuisson de produits céramiques dans des fours chauf- fés électriquement. L'auteur a utilisé des fours chauf- fés au moyen d’une résistance formée soit d’un filmétal- lique, soit de charbon granulé, Les premiers se prêtent très bien aux essais delaboratoire concernant lespâtes, glaçures et émaux. Les seconds permeltent la cuisson de la porcelaine, à condition d'éliminer par un tirage L modéré l’oxyde de carbone qui se forme pendant le chauffage. — MM. R. Locquin et S. Wouseng : Sur l'obtention d'aldéhydes à partir d’alcools tertiaires. Sous l'influence des agents acides, les dialcoylvinylcar- binols RR’.C(OH).CH:CH? sont transposables en alcools ££-dialcoylallyliques RR'C: CH.CH?OH, ce qui rend dillicile l'obtention de,leurs éthers à l’état de pu- reté. Ces mêmes dialcoylvinylcarbinols fournissent, sous l’action du mélange chromique, des aldéhydes identiques aux ££-dialcoylacroléines RR'C : CH.CHO . — M. H. de Pommereau : Surla réduction de l':-napht;l- acétate d’éthyle et des o-naphtyléthanols par le sodium et l'alcool absolu. Cette réduction conduit pour le pre- mier de ces corps à un tétrahydronaphtyléthanol pri- maire et à un acide tétrahydronaphtylacétique; celle de l'&naphtyléthanol primaire donne un dihydronaph- tyl-éthanol primaire, et celle de lenaphtyléthanol secondaire un dihydroéthylnaphtalène. — M. Em. An- dré: Contribution à l'étude des huilesde pépins de rai- sins. Etude des acides gras solides. Méthode desépara- tion des acidesstéarique et palmitique. L'auteur a retiré de ces huiles l'acide stéarique et l’acide palmitique et une petite.quantité d'acide mélissique, C#0H600?, F.880- 89°. La séparation des acides palmitique et stéarique peu! se faire en mettant à profit les propriétés de solu- bilité de leurs savons de lithium dans l'alcool. — M.F. Boiry : Sur la vulcanisation du caoutchouc en solution. L'auteur a obtenu la vulcanisation du caoutchouc par le soufre soit en solution étendue (1 à 20/, de caout- chouc) dans le nitrobenzène, le phénol, le phénétol,soit en solution concentrée (10°/, et plus). Dans le premier cas, on obtient un caillot, dans le second un gel, qui sont ensuite desséchés, — MM. G.Bertrand et Mocra- gnatz: Sur la présence du cobaltet du nickel dans la terre arable. Les auteurs ont reconnu dans la terre arable la présence de Co et dé Ni, en quantités très petites, mais non négligeables: 0,0028 à 0,0087 gr. de Co par kg. et 0,0136 à 0,0174 gr. de Ni par kg. 30 ScrENCES NATURELLES. — M. I. Athanasiu : Sur l'énergie nerveuse motrice. Electroneurogrammes. De ses recherches sur le courant d’action des nerfs et des centres nerveux qui commandent les mouvements vo- lontaires, l’auteur conclut: 1° Le courant d’action suit l'énergie nerveuse dans toutes ses phases; il est par conséquent l’image fidèle de cette énergie; 2° L'énergie nerveuse motrice volontaire est de nature vibratoire et présente chez les Mammifères entré 300 et 550 vibra- tions par seconde ; 3° Le chloralose augmente fortement le nombre des vibrations électroneuromotrices, donc celles de l'énergie nerveuse motrice. — MM. A. Des- grez, H. Bierryet F. Rathery: Etat d'acidose; méthode d'épreuve et traitement. Il y a lieu de distin- guer hyperacidité urinaire, acétonurie et acidose. L'état d’acidose, rencontré chez divers diabétiques et brighti- ques azotémiques, est décelé par l'épreuve du bicarbo- | nate de soude, Dans le traitement de l’état d'acidose, il 492 faut donner des bicarbonates alcalins, à doses répétées et suflisantes pour que la réaction de l'urine se main- tienne au voisinage de celle du sang à l’état normal. Seance du 17 Juillet 1922 19 SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. J. Andrade : Les déterminismes mécaniques et la notion de milieu ; orbites pseudo-elliptiques et orbites circulaires. — MM. H. Deslandres et V. Burson : Recherches sur l'atmosphère des étoiles. Propriétés des étoiles qui ont les mêmes couches de la chromosphère que le Soleil. Le quart au moins des étoiles jaunes les plus brillantes, jusqu’à la grandeur 4,7, et probablement la moitié de ces étoiles, montre avec la petite chambre à un prisme les raies brillantes H, et K,, et donc a une chromo- sphère moyenne notablement plus brillante que celle du Soleil, De plus, 3 de ces étoiles, toujours avec la même dispersion, ont montré les raies noires centrales H, etK, et donc ontune couche supérieure de la chro- mosphère plus développée que dans le Soleil. Ces étoiles, sauf peut-être une, sont toutes des géantes. — M. J. Baillaud : Coordonnées du pôle galactique, déduites de La distribution des étoiles zone de Paris du Catalogue astrophotographique. Les dans la coordonnées du pôle galactique qui satisfont le mieux à la distribution des étoiles dans la zone de déclinaison + 22 sont : AR — 13h 22m — 2000,5; D — —Æ 270,2 (1900). 20 SCIENCES PHYSIQUES. — M. Maur. Leblanc : Sur les lampes à trois électrodes où le courant est transporté par des ions, et leurs applications. Dans ces lampes, l’espace compris entre l’anode et la cathode ne se charge pas ; elles ne jouissent pas de toutes les propriétés des lampes à 3 électrodes où le courantest transporté par des électrons, et on doit les utiliser autrement. L'auteur leur a trouvé deux sortes d'applications : transforma- tion d’un courant continu en courant alternatif de fré- quence élevée ; transformation de courants alternatifs de fréquence élevée en courants alternatifs de fréquence usuelleet variable à volonté. — M. Bedeau: Déter- mination du pouvoir inducteur spécifique de la vapeur de mercure. La vapeur de mercure ne présente pas les anomalies constatées pour les vapeurs d’eau, d’ammo- niac, etc. et son pouvoir inducteur spécifique vérifie sensiblement la formule de Maxwell qui donne K’ — 1,00074. — M. J. G. Popesco : Sur la variation de la tension superficielle du mercure dans les gaz. Cette variation est à peu près la même pour la plupart des gaz employés. Ceci paraît confirmer l'hypothèse de l’adsorption. — M. Lindsay : Sur les limites d'absorp- tion L des éléments Ba-Sb., — M, R. de Mallemann : Polarisation rotatoire et orientation moléculaire. L’'au- teur étend la théorie de l'orientation de Cotton au cas de molécules optiquement actives et aboutit pour la polarisation rolatoire à des formules qui sont analo- gues aux M. L. Long- chambon : Sur le pouvoir rotatoire des cristaux et le formules classiques. — pouvoir rotatoire moléculaire. Si le pouvoir rotatoire cristallin est souvent beaucoup plus grandque le pou- voir rotatoire moléculaire, le rapport entre ces deux valeurs est variable d'une substance à l'autre. D'autre R.CO.CO?HR.CO?H,... — ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES part, malgré les grandes variations de la valeur du pouvoir rotatoire en passant de l’état liquide à l'état cristallisé, variations qui vont jusqu’au changement de signe, la dispersion rotatoire reste constante, — MM. Ch. Fabry et H. Buisson: Sur la courbe de répartition de l'énergie dansla partie ultraviolette du \ spectre solaire. Les auteurs ont opéré par compa- raison avec une source artificielle (cratère positif de l'arc électrique) dont la courbe d'énergie est connue, | L'intensité du spectre solaire varie de23,9 pour À — | 3.940 à 1,18 pour )} — 2.922. La courbe d'énergie du spectre continu du Soleil se rapproche beaucoup, dans « cette dernière région, de la courbe d’un corps noir à 6.000° absolus. — M. M. Duffieux : Sur la masse des particules qui émettent le spectre de l’oxyde de carbone." Parmi les bandes du spectre de l’oxyde de carbone, l’une (4.123) est émise par l’atome de carbone, les qua- tre autres par l'atome d'oxygène, — MM. P. Lambert et A. Andant : Dispositif pour la métallisation des grandes surfaces par projection cathodique. Pour réaliser une étanchéité complète, les auteurs ont . renfermé leur dispositif dans deux cloches concentri- ques en verre, où l'on fait successivement le vide. — M. P. Mondain-Monval : Sur la préparation du chlo- rure d’ammonium à basse température. L'auteur donne le résultat de ses mesures concernant la cristallisation du chlorure d’ammonium dans les solutions renfer- mant à la fois du chlorure et du carbonate neutre de « Na et d'Am pourla température de o°.— M. A. Ch. Vour- | nazos : Sur les antimoniodobromures complexes mixtes. En faisant réagir les bromures sur l’iodure d’antimoine en présence d'HBr gazeux, l’auteur a pré- paré des antimoniodobromures du type [SbBrl*]Na, cristallisés. — MM. Ch. Moureu et Ch. Dufraisse : Sur l’autoxydation. Le pouvoir antioxygène. Phénomènes divers se rapportant à l’action antioxygène.Il. Lesauteurs ont étudié le pouvoir d’entraver l’autoxydation de l’acroléine exercé par diverses substances ; en tête se place l'hydroquinone, puis viennent le pyrogallol et la pyrocatéchine, la résorcine et l’oxyhydroquinone. — M. L. J. Simon: Sur l'oxydation chromique des homo- logues de l'acide acétique. Les acides homologues de l'acide acétique sont, comme lui, complètement brûlés par le chromate d'argent et l'acide sulfurique. Le mélange de CrO$ et H?SO! laisse un résidu non brûlé, IL semble quel’oxydation des homologues de l'acide acé- tique s'effectue le schéma : R,CH?CO?H— MM. M. François et L. G. Blanc: Sur une méthode de préparation des iodomercurates d'alcaloïdes à l'état cristallisé. On ajoute une solution chaude d'un sel d’alcaloïde forte- ment chargée d'HCI et d'une teneur convenable en alca- loïde à une solution chaude d'iodomercurate deK de con- centration convenable, et on laisse cristalliser par refroidissement, — MM. À. WahletR. Lantz : Sur les oxy-2-arylnaphtylamines-1. On obtient facilement ces substances, encore inconnues, en faisant réagir l’'&-chloro et l’x-bromo-8-naphtol sur les amines aroma= tiques Ce sont des corps bien cristallisés, insolubles dans l’eau, solubles dans les alcalis caustiques. 30 SCIENCES NATURELLES. — M. R. Abrard suivant Sur la ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 493 présence de Nummulites variolarius Zmk. sp. dans les sables de Cresnes, de Marines et du Ruel. — MM. P. Lavialle et J. Delacroix : La paroi du pistil et du fruit dans le genre Euphorbia. L'existence régulière de poils d’origine endocarpique, plus ou moins abondants, dans les loges du pistil des Euphorbes rapproche cette fa- mille de celle des Malvacées et plus particulièrement de la tribu des Bombacées, — M. P. Vuillemin : Leégiti- mité des genres Laverania et Nocardia. La légitimité de ces genres est contestée au nom de la règle de priorité, Mais l’auteur montre que les noms antérieurs ne répon- dent pas aux conditions prescrites pour un nom généri- que valable ; par conséquent, les deux noms ci-dessus doivent être maintenus. — MM. J. Athanasiu et L. Bull : L'enregistrement des vibrations longitudinales du muscle pendant la contraction volontaire. Une méthode d'inscription simultanée des secousses et du courant d’action des muscles en contraction volontaire a per- mis de confirmer l’opinion que les grandes oscillations de l’électromyogramme représentent les secousses mus- culaires. — MM. P. Girard, W. Mestrezat et Li- Shou-Houa : Schème physique de la perméabilité sélec- tive des cellules vivantes aux différents ions. Un septum inerte séparant deux milieux conducteurs dont l’un au moins a un p H s’écartant de la neutralité se polarise sans source électrique extérieure au système, Les au_ teurs ont étudié les perturbations apportées dans les vitesses de passage des anions et des cations d’une so- lution diffusant vers l’eau pure àtravers un septum ainsi polarisé. On peut imiter ainsi, dans une certaine me- sure, Ce qui se passe à travers les parois des cellules vivantes, — Mlle M. Giraud, MM. G. Giraud et L. Parès : Recherches expérimentales sur la genèse de la crise hémoclasique des irradiations intensives, Tout se passe comme si les tissus élaboraient d’emblée, sous l'influence d’une application intensive de rayons X, des substances génératrices de choc, qui se déverseraient dans la circulation générale : albumines plasmatiques ou tissulaires, — MM. L. Panisset, J. Verge et E. Grasset : La réaction de fixation duns le diagnostic de la tuberculose des Bovidés. La méthode peut être appli- quée au diagnosticde la tuberculose des vacheslaitières. Elle mérite d’être préconisée dans la prophylaxie de la tuberculose par la méthode d'Ostertag; les individus donnantune rédction de fixation positive forte devront être éliminés. —M. Denucé : Zraitement des luxations congénitales de la hanche. Le procédé de l’auteur diffère de ceux de Lorentz et de Hoffa par la suppression de toute manœuvre de force. Sur 1303 cas opérés, il n’a eu que 13 reluxations, dont 10 réduites par le même pro- cédé, et avec succès, SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PHYSIQUE Séance du 7 Juillet 1922 M. Darmois: Applications du pouvoir rotatoire à l'étude des réactions en solution. L'auteur a repris les expériences de Gernez sur les modifications qu'’é- prouve le pouvoir rotatoire de l’acide malique sous lin- fluence du molybdate d'ammoniaque ordinaire, 1° En traçant une courbe qui a pour abscisses les poids de mo- lybdate ajoutés à une quantité constante d'acide et pour ordonnées les rotations des solutions sous une longueur constante, on prévoit que les deux corps doivent donner naissance à deux composésau moins, dont l’un est for- tement dextrogyre. Ce composé est isolable et présente un pouvoir rotatoire considérable : (4) 78 — + 2200. 29 L'étude systématique des mélanges en proportion variable de l’acide molybdique, de l'acide malique et de l’ammoniaque, montre que le mélange des 2 premiers dans les proportions 2 et 1 donne des rotations maxima, la rotation la plus élevée étant atteinte pour 2 d’ammo- niaque etcorrespondant précisément à 220°.0n en déduit la composition du corps isolé ci-dessus.Les mêmes pro- cédés ont été employés pour isoler les corps produi- sant desrotations lévogyres.— M.M. Garvin: Millivolt- ampèremètre double à équipage unique et a miroir. Les laboratoires industriels et scientifiques emploient sous le nom de «galvanomètre double » un appareil comportant deux instruments de mesure munis chacun d’un miroir et donnant, par un artifice optique (dispo- sitif de M. Saladin), la courbe décrite par un point dont les coordonnées rectangulaires sont proportionnelles, à chaque instant, aux déviations respectives des deux instruments. C'est en cherchant à faciliter le réglage de cet appareil, et cela surtout au point de vue optique, quel’auteur a été amené à construire un instrument dont l'équipage unique porte deux enroulements et un seul miroir et peut dévier dans deux plans rectangulaires. Chaque enroulement est bobiné en 8, et reçoit l’action d'un champ magnétique radial. Les deux enroulements sont disposésen trèfle à quatre feuilles. L'amortissement est assuré par une carcasse en cuivre. L'ensemble porte un miroir parallèle au plan moyennement horizontal contenant les portions des enroulements soumises au champ magnétique et repose par une pointe, fixée un peu au-dessus du centre de gravité, dans une crapaudine d’agate. Quatre légers spiraux conduisent les courants. L'enregistrement s’effectue au moyen d’un spot ponctuel qui se déplace sur une plaque photographique disposée horizontalement au-dessus du galvanomètre. Le modèle construit a une assez courte période d’oscillation; sa sen- sibilité est de l'ordre de celle des appareils industriels à cadre mobile. — M. M. Garvin: Nouvelle monture de microscope métallographique. SOCIÉTÉ CHIMIQUE DE FRANCE Séance du 23 Juin 1922 MM. Ch. Dufraisse et P. Gérald: L’uctiondes alcools sur l'xbromobenzalacétophénone, Les auteurs ont géné- raliséle couple de réactions qu’ilsavaient observées dans l’action de l'alcool éthylique sur l’x-bromobenzalacéto- ‘phénone, en présence de l'éthylate de sodium : + CH5OH + CSH5-CO-CHBr-CH-CÉH CiHÿ-CO-CBr—CH-C$Hÿ | OC?H° — HBr — C(H°-CO-CH — C-CSH | OC?H* Ils ont ainsi obtenu deux séries de dérivés, les uns 494 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES saturés, les autres éthyléniques. L’obtention de ces divers corps confirme le bien fondé de l'interprétation que les auteurs avaient donnée précédemment de la réac- tion de Wislicenus. — M. O. Bailly: Sur l’action de l'épichlorhydrine sur le phosphate trisodique en solu- tion aqueuse et sur la stabilité d'un diéther diglycéro- monophosphorique. L'auteur montre que cette action donne à la fois naissance aux sels de sodium du mono- éther et du diéther glycidophosphorique PO(ONa}O. CH2.CH.CH? et PO(ONa)(O.CH?.CH.CH?},du diéther «y à ZA N/A (e) O ’ONa monoglycéromonophosphorique PO—O.CH CH.OH NO.CH2 et du diéther «/-monoglycérodiphosphorique PO(ONa}? O.CH2.CH.OH.CH2.0.PO(ONa}?. Il compare ces résultats à ceux obtenus par E. Fourneau dans l'étude de l’action de l’épichlorhydrinesur le phénate de sodium etla pyro- catéchine sodée et il montre qu'ils sont entièrementana- logues. Le diglycidophosphate de sodium est facilement transformable par hydratation en «-diglycéromono- phosphate de sodium, qui s’est révélé d’une très grande stabilité. M. Bailly a confirmé cette conclusion en réa- lisant la synthèse de l'# «-diglycéromonophosphate de potassium par action de MnO'K en solution aqueuse étendue et froide (Wagner) sur le diallyphosphate de potassium (Cavalier): PO(OK)(0 —CH2—CH—CH2)2-+-02--2H20 —PO(OK)(O—CH?—CH.OH—CH2.0H) On doit conclure de ces recherches qu’à l’état de sel alcalin et en solution aqueuse neutre, le diéthers«-digly- céromonophosphorique est doué de la même remarqua- ble stabilité que le diéther «y-monoglycéromonophos- phorique. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Séance du 10 Juin 1922 (/in) M. À. Bouveyron: Action d'oxydants sur la tuber- culine. Les oxydants directs comme les permanganates, ou indirects comme les hypochlorites, exercent sur la tuberculine une transformation plus profonde que les oxydants simples comme l'ozone. — M. A. Lipschutz: Sur l'hypertrophie dutesticule dans la castration unilaté- rale.Il esthors de doute que non seulement la conception d'une hypertrophie compensatrice endocrine du tissu germinatif n’est pas justifiée, mais qu’en réalité aucune hypertrophie du tissu germinatif n'a jamais lieu dans le testicule.—M.J. Millot : Contribution à la physiologie du pigment purique chez les Vertébrés inférieurs. La guanine des iridocytes n’est pas un déchet provenant du régime alimentaire de l'animal. La guanine qui se dépose dans les téguments est sans rapport avec la fonction rénale. L'ensemble des guanophores de l’ani- mal forme un organe fixateur de déchet indépendant du rein. — MM. $S. Metalnikow et B. Ephrussi : Phagocytose et virulence des microbes. La phagocytose peut être très intense dans les infections mortelles, même au moment où l'animal est sur le point de mou- rir. Les phagocytes sont capables d'englober non seule- ment les microbes peu virulents, mais aussi les micro- bes très virulents qui provoquent toujours la mort, Séance du 17 Juin 1922 sérum M. R. Fischer : sanguin. Le sérum sanguin contient deux protéines : Equilibre colloïdal du albumine et globuline, Dans les conditions physiolo- giques, la globuline est phase protectrice de l’albumine, quelles que soientles proportions des deux protéinesentre elles, — MM. F. Dévé et J. Payenneville: Echinococcose etarsénobenzènes. La larvekystique, séquestrée et cons- tamment baignée dans les humeurs de son hôte, s’est montrée, chez le lapin, remarquablement résistante à l’action hydaticide supposée du novarsénobenzol, — MM. M. Brulé et Ch. Weissmann: Sur larecherche de l’urobiline dans la bile et dans le sang. Dans le sérum sanguin, les auteurs opèrent par addition d'acétaie de zinc, filtration et recherche de la fluorescence. Pour la bile, la dialyse en sacs de collodion est une excellente méthode de recherche de l’urobiline. — MM. W. Mes- trezat, P. Girard et V. Morax: Recherches expéri- mentales sur la perméabilité cellulaire. Perméabilité de la cornée de l'œil vivant. Les anions et les cations du nitrate de calcium ou du sulfate de magnésie ne diffu- sent pas, après une demi-heure, en proportions chimi- quement équivalentes dans l'humeur aqueuse oùils ont pénétré. IL existe donc une perméabilité ionique élec- tive des membranes animales. — M. J. Nageotte:/{n'ya pas de « substance amorphe» dans latrame conjonctive. La trame conjonetive tout entière est optiquement ré- ductible à un feutrage fibrillaire ; il n’y a aucune sub- stance amorphe ; il n'existe même aucune membrane basale, et l’endothélium repose immédiatement sur le feutrage collagène. — MM. J. Lavedan et O. Monod + Troubles cardio-vasculaires déterminés par les rayons y au cours du traitement des néoplasmes. Chez les mala- des soumis à lacuriethérapie,un syndrome cardio-vas- culaire apparaît : l’abaissement de la pression artérielle en est la manifestation essentielle, Sa durée se limite, en général, à celle du traitement, — M.D.Combiesco: Sur la gélification des sérums par l’'aldéhyde formique. La gélification par le formol n’est pas une réaction spé- cifique du sérum syphilitique. On obtient des résultats positifs dans d'autres maladies (scarlatine, érysipèle). On peut admettre que dans les maladies éruptives les substances colloïdales des sérums soient dans un équi- libre instable et que le formol favorise l'apparition du « gel ». SOCIÉTÉ ROYALE DE LONDRES Séance du 23 Février 1922 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES, — MM. T. Carlemanet G. H. Hardy : Les séries de Fourier et les fonctions analytiques. — M. A. Mc Aulay : Les mullénions et les invariants différentiels. I-II, — M. R. V. Southwell : Sur les vibrations transversales libres d'un disque cireu- laire uniforme fixé en son centre, et sur les effets de la rotation, 2° ScreNcEs Puysiques, — M. A. E. Conrady: Etude de la balance. Les premières pesées de l’auteur, par la PS PE Re ONE ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 495 méthode d'échange de Gauss, sur une balance analyti- que à bon marché, ont donné une erreur probable de 0,004 mgr. seulement. Après avoir remédié à une faute de construction dans les suspensions, l'erreur tomba à 0,0013 mgr, Une méthode de double échange de poids qui, par l’ajustement d’un cavalier léger, amenait toutes les lectures à tomber sur deux positions alternatives de repos, abaissa l’erreur probable à 0,0008 mgr.; elle semblait due alors surtout à des courants d’air irrégu- liers. Des dispositifs permettant le manipulation des poids sans l’ouverture de la cage de la balance réduisi- rent enfin l'erreur probable à la valeur moyenne de 0,0004 mgr. Si le centre de gravité des parties mobiles tombe sur la ligne de support du couteau central (état autostatique), la leciure du curseur devientindépendante du nivellement de la cage, et l’on peut obtenir des ré= sultats très exacts avec de très mauvais supports. — M. A. E. Oxley : Le magnétisme et la structure atomique. Il, Constitution du système hydrogène-palladium et d'au- tres systèmes analogues. La susceptibilité du noir de palladium chargé d'hydrogène est moindre que celle du noir de Pd pur. On en conclut que l'H occlus n’est ni à l’état atomique, ni à l’état moléculaire. Les résultats s'accordent avec l'existence d'un composé chimique, probablement PdH. Dans la molécule d'hydrogène, chaque atome fait pénétrer son électron dans l’autre atome, la liaison étant représentée par une paire d'électrons maintenus ensemble. L'atome de palladium a 46 électrons, l'atome d'hydrogène 1, ce dernier péné- trant dans la couche extérieure de l'atome de palladium. Si ces 47 électrons prennent une configuration sembla- ble à celle de l’atome d’Ag (nombre atomique 43), qui est diamagnétique, la diminution de susceptibilité s’ex- plique aisément, — M. C. D. Ellis : Les spectres de rayons Bet leur significätion.On peuttrouverleslongueurs d'onde des rayons y de fréquence trop élevée pour la mesure par la méthode des cristaux en utilisant le fait que les rayons sont convertis en rayons & d’après une relation de quantum. En ajoutant les énergies des grou- pes d'électrons émis par les rayons ? au travail effectué pour amener l’électron de l'intérieur de l’atome à la sur- face, on obtient >. L'auteur a appliqué la méthode à la détermination des longueurs d’onde des rayons y émis par le radium B, le radium C et le thorium D. — M. J. S. Owens: Les impuretés en suspension dans l'air. L’auteur présente un nouvel instrument pour la mesure des impuretés de l’air, où un jet d’air fin vient frapper à grande vitesse une surface de verre, sur laquelle il dépose ses poussières. Séance du 2 Mars 1922 10 SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. G. B. Jeffery : Le mouvement des particules ellipsoidales immergées dans un fluide visqueux. La formule y (1 + 2,5 V), où est la viscosité du liquide pur, et Vle volume total des par- licules en suspension par unité de volume, établie par Einstein pour des particules sphériques, se maintient pour des particules ellipsoïdales, mais le facteur 2,5 s’abaisse entre 2,5 et 2 suivant la forme des particules, La rotation de deuxcylindres circulaires dans un fluide visqueux. Le problème de la rotation d’un cylindre cir- culaire dans un fluide contenu dans un vase cylindri- que non concentrique qui peut tourner lui-même autour de son axe est soluble en termes finis ; le problème de la rotation de deux cylindres parallèles dans un fluide . infini est en général insoluble. 20 SCIENCES PHYSIQUES. — MM. L. N. G. Filon et H. T. Jessop : Sur l'effet optique dü à la tension dans les solides transparents déformés au delà de la limite élas- tique. Cet effet n’a pas les mêmes caractères dans le verre et dans le celluloïd, ce qu’on peut expliquer en supposant que le celluloïd est formé de deux consti- tuants différents. — M. W. E. Curtis : La structure du spectre de bandes de l'hélium. La structure de trois des bandes principales du spectre de l’hélium s'explique par la théorie de quantum des spectres de bandes. — M.S. Datta: Le spectre du fluorure de beryllium. Ise compose de six groupes de bandes, toutes dans l’ultra- violet entre À 2.800 et À 3.400, et s'évanouissant vers le rouge. La bande la plus forte à À 3.009 contient trois séries de lignes qui s’écartent considérablement du type de formule usuel, Seance du 16 Mars 1922 SCIENCES NATURELLES. — MM. J. G. Bramwell ei A. V. Hill: La vitesse de l'onde pulsatoire chez l’homme. Elle est donnée, en mètres par seconde, par la formule — 3,07 / Va, où aest l'augmentation 0/, de volume du vaisseau par mm. de Hg d'augmentation de la pression. La transmission de l’onde pulsatoire est un effet pure- ment mécanique, dont la vitesse dépend de l’extensibi- lité des vaisseaux telle qu'elle est modifiée par les con- ditions (musculaires ou autres) du moment, — MM. J. W. Pickering et J. A. Hewitt: L'action de la pep- tone sur le sang et l'immunité vis-à-vis de celle-ci. L'ac- tion anticoagulante de la peptone sur le sang peut être annulée par une augmentation de CO? dansle sang et restaurée en faisant respirer à l'animal un excès d'air ou d'oxygène. Les auteurs en déduisent que les leucocytes ne jouent aucun rôle dans l’action anticoa- gulante, et que dans la coagulation du sang il n’est pas nécessaire de faire intervenir des substances hypothé- tiques telles que antithrombine, proantithrombine, etc. — MM. H. H. Dale et C. H. Kellaway : Anaphylaxie et anaphylatoxines. Les auteurs étudient les deux prin- cipales théories émises pour expliquer l’anaphylaxie pour une protéine étrangère soluble : 1° la théorie des anticorps cellulaires; 2° celle des anaphylatoxines, Ils apportent de nouvelles preuves en faveur de la pre- mière. Les anaphylatoxines produisent des symptômes qui ne sont pas identiques à ceux du vrai choc anaphy- lactique, — M. Al. Fleming: Sur un nouvel élément bactériolytique trouvé dans les tissus et les sécrétions. L'auteur a trouvé dans les tissus et sécrétions une subs- tance fortement bactério-inhibitrice, bactéricide et bac- tériolytique, qu’il nomme microzyme. Elle est précipitée des solutions albumineuses par les précipitants des protéines, est très sensible aux acides et alcalis, est d’abord retenue par les filtres, puis les traverse ensuile. Elle agit fortement sur les cultures de Micrococcus lyti- cus, 596 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES Seance du 23 Mars 1922 SCIENCES PHYSIQUES. —MM. P. E. Shaw et N. Davy: L'effet de la température sur l'attraction gravitation- nelle. Au moyen d'une balance de torsion dutype Boys- Cavendish, les auteurs ont observé une très petite di- minution de l'attraction lorsque la température s'élève. L'effet, s’il est réel, ne dépasse pas 2 X 106 par degré C. — M. D. W. Dye : Calcul d’un étalon d’inductance mutuelle et comparaison de celui-ci avec l’étalon de labo-! raloire analogue. — M. M. A. Catalan : Séries et au- tres régularités dans le spectre du manganèse. L'auteur a étudié les spectres d’arc-flamme, d’arc et d’étincelle du manganèse. Les séries appartenant au spectre de l'atome neutre sont : a) un système de séries detriplets; b) un système de triplets étroits; c) un système de séries de triplets plus étroits parallèles au système précédent. Des lignes d’intercombinaison des deux pre- miers systèmes se montrent sous forme de deux lignes très prononcées aux basses températures. Les poten- tiels calculés d'ionisation et de résonance du Mn sont de 7,4 et 2,3 volts. Les triplets diffus du spectre de l'atome ionisé sont composés de 9 lignes. L’atome neu- tre de Mn possède probablement 2 électrons dans l’anneau le plus extérieur ; quand il en perd 1 et s’ionise, un autre électron sort de l'anneau. Ainsi les spectres des atomes neutres et ionisés sont constitués d’une fa- çon analogue, comme le confirment les observations. — Sir R. Glazebrook : Les chaleurs spécifiques de l'air, de la vapeur et du bi-oxyde de carbone. Comparaison des résultats de Wormersley et de Holborn et Henning. — M. F. A. Freeth : Le système Na?0-CO?-NaCl-H?0. Déterminations à diverses températures de 09 à 600 dans ce système, — M. A. E. H. Tutton : Séléniates monocliniques doubles du groupe du manganèse. Le groupe du manganèse des séléniates doubles de la série isomorphe R2Mn(SeO‘}°. 6 H20 ne comprend que 3 sels, ceux où R — Rb, Cs et Am, Les propriétés optiques de ces sels vérifient la loi générale de progression des pro- priétés cristallographiques avec le nombre atomique du métal alcalin, Séléniates monocliniques doubles du groupe du cadmium. L'auteur a obtenu des cristaux transparents du sel d'Am, et des crislaux opaques des sels de Rb et Cs, mais le sel de K parait incapable d'exister. Les mesures goniométriques confirment les résultats obtenus dans les groupes isomorphes. ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE CLASSE DES SCIENCES Séance du 4 Mars 1922 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES, — M. CI. Servais : Sur la géométrie du tétraèdre. IN. La surface cubique de Caryley. 2° SCIENCES NATURELLES. — M. P. Martens : Le cycle du chromosome somatique dans le Paris quadrifolia. La division du chromosome est prophasique, et non pas télophasique. A ce point de vue, le mérite des travaux de Grégoire, Sharp, de Litardière, etc., demeure acquis. Mais le Paris quadrifolia pose mieux le problème, parce qu’il montre précisément que la télophase peut amener une vraie dualité chromatique, et il permet de mieux comprendre les descriptions des auteurs qui localisent le clivage longitudinal à la télophase. Séance du 4er April 1922 1° SCIENCES PHYSIQUES. — M. J. Mélon : Sur la forme cristalline de l’'atoxyl et sur ses caractères d’identifica- tion au microscope. L’atoxyl ou arsanilate sodique cris- tallise dans le système clinorhombique ; les rapportsdes axes sont : a — 0,986.5g0 ; b—1; c — 1,251.538 ; l’an- gle8—ph! — 835. Leplan des axes optiquesest normal à g! et ces axes sont moyennement rapprochés. — M. A. Navez : Recherches microchimiques sur la cou- marine. L'auteur a étudié la localisation de la couma- rine dans le Melilotus albus au moyen des réactifs sui- vants : acétate basique de plomb, réactif de Sonnen- PE 7 schein-Goris, réactifs iodés, perchlorure d'antimoine, liqueur de Febling, Presque toujours le glucoside est. localisé dans l’endoderme ou dans les épidermes des diverses parties de la plante, plus rarement dans le parenchyme. La matière existant dans les cellules du Mélilot paraît être un mélilotannate de coumarigénine, se dédoublant en acide mélilotannique (etce dernier en acide mélilotique et tanin), et en coumarigénine (et cette dernière en d-glucose et hydrocoumarate de couma- rine). 2° SCIENCES NATURELLES. — M. Aug. Lameere : Sur la nervation alaire des Insectes..Le schéma de la ner- vation alaire primordiale dù à Comstock n'est valable que pour les Ectoblastiques, Insectes qui ont perdu la branche postérieure de la nervure médiane, et cela de- | puis leur apparition au Houiller. Les Endoblastiques, Subulicornes et Rhynchotes, ont pour la plupart au Houiller une nervation complète conforme à un schéma dans lequel six nervures basses allernent avec six ner- vures hautes ; ceux d’entre eux dont les ailes ne répon- dent pas à ce type, notamment toutes les formes qui ont dépassé le Permien, ont perdu d’autres nervures lon- gitudinales que les Ectoblastiques. Les Ephémères, les Protodonates, les Odonates et les Hémiptères ne pos- sèdent plus la branche antérieure de la nervure eubi- tale ; les Ephémères et les Hémiptères manquent en outre de la branche antérieure de la nervure médiane ; les Protodonates, ainsi que les Odonates, ont conservé celle-ci, mais les Odonates ont perdu la branche posté- rieure dela nervure médiane. sta Le Gérant : Gaston Doin, lac d'imp. et d'Ed., rue de la Bertauche, ;, Sens 33: ANNÉE Nos 17-18 15-30 SEPTEMBRE 1922 Revue générale des NOIOnCeS pures et appliquées . Fonpareur : LOUIS OLIVIER Dinecreur : J.-P. LAN GLOIS, Professeur au Conservatoire national des AR TU QUE Membre de l’Académie de Médecine Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. J.-P. LANGLOIS, 8, place de l’Odéon, Paris. — La reproduction et la traduction des œuvres et de travaux publiés dans la Aevue sont complètement interdites en France eten pays étrangers y compris la Suede, la Norvège et la Hollande CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 1. — Nécrologie Ph.-A. Guye. — Le 27 mars dernier s’éteignait à . Genève, à peine âgé de 60 ans, l'un des plus éminents savants suisses de notre époque, dont le nom faisait autorité dans le domaine de la Chimie physique, Phi- lippe-Auguste Guye. Des circonstances indépendantes d’elle n'ont pas permis à la Revue générale des Sciences de rendre à sa mémoire le juste tribut d'hommage qu’elle eùt désiré; qu’il nous soit du moins permis, avant qu'un plus long délai ne s'écoule, de rappeler en quelques lignes les principaux points de son œuvre scientifique. Après avoir fait ses études à Genève, et exécuté quel- ques recherches de Chimie organique, Guye vint à Paris où il séjourna six ans et subit en particulier l’in- fluence de Friedel. C’est à l'Ecole des Hautes Etudes qu’il aborda deux questions importantes de Chimie moléculaire, celle du pouvoir rotatoire et celle de la constitution moléculaire, sur lesquelles ik publia une thèse et une série de travaux qui mirent son nom en évidence. Il donna le premier unerègle,dite du « produit d’asy- métrie », permettant de prévoir la grandeur et même le signe de la déviation du plan de polarisation dans les substances possédant un carbone asymétrique, et il la vérifia sur un grand nombre de substances. Bien qu’on lui ait trouvé dans la suite de plus en plus d’ex- ceptions, elle eut du moins le mérite d'orienter la sté- réochimie dans une voie expérimentale nouvelle et de susciter une ample moisson de recherches. D'autre part, Ph.-A, Guye entreprit une série de tra- vaux, théoriques et expérimentaux, concernant l'équa- REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, tion d’état de van der Waals, ses constantes et diver- ses propriétés au point critique, ce qui lui permit de déterminer les poids moléculaires et de constater l'existence de la polymérisation d’un grand nombre de liquides en ce point. Mais la partie la plus considérable de l'œuv re de Guye, qu'il inaugura après son retour à Genève, où il avait été nommé professeur de Chimie théorique et techni- que à l’Université, est relative à la détermination des poids atomiques. Les valeurs obtenues par Stas pour le poids atomique de l’azote par des méthodes purement chimiques (moyenne 14,044) différant nettement de cel- lesobtenues par les méthodesphysico-chimiques(14,005), le savant suisse décida d'entreprendre la revision géné- rale de toutes ces mesures, Il créa peu à peu une tech- nique d’une grande perfection pour la préparation des gaz azotés et autres à un état d'extrême pureté ; il éla- bora des procédés de mesure très exacte de leur den- sité et de leur compressibilité, en vue du calcul de leur poids moléculaire par de nouvelles méthodes exposées par lui, notamment celle de la réduction des constantes critiques. Toutes ces recherches, effectuées avec le con- cours d’une pléiade d’élèves qu’il avait su grouper au- tour de lui, aboutirent à démontrer que le nombre de Stas est inexact et quil y a une concordance aussi parfaite que possible entre les méthodes chimiques et les méthodes physico-chimiques,les premières condui- sant à la valeur moyenne 14,009, les secondes à la va- leur moyenne 14,008. Guye a montré en outre que l'er- reur de Stas provenait d'une valeur erronée attribuée au poids atomique de l’argent, valeur qui doit être ramenée à 107,89. Ces résultats ont été homologués par des Poids le Comité international atomiques qui a 498 adopté en 1907 la valeur arrondie 14,01 pour l'azote et en 1909 la valeur 107,88 pour l'argent. Depuis lors, Guye et ses élèves ont étendu cette revision des poids atomiques à bien d’autres éléments : chlore, brome, carbone, soufre, etc. A côté de ces travaux purement scientifiques, l’acti- vité de Guye se tourna de bonne heure vers certains problèmes industriels : c’est ainsi qu'il étudia avec fruit l’électrolyse des chlorures alcalins en vue de la préparation de la soude; mais son nom restera surtout attaché, dans ce domaine, à la synthèse électro-chimi- que de l'acide nitrique. Il en avait posé quelques-uns des principes dès 1895, et il les a appliqués dans son type de four, qui vient de commencer à fonctionner industriellement en France. Il s'était préoccupé d’autre part de tous les à-côté de cette synthèse, en particulier de la préparation de l’acide nitrique concentré. Ces divers travaux lui ont valu de nombreuses dis- tinetions scientifiques, parmilesquelles le titre de Corres- pondant de l'Académie des Sciences de Paris, les Mé- dailles Lavoisier et Le Blanc de la Société chimique de France et la Médaille Davy de la Société Royale de Londres. Il avait fondé en 1903 le Journal de Chimie physique, qui a publié de nombreux mémoires originaux de grande valeur dans cette branche de la science. Lié d'amitié avec Louis Olivier au cours de son premier séjour à Paris, il fut l’un des premiers collaborateurs de la Revue générale des Sciences, à laquelle il donna pendant de nombreuses années des articles, des revues et des analyses toujours très appréciés pour la clarté de l'exposition, Alexandre Graham Bell. — Alexandre Graham- Bell, l'inventeur du téléphone, décédé le 2 août à l’Ile du Cap Breton, est certainement l'un des hommes dont la découverte a le plus profondément affecté la vie journa- lière de l'humanité civilisée, Né à Edimbourg en 1847, il fit ses études à l’Univer- sité de cette ville, puis émigra en 1873 avec son père au Canada. C’est là qu'il conçut l’idée de son téléphone parleur, qu’il réalisa complètement à Boston en 1875 et présenta en 1876 à l'Exposition du Centenaire de Philadelphie, oùelle attira aussitôt l’attention du monde entier. : A l’origine, Bell employait le même instrument, ou deux instruments analogues, pour la transmission et la réception. Ceux-ci donnaient une articulation très distincte, mais assez faible, de sorte que, sur les lon- gues lignes, la parole devenait souvent trop fine pour être perceptible. Il était réservé à Edison, Hughes et Hunnings d'inventer les transmetteurs microphoniques beaucoup plus puissants aujourd’hui en usagé, mais l'appareil de Bell, sous l’une des formes où il l’a laissé, ést toujours universellement utilisé comme récepteur. Quand on considère lepetit nombre deses parties et les merveilleux résultats qu'il fournit, on peut bien dire que c'est un instrument d’une sublime simplicité. Le téléphone de Bell n’est pas seulement un appareil d’une grandeutilité commerciale et domestique; c'est un instrument scientifique d'une extrême délicatesse pour CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE déceler des courants électriques très faibles. Sous cette forme, il a trouvé plusieurs applications, dont la plus importante est dans la télégraphie sans fil, qui lui doit en grande partie son développement actuel, Une autre invention de Bell est le photophone, qui transmet la parole articulée au moyen d’un faisceau lumineux, et qu’il a perfectionné avec le concours de Summer Tainter. Malgré son intérêt scientifique consi- dérable, et son emploi dans la dernière guerre, cette invention n’a pas trouvé d'utilisation commerciale. Par contre, la contribution de Bell au développement du phonographe a eu une importance pratique de pre- mier ordre. Dans la forme originale de cet instrument, qu'Edison fit connaître en 1877, les sons et la parole étaient enregistrés au moyen d’indentations sur papier d’étain, Cette méthode ne donnait que des reproductions très imparfaites des sons originaux. Graham Bell, avee la collaboration d’un de ses parents, Chichester Bell, et de nouveau de Summer Tainter, créa le procédé d’en- registrement par un style tranchant inscrivant sur de. la cire. C’est sur cette méthode que sont basés toutes les formes modernes de phonographe et de gramo- phone !. $ 2. — Physique Nouvelles recherches sur la nature de la parole. — L'étude de la formation et de la perception des sons de la parole a fait l'objet de nombreux et im- portants travaux de la part des physiciens, des phoné- tistes et des otologistes; les ingénieurs des laboratoires de deux grandes sociétés américaines de téléphpnie l’« American Telephone and Telegraph Company » et la « Western Electric Company » viennent d'apporter une remarquable contribution à cette étude, par des expé- riences originales et décisives, poursuivies au cours des dernières années; les constatations qu'ils ont faites sont d’une portée étendue; elles intéresseront à la fois savants ettechniciens, dans les domaines de la physi- que, de l'électricité, du phonographe, ete. Ces travaux ont eu principalement pour objet d’ana- lyser les sons de la parole, d’une façon en quelque sorte physiologique, et de déterminer quelle est l'influence de chaque son composant sur la facilité de perception des syllabes prononcées ; ils ont consisté dans la dictée, par uncertain nombre d'opérateurs, et à de nombreux observateursdifférents, d’un grand nombre de syllabes, et dans l'intervention d’un équipement électrique per- mettant de régler, entre des limites extrêmement éten- dues, l'intensité des sons émis, soit uniformément pour tous les sons, soit séparément pour certains de ceux-ci, en éliminant les vibrations de telle ou telle fréquence. Pour procéder à ces expériences comparatives ?, on a commencé par établir une liste de 8.700 sons mono- syllabiques, formés chacun d'une voyelle et d’une con- sonne, ou d’une consonne et d’une voyelle, ou encore 1. D'après A. A. CAMPBELL SwiNTON: J. of the Royal Soc. of Arts,t. LXX, n° 3639, p. 689; 18 août 1922. 2, H. FLercHer : Journal of the Franklin Institute, juin 1922, p. 729. Nous avons déjà signalé, dans notre n° du 15 juillet, p. 386, les conclusions de ce mémoire ; nos lecteurs nous sauront gré d'y revenir ici plus en détail. SÉREE. 5 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE d'une consonne, d'une voyelle et d'une consonne; ces syllabes ont été inscrites, par groupes de 50, sur des cartons que les opérateurs dictaient, un à un, en les prenant au hasard, à des observateurs, par l'intermé- diaire de l'installation susvisée ; les observateurs no- taient les syllabes perçues par eux sur des cartons pa- reils, que l'on rapprochait ensuite du carton original, pour déterminer, pour chaque catégorie de syllabes, le nombre de perceptions exactes; le rapportentre le nom- bres de perceptions exactes et le nombre de syllabes émises fournissait ce quel’on appelait le rendement d’articulation pour la catégorie de syllabes considérées et dans les conditions spéciales de l’expérience. LI 0à 0 LE 499 ensemble de circuits accordés, d’après les principes bien connus indiqués par le D'G.H. Campbell. Par le jeu des amplificateurs, on pouvait porter l’in- tensité des sons, dansles récepteurs, à toutes valeurs, jusqu'à 100 fois la valeur initiale, à 1 1/4 em. de la bouche de l’opérateur; le potentiomètre atténuateur permettait au contraire de la réduire à volonté, jusqu’à un billionième de la valeur initiale; le dispositif éga- « lisateur servait à corriger les distorsions provoquées par les dispositifs précédents, de façon à rétablir la pro- portionnalité exacte entre les courants de l'appareil et les sons émis, pour toutes les fréquences ; les écouteurs étaient établis pour répondre fidèlement à toutes les Rapport de la sensibilité audilive vs vis de la normale 10 500 1000 2000 2500 3000 350 4000 4500 5000 F Fréquence Fig. 1. — Audiogrammes de ?0 femmes à audition normale. L'équipement de transmission consistait en un trans- metteur à condensateur, un groupe de cinq amplifica- teurs, avec, entre le 3° et le 4° amplificateur, un double filtre et un potentiomètre atténuateur, un système éga- lisateur et un certain nombre de récepteurs téléphoni- ques spéciaux, le tout conditionné de façon à repro- duire les vibrations sonores originales avec une propor- tionnalité absolument uniforme, et sans distorsion, pour toutes les hauteurs de son, sauf les effets d’élimi- nation produits éventuellement au moyen du filtre ; le transmetteur-condensateur était formé d’un condensa- teur à air, consistant en deux armatures dont l’une, mince et flexible, obéissant aux vibrations de la voix, suivant une disposition décrite en 1917 par MM. Cran- dall et Wente ! ; quant au filtre, il se composait d’un 1. WENTE et CRANDALL juin 1918. Physical Review, juillet 1917 et hauteurs de son, jusqu’à 5.000 périodes par seconde ; enfin le filtre servait, éventuellement, pour éliminer soit les basses, soit les hautes fréquences et n’envoyer aux récepteurs qu’une bande de sons de hauteur déterminée. Une première conclusion des essais ainsi effectués est que l'oreille est loin d’être conditionnée d’une façon cor- respondante chez les divers individus: chaque oreille possède des caractéristiques déterminées, qui la ren- dent plus ou moins sensible à telle ou telle hauteur de son, de telle sorte que, pour rendre perceptible à une oreille déterminée telle hauteur dé son, il faut atteindre une intensité de vibration donnée, variant d’observateur à observateur; la figure 1 ci-contre est absolument dé- monstrative à cet égard ; elle reproduit les « grammes » de 20 observateurs du sexe féminin, relevés audio- sur papier logarithmique; ces courbes montrent quelle est l'intensité de vibration à mettre en œuvre pour chaque 500 fréquence pour impressionner l'oreille des divers obser- vateurs !. Le système téléphonique spécial réalisé par les expérimentateurs américains se distinguait de l'oreille humaine en ce qu'il présentait une sensibilité pratique- ment uniforme pour toutes les hauteurs de sons. Une deuxième conclusion des essais est que l’ampli- tude normale des sons émis dans la parole correspond à peu près, mais pas absolument, au maximum de ren- dement d’articulation (fig. 2); si l’on augmente l’ampli- tude des vibrations, le rendement d’articulation dimi- nue : autrement dit. les erreurs de perception devien- nent plus nombreuses; si, au contraire, on diminue l'amplitude, le rendement d’articulation augmente ; la meilleure perception est obtenue avec une amplitude correspondant approximativement au millième de l’am- 100 90) CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE que celui-ci ; les sons i (l’i court du mot tip}, ou, er, o se perçoivent à peu près également bien à toutes les intensités,. Quatrième constatalion intéressante : très remarqua- bles sont les observations faites en « filtrant » les sons, en éliminant leurs composantes à haute ou à basse fré- quence; ici, encore une fois, les essais ont été faits pour l’ensemble des sons, en général, et pour chaque catégorie de sons fondamentaux, en particulier. D’une façon générale, l'élimination des composantes à haute fréquence (1.500 et plus) est beaucoup plus défavorable que celle des composantes -à basse fréquence; un sys- tème qui ne transmet que les sons de fréquence infé- rieure à 1.000 périodes par seconde ne donne un rende- ment d’articulation que de 4o °/,; au contraire, celui qui transmet seulement les sons à plus de 1,000 périodes par seconde a un rendement d’articulation de 86°/,; chose d'autant plus remar- 60 ces sons constitue moins de 20 °/o de l'énergie totale. Articulation Un système qui élimine les fré- quences de moins de 500 par se- conde, élimine 60 t/, de l'énergie et ne réduit le rendement d’artieu- lation que de 2 0/, ; avec un système AUOT CIO NENE AAC ARS PEU LES) PU ANRT) Loudness SR /tensttemtalei Tes Fig. 2. — Variation du rendement d'articulation en fonction de l'amplitude des vibrations. plitude initiale ; après cela, le rendement diminue, fai- blement d’abord, rapidement ensuite; le rendement reste cependant satisfaisant beaucoup plus loin qu'on ne serait porté à le-croire; tout ceci, bien entendu, dans l'hypothèse d’une transmission parfaite, n’altérant pas l'importance relative des sons les uns vis-à-vis des autres. Troisième point important : les variations du rende- ment d’articulation ne sont pas d'ailleurs les mêmes pour les différents sons; l'amplitude de vibration à partir de laquelle les erreurs d'interprétation devien- nent appréciables diffère suivant les sons; la limite à laquelle la perceptibilité cesse est cependant très sen- siblement la même pour tous; les consonnes sont gé- néralement plus difficiles à interpréter que les voyelles; l’i (l’è anglais, du mot team, par exemple), comme voyelle, et les consomnes /, r, ng, font exception : l® est le son le plus difficile à interpréter, celui qui donne lieu au plus grand nombre d’erreurs; les consonnes }/, r, ñng sont à peu près les sons les plus aisés à interpré- ter; du moins en est-il ainsi aux intensités moyennes ou voisines de la moyenne ; aux faibles amplitudes, la consonne | devient beaucoup plus diflicile à percevoir que le son tetdonne alors lieu à trois fois plus d'erreurs 1. Fzrreuer et WEeGEL : Proceedings of the National Aca- demy of Science, t. VII, n° 1, p. 5-6 ; janvier 1922, qui élimine les sons de plus de 1.200 périodes par seconde, on ne perd que 10 °}, de l’énergie, mais le rendement d'articulation tombe à 65 °/,; celui qui élimine les seules vibrations d’une fréquence supé- rieure à 3.000 par seconde a un ren- dement à peine équivalent à celui du système où sont écartées toutes les composantes de moins de 1.000 périodes par seconde; on obtient un même rendement, de 65°/,, en employant soit les sons à plus de 1.550 périodes, soit ceux à moins de 1.550 ; les premières représentent 10 °/, de l’énergie, les secondes, les go °/, restants. Le rôle des vibrations des différerites fréquences varie, cela va de soi, pour les différents sons : les sons é, l et i peuvent être interprétés aussi bien avec les hautes qu'avec les basses fréquences; pour ?, au-dessus ou au-dessous de 1.700 périodes par seconde, le rende- ment est de 98°; pour, il est de 97°}, au-dessus ou au-dessous de 1.000 périodes ; pour à, de 96 °/, au- dessus ou au-dessous de 1.350; les sons ou, 0, è ont d'importantes caractéristiques représentées par des vibrations à moins de 1.000 périodes par seconde ; les vibrations à plus de 2.000 périodes n'y interviennent pas appréciablement; par contre, les consonnes s, z et th sont très affectées si l’on élimine les sons à plus de 5.000 périodes et c’est principalement aux , erreurs qu'occasionnent ces consonnes qu'il faut attribuer la chute du rendement d'articulation général de 98 à 82°), lorsque l’on supprime les sons à plus de 2.500 pé- riodes. Intensités fa Nopiers 1. CranpaLz et Mac Kenwzie : Physical Review, mars 1922, quable que l’énergie représentée par . SE CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE Toutes les observations faites sont, on le voit, d’un intérêt capital et il faut féliciter les expérimentateurs du brillant travail auquel ils se sont livrés: il n'est pas douteux qu’en persévérant dans la voie qu’ils ont ainsi montrée, on puisse arriver à des résultats d'une va- leur scientifique et pratique considérable, Henri Marchand. $ 3. — Paléontologie Première découverte d'un Primate anthro- poïde aux Etats-Unis. — M. H.F. Osborn a récem- ment présenté à l’Académie nationale des Sciences des Etats-Unis { une petite dent, de 10,5 >< 11 mm. de diamètre de la couronne, découverte dans l’ouest du Nebraska par M. H. J. Cook, géologue conseil, et qui établit l’arrivée d’un membre de la famille des Primates anthropoïdes dans l'Amérique du Nord, à l’époque du Pliocène moyen. Les caractères de cette dent sont confirmés par ceux d’une troisième molaire supérieure érodée trouvée par M. W. D. Matthew dans les mêmes couches, mais qui n'avait pasété décrite parce qu’elle n’était pas suflisam- ment distincte. Ces deux dents établissent l'existence au Pliocène d’un type nouveau et indépendant d'anthro- poïde, intermédiaire comme structure de molaire entre le type simien anthropoïde et le type humain. Cet animal constitue certainement un nouveau genre de singe anthropoïde ; il estprobablement arrivé d'Europe et d'Asie avec l'élément sud-asiatique important récem- ment découvert dans la faune pliocène américaine par Merriam, Gidley et d’autres. L'auteur lui donne le nom d'Æesperopithecus haroldcookii. k La dent trouvée ressemble au type humain d’une façon beaucoup plus étroite qu'aucune autre dent de singe anthropoïde : c’esi pourquoi il s’agit bien d’un type nouveau et indépendant de Primate; il faut espérer que de nouvelles découvertes permettront bientôt d’en déterminer les caractères. L'âge géologique de ces deux dents est probablement le même que celui de la faune de Thousand Creek (Nevada) et de Rattlesnake (Oregon), où le Pliohippus est très abondant et varié; elle renferme aussi des Ilingoceras et d’autres antilopes à aflinité asiatique; c’est la dernière faune américaine où paraisse le rhino- céros, 1. Proc.Nat.Acad. of Sc.of the LU. S.of Amer., CARTIER 245; août 1922. . P- 501 $ 4. — Zoologie è) Les résultats de la protection ofticielle du bison aux Etats-Unis. — On sait que la chasse à outrance du bison dans l'Amérique du Nord menaçait à la fin du siècle dernier d’en éteindre complètement la race. Les pouvoirs publies s'émurent, et une loi du Congrès,approuvée par le Président Roosevelt le 1°" juil- let 1902, ordonna l'achat de 21 bisons sauvages et leur établissement en liberté dansle pare National de Yellows- tone. A cette époque,on n'estimait plus qu’à 1.550 le nom- bre de ces animaux,dont600o bisons des bois au Canada, un troupeau de 200 appartenant à un propriétaire du Montana,un lotal deb2 têtes propriété du Gouvernement el réparties entre divers pares nationaux et jardins z00- logiques, etenfin un certain nombre de petits troupeaux isolés. A l'heure actuelle, d'après une communication de M. Palmer à la Société biologique de Washington !, les mesures de protection prises ont exercé leur effet, et le nombre des bisons dépasserail 10,000 en Amérique du Nord, dont 6.000 au Canada et 4.000 aux Etats-Unis. Le Gouvernement lui-même possède 9 troupeaux très éloi- gnés comptant environ 1.250 bêtes : deux dans l'Est, deux dans le Sud-Ouest, trois dans la région des Plai- nes du nord et deux dans les Montagnes rocheuses : cinq de ces troupeaux sontétablis dans des pares natio- naux. Tous ces animaux, à l'exception de 130, sont nés dans les réserves. Plusieurs problèmes biologiques imporlants se posent à propos du bison: tels ceux des maladies, de l’évolu- tion générale et de la reproduction, Quatre affeclions sérieuses peuvent atteindre le bison: la fièvre du Texas, la gastro-entérite, la septicémie hémorragique et l'avortement contagieux, Mais la très grande dispersion des divers troupeaux du Gouverne- ment empêcherait une épidémie quelconque d’extermi- ner entièrement l'espèce aux Etats-Unis. La durée de la vie du bison,le nombre normal de veaux, le rapport normal des sexes sont encore inconnus. Le bison commence à se reproduire dès la 3° année, et les femelles ont un veau ehaque année suivante, ou deux années sur trois, mais on ignore pendant combien d'années. On connait une femelle ayant eu encore un veau à 26 ans, et une autre à 22. Le plus vieux bison connu est au Järdin des Plantes à Paris; on lui attribue l’âge de 31 ans. Les plus vieux animaux des troupeaux du Gouvernement sont une femelle de 24 ans et un mâle de 20 ans. 1. Résumées dans J. of the Washington Acad. of Se. t. XII,n° 14, p. 333; 19 août 1922. 502 M. BATTEGAY. — ÉTUDES SUR L'ANTHRAQUINONE ÉTUDES SUR L'ANTHRAQUINONE! [. — GENÉRALITÉS 1. Nomenclature. — Le nom d’anthraquinone a été introduit dans la science par Graebe et Liebermann? pour désigner la substance obte- nue par Laurent* en oxydant l'anthracène au moyen d'acide nitrique. Laurent appela cette substance tout d’abord paranaphtalese, puis anthracénuse. Graebe et Liebermann l’identifièrent indépen- damment de Kraut * avec l’oxanthracène d’An- derson . Leur nouvelle désignation fut justifiée par le fait que la formule C'*H$O? de l’anthraqui- none dérive de celle de l’anthracène C'*H10, comme la benzoquinone CfH‘0? du benzène C5HS ou comme la naphtoquinone C!°HfO? du naphtalène C!°HS. En oxydant l’anthracène, on remplace simple- ment deux atomes d'hydrogène par deux ato- mes d'oxygène. Or cette équivalence n’est possi- ble que si les deux atomes d'oxygène sont fixés comme ceux de la molécule de la benzo- ou de la naphtoquinone. Dans la série benzénique, nous avons les ortho- etparaquinones.Nous les retrou- vons également dans la série naphtalénique, où la théorie prévoit un total d'au moins six isomè- res : trois homo- et trois hétéronucléiques : 12 =f-ortho 14_@. rm" 6.amphi « En réalité, on n’en connaît que quatre : l’or- tho, 8 ou 1 : 2-naphtoquinone; la para, « ou 1: 4-naphtoquinone; des dérivés de la 2 : 3-naphto- quinone et la 2: 6 ou amphinaphtoquinone., 2. Isomérie. — La constitution de l’anthracène permet également de prédire plusieurs iso- mères. Ils sont théoriquement aussi au nombre d'au moins six, dont quatre possèdent les deux 1. Conférence faite au Laboratoire de M. Haller, bonne, le 31 mai 1921. 2. Annalen Chem., Suppl. vi, p. 257 (1870), ou Decker : Graebe’s Untersuchungen über Chinone (1911), p. 268. 3. Ann. chim. phys.,t. LX, p. 220; t. LXVI, p. 148; t. LXXII, p. 415; Berzelius Jahresber., t, XVI, p. 366. h. Annalen Chem., Suppl. vni, loc. cut. 5. Ann. Chem., t. GXXII, p. 294. à lu Sor- atomes d'oxygène dans le même noyau benzé- nique et deux dans des noyaux différents. On exprime leur constitution, comme dans les naphtoquinones, par des préfixes qui spécifient : l'emplacement des atomes de carbone qui por- tentles atomes d'oxygène. Les atomes de carbone de la molécule de l’an- thracène reliés à des atomes d'H sont numérotés de 1 à 10 et donnent lieu au schéma suivant pour la formule de cet hydrocarbure : 2 10 4 ù) 10 4 Comme les carbones médians 9 et 10 et leurs dérivés directs présentent un caractère spécial, ils sont fréquemment désignés par le préfixe «méso» (ou ms); de même on a l'habitude de préciser la substitution dans les positions 1, 4, 5 et8, qui donne le même dérivé mono-substi- tué, par la lettre «, en opposition avec la sub- titution appelée £ dans les positions 2, 3, 6 et 7. 3. Les u-, B- et y-anthraquinones. —- Sur les six anthraquinones théoriquement possibles, et dont nous donnons ci-dessous la constitution : 0 li ul -0 L ll 0 1 2: (32 ortho Lk2@ : para il 9 u ù 310-Y 15 0 0 255 (o) 0= { 26 M. BATTEGAY. — ÉTUDES SUR L’'ANTHRAQUINONE 503 EEE OT PT TR ER EL AE OUT AU ARTE nous n’en connaissons provisoirement que trois : l’« — 1 : 4 ou para-anthraquinone, la 8 — 1 : 2 ou ortho-anthraquinone, et la y — 9 : 10-anthraquinone. Les deux premières, pratiquement sans impor- tance, sont d’un réel intérêt scientifique. Elles ont été étudiées par Dienel! et Lagodzinski® et prennent naissance en oxydant en milieu aqueux les amino-oxyanthracènes (amino-anthrols) cor- respondants, soit au moyen de perchlorate, soit au moyen d'acide chromique. Pisovschi * obtint l'x-anthraquinone également paroxydation du 1: 4-diamino-anthracène. Retenons simplement de cette étude la très grande similitude qui existe, d'une part entre l’«-naphto-quinone et l’x-anthraquinone, et d’au- tre part entre la 6-naphto-et laB-anthraquinone. ———_————— cr B PR. EN CS RS Naphto- Anthra- Naphto- Aathra- quinone quinone quinone quinone Pa Mao fanion DE PE se décomposent à la fusion | 112-120°|à 183-190° Couleur; : : (l PET EL jaune jaune rouge rouge Volatilité vol. vol. non vol. non vol. Sublimation subl, subl. non subl. | non subl. Coloration des dissolutions dans l'acide |jaune brun| gris violet bleu vert [bleu indigo sulfurique L sale stable conc. Cette similitude parfaite est remarquable dans la coloration des produits cristallisés, dans la coloration de leur dissolution dans l’acide sulfu- rique concentré, dans les points de fusion, la volatilité et la sublimation, etc.‘ Autre ressemblance très importante : les B-naphto- et S-anthraquinones sont réduites par SO? et par HI, les « ne le sont qu’au moyende HI dans les mêmes conditions. Toutes ces propriétés présentent du reste une concordance approximative avec celles des ben- zoquinones et déterminent, par conséquent, la nature quinonique d’un composé. 1. Berl. Ber., 1. XXXIX, p. 930. 2. Berl. Ber., t. XXVII, p. 1438; t. XXVIII, p. 1422; Ann. Chem., t. CCCXLII, p. 59. 3. Pisovscui : Berl. Ber.,t. XLI, p. 1436. 4. DieneL : Berl. Ber., t. XXXIX, p. 930. Les différentes quinones envisagées se distin- guent par leur degré de stabilité. Celui-ci pro- gresse et va apparemment de pair avec l'augmen- tation du poids moléculaire. k. Importance industrielle et scientifique de la anthraquinone. — Alors qu'il'est indispensable . de spécifier, par un préfixe, les anthraquinones zetg, l’on comprend toujours et sans donner lieu à une équivoque, sous le simple terme d’an- thraguinone, le seul important des dérivés quinoniques de l’anthracène, à savoir la y ou 9 : 10-anthraquinone. Son importance est consi- dérable tant au point de vue industriel qu'au point de vue scientifique. Industriellement la presque totalité de l’an- thracène retiré des produits de distillation de la houille est oxydée en anthraquinone, et cette source devenant éventuellement insuflisante, l’on envisage dès à présent sérieusement sa synthèse en partant du naphtalène et en passant par l’anhydride phtalique et l’acide o-benzoylben- zoïque !. C’est que l’anthraquinone ou ses dérivés sont le point de départ pour la fabrication de toutes les matières colorantes — fort nombreuses et très importantes — dérivant de l’anthracène. Même pourde simples produits de substitution de l'anthracène, comme l’«-oxyanthracène (x- anthrol), qui entre dans la préparation? de l'indigo-alizarine G : (10) CO C'HBr£ dC—CÉ YC'Hs NNH< N\c2H2/ on passe par le détour de la réduction de l’x- sulfo-anthraquinone *. Scientifiquement, la chimie de l’anthraquinone présente des phénomènes du plus haut intérêt. Elle les offre nombreux, variés et originaux, tels qu'ils n’ont guère été dépassés dans aucun autre domaine de la Chimie organique. Aussi n'est-il guère possible, et nous nous garderons bien de faire cet essai, d’en donner un apercu quelque peu complet dans le cadre trop étroit d'une conférence. Nous nous bornerons à passer en revue cer- taines des propriétés chimiques caractéristiques de l’anthraquinone, à discuter sa valeur chromo- vène et à l’illustrer par l’examen de l’une de ses nombreuses familles de matières colorantes. CORRE —— 1. Herzer et Scuuzxe : Berl.Ber., t. XLI, p. 3627 (1908): Zisch. f. ang. Chem., 1906, t. XIX, p. 669. 2. Brevet américain 999,439 Bauer et Herre; Brevet fran- çais 413.799. 3, Bepzik et FRIFEDLAENDER : (1909), p. 873. LieBERMANY et ses collaborateurs : Annalen Chem.,t. COXII, p.43. Monatsh. f. Chem., t. XXX, 504 IL. — NATURE QUINONIQUE DE L'ANTHRAQUINONE 1. Considérations chimiques. — En comparant la y ou 9 : 10-anthraquinone avec ses deux iso- mères - et 5, on ne leur trouve de prime abord - que peu de propriétés essentielles communes. Elle forme des cristaux jaune soufre, fusibles à 280‘! en sublimant; elle est cependant moins volatile que la plupart des paraquinones con- nues. Et si la grande similitude des x et &-naphtoquinones avec les anthraquinones cor- respondantes est très frappante, la y-anthra- quinone s’en distingue par des différences en apparence suffisamment fondamentales pour que sa nature quinonique (voir plus haut, p. 502) ait été réellement mise en doute?. Graebe et Liebermann * avaient cependant dé- duit cette nature quinonique d’une série de faits importants qu'il est intéressant de rappeler. Il y a tout d’abord la composition centésimale par rapport à l’anthracène, puis sa préparation par l'oxydation de cet hydrocarbure, sa trans- formation en trichloranthracène et enfin les pro- priétés de l’alizarine, reconnue comme une dioxyanthraquinone, et concordant nettement avec celles de l’acide chloroxynaphtoïque et de l’oxynaphtoquinone. Plus tard, Graebe et Liebermann ‘ établirent, en outre, les conditions pour la préparation de l’anthrahydroquinone. Et, sans négliger du reste l’existence d’une anomalie de propriétés et de modes d'obtention, ils la mettent sur le compte d’une stabilité caractéristique de l’anthraqui- none. Îls rangent, par conséquent, ce composé dans la famille des quinones du benzène et du naphtalène, où ces dernières formeraient le pont entre les dérivés de l’anthracène et du benzène. Ces savants n'hésitent donc nullement à assi- gner au produit d’oxydation de l’anthracène des fonctions quinoniques. Elles trouvent leur expression dans la for- mule de l'anthraquinone que l’on peutreprésenter soit par le schéma I, soit par le schéma II. Nous donnons la préférence au schéma II, qui fait mieux ressortir la nature quinonique et qui répond mieux aux considérations qui suivent. 1. pe Barry BArvertr: Anthracene and Anthraquinone. Baillère, Tindall and Cox, London, 1921, p. 76. 2. Moureu: Notions fondamentales de Chimie organique (1917). Gauthier-Villars, p. 207. 3. Loc. cit, 4. Beri. Ber.,t. III, p. 634. M. BATTEGAY. — ÉTUDES SUR L'ANTHRAQUINONE —————————__——— L’anthraquinone apparaît dans cette formule comme un composé cétonique et plus exactement comme une « diphénylènedicétone ». La plupart des synthèses directes de l’anthraquinone et d’autres preuves appuyent indubitablementcette conception. Et c’est en se basant sur cette der- nière constatation et sur certaines propriétés de la phénanthrènequinone, que Fittig ! opposa pour toutes les quinones, d'une facon géné- rale, la formule dicétonique (I\ à la structure « peroxyde » (IT) préconisée par Graebe. # Q C c : J < 0 0 FI Il Elle peut être adaptée logiquement aux quino- nes les plus typiques. Leur pouvoir d’oxydation énergique, qui les rapproche des peroxydes, ne les éloigne nulle- ment des dicétones alicycliques. Ces dicétones alicycliques ont des liaisons éthyléniques en configuration conjuguée qui présentent un véri- table caractère oléfinique. Elles sont par consé- quent fort réactives, et il suffit de rappeler les travaux et les explications théoriques de Thiele ? sur les composés oléfiniques à liaisons éthyléni- ques conjuguées pour comprendre que la réduc- tion de la benzoquinone, p. ex., ne conduit pas au diglycol du dihydrobenzène, mais bien à un diphénol, l'hydroquinone. En nous plaçant à ce point de vue, l'examen de la constitution de l’anthraquinone nous conduit à la conclusion que celle-ci est une dicétone dont l’anomalie signalée par rapport à la nature qui- nonique n’est qu'apparente. L'’anthraquinone est à considérer comme une véritable quinone que nous dérivons dela p-benzo- quinone en y substituant les deux paires d’ato- mes d'hydrogène par deux radicaux benzéniques. À AA LRU C He D He A Qi à HO C CH HS, NT NL I Il 0 H 0 H Or, comme cette substitution affecte en même temps les deux liaisons oléfiniques de la benzo- quinone (de cette dicétone alicyclique) en les ren- 1. Frrric: Ann. Chem.,t. CLXXX, p. 23. 2, Tareze: Ann. Chem., t. CCCVI, p. 87. M. BATTEGAY. — ÉTUDES SUR L'ANTHRAQUINONE 505 dant aromatiques !, elle diminue forcément leur activité oléfinique. Alors que, dans la benzoquinone, les liaisons éthyléniques conjuguées relient les deux groupes cétoniques si intimement qu'ils réagissent géné- ralement de pair, les deux radicaux carbonyle de S Q = = FFE RREFEFEEEE ANNARNNNR DS 9 8 0 8 Fig. 1.— Courbe d'absorption du dicétohexaméethylène l’anthraquinone sont bien plus indépendants l’un de l’autre, et par ce fait, ils sont plus stables. Aussi ont-ils une tendance prononcée à réagir séparément. En d’autres termes, entre benzo- et anthraqui- 2900! S S S © S'SUS1S 18 818 + NN + © © S 5 n nm 9 2800) none, il n’y a pas de différence d'espèce, mais simplement une différence de degré. Cette diffé- rence d'ordre graduel existera aussi, sans aucun doute, entre benzo- et naphtoquinone, puisque celle-ci dérive encore dela première, en trans- formant, il est vrai, seulement une seule liaison oléfinique en liaison aromatique. Rendue moins aromatique que l’anthraquinone, l':-naphtoqui- none constitue un terme intermédiaire entre benzo- et anthraquinone. 1. WiLLSTÆTTER et Pannas : Berl. Ber,, t. XL, p. 1406 1907). REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, Modes d'obtention et propriétés confirment cette supposition. La stabilité progressive, d’une part, et la préparation par oxydation des hydro- carbures correspondants, d'autre part, sont entre autres les premiers exemples à l’appui. Ainsi benzène, naphtalène et anthracène pas- > à S S S S $S »S $S S S SSSSSSSSSSESSS FD S > 5 ANS STRESS RS SES Fig. 3. — Courbe d'absorption de l'«-naphtoquinone sent les trois, par oxydation au moyen d'acide chromique ou de ses dérivés, en quinones. Seule- ment dans le premier cas, il nous faut du chlo- rure de chromyle!, et dans le second? la réaction est bien moins nette qu'avec l’anthracène. SSSSSSeSsssseee SSSS S Se Ss S S $S S ASESNRSSSF88 Fig. 4. — Courbe d'absorption de l'anthraquinone. “ 2. Etude spectro-photometrique. — Ensuite l'étude spectro-photométrique ultra-violette % permet de démontrer d’une manière particulière- ment évidente l’analogie frappante de structure chimique entre benzo-, «-naphto- et anthra- quinone. Elle illustre nettement la différence de leur structure avec celle de la dicétone typique 1. Eranp : Thèse de doctorat, Paris, 1880. Ann. chim. phys [5], t. XXII, p. 268. 2. Groves: Ann. Chem., t. CLXVII, p. 357 ; PLimpron:Soc,, t. XXXVIL, p. 636. 3. Résultats inédits BaTreGAy et BerNnarDT; voir égale- ment STEWART et BALY : Proc. Chem, Soc., 1908, p. 284. 2 correspondante, du dicétohexaméthylène. Les représentations graphiques des courbes d’ab- sorption (fig.1 et 2 à 4) donnent les concordances parfaites des bandes d'absorption tant au point de vue du nombre que de l’aspect et qui carac- térisent si nettement la p-benzoquinone et ses S S = n S S on © mn nm 3400 S S © S. © S S NISSSSSSSS QT NN Gp 3100 Fig. 5. — Courbe d'absorption de la :-sulfoanthraquinone. dérivés'. À titre documentaire et comparatif, nous joignons les courbes d'absorption de la 8 sulfo-anthraquinone (fig. 5) et de l’indanedione (fig. 6). Il suffit, à présent, de jeter un coup d’œil sur les S S a N S S & S SSS M] S mn N n nm ge AË Li Fig. 6. — Courbe d'absorption de l'indanedione. formules de constitution des #, B, et y-anthraqui- nones pour y trouver l’expression des différen- ces dans les propriétés relatées plus haut, 3. Stabilité et constitution. — L'influence très intéressante du degré de saturation des liaisons éthyléniques sur les propriétés d’un composé organique peut être illustrée par d’autres exem- ples éminemment probants. Ainsi le pyrrol{l), l'indol(Il)etle carbazol (HD), | puis le cyclopentadiène (IV), l’indène (V) et le ae HaNrzsGn : Berl. Ber., 1919, t. Li, p. 527. M. BATTEGAY. — ÉTUDES SUR L'ANTHRAQUINONE fluorène (VI) présentent un accroissement pro- gressif de la stabilité particulièrement considé- rable, qui ne peut être expliqué que par les différents degrés de saturation. PHP AEAUE CH NH NH NH I Il I CH—CH CH || (l Il cH H Ge i H° N He VI He 4, Coloration et stabilité. — Fréquemment cette gradation de stabilité va de pair avec celle de la coloration. Nous la trouvons déjà dans la gamme benzo-, «-naphto et anthraquinone. La première est jaune d’or, la dernière à l’état précipité est blanche. Cette gradation de coloration est remarquable- ment visible dans les exemples suivants: Diphénylbenzofulvène ! (jaune orangé) Diphénylfulvène ! (rouge rubis) Diphényldibenzofulvène ! (blanc; en solution jaune) Tétraphénylquinodiméthane? Tétraphényl-z-naphtoquinodi- (orangé rouge) méthane (jaune) Tétraphénylanthraquinodiméthane ! (blanc) [IT. — RÉDucTiON DE L'ANTHRAQUINONE ET DE SES DÉRIVÉS 1. Action des agents de réduction. — A la suite de ce développement, examinons le pouvoir oxydant de l’anthraquinone ou, si l’on préfère, son attitude vis-à-vis des agents de réduc- tion. L’anthraquinone a la réputation d'être dépourvue de touteactionoxydante Sans doûte, elle ne peut se comparer, et pour cause, avec l’action énergique d’une quinone où toutes les liaisons éthyléniques sont oléfiniques. Elle est à froid sans action sur l'acide sulfureux, sur HS, sur IH aqueux, sur les dérivés triphénylmétha- niques, etc., pierres de touche habituelles pour caractériser des agents d’oxydation. Cependant cette passivité oxydante de l’anthra- quinone n’est nullement absolue. Elle n’est que relative ou graduelle, car elle ne se manifeste plus dès qu'on applique des agents de réduction appropriés. 1. Taice : Berl. Ber.,t. XXXIII, p: 66 (1900) ; Courror : Thèse de doctorat, Nancy, 1915. 2. Tuixce et BaLHORN : Berl. Ber., t. (1904). 3. 4. SrAuDinGeR: Berl. Ber., t. XLI, p. 1362 (1908). 5. WizisrærTrer et PARNAS : Berl. Ber,, t. XL, p. 1406 (1907). Dimmorn et Hizcken : Berl, Ber., t. LIV, p. 3053 (1921). XXXVII, p. 1463 M. BATTEGAY. — ÉTUDES SUR L’ANTHRAQUINONE Graebe et Liebermann ! le prouvaient déjà au moyen de la poudre de zincet d’un alcali qui transforment aisément, à froid en milieu aqueux, l'anthraquinone en hydroquinone.D'’autres réac- tifs comme l’amalgame de sodium, en milieu alcoolique 25, les hydrosulfites ‘, les sulfoxyla- tes, HI, le sel d’étain, Sn,Cu,Al avec des acides, réduisent facilement l’anthraquinone et donnent, suivant les conditions,naissance à divers etnom- breux dérivés anthracéniques . Industriellement la réduction de l'anthraqui- none et surtout de ses dérivés joue un rôle fort important. On l’exécute généralement au moyen d'hydrosulfite ou de sulfoxylate,et elle constitue le principe essentiel des modes d’application des colorants à cuve. C’est par cette opération qu’on leur confère la solubilité indispensable ainsi que les propriétés tinctoriales. 2. Emploi de l'anthraquinone comme catalyseur dans la réduction. — L'action de l’hydrosulfite de soude sur l’anthraquinone a été examinée par M. E. Grandmougin‘; elle donne naissance à de l’anthrahydroquinone ‘, qui est douée d’une tendance énergique à se réoxyder en anthra- quinone. Le jeu répété de cette réduction et de cette réoxydation interviendrait, d'apres Pla- nowskis, dans l’action catalytique de l’anthra- quinone, observée et appliquée par Ch. Sunder et Slatoustoffski” dans la réduction du grenat d'«-naphtylamine au moyen de sulfoxylate- formaldéhyde. Ce colorant monoazoïque (8-oxy- azo-c : «#-naphtalène)'°,insoluble, engendré pour cette raison, eu teinture, sur la fibre de coton même, présente la curieuse propriété d'être réfractaire à l'intervention des agents de réduc- tion les plus énergiques. Les préparations habi- tuelles, à base de sulfoxylate-formaldéhyde, employées en impression pour dégrader ou enle- ver (c'est-à-dire décolorer) les colorants azoïi- ques, en les scindant, en général, d’après le schéma : RN : N.R'+4H—=R.NH +R'.NH?, sont ici sans effet. 1. GRAEBE et LIEBERMANN : Ann. Chem.,t. CLX, p. 121-125 (1871). 2. CLAus: Berl. Ber.,t. X, p. 11. 3. En milieu aqueux ne réduit pas (BATTEGAY et Branpr). 4. GRANDMOUGIN: Berl. Ber., t. XXXIX, p. 3563. 5. V. Thèse de doctorat de M. Ph. Branpr, Strasbourg, 1922 (Battegay). 6. GRANDMOUGIN : Berl. Ber., t, XXXIX, p. 3563 (1906) ; J. pr. Chem, [2], t. LXXVI, p. 138 (1907). 7. Il se formeencore à côté d'autres produits de réduction que nous sommes entrain d'identifier (Battegay et Huber.) * 8: PLanowski: Zéschft fur Farbenindustrie,1907 (Buntrock), p-111. 9. Ch. Suxper et SLATOUSTOrFsK1 : Bull. de Mulh., 1906, p. 365; 1907, p. 382. 10. #-naphtylamine-azo-£ naphtol. 507 Il suffit d'ajouter à ces mêmes préparations une petite quantité d’anthraquinone pour vaincre la résistance en question. Si l’on suppose que l’an- thrahydroquinone se reforme toujours intermé- diairement, puis se réoxyde immédiatement aux dépens du colorant azoïque, l’anthraquinone agirail alors comme transporteur d'hydrogène. Cette action catalytique de l’anthraquinone s’exerçant, en pratique, sur les hydrosulfites ou sulfoxylates en milieu aqueux, il n’est pas sur- prenant d'apprendre quel’efficacité du catalyseur dépend essentiellement de son état de division, que l’on peut réaliser, du reste, de différentes manières, à la perfection !, Il pouvait alors paraître tout naturel d'envisa- ger, à la place de l'anthraquinone insoluble, un de ses dérivés directs solubles dans l'eau, à savoir les sels des acides anthraquinonesulfoniques. Les essais entrepris avec les « et&-sulfo-anthra- quinones et avec quelques disulfo-anthraquino- nes donnent cependant des résultats négatifs ?. Ces résultats négatifs ontretenu notreattention, et donné lieu aux ‘hypothèses suivantes: On pourrait les attribuer tout d’abord à une stabilité des sulfoanthrahydroquinones, leur formation intermédiaire ne faisant aucun doute — à en juger d’après la forte coloration rougeûtre après addition d’alcali — dans ce mode de réduction, Les différents tons présentés par cette coloration rougeàâtre permettent même de distinguer l’& et la 8-sulfoanthraquinone*. On pourrait aussi supposer, vu que la réduc- tion se passe pratiquement en milieu neutre et peut-être même légèrement acide, qu’elle donne naissance (par transformation) aux dérivés tau- tomères des sulfoanthrahydroquinones, c’est-à- dire aux sulfoxanthrones qui, contrairement aux premières, sont plutôt réfractaires à l'oxydation et, par conséquent, sans valeur catalysante. Il y a enfin une troisième possibilité. La réduc- tion des sulfoanthraquinones ne s'arrêterait pas du tout au terme intermédiaire d’une hydroqui- none ou d’une oxanthrone; elle se poursuivrait en donnant des sulfoanthracènes, comme dans la réduction avec la poudre de zinc et l’ammo- niaque {. Dans une étude faite sur la £-sulfoanthraqui- none ”, nous avons examiné ces trois possibilités 1. Barrecay, Lipp et WAGNER : p-323. 2. H. Scamip : Bull. de Mulh., 1906, p. 368; BATTEGAY, Lipp et WAGNER : loc cit.; SUNDER et BADER : Bull. de Mulh., 1921, p. 187. 3. Duxscumann: Berl. Ber.,t. XXXVII, p- 331 (1904). 4. LIEBERMANN: Ann. Chem.,t. CCXVII, p. 57. ». BATTEGAY et BRANDT: résultats inédits (voir thèse de doctorat de M. Brandt, Slrasbourg, 1922). Bull. de Mulh., 1921 508 M. BATTEGAY. — ÉTUDES SUR L'ANTHRAQUINONE et pu constater la réalisation partielle de la troi- sième hypothèse. 3. Réduction de la g-sulfoanthraquinone. — La réduction de la B-sulfoanthraquinone au moyen d’hydrosulfite de soude ou desulfoxylate, tout en ne s’arrêtant pas au terme hydroquino- nique, ne se poursuit que jusqu’à la phase de l’anthranol. Nous avons pu établir, par la suite, des condi- tions transformant nettement le sel de la £-sulfo- anthraquinone en sel de B-sulfoanthranol. Celui-ci est un composé stable et, par consé- quent, dépourvu de toute action catalysante. Dans un premier essai, nous avons reproduit, in vitro, aussi fidèlement que possible, les con- ditions dans lesquelles a lieu la réduction du grenat d’z-naphtylamine sur fibre. On constate que le mélange de sulfoxylate-formaldéhyde (10 mol.) et de g-anthraquinonesulfonate de soude (1 mol.) se colore en rouge en dégageant de l'hy- drogène sulfuréet de la formaldéhyde. Cette coloration passe assez rapidement à l’orangé. La masse ne changeant plus de couleur, elle est dissoute dans de l'eau chaudeet forme une liqueur orangé intense. Soumise à l’action oxy- dante d’un courant d'air, elle vire au jaune franc. Cette décoloration partielle est due à la réoxy- dation de la sulfoanthrahydroquinone, que l’on peut régénérer par une addition d’hydrosulfite de soude. Celle-ci reproduit la coloration orangé intense. Première conclusion : la g-sulfanthrahydro- quinone, formée intermédiairement, n’est pas stable. Seconde conclusion : la liqueur finale, après le traitement par un courant d'air, étant nettement jaune, elle ne renferme pas uniquement de la 6-sulfoanthraquinone, qui donneraituneliqueur incolore. à Troisième conclusion : cette liqueur ne peut renfermer des quantités quelque peu apprécia- bles de 8-sulfoanthracène, dont le sel de soude, très peu soluble dans l’eau froide, se déposerait ou se manifesterait au moins par la fluorescence caractéristique de ses solutions aqueuses étendues. Du moment que la réduction au moyen de sul- foxylate-formaldéhyde ne s’arrête pas au dérivé hydroquinonique et qu’elle n’aboutit pas au terme anthracénique, on est en droit de suppo- ser qu’il se forme un intermédiaire, à savoir la sulfoanthrone ou le sulfoanthranol, respective- ment leurs dérivés. Le sulfanthranol ou la sulfanthrone peuvent, en effet, se prêter à des réactions secondaires, par suite de la présence de l’aldéhyde formique provenant du réducteur employé, et donner éventuellement naissance à un produit de con- densation : Afin d'éviter cette action éventuelle de l’aldé- hyde formique, nous l'avons supprimée dans les essais sulvants. La réduction a été faite avec de l’hydrosulfite de soude anhydre. La solution aqueuse ueutre donne lieu à une décomposition prématurée de l’hydrosulfite et la réduction y est peu nette. 4. g-sulfoanthranol et p-sulfoanthrone. — En milieu alcalin, elle peut être dirigée aisément jusqu’à disparition complète de l’anthrahydro- quinonesulfonate de soude, de manière à sépa- rer la presque totalité de l’anthranolsulfonate de soude. Le liquide de réaction refroidi le dé- pose à l’état de paillettes jaune brillant. C’est un produit stable, Nous l'avons identifié par l’analyse, par son poids moléculaire, parles réac- tions typiques des anthranols, à savoir la copu- lation avecle diazohydrate de la paranitraniline, etavec la nitrosodiméthylaniline, la décoloration des solutions de brome dans l’eau, d’iode dans le KI, par le virage au jaune clair avec acides mi- néraux dû à la transformation en sulfanthrone. La recristallisation en présence d’HCI permet de séparer le B-anthronesulfonate de soude cris- tallisé. s JAN Faitassez intéressant à signaler:la fluorescence caractéristique des solutions de l’anthranol dis- paraît par l'introduction du groupe sulfonique. Si l’on veut représenter schématiquement la transformation de la 8-sulfoanthraquinone en 8-sulfoanthranol, nous avons le tableau suivant : 0 oH Il ÉJnar Men c C Il [ 0 oH H OH oH X< c # SO°Na |s0'Na C c 0H H H ù L'anthranol-B-sulfonate de soude prête par sa constitution à une discussion sur la structure moléculaire de l’anthracène, à savoir s’il faut y admettre une liaison pontale ou des liaisons qui- : noniques. Des travaux de différents auteurs mi- . M. BATTEGAY.— ÉTUDES SUR L'ANTHRAQUINONE \litent en faveur de cette dernière conception !. Pour l’anthranol-6-sulfonate de soude, l’exis- tence d’une liaison pontale mènerait à la for- mule suivante : OH C SO°Na C H Elle ne simplifierait pas l'explication de la forte coloration jaune orangé de ce composé, et en outre il faudrait qu'une substance de ce genre, qui dispose de deux atomes de € asymétriques différents, soit douée d'activité optique. Notre produit, à moins qu'il ne constitue des racémi- ques, est dépourvu de la propriété de dévier le plan de polarisation de la lumière polarisée. (Il a été examiné au polarimètre en solution à 2%.) IV.— SugsTITUTION DIRECTE DANS L'ANTHRAQUINONE Quelle est l'influence de la structure quino- nique particulière de l'anthraquinone surl’intro- duction directe des différents radicaux dans sa molécule ? Nous essayerons dé l’illustrer par quelques exemples particuliers, en rappelant que la des- cription des méthodes générales et spéciales de substitution dans l’anthraquinone est consignée dans la remarquable conférence de notre éminent compatriote, M. Robert E. Schmidt, « sur l'état de la chimie de l'anthraquinone en 1914 »?. En introduisant des substituants dans la mo- lécule de l’anthraquinone, il ne s’agit évidem- ment pas d’une substitution dans le noyau qui- nonique, puisque celui-ci est déjà flanqué des deux côtés substituables par deux radicaux ben- zéniques. La substitution a lieu par conséquent dans ces deux noyaux benzéniques, dont chacun peut être considéré comme déjà bisubstitué et représen- tant du «phtaloylbenzène ». 1. Halogénation.— Dans l’halogénation directe del anthraquinone, les deux groupes carbonyles semblent effectivement avoir la même action entravante qu'ils exercent habituellement quand ils se trouvent dans les dérivés benzéniques simples. L'introduction directe de l’iode et du fluor n’a été apparemment guère réalisée jusqu’à présent. Le chlore et le brome n’attaquent l’anthraqui- none que très difficilement. 1. TnigLe: Ann. Chem., t. CCCVI, p. 141; ScuLenk : Berl. Ber., t. XLVII, p. 473 ; Auwers : Ber.,t. Llll, p. 941, etc. 2. Conférence faite à la Soc. chim. de France età la Soc. ind. de Mulb., Bull. de Mulh., 1914, p. 409. 509 a) Dibromoanthraquinones, — Graebe et Lie- bermann ! ont surmonté cette difliculté — ce fut à l’occasion de leur admirable synthèse de l’alizarine — en chauffant 1 mol. d’anthraquinone avec 4 mol. de brome en tube scellé pendant quelques heures à 1000. On introduit ainsi 2 ato- mes de brome avec dégagement de la quantité correspondante d'HBr. Cette préparation ne réussissant pas facilement, les mêmes savants ! ont préféré employer un autre mode d'obtention, qui consiste à transformer par oxydation le tétra- bromoanthracène d’Anderson en dibromoanthra- quinone. Ils utilisèrent, par conséquent, les deux voies suivantes : Brome I. Anthracène * _— ® Anthraquinone —= Dibro- moanthraquinone ; } Brome …. $ Brome II. Anthracène -= Dibromoanthracène —— potasse alcoolique nt ne < Gros è : létrabromoanthracène -=— Dibromoanthraqui- d’Anderson F. 269/270° À none. Dibromoanthracènetétrabromure Les auteurs n'indiquent pas de point de fusion pour les produits bromés obtenus par ces deux réactions. Aussi lesconsidérait-on, nous semble- t-il, comme étant identiques. Ils ne le sont ce- pendant pas. La dibromoanthraquinone qui prend nais- sance dans la bromuration directe de l’anthra- quinone fond à 252° ?, alors que le produit d' OXY- dation du ET TE d’Anderson est fusible à 283 *. Une étude 2 # systématique des dix dibromo- anthraquinones théoriquement possibles a per- mis de préciser également la constitution des deux dibromoanthraquinones en question. La bromuration directe de l’anthraquinone substi- tue les deuxatomes d'hydrogène en position 2 et 7, alors que l'oxydation du tétrabromanthracène mène à la 2.3-dibromoanthraquinone. Des conclusions fort intéressantes résultent de ces constatations. Ni l’une ni l’autre des dibro- moanthraquinones employées par Graebe et Lie- bermann pour synthétiser, par fusion alcaline, l’alizarine, ne possèdentles deuxatomes debrome dans les positions 1 et 2 et ne répondent à cette dioxyanthraquinone. Dans le cas de la 2.7-dibromanthraquinone, la fusion alcaline donne évidemment naissance à . GRAEBE et LiEBERMANN : Ann. Chem., Suppl. VII, p.257- 322 M ou Decker : C. Graébe’s Untersuchungen über CRE p- 270. . BArTEGAY et CLAUDIN : Bull, de Mulh. Soc. chim., 1921, p. 1017. 3. GKANDMOUGIN, Sack et SEipz : Bull. de Mulh., 1920 p.632. G. r., t. CLXXII (1922), p. 717, 839. , 1920,p.632; Bull. M. BATTEGAY. — ÉTUDES SUR L'ANTHRAQUINONE de l’anthrapurpurine, dont les propriétés sont très similaires à celles de l’alizarine. La 2.3-dibromoanthraquinone se transforme- rait, à la suite d’une transposition dans la fusion alcaline, en alizarine, La 2.3-dibromoanthraquinone étant le produit d’oxydation du tétrabromanthracène d'Anderson, quiestsürement un mésodibromo-dibromanthra- cène, celui-ci a indubitablement la constitution C'H5Br* ou : . C \ Br Br Ç Br Pour en revenir à la substitution directe par le brome, elle est donc orientée en position £, c’est- à-dire en méta, respectivement en para, par rap- port aux deux groupes cétoniques. Nous ne dis- posons guère d’autres résultats permettant d'examiner plus amplement l'orientation du Br ou du CI. b) Polychloro et bromoanthraquinones.— Dans les expériences de Diehl', où la chloruration est faite avec le perchlorure d’antimoine, on obtient des dérivés di, tri, tétra et penta- chlorés sans connaître ou pouvoir déduire avec précision l'emplacement du chlore dans les dé- rivés di-,tri- et tétra- substitués. Diehl! a réussi à introduire jusqu’à 5 atomes de brome en s’ai- dant de l’iode comme catalyseur, et de tempé- ratures variant entre 160 et 350°. Là encore, à part le dérivé dibromé qui est identique avec le 2.7, et le dérivé pentabromé, la position des atomes de brome n’a pasété définie. En facilitantl'halogénation d’après le principe de Juvalta * par la présence d’acide sulfurique fumant, celle-ci peut s’opérer à des températures plus basses (60-130°) et les halogènes sont alors orientés tout d'abord dans les positions &. D’a- près le brevet allemand 228.901 *, les Etablisse- ment Baeyer substitueraient les 4 atomes d’H en 1,4, 5et8 par du chlore en introduisant ce gaz dans la solution de l’anthraquinone dans l’acide sulfurique ou sulfurique fumant. Il semble certain que, dans ces conditions, l’halogène est orienté tout d'abord‘ en c,donc en ortho respectivement méta par rapport aux deux groupes CO. 1. Dieu : Berl. Ber.,t. X], p. 179. 2. Brevet alld 50,177; Fri£pe., t. Il, p. 93; v. également * ViL16ER : Berl, Ber.,t, XL, 3. Brevet alld 228.901, Friepr. t. X, p. 578; voir églt. brevet alld 107.721, Friep1., t. V, p. 802, 4. EckenT et SreiNer : M.,t. XXXVI, p. 269 ; Berl. Ber., t. XLVII, p. 2628. , 2. Sulfonation.— Une différence d'orientation semblable existe dans le cas de la sulfonation directe. L’anthraquinone, très réfractaire vis-à- vis de l'acide sulfurique, n’est attaquée que | quand cet acide est concentré et en opérant à des températures dépassant 200°!. Pour une sul- fonation convenable, l'emploi d’un acide sulfu- rique fumant (30 % SO$)? à des températures au delà de 100°, est indispensable. Là encore, les groupes carbonyles semblent donc entraver la substitution, et au fait, comme dans la bromu- ration, sans catalyseur particulièrement actif, le groupe SO*H est orienté en position f. La préparation industrielle de la G-sulfoanthra- quinone et des disulfoanthraquinones 2.6 et 2.7 est basée sur ces principes. Nous constatons que la disulfonation ne donne que des dérivés hété-" ronucléiques, sans doute par suite de l’action conjuguée du premier groupe sulfonique et des deuxradicaux cétoniques qui empêchent l'entrée du second substituant dans le même noyau ben- zénique. La découverte remarquable de M. Rob. E. Schmidt, d’une part*, et de M. Iljinski *, d’autre part, permet de faire entrer les groupes sulfoni- ques non plus en B, mais en «, quand on effectue la sulfonation en présence de mercure, en quan- tités même minimes. Le mercure facilitant’, en même temps, la sulfonation, il s'oppose apparemment à l’action entravante des deux groupes cétoniques et change l’orientation de la substitution. Cette‘influence du mercure constitue une pro- priété générale de certains catalyseurs capables de modifierles quantités d’isomères formés dans une réaction de substitution‘. La’ cause de cette influence est cependant énigmatique. Certains auteurs, Iljinski’, Liebermann et Pleus®, Friedlaender”®, puis Dimroth !°, l’attri- buent à un phénomène chimique.Dans le caspar- ticulier du mercure, ce phénomène est dû à la grande facilité d'introduction de ce métal dans 1. Caro, GRAEBE et LIEBERMANN : Berl. Ber., t. 11], p. 359; t. XLV, p. 2003. GRAFBE et LIEBERMANN : Ann. Chem., t. CLX, p. 130; Perkin : Ann. Chem.,t. CLX, p. 130. 2. J. J. Kocu : Encycl. Ullmann,t. 1, p. 195 (1873). 3. Rob. E. Scamipr ; Berl. Ber., t. XXXVII, p.66; BAYER: Brev. alld 149.801. k. Izrinsxi : Berl. Ber.,t. XXXVI, p. 4194, 5. HocpERMANx : Berl. Ber., t. XXXIX, p. 1250. 6. HozLEmann : Conférence sur les règles de substitution dans le noyau benzénique. Bull. Soc. chim., 1911, juin, p: XXX. 7. Izsinski: Berl. Ber., t. XXXVI, p. 4196. 8. LieseRMANN et PLeus : Berl. Ber.,t. XXXVII, p. 646. 9. FRIFDLAENDER : Jahresber. der Chemie (1903), t. XII, . 430. ; 10. Dimroru: Berl. Ber.,t. XL, p. 2414; t. XXXV, p. 2870, M. BATTEGAY. — ÉTUDES SUR L’'ANTHRAQUINONE 511 ———————]— —_—_——— les composés aromatiques. La « mercurisation » des dérivés benzéniques monosubstitués est orientée en ortho, même dans les cas où, p. ex. dans l'acide benzoïque, d'après la règle de sub- stitution habituelle, le carbonyle dirige norma- lement et principalement en méta. L’acide sul- furique décompose ces dérivés métalloorganiques et substitue le radical sulfonique au groupe mercurique. En résumé, la sulfonation, en pré- sence de mércure, serait une sulfonation indi- recte. Elle passerait par un terme mercurique intermédiaire, et elle serait malgré cela — dans le cas de l’anthraquinone du moins — toujours plus rapide que la sulfonationdirecte. Le mercure s’introduisant toujours en ortho, on obtient de l’ortho- ou «-sulfoanthraquinone, contrairement à ce qui se produit à la sulfonation directe qui mène à la méta- ou 65-sulfoanthraquinone. Cette thèse est puissamment appuyée par les expériences de Dimroth* sur l'acide benzoïque qui se mercurise en ortho. Le dérivé mercurique : isolé ettraité par l'acide sulfuriqueest transformé en acide o-sulfoberzoïque, alors que la sulfona- tion directe de l’acide benzoïque donne surtout le dérivé méta!. Les composés de substitution mercuriques de l'anthraquinone étant cependant provisoirement hypothétiques, nous croyons ne pas devoir écar- ter une autre possibilité, où le mercure exercerait son action sans participer directement à la sub- stitution. Cette autre hypothèse est basée sur l’existence de valences résiduelles provenant des groupes cétoniques. Leurjeu a été mis en évidence à dif- férentes occasions, p. ex. dans les combinaisons moléculaires des dérivés anthraquinoniques avec le SnCl' ? ou dans les éthers boriques des :-oxy- anthraquinones *, etc. Ces valences résiduelles saturées parle cataly- seur mercurique modifieraient la nature des ra- dicaux cétoniques et par ce fait leur sens d’orien- tation. Le substituant n’est alors plus dirigé en 8, mais en #. Les atomes d'H de cette position se remplaçant plus aisément que ceux en £, on les considère comme plus mobiles. La sulfonation en est évidemment facilitéei. V. — RÉACTIVITÉ DES DÉRIVÉS =ANTHRAQUINONIQUES La mobilité particulière des atomes d’'H en x est corroborée parlalabilité prononcée dessubsti- 1. HoLDERMANN : Berl. Ber., t. XXXIX, p. 1255, obtient en sulfonant l’# naphtol 57 °/, de dérivé sulfoné en ortho alors que sans la présence de Hg le dérivé para prédomine. 2. P. Preirrer : Ann,, t. CCCXCVII, p. 137 (1913); Srraus: Ann,,t. CCCXCII, p. 240 (1912). 3. Dimrornet Fausr : Perl. Ber,, t: LIV (1921), p. 3021. 4. Noir Martiner et M! Roux : C. r., 1921, t.CLXXIT, p. 385. « tuants les plus divers dans cette position. Elle confère à certains dérivés 4-anthraquinoniques une grande importance industrielle !. On se sert ainsi de l’«-sulfoanthraquinone pour la pré- paration des dérivés #-hydroxylés, etc. Les procédés employés sont fort simples. Ce sont des réactions de substitu- tion par dédoublement?. Seul, le remplacement, en retour, par H pré- sentait jusqu’à présent des diflicultés. L'action hydrolysante de l’acide sulfurique sur l’«-mono- sulfoanthraquinone est en effet très faible, Elle est presque nulle avec des acides de concentra- tions dépassant 96 °/, et atteint avec un acide à 80 °,, HS0!, en chauffant 1 h. 1/2 à l’ébullition, seulement 7,5 ‘/, de l’:-sulfoanthraquinone mise en œuvre. L’hydrolyse sulfurique peut, il est vrai, être catalysée par du mercure. Cet effet catalytique“ s'effectue dans des conditions qui permettent de supposer,dans la sulfonation avec mercure, la création d’un état d'équilibre repré- senté par l'équation suivante et parfaitement compatible avec les deux hypothèses susmen- tionnées : aCMH7O?.SOH + Hg + H?S0: + H20 27, CHHSO? + Hg + 2H?S01: ”-aminés, z-halogénés, On arrive à remplacer avec une facilité sur- prenante le groupe sulfonique en « par de l’'H, même déjà à froid, en traitant la solution aqueuse de l’&-anthraquinonesulfonate de soude avec de l’amalgame de sodium. Cette solution, que l’on acidule préalablement avec quelques gouttes d'HCI, donne instantanément naissance à de l’anthraquinoneinsoluble qui s’amasse à la surface”. La £-sulfoanthraquinone, soumise au même traitement,se comporte différemment. Ilse forme également un peu d’anthraquinone®, mais la ré- duction mène surtout à l’acide #-sulfoanthracé- nique déjà observé par Liebermann et Bischoff7. 1. Rob. E. Scaminr : Bull. de Mulh., 1914, p. 421. 2, La B-sulfoanthraquinone se prête aux mèmes réactions, mais avec beaucoup plus de lenteur. 3. Essais inédits(v. thèse de M.Brandt, Strasbourg, 1922). 4. Brev. alld (Buyer), 160.104; Dimroru : Berl. Ber., t. XL, p. 2414. 5. Résultats inédits de Battegay et Brandt (v. thèse de Brandt). La solution reste tout d'abord légèrement colorée en jaune ; au bout d'un certain temps, après disparition de l'acidité de la solution, celle-ci passe au rouge. Il s’est formé sans aucun doute de la’ sulfoanthrahydroquinone, due à la présence d'hydrosulfite de soude et de l’alcali qui prennent naissance dans la réaction. 6.L'anthraquinone elle-même ne donne nien solution acide, ni en milieu alcalin de coloration rouge avec l'amalgame de sodium. Celui-ci n’agit ainsi qu'en solution d'alcool concen- tré (v. CLaus : Berl. Ber.,t. X, p. 927). 7. LieBermanx et Biscuorr : Berl, Ber.,t. XIII, p. 7. M. BATTEGAY. — ÉTUDES SUR L’ANTHRAQUINONE VI]. — SULFONATION DE L'ANTHRACÈNE La similitude de ces résultats et de ceux obte- nus dans les mêmes conditions avec les acides sulfoniques du naphtalène! incite à supposer une attitude semblable des dérivés anthracéniques. Cependant ni l’«- ni, à plus forte raison, le B-anthracènemonosulfonate de soude ne se désul- onent à froid dans les conditions indiquées. Si le manque de solubilité de cessels est pour quel- que chose dans ces résultats négatifs, d’autres essais confirment que la mobilité du groupe sul- fonique dans l’anthracène n’est guère compara- ble à celle de ce groupe dans le naphtalène. Ainsila transposition typique du groupe «-sulfo- nique provoquée par la chaleur dans lenaphtalène ne se produit pas dans le cas de l’&-sulfoanthra- cène. Cette constatation est rendue difficile parle fait qu'en dépassant une certaine température (100° environ), les agents sulfonants habituels bisulfonent l’anthracène. Nous avons tourné cette difficulté, tout d'abord en traitant l’&-mono- sulfoanthracène entre 160 et 180° avec de l’acide sulfurique concentré, quine mène qu'aux disulfo 1.5 et 1.8. Ce résultat permet de conclure qu'il n’y a pas eu de transposition en 8. Ensuite, suivant un ordre d'idée différent, nous avons trouvé dans l’anhydropyridinium- sulfate ? un agent sulfonant permettant de mono- sulfoner l’anthracène à-des températures allant de 195 à 175. C’est le moyen qui nous a permis de sulfoner en milieu basique et neutre. La tempé- rature, élevée jusqu’à 175°, n’a pas modifié l’orien- tation du groupe sulfo, qui est surtout dirigé en x. Les sulfonations comparatives de l’anthracène avec les agents habituels, avec ou sans mercure, ne présentent pas de différences régulières et appréciables. Les deuxisomères zet 8 se forment toujours en quantités à peu près équivalentes. Le rendement total en produit sulfoné est légè- rement amélioré par la présence de sel de mercure. VII. — VALEUR CHROMOGÈNE DE L'ANTHRAQUINONE 1. Puissance et stabilité. —Si l'on essaie d'établir un rapport dans les composés organiques entre la constitution et la couleur, il faut bien attri- buer,chez l’anthraquinone, son pouvoir d’absorp- tion sur la lumière à sa structure quinonique. Cela appert avec précision de la comparaison des courbes (fig. 2,3 et 4, p. 505) quireprésentent 1. FRIEDLAENDER et LUGHT : Berl, Ber.,t. XXVI, p. 3032. 2. Résultats inédits de Battegay et Brandt (voir thèse de doct. de M. Brandt). graphiquement l'absorption ultraviolette des trois quinones : anthra, «-naphto et benzoqui- none. Ces courbes sont pour ainsi dire iden- tiques entre elles et absolument différentes de la courbe du dicétohexaméthylène (fig. 1) qui représente l'effet de deux groupes cétoniques normaux. L'anthraquinone partage donc avec toutes les quinones la propriété d’êtreun «chromogène» très puissant précisément en vertu de la structure quinonique; celle-ci possède, par conséquent, le caractère d'une structure « chromophore ». L’anthraquinone et ses dérivés sont à ce point de vue particulièrement remarquables parce qu'ils offrent sur les autres quinones etcomposés quinoniques l’avantage d’une stabilité extraordi- naire. Cette stabilité joue, sans aucun doute, un rôle important dans la solidité très appréciée des colorants industriels qui dérivent de l’anthra- quinone. 2. Chromogène-type. — Dans aucun autre « chromogène »! l'influence des substituants les plus divers sur la colcration ne se manifeste pour l’œil nu avec plus de netteté. Cette in- fluence dépend tout d’abord de la nature chi- mique du radical substituant. Elle est ensuite fonction du nombre de ces radicaux et de leur emplacement dans la molécule. La visibilité nette de cette influence provient de ce que l’an- thraquinone n’est jaune soufre que sous forme de cristaux et qu’elle apparaît parfaitement blanche quand elle est à l'état de division très fine, obtenu p. ex. en ajoutant de l’eau à sa dis- solution dans l’acide sulfurique concentré. N'absorbant ainsi évidemment sélectivement que des radiations invisibles, et celles-ci étant en outre, en partie du moins, localisées dans la partie du spectre qui est au voisinage direct des premières radiations visibles (fig. 4), l’anthra- quinone apparaîtnon seulement comme chromo- gène puissant et stable, mais aussi comme chromogène-type où tout substituant doué de la moindre propriété auxochromique déclanche une coloration nettement visible, , Cette opinion, corroborée par de nombreux exemples que nous verrons en partie plus bas, parait parfaitement plausible en tenant compte des considérations suivantes. | Un radical substituant est auxochromique ? dans le sens le plus large du mot, soit quand il donne dela couleur au chromogèneincolore, soit quand il modifie d’une manière spécifique la coloration déjà existante. Cette modification est 1. O.N. Wirr: Berl. Ber., t. IX, p. 522; 1876. Journ. Chem. Soc. Abstr., t CLXXIX, p. 356. . 2 Orro N. Wurr : loc. cit. M. BATTEGAY. — ÉTUDES SUR L’'ANTHRAQUINONE 513 caractérisée par un «approfondissement » de la couleur qui la fait virer du jaune vers le vert, en passant par l’orangé, le rouge, le violet et le bleu. Tout chromogène est déterminé par un pou- voir d'absorption sélective qu'il doit à un groupe chromophore ! : L'introduction d’un groupe doué du pouvoir auxochromique ne provoque qu'une modification spécifique de celte absorption. Cette modification cause la suppression de nouvelles radiations lumineuses qui ont une longueur d'onde ())\ plus grande que celle des radiations déjà absorbées par le chromogène original. Un chromogène incolore devient coloré, si l’auxochrome est à même de déplacer les limi- tes de l’absorption et d'étendre la région des radiations supprimées au delà de la partie ultra- violette et invisible dans le domaine visible, La coloration originale d’un chromogène est approfondie par le même phénomène quand le substituant déplace les limites de l'absorption, dans le sens indiqué, au sein de la partie visible du spectre. À côté de ce déplacement des limites de l’ab- sorption, il peut y avoir simultanément des changements dans l’absorption préexistante. Les chromogènes déjà colorés qui prennent une coloration approfondie par l'introduction de substituants auxochromes sont fréquents, Nous ‘ mentionnerons, comme exemple typique, le nitro- benzène jaune clair, et les trois nitranilines qui varient du jaune intense à l'orangé rouge. Les chromogènes incolores, par contre, qui acquièrent une coloration par la même substitu- tion sont plus rares. Nous avons l'anthracène, la quinoxaline, le stil- bène, le phénylbenzthiazol, les quatre incolores, dont, par exemple, les dérivés suivants sont colo- rés enjaune !. oxy- amido- don anthracène quinoxaline 0H 4 NH Toro NH H'N POI. H-CH s diamidostilbène amidophénylbenzthiazol L’anthraquinone en est un autre exemple par- ticulièrement intéressant. Elle constitue un 1. H. Ley : Farbe-und Konstitution. Ed. S. Hirzel, 1911, p. 43. REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, D chromogène dont l'absorption sélective très pro- noncée est illustrée par la courbe mentionnée plus haut. Nous y constatons la suppression de deux bandes de radiations ultraviolettes, dont une a la particularité de se trouver dans la région —=3:550 À) qui s'étend jusqu’à la limite des premières radiations violettes visibles. On conçoit facilement que, dansces conditions, la plus petite influence auxochromique doit se manifester nettement. En provoquantle moindre déplacement des limites de l'absorption, les pre- mières radiations affectées font déjà partie du spectre violet visible (1 — env. 3.900 A.). Celles- ci, supprimées, donnent naissance à la couleur complémentaire qui est jaune. L’anthraquinone, étant blanche, permet, par conséquent, de reconnaître tout substituant auxochromique à l’œil nu etconstitue à ce point de vue un chromogène type. 3. Influence auxochromique d'un seul substi- tuant en « et en 8. — L'examen des exemples sui- vants permet de constater que l'influence des substituants sur la coloration de l’anthraquinone est particulièrement sensible dans la posision CA Ainsi il existe des dérivés monosubstitués en 8 qui sont encore complètement blancs comme les méthyl-, chloro-, bromo- et certaines acidyl- amino-anthraquinones, pour ne nommer que ces exemples, alors queleurs isomères + sont nette- ment jaunes. Le contraste n’est pas moins impor- tant quand les dérivés & sont colorés. Ceux-ci le sont alors toujours bien moins! que les dérivés «. La £-aminoanthraquinone jaune et l’« rouge brique, la 8-hydrazinoanthraquinone orangé et l'« rouge, la £-oxyanthraquinone jaune et l'« orangé en sont des exemples frappants. La différence de l'influence des substituants en positions # et #se manifeste également dans le cas des deux monosulfoanthraquinones, dont le dérivé 8 est blanc et l’ faiblement, mais incon- testablement jaune ?. Le groupe sulfonique, cependant, donne lieu à des considérations spé- ciales sur lesquelles nous aurons à revenir. L'action auxochromique des substituants méthyl, chlore, brome, acidylamino en position, est à considérer comme nettement établie par la coloration des dérivés correspondants, coloration qui est présentée par des produits précipités dans les conditions mêmes que l’anthraquinone blancke. Cette action auxochromique explique les modifications pratiquement fort intéressantes que peuvent provoquer au point de vue de la 1. V. gradation de l'intensité de la couleur, p. 506. 2. Rob. E. Scamivr : Berl. Ber.,t. XXXVII, p. 67. 3 514 M. BATTEGAY.— ÉTUDES SUR L'ANTHRAQUINONE coloration les radicaux CH, CI, Br introduits dans la molécule de certaines matières colorantes. Ces modifications peuvent s'étendre avantageu- sement sur l'éclat et la solidité de leurs teintures. L'action auxochromique de certains groupes acidylamino—NH.CO.CSH5,—NH.CO.NH—,etc., esttellement prononcée qu’elle joueunrôle essen- tiel dans une famille des colorants anthraquino- niques à cuve que nous examinerons tout à l'heure. Pour illustrer l'influence du groupe CH° dans des exemples industriels, il suffit de mettre en parallèle des colorants azoïques homologues comme les ponceaux de l’aniline, de la xylidine et de la cumidine (I) : re — 2 _ or (os CH? . CH” NH? NH? ou les chrysoïdines GetR (Il) ou enfin les dérivés azoïques de la benzidine et de la tolidine (Ill). : Les différentes fuchsines homologues C,,, C,,; C3, Goo Sont d’autres exemples à l’appui. Elles deviennent de plus en plus bleues. La puissance d'action des halogènes apparaît, entre autres, dans les éosines (IV et V), les in- digos verdâtres (VI et VII), les indanthrènes dibromé GC et dichloré GCD,. fluorescéine (jaune) OH SO°H EN-N éosine (rouge) co co 3: \ indigo 16e c-c” 6: MLB/6B RE EN RS NH NH [verdätre) Pour le groupe sulfonique, qui se trouve dans d'innombrables colorants et quileur donne avant tout la solubilité et des propriétés tinctoriales, une appréciation précise de son influence auxo- chromique présenterait un intérêt scientifique tout particulier. Elle a déjà fait l’objet de diffé- rentes études !, sans avoir abouti à des résultats définitifs. Le fait que l’x-sulfoanthraquinone est jaune et la & blanche, ne suflit pas non plus pour en déduire définitivement une action auxochromi- que analogue à celle des substituants CH*, CI, Br. 1] faudrait déjà que nous puissions comparer l'«-anthraquinone-sulfonate de K ou l'acide dans un étatde division semblable à celui de l’'anthra- quinone blanche. Cela ne nous a pas été possi- ble jusqu’à présent. L'influence du groupe sulfonique sur la colo- ration ne peut cependant être mise en doute. Nous en avons de nombreux exemples, pour ne citer que la différence de l’orangé G() et du pon- ceau 2 Gi), de l’orangé IV (ID et du jaune méta- 0 0 S0'H C'HN- C'H'N=N s SoH Rougeëtre Jaunätre So°H (I) SO'H (I) H + c (2 p-SUHCHN-N NRA m S0 H cn C'H Sr CH Orsngé IV (III) Jaune LEO (IV) nil), ou bien le vert malachite? (5) et ses dérivés sulfonés en para (6) (— ou vert Helvetia), en ortho (7) eten méta (8). Le premier (p) est plus jaune, le second {o) est plus bleu et le troisième (m2) est très semblable au colorant non substitué. La discussion plus détaillée de ces différences nous mènerait trop loin; nous devons nous borner à remarquer que le groupe sulfonique peut provoquer, suivantAda position qu’il occupe ‘: dans la molécule chromogène, des effets auxo- chromiques et des effets tout à fait opposés. L. Influence auxochromique de deux substi- tuants. — Dans les-dérivés disubstitués de l’an- thraquinone, l'influence des substituants est également fort prononcée. Elle donne évidem- ment naissance à des phénomènes plus variés. Outre la position individuelle de chaque substi- tuant, leur position relative* est très importante. 4. Groncieviaz : Monatshefte f. Chemie, 1900, p. 831. Die Beziehungen zwischen Farbe und Konstitution bei Farb- stoffen (Ed. Schulthess, Zurich), p. 44. 2. NorrrinG et GerLiINGER : Berl, Ber., t. XXXIX, p. 2041 (1906). 3. Conférence de M. R, E: Scnmipr: loc. cit, \ M. BATTEGAY. — ÉTUDES SUR L’ANTHRAQUINONE 515 L'étude sur les dix dibromoanthraquinones!, ainsi que celle sur les dix dibenzoyldiamino- anthraquinones ?, nous a donné l'occasion de vérifier ce fait. La comparaison de ces deux séries d’anthra- quinones disubstituées, en jugeant de leur colo- ration sur les produits précipités par l’eau de leur dissolution dans l’acide sulfurique, pré- sente les différences marquées suivantes : Les dibromoanthraquinones 2.6,2.7et 2.8 sont blanches, l’isomère 1.2 est jaune clair, les déri- vés 1.3, 1.5, 1.6 et 1.7 sont jaunes, et la substitu- tion en 1.8 et 1.4 donne du jaune orangé. Dans les dibenzoyldiaminoanthraquinones, les dérivés 2.6 et 2.7 sont pour ainsi dire blanes, les dérivés 1.3 et 2.3 jaune clair, les 1.2, 1.6 et 1.7 jaune moyen, le 1.5 jaune franc foncé, le 1.8 jaune orangé et le 1.4 rouge jaunâtre. En résumé, le maximum de coloration est donné par les substituants dans les positions e, surtout quand elles font partie du même noyau benzénique et qu’elles sont par conséquent en para ?, L'action auxochromique des substituants CH, CI, Br, NH-acidyl!ne peut cependant être compa- rée avec celle des radicaux OH,NFP, NHR, NRR’ (où R et R’sont des groupes alcoyl ou aryl). C'est en se basant sur l'influence de ces subs- tituants qui constituent les groupes auxochro- mes typiques, que Witt ‘ développa sa concep- tion théorique sur la coloration des composés organiques. Ces substituants, auxquels M. Noel- ting joignit les radicaux NH.NEP et NHOH, mani- festent déjà puissamment leur action sur la colo- ration du chromogène anthraquinonique dans les dérivés monosubstitués en £. Leur double introduction provoque des exal- tations de couleur particulièrement considéra- bles. Le maximum est encore acquis par la subs- titutiondes deux positions + dans le même noyau benzénique *. VII. — CoLoRANTS ANTHRAQUINONIQUES L’anthraquinone substituée par ces groupes auxochromes typiques devient en outre salifia- ble et par ce fait « solubilisable » dans l’eau. 1. Colorants à mordants. — La solubilité de nombreux dérivés hydroxylés tels quels, quoique très faible, nous explique leur application pos- sible en teinture, où ils comptent parmi les colo- rants à mordants les plus remarquables. L'aliza- 1. BATTEGAY et CLAUDIN : Bull. Soc. chim., 1921, p. 1017. 2. 1n.: Bull. Soc. chim., 1921, p. 1027. 3. KAUFMANN : Berl. Ber., t. XXXIX, p. 2722. 4, O. N. Wirr : loc, cit. 5. E. NoELTiING : Chem. Ztg., 1910, p. 1016. rine en est un exemple. Cette 1.2-dioxyanthra- quinone, qui a une couleur jaune, forme avec divers oxydes métalliques des laques puissam- ment colorées : avec l’oxyde d’alumine elle est rouge, avec l'oxyde de fer violette, etc. 2. Colorants acides. — Les dérivés aminés de l’anthraquinone sont cependant trop peu basi- ques et trop peu solubles dans l’eau pour servir eux-mêmes comme colorants industriels. En les transformant en colorants franchement acides, soit par sulfonation dans le noyau anthraquino- nique, soit mieux encore par sulfonation dans le groupe arylamidé, ils deviennent des colorants pour laine très appréciés !. Le vert d'alizarine-cyanine (I) et l’alizarine- astrol (Il) en sont des représentants. La combinaison des auxochromes NH? et OH donne naissance à des colorants sulfonés très réputés par leur nuance pure et par leursolidité, entre autre l’alizarinesaphtrol (NI). NH.CH° NH CF S0'H 10 NH M pen il DT J 3 S0'H NH° OH 0 0H NH: I 3. Colorants à cuve. — Toutefois des composés insolubles de l’anthraquinone sont aussi appli- cables en teinture. On les emploie alors comme colorants à cuve. Leur application est basée sur la possibilité de les rendre temporairement solubles en les transformant par réduction en dérivés à fonction acide dont les sels alcalins ou alcalinoterreux se dissolvent dans l’eau. Ces produits de réduction, obtenus générale- ment au moyen d'hydrosulfitede soude, forment en dissolution alcaline le bain de teinture appe- lée couramment cuve; la fibre textile immergée les en retire et les fixe. En se réoxydant à l’air, ils reforment le colorant anthraquinonique ini- tial. Grâce à soninsolubilité, ilest définitivement inséré dans la fibre. Si la plupart des composés anthraquinoniques peuvent être facilement réduits, en vertu de leur naturé quinonique, en dérivés solubles dans les 1. Rob. E. Scamipr : loc. cit. ”. 516 M. BATTEGAY. — ÉTUDES SUR L’'ANTHRAQUINONE alcalis, cela ne signifie pas que tous ces produits deréductionont delaffinité pour la fibre textile !. De nombreux dérivés? insolubles de l’anthra- quinone, tout en donnant unecuve, ne possèdent pas de propriétés tinctoriales. Les Etablissements Fried.Bayer et Cie à Lever- kusen firent, quelques années avantla guerre, l'observation fort intéressante et importante que de nombreuses aminoanthraquinones acylées, notamment benzoylées, et par conséquent com- plètement insolubles dans l'eau, donnent d’ex- cellents colorants àcuve pour coton. Ces produits industriels forment en partie la famille des colo- rants « Algol » * et permettent d'illustrer aisé- ment au point de vue pratique la valeur chromo- gène de l’anthraquinone. La plupart des colorants de cette famille sont, comme dit, des benzoylidiaminoanthraquinones et possèdent comme unique groupe auxochromi- que, dans certains exemples du moins, le subs- tituant « benzoylamino » NH.CO.CS5HS. Celui-ci n’exerce dans le dérivé monosubstitué son influence sur la coloration qu’en position #. Nous obtenons ainsi le Jaune Algol G ou Jaune Leucol WG. Nous avons vu plus haut que la double ‘introduction du radical benzoylamino n’agit favorablement sur la couleur que dans les posi- tions 4.4, 1.5 et1.8.La fabrication industrielle en tient évidemment compte, puisque le Jaune Algol R est le dérivé 1.5etle Rouge Algol 5 G le dé- rivé 1.4. Ilest intéressant de rappeler en passant que l'influence du substituant sur la coloration ne s’identifie nullementavec l’influencesur l’affinité tinctoriale de ces colorants pour le coton. Cela appert déjà du fait que le substituant NH CO.CSH*, qui confère, en général, sans aucun doute, aux produits de réduction de l’anthraqui- none de l’affinité pour le coton, est nettement différent d’autres substituants « acylamino » éga- lement auxochromiques, mais dépourvus de cette propriété; exemples NH.CHO,NH.COCHF ! Le groupe NH.CO.CSHŸ, tout en communiquant des propriétés tinctoriales au composé anthra- quinonique, les lui confère indépendamment de la position qu'il occupe dans la molécule. En 4. GranpmouGix : Berl. Ber.,t. XXXIX, p. 3563; GRanp- MouGin et GEORGIEVICS, 4° éd., p. 435. 2. Seer et We1TZENBOECK ; Monatsh.f.Chem., p. 371-379. GRANDMOUGIN, SuRA et SCHIAPARELLI voir thèse Schiapa- relli, 1913, Toulouse). ULLMANN et Fonor : PUMMERER et HORS : 1910,t. XXXI, Berl. Ber.,1. XLII, p. 536. Ber!; Bert: RIDE p. 1651. 210.019, 238.488, 913. 500, FRIEDL., “IX, P- 1197, 951, 750, on. 4. Brevet A RNA 226. 940: FRIEDL., t. X, p. 649: MOUGIN et SuraA : loc. cit. GRAND- d’autres termes, l’affinité tinctoriale des ben- zoylaminoanthraquinones pour le coton est indépendante de la coloration !. Partant des benzoylaminoanthraquinones que nous venons d’énumérer, l’introduction d'au- tres groupes auxochromes produit des effets remarquables sur la couleur ?. Ainsi un groupe Of en position para par rapport au groupe — NH.CO.CSH® dans le Jaune Algol G, le fait virer au rose foncé et donne le Rose Algol R. Le substituant OCH3 dans la même position rend la nuance plus saumon et fournit l’Ecarlate Algol G. Un groupe NA? donne dans les mêmes conditions un colorant violet qui n’est pas commercial. Dans la molécule du Jaune Algol R, l'entrée d’un groupe OH dans l’une des deux positions parasubstituables produit une nuance rouge violacé et le produit commercial s'appelle Rouge brillant Alvol 2 R. L'introduction de deux hy- droxyles en «, c’est-à-dire en 4 et 8, fournit la dibenzoyldiaminoanthrarufine qui est bleue, le Bleu Algol 3 R. AVE Les colorants à cuve industriels de la famille des acidyl-amino-anthraquinones ne renfer- ment, en fait de radical acide, outre le groupe benzoyl COCSH, que les groupements suceinyl -CO-CH2-CH2-CO- et carbonyl -CO-, ce dernier sous forme d’urée. Ainsi læsuccinyl-dis-«-amino- anthraquinone est le Jaune Algol 3 G?3;ïl est réputé pour sa solidité et pour sa pureté de nuance. Le dérivé succinylé de la diaminoanthra- rufine est le Violet brillant Algol R?. 4. Colorants « Hélindon ». — Dans la famille des urées des anthraquinones, les représentants industriels sont très peu nombreux. | Le radical acide -CO- y relie deux molécules d’aminoanthraquinone, comme le fait du reste aussi le radical succinyl dans le Jaune Algol3 G. Lereprésentantindustriel typique de la famille des urées est la £8-dianthraquinonylurée ou Jaune Hélindon 3 GN*. co De (TOM IR co COTE Il dérive de la 8-aminoanthraquinone et non pas, comme tous les autres colorants Algol que nous venons de voir, de l'z-amino-anthraqui- none. ; Cet exemple constitue, par conséquent, à ce 1. BarreGay et CLAUDIN : loc. cit. 2. Brevets allemands :loc. cit. 3. Geguarp : Journ. f. prakt. 4. Brev. alld 232,739; FRtEDL., Chem., 1. LXXXIV, p. 633. t. X,p. 699. ee” M. BATTEGAY. — ÉTUDES SUR L’'ANTHRAQUINONE 517 point de vue une anomalie. Elle n’est cependant qu'apparente. Dans une étude systématique sur les différentes urées symétriques ! et asy- métriques (ou mixtes), nous avons pu constater que l’urée simple de l’x-aminoanthraquinone est plus fortement colorée que son isomère 8. Cette dernièreest jaune intense alorsque l’xestorangée. Il en résulté que le substituant -NH-CO-NH-, en reliant deux noyaux anthraquinoniques, exerce déjà en 8 une puissante action auxochromique. La synthèse des uréthanes et des carbamates cor- respondants démontre que les radicaux -NH- COOC?H et -NH-COOMe agissent de la même manière. Et si l'industrie écarte, dans ce cas spécial des urées, l’isomère substitué en + quoi- qu'il soit plus puissamment coloré que le dérivé 8, cela tient au fait que l’&«x'-anthraquinonylurée ne supporte pas la réduction alcaline telle qu’on l’emploie habituellement dans la teinture sur cuve. Cette urée est hydrolysée dans ces condi- tions. Fait remarquable, l’urée mixte obtenue par la 1. BaATrEeGAY et BenxnuarpT : Thèse de doctorat de M. Bern- hardt, Straslourg, 1992. condensation du chlorure de l’urée de la£-amino- anthraquinone avec l’x-amino-anthraquinone est parfaitement stable et employable en tein- ture. Sa coloration ne diffère que très peu du Jaune Hélindon 3 G N. 5. Acidylhydrazsinoanthraquinones. — Pour terminer, nous signalerons encore les acidyl- hydrazinoanthraquinones!.'Il nous a paru inté- ressant d'examiner le substituant benzoylhy- drazino, tant au point de vue de sa valeur auxo- chromique qu’au point de vue de son influence sur l’affinité tinctoriale. L'x-monobenzoylhydrazinoanthraquinone et son isomère 8 sont fortement colorées, l’« est orangée, la 8 jaune. Elles n’ontqu'une très faible affinité, comme colorant à cuve, pour le coton; elles teignent par contre puissamment la laine. M. Battegay, Professeur à l'Ecole supérieure de Chimie de Mulhouse. 1. BarrTeGAyx et AMUAT ; résultats inédits, 518 Ropozpxe SOREAU. — POUR SERVIR A L’HISTOIRE DE LA NOMOGRAPHIE POUR SERVIR A L'HISTOIRE DE LA NOMOGRAPHIE Le numéro du 30 avril de cette Revue a publié un article où M. d'Ocagne s’ingénie à diminuer le rôle de Ch. Lallemand dans la représentation des équations par des abaques, et formule à mon endroit diverses critiques parvenues depuis à ma connaissance. Nous pouvons, M. Lallemand et moi, juger ces critiques avec sérénité : en effet, n'ayant pas consacré notre existence à la Science des aba- ques, nous ne lui avons rien demandé d'autre que le plaisir d’y apporter notre contribution, et nous n’éprouvons nullement le besoin de défen- dre nos découvertes avec âpreté. Toutefois, les lecteurs del’article en cause ont droit à une réponse qui leur permette de se faire un jugement exact. Elle leur est d'autant plus nécessaire que l’auteur a obscurci un sujet assez simple par des considérations compliquées et des locutions inutiles, telles que « systèmes simplement infinis !; systèmes [= !}, simple- ment infinis, mais correspondant à une infinité quadruple de valeurs de 4 variables », ete., etc. Je remercie la Revue d'accueillir ma réponse, et de faire ainsi honneur au vieux précepte : Amicus Plato, sed magis amica veritas. * * * En 1885, il n'existait que des abaques à 3 varia- bles, sauf deux ou trois diagrammes qui en avaient 4. C’est alors que Ch. Lallemand publia le premier corps de doctrine ayant réalisé la représentation plane de relations à un nombre quelconque de variables. Sa méthode des aba- ques hexagonaux s'applique, en effet, à toute équation entrant dans la forme (a) 2 fyo gay Rigreore — 10, c'est-à-dire aux très nombreuses formulestechni- ques dont les différents termes sont des produits de fonctions d'une ou de deux variables. Pour en apprécier l'étendue et l'élégance, considérez, entre autres exemples, la formule très complexe de la déviation du compas et le bel abaque qu’en a donné M. Lallemand ! : la méthode des points alignés ne saurait faire mieux, ni même aussi bien, car elle devraitemprunter lesmêmes échelles ternaires, puis additionner les termes ainsi figu- rés : or son procédé d’addition graphique n'au- 1, Get abaque a été souvent reproduit, On le trouvera, notamment, dans les Comptes rendus du 30 janvier 1922, dans le Traité de M: d'Ocagne et dans le mien. Même remarque pour l’abaque de l'erreur de réfraction, cité plus loin. , rait alors n7 la simplicité, nila précision de celui des abaques hexagonaux. L’illustre mathématicien Joseph Bertrand était donc fondé à écrire, bien après les premières publications de M. d'Ocagne sur les points ali- gnés : « La méthode de M. Lallemand a été l’ori- gine des généralisations et des développements de toutes sortes donnés depuis au problème de la représentation graphique des relations à plu- sieurs variables !.» Au surplus, M. d'Ocagne lui-même n'avait-il pas reconnu ces mérites dans un éloge alors sans mélange? « Le calcul gra- phique, écrivait-il, ou, plus exactement, le cal- cul par abaques, qui doit son essor aux classi- ques travaux de M. l’Inspecteur général des Ponts et Chaussées Lalanne, a pris en ces der- niers temps une extension considérable, grâce aux remarquables méthodes imaginées par M. l'Ingénieur des Mines Lallemand. Il n’est pas aventuré de prédire que, dansun avenir prochain, à l'exemple de ce que M. Lallemand a institué au Service du Nivellement général de la France, tous les calculs usuels s’effectueront par aba- ques. Qu'il nous soit permis à cette occasion d'émettre le vœu que le savant ingénieur, dont les idées n’ont été publiées jusqu'ici qu'assez succinctement et d’une manière éparse, consa- cre un ouvrage magistral à ses beaux travaux sur la matière ?. » Aujourd'hui M. d'Ocagne — quantum mutatus ab illo I — ne se contente pas de revendiquer pour la méthode des points alignés un caractère de généralité bien supérieur à celui que don- nent les règles combinées d’additionet de mul- tiplication graphiques imaginées par Lalle- mand,— ce dontilne s'était pas encore avisé lorsqu'il écrivait le panégyrique ci-dessus, pour- tant postérieur de six ans à son Mémoire expo- sant le principe des points alignés : il prétend en outre, etil y insiste, « que c’est ce principe qui, pour la première fois, a permis de réduire effectivement à une représentation plane un nombre de dimensions supérieur à3 » (sic). Que signifie cette terminologie et quelle est cette équivoque ? À quoi tendent les restrictions apportées au sens de cette expression très 1. Journal des Savants, avril 1895, L'opinion de J. Bertrand se trouve vérifiée encore aujour- d'hui. C’est ainsi que les plus récents abaques imaginés pour traduire des équations à grand nombre de variables sont ceux à transparent orienté de M. W. Margoulis; or cet ingé- nieur les présente comine une généralisation des abaques hexagonaux de Ch. Lallemand {Comptes rendus, 26 juin 1922), 2, Génie civil, 27 septembre 1890. Roporpxe SOREAU. — POUR SERVIR A L'HISTOIRE DE LA NOMOGRAPHIE 519 claire : représentation plane? L'objet poursuivi en Nomographie, c’est de figurer une relation à l’aide d'éléments plans cotés, figuration dont l'intérêt croît avec la complexité de la relation et le nombre de sesvariables. La première méthode générale instituée à cet effet est, je le répète, celle des abaques hexagonaux à échelles binai- res, ternaires, etc. Qu'il comportent ounon des systèmes auxiliaires et des systèmes surabon- dants, on ne saurait, sans détournerles mots de leur sens, refuser à ces abaques de constituer des représentations planes de relations parfois très compliquées : tels sont l’abaque de la dévia- tion du compas et celui de l’erreur de réfraction dans les nivellements de haute précision; le premier a 4 variables, dont3comportentchacune deux systèmes figuratifs ; le second a 7variables figurées chacune par un seul système. Voilà des faits positifs, lumineux; devant lesquels il n’y a pas à épiloguer. J Puisque j'en suis au chapitre des équivoques, je me félicite d’avoir fourni à M. d'Ocagne l’oc- casion d’en dissiper une autre. Cet auteur ayant écrit qu'il avait donné à la théorie des abaques «une forme définitive», et que cette théorie « avait reçu son complet développement dans son grand Traité » de 1899, je ne pus m'empèé- cher de remarquer « que la théorie et la techni- que des abaqués étaient loin d’avoir reçu leur complet développement dans ce Traité, et que, parmi les publications qui l’ont suivi, il en est qui ne sont pas de simples compléments à cet Ouvrage : plusieurs abordent des problèmes nou- veaux ou résolvent des questions essentielles ! ». Depuis, M. d'Ocagne a précisé qu'il avait eu en vue le développement « sous le rapport mor- phologique », ce qui atténue singulièrement la portée qui semblait résulter de sa rédaction primitive. Pr D'autres critiques de M. d’Ocagne concernent les avantages comparés des abaques hexagonaux -et des abaques à points alignés, en réponse aux Notes de M. Lallemand insérées dans les Comptes rendus des 9 et 30 janvier 1922. Si le lecteur veut bien se reporter à ces Notes, il verra avec quelle modération et quel souci d'équité M. Lallemand a fait cette comparaison ; il constatera, notamment, que ce savant recon- naît expressément la supériorité des points ali- gnés pour les équations à 4 variables du type : (è) fi Sas + lo lai + fai = 0 ;: 1. Préface de mon Traité des Abaques. cela étant, il ne manquera pas d’éprouver quel- que surprise de ce que M. d’Ocagne s’évertue à vouloir prouver la supériorité générale de cette méthode en choisissant précisément ses exem- ples dans ce type particulier, qui donne lieu à un abaque à deux échelles rectilignes {z,], [2], et à un réseau de courbes (2,), (z,). ILest digne de remarque que le fremier abaque de ce genre ait été construit dès 1869 par Ganguillet et Kutter, qui réalisèrent de la sorte non séulement un abaque à points alignés, — ce qui avait déjà été faitpar Môbius en 1841, — mais aussi le premier abaque avec point à 2 cotes !. Tout le monde se plait à reconnaître la supé- riorité de la méthode des points alignés lors- qu’elle permet, comme c’est le cas pour la norme(b), de réduire le nombre des systèmes figu- ratifs d’une mème variable, encore que la plura- lité de ces systèmes ne soit nullement « rédhibi- toire » quand la variable frappée de cette sujétion devient l’inconnue. Sur ce point, M. d'Ocagne a écrit des choses contestables : alors même qu’une variable ne donne lieu qu’à deux systè- mes figuratifs,iln’est pas exact qu’on soit conduit à des tâtonnements qui excluent « toute possibi- lité d'emploi pratique du nomogramme pour la détermination de cette variable, et qu’on puisse dire qu'au regard de celle-ci cet emploi devienne purement illusoire ». Pareille assertion limite sans raison le champ de la méthode graphique, précisément lorsqu'il y a le plus d'intérêt à y recourir ; elle va à l'encontre du but général de la Nomographie, et il importe de la réfuter. Considérons une équation où l’inconnue entre dans plusieurs termes, sous une forme complexe ne permettant pas de la représenter par un aba- que qui ait moins de p systèmes figuratifs pour la dite inconnue. La résolution algébrique d’une telle équation ne pourra généralement se faire que par des tâtonnements longs et fastidieux ; mais de même qu’on n’y renonçait pas autrefois sous prétexte qu’iln’existait pas de méthode di- recte de résolution, de même il n’y a aucune rai- son derenoncer à l’abaque sous prétexte que son emploi exige lui aussi des tâtonnements. Toutau contraire, il présente un intérêt de tout premier 1. Je ne discuterai pas ici la valeur scientifique de cette antériorité de fait, et je constate volontiers, avec M. d’Oca- gne, que Ganguillet et Kutter ont construit leur abaque à l'aide de considérations particulières, el non grâce à des principes généraux. Mais il en a été ainsi d’inventions no- toires, par exemple de la machine Gramme et de l’injecteur Giffard, dont la théorie a été imaginée bien après leur cons- truclion ; cette circonstance, loin de nuire aux mérites de ces deux inventions, les a fait qualifier de géniales. Quoi qu'il en soit, à voir combien M. d'Ocagne se montre ombrageux en matière d’antériorité, qu'eût-il dit s'il se fût trouvé dans le cas des deux ingénieurs autrichiens ! 520 Ropozpxe SOREAU. — POUR SERVIR A L’HISTOIRE DE LA NOMOGRAPHIE ordre pour des applications de ce genre, parce que l’économie de temps se multiplie avec le nombre des essais nécessaires, et aussi parce que la figuration graphique est un guide excel- lent pour les rendre systématiques. Que p soit égal ou supérieur à 2, la méthode que je préco- nise est la même : on essaie une valeur z’ de l'inconnue z, en adoptant cette valeur pour p—1 des systèmes figuratifs de 3; le pième donne z—z", d'où un écart 3 — z’; on porte en abscisses les valeurs z' essayées, et en ordonnées les écarts correspondant z'— 3”; il suffit en général de 3 ou 4 essais pour obtenir un changement de signe de l'écart, et voir quelle est l’abscisse z qui l’annule : c’est la solution cherchée. Il arrivera même que la résolution algébrique par tâtonnements soit ‘irréalisable, alors que la solution graphique par le procédé ci-dessus est possible. Ainsi, l’abaque de la déviation du com- pas traduit, pour un navire donné, la relation entre cette déviation, le cap, la longitude et la latitude. La déviation est la seule variablen'ayant qu'un système figuratif ; chacune des autres en exige deux. Cela n’importe pas en l'espèce, la déviation étant toujours l’inconnue, de par la nature du problème. Mais si, par impossible, l’inconnue devenait la latitude, le procédé pré- conisé permettrait de la déterminer rapidement, alors que toute méthode de calcul serait inextri- cable. " * * + Pour en terminer avec la comparaison entre la méthode des abaques hexagonaux et celle des pointsalignés, je désire exprimer mon opinion sur un argument présenté par M. d'Ocagne, et qui consiste à constater que la seconde méthode a donné lieu à une grande quantité d'applications, alors que, pour la première, «les seuls exemples que l’on en puisse citer sont ceux qui ont été publiés par l’auteur même de la méthode ». A première vue, l’argument impressionne ; je vais montrer qu'il est médiocre. Estimer l’intérêt d’un type d’abaques d’après le nombre d'applications qu'il a fournies est un truchement superficiel et incomplet, même si’ l’on n’envisage que le point de vue pratique. On doit aussi tenir compte du degré d'utilité de l'abaque ; or, en général, ces deux qualités va- rient en sens inverse. Il suffit, en effet, de par- courir les divers traités de Nomographie pour con- stater que.plus des neuf dixièmes des abaques à point alignés existants traduisent des relations assez simples, qu’on résoudrait rapidement par les méthodes de calcul ordinaires. Ces abaques n'ont vraiment d'utilité que si l’on doit en faire un très fréquent usage. Dès que la forme de l'équation se complique, les exemples techniques se raréfient beaucoup. Mais, pourrares qu'ilssoient, ils n’en fournissent pas moins des types d’abaques d’une valeur intrinsèque très supérieure à celle des types usuels, par exemple des nombreux abaques à points alignés qui traduisent des relations de la forme si fréquente z, — z,° z,! z,°...,quela règle à calcul suffit à résoudre avec une rapidité très acceptable. Et cette valeur intrinsèque n’a plus de prix lorsqu'il s’agit d’un abaque qui permet de résoudre une relation rebelle à toute autre méthode, cette résolulion düt-elle coûter quel- ques tàätonnements. Ce qu’on perd alors en éten- due, c’est-à-dire en nombre d’applications pra- tiques, on le gagne avec usure en profondeur, c’est-à-dire en degré d'utilité. Au surplus, ce n’est pas aux abaques à points alignés que le truchement de M. d’Ocagne don- nerait la palme, maïs aux bons vieux abaques à entre-croisement,très nombreux dans la pratique parce qu'ils s'appliquent à toute équation à 3 variables, ainsi qu’à toute équation à 4 varia- bles de la forme f,, —2g:,;. Si les abaques à points alignés figurenten plus grand nombre dans les Traités, c’est simplement parce qu'ils donnent lieu à une discussion plus étendue, qui motive beaucoup d'exemples. Que l’on juge maintenant, à la lueur de ces considérations, l'argument de M. d’'Ocagne : il paraitra bien insuffisant, d'autant qu'après tout si M. Lallemand, péchant par excès inverse, a négligé de répandre sa méthode, elle n’en est pas moins susceptible de recevoir de nombreu- ses applications, et des plus complexes, comme le prouvent les abaques qu’elle a permis de con- struire dès 1885. Sa généralisation par les aba- ques à entre-croisement de M. Margoulis renforce encore la présente conclusion. Cela n’enlève rien aux propres mérites de la méthode des points alignés, dont l'extension à des relations à plus de 3 variables débuta six ans plus tard, réserve faite del’abaque de Ganguillet et Kutter, et dont j'ai pu dire, comme le rappelle M. d’Ocagne, « qu’elle a été l’objet des plus im- portants travaux faits en Nomographie dans ces dernières années ». J'ajoute qu'en donnant ce témoignage à cette utile application des figures corrélatives, j'ai entendu rendre hom- mage non seulement à M. d'Ocagne, qui en a eu l’idée et l'a développée avec succès, mais encore aux divers géomètres qui ont puis- samment contribué à son développement, ainsi qu’à celui qui en fut l’inspirateur très direct, à Ropozpxe SOREAU. — POUR SERVIR A L'HISTOIRE DE LA NOMOGRAPHIE Chasles, dont on regrette de ne pas trouver le nom sur la longue liste d'auteurs, la plupart in- connus,’ cités dans le traité de M. d'Ocagne comme étant intervenus plus ou moins en No- mographie !. # *X # Dans sa Note du9 janvier à l’Académie, M. Lal- lemand avait écrit : «C’est en combinant deux échelles binaires que M. Soreau a imaginé les points à 3 cotes, dont son Traité donne, semble- t-il, le premier exemple (abaque 127, » Et M. d’Ocagne de s’émouvoir du tour de cette phrase, qui signale cet exemple «comme s'il s'agissait là d’un principe nouveau ». Il en prend texte pour rappeler que la « multiplication des cotes attachées à un élément, par système rami- fié, se trouve très explicitement formulée dans son Traité de Nomographte dès la première édi- tion (p. 351) ». Toutd'abord, pourquoi M. d'Ocagne fait-il dire à M. Lallemand autre chose que ce qu'il a dit? Connaît-il un exemple antérieur d’abaque avec point à 3 cotes? Si oui, qu'il l'indique; sinon, la citation qu’il incrimine est de tous points jus- tifiée. D'autre part, ce n’est pas dans son Traité (1899) que j'ai pris les deux échelles binaires en ques- tion, mais bien dans la brochure (1885) de M. Lal- lemand, seul en droit de s’en formaliser : on vient de lire avec quelle bonne grâce celui-ci admet mon emprunt, en faveur du très intéres- sant abaque qui en est résulté. Et je trouve plai- sant d’avoir provoqué l'alarme de M. d'Ocagne pour avoir fourni le premier exemple de points à 3 cotes en combinant deux échelles Lallemand! Enfin, lorsque M. d'Ocagne constate qu'il suf- fit d'associer de telles échelles pour obtenir des systèmes ramifiés, il confirme, sans le chercher, l'opinion de J. Bertrand, d’aprèslaquelle la mé- thode de M. Lallemand a été l’origine des géné- ralisations ultérieures. Au surplus, les échelles 1. Chasles est cependant cité dans la 2‘ édition, mais à propos des coordonnées parallèles que M. d'Ocagne avait cru imaginer pour transformer certains abaques à entre-croi- sement à 3 faisceaux de droites en abaques à points alignés. Voici les termes de cette citation : « Nous avons reconnu de- puis lors que l’idée de ces coordonnées s'était autrefois pré- sentée à Chasles, sans que l'illustre géomètre en ait déve- loppé la théorie. » Si Chasles n'a pas cru utile de développer ce point spé- cial de sa théorie générale, — sans doute parce que les coor- données parallèles ne sont nullement nécessaires pour obtenir la transformation envisagée, — par contre il a magistralement développé la théorie des figures corrélatives, dont la méthode des points alignés est une application di- recte, ainsi que celle de l'homographie, qui a permis l'utili- sation pratique de cette méthode : et c'est cela, en vérité, qui méritait d’être rappelé! 521 binaires, ternaires, quaternaires peuveñt être considérées comme étant elles-mêmes des sys- tèmes ramifiés, non plus à l’état schématique, mais en action,sous une forme éminemment pra- tique, dans des abaques remarquables. Notre chatouilleux censeur aurait été bien inspiré de s'appliquer à lui-même sa propre discipline en se dispensant de donner à entendre qu’on lui est redevable des systèmes ramifiés. * x * « Les points nodaux de M. Soreau, poursuit M. d'Ocagne, ne diffèrent que par le nom des points que j'ai nommés critiques, qui sont ceux où les valeurs des variables entrant dans une équation d'ordre nomographique 3 deviennent critiques. Ces points... sont ceux où le support rectiligne rencontrele support conique. (fig.122 de mon Ouvrage : Calcul graphique et Nomo- graphie). J'ai, dès la première édition de cet Ouvrage, mis en évidence le rôle essentiel joué par ces points dans ce mode de représentation, aussi bien que dans celui comportant 3 échelles rectilignes. Il ne semble pas qu'il suffise de chan- ger la forme donnée à la théorie d’une certaine notion mathématique pour justifier un change- ment du nom par lequel a été primitivement dé- signée cette notion. » Pour parler net, M. d'O- cagne estime que je l’ai démarqué ; la gravité du reproche autorise la vivacité de ma réponse, que je ferai en quatre points. 1° Tout d’abord, il est piquant de rappeler ici que ce n’est pas lui qui a eu le premier l’idée des valeurs critiques ; elle se rencontre dans Massau, ainsi que je l'ai indiqué !. Sa réponse alambiquée ? ne fait qûe confirmer ma remarque. 20 L'étude de M. d’'Ocagne n’a misen évidence qu'une partie du rôle important joué par les points en question dans la représentation des équations F (f,, fo, /x) = 0 d'ordre 3, c'est-à-dire linéaires en /,, f, et. Tout au contraire, ma théorie envisage le problème dans toute son ampleur. Elle montre notamment qu'on peut tracer arbitrairement d’une part l’échelle recti- ligne, pourvu qu’elle soit homographique par rapport à l’une des fonctions, /, par exemple, et d'autre part la conique qui porte les échelles fiet fa, pourvu qu'elle passe par deux points fixes de l'échelle rectiligne : ainsi donc, pour une échellerectiligne donnée, ces points forment 1. Traité des Abaques, tome II, p. 71. 2. Traité de Nomographie, 2% éd., p. 204. Cette 2° édi- tion, qui porte la date 1921, est postérieure de plusieurs mois à mon Traité, qui porte le même millésime, et dont le manuscrit a été aux mains de M. d'Ocagne dès 1919. 3. Traité des Abaques, tome Il, p.78. 522 deux rzœuds où se coupent une infinité de coni- ques parmi lesquelles on peut exercer son choix, notamment en prenant tel cercle qu'on veut. J'ai montré en outre qu’on est libre de choisir une des deux cotes d'un point de la conique. Au reproche d'avoir simplement changé la forme de la théorie de M. d'Ocagne, je réponds qu'il n’a pas soupçonné ces propriétés fonda- mentales, Au reproche d’avoir remplacé les mots points critiques par points nodaux, je réponds qu'il était naturel de qualifier. de nodaux des points qui sont des nœuds, et qu’#/ convenait de rappeler par cette. épithète une propriété aussi essentielle; je n'avais d’ailleurs pas manqué, ayant éprouvé la susceptibilité de M. d’Ocagne, de rappeler qu'il avait donné avant moi les cal- culs pour associer les deux cotes de ces points. 30 J'ajoute qu'il n'a pas saisi les différences qui séparent nos conceptions, comme le prou- vent certains commentaires qu'il a donnés à propos de mes études sur les conditions pour qu'une équation à 4 variables d'ordre 4 soit ré- ductible à la forme f,,—2,,. Sa Note de novem- bre 1917 à l’Académie des Sciences contient di- verses erreurs, dontil reste encore trace dans les deuxièmes éditions de son Calcul graphique (p. 334) etde son Traité (p. 286); on y trouve une vérification inexactement présentée des condi- tions de représentation par mes abaques mono- coniques!. 4° Puisque M. d'Ocagne écrit, avecraison, qu’il ne suffit pas de changer la forme donnée à la théorie d’une notion mathématique pour avoir le droit d'en changer le nom, pourquoi donc a-t-il dérogé le premier à ce principe en proposant? d'appeler « genre nomographique » mon ordre nomographique, alors qu'ici cette substitution ne se justifiait en rien, car il s'agissait d’un simple décalage de la numération ? Au lieu de continuer à souligner que cette notion, devenue classique, est purement formelle, pourquoi, dans la dernière édition de son Traité, passe-t-il sous silence le perfectionnement que j'ai apporté en distinguant l'ordre apparent et l’ordre réel, ce dernier constituant une caractéristique foncière au même titre que le degré d’une équation, lequel est, lui aussi, apparent ou réel suivant que la proposée est ou n’est pas décomposable en un produit ? D'autre part, puisqu'il se formalise tant des 1. En effet, les deux échelles rectilignes doivent toujours êlre identiques, que l’abaque soit mono- ou biconique, car c'est la condition même pour que leur support commun soit ligne de pivot. ; 2, Bulletin des Sciences mathématiques, mars 1902, Ronocpne SOREAU. — POUR SERVIR A L’HISTOIRE DE LA NOMOGRAPHIE changements de noms, que n’a-t-il conservé celui d'« abaque », lié à l’histoire de l’art du calcul, et consacré par les travaux de La- lanne, de Lallemand, de Lafay et les siens propres, au lieu d'accueillir, sans motif sérieux, le mot « nomogramme », néologisme sans grâce dérivé de son mot « nomographie » et proposé par le professeur Schilling, de Goôttingen, sous un mauvais prétexte trahissant une fausse éru- dition ! ? * *x * Après ces réfutations, il ne reste guère de l’article de M. d'Ocagne qu'une preuve de plus du contrôle qu'il prétend exercer sur tout ce qui touche à la Science des abaques, passant au crible de sa critique toute incursion dans ce qu'il croit être son domaine, à moins qu’elle ne se réclame de lui, donnant à entendre qu’il n'est point de région qu'il n’ait explorée ni de décou- verte qu'il n’ait prévue. Or son œuvre, dont j'ai été l’un des premiers à reconnaître et à montrer l’utilité et l'importance, n'est cependant pas telle qu’elle lui confère ce droit. Certes, comme l’a écrit le colonel Lafay, il a eu le mérite de réunir en un corps de doc- trine une foule de résultats épars, auxquels il a d’ailleurs ajouté d'importantes découvertes per- sonnelles. C’est à lui que revient, notamment, l’idée d'appliquer la théorie des figures corréla- tives à la transformation des abaques à faisceaux de droites en abaques à points alignés, et de remarquer que l'équation [fn gr An | = 0 (n=—=1;,2;:3) exprime aussi bien l’alignement des 3 points AT Le _#n BST Jp que l’entre-croisement des 3 droites Z fn EYEn + in = 0: Cette remarque simple, mais féconde, il l’a dé- veloppée avec un succès très justifié. Ce succès est dû, pour une bonne part, à ce que les for- mules de la technique courante sont, en général, peu compliquées, de sorte que beaucoup en- trent dans les quelques types d'équations dont M. d'Ocagne avait réalisé la représentation en points alignés. Maïs on doit à la vérité de consta- ter que sa contribution fut minime dès qu’il s’agit de quitter le domaine de ces applications usuelles, — d’ailleurs fort important, puisque la Nomographie est, avant tout, une science d’ap- plication, — pour aborder la résolution et la discussion des problèmes algébriques que pose ——_—_—_—_—_—————…—…—…—…—…————————— 1. Voir à ce sujet la Préface de mon Traité des Abaques. + Roporpxe SOREAU. — POUR SERVIR A L’'HISTOIRE DE LA NOMOGRAPHIE la méthode des points alignés, et notamment celui de l’anamorphose des équations à 3 varia- -bles, véritablé fondement scientifique de cette méthode. Ainsi, considérons les équations générales des différents ordres. L'anamorphose de celle d'ordre 3 a été obtenue par M. d'Ocagne dans les deux cas où son discriminant est positif ou nul, et par M. Fontené dans le cas où il est négatif; à leurs solutions distinctes j'en ai substitué une très simple, groupant la solution des trois cas dans une même expression et fournissant de suite les trois formes canoniques ci-après, aux- quelles est simultanément réductible toute équa- tion d'ordre 3 : (t) Eos ET re (2) filifa = (3) Forte ls los = 0: L’anamorphose del’équation générale d’ordre 4 est due à Clark, qui en donna les deux formes canoniques suivantes, exclusives l’une de l’autre : (4) gs +fa + fs =0 (5) , fifafa +4 + folgs + ha = 0. En outre, c’est à Clark qu'on doit la première théorie des abaques coniques, dont j'ai fait un usage particulièrement intéressant et pratique sous la forme circulaire. Les conditions d’anamorphose des équations générales d'ordre 5 et d’ordre 6 ont été étudiées par M. Farid Boulad et par moi-même; complé- tant les idées d'alors par la notion de l'ordre .réel et la considération nouvelle des facteurs anamorphosants, j'ai trouvé en 1919 la première démonstration rigoureuse de la règle d’élimina- tion de Massau et du critérium d’anamorphose de Clark, et j'ai établi l'important théorème ci-après, qui résume toute la discussion et ruine l’éventua- lité, envisagée par M. d'Ocagne et par M. Farid Boulad, de réussir par voie transcendante l’ana- morphose des équations rebelles à la voie algé- brique : « Touteéquation d'ordre réel 3comporte une infinité d’anamorphoses, algébriques et transcendantes. Toute équation d'ordre 4 com- porte une seule anamorphose, quiest algébrique. En général, une équation d'ordre 5 ou 6 n’est pas ox [ C9 , anamorphosable; si elle l’est, elle comporte une seule anamorphose, qui est algébrique. » Quant au problème, encore plus général, mais purement théorique, de l’anamorphose d’une équation quelconque à 3 variables, de Saint- Robert l’avait résolu dès 1871 pour les équations réductibles aux formes {1}, (2\, (3). [l a été résolu pour les équations réductibles à la forme (4) d'abord par Massau à l’aide de 4 intégrations, puis par M. Lecornu à l’aide de 3, par moi-même à l’aide de 2, et par M. Gronwall sans quadra- tures. Enfin la solution générale, quel que soit l'ordre, est due à M. Gronvwall. M. d’Ocagne n’a apporté à ces recherches aucune contribution, même légère. Voilà pour la méthode des points alignés, qui forme un chapitre important de la Nomographie, mais qui estloin de la constituer toute. Ainsi que je l’ai déjà souligné, les abaques à entre-croise- ment s'étendent à des types d'équations plus généraux ; leur application à des formules ayant un grand nombre de variables, souvent limitée par l’enchevétrement des faisceaux surune même feuille, vient de recevoir une extension impor- tante avec les transparentssuperposés de M. Mar- goulis. Quant à la fhéorie morphologique générale de M. d'Ocagne, — qui l'a longtemps dénommée à tort « théorie générale », — elle a pour objet, écrit-il, «cuneclassification générale capable d'em- brasser non seulement tous les types de nomo- grammes qui sont actuellement connus et utili- sés, mais même tous ceux qui pourront jamais être proposés »! Certes une pareille classifica- tion aurait de l'intérêt si elle se présentait avec quelque faculté créatrice, si elle aidaït, si peu que ce soit, à imaginer des types nouveaux et pratiqués. En fait, elle aboutit à un tableau synoptique constituant une manière de classeur à références compliquées, dont les cases ont dû ou devront être remplies par les inventeurs des types d’abaques anciens ou futurs. Et c’est vrai- ment par trop négliger le mérite des uns et des autres que de voir en M. d'Ocagne le créateur de la Nomographie, y compris tous les déve- loppements qu’elle recevra jamais! Rodolphe Soreau. 524 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX BIBLIOGRAPHIE ANALYSES ET INDEX 4° Sciences mathématiques Carnot (Lazare), — Réflexions sur la Métaphysi- que du Calcul Infinitésimal. — 2 vol. in-16 de vin + 1179 p. et 105 p, de la Collection : wLes Maîtres de la pensée scientifique » (Prix : 6 fr.). Gauthier-Vil- lars et Cie, éditeurs, Paris, 1921. Dans le premier tome de ce petit ouvrage, l’auteur expose les principes généraux de l'Analyse infinitési- male avec de nombreux exemples. Des personnes pos- sédant les premiers éléments de l’Algèbre et de la Géo- métrie pourraient aujourd'hui encore utiliser cette exposition sans dogmatisme pour se familiariser avec les idées et la pratique du Calcul infinitésimal, Mais l'intérêt actuel de cet ouvrage réside plutôt dans le jour qu'il jette sur l’état d'esprit des mathématiciens de la fin du xvin siècle et sur l'extrême confusion dans laquelle ils se débattaient au milieu de méthodes diver- ses et en apparence contradictoires, Ce sont ces métho- des qui font l’objet du second tome, où sont passées en revue la méthode d’exhaustion des Anciens, celle des indivisibles de Cavalieri, des indéterminées de Descar- tes, des limites et des fluxions de Newton, des quanti- tés évanouissantes d’Euler, des fonctions dérivées de Lagrange. j Bien loin d’ailleurs de vouloir opposer ces méthodes l’une à l'autre, Lazare Carnot déclare qu’elles « ne sont à proprement parler qu’une seule et même méthode pré- sentée sous divers points de vue ». IL écarte cette théo- rie d’après laquelle le progrès s'effectuerait par sacca- des lors de l'apparition d'un homme de génie: onne saurait mieux exprimer l'importance de l’action collec- tive jusque dans les sciences, que par la citation sui- vante du même auteur : « La vérité étant une, il faut toujours que ce soit à elle qu'on arrive, et sitôt qu'elle est pressentie, chacun s’y précipite par le chemin qu'il s’est frayé. Il faut faire attention qu’à l'époqué de Lei- bniz et de Newton une foule d'idées analogues à celles de ces deux grands hommes perçaient de toutes parts dans les écrits des savants. C'était réellement un fruit mûr, » A lire lelivre de L. Carnot on pourra tirer d’autres profits que celui de pouvoir se replacer dans l’état d’es- prit des mathématiciens de l’époque et de mesurer le chemin parcouru, On s’apercevra que certaines idées justes ont dévié depuis et que, pour leur donner une apparence plus rigoureuse et plus simple, on les a vidées de leur contenu, Ainsi l’auteur exprime très nettement (p. 57, t.1) ce qu'il faut entendre par différentielle d'une fonction (x, y): on forme la différence A? des valeurs prises par e quand x, y deviennent æ- Ax, y +- Ay, «et alors pour passer de cette différence à la différentielle, il n'y aura plus qu'à réduire l’ expression en y négligeant les quantités qui se trouveraient infiniment petites vis-à- vis de celles auxquelles elles seraient ajoutées ou dont elles seraient retranchées ». Comme à cette époque les développements en série allaient de soi, il est manifeste que, pour Carnot, les termes conservés sont les termes du premier degré en Ax etAy. Il faut alors peu de chose pour obtenir la vraie définition de la différentielle, la seule pour la- quelle l'existence de la différentielle de (x, y) est équi- valente à l’existence d’un plan tangent à la surface z— + (x, y) au point correspondant : la différentielle de # est une fonction de linéaire par rapport aux ac- croissements Ax, Ay qui ne diffère de l'accroissement correspondant A» de la fonction que par une quantité négligeable par rapport à la distance (ou l'écart) des points (x, y) et (x + Ax, y + A»). Combien est éloignée de l’origine de la notion de dif- férentielle la manière usuelle de définir dfen la posant égale à fx Ax — f'y Ay! Combien masque-t-elle l’idée- essentielle qui fait toute l'utilité dela notion de différen- tielle : la différentielle de ? est une fonction des accrois- sements Ax, Ay qui peut Lune remplacer l'accroisse- ment de? sans inconvénient parce qu’elle en diffère d’une quantité négligeable quand Ax, Ay sont petits, el qui la remplace presque toujours avec avantage parce qu'étant linéaire, elle est de forme plus simple. M. FRÉCHRT, Université de Strasbourg. Lamotte (Marcel), professeur à la Faculté des Sciences de Toulouse. — Cours de Mécanique appliquée. — 1 vol, in-8° de 279 p. avec 214 fig. (Prix : 25 fr.). Gauthier-Villars et Cie, éditeurs, Paris, 1922. La première et plus importante partie de cet ouvrage est consacrée à l’étude cinématique des principaux mécanismes employés dans l’Industrie : galets, glissiè- . res, coussinets, vis, excentriques, engrenages, bielles, : parallélogrammes, joints, cordes, embrayages. Elle se termine par la description détaillée du tour parallèle, choisi comme exemple de machine réunissant la plu- part des mécanismes précédemment étudiés. L'auteur expose ensuite les lois expérimentales des résistances passives : frottement de glissement statique et dynamique et résistance au roulement, en indiquant de nombreuses applications (échelle, plan incliné, coin, valet de menuisier, crosse de piston, coussinets, arti- eulations, pivots, vis, traction des véhicules, cordes et courroies). Il examine ensuite l'effet de ces résistances dans les machines simples (treuils, poulies, engrena- ges, courroies), au double point de vue du rendement et de la possibilité de fonctionnement (condition de non are-boutement). Un court chapitre est consacré aux chocs. Puis, vient un chapitre important relatif aux machi- nes en mouvement varié. L'auteur montre quel est le rôle du volant et indique le caleul de son moment d'inertie, pour un coeflicient d'irrégularité donné, dans les cas d’une manivelle à simple effet, d'une manivelle BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 525 à double effet ou de deux manivelles couplées à angle droit. Il fait ensuite la théorie des régulateurs de Watt, de Porter, de Farcot et à ressort, en envisageant parti- culièrement le point de vue de l’isochronisme et de la stabilité. Un dérnier et très court chapitre contient quelques considérations générales sur l’étude physique du frot- tement et sur le rôle des lubrifiants. Cet ouvrage est, à coup sûr, fort bien documenté et peut rendre d’appréciables services aux personnes qui, possédant déjà les éléments de la Mécanique ration- nelle, désirent connaître ensuite la manière dont cette science peut être appliquée à l'industrie. Il est regret- table que l’auteur n'ait pas apporté un peu plus desoin à sa rédaction, qui m'a paru parfois bien obscure ou peu rigoureuse, et dans la vérification de ses caleuls, qui comportent d’assez fréquentes erreurs. En outre, des changements de notation (qui semblent généralement provenir de fautes d'impression) surviennent de temps en temps au milieu d’uñe question ou bien dans le pas- sage du texte à la figure et rendent la lecture fort pénible. Ilest à souhaiter que, dans une prochaine édition, l'auteur fasse disparaître ces petites imperfections d’un livre qui pourra devenir excellent, J. Haac, Professeur à la Faculté des Sciences de Clermont-Ferrand. Andrade (J.), Correspondant de l'Académie des Sciences, Professeur à la Faculté des Sciences de Besançon. — Les organes réglants des chronomè- tres. — 1 vol. in-8° de 146 p. avec gravures.E. Magron, éditeur, Besançon, Bienne, 1922. De temps à autre se rencontre un savant pour s’oc- cuper des problèmes de la chronométrie. Au dix-sep- tième siècle, Huygens a donné l’exemple avee le De Horologio oscillatorio. Au dix-neuvième, Yvon Villar- ceau s’est attaqué aux lois du Mouvement et de la Com- pensation des Chronomètres dans son célèbre Mémoire inséré au Tome VII des Annales de l'Observatoire. Quel- ques années auparavant, Phillips avait publié dans les Annales des Mines son étude classique sur le Spiral réglant. Phillips avait été entrainé à l'examen mathé- matique de la conduite du spiral par ses travaux sur les ressorts. Caspari le fut par ses fonctions au Service hydrographique de la Marine, où il eut pendant de lon- gues années les instruments, en particulier les chrono- mètres, sous sa direction. Résal s'était livré à des recherches de chronométrie mathématique alors qu’il était ingénieur à Besançon, centre de la fabrication française de la montre, C’est pour le même motif que M. Jules Andrade est entré dans cette voie. Professeur de Mécanique à l’Uni- versité bisontine, un esprit aussi curieux et profond que le sien devait tout naturellement s’intéresser aux problèmes si variés et si délicats de la mécanique hor- logère. On peut même dire que ces problèmes le pas- sionnèrent. Dès 1903, il introduisait l’enseignement supérieur de la chronométrie à la Faculté des Sciences. Durant sept ans, avec les seules ressources de son labo- ratoire — ressources infimes, j'ai à peine besoin de le dire — ilfit face aux exigences de cet enseignement entièrement nouveau chez nous, mais déjà développé méthodiquement chez nos voisins suisses, et réussit à former quelques élèves. C'est seulement en 1910 que le Ministère de l'Instruction publique créa ofliciellement une maitrise de conférences de chronométrie, qui fut confiée à Marcel Moulin, mort glorieusement au début de la guerre, et envisagea la constitution d’un labora- toire d'étude et de recherches. Bien qu'ilne s'occupät plus de son enseignement pro- prement dit, M. Andrade continua, malgré et depuis la guerre, à étudier les problèmes de la chronométrie. Son volume Chronométrie, de l'Encylopédie du Dr Tou- louse, publié en 1908, a été analysé dans la Revue. C'est un ouvrage classique, quoique peu abordable pour les horlogers qui sont avant tout praticiens. Les organes réglants des chronomètres, qui viennent de paraitre à Besançon et à Bienne par les soins de l’éditeur Magron, sontun ouvrage mixte qui, dans sa brièveté de raccourci, s'adresse aux praticiens instruits comme aux techni- ciens, Il est particulièrement précieux, M. Andrade étant assurément le savant de France le plus compétent dans ces questions auxquelles le monde scientifique s’inté- resse — à tort — assez peu. ‘ Il se compose seulement de six chapitres. Le premier est une vue d’ensemble de l’œuvre des fondateurs de la chronométrie, qui date proprement de Galilée et de Huygens. L'auteur met en relief l'esprit divinatoire des grands artistes Arnold et Pierre Le Roy, le premier anglais, le second français, dont les formules d’isochro- nisme du spiral ont été démontrées théoriquement un siècle plus tard par Phillips et Caspari. Dans le second chapitre, M. Andrade étudie et ré- sume l’œuvre des quatre grands théoriciens Villarceau, Phillips, Résal et Caspari, à laquelle lui-même a apporté de précieux compléments. Il termine en constatant la récalcitrance du spiral plat qui, jusqu’à ce jour, a refusé de se soumettre aux efforts de l'analyse la plus subtile comme.pour démontrer que le domaine de la chrono- métrie est loin d’être encore intégralement cultivé. Le chapitre 3 salue avec enthousiasme la naissance de la «chronométrie physique, inaugurée il y aplus de vingt ans par M. Guillaume, et qui vient récemment de s'affirmer d'une manière éclatante par la création du spiralautocompensateur ». Ce chapitre est complété par la reproduction intégrale de la communication de M. Guil- laume à l’Académie des Sciences sur la Dilatation et la thermoélasticité des aciers au nickel, en juin et juillet 1920. Le problème mécanique du réglage forme l’objet du cinquième chapitre : l’auteur,après avoirexposé la néces- sité du contrôle expérimental des lois du réglage, déjà demandé par Yvon Villarceau, nous initie à ses recher- ches sur les spiraux associés et les balances spirales propres à assurer ce contrôle, L'ouvrage se termine parl'indication d’une méthode photographique pour la mesure de la résistance au rou- lement, d’une méthode statique de détermination des frottements de glissement et par une note sur l’inertie du spiral cylindrique, 526 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX Il convient de féliciter M. Andrade de s'être attaché ardemment à la solution des problèmes de la Mécanique chronométrique dont la série est loin d'être épuisée. Il serait désirable qu'il fût un peu aidé. Il est toutefois douteux qu'il le soit prochainement, si nous en jugeons par le peu d’entrain des souscripteurs au fonds Moulin, destiné à alimenter le laboratoire voisin — officiel, celui-là — de l’Institut de Chronométrie. Léopold REVERCHON, Rédacteur en chef de L'Horloger. 2° Sciences physiques Villey (J.), Maitre de conférences à la Facullé des Sciences de Caen. — Physique ‘élémentaire et Théories modernes.Il.Moléculesetatomes.— 1 vol. in-8° de x-198 p. avec 23 fig. (Prix: 15 fr.). Gauthier- Villars et Cie, éditeurs, Paris, 1921. Ce premier volume du cours de Physique de M. Vil- ley traite de l’équilibre et des mouvements de la ma- tière. On y trouve exposés les éléments de la Mécani- que, l’équilibre des fluides, les propriétés thermiques des corps, l’élasticité et l’acoustique. C'est le mérite et l’originalité de ce livre de ne pas se borner, comme la plupart des traités classiques, à un exposé par chapitres isolés des différents faits de la Physique, mais de les relier les uns aux autres à l’aide des théories modernes. Les théories physiques, par l’enchainement logique et le groupement des faits et des lois qu’elles permel- tent d'établir, tendent à satisfaire ces besoins de sim- plification et de coordination que ressent notre esprit pour la compréhension des phénomènes naturels. Aussi leur introduction dans un exposé de ces phé- nomènes est-elle d’un intérêt très grand. Elles rendent, à coup sûr, cet exposé plus intuitif, plus attrayant et permettent de dégager plus clairement les idées générales. Il n’est pas douteux, par exemple — et cela apparait nettement dans le livre de M. Villey — que la théorie cinétique des gaz éclaire et coordonne remarquable- ment et simplement toutes les propriétés des gaz et des vapeurs. On peut, sans doute, Gvbter qu'il est dangereux de donner une importance trop grande à des théories qui ne sont, en somme, que des hypothèses et peuvent par suite ne pas être définitives. L'auteur, répondant à cette ENCRES ne fait appel qu'à des théories qui se présentent actuellement avec un très haut degré de certitude — théories cinétique et matière — et, d'autre part, il prend soin de rappeler que ces théories constituent des interprétations commodes des lois physiques et non pas des principes d’où ces lois se déduisent, Ce traité correspond à l’enseignement donné aux étudiants du P. CG. N., mais il s'adresse aussi au public éclairé et curieux, de plus en plus étendu, à tous ceux qui veulent, sans effort, se mettre au courant de l’état actuel de la Physique théorique et expérimentale, il peut, en, outre atomique de la Par sa forme nouvelle et originale, être utile aux professeurs, aux étudiants d’agrégation, à tous ceux qui s'intéressent à l’enseignement élémen- taire de la Physique. P. Le RoLLanpb, Maître de conférences à la Faculté des Sciences de Rennes. Rougier (Louis), Professeur agrégé de Philosophie. — La Matière et l'Energie selon la Théorie de la relativité et la Théorie des quanta. Nouvelle édi- tion, revue et augmentée. — 1 vol. in-8* de xt-112 P- (Prix : 9 fr. 50). Gauthier-Villars et Cie, éditeurs, Paris, 1921. Cet ouvrage, dont la première édition, parue sous le titre : La matérialisation de l'Energie, a été longuement ‘analysée ici même !, présente la critique de la vieille conception dualiste de la matière et de l'énergie et lui subtitue la doctrine récente, dérivée de la théorie de la relativité et de celle des quanta, qui attribue à l’éner- gie une masse, un poids en proportion et une structure, si bien que ce que nous appelons la matière n’est plus qu'un cas particulier de l'énergie. L’antique dualité du pondérable et de l’impondérable fait place à celle du champ électromagnétique ou énergie, dont le rayonne- ment et la matière sont de simples modalités, et du champ pur de gravitation ou espace einsteinien. L'auteur a mis cette seconde édition au courant des faits nouveaux qu'a fait surgir le vaste mouvement d'idées déclanché par ces théories, et son livre conti- nuera à rendre service à ceux qui désirent s'initier aux conceptions qui sont en train de révolutionner la science physique. Cain (John Cannell) et Thorpe (Jocelyn Field). — Les Matières colorantes de synthèse et les pro- duits intermédiaires. — Z7raduit d'après la qua-\ trième édition anglaise par G. DecmarceL etM. Dra- PIER, — 1 vol, in-8° de 64o p. (Prix : 58 fr.). Dunod, éditeur, 47 et 49, quai des Grands-Augustins, Paris, 1922. L'ouvrage de MM. J. F. Thorpe et J.C. Cain offre, sous un volume relativement restreint, une excellente vue d'ensemble de l’industrie des matières colorantes. Des documents de choix sur les produits intermédiaires et les colorants proprement dits, des données précieu- ses sur le laboratoire technique, l'analyse des colo- rants et leurs essais, assureront le succès de cette tra- duction, La partie théorique traite de la distillation des gou- drons, des matières intermédiaires, des matières colo- rantes, La partie pratique donne des renseignements sur l'installation du laboratoire, de l’atelier d’essai en demi-grand, de la bibliothèque. Une place importante est réservée à la description précise de la préparation de matières colorantes et intermédiaires. Dans une troisième partie, analytique, ont rassemblé des documents sur la fibre, les essais de teinture, l'appréciation de la valeur tinctoriale d’une matière colorante; la solidité, le dosage des substances minérales et organiques utilisées dans un laboratoire les auteurs — 1, Rev. gén. des Sc. du 15 mai 1920, t. XXXI, p. 286. nn Et Se ne Gt > BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX de matières colorantes, l'analyse de matières colorantes en nature et sur fibre. Comme on le voit par cet exposé succinct, cet ouvrage a un caractère essentiellement pratique et peut avoir une place de choix dans la bibliothèque du laboratoire. Il peut, entre autres services, rendre celui d’un excellent manuel demanipulation. Les préparations décrites sont très intéressantes; nous citerons en particulier celle du thioindigo à partir de l’acide phtalique. En outre, il peut convaincre le jeune chimiste de l'importance des connaissances théoriques et de la mul- tiplicité des problèmes qui se rattachent à l’industrie des colorants. Les auteurs ont apporté dans les précisions des dé- tails expérimentaux un soin tel, qu'avec des connais- sances générales en chimie, on peut sans autre maitre se familiariser avec la chimie des colorants. Ju. MARTINET, Docteur ès Sciences. 3° Sciences naturelles de Launay (L.), fesseur à l'Ecole des Ponts et Chaussées et à l'Ecole des Mines. — Géologie et Minéralogie appliquée à l’art de l'Ingénieur. — 1 vol. gr. in-8° de 418 p. avec 288 fig. des Grandes Encyclopédies industrielles (Prix : broché, 4o fr. : relié, 50 fr.). J.B. Buillière et fils, éditeurs, Paris, 1922. Inspecteur général des Mines, Pro- M. de Launay, dont les nombreux travaux sur la Géo- logie et la Minéralogie sont bien connus, donne à la collection Baïllière des Grandes Encyclopédies Indus- trielles, dans ce nouveau volume, le cours qu'il professe sur ces matières à l'Ecole des Ponts et Chaussées. Ce n’est donc pas un ouvrage pour les géologues et les minéralogistes. Doit-on même dire que c’est un ouvrage où pourront puiser les ingénieurs de Travaux publics (nous entendons par là les ingénieurs qui ont per- sonnellement à établir un projet, à l’occasion duquel des études de terrain sont nécessaires)? Non assuré- ment, Dans un cours, s'adressant à des élèves ingénieurs qui ont par ailleurs un énorme programme à parcou- rir, il n’est pas possible au professeur d’entrer dans les détails techniques, susceptibles d'application pratique immédiate Il lui est loisible seulement de signaler l'existence de questions que les études ultérieures, entreprises sous la pression des nécessités de la car- rière, approfondiront; il ne peut que mettre en garde contre les diverses diflicultés, auxquelles d’autres moins avertis se sont heurtés, et c'est déjà beaucoup en effet qu'un ingénieur soit prémuni contre des décisions pré- cipitées, conséquences documentation insuflisantes. A ce titre, l'ouvrage de M. de Launay est donc une initiation d'ordre théorique et pratique, et par là il a été conduit à diviser naturellement son volume en deux parties. La première donne quelques notions de ceristallogra- phie et de minéralogie descriptive, se bornant ainsi à la reconnaissance des minéraux les plus utiles ou les d’une information et d'une plus communs, c’est-à-dire à unecentainesur les quatre mille connus, que l’on a chance de rencontrer en France, Les minéraux isolés reconnus, le chapitre suivant étu- die comment ces minéraux s'associent pour former des roches où des terrains, puis détermine leurs conditions de gisement, leur mode de formation, leur origine et leur âge. Cet âge, la Paléontologie aide à le fixer d’une autre façon, et de ce fait, elle est un instrument indispensa- ble. Ce côté pratique de la Paléontologie est celui qui a préoccupé l’auteur tout au long du chapitre 4. La formation des terrains sédimentaires est abon- damment traitée dans tous les ouvrages élémentaires; elle est donc étudiée sommairement ici, dans le chapi- tre 5, d'autant que son étude, pour être fructueuse, doit être complétée sur le terrain même. Mais on ne rencontre pas que des terrains à peu près horizontaux et superposés dans leur ordrede formation. La stratigraphie doit donc être complétée par l’étüude des terrains plissés jusqu’au renversement et dénive- lés par des failles. Cette étude, qui constitue l’orogénie est née des besoins pratiques qu'amènent les travaux de mines. Elle est aussiindispensable dans les traväux de grands tunnels et de barrage etpour la recherche des substances utiles. Il n’en est donné ici, dans le chapi- tre 6 et dernier de la première partie, que les principes généraux, car son application très délicate est réservée aux spécialistes. Les applications de la Géologie, qui constituent la deuxième partie de ce volume, débutent par les indica- tions nécessaires à la lecture profitable des cartes géo- logiques et particulièrement de celle au 1/80.000 de la France. L'auteur montre comment les interpréter pour l'établissement, à priori, des coupes de terrains deman- dées par les avant-projets de travaux, coupes qui, la plupart du temps ensuite, doivent être complétées par la reconnaissance sur place des terrains au moyen de son- dages. Une des premières applications de la Géologie est celle de la recherche des matières minérales utiles, commeles matériaux de construction, les combustibles et les substances métallifères. Le chapitre 8 est donc réservé aux données essentielles sur leur mode de gi- sement et à leur étude particulière. Mais c’est la lecture du chapitre 9 qui intéressera tout spécialement l'ingénieur des Travaux publics. L'auteur y a, en effet, par des exemples variés et judi- cieusement choisis, montré les difficultés qui se sont ofrertes au cours de travaux antérieurs et surtout indi- qué comment une étude plus complète des terrains eût pu les éviter. L’ingénieur touchera du doigt ici l’inté- rêt que présente, par conséquent, une connaissance suffisante de la Géologie, qu’il s'agisse d’une construc- tion de barrage, d’une route ou d’un chemin de fer, de canaux ou de tunnels. Une dernière question pratiquene pouvait être passée sous silence : c’est celle des eaux souterraines, dont la méconnaissance a souvent conduit à de très graves mécomptes. C’est sur ce chapitre que se termine l’ou- vrage, que ne liront pas sans profit ceux qui n’ont pu suivre l’enseignement oral de M. de Launay et qui se 528 BIBLIOGRAPHIE. — ANALYSES ET INDEX proposent defaire plus tard des Travaux publies l’objet deleurs occupations. L. Porn. Bowman (Isaiah), Director of the American Geogra- phical Society of New-York, — The New World. Problemsin political Geography.— 1 vol. gr. in-80, toile, de 632 p., avec 125 cartes et 65 photographies. World Book Cy, New-York, 1922. M. I. Bowman, qui est un des meilleurs géographes américains, vient de mettre au point la géographie po- litique du monde entier, en passant en revue les problè- mes que soulèvent les nouvelles frontières ét les chan- gements qu’elles apportent dans l'équilibre des Etats nouveaux. C’estun livreoriginal et dont l’intérêt actuel est doublé par l'illustration et par l’abondance, l’exac- titude et la clarté des documents cartographiques. E2:C: Sartory (A.), Professeur de Cryptogamie, et Maire (L.), Chef de travaux à l'Université de Strasbourg. — Les Champignons vénéneux. — 1 vol. in-8° de 251 pages 10 planches en trichromie (Prix. : 25 fr.). Librairie Le François, get 10, rue Casi- mir-Delavigne. Paris, 1922. à avec Les Champignons vénéneux doivent leurs propriétés à des poisons spécifiques plus ou moins redoutables, parfois mortels selon leur nature chimique et leur répartition dans l'organisme. Il importe de les distin- guer des Champignons comestibles ou généralement inoffensifs, qui nuisent accidentellement par leurs pro- duits de décomposition ou par leur consommation immodérée. ‘? Les propriétés toxiques de chaque espèce “ont été révélées progressivement par l’observation des mala- des, l’expérimentation sur les animaux, l’analyse chi- mique. Les données acquises sur ces divers points sont réunies dans ce volume avec les références biblio- graphiques nécessaires et complétés par l’expérience personnelle de M. Sartory. Pour les utiliser, il est indispensable de reconnaître immédiatement une espèce réputée suspecte ou démon- trée dangereuse et même mortelle, Tous les procédés empiriques étant illusoires, la détermination botanique s'impose. Les auteurs l’ont bien compris en consacrant les seize chapitres de la première partie à la descrip- tion de toutes les espèces à craindre. Les quinze chapi- tres de la deuxième partie traitent des questions se rapportant à la pathologie, au traitement, à la prophy- laxie, à la toxicologie dans les empoisonnements par les Champignons. « PauL VUILLEMIN, Correspondant de l'Institut, Chopard (L.), docteur ès sciences. — Faune de France. 3. Orthoptères et Dermaptères. — 1 vol. in-8° de vi-212 p. avec 466 fig. (Prix : 18 fr.). Paul Lechevallier, éditeur, Paris, 1922. ‘ Poursuivant son programme d'édition, l'Office Gen- tral de Faunistique vient de publier le troisième fasei- cule de la Faune de France : ce volume est consacré à deux sous-ordres de l’ordre des Orthopteroidea, les Or- thoptères s. str., et les Dermaptères. Précédant la partie proprement systématique, on trouve au début de l’ouvrage un certain nombre de pages consacrées à des notions générales qui doivent permettre à un non-spécialiste de se mettre rapidement au courant de l’organisation générale des Orthoptères, de la terminologie qui leur est appliquée, et partant de pouvoir utiliser avec succès, pour des déterminations spécifiques, la partie systématique. Cette introduction envisage successivement : 1° la morphologie externe, 2° l’anatomie, 30 l’embryologie; 40 le développement postembryonnaire, 5°l’éthologie et la faunistique, 60 les méthodes de chasse et de conservation, Il faut déplorer que la place accordée à l’auteur ait été si réduite et que quelques pages supplémentaires n'aient pu lui être oc- troyées, Bien que la Faune de France soit une collec- tion uniquement systématique, il est bien évident que des introductions d’une certaine étendue sont néces- saires, non seulement pour aider les déterminations, mais pour permettre de saisir les aflinités des groupes voisins et éclairer de quelques remarques phylogénéti- ques les classifications modernes et très au point aux- quelles nous ont häbitué les fascicules déjà parus. On peut donc regretter que, sur des points aussi im- portants que la morphologie des pièces tégumentaires, celle des appendices (qui a été particulièrement étudiée ces dernières années}, enfin les questions d’éthologie, de répartition géographique, la compétence de M. Cho- pard n’ait pu nous donner les développements que nous aurions désirés. L La deuxième partie du volume contient les clefs di- chotomiques et les diagnoses. Le paragraphe consacré à chaque espèce est véritablement bien compris : la synonymie est succincte, renvoyant seulement aux auto- rités récentes. Il est cependant regrettable que la ré- férence originale n’y figure pas : à mon point de vue la synonymie le plus courte, dans un travail systéma- tique de quelque étendue, doit contenir au moins: l'in- dication de la première description spécifique, puis une ou plusieurs références récentes renvoyant à des syno- nymies plus complètes ou à desfigures particulièrement parfaites. La d?scription comprend, outre la diagnose de l'adulte, © et ©, de précieux renseignements sur le jeune. A la suite viennent des remarques éthologiques sur la ponte, l’éclosion, le chant, l’habitat,la fréquence, et zoogéographiques sur la répartition en France, puishors de France. Des figures au trait !, abondantes et précises, permettent une vérilication facile des, déterminations. Seuls les caractères utilisés dans la systématique sont figurés; cela est d’ailleurs suflisant, mais il est impos- sible de ne pas signaler l’absence presque totale de ces dessins d'ensemble qui fournissent d'emblée la notion de la «physionomie » d'une espèce et font l’incalculable valeur, par exemple, de l’ « Account of the Crustacea of Norway » de G. O. Sars. Lorsque les limites qui vous sont assignées le permettent, je ne crois pas que l’on puisse jamais donner trop de figures pour des animaux 1. Il faut signaler cependant une planche photographique (fig. 408-417, face à la p. 134). BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 529 comme les Insectes et les Crustacés qui occupent une telle place, par le nombre de leurs espèces, dans notre faune. Quoi qu’il en soit de ces points secondaires, nous sommes enfin en possession d’un ouvrage complet sur les Orthoptères et les Dermaptères de France. Composé par un spécialiste auquel l'inventaire de nos Ortho- ptères doit tant d’additions, au courant des progrès ré- cents de la systématique de ce groupe, et bénéficiant d'une excellente présentation, l'ouvrage de M. Cho- pard sera désormais le solide et quasi définitif compa- gnon de tout amateur de Sauterclles, de Grillons et de Perce-oreilles. Ta. Moon, Policard (A.), Professeur à la Faculté de Médecine de Lyon. — Précis d'Histologie physiologique. — 1 vol. in-16 de 1130 pages avec 465 fig. de la Collec- tion Testut (Prix cart. : ko fr.). G. Doin, éditeur, Paris, 1922. Depuis une vingtaine d'années, l’Histologie est l’ob- jet de vives attaques de la part de nombre de bons es- prits appartenant au monde biologique ; on doit recon- naître que certains histologistes semblent s’ingénier à mériter ces critiques; pour ceux-ci, en effet, la subs- tance vivante n'offre d'intérêt qu'au moment où elle a cessé de vivre et où elle se présente à l'examen déformée par les réactifs ; ce qui leur importe, ce n'est point d'observer la structure réelle des tissus, leur dé- veloppement, leurs réactions, leurs modes de fonction- nement et leur signification physiologique, mais de dé- crire minutieusement les effets plus ou moins fantasques des réactifs et des teintures polychromes sur ce qui a été vivant. En France, toute une pléiade de chercheurs, appliquant les principes de L. Ranvier, ont réagi, par leurs recherches originales, contre ces errements; parmi eux se range le Professeur A. Policard qui, après avoir été un des ouvriers de cette juste cause, tente maintenant, par son « Précis d’Histologie physiologi- que », de faire pénétrer, dans le. milieu des étudiants près les Facultés de Médecine, la saine doctrine histo- logique. 1 Le livre du Docteur A. Policard est facile à caractéri- ser : c'est un précis d'Histologie humaine,comportant les développements nécessaires de Biologie et d’'Histologie générales ; une attention spéciale est accordée aux ré- sultats des disciplines nouvelles telles que la Biophy- sique etla Biochimie, À l'inverse de nombre de traités !, l’étude du fonctionnement des tissus et des organes suit immédiatement celle de leur structure et constitue le point essentiel de l’enseignement : « Les descriptions morphologiques y sont dominées constamment par la notion de fonction. » 1. Rappelons la brillante exception réalisée, dès 1904, par le remarquable t. I du Traité d'Hislologie de A. Prenant, P. Bouin et L. Maillard (Revue générale des Sciences, 1904), Grâce au précis du Professeur Policard, les étudiants pourront acquérir toutes les notions histologiques né- cessaires aux études médicales; en plus, ils se con- vaincront que l’Histologie ne se borne point à une sté- rile nomenclature de cellules et de tissus, mais constitue, en réalité, une véritable Physiologie cellulaire, indis- pensable à la Médecine. Toutefois, mon collègue A. Po- licard me permettra une question ; son excellent ouvrage ne compte pas moins de 1087 pages; exigerait-il de ses élèves l'assimilation de la somme de connaissances condensées dans son livre ? La plupart des médecins sont appelés à soigner des malades et non à devenir des la- boratoriens,. A. PETTIT. Carnoy (Albert), Professeur à l'Université de Louvain. — Les Indo-Européens. PRÉHISTOIRE DES LANGUES, DES MŒURS ET DES GROYANCES DE L'EUROPE (Collection Lovanium, I). — 1 vol, in-16 de 256 p.(Prix : 5 fr.). Vromant et Cie, éditeurs, 3, rue de la Chapelle, Bruxelles ; 37, rue de Lille, Paris, 1921. Le livre de A. Carnoy sur les Indo-Européens que vient de publier l’Université de Louvain, d’une lecture agréable, présente une vue originale du grand problème ethnographique appelé au siècle dernier « La question aryenne ». S'inspirant des méthodes nouvelles des sciences àänthropologiques, l’auteur passe successivement en revue les données fournies par la linguistique, la géo- graphie, l'archéologie et la mythologie, Pour lui le ber- ceau des Indo-Européens devrait être cherché dans les plaines de l'Ukraine. Peut-être les dernières études fai- tes sur la langue principale des textes trouvés à Bo- ghazkoï (Cappadoce) sont-elles de nature à entrainer une légère modification de cette manière de voir. A. Meillet pense, en effet, que le pseudo-hittite pourrait être le représentant d’une langue relativement ancienne, dont l’indo-européen commun serait aussi la continuation. La méthode utilisée par A. Carnoy pour arriver à la détermination du centre originel d’une langue consiste dans la recherche, grâce au vocabulaire, des rapports qui unissent les mots désignant les modalités du cli- mat, les éléments de la faune et de la flore, les termes de zootechnie et d'agriculture, les expressions concer- nant l'habitation et l'alimentation, les vêtements et les armes, le commerce et le droit. Enfin un substantiel exposé mythologique vient compléter la documentation de cet intéressant petit livre. La bibliographie, choisieavec éclectisme, qui termine l’exposé, montre à quel point la science allemande avait fini par monopoliser l’étude des langues, des mœurs, des institutions et des croyances des Indo-Européens. Seuls les travaux de A. Meillet, G, Dottin et L. de la Vallée Poussin représentent dans cet ordre de recher- ches les travaux de langue française. L. Joceau», Maitre de Conférences à la Faculté des Sciences de Paris. 530 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Seance du 24 Juillet 1922 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. Abramesco : Sur les séries de polynômes à deux variables complexes. — M. P. Dienes : Sur le déplacement des tenseurs. — M. Farid Boulad Bey: Sur la recherche géométrique des efforts intérieurs et des déplacements autour d’un point dans un corps élastique. 2° SciENCES PHYSIQUES. — M. Maur. Leblanc : Sur l'électrification deschemins de fer au moyen de courants alternatifs de fréquence élevée. L'auteur-montre qu’en se servant de courants alternatifs de fréquence élevée, 20.000 par exemple, et les faisant circuler dans des conducteurs tendus au-dessus des voies, ils- pourraient en induire d'autres dans un circuit porté par les voitures d'un train et s'étendant au-dessus d'elles, parallèlement à ces conducteurs. Il n’y aurait plus de contact glissant, Les courants induits seraient transformés en courants triphasés, d’une fréquence aussi basse que l’on voudra et variable avec la vitesse du train, Ce système paraît devoir être beaucoup ‘plus simple et plus économique que les systèmes actuels. — MM. P. Sacerdoteet P. Lambert : Nouveau procédé pour déceler la présence d’un sous-marin. C’est un procédé électrique, où le sous- marin révèle sa présence par la différence de sa conduc- tibilité électrique et de celle de l’eau de mer. Dans toute la largeur d’une passe on immmerge deux câbles paral- lèles, nus, parcourus par un courant dans le cireuit duquel se trouve un galvanomètre. Si un sous-marin franchit la passe, quand il se trouve entre les deux cà- bles la résistance de la mer entre ceux-ci est diminuée, l'intensité du courant électrique augmente et la dévia- tion de l'aiguille du galvanomètre croît. — M. G. Atha- nasiu : Actinomètre à électrodes de mercure halogénées ou sulfurées. L'auteur a constaté que l'on peut faire des actinomètres avec des électrodes de mercure recouvertes de couches très minces des composés Hg?l?,Hg?Br?,Hg? CL,Hg?F?,Hg$S. couches préparées par électrolyse ou par attaque directe du mercure par des vapeurs de I,Br, CI, F ou S. La lumière augmente le potentiel des électrodes de mercure couvertes d’halogénures; elle diminue celui d’une électrode couverte de sulfure, L'effet de la lumière estinstantané. — M. St. Procopiu: Sur les variations des spectres d'arc du mercure avec les conditions d'émission. Dans les divers milieux où jaillit l’are, les raies des deux séries secondaires éprouvent par rapport aux raies de l'arc dans le vide un affaiblissement et un élargisse- ment qui sont d'autant plus prononcés que le rang de la raie dans la série est plus élevé. L'ensemble des faits observés peut être rattaché à la théorie de Bohr et à l'effet Stark. — Mlle Ir. Curie: Détermination de la vi- tesse des rayons « du polonium. La détermination di- recte de la vitesse d'émission des rayons « du polonium par la méthode de la déviation magnétique a donné pour valeur moyenne 1,593 >< 10° em: 8ec. — M. Ch. Moureu : La troisième Conférence internationale de la Chimie pure et appliquée. Compte rendu de cette confé- rence, qui a eu lieu à Lyon du 27 juin au 1€" juillet. — MM. V. Grignard et A. C. Purdy : Sur l'oxyde d'éthyle «f-dichloré, Les auteurs ont préparé ce corps par condensation de l’éthanal avec la monochlorhy- drine du glycol en présence d’HCI sec. C'est un liquide incolore, Eb. 550-570 sous 17 mm., décomposé par l’eau en ses constituants. L’acétal £'£"-dichloréthylique bout à 106°-108* sous 17 mm. — MM. P. Lebeau et M. Picon: Sur les réactions fournies par le sodammonium avec les carbures d'hydrogène. Les carbures acycliques saturés et éthyléniques ne sont pas attaqués par le sodammo- nium; les carbures acétyléniques vrais donnent des dérivés sodés, Les carbures benzéniques ne sont pas attaqués, sauf lorsqu'ils possèdent une chaîne latérale avec liaison acétylénique (dérivé sodé) ou éthylénique (hydrogénation). Les carbures terpéniques restent inal- térés ; de nombreux carbures polycycliques sont atta- qués. 3° ScrENCES NATURELLES. — M. ©. Mengel: Sur la chute des poussières dite « pluie de sang »; remarque relative à la neige colorée du 12 mars 1922 en Brian- connais. L'examen de la situation météorologique au début de mars incline l’auteur à penser que les pous- sières ocreuses qui produisirent cette coloration de la neige n'étaient pas d'origine locale, mais de provenance saharienne, — MM. Æ. F. Terroine et R. Wurmser : L'utilisation des substances ternaires dans la croissance de l'Aspergillus niger. L'Aspergillus niger manifeste une indifférence complète, quant au rendement matériel de ses processus de croissance, vis-à-vis des différences de composition ou de structure des divers sucres qu'on lui fournit. La nature de la source d'azote a une in- fluence très nette, les sels d'ammoniaque, la guanidine, l'urée, l’acide nitrique ayant un rapport d'utilisation plus élevé que les nitrates. — M. L. Blaringhem : Hérédité des caractères physiologiques chez les hybrides d’orges (deuxième génération). Si les caractères orne- mentaux et superficiels (barbes) suivent dans leur trans- mission à peu près les règles mendéliennes, les carac- tères essentiels de la sexualité des épillets, de leur condensation, sont, au contraire, sous la dépendance directe des facteurs de la croissance et, en définitive, de l’agencement cellulaire qui, lui, est une mosaïque. Or ces caractères physiologiques sont précisément ceux qui déterminent les rendements élevés. — M. P. Bec- querel : La théorie du mériphyte devant les phénomènes de l'ontogénie vasculaire, Critique des récents résultats de P. Bugnon, dus à un défaut de méthode, et confir- mation de la théorie de G.Chauveaud, qui a été exposée en détail ici même. — M. A. Pézard : Motion de « seuil différentiel » et masculinisation progressive de certaines femelles d'oiseaux. Les résultats expérimentaux relatifs à l’action de l'ovaire sur le plumage des oiseaux (r° action empêchante; 2° tout ou rien ; 30 seuil différen- ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 531 tiel) permettent d'expliquer, par la seule intervention des hormones, des anomalies assez complexes qui sem- blaient en désaccord avec les théories récentes de l’en- docrinologie. — M. P. Wintrebert : Le mode d'édifi- cation du vomer définitif au cours de la métamorphose chez les Salamandridae. Le vomer définitif provient d'une double origine : une ossification dentaire et une ossification membraneuse directe, Aucune partie de l'arc denté voméro-ptérygo-palatin larvaire n'entre dans sa composition, — MM. P. Carnot et M. Tifïe- neau : Sur un nouvel hypnotique de la série barbituri- que : la butyl-éthyl-malonylurée. Les auteurs ont étudié le pouvoir hypnotique des éthyl-alcoyl-malonylurées. Celui-ci passe par un maximum pour les termes en C!0 et C!!; l'éthylbutylmalonylurée, en particulier, consti- tue un hypnotique remarquable. Séance du 31 Juillet 1922 M. le Président annonce à l'Académie la mort de M. Louis Favé, membre de la Section de Géographie et Navigation. — M. Em. Picard donne quelques ren- seignements sur la session du Conseil international de Recherches tenue à Bruxelles en juillet 1922. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. J. Baillaud: Quelques données sur la constitution de l’amas galacti- que déduites de l'étude de la Zone,de Paris du Catalogue photographique. Si l'on ne fait état que des dénombre- ments des clichés du Catalogue astrophotographique de Paris, les coordonnées du pôle galactique seraient 13 h. 22 m., + 270 2, le centre de l'amas stellaire aurait une latitude galactique de — 3°, il aurait une ascension droite comprise entre 1 h. et 13 h.; les étoiles du Cata- logue, dans la direction du plan galactique, seraient comprises dans une région du noyau de l'amas stellaire où la distribution des étoiles en densité et en luminosité serait homogène. La condensation galactique serait notablement plus grande que ne l'indique M. Van Rijn. — M. E. M. Lémeray : La structure de l'Univers et la relativité générale. On peut considérer la Voie lactée et l'Univers entier, soit comme un amas de forme lenticu- laire, le Soleil étant très voisin du centre, soit comme constitués par une enveloppe creuse, Dans la cavité se trouveraient outre les nébuleuses, quelques étoiles ; étoiles, nébuleuses et rayons lumineux s’y déplaceraient sensiblement en ligne droite; cette région serait presque euclidienne. En pénétrant dans l'enveloppe, les trajec- toires se courberaient;. les rayons lumineux attein- draient, sans la franchir, la surface sphérique exté- rieure. Cette seconde hypothèse présente un avantage : il faut un paramètre de moins pour définir la strueture générale. + 2° SCIENCES PHYSIQUES, — M. J. G. Popesco : Sur la relation entre les phénomènes photo-électriques et la ten- sion superficielle du mercure. Au moyen d’un dispositif analogue à celui de Klages, l’auteur a vérifié l'existence d’une relation de ce genre. — M. R. deMallemann: Biréfringence moléculaire et activité optique. L'auteur établit théoriquement certaines formules donnant le pouvoir rotatoire, l'indice de réfraction et la biréfrin- gence chezles corps doués d’activité optique. —M. Yova- novitch et Mile Chamié : Préparation du sel étalon radifère. Cet étalon est constitué par du carbonate de baryum radifère insoluble ei non hygroscopique, préci- pité dans des conditions qui assurent un mélange uni- forme des deux métaux. — M, Er. Toporecsu: Sur la préparation du bicarbonate de sodium. L'auteur adéter- miné, aux températures de 35° et 5o°, les conditions d'équilibre entre les quatre sels de la réaction chimique : CINa + COSHNH* — CINH* + COSHNa et leurs solu- tions saturées.— Mlle G. Marchal: Sur la dissociation du sulfate de glucinium. Le sulfate de glucinium se décompose suivant la réaction : SO‘Glso — GlOgol —- SOvap.; mais, aux températures des expériences, SO3 lui-même est en équilibre avec SO? et O d’après l’équa- tion: 2S0%vap. = 2S0?82z -! Osez, L'auteur a déterminé, à un certain nombre de températures, les pressions partielles des produits gazeux et calculé les coeflicients de l'équation d'équilibre. — MM. M. François et L. G.Blanc: Surune méthode de préparation des iodo- bismuthates d’alcaloïdes à l’état cristallisé. Les auteurs ont obtenu ces corps à l’état cristallisé par une méthode analogue à celle qu'ils ont décrite pour les iodomercu- rates correspondants (voir p.533). Les produits obtenus répondent à la formule (Bil*)n (Alcal. Hi). — MM. H. Gault et T. Salomon : Sur les éthers alcoylméthyl- prridazinonecarboniques. Ces produits s’obtiennent par action de l’hydrate d’'hydrazine sur l’éther acétonyl- malonique; par action de HCI étendu à chaud, ils se décomposent en donnant naissance aux acides «-alcoyl- lévuliques. — MM. G. Vavon et A. Husson : Sur la catalyse par le noir de platine. Le platine ayant absorbé 0,4 mg. de sulfure de carbone ne peut plus hydrogéner l'acétophénone, mais conserve ses vertus catalytiques vis-à-vis du cyclohexène. Chaque corps exige donc bien pour s'hydrogéner un platine d'activité supérieure à un certain minimum, minimum variable d'un corps à l'autre. — M. K. C. Bailey : Sur la synthèse directe de l'urée à partir du gaz carbonique et de l'ammoniaque. CO* et NH° traversant un- tube chauffé au rouge forment de l’urée en petite quantité, L'auteur a constaté qu’en soumettant les gaz chauffés à un refroidissement brus- que, le rendement en urée est notablement augmenté ; en outre, la réaction paraît facilitée par la présence d’un catalyseur de déshydratation, 3° SCIENCES NATURELLES, — MM. M. Gignoux et P. Fal- lot : Le Pliocène marin sur les côtes méditerranéennes de l'Espagne. Les dépôts du Pliocène de la zone com- prise entre Barcelone et Almeria se rapportent tous au Pliocène ancien classique; le Calabrien y est inconnu. Nulle part ces dépôts ne sont plissés ; on y observe, par contre, des failles, sans doute en relations avec les cen- tres éruptifs alignés le long de la côte. — MM. L. Ma- quenne et E. Demoussy : /nfluence du calcium sur l'uti- Lisation des réserves pendant la germination des graines. La chaux est à peu près sans influence sur la solubili- sation des réserves contenues dans la semence, Elle doit agir surtout sur la phase synthétique de la germi- nation, comme adjuvant des diastases de condensation encore inconnues. — MM. R. Chodat et E. Rouge : Sur la localisation intracellulaire d’une oxydase et la localisation en général. Les auteurs décrivent une nou- velle méthode mettant en évidence la localisation du ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES ferment oxydant dans les plastides amylogènes du périderme de la pomme de terre et d’autres plantes. — M. A. Guilliermond : *emarques sur la formation des chloroplastes dans le bourgeon d'Elodea canadensis. Des coupes très minces, passant exactement dans l’axe du bourgeon, ont permis à l’auteur de distinguer dans les cellules du méristème les deux lignées de chondrio- somes et de suivre leur évolution pendant tout le déve- loppement. —M.G. André : Sur la filtration des sucs végétaux. Le passage d’un suc végétal au travers d’une membrane de collodion appauvrit notablement ce liquide en azote et en phosphore en arrêtant les molé- cules les plus grosses; une température de 100° produit un eflet analogue en ce qui concerne l’azote. — MM. G. Bertrand etR. Benzon : Sur l'importance dy zinc dans l’alimentatian des animaux. Expérience sur la sou- ris. Dans chaque série d'animaux expérimentés, ceux qui ont trouvé du zinc dans leur alimentation ont vécu plus longtemps que ceux qui n’en ont pas trouvé. L’im- portance du métal a été telle que 1,5 à 3 dixièmes de mg.,ingérés pendant la durée totale de l’expérience, ont sufli à prolonger cette durée de 25à 50 °/.. — MM. H. Vallée et H. Carré : Sur la contagiosité de la fièvre aphteuse. La transmission de la fièvre aphteuse s’opère tout particulièrement bien aux premiers stades de l’in- fection ; c’est qu'à ce moment les urines du malade sont déjà virulentes. Par contre, les auteurs ont relevé la dis- parition hâtive de la virulence dans la salive des ani- maux infectés et l’épuration rapide des étables et fu- miers contaminés, sans le secours de la désinfection. — M. G. Bourguignon : Double chronaxie et double point moteur dans certains muscles de l'homme. Tous les ex- tenseurs à l'avant-bras, sauf les radiaux, et le jambier antérieur à la jamhe ont deux points moteurs, avec deux chronaxies et deux contractions de rapidité diffé- rente, La chronaxie la plus petite correspond à la con- traction la plus rapide. La double chronaxie parail répondre à une double fonction. Seance du 7 Août 1922 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. Abramesco : Sur - Les développements en série à deux variables complexes suivant les inverses de polÿnomes donnés. — M.B.Bail- laud: Sur un nouvel instrument des passages récemment installé à l'Observatoire de Paris. 16e 29 SCIENCES PHYSIQUES. — M. D. Yovanovitch : Sur les propriétés chimiques du mésothorium 2. D'après les transformations radio-actives du thorium, le poids ato- mique du mésothorium 2 est de 228,12. ISotope avec l’actinium, il serapproche par ses propriétés chimiques des terres rares. Le fractionnement régulier des nitra- tes doubles deterres rares et d'Am en présence de méso- thorium montre toujours une accumulation de ce der- nier du côté du lanthane ; ses propriétés chimiques sont donc le plus rapprochées decelles duiLa. — M.J.Orcel: Sur lu composition chimique de l’aérinite. Débarrassée des minéraux étrangers qui l’accompagnent, l’aérinite correspond à peu près à la composition 6Si0?,2 (Al,Fe)? O3. (Fe,Mg)O.1,5Ca0.7H°0—+3Aq., qui en ferait un type nouveau de leptochlorite, L'analyse spectrale montre aussi la présence de Sr et de traces de Va. 3° SCIENCES NATURELLES. — M, A. Azam: Surlacons- titufion et l'origine des limons de la plaine de Caen appelés rougeaut et fauvet. Le rougeaut contient deux fois plus de carbonate de chaux que le fauvet, qui est lui-même loin d’être décalcifié. Le fauvet a été formé par l’altération sur place de l'argile callovienne qui recouvrait autrefois la région ; le rougeaut résulterait du remaniement du fauvet, avec un apport d'éléments ‘ arrachés à un massif cristallin, — M.J.Barthoux: Miné- raux de la région d'Oudjda(Maroc).L'auteur atrouvé dans une mine des environs d’Oudjda des cristaux de galène, vanadinite, pyromorphite, wulfénite, cérusite, dolomite, calcite et aragonite, dont il décrit quelques caractères particuliers. — M. S. Winogradski : Sur la prétendue transformation du ferment nitrique en espèce saprophy- tique. L'auteur conteste la découverte par M. Beijerinck d’une espèce ou forme nouvelle du ferment nitreux ou nitrique, dépourvue de pouvoir ox ydant, et ayant passé à l’état de saprophyte banal, Rien ne prouve l’ori- gine et la parenté étroite de la nouvelle espèce avec l’ancienne, Tout démontre, au contraire, que la nitrata- tion est une fonction stable, inséparable de la crois- sance, — M. J. Voicu : /nfluence de l’humus sur La sensibilité de l'Azotobacter chroococeum vis-à-vis du bore. Sur milieu sans humus, où l’assimilation de l’azote est minime, l'effet du, bore est insignifiant. Au con- traire, sur milieu contenant de l’humus, même en pe- tite quantité, et où, par ce fait, la fixation de l’azote se trouve augmentée, l’action toxique du bore se mani- feste bientôt et s'accentue ensuite très nettement. — MM. R. Maire et E. Chemin : Un nouveau Pyrénom)- cète marin. Les auteurs ont étudié le champignon qui exerce une action destructive sur la Floridée marine Dilsea edulis. C'est un Pyrénomycète, avec périthèces, asques et spores, constituant un genre nouveau, qu'ils nomment Mycaureola dilseae. — M.F. Granel : Struc- ture et développement de la pseudobranchie des Téléo- stéens. — MM. P. Portier et M. Duval : Varialion de la pression osmotique du sang de l’anguille en fonction des modifications de salinité du milieu extérieur, La pression osmotique du sérum de l’anguille vivant dans l’eau douce normale est sensiblement plus élevée que celle de la carpe, téléostéen non adapté au changement de salinité, Dès que l’on dépasse la pression osmotique de l’eau de mer, la courbe se relève et rapidement ap- paraissent des troubles graves, avec altération des glo- bules rouges, qui conduisent l'animal à la mort. — Mile T. Duboc: Action du tribromoxylénol sur les bacilles tuberculeux. Le tribromoxylénol produit la disparition de l’acido-résistance, puis des formes \bacillaires et enfin la dissolution complète. — M. A. Trillat: /n/luence de l'humidité et de l'état vésiculaire sur la diffusion des gouttelettes microbiennes dans l'air. Dans certaines con- ditions atmosphériques, les gouttelettes microbiennes produites par une intervention mécanique (pulvérisa- tion, toux, parole, etc.) peuvent être transportées à une distance bien plus grande qu’on ne le supposait. Séance du 16 Aorït 1922 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. M. de Sparre PS Au sujet des dépressions résultant d'une rupture dans ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 533 une conduite forcée. L'auteur étudie l’état intermédiaire qui se produit entre les deux régimes permanents avant el après rupture, et qui est la suite du coup de bélier négatif qui se produit au moment de la rupture. — M. K. Popofñf : Sur l'intégration des équations de la Balistique dans des conditions générales de la résis- tance. 20 ScIENGES PHYSIQUES. — MM. P. Auger etF. Perrin: Sur les chocs entre particules et noyaux atomiques. Les auteurs ont utilisé la méthode de C.T.R. Wilson pour rendre visibles les trajectoires individuelles des particules +; ces trajectoires se terminent par un éperon quand il y a rencontre avec un atome. Dans un gaz formé d’atomes lourds à charge nucléaire élevée(argon, p. ex.), les éperons doivent être très petits et les dévia- tions fréquentes. Quand la particule + heurte un noyau léger dans un gaz peu dense (hydrogène), l'éperon doit être important. Les expériences des auteurs confirment ces prévisions. — M. I. N. Kugelmass: Un nouvel appareil : le néphélectromètre.Cetappareil, formé d’une Hampe électrique, d'une cuve et d’un cellule photo ou thermo-électrique, sert à comparer diverses solutions colloïdales en se basant sur leur indice de transparence, et peut être employé à l'étude des modifications de la stabilité des solutions colloïdales. — M. A. Marcelin : Mesure de la pression des fluides superficiels. Etude détaillée de l'acide oléique. Par de nouvelles expérien- ces, l’auteur confirme l'existence d'une pression de saturation superficielle chez les « fluides à deux dimen- sions », constitués par certaines substances étendues sur l'eau en couche mince. 3° ScIENGES NATURELLES.—M. F. Granel : Signification morphologique de la pseudobranchie des Téléostéens. Partis d'une même ébauche que les feuillets respira- toires, les feuillets pseudobranchiaux se spécialisent très tôt par l’évolution de leurs lamelles vasculaires, aboutissant à la formation d’un épithélium acidophile qui leur est propre, et parce qu'elles perdent toute relation obligatoire avec l’épithélium branchial, con- trairement aux lamelles respiratoires, SOCIÉTE CHIMIQUE DE FRANCE Seance du 28 Juillet 1922 MM. Maxet Michel Polonovski: Recherches dans la série de la pilocarpine. Les auteurs ont étudié succes- sivement les dérivés nitrés, puis les éthers chlorés de la pilocarpine et de l’isopilocarpine, puis un produit de condensation, l’isopilocarpinanile, enfin la métapilocar- pine de Pinner. Ils soumettent ensuite à un nouvel examen toutes les anciennes hypothèses formulées au sujet de l’isomérie de la pilocarpine et l’isopilocarpine; ils combattent en général toutes les isoméries de posi- tion et mettent en évidence la parfaite analogie de ce problème avec l’isomérie bien connue de l’hyosciamine et de l’atropine, ce qui leur permet de conclure à une stéréoisomérie optique dont l'angle fonctionnel est le carbone asymétrique portant la fonction alcoolique. — MM. A. Wabl etR. Lantz : Sur une nouvelle: classe d'oxyarylinaphtylamines. Tandis queles halogéno--naph- tols réagissent aveclesamines primaires pour donnerlieu à des réactions complexes, les dérivés correspondants du #-naphtol, traités avec5 parties d’une amineprimaire entre 1200 et 200°, éliminent totalement leur halogène en donnant un produit qui, traité par un acide minéral étendu, laisseles oxyarylnaphtylamines insolubles. — MM. François et L. G. Blanc: Sur une méthode de préparation des iodomercurates d'alcaloides à l’état cris- tallisé. La méthode est basée sur l’action dissolvante qu'exerce à chaud HCI sur ces corps laissés dans leur eau-mère el sur l'effet du refroidissement lent de la so- lution ainsi obtenue. Ces corps, de formule (Hgl?}* (Alcal.HI)”, ne contiennent pas d’eau de cristallisation. — MM. E. Fourneau et Sandulesco : Dédoublement des acides phénoxy et nitrophénoxy-propioniques. Ces corps ont été dédoublés en leurs isomères actifs, le pre- mier par la yohimbine, le second par la cinchonine et la strychnine. Contrairement à la règle générale, les aci- des racémiques fondent ici plus haut que leurs compo- sants actifs. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Séance du 24 Juin 1922 MM. L. Camus et E. Gley: Action coagulante du liquide prostatique de la Viscache sur le contenu des sésicules séminales. Le liquide prostatique de la Visca- che agit sur le liquide des vésicules séminales de cet animal de la même manière que le liquide prostatique du Cobaye sur le contenu vésiculaire du Cobaye. Son action cependant est moins rapide et peut-être moins énergique, phénomènes dus, sans doute, à une moindre activité du ferment prostatique ou à la présence, dans la sécrétion de la prostate, d’une quantité moindre de fer- ment. La température de destruction du ferment paraît être de 75°, — MM. L. Képinow et J. Metalnikow : Glande thyroïde et sensibilité des animaux tuberculeux envers la tuberculine. Les animaux éthyroïdés et infec- tés de tuberculose ne réagissent pas par l'élévation de température à l'injection de la tuberculine, tout en con- servant leur sensibilité à son action toxique. Le sérum d’un animal tuberculeux éthyroïdé, injecté à un animal normal. cqnfère passivement à ce dernier l'aptitude à réagir par uneélévation de température à l'injection de la tuberculine ; le sérum des animaux tuberculeux éthy- roidés ne possède pas cette propriété. — MM. H. Cardot et H. Laugier : Anesthésie et réflexe linguo-maxillaire. L'étude des variations du réflexe linguo-maxillaire peut servir à suivre les phases et l’évolution de l'anesthésie et à en préciser à chaque instant la profondeur par un chiffre, tout au moins pour les anesthésiques (alcool- chloroforme, chloral) dont l’action tend à faire dispa- raître ce réflexe. — M. M. Molliard : /nfluence de la nutrilion azotée sur l'acidité des plantes supérieures. Chez le radis et l’oseille, l’inanition partielle en azote, élément nécessaire au développement normal, amène, comme chez les champignons, des perturbations dans le phénomène respiratoire, se traduisant par une com- bustion incomplète. — MM. L. Panisset et J. Verge: La toxicité du citrate de soudé chez les animaux. Les organismes animaux, injectés directement dans la veine au moyen d’une solution stérile de citrate de soude, 234 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES présentent des accidents graves, de la nature d’un choc colloïdoclasique. L’injection intraveineuse de chlorure de calcium annihile la toxicité des solutions citratées. — MM, W. Mestrezat, P. Girard et V. Morax : /?e- cherches expérimentales sur la perméabilité cellulaire aux ions, La perméabilité des tissus vivants, et, trés vraisemblablement, celle des parois cellulaires, est une perméabilité ionique essentiellement élective. L'étude de la perméabilité cornéenne et dela résorption vasculaire au niveau de lachambre antérieure en fournit une dou- ble preuve, — MM. L. Fournier, C. Levaditi et A. Schwartz : Du vanadium dans la syphilis expérimen- tale du lapin et dans la syphilis humaine.Le vanadium est doué d’un pouvoir tréponémicide énergique, compa- rable à celui des deux autres corps de la même série, l’arsenic et le bismuth. Parmi les composés du Va, les tartrovanadates semblent les moins toxiques. — MM. P. Carnot et F. Rathery : La sécrétion de l'urée, de NaCl et du glucose au cours des perfusions rénales. Le rein, perfusé avec du sang complet, semble bien faire acte sécrétoire; le liquide excrété est limpide ; l’urée subit toujours une concentration; les chlorures, une déconcentration; le glucose, le plus souvent une décon- centration, parfois une concentration. M. Ch. Richet fils est élu membre titulaire de la Société. Séance du 1e Juillet 1922 MM. L. Camus et E. Gley: Le nerf sécréteur des glandes de Cooper. Les auteurs ont réussi à provoquer la sécrétion des glandes de Cooper chez un Rongeur, la Viscache, et chez un Insectivore, le Hérisson, par fara- disation d’un mince filet nerveux qui accompagne les vaisseaux que l’on trouve dans le hile de la glande. — MM. E. Bardier et A. Stillmunkès : De la mort par l’adrénaline au cours de l’anesthésie chloroformique. Syncope cardiaque. La mort des animaux chloroformi- sés (chien, chat), consécutive à l'injection d’une dose correspondant à environ 0,01 mgr. d'adrénaline par kgr., est le résultat d’une syncope cardiaque accompa- gnée de fibrillation. Il s’agit d’un phénomène périphé- rique consistant dans l’intoxication définitive du myo- carde. — M. KR. Arnaud: «a réaction du benjoin colloïdal dans le sang. La réaction du benjoin colloïdal est applicable aussi bien à l'examen des sérums que des liquides céphalorachidiens, Plus simple que la réaction de Bordet-Wassermann, moins délicate que celle de Vernes, d'appréciation plus facile que celle de Sachs- Georgi, elle paraît tout aussi sûre. — M. L. Képinow: Surrénales et anaphylaxie. L'enlèvement de la majeure partie des glandes surrénales n'empêche pas, chez le cobaye, le choc anaphylactique lorsque l'injection pré- parante est faite après l’opération, Les cobayes à fonc- tion surrénale insuflisante se montrent dans l’anaphy- laxie active (mais non dans l’anaphylaxie passive) beaucoup plus sensibles au choc que les normaux. — MM. H. Rouvière el E. Olivier : Faisceau maxillaire du styloglosse et signification du ligament stylo-maxil- laire. Le ligament stylomaxillaire est le reliquat de l'arcade tendineuse qui unit les faisceaux stylien et maxillaire du styloglosse et donne attache aux fibres intermédiaires aux deux chefs d'insertion de ce muscle. Quand le faisceau maxillaire disparait, la partie corres- pondante de l’arcade tendineuse persiste et resteunie à la lame ou aux faisceaux fibreux qui proviennent de la régression des faisceaux charnus. — MM. M. Labbéet F. Nepveux : Les réactions d’hyperglycémie provoquées par les ingestions d’albumines. Les ingestions d’albumi- nes chez les diabétiques provoquent généralement une réaction d'hyperglycémie, moins intense que celle provoquée par la dose équivalente de glycose, mais aussi rapide, et en général plus forte chez les diabétiques avec dénutrition azotée que chez les dia- bétiques sans dénutrition. — MM. Ph. Pagniez,A. Ra- vina et I. Solomon : /n/fluence de l'irradiation de la rate sur le temps de coagulation du sang. L'irradiation de la rateproduit une diminution considérable du temps de coagulation du sang et exceptionnellement un effet inverse d'accélération. Cette première irradiation est souvent suivie d’un état réfractaire en vertu duquel un nouvelle irradiation avec lamêmedose de rayonnement reste sans effet. Seance du 8 Juillet 1922 M. L. Képinow : Anaphylazie chez les animaux éthyroïdés nourris avec de la thyroïde. Les cobayes pri- vés de leur glande thyroïde et ayant perdu l’aptitude à l’'anaphylaxie activerecouvrent cette aptitude si, pendant la période de sensibilisation, on supplée à la glande thyroïde absente par l'introduction per os, dans leur organisme, d’une préparation de cette glande. — MM. M. de Oliveira et J. R. Pérez : Action du quinosol sur le sérum normal de cheval et sur le sérum hémoly- tique. Même après un contact prolongé, le quinosol. (sulfate neutre d’o-oxyquinoléine) employé comme con- servateur n'apporte aucune modification profonde aux sérums; en particulier, dans les sérums spécifiques, il laisse intacts certains anticorps, notamment les anti- corps hémolytiques.-Action inhibitrice du quinosol sur le développement des microbes dans les cultures et ac- tion antiputride. Le quinosolempêche le développement des microbes à des doses variant de 1/180.000 à 1/400.000. Il exerce une action antiputride à la dose de 15.000. — M. L. Lapicque : Sur la cadence de l’influx moteur volontaire. L'auteur considère comme impossibles les fréquences de 300 à 5oo par seconde admises par M. Athanasiu à la suite de ses recherches. Les graphi- ques de cet auteur représenteraient, non le rythme pro- pre de l’influx volontaire, mais l'intrication plus ou moins régulière d'une série d’influx rythmés chacun à la cadence de quelques dizaines seulement par seconde, — M. J. Nageotte : La boule d'œdème de Ranvier et la disposition de la trame dans le tissu conjonctif sous- cutané. En comprimant longuement une boule d’œdème, on peut l’aplatir et ramener le tissu à sa forme pre- mière ; si alors on fixe la pièce, et si on l’inclut à la pa- raffine, on retrouve dans les coupes les lamelles, sous une forme semblable à celle que l’on observe dans les tissus fixés intacts. Le tissu conjonctif n’est donc autre chose qu’un feutrage de fibrilles groupées en faisceaux et en réseaux de divers ordres. ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 53 [31e ACADÉMIE D’AGRICULTURE Séance d'Avril 4922 M. H. Petit lit un mémoire sur les débuts de la dis- tillerie agricole. Des épidémies d’oïdium vers 1850 ame- nèrent une grande hausse des alcools de vin. Ce fut le point de départ de la grande production des alcools d’in- dustrie, et notamment de l'alcool de betterave. L'in- vention qui rendit célèbre Champonnois consistait à extraire le sucre par macération des betteraves en employantcomme liquide extracteur les vinasses résidu de la distillation, et en laissant des pulpes comme sous- produit utilisable dans l'alimentation du bétail. Les premières distilleries furent installées comme annexes des exploitations agricoles et donnèrent de suite des résultats encourageants. Il y avait 12 distilleries en 1854 et 300 en 1860, 600 en 1864. La baisse de prix des alcools enraya alors la multiplication des usines, d'autant plus que chacune d’elles avait une produc- tion annuelle parfois 3 ou 4 fois plus considérable qu’au début. La production de la viande d’une ferme s'y était accrue de 120 °/,. La valeur des produits de la ferme avaittriplé, le capital d'exploitation avait doublé. L'intérêt de ces distilleries à la ferme réside surtout dans le fait qu’elles y laissent les richessses minérales prélevées par les gros rendements de la betterave. Le résultat s’en est fait sentir sur le rendement du blé à l’hectare qui augmenta dans un groupe de 500 fermes de 30 °/,, alors que l’effectif du bétail était doublé et le personnel triplé, C’est un exemple très remarquable d'une industrie rurale transformant l’exploitation agri- cole d’une région. — M. Rabaté présente une note sur la Culture des betteraves porte-graines dans le sud-ouest. On pratique cette culture après celle du Maïs et on la fait suivre du Blé. Le climat doux du Béarn permet à la betterave degrainer sans transplantation deux ou trois fois. Cela donnait par an, en 1921, 3.000 à 5.000 à l’ha. L'usine d’Orthez a épuré et desséché 500 tonnes environ. . Cette introduction va influencer favorablement l’agro- nomie de la province et augmenter ses possibilités d'ali- mentation animale. — M. Descours-Desacres appelle * l'attention sur la méthode de drainage basée sur l’uti- \ lisation des puisards. Elle s'applique aux terrains ma- récageux qui n’ont ni pente ni perméabilité. En creusant les puisards assez profonds, on arrive à toucher sou- vent nne zone très perméable et absorbante. Il faut au moins un puisard par hectare pour évacuer le con- tenu des drains qui viennent y déboucher. M. F. Dié- nert signale les inconvénients des puisards : les eaux louches les colmatent très vite; il peut se produire des etfondrements desterres ; on nesait qu’à l'usage si le pui- sard paye la dépense faite ; parfois on rencontreunenappe d'eau captive; sile puisardest profond, ilestsouvent très onéreux. En somme la méthode comporte des aléas nom- breux. — M. H. Sagnier a rendu compte à l'Académie des résultats obtenus dans la Suisse Romande par les Moulins coopéraiifs. Voilà une idée réalisée et dont les résultats méritent d'autant plus d’être connus que l'on s’est fait généralement à cette conclusion que la grande minoterie industrielle ne permet plus le moulin villageois. L’oppression de la minoterie suisse importa- trice, qui achetait au rabais les céréales indigènes, a suscité l’organisation de moulins coopératifs, qui ont grandement relevé le prix des blés indigènes. En 1913 il y avait dans la Suisse Romande 30 moulins coopéra- tifs fédérés en une Union qui aujourd’hui groupe 5,000 producteurs. Le moulin travaille à façon, Il a un stock de farine et de son qui lui permet de livrer de suite la farine à celui qui apporte du blé. En 1920, 4o moulins ont travaillé environ 16.000 tonnes de farine. Ce qui est plus moderne, c’est que quelques moulins ont poussé l'industrialisation jusqu'à la panification, en joignant au moulin une boulangerie mécanique. (C’est peut-être là la voie qui réalisera la grande boulangerie indus- trielle qui est attendue. Si l’on se place au point de vue du producteur, le moulin coopératif a pu acheter son blé à un taux supérieur à celui des blés étrangers, ce qui est l'inverse de l’ancienne situation. Au point de vue du consommateur, celui-ci n’a rien déboursé en plus, et il peut entrevoir dans la grande boulangerie coopé- rative un avantage à venir. Au point de vue financier, il y a depuis 1910 des dividendes de 6 °/, avec amortis- sement complet descapitaux engagés. Les chiffres accu- sent une situation prospère. — M. le D' Maisonneuve publie un compte rendu de la 6 année d’Expériences sur la culture de la pomme de terre au moyen de petits fragments. Il enregistre la supériorité constante obtenue par la méthode de fragmentation, et cela quelle que soit la variété employée. En poids eten argent, lerendement est majoré de plus de 1/3. Il préconise la plantation de fragments portant 2 germes et placés en ligne à 12 em. seulement. — M. le D: J. Lipmann a exposé l’évolution et l’étatactuel de l'agriculture américaine, De 1850 à 1920 le nombre des fermes a passé de 1.500.000 à 6.500.000 et les cultures deu7 à 382 millions d’hectares. La superficie moyenne de chaque ferme a diminué de 81 à 59 ha. et le pourcentage des exploitations améliorées est de 53°/,. La production fourragère est en grand accroissement de 300 ©}, depuis 1879 jusqu'à 1919. La production du blé, de l’avoine et du coton dans cette même période a plus que doublé; le seigle, l'orge et la pomme de terre ont quadruplé leurs emblavures. Le peuple des Etats-Unis considère maintenant avec beaucoup d’attention le pro- blème de la terre au point de vue du développement de sa population, qui de 106 millions aujourd’hui pourra passer à 500 et se suflire avec la production locale. Le nombre des problèmes agronomiques posés et parfois résolus par les travaux des Instituts scientifiques est considérable. Il ya eu un effort scientifique continu que nous suivons depuis trente ans, et qui est admirable.— M. L. Lindet expose une néthode d'extraction du sucre des mélasses à l’aide de la baryte. On obtient du sac- charate de baryum que l’on passe au filtre-presse et les eaux désucrées sont employées commeengrais, L'emploi du silicate tribarytique, préconisé par MM. Deguide et Paul Baud, permettra d'augmenter de 15 °/, le sucre extrait de la betterave. Si l'on note que les mélasses renferment 45 ‘/, de sucre environ, on comprend l'intérêt pratique d’une méthode de récupération de ce sucre, Un traitement journalier de 50 tonnes de mélasses demande 4o tonnes de silicate barytique. ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES Les auteurs’ de ce procédé se demandent même si le faible prix du silicate ne pourrait pas permettre- son emploi direct à la défécation des jus dès leur sortie des batteries de diffusion. Ce serait une révo- lution dans l’industrie sucrière. — L'expansion de la race bovine charolaise a été étudiée par M. Bidet. Ilne semble pas que l’exportation de cette race soit facile à réaliser, comme le fait observer M. Massé, — M. Sé- michon, dans un mémoire sur Les vins de lies et les lies de vin, donne des résultats analytiques précieux à com- parer avec ceux qui concernent les vins de soutirage; on y note particulièrement une diminution de 2° du titre alcoolique, la constance des acidités, une augmentation d'au moins 50 !/, de l'extrait sec, une augmentation légère des cendres au bénéfice des éléments insolubles, une diminution des 2/3'de l’alcalinité des cendres, une diminution du tartre de plus de 500/,, l’augmenta- tion doublée de l’acide phosphorique, et une diminution de 50 ©/, du rapport alcool-extrait. Ep. Gain. SOCIÉTÉ ROYALE DE LONDRES Séance du 30 Mars 1922 ScIENCES NATURELLES. — Mlle A. Arber: Sur ledéve- loppement et la morphologie des feuilles de palmiers. La tige de la feuille est la région basale ou proximale du vrai pétiole, tandis que l’« éventail » est une modifi- cation de la région distale du vrai pétiole. La dentelure complexe du limbe provient du développement d’une série d’invaginations pénétrant dans le tissu de la tige de la feuille entre les faisceaux. La, « ligule » et l’ « écaille dorsale » des palmes de l’éventail représen- tent les bords distaux adaxiaux et abaxiaux de la région proximale non invaginée du pétiole. La feuille de palmier, dans son ensemble, est un phyllode pétio- laire, avec une pseudo-lamina. — M. W. L. Balls: Nouvelles observations sur la structure des parois cellu- laires telle qu'on l’observe dans la fibre de coton. Les anneaux de croissance journalière consistent en un grand nombre de fibrilles, arrangées en spirales, avec de fréquents renversements de la direction des spires. Cet arrangement est prédéterminé, pour la cellulose secondaire des anneaux de croissance, par le modèle initial déposé dans la paroi primaire. Les fibrilles indi- viduelles ont une section de l’ordre de 0,05 micron carré. — M. W. G. Ridewood : Observations sur le crâne des fœtus de baleines des genres Megaptera et Balaenoptera. — M. H. E. Roaf : l'acidité du muscle pendant la contraction prolongée. L'enregistrement des variations électriques par une électrode de MnO? com- binée à une électrode de calomel montre que: 1° dans un muscle vératrinisé, l'acidité persiste autant que la tension; 2° dans la rigidité après décérébration, l’inhi- bition réflexe est accompagnée d’une diminution de l’aci- dité. L’acidité et la tension sont donc en relation et .un seul mécanisme peut rendre compte à la fois du tétanos et du tonus, — MM. L. T. Hogben et F.R. Winton: Le système agissant sur la pigmentation. 1, Le lobe postérieur de la glande pituitaire contient un stimulant spécifique qui, injecté à la grenouille, provoque un état de dilatation générale et complète des mélanopho- res dermiques. Une faible dose produit un noircisse- ment de la peau facilement visible à l’œil nu. Ce sti- mulant n’est pas détruit par la pepsine ni par l’ébulli- tion ; il est rapidement détruit par la trypsine, Après action de la cocaïne, du curare, de l’atropine et de l’apocodéine, il provoque toujours sa réponse caracté- ristique et agit donc directement sur les mélanophores. Séance du 6 Avril 1922 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES, — M. C. Spearman: Corrélation entre rangs dans une table de corrélations. — M. G. I. Taylor : Stabilité d'un liquide visqueux contenu entre deux cylindres en rotation. —M, W. L. Balls : Appareil pour déterminer mécaniquement une déviation type. — M. G. R. Goldsbrough : La cause de la division d'Encke dans l'anneau de Saturne. Un satellite doit, par son orbite inclinée seule, produire une nouvelle division dans le système annulaire. Si ce satellite est Minas, il produit une division étroite cor- respondant exactement à celle d’Encke. De même, Encelade doit produire une division dans l’anneau B, mais celle-ci est presque inobservable. , ‘ 2° SCIENCES PHYSIQUES. — M. F.E. Smith : Sur une méthode électro-magnétique pour la mesure de l’inten- sité horizontale du champ magnétique terrestre. Un dis- positif de bobines d'Helmholtz-Gaugain, constitué par deux spirales intercalées de fil de cuivre nu enroulées sur un cylindre de marbre, sont montées de chaque côté du centre. Chaque bobine comprend 6 tours; elle a un rayon de 30 cm. et un pas de 1 ?/; mm. Le cylindre est monté sur une base non magnétique et peut tourner autour d’un axe vertical.L’aimant placé au centre a une longueur de 1 em. et une section d'environ 6 mm? ; il est supporté sur un V en feuille d'aluminium par une fibre de quartz fine, portant un miroir réfléchissant et un système amortisseur. L’aimant peut être enlevé faci- lement de son support et remplacé par un fil de cuivre de poids égal, On amène le champ magnétique-axial dû au courant passant dans la bobine à une valeur légère- ment supérieure à H, sa composante dans le méridien magnétique étant opposée à H. Par ajustement de l'angle entre l'axe du cylindre et la direction du Nord magnétique, on amène l’aimant indicateur à angle droit avec le méridien. En éliminant la torsion, H — Fi cos *, où F est une constante du système de bobine et i le courant. Une détermination de H demande moins de 4 minutes. L'erreur probable est de + 4/100.000. — M. T. H. Havelock : Formules de dispersion et polari- sation de la lumière diffractée; application à l'hydro- gène. Les formules établies théoriquement par l’auteur donnent des valeurs qui concordent avec les résultats expérimentaux de Lord Rayleigh pour l'hydrogène. ZE Le Gérant : Gaston Doux. A! MB EN Que 2 TH RNENRERER INR ROSES TIRER SRE Sté Gle d'Imp. et d'Ed., rue de la Bertauche, 1. Sens MM 33: ANNÉE No 19 15 OCTOBRE 1922 Revue générale des Sciences pures et appliquées EUR : LOUIS OLIVIER Direcreur : J.-P. LANGLOIS, Professeur au Conservatoire national des Arts-et-Métiers, Membre de l’Académie de Médecine Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. J.-P. LANGLOIS, 8, place de l’Odéon, Paris. — La reproduction et la traduction des œuvres et des travaux publiés dans la Revue sont complètement interdites en France eten pays étrangers y compris la Suède, la Norvège et la Hollande CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE $ 1. — Nécrologie Emilio Noelting (1851-1922). — C’est avec de vifs regrets qu'on aura appris la mort, survenue le 7 août 1922, à l’âge de 71 ans, du grand savant et de l'excellent homme que fut Emilio Noelting. Ses belles et grandes qualités avaient su inspirer à toutes ses relations des sentiments d'estime et d'affection bien mérités. Si sa courtoisie, sa constante et sincère affabilité et sa charmante générosité lui assuraient toutes les sym- pathies, son œuvre poursuivie avec tant de succès et de dévouement avait fait de lui l’'éminent chimiste, l'homme de science, le maitre et le savant de bon conseil, celui auquel chacun s’adressait sûr de recevoir le meilleur ‘accueil, Chimiste avant tout, il s'était fait un devoir de sui- yre, durant sa longue et belle carrière et dans tous les domaines, le principe qui fut pour ainsi dire sa devise! : « voir les réactions telles qu’elles sont, et non pas telles qu'on voudrait qu’elles fussent ». Ce principe, caractéristique expressive de probité et de loyauté, Emilio Noelting, professeur, l’inculquait magistralement à ses élèves. Emilio Noelting, né le 8 juin à Puerto de Plata, Répu- blique de St-Domingue, était de nationalité américaine, Il fitses études secondaires à Ste-Barbe et à Louis-le- Grand, C'est là qu’il s’imprégna de la culture classique française et qu’il puisa sa sympathie pour la France qui ne s’est jamais démentie. Il continua ses études -à Zurich, au Polytechnikum, 1. « L'Express de Mulhouse » du 9 juin 1921 : Le 70% anni- versaire de M. Noelting. REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES. où il fut l'élève de l’illustre chimiste alsacien Emile Kopp, pour lequel il garda, sa vie durant, une vive admira- tion et une sincère reconnaissance. Imprégné,en outre, de la science enseignée par des hommes comme Wisli- cenus, Merz, Weith, Brunner et Victor Meyer, Emilio Noelting ne tarda pas à se faire remarquer par son talent et ses aptitudes hors ligne. IL se distingua rapi- dement et tout particulièrement lors de la soutenance de sa thèse de doctorat, qui traitait le problème de la « constitution des dérivés du benzol », Ce travail, té- moin d’un don de démonstration remarquablement claire etconvaincante, était de bon augure, En automne1875, E. Noelting entra comme chimiste dans la maison Renard, Villet et Bunaud à Lyon; il y resta deux ans pour aller en 1877 à La Plaine chez Monnet. Ses débuts dans l’industrie furent des plus heureux ; ils étaient accompagnés de beaux succès, par la découverte de l’érythroxine, de la phloxine, du rose Bengale et de la cyancrine (Schultz 1914 : n°° 591, 593, 593, 595). En 1880 il fut appelé à l'Ecole de Chimie de Mulhouse, C’est là qu'Emilio Noelting, directeur et professeur, a atteint, par un labeur dé 35 ans, l’apogée de sa car- rière,. C’est lui qui fit grandir et prospérer l'Ecole de Mul- house et c'est à lui qu’elle doit sa réputation mondiale. C'estaussi à l'Ecole de Mulhouse qu'Emilio Noelting rendit ses services éminents à la Science et àl’Industrie. Elargissant, par ses nombreux travaux, le champ de nos connaissances, contribuant puissamment par son don de démonstration précise et probante, par son ar- deur raisonnée, par ses intéressantes et continuelles suggestions à la formation d’une nombreuse phalange 1 238 de chimistes appréciés, Emilio Noelting a bien mérité de la science. Le Gouvernement français lenomma longtemps avant la guerre oflicier de la Légion d'honneur. Nombreuses furent les distinctions de reconnaissance que lui décer- nèrent les sociétés scientifiques, M. Battegay, , Professeur à l'Ecole supérieure de Chimie de la Ville de Mulhouse, $ 2. — Mathématiques à La généralisation des fonctions analyti- ques.— Parmi toutes les fonctions de variables réelles, les fonctions analytiques peuvent être définies par le double fait : qu’elles admettent des dérivées de tous ordres; que la dérivée ne croit plus lentement, en fonction den, que l'expression An !, A désignant une constante. Dé telles fonctions peuvent être prolongées analyti- quement, c’est-à-dire que, sion connait les valeurs de l’une d'elles dans une partie (a, c) de l'intervalle (a, b) dans lequel elles satisfont à la double condition précé- dente, ses valeurs dans la partie restante (c, b) sont par cela même parfaitement déterminées : il suflit même, pour cela, que l’on connaisse en c les valeurs numéri- ques de la fonction et de toutes ses dérivées. M. Borel a, depuis longtemps déjà, montré que cer- taines classes de fonctions autres que les fonctions ana- lytiques partagent avec elles cette propriété de se pro- longer d'une manière unique, de telle sorte qu'on ne puisse se donner leurs valeurs dans un intervalle (a, c), sans que leurs valeurs dans un intervalle adjacent (c, b) soient, en conséquence, parfaitement déterminées, La théorie des équations aux dérivées partielles con- duisit à voir les choses sous un jour nouveau, enintro- duisant des classes de fonctions (« classes & ») dont la définition est très analogue à celle des fonctions ana- lytiques. Elles sont, en effet, caractérisées, comme celles-ci, par l’existence de dérivées de tous les ordres assujetties à une limitation de croissance, mais moins restrictive que dans le cas des fonctions analytiques, savoir | F0) | LK (nt) K étant une constante positive et « une constante plus grande que 1. Or une telle limitation, contrairement à ce qui arri- vait pour & — 1, 7€ suffit pas à entrainer l’unicité du prolongement analytique. Une fonction peut avoir des dérivées de tous les ordres vérifiant l'inégalité précé- dente et s’annulant toutes pour x — 0, sans être identi- quement nulle dans l'intervalle (0, 1), par exemple. La question se posait dès lors tout naturellement de savoir quelles sont les fonctions g(n) telles que l’iné- galité LG(x) | < +), vérifiée pour toute valeur de » et pour toutes les va- leurs de x comprises dans l'intervalle (0, 1), entraîne ee —— 1. Cette mème inégalité, pour 0 &< 1, curactériserait les onctions entières de genre fini. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE l’évanouissement identique de /(n) si toutes les quan- tités j(1)(o) sont nulles, On pouvait même se demander si l’on pouvait, pour une telle fonction +(n), admettre une loi de croissance plus rapide que An!, c’est-à-dire que celle qui correspond aux fonctions analytiques. C'est à cette question que les notes de notre compa- triote M. Denjoy et d'un jeune géomètre suédois, M. I. Carleman, ont eu pour objet de répondre. Ces travaux ont établi que la fonction &(n) remplit nécessairement la condition demandée si la série >> = ; V?(n) On peut, par exemple, prendre (7) — n! (log n)°, quan- tité qui croit plus vite que Ann !, quel que soit A. Il resterait à examiner si la réciproque de cette pro- position est vraie, c’est-à-dire si à toute fonction £(n1) telle 14 que la série Ÿ —— soit convergente, si lente que soit 40) cette convergence (supposée régulière), on peut faire correspondre une fonction f, non identiquement nulle, mais s’annulant cependant, avec toutes ses dérivées, pour x — o et satisfaisant, pour 0 < n £ 1, à l’inégalilé | f(x) | 2 £(n), quel que soit n. Dans une note récente, M. Carleman élargit la question d’une manière tout à fait remarquable en en rappro- chant celle des développements asymptotiques, autre- ment dit des séries de Taylor à rayon de convergence nul de M. Borel. Soit, en effet, /(z) une fonction repré- sentée asymptotiquement, de manière que la somme est divergente. f1(z) des n premiers termes en soit une expression ap- prochée pour z très petit: M. Carleman imagine qu'on se donne l’ordre de grandeur de l’erreur commise en! fonction de n et cherche quelles conditions il faudra imposer à cet ordre de grandeur pour que (le dévelop- pement asymptotique étant donné d'autre part) (=; soit déterminé. En même temps, l’auteur annonce qu'il a obtenu d'importantes simplifications dans la démonstration de ses résultats précédents. Rappelons, en terminant, qu'un autre aspect de la question est encore donné par le si curieux théorème de M. Serge Bernstein, d’après lequel, pour qu'une fonc- tion soit analytique dans un intervalle, il sufit que tou- tes ses dérivées existent et soient positives dans cet inter- valle, sans qu’on ait alors besoin de faire aucune hypothèse sur leur ordre de grandeur. $ 3. — Chimie physique Perméabilité sélective des membranes po- larisées. — M. Pierre Girard ! a établi la propriété suivante : Soit un couple liquide constitué par deux solutions, inégalement concentrées, d’un électrolyte acide ou basi- ques, et soit II la tension de ce couple, mesurée par la méthode d'opposition, avec l’électromètre capillaire comme appareil de zéro. Si, entre les éléments du cou ple, on interpose un septum en vessie de porc, très soigneusement débarrassé de toute trace d’électrolyte, la tension devient I’, plus grande ou plus petite que II. “1. Journal de Chimie Physique, novembre 1919, CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 539 —————————————————————.——————…— ——.—.—…" —. —_ —_—_—— Si le couple est constitué (par deux solutions d’iné- gale concentration d’un électrolyte exactement neutre, l’interposition du septum ne modifie pas la tension. La présence, dans un au moins des éléments du cou- ple liquide, d'ions H-+ ou d'ions OH— est donc la con- dition nécessaire pour que le cloisonnement de ce cou- ple par un séptum en modifiela tension, qu'il l’accroisse ou qu’il l’abaisse. Dans le cas de solutions acides, tout _ se passe comme si la face du septum, en contact avec la solution la plus concentrée, fixait des ions H+., la face opposée se revêtant d’un même nombre de charges de signe inverse : il y a diminution de la différence de potentiel entre les deux solutions par interposition du septum. Dans le cas de solutions basiques, la face du septum, en contact avec la solution la plus concentrée, se revêt d'ions OH, la face opposée d’une couche for- mée d’un nombre égal de charges positives : il y a accroissement de la différence de potentiel par interpo- sition du septum. M. J. Perrin ! a établi autrefois, au cours de ses re- cherches sur l'électrisation des parois par contact, le rôle tout à fait prépondérant, presque exclusif, qu'y jouent les ions H+ et les ions OH-—. Ces ions sont de beaucoup les plus mobiles, ce qui aide à comprendre leur facile absorption par les paroïs en contact avec les solutions qui les recèlent. M. Li Shou Houa? a étudié les phénomènes qui se produisent lorsqu'on interpose un septum entre de l’eau pure et une solution complexe constituée par un 52. neutre, très dissocié, et un acide fort, également très dissocié. Si la solution diffusante contient, par exemple, un mélange de BaCl? et de HNOÏ, à des concentrations telles que le nombre d'anions Cl- soit égal au nombre d’anions NO°— et le nombre de cations Ba-++ à la moi- tié du nombre de cations H+, on observe que le nom- bre d'ions Ba++ diffusés, à quelque anion qu'on le rapporte (NO3— ou Cl—), est toujours très inférieur à ce qu'exigerait l’équivalence chimique (alors qu’à tra- vers une membrane soigneusement débarrassée de toute trace d’électrolytes, le CI et le Ba+-+ d’une solu- tion de BaCI? neutre diffusent en proportions exacte- tement équivalentes. Des ions Ba++ sont donc arrêtés dans la solution, au voisinage de la membrane polari- sée. L’anion de l’acide aussi bien que celui du sel dif- fusent en excès par rapport à l'ion Ba++, Comme il ne peut y avoir un excès d'ions d’un certain signe dans la solution qui diffuse, la compensation s'établit par le passage d’un excès d’ions H+. Du point de vue chimi- que, tout se passe comme si l'addition d’un sel de Ba à une solution d’un acide fort accroissait notablement la diffusion des ions H+ à travers le septum. C’est ce que l'expérience vérifie très bien, lorsqu'à travers une membrane de même nature et de même sec- tion, à la même température, on fait diffuser corrélati- vement,pendant le même temps, une solution d’un acide fort et une solution de cet acide additionné d’un sel de Ba. 1. Journal de Chimie physique, 1904, t. II, p. 601 et suiv. 2. Annales de Physique, mai-juin 1922. —————— Le septum polarisé se comporte en somme comme un modificateur sélectif de la mobilité des cations. De même, pour des anions de mobilités très voisines, on a constaté une différence très nette dans les débits. Voici l'ordre des vitesses de passage pour quelques anions : CS I > NO CUCO2—. Il faut renoncer, pour expliquer ces inégalités, à l’hy- pothèse de l’entrée en jeu du facteur dissociation et d’une relation d'équilibre qu’on pourrait se représenter comme un obstacle à la diffusion entre les molécules entières et leur fraction dissociée, Il semble que ce soit un facteur en quelque sorte morphologique, la com- plexité de l'ion, liée au volume qu'il occupe, qui condi- tionne ces écarts. La comparaison de NO— avee CI— et I d’une part et avec CCI#CO2— d'autre part est bien conforme à ce point de vue. La conséquence du « tri », qui s’effectue au niveau du septum polarisé, est l'apparition, dans les deux mi- lieux que ce septum sépare, de groupements ioniques nouveaux. : Lorsque dans la solution figure un acide trèsfaible,très peu dissocié, HCOOH, en présence d’un sel très dissocié (NO*ŸBa, l’obstacle apporté par la polarisation des septums au passage des cations du sel, et la nécessité d’équilibrer dans le milieu de-diffusion l'excès des anions diffusés, entraîne l'apparition, de l’autre côté,d'un acide fort dissocié, NO'H, Du point de vue réactionnel, ce résultat, qui équivaut dans le langage de l’ancienne chimie au déplacement d’un acide fort par un acide fai- ble, est tout à fait imprévisible. Dans le monde animal et végétal, les parois des tis- sus et des cellules vivantès nous offrent des exemples analogues de perméabilité sélective aux ions. D’autre part, l’étude du déplacement dans un champ électrique de cellules autonomes, en suspension dans leur milieu, nous révèle, au niveau de leurs parois, l'existence de ces mêmes Couches doubles qui conditionnent l'état de polarisation des septums: il paraît, donc naturel de penser que les mêmes facteurs jouent dans le triage des ions, au niveau des parois vivantes, un rôle sinon exclusif, du moins prépondérant. Les conséquences de cette perméabilité seront l'appa- rition dans les milieux vivants (milieu cytoplasmique et milieu extérieur) d’autres états d'équilibre et de nou- veaux groupements ioniques qu'une interprétation purement réactionnelle ne pourrait expliquer! A. B. 9 nn Ve PR 24 PONS fie 1. I y a, dans le liquide intérieur des cellules des glan- des gastriques, des ions H+ et CI en quantilés suffisantes pour faire une solution de HCI de concentration d’envi- ron - normale, alors 5 en ions H+ provenant de la dissociation de l'acide carboni- que et des molécules d'eau, il n'y aurait de quoi des traces indécelables d’HCI. © On supposait autrefois qu’il y avait : 1° accumulation de composés chlorés (NaCI) dans les cellules gastriques ; 2° dé- placement de HCI par un autre acide. Malheureusement le seul acide offert par l'organisme est l’un des plus faibles que nous connaissions, l’acide carbonique. La réaction ad- mise est impossible in vitro. On a supposé pendant long- temps, sans aucune preuve, qu’elle se produisait in vivo. qu'avec la très petite téneur du sang faire que CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE $ 4. — Chimie industrielle Un nouveau solvant industriel pour l’ex- traction des matières grasses végétales. — L’extraction des huiles laisse des résidus qui contien- nent encore une certaine quantité de matière grasse. Les tourteaux d'olives, par exemple (en langage tech- nique grignons noirs), représentent environ 33 à 45 °|, du poids des fruits, soit 3» à 45 tonnes dans un petit moulin qui travaille seulement 100.000 kg. d’olives. C'est là une masse encombrante, mais qui est loin . d’être sans valeur, puisqu'on y dose encore de 9 à 14°/o d'huile rapportée à la matière sèche. Pour récupérer une partie de cette huile qui a échappé à l’action de la presse, les grignons sont parfois trai- tés dans un atelier adjoint au moulin proprement dit, en employant le procédé dit de la « ressence ». Les résidus des scourtins (sacs dans lesquels on avait mis les olives écrasées pour les presser) sont broyés à sec, puis détrempés, et, enfin, agités dans de l’eau, pour laisser tomber au fond du récipient les dé- bris de noyaux, ou grignons blancs, tandis que le cou- rant liquide entraine la pulpe, qui seule est imprégnée de graisse. Cette pulpe est « cueillie » dans une série de bassins de décantation disposés en gradins, et après l'avoir fait bouilliravec de l’eau, on la presse fortement. On obtient ainsi un poids d'huile qui représente 2 à 5 °/, de celui des grignons. Ce procédé exige beaucoup d’eau, plutôt rare dans la région de l'olivier, et une installation assez compliquée de broyeurs, débrouilloirs, pompes, bassins, chaudières, presses, etc. L'huile obtenue peut être vendue pour les usages comestibles, quand les grignons sont traités encore frais. Mais, le plus souvent, on ne procède à son extraction qu’à la fin de la « campagne », c’est-à- dire quand il n’y a plus d'olives à cueillir sur les ar- bres ; et alors, les tourteaux, généralement mal con- servés, sont plus ou moins altérés, et l'huile qu’ils donnent ne peut servir que pour des emplois indus- triels. Les pulpes de ressence contiennent encore, après pressurage, 18 à 22 0/, de matière grasse; aussi les livre- t-on à des industriels spécialistes qui les épuisent par les dissolvants volatils, sulfure de carbone, essence de pétrole, benzine, etc. Et, même dans bien des situa- tions, où l’eau et la main-d'œuvre font défaut, les tour- teaux sont vendus directement aux usiniers, sans pas- ser par la ressence, et les dissolvants en tirent 7 à 10 0/o d'huile, les résidus servant de combustible. Il est à remarquer que les huiles ainsi obtenues ne sont pas moins parfois livrées pour la consommation de la table, après avoir subi certains traitements, où l’on fait intervenir la soude, la terre à foulon; le per- manganate de potassium, le noir animal, la vapeur d’eau, etc. On comprend l'intérêt qu'il. y aurait, pour les oléicul- teurs groupés en coopératives de production, à épuiser eux-mêmes complètement les grignons frais, et à obte- nir de l’huile, inférieure sans doute, mais comestible, M. Bonnet, directeur du Service de l'Oléiculture à Marseille, a imaginé un procédé expérimenté avec suc- cès à l’Huilerie coopérative de Nimes, qui permet, dit- il, d'arriver à ce but. Son extracteur d'huile, assez simple et relativement peu coûteux, est apte à fonctionner dans tous les mou- lins à huile, car il utilise un dissolvant qui ne fait courir aucun risque d'incendie ou d’explosion, chose à considérer dans un milieu où il serait diflicile de faire prendre aux cultivateurs, aux fumeurs en particulier, les précautions nécessaires, et pour éviter, aussi, les ac- cidents que pourrait occasionner la proximité de four- neaux à feu libre utilisés pour la production de l’eau chaude. D'ailleurs, l'emploi dè dissolvants inflamma- bles obligerait tous les maîtres de moulin à subir des contrats d'assurance très onéreux. Il s’agit du trichlorure d’éthylène (triéline, ou simple- ment tri). Ce produit est cher (2 fr. 50 à 3 fr. go le litre), et il n’est guère sorti du domaine des laboratoires. Mais la vulgarisation de son emploi intensifiera sa pro- duction, ce qui, probablement, abaissera son prix de revient. Ce côté économique n’est, d’ailleurs, pas un obstacle dans les usines rurales, où l’on dispose sur place de la matière première à traiter, les grignons, ou encore les pépins de raisin, que les industriels, eux, sont obligés d'amener à grands frais à pied d'œuvre, Ce con- sidérant est d'une importance capitale, il ne faut pas l’oublier, et la condition sine qua non de l'emploi du trichlorure d’éthylène. Rappelons que ce liquide a une densité de 1,48; qu’il se vaporise à 87° (le recouvrir d’une couche de 25 em, à 4o cm. d'eau, pour éviter les pertes), qu'il est assez sensible à la lumière, et doit être conservé dans des bacs en métal placés dans le sol; que son odeur est assez forte, mais on ne la perçoit plus dans les tourteaux et les huiles, quand on l’entraine par la vapeur d’eau. Comme solvant, il agit plus vite que les liquides analogues : sulfure de carbone, tétrachlorure de carbone, etc.; son pouvoir augmente, d’ailleurs, avec la tempé- rature, et si le corps à trailer est sec, Iln’attaque pas plus les métaux que les acides gras des huiles. . Les pertes en cours d’épuisement sont de o 1. 5 à o 1. 7 par 100 kg. de produit travaillé, Les grignons d'olives, sortant des scourtins en gros- ses mottes, passent, d’abord, dans un émotteur, com- posé de 2 rouleaux à dents (les pépins de raisin sont traités dans un aplatisseur à graines), puis dans un séchoir, formé par une rigole demi-cylindrique, à dou- ble paroi chauffée par de la vapeur ; la matière y che- mine sous l’action d’une sorte de vis d'Archimède, et tombe dans une trémie. Deux trémies suflisent pour remplir un extracteur, Une chaudière de 15 à 20 m? de chauffe, brûlant aussi bien le charbon que les grignons, ou les pépins épuisés, fournit la vapeur aux divers organes : séchoir, extrac- teurs, distillateur. Peux extracteurs de 850 litres chacun peuvent con- tenir 500 à 600 kg. de matière. Le solvant y est chauffé par un serpentin inférieur. Le distillateur cylindrique a un volume de 400 litres ; il fonctionne par tube de va- peur. Un réfrigérant multiple intéresse les deux extrac- CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE teurs et le distillateur. Enfin, l'outillage est complété ! tasse, et 1 kg. d’acide phosphorique, par 1.000 kg. P s I )! I E 5 par Le bac à dissolvant. Un seul homme suflit à la marche de l'appareil, les deux extracteurs fonctionnent alternativement. Toutes - les difficultés résident dans l'ouverture et la fermeture des robinets de remplissage et de vidange, ou d'éva- cuation. On commence par remplir de grignons le premier extracteur, puis on y fait arriver la triéline, Pendant que cette dernière agit, on charge à son tour le 2° ex- tracteur, mais ce n’est que plus tard que l’on y amè- nera le solvant. Quand celui du premier extracteur a agi, environ 3 heures, on le chasse en faisant arriver par le bas du récipient du trichlorure pur, qui, plus lourd, soulève l’autre, qui s’écoule, alors, dansledistillateur. Là la vapeur entraine la triéline dans le réfrigérant, tandis que l'huile reste dans la chaudière. La triéline reviendra dans le récipient à solvant pour servir à nouveau. L'eau de la vapeur arrive en même temps qu’elle dans ce bac, mais monte à la partie supérieure, et lorsque son volume devient trop considérable, elle est évacuée par un tube de vidange. Quand l'huile est débarrassée de toute trace de tri, — ce que l’on vérifie à l’odeur et au goût, — on la recueille au moyen d’un robinet de vidange. Revenons à latriéline qui, dans le 1‘"extracteur, a fait office de piston, en soulevant celle qui s’était satu- rée de matière grasse, et dont nous venons de voir la distillation. . On l’amène dans le 2° extracteur, qui, on s’en sou- vient, attend, avec son plein de grignon frais. Les grignons épuisés du 1e" extracteur étant encore imprégnés de solvant, avant de faire la vidange, on met le récipient en communication avec la chaudière, et la vapeur entraine la triéline dans le réfringérant du distillateur, où on la récupère. On peut, avec un tel dispositif, qui exige une force de 2HP environ, au moment où le séchoir, la pompe et* l’émotteur fonctionnent, épuiser 2.500 à 3.000 kg. de matière par jour, ce travail nécessitant 3 hommes, soit un par étape de 8 heures. La perte de solvant peut s'élever à 15 litres. Il faut 10 à 15litres d'eau par minute pour le réfrigérant. Voici quelques autres chiffres cités par M. Bonnet : Richesse en huile de divers lots de pépins de raisin (à l'analyse) : 10,2 0/0, 10,4 0/0, 11 0/. Huile extraite par 100 kg. de pépins : 9,7, 9,8, 10,5. Quantités pou- vant être traitées en 24 heures : 3.800 et 4.000 kg. ; Pulpe d'olive de ressence (analyse de différents lots) : 22 0/0 d'huile, 23,6 0/5, 25,8 0/9. Huileextraite par 100 kg, : 21,4, 23, 25,1. Grignons d'olive, richesse en huile à l’analyse 11,4 9/0, 10,6 9/0, 12,5 0/0. Huile extraite par 100 kg. : 10,8 10,1, 11,9. Quantités de grignons traitées en 24 heures :3.800 à 4.000 kg. Valeur de l'huile : de grignons frais, 240 fr. les 100 kg.; de vieux grignons, 170 fr. Quantité de grignons épuisés utilisée pour le chauffage de la chaudière : environ 2.000 kg. par jour. Quantité de grignons épuisés disponible par jour, 2.000 kg., contenant 7 à 8 kg. d’azote, autant de po- L’addition de 100 kg. de superphosphate à 300 kg. de grignons permettrait de composer un engrais excellent pour les oliviers, donné à la dose de 25 à 30 kg. par pied. Antonin Rolet, Ingénieur Agronome, Ecole pratique d'Antibes (A.-M.). $ 5. — Océanographie L'Expédition Dana. — Après une absence de 316 jours, représentant un parcours de 25.000 milles marins, l'Expédition Dana est rentrée au Danemark. Sur la route du retour, l'état-major scientifique du navire a été successivement reçu à Plymouth (Marine Biological Association) et au Havre. Dans les eaux allemandes, l'Expédition a été saluée par le Prof. Ehrenbaum et le Directeur des Pêches Lübbert. D'après une courte note publiée par E. Ehrenbaum dans le« Fischerbote » du 1° août 1922, il nous paraît utile de dire quelques mots sur le travail de l’expédi- tion, travail dont les résultats complets ne seront connus que dans de longues années, quand tout le ma- tériel récolté aura été étudié. Le but principal de la croisière était l'étude de la biologie des Murénoïdes et en particulier de l’Anguille ordinaire, au sujet de la- quelle le D'Johs Schmidt, chef de l'expédition, a fait de- puis 17 ans de si importantes découvertes. Il est actuel. lement possible de circonscrire dans l'Atlantique des zones, caractérisées par la présence de jeunes anguilles d'une taille et d'un âge déterminés. .Les formes les plus jeunes, récemment écloses, ne se rencontrent que dans l’Ouest-Atlantique, dans une région située à peu près à égale distance des Bermudes et des Iles sous-le- vent. A partir de ce point les larves se dirigent au, Nord-Est et on les rencontre de plus en plus âgées à me- sure que l’on s'éloigne du centre de dispersion. Les mensurations ont montré que les Leptocéphales qui, au printemps, se pressent aux embouchures de nos cours d’eau sont dans leur /{° année et ont effectué déjà un trajet de trois ans! L’'anguille américaine, dont le lieu de naissance est voisin de celui de l’anguille européenne, peut, grâce aux travaux du Dr Schmidt, être distinguée, à l’étatlarvaire, ‘de notre espèce ; aussi est-ce un problème bien intéres- sant qui se pose que de rechercher le déterminisme qui, agissant sur les larves mélangées, conduit les unes à l'Ouest, vers une côte voisine, et les autres au Nord-Est vers des rivages extrêmement éloignés. | Bien entendu, outre la question de l'Anguille, l'Expé- dition Dana a fait une riche moisson de documents bio- logiques, grâce en particulier à la perfection du maté- riel océanographique dont elle disposait. Ce sont non séulement des formes nouvelles abondantes, mais aussi des espècés rares rencontrées pour la première fois en grand nombre (par ex. la Spirula), qu’auront à exa- miner les savants chargés de l'étude da matériel. Th. Monod. 542 LA CARRIÈRE SCIENTIFIQUE DU PRINCE DE MONACO Les origines et l'éducation du Prince Albert I® | ne semblaient nullement le destiner au rôlescien- tifique de première importance qu'il a su occu- per. C’est bien à sa puissante originalité, à sa froide ténacité, à son esprit hautement philosophique qu'ildoit l'édification d’une œuvre imposante qui perpétuera à jamais son souvenir, Doué d’un tempérament ardent, et d'un natu- rel indépendant, le Prince héréditaire est, à 17 ans, confié à la Marine espagnole, et c'est au cours d’une campagne aux Antilles qu'il gagne ses galons d’enseigne de vaisseau. C’est là aussi qu'il s'enthousiasme au contact des merveilles de la nature tropicale. Méprisant, ainsi qu'il nous le dit, « comme une menace de dégénérescence, le luxe mondain qui amollit le cœur et l'âme », il consacre tous ses moments de loisir à des excursions sur les rivières et lagunes de la côte. Deux ans plus tard, en 1868, survient la révo- lution d'Espagne, et il quitte le pays pour suivre la famille royale à laquelle ilest lié par la recon- naissance. En 1870, il prend part à la guerre comme lieu- tenant de vaisseau de la Marine française. En 1873, il fait l'acquisition d’un joli voilier de 200 tonneaux, l’Æirondelle, qu'il utilisera d'abord pour visiter en marin et en touriste toutes les mers d'Europe. C’est au cours de ces premières _ campagnes qu'il acquiert l'expérience d’un navi- gateur consommé et les qualités d’un chef. Mais la période des grandes explorations scien- tifiques maritimes vient de s'ouvrir; les expé- ditions du Challenger en Angleterre, du Blake et de l’A/batross aux Etats-Unis, celles du 7ra- vailleur et du Talisman en France, passionnent le monde savant et émeuvent même le grand public. Le Prince, dont l'esprit curieux a enre- gistré bien des faits intéressants au cours de ses navigations, sent peu à peu naître en lui le désir d'utiliser ses croisières au profit de la Science. Les encouragements de son ami d'enfance le Dr Regnard, alors directeur du Laboratoire de Physiologie de la Sorbonne, le décident, et, à partir de l’année 1885, son yacht de plaisance subit les transformations nécessaires pour les travaux scientifiques. Les opérations commen- cent, timides d’abord, puis se développent rapi- dement, et en 1888, le chalut atteint une profon- deur voisine de 3.000 mètres,résultat impression- nant si on songe que toutes les manœuvres s'exé- cutent sans le secours d'aucun moteur: “ P. PORTIER. — LA CARRIÈRE SCIENTIFIQUE DU PRINCE DE MONACO Les services rendus à la Sciencepar ces faibles moyens sont déjà si importants que le Prince, désirant mettre à profit l'expérience acquise,fait . construire un bateau de 600 tonneaux muni d’une machine de 350 chevaux: la Princesse Alice 1, qui fait les campagnes de 1892 à 1897. | Les découvertes importantes se multiplient, les profondeurs atteintes par le chalut dépassent 5.500 mètres. Sans répit, le Prince améliore et amplifie ses moyens d’action. En 1897, il fait construire la Princesse Alice 11 de 1.420 tonneaux, puis en 1911 l’Æérondeile II, dont les aménage- ments scientifiques sont une perfection et un modele qui n'avaient jamais encore été atteints. Il fallait réunir et conserver les richesses zoo- logiques recueillies au cours de ces nombreuses et fructueuses campagnes. Il fallait présenter au monde savant les divers types d'instruments méthodiquement élaborés. Il fallait construire des laboratoiresoù toutes les recherches concer- nant l'Océanographie puissent être poursuivies. Le Prince décida done l'édification du Musée océanographique de Monaco, véritable Palais de la Mer, dont il confia l’organisation et la direc- tion à un de ses collaborateurs de la première heure, le D' Jules Richard. Le Musée océanographique de Monacofutinau- guré avec une grande solennité en mars 1910, en présence des savantset des représentants des principales puissances. Il fallait enfin faire connaître la science nou- ‘velle au public universitaire etau grand public. Le Prince fonda à Paris un Institut océanogra- phique qui comprend trois chaires où sontensei- gnées l’Océanographie physique (M. Berget), la Biologie marine(M. Joubin) et la Physiologie, des êtres marins (M. Portier). Les animaux et documents recueillis au cours des campagnes sont répartis entre de nombreux spécialistes. Les mémoires résumant ce travail considérable, très luxueusement édités,et accom- pagnés de planches superbes, forment actuelle- mentune collection de plus de 60 volumes in-40. À côté de ces Résultats des Campagues scien- tifiques du Prince Albert [*, une publication plus modeste: le Bulletin de l'Institut oceano- graphique, veçoit les travaux préliminaires des collaborateurs du Prince. Enfin en 1899, à la suite du Congrès inter- national de Berlin, une œuvre considérable : la Carte bathymèétrique générale des Océans à .-été entreprise et son exécution confiée au Com- mandant I. Bourée. Cette carte en 24feuilles au P, PORTIER. — LA CARRIÈRE SCIENTIFIQUE DU PRINCE DE MONACO 543 millionième est la synthèse de tous les docu- ments bathymétriques recueillis jusqu’à ce jour. On saura en quelle estime les centres océano- graphiques et hydrographiques tiennent cette œuvre en se rappelant qu’à la Conférence hy- drographique internationale tenue à Londres en 1919, il a été décidé à l'unanimité que le Bureau international hydrographique aurait son siège à Monaco. Cette œuvre océanographique considérable ne suffisait cependant pas à absorber l’activité du Prince. Il s'était toujours intéressé à l’An- thropologie et les environs de sa Principauté lui avaient livré sur cette science des documents du plus grand intérêt. De magnifiques publications, dirigées par MM. Boule et Verneau, nous ont fait connaître le résultat des fouilles pratiquées aux grottes de Grimaldi et des spécimens de l’art préhistorique de Font de Gaume, d'Altamira, etc. * * * Le Prince de Monaco était donc un Mécène magnifique dont la générosité en faveur des œuvres scientifiques était sans bornes, mais il n'était pas que cela. Ce serait une grande injustice que d'oublier son œuvre personnelle qui est considérable. Nous ne pouvons en rappeler que les points principaux. Au début de sa carrière de navigateur, -il avait eu l’occasion d'opérer le sauvetage drama- tique de matelots anglais dont le bateau, qui avait rencontré une épave, coula sous ses yeux. Il avait été très frappé du danger que ces épaves font courir à la navigation; aussi un de ses pre- miers travaux porta sur l’étude des courants marins, pour laquelle il utilisait de très nom- breux flotteurs construits sur ses indications. C'est bien à lur que nous devons la connaissance de cette question si importante, et récemment encore, il pouvait donner aux navigateurs des conseils sur l'itinéraire qu’ils devaient suivre pour éviter, autant que possible, les mines flot- tantes mises en circulation au cours de la grande guerre. À Le Prince a apporté à la technique des opé- rations océanographiques des transformations qui l'ont complètement renouvelée. Quand on n’a pas assisté à ses recherches, on a peine à se figurer les difficultés considérables des opéra- tions à grande profondeur. Un dragage, la pose d’une nasse sur un fond de plusieurs milliers de mèêtres, nécessite une instrumentation et des manœuvres très longues et très compliquées. Le Prince, à bord, dirigeait personnellement tout ce travail et personne n’aurait pu le rempla- cer dans ce commandement qui demandait la réunion de tant de connaissances et qualités diverses. D'un caractère réservé, le Prince Albert se livrait peu. Ce n’est guère qu'au cours de ses campagnes, lorsqu'ilétaitentouré de ses collabo- rateurs et de ses matelots, dans ce milieu où toute contrainte était bannie, qu’on pouvait le bien connaitre. IL s'intéressait à toutes les recherches, il voulait en connaître le but, il en suivait l’évolu- tion. Il était très aimé de ses matelots bretons qui composaient presque entièrement son équipage; il les connaissait tous individuellement; ceux que l’âge forçait à prendre un repos bien mérité étaient sûrs que sa sollicitude les suivrait dans leur retraite. Lorsque le cours de ses navi- gations l’amenait à proximité de leur village, il ne manquait pas de se rendre chez eux. Ces hommes rudes et courageux étaient touchés de sa bonté active et fiers de servir sous un commandant d'une bravoure froide et ma- gnifique qui lui permit à plusieures reprises, au cours de ses campagnes, de se tirer de situa- tions très périlleuses, notamment lors d’un échouage au nord du Spitzhberg au voisinage de la banquise. Nous voyons revivre cette bravoure chez son fils le Prince Louis, souverain actuel de la Prin- cipauté, auquel sa belle conduite pendant la der- nière guerre et ses hautes capacités ont valu les étoiles de général de l’armée française. L'Océanographie n'est que l'application à l'étude des mers du globe des connaissances acquises dansles diverses branches de l’activité humaine. On peut, suivant ses tendances pro- pres, restreindre ouétendre le champ des investi- gations de cette science ettous les océanographes n’ont pas à ce point de vue la même conception. Le Prince en avait une très large. Il avait, dans la seconde partie de sa carrière, fait une place importante à la météorologie marine dont il avait perfectionné la technique, complétant aïnsi son étude des courants marins par celle des courants aériens sur ces vastes étendues où ils se dé- ploient sans obstacles, sans perturbations. Il entendait même poursuivre sa sciencé dans ses applications, et en 1920, il réunissait dans sa Principauté un Congrès de Thalassothérapie, dont il confiait l’organisation à son médecin particulier le D' Louët, qui l’a assisté avec tant de dévouement éclairé pendant sa dernière maladie. Le Prince ne se bornait mêmé pas à l'étude 544 purementscientifique des phénomènes naturels; il aimait à en envisager aussi le côté philosophi- que et même poétique. La lecture de son beau livre : « La Carrière d'un Navigateur » en témoi- gne à chaque page. Il était toujours accompagné, au cours de ses campagnes, d’un artiste qui immobilisait sur la toile les paysages ou les scènes de bord. Les œuvres de Borrel, puis celles de Louis Tinayre constituent ainsi une collection aussi pré- cieuse au point de vue artistique qu'utile au point de vue documentaire. C’est dans le même esprit que,très peu de temps avant sa mort, il chargeait d’un enseignement le professeur Mabilleau, qui exposait l’histoire de la vavigation dansl'antiquité et le rôle de la mer dans l’histoireavecune éruditionetune éloquence qui lui ont valu un grand et légitime succès à l'Institut océanographique. Les grandes compagnies savantes du monde entier avaient marqué leur admiration d’une si belle carrière en demandant au Prince de siéger au milieu d’elles. [Il avait été d’abord élu Mem- bre correspondant de l’Académie des Sciences, puis en 1909, il avait succédé à Lord Kelvin dans la célèbre section des Associés étrangers. Il était membre de l'Académie de Médecine et de l’Aca- démie d'Agriculture. En 1921, il était reçu solennellement par l’Aca- démie des Sciences de Washington. Il prononçait devant cette assemblée son « Dis- tifique sans défaillance, Dr M. TIFFENEAU. — MYDRIATIQUES ET MYOTIQUES cours suril Océan» ,où il trace un résumé de sa car- rière scientifique; il y rappelle ses principaux tra- vaux,ceux qu il a suscités ou encouragés,et rend justice à ses principaux collaborateurs : Joubinet Bouvier pour la Zoologie, Charles Richet et Por- tier pour la Physiologie, Buchanan et Thoulet, « vétérans des premiers grands travaux de la mer», et surtoutau Docteur Richard, Directeur duü Musée océanographique, dont l’activité scien- le dévouement sans bornes, et aussi la franchise sans apprêtavaient gagné le cœur du Prince et lui faisaient dire que ce savant « portait l'âme sœur des forces qui l’ont guidé pendant 35 ans». Et maintenant que cet homme de science et cet homme de bien a disparu, ceux qui lui sur- vivent n'ont de meilleur moyen d'honorer sa mémoire qu’ens’efforçant de prolongerson œuvre avec les moyens qu'il leur a laissés. Ils se rap- pelleront les paroles qu’il prononçait à l’inaugu- ration du Musée de Monaco: « Devant l'âge qui peut arrêter bientôt mes efforts, j'exprime ma confiance dans l’honneur et la science des uns et des autres pour continuer après moi, et dans le même esprit, la tâche à laquelle j’ai donné ma conscience et ma vie. Je veux que ce monument abrite sans partage le travail des savants,j'espère qu’il ne servira jamais la vanité de personne.» P. Portier, Professeur à la Sorbonne et à l'Institut océanographique. MYDRIATIQUES ET MYOTIQUES" ÉTUDE DES RAPPORTS ENTRE LEUR STRUCTURE CHIMIQUE ET LEUR ACTION PHYSIOLOGIQUE PREMIÈRE PARTIE INTRODUCTION Dans l’appareil oculaire de l’homme et de la plupart des Vertébrés, l’admission quantitative de la lumière et le choix des rayons lumineux sont réglés par l'iris, véritable diaphragme dont l'ouverture constitue la pupille. Grâce à un double système de fibres muscu- laires, cette ouverture peut, à tout moment, être modifiée dans ses dimensions : on dit alors que la pupille se dilate ou qu'elle se contracte. Ces phénomènes de dilatation ou de contraction de la pupille ont reçu respectivement les noms de mydriase et de myosis. Ils peuvent être provo- 1. Conférence faite au laboratoire de M. Haller à la Sor- bonne le 23 février 1922, quéspar certaines-substances médicamenteuses : celles qui dilatent la pupille sont appelées my- driatiques ; celles qui la contractent, myotiques. La constitution chimique de quelques-unes de ces substances est aujourd’hui suffisamment établie pour qu’on puisse tenter d'étudier, dans toute leur ampleur, les rapports entre leur struc- ture chimique et leur action sur la pupille ; c’est précisément cette étude que nous nous propo- sons d'entreprendre ici. à A vrai dire, ce n’est pas seulement dans le groupe des mydriatiques et des myotiques que cette question des relations entre la constitution chimique et l’action physiologique a atteint un grand degré de développement. D'autres grou- pes pharmacodynamiques ont été, à cet égard, Dr M. TIFFENEAU. — MYDRIATIQUES ET MYOTIQUES l’objet de travaux nombreux et importants et sont, pour le moins, aussi intéressants ; mais, tandis que l'étude de ces divers groupes se trouve ‘parfaitement exposée dans les traités relatifs à ces questions, l’étude des mydriatiques et des myotiques est tantôt à peine ébauchée, tantôt confusément intriquée avec celle des anesthési- ques locaux. C’est ainsi que, dans le volumineux ouvrage de Fränkel, qui atteint près de 900 pa- ges, la question des mydriatiques et des myoti- ques ne comporte qu’une demi-page (Die Arznei- mittelsynthese, 5°. édition,p. 391), et c’est dans le chapitre des anesthésiques locaux qu’il faut pui- ser, cà et là, les divers documents concernant les médicaments agissant sur la pupille. Une autre considération a été pour moi déci- sive. Avec M. Fourneau, qui dans cette voie a été en France un véritable initiateur, nous pour- suivons, en commun, un même but d'intérêt national, celui d'orienter les chimistes français, et plus spécialement les pharmaciens adonnés à la chimie, vers l’étude des médicaments chimi- ques dont les Allemands ont fait, depuis trente ans, leur domaine presque exclusif. Pour faciliter cette orientation, nous avons toujours estimé qu'il convenait, non seulement d'éclairer nos collègues sur les problèmes géné- raux de la Pharmacodynamie, mais encore de leur signaler spécialement les séries dans les- quelles chacun peut contrôler soi-même, par des moyens simples, l’activité physiologique des corps nouveaux créés au laboratoire. Les anes- thesiques locaux que M. Fourneau a si remar- quablement étudiés, les hypnotiques auxquels j'ai consacré diverses publications, rentrent par- faitement dans cecadre.J’yajouterai aujourd’hui les mydriatiques et les myotiques, car l’expéri- mentation sur les animaux domestiques (chien, chat, lapin) est des plus simples et peut être effectuée par les mains les plus inexpérimentées. Sans doute on pourrait objecter que l'intérêt pratique de cette série est beaucoup moindre que celui des anesthésiques et des hypnotiques; mais je ferai remarquer que la plupart des my- driatiques et des myotiques sont doués de diver- ses autres propriétés susceptibles de leur créer des débouchés très importants tout à la fois en médecine humaine et vétérinaire, Avant d'aborder cette étude des relations entre la structure chimique et l’action mydriatique ou myotique, il est indispensable que nous don- nions quelques notions préalables, d'une part, sur le système nerveux végétatif sous la dépen- dance duquel se trouve la pupille ainsi que sur les poisons électifs de ce système, d'autre part, sur le fonctionnement de ia pupille et sur le REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES. | 945 oo, mécanisme physiologique de la mydriase et du myosis. $1. — Le système nerveux végétatif ou autonome et ses poisons électifs 1. Le système nerveux pegétatif. — Xe fonc- tionnement de la plupart de nos organes, notam- ment de ceux qui intéressent la vie de relation, est sous la dépendance immédiate de notre volonté, et lesystème nerveux qui les régit a reçu le nom de « système nerveux volontaire ». Par contre un certain nombre d'organes, comme le cœur et l'intestin, échappent entièrement à l'in- fluence de notre volonté. L’appareil irien rentre dans cette catégorie. C'est là un fait que chacun peut aisément contrôler gur soi-même ; il nous est en effet tout aussi impossible, par notre seule volonté, d'accroître ou de diminuer la grandeur de notre pupille, que d’accélérer ou de ralentir volontairement les battements de notre cœur ou les mouvements de notre intestin. Ces organes dits végétatifs sont innervés par un ensemble de nerfs qui constituent le système nerveux végétatif ou autonome, et leur fonction- nement est généralement! assuré par deux groupes de nerfs antagonistes ? : l’un est désigné sous lenom de système sympathique et comprend exclusivement le grand sympathique classique des divers auteurs ; l’autre est désigné sous le nom de parasympathique et comprend divers nerfs tels que le vague, le moteur oculaire com- mun, les nerfs sacrés, etc. L’antagonisme de ces deux systèmes peut être réalisé de deux façons différentes, suivant qu'ils agissent sur un muscle unique ou sur deux mus- cles antagonistes. Quand le muscle est unique, ce qui estle cas des principaux organes (cœur, intestin), les deux systèmes de nerfs ont des fonctions différentes : l’un est renforçateur ou accélérateur, tandis que l’autre est inhibiteur*. Lorsqu'il existe deux muscles antagonistes, ce qui est précisément le cas de la pupille, les deux systèmes qui les innervent sont doués des mé- mes propriétés et transmettent un même tonus renforçateur, et l’anitagonisme résulte unique- ment de ce que les muscles exercent des actions opposées. ——————— 1. Une exception est présentée par l'appareil vasomoteur et les glandes sudorales. Dans ces deux systèmes, il n'existe qu'un seul système d'innervation (sympathique). 2. Dans le cas des glandes salivaires et des organes pel- viens, les deux systèmes de nerfs n’exercent pas d'action antagoniste et paraissent concourir l’un et l'autre aux mêmes effets, 3. Un même nerf, le vague par exemple, peut être inhibi- teur pour un organe (cœur) et accélérateur pour un autre (intestin). 546 Dr M. TIFFENEAU. — MYDRIATIQUES ET MYOTIQUES En définitive, le fonctionnement des organes de la vie végétative peut être modifié dans les deux sens par quatre modes réactionnels diffé- rents; il peut être accru soit par excitation de l’un des nerfs, soit par inhibition du nerf anta- goniste ; inversement, il peut être diminué soit par inhibition du premier, soit par excitation du second. ; C'est précisément ce que démontrent nette- ment les phénomènes d’excitation électrique ou de section anatomique. Le cœur, par exemple, peut être accéléré, soit par excitation du sympathique, soit par section des vagues ; d'autre part, il peut être ralenti, soit par section des sympathiques, soit par excitation de l’un des deux nerfs vagues. 2. Poisons sympathiques et parasympathiques. — L'étude des poisons agissant électivement sur le système nerveux autonome conduit à des ob- servations analogues. Certaines drogues sont en effet susceptibles, les unes, comme l’atropine, de paralyser les terminaisons du nerf vague, les autres, comme la pilocarpine, d’exciter ces mê- mes terminaisons. D'autre part, si l’on ne con- naît que de rares substances capables de para- lyser certaines terminaisons du sympathique, il existe toute une série de produits, dont l’adré- naline est le type, qui sont capables d’exciter ces terminaisons. Les substances capables d’in- fluencer ainsi le sympathique ont reçu le nom de «poisons sympathiques», et, parmi ces substances, celles qui imitent l'action stimulante exercée normalement par fes centres sur les terminaisons du sympathique ont été désignées sous le nom d’ « excitants du sympathique ou poisons sym- pathomimétiques ». En ce qui concerne le nerf vague, on constate ce fait curieux que toutes les drogues qui agis- sent dans un certain sens sur ce nerf, exercent un effet de même nature sur les divers autres nerfs (m. ocul. commun, sacré) que l’on a cou- tume de ranger dans le système parasympa- thique. Aussi désigne-t-on toutes ces drogues sous le nom de « poisons parasympathiques ». Parmi ces poisons, les uns sont des excitants des terminaisons parasympathiques ; ils produisent l'arrêt du cœur, l’exagération du péristaltisme intestinal, le rétrécissement de la pupille, le tarissement des sécrétions, etc., et comprennent des produits très divers, tels que la pilocarpine, l’ésérine, l’arécoline, la choline; les autres sont des paralysants des mêmes terminaisons et ils produisent les effets inverses de ceux des précé- dentes drogues; leurs principaux représentants appartiennent à un groupe très homogène dont le type est l’atropine et dont la structure chimi- que est voisine de celle de cet alcaloïde. En résumé, les médicaments qui agissent sur les terminaisons du système nerveux autonome se divisent en deux groupes : d’une part les poi- sons « sympathiques» quiagissent surtoutcomme excitants du sympathique et qui produisent tous les effets d’excitation de ce système (accélération cardiaque, vasoconstriction, dilatation pupil- laire, etc.) ; d'autre part, les poisons parasympa- thiques qui sont, les uns, des excitants (groupe pilocarpine), les autres, des paralysants (groupe atropine) de tous les organes innervés par le système parasympathique. Cette règle générale ne souffre qu’une seule exception; les glandes sudorales, quoique inner- vées par le sympathique, ne sont influencées que par les poisons parasympathiques et dans le même sens queles organes à innervation para- sympathique. Pour expliquer cette exception, certains auteurs, comme H. Meyer, estiment que l’origine réelle des nerfs sudoraux est parasym- pathique, mais Langley préfère supposer que c’est la constitution chimique des terminaisons des nerfs sudoraux qui est exceptionnellement de même nature que celle des nerfs parasympa- thiques. $S2. — Le fonctionnement de la pupille et le mécanisme de la mydriase et du myosis Le jeu de la pupille est assuré par deux mus- cles antagonistes qu’on peut considérer sché- matiquementcomme disposés concentriquement et soudés en leur partie commune, ce qui les rend en partie solidaires (fig. 1). L'un, le plus excentrique, est le délatateur trien; ses fibres sont radiées ; de plus, leur inser- tion est située à la périphérie ; si bien que leur contraction les éloigne du centre de la pupille et augmente l'ouverture pupillaire, provoquant ainsi la »ydriase ; leur relâchement tend au contraire à diminuer cette ouverture. Le deuxième muscle, le sphincter trien, est annulaire ; c’est lui qui schématiquement limite en avant l'ouverture de la pupille; ses fibres sont circulaires et leur contraction produit du myosis, c'est-à-dire une diminution de l’espace pupillaire. Le fonctionnement de ces deux muscles est réglé, pour chacun d’eux, par une innervation spéciale, sympathique pour le dilatateur irien, parasympathique (nerf moteur oculaire com- mun) pour le sphincter irien. Aucun de ces nerfs (sympathique et moteur oculaire commun) n'envoie directement. ses terminaisons dans le muscle qu’il innerve ; il existe pour chacun r tés a ee à D: M. TIFFENEAU. — MYDRIATIQUES ET MYOTIQUES 547 d’eux un relai ganglionnaire d’où partent un grand nombre de nerfs ciliaires qui se rendent au muscle correspondant. Le sympathique ocu- laire se termine dans le ganglion cervical et celui-ci émet des nerfs ciliaires longs qui vont s'épanouir dans le muscle dilatateur. De même le nerf moteur oculaire commun se termine dans le ganglion ophtalmique, et de celui-ci part, vers le sphincter irien, un faisceau de nerfs ciliaires courts. Enfin, tandis que le sympathique ocu- laire et les nerfs ciliaires longs ont pour unique fonction d’agir sur le muscle dilatateur, le Fibres radices du Diataleur irien Fibres circulaires du Sphincter rien L’expérience montre en effet qu’on peut pro- duire la mydriase soit par excitation du sympa- thique oculaire ou des nerfs ciliaires longs, soit par section du moteur oculaire commun ou des nerfs ciliaires courts. Inversement, par excitation de ces derniers nerfs ou encore par section du sympathique ou des nerfs ciliaires longs, on produit du myosis. Nous retrouvons ici les quatre modes réaction- nels que nous avons signalés plus haut en expo- sant le fonctionnement du système nerveux autonome. Nerfs ciliaires lon s Ganalin cer wica Suynpathique oaxtaire ee Ë ciliaires ë Nerf noteur PT ésmion oculaire commun «|: .; : < Ophtitmique Muscle ciliaire AN LE Fig. 1. — Schéma de l'innervation motrice de la pupille et de l'accommodation. moteur oculaire commun et les nerfs ciliaires courts innervent non seulement le sphincter irien dont dépend en partie le jeu de la pupille, mais encore le muscle ciliaire qui règle l’accom- | modation. Aussi l’excitation de ces nerfs produit-elle du myosis et parfois du spasme de l’accommodation, tandis que leur paralysie ou leur section déter- mine tout à la fois de la mydriase et de la para- lysie de l’accommodation. Pour comprendre le jeu de la pupille, qu'il soitnormal ou provoqué, il convient de noter | que chacun des muscles iriens est maintenu dans un certain état de tonus sous l’action de lPinflux qui lui parvient des centres par l’inter- médiaire du système nerveux, et l’état de la pu- pille est la résultante des actions ainsi exercées. On conçoit que la prépondérance du sympathi- que entraine de la mydriase, et que la prépon- dérance du moteur oculaire commun entraine du myosis. Toutefois cette prépondérance de l’un des sys- tèmes peut être la conséquence, soit de l’aug- mentation de l’influx correspondant, soit d’une diminution ou de la suppression de l'influx qui parvient au système antagoniste. $ 3. — Myotiqueset Mydriatiques. Distinctions entre les mydriatiques actifs et passifs Nous venons de voir quels sont les processus physiologiques capables de produire le myosis ou la mydriase. Or on peut provoquer les mé- mes phénomènes en faisant agir sur la pupille les poisons sympathiques où parasympathiques. Nous avons déjà vu que ces médicaments ont reçu le nom les uns de mydriatiques et les autres de myotiques suivant qu'ils produisent l'un ou l’autre phénomène. Toutefois, cette distinction en de ux groupes n’est pas suffisante, du moins en ce qui concerne les mydriatiques. En effet, tandis qu'il n'existe qu’une catégorie de myoti- ques: ceux qui exercent une action excitante sur les terminaisons des nerfs ciliaires courts, il existe deux catégories de mydriatiques : les uns dont les effets résultent d'une actionexcitantesur lesterminaisons des nerfs ciliaires longs(sympa- thiques) etque nous appelléronsexeito-sympathi- ques ou mydriatiques actifs ; les autres quiinter- viennent en paralysant les terminaisons des nerfs ciliaires courts (parasympathiques) et amenant 1. Dans ce dernier cas, il y a simullanément mydriase et paralysie de l’accommodation. 548 ainsi, d’une part, la paralysie de l’accommodation et, d'autre part, la mydriase par contraction pas- sive du dilatateur; je les appellerai pour cette dernière raison 2ydriatiques passifs. Au point de vue théorique des rapports entre la constitution chimique et les effets physiolo- giques, cette distinction est d’une importance capitale; on ne saurait, en effet, comparer entre elles les structures chimiques de ces deux séries de mydriatiques, puisque la nature et le siège de leur action sont nettement différents. De même, au point de vue de leur emploi en oculistique, ces deux séries de mydriatiques doi- vent être nettement distinguées, non seulement parce que les mydriatiques actifs n’ont aucune action sur l’accommodation alors que les mydria- tiques passifs la paralysent, ce qui constitue un sérieux inconvénient, mais encore parce que les myotiques sont généralement impuissants à sup- primer la mydriase durable et gènante provo- quée parles mydriatiques passifs, alors qu'ils exercent à cet égard une action antagoniste eff- cace lorsque le phénomène est provoqué par les mydriatiques actifs. Dans cette étude, nous examinerons donc les trois groupes suivants : I. — Groupe des Myotiques (excito-parasym- pathiques) produisant le myosis par excitation des terminaisons des nerfs ciliaires courts et dont les principaux représentants sont la pilo- carpine, l’ésérine, l’arécoline, etc. IH. — Groupedes Mydrialiques actifs (ou excito- sympathiques) produisantla mydriase par excita- tion des terminaisons des nerfs ciliaires longs et dont les principaux représentants sont la phényléthylamine, la tétrahydronaphtylamine, l'éphédrine, l’adrénaline et la cocaïne. III. — Groupe des Mydriatiques passifs (para- lysants parasympathiques)produisant]la mydriase par paralysie des terminaisons des nerfs ciliai- res longs et provoquant en outre la paralysie de l'accommodation ; les principaux représentants de cv groupe sont, parmi les alcaloïdes naturels, l’atropine et, parmi les alcaloïdes synthétiques, l’euphtalmine. $ 4. — Méthodes d'étude Avant d'entreprendre pour chacun de ces trois groupes l’étude détaillée des rapports entre l’action pupillaire et la constitution chimique, il est indispensable de préciser les méthodes d'étude et les modalités d'action qui permettront d'apprécier sous ses divérs aspects la valeur rela- tive des substances considérées, Il convient tout d’abord d'examiner si la subs- tance exerce une aclion sur la pupille et de fixer D: M. TIFFENEAU. — MYDRIATIQUES ET MYOTIQUES la nature et l’ordre de grandeur approximatif de cette action !. Il suffit pour cela d’instiller dans l’œil du chien ou du chat une goutte de solution aqueuse de la substance envisagée. Comme l’ac- tion est généralement lente, il faut attendre 10 à 20 minutes et quelquefois plus ; par comparaison avec l’œil intact, il est facile de voir si l’effet at- tendu s’est produit. De plus, lorsqu'on a acquis une certaine expérience, on peut, suivant l’in- tensité du phénomène et le titre de la solution employée {1 à 20 %), conclure à l’activité plus ou moins grande de la substance. Pour apprécier plus exactement le degré d’ac- tivité, il est indispensable d'opérer comparati- vement avec une solution d’un mydriatique ou d’un myotique connu, que l’on instille dans un œil tandis que la solution à essayer est instillée dans l’autre ; on opère généralement sur le chat et l’on suit la technique indiquée par Dale. On arrive ainsi,avec une précision très suffisante, à des chiffres qui permettent de classer les diver- ses substances d’après l'intensité de leurs effets et dont il est ensuite facile de déduire l'influence qu'’exerce la constitution chimique. Toutefois, il importe de ne passe limiter à cet aspect purement théorique du problème. La pra- tique oculistique nous apprend,en effet, qu’en dehors de la question,si intéressante à plus d’un égard, du degré d'activité des myotiques et des mydriatiques, il reste d’autres facteurs impor- . tants. à déterminer dans les modalités d’action de ‘ces substances. C'estainsi que ia lenteur d'apparition de leurs effets ainsi que leur longue durée constituent de sérieux inconvénients dont on doit s'efforcer de restreindre l’importance, soit en faisant varier plus ou moins la structure chimique, soit encore en recherchant, comme l’a fait récemment M. Porcher, quelles sont, parmi les substances antagonistes, celles qui peuvent être susceptibles d'exercer une action efficace et utilisable. Enfin, spécialement pour ce qui concerne les mydriatiques, il serait désirable que l’étude des mydriatiques actifs ou excitosympathiques soit entreprise d'une façon systématique, car si l’on pouvait, dans ce groupe, trouver des produits d'une activité comparable à celle des mydriati- ques passifs,on échapperaitaugraveinconvénient 1. Quoique la substance soil élective, il s’agit ici d'une action locale; aussi n’y a-til pas lieu de rechercher le degré d'électivité pour la pupille lorsque la substance est introduite dans la circulation générale. Pour la même raison, il n'est. pas indispensable d’étudier systématiquement la toxicité ainsi qu'on a coutume de le faire pour les autres groupes de médicaments. Cependant, comme l'absorption par le canal lacrymal n’est pas négligeable, il conviendra de fixer la toxi- citédes substances susceptibles d'application thérapeutique. Bus, er Fa, Dr M. TIFFENEAU. — MYDRIATIQUES ET MYOTIQUES 549 que présentent ces derniers de provoquer une paralysie de l'accommodation toujours gênante pour le malade. À cet égard, l'association de mydriatiques appartenant aux deux séries dillé- rentes pourrait présenter certains avantages. I. — Myoriques Parmi les myotiques connus, nous n'examine- rons que ceux dont la constitution chimique est nettement établie et dont on a cherché à modi- fier systématiquement la structure, soit pour étu- dier les variations des effets physiologiques, soit pour créer des produits de remplacement plus actifs ou plus économiques que les produits naturels. Ces myotiques appartiennent à deux séries distinctes que nous allons examiner successive- ment: la série de la pilocarpine et la série de l’arécoline. Auparavant, nous ferons remarquer qu'en ce qui concerne l'intensité de leurs effets, les myoti- ques actuellement employés en oculistique, la pilocarpine et l’ésérine, donnent aux praticiens toute satisfaction. Sans doute leur action est tar- dive, mais c’est là un inconvénient commun à tous les médicaments pupillaires. Le seul reproche qu’on puisse faire à ces myo- tiques, c’est qu'ils sont à peu près sans effet lorsqu'il s'agit d'exercer une action antagoniste vis-à-vis de l’atropine,c'est-à-dire lorsqu'il s'agit de supprimer la mydriaseatropinique.Deplus,ces substances peuvent provoquer du spasme de l'ac- commodation.Aussiserait-ilintéressant, à ce dou- ble point de vue, de trouver des myotiques appar- tenant au groupe desparalysants dusympathique. Malheureusement ce groupe ne comprend jus- qu'ici aucun représentant typique pouvant servir de point de départ pour un travail chimique sys- tématique. Aussi parait-il plus judicieux de ré- soudre le problème inverse, à savoir de recher- cher, comme nous le développerons plusloin, les mydriatiques excito-sympathiques capables de produire une mydriase intense sans paralysie de l’accommodation, et susceptibles de provoquer une mydriase qui serait facilement supprimée par nos myotiques usuels, la pilocarpine ou l’ésérine. Il n’en reste pas moins intéressant de poursuivre l’étude des myotiques, notamment, comme nous le verrons ci-dessous, dans la série de l'arécoline. ? 1. — Série de la pilocarpine 1. Constitution chimique de la pilocarpine.— Les travaux de Pinner et Schwarz (1902) ont montré que la pilocarpine est un dérivé glyoxalinique dont la chaîne latérale possède une fonction lac- tone : CPH$—CH—CH— CH? —C——N—CHS PA Es CO CH? (H-)JCH—N Ne O Pilocarpine et Isopilocarpine Toutefois ces auteurs pensaient que l'isopilo- carpine est un isomère de structure dans lequel la chaîne lactonique est substituée sur le carbone voisin (-), sans préciser exactement à quelle structure correspond chacun des Jowett, en 1903, a admis que ces deux alcaloïdes sont des stéréoisomères et Pyman a démontré l'exactitude de cette manière de voir en établis- sant que la pilocarpine et l’isopilocarpine ne donnent pas un même dérivé iodométhylé comme permet de le prévoir leur structure, alors que la 1.4 et la 1.5-diméthylglyoxaline iodométhylate; enfin isomèéres. fournissent un même Pyman a prouvé définitivement la constitution ci-dessus, c’est-à-dire le lieu de fixation de la chaine lactonique, en identifiant avec la 1.5- diméthylglyexaline la base obtenue par Jowett dans la distillation de l’isopilocarpine avec la chaux sodée. CH—— NH CH —C N—CH* 5 1 \ He? le CH N CH —N Glyoxaline 1.5-Diméthylglyoxaline Etant donnée cette constitution, nous aurons à examiner successivement les diverses influen- ces exercées sur le pouvoir myotique, d’une part par le noyau glyoxalinique et sa stéréoisomérie, d'autre part par le groupe lactonique. 2. Influence du noyau glyoxalinique. — Les dérivés glyoxaliniques ne paraissent pas exercer d'action excitante sur les terminaisons des nerfs ciliaires courts. Ni la 4.2, ni la 1.4-diméthylgly- oxaline ne sont myotiques!. Il en est de même de la 1.2-éthylméthylglyoxaline ou oxaléthy- line de Radziszewski (1883); cette hase avait été considérée par Schulz? comme mydriatique ; mais Dale et Pyman® ont montré l'absence de toute propriété mydriatique ou myotique chez le chat (instillation de 4 gouttes de solution à 4°/,); toutefois cette base exercerait sur le cœur de grenouille une action antagoniste vis-à-vis de ————— 1. JowerT : J. Chemical Society, t. LXXXIIL (1905), p. 466 : t. LXXXVII (1905), p. 406. 2. ScnuLz : D. chem. Ges., t. XIII (1880), p. 2363. 3. Daue, d'après JowerT, PyYMan, RemMrRY : 8° Congrès international de Chimie appliquée, New-York, 1912, t. XIX, p. 165. Qt [A © D: M. TIFFENEAU. — MYDRIATIQUES ET MYOTIQUES la pilocarpine. En définitive, ce dérivé glyoxali- nique ne possède aucune action pilocarpinique. De même, la chloroxaléthyline de Wallach n’est ni mydriatique !, ni vraisemblablement myo- tique. Le noyau glyoxalinique n’est donc pas, par lui-même, le groupement actif de la pilocar- pine. L'introduction dans ce noyau d’une chaine éthylaminée NH?—CH?—CH}— ne provoque pas plus l’apparition des propriétés myotiques ; l’imidazolyléthylamine ({histamine) ainsi formée peut, comme la muscarine, contracter les fibres des muscles bronchiques (asthme expérimental) ou encore les fibres lisses utérines, mais elle ne produit pas de myosis. . 3. Influence de la chaîne lactonique. — I] n’a jamais étésignalé que les lactones jouissent de propriétés excitoparasympathiques. On peuttou- tefoisse demandersi, associée à un noyau glyoxa- linique par lui-même inactif, la chaîne lactonique ne ferait pas apparaître ces propriétés. Jowett, Py- man et Remfry ont préparé à cet effet la lactone de l’acide 4-oxyéthyl-8-glyoxalinepropionique : CH?—CH—CH2_C-—NH nt be CH CO CH—N No” Bien que cette base possède, comme la pilo- carpine, une chaîne lactonique en C* et un noyau glyoxalinique réunis par un groupe CH?, elle s’est montrée sans action sur la pupille; il est vrai que le point d'attache de la chaîne lactoni- que est un peu différent dans les deux bases. D'autre part, cômme dans la pilocarpine le noyau glyoxalinique est méthylé en 1, les au- teurs précités ont préparé un dérivé méthylé de leur lactone glÿoxaliniqueet ils l'onttrouvé phy- siologiquement inactif. De même, l'éther éthylique de l'acide «-5-gly- oxaline-méthyl-£-éthylsuccinique C2H5— CH CH—CH2—C—NH | |. > CO?2C?H5 CO—C?H> CH—N préparé en vue d'essais (restés infructueux) de synthèse de la pilocarpine a été trouvé inactif. D’autreséthers d'acides monobasiques ou biba- siques, à noyau glyoxalinique méthylé ou non, ont été préparés par Pyman et se sont montrés également sans action pilocarpinique. En définitive, nila fonction lactone, ni la fonc- tion éther associées au noyau glyoxalinique ne confèrent à ce dernier de propriétés myotiques. 1. HERTz ! Arche exp. Path, u. Ph., t. XIII, p. 139. 4. Influence de la stéréoisomerie. — L'action myotique de la pilocarpine est deux fois plus intense que celle de son stéréoisomère l’isopilo- carpine. Toutefois c'est là un exemple isolé, car nous ne connaissons pas d’autres cas de stéréo- isomérie dans cette série et, de plus, les glyoxa- lines étudiées sont toutes dépourvues de pro- priétés myotiques. 5. Conclusions.— Il n’est pas possible de préci- ser quels sont, dans la pilocarpine, les groupe- ments physiologiquement actifs et il ne semble pas qu’il y aïtlieu de poursuivre l’étude des gly- oxalines en vue de rechercher dans cette série de nouvelles substances myotiques. $ 2. — Série de l'arécoline L’arécoline, dont la constitution chimique a été établie par Jahns, est l’éther méthylique de l’arécaïdine ; ce dernier est un acide tétrahydro- nicotique méthylé à l’azote : Arécaïdine Arécoline Ether méthylique de l’acide N-méthyl tétrahydronicotique CH CH ca? Nc—co°H ca Nc—co?—crs Acide N-méthyl tétrahydronicotique CH Es CH? CH NA N—CHS N—CH° Non myotique Myotique Son éther éthylique est également myotique 1. /nfluense du degred’hydrogénation du noyau pyridique.— Dans l’arécoline, le noyau pyridique est tétrahydrogéné. Pour étudier l'influence du degré d’hydrogénation de ce noyau, on a exa- miné deux composés différemment hydrogénés; dans l’un (césol) le noyau pyridique est conservé intact, dans l’autre (néocésol) ce noyau est hexa- hydrogéné. Le césol, chlorométhylate du nicotinate de méthyle, est doué de propriétés myotiques mani- festes, mais il est moins actif que l’arécoline. CH CH? “ep Nc—co2- cH3 CH2 \CH—CO?2—CH3 La LA CHU CH? NZ NN N N PAN HCI CH CI Césol Néocésol Quant au néocésol ou N-méthylhexahydro-" nicotate de méthyle, il ne semble pas qu'on ait étudié son action sur la pupille ; toutefois ses 1. Janns: D. chem, Ges., t. XNXIV,p. 2615. Dr M. TIFFENEAU, — MYDRIATIQUES ET MYOTIQUES 551 SN UE PA I 7 EEE ES NN * effets stimulants sur la péristaltique intestinale {Holzmann) montrent que ce produit est, comme l’arécoline, un excitant du parasympathique. En définitive, le degré d’hydrogénation du noyau pyridique. dans l’arécoline ne parait pas modifier, qualitativement du moins, priétés myotiques de cet alcaloïde. les pro- 2. Influence de l'éthérification de la fonction acide et de la nature de l'alcool étherifiant. — L'arécaïdine dont le carboxyle n’est pas éthéri- fié est dépourvue de propriétés myotiques. Il s’ensuit que la fonction acide non éthérifiée est impropre à la fixation sur les terminaisons ner- veuses. C’est là une propriété bien connue dans le groupe des anesthésiques locaux ; on saiten effet que la cocaïne perd son pouvoir anesthé- sique lorsqu'on la transforme enecgonine, c'est- à-dire lorsque son carboxyle éthérifié devient, par saponification, un carboxyle libre. Quant à l'influence’ exercée par la nature de l’alcoo!l éthérifiant, elle n'a pas été jusqu'ici étu- diée systématiquement avec les divers homolo- gues de l'alcool méthylique. On sait cependant que l'éther éthylique de l’arécaïdine agit de la .même façon quel’éther méthylique ou arécoline; mais son degré d’activité ne paraît pas avoir été précisé. D'ailleurs, dans les deux produits nouveaux, césol et néocésol, qui ont été introduits en thé- rapeutique dans ces dernières années, l’alcool méthylique a été conservé comme alcool éthé- rifiant,. 3. Influence des substitutions sur l'atome d'azote. — L’arécoline ainsi que ses deux succé- danés, le césol et le néocésol, sont des bases ter- tiaires ou quaternaires par substitution d'un méthyle à l’atome d’azote. On ne parait pas s'être préoccupé de rechercher l'influence des substitutions homologues sur cet atome d’azote ou même l'influence delanon-substitution (bases secondaires). Cependant, dans les deux, bases artificielles introduites en thérapeutique, césol et néocésol, l’azote a été dans les deux cas sou- mis à la méthylation, ce qui semble montrer que les créateurs de ces produits admettent que la substitution méthylée est favorable. Il. — MyprrATIQUES ACTIFS (Mydriatiques à action excitosympathique) Les mydriatiques à action excitosympathique se rattachent à la série de l’adrénaline ou plus simplement de la phényléthylamine : CSHSCH2CEH2N EP? (OH? : C6HS.CHOH. CH. NH.CH3 Phényléthylamine Adrénaline La cocaïne est bien également un mydriatique excitosympathique, mais sa structure chimique appartient à un type particulier dont les modi- fications n’ont pas été spécialement étudiées en ce qui concerne leurs effets sur les variations de la mydriase. Nous n’examinerons donc que les mydriatiques construits sur le type de la phé- nyléthylamine.et résultant soit de modifications de la chaîne latérale, soit de l'introduction dans cette chaine de fonctions oxygénées diverses. Les dérivés appartenant à cette série et dont l'action mydriatique de nature excitosympathi- que est nettement établie sont au nombre de six : C6H5, CH2CH2NH? Phényléthylamine (Filehne) 2 CH Ta. FE cHÉRrADeSER EE j CH2 - CH2 amine C6H5 — CO—CH2—NH? w-Aminoacétophénone Phénomydrol (Pitini et Paterno) CSHÿ—CHOH—CH—NH? Amino--phénylpropanol [ #-Mydriatine CHS (Nagaï, Kubota). CSH5.CHOH—CH—NH—CH3 Méthylaminophénylpro- panol : Ephédrine | CH (Gunzbourg, Filehne) (OH}.CSH3.CHOH.CH2NH.CH3 Adrénaline Cette série est déjà bien connue par les pro- priétés vasoconstrictives de chacun de ses termes et l’on sait que ces propriétés sont con- ditionnées tout à la fois par la longueur de la chaîne latérale (2 atomes de carbone), par la position 8 de la fonction aminée par rapport au noyau aromatique et par l’existence de fonctions oxygénées phénoliques ou alcooliques. L'influence qu'excercent ces diverses modifi- cations sur l’action mydriatique ne semble pas avoir été étudiée systématiquement. Cela tient en grande partie à ce que les effets mydriatiques de ces substances sont relativement peu inten- seset que les grandes concentrations (10 et 15 */) auxquelles il faut recourir rendent les compa- raisons très difficiles. Bien mieux, dans la série de l’adrénaline et après application locale, l’action mydriatique ne se manifeste que sur l'œil extirpé; sur l'œil in situ,-cette action dépend de l’état du système sympathique, si bien que la mydriase adrénali- nique constitue une épreuve utilisée en clinique humaine (Gautrelet). Toutefois, d’après l’analogie de constitution chimique des dérivés formulés ci-dessus, on peut conclure que le support phényléthylaminé est le facteur prépondérant de l'action mydria- tique excitosympathique; enfin, il semble bien, d’après les résultats obtenus avec l'éphédrine, que la fonction alcool joue un rôle favorable. Quant à l'influence de la stéréoisomérie des ot (34 Le] éphédrines sur leurs effets mydriatiques, elle n’a pas été étudiée jusqu’à présent; d’ailleurs la question de l’isomérie des éphédrines n’est pas encore complètement élucidée. En définitive, l’étudesystématique des mydria- tiques de la série de la phényléthylamine méri- terait d’être reprise en faisant varier le support et les diverses fonctions qui y sont attachées. Nous avons déjà signalé le grand intérêt que présenteraient de tels produits si leur pouvoir mydriatique était plus intense. On pourrait réa- liser ainsi une mydriase convenable qui serait susceptible d’être utilisée courammenten oculis- tique et qui présenterait, sur celle des mydria- tiques atropiniques, le double avantage de ne pas entrainer de paralysie de l’accommodation et d’être facilement suspendue par les myotiques E, MATHIAS. — LA PRÉVISION SCIENTIFIQUE DU TEMPS antagonistes tels que la pilocarpine ou l’ésé- rine ‘. D' M. Tiffeneau, Professeur agrégé à la Faculté de Médecine de Paris.” (A suivre.) . 1. Porcher et Busquet (J/ de Médecine vétérin. et de Zoo- ltechnie, octobre 1911) ont montré en effet que l’ésérine sup- primela mydriase due aux poisons sympathiques tels que la cocaïne et l'éphédrine, tandis qu’elle est sans action sur la mydriase produite par les principaux poisons parasympathi- ques’: atropine, scopolamine, eumydrine. D'ailleurs, il serait également du plus grand intérêt d’étu- dier l'association des divers mydriatiques et tout spéciale- ment l'association des mydriatiques actifs et passifs; dans ce dernier cas, le synergisme serait d'autant plus manifeste qu’il s'agirait de poisons exerçant leurs effets sur des appa- reils différents. On pourrait ainsi diminuer la concentration en mydriatique passif (atropine) et provoquer une mydriase de durée moindre au facilement réductible par les myotiques usuels, LA PRÉVISION SCIENTIFIQUE DU TEMPS D'APRÈS LE DERNIER LIVRE DE M. GUILBERT! Le beau volume que vient de publier M. Guil- bert est, en quelque sorte, le commentaire détaillé, le complément de la Nouvelle méthode de prévision du temps publiée en 1909 chez Gau- thier-Villars et précédée d’une très intéressante préface du regretté Bernard Brunhes approu- vant la méthode nouvelle. L’approbation du rap- porteur du Concours de prévision du temps de Liége était toutefois tempérée par quelques cri- tiques bienveillantes rendues nécessaires par la formation d’espritautodidactique de l’auteur. L'importance dela nouvelle œuvre de M. Guil- bert nous à paru mériter mieux qu’un simple compte rendu bibliographique. Dans les lignes qui suivent, nous nous proposons d’insister un peu plus longuement sur quelques-unes des principales conceptions de l’auteur. % X + L'ouvrage comprend trois parties, d’impor- tance sensiblement égale, partagées en 31 cha- pitres de longueur très variable. La première partie est un exposé des doctri- nes scientifiques de la prévision du temps; la deuxième, avant tout pratique, est relative à la prévision de divers phénomènes atmosphériques; la troisième, plutôt théorique, expose les idées 1. GuizB8ertT (Gabriel), Chef de service à l'Office national météorologique : La prévision scientifique du temps. — Un vol, grand in-8° de 1x-439 pages avec 27 figures dont 21 dans le texte et 6 hors texte (Prix ; broché, fr.). A Challamel, éditeur, Paris, 1922, | particulières de l’auteur sur un grand nombre de phénomènes et sur les méthodes de prévision du temps autres que les siennes. Le chapitre I traite dela carte isobarique et des lois météorologiques sur lesquelles l’accord est complet. Il n’appelle qu’une remarque : la cireu- lation habituelle du vent dans le cyclone (convergent et centripète) et dans l’anticyclone (divergent et centrifuge) n’est vraie que dans l'hémisphère Nord de la Terre; dans l’hémi- sphère Sud, le vent est divergent et centripète dans le cyclone, convergent et centrifuge dans l’anticyelone !. L'énorme chapitre Il (50 p.) montre tout de suite l’opposition entre les idées de l’auteur et la « science météorologique classique », L'idée fondamentale de G. Guilbert est celle- ci : le vent est la cause de la pression. Il y a rela- tion de cause à effet entre pression barométrique et le vent de surface, et celui-là seulement. Par suite, de la direction et de la vitesse du vent de surface on peut déduire le sens et la grandeur de la variation barométrique prochaine. Le reste (état du ciel, température, précipitations, vent futurs) étant, sauf exception, sous la dépendance absolue de la pression, il s'ensuit que cette 1.La composante du vent noïmale à l'isobare est toujours centripète dans le cyclone, centrifuge dans l’anticyclone. Quant à la composante tangentielle, si elle tourne dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, le vent est dit con- vergent ; il est divergent si la composante tangentielle tourne dans le sens des uiguilles d'une montre, E. MATHIAS. — LA PRÉVISION SCIENTIFIQUE DU TEMPS méthode de prévision de la pression est une méthode de prévision rationnelle du temps. A l’idée fondamentale il faut joindre trois pos- tulats : celui du vent normal, celui de la marche des dépressions vers les régions de moindre résis- tance et celui d’après lequel, le vent étant défini par un bonhomme d'Ampère (placé horizontale- ment à plat ventre, les bras en croix, de façon que le vent luientre par les pieds et lui sorte par la tête), dans le cas d'un vent anormal par excès, l'air se déplace normalement au vent vers la gau- che du bonhomme d'Ampère. La règle précédente donne le même résultat si, au lieu d'imaginer un bonhomme dirigé selon le vent supposé horizontal, on met le bonhomme vertical et recevant le vent dans le dos; mais l’analogie avec les phénomènes électromagnéti- ques est plus saisissante avec la première posi- tion du bonhomme. Les quatre postulats précédents sont complé- tés par 25 règles anciennes qui, au lieu d’appa- raitre de suite, ne figureront qu'au paragraphe 4 du chapitre VI, complétées plus loin par deux règles nouvelles. Cette partie de l'ouvrage est obligatoirement commune avec le volume de 1909. On ne saurait reprocher à l’auteur, avant d'entrer dans le détail de la mise en pratique de sa méthode, de l’expo- ser à nouveau à un lecteur qui peut n'avoir pas sous la main la Nouvelle methode de prévision du temps éditée par Gauthier-Villars. Maïs, au lieu de-conserver la belle sérénité de ceux qui, ayant consacré leur vie à la poursuite de la véritéscien- tifique, vont droit leur chemin, l’auteur, préoc- cupé de répondre à ses contradicteurs, en oublie ses 25 règles, qui ne figurent pas dans le para- graphe qui devrait leur être consacré et ne sont données que beaucoup plus loin. L'ordonnance de la première partie en est quelque peu altérée!. Les météorologistes de carrière, armés de la carte isobarique quotidienne, trouveront dans les deux livres de G. Guilbert le moyen de faire une excellente prévision du temps. Mais l’auteurs’est bien gardé d'oublier les sim= ples amateurs, perdus dans leurs campagnes, 1. Le bon sens, qui doit être la vertu primordiale du savant, aurait dû conseiller à l’auteur de laisser de côté la question de Skudesness ; elle avait dormi trente ans dans ses cartons, elle aurait pu y rester sans inconvénient après l'avis exprimé par le professeur Bjerkness. Quand on est conduit à attribuer à un phénomène inconnu des propriétés mystérieuses, con- traires à la vraisemblance, il faut crier «casse-cou! » et laisser la chose de côté. Le bon sens est ici avec M. Bjerkness et l'Office national météorologique qui a rayé Skudesness des stations utilisées par lui. En introduisant les données de cette station dans une règle supplémentaire, l'auteur nous paraît avoir commis une faute que ses détracteurs ne manqueront pas d'exploiter contre lui, qui désirent la prévision du lendemain ; c'est sur- tout pour eux que le présent ouvrage a été écrit La distinction des nuages, leur ordre de succes- sion et de marche dans l’espace, constituent la base principale de prévision pour un observa- teur isolé. Cela explique le soin mis à décrire la succession nuageuse, c’est-à-dire la déforma- tion progressive des cirrus, considérés à partir de leur naissance à des altitudes voisines de 15.000 mètres et tombant sous l'influence de la pesanteur; au cours de cette chute fatale, ils se transforment progressivement! dans un ordre lié obligatoirement à l'altitude {et par conséquent à la température) jusqu’à leur disparition totale sous forme de neige, de pluie, ou de vapeur d’eau. On remarquera que les cumulus et les brumes sont exclus formellement de la succession nua- geuse. Pour G. Guillert, le vrai nuage de pluie ou de neige, c'est le cirrus à tous ses états, c’est-à-dire à toutes lesaltitudes comprises entre 15.000 et 3.000 mètres, et /a pluie n'est quede la neige fondue, les cumulus ne pouvant donner quelques gouttes d'eau qu'accidentellement.Dans la théorie de Guilbert, les nuages sont des cirrus plus ou moins abaissés; c'est une théorie per- descensum. Toutefois, l’auteur admet que les véritables cumulusexistent,même sous une forme ascendante. Ils naissent souvent d’un brouillard auroral et s'élèvent jusqu’à1.500 mètres à mesure que le soleil monte; après quoi, de mamelon- nés ils s’aplatissent, se stratifient et deviennent descendants. Ils finissent en cumulo-stratus. La brume est un nuage aérien qui contraste avec le brouillard. La brume se forme dans l’air et descend; le brouillard naît au ras dusolet s'élève. La succession nuageuse, qui commence aux cirrus naissants, se continue par les cirrus fili- formes, les cirrus filamenteux, les cirrus mou- tonnés, les cirrus pommelés et les nuages ordi- nairement appelés alto-cumulus. I est des jours où les cirrus filamenteux s’agglomèrent et couvrent tout le ciel visible d’un voile léger où se jouent les brillantes couleurs des halos; on a alors le pallio-cirrus, d’une altitude de 9 à 10.000 mètres. G. Guilbert réserve le nom de cérro-nimbus aux bancs isolés ou groupes de cirrus filamen- teux qui suivent le passage du pallio-cirrus. Ils se présentent communément en masses consi- dérables, aux formes d’enclumes, de bigornes, 1. Les aiguilles de glace des cirrus, tombant dans un air plus chaud qu'elles, condensentla vapeur d'eau de celui-ci en vertu du préncipe de la parot froide; il en résulte qu'elles vont constamment en grossissant et en s'empâtant. 554 E. MATHIAS. — LA PRÉVISION SCIENTIFIQUE DU TEMPS dont les pointes figurent des éperons de navires terminés par de véritables filaments. Les halos apparaissent dans ces énormes nuages et en démontrent la structure cristailine. Ces nuages, producteurs de pluie ou de grêle, comme de neige ou de giboulées, sont les seuls nuages d’orage. Les cirro-nimbus dont nous venons de parler sont les derniers des cirrus filamenteuxet, à ce titre,ils dominent toujours les autres formes nées, pommelées, irisées, des cirrus. Toutefois, les cirrus moutonnés peuvent, en descendant, apparaître sous la forme caractéris- tique d’enclumes, d'éperons, de bigornes, c’est- à-dire de vrais cirro-ntmbus d'orage. Il en résulte qu'on observe parfoisune superposition de cirro- nimbus, les plus élevés provenant des cirrus filamenteux, la couche inférieure résultant de la transformation des cirrus moutonnés. Le cirro-nimbus est le plus important de tous les nuages parson action sur le temps. Il est pres- que toujours accompagné d’un grain. En dehors de lui, on n'a qu’un grain blanc,sans importance. La succession nuageuse, par la détermination des nuages passés antérieurement et de ceux qui doivent survenir, est une seconde méthode de prévision du temps, mais cette fois-ci des phé- nomènes de l’atmosphère, parce qu’elle est une méthode de prévision des nuages. Cette observation de la succession nuageuse, dit l’auteur, n’est pas « ce qu'un vain peuple pense »; il faut que l'observation soit continue, sans interruption ni lacune. Le ciel doit être observé de minute en minute, afin d’être assuré que tel ou tel nuage de la succession nuageuse a fait, ou non, son apparition. L'ordre de succes- sion ne peut être déterminé qu’autant qu'on aura noté le passage de tous les nuages qui se mon- trent dans le firrmament. La nuit, malheureusement, est un obstacle invincible pour l'observateur isolé, qui ne peut surveiller le cielpendant 24 heures consécutives, tandis que, dans un Observatoire météorologique bien organisé, le ciel doit être constamment observé. mouton- En combinant l’examen de la succession nua- À geuse avec la méthode du vent normal, on a ce que l’auteur appelle : /a méthode mixte de pré- vision du temps. # * + La deuxième partie est la plus importante du livre, je n'ose direla plus intéressante parce que tous les chapitres contiennent des observations ou des théories originales qui fixent l'attention du lecteur. Dans une série de quinze chapitres dont les titres commencent invariablement par les mots: «Comment et quand prévoir. », l’auteur étudie successivement la prévision du vent (direction et force), des tempêtes, de l'orage, du grain, de la pluie, des variations de température (maxima et minima quotidiens, refroidissements, dégels, etc.), de la chaleur {températures extrêmes), du froid (frimas d’hiver),de la neige, du brouil- lard, de la gelée blanche (rosée, givre, verglas), de la brume, de la bonne ou de la mauvaise visi- bilité, de la nébulosité, du beau temps. Les exemples que l’auteur discute montrent bien la tournure de son esprit hardi dans ses inductions et tirant ensuite de celles-ci toutes les conséquences possibles. Il est très curieux de constater que la prévision du lendemain est le résultat d’une divination raisonnée des cau- ses météorologiques inconnues qui agissent. Détachons, à titre de document, du chapitre VIII, la règle de sagesse suivante que les météoro- logistes chargés de faire la prévision détaillée du temps du lendemain feront bien de méditer : «Chaque jour, il faut avoir soin d'examiner, avant de fixer le vent futur du lendemain, s’il doit survenir ou une destruction des dépressions entre elles, ou bien l'arrivée de nouveaux tour- billons. En général, il convient de viser plutôt une nouvelle dépression que de s’attarder à la contemplation dela dépression existante.Lesbour- rasques sont généralement éphémères et il vaut mieux miser sur une nouvelle dépression pour en faire la directrice des vents futurs que sur la dépression existante. En agissant ainsi, selon d’ailleurs les règles de nos méthodes et d’après . l'observation des nuages, nous ferons, non pas des constatations mais de vraies prévisions, audacieuses sans doute, mais que le succès cou- ronnera. » La succession nuageuse joue un rôle considé- rable dans les prévisions de la deuxième partie du livre. Elle intervient dans la prévision des tempêtes (chap. VIII), soit par la superposi- tion de deux successions nuageuses, soit par la présence simultanée de cirrus rapides et de bru- mes lentes. ! Dans la prévision de l'orage (chap.IX), l’obser- vation de la succession nuageuse sera notre guide, car c’est par elle seule que l’on peut pré- sumer le passage prochain des cérro-nimbus. Il en est de même dans la prévision des grains marins (chap. X) qui appartiennent à la saison . froide et aux grandes dépressions hivernales d'octobre à mars. A la prévision des vents d’en- tre Ouest et Nord, il conviendra d’ajouter la pré- | vision des cirro nimbus. = E. MATHIAS. — LA PRÉVISION SCIENTIFIQUE DU TEMPS 3 Quant aux grains d'été, ils sont liés aux iso- bares en V. C'est dans le côté dangereux des cyclones secteurs SE et SW, que se formentles déviations en V, dont le point extrême est en général occupé par un orage ou une averse orageuse. La prévision de la pluie (chap. XI) est la plus incertaine de toutes. En effet, la dépression ba- rométrique, qui est considérée comme la cause principale de la pluie, et la succession nua- geuse, qui seule peut produire la pluie — puis- qu'il n’y a pas de précipitations sans nuages — ne coincident pas toujours Un centre cycloni- que peut survenir alors que la succession nua- geuse n’en est qu’au début, avec ses cirrus non pluvieux. Inversement, la succession nuageuse peut nous avoir présenté des cirrus filamenteux, puis des cirrus moutonnés, même pluvieux, et jus- qu’à son pallium glacé, avant même que le baromètre n'ait sensiblement baissé, par consé- quentsans dépression. Si l’on distingue avec l’auteur la pluie propre- ment dite, les averses, les pluies fines, on con- çoit que leur prévision exige des discussions délicates et minutieuses et la mise en valeur de renseignements nombreux. Dans la prévision de la neige (chap. XV), c’est fréquemment le cirro-nimbus qui fournira la précipitation solide. Lorsque la succession nuageuse proprement dite n'intervient pas dans les prévisions par- tielles dont il vient d’être question, l’auteur fait appel soit à ses règles, soit à d’autres considé- rations qui rendent variée et attrayante la lec- ture de la deuxième partie de l’ouvrage, qui est celle où l’auteur serre de plus près la réalité et où l'étude sereine de la nature règne en mai- tresse. + + Le côté humain, passionné et personnel, repa- raît avec la troisième partie, qui porte le titre suggestif de théories et controperses. Dans l’analyse des dix chapitres qu'elle com- porte, nous ne citerons aucun nom et nous res- terons dans les généralités pour ne mettre aucune acrimonie dans une critique qui doit rester tou- jours bienveillante et impartiale. Nous trouvons très lécitime que l’auteur défende sa méthode, qu'il la compare, quant aux résultats qu’elle donne, aux autres méthodes, qui sont fréquem- ment, il faut bien le reconnaître, des déviations ou des déformations de la sienne. Après le moment de notoriété dont elles ont joui vers 1910 et dont il s’étonne à tort, car c’est un fait dont nous avons été témoin comme beau- coup d'autres, les règles de Guilbert ont eu leur éclipse. Après la louange viennent la critique amère et le dénigrement systématique : c’est tristement humain, mais c’est ainsi. L'auteur, quia un tempérament de lutteur, a réagi et sa défense nous vaut le beau livre, plein de vues originales, que nous avons l'honneur d'analyser aujourd’hui. Dansl’ardeurdesa légitime défense, l’auteur a souvent attaqué ses adversaires et été quelquefois trop loin : on lui pardonnera beau- coup quand on aura lu le paragraphe touchant qui termine la page 432 et qui est une sorte de mea culpa plein de noblesse et de dignité. Nous avons résumé assez longuement les idées de l’auteur pour n’y pas revenir; nous faisons nôtre l'approbation de Bernard Brunhes, qui souligne en passant la nécessité de l’esprit de finesse, l'application correcte des règles de Guil- bert étant beaucoup moins automatique que celui-ci ne se plaît à le dire. Incontestablement, l’auteur réussit fort bien la prévision du temps et se trompe rarement; quel- ques personnes même ontsu attraper sa manière ; mais cela n’est pas suffisant. Dans un grand ser- vice météorologique d'Etat, civil ou militaire, il faut quelque chose de plus automatique, de plus accessible aux personnes intelligentes qui n’ont pas l'intuition que donne une vie passée tout entière à l'observation des phénomènes natu- rels. On a donc cherché quelque chose de plus sim- ple en prenant dans les conceptions de l'auteur la scientifique moelle, comme aurait dit Rabelais. Tous les éléments météorologiques dépendant visiblement de la pression barométrique p, on a été conduit à prévoir les variations de cette quantité, considérée comme fonction continue du temps t, et par suite à envisager, en grandeur et dt Comme p est une fonction très lente du temps, pour avoir la dérivée il faut pratiquement envi- sager la variation de p pendant un temps ô£ assez grand; si l'on prend 5 — 3 heures, le ôp cor- respondant.s’appellerala/endance barometrique ; si l’on prend à 24 heures, le ip permet de construire les zsallobares. Tout cela est très simple, très direct et très naturel. Pourquoi donc l’auteur jette-t-il feu et flamme à propos des tendances barométriques ? Que sa méthode, quand on peut ou sait l'appli- quer, permette d’aller plus loin qu’elles, nous l’accordonsvolontiers ;mais cen’estpasuneraison suffisante pour être exclusif et intransigeant. Nous croyons que l’auteur estfréquemment dans en signe, sa dérivée + 556 la bonne voie, mais il n’est pas démontré qu'il possède la vérité scientifique totale. Il est donc parfaitement admissible qu'on cherche à faire autrement que lui; la vérité scientifique n’est pas un article de foi etla scienee est à tout le monde, d'autant qu’on peut parvenir à la vérité par beau- coup de chemins très différents. Il n’en est pas moins vrai que, dans beaucoup de questions, l’auteur a été un précurseur et un novateur. Il a eu des idées heureuses adoptées par tout le monde; l’idée d'utiliser le vent de surface seul pour prévoir la pression baroméiri- que (dont dépendent toutes les autres données météorologiques) est de lui. Certaines expres- sions courantes dans la terminologie de la pré- vision du temps lui sont dues, qu'on a tort, selon nous, de changer sous prétexte de leur donner un sens légèrement différent du sens primitif. Nous préférerions, au point de vuede la clarté et de la loyauté, voir les météorologistes suivre l'exemple donné par les mathématiciens et par- ler de la succession nuageuse ausens de M. Guil- bert, de la succession nuageuse au sens de M. X., de la succession nuageuse au sens de M. Y., etc., pour prendre un cas particulier. Jamais on n’a fait, en France, autant de météo- rologie que depuis la guerre; ce sont là des con- ditions excellentes pour que cette science, si utile à l’agriculture et à l’art de la guerre, avance. Mais elle avancerait beaucoup plus si les météo- E. MATHIAS. — LA PRÉVISION SCIENTIFIQUE DU TEMPS , rologistes voulaient bien s'entendre, unifier leur terminologie et leurs méthodes de prévision du temps, et se rappeler toujours que l'étranger est là qui compte les coups qu’ils se donnent et met à profit leurs divisions. | Le temps, qui est un grand maître, montrera, dans un avenir prochain, quelles sont, des idées de Guilbertetdesescontradicteurs,celles qui sont justes et méritent desurvivre ; les autres, lesidées fausses, tomberont rapidement dans l'oubli. Nous n'aurons garde de prolonger par des remarques de détail cet aperçu déjà trop long; mais l'importance de l’œuvre accomplie en météorologie par l’auteur et le labeur énorme que représente l'ouvrage dans lequel il a résumé et codifié quarante années d'observation continue du temps méritaient l’effort que nous nous som- mes imposé pour essayer de donner du livre, aux lecteurs de la Revue générale des Sciences, une présentation digne de lui. Il n’est que juste de souhaiter le succès d’untel livre, qui ne fait double emploi avec aucun des ouvrages connus et qui complète très heureuse- ment la Vouvelle methode de prévision du temps de l’auteur etles Etudes élémentaires de Météoro- logie pratique de À. Baldit. E. Mathias, Correspondant de l’Institut, Directeur de l'Observatoire du puy de Dôme, BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 557 BIBLIOGRAPHIE ANALYSES 4° Sciences mathématiques Andoyer (H.), Professeur à la Sorbonne, membre de l'Institut. — L’Œuvrescientifique de Laplace.— Un sol. petit in-16 de162 p., de la Collection Payot (Prix, relié : 4fr.). Payot et Cie, Paris, 1922. Il serait difficile de condenser aussi "complètement dans un plus petit volume l’œuvre prodigieusement vaste de Laplace, A vrai dire, malgré son étendue, celte œuvre n’estpas dispersée et M. Andoyer a bien su marquer qu’elle se rattache à deux idées principales: pousser jusqu'à ses dernières conséquences l'application de la loi de la gra- vitation universelle, systématiser, développer et cons- tituer en science distincte les recherches jusqu’avant lui disparates concernant la théorie des probabilités, L'ouvrage de M. Andoyer se compose de quatre cha- pitres dont la répartition des matières est très propre à en faciliter la lecture. Le premier chapitre est un aperçu général surla personualité et l’œuvre de Laplace. Chemin faisant M. Andoyer, s'autorisant de l’appré- ciation de Napoléon sur les aptitudes administratives de Laplace et d'un mot de Pascal, se montre un peu dur pour les mathématiciens qui croient pouvoir s’in- ‘téresser aux affaires publiques. Sîles qualités du mathé- maticien sont distinctes de celles de l’homme d'Etat, elles ne sont pas incompatibles avec elles. Ne sont-ce pas précisément des mathématiciens qui, comme minis- tres de la guerre, aux époques les plus terribles denotre histoire, ont su équiper et remettre sur pied des armées près de se dissoudre. ; Dans le second chapitre, M. Andoyer examine les caractéristiques de l'œuvre de Laplace et en fait une analyse captivante. Le troisième chapitre, consacré à la contribution de Laplace à la Mécanique céleste, est d’une lecture néces- sairement plus ardue et suppose au lecteur une certaine connaissance de l’Astronomie mathématique. Dans le troisième chapitre sont analysés les travaux de Laplace sur les probabilités. Enfin le dernier chapitre passe en revue toutes les recherches diverses et les traités didactiques de Laplace. Maurice FRÉGHET (Université de Strasbourg). 2° Sciences physiques Moreux (Abbé Th.). — Pour comprbndre Einstein. — 1 vol. in-12 de 246 p. avec figures (Prix net : 9 fr.). Gaston Doin, éditeur, Paris, 1922. M. l'abbé Moreux n’est pas ce qu'on appelle aujour- d’hui un Relativiste, Il n’admire point sans réserve les nouvelles doctrines; surtout, il semble exaspéré, avec quelque apparence de raison, par les exagérations des commentateurs et des vulgarisateurs pour qui toute ET INDEX science commencerait à Einstein et qui, comme l’un d'eux, et non des moindres, l’a écrit, vont jusqu’à attri- buer à Einstein « le mérite essentiel d’avoir ouvert toute grande aux hommes une nouvelle fenêtre sur l'éternité ». M. l'abbé Moreux dresse, en un raccourci fort net, le bilan de la Physique au moment où parut Einstein. Après quoi il expose la doctrine de larelativité en une langue susceptible d’êtreentendue detoutesprit cultivé. Il en envisage l'aspect métaphysique et discute longue- ment les concepts d’espace et de temps, l’infinitude de l'Univers, les relations entre l'espaceet la matière. Mais il n’a garde d'oublier l'expérience, seul critérium des théories, et il examine attentivement les vérifications expérimentales qu’on a données du principe de relati- vité. “ Ses conclusions sont as sez sceptiques : 1° En ce qui concerne la relativité restreinte, « celle- ci, dit-il, existe dans la science depuis de longues années; elle est tout entière l’œuvre, non d’Einstein, mais de Lorentz qui l’a conçue pour rendre compte de la dyna- mique de l'électron; c’est Lorentz, on ne saurait trop le répéter, qui, le premier, nous a livré sous leur aspect définitif toutes les formules de la Relativité : simulta- néité optique, temps local, postulats, tout cela est la pro- priété de Lorentz. — Mais uneformule mathématique... n’est pas une théorie, l'interprétation en est toujours arbitraire; Lorentzavait conclu à une contraction réelle des objets pour expliquer l'expérience de Michelson : Einsteinest intervenu, qui asimplementchangé ce point de vue: Pour lui la contraction n’est qu'apparente. Telle est la seule part intéressante du physicien allemand dans la doctrine de la Relativité restreinte. » 2° Dans la Relativité généralisée, « nous nous trou- vons en présence d’un ensemble grandiose de formules mathématiques, rigoureusement enchaînées, mais qui, cette fois,ne sont susceptibles d’aucuneinterprétation ». Les relativistes « ont peut-être, par leurs formules, si- gnalé des rapports naturels, insoupçonnés de nos devanciers, mais le plus souvent, les divergences avec notre Mécanique classique sont si faibles, les assises de leur théorie si peu assurées, qu’on est en droit de se, demander si les efforts déployés pour d'aussi faibles résultats justifient tant de bruit... ». En résumé, il y a, d’après M. l’abbé Moreux, beaucoup à critiquer dans l’œuvre d’'Einstein. Et en ce qu’elle a de meilleur elle ne nous a rien appris que n’eüt déjà enseigné Lorentz. On pourrait même faire remonter beaucoup plus loin dans le passé l’idée maîtresse de la Relativité et je signale à M. l’abbé Moreux cette pensée profonde de Lucrèce : « Personne, il faut le reconnaître, n’a le sentiment du temps en soi, en dehors du mouve- ment des choses et de leur repos !. » Même si l’on n’approuve pas toutes les réserves 1. De Rerum Naturz, Livre 1, vers 462-3. 558 BIBLIOGRAPHIE. — ANALYSES ET INDEX de M. l'abbé Moreux, on a été tellement excédé de grandiloquence admirative à propos de la Rela- tivité qu'on estreconnaissant à M.l’abbéMoreux d’avoir osé critiquer une doctrine qui est souvent d'autant plus admirée qu’elle est moins comprise. A. BoUTARIC, Professeur à la Faculté des Sciences de Dijon. Hackspill (Louis), Professeur à la Faculté des Scien- ces de l’Université de Strasbourg. — L’Azote. La FIXATION DE L'AZOTE ATMOSPHÉRIQUE ET SON AVENIR INDUSTRIEL, — 1 ol. in-8® de 272 p. avec 39 fig. (Prix : 14 fr.). Masson et Cie, Gauthier- Villars et Cie, Paris, 1922. L'ouvrage de M. Hackspill publié dans l'Encyclopédie Léauté, constitue une monographie de la fixation de l’azote, et donne une vue précise de l’état actuel de la question, Les fonctions que l’auteur a remplies dans les commissions de contrôle en Allemagne l’ont mis à même de rassembler des observations précieuses qui, aidées par une documentation abondante, lui ont per- mis de mettre en lumière toutes les faces d’un problème industriel dont l'importance croît chaque jour. Après un court exposé du rôle de l'azote dans l’ali- mentation des êtres organisés, et un rappel des prévi- sions bien connues de Crookes, l’auteur examine rapi- dement la synthèse des cyanures et des nitrures, qui ne semble pas encore avoiratteint la phaseindustrielle, puis éonsacre un chapitre à la cyanamide. La théorieet la technique de sa formation, clairement exposées,sont l’occasion d’un premier aperçu sur l’éxtraction de l'azote et sa purification. Le chapitre suivant développe la théorie de la syn* thèse de l'ammoniac et étudie les modes de préparation de l'hydrogène que celle-ci nécessite. L'importance du prix de revient de cet élément ne saurait êtreexagérée : ceux qui ont suivi les récentes discussionssurles divers procédés de synthèse savent que le pivot en était le coût de l'hydrogène fourni par les méthodes en pré- sence, La partie la plus intéressante et la plus vivante du livre de M. Hackspill est, à notre avis,constituée par les chapitres qui suivent, et surtout par celui qui contient la description des colossales usines d’'Oppau et de Mer- seburg. Il n'est pas possible de résumer ici un exposé lui-même très condensé, puisque l’auteur a réuni dans une quarantaine de pages tout l'essentiel de ces mer- veilleux organismes, y compris l'historique et l’organi- sation intérieure, Des schémastrèselairs ajoutent encore à l'intérêt. à En regard de ce qui a été accompli en Allemagne, les installations d'essai des autres pays paraîtraient bien peu de chose, mais le procédé Claude est gros de pro- messes. Il y a lieu de regretter que M. Hackspill n’ait pu lui consacrer que quelques pages,contraintqu’il était à la brièveté par le cadre de son livre. Heureusement, ceux que la question intéresse, et ils sont nombreux, peuvent trouver dans divers périodiques, et en particu- lier dans la Revue générale des Sciences, le texte des conférences dans lesquelles M. G. Claude a lui-même fait connaître et défendu ses méthodes. Avant d'abandonner l’ammoniac, les produits qui en dérivent, sels ammoniacaux, uréeet l’auteur examine engrais composés; nous devons déclarer que nous ne partageons pas son avis au sujet des mérites de certains dérivés de la cyanamide, Viennent ensuite la synthèse des oxydes de l’azoteet leur récupération par des procédés physiques et chimi- ques; l'oxydation de l’ammoniac par catalyse, qui est étudiée en détail; l'absorption des vapeurs nitreuses ; la concentration de l’acide nitrique, Un chapitre spécial est consacré à l'étude du prix de revient de l'azote fixé par les divers procédés : on con- çoit qu’il ne soit pas le moins important de l’ouvrage, quand on songe aux éléments si divers et si variables qui constituent ce facteur, somme toute le seul qui compte en définitive, Un exposé de ce genre, forcément aride, risquait de rebuter le lecteur : ilfautféliciter l’au- teur d'avoir réussi à le rendre aussi attrayant que le reste. Suivent les modes d'utilisation des engrais azotés et la comparaison de leurs effets : les conclusions à en ti- rer à l'avantage des uns ou des autres sont bien déli- cates, en présence de l'infinie variété des conditions d'emploi, aussi on comprend la réserve de M. Hacks- pill. L'ouvrage se termine par une statistiquedela produc- tion et dela consommation des composés de l’azote : les conséquences qu’en déduit l’auteur, que l’on est con- traint d'approuver, sont peu faites pour encourager à l’optimisme, quand on compare l’inertie de nos pouvoirs publics et de notre grande industrie, empêtrés dans de vaines discussions, avec la fiévreuse activité de nos anciens ennemis, demeurés nos rivaux : le monopole allemand est menaçant, et ce ne sont pas les barrières. douanières qui nous mettront à l’abri de ses dangers. Espérons que le présent ouvrage, en plus de sesmérites propres, aura celui de contribuer à émouvoir l'opinion publique, et à l’intéresser de plus en plus à la question de l'azote, qui dépasse les limites d’un problème scien- tifique et même industriel, pour revêtir vraiment une importance nationale. En résumé, le livre de M, Hackspill estune excellente mise au point d’un sujet en pleine évolution, qui s’y trouve exposé avec précision et méthode, Il est com- plété par une bibliographie qu’on souhaiterait groupée, et de bons index parmi lesquels la table des Usines et Sociétés citées constitue une innovation utile. A signa- ler les notices que l'Encyclopédie Léauté place en ap- pendice de ses volumes,et contenantdesrenseignements puisés auprès des entreprises s'occupant des industries étudiées dans le corps de l'ouvrage. On devine dans le cas présent quels plaidoyers pro domo constituent ces notices: nous avons cru percevoir un écho affaibli des discussions épiques dont la Société des Ingénieurs civils fut le siège il y a quelques mois. Il nous semble en terminant que c’est ici le lieu de se louer de la tendance actuelle de l'enseignement de la Chimie industrielle, qui ne seborne plus à une descrip- tion de procédés et d'appareils dont la destinée est dé BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX céder la place à d’autres sans cesse plus perfectionnés mais les considère comme les éléments d’un ensemble en perpétuelle évolution; évolution qui a son principe dans les recherches de science pure, mais qui est large- ment influencée par les conditions techniques et écono- miques, comme lefait si bien ressortir l'ouvrage de M. Hackspill. À. SANFOURCHE. Witz (A.), Correspondant de l'Institut.— Les Gazo- gènes. — 1 vol. in-16 de 384 pages avec 100 figures (Prix : 15 fr.). Librairie J.-B. Baillière et fils, Paris, 1922. C’est avec un très vif plaisir que nous avons lu l’ou- vrage de M. A. Witz sur les gazogènes. Sous un aspect modeste, sans emploi de calculs rébarbatifs, ne donnant à la partie théorique que la place strictement nécessaire, ce travail constitue certainement l'ouvrage le plus com- plet, le plus clair, existant à l’heure actuelle sur les gazogènes. Si,à toutes ces qualités découlant de la valeur de l’auteur tant au point de vue technique qu’au point de vue didactique, l’on ajoute le charme d’un style alerte, l'on pourra se rendre compte de la très grande valeur du traité de M. A. Witz. Dès Le début, au chapitre des définitions préliminaires, l’on se rend compte, avec plaisir, de l’esprit dans lequel et avec lequel ce travail a été exécuté. Ce souci du mot exact, de la définition précise est caractéristique. Après un historique des gazogènes, au cours duquel l’on suit leur évolution, les transformations et leurs causes, se trouvent très complètement exposés les combustibles (solides exclusivement) et les phénomènes qui accom- pagnent leur combustion. Très sagement, dans ce cha- pitre, l’auteur met en garde le lecteur vis-à-vis des théories plus ou moins ingénieuses échafaudées pour expliquer les réactions qui prennent naissance au cours de la combustion. C’est dans ce chapitre que la semi- distillation (coalite) est simplement mentionnée: étant donnée l'importance de cette question au point de vue gazofacteur, nous aurions été heureux de lui voir donner un plus grand développement. Décrivant les types de gazogènes et exposant leur théorie, l’auteur se montre partisan des gazogènes à insufllation dont le haut-fourneau est le type le plus caractéristique. Pourquoi, dans ces conditions, aucours de la description des appareils n'avoir fait que men- tionner les gazogènes à fusion de cendres (type Sépulchre) ? Vient ensuite l'exposition des propriétés et qualités des gaz produits par les divers types de gazogènes; à noter les chapitres tout particulièrement remarquables sur l'échantillonnage des combustibles, les mesures des pouvoirs calorifiques des combustibles solides et gazeux. Les renseignements contenus dans ces chapitres acquiè- rent, du fait de la grande pratique que l’auteur a de ces questions, une autorité indiscutable, Un autre chapitre très bien traité est celui du calcul des rendements, très complet, avec des calculs simples et clairs. Une monographie des principaux gazogènes, très ‘ judicieusement sélectionnés, de près de 200 pages, ter- ‘mine l’ouvrage; l'esprit critique de l’auteur rend cette description vivante, intéressante ; elle est d'autre part très suffisamment complète. L'ouvrage comporte un grand nombre de tableaux contenant toutes les valeurs, toutes les données néces- saires pour les calculs se rapportant aux gazogènes, À titre de mémoire, et ceci constitue une preuve de plus de l'esprit pratique ayant présidé à la rédaction de cet ouvrage, un tableau donne en français, anglais, italien et allemand, les divers termes spéciaux employés dans la littérature technique des gazogènes. M. DesMarerTs. 3° Sciences naturelles Meunier (Stanislas), Professeur honoraire au Muséum national d'Histoire Naturelle. — Histoire géologi- que de la pluie. — Un volume in-8° de 324 p. avec : ho figures. Librairie Vuibert, Paris, 1921. « La pluie est une grande méconnue. » Tel est le thème du nouvel ouvrage du savant Professeur hono- raire de Géologie du Muséum d'Histoire Naturelle, En un style aimable et coloré, l’auteur nous entretient tantôt des travaux actuels de la pluie, qui témoignent de l'impossibilité pour les rivières d'acquérir un profil d'équilibre, tantôt de l'action des eaux courantes dont le glissement sur les pentes permet seul d'expliquer la genèse du « diluvium », tantôt de l'infiltration des eaux de pluie, dont un des effets serait la formation des ga- lets striés. La pluie collabore activement et intimement aux diverses « fonctions géologiques : fonction volcanique, « fonction bathydrique, fonction épipolhydrique,fonction «éolienne, fonction océanique, fonction biologique ». Grâce à l’eau sans cesse infiltrée, le granit est une roche actuellement en voie d'élaboration et non pointun pro- duit de fusion. Considérable aussi est le rôle de l’éro- sion souterraine dans le « soulèvement des monta- gnes »., C’est grâce à elle que les matériaux lithoïdes sont pourvus d’une plasticité qui les plie aux contrac- tions de l'écorce terrestre. A la faveur des eaux sur- chauffées en profondeur se produisent des lames de charriage qui deviennent des ridements montagneux. L'ouvrage de M. Stanislas Meunier se termine par des considérations sur « La dernière pluie ». Sa lecture facile laisse dans l'esprit l'impression de développements toutà fait originaux, infiniment loin d’ailleurs des idées universellement admises. La hardiesse de vues de l’au- teur fait regretter que la bibliographie infrapaÿinale, généralement antérieure à la date denaissance de celui qui écrit ces lignes, n'ait pas toujours permis à l’émi- nent Professeur du Muséum d’exercer sa critique sur l'immense domaine des acquisitions récentes des scien- ces géologiques. L. JorEAuD. Gattefossé (J.). — Voyage d'études au Maroc (Extrait du T. XLI des Annales de la Société bota- nique de Lyon). — 1 vol. in-8° de 37 p. avec 20 pl. Société botanique, 1, place d'Albon, Lyon, 1921. MM. Jean Gattefossé et Jahandier ont eflectué au Maroc, en 1920, une herborisation dont les résultats BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX sont des plus intéressants et viennent augmenter large- ment notre connaissance de la flore marocaine. Ayantconstaté,lors d’une mission au Maroc, la richesse de cette flore et l'attrait qu'elle exerce sur les bota- nistes, j'ai apprécié d'autant plus la valeur de cette nouvelle contribution. En 95 jours de voyage, les deux naturalistes ont parcouru 4.300 kilomètres d'itinéraire, au cours duquel ils ont récolté, en 65 journées d'herborisation, 724 espè- ces appartenant à 83 familles. Sur ce total 3 espèces sont entièrement nouvelles : Genista Jahandiezi Batt. Solenanthus Watieri R. Maire Sedum Gattefossei Batt. et Jah. s Six variétés sont également nouvelles; enfin six espè- ces sont nouvelles pour l'Afrique du Nord et cinq pour le Maroc seulement. Soit, au total, 20 acquisitions pour la flore marocaine. Nous ne suivrons pas les voyageurs dans le délail de leurs étapes. M. Gattefossé a su rendre la lecture de son livre attrayante, même pour des profanes, évoquant des paysages pittoresques et des scènes indigènes pleines de saveur locale, à Une belle collection de photogravures est annexée à cet ouvrage qui sera lu avec le plus vif intérêt par tous ceux qui connaissent le Maroc ou qui suivent avec curiosité les progrès de sa rapide évolution. M. RicorARp, Ingénieur agronome, Chef du Service de l’Agriculture de l'Ile de la Réunion. Cuénot (L.), Correspondant de l’Institut, Professeur à la Faculté des Sciences de Nancy. — La Genèse des Espèces animales. 2€ édition entièrement refondue. — 1 vol. in-8° de 558 p. avec 109 fig. (Prix : 25 fr.). Librairie Félix Alcan, Paris, 1921. Nous nous excuserons d’être si en retard pour signa- ler ici la 2e édition de l’ouvrage du Prof. Cuénot, dont la 1r° avait été présentée aux lecteurs de cette revue il y a onze ans{. Rappelons en quelques mots, d’après l’auteur lui-même, le contenu de ce volume. Il se divise en 5 parties : dans la 1re, l’auteur retrace l’évolution des idées qui a conduit à l'acceptation défi- nitive dela doctrine transformiste ; la 2° passe en revue le peuplement des différents milieux et les caractéristi- ques de leurs faunes; la 3° montre comment et sous quelles influences l'animal varie, et comment les varia- tions se transmettent et sont préservées. Après cet exposé des faits concrets vient une 4e partie, plus spé- cialement critique et explicative, où sont examinées les conceptions que l’on peut actuellement se faire de la genèse des espèces et des adaptations, Enfin une 5° partie est consacrée, à titre d’applicalions, à un certain nom- bre de problèmes biologiques d’une difficulté particu- lière (atrophie des ailes et des yeux, homochromie, mimétisme, etc.). Cette seconde édition a été d'une part mise au cou- 1. Rev. gén. des Sc. du 30 juillet 1911, t. XXII, p. 585. — rant autant que possible des nouveaux travaux parus depuis 10 ans, d'autre part refondue d’une façon com- plète dans la plupart de ses chapitres. L'auteur a même supprimé l’étude de certaines questions pour traiter les autres plus à fond. La position personnellede l’auteur est restée lamême: pour lui, le transformisme, indépendamment des théo- ries explicatives auxquelles il a donné naissance, est un fait qu'il n’est plus permis de nier. Par contre, parmi ces théories, il considère comme périmées aussi bien celle de Lamarck que celle de Darwin, et aucune des hypothèses des écoles post-darwiniennes ne lui donne davantage satisfaction ; au fond «le problème (de l'évo- lution) reste donc presque entier ». Il faut remercier M. Cuénot d’avoir fait si judicieuse- ment la critique des théories absolues et, tout en pré- sentant à ses lecteurs une riche moisson de faits soli- dement établis, de les avoir mis en garde contre les hypothèses qui donnent trop vite une satisfactionillu- soire. RETIE 4° Sciences médicales Bainbridge (W. S.). — Le Problème du Cancer. Traduit de l'anglais par le D' HerroGue (d'Anvers), — 1 vol. in-8° de xxu1-484 p. (Prix : broché, 32 fr; cart., 36 fr.). Louvain, A. Uystpruyst; Paris, G. Doin, éditeurs, 1922. PER, CP RE Le livre de Bainbridge (dontla première édition parut . en langue anglaise, à New-York, avant la guerre) n’est pas le manuel pour étudiants, la revue générale mise au goût du jour à l'usage des médecins, la compilation réalisée avec plus ou moins de sens critique et d’im- partialité. C’est par bien des points un livre original. Comme l’auteur le dit lui-même dans sa préface : « En présence de l'intérêt croissant et universel qui s'attache au cancer, le besoin s’est fait sentir d’avoir sous la main un livre facile à consulter, pastrop grand, donnant d’une manière succincte et intelligible l’état actuel de nos connaissances. Le praticien, le spécialiste, le profane instruit, le conférencier hygiéniste, tous ceux en un mot qui s'intéressent à la santé publique s’en serviraient avec fruit. » Bainbridge a réalisé ce pro- gramme, autant du moins qu'il peut l'être par un homme d’une seule compétence (Bainbridge est chirur- gien en même temps que cancérologue) en une matière difficile, complexe et qui touche à toutes les branches des sciences biologiques. Tous les problèmes sont suc- cessivement examinés, et toujours d’un point de vue personnel ; toutefois ils ont reçu des développements fort inégaux en valeur et en étendue, Le livre est divisé en 14 parties, dont chacune com- prend un ou plusieurs chapitres. 1. Historique. — Renonçant avec raison à répéter une fois de plus et inutilement les théories périmées des temps lointains, l’auteur s'étend surtout sur l’his- toire des recherches concernant le cancer entreprises depuis une trentaine d'années dans les divers pays. On trouvera dans ce chapitre d'intéressants renseigne- ments sur les principales Institutions consacrées au BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX cancer en Allemagne, en Angleterre et aux Etats-Unis d'Amérique. De la revue rapide des efforts collectifs accomplis, Bainbridge tire une conclusion qui risque d’être jugée singulière par beaucoup : « La création de comités, de fonds spéciaux et de dotations de labora- toires ne nous a pas servi de grand'chose... sauf là où des savants de tout premier ordre ont été engagés, qu'on a laissé travailler sans contrainte, on a fait peu ou pas de progrès. » 2. Répartition générale du Cancer. — Le cancer est d'abord envisagé dans le règne végétal, puis dans le règne animal (aperçu sur la répartition zoologique du cancer spontané). Enfin l’auteur examine la réparti- tion ethnographique et géographique du cancer humain ; il conclut à l'insuffisance des données jusqu'ici recueil- lies, pour établir une comparaison correcte entre les races et entre les pays, au point de vue de la fréquence du cancer. 3. Statistique. — Calcul de la mortalité cancéreuse dans les différents pays, selon le siège anatomique du cancer, la profession, etc. L'auteur passe au crible de la critique les documents publiés, montre les diflicultés de la tâche, et met en garde contre les déductions abu- sives qu'une confiance aveugle ferait aisément tirer des statistiques, La fréquence du cancer paraît augmenter dans la plupart des pays civilisés : cette augmentation est-elle réelle ou apparente ? il ne paraît pas encore possible de se prononcer. 4. Etiologie. — J’auteur étudie sous ce titre non seu- lement les circonstances qui prédisposent au cancer, mais encore les hypothèses émises sur la cause et les agents de la maladie (partie que l’on a coutume d’appe- ler pathogénie). Il conclut de l'exposé des théories que « nous n'avons aucune notion exacte, ni même plausi- ble, de la nature du cancer. » 5. Histopathologie. — Le texte de ce chapitre est court, ce qui ne signifie pas que l’auteur n'attache qu’une faible importance à l'étude histologique des tumeurs : il rappelle, à plusieurs reprises, que nos connaissances en matière de pathologie du cancer ont pour fondement l’Histologie; — que les travaux histo- logiques de Thiersch (1865) et de Waldeyer (1867) ont définitivement jeté à bas les théories humorales de la maladie, au profit de son origine locale, et par consé-. quent assis sur une base inébranlable son traitement logique par l’exérèse chirurgicale. Mais Bainbridge a remplacé le texte par une série de dessins de bonne qualité, — autrement plus lisibles, et même plus exacts, peut-on dire sans crainte du paradoxe, que les microphotographies qui illustrent (!) trop d'ouvrages américains. 6. Résumé des études mondiales (ou modernes?) sur le cancer. — Ce chapitre, que je regrette de trouver médiocrement ordonné et assez obscur, est consacré à l'exposé des résultats expérimentaux obtenus par la greffe des cancers. 5. Marche clinique du cancer, diagnostic et erreurs de diagnostic. — Dans le dernier chapitre de cette partie, Bainbridge évalue à 8 ou 9 °/, le nombre des malades qu’on opère, ou dont la mort est imputée au cancer, et qui pourtant n’en étaient pas atteints. C’est ainsi que 561 s'expliquent les guérisons, par les méthodes les plus diverses, de cancers prétendus, qui n'étaient autres que de faux cancers. Mais combien plus souvent l'erreur inverse est commise : c'est-à-dire que de vrais cancers on méconnaîit ! 8. Prophylaxie. — En l'absence de toute donnée cer- taine surla pathogénie du cancer, la prophylaxie se borne à éliminer les facteurs locaux prédisposants. A vrai dire, il est généralement difficile d'éviter le can- cer ; mais ilest devenu facile d'éviter d'en mourir, sous la condition d’un diagnostic précoce et d’un trai- tement correct, 9. Essai des médications anticancéreuses. — Chapitre de combat, excellent, où Bainbridge attaque vigoureu- sement toutes les catégories de charlatans, aussi bien médecins que laïques. On trouvera là, exécutés comme il convient, à titre d'exemples, des produits prônés dans les journaux parfois sous le patronage de noms pro- pres qui ont eu leur temps de célébrité. Bainbridge admet l'essai loyal de toute médication nouvelle anti- cancéreuse, à la condition qu’ellesoit présentée avecun minimum d’honnêteté — ce qui n’est pas ordinairement le cas. Il montre « le mal que peuvent faire les jour- naux médicaux ou politiques en exaltant prématuré- ment l'application de n'importe quelle méthode de traitement » à une époque « où l’on peut en toute con- fiance et avec une sérénité absolue exploiter la crédu- lité, la faiblesse etla souffrance humaines », 10. Traitement non chirurgical, — L'auteur passe en revue les caustiques, la physiothérapie, la biothérapie. La destruction des cancers par les caustiques n’a guère qu'un intérêt historique. La biothérapie n’a encore rien donné; elle ne peut nous fournir aucun secours tant que nous ne serons pas plus avancés sur la nature du cancer : les tentatives faites avec les toxines micro- biennes, les sérums, les vaccins, les extraits d'organes n’ont laissé que le souvenir d'innombrables déceptions. Baindridge ne parle pas de la chimiothérapie, qui n’a d'ailleurs donné jusqu’ici aucun résultat sérieux dans le cancer, bien qu’on doive en espérer beaucoup. La physiothérapie comprend les traitements par : la chaleur, — la lumière sous différentes modalités, — les corps fluorescents, — l’électro-cautérisation, — les cou- rants de haute fréquence et de plus ou moins haute tension, employés pour la première fois par Rivière, et qui ont été appliqués sous diverses modalités et des noms divers (fulguration de Keating-Hart, diathermie de Nagelschmidt, électro-coagulation et voltaisation bipolaire de Doyen, dessiccation-oscillatoire de Clark, thermo-radiothérapie de Keating-Hart), — l’ionisation chirurgicale, ete., les rayons Xet les corps radio-actifs, Baindridge n’est pas loin, semble-t-il, de placer sur le même pied toutes ces méthodes. Il est regrettable qu’en ce qui concefne les rayons X et les foyersradio-actifs — les seules méthodes de trai- tement dignes, par les résultats acquis, d’entrer en con- currence avecl’exérèse chirurgicale — la documentation de l’auteur, aussi bien que ses conclusions, témoignent d’une connaissance absolument rudimentaire de la question. Comme beaucoup de chirurgiens, Bainbridge a été fortement et défavorablement influencé par l’ava- 562 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX ‘ lanche incessante de publications charlatanesques qui sévit dans tous les pays et particulièrement en Améri- que, à propos des vertus euratives des rayons X et des corps radio-actifs À l'égard des cancers. « Bien que le radium atteigne des prix de famine, la littérature en devient de plus en plus volumineuse. Nous tendons des mains suppliantes pour qu'on nous en procure quel- ques milligrammes,eton nous donne...une bibliothèque » (p. 305). La littérature radiothérapique ne diminue pas d’abondance, hélas! Toutefois grâce aux progrès de la physiqueetau perfectionnement delatechnique, Bain- bridge ne manquera pas au devoir d'enregistrer, dans la prochaine édition de son ouvrage, la justification de quelques-unes des espérances que le radium et les rayons X ont fait naître. L'exérèse chirurgicale, dans la cure du cancer, perd certainement du terrain au profit de la stérilisation du processus néoplasique par les radiations, x 11. Traitement chirurgical. — L'auteur donne, en un chapitre court, mais qui paraît excellent, les règles gé- nérales de la chirurgie du cancer; puis il expose les conséquences en technique chirurgicale de la théorie de Handley sur la dissémination du cancer de proche en proche par « perméation » lymphatique. Enfin il passe en revue, très longuement sur certains points (ligatures atrophiantes, par exemple), la chirurgie palliative du cancer. 12. Cancer inextirpable : soins de toute nature à donner aux malades. 13. Hospitalisation des cancéreux. — Une enquête sur les institutions hospitalières destinées aux cancé- reux montre combien il reste à faire dans cette voie en Amérique. La situation serait pire ailleurs, en Angle- terre, en Allemagne, en Autriche. L'auteur ne men- tionne pas l’organisation de l'hospitalisation des can- céreux en France : elle y est presque inexistante, Il si- gnale cependant que l’Institution du Calvaire, dont il existe une filiale à New-York, a été fondée à Lyon, en 1847 14. Education du public en matière de Cancer. — De- puis que la traduction française du livre dé Bainbridge a paru, une Commission du Cancer a été créée au Minis- tère de l’'Hygiène, en France. Elle réunit 80 personnes, parmi les plus qualifiées. Elle aura largement rempli son rôle, si elle aboutit simplement à ceci, sur quoi insiste avec raison Bainbridge parce que c’est le fonde- ment de la lutte contre le cancer : l'instruction du publie et celle des médecins praticiens. Il y a dans le livre de Bainbridge bien des imperfec- tions et quelques sérieuses lacunes (je signale, entre autres, les recherches de ces dernières années sur la production expérimentale du cancer par les substances chimiques irritanles, et au moyen de l’infestation par: des vers parasites; — l’état actuel de la radiothérapie). Elles ne diminuent pas l'utilité de l'ouvrage, ni les mérites très grands de l’auteur : son œuvre, sincère et droite, répond entièrement à la touchante dédicace placée en tête du volume : « À ceux qui, par milliers, souffrent et meurent du Cancer; à ceux qui en recher- chent la cause et la guérison ; à ceux qui, noblement, consacrent leur vie et leur fortune à le combattre, ce livre est dédié : puisse-t-il jeter quelque lumière sur la sombre énigme. » CL. REeGAUD, Directeur du Laboratoire de Biologie de l'Institut du Radium de l'Université de Paris. 5° Sciences diverses Lallemand (Ch.), Membre de l'Institut et du Bureau des Tongitudes. — L'Anarchie monétaire et ses conséquences économiques. — Une plaquette de 38 pages, avec 5 tableaux annexes (Prix : 2 fr.). Gauthier- Villars et Cie, éditeurs, Paris, 1922. A notre époque, où l'édifice monétaire mondial se trouve profondément ébranlé, l'ouvrage de M. Ch. Lal- lemand précise d'une façon remarquable les conditions auxquelles sont soumis le rétablissement des finances publiques et la reprise de relations économiques nor- males entre les pays. Il n'existe pas en effet deremède, dont l’eflicacité puisse être immédiate, à la situation créée par la guerre, et l’auteur, nous mettant en garde contre les théories dangereuses, dont l'application ne saurait constituer qu'un palliatif temporaire, indique nettement la voie où il convient de s'engager. Après avoir rappelé, au moyen d'exemples particuliè- rement bien choisis, le rôle dela monnaieet ses trans- formations successives jusqu’à l'avènement du papier, M. Ch. Lallemand expose le mécanisme des changes ; il fait ressortir les funestes conséquences, au point de vue économique et social, du cours forcé et de l’infla- tion fiduciaire. L'exemple de l'Allemagne lui fournit ensuite l'occasion de décrire le processus de la hausse des prix intérieurs et extérieurs d’un pays, dont la cir- culation fiduciaire croît sans cesse,'et de démontrer que la paradoxale prospérité économique dont jouit l’Alle- magne lient moins à l'avilissement du mark qu'aux subventions indirectes de l'Etat. Aussi bien cette pros- périté ne peut être que momentanée et doit fatalement aboutir à une catastrophe. D'une étude aussi nette se dégagent des conclusions précises. Si certains pays, dont l'étalon monétaire est particulièrement déprécié, ne peuvent que chercher à consolider le cours actuel de leur monnaie nationale, la France ne saurait admettre une pareille solution. Seul, le retour progressif au pair de son franc rendra pos- sible la réparation de ses ruines, le relèvement de ses industries. C’est une œuvre de longue haleine, dont l'Amérique a donné, au lendemain des guerres de Sécession, l'exemple encourageant, Nul ne doit douter qu'elle puisse être accomplie, méthodiquement, sans hâte imprudente, au moyen d'une politique extérieure courageuse et d'un sérieux effort budgétaire. .. RoBerT DRMENGE, Ancien Elève de l'Ecole Polytechnique. » ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES ° 563 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER ACADEMIE DES SCIENCES DE PARIS Séance du 21 Août 1922 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES, — MM. N. Lusinet VW. Sierpinski : Sur une décomposition du continu. — M. HE. Mineur: Sur une classe de transcendantes uni- formes. ? 2° SCIENCES PHYSIQUES. — M. H. A. Perkins : Sur la résistance des couches conductrices minces électrisées. L'auteur a mesuré au pont de Wheatstone la résistance d’une couche métallique mince formant l’une des arma- tures d’un condensateur chargé. Si l'on admet que la conductibilité croît dans le rapport du nombre desélec- trons apportés par la couche électrique superficielle au nombre des électrons qui participent à la conduction électrique ordinaire, et si l’on suppose que ceux-ci sont au nombre d'un par atome de métal, alors les résultats obtenus montrent que les premiers sont au moins au nombre de 4 par atome d'or. — M.F. W. Klingstedt : Spectres d'absorption ultraviolets des diphénols. Les spectres d'absorption normaux des diphénols, en solu- tion dans l’hexane, ressemblent beaucoup par leur allure générale à celui du phénol; toutefois ils sont déca lés vers le rouge. Ces spectres sont très fortement mo- difiés par certains solvants, en particulier l'alcool. — MM. H. Gault et R. Guillemet: Sur la chloruration de l'alcool butylique normal. Le produit leplus abondant de cette chloruration est l’acétal dibutylique d’une al. déhyde dichloro-butyrique, Eb. 138°-140° sous 15 mm, — MM. G. Vavon et A. L. Berton : Sur le bornéol obtenu à partir du magnésien du chlorhkydrate de pinène. Le magnésien du chlorhydrate de pinène conduit par oxydation à un mélange de bornéol et d'isobornéol en proportions variables, fonctions de la température; les. limites extrêmes obtenues sont o à 5o°/, d'isobor- néol. 30 ScrENCES NATURELLES. — M. G. Murgoci : Sur les propriétés des amphiboles bleues. La!nuance bleue on violette et l'intensité de la coloration des amphiboles bleues varient d'après le nembre des molécules du type SiO6(Al,Fe) (Na,K) et d’après le rapport pFe?0*: qAlPOS. La nuance bleue se montre toujours suivant l’axe cristallographique c; suivant b apparais- sent toujours les autres nuances caractéristiques. La nuance violette est en relation avec la teneur en FeO et en MgO. — M. P. Vuillemin: Disjonction et combinai- son des caractères des parents dans un hybride, Dans un hybride d'Aquilegia cærulea >< chrysantha,: issu d'une mère dont les fleurs ont 5 éperons et d'un père sans éperon, deux facteurs inverses modifient les fleurs successives : 1° disjonction des caractères transmis aux parents; 2° combinaison croissante de ces caractères, Les caractères maternels sont dominants puisqu'il n'y a pas de fleurs sans éperon, Les caractères paternels s'atténuent progressivement au cours d’une combinaison des caractères paternels et maternels s’accentue par la prépondérance croissante des fleurs à 3 éperons. — M. M. Mirande: Sur l'origine morpholo- gique du liber interne des Nolanacées et la position systématique de cette famille. Le liber interne des Nolana se forme dans l'axe hypocotylé, tandis que chez les Convolvulacées il est d’origine caulinaire. Les Nola- nées doivent donc être retirées des Convolvulacées pour former une famille à part entre les Borraginées et les Solanacées. — M. A. Guilliermond : Observation cyto- logique sur un Leptomitus et en particulier sur le mode de formation et la germination des zoospores. L'auteur a pu suivre sur le vivant, à tous les stades du dévelop- pement, l'évolution du chondriome chez ce champignon adapté à la vie aquatique, et à l'abri par conséquent de toute altération. Ses recherches apportent la preuve incontestable que les chondriosomes conserventtoujours leur individualité. — M. G. Bouvrain : Sur l'évolution vasculaire dans la Mercuriale. Critique des résultats de M. Bugnon et confirmation de ceux de M. G. Chau- veaud. — M. W.J. Vernadsky : Sur le nickel et le cobalt dans la biosphère. L'auteur a trouvé le nickel et le cobalt dans un grand nombre de plantes des environs de Kief: mousses, Plantago, Ficaria, Salvia, Taraxa- cum, Avena, Lamium, Echium, ete. — M. L. Boutan : Une perle fine de culture sans noyau de nacre. L'auteur a reçu récemment de M. Pohlun échantillon de perle sectionnée qui porte comme indication : « perle obtenue par culture sans noyau de nacre». Rien, ni dans l’as- pect extérieur, ni dans l’aspect de la section de l’échan- tillon, ne paraît le distinguer d'une production natu- relle. Ici l'appareil de Galibourg et Rysiger, pour reconnaître les perles cultivées, se trouverait doncen défaut. Séance du 28 Août 1922 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M,J. Chokhate : Sur : A le développement de l'intégrale Al io dy en fraction LT continue. — M. Ch. Moore : Sur l’'équivalence des mé- thodes de sommation de Cesaro et de Holder pour les ‘limites multiples, — M. N. Sakellariou : Sur les sys- tèmes polaires. — M. A. Béjot : Mise en perspective réciproque des figures de même espèce. 20 SCIENCES NATURELLES. — MM. M. Gignoux et P. Fallot : Le Quaternaire marin sur les côtes méditerra- néennes d'Espagne. Nous ne savons rien de ce qui s'est passé sur les côtes d'Espagne pendant la période des faunes froides correspondant au Pliocène supérieur et au Quaternaire ancien. La faune chaude est, par con- tre, très nettement caractérisée par plusieurs espèces qui accompagnent ordinairement le Strombe; cette faune à Strombes (Tyrrhénien) correspond,comme dans toute la Méditerranée, à d'anciens rivages compris entre o m. et 30-35 m. — MM. L. Mangin et N. Pa- même floraison et des floraisons successives. La | touillard: Sur la destruction de charpentes au château ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES de Versailles par le.Phellinus cryptarum Æarst, Les auteurs ont étudié des débris de poutres en chêne en- tièrement décomposées par une pourriture due à un champignon dont le mycélium blanc était abondant au milieu des éléments désagrégés du bois. Ils étaient ac- compagnés de fructifications résupinées ou dimidiées appartenant au Phellinus cryptarum Karst. Ce champi- gnon n'avait pas encore été signalé comme destructeur des charpentes. — M. R. Combes et Mlle D. Kohler : Rôle de la respiration dans la diminution des hydrates de carbone des feuilles pendant le jaunissement autom- nal. En automne, au cours du jaunissement ou du rou- gissement des feuilles ‘caduques des plantes ligneuses de nos régions, les tissus foliaires perdent par le phé- nomène respiratoire des quantités notables de C sous forme de CO?. Cette perte s’accroît à mesure que dispa- raît le pigment vert, passe par un maximum, puis di- minue peu à peu à mesure que meurent successivement les divers tissus des feuilles. — M. L. Carrère : Le sphincter de l'iris chez les Sélaciens. Les Sélaciens, en particulier les espèces possédant un opercule pupillaire, représentent un type particulier au point de vue de la disposition des éléments du sphincter, — M. P. Win- trebert : La polarité mécanique du germe des Sélaciens au temps de la gastrulation. La polarisation du germe de Scylliorhinus canicula est déterminée par le fait que le contenu de la cavité germinale, moins dense que les autres parties, se place toujours au point le plus élevé. Aucune région du disque n'est prédestinée à former l'embryon. A la fin de la morula, on fixe à volonté, rien qu’en la relevant, la région où se formera la cavité ger- minale et la quille embryonnaire, Séance du 4 Septembre 1922 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. Th. Varopoulos : Sur un théorème de M. Rémoundos. — M. Alfr. Guld- berg : Sur le théorème de M. Tchébycheff. 2°. SCIENCES PHYSIQUES. — MM. Victor Henri et P. Steiner : Absorption des rayons ultraviolets par le naphtalène. La courbe d'absorption du naphtalène est décalée vers le rouge environ de 500 A. par rapport à celle du benzène; l'absorption est plus de 10 fois plus forte et le nombre des bandes est plus grand que dans le cas du benzène. Les fréquences des bandes du naph- talène présentent une double périodicité, L'influence du solvant est la même que dans le cas du benzène, — MM. E. Hulthén et E. Bengtsson : Recherche sur les spectres de bandes du cadmium. Les auteurs donnent les mesures des bandes du Cd qui sont émises pendant les décharges non condensées dans des tubes Geissler et les relations par lesquelles on peut les représenter. 3" SCIENCES NATURELLES. — M. G. Murgoci : Sur la classification des amphiboles bleues et de certaines hornblendes. — M. M. Mirande : Sur la formation d'anthocyanine sous l'influence de la lumière dans les écailles des bulbes de certains Lis. Ces écailles, déta- chées du bulbe, et placées simplement à sec à la lumière, ne tardent pas à devenir très rouges sur leurs deux fa- ces, par suite de la formation d’anthocyanine dans leurs assises sous-épidermiques. Ces écailles ainsi pigmen- tées peuvent vivre à sec pendant des semaines et même des mois, La production d'anthocyanine et le non desséchement permettentla formation de bulbilles pour- vus de racines. — M. R. Dubois : Sur la destruction des moustiques par les anguilles et le repeuplement des cours d'eau, étangs, etc. L'auteur a constaté que les jeu- nes anguilles, qui sont très résistantes dans les eaux impures, même les eaux d’égout, consomment avec avidité les larves de moustiques, dont elles finissent par débarrasser complètement ces eaux, Séance du 11 Septembre 1922 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. E., Merlin : Sur un espace mobile attaché à un réseau. — M. P. Ury- sohn : les multiplicités cantoriennes. L'auteur donne la solution des problèmes suivants : 1° donner une dé- finition des lignes cantoriennes valable pour un espace quelconque ; 2° définir les surfaces et, plus générale- ment, les multiplicités cantoriennes à n dimensions. — M. D. Riabouchinski : Sur les équations du mouvement à deux dimensions des solides dans un liquide avec tourbillons. — M. H. Villat : Sur les mouvements plans tourbillonnaires dans un fluide simplement et double- ment connexe, contenant des parois solides. 2° ScrENCES NATURELLES. — M. M. Thiébaut : Sur la composilion des marnes irisées, L'élément essentiel de la partie argileuse des marnes irisées paraît êtreunsili- cate complexe où tout le fer était primitivement à l’état de protoxyde et dont la formule serait ; 4SiO2Al20#,. 2(Fe0,MnO,MgO,K20, Na?O), 2H20. Ce minéral agitsur la lumière polarisée; il est attirable par l’électro-aimant, On trouve d’autre part, dans les marnes irisées, des .carbonates et des éléments détritiques (mica blanc et quartz). — M. W.J. Vernadsky : Sur le problème de la décomposition du kaolin par les organismes. Des expé- riences entreprises à Kiev, et malheureusement inter- rompues par les événements, semblent montrer la formation d’hydrate d’alumine libre aux dépens de l'argile sous l’action de Diatomées accompagnées de Bactéries. — MM. G. Bertrand et M. Mokragnatz : Sur la présence du cobalt et du nickel chez les végétaux. Des analyses effectuées sur les cendres de 20 plantes (19 Phanérogames et 1 Cryptogame) ont montré la pré- sence du nickel dans toutes et du cobalt dans presque toutes (à l'exception de l’avoine et de la carotte). — M. C. de Bruyne : /dioblastes et diaphragmes des Nymphéacées. Contrairement à ce qu'avancent certains auteurs, toutes les Nymphéacées sont munies de cloi- sons jalonnant les canaux aérifères soit de tous les membres morphologiques, soit de la racine seulement. M. M. Romieu : Wéthode de coloration élective du sys- tème nerveux chez quelques Invertébrés. Cette méthode est basée sur l'emploi du réactif benzidine-eau oxygénée et donne d’excellents résultats. — MM. L. Cuénotet L. Mercier : La perte de la faculté de vol chez les Di- ptères parasites. Les auteurs établissent quelarégression des muscles du vol n’est pas parallèle à celle des ailes ; d'autre part, ce n’est pas une orthogenèse. Tout se passe comme si des variations brusques dans le nombre des fibres de ces muscles étaient le phénomène primor- dial, de cause inconnue, déterminantcommeconséquence secondaire un usage réduit des ailes ou un non-usâge. te ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES Séance du 18 Septembre 1922 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. L. G. Du Pas- quier : Sur l’arithnomie des quaternions, 2° SCIENCES PHYSIQUES. — M. Jean Rey : De la pro- babilité d'éclairer un avion à l'aide d'un faisceau de projecteur électrique. — M. A. Sanfourche : Sur les réactions entre les oxydes gazeux de l'azote et les solu- tions alcalines. L'action des vapeurs nitreuses sur les lessives alcalines ne s'exerce suivant le mode générale- ment admis que si l’alcali est constamment et en cha- que point en excès. S'il se trouve quelque part en défi- cit, c'est l’eau de la solution qui agit pour donner NOH et NO. Tandis que NO'H vient augmenter la pro- portion de nitrate, NO se réoxyde si l'atmosphère con- tient de l'oxygène, demeure inaltéré dans le cas contraire. De plus, si tous les oxydes de l'azote ne sont pas absorbés durant leur premier trajet à travers la solution, la réaélion ci-dessus se passe en phase ga- zeuse, grâce à la vapeur d’eau qui la surmonte, — M. P. Riou : Sur la vitesse d'absorption de l'acide carbonique par les solutions ammoniacales, Cette vitesse semble tendre avec une concentration croissante vers un maximum qu'il n'a pas été possible d'atteindre; en présence de bicarbonate qui ralentit la réaction, on peut au contraire observer un maximum. La vitesse maximum se déplace sur l’axe des températures avec la concentration en bicarbonate d’ammonium. 3° SCIENCES NATURELLES. — M. P. Russo : Sur de nouveaux pointements de Trias au Maroc oriental, — MM. L. Cuénot et R. Poisson : Sur le développement de quelques coaptations des Insectes. Chez les formes étudiées, les arrangements coaptatifs (pour l’ajustement réciproque de deux parties indépendantes) sont prépa- rés avec tous leurs détails chez l'embryon ou la larve, sans aucune réaction mécanique des régions qui seront plus tard en rapport. Le dispositif préparé, transmis héréditairement, est prêt à jouer son rôle dès la nais- sance de la larve ou de l‘imago. — M. J. Bathellier : Sur le rôle des soldats de l'Euthermes matangensis. Le rôle des soldats est de protéger les ouvriers de cette espèce contre les attaques des fourmis en engluant celles-ci au moyen d’une sécrétion qu’ils émettent par leur corne frontale. — MM. F. Diénert et P. Etrillard : Existe-t-il des organismes susceptibles de reviviscence dans les roches après stérilisation par la chaleur? Il | résulte des essais des auteurs qu’en s’entourant de pré- cautions et en stérilisant les roches à 180° pendant un tempssuflisamment long, celles-ci ne contiennent aucun organisme susceptible prétendu Galippe. de reviviscence, comme l’a SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Séance du 15 Juillet 1922 MM. V. Pachon et C. Petiteau : Myogrammes néga- tifs et myogrammes neutres de secousses de gonflement. Outre les myogrammes de gonflementou positifs, seuls étudiés jusqu'ici, les auteurs ont obtenu dans l'excita- tion faradique des muscles : 1° des myogrammes de dépression ou négatifs, superposables aux premiers aprèsretournement; 2° des myogrammes neutres, offrant l'aspect d’une série de soulèvements de part et d’autre de l'axe de repos du style myographique. — MM. C. Levaditi et S. Nicolau : Afinité du virus herpétique pour les néoplasmes épithéliaux. Le virus herpétique, inoculé dans l’épithélioma de la souris, s’y cultive en conservant intacte sa virulence. Il se comporte donc, à ce point de vue, comme le virus vaccinal adapté au (neurovacecine). — MM. Brocq-Rousseu, Urbain et Caucheniez : La réaction de déviation du complément au moyen de l'antigène de Besredka, appli- quée au diagnostic de la tuberculose bovine. Dans 95 °/o des sérums de Bovidés tuberculeux, les auteurs ont cerveau constaté la présence d’une sensibilisatrice spécifique. La réaction a été négative dans 31 cas (100 °/o) de sérums d'animaux sains. Les réactions très positives indiquent assez fréquemment la généralité des lésions et, dans la majorité des cas, le caractère aigu, purulent ou caséeux des lésions. — M, et Mme L. Lapicque : Excitabilité électrique des chromatophores chez les Spirogyres. Le passage d'un courant électrique dans l'eau provoque une contraction des filaments chloro- phylliens chez les Spirogyres. Cette excitabilité obéit à la loi de Nernst pour les temps courts; elle possède une rhéobase, et une chronaxie approchant de :0 secondes à la température ordinaire, donc bien supérieure à celle des tissus animaux, — M. L. Lapicque et Mile Th. Kergomard : Changements dans la réaction de l’eau douce sous l’action des plantes aquatiques. L'eau de source ou de Seine, puisée à un robinet, a une réaction légèrement alcaline; si on y place des végé- taux verts vivants dansla proportion de1'gr.de plante fraiche pour50 à 100 gr. d’eau, à l’obscurité l’alcalinité rétrograde et passe à la neutralité, quelquefois même à une très légèreacidité ; à la lumière, l’alcalinitéaugmente, Le mécanisme de ce phénomène est évident : c’est l’an- tagonisme entre la respiration de la plante dégageant CO? et l'assimilation chlorophyllienne qui le détruit et l’'emprunte même aux carbonates, — M. A. C. Guil- laume : À propos des phénomènes vaso-moteurs dans l'attaque d'épilepsie. H existeun parallélisme manifeste entreles phénomènes vaso-moteurs qui, pendant l’attaque d'épilepsie, surviennent dans les différentes parties du corps. Il semble que, dans tout lecorps, unecrise de vaso- constriction coïncide avec les phénomènes moteurs des muscles de la vie animale, les précédant même dans le temps. — MM. Le Noir, Ch. Richet fils et M. de Fos- sey : Action du bicarbonate de soude introduit par voie rectale sur l'acidité gastrique. Chezles sujets normaux et surtout chez les hyperchlorhydriques, cette médica- tion diminue l’acidité totale et surtout l'acide chlorhy- drique. Elle ne provoque pas d’hypersécrétion, comme le fait le bicarbonate par voie gastrique. Séance du 22 Jurillet 1922 M. J. Nageotte : La structure du faisceau conjonctif , étudiée particulièrement dans le tendon. Il résulte des faits apportés par l’auteur que partout la trame con jonctive est formée exclusivement de fibrilleset de com- plexus de fibrilles, Plusces complexus sontvolumineux, plus il est facile de les dissocier mécaniquement ; l’'adhé- ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES rence transversale des fibres entre elles est donc faible; rien n'indique qu’elle résulte d’un ciment interposé, Aucune raison anatomique n'empêche donc de consi- dérer cette trame comme un coagulum librillaire. — MM. P. Carnotet W. Koskowski : Action de l'acide carbonique sur la motricité gastrique et sur le passage prlorique. CO? introduit dans l’estomac ou à distance, par voie sous-cutanée, provoque une augmentation no- table des contractions gastriques et de l'évacuation pylorique ; cette action, annihilée par l'injection préa- lable d’atropine, est probablement transmise à la mus- culature gastrique et pylorique par la voie du parasym- pathique. — MM. P. Portier et M. Duval: Etude du mécanisme par lequel le fluorure de sodium joue le rôle de fixvateur physiologique. Les expériences des auteurs semblent montrer que le fluorure de sodium agit sur les éléments anatomiques encore vivants en fixant leur membrane d’enveloppe ou la couche périphérique de leur protoplasma. Les cellules ainsi fixées peuvent encore se rétracter ; elles ne peuvent plus augmenter de volume. L’oxalate de sodium ne produit pas les mêmes effets. — M. Th. Saragea : Le diamètre globulaire pen- dant la privation d’eau. Dans l’état physiologique, les hématies paraissent capables de subir des modifications de diamètre passagères, en rapport avec les change- ments qui se passent dans la teneur en eau du plasma sanguin (augmentation de diamètre après soustraction d’eau). — M. Cl. Regaud: Sur la sensibilité du tissu osseux normal vis-à-vis des radiations X et y et sur le mécanisme de l'ostéo-radio-nécrose. Le fait que, dans certaines circonstances, la radio-nécrose de l’os a lieu sous des téguments intacts démontre que le tissu osseux est plus vulnérable par les rayons que le dernre de la peau. Il ne s’agit pas là d’un phénomène de radiosensi- bilité élective, mais de radiosensibilité diffuse, chaque grain calcaire constituant un transformateur du rayon- nement primaire peu absorbable en rayonnements se- condaires très absorbables. Infecté, le tissu osseuxirra- dié est exposé à subir une nécrose massive et rapide. — MM. F. Arloing et L. Langeron : l’anaphylaxie dans la série animale. L'anaphylaxie expérimentale, dont l’existence a été démontrée chez les Mammifères et les microbes, peut aussi être créée chez les Oiseaux, le pigeon en particulier, par injection préparante et déchainante d’un sérum hétérologue (sérum de cheval). Par contre, les tentatives d’anaphylaxie chez les Ver- tébrés à température variable (Batraciens et Poissons) n’ont abouti qu à des échecs. — MM. A. Zimmern et P. Cottenot : Sur l’électromyographie. D'après les expé- riences des auteurs, le rythme de 50, ou une fréquence voisine, semble être un optimum qu'on est conduit à interpréter comme ce qu'on pourrait appeler la période propre de la contraction musculaire. — MM, M. Loe- per et G. Marchal : Zxamen cytologique des liquides de digestion gastrique. Toutes les solutions hypertoni- ques proyoquent un décapage des voies digestives su- périeures et de l’estomac ; les solutions sucrées ontune action plus marquée que les solutions salines de même titre. C’est une réaction d’irritation. La deuxième réac- tion est une réaction gastrique et vraiment physiologi- que : elle consiste én une sécrétion de mucus et un afflux de leucocytes ; cette réaction exige un certain équilibre physico-chimique. ACADEMIE D’AGRICULTURE Seances de Mai et Juin 1922 M.F. Bœuf communique des exemples vus par lui de fécondation croisée Spontanée chez le blé dur et le blé tendre, Ces cas, dits de staurogamie, ont été signa- lés fréquents par M. Hayes, de la Station expérimentale du Minnesota. Le Triticum dicoccoides de Palestine cultivé par Vilmorin à Verrières a, par suite d'hybrida- tions spontanées, donné de nombreuses formes d'é- peautre, d'amidonnier, de blé dur et de blé tendre. En Tunisie, M. Bœuf signale le cas d’un blé dur « Hugue- not » et du blé tendre n° 4g de ses cultures pedigrées. Le premier est un blé sans barbe du Transvaal et de l’Australie. Ses descendants par croisement spontané donnèrent des types à barbes plus ou moins dévelop- pées qui ont fourni une centaine de combinaisons. Le blé tendre n° 49, d'origine australienne, a donné de même par staurogamie une lignée très polymorphe qui fournit un matériel utile pour les expériences de sélec- tion. Une étude méthodique des cas de staurogamie chez les Blés permettrait probablement d’en préciser les causes déterminantes. — M. E. Miège, dans sa note sur les Blés durs murocains, essaie une étude mé- thodique des blés de ce pays dont les variétés sonttrès peu connues. La plupart de ces blés sont des mélanges plus où moins complexes dont l’épuration a donné de nombreuses formes distinctes. Il y a quatre classes ou types essentiels dénommés : Zréa, Trikkia, Asker, Maïzza, auxquels il est possible de rattacher des types voisins, L'auteur donne la définition de ces types à l’aide de l’épi et du grain et de la méthode biométrique. Les chiffres moyens donnés pour les dimensions des grains permettent de calculer les indices de race, — M. Bernès appelle l'attention sur un parasite-du pé- cher (Anarsia Lineatella) qui a produit des dégâts sé- rieux dans larégion de Fréjus, On réalise un traitement eflicace avec les bouillies cupriques additionnées de nicotine ou d’arséniate de plomb, appliquées dès l’ou- verture des bourgeons. — M. Moussu donne une étude très intéressante d'une maladie des jeunes porcelets à la suite des années sèches. Elle se traduit par un arrêt de croissance avec fragilité du squelette due à une ostéo- myélite généralisée, Celle-ci se manifeste en 3 étapes : déformations articulaires imposant la marche à genoux, déformations squelettiques et dé la tête, déchéance dé- finitive et mort de faim. D’après M. Moussa, le régime alimentaire imposé constitue le point de départ ou fac- teur favorisant, et une infection fait le reste, car il ya de la contagiosité. Il est possible que l'absence d’acides aminés nécessaires à la croissance soit une des causes de la maladie. Le lait écrémé qui apporte des acides aminés et des vitamines ne doit pas être absent de la ration au delà dusevrage. L'alimentation trop uniforme aux farineux est déficiente ou insuflisante au point de vue chimique. C'est le cas de rappeler l’importance de … : l'aliment calcique et phosphaté que fournissent les pou- dres d’os dont on ne saurait trop recommander l’addi- LE NT ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 567 tion à la ration du pore. — M. Prosper Gervaisindi- que une méthode simple pour vérifier le caractère de mouillabilité des bouillies cupriques. — M. Fonzes- Diacon a continué ses recherches sur les vins anormaux de 1921. L'addition d’acide tartrique a simplement élevé la teneur du vin en acide tartrique total sans précipiter la potasse en excès à l'état de tartre cristallisé. — M. A. Max Leroy : Sur la signification physiologique de la loi des dépenses de la croissance chez les Bovidés. — M.Albert Baudry envoie des observations sur la ques- tion d'épandage simultané des semences et des engrais en lignes parallèles rapprochées. C'est en Ukraine, à laide de semoirs spéciaux, que furent entreprises des expériences systématiques qui fixèrent la technique à employer. Plusieurs grandes sociétés sucrières s'inté- ressèrent à ces essais pendant 15 ans, sur des sols très divers. Déjà 15.000 semoirs spéciaux sont utilisés en Ukraine et 1.000 environ en Roumanie et en Hongrie. Les conclusions obtenues nous paraissent d’un haut intérêt pratique. On possède là une méthode d’utilisa- tion rationnelle des engrais chimiques, d’une eflicacité telle qu’elle économise 50 à 60 c/, des engrais nécessai- res pour obtenir le rendement cultural maximum en argent, Ainsi l’infériorité de nos rendements culluraux en France pourrait être vaincue par une meilleure dis- tribution des engrais employés. Par cette méthode on relèverait nos rendements moyens à l’heclare aussi bien en grande qu’en moyenne culture. Dans les terres à élé- ments fins surtout, on peut escompter de bons effets du semis simultané de l’engrais et de la semence. Cette dernière trouve pendant son premier âge un approvi- sionnement facile en éléments minéraux dont elle res- sent les heureux effets sur la vigueur du jeune plant. Tout est de savoir si les belles promesses des jeunes plants sont réalisées à la récolte, et M. Petit conteste ce dernier point en s'appuyant sur ses expériences per sonnelles. Nous serons" par la suite informés des expé- riences continuées en France, et que les agronomes suivront avec intérèt lorsque nous aurons des chiffres précis obtenus dans les cultures sous notre climat. — M. Miège présente une note sur la valeur agricole et industrielle des blés durs marocains. Les Zréa et les Trikkia se classent en tête à peu près ex æquo. Les Maïzza viennent ensuite, et-enfin les Asker. Ces der- niers sont les plus sensibles aux accidents et aux ma- ladies et leur valeur en semoulerie est très au-dessous de celle des autres, Les meilleurs blés marocains sont très appréciés par l’industrie et donnent des rendements culturaux très satisfaisants. Le Syndicat des minotiers et semouliers a reconnu le bon classement des blés marocains, — M. Stoklasa expose lui-même ses recher- ches sur le rôle de l'ucide carbonique dégagé par les microorganismes, facteur d'amélioration des terres et du rendement cultural. Cet exposé synthétise les notions connues depuis longtemps sur le rôle de CO? dans la fertilisation du sol. Il n'y a pas d’ailleurs que le CO? venant de la respiration des microbes du sol qui soit élément primordial de fertilité. Tout CO? produit est actif. Les agronomes et physiologistes enseignent depuis longtemps — depuis trente ans — que l’humus géné- rateur de CO? par ses décompositions est par cela même agent éminent de fertilisation ; c’est-à-dire, notamment, qu’il influe sur la dissolution des fertilisants minéraux biogéniques. Et le rôle de CO? à cet égard a été étudié par de très nombreux auteurs. Depuis que Berthelot et Duclaux ont proclamé : « la terre est un organisme vi- vant », les physiologistes et pédologistes européens et américains ont peu à peu dégagé l'importance de la microflore et de CO? comme facteur de fertilité, M. Stok- lasa le reconnait lui-même. M. Stoklasa, en attribuant au zombre des bactéries le rôle principal dans la pro- duction de CO? dans les sols, trouve un critérium de fertilité qui n'est évidemment qu'approché, car il est bien connu qu’il y a toute une série de facteurs écologi- ques qui interviennent puissamment dans le rendement pratique des activités des diverses espèces microbiennes. Qu'il soit intéressant d'employer des engrais visant l’activité de la microflore, ce n’est pas non plus une nouveauté, car nos traités de Chimie agricole en France ont déjà exposé la question. Où M. Stoklasa apporte une contribution plus inédite, c'est dans le calcul — par l'expérience — de la quantité de CO? dégagé dans: kg. de terre arable et aussi dans le calcul des calories dé- gagées par les microbes existant terre arable. Il dans la couche de insiste avec raison sur la notion du nombre des mierobes actifs, Mais, par suite des tra- vaux réversibles qui existent au sein de sociétés dont l’activité n'est, semble-t-il, guère coordonnée, il n’est pas possible de suivre l’auteur complètement sur la conclusion suivante qu’il considère comme inattaquable, et que nous répudions : La fertilité d’un sol est en rai- son de la grandeur du nombre total de bactéries de n'importe quelle espèce qu'il contient. Cette conclusion nous paraitaussi discutable — et je dirai aussi inexacte pratiquement — que celle d’un forestier qui admettrait que le rendement annuel maximum en bois d’une sur- face de 1 ha. de forêt correspond au nombre maximum d'arbres plantés sur cette surface forestière. Jamais un forestier ne risquerait une telle afirmation. Le travail et l’activité propre des êtres vivants d’une société sont considérablement influencés par la densité du peuple- ment. En outre, il y a une certaine densité du peuplé- ment qui devient trop grande et paralysante pour le rendement total. La nature des espèces qui coexistent sur un même terrain — avec leurs optima physiologi- ques respectifs et différents — s’oppose également à ce qu'on puisse faire abstraction de la nature et de la qualité physiologique des espèces pour apprécier en globe le rendementsocial. Bien plus, nous pensons que scientifiquement ce n’est pas en visant le nombre des microbes du sol qu’il serait possible d'exercer une heu- reuse action sur la production plus abondante de CO?, mais bien plutôt en y favorisant les espèces dont le travail est le plus élevé dans l'unité de temps. Maltiplier dans la ‘terre, à cet égard, les ouvriers à grand rende- ment carbonique — füt-ce au détriment du nombre total des ouvriers — nous paraît plus indiqué que d’ad- mettre l'influence aveugle du nombre des ouvriers dont les uns consommentles produits de l’activité des autres, Notre confrère excusera certainement notre critique puisque la science est faite de libre discussion. — | M. Léopold le Moult, spécialiste très ancien de la lutte ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES contre le hanneton, expose ses essais de lutte contre le | ions hydrogène. Pour mesurer les tensions interfaciales, hanneton à l’aide de la méthode moderne des parasites. Il essaya de propager l’/saria densa dès 1890. IL cons- tata en 1911 la persistance naturelle du parasite sur des terrains où il avait été introduit 20 ans auparavant. Il a essayé, dans le même but de destruction, d’autres Isariæ et un Sporotrichum vivant des larves d’autres insectes. Un bacille vivant en symbiose avec l’/saria densa sur la larve du hanneton a été découvert, et il tue celle-ci en 24 heures. Il y a peut-être là une question à M. J. B. Martin envoie à l’Académie les résultats d'essais sur les engrais potassiques appliqués suivre. au Blé en terres argileuses. Il visait à résoudre deux questions : l’engrais potassique est-il utile dans la cul- ture du blé? le chlorure est-il préférable à la sylvinite ? Les résultats obtenus sont contradictoires. C’est seu- lement dans les terres bien pourvues en chaux que les engrais potassiques produisent de bons effets. Le fu- mier dispense de l'engrais potassique, Il y a avantage à enterrer la sylvinite et le chlorure de potassium avant l'hiver et un mois avant les semailles, Les terres à sous- sol imperméable doivent recevoir le sulfate de potasse et non du chlorure. Il est curieux de constater que la valeur comparative du chlorure et du sulfate reste encore pleine d’incertitude.Cela tient probablement aux confusions de désignations que signale M. A. Couturier dans sa note sur différents engrais potassiques, où il indique que le Kalisyndikat vend sous le nomde kaïnite des sels qui remplacent les gisements limités de kaïnite vraie qui sont épuisés depuis 15 ans. Il donne aussi cette indication intéressante que c’est le sulfate de ma- gnésie abondant dans les gisements de Stassfurt qui sert à fabriquer du sulfate de potasse par réaction du KCI sur la carnallite. — M. Ferrouillat a établi le prix de revient de l'hectolitre de vin dans un domaine moyen de l'Hérault. I a choisi un domaine de 30 ha. produisant 90 HI. par ha. Il arrive à 66 fr. par H1., dont 42°/, pour les frais culturaux, 12 °/, pour la lutte contre les para- sites, 15 °/, pour la récolte et vinification, 31 °/, pour les frais généraux, Par rapport à 1893 cela représente uñe majoration exprimée par le coefficient 4,25. — M. le D' Vidal adopte les mêmes chiffres de prix de revient pour les vins du département du Var, mais fait observer que ce département n'obtient que 24 HI. en moyenne à l’hectare au lieu de 70 pour l'Hérault. Il est vrai que le vin qui s’y vendait 20 fr. l’HI. en 1913 atteint 108 fr. en 1920 (coeflicient 5,4). Ep. Gain. SOCIÉTÉ ROYALE DE LONDRES Seance du & Mai 1922 1° SCIENCES PHYSIQUES. — MM. H.Hartridge etR. A. Peters : La tension interfaciale et la concentration en les auteurs ontemployéla méthode du poids des gouttes. Ils ont observé une diminution de la tension interfa- ciale entre un acide gras ou un glycéride et un fluide aqueux quand on augmente l’alcalinité de ce dernier, Elle dépend de la concentration de la substance grasse dans la phase huileuse, de l'existence d’une certaine concentration alcaline dans la phase aqueuse et de la concentration en ions H sur l'interface. Seules les sub- stances ayant un groupe COOH (libre ou combiné) don- nent lieu à ces modifications. 2° SciENCES NATURELLES. — MM. W. Cramer, A. H. Drew et J. C.Mottram : Les plaquettes sanguines et leur comportement dans diverses circonstances. L'ab- sence dans le régime de vitamine liposoluble produit chez le rat une diminution progressive du nombre des plaquettes sanguines, ou thrombopénie,avanttout autre symptôme de maladie, Quand la thrombopénieest bien établie, l'addition à la nourriture de la vitamine A man- quante est généralement suivie d’un retour rapide à la normale du nombre des plaquettes. L'exposition au radium produit de la lymphopénie, — qui est aussi caractéristique du manque de vitamine B,—etaux hau- tes doses, de la thrombopénie, qui cesse quand on sup- prime l'application du radium. Si le nombre des pla- quettes tombe au-dessous d’un certain niveau critique — environ 300.000 chez le rat, — la résistance de l'ani- mal à l'infection diminue considérablement, et l'infection peut se développer spontanément. — M. J. Hjort : Observations sur la distribution des vitamines lipo-solu- bles chez les animaux et plantes marins. Les huiles extraites des plantes marines ont un effet très puissant sur la croissance des ratsnourrisavec un régime exempt de vitamines liposolubles; ces plantes seraient donc riches en cette sorte de vitamines. Il est probable que tous les animaux marins tirent ces substances des plan- tes, directement ou indirectement, et sont incapables, comme les autres animaux, de les synthétiser eux- mêmes, — M. C. Shearer: Sur la production de cha- leur et les processus d'oxydation de l'œuf d'échinoderme pendant la fécondation et les premiers stades du déve- loppement. L'auteur a mesuré avec un microcalorimè- tre différentiel la production de chaleur et avec un manomètre différentiel la consommation d’O et le déga- gement de CO? de l'œuf d’£chinus miliaris. Ces trois quantités s'élèvent considérablement au moment dela fécondation, puis progressivement pendant le dévelop- pement pour atteindre leur point le plus élevé au stade de nage libre. ——_—_—_—_—_—_—_——————— Sté Gle d'Imp. et d'Ed., rue de la Bertauche, 1, Sens. Le Gérant : Gaston Doi. 33: ANNÉE No 20 30 OCTOBRE 1922 Revue générale des Sciences pures et appliquées FonpaTeur : LOUIS OLIVIER Direcreur : J.-P. LAN GLOIS, Professeur au Conservatoire national des Arts-et-Métiers, Membre de l’Académie de Médecine Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. J.-P. LANGLOIS, 8, place de l’Odéon, Paris. — La reproduction et la träduction des œuvres et des travaux publiés dans la Revue sont complétement interdites en France etén pays étrangers y compris la Suède, la Norvège et la Hollande CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE $ 1. — Météorologie Sur la radiogoniométrie des parasites atmosphériques etla prévision du temps. — La plupart du temps, les décharges orageuses produisent des ondes hertziennes qui impressionnent les détecteurs de T.S.F. Aussi, dès leur apparition, ces détecteurs ont-ils été utilisés pour l'étude des orages. Ces détec- teurs, combinés à des galvanomètres enregisleurs, per- mettaierit de suivre l’approche d’orages par l'intensité ou la fréquence des décharges observées. M. E. Rothé ! a modifié la méthode précédente de manière à obtenir des données sur la direction ou sur la trajectoire des perturbations orageuses. Les expériences définitives ont été faites, à l’Institut de Physique du globe de Strasbourg, au moyen d’une cabane radiogoniométrique du type de l’armée.Le dispo- sitif récepteur utilisé est le suivant : L’antenne est cons- tituéepar un grand cadre, couvert d’un très grand nombre de spires de fil fin et dont les extrémités sont connectées, suivant le montage classique, aux arma- tures d’un condensateur variable. En dérivation sur ces armatures, est installé un amplificateur détecteur (no 2 bis de la télégraphie militaire) : la première lampe ‘est détectrice, les deux autres amplificatrices. On a également employé une galène détectrice avec ampli- ficateur basse fréquence De l’intérieur de la cabane on peut, à l’aide d’un gros volant, faire tourner autour d’un axe vertical le cadre de 3 m. de côté, qui se trouve au-dessus du toit. 1. E. ROTHÉ : Annales de Physique, mai-juin 1922. ALYUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, Un cercle gradué et des index permettent de repérer la position du cadre par rapport à la direction N.-S. Pour déterminer la direction dans laquelle se trouve une station radiotélégraphique, après avoir'amené la. résonance, on fait tourner le cadre jusqu'à ce qu’on entende au maximum. Le poste se trouve dans la direc- tion du plan vertical contenant le cadre. Telest le prin- eipe de la méthode. Mais, comme dans toute expérience de physique où les sens interviennent, ce n’est pas le maximum que l’on cherche à déterminer, mais le mini- mum, obtenu quand le cadre est à 90° de la direction cherchée: c’est done par l'extinction du son que l’on opère en radiogoniométrie. En dehors des bruits dits de friture, M. Rothé a été amené à distinguer diverses sortes de parasites : 1° Craquements et claquements, — Ce sont les para- sites les plus fréquents, observés surtout dans la jour- née. On appelle craquements ceux dont la note esf la plus basse, ressemblant au bruit d’un morceau de bois que l’on brise, et claquements les bruits de note plus élevée que les précédents et surtout plus brefs et secs. Ils ont une fréquencetrès variable et parfois sont assez nombreux, quoique distincts entre eux, pour former une sorte de crépitement continu, tout à fait différent cepen- dant des craquements. 7 2° Décharges. — Ces manifestations, qui s'entendent plus rarement, sont d'assez longue durée, jusqu’à 5 secondes ; elles présentent un bruit métallique intense (gong), de note claire, très nette et‘conservent pendant leur durée entière la même intensité et la même hau- teur. Ces décharges ne semblent dues qu’à des nuages ora- geux plus ou moins proches. Quand l'orage est très » 570 proche, elles peuvent'devenir presque continues et domi- ner les autres genres de parasites, Les directions variables. Il faut également noter, non seulement le de maximum constatées sont très maximum ou le minimum d'intensité, mais le maxi- mum ou le minimum de fréquence. Il y a lieu de compter pour les différents azimuts les décharges dans un temps donné. Enfin, on distingue parfois dans des plans différents, par exemple dans des directions per- pendiculaires, deux genres différents de parasites : dans l’une des directions le maximum peut être çarac- térisé soit par un nombre plus grand de décharges assez nettes, soit par des craquements violents et continus; dans la direction perpendiculaire, au contraire, on observe des décharges plus nettes, mêlées à de faibles craquements. En combinant le galvanomètre oscillographe à fer mobile de M. Abraham aux interrupteurs du Service géographique de l’armée, M. Rothé a réalisé un enre- gistrement sur lequelil pouvait compter les claquements et les craquements. Avec la collaboration de M. Lacote, M, Rothé a pu énoncer les lois suivantes qui, si elles se vérifient, apporteront une contribution sérieuse à la prévision du temps. « 19 S'il existe une dépression lointaine bien carac- térisée à isobares fermées, nettement concentriques, le maximum observé pour les claquements est dans la région S. et S.-E. de cette dépression. « 2° S'ilexiste une dépression dont le centre est très éloigné et dont les isobares s'étendent au loin, le maxi- mum est dirigé vers la périphérie de la dépression, Il est moins nettement caractérisé que dans le cas précé- dent. « 3° Les dépressions secondaires, les poches baromé- triques, les cols barométriques voisins correspondent à des fronts orageux et le maximum est diflicile à obte- nir, » { Voici comment l'observation des parasites peut con- tribuer à la prévision du temps : S'ils sont isolés, rares, faibles, s'ils ne croissent pas en intensilé au cours de la journée, il n’y a pas à crain- dre d'orage; si au contraire, au cours de la journée, les parasites se multiplient et s’il est possible de détermi- ner un ou plusieurs maxima, ceux-ci correspondent à des orages lointains dans la direction du ou des maxima, Si les parasites deviennent violents sur tous les azi- muts, et s’il n’est pas possible de trouver de maximum, les orages sont sur un front voisin, Si les parasites sont surtout constitués par des cla- quements avee maximum de direction très net, on peut annoncer l'existence d'une dépression bien carac- térisée. D'après Hann les orages se produisent toujours à l’est et au sud-est des dépressions : si donc il existe par exemple une dépression lointaine sur l’Anglelerre ou sur l'Océan, on doit trouver le maximum vers le sud-est de la dépression, et inversement si l’on trouve un tel maximum on peut annoncer la probabilité d'une telle dépression. À. B. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE $ 2. — Physique Influence des gaz occlus sur la conducti- bilité électrique du verre. — Au cours de ses historiques recherches sur les lampes à incandescence métalliques, Langmuir a mesuré les quantités de gaz que le verre peut occlure et que l’on en fait sortir en le chauffant graduellement jusqu’à la température à la- quelle il se ramollit ; il a reconnu que ces gaz consis- tent principalement en vapeur d'eau, et, en présence de la quantité considérable de vapeur que l’on peut re- cueillir, il a émis l'avis qu'il se produit une véritable dissolution de l’eau dans le verre; d’autres recherches ont conduit à des conclusions analogues. MM. V. Bush et L. H. Connell, dela Faculté techni- que du Massachuselts, se sont proposé de rechercher s’il y a pénétration de la vapeur d’eau dans toute l’épais- seur du verre et si la dissolution n'influe pas sur la conductibilité de la matière; ils ont opéré dans ce but au moyen de tubes convenablement pourvus d’électro- des de contact et placés à l'intérieur d’une ampoule . reliée à la pompe à vide, laquelle permettait d’absorber les gaz libérés, à mesure de leur dégagement sous l’in- fluence de la chaleur. En s’entourant pour ces mesures de toutes les pré- cautions requises, ils ont mesuré la conductibilité des tubes expérimentés dans le vide avant l'expulsion des gaz occlus, dans le vide après l'expulsion des gaz et ensuite après rentrée de l'air; l'expulsion des gaz occlus se faisait en chauffant le système à 35o°C.; on prenait chaque fois une série de mesures sous des tensions croissantes ; le but des trois séries d'expériences était de vérifier l'influence de la présence de la vapeur d’eau occluse, et l’eflicacité éventuelle de l'expulsion des gaz occlus. Les expérimentateurs ont étudié des échantillons de différents verres, de quartz fondu, etc.; leurs conclu- sions ont été uniformément que, dans les conditions ordinaires, de la vapeur d’eau est en dissolution dans toute la masse et limite la résistivité à des valeurs dé- terminées; la résistivité augmente très notablement lorsque, chauffant la matière, on provoque l'expulsion des gaz; si, ensuite, abandonnant lamalière traitée à la terre, on mesure de nouveau, on constale que la résisti- vilé tombe pelit à petit. Cependant, et ceci est un point capilal à noter, elle ne retombe pas à ses valeurs primitives, de telle sorte qu’il parait permis d’espérer que l’on pourraitaméliorer notablement et d’une façon pralique la résistivité des verres isolants (lampesélectriques), ainsi que du quartz, en les soumettant à un traitement-thermique assurant l'expulsion de la vapeur d’eau ; la régression de résis- tivité est particulièrement lente pour le quartz fondu. A titre d'exemples, signalons que, pour une première qualité de verre, la résistivité, qui était de 14 à 12.101710 ohms par emÿ, avant le traitement thermique, attei- gnait, après le traitement, de 90 à 65,10o1° ohms, pour un gradient de potentiel de 7 à 21 kilovolts par cm. ; pour un autre verre, elle était, dans les mêmes conditions de potentiel, de 130 à 80, avant le traitement, et de 310- 290 après; pour un échantillon de porcelaine, potentiel CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 4 à 12 kilovolts, résistivité avant : 10.101 ohms environ, après, 60-38 environ; quartz fondu, potentiel 10-28 ki- lovolts par em., résistivité avant : 45-40, après 85-65 1. H. M. $3. — Chimie Polaritédelanon-saturation moléculaire.— Certains composés chimiques parfaitement définis ont la propriété caractéristique de s’additionner d’autres atomes ; on dit que ce sont des combinaisons non satu- rées : le gaz sulfureux, le chlorure mereureux, l'ammo- niac, les amines peuvent fixer un atome d'oxygène, de chlore, une molécule d’acide chlorhydrique pour donner des composés saturés, La non-saturation est ici un caractère spécifique de l'atome; l'aptitude à l'addition est conférée par un atome de soufre tétravalent, de mercure monovalent, d'azote trivalent. Mais d’autres combinaisons renferment un couple d’atomes dont les affinités ne sont pas complètement satisfaites, si ce n’est pas leur‘action mutuelle. Tels sont l'éthylène, l’acétylène, l’azobenzène.Nousavons affaire, ici, à une non-saturation de constitution, qui se tra duit dans nos formules de structure par une double ou triple liaison, C’est en s’appuyantsur l'hypothèse de l’immutabilité de la valence, qui a conduit la Chimie organique à un si merveilleux développement, qu'ona imaginé ces liaisons multiples, Mais on connait encore des combinaisons bien définies et souvent cristallisées dont la représentation schématique mettrait en jeu un nombre de valences supérieur à celui toléré par la théorie. Ce sont les combinaisons moléculaires. Comme type de ces com- binaisons, on peut considérer le produit d’addition du trinitrobenzène et de l’indol.@n ne sait pas représenter d’une manière utile cette combinaison par les formules employées généralement en Chimie organique. D'ail- leurs ce composé a des caractères spéciaux. Il se scinde assez facilement en ses deux constituants, et les forces mises en jeu dans la combinaison semblent moins gran- des que celles qui unissent généralement les atomes à l'intérieur d’une molécule. Mais, en ne préjugeant rien de la nature spéciale de ces forces, il est très intéres- sant de constater que la plupart des corps qui entrent en jeu dans les combinaisons moléculaires sont non saturés et que les paraflines, corps complètememt satu- rés, ne se prêtent pas généralement à ces combinai- sons. C’est ainsi que la solution du nitrométhane dans les carbures saturés est incolore, mais qu’elle estjaune d'or dans l’amylène et l'hexylène. Si, à une solution inco- lore de tétranitrométhane dans une parafline liquide, on ajoute dela triméthylamine on obtient une coloration brun foncé. On peut admettre qu’il existe sur les corps non saturés un résidu d’aflinité par lequel s’opère l'union moléculaire. De plus, cette association de molécules nese fait pas d'une manière quelconque et l’expérience montre qu’on 1. V.Busu et L. H. Connezc : The effect of absorbed gas on the conductivity of glass, Journal of the Franklin Insti- tute, août 1922, p. 231-240. 571 A ne Re peut de ce point de vue classer les corps en deux caté- gories. Reprenons notre combinaison type, trinitrobenzène et indol. Dans la génération des combinaisons molé- culaires, le trinitrobenzène peut être remplacé par toute une série de cocps tels que l’acide picrique, l’hexa- nitro-azobenzène, le chloranile et l’anhydride tétra- chlorophtalique. D’autre part, les naphtylamines, les polyphénols et leurs éthers, les carbures aromatiques polycycliques peuvent être substitués à l’indol. En géné- ral, un corps de lapremièreclasse peut s'unir à un corps de la seconde. De ce fait, nous concluons que la force qui agit entre les molécules est polaire, du genre des forces électriques et magnétiques, et non purement newtonienne comme la force gravifique. On peut, en effet, ranger en deux classes les corps qui s'attirent électriquement ou magnéliquement, mais on ne peut ordonner de la même manière ceux qui s’attirent par la force de gravitation. La masse newtonienne n'a pas de signe. Un grand nombre de corps de la Chimie organique se rangent à coté des substances précédemment citées, comme en Chimie minérale ils se groupent autour de deux types de série : acide chlorhydrique et potasse. Une certaine analogieapparait donc entre la formation des combinaisons moléculaires et l'obtention des sels à partir des acides et des bases. Nous pourrions, par suite, appeler acidoïdes les corps de l’une des séries, et basoïdes les corps de l’autre série. Il semble convena- ble de nommer acidoïdes les composés du type trini- trobenzène et basoïdes ceux du type indol, comme il résulte des considérations suivantes. Les produits de la première série sont riches en groupes nitrés, car- bonyle, etc., caractérisés par la présence de liaisons multiples ;leur structure est donc analogue à celle des anions minéraux sulfurique et nitrique Ne Re 07 No 07 dans lesquels sont accumulées les doubles liaisons. Au contraire, les corps de la seconde série possèdent des atomes non saturés, oxygène ou azote, et peuvent être comparés aux cations oxonium ou ammonium, Cette appellation semble encore justifiée par le fait que lecaractère acidoïde d'une molécule estaccentué parl'in- troduction d’atomes d’halogènes qui augmentent aussi la force acide, La quinone ou l’anhydride phtalique ne forment pas de combinaisons moléculaires cristallisées avec l’acénaphtène. Il n’en est pas de même du chlor- anile (tétrachloro-p-quinone) ou de l’anhydride tétra- cholorophtalique. La force qui entreen jeu dans les combinaisons molé- culaires est donc polaire; elle n’est pas d’origine élec- trique, puisque les constituants ne décèlent aucune charge à l’électroscope ; mais avec la conception actuelle de la constitution de l’atome, il n’est pas invraisem- blable d'admettre qu’elle soit d’origine magnétique. En outre, il importe de signaler que la formation de combinaisons moléculairesest, le plus souvent, liéesoit à l'apparition, soit à l’approfondissement de la colora- CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE tion et queles acidoïdes renferment généralement des chromophores et les basoïdes des auxochromes. Jh. Martinet, Docteur ès Sciences. Le nettoyage des ustensiles en alumi- nium, — Pendant longtemps la difficulté de nettoyer l'aluminium a été un obstacle à son emploi dans les usines et dans l’économie ménagère. Cette difficulté provient du fait que la solution chaude de carbonate de soude, le détersif le plus usuel, dissout ce métal. Il y a quelques années, on a reconnu que l’alu- minium n’est pas attaqué par les solutions de verre à l’eau (silicates de soude), et on a utilisé avec succès _les propriétés détergentes de ces solutions pour nettoyer l’aluminium. Mais le verre à l’eau ne peut être mis sans inconvénients entreles mains du public, en général, et le problème ne pouvait être considéré comme complè- tement résolu. D’après une communication de MM. R. Seligman et P. Williams à la réunion annuelle de l’Institut des Mé- taux, à Swansea, le 21 septembre dernier, de petites quantités de silicate de soude dans une solution de carbonate produisent le même effet qu’une solution de verre à l’eau, Ainsi l'attaque de l'aluminium par une solution de carbonate de soude à 5 °/, est immédiate- ment arrêtée par l'addition d'une quantité de silicate égale au 1/100 du carbonate en solution. Sur ce principe, on fabrique dès maintenant des mélanges de carbonate et de silicate de soude qui peuvent être employés sans danger au nettoyage de l'aluminium, $ 4. — Biologie Poissons et moustiques. — J. Percy Moore vient de publier une très intéressante étude sur l'emploi des poissons dans le contrôle des moustiques dans les eaux douces du Nord des Etats-Unis !. Pourlui, la conception de la lutte contre les moustiques a beaucoup changé depuis les travaux classiques de Ross, Grassi et autres pionniers de cette croisade. On envisage aujourd’hui le problème sous un aspect différent ; l’extermination des moustiques apparait comme un idéal parfaitement irréalisable, sauf, bien entendu, pour des districts res- treints ou métropolitains où de fortes sommes peuvent être consacrées à cette lutte. Cette extermination im- pliquerait l’asséchement de toutes les eaux non cou- rantes, résultat incompatible avec les droits de la pisciculture, de l’hygiène et de l'esthétique. Et qui sait, par exemple, si dans l'avenir cette science de l’aqui- culture, qui vient de naître, n'aura pas besoin des étangs et des marais que la lutte contre les moustiques enga- gerait à détruire2? D’autre part, en détruisant les larves 1. Use of fishes for control of mosquitoes in northern fresh waters of United States, Appendix IV to the Report of the U. S. Commissioner of Fisheries for 1922. Bureau of Fisheries, Document n° 923, 1922. 2, L'auteur n'envisage naturellement pas ici le cas de réservoirs artificiels d'eau croupissante que l’on débarrasse de leurs larves de moustiques par des moyens mécaniques ou chimiques. par la suppression des eaux ou la constitution d’une couche superficielle d'huile ou de pétrole, on n’atteint pas seulement les diptères, mais un grand nombre d’autres organismes; on détruit non une espèce, mais une faune, ce qui comporte pour le présent et le futur de graves inconvénients. S'il existait un larvicide spé- cifique, le problème serait résolu; mais ce n'est pas le ças et M. Moore formule ainsi la question à laquelle il faut trouver une réponse : « Saus détruire ou sans alté- rer dans de fortes proportions les lieux qu'ils habitent, sans tuer, avec eux, des organismes associés, au moyen de poisons ou d’autres moyens purement artificiels, comment peut-on modifier les conditions d'existence des moustiques de façon à réduire leur nombre à un mini- mum? » C’est un problème purement écologique : sa solution implique une étude patiente et détaillée du milieu où vivent les larves, de la faune et de la flore de ces milieux. Beaucoup d’expériences et d’observa- tions ont été faites, d’autres sont en train. Ici apparaît le rôle du poisson. Il n'existe pas d’ail- leurs, dans la région étudiée, de poisson dont le régime soit constitué en majeure partie de moustiques, qui n’en font jamais partie qu’à titre occasionnel. Cependant beaucoup de petites espèces et les jeunes de grosses espèces dévorent volontiers les larves, les pupes et les œufs. Parmi les formes plus utiles à ce point de vue se trouvent le poisson-soleil, l'Eupomotis gibbosus, l'Umbra prgmæa, le Fundulus heteroclitus. Extrêmement pré- cieux dans le Sud, le Gambusia affinis ne supporte pas les hivers du Nord, mais il peut rendre des services du printemps à l'automne. Jamais la destruction des moustiques par les poissons n’est complète, ce qui tient surtout : 1° aux obstacles naturels s’opposant à la dé- couverte des larves (végétation des rives, p. ex.); 2° à l'abondance d’autres sources de nourriture pour les poissons. L'eau renfermant des matières organiques en décomposition est d'autant plus favorable aux mous- tiques que les poissons ne peuvent s'y aventurer. Pour éclaircir la végétation, un moyen simple, là où cela est possible, consiste à faire périodiquement varier le ni- veau de l’eau, ce qui amène alternativement l’immersion» puis le desséchement des plantes. Quant à la réduction des sources de nourriture, on y parvient par celle de la végétation et par l'introduction en abondance de pe- tits poissons variés. Signalons, en terminant, les quali- tés requises d'un poisson pour pouvoir être employé avec succès dans la lutte anti-malarienne : 1° la capacité de manger les moustiques au moins aussi facilement que les autres nourritures; 2° la possibilité de vivre dans les faciès habités par les moustiques; 3° la possi- bilité de se reproduire rapidement dans les mêmes faciès; 4° l'abondance, la faculté d'adaptation et une distribution étendue ; 5° un tempérament actif et agres- sif. I1 y a certainement dans cet opuscule très suggestif des idées dont l’application aux problèmes européens serait à rechercher. Th. Monod. Epouarp GUILLAUME. — LA QUESTION DU TEMPS, D'APRÈS M. BERGSON 573 LA QUESTION DU TEMPS, D'APRÈS M. BERGSON A PROPOS DE LA THÉORIE D'EINSTEIN Sous letitre: Durée et Simultaneite\, M. Henri Bergson publie une magistrale étude sur la ques- tion du Temps, pour prendre position dans les passionnants débats que les vues nouvelles d'Einstein ont provoqués. L’illustre philosophe se devait de confronter ses conceptions profon- des de la durée avec les temps multiples de la Théorie de la Relativité, ces temps qui coulent plus ou moins vite, ces simullanéités qui devien- nentdes successions etces successions des simul- tanéités, lorsqu'on change de point de vue. L'étude est d’une grande clarté, et précise la notion de temps d'une façon décisive; elle marquera un tournantdans l’histoire de la Théorie de la Rela- tivité. La place nous manque ici pour faire un résumé complet de cette œuvre si riche, que tout homme de science devra connaître. Aussi bien, nous nous proposons, dans cet article, moins d’en présen- ter une analyse que d'extraire les enseignements importants qu'elle comporte pour le physicien. Auparavant, quelques mots sur la préface et quelques explications sont nécessaires. M. Bergson s'est proposé de rechercher la signification philosophique des temps multiples d’Einstein.D'’aucuns croiront sans doute qu’il va s'agir de quelque spéculation dans des régions inaccessibles. Ce serait une grave erreur. Le savant observe les faits et les décrit. A cet effet, il emploiera le plus souvent un langage conven- tionnel, quelque peu éloigné de la réalité, mais particulièrement approprié, particulièrement « commode » aurait dit Henri Poincaré. Ce sera l’une des tâches duiphilosophe de mettre juste- ment en évidence la part de la convention dans toute description scientifique, de montrer les pièges qu'elle|tend, de rechercher ce qu'elle ajoute et ce qu’elle enlève à la réalité. L'histoire des Sciences, particulièrement celle de la Méca- nique, montre que nombreux sont les cas où les savants ont été égarés par le symbolisme, don- nant aux formules un sens abusif ou aux prin- cipes une extension qu'ils ne comportaient pas. Einstein a eu l’idée la plus heureuse en intro- duisant,les temps multiples; de la sorte il a simplifié considérablement le langage du physi- cien ; en le rendant plus symétrique, il a permis d'affronter par le calcul certaines questions jus- qu’alors inextricables.Mais M. Bergson montrera 1. Un volume in-16 de la Bibliothèque de Philosophie con- temporaine, Félix Alcan, édit.!Paris, 1922, qu'il ne faut pas être dupe du conventionalisme einsteinien; et pour cela, il va s’efforcer d’en dégager le réel, de mettre à part les éléments: fictifs, non perceptibles, introduits pour parfaire uné symétrie commode. Il prendra les formules de Lorentz terme à terme; il recherchera à quelle réalité concrète, à quelle chose perçue ou per- ceptible chaque terme correspond. Et le résul- tat de cetteanalyse pénétrante est inattendu pour celui qui se contente d’une vue superficielle de la Relativité: non seulement les thèses d'Einstein ne contredisentpas,mais encore elles confirment, elles apportent un commencement de preuve à la croyance naturelle des hommes à un temps unique et universel. Telle est la conclusion à laquelle parviendra M. Bergson. Si naturelle qu'elle soit, elle parai- tra révolutionnaire à plus d’un, tantle Relati- visme a jeté de troubles dans lesidées. 1. — LA Demi-RELATIVITÉ L'expérience Michelson-Morley. — La demi-relativité ou rela- tivité « unilatérale». — Signification concrète des termes qui entrent dans les formules de Lorentz. — Dilatation du temps. — Dislocation de la simultanéité. — Contraction longitudinale. On rendra plus facilement accessibles des résultats d'apparence étrange, si l'on fait revi- vre à l'esprit les étapes quijalonnent leur décou- verte. C’est la méthode adoptée par M. Bergson. Il va commencerpar décrire la célèbreexpérience de Michelson-Morley, qui fut le point de départ de laRelativité.Il le fera en posant d’abord l'exis- tence de l’éther,afin de ménager toutes les transi- tions,pour replacer le lecteurdans l’état d'âme où l'on pouvait se trouver à l'origine, alors qu’on croyait à l’éther immobile, au repos absolu, et qu’il fallait pourtant rendre compte de cette expérience. M. Bergson admet, pour expliquer le résultat négatif de l'expérience, l'hypothèse d'une « contraction » des corps en mouvement dans l’éther, introduite en même temps par Lo- rentz et Fitzgerald. Puis fremarquant — ce qui avait échappé à d’éminents relativistes — que ce n'est pas assez de la contraction de Lorentz pour établir, du point de vue de l’éther (système S), la théorie complète de cette expérience faite sur la Terre (système S')}, mais qu'il faut y joindre l'allongement du temps et le déplacement des simultanéités, l’illustre philosophe reconstruit terme à terme la transformation de Lorentz et en ‘ Qt 1 = Énouarn GUILLAUME. — LA QUESTION DU TEMPS, D'APRÈS M. BERGSON montre ainsi la structure, avec ses particularités quant au temps et à l’espace. Cette manière d’éta- blir la transformation de Lorentz est d’une rare élégance, et nombreux, croyons-nous, seront les physiciens qui adopteront ce mode d'exposition. Ces déformations du temps et de l’espace condui- sent à un résultat curieux: grâce à la contraction des longueurs,la dilatation du temps, la disloca- tion des simultanéités, le système en mouve- ment S' devient, vis-à-vis de la propagation lumineuse, plus généralement des phénomènes électromagnétiques, |’ «exacte contrefaçon » d’un système fixe S dans l’éther. Dès lors, les deux systèmes S et S' deviennent indiscernables, bien que l’un d'eux soit au repos dans ce fluide et l’autre en mouvement. L’existence de l’éther échappe ainsi à l'observation. II. — La RELATIVITÉ cOMPLÈTE De la réciprocité du mouvement. — Relativité « bilatérale» et non plus « unilatérale ». — Interférence de cette seconde hypothèse avec la première: malentendus qui en résulteront.— Mouvement relatif et mouvement absolu. ‘— Propagation et transport. — Systèmes de référence. — De Descartes à Einstein. Avec l'existence de l’éther, la transformation de Lorentz conduit à une relativité que M. Berg- son qualifie d’« unilatérale », pour la distinguer de la relativité « bilatérale », où il ya parfaite réciprocité eñtre les deux systèmes. Dans cette hypothèse, l’éther — fluide au sens mécanique — n'existe plus. Ce dernier point de vue est celui qu’a adopté Einstein. Ce changement n’ap- porte d’ailleurs aucune modification de fait. Seulement, les contractions d’étendue, les dila- tations de temps, les ruptures de simultanéité deviennent explicitement réciproques, et l’obser- vateur en S'répétera de S tout ce que l’observa- teur en S avait affirmé de S’. Ainsi, il n’existeque le mouvement réciproque de Set S’ par rapport l’un à l’autre. Mais on n'étudie pas cette réciprocité sans adopter l’un des deux termes, S ou S', comme «système de référence » ; oi dès qu’un système a été ainsi immobilisé, il devient provisoirement un point de repère absolu, un succédané de l’éther. Le repos absolu, chassé par l’entendement, est rétabli par l’imagination. Dès lors, il y a risque que la relativité unilatérale «n’interfère » avec la relativité bilatérale, ou relativité proprement dite ; les faux problèmes surgiront du seul fait que des images sont empruntées à l’une pour soutenirlesabstractions correspondant à l'autre. C’est Descartes qui, le premier, a su marquer avec une précision définitive cette réciprocité du mouvement,essentielle pour la science. Etcepen- méconnue : « Si je suis assis tranquille et qu'un autre, s’éloignant de mille pas, soit rouge de fa- tigue, c’est bien lui qui se meut et c’est moi qui me repose. » Aussi bien, les mesures de dépla- cements, seules accessibles au physicien, ne sont-elles pas tout, et M. Bergson conclura avec infiniment de raison « qu’une réciprocité de dé- placement est la manifestation à nos yeux d’un changement interne, absolu, se produisant quel- que part dans l’espace ». Maïs la science ne peut et ne doit retenir de la réalité que ce quiest étalé dans l’espace, homogène, mesurable, visuel. Le mouvement qu’elle étudie est donctoujours rela- tif et ne peut consister que dans une réciprocité de déplacement. La relativité radicale du mouvement, postulée par Descartes, n’a pu être affirmée catégorique- ment par la science moderne. La raison de cette abstention est profonde : elle a sa source dans la difficulté d’étendre cette relativité au mouve- ment accéléré. La Théorie de la relativité « res- treinte » appelait donc à sa suite celle de la rela- tivité généralisée, et ne pouvait être convaincante aux yeux du philosophe que si elle se prêtait à cette généralisation, L'hypothèse de la réciprocité pure exige cer- taines précisions. Le « système de référence » sera le trièdre trirectangle par rapport auquel on conviendra de situer, en indiquantleurs distances respectives aux trois faces, tous les points de l'Univers. « Le physicien qui construit la science sera attaché à ce trièdre, dont le sommet lui ser- vira généralement d’observatoire. Dans l’hypo- thèse de la relativité, le système de référence sera lui-même immobile pendant tout le temps qu'on l’emploiera à référer. Que peut être en effet la fixité d’un trièdre dans l’espace sinon la propriété qu’on lui octroie, la situation momen- tanément privilégiée qu’on lui assure en l’adop- tant comme système de référence ? L'immobilité sera donc, par définition, l’état de l'observatoire où l’on se placera par la pensée. Certes, rien n'empêche de supposer, à un moment donné, que le système de référence est lui-même en mouvement... Mais quand le physicien met en mouvement son système de référence, c’est qu'il en choisit momentanément un autre, lequel de- vient immobile. » D'autre part, M. Bergson appellera « système invariable », ou simplement « système », tout ensemble de points qui conservent les mêmes positions relatives et qui sont par conséquent im- mobiles les uns par rapport aux autres. La Terre est un système. On pourra généralement ériger un «système » en « système de référence ». Mais, dant, l’objection de Morus (1679) ne saurait être. | dans la Théorie de-la Relativité, le système de Épouarp GUILLAUME. — LA QUESTION DU TEMPS, D'APRÈS M. BERGSON 5 5 nl référence ne sera pas un simple trièdre, muni d’un observateur unique, car il est « essentiel à cette Théorie d’éparpillersur le système un nom- bre indéfini d'horloges réglées les unes sur les autres, et, par conséquent, d'observateurs. Il est vrai qu’ « horloge » et « observateur » n’ont rien de matériel : par « horloge » on entend simple- ment ici un enregistrement idéal de l'heure selon des lois ou règles déterminées, et par « observa- teur » un lecteur idéal de l'heure idéalement enregistrée. Il n’en est pas moins vrai qu'on se représente maintenant la possibilité d’horloges matérielles et d’observateurs vivants en tous les points des systèmes. Cette circonstance sera pré-" cieuse pour le philosophe qui cherchera dans quelle mesureles temps d’Einstein sont destemps réels et devra, pour cela, poster des observateurs en chair et en os, des êtres conscients, en tous les points du système de référence où il y a des « horloges ». III. — De LA NATURE DU TEMPS Succession et conscience. — Origine de l'idée d'un temps uni- versel. — La Durée réelle et le temps mesurable. — De la simultanéilé immédiatement perçue : simultanéité de flux et simultanéité dans l'instant. — De la simultanéité indiquée ar les horloges. — Le temps qui se déroule. — Le temps ! déroulé et la quatrième dimension. — À quel signe on recon- naïtra qu'un Temps est réel. Dans ce chapitre, l’auteur, résume les carac- tères fondamentaux du temps, qu’il a su décou- vriret qu'il a exposés dans ses précédents ou- vrages. Il avait déjà envisagé l'hypothèse d’une multiplicité possible de durées et avait laissé ouverte la question de savoir si l'Univers était divisible ou non en mondes indépendants les uns des autres. Mais, ajoute M. Bergson, s’il fallait trancher la question, il opterait, dans l’état actuel de nos connaissances, pour l’hypo- thèse d’un temps un etuniversel. Ce n’est qu'une hypothèse, mais elle est fondée sur unraisonne- ment par analogie que nous deyons tenir pour concluant, tant que l’on ne nous aura rien offert de plus satisfaisant. Ce raisonnement consiste essentiellement à reconnaître l'identité des con- sciences humaines, et à « imaginer autant de ces. consciences qu’on voudra, disséminées dans l'Univers, mais juste assez rapprochées les unes des autres pour que deux d’entre elles consécu- tives, prises au hasard, aient en commun la por- tion extrême du champ de leur expérience exté- rieure. Chacune de ces deuxexpériences participe à la durée de chacune des deux consciences, Et puisque les deux consciences ont le même rythme de durée, il doit en être ainsi des deux expé- riences ». Une extension de proche en proche d’une part, et, d’autre part, l’élimination des consciences, sortesde relais pour le mouvement de la pensée, conduisent au «temps unique et impersonnel où s’écouleront toutes choses ». Mais le temps qui dure n'est pas mesurable, car la mesure impliqueen effet division etsuper- position, et l’on ne saurait superposer des durées successives pour vérifier si elles sont égales ou inégales ; par hypothèse, l’une n'est plus quand l’autre paraît. Si cependant l’on parle de la mesure du temps, c’est que celui-ci laisse des traces, et qu'onidentifie la mesure de ces traces avec celle du temps. Le déroulement se mesure sur le déroulé, lequelse divise et se mesure parce qu'il est espace; l’autre est durée pure. On pourrait supposer que chacun de nous trace dans l'espace un mouvement ininterrompu du com- mencement à la fin de la vie consciente. Il pour- rait marcher nuit et jour. Toute son histoire se déroulerait alors dans un temps'mesurable. Nous substituons: tout naturellement au voyage que nous ferions, le voyage de toute autre personne, puis un mouvement ininterrompu quelconque qui en serait contemporain. J’appelle « contem- porain », précise M. Bergson, deux flux qui sont pour ma conscience un ou deux indifféremment, la conscience pouvant tour à tour les percevoir ensemble comme un écoulement unique ou les percevoir en les distinguant. Semblablement, sont « simultanées » deux perceptions instanta- nées, qui sont saisies dans un seul et même acte de l'esprit, l’attention pouvantici encore enfaire une ou deux à volonté. Dès lors, nous avons in- térêt à utiliser ces facultés pour extérioriser : notre propre durée en mouvement dans l’espace et à prendre pour « déroulement » du temps un mouvement indépendant de celui de notre propre corps. C’est ce que nous avons fait en choisissant le mouvement de rotation de la Terre pour marquer le temps. Les théoriciens de la Relativité ne parlent ja- mais que de la simultanéité de deux instants. Mais avant celle-là, il en est pourtant une autre, dont l'idée est plus naturelle : la simultanéité de deux flux !. M. Bergson intercale ici une remar- que très importante. La Théorie de la Relativité a essayé d'introduire une troisième distinction la simultanéité entre les indications données par deux horloges éloignées l’une de l’autre: Deux horloges H et H’ éloignées l’une de l’autre, réglées l’une sur l’autre, et marquant la même 1. Cette remarque peut être transportée en Physique ma- thématique. Avant de définir la simultanéité des indications d'horloges, il est beaucoup plus intuitif de définir des che- mins (du « déroulé ») Az, Ax',.…. décrits ( simultanément ». Cf. Edouard GuiLLAuME : Congrès international des Mathé- mäticiens, Strasbourg, 1920, p. 594. “ Épouarp GUILLAUME. 576 heure, sont ou ne sont pas simultanées selon le point de vue. M. Bergson cherchera plus tard à quelle condition il est possible d'avancer de tel- les affirmations. Mais, par là, la Théorie recon- nait qu'un événement E s’accomplissant à côté de l'horloge H est donné en simultanéité avec l’in- dication de l’horloge H dans lesens même que la psychologie attribue au mot simultanéité. Et de même pour la simultanéité de l’événement E' avec l'indication de l'horloge « voisine » H'. Car si l’on ne commençait pas paradmettre une si- multanéité de ce genre, absolue, et qui n'a rien à voir avec des réglages d'horloges, les horloges ne serviraient à rien. Il est vrai que la simulta- néilé n'est constatable entre moments de deux {lux que si ceux-ci passent « au même endroit ». Mais le sens commun, la science elle-même jus- qu'à présent, ont étendu a priori cette concep- tion de la simultanéité à des événements éloi- gnés l’un de l’autre. Ils le faisaient moins en imaginant une conscience coextensive, capable d’embrasser les deux événements dans une per- ceplion unique et instantanée, que par applica- tion d'un principe inhérent à toute représenta- tion mathématique des choses, à savoir que la distinction du « petit » et du « grand », du « peu éloigné et du « très éloigné » n’a pas de valeur scientifique. Un microbe intelligent trouverait entre deux horloges « voisines » une distance énorme, et la simultanéité absolue, intuitive- ment perçue par nous, ne le serait pas pour lui; absolue à nos yeux, elle serait relative aux siens: on tombe dans l’absurde. On a vu l'importance de distinguer entre le déroulement et le déroulé. Or, lorsqu'on passe du premier au second, il est naturel de doter l’espace d’une dimension supplémentaire. Le temps spatialisé n’est en réalité qu'une dimen- sion ajoutée à l’espace. C’est cette quatrième di- mension qui permet de juxtaposer ce qui est donné en succession, mais seule cette succession est réelle. Au dernier chapitre, M. Bergson exa- minera cette question de la quatrième dimension. Ici, il posera et résoudra le problème fondamen- tal : qu'est-ce qu’un temps réel? Certes, on a le droit de substituer au temps une ligne, par exemple, puisqu'il faut bien le mesurer. « Maïs une ligne ne devra s'appeler du temps que là où la juxtaposition qu’elle nous offre sera convertible en succession; ou bien alors, ce sera arbitrairement, conventionnelle- ment, que vous laisserez à cette ligne le nom de temps : il faudra nous en avertir, pour ne pas nous exposer à une confusion grave. Que sera- ce, poursuit M. Bergson, si vous introduisez dans vos raisonnements et vos calculs que la — LA QUESTION DU TEMPS, D'APRÈS M. BERGSON chose dénommée par vous «temps » re peut pas, sous peine de contradiction, être perçue par une conscience réelle ou imaginaire ? Ne sera-ce pas alors, par définition, sur un temps fictif, irréel, que vous opérerez ? Or tel est le cas des temps considérés dans la Théorie de la Relativité, Il y en a de perçus ou perceptibles ; ceux-là pourront être tenus pour réels. Mais il en est d’autres auxquels la théorie défend, en quelque sorte, d’être perçus ou de devenir perceptibles : s'ils le devenaient, ils changeraient de grandeur, de telle sorte que la mesure, exacte si elle porte sur ce que l'on n’apercçoitpas, serait fausse aussi- tôt qu’on apercevrait. » C’est en confondant ces temps fictifs avec le temps réel, perçu ou per- ceptible, qu’on est tombé, dans les inextricables paradoxes auxquels la Théorie de la Relativité a donné naissance. Ainsi, M. Bergson prend comme critère de la réalité du temps la propriété d’être perçu ou perceptible. Placé sur ce terrain solide, il pourra aborder avec succès l’analyse des temps multi- ples de la Théorie de la Relativité. Nous nous permettrons, à la fin de cet article, de revenir sur le critère de M. Bergson, de mon- trer toute l'élégance qu'il présente pour le phy- sicien et de mettre en évidence ce qu'il y a de nouveau dans la solution proposée par l’illustre philosophe. d IV.— DE LA PLURALITÉ DES. TEMPS Les temps multiples et ralentis de la théorie de la Relativité: comment ils sont compatibles avec un Temps unique et uni- versel. — La simultanéité « savante », dislocable en succes- sions : comment elle est compatible avec la simullanéité « tn- tuitive » et naturelle. — Examen des paradores relatifs au temps. L'hypothèse du voyageur enfermé dans un boulet. Le schéma de Minkowski. — Confusion qui est à l'origine de tous les paradoxes. Reprenons l’expérience de Michelson-Morley. On la recommence à diverses époques de l’année, et, par conséquent, pour des vitesses variables de notre planète. Toujours le rayon lumineux se comporte comme sila Terre était RS Tel est le fait. Où est l'explication ? Mais d’abord, remarque M. Bergson, que parle-t-on de vitesses de notre planète? La Terre serait-elle donc, absolument parlant, en mou- vement à travers l’espace ? Evidemment: non si l'on s’en tient strictement à l'hypothèse dela Re- lativité. Dès lors, la Terre peut toujours être sup- posée immobile pour les observateurs qu'elle entraîne ; ceux-ci la prendront pour système de référence, et le problème s’évanouit. Il ne repa- rait que si l'on change le système de référence, si l’on veut, par Dennis faire la description de l'expérience de Michelson en prenant le Soleil Épouar GUILLAUME. — LA QUESTION DU TEMPS, D'APRÈS M. BERGSON 577 comme système de référence, parrapport auquel la Terre est alors en mouvement. Cette descrip- tion exigera la contraction des longueurs, les temps multiples, la conversion des simultanéités en successions; bref, elle conduira nécessaire- ment à la transformation de Lorentz. Mais alors une question se pose : dans quel sens ces modi- fications spatiales et temporelles doivent-elles être prises ? Considérons un premier systèmes à l’intérieur duquel un observateur Pierre institue l’expé- rience de Michelson; puis un second système S, qui sera l’exact duplicata du système S avec ses appareils et un observateur Paul. Cette hypothèse n’est qu'une conséquence de la relativité pure, sur le terrain de laquelle nous restons. Suppo- sons que l'observateur de S s'occupe uniquement du trajet de la lumière dans la direction OB, perpendiculaire à celle du mouvement récipro- que des deux systèmes. Surune horloge placée à l'origine O, il lit le temps ? qu'a mis le rayon à aller de O en Betà revenir de B en O. De quel temps s'agit-il? Evidemment d’un temps réel, c’est-à-dire d’un temps vécu et compté par une conscience qui note le moment du départ et le moment du retour du rayon. Ce raisonnement s'applique identiquement au duplicata S’ de S; l'observateur de S’ notera de même un temps d'aller et retour {’, nécessaire à son rayon lumi- neux pour accomplir le trajet O'B'O’. Ce temps sera aussi un temps réel. Les temps f{ et {'seront- ils différents ? Evidemment non : la symétrie même des systèmes et des hypothèses exige qu’il s'agisse du même temps dans les deux cas. Mais alors, que sont les temps multiples, à vi- tesses d'écoulement inégales, que la Théorie de la Relativité trouve aux divers systèmes selon leurs vitesses relatives ? Revenons aux systèmes S etS'..« Si nous considérons le temps que le physicien Pierre, situé en S, attribue au système S' habité par Paul, nous voyons que ce temps est en effet plus long que letemps compté par Pierre dans son propre système. Ce temps-là n’est donc pas vécu par Pierre. Mais nous venons de voir qu'il ne l’est pas non plus par Paul. A plus forte raison ne l’est-il pas par d’autres. Mais ce n’est pas assez dire. Si le temps attribué par Pierre au système de Paul n’est vécu ni par Pierre ni par Paul, ni par qui que ce soit, est-il du moins conçu par Pierre comme vécu, ou pouvant être vécu par Paul, ou plus généralement par quel- qu’un ou plus généralement encore par quelque chose? À y regarder de près, on verra qu'il n’enestrien. Sans doute Pierre colle sur ce temps une étiquette au nom de Paul ; mais s'il se repré- sentait Paul conscient, vivant sa propre durée et REVUE GÉNÉRALE D&S SCIENCES, la mesurant, par là même, i verrait Paul pren- dre son propre système pour système de référence, et se placer alors dans ce temps unique, intérieur à chaque système, dont nous venons de parler: par là même aussi d'ailleurs, Pierre ferait provti- soirement abandon de son système de référence, et par conséquentde son existence comme physt- cien, el par conséquent aussi de sa conscience ; Pierre ne se verrait plus lui-même que comme une vision de Paul... En résumé, tandis que le temps attribué par Pierre à son propre système est le temps par lui vécu, le temps que Pierre attribue au système de Paul n’est ni le temps vécu par Paul, ni untemps que Pierre conçoive comme vécu ou pouvant être vécu par Paul vivant et conscient. » En conclusion, c'est une simple expression mathématique, destinée à mar- quer que c’est du système de Pierre que l'on fait la description de ce qui se passe dans le système de Paul. M. Bergson introduit une comparaison excel- lente: la perspective. Si un peintre dessine deux personnages, l’un Jean, près de lui, l'autre, Jac- ques, très éloigné, Jean pourra être reproduit en grandeur naturelle, tandis que l’autre sera réduit à la dimension d’un nain. Un second peintre qui serait près de Jacques et qui voudrait peindre les deux fera l'inverse. Les deux peintres auront raison. « Maïs a-t-on le droit d’en conclure que Jean et Jacques n’ont nila taille normale, ni celle d'un nain, ou qu'ils ont l’une et l’autre à la fois, ou que c'est comme on voudra? » Evidemment non, et ce sont justement là les confusions con- stantes que l’on rencontre chez les écrivains de la Relativité. Lorsqu’en Relativité, j'immobilise monsystème par la pensée, je mobilise lesautres, et cela diversement. « Plus leur vitesse est grande, plus elle est éloignée de mon immobilité. C’est cette plus ou moins grande distance de ma vilesse à ma vitesse nulle que j’exprime dans ma représentation mathématique des autres systè- mes quand je leur compte du temps plus ou moins lent, de même que c’est la plus ou moins grande distance entre Jacques et moi que j’ex- prime en réduisant plus ou moins sa taille. » La multiplicité des temps ainsi obtenus n'em-. pêche pas l'unité du temps réel; «elle la pré- suppose plutôt, de même que la diminution de la taille avec la distance sur une série de toiles où je représenterais Jacques plus ou moins éloi- gné, indiquerait que Jacques conserve en réalité la même grandeur ». Avec ces précisions, M. Bergson fournit des règles qui vont permettre de résoudre les para- doxes que l’on rencontre en Relativité, Ce sera d’abord le voyage en boulet. On con- 2 578 Énouarn GUILLAUME. — LA QUESTION DU TEMPS, D'APRÈS M. BERGSON naît le problème : interstellaires avec une vitesse voisine de celle de la lumière, Lorsqu'il revient sur la Terre, il trouverait celle-ci vieillie de deux siècles alors que, pour lui, le voyage n'aurait duré que deux ans. La réciprocité parfaite exige que le temps réel du voyage soit le mêmeet pour le bou- let et pourla Terre. Les deux cents ans que l’observateur du boulet attribue à la Terre ne peuvent être que fictifs. Il faudra chercher un autre moyen pour ne pas vieillir. On voit que les‘raisonnements qui précèdent imposent l’universalité du temps, et M. Bergson fait remarquer que l’idée d'un temps réel com- mun aux deuxsystèmes, identique poursS et pour S', s'impose dans l'hypothèse de la pluralité des temps mathématiques avec plus de force que dans l’hypothèse communément admise d’un temps mathématique un etuniversel.Celui-ci, en effet, est facilement compatible avec l’idée d'un système privilégié. Au contraire, l’hypothèse de la relativité consiste essentiellement à rejeter le système privilégié; S et S' deviennent stricte- ment interchangeables ; ce sont des duplicata l'un de l’autre, et les observateurs qu’ils con- tiennent vivent exactement la même durée : les deux systèmes ont le même temps réel. Ainsi, la Théorie de la Relativité n’ébranle pas l’idée admise de l’universalité du temps réel et tend plutôt à la consolider. Poussant son analyse à fond, M. Bergson va reprendre.toute la question à propos des simul- tanéités. Il y a une simultanéité intuitive qu'on pourraitappeler réelle et vécue. Einstein l’admet nécessairement puisque c'est par elle qu’il note l'heure d'un événement. On peut donner de la simultanéité les définitions les plus savantes, dire que c’est une identité entre des indications d’horloges réglées les unes sur les autres par un échange de signaux optiques, conclure de là que la simultanéité est relative au procédé de réglage. Il n’en est pas moins vrai que la simultanéité d’un événement avec l'indication d’une horloge qui en donne l'heure ne dépend d'aucun réglage des événements sur les horloges; elle est absolue. L'analyse conduit M. Bergson, quant aux si- multanéités, à une conclusion corrélative de celle que nous venons de rapporter pour les du- rées multiples : on est en présence de deux simultanéités distinctes, l’une réelle, l’autre savante, sur laquelle on met la même étiquette. De là des difficultés et des confusions dont on a grand’ peine à sortir. On pense à l’une et l’on fait intervenir l’autre. un observateur, enfermé dans un boulet, va faire un voyage dans les espaces | Comme application, M. Bergson traite l’exem- ple de la voie, du train et des deux éclairs qui tombent simultanément en deux points A etB de la voie. En Relativité, on affirme que les chutes des éclairs ne sont pas simultanées pour un observateur entrainé avec le train. Pour déci- der de la simultanéité, on poste un observateur au milieu M de AB, avec une paire de miroirs inclinés à 45° sur la voie. Si l’observateur voit simultanément les images des deux éclairs dans les miroirs, on admet qu’ils sont tombés effecti- vement simultanément sur la voie. Soit M' le point du train qui est vis-à-vis de M à l'instant de la chute. Un observateur en M' ne pourra pas voir les images des éclairs se former simulta- nément dans une paire de miroirs situés en ce point du train, car, dit Einstein, M’ se déplace (par rapport à la voie) et va à la rencontre de la lumière qui lui vient de B, tandis qu’il fuit la lumière lui venant de A. L’observateur verra donc la première plus tôt que la seconde. Les observateurs qui prennent le chemin de fer comme système de référence arrivent à cette con- clusion que l'éclair B a élé antérieur à l'éclair A. Ici aussi, M. Bergson commencera par faire appel à la réciprocité rigoureuse exigée par la relativité. Les deux systèmes doivent être inter- changeables ; tout est parfaitement symétrique, Nous pourrons marquer les points A’etB'sur le train qui sont en regard de A et B au moment des chutes. Lançons les deux éclairs. Ils n'appar- tiennent pas plus au‘système voie qu’au système train ; les effets produits doivent être symétri- ques. Il se passera en M'exactemnet la même chose qu’au point correspondant M. Si M est le milieu de AB et que ce soit en M que l’on percoive une simultanéité sur la voie, c’esten M', milieu de A'B', qu’on percevra cette simul- tanéité dans le train. En s’attachant donc au perçu, au vécu, on a affaire à un seul et même temps : ce qui est simultané par rapport à la voie est simultané par rapport au train. À cet effet, nous nous sommes placé à la fois sur la voie et sur le train. Mais le physicien procédera autrement, car ce qu'il cherchera, ce sera une représentation mathématique de l'Univers à partir d’un système déterminé pris comme système de référence, et sa description devra se conformer à des lois de perspective mathématique. Pour le physicien, il y a ce qu’il constate lui-même, — ceci il le note tel quel, — et il y a ensuite ce qu’il constate de la constatation éventuelle d’autrui : cela il le transforme, il le ramène à son point de vue. Mais la notation qu'il en fera alors ne corres- pondra plus à rien de perçu ou de perceptible. = mn 7 Évouarr GUILLAUME. — LA QUESTION DU TEMPS, D'APRÈS M. BERGSON 979 Ce ne:sera donc plus du réel, ce sera du sym- bolique !. « Que verra alors le physicien placé en M sur la voie ? Il constatera la simultanéité des deux ‘éclairs. Il’ne saurait’ être aussi au point M’. Tout ce qu'il;peut faire est de dire qu'il voit idéalement en M'la constatation d’une non-simultanéité entre les deux éclairs... A vrai dire, rien n’est constaté en M', puisqu'il faudrait pour cela en M'un:physicien, et:que l'unique physicien du monde est, par hypothèse, en M. Il n’y a plus en M’ qu’une certaine notation effec- tuée par l'observateur en M,'notation qui est en effet celle d’une non-simultanéité Ou, st l’on aime mieux, ily a en M'un physicien simplement imaginé, n'existant que dans la pensée du physi- cien en M.» Mais l’équivoque est si difficile à dissiper que M. Bergson va reprendre l'attaque d’un autre point de vue. Nous devons renoncer à esquisser ici la pénétrante analyse de’ l’auteur; nous y renvoyons le lecteur. Cette analyse fait justice d’une équivoque corrélative, née d’une inter- prétation abusive de l’Espace-Temps de Min- kowski. Puisque deux événements éloignés, A et B, simultanés pour un système S, ne le sont pas pour un système S'en translation par rapport à S, — la distance dans le temps, pourS’, dépendant de la vitesse de cette translation, — on s’est demandé si l'observateur de S' assistant à l'événement B, supposé antérieur à À pour S’, ne pourrait pas prédire l'avenir en A. Non, ré- pondent les relativistes, car il faudrait pour cela que l’on disposät entre À et B d'un agent de transmission se propageant plus vite que la lumière, ce qui serait contraire à la théorie. M. Bergson, allant au fond de la question. mon- trera que même un observatenr possédant la vision instantanée à distance ne pourrait prédire l'avenir à un habitant éloigné sur S’. La raison en est encore que l’observateur de S' pour lequel AetB nesont pas simultanés, est un observa- teur non réel, fictif, fantasmatique, placé sur S’ pour la commodité de la description mathéma- 1. Ce symbolisme résulte évidemment du point de vue d’'Einstein, que décrit ici M. Bergson. Comme M. René de Saussure l'a reconnu le premier, le physicien peut parfaite- ment imaginer à la fois deux observateurs réels, l’un en M sur la voie, l'autre sur le train en un point M’, situé de telle façon qu'il passe justement en M au moment de l’ar- rivée des images des éclairs en ce point de la voie. Si donc celles-ci sont simultanées pour la voie, elles le seront aussi pour le train. Connaissant la transformation de Lorentz, on peut calculer exactement la position de M" (Cf. Archives des Sc. phys. et nat., (5), vol. II, 1921, p. 317), et il y aurait là un moyen de vérification expérimentale de la loi de propa- gation de la lumière, c'est-à-dire de la transformation de Lorentz, si la vitesse lumineuse n'était pas fantastiquement grande. tique que le physicien, placé sur S, — physi- cien qui est seul réel, — fera de l'Univers. Le mécanisme dei la théorie de la Relativité estainsi bien mis en évidence, En chaque point de l'Univers, on supposera ‘un « physicien réel traînant à sa suite une nuée de physiciens fan- tasmatiques, autant qu'il imaginera de vitesses. Voulons-nous alors démêler ce qui est réel ? Voulons-nous savoir s’il y a un temps unique ou des temps multiples? Nous n'avons pas à nous occuper des physiciens fantasmatiques, nous ne devons tenir compte que des physiciens réels. Nous nous demanderons s'ils perçoivent ou non le même temps. Or il. est généralement difficile au philosophe d'affirmer avec certitude que deux personnes vivent le même rythme de durée. I1ne saurait même donner à°cette affirma- tion un sens rigoureux et précis. Et pourtant il le peut dans l’hypothèse’ de la relativité : l’affir- mation prend ici un sens très net, et devient cer- taine quand on compare entre eux deux systèmes en état de déplacement réciproque et uniforme ; les observateurs sont interchangeables. Cela n'est d'ailleurs tout à fait net et tout à fait certain que dans l’hypothèse de la relativité. Partout ail- leurs, deux systèmes, si ressemblants soient-ils, différeront d'ordinaire par quelque côté, puis- qu'ils n'occuperont pas la même place vis-à-vis du système privilégié. Mais la suppression du système privilégié est l'essence même de la théo- rie de la Relativité, Donc cette théorie, bien loin d'exclure l'hypothèse d’un Temps unique, l'ap- pelle et lui donne une intelligibilité supérieure. » k i V. — LES FIGURES DE LUMIÈRE Lignes de lumière » et ligne rigide. — La « figure de lumière » et la figure d'espace : comment elles coincident et comment elles se dissocient. — Triple effet de la dissocia- lion. — 1° Effet transversal ou ( dilalation du lemps ». — 2° Effet longitudinal on ( dislocation de la simulta- néilé ». — 3 Effet transversal-longitudinal ou ( contraction de Lorentz ».— Vraie nature du temps d'Einstein. — Transt- tion à la Théorie de l'Espace-Temps. Ainsi, à côté de la vision qu'il a de son propre système, le théoricien de la relativité évoque tou- tes les représentations attribuables à tous les physiciens qui apercevraientce système en mou- vementavec toutes les vitesses possibles. M.Berg- son donne de ce fait une représentation partieu- lièrement élégante. Reprenons l'expérience fondamentale de Michelson-Morley. Comme on sait, l’appareil qu’elle utilise comporte essen- tiellement une équerre rigide AOB, dont le bras - OA est dirigé suivant le mouvement de la Terre, OB restant perpendiculaire à ce mouvement. Des rayons lumineux effectuent les trajets OAO et OBO, pour venir interférer en O. Au repos 580 Évouarr GUILLAUME. — LA QUESTION DU TEMPS, D'APRÈS M. BERGSON nous avons doncune équerre rigide etuneéquerre souple lumineuse qui coincident exactement. Pour un observateur en mouvement, les deux figures se dissocient. Les lignes lumineuses OAO et OBO donneront naissance à des zigzags respectivement longitudinal ettransversal, mais tels qu'ils soient tous deux parcourus dans le même temps par la lumière, puisque cette éga- lité des temps est le résultat même de l’expé- rience de Michelson-Morley. Dans un raisonnement «& priori anciennes idées, on eût dit: « c’est la figure rigide d'espace qui impose ses conditions à la sure de lumière ». La Théorie de la Relativité consistera Justement à renverser cette proposi- tion, et à dire : «c’est la figure de lumière qui impose ses conditions à la figure rigide ». « En d’autres termes, la figure rigide n’est pas la réa- lité même: ce n’est qu'une construction de l'esprit; et de cette construction,c’est lafigure de lumière, seule donnée, qui doit fournir les règles REX M. Bergson retrouve sur ces figures les trois effets déjà étudiés : dilatation du temps, disloca- tion de la simultanéité, contraction de Lorentz, et leur donne ainsi un sens profond. On voit le rôle primordial que la propagation de la lumière joue dans la Théorie de la Relati- vité. Nous avons soutenu que, dans celte théo- rie, c’est la vitesse de la lumière et non plusla rotation de la Terre qui est l'horloge suprême. M. Bergson partage notre opinion : « En ce qui concerne plus spécialement le temps, c’est de l'horloge sidérale qu'on a usé pour le développe- ment de la Physique et de l’Astronomie: notam- ment, on a découvert la loi d'attraction newto- nienne et le principe de la conservation de l'énergie. Maïs ces résultats sont incompatibles avec la constance du jour sidéral, car d’après eux, les marées doivent agir comme un frein sur la rotation de la Terre. De sorte que l’utilisation selon les 1. Il est intéressant de rapprocher ces idées de celles que Poincaré a exprimées dans son fondamental mémoire de 1905 (Rendiconti del Circolo Matematico di Palermo, t. XXI 1906) « Comment faisons-nous nos mesures? En trans- portant les uns sur les autres des objets regardés comme des solides invariables,répondra-t-on d'abord; maïs cela n est plus vrai dans la théorie actuelle, si l’on admet la contrac- tion lorentzienne. Dans cette théorie, deux longueurs égales, ce sont, par définition, deux longueurs que la lumière met le même temps à parcourir. Peut-être suflirait-il de renoncer à celte définition, pour que la théorie fût aussi complètement bouleversée que l'a été le système de Ptolémée par l'interven- tion de Copernic. » Le mémoire de Poincaré, presque inconnu, est daté du 23 juillet 1905. On y trouve déjà la célèbre règle d’addition des vilesses, qui est généralement attribuée à Einstein seul (30 juin 1905), ainsi que les principes fonda- mentaux de l'Espace-Temps à 4 dimensions, avec l'unité de temps imaginaire, développés plus tard par Minkowski (1908), de l’horloge sidérale conduit à des conséquences qui imposent l'adoption d’une horloge nouvelle. Il n’est pas douteux que le progrès de la Physi- quene tende à nous présenterl’horloge optique — je veux dire la propagation de la lumière — comme l'horloge limite, celle qui est au terme de toutes ces approximations successives. » VI: — L’RsPACE-TEMPS A QUATRE DIMENSIONS Comment s'introdil l'idée d'une quatrième dimension. — Comment l'immobilité s'exprime en termes de mouve- ment. — Comment le temps s'amalgame avec l'espace: — La conception générale d'un Espace-Temps à quatre dimen- sions. — Ce qu'elle ajoute et ce qu'elle enlève à la réalité” — Double illusion à laquelle elle nous expose. — Carac- tère tout particulier de celte conception dans la théorie de la Relativité. — Confusion spéciale où l'on risque ici de tomber. — Le réelet de virtuel. — Ce que représente effecti- vement l'almalgame Espace-Temps. Ce chapitre, très important, est consacré au temps, envisagé comme quatrième dimension de l’espace, et à l’amalgame Espace-Temps de Min- kowski. 6 Avec la transformation de Lorentz, « la nota- tion d’une quatrième dimension s’introduit pour ainsi dire automatiquement dans la Théorie de la Relativité. De 1à, sans doute, l’opinion sou- vent exprimée que nous devons à cette théorie la première idée d’un milieu à quatre dimen- sions englobant le temps et l’espace. » Mais, dès qu'on spatialise le temps, dès qu’on l’étale sur une ligne, — comme on le fait depuis longtemps en Mécanique, — le temps prend l'aspect d’une dimension de l’espace. Il en résulte que « l’es- pace-temps de Minkowski et d’Einstein est une espèce dont la spatialisation commune du temps dans un espace à quatre dimensions est un genre ». Or, quelle que soit l’«‘espèce » envisa- gée, la spatialisation du temps dans une qua- trième dimension est doublement inadéquate. C’est ce que montre clairement M. Bergson. Un mobile qui décrit une courbe à x dimensions aura, pour le mathématicien, un mouvement représentable par une courbe de l'espace à n +1 dimensions ; la courbe qui se décrit, qui setrace, est remplacée par la courbe toute tracée, ayant une dimension de plus. Mais, par là même qu'on substitue du tout fait à ce que l’on aperçoit se faisant, on éliminele devenir inhérent au temps. Ce devenir, évidemment, est irréductible à toute spatialisation. D’autre part, supposons donré l’espace à x —+ 1 dimensions avec une courbe représentative toute tracée. Il sera possible de couper cet espace par une infinité d'espaces à n dimensions. Il y aura donc une infinité de cour- bes à nr dimensions se traçant, ayant la même courbe à 7 +1 dimensions comme courbe repré- sentative. Les courbes différeront non seulement Évouarr GUILLAUME. — LA QUESTION DU TEMPS, D'APRÈS M. BERGSON par leur forme, mais encore par les vitesses avec lesquelles elles seront engendrées. La représen- tation n’est donc pas parfaite : elle supprime l'élément essentiel et introduit une foule d’élé- ments parasites. Dans l’espace-temps de la Théorie de la Rela- tivité, il y aura lieu de distinguer, comme on l’a fait précédemment, l’espace et le temps réel, complètement distincts pour l’observateur réel dans son système. L’amalgame de temps et d'espace ne se produit que lorsqu'il met, par la pensée, son système en mouvement. Et l’amal- game n'existe que dans sa pensée. « Nous sommes ainsi ramenés à nos conclu- sions antérieures. On nous montrait que deux événements, simultanés pour le personnage qui les observe, à l’intérieur deson système, seraient successifs pour celui qui se représenterait, du dehors, le système en mouvement. Nous l’accor- dions, mais nous faisions remarquer que l’inter- valle entre les deux événements devenus suc- cessifs aura beau s'appeler du temps, il ne pourrait contenir aucun événement c'est, disions-nous, du « néant dilaté ». VII. — REMARQUE FINALE Le Temps de la Relativité restreinte et l'Espace de la Relativité généralisée. La conclusion de cette étude, quant au Temps et à l'Espace, ne saurait être modifiée par le fait qu’on ajoute un champ de gravitalion à l’espace. Il est vrai qu'il n’est plus possible alors d’effec- tuer la synchronisation d’horloges à l’aide des signaux optiques. « Par suite, en toute rigueur, la définition optique du temps s’évanouit. Des qu’on voudra alors donner un sens àla coordon- née «temps », on se placera nécessairementdans les conditions de la relativité restreinte, en allant au besoin les chercher à l'infini. » Les temps de la Relativité restreinte, un seul d’entre eux excepté, sont des temps sans durée, où des événements ne sauraient se succéder, ni des choses subsister, ni des êtres vieillir. Vieil- lissement et durée appartiennent à l’ordre de la qualité. Aucun effort d'analyse ne les résoudra en quantité pure. | Descartes ramenait la matière — considérée dans l'instant — à l'étendue : la Physique, à ses yeux, atteignait le réel dans la mesure où elle était géométrique. Dansla Relativité généralisée, en réduisant la gravitation à l’inertie, Einstein a permis à la Physique de devenir géométrie : en ce sens, il est le continuateur de Descartes. { { | | | | 581 * * * Les conclusionsde l’étude de M. Bergson sont d’une importance essentielle pour le physicien. C’est ce que nous voudrions montrer brièvement en les appliquant à un problème particulier de la Relativité restreinte. Ce problème a été traité par Einstein lui-même dans son Mémoire « Ueber das Relativitätsprinzip und die aus dem- selben gezogenen Folgerungen », paru en-1907 dans le Jahrbuch der Radioaktivität.und Elektro- nik (4, p. 411). On le retrouve dans tous les ouvrages sur la Relativité. Le voici en subs- tance. Considérons une horloge H’immobile à l’ori- gine O’ du système S', etappliquons-lui la rela- tion de Lorentz : y? y a: ——— cu = xl, c? ie Puisque, dit Einstein, l’horloge est immobile sur S , il faut poser : Q@) de sorte qu'entre le temps {’ qu’elle marque pour l'observateur de S’ et l'indication £ que lui attri- bue l’observateur de S, — par rapport auquel elle possède la vitesse p, — il y a la relation : x 0; 2) d’où Einstein conclut : « Une horloge, en mou- vement relatif de vitesse ? par rapport à un sys- tème de référenceS, va, envisagée depuis ce sys- tème, 1 : /[—#2/c? fois plus lentement que si elle était au repos dans ce système.» Passant aux fré- quences Net N', il écrira la relation : à N—= NIVE — = ) qu’il propose de vérifier sur les lumières émises par les corpuscules vibrants des rayons canaux, corpuscules qui sont des sortes d’horloges. Or, la formule de l'effet Doppler-Fizeau, en Relativité restreinte, donne entre les périodes © et @’ d'une source lumineuse en mouvement pour un observateur qui braque son spectroscope perpendiculairement à la trajectoire : (3) (&) soit une relation d'apparence identique à (2). Cela posé, appliquons les raisonnements de M. Bergson. Considéronsla différence —1'. Elle n’est pas nulle. Que signifie-t-elle ? Si nous admettons qu'elle ne représente qu'un temps Épouarp GUILLAUME. — LA QUESTION DU TEMPS,£D'APRÈS M. BERGSON fictif, irréel, qui ne saurait être effeclivement vécu par rien ni par personne, qu’elle n’esten un mot que du « néant dilaté », il ne pourra s’y lo- ger”aucune oscillation nouvelle de l'horloge H'. Il faudra donc nécessairement que le nombre d'oscillations de H'soit le même tant pour S que pour S', et les relations (2) ou (3) d'Einstein deviennent elles-mêmes fictives. Les deux mem- bres de (3) ne sont que des jexpressions diffé- rentes d’un seul et même nombre d'oscillations. Ainsi, les relations (2) et (4) qui,;formellement, ont même structure, possèdent néanmoins des significations essentiellement différentes, et ce serait une erreur de les avoir confondues. Cette conclusion est celle que nous avons for- mulée en 1920, dans notre étude de la Revue de Métaphysique et de Morale (p. 445 et suiv.). Nous avons alors fait remarquer que la coordonnée z' avait un double sens. Pour Einstein, elle signifie la coordonnée de l'horloge (corpuscule, ion, élec- tron, atome vibrant), et l’illustre physicien pose la condition (1). Or, il est essentiel de se rendre compte que ce n’est pas le corpuseule vibrant lui- même que l’on observe au spectroscope, mais bien la lumière qui en émane. Dans ce cas, x représente la projection, sur l’axe O’x', de la di- rection ct’ du train d’ondes. En tenant compte de ce fait essentiel, on parvient à l’ënveariant remar- quable : tO—=t0), qui s'accorde pleinement avec les conclusions de M.'Bergson : tet 1’ sont des mesures différentes de la même durée, c'est-à-dire des mesures faites avec des horloges de périodes différentes, et ces dernières nesont autres que les périodes © et @' du train d’ondes pour les observateurs situés sur S et sur S' respectivement. Mais on voit combien élégante est la solution proposée par M. Bergson. Alors qu’avecle point de vue classique, lorsqu'on ditique £et /' sont des mesures différentes de la même durée, il est né- cessaire d'opérer un changement dans les unités, M. Bergson pourra ne pas modifier celles-ci: en compensation, iléliminerala différencet—l'en la qualifiant de « durée fictive ». Ce résultat est gros de conséquences. Dans son opuscule « La Théorie de la ltelativité restreinte et généralisée, mise à la portée de toutle monde », c'est de la formule (2) qu'Einstein déduit le dé- placement relatif des raies spectrales d’une source placée sur le Soleil, par rapport à une source identique placée sur la Terre. Or, pour passer du système-Soleil au système-Terre, la Théorie de la Relativité généralisée n’offrepas de substitution analogue à la transformation de Lorentz, qui permettrait d'établir une relation entre les périodes, telleque la relation (4). Eins- tein n’a donc à sa disposition qu'une relation, non de la nature de (4), mais de la nature de (2). Si donc unetellerelation ne présente aucun con- tenu réel, si elle ne fait qu'exprimer un simple changement d'unités, nous devons conclure que le déplacement prévu par Einstein ne peut être lui-même que fictif et ne saurait correspondre à rien de constatable. On sait que St John, l’éminent spectroscopiste de l'Observatoire du Mont Wilson, ne partage pas les idées des observateurs qui ont constaté un déplacement de la grandeur voulue sur quelques lignes du Soleil. Aussi bien, il a fait entreprendre une étude d'ensemble du spectre solaire pour trancher définitivement la question. C’est avec une légitime impatience qu'on attend le verdict du célèbre observateur sur l’une des questions les plus profondes que l'esprit humain se puisse poser. Etcependant, qu'arriverait-il sice verdictétait affirmatif, s’il était prouvé que l'effet Einstein existe et estexprimé exactement par la formule de l’illustre physicien ? A notre avis, le point de vue que défend M. Bergson ne s’en imposerait pas moins, et c'est la théorie d'Einstein qu'il fau- drait modifier. Par une intuilion géniale, Eins- tein aurait deviné une formule juste ; mais cette formule ne devrait pas être confondue avec celle que l’on déduit de la Relativité généralisée, pas plus que ne doivent être confondues les formules d'apparence identique (2) et (4) de la Théorie restreinte. Edouard Guillaume. Dr M. TIFFENEAU. — MYDRIATIQUES ET MYOTIQUES MYDRIATIQUES ET MYOTIQUES" ÉTUDE DES RAPPORTS ENTRE LEUR STRUCTURE CHIMIQUE ET LEUR ACTION PHYSIOLOGIQUE DEUXIÈME PARTIE ! IT. — MyYpriATIQUES PASSIFS Mydriatiques exerçant une action paralysante sur le parasympathique oculaire (moteuroculaire commun et nerfs ciliaires courts) Les mydriatiques passifs sont les plus impor- tants parmi les mydriatiques utilisés en méde- cine. [ls ont pour type l’atropine, alcaloïde naturel, dont laconstitution chimique est défini- tivement établie tout à la fois par l’analyse et par la synthèse (ladenburg, Merling, Einhorn, Willstätter.) L'’atropine, qui constitue la forme racémique du principal alealoïde des Solanées médicinales, l'hyoscyamine (lévosyre), est un éther-sel d’ami- noalcoo!l : l’acide éthérifiant est un acide-alcool cyclique, l'acide tropique on phénylhydracryli- que, CH?OH.CH(C£H5).CO®H; la base aminoal- coolique est une base bicyclique complexe dont le support peut être considéré soit comme un double noyau pipéridique etpyrrolidinique avec CHOH CHOH 2 ca? a Œ° ŒH \ ch 7) EN 2 17 , 3 des 7e cH° Tropine (fig. 1) Tropine (fig. ?) Cycloheptanol avec pont d'azote. Double noyau pipéridique et pyrrolidinique. une chaine commune — CH?2—N{CH3)—CH?— (fig. 1), soit comme un dérivé d’un alcool hydro- cyclique en C7, le cycloheptanol, dont les deux atomes de carbone en £ par rapport à la fonction alcool sont réunis par un atome d’azote {fig. 2). Ni la base tropine, malgré sa structure com- plexe, ni l'acide tropique ne possèdent, à eux seuls, les propriétés mydriatiques de l’alcaloïde 1. Voir la première partie dans la Rev. gén. des Sc, du 15 octobre 1922, p. 544 et suiv. qui résulte de leur combinaison; seul, l’ensemble constitue ce qu’on pourrait appeler le groupe- ment atomique actif des mydriatiques passifs, car chaque fois qu'on le rencontre dans des com- posés analogues, naturels ou synthétiques, on voit apparaître le pouvoir mydriatique. Toutefois, il suffit de changements très faibles dans l’un ou dans l’autre des deux tronçons de la molécule atropinique pour que ce pouvoir soit modifié et parfois même annihilé. Ce sont préci- sément ces conditions structurales générales etces modifications fonctionnelles que nous nous proposons d'étudier ici. Nous les examinerons tout d’abord dans la base aminoalcoo!l, où :nousenvisagerons succes- sivement le rôle du support et le rôle des fonc- tions aminée et alcoolique; puis nous étudierons le rôle de l’acide éthérifiant d’après la structure de son squelette carboné et la nature de ses diverses fonctions. Dans cette étude, nous prendrons surtout en considération l'intensité du pouvoir mydriati- que, car c'est la comparaison primordiale qu'il convient de faire. Mais nous savons que dans la pratique oculistique d’autres facteurs impor- tants doivent être envisagés : rapidité d'action, fugacité des effets, intégrité de l’accommodation. Malheureusement cette voie a été, jusqu'ici, peu explorée. Nous verrons que le tropate de tro- paneméthylol (mydriasine) produitune mydriase intense sans paralysie de l’accommodation (von Braun); nous verrons également que la £-phényl- z-oxypropionyl-tropéine commence à dilater la pupille du chat beaucoup plus tôt que l’atropine, mais ultérieurement son action est lente et la dilatation maximumestatteinte plustardivement qu'avec l’atropine (Pyman). Nous noterons enfin que certains myotiques comme l’ésérine font disparaître, chez le chien, la mydriase produite par l’euphtalmine (Porcher et Busquet). Cependant toutes ces recherches sont isolées et mériteraient d’être non seulement reprises chez l'homme, mais aussi étendues à de nouvelles séries chimiques. Il reste donc beau- coup à faire et nous espérons par cette étude susciter de nouveaux travaux et indiquer les voies dans lesquelles il conviendrait de s’en- gager. $ 1, — Influence du support Nous avons vu que le support de la base tro- pine est constitué par un noyau azoté bicyelique qui fait de cette base un dérivé à la fois pipéridi- que et pyrrolidinique. De ces deux noyaux, le plus importantest le noyau pipéridique, car c’est lui qui contient l’oxhydryle alcoolique sur lequel vient se fixer l'acide tropique, indispensable pour créer le pouvoir mydriatique. Mais cette fonction alcool pourrait exister sur un noyau pyrrolidinique simple (ou conjugué à un noyau autre que le pipéridique), ou encore sur un support non cyclique.Aussi, allons-nous recler- chersiun support spécial est nécessaire et quelle est l'influence des divers supports. Nous note- rons, dès à présent, que les substitutions sur ces noyaux étudiées récemment par von Braun'n'’ont été examinées par cet auteur que relativement aux propriétés anesthésiques des éthers benzoï- ques des aminoalcools dérivés de ces noyaux et non en ce qui concerne les propriétés mydriati- ques des éthers tropiques des mêmes bases. Nous n’examinerons doncicique l'influence des noyaux eux-mêmes. 1° Le support peut être acyclique. — On peut se demander tout d’abord si un aminoalcool à chaine acyclique ne pourrait pas, après éthérifi- cation par l'acide tropique, donner un éther doué de propriétés mydriatiques. C’est exactement un problème analogue à celui que s’est posé, il y a une vingtaine d'années, M. Fourneau à propos du pouvoir anesthésique de la cocaïne, dont le squelette est le même que celui de la tropine, problème qu'il a résolu avec succès par la décou- verte de la stovaine. Ce problème a été également posé dans le do- maine des alcaloïdes , mydriatiques, et il a reçu | une solution positive sinon au point de vue pra- tique, du moins au point de vue théorique. Le diméthylaminopropanol, éthérifié l’acide tropique, fournit un éther : par ; > . SLT ; /CHÈ CH5 —CH(CH?0H)— CO: CH:—CH2—CHE NC fs qui, sans doute, n’est doué que de propriétés mydriatiques faibles, quoique très nettes, mais qui produit une action paralysante caractéristi- que sur le vague cardiaque ?. Tout récemment, J. von Braun (loc. cit.) a apporté de nouveaux exemples de mydriatiques dont la base aminoalcoo!l est acyclique, notam- 4. Jurius von Braun. Braunsporr et K. RarTH : Ber. d, D. chem. Ges., 1. LV (1922), p. 1669. 2, W. WicuuraA : Ztschr, f. exp. Path. u. Ther.,t. XX (1949); :p. 4° D: M. TIFFENEAU. — MYDRIATIQUES ET MYOTIQUES ment le diméhtylaminoéthanol homologue infé- rieur du précédent : (GHS)N— CH? —CH°0H et les deux diéthylamino-éthanol etpropanol cor- respondants : (C2H5N—CH?—CH°OH (C2H5)2N — CH? —CH°— CH°OH. Toutefois, dans l'étude pharmacologique faite par Pohl {Breslau), les éthers tropiques de ces aminoalcools n’ont été examinés que comparati- vement entre eux et non par rapport à l’atropine, si bien qu'il est difficile de tirer une conclusion quantitative. Néanmoins on peut conclure d’une facon certaine que les aminoalcools acyceliques sont susceptibles de servir de support à l'acide tropique pour constituer des alcaloïdes mydria- tiques passifs. Au surplus, si l’on veut comparer rigoureuse- ment au point de vue quantitatif le support tro- pine avec un support acyclique, il conviendrait d'examiner des produits possédant, comme les bases hypothétiques suivantes : CH3 CH3— CHOH CH? CH20H—CH? GENRE JHEEEN CH | | | CH3 | CH3 | CH2—-CH CH. CH?—CH3 CH3 une structure et un poids moléculaire se rappro- chant aussi exactement que possible de ceux de la base tropine. Laquestiondes alcaloïdes mydria- tiques synthétiques pourrait alors conduire à des résultats pratiques analogues à ceux qui ont été obtenus dans le domaine des anesthésiques lo- caux par MM. Fourneau, Einhorn, etc. 20 Le support peut être monocyclique : pipéri- dique ou pyrrolidinique. — La synthèse relative- ment facile des dérivés oxypipéridiques ou oxy- pyrrolidiniques a permis d'étudier l'influence exercée par les noyaux pipéridique et pyrrolidi- nique surles propriétés mydriatiques. Toutefois, dans cette étude qui remonte à une vingtaine d'années, on s’est contenté d’éthérifier les ami- noalcools par l'acide homotropique (phénylgly- colique ou mandélique) CFH5—CHOH—CO?H. De sorte que les alcaloïdes mydriatiques synthéti- ques ainsi obtenus doivent être comparés à l’ho- matropine et non à l’atropine. La N-méthylvinyldiacétonalcamine ! est préci- sément l’une de ces bases aminoalcooliques à 1. HakRies : 1896. Ber. d. D. chem. Ges., t. XXIX, p. 2730; D: M. TIFFENEAU. — MYDRIATIQUES ET MYOTIQUES noyau pipéridique. Ethérifiée par l'acide phényl- glycolique, elle fournit un produit dont l’acti- vité mydriatique est comparable à celle de l'ho- matropine etqui a été introduit en thérapeutique sous le nom d’euphtalmine : CHOH cu. /\ cm2 GH—cHon )__CH3 :H3__C "2 CH3 cH || 0-08 cHs_c} C—CH CH3 à CH3 CH3 ‘ CH CH3 H N-Methylvinyl- diacélonalcamine. Son éther phénylglycolique ou euphtalmine est un mydriatique puissant. 8.Oxytétraméethyl- pyrrolidine. Son éther phénylglycolique est faiblement mydriatique. De même, on a étudié l’éther phénylglycoli- que de la g8-oxytétraméthylpyrrolidine; mais ses propriétés mydriatiques, quoique très nettes, sont beaucoup plus faibles que celles de l'eu- phtalmine. Elles ne se manifestent même nettement que lorsqu'il y a diminution de l’excitabilité du sphin- cteririen ‘. Il en résulte que le noyau pyrrolidinique est capable, comme le noyau pipéridique, de four- nir des dérivés mydriatiques. Au point de vue quantitatif, il semble bien que les dérivés pyr- rolidiniques soient moins actifs que les dérivés pipéridiques; toutefois, il convient de noter que toute comparaison rigoureuse est impossible dans le cas de la g-oxytétraméthylpyrrolidine, car l’azote de cette base n’est pas méthylé et, de plus, la fonction alcool se trouve en position B par rapport à cet azote. Le travail récent de von Braun et de ses col- laborateurs nous permet cependant de confirmer la conclusion ci-dessus, car l'étude des éthers tropiques de deux dérivés analogues ne présen- tant comme différence que la nature de leur noyau montre que l'un de ces dérivés (pipéri- dique) est nettement plus mydriatique que l’au- tre (pyrrolidinique). CH: * CH CSH5—CH-CO—O-—CH2—CH2-N< : CH? PAR pu CH20H $ CH? CH2 Tropate de pipéridyléthanol. | CH? CH? CSH5— CH —C0 — O — CH} CH—NC | pes CH20H CH? CH? Tropate de pyrrolidyléthanol. 3° Le noyuu bicyclique pipéridique et pyrrolidini- que peut être bipipéridique. — On'a étudié, tout récemment, des produits de réduction de la 1. HiLDEBRANDT : Arch.int. Pharm., t. VII (1901), p. 508. | pseudo-pelletiérine et obtenu suivant l'agent réducteur employé (amalgame de sodium ou zinc iodhydrique), deux méthylgranatolines sté- réoisomères dont l’une fournit, aussi bien avec l’acide phénylglyolique qu'avec l'acide tropique, des éthers mydriatiques !. LE CHOH PAS SNL N cH2 ZA N CH2 CH? CH? CH |——N —|CH CH N CH | | CHS UHR © CH? \ CH? D \ 4 N\ / 2 NA CH? CHOH CH? Scopoline Méthylgranatoline Hydropseudo-pelletiérine Noyau bicyclique bipipéridique. Noyau bicyclique pipéridique et pyrrolidinique. Ainsi le noyau bipipéridique peut engendrer, comme le noyau mixte des bases tropine et scopoline ?, des alcaloïdes mydriatiques; toute- fois l’auteur américain ne nous a fourni aucun renseignement quantitatif sur la valeur compa- rative de ces deux séries de dérivés. Notonsenfin pour terminer que le noyau bicy- clique peut être non saturé; c'esi ainsi que l’éther tropique de la s-oxyéthylnortropidine est aussi mydriatique que l’éther tropique du g-oxé- thylnortropane {voir plus loin). Signalons également les propriétés mydria- tiques de l’éther tropique de la lupinéine*, base dont la constitution n’est pas connue, mais qui possède probablement un double noyau pipéri- dique. $ 2. — Influence de la fonction aminée : nature et position de cette fonction Dans le groupe des mydrialtiques, comme pour la plupart des poisons possédant une action élec- tive ou même locale sur le système nerveux péri- phérique, la fonction aminée paraît jouer un rôle prépondérant. Suivant les conceptions d’Ehrlich, dont l’opi- 1. Hess: Ber. d. D. ch. Ges., t. LI (1918),p. 1007; Louis F. WERNFR : Jl. of. Amer. Chem. Soc.,t. L (1918), p. 669. 2. Les bases tropine et scopoline possèdent le même noyau bicyclique ; elles diffèrent notamment parce que dans la première la fonction alcool est greffée sur le noyau pipéri- dique, tandis que c'est sur le noyau pyrollidinique qu'elle est greffée dans la scopoline. La scopoline possède, en outre, une fonction oxyde interne dont la position n'est pas encore déterminée avec certitude. La scopolamine est plus mydria- tique que l'atropine, mais de même activité que l'hyoscya- mine, 2 3. Lrewin et Guizrery : Die Wirkungen von Arzneimitteln und Giften uuf dus Auge. Berlin (1913), t. I, p. 186. nion est partagée par M. Fourneau, c’est grâce à ce groupement aminé que s’effectuerait la fixa- tion sur la substance nerveuse, et la disparition de la fonction aminée entrainerait toujours la suppression des propriétés pharmacodynami- ques. On conçoit dès lors que la nature secondaire, tertiaire ou quaternaire de cette fonction puisse influencer ces propriétés. Nous allons voir qu'il en est bien ainsi pour les mydriatiques passifs et nous noterons en outre que la position de cette fonction n’est pas indifférente. lo La fonction aminée secondaire est moins favorable que la tertiaire. — Nous avons déjà vu que la £-oxytétraméthylpyrrolidine dont l'azote est secondaire est douée de propriétés mydriati- ques, mais que sa faible activité peut être attri- buée non seulement à la nature secondaire de son azote, mais encore à son noyau pyrrolidinique ou à la position de sa fonction alcool. L'étude de la nor-hyoscyamine et de la nor-atropine,c'est- à-dire des amines secondaires correspondant à Il hyoscyamine et à l’atropine, est beaucoup plus démonstrative Laidlaw ! a constaté que ces bases secondai- res sont 8 fois moins mydriatiques que les bases tertiaires correspondantes. CHO(Trop.) CHO(Trop.) FX N AUX pe CH No? CH / \ ca CHENE CH CH N'CH3) —|CH CH? CH? CH? CH° Nor-hyoscyamine (() H yoscyamine (/) ou ou : Nor-atropine (d + 1) atropine (d + [) 2° /nfluence variable de la fonction ammonium quaternaire. — Dans la série de l’atropine, l’al- coylation de l’azote tertiaire affaiblitl'activité my- driatique. Erbe ainsique Grube, cités par Pyman (loc. cit., p. 1.112), ont montré que le nitrate de méthyltropine, employé en oculistique? sous le nom d'eumydrine, est approximativement intermédiaire entre l'homatropine et l’atropine. Issekutz estime mème que l'activité de l’eumy- drine est sensiblement égale à celle de l’atro- pine. Il en serait de même dans la série de l’homa- tropine où, d’après Pyman (loc. cit., p. 1115), ne Cark et Rexnozps : JI. Chem. Soc.. t. CI (1912), p. 945. . On a égalementemployé en oculistiquele nitrate d'éthyl-, DRACEIT le bromure de méthyltropine [Vauger, Dauien, Clin. ophlalmol., année 1902, p. 318), le bromure de bensyliropine. Dr M. TIFFENEAU. — MYDRIATIQUES ET MYOTIQUES les sels quaternaires de cette base, notamment le nitrate de méthylhomatropine ou novatropine, seraient aussi actifs que l'homatropine elle- même. Notons en outre que les dérivés quater- naires sont moins toxiques que les tertiaires. On peut donc conclure que la fonction ammo- nium quaternaire ne renforce pas le pouvoir mydriatique et que, dans certains cas, elle le diminue faiblement, Nous ferons remarquer toutefois que l’alcoyla- tion n'a été essayée qu'avec les radicaux méthyle et éthyle et que peut-être il conviendrait d’exa- miner d'autres alcoylations : propyle, butyle, amyle, etc. 30 /n/fluence du radicar alcoyle fixe à l'atome l'azote, — L'atropine et la plupart de ses succé- danés possèdent un atome d’azote pipéridique ou pyrrolidinique substitué par un radical mé- thyle. Nous avons vu plus hautque cette substi- tution exerce une influence favorable, puisque la nor-atropine est 8 fois moins active que l’atro- pine. Mais on ne paraïil pas avoir envisagé d’autres substitutions que celle d’un méthyle. Il serait intéressant d'étudier les diverses alcoylnor-atro- pines homologues, ainsi que les dérivés benzy- lés correspondants. Von Braun a ‘bien étudié} quelques dérivés de substitution sur l'atome d’azote, mais il s’agit de radicaux possédantune fonction alcool —N—CH—CHON, N—CH?—CH?—CH?0H et N—CH?—CH?—CH?—CH?—CH°—OH greftés sur un noyau tropane. Dans ces dérivés, que nous allons retrouver l’allongement de la chaine n’est pas favorable; mais nous ferons remarquer que cette modification de l'activité mydriatique est plus vraisemblablement la conséquence de la position de la fonction alcool qui se trouve plus éloignée de l'atome d'azote. un peu plus loin, 4° Influence de la position de la fonction amu- née. — La question de l'influence de Ia position relative de la fonction aminée peut être étudiée soit par rapport au squelette carboné, soit par rapport à la fonction alcool. Le premier cas a déja été "partiellement envi- sagé par nous lorsque nous avons étudié l'influ- ence du support; toutefois les faits actuellement connus sont insuflisants pourtirer des conelu- sions formelles, d'autant que l'influence de Ja position de la elite alcool intervient pour une partimportante. Quant au second cas, il sera examiné en détail dans le paragraphe suivant, D: M. TIFFENEAU. — MYDRIATIQUES ET MYOTIQUES 587 $ 3. — Influence de la fonction alcool : nature et position de cette fonction Nous avons déjà exposé le rôle important que joue la fonction alcool dans les alcaloïdes my- driatiques c’est elle, en effet, qui fournit l’oxhydryle sur lequel vientse fixer l'acide éthé- rifiant sans lequel il n’y a point de propriétés mydriatiques élestives ou locales !. Dans l’atropine, cet oxhydryle appartient à une fonction alcool secondaire située sur le noyau pipéridique et en position y par rapport à l'atome d’azote. En ce qui concerne la position de la fonction alcool, il y a lieu d'examiner d’une part si l’éloi- gnement de cette fonction par rapport à l’atome d’azote exerce une influence sur le pouvoir my- driatique, d'autre part si une fonction alcool extracyclique ne produirait pas les mêmes effets que la fonction intracyclique de l’atropine. En- fin, pour ce quiestde la nature de cette fonction, l’étude des dérivés à fonctions alcool autres que la fonction secondaire sera susceptible de four- nir quelques indications. 0 1° Dérivés à fonction alcool intracyclique. — Nous avons vu que dans la B-oxy-tétraméthyl- pyrrolidine, qui est faiblement mydriatique, la fonction alcool secondaire est fixée en £ par rap- port à l’atome d’azote, tandis que dans l’atropine, CH2——CH2—CH2 CH2-——CHOH-———CH? CH—N(—CH3)—CH CH—— N(CHi) CH s4 4 [e] 7 4 4 CH CHOH CH? CH? Scopoline Tropine dont l'éther tropique, dont l'éther tropique, la scopolamine, l’hyoscyamine, est fortement mydrialiq. est fortement mydriatiq. fortement mydriatique, cette fonction esten y. On pourrait en conclure que la position 8 est peu . favorable. Mais l’exemple de la scopolamine, dont le pouvoir mydriatique est au moins aussi intense que celui de l’hyoscyamine, nous montre que les deux positions £ et y sont sensiblement équivalentes. 2. Dérivés à fonctions alcool extracyclique. — Ces dérivés sont de deux sortes suivant que la 1. Certains alcaloïdes sans fonction alcool éthérifiée, no- tamment la base tropine, peuvent posséder des propriétés mydriatiques réflexes ; ils n’ont rien à voir dans cette étude. fonction alcool est fixée sur une chaîne ou un chainon carboné, qui se trouvent eux-mêmes attachéssoit à un atome de carbone, soita l'atome d'azote du noyau. Dans le premier cas nous ne possédons qu’un seul exemple, celui de l’homotropine de von Braun!. CH?—CH3—CH—CH°0H CH = N(CH$)—CH CH3 CH? liomotropine. Cette base, qui s'obtient en réduisant par le ‘sodium et l'alcool le tropanecarbonate d’'éthyle, fournit un éther tropique ? fortement mydriati- que qui a été introduit en oculistique sous le nom de mydriasine. Ce produit auraitl'avantage de ne pas paralyser l’accommodation. On voit donc que la fonction alcool primaire extracycli- que en position est aussi favorable que la fonc- tion alcoolsecondaire intracyclique del’atropine qui se trouve également en. Quant aux dérivés dont la fonction alcool est fixée sur une chaine rattachée à un atome d’azote, ils sont beaucoup plus nombreux et ils ont été étudiés systématiquement par von Braun. Cet auteur a montré que, dans ce cas, l'allongement de la chaine fixée à l’atome d'azote n'augmente pas le pouvoir mydriatique et même le diminue parfois. C’est ainsi que le 8-oxéthylnor-tropane four- nit un éthertropique très nettement mydriatique, tandis que le même éther dérivé de l'oxypropyl- nor-tropane ne produit pas de mydriase. CH? CH?-CH2 CH3—CHi—CH2 CHENE CH CH—N —_—CH le ie (HOH ; Lu Lou CH CH2 CH? CH? B-oxéthylnortropane dont l’éther tropique est mydriatique. - E-oxypropylnortropane dont l’éther tropique n'est pas mydriatique. Au cours de son travail, von Braun a constaté que la non-saturation du noyau tropane ne di- 1. Von Braun et K. RarH : Ber. d. D. chem. Ges. (1920), p. 601. 2. Notons que l'éther phénylglycolique de cette base n’est pas mydriatique, alors que son éther benzoïque est doué de propriétés mydriatiques nettes; mais, chose curieuse, eet éther benzoïque n’est pas anesthésique local. t. LIIl , 588 D: M. TIFFENEAU. — MYDRIATIQUES ET MYOTIQUES minue pas l’activité de l’éther tropique corres- | certains composés oxypipéridiques (à fonction pondant : GHE CH == CH CH— N— CH CH? CH2OH CH2— CH? B-oxéthylnortropidine dont l’éther tropique est aussi mydriatique que celui de son isomère saturé. Ainsi, dans les cas précédents, la position de la fonction alcool en yn’est pas favorable !. Dans les composés non cycliques à poids moléculaire moins élevé, il n’en est pas toujours de même. C'est ainsi que les éthers tropiques des amino- alcools suivants sont sensiblement d'activité mydriatique égale lorsqu'on considère ceux à fonction alcool en & par rapport à ceux à fonction alcool en ;; toutefois le composé IV (;) est un peu plus actif que le composé IN (£). ((CHS)2N—CH2—CH:0H Diméthylaminoéthanol I {(GHÈ}N—-CH2—CH2—CH°OH Diméthylaminopropanol II (CG2H5)2N—CH? —CH?OH Diéthylaminoëthanol III (C2H5)2N—CH?— CH? —CH20OH Diéthylaminopropanol.IV On peut donc conclure que l'éloignément de la fonction alcool ne renforce sensiblement pas le pouvoir mydriatique et qu'il tend même à le diminuer ou à le supprimer. Nous ferons remarquer que les conclusions ci- dessus ne s'appliquent qu'aux aminoalcools à support linéaire ou à support bicyclique, mais il est fort probable qu'ilen serait de même pour les aminoalcools à support monocyclique. Il est curieux que l’on n’ait pas encore songé à étudier, au point de vue de leurpouvoirmydria- tique, les éthers tropiques des dérivés oxypipéri= diques à fonction alcool extracyclique, tels que la conhydrine et les pipécolylalkines (ou leurs dérivés tertiaires) : CH2 CH?0H — CH?—CH UN NS RAT ACENENEE cH277 :: cu: CH? >H2- CHOH—C2H5 CH? CH° (| /CH-CHOH—C@H AA 7 NE Conhydrine fonction alcool en 8 x«-Méthylolpipécoline fonction alcool en & 1. Il n'en est pas de même pour les éthers benzoïques cor- respondants, dont les propriétés anesthésiques locales vont en croissant jusqu’à la chaîne :-oxyamylée, c’est-à-dire jus- qu'au terme en C5 {von Braun). De même, en série cyclique, on pourrait étudier alcool intracyclique) de structure plus simple que la vinyldiacétonalcamine, notamment la pseudoconhydrine. Enfin, en série acyclique, il serait aisé d’exami- ner comparativement les éthers tropiques de quelques aminoalcools à fonction alcool en 8 ou en y: l'obtention de ces bases est en effet des plus faciles. ; Il reste donc encore beaucoup à faire dans ce domaine,et ce n’est que lorsqueles diverses séries auront été examinées plus complètement qu'on pourra formuler des règles définitives. 3° Nature de la fonction alcoolique. — Nous venons de voir que de nombreux aminoalcools cycliques ou acycliques, bâtis ou non sur le type de l’atropine, et possédant une fonction alcool primaire, fournissent des éthers tropiques doués de propriétés mydriatiques de même nature que celles des alcaloïdes de la série de l’atropine, alcaloïdes dont la fonction alcool est secondaire. Bien que nous ne possédions pas de données quantitatives rigoureuses sur la valeur compara- tive de ces deux séries de dérivés, il semble bien qu’on puisse admettre que les fonctions alcools primaires el secondaires sontsensiblement aussi actives. Nous avons vu, en effet, que l'éther tro- pique de l’homotropine (mydriasine) est doué d'un pouvoir mydriatique analogue à celui de l’atropine et nous avons fait remarquer que ce dérivé ne paralyse pas l’accommodation; c’est là une propriété extrêmement intéressante, qu'il est difficile cependant d'attribuer à la nature pri- maire de la fonction alcool, alors qu'on peut invoquer plus vraisemblablement la position extracyclique de cette fonction et la substitution sur le squelette pipéridique. Il resterait encore à examiner l'influence de la fonction alcool tertiaire, mais, jusqu'ici, aucun auteur n’a tenté cette étude, non seulement parce que, en série cyclique, les aminoalcools à fonc- tion alcool tertiaire sont plus difficiles à réaliser, mais aussi parce que l’éthérification de cette fonction alcool par l'acide tropique est probable- ment très pénible, sinon impossible. $ 4. — Influence de l’isomérie stérique La structure pipéridinique dissymétriquement substituée de la base tropine et la présence dans cette base d'une fonction alcool secondaire entrainent une isomérie stérique qui a été obser- vée tout d’abord dans la nature (tropine et pseu- dotropine) et que nous retrouvons dans la plu- part des alcaloïdes analogues synthétiques ou Dr M. TIFFENEAU. — MYDRIATIQUES ET MYOTIQUES 589 non (méthylvinyldiacétonalcamine, méthylgra- | réduction par l'acide iodhydrique et le zine, natoline). Cette isomérie peut se représenter facilement par les schémas suivants : Tropine Pseudo-tropine Triacétonalcamine forme instable forme stable symétrique dissymétriques L'examen du schéma de la triacétonalcamine montre que cet aminoalcool est parfaitement sy- métrique et ne peut posséder d’isomériestérique. Par contre, les schémas de la vinyldiacétonalca- mine rendent tangible l'existence de cette iso- mérie et, de fait,on a pu, par des agents réduc- teurs appropriés, transformer correspondante en deux aminoalcools stéréo- isomères /(Harries). l’aminocétone CH? CH? Vinyldiacélonalcamine forme instable fusible à 160° Vinyldiacétonalcamine forme stabl: fusible à 137° Tous ces isomères, aussibien dans la série de ° la tropine que dans celle de la vinyldiacétonal- camine, présentent cette propriété remarquable que, seuls, les dérivés instables fournissent des éthers tropiques ou phénylglycoliques doués du pouvoir mydriatique. On retrouve la même propriété dans la série de la pseudopelletiérine, maïs avec cette parti- cularité que la réduction par le sodium et l’al- cool qui, avec la tropinone, fournit la pseudo- tropine à éther non mydriatique ! donne, avec la pseudo-pelletiérine, une méthylgranatoline à éther tropique mydriatique. Inversement la Méthylgranatoline (éther tropique mydriatique) (éther tropique non mydriat. Isométhylgranotoline 1. L1EBERMANN et Limpacu : D. Chem. Ges., t. XXV (1892), p. 933 ; essai physiologique effectué sur la pseudotropine naturelle par Liebreich. qui transforme la tropinone en tropine, réduit la pseudopelletiérine en dont les éthers tropique et phénylglycolique ne sont pas mydriatiques!. Cette curieuse différence de propriétés physio- logiques entre deux séries d’isomères aussi voi- sines est réellement remarquable. Nous verrons une méthyloranatoline tout à l'heure que les isomères optiques, qui,eux aussi, se distinguent par une différence de posi- tion de l'hydrogène et de l'oxhyüryle autour du carbone de la fonction alcoolique, ne présentent au point de vue mydriatique que des variations quantitatives et non qualitatives ?, Nous étudie- rons ces variations dans le paragraphe suivant, car, dans les alcaloïdes atropiniques, l’isomérie optique est créée par cet acide et non par la base tropine. Il n’en est plus de même avec la scopolamine, dont le fragment basique, la scopoline, possède deux atomes de carbone asymétrique. Toutefois l'étude chimique des scopolines isomères est à peine ébauchée et ily a lieu de prévoir de nom- breuses complications dues à la multiplicité des formes actives {4 formes actives pures et 4 racé- miques partiels) et des formes inactives ©. $ 5. — Influence de l'acide éthérifiant Dans les alcaloïdes mydriatiques passifs, l'acide éthériliant joue, avons-nous vu, un rôle des plus importants au point de vue des propriétés phy- siologiques de ces alcaloïdes; sans lui, les amino- alcools plus ou moins complexes sur lesquels cet acide est fixé sont dépourvus des propriétés pa- ralysantes que possèdent tes alcaloïdes vis-à-vis .du système parasympathique. Mais, tandis que, dans les quelques alcaloïdes mydriatiques pas- sifs fournis parlanature, le support aminoalcoo- lique est diversement constitué (tropine, sco- poline), l'acide éthérifiant, au contraire, est toujours représenté par un type unique, l'acide tropique, acide alcool aromatique de formule relativément simple C$H°—CH(CH?20H) —CO?H qui possède un carbone asymétrique et qui est doué d’un pouvoir rotatoire gauche qu’il com- munique à l'alcaloïde dont il fait partie. Pendant un certain temps, on a cru que cet acide-alcool ne pouvait pas être remplacé par un 4. L. F. WERNER : (1918), p. 665. 2. Nous savons cependant que certaines propriétés physio- logiques, comme la saveur sucrée dans certains sucres ou acides aminés, peuvent appartenir à un isomère optique et manquer à l’autre. 3. H. Kixc : 974. Journ. of Am. Chem. Soc, t. XL Journ. Chem. Soc., t. CXV (1919), p. 476, 590 autre acide, mais Buchheim ! et Schmiedeberg, en 1876, montrèrent que l’éther benzoïque de la base tropine, la benzoyltropéine, est doue égale- ment de propriétés mydriatiques, quoique beau- coup plus faibles ; par contre, la tropéine (homa- tropine) fournie par l'acide phénylglycolique CSH5—CHOH—CO?H, homologue inférieur de l'acide tropique, est d'une activité mydriatique se rapprochant plus de celle de l'atropine. L'étude des divers acides susceptibles d’éthé- rifier la base tropine fut, depuis cette époque, l’objet dedivers travaux isolés (Ladenburg, Mar- cacci, etc.), jusqu’au jour où le chimiste anglais Pyman? et ses collaborateurs entreprirent un travail important dont nous reproduirons ici les principales conclusions. Nous examinerons tout d’abord l'influence des divers acides à fonction simple ou à fonction complexe en les groupant d’après l’ordre d’acti- vité des alcaloïdes mydriatiques (tropéines *) aux- quels ils donnent naissance, puis nous envisage- rons les variations produites par l’acylation des acides-alcools favorables, et enfin l'influence exercée par l'isomérie optique de ces acides- alcools. 4o Les acides-alcools cycliques fournissent les tropéines les plus actives. — Les acides-alcools sont, d’une façon générale, les plus favorables et, parmi eux, ceux de la série cyclique l'empor- tent de beaucoup sur ceux de la série acyclique. Les plus actifs sont par ordre d’activité décroissante ‘: l'acide tropique C‘H°.CH (CH?0H).CO?H l'acide 8-phényllactique C£H5.CH?.CHOH.CO?H l'acide phénylglycolique * C°H5.CHOH.CO?H L'acide atrolactique ou +-phényllactique CH. C(OH){(CH3).CO?H fournit une tropéine mydria- tique (Volkers) dont le degré d'activité n’est pas connu; quant au quatrième isomère de l'acide tropique, l'acide phénylhydracrylique, CH. CHOH.CH2.COH, il ne semble pas qu’on ait préparé et étudié sa tropéine. 1. Bucaneim : Arch. exp. Path. u. Pharm., L. V (1876), p. 463. 2. Pvman : Relation entre la constitution chimique et l’action physiologique. Journ. of Chem. Soc., t. CXI (1917), p. 1103-1128. 3. Le mot tropéine est un terme générique qui s'applique à tout éther de la tropine. 4. Nous n'avons envisagé ici que les acides racémiques, afin de ne comparer que les tropéines racémiques correspondan- tes ; atropine, phényllactyltropéine et homatropine; les deux premières tropéines sont d'activité très voisine. 5. D'après un travail tout récent de D. 1. Macht (Proc. of Soc. exp. Biol. and Med.,t. XIX, (1922). p.184), le phényl- glycolate de Na, et non le tropate, serait mydriatique par action directe sur le sphincter irien; l'homatropine agirait donc par un double mécanisme. Dr M. TIFFENEAU. — MYDRIATIQUES ET MYOTIQUES Les substitutions carbonées sur le noyau ben- zénique n’affaiblissent pas l'action mydriatique quelles qu’en soient les positions; c’est ainsique les tropéines des acides o-, m- et p-tolylglycoli- ques ont la même activité que l’homatropine (Pyman : oc. cit., p. 1113). L'introduction dans l'acide tropique d’une fonction alcool ne diminue pas le pouvoir my- driatique ; en effet, l’acide atroglycérique CFHS. C(OA)(CH?0H).CO’H fournit une tropéine dont l’activité chez le chat est intermédiaireentrecel- les de l’atropine et de l’homatropine!. Dans l’acide 6-phényllactique, le radical phé- nyle peut être remplacé par un radical pyridyle, mais l'acide 8-2-pyridyl-:-oxypropionique ainsi obtenu fournit une tropéine beaucoup moins active (Pyman': oc. cit., p. 1114). En série acyclique, les acides-alcools ont été peu étudiés; seul, parmi les acides à fonction simple, l'acide lactique fournit unelactyltropéine très faiblement mydriatique (Gottlieb); parmi les acides à fonctions complexes, on n’aexaminé que l'acide tartrique qui donne une tropéine non mydriatique. . L 2° Les acides à fonction simple, sauf quelques acides cycliques, ne fournissent pas de tropéines mydriatiques. — Nous avons. vu que l’acide ben- zoïque fournit une benzoyltropéine faiblement mydriatique (Buchheim); il en est de même de l’acide phénylacétique C6H5. CH?.CO?H et de l'acide homatropique; enfin les tropéines des acides pyridinecarbonique et phtalique sont également, mais très faiblement, mydriatiques. Par contre, les acides cycliques non saturés (cin- namique ? ét atropique *) et les acides acycliques monobasiques (acétique) et bibasiques (succei- nique, fumarique) fournissent des tropéines non mydriatiques (Gottlieb, Pyman : loc. cit., p. 1110). 3° Quelques acides-phénols fournissent des tro- péines faiblement mydriatiques. — Ladenburg a, le premier, montré qu’un acide oxybenzoïque, l’acide méta, examiné-par Volkers, peut fournir une tropéine faiblement mydriatique. Toutefois Ladenburg' estimait que l'acide ortho, examiné par Falck, ne jouit pas de la même propriété. ; ——————_———————— 1. Sur l'œil de l'homme, le pouvoir mydriatique de l'atro- glycéryltropéine est égal à celui de l'homalropine. 2. Pyman (oc. cit., p.1113), contrairement à Ladenburyg, a trouvé la cinnamyltropéine non mydriatique, 3. Lewin et GuiLLery : loc. eit., 1. [. p. 185. 4. LaoenBurG: Liebig's Annalen,t. COXVII (1883), p. 82. D: M. TIFFENEAU. — MYDRIATIQUES ET MYOTIQUES Or Pyman (loc. cit., p. 1111) a montré que cet acide fournit une tropéine plus mydriatique que la tropéine de l'acide méta, celle-ci étant elle-même plus active que la benzoyliropéine. Par contre, la para-oxybenzoyltropéine (Pyman) et la protocatéchyltropéine, qui possèdent toutes deux un oxhydryle en para, sont dénuées de pro- priétés mydriatiques (Marshall, Pyman). On ne paraît pas avoir étudié les acides oxytropique ou oxyphénylglycolique ; peut-être ceux-ci seraient- ils plus favorables que les acides correspondants non phénoliques, puisque nous voyons l'acide salicylique (o-oxybenzoïque) fournir une tro- péine plus active que l’acidebenzoïque.De même il y aurait lieu d'examiner les acides éthoxylés correspondants tels que C?H°0.CSH'.CHOH. CO?H, etc. 4° L’éthérification delafonction alcool de l'acide tropique ou de ses homologues n’est pas favorable, mais ne supprime pas le pouvoir mydriatique. — L’acétylation et, d’une façon générale, l’acylation constituent une méthode simple de pharmacolo- gie synthétique, qui a pour effet de modifier quantitativement les propriétés pharmacodyna- miques. Dans le groupe des acides-alcools de la série de l’atropine, cette méthode n’a été appliquée jusqu'ici qu'à l'acide tropique qui, lui-même, n’a été soumis à l’éthérification que par un seul acide, l'acide acétique. Cet acide acétyltropique fournit une tropéine : CO?H ; ZA CH CHK CH20 CO cH2 l’acétyltropyltropéine pu acétylatropine, qui est nettement mydriatique, mais dont l'intensité d’action n’a pas été précisée !. 11 serait intéres- sant de reprendre cette étude et d'examiner les divers acides organiques, en déterminant dans chaque cas le degré du pouvoir mydriatique. Il en est de mêmepour ce qui concerne les produits d’éthérification par les hydracides. Iei, il est vrai,seuls les acides chlorhydriqueet brom- hydrique peuvent être pris en considération, mais Lewin et Guillery (/oc. cit., t. I, p. 186; ne mentionnent que les produits résultant de leur action sur l’acide tropique, c’est-à-dire les acides chloro- et bromohydratropiques C6H5,.CH!CH?X,. CO?H'; les tropéines qui dérivent de ces acides sont moins actives que l’atropine; de plus, la tropéine chlorée est plus mydriatique que la tropéine bromée. Pyman (loc. cit., p. 1113) a examiné l'acide phénylchloracétique C6H5.CHCI.CO?H et a con- 1. Lewin et Guirery : loc. cit.,t. 1, p. 486. 591 staté que la tropéine de cet acide est moins my- driatique que la tropéine de l’acide phénylgly- colique (homatropine}. L’acide aminé correspon- dant CSHÿ.CH/NH2).CO?H fournit également une tropéine moins active. En définitive, il semble que l'éthérification des acides-alcools affaiblisse le pouvoir mydriatique des tropéines qu’on en dérive, maiscela n’est pas rigoureusement démontré l'éthérification par les divers acides organi- ques. en ce qui concerne 5° Jn/luence de l’isomérie optique des acides éthérifiants.— Nous avons déjà signalé que l'acide tropique possède un carbone asymétrique et que, dans les alcaloïdes mydriatiques raturels, cet acide est le plus souvent lévogyre. L’hyoscya- mine {lévogyre) est la tropéine qui correspond à cet acide, tandis que dans l’atropine (racémique) l’acide tropique est à l’état de racémique. On a pu préparer synthétiquement non seule- ment l’acide tropique dextrogyreetl’hyoscyamine droite qui lui correspond,mais encore les acides phénylylycoliques droit et gauche, si bien qu’on a pu comparerles inverses optiques et les racé- miques, non seulement dans la série de l’atro- pine, mais encore dans la série de l’homatropine. Dans la série de l’atropine, Cushny avait con- staté que l’hyoscyamine naturelle lévogyre est 14 fois plus mydriatique que l'hyoscyamine dex- trogyre, mais l’alcaloïde de Cushny était par- tiellement racémisé. Laidlaw, avec un alcaloïde de pureté certaine, a observé que la base lévo- gyre est 100 fois plus active que la base dextro- gyre !. Quant à l’atropine (racémique), elle est sensi- blement deux fois moins active que l’hyoscya- mine. Il en est de même de la nor-atropine vis- à-vis de la nor-hyoscyamine ?. Ces écarts remarquables ne s’observent plus dans la série de l’homatropine, qui a été étudiée par Pyman (loc. cit., p. 1113); d’après cet au- teur *, l'homatropine gauche est aussi active que les homatropines droite etracémique.Ainsi,dans le groupe des alcaloïdes mydriatiques passifs, l’isomérie optique des acides éthérifiants en- traine parfois une augmentation considérable du pouvoir mydriatique, mais ce renforcement im- portant n’a pas lieu pour tous les acides qui JI. Chem. Soc., t. 1. BArRowGLIFE et Turin : XCV (1909), p. 1906. 2. Gark et Reynozps : Jl.Chem. Soc., t. C1 (1912), p. 946. 3. On trouve dans Frænkel, sans indication de source, quelques différences entre les homatropines : l'atropine ayant un pouvoir mydriatique fixé à 500, celui de: homatropines serait de 23 pour la lévogyre, 17 pour la racémique et de 13 pour la dextrogyre. 592 Dr M. TIFFENEAU. — MYDRIATIQUES ET MYOTIQUES sont susceptibles de donner des alcaloïdes my- driatiques. ConcLusiows Après avoir parcouru aussi rapidement que possible les nombreux travaux accomplis par les chimistes dans le groupe des mydriatiques et des myotiques, et après avoir formulé pour chaque groupe et pour chaque fonction des conclusions particulières, il nous reste mainte- nant à exprimer quelques conclusions d'ordre général. Il nous a été donné, en effet, de constater que dans cette série des mydriatiques et des myotiques, malgré des efforts persévérants et un labeur considérable, non seulement les chimistes ne sont point arrivés à dépasser en puissance les alcaloïdes fournis par la nature, mais que, même lorsqu'ils ont réussi à les égaler, ils n’y sont par- venus qu’en imitant le squelette de leurs noyaux, en en conservant les fonctions aminées et alcuo- liques fondamentales et en empruntant la struc- ture de leurs acides éthérifiants. Une telle constatation ne doit cependant pas nous conduire à tirer des conclusions finalistes. Comment concevoir, en effet, que la nature, inconsciente aussi bien dans sa prodigalité que dans sa parcimonie, ait pu prévoir toutes les ap- plications des principes chimiques créés par elle ? S'il nous fallait imaginer une nature pre- voyante, préparant silencieusement de savantes etutiles combinaisons, permettant ainsi tout à la fois aux médecins d'exercer leur art avec plus de sécurité et de succès, et aux «bella dona » d'augmenter par la largeur de leur pupilles leur pouvoir de séduction, il nous faudrait aussi imaginer une nature marâtre plaçant, à côté du médicament qui soulage et qui guérit, le poison qui altère ou qui tue. Laissons done ces conceptions qui relèvent plutôt du domaine de l'imagination que de celui de la science ! Nos constatations, cependant, n’en restent pas moins fort remarquables. Pour les expliquer, il nous faut dès lors les attribuer, ou bien à une coïncidence due au ha- sard, ou encore à ce fait que la nature a créé une immense diversité d’alcaloïdes, et que l’em- pirisme, fondé sur un usage parfois millénaire, ne nous a révélé queles plus actifs. J'incline à croire qu’il faut rejeter cette der- nière hypothèse, car l'étude des nombreux prin- cipes constituants nous montre que les dérivés d'un même type ne sont pas aussi divers qu’on pourrait le supposer,et que,notamment pour les mydriatiques atropiniques, c’est toujours le même genre de support et le même type d’acide éthérifiant que l’on retrouve dans les végétaux qui fournissent des produits de cette nature. Il nous faut donc admettre que c'est à un ha- sard heureux et fortuit qu'est due cette quasi perfection dan$ la formation des alcaloïdes na- turels mydriatiques et myotiques. ‘ Et quoi donc pourrait nous empêcher de voir là un effet du hasard ? Les chimistes n’ont-ils pas déjà, dans leurs innombrables synthèses, obtenu, eux aussi, de pareilles réussites, incontestablement dues au hasard ? La découverte du sulfonal, de l’antipyrine et de nombreux autres médicaments n’est-elle pas un véritable hasard de laboratoire ? Mieux encore, dans le domaine des parfums, n'est-ce pas un hasard merveilleux qui a fait trouver, du premier coup, dans le muse artifi- ciel, un produit d'une puissance insoupçonnée et, dans l’éther méthylique de l’acide amylpro- piolique de M. Moureu, le représentant le plus fin et le plus puissant de la série des éthers d'acides acé tyléniques à odeur de violette. Et cependant, il faut bien convenir que ces coups du sort, ces caprices de la fortune sont excessivement rares. e Aussi la seule méthode qu’il convient de sui- vre, dans le domaine de la pharmacologie synthé- tique, est-elle, d’une part, l'étude systématique des divers groupements qui interviennent pour : conditionner l'action physiologique; d'autre part, l'établissement des règles qui permettent de modifier ces divers groupements, soit pour améliorer les qualités de substances actives, soit pour en corriger les défauts ou en diminuer la toxicité. D' M. Tiffeneau, Professeur agrégé à la Faculté de Médecine de Paris. BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 593 BIBLIOGRAPHIE ANALYSES ET INDEX 4° Sciences mathématiques Juvet (G.), Professeur à l'Université de Neuchâtel. — Introduction au Calcul tensoriel et au Calcul différentiel absolu. Préface de M. J. HaDAMaARD. — 1 vol. in-8° de 105 p. avec fig.(Prix : 12 fr.).Librai- rie scientifique Albert Blanchard, 3, place de la Sor- bonne, Paris, 1922. Les théories einsteiniennes sont inabordables pour beaucoup de personnes, même quand elles sont déjà iniliées aux sciences mathématiques, et celles-là ont dü pour satisfaire leur légitime curiosité se borner seule- ment à l'étude de la relativité restreinte ets’en remettre pour ce qui est de la relativité généralisée à l’un quel- conque des ouvrages de vulgarisation qui encombrent notre librairie. C'est qu’en effet le calcul différentiel absolu et le cal- cul tensoriel sont deux algorithmes,jusqu’ici seulement connus de quelques-uns,qui formentla structure mathé- matique des travaux d’Einstein. Précisément l’objet du présent ouvrage est d'exposer les méthodes se rattachant à ces deux algorithmes dus à Gauss, Ricci, Riemann, Lévi-Civita, Darboux, et dont Einstein a su tirer un merveilleux parti. Ces méthodes, on le sait,permettent d'étudier intrin- sèquement unêtre géométrique quelconque. Au surplus, c’est ce que faisaient déjà les Grecs quand ils considé- raient une figure en soi. La Géométrie euclidienne a un autre objectif, car elle rattache l’objet de son étude à un système de références complètement étranger à cet objet. Cependant ceux qui ont pratiqué cette géométrie et l'ont amenée au point de développement où nous la voyons aujourd’hui n’ont pas été sans remarquer l’im- portance de certaines expressions construites avec les références choisies, mais dont la valeur en restait indé- pendante. L'étude de ces formes invariantes a permis de revenir au point de vue des Grecs sans pour cela que les coor- données soient rejetées. 3 11 ne faut pas considérer cette transformation des méthodes géométriques comme une révolution, mais seulement comme un retour à de vieilles idées que l’on croyait mortes et qui ont repris vie nouvelle. Les premiers éléments du Calcul tensoriel ont leurs fondements dans le Calcul vectoriel. L'auteur débute donc par rappeler les principes de celui-ci dans la me- sure où ils reparaissent, dans celui-là, Ila suivi, dans le chapitre I qu’il y consacre, M. Weyl dans son livre « Temps, Espace, Matière », en atténuant cependant le caractère abstrait que ce dernier lui a donné, Pour les développements des théories suivantes: définitions des vecteurs et algèbre tensorielle, formes bilinéaires et qua- dratiques, analyse tensorielle, M. Juvet s'est inspiré des manuscrits originaux. Dans le chap. VI du livre, il fait connaître à propos du déplacement parallèle lemémoire de Lévi-Civita. Enfin il est alors en mesure (chap. VIN) de clore son ouvrage par l’élude des champs de ten- seurs dans un continuum riemanien. ; Une bibliographie termine le volume. La lecture de cet ouvrage bien écrit, et où un sujet aussi ardu est présenté dans des conditions aussi abor- dables que possible,sera extrêmement prolitable à bien des mathématiciens et aux physiciens quiluiferont cer- tainement le meilleur accueil. On doit done, comme le dit M. J. Hadamard dans la préface qu'il a écrite pour le volume, rendre grâce à M. Juvet d’avoir retracé pour nous l’aspect mathémati- que des nouvelles idées et ne pas douter que son ou- vrage en facilite et en accélère non seulement la diffu- sion, maisile développement, L. Pori. Challéat, (J.) et Thomas (A.). — Mécanique des affûüts. Tome I. 22édition.— 1 vol. in-16 de 360 p. avec 97 /ig. del'Encyclopédiescientifique (Prix cart.:17fr.). Gaston Doin, éditeur, 8, place de l’'Odéon, Paris,1922. Le Général Challéat et le Commandant Thomas vien- nent de nous donner une 2° édition de la Mécanique des affüts. Rappelons aux lecteurs de la Revue que la première avait paru en 1908, c'est-à-dire avant la guerre et ne comportait qu'un volume. La nouvelle édition fait maintenant l'objet de deux volumes: c’est dire le développement donné à la plu- part des sujets traités dans la première. Une telle extension s’imposait en raison de la diver- sité et de là nouveauté des matériels qu’a vus naître la grande guerre. C’est ainsi qu'ont été créées l'artillerie de tranchée et l’artillerielourde sur voie ferrée. Plus tard, sont apparus les matériels remorqués par tr: cteurs et, vers la fin de la guerre, l'artillerie sur chenilles. La nécessité dejlutter contre les avions a encore donné naissance à un matériel ayant pour but exclusif la lutte contre ce genre d’adversaires. Enfin, le fréquent usage des tirs de concentration a imposé l'emploi d'af- fûts à grand champ de tir. Dans le volume qui vient de paraître, les auteurs ont principalement traité les questions générales afférentes aux affüts ; c'est ainsi que le chapitre premier est con- sacré au rappel des notions'préliminaires de tous gen- res — mécaniques et physiques — mises en œuvre au cours de l’ouvrage. Sont également exposées d'une manière sommaire les conséquences du principe de simi- litude, avec l'extension qui leur a été donnée dans ces dernières années par le général Emery. Le chapitre II est relatif à l'étude des affûtssans frein hydraulique. Le chapitre III concerne l'étude des freins hydrauli- ques ; un paragraphe spécial est consacré à l’étude des aïfüts sur voie ferrée à freins hydrauliques avec et sans récupérateurs. BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX Enfin, dans le chapitre IV est étudiée la stabilité lon- giludinale et transversale des affüts au tir. La clarté de l’exposition et l'étude des matériels les plus récents rendent la lecture de cer" volume indis pensable à tous les ofliciers et ingénieurs désireux d'acquérir des notions précises sur la constitution et le fonctionnement des aflüts, d'autant que l'ouvrage de MM. Challéat et Thomas est actuellement dans la litté- rature technique française le seul traité didactique con- sacré au sujet traité par eux. XXX 2° Sciences physiques Fabry (Charles), Professeur à la Sorbonne. — Elé- ments d'Electricité.— 1 vol. petit in-80 de vin-198 p. æec 70 fig., de la Collection Armand Colin (Section de Physique) (Prix :5fr.). Librairie Armand Colin Paris, 1922. Exposer les lois fondamentales de l’Electricité à des débutants est une tâche épineuse, car le lecteur sera re- buté par les développements de pure théorie et ne peut acquérir qu'une connaissance bien imparfaite de phé- nomènes, s’ils lui sont présentés comme un ensemble de faits isolés. Comme tous ceux qui le connaissent pouvaient le prévoir, M. Fabry a su éviter ces deux sortes d’écueils avec une rare élégance. Rattachant les phénomènes fondamentaux aux notions de travail, de puissance et d'énergie, il a, dès les premières pages, illustré son texte d’allusions aux applications industrielles les plus courantes, L'exposition est ainsi plus vivante, mais surtoutelle incite le lecteur à persévérer dans une étude dont il conçoit dès l’abord le vaste champ d’applica- tion. Il faut savoir gré à M. Fabry d’avoir écrit ce petit ouvrage : il constitue une bonne introduction à des études plus complètes et, par son mode d'exposition très personnel, intéresse tous ceux qui touchent à l'en- seignement de l'électricité. A. LANGE, Chef de travaux à l'Ecole supérieure d’Electricité, Fabre(L.). — La séparation industrielle des solides en milieu liquide. — 1 vol. in-8° de 227 pages avec 78 figures (Prix : 16 fr.). Librairie Octave Doin, Paris, 1922. Le titre de cet ouvrage laisse supposer un développe- ment de la question de la filtration beaucoup plus im- portant qu'il ne l’est en réalité. Les principaux pro- blèmes industriels de séparation de solides en milieux liquides sont exposés avec suflisamment de détails, Ilest regrettable que la description des procédés adoptés et des appareils utilisés pour résoudre ces pro- blèmes soit aussi restreinte et surtout irrégulière, d’au- tant que les parties traitées le sont de façon très claire et contiennent de nombreux renseignements. Certains chapitres sont excessivement intéressants, en particulier ceux décrivant les essais de filtration à la cellule expérimentale et concernant le débit des appa- reils de filtration, Il y a là un exposé d'idées originales avec des aper- çus nouveaux,sur les problèmes qui se posent au sujet de la filtration, Cette partie de l'ouvrage est remarqua- blement traitée et avec une réelle maitrise ; tous ceux qui ont à s'occuper de filtration y trouveront une tech- nique d'essais, qui, par un emploi judicieux, leur évite- teront bien des déboires lors de la mise en fonctionne- ment des appareils de filtration. M. DESMARETS, 3° Sciences naturelles Sirks (D' M.J.), Privat-docent à l’Université et à l'Ecole supérieure vétérinaire d'Utrecht. — Handboek der algemeene Erfelijkheidsleer (MANUEL D’HÉRÉDITÉ GÉNÉRALE), — 1 vol. in-80 de 494 p. avec 5 planches en couleur et 127 fig.(Prix : 15 florins). Martinus Nijhoff, éditeur, S' Gravenhage (Hollande), 1922. Le livre de M. Sirks, destiné au public de langue fla- mande, est un traité didactique de l’hérédité, eompara- ble aux nombreux ouvrages anglais et américains parus dans ces dernières années sur le même sujet (il est à peine ulile de remarquer qu’il n’en existe pas en français) : il étudie d’abord les résultats acquis par la méthode statistique (courbes de fréquence, Galton), puis les théories prémendéliennes (gemmules de Darwin, Weismann), et enfin les premiers essais expérimentaux, couronnés parles travaux de Mendel. Il passe en revue divers exemples classiques, en s'adressant à la fois aux végétaux et aux animaux, puis examine les cas par- ticuliers, les facteurs léthals, le dédoublement des Œnothères, la réduplication de Bateson, l’hérédité limi- tée par le sexe, les hybrides constants, les mutations gemmaires, etc. Les faits sont bien présentés, mais il y a peut-être quelques remarques à faire sur l’ordre suivi dans leur exposition. Qu'on le veuille ou non, toutes nos connaissances sur l'Hérédité sont dominées et reliées par la théorie qui localise dans les chromosomes les facteurs héréditaires, lesquels sont le siège des mutations; si l’on démontrait que cette théorie est fausse, la majeure partie des expé- riences de génétique constitueraient un fatras inextri- cable et presque inutilisable, Elle a du reste pour corollaire la conception de la non-hérédité des caractè- res acquis. Il est possible que le livre de M. Sirks envi- sage principalement un but pratique, mais néanmoins il me paraît que la théorie chromosomienne, admirable instrument de travail, doit être exposée aprèsles expé- riences préliminaires, au début d’un Traité de l'Héré- dité, en indiquant ses preuves cytologiques, encore maigres du reste, et surtout ses points faibles ; en ne l’abordant qu’assez tard dans son livre, il se retire le bénéfice d'une excellente méthode de présentation. La mutation oscillante (panachure) et le curieux effet de la sélection vers le plus ou vers le moins, auraient mérité un chapitre spécial, il me semble, en raison de leur importance pratique, au lieu d’être complètement pas- sés sous silence, — La longue liste bibliographique qui termine le volume sera très utile, même aux généticiens français, parce qu’elle renferme l'indication de nom- bréux travaux hollandais ou scandinaves que nous BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 595 re ne Connaissons que peu ou point ; silongue qu'elle soit, elle n’est pascomplète, ce qui n’a rien de surprenant; il y manque quelques œuvres notables: Babeock et Clausen, 1918, l’un des meilleurs livres sur la biométrie et la géné- tique, ainsi que la plupart des travaux sur l'hérédité des caractères acquis. L. CuÉéNor, Professeur à la Faculté des Sciences de Nancy. Prenant (Marcel), Docteur ès sciences, Agrégé prépa- rateur à l'Ecole Normale supérieure. — Recherches sur le parenchyme des Plathelminthes. Essar D'HISTOLOGIE COMPARÉE. -— 1 Vol. in-8° de 174 p. avec 11 figures dans le texte et 8 pl. dont 2 en couleurs, hors texte (Prix : 22 fr.). Fasc. 5 des Archives de Mor- phologie générale et expérimentale. G. Doin, éditeur, Paris, 1922. Ce Mémoire, que l’auteur présente, modestement, comme un « essai d'Histologie comparée », apporte d'importantes contributions à l'étude de questions fon- damentales dela Biologie générale peut-être plus encore par la facon dont les problèmes y sont posés que par celle dont ils y sont résolus. Si l'on ne craignait de la mettre sous une forme un peu trop paradoxale, on pourrait traduire l’intention de l’auteur, telle qu’il l'exprime dans son Introduction, en disant que : il a voulu faire surtout l'étude du « sang » d'animaux qui n'en ont pas. Chez les Pla- thelminthes en effet (à l'exception des Némertiens) : ni cœlome, ni vaisseaux, ni sang circulant [on pourrait même ajouter : ni lymphe, telle qu'on l’entend géné- ralement !]; mais si l’on considère que, « transporteur des matériaux nutritifs, collecteur des déchets de l’or- ganisme, le sang résume le chimisme du corps, on ne voit guère chez les Plathelminthes que le parenchyme qui puisse en être rapproché à ce point de vue » [pb 1]- Le sang d'une part, le parenchyme de l’autre, sont des tissus; ces recherches relèvent donc bien de l'His- tologie comparée. Mais l’auteur nous avertit dès l’abord qu'il ne négligera point d'y introduire le point de vue de la Chimie, qne l’on sait être si fécond dans les étu- des biologiques. Nous verrons même s’introduire (à pro- pos de la lymphe) le point de vue physico-chimique, plus fécond encore et plus réaliste, moins abstrait. Ce n’est pas à dire que l’Histologie descriptive y perde ; bien au contraire. L'étude des métabolismes ne se peut faire intelligemment et fructueusement qu'avec une connaissance approfondie des organes, des tissus et des cellules qui en sont le siège. Aussi toute une pre- mière et très considérable portion de l’ouvrage (les Pre- mière et Deuxième Parties de l’auteur) sont-elles con- sacrées à, leur étude. Ici, les difficultés surgissaient à chaque pas et c'est avec la plus grande ingéniosité que M. Prenant a, comme il dit fort justement qu'il croit avoir fait, « à peu près épuisé les ressources actuelles de la technique classique ». Ce serait en quelque sorte trahir M. Prenant que 1. V. op. cit., p. 97-112, surtout p. 112. vouloir essayer de résumer en quelques lignes la mois- son de faits, parmi lesquels de nombreux sont nouveaux, qu'une documentation bibliographique très abondante et une techniquejtrès savante lui permettent d'exposer. Il a su le faire avec une grande clarté; la chose n’était pas aisée. Il fallait procéder par une analyse rigoureuse et l'auteur n’y a jpas manqué. On sent bien que si, « pour la plupart des auteurs, les limites des groupes sont des cloisons étanches », il n’en est pas de même pour lui; d'autre part, il se défend avec quelque viva- cité de vouloir résoudre ou seulement discuter aucune question d'homologie des divers types cellulaires. Tou- tefois, pour la nécessaire clarté de l'exposition, sa Pre- miére Partie (sur l’organisation générale, la structure) et sa Deuxième Partie (sur l’histophysiologie du paren- chyme) sont-elles disposées d’une manière systémati- que : la Première, tant pour l'historique que pour les observations personnelles, suivant la classification zoologique, la Deuxième suivant la (classification cyto- logique. Un chapitre me paraît devoir retenir particulièrement l'attention, le chapitre IIL de la 2° Partie : Remarques sur la lymphe. Quoique l’auteur lui-même déclare que les résultats de son étude sont « médiocres et peu sug- gestifs », ses remarques n’en sont pas moins extrême- ment intéressantes. Les résultats expérimentaux sont pour la plupart négatifs : absence de fibrinogène, ab- senceld’hémoglobine ou de pigment respiratoire coloré ! chez les Turbellariés, prédominance des graisses non saturées dans les matériaux nutritifs, ete. Quoifqu'il en soit, on ne peut dénier à la lymphe tout rôle de transport, S'il est indubitable qu'il s'établit des échan- ges de cellule à cellule, il l’est encore plus qu'il s’en établit et de plus importants entre les cellules et la lymphe. C’est parcelle-ci que se fait cet état d'équilibre instable, à chaque instant rompu et à chaque instant rétabli, qu'est la vie. M. Prenant considère successive- ment leswpoints de vue de l’Histologie générale, de la Physique, de la Physiologie; mais ces points de vue doivent se confondre, ils se confondent de la manière suivante : [p. 112] Cilest impossible qu'ilne s’établisse pas un équilibre entre les cellules et le liquide intersti- tiel ». On « doit nécessairement concevoir un milieu moins variable que [lecontenu intestinal], plus spécifi- que et plus individuel, où baignent les cellules. — Alors même que nous n’aurions pu y saisir ni pigments dis= sous, ni graisses, ni glycogène, nigranulations érythro- philes, il nous faudrait admettre ce liquide intercellu- laire, lui attribuer le transport des matériaux élaborés, et lui donner le nom delymphe... » C’est par son rôle dans l'équilibre vital que la lymphe atteint'son impor- tance considérable. Enfin, dans sa Troisième Partie, Marcel Prenant ap- porte une «Contribution à l'histologie | comparée du sang et du tissu conjonctif » ; mieux que cela : une Den nn me ERP EE 1. « … Un corps respiratoire peut être incolore. Aussi n'y a-t-il pas de méthode qui nous permette de nier l'existence d’un tel corps, alors même queïla sensibilité en serait trop grande. » (Op. cit , p. 100.) I n’est pas superflu de le, rap- peler (cf CLR Ac. Scëst. CLXXV, n° 41, p. 455), où il est question «d’Invertébrés dépourvus de pigment respiratoire ». 596 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX véritable amorce d'introduction à un vaste chapitre | dans ses développements plus techniques et plus com- d'Histologie générale !. Je n'insisterai pas sur les conclusions de faits, les- quelles supposent connu/dans le détail tout ce qui pré- cède. Je n’insisterai pas même sur ce résultat, cepen- dant fort remarquable, que, après avoir établi, du Plathelminthe au Vertébré, l’homologie du mésen- chyme, de l'hémoblaste et du lymphocyte, M. Prenant déclare que: « on ne peutpoursuivre lesanalogies qu’en substituant, dans l’hypothèse de travailquinous a gui- dés, à l'entité cellule l'entité fonction, et en les sépa- rant nettement l'une'de l’autre. » Enumérer les fonctions ainsi retrouvées est Rois ; il suflit de constater que leur étude apporte une impor- tante contribution à l'avancement de la Physiologie comparative. La conclusion profonde de ce travail et qui possède la portée la plus générale me paraît être que « même avec cette correction, les comparaisons ne peuvent se suivre jusqu'au bout ». L'’entité fonction, tout de même que l'entité cellule, n’est ‘qu’un concept: ces deux con- cepts sont d'autant plus abstraits qu'ils sont plus séparés ; ils ne sauraient nous permettre l’appréhension totale des phénomènes. « Les conditions d'existence po- sées par la vie sont étroites, en ce sens qu'une infinité de systèmes sont exclus comme incompatibles avec elles ; mais elles sont larges, en ce sens qu’une infinité d’autres systèmes sont possibles, » Il ne saurait en être autrement, car « si loin quenous poussions l’investigation, nous nous trouvons toujours en présence de systèmes hétérogènes? », Cette seule considération suffit à expliquer et nécessite la précé- dente. JEAN DELPHY, 4° Sciences diverses Goblot (Ed.), Correspondant de l'Institut, Professeur à ! l'Université de Lyon. — Le Système des Sciences; le vrai, l'intelligible, et le réel. — Un vol. in-12 de 259 pages; (Prix : 7 francs); Librairie Armand Colin, Paris,f1922. Cet ouvrage est lerésumé de vingt leçons que l'auteur a été invité à faire en 1921 à l’Université de Barcelone. Ceux qui connaissent déjà son Zssai sur la classifica- tion des Sciences, et son remarquable 7raité de Logique auront plaisir àretrouverici,sous une forme plus rapide, et destinée à un public plus large, les idées à la fois solides et originales que contenaient ses précédentes publications. Ceux qui ne les connaissent pas encore y trouveront la meilleure des introductions à une philo- sophie des sciences qui ne manquera pas de les inté- resser et qu'ils aimeront sans doute à poursuivre ensuite —————————————….——….….—.—..— 1. V. A. PReNanT : Revue génér. des Sci., XXXII, n°° 17 à 23, notamment n° 19, 9. À, PReNanT : loc, cit., n° 23, p. 715. .- plets. Le livre tout entier se lit aisément; il est netet lucide ; il présente cette simplicité qu'on ne peut attein- dre qu'après avoir profondément müri ses idées, Il est aussi très vivant, plein d’allusions aux événements contemporains el aux questions actuellement débattues. M: Goblot y met d’abord en lumière le fonds commun des mathématiques et des sciences de la nature,en fai- sant voir tout ce que les premières doivent à l'expé- rience, tout ce que les secondes doivent à l’activité propre de l'esprit. Il expose rapidement sa théorie si forte du raisonnement déductif: créateur, grâce à son caractère constructif, et pour ainsi dire à la‘libre mani- pulation des termes sur lesquels il opère; — rigoureux, grâce aux règles logiques qui déterminent quelles opérations sont légitimes, et qui permettent de les vérifier. L'étude de la physiologie est l’occasion d’une analyse personnelle et pénétrante des idées de fonction et de finalité, nettement distinguées de la vieille théorie des causes finales, et ramenées à une interprétation positive. Dans le même groupe viennent se ranger, — selon M. Goblot, — la psychologie, la sociologie, les sciences dites « normatives » : il décompose ces dernières en une part proprement scientifique, qu'absorbe la sociologie, et une part de croyance, qui dépasse le do- maine de la science. La métaphysique, elle aussi, subit une dissociation du même genre; la métaphysique de l'être, l'ontologie, est écartée par une analyse critique de son objet même: les problèmes qu’elle agite ne sont pas, comme on dit généralement, des problèmes inso- lubles ; ils sont dépourvus de sens. «L’illusion n'est pas de croire les résoudre; elle est de croire qu'on les a posés.» — La métaphysique, entendue comme une recherche et une discussion des principes de la pensée, est au contraire une étude scientifique et posi- tive, qui peut être conduite avec méthode et qui aboutit à des (résultats instructifs. Elle justifie la foi dans la raison, non sous la forme arrêtée et com- plexe que lui prêtaient les rationalistes anciens, mais dans une raison plus large, qui se caractérise surtout par la ferme volonté d'examiner ses propres jnecuenss d’une manière objective et critique, de débarrasser l'in- telligence de tout intérêt affectif, de toute aspiration secrète à tel ou tel résultat, et par là d’atteindre une pensée universellement valable. Ainsi se complète et se caractérise le système que forment les sciences, s’or- ganisant en un tout bien lié, dont l'unité ne consiste pas dans la subordination à l'une d'entre elles,mais dans l'esprit commun qui les fait tendre à la représentation objective d'un univers, La philosophie ne peut et ne doit être que l'intelligence de cette synthèse, — avec l'efficacité morale que comporte l'habitude de vues larges et saines sur les œuvres de l'esprit. ANDRÉ LALANDE, Professeur à la Sorbonne, ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 597 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Celle-ci serait peut-être aussi un paraganglion. — M. L. . Séance du 25 Septembre 1922 M. le Secrétaire perpétuel annonce à l’Académie le décès de M. J. A. Battandier, Correspondant pour la Section de Botanique. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. P. Urysohn : Sur la ramification des lignes cantoriennes. — M. Seigle : Caractéristiques principales des barres d'acier doux préalablement rompues par traction. La charge totale de rupture reste la même quand les morceaux d’un barreau d’essai préalablement rompu sont soumis à de nouvelles ruptures par traction, si nombreuses soient- elles, et jusqu’à cette charge totale on n’a plus alors, par traction, que des déformations élastiques. La sur- face de la section de striction reste la mêmelors de rup- tures successives par traction, 2° SCIENCES PHYSIQUES. — M. L. Eblé : Mesures ma- gnétiques dans le Bassin de Paris. L'auteur a effectué en 1922 de nouvelles mesures magnétiques dans les 41 anciennes stations de Moureaux et dans 4 nouvelles, en vue de l'établissement d'un nouveau réseau magné- tique de la France, — M. P. Chevenard: Alliages de nickel conservant leur rigidité daus un domaine étendu de température. Une addition de 15 °/, de Crau Ni re- lève d'environ 150° le domaine de rigidité de ce métal sous la charge de 10kg. : mm?. Uneproportion de 22,6 °/ ne produit pas un effet beaucoup plus important. — M. L. J. Simon : Oxydation directe par l'oxygène ou par l'air des éthers d’acides-alcools. L'auteur a observé l'oxydation directe par l’air ou par l'oxygène, lente- ment à froid, plus rapidement à chaud, de dérivés lac- tiques: lactates de méthyle, d’éthyle, de butyle et d’amyle. Il se forme des pyruvates, puis des lactyllac- tates. Le glycolate d’éthyle s’oxyde également à l'air. 3° SCIENCES NATURELLES. — M. E. Fournier: Sur la nature et la structure du substratum de la chaine du Jura. Dans la zone des Avant-Monts, le Trias infé- rieur n’est pas en discordance sur des formations her- cyniennes ; il repose sur du Permien normal et non mé. tamorphique. L’épaisseur du Permien n'est pas exagérée (341 m.).Il n'existe pas, à la base du Permien, de forma- tions pseudo-euritiques, comme à la Serre. — M. M. Mirande : /nfluence de la lumière sur la formation de l’anthocyanine dans les écailles des bulbes de Lis. Les seules radiations actives sur le rougissement sont celles de la partie lumineuse du spectre, et parmi celles-ci ce sont les radiations bleues et indigo qui produisent le meilleur rougissement, tandis que les vertes sont sans effet, et les rouges ont une action faible, — M. L. Ber- ger : Sur l'existence d’une glande ovarienne, homologue de la glande interstitielle testiculaire, Les organes para- ganglionnaires du hile de l’ovaire sont les homologues des amas cellulaires localisés dans les nerfs sympathi. ques du hile testiculaire et de l’albuginée ou à leur voi- Carrère : Le dilatateur de la pupille chez les Séla- ciens. La topographie de ce muscle est en relation étroite avec celle du sphincter chez ces mêmes animaux. Il ya une proportionnalité manifeste entre la présence de l’un et l'importance de l’autre. — M. P. Wintre- bert : Le ptérygoide cartilagineux des Urodèles. Forcé dès la période larvaire, par la présence du fascia pré- temporal, à se dévier en dehors, le ptérygoïde cartila- gineux des Urodèles, inclus dans la paroi interne dela loge temporale, peut, au moment de la métamorphose et chez l'adulte parfait, suivre deux voies: la voie juxta- maxillaire (Pranodon, Amblystoma punctatum), où la voie circumtemporale (Salamandra maculosa). Seance du 2 Octobre 1922 M. H. Lecomte donne lecture d’une notice nécrolo- gique relative à M. J. A. Battandier, Correspondant pour la Section de Botanique. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M, Paul Montel : Sur les familles quasi-normales de fonctions méromorphes. 2° SCIENCES PHYSIQUES. — M. H. Deslandres : Emis- sion des rayons X, ultra-X et corpusculaires par les corps célestes. D'après les observations de l’auteur, la matière solaire émettrait des rayons X, ultra-X et cor- pusculaires avec une intensité croissant de la surface au centre. Il en serait de même dans les nébuleuses gazeuses et planétaires. L'étude de l’ionisation des gaz en vase clos dans l’atmosphère aux plus hautes altitu- des permettrait d'obtenir des renseignements précieux sur ces radiations. — M. E. Perucca : Les propriétés superficielles du mercure : caractère voltaïque, tension superficielle, effet photo-électrique. D'après les recher- ches de l’auteur, la surface fraiche du mercure change avec le temps, pour atteindre un arrangement (atomi- que ou moléculaire) ayant la plus grande stabilité, c’est-à-dire soit le plus petit potentiel intrinsèque, donc la plus grande électropositivité, soit la plus petite énergie potentielle de la couche double superficielle, donc la plus petite tension superficielle. — M. J. Du- rand : Contribution à l'étude des modifications thermi- ques de quelques fontes de moulage. Le gonflement de . la fonte à la suite des traitements thermiques ne prend une importance sensible que si la teneur en Si est sufli- sante et le chauffage lent; il est possible de réduire son effet en limitant la teneur en Si et en effectuant un chauffage rapide. — MM. L. J. Simonet A. J. A. Guil- laumin : Détermination quantitative du carbone et de l'hydrogène. par l'emploi du mélange sulfochromique. L'oxydation sulfochromique permet par la mesure du CO? formé de déterminer la quantité de C renfermé dans certaines substances organiques. En employant un excès pesé d’oxydant et dosant titrimétriquement le résidu de cet oxydant après combustion, on peut déter- miner en même temps la quantité d’'H contenu dans la sinage, donc de la glande interstitielle du testicule. | combinaison. 598 3° SciENCES NATURELLES. — MM. A. Brives et M. Dal- loni : Le tremblement de terre du 25 août 1922 et la structure géologique de la région de Ténès-Cavaignac (Algér'e). Les destructions dues à ce séisme se sont pro- duites presque toutes sur les dislocations qui acciden- tent le bord du bassin miocène de cette région, — M.R. Souèges : Recherches embryogéniques sur l'Hippuris vulgaris Z. Les lois de l’'embryogénèse chez cette plante la rapprochent de la Veronica arvensis et de la famille des Scrofulariacées. — M. M.Bridel et Mlle M. Braecke: Sur la présence d'aucubine et de saccharose dans les graines de Rhinanthus Crista Galli Z. Les graines de cette plante renferment de l’aucubine et du saccharose que les auteurs ont obtenu à l’état cristallisé, — MM. A, Goris et P. Costy : Urée et uréase chez les Champi- gnons. L’uréase existe chez presque tous les Champi- gnons supérieurs; lorsque ce ferment fait défaut, ou ne se trouve qu’en proportion très faible, l’urée existe en proportion variable dans le thallophyte, suivant le stade végétatif, — MM. E.F, Terroine, R. Wurmser et J. Montané : /n/fluence de la constitution des milieux nutritifs sur la composition de l’Aspergiilus niger. L'absence de réserve azotée en présence de hautes con- centrations d'ammoniaque, l'accumulation de substan- ces lernaires en présence de hautes concentrations d'hydrocarbonés, enfin la consommation de protéiques à l’inanition, sont autant de faits qui rapprochent la physiologie de l’Aspergillus de celle des animaux su- périeurs, — MM. G. Truffaut et N. Bezssonoff : Un nouveau bacille firateur d'azote. Les auteurs ont trouvé dans la terre des jardins de Versailles un petit bacille, prenant la coloration de Gram, et se rattachant mor- phologiquement au groupe du Proteus (Bacillus vulga- ris); isolé en culture pure, il se montre aérobie et fixa- teur énergique de l'azote atmosphérique. — MM. J. Cluzet, A. Rocbaix et Th. Kofman :; Action surles microbes du rayonnement secondaire des rayons X, Les radiateurs métalliques massifs à poids atomique faible exercent une action inhibitrice sur les cultures à l’état de vie ralentie quand ils sont excités par des rayons X peu pénétrants. — M. A. Brachet : Sur les propriétés des localisations germinales de l'œuf. Les substances organogènes, constitutives des localisations germivales, ont une faculté d’assimilation limitée et par conséquent un pouvoir de croissance limité aussi; les cellules qui se les partagent ne peuvent donc pas proliférer indéfi- niment avant desubir les différenciations fonctionnelles qui les stabilisent, Dans ces conditions, une réduction quantitative de ces substances initiales doit entraîner dans le volume des organes formés à leurs dépens une réduction du même ordre, et qui est indélébile, même si les conditions de nutrition restent favorables. — M. A. Policard : Sur le mécanisme de fonctionnement des cellules adipeuses. L'auteur a observé à un moment donné de l’évolution de la cellule adipeuse une inter- version de structure, caractérisée par le fusionnement des fines gouttelettes de graisse en une seule grosse vacuole. Ce changement dans l’équilibre colloïdal de la cellule doit jouer un rôle essentiel dans son compor- tement physiologique. — MM. A. Desgrez, H. Bierry et F. Rathery : Diabète, acide f-oxybutyrique et lévu- ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES lose. Les divers sucres ne sont pas indifféremment interchangeables dans la ration. L’ingestion de lévulose permet de remédier à certains accidents du métabo- lisme ; son emploi chez le diabétique, en général, four- nitun moyen de prévenir et de combattre l’élimination de l’acide £-oxybutyrique. \ ACADÉMIE D'AGRICULTURE Séances de Juin (suite) et Juillet 1922 M. Alfred Massé appelle l'attention sur l’Assainis- sement des marais Pontins, œuvre de grande envergure affrontée par une organisation particulière utilisant un groupe nombreux de techniciens divers sous un contrôle unique. Cette œuvre comprend la lutte contre la malaria, la disparition des marécages, la restau- ration d'anciens canaux vieux de 25 siècles, la cons- truction d'un réservoir de 20 millions de mètres cu- bes qui pourra fournir une force hydroélectrique de 1.000 HP., utilisables aussi pour l'irrigation en saison sèche. La surface sur laquelle porte les efforts a une étendue de 70.000 ha. — M. Berge, donnant les résul- tats du concours beurrier d'Yvetot (1922), apporte des chiffres d’un certain intérêt documentaire sur les apti- tudes physiologiques laitières et beurrières de 54 ani- maux présentés au concours. Le maximum de pro- duction laitière a été fourni par une vache qui a donné 59 kg. 900 de lait en 2 jours. Le kg. de beurre a pu être produit par 17 k. 673 de lait. L'expérience a montré que chez les divers animaux on pouvait noter une richesse en matière grasse du lait qui a varié de 15 à 104 gr. par litre. Une vache de 12 ans classée la première a donné 4.794 litres de lait en 10 mois de lactation contrôlée et 236 kg. 607 de beurre. Une autre vache de 7 ans a donné 5.000 litres de lait et175 kg. de beurre en 10 mois. Les résultats du concours annuel ont confirmé les indications obtenues par le contrôle laitier individuel qui devrait être organisé partout. On a constaté en outre que les vaches primées pour leurs facultés laitières étaient en outre les premières du clas- sement visant la conformation. C’est, là une conclusion intéressante au point de vue zootechnique. Ce concours a en outre mis en évidence l'influence prépondérante du: taureau de haute origine laitière : les quatre pre- mières vaches classées du concours régional beurrier étaient issues du même taureau, dont la grand’mèrema- ternelle fournissait 6.243 kg. de lait en 10 mois et la grand'mère de filiation paternelle 4.500 kg. de lait et 251 kg. de beurre en 10 mois. Il faut retenir cette im- portance de l’hérédité paternelle dans les sélections qui visent les facultés laitières. — M Zacharewicz donne la technique pour la lutte contre la chenille du Liparis dispar qui attaque les abricotiers. — M. Demolon a étudié l’alcalinité des scories de déphosphoration. Dansde nombreuses analyses il a étudié la solubilité de la chaux des scories Thomas. L'une de ses conclusions indique que dans les scories il existe des silicates complexes susceptibles de libérer de la chaux assez lentement sous l’action de l’eau pure ou en présence de CO? et de sels ammoniacaux dissous. Il y a dans les scories 1 à 3 ‘/, de chaux en moyenne, 3 à 15 °/, de magné- ‘ ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 599 mm ————p———— sie, 4 à 5 c/o de manganèse facilement soluble dans l'acide citrique. Un apport de 500 kg. de scories renferme donc 25 kg. environ de manganèse total. — M. Miège a signalé les blés tendres et les blés durs marocains qui se sont montrés les meilleurs dans les essais poursuivis au Maroc en 1921. Il est rare qu'on puisse ‘obtenir les plus importantes qualités sur la même variété. Ce ne sont pas les variétés étrangères qui donnent les meilleurs résultats. Les variétés sélec- tionnées à Tunis ou en Algérieont montré les meilleures aptitudes dans les cultures de 1921 à Rabat, — Une com- munication de M.J. Feytaud sur le Doryphore de la pomme de terre en Gironde reflète les préoccupations actuelles que donne cet insecte d’origine américaine. Il a été déjà craint comme la peste dans les cultures alle- mandes vers 1898, et en1914. En juin dernier M. Fey- taud estimait à 250 km? les surfaces infectées dans le Bordelais. Cet insecte s'attaque aux diverses Sola- nées (Tomate, Aubergine, Pomme de terre...). La lutte est engagée à l’aide de pulvérisations de bouillies bordelaises additionnées d’arséniate de plomb, ou de soude mélassique à 2 p. 1.000 d’arséniate de soude an- hydre. Les poudres préparées par le commerce sont employées à la dose de 1 kg.500 par h1. d’eau — M.Jac- ques de Vilmorin donne une relation d’un voyage forestier qu'il vient de faire, qui lui fournit la sub- stance d'une note sur les forêts d'Ecosse, Certain do- maine particulier s'étend sur 120.000 ha. Ce sont les résineux qui déjà à cette latitude donnent les meil- leurs rendements. Ce sont surtout les mélèzes (Zarix europeæa et leptolepis) et un hybride dit Z. eurolepsis dont la croissance est rapide. À 12 ans les arbres ont 8 à 10 m. de hauteur. Ils résistent à 43° depuis leur intro- duction aux Etats-Unis. Picea sitchensis, Pinus Laricio, ÆEpicea excelsa et en certains points Thuya plicata sont assez employés pour les reboisements. On peut aussi citer Abies nobiliset T'suga albertiana. Les principaux ennemis de la forêt en Ecosse sont le lapin et la fou- gère. — M. Truelle âdresse un résumé de son mé- moire sur l’appellation d’origine « Calvados ». On sait que le Syndicat général des cidres et fruits à cidre n’a pas adopté les vues visant à la limitation et à la pro- tection de cette désignation de « Calvados » donnée aux eaux-de-vie de cidre de ce département. M. Truelle ré- pond aux objections et souhaite l'adoption de son point de vue restrictif qui limiterait le mot à son sens régio- nal départemental. — M. H. Velu a étudié les grands facteurs de la production du bétail au Maroc. Sa con- clusion c’est qu’il faut organiser la lutte contre le milieu inclément et contre les parasites dont celui-ci favorise la pullulation. La nécessité des clôtures, la rotation des pâturages, les bains parasiticides sontrecommandables ets'imposent. —M. Païillot communique le résultat de ses expériences sur la lutte contre la Cheimatobie à l’aide des ceintures gluantes. — M. Pierre Berthault' revendique pour les agronomes français la priorité des premières recherches sur les semis parallèles d'engrais et de semences. Alors que c'est en 1303 que les Russes se sont attaqués à la question, nous avons entendu nous-même dès 1893 M. Schlæsing père enseigner au Conservatoire des Arts et Métiers de Paris le résultat de ses premières expériences. Dans un Précis de Chimie agricole (1'e édition) publié en 1895 à Paris, nous avons personnellement mentionné les travaux de Schlæsing et de Prunet. D'autre part, c’est en 1884 que Berthault père fit ses M. Pierre Berthault est donc très exacte, et nous l’ap- premières expériences. L'indication de puyons avec certitude. Il ajoute qu'il est recommanda- ble de joindre au semis mixte un*binage à la houe mé. canique dans les interlignes. D’autre part, les premiers expérimentaleurs Berthault et Brélignière ont écrit en 1903 que des insuccès ont élé constatés dans les terres riches. L'auteur montre par des exemples la complexité de la question qui appelle encore de nou- velles études et dont les résultats ne peuvent être géné- ralisés sans discernement. Ep. GAIN. ACADEMIE ROYALE DE BELGIQUE CLASSE DES SCIENCES Mai 1922 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. C1. Servais : Sur la géométrie du tétraèdre. V. — M. L. Godeaux : les correspondances rationnelles entre deux surfaces de Seance du 2 Sur genre 1. 20 SCIENCES PHYSIQUES. — M. Th. de Donder : L’afji- nité. Application aux gaz parfaits. L'auteur définit d’abord l’affinité au moyen de la chaleur non compensée. . Il calcule ensuite l’aflinité dépensée par un système de Gibbs pendant une transformation irréversible donnée. IL applique la formule ainsi oblenue à un mélange de gaz parfaits, effectuant une transformation chimique irréversible. Il remplace ensuite le degré d'avancement de la réaction par le degré de dissociation; grâce à ce changement de variable, l'expression de l’aflinité prend une forme susceptible d'interprétations chimiques inté- ressantes. En particulier, si le système est en équilibre, on obtient, avec une complète généralité, l'influence du volume sur la répartition des masses, ainsi que l’in- fluence des répartitions des masses initiales non en équilibre sur la répartition des masses en équilibre, — M. Th. de Donder : Sur le théorème de Nernst. L'auteur donne une démonstration du théorème de Nernst qui utilise l’aflinité spécifique et la théorie des vapeurs saturées, et qui ne lui paraît soulever aucune objection de principe. 30 SCIENCES, NATURELLES. — MM. G. Fournier et P. Pruvost : Découverte d'un Poisson nouveau dans le marbre noir de Denée. Les auteurs ont étudié des fos- siles aplatis, recouverts de vase sapropélienne durcie, recueillis à la base des calcaires du niveau VI a de la carte géologique belge (calcaire carbonifère). Ce sont des débris de la même espèce d'animal, qui constitue un Poisson nouveau, du groupe des Sélaciens, où il se range au voisinage des Hybodontidés, dont il diffère par l'absence d’épines aux nageoires et par la disposi- tion du suspensorium, qui est entièrement comparable à celle connue chez les Pleuracanthus. — M. D. Tits Les excitants de La germination d'un champignon. L'au- teur a essayé de définir quels sont les excilants capables de tirer de leur torpeur les spores d’un champignon, le 600 Phycomyces nitens. L'optimum de température pour la culture de ces spores est de 220,1. Les sucres, seuls ou additionnés de matières azotées ou d’acides aminés, sont incapables de provoquer la germination. Celle-ci ne s’est produite que dans l’eau peptonée, avec des pro- portions de 0,7 à 30 °/, de peptone. Séance du 3 Juin 1922 . 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. Th. de Donder : Champ électromagnétique pur et champ gravifique. — M. M. Nuyens : Sur un changement de variables de M. de Donder. (4 suivre.) SOCIÉTÉ ROYALE DE LONDRES Séance du 11 Mai 1922 SCIENCES PHYSIQUES. — M. C. Chree : de 27 jours dans le magnétisme terrestre, En magnétisme terrestre, les perturbations, de même que les périodes de calme, ont une tendance à se suivre à des interval- les ne différant pas beaucoup de 27 jours. Ce phéno- mène est le plus accusé dans les années de minima des taches solaires, — Lord Rayleigh: Spectre photogra- phique de l'aurore boréale du 13-15 mai 1921. La pho- tographie de ce spectre présente en détail les bandes négatives de l’azote, et la ligne verte de l’aurore subor- donnée à ces dernières, Il a été impossible à l’auteur de reproduire exactement ce spectre par des expériences de laboratoire, comportant l'excitation de l'azote par des rayons atomiques ou cathodiques. Etude dela pré- sence ou de l'absence des bandes de l'azote dans le spectre de l'aurore boréale. La plupart des spectres de l’aurore boréale pris aux Shetlands montrent les bandes de l’azote, qui font défaut, par contre, dans les spectres photographiés à Terling, près Londres, même avec un temps de pose supérieur. — MM. J. C. Mc Lennan et D. S. Ainslie: Sur la structure de la ligne }— 6708 des isotopes du lithium. Cette ligne consiste en deux dou- blets, dont le déplacement moyen est 3 à 4 fois celui qu’exige la théorie de Bohr pour des isotopes du Li ayant des poids atomiques de 6 et de 7. — M. M. Bar- ker : Sur l'emploi de très petits tubes de Pitot pour mesurer la vitesse du vent. Pour des tubes de Pitot très petits, la loi p — sv?/2 cesse d’être valable avec des valeurs de rv/» inférieures à 30. — M. E. T. Paris : Microphones à fil chaud à double résonance. L'auteur étudie l’application du double résonateur de Boys et de celui d’'Helmholtz aux microphones à fil chaud pour en La période accroître la sensibilité. Séance du 18 Mai 1922 SCIENCES NATURELLES., — MM. T. B. Wood et J.W. Capstick : Les progrès du métabolisme après la nutrition chez le porc. L’excès du métabolisme de repos sur le métabolisme basal après le repas chez le porc est indépendant de la température, du poids et de l’âge de l'animal. Il diminue avec le temps suivant une loi ana- logue à la loi d'action de masse de Guldberg et Waage. ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES — MM.J. A. Gardner et F. W. Fox : Origine et des- tinée du cholestérol dans l'organisme animal. XI: Autolyse du foie et de la rate. Les expériences d’arto- lyse de ces organes n’'apportent aucune preuve de leur relation avec la synthèse ou la destruction du cholesté- rol dans l’organisme animal. — M. G.E. Briggs: Re- cherches expérimentales sur l'assimilation et la respi- ration végétales. XV. Le développement de l’activité photosynthétique pendant la germination de divers types de graines. Il y a deux types de graines, avec ou sans intervalle entre la germination et le développement de l’activité ‘photo-synthétique. Chez les premières, la plantule possède un organephotosynthétique spécialisé séparé de l'organe deréserve, tandis que chez les secon- des un même organe sert aux deux buts. XVI. Carac- téristiques de l'activité photosynthétique inférieure à la normale résultant du défaut de sels nutritifs. — M. C. G. Lamb : La géométrie de l’accouplement des Insectes. L'auteur explique les cas d’hypopygium asymétrique observés chez certaines familles de Diptères comme résultant de l’adoption de la position verticale usuelle d’accouplement postérieurement à une position linéaire primitive. Séance du 25 Mai 1922 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. S. F. Grace: Le mouvement libre d'une sphère dans un liquideen rotation RS © parallèlement à l'axe de rotation. — M. C. H. Lees: Les tensions thermiques dans les cylindres circulaires pleins et creux chauffés concentriquement. 20 SCIENCES PHYSIQUES. — M.E. Wilson : /nfluence de la compression sur la susceptibilité des corps faible- ment magnétiques. Dans la direction de la compression, il y aune diminution de la susceptibilité, qui peut s'élever jusqu’à 50 °/, pour la magnétite aux environs de la susceptibilité maximum. A angle droit, il y a une légère augmentation de la susceptibilité. — M. B. Schonland : Sur la diffusion des particules £. La diffu- sion des particules 8 est un phénomène de diffusion simple, dù aux collisions avec les noyaux des atomes rencontrés. Elle obéit en général aux relationsde Ruther- ford, avec une correction pour tenir compte de l’aug- mentation de la masse avec la vitesse. —' M. N. K. Adam : les propriétés et la structure moléculaire des pellicules minces. IL, Pellicules condensées. III. Pelli- cules étendues. Au-dessous d’une certaine température, les molécules des acides gras, saturés ou non, à longue chaîne linéaire, et de leurs dérivés paraissent être très rapprochées ou condensées. Au-dessus de cetle tempé- rature, elles occupent de plus grandes surfaces et for- ment des pellicules étendues. Dans l'intervalle de tem- pérature (environ 25°) entre ces deux états parfaits, les courbes pression-surface ressemblent aux isothermes d'une vapeur près de la température critique. Probable- ment les pellicules étendues ressemblent à une vapeur à deux dimensions, Sté Gle d'Imp. et d'Ed., rue de la Bertauche, 1, Sens. Le Gérant : Gaston Doin. 33: ANNÉE No 21 15 NOVEMBRE 1922 Revue générale Pod Nences pures et appliquées FONDATEUR Direcreur : LOUIS OLIVIER J.-P. LAN GLOIS, Professeur au Conservatoire national des Arts-et-Métiers, Membre de l’Académie de Médecine Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. J.-P. LANGLOIS, 8, place de l'Odéon, Paris. — La reproduction et la traduction des œuvres et des travaux publiés dans la Hevue sont complètement interdites en France eten pays étrangers y compris la Suede, la Norvège et la Hollande CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE $ 1. — Physique L'effet de la température sur l'attraction due à la gravitation. — En 1916, M.P. E. Shaw avait communiqué à la Société Royale de Londres des expériences faites à l’aide d’une balance de torsion du type Boys-Cavendish, d’où il semblait résulter que la constante newtonienne de la gravitation augmente légèrement lorsque les corps qui s'attirent sont chauf- fés. Etant donnée l'importance que prendrait un tel résultat pour les nouvelles théories de la gravitation, M. Shaw a jugé utile de renouveler ses expériences en les poussant au plus haut degré de précision. Avec le concours de M. N. Davy, il a opéré sur la même balance de torsion très délicate qu'il avait pré- cédemment utilisée, mais en perfectionnant entre autres les méthodes de suspension tant des grosses sphères attirantes que du tube à vide contenant les petites sphè- res d'argent attirées. L'effet de la température devait se manifester par les différences de déviation de la ba- lance obtenues lorsque les grosses sphères, employées d’abord froides, puis chaudes, et de nouveau froides, se déplacent d’une position À à une position B. La dif- férence moyenne dans les écarts a été de — 0,08 mm. ; comme elle ne dépasse pas les limites des erreurs expé- rimentales, il en résulte que, si G varie suivant une loi G— Go (1 xl), est en tout cas inférieur à 1,6 X 10—6. En somme, dans l'intervalle de température con- sidéré, de 00 à 2500 C., G est resté constant. | Ce résultat est donc enopposition avec les premières expériences; les auteurs attribuent le fait à l’introduc- ER Qi EAN ER © PURE" Cou Penn à 1. Proc. ofthe Royal Soc., sér. A,t. CII, n° 714, p. 46: 2 oct. 1922. REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, tion d’erreurs systématiques dans le travail original, erreurs qu'ils ont éliminées dans la suite, Une manifestation contre la théorie de la relativité à l’occasion du centième anniver- saire de la Société des Naturalistes et Méde- cins allemands. — La Société des Naturalistes et Médecins allemands a célébré à Leipzig, du 17 au 23 septembre dernier, le centième anniversaire desa fon- dation. La première séance solennelle a été consacrée aux discours de salutation et à des conférences sur la théorie de la relativité. A la place du Prof. A. Einstein qui n’a pas voulu faire une conférence à Leipzig, c’est le Prof. M. von Laue (Berlin) qui a parlé sur la théorie de la relativité en Physique, puis le Prof. M. Schlick (Kiel) qui a abordé la théorie de la relativité dans la philosophie. Mais, en même temps, quelques membres de la Société distribuaient un pamphlet contre cette théorie, que nous reproduisons ici à titrede document : « L'administration de la Société des Naturalistes et Médecins allemands s’est crue obligée, à l’occasion de son’centième anniversaire, à Leipzig, de mettre sur le programme d’une grande séance solennelle des confé- rences sur la théorie de la relativité, ce qui a nécessai- rement produit l'impression que la théorie de la relati- vité représente le comble des recherches de la science moderne. « Au contraire, les soussignés, physiciens, mathémati- ciens et philosophes, protestent catégoriquement contre une pareille prétention. Ils sont sérieusement afiligés de l’erreur dans laquelle on fourvoie l'opinion publique en lui suggérant que la théorie de la relativité est la solution du problème du monde et en lui celant le 602 fait que beaucoup de savants, et non des moins distin- gués, n'acceptent pas la théorie de la relativité comme étant une hypothèse prouvée, mais la considèrent comme une fiction qui ne saurait être logiquement sou- tenue. Les soussignés, docteurs et professeurs, croient qu’un tel procédé ne saurait être mis en harmonie avec la dignité et le sérieux de la science allemande; ils regrettent qu'on se soit servi de la Société des Naturalistes et Médecins allemands pour soutenir pré- maturément une théorie douteuse au plus haut degré. » Ce manifeste était signé des noms suivants, parmi lesquels figurent ceux de divers savants autrichiens, suédois, tchécoslovaque et yougoslave: D'Ing.L.C.Glaser (Würzburg), Prof. D' F. Lipsius (Leipzig), Prof. Dr M. Palagyi (Darmstadt), D' L. Khün-Frobenius (Berlin), Prof. D P. Lenard (Heidelberg), Prof. D' J. Riem (Ber- lin), D' H. Fricke (Charlottenbourg), Prof, D K. Strehl (Hof), D: K. Geissler (Eisenach), Prof. D'E. Gehrcke (Berlin), Prof. D' S. Mohorovicic (Zagreb-Yougoslavie), D: K. Vogtherr (Karlsruhe), D' R. Orthner (Linz), D' J. Kremer (Graz), D' St. Lothigius (Stockholm), D: V. Nachreiner (Neustadt a. d. H.), Prof. D' M. Wolff (Eberswalde), D' A. Krausse (Eberswalde), Prof. D: E. Hariwig (Bamberg), Prof, D' O. Kraus (Prague- Tchécoslovaquie), D' L. Mach (Haar b. München). Source de rayons ultra-violets à spectre continu. — MM. W. H. Fulweileret J. Barnes; du « Franklin Institute », ont établi, pour leurs recherches sur les spectres d'absorption ultraviolets des hydro- carbures et huiles de pétrole, une source lumineuse donnant, dans l’ultra-violet, un spectre continu. Leur appareilest un perfectionnement de celui conçu, sous une forme rudimentaire, par Grebe (1905) et amé- lioré par Howe (1916); il consistait essentiellement en un éclateur à haute fréquence à électrodes placées sous l'eau. Howe employait des électrodes en aluminium, ali- mentées par un Tesla, les étincelles jaillissant dans l’eau distillée; il reconnut que cette source fournit un spectre continu s'étendant’ jusqu'aux réductions de 2,100 unités Angst. Strachan a également utilisé un dispositif de ce genre, mais avec des électrodes en cuivreet en laiton; il dépensait, dans le primaire du Tesla, des puissances allant jusqu'à 4 et même 6 kilowatts,. Dans l'appareil de MM. Fulweiler et Barnes, lequel a donné de très bons résultats, les électrodes sont for- mées chacune d’une tige de tungstène, de 3,5 mm, de diamètre, montée à l'extrémité d’une tige de support en laiton. Les deux tiges sont introduites, en regard l’une de l’autre, verticalement, en passant dans des bouchons en caoutchouc dur, où elles sont vissées, dans une ampoule en verre pyrex de 500 cm. Les bouchons sont scellés à la cire dure; le filetage des tiges-supports en laiton permet de rapprocher où d'éloigner les électrodes proprement dites; on opère avec une distance de décharge de 1/2 mm, L’éclateur est situé au voisinage da centre de l’am- poule ; à la même hauteur, horizontalement, est intro PATENT ADS Eee UE EE AREA SEPT CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE duit dans l’ampoule, en passant dans un bouchon de caoutchouc, un tube en laiton, fermé, vers l’intérieur, par une fenêtre en quartz, de 16,5 mm. de diamètre. Deux tubulures, l’une à la partie inférieure, l’autre un peu au-dessus du centre, servent respectivement à l'entrée et à la sortie d’un courant d’eau; l’éclateur sé trouve ainsi à 1 cm, de la fenêlre et à 2 em. de profon- deur, sous le niveau de l’eau dans l'ampoule. L'appareil est alimenté par l'intervention d’un trans- formateur, absorbant, du côté primaire, 15 ampères sous 110 volts, C. A.; un interrupteur à mercure coupe le courant à une vitesse d'environ 120 ruptures par se- conde, soit une puissance d'environ 1,6 kw. Le secondaire est relié à Ééglateur principal par l’in- termédiaire d’un éclateur auxiliaire, à soufllage ‘pneu- matique; entre ses bornes est branchée une paire de bouteilles de Leyde, d'environ 0,001 mf. chacune. Le tungstène estsupérieur, pour la constilulion des électrodes, à l'aluminium, au laiton, au fer, au nickel, au carbone, au molybdène, par l'abondance des radia- tions courtes qu’il fournit et par sa stabilité de fonc- tionnement ; il s’use beaucoup moins vite que les autres métaux et exige moins de réglages. à Henri Marchand. e $ 2. — Botanique Recherches sur les germes de chambpi- gnons dans l'atmosphère. — L’almosphère ren- ferme en tout temps des germes de champignons et de bactéries, sur lesquels l'attention a été depuis longtemps altirée par les travaux classiques de Miquel. La variation de ces germes, en particulier de ceux de champignons, avec les conditions atmosphériques a été l'objet d'observations prolongées (de décembre 1915 à décembre 1917) de M. K. Saito !, à Dairen (Mandchou- rie), qui durant cette période n’a pas isolé moins de 25 espèces et 1 variété de levures. F Contrairement à ce qu'on pouvait attendre, le nom- bre de ces germes dans l'air est plus faible pendant les saisons chaudes que pendant les saisons froides. Les germes sont plus nombreux durant les périodes sèches que pendant les périodes humides ; leur nombre est très minime par temps de pluie, et immédiatement après les fortes précipitations pluvieuses ou neigeu- ses. Au contraire, par vent fort, on trouve une grande quantité de germes dans l'air. Les espèces les plus fréquentes étaient la Zorula gela- tinosa et la Torula albida; parmi les espèces isolées formant des spores, il faut signaler : Saccharomyces mandshuricus, Debaryomyces tyrocola « et £, Deb. membranæfaciens, Pichia membranæfaciens et Willia anomala. $ 3. — Biologie La teneur en vitamine de l'huile de foie de morue suivant son mode de préparation. — A l’origine l’huile de foie de morue était fabriquée très simplement en jetant les foies dans un baquet, en les laissant se putréfier et en recueillant l'huile qui surna- 1. Japanese Journ. of Botany, t. 1, n°1, p. 1; 1922. DRE 27 ce EN PO ni. PS CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE geait. Cette méthode produisait une huile d’un brun doré, à goût et à odeur forts et désagréables, En 1853, Müllerintroduisitla méthode d'extraction parla vapeur, et aujourd'hui presque toute l'huile est fabriquée par ce moyen ; elle est presque incolore, ‘n'a aucune odeur et seulement un léger goût, Mais l'opinion est très répandue que l’huile moderne est un agent thérapeutique beaucoup moins eflicace que la vieille huile brune; depuis, en particulier, que l'on a associé cette action thérapeutique de l'huile de foie de morue à sa haute teneur en vitamine, on a prétendu que les méthodes modernes de fabrication tendent à détruire la vitamine !. Cette question vient d’être l’objet d’une étude appro- fondie de MM, Drummond et Zilva ?, qui ont comparé des huiles incolores et d'huiles préparées au laboratoire ; la teneur en vitamine des huiles brunes brutes, dans ce dernier cas, toutes les précautions étaient pri- ses pour empêcher la moindre destruction de vitami- nes. Voici les conclusions auxquelles ils sont arrivés: « De nos recherches étendues relatives à l'effet des procédés modernes de préparation de l'huile de foie de morue sur sa teneur en vitamine, nous concluons les méthodes « que à la vapeur » fournissent des huiles d’eflicacité aussi, sinon plus élevée, que le vieux pro- cédé, aujourd'hui à peu près disparu, par putréfac- tion. « En outre, les méthodes modernes de raflinage *, à l'exclusion du blanchiment des huiles brunes, d'ailleurs peu répandu, n’affectent pas la teneur en vitamine. « À la lumière de ces faits, il est évident que la croyance populaire que les huiles brunes ont une valeur supérieure aux huiles « blanches » modernes au point de vue thérapeutique esterronée. » Au cours de leurs recherches, MM. Drummond et Zilva ont toutefois observé des variations de la teneur en vitamine des divers échantillons d’huile de foie de, morue dans la proportion de 1 à 16, quoique les huiles les plus pauvres en contiennent toujours plus que le beurre. Les auteurs estiment que ces variations sontun reflet des variations de régime alimentaire ou de l’état physiologique du poisson dans les diverses saisons. Ils ont noté d'autre part que les foies d’autres pois- sons fournissent une huile aûssi riche en’ vitamine A que le foie de morue, et qu'il n’y a donc aucune raison #. Il s’agit ici de la vitamine A principalement. 2. Zinva et Drummowp : Les huiles de foies* de poissons ebautres sources riches de vitamine A. Lancet, 1922, t. I, p. 1245. — Daiummonp etZriva: La préparation de l'huile de foie de morue et l'effet de la méthode de préparation sur la teneur en vitamine de l'huile. Journ. of the Soc. of cher. Tnd',t. XLI, p. 280 ; 4922: 3. Ce raffinage consiste dans une pour éliminer la stéarine, congélation partielle, .temps {. Celle-ci peut-être pour qu'ils ne soient pas utilisés dans un but thérapeu- tique. 1a décroissance de la luminosité chez le Cypridina. — M. W. R.Amberton a étudié par une méthode photographique la décroissance de la lumino- sité chez un ostracode japonais,le Cypridina hilgendorfii Muller. L'étude photométrique directe étant impossible, à cause de la trop grande rapidilé de cette décroissance, l’auteur a opéré sur dés solutions de leuciférine,extraites par macération à chaud des animaux desséchés et pul- vérisés, oxydées en présence de luciférase, enzyme extraite-des mêmes animaux par macération à froid. Les solutions à étudier sont placées dans des tubes noircis extérieurement, à l'exception d’une petite fente verti- cale qui laisse passer un pinceau de lumière venant impressionner une pellicule tournante, Par cette méthode, l’auteur a suivants: obtenu les résultats 1° La courbe de décroissance de la luminosité des Cypridina revêt la forme due à une réaction bimolécu- laire dans laquelleles deux réactifssont présents en con- centrations équimoléculaires.Si l’on suppose que l’inten- sitélumineuselà un instant quelconqueest la mesure de la vitesse de réaction à cet instant, on peut exprimer les valeurs expérimentales par l'équation actuelle: dx LS TA x)?! dt ( où À est la concentration initiale de la substance réagissante et x ladiminutionde cette concentration au mise sous la forme d’une ligne droite: ne + bt, VI où a — 1/A VA et b— VE. Les valeurs expérimentales ont été porlées en courbes sous cetle forme, puisque c’est Let non (A — x) qu'on mesure diréelement par la méthode. Ceux qui ont étudié la phosphorescence inorganique ont présenté presque loujours ieurs résultats de celte façon. Dans ce cas, ils supposaient la recombinaison d'ions positifs et négatifs, présentsen quantités égales dans la substance phosphorescente,après séparation par l’action d’une radiation incidente préalable. Il y a done au moins une ressemblance superficielle entre les deux courbes de, diminution de la phosphorescence inorga- nique et de celle des Cypridina. Toutefois la nature des deux substances réagissantes dans la luminescence des Cypridina n’est pasélucidée. 2° Avecües solutions concentrées d’enzyme, la vitesse de la réaction est proportionnelle à la concentration en enzyme. Celte relation a été notée fréquemment dans d’autres réactions enzymaliques, 604 G. MARINESCO. — SUR LES FONCTIONS DU LOBE FRONTAL SUR LES. FONCTIONS DU LOBE FRONTAL A PROPOS D'UN LIVRE RÉCENT I Depuis Gall s'était répandue dans la science l'opinion que le lobe frontal était le siège de toute activité psychique supérieure, opinion que nous retrouvons chez une série d’observateurs éminents, avec certaines variations, dépendant de la méthode employée par les chercheurs. Broca a insisté sur le développement du lobe frontal des Primates, attesté par le plissement longitudinal qui le subdivise d'abord en deux, puis entrois circonvolutions. Il a fait remarquer l'importance corrélative des fonctions de ces lobes chez les singes et chez l'homme. Il a enfin déclaré que le lobe frontal s’est en quelque sorte emparé de l'hégémonie cérébrale. fl a subi, ainsi que Gratiollet et tant d’autres, l'influence des idées de Gall sur les fonctions supérieures du lobe frontal, considéré comme le siège de l’in- telligence. Dès 1875, Ferrier affirmait qu’un animal privé de ses lobes frontaux peutexécuter tous les mou- vements volontaires, continue d’entendre, de voir, de sentir, de goûter, peut percevoir et exté- rioriser ses sensations. Cet animal conserve ses instincts de défense, ses goûts, continue à cher- cher sa nourriture; il est capable d’exprimer ses notions. On ne peut nier en effet, en étudiant bien le caractère de chacun de ces animaux, avant et après l’opération, qu'il n’est survenu aucun grand changement. L'animal reste, comme par le passé, sensible et doué de puissance musculaire, mais pour être aux aguets, pour voir ce qui se passe autour de lui, il ne cherche pas au delà de ses sensations intimes. Les animaux vontet viennent au hasard, passent leurtemps à recommencer leurs mouvements, semblent avoir perdu la possibilité de l’observation judreieuse et attentive. Aussi Ferrier estimait-il alors que les phrénologues avaient raison de situer dans la région du lobe frontal la faculté de la réflexion, et il ne lui semblait pas invraisemblable que le développement particulier de certains points des lobes frontaux puisse fournir l’indice d’une cer- taine force de concentration d'esprit et d’intel- ligence dans telle ou telle direction. La faculté de l’attention et de la synthèse mentale est si peu développée chez les idiots parce que chez eux le développement du lobe frontal est arrêté. C'est à l'élévation de ces lobes frontaux que l’homme doit de l'emporter autant par l’intelli- gence sur les animaux inférieurs dont les régions. frontales sont en quelque sorte demeurées rudi- mentaires. Les animaux privés du lobe frontal n’ont pas perdu l'intelligence; ils n’ont perdu, avec les centres d'arrêt des lobes frontaux, que cette capacité d’attention consciente qui est la condi- tion de ces opérations de l’entendement dont la somme ou la résultante est l'intelligence. Pour Wundt, le lobe frontal est le centre de l’aperception. Cet auteur suppose que les im- pressions des sens sont simplement perçues tant qu'elles n'arrivent qu'aux centres sensoriels du cerveau. Leur appréhension par l’attention ou l’aperception implique, au contraire, une excita- tion deséléments de la région frontale: En outre, la volonté ne faisant qu’un au fond avec l’aper- ception, la destruction du lobe frontal, avec la ruine de l’aperception, entraine celle de la volonté. Je dois ajouter que la conception nébu- leuse de Wundt n’a été comprise ni par les phy- siologistes tels que Munk, ni par les psycho- physiciens tels que Ziehen et Münsterberg. La théorie des centres intellectuels a pris une ainpleur considérable à la suite des recherches systématiques de Flechsis qui, en prenant pour guide la chronologie de l’apparition de la myé- line, a admis dans l'écorce cérébrale une pre- mière zone, celle des centres de projection ou des sphères sensorielles, puis une seconde, la zone des centres d’association. La zone des centres de projection comprend : 19 la sphère tactile, 2° la sphère olfactive, 30 la sphère visuelle, 4° la sphère auditive. La zone des centres d'association est formée de 3 centres distincts : k 1° Le grand centre d'association postérieur. Ce centre comprend le précoin, une partie de la circonvolution linguale, la circonvolution fusi- forme, toutes les circonvolutions pariétales, la circonvolution temporale inférieure et la partie antérieure de la face externe du lobe occipital; 2° Le centre d'association #20yen, correspon- dant à l'insula de Reil; F 3°Le centre d'association antérieur; il se trouve constitué par la moitié antérieure dela circonvo- lution frontale supérieure, la plus grande partie de la circonvolution frontale moyenne et par la circonvolution droite que l’on trouve sur la face inférieure du lobe frontal. Ce qui caractérise avant tout la zone des cen- G. MARINESCO. — SUR LES FONCTIONS DU LOBE FRONTAL tres d'association, c'est qu'elle est complètement indépendante des masses grises inférieures du névraxe ; elle est presque complètement dépour- vue de fibres de projection. Aucune excitation du milieu externe ou dü milieu interne, du monde ou de notre corps, ne peut donc lui être directe- ment transmise, de même qu’elle est sans influence immédiate sur nos organes et sur nos muscles périphériques. La zone des centres d'association est uniquementet exclusivement en connexion, par un nombre incalculable de fibres nerveuses, avec les régions corticales-qui appar- tiennent aux sphères'sensorielles. Les centres de projection sont donc les régions de l’écorce qui président à la vie animale. Les centres d'association, au contraire, sont les régions de l'écorce qui président à la vie intel- lectuelle, à la vie morale. Ce sont, d’après l'ex- pression de Flechsig, les centres intellectuels (geistige Centren), les véritables organes de la pensée | Denkorgane;. Les conclusions d'un physiologiste italien Giulio Fano offrent une certaine affinité avec les idées de Flechsig. Fano admet, dans l'écorce cérébrale, en outre des fonctions qu'il appelle psycho-sensorielles ou sensitivesetpsycho-motri- ces, des fonctions inhibitrices également loca lisées. Celles-ci acquièrent même un caractère de psychicité qu'on rencontre au maximum là où d’aucuns localisent les fonctions les plus élevées de l'intelligence, à un degré moindre dans les régions sensorielles et presque nul dans les régions motrices. Le lobe frontal, centre d’as- sociation, ne peutagir sur la moelle épinière queparl'intermédiaire d'un centre de projection; c'est-à-dire par un centre, dit moteur, de la région rolandique. Les hypothèses de Flechsig ont eu à subir de rudes attaques de la part de Sachs, O. Vogt, Wernicke, von Monakow, Siemerling, Hitzig, | Munk, etc., tandis que d’autres,tels que Ramon _ y Cajal ét surtout Edinger, ont considéré la . théorie de Flechsig comme un progrès réel dans l’étude des fonctions du cerveau. Sur le: terrain histologique, les conclusions de . Flechsig sont à peu près insoutenables. En effet, le DEA anatomiste de Leipzig avait admis que les centres d’association existent surtout chez les hommes et les Primates, et qu'ils man- quent chez les Rongeurs. Or Cajal et les époux Vogt ont montré que le cerveau des Rongeurs renferme des centres d'association etdes centres de projection. Certains physiologistes et surtout Munk, en . contestant la valeur des recherches de Flechsig, sontallés encore plus loin en soutenant que le L * 605 lobe préfrontal n’a rien à voir avec une activité intellectuelle supérieure et qu'il constitue le centre d’innervation du tronc. Mais, à l'encontre de Munk, Grosglick affir- mait « qu'il incline même à tenir, Hitzig, pour invraisemblable que l'immense masse de substance cérébrale constituant le lobe frontal de l’homme doive uniquement servir à des fonc- tions aussi simples que les mouvements de la Les réserves de Munk se avec colonne vertébrale ». sont transformées en scepticisme dans l'esprit de quelques auteurs qui affirmaient que ce lobe frontal est une espèce de terra incognila qui attend son Colomb. Il Le scepticisme de certains physiologistes et neurologistes relativement aux fonctions du lobe frontal n’est pas heureusement fondé. La preuve en est la mmonographieintéressante publiée par le Professeur Bianchi!, qui s'applique non seulement à exposer l’état actuel de nos connais- sances sur la physiologie du lobe frontal, mais, à l’aide de recherches expérimentales et anato- mocliniques, tâche de préciser encore plus la nature de ces fonctions. Je dis de ces fonctions, car, à ,coupsür, le lobe frontal, ce vaste territoire de l’écorce cérébrale, ne remplit pas une seule fonction. ilya plusieurs méthodes pour aborder l'étude de ces fonctions: 1o C’est la méthode expérimentale, la plus anciennement conpue, qui consiste soit dans l'ablation, soit dans l'excitation de ce lobe, chez les différents animaux. 2° La méthode anatomo-clinique, dont Charcot s’est fait le promoteur,consiste,comme on le sait, dans l'analyse minutieuse des troubles nerveux présentés par un sujet etleur comparaison avec les lésions anatomiques et histologiques que l’on constate après la mort. 3 Enfin il yala méthode histologique, par laquelle on étudie les connexions anatomiques du lobe frontal, soit à l'aide de la myélogénie, soit en étudiant la structure et la topographie des éléments nerveux du lobe en question, soit enfin le trajet des fibres dégénérées apres l’abla- tion de ce lobe. C’est surtout la première méthode qui a été mise en œuvre par M. le Prof. Bianchi, sans né- gliger cependant la méthode anatomo-clinique. M. Bianchi a pratiqué ses expériences sur des chiens et sur des chats, mais il a fait, en outre, beaucoup de recherches sur le cerveau des 1. Professeur L. BiaNumr1: La mécanique du cerveau et la fonction des lobes frontaux. Librairie Louis Arnette, Paris, 1921. 606 G. MARINESCO. — SUR LES FONCTIONS DU LOBE FRONTAL . singes, car c’est le seul mammifère sur lequel on puisse le mieux expérimenterou explorerla fonc- tion des lobes frontaux. Les expériences nom- breuses, qui se sont déroulées depuis un quart de siècle sur les’animaux, et les ‘observations cliniques sur les hommes, mettent en évidence que les fonctions corticales sensorielles, aussi bien les perceptions que les réactions simples qui n'impliquent pas un long raisonnement, sont conservées. Aussiil n'estpasétonnant qu'au Con- grès de Médecine interne de Rome (1894), lors- que Bianchi a présenté un des singes auxquels il avait enlevé les lobes frontaux, plusieurs mem- bres du Congrès, en examinant l'animal, nelrou- vérent point, chez lui, les perceptions des sens très altérées. D'ailleurs, la perception sensible est une chose, la conscience du moi, la synthèse psychique enest une autre (Sergi)}. Bianchi ré- pondit à cette objection en faisant remarquer qu’il ne s'agissait pas iei d'une perte de percep- tions élémentaires, mais de perceptions com- plexes, d’un ordre plus élevé, dont les percep- tions élémentaires sontseulement les conditions. Tamburini trouva les faits rapportés par Bianchi en parfait accord avec ceux de l'anatomie pa- thologique de la paralysie progressive des alié- nés et de la démence en général, où l’on cons- tate toujours une « atrophie de la partie la plus antérieure des lobes frontaux » ou région pré- frontale, « dans le cas où la lésion a spécialement retenti sur les facultés de l'attention et de l'as- sociation ». Une Commission fut nommée, composée de Hitzig, Tamburini, Mendel, Pitres, Sciamanna, Sergi, Kurella, Mingazzini, pour exaininer le singe présenté par Bianchi. L’autopsie démontra que la partie antérieure des lobes frontaux avait été largement enlevée. Maïs l'observation psy- chologique du singe ne décela point de change- ment considérable dans la personnalité de l'ani- mal; il avait conservé l’agilité de sesmouvements, la vue, l'audition, ses principaux instincts. Jl fut toutefois reconnu qu'il se trouvait dans un état d’infériorité psychique relativement aux êtres normaux de son espèce, de par l’altération deses perceptions et l’affaiblissement de son discerne- ment, Un examen prolongé aurait peut-être per- mis, "d'ailleurs, — admirent les membres de la Commission, — de découvrir de plus grands désordres, en particulier dans la sphère psychi- que. La Commission n'avait donc confirmé qu’en partie les résultats annoncés touchant les altéra- tions du caractère etde l’habituspsychique de ce singe. Bianchi n’en fut'point surpris, dit-il, car ilavait observé ses singes amputés des lobes rontaux durant des mois et des années, et la Commission n’ayait pu disposer que de quelques heures. Quoi qu’il en soit, Mingazzini ayant de- mandé si, au cours de ses expériences d’ablation des lobes frontaux, ablations dont l'étendue va= ria, Bianchi n'avait pas noté un rapport entre l'étendue des destructionset la nature aussi bien qualitative que quantitative des phénomènes psychiques consécutifs, ce physiologiste répon- dit que chez les singes opérés par lui « les dé- sordres intellectuels avaient toujours été pro- portionnels à l’extension de la lésion des lobes frontaux ».- Les lobes frontaux représentent donc, pour Bianchi, l'organe où se coordonnent finalement: 19 les effets de l’activité des neurones sensoriels ‘et moteurs des différents centres de l'écorce cé- rébrale; 20 les états affectifs, qui accompagnent les différentes perceptions, images, etc., d’où résulte ce que l’ou appelle le « ton psychique » d’un individu. En regard des autres neurones de l'écorce, les neurones des lobes frontaux repré- sentent ainsi des éléments nerveux d’un ordre supérieur. L’extirpation de ces lobes réalise la désagrégation de la personnalité résultante, en abolissanttoule possibilité d’évocation d’ensem- ble des groupes d'images ou représentations dont les éléments sont isolément localisés dans les sphères de la sensibilité, dans les aires nariéto- temporo-occipitales. Avec la ruine de l’organede la synthèse mentale, le fondementmême, la base anatomique et les conditions physiologiques du jugement s’écroulent. L’inquiétude, laconfusion, l'incohérence des mouvements chez les animaux dont les lobes frontaux ont été enlevés, Bianchi les explique en montrant les ondes nerveuses, dues aux impressions actuelles, se perdant en quelque sorte dans les faisceaux d'association mutilés, rompus,dégénérés.La peur, qu'il a con- stamment observée chez ces animaux, est un effet immédiat de « ectte désagrégation, psychi- que », elle indique une perte des sensations de la conscience du moi, de la perception, du juge- ment. Ainsi que l'huiître ferme les valves de sa coquille au passage d’un nuage, le singe pousse des cris devant un semblant d’attitude: hostile du gardien, incapable de deviner sur la physio- nomie de cet homme, l'expression de la bienveil- lance. Et avec la conscience de sa propre force, avec l'appréciation rapide de celle de son adver- saire, il a perdu jusqu'à l'idée d'attaquer ou de se défendre.Il ne fant pas confondre avee « le courage » les « impulsions » qu'on observe chez les‘épileptiques, les aliénés et les idiots. Affec- tion, amitié, reconnaissance, sociabilité, tous ces sentiments sont éteints, en même temps que «l'avidité et l’insatiabilité sans discernement ni G. MARINESCO. — SUR LES FONCTIONS DU LOBE FRONTAL mesure semblent croître ». Bref , il existe « une dissolution de la personnalité psychique », Tous les faits qu'il a observés après l’ablation du lobe préfrontal ne sauraient, Bianchiyinsiste, être rapportés à des lésions de déficit dans la motilité de la tête et des yeux (Ferrier), à une paralysie des muscles du tronc (Munk); à une perte des perceptions simples ou élémentaires. Il s’agit bien d’une désagrégation ou dissolu- tion de la personnalité psychique. Mais les lobes frontaux, qui représentent pour lui l'organe de Ja synthèse physiologique des lois de l’associa- tion, ne seraient pas davantagele centre de l’at- tention ou de l’inhibition. « Les lobes frontaux ne sont pas un centre d'inhibition, comme le professe Ferrier. » Sans doute, il est judicieux de ne pas plus parler d’un centre d'inhibition psychique que d'un cen- tre de l'intelligence localisés dans le lobe frontal. L'intelligence résulte de l’activité de tous les neurones d'association du manteau, dont elle est la somme ou le total, variable et variant, d'ail- leurs, à chaque instant, avec l’état de la nutri- tion de ces neurones. Si elle a son siège dans les grands centres d'association postérieur, anté- rieur et moyen de Flechsig, en tant qu'elle ne peut être que la résurrection des résidus de tou- tes les perceptions sensibles, la résultante de toutes les images nées etprojetées de cespercep- tions, les conditions de sa production sont par- tout dans l'économie, dans les régions corticales et sous-corticales du cerveau comme dans le reste du névraxe. Il n’existe pas davantage, naturellement, de centre d'inhibition psychique ou intellectuelle. L'inhibition est aussi une propriété générale du système nerveuxtoulentier,chaquecentre ou gan- glion, constituant le myélencéphale, étanttour à tour inhibiteur ou inhibé. Bianchi a exprimé en particulier cette idée en 1885, enréfutantlathéo- rie des interférences nerveuses, proposée pour l'interprétation desactions d’arrêt ou d’inhibi- tion. [1 pense qu'il s’agit plutôt d’«un afflux des ondes nerveuses vers une région du cerveau » de nature sensorielle ou motrice, excitée par un stimulus ou par une représentation mentale, d’où résulterait, pour les autres parties du sys- tème nerveux demeurées en dehors de cette aire d’excitation,un état fonctionnel hypoesthésié et inapte à l’accomplissement de leurs fonctions respectives. Chacune des zones corticales du cerveau peut devenir et devient ainsi, à son tour, sous l'influence de la distribution inégale des ondes nerveuses, un centre d’inhibition pourles autres. Si, chez la majorité des hommes, la pen- sée abstraite est accompagnée d’un effet marqué 607 d'inhibition, la cause en est que « les concepts de ce genre résultent d’un nombre extraordinai- rement grand de facteurs psychiques des plus élémentaires, déterminant, dans cette infinité d'éléments nerveux, les mêmes processus molé- culaires qui ont, à l’origine, concouru à la for- mation de ces concepts. La sociabilité a été constamment supprimée par les mutilations frontales. Cette apparence d'amitié et d'amour qui paraît, sous une forme, chez le chien, et sous une autre, chez le singe, n'est chez ces animaux qu’un germe qui devient plante solide chez l’homme civil moderne. Après l’ablation des lobes frontaux, on observe constamment la suppression de l'intérêt et de la curiosité; et comme conséquence l'isolement de la collectivité, l'effacement de la sociabilité, l'indifférence envers le milieu social, la dispari- tion de toute expression d'amitié, d'affection et de cette floraison sentimentale qu'accompagne l'instinct sexuel. Les émotions primitives, les convoitises, les instincts, au contraire,survivent à l’ablation des lobes frontaux. Cette situation expérimentale trouve son équi- valent dans la psychopathologie humaine. S'il est vrai que l’imbécillité et l’idiotie déri- vent du manque de l’évolution des lobes fron- taux et particulièrement des couches pyramida- les (plus que de toute autre partie du cerveau), nous pouvons former un parallèle parfait entre la mentalité du singe mutilé et celle de l’idiot, dans le milieu humain. La timidité, l’insociabi- lité, l’'égoisme, le manque de sentiment d'amitié, l’oisiveté, la fainéantise, les tics, la brutalité de l’instinet sexuel (lorsqu'il existe), voilà les traits les plus caracteristiques de l’idiotie considérée au point de vue de la sentimentalité. La sociabilité est un élément intégrant de l’es- prit et n'existe que lorsque celui-ci fonctionne bien ; elle disparaît entièrement avec la mutila- tion des lobes frontaux et dans presque toutes les maladies mentaleshumaines. Le phénomène que Bianchi a constamment observé, soit chez les sujets mutilés des lobes frontaux, soit chez les imbéciles qu'il a eus en observation pendant de longues années, est le défaut ou le manque total de la sociabilité. III Enfin le dernier chapitre dulivre de M. Bianchi est consacré à la conscience, qui n’est pas une faculté, mais une maniere d’être des processus psychiques dans un cerveau évolué : elle est très variable et très muable. Son siège, dit Bianchi, n'est pas représenté par une partie déterminée du manteau,mais par le cerveau tout entier,peut- 608 G. MARINESCO. — SUR LES FONCTIONS DU LOBE FRONTAL être même par tout l'organisme. Elle évolue avec la vie, d’où elle tire sa source unique; son évo- lution est sans fin et sans limites. Les éléments qui la composent sont: les traces des mouve- ments organiques de l'être, les sensations, les émotions, les notions, les sentiments et les réactions dans les plus différentes formes d’adap- tation. La conscience peut être enfermée dans une très petite sphère de connaissances, mais elle s’étend avec les nouvelles perceptions du milieu physique, dont elle assimile les énergies qui servent à son développement dans le milieu social : elle absorbe les activités sociales et s'in- tensifie par l’accord entre humains. Tous les processus biologiques, chimiques, physiques et mécaniques, contribuent à son développement, car ils représentent le mouve- ment perpétuel de la matière dont les ions se transforment, par l’évolution de la vie, en ondes nerveuses, dès que le système nerveux apparaît. La conscience progresse avec le développement et la complexité des organismes vivants, et par- ticulièrement avec le développement et la com- plexité du système nerveux. La conception du temps ne peut avoir lieu que par des processus perceptifs infiniment nom- breux (dans le temps), et celle de l’espace peut s'effectuer seulement par la somme de petits espaces mesurés avec d'innombrables mouve- ments que fait notre corps en général, nos membres et nos yeux en particulier. La con- science du »motdansletemps etdansl’espacen’est qu'un instant renfermée dans un espace déter-" miné. Elle est susceptible d'analyse lorsque,dans son point focal, elle rappelle tous les temps qui se sont succédé, en association avec les points de repère de la vie individuelle, qui inté- ressent le moi. Il est impossible que tous les temps et tous les espaces soient représentés indi- viduellement dans le même instant; mais la conscience ale pouvoir d'évoquer tous les temps et tous les espaces infiniment variés, et de les faire passer par son point focal, fixés comme dans un film. Tout ce qui n’est pas représenté dans le point focal et dans l’unité de temps est le sub- conscient ; et c’est là la partie de l'intelligence la plus grande, en comparaison du champilluminé. M. Bianchi, après avoir écrit de si belles phra- ‘ses sur la conscience, émet quelques hypothèses sur la localisation etles formes de ce phénomène, qui ne sont pas du tout de nature à éclairer ce problème si obscur de la conscience. Voici comme s'exprime à cet égard M. le Pro- fesseur Bianchi : « S'il nous répugne de reconnaître le phéno- mène conscience dans ces actes psychiques déri-! vant des mécanismes nerveux simples et presque immuables {(quoiqu'ils soient bien adaptés et empruntant les apparences de la raison), nous pourrions nous entendre avec l'hypothèse de deux consciences : l’une primaire qui se confond avec le psychisme, l’autre qu’on peut définir « conscience supérieure », dont l'aube coïncide avec les images fournies par la mémoire de l’expé- rience passée. « Les réactions quisont le résultat des poussées .impulsives et des contrastes inhibilifs (comme celles que nous remarquons même chez les Mammifères supérieurs) nous autorisent à par- ler d’une aube de la conscience supérieure. Ces réactions coïncident avec l'apparition des lobes frontaux dans l’évolution du cerveau. Toutes les observations qu’on a recueillies et les expérien- ces qu’on a faites concourent, en pleine harmo- nie, à établir la conviction que le développe- ment progressif du cerveau postérieur ne suflit pas aux manifestations de la conscience supé- rieure. Mais la présence et la collaboration d’un autre organe cérébral récemment développé, qui résume, qui fond, qui transforme et règle l’im= mense patrimoine mental préparé par le cerveau postérieur, paraissent évidentes. Cet organe est le lobe frontal. « L'apparition de la conscience supérieure coïn- cide soit avec l'intégration des complexes psy- chiques précédemment formés, grâce aux ima- ges d’une formation nouvelle, soit avec le conflit entre le pouvoir dynamogénique des sensations et des idées, et le pouvoir d'arrêt exercé par d’autres images-souvenirs. Le déve- loppementdu pouvoir inhibiteur dans le domaine psychique coincidé avec: l'apparition du lobe frontal, qui modère les activités intrinsèques, impulsives ou réflexes. » En tout cas nous croyons,avec Cajal, que loca- liser l’activité intellectuelle, la volonté, la con- science du moi dans des sphères corticales distinctes, est une chimère. Les opérations intellectuelles ne peuvent pas être considérées |, comme le produit d'un centre privilégié, mais le résultat de l’action combinée d'un grand nombre de sphères mnémoniques da premier et du second ordre. D'ailleurs l’ablation d'un lobe frontal met hors de fonction les centres d'association avec les- quels il est en rapport, ear après la destruction des fibres d’associationaveclesquelles se trouvent en relation leurs centres, ceux-ci finissent par s’atrophier et disparaître. ! En d’autres mots, il y a une interdépendance des fonctions du lobe frontal et des centres qui lui sont associés. rome mmntis bé es G. MARINESCO. — SUR LES FONCTIONS DU LOBE FRONTAL IV Avant de finir nos remarques sur les fonctions du lobe frontal, nous tenons à mettre en évi- dence certains faits qui ont été déjà signalés par Shepherd et par M. Bianchi, mais auxquels ces auteurs n'ont pas accordé l'importance qu’ils méritent : Il s’agit de troubles d'orientation après l’abla- tion du lobe frontal. Shepherd a utilisé la méthode de Thorndike !. Il s'agit d’éduquer l'animal d’expérience à de nouvelles associations, d’en examiner les facul- tés mentales après la mutilation des lobes fron- taux. Après l’extirpation des lobes frontaux, les chats avaient perdu le souvenir de tout ce qu'ils avaient appris au food-box, faisant des erreurs en cherchant les caisses contenant leur nourri- ture. Dans une expérience d’ablation du lobe fron- tal, M. Bianchi constate que, si on laisse le chien seul dans un vastejardin,l’animal ne peut retrou- ver son chenil, mais erre au hasard et ne suit plus la piste de l’homme. F Dans sa 9° expérience pratiquée sur le singe (cébus), M. Biançchi remarque que l'animal se comporte comme s’il n'avait pas de direction; quelquefois il heurte des obstacles, tels qu'un pot de fleurs. La même constatation pour un autre singe (X° expérience de M. Bianchi). Le singe, après la mutilation du lobe frontal gauche, erre dans la chambre comme désorienté. Dans la XIII: expérience pratiquée égale- ment sur un singe, quelque temps après l’abla- tion du lobe frontal, l'animal erre dans la cham- bre comme désorienté, s’y déplaçant sans but et sans objectif, étant aussi indifférent que déso- rienté. Ces troubles de désorientation sont notés par M. Bianchi chez d’autres singes en cas de des- traction du lobe frontal. Les troubles d'orientation dans l’espace, après la mutilation expérimentale du lobe frontal,sont à rapprocher de certains phénomènes constatés chez l’homme, tout récemment, par MM. Pierre Marie et Béhague et par M.van Woerkom. A la suite de plusieurs observations sur les malades ayant subi des lésions profondes de la région préfrontale, MM. Pierre Marie et Béhague ont constaté un syndrome clinique tout spécial, Celui-ci serait caractérisé par la présence des troubles de l'orientation dans l’espace, en l’ab- sence de tout signe objectif de lésions du sys- 1. Animal intelligence and food boxes, et un article publié dans « American Journ. of Phystology», aoû t1902. REVUE GÉNÉRAL DES SCIENCES. 609 tème nerveux ou vestibulaire. Ces troubles por- tent uniquement sur le sens de la direction, car ces auteurs n'ont jamais remarqué des perturba- tions dans la notion du temps. L'observation suivante montre, mieux que toute description, les troubles que présentent ce genre de blessés. «.…. Le malade n’ose quitter sa salle « de peur de se perdre »; en effet, s’il descend pour se pro- mener dans la cour, il lui est impossible de re- trouver son dortoir, dontlenometla situation lui sont parfaitement connus. Pour sy rendre, il ne sait jamais s’il doit tourner à gauche ou à droite ; force lui est de demanderassistance à un camarade pour le conduire jusqu’au lit. « Comme sa mémoire est fidèle, il use de sub- terfuges les plusdivers ; c’est ainsi qu’il crayonne l’angle des murs : qu’à l'étage où se trouve l’en- trée de la salle, il écrit : « tourner à gauche et ensuite tout droit ». Vient-on à remarquer ce manège et à effacer derrière lui ses repères, le malade est perdu, il erre lamentablement de cour en cour, d'escalier en escalier, et s’il ne reconnait en passant, par hasard, la porte de sa salle, il estobligé de recourir à l’obligeance d’un camarade pour la lui indiquer. S’il est surpris par la nuït, alors les troubles sont bien plus con- ‘sidérables encore ; il est absolument incapable de reconnaitre la direction qu'il prend et ce n’est que lorsqu'il a gravé dans sa mémoire tous les petits détails rencontrés sur son chemin qu'il peut refaire celui-ci sans hésitation apparente, quoique toujours, dit-il, « avant de quitter un point de repère, il me faut voir le suivant ». De son côté van Woerkom, presque en même temps que Pierre Marie, a poursuivi des investi- gations psychologiques pendant un an sur une personne atteinte d’aphasie de Broca en voie de restitution. Ce malade reconnaissait les formes etles objets dont il faisait un usage adéquat, mais il avait perdu toute faculté de projection; même avec une ligne devant lui il n'est pas ca- pable d'évoquer sa direction, d'imaginer le prin- cipe du mouvement dans le cadre spatial donné. Ainsiil n’est pas en état de se tracer les direc- tions principales d’orientation (côté droit, côté gauche, en haut, en bas) et de mettre un bâton parallèlement à un autre. On pourrait parler d'une perte du sens géométrique. Le trouble spatial concerne également son propre corps — car il ne sait projeter les sensa- tions dont il a reconnu la place même. Il importe de remarquer que chez le malade de van Woerkom la notion du temps et la notion du nombre étaient également altérées. La sphère perceptive del'intelligence est à peu près intacte, il. n'y a ni cécité psychique (verbale), 2 610 niagnosie tactile, ni surdité verbale, et l’auteur admet qu'il s’agit d’une lésion du lobe frontal, particulièrement du côté gauche. Les observations cliniques de P. Marie et de van Woerkom prouvent à notre avis que si les lobes frontaux, conformément à l’opinion de M. Bianchi, ne sont qu’une sorte de vaste syn- : thèse organique des matériaux qu'apportent à ces centres toutes les aires fonctionnellement différenciées de l’écorce cérébrale, avec lesquel- les ils sont en connexion anatomique, au point de vue fonctionnel et histologique, ils représen- tent, d'autre part, des organes complexes dans lesquels on pourra, à l'avenir, distinguer des fonc- tions plus élémentaires. Les recherches histo- logiques de Brodmann !, les nôtres ? et celles de REA LE re ae EIRE AS EE Pt Ne 1. K. Bropmanx : Vergl. Localisationslehre der Grosshirn- rinde. Leipzig, 1909. 2. Maninesco : Recherches sur la cytoarchitectonie de l’écorce cérébrale, Rev.gén. des Sciences, t. XXI, 1910. W. KOPACZEWSKI. — LA CHIMIE ET L'ÉTAT COLLOÏDAL Vogt! ont démontré avec la dernière évidence que le lobe frontal n’a pas une structure homo- gène. On peut en effet y distinguer au moinsune douzaine d’aires corticales différentes. au point de vue de la forme et de la topographie des cel- lules. La, fibrotectonique a permis à Vogt de distinguer 60 territoires corticaux dans le lobe frontal. Aussi la méthode expérimentale combinée avec la méthodeanatomopathologique pourront, dans un avenir plus ou moins éloigné, préciser d’une façon plus exacte les localisations fonc- tionnelles dans cet organe. G. Marinesco, Professeur à l'Université de Bucarest. 1. O. Vocr: Die myeloarchiteckt. Felderung des menschl. Stirnhirns. Journ. f. Psych.,page 221, 1910, et Revue neuro- logique, n°7, 1910. LA CHIMIE ET L'ÉTAT COLLOÏDAL A PROPOS D'UN LIVRE RÉCENT DE J. LŒB! j Dès le début des études sur l’état colloïdal, on fut enclin à considérer les réactions survenant entre les colloïdes et les substances étrangères comme étant régies par les lois de la Chimie, tout en admettant les propriétés toutes particulières et nouvelles qui caractérisent cet état de la matière. De cette conception vient l’expression de « Chimie colloïdale ». Elle est conservée encore par certains auteurs, à cette époque où la Physique, empiétant sur la Chimie, a permis d'approfondir la nature des réactions chimi- ques et d'appliquer. des méthodes exactes, à l’époque où une science nouvelle particulière- ment intéressante et importante — la Chimie physique — marque des progrès de plus en plus retentissants. Ainsi s'explique la naissance de travaux innombrables, ayant pour but de fixer les cons- tantes physiques et la composition chimique des colloïdes. Tous ces travaux sont aujourd’hui périmés, car ils n’ont abouti à aucun résultat concordant. Pour illustrer cette affirmation, il suffit de rap- peler la somme de travail consacrée à la fixation du poids moléculaire des colloïdes. En considé- rant les chiffres obtenus, tellement discordants que, suivant les auteurs et les préparations, ils 1. J. Lœs : Proteins and the theory of colloidal behavior. Me Graw Hill Cy, Londres, 1922. varient du simple au centuple (glycogène 1.600 à 200.000), on est arrivé à la conclusion que les méthodes employées en Chimie pour fixer les poids moléculaires n’ont aucune valeur dans leur application aux colloïdes. On peut en dire à peu près autant en ce qui concerne la pression osmotique des colloïdes. Et, malgré tout, on assiste de temps à autre à des tentatives de subordonner les réactions col- loïdales et les propriétés des colloïdes unique- ment'à des lois de la Chimie générale. Depuis 1900, van Bemmelen, Linder etPicton, Jordis, J. Duclaux, etc., se sont efforcés de nous communiquer la conviction que la micelle col- loïdale est ionisée et que toutes les réactions ayant lieu entre la micelle et les substances agis- santes sont des réactions chimiques classiques. J. Duclaux a récemment consacré à cette idée un volume qui, sous l'apparence d'un ouvrage didactique, n’est en réalité qu’une monographie sur lathéorie chimique des colloïdes ‘. Les idées de ces auteurs n’ont pas trouvé un accueil favo- rable parmi les savants spécialistes et n’ont été que peu attentivement examinées. Ceci à tort, “car, parmi leurs déductions, quelques-unes sont dignes d’être connues; puis, une analyse serrée 5 5 ; permet toujours de se prémunir contre les pro- 1. J. Ducraux: Les Colloïides. Paris, 1920, Gauthier- Villars et Cie, 288 pages in-16 (28 édition, 1922). , W. KOPACZEWSKI. — LA CHIMIE ET L'ÉTAT COLLOÏDAL 611 messes fallacieuses de certaines méthodes répu- tées rigoureuses et de réduire à leurs justes pro- portions de nombreuses théories à l'aspect convaincant. Tout récemment deux savants ont apporté, en faveur de la théorie chimique des colloïdes, une contribution qu'il faut examiner bien attentivement : Sorensen et Lœb. Pour avoir une idée nette sur la portée de leurs expé- riences, commençons par résumer les concep- tions précédentes. * J. Duclaux, en partant de l'existence de diffé- rences entre les électrolytes, suppose également : la diversité des colloïdes. Après s'être élevé, en termes très énergiques, contre les auteurs qui considèrent la grandeur des micelles comme le caractère essentiel de l’état colloïdal et qui font intervenir, dans les réactions entreles colloïdes, le rôle de la tension superficielle et de l’électri- sation par contact (Zsigmondy, Perrin, Smolu- chowski, Einstein),J. Duclaux fait observer, sans en donner des preuves irréfutables, que les col- loïdes possédant des micelles de la même gran- deur, tels que l’or colloïdal, l'albumine et l’hy- droxyde de fer, n'ont point lesmêmes propriétés physiques et chimiques ; il en déduit que la constitution de la micelle doit être, dans ces cas, différente. $ Pour étudier la constitution dela micelle col- loïdale, les partisans de la conception chimique s'adressaient à justetitre, non à des colloïdes naturels, organiques, dont la composition est absolument inconnue, et par conséquent l’étude fort difficile, mais à des colloïdes de synthèse. En étudiant la formation du sulfure d’arsenic colloïdal, et surtout celle du ferrocyanure de cuivre et de l’hydroxyde de fer, ils sont arrivés à la conclusion, fondée sur des résultats analyti- ques, que les réactions ne se passent point comme on l’a supposé jusqu'ici. Ainsi, pour avoir une précipitation totale, il ne faut point 2 molécules de CuSO“ pour 1 molé- cule de K'Fe{CN)5, mais seulement 1,7 ; le pré- cipité formé contient à la fois 1 molécule Cu?Fe (EN)S + 0,18 K‘Fe{(CN})f; de plus, le fer de ce, mélange est dissimulé aux réactifs chimiques habituels. Dans le cas du sulfure d’arsenic, le précipité contient du soufre. Des expériences de Linder et Picton (As°S?\ et de J. Duclaux (Cu?Fe(CN5) on a tiré les conclu- sions queles mélanges ainsi formés ne peuvent pas constituer des sels complexes, puisque les éléments y sont dissimulés, et qu’ilne s’agit point d’un entrainement mécanique, puisque, dans le cas d’As?S3, non seulement le soufre, mais aussi l'hydrogène nécessaire pour saturer les deux valences du soufre, fixés surle précipité formé, ne se trahissent pas dans le colloïde obtenu par l’odeur de l'hydrogène sulfuré ! En dehors de la dernière raison, qui est pour nous fort peu convaincante, il ne faut pas oublier que, dans les réactions de précipitation des sels métalliques par H?S, il y a toujours formation de soufre grâce aux phénomènes d’oxydation, connus de’tout chimiste analyste; ce soufre n’est évidemment pas ionisé, d’où la non- saturation de ses deux valences libres par l’hy- drogène ; done, nous assistons toutau plus, dans le cas de la formation de sulfure d'arsenic col- loïdal, à une fixation (employons ce terme pour le moment) du soufre. En ce qui concerne la présence d’éléments étrangers dans les autres colloïdes étudiés, il faut souligner que le chlorure de fer fixé sur la micelle de l'hydroxyde de fer peut être presque complètementenlevé par la dialyse. Fina- lement, les quantités du produit de la réaction fixées sur la micelle colloïdale varient d’un casà l’autre, suivantles conditions d’expérience.Nous sommes loin de considérer la conclusion des défenseurs de la conception chimique comme justifiée, — rien ne les autorise, ainsi que nous l'avons vu, à dire qu'au moment de la naissance d'un colloïde, les particules de celui-ei se combi- nent chimiquement avec les substances du milieu de la réaction. Le seul fait démontré est que la particule d’un colloïde contient sou- vent des substances étrangères, des impuretés ; mais théoriquement rien nes’oppose à ce qu'on disperse un métal par des moyens purement mécaniques, sans intervention secondaires; plusieurs de substances colloïides, J. Duclaux semble l’ignorer, ont été préparés de cette façon. Donc, à moins d’admettre la formation des oxydes métalliques aux dépens de l’oxygène de l'air, ce qui constituerait le fond de tiroir d’une argumentation scientifique, la présence d’un élément étranger dans un colloïde n’est pas théoriquement nécessaire. Les partisans de l'hypothèse chimique, en laissant de côté ce fait capital, se demandent alors quel rôle il faut attribuer à l’impureté tou- jours présente dans les colloïdes. « Il y a deux manières de traiter cette impu- reté. On peut la négliger, pensant qu’elle ne joue aucun rôle. Ou bien, on peut penser que cette soi-disant impureté joue en réalité un rôle essen- tiel ; elle est la seule partie active du colloïde, le reste n’est qu'un amas de molécules inertes » (p- 88). T'ertia non datur. Et voici les preuves accumulées. 612 Tout d'abord, comme première preuve, voici le phénomène de la coagulation (dans le sens de gélification) des colloïdes, et notamment l'exemple étudié par Graham (silice) et par Duclaux (hydroxyde de fer). On peut constater qu’en dialysant les colloïdes, on élimine l’im- pureté fixée, mais qu'en même temps les micelles grossissent, le colloïde devient de plus en plus facilement coagulable par les électrolytes et Les transformations subies par lui sous d'influence des agents physiques (température) deviennent irréversibles. .Remarquons que les faits signalés ne sont pas généraux : la dialyse ne labilise pas toujours les colloïdes ; ainsi les colloïdes obtenus par voie électrique sont parfaitement résistants à la dia- lyse; bien mieux, la présence d’électrolytes les labilise. De plus, si la présence des électrolytes est parfois nécessaire pour la stabilité, pour l’exis- tence même d’un colloïde, elle n'implique jamais la nécessité d’un électrolyte déterminé, spécifi- que ; et, dans cet ordre d'idées, l'importance du signe électrique des électrolytes stabilisants n’est pas niée par Duclaux lui-même. Finale- ment les recherchesrécentes de Sorensen, Læb, etc., ont mis en évidence qu’à leur pointisoélec- trique, certains colloïdes possèdent les proprié- tés physiques les plus faibles, et que leur stabi- litéest alors très peu solide. On ne peut des faits relatés tireruneautre conclusion quela suivante : Parfois, quelques colloïdes nécessitent la présence d’un électrolyte pour assurer leur stabilité. En se basant sur les recherches de Linder et Picton, de Nicolardot et de Béchamp, J. Duclaux constate que l'impureté fixée sur le colloïde quitte celui-ci après la coagulation et y est rem- placée par la substance coagulante «en quantité équivalente ». élargit ces expériences, en étu- diant la coagulation de l'hydroxyde defer,ettire la conclusion, en généralisant ces trois cas, que la coagulation est une réaction chimique entre l’impureté fixée sur le colloïde et la substance coagulante. J. Duclaux force ici les faits d’une façon exa- gérée. Tout d'abord, la méthode expérimentale employée par l’auteur permet-elle des conclu- sions strictes ? Aucunement! Quelle est cette méthode ? On analyse quantitativement un col- loïde; on le soumet à l’ultrafiltration ; on analyse le liquide qui en résulte. Or, ce liquide est loin de représenter le liquide intermicellaire, car les phénomènes d'absorption par la membrane jouent dans l’ultrafiltration un rôle indubitable. Puis, on coagule le colloïde et on refait les ana- lyses précédentes. Il est permis de douter que W. KOPACZEWSKI. — LA CHIMIE ET.L'ÉTAT COLLOÏDAL ces analyses aient une valeur; car, tout d’abord, même si l’auteur a ultrafiltré 1 litre d’un hy- droxyde de fer gélifié, il opérait avec des quantités portantsur des centigrammes des corps analy- sés (1 mol Fe?CI5 + 70 mol Fe*O* à 5 % environ); de plus, l’ultrafiltration d’un gelest une opéra- tion quantitativement bien fragile. Et, même en supposant l'exactitude des chif- fres obtenus, nous serions en présence d’une réaction chimique bien bizarre. En effet,on peut coaguler les colloïdes, d’après Duclaux lui- même, par n'importe quel électrolyte ou même par les non-électrolytes ; dans le colloïde coa- culé, on peut de nouveau remplacer la substance coagulante première par d’autres; ainsi, d'après Linder et Picton, si on a floculé le sulfure d’ar- senic par un sel de Ba, on peut le remplacer dans le floculé formé par un sel de Ca; bien mieux {pour éloigner l’idée du rôle éventuel de la va- lence dans ces remplacements), si un sol de notre colloïde a été floculé par l’ion Co, on peut le remplacer par Ca; s’il l’était par un sel de calcium, on peut lui substituer un ion cobal- tique. « Dans tous les cas, dit Duclaux, {/ est remar- quable que les molécules As?S* n'interviennent absolument en rien » (p. 98); puis, en se contre- disant (p. 33), il considère que la coagulation des colloïdes «nous éloigne évidemment beaucoup des cristalloïdes, et ressemble aussi peu que pos- sible à des réactions chimiques comme nous en obserperions avec les solutions véritables: car, ict, nous n'aurions que ces précipitations spécifiques sur l'existence desquelles est fondée la Chimie analytique ». Nous sommes entièrement de cet avis, mais nous ne pouvons pas suivre J. Duclaux lorsqu'il considère la coagulation comme une réaction chimique et nous ne croyons pas que les for- mules proposées par cet auteur (2As?S%,xH), afin d'illustrer la réaction de la coagulation colloi- dale, puissent être adoptées parunseulchimiste. Toutefois, il faut ajouter que l’auteur cite d’autres arguments en faveur de la conception de la micelle colloïdale comme corps ionisé : ce sont les expériences sur la charge électrique des colloïdes, leur conductivité propre et leur pres- sion osmotique. À tout cela, il est très aisé de répondre. Ainsi, la charge des colloïdes peut provenir d’autres causes que l'ionisation de la micelle — et le fait que les suspensions en ont une, que l’eau se déplace sous l'influence du courant, lorsqu'elle traverse des tubes capillai- res en est la preuve — ; le phénomène d’électri- sation par contact, nié par J. Duclaux, n’est nié par personne. W. KOPACZEWSKI. — LA CHIMIE ET L'ÉTAT COLLOÏDAL 613 Quant à la conductivité propre des micelles, elle est bien précaire : elle estdel’ordre de 10-6et elle est calculée par soustraction de la conduc- tivité du colloïde et du liquide obtenu par l'ul- trafiltration, comme si la membrane de collo- dion restait en simple spectateur dans cette ultrafiltration ! L'auteur considère cette techni- que comme « une technique serrée », mais il est lui-même d'avis qu'elle n'a abouti qu’à un résul-: tat qui « n'est pas absolument rigoureux » (p.109).Quant à la méthode employée par J. Du- claux pour fixer la pression osmotique propre des colloïdes, la négligence de la pression hy- drostatique, l'emploi, comme liquide externe,du liquide obtenu par l’ultrafiltration, ainsi que la perte de vue d’autres causes d’erreur. telles que l'inégalité de la perméabilité de deux sacs de collodion, malgré toute l’identitédes conditions d’expérimentation, la faiblesse de la pression observée (centimètres), la variation de cette pression d’un échantillon à l’autre du colloïde {(p. 208) : tout cecienlève toute valeur rigoureuse à ces déterminations; et on ne peut se contenter d’à peu près dans des recherches d’une portée théorique aussi considérable. En résumé, un examen serré nous conduit à la conclusion que si, dans certains cas, la présence des électrolytes semble nécessaire à l'existence d’un colloïde, ces électrolytes ne sont point chi- miquement combinés avec les colloïdes ; la mi- celle colloïdale n’est point ionisée, n’est pas un réactif chimique ordinaire ; les réactions micel- laires ne sont pas du tout des réactions chimi- ques. Et toutes les contradictions, tous les re- cours à des hypothèses invraisemblables, — qui résultent de la conception chimique et quil n’est pas nécessaire, pour le sujet qui nous in- téresse, de souligner ici, — sont admirablement aplanies et rendues superflues lorsqu'on consi- dère la micelle colloïdale comme un composé d'adsorption. J. Duclaux conçoit bien clairement l’état col- loïdalentre l’état de dispersion mécanique (sus- pensions) et l’état de dispersion moléculaire (so- lutions); et, bien justement, fait combler le passage entre les colloïdes et les électrolytes par les Sels complexes dont leiype estreprésenté par les sels phospho-molybdiques et, ajoutons,lutéo- cobaltiques, chloro-tungstiques, etc. Il trouve un mot bien juste dans la querelle au sujet dela nature des phénomènes d’adsorption,en les con- sidérant comme « réalisant le passage entre les phénomènes physiquest chimiques» (p.156), et, pourtant, il propose d’avoirrecours à la conception paradoxale d'une micelle ionisée, composée d’un amas moléculaire inerte, donnant lieu à tous les caractères fondamentaux de l’état colloïdal (dif- fusibilité, dialysabilité, structure ultramicro- scopique, mouvement brownien) et ne jouant aucun rôle dans les réactions colloïdales, ce rôle étant exclusivement attribué à des ions sur- ajoutés, chimiquement combinés. Ainsi, les travaux des partisans de la concep- tion chimique ont été loin de démontrer que les phénomènes colloïdaux sont soumis à des lois de Chimie pure. Mais nous sommes aujourd’hui en présence d’une tentative nouvelle de subor- douner l’état colloïdal à des lois de Chimie générale, tentative basée sur des conceptions entièrement nouvelles. IlLs’agit des travaux du chimiste danois Sorensen parus en 1917, et du biologiste américain J. Lœb, basés sur les pré- cédents, poursuivis depuis 1919. * x * S. P. L. Sürensen ! s’est attaché à apporter un maximum de précision dans les recherches con- cernant les colloïdes organiques et il y a plei- nement réussi. Ces précisions, absolument nécessaires pour permettre des conclusions rigoureuses, ont été envisagées tout d’abord en ce qui concerne la pureté des produits, et la méthode expérimentale ensuite. À ce sujet au- cune objection n’est plus possible: le produit était pur, cristallisé; la méthode expérimentale — celle de la mesure de la concentration ioni- que et, avant tout, celle de la mesure de la pres- sion osmotique — irréprochable. Voyons les conclusions de cet auteur. Nous n'y apercevrons aucune unilatéralité, aucune exagération, mais la simple et logique constatation des faits. Quels sont ces faits ? Tout d’abord, le produit obtenu par Sérensen — albumine d'œuf de poule, cristallisée en pré- _ sence de sulfate d’ammoniaque — « contient toujours du sulfate d’ammoniaque en quantité assez abondante » (p. 597); la dialyse ne peut. enlever la totalité de ce sel et il en reste toujours environ 1% (p.599); « ce qui pis est, les deux composants de ce sel, l'ammoniaque et l'acide sulfurique, ne restent pas en quantités équiva- lentes» (p. 600); on peut éliminer totalement seulement l’un d'eux (p. 600). En ce qui concerne les propriétés physiques de ce colloïde, le fait capital signalé par Sôren- sen est l'importance de la concentration des ions H+, et notamment du point isoélectrique ; puis la constance de ses propriétés, constance quan- 1.S. P. L. Sorexsex : Conférence à la Société chimique de France, 13 mai 1921. Bull. Soc. chim. 1921, t. XXIX, p- 293. 614 titative, observée avec des produits d'origines différentes, d'âges différents, ete., mais à la con- dition expresse d'opérer en présence d’une concentration ionique et d'une teneur en sulfate d’ammoniaque déterminées. Ainsi, la pression osmotique est toujours identique (46,8 cm. d'H?20) pour tous les produits, à la condition d'opé- rer à la concentration d’une part, en sulfate d'ammoniaque de 15,6 % d’équivalent-gramme d'azote par litre, et d’autre part, en ions H+ de 13,0 X 10—$. Certains auteurs seront enclins à voir ici la preuve de la constance rigoureuse'de la compo- sition des colloïdes, au lieu de ce rue pa dé- concertant. Mais il est facile, en réfléchissant bien, de découvrir dans un raisonnement pareil la faute de déduction suivante : dans les faits signa- lés par Sôrensen, il ne s’agit pas d’une constance rigoureuse des propriétés d'un colloïde, mais de la constance de ces propriétés dans certaines conditions. La faute syllogique est flagrante. Et personne n'’établira une analogie entre les propriétés physiques d’un sel quelconque, telle la solubilité, toujours constante, malgré la pré- sence d’une substance étrangère, et la solubilité du colloïde étudié par Sôrensen, où une paria- tion de 7% en sulfate d'ammoniaque diminue sa solubilité quinze fois. La constance de composi- tion d’un colloïde, son individualité chimique seront démontrées,lorsque lescolloïdes d’origine diverse, d'âge différent, etc., posséderont la même solubilité, la même pression osmotique, la même concentration en ions HANetc/"tout comme les substances organiques — alcaloïdes ou glucosides,pourchoisir les plus compliquées, — retirées de plantes variées accusent des carac- tères identiques. ; ën dehors de cette conclusion'd’ordre général, les travaux de Sôrensen ne permettent pas de trancher la question de savoir si les colloïdes possèdent une pression osmotique propre. En effet, étant donné qu'un hydrosol d'albumine cristallisée contient jusqu’à 1 % de sulfate d'am- moniaque, on ne sait pas si la pression osmoti- ‘que notée ne provient pas précisément de cet électrolyte. En résumé, les recherches de Sôrensen dé- montrent une fois de plus que parfors ël est im- possible de débarrasser certains colloïdes des ions étrangers, mais que ces ions sont fixés sur la mi- celle colloïdale en quantités non équivalentes et, ce qui pis est, qu'on peut se débarrasser d'un de ces ions, qui peut être arbitrairement choisi. De plus, et pour la première fois, Sôrensen fixe l’im- portance du point isoélectrique dans l'étude des propriétés des colloïdes. W. KOPACZEWSKI. — LA CHIMIE ET L'ÉTAT COLLOÏDAL La conclusion propre de Sôrensen ? La voilà : « J’admets bien volontiers que (pour les solu- tions... étudiées) #7 y ait possibilité qu'il appa- raisse des phénomènes d'ordre purement physique, dont il faudra chercher l'explication dans la nature colloïdale de la solution étudiée » (p.594). % * % Examinons les travaux de J. Loeb !, qui sem- blent apporter des arguments nouveaux en fa- veur de la conception chimique. Les recherches de J. Loeb concernent les pro- priétés colloïdales des protéines, et notamment de l'albumine cristallisée, de la caséine, ainsi que de la gélatine. On voit par là que la voie suivie par le biologiste américain est inverse de celle de Linder et Picton, Jordis, ete., et, tout de suite, une première objection se dresse dans notre esprit : peut-on, en se basant sur les recherches avec des substances indéterminées, variant d’un échantillon à l'autre, tirer des con- clusions bien nettes ? C’est peu probable et les points obscurs, impossibles à expliquer — telles entre autres les variations de la pression osmotique de la gélatine malgréla même concen- tration en H+ et dans les mêmes conditions d’expérimentation (p.235), — en sont des preuves évidentes. L'importance de la pureté d’un col- loïde, qui n’a pas échappé à Sôrensen et autres, a été laissée de côté par J. Loeb. Mais suivons pas à pas les déductions de l’au- teur. Il veut démontrer tout d’abord que la gela- tine pulvérisée, \’'albumine cristalliséeet la caséine en solutions ne fixent ni des anions, ni des cathions au point isoëlectrique (pH = 4,1); par contre, au-dessus de cette concentration, seuls les cathions, et au-dessous d'elle seuls les anions peuvent être fixés. Cette fixation suit la loi de valence. Le fait, tel que nous l’énonçons, ne présente rien ‘de nouveau : depuis les travaux de Hardy, Hofmeister, Pauli, Michaelis et bien d’autres, on sait qu’au point neutre, la gélatine et les pro- téines sont amphotères, réagissent peu et sont le plus instables. Sürensen, Michaelis ont intro- duit, à la place de la notion vague de neutralité, le terme strict du point « isoélectrique ». En ap- pliquant ces notions à l’étude systématique des trois substances précitées, Loeb est arrivé à cor- riger bien des faits qui passaient pour exacts (rangées de Hofmeister, etc.). Mais, de ces expé- riences, Loeb tire la conclusion que la fixation 1. J. LosB : Ouvrage cité. Voir également l’article de cet auteur : « La chimie des protéines et des colloïdes », dans la Revue gén. des Sciences du 15 avril 1921, t. XXXII, p. 497 et suiv. matin W. KOPACZEWSKI. — LA CHIMIE ET L'ÉTAT COLLOÏDAL des substances étrangères suit la loi de valence et aussi toutes les lois stæœchiométriques. Plusieurs restrictions sont apportées à cette généralisation, par J. Loeb lui-même, au cours: de son exposé. Tout d’abord, certains acides possèdent une action particulière, acide acétique par exemple (p- 59); l’action des bases ne se traduit tout d’a- bord par aucune différence entre les ions mono- et polyvalents, et cette différence apparait à par- tir d’une concentration pH —8,5 à9,0(p. 60 et 61). Ainsi, le rôle de la valence n’est pas général et une spécificité d’un ordre différent està envisager. De plus, on s'étonne de voir J. Loeb tenter de subordonner les faits précités à la loi des pro- portions équimoléculaires! Il cite lui-même trois déterminations bien divergentes du poids mo- léculaire de la gélatine (768, Procter et Wilson ; 839, Wintgen et Krueger: et 11.800, Dakin) et choisit celle qui s’accorde le mieux avec ses con- ceptions; pour plus de sûreté, il y ajoute.les expériences de filtration qui sont bien loin d’être quantitatives, comme méthode surtout et aussi comme résultat, et considère que « les quantités combinées des acides et des bases, des protéines, sontidentiques à celles qui se combinent avec les cristalloïdes. Ou, en d'autres termes, les forces sont purement chimiques... la valence » (p. 63). Etant données les restrictions et les exceptions signalées, nous croyons que cette conclusion n’est pas autorisée et que la seule possible, en dehors d’objections techniques sur lesquelles nous reviendrons, est la suivante : Les quantités des acides et des bases, fixées sur les protéines étudiées, dependent de la concentra- tion en ions H+ et semblent être influencées par la valence de leurs ions. Poursuivons : Au point isoélectrique, non seulement la réacti- vité des colloïdes étudiés, mais aussi toutes leurs propriétés physiques telles que la viscosité, la pres- sionosmotique, le sonflement, la charge electrique et la labilisation par les sels neutres, aïnsi que leur stabilité, sont les moins accuseées. Cette affirmation est passible de deux ordres d’objections. Tout d’abord, d’objections detech- nique. Nous n’avons pas souligné encore que les substances utilisées par J. Loeb n’ont pas été purifiées et complètement débarrassées d’élec- trolytes ; on y arrive; cependant, et, pour la gélatine parexemple, les recherches de Ch.Dhéré permettent de la purifier de telle sorte que sa conductivité électrique est dérisoire. Du reste, Miss Field et C. R. Smith ont, tout récemment, décrit une méthode très simple pour débar- avec 615 rasser complètement d’électrolytes les protéines. Cette présence d’électrolytes n’était pas, du reste, de grande importance dans les expériences pré- cédentes. Il n’en est pas de même en ce qui con- cerne les mesures de la pression osmotique, de la charge électrique et de la floculation, où la présence de ces substances peut singulièrement changer les résultats expérimentaux. L’objection suivante concerne la technique expérimentale : J. Loeb se base, à de très rares exceptions près, sur des expériences portant sur des concentrations voisines du point isoélectri- que. Or, les courbes, tracées par lui-même, in- vitent impérieusement, par leurs formes, à Ja continuation de ces recherches, et semblent pré- dire que certaines conclusions de l’auteur sont tout au moins prématurées. Finalement, en dernier lieu, la méthode expé- rimentale de J. Loeb est parfois bien rudimen- taire; à côté d’une méthode exacte, physique, la mesure de la concentration en ions II, l’au- teur emploie la méthode de mesure de la visco- sité par les tubes capillaires de Poiseuille- Ostwald,méthodereconnueparfaitementinexacte depuisles recherches de Scarpa, Hess, ete., d’au- tant plus que l’auteur mesure parfois la visco- sité de substances demi-gélatineuses (p. 206-7). Les déterminations de la pression osmotique ne font pas entrer en ligne de compte la pression hydrostatique, la variation de la perméabilité des membranes de éollodion, etc., faute que nous avons déjà soulignée à propos des recherches de J. Duclaux. Le degré de gonflement est établi par la simple lecture du volume (p. 78), au lieu d'utiliser des appareils tels que celuide Posnjak. Et, parfois, l’imprécision de la technique expé- rimentale estinquiétante : telle la mesure du de- gré de solubilité dela gélatine par les différences des deux volumes ou des deux poids, avant et après filtration. Ajoutons encore que les expériences concer- nant la gélatine en poudre, suspendue dans l’eau, portent sur un milieu non équilibré, car nous nous permettons de considérer la gélatine solide pulvérisée, même à la température de 15° C., comme n'étant pas solide, mais accusant déjà un degré de gonflement plus ou moins accentué. Cela n'échappe point à J. Loeb, lorsqu'il con- seille de ne pas dépasser la température de 20°, car « alors la gélatine se dissout trop rapide- ment » (p. 153). Bien plus, une confirmation éclatante de cette objection résulte de l’expé- rience de J. Loeb lui-même et, notamment, des courbes reproduisant la viscosité de la gélatine en fonction du temps (p. 214, fig. 57 et 58). Si encore, malgré toutes ces objections de 616 W. KOPACZEWSKI. — LA CHIMIE ET L'ÉTAT COLLOÏDAL Loeb se mais il n’en est principe, les résultats obtenus par J. montraient bien concordants…. rien. Ainsi, toutes les courbes rapportées par l’auteur accusent un fléchissement nouveau, après avoiratteint un optimum de toutes les pro- priétés physiques signalées plus haut. En réunis- santquelques courbes, on obtientdesillustrations bien suggestives de l’idée que l'affirmation de J. Loeb, au sujet du minimum des propriétés col- loïdales au point isoélectrique, est prématurée peut-être. La figure.{ donne ces courbes pour la gélatine. 55 RATE HT man MP) a La / 0 PéSa Re AAA EE : HÉRCR EEE 0 PSE Ba EAL Te 1 NES RADAR PANTIN ATIINE Point rsoe/ectrique Fig. 1.— Courbes des propriétés de la gélatine de chaque côté du point isoélectrique (d'après Loeb). Il n’est pas défendu de supposer qu’en conti- nuant ces recherches avec des doses s’écartant davantage du point isoélectrique, on puisse ar- river à d’autres points de concentration ionique où les propriétés physiquesdes colloïdes seraient également des minima. En effet, nul n’ignore la production de floculations et de coagulations périodiques des colloïdes, par augmentation de la quantité introduite de réactifs floculants ou coagulants. Ce phénomène a été bien étudié par Freundlich, Bechhold, Neisser, etc., en ce qui concerne les colloïdes inorganiques, par Eisen- berg et Volte au sujet de l'agglutination des ba- ciles typhiques, par Vernes et Douris au sujet de la floculation par les sérums des différents colloïdes inorganiques ou des suspensions orga- niques fines. Ainsi, la seule conclusion qu’il soit permis de tirer des expériences de J. Loeb est la sui- vante : Les propriétés physiques des colloïdes, ‘telles que la pression osmotique, la viscosité, le gonflement, la charge électrique, le pouvoir de fixation de substances différentes, ainsi que leur stabilité, dépendent de concentrations déterminées enions H+. L'avenir démontrera si, en dehors du point isoélectrique, il n'y aurait pas d’autres points où les propriétés passeront également par un minimum. En étudiant le rôle des sels neutres sur les pro- priétés physiques des colloïdes organiques cités, J. Loeb arrive à la même conclusion qu’au sujet de l’action des acides et des bases, et, notam- ment, que les propriétés physiques des colloïdes sont influencées par lavalence des ions agissants. Les irrégularités sont ici nombreuses, plus nom- breuses qu'avec les acides et les bases, Ainsi, toutes les expériences avec la caséine n’offrent qu'une analogie lointaine avec les deux autres colloïdes (p. 71); les expériences au sujet du gonflement montrent les exceptions en ce qui concerne l'acide acétique et les bases monova- lentes (p. 80); le gonflement de la gélatine est moins accentué dans les alcalis que dans les aci- des, cequine s’observe pas avec la pression os- motique (p.81). La charge électrique également se montre parfois indépendante de la valence; ainsi, la chute de potentiel observée entre la gé- latine normale et la gélatine ayant fixé l’oxalate est égale à celle entre la gélatine normale et la gé- latine ayant fixé le chlorure de sodium ; les cour- bes des différences de potentiel sont particuliè- rement différentes, suivant les sels employés; tandis que celles des phosphates et sulfates font, après une deuxième descente, en dehors du point isoélectrique, une ascension nouvelle, celles des oxalates et des chlorures accusent, après un op- timum aux environs de pH — 2,2, une descente abrupte, sans ascension nouvelle (p. 122). L'introduction de quantités équimoléculaires des sels démontre le rôle secondaire de la va- lence des ions correspondants (fig. 33). Ces irrégularités, et bien d’autres, sont expli- quées par J. Loeb par «les modifications physi- ques secondaires de la gélatine » ou par «la diffé- rence de cohésion des ions dans les gels », sup- positions qui n’expliquent naturellement rien. En résumé, les résultats publiés par Loeb ne s'ac- cordent pas du tout avec les lois stæchiométriques de la Chimie générale; ils s'accordent beaucoup plus avec l'hypothèse de composés d'adsorption.. Nous arrivons au point culminant du travail de J. Loeb. En admettant que les électrolytes in- Fa W. KOPACZEWSKI. — LA CHIMIE ET L'ÉTAT COLLOÏDAL 617 fluent sur toutes les propriétés colloïdales de la même facon, il était tout naturel de chercher la cause de cette analogie d'action. L'auteur croit l'avoir trouvée dans l'équilibre de Donnan. Qu'est-ce que l'équilibre de Donnan ? Nous en avons déjà donné une idée ici même !. Répétons l'essentiel ; lorsqu'une membrane sépare deux solutions salines, dont un seul ion des électro- lytes présents ne peut pas traverser cette mem- brane, les ions transfusibles se répartissent d’une façon inégale des deux côtés de la mem- brane. Cette répartition inégale doit produire une chute de potentiel et une différence de la pression osmotique. Supposons, par exemple, une membrane sépa- rant une solution de NaCI d’une solution d’un sel de soude dont l'anion R n'est pas diffusible {il n'est pas nécessaire que ce soit un colloïde) : M Nat | Nat R 2 Cle Dans ce cas, NaCI va diffuser à travers la mem- brane M et se répartira de la façon suivante : M Nat | Nat R— Cl | CE . . , ; FU et cette répartition doit s'effectuer d’après la formule, déduite des lois de la Thermodyna- mique : (a), (NaŸ)a (CL) — (CT), L'équilibre peut avoir lieu seulement lorsque : (Naf) > (Na )a et (CT) < (Ch D'après la formule de Nernst, cette distribution inégale des ions doit provoquer une chute de potentiel: Di (CL), — 58 log (TX ou 77 — 58 log Se Voicila théorie de Donnan dans ses grandes lignes ; elle comporte des développements en ce qui concerneles cas où plusieurs ions ne sont pas diffusibles. C’est une théorie récente: en 1911, Donnan en jetaitles grandes lignes ; en 1914, il signalait que les phénomènes ne se passent pas toujourssuivantla théorie ; en 1919,en appliquant cette théorie à l’étude d'autres membranes que le ferrocynanure de cuivre, et notamment à l'alcool amylique, il n’était pas très affirmatif au sujet de la stricte coïncidence des résultats calculés et obtenus. En ce qui concerne les colloïdes, peut-on appli- quer la conception de Donnan à leur étude ? Où 1. Voir W. Kopaczewski : Les colloïdes et la vie. Rev. gén. des Sc. du 30 juin 1922, p. 360. est la membrane des colloïdes suspensoïdes? Peut-on l'appliquer à l'étude des colloïdes émul- soides ou des gels ? Loeb, en étudiant unique- ment ces derniers, raisonne dela façon suivante: La micelle colloïdaleest ionisée ; c’est un com- plexe d'ions etde molécules; lorsqu'un colloïde, tel que la gélatine, est séparé de son liquide intermicellaire par une membrane de collodion, une chute de potentiel s'observe entre les deux côtés de la membrane. La gélatine n'étant pas diffusible à travers les membranes, l'équilibre de Donnañ doit alors intervenir ; effectivement les expériences montrent qu'il est possible d'ex- pliquer, par les règles de cet équilibre, l’appa- rition de la charge électrique ainsi que l'in- fluence des sels neutres et de la concentration en ions H+ sur cette chute de potentiel; il est alors probable que cet équilibre doit expliquer non seulement la pression osmotique, mais aussi tou- tes les propriétés physiques des colloïdes, étant donnée la similitude des actions des facteurs différents sur ces propriétés. Ainsi, l'équilibre de Donnan devient le Deus ex machina des pro- priétés fondamentales des colloïdes (p. 285). L'enchainement logique de J. Loeb n’est pas correct. Tout d’abord, en ce qui concerne la nature chimique de la micelle, rien jusqu’à pré- sent, nous l’avons vu, n'autorise à l’'admettre.Les règles de l'équilibre de Donnan sont en mesure d'expliquer la chute de potentiel, produite par la présence d’une membrane entre un colloïde et un liquide diffusible: mais peuvent-elles s’appli- quer lorsque la membrane est absente ? J. Loeb s'efforce à nous le démontrer. Les résultats, concernant la gélatine, comportent des restrictions (Tab. XV[et XVII, p. 136 et 144), de sorte que l’auteur lui-même est obligé de dire qu'il n’y a pas de concordance quantitative entre les résultats observés et calculés! Mais, à la rigueur, on peut admettre que l'équilibre de Don- nanrèglela répartition des ions dans le cas d'une solution de gélatine séparée d’un liquide diffu- sible par une membrane de collodion. Mais J.Loeb fait un salto mortale en appliquant la con- ception de cet équilibre à la suspension de la gélatine dans l’eau, qu'il considère comme une suspension véritable, en niant le gonflement, tant soit peu minime{qui ne peut pas faire défaut même à une basse température),eten supprimant la membrane. Voici son raisonnement : ce qui est essentiel dans l'équilibre de Donnan, c’est la 20n-diffusi- bilité d'un ion; peu importe quelle en est la cause; lorsqu'une membrane sépare deux liquides, l’é- quilibre est réglé par la non-perméabilité; en l'absence d'une membrane, les lorces de coheé- 618 sion peuvent retenir un ion et l'empêcher de diffuser (p. 152). L'erreur logique, dans le raisonnement de J. Loeb, consiste dans l'identification d’étreem- pêché de diffuser et de ne pas pouvoir diffuser même en étant libre. Cela n’est pas indifférent ! Des forces multiples peuvent affaiblir les forces de cohésion, rendre la liberté à un ion empêché de diffuser, établir sa diffusion et abolir l’équi- libre de Donnan. L’erreur expérimentale de J. Loeb se traduit par l'assimilation d’une suspension de gélatine en poudre dans l’eau à 15° C. à une suspension de particules solides, comme celles de kaolin, de noir animal, ou d'un électrosol métallique. Nous avons souligné qu’il ne faut pas oublier que la gélatine gonfle à froid. Donc, à la rigueur, les 2 ; 1. couches externes des particulesgonflées de géla- tine peuvent être assimilées à une membrane les séparant du milieu liquide. Loeb l’admet bien dans ce cas (p. 279). Voilà d’où viennent, peut- être, quelques analogies entre les chutes de potentiel observées ici et celles qu’on calcule sur la base de l'équilibre de Donnan. Ces analogies sont bien peu rigoureuses et J. Loeb ne se les explique pas bien (p. 254, tab. 24, 25 et 30). Mais tout cela n’a rien à voir avec des suspensions, ni avec les colloïdes dont la phase dispersée est insoluble. Dans ce cas, l’équilibre de Donnan n'est manifestement pas applicable; il ne peut pas expliquer la charge électrique de ces colloï- des, tout comme il n’éclaircit pas l'apparition d’un transport de l'eau, cheminant dansles tubes capillaires sous l'influence du courant électrique. C’est pourquoi l’équilibre de Donnan ne peut pas expliquer de nombreux faits constatés par Loeb, tels que l'apparition d'une charge électri- que positive ‘sous l'influence des anions triva- lents et d'une charge négative sous l’influence des anions tétravalents (p.164-5), et force lui est de recourir à l'hypothèse toute nouvelle d’une «combinaison labile entre la gélatine etces ions». En résumé,en admettant l'équilibre de Donnan comme établi définitivement et dans tous les détails, en admettant l'explication, par son inter- vention, de l'apparition d’une différence de po- tentiel entre un colloïde et un liquide diffusible séparés par une membrane, en admettant même, à la rigueur, l’applicationdes règles de cet équi- libre à des particules colloïdales gonflables, et en y voyant une des raisons de la charge élec- trique de ces particules, ilest, à priori, illogique d’y assimiler les suspensions et les colloides dont les phases dispersées sont insolubles, et, expérimentalement, aucun fait à l’appui de cette conception n’est cité. W. KOPACZEWSKI. — LA CHIMIE ET L'ÉTAT COLLOÏDAL De ces expériences, une seule conclusion est admissible: L'équilibre de Donnan intervient dans l'apparition d'une chute de potentiel entre deux liquides séparés par membrane qui constitue une barrière imperméable pour l'un d'eux; il semble également Jouer un rôle dans l'existence d'une charge des particules solides gonflées. une Arrivé ainsi au point culminant, J. Loeb fait machine arrière et, appliquant la notion de. l'équilibre de Donnanà l'explication de l’osmose, de la viscosité, du gonflement et de l’action des sels neutres sur la stabilité des colloïdes, il tire la conclusion que l'équilibre de Donran règle, en effet, toutes ces propriétés. Nous serons très brefs : tout ce qui a été ditdes méthodes employées par l’auteur, notammentau sujet de là pression osmotique, de la viscosité, de la floculation, etc., nous permet deretirer sur ce point toute rigueur à son expérimentation. Et, malgre tout, les résultats obtenus sont abso- lument insuflisants. - D'après Loeb lui-même, le gonflement ne se laisse subordonner ni aux forces d’équilibre de Donnan, ni aux forces de l’osmose, comme le voulaientProcteret Wilson; il est déterminé par « des forces qui doivent être différentes de celles-ci » (p. 194). à L'influence de l’ion H+, de la valence ionique, de Ja concentration en sels et de la viscosité des colloïdes étudiés est, «er réalité, l'influence des électrolytes sur le gonflement des particules soli- des submicroniques, des protéines contenues dans la solution » (p.231). Comme ce gonflement, ajoutons-le, n’a rien à voir avec l'équilibre de Donnan, d’après J. Loeb lui-même, voilà encore la viscosité qui est hors de cause. La floculation des ‘protéines étudiées (coagu- lation chez Loeb)n'accuse aucuneconnexion avec l’équilibre de Donnan; « desforces de valence secondaire doivent y jouer un rôle » (p.264). Mais cela ne,semble pas trop embarrasser J. Loeb, et alors il nous déclare que les problèmes de la for- mation des gels ou précipitation {disons coagu- lation ou floculation) ne sont point des problèmes colloïdaux ; ils constituent une partie d'un pro- blème plus général de la solubilité (p.284). Done il ne nous reste, d’après J. Loeb, que deux propriétés caractérisant l'état colloïdal : la pres- sion osmotique et la viscosité, justement celles qu'on est enclin à considérer comme n’ayant rien de commun avec l’état colloïdal propre- ment dit! Peu de savants familiarisés avec les colloïdes suivront J. Loeb dans ces affir- mations, W. KOPACZEWSKI. — LA CHIMIE ET L'ÉTAT COLLOÏDAL 619 s Le travail expérimental de J. Loeb n'autorise donc que deux conclusions; les propriétés phy- siques des colloïdes émulsoïdes dépendent de la concentration en ions hydrogène ; parmi ces pro- priètés, celle de la charge, électrique des micelles permet d'entrevoir l'importance de l'équilibre de Donnan dans son apparition. Ces deux conclusions sont d’une importance capitale ; il n’est plus permis de les ignorer. Le mérite d’avoir attiré l’altention sur elles et de les avoir établies revient à M. Sôrensen et à J. Loeb. Ces deux conclusions, à elles seules, rendent le travail de Sôrensen et celui de J.Loeb classiques. Mais le reste n’est, pour nous, que de la litté- rature : le désir de subordonner l'état colloïdalà la Chimie pure. Ce reste comporte une conclu- sion additionnelle : en l’absence de méthodes bien exactes, en ignorant la constitution chimi- que des matières premières, ilest prématuré de vouloir tout expliquer par des théories unilaté- rales, généralisées.Et, si l’on veut une hypothèse de travail, on la trouve chez tous les auteurs et chez Loeb également ; elle esttoujours la même : l’état colloïdal est un etat intermédiaire entre l’état des suspensions solides, réot par les lois physiques, et l'état des solutions vraies, réglé par les reactions chimiques; la même substance peut, suivant les conditions, être soit à l’état col- loïdal {les savons dans H?0, NaCI dans la ben- zine), soit à l’état soluble (NaCI dans l’eau, les savons dans les alcools). Les lois réglant les phénomènes colloïdaux ne peuvent donc être ni exclusivement des lois phy- siques pures, niuniquement des règles chimi- ques classiques. À l’état intermédiaire doivent correspondre des propriétés intermédiaires et des lois intermédiaires. Le degré de dispersion est l’arbitre de ces pro- priétés et de ces lois : plus la substance est dis- persée, plus elle s’approchera de l’état des solu- tions, plus ses propriétés seront voisines des propriétés chimiques; à la dispersion faible reviendra la prépondérance des lois physiques. C'est pourquoi, suivant les degrés de dispersion des substances expérimentées, on se trouve en présence tantôt des règles chimiques, tantôt des lois physiques, et, ayant dans l'esprit cette im- portance du degré de dispersion, on se gardera bien de généraliser et de bâtir des théories chi- miques ou physiques, toujours unilatérales,et ne contenant qu’une partie de la vérité, qui, elle, est au milieu. W. Kopaczewski. M. »OCAGNE. — À PROPOS DE L’HISTOIRE DE LA NOMOGRAPHIE A PROPOS DE L'HISTOIRE DE LA NOMOGRAPHIE « Vous pouvez être très convaincu que votre rôle prépondérant en nomographie ne sera pas méconnu. » (Extrait d'une lettre adressée par M. Soreau à M. d'Ocagne, le 14 novembre 1906 !.) Je m'excuse auprès des lecteurs de la Revue d’avoir à revenir sur un sujet dont, en ces der- niers temps, il ne leur a sans doute été que trop parlé; mais je ne puis me résigner à laisser un article, écrit « pour servir à l’histoire de la nomographie ? », risquer de la fausser très sen- siblement. Fr Je n'ai pas l'intention de poursuivre avec M. Soreau une discussion portant sur des points de doctrine nomographique, où j'aurais pourtant bien des choses à dire, mais qui risquerait de manquer d'intérêt pour la majorité des lecteurs de la Revue. M. Soreau ne trouve pas dépour- vus d'avantages les abaques dont l'emploi com- porte des tâtonnements, alors que le propre des méthodes nomographiques ‘doit être précisé- ment de fournir des résultats immédiats par sim- ple lecture; il estime que le fait de rencontrer un premier exemple d'utilisation de points à trois cotes équivaut à une invention, alors que la. notion générale des poiuts à un nombre quel- conque de cotes est acquise depuis longtemps; il tient à établir une distinction entre les points critiques et les points qu'il appelle nodaux qui ne sont, rigoureusement parlant, qu'une seule et même chose: et, en revanche, il ne veut voir aucune différence entre la notion d'ordre nomo- graphique qui s'applique aux équations à repré- 1. Il va sans dire que la correspondance de M. Soreau n’est pas la seule qui soit restée entre mes mains. J'ai, en réa- lité, intégralement conservé toutes les lettres de caractère mathématique qui m'ont été adressées depuis le début de ma carrière scientifique, remontant maintenant à quarante ans. Ces lettres, classées méthodiquement dans une série de cartons — dont huit exclusivement affectés à la nomogra- phie — resteront après moi, avec l’abondante documentation qu'il m'a été donné de réunir sur divers sujets dont je me suis particulièrement occupé, à la disposition de quiconque zoudra les consulter. S'il se trouve, dans l'avenir, quelque curieux de l'histoire de la nomographie, il aura là, sous la main, toutes les sources d'informations qui pourront lui être utiles, 2. Revue générale des Sciences, n° du 15-30 septembre 1922, p. 518. C’est en raison de la courle titation qui, dans mon article du 30 avril 1922 {renvoi final du 2 V), le concerne tout à fait accessoirement, que M. Soreau s’est cru en droit de faire insérer dans la Revue la longue réplique qu'on a lue, Mais on voudra bien remarquer que celle-ci s'attache à une foule de points qui n’ont rien à voir avec le sujet traité dans l’article du 30 avril; c’est pourquoi, à mon tour, je me crois fondé à présenter, sur ces points strictement délimités, les observations ici consignées, Ne voulant pas abuser de l’hospi- talité de la Revue,je me propose d’enresterlà,quitte,si M.Soreau m'y obligeait, à préciser mes dires dans une autre publica- tion qui serait simplement signalée aux lecteurs de la Revue. senter et celle de genre nomographique qui a trait à la structure des nomogrammes. Jepourrais, + je le répète, entrer dans des considérations détaillées sur ces divers points; je préfère m'en abstenir, quitte, si besoin est, à y revenir ailleurs. Mais il est d’autres points de l’article de M. Soreau que je ne crois pas pouvoir laisser sans réponse. % * * Un de ces points doit tout d'abord être mis en relief. M. Soreau reproduit (p. 518, 2e col.), comme écrite par Joseph Bertrand, et en la met- tantentre guillemets, donc en la donnant comme textuelle, la phrase que voici : « La méthode de M. Lallemand a été l’origine ! des généralisa- tions et des développements de toutes sortes donnés depuis au problème de la représentation graphique des relations à plusieurs variables. » Quelque vénération que je professe pour lil- lustre maître par qui mes débuts dans la science ont été si particulièrement encouragés, je me verrais forcé, s’il avait écrit cette phrase, — amicus Plato.…., comme dirait M. Soreau, — de déclarer qu'elle exprime un fait absolument inexact; mais Joseph Bertrand ne l'a pas écrite. Si, en effet, on se reporte à la source indi- quée (Journal des savants, avril 1895), on cons- tate que cette phrase ne s’y trouve pas, et qu’en revanche, après avoir parlé en termes élogieux de l'application faite par M. Lallemand de sa méthode des abaques hexagonaux aux calculs que requièrent les nivellements de haute préci- sion, Joseph Bertrand ajoute (loc. cit., p. 212): «Cette élégante méthode a été développée, géné-. ralisée? et rendue accessible à tous par les travaux justement remarqués de M. d'Ocagne. M. Lallemand, comme le savant ingénieur l'a déclaré, en est le premier inventeur (/7 ne s'agit, en effet,ici que de la méthode des abaques hexa- gonaux) *. Les travaux de Léon Lalanne, il serait 1. C'est, bien entendu, par M. Soreau, non par moi, que ce mot a été souligné. 2, I1y a lieu de s'entendre, J’ai fait voir, il est vrai, que les abaques hexagonaux ne doivent être regardés que comme un cas très particulier des abaques généraux à lignes con- courantes; mais il va sans dire que le principe sur lequel ceux-ci reposent n’est, en aucune manière, une généralisa- tion du principe d'addition graphique d’où M. Lallemand a tiré les abaques bhexagonaux. 3. Ici, comme dans Ja suite, les incidentes, mises entre parentbeses et soulignées, ont été ajoutées par moi pour éclairer le texte, M. »'OCAGNE. — À PROPOS DE L’HISTOIRE DE LA NOMOGRAPHIE injuste de l’oublier, avaient depuis longtemps ouvert la voie (ex effet encore, car, dans le cas de trois variables, les abaques hexagonaux ne diffèrent que par leur disposition matérielle des abaques de Lalanne à trois systèmes de droites parallèles). » D'un texte à l’autre, il y a tout de même plus qu'une simple nuance, et, en rédigeant celui qu'il a signé, Joseph Bertrand ne s’est pas laissé aller à commettre l'erreur manifeste qu'impli- que celui qui lui est attribué par M. Soreau, savoir que toutes les solutions connues du pro- blème de la représentation graphique des rela- tions à plus de trois variables (notamment, par conséquent, celle qui repose sur l'emploi des points alignés à deux cotes| auraient leur origine commune dans les abaques hexagonaux. Inutile d'ajouter à cela aucun autre commen- taire. 2 Voulant mettre à néant les conséquences à tirer de l'observation, pourtant rigoureusement objective, que j'ai été amené à faire touchant l'extraordinaire abondance d'applications qui ont été réalisées de la méthode des points ali- gnés à toutes les branches de la technique par une foule de spécialistes agissant spontanément, alors qu'il n’a, que je sache, été fait usage des abaques hexagonaux que dans le seul service du Nivellement général, que dirige M. Lallemand, M. Soreau a recours à des arguments de plu- sieurs sortes : D’abord, « si les abaques à points alignés figu- rent en plus grand nombre dans les Traités,c’'est simplement parce qu'ils donnent lieu à une dis- cussion plus étendue ». Je ne pense pas qu’une telle considération ait même effleuré l'esprit de ces très nombreux techniciens dont je viens de parler, qui ont construit leurs nomogrammes non pour illustrer des Traités, mais pour faciliter leur besogne. Puis, c’est que « M. Lallemand a négligé de répandre sa méthode », tout simplement. Eh bien, n'en déplaise à M. Soreau, tout, absolu- ment tout ce qu’il est nécessaire de savoir pour appliquer couramment la méthode des abaques hexagonaux, aussi bien que celle des points ali- ‘gnés, se trouve dans mon grand Traité, et à par- tir du moment où a paru la premiére édition de cet ouvrage, M. Lallemand n’a eu besoin de rien publier lui-même ! pour que sa méthode 1. J'avais été vivement frappé, à l’origine, des services rendus au Nivellement général par les abaques hexagonaux, et je n’ai rien à retrancher de tout ce que j'en ai dit dans le passage rapporté par M. Soreau, Je croyais alors, il est 621 obtienne exactementle même degré de diffusion que celle des points alignés. Cette observation peut, au reste, s'étendre à toutes les autres méthodes particulières décrites dans ce Traité qui — on l’a constaté en de nom- breux écrits — a donné son plein essor à l’usage des méthodes nomographiques dans la pratique journalière des techniciens, et, si, parmi toutes ces méthodes, c’est incomparablement celle des points alignés qui est la plus employée, il n’en faut pas chercher la raison ailleurs que dans la supériorité, maintes fois proclamée — en parti- culier par M. Soreau, — qu’elle offre au point de vue des applications. s% Sans contester que j'aie été le premier à faire intervenir les principes de dualité et d'homo- graphie dans le domaine des représentations graphiques, M. Soreau a trouvé le moyen de for- muler sur ce point, à mon actif, un grief vrai- ment bien inattendu, celui d’avoir omis d’évo- quer à ce propos le nom de Chasles! Voilà de quoi faire réfléchir les mathématiciens de pro- fession qui, depuis bien longtemps déjà, ont jugé superflu, quand ils font appel à des notions aussi universellement classiques, de rappeler le nom de leur inventeur, qui y est, en quelque sorte, tacitement inclus. Agir autrement leur paraîtrait aussi étrange que s’il leur fallait rappeler le nom de Descartes quand ils ont à se servir de coor- données rectangulaires, ou celui de Monge quand ils ont recours à une projection orthogo- nale. On voit que M. Soreau ne touche aux ma-* thématiques qu’en amateur. * Je ne m'étonne pas, étant données les disposi- tions actuelles de M. Soreau, de voir renaître sous sa plume la thèse en vertu de laquelle il conviendrait d’aller chercher la source des points alignés à une cote dans la table de mul- tiplication graphique proposée en 1841, par Mæbius, à titre d'interprétation du théorème de Ménélaüs, et celle des points alignés à deux cotes, dans une table graphique dressée en 1869, eu égard à des considérations très particulières, par deux ingénieurs autrichiens, MM. Ganguil- let et Kutter, en vue d’un certain problème d'hydraulique. vrai, la méthode appelée à un plus grand avenir que l’évé- nement ne l’a révélé, et j’engageais vivement M. Lallemand à en donner un exposé complet. C'est précisément parce qu'il n'a pas eu le temps de le. faire que, d'accord, au reste, avec lui, j'ai donné,un tel exposé dans mon Traité. 622 M. »D'OCAGNE — A PROPOS DE L'HISTOIRE DE LA NOMOGRAPHIE 0 Ainsi que j'ai déjà eu l’occasion de le faire remarquer, cette manière de voir est tout aussi fondée que celle qui consisterait à faire remon- ter l’origine de l’anamorphose de Lalanne à la projection de Mercator, qui peut bel et bien en être regardée a posteriori comme une applica- tion, celle des abaques hexagonaux, à l’abaque avec transparent orienté à trois index concou- rants, proposé en 1881, dans les Annales des Ponts et Chaussées, par M. Blum, pour le caleul des profils de déblai et remblai, celle des échel les binaires (dont l'emploi systématique dans les abaques hexagonaux est, d’après M. Lallemand, dû à M. Prévost) aux tables graphiques de M. Crépin données, en cette même année 1551, dans les mêmes Annales, pour le desséchement des pays watringués, et qui comportent vérita- blement de telle échelles, etc. Je rappellerai d’ailleurs que l'opinion que M. Soreau tente de faire prévaloir sur ce point, après s'être esquissée dans l’Encyklopadie der mathematischen Wissenschaften, s’est trouvée corrigée dans la version française de cet ou- vrage, publiée pourtant sous le contrôle très effectif et très attentif des délégués des Acadé- mies des Sciences de Gættingue, Leipzig, Mu- nich et Vienne. Il me semble que ce fait aurait dû modérer quelque peu le zèle déployé par M. Soreau en faveur des auteurs allemands Moe- bius, Ganguillet et Kutter! M. Soreau tient à rappeler — ce qui peut pa- raitre superflu, attendu que, dans mon Traité, toutes précisions sonttrès explicitement données à cet égard — quela détermination des caractères différentiels des équations réductibles aux for- mes canoniques correspondant aux nomogram- mes à points alignés des différents genres, est due à divers mathématiciens autres que moi. Je ne me suis certes pas fait faute d’attirer l’atten- tion de mes lecteurs sur ces remarquables tra- vaux; mais ce sont là de pures recherches d'analyse qui, bien que nées à l’occasion de la nomographie, ne servent, en réalité, à rien pour les applications courantes de cette doctrine. Les équations que l’on rencontre dans la pratique s'offrent toujours sous une forme qui, moyen- nant, le cas échéant, l'emploi du procéde ordi- naire de disjonction partout suivi dans mes ouvrages, se ramènent immédiatement à l’un des types canoniques voulus. Ces élégantes théories analytiques restent donc, en fait, absolument en dehors de ce qui constitue le fond de la méthode des points alignés telle que je l'ai intégrale- ment constituée en vue des. besoins de la tech- nique !. « “ie M. Soreau semble me soupçonnerd'avoir voulu donner le change sur la véritable nature de ma théorie générale en cherchant, au moins au dé- but, à dissimuler son caractère purement mor- phologique. | Son observation est d’autant plus faite pour étonner que, dès la première édition de mon Traité, où j'ai d'abord introduit cette théorie avec le sous-titre : Etude sénerale des abaques au point de pue de leur structure, j'ai eu soin d'ajouter en définissant son but (/oc: cit., p. 391): « Une telle étude peut, par une extension de mot toute naturelle, être qualifiée de morphologi- que. » Et le mot est souligné dans le texte. Il me: semble que cela est suffisamment explicite et j'avoue ne pas comprendre ce que je pourrais avoir à me reprocher à ce sujet. M. Soreau témoigne, en outre, qu'à ses yeux cette théorie est sans intérêt; cela est affaire à lui, et je n’ai pas à le discuter. “+ Mais l’une des allégations de M. Soreau qui étonneront sans doute le plus tous ceux qui se sont engagés après moi dans la voie des recherches nomographiques, c’est celle qui tend à me représenter comme m'arrogeant une sorte de droit régalien de contrôle et de critique sur tout ce qui peut se produire dans le champ de la nomographie! Il me suflirait, pour faire écla- ter,aux yeux de tous, à quel point mon rôle ainsi présenté se trouve défiguré, de donner une suite d'extraits de la volumineuse correspondance dont j'ai parlé au début de cet article; on y trou- verait vingt preuves pour une — je ne crains de recevoir aucun démenti à ce sujet — que, depuis que je me suis affirmé comme spécialiste de ce 1. M. Soreau semble oublier, quand il me reproche l'adoption du terme, plus correct au point de vue étymologi- que, de « nomogramme » à la place de celui d’ « abaque », que c'est bel et bien moi qui, le premier, d’abord dans ma brochure de 1891, puis dans mon Traité de 1899, ai étendu ce terme d'abaque à toute espèce de table graphique cotée, alors qu'il n’avait été appliqué par Lalanne, son premier in- venteur en cette acception particulière, qu'aux seules tables à trois systèmes de droites parallèles (dont les abaques hexagonaux, dans le cas de trois variables, n'offrent qu'une disposition particulière), et cela, comme je le tiens de la bouche même de Lalanne, en raison de l'aspect de damier (“£uË) de ces tables. Après m'en être longtemps servi pour désigner toute espèce de table cotée (usage auquel M. So- reau, et il n’est pas le seul, préfère, pour sa part, continuer à se conformer), je me suis rallié à l'avis que, pour celles qui n’ont plus rien de l'aspect d'un damier (points alignés ; règles à calcul; ...) le terme de nomogramme était préfé- rable. Mais cette réforme, c’est, on le voit, par rapport à un usage introduit par moi-même que je l'ai opérée. L.] M. »'OCAGNE. — À PROPOS DE L’HISTOIRE DE LA NOMOGRAPHIE 623 genre d'étude !, je n’ai jamais cessé d’aceueillir avec l'intérêt le plus marqué et d’essayer de faire valoir autant qu'il était en mon pouvoir toutes les contributions au nouveau corps de doctrine ou à ses applications, qui venaient à ma connais- sance et sur lesquelles même, le plus souvent, leurs auteurs me consültaient expressément. M. Soreau lui-même serait-il fondé à se plain- dre de moi à ce sujet? Que l’on se reporte aux index des ouvrages que j'ai publiés depuis qu’il a lui-même abordé les études nomographiques; on pourra juger par le nombre des citations que je fais de ses propres travaux que je n’ai pas eu la moindre velléité, et bien au contraire, de chercher à les laisser dans l’ombre. Au reste, sa correspondance, que je viens de relire, est bien loin de donner l’impression qu’il ait eu à pâtir d'un parti pris quelconque de ma critique à son égard. M'annonçant, dans une lettre du 23 novem- bre 1900, qu'il se propose de me soumettre les épreuves d’une note qu’il prépare ? « note, me 4. M. Soreau, au début de son article, ironise à propos de mon « existence consacrée à la science des abaques », science qui n’a été, pour lui, comme pour M. Lallemand, qu’un sim- ple accessoire. Je n'ai certes pas à me défendre de m'être appliqué avec plus de suite que qui que ce soit à ce genre d'étude ; mais M. Soreau me permettra bien de lui faire ob- server que mon activité scientifique s’est encore portée sur quelques autres vbjets que visent notamment les travaux géométriques qui m'ont valu ma chaire de l'Ecole Polytechni- que, et qui, d’ailleurs, sont venus se fondre en partie dans mon Cours de Géométrie pure et appliquée, ceux aussi que j'ai produits en diverses parties de l'algèbre supérieure, du calcul des probabilités, de la géodésie, du calcul graphique (nomographie mise à part), ceux enfin, qui m'ont permis d’instituer pour la première fois une description générale cohérente de tous les types de machines à calculer classés rationneilement 2. [s’agit du travail intitulé Contribution à la théorte et aux applications de la nomographie, qui a paru en 4901 dans les Mémoires de la Société des Ingénieurs civils, et qui a mar- qué le début de M Soreau dans la carrière nomographique. Comme j'ai dû, tout en louant cette Contribution pour les parties neuves et intéressantes qu'elle contenait, faire quel- ques réserves au sujet d’autres parties qui (à l'insu de leur auteur, je ne voulais pas le mettre en doute) ne faisaient, quoique présentées comme inédites, que répéter des cho- ses déjà connues, M. Soreau n'a fait nulle difficulté de dit-il, qui est surtout votre œuvre », il ajoute que je dois y voir « un hommage mérité aux recher- ches qui ont permis d’édifier la théorie de la nomographie, recherches parmi lesquelles les vôtres sont au premier rang ». Et lorsqu'il me fait parvenir ces épreuves, il me dit, dans sa let- tre du 7 octobre 1901 : « Je vous serais obligé de me communiquer le plus tôt possible vos obser- vations que je receprat aÿec plaisir\. » Dira-t-il que c’est moi qui lui ai imposé mon contrôle ? Enfin, lorsque, à la suite de la publication de ce 1 + run F travail, j’en parle dans les termes les plus favo- rables, en un article du Bulletin des Sciences mathématiques (1902, p. 67), il m'écrit, le 5 juin 1902 : « Je vous suis très reconnaissant des éloges que vous m'avez décernés...; ils ont pour moi d'autant plus de prix que vous êtes la compétence même en la matière. » Au reste, lorsque M. Soreau se trouve en con- testation avec un autre auteur sur une question de priorité, c’est encore à mon arbitrage qu'il a recours, comme en fait foi sa lettre du 12 novem- bre 1906 où il me dit : « Nous ne pouvons avoir de meilleur juge en ce petit différend. » Quantum mutatus..…, m'écrierai-je à mon tour, afin de restituer à M. Soreau chacune de ses citations latines ; pour celle-ci, je laisse au lec- teur le soin de décider, d’après ce qui précède, de quel côté elle s'applique avec le plus de justesse. M. d'Ocagne, de l’Académie des Sciences. reconnaitre l'exactitude de mes observations à ce sujet. Il y est même revenu assez longtemps après en m'écrivant le 4% novembre 1906 : « Six mois avant ma communication à la Société des Ingénieurs civils, j'ignorais jusqu'au nom de la nomographie. De cette rapidité il est forcément résulté que mon opuscule était assez négligé au point de vue érudition, et, à cet égard, j'ai pu encourir les reproches que vous avez formulés.. « Reproches » « est d’ailleurs un mot trop fort ; « observations » eût à mon avis mieux convenu. 1. 11 va sans dire qu'ici, comme dans la citation suivante, c'est moi qui souligne. BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX BIBLIOGRAPHIE ANALYSES 4° Sciences mathématiques Doublet (E.). — Histoire de l'Astronomie. — 1 vol. in-18 jésus, de xx-567 pages, de l'Encyclopédie scien- tifique du Dr Toulouse (Prix cart. : 17 fr.). G. Doin, éditeur, Paris, 1922. « L'histoire de l’Astronomie estune partie essentielle de l’histoire de l'esprit humain. Cette science imposante par la grandeur de son objet, curieuse par ses moyens de recherche, étonnante par le nombre et l'espèce de ses découvertes, est peut-être la mesure de l'intelligence de l'homme et la preuve de cequ'il peut faire avec du temps et du génie, » Tracer un tableau historique des déve- loppements del’Astronomie est donc unetäche humaine des plus difficiles à réaliser, et ne peuvent y prétendre que ceux auxquels les circonstances ont accordé des moyens M. Doublet, collaborateur de P. Duhem et bien connu, depuis longtemps, par ses nom- breuses notices biographiques, était tout qualifié pour écrire l'Histoire de l’Astronomie dans l'Encyclopédie particuliers. scientifique qu'édite avec Lant de soins la Librairie Doin, de Paris. L'ouvrage s'ouvre par le rappel des principaux histo- riens de l’Astronomie: Weidler, Bailly, Lalande, Delambre,..… P.Tannery, P. Duhem.M. Doubletentraine ainsi immédiatement son lecteur qui peut aisément con- fronter les opinions, les méthodes et apprécier les déve- loppements de la science historique appliquée à l’As- itronomie. Ce ‘préambule établi, pour donner à son exposé la continuité et la logique nécessaires, M. Dou- blet examine brièvement l’Astronômie chez les peuples n’appartenant pas au monde classique, Chinois, Hin- dous..., puis dans le monde classique, Egyptiens, Chal- déens, Phénicièns, Juifs, et arrive à l’Astronomie grec- que doni les idées fondamentales sur l'Univers, sur le Calendrier, les Marées régneront jusqu’à l’avènement de l’Astronomie latine au Moyen Age. Celui-ci avec ses critiques et ses discussions passionnées aboutira à la Renaissance, c'est-à-dire « à l’une des époques où l’es- prit humain fait le plus de progrès, où il marche, peut- on dire, à pas de géant ». Alors que l'imprimerie de Gutenberg fait connaître les trésors de la science grec- que, Les esprits s’habituent à la discussion des idées, de toutes les idées scientifiques ou religieuses. C’est la Réforme, ce sont les guerres de religion. « IL semble, au premier abord, qu’au milieu de tels événements, l’hu- manité ait dû rétrograder et retourner à la barbarie. Il n’en est rien. On lutte partout avec un acharnement sans égal, les batailles, les massacres, les meurtres individuels, les destructions de monuments, d'objets d'art, de bibliothèques n’empêchent pas cette époque de l’his- compter les plus fécondes de tout: toire parmi en écrivains, en artistes qui n’ont pas été surpassés, ni même égalés, en érudits et en hommes prodigieusement versés dans toutes les branches du savoir humain. » Christophe Colomb, par la découverte ET INDEX , de l'Amérique, couronne l’œuvre des voyageurs ses prédécesseurs; le globe terrestre apparaît sous sa vraie forme aux yeux de l'humanité pendant que Galilée, Copernic, Képler, Newton font jaillir la lumière sur les mystérieuses lois de l'Univers. La Terre cesse d’être le centre du Monde, elle se rapetisse, mais l'intelligence humaine s'élève. M. Doublet nous montre ensuite com- ment les successeurs de Newton, Euler, Clairaut.…, Lagrange, Laplace confirment les vues géniales des fon- dateurs de l’Astronomie moderne. Le tableau de l’As- tronomie française, au xix° siècle, l’œuvre des succes- seurs d’Arago, sont présentés avec une verve saisissante et l’on éprouve le regret que l’auteur, si parfaitement documenté, ne nous confie pas aujourd’hui tout ce qu’il sait et sur les théories astronomiques et sur les astronomes. Entre l’œuvre monumentale, inachevée, de Duhem et un exposé succinet de l'Histoire de l’ Astronomie, il y a place pour cette dernière, plus longuement développée d’après nos connaissances acquises. Nous souhaitons donc à M. Doublet et à ses éditeurs avertis une 2° édi- tion augmentée, enrichie de tous documents et faits si bien en possession de l’auteur. Dans la crise intellec- tuelle où nous nous débattons, cette histoire sera le flambeau qui nous guidera vers de nouvelles décou- vertes, en même temps qu’elle nous protégera contre nos propres défaillances, N'est-ce pas au milieu des périodes les plus angoissées que les plus grandes décou- vertes sont venues réconforter l'humanité et lui tracer sa voie vers des buts toujours plus élevés ? Un index bibliographique très soigné, avec l’ensem- ble des noms qui ont marqué en Astronomie, complète ce volume et le rend indispensable à tous les amis dela Science. A. LEBEUF, Correspondant de l’Institut, Directeur de l'Observatoire de Besançon. Harrington-Hudson (R.-J.). —: Reinforced Con- crete. À PrACTICAL HANDBOOK FOR USE IN DESIGN AND CONSTRUCTION (TRAITÉ SUR LE BÉTON ARMÉ), — 1 Vol.: in-8° de xxiv-318 p. avec 131 fig. et 19 pl. (Prix cart. : 16 sh). Chapman and Hall, éditeurs, Londres, 1922. La circulaire ministérielle du 20 octobre 1906 sur l'emploi du béton armé a provoqué en France l’appari- tion d'un nombre considérable d'ouvrages sur ce nou- veau matériau, dont plusieurs ont déjà été analysés ici. En effet, cette circulaire ne conslituait pas une mé- thode de calcul du béton armé susceptible d'être utilisée dans les bureaux d’étude, C'était seulement l'exposition, pour l’uniformisation, des principes ofliciels de vérifica- tion des projets par l'Administration, Toutefois, elle offrait des bases et suggérait une mé- thode : elle eut donc pour conséquence de provoquer la reherche des moyens rationnels et pratiques d'em- ployer le béton et d'établir les projets devant être BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 625 C4 a posteriori soumis à la vérifictaion d’après les prin- cipes qu'elle avait posés, Ces moyens pratiques sont nombreux, quoique ne différant pas essentiellement les uns des autres, comme le montrent les diverses publications que nous venons designaler, parce que toutes se sont inspirées à la même source, \ Le publie français intéressé ne sera donc pas fàché de connaître la façon dont le problème est résolu à l'étranger et de pouvoir même profiter des plus récents progrès qui y ont été apportés. Le formulaire que nous présentons le satisfera à cet égard pleinement. Il a pour objet d'expliquer simple- ment la théorie du béton armé, de fournir des tables numériques, des graphiques, des informations variées qui ont la plus grande valeur pour dresser les projets, les exécuter sûrement et économiquement. Disons tout de suite cependant que bien peu de lec- tears français pourront profiter des richesses que ren- ferme ce livre documenté. Les difficultés de traduction des termes techniques, jointes à celles provenant de la réduction des unités de mesure, rebuteront beaucoup, d'autant qu’encore le lecteur devra se mettre préalable- ment au courant de la nouvelle notation standard du « Concrete Institute » utilisée dans le livre et qu’il trou- vera d’ailleurs résumée aux pages 213-229. Ces remar- ques, qui ne peuvent être considérées comme des crili- ques, font vivement souhaiter, en raison de l'intérêt de l'ouvrage, que celui-ci ait prochainement une édition en langue française. L'ouvrage est divisé en trois parties. Dans la première sont étudiés les matériaux entrant dans la composition du béton, la préparation de celui-ci, la façon ensuite @e le mettre en œuvre, les coffrages, les armatures. Nous signalerons spécialement au cha- pitre LV la manière d'agir pour déterminer dans chaque cas le temps minimum de décoffrage. La deuxième partie débute au chapitre V par la dis- cussion du coeflicient de sécurité. On y trouvera un argument en faveur de l'élévation du taux de travail quand les efforts secondaires dans la construction ont été calculés comme il sera montré plus loin. Le chapitre passe alors à l'étude des poutres. dalles et piliers. L’at- tention sera attirée par les tables numériques'relatives aux dalles (table xt), aux poutres en T (table xvi) et aux piliers (table xvin) dont l'usage est indiqué au cha- pitre X. La troisième partie renferme la discussion des efforts secondaires dans les constructions monolithiques, leur recherche mathématique étant reportée dans les appen- dices. Au chapitre XII l’auteur a introduit une méthode que nous eroyons nouvelle pour analyser les efforts dans les piliers qui ont une si grande importance pour ‘ingénieur, Pour en faciliter l'application, des nomo- grammes à points alignés et des diagrammes sont d'ailleurs donnés. La question d'économie est impor- tante dans l'étude des constructions et demande pour être traitée l'emploi de méthodes exactes, les méthodes approximatives étant trompeuses dans beaucoup de cas. L’appendice III sera à ce sujet utilement consulté. Les renseignements pratiques de toutes sortes que 4 renferme l'ouvrage sont abondants, les tables, graphi- ques sont multipliés, les notes nombreuses, telles que celle sur la résistance du mortier et du béton de ciment de M. G. Lloyd, celle sur le règlement du béton armé du « London County Council », celle concernant les spécificationsrelativesaucimentde Portland du « Bureau of Standards » de Washington. L'abondance de la documentation fait de ce volume une encyclopédie du béton armé et explique le vœu que nous avons formé de la voir publier en français. L. Porn. 2° Sciences physiques Kling (André). — Méthodes actuelles d’expertises employées au Laboratoire municipal de Paris. Tome 1V : Produits végétaux et dérivés.1 vol. n-80 de 464 pages avec 80 fig. et2 planches en noir (Prix : 39 fr). Tome NV : Eaux et Air. 1 ol. de 181 pages avec 16 fig. (Prix : 14 fr.). Dunod, éditeur, 47 et 49, quai des Grands-Augustins, Paris, 1922. Les lecteurs n'auront pas attendu longtemps la suite de l'important ouvrage de M.Klinget de ses collabora- teurs du Laboratoire municipal de Paris sur les métho- des actuelles d’expertises employées à ce laboratoire, car le tomeIV, quicomprend les produits végétaux et leurs dérivés, et le tome V, relatif aux eaux et à l'air, suivent de près les parties déjà publiées et que nous avons déjà analysées ici. Dans le tomeIV, M. G. Le Gall du Tertre a rédigé, avec une réelle compétence, le chapitre relatif aux céréales, légumineuses, fécules, farines, pain, pâtes alimen- taires et patisseries. Illustré par une vingtaine de figures, l'examen micro- scopique des éléments anatomiques du blé et de ses constituants, des autres céréales et des légumineuses, de la fécule de pommede terre et des fécules et amidons exotiques, occupe une place de premier plan dans cette monographie. Les farines y sont, ensuite, étudiées au point de vue de leurs caractères organoleptiques, de leurs altéra- tions par les insectes et les moississures, de leurs falsilications par les farines étrangères et les substan- ces minérales, enfin de leur analyse. L'auteur insiste beaucoup et avec raisonsur le grand intérêt de la détermination de l'acidité dans l’apprécia- tion des farines et il propose, dans ce but, un nouvel indicateur : mélange de pyrocatéchine et de chlorure ferrique neutre, dont il est à regretter que le titre ne soit fixé que par la désignation un peu vague de teinte jaune pâle et qu'on pourrait peut-être avantageusement remplacer, et pour la neutralité et pour le titrage facile, par l’alun de fer. La teinte de l'indicateur, jaune clair en milieu acide, devient bleu violacé dès qu’on appro- che de la saturation et passe au rouge franc fixe dès qu'elle est atteinte ou dépassée. Enfin, l’analyse du pain, des pâtes alimentaires et des pâtisseries clôt le chapitre. A la plume autorisée de M. V. Génin, chef des Tra- vaux de Chimie analytique au Laboratoire municipal, sont dus les chapitres I, sur le cacao et le chocolat, HI sur le café et la chicorée, IV sur le thé et V sur les épi- ces et les aromates. Dans ce dernier, sont particulièrement examinés le girofle, la vanille, le poivre, le piment des jardins, la moutarde, la muscade, le macis et enfin les cannelles, Suit un appendice comprenant les méthodes ofliciel- les pour l'examen des épices, ainsi que les définitions et les vœux adoptés en assemblée générale parle 2°Con- grès international pour la répression des fraudes, L'importance de l'examen microscopique des matiè- res alimentaires nécessite, pour qui veut se livrer à ces sortes de recherches, des connaissances qui débordent cepoint, en apparence limité, de la micrographie. ! C’est ce qui a certainement incité M. Kling à deman- der, au micrographe averti qu'est M. Lucien Robiri, un chapitre spécial sur les principes fondamentaux de l’op- tique et sur le microscope, la théorie de cet instrument, son emploi et son application à l'étude des caractères généraux organographiques etmorphologiques des élé- ments des végétaux ; l'idée en est excellente et satisfera, nous n'en doutons pas, bon nombre de lecteurs. C’est, évidemment, inspiré par le même esprit que, dans le très volumineux chapitre sur la saccharimétrie et les produits alimentaires sucrés par lequel débute la seconde partie du volume, son auteur, M. Gelin, a ré- digé un fort clair résumé syr la théorie élémentaire des appareils d'optique utilisés en saccharimétrie. Dans le corps même du chapitre nous croyons devoir signaler un lapsus grave. Il y est écrit, en effet, à la page 254, que dans le cas d’un cétose ou dans celui d’un aldose, agissant sur l'acétate de phénylhydrazine, on aboutit à la même osazone, quand ces produits ont le même exposant de carbone, alors que la stéréo-struc- ture du principe organique considéré, bien plus encore que son degré de condensation, sont en jeu dans ce cas puisque, par exemple, le galactose (aldose) donne une osazone différente de celle du fructose (cétose), bien que sucre en Cô.comme lui, M. Cuniasse termine cette deuxième partie par une étude approfondie des alcools et des spirilueux. Tout le monde connaît, par les travaux antérieurs de l’auteur, effectués seuls ou en collaboration, quelle est l'étendue de ses connaissances sur ce sujet: celte opi- nion n'est point généralement démentie dans ce cha- pitre. Cependant, le paragraphe consacré au kirsch nenous a pas donné toute satisfaction, notamment en ce qui a trait à la détermination de l’aldéhyde benzoïque et de l'acide cyanhydrique. Tous ceux qui, sans parti pris, ont voulu s’oécuper du dosage volumétrique de cet acide par les solutions titrées argentiques n’ont pas hésité à employer la mé- thode consistant à opérer en milieu ammoniacal, en présence d’iodure depotassium pour indicateur, comme étant bien plus commode et plus précise que le procédé Liebig. Nous avons été fort surpris de voir M. Cuniasse, habituellement mieux informé, rétrograder vers ce der- nier, avec celte circonstance aggravante qu’il pense que le louche permanent final, indiquant que la réaction est terminée, est produit par du chlorure d'argent, alors qu'il a été surabondamment démontré que l'ion chlore BIBLIOGRAPHIE. — ANALYSES ET INDEX — d’ailleurs inutilement ajouté sous forme de CINa au produil à titrer — ne joue aucun rôle dans cette forma- tion, due exclusivement à la production de cyanure d’ar- gent, composé bien plus exothermique que le chlorure du même métal. Deplus l’auteur n’a tenu aucun compte des importants travaux que le Professeur Golse, de Limoges, a publiés au sujet du dosage de l’acide cyanbydrique et de l'aldé- hyde benzoïque dans les kirschs, en 1915, tant dans le Bulletin de la Société de Pharmacie de Bordeaux que dans le Journal de Pharmacie et de Chimie de Paris, et où ila proposé une technique qui, de l'avis de tous ceux qui ont bien voulu l'essayer, donne des ré- sultaits beaucoup plus rigoureux que celle qui est pro- posée par M. Cuniasse. Le criterium de sa valeur est qu’elle permet d'affirmer, par des chiffres à l'appui, la présence constante d’aldéhyde benzoïque dans deskirschs naturels authentiques, contrairement aux aflirmations de M. Cuniasse d’après lesquelles on ne trouverait pas, dans les kirschs purs,une dose appréciable de ce produit. C'est par l’étude chimique des eaux, dueà M..J. Dieu- donné, que débute le tome V ; la composition des eaux potables, minérales et industrielles, ainsi que l'amé- lioration de ces dernières et des eaux domestiques, y sont longuement et judicieusement traitées. L'analyse microbiologique des eaux a été réservée à M. Lombard, qui l’a développée avec toute l'ampleur voulue, qu'il s’agisse de. l’origine des eaux, des rela- tions de ces liquides avec le sol, de leur utilisation, de leur épuration au point de vue microbien, de leur prélèvement ou de leur-analyse. Enfin, leseaux résiduaires, eaux vannes, ménagères, eaux industrielles, eaux de pluie,d’égout et de lavage des rues et des places font l’objet d’un chapitre très docu- menté confié à M. J. Lafon, et dans lequel l'évacuation de ces eaux, leur épuration, leur analyse sont longue- ment et minutieusement examinées. La deuxième partie du même volume est consacrée à l'air. C'est encore M. Lombard qui a assumé la rédac- tion de son analyse bactériologique. On y trouvera suc- cessivement examinés : la présence des germes dans l'atmosphère, leur origine,leurs variations quantitatives suivant le temps elle lieu, l'influence des émapations putrides, les microbes de l’air expiré, les causes qui agissent pour purifier l'air, celles qu’on peut utiliser pour l’assainir, puis les méthodes d'analyse c’est-à-dire la récolte, la culture,la numération et la détermination des germes. Enfin, dans un dernier chapitre, M. Daniel Floren- tin a exposé les procédés employés au Laboratoire mu- nicipal de Paris pour doserl'anhydride carbonique et l'oxyde de carbone dans l’air confiné. En ce qui concerne ce dernier gaz, il a soigneuse- ment développé, et tout le monde lui en saura gré, la méthode dite « au sang » d'Ogier et Kohn-Abrest, basée, comme on sait, sur ce fait que l’apparilion,dans du sang convenablement dilué, des bandes d'absorption earac-" téristiques de la carboxyhémoglobine, c’est-à-dire de celles qui résistent à l’action des réducteurs appropriés, est d'autant plus rapide que la teneur en oxyde de car- bone du sang examiné est plus considérable. BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX Cette méthode, telle qu’elle est réglementée au Labo- ratoire municipal, est des plus pratiques; on la ren- drait encore plus rapide en substituant, comme agent de réduction, au sulfhydrate d’ammoniaque préconisé par l’auteur, mais lent dans son action, l’hydrosulfite de soude qui agit instantanément. Tel est, à vol d'oiseau, un très superficiel aperçu de l'œuvre vraiment considérable dirigée par M. Kling el dont on peut dire que, par la variété des sujets traités, par l'ampleur donnée à leur développement, par la pré- cision des techniques, elle dépasse beaucoup l’ouvrage, déjà considérable pour l’époque, dont Girard avait en- trepris et mené à bien la publication, 1 Dans beaucoup de circonstances, les analystes auront tout intérêt à adopter les procédés qui y sont préconi- sés et qui ont fait leur preuve ; dans toutes il leur sera très profitable et presque nécessaire, pour conclure et décider, d’en consulter la riche documentation. G. DENIGES, Professeur à la Faculté de Médecine de Bordeaux, 3o Sciences naturelles Statistique générale de la Tunisie (Année 1920). — Un vol. in-8° de 435 p. Charles Weber et Cie, édi- teurs, Tunis, 1922. Les 435 pages de chiffres de la Statistique générale de la Tunisie pour l'année 1920 sont, comme les précé- dentes, un document précieux à consulter. Comment l’analyser ? chaque chapitre pourrait donner lieu à un développement important qu'ils’agisse de Démographie, d'Agrieulture, de Travaux Publics, etc. Puisque la Tunisie est essentiellement un pays agri- cole doté de riches gisements miniers, de phosphates de chaux principalement, citonsles productions les plus intéressantes. Agriculture : Céréales Surfaces eine ns Rendem' ensemencées x à l’hectare gr. EE GR 1919 | 1920 1919 | 1920 1919/1920 | Ë : hectares} hectares] quintaux quintaux Blé dur .....1514.861|48r.766|1.450.000! 1.075 000! 2,8| 2,2 Blé tendre... | 55 000! 52.000| 450 og0| 348.000! 8,1| 6,6 (0 ARRES kk7.735 1355. 100 1.200.000| 570.000| 2,6| 1,5 Avoine...... 59.797) 60.560! 450.000| 215.000! 8,0} 3,5 Mais el Sorgho 18. 361 | 10.145| 65.000 28.000! 3,5| 2,7 i Superficie Superficie terr:toriale, ......... 12.500.000 hectares 100°/, — productive (cultivée et ; non cultivée). ..... 9.000.000 — 52/0 — improduetive ....... 3.500.000 — 28°/, Terres labourables aux céréales. : 2.800.000 ha dont 980.000 ha consacrés Productions minières Repas 2. Dee 434.400 tonnes valant 19.356.000 fr. PIOMbEE RE. 7 : 23.600 — 16.520 oco 5 CORRE FEMSEE I 9.600 — 7.120.000 Manganèse ......... 1.279 — 127.500 Lienites..:.#" 5 31 000 — 2 325.000 43.468 500 fr, 627 Phosphates de chaux 1918 ouvriers 4./420 1 819.000 tonnes 24.570.000 fr. 1919 — 5.200 1.815.385 — 36.692.379 1920 — 6.800 2.075.000 — 91.000.000 MARCEL RIGOTARD, Ingénieur agronome, Chef du Service de l'Agriculture de lile de la Réunion. Mitzakis (Marcel). — The Oil Encyclopedia.— 1 vol. in-16 de 551 p. (Prix cart: 21 sh.). Chapman and Hall, éditeurs, Londres, 1922. L'Encyclopédie du Pétrole de M. Marcel Mitzakis, que viennent de publier les éditeurs Chapman et Hall de Londres, sort des presses de l’Université d’Aberdeen (Écosse). L'on y trouve, rangés par ordre alphabétique, toute une série d’arlicles où sont définis, avec des déve- loppements appropriés, les termes en usage dans le do- maine des études pétrolifères. Les explications qui ont trait aux mots techniques restent forcément limitées et,enl’absence de toute illus- tration, n’offrent pas toujours la précision souhaitable. La partie la plus intéressante dans ce livre correspond aux notions à caractère géographique : il est très prati- que d’avoir ainsi un dictionnaire des régions pétroli- fères du globe avec renseignements variés, principale- ment d'ordre économique, financier, statistique. Le point de vue géologique, conditions de gisement, etc., est plutôt négligé dans l’ensemble de l'ouvrage. En ce qui concerne ses informations, l’auteur ne semble pas avoir toujours soumis les renseignements qui lui étaient donnés à un contrôle rigoureux, comme le dénote entre autres sa documentation sur le Maroc. Le choix qui a présidé à la canfection de l'index bibliographique n’éveille guère une idée exacte de l’état de nos connaissances. Je ne relève pas moins de 38 réfé- rences se rapportant au pétrole d'Égypte sur un total de 138 pour l’ensemble du globe : cependant les gîtes d'huile minérale du territoire khédival ne jouent qu'un faible rôle dans le mouvement mondial. Dans un nouveau tirage, des corrections feront sans doute disparaître les, points du livre prêtant à la cri tique. Tel qu'il est, d’ailleurs, ledictionnaire de M. Mar- cel Mitzakis peut rendre déjà d'utiles services. L. JocEauD, Turchini (Jean). — Contribution, à l'étude de l'Histophysiologie rénale. Les processus cytc- logiques de lélimination des matières colo- rantes par le rein. — 1 vol. in-80 de 112 p. avec 1 fig.et1 planche en couleurs hors texte (Prix : 15 fr.). Fase. n°0 6 des Arch. de Morphol. gén. etexpér. Doin, éditeur, Paris, 1922. Deux théories, auxquelles il est facile de rattacher les autres, ont été soutenues pour expliquer le fonctionne- la théorie de la filtration-sécrétion de Bowman et celle de la filtration-résorption de Ludwig. ment du rein : Après avoir énuméré les méthodes de recherche pou- vant permettre de trancher entre les deux théories l’au- teur choisit la méthode de l'élimination des matières 628 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX colorantes introduites expérimentalement dans l'orga- nisme. Il rappelle les données les plus récentes sur l’anato- mie microscopique et l’histophysiologie du rein et fait une revue très complète des travaux relatifs à l’élimi- nation des matières colorantes. Il s'attache dans la partie expérimentale de son tra- vail, non seulement à localiser dans le rein le lieu de l'élimination des matières colorantes, et plus spéciale- ment du bleu de méthylène, mais encore à suivre les processus cytologiques de cette élimination. Après avoir étudié la circulation des colorants dans l'organisme, il constate qu’ils sont éliminés par les tubes contournés, les branches ascendantes de Henleet les segments intermédiaires. Sur des coupes de reins ‘excisés à divers moments de l'élimination, il voit en effet que la couleur traverse la cellule rénale de dedans en dehors, c’est-à-dire du pôle basal au pôle apical de l'élément cellulaire. Cette observation et le fait que la cellule des tubes présente un appareil chondriosomique orienté pour la sécrétion et non pour la résorption font admettre à l’auteur la théorie de la sécrétion tubulaire de Bow- man, L'auteur met ensuite en évidence le rôle du chon- driome dans la sécrétion rénale, grâce à la coloration de cet appareil au cours de l'élimination des colorants vitaux, coloration qu'il parvient à fixer par une méthode qui lui est propre. Il établit enfin le mécanisme de l’excrétion exocellu- laire. L’excrétion a toujours lieu par dialyseet jamais par eéffraction. Cette étude histologique de l'élimination des matié- res colorantes, suivie d’une riche bibliographie, inté- resse la Physiologie. Elle intéresse aussi la Clinique, à cause de l'application fréquente que recoivent les éliminations provoquées de substances colorantes dans la recherche de la perméabilité rénale. Dr GARRELON. 4° Sciences diverses Rougier (Louis), Professeur agré®é de Philosophie. — La structure des Théories déductives. Taéorie NOUVELLE DE LA DÉDUCTION. — 1 vol. in-16 de xv-136 pa- ges de la Bibliothèque de Philosophie contemporaine. (Prix : 9 fr.). Librairie Félix Alcan, Paris, 1922. Bien que la Logique formelle soit parvenue à un haut degré de précision et d'exactitude, son enseignement traditionnel est encore « sujet à caution, à confusion et à erreur ». Le petit livre de M. Rougier « se propose de faire justice de ces erreurs et d'offrir un exposé, sufli- sant encore que très concis, de la Logique formelle et de l’économie des théories déductives ». Pour l’auteur, « le raisonnement est déduetif, ou il n’est pas... Le raisonnement, en tant que tel, est toujours indépendant de la nature des objets auxquels on l’applique et sa validité dépend, non de la matière dont on parle, mais de la forme de ce que l’on dit. » M. Rougier étudie d’abord la logique du jugement et duraisonnement, puis il passe en revue les types élémen- taires de raisonnement (constantes logiques, relations logiques, opérations logiques, logique des relations). Il traite ensuite de l’économie des théories déductives, « Une théorie déductive consiste à partir d’un petit nombre d'objets indéfinissables et de propositions indé- montrables, pour construire, à l’aide des seules opé- rations de la logique, de nouveaux objets logiquement existants, el pour déduire, en vértu des seules règles du calcul logique, de nouvelles propositions nécessaire- ment vraies, à supposer que les premiers objets et les premières propositions nesoient pas contradictoires, » Les principes formateurs « expriment que, si certains objets du discours sont donnés, en effectuant sur eux certaines opérations dont on postule l’existence, on peut obtenir de nouveaux objets ». Pour étudier le mécanisme du développement d'une théorie, l'auteur prend comme exemple les démonstra- tions de la géométrie élémentaire. « Pour ce faire, il faut se dégager des habitudes de notre enseignement secondaire et présenter la géométrie selon la méthode axiomatique de David Hilbert. » « On ne doit jamais faire appel aux propriétés intuitives des notions géo- métriques qui y interviennent : qu’elles soient envisa- gées comme premières ou dérivées, celles-ci doivent être traitées comme de simples symboles, susceptibles de diverses interprétations intuitives. » « La faculté de construire de nouveaux objets repose sur les opérations logiques (et par suite sur les principes logiques forma- teurs), qui permettent d'obtenir de nouvelles définitions nominales ; et sur les principes formateurs de la science considérée, qui permettent de faire suivre ces défini- tions nominales de théorèmes d'existence et de les transformer ainsi en définitions réelles. » « C’est par les principes formateurs que se manifeste, dans une théorie déductive, l’activité créatrice de l'esprit. » « Une théorie déductive est ainsi une théorie pure- ment formelle : c'est un schème logique, un barème de déductions toutes faites, susceptibles de s'appliquer aux objets et aux relations particulières les plus variées, » M. Rougier en donne des exemples empruntés à la Physique théorique et aux Mathématiques. « On voit par là comment les théories déductives, en se dégageant de la gangue de leurs interprétations concrè- tes primitives, comme l’insecte parfait sort de sa chry- salide, gagnent en généralité ce qu’elles perdent en détermination, et réalisent, en devenant des formes abstraites applicables aux matières les plus diverses une considérable économie de pensée, » Le livre de M. Rougier est tout à fait intéressant pour les savants qui aiment à bien savoir comment, sont construits les raisonnements dont ils se servent. Ce petit volume, d'une concision extrême, mérite d’être lu et médité;un index alphabétique aurait peut-être facilité la tâche du lecteur. Marcez Durour, Professeur à la Faculté de Médecine d'Alger. ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 629 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Séance du 9 Octobre 1922 19 SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. G. Bratu: Sur les progressions d'ordre supérieur. —M. H. Hansson: Sur un procédé nouveau de multiplication des échelles fonctionnelles. Ce procédé repose sur l'emploi d’échel- les mobiles douées de deux degrés de liberté. — M. M. d'Ocagne : Observations sur la communication précédente. — M. Seigle: Possibilités d'emploi indus- triel des barres d'acier doux préalablement écrouies par traction. L'auteur montre que l’écrouissage par traction est un moyen de relever la limite élastique infiniment plus simple etmoins coûteux que le tréfilage. — MM. Oh. Nordmann et Le Morvan: Sur les températures effec- tives des étoiles 8 et de la Grande Ourse. Réfutation d’une objection de M. Hertzsprung aux résultats anté- rieurs des auteurs. 20 SCIENCES PHYSIQUES. — M. R. Soreau: Sur leslois de variation des caractéristiques de l'air standard avec l'altitude. L'auteur propose une nouvelle méthode de détermination de ces lois qui utilise le baromètre seul, et tient compte en bloc de toutes les influences agis- santes : température, état hygrométrique et météorolo- gique, composition, ete.— M. Ch. Menges: Sur le coef- ficient de Fresnel. L'auteur établit la formule de Fres- nel, avec le perfectionnement introduit par Lorentz, sans l'introduction d'aucune hypothèse spéciale plus ou moins douteuse, mais en appliquant conséquemmentla relativité naturelle du mouvement et la signification physique de l'indice de réfraction. — M. J. Rey: De la probabilité d'éclairer un avion à l’aide d’un faisceau de projecteur électrique balayant le ciel, —MM. G.Holst et E. Oosterhuis : Le potentiel explosif d’un gaz. Les auteurs montrent que les ions positifs ne produisent pas l’ionisation par chocs contre les molécules du gaz, mais que par leur attractionélectrostatique ils peuvent les libérer de la cathode. Cette hypothèse conduit à une théorie simple du potentiel explosif, qui en fait une fonction du produit pa (pression du gaz >X< 2b,22 DR TOR AN IA CFA pouvoir d'achat exprimé en Ur901-10+ Pour vérifier le principe 1, nous tracerons sur | tipliant l'indice des prix de gros en Espagne par l'indice moyen des prix de gros en France pen- dant l’année 1913. Nous avonstiré les moyennes mensuelles des changes du Recueil mensuel de l'Institut Inter- national du Commerce de Bruxelles. Cette pu- blication donne des indices de change, qui sont le produit par 100 du rapport du cours du change, tel que nous l’avons défini, à celui qui traduirait la parité métallique des deux monnaies envi- sagées. : Si Ca est le cours du change de la livre sterling en France, l'indice de change corres- pondant sera : ; Ca C'a = 100 X CRE A E: S $ ù à g NS È à 8 & 1 à N $S S K Ÿ $ È Ê $ à & 0000 Fig. 2, — le même diagramme (fig. 2)les courbes du pou- voir d'achat du franc en France et dans différents pays étrangers. Pour les années 1920-21-22 nous avons établi ces courbes en prenant, pour la France, l'indice mensuel des prix de gros de la Statistique géné- rale de la France, pour l'Angleterre, l'indice de Sauerbeck, pourles Etats-Unis, l'indice de Dun et'pour l'Italie, celui du Professeur Bachi. Ces quatre indices, ramenés à la base 100 pour la période 1901-10, sont donnés mensuellement par le Bulletin de la Statistique générale de la France. L'indice des prix de gros en Espagne est donné par le même bulletin, mais rapporté à la base 100 pour l’année 1913. Nous avons admis, par géné- ralisation del’hypothèse précédemment énoncée, l'égalité du pouvoir d'achat moyen de 1 gramme d’or en Franceet en Espagne pendant l’année 1913, ce qui nous a permis d'exprimer le pouvoir d'achat du franc en Espagne en Ur 901710 en mul- Pouvoirs d'achat en UF, 1901-10 du franc en France, en Angleterre, aux £tats-Unis, en Italie et en Espagne. ce qui nous donne pour le calcul du pouvoir d’achat du franc en Angleterre la formule “rx 10-000 ; IA.C'A A titre d'exemple, nous donnons ci-dessous le calcul du pouvoir d'achat du franc en Angleterre pour l’année 1920 : ANNÉE 1920 Mois| JA C'A :|) rFA — Lee TF.F — FA IAC’A J 334 | 171 0,174 + 0.004 F 354 191 0.149 — 0.017 M | 356 | 206 0,136 + 0,020 A 2021100253 0,110 — 0,037 M | 354 | 224 0,126 - 0,031 J 348 198 0,145 + 0.031 J 347 189 0,153 + 0,021 A | 345 | 201 0,145 —- 0,028 S 339 | 207 0,142 — 0,022 [e] 327 211 0,145 + 0,029 N 305 228 0,144 — 0,044 D 282 | 234 0,152 + 0,047 Jacours RUEFF. — LE CHANGE, PHÉNOMÈNE NATUREL 651 La figure 2 représente les variations des pou- voirs d'achat du franc en France, en Angleterre, aux Etats-Unis, en Italie eten Espagne, pouvoirs d'achat exprimés en Ur. 1901-10. Elle nous montre que pendant toute la période 1920-21 la disparité du franc n’a pas dépassé 0,051 en Angleterre, pour une valeur du franc en France de 0,213 (Janv. 1921), soit 0,24 de la va- leur correspondante du france {chiffres exprimés toujours en Ur. :go1-10)- Aux Etats-Unis la disparité a atteint en décem- bre 1920 sa valeur maximum, soit 0,22 de la va- leur correspondante du franc. En Italie, elle a atteint sa plus grande valeur en février 1921, soit 0,17 de la valeur correspondante du franc. 1972 UTF Tam LU TATsTolw|ols libre circulation del’or, 1912-13. Pour cette période nous avons tracé les cour- bes du pouvoir d'achat du france en France et du franc en Angleterre. Les indices des prix de gros nous ont été fournis par le Bulletin de la Statistique générale de la France. soit pendant les années déterminé les moyennes mensuelles de change en calculant la moyenne arithmétique de quatre ou cinq valeurs prises dans le mois à huit jours d'intervalle. La figure 3 nous montre que, dans cette be la disparité du franc en Angleterre, tantôt néga- tive et tantôt positive, n’a jamais dépassé en va- leur absolue 0,037, valeur atteinte en juin 1912 —---— en Angleterre. en F rence. Q NS ê 5 $ LS S Ÿ S Ÿ ñ $ Ÿ < Ÿ d Ÿ Fig. 3. — Pouvoirs d'achat du franc en France eten Angleterre en Ur. 1901-10. En Espagne, enfin, elle n’a pas dépassé 0,11 de la valeur correspondante du france, et ceci pour le mois de janvier 1921. La figure 2? nous montre, en outre,que pendant l’année 1921, cependant que la France s’éloi- gnait de la période de troubles monétaires con- sécutive à la guerre et due principalement à l'inflation pratiquée à cette époque, les courbes représentantle pouvoir d’achatdu franc à l’étran- ger se rapprochaient d’une manière continue de celle qui traduisait le pouvoir d’achat du franc en France. D’octobre 1921 à mars 1922, la disparité du franc n’a pas dépassé: 0,015 en Angleterre (nov. 21) soit0,05 dela val. corresp. du fr. 0,017 en Italie (fév. 22) soit 0,06 de la val. corresp. du fr. 0,018 aux Etats-Unis (nov. 21) soit 0,06 dela val. corr. du fr. 0,015 en Espagne (nov. 21) soit 0,06 de la val, corr. du fr: Ainsi d'octobre 1921 à mars 1922 le pouvoir d'achat du franc à l'étranger ne s’est pas écarté du pouvoir d'achat du franc en France de plus de 6/100 de cette dernière valeur. Le principe 1 peut donc être tenu pour largement vérifié. Pour montrer qu’ilreprésente une loi perma- nente des phénomènes de change, nous avons cherché à le vérifier pendant une période de et qui n’est que les 4/100 de la valeur correspon- dante du franc. Ce résultat étant du même ordre que le pré- cédent, et par suite le confirmant, nous tiendrons le principe 1 pour établi. — Il reste alors à assurer dans les mêmes conditions la vérification du prin- cipe 2 Pour ce faire, il nous suflira de vérifier, comme nousl’avons montré précédemment, la similitude de forme des courbes représentant les variations de la balance des comptes et celles de la dispa- rité, tout maximum ou tout minimum de l'une devant se retrouver dans l'autre. Toutefois une difliculté se présente dans le tracé dela courbe de la balance des comptes. S'il est relativement facile de connaître les engage- ments internationaux arrivés à échéance et résul- tant pour chaque Etat de traités politiques, il n’est pas possible de déterminer d'une manière complète le total des dettes et créances d’ori- gine commerciale. Nous avons montré précédemment que ces det- tes et créances ne pouvaient provenir que de ven- tes de marchandises, de services, de monnaies Priverre 2, Nous avons Jacours RUEFF. — LE CHANGE, PHÉNOMÈNE NATUREL métalliques, de métaux précieux, ou de papier- monnaie. Or, ces éléments ne noussont pas tous égale- ment connus. Les mouvements de marchandises sont révé- lés, d’une manière à peu près satisfaisante, par les statistiques douanières. Par contre, la valeur des services vendus ou achetés à des étrangers ne peut être trouvée dans aucun document existant. Ces services, que l’on a qualifiés d’exportations invisibles, se compo- sent essentiellement des transports maritimes faits pour le compte d'étrangers, et de l’entretien des voyageurs étrangers sur le territoire natio- nal. De la même manière, les statistiques des mou- vements de monnaie métallique et de métaux précieux sont, de toute évidence, très imparfai- tes, ces mouvements échappant en grande partie aux investigations douanières. Enfin, nous connaissons à peine les achats et les ventes de papier-monnaie faits par des étran- gers dans un but spéculatif. Ces lacunes dans la connaissance des diffé- rents éléments de la balance des comptes ne nous empêcheront pas de vérifier le principe 2. Tout d’abord, en période normale, pour des pays ne pratiquant pas l'inflation fiduciaire, et dont, par suite, la monnaie est à peu près stabilisée, les achats et ventes de papier-monnaie faits par des étrangers dans un but spéculatif sont extrêmement réduits relativement au mon- tant des règlements commerciaux. La valeur des métaux précieux et des espèces métalliquescireulant d'un pays à un autre, si elle avait quelque importance en période de libre circulation de l’or, n’est depuis la guerre, et pour la plupart des pays, qu’une quantité infime rela- tivement à la valeur des marchandises échangées. Ceci, les statistiques, si imparfaites qu’elles soient, permettent de le constater. Aussi n'avons-nous tenu compte des mouve- _ ments de métaux précieux révélés par les statis- tiques que dans la période antérieure à laguerre, sauf lorsqu'il s’est agi de la détermination de la balance des comptes de l'Amérique vers laquelle ont convergé, depuis 1914, tous les mouvements d’or du monde. Ainsi, pendant les années 1920-21-22, en ne faisant entrer dans le total de la balance: des comptes que la valeur des marchandises et ser- vices échangés, nous deyrons obtenir des résul- tats peu différents de ceux que nous aurions obtenus par la connaissance complète de la balance des comptes. Mais il y a plus; la valeur des services échan- gés nous échappe à peu près complètement. On peut admettre toutefois : 1° que la différence entre la valeur des créan- ces et des dettes extérieures, qui résultent des échanges de services, est faible relativement à la balance commerciale; 2° que la balance de ces dettes et créances va- rie dans le même sens que la balance commer- ciale puisqu'il est très vraisemblable, en effet, que l’activité des opérations bancaires ou des transports maritimes faits pour le compte d'étrangers suit approximativement l’activité du commerce international. Si l’on admet toutes ces hypothèses, qui se trouveront confirmées, à posteriori, par l’exacti- tude des déductions que nous en avons tirées, on voit que la courbe qui traduit les variations de la balance commerciale, tracée en ne tenant compte que dela valeur des marchandises échan- gées, doit être semblable à celle que l’on aurait pu obtenir par la connaissance, complète de la balance des comptes. Ainsi, si notre théorieest vraie, nous devrons constater la similitude dela courbe de la dispa- rité et de celle de la balance commerciale, cette dernière n'étant tracée qu’à l’aide des rensei- gnements fournis par les statistiques douanières. A tout maximum ou minimum de l’une devra correspondre, ainsi que nous l’avons annoncé, un maximum ou un minimum de l’autre. Pour juger de la valeur des résultats obtenus dans les vérifications qui suivent, il importe de connaître les principales imperfections des ren- seignements utilisés. 1° Les nombres indices sont susceptibles de certaines variations, faibles il est vrai, suivant la nature des marchandises qui entrent dans leur calcul. D'où une première cause d’erreur, qui, si elle n’affecte pas le sens des variations de la disparité, peut modifier la valeur absolue de cette grandeur. 20 Dans les statistiques douanières, les prix des diverses marchandises sont déterminés une fois pour toutes. Ainsi pour les années 1920-21 la balance commerciale de la France a été calculée à l'aide des prix fixés par la commission des va- leurs en douane pour l’année 1919. Pour les premiers mois de l’année 1922, les importations sont évaluées d'après la valeur déclarée par l’im- portateur pour l'application de la taxe sur le chiffre d’affaires, les exportations d’après les prix du tarif de 1919. D'où une cause d’erreur importante qui, étant données les variations rapides des prix en 1920-21 modifie grandement la valeur absolue du déficit Jacoues RUEFF. — LE CHANGE, PHÉNOMÈNE NATUREL 653 de la balance commerciale,bien qu’elle permette d'en apprécier les variations. Ceci est une nouvelle raison de n’accorder qu’une faible importance à la forme de la courbe qui représente les variations de la balance com- merciale,etdetenir compteseulementdes maxima et minima qu'elle présente et qui marquent des changements de sens des variations de cette balance. Enfin, nous n'avons calculé que des moyennes mensuelles, ce qui a pour principal avantage d’éli- miner l'effet des mouvements quotidiens du cours L'existence de cetintervalle variable peut s’ex- pliquer par la considération des différentes mo- dalités de paiement. Tantôt, en effet l’importa- teurachèteles devisesnécessairesàsesrèglements dès la commande: tantôt, au contraire, s’il es- compte la baisse du change, il attend l’époque de l'échéance, époque qui est en général posté=. rieure à la livraison, c’est-à-dire au moment où le passage des marchandises importées est enre- gistré à la frontière dans les statistiques doua- nières. A titre d'exemple nous allons étudierles deux À en mm m0 [oo 1920 ES 1921 71922 SZ A AS OWID|JIF MIA MY |J)41S|O0IN|2|J|F|#/4}#|S|J 1418 À S S 20 | < .0090 FAN a = + y & $/600 N + 0080 } * ——— & S See 0070 | LALtI j'ais ; | le | , & 2° 8 2 8/0 à 2060) SEP LUE Ven | | ŸS&00| À 2050 Eu | il NA | £! L AR | Ne à IL | % ÊÈS |, a i£ AN ie Me JL #4 | o À à ë 5 ï ur ? SR $ st40| Ÿ.0020 / pret | / v. Q e | e19 LA 7 à 7 Pa ï 77 ŸS | 274 SA n LT SR Û / IS lo l$ 0 AT AE ad Ep p $ $S Ÿ + Pi No le 7 Ge # 8 RSI) -20 UE # ae Sy N4w| Ÿ-0070 7 E ER 600 Ÿ-44 is Sa à Fig. & — Disparité du franc en Angleterre et commerce lotal de la France,— Les courbes tracées en gros traits sont obtenues en joignant purement et simplement les points déterminés chaque mois et qui sont indiqués sur nos graphiques par un petit cercle. Le fait que les valeurs correspondant aux coordonnées de ces points représentent des moyennes mensuelles, peut dissimuler des oscillations de durée inférieure à un mois. Aussi avons-nous tracé en traits plus fins dans la région À Lm n une eourbe qui passe parles points déterminés et qui est donc possible, sans être certaine. des changes, mais risque, par contre, de faire disparaître de nos diagrammes des variations de disparité d'une durée inférieure à un mois, mais qui, cependant, peuvent trouver leur cause dans des variations de la balance des comptes de du- rée supérieure et qui, comme telles, sont repré- sentées par nos courbes. Entre deux points con- sécutifs, nous avons supposé la courbe continue, hypothèse toujours admise pour les courbes qui représentent des phénomènes physiques. Ceci posé, il nous reste à étudier dans le détail chacune des courbes tracées. La figure 4 représente la disparité de la mon- naie française en Angleterre et lecommerce total de la France. Nous constatons qu'à tout maximum de l’une correspond un maximum de l’autre, à tout mini- mum de l’une, un minimum de l’autre. Nous avons placé les mêmes lettres aux points cor- respondants et nous pouvons observer que l’in- tervalle qui sépare deux points correspondants ne dépasse jamais un mois et demi. courbes pendant les mois de novembre, décem- bre 1920 et les premiers mois de 1921. En novembre 1920, le déficit de la balance com- merciale française croit et atteint son maximum en 4’. Pendant la même période, la disparité du franc en Angleterre s’accroit, rendant de plus en plus désavantageuses les importations d’Angle- terre en France, et au contraire de plus en plus avantageuses les exportations de France en An- gleterre. À partir d’une certaine valeur de la dis- parité, le déficit de la balance commerciale cesse de croître, puis diminue, diminution qui provo- que à son tour une diminution k de la disparité. Le même phénomène se reproduit en #, 7, ki. On peut remarquer en outre que, dès le mois de janvier 1921, notre balance commerciale appa- rente devient favorable, ce qui doit avoir pour effet de diminuer nettement l'intérêt que nous avons à exporter en Angleterre. Ceci se traduit en effet sur notre diagramme par la brusque di- minution de la disparité de mai 1921. Enfin la figure 4 explique la hausse du changé [er] Qt ln anglais qui s’est produite au printemps de 1922 et qui correspond à la portion ascendante s' {de la courbe qui représente les variations de la ba- lance commerciale. Ayant ainsi vérifié que le principe 2 régissait bien les variations de la disparité du franc en Jacques RUEFF. — LE CHANGE, PHÉNOMÈNE NATUREL Il nous reste, pour montrer la généralité du principe 2, à en assurer la vérification dans une période de libre circulation métallique. À cet effet, nous avons rapproché dans la fig. 6 la courbe de la disparité de la livre sterling en France pendant la période 1912-13 de celle des pi S 1920 1921 1922 S S SV MIA WI J 4 ]S 0 WID IV IF M4 MI 19141810 W|21YJ/F m4 Ÿ ÿ À da” Ÿ 8 17 : DE Le Un < Ê BI A EX : à À ÿ À = à €’ JO TT » S à $ 30 LT = > + e 0 Æ] DL NET LT n È g :S 20 61h |; . = \ É ASS 4 A \ À 8 v Ta v2 $ & à 0 : d Es PS-002 ; se L 7 À S-2040 £ FAR IS F à $-2060 Ÿ 2-0700 g À È &- 2720 à s-0740 $ Fig. 5. — Disparité de la livre sterling en France et commerce total de l'Angleterre en 1920-22. Angleterre, nous avons voulu étudier les‘varia- tions de la disparitédela livre sterling en France variations de la balance des comptes de l’An- gleterre pendant la même période f. SL TS 7912 7913 ER Sr Lula WwbbVrIs low 4m T4Is oz L Ÿ 4 LIN | JF ERECE ] À À à d Ki ü à S 2 SAR : | ë CR ls LE ii Ÿ à Ê SÆ 800) fN PAIEeR il_{ SES PUR PA E PAS 7 EL + + Ce RS EVE La LR LATE à S sde lezavl | MÉALAE R OT | £ a SD À 24 S 207 “ NI M 17 LEA mi és KT OK 0 En e S 2070 E B S-0020 + S Fig. 6. — Disparité de la livre sterling en France et commerce;total de l'Angleterre en 1912-13. pendant la même période. La figure 5 rapproche les variations de cette disparité de celles de la balance commerciale anglaise. La concordance est entièrement satisfaisante et l’on pourrait ré- péter au sujet de ces deux courbes les mêmes considérations que dans le cas précédent. Remarquons en passant que, pendant toute la période étudiée, la disparité de la livre sterling en France est négative. Nousreviendrons sur ce fait dans le paragraphe que nous consacrons, dans la troisième partie de ce mémoire, à l’étude du chômage en Angleterre. Il est bon de remarquer, à cesujet, que la courbe tracée en rouge représente, avec les échanges de marchandises, les mouvements de monnaie mé- tallique et de métaux précieux entre la France et l'Angleterre. Pendant les années 1912-13, les mouvements de métaux précieux sont en effet 1. Pendant la période 1912-13, nous avons étudié la disparité de la livre sterling en France, plutôt que celle du franc en Angleterre, par suite des difficultés qu'apporte à la détermi- nation de la balance des comptes de la France, pendant les mois d'avril de ces deux années, le changement de tarif pra- tiqué à cette époque dans les estimations globales des statisti- ques du Ministère des Finances, Jacoues RUEFF. — LE CHANGE, PHÉNOMÈNE NATUREL de quelque importance relativement aux mou- vements commerciaux. Si imparfaites que soient les statistiques à ce sujet, il importait d'en tenir compte. Nous avons donc ajouté le chiffre des importations’de métaux précieux à celui des im- portations de marchandises et fait de même pour ! 655 Dans la figure 7, nous avons étudié les varia- tions de la disparité du franc aux Etats-Unis, dans la figure 8, celles de la disparité du franc en Espagne. Nous avons fait en outre de très nombreuses vérifications, non reproduites dans cet article et portant pour les années 1920-21 et e ! 1927 [ ! s 208 | Bree Pro UT MALTE Ÿ Le 220 LR bee à ELU |2 A | || | Ë < à /400 S 7 \ le 21 7 n © -Q “ È a à 20 à 4 © 2€ #0 | 24050 \ À il, 20 DS En | 8 LS 47 À 7040 A | [EN PE { RAR € A À 1 1à . H Ê a |00| S2050 NÉ | ESA æ| S Se] aol aa) LU LEE RTE LEA Le RP kr PNA NT LL Fe L o & 7 je à ] > TS : Z\ 2 Ne à RH È \ FUN A 74 UE & y ÈS | 20 |S$ 2070 \_} ‘EN À LA è & 400 | Ÿ-0020)_ | |7 # Ÿ .S S # 600\$-0030 oi | L | li Fig. 7. — Disparité du franc aux Etats-Unis et commerce total de la France. les exportations. Les chiffres utilisés ont été tirés du supplément mensuel de The Economist. | Er M 22, sur les variations de la disparité du franc en Italie, en Belgique et en Suisse, de la livre ster- 1927 J |J 1922 A|S|0|W|2|J|F M2 FE t-il Æxcés des ymport. sur les export. en millions de franes par mois ré. à —— expo) È Gmmerce total de la France ((ommerce special) sur les imporé. ÆLxcés des Fig. 8. — Disparité du franc en Espa La concordance des deux courbes est extré- mementsatisfaisante. Onremarque que la courbe de la balance des comptes précède toujours la courbe de la disparité et que les points corres- pondants sont distants d’un mois au moins et de deux au plus. Cette uniformité montre à quel point sont réguliers, en période normale, les phénomènes de change. Après des concordances aussi nombreuses, les principes 1 et? pouvaient être considérés comme vérifiés. Afin qu'aucun doute ne soit plus possi- ble, nous avons tenu à en contrôler l’exactitude dans d’autres cas encore. gne et commerce total de la France. ling en France, aux Etats-Unis, en Italie, en Es- pagne, en Belgique et en Suisse, du dollar en France et en Belgique, ete. Pour résumer les vérifications relatives aux variations de la disparité du franc dans diffé- rents pays étrangers, nous avons rapproché, dans la figure 9, les variations de la balance commer- ciale dela France de celles dela disparité moyenne du franc à l’étranger (moyenne arithmétique des disparités du franc en Angleterre, en Italie et aux Etats-Unis pour l’année 1920, en Angleterre, en Italie, aux Etats-Unis, en Belgique, en Suisse et en Espagne pour les années 1921 et 1922). La [en ot D Jacques RUEFF.— LE CHANGE, PHÉNOMÈNE NATUREL correspondance des maximaet des minima est extrêmement frappante. Ainsi, dans tous les cas étudiés, la concor- Dans ces conditions, nous considérons doré- navant les principes 1 et 2 comme établissant une théorie en complet accord avec l'expérience 1921 1922 A|M|\J\J/|418S 10 |W|2|1/|F|#|4 à L À $ à $ S franes par mois Ÿ À $ à LUeR j Lxcès des Import sur les export. en - S È DER à S ÿ à è KL R SP/20| $ SRE ZE É S So 27/8 a : É S ÊÈ i 1 A ER AE LT LT SA AE AL fé En IPN Ÿ S KZ f n à 200 | à ! F S$ o | Ÿ É É. 1! | Fa HEAR VFNET SAR è FÈ NI | s Ÿ o SD | $& LC SOIR ENS & N 5 Fig. 9.— Disparilé moyenne du franc à l'Etranger et commerce total de la France. — La disparité moyenne du franc est la moyenne arithmétique des disparités du franc dans les pays suivants : en 1920, Angleterre, Etats-Unis, Italie; en 1921-22, Angleterre, Etats-Unis, Italie, Belgique, Espagne, Suisse. dance des deux courbes de la balance commer- | et pouvant par suite être tenue pour vraie, dans ciale et de la disparité est restée aussi satisfai- , 7 2 a 1 sante. L'intérvalle de temps séparant deux points Jacques Rueff, correspondants s'est toujours trouvé inférieur Ancien élève de l'Ecole Polytechnique. ou au plus égal à deux mois. l’état actuel des observations économiques. (À suivre.) BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX BIBLIOGRAPHIE ANALYSES 4° Sciences mathématiques Carslaw (EH. S.). — Introduction to the Theory of Fourier's Series and Integrals. Second edition, completely revised. — x vol. in-8o de xt + 323 pages et 37 fig. (Prix cart. : 20 sh.). Macmillan and Co., ltd., St Martins’s street, London, 1921. L'auteur, professeur à l'Université de Sydney, avait fait paraître en 1906 un ouvrage sous le titre :« Fourier’s series and integrals and the mathematical theory of the conduction of heat ». Cet ouvrage est maintenant épuisé et dans une seconde édition élargie en deux volumes les deux sujets traités ontété développés séparément. Le second volume sur la théorie de la chaleur intéresse sur- tout les physiciens ; le premier s'adresse aussi bien aux mathématiciens qu'aux physiciens.Peut-être l’auteur n’a- t-il pas suffisamment su décider dans ce premier volume (qui seul nous occupe ici) quel est celui du mathématicien ou du physicien auquel il s’adressera particulièrement, Le physicien risque d’être un peu rebuté par les premiers six chapitres sur les nombres irrationnels, les séries, la continuité, l'intégrale définie, la théorie des séries de fonctions, les intégrales dépendant d’un paramètre. S'il a en vue surtout les applications, il trouvera que pour arriver aux quatre chapitres qui l'intéressent : ceux qui concernent la série de Fourier, l'effort préliminaire est bien long. Et il n'aura pas tort, D’autre part, le ma- thématicien 1921, puisse encore songer à vouloir élargir la notion d'in- tégrale au moyen de l'intégrale de Riemann. Celle-ci a joué son rôle, mais ce rôle est fini et — si l’on ne veut admettra diflicilement qu'en on pas se borner à l'intégration des fonctions continues ou à celle des fonctions que l’auteur appelle « ordinai- res » et pour lesquelles l'intégrale de Riemann est su- perflue — il n’est pas plus long et il est plus utile d'utiliser l'extension due à M. Lebesgue. D'autant que, pour des physiciens qui veulent rapidement arriver au but, le mode de définition de l’intégrale de Lebesgue par les procédés d'extension de proche en proche dus à M. W. H. Young permet une exposition rapide et très intuitive. L'ouvrage de M. Carslaw est écrit avec soin, bien imprimé sur du beau papier. Comme dans beaucoup d'ouvrages en anglais, on y relève un grand souci de rendre facile à lire, « d'illustrer » les parties abstraites ou ardues par des figures ou des exemples numériques; on appréciera aussi l’adjonction de nombreux exerci- ces, Mais on observera aussi le peu d'intérêt attaché aux idées générales, Or les idées générales ne sont peul- être pas seulement des amusements de l'esprit : Ainsi l’on sait que c’est la série de Fourier qui s'impose pour des fonctions — même beaucoup plus compliquées que les fonctions « ordinaires » de l’auteur — si l'on emploie la méthode des moindres carrés. Autrement dit, si l'on cherche à ajuster une fonction très générale f(x) par une somme trigonométrique S(x) d’un nombre limité donné ET INDEX 22 Tr ”,9 . . . determes, de sorte que | ({— Sn)’dx soit minimum, le Le Le minimum est atteint quand S, est le commencement de la série de Fourier. On s'étonne de ne pas voir ce fait capital.mis en évidence avant toute discussion subtile sur la convergence des séries de Fourier, dans un ou- vrage qui a surtout en vue les applications, Maurice FRÉCHET (Université de Strasbourg). Jacquinot (O.), Inspecteur général des Ponts et Chaussées. — Navigation intérieure. Canaux. a l'Ecole nationale des Ponts et Chaussées. — 1 vol. gr. in-8° de 600 p. avec 244 fig. des Grandes Encyclopédies industrielles (Prix : broché, 45 fr.; relié souple, 55 fr.). J.-B. Baillière et fils, éditeurs, Paris, 1922. Cours professé L'ouvrage que nous présentons ici s'ajoute à la liste qui s’allonge chaque jour des volumes composant les Grandes Encyclopédies Industrielles que publie la librairie Baillière avec beaucoup de soin dans la recher- che de ses collaborateurs. De cette collection plusieurs volumes ont déjà été dans cette Revue l’objet d’un compte rendu bibliogra- phique, et nous croyons que parmi ceux déjà édités peu retiendront autant l’attention des lecteurs intéressés que celui-ci. C’est que l'ouvrage actuel est le fruit mür de la longue expérience de son auteur, acquise au cours d’une carrière administrative tout entière consacrée, dans-le service actif, aux travaux de construction du canal de la Marne à la Saône et à la navigation entre Paris et la Belgique, M. Jacquinot a done été en mesure dans son travail de faire bénéficier les lecteurs d'une compé- tence éprouvée « sur le tas » et son habitude de la chaire qu'il a occupée à l'Ecole des Ponts et Chaussées lui a permis de rendre assimilables sous la forme la plus simple et la plus compréhensive les questions qu'il va aborder, Le livre ne s'adresse pas seulement aux ingénieurs qui ont à construire des canaux de navigation, mais il intéresse aussi ceux qui ont à entretenir les voies d’eau ou ceux encore qui ont à édifier des constructions supportant une charge d’eau. Aucun travail public, en effet, n'exige autant de ren- seignements pratiques provenant d'expériences anté- rieures, autant de réflexion et de jugement sain, de bon sens que les travaux hydrauliques, Il y a par suite lieu de se garder de les aborder sans cette initia- tion préalable que procure la connaissance et la dis- cussion de ce qu'ont fait les anciens ingénieurs qui ont apporté dans leurs œuvres tant d’ingéniosité et dont les enseignements restent toujours actuels. C'est là précisément l’objet qu'a eu en vue l’au- teur etil l’a parfaitement atteint. M, Luiggi, ingénieur italien, a appelé notre siècle 658 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX celui des constructions hydrauliques. En France où l’on songe à présent aux canaux de navigation, on s'était laissé distancé par l’étranger dans les construc- tions hydrauliques, mais l’utilisation de la houille blanche qui fait envisager chaque jour de nouveaux projets, va à cetégard permettre aux ingénieurs français de reprendre prochainement, aux ingénieurs américains notamment, la première place par les travaux en exé- cution ou à exécuter dans les Alpes, les Pyrénées, sur le Rhône et sur le Rhin. : £ L'ouvrage paraît donc à un instant bien choisi et com- plète les 2 volumes précédemment écrits par M. Eydoux sur l’'Hydraulique industrielle et analysés déjà dans la Revue. Une énumération des 17 chapitres du volume serait bien inutile ; il suffit de dire qu'aucun des problèmes qui touchent à la question n'a été écarté et qu’en par- ticulier le chapitre III sur les étanchements, affaire si délicate à traiter, les chapitres VII surles évaluations des besoins alimentaires, VIII sur la création et la transmission des ressources alimentaires, les chapi- tres IX et X sur les diguesen terre eten maçonnerie et le dernier chapitre (XVII) sur l'entretien des canaux, sont à signaler tout spécialement par l'intérêt de leur côlé pratique. L. Porn. 2° Sciences physiques A. Dictionary of Applied Physics, edited by Sir Ricaarp GLAZEBROOK.— Vol.Il: Electricity.— 1 vol. gr. in-8° de vir-1104 p. avec fig. (Prix: 63 sh.). Mac- millan and Co., éditeurs, Londres, 1922. Nous avons présenté récemment aux lecteurs de la Revue (Revue du 15-30 août, p. 486) le premier volume du Dictionnaire de Physique appliquée. Le tome second paraît à quelques mois seulement d'intervalle, et il importe de saluer son apparition avec satisfaction, car il nous apporte une documentation très complète sur important. Il est en effet consacré aux applications de l'électricité et du magné- un sujet particulièrement tisme, et c’est là un domaine dans lequel les progrès ont été et restent si rapides qu'il était essentiel d’en avoir une description qui füt bien à jour.Or le tome II du Dictionnaire est très satisfaisant à cet égard: la rédac- tion des articles, confiée aux personnalités les plus compétentes, fait état des découvertes récentes, et constitue une mise au point de premier ordre. Les applications de l'électricité ont pris de nos jours une telle ampleur qu'une réelle difficulté se présentait dans la composition d'un pareil ouvrage. Il fallait en effet donner les principes scientifiques complets des principales applications sans se perdre dansl’abondance des idée importante, Ce juste milieu a été assez fidèlement tenu. Peut-être les techniciens se plaindront-ils de ce détails techniques, mais sans négliger aucune que les sujets qui lesintéressent plus directement aient été un peu sacriliés aux sujets de science pure; mais les physiciens ne pourront que s'en réjouir. La meilleure manière de faire juger de l’intérêt de l'ouvrage consistera à citer les noms de quelques colla- borateurs et les titres des articles traités par eux. Nous rencontrons d’abord, parmi les sujets d'ordre propre- ment scientifique, l’article d’Allen sur la photoélectri- cité, celui de Richardson sur les phénomènes therm- ioniques, celui d’Aston sur les rayons positifs,celui de Bragg sur la théorie électronique. Les questions de mesures électriques (résistances, capacités, selfinduc- . Lions...)sont traitées par À ,Campbell,Melsom,Rayner, Smith, etc. D'’intéressants articles sont consacrés à la télégraphie par Stone,à la téléphonie par Jewett, à l’are électrique par Angold, aux piles et accumulateurs par Cooper. Nous signalerons tout particulièrement le groupe des articles consacrés à la télégraphie sans fil etaux mesu- res en haute fréquence (auteurs : Eccles, Fortesceue, Dye, Robinson, Wells), et celui qui se rattache au magné- tisme, étudié tant au point de vue expérimental qu'au point de vue théorique (auteurs: Dye, Honda, Oxley, Chree, Chapman). En somme nous n’aurions qu'à nous louer de la forme et du contenu de cet excellent ouvrage, si nous ne con- sidérions pas comme un devoir de renouveler ici, en y insistant un peu, une critique que nous avons déjà for- mulée à propos du premier volume. Nous voulons par- ler de l'insuffisance de la documentation en ce qui con- cerne les travaux français. Les bibliographies souvent très complètes qui accompagnent les articles sont copieusement fournies en travaux de langue anglaise etallemande.Elles oublient par contre ou ignorent trop souvent les travaux de nos compatriotes, ne les attei- gnant qu’à travers les Comptes Rendus, et méprisant le reste de notre littérature scientifique. C'est ainsi qu’un long article consacré à l’enregistrement des courants alternatifs oublie de citer le rhéographe Abraham- Carpentier, que le rôle prépondérant des chercheurs français dans les progrès des mesures en haute fréquence l'on néglige, à propos des mesures de champs magnétiques, de citer la balance de Cotton, ete. La confiance du public scien- est presque totalement méconnu, que tifique français envers un ouyrage comme celui-ci ne saurait que s’accroitre s’il voyait, à la qualité incon- testable de la rédaction, s'ajouter une parfaite impar- tialité. Eucène BLocn. Purvis (J.E.) et Hodgson (T. R.). — The che- mical examination of water, sewage, foods and other substances. 2° éd, — 1 vol. in-8° de 364 p. (Prix cart.: 20 sh.). Cambridge, at the University Press, 1922. [C. F. Clay, Manager; London ; Fetter Lane, FENTE Cet ouvrage, dont la première édition remonte à 1914, fait partie d’une série de volumes, publiés sur l’initia- tive des syndices de l'Université de Cambridge et se rapportant aux différents sujets qui concernent l'hy- giène et la santé publique. Il comprend quinze chapitres qui étudient, successi- vement : les eaux potables etpolluées, fluviales et ma- rines; le lait, ses dérivés et les principaux corps gras; le thé, le café, la chicorée et le cacao ; les farines et les produits qui s’y ralltachent;les condiments; les matières BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 659 oo sucrées : les boissons alcooliques; les viandes, les prin- cipaux toxiques, antiseptiques et désinfectants ; l'air et les produits qui peuvent le souiller. Quelques pages, même, sontconsacrées aux principales déterminations qu’on peut effectuer avec l’urine. Les procédés qui y figurent sont généralement bien choisis mais manquent, parfois, de détails suflisants pour éviter destàätonnements au manipulateur. Presque tous sont empruntés à la littérature scientifique anglaise. Une incursion dans le domaine des analystes étrangers eût peut-être permis aux auteurs d’intro- duire, dans leurs miscellanées, des méthodes quelque- fois plus simples ou plus sûres que celles qu’ils préco- nisent et de se conformer mieux, ainsi, au désir des éditeurs que les livres de leur collection puissent être accessibles et utiles aux classes les plus variées de lec- teurs : médecins, bactériologistes, étudiants de labora- toire, ingénieurs, architectes municipaux, officiers et inspecteurs sanitaires, administrateurs même. Par contre et grâce peut-on dire à cet exclusivisme, le lecteur français trouvera profit à consulter ce livre où il rencontrera des techniques intéressantes n'ayant guère dépassé le pays d'Outre-Manche et qu'il serait bon, en montrant plus d’éclectisme que les auteurs, de voir vulgariser chez nous. G. DENIGES, Professeur de Chimie biologique à la Faculté de Médecine de Bordeaux. 3 Sciences naturelles Elles (Gertrude L.), D. Sc., Fellow of Newnham Col- lege, Cambridge. — The study of geological Maps. — 1 vol. in-8 de vnir 74 p., 64 fig., 1 carte hors texte de la Cambridge Geological series (Prix : 12 sh.). Cambridge University Press, 1921. L’élégant petit manuel du Fellow de Newnham Col- lege se fait remarquer par sa forme attrayanteet la disposition très claire de ses différents chapitres, Une illustration abondante, à laquelle a présidé un heureux choix, permet au lecteur, si peu averti soit-il des ques- tions géologiques, de suivre aisément son guide dans l'exposé des principaux problèmes que pose la lecture et l’utilisation des cartes. Après avoir esquissé les con- naissances topographiques essentielles, Mile Gertrude L. Elles s'attache par des exemples typiques à définir les formes graphiques que donnent les différences d’al- lure des assises sur une carte géologique : bien des questions élémentaires, mais essentielles, ne faisant appel qu’à des connaissances peu étendues de géomé- trie, sont exposées dans ce livre, alors qu'elles sont passées sous silence dans la plupart des ouvrages didac- tiques traitant des sciences du sol. Il faut savoir gré à l’auteur d’avoir donné un exem- ple qu’il est souhaitable de voir suivre dans d’autres pays, où la publication. d'un opuscule traitant spécia- lement des cartes géologiques serait une innovation particulièrement appréciée, Un tel travail s'impose d'autant plus que chaque État entend maintenir jalou- sement les traditions cartographiques de son Service géologique et que bien souvent les collaborateurs ne sont pas mis à même de se rendre compte des raisons déterminantes des divers processus d'interprétation. On peut même souhaiter que dans ce livre soient définies les règles de base de la confection des cartes géologi- ques, ce qui éviterail aux nouvelles institutions géolo- giques, ou même simplement aux nouvelles cartes en voie d'élaboration, des choix fâcheux de notations ou de coloris. L, JocEAuUD. Gruvel (A.), Professeur au Muséum national d'Ilis- toire naturelle. — En Norvège. (L'industrie des Pêches.)— 1 vol. in-8° de 190 pp. + 33 fig. + 24 pl. (Prix : 25 fr). Ed. Blondel La Rougery, éditeur, Paris, 1922. M. Gruvel, chargé au Muséum de la direction d’un important laboratoire, et d’un enseignement relatif aux pêches coloniales, a pu faire, au cours de l'été 1921, un voyage d'étude en Norvège. L'importance de pareille mission résulte du fait que la Norvège est l'un des pays où la technique et la pratique de la pêche sont le plus développées et perfectionnées: étudier sur place les engins, les méthodes de capture et de conservation du poisson, la fabrication des sous-produits, et tirer de ces observations des conclusions pratiques en ce qui concerne l'exploitation de nos pêcheries coloniales, tel était le but de M. Gruvel, Son intéressant ouvrage débute par un chapitre géné- ral sur le comportement physique et océanographique des côtes norvégiennes, Il y a en effet tout un ensem- ble complexe de facteurs variés qu’il est nécessaire de connaître pour comprendre le régime des pêches mari- times : citons parmi ces facteurs la topographie même de la côte, la disposition du plateau continental, la bathymétrie des lieux de pêche, les courants,lasalinité, le plankton et ses variations.L’exploitation rationnelle d'un pareil domaine maritime nécessite un certain nom- bre d'institutions qui sont passées en revue dans le chapitre III, de la « Direction Générale des Pêches », vaste organisation à la fois administrative, scientifi- que, et technique, au Crédit maritime, en passant par les Musées, Laboratoires, Ecoles de Pêche et Assu- rances maritimes. Il faut signaler ici l'importance par- ticulière que joue,dans la pêche du hareng, le réseau si développé du télégraphe et du téléphone. Les pêches maritimes de la Norvège peuvent se divi- ser, normalement, en deux grands groupes : les « pê- ches journalières » qui approvisionnent, tout le long de l’année, les marchés, en poissons divers, et les « pê- ches saisonnières » qui occupent des flottes entières, adonnées à la capture d’un très petit nombre d’espèces, mais représentées chacune par un nombre formidable d'individus. Les bateaux de pêche — très fréquemment pourvus de moteur, ce qui est à noter — et les marchés sont aménagés de façon à permettre la vente de pois- sons absolument frais, souvent même de poissons vi- vants, conservés dans des bacs à eau de mer courante! Nous n’entrerons pas dans les détails — fort intéres- sants d’ailleurs — que nous donne M. Gruvel sur les différentes espèces de poissons comestibles des côtes et des eaux douces de Norvège : les plus importantes 660 appartiennent à la famille des Gadidae (morue, églefin, merlan, etc.), des Clupeidae (hareng, sprat), Pleuronec- tidae (flétan, plie), Salmonidae (saumon et truite). — Les pêches saisonnières s'adressent à trois espèces, le sprat, le hareng et la morue. Les bancs de sprats sont capturés avec des sennesoudes filets dérivants : aussitôt apportés à l’usine ils sont immédiament préparés pour la conserve, soit à l'huile (fumés ou non), soit comme « Anchois de Norvège », soit comme « Hareng d’appé- ‘tit ». Des arrêts prononcés récemment en france, en Allemagne et en Angleterre, interdisent l'importation de sprats sous le nom de « sardines », L'étude de la biologie du hareng a été poussée très loin en Norvège : les « déplacements » du hareng,ce qu'on nommait autre- fois ses « migrations »,sont régis par un certain nom- bre de facteurs au nombre desquels on peut signaler comme particulièrement importants : 10 la nourriture; le hareng se nourrit d'espèces planktoniques,Crustacés (Calanides, Eaphausiacés) ou Mollusques ptéropodes (Limacina) ; 20 la température, qui est optima entre 6 et 70 C.; 30 la salinité, dont l’'optimumse localise aux environs de 34 à 35 pour 1.000.Signalonsici les méthodes précieuses qui permettentau spécialiste de déterminer l’âge et l’origine du hareng par l’examen deses écailles (stries d’accroissement saisonnières). — La recherche des bancs de hareng se fait soit par la vue (lunette d’eau), soit par le toucher (« plomb à harengs » : sim- ple fil de cuivre lesté que les bancs de poissons font vibrer en le frôlant). Quant à la pêche elle-même, elle s'opère avec des sennes que l’on utilise le long des côtes, avec des filets dérivants ou des filets tournants (sortes de sennes employées au large). Le hareng transporté aux usines est salé ou fumé, — La pêche de la morue franche donne lieu, chaque année, à une campagne très importante aux Lofoten, puis au Finmark : des flotilles entières se livrent à cette pêche quise fait soit à la ligne (ligne à main ou palangre), soit au filet de fond vertical ou « garn ».La morue, comme les autres Gadi- dés que l’on capture en Norvège, est livrée à la consom- mation sous la forme de Stockfish (poisson séché deve- nant dur comme du bois) ou de Xlipfish (poisson à la fois salé et séché). Très important au point de vue des enseignements que notre industrie des pêches devrait en tirer, est le chapitre que M. Gruvel consacre à l'étude des sous- produits de la pêche. Du poisson apporté à l'usine rien ne doit être perdu : tout peut et doit être utilisé. Parmi ces produits, sur la préparation desquels M. Gruvel donne des renseignements abondants,citons seulement les huiles, les guanos qui donnent des engrais riches en azote et en acide phosphorique, les huiles de foie médicinales, les rogues de morue destinées à nos pé- cheurs de sardine bretons, les vessies langues de morues. natatoires, les BIBLIOGRAPHIE. — ANALYSES ET INDEX La chasse aux Cétacés et Pinnipèdes occupe un inté- ressant chapitre qui fournit des notions précises sur les espèces capturées, sur les conditions de cette chasse, leur technique, l’utilisation des animaux et les produits qui en sont extraits, Des Cétacés, on retire du sperma- céti (cachalot}), de l’ambre gris (produit musqué dont le prix varie de 4.000 à 7.000 fr, le kilo et qui est simple- ment le résidu digéré du repas d’un cachalot lorsque celui-ci a dévoré certains céphalopodes), de l'huile, de la poudre d’os, des tourteaux alimentaires, des fanons et même, quand l’animal peut être amené à terre aussi- tt mort, de grandes quantités de viande fraîche. Pour être complet, M. Gruvel étudie dans un chapitre spécial les poissons d'eau douce, leur pêche et leur uti- lisation : il'faut signaler ici les détails concernant la technique du fumage du saumon. M. Gruvel conclut en montrant tout ce quiestà faire, tant en France qu'aux colonies, dans le domaine de la pêche et surtout dans celui de l’utilisation rationnelle et complète des produits. La France possède actuelle- ment deux organismes, l’un métropolitain (Office scien- tifique et technique de Pêches), l'autre colonial (Zabo- ratoire central des Pêches coloniales, au Muséum): nous allons donc entrer enfin dans la voie du progrès, consistant à placer à la base de l’industrie des pêches, comme ont su le faire depuis longtemps les Norvé- giens, la recherche scientifique. Remercions M. Gruvel de son ouvrage utile à lire, abondamment illustré et que tous ceux qui s'intéressent aux choses de la mer consulteront avec plaisir et intérêt. . Ta, Moon. 4° Sciences médicales Chavigny (Dr P.). — Psychologie de l'Hygiène. — 1 vol. in-18 de 228 p. de la Bibliothèque de Philoso- phie scientifique (Prix : 7 fr. 50). E. Flammarion, éditeur, Paris, 1922. Intéressant volume de la collection Flammarion où l’auteur, hygiéniste convaincu, expose les nombreux buts de cette science, vieille comme le monde, et tous les services que son application raisonnée pourrait rendre à la collectivité et à l'individu, L'auteur pense, et nous sommes absolument de son avis, qu'il est im- possible dans ces pays de race latine de réglementer l'hygiène comme on réglemente la circulation des voi- tures. Les notions indispensables d'hygiène et leurs applications pratiques doivent être le fait non de la peur du gendarme, mais d’une interprétation consciente de leurs bienfaits et de leur nécessité. Les théories du D' Gustave Le Bon s'appliquent parfaitement à l’hy- giène et l'œuvre du Dr Chavigny qui en découle est d'une lecture pleine d'intérêt et d'agrément. D' GaLzLror. ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 661 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER ACADÉÈMIE DES SCIENCES DE PARIS Séance du 23 Octobre 1922 M. le Président annonce le décès jde Sir W. Chris- tie et de M. J. C. Kapteyn, correspondants pour la Section d’Astronomie. 19 SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. A. Angelesco : Sur une propriété fonctionnelle des coniques. — M. E. Merlin : Quelques propriétés des réseaux. — M. De- saint : Sur les représentations générales des fonctions analytiques. — M.P. J. Myrberg : Sur les singulari- tés des fonctions automorphes. — M. F. Nevanlinna : Sur Les relations qui existent entre la distribution des zéros et des pôles d'une fonction monogène et la crois- sance de son module. — M. A. Guldberg : Sur un théorème de M. Markoff. — M. C. Lurquin: Sur le critérium de Tchebycheff. — MM. Constantin, Jæssel et Dalloz : Sur un bateau qui remonte le vent en se servant du vent lui-même comme puissance motrice. L'énergie du vent est captée au moyen d’une hélice aérienne, qui peut prendre toutes les directions par rapport à celle du bateau, de manière à être toujours normale au vent, Cette énergie de rotation est trans- mise à une hélice marine dans des conditions telles que la poussée axiale de cette dernière soit supérieure à la composante suivant l’axe du bateau de la poussée axiale liée au mouvement de la turbine aérienne, Dans ces conditions, le bateau peut marcher vent debout, 2° SCIENCES PHYSIQUES. — M.J. Lacoste : Nouvelles observations radiogoniométriques des parasites atmo- sphériques. Les observations de cette année confirment le fait que la direction dans laquelle on observe le maximum des parasites est le plus souvent celle des secteurs S et SE des dépressions. Dès qu'il n’est plus pos- sible de trouver un maximum et que sur tous les azi- muts on entend ou enregistre de violentes décharges, un orage atteint la région. — MM. L. de Broglie et A. Dauvillier : Sur le système spectral des ravons Rœntgen. Les auteurs présentent un tableau général des spectres Rœntgen, doué d’une symétrie non encore atteinte jusqu'ici. Il est basé sur le principe de l’alter- nance rigoureuse des doublets réguliers et irréguliers et la structure triple des raies «, et B. Ce tableau fait apparaître pour la première fois la vraie structure de la série K, à savoir une suite de lignes de plus en plus faibles etresserrées vers la limite d'absorption, accom- pagnées chacune d'un satellite de plus grande longueur d'onde formant un doublet régulier. — MM. M. Vuil- laume et A. Boutaric : hotométrie de sources lumi- neuses constituées par des corps noirs à des températu- res différentes. Les auteurs décrivent des variantes simples des méthodes de Crova et de Macé de Lépinay applicables à la comparaison de sources lumineuses dont les températures diffèrent de plus de 2.000°. — M. R. Mesny : Génération par tubes électroniques d’os- cillations polyphasées de haute fréquence. L'auteur a | réalisé avec trois triodes un montage ayant une symé- trie ternaire qui donne naissance, dans des conditions convenables, à un ensemble d’oscillations triphasées. —M. A. Charriou: Sur la séparation de l’oxyde fer- rique et de l'alumine de la magnésie par la méthode des azotates, L’entrainement de la magnésie par l'oxyde ferrique et l’alumine peut être entièrement sup- primé en augmentant la concentration de l’azotaie d'ammoniaque. — M. Picon : Action du sodammonium sur l'hexaméthylènetétramine, le tétraméthyldiaminomé- thane et l'éthylidèneéthylimine. Le sodammonium est ie seul réactif hydrogénant sans action sur l’hexaméthy- lènetétramine, Ilest également sans action surles com- posés azotés saturés de la série grasse, IL réagit avec les composés azotés non saturés pour donner, avec un rendement de 60 °/,, un produit de condensation dans lequel 2 mol. du corps primitif sont soudées par les atomes de C non salurés. 30 SCIENCES NATURELLES. — M. Pereira de Souza : Sur les roches basiques du massif de syénite néphélini- que de la Serra de Monchique et de ses alentours (Al- garve). — MM. P. Lemoine et A. Pinard : Sur le mode de contact de la craie et du calcaire pisolithique à Meulan-Gaillon (Seine-et-Oise), Le calcaire pisolithique remplit ici dans la craie des poches irrégulières, analo- gues aux poches de décalcification que remplit à la sur- face des plateaux actuels l'argile à silex. Donc, après une longue période d’érosion continentale de la craie, la région a été envahie par la mer du calcaire pisoli- thique, qui a nettoyé d’abord les poches de décalcifica- tion des produits qui s’y trouvaient et qui les a rem- plies ensuite. — Mlle F. Brepson : Sur le rôle des phénomènes de solifluction dans le modelé de la région de Saulieu (Morvan). Les phénomènes de solifluction sont susceptibles d'expliquer le grand nombre d’étangs de cette région. — MM. Ch. Barrois, P. Bertrand et P. Pruvost : Observations sur le terrain houiller de la Moselle, On doit considérer le bassin de Sarre-et-Mo- selle comme une nappe plissée dont le pendage septen- trional est interrompu au Midipar deux plis anticlinaux parallèles, l’un de Sainte-Fontaine à Clarenthal, l’autre au puits Simon de la Petite-Rosselle, — M. W. Ki- lian: Les stades de recul des glaciers alpins et l'origine du lac Lauvitel (Oisans). L'examen géologique du val- lon de Lauvitel permet de distinguer deux stades de stationnements glaciaires nettement antérieurs à l’état actuel de nos glaciers : le stade de la Danchère et le stade du lac Lauvitel. Ces deux stades sont eux-mêmes postérieurs à l'occupation par les glaciers de la plaine du Bourg d'Oisans, au stade de Vizille. — M. R. Souë- ges : Embryogénie des Caryophyllacées. Les premiers stades du développement de l'embryon chez le Sagina procumbens LZ. M. M. Mirande : existant entre l'acidité relative des tissus et la présence de l'anthocyanine dans les écailles de bulbes de Lis expo- sées à la lumière, 11 se produit, dans les écailles de Sur la relation ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES bulbes de Lis détachées et exposées à la lumière, une aci- dification générale due à la blessure et une acidification particulière corrélative de la pigmentation. Ces acidifi- cations dépendent de phénomènes d'oxydation. — M. A. Guillaume : £tude sur les limites de végétation dans le Nord et l'Est de la France. Ces limites sont sous la dépendance de { catégories d’influences : clima- tériques, géologiques, physiques et paléontologiques. — M. M. Gard : Sur le dépérissement des jeunes noyers en 1922. L'auteur l’attribue à l’action d'une température basse, d’un gel survenu en pleine végétation, vers le 12 novembre 1921. — M. G. Vernet : Aôle du chlorure de calcium dans la coagulation du latex d'Hevea Bra- siliensis. L'auteur montre qu’en présence des phospha- tes solubles du latex le chlorure de calcium se dédou- ble pour former d’un côté des phosphates de chaux moins solubles, qui restent incorporés dans la gomme, tandis que le chlore se porte sur les matières albumi- noïdes qui coagulent. — MM. E.F. Terroineet H.Bar- thélemy : Avitaminose et inanition. Des observations des auteurs il résulte que, si l’inanition se surajoute indubitablement aux phénomènes d’avitaminose, ni la mort, ni les accidents nerveux, ne peuvent être pure- ment et simplement réduits à des accidents d’inanition. — M. Marage : Fhonation et audition téléphonique. L'auteur a obtenu, par des procédés absolument difré- rents, des résultats identiques à ceux de M. Fletcher résumés ici-même (voir p. 498). — M. A. Policard : Sur le fonctionnement du tissu adipeux; recherches sur la glande nuchale des Rongeurs. La capacité de fixation directe de la graisse par l’élément adipeux est liée à sa constitution colloïdale même ; elle n’a lieu que pour les cellules dans lesquelles l'huile constitue la phase externe ou milieu de dispersion. — M. Vila : Séparation des globulines du sérum de cheval. L'addi- tion de moins de 1/1000 d'HCI et le traitement à l’acé- tone permettent de retirer du sérum une première frac- tion de globuline caractérisée par son insolubilité dans le milieu acide spécifié. Une autre fraction de globuline se sépare quand on élimine l’acide introduit. La troi- sième fraction des protéines, très soluble dans l’eau, possède les caractères de la sérum-albumine, — MM. Y. Manouelian et J. Viala : Un cas de rage chez une lionne, Les auteursont fait l'autopsie d'une jeunelionne, morte peu après son arrivée à Paris après à jours de maladie, caractérisée par une période d'agitation puis de la paralysie, Ils ont retrouvé dans la corne d’Am- mon les corpuscules caractéristiques de la rage ; l’'émul- sion du bulbe rachidien inoculée au lapin a provoqué une rage typique. — M. R. Zivy : Sur un mode inédit de préparation des vaccins. L'auteur a obtenu la stéri- lisation des cultures de bactéries en les soumettant à une série de gels et de dégels successifs. Les vaccins préparés sont remarquables par leur faible toxicité. — MM. M. Léger et A. Baury : Porteurs sains de bacilles pesteux. Des sujets jouissant d'une bonnesanté apparente peuvent héberger dans leurs ganglions, indo- lores et non enflammés, des bacilles de Yersin. Ce ne sont pas des pesteux ambulatoires à Pestis minor; ce sont vraiment des porteurs sains, impossibles à dépis- ter cliniquement, Séance du 30 Octobre 1922 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. M. d'Ocagne : Sur la représentation plane de l’espace. L'auteur fait dériver d’un principe unique tous les modes de repré- sentation plane de l’espace. — M. de Séguier : Sur Les diviseurs de certains groupes linéaires galoisiens, — M. C. Camichel : Sur le régime turbulent. L'auteur ré- sume des expériences ayant pour objet de mettre en évidence une propriété du régime turbulent qu’il croit nouvelle : c’est le fait que divers obstacles entièrement différents placés sur le trajet d’un liquide en mouve- ment peuvent donner à celui-ci le même degré de tur- bulence, el que ce degré de turbulence ne peut être dé- passé. — M. M. Maggini : Sur le rôle que la dispersion anormale peut jouer dans les spectres des étoiles. L'au- teur estime que seule la dispersion anomale peut don- ner une interprétation plausible des spectres présen- tant des raies isolées, ou un ensemble de raies isolées, ou un ensemble de raies dont le déplacement est en désaccord avec le déplacement général du spectre, — M. R. Goudey : Sur une variation périodique annuelle de la marche des pendules. Les observations de l’au- teur établis sent suffisamment que les pendules éprou- vent une variation périodique annuelle, dont on peut calculer les coefficients et les phases des termes pério- diques. La décroissance régulière de ces coeflicients,'la faible valeur des résidus indiquent bien que ce n’est pas un vain jeu denombres, — MM. Giacobini, P. Cho- fardet et A. Schaumasse : Observations de la comète Baade (1922 c), faites aux Observatoires de Paris, Be- sancon et Nice. — M. Poivilliers: Sur un nouveau stéréo-autographe. Cet appareil est destiné au tracé au- tomatique de tous les éléments de la carte, en partant de deux photographies distinctes dun terrain, prises de points de vue quelconques et dans des directions égale- ment quelconques. | 2° SCIENCES PHYSIQUES, — MM. L. de Broglie et A. Dauvillier : Surles analogies de structure entre Les sé- ries optiques et les séries de Roentgen. On peut distin- guer, dans la multiplicité des lignes du spectre X, qua- tre séries analogues aux séries principale, diffuse, étroite et de Bergmann, bien connues dans les spectres optiques. — M. A. Sellerio : Les effets axiaux du champ magnétique analogues à ceux de Righi-Leduc et de Ettingshausen. L'auteur a pu mettre en évidence sur le bismuth l'existence des analogues axiaux des effets transversaux. — M.C. Benedicks : Une étude de la déformabilité de la couche photographique. L'auteur a recherché si la lumière du Soleil peut causer une défor- mation de la couche sensible non négligeable lorsqu'il s’agit de mesures délicates. La grandeur de cette défor- mation ne dépasse pas + 0,002 mm. environ. — M, J. A. Muller : Sur le degré de polymérisation moléculaire des corpsà l'état critique. À l'état critique, tous les corps, sauf l’hélium, contiennent des molécules poly- mérisées, mais ceux de ces corps qui, à la température ordinaire et à une pression voisine de la pression at- mosphérique, jouent le rôle de gaz presque parfaits ont, déjà à l’état critique, un degré moyen de polymérisa- tion peu élevé. — M. R,. Dubrisay : Action de l'acide sr, ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 663 borique sur la mannite en solution alcaline, Les faits observés par l’auteur semblent pouvoir êtreinterprétés en admettant l'existence d’au moins deux combinaisons distinctes de mannite, d'acide borique et de soude, la plus riche en acide borique ayant le pouvoir rotatoire le plus élevé. — M. Bonnier : Sur le dosage des car- bonates alcalins en présence de la phtaléine du phénol. L’auteur recommande l'emploi d'une solution de soude diluée à N/100, soit 50 em? NaOH N/r2 plus 550 cm? d’eau; y ajouter 6 gouttes de phtaléine. Verser l’acide em* par em, en agitant chaque fois. Quand la teinte fléchit, verser goutte à goutte, — M. L. J. Simon : Sur le rôle de l’oxyde chromique .dans l'oxydation sulfochromique. Le sesqui-oxyde de chrome joue dans l’oxydation sul- fochromique un rôle important dontil faut tenir compte et dont il serait intéressant de démèler le mécanisme, — M. R. Legendre: Varialions diurnes de la concen- tration en ions K de l'eau de mer littorale. Le PH passe par un maximum vers à h, de l’après-midi, c’est-à-dire qu'à ce momentla teneur en ions OH, l’alcalinité réelle, est la plus grande, Le PH diminue ensuite rapidement vers la fin du jour ; il s'élève progressivement dans la matinée du lendemain. 30 SCIENCES NATURELLES. — M. P. Bertrand : Sur les [lores houillères de la Sarre. L'auteur condense dans un tableau les caractères des principales flores houil- lères dela Sarre et leur distribution verticale, — M. S. Metalnikow : Dix ans de culture des Infusoires sans conjugaison. Ces expériences prouvent que la conjugai- son n’est pas obligatoire pour la multiplication des Infusoires; la cellule, dépourvue de la possibilité de se conjuguer, ne dépérit pas par dégénérescence sénile, mais se multiplie avec la même énergie et la mêmerapi- dité qu'auparavant. — M. C. Delezenne et Mlle S. Ledebt : Sur la transmission en série du pouvoir pro- téolytique initialement conféré au suc pancréatique inactif par l'entérokinase. En opérant ‘au voisinage de o°, on observe qu'en partant d’un premier suc pancréa- tique dont l'activation a été elle-même réalisée à o° par la kinase, on peut transmetire en série cette activation initiale et la suivre de suc en suc, pour ainsidire, indé- finiment, — MM. R. Wurmseret R. Jacquot : Sur la relation entre l'état colloïdal et les fonctions physiologi- ques du protoplasme. Les auteurs ont étudié la respira- tion chez des Algues chauffées jusqu’à coagulation du protoplasma ; la fonction respiratoire est conditionnée par l’état des colloïdes cellulaires. — MM. A. Pézard et F. Caridroit : /nterpénétration surrénalo-testicu- laire chez des cogscastrés incomplètement. A la suite de castrations incomplètes effectuées sur des coqs, les auteurs ont observé l’envahissement des transplants testiculaires accidentels par le tissu médullaire adréna- linogène, et inversement. la présence de canaux sémini- fères à l’intérieur de la surrénale, canaux qui, un an après l'opération, manifestaient encore des signes d’ac- tivité fonctionnelle. — MM, Ed. Chatton et A.Lwoff: Sur l’évolution des Infusoires des Lamellibranches. Rela- tions des Hypocomidés avec les Ancistridés. Le genre Hypocomides n. gen. Pour les auteurs, les Æypocoma sont, non pas des Acinétiens néoténiques, mais des Ancistridés, qui, de commensaux, sont devenus para- sites grâce au développement de leur suçoir fonction nant comme organe fixateur et absorbant, — M. Et. Burnet : Sur les rapports du B. abortus (Bang) et du Micrococcus melitensis. Cesdeux microbes, si différents par leur action pathogène caractéristique, sont bacté- riologiquement indiscernables. — MM. J. Dumas, D. Combiesco et J. Baltiano : Action des toxines tétani- que et diphtérique per os. Il est facile de reproduire le télanos expérimental par ingestion de toxine tétanique chez le cobaye, mais non chez le lapin. Ce dernier est au contraire plus sensible que la cobaye à l’ingestion de toxine diphtérique. Séance du 6 Novembre 1922 M. le Président annonce le décès de M. E. Bouty, membre de la Section de Physique générale. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. S. Bernstein : Sur le développement asymptotique de la meilleure ap- p'oximation pour des polynômes de degrés infiniment croissants des fonctions rationnelles, — M. B. Meidell : Sur un problème du calcul des probabilités et les sta- tistiques mathématiques. — M. P. J. Myrberg : Sur les singularités des fonctions automorphes (rectification). — M. J. Le Roux : Sur la gravitation dans la Mécanique classique et dans la théorie d'Einstein. L'auteur mon- tre que la théorie d’Einstein, dans son état actuel, ne permet ni d'expliquer, ni de prévoir, même avec l'ap- proximation la plus grossière, le mouvement séculaire du périhélie de Mercure. 29 SCIENCES PHYSIQUES. — M. A. Baldit : Mesures ma- gnétiques dans le Sud de la France. Ces mesures ont mis en évidence une forte perturbation dans la Haute- Loire; en dehors de celle-ci, les isogones affectent un tracé en forme d’'S régulier, analogue à celui que l’on trouve dans les régions troublées des bassins & Paris et de la Bretagne. — M. L. de Broglie : Sur les inter- férences et la théorie des quanta de lumière. Au point de vue des quanta de lumière, les phénomènes d'inter- férence paraissent liés à l'existence d'agglomérations d’atomes de lumière dont les mouvements ne sont pas indépendants, sont cohérents, — M. P. Pascal : Ana- lyse magnétique des silicates et des acides siliciques. Toutes les formes de silice hydratée, quelle que soit l'étape considérée de leur déshydratation, se compor- tent magnétiquement comme un mélange pur et simple de siliceanhydre et d’eau. L’analyse magnétique fournit donc un nouvel argument quantitatif des plus nets con- tre l’existence d’acides définis dans des « silices hydra- tées ». — M. A. Brochet : Sur la préparation du nickel actif pour la catalyse organique. L'auteur a préparé trois variétés de nickel actif, qui possèdent sensible- ment les mêmes propriétés catalytiques : un nickel pyrophorique, en réduisant l'hydrocarbonate par H à chaud ; un nickel non pyrophorique, obtenu par l'ac- tion d’un gaz inerte à chaud sur le précédent; un ni- ckel pulvérulent, résultant de la calcination des sels de Ni à l'abri de l'air, — MM. A. Aubry et E. Dormoy : Surun glucoside arsenical : le diglucosidodioxydiamino - arsénobenzène, Ce glucoside a été obtenu par action du glucose sur le 606. Il s’hydrolyse lentement en solu- tion aqueuse; il est très soluble en milieu neutre et 664 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES moins altérable à l’air que le 606, — MM. M. Bridel et C. Charaux : La centauréine, glucoside nouveau, retiré des racines de Centaurea Jacea L. Les auteurs ont retiré des racines de Centaurea Jacea un glucoside nouveau, lévogyre, non réducteur, qu'ils nomment centauréine. À l’hydrolyse, il donne du glucose et un autre produit cristallisé que les auteurs appellent centauréidine, — M. L. Lindet : À propos de la coagu- lation du latex. À propos de la note de M. Vernet montrant l'influence du CaCl? sur la coagulation du latex d’Hevea, l’auteur rappelle qu'il a indiqué en 1913-14 que l'addition de CaCl? à du lait cru ou cuit produit un caillé plus ferme et en plus grande quan- tité. 3° ScIENCES NATURELLES. — M, Pereira de Souza : Sur les roches éruptives de la bordure mésozoïque et caïnozoïque de l’Algarve et leur âge géologique. Ces roches présentent la plus grande aflinité avec les ro- ches basiques de la Serra de Monchique et de ses-envi- rons ; ces dernières seraient donc crétaciques ou post- crétaciques. — M. C. Kilian : Aperçu général de la structure des Tassilis des Ajjer. L'auteur distingue les Tassilis externes, ou plateaux de grès dévoniens, et les Tassilis internes, ou plateaux de grès siluriens, — M.S. Stefanescu : Sur la vitesse de l'évolution et sur le plan général de structure de la couronne des molai- res des Mastodontes et des Eléphants., — MM. E. et G. Nicolas : L'action de l'hexaméthylènetétramine les végétaux supérieurs. Aux doses de 0,1 à 0,3 gr. par litre de solution, l’'hexaméthylènetétramine se com- sur porte comme un aliment pour le haricot; son action se traduit par une augmentation de poids de la plante et par un plus grand développement des feuilles, tant en surface qu’en nombre. — M.M. Molliard : /nfluence des sels de cuivre sur le rendement du Sterigmatocystis nigra, Le cuivre, en même temps qu'il ralentit la crois- sance du mycélium, détermine constamment un rende- ment moindre, par suite d'une respiration plus intense. — MM. A. Davy de Virville et F. Obaton : Sur l'ouverture et la fermeture des fleurs météoriques per- sistantes. Les mouvements quotidiens d'ouverture et de fermeture des fleurs météoriques persistantes dépendent presqueuniquement de la température; l'abaissement de l’état hygrométrique de l’air favorise aussi l'ouverture de ces fleurs, mais très peu. Par contre, la lumière n’a aucune action, — M. A. Labbé: Les variations de la concentra- tion en ions H dans les marais salants, comme facteur biologique. L'auteur a coustaté que, dans les divers réservoirs d’une même saline, la concentrationen ions H s’élève d’abord rapidement, passe par un maximum,puis redescend d’abord rapidement, puis de plusen pluslente- ment (courbe en cloche), Cette courbe paraît être en rela- tions avec la présence et la quantité de certains orga- nismes marins. — M. J. Effront : Sur l'absorption de la pepsine et de l'acide chlorhydrique par les aliments. Les pulpes des légumes et des fruits absorbent à la fois les acides et les pepsines ; cette absorption est en rela- tion avec l’état colloïdal de la pulpe. Les pommes et les poires ont un pouvoir absorbant relativement faible pour les pepsines et les acides; les légumes cuits agissent à la fois très énergiquement sur les deux. — M. Bezssonoft : Zffets sur les cobayes d’une préparation antiscorbutique. L'huile de foie de morue exerce sur les cobayes une action nocive déjà à la dose de 790 mgr. par jour; cet effet peut être contrebalancé par une dose forte de produit antiscorbutique. La quantité d'éléments contenus dans 1/10 de gr. de produit C (jus de choux déféqué, puis séché) se montre suflisante pour assurer le développement normal des cobayes pesant plus de 600 gr. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Séance du 28 Octobre 1922 M. A. Weber: Toxicité du milieu intérieur des Uro- dèles pour leurs œufs. À la suite de greffes répétées d'œufs fécondés, cette toxicité particulière des Urodè- les adultes disparaît ou s’atténue. La substance toxique hypothétique du milieu intérieur des Tritons ne passe pas dans les ultra-filtres serrés, mais traverse sans dif- ficulté les ultra-filtres mous. — Mlle F. Gueylard : Variations de poids de l'Epinoche passant de l’eau douce dans des solutions de NaCl à différentes concen- trations. Le poids du poisson placé dans l’eau salée di- minue au début, puis augmente, jusqu'à ce qu'il ait acquis une valeur fixe, égale ou souvent supérieure à sa valeur initiale dans l’eau douce. Ces variations sont presque nulles dans les solutions à 9 0/00 de NaCI ; elles augmentent pour des solutions plus ou moins concen- trées. — M. M. Prenant : Sur les ferments oxydants nucléaires et cytoplasmiques et sur leur importance phy- siologique. L'auteur pense que la notion de peroxydase est une notion physiologiquement artificielle, due à la réunion, par nos réactifs, de corps qui peuvent être extrêmement divers, mais qui se trouvent avoir.tous en commun cette propriété d'activer l’eau oxygénée en présence d’accepteurs appropriés. — M. L. Desliens : Transfusion sanguine et fièvre aphteuse. La transfusion du sang des animaux guéris constitue une arme eflicace contre la fièvre aphteuse; elle permet de préserver les exploitations menacées; le sang vivant enraie la conta- gion dans les étables infectées. Seance du k Novembre 1922 M. P. Gay : Action du filtrat de Mucor sur le dévelop= pement des cullures microbiennes. Certains microbes pathogènes de l’'homméë, ensemencés comparativement avec ou sans extrait stérilisé de cultures de certains Mucor, donnent plus de résultats positifs dansles pre- miers milieux. De plus, l’amorçage des cultures est plus rapide lorsque celles-ci ont poussé en présence de filtrat de Mucor. — MM. A. Besson et G. Ehringer : Sur un nouveau bacille isolé des huîtres. Les auteurs ont rencontré dans des huîtres saines, en culture à peu près pure, un nouveau bacille qu'ils nomment Bac. ostrei; il présente quelques caractères communs avec le bacille d’Eberth, mais il s’en distingue par ses pro- priétés protéolytiques très développées, ses propriétés basophiles et sa sensibilité au vert malachite. Le Gérant : Uaston Doi. Sté Gle d'Imp. et d'Ed., rue de la Bertauche, 1, Sens. 33: ANNÉE No 23 15 DÉCEMBRE 1922 Revue générale ci des Sciences pures et appliquées Fonpareur : LOUIS OLIVIER DIRECTEUR : J.-P. LAN GLOIS, Professeur au Conservatoire national des Arts-et-Métiers, Membre de l’Académie de Médecine Adrosser tout ce qui concerne la rédaction à M. J.-P. LANGLOIS, 8, place de l’Odéon, Paris. — La reproduction et la traduction des œuvres et de travaux publiés dans la Revue sont complètement interdites en France eten pays étrangers y compris la Suède, la Norvège et la Hollande CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE $ 1. — Distinctions scientifiques Les Prix Nobel. — Le Prix Nobel de Physique. pour 1921 a été décerné au Professeur À. Einstein pour ses travaux de Physique théorique, et le prix pour 1922 au Prof, N. Bohr, de Copenhague, pour ses recherches sur la structure des atomes. Le Prix Nobel de Chimie pour 1921 a été attribué au Prof. F. Soddy pour ses travaux sur les éléments radio- actifs, et celui pour 1922 au Prof. F. W. Aston pour ses recherches sur les isotopes. $ 2. — Nécrologie Edm. Bouty. — M. Edmond Bouty, professeur ho- noraire à la Faculté des Sciences de Paris, Membre de l'Institut, à été enlevé presque subitement à l'affection de sa famille et deses nombreux amiset anciens élèves le 5 novembre dernier. Né en janvier 1846 à Nant (Aveyron), il fut admis à l'Ecole Normale supérieure en :866. D'abord professeur agrégé de Physique aux lycées de Montauban, de Reims, puis au lycée Saint-Louis (1873) et docteur ès sciences en 1875, il fut dès 1893 at- . taché au Laboratoire de Recherches physiques de la Sorbonne, dirigé par Jamin, et chargé par celui-ci de la refonte de son « Traité de Physique », qu’il compléta plus tard par des fascicules destinés à le mettre au cou- rant des progrès de la Science. Maitre de conférences en remplacement de Lippmann, nommé professeur de Physique mathématique (1883), il devint directeur adjoint du laboratoire, et momentané- ment maitre de conférences à l'Ecole Normale supérieure (1884-5). REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, A la mort de P. Desains, il fut d’abord chargé à titre provisoire de la direction du laboratoire d’Enseigne- ment créé par celui-ci, puis lui succéda dans sa chaire (1885). M. Bouty a donné un tel développement au labora- toire d'Enseignement que non seulement les anciens lo- caux de la rue Saint Jacques, mais aussi ceux qui lui furent impartis dans la nouvelle Sorbonne (1893), de- vinrent rapidement insuflisants, — le nombre des étu- diants prenant part aux manipulations dépassant 200. Il contribua, dans les deux laboratoires, à la forma- tion scientifique d’un bon nombre de professeurs actuels de l'Enseignement supérieur, qui ont conservé le meil- leur souvenir des conseils qu’il leur a prodigués et de la netteté de son enseignement. À son œuvre didactique il faut rattacher la direction pendant de longues années du Journal de Physique, fondé par d’Almeida, et celle des Annales de Physique, à laquelle il se consacra jusqu’à son dernier jour. Les travaux de M. Bouty ont porté principalement sur le Magnétisme et l’Electricité. Ils ont fait l’objet d'environ 70 notes à l'Académie des Sciences et de nom- breux Mémoires dans les Annales de Chimie et de Phy- sique, le Journal de Physique, les Annales de l'Ecole Normale, ete. Ils se groupent autour de quelques problèmes qu'il a attaqués avec persévérance, de manière à découvrir les lois essentielles des phénomènes, Il mit en œuvre le plus souvent des méthodes personnelles aussi simples que possible, et en se dégageant autant que faire se peut de toute théorie et de toute hypothèse, même très en faveur. 1. Magnétisme. — Etude de la distribution du magné- 1 666 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE tisme sur les aimants d’acier et de l'induction magné- tique. Ces recherches ont contribué, avec celles de Sto- letow et de Rowland, à fixer les lois de cette induction (fonctions magnétisantes temporaire et permanente) et elles ont conduit à l'hypothèse de l'hétérogénéité ma- gnétique de l'acier, confirmée depuis par les travaux d'Osmond. 2, Electrolÿse (1883-89), — Les électrolytes traver- sés par un courant électrique sont le siège de phénomè- nes très complexes tant dans la masse qu’au contact des électrodes. M. Bouty a largement contribué à élu- cider la question de la conductibilité des sels dissous ou fondus. Il reconnut d’abord que, pour beaucoup de sels neu- tres en solution aqueuse très diluée, les conductibilités, à égale concentration moléculaire, tendent vers une li- mite commune et que, pour ces sels qualifiés normaux, le coefficient de variation avec la température.est le même. A la même époque, Kohlrausch formulait une loi ad- ditive, devenue classique, permettant de calculer la conductibilité des solutions d’après la mobilité des ions, qui, selon lui, sont déjà complètement dissociés dans une solution décinormale. M. Bouty arrivait à la même loi d’additivité, mais démontrait qu'à cette con- centralion la dissociation est loin d’être complète. Il établissait en outre que les sels anormaux sont ceux dont la solution s’appauvrit inégalement aux élec- trodes. Laissons de côté divers sujets en connexion avec le précédent, tels que l’électrolyse des sels fondus dont l'étude a été continuée par L. Poincaré, mais signalons l'application des mesures de conductibilité à l'étude des réactions chimiques en solution aqueuse (1887). L'étude de la polarisation des électrodes a amené M. Bouty à assimiler une électrode polarisée à un con- densateur parfait solidaire d'un accumulateur fermé sur une dérivation conductrice. On lui doit aussi une étude très importante des phé- nomènes thermiques et mécaniques qui se développent dans l’électrolyse, et spécialement du phénomène de Peitier. 3. Diélectriques solides, — Il n’y a pas de limite tranchée entre électrolytes et diélectriques. Ainsi M. Bouty établit que l’azotate de potassium, parfaite- ment isolant à basse température, devient conducteur bien avant son pointde fusion, où il devient électrolyte parfait. Il y a superposition des deux propriétés, et la constante diélectrique ne cesse pas d’obéir à la loi de Maxwell, alors que la conductibilité a centuplé. Dans le même domaine, il établit que les résidus du mica ne sont pas dus à une pénétration des charges,qui dégénérerait à la longue en conductibilité. Notons que cette étude du mica a conduit à une mo- dification très heureuse des condensateurs à lames de mica : leur capacité est devenue invariable grâce au remplacement des feuilles d'étain formant les armatu- res par l’argenture du mica. ! 4. Diélectriques gazeux (1899-1918). — Enfin on lui doit une très belle série d'expériences sur la cohésion diélectrique des gaz. Une masse de gaz raréfié est placée dans un champ électrique uniforme qu’on fait augmen- ter progressivement. Lorsque ce champ atteint une certaine valeur critique, le gaz s’illumine instantané- ment et se comporte comme un conducteur parfait, M Bouty établit les lois du phénomène qu'il étudie entre — 1009 et + 3000. . Il définit sous le nom de cohésion diélectrique et dé- termine une constante spécifique qui caractérise l’obs- tacle opposé par le gaz au passage de la décharge, c’est-à-dire à la rupture de l’équilibre diélectrique. Cette constante est beaucoup plus faible dans les gaz mono-atomiques et spécialement chez le néon ,que chez les autres gaz, Elle constitue, en conséquence, pour ces gaz un cri- térium de pureté très important, vu l’absence de réac- tions chimiques. Cette propriété du néon, porlée immédiatement à la connaissance de M. Claude, qui le lui avait obligeam- ment fourni, a été appliquée par celui-ci à un éclairage par tubes à néon qui a fait sensation. 5.— Si incomplète que doive être cette notice, je ne puis passer sous silence une étude d’un autre genre, d’une moins grande portée scientifique, mais tout de même très intéressante : celle des flammes sensibles et des flammes chantantes. Là comme partout ailleurs l’expérimentateur déploie les mêmes qualités : observation méthodique {conscien- cieuse, interprétation fondée sur une critique serrée. A. Leduc, Professeur à la Faculté des Sciences de Paris, $ 3. — Art de l'Ingénieur La marine marchande française en 1920. — Le Tableau général du commerce etde la navigation de la France, qui vient d'être publié par l'Administra- tion des Douanes, fournit des renseignements intéres- sants sur notremarine marchande, Au 31 décembre 1919, son effectif comprenait, bâtiments à voiles et à vapeur réunis, 15.106 navires, jaugeant net 1.305.969 t., et nécessitant 62.714 hommes d'équipage et 10.102 méca- niciens et chauffeurs. Les voiliers sont représentés par 13.137 navires et 427,131 t.,et les vapeurs par 1.969 navires et 898.838 1.! Le tonnage net total se répartit d’après l'emploi par713.344 t. pour le long cours, 310.615 t. pour le cabotage international, 91.228 t. pour le cabotage français, 85.926 t. pour la petite pêche, 15.392 t. pour la grande pêche, 12.325 t. pourle ser- vice des ports, 2.559 t. pour les yachts de plaisance, et 74.780 t. sont restés sans emploi dans l’année. Les dépècements, accidents de mer, ventes à l’étran- ger nous ont fait perdre un tonnage de 60.028 L., au cours de 1919, qui a été remplacé par un tonnage neuf de 34.578t. (364 navires) construils en France et de 72.382 t. (161 navires) construits à l'étranger. Pendant la décade 1910-1919,l’effectif de notremarine 1. Le tonnage brut correspondant s'élève à 504.238 t. pour les voiliers et 1.551.269 t. pour les vapeurs, de telle sorte que le rapport du tonnage net au tonnage brut ressort à 850/, pour les voiliers et à 57/; pour les vapeurs. RE RS me nn CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 667 marchande a diminué de 145.679 t. différence résultant de la réduction subie par les voiliers, 208.950 1., et de la plus-value dont ont bénéficié les vapeurs, 63,271 t. En ce qui concerne l’âge des navires, la répartition des vapeurs donne les résultats suivants: 35,06 0/, du nombre des navires ont de 1 à 10 ans, 31,92 °/ de 10 à 20 ans, 17,19 0/0 de 20 à 30 ans, 11,91 °/ de 30 à 4o ans, et 3,92 °/ ont au-dessus de 40 ans. Le classement des vapeurs d’après la force de leurs machines fait ressortir 472 navires de moins de 3oche- vaux, 181 navires de 30 à 60 chevaux, 172 navires de 60 à 100 chevaux, 235 navires de 100 à 200 chevaux et 909 navires de plus de 200 chevaux, soit un total de 1.274.829 chevaux. Entre les ports de l'Océan etceux de la Méditerranée, l'effectif total,voiliers et vapeurs, se répartissaitcomme suit : pour les premiers 123.640 navires, jaugeant net 933.977 t.; pour les seconds 2.466 371.992 t. Les subventions à la marine marchande, c’est-à-dire les primes allouées pour les constructions de navires, pour la navigation aulong cours et le cabotage inter- national, et à titre de compensation d'armement, se sont élevées de 1907 à 1919 à près de 353 millions de francs, dont 6 millions et demi en 1919. navires, avec Pierre Clerget. $ 4. — Electricité industrielle Four électrique à haute fréquence. — On construit actuellement en Amérique, sous le nom de four Ajax-Northrup, un four électrique à induction qui se distingue des types de fours électriques à induction anciens en ce qu'il y est fait usage de courants à haute fréquence. ; Ces courants sont obtenus au moyen d’un système oscillateur à étincelles, comprenant des condensateurs et transformateurs industriels, en partant du courant alternatif à 50 ou 60 périodes d’une distribution ordi- naire : on opère sous une tension de quelques milliers de volts (6,600 par exemple) au four. Celui-ci se compose d’un creuset autour duquel est disposé un enroulement conducteur, isolé du creuset par une couche calorifuge etune couche isolante appro- priées; l’enroulement est fait en tube de cuivre aplatiet une circulation d’eau y est établie ; l'isolement électrique se fait de préférence à la micanite. Dans le modèle normal de four, le creuset a une con- tenance de 8 litres environ; la bobine a 11 em. de dia- mètre à la base et 25 au sommet avec une hauteur de 25 cm, environ; le creuset peut recevoir 20 à 29 kg. d'acier ou de tout autre métal du même genre; pour les métaux moins fusibles, on ne charge dans le creuset qu'un poids moindre de métal; on opère avec des tour- nures ou coupures de métai. Le métal est échauffé par l'effet des courants qu'y induisent les courants à haute tension dans la bobine extérieure ; dans le cas des métaux magnétiques, leS effets de l'hystérésis s'ajoutent aux courants de Foucault pour favoriserle chauffage; celui-ci est énergique ; pour un four de la dimension ci-dessus, on emploie une Puissance à l’équipement convertisseur de 20 kw. en- viron, Les actions électromagnétiques s’exerçant sur la masse métallique contenue dans le creuset ont pour effet d'y créer un brassage énergique, qui fait monter le métal fondu du fond vers le haut au centre du creuset,et inver- sement vers les régions périphériques, de telle sorte que le métal obtenu est très homogène, H. M. $ 5. — Sciences médicales La mortalité par cancer et sa fréquence croissante. — M. le Professeur Tuflier a communi- qué récemment à l’Académie de Médecine une série de chiffres sur la mortalité par le cancer, qui mettent en évidence une fréquence croissante de cette maladie, Ces chiffres, rassemblés avec beaucoup de soin par un statisticien américain, M. Hoffman, représentent, malgré les diverses causes d'erreur auxquelles peuvent être sujets des relevés de ce genre, un ensemble telle- ment important, et concordant dans plusieurs de ses parties, qu’on est en droit de leur faire crédit. Au total, les statistiques de mortalité par cancer com- prennent 450 millions d’habitants, soit 26 °/, de la po- pulation du globe en 1911, et montrent qu’en Afrique cette mortalité est de 33,4 pour 100.000, alors qu’en Europe elle est de 76,6, dans les deux Amériques de 65,7, en Océanie de 73 et en Asie de 54. Pour la période de 1908 à 1912, la statistique portant surenviron 2.124 millions d'êtres humains donne la proportion de 91,6 pour 100.000 habitants, soit environ 500.000 morts paran, Aux Etats-Unis, où l’on a poussé l'analyse très loin, la mortalité en 1912 s'élevait à 78.9 pour 100.000 habitants, ce qui donne 76.000 morts de cancer par an; elle était en 1915 d'environ 80.000 et et en 1920 de 84.000. Gette mortalité porte inégalement sur les deux sexes, A peu près à tous les âges, la femme a une moyenne de 24/0 supérieure à celle de l'homme. La proportion des organes et des tissus atteints reste à peu près constante : tube digestif, estomac et foie, environ 70°; des cas chez l’homme et 30°/, chez la femme; puis utérus 30 0/0, sein 25 0/, et peau 15 °/o. Les différentes nations ne paient pas un égal tribut à cette maladie : poür la période de 1906 à 1910, et pour 100.000 habitants, l'Angleterre arrive en tête avec 94, suivie par la Hollande avec 93, les Etats-Unis en 1913 avec 76,3, la France avec 93, l'Espagne 44 et la Hongrie 43 décès. La question de l’influence des races peut être étudiée dans certains pays comme Ceylan, où Européens, Ma- lais et Cingalais vivent dans les mêmes conditions; les Européens comptent une mortalité de 15 pour 100.000, alors que les Malais comptent pour 8 et les Cingalais pour. Le fait est d'autant plus intéressant que les Européens quittent généralement l'ile vers 50 ans, âge où le cancer augmente de fréquence, tandis que les Malais et les indigènes y restent jusqu’à leur mort, 1. Bull. Acad. Méd., t. LXXX VII, n° 36, p. 193 ; 7 nov, 1922. 668 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE RE Quant à la prétendue moindre fréquence du cancer chez les noirs que chez les blancs, si elle existe la dif- férence semble s’atténuer avec le temps. Par contre, il faut signaler dans ce domaine deux faits très intéressants : celui de l’immunité presque com- plète des Indiens de l'Amérique du Nord (29 cas en vingt années sur une population d'environ n5.000 ha- bitants dans les « réserves »), et l'immunité locale du sein chez les Japonaises (1,8 à 2 pour 100.000 dans ces dernières années, alors qu'elle est de 18,6 à 20,8 en Angleterre, de 14,3 aux Etats-Unis et de 13 en Suisse); cette immunité se retrouve chez les Japonaises ayant émigré aux îles Hawaï, L’accroissement de la fréquence du cancer dans le monde porte sur toutesles races et sur tous les peuples: en Europe, depuis 32 ans, il est de 56 °/,, et en Améri- que de 76°/, (environ 20), par an). Suivant les pays, le pourcentage d’accroissement a été au maximum de 28,5 pour Cuba, de 23,4 pour l'Urugay, de 14 au Japon, de 10 en France, de 8 en Angleterre, de 6 aux Etats-Unis, de 2 en Suède. Cette ascension frappe également Les deux sexes. Elle est commune à peu près à tousles âges, maximumaprès 55 ans. Elle porte sur toutes les formes du cancer et sur tous les organes, et dans l’ordre de leur fréquence générale. Il ressort de ces chiffres que la mortalité par cancer devient une menace de plus en plus pressante pour tout le genre humain. Il est diflicile, en examinant les ques- tions de race, de climat et de diététique, de tirer une conclusion pratique susceptible d'améliorer cette situa- tion; seules les inflammations chroniques ou lesirrita- tions répétées, qui paraissent les causes déterminantes de la localisation du cancer, et peut-être de sa produc- tion même, sont susceptibles d’être évitées. On ne doit donc encore compter que sur le diagnostic précoce du cancer pour en diminuer la gravité, par sa destruction complète et immédiate, $ 6. — Géographie et Colonisation Explorations au Spitsberg et à l'île Jan Mayen. — Le Spitsberg, où aborda le premier le voya- geur hollandais Willem Barents en 1596, fut parcouru depuis par des explorateurs et des savants de toute nationalité, mais on peut remarquer que, selon les épo- ques, il en fut qui dominèrent : les Hollandais et les Anglais d'abord jusqu’à la fin du xvure siècle; puis, après des explorations françaises, comme celle confiée à la Commission scientifique du Nord en 1838 et celle de MM. Charles Rabot et Lancelin en 1892, ce furent les Norvégiens et les Suédois au cours du x1x° siècle jusqu’au début du-vingtième, et ensuite les Norvégiens exclusivement. Ceux-ci, à partir de 1906, ont poursuivi une étude méthodique du Spitsberg et, depuis 1909, le gouvernement norvégien assure chaque année l’envoi d'une expédition scientifique !. La Norvège avait depuis longtemps émis de justes prétentions sur cette terre, ns | 1. On peut consulter sur le Spitsberg et sur l’histoire de ses explorations : Cuancrs Ragor : The Norwegians in Spitsbergen (The Geographical Review, New York, vol. VII, ce qui expliquait son activité, et, le 16 février 1920, sa souveraineté fut formellement reconnue. Sous]la direction de M. Adolf Hoel, géologue, qui depuis 1907 avait pris part à diverses expéditions au Spitsberg et en a conduites ensuite lui-même, fut poursuivie de 1917 à 1921 une série d'explorations norvégiennes qui donnèrent de très intéressants résultats, Avec le con- cours des savants qui l’'accompagnaient, il put arriver à établir, en tenant compte de levers exécutés précé- demment par des missions venues aussi de Norvège, une carte complète de la partie occidentale du Spits- berg sur une largeur de 20 à 100 kilomètres, depuis la côte Nord jusqu’au cap Sud. Une carte géologique a été aussi dressée pour la même région, et l’on s’est ap- pliqué à y signaler tous les gisements de combustible minéral. Enfin il a été fait également une carte marine de toute la côte occidentale. Un important travail sur les expéditions norvégiennes au Spitsberg, où sont réunis les rapports de M. Hoel et de ses collaborateurs, donne un très intéressant exposé de nombreux résul- tats topographiques, hydrographiques, géologiques, météorologiques et botaniques, obtenus par leurs mis- sions successives ?. Ce sont les grandes ressources économiques offertes par cette terre, la plus riche du monde polaire, qui y ont attiré des navigateurs des divers pays et, après être demeurée longtemps sans habitants, elle est devenue pour la Norvège une véritable colonie d’exploitation qui se peuple de plus en plus. Depuis 1917, elle con- serve même en hiver une partie de sa population. Au xvire siècle, le Spitsberg était surtout devenu l’un des plus grands centres de pêche de la baleine, mais depuis que l’on a découvert les productions minérales variées que renferme ce territoire, à savoir houille #, platine, or alluvial, asbeste, phosphate, fer, puis gypse et marbres de couleur, c’est le sol même qui est exploité et qui fournit des produits d'exportation. Il existe aujourd’hui au Spitsberg quatorze compagnies houillères et dans cinq localités on exploite des mines de houille. Durant l'été de 1921, il y a eu dans ces centres une population totale de 1.315 habitants, et de 895 durant l'hiver 1921- 1922. En 1921, il a été exporté 153.000 tonnes de charbon. octobre-novembre 1919 p. 209-226, 2 cartes, 13 phot.); S. REIZLER : Spitsberg (Larousse mensuel, janvier 1922, p. 685-687). 1. Sur l’histoire de la situation politique du Spitsberg, nous citons une étude d'un paléologue norvégien, AKNOLD RæsraD, traduite en français par CuaArLes RABOT dans La Géographie, t. XXV, 1°" semestre 1912, p. 335-354 ; t. XXVI, 29 sem. 1912, p. 65-92. 2. Une traduction de l’ouvrage a été donnée par M. Cnar- LEs Ragor : Expéditions norvégiennes au Spitsberg, 1919- 1921. Paris, Delagrave, 1922 (Revue de Géographie, t. IX, 1916-1921, Fasc. 1v-v, p. 1-48, 2 cartes, 8 phot.). — Voir aussi sur ces expéditions : CuaxLes Rasor : Norwegian explora- tions in Spitsbergen, 1919, 1920 and 1921 (The Geographical Review, New York, avril 1922, p, 303-304); S. REIZLER, L'exploration du Spitsberg et sa mise en valeur par les Norvégiens de 1917 à 1921 (La Géographie, mai 4922, p. 532-534). 3. Au sujet des gisements houillers du Spitsberg, on peut se référer à un article de M. J. VicuniAKk, paru dans la Revue générale des Sciences, 1917, p. 35. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 669 A côté des explorations norvégiennes, il s’en trouve aussi d’anglaises à mentionner pour des années récen- tes. En 1920, le géologue et explorateur polaire Wordie se rendit au Spitsberg! et commença son voyage par une exploration de l’ile du Prince Charles, Il fit l'as cension du Mont Monaco, haut de 3.450 pieds, soit en- viron 1.117 mètres 8, ce qui lui permit d’éclaircir divers problèmes géologiques concernant à la fois tout le groupe montagneux du centre. En juillet 1920, l’expé- dition se porta vers le Stor Fjord, vaste passe marine séparant les îles de Barents et d'Edge de l'ile principale. Elle eut cette année la bonne fortune que les eaux soient bien plus libres que d'habitude, ce qui permit de visiter beaucoup de parties des côtes. M. Wordie a fait une utile revision de la ligne côtière et il a rapporté des connaissances nouvelles sur le régime glaciaire du Spitsberg. Son opinion est que, malgré quelques avan- ces locales, le retrait des glaciers a été constant depuis la période du dernier grand courant glaciaire. Une autre expédition anglaise, organisée par des membres de l'Université d'Oxford, s’est rendue au Spits- berg dans l’été de 1921. Deux ou trois spécialistes se proposaient d'observer les oiseaux, lesquels sont nom- breux au Spitsberg, au moment de l’incubation. Des botanistes, des experts paléontologues et des alpinis- tes, faisant partie de la mission, devaient apporter leurs concours spéciaux. Ces derniers étaient chargés de tenter le passage diflicile des hauts pics et des gla- ciers du Spitsberg occidental. Au mois de septembre, on apprenait que plusieurs savants avaient travaillé dans la région de l’Ice Fjord,. Puis, quatre alpinistes se préparaient à traverser la partie inconnue du continent, de la Nouvelle Frise au détroit d'Hinlopen. Sur la côte ouest, quatre hommes avaient été explorer l’ile du Prince Charles. Au début de l’année 1922, on a exposé à Oxford les importantes collections recueillies au cours de l’expé- dition. Nous signalerons notamment celles des oiseaux arctiques et de leurs œufs, des photographies et pein- tures représentant les régions visitées, puis celles de botanique et de géologie. Nous mentionnerons aussi des plantes et des bois fossiles, rappelant les espèces des pays tropicaux et qui montrent que le Spitsberg a eu jadis un climat se rapprochant de celui de l'Améri- que du Sud. En 1921, a été entreprise aussi par des Norvégiens une exploration nouvelle de l'ile Jan Mayen, qui est située plus près du Grünland, au nord-est de l'Islande, L'ile, qui appartient au Danemark, a été successive- ment visitée par un certain nombre de savants, mais elle n’est pas toujours facilement abordable. Nous nous bornons à rappeler qu’en 1882-1883, une mission au- trichienne y installa une station météorologique dans la baie de Mary Muss. En 1891, le navire français le Chä- 4. The Geographical Journal, juillet 1921. — The Geogra- phical Review, New-York, avril 1922, p. 304-505. teaurenault, ayant entrepris une campagne à laquelle avait pris part M. Charles Rabot, n'avait pu y aborder; en 1892, une mission scientifique dont faisaient partie MM. Georges Pouchet et Charles Rabot, put, sur le transport la Manche, atterrir dans la baie de Mary Muss. Le Dr Charcot a vu aussi Jan Mayen en 1902 et en 1912 et 1913. . L'expédition norvégienne partie en 1921 étaitconduite par l'ingénieur Ekerold qui avait avec lui trois ingé- nieurs, un météorologiste, un physicien et un capitaine de vaisseau, Les buts principaux de la mission étaient de faire des études météorologiques et aérologiques, et de construire une station de télégraphie sans fil devant servir d’intermédiaire entre celles du Spitsberg et de l'Islande. L'expédition a été chargée aussi d’exa- miner les conditions d’établissement d’une station Jan Mayen. Pour météorologique assurer la mise à exécution des projets formés, l’in- permanente à génieur Ekerold a hiverné dans l’ile avec trois compa- gnons, La station de T.S.F., qui a été mise en fonction- nement pour une année seulement, a donné de bons résultats, et elle sera continuée!. A l'expédition norvégienne avaient été admis à se joindre un Suisse, le D' Paul Mercanton, professeur à l'Université de Lausanne, très compétent sur les ques- tions glaciaires, puis quelques Anglais, M. Wordie et un groupe de naturalistes de Cambridge. MM. Mercan- ton et Wordie avaient depuis longtemps déjà, en vue d'éclairer leurs connaissances glaciaires, formé le pro- jet de tenter l’ascension du Beerenberg, volcan éteint, haut de 2.545 mètres, d’où descendent de tous côtés des glaciers, Un troisième compagnon s’unit à eux et le groupe, dirigé par Mercanton, réussit, malgré un temps peu favorable, à gravir le premier ce point culminant, le 11 août 19212. Nous ne pouvons elore cette note sans signaler le vio- lent tremblement de terre qui s’estproduit,le8 avril 1922, sur la petite île volcanique de Jan Mayen. Les maisons en bois de la Station météorologique ont oscillé de droite et de gauche, « comme des canots secoués par la tempête », a-t-on dit. À Bergen, sur la côte occiden- tale de la Norvège, on n’a enregistré qu’une faible se- cousse. Il est à noter que la nouvelle a été transmise par un radio du poste de T.S.F. installé dans l'ile depuis l'automne de 1921 *. Gustave Regelsperger. 1. The Geographical Journal, juin 1922, p. 475. 2, M. Mercanton a fait, à la Société de Géographie de Paris, le 17 mars 4922,une conférence concernant cette ascen- sion (La Géographie, mai 1922, p. 569-571, Résumé). — Des travaux géologiques publiés par M. Mercanton depuis son voyage sont signalés dans: La Géographie, septembre-octo- bre 1922, p. 362. — On peut voir aussi sur cétteexpédition : The Geographical Review, New York, octobre 1922, p. 653- 654. 3. La Géographie, juin 1922, p. 135. E. DARMOIS. — LA DISPERSION ROTATOIRE NATURELLE LA DISPERSION ROTATOIRE NATURELLE SON EMPLOI COMME INSTRUMENT D'ANALYSE ET DE RECHERCHE EN CHIMIE ! 670 PREMIÈRE PARTIE Définition et méthodes de mesure IE — RoTATION ET DISPERSION NATURELLES Quand un faisceau lumineux monochromati- que, polarisé linéairement, traverse un corps isotrope, le plan de polarisation reste fixe; de même si la lumière traverse un cristal biréfrin- gent dans la direction d’un axe optique. Cette règle est loin d’être générale ; un grand nombre de substances possèdent la propriété de faire tourner le plan depolarisation(pouvoirrotatoire); leur ensemble constitue les corps actifs.Ce sont : 1 des cristaux observés dans la direction d’un axe optique (quartz, cinabre, etc.); 2° des corps déri- vés d’un certain nombre d’éléments'asymétriques (C, N, S, Ir..….); ces corps peuvent être solides, liquides ou dissous {essence de térébenthine, sirop de sucre). La lumière émergente reste pola- risée linéairement; mais l’azimut de polarisation n’est plus le même à la sortie du corps actif; il tourne à droite ou à gauche à partir de sa position initiale. Dans ce qui suit, il sera uniquement question des corps du 2° groupe. Ces corps con- servent le pouvoir rotatoire en passant de l’état liquide à l’état de vapeur; leur pouvoir rotatoire est une propriété des molécules mêmes du corps; on l’appelle quelquefois moléculaire, par opposi- tion au pouvoir rotatoire cristallin des corps du premier groupe. Il est dit aussi naturel, par op- position au pouvoir rotatoire magnétique, pré- senté dans un champ magnétique par les subs- tances transparentes sans exception. La rotation produite par un corps actif est proportionnelle à l'épaisseur observée ; on appelle pouvoir rotatoire spécifique le quotient{:] => [«, rotation lue sous la longueur / (dm.); d, den- sité du corps]. S’il s'agit d’une solution, on a 100 x k > = 0 [C, concentration en poids dans 100 cm de solution]. La rotation produite par un corps àctif dépend de plus, à épaisseur constante, dejla couleur de la lumière incidente ; elle varie avec la longueur d'onde. Si le faisceau incident contient plu- sieurs radiations, les plans de polarisation cor- respondants sont dispersés à la sortie du corps; 1. Conférence faite au Laboratoire de M. HALLER, à la Sorbonne, le 17 novembre 1922. cette dispersion rotatoire naturelle est le phéno- mène qui fera l’objet de cette conférence. En gé- néral la rotation augmente quand la longueur d'onde de la lumière diminue (dispersion nor- male); les plans de polarisation sont dispersés dans l’ordre qui va du rouge au violet. Cette rè- gle souffre un assez grand nombre d’exceptions (dispersion anomale). Le nombre d'ouvrages et d’exposés généraux concernant le pouvoir rotatoire est resté assez restreint jusqu’à ce jour. La découverte du pou- voir rotatoire naturel est due à Biot (1815)!. Le premier ouvrage général est celui de Landolt : 1° édition : 1879 ; 2° édition : 1898.Dans la 2-édi- tion, la dispersion rotatoire occupe quelques pages sur un volume de 600 ?. Walden a fait en 1904 devant la Société chimique allemande un exposé très complet où il fait une légère place à la dispersion rotatoire %. La Faraday Society a provoqué en 1914 une discussion générale sur le pouvoir rotatoire; les résultats ont été publiés parses soins. La Stereochemistry de Stewart (2e édition 1919) parle à peine de la dispersion rotatoire. Cette année même, un exposé limité aux cas de dispersion anomale vient de paraitre en Allemagne; l’un des auteurs (Grossmann) est un spécialiste de la dispersion rotatoire . Comme nous le verrons, l'utilité des mesures de dispersion rotatoire n’est pas douteuse ; Biot lui-même les avait instamment recommandées 6. Ce n’est toutefois que depuis une vingtaine d'années qu’elles ont pris une certaine extension, grâce surtout à l'usage d'appareils nouveaux. II. — MESURE DE LA DISPERSION ROTATOIRE Il s’agit de mesurer la rotation pour une série de radiations. On peut y arriver de deux façons distinctes : 10 On produit des radiations mono- chromatiques (ou approximativementmonochro- matiques) et on mesure la rotation pour chacune d'elles. Un appareil spectroscopique est placé devant le polarimètre. Dans le plan focal de l'objectif, une fente permet d’isolerune radiation 1. Bulletin de la Société Philomatique (1815). 2. Das optische Drehungsvermægen (Braunschweig.) 3. Séance du 3 déc. 1904. Ber.,t. XXX VII, (I), p. 345 (1905). k. Transactions Farad. Soc. (Meeting de mars 1914). 5. Sammlung chemischer und chemisch-technischer Vor- træge, n° 26, p. 259 (1922). 6. Ann. Chim. Phys., (3), t. LIX, p. 206 (1860). E. DARMOIS. — LA DISPERSION ROTATOIRE NATURELLE 671 ——— ———————" ——— — — monochromatique; 20 On éclaire le polarimètre avec une source delumière complexeet l’on étu- die au spectroscope la lumière sortant de l’ana- lyseur (méthode de Fizeau et Foucault). $ 1. — Lumières monochromatiques. Sources Il est nécessaire d’avoir un certain nombre de radiations convenablement espacées dans le spectre. La théorie montre que la précision des mesures exige des sources à grand éclat. 1. flammes. — On peut utiliser celles du li- thium (1 = 0 x 6708), du sodium (0,5893) et du thallium (0,5351). Pour les produire, on utilise soit le procédé de Dufour!, soit celui de Sève ?, soit celui de Lowry #. Le dernier (are au char- bon à mèche de verre) donne une radiation assez intense pour qu'on puisse séparer les raies D, et De: 2. Arcs. — Il faut citer au premier rang l'arc au mercure, C'est l'arc en quartzqui donne l'éclat le plus grand, Il serait à souhaiter que sa forme fût plus appropriée aux usages polarimétriques. Au lieu d'un arc linéaire, beaucoup trop long, une tache cireulaire serait plus indiquée *. L'arc au mercure donne dans le spectre visible les ra- diations : 0,57g0 \ généralement non dissociées par le spec- J troscope; l'ensemble constitue la raie 0,9769 | jaune du mercure, très intense. V o,5461 raie verte, très intense. 0,4916 » bleue peu intense. I 0,4358 » indigo trèsintense. 0,4047 » violette, à la limite du spectre vi- sible, Les 3 raies principales sont J, V et [: les me- sures pour la raie bleue sont plus difficiles ; cel- les pour la raie violette sont peu précises à cause de la faible sensibilité de l'œil. L’arc au mercure en quartz donne en outre une quantité de raies ultra-violettes *. La maison Berlemont fabrique actuellement un arc en quartz à allumage automatique et mise en mar- che rapide (remplissage au néon). L'arc au cadmium a fait l'objet d’un grand nombre de recherches. Il donne les 3 radiations: 0,6438 rouge 0,5086 verte 0,4800 bleue. La première fournit une source rouge très intense. La dernière est bien placée pour com- 1. Le Radium, t. V,p. 294 (1908). 2. Bull. de l'Union des physiciens, avril-mai 1919, p. 103. 3. Phil. Trans., 1913 (A), p. 212. . Une telle tache se trouve dans le modèle en verre de Dufour (Berlemont). J'ai fait réaliser en 1912-13 des arcs en quartz observés en boutet qui donnaient toute satisfaction. 5. Voir la liste dans E. Danois : Thèse, Paris, 1910, pu- bliée par Ann. Chim. et Phys. (1911). Æ bler le vide laissé dans le spectre du mercure entre les deux raies verte et indigo. Deux modèles différents d'arc au cadmium sont dus à Lowry. Ce sont : 1° un arc entre deux crayons d’alliage Cd-Ag ! ; 20 un arc dans le vide entre électrodes de Cd refroidies par l’eau ?.. Cet arc n’est toutefois pas encore au point. Il en est de même de l'arc au cadmium-mercure de Wolfke à. 3. Sources à spectre continu. — La fente de sortie du spectroscope donne dans ce cas une série de radiations dont l’ensemble s’étend sur un domaine spectral plus ou moins grand. Pour avoir des lumières aussi pures que possible, on est conduit à serrer la fente, ce qui réduit d’au- tant la quantité de lumière qui entre dans le polarimètre. Les conditions de fonctionnement d'un tel appareil ont été étudiées en détail par Brubhat ‘, Il y a avantage à employer une source à haut éclat: soleil ou au moins arc. Dans ces dispositifs, un simple mouvement de rotation d’une pièce (prisme ou miroir) permet de faire défiler tout le spectre sur le dia- phragme d'entrée du polarimètre. Les mesures de Tschugaeff et Rupe (v. plus loin) ont été faites avec un séparateur et une lampe Nernst. M. Bruhat a fait réaliser par la maison Jobin un séparateur de radiations {monochromateur) qui permet d'utiliser les raies du mercure. L'usage d'un spectrosçope, même réduit à ses éléments essentiels, avait semblé trop compli- qué à beaucoup de chimistes. Landolt avait pro- posé d'isoler dans un spectre continu de larges bandes de même couleur par l’emploi de filtres interposés entre la source continue et le polari- mètre. On pourra trouver la liste de ces filtres dans l’exposé de Grossmann. Les bandes ainsi isolées sont très larges (jusqu’à 100 pu); les rota- tions mesurées correspondent donc à une lon- gueur d'onde moyenne(centre degravité optique), qui n’est pas la même pour deux sources diffé- rentes. Elle se détermine en mesurant la rota- tion produite par une plaque de quartz d’épais- seur connue. Bruhat° a montré que le centre de gravité optique n’est d'aucune utilité si la subs- tance ne possède pas la dispersion du quartz, ce qui réduit singulièrement la portée de la simpli- fication de Landolt. Son procédé a été très employé {Walden, Winther); il peut servir à 1. Phil. Mag. (1909), p. 320. 2. Trans. Farad Soc., 1914, p. 61. 3. Ann. der Physik, t. XL, p. 194 (1913). 4. Ann. de Physique (1920), p. 25. 5. Loc. cit., p. 39 et Ann. de Phys. (1915), p. 256. On y verra les difficultés d'emploi de larges bandes monochroma- tiques pour déceler des irrégularités de lu courbe de disper- sion, 672 E. DARMOIS. — LA DISPERSION ROTATOIRE NATURELLE a dégrossir un travail, mais on ne connaît qu'im- parfaitement la radiation pourlaquelle la mesure a été faite. Des filtres ont aussi été employés pour obtenir sans spectroscope les raies du mercure (éosine pour la raie jaune,eau céleste pour laraieindigo); leur usage présente moins d’inconvénients dans ce cas. Présentement, l'are au mercure combiné avec un séparateur de radiations pérmet de tracer une courbe de dispersion assez régulière. Si la dis- persion se révèle intéressante dans un petit domaine spectral, il faut recourir à une source continue età un séparateur aussi dispersif que possible. $ 2. — Méthode de Fizeau et Foucault Pour des rotations inférieures à 180° une raie noire apparaît dans le spectre de la lumière qui sort du polarimètre; elle correspond à la radia- tion pour laquelle l’analyseur donne l'extinction. La méthode n’a plus d'intérêt dans le spectre visible ; elle est applicable dans l’ultraviolet. C’est parce procédé un peu modifié queJ’ai faitune série de mesures sur les pinènes, le camphre !. Il exige un appareil entièrement transparent à l’ultraviolet; le spectrographe qui termine l’ap- pareil peut êire très simplifié ?. Polarimètres pour plusieurs couleurs. — L’ap- pareil de Laurent ne peut plus servir sans modi- fication, la lame demi-onde étant taillée pour la lumière du sodium. On produit la pénombre par 2 procédés: 1° en interposant sur une moitié du champ une faible épaisseur d’un corps actif (euve de sirop, lame de quartz perpendiculaire); 2 par le procédé de Lippich (2° nicol à section principale lévèrement inclinée sur celle du pola- riseur et cachant une moitié du champ). L'usage des nicols devient gênant avec des sources à haut éclat; à l'extinction, le champ est barré en travers par une frange noire dite frange de Lippich, étudiée récemment par Bruhat et Mlle Hanot %. Il faut remplacer les nicols par des prismes de Glazebrookà champ normal. Un polarimètre ainsi construit a été exposé cette année à la Société Française de Physique par MM. Jobin et Yvon. L'usage des prismes à champ normal et des sources à haut éclat per- met des extinctions très précises (fraction de minute); les cercles gradués doivent être exacts en conséquence. 1. Loc. cit. Les mesures classiques de Soretet Sarasin sur le quartzont été faites par le procédé de Fizeau et Foucault. 2. Lowry : Phil. Trans. (A), 1913, p. 212. 3. Journal de Physique, février 1922, p. 46. III. — EXPRESSION DE LA DISPERSION ROTATOIRE Pour chaque couleur, la rotation est propor- tionnelle à l’épaisseur.Soient 2 couleurs, }, et), le rapport des 2 rotations correspondantes est indépendant de l'épaisseur; c’est lui qu’on s’ac- corde généralement à considérer comme carac- térisant la dispersion rotatoire. On évalue ainsi les rapports de dispersion,en prenant comme raie de référence,soit la raie D, soit la raie C de l'hy- drogène, soit même des raies du mercure. On a fait quelques tentatives pour utiliser ER (Walden). En z|p toute rigueur,il est préférable de tracer la courbe de dispersion du corps: [4] en fonction de, [lc [«]e — [:]ce (Rupe) ou DEUXIÈME PARTIE Application de la dispersion rotatoire La modification assez coûteuse du matériel (lampes,éventuellement séparateur,modifications au polarimètre) ne sera justifiée que siles mesures de dispersion rotatoire peuvent rendre des ser- vices que la mesure pour la raie D ne peut four- nir. C'est précisément ce que va nous montrer une revue rapide des problèmes que l’étude de la dispersion rotatoire a permis d’aborderet souvent de résoudre. I. — DÉFINITION DE L’ESPÈCE CHIMIQUE Les corps actifsexistent sous deux formes droite et gauche (antipodes optiques). Une forme inac- tive parcompensation s'obtient en mélangeant les 2 antipodesen quantités égales. Dans certains cas seulement, le racémique se révèle comme un com- posé.D’autre part,certaines réactions fournissent des mélanges en proportions inégales des deux antipodes (racémisation partielle). La caractéri- sation d’un telmélange par son [«]n.estimpossi- ble. Au contraire, supposons que le mélange renferme1/4 de gauche pour 3/4 de droit ; la rota- tion «, sera la moitié de celle du corps droit, la rotation pour lebleu'également. Le rapport de dis- persionest donc invariable; il est lemêème pour les deux antipodes et pour tous les mélanges plus ou moins racémisés et ilest caractéristique de l'espèce chimique. La mesure de ce rapport permettra de reconnaître une espèce déterminée et de la diffé- rencier des isomères dont toutes les autres pro- priétés pourraient être voisines. La mesure sera immédiate pour un liquide; pour un solide, il faudra employer un dissolvant inactif ; nous ver- rons plus loin que,mème dans le cas où certains dissolvants ont une action sur le pouvoir rota- toire, leur action sur la dispersion est plus faible. NS & E. DARMOIS. — LA DISPERSION ROTATOIRE NATURELLE 67 Ô2 On peut presque toujours trouver des dissolvants sans action (neutres). Nous signalerons les applications suivantes de ces remarques : 1° J'ai montré (/oc. cit.) que les essences de térébenthine renferment deux pinènes de dis- LES &la86 persions nettement différentes : «-pinène He «| D — 2,02, et B-pinène, rapport 1,125; 20 Le bornéol et l’isobornéol qui dérivent du même camphre ont respectivement 2,06 et 1,86; 3°L’hydrogénation des pinènes naturels extraits des essences de térébenthine donne des hydrures dont les [z], varient de + 229,7 à —220,7; le rap- port dedispersion est constant et égal à 2,15!; 4 Les différents camphres artificiels ont des {[:]D très variables ; le même rapport est constant et égal à 2,92; 5° Un dernier exemple intéressant est celui de l’isomenthone ?. En 1881, Moriya obtient en oxydant le menthol par CrO* une menthone sem- blant inactive. En 1882, Atkinson et Yoshida une menthone dextrogyre (par SO‘H? et Cr’07K°). En 1887-88, Beckmann prépare successivement une menthone gauche {[:p] = — 24,8 à — 28,5 et une menthone droite 26,3 à 28,2; les deux corps ont même poids moléculaire, même réfraction moléculaire ; il admet que ce sont les deux anti- podes optiques. L'indication persiste longtemps dans la littérature ; (Beilstein [1897] et Landolt [1905] décrivent longtemps les 3 menthones d, l'et ri. Beckmannlui-même (1897), puis Perkin (1910) ont réussi à montrer par des procédés purement chimiques que la menthone dextro- gyre n’était pas une espèce définie. Tschugaeff (1911) mesure la dispersion des deux menthones let d et trouve pour er/xc respectivement 2,0 et 2,71, ce qui prouve à l'évidence qu’on n’a pas affaire à deux antipodes optiques *. La même observation, faite vingt ans auparavant, aurait simplifié beaucoup la question. IT. — MÉLANGE DE Corps $ 1. — Règle de Biot Dans le cas de l'isomenthone, nous avons déjà vu apparaître un mélange de plusieurs isomères. Le pouvoir rotatoire d’un mélange de deux corps actifs est calculable par une formule due à Biot : Le] = & eh + (L— x) [ele où x désigne le poids du corps n°1 dans 1 gr. du mélange, [+], et [«], les pouvoirs rotatoires spéci- 1. Vavon: C.R., t. CXLIX, p.997 (1909); t. CL, p.1127 (1510). 2, Voir pour plus de détails GRossmann et BxAUER : J,praht. Ciem.,t. XCVII (1918), p- 9. 3. Zeits. phys. Chem.,t. LXXVI,p. 469 (1911). REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, pour la même couleur. La formule est d'ac- cord avec l’expérience dans un très grand nom- bre de cas ; j’ai indiqué dans l’ouvrage déjà cité des vérifications pour les essences ; Tschugaeff (loc. cit.) en a donné d’autres pour les mélanges de menthone et d’isomenthone: La formule de Biot est susceptible d’une in- terprétation géométrique très simple, que j'ai indiquée en 1908 !. On considère les trois cour- bes de dispersion des constituants et du mé- lange. Pour celui-ci, x est constant, les [«] va- rient avec la longueur d'onde. Appelons À, B, C les points où une même ordonnée (1 donné) coupe respectivement les trois courbes, on a: CA _1—2x (1). CA = (Ch — (); CB—() — Ch = —— Le rapport = ne dépend que de x; il est donc constant pour toutes les ordonnées et celles-ci sont divisées par les trois courbes dans le même ; (@), Fig. 1. rapport. Il est facile de voir que ce résultat sub- siste pour les courbes de trois quelconques des mélanges effectués avec les deux composants. À l’aide de cette remarque, on peut construire toutes les courbes de la série à partir de deux quelconques d’entre elles, correspondant à deux mélanges par exemple. De même si, au cours de séparations par distillation ou cristallisation frac- tionnées, un mélange se résout en fractions dont les courbes de dispersion présentent la relation ci-dessus, il y aura de fortes chances pour qu'il ne renferme que deux constituants. 1. C.R.,t. CXLVIL, p. 195. 674 On peut donner à cette relation géométrique une forme plus simple et qui n’exige quele tracé de deux ordonnées. Soient les: deux ordonnées correspondant à deux radiations assez distantes dans le spectre (jaune et indigo du mercure par ex.). Si À et A' sont les deux points correspon- dant à un mélange, la relation (4)exprime que les droites AA’ sont concourantes. Sous cette forme la règle est plus maniable, mais moins générale. Soient A,A',, AA’, (fig. 1) les droites corres- pondant aux constituants (supposés de signe inverse); le rapport de dispersion pour (1) est EE er rh pour (2) c’est ne - Les deux substances n’ayant pas même dispersion, les deux points O, et O, necoïncident pas. Les droites des divers mélanges passent par un point O extérieur à l’axe des à. On voit de suite que le rapport de dispersion pour un mélange M prendra toutes les valeurs possibles. Pour M, par ex., il estinfini; M, estinactif pour le jaune, dextro- gyre pour le bleu. Le mélange M,est inac- tif pour une radiation verte, lévogyre pour le jaune, dextrogyre pour le bleu, etc. Toutes ces particularités sontobservables sur une quantité de mélanges (pinènes set, bornéols « et£, men- thone et isomenthone}). La menthone de Moriya est un mélange du genre M,, de même le bor- néol réduit du camphre!. Les séparations effectuées donnent des droites comprises dans un certain angle et le point O. Si on connaît la dispersion des deux corps (1) et (2), c’est-à-dire les deux points O, et O,, il est facile, en joignant OO,et OO, d’avoir les droi- tes correspondant à (i) et (2), d’où les pouvoirs rotatoires A,a, ete. On trouvera souvent dans les mélanges naturels que les composants (1) et (2) sont partiellement racémisés, c'est-à-dire que A,a par ex. n’est pas le [«l; de la variété dex- trogyre pure, mais plus petit. $ 2. — Applications Un certain nombre d'applications de ces re- marques ont déjà été indiquées : A) J'ai prévu ainsi que les essences de térében- thine des Landes, d'Amérique et d'Allemagne devaient avoir un constituant commun : le B-pinène, dont la courbe de dispersion pouvait se construire à partir de celles des fractions des essences, et présente une forme très caractéris- tique. La droite A,A', du 8-pinène est commune aux 3 faisceaux de toutes les essences, alors que les 3 droites A,A', du pinène-« sont très diffé- rentes. 1. MonrGoLrier : Ann, Ch. et Ph. (1878). E. DARMOIS. — LA DISPERSION ROTATOIRE NATURELLE B) La règle permet également d'effectuer le dosage des constituants quand on connaît leur dispersion rotatoire; nous venons de voir que le graphique donne {xl}, et{x],, d’où x par la for- mule de Biot. J'ai ainsi indiqué des dosages des « et£-pinènes dans les fractions de cœur des es- sences de térébenthine. M. Dupont a repris récemment ces dosages par la même méthode avec descolonnes à distiller meilleures et donné des nonibres pour l'essence des Landes. La pro- portion de £-pinène dans cette essence est de 27 °, ; les dosages chimiques indiquaient 3 °/, au maximum !. C) J'ai montré de même que le bornéol préparé à partir du bromhydrate de pinène par le dérivé magnésien est un mélange contenant 50°/, d'iso- bornéol partiellement racémisé. MM. Vavon et Berton ontétudié deleur côté le bornéol préparé par le chlorhydrate de pinène et montré qu'il renferme 40 °/, d’isobornéol, contrairement aux conclusions de Hesse qui, par un dosage chi- mique, en trouvait au plus 5 °/,. Tous ces résul- tats ont été vérifiés en oxydant le bornéol ?. D) M. Dupont, en étudiant par la même mé- thode les acides pimariques extraits de la résine de Bordeaux, a montré qu’ils renferment deux isomères à dispersion différente qu'il a dosés par la méthode polarimétrique *. E) Tous les résultats précédents se rapportent à des mélanges d’isomères effectivement sépa- rables. Je voudrais passer maintenant aux appli- cations possibles de la règle de Biot aux mélan- ges d'ësomères dynamiques. Nous choisirons comme exemple l’acide tartrique. Le pouvoir rotatoire spécifique de cet acide en solution aqueuse estvariable ; il change d’une facon continue avec la concentrâtion. En solu- tion étendue, [+] est grand et la dispersioù nor- male; en solution concentrée, [:] est plus faible et la dispersion anormale. L’acide gauche offre en sens inverse les mêmes phénomènes. La dis- persion de l'acide droit a été étudiée par Arnd- sen {et Wendell * pour 6 radiations du spectre solaire. Pour une couleur donnée, [+] est une fonction linéaire de la concentration en poids. Si on dessine les courbes de dispersion des solu- tions, elles forment un faisceau qui rappelle ce- lui des mélanges ci-dessus. Arndsen lui-même avait déjà proposé d'admettre que les solutions renfermaient des proportions variables de deux ——p2 1. Chimie et Industrie (septembre 1922). 2. C. R., t. CLXXV (4922), p. 369. 3. C. R.,t. CLXXII, pp. 923 et 1184 (1921). Bulletin des Recherches et Inventions (1921), p. 552. 4. Ann. Ch. et Ph. (3),t. XXII, p. 247. 5. Wied, Ann.,t. LXVI, p. 1.152 (1898). Lé E. DARMOIS. — LA DISPERSION ROTATOIRE NATURELLE 675 substances + et— à dispersion différente. Bruhat a montré quecette hypothèse pouvait recevoir une vérification quantitative, les courbes de dis- persion ayant entre elles la relation de division en rapport constant, précisément à cause du ca- ractère linéaire des formules d'Arndsen!. Il à fait voir de plus que l'acide tartrique fondu, étu- dié à différentes températures, donne des courbes de dispersion superposables à celles des solutions, c’est-à-dire contient les deux mêmes constituants en proportions variables suivant la température. M. de Mallemann? a étendu le faisceau des courbes de l’acide tartrique en étudiant : d’une partles solutions alcooliques et alcoolo-benzéni- ques, d’autre part les solutions aqueuses en pré- sence des sels neutres (chlorures, nitrates, etc.). L'addition de CaCI? par exemple permet d'obtenir des rotations gauches considérables, les courbes de dispersion conservant la même relation ou les droites du diagramme linéaire étant exactement concourantes. Dans un mémoire qui paraitra prochainement au Journal de Physique, il étudie, à l’aide de la loi d'action de masses, la relation possible entre les deux isomères qu’on est ainsi conduit à supposer en solution. L’acide tartrique n’est pas le seul exemple de corps à [+] variable avec la concentration et la température. Ses éthers, par exemple, ont été étudiés dans un grand nombre de travaux, parmi lesquels ceux de Winther* sont particulièrement à signaler. Lowry et Abram ont déterminé plus récemment d'une façon très précise la dispersion rotatoire du tartrate neutre de méthyle dans divers solvants et à diverses températures‘. Les courbes de dispersion, portées sur un même gra- phique, forment un faisceau qui rappelle celui de l'acide tartrique; j'ai vérifié que quelques-unes de ces, courbes appartiennent au même faisceau linéaire, Exemple : Ether dans l’eau (25 ?/;), dextrogyre normal. — Ether pur à 20° (anormal). — Solu- tion dans C?H{C/? (lévogyre normal). our les 3 raies du mercure 1,11 1,12 CB * 1,13. Mais la relation ne s'applique pas à tous les dis- solvants, ce qui n’a rien d'étonnant étant donnée la diversité de leurs fonctions chimiques. Il est très probable que, en outre des deux isomères 1. Thèse, Paris, 1914, publiée aux Ann, de Ph., 1915. 2.1C: R., t. GLXXII, p. 150 (1921). 3. Bibliographie dans exposé de Walden jusqu'à 1905 (v. aussi plus loin). 4. Chem. Soc., 1915 (II), p. 1187. possibles, il se produit des réactions entre le dis- solvant et les corps dissous !. Les mêmes remarques s'appliquent à l’étude très complète du malate neutre de méthyle faite par Grossmann et Landau? et aux mesures de Winther sur le tartrate d’éthyle*. En tout cas une revision générale des mesures très nom- breuses relatives à tous ces corps s'impose, à la lumière des idées précédentes. Il est très possi- ble que l'hypothèse de deux formes isodyna- miques rende compte au moins en première approximation des variations très considérables du pouvoir rotatoire, au sujet desquelles on polémique depuis si longtemps. Les fortes variations de [+] pour les éthers tar- triques et maliques pouvaient tenir au caractère diacide des deux acides. Dans une série de recherches extrêmement étendues, Pickard et Kenyon ont retrouvé ces variations pour des éthers d'acides monoacides et d'alcools actifs à un seul atome de carbone asymétrique ‘. Les variations de [+] avec la longueur d'onde et la concentration pour les différents liquides et solutions employés ont été représentées à l'aide d’un diagramme dit caractéristique et dû à Arms- trong et Walker sur lequel je voudrais donner quelques détails. U ! 1 1 3 ' 1 1 1 1 ! 1 0 2 Fig. 2. Si on reprend l'acide tartrique étudié plus haut, les différentes solutions aqueuses donnent par exemple pour le vert du mercure diffé- rents [+]. Armstrong et Walker prennent des axes rectangulaires et portent en ordonnéesles{+|]. [ls 1. L'acide tartrique serait ainsi différent de ses éthers; on sait que Bruhat n’a trouvé aucune polymérisation de l'acide par cryoscopie. Walden, par contre, en trouve pour les éthers. 2. Zeits. phys. Chem.,t. LXXV, p. 129 (1911). 3. Lowry a montré récemment que ce corps estimpur (Chem. Soc., t. GXXI, p. 532 (1922). 4. Chem. Soc.,t. XCIX (1911), p. 45: CI (1912), pp. 620 et 1427 ; CILL (1913), pp. 1923; CV (1914), pp. 830 et 1115; CVII (1915), pp. 35 et 115. 5. Proc. Roy. Soc., 1913 (A), t. LXXXVII, p. 388. 676 E. DARMOIS. — LA DISPERSION ROTATOIRE NATURELLE tracent alors arbitrairement une droite,parexem- ple inclinée à 450, et reportent comme ci-dessus (fig. 2) ces ordonnées sur la droite. Les abscis- ses correspondantes représentent à une échelle arbitraire la composition (?) des solutions (1), (2) et (3). Sur lès mêmes ordonnées, on porte les rotations pour le bleu pour les 3 solutions. En général les 3 points sont en ligne droite. L’en- semble des droites ainsi tracées pour toutes les couleurs étudiées est le diagramme caractéristi- Fig 37,4 que d'A. et W. La droite pour le vert est la droite de reférence. Ces droites sont souvent concou- rantes. Le procédé apparaît comme compliqué ; Lowry et Patterson ont déjà élevé quelques objections contre ce mode de représentation!. Il est facile de montrer que, s’il s'agit de mélanges renfer- mant les 2 isomères d'un même corps, le dia- gramme découle de la règle de Biot, c.-à.-d. est équivalent à celui, beaucoup plus naturel, que J'ai indiqué 5 ans plus tôt. La figure 3 repré- sente, à côté l’un de l’autre, les deux diagrammes pour 3 mélanges 1, 2 et 3 et pour 3 couleurs J, V et B. On voit de suite que ee = ie : —\0 Le diagramme [+] — f (1) a de plus deux avan- tages; la dispersion y est de suite visible (pente des droites) ; la composition estégalement donnée par =. il apparaît donc préférable à celui d’A. et W. J'ai extrait des tableaux de Pickard et Kenyon ? les données suivantes relatives à l’acétate de B-octyle CSH13 — CH(CHÈ) — OCOCHS. Les solutions dans CS? à 20° montrent un{x] très variable : G | Gh Gs16 C6 Rapports ©à 4,56| — g,11|— 10,46|— 22,18 32,07) —4%09| n,52| = 4,77 0:99, 0,92, 001 + 7,05|+ 8,2a|+ 12,47 1. larad. Soc., 1914. 2. Chem. Soc.,t. OV, p. #30. pur De même les solutions à 5 % dans divers sol- vants donnent des [-] très différents : Solvant| (:)o Gsu | Gus Rapports C?H'Br? 9,79 11,11 17,42 O1 1,19 1,14 CSHS — 0,84|— 1,12]— 3,63 CS? — 8,96|[— 11,45] — 22,13 On voit que la constance n’est pas réalisée dans tous les cas et que l’hypothèse des deux composants doit recevoir quelques ad- ditions comme dans le cas des éthers précédents. Pickard et Kenyon ont étendu l'usage du diagramme d’A. et W. à d’autres cas * que les modifications tautomériques. Par ex. ils portent sur un même dia- gramme un alcool, ses différentes solu- tions, tous ses éthers et leurs solu- tions !; plus tard même, ils alignent sur le même diagramme deux alcools sté- réoisomeres (bornéols), leurs solutions, leurs éthers à différentes températures, etc., ou encore une série de corps tels que: menthylamine, son chlorhydrate, menthol et ses solutions, éthers-sels du mentho)l, etc. Ayant ainsi logé sur.le même diagramme un ensemble de faits expérimentaux, ils tirent de ce fait des conclusions théoriques, admettant qu'il existe dans tous les corps ainsi « coordon- nés » un seul centre d’isomérie dynamique, soit en somme deux corps seulement avec leurs dé- rivés. Par ex.les deux mêmes substances généra- trices rendraient compte par leurs mélanges de toutes les propriétés des deux bornéols dans tous leurs solvants. J’ai vérifié dans ce dernier cas : 10 que les points ne s’alignent pas sur des droites. Ayant pris la radiation verte du mercure comme référence, on constate que l’isobornéol ne se place pas du tout sur la droite bieue qui réunit les éthers phtaliques (corps les plus actifs du tableau); les différences sont systématiques et d’ailleurs évidentes si on prend la peine de calculer la dispersion des corps ainsi alignés ; 20 que le résultat est'explicable par le calcul. Je donne le détail de ce calcul en note (p. 677). On voit que, dans l'hypothèse où on aligne par ex. deux alcools isomères avec deux de leurs éthers, il y a deux conditions pour que la droite bleue des éthers coïncide avec celle des alcools. La première est vérifiée si on admet que l’alcool et l’éther ont même dispersion ; la 2e ne l’est pas. En résumé, le diagramme caractéristique d'Armstrong et Walker coïncide avec celui que —_—__—_—_———— ——_————— 1. Chem. Soc., t. CV. > geons 2 Henrr MARCHAND. — L'ÉMISSION LUMINEUSE DU VER LUISANT 677 J'ai indiqué longtemps auparavant dans les cas où celui-ci est utile. Celui-là est d’une construc- tion moins naturelle. En tout cas, l’idée de Pic- kard et Kenyon de condenser sur un même diagramme des résultats expérimentaux du genre de ceux rappelés ci-dessus est sans base théo- rique ; il semble de plus que le graphique tra- duit, dans certains cas au moins, assez inexac- tement les résultats expérimentaux. F) Comme dernière application immédiate de la dispersion rotatoire, je signalerai mes recher- ches sur l’existence de l'acide tartrique racémi- que en solution !. L’acide droit à la concentra- tion 24 a une dispersion anomale {max. vers 0 & 486 ; «,36/2p — 1,12). A la concentration 8, il a une FH normale (#/#n — 1,40). Mélan- gr. d'acide g. et 4 gr. d’acide d.; éten- dons à 25 cm avec de l’eau. Si le racémique existe en solution, celle-ci contient 4 gr. de ra- cémique et 2 d'acide droit, d’où la concentration 8 en corps droit; la dispersion doit être normale et égale à 1,40. On trouve une dispersion ano- male et le rapport 1,12. D'où la conclusion: le racémique n'existe pas en solution; celle-ci se comporte comme un mélange d'acide droit et d'acide gauche. Même résultat quand on 1. Trans. Farad. Soc. (Meeting de 1914, p. 38). mélange directenrent l’acide racémique et l’acide droit. Remarque. — Dans certains cas (corps à fai- ble #p, mais grande dispersion), il pourra y avoir avantage à faire les mesures de x pour une raie bleue. C’est ainsi que Lowry a suivi les frac- tionnements du tartrate d’éthyle par distillation. (A suivre.) E. Darmois, Professeur à la Faculté des Sciences de Nancy. 1. Soit « — X a la droite de référence. Les 2 substances mères (1) et (2) (alcools par ex.) de pouvoirs rotatoires #, et # (indices' pour les couleurs) donnent 2? dérivés (éthers) avec xp, et a (indices id.). L'hypothèse est qu'on aligne sur une droite les #» des 4 corps et de leurs mélanges. Soient æ et y les abscisses respectives d'un alcool et d’un éther, & et n les proportions des 2 RATES dans l'alcool et l’éther. On a par hypothèse a + æ — Exy" + (1 — E)x, d'où ALT cn CL) æy — « (")}. Le même alcool d’abscisse æ a le pouvoir rotatoire DE JT er Nate nr | y — linéaire en x. Les points des alcools pour la ÉoAleus (") sont en ligne droite (résultat connu), une droite analogue CS les éthers. Pour qu'elles coincident il faut que (id. pour 1). On prend alors la couleur bleue d'y — d'a __ Er — %En @) ay — “> UE hic 'yuo — d'y e EX Ea — Er Ea (2) De TE ie La condition (1) est seule vérifiée. L'ÉMISSION LUMINEUSE DU VER LUISANT Malgré l’exceptionnel intérêt scientifique qu’il présente et quoiqu'il ait sollicité l'attention de très nombreux savants, le phénomène de la pro- duction de la lumière par les organismes vivants est demeuré peu étudié jusqu’à ce jour au point de vue physique,et,à part les recherches de quel- ques expérimentateurs qui s’en occupèrent occa- sionnellement, comme Langley, par exemple, on n'a guère essayé de déterminer les caractéristi- ques spectrales et photométriques de leur lumière. Sans doute est-ce parce que, d'emblée, la quantité de lumière qu’ils fournissent apparaît tellement faible qu'il est bien inutile de la sou- mettre à des mesures précises pour pouvoir aflir- mer que, quantitativement, et si étonnantes qu'elles soient sous le rapport physiologique et physique, ces sources lumineuses sont d’une puissance insignifiante comparativement à cel- les des appareils que nous sommes accoutumés de manier. Un physicien américain, M. H. E. Ives, a cependant voulu appliquer les procédés moder- nes de la photométrie et de la spectrographie à l'examen systématique des organismes vivants lumineux; après avoir fait connaître, à mesure de leur avancement, les progrès successifs de ses recherches, il vient d’en coordonner les résultats et d’en donner un compte rendu général!que nous croyons utile de résumer pour nos lecteurs. Pr M. Ives a opéré sur l’un des organismes lumi- neux les plus connus, la luciole, dont il existe comme on sait diverses espèces, certaines parti- culièrement bien dotées comme producteurs de rayons lumineux; l'appareil générateur de la luciole ne fonctionnant pas d’une façon perma- nente, tandis que sa larve, le verluisant, brille : The Fire-fly as an illuminant, Journal of 13-231. (1) H. E. Ives the Franklin Institute, août 1922, p. 2 678 Henri MARCHAND. — L'ÉMISSION LUMINEUSE DU VER LUISANT pour ainsi dire constamment, c’est la larve que l'opérateur a utilisée. Il employa une larve de la variété de luciole propre à la Pensylvanie, larve qui est, à vrai dire, beaucoup plus petite que la luciole de la Jamaïque et surtout que celle des Indes occi- dentales, « maïs dont l'éclat intrinsèque {par unité de surface) n’est par inférieur, d'après lui, à celui des variétés les plus réputées ». Le premier moyen appliqué par l’expérimen- tateur pour mesurer l'émission lumineuse de l’in- secte est illustré par la figure 1 : À y représente le ver luisant, que l'opérateur tient entre le pouce Fig. 1. — Photométrie du ver luisant. et l’index, le présentant de telle sorte que la par- tie lumineuse {c’est l'abdomen) arrive à l’extrême bord du profil; B est:une surface blanche à réflexion diffuse, éclairée par la lampe étalon C. Le ver luisant est, cela va de soi, protégé con- tre la lumière directe de la lampe par des écrans, non représentés sur la figure ; la lampe etlasur- face de comparaison peuvent être déplacées l’une par rapport à l’autre, de façon à augmenter ou à diminuer la distance qui les sépare ; on modifie leur écartement jusqu’à ce que le ver luisant et la surface blanche éclairée apparaissent avec le même éclat. En procédant de la sorte, et en tenant compte des distances respectives de la source à la sur- face réfléchissante et à la larve, M. Ives a trouvé que, « pour faire équilibre au rayonnement de l'abdomen lumineux du ver luisant, la surface de comparaison doit recevoir un éclairement de 0,0190 lumen par centimètre carré; comme le rendement de réflexion du papier était de 76°, cela correspond à un rayonnement réfléchi de 0,0144 lumen par centimètre carré. L’abdomen lumineux de l’insecte consistant, au point de vue géométrique, en une série de plans convexes à très faible courbure se recou- vrant mutuellement, la surface'peut être tenue pour pratiquement plane et l’on peut des lors admettre que l’émission spécifique de la luciole, ou plutôt du ver luisant, est de 0,014 lumen par centimètre carré ou 144 lumens par mètre carré. Ce chiffre, qui est à retenir, se compare bien avec celui qu'avait donné, il y a quelques années, M: Pickering, en comparant l’éclairement donné par deslucioles de la Jamaïque avec celui fourni par les étoiles; M. Pickering donnait comme éclat intrinsèque des lucioles 0,004; son évalua- tionse rapprochait doncde la réalité, telle qu’elle a été fixée par M. Ives. # *x * Armé de cette première observation, l’expé- rimentateur américain s’est posé la question de savoir si la lumière produite par le ver luisant est suffisante pour éclairer les objets voisins — dans l'hypothèse où l’on constituerait une source de puissance suffisante, — c’est-à-dire suscepti- ble de les éclairer assez pourles rendre visibles, ou si elle est destinée à se ranger parmi d’autres sources lumineuses naturelles (les bactéries qui rendent la mer phosphorescente par exemple), dont l'éclat est tout juste suffisant pour les déce- ler elles-mêmes à l'œil. D'une façon générale, on admet que, pourêtre suffisant} pratiquement, l’éclairement obtenu au moyen d’une source de lumière artificielle doit atteindre un minimum qui varie, selon les appli- cations que l'on a en vue, entre 10 lumens, pour des salles d’audition, et100 lumens par m°, pour des salles de dessin; la moyenne habituelle est de 30 lumens environ. Cela étant, le problème examiné par M. Ives est le suivant: supposons une chambre de 3 mètres de hauteur, une table de 1 mètre de hauteur; quelle est la dimension qu'il faudra donner à un disque lumineux ayant un éclat intrinsèque uniforme de 144 lumens par mètre carré, cas du ver luisant, pour réaliser surlasur- face de la table, le disque étant placéau plafond, un éclairage suffisant ? Un calcul simple ! montre que ce disque devra 1. Soient S l'émission lumineuse spécifique du disque en lumens par mètre carré, E l'éclairement, d la distance entre la surface éclairante et la surface éclairée en mètres, r lerayon du disque, dans l'axe de celui-ci, on a: | ) E=S d ); (Le pour d = 2? m, et r — 1 m, nous avons : E—S 5e SEE 99 environ, 1+4 b à _— Herr MARCHAND. — L'ÉMISSION LUMINEUSE DU VER LUISANT avoir 2 m. de diamètre (fig. 2), ce qui n’est pas irréalisable, et fait voir que le ver luisant pour- rait parfaitement convenir comme source de lumière. à condition d’avoir un développement Fig. 2. — Eclairage d'un local au moyen d'un disque à faible éclat intrinsèque. superficiel correspondant à celui du dit disque, ou, encore, à condition que l’on dispose d’un nombre assez grand de bestioles pour réaliser cette surface. La conclusion directe est que, « si l'émission lumineuse spécifique du verluisant n’estpastelle que l’on puisse la recommander pour la cons- titution de projecteurs de locomotives ou pour la réalisation d’éclairements lo- caux de grande intensité, elle est néanmoins d’une valeur suff- sante pour répondre aux métho- des d'éclairage actuellement en vogue, comme l'éclairage indi- rect, ou de plafond ». % * M. Ives s'est demandé ensuite à quel chiffre peut être estimé le rendementlumineux del'insecte; il a procédé pour cela par assi- milation, en partant des valeurs constatées pour l’homme, à sa- voir « qu’un homme de 75 kg. peut être consi- déré comme capable de fournir un travail con- tinu correspondant à 75 watts, soit 1 watt par kg. de poids », et en supposant que la puissance reste proportionnelle au poids. Le ver luisant pesant environ 0,25 gramme, la puissance qu'on peut en attendre est de 0,00025 watt; comme le 1/10 environ des tissus de l’insecte sert à;la production de la lumière, la puissance disponible pour celle-ci est de 0,000025 watt, et comme la surface d'émission est de 10 mm?environ, onarrive finalement àune puissance par unité de surface de 0,00025 watt. 679 Rapprochant ce chiffre de celui de l'émission, on trouve que le rendement lumineux total de la production de la lumière chez le ver luisant est de 0,0144 : 0,00025 — 576 lumens par watt; l’évaluation est, cela va de soi, un peu arbi- traire ; cependant, « si l’on note qu'une émission de 640 lumens par watt correspond à un rende- ment lumineux de 100 °/,, on arrive à cette conclusion que le rendement lumineux total de la production de la lumière chez le ver luisant peut être évalué à 90 °/, ». Pour vérifier expérimentalement ce qui en est exactement, il faudrait pouvoir mesurer, de la même façon qu'on l'a fait pour l’émission lumi- neuse, l'énergie totale rayonnée par l’insecte, mais « cette énergie est absolument trop faible pour pouvoir être fixée à l’aide des instruments existants (du thermo-élément ou du bolomètre); par contre, l’expérimentateur a pu déterminer avec exactitude lerendement lumineux du rayon- nement. Par la photographie (en opérantau moyen de plaques panchromatiques, répondant aux lon- gueurs d'onde de 0,2 y à 0,7) et par la méthode dite de l'extinction de la phosphorescence (ondes de 0,5 y à 1,5 p), il a trouvé que « le ver luisant fournit une action intense dans une étroite bande de radiations comprises entre Violet Bleu Jaune Rouge Fig. 3. — Spectres comparatifs de la luciole, de la lampe à hélium et de la lampe à, filament de carbone. 0,5 et 0,64 et nulle part ailleurs » dans le spectre. r'# Pour compléter ces observations et, spécia- lement, pour préciser le caractère du rayonne- ment, l’expérimentateur a combiné l’emploi de la photographie avec l'usage du spectrographe, en utilisant uninstrument à très fortedispersion et en prenant des photographies, d’une part, du spectre de la lucioleet, d'autre part, de sources lumineuses de comparaison. « Des lucioles ont été maintenues pendant 680 Jacques RUEFF. — LE CHANGE, PHÉNOMÈNE NATUREL plusieurs heures, un insecte après l’autre, jus- qu’à épuisement de leur puissance de rayonne- ment, contre la fente du spectrographe ; puis, pour la même plaque sensible, ont étéphotogra- phiés un spectre contenant une large série de 200 100 60 TE Fig. 4 — Courbes de la distribution spectrale de l'énergie de la luciole et de la lampe à filament de carbone. longueurs d'ondes bien connues, ainsi qu'une série de spectres d’intensités connues, d'une source iumineuse ayant une distribution d'éner- gie connue, « À cette dernière fin, l'opérateur a utilisé une lampe à incandescence, à filament de charbon, ‘dont la distribution d'énergie, d’un bout à l’autre du spectre, avait été déterminée au cours d’une autre expérience ; la figure 3 donne un spécimen d'enregistrement obtenu dans ces conditions. « On y voit, à la partie inférieure, une étroite bande lumineuse, restreinte dans le voisinage des longueurs d’onde de 0,56 à 0,57 ; c’est le spectre de la luciole; au milieu se trouvele spec- tre d’un tube à hélium; à la partie supérieure, celui de la lampe à filament de charbon »; en mesurant et comparant la densité des spectres en présence, on a enfin déterminé la distribution spectrale de l'énergie de la lumière de l’insecte (fig. 4). En fin de compte, l’expérimentateur américain a pu établir que la lumière de la luciole est une lumière monochromatique, un jaune parfaite- ment pur,et telle que «95 % au moins de l’énergie totale dépensée correspond à la lon- gueur d’onde pour laquelle l’œil humain pré- sente le maximum d’acuité »;à ce point de vue, « la luciole est supérieure à toutes les sources de lumière artificielle connues ». Ainsi se confirme que, comme on en avait d’ailleurs déjà la quasi-conviction, l’insecte en questionest un producteur de lumière étonnant par l'efficacité des moyens qu'il met en œuvre, dépassantconsidérablement ce que nous sommes parvenus à faire dans nos appareils les plus remarquables et attestant « qu'il reste possible d'arriver à une méthode de production de la lumière donnant des résultats infiniment meil- leurs que ceux auxquels nous arrivons aujour- d’hui». Henri Marchand. LE CHANGE, PHÉNOMÈNE NATUREL! DEUXIÈME PARTIE LA PLACE DU CHANGE PARMI LES PHÉNOMÈNES NATURELS La pérennité de notre système économique pose, à elle seule, un vaste problème. Comment un ensemble de nations, inégalement dotées en ressources minérales, aux territoires inégale- ment fertiles, et peuplées d'individus de tempé- raments très divers, a-t-il pu subsister dans un état d'équilibre relatif, ou retrouver cet équilibre après les perturbations que lui ont fait subir les guerres et les révolutions ? Il semble, cependant, que les influences indi- viduelles s’exerçant au hasard, sans autre 1. Voir la première partie de cet article dans la Revue gén, des Sc, du 20 novembre, p. 645 et suiv. caractère commun que la recherche du profit maximum, eussent dû, en régime de libre cir- culation métallique, amener tout l’or du monde dans les pays riches où les produits setrouvaient à bon compte, et conduire à la ruine les nations moins heureusement pourvues. Il n’en a pas été ainsi. L'équilibre du monde a été maintenu, de telle façon que la vie a été possible dans tous les groupements nationaux. C'est à la recherche du mécanisme stabilisateur, assurant l’équilibre économique de nations iné- galement dotées, qu'est consacrée la deuxième partie de ce travail. M. Colson, dans le tome I de son cours d’Eco- nomie politique, fait, en un paragraphe intitulé « La Direction du Mouvement économique par le Mécanisme des Prix » (p. 432 et suivantes), un Jacours RUEFF. — LE CHANGE, PHÉNOMÈNE NATUREL lumineux exposé de la façon dont les prix, à l’in- térieur d’un même pays, « guident l’action libre de chaque individu cherchant à utiliser ses res- sources et ses facultés dans un emploi spécial, au mieux de ses intérêts propres ». Il montre, d'une manière très complète, com- ment « les prix guident cette action, précisément comme il convient, pour qu’elle contribue à faire arriver, à chaque consommateur, les objetsinfini- ment divers dont il a besoin, à mettre à sa dis- position les services qu’il désire à peu près dans la proportion où il a les moyens et la volonté de les acquérir ». Ce mécanisme des prix, conservateur de l’équi- libre, c’est la hausse d’un produit plus demandé qu'offert, c'est-à-dire la réalisation du phéno- mène qui, s’il se produisait seul, ferait diminuer la demande de ce produit, ou en ferait augmen- ter l'offre, sur le marché. Il suffit d’avoir étudié quelques phénomènes physiques ou chimiques pour reconnaître, dans le jeu du mécanisme des prix, un cas particulier d'application de la loi du déplacement de l'équi- libre, loi qui prend, lorsqu'elle est relative à des variations de température, le nom de loi de Van'’t Hoff, qui devient, pour des variations de pression, la loi de Le Châtelier, qui s’appelle en électricité loi de Lenz et s'énonce, sous sa forme la plus générale, de la manière suivante : « Lorsqu'on produit une variation de l’un des « facteurs de l’équilibre d’un système, il se pro- « duit une modification de ce système, qui, si « elle s'accomplissait seule, à partir de l’état pri- « mitif, entrainerait une variation inverse du « facteur considéré. » Un exemple éclairera cet énoncé, Le système considéré sera le marché des rentes françaises à la Bourse de Paris, marché supposé isolé de tous les autres marchés financiers. Le système est en équilibre si les offres de vente sont aussi nom- » breuses que les demandes d’achat. Le cours ne varie pas. Supposons que les demandes viennent à aug- menter. C’est là la variation considérée de l’un des facteurs de l'équilibre du système. Il se produit alors une « modification de ce système», la hausse du cours, qui «si elle se produisait seule entrainerait une variation inverse du fac- teur considéré », c'est-à-dire la diminution des demandes. La vie économique,dans son ensemble, et pour un groupe important d'individus, parait bien ainsi régie par la loi la plus générale de la nature. Or, il se trouve que les phénomènes de change 681 ne sont que l’un des aspects, mais l’un des plus caractéristiques, de ce mécanisme des prix. Les variations de change sont, enjeffet, comme toutes les courbes de disparité nous l’ont mon- tré, et ainsi que l'exprime le principe 2, des manifestations du phénomène par lequel est maintenu l’équilibre de la balance des comptes de chaque pays. Elles assurent, en quelque sorte le mécanisme des prix internationaux, puis- qu'elles déterminent, pour une nation, le prix, en monnaie nationale, de toutes les marchandises que ses importateurs pourront acheter à l’étran- ser. Elles réalisent des variations d'ensemble des prix de toutes les marchandises d’un pays, pour tous les acheteurs d'un autre ; et ceci explique que les lois du change n’aient pu être mises en évidence que par la considération du pouvoir d'achat de la monnaie d’un pays à l'étranger. Un exemple fera peut-être mieux comprendre encore le rôle des phénomènes de change dans la vie internationale. Considérons trois pays (1), (2) et (3), soumis, les uns et les autres, au régime du cours forcé. Le pays (1) possède du minerai en quantité li- mitée seulement par la rapidité de l’extraction. Il tire de son sol du blé en quantité qui suffit à sa propre alimentation. Le pays (2), au contraire, ne dispose d'aucune ressource souterraine. Il cultive le blé, mais dans des conditions moins bonnes que le pays (1). Le pays (3), voisin du pays (2), y achète son blé, mais ne possède pas de minerai. Le pays (2) ne peut subsister qu’en achetant du minerai dans le pays (1), opération qui ne sera possible que si le pays (2) réussit à se procu- rer des moyens de paiement dans (1). À cette fin, il va demander de la monnaie du pays (1), dont le cours dans le pays (2) s’élèvera. Cette ascension, qui détermine une augmentation du pouvoir d’achat de la monnaie du pays (1) dans le pays (2), se prolongera jusqu'à ce que le pays (2) dispose, dans le pays (1), de tous les moyens de paiement qui lui sont nécessaires. Or, ceux-ci ne lui seront fournis que lorsque le pays (1) achètera son blé dans(2), c’est-à-dire lorsque le prix du blé de (2), calculé en monnaie de (1), sera inférieur au prix du blé de (1), calculé dans la même monnaie. Ce résultat devra avoir lieu quel que soit le prix du blé du pays (2), mainténu élevé par les besoins de (3}. La variation du change de (2) dans (1) aura ainsi déterminé, automatiquement, pour tous les acheteurs de (1), et pour ceux-là seulement, la variation du prix du blé du pays (2) nécessaire et suffisante pour que les habitants de ce pays puissent subsister. 682 Jacoues RUEFF. — LE CHANGE, PHÉNOMÈNE NATUREL Il suffit de poser le problème pour se rendre compte que tous les conseils ou encouragements que l’on aurait pu prodiguer aux cultivateurs ou aux exportateurs de (2) n'auraient pas donné un résultat aussi parfait. En régime de libre circulation métallique, le phénomène serait un peu plus complexe. L’am- plitude des variations de change aurait été limi- tée aux frais de transport et d'assurance de l’unité monétaire de (2) dans (1). Si ces variations n'avaient pas produit, à elles seules, un effet suf- fisant, les habitants de (2) auraient envoyé leur or dans le pays (1) pour payer leur minerai. La diminution du stock métallique de (2) y aurait provoqué une baisse générale des prix, tandis que l’afflux d'or dans (1) aurait été suivi d’une hausse générale. Ce double phénomène se serait accentué jusqu’au moment où les ache- teurs de{1) auraient,par desachats deblé dans(2), mis à la disposition de ce pays les ressources extérieures nécessaires à l’achat de son minerai. Dans les deux cas, les phénomènes monétaires auraient ainsi rétabli l'équilibre des balances des comptes des pays (1) et (2), tout en permet- tant aux habitants de ces deux pays de sub- sister. On voit bien,de la sorte,comment les variations de change constituent le régulateur de la vie économique des peuples. Elles expliquent le merveilleux équilibre des relations commercia- les internationales, équilibre comparable à ceux qu’étudient les sciences physiques, puisque régi par les mêmes lois. D'une manière plus particulière, les variations de la disparité du franc à l’étranger nous per- mettent de comprendre comment la France, après les perturbations produites par la guerre, a pu retrouver son équilibre économique. En 1920, notre balance commerciale apparente présente un déficit de 13 milliards. En 1921, ce déficit n’est plus que de 2 milliards de francs papier, qui représentent, en pouvoir d'achat, environ 580 millions de francs 1912. (Indice moyen de l’année 1921 : 399; indice moyen des années 1912-13 : 116.) Pendant les années 1912-13, au contraire, le déficit apparent de notre balance commerciale était d'environ 1.350 millions. | Ainsi, après une guerre de plus de quatre an- nées, la partie la plus productive du sol français étant dévastée, et le marché intérieur susceptible d’absorber, pour la reconstruction, bien plus que la production nationale né pouvait lui fournir, le deficit apparent de la balance commer- ciale de la France est tombé, en 1921, au tiers de ce qu'il était en 1912. Ce résultat paradoxal confirme pleinement notre théorie. En 1912, le déficit apparent de | notre balance commerciale est comblé, en partie, par les ressources extérieures représentant les revenus des capitaux français placés à l’étran- ger. En 1921, beaucoup de ces capitaux sont deve- nus improductifs; d’autres ont été aliénés. D’où une diminution de revenus en monnaie étran- gère, diminution à laquelle notre balance commerciale devait nécessairement s'adapter. Cette adaptation n’a pu évidemment être ob- tenue par l’action isolée des exportateurs. Il suffit de jeter un coup d'œil sur la figure 9 (voir la première partie, p. 656) pour reconnaitre, sans que le doute soit possible, qu’elle est la conséquence des variations de la disparité du franc à l'étranger. Pour le calcul de la disparité moyenne, dont la figure 9 représente les variations, il eût fallu probablement multiplier la disparité du franc dans chaque pays par un coefficient proportion- nel à la balance commerciale de la France avec : ce pays. La moyenne arithmétique des disparités n’en donne pas moins des indications précieu- ses. La figure 9 nous montre, en effet, que, dès avril 1920, la disparité moyenne du franc à l'étranger devient positive, etle demeurejusqu’en juin 1921. Pendant toute cette période, lefranc a, en France, un pouvoir d'achat supérieur à celui qu'il pos- sède dans presque tous les pays étrangers. Les variations de la disparité du franc tendent cons- tamment à s'opposer à l’augmentation du déficit commercial et provoquent,dès le mois de février 1921, un excédent marqué des exportations sur les importations. A partir de ce moment, la disparité diminue, tout en suivant les variations de la balance com- merciale. Elle devient un instant négative, en juillet-août 1921, alors que notre balance com- merciale est nettement favorable, et elle croît à nouveau à la fin de cette même année, pour parer à une nouvelle augmentation des importations. Nous comprenons ainsi comment la France a pu, dans des conditions très défavorables, re- trouver l’équilibre de sa balance commerciale. Nous voyons, en outre, la puissance et la préci- sion de cet admirable mécanisme des prix, qui peut, par des variations de quelques millimes dans le pouvoir d’achat du franc, parer à un déficit de plus de 10 milliards. . 1. Dans la période antérieure à l'année 1920, les mêmes phénomènes se produisent, mais sont compliqués par les ré- percussions de l'augmentation continue de la circulation monétaire, répercussions que nous étudierons dans un autre travail, Jacours RUEFF. — LE CHANGE, PHÉNOMÈNE NATUREL TROISIÈME PARTIE LES CONSÉQUENCES POLITIQUES Dans notre « Introduction à l’étude de la Mo- rale et de l'Economie politique rationnelles », nous avons montré que la politique ne pouvait être que l’art d'utiliser, en vue de certaines fins, les lois que l'Economie politique découvre. « L'affirmation qu'il existe des lois économiques immuables, avons-nous dit, n’entraine pas que —----+)| ling à l'étranger estrestée négative.C’estlà le véri- table obstacle qui a entravé le développement des exportations anglaises, comme le révèle, d’une manière certaine, le fait que pendant toute cette période la courbe de la balance commerciale suit, avec une précision satisfaisante, la courbe de la disparité. Or, les considérations qui précèdent nous per- mettent d'interpréter, à son tour, l’existence de cette disparité négative. ; LM 1920 71921 1922" Ê S< 70\ 2 |FIM|AÏM|J|J|A4|S|C|WI|2|Z/|FI#|A4IW]|J|J 141510 /W|2 |J |F|M|A SÉE sl LL SS NS S À | 4 | TÉÈe #1 / Î Ÿ Sc S AIN = À SÈ 40 Al ÿ je N_ SE KES À G G Æ «127 Y$is # ae Ë a LL 1 NII 2 è À ù ‘ Ca É PE # Ci FE az È ÈŸ LA È SE à % h 7? Q] Qu KES 222 | JRE à À St 274 Z | De S _0060 4 à _0060 J | 3 720 | SS ] Fig. 10. — Disparité moyenne de la livre sterling à l'Etranger et Commerce total de l’Angeterre en 1920-22. — La disparité moyenne de la livre sterling est la moyenne arithmétique des disparités de la livre dans les pays suivants France, Etats-Unis, Italie; en 1921-22, France, Etats-Unis, Italie, Suisse, Belgique, Espagne. nous soyons leur esclave. La pesanteur existe, et cependant les avions évoluent dans les airs. Nous pourrons tirer de la connaissance des lois économiques tout un art, la politique propre- ment dite, qui nous permettra de réaliser tel ou tel but que nous nous serons fixé!. » La politi- que, ainsi considérée, doit être à l'Economie politique, ce que l’art de construire les moteurs est à la Thermodynamique classique. Une théorie des changes qui rend compte, d'une manière précise, de tous les faits observés doit éclairer certains problèmes politiques. La troisième partie de ce mémoire a pour objet d'étudier quelques-unes des conséquences de notre théorie dans ce domaine. IL. — Le CHÔMAGE ANGLAIS La connaissance de la disparité moyenne de la livre sterling à l'étranger permet de rattacher immédiatementl’existencedu chômageen Angle- terre à la situation économique générale. L'observation de la courbe qui représente les variations de cette disparité moyenne (fig. 10) nous montre que,pendant l’année 1920 et presque toute l’année 1921, la disparité de la livre ster- 1. Des Sciences physiques aux Sciences morales, p. 185 (Alcan, 1922). - : en 1920, En 1912-13, la balance commerciale de l’An- gleterre présente un déficit apparent de 150 mil- lions de livres sterling. À cette époque, on peut admettre qu’en Angleterre l'équilibre de la ba- lance des comptes se trouve réalisé, la disparité de la livre sterling en France étant tantôt posi- tive et tantôt négative (fig. 6, p. 654). Le montant des exportations invisibles (rému- nération des transports maritimes, revenus en monnaies étrangères) doit done compenser le déficit apparent de 150 millions de livressterling de la balance commerciale. En 1920, le déficit apparent de la balance com- merciale anglaise est de 380 millions de livres sterling; l’indice moyen des prix de gros en An- gleterre est de 337, alors qu'il était de 116 en 1912-13. Le déficit apparent de 1920 représente donc 128 millions de livres sterling de 1912, soit les 4/5 seulement du déficit de cette même année. D'autre part, il est infiniment vraisemblable que les ressources que l'Angleterre tirait en 1920 de sa marine marchande et de son portefeuille étranger étaient égales, et très probablement su- périeures à ce qu’elles étaient en 1913. La balance des comptes de l'Angleterre pré- sentait donc, en 1920, un excédent certain et 684 Jacours RUEFF, — LE CHANGE, PHÉNOMÈNE NATUREL c'est pour parer à l’existence de cet excédent, c’est-à-dire pour rétablirl’équilibre de la balance des comptes, que, conformément à ce que le principe 2 nous eût permis de prévoir, la dispa- rité de la livre sterling à l'étranger est devenue négative, provoquant ainsi la décroissance des exportations anglaises et par suite le chômage. Pendant l’année 1921, la disparité de la livre sterling décroit nettement en valeur absolue ; la courbe qui représente ses variations se rappro- che de la courbe de la balance commerciale, au lieu de lui rester parallèle. Il y a là une anomalie que l'on peut facilement interpréter. Pendant l’année 1920, le montant des créances étrangères que l'Angleterre tire des transports maritimes qu'elle exécute est encore considé- rable. En 1921, par suite de la diminution du prix de ces transports, le montant des créances étrangères qu'ils fournissent est sensiblement moins élevé. Or ces créances n'apparaissent pas dans les statistiques d’où nous tirons la balance commer- ciale. De la sorte, pour obtenir la courbe repré- sentant les variations de la balance des comptes véritable, il faudrait faire subir à la courbe de la balance commerciale une translation de haut en bas plus considérable en 1920 qu’en 1921, ce qui aurait probablement pour effet de rétablir la similitude complète des deux courbes. Dès octobre 1921, la disparité moyenne de la livre sterling est positive. Les exportations doi- vent s’en trouver facilitées et les effets de la crise de chomâge s’atténuer!. C’est là un résultat que les faits semblent con- firmer, et qui paraît devoir subsister tant qu’un nouvel excédent de la balance des comptes anglaise ne rendra pas à nouveau négative la dis- parité moyenne de la livre sterling à l’étranger?. Ceci nous conduit à l’étude du problème des dettes internationales. II. — Le Pro8zèue Des DETTES INTERNATIONALES Les considérations qui précèdent nous per- mettent de prévoir les conséquences qu’entrai- nerait le règlement de certaines dettes interna- tionales. \ La venue à échéance de toute dette importante 1. Nous trouvons dans Le Temps du 19 septembre 1922 une vérification de nos prévisions. D'après les dernières statistiques anglaises, l'excédent des importations sur Îles exportations se serait élevé, de janvier à août 1922, à 107.952.000 £, alors qu'il était de 208.345,000 £ pendant la même période de 1921, 2. Les mêmes considérations pourraient être répétées à l’occasion de la disparité moyenne du dollar à l'étranger. Elles expliqueraient, aussi bien que la crise de chômage anglaise, celle qui sévit aux Etats-Unis. de la France vis-à-vis de l'Angleterre donnerait naissance à un nouvel excédent de créances de la balance des comptes anglaise. Cet excédent provoquerait à son tourunediminution,en valeur algébrique, de la disparité de la livre sterling à l'étranger; et ainsise trouveraient rendues plus difficiles encore les exportations anglaises, tan- dis qu’au contraire se trouverait stimulée l’im- portation en Angleterre des marchandises étran- gères. Ce double phénomène aurait pour conséquence immédiate une recrudescence de la crise de chômage qui sévit actuellement dans le Royaume-Uni. Après l’étude qui précède, ces résultats ne peuvent être mis en doute. [ls sont d’ailleurs d’une portée générale, et nous renseignent surla véritable nature des règlements internationaux. Il est possible de transférer, d'un pays à un autre, un certain pouvoir d'achat par transfert de créances ou de, métaux précieux; mais ces verse- ments, dès qu'ils sont effectués, donnent nais- sance à des phénomènes stabilisateurs, qui pro- voquerontdescourants commerciaux rétablissant l'équilibre de la balance des comptes. Tout se passe donc comme si, au lieu d’avoir transféré une quantité déterminée ‘de pouvoir d'achat, on avait transféré directement les mar- chandises que ce pouvoir d’achat eût permis d'acquérir. [1 semble,toutefois,que le mécanisme des paie- ments en numéraire ou en créances étrangères soit très supérieur à celui des paiements en nature. Il a l’avantage, en effet, de diriger les courants commerciaux en tenant compte des conditions générales de l’équilibre mondial et de répartir sur toute la production d’un pays le stimulant aux exportations qui, dans le second système, n'atteint que les industries exécu- tant les commandes de l'étranger. Il estenfin plus souple, plus automatique, et par suite plus parfait, que le mécanisme compliqué des paie- ments en nature. III. —- L’ALLEMAGNE ET LES RÉPARATIONS Nous disposons, maintenant, de tous les élé- ments indispensables à l’étude du problème des réparations. Ce problème réside, d’une part, dans la recher- che du pouvoir d’achat nécessaire à la recons- truction des régions dévastées par la guerre, d'autre part, dans le transfert de ce pouvoir d'achat des pays qui le possèdent,ou qui peuvent le trouver, à ceux qui doivent l'utiliser. A l’intérieur de chaque Etat,le pouvoir d’ achat nécessaire à la reconstruction peut être trouvé par l’impôt ou parl'emprunt. Jacques RUEFF. — LE CHANGE, PHÉNOMÈNE NATUREL L'impôt est un prélèvement opéré par l'Etat sur le pouvoir d'achat dont disposent les indivi- dus, soit qu’ils le tirent de l'intérêt de leurs capi- taux, soit qu'ils l’acquièrent par leur travail. Le pouvoir d'achat des capitalistes est ainsi défini- tivement réduit, pendant toute la durée d’exis- tence de l'impôt. Au contraire, les travailleurs peuvent conserver le pouvoir d'achat dont ils disposaient antérieurement en travaillant davan- tage pour créer, par leur travail supplémentaire, l'équivalent du pouvoir d’achat qui leur est demandé par l'Etat. L’emprunt, lui, peut être intérieur ou inter- national. L’emprunt intérieur met à la disposition de l'Etat d'abondantes ressources dont celui-ci n’aura à payer, chaque année, que l’intérèt’et l’amortissement. Les sommes nécessaires au ser- vice de l’emprunt devront être trouvées par l'impôt, c’est-à-dire, comme dans le cas précé- dent, par prélèvement sur les ressources des contribuables. L'emprunt intérieur ne se distingue donc de l'impôt que parce qu'il répartit sur un grand nombre d’années l'effort nécessaire au paiement des dettes en vue desquelles il est contracté. L’emprunt international met, à la disposition de l’emprunteur, d’abondantes ressources étran- gères, qui peuvent, comme nous le verrons tout à l'heure, faciliter la solution du problème du . transfert. Il impose, par contre, à l'Etat qui emprunte, un service annuel d'intérêt et d’amor- tissement,service payable en monnaie étrangère, et qui accroit le déficit ou diminue l’excédent dela balance des comptes. De ce fait, et dès que le premier paiement a été opéré, la disparité de la monnaie de l'Etat emprunteur augmente en valeur algébrique et détermine, si rien ne vient s'y opposer, un accroissement des exportations d’une valeur égale au montant des sommes qui ont été payées pour le service de l'emprunt. L'Etat emprunteur est ainsi assuré de trouver indéfiniment, auprès de ses nationaux, les devi- ses étrangères qui lui seront nécessaires. [ldevra, pour se les procurer, racheter aux exportateurs, en les payant en monnaïe nationale, les devises que ceux-ci détiennent et qu'ils n’ont acquises qu’en répercussion des versements déjà opérés par l'Etat. Ainsi, dans ce cas encore, l'Etat devra préle- ver en monnaie nationale, sur les revenus des contribuables, des ressources d’une valeur égale à celle des réparations qu’il doit effectuer. On voit par là que dans tous les cas, quel que soit le mode de paiement adopté, et si l’on sup- pose qu’il n’est pas pratiqué d'émission de papier monnaie,la solution du problème des réparations n’est possible que si l'Etat, à la charge duquel elles se trouvent, frappe ses contribuables d’une imposition supplémentaire susceptible de four- nir le pouvoir d’achat nécessaire à la réparation des dommages causés. Tout revient donc en somme à affecter chaque jour, directement ou non, à l’œuvre de reconstruction, une partie des revenus des capitalistes et le produit d’un certain nombre des heures de travail fournies par les citoyens du peuple qui doit réparer. L'importance du prélèvement possible est ainsi limitée par la différence qui existe entre les ressources que possèdent les contribuables . ou qu'ils peuvent acquérir par leur travail et celles qui doivent leur être laissées, pour que leursubsistance se trouve assurée. Jusqu'à présent, et dans toute la mesure où il n’a pas été recouru à l'emprunt pour faire face au service des emprunts antérieurs, ce prélève- ment a été opéré par la France surles contribua- bles français.Nous venons de voir que cela reve- nait àimposer chaquejour, aux unsune réduction de consommation, aux autres un certain nombre d'heures de travail non rémunérées. : On conçoitimmédiatement qu'il y ait une abso- lue nécessité morale à ce que ces privations et ce travail forcé soient imposés au peuple qui est l’auteur volontaire de ces dévastations, et qui s’est engagé à en assurer le paiement. Toutefois, dès que les réparations sont mises àla charge d'un peuple différent de celui chez lequel ont été commises les dévastations à répa- rer, un secondproblème se pose, celui du trans- fert de richesses d’un Etat à un autre. SilEtat qui répare se procure les ressources qui lui sont nécessaires par un emprunt interna- tional, il dispose immédiatement des devises étrangères dont il a besoin pour exécuter ses obligations. Nous avons vu, d’autre part, qu’il était assuré, par le simple jeu du mécanisme des changes, de trouver à chaque instant, auprès de ses propres contribuables les ressources en monnaies étrangères nécessaires au service de l'emprunt. Cependant, si l'emprunt international ne peut être contracté, ou s’il ne pouvait l'être qu’à des conditions trop onéreuses, il resterait à l’Alle- magne les deux autres solutions de l'impôt et de l'emprunt intérieur. Dans ces deux cas, les ressources obtenues le seraient en monnaie nationale. Pour en assurer le transfert, l'Allemagne serait amenée à recher- cher, sur tous les marchés financiers, les devises étrangères. Le cours de la monnaie allemande 686 Jacours RUEFF. — LE CHANGE, PHÉNOMÈNE NATUREL par rapport à toutes les autres monnaies baisse- rait, en dehors de toute mesure d'inflation et sans qu'il y ait variation sensible de son pou- voir d'achat intérieur. Du fait de la disparité positive du mark à l’étranger ainsi réalisée,les exportationsalleman- desse trouveraient stimulées,dansla mesureexac- tement nécessaire pour fournir à l'Etat les mon- naies étrangères dont il aurait besoin. Pour seles procurer, il ne lui resterait qu’à les acheter en monnaie allemande, à ses exportateurs. Ainsi, l’on voit l’entière équivalence des deux procédés d’emprunt, intérieur et international. Ils peuvent et doivent être employés simultané- mentet produiront les mêmes variations du total des exportations allemandes, à condition, bien entendu, que les ressources fournies par l’em- prunt intérieur soient entièrement consacrées à l'œuvre de réparation. Ilest bon d’'insister, à ce sujet, sur le fait que l’Allemagne ne pourra trouver d’une manière permanente les ressources nécessaires à l’exé- cution de ses obligations que sil’on n’entrave pas le jeu des phénomènes stabilisateurs. Ceci suppose plusieurs conditions : 19 A l’intérieur de l'Allemagne les répercus- sions des phénomènes monétaires ne doivent pas être troublées par des mesures d'inflation et nous venons de montrer que l’Allemagne pouvaittrou- ver, sans elles,les ressources qui lui sont néces- saires. De la même manière, aucune restriction de sortie, aucune taxation ne devra s'opposer au libre jeu du mécanisme des prix. Enfin, des impositions élevées devront four- nir au gouvernement allemand, régulièrement et à l'avance, les ressources dont il aura périodi- quement besoin pour acquérir auprès de ses nationaux, et auprès d'eux seulement,des devises étrangères. Ces devises ne seront elles-mêmes que la contre-partie de l’excédent d'exportation auquelles phénomènes monétaires auront donné naissance. 2° A l’extérieur, aucune mesure prohibitive ne devra s'opposer aux exportations allemandes. Les deux prétentions d’obliger l'Allemagne à payer et del’empêcher d'exporter sont contra- dictoires, donc absurdes. Au reste, la situation d’un pays exportant pour fournir à l’étranger la rémunération de ses expor tations est celle d’un condamné qui expie, par le travail gratuit, et la réduction de son bien-être les dommages qu’il a causés. Cette situation ne paraît nullement enviable et l’on s’explique difficilement que des rivaux de l'Allemagne cherchent à l’y supplanter. S'ils per- sistaient dans ce désir, il serait pour eux un moyen sûr et immédiat d'augmenter considéra- blement le total de leurs exportations : ce serait de prendre à leur charge, sans aucune rémuné- ration, la réparation du ‘dommage causé par l'Allemagne. En résumé, il n’est pas possible de tirer argu- ment de la situation actuelle de l'Allemagne pour dire qu'elle ne peut payer. Elle pourra payer, et sans qu'il soit besoin d'employer le mécanisme compliqué des réparations en nature, dès qu’elle entreprendra l'exécution méthodique de ses obli- gations, à condition, toutefois, que les pays voi- sins ne cherchent pas à entraver, par des mesures restrictives, le libre jeu des phénomènes moné- taires et de leurs répercussions. On peut affirmer, en outre, que, dans l’hypo- thèse où cette éventualité se réaliserait, aucune dépréciation excessive du change allemand ne serait à redouter. Toutes les courbes tracées nous montrent en effet qu’en aucun cas, quel que soit le déficit ou l’excédent apparents de la balance commerciale d’un pays, la disparité de sa mon- naie n'a dépassé 0,08Ur.igo110 pour le franc, O,14UA 1901-10 pour la livre sterling. Ces disparités correspondant à des variations de change d’un ordre de grandeur entièrement différent de celui des variations qui caractérisent la chute actuelle du mark, on peut en conclure que cette chute n’est pas déterminée par le défi- cit de la balance des comptes de l’Allemagne, . déficit qui serait provoqué par les prestations déjà fournies en exécution des traités de paix, mais par des causes tout différentes. Nous mon- trerons dans un autre travail que ces causes se rattachent toutes à la pratique continue de l’in- flation monétaire. ConcLusioN Au terme de cette étude, il importe de résumer les vues auxquelles nous a conduit notre théorie des phénomènes de change. Le cours du change de la monnaie du pays (1) dans le pays {2) est défini par deux éléments : pouvoir d’achatintérieur de la monnaie du pays(1) et disparité de cette monnaie dans le pays (2). Le présent mémoire a montré comment varie la disparité et quel est son ordre de grandeur. Dans un autre travail, nous étudierons les variations du pouvoir d'achat intérieur d'une monnaie, dans leurs rapports avec les facteurs qui les déterminent. Les lignes qui précèdent ont mis en évidence la place des phénomènes de change dans la vie économique. Ces phénomènes assurent l’équili- bre international et réussissent à substituer Jacours RUEFF. — LE CHANGE, PHÉNOMÈNE NATUREL 687 ——————__—_——_—_—_—————_———_—_———— l’ordre collectif au désordre individuel. La loi du déplacement de l'équilibre semble, par eux devoir dominer toutes les sciences économiques qu’elle fait entrer dans le cadre des sciences physiques. Dans l’étude que nous avons consacrée à quel- ques-unes des conséquences politiques de notre théorie des changes, nous avons surtout étudié les répercussions des différentes solutions possi- bles sur ie maintien ou la rupture de cet équili- bre économique. Les conclusions auxquelles nous sommes arrivés ne peuvent être absolues. Des scrupules moraux parfaitement légitimes, des considérations de sécurité nationale, peuvent conduire les gouvernements à sacrifier la recher- che de l'équilibre naturel, soit pour assurer la subsistance d'organismes qui devraient disparai- tre, soit même pour provoquer volontairement une rupture de cet équilibre. Toutefois, la connaissance des répercussions de chacune des mesures qu’on adopte pour entraver le jeu des phénomènes naturels permet de juger, en connaissance de cause, de leurs avantages et de leurs inconvénients respectifs. Elle montre que l'effet de ces mesures ne peut être, en général, que provisoire et permet de choisir, pour leur réalisation, les moyens les moins dangereux et les mieux adaptés au but qu’on se propose d’atteindre. C'est le rôle de la politique de déterminer à chaque instant dans quelle mesure et sous quelle forme ïil est opportun de soustraire certaines institutions, certaines formes de l’activité natio- nale, au jeu des phénomènes naturels, en accep- tant à l’avance les conséquences de ces inter- ventions. D'autre part, les résultats qui ont été obtenus dans cette étude rapide des phénomènes de change permettent d'imaginer quelle sera la fécondité d’études minutieuses entreprises dans tous les domaines de la science économique. Ils nous déterminent à insister sur la méthode de travail qui nous a permis d’y aboutir et dont le principe réside dans l’application pure et simple des vues développées dans notre « Introduction à l'Etude de la Morale et de l'Economie politique rationnelles ? ». En premier lieu, seul l'emploi d'unités conve- nablement choisies nous a permis de découvrir les lois des phénomènes. Or, ce sont des vues théoriques sur la définition des unités dans ses rapports avec le principe de causalité, qui nous ont conduit au choix de l'unité Ur igoiso, Sans elle, l'étude des statistiques ne nous aurait révélé aucune loi, Et ceci montre le rôle des statistiques dans les recherches économiques. Elles constituent les seules observations d’où l’économiste puisse tirer la connaissance du milieu qu’il étudie. En elles- mêmes, elles ne sont rien que des suites de chif- fres, sans intérêt aucun, si elles ne servent à confirmer ou à infirmer une théorie qui essaye de les interpréter. L'Economie politique doit être considérée comme la science statistique des phénomènes présentés par des groupements d’un grand nom- bre d'individus. Ses lois ne peuvent être décou- vertes et comprises que lorsque l’on s’isole men- talement du milieu dans lequel on les étudie. C'est dire que la seule méthode d'observation qui permette de percevoir la réalité économique, à l'échelle à laquelle elle doit être étudiée, est l’observation statistique. Les faits économiques ne tirent leur existence que de la loi des grands nombres. Ils sont aussi incompréhensibles pour l'individu qui se consi- dère comme l’un des éléments de leur réalisation, que la loi de Mariotte pourrait l'être pour une molécule isolée. Jacques Ruefñff, Ancien élève de l'Ecole Polytechnique. me 1. Des Sciences physiques aux Sciences morales (Alcan, 1922). BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX BIBLIOGRAPHIE ANALYSES 4° Sciences mathématiques Goursat (Edouard). — Leçons sur le problème de Pfaff. — 1 vol. gr. in-80 de viu-386 pages (Prix : 30 fr.). Librairie J. Hermann, Paris, 1922. Dans un mémoire datant de 1814, Pfaff montra qu'une équation aux différentielles totales à 27 ou 21 — 1 variables admet toujours des multiplicités intégrales dont le nombre des dimensions est au moins égal à n ou n — 1., C'est la recherche et l'étude de ces multipli- cités intégrales qui constitue le problème de Pfaff pro- prement dit, auquel M. Goursat a consacré les deux premiers chapitres de son ouvrage. Le premier chapi- tre traite de la réduction d’une forme de Pfaff w (c’est- à-dire d’une forme linéaire dedifférentielles) à certaines formes canoniques, suivant les méthodes de Frobenius et Darboux, et introduit les notions importantes de coyariant bilinéaire et de classe d’une forme de Pfaff, et de rang d’une intégrale. Ces notions sont appliquées dans le second chapitre à la démonstration du théo- rème de Pfaff et à l'étude des multiplicités intégrales de l'équation de Pfaff « —0; l’auteur montre également les liens entre la méthode suivie et les méthodes d’intégra- tion de Cauchy et de Lagrange dans la théorie des équa- tions aux dérivées partielles du premier ordre. Dans les autres chapitres, constituant la plus grosse partie de l’ouvrage, l’auteur expose les résultats les plus récents relatifs au problème de Pfaff et à ses générali- sations, résultats dont les plus marquants sont dus à l’auteur et à M. Cartan. Le chapitre III est un exposé des règles de calcul des formes symboliques de diffé- rentielles. Une forme symbolique dedifférentielles, c’est le symbole figurant sous le signe d'intégration dans une intégrale quelconque étendue à une multiplicité à p dimensions de l’espace à 7 dimensions, Les notions de produit, de diviseur, de dérivée, sont étendues à ces symboles. Ces formes symboliques généralisent les for- mes de Pfaff; la considération des multiplicités sur lesquelles l'intégrale d’une forme symbolique est nulle conduit à une généralisation du problème de Pfaff ; les notions de facteur intégrant et de classe s’étendent aussi. M. Cartan a employé les formes symboliques de différentielles dans l’étude du problème de Pfaff; ses résultats sont donnés dansle chapitre IV : le théorème de Pfaff est obtenu sous une forme nouvelle grâce à l'introduction de la notion des dérivées successives d'une forme de Pfaff. Cette méthode permet une étude plus approfondie du problème de Pfaff et de problèmes annexes tels que ceux de la recherche des intégrales appartenant à une mutiplicité donnée ou ayant un nombre donné de dimensions, Les théorèmeselassiques relatifs aux transformations de contact se déduisent aussi facilement des propriétés des formes dérivées. L'emploi des formes symboliques a également permis à M. Goursat d'établir d’une façon très naturelle les propriétés des invariants intégraux; les résultats fonda: ET INDEX mentaux de cette théorie sont donnés au chapitre V. Dans lestrois derniers chapitres (VI, VII, VII), l’au- teur expose les beaux résultats obtenus par M. Caïtan dans l’étude des systèmes les plus généraux d'équations de Pfafr. Iciencore on se propose notamment de cher- cher l’ordre maximun des multiplicités intégrales. Dans cette étude s'introduisent encore certains systèmes covariants et la notion de classe d’un système (ch. VI), mais aussi des notions nouvelles telles que celles de genre et de caractères successifs d’un système (ch. VIII) qui ont permis à M. Cartan d'obtenir des résultats défi nitifs. Cette rapide analyse ne donne qu’une bien faible idée de l’importance et du nombre des résultats déjà acquis dans cette théorie donnés par M. Goursat dans son ouvrage. Malgré la difliculté et l'étendue du sujet traité dans ces leçons, leur lecture n’exige quelaconnaïissance des théorèmes classiques sur les systèmes d'équations aux différentielles totales (il faut regretter à ce sujet que M. Goursat n'ait pas uniquement pris comme ouvrage deréférence son Traité d'Analyse qui se trouve dans toutes les mains). On retrouve naturellement dans ce nouveau livre les qualités d’ordre et de clarté dans l’exposition, de rigueur et de concision dans les démonstrations, qui ont fait le succès du Traité d'Analyse et des autres ouvrages du savant analyste, Les jeunes mathémati- ciens y trouveront en outre, notamment pages 114 et 380, l'indication denouveaux sujets de recherches. G. VALIRON, Professeur à l'Université de Strasbourg. Mac Leod (A). — Introduction à la Géométrie non euclidienne. — 1 vol. in-80 de 433 p. avec 1 pl. (Prix : 20 fr.). Librairie scientifique J. Hermann, Paris, 1922. Comme toute autre science, la Géométrie est constituée par un ensemble de propositions qui expriment des pro- priétés de certains objets, et notre esprit aune tendance très forte à attribuer aux objets répondant aux con- cepts fondamentaux certaines propriétés bien détermi- nées. Il existe une branchede la Géométrie dans laquelle les postulats énoncent justement ces dernières proprié- tés : c’est la Géométrie euclidienne ou parabolique. Mais par là même nous entrevoyons donc la possibi- lité d’autres géométries, tout en remarquant qu’il peut exister aussi dans une même géométrie des systèmes de concepts fondamentaux et de postulats différents, mais équivalents, Parmi les Géométries autres que la Géométrie eucli- dienne, il y en a deux particulièrement importantes, indépendantes du postulatdes parallèles et de l’infinité de la droite et qui lui ressemblent le plus : l’une s’ap- pelle la géométrie de Lobatchewsky ou géométrie hyperbolique, l’autre la géométrie de Riemann ou la géométrie elliptique, et c’est à ces deux dernières qu’on BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 689 réserve le nom de Géométrie non euclidienne qu'étudie le présent ouvrage. Dans ce livre, l’auteur a visé à exposer d’une façon élémentaire les principes de cette Géométrie, tout en en fournissant un exposé méthodique et en en rendant les démonstrations claires et rigoureuses. Les connaissances exigées pour une lecture profitable de ce travail ne dépassent pas le cadre des études des classes de mathématiques spéciales. L'auteur s’est beaucoup inspiré de l’ouvrage de Coo- lidge (Oxford, 1919), en améliorant toutefois certaines de ses démonstrations et en apportant dans la rédac- tion des parties qui font le sujet commun des deux volu- mes une plus juste proportion qui en rend la lecture plus facile. On peut donc recommander ce volume à nos élèves des Facultés et de nos grandes écoles qui voudront s’ini- tier à ces disciplines si intéressantes el si actuelles et dont nous ne possédions pas encore en langue française un exposé aussi complet que simple et précis. La librairie Hermann a imprimé ce volume avec soin et sur un papier que nous n’étions plus habitués à rencontrer depuis la guerre. Félicitons-la d’avoir com- pris que l'ouvrage valait cette attention. L. Porix. Browalie (David), B. Sc. (Honours in Chemistrr). — Boiler Plant Testing. — 1v0l.in-80 de x-168 p. avec 21 fig. (Prix : 10/6 net). Chapman and Hall, éditeurs, Londres, 1922. .Id. — Coal Saving by modern methods of steam Generation (Xeprinted from The Textile Manufac- turer). — 1 brochure in-4° de 15 pages (Prix : 2/6). Londres, 1922. Ces deux écrits, qui ont pour objet de faire réaliser aux industriels une économie de combustible dans les générateurs de vapeur, se complètent l’un l’autre : le premier traite des méthodes d’essai de ces appareils, le second reproduit un certain nombre d'essais effectués dans des conditions que l’auteur considère comme satis- faisantes. M. Browanlie fait ressortir l'importance pratique des questions étudiées par lui en relevant d’abord la pro- portion relative du charbon, consumé sur les grilles des chaudières de la Grande-Bretagne,par rapport à la dépense annuelle de combustible dans les foyers de tout genre : elle atteint d’après lui de 95 à 100 millions de tonnes sur 189 millions. Or; le rendement effectif moyen des chaudières de l’industrie anglaise n’est guère que de 57 °/.: ce coeflicient d'utilisation extrêmement médiocre témoigne du mauvais emploi général qui est fait du charbon, et de l'intérêt considérable qu’il y aurait à améliorer les procédés de combustion et de vaporisation. Ce résultat ne peut être obtenu qu’en ins- tituant des méthodes rationnelles et sûres, d'essais. Il y a de grands progrès à réaliser dans cette voie : ils sont exposés en quatre chapitres du premier ouvrage, portant les titres ci-dessous : I. — Résultats présentement obtenus en chaudières; II. — Critique des codes d'essais actuels et suggestions pour la rédaction d’un code international; III, — Suggestions relatives aux additions à apporter au futur code international à recherches et discussions ; la suite des dernières IV. — Modèles de rapports d'expériences. Cette étude extrêmement substantielle est pleine d'observations d’un caractère pratique, qui établissent la nécessité de modifier l'esprit des méthodes en usage, et de diriger les expériences en vue d’obtenir des résultats indiscutables et réellement applicables, Un sommaire résume en quatre pages lesconditions essentielles d’une étude complète d’un générateur, et un index alphabéti- que très développé permet au lecteur de retrouver sans difficulté les considérations et les données qu'il a intérêt à méditer et à recueillir. La brochure est un tiré à part de divers articles, parus dans le « Textile Manufacturer », en 1921 et 1922. L'auteur y passe en revue les nombreuses détermina- tions que comporte une expérience, et il réunit en un tableau synoptique,extrémement intéressant, les résul- tats de 65 essais, effectués sur les chaudières les plus diverses, alimentées de houilles detoute espèce, La dis- cussion des chiffres relevés souligne les points à retenir spécialement et en tire les conclusions qui importent le plus à l'établissement d’une technique rationnelle, en même temps que vraiment réaliste, des appareils de production et de mesure. M. Brownlie traite ces nombreuses questions sans optimisme et avec un sens critique qui sera très appré- cié des praticiens, et conduira au progrès des généra- teurs de vapeur. AIMÉ W1rz, Correspondant del'Institut. 2° Sciences physiques Bertholet (Daniel). — La Physique et la Métaphy- sique des théories d'Einstein. — 1 vol. in-16 de 47 pages (Prix: 2 fr.). Payot, éditeur, Paris, 1922. Kirchberger (P.) — La Théorie de la Relativité, exposée sans mathématiques.7/raduction de M.Mar- cel Tuiers. — 1 vol. in-16 de 215 pages (Prix:5 fr.). Payot, éditeur, Paris, 1922. Moch (Gaston).— Initiation aux théories d'Einstein, —1 vol.in-8 de 160 pages avec 10 fig. et 1 portrait, de la Bibliothèque Larousse (Prix:4 fr.). Librairie Larousse, Paris, 1922. Wulf (Le P. Th.). — La Théorie de la Relativité d'Einstein. 7raduit par le P.H. Dorp.— 1 vol. in-8° de 96 pages (Prix:2 fr.). Albert Dewett, éditeur, Bruxelles, 1922. Voici quatre ouvrages sur le même sujet et une ana- lyse séparée de chacun d'eux ne parait point néces- saire. Le plan d’un pareil ouvrage est pour ainsi dire forcé. Il parlera d’abord des expériences de Fizeau et de Michelson. Il donnera l'explication de Lorentz (la con- traction des .corps dans le sens de la vitesse), l'énoncé du principe de relativité avec la notion de temps local, et celle de l’espace-temps due à Minkowski. Voilà pour la relativité restreinte. La relativité généralisée ne se vulgarise pas facilement. Quand on a parlé de l’accélé- ration qui simule une force, du boulet de Jules Verne, 690 BIBLIOGRAPHIE. — ANALYSES ET INDEX on ne peut plus que donner des résultats, et parler de leurs vérifications: mouvement du périhélie de Mercure, déviation par le Soleil des rayons lumineux, changement des longueurs d'onde. Les critiques de M. Painlevé, ou de M. Le Roux ne sont guère à la portée du grand publie, et l’on n’en peut parler que très vaguement. Ce sont là, avec quelques variantes, les matières de ces quatre volumes. Le premier, peu étendu, est moins l’exposé d’une théo- rie qu'une causerie agréable,spirituelle,amusante même. L'auteur nous parle des créateurs de la théorie, Michel- son, Lorentz, Minkowski, Einstein. Il donne les rai- sons de la vogue dontelle jouit. Ces raisonssont dans les modifications à la notion de temps, dans ce mys- térieux uniyers de Minkowski, dans les idées méta- physiques qui découlent de là. Le caractère particulier du second ouvrage est d’ex- poser clairement les matières énumérées ci-dessus, sans y mêler la moindre trace de Mathématiques, sans aucune notation d’Algèbre. A la fin du volume l’auteur parle des considérations exagérees où intervient la totalité de l'Univers. Toutes ces spéculations, dit-il, ne peuvent se terminer que par un point d'interrogation. Le 3e ouvrage, qui contient un portrait d’Einstein, donne sur la théorie des notions un peu plus détaillées, peut-être un peu plus savantes, sans être moins claires. Il fait une grande part à la critique, aux objections de M. Painlevé, malheureusement difliciles à faire com- prendre sans calculs algébriques. Il raconte aussi les conférences d’Einstein à Paris. Il réfute d’une façon simple et claire cette idée qu’un champ de forces fausse la géométrie euclidienne. Ce paragraphe est intitulé «relativité de la géométrie ». L'auteur traite de stupé- fiant cet énoncé : « La géométrie est fonction de la gra- vitation. » Il fait remarquer que l’on emploie la géomé- trie euclidienne pour calculer la déviation du rayon lumi- neux., Comment conclure alors que cette déviation empêche l’espace d’être euclidien. Le paragraphe sui- vant, sur l’univers courbe, contient des remarques ana- logues, toutes pleines de justesse et de bon sens. Le 4° ouvrage, fort court, est plus mathématique. Il contient les formules de Lorentz avec une démonstra- tion simple, Avec ces formules les conséquences de la théorie apparaissent beaucoup plus facilement, et c'est la raison pour laquelle l'ouvrage est si court sans dom- mage pour la clarté. Ces ouvrages sontempreintis de modération; ils n’ad- mettent pas les conséquences étranges de la théorie,par exemple celle-ci, qu'en voyageant vite on vieillit plus lentement. Dans l’ouvrage de M. Berthelot, Michelson est représenté comme ayant réussi à ne pas vieillir. Mais son moyen n’est pas de voyager dans le boulet de Jules Verne, c'est de jouer au tennis deux heures par jour. Le public trouvera dans ces quatre livres de quoi satisfaire son goût pour la relativité; il trouvera un exposé exact, fidèle, et dépourvu de cette espèce d’em- ballement, de ce ton lyrique, qui rend si fatigante la lecture de certains ouvrages. J. RicHaRD, Professeur au Lycée de Chäteauroux. Guiart (J.), Professeur de Parasitologie à la Faculté de Médeçine de Lyon, et Grimbert (L.), Professeur de Chimie biologique à la Faculté de Pharmacie de Paris. — Précis de Diagnostic chimique, micro- scopique et parasitologique. — 1 vol. in-8° de xx- 1010 p., avec 548 fig.et 4 planches, 4° éd. (Prix, avec envoi recomm. en province : 46 fr. 50; a l'étranger : 48 fr.).J. Lamarre, éditeur, Paris, 1922. Les lecteurs de ce livre se rappellent encore le vif et rapide succès qui a accueilli en 1906 l’ouvrage de MM. Guiart et Grimbert et que deux éditions subsé- quentes, en 1908 et en 1912, n’ont fait qu’aflirmer da- vantage, À cause de la guerre et par suite d’autres cir- constances particulières, la présente édition, soit donc la quatrième, n’a paru qu’en 1922, et on peut lui pré- dire le même succès qu’à ses ainées, car elle est l’appli- cation, sans cesse améliorée, des règles et des principes, qui dès le début ont valu à ce livre tant d'amis et de clients fidèles : Ne point décrire l’une à côté de l’au- tre, toutes les méthodes, « bonnes ou mauvaises, dans le seul but d’être complet », mais « n’en donner qu'un petit nombre, choisies, vérifiées par nous », et ainsi «mettre entre les mains de l'étudiant et du praticien un guide sûr, dans lequel il puisse avoir toute confiance », On ne pouvait mieux dire, ni surtout mieux faire. Là est, en effet, le secret du persistant succès de cet ou- vrage : c’est un livre vécu; c’est l'expérience person- nelle des auteurs qui parle à chaque page et donne sans cesse l'impression qu’elle domine et maîtrise plei- nement le sujet. C’est elle qui fait qu’en ne conduisant leurs lecteurs que par des chemins qu'ils ont eux-mêmes choisis et maintes fois parcourus, les auteurs en con- naissent les difficultés et savent où le débutant et le praticien non spécialisé ont particulièrement besoin d’être soutenus et guidés. Au point de vue microscopique et parasitologique, la présente édition se distingue de la précédente par l’ex- posé des méthodes nouvelles mises au point dans les laboratoires de l’Armée pour le diagnostic rapide des maladies infectieuses : paludisme, fièvre typhoïde et paratyphoïde, diphtérie, méningite cérébro-spinale, etc. Dans la partie chimique, les remaniements ont été de même nombreux et les additions intéressantes. On si- gnalera au chapitre du sang : le dosage de l’urée par le xanthydrol, de l'azote ammoniacal, des lipoïdes, de la cholestérine, l'établissement de la constante d’'Ambard, etc. Au chapitre de l’urine : la détermination de l’aci- dité urinaire, le dosage de l’urée par lexanthydrol, de l’ammoniaque, de l'acide 5-oxybutyrique, la recherche des albumines urinaires, de l’ovalbumine, de l'acide picrique, etc. Ont été modifiés aussi les chapitres rela- tifs au suc gastrique, aux liquides pathologiques, et au liquide céphalo-rachidien. Enfin un appendice fait pro- fiter le lecteur de quelques procédés d'analyse relatifs au liquide céphalo-rachidien et au sang, plus récemment publiés et dont on n'avait pas pu tenir compte dans le corps du livre. Il s'agit du dosage de l’albumine dans le liquide céphalo-rachidien, du dosage de l’acide urique dans le sang, du micro-dosage du glucose dans le sang et dans le liquide céphalo-rachidien, et enfin du dosage colorimétrique de l'azote non protéique du sang. BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX EEE Ainsi équipé, l'ouvrage de MM. Guiart et Grimbert ne pourra qu'étendre sans cesse le cercle de ses lecteurs et continuer avec succès auprès de nos étudiants et plus encore auprès des hommes de laboratoire, des méde- cins praticiens et des pharmaciens son utile carrière. E. LAMBLING (Université de Lille). 3° Sciences turcs Macaliester (R. A.S.), Litt.D., F. S. A., Professor of Celtic Archzology, University College, Dublin. — A Texte-book of European Archæology. 7. 7: The palæolithic period. — 1 vol. in-80 de xv-610 p. avec 184 fig. (Prix : 5o sh.). Cambridge, at the Univer- sity Press, 1921. Le livre de M.R.A.S.Macaliester constitue le 1er volume d’un véritable Traité de Préhistoire, Le seul ouvrage analogue édité jusqu’à aujourd’hui était le remarquable Manuel de Déchelette, dont les pages consacrées au Paléolithique, bien que ne remontant qu'à 1908, ont déjà singulièrement vieilli, malgré les excellentes qua- lités de critique dont avait fait preuve, lors de sa rédac- tion, le regretté Conservateur du Musée de Roanne, M. R. A. S. Macaliester, dès le début de son Text-book, s'affirme comme acquis aux méthodes scientifiques récemment adoptées par un certain nombre d’archéo- logues, Après une introduction à caractère historique, où est heureusement mis en relief le rôle décisif joué dans l'évolution de la Préhistoire par les découvertes de Boucher de Perthes, l’auteur consacre tout un chapitre aux Prolégomènes géologiques. Cet excellent résumé de l’histoire du Quaternaire comporte plusieurs cartes schématiques, dont une de l’Europe à son maximum d’élévation, avec le tracé reconstitué des anciens lits de fleuves actuellement submergés. La division de l’Eu- rope en régions archéologiques, qui forme la conclusion de ce chapitre, met en relief la liaison qui se manifeste entre la rencontre des différents types d'industries lithi- ques dans chaque pays et la situation de ce pays par rapport aux anciennes grandes extensions glaciaires. Les Prolégomènes paléontologiques font ensuite l'objet d'une importante étude, si bien que les données empruntées aux Sciences de la Terre occupent 70 pages, soit un 1/8 de l'ouvrage. Après une énumération un peu sèche, à mon avis, des animaux quaternaires grou- pés dans leur ordre zoologique et figurés en partie d’après les peintures des cavernes cantabriques, l’auteur étudie la répercussion, sur la faune, des diverses périodes glaciaires et interglaciaires; cet exposé très clair, qui ne vise pas au développement de considérations nou- velles ou originales, constituera un excellent guide pour les recherches archéologiques de l’avenir. Dans sès Prologomènes archéologiques, M. R. A,S. Macaliester envisage successivement tous les modes de classification que l’on peut adopter en faisant entrer en ligne de compte, aussi bien les caractères physiques que linguistiques, le degré de culture etfl’organisation sociale que la religion. À propos des débuts de l'Humanité en Europe, l’auteur 691 s'élève contre la théorie des éolithes:il groupe les préhistoriensenéolithophiles etéolithophobes... Passant à l'examen des plus anciens restes humains, il insiste sur leurs caractères mixtes : membres humains, crâne simien, dents homosimiennes de Java; mandibule simienne et dents humaines de Mauer; crâne humain, mandibule (?) simienne et dents homosimiennes de Pilt- down. | Le Paléolithique inférieur (Préchelléen, Chelléen, Acheuléen) est successivement étudié au point de vue de l’Anthropologie physique,de la Paléontologie,des carac- tères de l'outillage lithique et de son extension dans les différentes régions de l’Europe,-enfin de la Psycho- logie humaine à cette époque reculée. Le même plan a été adopté dansla description du Paléolithique moyen (Moustérien) et du Paléolithique supérieur (Aurignacien, Solutréen, Magdalénien). La psychologie de l’homme du Paléolithique supérieur fait, dans le livre du professeur anglais, l’objet d’im- portants développements où est mis en relief le con- traste très marqué entre la dernière phase de l’âge de la Pierre taillée et les périodes antérieures, par suite d'une nouvelle manifestation intellectuelle, l'Art rupestre. M. R. A. S. Macaliester ressuscite le terme de Mésoli. thique pour désigner la période de transition entre le Paléothique et le Néolithique, c’est-à-dire le stade d’é- volution de l’industrie qui est venu dans la terminolo- gie moderne prendre la place du hiatus autrefois admis parles préhistoriens. Le Mésolithique, qui cor- respond aux premières tentatives de domestication des animaux,débutepar l’étage Azilien dont la culture, bien connue grâce aux travaux de notre compatriote Ed. Piette, est marquée par une dégénérescence de l’art paléolithique : l'outillage se distingue par les silex pygmés dits « tardenoisiens ». C’est à cette phase que l’auteur rattache, avec l’industrie capsienne localisée dans l'Afrique du Nord et l'Espagne, les gisements d’Of- net, du Tage et de toute une série de localités de Bel- gique: cette époque est dans son ensemble caractérisée par l'invasion en Europe des Brachycéphales. Le 2° étage du Mésolithique est leCampignien du Nord de la France, qui s’individualise par l'apparition de la poterie, ‘présente son plus beau développement en Danemark, et accessoirement en Suède et en Norvège, avec les kükkenmüddinger. Contemporaine de la phase baltique dela mer à Littorines, cette civilisation a été précédée au temps du lac à Ancyles par l’industrie de Maglemose et de Viby, qui nous montre l’arrivée de la culture campignienne d’origine asiatique en Scandinavie, à la faveur de la régression correspondant au lac à Ancyles: par des voies différentes cette civilisation aurait péné- tré à travers l’Europe centrale, vers le sud, jusqu'en Italie. Le livre de M. R. A.S. Macaliester se termine par un chapitre fort intéressant donnant une vue d'ensemble du Paléolithique sur le globe, On y trouveun tableau de corrélation des phases glaciaires, interglaciaires et postglaciaires avecles stades de l'évolution de l’histoire de l'Humanité qui intéressera également les archéologues etles géologues, L'ouvrage donne ainsi une vue origi- 692 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX nale de nos connaissances sur le Paléolithique, dont la lecture s’imposera à toute personne désireuse de se documenter sur l’état actuel des sciences préhistoriques. L. Jocraun, Maitre de conférences à la Faculté des Sciences de Paris. Costantin (J.), Membre de l’Instittut, Professeur au Muséum d'Histoire naturelie, et Faïideau (F.), Pro- fesseur de Sciences naturelles. — Les Plantes (Hrs- TOIRE NATURELLE ILLUSTRÉE). — 1 vol. in-4° de 316 p. avec fig., 11 pl. en couleurs et 15 pl. en noir (Prix : broché, 5o fr.; relié, 95 fr.). Librairie Larousse, Paris, 1922. Le magnifique ouvrage de vulgarisation botanique que publie la Librairie Larousse constitue, suivant l’ex- pression même des auteurs, un « long voyage d’explo- ration à travers le monde végétal ». Ce voyage débute par l'étude de la plante en elle- même, dont les éléments constitutifs : racine, tige, feuille, fleur, fruit et graine, sont isolés un à un en pré- cisant pour chacun d’eux le rôle qui lui incombe, après quoi l’activité de l’ensemble est exposée. Mais les végétaux ne sont point isolés dans la nature: ils sont partout en contact avec d'autres organismes (animaux ou végétaux), — ce qui pose les très intéres- santes questions de l’épiphytisme, du saprophytisme,de la symbiose et du parasitisme, — ou avec le monde mi- néral, qui agit sur eux par l'eau, par le vent, par le cli- mat et par le sol, en donnant naissance à des types de flores bien caractérisés. L'influence du milieu amène tout naturellement à l'étude de la variabilité, du trans- formisme et de l’hérédité,. Après ce premier voyage à travers la vie végétale, les auteurs en entreprennent un second parmi l’ensem- ble prodigieux des plantes qui couvrent notre globe, et c’est pour eux l’occasion d’exposer le principe des elas- sifications, entre lesquelles ils choisissent celle de van Tieghem qui leur sert de cadre pour exposer les carac- tères distinctifs des principales familles et de leurs re- présentants les plus importants ou les plus curieux. Enfin, MM. Costantin et Faideau promènent leurs lecteurs à travers les applications que l’homme a su tirer d’un nombre toujours croissant de végétaux, et ils font défiler successivement sous leurs yeux les plan- tes alimentaires, les plantes pour boissons, les plantes fourragères, industrielles, médicinales et vénéneuses, d'ornement, pour terminer par l'utilisation artisti- que des plantes et les légendes ou mythes auxquelles elles ont donné lieu. Sans rien sacrifier à la précision scientifique, les au- teurs ont su parler des choses de la Botanique de ma- nière à captiver l'attention de tous. Et ce qui rehausse singulièrement l'intérêt du texte, c'est l'illustration somptueuse dont il est accompagné, illustration d’après nature empruntée pour une grande partie aux collec- tions personnelles de M. Faideau et de quelques explo- rateurs français comme MM. Alluaud, Chevallier, Diguet, etc., et planches en couleur (plantes diverses et cartes des flores et des cultures) d’un remarquable coloris. Ce bel ouvrage fait grand honneur à la science et à l'édition françaises; il contribuera à développer le goût des choses de la Botanique dams un cercle de lecteurs que nous lui souhaitons des plus étendus. L. DELPHIN. 4o Sciences médicales Dejust (L. H.), Préparateur à l’Institut Pasteur. — Examen critique de l’'Homœæopathie. Préface de M. G. BERTRAND, — 1 vol. in-80 de 96 p. (Prix : 7 fr.). Vigot frères, éditeurs, Paris, 1922. M.Dejusta, en un court mais substantiel volume, fait, en même temps qu'une critique sévère, un judicieux exposé de l'Homœopathie. Cette question, généralement confuse dans l'esprit d’un médecin allopathe, paraît tout à fait claire quand on a lu ce livre. L'auteur y ex- pose d’abord la genèse de l'homæopathie, depuis Hah- nemann, le fondateur, jusqu'aux auteurs modernes, Basée sur les deux principes de similitude et de posolo- gie, l'homæopathie est beaucoup plus une religion pour ses adeptes qu’une science véritable. En effet, comme le montre bien Dejust, il n’y a pas d'expériences scien- tifiques à la base des théories d’'Hahnemann, et les essais qui ont été tentés récemment en Amérique manquent vraiment de tout contrôle. En un mot, quand on arrive à la fin de ce volume, il faut penser que pour être ho- mæopathe soit comme thérapeute, soit comme patient, il faut avoir la foi : la foi comme l'avait Hahnemann lui même quand il aflirma : le Tout-Puissant, en créant l’'Homæopathie.. Dr GALLIoT. Bénon (R.). — Eléments de Pathologie mentale. Clinique et médecine légale. Préface du Profes- seur BALTHAZARD. — 1 vol, in-16 de 242 pages (Prix: 6 francs). G. Doin, éditeur, Paris, 1922. Ce petit livre contient sous une forme extrêmement condensée tout ce que le praticien a besoin de savoir en Pathologie mentale. L’auteur a recherché la conci- sion pour faire tenir dans un minimum de pages une description aussi précise que possible, un résumé com- plet de tous les symptômes, syndromes et types clini- ques de la psychiatrie. Il en résulte que c’est plutôt un aide-mémoire qu'un livre de lecture courante, Tel qu'il'est, ce livre rendra de grands services à ceux qui reculent devant des ouvrages plus étendus. Dr P. CHavieny, Professeur à là Faculté de Médecine de Strasbourg. ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 693 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Seance du 13 Novembre 1922 19 SCIENCES MATHÉMATIQUES, — M. Paul Lévy: Sur la détermination des lois de probabilité par leurs fonc- tions caractéristiques. — M. van der Corput: Sur quelques approximations nouvelles, — M. W. Sier- pinski: Sur l'existence de toutes les classes d'ensem- bles mesurables (B). — M. P. Fatou: Sur les fonctions méromorphes de deux variables. — M. Luc Picart: Statistique des étoiles faibles dans une région limitée de la Voie lactée. D'après les recherches de l’auteur, dans la région de la carte du ciel n° 149, il y a une conden- sation des étoiles vers la 13°-14° magnitude, raréfaction vers la 152 magnitude, suivie d’une nouvelle condensa- tion relative et d’une raréfaction nette vers la 178 magnitude; cette conclusion appuierait l'hypothèse, souvent émise, que la Voie lactée représente, dans son ensemble, une nébuleuse spirale. 20 SCIENCES PHYSIQUES. — M. À. Perot : Sur un pro- cédé rapide de détermination des éléments du magné- tisme terrestre. Le principe de l’appareil de l’auteur repose sur l’existence de courants d’induction dans une bobine mise en rotation dans le champ terrestre, et sur l’annulation de ces courants par la production d’un champ magnétique convenable, opposé au ehamp ter- restre, et dû à deux bobines rectangulaires. — M, L. Décombe : Calcul du moment magnétique d'un astre à partir de son moment d'inertie axial, de sa durée de rotation sidérale et de la constante universelle de la gravitation. L'auteur arrive, pour le moment magnéti- que des planètes dont la durée de révolution est con- nue, aux valeurs suivantes, la terre étant prise égale à 1 : Soleil, 15.107; Lune, 33.10 —6; Mars 3.10—2; Jupi- ter, 957.10? ; Saturne, 197.102. — M. Ch. Menges: Sur le coefficient de Fresnel. L'auteur montre que dans l’ex- périence de Fizeau il n’y a pas d’entrainement de l’éther; le résultat contraire provient d’une interpréta- tion erronée de l’expérience. —M, J. Cabannes : Lola- risation et intensité de la lumière diffusée par les liquides transparents. L'auteur montre que, lorsque le fluide est assez dense pour qu’interviennent les actions mutuelles des molécules, la lumière diffusée latérale- ment n'est jamais totalement polarisée, même dans le cas de molécules isotropes. — M. E. Hjalmar:echer- ches sur la série des rayons X. — M. P. Fleury : Sur un four à résistance de molybdène dans le vide. Ce four, constitué par une spirale de molybdène à spires ser- rées, enroulée sur un support isolant très réfractaire et parcourue dans le vide par un courant électrique convenable, permet de réaliser une température dépas- sant 1.7000. — MM. H. Fischer et D. Steiner : Les spectres d'absorption ultra-violets de la pyridine et de l'isoquinoléine. — MM. G. Chaudron et L. Blanc : Sur le dosage de l'oxygène dans les aciers. Les auteurs ont reconnu que les réductions par le moyen d’un alliage donnent les mêmes résultats que par l'emploi de l'hydrogène seul. Toutefois, dans la réduction de mélanges fondus de fer et d'oxyde de Mn, la méthode de l’alliage ne permet pas de réduire l’oxyde de Mn dans des proportions supérieures à 2MnO pour 1.000 d’al- liage. — M. L. J. Simon: MVeutralisation de l’acide lartrique en présence de chlorures métalliques. Zone neutre et tampon. 3° SCIENCES NATURELLES. — M. P. Loisel: radioactivité des sources de la région de Bagnoles-de- l'Orne et son rapport avec la structure géologique. Les sources dont la teneur en émanation est la plus forte se groupent presque toutes suivant une ligne qui coïn- cide en moyenne avec un synelinal occupé par le grès de May. Au sud de cette ligne se trouve le groupe de Bagnoles, comprenant des sources émergeant du granit, Enfin plus au sud la radioactivité des sources diminue encore. — M. J. B. Charcot: Sur l'étude géologique du fond de la Manche. Description des opérations du Pourquoi Pas ? qui, dans sa croisière de 1922, a ramené des échantillons du sol sous-marin en 64 stations, — M. P. Vuillemin : Valeur morphologique des émer- gences antitropes. Mécanisme de leur production par déplacement desmonastique. Les émergences ne sont pas des formations de valeur morphologique indéter. minée. Du moins les foliettes antitropes des phyllo- mes, les lames antitropes des frondomes sont, non des formations nouvelles, mais des portions déplacées de elles ont nécessaire- Sur la membres antérieurement formés : ment la même valeur morphologique que le membre dont elles proviennent, Le déplacement et l'antitropie ont pour cause la résistance opposée par les faisceaux, en un mot la desmonastie. — M. R. Souèges : Embryo- génie des Caryophyllacées. Les derniers stades du déve- loppement de l'embryon chez le Sagina procumbens L. — M. P. Bugnon : Sur la différenciation vasculaire basi- pète pour toutes Les traces foliaires chez la Mercuriale, D'après l’auteur, le sens basipète de la différenciation vasculaire dans l’'hypocotyle de cette plante s'explique très bien par la théorie du raccord,sans qu’il soit néces- saire de faire intervenir la théorie de l’accélération basi_ fuge de M. Chauveaud. — M J. Bouget : Sur les varia- tions de coloration des fleurs réalisées expérimentale. ment à haute altitude. Les expériences de l'auteur montrent l'influence très grande sur la coloration des fleurs : 1° du milieu qui entoure la plante pendant la floraison ; 2° de l’énergie que la plante reçoit du soleil pendant ce temps. — M, G. L. Funke : Sur les pousses supplémentaires estivales. Au point de vue de la déter- mination de l’âge des arbres par le nombre des couches ligneuses secondaires, la production de pousses sup- plémentaires en été ne fournit généralement pas une cause d'erreur, car, sauf chez quelques espèces, la formation ligneuse qui en résulte s'ajoute d’une façon assez continue aux productions normales, — M, St, Jonesco : Les pigments anthocyaniques et les phloba- ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES tanins chez les végétaux. L’auteuridistingue dans les pigments colorés des végétaux : 1° des anthocyanines, rouges à bleues, qui ne passent pas dans l’alcool amyli- que ; des anthocyanidines rouges, qui passent facilement dans l’alcool amylique ; des leuco-anthocyanidines jau- nâtres, qui y passent aussi et qui, par chauffage avec HCI, se transforment en une anthocyanidine, À côté de ces pigments se trouve une substance incolore, de nature tannique, — MM. Ed. Chatton et A. Lwoff: Sur l’évolution des infusoires des Lamellibranches. Le genre Pelecyophrya, intermédiaire entre les Hypocomi- dés et les Sphénophryidés. Bourgeonnement et conjugai- son. — M. A. Labbé: La distribution des animaux des marais salants dans ses rapports avec la concentra- tion en ions hydrogène. L'ascension de la courbe d’alca- linité dans les marais salants arrête la faune halophile, et dans les compartiments suivants les faunes halobies s’étagent suivant le milieu qui leur convient le mieux.— MM. A. Pézard et F. Caridroit : L'hérédité « sex- linked » chez les Gallinacés. Interprétation fondée sur l'existence de la forme neutre et sur les propriétés de l'hormone ovarienne. L'hérédité « sex-linked » des Gal- linacés apparaît comme la conséquence d’une hérédité physiologique maternelle directe qui, en introduisant une action empêchante, permet l’extériorisation du caractère opposé. — M. L. Berger : Sur l'existence de glandes sympathicotropes dans l'ovaire et le testicule humains; leurs rapports avec la glande intersticielle du testicule. Les organes sympathicotropes du hile de l’ovaire sont les homologues des amas cellulaires loca- lisés dans les nerfs sympathiques du hile testiculaire et de l’albuginée ou au voisinage de ces nerfs. Les amas paranerveux du testicule se continuent avec les élé- ments intersticiels. — Mme M. Phisalix : Hérisson et virus rabique. L'organisme du hérisson, s’il ne jouit pas d'une haute immunité, se défend néanmoins assez bien contre le virus rabique et semble capable de le détruire ou, tout au moins, de l’atténuer. Séance du 20 Novembre 1922 M. le Président annonce à l’Académie le décès de M. G. Lemoine, membre de la Section de Chimie, — M. C. Camichel est élu Correspondant pour la Section de Mécanique. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M, S. Bays : Sur les systèmes cycliques de triples de Steiner. — M. A. Myller : Surfaces réglées remarquables passant par une courbe donnée, — M. P. Mentré : Sur les complexes qui présentent, sur toutes leurs droites, des singularités projectives du ?° ordre infinitésimal, — M. H. Rous- silhe : Résultats obtenus en 1921 et 1922 par l’applica- tion de la photographie aérienne aux levés de précision à grande échelle. Un levé photographique, exécuté dans les conditions normales d'emploi de l'appareil de pho- torestitution de l’auteur, donne un résultat plus précis qu'un levé topographique rédigé à la même échelle avec le maximum de précision, 2° SCIENCES PHYSIQUES, — M, M. Brillouin : Gravi- tation einsteinienne et gravitation newtontenne. D’après l’auteur, les critiques de M. Le Roux à ce sujet (voir p. 663) sont dépourvues de tout fondement. — M. C. Raveau : La loi d'entrainement de l’éther de Fresnel. L’auteur donne une nouvelle démonstration de la for- mule de Fresnel, indépendante de toute relativité du temps et de l’espace, — M. Emm. Dubois : Sur le pu- tentiel minimum de décharge électrique dans les gaz aux basses pressions. L'auteur montre que la plus grande par- tie des variations singulières de ce potentiel minimum doit être attribuée à la présence de substances salines couvrant les électrodes. — M. L. Bouchet : Zlectro- mètre absolu plan-cylindre. Cet électromètre peut servir à mesurer, en valeur absolue, des différences de poten- tiel atteignant 60 unités électrostatiques. — M. G. Dé- jardin Sur l'excitation du spectre du mercure. Influence de l'hélium. — MM. E. Mathias, C. A. Crommelin et H. K. Onnes : Ze diamètre rectiligne du néon. Le néon obéit à la loi du diamètre rectiligne, avec une petite déformation au voisinage du point cri- tique. — M. P. Lafon : Sur les anomalies de dilatation des verres. L'auteur a observé dans la dilatation des verres une anomalie correspondant à une diminution de la dilatation, irréversible et due au recuit du verre, et une autre correspondant à une augmentation de la dilatation, avant d'atteindre le point d’affaissement, réversible, due à une transformation allotropique de la silice amorphe. — M. A. Portevin : La réduction et la disparition des efforts internes dans les aciers, par ré- chauffage suivi de refroidissement lent. On peut arriver, par des revenus à basse température, à atténuer les efforts internes dans les aciers, tout en conservant la haute dureté acquise par la trempe. — MM. A. Kling et D. Florentin : Sur une sulfatation spontanée des pierres calcaires dans les centres urbains. Des analyses chimiques de calcaires altérés de monuments ont mon- tré que l’altération subie par le calcaire correspondait à une sulfatation. L’acide sulfurique provient de l’at- mosphère où il se forme par oxydation de SO? prove- nant dela combustion des houilles. — MM. Tiffeneau et Orékhoff : Sur la transposition semipinacolique des alcoylhydrobenzoïnes; influence des radicaux alcoylés. Dans certaines conditions, suivant la nature des radi- caux alcoylés substituants et suivant la qualité du réactif déshydratant, l'OH secondaire des alcoylhydro- benzoïnes peut, contrairement à la règle générale, devenir moins stable que l’OH tertiaire. — M. R. De- laby : Sur les alcoylglycérines. Préparation des vinjl- alcoylcarbinols. L'auteur a obtenu les vinylalcoylearbi- nols par condensation des composés organomagnésiens avec l’acroléine. — M. E. Grandmougin : Les ac)l- aminoanthraquinones comme couleurs à cuve. Dès que l’on introduit des groupes acylés dans les aminoanthra- quinones, l’aflinité du leuco pour la fibre se manifeste à des degrés différents selon la grandeur et la nature du radical substitué dans le groupe amidé. M.P. Gaubert : Action de la chaleur sur les sphérolites à enroulement hélicoïdal., La chaleur peut modifier la structure et les propriétés optiques d’un édifice à en- roulement hélicoïdal, modifications pouvant accentuer les caractères de ce dernier. 30 ScIENCES NATURELLES, — M. P. Termier : Sur la structure des Alpes orientales; fenêtre des Tauern et zone des racines. L'auteur communique l'état actuel des é ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 695 RE Re observations faites par lui et par divers géologues au- trichiens sur la structure des Alpes orientales. — M. H. Joly : Vote préliminaire sur l'allure générale et l'âge des plissements de la chaine celtibérique. La chaîne celtibérique, série d’anticlinaux et de synelinaux pa- rallèles, a vu de grandes périodes de plissements : une hercynienne, une pyrénéenne, cette dernière en deux étapes, et plusieurs mouvements transgressifs et ré- gressifs amenant notamment, aux confins des deux provinces de Soria et de Saragosse, une émersion jurassique, suivie d'un régime de lagunes, d’estuaires et de mer ouverte durant le Crétacé, — M. Teilhard : Sur une faune de Mammifères pontiens provenant de la Chine septentrionale. La faune trouvée à K'’ing-Yang- Fou est nettement pontienne et manifeste des affinités avec les faunes analogues de Perse et d'Europe plutôt qu'avec celles de l'Inde. — M. V. Van Straelen : Les Crustacés décapodes du Callovien de la Voulte-sur- Rhône (Ardèche). Dès le Callovien, les trois grands groupes de Vatantia sont constitués, Parmi les Æryoni- dea, il importe de souligner l’existence de formes voi- sines des types actuels, dès la base du Malm. — M. L. Daniel : Hyperbioses de Soleil et de Topinambour. L'étude de ces hyperbioses ou surgreffes montre que, si l’on n’observe pas l'inuline dans le Soleil greffé avec le Topinambour, cela ne veut pas dire que le Soleil n'utilise pas cette substance sous une autre forme. — M. M. Lenoir : Les nucléoles pendant la prophase de la cinèse II du sac embryonnaire de Fritillaria imperia- lis Z. Des observations de l’auteur, il ressort que : 10 la substance des nucléoles passe sans modification apparente dans le filament spirématique par une sorte d'aspiration ; 20 entre le commencement du phénomène d'aspiration ct la constitution des chromosomes par- faits se trouve une période pendant laquelle s'établit l'équilibre entre les deux substances chromatiques : celle du réseau et celle des nucléoles. — M. Mascré : Sur l’étamine des Borraginées. Comme chez les Sola- nées, le développement de l’étamine présente, chez les Borraginées, trois phases successives : diflérenciation, élaboration ou sécrétion, dégénérescence. Il appartient nettement au type des tapis dits sécréteurs, par oppo- sition au type plasmodial, longtemps considéré comme dominant chez les Angiospermes, — Mile M. Braecke : Sur la présence d’aucubine et de mélampyrite dans plu- sieurs espèces de Mélampyres. — M. P. Lesage : Ac- tion comparée de la sylvinite et de ses composants sur les premiers développements des plantes. Le mélange des 4 sels qui constituent la sylvinite est plus favora- ble que chacun d'eux pris isolément, mais il est aussi moins favorable que la sylvinite même, — M. J. Stoklasa : Sur la respiration des racines. Les racines des plantes pullulantes (sauvages) respirent plus acti- vement que celles des plantes cultivées. L'emploi d’air radioactif accroît encore l'intensité dés phénomènes respiratoires, et nulle part on n’a trouvé, parmi les produits de sécrétion, d’autre acide, organique ou minéral, que CO?. — MM. A. Goris et P. Costy : Sur l'uréase et l’urée chez les Champignons. Quel que soit le genre auquel on s'adresse, l'organe reproducteur est toujours le plus riche en uréase, Parmi les divers genres, c'est le genre Boletus qui a le suc doué de la plus forte activité diastasique, — MM. L. Léger et A. Ch. Hollande : Coccidie de l'intestin de l'anguille. — M. L. Joubin : Distribution géographique de quelques coraux abyssaux dans les mers occidentales européennes. En général, les bancs de coraux abyssaux suivent réguliè- rement l’isobathe de 200 m. qui marque approximati- vement le bord du plateau continental; c’est là qu’ils commencent et qu'ils sont abondants. — M. L. M. Betancès : Quelques précisions sur la morphogenèse de la cellule hématique. Les observations de l’auteur infirment les opinions, généralement admises sur la morphogenèse de la cellule hématique des Vertébrés. SOCIÉTÉ CHIMIQUE DE FRANCE Séance du 10 Novembre 1922 M. René Dubrisay : Sur l'étude physico-chimique des réactions en solution. L'auteur répond d’abord à une critique adressée par MM. Cornec et Fauque à ses récents travaux. Dans l'application de la méthode basée sur l'observation des phénomènes de miscibilité, MM. Cornec et Fauque ont, pour l'étude de la formation des sels doubles en solution, fait varier simultanément la concentration commune des solutions mères et le rapport des volumes de la solution concentrée de phé- nol au volume de la solution bisaline. M. Dubrisay fait remarquer que, si théoriquement la chose est légi- time, en fait il ne faut pas oublier que la température de trouble ne peut être déterminée avec précision que si l’on n’est pas trop éloigné de l'état critique des deux liquides partiellement miscibles. En reprenant l'étude du système KCI-NaCI dans les mêmes conditions que MM. Cornec et Fauque, M. Dubrisay a observé une concordance satisfaisante entre les températures de trouble observées et les températures calculées par la règle des mélanges, sauf dans deux cas où ces écarts ont atteint 00,3 et 00,4; mais les rapports des volumes de la solution de phénol et de la solution bi-saline mis en présence étaient alors 0,1 et 0,2 alors que l’état cri- tique de dissolution pour le système eau-phénol cor- respond à une concentration d’environ 40 0}, de phénol. Les écarts signalés par |MM. Cornec et Fauque et retrouvés par M. Dubrisay peuvent donc être attribués à l’imprécision des mesures dans certaines conditions. Il faut d’ailleurs bien se rappeler que la règle des mé- langes et par suite la règle du maximum ne sont pas rigoureusement exactes, et que, quelle que soit la mé- thode physico-chimique employée, on peut toujours observer desanomalies dans l'application de ces règles. Il convient donc d’être prudent dans les conclusions tirées de semblables recherches, et surtout de multi- plier les méthodes d’investigation mises en œuvre. Une interprétation a d'autant plus de chances d’être exacte qu’elle coordonne un plus grand nombre de ré- sultats différents. En terminant, M. Dubrisay résume l'étude qu'il a faite du système acide borique-soude- mannite en déterminant simultanément la température de miscibilité avec le phénol, le pouvoir rotatoire et la tension superficielle des solutions. — MM. Ch. Mou- 696 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES reu et M. Dufraisse : Les altérations de l’acroléine et les antioxygènes. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Séance du k Novembre 1922 (fin) M. À. Luquet : Sur la toxicité d'un glucoside arse- nical. Le diglucoside-dioxydiaminoarsénobenzol paraît être, en injection intra-veineuse, et à teneur égale en arsenic, environ deux fois moins toxique que le dérivé méthylène-sulfoxylate de soude. — MM. M. Labbé et F, Nepveux : L’excrétion azotée dans le jeûne, Le métabolisme azoté dans le jeûne ne se réduit que d’un quart quand le métabolisme total s'est réduit de plus de moitié. 11 Novembre 1922 M. J. Valtis : Pouvoir antigène des bacilles paratu- berculeux dans la réaction de fixation de la tuberculose. Seance du Les extraits méthyliques de bacilles paratuberculeux (fléole) présentent vis-à-vis des sérums de tuberculeux un pouvoir antigène comparable, au point de vue qua- litatif, à celui des antigènes tuberculeux, mais quan- titativement plus faible. Séance du 18 Novembre 1922 M.P. Bru: Sérums antisurrénaux corticaux etanti- surrénaux médullaires.L'auteur a préparé des antisérums avec les deux parties des capsules surrénales : tissu cortical et tissu médullaire. L'étude des propriétés de ces antisérums permet de dissocier le rôle physiologi- que des deux parties, la substance corticale ayant un rôle hypotenseur, tandis que la substance médullaire provoque l'élévation de la pression artérielle, — M. E. Coulaud : /n/fluence de l'irradiation du corps thyroïde sur les surrénales du lapin. Cette irradiation à des doses capables de produire au niveau du corps thyroïde des modifications histologiques notables, détermine une hyperplasie corticale des surrénales avec augmentation de volume et de poids, — MM. A. Clerc et C. Pezzi: Le mécanisme de l'accélération cardiaque par la quinine et les autres alcaloïdes dérivés du quin- quina. Cette accélération ne traduit nullement une paralysie du centre bulbaire du vague qui déclencherait indirectement l’action antagoniste des accélérateurs, mais est bien due à une excitation directe de ces der- niers, — M. J. Verne: Les granulations chromafjines des glandes salivaires postérieures des Céphalopodes. Ces granulations sont à rapprocher de celles de la médullaire surrénale ; elles sont le support de la tyra- mine ou du moins le substratum de son élaboration, — MM. M. Loeper et G. Marchal : Le rôle de la leucoge- nèse intragastrique dans la digestion des albumines. La leucogenèse intragastrique provoquée par certains aliments, en particulier par le bouillon, répond à une nécessité physiologique: les leucocytes renforcent très notablement l'activité du mélange pepsine-HCl; bien plus, ils peuvent,dans le complexe chlorhydropeptique, se substituer à la pepsine et jouer un rôle égal ou supé- rieur, —MM. L. K. Wolff et J. W. Janzen: Action de divers antiseptiques sur le bactériophage de d'Hérelle. Avec les antiseptiques employés, le bactériophage est rapidement inhibé par des quantités qui n’ont que peu d'action sur les bactéries; dans ces conditions, les bac- tériophages ne sont pas détruits:ils sont à l’état de vie latente, et sous cet état offrent une résistance plus grande que celle dela bactérie. Une très faible quan- tité d’antiseptique peut favoriser l’action du bactério- phage.Le bactériophage est susceptible de s’accoutumer à l’action des antiseptiques. : M. P. Harvier est élue membre titulaire de la Société, Séance du 25 Novembre 1922 MM. C. Levaditi et S. Nicolau : Herpès et encé- phalite. Le virus herpétique comporte un grand nom- bre de variétés à affinités ectodermotropes et neurotro- pes diverses. Ce virus doit être considéré comme une variété généralement moins virulente, au point de vue neurotrope, du germe de l'encéphalite léthargique. Il n’y a pas de rapport entre l’aflinité ectodermotropeet neurotrope du virus herpétique, la première pouvant exister en l’absence de l’autre. — MM. R. Weitzet A. Boulay : Essai pharmacologique d’un glucoside car- diotonique extrait du Thevetia neriifolia. Ce glucoside se range dans le groupe pharmacologique de la stro- phantine et de l’ouabaïne. — MM. R. Goiffon et F. Nepveux: L'indice différentiel de dissociation des aci- des organiques. Les auteurs établissent un indice quali- tatif des acides organiques en solution en appréciant le rapport existant entre leur masse mise en liberté à Px 2,7 et celle qu’on libère de leurs sels à Px 4. On peut se servir de cet indice pour caractériser acidimétrique- ment les jus de fruits et boissons. — M, H. Bierry : Amylase pancréatique et ion Cl. Les amylases pancréa- tique et intestinale, privées de sels par dialyse, sont inactives sur l’amidon et le glycogène; la présence de l'ion CI ou Br est indispensable pour que l’amylase puisse exercer son action. — MM. H. Busquet et Ch. Vischniac : Présence d'un principe vasoconstricteur puissant dans le genét à balai, En soumettant le genêt à un traitement particulier, on obtient une préparation possédant un pouvoir vaso-constricteur très puissant, supérieur à celui du tissu surrénal et de l’ergot de sei- gle. Cette substance agit directement sur les muscles vasculaires sans intervention du système nerveux cen- tral. — M. R. Feissly : Pathogénie des troubles de la coagulation du sang hémophilique. La stabilité du plasma hémophilique peut être attribuée à la présence d’un stabilisateur doué de propriétés antithrombinogé- niques, On peut, du reste, préparer par le chauffage à 56° une solution phosphatique privée de toute propriété sérozymique, qui ne possède plus que des propriétés stabilisantes. Le Gérant : Gaston Doi. Sté Gle d'Imp. et d'Ed., rue de la Bertauche, 1, Sens. ” ke 33° ANNÉE 30 DÉCEMBRE 1922 Reoue générale des Scienc pures et appliquées Foxpareur : LOUIS OLIVIER. Direcreur : J.-P. LAN GLOIS, Professeur au Conservatoire national des Arts-et-Métiers, Membre de l’Académie de Médecine Adr:sser tout ce qui concerne la rédaction à M. J.-P. LANGLOIS, 8, place de l’Odéon, Paris. — La reproduction et la traduction des œuvres et des travaux publiés dans la Revue sont complètement interdites en France eten pays étrangers y compris la Suède, la Norvège et la Hollande CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE $ 1. — Distinctions scientifiques Election à l’Académie des Sciences de Paris.— Dansla séance du 11 décembre, l’Académie a - procédé à l’élection d'un membre dans sa Section deMéde- cine et Chirurgie, en remplacement de M. A. Laveran, décédé, La Section avait présenté la liste suivante de candidats : en première ligne M. A. Chauffard;en seconde ligne, MM. A. Calmette et H. Vincent. Au pre- . mier tour de scrutin, M. Vincent a été élu par 41 voix sur 62 votants. M. Vincent, quiest professeur au Val-de-Grâce,méde- cin inspecteur général de l'Armée et membre de l’'Aca- démie de Médecine, est surtout connu parses recher- ches sur la vaccination contre la fièvre typhoïde, dont l'application a fait tomber presque à zéro la mortalité dans l’armée par ces redoutables affections au cours de la grande guerre. Ta: Qu'il nous soit permis, à cette occasion, d'évoquer la mémoire du vieux sénateur Léon Labbé, qui, sous l'impulsion de M. Vincent, fit voter ayant la guerre le principe de la vaccination antityphique obligatoire dans l'armée. $ 2. — Nécrologie Georges Lemoine. — La science française vient de faire une nouvelle perte en la personne de M, G. Lemoine, professeur à l'Ecole Polytechnique, inspecteur Mgénéral des Ponts et Chaussées, membre de l'Académie des Sciences. Parmi les travaux de Lemoine, ceux qui lui ont valu la plus grande notoriété sont relatifs à la Mécanique chimique, Au cours de recherches qui s’étendirent de , REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1874 à 1898, il étudia la dissociation de HI et fixa les lois qui régissent l'équilibre entre l'hydrogène et la va- peur d’iode. A la même conception se rattachent les travaux sur la dissociation du bromure d’amyle ter- tiaire ; il publia, d'autre part, dans l'Encyclopédie chi- mique de Frémy, un volume relatif aux équilibres chi- miques, où il donne un exposé des connaissances que l'on possédait, vers 1880, sur cette importante question, L'influence des radiations lumineuses sur les phéno- mènes chimiques attira également son attention, et à cet ordre d'idées se rattachent ses travaux sur les sys- tèmes : acide oxalique-perchlorure de fer et acide oxalique-acide iodique, en solution aqueuse. On lui doit également des recherches sur la catalyse de l’eau oxy- génée par les oxydes métalliques et par le charbon, A côté de ces travaux essentiels, il convient de rap- peler d'importantes études sur le sesquisulfure de phosphore et les sulfoxyphosphites, sur les transfor- mations allotropiques du phosphore, sur la polyméri- sation du styrolène, surles propriétés des chlorhydrates des méthyl-et éthyl-amines, et sur les carbures des pétroles américains. $ 3. — Electricité industrielle Les forces productrices de l’industrie élec- trique mondiale. — Le D' F. Jastrow a récem- ment publié en Allemagne un ensemble de chiffres intéressants concernant la capacité productrice de l’in- dustrie électrique mondiale; bien que ces données soient basées sur des estimations que l’auteur lui-même recon- nait être sujettes à caution, elles valent de retenir l'at- tention, à titre d'éléments de comparaison. D'après les relevés en question, la capacité produc- 1 698 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE trice mondiale de l’industrie électrotechnique était, avant la guerre, de 5 milliards environ par an (le chif- fre exact que nous avons déduit des documents origi- naux est de 4.893 3/4; mais, vu l'incertitude inévitable des bases statistiques employées, nous préférons pren- dre un chiffre rond plus expressif). Pendant la guerre, tous les pays, particulièrement ceux qui ne participèrent pas à la grande guerre ou qui n'y entrèrent qu'après quelque temps, ont augmenté leurs capacités de production, certains d’une façon con- sidérable ; quelques-uns ont continué dans la suite, quoique moins notablement ; l'Allemagne est probable- ment parmi ceux-là, D’après les données de Jastrow, l'augmentation des possibilités de production aurait été, de 1914 à ce jour (ou du moins jusqu’en 1919, époque depuis laquelle la situation ne s’est plus guère modifiée) de 30 °/, environ, ce qui porterait la capacité productrice mondiale à 6 1/2 milliards, en comptant les produits en valeurs 1614. ; Aux Etats-Unis, l'accroissement a été considérable; il se chiffre à 50 /, au moins (Jastrow pense que la ca- pacité productrice de l'Amérique a en fait été doublée), ce qui, en valeurs brutes 1914, représente un accrois- sement de 1 milliard par an ; à signaler aussi l’augmen- tation de capacité de production du Japon, 60 °},, soit environ 7 millions par an. £ Légère augmentation en Allemagne (to °/,, soit plus de 150 millions), en France (50 millions), en Italie(121/2 millions), en Suisse (4o millions environ),etc., avec cette conséquence générale que, pour la plupart des pays eu- ropéens, de la partie occidentale du moins, la produc- tion nationale couvre aujourd’hui les besoins locaux ou même la dépasse, tandis qu’il y avait pour beaucoup déficit autrefois. L'accroissement de la production aux Etats-Unis dé- signe désormais ce pays pour l'exportation, et dans une mesure considérable ; en supposant les mêmes besoins qu'en 1914, ce qui correspond à peu près à la réalité, la surproductivité mondiale actuelle est d'environ 1 1/2 milliard, dont r milliard environ rien que pour les Etats-Unis Nord-Américains. Il est à prévoir dès lors, c’est la conclusion que M. Jastrow tire de son étude, que la compétition sur les marchés mondiaux sera très violente entre l'Amérique et l'Europe et que celle-ci devra chercher ses débouchés principaux en debors des zones d'action qui sont géo- graphiquement désignées pour la victoire des Etats- Unis, L'Afrique du Sud et l'Extrême-Orient sembleraient d’après cela offrir le plus de perspectives pour nous; l'Amérique du Sud ne doit pas cependant être négligée; les possibilités y sont grandes et la situation commer- ciale des producteurs européens y est plus favorable que celle des Nord-Américains. Pour le reste, c’est vers l'E; curopéen, vers la Sibé- rie, vers les régions de la :.:r Caspienne et du Lac Aral, mal appréciées encore bien que déjà très intéres-, santes, vers la Transcaucasie, vers l'Asie Mineure et vers le Continent noir que paraissent devoir se tendre surtout nos efforts, Henri Marchand. $ 4. — Géologie La Géographie et la Géologie de l'Albanie moyenne. — La France a eu à administrer de 1916 à 1920 une partie de l’Albanie. Grâce à M. Jacques Bourcart, aujourd’hui Préparateur de Géographie phy- sique à la Sorbonne, il restera comme témoignage de ce séjour de nos compatriotes dans une des parties les plus difficiles d'accès des Balkans, un monument scienti- fique, digne pendant de ceux jadis rédigés à la suite de l’'Expédition de Morée par Boblaye et Virlet(1833). La géologie de l’Albanie elle-même avait d’ailleurs fait l'objet de travaux français, avant la publication de l’importante thèse de M. Bourcart ! : tous les premiers écrits sur la constitution du sol de cette contrée, une vingtaine de notes environ, sont dus, en effet, à Ami Boué, à Virlet, à Viquesnel, à Coquand (1834-1867). Grâce à ses fonctions de Directeur des Services civils des Confins albanais, M. Bourcart put, sous l’uniforme de médecin aide-major, parcourir en détail le territoire que nous administrions dans l'Ouest balkanique : par- lant toutes les languesen usage en Orient, ayant acquis une éducation de topographe suflisante pour donner au levé de ses ilinéraires toute laprécisjon désirable, notre jeune et distingué confrère a pu assurer ainsi à son œuvre un caractère très général : stratigraphie, tecto- nique, hydrographie, géomorphogénie régionale, géo- botanique, anthropogéographie, sont tour à tour déve- loppées avec un remarquable sens analytique, dans un livre bien présenté et d'une lecture agréable. L’Albanie moyenne estoccupée par une grande nappe de charriage composée de calcaires crétacés et de roches vertes, qui ont recouvert le flysch éocène et oligocène. Par contre, le Miocène inférieur ne participe jamais à ces chevauchements. Effectués à la fin de l’Oligocène ou à l’extrême début du Miocène, ces déplacements tan- gentiels ont eu pour théâtre le sous-sol du géosynelinal adriatique. La nappe de l’Albanie moyenne ondule en grandes vagues, dont les parties convexes constituent les anliclinaux dinariques, Vers le NE, cette nappe s’intercale dans un puissant ensemble charrié ne com- prenant pas moins de 4 éléments distincts, tous poussés du NE vers le SW ; les plus élevés de ces éléments, restés au cours de la progression en arrière des plus inférieurs, ont déterminé la disposition en coulisse carac- téristique des lignes de reliefde l’Albanie, Versle SW, ces éléments chevauchent une série imbriquée dont les écailles s’empilent du Pinde à Tirana, Plus peut-être que partout en Europe, les pays sont en Albanie des régions naturelles, des unités géologi- ques et géomorphologiques où la rareté et la difficulté des communications ont créé une localisation extraoi- dinairement accusée des conditions de vie : caractères géologiques, géomorphologiques, géobotaniques, antbror pogéographiques, sont tous ici en étroite dépendance les uns des autres et ne sauraient être envisagés isolé- ment. La monographie si pleine de faits et d'idées générales 1. Les Confins albanais administrés par la France, in-8° de 307 p., avec 1 carte géol. en couleurs au 1/200.000, Revue de Géographie annuelle, 1922. LL à ne LT PR NE ET CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 699 de M. Bourcart inaugure avec beaucoup de succès la série des thèses de Géographie physique préparées au Laboratoire de la Sorbonne que dirige M. Louis Gentil. Elle marque une évolution très caractérisée de l'étude du modelé du sol dans le sens d’une subordination de plus en plus étroite dela géomorphologie à la géologie; de cette évolution, les effets se feront certainement sentir comme une heureuseinfluencesurles travaux des géographes de toutes les écoles : nul doute que les pré- cieux documents que rapportera M. Bourcart de sa mission actuelle dans le Sahara central ne démontrent une fois de plusla nécessité pour toutexplorateurd'avoir, comme base de son éducation scientifique, des connais- sances géologiques étendues, L. Joleaud. $ >. — Géographie et Colonisation La standarisation des produits coloniaux d'exportation. — Une des conditions essentielles pour accroître l’exportation de nos colonies, et parti- culièrement en France, c’est d'améliorer les méthodes de préparation ou de présentation des marchandises exporlées, et d'éviter surtout l’expédition de celles qui — dépréciées pour leur qualité inférieure — exercent dans les marchés une influence répulsive sur tons les envois de même origine. Des essais dans cette voie ont eu lieu à Madagascar et méritent qu'on les imite ailleurs !. D'accord avec les Chambres de Commerce françaises de l'ile, le Gouverneur général a créé, par arrêlé du 2 décembre 1921, auprès de ces institutions, des experts assermentés, chargés de l'étalonnage et de l’estampil- lage des produits d'exportation, Sur l'initiative de la Chambre de Commerce de Tananarive,un règlement a fixé les formalités d'étalonnage, d'expertise et d’estam- pillage des riz de la région, La Chambre de Commerce de Tamatave a demandé à son agence de Paris les ren- seignements concernant les exigences du commerce métropolitain concernant les denrées coloniales, telles que café, cacao, vanille, etc, À Tulear et à Morondava, on va standariser le pois du Cap, un des principaux produits d'exportation de la côte Sud-Ouest. Ces mesures seront complétées par unesélection aussi complète que possible des semences employées, de façon à arriver à produire exactement le produit stan- - darisé, La culture indigène devra être dirigée dans cette voie; c’est déjà chose faite pour les riz des régions de Tananarive et de Fianarantsoa, où les indigènes ont . très bien compris les avantages pratiquesdetettetrans- formation, Dans l'ordre industriel, des essais ont été faits pour standariser le saindoux; on n’a pas encore réussi,mais la question reste à l’étude. Par contre, le graphite, qui doit lutter contre la concurrence de celui de Ceylan, dont le marché est très bien organisé à Londres, vient < 1. Bulletin économique de Madagascar, n° 4, 1921, p. 273- 284, de faire l’objet d’un arrêté qui réglemente à la sortie le plombage et l’estampillage des sacs de ce minéral, et fixe les caractéristiques oflicielles d'un type commer- cial, le « Graphite Standart Madagascar I », Cette organisation simple et pratique va être complé- tée par la création de laboratoires de recherches scien- tifiques et d'analyses qui formeront en quelque sorte l'Institut scientifique de la Colonisation, où celle-ci pourra puiser les enseignements indispensables au dé- veloppement de son activité, tant dans le domaine de l’agriculture que dans celui de l’exploitation des riches- ses du sous-sol. Pierre Clerget. Les pays exportateurs de riz!'. — De tous les pays asiatiques producteurs de riz, la péninsule indo- chinoise est le seul qui produise plus qu'ilne consomme et où l'exportation trouve un disponible‘important, Les trois Etats qui l’occupent : la Birmanie, l'Indochine française et le Siam sont les greniers où viennent puiser les grands foyers de population constilués par la Chine, le Japon, Java et l'Inde. De 1g11 à 1920, ces trois pays ont pu exporter plus de 39 millions de tonnes de riz, dont 20 millions en Asie et 19 millions achetés directement par l’Europe, l'Afrique et l'Amérique. La part de la Birmanie s’est élevée à 46,8 0/,, celle de l'Indochine française à 31,3 ‘/, et celle du Siam à 21,9 0/,. Le riz destiné à l'Asie est en grande partie rassem- blé dans les entrepôts des deux grands ports francs de Hong-Kong et de Singapour, qui ont attiré chacun res- pectivement 43,6 et26,70/, du total; viennent ensuite les Indes néerlandaises avec 11,8 ‘/,, le Japon avec 10,8 0/,, les Philippines 5 0/,, la Chine 2,1 0/,, etc. Parmi les fournisseurs de l’Asie, c’est l'Indochine française qui vient au premier rang avec 48,2 0/4, puis le Siam 36 ‘},, et la Birmanie 15,8 0}, L’Indochine approvisionne surtout Hong-Kong pour 5.229.886 T, (période 1911-1920); Singapour pour 1.390.046 T; les Indes néerlandaises, 1.021.444 T ; les Philippines, 957.520 T; le Japon, 814.436 T; la Chine, 356.758 T. Les exportations du Siam ont été dirigées presque en- tièrement sur Singapour et Hong-Kong; celles de la Bir- manie sont allées par ordre d'importance sur les Indes néerlandaises, le Japon, Hong-Kong, la Chine et les Phi- lippines, En ce qui concerne les exportations sur l’Europe. l'Afrique et l'Amérique, c’est la Birmanie qui a ali- menté presque tout ce commerce, par ses ports de Ran- goun et de Moulmein ; sa part est de 83 0/,, soit 15.679.209 T. ; celle de l’Indochine s'élève à 2,552.783T, — dont 1.953.747 T. à destination de la France et de ses colonies, — et celle du Siam est de 866,882 T. PC 1. Bulletin économique de l’Indochine, n° 154, mai-juin 1922, p. 358-359, 700 L. JOLEAUD. — LE XIII: CONGRÈS. GÉOLOGIQUE INTERNATIONAL LE XIII: CONGRÈS GÉOLOGIQUE INTERNATIONAL (SESSION DE BRUXELLES, 1922) Les géologues se réunissent habituellement en Congrès international tous les trois ou qua- re ans dans la capitale d’un État. La première session s’est tenue à Paris en 1878, et depuis les assemblées successivesontsiégé à Bologne (1881), Berlin (1885), Londres (1888), Washington (1891), Zurich (1894), Saint-Pétersbourg (1897), Paris (1900), Vienne (1903), Mexico ‘1906), Stockholm (1910), Toronto (1913). Il a été rendu compte ici même, dans des articles spéciaux, du VIII con- grès (Paris, 1900) par M. Ph. Glangeaud !, du Xe congrès (Mexico) et du XIe (Stockholm) par M. Albert Offret?, da XIIe (Toronto) par M. A. Bigot?. A Toronto, il avait été décidé que la réunion suivante aurait lieu à Bruxelles en 1916. La Grande Guerre est venue modifier complètement ce projet etapporter de profonds changements dans les relations internationales. Sur l’initia- tive des Sociétés Géologiques de Paris etde Lon- dres, et grâce au concours des personnalités canadiennes qui avaient dirigé le dernier con- grès, une commission fut constituée en 1920, en vue de renouer la tradition interrompue par la crise mondiale. Il fut décidé que la XIIIe session du Congrès Géologique international se tien- drait à Bruxelles en 1922. En raison des circonstances politiques et sur- tout du lieu où était convoqué le congrès, les invitations officielles furent limitées aux États alliés ou neutres. À peu près tous les pays invi- tés répondirent favorablement et envoyèrent des délégués à Bruxelles. 29 états ou colonies furent ainsi représentés par un plus ou moins grand nombre de personnalités scientifiques. Les délé- gations les plus nombreuses étaient celles de la Belgique, du Canada, des États-Unis, de la France et de la Grande-Bretagne. Certains pays qui, pour des causes diverses, ne figuraient pas officiellement au congrès, avaient néanmoins plusieurs de leurs nationaux présents en Bel- gique. La prochaine session (XIV*) se tiendra dans trois ou quatre ans à Madrid et il est dans les intentions des géologues espagnols d'inviter à cette assemblée tous les États, y compris l’Alle- 1. Revue générale des Sciences pures et appliquées, 12° an- née, n° 20, 30 octobre 1901, p. 914-922, 2. Id., 18° année, n° 12, 30 juin 1907, p. 502-508 et 22° an- née, n° 9, 15 mai 1911, p. 359-373. 3. 1d.,25° année,n° 9,15 mai 1914, p. 479-488, magne, l'Autriche et la Russie, de façon à assu- rer complètement le caractère international de cette réunion. Peu de congrès groupant des personnalités de pays variés se sont ainsi tenus depuis la Grande Guerre, et il était à craindre qu’à la suite du bouleversement économique dont les, consé- quences se font si vivement ressentir en Europe, les adhésions reçues à Bruxelles ne soient pas très nombreuses. Les faits ont montré que ces appréhensions étaient injustifiées: plus de 500 savants ont répondu aux efforts faits par les géologues belges pour organiser des excursions et des séances dignes de l’activité scientifique, industrielle et coloniale de leur royaume. Et nombreux furent parmi les membres du congrès ceux qui participèrent effectivement à la ses- sion !. * % I. — Excursions GÉOLOGIQUES EN BELGIQUE. Le programme comprenait, comme il est d'usage depuis 1897 dans les Congrès Géologi- ques internationaux, toute une série d’excur- sions, les unes devantavoir lieu avant la session, les autres après la clôture. Une premièreexeursiondirigéepar MM.Lohest et P. Fourmarier, les distingués professeurs de l'Université de Liége, avait pour but de faire connaître les traits essentiels de la constitution géologique de la partie orientale de la Belgique, notamment la stratigraphie générale des forma- tions sédimentaires,depuis le Cambrien jusqu’au Quaternaire,les variations de faciès des terrains paléozoïques, les transgressions et les régres- sions quiont marqué les époques successives de l’évolution du sol belge, enfin les caractères les plus frappants de la tectonique du pays: La traversée centrale de la Belgique par la val- lée de la Meuse et ses affluents de la rive gauche a fait l'objet d’une excursion conduite par MM. F. Kaisin,professeur à l’Université de Lou- vain, Eug. Mailleux, conservateur du Musée de Bruxelles, et Et. Asselbergs, professeur à l’Ins- titutagronomique de Gand.Une étude minutieuse 1. Etant donnée l'importance de leurs communications, dont la plupart ont été résumées ci-après, le compte rendu du Congrès remplacera, en fait, la « Revue de Géologie » que . nous n’ayvons pu donner cette année. (N. pe LA Rép.) L. JOLEAUD. — LE XIII: CONGRÈS GÉOLOGIQUE INTERNATIONAL 701 oo ‘de la série primaire et de sa tectonique a permis de serendre compte des changements géogra- phiques, de la richesse en organismes et des mouvements orogéniques qui ont marqué les temps paléozoïques. Les terrains tertiaires ont été examinés en dé- tail pendant toute une semaine par les congres- sistes, guidés par notre compatriote M. Maurice Leriche, professeur à l’Université de Bruxelles. Grâce au dévouement de notre collègue pour la cause française, l’École stratigraphique des Gos- selet et des Munier-Chalmas est aujourd'hui représentée dans l'Enseignement supérieur belge. À sa profonde science,notre ami jointune grande affabilité que n’oublieront pas tous ceux de nos compatriotes venus au congrès de Bel- gique. Enfin des visites de carrières, plus spéciale- ment destinées aux congressistes s'intéressant aux applications des sciences,ont permis l’étude géologique des matériaux de constructionextraits du sol belge ; ellesavaientété organisées par MM. C. Camerman, ingénieur des Mines, et M. E. Halet, professeur à l’Institut agronomique de Gembloux. Pendant la durée de la session eurent lieu di- verses courses de moindre importance. Une première excursion après le Congrès fut consacrée à l'examen des formations crétacées et tertiaires des environs de Mons,sous la direction de M. Jules Cornet, professeur à l'École des Mines du Hainaut. , M. P. Fourmarier se chargea de donner une vue générale de la tectonique des terrains paléo- zoïques. Le charriage qui a refoulé sur le syn- clinal de Namur toute la région méridionale de la Belgique put être fort bien étudié grâce à la profonde connaissance qu'a de cette question notre confrère de Liége. L'importante faille sui- vant laquelle s’est fait le chevauchement suit toute la bande de Silurien qui marque l’anticli- nal de Condroz.Le phénomène se présente d’ail- JHeurs comme fort complexe; l'étude comparative des faciès dans la fenêtre de Theux et dans les régions septentrionales a montré, en effet, que les terrains au sud du Houiller, dans la fenêtre elle-même, constituent une seconde nappe dont le rejet est probablement considérable.Le grand charriage belge est sans doute la dernière mani- festation des efforts géodynamiques de la période hercynienne. Les faciès du Dinantien (calcaire carbonifère de Belgique) ont fait l’objet de l’excursion diri- gée, pour la région centrale, par M. Felix Kaïsin et, pour les régions orientales, par M. Max Lohest. Enfin M. Armand Renier,le distingué Chef du Service Géologique de Belgique, qui avait bien voulu assumer la lourde charge du Secrétariat général du Congrès, conduisit l’excursion dont le butétait un examen stratigraphique détaillé du Westphalien belge, c’est-à-dire du terrain houiller qui constitue la plus précieuse des ri- chesses naturelles du territoire de nos Alliés. L’abondante illustration graphique qui accompa- gne l’opuscule rédigé par M. Renier permet de se rendre compte du beau développement du Houiller, tel qu’il vient d’être révélé par les nom- breux sondages profonds forés dans la Campine belge. L’enfouissement des couches productives .du Carbonifère moyen sous des formations plus récentes est ici d'autant plus considérable que l’on s’avance davantage vers le nord : 6 sièges d'exploitation sont en préparation ou en activité: dans la Campine; une seule mine,à Winterslag, y est actuellement en plein rendement. Les horizons les plus constants dans le West- phalien belge sont les roches pétries de radicelles ‘ou de Stigmarta sur lesquelles reposent les cou- ches de houille : cependant ces sols de végétation offrent un caractère de localisation tel qu’ils ne semblent pas s'étendre à la Belgique tout entière. Les niveaux à faune marine,quise trouvent géné- ralement à la base d’une série de bancs pier- reux d'assez grande puissance,sont localisés dans le centre des synclinaux,alors que,sur les bords des accidents tectoniques, fleurissait encore une végétation continentale : les couches de houille subordonnées à ces niveaux sont remarquables par leur teneur relativement élevée en soufre (2à 5°/,). Lorsque l’on a à faire à des couches à faune _ complètementmarine{Céphalopodesnotamment), la roche fossilifère et même la couche de houille sous-jacente sont épigénisées totalement ou partiellement en dolomie. Il y a là, je crois, des faits d’un haut intérêt général, susceptibles de nous éclairer sur bien des problèmes de strati- graphie dont l'interprétation laisse encore à désirer. Les études minutieuses des géologues belges sur le terrain houiller de leur pays ont montré que les séries sont plus puissantes dans le cen- tre des synclinaux que dans les aires anticli- nales. Lorsque se formait le mur d’une couche de houille, c’est-à-dire ce sol de végétation con- tinentale dont il a déjà été parlé, la profondeur d’eau n’était pas supérieure à 5 mètres; par la suite, le bassin de sédimentation s’approfondit par saccades sous l'influence de mouvements épirogéniques, dont l’action se manifeste d’une façon concordante avec celle des mouvements orogéniques ayant déterminé auparavant des déformations du sol de la contrée. Cette perma- nence géographique des accidents tectoniques à travers les temps géologiques s’explique aisé- ment au point de vue mécanique par l’expé- rience du flambage d’une plaque ondulée, flambage qui a pour première et principale con- séquence une accentuation des. gondolements déjà existants. Pendantlasession,des visites furent organisées dans les superbes musées d'Histoire Naturelle de Belgique, Les belles collections de Vertébrés et d'Invertébrés vivants et fossiles du Musée Royal de Bruxelles ontparticulièrement retenu l’atten- tion des congressistes. Leur conservateur, M. Louis Dollo, universellement connu pour ses travaux sur les Reptiles secondaires, a rassemblé à côté de remarquables séries de Cétacés céno- zoïques fort bien disposées, de très nombreux squelettes de Mosasauriens de Belgique, Âor- mant le plus complet ensemble réuni sur cet ordre de Reptiles, Mais ce sont surtout les Igua- nodons de Bernissart, admirablement groupés par ce paléontologiste, qui constituent le prin- cipal attrait des galeries du parc Léopold. Découvert en 1877 dans le Hainaut, tout près de la frontière française, entre Mons et Tournai, à 350 mètres de profondeur, dans une crevasse du Houiller remplie par des dépôts terrestres du Crétacé inférieur, le gisement exploré pendant 3 ans fournit 29 squelettes d’Iguanodons ; 10 d’entre eux, absolument complets et en parfait état de conservation, ont été dégagés et montés au Musée dans une attitude très vivante; les autres, dont une partie de l’ossature a seule été retrouvée, sont exposés dans la position où ils étaient enfouis au fond de la mine de Bernissart. Aucun musée n’a encore pu reproduire aussi exactement les conditions naturelles d'un gise- ment fossilifère et je ne crois pas qu'un autre grand établissement scientifique possède ainsi plusieurs squelettes complets, reconstitués cha- eun à l’aide d’ossements d’un seul et même indi- vidu, sans adjonction de pièces moulées. Le Musée de Bruxelles recèle donc des richesses paléontologiques uniques au monde. * * * II. — SÉANCES pu CONGRÈS TENUES À BRUXELLES Les séances du congrès se sont tenues du 10 au 19 août à Bruxelles dans le luxueux Palais mon- dial, qui se dresse au milieu du magnifique Pare du Cinquantenaire. : Une grande conférence publique de M. É. Argand eut lieu le 10 août au soir dans la salle ——_——— oo 0 L. JOLEAUD. — LE XIII: CONGRÈS GÉOLOGIQUE INTERNATIONAL de l’Union coloniale; devant un grand nombre d’auditeurs, le jeune maître de l’École géologique suisse fit revivre l’histoire des dislocations qui ont donné à l’Asie sa structure actuelle. Pour illustrer son brillant exposé, le distingué pro- fesseur de l’Université de Neuchâtel offrit aux congressistes la primeur d’une œuvre graphique à laquelle il se consacrait depuis plusieurs années, la Carte orogénique de l'Eurasie, synthèse aussi hardie que judicieuse du groupement des diffé- rents types de régions tectoniques qui ont parti- cipé à la formation de la moitié nord du Vieux Monde. Neuf sujets avaient été mis à l’ordre du jour du congrès : la tectonique des régions à plissements hercyniens; la géologie de l’époque carbonifère; la tectonique de l’Asie; la géologie de l’Afrique ; les relations entre les zones plissées et les zones effondrées ; les rapports entre l’évolution géolo- gique et paléontologique des deux hémisphères ; la pétrographie des roches sédimentaires; la stratigraphie du quaternaire; la géologie du pétrole. Presque toutes ces questions ont fait l’objet de nombreuses communications dont je ne ferai que résumer ici les plus importantes, $ 1. — La tectonique des régions à plissements hercyniens La tectonique de régions hercyniennes très variées a été envisagée par les conférenciers : Belgique, Artois, Irlande, Armorique, Massif central français, Vosges, Harz, Bohème, Pologne, Alpes, Espagne, Grèce. Belgique. — M. P. Fourmarier a démontré que le dernier stade des plissements hercyniens a été marqué par un grand charriage affectant depuis le territoire de l’Angleterre jusqu’à la plaine du Rhin : la dénomination de faille de charriage du Condroz devrait remplacer les appellations loca- les diverses données à cet accident. Le déplace- ment produit a été d'au moins 15 km. par rapport aux terrains renfermés dans la fenêtre de Theux; mais ceux-ci font eux-mêmes partie, comme je l'ai rappelé ci-dessus, d’une nappe inférieure ayant subi une translation vers le nord d’au moins 30 km. L’ampleur des phénomènes de charriage en Belgique et dans les régions voi- sines ne serait donc pas inférieure à 50 km. Armorique et Irlande. — M. À. Bigot, profes- seur à l’Université de Caen, a fait voir que les synclinaux hercyniens de la région normande -ont été affectés de déplacements horizontaux dus à des mouvements tangentiels : les lignes de contact anormal, qui limitent au nord ces acei- dents tectoniques, correspondent à la trace de plans de chevauchement plongeant au sud; leur L. JOLEAUD. — LE XIIIe CONGRÈS GÉOLOGIQUE INTERNATIONAL 703 répétition à l’intérieur du pli indique une dispo- sition imbriquée, où prédominent les suppres- sions de flancs septentrionaux. La régularité de contact du Précambrien et des terrains consti- tuant le bord sud de ces synclinaux témoigne de l’enracinement de ceux-ci, qui ont été simple- ment entrainés dans la direction du nord, avec leur soubassement, par des poussées venues du sud. La courbe convexe vers le nord que dessine l'axe de ces dislocations est la résultante de la surimposition de plis armoricains ou du Cor- nouailles à axe WNW-ESE aux plis calédoniens ou du Léon orientés NE-SW et correspondant aux noyaux précambriens des îles Anglo- normandes, de la Hague et de l’Armorique sud- orientale. Ces résultats fort importants des éludes poursuivies dans les régions armoricaines par les géologues français concordent très exac- tement avec ceux obtenus par les géologues anglais, comme l'ont fait voir l'identité des conclusions formulées dans leurs communica- tions au congrès par M. À. Bigot pour la Nor- mandie et par M. G. A. J. Cole, professeur à l’Université de Dublin, pour le Sud de l'Irlande, où s’observent également des « thrust-planes » hercyniens et des déviations des dislocations armoricaines en plis NE-SW sous l'influence d’une tectonique préexistante remontant à la phase calédonienne. Massif central et vallée du Rhône. — L’émi- nent directeur du Service Géologique de France, M. Pierre Termier, a entretenu le congrès des recherches qu’il poursuit depuis un certain nom- bre d’années déjà sur la tectonique du Plateau central français et de la moyenne vallée du Rhône, soit seul, soit en collaboration avec M. M, G. Friedel, P. Thiéry ou avec moi-même. L'impo- sante masse découpée dans les Altaïdes entre le Poitou et la Côte-d'Or a vu, à l'Oligocène, de profonds fossés, comparables à ceux qui acci- dentent l’Afrique orientale actuelle, se remplir d'eaux saumâtres, qui ont fait place,au Miocène, à des eaux douces, tandis que se manifestait déjà cette remarquable activité volcanique dont les temps quaternaires ont marqué la fin. Plissé une première fois au milieu du Carboni- fère (Westphalien), notre Massif central est alors le théâtre de grands charriages dont témoignent aujourd’hui des mylonites postdinantiennes et antestéphaniennes.Au milieu des synclinaux où sont actuellement conservés des fragments de ces nappes s’établirent plus tard les lacs de montagnes où s’accumulèrent par la suite les houilles stéphaniennes. Pendant le Permien se produit yn nouveau plissement dont les mouve- ments ne sont pas partout synchroniques, mais qui a, comme effet général, le resserrement des bassins lacustres déjà partiellement ou totale- ment comblés ; localement, à Blanzy, au Creusot, de nouveaux charriages font chevaucher le Houil- ler ou l’Autunien par les grès rouges permiens. Enfin les mouvements qui ont entraîné les char- riages alpins se sont répercutés jusque sur le bord est de la vieille pénéplaine, en donnant naissance à une série d'écailles d'âge aquitanien ayant glissé les unes sur les autres de l’est vers l’ouest, où elles atteignent le bassin houiller du Gard. La nappetriasique de Suzette, le témoin le plus occidental que nous ayons reconnu du régime tectonique alpin, peut être d'origine briancon- naise : elle a, par sa progression vers l’ouest jus- que près du Rhône, entre Valence et Avignon, déterminé le décollement, puis le glissement les unes sur les autres de toute une série d’écailles lenticulaires, où les roches dures sont devenues des mylonîtes ; ces imbrications se sont dévelop- pées dans la série plissée des terrains secondai- res et nummulitiques, y compris le Chattien à Helix Ramondi. Sur cette nappe s’avance trans- gressivement aujourd'hui le Burdigalien marin. Lorsqu’elles se sont formées, les écailles étaient sans doute horizontales et c’est à une surrection postérieure du Plateau central qu’elles doivent de plonger actuellement pour la plupart vers l’est ou le sud-est. Ce régime imbriqué a fini par atteindre les morts-terrains, puis le Houiller lui-même du bassin du Gard, où il a déterminé la superposition anormale du Stéphanien inférieur au Stéphanien supérieur. Bohême. — M.R. Kettner, professeur à l'École polytechnique de Prague, a esquissé devant les congressistes l’histoire tectonique de la Bohême, où l’'Algonkien a été intensivement disloqué avant le dépôt du Cambrien, du Silurien et du Dévonien. Ces derniers terrains n’ont été eux- mêmes plissés, dans cette partie de l’Europe centrale, que lors des mouvements varisques, après le Dévonienet avantle Carbonifèremoyen. Trois phases ont marqué ici les étapes succes- sives de la période hercynienne. La première et la plus importante s’est traduite par des plis NE-SW avec refoulements venant du NW et as- cension du magma grauitique dans les anticli- naux où se formaient des laccolithes d’ortho- gneiss, au milieu de sédiments anciens se trans- formantenschistes cristallins.Une seconde étape a été marquée par ün refoulement latéral vers le NE, par conséquent en sens inverse du pré- cédent : il en est résulté la naissance d'accidents transversaux NW-SE, en même temps que se for- maient d'immenses masses granitiques, dont la 704 L. JOLEAUD. — LE XIII: CONGRÈS GÉOLOGIQUE INTERNATIONAL consolidation etlerefroidissementfurent accom- pagnés de nombreuses dislocations correspon- dant à une troisième phase orogénique. Alpes. — Les études présentées au congrès sur la tectonique hercynienne des Aiguilles Rouges et du Mont Blanc ont comme point ini- tial la distinction établie par M. Maurice Lugeon, le savant professeur del’ Université de Lausanne, de deux phases de plissements paléozoïques dans ‘cette partie des Alpes : l’une antéstéphanienne s’est traduite par des plis SN, l’autre permienne a donné des accidents SW-NE. Elles s'appuient aussi sur les travaux de M. Argand. L'élève et émule de M. Maurice Lugeon a indiquéque,sous la poussée des nappes pennines du plissement alpin, le bord interne de l’avant-pays hercynien a été découpé en une série de coins. Ces coins cristallins offrent le même style tectonique en « clean cut thrusts » que les Highlands du Nord-ouest. MM. Paul Corbin et Nicolas Oulianoff ont pu démontrer que les manifestations de la 1° phase affectent, dans les Aiguilles Rouges, la série des schistes cristallins, dont les calcaires et les cor- néenues calcaires accompagnées de roches basi- ques métamorphiques (amphibolites) jalonnent les synclinaux couchés. Les accidents de la 22 phasese manifestent jusque dans le Stéphanien et le Permien discordants sur la série cristallo- phyllienne; les synclinaux, qui se dessinent alors, sont étirés et pincés jusqu’à l’étrangle- ment lenticulaire. Le Trias vient à son tour en discordance sur l’ensemble du Paléozoïque. Les mouvements verticaux qui vont, pendant le Triaset le Lias,affecterces massifs hercyniens, appartiendront, suivant M. É. Paréjas, à deux systèmes conjugués d'’oscillations de périodes différentes, se traduisant dans le Mont Blanc par ‘un mouvement ondulatoire longitudinal, et dans la zone de Chamonix par un balancement verti- cal d'ensemble lié à des alternatives d’émersion et d’approfondissement marin. PourM.L.W.Collet, professeur à l'Université de Genève, et poursescollaborateurs, MM. Reinhard et Paréjas, la poussée des nappes pennines sur l’avant-pays hercynien a eu pour effet, soit l’en- foncement du massif obstacle des Aiguilles Rou- ges,soit le rejaillissement des nappes par-dessus le massif. Dans la première hypothèse, il y aurait eu transformation du massif hercynien en un éventail ; dans la seconde, lecharriage du super- structum se serait traduit dans le soubassement paléozoïque par le développement de coins cris- tallins, avec écailles de couches sédimentaires comme dans la structure de la Jungfrau. Les Alpesoffriraientdoncàlafois des chevauchements du type des Highlands et des nappes profon- des du type penninetil en serait de même de l'Écosse, comme viennent de le montrer les bel- les découvertes de M. A. B. Beiley. Au point de vue tectonique, le vorland hercynien de Suisse s’est donc comporté vis-à-vis du plissement alpin comme l’avant-pays précambrien d'Écosse vis-à-vis des Calédonides. $ 2. — La Géologie de l'Asie Indépendamment de la conférence de M. E. Argand, la géologie de l'Asie a été le sujet de plusieurs importantes communications, spéciale- ment sur l’Indochine et la Chine. Indochine française. — M. Ch. Jacob, Chef du Service Géologique de l’Indochine, a fait part à ses confrères des progrès réalisés,de 1919 à 1921, par la géologie de la «France d'Extrême-Orient » grâce à ses explorations et à celles du Comman- dantDussault etde M. R.Bourret, dansle Tonkin, le Nord de l’Annam et le Nord-Est du Laos. Ces trois régions appartiennent à un même pays de nappes, simpleau- SO du Fleuve Rouge, où il ne comprend que la nappe yunnanaise, complexe au NE, où apparaissent sous cette nappe des élé- ments charriés préyunnanais. Au-dessous de cet ensemble se présente une série « intermédiaire » schisto-créseuse (flysch) mylonitisée, probable- ment mésozoïque, avec intercalations de rhyoli- tes et de porphyrites en filons-couches ou masses lenticulaires (zone du Nam Sam, fenêtre du Nui Doi Thoi, zone du Sa Phin, bordure de la moyenne et basse Rivière Noire, etc.). Aun élé- ment tectonique -encore plus inférieur corres- pond la série primaire du Bas Thanh Hoa, lame de fond décollée et ramenée de la profondeur vers la zone limite des charriages. On trouve enfin, apparaissant en fenêtres dans le pays des nappes, sous ces séries charriées ou décollées, les éléments autochtones cristallins ou paléozoï- ques du substratum. A l'extérieur de ce domaine plissé, dans une frange tout à fait marginale, au sud-est du Tonkin et du Nord-Annam, au-delà d'une ligne Nord de Vientiane à Porte d’Annam, s’étend l’Avant-pays comprenant le Sud-est du Tonkin, les massifs côtiers du Nord-Annam, la Cordillière annamite, le Laos, le Cambodge, et la Cochinchine. Chine. — M. V.K. Ting, directeur du Service Géologique de Chine, a constaté dans le Nord- est du Yunnan que le plateau dévonien de la boucle du Yangtsé est charrié en entier vers le SSW par-dessus tous les autres terrains. Sur sa bordure Yunnan et Koeitcheou s’étend une zone fortement plissée où des mouvements latéraux ontproduit, vers le milieu du Tertiaire, un char- L. JOLEAUD. — LE XIII: CONGRES GÉOLOGIQUE INTERNATIONAL 705 SR ——"———————— riage du SE au NW. Enfin, l'effondrement de la pénéplaine de Tungchwanfu est entouré de fail- les NNE-SSW probablement pléistocènes. Le sous-directeur du même Service, M. W. H, Wong,s’estefforcéde définirlesrelations quilient la tectonique et les séismes en Chine, Les fossés d'efondrement de Wei-ho-Fen-ho et des lacs du Yunnan sont délimités par des failles verti- cales le long desquelles se sont produits les plus violents séismes de la contrée.La grande plaine alluviale de la Chine du Nord est entourée par des zones de grandes flexures qui se com- portent comme des fractures séismologiques.Les tremblements de terre sont encore moins fré- quents vers les rebroussements de la chaine de Tsiplinget il est douteux que des manifestations telluriques analogues soient en relation directe avec les décrochements de cetteligne orographi- que.Enfin deuxrégions de l'Extrème-Orientsem- .blent devoir leur instabilité à de grands charria- ges, l’une le long du Ho lan chan, l’autre au sud du Setchouan. M. W. H. Wong nous a entretenu également de la stratigraphie du Carbonifère de la Chine | septentrionale, de l'W du Kansou à l'E du Tcheli. Deux niveaux fossilifères marins y ont été récemment découverts : l’un, le Taiynien, synchronique du Dinantien supérieuravec formes de passage au Moscovien ; l’autre, le Chansien, équivalent de l’Ouralien supérieur ou Permo- carbonifère.Ces deux étages correspondent à des phases de transgression des mers anthracoli- thiques sans doute séparées par une phase de régression. M. J. Anderson nous a fait connaître la suc- cession des dépôts cénozoiïques du Nord de la Chine. L'Éocène (série de Yuan Chu) est formé de conglomérats rouges avec quelques restes de Mammifères (Amynodon, Ancodus ?, Rongeur, Lémurien ou Insectivore). L'Oligocène (série de Fushun) est représenté par un ensemble ligni- teux à restes végétaux. Le Miocène supérieur (au sens donné à ce mot par l'École stratigraphique française)correspond aux couches rouges à //ippa- rion du Shansi,Honan,ShensietKansu : à la faune jadis décrite par M. Schlosser, viennent s’ajou- ter les genres Elephas, Struthio et probablement Cynocephalus, Ictitherium.Au Pliocène supérieur se rapporteraient les dépôts de grottes de Chou K’ ou Tien (Chihli)à Ursus, Machærodus et autres genres déjà indiqués du Quaternaire ancien (Postpliocène)par le paléontologiste de Munich. Le Pléistocène ancien (série de San Men) est formé de graviers fluviatiles ; le Pléistocène moyen correspond au læss ancien essentielle- ment éolien; enfin le Pléistocène récent (læss REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, remanié et graviers du Chihli-Nord) a fourni des ossements de Opis, Cerpus, Bos. L'observation de M. J. Anderson, de beaucoup la plus importante à mon avis, consiste dans la rencontre d'un niveau de Mammifères éocènes en Chine; il faut la rapprocher de la découverte analogue faiterécemment par MM. G. E. Pilgrim et G. de P. Cotter en Birmanie, où les paléon- tologistes du Geological Survey of India ont précisément reconnu la présence d’un Amyno- dontidé (Metamynodon) etde divers Anthracothé- riidés,famille à laquelle appartient le genre A nco- dus. L'Éocène de Yuan Chu a fourni divers types de Mollusques de nos pays, notamment Planorbis sparnacensis du Sparnacien, P. pseudoammonius, P. Chestieri et Bithynia Deschiensiana du Luté- tien : par leur faune conchyliologique, les con- glomérats rouges me semblent donc se placer dans l'Éocène moyen. Mais Amynodon est pro- pre à l'Éocène supérieur (Ludien) nord-améri- cain et Ancodus débute seulement à l’Oligocène (Sannoisien supérieur) en Europe. La faune mammalogique de Yuan Chu serait donc plus ancienne que celle de Myaing (Birma- nie),où je vois un horizon oligocène (Sannoisien). La succession des assises fossilifères observées dans l’Indochine occidentale vient d’ailleurs très heureusement compléter celle relevée en Chine, puisqu'elle comporte, suivant mon interprétation dans la « Pegu serie», un niveau du Miocène inférieur.à Cadurcotherium indicum (Aquitanien) et un niveau du Miocène moyen à Dorcatherium birmanicum. Je crois que l’on peut conclure, de ces considérations, à l’origine asiatique des Amy- nodontidés et des Anthracothériidés, comme le : faisait déjà prévoir l’extrême polymorphisme de cette dernière famille dans le « Pondaung sands- tone » de Birmanie, ainsi que le caractère archaï- que de Metamynodon birmanicus. $3.— La Géologie de l'Afrique La géologie de l'Afrique a été le thème d’ex- posés portant sur presque toutes les contrées du grand continent noir. Afrique du Nord. —M. Louis Gentil, le célè- bre explorateur du Maroc, professeur à la Sor- | bonne, a présenté sa nouvelle carte géologique de l'Empire Chérifien que j'ai signalée auxlec- teurs de la Revue au moment de sa publication !. J'ai donné moi-même au congrès une synthèse de la structure tectonique de l’Atlas, en insistant notamment sur les conditions spéciales qui ont dû présider à la formation du Moyen Atlas maro- cain et de la Dorsale tunisienne, chaînes inter- 1. Revue générale des Sciences, XXXII, 30 décembre 1921, p. 741-743, 6g. médiaires entre les rides présahariennes (Haut Atlas marocain, Atlas saharien d'Algérie, Chaï- nons de Gafsa du Sud tunisien})et les plissements littoraux du Nord (Rif, Atlas tellien de l'Algérie etde la Tunisie septentrionales). Ces chaines intermédiaires se sont, en effet, développées au milieu d’une vaste région hercynienne qu’elles découpent en trois tronçons inégaux (Meseta marocaine, Horst algérien, région tabulaire du Sahel de la Tunisie orientale), Le géosynelinal qui se creusaitau nord de ce compartiment d’ancienne consolidation a vu se succéder tous les phénomènes qui caractérisent les contrées de l'écorce terrestre dont le fond demeurerelativement mobile. Le métamorphisme y a donné naissance à des granits, que l'érosion a mis à jour au NE de Constantine. Les poussées y ont déterminé la formation d'écailles, de plis couchés,de chevauchements, de charriages. Ces plissements, souvent d’assez grande amplitude, emprisonnent à leur tour des amygdales hercy- niennes,où les mouvements alpins se sont réper- cutés sous la forme de décollements en écailles comme ceux que j'ai pu observer au SE de la Kabylie de Collo. Il faut conclure de cet ensemble de données que le Paléozoïque se retrouve partout dans le sous-sol de la Berbérie à une profondeur plutôt assez faible ; aussi les dislocations de l'Atlas, particulièrement vers les surfaces de base des écailles, chevauchements ou charriages, en ont- elles ramené de nombreux fragments. Ceux-ci se rencontrent surtout aujourd'hui dans le plus ancien terrain secondaire, le Trias,o ù l'on trouve aussi des ophites. Mais il est évident qu’il n’y a aucune relation entre ces deux faits et que les morceaux de roches primaires du Trias nord- africain n’ont pas été amenés au jour par la « poussée éruptive » (!) comme l'écrit M. A. Bri- ves, professeur de Minéralogie à la Faculté des Sciences d'Alger. Sile plus souvent le Trias se présente en situation anormale dans l'Afrique du Nord, par contre depuis longtemps un vaste affleurement normal a été signalé, dans l’'Ex- trême-sud tunisien, où je l’ai vu s’intercaler entre le Permien et le Lias sur plus de 100 km. M. F.Ehrmann, préparateur à la Faculté des Sciences d'Alger, a indiqué le Trias sous le Lias dans la Kabylie des Babors. Pour notre jeune confrère « on voit indiscutablement (dans cette région) le Trias émigrer de son gîte originel à travers les terrains de couverture », c'est-à-dire plus simplement que l’on observe ici des lam- beaux de Trias en partie subordonnés au Lias et en partie insinués dans des terrains plus récents. 11 y a donc contradiction entre ces observations L. JOLEAUD. — LE XIII: CONGRÈS GÉOLOGIQUE INTERNATIONAL et la conclusion formulée ensuite par M: F. Ehr- mann, que «la Kabylie des Babors constitueun ensembleautochtore qui élimine toutehypothèse de nappes triasiques ». Le très grand nombre d’affleurements triasiques anormaux reconnus par notre confrère dans les Babors prouve, au contraire, qu'il y a eu ici des charriages, sans qu’il soit permis de préciser la modalité qu'ils affectaient. Les Kabylies ont d’ailleurs été le théâtre de toute une série de mouvements orogé- niques anciens,comme viennent de le démontrer les heureuses découvertes paléontelogiques de M.F. Ehrmann, sur le bord O. du Massif de Collo, où il a relevé la coupe suivante : 1° une série métamorphique ; 2° du Silurien à Grapto- lithés; 39 en discordance, du Dévonien à Ten- taculites et Styliolina clapulus ; h° après une seconde discordance, un étage calcaire à Ortho- cératidés, Crinoïdes et Polypiers (Dévonien supérieur). Egypte. — L'Egypte, comme la Berbérie, a été envisagée dans diverses communications, notam- ment par le Directeur du Service Géologique de cet Etat, M. W. F. Hume, qui a exposé les ré- cents progrès faits dans la connaissance du sous- sol de la contrée nilotique. La base du « grès de Nubie », d’après ce savant, remonterait au Car- bonifère, tandis que sa partie supérieure, juras- siqueau Sinaï, seraitcénomanieñne et turonienne en Egypte, et pourrait, au Soudan, être postcam- panienne. Aux époques crétacée et éocène, il y avait dans l'Afrique nord-orientale : 1° des zo- nes synclinales correspondant aux parties pro- fondes de la mer, où les formations secondaires et tertiaires offrent maintenant une série conti- nue ; 2° des zones anticlinales sous-marines où l’érosion a enlevé en partie le Crétacé, avant l’arrivée de la mer éocène, dont les sédiments se sont déposés en discordance sur les assises anté- rieures. Les compartiments fracturés de l’ecorce terrestre, situés de part et d'autre du golfe de Suez,se seraient soulevés lentement et auraient entraîné un plissement monoclinal très raide, avec parfois production de miroirs de failles dans certains dépôts récents de la côte. M. H. Sadek, Inspecteur du Service Géologi- que d'Égypte, montre l’extension du Jurassique moyen et supérieur dans tout le Nord de cette contrée jusqu’au Sinaï septentrional. — Le même auteursignale au NO du golfe de Suez du Miocène supérieur d’eau douce analogue à celui de laval- lée du Nilet de Siouah :l'Afrique nord-orientale aurait été au Pontien occupée par un grand ou plusieurs petits lacs d’eau douce, dans lesquels se déversait déjà le Nil ; ceslacscommuniquaient avec la mer à Wadi Beda notamment, comme L. JOLEAUD. — LE XIIIe CONGRÈS GÉOLOGIQUE INTERNATIONAL EE EEE EP mm nes Cl l'indique le mélange de faunes fossiles marine et d'eau douce observé dans cette localité. Somalie. — Les colonies italiennes de l'Afri- que nord-orientale, Marmarique de l’W, Ery- thrée, Somalie, ont aussi été récemment explo- rées par des géologues. M. G. Stefanini, le - professeur de l'Université de Florence, signale dans le S. de la Somalie, au-dessus des gneiss, le complexe gréso-gypseux de Lugh à Colobus maximus et Modiola minuta, qu'il attribue au Trias et compare aux grès de Mazeros [Afrique britannique) et d’Adigrat (Abyssinie septentrio- nale) ; sur ces grès viendrait une série jurassique complète. Il y a là une succession mésozoïque qui rappelle celle de l'Extrême-sud tunisien. Sahara. — M. H. Bütler, assistant de Géolo- gie de l’Université de Genève, a appelé l’atten- tion des pétrographes sur le volcanisme dans le Ahaggar, où se sont succédé des venues : 1° de granits etrhyolites alcalins, 2° de itrachytes et trachyandésites, 3° de basaltes. À propos de cette communication, M.W. Kilian a signalé l’intéres- sante découverte que vient de faire,dans le Tassili des Ajjer, M. Conrad Kilian, son fils : des Graptolithes caractérisent dans cette contrée les schistes siluriens qui passent insensiblement : vers le haut, à des grès dévoniens fossilifères,et, vers le bas, à des grès quartziteux: ceux-ci repo- sent en discordance, par l’intermédiaire d’un conglomérat, sur les schistes cristallins à filons de pegmatite de l’'Edjeré et du massif central Saharien. Congo. — Trois études se rapportant aux ré- gions congolaises ont été développées au con- grès. M. F. Bertrand, ingénieur français, com- pare les filons-couches cuprifères du Kantaga (Congo belge) à ceux du Niari (Congo français), formés les uns et les autres surtout par les ter- res noires d'oxyde de cuivre. — M. J. Bequaert fait connaître l’âge des dépôts tertiaires de Ca- binda (Congo portugais) et du Bas-Congo belge. À Landana, avec une faune ichthyologique du Montien (Paléocène inférieur) a été trouvé un squelette de Crocodilien, Congosaurus Bequaerti; vers Matumbo et Sasazao, les assises fossilifères seraient d’un niveau plus élevé (Éveène propre- meñnt dit). Bassin du Zambèze. — MM. les ingénieurs J. Dubois et R. Anthoine nous ont donné les principaux caractères de la géologie du bassin du Zambèze en territoire portugais. Le socle des roches cristallines et métamorphiques (série du Zwanziland), énergiquement plissé à deux repri- ses, est creusé de bassins remontant à l’âge du Karoo ;les formations fluviolacustres consécu- ives à une importante phase orogénique y dé- 707 butent par des couches de houillesynchroniques de la partie supérieure de la série d’'Ecca et de la partie inférieure de la série de Beaufort (fin du Permien et début du Trias). Au-dessus vien- nent des grès et finalement les schistesde la série de Stormberg (Rhétien),qui a précédéiei, comme dans l’Afrique du Sud, une phase de grande acti- vité volcanique. Madagascar. — M. le Professeur A. Lacroix, du Muséum National, d'Histoire Naturelle de Paris, a fait un exposé des principaux caractères des roches éruptives en intrusions et en filons dans les schistes cristallins des Hauts Plateaux de l'Est de Madagascar. Ces roches, tout parti- culièrementrichesen potasse, ont,comme unique feldspath, le microcline quadrillé, qu’accompa- gnent des pyroxènes sodiques et parfois une amphibole sodique spéciale, la torendrikite. Leurs types variés, granits très quartzeux, syé- nites à torendrikite (finandrites) ou à néphéline (itsindrites), bien que pauvres en soude, sont cependant caractérisées par des métasilicates sodiques: leur teneur en alumine est exactement celle nécessaire pour former, avec toute leur po- tasse, du microcline; leur soude entre donc inté- gralement dans la constitution des minéraux colorés. L’éminent Secrétaire perpétuel de l’Aca- démie des Sciences en conclut que les roches alcalines doivent être surtout classées d’après leurs feldspaths, une importance moindre devant être attribuée aux éléments colorés. $ 4. — La Pétrographie des roches sédimentaires Les principaux problèmes que soulève l’étude pétrographique des roches sédimentaires ont été envisagés au congrès : origine des brèches, de l’ergeron,des phosphates et des sels potassiques. Brèches dinantiennes de Belgique. — Les bre- ches du Dinantien de, Belgique, étudiées par M. F. Kaisin,ont des origines variées. On peut y reconnaitre : 1° des calcaires à grain fin deve- nus bréchiformes par fendillement sur place suivi de cristallisation de calcite dans les inter- valles ; 2° des calcaires grumeleux, brèches poly- gènes dont le ciment est un calcaire sédimen- taire lapidifié comme les calcaires stratifiés du substratum et du superstructum; dans cette seconde catégorie, il y a des brèches stratifiées et des brèches massives grises ou rouges, qui toutes seraient des formations sédimentaires où la décalcification n’a joué aucun rôle, mais où des fragments anguleux de sédiments formés depuis peu et rapidement consolidés ont été repris et incorporés à des dépôts nouveaux. Ergeron de Villejuif, près de Paris. — M. L. Cayeux, le savant Professeur du Collège de 708 L. JOLEAUD. — LE XIII: CONGRÈS GÉOLOGIQUE INTERNATIONAL France, constate que l’ergeron de Villejuif, près de Paris, qui a une teneur en carbonate de chaux de 15 à 20 °/,, se résout au microscope en une trame calcarifère chargée d'oxyde de fer, et d’un peu d'argile enrobant une myriade de grains de quartz de diamètre inférieur à 0 mm.05, qu’accompagnent des éléments remaniés : Fora- minifères (Æissurina) isolés; débris de craie très fine avec les mêmes Foraminifères encore inclus dans la roche mère. Ces éléments remaniés pro- viennent du Cénomanien de la périphérie SE du bassin de Paris. Dans le dépôt si épais de Ville- juif il n’y a donc à faire intervenir, ni les glaciers, ni le ruissellement, mais exclusivement l’action éolienne, le vent étant le seul véhicule possible de cette poussière où ne s’observe aucunélément emprunté aux sédiments tertiaires. Phosphates des régions méditerranéennes. — D'après M. l'Ingénieur P. H. Sampelayo, de l’Institut géologique d’Espagne, les phosphates du Crétacé de la Sierra de Espuna sont carac- térisés par l’abondance de la glauconie. Cet auteur parallélise les dépôts de même nature du Maroc (Oued Zem)avec ceux de l'Algérie (Bogha- ri), en raison de la présence, dans les gisements de ces deux pays, de Foraminifères (Bolivina et Globigerina). M. P. H. Sampelayo étend d’ail- leurs encore sa conception du synchronisme aux gites de Tebessa (Algérie), Gafsa (Tunisie) et Kosseir (Égypte). Notre confrère espagnol,en se livrant à une étude microscopique détaillée,a cru devoir attribuer un rôle prépondérant aux petits Foraminifères pour les déterminations d'âge : il n’a pas tenu compte des autres fossi- les, des Poissons notamment, et pas davantage des relations stratigraphiques. S'il avait con- sulté mes nombreux travaux sur la question des phosphates de toute l'Afrique du Nord, il aurait vu qu'il y a au Maroc, comme en Égypte, des phosphates maestrichtiens et qu'en Algérie- Tunisie, les gites les plus riches datent de l'Écoène le plus inférieur (Montien), les plus. jeunes, bien moins importants, s’élevant jusque dans l'Éocène moyen. Mais je suis d’accord avec mon confrère espagnol lorsqu'il dit qu'à Gafsa, Tebessa et Boghari, l’on a à faire à trois dépôts hétérotaxiques de même âge : la question a été longuement traitée il y a dix ans dans ma thèse, Potasses d'Espagne. — M. l'Ingénieur À.Marin, de l'Institut géologique d’Espagne, décrit le gisement potassique de Cardona et de Suria (provinces de Barcelone et de Lérida), découvert au milieu de l'Oligocène inférieur (Sannoisien), dans une région où les accidents tectoniques ont amené au jour le Trias. Le gîte, dont l’épais- seur moyenne atteint 80 mètres, est constitué par de la carnallite et de l’hyalite au toit, par de la sylvinite et de l’hyalite au mur; on y trouve aussi du gypse et de l’anhydrite. L'absence des sulfa- tes et autres éléments marins a fait penser que les gîtes oligocènes catalans avaient emprunté leurs sels aux dépôts triasiques voisins : en tout cas la sylvinite paraît être ici un sel primaire et non un sel secondaire comme en Allemagne. $ 5.— La Stratigraphie du Quaternaire M. Charles Depéret, le savant Doyen de la Faculté des Sciences de Lyon, dans son « Essai de classification du Quaternaire », distingue quatre étages méditerranéens marins, Sicilien, Milazzien, Tyrrhénien, Monastirien, dont les dépôts emboîtés correspondent à quatre eycles géologiques marqués respectivement par les anciennes lignes de rivage de 90-100 m., de 55- 60 m., de 30-35 m. et de 18-20 m. Les déplace- ments de niveau de base consécutifs se sont répercutés dans lecreusement des vallées depuis la Somme, le Rhin et le Danube jusqu’à l'Oum er Rebia et l’Isser, où ils se sont traduits par la formation de quatre terrasses qui peuvent être enrelationavec les quatre glaciations günzienne, mindélienne, rissienne et würmienne des Alpes etdu Norddel Europe. Au Tyrrhénien se seraient succédé les industries du Chelléen et de l’'Acheulléen; le Monastirien aurait vu évoluer le Moustérien et l’Aurignacien; enfin le Solu- tréen et le Magdalénieu apparaissent quand les cours d’eau occupent déjà leurs altitudes actuelles. M. Gignoux, professeur à l’Université de Stras- bourg et élève de M. Depéret, voit dans le Plio- cène un simple cycle sédimentaire comparable à chacune des quatre phases du Quaternaire dont il fait connaître l’histoire dans les régions riveraines de la Méditerranée occidentale. L'éminent professeur de l’Université de Gre- noble, M. W. Kilian,a reconnu, dans les vallées de la Durance et du Buech, six niveaux de ter- rasses se rapportant au Pliocène supérieur et au Günzien (150 à 200 m.), au Rissien (50 à 60 m.), au Würmien (20 à 25 m.), au Néowürmien (7 à, 8 m.): leurs altitudes relatives échappent à l'influence directe du niveau de base trop éloi- gné, mais se ressentent de la proximité des anciens fronts glaciaires. $ 6. — La Géologie du Pétrole Indépendamment de considérations générales sur la géologie du pétrole, l’étude des relations entre les gisements de combustibles liquides et la structure du sol a fait l’objet d’exposés égio- Fr: L. JOLEAUD. — LE XIII: CONGRÈS GÉOLOGIQUE INTERNATIONAL 709 naux portant sur la Russie, la Pologne, la Rou- manie, la Grèce, l'Espagne, le Mexique. Pologne.— M. B. Swiderski, du Service Géolo- gique du Pétrole de Pologne, nousa entretenus de la structure tectonique des Carpathes polonaises sud-orientales, où se présentent de haut en bas les nappes de Skole, de Bitkov, de Sloboda Run- gurska et les plis paraautochtones de Pokudie : le Crétacé, l'Éocène, l’Oligocène et le Miocène participent ici au charriage. Les gisements de pétrole les plus riches sont situés soit dans les replis frontaux des nappes et des plis couchés, soit dans les bombements anticlinaux qui affec- tent plusieurs nappes süuperposées, soit enfin dans les anticlinaux situés dans les dépressions longitudinales, au front des chevauchements. Roumanie. — Suivant M. le professeur I. P. Voitesti, de l’Université de Cluj], le sel dans la région mio-pliocène des Subcarpathes, comme dans les nappes-écailles du flysch des Carpathes ou même dans le bassin de la Transylvanie, forme des lentilles à structure chiffonnée et localement bréchifiée. Sorti de dessous toutes les autres formations de la contrée, il est enve- loppé dans une énorme brèche tectonique, pro- venant du broyage complet de roches argileuses, marneuses ou gréseuses, recimentée par du sel ou du gypse et enchässant des blocs mesurant parfois plusieurs centaines de mètres cubes. Parmi ces blocs transportés se trouvent des roches plus anciennes que les dépôts du géosyn- clinal carpathique, granits, schistes cristallins, grès et arkoses carbonifères ou liasiques, et d'autres à faciès des avant-pays dobrogéen et podolique, prophyres rouges, calcaires du Juras- sique-Néocomien à ÂVerinea, silex noduleux sénonien. Sur les prolongements de ces avant- pays effondrés, auraient déferlé les plis-failles écaillés des Subcarpathes et ceux imbriqués et chevauchés des Carpathes. M. E. P. Voitesti en conclut que le sel antétriasique, peut-être per- mien, a dû arriver de la profondeur par de grandes fractures indépendantes de la tectonique superficielle et où les mouvements post-pliocènes ont joué un rôle prépondérant. Le long de ces failles profondes les terrains de la surface se seraient plissés en dômes ou en longues crêtes déversés vers l’extérieur des Subcarpathes et en Transylvanie : les plis diapyrs ainsi formés auraient eu leur toit crevé, faillé, écaillé en » imbrications pouvant se traduire par des che- vauchements de 1.200 m. Le pétrole affleure en Roumanie sur les mêmes lignes de fractures que les massifs de sel; il imbibe toutes les roches poreuses affectées directement par ces failles et sa migration s'est trouvée grandement favorisée par l’intumescence des massifs de sel ; sa mise en place dans les gisements actuels aurait été aussi déterminée par les mouvements orogéniques postpliocènes. On le trouve dans les roches poreuses des deux flancs des dômes et dans le flanc inverse seule- ment dans les plis déjetés, déversés, faillés ou chevauchés. Grèce. —M.G:Georgalas, Directeur du Bureau géologique d'Athènes, a montré que les plus importantes manifestations hydrocarburées se présentent, en Grèce, tout à fait à l'Ouest de la contrée, dans la zone plissée adriatico-ionienne, où elles sont en relation avec des plis diapyrs, des plis en écailles etdes chevauchements : vers Dragopsa, dans la vallée de la Molitza, à 20 km. au SW de Jannina (Épire), les émanations pétro- lifères se présentent, suivant un géologue rou- main, M. C. Nicolesco, le long d’un chevauche- ment de couches du flysch éocène-oligocène au-dessus de l’Helvétien. Mexique.— M. E. Ordonnez, qui fut le Secré- taire général du Xe Congrès international, a montré que le Crétacé supérieur du Mexique (schistes de Mendez et calcaires de San Felipe) repose en discordance ‘sur le Crétacé inférieur (calcaires de Tamasopo), niveau habituel des grands « oil pools » où le pétrole s’est accumulé dans les ondulations en dômes au milieu des parties caverneuses ou le long des canaux trés irréguliers créés par les eaux souterraines dans les zones massives. Les principaux distriets pétrolifères du Mexique sont disposés parallèle- ment au littoral du golfe du Mexique et à la crête dela Sierra Madre, le long de Fine fail- les longitudinales. + * # Tous les savants français qui ont participé au XIHI° Congrès Géologique garderont un précieux souvenir de leur séjour parmi l'élite intellec- tuelle de notre nation-sœur.Pendant les séances, ainsi qu’au cours des réceptions qui nous ont été offertes presque quotidiennement par nos aima- bles hôtes, nous avons une fois de plus senti les liens puissants qui unissent nos deux patries dans le domaine de la Pensée comme dans celui de l'Histoire. L. Joleaud, Maître de Conférences à la Faculté des Sciences de Paris. 710 E. DARMOIS. — LA DISPERSION ROTATOIRE MOLÉCULAIRE LA DISPERSION ROTATOIRE MOLÉCULAIRE ‘ TROISIÈME PARTIE Régularités concernant la dispersion rotatoire I. TT DisPeRSsION NORMALE ET ANOMALE Comme nous l’avons déjà signalé, la disper- sion peut être normale ou anomale. On a beau- coup discuté sur ces deux termes. Tschugaeff a présenté à la Faraday Society en 1914 un rapport extrèmement intéressant sur la dispersion rota- toire anomale. Il admet que la dispersion nor- male est représentée par une courbe analogue à celle du quartz (fig. 4 à gauche); dans tous les (œ) (æ) Fig: 4. autres cas, la dispersion serait anomale (cour- bes I, Il, HI, IV de la fig. 4 à droite). Une autre définition a été proposée par Lowry, en relation avec la formule de Drude (v. plus loin). Les corps à dispersion normale sont générale- ment transparents dans le spectre visible, c’est- à-dire non colorés (sucres). Actuellement on connaît trois classes de corps présentant la dispersion anomale : 10 Mélanges de molécules droites et gauches normales à dispersion différente. — Nous avons déjà parlé de ces mélanges ([pinènes, etc...) *. 20 Corps à bandes d'absorption. — La bande peut être dans le spectre visible (corps colorés) ou dans l'ultraviolet rapproché (camphre). Si le corps est coloré, la dispersion anomale s’accom- pagne de dichroïsme circulaire (absorption iné- gale des deux vibrations circulaires droite et gauche). Ce phénomène a été découvert par Cot- ton sur des tartrates complexes observés seule- ment en solution. Tschugaeff a préparé une 1. Voir les première et deuxième parties dans la Revue générale des Sciences du 15 déc. 1922, p. 670 et suiv: La fin de la dernière note de la deuxième partie (p. 677) est tombée à la mise en page. La rétablir comme suit : « La condition (1) seule est vérifiée si « — ke, (règle de Tschugaeff, Ber., t. XXXI, p. 360, 1775, 2451). » 2, Grossmann et ses élèves en ont indiqué un grand nom- bre. c 3. Thèse, Paris, 1896. série decorps purs dérivés d’alcools terpéniques et de l'acide xanthogénique, colorés et actifs !. J1 a étudié leur dispersion rotatoire qui est anor- male, leur absorption, la variation du pouvoir rotatoire avec le dissolvant et la température. nat À te Nousinsisterons un peu plus loin sur les résul- tats obtenus. Cotten et Bruhat ont vérifié que ces corps présentent le dichroïsme circulaire ?. Bruhat a de même constaté la dispersion rota-. toire anomale et l’effet Cotton dansl’iridooxalate de potassium, composé de l'iridium asymétri- queë. Il a repris l'étude du tartrate d'uranyle déjà étudié dans sa thèse #. Volk a de même pré- paré des lactates colorés et montré qu'ils pré- sentent la dispersion rotatoire anomale *. 30 Superposition des rotations partielles _de deux complexes asymétriques dans la molécule elle-même.—Tschugaeff a ainsi préparé le £-cam- phosulfonate de menthylef; les deux noyaux camphre et menthol ont des rotations de signe contraire et des dispersions différentes (v. plus haut). Tschugaeff considère cet exemple comme un cas particulier de la règle de superposition, qu’il a soumise à de nouvelles vérifications 7 pour lever les critiques de Rosanoff $ et Patter- son”, [[. — REGULARITÉS OBSERVÉES DANS LA DISPERSION Les régularités observées sur la dispersion ro- tatoire concernent : 1°les corps à dispersion normale ; 2° ceux à dispersion anomale. $ r. — Corps à dispersion normale Walden, dans son exposé de 1905, a consacré. quelques lignes à ces corps. Les travaux anté- rieurs à 4905 sont ceux de Guye et ses élèves sur les éthers amyliques®, deWalden sur leséthers de l'acide ricinoléique et des acides substitués PIE, (81, 1. Ber..t. XLII, p: 2244 (1909). Ann. Ch: et 718 t. XXIF, p. 137 (1911). Bull. Soc. Clim. (4) t Xl pe (1912) : t. XIII, p 796 (1913). 2, C. R.,t. CU, pp. 245 et 248 (1911). Brunar : Thèse, Paris, 1914. 3. Bull. Soc. Chim. (1915), p: 225. 4. Ann. de Ph, (1920), p. 25. 5. Ber.. t XUV. p. 3744 (1919). 6. Ber. ,tAXLIV, p. 2023 (1911); t. XLV, p. 2759 (1912). 7. Ber., t. .XENI. Up: 2792 (1913). 8. Zeits. phys. Chem., t. LVI, p. 565 (1906). 9. Chem. Soc., t. LXXXIX, p. 1039 (1906); t XCT, p. 705 (1907). 10.C. R., EXXHI, p. 885 (1896) ; t. CXXIIT, p. Journ. Ch. Ph.,t. 1, pp. 257 et 279 (1903). 1291 (1896) ; | À | E. DARMOIS. — LA DISPERSION ROTATOIRE MOLÉCULAIRE 711 {acétyl, etc..)', de Winther sur les éthers tar- triques ?. Depuis 1905, Walden a publié une série de mesures surles éthers amyliques de mono et diacides homologues, sur les éthers de l’acide malique et d'acides maliques substitués*. Nous avons déjà signalé les importantes recherches de PickardetKenyon. Pope et Winmill ont fait des mesures sur des dérivés de la tétrahydroqui- naldine *. Rupe, dont on sait les recherches très importantes surles relations entre («) et la con- stitution des corps°, a été amené à mesurer des dispersions rotatoires. Les mesures de Rupe ont été publiées pàr Hagenbachf, qui leur a fait subir certains calculs. Elles concer- nent: 12 dérivés du méthylènecamphre, le menthol et 11 de ses éthers, le myrténol et 41 de ses éthers,3 carbures dérivés du citronellal, le camphre dans (CSHS), la pulégone, la carvone. De ce matériel expérimental déjà important un certain nombre de conclusions nettes se déga- gent : : 1° Le rapport de dispersion «p/4r est à peu près constant dans une série homologue, indé- pendant de la température (entre 20 et 100°) pour un grand nombre de corps. 20 Dans beaucoup de solvants (neutres), la dis- persion est celle du corps pur; elle est indépen- dante de la concentration: Ex. : Ethersricinoléiques (méthyl à heptyl n.) œhieu/%rouge 1,94 Ethersricinoléiques substitués 2,05 Ethers diamyliques des acides malonique, etc. Dérivés du méthylènecamphre ap/4c 1,91 2,31 (à 0,4 °/, près) On sait que Tschugaeff, en particulier, a si- gnalé depuis longtemps que dans une série homologue, pour une couleur donnée (D), le “ tendait vers une valeur constante à partir du 2° ou 3° terme (éthers du menthol et du bornéol }. Si cette rè- gle est exacte pour les deux couleurs Bet R, 6n s'explique que le quotient «8/xr devienne cons- tant dans les mêmes limites. 3 Tschugaeff a également montré entre autres que l'influence d’un substituant sur [x] était d’au- pouvoir rotatoire moléculaire 1. Ber., t. XXXVI (1), p. 781 (1903). 2. Zeits. phys. Chem., 1. XLI (1902), p. (1905), p. 331; t. LX (1907), p. 563. 3. Zeits.phys. Chem., t. LV (1906), p. 1. k. Chem. Soc. (1912), p. 2309. 5. Lieb. Ann., t. COCXXVII, p.157 (1903); t. CCCLXXIIT, p-. 121 (1910) ; t. CCCXCOV, pp. 87 et 136 (1912) ; t. CCCXC VIII, p. 372 (1913) ; t. CDII, p. 149 (1913); Résumé Farad. Soc, 1914. 6. Zeits. phys. Chem.,t. LXXXIX,p. 570 (1915). 7. Ber., t. XXXI, p. 360 (1598). TETE XEV, tant plus grande que la substitution avait lieu en un point plus rapproché du carbone asymé- trique !. Si elle est effectuée en un point assez distant de ce carbone, on peut s’attendre à de faibles variations de (x) et a une constance ap- proximative de la dispersion rotatoire. Cela sem- ble être le cas des composés étudiés par Rupe. De même, dans les alcools secondaires de Pickard et Kenyon, la substitution est faite di- rectement sur le carbone asymétrique. On vérifie que, quand la longueur de la chaîne ainsi atta- chée croît, la dispersion subit des variations régulières etse fixe aune valeur constante quand la chaîne est assez longue : Acétate de d-f-butanol “35/40 1,96 (20° environ) — octanol m7) — undécanol 1,97 40 La grande dispersion semble liée dans cer- tains cas à un grand pouvoir rotatoire (méthy- lène-camphres). On retrouve l'influence nette de la double liaison déjà connue pour {:]p?; la triple liaison semble au contraire avoir une influence moindre, Ex. : Hydrocinnamate d’amyle ap/er 2,01 Cinnamate d’amyle 2,14 Phénylpropiolate d'amyle 1,98 Fumarate diamylique 2,67 Succinate id, 2,50 Walden a signalé d’autres régularités beaucoup moins nettes concernant les relations entre (c) et l'indice de réfraction du corps ou des dissol- vants. Il attache également une assez grosse M 11004 {disp. rot. spécifique) semble tendre vers une valeur constante dans une série homologue. Si on admet la règle de Tschugaeff, le fait s’expli- que de suite. Nous ferons remarquer que toutes ces. règles souffrent des exceptions. Exemples : Le camphre a un rapport de disper- sion #r/zc égal à 2,69 ; les méthylène-camphres ont un pouvoir rotatoire beaucoup plus grand et r/“c n’est que 2,31. La dispersion de l’hydrure de pinène (saturé) est 2,15; celle du pinène + (non saturé) est 2,02. Certains dissolvants produisent des variations du rapport de dispersion,etc. Qualitativement, on peut conclure que la dis- persion rotatoire est, comme [:]p, sensible aux influences constitutives. On est loin pour le mo- ment de posséder dans ce domaine des relations importance aufait que la quantité (8 — * 4. Ber., t. XXXI, p. 1775 (1898). 2. HaLzer : C. H.,t. CXXXVI, pp 788, 1222, RupE (loc. cit.). 1© 1619 (1903) ; quantitatives analogues à celles concernant la dispersion de l'indice de réfraction. Nous signalerons,pourterminerceparagraphe, la façon dont Hagenbach a traduit les résultats de Rupe. Le rapport de dispersion étant constant dans une série, si [2] — / (1) est la courbe de dis- persion pour l’un des corps, les autres ont'une courbe de‘la forme (1) : [x]— Cf{). Les (C) dépen- draient de la constitution chimique. De plus, si on forme la différence [+]r — {+]c, elle représen- tera un [+] pour une certaine longueur d'onde ; à cause de la relation (1) cette longueur d’onde est la même pour toute la série (/ongueur d'onde caractéristique). Cette régularité, trouvée expéri- mentalement par Rupe, ne signifie rien de plus que er/zc = C'. Lowry a fait remarquer que la longueur d’onde caractéristique dépend du choix des deux radiations F et C, c’est-à-dire que son intérêt est minime. Dans certaines séries,un corps par exemple peut avoir sa longueur d'onde caractéristique déplacée parrapportàla moyenne (diphénylméthylèénecamphre, de 89 y); Rupe parle dans ce cas de « dispersion relativement anomale »!'. Dans un mémoire plus récent, il étudie l’absorption de ces substances à disper- sion relativement anomale; il trouve une absorp- tion non sélective dans l’ultraviolet et en déduit que les idées de Cotton et Tschugaeff sur la rela- tion entre l'absorption et la dispersion anomale ne sont pas toujours exactes ?. Lowry a déjà fait remarquer que le besoin du terme « relative- ment anoïimale » ne s'impose pas; il n’y a donc pas contradiction avec les idéesci-dessus. $ 2. — Corps à dispersion anomale Tschugaeff et Ogorodnikoff ont étudié paral- lélement la dispersion rotatoire dans le spectre visible et l'absorption visible * et ultraviolettei. Les composés en question ont généralement une bande d'absorption dans l'uliraviolet (max. à 280 pu.) ; certains ont en plus une autre bande dans le spectre visible. La forme de la courbe d'absorption dépend avant tout du complexe contenant S (chromophore); elle varie quand celui-ci change de place. Par exemple, si deux restes xanthogéniques sont réunis directement comme dans C'°H!?.0CS.S.S.SCO.C'0H!S, il n’y a plus de bande d'absorption; elle reparaît quand on insère un ou plusieurs CH? entre les deux S du milieu. Il ya en}gros parallélisme entre l’absorption 1. Rupe : Lieb. Ann., t. CDIX, p. 327 (1916). 2. RuPe et SILBERSTROM: Lieb. Ann.,t. GDXIV, p. 99(1947). 3. Zeits. phys. Chem., t. LXXIV (1910), p.503; LXXIX (1912), p- 471. k. Id.,t. LXXXV (1913), p. 481. E. DARMOIS. — LA DISPERSION ROTATOIRE MOLÉCULAIRE et la dispersion anomale. Exemple : un même corps est étudié en solution dans l’acétone, puis dans le toluène; la courbe d’absorption a son maximum déplacé vers le rouge (règle de Kundt), la courbe des [z] est glissée dans le même sens. Mais on ne peut dire d’une façon générale que, en passant d'un corps à un autre, la courbe de dispersion et celle d'absorption soient déplacées dans le même sens. On trouve des séries, par ex. celle des corps: CH! .OCS:S.(CH}7S SCO; C'°H'® où les maxima de rotation se déplacent vers le violet quand 7 augmente ; la bande ultra- violette a son maximum sensiblement fixe. La distance du centre d'activité (radical terpé- nique) au centre d'absorption (CS.S) est décisive pour l'allure des phénomènes. C’est un cas par- ticulier de la règle rappelée ci-dessus sur l’in- fluence des radicaux plus ou moins rapprochés du C asymétrique. S'il y a dans la molécule plusieurs centres d’activité optique, ladispersion anomale peut ne pas être tout à fait parallele à l'absorption; on trouve des exemples de sub- stances isomères dont l’une seulement a la dispersion anomale!. | Re Dans tous les cas étudiés, les courbes de dis- persion dans une série homologue glissent dans une direction donnée quand/[«| augmente; en général le maximum se déplace vers l'ultraviolet. Cette régularité s’observe aussi dans les modifi- cations souvent considérables que subit [+] quand la température varie?. Ces modifications sont telles dans certains cas que la dispersion est nor- male à certaines températures (thioanhydride de l’acide menthylxanthogénique). Très sensible- ment, pour une couleur donnée, on a {| — a + b T. L'inspection des courbes de dispersion tracées aux différentes températures suggère de suite un rapprochement avec l’acide tartrique et ses éthers. La relation linéaire ci-dessus entraine encore comme conséquence une division des ordonnées en rapport constant. Aux différentes températures, on a peut-être encore en présence un mélange de deux formes isomères. La variation de [+] avec la concentration pour un solvant donné est assez faible; celle de [2] avee le solvant est plus nette; enfin, c’est celle avec la température qui est la plus considérable. Ces résultats sont exactement parallèles à ceux obtenus pour l'acide tartrique, l’acide malique et leurs éthers par Winther, Grossmann, puis Lovwry. On peut par ex. essayer sur le bor- nylxanthogénate de méthyle en solution dans 1. Farad. Soe., 1914. Ber., t. XLIV, p. 2023 (1911). 2. TsCHUGAEFF et PASTANOGOFF : Zeits. phys. Chem., t. LXXXV, p. 553 (1913). E. DARMOIS. — LA DISPERSION ROTATOIRE MOLÉCULAIRE 713 le toluène et l’acétate d’éthyle une vérification des rapports d’ordonnées.En choisissant les trois courbes : Toluène (p — 10, T — 800,2); Acétate d’éthyle (p— 4,86; T — + 500,2 ; p — 4,86 ; T — —490,5), on trouve pour les 4 radiations C,D,E,F les rapports 0,28 ; 0,28 ; 0,31; 0,34. En résumé, Tschugaeff et ses collaborateurs ont montré que l’absorption et la dispersion rotatoire sont liées d’une facon très nette. Les résultats auraient certainement encore gagné en netteté si on avait pu tracer la courbe de disper- sion dans l’ultraviolet. J’ai effectué autrefois de telles mesures dans une étendue assez grande de l’ultraviolet pour le camphre !. Celui-ci possède dans l'ultraviolet une bande d’absorption très nette aux environs de 295 y; cette bande est très étroite ; le corps n’est pas colorédans lespec- tre visible, mais il y présente des valeurs du rapport de dispersion beaucoup plus grandes que celles du quartz. J'ai pu montrer que [+] prend de part et d’autre de la bande d'absorption des valeurs très grandes et de signe contraire. Tschugaeff a donné une liste de cétones cycli- ques (carvone, dihydrocarvone, etc.) qui, dans le spectre visible, ont des rapports de dispersion très grands, analogues à ceux du camphre?. On sait d’autre part que ces cétones ont aussi une bande d'absorption dans le voisinage de 300 vu. Il est probable que leur dispersion rotatoire suit aussila marche caractéristique de celle du cam- phre. Dans le cas de celui-ci,la liaison entre la rotation et l'absorption est très marquée. Dans sa thèse, Bruhat a étudié expérimenta- lement etthéoriquement un certain nombre des composés de Tschugaelf ; les anomalies du pou- voir rotatoire se produisent dans la bande d’ab- sorption (vert). QUATRIÈME PARTIE Formules de dispersion rotatoire JL. — FormuLe De Drums Er VÉRIFICATIONS DE Lowry à li j La formule de Biot [| — g est insuffisante ; on a proposé depuis diverses autres formules ; nous parlerons seulement de celle de Drude, déduite de la théorie des électrons. Drude suppose que, dans le corps actif, certains électrons possédant des périodes pro- pres déterminées peuvent prendre, sous l’in- fluence de la lumière qui traverse le corps, un mouvement vibratoire forcé. s'effectue, à cause de Ce mouvement la structure dissymé- 1. Thèse, 1910. 2. Zeits. phys. Chem., t. LXXVI, p. 469 (1914). trique du milieu, suivant une sorte d'hélice qui peut être droite ou gauche. On en déduit que le pouvoir rotatoire du corps doit être de la forme [+] = Ÿ =—; les (},) étant les longueurs ja d’onde correspondant aux périodes propres du corps; À peut être > parcours de l’hélice 0 ou < 0 suivant le sens de Les résultats rappelés ci-dessus et qui con- cernent les substitutions s'expliquent en suppo- sant que les électrons actifs sont liés au carbone asymétrique. Le degré de saturation des radi- caux attachés à ce carbone est important ; on sait que la dispersion de. réfraction, explicable également par les périodes propres du corps, est influencée également par la non-saturation. On a même proposé (Wood) d'expliquer les variations considérables de[:] avec la concentra- tion et la température en admettant une modi- fication du degré d’asymétrie de la molécule et du champ électrique. L'explicetion par deux mo- difications isomériques a pour elle dans certains cas la relation numérique de Biot ; il n’y aurait plus de doute si on pouvait isolerles deux modi- fications. Lowry, dans une série de communications à la Chemical Society, s’est occupé de savoir siles mesures actuelles vérifiaient ou non la formule de Drude !. il conseille, pour essayer la validité : 1 de cette formule, de représenter- — 7 en fonc- Si la formule est valable avec un seul terme, on doitavoiry — ax + b, c’est-à-dire une droite. Effectivement, si on graphique de cette façon les résultats obtenus dans le spectre visible par Lowry et sescollaborateurs, on cons- tate qu'on obtient une droite pour un certain nombre de corps dont la dispersion est voisine de celle du quartz (Il et V1). Il appelle dispersion rotatoire sémple une dispersion de ce genre ;une période propre située dans l’ultraviolet suflit pour rendre compte de la variation de [+] dans le domaine étudié ?. Au contraire, pour les tar- trates d’éthyle (VI) et de méthyle (VII), il est ton den? — 7. nécessaire d'employer deux termes; une telle . 1, Loway et Dicxson (II) : Chem. Soc. (1913) (1), p. 1067; LME eee NE (1913) (2)h . 1322; REG ENINTE (1914) (1), p si. Lowery, Pi KkArp et Kenyon (V):/d., (1914) (1), p. 94. LowrYy et Dickson (V1): (1915) (2), nt 1173. — et ABRAM (VI): (1915) (2), p+ 1187. — VIII) : (1915) (2), p. 1195: — et ABRAM (IX) : (1919) (1), p. 300: Un certain nombre de ces communications concernent en même temps la dispersion rotatoire magnétique (IIS, IV, V). 2. Toutes les dispersions rotatoires magnétiques sont 1e- présentables par une formule à un terme. Je reviendrai ail- leurs sur ce fait, 714 E° DARMOIS. — LA DISPERSION ROTATOIRE MOLÉCULAIRE dispersion est dite complexe. Il calcule pour les deux tartrates, à l’aide des mesures dans le spec- tre visible, une formule à deux termes, c’est-à- dire à 4 constantes. Plus récemment, il a repris le matériel expérimental de Rupe déjà cité pour essayer les mêmes calculs (IX). Les mesures de spectre ». C’est précisément ce que j'avais fait en 1909-1910, c’est-à-dire beaucoup avant toutes les recherches citées ci-dessus !. Dans le but de comparer les dispersions rotatoires naturelle et magnétique, j'avais étudié dans le spectre visible des corps dérivés des essences ét, dans le spectre Fig. 5. Rupe se représentent bien par une formule à un terme. Il en est de même pour des mesures plus récentes de Rupe sur des échantillons divers de camphylcarbinol !. Trois corps seulement font exception : diphénylméthylène-camphre, f-phé- nylcinnamate, pulégone. « La loi de dispersion simple, vérifiée ainsi pour des corps destructure assez compliquée, doit avoir une généralité très grande et reposer sur une base solide. » Lowry propose même d’en faire un critérium de pureté des corps. : Ces résultats seraient intéressants au point de vue théorique si le domaine spectral étudié avait été plus grand. L'auteur lui-même remarque que « le caractère simple de la dispersion rotatoire ne pourrait être mis en question que si on pou- vait avoir des nombres de plus grande exactitude ou si on opérait sur une région plus étendue du 1. Hely. Chim, Acta., t. I, p. 452 (1918), ultraviolet, quatre corps choisis parmi ceux qui avaient été suivis dans le spectre visible : & et £- pinènes {jusqu’à 0 » 313), hydrure de pinène et: camphre (jusqu’à 0 # 253).Mes mesures n’ont pas la précision qu’indique Lowry pour les siennes, mais cette précision est suffisante pour montrer que la dispersion simple n’est peut-être pas un phénomène aussi général qu’on pourrait le eroire. Le camphre (dans CSH$) aurait üne dispersion simple; les méthylène-camphres également. Le (,)pour ces corps est du même ordre de grandeur et voisin du spectre visible(0 295 pourle benzyl- méthylènecamphre). : Si on construit d’après 1 ; mes mesures la courbe - —/()?) pourle camphre œ (dans CH*O), on obtient la courbe I de la fig. 5. On voit que, de la raïe D à la raie indigo du mer- cure, c'est une droite; mais dans l’ultraviolet la 1. Thèse, h E. DARMOIS. — LA DISPERSION ROTATOIRE MOLÉCULAIRE 715 ES courbure est extrêmement nette; elle est déjà sensible pour la raie violette du mercure (4047). Si on n'avait donc à sa disposition que les mesures dans le spectre visible, on concluraïit que le camphre a une dispersion simple. On a d’ailleurs d'après le graphique }?, = 0,111, soit >,—0 y 335.Nous avons vu que la bande du cam- phre est plutôt voisine de 04 295.Le camphreaen réalité une dispersion complexe et, pour en (æ) «| 7 Fig. 6. rendre compte, il faut au moins deux termes dans la formule. J'ai vérifié qu'une 2° bande située vers 0 200 permettait de calculer les (x) mesurés; ces calculs seront donnés ailleurs. Les courbes Il et III de la fig. 5 représentent respectivement les mesures pour le pinène-« et l’hydrure de pinène., On voit que, pour le pre- mier, la courbure n’est pas visible; il n’a pu être suivi que jusqu’à 0u313.Au contraire,pour l’autre, elle est très nette; elle commence d'ailleurs plus [C2] Fig. 7. tard que pour le camphre, ce qui est compré- hensible puisque le corps est encore très trans- parent à 04253; ses bandes d'absorption doivent être plus éloignées. La courbe du f£-pinène est anormale (v. plus loin); elle exige donc au moins deux termes !, Il semble qu’on puisse conclure de ce qui pré- 1. Ces résultats sont à rapprocher de ceux obtenus pour le quartz. On l’a considéré longtemps comme suivant la for- mule de Biot, puis celle de Boltzmann ; actuellement il faut ‘ trois termes, c'est-à-dire 6 constantes, pour représenter l’ensemble des mesures connues, / cède que, si la courbe de dispersion de certains corps semble simple, c'est que leurs bandes d'absorption sont très éloignées dans l'ultra- violet. Les formules simples, utiles au point de vue empirique, n'apprennent rien sur la position véritable des bandes d'absorption. Il est inad- missible qu’on calcule les périodes propres d’un corps par une extrapolation trop étendue. Lowry lui-même a déjà remarqué que, pour une même courbe, deux formules très différentes étaient également bonnes !: Ex. Tartrate d’éthyle ( 2,2 compris entre 00,25 et 0,035 | 2,2 — 00,80 et 0,065 2 termes 2 II. — FORMES POSSIBLES DE COURBES DE DISPERSION Si on admet la formule de Drude, on peut trou- ver facilement les formes possibles des courbes de dispersion. Il estcommode de poser : 19 À 127 — x, etc- == 19 Une seule période propre. — Si le (4) corres- pondant est négligeable (bande très éloignée), on retrouve la formule de Biot. S'il ne l’est pas, {æ) | y P4 Fine la courbe a la forme représentée par la fig. 6. Généralement }, est dans l’ultraviolet ;on observe seulement la portion P de la courbe (dispersion normale). 20 Deux périodes propres. — La formule est A B La forme est variable suivant le signe comparé des deux termes A et B. a) A. B => 0. On peut les supposer tous deux = 0. La courbe est alors celle de la fig. 7. b) A. B < 0. Les deux termes sont de signe contraire; on peut toujours supposer que le 1‘ est >> 0et égal à + a?, l'autre < 0 etégal à — &?. La fig. 8 est relative au cas a > b. La fig. 9 au cas a < b. Les mesures que j'ai faites sur le 5-pinène cor- respondent à la fig. 8; j'ai observé le maximum, 1. Lowry considère chacun des termes comme représentant | la dispersion d'un des constituants de l’éther, 746 E. DARMOIS. — LA DISPERSION ROTATOIRE MOLÉCULAIRE de rotation et le point «—0. Le camphre, au contraire, correspondrait à la fig. 9 avec le spec- tre visible en RV. J'ai observé de l'autre côté de la bande ), une portion telle que mn. Les nombreuses courbes de Tschugaeff rentrent dans l’une de ces formes. Si l'on observe trop près des bandes d'absorption, la formule de Drude doit être modifiée (courbes de Cotton et Bruhat\). (CL) Fig.9- L’anomalie peut se superposer dans la bande à la dispersion normale générale, ce qui fournit une courbe du genre de la fig. 10 (Bruhat). On (æ]| Fig. 10. voit queles singularités de la courbe (maximum, rotation nulle) apparaissent dans le voisinage de la bande d'absorption ; c’est seulement pour certains rapports des coefficients 4 et b qu’elles se produisent. Lowry a proposé de restreindre l'emploi du terme dispersion anomale usité un peu à tort et à travers. On voit qu’il n’y a dispersion ano- male que pour ab < 0. Il serait donc intéres- sant de discriminer de suite : 1° le nombre des termes de la formule; 2° leur signe et leur grandeur relative. La représentation de Lowry est commode à condition qu’on ne s’illusionne pas sur ses résultats. On peut simplement lui faire un reproche: celui d’exagérer (à cause de 2?) l'importance du spectre visible et de diminuer l’importance des grandes rotations ultraviolettes è 1 : SRE (à cause de - }.Je reviendrai ailleurs sur ces (e questions. CONCLUSIONS A la fin de son exposé de 1905, Walden rap- pelle que le pouvoir rotatoire est un réactif très sensible des changements de constitution des molécules, La mesure de [+] ne doit pas êtrele seul but de l’expérience,mais un moyen d’éludier les multiples manifestations de l’activité chimi- que.Le pouvoir rotatoire doit donner des rensei- gnements sur la constitution de la molécule active et sur la façon dont elle réagit aux influen- ces extérieures. En particulier, siune chimie des combinaisons instables se constitue un jour, Walden espère qu’elle fera un appel sérieux au pouvoir rotatoire. Ces conclusions me semblent devoir être celles de cette revue rapide et forcé- ment incomplète. Nous y ajouterons de plus que, actuellement, la mesure de deux ou plusieurs rotations est aussi facile que celle d’une seule. Sans nier les services considérables qu’a rendus la mesure de [2}p, il serait regrettable de se priver des services supplémentaires que peuvent rendre les mesures de dispersion, et dont j'ai essayé de montrer les plus importants. E. Darmois, Professeur de Physique à la Faculté " des Sciences de Nancy, BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 717 BIBLIOGRAPHIE ANALYSES ET INDEX 1° Sciences mathématiques Cartan (E.). — Leçons sur les Invariants inté- graux (Cours professé à la Faculté des Sciences de Paris). — 1 vol. in-80 de x-210 p. (Prix: 20 fr.). J. Hermann, éditeur, Paris, 1922. Soit un système d'équations différentielles M. Cartan appelle la solution une trajectoire et t le temps, image commode, de telle sorte que la défini- tion de Poincaré prend la forme suivante: l’inva- riant intégral est une intégrale qui, étendue à un ensemble E de points simultanés (même valeur de t), ne change pas de valeur quand on déplace les points de E, le long des trajectoires, jusqu’à l'instant t{'. En outre, on doit distinguer les invariants absolus et rela- tifs (pages 25 et 26). Cette définition est précédée par deux chapitres de mécanique, introduction et initiation agréable. La lec- ture de tout l'ouvrage est facilitée par des illustrations géométriques et mécaniques, dont la puissance de sé- duction diminue le caractère d’austérité du sujet, haut et abstrait, On trouvera (p. 29) une remarque capitale de M. Cartan sur les formes différentielles F et ®, élé- ments des invariants intégraux absolus, sur le pas- sage de F à ®, et de ® à F. Cette remarque joue un rôle important dans toute la théorie (p. 26). Il m'est impossible de donner une description, même lointaine, des invariants intégraux, mais je dirai ce que sont les idées principales de ce livre original, D'abord, nous retrouvons tout le problème de Pfaff (théorème p. 43). Les candidats à la licence connais- sent un petit cas particulier : Pdx - Qdy — Rdz — 0, qui admet une solution f(x,1,z) — const., seulement dans le cas où cette identité est vérifiée : SP ( _— =) —10: ‘y ûz, Nous retrouvons les transformations infinitésimales de Lie, le problème astronomique des n corps, et même (P: 93) le mouvement élémentaire hélicoïdal du solide, Nous lirons une forte synthèse des équations aux dérivées partielles du premier ordre (formation d’inva- riants intégraux, n°s 141 et 147). Dans un cours de licence, on doit se contenter de vé- rifier que la surface intégrale est engendrée par des - courbes caractéristiques. 6 Mais ici (p. 145), ce fait trouve son explication, grâce à la résolution du problème de Pfaf: voilà un fait, éclairé de haut. Le théorème du chapitre xvur permet de former les équations du problème des 3 corps, avec un système de référence mobile. Ensuite (p. 180) on passerait au mouvement absolu, par une quadrature. Les derniers chapitres rejoignent le Calcul des Varia- tions, cette pièce essentielle de la Physique théorique. Par exemple, dans l’'Optique, le principe de Fermat con- sidère le rayon lumineux comme étant la trajectoire qui rend minima une certaine durée (p. 196). Comme conclusion : l'indépendance du repérage de l’espace et du temps, dans l'Optique; x, y, settne jouent pas des rôles essentiellement différents (p. 203). Partis de Poincaré, nous côtoyons Einstein, et non point par de vains bavardages. ‘ En un mot, plusieurs catégories de lecteurs trouve- ront, dans ce beau livre, des orientations, des explica- tions, des lumières très nouvelles, et des faits, des exemples remarquables. Le nom de M. Cartan restera attaché à cette doctrine importante, créée par Henri Poincaré et très perfec- tionnée, également, par M. Goursat. ROBERT D ADHÉMAR, Emanaud (M.), Chef des travaux graphiques à . l'Ecole Polytchnique.— Géométrie perspective.—Un volume in-18 de 432 pages avec 168 fig. de l'Encyclo- pédie scientifique (Prix : broché, 10 fr.; cart., 1afr.). Gaston Doin, éditeur, Paris, 1921. La perspective est à la fois une branche de la Géo- métrie générale, et une application de cette science à l’art du dessin. Elle est, dans le présent volume, énvi- sagée à ce double point de vue, Dans une introduction de quelques pages, l’auteur étudie deux modes de trans-. formation des figures en rapport étroit avec la per- spective : ce sont l’homologie et l’homographie. Cette étude, bien que courte, est complète, car elle est très condensée, Le chapitre 1er contient des généralités ;il y a diverses espèces de perspectives. La perspective relief, qui a sa traduction artistique dans le bas-relief, est, comme le montre l’auteur, une homologie centrale dans l'espace. Dans ce chapitre, l’auteur démontre un théorème fon- damental, qu’il utilise constamment dans la suite : « La perspective d’une figure plane et son rabattement sur le plan du tableau sont deux figures homologiques. » La suite du chapitre contient des applications à la géo- métrie pure, et en particulier une solution curieuse de ce problème : connaissant deux diamètres conjugués d'une ellipse, construire ses axes. La mise en perspectiveest l’objet du chapitre suivant. Les règles ordinaires y sont d’abord exposées ; puis on indique quelles modifications on peut apporter à la construction. Dans la méthode du colonel de la Fres- naye, on n’a à tracer aucune ligne de construction. Cette méthode, curieuse en elle-même, l’est aussi par la proposition de géométrie sur laquelle elle est fondée. Les constructions directes font l’objet d’un autre cha- pitre. Je signale la détermination des contours appa- rents, puis la méthode Cousinery, la méthode Coblyn. Cette dernière est applicable dans le dessin d’après nature. Il s’agitensuite du problème des ombres, avec beau- coup de détails et d'applications, puis de la perspective cavalière, puis de la restitution perspective. Ce dernier problème est d’une grande importance, car le lever photographique des plans en est une application. Mais ce dernier problème, dit l’auteur, n’est pas abordé ici puisqu'il fait l’objet d'ouvrages spéciaux de l'Encyclo- pédie scientifique. Le chapitre suivant, sur les instruments perspec- teurs, destinés à construire mécaniquement les images, est extrêmement curieux. Ilest question ensuite dela perspective dans l’art. Les artistes commettent quelquefois des fautes. C’est une faute de représenter une baigneuse jouant avec l'image de la Lune réfléchie dans l'eau, car la baigneuse ne voit pas la Lune là où la voit le spectateur, La ques- tion de la place du point de vue dans une grande com- position est embarrassante, le spectateur devant se dé- placer pour examiner le tableau, C'est pourquoi, dans La prise de la Smala, au musée de Versailles, dans Les noces de Cana, de Paul Veronèse, et La Cène, de Léo- nard de Vinci, il y a plusieurs points de vue. Le chapitre suivant concerne la perspective théâtrale et la construction des décors. La scène doit être une perspective relief de la réalité, mais les acteurs ne peu- vent pas être à l'échelle de leur plan de front. Un der- nier chapitre traite de divers sujets : plafonds, panora- mas, coupoles, projection stéréographique. Cet aperçu donne une idée bien imparfaite de cet attrayant ouvrage. Les nombreuses personnes qui ai- ment à la fois la Géométrie et l'Art prendront un vif plaisir à sa lecture. J. RicHARp, Professeur au Lycée de Châteauroux. Bordas (Léon), /nspecteur du contrôle de l'Etat sur les chemins de fer. — Leçons sur les Chemins de fer (degré moyen). — 1 vol. de xvr + 494 pages, avec 157 fig. dans le texte et hors texte, de la Bibliothè- que d'Enseignement technique et professionnel (Prix cart. : 15 fr.). Gaston, Doin, éditeur, Paris, 1922. Les Lecons sur les Chemins de fer de M. Bordas font partie d’une collection en cours de publication, dont l’objet est de donner aux travailleurs et aux jeunes gens quise destinent au travail des ateliers, des usines, des entreprises de transport, l’enseignement technique et professionnel qui devient chaque jour plus utile. En ce qui concerne les chemins de fer, l’auteur envi- sage trois degrés successifs : le degré élémentaire, qui s'adresse particulièrement aux candidats aux emplois subalternes des chemins de fer ; le degré moyen, des- 4iné aux employés des chemins de fer en général et à tous ceux qui désirent s’inilier aux questions "de trans- port ; enfin un degré supérieur, où l'étude est poussée plus avant, C'est le degré moyen qui vient d’être publié. On trouve exposées,dans cet ouvrage, d’une façon claire et concise, la plupart des questions qui se rattachent aux chemins de fer : d’abord l’établissement du réseau fran- BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX çais, les concessions et cahiers des charges, laconstrue- tion de la ligne, l'établissement des voies, des gares. Vient ensuite une étude sommaire de la locomotive,puis du matériel roulant. Ces questions, d'ordre technique pour la plupart, ne sont pas celles qui ont recu les développements les plus longs. C’est surtout l'exploitation technique, lestarifs, les responsabilités du transporteur, l’organisation du personnel que l’auteur a traités le plus complètement, et cette partie de son ouvrage contient de nombreux détails pratiques, souvent peu -connus sinon par des spécialistes, et que tous ceux qui font usage du chemin de fer ont intérêt à connaître, Aussi l'ouvrage de M. Bordas nous paraît à recom- mander au public en général et non seulement aux employés des chemins de fer ou aux candidats à leurs emplois. E. SAUVAGE, Professeur au Conservatoire national des Arts et Métiers. 2° Sciences physiques Neveux (V.), /ngénieur des Arts et Manufactures. — Stations Centrales : Postes de transformation et lignes de transmission de force. — 1 vol. petit in-80 de 239 p. avec 156 fig., de l'Encyclopédie des Aide-Mémoire Plumon (Prix : 16 fr.). Ch. Béranger, éditeur, Paris et Liège, 1922. L’auteur traite de la transmission de l'énergie élec- trique, depuis l’usine de production jusqu'aux cabines des abonnés; appelé à examiner successivement les postes élévateurs de tension, les lignes à haute tension, puis les sous-stations et enfin le réseau de distribution, il se limite à une description des dispositions classi- ques, illustrée de données numériques et d’abaques utiles ; il indique des méthodes simples de calcul, pour déterminer la chute de tensionet vérifier la résistance mécanique des lignes aériennes. Cet ouvrage participe des mêmes qualités et défauts que ceux que nous avons déjà relevés dans les deux autres volumes publiés par M. Neveux dans cette même collection, Cet aide-mémoire renferme des renseigne- ments intéressants et une documentation variée, mais il constitue une œuvre par trop impersonnelle, il est difficile à consulter et surtout pèche par sa rédaction. Signalons enfin que, sur certains points de détail, les renseignements fournis ne sont plus conformes aux règlements en vigueur, l’arrêté ministériel du 21 mars 191, qui est reproduit, étant annulé par celui du 30 juillet 1921. ä A. L. Rouelle (CI J.). — La Fonte (ELABORATION ET TRA- É vaIL). 1 vol. in-16 de 192 p. avec 29 fig. — L'Acier (ELABORATION ET TRAVAIL).—1 Vol. in-16 de 200 p. avec 45 fig. de la Collection Armand Colin (Prix de cha- que vol. : broché, 5 fr.; cart., 6 fr.). Librairie Armand Colin, Paris, 1922. L'auteur étudie dans chacun de ces deux ouvrages les procédés de production, les principales propriétés, les conditions de travail et les principaux emplois de BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 719 Ré UN 4 leR ii Vi OPEN SNS la fonte d'une part, des fers et aciers d’autre part;ila su résuiner son sujet très heureusement, ce qui n’était pas facile, en donnant bien l'essentiel sur question qu'il y avait à exposer. Le volume consacré à la Fonte comprend les parties suivantes : Elaboration de la Fonte (minerais de fer ; fabrication de la fonte ; diverses espèces de fonte ; dé- tails du haut fourneau; fontes spéciales) ; puis Travail de la fonte (fonte de moulage et appareils de fusion: moulage en sable, en terre et en coquille ; usages de la fonte moulée; essais mécaniques des fontes ; fonderies d’acier et de cuivre). chaque Le volume consacré à l’Arier comprend les parties ci-après : Zlaboration de l'acier (puddlage; convertis- seur Bessemer ; convertisseur Thomas; four Martin; acier au creuset; acier de cémentation); puis Zravail de l'acier (constitution et essais mécaniques et chimi- ques ; travail à chaud, c’est-à-dire forgeage, matriçage, laminage ; travail à froid, c'est-à-dire tréfilage et étirage; traitements thermiques ; choix des aciers à utiliser). Le four électrique n’est pas traité; il doit faire l’objet d’un volume spécial de la Collection. L'auteur aurait pu s'étendre un peu plus sur les di- vers sens dans lesquels les mots de fer et acier sont employés par les métallurgistes, les commerçants et le public, parce que cela prête souvent à des confusions. Le chapitre du premier volume consacré à la fonte aciérée, et divers petits détails dans le cours des deux ouvrages, appelleraient une discussion technique qui ne peut évidemment trouver place ici. Au total, livres de vulgarisation d'une lecture extré- mement recommandable à toutes les personnes dési- reuses d'acquérir de bonnes notions générales sur la métallurgie de la fonte et de l'acier, qui est une des grandes industries de notre pays. J. SeIGLE, Professeur de Métallurgie * à l'Ecole sup. de la Métallurgie et de l'Industrie des Mines de Nancy, j Ancien Directeur des Aciéries d'Imphy et des Usines Métallurgiques de Decazeville. Fritsch (J.). — Fabrication et raffinage des hui- les végétales (Manuel à l’usage des fabricants, des raflineurs, courtiers et négociants en huiles). 3" édition. — 1 vol. in-80 de 723 pages, avec 99 fig. (Prix : 45francs). Librairie Desforges, éditeur, Paris, Le È Cet ouvrage est divisé en quatre parties : 10 Fabri- “cation des huiles ; 20 Monographies des huiles ; 3° Epu- “ration des huiles; 4° Analyse des huiles d'olives comes- “tibles et industrielles. 1 Dans la première partie, l’auteur passe d’abord en revue les propriétés physiques et chimiques des corps “ras. Les deux chapitres consacrés à cet exposé sont Vraiment sacrifiés. Les méthodes de détermination des | rincipales constantes physiques et chimiques des matières grasses n'y figurent point et l’on peut y rele- er nombre d’archaïsmes et d’erreurs. M. le Professeur Sabatier reçoit une sérieuse leçon de syntaxe à propos du mot hydrogénation, Ce mot, æ noùs dit l’auteur, n’est pas conforme au génie de la langue française, car on ne dit pas oXygénation, mais oxydation, d’où la conclusion que l’on doit dire hydra- tion. M. Fritsch oublie donc que les combinaisons de l'hydrogène avec les métaux s'appellent des hydrures et non des hydrides; laissons de côté le génie de la langue etreconnaissons siniplement que la logique im- Poserait le mot hydruration, conforme aux mots chlo- ruration, bromuration, sulfaration, etc. Mais pourquoi vouloir changer une appellation consacrée par l'usage ; M. Sabatier l’a employée après bien d’autres, l'impor- tance et le retentissement de ses travaux peuvent bien nous la faire accepter. Les chapitres suivants de cette première partie sont consacrés aux méthodes d'extraction des huiles végé- tales ; l’auteur passe en revue le nettoyage, le décor- tiquage, le broyage et l'expression des graines oléagi- neuses . Pourquoi nous décrire un aussi grand nombre d’ap- pareils anglais ou américains ? Nous pouvons trouver en France des constructeurs capables de fabriquer avec tout le soin désirable les appareils nécessaires à l’in- dustrie de l’'huilerie, sans être obligés d'importer des machines étrangères au cours actuel du change. La presse continue est une intéressante acquisition dont l'art de l'ingénieur a récemment doté l'industrie de lhuilerie. L'auteur nous indique qu’elle est fabriquée en Angleterre. Heureusement, l'éditeur mieux avisé signale dans les quelques pages de publicité qui font suite à l'ouvrage qu'un industriel français la construit aussi. Le sixième et dernier chapitre de la première partie traite de l'extraction des huiles par les dissolvants. Parmi les dissolvants chlorés qui ont été essayés ré- cemment, avec plus on moins de succès, pour l’extrac- tion des huiles : diéline, triéline, tétraline, M. Fritsch n’en retient qu’un seul, la triéline ou éthylène trichloré, mais il commet à son sujet une grave erreur car il le confond avec le chlorure d’éthyle, « Le trichlorure d'éthylène C2HÿCI, nous dit-il page 157, se prépare en faisant arriver des vapeurs de HCI dans une dissolu- tion de ZnGl dans l'alcool..….il forme un liquide éthéré, incolore, bouillant à 120,5, d’une densité de 0,921. » La deuxième partie de l’ouvrage renferme les mono- graphies des huiles végétales, qui sont classées en hui- les non siccatives, siccatives, demi-siccatives et huiles concrètes. Certaines de ces monographies sont assez complètes, mais les indications bibliographiques y sont généralement rares et s’arrêtent bien souvent à une date lointaine. Au sujet des huiles du groupe chaulmou-, grique, par exemple, l’auteur se contente de reproduire sans y rien changer le court paragraphe consacré dans l'édition précédente à l'huile de chaulmoogra. La fa- mille botanique à laquelle appartient le Taraktogenos Kurzii n'est pas signalée, ni le pouvoir rotatoire, ni la composition chimique de l'huile; il n’est pas question non plus des autres huiles fournies par des végétaux de la même famille. L'existence des si curieux acides chaulmoogrique et hydnocarpique ne semble pas inté- resser l’auteur et, omission grave, il ne nous dit point que ces huiles sont toxiques et que leur application à 720 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX l'alimentation humaine a provoqué en Allemagne, en 1910, un nombre considérable d'empoisonnements. La troisième partie, raflinage des huiles, aurait plus logiquement trouvé place à la suite de la première, dont elle n’est en somme que le complément. La quatrième partie, analyse des huiles d'olive co- mestibles et industrielles, est la reproduction d’un rap- port de MM. Müntz, Durand et Milliau déjà fort ancien, puisqu'il remonte à 1894. Pour écrire un ouvrage du genre de celui de M. Fritsch, il faudrait posséder à la fois la compétence d’un chi- miste versé dans l’étudedes corps gras, celle d’un bota- niste connaissant à fond les produits oléagineux et celle d'un technicien de l’huilerie. Certes il est diflicile à un seul homme de réaliser toutes ces conditions, du moins peut-il se documenter auprès des spécialistes de ces di- vèrses branches, En somme, l’ouvrage de M. Fritsch est une compila- tion laborieuse. Le public auquel il s'adresse y trou- vera un certain nombre de renseignements utiles, mais il y trouvera aussi bien des omissions et plus que quel- ques erreurs. E. ANDRÉ. 3° Sciences naturelles Chautard (Jean). — Les Gisements de Pétrole. — y vol. in-16 de l'Encyclopédie scientifique, de 350 pages avec ka fig. (Prix :14 fr.). Gaston Doin, édi- teur, Paris, 1922. Û Ce premier volume de la « Bibliothèque de Géologie et de Minéralogie appliquées », dirigée par M. le pro- fesseur Cayeux, est présenté par le savant spécialiste roumain du pétrole, M. L. Mrazec,qui rappelle en traits saisissants quelle est l’importance actuelle de l’étude des gisements pétrolifères ; or,il n'existait jusqu'ici, sur ce sujet, aucun ouvrage écrit en langue française : celui de M. Chautard comble donc, suivant l’expression con- sacrée, une regreltable lacune. L'auteur n’a pas voulu, d'ailleurs, donner un traité destiné aux seuls spécialistes, qui pourront y trouver, néanmoins, un bon résumé de la question ; mais il a su mettre à la portée de tous, étudiants, ingénieurs,indus- triels et économistes, la matière dont il traite avec une réelle compétence, car M. Chautard est lui-même un technicien réputé. Un premier chapitre sur la elassification et les pro- priétés des pétroles, bitumes et gaz naturels est suivi du traditionnel exposé des théories sur l’origine des hydrocarbures, dont « la matière première serait en majeure partie d’origine animale et pour faible partie d’origine végétale ». Puis l’auteur expose ses idées sur la géologie des dépôts pétrolifères et la « mise en gise- ment », partie qui mérilait d’être développée davan- tage ; ïl suit de la. classification tectonique de M. Mrazec. Sous le titre « Les régions pétrolifères »,M, Chautard près consacre plus de 120 pages à la description sommaire des principales régions productrices et de celles où ont été observés des hydrocarbures d'être en relation avec des gisements de pétrole; une naturels susceptibles place, naturellement disproportionnée à leur importance réelle, mais qu’explique assez l'intérêt que nous devons leur accorder, est réservée aux gisements français d'Al- sace et aux indices relevés en France,dans ses colonies et les pays où s’exerce son protectorat: il m’a paru que la valeur de ces derniers est plutôt sous-estimée. C'est évidemment celte partie de l'ouvrage qui nécessitera une mise au courantet des développements nouveaux à chacune des éditions que nousen donnera M.Chautard ; l'étude géologique des zones pétrolifères conduit chaque jour à des découvertes remarquables, même dans les régions considérées jusqu'ici comme les mieux connues: il n’est pas douteux que nous touchons au moment où la synthèse de ces observations multiples et minutieu- ses nous permettra de suivre des règles à peu près sûres dans la recherche des gisements. En attendant, l'auteur rappelle quels sont les procé- dés à recommander aux prospecteurs et décrittrès briè- -vement les divers systèmes de forage, l’extraetion, le transport et le traitement industriel des produits. IL : termine par un exposé très judicieux des grands pro- blèmes économiques liés à la question du pétrole, Un index bibliographique et géographique et des tables détaillées complètent utilement ce petit livre. M. DALLONI, Professeur à la Faculté des Sciences d'Alger. Arbos (Philippe). — La Vie pastcraie dans les Alpes françaises. Etude de Géographie humaine. — 1 vol. gr, in-8° de 720 pp. avec 54 fig. et 16 pl. M dont 2 en couleurs (Prix : 28 fr.). Librairie Armand Colin, éditeur, Paris, 1922. On peut définir la Vie pastorale : un genre de vie fondé sur l'exploitation extensive des pâturages. Les bestiaux opèrent des déplacements périodiques à me- sure qu'ils en épuisent les ressources nutritives et entrai- nent avec eux leurs gardiens. Là où l'élevage est un succédané de la culture intensive, il n’y a pas de vie M pastorale. k L'activité pastorale est énorme dans les Alpes. Pour W l’indigène, peu soucieux de la toponymie, les vraies M montagnes ne sont pas les reliefs, maïs bien les vastes | étendues gazonnées. La zone pastorale est constituée par la prairie alpine (hauts pâturages), et par la prairie pseudoalpine : an. ciens territoires boisés qui ont élé converlis en pelouses j au cours des temps. Les montagnards luttent contre l’arbre au profit de l'herbe, et la forêt recule devant le päturage dans les limites imposées par la morphologie du Lerrain. | L'auteur décrit la propriété ancienne et actuelle des pâturages, les droits d'usage que les communautés ru- bi rales y ont exercé de tout temps, ou le mode collectif Ë de propriété, la fauchaison et le transport des foins, les cultures et l'habitat permanent dans la zone pasto=n rale, la lutte contre l'hostilité du climat à l'exploitation, les combinaisons de l’agriculture et de l'élevage dans l'économie alpine. BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 721 de la répartition géographique de ces deux groupes. Des élevages accessoires sont constitués par les porcs, chèvres, chevaux et mulets, Les pays du mouton sont tous dans les Alpes du Sud, soumis au climat méditerranéen, tenant plus de la garrigue que du gazon alpestre. Les pays de petit bétail sont les Préalpes méridionales ; les pays de gros bétail : Savoie et Dauphiné humide. La transformation du système agronométrique a permis, en améliorant la nourriture du bétail, de sélectionner les animaux, La vache tarine, vigoureuse, sobre, agile, dérivant de la grande race brune des Alpes, donne une produc- tion de lait annuelle variant de 1.80o'à 2.000 litres, — Les races du Villard de Lans et d'Abondance, ratta- chées au type jurassique, fournissent 2.500 litres de lait en 7 mois de lactation, en “atteignant facilement 3.000 litres. La fixation de ces races profite au progrès des fruitières ramassant le lait des Alpes humides et y joignant celui qui est manipulé l’été dans les montagnes. L'ensemble de la production laitière donne le gruyère, la tomme et le beurre. Les fromages bleus ou persillés sontefabriqués avec du lait de brebis ou-de chèvre mélangé à celui des vaches. Des pays mixtes sont constitués par : subalpine au sud du Grésivaudan ;l'arrière-pays de la la dépression Riviera caractérisé par son gros bétail et l'envoi des produits lailiers à la Riviera, et les formes évoluées de l'élevage ovin; les Hautes-Alpes intérieures du Dau- phiné et de la Provence, caractérisées par l'élevage ac- tuel, la médiocrité des ressources fourragères et l'im- portance de l’estivage. Le genre de vie Savoyard est conditionné par la grande et la petite montagne. Agriculteurs et éleveurs, les paysans des Alpes se débarrassent deleurs animaux pendant les travaux de la saison. La distinction entre les grandes et petiles montagnes affecte le mode d'exploitation des pâturages, soit en coopération (fruit commun), soit individuellement. On se procure le capital animal nécessaire à cette exploitation, si on ne le possède pas, par voie d'achat ou d'emprunt. La période d’inalpage en grande montagne dure trois mois environ, Les animaux descendent des pâturages vers la fin de septembre. Dans les petites montagnes, soumises à un climat moins rude, l’occupation, plus longue, dure environ quatre mois, Dans les grandes montagnes, on emploie le système des remues : mode d’exploitation par habitats tempo- raires. Peu nombreuses dans les massifs cristallins, les re- . mues se multiplient sur la zone herbeuse aux vastes pentes. Le bétail n’est enfermé que dans les pays à climat rude et dans ceux où il n’y a pas de remues, cas de la petite montagne dont le caractère pastoral règle - l'activité. ' Dans les G. M. les migrations sont simples (massifs cristallins); le bétail partage sa vie entre la maison permanente et l’alpe. Quand les migrations sont complexes, les animaux s’arrêtent quelque temps, à la montée ou à la descente, aux montagnettes et passent octobre et novembre en dessous du village dans les granges éparses au fond de la vallée, Dans les P. M., il y a un seul étage d’habitats tem- poraires superposé au village ou encore au-dessus de celui-ci, deux étages d’habitats. On constate que la décadence de la vie pastorale est plus accentuée dans les pays de P. M., la main-d’œu- vre se raréfiant à cause de l’activité des usines hydro- électriques. En Savoie, les Bauges et le Genevois juxtaposent les deux types essentiels de la vie pastorale. Dans les Bauges, les mouvements des hommes ont moins d’im- portance que ceux du bétail; dans le Genevois, au contraire, le bétail entraîne avec lui la majorité de la population à cause de la juxtaposition des P. et G, montagnes, Une partie de l'ouvrage a trait au genre de vie des Préalpes méridionales, caractérisé par l'absence de migrations pastorales, et des Alpes provençales : sé- jour permanent des vaches au village, migrations des bœufs et des moutons, La transhu- mance normale est celle qui mène estiver des bas pays La transhumance est ensuite étudiée, méditerranéens d'immenses troupeaux de moutons vers les Alpes. La transhumance inverse conduit hiverner dans les plaines extérieures aux Alpes ou dans les ré- gions peu élevées de leur rebord, des animaux (ovins en majorité) appartenant à des montagnards La T. I. subsiste encore de la haute Provence et des Alpes maritimes vers la basse Provence et le littoral méditerranéen. Quant à la T. N. elle conditionne l’ex- ploitation des moutons au pays d’Arles. La vie d'hiver des animaux se passe d'octobre à mai. À cette époque, mai, a lieu la mise en route vers les Alpes soit par voie ferrée, soit par routes. Dans le deuxième cas, chaque troupeau s’en va individuellement sous la conduite d’un berger, On s'arrête au milieu du jour, marchant la nuit pour profiter de la fraicheur, De temps à autre, le ber- ger achète un morceau de pâture où les animaux se repaissent, On peut évaluer le nombre des transhu- mants à 300.000 environ, Un chapitre estgonsacré à l’habitat pastoral : la mai- son rudimentaire : une seule pièce où les animaux et les hommes passent toute l’année en commun; la mai- son élémentaire, où l'écurie est séparée de la cuisine- chambre ; la maison en hauteur : les habitants occupant l'étage supérieur à l'écurie avec grenier en dessus. Pour l'habitat temporaire, on utilise les Lalles dans les montagnes à moutons et en grande montagne la cave où chalet avec les halles, au quartier général. L'habitat aux remues est constitué par des camps vo- lants, pierres sèches avec toit de planches et annexe pour déposer le lait. En petite montagne, ce sont de petites maisons où la place est surtout réservée aux animaux. En monta- gnette, milieu entre le villageet l'alpe, l'habitat se rap- proche de la maison permanente et du chalet de mon- tagne. Les logement des animaux ; le grenier à foin est établi sur l'écurie. Enfin les fenils sont localisés dans les prairies granges sont destinées uniquement au inférieures au voisinage des maisons permanentes. BIBLIOGRAPHIE. — ANALYSES ET INDEX La circulation commerciale a trait au bétail et aux produits laitiers. Les Alpes exportent le bétail de bou- cherie et en reçoivent également du dehors. Une partie des animaux restent à l'intérieur de la chaîne, alimentant les agglomérations, Les échanges ont lieu dans les foires établies suivant un rythme saisonnier, L'hiver étant la morte-saison, le trafic at- teint son maximum en avril dans le sud et en mai- juin dans le nord. Les foires dites : froides multiplient en automne les relations commerciales. En résumé, ce livre se lit d’un bout à l’autre avec le plus vif intérêt. A côté d’une copieuse documentation scientifique qui a nécessité de patientes recherches et de nombreuses courses, l’ouvrage s'éclaire de nombre de pages d’une jolie tenue littéraire et d’une sensibilité émue. On sent que l’auteur a vécu la vie des hautes altitudes ; il a su en goûter et faire partager au lecteur la calme sérénité et l’intense poésie. | Les considérations de la géographie économique sont fortement appuyées par une étude rationnelle du sol et les rapports nécessaires de la géologie avec la végé- tation sont nettement mis en valeur. L'ouvrage de M. Ph. Arbos est en somme une belle étude régionale qui apporte une contribution des plus importantes à la géographie humaine dans les Alpes françaises. Marc Le Roux, Docteur ès sciences, Roule (Louis), Professeur au Muséum national d'His- toire naturelle.— Les Poissons migrateurs,leur vie etleur pêche. UNIMPORTANT PROBLÈME D'HISTOIRE NATU- RELLE OCÉANOGRAPHIQUE ET ÉCONOMIQUE. — 1 Vol.in-16 de 175 p. de la Bibliothèque de Culture générale (Prix: 4 fr. 5o).E. Flammarion, Paris, 1922. Il n’est pas de meilleur moyen de faire connaître le but de l’auteur et la manière dont il l’a atteint que de se référer à son Introduetion, où l’un et l’autre sont exposés avec la plus grande netteté, M. Roule com- mence par montrer l'importance capitale et générale du problème des Poissons migrateurs.« À mon'point de vue, dit-il, le problème des migrations se présente comme un enchainement sérié, régulier, d’'habitats successifs, dont il s’agit d'établir les limités et de trouverla raison. C’est dans ce sens que j'ai dirigé mes recherches... Mais je ne les avais pas encore rassemblées en un corps doc- trinal, les envisageant seules pour tirer d’elles leur subs- tance principale. C'est à cet objetque le présent ouvrage est destiné, » Voilà pour le but, et voici la manière: «Un livre de culture générale ne doit rebuler, ni par une lan- gue trop technique,ni par une exposition trop minutieuse et détaillée. Il lui faut;à chaque page,s’ouvrir sur la science entière, ct entrainer avec lui l'esprit de son lecteur. » Une liste bibliographique complète très heureusement l'ouvrage, comportant et des travaux de techniciens, et des œuvres de biologie générale ou même de philoso- phie naturelle. « Les deux, ainsi juxtaposés, montrent nettement, par celte alliance, toute la grandeur du pro- blème envisagé, qui, sur ses bases de patientes recher- ches, se dresse au plus haut des conceptions actuelles sur l'histoire des êtres vivants.» Un tel sujet demandait à être traité avec une clarté parfaile, pour ne pas mêler les divers aspects du pro- blème, pour ne pas embrouiller les réalités avec les légendes et les notions à acquérir avec les notions acquises. Aussi un premier chapitre est-il consacré à présenter des «considérations préliminaires sur les migrations des Poissons », à poser les termes du pro- blème et à établir le plan de l’ouvrage. Les quatre chapitres suivants sont destinés à racon- ter l’histoire même des migrateurs, en insistant pour chacune des catégories que l’on peut reconnaître parmi eux sur un type représentatif: le Saumon pour les pota- motoques, l’Anguille pour les thalassotoques, le Thon pour les saisonniers. Faut-il évoquer « ces migrations remarquables, dont certains épisodes, en sus de la curiosité satisfaite et de l’enseignement reçu, figureraient aisément parmi des relations de voyages ou d'aventures ». Tous les lecteurs s'intéresseront très vivement au récit qu’en fait M.Roule, d'un style attrayant, abondantet très imagé, Tous suivront avec une curiosité jamais lassée le Saumon remontant les cours d’eau jusque dans les plus petites rivières et les ruisseaux, à la recherche de plus en plus d'oxygène et yallant pondre, puis, alevin,redescendant à la mer, fuyant la lumière etcherchant une nourriture plus abondante ; — l’Anguille, remontant le cours du Gulf-Stream à la recherche d'une température de plus en plus élevée,allant pondre dans la mer des Sargasses, puis revenant, comme larve, à l’eau douce des conti- nents ; — le Thon, grâce à sa sensibilité à la salinité et à la température, guidé par les saisons de région en région. Ce qui retiendra davantage l’attention des hom- mes de science peut-être, c'est l’ensemble des idées de l’auteur sur le déterminisme des migrations. M. Roule rejette délibérément la notion banale d’ «instinct », comme dépourvue d’une précision sufli- sante, la remplaçant par celles de tropisme et de sensi- bilité différentielle. Ainsi chacun des chapitres consa- crés à l'étude des diverses catégories est-il suivi de l'étude des tropismes migrateurs : branchiotropisme à la montée et phototropisme négatif à la descente pour le Saumon et les potamotoques en général, thermotro- pisme et branchiotropisme pour l'Anguille et les tha- lassotoques en général,tropismes halo-thermiques pour le thon et les saisonniers en général. | Dans ses deux derniers chapitres, M. Roule envisage le problème des Poissons migrateurs dans son ensem- ble, d’abord au point de vue océanographique{ch. VI], puis au point de vue économique [ch. VII]. Un simple, coup d'œil sur les sommaires de ces chapitres permettra déjà de saisir le puissant intérêt des sujels qui y sont traités et de suivre l’enchainement logique et néces-, saire des idées : Ch. VI. — I, Caractère spécial des migrations chez les Poissons ; Il, Classement des Poissons migrateurs; III, Classement des migrations; IV,L’habitat des migra= teurs; V, La qualité migratrice ; VI, Le délerminismen migrateur ; VII, L'euphorie et le méliorisme des migra-n teurs. ? Ch. VII. — I, Le poisson, gibier de pêche! II, Lew poisson, transformateur alimentaire; II, Périodes À BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 723 d’abondance et périodes de disette ; IV, Piscifacture et immersion d’alevins; V, L'Océanographie et le progrès de l’industrie des pêches. Nous ne saurions exposer dans le détail toutes les conclusions de cet excellent petit livre. Citons seu- lement celles qui sont sans nul doute les plus impor- tantes et qui retiendront le plus vivement l'attention, tant des biologistes que des océanographes et — il faut l espérer — des praticiens de la pêche : « Cet instinct [l’instinet de la migration, si l’on veut employer ce terme pour désigner de façon commode, et sans trop préciser, l’ensemble des actions et des réac- tions qui interviennent dans ce phénomène], cet ins- tinct n’est pas psychique, mais somatique et général. Il appartient à l'organisme entier; il consiste en un accord entre les conditions internes de cet organisme à un moment donné, et les conditions extérieures du milieu environnant à ce même moment... Aussi les étu- des futures sur les poissons migrateurs ne devront-elles pas se borner à des recherches les concernant seuls. On n’'obtiendrait ainsi qu'une part dela solution, et la plus restreinte, Il leur faudra s'attacher en outre à des investigations minutieuses sur le milieu aquatique, et sur ses divers états, considérés par rapport aux pha- ses successives de la vie individuelle, comme aux dis- positions de l’organisme. Ces études seront à la fois dynamiques et statistiques, océanographiques et mor- phologiques » [p. 151-152]. « .… Aussi les observations et les expériences sur la structure et la biologie des Poissons, sur celles des êtres qui vivent auprès d’eux, les explorations océano- graphiques avec leurs dragages, leurs sondages, leurs mesures de diverses sortes, les collections assemblées à grands frais et à grand travail, ont-elles leur haute importance quant aux pêches. Tout se tient dans le milieu marin; chaque chose, même la plus minime, se relie à ses voisines, Rien, en somme, n’yest indifférent, Même les données les pluslointaines en apparence, mi- ses un jour en leur place, finissent par avoir leur uti- lité. Lorsque seront connues en enlier les habitudes des poissons migrateurs et les conditions qui les déter- minent, on pourra se dégager de la routine où l’on est encore, et bénéficier du travail accompli. » - On voit à quel point M. Roule a raison de déclarer dans son introduction, en posant les termes du pro- blème : « Autant de questions qui intéressent à la fois lenaturaliste, l’'économiste, le pêcheur. » Il est superflu - de souhaiter à cet ouvrage un succès qui lui est assuré - etqui contribuera sans doute pour sa part à nous « dé- gager de la routine ». 4 JEAN Decpuy, Chef de travaux à l'Ecole pratique des Hautes-Etudes. _ Cuénot (Louis), Professeur à la Faculté des Sciences de Nancy. — Faune de France. IV. Sipunculiens, Ë Echiuriens, Priapuliens. — 1 vol. in-8° de31p. avec 14 fig. (Prix: 3 fr. 50). Librairie P, Lechevalier, Paris,1922. Le 4° fascicule de la Faune de France est consacré à “l'ancien groupe des Géphyriens, aujourd’hui démem- bré en trois classes autonomes : Sipunculiens, Echiu- riens et Priapuliens. Treize espèces seulement habi- tent nos côtes. L'ouvrage de M. Cuénot comprend trois parties correspondant aux groupes traités: chacune commence par une introduction générale anatomique et biologique. Puisun tableau dichotomique conduit au nom spécifique, renvoyantlui-même à la diagnose com- plète. L'illustration est malheureusement un peu insuf- fisante. Un ouvrage destiné à permettre à un non- spécialiste l'identification d’une espèce ne saurait donner trop de figures puisque le lecteur ignore, ce que sait le spécialiste, la valeur relative des caractères, ceux qu'il faut rechercher, et le moyen de les découvrir. Quoi qu'il en soit, le volume de M. Cuénot rendra de précieux services à nos zoologistes marins en leur four- nissant, réunis, un grand nombre d’utiles renseigne- ments qui leur étaient, jusqu'ici, peu accessibles en raison de leur grande dispersion et de l'absence d’ou- vrage descriptif élémentaire, Ta, Moxo». 4o Sciences médicales Damaye (Henri), Médecin des Asiles.— Le médecin devant l'assistance et l’enseignement psychia- triques. — 1 vol, in-12 de 126 pages. A. Maloine et fils, éditeurs, Paris, 1922. C’est un livre dans lequel sont exposées les questions générales intéressant la Psychiatrie et les perfectionne- ments qu’on est en droit d'attendre dans ce service important. L'auteur déplore l’ostracisme dont reste frappée cette spécialité, qui est à peine enseignée dans les facultés, qui n’attire guère les étudiants, à laquelle ne se'consacrent que rarement les sujets d'élite, car ceux- ci préfèrent reporter leur activité sur des branches plus fructueuses de la pratique médicale. à Il reste énormément à faire pour que le recrutement des médecins des asiles puisse rivaliser comme attrait avec celui de médecin des services hospitaliers. La très grosse question des fonctions de Médecin- Directeur des asiles est toujours en suspens, dans l’at- tente d’une solution satisfaisante à la fois pour le bien du service administratifet pour celui des malades, pour celui des médecins aussi, Il est à souhaiter aussi que le psychiatre ne se spé- cialise pastrop tôt, qu'il reste en contact avec la méde- cine générale, qu’il soigne réellement ses malades dans toutes leurs indications cliniques, qu'il ne se borne pas aux mesures administratives d'isolement. Voilà tout un énorme programme qui ne recevra pro- bablement que bien lentement satisfaction, mais il fal- lait un certain courage pour tout dire, pour stimuler les bonnes volontés assoupies, et cette revue générale est très intéressante. Elle doit être lue non seulement par les psychiatres, mais par tous les médecins qui s'intéressent aux idées générales en médecine. Dr P, Caavieny, Professeur à la Faculté de Médecine de Strasbourg. ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Séance du 27 Novembre 1922 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. P. Fatou : Sur cer- taines fonctions uniformes de deux variables. — M.S. Sarantopoulos : Sur le nombre des racines des fonc- tions holomorphes dans une courbe donnée. — M. Alf. Guldberg : Sur les valeurs moyennes. — M, J. Rueff : Théorie des phénomènes de change (voir la Revue des 30 novembre, p. 645, et 15 décembre, p.682). — M. M. Brillouin : Gravitalion einsteinienne. Statique. Points singuliers. Le point matériel. Remarques diverses. L’au- teur signale un certain nombre de problèmes à éluci- der si l’on veut pousser plus avant l'étude de la gravitation einsteinienne, — M. H. Fabre : Sur le vol à voile en Méditerranée. L'auteur conclut que, si l’oi- seau placé dans un courant d’air sinusoïdal laisse faire à ses ailes les mêmes ‘changements d'incidence par rapport à l'horizontale qu’elles sont habituées à faire par le vol ramé, il sera sustentéexactement commedans le vol ramé., — M. E. Fournier : Expériences de guidage, par brume, des dirigeables au moyen du pro- cédé W. A. Loth et leurs conséquences. L'auteur a appliqué aux aéroplanes le procédé de guidage employé par M. Loth pour les navires au moyen d’un câble enterré parcouru par un courant, Ce procédé pourra être employé au Sahara, où la radiogoniométrie est impuissante, dans ces régions désertiques surchauffées, à maintenir les avions dans la bonne route d’un relai à l’autre, — M. A. Bubl: Sur le mouvement séculaire du périhélie de Mercure. Critique des objections présen- tées par M. Le Roux dans une note récente. — M. W. D. Mac Millan : La densilé moyenne de l'Univers peut- elle être finie ? L'auteur est partisan de l'hypothèse d’un Univers « grossièrement uniforme » et écarte l’objection que Seeliger avait formulée’ contre cette con- ception. 2° SCIENCES PHYSIQUES. — M. R. Soreau : Lois de variation, dans la troposphère, des caractéristiques de l'air standard avec l'altitude. L'auteur montre que les fonctions M et L d’un air standard d'année se con- servent sur des étendues considérables, telles que l'Europe tempérée, en sorte que po et & Suflisent pour caractériser l’air standard d'unerégion. — M.Ch. Mau- rain et Mme de Madinhac: Ævaluation de l'intensité de courants électriques verticaux traversant le sol en France. Les auteurs ont trouvé que, sur une étendue de 415.000 km? comprenant la plus grande partie de la France, le courant vertical traversant la surface serait dirigé vers le haut et aurait une intensité totale de 1.800 ampères, soit 0,0043 amp. par km?. — M. A: Nodon: Sur l’action solaire à distance. L'auteur con- firme ses précédents résultats relatifs aux ultraradia- tions solaires, lesquelles influeraient d’autre part sur les effets d’ionisation produits en présence d’une subs- tance radio-active. — M. A. de Gramont: laies ulli- À mes et séries spectrales. L'auteur montre que la con- naissance des raies ultimes pourrait être utilisée avec quelque avantage pour la recherche des séries, encore inconnues pour la majorité des éléments, et particuliè- rement pour ceux dont les raies sont très nombreuses comme le fer, le vanadium, le titane, etc. — M. R. Boulouch : Sur le télescope aplanétique. L'auteur montre que l'emploi des fonctions isoconales facilite l'étude d’un dispositif qui supprimerait à la fois lecoma et l’astigmatisme, — M. R. Jouaust : Application des pyromètres aux mesures en haute fréquence. Les pyro- mètres permettent d'exécuter rapidement, avec une pré- cision suflisante, certaines mesures nécessaires aux : étalonne- ment des ampèremètres en haute fréquence et mesure des conditions de fonctionnement de la résistance du circuit oscillant d’un poste générateur à lampes. — M. L. Gaumont : Un nouvel amplificateur des sons. L'auteur a réalisé un appareil qui permet d’amplifier la voix jusqu'à des limites insoupçonnées, et cela sans déformation importante des sons. — MM. L. Guillet et M. Ballay : Tension de vapeur de quelques alliages Cu-Zn à l’état solide. En milieu oxydant, dans l'air, la installations radiotélégraphiques, comme volatilisation du zine est mécaniquement retardée par M la présence d’une pellicule d'oxyde de zinc; dans N,« CO ou H, aucune pellicule ne prend naissance. La : vitesse de volatilisation du Zn augmente rapidement » avec la température. — MM. Dervin et Olmer: Le 3 fluorure d'argent armmoniacal. Le fluorure d'Ag ammo- | niacal s'obtient par cristallisation d’une solution d'AgFM anhydre dans l’ammoniaque concentrée. Il répond à la formule AgF. 2 NH3, 2 H?0. Chauf'é, il détonne avec violence, avec formation intermédiaire de AgèN, —M M. J. Valentin : Sur la solidification du système MgCP —KCI—BaCP. L'analyse thermique de ces mélanges est exprimée sous forme d’un diagramme triangulaire. — M. P. Pascal: Analyse magnétique des acides stanni= ques. L'analyse magnétique de ces acides montre un accord parfait entre les déterminations directes et les: valeur calculées pour les susceptibilités spécifiques des“ mélanges de SnO? anhydre et d’eau de même compo sition. Les acides stanniques seraient donc uniquement des hydrogels d'oxyde anhydre, — M. F. W. Kling- stedt: Spectres d'absorption ultraviolets du toluène @ des xylènes. — M. L. Grenet: Sur une modification possible du diagramme fer-cémentite. Au point de y du diagramme des phases, les petites impuretés tou jours contenues dans les échantillons de fer que nous est employé dans l'étude des alliages de cuivre. — L. J. Simon: /nfluence de la structure des combinaë sons organiques sur leur oxydation sulfochromique. La combustion sulfochromique révèle des différences de structure qui échappent à la méthode habituelle d ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 725 combustion; on peut songer à son emploi pour des étu- des de tautomérie ou de migration moléculaire, — M. A. Brochet : Sur quelques propriétés du nickel actif employé comme catalyseur en Chimie organique. La pyrophoricité est due uniquement à l’H occlus par le métal. Il n’y a aucune relation entre la pyrophoricité et l’activité d’un catalyseur. Tout catalyseur ayant perdu sa pyrophoricité la reprend plus ou moins si on le réchauffe un certain temps dans l'H. — M. M. Delé- pine : Sur les irido-dipyridino-tétrachlorures [Ir (CSH5N}? Cl*]M. Description du mode de préparation de ces selss qui fixent très énergiquement la pyridine. — M. Fail- lebin: Sur l’hydrogénation des aldéhydes et célones en présence du noir de platine pur et impur. L’addition de chlorure ferrique, lors de la préparation du noir de platine, permet d'obtenir un catalyseur qui, dans le cas de l'hydrogénation des aldéhydes aromatiques, favo- rise la formation dess alcools. — M. H. Hérissey : Synthèse biochimique d'un d-mannoside « à partir de mannanes. En faisant agir sur des mannanes la poudre de luzerne germée, dans un milieu contenant l’alcool à glucosidifier, l’auteur a obtenu le méthyl-d:mannoside v. 30 SCIENCES NATURELLES. — MM. G. Delépine et V. Milon : Sur la présence de récifs waulsortiens dans le Calcaire carbonifère dubassin de Laval. La formation connue sous le nom de calcaire de Laval est représentée en de nombreux points du bassin de Laval par des ro- ches de faciès waulsortien, en particulier des récifs à Fénestellides, qui sont l’élément le plus caractéristique des formations analogues en Belgique, — M. L. Bar- rabé : Sur la présence de nappes de charriage dans les Corbières orientales. La région triasique et jurassique comprise entre Ripaud, Fontjoncouse, Jonquières, Al- bas et le ruisseau de la Pinède de Durban est charriée sur le bord du bassin tertiaire de Coustouge, Cette nappe est venue du SE et s’est étendue au N jusqu’au voisinage de Thézan. — M, F. Roman : Les terrasses quaternaires de la haute vallée du Tage. Le Quaternaire du Tage comporte au moins quatre terrasses s’élevant respectivement à 15 m., 30 m., 25-60 m, et 100 m, au- dessus du niveau du fleuve, résultats conformes aux observalions faites ailleurs. — MM. P. Loisel et Mi- chaïlesco : Sur la radio-activité des sources des bains d'Iercule en Roumanie. Les sources des bains d’Hercule présentent une teneur en émanation très variable, sui- vantles jours. — M,E. Roger : Sur le retour périodique des grands hivers. Les observations faites depuis 1860 confirment la périodicité signalée alors par Renou et montrent que la période est d'environ 41 ans. — M. E. Fichot : Sur la constitution des aires océaniques en bassins de résonance, par la dérive des masses continen- tales sous l’action des marées. L'auteur rattache l’hy- pothèse d'Harris à celle de Wegener et montre qu’elles se prêtent un mutuel appui, — M, V. Schaf- fers : La foudre et les arbres, On a expliqué l’immunité dont semblent jouir certaines essences par la décharge préventive lente qui se ferait grâce à la forme pointue ou dentelée de leur feuillage. L'auteur montre qu'iln’y a aucun rapport simple entre le potentiel de décharge silencieuse et la fréquence des coups de foudre sur les atbres; l'explication proposée est donc sans fondement. ; P prop — M. L. Guignard : Sur l'existence de corps protéi- ques particuliers dans le pollen de diverses Asclépia- dacées. Le pollen de certains genres d’Asclépiadacées renferme des élémentsfigurés de nature albuminoïdique, qui ne disparaissent pas, comme les grains d’amidon, au cours du développement du tube pollinique; celui-ci les transporte jusque dans le micropyle ovulaire, où ils subissent sans doute une résorption. — M. Ch. Ri- chet et Mme A. G. Le Ber : Etudes sur la fermentation lactique. Action à très faibles doses de substances en apparence inoffensives. Des substances en apparence inoffensives, comme l’urée et le lait, peuvent exercer, malgré leur faible toxicité et une extrême dilution, une influence non négligeable sur l’activité du ferment lac- tique. — MM. P. Lemay et L. Jaloustre : Sur quel- ques des propriétés oxydantes du thorium À, Le développement du Bacillus lacticus aérobie est favorisé par le thorium X, qui met, de par ses vertus oxydantes, de l'oxygène à sa disposi- tion. — M. G. Hamel : Sur quelques particularités de la flore algologique de Saint-Malo. Saint-Malo se trouve au centre d’une région marquant la limite septentrio- nale de plusieurs espèces atlantiques, et sur sa côte croissent des Algues qui ne se développent abondam- ment que dans les eaux chaudes du Golfe de Gascogne ou de la Méditerranée. — M. P. Mazé : Sur les condi- tions pratiques de l'emploi de la cyanamide calcique comme engrais, La cyanamide pulvérisée, mélangée à la tourbe, peut être employée comme un engrais azoté or- conséquences microbiologiques dinaire ; le mélange ne présente, en outre, aucun dan- ger pour les employés qui le manipulent. — M, Ch. Brioux : Assimilabilité comparée du phosphate trical- cique et des phosphates d’alumine et de fer. Dans l’ensemble, le phosphate d’alumine l’emporte légère- ment sur le phosphate tricalcique pour la production de matière sèche; il est très sensiblement supérieur pour la dose de P?205 absorbée, Le phosphate de fer a été moins assimilable que les phosphates de chaux et d'alumine employés. — MM. A. Pézard et F. Cari- droit : L'action de l'hormone testiculaire sur la va- lence relative des facteurs allélomorphes chez les ovins (Dorset X Suffolk). L'introduction de la forme neutre et de l’hormone testiculaire dans l'analyse génétique du croisement Dorset>benzyle ou éthyle méthyle -pseudobutyle. Il n’est pas encore possible de préciser quelles sont les causes de ces aptitudes migratrices variables des divers radicaux.— M. M. Sommelet : Sur les amines tertiaires dérivées de la benzhydrvlamine. L'auteur décrit une méthode de préparation des amines tertiaires conte- nant le groupement-N (CH*}?; cette méthode consiste à faire réagir, à chaüd, l’acide formique sur les sels qua- ternaires d’hexaméthylène-tétramine, qui se transfor- ment à la suite d’une véritable hydrogénation. Le pro- duit d’addition du diphénylbromométhane à l’hexamé- thylène-tétramine donne ainsi naissance à l’amine ter- tiaire diméthylée correspondant au diphénylcarbinol, la diméthylbenzhydrylamine, M.Sommelet indique les particularités qu’il a observées, en essayant detrans- former en iodométhylates ou bromométhylates, par chauffage avec une solution méthylique de CH°I ou de CH'Br, la base précédente et d’autres de constitution analogue : la diéthylbenzhydrylamine, la benzhydryl- pipéridine et l'éthylbenzylbenzhydrylamine: SOCIÈTÉ DE BIOLOGIE Séance du 2 Décembre 1922 MM. Ch. Dopter, J. Dumas et Combiesco : nature de la tloxine dysentérique. Il parait difficile d'admettre que le bacille de Shiga possède deux toxi- Sur La nes : une exotoxine et une endotoxine déterminant chacune un processus anatomo-clinique distinct. L'exo- toxine n’a pas seule la propriété de déterminer des symptômes nerveux. — MM. C. Levaditi et S. Nico- lau { Afinités du virus encéphalitique. L'aflinité ecto- dermotrope proprement dite et l’aflinité neurotrope de l’ultravirus encéphalitique peuvent être associées par la conservation prolongée du germe dans la glycérine. Le virus de l’encéphalite est une modification neuro- trope du virus herpétique; il occupe une place intermé- diaire entre ce dernier et celui de la rage, — M. B. Sokoloff: Le noyau est-il indispensable à la régénération des Protozoaires ? Pour le rétablissement de la forme du corps et pour la régénération partielle, le noyau n’est pas nécessaire, L'élément le plus actif dans ce processus est l’ectoplasme, dontles plus petits morceaux possèdent cetle force créatrice. Le noyau est simplement indispensable pour l'activité vitale de la cellule, Son absence abolit l'assimilation et provo- que la désagrégation du cytoplasme. — MM. J. Can- tacuzène et F. Vlès : Sur les facteurs électriques dans les réactions des éléments du sang chez le Sipunculus nudus. Les urnes de Siponcles, électrique- ment positives, captent les particules exogènes, néga- tives, etéloignent d'elles les éléments normaux du sang, positifs aussi, sauf les seuls amibocytes doués de pro- priétés phagocytaires, dont la neutralité électrique apparentene met pas obstacle à la pénétration au sein de l’amas agglutiné, — MM. E. Pozerskiet M. M.Lévy: Sur l’excrétion de composés phosphorés par les microbes. Le bacille de Shiga et le Proteus abandonnent au liquide ambiant des quantités notables de composés phospho- rés; ce fait se produit durant toute la vie des microbes, puis ne peut plus être mis en évidence après leur mort. — MM.L. Nègreet A. Boquet : Æ/fets des injec- tions de l'extrait méthylique de bacilles de Koch sur l’évolution de la tuberculose expérimentale du cobaye et dulapin. Ces injections ont une action favorable, qui se manifeste par une tendance à la localisation des lésions qui, chez les témoins non traités, évoluent plus rapidement et se généralisent dans tous les organes. — MM. P. Portier et J. Lopez-Lomba : Utilisation des Poissons de petite taille pour la découverte de faibles quantités de substances toxiques. Les Poissons présen- tent des dispositions anatomiques de leurs appareils respiratoire et circulatoire qui semblent les rendre très propres à déceler de petites quantités de poisons. On obtiendra lemaximun d'effet de ces agents en abais- sant la tension superficielle de l’eau ambiante et en diminuant la viscosité de la mucine par une alcalinisa- tion convenable de cette eau, — MM. Ph. Pagniez, A. Ravina et I. Solomon : /echerches sur la coagu- labilité du sang après irradiatiors in vitro. Le sang de l’homme ou de lapin n’est pas modifié dans ses apti- tudes à la coagulation par l’irradiation in vitro ; l'accé- lération observée après irradiation de la région splé- nique ne doit donc pas être la conséquence d’une action immédiate des rayons sur le sang lui-même. Le Gérant : Gaston Doin. Sté Gle d'Imp. et d'Edit., rue de la Bertauche, 1, Sens. 4 ‘ i TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES CONTENUES DANS LE TOME XXXIII DE LA REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES PURES ET APPLIQUÉES (DU 15 JANVIER AU 30 DÉCEMBRE 1922) I. — CHRONIQUE Astronomie et Géodésie MarGuET (F.). — Sur une représentation de la force d'inertie due à la rotation de la Terre , . . . . Biologie générale Moxon (Th). — La coloration protectrice chez les Oi- seaux ; ses cinq modalités; son extension , . , . _ Notes sur la coloration et l'homochromie à — La fibre striée est-elle génétiquement uni ou mul- ticellulaire ? , . Et ÉMte) on ion ee Li PET QE à — L'expédition TD NL PARDEQU TA VAS? US Ee — Poissons et moustiques . 4 Vauzx(R. dela). —La radiopuncture, nouvelle technis. que de cytologie expérimentale, o L'influence de l’'émanation du radium sur l'incubation des œufs de poule , . LA EE L'influence des milieux sur la taille humaine ARE Botanique et Agronomie CiEerGeT (Pierre). — La culture du cotonnier en Afri- que occidentale et les irrigations du Niger . . . Decpy (J.).— La gélose des Algues floridées . L'activité de l'Associalion cotonnière coloniale depuis AMAR EU La température du sol etles facteur squi Fe Héterminent. Les produits agricoles dela Guadeloupe . . : L'action toxique du gaz d’éclairæge sur les plantes . Recherches sur les germes de champignons dans l’at- MOSDhETE Me - ee de e e deute Chimie physique et générale MAaRTINET {Jh.). — Polarité de la non-saturation molé- culaire VE La distinction de l'eau bouillie de l'eau non bouillie . k La fluorescence de la cellulose et de ses dérivés , La diffusion du plomb solide en lui-même . S - La séparation de l'élément chlore en ses isotopes . Une nouvelle synthèse del’indigo . Recherches sur l'effet des atmosphères réductrices le cuivre : Perméabilité sélective des membranes polarisées Le nettoyage des ustensiles en aluminium , Chimie biologique Les constituants odorants despêches , . , La teneur en vitamine de l'huile de foie de. morue sui- vant son mode de préparation , Chimie industrielle CLERGET (Pierre). 1789 MARCHAND (Henri). — Nouveau procédé et nouvel alliuge anti-rouille — Une installation pour la distillation de la houille à basse température, en Angleterre , — Nouvelles recherches sur l’utilisation des lignites. ROLET (Antonin). — Un nouveau solvant industriel pour l'extraction des matières grasses végétales — L'industrie du fer en France en . REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, ET 196 602 CORRESPONDANCE Distinctions et solennités scientifiques Le jubilé scientifique du Profeseur H. Le Chatelier. . Elections à l'Académie des Sciences de Paris, 65, 321, 885, L18, Let NOD No ee PAM NP LA EX SIG ES Electricité industrielle MARCHAND (Henri). — Une nouvelle étape dans l’em- ploi des très hautes tensions aux Etats-Unis , . . — Installations actuelles de la station radio-télégra- phique de Nauen (Allemagne) . — Les progrès de la production de “l'électricité en Amérique . . . D CM AUTEO — Four électrique de haute fréquence : — Les forces productrices de l’industrie élecirique mondiale . , Un système de transmission électrique de l'énergie à fréquencervarnrable PR EE CE MC ER Ie PE Géographie et Colonisation I CLERGET (Pierre). — Les modes de groupement de la population en Belgique . . OUEN IE) 2 — La valeur économique de 1a Tripolitaine 2 — La population de la France en 1921 , à — Les influences maritimes dans la vie des indigènes marocains , . — Les influences géographiques en \ linguistique ë — Le recul de la Russie en Extrême-Orient . : — La standardisation des produits coloniaux . — Les pays exportateurs de riz . REGELSPERGER (G.). — Une HSE d’ascension du mont Everest . — Une grande traversée africaine | : la Mission Bru- neau de Laborie , . . ie — La tentative d'ascension du mont Everest 2 ë — Explorations au Spitsberg et à l’ile Jan Mayen 2 Géologie et Paléontologie JocEeAUD (L.). — Le prolongement de la chaîne calédo- nienne dans l’Extrême-ncrd américain , . Aie — La géographie etla géologie de l'Albanie moyenne, Première découverte d’un Primate anthropoïde aux Etats- Dose, Mathématiques PaucorT (R.). — A propos de la conception einsteinienne de l’espace fini . . : Tairy (R.). — Sur la notion de courbure de l'espace : La généralisation des fonctions analytiques . . . Mécanique et Génie civil CLERGET (Pierre). en 1920 ee in Re ot om 4, » ‘e.0020 MarcHAND (Henri). — L'utilisation de la force des ma- rées en Grande-Bretagne , c — Sur l'emploi de la vapeur à haute pression = Le chauffage central et l'utilisation mécanique de 'éner- gie coutenue dans la vapeur à très basse pression. L'utilisation des chaleurs perdues dans les centrales électriques , , — La marine marchande française 3 33 665 730 TABLE ANALYTIQUE DES MATIERES Météorologie et Physique du globe La Dane de l'antimoine vers son point de soli- ification. . . D'aS LEO CC Roucu {J.). — La mesure de la vitesse du vent à haute La luminescence des solides incandescents . : ! | altitude par les ballons-pilotes . . . 161 | La nature de la parole et son interprétation. > Les grandes marées de la baie de Fundy et jeurs causes. 66 Recherches expérimentales sur la rapidité du parafou- Sur la radiogoniométrie des parasites atmosphériques , dre à décharges fractionnées. \ etla prévision du temps . + + + + + + + + 569 | Le problème de la prise de terre en radiotélégraphie. Nécrologie Repères thermométriques aux basses températures. . Influence des gaz occlus sur la conductibilité Ne p'Apnémar (Robert). — Camille Jordan ., . , . 71168 du verre . . BaTTeGAY (M.).—Emilio Noelting (1851-1922) ë . 237 | L'effet de la température « sur l'attraction due à la gra- CHABRIÉ E. — Ernest Solvay (1538- in lee , 385 vitation. DriencourT{L.). — Louis Favé . . . ES . 633 | Une manifestation contre la théorie de la relativité à Hins (CG. H.)4—J. CG. Kapteyn . + “un... 0.1 4 . 1449 l’occasion du centième anniversaire de la Société des Éepuc (A) 2EdmiBouty MUNIE CNE e ere N06D Naturalistes et Médecins allemands. PRENANT (A.). — L. Ranvier . 322 | Avantage des antennes directrices pour l'élimination des REGELSPERGER {G.). — L'explorateur polaire Shackle- D perturbations atmosphériques en radiotélégraphie. ton . . 1 Rousau 'E. j. — À. Laveran (1845- ea. RARE LE Physiologie Ph.-A. Guye TES ee Gp ÉD 65 & ArTaus (Maurice). — L'hyperglycémie asphyxique. . Alexandre Graham Bell UE er ne EL EN PE RAS TS JPY P e 2 OQIO "SRE pérature de la peau des Pachydermes , : Grorgesemoines ne. Ne sie eee 697 | Lal écroissance de la luminosité chez le Cypridina: . P Dh sique Sciences diverses BouraRiC (A.). — Sur le mouvement des électrons ani- Bourpon (B.). — Les tables des livres scientifiques .més de très grandes vitesses . È 98 français , . 1 Da Ce AN EE AC TEUI I RULES ITR GANDILLOT PA — Sur RU PA de la gravita- É tion . . . Pepe r207 Sciences médicales DARUILLER UE — Les “piles photo- “électriques ‘et leur à La peste en Rasa r ù GuiLLAUME (Ed.). — Un résultat des discussions de la a mortalité par cancer et sa fréquence croissante. théorie d’Einstein au Collège de France . . . 322 Zoologie MarcuaAND (Henri). — Nouvelles recherches sur la na- ture de la parole. . . 498 Moon (Th.). — Influence de la température sur la com- — Source de rayons ultra-violets à ‘spectre continu. 602 position qualitative du plankton . ; — Nouvelles applications du tube à gaz rare . . 634 — Un sous-ordre nouveau pour la faune française . RicHARD (J.). — À propos de la théorie d’Einstein , 193 — L'utilisation des faunes carcinologiques dans l'éta- SauGer (Maurice). — Réalité de la contraction lorent- RE divisions bathymétriques de la zone zienne . . 162 LRLELCOLINM ES - Démonstration 1e se On tES de lapnantation Bar Sn da sur la spécificité “parasitaire chez F0 DNS 270 AVES RMS — L'histoire naturelle des grenouilles nord-améris Reproduction artificielle des phénomènes accompagnant CL NES ET END ÉCRAN SEE CCE e , DE LA VAULX (R. ). —La castration parasitaire des Àr- La durée du choc des barreaux . . . . . . . . . . 225 thropodes. RE LM Phénomènes de polarisation dans les ampoules à La « parthénogénèse » chez les Protozoaires . — rayons X. . . 258 | Les résultats de la protection officielle du bison aux La radiation J . : 289 Etats-Unis ee NC E I. — ARTICLES DE FOND Anthropologie et Ethnographie . VERNEAU (R.). — L'Ethnographie et la Préhistoire , Astronomie et Météorologie DougLeT (E.). — Une famille d’astronomes : FCO RE SR AE TOME! 25 PEN SALE ARR NEA Maruïas (E.). — La prévision scientifique dutemps. MaAURAIN (Ch.). — La variation de la vitesse du vent avec l'altitude. les He r- Biologie générale Kopaczewski (W.). — Les colloïdes et la vie . . Wozrers (F.). — L'action biologique des rayons x Essai de théorie. MO eHofaentielefe Botanique et Agronomie BECQUEREL (Paul). — La découvérte de la Phyllorhize. Ses conséquences pour la morphologie et la biolo- gie des plantes vasculaires . Durrénoy (J.). — La sélection des blés résistant aux rouilles. . . . Roer (Antonin). — Le camphrier. Chimie BarreGay (M.). — Etudes sur l'anthraquinone , . BenTuoup (A.). — La constitution des atomes et l'aff - nilé chimique. s'etfs CORNUBERT(R.). — La microanalyse organique quanti- tative CO SC RME, (Or Of CC OMAN PORTO 358 209 502 390 198 CORNUBERT (RI: — Réfraction et dispersion moléculai- res . . . 433, Darmois (E. 1 — La dispersion rotatoire naturelle. Son emploi comme instrument d'analyse et de recherche en Chimie À “A Kopaczewski1 (W.). — Les colloïdes et la vie . . . — La Chimie et l'état colloïdal. TirrenEAU (D' M.). — Mydriatiques et myotiques. Etude des rapports entre leur structure chimique et leur action physiologique. 544, Vers (S.). — Les isotopes etla spectrographie de masse. Géographie CLERGET (P.). — Revue de Géographie économique. nouveaux états de l’Europe , © Les Géologie et Paléontologie GAGNEBIN (Elie). — La dérive des continents selon la théorie d'Alfred Wegener . JoceauD (L.), — Revue de Paléontologie animale. 336, — Le XIII° Congrès géologique international (Session de Bruxelles 1922) PENSE ETES Mathématiques ADHÉMAR (R.).— La démonstration scientifique. . Ocacne (M. d’). — Coup d'œil sur les principes fonda- mentaux se la Nomographie, . . . .. — À propos de l'histoire de la Nomographie. MA 4 SoREAU {Rodolphe}. — Pour servie à l’histoire de la Nomoyraphie: Us mete:2 80e el IN et TER 239, 131 452 471 710 358 610 583 134 144 TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES 731 Tuiry (R.). — Sur la possibilité de se représenter l’es- pace fini et sans bornes de la théorie de la relati- * À REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES. E. GUILLAUME (Edouard). — YŸ a-t-il une erreur dans le premier mémoire d'Einstein ? . . TELa PRES PR RE 205 — La question du temps, d’après M. Bergson. Mécanique et Génie civil ji prend (ERA — Sur l'absorption dela gravita- AnprApe (Jules). — Problèmes mécaniques et chrono- MARCHAND (Henri). _— L'émission lumineuse du ver lui- métriques actuels . . 463 sant. , . SAS Eee ICT dore ES Vizrey (J.). — Le problème du moteur d'aviation. 48 | Perronkevics (Branislav). — La vitesse-limite de la lumière et le finitisme . . «Nécrologie Vel (S.). — Les isotopes et ‘le spectrographie de PorrTien (P.).— La carrière scientifique du Prince de Masse , , « . + + + + + + + + + + + + + + Monaco . . . . AR AN ANS TD ROM LU: 542 : Zoologie Physiologie Moxop (Théodore). — Les ARE RON UE GLEY (E.). — Les SATA de EN et son chez les Crustacés. état actuel . 638 |- Vauzx (R. de la). — L'intersexualité. : MARCHAND te — L'émission lumineuse du ‘ver lui- — Les caractères sexuels et le problème de leur grou- sant. 677 ONE RENERNRENUE SEPT EME LME QU MARINESCO (E: ): —_ Sur les fonctions du lobe frontal. 604 TierenEAU (D' M.).— Mydriatiques et Myotiques. Etude Revues générales des rapports entre leur structure chimique et leur NT e Rovues de Géographie économique | 584 =. . ESA CI EE LEE À SR LES Les nouveaux états de l’Europe . . Ars dore LP, Physique JocrauD (L.). — Revue de Paléontologie animale. 336, ADHÉMAR (R. d'). — La démonstration scientifique. . Sciences diverses 239, 268 CoRNURERT (R.). — Réfractionet dispersion moléculai- LamoucnE (A.). — Investigation et Réalisation. Essai PUCES CON ONE ITU PEER ETS RE NU 433 de synthèse scientifique. Darmors (E.). — La dispersion rotatoire naturelle. 670 | Locarp (Edmond). — L'expertise des écritures par Îles DÉvé (Colonel). — Le bruit des avions ,. . SA ee JDE méthodes scientifiques. Francois (Louis). — Les progrès de la T. S.F. dus à Rugrr (Jacques). — Le change, phénomène naturel. I. ) la derne à trois électrodes . 37 — I1. La place du change parmi les phénomènes na- AUS appliquée aux navires et aux x aéronefs. 165 turels. 1II. Les conséquences politiques . . . : | t UT. — BIBLIOGRAPHIE 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES Mécanique z « ALLievr (Lorenzo). — Théorie du coup de bélier . Mathématiques ANDRADE (J.). — Les organes réglants des chronomè- tres ue Le. He et qe Les œuvres complètes d'Archimède. c Lee Bec (H.). -— ‘Statique et dynamique : The early mathematical manuscripts of Leibniz . É Boor (Harris). — AoaEeR performance ‘calcula- AxvoyEer (H.). — L'œuvre scientifique de Laplace. 557 Fons s Bu (A.). — Géométrie et os des intégrales dou- Borpas (L ). — Leçons LEE Ten drone COUR. bles . 19 BROwWNLIE (David). — Boiler plant testing. . , CARNOT (Lazare). — Réflexions sur la Métaphy sique du z — Goal saving by modern methods of steam genera- Calcul infinitésimal. É 16 524 tion 2240 NET CarsLaw (H. S. ). — Introduction to the theory ‘of Fou- CHALLÉAT (J jet Taômas (A.). — Mécanique denaaiss rier’s series and integrals. . . . . + 657 | Corner (Le colonel F. ]. — Turbines à vapeur. . CarTAn (E.). — Leçons sur les invariants ‘intégra aux. 717 | Evpoux (D.). — Hydraulique industrielle et usines hy- Czuser (Emmanuel). — Die statistischen Forschungs- drauliques. . : methoden. . . CNE Cp DES CE 151 Gossor (F.) et LiouviLLE ‘(R. 1e —° Traité de Baitstique Emanaup (M.). — Géométrie perspective n 717 Fntériente NN EN = = Gerrnoy (J.). — Traité pratique de Géométrie deserip- Gounie (William). — Les turbines à vapeur. tive . :. . Fe e 6 403 | Harrincron-Hupson (R. J. }. — Reinforced concrète. GoursaT (Edouard). + Leçons sur le problème de Jacquior (0.). — Navigation intérieure. Canaux . . Pfafr. 688 | Jammx (E.). — La construction du vaisseau de guerre . Haac (J.). — Cours complet de Mathématiques spécia- LamorrTe (Marcel). — Cours de Mécanique RER les. [. Algèbre et Analyse. Exercices. II. Géométrie. 85 | Lrcornu pes — Dynamique appliquée. E Juver (G.). — Introduction au calcul tensoriel EU EE LE Gavxran (P.). — Les chaussées modernes, . . | calcul différentiel absolu . . . 593 NAGuTERGAL (A.). — Calcul des chaudières à vapeur } LapLace (Pierre-Simon). — Essai philosophique sur les applications. = / probabilités . Se: k 2 £ 214 | Ornmicuen NT RES 2 Nos nEitres 1 oiseaux . Lecar (Maurice). — Bibliographie des séries trigono- Perrovireu (M.). — Mécanismes communs aux phéno- ; métriques . . DE mènes disparates BEL He EE ve D'NETIEUE ” LouxiA (Gino). —Storia ‘della Geometria descrittiva. DT NE Gode à vapens LS “ Mac Leon (A.). — Introduction à la Géométrie non eu- Roy (Louis). — Cours de Mécanique rationnelle . . .. F clidienne. . . 688 | Virrar (Henri). — Aer théoriques sur la résistance = OPPERMANN (A.). — Premiers éléments d'une théorie Alien s du quadrilatère complet. . 84 à '. PAL 50 RS RASE ST à ve RE Re) A PicaL (H.). — Méthode pratique de règle à ealenl, pe VA CÉREE P. ROME Li a p Mannheim. . . Dune raz de WILLOTTE (H.). — Lois mathématiques de la résis- : AURÉE GE nt Arithmétique. 4 #44 tance des fluides. Théorie de l'hélice . LE ; rs ge CO CEE se es assuran- 310 | ZoreTTi (L.). — Cours de Cinématique appliquée . . . “ SALMOIRAGHI (Angelo). =: Guida practica del Geometra Astronomie, Géodésie, Météorologie moderno . . 215 … Simon (Pol). — La recherche des lieux géométriques Emploi de la photographie aérienne aux levés cadas- J en Géométrie analytique . . . . . . . . . . . 4S4 traux et aux levés géographiques . . Vessior {E.) et Monrez (P. )- — Cours de Mathémati- Bicourpan (G.). — Gnomonique ou traité ‘théorique et ques générales: . . . NP RE C 12171 pratique de la construction des cadrans solaires. 144 364 L5k 421 645 680 310 484 732 TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES "2 Corzanp (Aug.). — L'Astronomie et les:astronomes. . DougLer (E.). — Histoire de l’Astronomie. MAILLARD (Louis), — Cosmogonie et gravitation. : Moreux (Abbé Th.). — Origine et formation des mondes. . . 2° SCIENCES PHYSIQUES SR REITENCS SONT: Deere le Physique A dictionary of applied Physics. I. Mechanics, Engin- eering, Heat. 11. Electricity . . . - 486, Ariès (E.). — L'œuvre scientifique de Sadi Carnot ; in- troduction à l'étude de, la Thermodynamique . . - BecQuerEzL (Jean). — Le principe de la relativité et la théorie de la gravitation. BEeRTHOLET (Daniel). — La physique et la métaphysique des théories d Einstein, ï BoreL (Em.). — L'espace etle temps. BouruizLon (Léon). — La théorie et la ‘pratique des Radiocommunications. {1. La propagation des on- des électromagnétiques à la surface de la Terre. BuxTon (E. F.). — The physical AU of colloïdal solutions. CunninchAM (E.). — Relativity and the électron theory. Einstein (Alb.). — L'éther et la théorie de la relativité. _— La théorie de la relativité restreinte et généralisée. Fagre {L.). — La séparation industrielle des solides en na liquide, . LAS Fagne (Lucien). — T'es théories Ft Pinsteine RPG Fagry (Charles). — Eléments d’Electricité. . . . . . HazpaAne (Lord). — Le règne de la relativité. KincugerGer (P.). — La théorie de la relativité expo sée sans Re ES LÉMERAY (M. — Leçons élémentaires sur la gra- vitation, d’ us la théorie d’Einstein . L'HozsT (Louis). — La pratique ges machines! Sectoe ques. . Mie (G.). — La théorie Cinsteiienne ete STE Sen Mocu (G.). — La relativité des phénomènes — Initiation aux théories d’Einstein . MonrortoL (E.). — CPR et installations ‘télégra- phiques . È Moreux (Abbé Th .) — ‘Pour comprendre Einstein. Neveux (V.), — Stations centrales proprement dites. — Stations centrales : distribution d'énergie. — Stations centrales : postes de transformation. NorpMANx (Charles). — Einstein et l'Univers . . Pacorte (J.).— La Physique théorique nouvelle . . Pécneux (Hector). — Traité d'Electricité industrielle. I. Etude des courants électriques continus, II. Etude des courants électriques alternatifs . à Rémaur (Jean). — Notions élémentaires de Télégraphie sans fil etconstruction pratique de Poe et récep- teurs . RICHAKDSON (0. W. 1e from hot bodies, s RouGier (Louis). —' La matière et l'énergie selon la théorie de la relativité et la théorie des quanta . . RousseL (J.). — Le livre de l'amateur de T. S. F. THOMSON Es J. J.). — Rays of positive electricity and their application to chemical analysis. 1 Tiizieux(J.).—Lecçons élémentaires de Physique expé- rimentale selon les théories modernes. . . L Vaucuin (L.) et LonG (A. K.). — Le mécanicien frigo MOT) AE Vizcey (J.). — Physique élémentaire et théories mo _— | The Lise = léaeirreaty dernes. J. Molécules etatomes , WeyL (H.). — Temps, espace, matière. . Wuzr (Le P.Th.).—La théorie de la relativité d’ Einstein Chimie ? Bany (Paul). — Les colloïdes, leurs gelées et leurs solu- TLONS Ed re Dole e tie Meier DiernlS De ie Unies Je Ve Mie niet € Baup (Paul). — Les industries chimiques régionales de la France. Cain (John Cannell) e et THonrE (Jocelyn Field). een Les matières colorantes de synthèse et les produits in- termédiaires. , Fresenius {G. R.). Traité d'Analyse ‘chimique qua- litative 2 UC MONA ME EE TE RES" Lo Do de Frirscn (J.). — “FISNSs et raflinage des huiles végétales. . . GATTEFOSSÉ (R. M. ét J, ] — Noursaux parfums "athées tiques . GuianT (1J.) et Grimeerr (2. . — Précis de diagnostic chimique, microscopique et parasitolugique. . . . HacxspiLz (Louis). — L'azote . . Howe (H.M.). — La Métallographie de l'acier et de la fonte Pere Jaucu (L.). — Le ‘pétrole et son industrie 5 KanTHACKk (R.). — Tables of refractive jadexes. Oils, fats and waxes. 5 KzuiNG (André), — Méthodes’ actuelles d'expertises em- ployées au Laboratoire municipal de Paris. I. Pro- duits animaux. IV. Produits Sépétan et dérivés. y: Eaux et : air. Lesur (Léon). — Théorie de la combifation et utilisation des combustibles. : : Moureu (Ch.). — La Chimie et la guerre D ER on Puxvis (J, E.) et Hopcson (T. R.). — The chemical examination of water, sewage, foods and other subs- . tances . . CRE OO LOL PE DEEE Ô RouELLE (J.). — ‘La fonte. 4 —\dtacierp. 757 18) SAVOIR ERA SaINTE-CLAIRE-DEVILLE (Emile). — Manuel de Chimie gazière. , |, . AE MANS Oh Ar cd Taomson (Sir J.J. A — Rays of positive electricity and their application to chemical analysis. . UrBaix (G:). — Les disciplines d’une science : La Chi- mie. à à UE ME Wirz (A.). — Les gazogènes PORTA PRES 8° SCIENCES NATURELLES Géographie Association de Géographes français. XX V--XXIX* Biblio- graphie géographique (1915-1919). . . . Statistique générale de la Tunisie (Année 1920) ! ArBos (Ph.)}. — La vie TA dans les Alpes fran- çaises . BoucHié pE Baux (E. je doniens . . Bowman (Isaiah), — The New ‘World. Problems it in po- litical Geography . . Sir 0 Gorpier (Henri), — La Chine. : . Denis (Pierre). — La République Ar gentine : sn du pays . . HoveL'AQUE (Emile). — Les peuples de l'Extrème-Orient. — La ‘Macédoine et les Macé- EN mise en Le Japon REGELSPERGER (G. ), PELLERAY (E.), FROMENT-GUIEYSSE (G.). — Notre domaine colonial, X. L'Océanie fran- cAiSe Te pale latte Menlloe lé ET NE Nec Sorne (M.). — Les Pyrénées . VipAL DE LA BLACHE (P.). — Principes ‘de Géographie humaine . SUR LU HOAT CM Géologie, Minéralogie et Palsohioiote ANprIMONT (René d’)}, FRAtPoNT (Charles) et ANTHOINE (Raymond). — La Géologie mise à la portée de tous. AMEGHINO (Florentino). — Obras completas y corres- pondencia. I. Vida y obras del sabio. II. Primeros : trabajos cientificos . . . Le Burkirr (M. C.). — rate MERE I NOEL CuaurARD (J.). — Les gisementsde pétrole ENT: | ELzes (Gertrude L.).— The study of geological maps 5 Launay(L. de). — Géologie de la France , . . |. . — Où en est la Géologie? . — Géologie et Mb PAPE appliquée à l'art de l’In- génieur , 14 pr ; MACALIESTER (R. ‘4 S). _ A fest-hubl tab: European Archaelogy. I. The palaeolithic period . Menpes CorréA (A. A.).— Homo . MEUNIER (Stanislas). — Histoire géologique de Ja pluie. Mirrzakis (Marcel). — The oil Encyclopedia . . . . Perrot (E.) et GenriL (Louis). — Sur les productions végétales du Maroc. La constitution du sol maro- cain et les influences climatologiques . . PErRONIEvVICS (Branislav). — Ueber das Becken, den Schultergürtel und su à andere Teile der Londoner Archaeopteryz . WacuEt (Pierre), — Géologie ‘agricole du” département ded'Ojse 1 MER res Botanique et Agronomie Benin (A.), Graver (F.) et PezLeGxin (de). — Mission d'études forestières envoyée dans les colonies fran- çaises par les Ministères de la guerre, de l’arme- ment et des colonies. IV. Les bois du Cameroun . BerNAxD (Noël). — Principes de Biologie végétale . CHANCEREL | — Traité pratique de sylviculture. — Précis de botanique forestière et biologie de l’ar- Dre store ee ee eee NS 441 407 488 122 86 488 720 659 57 57 527 691 153 559 627 442 349 280 TABLE ANALYTIQUE DES MATIERES 733 CaauvEAuD (Gustave. — La constitution des plantes Anatomie et Physiologie vasculaires révélée par leur ontogénie, 58 L d CuevaLiEr: (Aug.). — Histoire et amélioration des pom- APERT. 1. E A ANRES pans Mets 89 miers etspécialement des pommiers à cidre . 489 | CHAINE (J.). — rca comparative hsyTe 314 CnopaT(R.). — Principes de Botanique . . 2 1 © 87 | Cuamrx (Ch.). Ly anuel d'Embryologie . 123 CosranTinN (J.) et FaipeAu (F.). — Les plantes Sr 692 ForsTER (A. ME so tarsienne transversale ; sa for- : Garrerossé(J.). — Voyage d’études au Maroc . . . 559 TE Dis mécanisme. 443 LAURENT (J.). — La végétation de la Ghampagne Gourpon ( HONNEAU (H.) et THiiAuDEAU (.).— crayense: 59 Le a RE professionnel des mutilés. . 123 É PRE PozicanD (A.). — Précis d'Histologie phy siologique. 529 MAQUENNE (L_\. _ Précis de FR siolo ie végétale £ 379 (rt + 92 NiCOLLE a ) et Macro (J.) WE die sal parasi- TurCHINI He — Contribution à l'étude de l’ Histophy- que tes 43 siologie rénale. Les processus cytologiques de l'éli- Ë S ï ation des matières colorantes par le rein. 627 Perrot (Emile) et GENTIL (Louis). — Sur les productions pne 4 Ne : végétales du Maroc, La constitution du sol maro- ILES HR ST fl ne RENE sure cain et les influences climatologiques . . . , , . 442 En eee rne eSES ARS Qu AIS DER ACESS SUE 154 SARTORY al } et Marre (L.). — Les te À + Un one 4° SCIENCES MÉDICALES neux. 228 Sr FEANS (EF. IL.) et, Hazr (I. G. ). —_ Diseases of economic FE Médecine et Chirurgie t ta faedhs le e RE 7 BaAïINBRIDGE (W. S.). — Le problème du cancer. , , 560 Zoologie et Biologie générale BÉNON (R. de Re de Pathologie mentale, Clini- A ue et médecine légale 3 92 BeAucAmp (P. de). — Les grèves de Roscoff. 27 Daxise (H.). — Le tr devant l'assistance et l’en- Borpas (L.).— Etude anatomique et histologique de l'ap- scignement psychiatriques. b 723 pareil digestif des Lépidoptères adultes , . , . 348 | Degusr (L. H.). — Examen critique del’ Homeopathie. 6902 CauzLexy (Maurice). — Parasitisme et symbiose. . . 26 | Doprer. — Les maladies infectieuses pendant la Cuamey (Christian). — Etude expérimentale sur les diflé guerre. . RER NE ETS DT rences sexuelles chez les Tritons. 489 | Mackenzie (Sir James}. — L'avenir de la médecine, . 444 Cnoparp (L.). — Faune de France. 3. Orthoptères et Le Ricuer (Ch.) et Richet fils (Ch.). — Traité de Phy- Dermaptères , . More, siologie médico-chirurgicale. . . . . . . . . . 282 Cuénor (L.). — La genèse des” espèces animales à 560 Ë : Re re He France MU É 793 Hygiène et Thérapeutique DeELAFOssE (Maurice). — Les noirs de l'Afrique s 59 n Dre Van t 31 DezPuy (Jean). — Etudes sur l'organisation et le déve- RES oi e mi BE es et la Ph è loppement des Lombriciens limicoles thalassophi- Saba RE GE EE CUS ysio- 220 RER AR ee AD 88 rP. 6 FExTAUD ice Jean). a [La cité des Termites FRERES OS ar en OiEe &e : LÉ AS de “7 LES du termite lucifuge; ses ravages ; sa des- ane la syphilis héréditaire et de la STESES infantile GRUYEL (A. Ye En Moses Pindustrie des pêches. 620 RS EE (A D. ) ee IGévren TA 34 Los ‘poisons 348 Re (que — Les Coléoptères SE Franceet pe ECO DAS M PU OUT CDN E TNT EE 490 régions voisines. : KoeuLer (R.). — Faune de France. I. Echinodermes. 87 G Koroïu (Ch. At.)et Swezy (Olive). — The free RE 5° SCIENCES DIVERSES unarmored Dinofagellata save . 380 A catalogue of Bristish scientific and technical books. 89 DATE ne ue orsine et Vévolution de la vie. . 2 Index Generalis 1920-1921. Annuaire général des Uni- ARIS — Faune de France. iseaux . . versités. Se Paie et 20 PRENANT (Marcel). — Recherches snr le | parenchyme ; BLONDEL (Georges). - alé. Cor passé, son des Plathelminthes. 595 avenir. , È 251 Roue (L.). — Les poissons. migrateurs, ‘ Jeur vie et Brunseuvicc (Léon). NE ttrener libertés 155 leur pêche . ic 722 | Canvoy (Albert). — Les Indo-Européens. Polo) SANCHEZ Y SANCHEZ (Manuel). — nvestigaciones Êre GAUDEFROY-DESMOMBYNES. — Les institutions musul- el tejido cartilaginoso de los Selacios , . 88 manes. BTP M Rat RE PR EE Sreks (D' M. J.). — Handboek der algemeene Erfeliji- GogLor (Ed.). — Le système des Sciences; le vrai, l’in- heidsleer (Manuel d'hérédité générale) , . . 59% telligible et le réel. 596 TREADWELL (A. Jp — Leodocidae of the west indian LALLEMAND (Ch.). — L'anarchie monétaire et ses consé- region. , 3 409 quences économiques. £ AAC | TrouEssART (E. LA — La distribution géogenphique PELLEGRIN (Colonel F. L LP =_ La vie d'une armée des animaux . 280 pendant la grande guerre. 186 VANDEL (A.). — Recherches ‘expérimentales sur les mo- RouGier (Louis). — La structure des théories déductives. 628 des de reproduction des Planaires triclades palu- Tassx (Edme) et LÉris (Pierre). — Les ressources du COLE SN RER Poe Dre te ee Ne De er-201 travail intellectuel en France, , , . . . . , , 124 ! IV. — ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS:SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER Académie des Sciences de Paris | Séances des 27 mars 1922 251 | Séances des Fr juilet 1922 492 — 3 avril — 252 — — _— 530 Séances des 12 et 19 déc. 1921 28 — 10 — — 283 — en — — 531 = 27 — — 60 — 18 — — 284 _— 7 et 16 août — 532 NE 3 janv. 1922 61 — 2% — — 316 _— 21 et 28 — — 563 — 9 — — 90 = 1e" mai — 216 — 4 et 11 sept. _ 564% "3 EME Je o1 1 CNE Æ, Me349 Le, PTS 216565 — 23 — -— 92 — 135 — — 350 == 25 — — 597 Lx 30 — — 125 — 22 — — 381 — 2 oct — 597 =" 6 fév. —126,156 _— 2j = 410 = () es > 629 = 13 — — 156 — 6 juin — 411 — 16 — — 630 = 20 — —158,187 — 2 — — 412 — 23 — — 661 —_ 27 — — 187 — 19 — — 413 — 30 — —_ 662 — 6 mars — 190 — 26 — — L45 — 6 nov — 663 as BU ee = Suite SN LT cs 1 ES EAN 695 _ 20 — — 223 — 10 — — 494 — 20 — — 69% 734 Séances des 27 nov. 4 déc. Société française de Séances des RARES Société chimique de France Séances des [ER ER TRETEN Te PA AT 27 janv. 10 févr. 2h — 19 mars 24 — 28 avril 1922 TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES 724 726 Physique 1921 1922 F1] | Académie d'Agriculture Société de Biologie Séances des 10 et 17 déc. 7 et 14 janv. 21 et28 — 11 et 18 fév. 25 — 4 mars 1let18 — 25 — 1°" avril 8et29 — 6 mai 13 et 20 — 27 — 3 et 10 juin 24 — 4er et 8 juil. 15et 22 — 14 et 21 oct, 28 — 4 nov. L, 11, 18 et 25 — 2 déc. de France Séances de juin juil. oct. nov. et déc. janv. février et mars 1921 1922 31 93 128 159 192 192 224 255 285 320 351 383 384 _ nu8,194 533 534 565 631 66% 664 696 728 Séances de avril maiet juin juil. 1922 535 — 566,598 Société royale de Londres Séances des 3 et 10 nov. 17 et 24 — 8 déc. 19 janv. 26 — 2 et 9 fév. 16 — 23 — 2 et 16 mars D — 30— 6 avril 4 mai — 11,18 et25 — 3 et 15 juin 1921 : 4922 599 32 160 192 255 256 — 384,416 Académie des Sciences Séances des de Belgique 2 juil. 6 août 8 oct. 5 nov. 3 déc. 7 janv. 4 fév. 4 mars Ar avril 2 mai 3 juin 416 494 495 496 536 536 568 600 632 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES CONTENUES DANS LE TOME XXXIII DE LA REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES PURES ET APPLIQUÉES ! A AGADÉMIE. — Election à l’Académie des Sciences de PARIS Eee a Le 65, 321, 386,417, 697 ACIDE. — Influence de la température sur deux modes alternes de décomposition de lac. formique. . . . 256 — Réalisation économique de réactions oxydantes dans les usines d’ac. nitrique synthétique HE mi 319 — Rôle de l’ac.carbonique dégagé par les microorga- NOEL QAR ATOS NE SENTE . 567 ACIER. — La métallographie de l’acier et de la fonte . gt ACIER SE ae sen ue rs soso etes DUAL ES 718 Aéroxers. — La T. S. F. appliquée aux navires et AUXRAERON CSS MN PR en = re talent Abd uT» PIS 165 AÉROPLANES. — Aeroplanes performance calculations. 246 — The dynamics of the airplane. . . . . . .. . . . 378 AFFINITÉ. — La constitution des atomes et l'affinité chi- MIQUE REA Ses eue et ele Sida +. . 390 . — L'affinité. Application aux ‘gaz ‘parfaits MU ae 599 AFFUTS. — Mécanique des affûts. . . . . . . . . . .. 593 AFRIQUE. — Une grande traversée africaine : la Mission Brnneauide Da borne ie PI EURE Een 292 AGkICULTURE. — Evolution et état actuel de l’agricul- tureltmeéricaine st...) 0 NRA 535 AIMANTATION. — Démonstration des discontinuités de l'aimantation par les na DE et le télé- LCR Cale 27 DO REUTERS ET ER 33 ArmANTS. — Actions mutuelles de courants et d'ai- mants plongés dans un liquide magnétique illi- TOUTE RE ER SR nn AR TE 62 ALBANIE, — La géographie et la géologie de l'Albanie OO AN NON ot 0 OC EEE ER ICE LEE 698 ALGUESs. — La gélose des algues floridées. . . . 35 ALLIAGE. — Nouveau procédé et nouvel alliage anti- NES EE EE ASE OR Re MAN EP AE ETAT 355 ALPEs. — La vie pastorale dans les Alpes françaises, . 720 ALUMINIUM. — Le nettoyage des ustensiles en alumi- M EE EN EE EL ESC EE te AUS LARUS Le 572 AMÉRIQUE. — Les progrès de la production de l’élec- FOIE EN AMEN QUE RE M MU NNt Re a UIE 226 AMINES. — Sur la déshydrogénation des amines, . . . 192 AMMONIAC. — Quelques documents historiques concer- nant le problème de la synthèse de l'ammoniac, . 285 ANALYSE. — Appareil industriel d ‘analyse thermique. 63 — Rays of positive électricity and their application to chemicalianalyaia a 2 0e NON AMP es 378 — Traité d'analyse chimique qualitative. . . . .. . 406 ANATOMIE. — Anatomie COMPETAHVEM TS -e 314 ANGUILLE. — Les lieux de reproduction de l'anguills . 384 ANIMAUX. — La distribution géographique des animaux. 281 ANNUAIRE. — Annuaire général des Universités . . . . 409 ANTENNES, — Avantage des antennes directrices pour l'élimination des RAEU atmosphériques en radiotélégraphie. . . Siren CIE ANTHRAQUINONE. — Études sur r l'anthraquinone. 502 ANTIMOINE, — La luminescence de l’antimoine vers son point de solidification . . . . . . . . . . NA ARBORETUM. — L'Arboretum de Pezanin, . . 288 ARCHÉOLOGIE. — À text-book of european Archaelogy. PAS UE OS PE EN ET RENE LES 690 Arcaxæopreryx. — Ueber das Becken, den Schulter- gurtel und einige andere Teile der Londoner Archae- VOS 6 AO ET SE ME - 348 ARITHMÉTIQUE. — Précis d’ Arithmétique Sn | 244 ARMÉE, — La vie d'une armée pendant la guerre. . . 185 ——_—————— 1. Les chiffres gras reportent aux articles originaux. \ ARTHROPODES. — La « castration parasitaire » des Ar- ÉRLOPOdeS Er NT AUS TS NE ER RE 131 ASSIMILÂTION., — Augmentation de l'assimilation de la matière azotée des graines. . . . . . . . . . . . . 9% ASSURANCES, — Théorie mathématique des assurances. 310 ASTRONOME. — Une famille d’astronomes : les Herschel. 326 ASTRONOMIE. — L’Astronomie et les Astronomes , . . 439 — Histoire de l’Astronomie , . . . , . . ne ur CPE ATMOSPHÈRE, — Recherches sur le rayonnement de atmosphère di NET 253 — Recherches sur les germes de champignons ‘dans atmosphere RE ER ET R-P REE CE 602 ATOMES. — La constitution des atomes et l’affinité chi- TO QU'EN NES NET CN El eee 390 — Le paramagnétisme et la structure de l'atome. .. 414 AuTOxYDATION. —Sur l’autoxydation : les antioxygènes. 127 — Autoxydation des composés sulfurés organiques . 382 AYIATION. — Le problème du moteur d'aviation . . .. ÆS AYioNs "Le bruitides/avions 5. 304 AZOPE NN NDiazote EN MN A Re et ele 558 B Bacizre, — Etudes sur le métabolisme des graisses chez le bacille de la phléole des Prés . . . . . . . . .. 256 BALANCE. — Etude de la balance . . . . . . . . . . . 49% BALEINES, — A history of the whale fisheries. . . . . 218 BALISTIQUE. — Traité de Balistique intérieure. . . . 214 BAROVARIOMÈTRES. — Sur l’utilisation des barovario- mètres à écoulement capillaire . . . . . . . . . . 191 BELGIQUE. — Les modes de groupement de la popula- tionreni Belgique re) ART CNRS MECS 2 4 BÉTON. — Traité sur le béton armé. . . . . . . . 624 BETTERAVES. — Sur les betteraves fourragères sélec- tionnées d’origine danoise. . . . . . . . . . . .. 255 — Travaux de M. Munerati sur la betterave à sucre . 286 BEUukRE. — Résultats du concours beurrier d’Yvetot OPINION INSEE ES SM NC ee ME 2 06 NE 598 BIBLIOGRAPHIE. — Association de géographes francais. XXV-XXIXe Biblicgraphie géographique (1915- 1917). 379 Biococir. — Principes de Biologie végétale. . . . .. 24 — Biologie générale. La vie de la matière , . . 248 Bison, — Les résultats de la protection officielle du bi- sonaux/btats-UniS MSN er cie 501 BLÉ.— La culture sarclée du blé. . . . : Se 00 0€ — La sélection des blés résistant aux rouilless J-LTISEÉ — Fécondation croisée spontanée chez le blé dur et l@bléttendres 20 RSR Na Ho 566 — Les blés durs marocains. . DURE — Les blés durs et les blés tendres marocains. , . 598 — Essais sur les engrais potRarEes SPA TEA a au blé en terres argileuses Re : EL A - . 568 Bots. — Les bois du Cameronns DE AE DE UV 184 BoTaANIQUE. — Traité pratique de sylviculture, Précis de Botanique forestière et biologie de l'arbre . . . 25 — Principes de Kotanique . . . . . . . . . . . . . . 87 C CaprAns. — Gnomonique ou traité théorique et pratique de la construction des cadrans solaires. , . . . . . AS4 Cazcur. — Réflexions sur la métaphysique du Caleul in- finitésimal . . MO Es HE AU LES ENS 526 — Introduction au Calenl tensoriel et au Calcul dif- férentiel absolu, MU A à realise 593 CaLIBRES — Etude des calibres industriels au moyen des interférences lumineuses . , , . . . . 14027 SMS CAMEROUN, — Les bois du Cameroun. . .. . . . .. . . 184 Campnier. — Le camphrier . . . . . .. Ci- T C 08 736 TABLE ALPHABETIQUE DES MATIERES Caxaux. — Navigation intérieure. Canaux. . . 657 | CoumARINE. — Recherches Se Nr sur la cou- Cancer. — Le problème du cancer. . . . NAT 560 marine. er A s. SUSPET ee TOME — La mortalité par cancer et sa fréquence croissante. 667 | Coup DE BÉLIER. — Théorie du ‘coup de bélier : 21 Caurière. — La carrière scientifique du Prince de Mo- Couranrs. — Sur les actions mutuelles de courants et nacos VAE LL 542 d'aimants plongés dans un liquide magnétique illi- CASTRATION. LS pat « castration parasitaire Saes Arthro- MU: « RU ee de l'a Go Ur ÉCRIRE podes. . . 131 | Croissance. — La croissance. - "50089 CATALOGUE. — FAI catalogue of british scientific and Crusracés. — Les adaptations éthologiques ‘chez les technical books . . 89 Crustacés. 22 RTE NTEN AN EE ee || 1 CEeLLuULOSE. — La fluorescence de la cellulose et de ses — La spécificité parasitaire chez les Crustacés. . . HDI dérivés. . . . + - 163 | Cuivae.— Recherches sur l’effet des atmosphères réduc- CENTRALES. — L’ utilisation des chaleurs perdues ‘dans trices sur le cuivre. : à 418 les centrales électriques. . . . . . . . . . . . . 194 | CxpripiNa, — La décroissance de la luminosité ‘chez CÉTIMINES. — Sur l’hydrogénation Îdes célimines et des le/Cypridina:n 20. LV. EL Ce CR RH cétisocétimines . 191 4 CHAINE. — Le prolongement ‘de la chaîne ‘calédônienne D dans l’Extrême nord américain . . . . 389 RATE J . Cuazeurs. — L'utilisation des chaleurs perdues dans les DATIER, — Sur la multiplication du dattier par semis 94 centrales électriques . . FO Décuarces,—Reproduction artificielle des phénomènes — La valeur limite de la chaleur de saporisation au EN de LA les décharges électriques atmosphé- LÉLO ADSOÏMANA NET N IN NENRERNIR ARR ER A :18 riques . ... . .. ... +... . . .. : 99 Cuamr. — Sur les grandeurs champ et AT ÉV'HLAESD DÉMONSTKATION. — La démonstration scientifique. pe — Méthode électromagnétique pour la mesure de et Il part. . . . . . -. Le -::.- 239,268 l'intensité horizontale du champ magnétique ter- Denwarrères, — Faune de France, 3. Orthoptères et RE RL RACE SCENE 536 Dermaptères . . . HOME. CannPAGNe Ve ML Ye égétation Me 114 Champagne Dracnosric. -— Précis de ‘diagnostic chimique, micro- crayeuse . . . . . A) PR ETS RAA G . scopique et parasitologique , DAME RM l EI, CS RSR TENTE champignons vénéneux . . . .. 528 | Dicéronrs.— La préparation des dicétones. . . . » 416 — Recherches sur les germes de champignons AE DirFRACTION. — Diffraction acoustique expérimentale | à 318 l'atmosphère. . . . . . D TETE OMAN FACE Difrusion. — La diffusion du plomb solideen lui-mème, 195 Cuance. — Le change, phénomène naturel. . . 645, 680 DinorLA&ELLÉs. — The free-living unarmored Dinofla- : CuaxBons.— Recherches sur la chimie du carbone. II. gellata . . . ciel Les constituants résiniques et les propriélés coké- Disprnsion. — Réfraction et dispersion moléculaires. fiantes des charbons. . . . . : . 256 : Ë : 433,471 CHATAIGNERAIES, — Reconstitution des châtaigneraies . 287 — La dispersion rotatoire moléculaire . . . 620, 210 CnauDiènes. — Calcul des chaudières à vapeur. . . 121 | DistizLaTION. — Une installation pour la distillation — Boiler plant testing . . . . 689 de la houille, à basse température, en Angleterre . 387 Cnaurrace.— Le chauffage DéNtralle ls PA AE ES EN, DisriLuertE. — Sur les débuts de la distillerie agricole. 539 nique de l'énergie contenûe dans la vapeur à très Duonénum. — Recherches d'Anatomie comparée sur le basse pression. . . RCE AS HET NE ae TT GT duodénum de l'homme et des mammifères, . . , . 154 TE E NTRE RARES Modeutes ti SRE . : 484 | DyNamique. — Statique et PÉME En. ss... 151 Caemins DE FER. — Leçons sur les chemins de fer. . . 718 — Dynamique appliquée. . . ............ 311 Cuevaz. — L'élevage du cheval gros trait en Allema- BnO eee le ie ee D TRE INA Ne 8 SN à 95 E Ousire. — La Chimie et la BARRES ne 153 | Eau. — The chemical examination of water, sewage, — Les disciplines d une science : la Chimie. .. 47 foods and other substances . . . . . 658 — La Chimie et l'état colloïdal. . . .. . .. 610 | Ecrirunes. — L'expertise des écritures par ‘les métho- Cuixe. — La Chine. . . . RSC A0 des scientifi . 421 FORME A : . see CuLore. — La séparation de l'élément chlore en ses ELECTRICITÉ. — Les progrès de la production de l'élec- IRON PER EAU Le deeleN Poele RMS EME ESC 324 tricité en Amérique . . he Ad Quoc. — La durée du choc des barreaux. . 225 — The emission of electricity from hot bodies. . . . 347 CHoLesTéRoL. — L'origine et la destinée du cholestérol — Traité d’Electricité industrielle. . . . . . . . . . 406 dans l'organisme animal. XII. L'excrétion des sté- — Eléments d'électricité . . 594 rols chez l'homme. . . ...... - 256 — Les forces productrices de l'industrie électrique . CHRONOMÈTRES. — Les organes réglants des CHERS mondiale. . . . £ Se 697 tres. DENIS PT NANTES 525 ELEcTroNs.— Sur le mouvementdes Élettone animés ‘de CHRONOMÉTRIE; EP Oblèmies mécaniques etchronomés très grandes vitesses. . . . . . . . . . . LA RO Coque AE MERE SOUS MEN + - -.. 463 | Eusnvococik. — Manuel d'Embryologie. DAME nue CINÉMATIQUE. — Cours de Cinématique appliquée. 85 — Traité d'Embryologie des vertébrés. . . . . 219 UocuyLis. — Evolution de la Cochvlis et de l'Eudémis 286 ]:EnpocriNoLoG1E. — Les étapes de l'Endocrinologie et CocéoPrÈRes. — Les Coléoptères d'Europe. France et. sonjétatiactuel- en RCE Or -638 DÉPOT VOISINES ee een er MR NES UNE 407 | ENERGIE. — La matière et l'énergie selon la théorie de Cocroines, — The physical properties of colloïdal 50- la relativité et la théorie des quanta , . . . . . . . 926 Antions RTS AT PE PATRON RARE QUE er Ercor. — Ergot de Diss et ergot d'Avoine . .”. . .. . 285 — Les colloïdes, leurs gelées et leurs solutions. 278 | Espace. — Sur la possibilité de se représenter l’espace — Les colloïdes êt la vie . . nt be GT ETES ‘258 finiet sans bornes de la théorie de la relativité. . 205 — La chimie et l'état colloïdal. Fe .- . 610 — Surla notion de courbure de l’espace, , . . . . . 225 CôLonEs. — La standardisation des produits coloniaux 699 — A propos de la conception einsteinienne de l'es- COLORATION. -- La coloration protectrice chez les oi- Paco Ant See Eee PEAR PE MTL Je pr, UE seaux ; ses cinq modalités ; son extension. , . . 227 — L'espace et le temps. . . - ST DER ZE Notes sur la coloration et l'homochromie. . . . 324 Espèces. — La genèse des espèces Abimales” 060 Comsusrigces. — Théorie de la combustion et utilisa- ETALONs. — Indications sur les méthodes de détermi- tion des combustibles , , . . 278 nation des étalons primaires en quartz . . 63 ConDucTIBtUITÉ. — Influence des gr AE AA OR à Erarts. — Les états correspondants; les dérivés halo- ductibilité du verre à 570 génés du benzène . . . - 223 ConrinenTs. — La dérive des continents, selon la Erars-Uns. — Première découverte d'ou primate à an- théorie d'Alfred Wegener. . . . TAGS . 293 thropoïde aux Etats-Unis . . . 501 COoNTRACTION. — Réalité de la contraction lorentzienne 162 — Les résultats de la protection officielle ‘du bison aux CorpuscuLes. — Nouvelles recherches sur les corpus- Etats-Unis 24" M nIMOEN SE Sean cules rapides extraits des atomes par les rayons X. 382 Erner. — L'éther et la théorie de la relativité | * 110 CosmMoGoniE. — Cosmogonie et gravitation . 945 Ernens-seLs, — Contribution à l'étude des propriétés Coton. — L'activité de l'Association cotonnière coloniale des éthers-sels #4-disubstitués, . . . . . . . . . . 191 depuis 1914, . . . . 68 | ExranoGrapuir, — L’'Ethnographie et la Préhistoire . . 261 — Essais industriels sur les cotons longue soie du Eupémis. — Evolution de la Cochylis et de l’'Eudémis. 286 Cambodge. 2 94 | Everest. — Une préparation d’ ascension du mont Eve- Cotonnier. — La culture du cotonnier en Afrique occi- TER LS LATE : RE PL dentale et les'irrigations du Niger. . .. . . . . . . 163 — La tentative Mrscengon dd ‘mont Event 636 ( TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES 737 ExPÉDITION. — L'expédition Dana. . .. . . . . . . . 541 H ExPErTISEs. — Méthodes actuelles d’expertises em- : # ployées au Laboratoire municipal de Paris. I-IV-V. HannetoN. — La lutte contre le hanneton . . . . . . . 568 279, 625 | Hézice. — Lois mathématiques de la résistance des fluides. Théorie de l'hélice. . . . . . . . 41, ICT Hérépiré. — Manuel d’hérédité générale, . . SU 0190E F HisrocoGtE. — Précis d’ mere physiologique. 529 Homme. — Homo. . . . . 102 H HROMIE., — Notes sur la coloration. et Thomo- FAUNE. — Faune de France. 1, Echinodermes. . . . . 87 LÉ NrtES 41} à . 3% — Un sous-ordre ER RE Es la faune française. . 100 | Homæoparnte. — Examen critique de l’'homæopathie 693 DA Faune de. France. 2. Oiseaux RE Je MO PU Son de mue 154 HouiLze. — Une installation pour la distillation de la — L'utilisation des faunes carcinologiques dans l'éta- houille à basse température, en Angleterre. . . 387 blissement des divisions bathymétriques de la zone ; Huize. — La teneur en vitamine de l'huile de foie 4e intercotidale . . . . 16% morue suivant son mode de préparation. . . , 602 — Faune de France, 3. ‘Orthoptères et Dermaptères. 523 — Fabric. et raffinage des huiles végétales. . . 7 719 Er Faune de France. 4. Sipunculiens, etc. . . . . . 723 | HyorauLiQuE. — Hydraulique industrielle et usines hy- Fer. — L'industrie du fer en France en 1789 , . . . . 130 drauliques . Fe ŒAERMANEMREN UT FIBRE. RS Ki sREe striée est-elle Rare uni ou A! HYGIÈNE. — Psychologie de ‘l'Hygiène. GO multicellulaire. . . . - SH TRE) 0 Hyeerccycéwe. — L'hyperglycémie asphyxique. . . . 228 Fièvre. — Epizootie de Re dphtguse en Dieses et en UE GA PET a" Lorraine de 1918 à 1921. FPE CSM : 236 I Kirin — La vitesse-limite de la lumière et le Sn Innices. — Tables of refractive indexes. II. Oils, fats a 0e: AU) cyro au nel n CHE SE 0 PACE and Es à ete RS UE SN ES INPE USE ET ONE TUE NE 86 FLUIDES. — Aperçus théoriques sur la résistance des ; INDrGo. — Une nouvelle ‘synthèse de l'indigo. EDEN TE fluides. , . . . . . . . . . . . . . . . . . 152 | Ivno-EuroPéens. — Les Indo-Européens. . . . . 529 Foxcrions. — La généralisation des fonctions analyti- Inoucriox. — Sur les grandeurs champ et induction. 30 tiques . . . : b 538 | Inpusrries — Les industries chimiques ae: de FONTE. — La mélallographie de Paces FN de la Fonte 441 la France. . . . . 347 — La fonte . . . . . . . . . 718 | Insectes. — Sur la nervation alaire des Insectes, . . 496 Forèrs. — Note sur les forêts d'Ecosse . . . 599 | InrécRaces. — Géométrie et analyse des HAMBselSs FoRmiATE. — La transformation du formiate de soude doubles. . . . . RON à 1) en oxalate. . . . PE HAS EUNS 82 — Introduction to the theory Ati Router s series and Four. — Four électrique : à haute fréquence See 667 integrals . SIREN ca ARE Are - 657 FRANCE. — La population della France en 1921: 959 INTensexuaALITÉ. — L'intersexualité. : . . . . . . . .. 17: Fkicorisre. — Le mécanicien frigoriste . . . . . . 23 | INvArIanTs. — Leçons sur les invariants intégraux . . . 717 INVESTIGATION. — Investigation etréalisation, . . . . 454 IsoroPes. — Les isotopes et la ppecoBr pie de &G masse. . DA PeREMS . . - 134 — La séparation de l'élément chlore en ses ‘isotopes. 324 Gaz. — Manuel de Chimie gazière, . 184 T — L'action toxique du gaz d'éclairage sur les lantes, 356 ER 4 A î P Ft Lo | JANMaen. — Exploration à l'ile J, M. . . . 668 GAZOGÈNES. LesNGaropene tante TE. 1559 ; L S GÉLosE. — La gélose des Algues floridées 35 Japon. — Les peuples de l'Extrême-Orient. Le “Japon. 24 £ ; Ce Ci 2 ep AE rs CUS JugiLé. — Le jubilé scientifique de M. H. Le Chatelier. 33 GéoGRapuie. — Revue de Géographie économique. Les nouveaux Etats de l'Europe . . . . , . . .111, 141 L — Principes de Géographie humaine . : , . , . . 488 GéoLocre. — Géologie de la France , . . . . . . . 57 LEODOCIDES. — Leodocidz of the west Indian region . 409 — Où en est la Géologie ONE Re Le 57 LépipoprÈères. — Etude anatomique et histologique de — La Géologie mise à la portée Métonee CRU RE 100 l'appareil digestifdes Lépidoptèresadultes, . . . 348 — Traité pratique de Géologie. .- . . Sue - ATE Levés. — Emploi de la photographie aérienne aux levés — Géologie agricole du département de l'Oise . . . 280 cadastraux et aux levés géographiques. . . . . . 310 = Géologie et Minéralogie appliquée à l’art de l’in- LIBERTÉ, — Nature et Tape - GÈ 155 génieur , . ME QU 527 Lieux. — La recherche des lieux géométriques e en Géo- — The study of geological maps. STONE . 659 métrie analytique. . . - : 484 — Le XIII: Congrès géologique international (session Licnires. — Nouvelles recherches sur l'utilisation des Hebrireles alor MEN TUNER ent 200 Hg IN LOS 01e US RTE QE 7) EE CESR GÉOMÉTRIE. — Guida practica del Comet moderno, 215 HReTETQUE — Les influences ESORrRpRIquer une 420 — Storia della Geometria descrittiva . . . . . . . 277 guistique. . . CAE er 6 o — Traité pratique de Géométrie descriptive . . . 103 | LOBE. — Sur les fonctions du lobe frontal . +. + - 604 es OMBRICIENS. — Etudes sur l’'organisationet le dévelop- La recherche des lieux San ne en Géomé- L Etad Vorg Honet le dévelop trie analytique . . . tu 484 pement des Lombriciens limicoles thalassophiles; 88 — Introduction à la Géométrie non-euclidienne. 688 | Lotier. — Culture du Lotiercorniculé, . . A 287 — Géométrie perspective . . . . ere EE) Lumière. — La vitesse-limite de la lumière et le fini- GNOMONIQUE. — Gnomonique ou traité théorique et L LI IS SYNC Laits FENL tas Ye pratique de la construction des cadrans solaires. 484 UMINESCENGE, — La luminescence de l'antimoine vers 9 GRaisses.— Un nouveau solvant industriel pour l’ex- RAR dép HRER tions 2" SE nET SES AE Re PER ET 2 LEE p ; — La luminescence des solides incandegscents : 359 L ères grasses végétales. - : - . . 540 | Luminosiré. — La décroissance de la luminosité chez GRAVITATION. — Sur l'absorption de la gravitation. z0 le Cypridina. . . . . n 603 — Lecons élémentaires sur la grayitation, d'après la Î CT A TN TOP RU, théotied'Einatein 0e ete Ur LAN 1 Late 1166 M — Cosmogonie et gravitation . . . ENS. FOIS 245 à : n9 — Sur l'absorption de la gravitation. . 2 957 | MAcÉéDOINE. — La Macédoine et les Macédoniens. . . . 442 — La théorie einsteinienne de la gravitation . . . 378 | MAGuINES. — La pratique des machines électriques, . 24 — Le principe de relativité et la théorie de la gravi- MAGNÉTISME. — Le magnétisme et la structure atomi- taligne di à FFE UL0 que. II. Constitution du système hydrogène-palla- — L'effet de la température s sur r MoeS due à la CAD EL d'AUREER sue nes MUR EUERE 4 ee, MALADIES. — Les maladies infectieuses pendant la gravitation. . . . . . EURE 50 TEE UE 601 Eubre 289 Guenouistes. — L'Histoire naturelle des grenouilles ManuscriTs. — The early ‘mathematical manuscripts nord-américaines , , . . 2 CRAMEAERE . 418 SRÉEIDA IE 121 Grèves. — Les grèves de Roscoff. De 27 | Manrées. — Les grandes : marées de la baie de Fundy et GuapnEeLourE. — Les ARENA agricoles de la Cuade- JOURS CAUSES NS POP MR TT LE 66 loup LES RER SLOPEMERORH 5: EU 258 — L'utilisation de la force des marées en Grande-Bre- GUERRE, — La chimie et EX FR bus : 153 tagne ni. ts - 0 129 — Les maladies infectieuses pendant la guerre. è 282 | MAuINE. — La marine marchande française « en 1920. 666 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES 738 Maroc. — Surles productions végétales du Maroc. La P constitution du sol marocain et les influences. clima- ë tologiques . . RP REP TL. QUI PAGE YDERMES nes la peau des Pachy- — Voyage d'études au 1 Maroc. ss 559 dermes. . . sie 3 Marocains. — Les influences maritimes dans la vie des PaLÉONTOLOGIE. — Revue de Paléontologie animale. : indigènes marocains. . . . 2357 336,364 MATHÉMATIQUES. — Cours complet de Mathématiques Pamiers. — Sur le développement et la morphologie spéciales, . . PASS ELEMENT MOSS des feuilles de palmier . . . .'. . . . . . . . 536 — Cours de Mathématiques ‘générales. : 277 | Papier. — L'emploi de la paille pour la fabrication du Marière..— La malière et l'énergie selon la théorie de papier est recommandable . , . . . ci de LR la relativité et la théorie des quanta. . . . 526 | pararoupre. — Recherches expérimentales : sur la ra- MATIÈRES COLORANTES. — Les matières colorantes de 2 pidité du parafoudre à décharges fractionnées. . . 386 synthèse et les produits intermédiaires. . . . - . 926 | pAnamacnérisme. — Le paramagnétisme et la structure Mécanique. — Cours de Mécanique rationnelle, , . Le AMD AS SM Loi De REA 1: TE RUE DORE RE Denon . PARASITISME: — Parasitisne et ose SELS 2126 EE A E SO IE AR ER ere énomènes 90 — Quelques mots sur la spécificité parasitaire chez OO _— L'avenirde la médecine. {. !: : : hu les Grustacés Li 54e LELPE N'ES MEMBRANES = Perméabilité sélective des en branes PARENCHYME, — Recherches surleparenchyme des Pla= polarisées. . . . . 538 thelminthes. . . . . stLÉ chier EMREIRREEENE EE MéracLoGraPuie. — La métallographie de l'acier etde Parrums, — Nouveaux parfums synthétiques. . . . . 312 la fonte. . 441 PAROLE. — La nature de la LpAToe et son interpréta- MÉTALLURGIE, — Métallurgie. 218 Don ARE . . 386 MéréoroLOGtE. — Les caractères de T année tienne = Nouvelles recherches sur la nature de la parole. . 498 Pique iLO2 01e NA NE EAU .. 95 | PARTHÉNOGÉNÈSE, — La « parthénogénèse » chez les MiCROANALYSE. — La mieroanalyse organique quantita- Protozoaires , . . ë 26, LE MODS Lives, M ATEN € . 198 PATHOLOGIE. — Héonrel de Ptholomemecale LEMUAO0S MicROSCOPIE. — Éprécis de Microscopies SAME Te 249 | Peau. — La température de la peau des Pachydermes. 3 Mizorou. — La lutte contre le mildiou de la vigne. . . 95 PècHers. — Sur un parasite nouveau des plantations de MiNÉRALOGIE. — Géologie et Minéralogie appliquée à pêchers dans la vallée du Rhône. . . . : +: 95 l’artde l'ingénieur , . . M LC LES AA SUIDAT Pècaes. — Les constituants odorants des pêches ,. . . 196 Miroirs. — Remarque au sujet des! miroirs pour appa- — En Norvège. L'industrie des pêches. #7 ©. 0086519 reils de mesure . . 30 PERMÉABILITÉ. — Perméabilité sélective des membra- — Surles miroirs de Fresnel ; conditions de netteté nes polarisées, . . MAY. sr NUE DE des franges et réglage de l'appareil AR EE EE SDL PERTURBATIONS. — Avantage des antennes directrices Monves. — Origine et formation des mondes . . . . 439 pour l'élimination des perturbations atmosphériques # Monnaies. — L'anarchie monétaire et ses conséquences envradiotélégrapme; HER M MN NENPRAURES 634 économiques . , . ne + + à « t 562 | Pesre.— La peste en Russie =, . 4 RONA) MouLins. — Les moulins coopératifs A AE I 535 | Pérroce. — Le pétrele et son industrie. 2 te ee PRET MousTIiQUES. — Poissons et moustiques . . . . . .- 572 —Theoiïl'encyclopedia ©... 007 "OR ACNC NOT Musuzmans. — Les institutions musulmanes . . . . 319 — Les gisements de pétrole , . . . . . . . . : 720 Murirés. — Le rendement professionnel des mutilés . 123 | Pnospnate. — Sur l’action de l’épichlorhydrine sur le MyoriqQues. — Mydriatiques et myotiques. Etude des phosphate trisodique en solution aqueuse et sur la rapports entre leur structure chimique et leur ac- stabilité d’un diéther diglycéro-monophosphorique 49% tion physiologique . . . . . . . . 544, 588 | PaospHorescENcE. # Présentation et propriétés de Myprrariques. — Mydriatiques et myotiques. Etude des nouveaux sulfures de zinc phosphorescents, . . . . 293 rapports entre leur structure chimique et leur action Pnorocrapnie. — Emploi de la photographie aérienne physiologique . . . . . . . . . . . . .544, 583 aux levés cadästraux et aux levés géographiques. . 310 N PayLLorizEe. — La découverte de la Phyllorhize , . . LOHX PHYSIOLOGIE, — Traité de Physiologie médico-chirur- NATURE. — Nature et Liberté , . . DR OSS EG ET gicale,s: "2% A se peter je L ele en NAVIGATION. — Navigation intérieure. Canaux AN Etre 007 — Précis de Physiologie végétale. . , . « … 879 Navires. — La T. S. F. appliquée aux navires et aux PHYstoTHÉRAPIE. — Les agents physiques et a ‘Physio- AÉTONPIEN- Us -v. Lee 165 thérapie. ue SU Ne ENONCE ER E 20 Nice. — La culture du cotonnier en \ Afrique occidentale PaysiQuEe. — La Physique théorique nouvelle. . . . 216 etes trigationstduiNipert 7, OP MR TENTE 1163 — Leçons élémentaires de Physique FRE Norrs. — Les noirs de l’Afrique . . . . . . . . . 59 les théories modernes . . . . . fe di 441 NomocrAPure. — Coup d'œil sur les principes fonda- — À dictionary PART Physics. I. Mechauies, engi- mentaux de la Nomographie s AA : 2, Lu 230 neering, heat . , NUS NEURONES RES . ‘486 — Pour servir à l’histoire de la Nomographie . . . b1S — IT. Electricitys ; bi NS ANNEE SE — À propos de l’histoire de la Nomographie . . . . 620 — Physique élémentaire et théories modernes. I. Molé- NorvèGEe. — En Norvège. L'industrie des pêches . . . 559 culéssèt'atômest : PAU MUaR EE ECS ERNRSS AICDS NovocAÏinE. — Quelques homologues de la novocaïne . 223 | piips. — Les piles photo-électriques et leurs emplois. 1 o PiLocarpine. — Recherches dans la série de la pilocar- pine: ne LD TRS PER CURE 533 OcéaNTE. — Notre domaine colonial. X : L'Océanie PLan«IRES. — Recherches expérimentales sur les mo- française. . . LA des de reproduction des Planaires triclades palu- Œrz. — De ja musculature interne de l'œil de quelques dicoles . . . . . . . . . . . . . . . . . ..: 281 reptiles . 288 | PLANKTON. — Influence de la température sur la com- Œurs.— L'influence de l’émanation du radium sur l'in- position qualitative du plankton . . . . . . . . 69 cubation des œufs de poule , . ie 22907 PLANTES. — La constitution des Plantes vasculaires , Œuvrrs. — (Œuvres complètes d'Archiméden RUE S4 révélée par leur ontogénie. . . Mach € 58 © —Obras completas y correspondencia cientifica de F. — Nutrition de la plante, I. Echanges ‘d'eau et de Ameghino . . Mein A. RD OISE substances minérales. Il. Formation des substances — L'œuvre scientifique de Laplace PA 2157 ternaires. . . 5 CREVER RS Oise. — Géologie agricole du département de l'Oise. 12980 — Diseases of economie ‘plants. HANEN EAN TE 313 Oiseaux. — Nos maîtres lesoiseaux , . . . . : . . 2 — L'action toxique du gaz d'éclairage surles plantes. 356 — Faune de France. Oiseaux . . . M AE — Les maladies parasitaires des plantes. . . . . 443 — La coloration protectrice chez les oiseaux: ses — Les Plantes (Histoire nat. illustrée). . . . . . . . 692 cinq modalités ; son extension ER 5 de 227 PLAQUETTES. — Les plaquettes sanguines etleurcompor- OxTOGÉNIE, — La constitution des ri à Fe ulaer tement dans diverses circonstances, . . FAR 600 révélée par leur ontogénie, . . 58 | PLATarLMINTHES, — Recherches surle parenchyme des ORTHOPTÈRES. — Faune de France, . Orthoptères et Plathelminthes. +. . . FPE EE Ar . 595 Dermaptères . . . 4 528 | PcomB. — La diffusion Ho plomb solide en lui- Oxacare. — La transformation du formiate de On même, ... STATE 195 en Oxalate NES Det): 0 ORDER ES ns A er ere géologique de ‘la pluie. :0 te 559 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES 739 Poissons. — Synchronisme des mouvements respiratoi- res et des pulsations cardiaques chez les Poissons. 96 lestPoissons (méconnus EN A. 0e LRNAOD — Poissons et moustiques. . . 572 — Découverte d’un poisson nouveau dans le marbre noir de Denée. . . . : : «+, 599 — Les Poissons migrateurs, ‘leur vie et leur pêche. . 722 POLARISATION. — Phénomènes de ss dans les ampoules à rayons X. . . : 258 PoLARITÉ. — Polarité de la hon-saturation! molécu- ATOS es Marat sie 571 PozyaLcooLs. — Action de l'acide borique € en solution sur les polyalcools, . . . 223 Pommes. — Disparition de l’ acide sulfureux libre dans un jus de pommes conservé, . . . - .1. . . 287 PommiERs. — Histoire et amélioration des pommiers et spécialement des pommiers à cidre. . . . . 489 PopuLATION. —- La population dela France en 1991. . 259 Porc. — Le sorgho dans l'alimentation intensive dupore. 64 PorceLers. — Maladie des jeunes RAT à la suite des années sèches. . ,» . 566 POTENTIELS., — Détermination directe des potentiels relatifs «aux niveaux » d'énergie d'un atome, Nou- velle mesure de la constante À de Plank . . . 190 Pouvoir. — Applications du pouvoirrotatoire à l' étude des réactions en solution. . . NS 0.0:493 PRÉHISTOIRE. — SRPOYREFAPRIE et la Préhistoire. . : 261 (= Préhistoire. .». tance CURE) Prévision. — La prévision scientifique ‘du temps, d'après le dernier livre de M. Guilbert. . . . 552 PRIMATF. — Première découverte d’un Primate anthro- poïde aux Etats-Unis... . . . . . . . . . . . . . 501 Prix. — Les Prix Nobel. . . . 665 PROBABILITÉS. — Essai | philesophique sur les “probabi- ltés NICE ans 21 PROBLÈME. — Decons sur le problème ‘de Pfaf. It ee MCE) ProTÉINES. — Le spectre d'absorption ultraviolet et la rotation Re des protéines des sérums san- guins. , . 255 Prorozoatres. — La ( parthénogénèse » chez les Proto- zoaires. . . Lo E 5 452 Psycuratrir. — Le médecin devant l'assistance et l'enseignement psychiatriques . . : 723 PuisArps. — Méthode de drainage basée sur l'utilisa- LIDDR ES) PUS ATLAS UE Ne ER SENTE 535 PYRÉNÉES, — Les Pyrénées. . . . . . . . . . . . . . 407 Q QUADRILATÈRE. — Premiers éléments d’une théorie du quadniatèreicompliet- Hu NN RD SE R RADIATION. — La radiation J. . . 290 RADIOCOMMUNICATIONS. — La théorie et la pratique des radiocommunications. II. La propagation des ondes électromagnétiques à la surface de la Terre, . . . 217 RADIOGONIOMÉTRIE. — Sur la radiogoniométrie des para- sites atmosphériques et la prévision du temps. . . 569 RADIOPUNGTURE, — La radiopuneture, nouvelle techni- que de cytologie expérimentale. . . 196 RADIOTÉLÉGRAPHIK. — Installations actuelles de la sta- tion radiotélégraphique de Nauen (Allemagne). . . 34 — Le problème de la prise deterreenradiotélégraphie. 417 Ranium, —: L'influence de l’émanation du radium sur l'incubation des œufs de poule. , , 227 RAYONNEMENT. — Recherches sur le rayonnement del'at- mosphère. . . . 2 253 — Nouveau rayonnement de courte longueur ‘d'onde. 351 Rayons. — L'action biologique des rayons X. . 141 — La dispersion des Tayons) BETA. tna D, — Phénomènes de polarisation dans les ampoules à rHVONS Xe Ar ce HUE MA 20h — Rays of positive electricity and their application to chemical analysis. , . . . . 1.5 UE 1009719 — Les spectres de rayons f et leur signification” à 4,195 — Sources de rayons ultra-violets à spectre continu. 602 RÉAcTION. — Etude physico-chimique des réactions en SOLIOR EE Me en T2 DRE Le 1695 RÉFRACTION. — Réfraction et dispersion molécu- JHINES eue : . . 433,471 Rècur. — Méthode pratique de ‘règle à calcul, type Mannheim. , . 3 AT 06, 182 - Rein. — Contribution a l'étude del’ Histophysiologie rénale. Les processus cy tologiques de l’élimina- tion des matières colorantes par le rein. 5627 RELATIVITÉ. — Ÿ a-t-il une erreur dans le premier mémoire diBinstein. 2:10 ME TNT ü —Leselbéories® diBinstein. UN MN EE EN NE — La relativité des phénomènes. , . ,. . . . . . 56 — Einstein et l'Univers. . . OS CES RO DI — Relativity and the Electron ‘theory. Een EL TE Mn AE: — À propos de la théorie d'Einstein. , . CAE € — Sur la possibilité de se représenter l'espace fini et sans bornes de la théorie de la relativité. . . 205 — Théorie de la relativité restreinte et généralisée, 311 — Un résultat des discussions de la théorie d'Einstein au Collège de France. . . . . . . . RER Mu D: — Temps, Espace, Matière. Leçons sur la “théorie de la relativité générale. . . 404% — Le principe de Relativité et la théorie de la gravi- tation. WW Ne BobS : DÉMO ET — Le règne de la Felatirites ÉUETAN CE NUE VO EPS. — Pour comprendre Einstein. . . . 557 — Une manifestation contre la théorie ‘de la relati- vité à l’occasion du centième anniversaire de la Société des naturalistes et médecins allemands. . 601 — La physique et la métaphysique des théories d'Einstein , . . L'AE 34301689 — La Théorie de la relativité exposée sans © mathé- matiques, , . . . D DOME UE CES Me 2 ee Ne) — Initiation aux théories d’ Einstein . 689 — La Théorie dela relativité d' Einstein | ï sai x 689 RÉPUBLIQUE ARGENTINE. — La République argentine. La mise en valeur du pays . . . . : - 86 RÉsiSTANcE. — Aperçus théoriques sur la résistance deséfluides 0" . 152 — Lois mathématiques de la résistance des fluides! Théorie de l'hélice, . . 311 — Sur une nouvelle forme de résistance électrique ‘des électrolytes. . . : 352 Revur. — Revue de Géographie économique. ‘Les nou- veaux Etats del’Europe. . . . AS 2 111,144 — Revue de Paléontologie animale. . . . + 336,364 RHÉNANIE, — La Rhénanie. Son passé, son avenir. . . 250 Riz. — Les pays exportateurs de riz . . . 0-21 009 RouirLes. — La sélection des blés résistant auxrouilles. S1 Russie. — Le recul de la Russie en Extrême-Orient. 36 — Ce que le Communisme a fait de la Russie agricole. 64 = 1larpeste/en Russien: LP AA PS A REN-UrTNtETO S SALINITÉ. — L'influence de la salinité de l’eau sur la germination et la croissance des planteshalophytes. 352 SATURATION. — Polarité de la non-saturation molé- culaire-1... TO Sciences. — Le système des Sciences : le vrai, ‘l'intel- ligible et le réel. . . ë .11.596 Scortes. — L'alcalinité des scories de déphosphoration. -598 SÉLACIENS. — Investigaciones sobre et tejido cartila- ginoso de los Selacios. . . 88 SÉLÉNIATES. — Séléniates mono-cliniques d doubles du groupe dumanganèse. . . . . 496 SEMENCES. — Epandage simultané des semences et des engrais en lignes parallèles rapprochées. . . . 567 Semis. — Premières recherches sur les semis parallèles d'engrais et de semences, , . ee : 25592 SÉRIES. — Bibliographie des séries trigonométriques. 19 — Introduction to the Theory of Fourier'sSeries and integrals. . . . : - DOME SEE CNP NT SÉRUMS. — Vaccins et sérums . CRE Mao UT 315 SEXE. — Les caractères sexuels et le problème ‘de leur groupement. . . .. -330 SOLIDES, — La séparation industrielle des solides en mIDENAqQUITe NME CRUE . 59% Sous. — Influence de la température s sur les proprié tés absorbantes des sols . , . . 9% — La température du sol et les facteurs qui ‘la déter- minent ,. 99 Sozutions. — The physical properties ‘of colloïdal solutions, . . . 153 SoLvanT. — Un nouveau solvant industriel ‘pour Vex- traction des matières grasses végétales. . . . 540 SourRE. — Sur le dosage du soufre dans les ne ‘de fer le à 319 SPECTRES. — Les énergies électroniques minimum as- sociées à l'excitation des spectres de l'hélium. . . 256 — Les spectres d'induction du césium et du rubi- dium . .. : 5 . 318 — Séries et autres régularités Hans 1e spectre ‘du manganèse . 2 PRE D — Les spectres d’ étincelles sous l'eau. : . . . . . . 727 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES 74G SPECTROGRAPHIE, — Les moe et la FRACMPErRERe TERRE. — Sur une représentation de la force d'inertie de masse, . . NAcdis LSÆ due à la rotation de la Terre . . . . TES SPITZBERG. — Explorations au Spitzberg. Si RAT GA 668 | TaéoriEes. — La structure des théories déductives. . | 628 Srariows. — Stations centrales proprement dites. . . 183 | THERMODyYNAMIQUE. — L'œuvre scientifique de Sadi — Stations centrales : distribution d'énergie, . . . 183 Carnot. Introduction à l’étude de la Thermodyna- — Stations centrales : postes de transformation. . . 718 mique . RE OO AP RTE Co STATIQUE. — Statique . . . . 151 | TuenMouèrre. — Repères thermométriques aux basses STATISTIQUE. — Die statistischen Forschungsemethoden. 151 températures. ÿ ete peut Lope 450 — Statistique générale dela Tunisie. . , . . . . . . 627 | Tracreur. — Essais d'un tracteur moderne fonction- Sucre. — Méthode d'extraction du sucre des mélasses nant au gaz pauvre . . « . are te 94 à l’aide de la baryte . . . 10 535 | Transmission. — Un système de transmission électri- SuLFURES. — Présentation et propriétés de nouveaux que de l'énergie à fréquence variable . . . . . 67 sulfures de zinc phosphorescents . . . . . . . . . 292 | TrRavarr. — Les ressources du travail intellectuel en SYLvICULTURE. — Traité pratique de Sylvicultures Pré : France . . . « : . 124 cis de Botanique forestière et biologie del’arbre. . 25 TRIPOLITAINE, — La valeur économique dela Tripoli- è: SxMB10SE. — Parasitisme et symbiose. . . . % |» and TT : PE de C 197 Sypnriis, — Traitement de la syphilis héréditaire et a OR Etude expérimenta e sur les différences 189 lis infantil Ale NS (0e 348 SR RS es le, 0 © dela /aÿ phil GHAHLIE SGA SS 3 Tuge. — Nouvelles applications du tube à gaz rare. . 634 PB És _. Tunisie, NP ANS sue de la Tunisie (année 1920). so E MORE MR ‘or TagBLes, — Les tables des livres scientifiques français. 325 Does Turbines à vapeur. hs qie FINS" SISERMREE Taie. — L'influence des milieux sur la taille hu- Ü MXAINO NT NS MCE Mon Mamellelte Ms RUNe 635 « , s TÉLÉGRAPHIE. — Appareils et installations télégraphi- Urée. — Sur la transformation de l’ammoniac en urée. 191 QUES. 1.0. & es 20 Mare ose SM 217 TÉLÉGRAPHIE SANS FIL. — Notions élémentaires de T. V à MS ARPEREnpn RS FARORISAIAE a+ LA Vaccins. — Vaccins et sérums. . . . .. , . . . > ..915 core ANA TA PL ‘s) F. RD LUE LU PUR ENITE 5 VaissEAU. — La construction du vaisseau de guerre 346 Fe pps a die ampe rois 32 VarEuR. — Sur l'emploi de la vapeur à haute pres- AT CUP à t LT MONS AE Ve À 0 Let etre Neon ve sion . RE 20 — LaT. S. F. appliquée aux navires et aux aéronefs. 165 — Coal saving ‘by modern ‘methods ofsteam | genera- — Le livre de l'amateur de T. S. F. . . . . . . . . 246 a 689 TeLLure. — Sur l'allotropie du tellure. . . en n 72" VENT. — La variation! de da vitesse du: Sent avec l'alti- TEMPÉRATURES. — Mesure du Late dans l'échange des tudes 26 températures . . . . . . - . . : . - . PRIS 31 — La mesure de la vitesse du vent à haute altitude — L'effet de la température sur l'attraction due à la par les ballons pilotes. . . . è . - ‘461 JDE pere see esse eee. 601 | Ven LuIsANT. — L'émission lumineuse du ver luisant .627 ( ro espace et le temps. ARCS PUS ANR 485 | Venres. — Rémppsitos et RRALTÉÉ des verres de labo- — La pr vision scienti que ü temps, ‘apr s le der- ratoire. 224 nier livre de M. Guilbert. -.. . 552 — Influence des gaz ocelus sur la éonductibilité élec, — Sur la radiogoniométrie des parasites ‘atmosphé- trique du verre‘. . . SU a 570 riques et la prévision du temps. . . + 569 | Vir. — L'origine et l'évolution de la vie. . : . . . : . 185 — La question du temps, d’après M. Bergson. . . 553 — Les cnitdec et'laivie Frs. IEEE 58 Tensions. — Une nouvelle étape dans l'emploi de très ViTAMINE. — La teneur en vitamine de l'huile de hautes tensions aux Etats-Unis. . ISLE EE a Me foie de morue suivant son mode de préparation. . 602 Termires. — La cité des termites ; mœurs sociales du VourTE. — La voûte tarsienne transversale ; sa forma- termite lucifuge, ses ravages, sa destruction . , 408 tion et'son mécanisme: "-N4. "Dei LC EE . 443 TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS‘ A Abelous {J.E.), 320. Aboulence (J.), 29, 158. Abraham (H.), 28, 159, 350, 351. Abramesco, 530, 532. Abrami (P.), 156. Abrard (R.), 92, 492. Achard (Ch.), 448. Adam (N.K.), 600. Adhémar (R. d’), 21, 66, 152, 239 à 244, 268 à 276, 311, 279, 717. Ainslie (D. S.); 600, Albesco (G.), 350, Alezais, 156. Allemand-Martin (4.), 62. Allievi (Lor.), 21. Allix (A.), 92, 189. Ameghino (F1.),86. Andant (A.), 381, 412, 492. Andoyer (H.), 158, 557. Andrade (Y.), 221, 283, 317,381, 412, 463 à 471, 492, 525. André (E.), 192, 491, 720. André (G.), 29, 532. Andrimont (René d'), 123. Angelesco (A.), 125, 661. Angot (A.), 95. Anthoine (Raym.), 122. Anthony (R.), 23, 315. Apert (Dr),89, 315. Arber (Mile A.), 536. Arbos (Ph.), 720. Ardouin-Dumazet, 288. Argaud (R.), 187, 285, 320. Ariès (E.), 57, 284, 318. Arloing (F.), 448, 566. Armengué (M), 159. Armstrong (E. F.), 192, 632. A rnaud (G.), 29. : Arnaud (R.), 534. Aron (M.). 126, 190; 413. Arsonval (A. d’), 411. Arthus (Maurice), 229. Ash (D. H.), 255, 416. Athanasiu (Y.), 448, 491, 493, 530. Aubel (E. van), 60, 96, 447. Aubry (A.\, 663. Audubert (R.), 727. Auger (P.), 533. | Aurie, 61, 91, 125, 156. Aynaud, 727. Azam (A.), 532, 630. Azambuja {d'), 60. Azoulay (L.), 629. B Babonneix, 383. Bachrach (Mille E:), 156, 224, 259. Bailey (K. C.), 531, Bailey (P.), 352. Bailloud (B.), 532. Baïllaud (J.), 447, 492, 531. Bailly (O.), 494. Baïnbridge (W. S.), 560 Baire (R.). 252. Bairstow (L.), 32. Baldit (A.), 663. Ballay (M.),724. 1. Les noms imprimés en caractères gras sont ceux des auteurs des articles originaux. Les chiffres gras reportent à ces articles. Balls (W.L.), 536. Baltiano (J.), 663. Barbier (A.}, 630. Bardier (E.), 93, 534. Barker (M.), 600. Barlot (J.), 90. Barrabé (L.) 725, Barriol (A.), 310. Barrois (Ch.), 661. Barthélémy (H.), 662, 725. Barthoux (J.), 532. Bary (Paul), Bateman (H.), 384. Bathellier (J.), 565. Battandier (J. A.), 597. Battegay (M.), 502 à 517, 538. Battelli (F.), 224, 448, Baud (P.), 317, 347. Baudouin (M.), 158. Baudry (Albert), 567. Bauer (Edm.\, 381. Baury (A.), 156, 662. Bayeux (R.), 284. Bays (S.), 694. Bazy (L.), 446. Bazy (P.), 446. Beauchamp (P. de), 27. Beauvyerie (J.), 25, 314, 630. Becquerel (Jean), 440. Becquerel (Paul), LO1 à 110, 530. Bedeau, 126, 492, Bédos (P.), 157. Beghin (H.), 151. Béhague (P.), 350. Béjot (A.), 563. Belehradek (J.), 320. Belin (Ed.), 189, 414. Bellescize (de), 411, Belot (Em.}, 125, 284, Benedicks (C.), 662. Bengtsson (E.), 564. Benoit (J.), 190, 249. Bénon (R.), 692. Benzon (R.), 532. Berge, 598. Berger (E.), 381, 411. Berger (L.), 597, 694. Berland (L.), 89. Berloty, 283. Bernard {H.), 412. Bernard (Noël), 24. Bernès, 566. Bernstein (S.), 663. Berthault (Pierre), 599. Berthelot (Alb.), 351, Berthelot (D.), 689. Berthoud (A.), 390 à 400. Bertin (Ct A.), 184. Berton {A. L.), 563. Bertrand (Gast.), 60, 157, 349, 445, 491, 539, 564. Bertrand (P.), 661, 663. Besson (A.), 664. Besson (L.), 92. Betances (L. M.), 695. Beyne (J.), 350. Bezssonoff (N.), 598, 664. Bidet, 536. Bidou (G.). 382, 413, Biernacki (M.), 447. L Bierry (H.), 253, 384, 413, 491, 598,606. Bigot (A.), 349. | Bigourdan (G.), 484, 726. Bilimovitch (A.), 630, Billon (Mlle H.), 445. Binet (L.), 94, 128, 289, 448. Binetti, 93. Bishop (Mlle E.), 32. Blaise (E.E.), 317, 412, 416. Blanc (L.), 693. Blanc (L. G.), 499, 531, 533. Blanchard (M.), 630. Blanchet (F.), 125. Blaringhem (L.}, 29, 251, 410, 530, 630, Bloch (Eugène), 129, 153, 217, 347, 379, 411, 487, 658, 727, É Bloch {L.),727. Blondeau (J.), 410. Blondel (A.), 447. Blondel (Georges), 250. Blum (L.), 61. Bocage, 631. Boel. 61. Bœuf (F.), 566. Bogitch (B.), 28, Bobhn (G.), 126. Boiry (F.), 491. Boisse de Black (Mlle Y.), 29, 157, 349. Bompiani (E.), 221, Bone (W. A.),256.. . Bonnet (Mlles), 447. Bonnet (Eug.), 157. Bonnet (H.), 192. Bonnier, 663. Booth (Harris), 346. Boquet (A.), 224. Bordas (F.),411. Bordas (Dr L.), 348. Bordas (Léon), 718. Bordet (F.), 253. Borel (Em.), 28, 60, 158, 283, 284, 485. Bormann (F.), 416, 632. Bosselut (R.), 93. Bossuet (R.), 127, 41%, Bouchet (L.), 694. Bouchié de Belle (E.), 442, Bouget (J.), 221, 446, 693. Bouin (P.), 253, 413. Boulanger (Ch.), 411. Boulay (A.), 696. Boulouch (R.), 60, 157, 724. Bourdon (B.), 325. Bourget (P.), 312. Bourgoin (P.), 158. Bourguignon (G.), 30, 222, 252, 411, 532. Bourret (R.), 92, 156. Boussu (R. J.), 447. Boutan (L.), 563. Boutaric (A.), 28, 91, 98, 125, 253, 278, 381, 439, 558, 661. Bouthillon (Léon), 247. Boutroux (Pierre), 277. Bouty (E.), 663. Bouveyron (A.), 494. Bouvier (E. L.), 630. Bouvrain (G.), 563. Bowman (Isaiah), 528. Brachet (A.), 219, 598. Braecke (Mlle M.), 21,598, 630, 695, Bragg (Sir W. H.), 726. Braly (Ad.), 284. Bramwell (J.G.), 495. Bratu (G.), 629. 742 TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS Bremer, 352. Brémond (P.), 447. Brenckmann (E.), 726, Brenet (Mlle T.), 90. Brepson (Mlle F.), 661. Breton (M.), 351. Bridel-(M.),29, 92, 598, 630, 664, 726. Briggs (G. E.), 32, 600. Brillouin (M.;, 413, 694, 724. Brioux (Ch.), 725. Brives (A.), 598. Brochet (A.), 629, 663, 725. Brocq-Rousseu, 565. Broglie (L. de), 60, 661, 662, 663, 726, Broglie (Maur. de), 252, 382,412, 726. Browning (C. H.), 416, Brownlie (D.), 689. Bru (P.), 696. Bruhat (G.), 26%. Brulé, 494. Brun(P.), 188. Brunet (Louis), 89, 124, 409. Brunschvicg (Léon), 156. Bruylants (P.), 288, 352, 631. Bruyne (C. de), 564. Brylinski (E.), 91. Buffault, 95. Bugnon (P.), 253, 317, 412, 447, 630, 693 Buhl (A.), 19, 724. Buisson (H.), 492. Bull (L.), 284, 493. Burkitt (M. C.), 488. Burvet (E.), 156, 253, 663. Burson (V.), 492. Burton (E. F.), 32, 153. Busquet (H.), 125, 696. C Cabannes (J.), 693. Cabrera (B.),414. Cadoret, 95. Cahen (A.). 125, 447. Cain (John Cannell), 526. Cambier (R.), 447. Camichel (G.), 189, 662, 694. Campbell (J. A.), 416. Camus (J.), 383. Camus (L.), 533, 534. Cancatuzène (J.), 728. Capstick (J. W.), 600. Cardot (H.}, 128, 156, 224, 252, 382, 533, Caridroit (F.), 663, 694, 725. Carleman (T.), 126, 187, 285, 412, 445, 94. Carnot (Lazare), 524. Carnot (P.), 255,531, 534, 566. Carnoy (Albert), 529. Carpenter (H. C. H.), 32. Carpentier {A.), 316. Carré (H.), 92, 412, 532. Carrère (L.), 564, 597. Carslaw (H. S.), 657. Cartan (E.), 156, 187, 221, 251, 316, 491, 717. Carvallo (E.),°60, 90. Castelnau (R.), 29. Catalan (M. A.). 496. \ Catoire (M.), 316. Caucheniez, 565. Caullery (Maurice), 26, 253. Cave (Mlle B. M.), 32. Cavel (L.), 187. Cazaubon, 447. Cazeneuve (P.), 313. Cerighelli (R.), 350. Cesaro (G.), 96. Chabrié (C.), 386. Chagny (E.), 125 Chaine (J.), 314. Challéat (J.). 593. Chamié (Mlle), 531. Champy (Chr.), 92, 123, 157, 489. Chancerel (Lucien), 25. Chapas, 188. Chappuis (J.),28. Charaux (C.), 664, 726. . Charcot (J. B.), 349, 693. Charpy (G.), 350, Charriou (A.), 28, 222, 661. Chatelet (A.), 491. Chatton (Ed.),61, 90, 663, 694. Chauchard (Mme A.), 62, 352. Chauchard (A.), 62, 352. Chaudron (G.), 189, 319, 693. Chaudun (Mlle A.), 92. Chauffard (A.), 160. Chaumat (H.), 61, 91, 283. Chautard (J.), 72). Chauveaud {Gust.), 58, 412. Chauzit (Jean), 64. Chavigny (P.;,660, 692, 723. Chazy {J.), 317, 350. Chemin (E.), 93, 532. Chéneveau (C.), 222, 283. Chevalier (Aug.), 284, 286, 489. Chevallier (A.), 726. Chévenard (P.), 63, 90, 597. Chevrotier (J.), 285. Chipart (H.), 62. Chodat (R.), 87, 531. Chofardet (P.), 381, 662. Chokhate (J.), 563, Chopard (L.), 528. Chree (C.), 600. Chrétien (H.), 283. 4 Christie (Sir W.), 661. Ciamician (C.), 91. Claude (G.), 91, 189. Clavier, 447. Clément, 381. Clerc (A.), 696. Clerget (Pierre), 4, 24, 111 à 120, 131, 144 à 150, 164, 197, 260, 357, 407, 420, 488, 667, 699. Cluzet (J.), 598,726. Cohen (J.-B.), 416. Cohendy, 285, « Collard (Aug.), 439. Collet (Mlle P_), 158. Collin (H.), 92. Combes (R.), 61,93, 564, 629. Combier, 283. Combiesco (D.), 448, 494, 631, 663, 798. Conduché, 411. Conrady (A.E), 494. Conseil (E }), 222 Constantin, 661. Corbière (L.), 284. Corbin (P.), 29, 221. Cordier (Cel F.), 346. Cordier (Henri), 407. 125, 158, 251, » Cornubert (Ë.), 198 à 204, 433 | à 438, 471 à 483. Corput (Van der), 693. Corroy (G.), 125, 317. Costantin (J.), 382, 446, 692. Coster (D.), 126. Costy (P.), 595. 598, 695. Cottenot (P.), 566. Cotton (A.}), 351. Coulaud (E.), 696. Coupin (H.), 223. Courmont (P.), 60. Cournot (J.), 126. Courrier (R.), 62. Courtines (M), 158, 191. Cousin (Mile G.), 253. Coutard (H.), 255. Couturier (A.), 568. Couturier (H.),157, 222. Cramer (W.), 568. Cristol (P.), 252. Crombez (R.), 96. Crommelin (C. A.), 410, 694. Crowther (J. A.), 256. Croze (F.), 726. Crump (L. M.), 632. Cruveilhier (L.), 192. Cuénot (L.), 26, 186, 560, 564, 565, 595, 723. Cunningham (E.), 122. Curie (Mlle Ir.), 530. Curie (Maur.), 158, 630. Curtis (W. E,), 495. Cutler (D. W.), 632. Czuber (D' Emmanuel), 151. Dalcq (A.), 288. Dale (H. H.), 495. Dalloni {(M.), 598, 720, Dalloz, 661. Damaye (H.), 723. Damiens (A.),381, 412, 629, 727. Dangeard (L.), 90, 253. 446, 726. Dangeard (Pierre), 29, 125, 446, 447. Daniel (L.), 61, 695. Danjon (A.), 410, 412. Danysz-Michel (Mme), 351, 448. Darmois (E.), 125, 284, 493, 620 à 67%; 710 à 716. Datta (S.), 495. Dauvillier (A.), 60, 156, 381, 412, 661, 662. Davies (Mlle A. C.), 256, Davy (N.), 496. Davy de Virville (Ad.), 221, 630, 664. Debray, 192. Debré (R.) 192. . Decarrière (E.), 157, 221. Dechambre (Paul), 287. Décombe (L.), 693. Deguide (C.), 317. Dehorne (A.), 284, 350. Déjardin (G.), 694. Dejust (L. H.), 692. Delaby E 694, 726. Delacroix (J.), 493. Delafosse (Maurice), 59. Delamarre de Monchaux, 288. Delassus (Et.), 28. Delaygue (A.), 252. Delépine(G.), 725. Delepine (M.), 350, 383, 725. Delezenne (C.), 663. Delphin (L.). 692. Delphy (Jean), 27, 59, 88, 123, 219, 380, 414, 596, 723. Deluard (H.), 92. Demenge (Robert), 562. Démolis (Ed.), 278. Demolon (A.), 29, 445, 598. Demoulin (A.), 96. Demoussy (E.),410. 531. Denigès (G.) 222, 280, 697, 659. Denizot (G.), 447. Denis (Pierre), 86. Denjoy (A.), 28, 90. Denucé, 493. Depéret (Ch.), 413, 414, Dervin, 724. Desaint, 661. Descours-Desacres, 535, Desgrez (A.),413, 491, 598. Deslandres (H.),492, 597. Desliens (L.), 664. Desmarets (M.), 184, 218, 559, 594. Devanesen (D. W.), 632. Dévé (C°!), 283, 301 à 309. Dévé(F.), 494. Diénert (Fr.), 94, 535, 565. Dienes (P.), 317, 530. Dijonneau (H.), 123. Ditisheim (P.), 283 Dolejsek (V.), 156. Donatien (A.), 92, 187. Donder (Th. de), 349, 599, 600, 631. Dondeyne(J.\, 631. Dony-Hénault (O.), 352. Dopter (D'), 282, 728. Dorlencourt (H.), 384. Dormoy (E.). 663. Doubleday (Mille J.), 416. Doublet (E.), 326 à 330, 624. Douin (Ch.), 90. Doumer (E.), 159. DouviHlé (H.), 187, 629. Doyon (M.), 156,446, 631. Drach (J.), 222, TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS Dragoiu (J.), 92. Drew (A. H.), 568. Driencourt (L.), 634. Drouin (H.), 139. à Drzewina (Mme A.), 126. Duboc (Mlle T.), 532. Dubois (Emm.), 694. Dubois (G.), 92. Dubois (R.), 564. Duboucher (H.), 320. Dubrisay (R.), 223, 662, 695. Duchein (P.), 93. Duchon (F.), 188. Duclaux (J.), 28. . Duflleux (M.), 492. Duffour (A.), 491. Dufour, 412. Dufour {Ch.), 91. Dufour (Marcel), 125, 155, 628. Dufourt (A.), 448. Dufraisse (Ch ), 125, 127, 353, 414, 416, 492, 493, 696. Dufrénoy (Jean), S1 à 83, 443, 146. Dumas (G.), 90. Dumas (J.), 631.663, 728. Dunoyer (L.), 254, 318, 413. Du Pasquier (L G.), 565. Dupont (G.), 127. Durand (J.), 221, 597. Dussault (L.), 92,156, 187. Dutheil (H.), 92. Duval (M.),93, 382, 412, 532, 566, 725. Dye (D. W.), 496. : E Eblé (L.), 597. Effront (J.), 61, 664. Ehringer (G.), 664. Ehrmann (F.), 446. Einstein (Alb.), 152, 311. Elam (Mlle C.), 32. Elles (Gertrude L.), 659. Ellis (C. D.), 495. Emanaud (M.), 717. Emberger (L.), 61. Ephrussi (B.), 494. Esclangon (E.), 28, 252. Etrillard (P.), 565. Evans (H. M.), 632. Ewing (Sir J. À }, 384. Eydoux (D.), 21. F Fabre (Henri), 724. Fabre (Lucien), 56, 594, Fabry (Ch.), 492, 594. Faideau (F.), 692. Faillebin, 90, 725. Faillie (Robert), 279. Fallot (P.), 531, 563. Falque (A.), 128, 383. Farid Boulad Bey, 530. Fatou (P.),317, 381,693, 724. Faucon, 287. Fauré-Frémiet (E.), 31, 32, 93, 382, 412. Favé (Louis), 531. Feissly (R.), 696. Fernbach (A.), 93. Fernbach (E.), 222. Ferrié (G. Général), 126. Ferrier, 410. Ferrouiliat, 568. Feuerbach (A.), 726. Feytaud (D° Jean), 408, 599, Fichot (E.), 221, 726. Fichtenholz (G.), 631. Filon (L. N. G.), 495. Fischer (H.), 693. Fischer (R.), 494. Fisher (R. A.), 160. Flajolet (Ph.), 381. Fleming (Al.), 495. Fleury (P.), 693. Florentin (D.), 694. Fonzes-Diacon, 288, 567. Forcrand (R. de), 248, Forster (A.), 443. Fosse (R.), 29, 61, 283. Fossey (M. de), 565. Fouassier (Marc), 94, 287. Fourcade (M.), 320. Fourneau (E.), 223, 533. Fournier (E.), 91, 597, 724. Fournier (G.), 599. Fournier (L.), 382, 534. Foveau, 158. Fowler (R. H.), 384. Fox (F. W.), 256, 600. Fox (Ph.), 187. Fraipont (Ch.), 122. François (Louis), 3% à 4%, 165 à 174. François (M.), 492, 531, 533. Fréchet (Maurice), 20, 84, 151,214, 524, 557, 657. Fredericq (L.), 631. Fredholm (E. J.), 187, 283. Freeth (F. A.), 496. Fréjacques (M.), 157,191, 447. Fresenius (C. R.), 406. Freundler, 349. Friedel {G.), 28, 412, 414. Frigon (Aug.), 381. Fritsch(J.) 719, Froidevaux (J.), 349. Fromaget (J.), 187. Froment-Guieysse (G.), 441. Fron (G.), 87, 249. Frontard, 158, 221, 252. Frossard (H.-J.), 158. Funke (G. L.), 693. G Gagnebin (Elie), 293 à 304. Gaillard (G.),31. Gain (Edmond), 26, 96, 255, 283, 288, 380, 413, 489, 536, 568, 599. Galibourg, 158, 283. Galippe (D° V.), 248. Galliot (Dr), 282,315, 348, 444, 490, 660, 692. Gambier (B.), 90,158, 189, 252, 316, 413. Gandillot (Maurice), 258. Gard (M.), 662. Gardner (J. A.), 256, 600, Garrault (Mlle H.), 382, 412. Garrelon (L.), 448,628. Garrigou-Lagrange (P.), 283. Garvin (M.), 30, 493. Gattefossé (J.), 312, 559. Gattefossé (R. M.), 312. Gaubert (P.), 316, 694. Gaudefroy-Demombynes, 315. Gault (H.), 221,531, 563. Gaumont (L.), 724, Gaunt (R.),416. Gautier (R.), 255. Gay (P.), 664, Geffroy (J.), 403. Geloso (M.), 414. Genieys (P.), 320, 384. Gentil (L.), 61, 125, 442. Georgevitch (P.), 190. Gerald (P.), 414, 493. Gervais (Prosper), 567. Gessard (C.), 351. Gevrey (M.), 60, 126. Gèze (J. B.), 64. Giacobini, 662, Giaja (J.), 285. Gifford (J. W.), 192. Gignoux (M.), 187, 531, 563. Girard (Pierre), 32, 446,448, 493, 494, 534. Giraud (G ), 251, 493. Giraud {Mlle M.), 493. Gire (G.), 445. Glangeaud (Ph.), 156. Glazebrook {Sir.R.), 496. Gleditsch (Mlle E.), 221. Gley (E.), 533, 534, 638 à 645. Glover {J.), 187. Goblot (Ed.), 596. Godchot (M.),157, 188. 743 Godeaux (L.), 96, 160, 288, 599, 631. Goiffon (R.), 696. Goldsbrough (G. R.), 536. Gonzalez (P.), 159. Goræ (P. de la), 488. Gorceix (Ch.), 187, 446. Goris (A.), 92, 187, 313, 598, 695. Gosse, 413. Gossot, (F.), 61, 214, Got(Th.), 311, 346. Goudey (R.), 662. Goudie (William), 403. Gouin (André), 64. Goujon (A.), 490. Gourdon {(L.), 123. Goursat (E.), 251, 284, 316, 688. Gouy (G.), 28, 125, 158. Goy (P.), 413. Grace (S. F.), 600. Gramont (A. de), 126, 724, 726. Grandmougin (E.), 29, 91, 127, 188, 291, 317, 694. Granel (F.), 532, 533. Granger (A.), 447, 491. Grasset (E.), 493. Gravet (Fernand), 184. Gravier (Ch. J.), 223, 413. Gray (J.), 384. Grebel (A.), 350. Greilsammer (René), 94, Grenet (H.), 189. Grenet (L.), 350, 724, Grigaut (A.), 160, 224, Grignard (V.), 530. Grimbert (L.), 690, Grouiller (H.), 2. Grumbach (A.), 160. Gruvel (A.), 288, 349, 630, 659. Grynfeltt (E.), 253. Grysez(V.), 351. Guebhard (A.), 283. Guérin (P.), 157. Guéry (F.), 414. Gueylard (Mlle F.), 664. Guiart (J.), 690. Guichard (C.), 91, 126, 221, 349. Guignard (L.), 725. Guilbert (A.), 630, Guilbert (G.), 222. Guillaume (A. C.), 565, 662. Guillaume (Ch. Ed.), 60, 246. Guillaume (Edouard), 5 à 10, 324, 5+3 à 582. Guillaume (J.), 28, 283, 410, 491. Guillaume (L.), 221. Guillaumin (G.), 317, 350, 410. Guillaumin (A. J.A,), 597. Guiïllemet (A.), 222. Guillemet (R.), 563. Guilleminot (H.), 220. Guillet (A.), 415. Guillet (L.), 126, 441, 724, 727. -Guilliermond (A.), 157, 189, 532, 563. Guioth (J.), 189, 223. Gulbransen (R.), 416. Guldberg (Alfr.), 564, 661, 724. Guntz (A. A.), 223, 381. Gutton (C.), 252. Guye (C. E.),126, 156. Guye (Ph. A.), 252. Guyénot (E.), 320. H Haag (J.), 21, 85, 152, 525, 726. Hackspill (Louis), 558. Haguenau (J.), 385. Haldane (Lord), 485. Hall (J. G.,) 313. Haller (A.), 222, 252, 349. Hamel (G.), 93, 725, Hamy (M.), 126, 221, 252, 630, 726. Hansson (H.), 629. Hardy (G. H.), 494. Hardy (W. B.), 416. Harle (H.), 192. Harrington-Hudson (R.-J.), 624. Harris (D, T.), 416. 744 TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS Harrison (D. N.), 632. Hartley (H }), 256. Hartridge (H.), 568. Harvier (P.), 696. Havelock (T. H.), 384, 536. Heald (C.B }), 256. Helbronner hŸ 382. Hemptinne (A. de), 96, 352. Hemsalech (G. A.), 126. Henneguy, 251. Henri (V.), 222, 564. Henriot (E.), 96. Henry (P.), 125, 410. Hérelle (F. d'), 192. Hérissey (H.), 29, 725. Hermet (P.), 631. Hervé de Pommereau, 189. Hesse (E.), 29, 62, 126. Hewitt (J.A.), 160, 495: Hickel, 286. Hieulle (A.), 61, 283. Hilditeh (T. P.), 192, 632. Hill (L.), 255, 416. Hill (V.), 495. Hins (C. H.), 450. Hinshelwood (C.N.), 256, 632. Hjalmar /E.), 693. Hjort (J.), 568.” Hodgson (T. R.), 658. Hogben (L. T.), 884, 536. Hollande (Ch.), 695. Holst (G.), 629. Holweck, 190, 254. à Hommell (R.), 286. ï Horst (Mille H. van der),126. Houlbert (C.), 92, 190, 407. Hovasse (R.), 62, 446. Hovelaque (Emile), 24. Howe (H. M.), 441. Hubert (H.), 60, Hubert-Desprez, 28. Hulthen (E.), 564. Humbert (P.), 90 Husson (A.), 531. Hutinel (J.), 156. Huxley (J. S.), 384. L Imbart de la Tour, 287. Isch-Wal], 631, J Jacob (Ch.), 29, 91, 195, 157, 188, 221, Jacques (R.), 125. Jacquinot (0.), 657. Jacquot (R.), 663. Jaloustre (L.), 91, 320, 725. Jammy (E.), 346. Jancou (A.), 351, Janet (M.), 156, 283. Janet (Paul), 491. Janzen (J. W.,, 696. Jarry-Desloges, (R.), 447, Jasse (Mlle O.), 410. Jauch (L.), 487, Jeannel(R.), 126, 187. Jeffery (G. B.), 495. Jenkins (J. Travis), 218. Jequier (R.), 408. Jessop (T.), 495. Jimenez (J.), 29. Job (A.), 153,381, Job (P.), 188, 253. Joessel, 661. Joleaud (L 364 à 377%, 389,443, 489, 627, 659, 692, 699, 200 à 709. Jolibois (P.), 127, 414. Joly (H.), 92, 223, 317, 411, 695. Jones (J. E.), 416. Jonesco (St.), 414, 629, 693. Jordan (Camille), 92. Jouaust (R.), 61, 491, 724. Joubin (L.), 769 5! Jouguet (E.), 183. Juge-Boirard (G.), 189. .), 29, 58, 87, 91,122, 195, 154, 218, 248, 280, 3236 à 345, 348, 529, 559, Julia (G.), 126, 158, 189, 222. Jumelle (H.), 157, 187, 253, 446. Juvet (G.), 593. K Kanthack!R.), 86. Kapteyn (J. C.), 661. Karpen (V.), 445, 491. Kellaway (GC. H:), 495. Képinow (L.), es 351, b33, 534. Kerforne (F.) Kergomard re Th), 565, Khouvine-Delaunay (Y.), 631. Kidd (F.), 32. Kilian (C.), 664. Kilian (W.), 60, 661. Kirchberger (P.), 689. Kling (A.), 91, 625, 694, Klingstedt (F. W.), 222, 563, 724. Koehler (R.}), 87. Kofman (Th.), 598. Kofoïd (Charles-Atwood\, 380. Kohler (Mlle D.), 564, 629. Kohn-Abrest, 284. Kollmann (M.), 31, 93. Kopaczewski (W.), 126, 284, 358 à 364, 610 à 619. Koskowski (W.), 93, 255, 284, 448, 566. Krogh (A.), 224. Kugelmass (1, N.), 533. L La Baume-Pluvinel (A. de), 158. Labbé (A.), 318, 350, 664, 694. Labbé (H.), 383. Labbé (M.}, 383, 534, 696. Labussière, 189, Lacapère (G.), 348. Lacoste (J.), 661. Lacroix (A.), 253. Ladreyt (F.), 350. Lafon (P. ), 694. Lafosse (Henry), 287. Lagotala (H.), 317. Lagrange (R.), 28, 158, 189. Lagrula (J. Ph.), 28 Lalande (André), 596. Lallemand (Ch.), 90, 125, 251, 562. Lamb (C. G.), 600, Lambert (P.), 492, 530. Lambling (E.), 691. Lameere (Aug.), 496. Lamotte (Marcel), 524, Lamouche (A.), 454 à 462. Landrieu (P.), 415. Lang (E. D.), 32. Lange (A.), 183, 218, 406, Langeron (L.), 566, Langeron (D° M.), 249, Langevin (P.), 30, 127. Langlois (J.P.), 124, 383. Lanquine (A.), 283. Lantz (R.), 492, 533. Lanzenberg (A.), 128, 351. Lapicque (Mme L.), 31, 192, 565. papicaue (L.),31, 224, 285, 412, 534 565. La place (P. S.), 214, band (Mlle Marg. }, #13. Lassieur (Mme A.), 91. Lassieur (A.), 91. Laugier {H.), 128, 224, 382, 533. Launay (L. de), 57,527. Launoy (L.), 128, 383. Laupin (F.), 60 Laurent (J.),59. Laux (N.), 92. Lavallée (P.), 288. La Vaulx (R. de), 132,197, 282, 330 à 336, 446. Lavedan (J.), 255, 494, Laveran (A.), 381. Lavialle (P.), 493, Lebailly (Ch), 413. Lebeau (P.), 127, 530. Le Ber (Mme A. G.), 725. Lebesgue (H.), 410, Lebeuf (A.), 624. Leblanc (Maur.), 412, #13, 492, 530. Lécaillon (A.), 62, 252, 410, 446. Lecarme (J.), 410. Lecat (Maur.), 19, 221. Le Chatelier (AIfr ed), 64, 95, Le Chatelier (H.), 251, 112. Lecointre, 726. S Lecomte (H. ) 297. Lecomte du Nouy (F.), 350, Lecomte du Nouy (P.), 253, Lecornu (L.), 126, 311. Le Danois (Ed.), 630, 726. Ledebt (Mlle S.), 663. Leduc (A.), 666. Lees (C. H.), 160, 600. Lefrou {G.), 630. Le Gavrian (P.), 484. Legendre (J.), 631. Legendre (R.), 160, 663, Léger (L.), 26, 62, 126, 695. Léger (M.), 156, 662. Le Grand (A.), 383. Legroux (R.), 29. Lehmann (O.), 447. Lelieuvre (Maur,), 85 Lemay (P.),91, 320, 725. Lémeray (M. E.), 85, 491, 531. Le Moal, 188, 287. Lemoine (G.), 694. Lemoine (P.), 92, 218, 661. Le Morvan 90, 189, 445, 629 Le Moult (Léopold), 567. Lenoir (M.), 413, 695. Le Noir, 565. Lepape (Ad.), 253 Leplat (G.), 288. Leriche (M.), 91. Léris (Pierre), 124. Leroide, 191, Le Roux (J.), 28, 252, 663, Le Roux (M.), 722. Leroy (A. Max), 567. Lesage (P.), 62, 221, 447, 695. Lespieau (R.), 29. Lesur (Léon), 278. Levaditi(C.), 90, 93, 94, 222, 224, 252, 320, 389, 383, 414, 448, 534, 565, 696. Levina (L.), 384. Lévy (Max M.), 728. Lévy (P.), 251, 445, 693. Lévy (Mlle), 728. Lewis (S. J.), 255. L'hermitte (J.), 224. L’Hoest (Louis), 24. Lhomme (Jacques), 287, 447. Liacre (A.), 224. Libert (E.), 255. Lichtenstein (J.), 29. Liévin (O.), 251. Lindeberg (3. W.), 410, Lindet (L.), 535, 664. Lindh Ki 447. Lindsay, 49, Ling (A. R.), 32. Liot (A.), 187. Liourille (R.), 61, 214. Lipmann (D: J.), 535. Lipschutz (A.), 416, 494, 632, Li-Shou-Houa, 493, Lloyd (D. J.), 160, Locard (D' Edmond), 421 à 433. Lock (C. N. H.), 384. Locquin (R.), 410, 412,445, 491, Loeper (M.), 192, 566, 696, Loisel (P.), 29, 698, 725. Lonay (H. ), 352. Long (A. K.), 23. Longchambon {H.), 414. Longchambon (L.), 492. Lopez-Lomba (J.), 728, Loria (Gino), 277. Lormand (Ch.), 64. Lory (P.), 411. Lowett (E, O.), 316. Lumière (Aug.), 61, 157, 222, 285. > TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS 745 Lumière (L.), 316. Luquet (A.), 696. Lurquin (C.), 661. Lusin (N.), 563. Lwoff (A.), 61, 663, 69. M Macaliester (R. A. S.), 691. Mac Aulay (A.), 494. Mackall (CG. M.), 416. Mackenzie (Sir James), 444. Mac Lennan (J. G.), 609. Mac Leod (A 688. Mac Mahon (P. A.), 160, Mac Mahon Ce P> RS 160. Mac Millan (W. D.), 724. Madinhac (Mme de), 724. Maggini (M.), 662. Magitot (A.), 255. Magrou (J.), 443. Maheu (J.), 316. Maignon (F.), 128, 197, 190. Mailhe (Alph.), 157, 251, 348. Maillard (Louis), 245. Maire (R.), 532. rene (D:), 535. Majorana (Quirino), 20 à 25. Males (B.), 285 Malfitano (G.), 316. Mallemann (R. de), 492, 531. Mandrot (B. de), 630. Mangenot (G.), 157, 189. Mangin (L.), 94, 287, 563. Manouélian (Y.), 316, 662. Manson (Sir Patrick), 349. Maquenne (L.), 350, 379, 410, 531. Marage, 92, 662. Marcelin (A.), 533. Marchadier (A. L.), 490. Marchal (Mlle G.), 382, 531, 566, 696. Marchal (Paul), 64, 287, 316. Marchand (Henri), 3, 35, 130, 227, 290, 356, 389, 418, 459, 501, 602, 635, 677 à 680, 698, Margoulis NAS 347, 378,445. Marguet (F.), 1 Marie (A.}), 62. Mariller (C.), 629. Marinesco (G.), GOZ à 610, 7: Martens (P.), 496. Martin (J. B.), 568. Martinet (Jh.), 527, 572. Martin-Zédé, 62. Martonne (Emm. de), 29, 90. Mascart (J.), 252, 630. Mascré, 695. Massé (Alfred), 95, 598. ro CA Mathias (E.), 24, 410, 552 à 556, 694. Mathias (P.),630. 285, 319, 382, envR (G.), 157, 191, 447. Mauny (Ch. Fr. de), 95. Maurain (Ch.), 76 à 80, 724, Mawas (J.), 259, 984. Mayes (Ch.), 160. Mayet (L.), 349, Mozé (P.), 725. Meidell (B.), 663. Mélant (A.;, 631. Melon (J.), 496. Ménager (Mile), 349. Mendes Corréa (A. A.), 153, 156. Mengel (O.), 530. Menges (Ch.), 629, 693. Mentré (P,), 694. Mercanton (P. L.), 316,411, Mercier (L.), 29, 157, 188, 317, 564. Merlin (E.), 412, 564, 661. Merton (T. R.), 632. Mesnil (F.), 253. Mesny (R. \ 661. Mestrezat (W.), 255, 446, 493, 494, 534. Metalnikow (J.), 533. Metalnikow (S ), 92, 160, 448, 494, 663. Meunier (G.), 157. Meunier (Stanislas), 559. Michaïlesco, 725. Mickaud {F.), 222, 350. Michel (A.), 29. Michel (P.), #14. Mie (G.), 378. Miège (E.), 566, 567, 599. Mignonac (G.), 191, 192. Migot (A.), 320. Millot (J.),448, 49%, Millot (Stan.), 252. Milne (E. AÀ.), 632. Milon (V.), 725. Milon (Y.), 90, 253. Mineur (H.), 445, 563. Miramond de Laroquette, 188. Mirande (M.), 563, 56%, 597, 629, 661. Mittag- Leffler (G.), 222, 316. Mitzakis (Marcel), 627. Moch (Gaston), 56, 689. Moinson (L.), 62. Mokragnatz (M.), 491. 564. Molliard (M.), 248, 251, 533, 664. Monaco {Albert de), 447. Mondain Monval (P.), 283, 492. Monnet (P.), 157. Monod (O.), 494. Monod (Théodore), 10 à 18, 69, 88, 100, 154, 164, 189, 229, 281, 292, 395, 409, 419, 453,529, 541, 572, 660, 723. Montagne (Mlle), 317, 412. Montané (J.), 598. Montel (P.), 61, JL Montoriol (E.), Moog {R.), 285. Moore (Ch.), 563. Moraz (V.), 446, 494, 534, Moreau (Mme E.), 284, Moreau (E.), 284. Moreau (L.), 286. Morel (A.), 313. Moret (L.), 62, 156. Moreux {Th.), 188, 252, 439, 557, Morsier (G. de), 224. Mottet, 288 . Mottram (J. C.), 568. Mouret (G.), 187. Moureu (Ch.), 125, 127, 153, 416, 492, 530, 696. Mourgeon (A.), 383. Mouriquand (G.), 414. Moussu, 566. due 349, 597. 253, 383, * Muguet, 91. Muller (A.), 662. Murgoci(G.), 563, 564. Murray (F. H.), 410. Muttelet (C. F.), 92. Myller (A.),283, 694. Myrberg (P. J.), 410, 661, 663. N Nachtergal (A.), 121. Nageotte (J.), 494, 534, 565. Nangi (D. R.), 32. Nattan-Larrier (Mme M.), 192. Navarro Martin (A.), 252, 285, 382. Navez (A.), 496. Nègre (L.), 224, 285, 728. Négris (Ph.), 62, 156. Nemec (A.), 188. Nepveux (F.), 534, Nepveux (P.), 383. Neuberg (J.), 96. Nevanlinna (F.), 661. Nevanlinna (R.), 381, Neveux (V.), 183, 718. Nicholson (J. W.), 160, 384. Nicloux (M.), 60, 445. Nicolardot (P.), 224. Nicolas (E.), 30, 93. Nicolas (E. G.), 664. Nicolas (G.), 316, 447. Nicolau (S.), 93, 94, 222, 448, 565, 696, 728. Nicolle (Ch.), 222. Nicolle (M.), 443. Nobécourt (P.), 446. Nodon (A.), 284, 724, 696. 224, 383, 414, Noël (R.), 187. Noether (Max), 189. Nordmann (Ch.), 56, 90, 18 Norlund {N. E.), 252, 316, Normand (G.), 253, 320, Notlin (P.), 189. Nuttall (G. H.F.), 224. 9,445, 629. . Nuyens (M.), 600. O Obaton (F.), 447, 664. Oberthur (Ch.), 92, 190. Ocagne (M. d'), 91, 125, 126, 230 à 239, is 620 à 623, 629, 662. Oehmichen (Etienne), 22% Oliveira (de), 534. Olivier (E.), 534. Olmer, 724, Olombel (M.), 384. Onnes (J. K.), 126, 694. Onnes (H. K.),410, Oosterhuis (E.), €29. Oppermann (A.), 84. Orcel (J.), 532. Orékhoff, 694, 728. Osborn (Henry Fairfield), 185. Ottow (B.), 416. Owens (J. S.), 495. Oxley (A. E.), 495. Ozorio de AS (M), 224: P Pachon (V.), 565. Pacotte (J.), 216. Pagézy(Eug.), 3N1 Pagniez (Ph.), 534, 728. Paiilot, 95, 599. Painlevé (P.), 317. Palfray, 349, 415. Panisset (L.), 93, 41%, 446, 493, 533. Parenty (H.), 28. Parès (L.) 493. Paris (E. T.)\, 600. Paris (P.), 154. Pascal (P.), 157, 218, 445, 663, 724, Pasteur Vallery-Radot, 383. Pastureau, 412. Patouillard (N.), Paucot (R.), 290. Paychère, 384. Payenneville, (J.), 494. Pearson (A. R.), 256 Pécheux (Hector), 406. Pelabon (H.}), 60, 127. Pellegrin (François), 184. Pellegrin (C1 F. L. L.), 186. Pellegrin (J.), 252. Pelleray (E.), 441. Pelosse (J.), 382, 413. Pérard (A.), 63, 158. Pereira de Souza, 661, 664. Perez(J. R.), 534. Perkins de oh 563. Perot (A.), 92, 252, 318, 693, Perrier (A E 630. Perrier (G.), 158, 188, 216. Perrin (F.), 533. Perrot (Emile), 442. Perucca (F2), 597. Peters (R. Ac), 568. Petit (Alb.), 61, 284, 382. Petit (H.), 285” 567. Petiteau (C.), 365. Petitpas (J.), 158 Petronievices (Branislav), 34° à 402. Petrovitch (M.), 20. Pettit (A.), 529. Peyron, 156. Pézard (A.),413, 53 Pezzi (C.), 696. Pfender (Mile J.), 29. Philippson (M.),352, 631. Phisalix (Mme M.), 694. Picado (C.), 351, 631. Picard (Em.), 531, Picart (L.), 693. 563. , 401 , 663, 694, 725. 746 Pichard (G.), 157, Pickering (J. W.), 495 Picon (M.), 530, 661. Pictet (A.), 316, 445. Pidduck (J. B.), 384. Piéron (H.), 350, 352. Piettre (M.), 159. Pigal (H,), 182. Pinard (A.), 661. Planio]l (A.), 189, 251. Planiol (R.), 28, 350, 351. Plantefol (L.}j, 90, Plotz (H.), 350, Poincet, 403, Poirée (J.), 245. Poisson (R.), 221, 317, 565. Poivilliers, 662. Policard (A.), 189, 631, 662. Polonovski (Max), 533. Polonovski (Michel), 533. Poma (G.), 352. Pommereau (H. de), 491. Ponder (E.), 160. Ponse, 411. Ponse (K.), 320. Popesco (J. G.), 492, 531. Popoff (K.), 221, 533. Portevin ({A.), 447, 694. Portier (P.), 93, 382, 472, 532, 542 à 544, 566, 725, 728. Potin (L.), 22, 217, 311, 441, 485, 528, 593, 625, 658, 689. Poucholle(A.), 188. Pozerski (E.), 728. Predhumeau, 382, Prenant (A.), 220, 250, 322. Prenant (Marcel), 7595, 664. Prévost (G.), 189, Procopiu (St.), 317, 530. Prudhomme (M.), 293. Prunier (L.), 407. Pruvost (P.), 599. Pruvot (Mme A.), 190. Purdy (A. C.), 530. Purvis (J. E.), 658. Puyal, 223. Puymaly (A. de), 223. R 353, 382, 5929, 598, Rabaté (E.), 287. Riabouchinski le ), 564. Radovici (A.) Raman (C. Yi Ga, 160, 256. Ramart-Lucas (Mme), 222, 349, 350, Ranque (G.), 30. Ranvier (L.), 251. Rateau (A. +), 412, 413, 445. Rathery (F.), 253, 384, 491, 534, 598. Ravaz |L.), 29. Raveau (C.),630, 694. Ravina (A.), 534, 728. Ray (B.), 32. Ray (R. C.), 632. Raybaud, 286. Rayleigh (Lord), 192, 600. Reboul {G.), 351, 411, 727. Recoura (A.), 411, 447. Regaud (CI.), 320, 383, 384, 562, 566. Regelsperger(G.), 59, 98, 133, 185,250, 292, 379, 407, &U1, 637, 669. Reich (J.), 381. Remaur (Jean), 24. ‘ Rémoundos (G. J.), 158, 252, 412, Removille (M.), 29 Rémy, 411. Reverchon (Léopold), 526. Rey (D: E.), 64. Roy (J.), 125, 565, 629. Riabouchinski (D.), 92, 349. Richard (J.), 85, 182, 194, 245,403, 484, 690, 718. Richard (P. J.), 310. Richardson (O. W.), 347. Richaud (A.), 98, 128, Richet (Ch.), 28, 156, 252, 282, 725. Richet (Ch. fils), 289, 534, 565. Ricome (H.), 251. Ridewood (W. G.), 536. Rietz (T.), 31. Rigotard (Marcel), vi 560, 627. Ringelmaun (M.), 9 Rinjard (P.), 30. Riou (P.), 233, 411. Riquier, 410, 412, 413. Rivière (J.), 157, 381. Roaf (H. E.), 536. Rochaix (A.), 60, 598, Roger (E.), 725. Roger (H.), 4,128, 448. Rolet (Antonin), 209 à 213, 541. Rolland (P. Le), 526. Roman (F.), 725. Romieu (M.), 94, 384, 447, 564. Rosenblatt (Mme M.), 157. Ross (J. H.), 316. Roubaud (E.), 253, 355 Rouch (J.), 162. Rouche (H.), 96. Rouelle (J.), 718. Rouge (E.), 531. Rougier (Louis), 526, 628. Roule (L.), 30, 188, 350, 722, 726. Roussel (J.), 246. Rousselot, 62, Roussilhe (H de 251, 694. Roussy (B.), Roussy (G.) Rouvière (. Roy (Louis), 1 0. 411. Royer (L.), 28, 317, 412, k14. Rudolfs (W.), 7382. Rüdy (R.), 126. BRueff (Jacques), 645 à 656, 680 à 687, 724. Rullier (G.), 222. Russo (P.), 92,317, 565. Ruymbeke (Van), 629. Ryziger (F.), 283. 92 , 383 ); S Sacerdote (P. À SE Sagnac (G.), 61, 126, 491. ane (Man 287, 535, Saillard (E.), 156. Sainte-Claire-Deville (Em.), 184. Sajevic (V. ), 61. Sakellarion {N. ), 563. Salet (P.), 91, 726, Salles (E.), 61 Saloz (G.), 160. Salmoiraghi (Angelo), 215. Salomon (T.), 221,531. Samdahl (B.), 221. Samec, 60, Sanchez y Sanchez (Manuel), 88. Sandon (H.), 632. Sandulesco, 533, Sanfourche (A.), 559, 565. Santenoise (D.), 448, Saragea (T.), 159, 566. Sarantopoulos (S.), 187,381, 724. Sarkar (B. B.), 416. Sartory (A.), 62, 528. Sauger (Maurice), 57, 162,283, 486. Sauvage (E.), 718, Sauvageau (C.), 222. Savornin (J.), 62, 188. Sazerac (R.), 90, 320, 383. Schaffers (V.), 725. Schaumasse (A.), 381, 662, 726. Schearer (C.), 384. Schein, 92. Schereschewsky (Ph.), 125. Schlumberger (G.), 157. Schlumberger (M.), 157. Schmidt MU one Schoen (M.); Schoep (A) 81. 188, 251, 349. Schoneboom (C! G.) 632. Schonland (B. J), 256, 600. Schoop (A. ‘ 284. Schribaux, 255, 286, 288. Schwartz (A.), 382, 534. TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS —— Schwarz, 60. Séguier (de), 662, Séguin (A.), 317. Seigle, 597, 529, 719. Sellerio (A.), 28, 662. Semichon (L.), 317, 536. Senderens (J. B.), 29, 188, 726. Sergent (Edm.}), 187. Serre (L.), 287. Servais (C.), 96, 160, 288, 352, 496. Seyewetz, 125, Shaw {P. E.), 496. Shearer (C.), 568. Sherrington (G. S.), 160. Siegbabhn (M.), 28, 221. Sierpinski (W.),563, 693. Silvestri (F.), 224. Simon (L. J.}, 445, 492, 597, 630, 663, 693, 724. Simon (Pol), 484. Sinkinson (15.), 256. Sirks (M. J.), 594. Slonimski (P.), 198, Smith (F. E.), 536. Sokoloff (Boris), 728. Solomon (1.), 534, 728. Solovine (Maurice), 121. Solvay (Ernest), L10. Sommelet (M.), 189, 223,726, 728. Soreau (R.), 518 à 523, 629, 724. Sorre (M.), 407. Souèges (R.), 284, 317, 598, 661, 693. Souffland (Mme G.), 248. Soula (L. C.). 320. Sourisseau, 288. Southwell (R. V.), 494. Souza (D. H,.), 160, Souza (G. de), 159. Sparre (M. de), 532. Spearman (C.), 526. Staebling (Ch.), 60. Stassens (A.), 388. Stefanesco (S.), 93, 316, 664. Stefanopoulo (G. J. 4 285. Steiner (P.), 564, 693, 726, Stephenson (Miles M. ), 256. Stern (L.), 255, 448. Stevens (F. L.), 313. Stillmunkès (A.), 93, 534. Stockings (W. E.), 256. Stoilov, 222. Stoklasa (J.), 254, 349, 567, 695. Stokvis (L. G.), 410, Stoquer, 94. Stormer (C.), #11. Straelen (V. van), 695. Stroobant (P.), 96. Strzyzowski (C.), 159. Stuart-Menteath (P. W.), 726. Stumper (R.), 62, 156, 448. Sudria {J.), 349, 412. Sutherland (G. A.), 160. Swarts (F.), 96, 631. Swezy (Olive), 380. Szilard (B.), 413, 445. T Tafin, 28, 61, 91. Tamm (R.), 632, Tanret (G.), 222, 285. Tarazona (I.), 283. Tassy (Edme), 124. Taylor (G.I.}, 32, 536, 632. Teilhard, 695. Termier 1P. ), 29, 694. Terroine (E.F.), 410, 530, 598, 662, 726. Théry (Edmond), 64. Thévenot (L.), 448. Thibaudeau (J.), 123. Thiébaut (M.), 564. Thiéry (P.), 349, 447. Mhiry (R.), 153, 205 à 209, 225, 312. 406. Thomas (A.), 593. Thomas (J.), 93. Thomas (V.), 157. Thompson (W.R ), 317, 410, 414, 448. TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS 747 —_—_————————— Thomson (Sir J. J.), 379. Weber (A.), 446, 664. Thorpe (Jocelyn Field), 526. Wehrlé (Ph.), 125. Thoulet (J.), 188, 284, 349. Weil (P. Emile), 631. Thuillant (R.), 48. Weill (E.), 448 Tian (A.), air. Weiss (H.), 125, 410, Æiffeneau (M.), 531, Weissmann (Ch.), 494. Vaudremer (A.), 31. Vaulx (R. de la), 184 à 181, 490. Vavon (G.), 531, 563. Veil (Mlle S.), 195, 134 à 140. Velu (H.), 288, 599. 544 à 552, | Vergé(G.), 29. 583 à 592, 694, 728. Tillieux (J.), 441. Ua (J.), 126. Verge (J.), H14, 446, 493, 533. , Yermeylen (G.), 253, 320° ‘Vernadsky (J. Ww.) 563, 564, Weitz (R.), 696. Welter (G.), 445. Wertheimer (E.), 187, Tits (D.), 599. Verne (J.), 696. West (C.), 32. Topley (B }), 256. Verneau (D'), 261 à 26%. Weyl (H.), 404, Toporescu (E.), 251,531. Toulon (P.), 413. Touplain, 411. Toutée(Gul),64. Trabut (D'), 94. Treadwell (A. Louis), 409. Trias (A.), 384. Trillat (A.), 532. Tritchkovitch (Mile J.), 253, Trouessart (E. L.), 280. Trousset (J.), 317. Truelle, 599. Truffaut (G.),598. Tucker (W. S.), 256. Turchini (J.), 192, 627. Tutton (A. E. H.), 496. Tzanck (A.), 128. Tzitzéica (G.), 91, 382. Vernet (G.), de Vernon (H. M.),255. Verschaffelt (J. DE 96. Vessiot (E.), 277, Viala (J.), 662. Vidal (Dr), 568. Vidal de la Blache (P.), 488. Vieille (P.), 215. Viennot (P.), 29, 61, 726 Vignat, 125. Vignes (H.), 631. Vila (A.), 316, 662. Vilcoq, 64. Villat (Henri), 152, 189, 564. Villate (Capitaine), 186. Villedieu (G.), 190. Villedieu (Mme G.), 190. Villem (V.), 96. Villemin (F.), 154. Whetham (M.), 256. White (EF, P.), 160. Widal (F.), 156. Wilkosz (W.), 156. Williams (Kenneth P.), 378. Willotte (H. } 311. Wilmott (A.J.), 32. Wilson (E, , 600, Winogradski (S.), 532. Winton (F.R.), 536. Wintrebert (P.), Witz (Aimé), 57, 121, 689. Wolfers (F.), 141 à 144. Wolff (J.), 28. Wolff (L. K.), 696. Wolff (Mile N.), 411. Wollmann (E.), 285, 320, 414. Womersley (W. D.), 192! 448, 531, 564, 597, 630. 346, 204, 559, U Jilley (J.), 48 à 55, 60, 158, 191, | Wood (F: B.), 600. Ubach (J,), 222. 526. rl Woog (P.), ps 915 Urbain (A.), 93, 565. Vilmorin (Jacques de), 286, 447, 599. Worms (René), 287. Urbain (G }), 2, 381, 411. Vincent (H.), 383. Wouseng (S./), Au ne 445, 491. Urbain (P.), Vinet (E.), 286. Wulf (Le P. Th. 114 Urysobn tb ; Fa 597. Violle (P.-L.), 32. Wurmser (Mlle), ue Vischniac (Ch.), 696, Wurmser (R.), 410, 530, 598, 663. V Vlès (F.), 631, 728. : 29 Vogüé (Marquis L.-de), 95. Y er y ue Von (3), RE | 499 Ras (D.), 531, 532, Valiron (G.), 19, 86, 284, 412, 688. Se Mn Von CN Vallée (H.), 99, 532. ne PAP OPERA ë ; Vuillemin (P.), 283, 317,493, 528, 563 Vallery-Radot (P.), 128, 348. 629. 693 Z Vallois (Henri V.), 155, 444, REA Vallon (H.\, 412. ww Zacharewicz, 598, Valtis (J.), 696. Zaepffel (E.), 90. Vandel (A.), 281, 446. Wagner (C.), 416, 632. Zaremba (S.), 410. Vaney (CI.), 382. Waguet (Pierre), 280. Ziminern qe ), 61,157, 566. Varan {H. P.), 192. Wabl (A.), 253, 320, 492, 533. Zivy (L.), 630. Varigny (H. de), 89. Walker (E. W. A), 956. Zivy (R.), 662. Varopoulos (Th.), 90, 125, 381, 564. Walter (G.), 6. Zoretti (L.), 85. Vauclin (L }, 23. Warcollier, 188, 287. Zweïbaum (J.), 128 Sté Gle d'Imp. et d'Edit., rue de la Bertauche, 1, Sens. u ï ; \ . 124 l \ « \ { 6 L / F ) { À - \ $ Are £ 3 RI \ | LA : : Ë nié ! L ’ \ i ; v Re ? is l 3 û L j NE F \ EX û LA s CAT { ; ll ù j ï és LI te : INFORMATIONS - Exposition de tous les appareils ou matériaux ayant trait récupération et à la conservation de la chaleur. — L'ex- position des appareils de contrôle de la chauffe qui a eu lieu en mars 1921 ayant eu un grand succès, l'Office Central de Chauffe Rationnelle a décidé d'organiser en avril 1922 une exposition analogue portant sur d’autres appareils servant au chauffage industriel: - Comme la dernière fois, l’exposition sera limitée à une caté- gorie bien déterminée d'appareils ; on s’efforcera dans ce cadre restreint de réaliser une exposition aussi complète que possible, Le but visé est de permettre aux constructeurs et aux industriels de se rendre compte de l’état actuel de la question choisie. L'exposition, cette année, comprendra tous les appareils ou matériaux ayant trait à la conservation et à la récupération de chaleur. Elle sera divisée en deux sections : “I. Conservation de la chaleur. — Calorifuges. Réfractaires, [solants. [. Récüpération de la chaleur. — Récupérateurs et Régénéra- rs. Economiseurs, Réchauffeurs d'air. Toutes mesures seront prises pour permettre aux exposants, somme l’année dernière, des démonstrations expérimentales sous yeux des visiteurs, æ Société d'Encouragement à l'Industrie Nationale et la Société des Ingénieurs Givils de France ont bien voulu, comme lan passé, accorder leur patronage pour cette exposition. L'Office Central de Chauffe Rationnelle (5, rue Michel-Ange. Paris, 16°) serait reconnaissant à tous les exposants éventuels 8 bien vouloir se mettre dès maintenant en rapportavec lui. Fondation Edmond de Rothschild pour le développement la recherche scientifique. — La Fondation Edmond de Roth- child a pour objet d'encourager la recherche dans les sciences sico-chimiques, spécialement en ce qui peut servir au progrès nüustriel et à la prospérité nationale. Les subventions accordées à cet effet sont de deux sortes : a) Subventions accordées pour la formation de chercheurs ; b) Subventions accordées pour des recherches en cours. -A) Les subventions sont accordées à des Français justifiant aptitudes nécessaires et désireux des’initier à la recherche scientifique. £ 8s demandes doivent être adressées au Secrétaire Général la Fondation, M. Job, Professeur au Conservatoire National | Arts et Métiers, 292, rue Saint-Martin, et accompagnées des Dièces ci-dessous désignées ; ‘1° Extrait de naissance, 2 Curriculum vitæ avec intérieures, 3° Références ou attestations des maîtres qui ontpu apprécier :s aptitudes scientifiques du candidatet qui le recommandent à a Fondation, Indication du laboratoire où le candidat désire travailler et, i possible, un aperçu du domaine de recherches qu’il choisit et raisons qui le dirigent, * Déclaration du candidat affirmant que les ressources néces- es lui font défaut, et engagement de faire connaître à la dation toute demande analogue qu'il pourrait adresser ail- eurs, et de l’informer de tout cumul. ‘B) Subventions accordées pour les recherches en cours. Le chercheur doit adresser au Secrétaire Général de la Fon- dation une demande dans laquelle il indique la nature de son lavail, le but vers lequel il tend, les moyens dont il dispose, les Bisons qui justifieraient la subvention, Il s'engage à rendre ompte de l'emploi de la subvention et à présenter des rapports ur les résultats obtenus à la fin de chaque année, et à l’achève- nent de son travail. indication détaillée des études LIVRES REÇUS Tous les livres reçus par la Revue sont signalés sous cette rubrique vec une brève indication de leur contenu,sans préjudice de l'ana- ÿse critique dont ils pourront étre ultérieùrement l'objet dans la lartie bibliographique de la Revue. 7 1° Sciences mathématiques LAPLACE (P.S.): Essai philosophique sur les probabilités. vol. in-16 de 102 et 108 p. de la collection « Les Maîtres de la ensée scientifique » (Prix : 6fr.). Gauthier-Villars et Cie, Paris, Dans cet ouvrage, le célèbre mathématicien a traité, dans un tyle simple et lumineux et sans appareil mathématique, le pro- e des probabilités sous ses multiples aspects et marqué létendue de son application. HUMBERT (P.) : /ntroduction à l'étude des Fonctions ellipti- ques. 1 broch. in-8° de 38 p. (Prix : 3 fr.). Librairie scientifique J: Hermann, Paris, 1922. L'auteur a écrit cet opuscule à l’usage des étudiants des Facul- és des Sciences; en s'appuyant uniquement sur les résultats mentaires de la théorie des fonctions analytiques, il introduit rectement, par l'inversion de l'intégrale elliptique, les fonctions de Weierstrass. TALET (H.) : Etude géométrique des transformations biration- les et des courbes planes. + vol. in-80 de 262 p. avec 111 fig. : 32 fr.). Gauthier-Villars, Paris, 1921, > es SUPPLÉMENT À LA Revue générale des Sciences pu 15 Janvien 1922 4 A Cet ouvrage comporte un exposé de la Géométrie moderne qui, sans avoir l'impeccable rigueur des traités analytiques, a surtout pour but de pénétrer la structure de l'espace, ‘2° Sciences physiques AMPÈRE (A. M.) : Mémoires sur l'Electromagnétisme et l'Elec- trodynamique. 1 vol. in-16 de 111 p. avec fig. de la collection Les Maitres de la Pensée scisntifique (Prix : 3 fr.). Gauthier- Villars, Paris, 1921. Mémoires fondamentaux où Ampère a posé les bases expéri- mentales et théoriques de l'Electrodynamique, Verhandelingen van D' P, Zeeman over Magneto-optische Ver- schifnselen. 1 vol. in-8° de xv-341 p. avec fig. et pl. et 1 portrait. Ed. Ijdo, Leyde, 1921, À l'occasion du 25° anniversaire du professorat de P. Zeeman, on a réuni dans ce volume tous les travaux du savant hollan- dais sur le phénomène magnéto-optique qui porte aujourd'hui son nom, BAUER (Ed.) : La Théorie de Bohr. La constitution de l'atome et la classification périodique des éléments. 1 broch. in-8° de 52 p. avec fig. et 1 pl. (Prix : 4 fr. 50). Librairie scientifique J. Hermann, Paris, 1921. Reproduction d’une conférence de l’auteur à la Société de Chi- mie physique de Paris qui donne l'essentiel sur cette question à l’ordre du jour. NERNST (W.) : Traité de Chimie générale. Première partie : Propriétés générales des corps. Atome et molécule. 2 édition fran- çaise, d’après la 10e édition allemande par A. Convisy. 1 vol. in-8° de 620 p. avec fig. (Prix : 30 fr.). Librairie scientifique J. Hermann, Paris, 1922. Cette 2° édition française a été presque entièrement refondue pour mettre l'ouvrage au courant des derniers progrès de la science, qui, on le sait, sont particulièrement notables dans le champ couvert par ce premier volume. MICHEL (J.): Travail des métaux. 1 vol. in-16 de virr-355 p. avec 153 fig. de la Nouvelle collection des recueils de recettes rationnelles (Prix: 10 fr.). Librairie Desforges, 29, quai des Grands-Augustins, Paris, 1921. Recueil de tours de main, formules, recettes, relatifs à la fon- derie, aux alliages, moulages; à la forge, chaudronnerie, estam- page; au travail à la lime, burin, aux machines-outils; à la soudure, brasure, etc. 3° Sciences naturelles GALIPPE (V.) et SOUFFLAND (Mme G.): La Vie de la matière. Recherches expérimentales. 1 vol. in-8° de 116 P. (Prix : 10 fr.). Maloine et fils, Paris, 1921. Les auteurs exposent ici leurs recherches relatives à la pré- sence dans les fossiles, les météorites, les minerais, les laves volcaniques, d’organites susceptibles de culture et de multipli- cation, et résistant aux hautes températures, FEYTAUD (J.) : La Cité des Termites. 1 vol. in-12 de 136 P. avec fig. (Prix: 3 fr.). L. Lhomme, 3, rue Corneille, Paris: Féret et fils, 9, rue de Grassi, Bordeaux, 1921, Exposé très captivant des mœurs sociales du Termite lucifuge, des ravages qu’il cause et des moyens employés pour sa des- truction. &° Sciences médicales CHAVIGNY (D: P.) : Psychologie de l'Hygiène. 1 vol. in-18 de 288 p.de la Bibliothèque de Philosophie scientifique(Prix : 7fr,50). Ern, Flammarion, Paris, 1921, L'auteur met en évidence les causes profondes pour lesquelles certaines lois d'hygiène ont abouti à un échec et montre com- ment doivent être comprises les méthodes de propagande dans ce domaine, DOPTER (M.): Les maladies infectieuses pendant la guerre (étude épidémiologique). 1 vol. in-16 de 308 p. de la collection « Les questions actuelles » (Prix :9fr.). Librairie Félix Alcan, Paris, 1921. Exposédes maladies infectieuses qui ont sévi pendant la guerre et des moyens prophylactiques utilisés contre elles, qui en ont réduit fortement la mortalité. BENON (R.): Eléments de Pathologie mentale. Clinique et médecine légale. 1 vol. in-16 de 240 p. (Prix:6 fr.). G. Doin, Paris, 1922. La première partie de ce livre expose la pathologie mentale sous forme de syndromes; la seconde est consacrée à l'examen médico-légal. 5° Sciences diverses ROUGIER (L.) : La structure des théories déductives. 1 vol. in-18 de 136 p. de la Bibliothèque de Philosophie contemporaine. (Prix : 7 fr.). Librairie F, Alcan, Paris, 1921, L'auteur établit les conditions logiques auxquelles sont assu- jetties toutes les théories déductives et met en évidence leur caractère purement formel, qui leur permet de s'appliquer aux matières les plus diverses, CONTENAU (G.): La Civilisation assyro-babylonienne. 1 vol. pet. in-16 de 144 p. de la Collection Payot (Prix relié : 4 fr.). Payot et Cie, Paris, 1922. L'auteur ind que les résultats des fouilles les plus récentes et des progrès accomplis dans la résurrection de la civilisation \ Ps ro £. 2 : SOMMAIRES DES JOURNAUX SCIENTIFIQUES L'art est inséparable de l'histoire : elle l’explique,il l'illustre; tel est le thème de l’auteur,développéen 4 parties: le témoignage de l’art, les arts, les grands peuples de l'art, l'art et les patries, assyro-babylonienne qui remonte à plus de 3.000 ans ayant notre ] ère. LORQUET (P.) : L'Art et l'Hisloire. 1 vol. gr. in-16 de 304 p. (Prix : 10 fr.). Payot et Cie, Paris, 1922. oo SOMMAIRES DES JOURNAUX SCIENTIFIQUES 1° Périodiques généraux ; ce du jour. — CLoucu : Note sur les méthodes pour indiquer et mesurer les corrélations (avec exemples) — BUNNEMEYER, JARBOE, Mc AuLirrE : Les inondations du Texas en sept. 1921. Journal of the Washington Academy of Sciences (Easton), Pa, t. XI, n° 19 (19 nov.). Reep : Sur la corrélation entre deux fonctions etson applic. au cas général de la corrélation bâtarde. KimgALL et Hanp : Mesures de luminosité du ciel et de clarté s — BripGMann : La discontinuité de résistance précédant la supraconductivité, — WAsHINGTON : Les granites de Washing- ton, Journal of the Franklin Institute (Philadelphie), t. CXCII, n° 6 (Déc.). CarsON et GILBERT : Caractéristiques de transmis- sion du câble sous-marin, — KARRER : Forme prise par un — TANNEuiLz ; Vitesse du vent et fréquence de la pluie sur la côte du sud du Texas, — Humpureys : Groupement en masse des gouttes de pluie. — EsuLeman : Les grands lacs dimi- nuent-ilsila chute de pluie dans la saison de croissance des cul- tures ? — LANE : Appareil simple de remplissage pour le gon- flement exact des ballons sondé. — WooLarp: Histoire des théories des vents, des origines au début du xvri° siècle. Bulletin officiel de la Direction des Recherches scientifiques Journal of the Royal Society of Arts (Londres), t. LXX, n° 360% Revue philosophique, t. XCII, n° 11-12 (Nov.-Déc.). J. Lors : The Observatory (Londres), t. XLIV, n° 571 (Déc.). ReyNoups : M corps déformable immergé dans un fluide mobile, — Luckiescn, TayLor et SINDEN : Données sur la discrimination visuelle et les intensités d’éclairement désirables. — Eve : La Physique ily a cent ans. — SKinver et Sare : Etude des eaux d'égout et ordures à Bridgeport (Conn.). 3 Art de l’Ingénieur Revue de Métallurgie, t. XVIII, n° 11 (Nov.). DE WursTEMBER- GER : Le problème des corrosions sélectives et de la dézinci- fication des laitons. — Porrevin : Constituants observés dans les aciers ‘au tungstène et les aciers au molybdène. — Ip. et « CHEvENARD : Les courbes caractérist. des traitements thermi- ques des aciers. — Ip. et Burnanp : Contrib. à l’étude de la coalescence de la cémentite dans les aciers et de ses conséquen- « ces industr. : Revue universelle des Mines, de la Métallurgie, des Travaux publics (Liége), 6° sér., t. XI, n° 5 (1° déc.). CHAUVIN : Avant- projet de captation des énergies hydrauliques belges (suite), — GourrTier: L’usure des rails de chemins de fer et de tramways. — Dezcommuxe : Méth. étrangères de tracés de cannelures de cylindres de laminoirs. — Hanoco : Note sur la poulie Bollen. — Biner : Méthode de filetage. —- pe GRAnD’Ry : Etude sur la prospection du sous-sol par l'électricité (fin). — G1iLARD : Le verre de quartz (suite). £ - et des Inventions, n° 25 [Nov.). BouLANGER : Applic. des cuirs de zébus aux sages industr. — Daniez : Le greffage et ses applic, rationnelles (fin). — Durour : Le mode d’ac- tion des subst. dépolarisantes dans les piles. — Hrim : Essai d’'électroculture par eflluvation. II. (16 déc.). Fceminc : La venue de l’âge de la t, s. f. à grande distance et quelques-uns de ses problèmes scientif, Il. = N° 3.605 (23 déc.). AsaBozr : Un service impérial des navires aériens. La nature chimique de la vie. — RevauLr D'ALLoNNes : Les schèmes présentés par les sens. — RABaup : L'adaptation et l'évolution, II. BRÉHIER : Le système d’Aristote, d’O. Hamelin. 2° Astronomie et Météorologie k° Sciences physiques Le Journal de Physique etle Radium, 6° sér., t. II, n° 11 (Nov.). Morsau ; La dureté d’un corps pour le choc, — CARRIÈRE : Turbine phonique. — DucLaux et JEANTET : Dispersion de l’eau dans l'ultra-violet. — Gau et CHALONGE : Sur les franges “ PRÉPARATIONS COLLOIDALES (Métaux Colloïdaux électriques à petits grains. Colloïdes électriques et chimiques de métalloïdes ou de dérivés métalliques) » La nébuleuse d’Andromède, M. 33 et la Nebecula major. onthly Weather Review (Washington), t. XLIX, n° 9 (Sept.): Electrargol .-. (Argent) Electroplatinol . . . (Platine) Electromartiol. (Fer) Electrorhodiol (Rhodium) Electraurol (Or) Electriridiol. . . . . (Iridium) Electr-Hg . . . (Mercure) Electropalladiol . . (Palladium) Electrocuprol. (Oxyde de cuivre) Thiarsol. . . . . . (Sulfure d’arsenic) Electroséléniur. (Sélénium) Collothiol . . (Soufre) Obtenues par la méthode chimique ou par la méthode physique (électrique), les solutions colloïdales sont constituées par la suspension en milieu liquide d'une infinité de grains ultramicroscopiques, animés du mouvement brownien et présentant une charge électrique de signe défini. Grâce à la grande surface de ces grains, les colloïdes présentent un érergique pouvoir catalytique et fermentaire. À : Les colloïdes possèdent d'importantes propriétés biologiques, bien étudiées depuis que l'on sait le rôle des colloïdes naturels dans la physiologie normale. Injectés à l’homme ou aux animaux, ils augmentent les oxydations et les échanges nutritifs, ils stimulent la défense contre les toxines et les fonctions d’élimina- tion, ils provoquent un mouvement leucocytaire très marqué. 3 ik : ä Les colloïdes sont d’un usage thérapeutique courant : les métaux (type : Electrargol) sont des médica- ments antiinfectieux de premier ordre [toutes maladies infectieuses) ; on emploie certains colloïdes comme spécifiques (Electr-Hg — Electrosélénium — Electrocuprol — Electromartiol — Collothiol), Les Laboratoires Clin préparent tous les colloïdes qu’il est possible d'obtenir dans l'état actuel de la science. s ù Ê Pour l'expérimentation thérapeutique ou lès usages de laboratoire, des préparations colloïdales pures, à constantes physiques définies. les Laboratoires Clin délivrent | | Touristes!!! À pour la PHYSIOLOGIE et la MÉDECINE dans vos excursions emportez le VÉERASCEOPE RICHARD BREVETÉ S. G. D. 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GrAxTHAn : Le spectre d'absorption infra-rouge des hydrates alcalins. — Ovrun : Une échelle absolue de lon- gueurs d'onde des rayons X. — Roop : (onductibil, therm. de quelques matériaux de couverture. — PiLLING : Pression de vapeur de Ca métall. — Rasneysky : Emission lumineuse » d'une source mobile en rapport avec la théorie de la relativité — Ray: L'onde plane dans un diélectrique isotrope. — Gnosn et Sur : Sur la pression de radiation, — Urppen : Le poten- tiel d’ionisation de la vapeur de Se. — Serui : Les bandes de Talbot et la théorie de l'interféromètre de Lummer-Gehrcke. — Wicson : La réflexion des rayons X par les cristaux. — Jexxis : Effet de l’âge et de la concentration d’une solution de rhodamine B sur le courant photo-électr. développé. — Case: Effet thermique dans les piles photo-électr, au Ba et au Sr. nales de la Sociedad española de Fisica y Quimica (Madrid), +. XIX, n° 184 (Juin). MAninavertiA : Etude pharmacolog. de Pour les débutants l GLYPHOSCOPE | & la salicaire. — Mores : Sur le poids atom. du carbone, — MADINAVEITIA ; Sur les oxydiméthylbenzylamines, — FERNAN- Dez et PizarRoso : Le pouvoir catalyt. des farines, Recueil des Travaux chimiques des Pays-Bas (Leyde), t, XL, n° 12 (15 déc.). Rennes et Van GRoninGen : Les équilibres dans le syst. Fe-C-O ; l'équilibre fer B-martensite-fer oxydulé-gaz. — Wesren : Constituants chim, de quelques Loranthacées. — Van Duin : Sur l'empêchement stérique du groupement sulfo- acide, — Van Prski : Les anhydrides mixtes d’ac. sulfurique et de carbo-acides. II, L'ac. butyrylsulfurique normal. — Correy : La réact. entre le protochlorure de soufre et l'aniline. ScnouTissen : Act. de l'ac. nitreux sur les phénols.— Ip. : La vitesse de la réact. de diazotation, comme contrib. au pro- blème de Ja substitution dans le noyau benzénique. — Kozruorr : La sensibilité d'indicateurs colorants à des tempé- ratures plus élevées que la températ. ordin. Zeitschrift fur Elektrochemie (Halle), t. XXVII, n° 23-24 (197 déc.). Pau : La chimie physique des aliments. V. Le degré de douceur des subst. douces. — Eccerr : La sensibilité des explosifs très sensibles. — MuLier : Déshydratation interne ou catalyt. de l'aldéhyde formique, — Ip. : Déshydratation des alcools. — Vos WanTengerG et ScuuLz : Tension de la vapeur ET PRES 1) TER ME dote. os 0 on OC pe | A SOMMAIRES DES JOURNAUX SC'ENTIFIQUES de quelques sels. II. — Lorrenmoser et Buenm : Contrib. à la galvanostégie du zinc. : The Journal of the American chemical Sosiety (Easton), t. XLIII, n° 8 (Août). CLarke : Rapport du Comité internat, des Poids atom. pour 1921-22, — Pucaer et Deux : Solubili- tés dans les mélanges de deux solvants. — CLark : Nouv. rech. sur la vitesse de l’hydrolyse du sucre. — BoGus : La viscosité des sels de gélatine, — Noyes : Essai de prépar. du trichlo- rure de nitro-azote. II. SPRœssER et TayLor : Pressions de vapeur de sol. aq. d’ac. nitrique. — HaxwiNs et Ewinc : Pres- sion élevée due à l’adsorption, et densité et relations de volume du charbon de bois. — Harkins et Hayes : La séparation de CI en isotopes. — KenDALL et BRAKELEY : Formation de compo- sés et viscosité en solutions du type acide : éther, acide : cétone et acide : acide. — Kixc et Parrick : Là mesure des cons- tantes diélectr. — NEuHAUSEN et Parrick : Organogels d'ac. silicique, — KenpaLr, ApLer et Davipson : Formation de composés et conductivité dans les syst. des types : ac. formique- formiate métall. et ac, sulfurique-sulfate métall. — KeNDALL et Beaver ; Formation de composés dans les mélanges phénol- crésol. — Jones et SPEAKMAN : Quelques propriétés phys. des sol. aq. de certaines bases pyridiques. — Coprsarov : L'al- lotropie. — Knarascu : Dérivés mercuri-organiques aromat. III-V. — Gomgexc et Bucueer : Ethers benzyl. d'hydrates de carbone. — Wizciams : Détermin. quantitat. du phénanthrène. — Smiru : Laréact. de Friedel et Crafts. — Evans et LOOKER ; Infl. de KOH sur la formation de l'alcool vinylique à partir . de l’acétaldéhyde. — ConanrT, Mac Donazp et Kinnex : Réact. d'addition des halogénures de phosphore. IV. — Heap, Joxes et SPEAKMAN : Prépar. de la pyridine et de certains de ses ho- mologues à l'état de pureté. — GomBerG et Minis : Le phé- nylthioxanthyle. — GomserG et Bairron : Le 2 : 2’-sulfonido- triphénylméthyle. — Srepuens : La réact, de Friedel et Graîts. — Nezsow et Hircucock : L'activité de l'invertase adsorbée. — Lowrx et Bazpwin : Dér. du 2: 4: 6-trinitrobenzuldéhyde. IT. Chimie et Industrie, t. VI, n° 5 (Nov.). Gay : Distillation et rectification, — PiLon : Radiométallographie. — Boupouaro : Porcelaines électrotechniques. — BaTreGay et CLAUDIN : Con- trib. à l'étude des colorants de cuve. — Gnesrz, KLING et Lassieur : Les produits de la combustion du gaz. — L'Expo- sition de la Chimie. 5° Sciences naturelles + Comptes rendus des Séances de la Société de Biologie,t.LXXXV, - n° 34 (26 novembre), BLocu : Le rôle des actions mécaniques dans la croissance en épaisseur des racines et des tiges. — BourGuienon et Tupa : Chronaxie anormale du nerf facial et des muscles de la face chez l’homme. Leur classification fonc- tionnelle par la chronaxie. — CanTAGUZÈNE : Sur l'existence dans le sérum de Maia squinado d'une substance antagoniste empéchant ou retardant l'hémolyse. — FAURE-FRÉMIET : Dis- continuité dans l’évolution morphologique du chondriome de l'œuf de Sabellaria alveolota L. — ELanpiN et TzANCK : Ana- phylaxie active aux ursénobenzènes chez le cobaye. — Hir- SCHLER : Sur la descendance de Triton cristatus provenant du croisement de femelles normales avec des mâles mélaniques par suite de l’extirpation oculaire, — Mouceor et PeriT : Les ondes pléthysmographiques de périodicité respiratoire en aval d’une contre-pression supprimant les pulsations artérielles. — Navarro : Traitement des trypanosomiases expérimentales par les acides arsiniques, — Poisson : Lankesteria cyclopori n. sp. Grégarine parasite de Cycloporus maculatus P Hallez. — Ricuer Fics (Charles) : Accoutumance expérimentale à l’insolation ou à la chaleur. Accoutumance ou immunité, — Rouzaun et Tutrerx : Relation entre la viscosité et la réparti- tion de la cholestérine dans le sérum et dans le sang total, — Vazvois : La vertèbre diaphragmatique et la séparation des colonnes dorsale et lombaire chez les Mammifères. — VaLLois: Reconstitution de quelques muscles des Dinosauriens ornitho- podes. — Vincent : Sur la vaccination de l’homme contre la dysenterie bacillaire, — RouzauD et Taiéry : Relation entre la viscosité sanguine et la répartition de l'acide urique dans le sérum et dans le sang total. — BENoir : Influence des tempéra- tures supérieures à 100° sur les propriétés oxydantes du sang vis-à-vis des réactifs colorés. — WERTHEIMER et DUVILLIER; Sur l’excitabilité du nerf splanchnique et sur les mouvements de l'intestin, après l'ablation des surrénales. — Houssayx et Nécrete : Durée de l’activité des sérums antityphoïdiques. — In. : Proportions de neutralisation des venins par les sérums antivenimeux. — LLAMBIas et ELiZALDE : Anatomie patholo- gique de la grippe. == N° 35 (3 décembre). BIDAULT : Sur les moisissures des viandes congelées. — GARRELON, LELEU et TauiLLaANT : Pneumogastrique, atropine et choc chloroformique. — GUILLAUME : Détermination de la pression artérielle minima, — p'Hérecce et Pozerskt : Action de la température sur le Bactériophage. — Hinscuzrer: Abrévialion, par action de l'iode, de la période larvaire, chez les Batraciens. — Korr- MANN : Régénération caudale chez les Batraciens. Régulation et régénération. — Pryre et TarGowLA : Intérêt des dilutions faibles du liquide céphalorachidien dans la réaction de Bordet- Wassermann par la méthode des dilulions, — TROUvELOT : Observations biologique sur l'Hobrobracon johansenni Vier., — — WecusLer : Dispositif d'enregistrement photographique pour le réflexe psychogalvanique. — Couvreur et CLÉMENT : Essais sur l'élimination des colorants. — GATÉ et PAPACOSTAS : Action du formol sur les'solutions colloïdales autres que les sérums humuins. Expériences basées sur la précipitation des albumines des sérums syphilitiques par le formol. — GuiL- LIERMOND : Origine et évolution des vacuoles dans les cellules végétales et grains d'aleurone. — Nicozas, GATÉ et Dupas- QUIER : Réactions cliniques de l’autohémothérapie de quelques dermatoses, — NoEL : Sur un mode d'élaboration de graisse , osmio-réductrice dans la cellule hénatique de souris blanche. — PArAcosrTAs et GATÉ : À propos de l’antagonisme entre le ba- cille diphtérique et le pneumobuacille. Son explication par le rôle empêchant de la toxine pneumobacillaire vis-à-vis de la sécrétion de la toxine diphtérique. Boletin de la Real Sociedad española de Historia natural (Madrid), t. XXI, n° 8 (Oct.). Casrro BAREA : Les minéraux bismuthifères de la province de Cordoba. — VinaL x LoPez : Notes sur les Cicindélidés, — DE LA EscALERA : Espèces nouw. de Coléoptères de Ténérife. — CAaraAnNDELL : Processus cons- tructifs en quelques points du littoral espagnol. : Physis (Revista de la Sociedad argentina de Ciencias natu- rales), t. V, n° 19 (31 oct.). Mocrino : Contrib. à la flore de la région de Bahia Blanca. — PENNINGTOY : Note sur des Coréi- dés argentins, — MorroLa: Roches alcalines basiques duter- ritoire du Chubut. — Hauman: Deux graminées géantes de la flore argentine. — Rrep : Deux insignes lithiques rencontrés au Chili. — Mozrino : La flore des environs de Buenos-Aires. GrAcoMELLI : Sur un cas d'albinisme chez le Dione vanillæ, — Frers : Notes hyménoptérologiques. — DorLLo-Jurano : Nouv. esp. d'Eupera du Rio de la Plata. Bulletin mensuel des Renseignements agricoles et des mala- dies des plantes (Rome), t. XII, n° 10 (Oct.). ne Vuxsr: Un Institut supér. d'Econamie ménagère agricole en Belgique. — BenLiocu : La motoculture en Espagne. = Bulletin agricole de l'Institut scientifique de Saïgon (Saïga). VERNET : Essais sur la camphrée (Blumea balsamifera)en Indo- chine. — DE SaLvAza : Différents moyens pour capturer les Insectes. — Miéviie : L'agave etle Fouréroya gigantea au Tran-ninh. — ne Vies : Dosage du caoutchouc dans le latex comme contrôle de la bonne condition de la vie des arbres. — 0’ ConweLc : Le procédé Ilcken-Down pour la préparation du caoutchouc. Treubia (Buitenzorg), t. I, n° 4 (Août). Fecr : Mites à galles javanaises. — Barres: Sur quelques oiseaux nouveaux pour Java. II. — Karny : Systématique des Insectes orthoptéroïdes. — Ip. : Contrib. à la faune des Thysanoptères et des Ortho- ptères malais. s S Mémoires de la Société Zoologique de France, t. XX VIII, n°* 1 et 2 (25 sept. 1921). P. MarurAs : Etude du genre Chondro- stoma dans l'Europe occidentale et la région cireum-méditer- ranéenne, — F. JousseAuME : Sur quelques Mollusques de la mer Rouge nouveaux ou non figurés. : 6° Sciences médicales Bulletin de l'Académie de Médecine, t. LXXXVI, n° 39 (29 now.). VaLLon : Une lacune de la loi sur les aliénés, en ce qui con- cerne les aliénés criminels. — J, Camus : Fixation et neutrali- sation de poisons sur les centres nerveux. — DELAMARE : La réaction de Friedberger dans le typhus exanthématique, la typhoïde et la fièvre récurrente, — In. : Sur la desquamation furfuracée dans le typhus exanthématique. — ArLONG, Durour et Lanceron : Nouv. rech. sur l'infl. du choc anaphylact. dans les infections expérim. — SACQUÉPÉE : Sur la prophy- laxie de la diphtérie dans les collectivités. === N°40 (6 déc.). Renon : L'alliance de l'hygiène et de la pathologie dans la médecine préventive. — VEnneau : L'anthropologie et les sciences médicales, — Vioice ; Sur une épidémie de dysen- terie dans le département de la Seine. — GuirBerT : Utilisa- tion de la lampe à 3 électrodes comme élément sensible d’un nouv. électromètre. — BarrTaecemy : La peste à bord du Cronstadt en rade de Bizerte, en juillet 1921. C Aunales de l’Institut Pasteur, t. XXXV, n° 11 (Sept.). BERTRAND et Compron : Curieuse modific. de l’'amygdalinase et de l'amyg- dalase due au vieillissement. — In. et Ip. : Infl. de la tempé- rature sur l’activité de la salicinase, — Lecroux et ELrArA : Sur un liquide où se maintient invariable le nombre de bacté- ries des cultures. — Bripré et DonATIFN : Vaccine et clavelée. — p'Hérezceet Le Louer: Sur la vaccination antibarbonique par virus atténué, — SANARELLI : Pathogénie du choléra. V. Le choléra intestinal des jeunes animaux. — ForNeT: Con- trib. à l'étude du diagnostic de l'infection tuberculeuse. — Evo. et Er. SerGenT : Etudes épidémiolog. et prophylacti- ques du paludisme en Algérie. 7 Géographie et Colonisation La Géographie, t. XXXVI, n° 4 (Nov.). RouLrraux-Ducace : La précession des équinoxes et le déplacement de l'axe de rotation de la Terre, — Roucu: Le climat de la mer de Ross et du pôle sud, — ve Marronne . La cartographie du Maroc, — La population de l’Albanie. — L'Union sud-africaine : éléments ethniques et sociaux, — Géologie de l'Afrique orientale, Bulletin du Comité d'Etudes historiques et scientifiques de l'Afrique occidentale française, N° 3 (Juillet-Sept.), CGru- DEAU : Le problème du desséchement en Afrique occid. — Husker, LArorce et VANELSCuE : Objets anciens de l’Aouker. — CuaganauD : Contrib. à l'étude de la faune herpétolog. de # l'Afrique occid. — MapemsA : La dernière étape d'un conqué- - rant. — Harpy : L'enseignement au Sénégal de 1817 à 1854 (fn). SUPPLÉMENT A LA Revue générale des Sciences Du 30 Janvier 1922 5 À ————……"ûûû—û<"—.…c INFORMATIONS Annales des Postes, Télégraphes et Téléphones. — L'Admi- ministration des P. T. T. publie, depuis 1910, un bulletin tech- nique trimestriel institulé les « Annales des Postes, Télégraphes et Téléphones » qui, dès son apparilion, a été accueilli avec faveur du public. A côté d’études approfondies sur la téléphonie - automatique ou sans fil, les relais téléphoniques, les appareils … télégraphiques à grand rendement français et étrangers, la » radiotélégraphie, on en trouve d'autres non moins documentées * sur l’anti-induction, l'électrification des voies ferrées, l'emploi de l'aluminium à la construction des lignes électriques, l’outil- lage mécanique des grands bureaux postaux. ” La revue publie un résumé des travaux du Service d'Etudes et de Recherches techniques, du Comité technique des Postes et Télégraphes, et renferme en outre une analyse des pério- … diques en langue française et des traductions d'articles choisis - dans les périodiques étrangers,; elle se termine par des informa- tions sur des questions d'actualité et sur les progrès les plus … récents réalisés à l'étranger au point de vue technique, + Les Annales des Postes, Télégraphes et Téléphones apportent ainsi régulièrement aux techniciens de l’industrie aussi bien en cours dans les laboratoires étrangers. La publication est faite par les soins d'une commission nom- » présidée par M. Dennery, Inspecteur Général, Vice-Président du Comité technique des Postes et Télégraphes, comprend parmi ses membres des personnalités comme celles de MM. Blondel, Membre de l'Institut, le général Ferrié, Milon, Directeur de l'Exploitation téléphonique, MM, les professeurs Henri Abraham “et Gutton, M. Pomey, Ingénieur en Chef des Télégraphes. . Afin d'augmenter leur caractère d’actualilé et de répondre au vœu exprimé par les abonnés, les Annales, qui jusqu'à présent paraissaient tous les trois mois, paraîtront tous les deux mois -à partir du 1er février 1922, L'Administration a confié l'édition des Annales à la Librairie “de l'Enseignement technique (3, rue Thénard, Paris-5°). LIVRES REÇUS Tous les livres reçus par la Revue sont signalés sous cette rubrique “avec une brève indication de leur contenu, sans préjudice de l'ana- se critique dont ils pourront être ultérieurement l'objet dans la partie bibliographique de la Revue. 1° Sciences mathématiques Annales de l'Observatoire Royal de Belgique. 3 série, t. I, fase. 1, publié sous la direction de G. Lecoinre. i vol. in-4° de “268 p. avec fig. et 3 pl. Hayez, imprimeur, Bruxelles, 1921. … Ge volume renferme les mémoires suivants : Francois: L’ap- pareil gravimétrique de l'Observatoire royal! de Belgique. — Puiuxepor : La forme des tourillons du cercle méridien de Rep- sold. — Castres : Calcul simplifié des coordonnées rectilignes des étoiles de repère pour la zone d'Ucecle. — De Donner : La ravifique einsteinienne. 2° Sciences physiques NEVEUX (V.): Stations centrales. Postes de transformation et lignes de transformation et transmission de force. 1 vol. in-16 de 240 p. avec 156 fig.de l'Encyclopédie technique des Aide-Mémotre Plumon (Prix : 16 fr.). Ch. Béranger, Paris et Liége, 1922, … On trouvera dans ce livre tous les renseignements techniques sur les postes de transformation à haute tension etles canalisa- tions électriques aériennes et souterraïnes, avec les règlements officiels sur ces questions. * VOISIN (Jean) : Les métaux précieur. 1 vol. in-8° de 264 p. avec 87 fig.des Grandes Encyclopédies industrielles (Prix: fr.). J. B. Baillière et fils, Paris, 1922. Ce volume traite des métaux précieux, envisagés au point de 1 Périodiques généraux Proceedings of the National Academy of Sciences of the U. S. of America (Easton, Pa.), t. VII, n° 8 (Août). MinTon : * Quelques caractéristiques physiques de l'oreille. — LaxckFtELD “et Merz : Non-disjonction et rapports des chromosomes chez la Drosophila Wüillistoni. — Van Szyke : Appar. pour déterm. * les gaz dans le sang et d'autres solutions. — Osponn : Radia- tion adaptative et classification des Proboscidés. — SrurTE- » vanr : Cas de réarrangement des gènes chez la Drosophila. — … Duanr, PALMER et Yen : Nouv. mesure de la constante de ra- - diation À au moyen des rayons X. — Barus : L'électromètre » absolu à tube en U. — Cogce : Aspects géométriques des fonctions modulaires ahbéliennes de genre 4. — LiNp&ren : La mélanovanadite, nouv, minéral de Mina Ragra, Pasco (Pérou). — N° 9 (Sept.). Wiener : La moyenne d’une fonctionnelle analytique. — Duane : Sur le calcul des fréquences d'absorp- tion des rayons X des éléménts chimiques, I-I[, — Srourrer : Semi-covariants d'un syst. général d'équations différentielles linéaires homogènes. — GLENN ; Un algorithme pour la théo- “ qu'à ceux de l'Etat une documentation complète sur les travaux mée par M. le Ministre des Postes et des Télégraphes et qui, : 152 p. xvi-435-x1 pages. Imprimerie Weber et Cie, Tunis, 1921, SOMMAIRES DES JOURNAUX SCIENTIFIQUES vue de leurs propriétés physiques et chimiques,de leursmoyens d'extraction et de purification, de leurs méthodes d'essai, de leurs applications industrielles et de leur rôle économique, 3° Sciences naturelles Anales del Museo nacional de Historia natural de Buenos- Aires. T. XXX. 1 vol. in-8° de 559 p. avec 22 pl., 95 fig.,5car- tes et 2 plans. Talleres graficos del Ministerio de Agricultura, Buenos-Aires, 1920. : Ce volume renferme dix mémoires relatifs surtout à la géolo- gie, la botanique, la zoologie et l'anthropologie de l'Argentine. CHAUTARD (Jean): Les gisements de pétrole. 1 vol. in-16 de 330 p. avec fig. de l'Encyclopédie scientifique (Prix : broché, 12 fr. ; cart. : 14 fr.). G. Doin, Paris, 1922. Dans ce volume, l’auteur traite surtout les questions suivan- tes : origine du pétrole, mise en gisements, distribution géolo- gique, régions pétrolifères, recherche des gisements, exploita- tion. PETRONIEVICS (B.): Ueber das Becken, den Schultergirtel und einige andere Teile der Londoner Archæopteryx. 1 broch. in-4° de 34 p. avec ? pl. Georg et Cie, Genève, 1921. L'auteur expose des recherches sur le bassin, la ceinture sca- pulaire et quelques autres parties de l'Archæopteryr conservé au British Museum de Londres, CHEVALIER (Aug.) : Histoire et amélioration des Pommiers, et spécialement des Pommiers à cidre. 1 vol. in-80 de 72 p, (Prix : 5 fr.). Laboratoire d’Agronomie coloniale, 57, rue Cuvier,Paris, 1921. L'auteur expose l'histoire naturelle du genre Malus, l'origine des pommiers cultivés et les recherches scientifiques faites pour les améliorer. RUTOT (A.):Zes grandes mutations intellectuelles de l'Huma- nité, I. D'où venons-nous ? Que sommes-nous ? 1 vol. in-16 de avec 46 fig. IT. Où allons-nous ? 1 vol. in-16 de 188 p. M. Lamertin, 58-62, rue Coudenberg, Bruxelles, 1920, Dans la première partie, l’auteur esquisse l’évolution, par mutations successives,de la cellule primordiale jusqu’auxanthro- pomorphes, puis de ceux-ci jusqu'au stade humain. Dans la seconde, il montre les diverses étapes des mutations intellec-- tuelles de l'humanité depuis l'origine jusqu'à nos jours, et leur avenir probable, & Sciences médicales D'HERELLE (F.): Le Bactériophage, Son rôle dans l'immunité. 1 vol. in-8° de 227 p. avec 1 pl (Prix : 12 fr,). Masson et Cie, Paris, 1921. Dans la première partie, l’auteur passe en revue les phéno- mènes provoqués £x vitro par l’ultramicrobe bactériophage; dans la seconde, il envisage le rôle joué par le bactériophage dans la nature. : PATON (D'M.): Hormone Therapy by sera, vaccines and drugs. 1 vol. in-8° cour, de xv-168 p.(Prix cart. : 7 sh. 6 d.). Baillière, Tindall and Cox, 8, Henrietta Street, Londres, 1922. L'auteur expose les bases de sa thérapeutique hormonique par administration orale et les résultats qu’elle lui a donnés dans le traitement d’un grand nombre d'affections. 5° Sciences diverses RENOOZ (C.) : L'ère de vérité. Livre premier. Le monde primi- tif. 1 vol. gr. in-8° de 420 p. (Prix : 15 fr.). M. Giard, 16, rue Soufflot, Paris, 1921. Cet ouvrage constitue le premier d'une série qui a pour but de retracer l'histoire de la pensée humaine et de l’évolution morale. de l'humanité à travers lesâges et chez tous les peuples, en révélant le sens caché des légendes, traditions et symboles mystérieux du passé. Statistique générale de la Tunisie (année 1920). 1 vol. in-8° de rie des invariants différentiels.— SHERMANN, LA MER et Camr- BEL, : Effet de la température et de la concentr. des ions H sur le taux de destruction de la vitamine antiscorbutique (vitamine C). Journal ofthe Washington Academy of Sciences (Easton, Pa), t. XI, n° 20 (4 déc.). Wezus : Sur l’eau du Lac Borax. — Was- HINGTON : Obsidienne de-Copan et Chichen Itza. — CANDELL ; Sur le groupe des Phanéroptères (Scuddériés) chez les Ortho- ptères ; descript. d'un nouv. genre ét espèce, Annaes scientificos da Academia polytechnica do Porto (Coïmbre), t, XIIF, n° 4. Menpes ConreA : Ostéométrie portu- gaise (suite). — Gomes TerxriRA : Sur les cubiques circulaires, — Fr. ne Muzro : Deux nouv. Infusoires parasites de l’intes- tin de Leucotermes indicola Wasm.—Pires De Lima : Descript. du syvelette d'un membre supér. humain didactyle, — Men- pes CorreA : Les conditions physiques dans la formalion des races. = T. XIV, n° 1, SiserraANt : Sur deux enveloppés de cercles. — SkRvAIS: Sur les cubiques unicursales. — GODEAUXx: Sur les plans doubles de genre un et de rang trois, — Horz : La tractrice circulaire à double courbure. — PERErtA-FoRIAZ: - e 6 SOMMAIRES DES JOURNAUX SCIENTIFIQUES La géologie portugaise et ses fondateurs. — FR. px MELLO : La faune parasite de l’intestin d'Hodotermes viarum Koenig. — 1p. : Sur quelques Trichonymphides de l'Inde et de Ceylan. — BeTHENcOURT FERREIRA : Cas de côtes cervicales chez l'homme. — Menprs CokREA : Ostéométrie portugaise (suite). — N° 2. Mennes-CoRrReA : 1d. (suite). — NEUBERG: Sur l'oc- taèdre à faces triangulaires. — pe Brires : Sur les caustiques des courbes planes algébr. et sir les courbes pourvues d’un axe orthoptique. — GuLpBerG : Sur la loi de Bravais. — Da CosrA FERREIRA : Poumons de Cynocéphales, 20 Mathématiques Bulletin of the American mathematical Society (Lancaster et New-York), t. XXVIII, n° 9-10 (Juin-Juillet 1921). JaAcKksON : Lx théorie générale des approximations par des sommes poly- nomiales et trigonométriques. — EisennART : Le champ solaire d'Einstein. — Cogir : Un covariant de 3 cercles. — Curris : Sur les paraboles obliques. — Coo11pGE : La dispersion des observations. — Wiener: Les isomorphismes de l’Algèbre complexe, — Forsyra : Les généralisations de certaines for- mules dans les théories mathématiques financières. — CAJoRI: La propagation des notations newtonienne et leibnizienne du Calcul. — MicLer : Revues de la théorie des groupes dans le Jahrbuch über Fortschritte der Mathematik. 3° Art de l'Ingénieur Bulletin de la Société d Encouragement pour l'Industrie natio- nale, t. CXXXIII, n° 9 (Nov.). LecLer : Quelques remar- ques pratiques sur l’enseignement des apprentis. — Boyer- Guizcon: Les accéléromètres Auclair et Boyer-Guillon, — MascaRD : L'emploi des combustibles liquides dans les fours Hoffmann. Journal of the Royal Society of Arts (Londres), t. LXX, n° 3606 (30 déc.). HeaTON : La préservation des pierres. == N° 3607 (6 janv.) Coare Wape : La Colombie britannique : le réveil du Pacifique. Revue universelle des Mines, de la Métallurgie, des Travaux publics (Liége) 6° sér., t. XI, n° 6 (15 déc.). GHAUvIN : Avant- projet de captation des énergies hydrauliques belges (suite). LykiAnpoPouLo : La géologie des gisements de Péchelbronn. — DELcommune : Méthodes étrangères de tracés de cannelures de cylindres de laminoirs (fin). — Hanoco : Note sur la pou- lie Bollen (fin). — Biner : Méthodes de filetage (fin). — La- MALLE : Désignation abrégée des types de locomotives, — Le- PERSONNE : Rech. expérim. sur les propriétés mécan, des aciers: à haute températ. — GirarDp : Le verre de quartz (suite). | # ÉTUDE CORRE OUS LES PRODUITS OUS LES APPAREILS OUTES LES IDÉES ONCERNANT LE ABORATOIRE | L Sciences physiques Communications from the Physical Laboratory of the Univer- sity of Leiden (Leyde), n° 154. CromMeLin, PALAGIo8, MARTI- NEz et Onnes : Isothermes de subst. monoatom, et de leurs mélanges binaires. XX. Isothermes du néon de + 20° Ç. à — 217° C. — Maruras, CRoMMELIN et Ones : Le diamètre recti- ligne de l’hydrogène. — Onnes et CnommEeLmw : Méthodes et appar. employés au Laborat. cryogène. XVIII. Forme perfec- tionnée de cryostat à vapeur d'H pour les températures allant de — 2170 à — 2530 C. = N° 155. Sir ADF1ELD, WoLTsER et Oxwes : Infl, des basses températures sur les propriétés ma- gnét. des alliages de Fe avec Ni et Mn. Journal de Chimie physique, t. XIX, n° 2 (15 juillet). Gras : Etude de la décomposition de l’amygdaline, au point de yue des réactions fermentaires conjuguées, — MoLes : Etude criti- que des valeurs modernes de la densité du gaz oxygène. — In. : Revision numérique des résultats concernant la densité du gaz acide bromhydrique. Poids atomique du brome. — Procopiu : Sur la force électromotrice produite par le déplacement rela- tif d’une électrode et d'un électrolyte. The Journal of the American chemical Society (Easton, Pa.),t. XLIII, n° 9 (Sept ). Rocers, Piccor, BAuLKE et JEN-. NINGs ; Oxydation catalyt. de CO.—-MeruiLe et SCALIONE : Oxy- dation catalyt. de CO à la températ. ordin. — HeLmick : Dé- termin. du Th dans le sable monazitique par une méthode d’émanation. — TayLon et ANDensox : La chaleur de forma- tion d'Agl. — Kenvaiz et Fucus : Infl. catalyt. des oxydes étrangers sur la décompos. des oxydes d’Ag et de Hg et du peroxyde de Bu, — Buriz et Mc Grosky : Prépar. et étude des bromates alcalins. Bromate de Rb. — Piccor: Le Mn dans l’oxydation catalyt. de NH3. — Dickivson et GoopauE : Les structures cristall. du chlorate et du bromate de Na. — TayLor et NeviLce : La catalyse dans la réact. de C. sur la vapeur et sur CO?. — Vocr et NieuwLaAnp : Les sels de Hg dans la transform. catalyt, de l’acétylène en acétaldéhyde: nouv. procédé commercial pour la fabric. de la paraldéhyde. — Nicocer : Existence et réactions des halogènes positifs atta-! chés au C dans les comp. aromat. — Lacaman : L’ac. nitro- malique. — Jp. : L’ac. dioxytartrique. — Dox et Yoper : Les spiro-pyrimidines. II. — Srrvers et Mc INryne : Changement de compos, des Paprikas pend. la période de croissance. — Rein, MackaALL et MILLER : Dér. de l’anthraquinone : thio-éthers. aliphat., ditlio-éthers et ac. thio-éther sulfoniques. — Levis et CHEETHAM : Benzophénone arséniée et ses dérivés. — Nico- LET : Les acides en CI8. ff. Relation des ac. oléiqne et élaïdi- que avec leurs prod. d’addition halogénés, ” et Construction d'Appareils scientifiques @ INSTALLATIONS ET FOURNITURE © pour Laboratoires ÉTABLISSEMENTS MORLOT -MAURY & PILOT RÉUNIS Fondés en 1868 11, rue Blainville, PARIS-Ve Tél. GOB. 47-64 (Panthéon) Fournisseur de : 2 l | La Faculté des Sciences ene \ de Paris ‘ etde Médecine de Paris Rédacteur-Fondateur | Ministèredel'Inst®"publa»- Ecole normale supre, de \ Institut Pasteur, etc. _ L'ARGUS des SCIENCES Mensuel gratuit TRIBUNE DE CONSULTATIONS industrielles Lien technique des Echanges d’Idées ou d’Appareils entre les Laboratoires Publie les disponibles Renseigne, Garantit Catalogue sur demande : Chimie. — Physique Fournitures industrielles OUTILLAGE Biologie, Microbiologie Physiologie MICROSCOPES V.M.M. Touristes!!! dans vos excursions | emportez le VERASCOPE RICHARD BREVETÉ S. G. D. G. . 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Becquerel : La découverte de la phyllorhize ; ses conséquences pour la morpho- L _ logie et la biologie des plantes vasculaires. habaiasutet. 2%. { 8 SOMMAIRES DES JOURNAUX SCIENTIFIQUES Chimie et Industrie, t. VI, n° 6 (Déc.). NoezrTinG : Le muse artificiel. — BERLINE : La décantation centrifuge. — KLinc et Lassreur : Revue de Chimie analyt. — MaARCELET : Hydrogé- nation de quelques huiles d'animaux marins. — LE HALLEUK : Développ. récents des institutions de recherches scientif. et industr. à l'Etranger et en France. — DEsGREZz, GUILLEMART et LasaT: Rech. sur la protection contre le dichlorosulfure d’éthyle (ypérite). — TAILLEFER : La législation des brevets et l'industrie chimique. — Derœur : Les produits pharmaceuti- ques et la législation sur ies brevets. 5° Sciences naturelles Comptes rendus des Séances dela Société de Biologie, t. LXXXV, n° 36 (10 décembre}. FAURÉ-FRÉMIET : Variation périodique de la sensibilité de l'œuf de Sabellaria alveolata L. aux solvants des graisses, — GLEY et Quinouaup : Sur les effets vaso- moteurs de l'excitation du splanchnique chez le lapin. — Guiz- LAUMIN : Remarques sur la défécation du sang par les acides tungstique, métaphosphorique ou trichloracétique. — KoLL- MANN : Régénération caudale chezles Batraciens. Facteur réglant les dimensions de la partie régénérée. — PAGniEz, Mouzon et Turpin : Action myoclonisante pour le cobaye du sérum de certains épileptiques, — VAUDREMER : Un procédé de culture homogène rapide du bacille tuberculeux.— BrEL: Modifications expérim. de la répartition de l'azote urinaire par injections sous-cutanées d'adrénaline. — (GAvALIÉ et ManpouL : Note sur un Spirochète, le Spirochaeta perforans, noY. sp., rencontré constamment dans les lésions de la polyarthrite alvéolo-den- taire expulsive (pyorrhée). — DoneL : Des oscillations de l'at- tention au cours d’excitations périodiques rythmées de la vue, de l’ouïe et du toucher. — DurrENoY : Sur des tumeurs chan- creuses de Diplodina castaneae. — PorTuanx : Rech, sur la physiologie du sac et du canal endolymphatique. Valeur fonc- tionnelle de l'organe endolymphatique des Sélaciens. — Mauxrac etServAnTiE : Rech. sur le pouvoir glycolytique du sang mesuré in vitro. — PacnON et Fagre : La notion d’un simple « point Anguleux » est-elle sufisante comme critère oscillomé- trique de la pression minima? — SagnazÈs, Bonnin et Cnan- DRON : Ectasies vasculaires globuleuses des glomérules de Malpighi dans la néphrite aiguë typhoïdique. — Saprazis et PAuzaT : Myosite typhique suppurée expérim. — Bouin : La constante moléculaire approchée. — ErTienne et VÉRAIN : Sur le dosage du glucose dans les liquides de l’organisme. — LrennARr : Contrib, à l’étude de la biologie de Cicindela ger- manica L., sa prétendue rareté aux environs de Nancy.— Ip. : Remarques à propos du sexe des œufs de poule. — MorLor et VERMELIN ; Deux cas de sténose congénitale de l’aorte chez le nouveau-né. — PARISOT et Simonix : Gangrène pulmonaire et Trichomonas. — APPELMANS : Le dosage du bactériophage. — Borper et Giuca : Sur la régénération du principe actif dans l’autolyse microbienne, — BruyNoGne et Maisin : Au sujet de l'unité du principe bactériophage. — Ip. et [p.: Essais de thé- rapeutique au moyen du bactériophage du Staphylocoque. — Ip. et Ip.: Le principe bactériophage, du Staphylocoque. — Demoor : Influence des substances extraites du cœur de la Tor- tue sur le cœur de la Grenouille. — Ip. : Influence des sub- stances extraites de l'oreillette et du ventricule du chien sur - le cœur isolé du lapin. — Dusrin : Les phénomènes de caryo- rhexis dans le thymus humain. — Nozr : Les extraits aqueux d'organes ne contiennent pas de prothrombine. — SLosse : Sur l'intervention des cations dans la glycolyse alcaline. — Sokxo- LOrF : Contribution au problème de la vitalité des organismes, — 19. : Sur la question de l'absorption chez les Protozoaires. — Van LaERr et LomgArrs : Recherches sur l'influence des varia- tions de l'acidité libre dans la germination de l'orge. — VAN SACEGHEM : L’anaphylaxie dans l'hyperimmunisation des Bo- vidés contre la peste bovine. — WiniwartTEer : Chiasmatypie et réduction. — Zunz et LA BARRE : A propos de la constitu- tion du cytozyme et de l’action des phosphatides dans la coagulation du sang. === N° 37 (17 décembre). Busquer : Le paradoxe du potassium sur le cœur isolé de lapin, — DouMER : L'action du taurochlorate de soude sur la tension superficielle de l’eau, — Fauré-Frémier et GinARD : Endosmose électrique des cellules du foie chez le rat blanc. — Larrcque (L. et M.): Quelques mesures de concentration en chlore et en électroly- tes et de concentration moléculaire totale chez les Laminaires. — RavaAur et RAB£EAU : Sur la virulence du liquide céphalora- chidien de malade atteinte d'herpès génital. — REGARD : L'ac- tion tryptique des leucocytes fixés par l'alcool. — Rierz : Tremblement pendant l’anesthésie générale et moyen de l’em- pêcher. — SrAnkoviren : Sur quelques Coccidies nouvelles des Poissons Cyprinides. — VAGLIANO : Des réactions leucocytaires consécutives à l'inoculation des bacilles tuberculeux. — ViOLLE: De l'influence de la digestion sur les éliminations urinaires, — ARON : Observ. histochim. sur la sécrétion biliaire. — BeL- LOCQ : Sur quelques particularités du vestibule de l'enfant nouveau-né portant sur sa forme, son orientation, son évolution, — BLum : L'action antiphlogistique des sels de calcium. — BLu», AuBEL et Hausknecur : Modifications de la composition minérale du sang et des bumeurs après ingestion de chlorure de calcium. — Hecker : Sur l’appareil ligamenteux occipito- atloïdo-axoïdien, — BEeTTENCOURT, BorGes et SraBrA : L'hôte intermédiaire du Schistosomum haematobium au Portugal. — Brires : Nouv. procédé de montage des pièces anatomiques incluses dans la gélatine, — Fonres : Action de la vératrine sur les muscles normaux et en voie de dégénérescence chez les Amphibiens. — ReBeLLo et PERFIRA : L'adrénaline est-elle conduite le long des nerfs ? — Ip.et Ip. : Sur le mécanisme de l'action à dis(ance de l'adrénaline. — Davipe et Dexnsy : Etude sur la production de la toxine diphtérique. — DERNBy et ALLANDER : Production de la toxine tétanique. — KLinc, Da- vipE et LiseNquisT : L'encéphalite épidémique expérimentale chez le lapin. L. Virus d'origine cérébrale. Il. Virus d’origine naso-pharyngée. — B1e : Influence de doses massives de sérum antidiphtérique sur la mortalité dans la diphtérie pharyngée. — 1». : Infl. du sérum antidiphtérique sur la température du corps. — FENGER : Sur des précipités dans les tissus après fixation par le formol. — Hansen : Infl. du bain de lumière universel sur la teneur en agglutinine antityphique du sang hu- main. — San : Vasectomie pratiquée sur un chien dans un but de régénération. — WaLgum : Action de la staphylolysine sur les globules de chèvre. — Acuxa et GArRRaHAM : Résultats cliniques de l'emploi de la vitamine. — Houssay et Huc : Ac tion de l'hypophyse sur la croissance, — Ip. et Lewis : Impor- tance comparative des parties médullaire et corticale des sur- rénales. — 10.et1p.: Diabète pancréatique chez les chiens privés de la partie médullaire des surrénales. — In. et SORDELLI : Formation d'anticorps chez les animaux éthyroïdés. — Lewis : Les surrénales et l'intoxication par la morphine, — LLAMB14s : Etude d'une lésion nodulaire hépatique renfermant des cris- taux, Bulletin de l’Institut océanographique, n° 401 (10 octobre). TenauoTiNE: Recherches de cytologie expérimentale, faites avec la méthode de la radiopuncture microscopique. = N° 402 (25 octobre). MiKHaAïLorr : Système nerveux cellulaire périphé- rique des Céphalopodes. = N° 403 (1e' décembre). Loru : Les trous transversaires des vertèbres cervicales des Cétacés et Siréniens. === N° 404 (25 décembre). THouLer : Sur la circula- tion océanique profonde, Bulletin de la Société botanique de France, t. LXV. GADECEAU : Etude critique sur le Carex turfosa. Fries. — GAGNEPAIN : Place de quelques genres soi-disant de la famille des Ficoïdes: — pe Toni : P. A. Hariot. — GANDoGER : Sertum plantarum novarum. 1. — FRIEDEL : De la notion d'êtrechez les végétaux. Réflexions théoriques. — GaGnePain : Polymorphisme floral dans le genre Adenia des Passifloracées. — Luizer ; Contrib. à l'étude des Saxifrages du groupe des Dactyloides Tausch, XXII-XXIV.— Friepez ; Observ. sur une particularité anatom, de la fleur chez diverses espèces du genre Narcissus, avec applic. possible à la classification. — ALLORGE : Sur la florule bryolog. du Vexin français. II, — Giraupras : Notes de Bota- nique systémat. — NEYRAUT : Matériaux pour servir à l'étude du genre Prunus. — VuiLLemiN : Le placenta. Son indépen- dance primitive. — EvrarD et CHermEzoN : La végétation de la Haute-Tarentaise. Archivio di Fisiologia (Florence), t. XIX, fase. 5 (Sept.-Oct.). Fano et BaGLionwi : Notice sur Luciani. — SimoneLL1 : La doc- trine de Luciani sur les fonctions du cervelet. — Rossi : Sur les localisations cérébelleuses corticales et sur leur significa- tion en rapport avec les fonctions du cervelet. — SIMONELLI : Sur les fonctions des lobes médiaux du cervelet. I. Le lobe postérieur. 6° Sciences médicales Bulletin de l'Académie de Médecine, t. LXXXVI, n° 42 (20 dé= cembre). CouriÈre : Inhalations de poudres calciques et d'an- hydride carbonique contre la tuberculose. — Le FizciATRE : Présentation d’une fillette âgée de huit ans, ex-xiphopage, absolument normale. Technique employée pour la séparation de ces xiphopages. — BAyxLe et Mac AULIFFE : Table de mesure des indices céphaliques et craniométriques. — ZuUCGARELLI : Fièvre méditerranéenne ou de Malte en Corse. = n° 43 (27 décembre). MARTEL et Germain : Le « rouge » des salaisons. Isolement de l'agent spécifique. — TurrierR: La médecine fran- çaise en Extrème-Orient. — Perir De LA VizLéoN : Blessures du poumon et tuberculose pulmonaire. == T. LXXXVII, n°1 (3 janvier). Lenoge : Le rôle de la bacillose histologique dans l’entérite tuberculeuse. — Ferry : Bradycardie et Llachycardie de cause traumatique psychique par dissociation de l’antago- nisme normal vago-sympathique. — Berci0Z : Etude de l'ex- trait aqueux du bacille tuberculeux. Aunales de l’Institut Pasteur, t. XXXV, n° 12 (Décembre). B£r- TRAND et RoseNBLATT (Mme) : Recherches sur la présence du manganèse dans le règne végétal. — Scuweizer : Etudes sur la fermentation des cerises. — KRoNGo1zp-VixauEr (Mme) : Infection puerpérale et le sérum antistreptococcique préparé d’après une méthode nouvelle. — Courmonr et Rocaix : Vingt. années de fonctionnement du service de la rage à l'Institut bactériologique de Lyon et du Sud-Est. — Broco-Rousseu; Forceor et URBAIN : Sur la formation des anticorps à la suite ‘ des injections de malléine. — Picapo : Anticorps expérimen-. taux chez les végétaux. | 7 Géographie et Colonisation Annales de Géographie, t. XXX, n° 168 (15 novembre). DEMAN- Ggon : La répartition de l'industrie du fer en France en 1789. — Comey : Le port de Cette. — BéNévENT : Les précipitations en Norvège. — LevainviLse : L’exportation des charbonsamé: 2 ricains, — Perir : La première excursion géographique inter- universitaire belge. — Musser : La production de la bauxite dans lé monde, — GaLLois : Le nom de Californie et la Ghan- son de Roland. de À * LIVRES REÇUS Tous les livres reçus par laRevue sont signalés sous cette rubrique “avec une brève indication de leur contenu, sans préjudice de l'ana- lyse critique dont ils pourront étre ultérieurement l'objet dans la parlie bibliographique de la Revue. 1° Sciences mathématiques RICHARD (P.J.): Théorie mathématique des Assurances. 2° édi- tion. 2 vol. in-8° comprenant 725 p. avec fig. et tableaux, de l'Encyclopédie scientifique (Prix : brochés, % fr. : cart. : 28 fr.). G. Doin, Paris, 1922. L'auteur a refondu complètement la 1'° édition et l’a divisée en deux volumes, pour pouvoir donner à certaines questions le développement qu’elles comportent et étudier des problèmes abordés jusqu'ici seulement dans de rares revues techniques, 2° Art de l’Ingénieur GOSSOT (Général) et LIOUVILLE (M.) : Balistique intérieure. - 1 vol. in-8° de 446 p. des Grandes encyclopédies industrielles {Prix : 40 fr.). J. B. Baillière et fils, Paris, 1922. Cet ouvrage expose l’état actuel de la Balistique intérieure, en tenant compte de toutes les recherches et des résultats acquis pendant la guerre qui ont profondément modifié certaines con- ceptions antérieures. HUGUET (L ) et SUFFRIN-HÉBERT (M.) : Calculs aëéro-dyna- miques des avions. Lois de la résistance de l'air. 1 vol in-16 de 120 p. avec 46 fig. de l'Encyclopédie technique des Aide-mémoire Plumon (Prix : 10 fr.). Ch. Béranger, Paris et Liéye, 1922. Cet aide-mémoire fournit un certain nombre de données pra- tiques relatives à la résistance de l’air, aux meilleures ailes, à la cellule, au vol horizontal rectiligneet à la descente planée moteur arrêté. vs CORDIER (F.): T'urbines à vapeur. 2* édition. 2 vol. comptant 680 p. avec 183 fig. et3 pl. (Prix: brochés, 22 fr.; cart., 26 fr.). G. Doin, Paris, 1922. - Le tome [ renferme l'étude des propriétés des divers genres de “turbines, des raisons qui justifient leur emploi et des principes de leur construction. Le tome II constitue une description des turbines en usage à l'heure actuelle. - HOEHN (E.) : Chauffages aux combustibles liquides. 1 broch. E.2 p. avec 14 fig. (Prix : 2 fr.). Ch. Béranger, Paris et Liége, L'auteur étudie rapidement les diverses questions relatives au chauflage par les combustibles liquides : composition, emmaga- sinement, brüleurs, fumées, avantages et inconvénients, 3 Sciences physiques BARUS (C.): Displacement Interferometry applied to Acoustics and to Gravitation. 1 vol. in-8° de viii-149 p. avec 183 fig. {Prix : 2 doll. 50 cents). Publication n° 410 de la Carnegie Insti- tution, Washington, 1921. L'auteur a modifié le manomètre à mercure ouvert pour l’adap- ter aux mesures interférométriques, et il l’a appliqué à certaines recherches d’acoustique. 1! a tenté d'autre part de mesurer l'accélération due à la pesanteur par d’autres procédés que les méthodes classiques, AUGER (V.) : Les principes de l'analyse chimique. 1 vol. in-16 de 224 p. avec 76 fig. de la Collection Armand Colin (Prix: bro- ché, 5 fr. ; cart.: 6 fr.j. Librairie Armand Colin, Paris, 1921. L'auteur à eu surtout en vue de faire ressortir que l'analyse chimique n'est pas une science purement empirique, mais qu’elle repose sur un certain nombre de principes théoriques, indispen- sables à connaître pour qui veut comprendre ou perfectionner les méthodes analytiques. - ROUELLE (Jean) : La fonte (élaboration et travail). 1 vol. in- M6 de 192 p. avec 29 fig. de la Collection Armand Colin (Prix : broché, 5 fr. ; cart., 6 fr.) Librairie Armand Colin, Paris, 1921. Cet ouvrage donne les principes fondamentaux, les procédés essentiels et les détails les plus importants du travail de la fonte décrits par un spécialiste de la métallurgie. 1° Périodiques généraux Proceedings of the National Academy of Sciences of the U. S. of America (Easton, Pa.), t. L'évaluation des intégrales de quantum. — MiiciKan : La nouv. ‘extension du spectre ultraviolet et la progression avec le nom- bre atom. des spectres des éléments légers, — Wiener : La moyenne d’une fonctionnelle analyt. et le mouvement brow- nien. — BripGMan : Mesures de la déviation de la loi d’'Ohm chez les métaux sous de hautes densités de courant.— HiLLE : _ Une égalité intégrale et ses applications. 4 Journal of the Washington Academy of Sciences (Easton), t. XI, n° 21(19 déc.). Barrscu : Clef des mollusques terrestres operculés philippins du genre Ceratopoma. — Coss : Les Marionella (Eurystoma Marion. 1870). Journal of the Franklin Institute (Philadelphie), t. CXCII, . n°1 (Janv.). Monseski : Le pont de la rivière Delaware, entre Philadelphie et Camden. — Ames : La recherche aéronauti- CE re VII, n° 10 (Oct.). KemBLE : SUPPLÉMENT À LA Revue générale des Sciences pu 15 Février 1922 Agenda Lumière-Jougla 1922. 1 vol. in-16 de 508 p, (Prix cart, : 3 fr.). Union photographique industrielle, 82, rue de Rivoli, Paris ; Gauthier-Villars et Cie, Paris, 1922. Cet agenda renferme une multitude de renseignements de toute nature, destinés à faciliter la tâche de tous ceux qui s'occupent de photographie. & Sciences naturelles DAUZAT (Albert): La Géographie linguistique. 1 vol. in-16 de 200 p. avec 7 fig. de la Bibliothèque de Culture générale (Prix : 4 fr. 50). Ern. Flammarion, Paris, 1922. Cet ouvrage est divisé ea 3 parties : [. Origines, but, doctrine ; IL. Les phénomènes internes du langage. III. Les phénomènes externes du langage. Echanges et réaction entre les parlers. REGELSPERGER (G.), PELLERAY (E.) et FROMENT GUI- EYSSE (G.) : L'Océanie française. 1 vol. in-4° de 160 p. avec 6 curteset 30 photogr. (Prix : 7 fr. 50). Edition « Notre Domaine colonial », 20, rue de Mogador, Paris, 1922. Ce volume, qui constitue le fascicule X de la publication « Notre Domaine colonial », renferme la description de la Nouvelle-Calé- donie, des Nouvelles-Hébrides et des Etablissements français de l'Océanie. WAGUET (P.) : Géologie agricole du Département de l'Oise. 1 vol. in-8° de 106 p. avec fig. et 1 carte hors texte. Institut agricole, Beauvais, 1921, Cet ouvrage indique, pour la région du département de l'Oise, les rapports qui existent entre la nature géologique du sol et du sous-sol et la production végétale et animale,-et en déduit les conclusions capables de favoriser les progrès de la culture et de l'élevage. GATTEFOSSÉ (J.): Voyage d'études au Maroc. (Extrait des « Annales de la Société botanique de Lyon ».) 1 vol, in-8° de 37 p. avec 20 pl. Société botanique, 1, place d’Albon, Lyon, 1921. Le but du voyage de l'auteur était la recherche et l'étude de toute plante aromatique susceptible d'un usage industriel pour l'obtention de matières premières pour la parfumerie. PERROT (Em.) et GENTIL (L.) : Sur les productions végétales du Maroc. La constitution du sol marocain et les influences cli- matologiques. 1 vol. in-8° de 170 jp. avec 1 carte et 10 pl, (Prix : 25 fr.). Larose, 11, rue Victor-Cousin, Paris, 1921. Ce volume renferme le Rapport de la Mission de MM. Perrot et Gentil entr-prise en vue de reconnaitre les possibilités immé- diates ou lointaines du Maroc dans la production des plantes utiles aux industries de la droguerie et de la parfumerie; on y} trouvera, en outre, des notes complémentaires de MM-Maire et Gattefosé et de Mme Dufougeré. BIANCHI ([.) : La Mécanique du cerveau et la fonction des lobes frontaux. Traduit par les D'* Corn et SAsGuINETTI. Pré- face de M Ch. Ricer. 1 vol. in-8° de 454 p. avec 62 fig. (Prix: 35 fr.) L. Arnette, 2, rue Casimir-Delavigne, Paris, 1921, Ce volume résume les résultats de 30 années d observations cliniques et d'expériences de l’auteur qui l'ont amené à établir un plan d'ensemble de la mécanique du cerveau et à montrer comment les fonctions cérébrales collaborent pour l'élaboration des sentiments les plus élevés et des idées supérieures, ARMITAGE (F. P.): Diet and Race. Anthropological Essays. 1 vol. in-8° de 144 p. avec 7 fig. (Prix cart. : 7 sh. 6 d.). Long- mans, Green and Co., Londres, 1922, Dans cet ouvrage, l’auteur cherche à établir une relation entre le régime et les caractéristiques raciales (phyeique, couleur, forme du crâne). 5° Sciences diverses BOLL {M.) : La Science et l'esprit positif chez les Penseurs con- temporains. 1 vol. in-16 de 202 p. dela collection : « Les ques- tions actuelles» (Prix: 8 fr.). Librairie lfélix Alcan, Paris, 1921. Cet ouvrage constitue un tableou des principales tendances philosophiques qui prennent pour base les données de la Science, et en même temps une critique de celles qui croient pouvoir - s'appuyer sur d'autres données que ces dernières, LE SOMMAIRES DES JOURNAUX SCIENTIFIQUES que. — ALLEen : Aspects chim. du volcanisme, avéc une col- lection d'analyses des gaz volcaniques. — LEeFFMANN : Quelques applic. du microscope dans la recherche, — CREIGHTON : Con- centr. électrolyt. des sol. aq. d’ac. nitrique. I. — HeisiNG : Télégraphe imprimant par t, s. f. Annaes scientificos da Academia polytechnica do Porto, t. XIV, n° 3, TURRIERE : Sur une transformation des courbes du complexe linéaire. — GoncaLo Samparo : Observations sur quel ques plantes. — Menpes CorrèaA : Ethnologie ibérique. Archives des Sciences physiques et naturelles, 5° période, vol. III (Novembre-Décembre). Scniocor: Les bases logiques de la théorie de relativité. généralisée. — Mercier : Electro- mètre sous pression (note concernant le fonctionnement et le mode d'emploi de l'aiguille). — Rivier : Sur une classe impor- tante ‘de jeux de combinaisons. — Gaurier et Ron : Obser- vations méléorologiques faites aux fortifications de Saint- Maurice pendant l'année 1920, The Philippine Journal of Science (Manille), t. XIX, n° 2 PET ÉTUDE et Construction d'Appareils scientifiques M Pous LES PRODUITS a UP AE ÉTABLISSEMENTS OUS LES APPAREILS MORLOT -MAURY & PILOT RÉUNIS OUTES LÉS' IDÉES. Lee Tél. GOB. 47-64 Fournisseur de : René PIETERS S'| La HApMe gr et de Médecine de Paris Rédacteur-Fondateur | Ministèredel'Inst°"publave Ecole normale sup'*, de \ Institut Pasteur, etc. L'ARGUS des SCIENCES Mensuel gratuit TRIBUNE DE CONSULTATIONS industrielles Lien technique des Echanges d'idées ou d’Appareils entre les Laboratoires Publie les disponibles Renseigne, Garantit ONCERNANT Catalogue sur demande : Chimie. — Physique Fournitures industrielles OUTILLAGE Biologie, Microbiologie ABORATOIRE| E. + pen PRÉPARATIONS TE (Métaux Colloïdaux électriques à petits grains. Colloïdes électriques et chimiques de métalloïdes ou de dérivés métalliques) Electrargol (Argent) Electroplatinol . . . (Platine) Electromartiol. .. (Fer) Electrorhodiol . . . (Rhodium) Electraurol . . : . . (Or) Electriridiol. . . . . (Iridium) Electr-Hg ; . (Mercure) Electropalladiol . . (Palladium) Electrocuprol. . (Oxyde de cuivre) Thiarsol. . . . . . . (Sulfure pee Electrosélénium. . (Sélénium) Collothiol . (Soufre) Obtenues par la méthode chimique ou par la méthode physique (électrique), les solutions LR sont constituées par la suspension en milieu liquide d'une infinité de grains ultramicroscopiques, animés du mouvement brownien et présentant une charge électrique de signe défini. Grâce à la grande surface de ces grains, les colloïdes présentent un érergique pouvoir catalytique et fermentaire. Les colloïdes possèdent d'importantes propriétés biologiques, bien étudiées depuis que l'on sait le rôle des colloïdes naturels dans la physiologie normale. Injectés à l’homme ou aux animaux, ils augmentent les oxydations et les échanges nutritifs, ils stimulent la défense contre les toxines et les fonctions d’élimina- tion, ils provoquent un mouvement leucoeytaire très marqué. Les colloïdes sont d’un usage thérapeutique courant : les métaux (type : Electrargol) sont des médica- ments antiinfectieux de premier ordre {toutes maladies infectieuses); on emploie certains colloïdes comme spécifiques (Electr-Hg — E lectrosélénium — Electrocuprol — Electromartiol — Collothiol) Les Laboratoires Clin préparent tous les colloïdes qu’il est possible d'obtenir dans l'état actuel de la science. Pour l'expér imentation thérapeutique ou lés usages de laboratoire, les Laboratoires 2 délivrent des préparations colloïdales pures, à constantes physiques définies. Laboratoires CLIN, 20, rue des Fossés- Ponte, PARIS M = Touristes!!! dans vos excursions emportez I VERASCOPE RICHARD BREVETÉ S. G. D. G. Quel que soit le temps, vous ferez d'admirables photographies 10, RUE HALÉVY (Orfra) FORME CORRECTE GRANDEUR EXACTE Le Vérascope est RORVRRE PERSPECTIVE JUSTE RARES COULEUR VRAIE | PARFAIT Re . ÉLÉGANT Nouveauté! MAGASIN POUR PELLICULES EN BOBINES BREVETÉ S. G. D. 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LE os en ue alle ie Ve vence © ET EE ea ln a dd cl. Hi St A É OMET E dr t S (Août). Lee : La lutte contre le cancer du citron. — SCHEERER : Rech. expérim. sur le coeffic. d’élasticité du béton, — LAMALLE : Textes Kalinga du groupe Balbalasang-Ginaang.— WiLEMAN : Note sur la classific, décimale, — Hogrrr : Développ. de Lépidoptères japonais et leurs larves, VI — Suiru : Anciens l'énergie hydro-électr, aux chutes du Niagara. — HOUBAER : habitants des cavernes de Batwaan, Masbate (Iles Phil. }. — Les accords de Wiesbaden. — Derize : Les commissions d'é- WuarTOn : L’Opisthorchis wardi, nouv. espère de ver du foie tude des combustibles. — GrLaxp : Le verre de quartz (suite). chez le chat aux Philippines. — Licur : Notes sur les Alcyon- — N°2 (15 janv.). LykrARoorouLo : Les mines de potasse naires philippins. VI. d'Alsace. — Der1ize : /d. (suite). — Lepersonxe : Note sur les aciers au Mo. — Leprus : Les spectres des rayons X. — : ie Art de l'Ingénieur GiLarD : Id. (suite). ; À Bulletin officiel de la Direction des Recherches scientifiques : : [4 et industrielles et des Rhvcnticn,n° 26 (Déc. 1921). Babe 3° Sciences physiques É LANGER :; Applic. des cuirs de zébus aux us Beer inAnELe (suite). Le Journal de Physique et le Radium, t. II, n° 12 (Décembre). « — Ducir et BakBiLLiox : Mesure de la dérive à bord d'un vAN LEEUWEN : Problèmes de la théorie électronique du ma- …_ aéronef. — MARIE : Quelques expér. sur la Stcittation su- gnétisme, — Muxo : Expériences sur la répartition des dépôts perfic. du fer — BreuiL : Contrib, à l'étude des colles et des actifs de l’émanation du radium sons l’action d’un champ collages pour bois. — Porte- lampe électr. É Hermet. électrique. — PAUTHENIER ; Sur la constante de Kerr des liqui- Journal of the Royal Society of Arts {Londres}, t. LXX, n° 3608 des conducteurs. — De MaLLEMANN : Remarques sur les pris- (13 janv.). CammaëËRrTs : La littérature et les os bone internat. mes à déviation constante. . — N° 3609 (2) janv.).Beaueré-TowxLey : Le commerce avec | Communications from the Physical Laboratory of the Uni- - les Indes orientales néerlandaises. versity of Leiden, supplém. n° 44. Oxn:s : 1, Le parama- evue universelle des Mines, de la Métallurgie, des Travaux gnétisme aux basses températures considéré au point de vue lics -{Liége), 6° sér. t XII, n° 1 (1# janv.), MacneL : de la constitutisn des aimants élémentaires et de l’action qu'ils 12 subissent de la part de leurs porteurs. II. Les superconduc- teurs et le modèle de l'atome de Rutherford-Bohr. — EuREN- resr : Note sur le paramagnétisme des solides. — Kkesom : Sur les déviations de la loi de Curie de l'oxygène liquide. Scientific Papers of the Bureau of Standards (Washington), n9 413 {15 juillet 1921). Coguenrz : Une thermopile à vide por- tative. == N° 414 {1° août). Meccers : Mesures d'interférence dans les spectres de Ar, Kr etXe. — N° 415 (10 août). KaRREn : Emploi de la sphère d'Ulbricht dans la mesure des facteurs de réflexion et de transmission. == N° 416 {15 août). CLARK : Préparation du galactose. == N° 418 (29 août). CoBLENTz : Rech. spectro-radiométr. sur la transmission de diverses subst.II. == N° 423 ‘15 nov.). PuniNcron : Fonctionnem. du tube modulateur dans les circuits radiotéléphon. Recueil des Travaux chimiques des Pays-Bas, t. XLI, n° 1 (15 janvier). ScnoonL et ReGeNBOGEN (Mlle) : Le système eau-alcool-chloroforme., La miscibilité des trois constituants en diverses proportions et quelques applications pratiques qui s'en déduisent. — In. et Weerp : Le système acétanilide-eau, — Van per Burc : Sur la préparation de l'acide acrylique et de quelques-uns de ses dérivés. — MarrTaar : Sur le rempla- cement de l'halogène dans le 1 chloro-2-nitro-4-cyanobenzène et le 1-bromo-?-nitro-4-cyanobenzène. — Van ROMBURGH : Sur les dérivés nitrés de benzidines alkylées. — SCHONEBAUM : L'action de l’ozone sur des solutions pures de glycose, de fructose et de saccharose. — Lynsr Zwikker : Sur la consti- tution des polysaccharides, — Kouruorr : L'erreur de sel des indicateurs colorants. Bulletin de la Sociéte de Chimie de Roumanie, t. III, n° 3 et 4 (Juillet-Octobre). Mivovict et lonescu: Nouvelle méthode pour le dosage volumétrique du cuivre. — Joxescu : Contribution à l'étude des intoxications par le chlorure de baryum. — 10. : Sur le chimisme des glycosuries diabétiques. — CROZEA : Procédé pratique pour la décoloration du salicylate de méthyle, devenu ferrugineux par suite de sa conservation dans des récipients en fer. The Journal of the American chemical Society (Easton, Pa.), t. XLIII, n° 10 (Oct.). Denis et Papisn . Le germanium, I. Extraction d'oxyde de Zn germanifère. — PaTkick et GRIMM : Chaleur de mouillage du gel de silice. — FsnGuson et FRANCE : Les nombres de transport de l'ac. sulfurique déterm. par la méth. de la pile de concentr. — Ip. et Ip. : Infl. de la gélatine sur les nombres de transport de l'ac. sulfurique. — HiLoe- gxaxD et Jenwxs : Solubilité. VII. Relations de solubilité du $ rhombique, — Wizson et Mc Cnosky : Transform. polymor- . phes du trisulfure de Sb. — ‘Prase et TayLor : Réduction de CuO par H. — Lams et Simmons : Chaleurs de sol. et de transform. des acido- et aqno-cobaltopentimmines. — Canis- TIANSEN : Relation entre le mode de synthèse et la toxicité de l'arsphénamine et comp. voisins. — Coueman et Noyes : Chlo- ruration et formation de chloramines par le moyeû du trichlo- rure d'azote. — Lewis et Hamicron : La 7-chloro-7 : 12-dihy- dro--benzophénarsazine et quelques-uns deses dér. — Kamm et Wacno L'éther B£'-dichloro-diéthylique, lomologue oxygéné du gaz moutarde, — Kamm et Newcous : Les éthers y1-dihalogénodipropyliques, — Davis : Act. de l’eau ammonia- cale sur la dicyanodiamide, — Ip. : Prépar. du nitrate de guanidine. — Kuarascu : Méth. indirecte de prépar. des dér. argan. de Hy et méth. de liaison du C au C. — BRruNKkow, Prrerson et Frep : Infl. de certains facteurs sur la compos. chim. de la choucroute. — Jouwson et Apams : L’ac. 2-phényl- quinoline-4-carboxylique-6-arsonique. & Sciences naturelles Comptes rendus dela Société de Biologie, t. XXXVI, n° 1 (7 jan- vier). BAuDiER, DUCHEIN et SriLLuunkès : Remarques sur la glycosurie caféinique — In., [0. etIn. : Sympathique et glyco- surie caféinique. — Bouveykron : Action déchaïnante et action désensibilisante de la tuberculine dans sept cas d’asthme, — Cuaurrarp, BropiN et Guicaur : Teneur en acide urique des hématies. — Duvaz et Porri:R : Limite de résistance au froid des chenilles de Cossus cossus. — FAURÉ-FRÉMIET : Echanges respiratoires des œufs de Sabellaria alveolota [,. au cours de la segmentalion ou de la cytolyse. — Fennsacn ef Sc : L'acide pyruvique dans la fermentation alcoolique. — KozLmAnn : Régénération caudale chez les Batraciens. Le pouvoir régénérateur aux différents niveaux. — Nicouas : Sur la gélification des sérums par l’aldéhyde formique. —RicnauD: Sur la teneur en adrénaline des capsules surrénales, déter- minée par la méthode chimique et par la méthode physiolo- gique. — TarcowLa : Sur une réaction simple de pré- cipitation du liquide céphalorachidien : réaction à l'élixir parégorique. — Taomas et Bixerri : Etude de la variation du pouvoir réducteur des sérums normaux et cancéreux, en pré- sence d'extraits de tumeurs. — UrBain : Sensibilisatrice due à la Bactéridie charbonneuse. — WeiL, BocaGe et Cosre : Etats hémorragipares, temps de saignement et hématoblastes. — Cravwpon : Recherche du bacille de Koch dans le sang des tuberculeux. — DuviLLier, CoMBEMALE et BULTEAU : Etude SOMMAIRES DES JOURNAUX SCIENTIFIQUES expérimentale de l'action de la spartéine sur la circulation. — LAGUESssE : Sur les lamelles du tissu conjonctif, à propos d'un récent mémoire de Dominici, — WerTHr1imer et Dugois : Sur les fonctions des vesicules séminales de quelques rongeurs, — ARLOING, GADE et Bocca : (ontribution à l'étude expérimen- tale de la sécrétion gastrique chez le chien. — [p, Io. et Un. : - Etude expérimentale de l'influence de l’atropine (en injection et en ingestion) sur la sécrétion gastrique du chien. — Cuuzer et Korman : Etude ultra-microscopique de l'action des rayons X sur les colloïdes métalliques, — MixANvEe : Sur la présence d'un alcaloïde dans l’{sopyrum fumarioïdes L. Etude de ses réactions micro-chimiques et de ses localisations. — RANQUE et SEeNEz : Sur une technique de réaction de fixation du complément dans la tuberculose. — Ip. et Ip. : Unité de mesare exacte dans la réaction de fixation du complément, — RousLacroix : Réactions de fixation avec l’antigène tuber- culeux de Besredka. =» N° 2 (14 janvier) Cesari et LÉvr- BruuL : Sur l’activité de divers extraits alcooliques d'organes pouvant être ulilisés, en guise d’antigène, dans le séro-dia- gnostic de la syphilis. — Groer : Influence des actions phar- macodynamiques sur les dermoréactions inflammatoires. — Levaniri et Nicocau : Action du formol sur les propriétés du sérum hémolytique. — Rocer et Biner : Le pouvoir lipolytique du sang et des tissus, — Romieu : Sur l'existence d'une mem- brane cellnlaire et sur ses caractères dans les globules rouges des Polychètes. — SLowimskr et ZwerBauM : Sur quelques conditions de la coloration vitale des Infusoires. — TE1Ss1ER, Gasrinec et REtLLY : La transmission du virus herpétique au rat blanc. — 1p.,[0.et Ip.: Présence d'un virus kératogène dans les herpès symptomatiques. L'unité des herpès. — ATHANASIU, Maniesco et VLaprsco : Sur la force dynamique et la force statique des muscles chez les parkinsoniens, — DAntÉ.OPOLU et CARNIOL : Action cardiovasculaire de l’ésérine chez l'homme normal. — [n.et Ip.: Action de l'ésérine chez les vagotoniques et les sympathicotoniques. — Marinesco, Rapovici et Ras- cANU : La période latente et le phénomène de la sommation dans les réflexes d'automatisme médullaire chez l'homme. 5° Sciencesimédicales Bulletin de l'Académie de Médecine, t. LXXX VII, n° 2 (10 jan- vier). HARTMANN : Sur un travail de M. le Dr Fenton B. Turck, sur les réactions biologiques des extraits de tissus {cytost) duns la production des maladies aiguës et chroniques. — Marin : Sur les demandes en autorisation de fabriquer et de vendre des sérums et vaccins. — AcHARD, Biver et LANGE : Modifications de la ventilation pulmonaire pendant et après la marche chez l’homme normal et chez le malade. — Torko- . Mian : Un cas d’exocardie. = n°3 (17 janvier). LINOSS1ER : La réforme de l’enseignement secondaire et l'hygiène. — Loir et LeGanGneux : Utilité de la vaccination contre la fiè- $re typhoïde. — Roussy : Mécanique animale. Métrostatique anatomique. Mesure de la sarface cutanée du cheval par la loi géométrique de la surface cutanée de l'homme. — Prou : Essai de tonométrie des liquides gastriques de jeûne. Bulletin mensuel de l'Office international d'Hygiène publique, t. XIII, n° 11 (Nov.). Le charbon transmis pur les blaireaux à barbe, et les sources de l'infection charbonneuse chez l'homme. — Jrrra : Note sur l'infection charbonneuse dans les Pays-Bas. — Carwwara : L'incidence et la prophylaxie du charbon dans le Royaume-Uni. — Brurzen : Le charbon en Norvège.— BucHAnAN: Les condilions sanitaires des équipages. à bord des navires marchands en Angleterre. Aunales de l’Institut Pasteur, t. XXXV, n° 12 (llécembre), BER- TRAND et RosenBLATT (Mme). Recherches sur la présence du manganèse dans le règne végétal. — ScHwr1zER : Etnde sur la fermentation des cerises. — Kkoncocn-Vinavrk (Mme) : Infection puerpérale et le sérim antistreptococcique préparé d'après une méthode nouvelle. rage à l’Institut bactériologique de Lyon. — Broco-RoussEu, Forcror et Ungain : Sur la formation des anticorps à la suite des injections de malléine, — Picano : Anticorps expérimen- taux chez les végétaux. Bulletin de l'Institut Pasteur, t. XIX, n° 24 (30 décembre). NicoLLe vaccination contre le choléra. 6 Géographie et Colonisation La Géographie, t. XXXVI, n° 5 (Décembre). Froipevaux : Alfred | Grandidier, — Gautier : Structure de l'Algérie. — DURANDIN : La production du pétrole dans le monde (données numéri- ues). The Scottish Geographical Magazine (Edimbourg), t. XXXVIII, n° 1(16 janv.). Gizcerre : Essai de géographie historique de la région des terres noires de la Russie centrale, — HoGaARTH :. : Le Galloway. — Cnis-. Géographie appliquée. — (raurD nou : Géographie du commerce du monde. Courmowr et Rocnaix : Vingt années de fonctionnement du Service de la! : Etat de nos connaissances d'ordre expérimental sur le trachome, = T, XX, n° 1 (15 janvier). BesrepkA: De la u INFORMATIONS « Science et Civilisation. » — Depuis quelques années, les collections d'ouvrages qui se proposent de mettre le grand public au courant des résullais obtenus dans les divers ordres de la connaissance, scientifique ou autre, se mulliplient, et c'est une entreprise uu peu hardie que tente aujourd'hui la maison d'édi- tion Gauthier-Villars et Cie en nous dotant d’une nouvelle série d'ouvrages de ce genre, publiés sous la direction de M. Maurice Solovine sous le titre « Science et Civilisation. Collection d'Exposés synthétiques du savoir humain ». Fa à Le premier volume qui vient de paraître : Electricité ct matière, dû à la plume de l'illustre physicien anglais sir J. J. Thomson, la liste des collaborateurs qu'a déjà su réunir M. Maurice Solovine et parmi lesquels nous notons les noms de MM. Bigourdan, Langevin, Urbain, Deslandres, Bezançon, H. Gauthiers-Villars, Thoulet, Rabaud, Clouard, etc..., sont pourtant d'un heureux présage et nous montrent que Science et Civilisation désire se maintenir sur un terrain particulièrement élevé et former une bibliothèque de cullure générale, dans le meilleur sens du terme. j Elle compte aborder tous les domaines où s'exerce l’activité de l'esprit humain. Les problèmes scientifiques et philosophi- ques, les lettres et les arts, les questions économiques et socia- les, et tout ce qui gravite autour de ces principaux noyaux du savoir humain, y seront traités, Les sujets cependant ne seront pas empruntés uniquement au présent, les civilisations et les institutions du passé, qui sont si instructives et qui exercent un si puissant allrait sur les âmes — puisqu'elles résument les aspirations et les expériences des générations disparues — y figureront également. Nous souhaitons le meilleur succès à la nouvelle collection, dont la Revue analysera successivement les diverses produc- tions. Aux océanographes. — Au cours de la réunion internationale des sections d'Océanographie physique et biologique, tenue à Paris du 9 au 14 janvier 1922, on a décidé d’édiler un réper- toire de toutes les personnes qui, dans chaque pays, s’intéres- sent aux sciences de la mer. Il s'agit d'organiser entre elles une base de relations scienti- fiques, de faciliter leurs échanges de publications et de favoriser ainsi leurs travaux. Afin d'établir le plus promptement possible la liste des savants français intéressés, ceux-ci, et notamment les mathématiciens, physiciens, chimistes, biologistes, industriels, dont les travaux se rapportent de près ou de loin aux sciences de la mer, sont priés d'envoyer le plus tôt possible leurs nom, prénom, fonction, adresse, spécialité, au Professeur L. Joubia, Institut Océano- graphique, 195, rue Saint-Jacques, Paris (V°). LIVRES REÇUS Tous les livres reçus par laRevue sont signalés sous cette rubrique avec une brève indication de leur contenu, sans préjudice de l'ana- dyse crilique dont ils pourront étre ultérieurement l'objet dans la parlie bibliographique de la Revue. 1° Sciences mathématiques ANDOYER (H.) : L'œuvre scientifique de Laplace. 1 vol. petit in-16 de 162 p. de la Collection Payot (Prix cart. :4fr.). Payot et Cie, Paris, 1922. L'auteur analyse sommairement l’œuvre de Laplace, assez largement pour y intéresser tous les lecteurs, dans sa double orientation vers les conséquences du principe de la gravitation universelle et le développement du calcul des probabilités. CARSLAW (H.S.) : Zntroduction to the theory of Fourier's Series and Intezrals. 2* édition. 1 vol. in-8° de x1-323 p. avec 37 fig. (Prix cart.: 20 sh.), Macmillan and Co., Londres, 1921. CARSLAW (H.S.): Zntroduction to the mathematical theory of the conduction of heat in solids. 2e édition, 1 vol. in-8° de x11-268 p. avec 23 fig. (Prix cart.: 30 sh.), Macmillan and Co., Londres, 1921. Ces deux ouvrages, dont la première édition formait un seul el même volume, conslituent maintenant deux œuvres séparées, mises au courant des dernières recherches. Le premier expose la théorie des séries et des intégrales de Fourier, le second son application à la solution du problème de la conduction de la chaleur dans les solides. PICARD (Em.) : La théorie de la relativité et ses applications à l'Astronomie, 1 broch, in-16 de 27 p. (Prix : 1 fr. 75).Gauthier- Villars et Gie, Paris, 1922. L'auteur trace une esquisse historique et critique de la théorie moderne de la Relalivité en vue d'en indiquer les applications à l’Astronomie. Procès-verbaux des séances du Comité international des Poids ct Mesures (session de 1921), 1 broch. in-8° de 112 p. Gauthier- Villars et Cie, Paris, 1921. 2° Sciences physiques THOMSON (Sir J.J.): Electricité et matière. Traduction de M. M. SoLovine. Préface de M, P. Lancevin. 1 vol. in-12 de x-132 p. avec 1 portrait et 19 fig. de la collection: Science et brauon (Prix : Gfr. 50). Gauthier-Villars et Cie, Paris, SUPPLÉMENT A LA Revue générale des Sciences pu 28 FEvRrieR 1922 ‘1 vol. in-4° de 1v-131 p. avec 467 fig. et 9 pl. (Prix : 13 L'auteur expose ici, d'une manière simple et originale à la fois, les problèmes fondamentaux auxquels il a consacré la plus , les prob 1 grande partie de ses recherches, : GANDILLOT (Maur.): £ther ou Relativité. 1 broch. in-16 de x1V-84 p. (Prix : 4 fr. 50). Gauthier-Villars, Paris, 1922, L'auteur montre comment la Physique éthérienne peut expli- quer les mêmes phénomènes que la Relativité généralisée, mais par des procédés radicalement différents, sans modifier en quoi que ce soit ni les principes, ni la conception du temps, ni les règles traditionnelles du sens commun, LÉMERAY (E. M.) : L'élher actuel et ses précurseurs. Préface de M. L. Leconnu. 1 vol. in-16 de 141 p. de la collection: Actua= lités scientifiques (Prix : 6 fr.). Gauthier-Villars et Cie, Paris, 1922. L'auteur expose d'une part ce qu’on entendait sous le nom d’éther depuis l'antiquité jusqu'à Huygens et Fresnel et leurs successeurs, et d'autre part la signification entièrementnouvelle qu'Einstein a donnée à ce mot, GUYE (Ch. Eug.), RATNOWSKY (S.) et LAVANCHY (Ch.): Vérification expérimentale de la formule de Lorentz-Eïinstein. 1 broch. in-4° de 92 p. avec 3 pl. et 11 fig. A. Kundig, Genève, 1921: Exposé des expériences des auteurs, faites au Laboratoire de Physique de l’Université de Genève, qui leur ont permis de véri- fier avec une très grande exactitude la formule de Lorentz-Eins- tein relative à la variation de l'inertie en fonction de la vitesse. Les Actualités de Chimie contemporaine, publiées sous la direc- tion de M. A. HazLen, 1r* série. 1 vol. in-16 de viur-324 p. avec fig. (Prix : 10 fr.). G. Doin, Paris, 1922. Ce volume reproduit une série de conférences de MM. Cornu- bert, Florentin, Maille, Bourquelot, Martinet, Nœlling, Somme- let et Delépine, faites au Laboratoire de M. Haller et précédem- ment parues dans la Revue générale des Sciences. MARDEN (J. W.) et RICH (M.N.) : /nvestigations of ztreontum with especial reference to the metal and oxide (Bulletin 186 du Bureau of Mines). 1 vol. in-8° de v1-152 p. avec 3 fig. et 2 pl. (Prix: 25 cents). Government Printing Ofice, Washington, 1922, Revue historique complète de tous les travaux concernant le zirconium, et recherches particulières des auteurs sur ce métal et ses composés, effectuées au Bureau américain des Mines. Bibliographie de 443 numéros. MITZAKIS (Marcel) : The Oùl Encyclopedia. 1 vol. in-80 de 551 p. (Prix cart. : 21 sh.). Chapman and Hall, Londres, 1922. Sous forme de dictionnaire, l’auteur donne une grande quan- lilé de renseignements concernant l'industrie du pétrole, ses gisements, les compagnies d'exploitation, etc. 3° Sciences”naturelles BOUCHIÉ DE BELLE (Edm.): La Macédoine etles Macédo- niens. Préface de J. BAiNvizze. 1 vol. in-18 de 303 p. (Prix : 7 fr.). Librairie Armand Colin, Paris, 1922. L'auteur a voulu marquer le caractère des peuples en présence, dénréler leurs intérêts et montrer ce que vaut en Macédoine le principe des nalionalités. De l'étude économique du pays, il dégage les conditions de sa prospérité. CARNOY (Albert) ; Les Indo-Européens. Préhistoire des lan- gues, des mœurs et des croyances de l'Europe. 1 vol. in-12 de 256 p. (Prix: 7 fr.). Vromantet Cie, 3, rue de la Chapelle, Bruxelles ; 37, rue de Lille, Paris, 1921, L'auteur a essayé de reconstituer dans la mesure du possible \ P < la vie matérielle et morale des Indo-Européens, CLEMENTS (Fred. E.) : Aeration and air-content. The rôle of oxygen in root-activity. À vol, gr. in-8° de 183 p. (Prix : 2 doll.). Publication 315 de la Carnegie Institution, Washington, 1921. Etude des relations de l'oxygène avec l’activité des racines à {rois points de vue: respiration et oxygène, xérophytes de la tourbe et sols acides, exsudats toxiques et toxines du sol. HALL (H.M.) et LONG(E.L.) : Aubber-content of North Ameri- cai plants. 1 vol. in-8° de 65 p. avec à pl. (Prix : 1 doll.). Publi- cation n° 313 de la Carnegie Institution, Washington, 1921. Examen de 225 espèces de plantes nord-américaines au point de vue de leur teneur en caoutchouc. Informations sur les rela- tions écologiques, la distribution géographique et les besoins culturaux des principales d’entre elles. TREADWELL (A.L.): Leodocidæ of the West Indian region. 7 doll. 50 cents). Publication 293 de la Carnegie Institution, Washing- ton, 1921. Etude taxonomique des Zeodocidæ (Eunicidæ) des Indes occi- dentales, d'après une comparaison des vastes collections de divers musées américains. PRENANT (M.): Recherches sur le parenchyme des Plathelmin- tes. Fascicule 5 des « Archives de Morphologie générale et expé- rimentale ». 1 vol in-8° de 175 p. avec 11 fig. et 8 pl. dont ? en couleurs (Prix : 22 fr.). G. Doin, Paris, 1922, Ce travail est divisé en 3 parties : détermination de la strue- ture générale du parenchyme; étude de divers types cellulaires reconnus soit dans le parenchyme, soit dans le‘sang desNémer- tiens; conclusions générales. 4° Sciences médicales PORAK (R.) : Les glandes surrénales et l'hypophyse. Clinique ; 14 SOMMAIRES DES JOURNAUX SCIENTIFIQUES et thérapeutique. Préface du Prof. H. RoGëér. 1 vol, in-8° de 110 p. (Prix:7fr.). G. Doin, Paris, 1922, Ce volume est une mise au point de quelques questions d’en- docrinologie, où l'auteur fait marcher parallèlement l'expéri- » mentation, la clinique et la thérapeutique. 5° Sciences diverses GOBLOT (Edm.): ble et le réel. 1 vol, in-18 de 259 p, (Prix: 7 fr.). mand Colin, Paris, 1922. La nature de la science humaine, ses divisions, leurs limites respectives, l'ordre et les raisons de leur dépendance logique, enfin les limites générales du connaissable sont étudiées par } l'examen des sciences elles-mêmes, de leurs résultats acquis et de l'orientation de leurs recherches. Le système des sciences : le vrai, l'intelligr- Librairie Ar- SERRE SOMMAIRES DES JOURNAUX SCIENTIFIQUES 1° Périodiques généraux Proceedings of the National Academy of Sciences of the U. S. of America (Easton, Pa.), t. VII, n° 11 (Nov.). Lorg : Les mobilités des électrons, — Rerp : Méth. pour obtenir des constantes pour les formules de croissance organique.— BLicH- FELDT : Les solutions approchées en nombres entiers d'une série d'équations linéaires. — FLEXNER et AMoss : Base phy- sique de l'Epidémiologie, Journal of the Washington Academy of Sciences (Easton, Pa.),t. XII, n° 1 {4 janv.). Wizcramson : Note mathémat, sur le recuit du verre. — ScnALLer : La gillespite, nouv. minéral. — Kenpazz et CRAwronrp : Note sur une valve spirale chez un poisson téléostéen, l'Argentina silus, et discussion de quelques caractères squelettiques et autres. The Philippine Journal of Science (Manille), t. XIX, n° 5 (Sept.). MAxwELL : La filariase en Chine. — MerriLe : Revue des espèces nouy. de plantes proposées par Burman dans sa Floraïndica. 2° Astronomie The Observatory (Londres), t. XLV, n° 572 (Janv.). BUTLER : Particularités des spectres du type M avec lignes brillantes. 3 Art de l'Ingénieur Journal of the Royal Society of Arts (Londres), t. LXX, n° 3610 {27 janv.). HuxLey : Récents progrès de la théorie ET VA NEA STE LL ALL Pesanteur Hydrostatique Cha V.M.M. \ 11, rue Blainville Bureaux | "PARIS (V°) Ateliers. } Gob. 47-64 ARGUS DES SCIENCES Gratuit Occasions Scientifiques e hé GUN VU ue vr _—…—… BOLL (Marcel) : Attardés et précurseurs. Propos objectifs sur la métaphysique et sur la philosophie de ce temps et de ce pays. 1 vol. in-16 de 280 p. (Prix: 7 fr. 5). E. Chiron, 40, rue de Seine, Paris, 1922. Critique des philosophies de Bergson et de Bautroux et essai de construction d'une philosophie basée uniquement sur le déterminisme physico-chimique. MACDONALD (J. Ramsay) : Le Socialisme et la Société, Tra- duit de l'anglais par L. N. Le Roux. 1 vol. in-18 de 283 p. de la Bibliothèque de Philosophie scientifique (Prix : 7 fr. 50). Ern. Flammarion, Paris, 1922, Exposé de la doctrine socialiste, présentée comme en rapport avec les lois de l’évolution organique et comme un programme constructif pour passer de l’ordre établi à l'Etat socialiste sans arrêter le fonctionnement du mécanisme de la Société actuelle. biolog. du sexe. = N° 3611 (3 févr.). HuxLex : /d. (fin). — N° 3612 (10 févr.). Enmunos : La photosculpture, The Technology Reports of the Tohoku Imperial University (Sendai, Japon), t. II, n° 2. Sarow : Rech. sur l'huile et les protéides extraits des graines de Soja. == N°3, MixAGr : Sur la perte d'eau à travers les anneaux de vidange dans une pompe centrifuge. — SUGIHARA : Poussée latérale due à l’obli- quité de la tige de connexion dans une machine alternative à grande vitesse. — YAci1 : Sur le contrôle par modulation en radiotéléphonie. — In. : Sur les méthodes dynamiques pour déterminer les constantes des soupapes des lampes à 3 élec- trodes. — WATANABE : Remarques sur le mémoire précédent. 4 Sciences physiques The Physical Review (Lancaster et New-York),t, XVIII, n° 6: (Déc.). DemPsrer : Analyse par rayons posilifs du Li et Mg. Tscouupt : Durée du choc des barreaux, — HarTcey et Fry : La localisation binaurale des tons purs. — Koppius : Compa- raison de la fonction de travail thermo-ionique et photo-électr. pour le platine. — Mirzikan : Quelques faits touchant la structure des atomes, en partic. de l’atome d'He. — KurTu : Sur l'extension du spectre de rayons X. Scientific Papers of the Bureau of Standards (Washington), n° 417 (55 août 1921). Priest : Distrib. spectrale de l'énergie nécessaire pour évoquer la sensation grise. — N°419 (6 sept.). Cook : La product. d’air liquide à l’échelle du laboratoire. QE CH Acoustique Optique Le Electricité CATALOGUES ; # Touristes!!! dans vos excursions | emportez le VERASCOPE RICHARD BREVETÉ S. G. D. G. Quel que soit le temps, vous ferez d’admirables Rte CS SU ÉLÉGANT ———— MAGASIN POUR PELLICULES EN BOBINES BREVETÉ S. G. D. 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XIX, n° 185 (Juillet). ALbAs9 Ro : Mith. pour déterminer la xitess> de p2riurbation électr. des conducteurs. Zeitschrift fur Elektrochemie (Halle-a-S.), t. XX VIII, n°* 1-2 {ler janv.}. Vox Eucer : Sur la mobilité des ions à la surface des mitaux. — Eucken : Sur la théorie des phénom. d'ad- sorption. — PoLaxyt : Consolidation de cristaux isolés par traitement mécanique. — Tigoe : Découverte et prépar. du sulfophosphate de My. — Mzyer : Réfraction molécul, de quelques sels fondu: et leur degré de dissoc. — Skaupy : Etat actuel de la question de l’état molécul. des métaux dissous dans Hz;. — Prausntrz : Sur l’électrosmose, — TAMMANN : Comportement électrochim. de combin. métall. conductrices. — Isciriscuewet BexkMan\ : La suriension sur les électrodes dans ses rapports avec l'hydratation des ions. — Ip. et Ip. : Act. des colloïdes sur la surtension, — Scauipr ; Rapports du frottement interae avec la constitution chim. chez les gaz. — Kcemenc : C» nportement d'une électrode inattaquable dans le processus conduisant à l'équilibre : 3HNO2_ 7 2NO+HNO® + H20. — Furra : Sur la force de l’ac, hypoiodeux. — Ascu- KENAS! : Sur l'hydratation des ions. The Journal of the Amzrican chemical Society (Easton, Pa.), t. XII, n°11(Nov.\. Broxsren et P£TERSEN : Etudes sur la solubilité. II[. Solubil, des sels métai-ammoniacaux dans les sol. de sels. — Wycrorr et Posxsar : La structure cristall. du chloroplatinate d'Am. — Mewztes : Un thermomètre diffé- rentiel. — In. et WxiGar : Applic. du thermomètre différentiel en ébullioscopie. — Euery et WriGuT : Distribution de cer- tains médicaments entre des solvants non miscibles. — BRowx et Maruews : La chaleur de coagal. de l’hydrosol d'oxyde ferrique avec les électrolgtes. — Lis el Ÿncve : Les forces des bases cobaltamminiques et la théorie des bases de Werner. — Denuam ; Les sous-sels da Bi. — Mc Cay et Axpersox : La ré luclion des sol. de sels ferriques par Hg. — MeruiLe : Sépa- ration du Cb et du Ta au moyen de l'oxychlorure de Se. — 10. : Sépar. du Mo et du Tu au moyen de l'oxychlorure de Se. — Scarcuarp : Vitesse de réact. en sol. conc. et mécanisme de l’inversion du su:ro3e. — Jo. : L'hydratation du sucrose en sol aq. calculée d’après les mesures de pression de vapeur. — Avams et WiLLiams : Prépar. de l’acétaldéhyde au labora- toire. — Joxes et Huro : Réarrangements de quelques nouv. ac. hydroxamiques en relation avec les ac. hétérocycliques et les ac. diphényl- et triphénylacétiques. — Scamipr : Act. du chlorure arsénieux sur l’aniline. — SHerman et Wayman : Effet de certains antisept. sur l’activité des amylases. — SHERMAN et Warxer : Infl. de certains amino-acides sur l'hydrolyse enzymique de l'amidon. — Suer“an et CarnweLz : Etude de l’inf. de l'arginine, de l'histidine, du tryptophane el de la cystine sur l'hydrolyse de l’amidon par J’amylase pancréati- que purifée. 5° Sciences naturelles Comptes rendus de la Société de Biologie, t. LXXXVI, n° 3 (21 janvier). Busquer : Production d'arrêts cardiaques momen- tanés avec le chlorure d’ammonium : leur analogie avec l'inhi- bition d’origine pneumogastrique. — Garvor et LAUGIER : Action des fortes concentr. salines sur lebac, lactique. — Dev: Echinococcose expérim. du lobe postérieur de l'hypophyse. Lésion hypophysaire d'origine infundibulaire. — Lauxoy et FaLQue : Pouvoir antitrypliqué normal du sang et choc anaphy- lactique. — Panisser el VerGe : Action de l'hyposulfite de soude sur Jes propriétés da sérum hmolytique. — RicHaup : Sur le mécanisme physio'og. de la paralysie produite par l'arnica, — Sronimski et Zweisium : Sur l'excrélion des colorants vitaux par les infusoires.— ARLoING, Cane el Bocca: Etade expérim. de l'infl, de la pilocarpine sur la sécrétion gastrique du Chien. — Gaurier : Glycosurie parsuppression temporaire de la respiration pulmonaire chez la Grenouille, — Maïcxon : Action d'épargne exercée par les graisses vis-à- vis de la destruction d'albumine chez les diabétiques en état de dénutrition azotée, — NozL : Infl, du régim. alimentaire sur la morphologie de la cellule hépatique de la souris blanche. — Pouicarvet Noer : Sur la valenr de la méthode de Vasta- rini Cresi dans la détection histochimique du glycozène. — Hirtzmanx : Histopathologie de l'amibiase hépatique. — LieNHART : À propos de la présence aux environs de Nancy de l'Orthoptèremriodiona! S, Hirgonotus cœærulans Linné. — Mor- Lor et GuiLcemiN : Tumour myxomiteuse du nerf médian; récidive. — Murec: Des fractures du mésentère terminal, — Rémy : L'iode et la mitamorphose de l’'Ammocætes branchialis en Petromizon planeri Bloch. — Watrix : Réactions oxyda- siques dans les plexus choroïdes, — FaBRÈGuE : Utilisation thérapeut. des citrates doubles de bismuth. — AUBERTIN : Rech. sur l'hémoclasie digestive chez l:stuberculeux, sa com- paraison avec les autres épreuves d'insuffisance hépatique, — Bizrann et Dose : Les mœurs des animaux en rapport avec la disposition des yeux et la forme des pupilles. — Bou ra : Note sur la fonte des perles. — D :sQuEYRoUx : Sar les troubles des échanges azolés dans l'intoxication phosphorée aiguë expérimantale, — Fasre : La mesure de l'élasticité artérielle chez l'homm?, — Maurrac et SERVANTIE : Rech. expérim. sur le pouvoir glycolytique du sanx én vitro, — PariTeau : Sur un mode périodique ds réactivité réflexe. — SABRAZES, PARCELLIER et Bonnix: Lombzicsse du canal de Wirsung; pancréatite hémorragique, — Beckericn et HaupuroY : Au sujet du titrage du Bactériophage. — In. etlo. : Le Bactériophage dans le traitement de la fièvre typhoïde. — FoxrTÈs et TuivOLLe: Micro-dosage manganimétrique du lactose sur 1 cm ou 0,1 cm? de lait — Nicroux et WEeLtTer : Micro-dosage de l’urée dans. le sérum sanguin normal et pathologique. — SrrouL: Etu comparée de l'excitation électrique par des courants d'intensi constante ou à brusque variation. — Ip. : Méthode d'excitation par des courants présentant ue variation brusque d'intensité — Fosse : Synthèse d'un principe azoté des végétaux, l'acide cyanhydrique, par oxydalion de l’ammoniaque et des hydrales de carbone, de la glycérine ou de l'aldéhyde formique. — Fosse et Hieucre : Synthèse de l'ac. cyanhydrique par oxydation, en milieu argentico-ammoniacal, d'alcools, de phénols @ d'amines. — In. et RoucHEeLmAN : Sur la formation de l’urée dans le foie après la mort, — Miner, L?GRAND et BULTEAU Action de la spartéine sur le cœur de l'homme sain, et sur le cœur humain pathologique. ==» N°4(28janvier). GILDENBERGE Réaction de fixation dans la tuberculose au moyen de l’anti gène de Besredka. Procédé rapide par sérum non chaufé, GurLLaumix : Sur le dosage de l'acide urique sanguin libre où salifié. — Laxzexserc et Kéeixow : Glande thyroïde et ana phylaxie. — Maicxox : Sur l'absence de danger et les avanta= ges de l'administration abondante de corps gras aux diabéti= ques acétonuriques en état de dénutrition azotée. Considéra” Lions sur la prophylaxie du coma diabétique. — Mouceor L'oscillographie double superposée, son champ d'information: — PEyrox: Le vestige coccygien du tube neural des Oiseaux et ses rapports avec les chromatophores chez 1 Oie. — PIÉRON4 La question du temps de latence des différentes catégories de réflexes. — RocGer et BiNer : Le pouvoir lipolytique|(lipodiérèse} du sangartériel et du sang veineux. — Salmon: L'émétique d'antimo'ne et le cancer expérimental. — Tzancx et VALLER: Rapor: Applic. pratique de la skeptophylaxie digestive à» prophylaxie des crises nitritoïdes. — Baccer : Méthode bas sur la capillarité pour le diagnostic des bac, typhiques, paratyphiques, — B1e: Peut-on entraver la progression d fausses membrane diphtériques par la sérothérapie. — Haxs Tension superficielle et pouvoir bactéricide de divers dés fectants. — KeLver : Sur les glandes hémolymphatiques. Oerskov: Procédé pour la culture à l’état de pureté d'un ment unique. — TscHEerNING ; L'adaptation de l'œil. — In Verres photométriques. LE Rivista di B:ologia (Rome), t. III, fase. VI(Nov.-Déc.). Z:NARL& Formes héréditaires et variabilité dans le cycle du Sonchus oleraceus et du Sorchus Asper. — Guarpagassi : Etude su léthargie. Act. du nerf vague sur le cœur du Bu/o vulgi pend. la léthargie, le réveiletla veille. — Hérzoc: Sur Ma biologie du taon Hypoderma bovis et le traitement de l'épidémie dutaon. - s Archivio di Fisiologia (Florence), t. XIX, fase. 6 (Nov.-Déc:}: SeapoLint et Di Giorcio : L'électrocardiogramme embryons naire, — Îo. et In. : Contrib. à l'étude de l'électrocardios gramme des oiseaux. # 6° Sciences médicales Bulletin de l'Académie de Médecine, t. LXXXVII, n° 4 (24 jan- vier). AcuAKD : Morbité typhoïdique et vaccination préventives — Poucuër : Demandes en autorisation de stations climatiques et hydrominérales. — Bexnarp: Au sujet d’un projet d décret concernant l'Algérie, — Cxouzon : Centre de vaccinati anlityphoïdique de la Salpêtrière. == N°5 (31 janvier). Lino s1ER : Sur la forme de l'enseignement secondaire et l'hygiènt — Rogix: La silice, la chaux ella magnésie dans le ti cancéreux. — LETULLE et Bezanxcon : Note sur les lésion! broncho-pulmonaires dans la grippe épidémique. — BezaN con, Moreau et Cocuez : Les symptômes pulmonaires de grippe actuelle. L Annales del'Institut Pasteur, t. XXXVI, n° 1 (Janvier). Saze et Levaorri: Etude de l'action thérapeutique du bismuth sul la syphilis. — Founnier et Guénor : Traitement de la syphilis par le bismuth. — Marie et Fourcane: Note concernant A traitement des syphilis nerveuses par le Lartro-bismuthate di sou de ele potasse. — Navarro Makrix : Sur l'emploi del'a nophénolarsinate de soude dans le traitement des trypano miases. — Levaotri et In.: Action thérapeutique de l'acidi oxvaminophénylarsinique dans la spirillose des poules et} syphilis expérimentale du lapin. — Fourvier, Gué\oTe Scnwarz : Premiers résultats du traitement de la syphilis pa l'acide oxyaminophénylarsinique (sel de soude) o1« 189 y Levaptiri, Harvier elNicocau : Etude expérimentale de l'encé phalite dite « léthargique ». , ; à Bulletin mensuel de l'Office international d'Hygiène publique t,. XIII, n° 12(Déc.). Rapport du Service fédéral suisse, l'Hygiène pablique pour 1920. — Tuomsex : Le problème géné ral du logement e1 Danemark dans ses rapports avec la pr tection de la Santé publique. 79 Géographie et Colonisation The Geographical Review (New-York), t. XI, n°1 (Janv.). Crar p Le Hwang Ho (Fieuve jaune). — Bisuop : Le facteur géogra phique dans le développ. de la civilisation chinoise, — MATHE Exploration du pays des Yuracarés (Bolivie orientale). Kinoze : Les forêts du sud-est du Labrador, — De GEëR : distribution de la population en Suède, — Musset: Les cara( téristiques géograph. dela France occid. — NovakovsKY : provinces climatiques de l’Extrème-Orient russe dans leursr ports avec les activités humaines, — War : Types de temp rature composés des Etats-Unis. — Hunrincrox : L'évolutio du climat dans le Nord-Ouest de l’Europe. 2] LIVRES REÇUS l'ous Les livres reçus par la Revue sont signalés sous cette rubrique avec une brève indication de leur contenu, sans préjudice de l'ana- lyse critique dont ils pourront étre ultérieurement l'objet dans la partie bibliographique de la Revus. 1° Sciences mathématiques BIGOURDAN (G.): mnomonique, ou Traité théorique et prali- que de ia construction des cadrans.solaires. 1 vol. in-8° de 214 p. avec 10% fig. (Prix : 10 fr.). Gauthier-Villars et Cie, Paris, 1922. Après un court historique,l'auteur dinne la théoriedes cadrans solaires el indique la façon de les construire; l'ouvrage se ter- mine par Ÿ tables relatives aux cadrans et aux calendriers. Annuaire pour l'an 1922, publié par le Bureau des Longitudes. 1 vol. in-16 de viri-800 p. (Prix : 6 fr.}. Gauthier-Villars et Cie, Paris, 1922, &æ Outre les lonnées numériques habituelles classées en 5 cha- pitres Calendrier, Terre, Astronomie, Mesures légales, Données physiques et chimiques, cet Annuaire renferme les notices sui- vantes : E lPicaro : La théorie de la relativité et ses applica: tions à l’Astronomie; Ch. LarLemAnD: Monnaies et changes ; Hamy : Notice sur G. Lippmann; Favé: Notice sur J. Renaud, 2 Art de l'Ingénieur POINCET (M.): Turbines à vapeur. 1 vol, gr. in-8° de 340 p. avec 181 y. et L pl. des Grandes Encyclopédies industrielles (Puix : 35 tr). J. B. Baillière et fils, Paris, 1922. Get ouvrage est rédigé avec le double but de présenter au lec- teur, en même temps que des idées générales claires et précises _sur le rôle functionnel des différentes parties des turbines, des descriptions et études organiques détaillées. CET | BATSON (R. G.) et HYDE (J.H.) : Mechanical Testing. Vol. 1: Testinz of materials of construction. 1 vol. in-8° de xi11-413 p. “avec 258 fiy. de la Directly useful technical Series (Prix cart, : 21 sh.). Chapman and Hall, Londres, 1922, Les auteurs indiquent les conditions qui, sont à la base de l'essai moderne des matériaux de construction, décrivent les _ appareils types, les résultats obtenus et la façon de les inter- préter, Eleventh Annual Report by the Director of the Bureau of Mines to the Secretary of the Interior for the fiscal year ended June 30 1921. 1 vol. in-8° de 133 p. avec 1 pl. (Prix : 10 cents). Govern- ment Printing Ofice, Washington, 1921. FIELDNER (4.C.). KATZ (S.H.) et KINNEY (S.P.) : Gas masks for gases met in fighting fires (Technical Paper 248 du Bureau of Mines). 1 broch. in-8° de 61 p. avec 5 fig. et 9 pl. (Prix: 25 cents). Government Printing Office, Washington, 1921. Description des essais faits pour adapter les masques contre les gaz de guerre à la lutte contre les incendies, et aussi aux travaux de sauvetage dans les mines. Emploi de la Photosraphie aérienne aux levés cadastraux et aux levés géographiques. Rapportsur les études techniques effec- tuées en 1919 et 1120 sous la direction de M. H. RoussiLne. 1 vol. in-4° de 116 p. avec 24 pl. Imprimerie Hallu, Paris, 1921. Ce rapport se diviseen 2 parties, l'une consacrée à la descrip- tion de l'appareil de photorestituiion, de son réglage et de ses conditions d'emploi, l'autre à la marche à suivre pour obtenir la restitution précise d'un cliché et les éléments indispensables à la rédaction du plan. 3° Sciences physiques BORN (Max.): La Constitution de la Matière. Traduit par H. B ceunor. 1 vol. in-8° de 84 p. avec fig. de la Collection de Monographies scientifiques étrangères (Prix: 6 fr.). Librairie scientifique Albert Blanchard, Paris, 1922. Reproduction de trois conférences: La théorie atomique mo- derne; De l’éther mécanique à la matière électrique; Le passage de la Chimie à la Physique. D'AQUINO (L.): La decomposizione delle righe spectrali per effetto del campo elettrico, 1 broch. in-8° de 88 p. avec 5 fig. (Prix: 10 lire). Unione tipografica combattenti, Naples, 1922. Monographie de la question de la décomposition des raies spectrales sous l'effet du champ électrique, indiquant les résul- tats acquis et les problèmes qui se posent encore. BOUGUER (P.): Essai d'optique sur la gradation de la lumière 1ivol. in-16 de xx-130 p. avec 17 fig. de la collection Les maitres, 1° Périodiques généraux lztin da la Saction scientifique de l Académie roumaine. t. VII, n° 416. Prenescu : Etude physique du pétrole lam- pant rournain. — [o. : Procédé et appareil pour la localisation des projectiles dans le corps humain, au moyen des rayons X. —Rormax: Note préliminaire sur le gisement de muscovite, de - Mänäileasa, Monts du Lorru (Alpes de Transylvanie, Carpa- thes méridionales). — Bases: Recherches et considérations sur SUPPLÉMENT A LA Revue générale des Sciences bu 15 Mans 1922 17 de la Pensée scientifique (Prix : 3 fr.). Gauthier-Villars et Cie, Paris, 1922. Reproduction du mémoire de 1729 où Bouguer a posé les bases de la photométrie et étudié d'une facon magistrale quelques problèmes d'optique très importants. Annual Report of the Director of the Bureau of Standards to the Secretary of Commerce for the fiscal year ended June 30, 1921, 1 vol. in-8° de 273 p. Government Printing Office, Washing- ton, 1921. ; MELLOR (J.W.) : 4 comprehensive treatise on inorganie and theo- retical Chenustry. Vol. I : 4,0. 1 vol. gr. in-8° de xvi-1.065 P. avec 274 fig. (Prix cart. :3 guinées). Vol, I1:#,C1,Br.l; Li,Na,K, Rb, Cs. 1 vol. gr. in-8° de vini-894 p. avec 92 fig. (Prix cart. : 3 guinées)., Longmans, Green and Coa., Londres, 1922. Cet ouvrage se propose de donner une description complète de tous les compo-és connus en Chimie inorganique et, aulant que faire se peut, de les discuter à la lumière des données de la Chi- mie physique. Le premier volume est surtout introductif et his- torique, et renferme ce qui se rapporte à H.O et leurs composés ; le second traite des métalloïdes du groupe du fluor e! des métaux du groupe du lithium, Méthodes actuelles d'expertises employées au Laboratoire muni- etpal de Paris, publiées sous la direction de M, André KLiNG. Tome IV Produits végétaux et dérivés, vol. gr. in-8° de 464 p. avec fig. (Prix : 39 fr.): Dunod, Paris, 1922. Ce volume traite de l'expertise des produits suivants: pâtes alimentaires et pâlisseries, cacao, chocolat, café, chicorée, thé, épices et aromates, produits sucrés, alcools et spiritueux. 4° Sciences naturelles RUTOT (A.): La Vie. Ce qu’il faut en savoir. 1 vol. in-16 de 265 p. Editions Rhéa, 4, square Rapp, Paris; La Vulgarisation intellectuelle, 82, rue Bosquet, Bruxelles, 1922, L'auteur expose ici ses idées, conçues du point de vue vila- liste, sur l'origine, le développement et l'évolution de la vie dans l'Univers et sur notre société actuelle. 5° Sciences médicales GUIART (J.): Précis de Parasitologie. 2° édition. 1 vol. in-8° de 575 p. avec 462 fig. de la Bibliothèque du Doctorat en méde- cine (Prix : 25 fr.). J. B. Baïllière et fils, Paris, 1922. Ce livre résume les 24 années d'enseignement de l’auteur. Les parasites y sont d’abord étudiés au point de vue strictement médical; puis les maladies parasitaires qu'ils produisent sont étudiées après eux. APERT (D'): Vaccins el Sérums. 1 vol. in-16 de 282 P Flammarion, Paris, 1922, L'auteur étudie successivement dans ce volume : 1* le vaccin jennérien; 2° les vaccins pastoriens (charbon et rage) ; 3° le sé- rum de Roux et les autres sérums antitoxiques; 4° les autres vaccins et sérums, 6° Sciences diverses Annual Report of the Board of Regents of the Smithsonian Ins- titution (1914). 1 vol. in-8° de x11-557 p. avec fig. et pl Govern- ment Printing Office, Washington, 1921, COLOMB (G.): L'énigme d'Alesia. 1 vol. in-18 de x111-284 p. avec croquis (Prix: 8 fr.). Librairie Armand Colin, Paris, 1922, L'auteur developpe cette idée que la ville gauloise d'Alésia n'est pas l'Alise-Sainte-Reine de la Côte-d'Or, mais doit être transportée à 150 km. de là, sur le plateau d'Alaise, dans le Doubs. DEMOOR (1.) et JONCKHEERE (T.) : La Science de l'Educa- tion. 2° édition. 1 vol. in-12 de 436 p. avec 26 fig. (Prix: ). M. Lamertin, Bruxelles; F, Alcan, Paris, 1922, Cel ouvrage est divisé en 4 parties : I. Bases biologiques; Il. Le système nerveux. Ses fonctions examinées au point de vue pédagogique. III. Quelques données de Psychopédawogie (mé- moire, témoignage, mensonge, attention, fatigue intellectuelle) ; IV. L'évolution de l’école, WILBOIS (J.): La nouvelle Education française. 1 vol, in-16 de 404 payes (Prix : 10 fr.). Payot et Cie, Puris, 1922. Dans ce livre, l’auteur traite trois grandes questions : 1* quelle sera la Société de demain à laquelle 1] faut adapter nos fils; 2° que nous apprennent les derniers travaux des psychologues sur l'âme de l'enfant; 3° quelles sont les réformes à apporter dans l'éducation de la volonté ou du cœur, la préparation tech= nique et la culture générale, le choix des mattres et la sélection | des élèves. ——————————…—…——————————_———————— SOMMAIRES DES JOURNAUX SCIENTIFIQUES l'appendicite, — Simionescu : Note sur un calcaire à Bryo- zoaires du Sarmatien de Bassarabie (Roumanie), — Moras et' KxecureL : Contrib. à la faune des Coléoptères d'eau douce de Roumiwie. — Mironescu et Bazcax : Manque partiel congéni- tal de | cuisse. Proceedings of the National Academy of Sciences of the U S. of America (Easton, Pa.), t. VII, n° 12 (Déc. 1921). ARNoLDn et [ves : Croissance et décroissance des courants photu- l thermo-ioniques des filaments couverts d'oxydes.— MILLER : [ de las Bibliothèque des Connaissances médicales (Prix: 7 fr. 5u). Ern.. Pesanteur Hydrostatique Chaleur 11, rue Blainville Bureaux \ PARIS ve) NOIRE. Tr Gob 47-64 ARGUS DES SCIENCES Gratuit CATALOGUES Occasions Scientifiques LULU) ee (L PRÉPARATIONS COLLOIDALES Eh. (Métaux Colloidaux électriques à petits grains. Colloïdes électriques et chimiques de métallotdes ou de dérivés métalliques) Electrargol . . . (Argent) Electroplatinol . (Platine) | Electromartiol. . (Fer) Electrorhodiol (Rhodium) Electraurol . . . . . (Or) Electriridiol. . . . . (Iridium) Electr-Hg . : . (Mercure) Electropalladiol (Palladium) Electrocuprol. . (Oxyde de cuivre) Thiarsol. . . . . (Sulfure d’arsenic) | Electrosélénium. . (Sélénium) Collothiol . (Soufre) Obtenues par la méthode chimique ou par la méthode physique (électrique), les solutions colloïdales Îl sont constituées par la suspension en milieu liquide d'une infinité de grains ultramicroscopiques, animés du mouvement brownien et présentant une charge électrique de signe défini. Grâce à la grande surface de ces grains, les colloïdes présentent un érergique pouvoir catalytique et fermentaire. Les colloïdes possèdent d'importantes propriétés biologiques, bien étudiées depuis que l'on sait le rôle des colloïdes naturels dans la physiologie normale. Injectés à l’homme ou aux animaux, ils augmentent les oxydations et les échanges nutritifs, ils stimulent la défense contre les toxines et les fonctions d’élimina- tion, ils provoquent nn mouvement leucocytaire très marqué. ; Les colloïdes sont d’un usage thérapeutique courant : les métaux (type : Electrargol) sont des médica- ments antiinfectieux de premier ordre (toutes maladies infectieuses); on emploie certains colloïdes comme spécifiques (Electr-Hg — Electrosélénium — Electrocuprol — Electromartiol — Collothiol) Les Laboratoires Clin préparent tous les colloïdes qu’il est possible d'obtenir dans l'état actuel de la science. < Pour l'expérimentation thérapeutique ou les usages de laboratoire, les Laboratoires Clin délivrent des préparations colloïdales pures, à constantes physiques définies. Laboratoires CLIN, 20, rue des Fossés-Saint-Jacques, PARIS à @ Touristes!!! dans vos excursions emportez le VERASCOPE RICHARD BREVETÉ S. G. D. G. 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ErieksoN : La tschermigite (alun d'ammo- nium) du Wyoming. — Prrrier : Les espèces de Dalbergia du Mexique et de l'Amérique centrale. — VinAL et ALTRUP : La f. 6. m, des piles aux basses températures. he Philosophical Magazine and Journal of Science (Londres), n° du 1e* déc. 1921, Townsenp et Baizky : Le mouvement des - électrons dans les gaz. — AuLAYy : Le recul des noyaux d’hy- drogène contre les particules « rapides, — SLATER : L'exci- tation de la radiation y par les particules et # l'émanation du radium. — Cuapwicx et Breer : Les collisions des parti- bcules « avec les noyaux d'hydrogène. — Tuomas : Act, mutuelle des courants de convection provenant de deux fils le platine fins chauffés.— Beer et TYNDALL : Obsery, mano- - aux pôles de l'arc électr, — TynpaLL : Forces agissant k 25, RUE MÉLINGUE, PARIS 2 Uil } ut TITI CEE D I US fi Or Te sur les pôles de l'arc élettr. — Sir Thomson : Théorie de la décharge striée., — Foorr, MeGGEns et MonLrx : L’excitation du spectre élargi du Mg dans un arc à bas voltage, — RicHArD- son el B4azzont : L'excitation des rayons X doux caractéristi- ques. — On0o : Sur la première racine des fonctions de Bessel d'ordre fractionnaire. — ANDERsON : Sur la mesure de la vis- cosité des gaz, Revue philosophique, t. XCIII, n° 1-2 (Janv.-févr.). DeLA- croix : La foiet la raison, — Dumas : L'expression des émo- tions. — RagauD : L'adaptation et l’évolution. — KozLowsKki : La réforme de l’enseignement philosophique à l Université, — Lao : Ethique et esthétique. — GopLor : Analyse d’un rêve, e Ù 2° Mathématiques L'Enseignement mathématique, t. XXII, n‘* 1et 2 (Janvier). Wainanrs : Applications géométriques de la cristallographie. — NiEwENGLowski : Sur le rayon de courbure d’une courbe. Porya : Sur les séries entières dontla somme est une fonction algébrique. — Prrroviren : Sur le nombre e. Giornale di Matematica finanziaria (Turin), t. III, ne 4 (Déc. 1921). BarrioL et Brocnu: L'émission du Crédit natinnal on ee 20 1921, — Ixsocera : Sur la géométrie des opérations de bourse. — BonrerRoONtI : La cadence moyenne et les lois de capitali- sation. 3° Astronomie et Météorologie The Observatory (Londres), t. XLV, no 573 (Février.). et Puevrice : Note sur des halos inusités, Annales hydrographiques, t. III, n° 705. Vice-AMIRAL ARAGo : Deuxième contrib. à l'étude expérim. de la houle.— La PonreE : Coordonnées rectangulaires et géoxraphiques des points prin- cipaux de la côte Ouest de France de la Loire à la Gironde. — Mari : La vitesse de propagation du son dans l'eau de mer, — DixreNcourT : Etude dela précision du point par deux segments capables. — Vozmar : Rapport sur la Mission photo- hydrographique de Brest. — La Porre: La triangulation du polyzone de Gavre et de ses abords, — RoussiLue : La publi- cation d’une carte au 1/300,000 de la côte N. W. de Mada- gascar. — RorTué : Notes sur les séismes en mer, — Roucu: Les observalions météolorog faites en mer par les navires fran- gais de guerre et de commerce. — CAPITAINE DE CORVETTE Vinsor : Sur quelques transformations de la formule de A. Smith, — BercixG : Note sur la Conférence hydrographi- que internat. tenue à Londres en 1919. 4° Art de l'Ingénieur Bulletin officiel de la Direction des recherches scientifiques et industrielleset des inventions, n° 27 (Janvier) BouLANGkk : Application des cuirs de Zébus aux usages industriels ({n). — Maur : Multiplicateur de fréquence. BruruAND et Lan- QUINE : Sur la composition et la structure microscopique des arviles, Jourual ofthe Royal Society of Arts (Londres), t, LXX, n° 3613 (17 févr.). Howaup : Les bois de l'[nde et de la Birmanie. Bulletin de la Société d'Encouragement pour l'Industrie nationale, t. GXXXIII, n° 10 (Déc). Mauué : Les appareils modernes destinés au contrôle de la combustion et de la vapo- risation, — Nrssi : Utilisation mécanique de l’énergie cônte- nue dans la vapeur à très basse pression pour l'amélioration des installations de chauffage central. Revue de Métallurgie, t. XVIII, n° 12 (Déc.). Guiccer : Nouv. expér, de chocs répetés — Ip, : Réflexions sur la constitution des alliages Pb-TL. — Porrevin : Caructéristiques mécaniques et élastiques dex fontes et utilisation de l'essai à la bille, — GarisourG et BurzoN : Emploi de la macrographie pour la mise au point de la coulée de bronze d'Al. 5° Sciences physiques Le Journal de Physique et le Radium, 6° sér., t. III, n°1 (Janv.). Tuéoporipès : Les composés paramagnét. anhydres à l'état solide et le magnéton, — Regouz : Nouv. propriété des corps faiblement conducteurs de l'électricité et de constitution physique hétérogène. Recueil des Travaux chimiques des Pays Bas, t. XLI, n° 2 IFévrier). JA£GER et BerGer : Action de la lumière ullra-vio- lette sur les sol. aq. de certiins acides organiques et de leurs sels. — Goupriaan : Les alaminates de sodium, Equilibres dans le système Na20—Al20%—H20. — Wisaur : Compa- raison de la soudure des atomes du carbone dans le graphite et dans les hydrocarbures aromatiques (à propos des travaux de Fajans et de von Steiger), — Marraar : Sur le remplace- ment de l'halogène dans le 1-chloro-2-4-cyanobenzène et le 1-bromo-2-nitro-4-cyanobenzène. — Ter MEULEN : Le dosage du soufre dans le fer, l'arier et la fonte, The Journal of the American chemical Society (Easton. Pa.}, t, XLIII, n° 12 (Déc ). P£arce et HarT : L'énergie libre de dilution et les activités des ions de KBr en sol. aq. — Forges et Cove : La solubil d’Az:CI dans les sol, dil. de chlorures et l'existance d'ions argentichlorure complexes. I. — Van Dore, Pankex et Lorz : Emploi de l'interféromètre à eau comme étalon de pression. — Lorz et Fuazzr ; Les pressions osmoti- ques des sol. conc. de sucrose déterminées par l'interféromè- Cook tre à eau. — Kraus : L'équi ibre dans les mél. d’électrolytes binaires. — In. : La théorie des sol, électrolyt. de Ghosh. — Jo. et Lucasse : La conduclance des sol. conc. de Na et K dans NH liquide. — Warro et Pansows : Prépar. et propriétés des persulfures d'H. — Muirer : Séparation de Ge et As, — Cain et Hosrerrter : La co-précipitation de l’ac. vanadique avec le phospho-molybdate d'Am. — Mac Ixnrs et Yen : Les potentiels aux jonctions des sol, de chlorures monovalents, — LAWRANCE : La rénct, de Freidel et Crafts. Anhydrides phtaliques substit. et Loluène. — WureLer et ANonews : Etudes sur les hydroxy- naphtoquinones. IV. — Covcepon et IxcexsoLL: Infl. du glucose sur la dialyse du sucrose à travers une membrane de parche- min. — Locure, Baie et Noyes : La di-isopropylhydrazine sym. et ses dérivés. — Honun : Rech. sur les pyrimidines. XCI. — WugeLer et Suiruey : Etudes sur le p-cymène, IIf, — LEovAKD : Quelques compnsés de la pipéridine avec les halogénures, — Piccaup et BRewsrer : Le tétrapropyléthane. — Ip. et [0.: Les trois amino-triphénylamines, — NeLson et Hirencock : Uniformité dans l'act. de l’invertase. — MiLLer : Composés azotés dans le foin d’alfa, — Harey et Lyman : La lipase de l'huile de ricin. — Jouvson et Baupiscu : Rech. sur les pvrimidines, XCIT. — GLarrrezo et Sanper : Les ac. sac- chariniques en Ci, 11. — Grarrrezo et Werrueim : Prépar. des hydraziaes optiquem. actives, IT. — Merkiee : Etudes expérim. sur la cystine, — BauGumanxet Jamreso\ : La compos. chim, de l'huile de maïs. The Biochemical Journal (Londres), t. XV, n° 5, HARTWELL : SOMMAIRES DES JOURNAUX SCIENTIFIQUES Protéine en excès et sécrétion mammaire. — Gux : Les limi- tations de la méth, Lewis-Benedict 1odifiée pour la détermin. du sucre du sang. — Hair : Les combin. de l’hémoglobine avec O et CO et les effets de l’ac. et de CO?. — Moxcan et Cooper : Act. bactéricide des quinones et des comp. alliés. — RogekrTson : Expér, sur la multiplication cellulaire. 1, La mul- tiplic. des Infusoires isolés. IL. Infl. de la contiguité sur le taux de repro luction, — Srires et ApatR : La pénétration des électrolytes dans les gels. II, Inf de la concentr. du gel sur le cell, de diffusion de NaCl. IV La diffusion des sulfates dans les gels, — Busron et Scuryver : Méth. pour la sépara- tion des amino-acides des prod. de l'hydrolyse des protéines et d’autres sources. — CLaysov, Noruis et Scnryver : Les substances pectiques des plantes. IT. — Zriva et Mira : Dé- termin. quantit, du facteur soluble dans les graisses. — CameseLz et Western : L'urine diurne et nocturne pend. le repos complet, le travail de laboratoire, l'éxercice mus- culaire léger et l'administration d'oxygène. Chimie et Industrie, t. VII, n° 1 (Janv.). Travers : Les métho- des de dosige du C dans les fers, fontes et aciers. - Vizes et DuPronr : Les progrès récents dans le traitement dela gomme landaise, — BouLix : Le coke métallurg. — Maricson : L'usine de cyanamide de la Roamanie. — Bxuère : L' zone et ses applic. — KunG et Lassieur : Revue de Chimie analyt. 6° Sciences naturelles Comptes rendus de la Société de Biologie, t. LXXXVI, n° 6 (“evrier). Bisson et DE LAveRGNE : De la différenciation des Bacilles de Flexner et de Hiss récemment isolés de l'organisme, par le sérum de cheval azglutinant le bacille de Shiga. — Doumen : L'action de la peptone sur la tension superfic. de l’eau. — GoxzaALrz et ARM:NGUÉ :; Action antihemolytique de diverses subst. en présence de l'iode. — Ip. et Ip. : Pouvoir hémolytique de l'iode. — Lir-caurz et WAGNER : Nouv. obsery. sur la fonction endocrine des cellules interslilielles du testi- cule chez les Mammifères. — Mouxeu et Durnaisse : Sur l'au- toxydation : les antioxygènes, — SARAGEA : Le diamètre des hématies de l'homme aux différents âges de la vie, — Srazy- zowski : Sur la constatalion spectroscopique de CO dans le sang au moyen de la levure de bière. — ToUrNADE et CHABROL : Double m canisme, glyco et adrénalino-sécrétoire, de l'hyper- glycémie par excitation splanchnique. Dissociation expérim, — UrBaix : Valeur antigène de bac. tuberculeux et paratuber- culeux et de quelques autres microbes cultivés dans le milieu à l'œuf. — Wie et GUILLAUMIN : Acide urique et perméabilité rénale, — BerrencourT, BorGEs et SkxABrA : La température de l’eau et la bilharziose, à Tavira (Portugal). Buiro Fon- TEs : La réaction de fixation du complément avec le sérum de lépreux et l'antigène tuberculeux de Besredka. — CeLksTino DA CosrA : Sur les conditions de la formation de l'amnios chez les Mimmifères — REBELLO et BkRNanDes-P&rEiRA : Sur le mécanisme de la fonction surrénale. The Annals of applied Biology (Londres), t, VIII, n°* 3-4 (Now.). Bucxze: La faune du sol des terrains cultivés. — Sazmon : Les formes de houblon résistant an mildew. V. — Crew: Les toi- sons de certaines espèces primitives de mouton, — Mires: Les insectes des herbes et leurs rapports avec les cultures. — WicrsaiRe : Le champignon du chancre des pommes. — Ro- genTs : Evolution des filaires du genre Agrioles. — ATKINS: Sur le chimiotropisme de la mouche domestique, 7 Sciences medicales Bulletin de l'Académie de Médecine, t. LXXXVII, n° 6 (Février), Zimmern ; Les mefaits de la basse tension. — LANGLots ; Les dangers d'électrocution avec les conrants électriques dits domestiques (150 à 80 volts), — Barraazaro: Electrocution accidentelle par les courants d'éclairage domestique en méde- cine légale. — SerGENT (Ed.1 et SkrGeNT (Et.): L’assainisse- ment de la Corse, — Fenny : Les facteurs « émotivité » et (Qivritabilité » chez l’aviateur suivant sin état d'entraînement. — HATiEGAN : Nouv. procédé pour l'examen de la fonction excrétrice du foie.:— Gesran et Riser : Contrib. à l'étude des dissociations des réactions du liquide céphalo-rachidien au cours de la syohilis du névraxe, — Bayeux : Grippe et injec- tions sous-cutanées d'oxygène, == N° 7 (Févr.) Bosc : La maison maternelle de l'hôpital de Tours. — Eurse-Weiz : Les états typhiques en 1921 à l'hôpital Tenon. — TRÉMOLIÈRES et Coromsier : Traitement de la tuberculose pulmonaire par la radiothérapie des organes hématopoïétiques. — Rémonn et Minviezce : Sur un cas de cancer primitif de la plèvre. — SiLznoz : Ostéoarthrile juvénile : pseudo-coxalgie droite : pseudo-luxation congénitale gauche. The Journal of Hygiene (Londres), t. XX, n° 3 (Nov. 1921). ToPpcey, Banxvanp et Wirsow: Nouv. méth. pour obt. des eul- tures avec des cellules bactériennes isolées. — TopLeY, WEIR et Wizson : Rapports entre les divers membres du gronpe de bactéries B. enteritidis-B. paratyrhosus B. — Younc : Epidé- miologie de la fièvre rhumatismale, — Sir D. Bruce : La fiè- vre des tranchées, — GaLe : Epidémiologie d'une explosion de fièvre cérébrospinale à Hong-Kong. 8 Géographie et Colonisation Annales de Géographie, t. XXXI, n° 169 (15 janv.). Duwas : Le partage de ln Haute-Silésie. — Drmancrox: Problèmes britanniques. — Zimmermann : La population de la France en 1921. — BérNakp ‘+ Le recensement de 1921 dans l'Afrique du Nord. — Garvois : Un atlas agricole américain. — BARRÉ 5 Les industries australiennes, à | L INFORMATIONS L'éducation par le cinématographe. — Depuis longtemps l'application du cinématographe à l’enseignement est une ques- “tion à l'ordre du jour; il semble qu'on vienne d’entrer dans la “voie de la réalisation avec une formule nouvelle. - La SociérÉ Parné Consorrium CINÉMA vient de conclure une Mentente avec les Maisows p'Epirions : LAROUSSE, GAUTHIEP- ILLARS, GAsTON Doix, DELAGRAvE, dans le but de créer l’instru- ment de cette nouvelle pédagogie. Le film commenté par le livre, le livre illustré par le film, telle st la formule. = Sous la direction de Médecins, d'Ingénieurs, de Professeurs “et de Membres de l'Enseignement réputés, il sera publié simul- “lanément avec les films et conformément aux programmes hd’Ensergnement, de petites brochures appelées livrets cinéma- Dosrsphiques et des livres correspondant à des ensembles de films. $ “ LaSoctétÉ PATHÉ Consorrium CINÉMA filmera notamment une “série d'opérations chirurgicales failes en dessins animés qui “seront au point de vue enseignement d’un intérêt de tout pre- mier ordre, LIVRES REÇUS Tous les livres reçus par la Revue sontsignalés sous cette rubrique avec une brève indication de leur contenu, sans préjudice de l'ana- “lyse critique dont ils pourront étre ultérieurement l'objet dans la partie bibliographique de la Revue. . 1° Sciences physiques ; “ BIGELOW (F.H.) : Thetwo-orbit theory of radiations. 1 broch. in-8* de 37 p. avec 4 fig. Vienne, 1921. Exposé d'une nouvelle théorie de l'originede la radiation,avec He à l'Astrophysique. s æ JANET (P.): Problèmes et exercices d'Electricité générale. 1 vol. in-8° de 253 p. avec 91 fig. (Prix: “et Cie, Paris, 1921. * s Ces exercices, où toutes les lois élémentaires de l’é’cectricité entrent en jeu, ne font appel qu'à des quantités parfaitement définies et ayant un sens concret. )}. Gauthier-Villars 2° Sciences naturelles DE LAUNAY (L.) : Géologie et Minéralogie appliquées à l'Art de l'Ingénieur. 1 vol. gr. in-8° de 418 p. avec 288 fig. des Gran- E 1° Périodiques généraux roceedings of the Cambridge philosophical Society (Cum- bridge), t. XXI, part. 1 (Févr.). Haroy et -Lirrzewoon: Quel- ques problèmes d'approximalion diophantine: les séries trigo- -nométr. assoc. avec les fonctions thêta ellipt. — GLassox : quelques particularités des trajets d’ionisalion de Wilson et explication possible. — Wacsrarr: Détermin, du coellic., de … viscosité du mercure. — Ip. : Méth. de laborat. pour déterminer le module de Young d'un couvre-objet de microscope. — WicerT: Sur un problème concernant la fonction # de Rie- -mann. — Prase : La théorie de Morgan pour le plumage de poule chez les coqs. — HaviLann: Bionomique de certains hyménoptères parasites. — HARTRIDGE : Méth. d'essai des ob- - jectifs de microscopes. — Bxisrowe: Les Insectes el Arach- k. nides de Jan Mayen. Proceedings of the Royal Society of Edinburgh (Edimbourg), t. XLI, part Il. Bxiccs : Analyse expérim, des pertes par éva- -poration de l'air liquide contenu dans des vases à vide, . — Murr : Sur un continuant de Cayley de 1874. — Kipsrox : Les lantes du Vieux Grès rouge, à slructure, des couches de Rhy- nie (Abeerden). IV-V, — BricGs et Coorer ; L'adsorption des gaz sous pression. — GiLcurisT : Utilisation de NaOH solide -pour absorber CO?. — Levy : Critère pour l'écoulement stable ‘d'un fluide dans une conduite uniforme, — RamAce : Les condi- tions du mirage sur la roule de Queensferry. — FAIRGKISVE : - La répartition annuelle de l'intelligence, et ses mesures d'après les essais faits sur l'armée américaine. — Turner et CRoM- B1e : Expér. avec une balle de sureau dans une atmosphère 1 ionisée. É Journal of the Washington Academy of Sciences (Easton, Pa.), . XII, n° & {19 févr.). Brooks: Le savant dans le Service fédéral des E.-U. \ ournal of the Franklin Institute (Philadelphie), t. CXCII, n°2, “(Févr.), Sir J. Dewar : Etudes sur les pellicules liquides. — Hvuzz; Les structures cristall. des éléments communs, — HumPpureys: Brouillards et nuages. — Mc Kr£nan: Effet de la forme et des dimensions de l'échantillon sur l'exactitude de l'analyse des cristaux par les rayons X par la méth. des poudres. irchives des Sciences physiques et naturelles (Genève), 5t pér.,t. IV (Janv.-Févr.). C. E, Guye: Sur la loi de Paschen généralisée au cas de diélectriques polarisables. — JaqueroD et Muceui1: Rech. sur les anomalies diélectr, du verre de silice. — C. E. Guye et Mercier : Rech. complément. sur le potentiel disruptif dans CO? aux pressions élevées. — MuuxLe- SUPPLÉMENT À LA Revue générale des Sciences Du 30 Mans 1922 21 des Encyclopédies industrielles (Prix : J.-B. Baillièreet fils, Paris, 1922. La première partie de l'ouvrage constitue un rappel des notions fondamentales de Géologie théorique; la seconde indique leur application aux cartes géologiques, aux problèmes de la métal- logénie, aux grands travaux publics et à l'étude des eaux sou- terraines, SIRKS (M.J.): Handbock der alsemeene Erfelijkheidsleer.\ vol. gr. in-8° de x-494 p. avec 127 fig. et 5 pl. (Prix : 15 flor.) Mar- tinus Nijhoff, La Haye, 1922. Exposé très complet de l’ensemble de nos connaissances sur l'hérédité générale [méthodes d'étude, expériences, résullats, théories). BORDAS ([(L.) :, Elude anatomique et histologique de l'appareil digestif des Lépidoptères adulles. 1 broch, in-8° de 76 p. ayec 34 fig. Sans lieu, ni dale, Exposé des recherches de l’auteur ayant porté sur 47 espèces de papillons. 40 fr.), 3° Sciences médicales MACKENZIE (Sir J.) : L'Avenir de la Médecine. Traduit par le D' F. Francon. 1 vol. in-80 de viri-272 p. avec 28 fig. (Prix : 12 fr.). Librairie F. Alcan, Paris, 1922. L'auteur expose d'abord ses réflexions sur les tendances actuelles de l'éducalion et des recherches médicales, puis l’his- toire de ses découvertes et termine en indiquant les principes et les méthodes que son expérience lui a montré les meilleurs. RATHERY (F.):ZLe diabète sucré. 1 vol. in-16 de 294 p. de la Bibliothèque des connaissances médicales (Prix : 7 fr. 50), Ern. Flammarion, Paris, 1922. L'auteur retrace toutes les recherches récentes concernant celte maladie et la revision qui s’est imposée concernant le métabolisme général au cours du diabète et la thérapeutique de celte affection. : LL Sciences diverses SEGOND (J.): l'imagination. Elude critique. ® vol. in-16 de 296 p. de la Bibliothèque de Philosophie scientifique (Prix : 7 fr,50),. Ern. Flammarion, Paris, 1922. L'auteur, en se plaçant au point de vue de la critique de la connaissance, a Lenté de construire, dans ses grandes lignes,une philosophie de l'imagination, SOMMAIRES DES JOURNAUX SCIENTIFIQUES sTEIN : Les traces des particules ; sur la plaque photograph. — GaurTiEr : Observ. météorol, faites aux fortifications de Saint-Maurice pend. l’année 1921. The Philosophical Magazine and Journal of Science (Londres), n° de janvier 1922. NicHoLsOx : Harmoniques zonales du second type. — MurxAGuAN: La dérivation des champs de gravita- Uon symétr. — Bronsrkp et Hevesy : La séparation des iso- topes du Hg. — Mc Leon: Les retards des thermomètres. —- VA Bromwicu : La stabilité cinétique. — Loucu: Les tons de battement des tuyaux d'orgue sur-soufllés. — Hinsaezwoop et HaTLey : La probabilité de la cristallisation spontanée des liquides surfondus.=— Maniey : L'isolement des fils fortement atténués dans les thermomètres à résistance de platine, — Prescorr : Les équations d'équilibre d'une plaque élastique sous pression normale. — Timosnenxo: Les vibrations trans- versales des barreaux de section uniforme. — ANDERSON : Po- tentiels scalaires et vectoriels dus aux charges électr. mobiles. — Ricuarpson : Note sur la gravitation, — Hucues: Rayons X caractérist, de Bo et C. — Ricaarpson et RoBEerTson : Effet des gaz sur la différence de potentiel de contact entre les mé- taux à diverses températures. — EnpiNGrow: La signification des équations gravitationnelles d'Einstein en fonction de la courbure du monde, — APrLeTON et vAN DER Por : Un type d'hystérèse d’oscillation dans un générateur triodique ÉD — Rare : Phénom. de polarisation dans les tubes à rayons X. — Jorre et Kirerreneva : Roentgénogrammes des cristaux soumis à des déformations. — RogB et APPLETON : Solution graphique d’une classe d'équations différentielles relatives à lat. s.f. — Maczix et Das : Sur certains types de décharge électr, — SucksmiTH : Applic. de l'ultra-micromètre à la mesure de petites augmentations de température. — WARAm: Cas intéressant de désintégration mécanique causée par les ions positifs. — Lors : L’affinité relative de quelques molée. gazeuses pour les électrons, The Philippine Journal of Science (Manille), t. XIX, n° 4(Oct.), ReINkiNG et GRorF: L'orange siumoise sans pépins de Kao Pan et sa culture. — GEBten : Les Ténébrionides philippins, II, — Banks : Un Némestrinide philippin. 2° Astronomie et Météorologie Monthly Weather Review (Washington), t. XLIX, n° 10 (Oct.), Van CLeer : Cartes pluviométr. de l'Amérique latine, — Werrz: Quelques types de pluies latino-américaines, — HESSLING : Relation entre la pluviosité, la température et la récolte de froment en Argentine. — Hamr1cK : Lutte contre la gelée des 22 SOMMAIRES DES JOURNAUX SCIENTIFIQUES arbres fruitiers dans la grande vallée du Colorado, — Honton: (Janv.}. Capy : Théorie des vibrations longitudin, des Fee Résultats d’observations d'évaporation, — Humenreÿs :1 La reaux visqueux. — Heaps : Effet de la direction du champ sur charge élect. de l'atmosphère et la hauteur baromèétr. — Fuyi- la magnélo-résistance, — Cosren : Le principe de combinai- wHaARA : Cartes de pression à 3 km. au Japon. = N°11. son et la loi de Stokes dans la série des rayons X. — L. BA (Nov.). De C. Wanp: Caractéristiques des températures aux Lors : La mobilité des électrons dans l'azote pur. — SWANN D E.-U. — Gonczynski : Sur les dépressions observées dans les Expér. sur l'induction électromagnét. et le mouyementrelalif, = valeurs de l'intensité de la radiation solaire, — TuzLson: Pro- HEWLETT : Un nouv. générateur de tons, — KLorsrec : Mesure longation de l'activité des plantes à Grand Haven (Mich. ) en d’intervalles de temps avec un galyanomètre ayant les carac… automne 1920, — Moore et ConLeTT : Analyse des précipita- téristiques d'un fluxmètre., — Jauncey : L'effet de l'anORNES tions d’été à Mount Vernon (Iowa). === Supplém. n° 17. sement sur la largeur des lignes du spectre des rayons X. Bates et HENRY: Expér. sur le débit des cours d’eau à Wagon Couprox: La largeur des lignes du spectre des rayons X. Wheel Gap (Colorado). cr p se the pp of TEE (Washington), È ’ , ris n° 427 ! éc REIT : Quelques effets de la capacité distri- 3° Art de l'Ingénieur buée entre des bobines d’ CURE et le sol. £ 4 Journal of the Royal Society of Arts (Londres), t. LXX, n° 3614 | Bulletin de la Société française des Electriciens, 4° sér., 1% (24 févr.). Wizcock; L'impression des surfaces par des rou- n° 9 (Nov.). Duruic : Appareils électromagnét. de mesures, leaux dans l’industrie du coton. == N° 3615 (3 mars). TURN- — Bérnenop: Sur le calcul des moteurs électr. appliqués aw BULL : Les bois de la Colombie britannique. démarrage des moteurs à explosion. Revue de Métallurgie, t. XIX, n°1 (Janvier). PraGHE : La fonte | Anales de la Sociedad española de Fisica y Quimica (Madrid), aciérée, — SEIGLE : Renseignements généraux à tirer de la t. XIX, n°186 (Oct. 1921). Garcia Banus et Tomas : Etude composition des gaz de hauts-fourneaux. — CorNu-THÉNARD : sur les dér, du biphényle. IL. Sur quelques dér, de l'aminobi= Importance dela températ. de la charge dans l'élaboration de phényle. — FERNANDEZ et CaxmenprA : La réaction d'Endo: l'acier au convertisseur. — CHevenaro : Nouv. modèle d’ana- Contrib. à l'étude de la biologie du B. coli, lyseur thermique industriel. — RosennaIN, Arcusutr et Ham- | Bulletin de la Société chimique de France, 4° sér., t. NXXI, sox: XI° Rapport du Comité des rech. sur les alliages d'Al. n°2 (Févr.). BAUME : Rech, physico-chim. sur les gaz liqué- Revue universelle des Mines, de la Métallurgie, des Travaux fiés. — BourGeois : Proc. simple pour obt, du gypse cristal publics (Liège), 6° sér., t. XII, ne 3 (1er févr.) Hanoco : A pro- lisé, — Canazs: Dosees de Ca et Mg dans différents milieux pos du calcul des pertes de charge dans les conduites forcées. salins. — Derœur : Monochlorurée, Prépar. de chlorhydrines — GénaRp : Standardisation (provisoire) des cornières égales. par act. sur les carbures éthyléniques (suite). — LEBkAu et — Hugerr : Évolution des installations de force motrice aux Picon: Act. du sodammonium sur la pyridine. Prépar. de Etats-Unis. — Derize : Les commissions d'études du combus- l'hydrate de tétrahydrodipyridyle. — LomBarw : Act, de lac tible (fn). — Giarp : Le verre de quartz (suite). — Lenrus: azoteux sur les iodures en présence d'oxygène. e Les spectres de rayons X. The Journal of the American chemical Society (Easton, Pa }, Revue universelle des Mines, de la Métallurgie, des Travaux t. XLIV, n° 1 (Janv.)., Davipuriser et PATRICK : L'adsorps publics (Liége), 4° sér., & XII, n° 4 (15 févr.). LeBeAu : Calcul tion de NH° par le gel de silice. — Loows: Etude du syst des pertes de charge dans les conduites d'air, de vapeur et NHë-Mg-Hg. Formation d’hexammoniate de Mg. — Larson eb d’eau, d’après de nouv. rech. sur le coeflic. de résistance à Wuire : Méth. pour déterm. des traces d'O dans l'H. — Goope* l'écoulement. — Housaer : Fonderie d’acier moulé de la Fabri- Appar. d'électro-titration à lecture continue. — WYcKkokrF et | que italienne d'automobiles à Turin. — Hugerr : Les centrales Posnrak : Les structures cristall. des halogénures cuivreux thermiques aux Etats-Unis. — In, : Suppression du gaspillage — MuLLiKEN et Harkins : La séparation des isotopes. Sépars dans l'industrie, — ScouManne : Les régulateurs limiteurs expérim. du mercure par évapor. dans le vide, — Hormes ek d'intensité et la protection des réseaux contre les surinten- Cameron : Le nitrate de cellulose comme agent d'émulsion. = sités. — Derize : L'industrie houillère en Hollande en 1920. Ip. et Ip. : Emulsions chromatiques. — Torman : La relation — Leprus : Les spectres des rayons X (suite). — GiLArp: Le entre la Mécanique statistique et la Thermodynamique — verre de quartz (fin). LarTiuer : La distrib. de l'énergie thermique dans les tétra re à chlorures de GC, Si, Ti et Sn. — Forges, Esrizz et WALKkER# 4 Sciences physiques Les périodes d'induction dans les réact. entre les thiosulfates The Physical Review (Lancaster et Ithaca), 2°sér., t. XIX, n° 1 et les arsénites ou arséniates. — WaALTon et Wise : Equilibre D 0 PE A A D NOT NES TS 4 Entre 12 ARS REPÉRER SE EN PRET ETES PHYSIQUE sus Las TT Pesanteur Hydrostatique Caleur Acoustique Optique Electricité V.M.M. {l 11, rue Blainville Bureaux | PARIS (V°) RS EH Gohear-64 ARGUS DES SCIENCES | Gratuit CATALOGUES [il ” Occasions Scientifiques | — { QU LL cie QUE | Ed Touristes!!! emportez dans vos excursions le VÉRASCOPE RICHARD BREVETÉ S. G. D. G. 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BOULITTE, Succ' Ingénieur-Construeteur à PARIS 135 à =1,rue Bobillot, PARIS (13°) (anciennement T, rue Linné) Appareils de précision : pour la PHYSIOLOGIE et la MÉDECINE ENREGISTREURS, MOTEURS ÉLECTRIQUES A VITESSE CONSTANTE, CHRONOGRAPHES, CHRONOSCOPES, SIGNAUX ÉLECTROMAGNE- TIQUES DE M. DEPREZ, ÉLECTRODIAPASONS, MANOMÈTRES, DYNAMOMÈTRES, SPRYGMO- GRAPHES, ETC. dans le syst. : Li Cl-quinoline, — Mc Kervy et Simpson : Equilibres dans les syst. : GS2alcool méthyl. et US?-alevol éthyl. — Bicnowsky : Equilibre dans une réact. entre SO2 et H°0. — ARRUENIUS : Analyse quantit, par centrifugation., — — Bisnor, KirrrkeoGe et Hicbrgnanp : Titrations dans l’al- cool éthyl. comme solvant, — Nicorrr et Cox: Les acides en CUS, IT. — Manver et Gout p: La prépar. des comp. dialkyl- mercuriques au moyen du réactif de Grignard, — Raironp : La nilration des phénols halogénés. — Suermax, La Men et Cawe8ezz : La détermin, quantit, de la vitamine antiscorbuti- que (vitamine C). — Iv., [0., et In. : Effet de la températ, et de la concentr. en ions H sur le taux de destruction de la vi- tamine antiscorbutique. — Ursox et Tiompsox : Prépar., et pro- priétés de divers ac. phénylakylsuceiniques. — Scnærre : Le di--naphtylphénylearbinol et le di-x-naphtylphénylméthyle. — Taowas et Kezuyx ; Le point isoélectr. du collagène. — Mir- LIGAN et Rep : Le lransfert de l'H d'un alcool à un aldéhyde. — ln. et In. : L'éthylation du benzène et du napthalène. — GLAKCK : Méthode perfectionnée de préparation du rafinose. — Loge : La signific. du point isoélectr. pour la prépar. de la gélatine exempte de cendres. >, Chimie et Industrie, t. VII, n° 2 (Févr.). Guicuer : Les phénom. px EN de trempe et leur généralisalion. — Ap-p£en-HALDEN : La dis- till. continue du goudron de houille pour entrainement à law vapeur d’eau. — RoLAnps: Les eaux résiduaires et leur trai- tement. — pe PenpiquiEr: Nouv. proc. de fabric. de la cel- lulose et de blanchiment des pâtes de succédanés par le chlore, | — Dipasse : Les usines d'extraits de châtaignier. — Le Bree TON : Fabric. intensive de l’ac. sulfurique. — Hauser: L'in- . dustrie tchécoslovaque. — GaLz : L'industrie allemande des prod. colorants. — Loumano : Conservation et protection des ealix. >° Sciences naturelles Comptes rendus des séances de la Société de Biologie, tu. LXXXVI, n°7 (18 février), Besson et pe LAvrnGNe : Applie. du phénomène de Theobald et Dorolhea Smith à la différen- ciution des différentes races de paratyphiques B. — Ip. et Ip. : Les milieux au vert malachite et la recherche des Salmonella dans les selles. — Cnaurranb, Bropix et GRricAur : Diffusibi- lité clinique comparée de l’ac. urique et de l’urée. — HERELLE : Sur les antilysines d'origine bactérienne, — LEeGENDKE : Action de l’étirement et de la striction sur les fibres nerveuses, — Liseonxe, BouLer et CARRÈRE : Sur l'obtention du principe 24 bactériophagique au moyen d'exsudals leucocytaires ën vilro. — Logeer et DeBkAY : Variations physiolog. de la pepsinémie. — Ip., 10. et Toxwer : L'action de l’aulosérothérapie sur les albumines et les lipoïdes du sérum cancéreux, — MakiNo: Immunisalion du cobaye contre le charbon et questions rela- tives à l'immunité anlicharbonneuse. — MerauNIKow: Les chan- gements des éléments du sang dela Chenille (Galleria mellonella) pendant l'immunisation. — Mouceor : L'origine périphérique des ondes pléthysmographiques respiratoires chez l'homme, leur identification avec les ondes de Traube-Hering. — P1ETTRE et SouzA : Isolement des levures en milieux acides. — Jo, et 10. : Milieux acides pour l'isolement des Champignons. — SaLoz et GaumBacu : Le diagnostic de la scarlatine par la dé- yiation du complément, — SERGENT (Etienne et Edmond) : Etude expérim. du paludisme des oiseaux. Un même lot de moustiques peut infecter successivement 3 sujets, — VIoLLE : Rythme de l’élimin, des chlorures au cours de néphrites hy- dropigènes. — AUBEeRTIN : Valeur pratique de l'hémoclasie digestive, signe d'insuffisance hépatique. — Bonneron : L'ac- tion analgésique de l’adrénaline dans certaines formes de né- vralyie ophtalmique. — Creyx : Fréquence comparative et déterminisme du signe du son de Pitres, dans diverses affections de la plèvre et du poumon. — Durrexoy : La gommose du bois de châtaignier, — Pacnon et Perireau : Sur la réalilé du caractère bifide de la secousse réflexe patellaire. — Akon et Simon : Rech. sur les facteurs d’accroissement des os longs par la méthode des greffes. embryonnaires.— BLum, VAUCHER et Augec : L'action diurétique des sels de strontium. — BORREzL, CocLox, Boez et Quimaup : Milieu synthétique pour la culture du bac. tuberculeux. — Kizuran et LAGARDE : Observ. sur un Coremium. — SrrouL et Docnox : Procédé pour obtenir des courants électriques brefs, d'intensité constante à travers le corps humain. — AgeL et Baenas : Des variations du taux leucocytaire chez le nourrisson, — Bonnet et HAUSRALTER : Sur la mise en évidence de l’urée dans les tissus au moÿen du xanthydrol. — EriENxe et VÉRAIN : Répartition de l’urée dans le sang. — HERMANN et Remy : Action cardio vasculaire de l'extrait aqueux du suc d’Ortie grièche. — Lienaarr : Expér, sur l'origine de la faune cavernicole, — Parisor et SIMONIN : Réactions locales à l'inoculation d'auto-vaccins , étude patho- génique. — PERRIN et Remy : Effets généraux des injections d'extrait de suc d'Ortie grièche. — AqQuino : Proleucoblastes, — ARRILAGA, GUGLIEMETTI et WaLpoxP : Aclion comparée de la quinine et de la quinidine sur la fibrillation auriculaire expérim, — GRaploLo, FosarTTi et PALAZZO : Un cas de spiro- chétose ictéro-hémorragique. — Houssay et Mazzocco : Uom- position de l'urine et du sang des chiens privés d'hypophyse. — Ip., Orero, NeGRErE et MaZzocco : Aclion des venins coa- gulants de serpents-sur le sang. — LaranGa : La réaction de la salive et son influence possible sur les caries dentaires. - — Pico et MurrAcu : Dosage du chlore dans les tissus. — Puenre : Technique facile pour la coloration des Spirochèles dans les frotlis. === N° 8 (25 février). CRUvEILHIER : Vaccino- thérapie dans le chancre mou. — Lorper et Desray : L'accrois- sement de l’aclivilé peptique du sérum dans l’imperméabilité rénale. — PoLoxovskt et AuGusTEe : Répartition de l'azote dans le liquide céphalorachidien, — WerTHEIMER : Sur l’hyperex- citabilité des muscles de la grenouille après la mort. — CLUZET et CnevaLLter : Action de l'émanation du thorium en inhala- tion sur les éléments figurés du sang. — GAUTIER : Glycosurie par ablation des poumons chez la Grenouille, — GUIELIERMOND : Sur la formation des grains d'aleurone et de l'huile dans l’al- bumen de ricin. — Jo. : Sur l'origine et la signification des oléoplastes. — Maicnox : Conséquences de la spécificité d'or- gane des diastases tissulaires. — Ip. : De l'existence des dias- tases de synthèse, — Norc : Sur l'existence d'une zone de suppléance dans le lobule hépatique. — ParaDakis : Sur l'existence d’une copulation hétérogamique dans Pichia farinosæ. — Wercr, Durourr et CHauovireu : Utilisation de la réaction de Pandy pour le diagnostic des méningiles et des états mé- ningés fonctionnels. — Gi\BrieL : Cécidies de Vaucheria aversa produites par Notommata Wernecki, — Bie : La sérothérapie a-t-elle pour effet de hâter le délachement des fausses mem- branes diphtériques. — CurisTENseN : Sur le classement par types de Pnéumocoques, par fixation du complément après absorplion. — CurisTIANSEN : Deux cas de mycose généralisée chez le pore, déterminés par des Mucorinées., — KRISTENSEN : Sur l'apparition du bacille de Pfeiffer dans une épidémie de grippe, à Copenhague, janvier 1922, — Larsen : Les équations chromatiques. — 10. : Sur la répartition de l'intensité dans le spectre. — Tuousen : Recherches sur la dégénérescence du nerf oplique. -Boletin de la Real Sociedad española de Historia natural (Madrid), t. XXI, n° 9 (Nov.). FERNAN0Ez NAvarro et CASTRO Barea : La bolivarite, nouv. espèce minérale, — FEnRNANDEZz Navanno et CiranDeLL : Le bord de la Meseta tertiaire à Al- cala de Henares. I[. — HervanDez-Pacueco : Physiographie du Miocèn: uragonais. — Ip. : Découverte de peintures rupes- tres à Tivisa (Tarragone). — CarBar.Lo : Le Néolithique dans le Nord de l'Espagne. — MARTINEZ DE LA E sSGALERA : Esp. nouv. d'Asida de la Péninsule ibérique. — Dec Rio HorreGa : Tech- nique simple pour teindre rapidem, les neurofbrilles et les fibres nerveuses, — In et Jimenez Asua : Natüre el caractère de la trame réticulaire de la rate. æ N° 10 (Déic.). CasTEL- LARNAU : Terminologie botanique, — SAN MiGueL DE LA CAMARA : Etudes géolog. du massif crétacique de l'Est de la prov. de Burgos. — Lopez Neyra et Munoz Meoina : Le Dipylidium quinquecoronatum n. sp. parasite intestinal du chat domesti- que. — Manrinrez DE LA EscaLrrA : [d. (suite). — Der Rio HorteGa : Sur l'existence de filaments spéciaux à l'intérieur SOMMAIRES DES JOURNAUX SCIENTIFIQUES J Bulletin agricole de l’Institut scientifique de Saïgon, t. Il), Bulletin de la Société Centrale d'Aquiculture et de Pêche, The Bristish Journal of Psychology (Londres), Section générale, Bulletin de l'Académie de Médecine, t. LXXXVII, n° 8 (21 févr.). V4 Bulletin de l’Institut Pasteur,t. XX, n° 2 (30 janv.). BESREDKA : Bulletin mensuel de l Office international d'Hygièae publique, Archives internationales de Pharmacodynamie et de Thérapie . lation de l’éther en injection hypoderm. est due uniquement à Bulletin du Comité d'Etudes historiques et scientifiques de des cellules hépatiques, — 10. : Sur les granulations argento- philes et autres structures des cellules rénales. — ALBERGA Sur la nature et la signification des filaments épidermiques d'Herxheimer, : ournal of Genetics (Cambridge), t. XI, n° 3 (Déc.). MiyAzawa : Formes naines chez l'orge, — PARNELL : Rech. de la ségréga- tion par l'examen du pollen du riz. — Beer : Cytologie et génélique da genre Fuchsia, — HuxLey : Liaisons chez le Gammarus chevreuxt. — PonNETT et PFASE : Etudes de géné- tique sur la volaille, IV. — Saumon et Wormazn : Etude de la variation des plantules de houblon sauvage. — BaTeson et GAIRDNER : La stérilité mäle chez le lin, soumis à 2 types de ségrégation. — Oxscow : Hérédilé de la couleur des ailes chez les Lépidoptères. VI. Diaphora mendica, VII, Mélanisme chez l'Hemerophila abruptaria. — Suirix : Remarques sur la méth. de calcul proposée par Trachtenberg pour les croise- ments dialléliques. n° 12 (Déc.). Le Louer : Une épizootie de barbone. Vaccina- tions et résultats. — Vivcens : Une maladie du collet des Crotalaires au Tonkin. — Verner : Essai de distillation de feuilles.de camphriers du Tonkin, — Cane : Essai de propa- gandeet d'organisation du contrôle de la diffusion des semences de riz sélectionnées, — HaskeLLz : La maladie de la canne à sucre dite ( maladie de Fiji ».— Spoon : L'emploi du chinosol dans la coagulation du latex d’hévéa. — BLANGHARD DE LA Brosse et Murar : Etude sur la Cinnamomum camphora en Annam. c t. XXVIII, n° 4-6 (Avril-Juin 1921). J. Lecuerc : Conservation- des filets de pêche, — Jacques PELLeGrix : Les Poissons des eaux douces de la Nouvelle-Calédonie. — Josepn GENsouL : De l'acclimatation de quelques Poissons en eau libre. t. XI, n° 3 (Déc.). Taousox : Les tests mentaux du Northum- berland. — Granir : Etude sur la perception de la forme, — HarTR1DGE : Critique de l’hypothèse de Wrightson sur l’audi- tion, — Frasex : Quelques expér. sur les anesthésiques. — Fizpis et Myeus : Gaucherie et renversement des lettres (écri- ture en miroir). — BwapronrD ; Facteurs des tests mentaux. Suirn : L'emploi du réflexe psychogalvanique, — STURT : Comparaison de la vitesse avec l'exactitude dans le processus d'éducation. 6 Sciences médicales BÉCLÈRE : Le traitement de l'érythrémie ou maladie de Vaquez à laide des rayons de Roentgen. —: Liver : L'aérophagie et son traitement. — GUILLEMINOT : Sur la chronaximétrie en clini- que. — HATIEGAN : Hyperperméabililé hépalique; un nouy. symptôme dans le diabète. == N°9 (28 févr.). GUÉNIOT : Hy- giène de l’esprit : la faculté de ne penser à rien, — GABRIELIDES et Gurarr: La myose oculaire à Oestrus ovis à Constantinople. — BécLiÈère, Cuevrorier et Lumière : Nouv. matériel de pro- tection contre les rayons X. — Boquer et NÈGRE : Sur le trai- tement spécif. d'une affection mycosique, la lymphangite épizootique des Solipèdes. = N° 10 (7 mars). MARINESCO : L'opération de Steinach peut-elle réaliser le rajeunissement de l'organisme animal? — Vaouez : À propos du traitement de l'érythrémie par la rœntgenthérapie. — Loisez et CASTEL- xAu : Action des émanations à vie courte, émanations du fthorium et de l'actinium,au cours des cures thermales. — Fenroux et Regaub : Protection contre les rayons X par l'in-. troduction de minerai de plomb dans les murs des chambres de rœntgenthérapie. De la vaccination contre le choléra (fin). t, XIV, no 1 (Janv.). Farvre : La lutte antivénérienne en France dans la populalion civile. — Veccue : De l’organisation et du fonctionnement des œuvres d'hygiène infantile en Belgique. (Braxelles-Paris), t. XXVI, fasc. I-II. Max : L'excito-stimu- l'action locale. — Heymans : La respiralion artific. et le massage du cœur en cas d’arrêt respiratoire par les anesthésiques., — Burripce : Expér. sur l’action de NaBr sur le cœur, — Macos : Pénétration du chloroforme dans l'organisme. — In. : Idiosyn- crasies au chloroforme. — Prccinint : Cryoscopie des tissu} dans la perfusion avec H20. — Busquer : Origine mécanique ‘de l'act. tonicardiaque de l'or colloïdal, — Ricuau» : Etudo pharmacothérapique sur le bromhydrate de cicutine. — Tarr et CLark : Act. de K et Ca sur l'utérus isolé. — BURRIDGE : Expér. avec la cocaïne. — Heymaxs et Maicne : Act. hyper- thermisante du bleu de méthylène. — Marron: L'adrénaline … est-elle une hormone? — Garino : Sur la formation dans l'organisme des composés de la série chloroformique par décomnos. des subst, de la forme CX3.CO.CO.NH.CO.NH?. 7 Géographie et Colonisation l'Afrique orientale française, n° # (Oct.-Déc. 1921). HouanoD : Saignées d'Hevea medeiros de la plantation de Sakété en 1916-17-18, — Frireu : Sur deux fruits fossiles trouvés au Sénégal, dans-l’Eocène moyen. — PerAGALLO : Diatomées du dépôt de Foum-Hadiar (Mauritanie). — Guérox : Essai de langue minianka. — Jacquier : En marge du-journal de voyage de René Caillié. — Mopar : La société berbère mauritanienne à la fin du x1° siècle, — Sozicuon: Croyances et superstitions dans le Bas-Dahomey. — Benquey : Considér. sur l'Islam africain (Haute Côte d'Ivoire), g SUPPLÉMENT A LA Revue générale des Sciences Du 15 Avriz 1922 LIVRES REÇUS Tous les livres reçus par la Revue sont signalés sous catte rubrique avec une brève indication de leur contenu, sans préjudice de l'ana- lyse critique dont ils pourront étre ultérieurement l'objet dans la partie Resp hiote de la Revue. 1° Sciences mathématiques CARTAN (E.) : Leçons sur les Invariants intégraux. 1 vol, in-80 de x-210 p. (Prix: 20 fr.). Librairie scientifique J. Hermann, Paris, 1922. Cet ouvrage reproduit un cours professé par l’auteur à la Fa- culté des Sciences de Paris. I1y confronte la notion d'invariant intégral avec celle de forme intégrale. BOREL (Em.) : L'Espace et le Temps. 1 vol. in-16 de 245 p. de la Nouvelle Collection scientifique (Prix : 8 fr.). Librairie Félix Alean, Paris, 1922, c L'auteur s'est proposé non de donner un exposé didactique, mais de faire en quelque sorte une promenade autour des théo- ries d'Einstein et d'en décrire quelques aspects. BECQUEREL (Jean): Le Principe de Relativité et la Théorie de la Gravitation. 1 vol. in-8° de 342 p, avec 21 fig. (Prix : 25 fr.). Gauthier-Villars et Cie, Paris, 1922. Exposé didactique des théories d'Einstein et de ses disciples, divisé en deux parties : 1° La relativité restreinte; 2° La relati- vité généralisée; gravitation et électricité. MIE (Gust.) : La Théorie einsteintenne de la Gravitation.1 vol. in-12 de x11-120 p. (Prix: & fr. 50). Librairie scientifique J, Her- mann, Paris, 1922. L'auteur expose les idées directrices sur lesquelles peut s'édi- fier la théorie de la gravitation sous sa forme actuelle, de sorte que son ouvrage est plutôt une analyse critique des principes fondamentaux de la théorie qu’une étude de cette théorie elle- méme. HALDANE (Lord): Le règne de la Relativité. Traduction fran- çaise de H. ne VariGny. 1 vol. in-8° de 590 p. (Prix: 30 fr.). Gauthier-Villars et Cie, Paris, 1922. Dans cet ouvrage, l’auteur expose la base métaphysique de la relativité. IL y étudie longuement la théorie de la connaissance et les variétés et degrés de la réalité; il offre encore une compa- raison critique des deux manières d'appliquer le principe de la relativité en Mathématique et en Physique dues à Whitehead et à Einstein. LAMOTTE (M.): Cours de Mécanique appliquée. 1 vol. in-8* de 282 p. avec 214 fig. (Prix: 25 fr.). Gauthier-Villars et Cie, Paris, 1922. Ce livre expose, sous la forme la plus simple possible, quel- ques-unes des nombreuses questions que soulèvent les applica- tions de la Mécanique. LE GAVRIAN (P.): Les Chaussées modernes. 1 vol.'gr. in-8° de 430 p. avec 89 fig.des Grandes Encyclopédies industrielles (Prix : * broché, 40 fr.; relié 50 fr.}. J.-B. Baillière et fils, Paris, 1922. L'auteur a rassemblé les notions éparses concernant la genèse et le développement des nouveaux modes de revêtement des rou- tes et, s'aidant d’une pratique personnelle déjà longue,il a cher- ché à les adapter aux possibilités de là meilleure technique, 2 Sciences physiques PREDESCU (Cr.): Procédé et appareil pour la localisation des projectiles dans le corps humain au moyen des rayons X.1 broch. in-8° de 20 p. avec fig. (Prix:2 fr.). Gartea Romaneasca,Bd Aca- demiei, 3-5, Bucarest, 1922, ? Bref rappel des divers procédés radiologiques et description de la méthode de l’auteur. PREDESCU (Cr.): Etude physique sur le Pétrole roumain (brut, fractions et lampants). 1 broch. in-8° de 92 p. (Prix : 6 fr.). Car- tea Romaneasca, 3-5, Bd Academiei, Bucarest, 1922. L'auteur a déterminé les propriétés et constantes physiques (densité, réfraction, pouvoir rotatoire, viscosité, inflammabilité, etc.) des pétroles roumains et de leurs diverses fractions. 3° Sciences naturelles - CHAINE (J.): Anatomie comparative. 1 vol. in-8° de 280 p. (Prix: 14 fr.). J.-B Baillière et fils, Paris, 1922. L'auteur étudie successivement la place de l’'Anatomie compa- rative dans les sciences, sa méthode, son but, puis il fait la cri- tique du langage anatomique et expose les tentatives deréforme, 4 Sciences médicales BEZANÇON (F.): Les bases actuelles du problème de la Tubér- culose. 1 vol. in-12 de xvi-200 p. de la collection Serence et Civi- lisation (Prix : 7 fr.). Gauthier-Villars et Cie, Paris, 1922, Cet ouvrage expose d’une façon claire et accessible à tous les grandes lignes du problème actuel de la tuberculose, ses prin- cipaux aspects et les méthodes les plus récentes employées pour la combattre. SAHLI (H.) : La tuberculinothérapie et le traitement intrader- mique. Traduction de MM. Piorrowsxt et BickeL. 1 broch, in-8* de 32 p. (Prix: 4 fr.). A. Maloine et fils, Paris, 1922. L'auteur expose les faits nouveaux concernant la nature de la tuberculine et la signification fonctionnelle des réactions dermi- ques et intradermiques, et décrit la technique et les résultats de sa méthode de traitement intradermique. 5° Sciences diverses MAURAIN (Ch.): Répertoire de Laboratoires français. broch. in-8° de 55 p. (Prix: 2fr.). Librairie de l'Enseignement techni- que, Paris, 1922. L'auteur donne successivement le répertoire des laboratoires français par services, puis par ordre alphabétique. Carnegie Institution of Washington. Yearbook n° 20 (1921).1 vol, in-8° de 475 p. avec fig. etcartes. Carnegie Institution, Washing- ton, 1922, Compte rendu de l’activité des divers services de l'Institution pendant l’année 1921. MAXWELL (J.): La Magie. 1 vol. in-16 de 252 p. de la Biblro- thèque de Philosophie scientifique (Prix : 7 fr. 50). Ern. Flamma- rion, Paris, 1922. Pour l'auteur, la magie est la forme active d’un des éléments formateurs des sociétés, le sentiment religieux, la religion pro- prement dite étant sa forme passive. La magie obéit à des lois, dont il est possible déjà de formuler les principales. SOMMAIRES DES JOURNAUX SCIENTIFIQUES 1° Périodiques généraux Journal of the Washington Academy of Sciences (Easton, Pa.) t. XII, n° 5 (4 mars). FARis: Quelques problèmes de la mer. — Loomis : Nouv. esp, du genre de Coléoptères Trox. Journal of the Franklin Institute (Philadelphie), t. CXCIIT, n°2, t. CXCIL, n° 3 (Mars). Bates : Applic. de nos connaissances fondament, surle ciment Portland à sa fabrice, et à son emploi. — Mc Ke: Extraction de la gasoline des schistes bitumineux. — Huwrureys : Brouillards et nuages (suite). — BieLEer : Trou- bles des chem. de fer électr. et la détection du passage des trains électr. au moyen d'un galvanomètre. The Philosophical Magazine and Journal of Science (Londres), n° du 1** févr. 1922. Eoceworru : Sur l'applic. des probabi- lités au mouvement des molécules gazeuses. — PERCIVAL: Méth. pour tracer les courbes caustiques, — THomas : La con- vection forcée de la chaleur d’une paire de fils fins chauffés. — HemsaLecu et pe GRAMONT: Expér. sur l'apparition des lignes d’étincelle (lignes élargies) dans farce. — VaviLov : L'inten- sité de la fluorescence des colorants et sa dépendance de la longueur d'onde de la lumière excitatrice. — MorTox et CLose : La théorie de Hertz du contact des corps élastiques. — Davis : Le refroidissement naturel des fils par convection. BzoucaLz : La fréquence des électrons dans l'atome de ñéon. — Poôre: Essai pour déterminer si un temps minimum est nécessaire pour exciter la rétine humaine. — Roar : L'analyse des ondes sonores par la cochlea, — Lipsrone ; La mesure de la viscosité absolue.— Raman : Phénomène du «spectre radiant ». — Jones, MorGan et WHeëeLer : Sur la forme de l’onde de température s'étendant par conduction autour des sources ponctuelles et sphériques. — Parricron et Canr : Chaleurs spécif. de l’ammoniaque. — BurBipGe : L'absorption des rayons X K de l’argent dans les gaz et les mélanges gazeux. — 19. : Sur l'absorption des faisceaux étroits des rayons X. — GLasson : Les rayons 8 et le nombre atomique. — Came- BELL : Les principes fondamentaux de la recherche scientifique. Revue philosophique, t. XCIHI, n°* 3-4 (Mars-avril). FAUCONNET : L'œuvre pédagogique de Durkheim. — OMBR£eDANNE : La psy- choanalyse et le problème de l'inconscient. — Dumas: L'ex- pression des émotions. II. — Laranpe : L'épistémologie de M. Meyerson et sa portée philosophique. — GROETHUYSEN : Les écrits sur Leibniz parus en Allemagne depuis 1914, — RicuArD : La crise de la science économique. > Astronomie et Météorologie The Observatory (Londres), t. XLV, n° 574 (Mars.). TURNER ; Sir W. H. Christie. — YAmAmoro et DENNING : Observ. au Japon de météores probablement en relation avee la comète de Pons»>Winnecke. — Corrie : Les aires des taches solaires et les perturbations horizontales du magnétisme terrestre. 3° Art de l'Ingénieur Bulletin de la Société d'Encouragement pour l'Industrie nationale, t. CXXXIV, n° 10 (Janv.). BeLin : L'organisation de la librairie française. — KAammMEkER : La product. et l'utili- sation de la vapeur. === N° 2 (Févr.) KuinG: L'ignifugation des tissus et bois employés à la confection des décors de théä- tres. — Guicery : Machine pour l'extrait des matériaux de construction. — GREBEL : Les progrès récents de l'industrie gazière. — Linper : Machine à teiller le lin de M. Lesage. — Hrrier : Notes d'agriculture. Bulletin officiel de la Direction des Recherches scientifiques et industrielles et des Inventions, n° 28 (Février). DANIEL : Rech. sur la valeur comparée des diverses variétés de pommes à couteau pour la fabrication des gelées de luxe. — FERNBACH : Note sur l'achèvement de la fermentation des vins restés doux. (| PROGRAMME du 10° Congrès National de l'Art à l'Ecole Mercredi 19 avril. — 40° CONGRÈS NATIONAL DE L'ART A L'ÉCOLE Sous réserves de modifications. — Tous les Sociétaires sont de droit congressistes. À 2 heures et demie, au Conservatoire national des Arts et Métiers, 292, rue Saint-Martin (Tramways Sébastopol ; Autobus Porte Saint-Martin ; Métro Réaumur) Inauguration de l'Exposition Cinématographique — Section de l’Enseignement — À 4 h. 45, à l'Hôtel-de- Ville (Escalier du Préfet) Réception par le Conseil municipal de Paris Jeudi 20. — Au Conservatoire des Arts et Métiers À 9 heures et demie, Séance d'ouverture du 40° Congrès national : La Cinématographie appliquée à i’Enseignement Sous la présidence de M. Gasron VIDAL, Sous-Secrétaire d'Etat de l'Enseignement technique, Classement par Sections. — Ordre du jour du Congrès. — Emploi du temps. À 2 heures et demie, Séances des Sections, Communications, Démonstrations. Vendredi 21. — Au Conservatoire des Art et Métiers À 9 heures et demie et à 2 heures et demie, Séances des Sections: Communications et Démonstrations. Samedi 22. — Au Conservatoire des Arts et Métiers - À 9 heures et demie et à 2 heures et demie, Séances des Sections; Communications et Démonstrations. Dimanche 23. — Au Conservatoire des Arts et Métiers - À 10 heures, Séance de clôture. — Résultat du Concours. — Rapport général. — Vœux. | PRÉPARATIONS COLLOÏDALES | (Métaux Collotdaux électriques à petits grains. Colloïdes électriques et chimiques de métallotdes ou de dérivés métalliques) Electrargol (Argent) Electroplatinol . . . (Platine) Electromartiol. (Fer) Electrorhodiol . . . {Rhodium) Electraurol . . . . . (Or) - Electriridiol. . . . . (Iridium) Electr-Hg . . . . . . (Mercure) Electropalladiol (Palladium) Electrocuprol. (Oxyde de cuivre) Thiarsol. . . . . . . (Sulfure d’arsenic) Electrosélénium. (Sélénium) Collothiol . (Soufre) Obtenues par la méthode chimique ou par la méthode physique (électrique), les solutions colloïdales sont constituées par la suspension en milieu liquide d'une infinité de grains ultramicroscopiques, animés du mouvement brownien et présentant une charge électrique de signe défini. Grâce à la grande surface de ces grains, les colloïdes présentent un érergique pouvoir catalytique et fermentaire. ER Les colloïdes possèdent d'importantes propriétés biologiques, bien étudiées depuis que l'on sait le rôle des colloïdes naturels dans la physiologie normale. Injectés à l’homme ou aux animaux, ils augmentent les oxydations et les échanges nutritifs, ils stimulent la défense contre les toxines et les fonctions d’élimina- tion, ils provoquent un mouvement leucocytaire très marqué. ; É Les colloïdes sont d'un usage thérapeutique courant : les métaux (type : Electrargol) sont des médica- ments antiinfectieux de premier ordre (toutes maladies infectieuses); on emploie certains colloïdes comme spécifiques (Electr-Hg — Electrosélénium — Electrocuprol — Electromartiol — Collothiol) | . . LI Les Lahoratoires Clin préparent tous les colloïdes qu’il est possible d'obtenir dans l'état actuel de i 6. . E LEE | A rpene de laboratoire, les Laboratoires Clin délivrent Pour l'éxpérimentation thérapeutique ou lès usages orat des préparations colloïdales pures, à constantes physiques définies. Laboratoires CLIN, 20, rue des Fossés-Saint-Jacques, PARIS AL M ANR RE ter CLR. Touristes!!! “8 dans vos excursions | |emportez le VERASCOPE RICHARD k BREVETÉ S. G. D. 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XIX, n° 2 (Février). Le cinquantenaire . scientifique de M. H. Le Chatelier. — Sricce : Remarques au sujet des changements d’allure dans les hauts fourneaux électr. — DE GKAmonr : L'emploi de l'analÿse spectrographique en métallurgie : spectres de dissoe. des aciers spéciaux, — Guri- LERY : Nouv. machine de traction donnant la limite élastique et le module d'élasticité. — Janin: Nouv. méth. d'essai des métaux à l'usure. — GuiiLer: Essais de frottement exécutés sur la machine d’usure de M. Jannin. Revue universelle des Mines, de la Métallurgie, des Travaux -publics (Liége), 6° sér., t. XII, n° 5 (1° mars.) TRASENSTER : … Notice sur la vie de H. Le Chatelier. — Derize: L'industrie NS ne. == me men à : | houillère en Hollande en 1920 (suite). — Francois: Le chemin de fer Tongres-Aix-la- Chapelle. — CrespPix Appar, de manu- tention destinés aux fours à réchauffer. — Unwix : Infl. de la longueur entre repères et la section des éprouvettes sur Île pourcentage d’allongement. — Lyennus : Les spectres fdes rayons X (suite). Revue universelle des Mines, de la Métallurgie, des Travaux publics, t. XII, n° 6 (15 mars.). TrAsewster : La phase gazeuse et l'application de la loi des phases aux alliages. — Unwin : Rapport sur l'influence de la longueur entre repères etl la section des éprouvettes sur le pourcentage d’allongement (fn). — Proyarr : Considérations générales sur les essais mécaniques des fontes. — Cnrespin : Appareils de manuten- tion destinés aux fours à réchauffer. — Scoumanxe: Les régu- lateurs limiteurs d'intensité (fin). & Sciences physiques Le Journal de Physique et le Radium, t. IH, n° 2 (Février). L. ne Broczie : Rayons X et équilibre thermodynamique. — Bauuar et Mile Haxor: La frange noire de Lippich et la pré- cision des pointés polarimétr. The Physical Review (Lancaster et Ithaca), 2° sér,, t. XIX, n°2 28 SOMMAIRES DES JOURNAUX SCIENTIFIQUES (Févr.). Hess : L'action des rayons y des prépar. planes éten- dues de radium à différentes distances avec et sans subst, absorbante. — Miro : Caractéristiques physiques des oreil- les normales et anormales, — Lockkow : Effet de O et H sur l'émission des électrons par le platine chaud, — Brip&max : La théorie électronique des métaux à la lumière de nouv. don- nées expérim. — HAarkixs et Maporsky : Etude graphique des relations de stabilité des noyaux d’atomes, — FazeL : Mesures de temps et de pression dans la couronne. — Kunz: La pression dans la décharge par couronne, — WaLin : Com- portement des électrons libres vis-à-vis des molécules gazeu- ses, — Porter : L’accélération gravitationnelle du bismuth. Scientific Papers of the Bureau of Standards (Washington), n° 420 (15 oct.). Cr:GoE et HARPER : Volume spécif. de l'ammo- niac liquide. = N° 421 (14 oct.). Kiess, Hopkins et CREMERS : Longueurs d'onde plus grandes que 5.500 A dans le spectre d'arc de Yt, La et Ce et prépar. des éléments purs des terres rares. == N° 422 (15 nov.). Warrters et Davis : Etudes sur les plaques photograph. sensibles aux couleurs et les méth. de seusibilisation par trempage. == N° 423 (15 nov.). PURINGTON: Fonctionnement du tube modulateur dans les équipements radiotéléphon. == N° 424 (13 déc.). SirsBee : Théorie mathé- mat. du voltage induit dans la magnéto à haute tension. = N° 425 (17 déc.). MonLer et Foore: Rayons X doux caracté- rist. des arcs dans les gaz et vapeurs. === N° 426 (17 déc.). Souper et Hipnerr : Dilatation therm. du Ni, du métal Monel, de la stellite, de l'acier non coloré et de l'A, mm N° 427 (21 déc.). BrReiT : Quelques offets de la capacité distribuée entre les bobines d'inductance et le sol. Journal de Chimie physique, t. XIX, n° 3 (30 nov. 1921). TimmerMaAws: La théorie des sol. conc. Revue historique et critique. — Dusoux : Calcul de la 2° constante de dissoc. des ac. dibasiques, à partir des concentr. d'ions H. — PruD'HoMME: Sur quelques relations entre les temp. critique, d’ébullition et de fusion. — Tran : L'hydrolyse lente des sels. — CAarDposo : Rech. sur la piézométrie absolue. I. Comparaisons entre le manomètre à poids et les manomètres à écrasement en verre. — In. et Levi : Zd. II. Comparaison entre le manomètre à poids et le manomètre à azote. Anales de la Sociedad española de Fisica y Quimica (Madrid), t. XX, n° 189 (Janv.). Moces, Baruecas et Paya : La densité de l’air à Madrid et l’hypothèse de Loomis-Morley. — DE 1za- GUIRRE : Sur la tension superfic. des sol. de Bleu de nuit. Recueil des Travaux chimiques des Pays-Bas, t. XLI, n° 3 (15 mars). ScHoonL et REGENBOGEN: Le système eau-alcool- sulfure de carbone. La miscibilité des trois constituants en diverses proportions et les applic. pratiques qui s'en déduisent. — Kocrnorr : L'hydrolyse du salicylate d'antipyrine, — Backer et Dugsky: Sur la formation de sels des ac. sulfon- carboxyliques. I. Les sels cobalteux et cuivriques des ac. sul- fonacétique et :-sulfonpropionique. — Lisnsr Zwikker ; Sur la constitution des polysaccharides. — Wigaur: Sur la façon dont se comportent le carbone aumorphe et le soufre lorsqu'on les chauffe. Les sulfures du carbone. — Kocruorr : L'applica- tion de l’électrode à iode dans les titrages potentiométriques. — WirerMan et PerQuin : La détermination des hydrocarbures aromat. dans des fractions d'huiles minérales. The Journal of the American chemical Society (Easton, Pa.), t. XLIV, n° 2 (Févr.). Fourk et Morris : Valeur compar. des divers échantillons d’iode employés dans les mesures chim. — GLarx et BUGKNER : Propriétés des groupes de valence subsi- diaire. III. — Buroick : L'oxydation de l’oxyde nitrique et sa catalyse. — Harxen : Coeffic. d'activité et propriétés colliga- tives des électrolytes. — WeLLs : Théorie simple du néphélo- mètre, — Dickinson : La structure cristall. des chlorostannates de K et d’Am. — BarTeLL et Simms : Relation de l’osmose anormale avec le gonflement des matières colloïdales. — DEN- ais et Hance : Le germanium. III. Tétrachlore et tétrabromure de Ge, — Focc et James : Le poids atom. de l'yttrium. — BozorrTu : La structure cristall. du cyanure de K. — LAWRANGE etOppyx: La réact. de Friedel et Crafts. — Lacaman : Le réar- rangement du benzile en ac, benzilique. — HorrManet GORTNER : Le soufre dans les protéines. I. Effet de l’hydrolyse acide sur la cystine. —" Dox et Yoper : Les pyrimidines préparées avec les éthers alkylmaloniques etles amidinesaromat, — Moore et Taowas : La constitution du prod. secondaire dans la sulfona- tion de lac. cinnamique. — Nezson et LÉonaup : Identific. des alcaloïdes sous le microscope d'après la forme des cristaux de leurs picrates, — SueppaArD et EcLiorr : La dessiccationet le gonflement de la gélatine, — KouLer : L’addition des éthers maloniques au benzoylphénylacétylène, — Apkins et KRAUSE : Act. de l'alumine, du titane et de la thorine sur les acétates d’éthyle et d'isopropyle. — Cook : Méth. simple pour détermi- ner les indices d’acétyle. — Boonp et Cope : Act. de Se?CI? sur le propylène, le butylène et l’amylène, — Brauns : Chloroté- tracétylmannose cristall, — Jones et Scorr : Nouv, ac.hydroxa- miques dér. des ac. cyclopropane carboxylique, isobutyrique et dibenzylacétique. — Brown : Nouv. méth. quantit, pour la détermin. du Fe dans le sang. 5° Sciences naturelles Comptes rendus des Séances de la Société de Biologie, t. LXXXVI, n° 9 (4 mars). BOURGuIGNON et TARNAUCEANU : Chronaxie normale du triceps sural de l'homme, — Degré et Boxer : L’intradermo-réaction tuberculinique au cours de la tuberculose expérim. du cobaye. — D'HÉRELLE : Sur la pré- sence du bactériophage dans les leucocytes. — LAPicQuE et NaTran-LaRmier : Action de l’adrénaline sur l’excitabilité mus- culaire et sur la fatigue. — Laermirre et FUMET ; L'infl. fré- natrice de la ponction lombaire sur la glycosurie. — PANISSET et VerGe : L'action anticoagulante du novarsénobenzol sur le sang de diverses espèces animales domestiques. — Turcuini : Nature muqueuse des cellules à mélanine de la glande du noir de: la Sèche et mécanisme de l’excrétion du pigment. — BerGs- TRAND : Sur la lyse microbienne transmissible. — Ip : Sur la variation des bactéries. —- ForssmAn : L'influence de l’éther” sur des anticorps. — LiunspauL : Technique pour mesurer le pouvoir glycolytique du sang. — APpELMANs : Applic. de la méthode de dosage du Bactériophage. — BRacHET : Sur la fécondation prématurée de l'œuf d'oursin. — Dusrix et CHa- PEAUYILLE (Mile) : Les caractères de l'onde cinétique déclenchée par une injection intrapéritonéale de peptone. — Fagry : À propos du Bacterium coli « modifié » ne fabriquant plus d'in- dol. — Frkperico et MeLox : Les dérivés xanthiques; poisons paralysants du sympathique. — GRATIA et JAUMAIN : Au sujet des réactions consécutives aux injections de principe lytique staphylococcique. — GEpoeLsTr : Le trimorphisme laryaire des Oestridés. — Menvezeerr (Mlle) : Rapport entre les propriétés cytoxiques et anaphylatoxiques des sérums et leur teneur en ions H libres. — Vanpenpries: Rech. sur la sexualité des Ba- sidiomycètes. — VAN DER GainsT: Contrib. à l'étude du phé-« nomène de Pfeiffer. — Van SAcEeGHEM : Sérothérapie des trypanosomiases animales, == N° 10 (11 mars). BATTELLI et Morsier : Action des courants électr industr, sur le cœur. — Ip. etIp. : Le mécanisme des trémulations fibrillaires. — CarporT et LauGrer : Le réflexe linguo-maxillaire, — Levanirr et Nico- LAU : Propriétés de la neurovaccine. — Lracre : Les liquides fixateurs et les fibres nerveuses à myéline. — Masaki : Du mécanisme de l'infection cholérique et de la vaccination contre le choléra par voie buccale, — Vincent, Pi:op et ZoELLER : Sur l’intradermoréaction à la diphtéro-toxine (Réaction de Schick). — Decmas-MARSALET : Sur l'importance de la pression moyenne dynamique ou pression efficace intra-pleurale au cours. du pneumothorax artificiel ou spontané et sa mesure par le manomètre compensateur de Marcy. — DoveL : Sur les varia- tions de forme de la courbe ergographique avec l’entraîinement dans les ergogrammes en série. — Durrénoy : Les cellules polynucléées des mycorhizes de Châtaigniers. — LEuUREr, AuonrT et DeLmas-MarsALer : Sur un nouvel appareil de pneu- mothorax artificiel. — Mauxrac et. SERvANTIE ; Rech. sur le” pouvoir glycolytique des organes. — Pacxon et FABrE : La position du dicrotisme sur les oscillogrammes aux différents” degrés de contre-pression, — Ip. et P&riTEAU : Sur la non- spécificité du caractère bifide de la secousse réflexe patellaire. — PorTrMaAnx : Architecture de la columelle du limaçon humain, — RurENTHALER : Présentation d'un grand appareil de pro jection et de photographie. — BLanc, CAMINOPETKOS et MELA- Nipi : Rech. expérim. sur les virus salivaires. Bulletin de la Société des Sciences naturelles du Maroc (Rabat), t. 1, n° 1 (1° janv. 1921). Tnéry : Histérides nouv. du Maroc. — Pierre : Nematocera polynura recueillis au Maroc par Alluaud, — Arnaup et Joyeux : Sur un Arachnide vermi- forme parasite de l'intestin de l’homme {Porocephalus armil- latus Wyman). — BéDé et LAvauDex : Bibliographie ornitholog. du Maroc. == N° 2 (1er juillet). Borrez : Listes des plantes recueillies autour de Rabat et de Salé. — Taéry : Sfenosini du Maroc. — CHanrier: Les Annélides Polychètes de la région de Tanger. — RoLLanp : Sur une brèche à vertèbres fossiles de Rabat. = N°: 3-6 (1° sept.). BROLEMAN : Liste des Myriapodes signalés dans le nord de l'Afrique. — GuiLLaumin : Les Citrus de Marrakech. — Russo : Le massif du Djebil de Mahiridja, le pli de Mahrouf. — SiGaur : Essai sur les applic. industr. de l’osmose. == Mémoires, t. 1, n° 1 {1er janv. 1921). Auc. BerNarD : Le régime des pluies au Maroc, =æ N° 2 (1° déc.). PecreGriN : Les Poissons des eaux douces de l'Afrique du Nord française, 6° Sciences médicales Bulletin de l'Académie de Médecine, t. LXXXVII, n°11 (14 mars). GLEY : Sénescence et endocrinologie — BERNARD : Rapport sur, les maisons maternelles. — GuiLLain et GaRpin : Contrib. à l'étude des méningites de l’helminthiase, — DouMER : Pression … sanguine et tension des artères. — CHAMBRELENT et VALLÉE De la virulence du lait des nourrices tuberculeuses, — RÉMoOND : Acétonémie, pancréatite et syphili. === N° 12 (21 mars). ARmanD DeLrize et Darpois : Les réactions splénopneumoni-… ques massives dans la tuberculose pulmonaire de l'enfant etde l’adolescent., — Reynës : Traitement de certaines plaies par la « mise en cages aseptiques » sans pansements, — SCHACH- MANN : Autosérumthérapie de la blennorragie et de ses com- plications. — HATIEGAN : L'épreuve de l'indige-carmin dans les maladies hépatiques avec ictère. — D’HaLLuIN : La mort par électrocution; symptomatologie et thérapeutique. — Sar- ToRY et SCHEFFER : Pneumomycose et langue noire. Annales de l'Institut Pasteur, t. XXXVI, n° 2 (Février). LEVADITI, Harvier et Nicocau : Etude expérim. de l'encéphalite dite « léthargique » (suite). — VaizLAnT : Note sur l'emploi du vac- cin bilié de Besredka-par la voie buccale dans quelques foyers épidémiques de fièvre typhoïde. — Hégerr et Brocn : Rech. sur la fièvre typhoïde, juillet 1915 à janvièr 1919. Bulletin de l’Institut Pasteur, t. XX, n° 5 (15 murs). Macrou : La symbiose chez les plantes. SUPPLÉMENT A LA Revue générale des Sciences Du 3) Avniz 1922 29 nn ——————— MU LIVRES REÇUS Tous les livres reçuspar laRevue sont signalés sous cette rubrique avec une brève indication de leur contenu, sans préjudice de l'ana- lyse critique dont ils pourront étre ultérieurement l'objet dans la partie re de la Revue. 4° Sciences mathématiques ANDRADE (J.) : Les organes réglants des chronomètres. 1 vol. in-12 de 146 p.avec fig. de la Bibliothèque horlogère. E.Magron, Besançon et Bienne, 1922. Après un exposé historique sur les fondateurs de la chrono- métrie, l'auteur trace l’œuvre des premiers théoriciens du réglage des chronomètres et montre comment le problème s'est transformé par suite de l'introduction des aciers au nickelet des nouvelles méthodes de compensation. HANOCQ (Ch.) : Les pompes centrifuges à haute pression.1 vol. in-80 de 160 p. avec 91 fig. et 10 pl. (Prix: 15 fr.). Ch. Béran- ger, Paris et Liége, 1921. L'auteur, après la description de la pompe centrifuge et l’ex- posé de l'état actuel des recherches théoriques et expérimenta- les sur ce sujet, décrit les essais effectués à l'Université de Liége sur la question et les résultats obtenus. Relatorio do Observatorio Campos Rodriguez em Lourençco Mar- ques. Ano de 1919. Vol. XI. 1 vol.in-4° de 100 p. Imprensa nacio- pal, Lourenco Marques, 1921. Résumé des observations, surtout météorologiques, faites à l'Observatoire en 1919. > Sciences physiques BAUER (L.A.), FLEMING (J. A.), FISK (H. W.) et PETERS {W. J.) : Land magnetic observations (1914-1920), 1 vol. in-4° de vi-475 p. avec 17 fig. et 9 pl. (Prix : 7 doll. 25 c.). Publication 175 1v de la Carnegie Institution, Washington, 1921. Ce volume renferme les résultats des observalions faites par le Département du Magnétisme terrestre de l'Institution Carne- gie en 1914-1920, et quatre mémoires sur des instruments em- ployés dans ces recherches. VEROLA (P.): Chimie et fabrication des explosifs. 1 vol. in-16 de 202 p. avec 15 fig. de la Collection Armand.Colin (Prix: bro- ché, 5 fr. ; relié, 6 fr.). Librairie Armand Colin, Paris, 1921, L'auteur expose les bases théoriques de la fabrication des explosifs, et fait ressortir en particulier l'énorme effort réalisé en France pendant la guerre de 1914-1918. 3° Sciences naturelles SORRE (M.) : Les Pyrénées. À vol. in-16 de 216 p. avec 19 fig, et 3 cartes hors texte de la Collection Armand.Colin (Prix : bro- ché, 5 fr,; relié, 6fr.). Librairie Armand Colin, Paris, 1922, Ce livre est une synthèse de nos connaissances sur les Pyré- nées, plus spécialement françaises, L'auteur étudie successive- ment les traits généraux de la chaîne, puis chacune de ses régions, et enfin les ressources des Pyrénées. JACKSON (R.T.)et VAUGHAN (T. W.) : Contributions tothe geology and palaeontology of the West Indies. 1 vol. gr. in-8° de 1v-122 p. avec 6 fig. et 18 pl. Publication 306 de la Carnegie Institution, Washington, 1922. M. Jackson décrit les ÆEchini fossiles rencontrés aux Indes occidentales, et M. Vaughan étudie les conditions stratigraphi- ques de leurs gisements. LOFTFIELD (J.V.G.): The behavior of Slomata.1 vol, gr. in-8* de 104 p. avec 54 fig. et 16 pl. (Prix : 1 doll, 50 c.). Publi- cation 314 de la Carnegie Institution, Washington, 1921. L'auteur décrit le mouvement horaire dès stomates dans une journée de 24 h. chez un grand nombre de plantes, puis les cau- ses des variations horaires et journalières de ce mouvement, et enfin son influence sur la transpiralion. » L Sciences diverses L'Académie Royale de Belgique depuis sa fondation (1772- 1922). 1 vol. in-8° de 343 p. M. Lamertin et M. Hayez, Bruxel- les, 1922. Ce volume renferme une histoire générale de l’Académie et l’histoire de ses trois classes, des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts, et enfin une histoire des fondations académiques. TASSY (E.) et LÉRIS (P } ZLa cohésion des forces intellecluel- les. 1 broch. in-12 de 80 p. (Prix: 2 fr. 50). Gauthier-Villars et Cie, Paris, 1922. Les auteurs examinent un certain nombre de moyens pour développer l'action intellectuelle : propagande, recrutement des chercheurs, collaboration intellectuelle, moyens matériels de travail. GUIGNEBERT (Ch.) : Le Christianisme médiéval et moderne. 1 vol. in-18 de 324 p. de la Bibliothèque de Philosophie scienti- fique (Prix : 7 fr, 50). Ern. Flammarion, Paris, 1922, L'auteur décrit l’évolution historique de la Religion et de l'Eglise chrétienne depuis le début du Moyen Age jusqu'à nos- jours, et il en dégage un certain nombre de constatations essen- tielles. 1° Périodiques généraux Publications de la Faculté des Sciences de l'Université Ma- saryk (Brno), n° 6. Kocacek: Les tremblements de terre car- pathiques sur le territoire de la Républ. tchécoslovaque. N° 7. 10. : Le catalogue sismique de la Républ tchécoslovaque. — N°8, VELISEK : Contrib. expérim. au problème de l'écou- lement turbulent ou hydraulique des liquides. = N° 9. TEy- Rovsky : Sur la perception de la forme chez les larves des Aeschnides. == N° 10. Rosicky et VEsELY : Sur la norite bio- tilique et amphibolique de Hostice en Bohéme. = N° 11. CEcu : Sur les surfaces dont toutes les courbes de Segre sont planes. == N° 12. PonprrA: Plantes moraves nouv. ou peu connues. = N° 13, Kaucky» : Contrib. à la théorie de l'équation de Fredholm. Proceedings of the National Academy of Sciences of the U. S. of America (Easton, Pa.), t. VIII, n° 1 (Janv.). WASHBURN et Navras : Relations de la calcédoine avec les autres formes de silice. — Fiercaer et Wecer: La sensibilité à la fré- quence des oreilles normales. — Davis: Les récifs coralliens de l’Archipel de la Louisiade, — Banus : Expér. avec l'ai- guille gravitant dansle vide == N° 2 (Févr.). SINNoTT et BLA- KESLEE: Changements de structure associés à des mutations de facteurs et de chromosomes chez le Datura, — ÉISENHART et VesLen : La géométrie de Riemann et sa généralisation. — Eisennanr: Les directions principales de Ricci pour un espace de Riemann et la théorie d'Einstein, — Fiscuer : Sur la défi- nition d'une fonction linéaire. — Core : La transplantation de la peau chez les têtards de grenouille. Journal of the Washington Academy of Sciences (Easton, Pa.), t. XII, n° 6 (19 mars). TRoLanD : La Psychophysique consi- dérée comme la clef des mystères de la Physique et de la Métaphysique. The Philippine Journal of Science (Manille), t. XIX, n° 5 (Nov.) HeLLer : Nouv. Coléoptères philippins. The Philosophical Magazine and Journal of Science (Londres), n° du 1* mars 1922. Asuworru : Théorie du champ intrinsè- que d’un aimant et relation de ses propriétés magnét. à ses propr. électr. et therm. caractérist. — SILBKKSTEIN : Relation entre les échelles projective et métrique, et son infl. sur la théorie des parallèles. — HanrrTiey, Ponper, Bowen et MER- row : Essai de sépar. des isotopes du chlore. — STkATTON et PaRTINGTON : Chaleurs latentes de fusion. [. — Raman et SETH 1: Sur la convection de la lumière (effet Fizeau) dans les gaz en mouvement, — Newman : Modifie. actives de H et N prod. par 2 + SOMMAIRES DES JOURNAUX SCIENTIFIQUES les rayons w. — DaLe : L'analyse des microséismogrammes, Wakan : Une méth. interférométr. pour déterminer la diffé- rence de phase résultant de la réflexion métall. — GLASsoN : Pouvoir d'arrêt et nombre atom. — Jackson : Les constantes diélectr. de quelques éthers à basse températ, — ADDENBROOKE: Etude de l’expér. de Franklin sur la bouteille de Leyde avec isolants mobiles. — Sir Ewinc : Nouv. modèle d'induction fer- romagnét. — KuisuNAiyar : Sur l'amplitude des vibrations maintenues par des forces de double fréquence. — RAMAN: Nouv. propriété optique des cristaux biaxes. — Asron et Fow- Le: Les problèmes du spectrographe de masse. — SYNGE& Une définition de la simultanéité et l’éther. — Compron: Re- marques sur l’ionisation par act. cumulative. — Dowzinc et PResTon : La résistance des électrolytes aux hautes fréquences — SLATE : Synthèse graphique dé la fonction vectorielle linéaire. Ricuarpson et Rogexkrson : La différence de potentiel de con- tact et l'émission thermionique. — Cauckensurri : Sur la dé- form des « anneaux et brosses » observées à travers un spath hémitrope, — Narayan: Vibrations couplées au moyen d'un pendule double. — In.: Illustration mécanique de trois cir- cuits oscillants couplés magnétiquement, — MunNaGnan : La déviation d’un rayon de lumière dans le champ de gravitation solaire. — Wazxer : Effet d'une chaleur spécif. variable sur la décharge des gaz à lravers des orifices ou buses. — TOWNSEND et Baie y : Le mouvem. des électrons dans l’argon. — JEFFERY : Les relations d'identité dans la théorie d’Einstein. — MALLIK: Sur l'induction mutuelle entre deux courants circulaires. — Cavawacu : Thermodynamique molécul. 2 Astronomie et Météorologie Monthly Weather Review (Washington), t. XLIX, n° 12 (Dée..). Bares et Henry : Le débit de l'eau à Wagon Wheel Gap (Colo). — Agsor : Récents perfectionnements dans les observ. de radia- tion solaire à Calama (Chili). — Exnen: La structure des anti- cyclones et cyclones dans la stratosphère au-dessus de l’'Eu- rope. — Meisincer : Les résolutions de Toronto sur les réduc- tions barométr. — Série de mémoires sur des orages. 32 Art de l'Ingénieur Jourual of the Royal Society of Arts (Londres), t. LXX, n° 3619 (31 mars). Bone: Les lignites et les charbons bruns et leur importance pour l'Empire britannique, == N° 3620 (7 avril). Moon : Le piano duplex à deux claviers. Revue de Métallurgie, t. XIX, n° 3 (Mars). SCHNEIDER : Etud D Une nouvelle formule d'étude : Le film commenté par le litre. Le livre illustré par le film. Films Médicaux et Scientifiques de Pathé Consortium Cinéma Séries Gaston DOIN Une collection de livres et de films publiés sous la Direction scientifique d’un Comité médical. 5 :: BOTANIQUE RE =. LPHYSIOLOGIERT mLOOPOGIERS Er MÉDECINE OPÉRATOIRE Æ BAICMERIOLOGIENE V >=: INEUROLOGIE RS SONT ACGRDOLOGIERAET :: CULTURE PHYSIQUE . LT CAC RENTE PATHÉ CONSORTIUM CINÉMA LIBRAIRIE OCTAVE DOIN Service de l'Enseignement GASTON DOIN, Éditeur 67, Rue du Faubourg Saint-Martin :: 8, Place de l'Odéon :: :: 2 vhs Samat nf sâte. ER A LL SE - PARIS 10° PARIS 6° CL 7 ALL AA LL Pesanteur Hydrostatique Caleur Acoustique DTA Électricité V.M.M. | 11, rue Blainville Bureaux | PARIS (V:) AR et are ARGUS DES SCIENCES Gratuit CATALOGUES Occasions Hi Dccasions ScPotiquEs Sr re À — Dei XL on À Touristes!!! dans vos excursions LS emportez le VERASCOPE RICHARD BREVETÉ S. G. D. G. Quel que soit le temps, vous ferez d'admirables photographies EE 10, RUE HALÉVY.(Oréra) fe | Le Vérascope est ; rs. 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TréFors : Con- trib. à l'étude de méthodes de recherches mimères applic, en Afrique centrale. — HugerT : L'acier Stainless. — FREIDENBER G : Note sur la vérification de [a résistance des enroulements tri- pbasés. — Hous4rr : Rupture progressive des aciers de cons- truction, — TRASENSTER : Perfectionnements à la construction des brûleurs des fours Marlin. : Sciences physiques Bulletin de la Société chimique de France, t. XXXI-XXXI/» n° 3 (Mars). ABRIBAT: Modifications à la méthode de Kohl- rausch pour les mesures de conductibilité des électrolyles. — ALoy et Ropier : Action de la lumière sur les sels uraniques. - — Berrranp et VLapEsco :Sur la teneur en zinc des organes du “ lapin et de quelques vertébrés. — Daupnez : Condensation spontanée de l’éthoxyacétone; formation de l’aldol correspon- dant, le diéthoxy-1-5 méthyl-2-pentanol-2-one-4, — Le BrAscr- DEx : Sur quelques dérivés de l’acétone anisique (méthoxyphée nylpropanone)., — Maine : Sur la décomposition catalytiqu- de l'huile de requin. — ORéKnorr et TIFFENEAU : Sur la déshy- dratalion de la benzylhydrobenzoïne (1-2-3-triphénylpropane- diol). Formation de triphénylacétone (lransposition semipina- colique) et de diphénylindène (eyclisation). The Journal of the American chemical Society (Easton, Pa.), t. XLIV, n° 3 (Mars). Baxrer : 28° Rapport annuel du Comité des Poids atom, (1921). — Easrman : Doubles et triples liai- sons, etstructures électroniques dans les moléc. non saturées, — Trimgee : La solubil. du permanganate de K dans les sol. de sulfate de K et de sulfate de Na. — GERMANN et TRAXLER : Adsorption de [ par Agl. — Davis et Oakes : Les caractères physiques des sol, de gélatine. — Keyes et HARA: La pression de l'O en équil. avec Ag°0. — FranxLin: Les ac, ammono- carboniques. — Wenpr et Lanpauer : L'hydrogène triatomi- que. IL. — Anruénius: L'argile considérée comme ampholyte, — RicuaAros et SMyTu : Amalgames solides de TI et le poten- tiel d'électrode de TI pur. — Hiiz et Smiru. L'ac, oxalique hydraté comme étalon oxydimétrique. — Tarrar et KEYES : 32 La mesure du survoltage. — MicciGan : La solubil. des cris- taux de nitrate d'Al dans les sol. d'ac. nitrique de diverses concentr, à diverses températ. — Encar et Swan: Facteurs déterminant les propriétés hygroscop. des subst, sol. — Bax- TER et Parsons : La pureté de l’Ag pour poids atom. I. Les gaz dans Ag et I purs. Il. Impuretés solides, — BaxTER : La signific. de la densité de HBr par rapport au poids atom. de Br. — Ricuaros et Goxanr : Le comportement electrochim. des amalyames de Na. — Lowy et Duxsrook : Les composés de Te Brit avec les bases organ. — SuiPLe et SHERWIN : Syn- thèses des aminoac. dans l'organisme animal. [, Synthèse de la glycocolle et de la glutamine dans l'organisme humain, — KouLer et SuiTx : La réact, entre les alcalis et certains dér. du nitrocyclopropane. — Rosen et Reip : Le gaz sesqui-mou- tarde ouéther bis-8-chloroéthylique de l’éthylène-dithioglycol. — Doucury et FRFEmAN : Réact. des trihalogéno-méthyles, IV. Réact. de l’ac. trichloracétique avec Cu. — Ly\n et HiL- ro : L’act. du chlorure de nitrosyle sur l'heptane normal. The Biochemical Journal (Londres), t. XV, n° 6. Hewirr et STEABEN : Note sur la fermentation de l'i-inositol, — Hewirr et DE SOUZA : Le métabolisme des hydrates de carbone, IH. Existence possible de changements stéréochimiques dans les sol. équilibrées de sucres réducteurs introduites dans la cir- culation. — Foster et Moyze: Contrib. à l'étude de l'inter- conversion des hydrates de carbone et de l'ac. lactique dans le muscle. — ComPron : Les enzymes du sang, I. Présence de maltase dans le sang des Mammifères. — Roar : L'urochrome considéré comme dér. de la chlorophylle. — Hunrer : La détermin. de la carnosine dans l'extrait de muscle. — WRIGHT: Etude de l’act, combinée du lait de vache brut et du jus d'orange comme subst, anti-scorbutiques., — SuEeuyx : L'ori- gine de la graisse du lait et ses relations avec le métabolisme du P. — PickeniG et Hewirr : Etudes sur la coagulation du sang. Î. Quelques aspects physicochim. de la coagulation. — Cuirronp : Distrib. de la carnosine dans le règne animal. — Harincron: Physiologie du ver des navires ({Teredo norvegica). 5° Sciences naturelles Comptes rendus des Séances de la Société de Biologie, t. LXXXVI, n° 11 (18 murs). Bacnraca et Carpor: Action des acides sur la marche de la fermentation lactique. — Boquer et NèGRe : Sur la propriété antigène ën vivo des extraits méthyliques de Bacilles tuberculeux. — Carnor, Kos- xowsKki et LiBenT : L'influence de l'histamine sur la sécrélion des sucs digestifs chez l'homme. — Lapicque: Paillettes scin- tillantes dans le protoplasma des Spirogyres. — LEBAILLY: Une loupe stéréoscopique pour travaux micrographiques. — Levaniri et Nicozau: Mécanisme de l’immunité cérébrale dans la neurovaccine, — LHerMitre : Le diabète insipide d'origine infundibulaire. Etude anatomo-clinique. — Lissonne et Car- RÈRE : Antagonisme microbien et lyse transmissible du bacille de Shiga. — Maciror : Hypertension oculaire par frritation expérimentale de l'iris. — Ozonio DE ALMgiDA: Sur la vagoto- mie bilatérale chez le cobaye.— Roussy : Remarques à propos de la communication de J. Lhermitte. — Scuirr: La polynu- cléose hémoclasique. La « déviation à gauche » du schéma d'Arneth au cours du choc, — CozriN et Bauvor: Erythro- poïèse dans l'hypophyse. — Hirrzmann : Modifications héma- tologiques au cours de l'intoxication par le gaz d'éclairage. — LiENnART: A propos de la fécondation des œufs de poule, — ParisorT, RicnarD et SiImonix : Le réflexe oculocardiaque dans l'hyperthyroïdie et l'hypothyroïdie expérimentale chez le lapin. — Remy: Sur l'excrétion et la phagocytose chez la larve Ammocète de la Lamproie, Petromyzon planeré Bloch. — Am- BARD et ScHMiD : Formation de l'ammoniaque par le rein. — Benorr : Sur la participation de cellules glandulaires lipopexi- ques interacineuses à l'élaboration du lait chez la souris blan- che. — Docxon:A propos de la pression osmotique des Algues marines. — Sarrory et BaïLLzy : Influence des sels de terres rares sur la structure du mycélium de l'Aspergilius fumigatus Fr. et sur la formation de l'appareil conidien. — Scamip: L'épreuve de la fonction hépatique par la glycuronurie provo- quée. — SrrouL et Docnos : Influence de la polarisation sur la mesure de l’excitabilité électrique chez l’homme. — B£TrTEeN- courT : Formolgélification des sérums syphilitiques. — CosrTa FERREIRA : Variations de l’eurignathisme, — ReBeLzLo: La « réaction actuelle » des tissus au bleu de bromothymol. Une méthode pour le diagnostic de la mort réelle, — SALAZAR: Les pseudo-chromosomes de Van der Stricht et les amas tanno- philes de l’oocyte de la lapine, — Sarpanna: Phénomène de d'Hérelle, — DanrécoroLu, Ranovicr et CarnioL : Réflexes cutanéo-viscéraux et viscéro-moteurs de la vessie et du gros , intestin, — [n., In. et In. : Rôle du système végétatif dans la production de l’hypertonie des muscles volontaires, Action de l’adrénaline et du chlorure de calcium. Action de l’adrénaline, de l'éSérine et de l'atropine, employées en injections successives. Action de l'ésérine et de l’atropine, Rôle respectif du sympathique et du parasympathique. Notion de l’amphotonie, — Norca : Aphasie motrice et anarthrie. — Pornaru : La maladie des drèches chez les Bovidés, consi- dérée comme une maladie par carence. Bulletin de l'Institut Océanographique, n° 405 (5. janvier). Laoreyr : Sur une tumeur cancéreuse du Siponcle. = N° 406 (15 février). Lanreyr et Turcuinr : Note histologique sur la sécrétion du noir de la seiche, mm N° 407 (25 février). JouBiN: Conseil international de recherches. Union internationale des Sciences biologiques. Sous-section d'Océanographie biologi- que. — N° 408 (20 mars). Roure : Description de Scombrola- brax heterolepis nov. gen, nov. sp., poisson abyssal nouveau de l'Ile Madère, SOMMAIRES DES JOURNAUX SCIENTIFIQUES + Rivista di Biologia (Rome), t. IV, fasc. I (Janv.-Févr. 1922). Visco : Graisses et hydrates de carbone dans l'alimentation, — Rivera : Sur les conlitions de développement de quelques graines de Légumineuses et la fonction de l'enveloppe. — Her- zOG : Etat actuel des rech. sur la fièvre aphteuse (fin). — Berri : Beurmanni, — Perorrt : Les études récentes sur la nutrition. Bulletin de la Société Zoologique de France, t. XLVI, n°’ 8 à 10 (15 mars 1922). Ct. Cazior : Espèces rares de la faune marine de la rade de Villefranche-sur-Mer (A.-M.). —F. ANGEL: Descrip. d'un Ophidien nouveau de l’'Angola, appartenant au g. Psammophis. — J. PecLEGRIN: Descr. d'un Barbeau nouveau de l'Angola. — J, R. Denis : Sur les Aptérygotes de France, — M. Pic : Synon. et correct. concernant divers Coléoptères Hétéromères. — Ep. Lamy : Notice sur le Dr F. Jousseaume. — M. PRENANT : Sur une technique de coloration des vaisseaux. — L. Perir, aîné : Sur le départ des Hirondelles en 1921. — M. Pnenanr : Sur la répartition d’une peroxydase chez les In- vertébrés. — MANUEL SaNCHEZ y SANCuEz : Insuffisance de la … conception de la gastrula pour expliquer le type fondamental des Cœlentérés. — J. Decpny : Pinces anormales de Crabes, —: L. FAGE : Remarques sur les Araignées du g. Cebrennus, suivies de la descrip. de deux esp. nouv. — P. pe BEAUCHAMP : Sur un nouveau Plagiostomum (Turbellariés Rhabdocæles) et ses rapports avec un Isopode. University of California Publications in Zeology (Berkeley), t. XX, n°8 (7 murs 1922). Koroin et Swezy : Milose et division dans les phases active etenkystée du Giardia enterica (Grassi) de l'homme; discussion du mode d’origine de la symétrie bila- M térale chez les Flagellés Polymastigotes. == T, XXI, n° 6 (7 nov. 1921). Grinnezz : Deux nouv. Rongeurs (genres Thomo- mys et Marmota) du bord oriental de la Californie, Journal of Anatomy (Londres), t. LVI, n° 2 (Janv.). HuNTER : Un cas de grossesse ovarienne humaine précoce. — Darr : Origine des neuroblastes moteurs de la corne antérieure du tube neural. — Man : Absence du cristallin chez l'embryon humain, — Crew : Suggestion sur la cause de la condition aspermati- que du testicule imparfaitement descendu. — Bozx : Essais odontolog. — Rupozr : Corrélation entre l’aspect et l’architec- ture du fémur des Mammifères. — Cyriax : Sur certaines irré- gularités normales de la colonne vertébrale dans sa partie dorsale infér., — ALLis : Le myodome et la chambre trigémino- faciale chez les Cœlacanthides, Rhizodontidés et Paléoniscidés. — Hayes : Un fœtus humain présentant de l’iniencéphalie et d’autres anomalies. The Journal of general Physiology (New York), t. IV, n° 3 (20 janv.). Norrarop : L'inactivation de la trypsine. I. II. III. — OsTeRHouT : Déterminations directes et indirectes de per- méabilité. — Harwkey : Etudes sur la bioluminescence. XIV. La spécificité de la luciférine et de la luciférase. — REDFIELD et Bricar : Les effets des rayons du radium surle métabolisme et la croissance dans les graines, — Crozier : Gorrespondance des pigments cutanés chez des espèces voisines de Nudibran- ches. — Powers : La physiologie de la respiration des pois- sons dans ses rapports avec la concentr. en ions H du milieu. — UnaLenauru : L'effet de l'iode et de l’iodothyrine sur les larves des salamandres. IV. Le rôle de l'iode dans l'inhibition de la métamorphose des salamandres nourries avec du thy- mus. — Ip, : Infl. de l'alimentation avec le lobe antérieur de l'hyphophyse sur les dimensions de l'Amblystoma tigrinum. — — FENN : Le coeflic. de température de la phagocytose, — Brooks : La pénétration des cations dans la cellule vivante. — Lors : L'origine des charges électr, des particules colloïda- les et des tissus vivants, 6° Sciences médicales Revue internationale d'Hygiène publique (Genève), t. II, n° 6{Nov.-Déc.). BerNarD : Les conditions de la contagion tuberculeuse, en partic. chez l'enfant du premier âge. — Newman : L'intervention de l’état dans la prophylaxie de la tuberculose, — Hour : L'éducation hygiénique de l'enfance, — Darwin : La médecine préventive et l'Eugénique. — Rrip et May: La valeur de la prophylaxie individuelle dans la lutte contre les maladies vénériennes. — SeLLA : Observ, sur l’4- nopheles claviger : sa distrib. par rapport au bétailet ses dépla- cements pend. l'hiver, — Garcra Banus : La rougeole expérim. — HumserT : La tuberculose industr. — OLmsrep : L’organi- sation des services d'infirmières-visiteuses, The Journal of Hygiene (Londres), t. XX, n° 4 (Déc.). KnALEp : Etude compar. sur l'avortentent bovin et la fièvre ondulante, au pointde vue bactériol. — Scuurze : Permanence des types paratyphiques B sérologiques. — Hozsr : Elude sur les effets de la tuberculine. — WorpLry : L'isolement des organismes des fèces par une nouv. méth. — Eirkman : La tuberculose pulmonaire et la courbature de Van Pesch, — HeiBErG : Le régime chez les diverses classes de la société au Danemark, — FREEAR : Les qualités de conservation du lait A. — MiTCHELL : La peste dans le sud de l'Afrique ; perpétuation et propagation de l'infection parles Rongeurs sauvages.—BiGGer : La valeur de la réact. de Wassermann exécutée par différ. pathologistes. 7 Géographie et Colonisation La Géographie, t. XXXVII, n° 2 {(Févr.). La description géométr. détaillée des Alpes françaises par P. Helbronner. — VALLAUX : Infl. des taches solaires sur les variations climatolog. — Lan- GLois : La découverte de l'Amérique par les Normands au xe siècle, d'après les travaux les plus récents. — Délimitation de la frontière entre le Danemark et l'Allemagne. — La métal- lurgie en Haute-Silésie. — Boparp ; L'Ouest chinois. La pro- vince du Setchoan et les Marches tibétaines. k Rech. expérim, sur l'action toxique du Sporotrichum… F | | CPAS" SUPPLÉMENT À LA Revue générale des Sciences pu 15 Mar 1922 LIVRES REÇUS Tous las livres reçus par laRevuesont signalés sous catte rubrique avec une brève indication de leur contenu, sans préjudice de l'ana- lyse crilique dont ils pourront ètre ultérieurement l'objet dans la partie bibliographique de la Revue. 1° Sciences mathématiques SIMON (Pol): La recherche des lieux géométriques en Géomé- trie analytique. 1 vol. in-8° de 232 p. avec fig. (Prix : 18 fr.). Librairie Armand Colin, Paris, 1922. Cet ouvrage est destiné à faciliter la transition de l'étude de l’Algèbre et de la Trigonométrie à celle de la Géométrie analyti- que. A la suite de chaque solution analgtique,l'auteur donne une * solution géométrique simple. 2° Sciences physiques CHAUVEAU (B.): Ælectricité atmosphérique. Premier fasci- cule. /ntroduction historique. vol. in-8° de x-90 p. (Prix: 10 fr.). G. Doin, Paris, 1922. Ce volume est le premier d'une série de quatre, qui exposera l’ensemble des phénomènes de l'électricité atmosphérique, Il constitue une introduction historique donnant le développement des idées et des méthodes au cours de trois périodes bien carac- térisées. SGHELEST (4.): Die spezifischen Wärme der Gase und Dämpfe. 2 broch. in-8° de 46 p. avec 12 fig. Franz Deuticke, Leipzig, 922. L'auteur,partant des chaleurs spécifiques des gaz bi-atomiques, étudie par voie théoriqueles chaleurs spécifiques des gazel vapeurs polyatomiques, et leur dépendance de la température et de la pression, et confronte ses résultats avec ceux de l'expérience. 3° Sciences naturelles VIDAL DE LABLACHE(P.) : Prencipes de Géographie humaine, publiés d'après les manuscrits de l’auteur par Emm. DE Mar- TOXNE. Î vol. in-8° de vi11-327 p. avec ? cartes ennoir et car- tes en couleur hors texte (Prix: 25 fr.). Librairie Armand Golin, Paris, 1922, L'auteur étudie, à la lumière de l’histoire et même de la pré- histoire, les phénomènes les plus ordinaires qui forment la trame de notre vie : habitation et cohibilation,moyens de nour- riture, de transport, d'échange, etc. FURON {R.): Tableau géologique. 1 grande planche en noir et en couleurs, avec fig., carte et coupes {Prix . 6 fr, 50; plié sur carton, 10 fr.). Librairie scientifique Alb. Blanchard, 3, rue de la Sorbonne, Paris, 1922. ‘ Ce table:u offre la série des terrains géologiques avec leurs subdivisions, leur faune et leur flore caractéristiques,une repro- duction des principaux fossiles, une carte géologique de France et deux coupes. : SARTORY (4.) et MAÏRE [(L.) : Compendium Uymenomyce- tum. 1. Amanita. i broch. in-4° de 24 p. avec 2 pl. dont une en couleurs (Prix: 5 fr.). Librairie Le François, 9, rue Casimir- Delavigne, Paris, 1922. C'est le premier fascicule, consacré au genre Amanila, d'un 33 ouvrage qui se propose de décrire lous les champignons hymé-= nomycèles, en donnant pour chaque espèce: la synonymie, la diagnose, l'étude histologique et l'étude toxicologique, ANTONELLI (G.): Calendario forestale italiano 1922.3° année. 1 vol. in-18 de 384 p. (Prix : 11 lire). Federazione Pro Montibus, Piazza Montecitorio, 115, Rome, 1922. Ce calendrier, fort bien compris, contient un grand nombre de renseignements scientifiques et pratiques à l'usage des fores- üers. CAN NON (W. A.): Plant habits and habitats in the arid por- tions of South Australia. 1 vol. in-8° de vini-139 p. avec 31 fig.et 32 pl. (Prix : 2 doll. 75c,j. Publication n° 208 de la Carnegie lostitution, Washington, 1921, Exposé de recherches surle milieu physique où vit la végé- talion dans quelques parties de l'Australie du Sud, avec détails sur la pluie, l'évaporation, l'humidité relative, etc. CUSHMAN {(J. A.): Shallow-vater l'oraminifera of the Tortu- gas region. 1 vol. in-8° de 85 p. avec 14 pl. (Prix: 1 doll, 50 c.). Publication n° 311 de la Carnegie Institution, Washington, 1922, Résultats de l'étude de quelques-uns des Foraminifères les plus rares des eaux tropicales, et de leurs relations avec la faune d'autres régions. HOULBERT (C.): Les Coléoptères d'Europe (France et résions voisines). T. 11. 1 vol. in-18 de 340 p. avec 99 fig. et 30 pl. (Prix cart. : 12 fr.) T. III. 1 vol. in-18 de 290 p. avec 30 fig. et 30pl. (Prix cart. : 12 fr.}. G. Doin, Paris, 1922. Ces deux volumes, qui terminent l'ouvrage, sont consacrés à la classification et aux tableaux génériques illustrés. 4° Sciences médicales DUHEM (Paul): L'emploi des rayons Xen médecine, 1 val, in-18 de 304 p. avec 66 fis. de la Bibliothèque des connaissances médicales (Prix: 10 fr.). Ern. Flammarion, Paris, 1922, Ce livre expose les services considérables que les rayons de Ræœntgen sont susceptibles de rendre à la Médecine,tant au point de vue du diagnostic des maladies que de leurinfluence sur les tissus vivants et des applications thérapeutiques qui en déri- vent. LACASSAGNE (4.) et MONOD (Oct.): Les caryocinèses atlypi= = ques provoquées dans les cellules cancéreuses par les rayons X ety et leur rôle dans la régression des tumeurs malignes irra- diées. 1 broch. in-8° de 82 p. avec 4 pl. (Prix: 4 fr.), Fase. 1 des Archives francaises de “lathologie générale et expérimentale et d'Anatomie pathologique. G. Doin, Paris, 1922. Ce travail est une contribution à l'étude du mécanisme d’ac- tion, sur les cellules cancéreuses, des radiations à courte lon- gueur d'onde, SABRAZÈS (J.): Myosites aiguës. Typhoide et paratyphoïde. 1 vol. in-8° de 120 p. avec 4 pl. (Prix : 10 fr.). Fasc.2 des Arch. françaises de Pathologie génér. et expérim. et d'Anatomie patho- log. G. Doin, Paris, 1922, Cette monographie n'est pas seulement une mise au point des myosites typhiques et paratyphiques; on y trouvera aussi des renseignements «ur la structure du tissu musculaire et sur les techniques histologiques applicables à son étude. SOMMAIRES DES JOURNAUX SCIENTIFIQUES 1° Périodiques généraux Proceedings of the National Academy of Sciences of the U. S.of America (Easton, Pa.),t. VIII, n°3 (Mars). Mooke : Sur la relation d'une courbe continue avec ses domaines com- plément. dans l’espace à 3 dimensions, — Evans et Lonc : . Effets caractérist. sur la croissance et l'ovulation produits par - l'administration intrapéritonéale de subst, fraiche de l'hypo- physe antérieure. — Masurowsky : Elude des effets des grai- nes de Cucurbita Pepo sur l'excrélion des reins. — J :nNson, - Hiur et Case: L'act. du diazométhane sur l'uracile, — DuanEr et MazumDEerR : Absorption des rayons X de courte longueur d'onde par Al et Gu. — Cogrevtz: Température effective de 16 étoiles déterm. par la distribution de l’énergie dans le spec- tre complet. — RurDEMANN : Études nouv sur l'évolution ar- rêtée. — I0.: Nouv, forme de vie du Silurien Philosophical Magazine and Journal of Sciences (Londres), n° du 1# avril 1922. Daxwix : Notes sur la théorie de la radiation. — Sao : Théorie thermodynam, de Ja tension superfic. — Footer, MouLer et MrGceus : Exception significative au prin- L cipe de la sélection, — Nanayan : Forme modifiée du spectro- à photomètre à double fente. — In. et Suskatmanyam : Tensions superfic. de sol. de savons pour diver-es concentr — SEn : Sur la théorie cinélique des solides {mélaux)et le partage de l'énergie thermique. I-I1. — Tomas: L'anémomètre thermo- métr, — NewGass : Sur une interprélalion physique pos+ible de la relation de Lewis et Adams entre À, cete. — Van DFrR Por, : L'hystérèse d'oscillation dans un générateur triode à 2 de- grès de liberté, — WuainpinGrtox : Phénom de polarisalion dans les ampoules à rayons X. — Sir J. J. Taowsox : Applic. de la théorie électronique de la chimie aux solides, — Woop : Fluorescence et photochimie, — Rawzins : Sur une relation possible entre la longueur focale des objectifs de microscope ct le nombre de franges perçues en lumière polarisée conver- EE e - gente. — NicHOLson : de fonctions de Legendre. Anales de la Sociedad cientifica Argentina (Buenos Aires), t. XCHI, n° 1-3 (Juillet-Sept. 1921). VouTekRA : Fonctions de lignes. Equations intégrales et intégro-différentielles, — B1GE- Low : La théorie des deux orbites pour l'explic. de l’origine de la radiation. — Cuauver : L'œuvre du Prof. Bigelow sur la radiation solaire. — SPEGAZZzINI : Plantes nouv. ou intéres- santes., — Sanrseur : Quelques nouv. Cryplocerus de l’Argen- line et pays voisins. Sur les produits 2 Art defl'Ingénieur Bulletin officiel de la Direction des Recherches scientifiques et industrielles et des Inventions, n° 29 (Mars), AUCLAIR : Essai d’un camion équipé pour le fonctionnement au gaz pau- vre. — LenouveL : Appareil de projection cinématographique. — VALLÉE : buneltes sous-marines, — Rigaup : Chauffage par induction à haute fréquence. — Breunt, : Contrib. à l'étude des colles et des collages pour bois. — Micromètre de MM. Broca et Comandon. Bulletin de la Société d’Encouragement pour l'Industrie nationale, t CXXXIV, n° 3 (Mars). Pracue : Appar. destiné à l'étude des vibrations produites dans les édifices par la cir- culation des véhicules. ManTinoT-LaGARDE: Les moteurs d'aviation, Evolution, tendances actuelles, — LEMoinE : Les ressources nouv. offertes à la recherche scientif. — PASsSELÈGUE: Le premier Salon de la machine agricole (Paris, 8 janv.- 5 févr.). 3° Sciences physiques Le Journal de Physique et le Radium, t. III, n° 3 (Mars). BriiLouiN: Atome de Bohr. Fonction de Lagrange circumnu- cléâire. — Weiss et RisauD : Sur la théorie cinétique de l'ab= RQ PTE AN. Cite D AU EUR S , CS PIE = Une nouvelle formule d'étude : Le film commenté par le litre. Le litre illustré par le film. à ait Films Médicaux et Scientifiques = de Pathé Consortium Cinéma Séries Gaston DOIN Une collection de livres et de films publiés sous = la Direction scientifique d'un Comité médical. = = . = BOTANIQUE PHYSIOLOGIE = = ZOOLOGIE y À MÉDECINE OPÉRATOIRE = = = = BACTÉRIOLOGIE NEUROLOGIE = 1 É + Mr CYMOLOGIE ® CULTURE PHYSIQUE - = Lie 107 PTS D QUE A VS D QE YO DS DR TOC TE, ET LOT TRS LG QOSYTSS PS EST RE QE D Lt ES ES QOY GS DA EC US ou ET Est es Es Vo Ve Lt ges PE Es po Ed pe, QT PE es D ONU 1 09 07 dei) D LOT AAA ER DOS = 1 = PATHÉ CONSORTIUM CINÉMA || LIBRAIRIE OCTAVE DOIN = À = Ssrvice de l'Enseignement GASTON DOIN, Éditeur = = 67, Rue du Faubourg Saint-Martin :: : 8, Place de l’Odéon E = = Æ) PARIS 10 PARIS 6 EF CL LL LL | PRÉPARATIONS COLLOÏDALES | (Métaux Collotdaux électriques à petits grains. Collotdes électriques et chimiques de métallotdes ou de dérivés métalliques) Electrargol (Argent) Electroplatinol . (Platine) de Electromartiol. (Fer) Electrorhodiol (Rhodium) l Electraurol . . . . . (Or) Electriridiol. . . . . (Iridium) à Electr-Hg . . . . . . (Mercure) Electropalladiol . . (Palladium) Electrocuprol . (Oxyde de cuivre) Thiarsol. . . . . . . (Sulfure d’arsenic) Electrosélénium. (Sélénium) Collothiol . . (Soufre) + Obtenues par la méthode chimique ou par la méthode physique (électrique), les solutions colloïdales | sont constituées par la suspension en milieu liquide d'une infinité de grains ultramicroscopiques, animés du mouvement brownien et présentant une charge électrique de signe défini. Grâce à la grande surface de ces grains, les colloïdes présentent un ér. ergique pouvoir catalytique et fermentaire. Les colloïdes possèdent d'importantes propriétés biologiques, bien étudiées depuis que l'on sait le rôle des colloïdes naturels dans la physiologie normale. Injectés à l’homme ou aux animaux, ils augmentent les oxydations et les échanges nutritifs, ils stimulent la défense contre les toxines et les fonctions d’élimina- tion, ils provoquent un mouvement leucocytaire très marqué. Les colloïdes sont d'un usage thérapeutique courant : les métaux (type : Electrargol) sont des médica- ments antiinfectieux de premier ordre (toutes maladies infectieuses); on emploie certains colloïdes comme spécifiques (Electr-Hg — Electrosélénium — Electrocuprol — Electromartiol — Collothiol) } Les Laboratoires Clin préparent tous les colloïdes qu'il est possible d'obtenir dans l'état actuel de la science. Pour l'expérimentation thérapeutique ou lés usages de laboratoire, les Laboratoires Clin délivrent des préparations colloïdales pures, à constantes physiques définies. | Laboratoires CLIN, 20, rue des Fossés-Saint-Jacques, PARIS à RPM FE — | # Touristes!!! dans vos excursions emportez le VERASCOPE RICHARD BREVETÉ S. G. D. G. 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BOULITTE, Succ' Ingénieur-Construeteur à PARIS 15 à 21, rue Bobillot, PARIS (13°) (anciennement 7, rue Linné) Appareils de précision pour la PHYSIOLOGIE et la MÉDECINE ENREGISTREURS, MOTEURS ÉLECTRIQUES A VITESSE CONSTANTE, CHRONOGRAPHES, CHRONOSCOPES, SIGNAUX ÉLECTROMAGNÉ- TIQUES DE M. DEPREZ, ÉLECTRODIAPASONS, MANOMÈTRES, DYNAMOMÈTRES, SPRYGMO- GRAPHES, ETC. MTS Et we = sorption dans les gaz; raies d'absorption. — VAILLANT : Variation de conduclibilité des électrolytes solides. Bulletin de la Société française des Electriciens, t. I, n° 10 (Décembre). LEBLANG FiLs : Nouveau type de pile à oxyde de cuivre régénérable. — HARLÉ : Quelques données pratiques pour l’amélioration du facteur de puissance.— ALLAIN-LAUNAY : Présentation d'expériences faites au Labor, central d’Electri- cité devant la 5° Commission de l'Union des Syndicats de l'Electricité. ; Recueil des Travaux chimiques des Pays-Bas,t. XLI, n° 4 (15 avril). BoEsEkEN et pe GraArr : Sur la configuration des acides B-phénylglycériques et de l'acide phénylglycidique. — VeRkApE : Contributions à l'étude de l'acide glutaconique, — Geuissen : Sur la réaction de Golodets (réaction du peroxyde de benzoyle). — ScuoonrL : Le titrage d’alcaloïdes du quinquina et de leurs sels. Chimie et Industrie, t. VII, n° 3 (Mars). Kazrengacn : L'état actuel de la grande industrie chimique allemande. — Pomi- L10 : La product. de la potasse et de l'alumine à partir des leucites italiennes au moyen du chlore. — Marrer : Utilisa- tion des gaz de fours à coke. — Travers : Méthodes de dosage du € dans les fers, fontes et aciers (fin). — SauvaGeoN : La fabrice, du verre au four électr, à radiation, — Canpror : La fa- bric. du ciment fondu. — Drpasse : Industrie des exlrails de châtaigner (suite). — Konn-Agrest : L’oxyde de carbone, les combustibles et l'hygiène. k° Sciences naturelles Comptes rendus des séances de la Société de Biologie, t. LXXXVI, n° 12 (25 mars). Baur et Converse : Note sur un cas de bronchite sanglante à fuso-spirochètes de Vincent. — BezaNcow, Marmieu et PuinigerT : Application au diagnostic de la tuberculose pulmonaire de l'enrichissement apparent en bacilles tuberculeux des crachals mis à l’étuve. — Ip, In. et Jp. : Augmentation apparente de nombre des bacilles tubercu- Jeux dans les crachats en voie de putréfaction. — C4ARNOT, Koskowski et Ligerr : Action de l’histamine sur les sucs di- gestifs chez l'homme, — Courano et Lavepan : Troubles cardio- vasculaires déterminés par les rayons X au cours du traitement des néoplasmes. — Héueie (d') : Sur la prétendue produc- tion d'un principe lytique sous l'influence d’un antagonisme microbien. — LAcAssAGNEe, LAVEDAN et LÉOBARDY : Syndrome purpurique provoqué par les rayons X chez le lapin nouveau-né. — Laugry, Moucror et Giroux : Modifications dynamiques de 36 l'onde pulsatile artérielle en aval d'un brassard insufllé'à un taux supra-miminal, — In., Ip. et In. : Modifications dynami- ques de l’onde pulsatile artérielle par insufflation d’un bras- sard à la pression minima. — Mesrkezur et Macirtor : Sur la nature de l’huineur aqueuse de seconde formation chez l'homme, — NèçGre et Boquer : Pouvoir antigène in vivo et in vitro des bacilles de Koch et de leurs extraits. — Ramon : Kloculation dans un mélange neutre de toxine-antitoxine diphteriques. — RicuauD : Sur la toxicité du benzylglucoside 8 obtenu par synthèse biochimique. — SreRN et BArreLut ; L'excitation chimique des centres nerveux intraventriculaires, — In. et GauTierR : L'emploi de l'injection intraventriculaire comme méthode d'étude de l'action directe des substances sur les cen- tres nerveux, — Troisier et Wozr : Action comparée du cal- cium et du potassium sur l'évolution des greffes cancéreuses expérimentales. — Vioure el LESCŒUR : A propos de la diu- rèse minérale provoquée. — W1 et GuiLLaUMIx : L'augmen- tation en acide urique combiné organique du sang humain. — Doumer Pression sanguine et tension des artères. — Marce : Influence de la température sur la formation de l’a- midon dans les cellules végétales. — AxLoiNG et VAUTHEY : Action anlianaphylactique des eaux minérales de Vichy (nou- velles recherches expérimentales). — Ip et In, : Effets sus- pensifs des propriétes anaphylactogènes d'un sérum par son mélange avec l'eau de Vichy, — CLément : Trépidations épileptoïdes et anesthésie, — CLuzeT et CHevALLIER : Sur la toxicité de l’'émanation du thorium, en inhalation prolongée. — Corsy : Lobe surnuméraire du foie, implanté sur la face infé- rieure de la vésicule biliaire. — Corte : Une anomalie tem- poraire dans la phyllotaxie du platane. — GaBxieL : La ponte de Notommala werneckii dans les galles de Vaucheria aversa, Comptes rerdus de la Société de Biologie, t. LXXXVI, n° 13° (187 avril). AcHarD, Biner et Counnanv : Les variations du sucre sanguin à la suite de l'injection intra-veineuse de novar- sénobenzol. — Boquer et NÈGRE : Sur les propriétés antigènes des extraits alcoo'o-méthyliques de bacilles de Koch et des lécithines, — Camus, Rou:sy et Le GRano : Un cas de diabète insipide par lésion de l'infundibulum. — Giasa : La levure vivante et la levure toluénisée se comportent dela même façon envers la concentration du milieu sucré. — I. : Sur la levure dépouillée de membrane, — I0. et Maes-: Sur la consomma- tion d'oxygène et le pouvoir fermentatif de la levure toluénisée et fluorée. — LAGASSAGNE et LaveDan : Numération des éléments du sang dans le syndrome purpurique rontgénien du lapin nouveau-né. — La“cQuEe : L'hypertonie minérale dans les Al- gues marines, — LauGier : La théorie de l’excitalion et l’effica- cité des ondes en échelons. —-Lorper et BAUMANN : La disso- ciation de la sécrétion acido-pe tique dans certaines affections gastriques, — Io. et In. et Dupray : Les variations de ja pepsinémie dans les affections de l'estomac, — Mooc : Le dosage de l'ammoniac par la méthode de Schl末ing. — Navarno-ManRTix et SreFaNoPouLo : Action de l'amirophénol- arsinate de soude (189) sur les trypanosomiases expérimentales du cobaye. — Ramon : Sur une technique de titrage ën vitro du sérum antidiphtérique. — ArPpeLmaxs et Waceuaxs : Bac- tériophages de diverses provenances. BRuyNoGHE et Maïsix : Réponse à la note de MM. Gratia et Jaumain relative aux réactions produites par l'injection de bactériophage. — D& Decker : De l'influence dela chaleur sur le principe bactério- phaxe. — Heymans : Action hyperthermisante, salivaire et cardiaque de la thionine, — Ro .Kam : Le rôle du plasma dans l’agglutination des globulins — Wopox : Note sur les valeurs de l'azote résiduel du sang. ==æ N° 14 (8 avril). ABrcous et Sour.a : Adrénaline active-et adrénaline virtuelle — AcnarD et FeuitLté : Variations du taux des albumoses, du sucre libre et de l'aci le carbonique combiné dans le sang artériel au cours du choc sérique et du choc peptonique. — Axmano-DELILLE, Huiremanp et LesrocQuoy : Variations de la teneur en anti- corps du sérum chez les tuberculeux pulmonaires, — BATTeLLI et Stern : Effets produits parles extraits de la glande pinéale, des capsules surrénales, du foie, du testicule et de l'ovaire injectés dans les ventricules latéraux du cerveau, — FAYREUL et FonriNEAU : Traitement de quelques infections aiguës par un vaccin pyocyanique. — GaurneLer : Réactions vaso-motri- ces persistantes consécutives à l'introduction de certaines substances (métaux colloïdaux notamment}, dans la circulation. — GENEY3: : Sur le délerminisme des variations de la colora- tion chez un Ilyménoptère parasite. — Guxénor et Ponse : L'organe de Bidder et les carac'ères sexuels du crapaud, — JoLTraIN et Bexann : Crises hémoclasiques provoquées par . les applications thérapeutiques de rayons X el de radium, — Marie : Dosage de l’urée dans différents sérums, — Murer- MiLcH et LArTapie : Sur une simplification du procédé dit rapide pour le séro-diagnostic de la syphilis. — NècRre : A propos du procès-verbal, Action favorisante des sels de prtas- sium sur l'évolution des greffes cancéreuses expérimentales. — Paiciserr et Bicor : Diagnostic d'un cas de pustule mali- gne par l'hémoculture ; septicémie à Bactéridies de Davaine. — REGAUD : Inflanes de la durée d'irradiation sur les effets déterminés dans le testicule par le radium. — Ip. : Remarques à propos de la communication de MM. Benard et Joltrain. — RichauD : Sur l'action des sucs digestifs sur le # benzyl-d- glucoside, — Srenv, BarreLLt et JAUFFuET : Action produite pur les extraits d'hypophyse, de thyroïde et de rate injectés dans les ventricules latéraux du cerveau. — TirFevEAU et Boyer : Sur l'action physiologique de la pelletiérine Analogie de ses effets avec ceux produits par la nicotine. — Tourxane et Crapror, : L’adrénalinémie consécutive à l'excitation du splanchnique témoigne bien d’une activité sécréloire des sur- rénales, régie par le système nerveux. — TouRvADE et CnA- SOMMAIRES DES JOURNAUX SCIENTIFIQUES Bulletin del Académie de Médecine, t. LXXX VII, n° 13(28 mars). Bulletin de l'Académie de Médeciné, t. LXXX VII, n°14 (avril). Annales de l'Institut Pasteur, t. XXXVI, n° 3 (Mars). Mari" BkOL : Le procès de l'adrénalinémie physiologique : le pour et le contre. — Ip. et Ip. : Précisions sur le rôle vaso-constricteu pur attribué au splanchnique. — BeLor : Le diagnostic de la nuture tuberculeuse de l'adéaopathie trachéobronchique chez l'enfant. — DoveL : Sur un dispositif permettant de sapprimer le travail négatif dans le travail à l’ergographe de Mosso, — DugreuiL ; Variabililé des formations Iymphoïdes et de J& pulpe rouge de la rate. — Leuner, Aumonr et Dezuas-MAR= SALET :,Les courbes d'insufflation dans le pneumothorax arti= ficiel. Quelques points particuliers dans le pneumothorax arti= ficiel, — SaBrazës : Eaclaves basophile des polynucléaires Bulletin de la Société Zoologique de France, t. XLVII; n°4 {Janvier). RaBiun Notes sur le comportement de Rielia manticida Kielf., Proctotrypide parasite des oothèques des Mantes. — À. Buroer : L'art de photographier les oiseaux en liberté. — Pienre Denter : Sur les Benthrides de la Guade- loupe. Descr. d'une esp. nouv. du g. Æphebocerus Schh. et notes synon, — Mancez Prevanr : Nouv. remarques sur le parenchyme des Plathelminthes. ==m N° 2 (Février). R. DE La VauLx : Destinées diverses de la furea dans le groupe des Cla- docères. — M. Neveu-LemaiRE : Ascaris lumbricuides L. et corps étrangers de l'intestin, — F, Lanrousse : Nouv. esp. américaine du g. Phlebotomus, P. Tejerax, el tableau permet- tant de déterminer les mâles des différentes esp. de ce g. — Evciro Hénouarp : Le tétraèdre morphogénique et le rôle des. colloïdes dans sa formation, — Ca, Joyeux : Recherches sur l'Urocystis prolifer Villot, note prélim. J The Journal of general Physiology (New-York). t. IV, n° & (20 mars). Fenx : La réponse théorique des cellules vivantes en contact avec des corps solides. — pe Kauir : Changement de l'optimum d'agglutination par les acides comme indice de la mutation bactérienne. — In. : Le mécanisme de la crois-M sance granulaire du bacille type G de la septicémie du lapin, — Courter : L'agglutination des celulles rouges du sang en présence—du serum sanguin. — CAMERON et HOLLEN- BERG : La toxicité relative des haloyènes et de certains autres L anions. SaciurA et FaiLLA : Quelques effets de radiations « # du Ra sur la souris blanche. — Mc Guire et Faux : Le gel de banane. — Los : Les lois quantitatives de la régénération, III. La base quantitative de la polarité dans la régénération. — & Ip. : Charges électr. des particules colloïdales et osmose… anormale, 4 5° Sciences médicales * BennarD Sur les récompenses à décerner pour la propagande en faveur de la vaccination antityphoïdique. — CAaLMETTE : Faut-il sacrifier les vaches laitières qui réagissent à la tuber- culine. — Doumer : L'acide élaïerinique dans la fluxion rhu- matismale et dans la fluxion goutteuse, — Mucox : Dangereux préjugés sur la désinfection des crèches. Devauane et Osman Noury : Sur un cas de farcin humain. — Parnir . Sur l’origine infectieuse de la sclérose en plaques. — SALOz : À propos d’une épidémie de scarlatine chez l'adulte. — CaLoT : Combien de cas étiquetés coxalgies qui sont des malformations congénitales méconnues. Comment les distin- guer? — Reniup et ALBERT'ER : Fréquence et gravité des otites M chez les nourrissons. — N° 15 (11 avril). Denomes (Mlle) : Sur … la stérilité en Perse. — Doris et LecoQ : Sur la pratique du « maltaze des aliments amylacés. — Kuss : Détermination du coefficient de fixation dans les poumons des ponssières sèches et des gouttelettes poussiéreuses en suspension dans lair inspiré. ) Nesco : Recherches sur les lésions du système nerveux central dans le typhus exanthématique. Le rôle de la névrite ascen- M dante dans le mécanisme de ces lésions. — BenTranp et ROSEN: M BLATI (Mme) : Surla répartition du manganèse dans l'organisme des plantes supérieures, — MerALNIKOw eLGASCHEN : Immunité , cellulaire et humorale chez la chenille (suite). — Tomas : Le dosage colorimétrique de la tyrosine et l'indice phénolique . des protéiques. — Masai : Du vaccin anticholérique sensibi- lisé vivant : Annales de l'Institut Pasteur, t. XXXVI, n° 4 (Avril). Murrk- Micu : L'épidémie de choléra dans l’armée polonaise (1920-1921). ; — BoucLANGER : Rech. expérim. sur la fabrication des nitrates par l'oxydation biochim. de l'ammoniaque (suite). — CésARI : Etude sur la floculation des extraits alcool. d'organes par les sérums normaux et les antisérums. £ 3 Bulletin de ! [nstitut Pasteur, t. XX, n° 6 (30 mars). MAGROU : La symbiose chez le Plantes (suite). | A Bulletin mensuel de l'Offica international d'Hygiène publique,” t. XIV, n° 2 (Kévr.). Roca : M»th. pour neutraliser les vapeurs \ d'HEN. — La lutte contre les maladies vénériennes, l'alcoolisme, la tuberculose et certaines intoxications volontaires en Uru-» guay. Sir G. S. Bucnawan : L'épidémie d'influenza en Angleterre à la fin de 1921 et au début de 1922. — La lutte contre les maladies vénériennes en Angleterre. 6 Géographie et Colonisation Annales de Géographie, t. XXXI, n° 170 (15 mars). GALLOIS Géographie humaine. — DE MARGERIE : Une nouvelle carte. géologique du monde? — Baurrc : Questions de morphologie, vosgienne et rhénane. — Cutprau : Les irrigalions du \iger et la culture du coton. — DE MaRTonwe : Les panoramas en couleurs du Mont-Blanc, d'après Helbronner. — HAUCGK : Les industries de la vallée de la Vologne (Vosges). — LFWAN \ D9WSKI Les industries textiles en Pologne. — CAMENAW p'ArmetnA : Les iles d’Aland. 2x LIVRES REÇUS … lousleslivres reçus par laRevuesont signalés sous cette rubrique * avec une brève indication deleur contenu, sans préjudice de l'ana- Ë lyse critique dont ils pourront être ultérieurement l'objet dans la “ partie bibliographique de la Revue. ( 1° Sciences mathématiques BE DA CGUNHA (Pedro José) : Reflexees sôbre a teoria dos conjun- & Los. 1 broch. in-$° de 64 p. Imprensa nacional, Lisbonne, 1922, & L'auteur expose quelques remarques sur lathéorie des ensem- Ë nes au lui ont été suggérées par la pratique de l'enseigne- . ment. , - SERVICE GÉOGRAPHIQUE DE L'ARMÉE. Rapport sur les tra- É vaux exécutés en 1914, 1 broch, in-b° de 1v-84 p. avec 26 pl. en noir et en couleurs, — Publications nouvelles et modifications ë au Caialogue des cartes, plans et autres ouvrages, 1 broch, in-8° “ de 32 p. avec 1 carte. Imprimerie du Service géographique de l'Armée, Paris, 1921-22, ! 2° Sciences physiques MICHAUD (F.): Rayonnement et gravitation. 1 vol, in-8° de w-61 p. (Prix: 6 fr.). Gauthier-Villars et Cie, Paris, 1922. L'auteur, en appliquant le principe de relativité au rayonne- ment, édifie une théorie, non plus uniquement formelle, mais explicative, qui s'étend à la gravitation et pénètre déjà dans le domaine de l'électricité. STRASSER (H.) : Die Grundlagen der Einstein schen Relativi- » tätstheorie. Eine kritische Untersuchung. 1 vol. in-8° de 110 p. Akademische Buchhandlung, Berne, 1922, Exposé et critique de la théorie de la relativité d'Einstein, TILGHER (Adr.): Relalivistes contemporains. Préface de M. MissimoLr. Traduction de la 3* édition italienne par J.BaYE. 1 broch. in-8° de 88 p. Libreria di Scienze e Lettere, Rome ; Librairie Farine, 47, rue Laflitte, Paris, 1922, . L'auteur étudie le relativisme en philosopie avec Vaihinger, - en Science avec Einstein eten histoire avec Spengler et montre l'esprit essentiellement révolutionnaire qui l’anime. CHRISTESCO (St.): £xplorations dans. l'ultra-éther de l'Uni- vers et les anomalies des théories d'Etinstein.1 vol. in-8° de 440 p., - axec un atlas de cosmogonie scientifique contenant 32 pl. hors texte et 5 dans le texte (Prix: 30 fr.). Librairie Félix Alcan, _ Paris, 1922. 1 HIGKS (W. M.): À treatise on the analysis of spectra. 1 vol. gr. in-8° de 326 p. avec fig. (Prix cart, : 35 sh.). Cambridge University Press, 1922. Cet ouvrage est destiné à servir à la fois d'introduction pour ceux qui désirent entreprendre l'étude des spectres et de réfé- rence pour ceux qui travaillent déjà dans ce domaine, SOU BRIER (M.) : Précis d'Electricité industrielle. Les appareils » à courant alternatif. | vol. in-8° de 1v-152 p. avec 109 fig. (Prix: - 10 fr,). Dunod, Paris, 1922. Cet ouvrage renferme la substance des connaissances requises - pour comprendre le fonctionnement des appareils à courant alternatif, DE GRAFFIGNY (H.): Les électro-aimants et bobines d'induc- - lion. 1 vol. in-18 de 200 p. avec 1!6 fig. (Prix : 6 fr.).Desforges, - 29, quai des Grands-Augustins, Paris, 1922. » Bon résumé des connaissances utiles sur la construction etles - applications des électro-aimants et bobines d'induction. SurrLEMENT À LA Hevue générale des Sciences nu 30 Mar 1922 37 OCCHIALINI (A.) : Ælettrotecnica elementare. Tome I. 1 vol. in-8° de 344 p. avec 241 fig. (Prix: 22 lire), F, Le Monnier, Flo- rence, 1921, Ce premier volume est consacré au magnétisme, à l'électro- Statique, à l'électrochimie, à l'électrodynamique, à l'électroma- gnétisme et à l'induction électromagnétique ; il renferme de nombreux problèmes, STEWART (A. W.): Some physico-chemicalthemes. 1 vol. in-8* de xu-419 p. avec 41 fig. et 5 pl. (Prix cart, : 21 sh.). Long- mans, Green and Co,Londres, 1922. Ce volume présente l'étude détaillée d'un certain nombre de questions de Chimie physique: il constitue une transition entre les traités systématiques et les mémoires originaux, FABRE (L.): La séparation industrielle des solides en milieu liquide, i vol, in-8° de 230 p, avec 78 fig. (Prix : 16 fr.), G. Doin, Paris, 1992, Cetouvrage expose surtout les méthodes modernes améri- caines el décrit la construction et les, applications d'un maté- riel nouveau perfectionné, muis peu connu, HOWE (H. M.): La Métallographie de l'acier et de la fonte. Traduit par Octave Hock, 1 vol. gr: in-8° de 706 p. avec 193 fig, et45 pl. (Prix: 120 fr.). Ch. Béranger, Partis et Liége, 1922. Ce volume renferme deux parties distinctes : une introduction à la science de la métallographie microscopique appliquée à l’acier et à la fonte, et une étude approfondie du mécanisme de la déformation plastique. PURVIS (J.E.) et HODGSON !{T. R.): The chemical examina- lion of water, sewage, foods and other substances 2*édition.1 vol, in-8° de 346 p. de la Cambridge Public Health Serie (Prix oart.: 20 sh.). Cambridge University Press, 1922, Précis d'analyse chimique des eaux et des substances alimen- taires, mis au courant des dernières méthodes. 3° Sciences naturelles TERMIER (P.): À la gloire de la Terre. Souvenirs d'un géolo- gue. 1 vol. in-12 de 428 p. (Prix: 15 fr ). Nouvelle Librairie nationale, 3, place du Panthéon, Paris, 1922, Dans ce volume, l’auteur a réuni un certain nombre d'articles publiés antérieurement : portraits de géologues, exposés de quel- ques-uns des grands problèmes de la Science de la Terre, RESTA (Raff.) : L'Educazione del geografo. in-12 de 1 vol. 1v-412 p. de la Biblioteca pedagogica antica e moderna (Prix: . 10 lire). Societa editrice Dante Alighieri, Milan, Rome, Naples, 1922, Ce volume est divisé en 3 parties: 1° la Géographie et le géo- graphe; 2°la Géographie humaine et son caractère subjectif; 30 l'éducation du géographe et la didactique de la géographie, ° 4° Sciences diverses Annüaire de l'Académie Royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique (1922). 88° année, 1 vol. in-18 de 208 p. avec 7 portraits. M. Lamertin, M. Hayez, Bruxelles, 1922, Outre les renseignements habituels, ce volume renferme des notices sur la vie et les travaux de : E, Gossart, Ad. Prins,E.Nys, Ad, Samuel, Ad, Siret, BLOCH(G.): L'Empire romain. Evolution et décadence. 1 vol. in-18 de 310 p. -de la Bibliothèque de Philosophie scientifique (Prix: 7 fr. 50}: Ern. Flammarion, Paris, 1922. Ce volume ne se propose pas de refaire l’histoire de l'Empire romain, ni le tableau de ses institutions, mais d'en décrire l'évo- lution depuis ses origines jusqu’à sa décadence. i SOMMAIRES DES JOURNAUX SCIENTIFIQUES 1° Périodiques généraux . Proceedings of the National Academy of Sciences of the U. + S.of America (Easton, Pa.}),t. VIII, n° 4 (Avril). HARGER : L'oxydation de l'hydroquinol en présence d'amines aliphat, — _ Davis et Terriee : Le réseau du mica etles intensités des - ordres spectraux. — Davis : Potentiels d’ionisation et de ra- diation et grandeur de l'atome. — Barus : Périodes et décré- ment logarithm. de l’aiguille gravitante sous un vide élevé, — . Ip. : La réflexion plane du son, par le résonateur à trou d'’ai- guille. — SHapcey : Sur le problème des grandes distances Stellaires. — PEARL et BurGER : L'indice vital de la population » de l’Angleterreet du pays de Galles de 1838 à 1920. — PranL : - Fluctuations saisonnières de l'indice vital d'une population. — » Hrrcacocx : Une solution de l’équation de la matrice linéaire . par double multiplication. Journal of the Washington Academy of Sciences (Easton, » Pa.),t. XIT, n° 7 (4 avril), Hensey : Sur une méthode générale . de détermin. des propriétés de la matière, — Bkouwer : Les traitstectoniques principaux des Indes orientales néerlandaises. E — N°8 (19 avril). ScaazLer : La sincosite, nouv. minéral.— SHanxon : La cristobalite du basalte de la rivière Colnmbia, à Spokane. — Wuerry : Les propriétés optico-cristallogr, de l’oxalate de Ca monohydraté. — BLake : Deux nouv. espèces d'Acanthospermum des [les Galapagos, — Hirencack : Une espèce pérenne de théosinte. — Sverprup: Coutumes ‘des Chukchi natifs du NE dela Sibérie. ournal ofthe Franklin Institute (Philadelphie), t, CXCIIT, n° (Avril). Austin : Radiocommunication à longue distance. — Jones : Les levés aériens, — VWiLLiAMsON : La variation des propriétés phys. des métaux avec la pression, — SPELLER ; Le contrôle de la corrosion par la désactivation de l’eau. Anales de la Sociedad cientifica Argentina (Buenos Aires), t. XCIE, nes 1v-vi (Oct.-Déc. 1921). Scorr-BIRABEN et Ferx- NANDEz-Maxcinowskli: Variations locales des caractères spé- cif. chez les larves d'amphibiens. — Kart: y MiGuez FERNAN- pEez : Biologie et reproduction de quelques Batraciens argentins. 1 Cystignathidæ, — Serié : Catalogue des Ophidiens argen- tins. — Lozano : Statistique de la mortalité par tuberculose dans la Républ. Argentine de 1911 à 1920. — Paozr : Nouv, syst. industriel de fabric. du sulfate de cuivre. — Diaz: Les bombes explosives à Buenos-Aires. — Nicouas : Exploitation scientif. des sels potassiques. — SPEGAzzINI : Nouv, espèce argentine du genre Prosopanche. Archives des Sciences physiques et naturelles, t. IV (Mars- Avril}: Jacouerop et Mucerr: Rech. sur les anomalies du verre de silice (fin). — pe Wisviewxt : Essai de théorie de l'influence du champ magnétique sur l'émission des rayons X, — GaurTier : Observations météorol. faites aux fortifications de Saint-Maurice pendant l'année 1921. The South African Journal of Science (Johannesburg), t. XVII, n° 1-2 (Déc. 1921). Durnpex: L'anthropologie sociale dans l'Afrique du Sud. Problèmes de race et de nationalité. — Lunwr : Distances, grandeurset mouvements stellaires, — Moi : La théorie atomique en 1921,— Brws : Quelques aspects de la Botanique en Afrique du Sud et l'é-ologie végétale au Nalal, — FanTHaM: Quelques progrès récents de la Zoologie et leur relation avec les problèmes actuels. — LorAm : Ce quela ques. F Es. CHHHU DDR D US RD DD RDS dd 6 444444 ++ +++ 444 t he Appareil Pathé- Enseignement Type N.A.U. Adopté par le < Admis, sans + Ministère de l’Ins- cabine, dans les LAON pUPINUE pAsAqUes séances publiques les Universités, RTC RE OT par la Préfecture les Facultés, les 4 7 << de Police << Grandes Ecoles. 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Ob- — DU tion des indigènes réclame des savants. — MACFADYEN : serv. et proposilion pour la stabilisation des changes, Toir: Jonctions terrestres entre les autres continents et l'Afrique du Sud dansle passé, — PercueLr : L'alcool comme combustible dans les moteurs à combustion interne, — WiL- LIAMS : Le contrôle chim. des réservoirs pour le bain des bes- tiaux. — Pourer: Evolution de quelques Trématodes de l’A- frique du Sud. — Fanruam : Quelques Protozoaires parasites L del Afrique du Sud. 1V.— Hannis : L'Ortalia pallens Muls. — M“ K:Gwin : Une expér. d'éducation, — Hunrer: Les industries bantou. : À 2° Astronomie et Météorologie, The Observatory (Londres), t. XLV, n° 575 (Avril), Bero- POLSKY : Théorie de la queue des Comètes. 3° Art de l'Ingénieur ournal ofthé Royal Society of Arts (Londres),t. LXX, n° 3621 (14 avrilj. ArrLeTON: Les tonctions propres des syndicats. = N° 3622 (21 avril) Fax : Certains aspects du problème de la stabilisation des changes. = N° 3623 (28 avril). ARMSTRONG : La situation de l’indigo aux Indes, (&; Pour les débutants 12 G LY PHOSCOPE pour plaques 45 X 107 a les qualités fondamentales du Vérascope Demander les Notices illustrées, envoyées franco : Exposition et vente de dispositifs vérascopiques : 7, rue Lafayette (près l'Opéra) LS dans vos excursions emportez le VERASCOPE RICHARD BREVETÉ S. G. D. G. Quel que soit le temps, vous ferez d'admirables photographies 10, RUE HALÉVY (Opéra) FORME CORRECTE GRANDEUR EXACTE PERSPECTIVE JUSTE COULEUR VRAIE Nouveauté! MAGASIN POUR PELLICULES EN BOBINES BREVETÉ S. G. D. G. interchangeable avec le magasin pour plaques et se chargeant in- stantanément en plein jour. || | | | 25, RUE MÉLINGUE, PARIS | | | Ée Ne in SE Revue universelle des Mines, de la Métallurgie, des Travaux publics (Liege), 6° sér., t, XIII, n° 3 (19 mai). ANTHOINE : Les mines de Kilo-Moto, leur évolution, leur avenir. — HüBerT: Les aciers et les fers chromés, — ScnLaG : Les turbines à vaneur modernes (suële), — Derize : Utilisation des combustibles pauvres et des déchets de houille. ° Sciences physiques The Physical Review (Lancaster et Ithaca), 2° sér,, t. XIX, n°3 (Mars). Boucner : Mesure des potentiels de résonance, de rä- ie ition et d'ionisation de plusienrs az et vapeurs, — WILKINS : La valence multiple dans l’ionisalion par les rayons #. — CranpaLz et MACKENZIE: Analyse de la distrib. de l'énergie dans la parole. —:Comprox : Sur la distribution de l'intervalle des atomes de recul. — Haric : La variation avec la Lempéra- ture de Ja conductibilité therm, de la fonte. Scientific Papers of the Bureau of Standards (Washington), n° 423 (16 janv ). Kozsrer et Dunmore : Le détecteur de direc- tionen t,s.f, et son applie. à la navigation, Zeitschrift fur Elektrochemie (Halle), t. XXVIIT, n° 5-6 (L° murs). PANerH : Meth. pour la détermin. de la surface des poudres adsorbantes, — Henz: Densité et température. NI.— 40 SOMMAIRES DES JOURNAUX SCIENTIFIQUES 57-10 Gonruer-ScuuLcrzEe : La séparation cristalline des métaux par électrolyse avec de fortes densités de courant, I. Plomb. — In, ;: Rapport entre la vitesse maxima de séparat. électrolyt, des métaux et l'hydratation des ions métall, — Ip. : Electrode degageant du yaz tonnant. — AsKkENASY et GRuDE : Act, de l'azote sur des mélanges de BuO et de C à haute tempéra- ture. Bulletin de la Société chimique de France, t. XXXI-XXXII, n° 4 (Avril). Siscey: Etat actuel de nos connuissances sur la constitution du tanin. — BerTRAND et RosENBLATT (Mine): Rech. sur les variations de la teneur en manganèse des feuil- les avec l'âge. — CLarens : Les catalyseurs et l'équilibre chi- mique, — Dumesniz: Sur la saponification des éthers monoet diétuylique de l'ac, diéthylmalonique, — Maire : Nouv, pré- paration d'amines cycloforméniques. — Marino et FRÉJAC- Ques : Conditions de formation et de stabilité du carbamate d'ammoniaque.— Porcuer : Sur l'iodhydrine dérivée de l'allyl- benzène et ses transformations, — PRüD' HOMME : Les états cor- respondants: Les dérivés halogénés du benzène. — Sanrouk- cue : Sur l'analyse du peroxyde d'azote liquide. — TIFFENEAU et PorcnerR: Transposition semipinacolique dans la série du benzylcyclohexène; migration du radical benzyle. The Journal of the American chemical Society (Easton, Pa.), t. XLIV, n°4 {Avril}. Harkixs et Rogserts : La vaporisation par étapes el ses relations ayec la formation de surfaces, — SrEARN : L'équilibre ionique des électrolytes forts. — R'cHanos et Dunuam: L'effet du changement de la concentr, en ions H sur le potentiel de l'électrode de Zn — Ricuanps et Rowe: Les chaleurs de neulralis. des hydrates de K,Na et Li par HCI, HBr, HI et HNOS à diverses dilutions, — Keyes, GiLLesrie et Mirsukuri : Un calorimètre à flux continu, et la détermin. de la chaleur de neutralis, d'une solution d'HCI par une de NaOH. KenpaLz : L’anomalie des électrolytes forts et la théorie d'io- * nisation de Glosh, — Lamug, ScaLioxE et Evcax : La combus- tion catalyÿt, préférentielle de CO dans l'H. — Lueck : La décompos.therm, du pentoxyde d'azote en sol. — Prase : Les dimensions des atomes dans les cristaux. — Dickixson : Les structures cristall. des cyanures complexes de K avec Zn, Cd et Hg. — Rarïzi-s et P«oskouriakorr: Comp. organiques nitrés contenant Hg. — Knarasu, LoMMEex et JacoBson : Etude des nitro-anilines. — Quick et Apams: Les ac, arsoniques et arsiniques aliphat. et les ac. arsiniques aliphat.-aromat. — Pucuer et Jouxsox: L'utilisation du ;y-diéthoxyacétoacétate d'éthyle pour la synthèse des dér. de la glyoxaline., — BoGExT et AgranamsON : Rech, sur les thiazols. [. Dér. du 2-phényl- benzothiazol. Synthèse d’an analogue du cinchophène {ato- phane), — OBerDOEkrER et NiewLanp: Comp. de l'acétylène avec le phosphate et l'arséniate d'Ag. — KouLen: Act. du Be sur certains éthers d-cétoniques, — CuRkiStrANSEN : La teneur en S de l'’arsphénamine et ses relations avec le mode de syn- thèse et la toxicité. I-II. — Cake: L'hydrogénation catalyt. du d-glucose. — Rexsnaw et Naycor: Colorants contenant le noyau furanique. — EnGrisa et Tsanc : La clarificalion des sol, contenant des sucres réducteurs par l’acétate de plomb basique, — Davis : Act. de l'ac. sulfurique sur la nitro-guani- dine, Chimie et Industrie, t. VII, n° 4 (Avril). GranpuouGin : La chimie de l’anthraquinone. — TourLain : Sur les procédés d'analyse des eaux, — Bary: L'osmose électrique. — Corri- GNiEr : Fabrication et propriétés du blanc de titane. — Drin: L'emploi du basalte dans l'industrie chimique. — Poxrio : La différence du chanvre d'avec les pseudo-chanvres dans les tis- sus,cordages, etc. — Marnieu: La filtration des vins.— GRroo- rHorr: Les écorces de quinquina des Indes néerlandaises'et leur emploi, - 5° Sciences naturelles Comptes rendus de la Société de Biologie, t. LXXXVI, n° 15 (29 avril). ArGauD et Dusoucher: Sur les vasa-vasorum du cordon ombilical des Ruminants, — BéLEuRADEK : L'influence des produits cataboliques du mu:cle sur les processus anabo- liques. — Ficuer : Sur l'emploi des sérums humains négatifs de renfort, dans la réaction de Hecht.— FoUncADE, JALOUSTKE et Lemay: Sur les propriétés spirillicides de l’oxyde hydraté de bismuth. — Géxieys: Observ. biolog. sur lex Habrobra- cons, — LéGex : Microfilaire sanguicole nouvelle du Cercopi- thecus butlikoferi. — In. :-Plasmodium d'un singe de la Guinée française, Cercopithecus campbelli Wath. — Maciror : La ten- sion oculaire après ponction de la chambre antérieure, — Micor : Sur le mode de fixation des Lucernaires à leur sup- port. —Pani T. XLIV, n° 1 (7 juillet 1922). YokOYAMA : Fossi- ‘es de Musashino supér. de Kazusa et de Shimo71. = N°2 54 (23 juin). Kagukaki : Quelques Triclades d’eau douce japo- nais; parallélisme de leur distrib. en Europe etau Japon. The Philippine Journal of Science (Manille), t. XX, n° 5 (Mai). Saw : Le Janelopshaera, nouv. genre, et deux nouv. espèces de Voivox. — Wesr et FEeLic1ANO : Extraction du tourteau de coprah avec des solvants.— LurrsénwaGeRr : Les Alcyonnaires des Philippines, I. Le genre Alcyonium Linnæus. — Cusumans: Nouv. Ichneumonides orientaux et australiens, Revue Philosophique de la France et de l'étranger, t. XLVII, n° 9 et10 (Sept.-Octobre). Rex : La notion d'objet et l'évolu- tion de la physique contemporaine. — Gaxreron : L'idée de la force mécanique dans le système de Descartes. — LACKOZE: Sur une prétendue illusion de la mémoire. Etude sur la fausse reconnaissance. — WauL: W.James d'après sa correspon- dance. 2° Art de l'Ingénieur Journal of the Royal Society of Arts (Londres), t. LXX, n° 3645 {29 sept.). Poizarp : Le dessin mécanique des instruments scientif. |. == N° 3646 (6 ect.). Porr.arD : Zd. 11. Revue universelle des Mines, de la Métallurgie et des Tra- vaux publics {Liége), 6e sér., t. XIV, n°5 (1‘* sept.). LALIGANT : Mécanisme des dégagements instantanées et méthode de tirs d'ébranlement. — Curkvewarp: Nouv. applic. du pyromètre à dilalation à l'analyse thermique des alliages. — TRASENSTER : Représentation graphique des syst, binaires. — DELAMARCHE ! Sur les conduites forcées en ciment armé. = N°6 (15 sept.). Ronu : Rapport sur les progrès réalisés dans la construction des turbo-alternateurs de grande puissance. — RaicKk : Préci- pitation électrostat, des fumées et poussières industr. Proc. Cottrell. — GouraL: Détermin. du pouvoir calorif. et des ma- tières volatiles faites sur les combustibles solides. — Racne- NEUR : Le niveau marin du Petit Buisson dans le gisement westphalien du couchant de Mons. = N° 7 (1‘* ocl.). Der- GLAYE: Infl. dela surchauffe, de la dessiccation et de la suroxy- génation du vent soufilé sur la marche des hauts fourneaux. — GiLarD :; Briques de carborundum. 3° Sciences physiques The Physical Review (Lancaster et [thaca), 2e sér., t. XX, n°2 (Août). Erikson: Nature des ions positifs et négatifs dans l’air, l'oxygène et l'azote, — Huigurr: Les phénomènes dans les gaz excités par des courants de radio-fréquence. — Be- . eKER : L'effet du champ magnét. sur l'absorption des rayons X. — Kar: L'action de l’archet dans les instruments à corde, — Barre x : Etude de l'effet des gaz adsorbés sur la résistance à haute fréquence du fil de cuivre. — PAGE: Les ondes électro- magnét. dans les milieux absorbants, — KLEEMAN : Une tran- sition de la théorie de la couche d’adsorption de la f.é. m. de la pile voltaïque. — Downey: La variation de l’ionisation rési- duelle de l'air avec la pression, dans un iatervalle de 57 atm. Anales de la Sociedad española de Fisica y Quimica (Madrid), t. XIX, no 188 (Déc. 1021). Angarza : L'analyse harmonique, Sa base théorique et les méthodes graphiques. : Bulletin de la Société chimique de France, t. XXXI-XXXII, n° 9 (Septembre). Lassieur : Electrotiliimétrie, — BaïLzyx : Sur l'action de l’épichlorhydrine sur le phosphate neutre de sodium en solution aqueuse et sur la stabilité d’un diéther di- glycéromonophospliorique. — BarrkGay et Braxpr: Nitration d'hydrocarbures .en milieu basique ou neutre. — 1p., 1p. et Moritz : Action de la lumière sur le mésonitroanthracène. — CanaLs : Recherches chimiques sur la sucrase. — Duponr : Sur les formules des terpènes bicycliques. — GauLcr et Weicx : Recherches sur l'éther phénylpyruvique. — JADiN et AsTRUC : Relation entre la richesse en manganèse et la proportion de cendres dans les feuilles jeunes et âgées. — MaiLue : Décom- position des cétones aliphatiques. Chimie et Industrie, t& VIII, n° 3 (Sept). Kesrner : L'Expos. des combustibles liquides, — Mivovicr et KoLo : Nouv. mé- - thode de dosage du Mn, — Morrrz: La filtration dans l’indus- trie. — Goson et Lemarcuanps : L'électrométallurgie du Zn. Fagre: Les nouv. électrolyseurs à diaphragmes employés dans l'industrie de la soude électrolyt, — Brep : Utilisation de la chaleur perdue des fours rotatifs. — CeriGuezur : Le rôle du parfum chez la plante. — Srrzik : Analyse des tissus imper- méalables caoutchoutés et autres. — 1p.: Méth. de détermin. de la solidité des mat, color. — Worrr: La classific. des corps gras au point de vue commercial, — Duponr : Compos. et applic. industr. des essences de térébenthine. Les consti- tuants de l'essence de pin maritime. — Demarer : L'inflam- mabilité du celluloïd, — Houux : Disposilif simple pour l’ex- traction des matières lavables et notes sur l'analyse du cuir. — Bovis : Le brome tunisien, — JaALADE : La culture des ac- cacias tannifères dans nos possessions de l'Afrique du Nord, SOMMAIRES DES JOURNAUX SCIENTIFIQUES L Sciences naturelles . Physis (Revista de la Sociedad Argentina de Ciencias natu- rales) (Buenos-Aires), t, Nutes sur les Coréidés argentins. — THômsen : Sur la mor: phologie de la Folliculina Boltoni Kent. — BLancuanD : Notes Sur les Aphides. — Vicnar: : Note prélimin. sur l’homme fos= sile de Miramar. — GiacomeLLt : Mimétisme vrai et bâtard. GiamBiAGI: Quatre Ilsopodes nouv. d'Argentine, — FReRs : Métamorphoses de Coléoptères argenlins., — HAUMANN et CAS TELLANOS : Bibliographie botanique argentine (1914-1924). Bulletin de la Société botanique de France. t. LXIX, n°° 5-6 + (Maïi-Juin). Camus (Mile) : Les Aflinilés du genre Neokouzéana A. Camus. — ReynirR: Le Chenopodium ambrosioides Aue- torum, polycarpien, étudié en son double stade de développe- ment. — CoTTrREAU et CoRBiÈRE : Muscinées des environs de Grasse (Alpes Maritimes). — Gakp : Recherches sur une nou- .* velle espèce d'Euglène. — CuExMezoN: Sur l'existence à Madagascar d'un représentant de la famille des Restiacées. — Mascré : Sur les ( cellules à ferment » des Primula et sur la formation des pixments anthocyaniques. — Mauru: Régéné- ration du Barbula muralis, après quatorze ans de sécheresse, par protonémas foliaires primaires propagulifères et proto- némas secondaires bulbigènes. — DAuPHINÉ : évolutive du convergent dans une racine pathologique de fèves — BLariNGuem: Sur les formes de Lychmide dioique et sur l’hérédité de la couleur des fleurs dans cette espèce. — Gan- N DOGER : Plantes de Somalie [Afrique Orientale). — Souèces : Recherches sur l’embryogénie des Solanacées (Daturées). — PAVILLARD : Pronoctilucaet Nocliluga, — Ropricuez : Con- tribution à l'étude de la flore du Guatémala, — REYNIER : Ip. fin). The Journal of general Physiology (New-York), t. IV, n° 6 (20 juillet). NorruxoP et ses collaborateurs : La stabilité des suspensions bactériennes. I-1f1. NorruroP et CULLEN : Appar. pour expér. de cataphorèse macroscop. — EcGERT et BeLLOwSs : La floculation des bactéries par les protéines. — Scamior et Norman : Nouv. études sur l’hémolyse par l’éosine! — PARKER : Le calibrage de l’appar. respiratoire d’Osterhout pour des quantités absolues de GO2.— Coux chimie physique des protéines. I. protéines à leur point isoélectr. — Grozier : La pénétration. de la cellule par les acides. V. L'estimation des changements de perméabilité. — Hircuock: La combinaison de la géla- tine avec HCIL. — Lors : Mécanisme par lequel les ions tri et tétravalents produisent une charge électr. sur la protéine isoélectr. — 1D. : Inf, ionisante des sels à ions tri-et tétrava- lents sur l’albumine d'œuf cristall. au point isoélectr. —-[p.: Infl. des agrégats sur les potentiels de membrane et la pres- sion osmotique des sol. des protéines. The Journal of the Royal Anthropological Institute (Londres), | t. LI, n° { (Janv.-Juin). L'unité de l'Anthropologie. — Nonn- MAN : Quelques problèmes baltiques. — Argé H. Barurg® L'homme paléolithique à Gibraltar. — Hurron : Monolithes gravés à Dimapur et une cérémonie des Angani Naga. — Hocarr : Le culte des morts dans l’Eddystome des Iles Salo- mon.—BRrAD&KOOkE et Parsons : L'Anthropologie des Chiltern Hills — Rose : L'orientation céleste et terrestre du mort, — Joxce : Les « Paccha » du Pérou ancien. 5° Sciences médicales Annales de l'Institut Pasteur, t. XXXVI, n° 9 (septembre.) Cazuerrre, NEGRE et BOQUET : Essais de vaccination du lapin et du cobaye contre l'infection tuberculense. — METAILNIKOW : L'anaphylaxie et l'immuité. — Broco-Rousseu, ForGEor et UrgAIN : Etudes sur le streptocoque gourmeux, — Fagry : Les réactions d'immunité vis-à-vis d’une nouvelle race artificielle de B. Coli, —-Varris : Les effets du pneumothorax artificiel \ chez le lapin. | Bulletin de l'Académie de médecine, &° sér., t. LXXXVIU, n° 31 (3 oct.). Caavanwez : Le diagnostic de l’ascite par la pér- cussion en utilisant les déplacements du corps autour de son axe transversal, ; 60 Géographie et Colonisation The Geographical Review (New-York), t. XII, n° 4 (Oct.). Hoz= repauL : La Nouvelle-Zemble, — Arcix: La géographie des foires. — FuLLER : Quelques caractères d’érosion rares dans le læss de Chine, — Davis : La frontière non gardée. — An- reys : L'histoire anté-et post-glaciaire de la Baltique. — Bo- WwIE : La croûte terrestre et l’iostasie. Bauer: Les levés . . photographiques aériens. — Peak: Le problème de la popu- lation. — Wiicox; La distribution future de la colonisalion blanche. ï ( V, n° 20 (15 juillet). PENNINGTON - A Accélération $ : Etudes sur la Solubilité de certaines - A | | | \ SUPPLÉMENT À LA Revue générale des Sciences pu 15 Novemere 1922 INFORMATIONS Cours public de Géodésie et d'Astronomie de position au Service géographique de l'Armée. — L'enseignement public de Géodésje et d’Astronomie de position, créé au Service géo- graphique de l’Armée en 1904 par ordre du Ministre de la Guerre, sera continué durant l’hiver 1922-23, L'ouverture des cours a été fixée au 14 décembre prochain. Ces cours ne s'adressent pas seulement aux officiers de toute sorte appartenantou non au Service géographique de l'Armée. — Les explorateurs, géographes, géomètres, étudiants en sciences, etc., les suivront avec intérêt. Ils y acquerront, outre des con- naissances théoriques indispensables à un géodésien, la prati- que des méthodes et des instruments sur le terrain. L'enseignement de première année sera conduit dans un es- prit essentiellement pralique. Il aura pour objet de former des observateurs capables d'opérer sur le terrain suivant des mé- thodes rigoureusement scientifiques. L'enseignement de seconde année permeltra par contre aux auditeurs de se familiariser avec des matières d'ordre plus élevé. Il sera professé par le chef de Ja Section de Géodésie, qui traitera cette année la théorie des projections et de la cons- truction des cartes, le calcul des coordonnées géodésiques, la méthode du point approché et le nivellement barométrique. Il est prévu en outre la visite d’une quinzaine d'établissements scientifiques. Renseignements et programme détaillés sur demande adres- sée à M. le, Directeur du Service géographique de l'Armée, 140, rue de Grenelle. — Inscriptions reçues à la même adresse pour tout l’enseignement ou l’une quelconque de ses parties. LIVRES REÇUS Tous las livres reçus par la Revue sontsignualés sous cette rubrique avec une brève indication de leur contenu, sans préjudice de l'ana- lyse critique dont ils pourront être ultérieurement l'objet duns la partie bibliographique de la Revue, 1° Sciences mathématiques ECHAGUIBEL (Em. de) : Préncipios de Anülisis matematico. El Problema [undamental de Anälisis. 1 vol. gr. in-8° de 286 p. Eléxpuru Hermanos, Bilbao, 1922, Exposé des principes fondamentaux de l'Analyse mathémati- que à l'usage de ceux qui comptent poursuivre l'étude de la Physique ou de l'Analyse supérieure. PODEVYN (P.A.) : Traité de Mécanique, à l'usage des ouvriers, dessinateurs et techniciens-mécaniciens, 1 vol. in-16 de 169 p. avec 174 fig. (Prix : 7 fr. 50). Librairie Desforges, 29, quai des Grands-Augustins, Paris, 1922. L'auteur s'est proposé de mettre entre les mains des ouvriers, dessinateurs et techniciens mécaniciens, un traité simple de me- canique élémentaire, leur permettant de comprendre facilement le jeu des forces qu’ils ont continuellement sous les yeux, dans les machines les plus diverses. MOREUX (Abbé Th.): Les autres mondes sont-ils habités ? 1 vol. in-16 de 150 p. avec 8 pl. horstexte (Prix : 5 fr.}.G.Doin, Paris, 1923. Après avoir étudié les conditions générales de la vie, l’auteur P CS aborde successivement les caractéristiques climatologiques de toutes les planètes connues; deux seulement en dehors de la Terre (Mars et Vénus) ont eu quelque chance de donner asile à des êtres vivants. 2° Sciences physiques BOLE (Marcel) : Euclide, Galilée, Newton, Einstein. 1 broch. in-12 de 32 p. (Prix : 1fr. 50). Editions d'actualité, 39, avenue de Saint-Mandé, Paris, 1922, L'auteurtrace d’une façon brève et sans aucun symbole ma- thématique les théories de la relativité, en montrant l'infime exiguité de leurs applications pratiques actuelles et le formida- ble bouleversement qu'elles entrainent dans notre conception de l'Univers. WHITEREAD (A. N.): The principle of Relativity, with appli- cations to Physical science. 1 vol. in-8° de xu-190 p. avec fig. (Prix cart. : 10 sh. 6 d.). Cambridge University Press, 1922. Ce volume se divise en 3 parties : la première, d’un caractère surtout philosophique, ‘traite des principes généraux ; laseconde est consacrée aux applications physiques et exposeles résultats particuliers qu'on déduit des formules données aux champs gra- vitationnel et électromagnétique; la 3° est une exposition de la théorie élémentaire des tenseurs, BERTHOUD (4A.) : Les nouvelles conceptions de la matièreet de latome. 1 vol. in-18 de 314 p. avec 21 fig. de l'Encyclopédie scientifique (Prix cart. : 12 fr.). G. Doin, Paris, 1923. Voici les divers sujets traités par l'auteur dans ce volume: théorie électromagnétique et électronique ; théorie de la relati- vité et masse; rayons X et nombre atomique ; radioactivité et isotopie; atome de Rutherford et trunsmutation des éléments : atome de.Bobr et théorie des quanta; constitution des atomes complexes-et rayons X; constitution satomique et afinité chi-, mique. ACHALME (D:) : Les Edifices physico-chimiques. T. Il: La 8 molécule, Equilibres et réactions chimiques. 1 vol. in-8° de 232p, avec fig. (Prix : 15 fr.). Payot et Cie, Paris, 1922. L'auteur applique ici les hypothèses développées dans son premier volume sur la structure et la forme des atomes à la Structure des molécules et à leurs propriétés physiques et chi- iniques, ainsi qu'à l'explication des réactions et des phénomènes d’électrolyse et de catalyse. PRICE (Edw. A.) : Atomic form, with special reference to the configuration of carbon alom. 1 vol. in-l2 de 140-vrir p. avec 65 fig. (Prix: 5 sh.). Longmans, Green and Co, Londres, 1922, L'auteur expose ses idées sur la forme des atomes, et en par- ticulier celle de l’atome de carbone, qu’il considère comme un tétraèdre irrégulier, au moyen duquel il explique la structure d’un grand nombre de composés organiques. SCHWARZ (R.)\: La Chimie des complexes inorganiques. Adapté de l’allemand par A.JuLrarp.Préface de M, Boiz.1 broch, in-$° de vin-72 p. avec 41 fig. (Prix : 8 fr.). Dunod, Paris, 1922. Ce petit ouvrage montre l'insuflisance de la théorie des valen- ces pour expliquer la formation des complexes inorganiques et l’utilité de la théoriedes coordinations, dont les principes sont exposés en détail, ainsi que la constitution des complexes et leurs diverses isoméries. MICHEL (J.) : Za coloration des métaux .1 vol. in-16 de x-325 p. avec 28 fig, (Prix: 12 fr.). Librairie Desforges, Paris, 1922, Cet ouvrage, destiné aux praticiens, fournit toutes les indica- tions et formules utiles pour le nettoyage, le polissage, le pati- nage, l'oxydation, la métallisation et le niellage des métaux. SEYEWETZ (A.):Le Négatif en Photographie, 2 édition revue et augmentée. 1 vol. in-18 de 308 p. avec 44 fig. de l'Encyclopé- die scientifique (Prix cart : 14 fr.). G. Doin, Paris, 1923. L'auteur traite successivement des surfaces sensibles, de leur préparation, de leur exposition à la lumière, du développement de l'image latente, de l’utilisation pratique des principaux révé- lateurs et de l'amélioration des clichés développés. û 3° Sciences naturelles COSTANTIN (J.)et FAIDEAU (F.) : Histoire naturelle illustrée. Tome 1: Les Plantes. 4 vol. in-4 de 316 pages avec 796 photo! gravures, 338 dessins, 12 pl. en couleurs et 14 pl. en noir (Prix - broché, 50 fr. ; relié, 75 fr.). Librairie Larousse, 13-17, rue Mont- parnasse, Paris, 1922. Dans cet ouvrage, on trouvera décrits les aspects variés de la nature, les degrés successifs de perfection des végétaux, les applications des plantes à la nourriture, au vêtement, à la con- Struction et à la thérapeutique, le tout accompagné d’une illus- M extrêmement abondante et en grande partie origi- nale. f GUIGNARD (L.): Le Jardin botanique de la Faculté de Phar- macte de Paris. 3° édition. 1 vol. in-12 de 180 p. avec 1 plan du jardin (Prix : 8 fr.). Librairie Marqueste, 7, rue Ozenne, Tou- louse, 1922. Cet opuscule donne un résumé des caractères desfamilles végé- tales, avec la liste des plantes cultivées en pleine terre et dans les terres du Jardin; il est surtout destiné à servir de guide à l'étudiant. RIGNANO (Eug.): La Memoria biologica. Saggi di una nuova concezione filosofica della vita. 1 vol. in-8° de 250 p. (Prix : 17 lire 50). N. Zanichelli, Bologne, 1922. L'auteur expose une théorie mnémonique du développement, dite « centro-épigénèse » et la confronte avec les autres théo- ries : transformisme, téléologie, finalisme, physico-chimisme. HAUDUROY (P.) : Atlas de Parasitologie. 1 vol. in-4° de 53 p. ne 25 pl. en photogravure (Prix cart. : 12 fr.). G. Doin, Paris, Série de planches (avec légendes explicatives) reproduisantles principaux parasites agents ou vecteurs de maladies chez l'homme et les animaux. 4° Sciences médicales MOLINIÉ (J.) : Instrumentset modes personnels de Séméiologie et de Therapeutique otologiques. 1 vol. in-8° de 92 p. avec fig. A. Maloine et fils, Paris, 1922. L'auteur décrit ses instruments otologiques : l'otoscope bino- culaire grossissant, le dispositif pour vision latérale, l'appareil pour photographie stéréoscopique du tympan, enfin la pince à osselets ou pulso-tracteur ossiculaire, et leur mode d'emploi, mécanique et électrique. DEJUST (L. H.): Examen critique de l'Homæopathie, Préface de M. G. BexTkanD. 1 vol. in-8° de 96 p. (Prix:7 fr.). Vigot frères, 23, rue de l'Ecole de Médecine, Paris, 1922. L'auteur précise les idées directrices de l'homæopathieet en examine les deux grands principes de similitude et de posologie, quine font guère qu'exprimer, sous une forme imprécise, et avec une généralisation exagérée, des idées classiques et en accord avec les recherches contemporaines, mais dont l'application a été le plus souvent conduite avec une totale absence d'esprit critique et de rigueur scientifique. L SULBLÉ (D: H.) : Quelques charlatans célèbres au XVII: siècle. 1 vol. in-8* de 146 p. avec 10 pl. hors texte. Librairie Marqueste, 7, rue Ozenne, Toulouse, 1922. L'auteuræexpose, d'après des documents de l'époque, l'histoire du charlatanisme au X VII* siècle, à Paris et dans les provinces, les procédés et les remèdes des charlatans. 86 5° Sciences diverses LALO (Ch.) : La beauté et l'instinct sexuel. 189 p. de la Bibliothèque de Culture générale (Prix: 4 fr. 50). Ern. Flammarion, Paris, 1922. 1 vol. in-18 de Ur SOMMAIRES DES JOURNAUX SCIENXIFIQUES Cet ouvrage est un exposé du problème des relations de l’art avec la morale sexuelle, 11 est divisé en 2 parties : 1° Beauté et sexualité ; 2° La fonction individuelle et sociale de l’amour dans l'art. : mm SOMMAIRES DES JOURNAUX SCIENTIFIQUES 1° Périodiques généraux Journal of the Washington Academy of Sciences (Easton, Pa.), t. XII,.n° 16 (4 oct.). SrriNeR et HkiNy : Possibilité de con- trôle de l’Heterodera radicicola et d'autre nemas attaquant les plantes, au moyen de nemas prédateurs, en partic. du Monon- chus paptllatus Bastian. Journal of the Franklin Institute (Philadelphie), t. CXCIV, n° 4 (Oct.). More» : L’applic. de la Thermodynamique aux équilibres hétérogènes, — WiGHTMAN, TRIVELLI et SHEPPARD : Etudes de sensibilité photograph. — Harxins : La stabilité des noyaux d’atomes, la séparation des isotopes et la règle . du nombreentier (surte). — Karrick et Gourp : Appar. d'ex- traction avec dispositif pour la récupération de l'extrait et la régénération du solvant, The Philippine Journal of Science (Manille), t. XX, n° 6 (Juin). GarctiA et GUEVARA : Pharmacodynamie du Datura alba. — Scawarrz et TuBANGuI : Parasites intestinaux rares de l'homme aux Philippines. — Fours : Nouv. Hyménoptère parasite des Iles Orientales, — MenpioLa : Effet de divers taux de transpiration sur le poids sec et la teneur en cen- dres du tabac. — Ranckorek : Nouv. Sapindacées philippi- nes. — Scawarrz : Observ. sur le cycle évolutif de l’Ascaris vitolorum; parasite des bovins aux Philippines. 2° Astronomie et Météorologie The Observatory (Londres), t. XLV, n° 581 (Oct.). SwiNDELLs : Les proéminences solaires. DexninG :° Le météore de Rich-Jefferies. — L'expéd. de l’éclipse à l'Ile Christmas, Monthly Weather Review (Washington), {. L, n° 7 (Juillet). Bgazs : La basse pression semi-permanente de l’Arizona. — Meisincer : La distrib. des pressions à divers niveaux du- rant le passage d’un cyclone à travers la région des Pla- teaux aux E.U. — Moore : Un cycle de 8 années dans les chutes de pluie. — Miccas : Nouv. cadran pour anéroïde, — Haies : Infl. de conditions variables du sol sur les tempé- ratures nocturnes de l'air. — GARRETT : La prédiction de tem- pératures minima aux environs de Walla Walla (Wash). : 3° Art de l’Iugénieur Bulletin oïficiel de la Direction des Recherches et des In- ventions, n° 35 (Sept.). L'alcool moteur, — Durour : Oscil- lographe cathodique pour basses et moyennes fréquences. — « Thermosonus » Avertisseur automatique d'incendie. — GARBARINI Radiateur parabodique « Garba ». — Heim, AGasse-Laronr et P. PouirLor : Pneumokonioses des polis- seurs de métaux. Conditions hygiéniques du travail dans les ateliers de polissage mécanique. Journal of the Royal Society of Arts (Londres), n° 3647 (13 oct.). HozLarD : Le dessin mécanique desinstruments scientif, III. —— N° 3648 (20 oct.). Rapcuirre : Les constituants des hui- les essentielles. [. = N° 3649 (27 oct.). In, : Id. HI. Revue universelle des Mines. de la Métallurgie, des Travaux publics (Liège), 6° sér.: t. XV, n° ® (15 oct.). Pomir10 : Hn= dustrie de la cellulose dans les pays pauvres en bois par l'uti= lisation d'autres végétaux que les arbres au moyen du chlore. — Dowson et Posen : Progrès réalisés dans la construction des turbo-alternateurs de grande puissance en Grande-Breta- gne. — Raspar : Couches minces à dégagements instantanés de grisou. : Revue de Métallurgie,t. XIX, n° 10 (Oct.). Srein : La science | du chauffage industriel. — Dupuis : Sur l'utilisation des gaz de fours à coke dans les fours Martin. — MouLimERr : De l’uti- lisation de l'anthracite des Alpes. — GuiLreT : Les récents progrès de la métallographie microscop. et de la macrogra- phie. — HarTHaAway : Standards, Il. 4 Sciences physiques Le Journal de Physique et le Radium, Ge sér.,t. Ill, n° 9 (Sept.). L. et Euc. BLoca : Spectre d'étincelles dans l’eau. — L. BriLrouin : La viscosité des liquides et son interpré- tation théorique. Recueil des travaux chimiques des Pays-Bas, t. XLI, n°* 9 et10 (15 sep. et 15 oct.). Bazy : Catalyse photochimique. — Waz= DEN : Sur les radicaux libres, — Noyrs : Valences positives et négatives. — ScuLenk : Contribution à la chimie des radi- PRÉPARATIONS COLLOÏDALES | (Métaux Colloïdaux électriques à petits grains. L Collotdes électriques et chimiques de métalloïdes ou de dérivés métalliques) Electrargol (Argent) Electromartiol. (Fer) Blectraurol =}: (Or A ( Electr-Hg . . . Mercure) Electrocuprol . Electrosélénium. . . (Sélénium) la science. Oxyde de cuivre) ments antiinfectieux de premier ordre {toutes maladies infectieuses) < spécifiques (Electr-Hg — Electrosélénium — Electrocuprol — Electromartiol — Collothiol), Les Laboratoires Clin préparent tous les colloïdes qu'il est possible d'obtenir dans l’état actuel de Pour l'expérimentation thérapeutique-ou lès usages de laboratoire, les Laboratoires Clin délivrent des préparations colloïdales pures, à constantes physiques définies. Laboratoires CLIN, 20, rue des Fossés-Saint-Jacques, PARIS Electroplatinol . . Platine) Electrorhodiol Rhodium) Electriridiol. Iridium Thiarsol. . . . . . . (Sulfure d’arsenic) ( Electropalladiol VE (Palladium) ( Collothiol. . . . . . (Soufre) | | |; on emploie certains colloïdes comme | Obtenues par la méthode chimique ou par la méthode physique (électrique), les solutions colloïdales | ÿ sont constituées par la suspension en milieu liquide d'une infinité de grains ultramicroscopiques,; animés du mouvement brownien et présentant une charge électrique de signe défini. Grâce à la grande surface de ces grains, les colloïdes présentent un érergique pouvoir catalytique et fermentaire. À ; Les colloïdes possèdent d'importantes propriétés biologiques, bien étudiées depuis que l'on sait le rôle des colloïdes naturels dans la physiologie normale. Injectés à l’homme ou aux animaux. ils augmentent les oxydations et les échanges nutritifs, ils stimulent la défense contre les toxines et les fonctions d’élimina- tion, ils provoquent un mouvement leucocytaire très marqué. ù Les colloïdes sont d’un usage thérapeutique courant : les métaux (type : Electrargol) sont des médica- HS ENREGISTREURS BREVETÉS S. G. D. G. écrivant à l'encre leurs indications d’une façon continue sur papier se déplaçant en fonction du temps. MÉTÉOROLOGIE Actinomètres, anémomètres, anémoscopes, baromètres, hygromètres, pluviomètres, psychromètres, thermomètres enregistreurs. MÉCANIQUE Dynamomètres de traction, de rotation, enregistreurs. Indicateurs dynamométriques système Richard, Manomètres enregistreurs et à cadran. Cinémomètres enregistreurs ow à cadran donnant d'une façon absolue la vitesse en mètres par seconde ou le nombre de tours par minute d'un arbre, d'une machine, etc., etc. INDUSTRIE Indicateurs de niveau d'eau enregistreurs transmetteurs à distance. Hydromètres enregistreurs. Manomètres enregistreurs on à cadran. Thermomètres avertisseurs, à cadran, enregistreurs, Pyromètres, etc., ete. ÉLECTRICITÉ Ampèremètres et voltmètres enregistreurs ou à cadran. Wattmètres enregistreurs. Ohmmètres. Boîtes de contrôle, etc. PHOTOGRAPHIE Le Vérascope, Le Glyphoscope, Le Taxiphote, brevetés S. G. D. G. (Voir le numéro précédent.) OXYGÉNATEUR DE PRÉCISION du D: Bayeux (breveté S.G.D.G.) 1 Ampèremètre À cadran. h Voltmètre enregistreur le seul permettant d'effectuer les injections d'oxygène avec précision et sécurité. Appareils de mesure et de contrôle POUR LES SCIENCES ET L’INDUSTRIE aux Expositions Fondateur et successeur de la À ewosem JULES RICHARD, sé. ! Liége 1905, Lyon 1914: 25, Rue Mélingue {anc. imp. Fessart), PARIS, XIX: Adresse télégraph, : 1! 10, rue Halévy (près l'Opéra). Enregistreur-Paris Téléph. Nord19.63 | HORSCONCOURS ExPosITION ET VENTE : ; | MEMBRE DU JURY Envoi des Notices illustrées'sur demande. {| IL 117 | Ancienne Maison CH. VERDIN, #, 63, |G. BOULITTE, Succ k Ingénieur-Construeteur à PARIS 15 à 21,rue Bobillot,PARIS(13:) (anciennement 7, rue Linné) Appareils de précision | pour la PHYSIOLOGIE et la MÉDECINE “ENREGISTREURS, MOTEURS ÉLECTRIQUES A VITESSE CONSTANTE, CHRONOGRAPHES, CHRONOSCOPES, SIGNAUX ELECTROMAGNÉ- MTIQUES DE M. DEPREZ, ÉLECTRODIAPASONS, “MANOMÈTRES, DYNAMOMÈTRES, SPRYGMO- à GRAPHES, ETC. | [Mcaux libres et sur la valeur variable de l’affinité de la liaison “du carbone. — Dennis : Sur le germanium. — Scnencx : Sur “l'hydrogène germanié. — WieLanp : Sur le cours des réac- tions organiques. — Cenrverszwer: Radion. Proposition d'une petite unité de masse. — Piccarp : Couleurs d'absorption de econd ordre. — BOoDpEeNsTEIN : La formation photochimique du phosgène. — KaïLAn : Sur la formation directe et indirecte des éthers dans la glycérine pauvre etriche en eau. — KL:- ENC : Sur quelques rapports nécessaires entre les propriétés physiques de substances organiques isomères — Apr: Un fhexemple de catalyse calculable à l'avance. — ZÉLINSRY : À |_ propos de l’action des rayons du radium sur le cyclohexène. he Journal of tife American chemical Society (Easton, Pa.), . XLIV, n° 40 (Oct.). Faces et MorreLL : La vitesse d'inver- ans H et Hg et nouv. méth. pour mesurer les potentiels ionisation. — Browne et Horz: Nouv. expér. de cours avec lac. azothydrique et les triazotures. — Ip. et Ip. : Réact. ntre N5K et 1 en prés. de CS?. — VoseurGu: Le bichromate “de K comme étalon en iodométrie et détermin. des chromates par la méth. à l'iode. — Tscaupy: L'effet de la variation de oids des cavaliers et des plumes de la balance Westphal sur exactitude des détermin. de gravité spécif, — Larimer : La TEE Eu force thermo-électr., l'entropie des électrons et la chaler- spécif. des métaux aux hautes températ. — EPpey et Vous BURGH : Titration électrométr. du bichromate avec le sulfaet ferreux. — Mc Gti : L'emploi des nouv, indicateurs dans Ja titration des alcaloïdes. — Wirrrams et FEeRGusON : La diffusion de Het He à travers les verres. — MELLON : Détermin. de Pb dans l’amalgame de Pb. — Anis : L'activation sélective de l’alumine pour la décarboxylation ou la déshydratation. — WELLs : Détermin. de la silice dans l'eau de mer filtrée. — Harvepet Pransries : Etude de la vitesse d’'hydrolyse de l’acé- tate d’éthyle. — KraAus et Bisnor : La conductance de Naï dans l’alcool amyl. aux très basses concentr, — TarraR et GaiLry : Rôle de la concentr. en ions H dans la précipitation des colloïdes, — WiiLarn et Hauc : Sépar. et détermin. du Co. I-HI. — Wiccarp et HALL: Sépar. du Cn au moyen de l'ac. phénylthiohydantoïque. — Wirrarp et Smiru : Le per- chlorate de Mg comme dessiccateur. — Bozortu : La structure cristall. de Cd 12. — Macreov, Prunp et KicpaAtrick : Dér. dinitrés du p-dichlorobenzène. — Evans et SrFrON: L'oxyda- tion de l'alcool isopropyl. par le permanganate de K. — Ip. et In. : L'’oxydation de l’acétone par le permanganate.— HexL: Les phytostérols du pollen de jacobée, — Noyes et GOrBEL : Catalyse de la formation et de l’hydrolyse de l'acétamide par lac. acétique, — Brisier et Jones: Etude de la 1-hydroxyl- 88 aminoanthraquinone et quelques-uns de ses dérivés. — UPsON et Sanos : La décompos. des amines à l'état de vapeur, —Dains, TaompsoN et AsSENDORE : Les formamidines. X, Thioimidazolo- nes, — BRWwoNE et Ho : L'azido-dithiocarbonate de K. — LaNGLEY et Abpams: Condensation de certains nitriles et de divers polyhydroxyphénols pour former des ac. phénoliques. — WuaweLen et Naiman : Etude sur les hydroxynaphtoquino- nes. V. — CukisTiansEen : La teneur en S de l’arsphénamine et sa relation avec le mode de synthèse et la toxicité. IE. — BLair et Branam : Mécanisme de la formation de la guani- dine dans les melauges fondus de dicyanodiamide et de sels d'Am.— Bocenxrtet Cnen : Rech. sur les composés organ. sélé- niés. |. — Hiiz et KeLseyx : Rech. sur les thiocynates et les isothiocyanates. 5° Sciences naturelles Comptes rendus de la Société de Biologie, t. LXXXVII, n° 29 (14 octobre), Bazreano : Recherches sur l'élimination du bacille d'Eberth et des paratyphiques chez les cobayes. — Doyox : Présentation de pièces. Os poilus. — Emire Weux, Bocace et Iscu-Waze : Les variations du temps de saigne- ment experimental chez la femme enceinte. — Knouvine-De- LAUNAY : Un anaérobie de l'intestin humain digérant la cellu- lose. — LéGer et BauRY : Microfilaire sanguicole du renard africain Fennicus dorsalis Gray. — LEGER et BéDier : Hémo- grégarine du Cynocéphale : Papio sphynx E. Geoffroy. — Io. et 10. : Piroplasme du renard d'Afrique; l'ennecus dorsalis Gray. — Mais, Bourrier et IokGouLesco : Etude bioélinique sur la réaction du benjoin colloïdal dans 105 cas d’affections neurologiques. — NaG£OTTE : A propos de la note de E. La- guesse intitulée : «Le tissu conjonctif périchordal dérive-t-il d’un réseau de fibrine ou d’un mésostroma? » — NAGEOTTE : Remarques sur l’ostéo-radio-nécrose deCIl. Regaud. — Picano: Germinatiou brusque du pollen dans l'extrait d’ovule homolo- gue. — Rapovici et CARNIOL : A propos de l’inexcitabilité périodique réflexe. — ReGAup et LAGASSAGNE : À propos des modifications déterminées par les rayons X dans l’ovaire de la lapine. — WinrReBerT : La voûte palatine de Lysorophus. = N° 30 (21 octobre). Bossan et Bauoryx : Nouveau procédé d'isolement du bacille tuberculeux dans les crachats. — Du- Mas et Comgresco : L'intoxication dysentérique du cobaye. — Fasre: Détermination de la pression artérielle maxima par la méthode oscillométrique. — LéGEr et Bébrer : Passage du Spirochaeta crocidurae à travers le placenta, — Pourcaro : Sur la membrane des cellules adipeuses. — Ricuet ris: A pro- pos de la note de M. J. Balteano. — Varis : Pouvoir antigène des bucilles diphtériques dans la réaction de fixation de la tuberculose. — Vic\es et Hermer : Sédimentation des globu- les rouges et gestation. Bulletin du Muséum National d'Histoire naturelle, 1922, n0 5 (4°® juin). R. Anrnony et O. LaGOTALA : A propos d'un étui caudal de Tatu (Praoppus) Kapplerti Kr. (figs.). — J. BERLIOZ : Et. de la coll, d'Oiseaux rapportée par la Mission Du Bourg- de-Bozas de l'Afr. tropic .(1902-1903) (suite), — J. Pece- GkIN : Poissons nouv, de l’Afr. orient. — Ip. : Sur l'habitat du Barbus figuigensis Pellegrin. — F, AnGeL : Rept. et Batr. recueillis dans l'E. et le S. Afr , en 1913, par la Mission de M. Guy Babault. — Mme M. Paisazix : Le venin cutané mu- queux du Triton alpestre (Molge alpestris Laur.). —Tn. Monon ; Gontrib. à l'ét. faunist. des Isopodes de Frañce (fin) (fig.). — L. FAGe : Matériaux pr servir à la faune des Arachn, de Ma- dagascar (1) (fgs.). — M. Pic : Contrib. à l’ét. des Atlalus du s,-g. Mixis Ab. (Coléopt. Malachiidés;. — En. Lamy : Note sur les Mytilus strigatus Hinds, falcatus d'Oxb. et sinua- tus Dunker. — H, LEecouTe : Sur une Rubiacée arborescente de Madagascar. P. Dancuyx : Une Caprifoliacée nouv. d'Indo-Chine, — A, CHevaLier et Mlle A. Camus : Un Bam- ‘bou nouv. de Cochinchine. — Mile A. Camus : Note complém, sur une Graminée, le Gigantochloa cochinchinensis À. Camus. — J. Jérôme : Un cas curieux de retour ancestral chez le Pelargonium Madame Salleron (fig.). — P. H. Fnrrez : Con- trib. à l’ét. des Flores tertiaires, d'après les matériaux du Muséum. = N° 6 (20 juin). J. Brrr10Z2: Id. (fin). — F. AN- GEL : Sur deux esp. nouv. de Grenouilles, (d'Afrique et de Chine, appartenant au g. Rana. (figs.), — G. Perir : Les Périophthalmes, Poissons fouisseurs. — Ko, Le Cekr : Descr. d'un Anæa nouv. du Mexique orient, — A. Boucomont : Mis- sion Rohan-Chabot 1914 : Diagn. de deux esp. uouv. de Coléop. Scarab,. du g. Pedaria. — À. Husracne : Diaga. prélim. de Curculionides de Madagascar (Il). — M. Pic Nouv. Ccléopt. Malachides. — A. Bavay: Sables littoraux de la Mer des Antilles provenant des abords-de Colon et de Cuba (figs.). — En.Lamy :Les Plicatules de la Mer Rouge. — P. DanGux et H. CuerMezoN : Sur qq. esp. et var. nouw. de la Républ. de l'Equateur. — Mile A. Camus : Graminées SOMMAIRES DES JOURNAUX SCIENTIFIQUES — Mlle Langaup : Anomalies dans les fleurs de l'Armer alpina Willd. — P. H. Fire : /d. (surte). Annales de l'Institut National Agronomique, 2e sér., t. XV Kaxser : Contrib. à l’etude des Azotobacter. — 1. et DEL vAL: Phénom. symbiotiques des ferments alcool. et lactiques Ménaxo : L'oasis saharienne de Laghouat. — RiNGELMANN Les travaux dela ferme.— Nornin : Saccharificalion et proté lyse du maïs. Applic. aux fabriques de levures. — PAasseL GUE : Les moteurs d'appareils de culture mécanique. Bulletin de la Société Zoologique de France t. XLVII, n#6 et (15 octobre). E, Bucnion : Note relative à l’Ameles Spallan ztana. Structure de l’oothèque. Eclosion des jeunes laryes — Cu. Joyeux, Ca. Ricusr fils et E, Scnuzmann : Descr. d'u Cénure trouvé chez la Souris blauche de laboratoire. — JEAN Roy : S. les Copédodes libres de la Côte-d'Or. — L. AN Lanrz : Révis. des Reptiles décrits dans le « Journal dé} Voyage » d’Ivan Lepéchin, — Jacques Miicor : SignificAl biol. de l'argenture des Poissons. — Cn. CHampy et PIERKE GLey : La glande du testicule des Blennies et sa signifie. P. WinrreBEnt : L'évol. de l’appareil ptérygo-palatin chez les Salamandridæ, — M, Pic : S. divers Nanophyes Sch. exo= tiques. — J, PELLEGkIN : Poissons du Gribingui. = H. W BROLEMANN : Liste des Myriapodes de l'Acad. Malgache, de Tananarive (1). — R. Lecenoke : Note sur des Salpes obse vées à Concarneau. — ED. Carton et H. Haranr: Notes sud les Copépodes Ascidicoles, XIII. £Znterocolides caudatus,n, y: n. sp., et l’évol. des péréiopodes, — Rapaup : La saignée réflexe des Coccinelles. — M, F. AnGeL : Notes herpétolog4 — TeissiEw : Sur le dévelop. et la valeur morphol. du gonos phore de Dynamena pumila L. — Ta. Mono» : Sur un Dick laspis de Madayascar, commensal de Scylla serrata (Forskall} — À. Micor : Sur les rapports entre la formation du sque- lette et le mode de fixation chez les Cælentérés. — HW BROLEMANN : /d. (suite). — R. Pn. Doiurus : Cyclobothrium -Charcoti n. sp., Trématode ectoparas. sur Minertia æstroidesm] (Risso) (1). 6 Sciences médicales À Bulletin de l’Académie de Médecine, t. LXXXVIII, n° 32 (10 octobre). Hayxeu : Le’ diagnostic de l’ascite par la percus=« sion, — BALTHAZaRD : Electrocution par courant alternatif de 4140 volts. — Doumer : Introduction électrolytique du cuivre dans l'organisme. — Témoin : Traitement chirurgical de } péritonite tuberculeuse. — PEscher : L'anhématosie. — N° 33 (17 octobre). ARLOING, LANGEkoN et Besnort ; Anaphy= laxie respiratoire expérimentale, Influence localisatrice des lésions tuberculeuses pulmonaires sur les accidents anaply= lactiques du cobaye. — Ip. et In. : Sur les conditions et le mécanisme de production des leucopénies dans les crises hé moclasiques provoquées en dehors du choc anaphylactique — N° 34 (24 octobre). MakiE : L’aliénation mentale en Egypte au cours des derniers trente ans. — Le Noir : Bicarbonate de soude et traitement de l'ulcère gastro-duodénal., Son ad- ministration par voie reclale. — pe Massary Formes séreuses de l'endocardite végétante. Bulletin mensuel de l'Office international d'Hygiène publique, dl} t. XIV, n° 9 (Sept.). LuTRakio : La réapparilion de l'encépha lite léthargique en Îtalie en 4922. — Rapport du Service fédé= ral suisse de l'Hygiène publique en 1921. : J The Journal of industrial Hygiene (Boston), t. 1V, n° 6 (Oet.) Beproro : La courbe idéale de travail. — Hi et CamPBeLL Le pouvoir refroidissant de l'atmosphère et le confort duran le travail. — Minor : Détermin, du mercure dans les fourru res et le feutre. — Cozzis : La mortalité des mineurs de houille en Angleterre er au Pays de Galles. — Couxs : L'examen mé dical des employés. — Broucuron : Les enregistrements 4 travail dans les usines. 7° Géographie et Colonisation Bulletin du Comité d'Etudes historiques et scientifiques de l'Afrique occidentale française, n° 2 (Avril-Juin), HUBERmS Etudes hydrolog. en vue de l'alimentation en eau des ville de Dakar et de Rufisque (Sénégal). — Lécer ‘et Teppaz « horse-sickness » au Sénégal et au Soudan français.— FEvEz" Itinéraire de Oualata à El Ksaïb. — Varraup : Coutume fu néraire des Sérères. — Renaup : Etude sur l'évolution dei Kel Gress vers la sédentarisation. — Mopar : Aperçu sur Je société maure de l'Adrar. — ALQuIER : Saint-Louis du Séné gal pendant la Révolution et l'Empire. : The Scottish Geographical Magazine (Edimbourg), t. XXXVIWS} n° 4 (15 oct.). Newg1Gin : La Géographie humaine : premiersy | principes et applic. -— FAwWGETT : Quelques facteurs géographs dans la croissance de l'état. — GauLp : Agriculture et pop: lation dans le Galloway. SuPPLÉMENT A LA Revue générale des Sciences DU 30 NoveMBrE 1922 89 ————————_—_——————…——_—— LIVRES REÇUS Tous les livres reçuspar laRevue sont signalés sous cette rubrique avec une brève indication de leur contenu, sans préjudice de l'ana- lyse critique dont ils pourront étre ultérieurement l'objet dans la partie bibliographique de la Revue. 1° Sciences mathématiques HAAG(J.) : Cours complet de Mathématiques spéciales. TomelIll: Mécanique. 1 vol. ïin-8° de vi-192 p. avec 29 fig. (Prix : 12 fr.). Gauthier-Villars et Cie, Paris, 1922. L'auteur expose les notions de Cinématique,Statique et Dyna- mique du programme de Mathématiques spéciales,en débordant parfois ce cadre, et en les accompagnant d'un grand nombre de problèmes qui se présentent couramment en Physique ou dans l'Industrie. MICHEL (E.) et POTRON (M.) : Zé composition de Mathéma- tiques dans l'examen d'admission à l'Ecole Polytechnique de 1901 à 1920. 1 vol. in-8° de 452 p. avec fig. (Prix: 40 fr,). Gau- thier-Villars et Cie, Paris, 1922. Ce volume se divise en 2 parties : 1° solutions développées des problèmes donnés au concours d'admission à l'Ecole Polytechni- que de 1901 à 1920; 2° recueil méthodique des applications immé- ‘diates des cours de Mathématiques spéciales rencontrées dans les problèmes précédents. Cette seconde partie sera particuliè- rement utile aux candidats. KRAITCHIK (M.): Théorie des Nombres. Préface de M. M. D'OcaGxe. 1 vol, in-8° de 230 p. avec Tables (Prix: 25 fr.). Gau- thier-Villars et Cie, Paris, 1922. J Cet ouvrage constitue un exposé des éléments proprement dits de la Théorie des Nombres, et sert d'introduction à cette théorie. On y trouvera, en particulier, des procédés opératoires sûrs, faciles et rapides permettant d'effectuer les « criblages »sur des ‘ensembles de nombres considérables. KENNELLY (A. E.) : Les appucations élémentaires des fonc- tions hyperboliques à la science de l'ingénieur-électricien. 1 vol. in-8° de 154 p. avec 31 fig. (Prix: 15 fr.). Gauthier-Villars et Cie, Paris, 1922. Cet ouvrage développe la matière d’une série de conférences données par l'auteur en France dans diverses Universités et Ecoles électrotechniques. * POPPOVICEH (N. M.): Die Lehre vom diskreten Räaum in der neueren l’hilosophie. 1 vol. in-8° de 89 p. avec 10 fig. W. Brau- muller, Vienne et Leipzig, 1922. L'auteur étudie les questions suivantes: l. Histoire du pro- blème de l’espace; 2. Wolff et ses continuateurs. 3. Boscovich etles finilistes français; 4. La théorie de l’espace discret dans la philosophie anglaise. 5. La théorie de l'espace intelligible de Herbart. 6. La théorie de l’espace discret biforme, 2° Sciences physiques MANSON (Marsden) : The Evolution of Climates.1 broch. in-8° de 66 p. The Lord Baltimore Press, Baltimore (U.S.A.), 1922. L'objet de ce travail est d'offrir une interprétation des causes, ‘des conditions et des principes de contrôle des climats que la Terre a subis pendant les âges géologiques et l'ère moderne. MAREC (Eug.): La force motrice électrique dans l'Industrie. Préface de M. P. JANET. 1 vol. in-8° de 614 p. avec 541 fig. (Prix: 55 fr.). Gauthier-Villars et Cie, Paris, 1922. L'auteur prend le matériel à sa sortiede chez le constructeur, fait ressortir ses propriétés caractéristiques, montre comment on doit l'installer, l’alimenter, l’entretenir, localiser ses avaries, Al étudie l’organisation générale des services électriques d’une usine et passe en revue les principales applications industrielles des moteurs électriques. TOCHÉ (Carlo) : La Radiotéléphonie. Préface de M. le Général FERkE. 1 vol. in-4° de 98 p. avec 44 fig. (Prix: 10 fr.). Gau- thier-Villars.et Cie, Paris, 1922. L'auteur expose ici, à l’usage du plus grand nombre, des no- tions nettes sur le principe de la radivtéléphonie, les appareils qu’elle met en œuvre, ses avantages, ses difficultés et son avenir. . LEIGHTON (A.): Application of the geophone lo mining ope- rations. 1 broch. in-8° de 33 p. avec 14 fig. et 2 pl. (Prix: 10 cents). Technical Paper 277 du Bureau of Mines.Government Printing Office, Washington, 1922. Description du géophone, appareil destiné à déceler les sons transmis par la terre, et de ses applications dans les opéra- tions mimères, en particulier dans les travaux de sauvetage. NEAL (R. O.)et PERROTT (St.J.): Carbon black, Its manu- facture, properties and uses (Bulletin 192 du Bureau of Mines). 1 broch. in-8° de 95 p. avec 17 fig. et 14 pl. (Prix: 25 cents). Government Printing Office, Washington, 1922. Description de la fabrication du noir de fumée au moyen du gaz nature] aux Etats-Unis et de ses propriétés et emplois. DYKEMA (W. P.) et CHENOWETH (A. A.) : Design and ope- ration of a low-pressure absorption plant (Technical Paper 263 du Bureau of Mines). 1 broch. in-8° de 42 p. avec 14 fig. et 1 pl. (Prix: 10 cents). Government Printing Ofice, Washington, 1922. Description d’une installation d'absorption à basse pression pour la récupération de la gazoline du guz naturel aux Etats- Unis. 3° Sciences naturelles DALLONI (M.}: Za géologie du petrole et la richesse des gise- ments pétrolifères en Algérie. 1 vol. in-8° de 329 p. avec 48 fig. et 1 carte. J. Carbonel, Alger, 1922. Cet ouvrage résume les recherches effectuées depuis quelques années par l’auteur sur les gisements hydro-carburés de l'Algé- rie. La conclusion qui s'en dégage est qu'on ne peut aflirmer qu'il existe en Algérie d'importants gisements de pétrole. GRUVEL (A.); En Norvège. L'industrie des péches, 1 vol.in-89 de 170 p. avec 33 fig. et 24 pl. (Prix : 25 fr.). E.Blondel La Rou- gery, 7, rue Saint-Lazare, Paris, 1922. Après quelques considérations générales, l'auteur étudie les diverses pêches norvégiennes, y compris la chasse aux cétacés et pinnipèdes, leurs produits et sous-produits, et en tire quel- ques conclusions pratiques relatives à l'exploitation des pêches coloniales. TITCHENER (E.B.\: Manuel de Psychologie. Traduit par H. LesAcE. 1 vol. in-8° de 571 p. avec 65 fig. de la Bibiiothèque de Philosophie contemporaine (Prix : 35 fr.). Librairie Félix Alcan, Paris, 1922. Ce livre présente pour la première fois d'une façon systéma- tique les eflorts et les résultats de la psychologiedu laboratoire qui cherche à contrôler et à préciser par les procédés expéri- mentaux les données de l’introspection. c 4° Sciences médicales LEMATTE (L.): L'opothérapie du praticien. 1 vol. in-16 de 238 p. avec 3 pl. (Prix: 5 fr.). A. Maloine et fils, Paris, 1923. Ce livre est divisé en 3 parties. La première expose lestechni- ques à employer pour obtenir des préparations actives: la deuxième étudie les glandes et les Lissus utilisés ; la troisième décrit les applications de l’opothérapie aux différentes maladies de la pratique quotidienne. POZERSKI (E.): de la Collection d'Hygiène pratique et familiale (Prix : Librairie Delagrave, Paris, 1922. Ce livre est écrit par un physiologiste qui veut conseiller à des êtres normaux les règles d'hygiène alimentaire qu'ils doivent suivre pour rester normaux, c'est-à-dire bien portants, Hygiène alimentaire. 1 vol. in-16 de 181 p. 6 fr.). LEYY (Edw.): Compressed-air illness and its engineering im- portance (Technical Paper 285 du Bureau of Mines). 1 broch.in-8° de 48 p. avec 10 fig. et 13 pl. (Prix : 10 cents), Government Printing Office, Washington, 1922. Etude des problèmes physiologiques posés par les travaux des mines et les travaux souterrains, en particulier des méthodes proposées pour obvier aux effets sur l’homme de l'augmentation de la pression atmosphérique (maladie des caissons). 5° Sciences diverses DEONNA (W.) : L'Archéologie. Son domaine, son but. 1 vol. in-16 de 284 p. dela Bibliothèque de Philosophie scientifique (Prix: 7 fr. 50). Ern. Flammarion, Paris, 1922, L'auteur montre combien est féconde pour tous la connaissance archéologique ; il insiste sur la nécessité d'en concevoir l'étude comme une psychologie, une philosophie, et non plus seulement comme le déroulement de faits historiques ou esthétiques. _—_—_— #2 _____…—……———…—…— .————…—…—…—….…". _—"… …_…—….…—…—…—…—…—…—…—…—…—…—…——…—…—…——…—_—…—_—.———_û0û0û0"0 SOMMAIRES DES JOURNAUX SCIENTIFIQUES 1° Périodiques généraux Bulletin de la section scientifique de l'Académie Roumaine (Bucarest), t. VII, n°° 7-10. Onicesou : Sur les zéros des fonc- tions & (s). — Leon : Un proc. plus rapide pour la prépar. microscop. des œufs des Helminthes. — Jexkxuivs : Le Juras- sique moyen et supér. dans la région de Hagimasul mare en Transylvanie. — Ip. : Remarques sur quelques fossiles du calcaire tithonique de la Transylvanie occid. —= T. VIII, n°*1-2. Marinesco: Rech. sur les ferments oxydants. PeTrescu : Plantes aquatiques de la flore de Moldavie. — WKareen : Nouv. évaluation de la pression interne des liquides. :Criterium de l’assoc. des moléc. dans un liquide. Proceedings of the National Academy of Sciences of the U.S. | of America (Easton, Pa.),t. VIII, n° 10 (Oct.). BLuMBERG : Nouv. prop. de toutes les fonctions réelles. — Mooke : Les limites généralisées dans l'analyse générale, — Bunrine : : Note prélimin. sur le Tetramitus, stade dans le cycle évolutif d'une Amibe coprozoïque.— PEARL et Le BLanc : Nouv. note sur l'indice d'âge d'une population. — Noxes et WiLsON : L'ionisation thermique des éléments gazeux aux hautes tem- pérat. — HaLz : Une théorie électronique de la conduction électr. dans les métaux. — Barus: La déviation statique, le décrément logarithm. et la première demi-période de l’ai- guille gravitante dans le vide. Journalofthe Washington Academy of Sciences (Easton, Pa.), t. XII, n°17 (19 oct.). WasuiNGron : Un éclat de jade tra- yaillé de Copan. — BLake : Deux nouvy.esp. de Peratinera. NES D ED 8 NUS D 0 80 8 FTP U A EN D Appareil Fans Enseignement to Adopté par le < Admis, sans + Ministère de l’Ins- cabine, dans les truction publique, È : A D ur ME MERS 2 27 séances publiques les Universités, PER AT AA ET TN par la Préfecture les Facultés, les << de Police << Grandes Ecoles. CE Dan CT PANNERTZ ROAREZEZEEAEEEEEEEXEEEENTENTE XX EEEXYEYYTX Construit par les Etablissements CONTINSOUZA SIMPLE — ROBUSTE — STABLE — LE PLUS LUMINEUX . Permettant l’arrêt sur les images du film Le meilleur appareil pour les conférences et l’enseignement Service de l'Enseignement — Pathé Consortium Cinéma 67, Rue du F'aubourg-Saint-Martin; PARIS (10° ‘ RU A EUR RE RER A RE SRE GE RE RS SE RER ANERENERAMENARNRE (ARRRRARARARRARERELELRALIIIS o+h#+tt+4+tt+#444 + Lo | run (LL Acoustique CEE Electricité Pesanteur Fydrostatique Celeur V.M.M. : 11, rue Blainville Bureaux | PARIS (V:) FN CL a ARGUS DES SCIENCES Gratuit CATALOGUES Occasions Scientifiques Û AGOE À} WA 1] à NITRIQUE RE LEP EE | Appareils de mesure ef de contrile POUR LES SCIENCES ET L'INDUSTRIE Ampèremètre à cadran, ENREGISTREURS BREVETÉS S. G. D. G. écrivant à l'encre leurs indications d’une façon continue sur papier se déplaçant en fonction du temps. MÉTÉOROLOGIE Actinomètres, anémomètres, anémoscopes, baromètres, hygromètres, pluviomètres, psychrémètres, thermomètres enregistreurs. MÉCANIQUE Dynamomètres de traction, de rotation, enregistreurs. Indicateurs dynamométriques système Richard. Manomètres enregistreurs et à cadran. Cinémomètres enregistreurs ou à cadran donnant d'une façon absolue la vitesse en mètres par seconde ou le nombre de tours par minute d'un arbre, d'une machine, etc., etc. INDUSTRIE Indicateurs de niveau d'eau enregistreurs transmetteurs à distance. Hydromètres enregistreurs. Manomètres enregistreurs où à cadran. Thermomètres avertisseurs, à cadran, enregistreurs. Pyromètres, ete., etc. ÉLECTRICITÉ L Ampèremètres et voltmètres enregistreurs où à cadran. Wattmètres enregistreurs. Ohmmètres. Boîtes de contrôle, ete. PHOTOGRAPHIE Le Vérascope, Le Glyphoscope, Le Taxiphote, brevetés S. G. D. G. (Voir le numéro précédent.) Baromètre enregistreur Voltmètre enregistreur OXYGÉNATEUR DE PRÉCISION du D: Bavæux (breveté S.G.D.G.) le seul permettant d'effectuer les injections d'oxygène avec précision et sécurité. 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I, n° 1, Bravo : La réyion côtière des départem. de Tumbes et Piura. — Gauprox : Le poids des racines de Manihot utilissima et ses rapports avec la fascia- tion des tiges. — PLaza : Sur la géologie des Pampas. — REBAGLIATI : Sur une cause d'erreur dans le diagnostic dé la fièvre de Malte, — Garcia : Valeur aliment. de la lücuma. — DE LOsaADA Y Puca : Etude du cas-limite dané la théorie des pièces d'égale résistance à la compression. — Lisson : Con- trib. à l'étude de quelques Foraminifères tertiaires provenant du nord du Pérou. — Tagusso : Culture du Bac. Chauvæi en prés. de l'air. — Monce : Les hépatopathies inflammatoires. Sur une forme de réaction instersticielle du foie dans la dysenterie amibienne. — pe LosapA y Puca: Discussion d’une formule d’Einstein. — Porrocarrero : Le volume de matière arrachée au Continent par les cours d'eau de la côte péru- vienne. The Philippine Journal of Science (Manille), t XXI, n° 1 (Juillet). Pexxins : Fabrication de certaines drogues pour le traitement de la lèpre. — Core : Fabricationde l’alcoolindus- triel et de l'alcool pour moteurs aux Philippines. — WeLLs et Perkins ; L'emploide fumées sulfureuses dans la dessiccation du copra. — Weise : Hispinées de l’ancien monde.— Shaw : Merrillosphæra,nouv. genre de Volvocacées. 2 Art de l’Iugénieur Revue universelle des Mines, de la Métallurgie, des ‘Tra- vaux publics (liége), t. XV, n° 3 (1% novembre). STRAUVEN : Calcul du travail maximum d’un moteur à Combustion interne. — Mori : Effets de pression de terrains dans les exploita- tions houillères. — Cousin : Considérations économiques sur le choix du lit de fusion. — Dumanrin : Méthode de réglage de la vitesse des moteurs électriques de laminoirs. Journal of the Royal Society of Arts (Londres), t. LXX, n° 3650 (3 nov.). Ravcrirre : Les constituants des huiles essentiel- les, II1. 3° Sciences physiques The Physical Review (Lancaster et New-York), 2° sér., t. XX, n°3 (Sept.). MorGax : Les constantes opt. des alliages Na-K. — Fosrer : Intensités relatives des composantes de l'effet Stark dans le spectre de l’He. — Heixpcorer : Etude mathémat. des diverses hypothèses sur la trempe ;rapide BATEMAN : Le tenseur tension-énergie dans la théorie tromagnét. et une nouv. loi de force. — Hair et Paynr : La variation de l'indice de réfraction de l’eau, de l'alcool éthyl, 92 SOMMAIRES DES JOURNAUX SCIENTIFIQUES et de CS? avec la températ. — Hizz : Mesure de la pression de : la vapeur de Hg au moyen du calibre de pression de Knudsen. — WauLiw: Sur l'effet du veillissement dans la mobi- lité des ions gazeux positifs. — KLremaAn : Effet des subst,. dissoutes sur le dépôt des particules colloïdales d'une sol. au moyen du courant électr. — CasweLL : Les effets Hall-Ettings- hausen, Nernst et Leduc dans le Cd, le Niet le Zn. Scientific Papers of the Bureau of Standards { Washington), n° 433 (10 avril), Souper et Hipxerr : Dilatalion thermique de quelques aciers. == N°434 (17 avril). ViNAL et ALTRUP : F.é. m. des piles aux basses températures. == N° 435 (27 avril), RawDon et LoreNTz : Réactifs d'attaque pour la mélallographie. 11. Pour les alliages de Cu, le Niet les allia- ges « du Ni, = N° 436 (2 mai). PETERS et Boxp : Méthodes d'interférence pour étalonner et essayer les calibres de préci- sion. —— N° 437 (5 mai). JAcksoN et SILSBEE : La solubilité du dextrose dans l’eau, — N° 438 (12 mai). Co8enrz : Essais de radiomètres stellaires et mesures de la distrib. d'énergie dans les spectres de 16 étoiles. == N° 439 (5 mai). Davis et WaLTers : Sensitométrie des émulsions photograph. et carac- téristiques des plaques et des pellicules de fabrication améri- caine. == N° 441 (24 mai). MEGGERS et Buans : Notes sur les spectrographes et les tubes pour spectres donnant des lon- gueurs d'ondes étalons, = N° 442 (31 mai). Kiess: Mesures de longueurs d'onde dans les spectres d’arc de Nd et Sa. Bulletin dela Société française des Electriciens, 4° sér.,t. 11, n° 17 (Juillet). IGLÉs1S : Autobus électr. à trolley, dits «trol- leybus », — PÉRipieR : L'omnibus à double trolley étudié par la Soc. des transports en commun de la région parisienne, — Durizm : Les transmissions électr. dans les engins de guerre (tanks, locomotives pétroléo-électr.). = N° 18 (Aoùüt-Oct.). Fricow: Etude expérim. sur les pertes d'énergie dans quel- ques diélectriques industr. soumis à une différence, de poten- tiel sinusoïdale, — PionnieR: Sur les conditions imposées pour la fourniture des lampes à incandescence quant à leurs caractéristiques lumineuses et électr. Bulletin de la Société chimique de France, t. XXXI-XXXII, n° 10 (Octobre). RicHarps : La signification actuelle des poids atomiques. — Moureu : La troisième Conférence de l’Union internat. de la Chimie pure et appliquée. — BLANCHETIÈRE : Action de la glycérine à chaud sur l'acide glutamique. Obten- tion de l'acide eyclo-glutamyl-glutamique (ou acide 2.5-diaci- pipérazine-3.6-dipropionique) et de l'acide glutamyl-gluta- mique, — Boupouarp et LerrANC : Etudes sur les argi- les (I) : matières premières ; leur composition chimique. — Cuisinier : L’hyposulfite double de Biet Na ; sa préparation et son emploi dans le dosage des sels de K. — DucLaux : Cata- lyse de l’eau oxygénée par les sels ferriques. — FLOKENTIx : Sur l'oxydation chromique des différentes variétés de carbone et de houilles, — FourneAU et SANDULESCO : Sur le dédouble- ment de l’acide phénoxypropionique et de l'acide orthonitro- phénoxypropionique en leurs composants actifs. — GAULT et Weicx: Rech. sur l'éther phénylpyruvique(suite).— GRIGNARD et Purpy: Sur l’oxyde d'éthyle-«. 8’-dichloré.— PoLonovski (Max et Michel) : Nouvelle recherche dans la série de la pilo- carpine. I, Nitropilocarpine et nitroisopilocarpine. — San- FOouRCHE et Li£sAuT (Mile) : Sur les hydrates de sulfure de sodium. — TassiLLx : Sur le traitement de l’aluminium avant son nickelage. Zeitschrift fur Elektrochemie (Leipzig), t. XXVIII, n° 40 (17 oct.). OsrwaLp : Quels progrès a provoqués la nouv. théo- rie des couleurs ? — ARRHÉNIUS ; Régularités physico-chim. dans les phénomènes cosmo-chimiques. — GoLpscamipr : Les échanges de matière de la Terre. — Baur : La différence de potentiel entre deux phases liquides. Chimie et Industrie, t. VIII, n° 4 (Oct.). Nicozarpor : Le Con- grès internat. des combustibles liquides. — Frion : Le chauf- fage au charbon pulvérisé des chaudières et des fours en général: — NoeLrinG : Contrib. à l'étude des colorants à mordants, -— SUNDER : La teinture destissus de coton en bleu au campêche, — pe Vans : L'industrie de la cellulose en France. — GLÉMENT et Rivière : La synthèse de la nacre. — ErckmManx : Le verre « Pyrex ». — Fnoipevaux : Sur le do- sage de l'azote ammoniacal dans les mat. organ. — KaukL : Madagascar, source française de radium. & Sciences naturelles Comptes rendus de la Société de Biologie, t. LXXXVIL, n° 34 (23 octobre). AzouLaY : La cause du rapprochement provoqué des feuillets de Russula queletii (Fr.) Bat. — Desuiexs : Trans- fusion sanguine et fièvre aphteuse. — Fiscner : Equilibre colloïdal des sérums sanguins normaux ou patholog. — GueyLarD (Mlle F.) : Variations de poids de l’'Epinoche pas- sant de l’eau douce dans des solutions de NaCl à différentes concentrations. — HAupuxox : De l'action du sérum anti- dysentérique sur la lÿse du bacille de Shiga par le Bactério- phage de d’'Hérelle. — In, : Sur les lysines du Bactériophage de d'Hérelle, — MozrARD : Infl. de la nature de la source d'azote sur la production des acides organiques par le Sleris- matocystis nigra. — PRENANT : Sur les ferments oxydants nucléaires et cytoplasmiques et sur leur importance physio- logique. — SrériAn : Contrib. à l'étude de l'identification des sérums thérapeutiques én vitro. — TARGOwLA et MUTERMILCH : Sur le syndrome humoral de la sclérose en plaques. — We- BER : Toxicité du milieu intérieur des Urodèles pour leurs œufs. — Bornoer : Obtention de principes de faible puissance dans l'autolyse microbienne transmissible, — DursBerc ; Sur l'origine de l'axe de soutien dans la queue régénérée des Am- phibiens Urodèles. — Kucermass : Changements de la vis- . Journal of the Marine Biological Association of the United cosité et du degré de transparence pendant la coagulation du sang. — Jo. : Infl. de la concentr, de divers constituants de la solution de thrombine sur la vitesse de la coagulation d sang. — LePLar : Etude des modifications provoquées dans les deux yeux par une contusion oculaire unilatérale. MuLLer : Un nouv. procédé de différenciation des micro des types coli et {yphosus. — PETITIEAN : Infl. de la coagul tion sur la teneur du sang en azote aminé, — VAN LAER Mere : L'acidité libre et son influence sur la reproduction des levures et des microbes. — Van Sacecuem : La sérothé rapie dans le traitement des trypanosomiases. — Jp. : L infections doubles à trypanosomes pathogènes. — 1p. : L'int palpébro-réaction dans le diagnostic des trypanosomiases, — N°32 (4 novembre). AcmarD et Taiers : Sur les réactions du liquide céphalo-rachidien dans la sclérose en plaques. — Besson el EuriNGErR : Sur un nouveau Bacille isolé des lui tres. — Bouveyxrox : Action de la lumière sur la tuberculine en solution colorée par l’éosine ou l'érythrosine. — CouLAup” Action des rayons X sur le corps thyroïde du lapin adulte. FAgr: et Penau : Sur le dosage de l'iode dans les extraits thyroïdiens. — GEssarD et VAUDKEMER : Divers modes de cul: ture du bacille tuberculeux. — Gox : Action du filtrat de Mucor sur le développement des cultures microbiennes. — Herrz : De la cholestérinémie chez les sujets porteurs d’arté rite oblitérante. — LABBé et Nerveux : L'excrétion azotée dans le jeûne. — LisBoNNE et CARRÈKE : Sur l'obtention d principe bactériophagique par antagonisme microbien. — Luquer : Sur la toxicité d’un glucoside arsenical : le di-glu= coside-dioxydiaminoarsénobenzol. — Uxir Un anaérobie œdématogène de l’appendicite. 4 À Rivista de Biologia (Rome), t. IV, fase, IV-V (Juillet-Oct.). PERKONCITO : La direction et l’enseignement de la Pathologie générale dans les Universités italiennes. — Perri : Existe-t-il une bioradioactivité ? — RAcan : Etude cuusale sur la pro: duction de petits œufs sans jaune et de l'ovum in ovo chez le poule, — PEensa : Le problème morpholog. — Cent : L'infl. de la vue sur la fonction du teslicule et sur les caractères sexuels internes, — DEesocus : L'hypophyse dans les lésion du RE — BorGuesan! : L'écologie végétale et ses applic. Japanese Journal of Botany (Tokyo), t. 1, n° 2. Nisnimura * Morphologie et développem. comparés du Poa pratensis, du Phleum pratense et du Setaria italica. — Kupo : Les Labiées d'Hokkaïdo. : Kingdom, n. 8., vol. XII, n° & (Oct.). R. S. CLaxk : Raïes, 1. Enveloppes des œufs et jeunes. — M. V. LeBoux : La nour- riture des organismes planktoniques. — A. Scorr : Sur la” nourrit. des jeunes Plies (Pleuronectes platessa). — E. For: Sur les stades jeunes des Blennius ocellaris (L.), pholis (L.) et gattorugine (L.). — In. : Sur les stades post-larvaires des Labres qui se trouvent aux environs de Plymouth. — E. W. NeLsox : Sur la fabrication des bouteilies dérivantes, — W. G. Arkins : La concentr. en ions H de l'eau de mer et ses conséquences biolog, — In. : La matière organique respirable de l’eau de mer. — Ip. La dibromo-thymol-sulfone- phthaléine comme réaclif pour déterminer la concentration en ions H de cellules vivantes, — Ip. : La concentr. en ion H des cellules de quelques Algues marines. — Ip. : Infl. d’un altération de la concentr. en ions H de l’eau de mer sur le cellules des Algues. — Ip. : Prépar. de formol définitivement non-acide pour la conserv. de spécimens calcaires. — MARIE M LeBour : Péridiniens de Plymouth, 1. Diplopsalis lenticula et ses alliés; I[. £ruviella perforata Gran de la Manche ; III Une n. sp. de Phalacroma. — T, A: Srepaenson : Le g. Hyanthus Forbes. — Marie V. Lesour et R. ELmnirsr : Con- trib. à l’histoire du Parorchis acanthus Nicoll, trématode paras. de la Mouette. — ErHeLwyNN TRewaAvas : Sur la pré- sence de l’Echinus esculentus dans la zone intercotidale su la côte de Cornouailles, . 5° Sciences médicales Bulletin de l'Académie de Médecine, t. LXXXVIIT, n° 35 (31 octobre). DesGnez, B1ErRkY et RATHERY : Le lévulose dans le traitement du diabète. — Hayem : À propos dela suppres= sion éventuelle du Ministère de l'Hygiène. — FiEssiINGER : L'examen médical des chauffeurs. — Carvor : L'opothérapie embryonnaire. — NOBÉcOURT : Quelques remarques sun l'usage interne de la teinture d’iode chez les enfants. — DORÉ : La vaccination jennérienne peut-elle provoquer un ictère hémolytique ? Ictère hémolytique coïncidant avec une encépha- lite myoclonique. == N° 36 (7 nov.). LaBRÉ : L'emploi du lévu- lose chez les diabétiques. — TurFiER La mortalité pal cancer et sa fréquence croissante (Discussion). — LEREBOuL- LET : Diphtérie et sérothérapie intensive. — Loir et LEGAN GnEux : Utilité de la vaccination contre la fièvre Lyphoïde: ARMAND-DELILLE : La guérison de la péritonite tuberculeuse par les grands bains de soleil. — Benorr : De l’infl. des ra diations lumineuses dans la pathogénie du cancer. \ E Annales de l’Institut Pasteur, t. XXXVI, n° 10 (Octobre) NicoLLe et CÉsanti : La phagocytose. — Panisset et VERGE © Ea réaction de déviation du complément dans le diagnostic de la tuberculose des animaux domestiques, — Rousaup : Les} mouches tsétsés dans l'Ouest Africain. , The Journal of industrial Hygiene (Boston), t. IV, n° 7 (Nov.): Garrns et O’Briex : Discussion de la méth. de Waller pour calculer la dépense d'énergie et résultats d’expér. faites pour déterminer cette dépense dans quelques tâches ménagères. Bunn : L'usage des tableaux avec marques dans les dispen- saires industriels, ÿ ‘ nl SUPPLÉMENT A LA Revue générale des Sciences pu 15 Décemnre 1922 93 INFORMATIONS Projet d'Observatoire au Pic Gerlsdorf (Tchéco-Slova- quie)\. — La partie de l'Europe qui appartient à la zone du climat continental et qui comprend la plaine sarmate, les pays des Sudètes et les pays des Karpates, — politiquement la Tchéco- Sloyaquie et la Russie, l'Allemagne, les Etats baltes, la Polo- gne, la Hongrie et la Roumanie, — manque encore d’un obser- vatoire méléorologique de grande hauteur qui compléterait utilement les observations faites en plaine. Déjà les pays des Alpes ont un certain nombre d'Observatoires de ce genre: la France celui du Mont-Blanc (l'Observatoire Vallot, 4.360 m.); l'Italie celui du Mont Rose (pointe Gnifetti, 4.560 m.); la Suisse au Sonnblick (3.100 m.) et au Santis (2.500 m.); l'Allemagne sur le Zugspitze (2.960 m.), mais la zone de climat continental n'a aucun observatoire, car la station météorologique du Babia- gura (1.725 m.) dans les Monts Beskides est trop basse pour pouvoir servir d'observatoire de hauteur. D'année en année, on a attribué une importance plus grande aux observations faites sur les hauteurs, soit pour l'observation du climat, en général, soit aussi pour la prévision du temps. La connaissance du temps en Europe est pour la Météorologie une tâche difficile à remplir et quine peut être assurée que par des observations régulières prises sur les hauleurs. Ces obser- vations sont importantes, au point de vue pratique, pour l’agri- culture et d’autre part au point de vue théorique elles sont utiles non seulement à la Météorologie, mais encore à toute une série de sciences apparentées : Physique, Géologie, Hygiène (Physio- logie, Climatothérapie, Héliothérapie), et en fin de compte l'in- dustrie des étrangers profiterait elle-même d'un observaloire de ce genre. Pour l'édification de cet observatoire, le Haut Tatra paraît particulièrement désigné. Il n’a pas seulement la plus grande élévation, car il dépasse toutes les autres montagnes de cette région de 700 à 1.500 mètres, mais il a aussi une situation cen- trale etla valeur d’un observatoiresur ce point serait augmentée par le réseau serré des stations météorologiques que le Tatra possède depuis plusieurs dizaines d'années et dont les observa- tions compléteraient heureusement les observations nouvelles. L'association des Karpathes (Xarpathenverein) s'occupe depuis une trentaine d'années d’édifier un observatoire dans le Haut Tatra. Elle a commencé déjà une vaste propagande et acquis l'appui de cercles scientifiques et touristiques, ce qui a donné lieu à de nombreuses et importantes publications sur cette question. L'observatoire devait s'élever sur un des sommets les plus accessibles du Haut Tatra, le Schlagendorf (2.453 m,), et le chemin de fer électrique du Tatra avait déjà acquis une conces- sion pour les travaux préparatoires d’un chemin de fer à cré- maillère sur le sommet. Le Schlagendorf avait été choisi à cause de son accès facile et l'exécution lechnique avait part, avant la guerre, assez aisée, Mais la guerre nous a donné des informa- tions nouvelles en cé qui concerne l'accessibilité et l'habitabilité des plus hautes régions montagneuses. Les perfectionnements techniques survenus dans la construction de câbles ascenseurs et de souterrains permettent d'aborder un plan qui, autrefois, avait été sans doute envisagé, mais dont l'exécution avait été combattue par la majorité : l'édification d’un observatoire sur la plus haute cime du Tatra, le pic Gerlsdorf (2.663 m.). Le pic Gerlsdorf n’a pas seulement l'avantage d'être le plus. haut sommet de toute la région du climat continental de l’Eu- rope, mais par sa situalion dominante et centrale dans le Haut Tatra, il est aussi le ‘lieu où la marche du temps peut être observée sans obstacle et avec la plus grande netteté possible. Le Schlagendorf est trop bas pour cela : il est dirigé vers le sud et se trouve sous le vent par rapport au pie Gerlsdorf. Sans doute, pour construire sur le Gerlsdorf, il faudra venir à # bout d'importantes difficultés techniques, mais les avantages scientifiques les dépassent de beaucoup et les perfectionnements de la technique aideront à les surmonter. Fr: D'après le plan envisagé, l'observatoire du pic Gerlsdorf devra être situé dans un souterrain que l'on aménagera à Im mine. Dans les rochers du sommet on ne construirait une plate- forme que pour l'agencement des instruments. La communica= tion avec le sommet serait établie par un ascenseur à câble d’acier qui partirait, soit de la vallée de Felk, soit de la vallée, de Botzdorf, le long des escarpements de la montagne. L'accès M de l'ascenseur serait assuré par des chaussées et des abris de hauteur. Plusieurs circonstances facilitent l'exécution de ce plan : une chaussée va déjà du lac de Felk sur le versant oriental du pic de Gerlsdorf et il existe également là un vaste chalet-abri, station silésienne de l'Association des Karpathes. Cette chaussée » pourra être continuée sans trop de peine jusqu’au lac de Langen (1.886 m.) et de là l'ascenseur n'aurait à s'élever que de 780 m. On l'actionnera aisément avec le courant du chemin de fer électrique du Tatra, qui dispose de force en abondance, et pour sa construction on disposera de matériaux (explosifs, appareils élévatoires, etc.) que la République Tchéco-Slovaque a reçu au moment de la répartition du matériel de l’ancienne armée impériale et royale. 1 Le capilal employé à la construction, — du moins tout celui qui ne résultera pas de donations, — pourra produire des inté- rêts en offrant aux visiteurs étrangers toute une installation si, sur le sommet, à côté de l'observatoire, on construit ou on aménage dans les rochers des locaux pour les touristes. On peut compter que le revenu des abris et de l'ascenseur couvrira largement les frais d'exploitation et les intérêts du capital. La vallée de Felk est d'ailleurs la plus visitée de celles du Haut | Tatra, car elle compte quatre des plus importantes stations dus Tatra et possède le passage le plus aisé de la montagne, le col de Pologne, d’où la vue est magnifique, ainsi que le sommet le plus facile à atteindre, le Visoka (2.429 m.). Mais la possibilité d'atteindre sans difficultés et sans danger le pic Gerlsdorf, la cime la plus haute non seulement de la République mais de w tout le domaine des Karpathes et de toute la zone continentale de l’Europe, augmenterait dans une telle mesure la circulation w dans la vallée que le bénéfice prévu peut être considéré comme assuré, Ce qui le garantit, c'est le revenu que donnent déjà les autres abris du Tatra qui ne possèdent pourtant pas la, mème attraction. Il est encore impossible d'estimer les frais de # construction ; ils s'élèveront probablement à plusieurs millions: il est impossible de les réunir par souscription comme on avait essayé de le faire quand on songeait au pic Schlagendorf. IL M faudrait une collaboration de toutes les forces pour mener à bien une œuvre aussi grandiose. Une société par actions devrait, avec le concours de l'Etat, fournir l’argent nécessaire aux ins-. tallations destinées aux touristes. Les associations scientifiques - du pays devraient construire l'observatoire ; celles de l'étranger aider à le meubler et à le monter; les associations touristiques, enfin, aideraient à l’œuvre de souscription et à la construction. des maisons-abris. L'administration de l’armée aiderait à di- minuer les frais de construction en mettant à la disposition des. promoteurs du projetles matériaux dont elle dispose et la main- d'œuvre. En réunissant toutes ces forces, l’œuvre doit réussir. Il n'y a pas d'autre domaine où la République Tchéco- w Slovaque puisse actuellement accomplir une œuvre scientifique de pareille valeur, et si elle l’accomplit, elle aura rendu à la science européenne et même mondiale un service qui lui fera honneur. À ‘ Chèques postaux, G. Dorn-Paris-N° 201,74. charger leur libraire d'opérer leur renouvellement. double emploi dans le service du Journal. | AVIS TRÈS IMPORTANT A NOS ABONNÉS Renouvellement du 1° Janvier 1923 L'Administration de la Revue générale des Sciences prie Messieurs les Abonnés de bien vouloir faire parvenir le montant de leur abonnement avant le 80 Janvier 1923 à G. DOIN, Editeur, 8, Place de l'Odéon, Paris (6:), Passé cette date l'Administration fera présenter une quittance augmentée (pour les frais de recouvrement) de 1 franc pour Paris de 1 fr. 25 pour les Départements. Les abonnés de la France et des Colonies peuvent renouveler leur abonnement par un versement au compte : Les abonnés de l'étranger sont priés d'adresser le montant par mandat postal, chèque postal sur Paris, ou de. Les abonnés qui renouvellent leur abonnement sont priés de bien vouloir rappeler l'adresse à laquelle l'envoi leur était fait et, en cas de modification, d'indiquer à la fois l’ancienne et la nouvelle adresse afin d'éviter un G. DOIN, Editeur. 94 LIVRES REÇUS Tous les livres reçus par la Revue sont signalés sous cette rubrique avec une brève indication de leur contenu, sans préjudice de l'ana- dyse critique dont ils pourront être ultérieurement l'objet dans la partie bibliographique de la Revue. 1° Sciences mathématiques BOSGOVICH (R. J.) : À Theory of Natural Philosophy. Latin- english Edition. Avec une Vie de Boscovich. 1 vol. gr, in-4° de x1x-470 p. avec 75 fig. (Prix cart. : ). The Open Court Publishing Company, Chicago et Londres, 1922. Réimpression de la célèbre Theoriæ Philosophiæ Naturalis de Boscovich, dans le texte latin de la première édition publiée à Venise en°1763, avec la traduction anglaise en regard, précédée d’une courte biographie de Boscovich par le Prof. B. Petronie- es d'une introduction par le tradueteur anglais, M. J. M. ild. LAFON {Ch.): Etude sur le ballon captif et les aéronefs ma- rins. 1 vol. in-8° de 208 p. avec 21 fig, et 2 pl. (Prix : 20 fr.). Gauthier-Villars et Cie, Paris, 1922. Cet ouvrage contient des données nouvelles et des graphiques intéressants sur l'équilibre et la tactique des ballons qui survo- lent les navires en marche,ainsi que des études sur la résistance à l'avancement éprouvée par certains mobiles, soit dans l'air, soit dans l’eau. GALBRUN (H.) : Introduction à la Théorie de la Relativité : Calcul différentiel absolu et Géométrie, 1 vol. in-80 de x-458 avec fig. (Prix : 60 fr.). Gauthier-Villars et Cie, Paris, 1923. Après une étude complète des méthodes du Calcul différentiel * absolu, l’auteur expose la théorie du déplacement parallèle d’un vecteur, selon Levi-Civita et selon Weyl. Puis il analyse les dif- .ficultés de la théorie électromagnétique classique et la solution que leur donne la théorie de la relativité restreinte. 2° Sciences physiques RICHARDSON (L. FE.) : Forms whereon to wrile the numerical calculations described in « Weather prediction by numerical pro- céss ». 1 broch. in-4° de 23 pl. (Prix : 2 sh.). Cambridge Uni- versity Press, Londres, 1922. Série de tableaux pour aider aux calculs numériques dans l'ouvrage de l’auteur sur la prévision du temps. BOUASSE (H.):/ydrostatique. Manomètres, baromètres, pom- pes. Equilibre des corps flottants. 1 vol. gr. in-8° de xx1v-480 p. avec 326 fig. de la Bibliothèque scientifique de l'Ingénieur et du Physicien (Prix : 30 fr.). Librairie Delagrave, Paris, 1923. Cet ouvrage, qui débute par une préface sur l'esprit scolaire, traite de la statique des liquides et des gaz et de ses principa- les applications. DE BROGLIE (Maur.) : Les Rayons X. 1 vol. in-8° de 164 p. avec fig.et 5 pl. du Recueil des Conférences-rapports de docu- mentation sur la Physique (Prix cart.: 15fr.). Les Presses uni- versitaires de France, 49, Bould Saint-Michel, Paris, 1922. L'auteur traite des questions suivantes: 1. Théorie de Bohr. 2-3. Diffusion et absorption des rayons X par la matière. 4. -Spectres de rayons X. 5. Spectrographes et spectromètres et - sources de rayons X. 6. Rayons 8 et rayons. décrits Het Natuurkundig Laboratorium der Rijksuniversiteit te Leiden ën de Jaren 1904-1922. 1 vol. in-8° de 460 p. avec pl. et fig. Ed. Ijdo, Leyde, 1922. Ce volume renferme une série de travaux effectués au Labora- toire cryogène de l’Université de Leyde et rassemblés à l'occasion du jubilé universitaire du directeur, le Prof. H; Kammerling Onnes. Soæiélé chimique de France. Conferences (années 1920-1921). 1 vol. in-8° de 304 p. avec fig. (Prix : 25 fr.). Masson et Cie, Paris, 1922. : Contient des conférences de MM. Pascal, A. Pictet, G. Claude, G. Mignonac, V. Auger, A. Lassieur, Særensen, Landrieu, Javil- … lier et Lepape. 3° Seiences naturelles BEDOT (M.): Les Musées.Leur utilité et leurs défauts. 1 broch. de 13 p. Georg, Genève, 1922, L'auteur rappelle les deux rôles fondamentaux des musées : servir à l'instruction générale et à la recherche scientifique. LATHOUWERS (M. V.): Recherches expérimentales sur l'héré- dité chez Campanula medium Z, 1 broch. in-4 de 34 p. avec 3 pl. dont 2 en couleurs. M. Lamertin, Bruxelles, 1922. L'auteur a reconnu l'intervention de 4 facteurs génétiques dans les diverses colorations du Campanula medium ; il a obtenu d'au- tre part une mutation de cette espèce, sous forme de plante à grande fleur unique, terminale. CABRERA (A.): Manual de Mastozoologia, 1 vol. in-16 de 440 p. avec 176 fig. et pl. en noir et en couleurs (Prix cart, : 7 pes.). Calpe, Madrid et Barcelone, 1922, \ Petit ouvrage d'initiation à l'étude des Mammifères, renfer- mant des chapitres sur leur anatomie, leur genre de vie, leur LIVRES RECUS distribution géographique, leur systématique,leur paléontologie, leur utilité, leurs gîtes, etc. L 4 FEYTAUD (J.): Le Doryphore, Chrysomèle nuisible à la pomme de terre. 1 broch. in-8° de 48 p. avec 13 fig.et 1 pl. en couleurs (n° spécial de la Revue de Zoologie agricole et appliquée). Insti- tut de Zoologie, Bordeaux, 1922. Etude sur un nourel insecte ravageur, venant d'Amérique eb qui vient d’apparaître en Gironde où il a déjà commis d'impor- tants dégâts, FOREL (Aug.): Le Monde social des Fourmis. Tome Il. Sen- sations, Physiologie, Fourmis et plantes, Hütes, parasites, Nids. 1 vol. in-8° de 184 p. avec 38 fig., 1 pl. en couleurs et 3 pl. en noir. Librairie Kundig, Genève, 1922. ; Après avoir étudié dans le tome | l'anatomie des fourmis, l’auteur décrit ici leur physiologie, puis leurs relations avec cer- taines plantes et certains animaux, et enfin leurs habitations. VALOIS (H.V.): Les transformations de la musculature de l'épisome chez les Vertébrés, 1 vol. in-8° de 538 p.avec 42 fig. (Fasc. XIII des Archives de Morphologie générale et expérimen- tale) (Prix: 40 fr.). G. Doin, Paris, 1922. L'auteur, s'appuyant sur la dissection de nombreuses espèces appartenant à toutes les classes de Vertébrés, a essayé d'établir la disposition exacte des muscles de l'épisome pour rechercher les causes fonctionnelles qui ont déterminé leurs transformations successives. DAKIN (H. D.) : Oxidations and reductions in the animal body. 2e éd. 1 vol. in-8° de 1x-176 p. dela collection « Monographson Biochemistry » (Prix cart, : 6 sh.). Longmans, Green and Co., Londres, 1922. Etude des PrAGROUE phénomènes d’oxydation et de réduction qui ont lieu dans l'organisme animal, classés d’après la nature chimique des substances sur lesquelles ils portent : acides, amino-acides, hydrates de carbone, dérivés de la purine, etc. 4° Sciences médicales CALMETTE(A.): l'infection bacillaire et la tuberculose chez l'homme et chez les animaux. ?*® éd, 1 vol, in-8° de 644 p-avec 31 fig. et 25 pl. en couleurs (Prix : 50 fr.). Masson et Cie, Paris, 1922. ! Cet ouvrage se divise en 4 parties : 1° L'infection bacillaire et les processus tuberculeux; 2° Tuberculose expérimentale et in- fection tuberculeuse chez les animaux ; 3° Processus de défense et diagnostic de l'infeclion tuberculeuse; 4° Immunité naturelle et processus d'immunisation contre l'infection tuberculeuse. BRUMPT (E.): Précis de Parasttologie. 3° éd. 1 vol. in-12 de 1.216 p. avec 736 fig. et 5 pl. de la Collection de Précis médicaux {Prix : 44 fr.). Masson et Gie, Paris, 1922, Après des généralités sur les parasites, leurs rapports avec leurs hôtes, leurs adaptations et les maladies parasitaires, l’auteur traite en deux parties les animaux et les végétaux parasites [à l'exclusion des bactéries) et les maladies [zooses et mycoses) qu'ils déterminent, Ce précis, très complet. s'adresse non seule- ment aux étudiants, mais - pays exotiques, FREUD (S.) : La psychopathologie de la vie quotidienne. Appli- cation de la psychanalyse à l'interprétation des actes de la vie courante. Traduit de l’allemand par S. JANKÉLÉvITeH, 1 vol, in-8° de 321 p. (Prix : 14 fr.). Payotet Cie, Paris, 1922. Cet ouvrage, quiest la suite logique de l’Introduction à la Psychanalyse, vérifie l'exactitude des déductions contenues dans ce dernier sur une foule de faits, en apparence banals, dont se compose notre vie de tous les jours, DUVAL (R.) et LAGASSAGNE ({Ant.): Classification pratique des cancers dérivés des épithéliums cutanés et cutanéo-muqueux.. 1 vol. in-8° de 32 p. avec 16 pl. (Fasc. IV des Arch. franc. de Pathologie génér. et expérim. et d'Anatomie patholog.) (Prix: 6 fr.). G. Doin, Paris, 1922. e Les auteurs se sont efforcés, dans ce travail, de donner, d'une part à l’anatomopathologiste qui doit examiner au microscope une biopsie de cancer un plan pour la détermination de la tumeur et pour la rédaction de son compte rendu, d'autre part au cli- nicien auquel s'adresse cet examen une définition précise et la valeur des termes employés. GAUDUCHEAU (A.): L’Hygiène positive.1 broch.in-8* de 64 p. avec 1 pl Les Presses universitaires de France, 49, Bould St- Michel, Paris, 1922, ! 1 L'objet de cette étude est de montrer les grandes possibilités de l'hygiène, en particulier dans la lutte contre les maladies vénériennes. 5° Sciences diverses RATHENAU (Walther) : Où va le Monde? Considérations philosophiques sur l'organisation sociale de demain. Traduction française et avant-propos de S. JANKELÉvITCH, 1 vol. in-8° de 375 p. (Prix: 9 fr.). Payot et Gie, Paris, 1922. L'auteur, après avoir relevé les maux dont nous souffrons, indique les moyens d'y remédier, ces moyens consistant dans une utilisation rationnelle du monde de production capitaliste, dans une subatitution de l’ordre et de l'organisation audésor- dre, au gaspillage des forces et des richesses. aux médecins qui exercent dans les SOMMAIRES DES JOURNAUX SCIENTIFIQUES 95 SOMMAIRES DES JOURNAUX SCIENTIFIQUES 1° Périodiques généraux Proceedings of the Cambridge Philosophical Society (Cam- bridge), t. XXI, part. III (14 nov.). Kaprrza : Note sur les tra- jectoires courbes des particules 8 — Lame : Ondes de type permanent sur l'interface de deux liquides, — Wison : Une relation asymptotique entre les sommes arithmétiques È sr{n) n =? etat nÆxÈs—r(n). — James : Sur la représentation analyt. des congruences de coniques. —- MoRbELL : Sur les solutions rationnelles des équations indéterminées des degrés 3 et 4.— Mac Manon : Permutations de réseaux premiers.— Ip.: La théo- rie des partitions modulaires.— LiTrLEewooD : Sur une équa- tion intégrale. — Wuite : La génération projective de cour- bes et de surfaces dans l’espace à 4 dimensions. — CosEns : Un diagramme d’alignement pour les problèmes thermodynam. — APPLETON : La synchronisation automat, des oscillateurs trio- des.— TeLLinG : Sur la théorie géométr. des quadriques apo- laires.— DARwIN et FowLer : Fonctions de partition pour la ra- diation de tempéralure et l'énergie interne d’un solide crist. — Cnapwicx et ELLis : La distrib, d'intensité dans les spec- tres de rayons 5 des radiums B et CG. — Grraves : Sur un syst. d'équations différentielles qui apparaissent dans la théo- rie des anneaux de Salurne, Journal of the Washington Academy of Sciences (Easton, Pa.), t. XII, n° 18 (4 nov.). Anams : Changements de températ. ac- compagnant la dilatation isentropique, isénergique et isen- kaumique, — CoBLenrz : Quelques observ. sur la transform. de l'énergie radiante thermique en courant électr. dans la mo- lybdénite. — Zaun: Dispositif pour enregistrer un contact électr., utilisant un générateur à tube électronique et une étin- celle de radio-fréquence. — Co8g: Nouv. esp. de Nysolaimus, genre de Dorylaimidée, k Journal of the Franklin Institute (Philadelphie), t. CXCIV, n° 5 (Nov.). Day : Causes péssibles de l’activité volcanique du Pic Lassen.— Wiisey : Rayons X diffusés dans la photographie par les rayons X. — WorruinG : La théorie des corrections dues aux pertes terminales et son applic. aux filaments de Tu chauffés électriquem. dans le vide. — Fr£coner et Jones: Echantillonnage et analyse des gaz d'échappement des automo- biles. — Harkins : La stabilité des noyaux d'atomes, la sé- par. des isotopes et la règle du nombre entier (suite). Philosophical Magazine and Journal of Science (Londres), n° du 1° nov. 1922. SueaREr : L'émission des électrons par les - rayons X. — SaxTON: lonisation de choc par les ions H posi- tifs à faible vitesse dans l'hydrogène. — Darwin: Sur la par- tition de l'énergie. 11. Principes statistiques et Thermodyna- mique. — Van VLECK: L’atome d'He normal et ses rapports avec la théorie des quanta. — TomLinson : Emploi d’une sou- pape triode pour enregistrer les contacts électr. — MHine : L'équilibre de radiation; l’insolation d'une atmosphère, — BkAbFORD : Théorie moléculaire des solutions. II. — MazLerT: Défaut de la loi de réciprocité en Photographie. — RoBents, Surra et RicHarpson : Dispersion rotatoire magnét. de cer- taines solutions paramagnét.— EbripGE-GRk&EN ; Théories de la vision colorée en rapport avec la cécité des couleurs, — Davis : Refroidissement convectif naturel chez les fluides. — Ip. : Le pouvoir réfrigérant d’un filet de fluide visqueux, — Newmann : Une lampe à arc à vapeur de Na-K: — MAnLey : La protection des poids en cuivre. — RoweLz : Analyse des vibrations amorties, — Lipsrone : L'effet d'une hauteur va- riable dans les détermin. de viscosité. — SiLBERSTEIN et Tri VELLI : Théorie de quantum de l'exposition photograph. — Tuomas : La décharge de l'air par de petits orifices et l'en- traînement de l'air par le jet sortant. — PaxrisGtron: Les constantes chim. de quelques gaz diatom. — SKinker ; Le mouvem, des électrons dans CO. — Bonp : Une lentille à grand angle pour l'enregistrement des nuages.— Goucaër et Warp: L'épaisseur des pellicules liquides formées sur des surfa- ces solides dans des conditions dynamiques.— TIMOsHENKO: Sur la distrib. des tensions dans un anneau circulaire comprimé par deux forces agissant selon un diamètre, — PORTER : Sur _ une équation d'état révisée.— KaraPerorr : Equations géné- rales d’un pont à courant alternatif équilibré. — TowNseND et Baizey : Le mouvement des électrons dans Ar et H — Miexer : Un électron accéléré doit-il nécessairement rayonner de l'énergie selon la théorie classique ? — Press : Modèle sim- ple pour illustrer l'hystérèse élastique. The South African Journal of Science (Johannesburg), t. XVIII, n°* 3-4 (Juin). ALEXANDER : routes. — Morais : L'asphalte et lu construction des Purification des eaux d’égout par le proc, de la boue activée. — MarcHanp: Analyse mécanique du sob | contenant des minéraux lourds, — Kcoor: Le lait condensé dans l'Afrique du Sud, du point de vue du chimiste. — Tuo- pAyx: Le genre Passsrina et sa distrib. dans l'Afrique du Sud. Van Der BiL: Quelques champignons de l’air dans les sucre- ries. — A1iTKEN : La succession des plantes dans un type de veld à arbres du Natal. — WAcEer: Développem. protoné= - mien chez des mousses. — VAN DER Biz : Contrib. à l'étude des Polyporées de l'Afrique du Sud. — Sim et Dixon : Bryo- Pour Comprendre EINSTEIN ! PAR Ê. © L'Abbé Th. MOREUX 9 « DIRECTEUR DE L'OBSERVATOIRE DE BOURGES Un exposé CLAIR et sans FORMULES mathématiques des Idées d’Einstein; une critique serrée et impartiale des théories de la relativité; des vues originales : et nouvelles sur l'ESPACE et le TEMPS, en accord avec la Science moderne: telles sont les raisons du succès près du grand public du nouvel ouvrage de l'Abbé MOREUX Un volume in-16 de 256 pages avec figures dans le texte FRANCS (plus 10 °/, pour frais de port et emballage) Gaston DOIN, Editeur, 8, place de l’Odéon, Paris-6° GP l Une nouvelle formule d'étude : Le film commenté par le livre. Le litre illustré par le film. HER LEMAUUUR Films Médicaux et Scientifiques de Pathé Consortium Cinéma Séries Gaston DOIN Une collection de livres et de films publiés sous la Direction scientifique d'un Comité médical. CL TT] BOTANIQUE PHYSIOLOGIE ZOOLOGIE MÉDECINE OPÉRATOIRE BACTÉRIOLOGIE NEUROLOGIE ie VICNTOPOGIE :°: CULTURE PHYSIQUE LE STE PTE EP PS CCE FORTE TER CCE LE EL LE LLC LYLCYTRS LES EU TEE ETES EPS ET ALI USED PATHÉ CONSORTIUM CINÉMA LIBRAIRIE OCTAVE DOIN A TT Service de l'Enseignement GASTON DOIN, Éditeur 67, Rue du Faubourg Saint-Martin :: 1: 8, Place de l’'Odéon PARIS 10° PARIS 6° CL LE (Métaux Collotdaux électriques à petits grains. Collotdes électriques et chimiques de métalloïdes ou de dérivés métalliques) Electrargol HE SNATEENT) Electroplatinol . (Platine) Electromartiol. . . . (Fer) Electrorhodiol (Rhodium) * Electraurol (Or) Electriridiol. . . . . (lridium) Electr-Hg . . . . . . (Mercure) Electropalladiol (Palladium) Electrocuprol. . . (Oxyde de cuivre) Thiarsol. . 4 (Sulfure d’arsenic) Electrosélénium. (Sélénium) Collothiol . (Soufre) Obtenues par la méthode chimique ou par la méthode physique (électrique), les solutions colloïdales sont constituées par la suspension en milieu liquide d'une infinité de grains ultramicroscopiques, animés du mouvement brownien et présentant une charge électrique de signe défini. Grâce à la grande surface de ces grains, les colloïdes présentent un énergique pouvoir catalytique et fermentaire. Les colloïdes possèdent d'importantes propriétés biologiques, bien étudiées depuis que l'on sait le rôle des colloïdes naturels dans la physiologie normale. Injectés à l’homme ou aux animaux, ils augmentent les oxydations et les échanges nutritifs, ils stimulent la défense contre les toxines et les fonctions d’élimina- tion, ils provoquent un mouvement leucocytaire très marqué. k Les colloïdes sont d’un usage thérapeutique courant : les métaux (type : Electrargol) sont des médica- ments antiinfectieux de premier ordre {toutes maladies infectieuses); on emploie certains colloïdes comme spécifiques (Electr-Hg — Electrosélénium — Electrocuprol — Electromartiol — Collothiol) Les Laboratoires Clin préparent tous les colloïdes qu’il est possible d'obtenir dans l'état actuel de la soience. Pour l'expérimentation thérapeutique ou lès usages de laboratoire, les Laboratoires Clin délivrent des préparations colloïdales pures, à constantes physiques définies. Laboratoires CLIN, 20, rue des Fossés-Saint-Jacques, PARIS CA PRÉPARATIONS COLLOÏDALES | ù \] Touristes!!! dans vos excursions VÉRASCOPE RICHARD emportez le = BREVETÉ S. G. D. G. 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DEPREZ, ÉLECTRODIAPASONS, MANOMÈTRES, DYNAMOMÈTRES, SPRYGMO- GRAPHES, ETC. phytes du Sud de la Rhodesia. — Ports : Pouvoir du pollen de Poivrier de provoquer le rhume des fuins. — Forges : La flore de l'Isipingo. — Warken : Un hybride interspécif. et un croisement avec retour en arrière chez la Digitale, — Fax- THAM et TayLor : Quelques protozoaires trouvés dans certains sols sud-africains, I. — Firz Simows : Oiseaux sauvages et bilharziase, — Cawsto\ : L'infestation expérim. de sernents d'eau douce, en particulier avec la Bilharzia. — SAnverouxo : Gycle évolutif et méth. de contrôle du nématode de la galle des racines #eterodera radicicola dans l'Afrique du Sud, — Tooke : Les natifs et l'agriculture. — Dornax: Les corps célestes dans la mythologie sud-africaine, — Nonrow: Les . chants des chefs Sesuto. — Hewirr : Quelques objets et orne- ments des Strandlooper Sites dans la province de l'Est. Archivos de la Associacion peruana para el progreso de la Ciencia (Lima), t. 1, n° 2. Porrocarrero : Volume de matière arrachée au continent par les cours d’eau de la côte péru- vienne (f#n). — WeseRBAUER et Marponapo: Contrib. à l'étude des grains employés pour préparer la chicha milagrosa. — Wegersaurr : Les zones de pluie et de végétation dans le départ, de Piura et la prov. de Jaen.— A, et E. MALDoyADo : Contrib. à l'étude des prod. végétaux qui se rencontrent dans les « restes de cuisine » de Tambo [nga. — TeLLo : Etudes anthropolog. dans le départ. de Ancasch. — Moxce : Un Ton TN qi DD The Philippine Journal of Science The Observatory (Londres), t. cas de giardiase (Lamblia) intestinale. — Bravo: Note sur la hubnerile de Pallasca. — ZxvaLLos: Sur la genèse des gise- ments de fer de Marcona, (Manille}, t. XXI, n° 2 (Août). Sxpow : Les champignons d'Amboine recueillis par C. B. Robinson, — Werner : Mantides philippins. — TayLor ; Additions à la faune herpétolog. des Philippines. [. — Snaw : Le Copelandosphaera, nouv. genre de Volvocacée., —= N°3 (Sept.). Gomez, Bana et Nicocas : Lésions précoces, dévelop- pem. et fréquence de la lèpre chez les enfants de lépreux. — TayLor : Zd. Il. — Agnrior: Corrélalion de la mortalité par certaines maladies avec certains facteurs économ. et de loge- mentaux Philippines. — Wezn: Notes sur les Lioptérinées, avec descript. de nouy. espèces, : 2° Astronomie et Météorologie XLV, n° 582 (Nov.). JACKSON : Les premières estimations de distances stellaires, en particu- lier les parallaxes hypothétiques et l'œuvre de W, Struve. 3 Art de l’Ingénieur Bulletin officiel de la Direction des Recherches scientifiques et industrielles et des Inventions, n° 36 (octobre). LrsLAnc: Sur l'emploi de l'air comme agent frigorifique. — BeRTRANp : 98 Influence du durcissement des mortiers de chaux et de ciment à la vapeur d'eau sous pression sur la résistance mécanique de ces mortiers, — RaBAu» : La valeur physique comparée des premiers nés et des puinés,— LAPicQUE et LEGENDRE : Sur le rendement culinaire du gaz comparé à la houille, Bulletin de la Société d'Encouragement pour l'Industrie na- tionale, . CXXIV, n° 8 (Août-Oct.). Apperr: Les progrès de l'industrie du verre. — MEUNIER : L'alcool éthyl. de cellulose, — L'organisation de la documentation technique et industr. en France. — Arreze : L'organisation des économies de com- bustible en Allemagne, — ManLer: L'organisation des écono- mies de combustible dans l'industrie. — L'outillage pneuma- tique des Forges et Ateliers de Meudon. — PAsseLÉGuE : Le matériel agricole à la Foire de Paris en 1922. Journal of the Royal Society of Arts (Londres), t. LXXI, n° 3653 (24 nov.). Lorp Askwiru : La valeur des lock-outs et des grèves, Revue universelle des Mines, de la Métallurgie, des ‘ra- vaux publics (Liége), 6° sér.,t. XV, n° 3 (15 novembre). Ra-. TEAU : Les plus grandes vitesses possibles en aviation. Em- ploi du turbo-compresseur, — Lacage-PLAsTEIG : Note sur l'emploi des proc. récents pour l’électrification des voies fer- rées. — DrouET : Fonçage des puits n° 7 et 7 bis de la Soc. houillère de Liévin par un procédé de creusement et de revé- tement simultanés. — Cousin : Nouv. méth. pour les arrêts prolongés des hauts fourneaux sans mise hors. = N° 15 (147 déc.). Ficaoux : La technique moderne de la carbonisa- tion des bois. — DEraprière: Le contrôle de la combustion. — Gitanp : Considér. thermiques intéressant la concentr. de lac. sulfurique. — Lamazre : Le « dispatching system » par téléphone sur les chem. de fer de l'Etat belge. Revue de Métallurgie, t. XIX, n° 11{Nov.). CLausez pe Cous- SERGUES : Infl. de la températ, dans la fabrice. de l'acier. — ARNOULD DE Gex: Les expér. sur les poussières de houille etla combustion du charbon pulvérisé. — Dessemonp : L'uti- lisation des combustibles dans les gazogènes à fusion de cen- dres soufflés au vent chaud, — Piceor et BLacue : L'utilisa- tion des combustibles de faible valeur aux houillères de Montrambert et de la Béraudière, — Dupux : Sur les pro- priétés mécaniques des produits réfractaires aux temp. éle- vées. — SCHNEIDER: Essais comparatifs de dureté à chaud sur divers aciers à outils, — Losktewicz: Une étude sur le temps d'attaque aux réactifs micrograph. des alliages fer- carbone. — GuiLcer : Les alliages légers. Leurs récents pro- grès. 4 Sciences physiques Le Journal de Physique et le Radium, sér. VI, t. II, n° 9 (Oct.). Resouz : Nouv. rayonnement de courte longueur d'onde. — L. BicLouix : Infl. de l'agitation therm. sur la viscosité des liquides; propagation d'ondes élastiques dans un milieu en mouvement. — Bensaupe et Co:Tanzo : Le quartz noir de la mine radifère de Viaris (Portugal). The Physical Review (Lancaster et Jthaca), t. XX, n° 4 (Oct.). CoMPron : La théorie de l'ionisation par action cumulative et l'arc à faible voltage. — Davisson et GERMER : La fonction de travail sensibilité relative de l'oreille à différents niveaux d'intensité. — AsTER : Les propriétés opt. des métaux fondus. — FarN- SworTH : Le bombardement des surfaces métall. par des électrons lents. — Garur : La chaleur spécif. du Tu, = N° 5 (Nov.). Los : Les mobilités des électrons dans l’H. — Jaun- cey : La diffusion des rayons X par les cristaux. — In : L'ef- fet de la température sur la diffusion des rayons X par les cristaux. — Mc Leznan : La structure crist. des alliages Ag- Pd et Ag-Au. — BRoMBACHER : Pour déceler l'efficacité de l’amplificateur à résistance-capacité couplé jusqu’à 6.000 m. — Kimuka et IsawA : La force thermoélectromotrice des alliages Cu-Mn. — Buarcava et Guosn : Note sur les tuyaux sursouf- flés. — Erpnince : Les pertes d'énergie accompagnant l'ioni- sation et la résonance dans la vapeur de Hg. — Bnroxon : La conduction électr. à travers de petites coupures à air.— Corus : Effet de certaines subst. dissoutes sur l'absorption infrarouge de l’eau.— BLac«woop : L'existence d'ions à hautes mobilités. Anales de la Sociedad española de Fisica y Quimica (Ma- drid), t. XX, n° 195 (Juillet). EsraLELLA : Une anomalie dans la déterm. de l'acidité volatile des vins.— ID. : Applic. ana- lyt. de la réact. entre sulfites et aldéhydes. — OsrwaLp et DE IZAGUIRRE : Sur une théorie généralisée de l’adsorption des solutions, Recueil des Travaux chimiques des Pays-Bas,t. XLI, n° 11 (15 novembre), Kozruorr : La réaction entre l'hypochlorite et KI. — Lirscuirz : Sur quelques complexes de métaux lourds optiquement actifs, — Orivier et BerGEeR : Sur l'action cata- lytique des ions H dans la saponification des éthers-sels. — Ouivier : L'influence de quelques substituants dans le noyau benzénique sur la mobilité du chlore de la chaine latérale, dans ses rapports avec le problème de la substitution dans le noyau benzénique (suite). — Correx : Note sur la synthèse au moyen des halogénures d'allyImagnésium. — Baurninc : La formation des cétazines, phénylhydrazones et semicarbazones d'acétophénones substituées dans le noyau benzénique. — vAN Peskr : Sur le phénylnitro-acétamide. — Beyer : L'iodu-. ration de l'acide méta-oxybenzoïque. — MonTAGxeE : De l’ac- tion d'une solution de KOH sur les cétones. VIT : Action surla paraoxy- et la para-éthoxybenzophénone et sur leurs dérivés méla-bromés, — Bürseken, Scnarrer et Hermans : Note sur les produits de condensation cycliques de l'acélone avec les diols-1,3, — Van DER Laan : La détermination de lateneur thermoïonique du tungstène. — Mackenzie : La. SOMMAIRES DES JOURNAUX SCIENTIFIQUES} en graisse de beurre dans les mélanges de graisses. — Kor- THOFF : La titration de l'hypochlorite. The Journal of the American chemical Society (Easton), t. XLIV,n° 5 (Nov.). Wenpr, LanpauER et Ewinc : L'activation du CI. — Hexvkixsox et VerBeck : L'étalonnage électrométr. des sol, titaneuses. — MuLLixen : La séparation des isotopes par distillation et les proc. analogues. — KarRer et WULE : Prépar. d'ozone pur et détermin. de son poids molécul. — Ip., Ip,et Danrecs : L’oxyd. de N?04 par l'ozone. — Ip., Ip. et In. : La décompos, de N°0° en prés. d'ozone. — DickiNsON : Les structures crist. du chloroplatinite de K et des chloropal- ladites de K et d’Am. — Peaxce et Harr : L'énergie libre de dilution des sol. alcool. de LiCl et l'effet du solvant sur l'activité des ions, — FaïkBROTHER : La décompos. spontanée duchlorate d'Am. — Krauset PARKER : La calibration des piles pour les mesures de conductance, — Ip. et In, : La conduc- tance des sol. aq. d’ac. iodique et la valeur limite de la con- ductance équival. de l’ion H. —TayLor et Smrrn : Les pressions . de vapeur, densités et autres quantités dérivées pour l’éther à basse températ. — Kraus et Kurrz : La conductance des sol, de sels dans le phénol à 50°. — Kraus et Dexter : Colonne perfect, pour la product. d'eau pure. — Maas et HATCHER : Les propriétés de H20? pur. III. — Conanr et Fieser : Varia- tions d'énergie libre et totale dans la réduction des quinones.” — Muciver : Nouv. méth. pour la détermin. gravimétr. du germanium., — BaRDwEEL : L'H considéré comme halogène dans les hydrures métall, — Wircaro et Fexwick : Syst. d'é- lectrodes bimétall. dans l'analyse électrométr. I-II. — Co- nanr et Goyxe: Réact. d'addition des halogénures de P. Y. Formation d’un ac. phosphonique non sat. — KonLen, GRAU- STEIN et MExRiLz : Quelques nitriles &-cétoniques et leur rela- tion avec les comp. cycliques. — Locure, Noyes et BaiLey : Di-isopropylhydrazine symétr. et ses dér. II. —— GinniNGs et Noyess : Rech. sur le bromonitrocamphane., — Væcrim et Jouxsox : Prépur. de la sulfarsphénamine. — MacaLzLuM : Examen de la néoarsphénamine. II. — Hizz et Fisner: Une synthèse du chlorure de B-chloroaliyle, — Dayis et UNbER- woop : Le désarrangement de l’urée, — WhHeeLExk et GILES : Etudes sur le p-cymène. IV. — BocerT et RupERMaAN : Quel- ques réact. de condensation avec l'hydrol de Mischler. — Gir- man et HoyLe : Nouv. méth. pour l'introduct. d’un groupe éthyl. — Jacoss et HeIbELBERGER : Certains colorants du triphénylméthane, — Kraus et GREER : Prépar. et propriétés du triméthylstannane. — WiLson et Ken : Les deux formes, de la gélatine et leur point isoélectr. — Dains,, BREWSRER, Brair et THomPsox : Les thiourées substit. IL. — Hurr et Lerrcx : Détermin. des nitrates aliphat. en prés. de certains comp. nitro-aromat, — Marvez et TANENBAUM : Prépar. des. dér. 1.4-dihalogénés du butane. — Cowanr et GurcErR : Hy= drogén, catalyt. et potentiel de l'électrode d'H. — ExeLey et RoGers : Act. de l’anhydride acétique sur les ac. furfarily- dène-anthraniliques. 5° Sciences naturelles Comptes rendus hebdomadaires de la Société de Biologie, t. LXXXVII, n° 33 (11 novembre). VaLris : Pouvoir antigène des bacilles paratuberculeux dans la réaction de fixation de la tuberculose, — BEeTreNcourT et Bonçes : Le Planorbis metid- Jensis, hôte intermédiaire du Schistosoma hæmatobium au Portugal. Confirmation expérimentale. — FonsecA : Influence de quelques sels minéraux sur l’action amylolytique de la pan: créatine. — De MeLLo : Sur la cytologie d'un Eutrichomastir de l'intestin de Calotes versicolor Daudin (subspecies major Blyth).— Bacamann et DE LA Barrera: Vaccin antidiphté- rique. — Io. et Bicurert : Variole et vaccins, — BERGMANN : Les modifications de la pression artérielle, le pouls et la for= aule leucocytaire pendant l'exercice musculaire chez les su= jets normaux ou cardiaques. — Houssay et MArcont : Nouv. exp. sur le rôle de l’adrénaline dans l'hypertension produite en excitant le nerf splanchnique. — Howarp : Phagocytose,. lyse et perte de l'acido-résistance du Bacille de Koch en pré- sence des leucocytes de cheval immunisé, — PAceLLA : Sur la curarisation du Leptodactylus ocellatus. — SorDeLLt : Sérum. antigangréneux, — WEenNickEe : Electrodialyse du sérumanti-" diphtérique de cheval, — Winakxowicn : Développem. des membranes ovulaires, sans ébauche embryonnaire, chez des” trijumeaux de vache. — BreMER : La strychnine et les phéno- mènes d’inhibition. — Errnonr : Sur l'absorption de la pep=. sine par les papiers à filtrer. — Ip. : Surla teneur en azote de la pepsine. — Heymans : Action de l'arécoline sur les sinus-\ oreillettes et le ventricule du cœur de la grenouille, = N° 34 (18 novembre). Bru : Sérums antisurrénaux corticaux et, antisurrénaux médullaires. — CLErc et Pezzt : Le mécanisme, de l'accélération cardiaque par la quinine et les autres alca- 4 loïdes dérivés du quinquina. — Couraup : Infl. de l'irradia-, tion du corps thyroïde sur les surrénales du lapin. — Deruc=\ QuET : Lithiase parotidienne chez l’homme. Examen chimique, qualitatif d’un calcul évacué spontanément par le canal de Stenon. — Faure : Note sur une anomalie de structure de la veine coronaire chez l'homme. — Génakp et MoisSONNIER : Méthode de dosage de l’urotropine. Recherche sur sa décom- position dans le sang ën vitro. — HaunuroY : Influence du: chauffage sur le bactériophage de d'Hérelle, — Launox et MenGuy : Documents numériques sur les adrénalines droite, gauche et sur l’adrénalone. — Lœrer et MarcnaL : La cons- , lance de la leucogénèse intragastrique après ingestion de . bouillon. — Ip. et In. : Le rôle de la leucogénèse intra- gastrique dans la digestion des albumines. == REGAUD et LACASSAGNE : À propos des mastocytes des épithéliomas. Im- portance de la fixation pour la coloration des granulations des. mastocytes. -— VERNE : Les granulations chromaffines des - glandes salivaires postérieures des Céphalopodes. — WoLrr na et JANZEN : Action de divers antiseptiques sur le bactério- phage de d'Hérelle. — Creyx et VinzeNT: Fréquence compara- tive et déterminisme du signe du son de Pitres dans divers épanchements dela plèvre et diverses modifications du paren- …. chyme pulmonaire, réalisés expérimentalement. — Drrau- n NAY : L'augmentation de l’activité autoprotéolytique et ami- “ noacidogène du foie pendant le jeûne ; ses rapports avec l'origine endogène des amino-acides du sang, — Doumrn Action du NaCl sur la solubilité du glycocholate de soude. — l Desois et DELHAYE : d CA Contrib. à la pathogénie des myases in- testinales ar l'étude de la résistance des œufs et larves de + Calliphoréës aux agents physiques et chimiques intervenant “ dans le tube digestif. f" Bulletin de l'Institut océanographique, n° 414 (30 juin). La- DREYT : Unicité évolutive et pluralité étiologique des tumeurs cancéreuses chez quelques animaux marins (rousseltes, raies, tortues, siponcles). Faits et théories. = N° 415-416-417 (20 juillet). Topsenr : Les mégasclères polytylotes des Monaxo- nides et la parenté des Latrunculiines. — Sur « Stellelta crassi- picula » Sollaset son synonyme ( Stelletta crassiclada » Len- denfeld, « Velinea gracilis » Nosmaer et ses affinités. = N° 418 (31 août). Mikmaïrorr : Expériences réflexologiques, IV. Expériences nouvelles sur Pagurus striatus. — N° 420 (26 oc- tobre). Discours prononcésaux obsèques deS. A, S. Albertler, . * Prince de Monaco. - Boletin de la Real Sociedad española de Historia natural > (Madrid), t. XXII, n°6-7(Juin-Juillet). Dec Pan : Nouv. gise- ment de magnétite dans la prov. de Tolède, — Ganporrr-Hor- NYOLD : Détermin. de l’âge de quelques anguilles des étangs de Jeresa (Vaience). — GonzaLEz FRaGoso : Champignons vi- yant sur les Muscinées de la flore espagnole. — Sapt 1 € BUEN : Observ. sur la biologie de l’Anopheles claviger à Talayuela (CGaceres). — Garcia MeRGET ; Encyrtidés de l’Europe centrale “ nouv.ou peu connus. JiMENEZ DE Cisnxros : Note sur quel- ques fossiles tithoniques de la Sierra de Mojante (Murcie), — à CarAnprLL : Contrib. à la pétrographie de la Sierra Morena, Roches d'Adamuz (Gordoue). Gi Liricrr : Une colombe nouy. du Brésil, — Mayar : Sur l’apogamie du Taraæacum vulgare. — Mrenozzt : Contrib. à la faune myrmécolog. de l'Espagne. — N° 8 (Oct.). Mameu et GiuLer : Contrib. à la Jichénologie espagnole. — De LA EscarrrA : Les Heliotaurus … du Maroc à prothorax rouge. — GarcrA MERCET : Une sous- famille nouv. d'Hyménoptères Chalcidoïdes. — JIMENEZ DE Gisxeros : Sur l'existence de l'Aturia zic-zac Sow.à Callosa de Ensaria. — pr LA EscaurRA : Esp. nouv. d'Arthrodeis du Ma- roc. — SANCHEz y SANCHEZz : Contrib. à l'étude de l'appareil réticulaire de Golgi dans les cellules végétales. PUBLICITÉ JE LA REVUE GÉNÉRALE SOMMAIRES DES JOURNAUX SCIENTIFIQUES 99 Biological Bulletin (Woods Hole, Mass.), t. XLIII, n° 4 (Juillet). Newman : Dévelop. normalet subnormal chez le Patiria mi- niata, Un avertissement aux embryologistes de laboratoire. — BREITENBECHER : Mutations somatiques et mosaïque élytrale des Bruchus. — Piatu : Notes sur le Psithyrus, et observ. de deux nouv. hôtes américains. — Humpurex : Les testis multiples chez les Urodèles, — GLasrr : L'hydrolyse des graisses supérieures dans la sécrélion des œufs. = N°2 (Août). SprinxGer : Effets sur les œufs en voie de développem. des extraits d’embryons de la même espèce.— DanNcHAKOFF et SEIDLEIN : Activité digestive du mésenchyme et de ses déri- vés.— Sumner, MG Danier et Huesris : Etude de l'infl. qui peut affecter le rapport des sexes chez la souris Peromyscus. Publication du Bureau géologique (Athènes), n° 7. PERTES- sis : Les eaux potables de la ville de Métellin, 6 Sciences médicales Bulletin de l'Académie de Médecine, t. LXXXVIII, n° 37 (14 novembre). Bar : Tuberculose et grossesse, — Loir et Le- GANGNEUX : Utilité de la vaccination contre la fièvre typhoïde, — Marriaz : Note au sujet du premier fondouk-prevento- rium de la ville de Fez; étude et réalisation d'hygiène musul- mane, — DeLAMARE : Hyperostoses lépreuses du libia et du péroné. — Borpier: Nombreux épithéliomas roentgéniens gué- ris par la diathermie. Bulletin mensuel de l'Office international d'Hygiène publique, t. XIV, n° 10 (Oct.). Les dispositions en vigueur, dans divers pays, concernant la destruction des rats sur les navires, — PessoA : Le fonctionnement des services de la Santé publique au Brésil, — Le logement ouvrier en France depuis la guerre (suite), 3 7° Géographie et Colonisation Annales de Géographie, t. XXXI, n° 17% (15 nov). RAMBERT : La cartographie à l'Expos. coloniale de Marseille. — MULLER : Saint-Malo-Saint-Servan, un port charbonnier. — CHEeva- LIER : La végétation à Madagascar. — Hoggs : Les guirlan- des ingulaires du Pacifique et la formalion des montagnes, La Géographie, XXXVIII, n° 3 (Sept.-Oct.) ANTONETTI : La Côte d'Ivoire. — Rocue (de la) : La religion des Ansaries. — BRuNEAU DE LALORIE : Au lac Tchad (1920-1922) (fn). Bulletin de la Société de Géographie du Maroc (Casablanca), t. ]I1, fasc. I (2° trim. 1922). De Seconzac : Tanger. — GouLvex : Esquisse histor. sur les mellahs de Rabat-Salé. — — Notice sur les Beni Alaham, — CÉLÉRIER et CuarToN : De Petitjean à Meknès. — ALBert : Le transmaurilanien. — CLERNOEL : Le régime des pluies au Maroc. DES SCIENCES | Assure un RENDEMENT MAXIMUM LU ar la DIFFUSION à JOURNAL à PL Gons ts MILIEUX TECHNIQUES M @Adressez vos demandes de Renseignements , Tarifs et Propositions RL au S°de la Publicité ” Librairie Octave DoOIN,8, Place el Odéon _ Paris, 6€. £ Appareil “ Mundial Enseignement ” Type A. 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Ke À ne : L’attention du public est attiré à nouveau sur l'intérêt que présente cet itinéraire pour Lek voyages à destination ou en provenance du Maroc. s 4 Le passage à l’escale sera combiné de manière à donner correspondance directe avec le Sudsh Express. A l'aller les voyageurs parvenus à Lisbonne par ce train, à 21 heures, s’embarquero a immédiatement pour continuer leur voyage sur Casablanca; ils arriveront à destination le matir | du 3° jour après celui de leur départ de Paris, avec 24 heures seulement de traversée. Au retour} les paquebots partis la veille au matin de Casablanca toucheront dans la matinée à Lisbonne, 6wfp les voyageurs pourront trouver le Sud-Express partant à 11 h. 35 qui les amène le lendemain} soir à Paris. î # Un service de voitures de la gare de Lisbonne-Rocio au quai d'Alcantara ou vice-versa assur le transport des voyageurs et de leurs bagages. SUPPLÉMENT À LA Revue générale des Sciences pu 30 Décemsre 1922 101 SA LIVRES REÇUS 2 Tous les livres reçus par la Revue sont signalés sous cette rubrique avec une brève indication de leur contenu, sans préjudice de l'ana- lyse critique dont ils pourront être ultérieurement l'objet dans la partie bibliographique de la Revue. 1° Sciences mathématiques BOUTROUX (P.): Les Mathématiques. 1 vol. in-16 de 184 P- avec 51 fig. de la bibliothèque « Cosmos » (Prix cart, : 5 fr.). Albin Michel, 22, rue Huygens, Paris, 1922. Ce petit ouvrage se propose de donner des Mathématiques une idée accessible à tous. Toutefois l’auteur ne dissimule pas que son bul a été de montrer les Mathématiques telles qu'elles sont, et non telles qu'elles devraient être pour pénétrer facilement dans l'esprit des gens du monde et pour satisfaire les goûts modernes, WYCKOFF (R. W. G.) : The analytical expression of the results of the theory of space-eroups. 1 vol. in-8° de vri-180 p. avec 34 fig. (Prix : 3 doll. 25 c.). Publication no 318 de la Carnegie Institution, Washington, 1922. Ce volume a pour but d'énoncer les résultats de la théorie des groupes dans l'espace sous une forme immédiatement utilisable par le cristallographe. On sait qu'on peut déduire de cette théorie toutes les fornres sous lesquelles des atomes peuventêtre arrangés dans l'espace, de telle sorte que leur agrégat possède * un des groupes de propriétés de symétrie observés chez les cristaux. MAILLARD (L.): Quand la lumière fut. Tome l: Les Cos- mogonties anciennes. 1 vol. in-8° de 214 p. avec 6 pl. et 49 fig. Les Presses universitaires de France, 49, boulevard Saint- Michel, Paris, 1922. Dans ce premier volume, l’auteur retrace l’histoire des cosmo- gonies anciennes : cosmogonies mythiques des peuples non civi- lisés, puis des anciennes civilisations : cosmogonies géométri- ques des Grecs, ensuite, ayant supposé d’abord la Terre plane, puis la Terre sphérique. 2° Art de l’Ingénieur MANVILLE (O.): Production économique de la vapeur, 1 vol. in-8° de 417 p. avec 259 fig. (Prix:25fr.). G. Doin, Paris, 1923, La réduction de la consommation de charbon en France ne peut être obtenue que si l'industriel s'occupe de sa chaufferie et de la production de sa vapeur. L'auteur étudie toutes les solu- tions techniques et pratiques que comporte le problème précé- dent. MARGOULIS (W.): Les Hélicoptères. 1 vol. in-8 de 91 P. -avec 21 fig. (Prix : 10 fr.), Gauthier-Villars et Cie, Paris, 1922. Dans une première partie, l'auteur expose ses recherches ex: périmentales sur le fonctionnement le plus général des hélices : dans la seconde,il applique les résultats obtenus à l'étude des régimes de vol d’un hélicoptère. GILBRETH (M.): 4.B. C. de l'organisation scientifique du travail. 1 vol. in-8° de 96 p. de la Bibliothèque des Annales des Postes et Télégraphes (Prix : 6 fr.). E. Chiron, 40,rue de Seine, Paris, 1922. Cet ouvrage, qui expose les éléments de l'organisation scien- tifique du travail, d'une part aidera les chefs d'entreprise et les surveillants à l'appliquer dans leurs affaires, de l’autre dissi- pera peut-être certaines préventlions des ouvriers à l'égard des nouvelles méthodes, 3° Sciences physiques FLEURY (H.}: Exposé élémentaire de la Théorie d’Einstein. 1 broch. in-8° de 34 p. avec 15 fig. E. Larose, Paris, 1922. Brochure de vulgarisation scientifique, sans prétention à une critique de la théorie. : BIGELOW (F. H.): Atmospheric Radiation Electricity and Magnetism. 1 broch. de 89 p. avec 28 fig. Vienne, 1922. ; L'auteur étudie les rapports entre la radiation atmosphérique et les phénomènes thermodynamiques. HAYFORD J. F.): Effects of wind and of barometric pressures on the Great Lakes. 1 vo]. in-8° de v-133 p-. avec 16 pl. (Prix: 2 doll. 75 c.). Publication 317 de l’Institution Carnegie, Was- hington, 1922, Etude de l'influence du vent et de lu pression barométrique sur le niveau des Grands Lacs,d'après les observations du Bureau météorologique et du Service des lacs des Etats-Unis. Etablis- sement de la loi générale qui gouverne ces faits, et des constan- tes fondamentales. FOOTE (P. D.) et MOHLER (F.L.): The origin of spectra. l vol. in-8° de 250 p. avec 46 fig. de l’« American Chemical Society Monograph Series » (Prix cart. : 3 doll.). The Chemical Catalogue Cy, New-York, 1922, Ce volume expose la théorie de quantum des spectres princi- palement du point de vue expérimental, bien qu'on y trouve également une discussion théorique de la question. BAUD (Paul) : Chimie industrielle. 1 vol, in-8° de 704 p. avec 270 fig. (Prix : 40fr.). Masson et Cie, Paris, 1922, Cet ouvrage expose, à l’usage des élèves des grandes Ecoles et du public intéressé, l'état actuel de la Chimie industrielle, en tenant particulièrement compte des progrès réalisés depuis 1914. De nombreux documents économiques complètent les renseigne- ments d'ordre chimique et technique, PATTISON (J. T.): Aluminium. Traduit de l'anglais par N. Cnampsaur. 1 vol. in-16 de 100 p.avec 16 fig. (Prix : 10fr.). Ch. Béranger, Paris et Liége, 1923. Get opuscule traite successivement des questions suivantes concernant l'aluminium: fabrication, alliages, analyse et exa- men des matières employées, fabricalion des électrodes. FRITSCH (J.): Le plätre. Fabrication, propriétés applications. 1 vol. in-8° de viri-246 p. avec 43 fig. (Prix: 12 fr.). Librairie Desforges, Paris, 1923. L'auteur étudie successivement la pierre à plätre et les divers produits de sa transformation : la cuisson du plâtre dans les fours anciens et modernes ; les propriétés du plâtre : plâtre à enduit, plâtre à stuc, plâtre à plancher; la résistance au feu et à la durée des constructions en plâtre; l’analyse du plâtre. L'ou- vrage se termine par la description des brevets les plus intéres- san(s relatifs au plâtre. BARY (Paul): Le Caoutchouc (Les colloïdes 1 vol. in-8° de vi-255 p. avec 50 fig. (Prix : Paris, 1923. Pour l’auteur, l’état colloïdal du caoutchouc est la clef des pro- priélés principales de cette matière, et il s'est proposé de mon- trer comment l'application des données générales sur les colloï- des explique les résultats de l'expérience (coagulation des latex, vulcanisation, régénération), dans l’industrie). 32 fr. 50). Dunod, Méthodes actuelles d’expertises employées au Laboratoire munt- cipal de Paris, publiées sous la direction de M. A. KiinG. Il. Matières grasses, beurre, cires et parafine, essence de térébenthine, huiles minérales. 1 vol. in-8° de 328 p. (Prix : 32 fr.). Dunod, Paris, 1922, Suite de l'ouvrage bien connu, dont les trois volumes précé- demment parus ont déjà été analysés dans la Revue. EE ———————_—]——""""""" "| AVIS TRÈS IMPORTANT A NOS ABONNÉS Renouvellement du 1° Janvier 1923 L'Administration dela Revue-générale des Sciences prie Messieurs les Abonnés de bien vouloir faire parvenir le montant de leur abonnement avant le 30 Janvier 1923 à G. DOIN, Editeur, 8, Place de l'Odéon, Paris (6). Passé cette date l'Administration fera présenter une quittance augmentée (pour les frais de recouvrement) de 1 france pour Paris de 1 fr. 25 pour les Départements. Les abonnés de la France et des Colonies peuvent renouveler leur abonnement par un versement au compte : Chèques postaux, G, Doin-Paris-N° 201,74. Les abonnés de l'étranger sont priés d'adresser le montant par mandat postal, chèque payable sur Paris, ou de charger leur libraire d’opérer leur renouvellement. Les abonnés qui renouvellent leur abonnement sont priés de bien vouloir rappeler l'adresse à laquelle l'envoi leur était fait et, en cas de modification, d'indiquer à la fois l’ancienne et la nouvelle adresse afin d'éviter un double emploi dans le service du Journal. G. DOIN, Editeur. GA Une nouvelle formule d'étude : Le film commenté par le livre. Le livre illustré par le film. Films Médicaux et Scientifiques de Pathé Consortium Cinéma Séries Gaston DOIN Une collection de livres et de films publiés sous la Direction scientifique d'un Comité médical. M MPEYSIOLOGIER" ER ABOFANIQUEN SN PLOOLOGIE CL ETES IV MÉDECINE OPÉRATOIRE MOBACMERIOLOIGIEE : LINEBUROLOGIE MCE ni D pee Em ti nn nor nn Re M, . oo ET MCNTOLOGIEMEE ET AGUAMUIRENPAYSIOUERX [40 D RSR ee | PATHÉ CONSORTIUM CINÉMA LIBRAIRIE OCTAVE DOIN Service de l'Enseignement GASTON DOIN, Éditeur 67, Rue du Faubourg Saint-Martin :: 1 8, Place de l’'Odéon :: :: f. PARIS 10° PARIS 6° AA Meta Éfaleur ere ss 11, rue Blainville : PARIS (V:°) Ateliers En ar 6e ARGUS DES SCIENCES Gratuit Occasions ARR a TUE QUNMMME 7 VUE ACIDE NITRIQUE F Appareils de mesure et de contrôle POUR LES SCIENCES ET L'INDUSTRIE ENREGISTREURS BREVETÉS S. G. D. G. écrivant à l'encre leurs indications d’une façon continue sur papier se déplaçant en fonction du temps, MÉTÉOROLOGIE Actinomètres, anémomètrés, anémoscopes, baromètres, hygromètres, pluviomètres, psychromètres, thermomètres enregistreurs. MÉCANIQUE Dynamomètres de traction, de rotation, enregistreurs. Indicateurs dynamométriques système Richard. Manomètres enregistreurs et à cadran. Cinémomètres enregistreurs ou à cadran donnant d’une façon absolue ù la vitesse en mèlres par seconde ou le nombre de tours par minute d'un arbre, d'une machine, etc., ete. INDUSTRIE Indicateurs de niveau d’eau enregistreurs transmetteurs à distance. Hydromètres enregistreurs. Manomètres enregistreurs où à cadran. Thermomètres avertisseurs, À cadran, enregistreurs. Pyromètres, etc., etc. ÉLECTRICITÉ Ampèremètres et voltmètres enregistreurs ou à cadran. Wattmètres enregistreurs. Ohmmètres. Boîtes de contrôle, etc. PHOTOGRAPHIE Le Vérascope, Le Glyphoscope, Le Taxiphote, brevetés S. G, D, G. (Voir le numéro précédent.) OXYGÉNATEUR DE PRÉCISION du D: Bayeux (breveté S.G.D.G.) le seul permettant d'effectuer les injections d'oxygène avec précision et sécurité, mans rax JULES RICHARI aux Expositions Liége 1905, Lyon 1914 25, Rue Mélingue (anc. imp. Fessart), PARIS, XIX° Adresse télégraph, : HORSCONCOURS ExpPosir1oN ET VENTE : 10, rue Halévy (près l'Opéra). MEMBRE DU JURY Envoi des Notices illustrées sur demande. Baromètre enregistreur Ampèremètre à cadran. Voltmètre enregistreur Fondateur et successeur 1 de la he | Maison RICHARD Frères Enregisireur-Paris Téléph. Nord19.63 Ancienne Maison CH. VERDIN, #, 63, G. BOULITTE, Succ’ Ingénieur-Constructeur.à PARIS 135 à 21,rue Bobillot,PARIS(1%:}) (anciennement 7, rue Linné) Appareils de précision pour la PHYSIOLOGIE et la MEDEUINE ENREGISTREURS, MOTEURS ÉLECTRIQUES A VITESSE CONSTANTE, CHRONOGRAPHES, CHRONOSCOPES, SIGNAUX ÉLECTROMAGNÉ- TIQUES DE M. DEPREZ, ÉLECTRODIAPASONS, MANOMÈTRES, DYNAMOMÈTRES, SPAYGMO- GRAPHES, ETC. TOUPIM@IN (F.) : Analyse générale des eaux. 1 vol. in-12 de 244 p. avec 31 fig. et 1 pl. (Prix cart. : 25 fr.). Ch. Béranger, Paris et Liége, 1922. L'uuteur décrit la suite de sesrecherches sur la faune des Ver- tébrés du fermu-Lurbonifère de l'Amérique du Nord. Cet ouvrage traite des questions suivantes : Constantes physi- ques et chimiques des eaux; Analyses de contrôle; Analyse com- plète des euux ; Essais divers et considérations sur les eaux minérales ; Lois, décrets, règlements. £° Sciences naturelles MERRILL (G. P.) : Handbook and descriptive catalogue of Lie collections of £ems and precious stonesin the Uniled States Natio- ral Museum. 1 vol. in-8° de vrr1-225 p. avec 26 fig. et 14 pl.en noir et en couleurs (Bulletin 118 de l'U. S. National Museum) Government Printing Office, Washington, 1922. Catalogue des gemmes et pierres précieuses figurant dans les collections du Musée national des Etats-Unis, accompagnés de notes diverses sur la taille des gemmes, leurs emplois industriels, leur production, ele. CASE (E. C.): New Reptiles and Stegocephalian from the . Upper Triassic of Western Texàs. 1 vol, in-4° de Su p. avec 33 fig. et 14 pl. (Prix : 2 doll.). Publication 321 de l'Institution Carnegie, Washington, 1922. COOPER (W.S.): The broad-sclerophyll Vegetation of Cali- fornia. An ecological study of the Chaparral and its related com- munilies. 1 vol. in-8° de 124 p. avec 43 fig. et 21 pl. (Prix : 2 doll.). Publication 319 de la Carnegie Institution, Washington, 1922. Etude du type particulier de végétation des montagnes infé- rieures de Californie, composé surtout de buissons denses à feuilles toujours vertes fortement cutinisées, BRITTON (N. L.) et ROSE (J.N.): The Cactaceæ, Descrip= tions and illustrations of plants of the Cactus family. Vol. NI. 1 vol. in-4° de vu-255 p. avec 250 fig. et 24 pl. en couleurs. Publication 248 de l’[nstitution Carnegie, Washington, 1922, Suite de la description des plantes de la famille des Cactus (3°, 4° et 5° sous-tribus). JANET (Ch.) : Le Volvox. 2e mémoire. 1 broch. in-8° de 64 p. avec # pl. Les Presses universitaires de France, Paris, 1922. Etude du Volvox aureus et du V. globator, d'où l'auteur tire un cerlain nombre d'arguments en faveur de sa théorie de l’ortho- bionte. = rs + 1, SACS É 104 SOMMAIRES DES JOURNAUX. SCIENTIFIQUES CAILLAUD (DrM.): Notions d'Acoustique physiologique el musicale. 1 vol. in-16 de 172 p. avec 20 fig. (Prix: 8 fr.). G. Doin et A. Leduc, Paris, 1923. ue , C: petit volume s'adresse d'une part aux musiciens, d'autre part à ceux qui débutent dans l'étude de l'examen dela voix et de l'audition, LEDENT (D°R.): L'Education physique basée sur la physio- logie musculaire. Préface du D'J. P. LanGuois. 1 vol. in-8° de 340 p. avec 88 fig. (Prix :16fr.). G. Doin, Paris, 1923, L'auteur allie les notions de la Biologie aux enseignements de la Pédagogie pour en tirer les nombreuses applications pratiques relatives à la gymnastique, aux sports, à la préparation mili- taire, aux fonctions respiratoires, à la thérapeutique même. TISSIÉ (Dr Phil.): L'Education physique rationnelle. La mé- thode. Les maïtres. Les programmes. 1 vol. in-16 de 224 p. avec 37 fig. (Prix : 9 fr.). Librairie F. Alcan, Paris, 1922. L'auteur expose ses idées personnelles sur l'éducation phy- sique, et donne des directives : biologiques, en vue de l’établisse- ment de la méthode; didactiques, en vue de la formation des maitres et pédagogiques,en vue de l'élaboration des programmes. SOMMAIRES DES JOURNAUX SCIENTIFIQUES 1° Périodiques généraux Proceedings of the National Academy of Sciences of the U. S. of America (Easton, Pa.), t. VII, n° 11 (Nov.). Man- sHALL : Propr. bactéricides des prod. de l’'émanation du Ra. — WasuiNaron : Les jades de l'Amérique centrale. — BARUS: Sur une comparaison de la sensibilité relative des télépho- nes. — Ip : Les positions d'équilibre de l'aiguille gravitante dans le vidé en 1921 et 1922. — Co8cenrz : Nouv. mesures des températures stellaires et de la radiation planétaire. — É LORENTZ : Preuve d'un théorème dû à Heaviside. — LoTKA : La stabilité de la distribution normale des äges. Journal of the Washington Academy of Sciences (Easton, Pa.) t. XII, n° 19 (19 nov.). Van OnsTRAND et SHOULTES : Valeurs de sin 4 et cos4 jusqu’à la 33° décimale, — Maxox : Fougères uouv. pour la flore cubaine. The Philippine Journal of Science (Manille), L, XXI, n° 4 (Oct.). MERRILL : Diagnoses de plantes d'Hainan, — Wrrr : L'effet des comp. sulfurés sur le ciment. — Goe : L'emploi de fibres textiles dans l'analyse chim, qualitat. microscop. V. Rech. de l'or par les fibres de soie viscose au SnCl?-pyrogallol, — Wirr : Généralités sur l'infl. des subst, sur le ciment et le ciment ariné, — ALEXANDER : Tipulidés nouv. ou peu connus des Philippines, — Voss : Rhynchitinés indo-malais. I, 2 Art de l’Iugénieur Revue universelle des Mines, de la Métallurgie, des Tra- vaux publics (Liége), 6° sér., L. XV, n° 6 (15 déc.). PORTE- VIN ; Considér, générales relativement à nos connaissances concernant la trempe de l'acier et des alliages métall. Journal of the Royal Society of Arts (Londres), t. LXXI, n° 3654 (ler déc.). SLater : Le Strand et Adelphi, à Londres ; leur histoire et leur développ. == N° 3655 (8 déc.). Smirx : Le travail du batteur daus la fabric. du papier. 3° Sciences physiques The Physical Review (Lancaster et Jthaca),t. XX, n° 6 (Déc.). Kozey : Etude photograph. des pulsations sonores entre des parois courbes, et ampliñcation du son par des cornets. — Sozr : Etude expérim, de la dispersion dans un train d'ondes limité. — Gnosx: Note sur les tambours de musique. — STE- want : Filtres d'ondes acoustiques. — BoARDMaN : Le pou- voir d’excitation de la fluorescence des différentes parties du spectre ultra-violet. —- HoPFIELD : Les spectres de H,NetO dans l'ultraviolet extrême, — WENNER, FoRMAN et Linp- BERG :_La varialion de la conductivité métall, avec la charge électrostatique. — CouLson et BECKNELL : Relations récipro- ques de diffraction entre des plaques circulaires et ellipti- ques. — Taompsox : Le flux de chaleur dans un cylindre fini ‘ayant une température superfic. variable, — BECKNELL et Coucson : Extension du principe de l’évoluée de diffraction et quelques-uns de ses détails de structure. — OLMsrTEAp : Nouv. preuve concernant l'interprétation des potentiels critiques dans l'H, — Dempsrer : Analyse de K, Ca, Zn par les rayons positifs. — VaLasek : Les propr. du sel de Rochelle en rap- port avec l'effet piézo-électr, — DurFENDACK : Ares à bas vol- tage dansles guz dialtomiques. — HewLerr : Etude expérim. de la diffusion des rayons X à peu près homogènes par G cristall. en poudre, Is métall., le benzène, le mésitylène et l'octane liquides, — TAyLor : Coefhic. d'absorption pour les rayons X homogènes. — CARMAN et LORANCE : Seconde méth. à ondes non amorties pour détermin. les constantes diélectr. — HARTMANN : Nouv. méth. pour engendrer des ondes sono- res. — In. : Infl. de la tension superfic. sur le flux d’un liquide sous forme de jet. Chimie et Industrie, t. VII, n° 5 (Nov.). CHAUDRON : La réduc- _ tion des oxydes métall, par Het CO. — Fozurer : Les gazo- gènes à fusion de cendres. — FRioN : Le chauffagè au charbon pulvérisé des chaudières et des fours (fin). — COFFIGNIER : Analyse des vernis gras. — BLANCHETIÈRE : L'ali- mentation dans ses rapports avec le besoin qualitatif d'azote (fin). — CLor : Contrib. à l'étude de quelques graines oléagi- . néuses d’Indo-Chine. —FouRNEAU : La question des brevets en _ matière de produits chim. 5° Sciences diverses Recueil d'Œuvres de Léo Errera, Pédagogie. Biographies 4 vol in-8° de 336 p. avec ! portrait. M. Lamertin, Bruxelles ; J. Her mann, Paris, 1922, À ù Ce volume termine la publication des œuvres de l'éminent botaniste belge. : } JOLY (Henri) : Le Droit féminin. 1 vol. in-16 de 248 p. dela. Bibliothèque de Philosophie scientifique (Prix : 7 fr. 50). E.Flams marion, Paris, 1922. L'auteur appuie son étude sur une théorie du féminisme d'abord, puis sur une connaissance exacte des traditions sécu laires, etenfin sur la compréhension de ce que l’état social dla jourd’hui semble réclamer de nouveau en faveur des femmes L'auteur donne une étude complète du syndicalisme féminin et consacre un chapitre au principe du droit électoral des femmes Statistique générale de la Tunisie (année 1921). 1 vol. in-8° de xvi-41-x1 pages. Imprimerie rapide, Tunis, 1922. 4 Sciences naturelles 2 Comptes rendus des séances de la Société de Biologie, t. LXXX VII, n° 36 (2 déc.). ARLOING, GUILLEMIN et LANGERON és Act. suspensive du réflexe solaire sympathicotonique sur les manifestations convulsives du choc vagotonique chez l’anim — CanrTACUZÈNE et VLEs : Sur les facteurs électr. dans ]es.« réact. des éléments du sang chez Sipunculus nudus. — DÉyé La désobstruction spontanée du cholédoque au cours de l'ob struction biliaire hydatique. — Doprer, Dumas et GOMBIESCO Sur la nature de la toxine dysentérique. — FAURE : Surw & cas d’ectopie testiculaire- chez la chauve-souris. — Goïr : et Nepveux : Mesure des ac. organ. à sels calciques sol., dans les selles. — LEevapitr et NicoLau : Affinités du virus encé- phalitique. — Lorper et MARCHAL : La leucopédèse gastriq après ingestion d'amidon. — Lopez-LoMsA : Poissons réacti des alcaloïdes. — Luquer : Act. sur le sang du diglucosido dioxydiaminoarsénobenzène. — MAyERoWNA : La glande thy=M roïde des Amphibiens au moment de la métamorphose, NÈGRE et Boquer : Llffets des injections de l'extrait méthyl bac. de Koch sur l'évolution de la tuberculose expérim. dw cobaye et du lapin. — PAGniez, Ravina et SoLoMon : Rech. sur la coagulabilité du sang après irradiations ën vitro Porrier et Lopez-LomBA : Utilisation des poissons de pe taille pour la découverte de faibles quant. de subst, toxiques: — Pozerskt et LÉVy : Sur l'excrétion de comp. phosphorés… par les microbes. — SoKGLorFr : Le noyau est-il indispensable à la régénération des Protozoaires ? — TouRNADE el CHA BROL : Réalité de l'hyperadrénalinémie par excitation du nerf splanchnique, — VALriIs : Sur les anticorps du sérum des RE | pins traités par le sérum antidiphtérique. — WOLLMANN, UR-= BAIN et Osrrowsry : Applic. de la technique au B, coli à l'étude du pouvoir protéolyt. des streptocoques. — DERNBY et… S1we : Les enzymes protéolyt, du bac. diphtérique et leurs rapports avec la toxine. — KLiING, DAVIDE et LILJENQUIST :* Sur la prétendue relation entre le virus encéphalitique etle virus herpétique. — OunLsson : Sur l'existence de deux fer-… ments amylolyt. dans la diastase du malt. Pi 5 Sciences médicales Bulletin de l’Académie de Médecine, t. LAXXVIII, n°9 39, (28 nov.), HerGorr : Sur les rapports dela tuberculose et de la grossesse. — CazENEUVE : La législation de 4916 sur la vente et l'usage des subst. vénéneuses demande-t-elle à étre revisée ? — DELBEr et BEAUVY : Sur la pyoculture,. Archives de l'Institut Pasteur, t. XXXVI, n° 11 (Nov.). Leva- DITI et NAVARRO-MARTIN; FOURNIER, GUÉNOT et SCHWARTZ : Rech. sur l’action curative et préventive de l'ac, acétyloxy= aminophénylarsinique (190 ou stovarsol) administré par voie digestive dans la syphilis, — Nicozcg et CÉSARI : Remarques sur le titrage des sérums thérapeut, — RouBAUD etWEILLON : Rech. sur l'attraction des mouches communes par les subst. de fermentation et de putréfaction. — RouBAup : Rech. sur Ja fécondité et la longévité de la mouche domestique. — WoLL- MANN : Biologie de la mouche domestique et des larves de mouches à viande, en élevage aseptique. — CAsrELLANI et TAy- LOR : Observ. sur une méthode mycolog. pour læ rech. et l'identific. de certains sucres et autres hydrates de carbone. — BALTEANO : L’infection charbonneuse et l'immunité anti- charbonneuse chez les lapins et les cobayes. — BLANCHARD et LErRoU : Deux cas de rage canine observés à Brazzaville. 6° Géographie et Colonisation Bulletin du Comité d'Etudes historiques et scientifiques de l'Afrique occidentale française, n° 3 (Juill.-Oct.). HouaAR» : Etude agrolog. du Bas-Togo. — LÉGER : Parasites sanguicoles des animaux de l'A. O. F. Dénombrement et classification, — DE MARTONNE : Photographie et topographie, — HuBerT : Ob- jets anciens de l'Afrique occid. — Dupuis: YACOUBA : Les rui- nes dites de Bokar et de Kama dans la région de Bankor. — DE CourouLy : Animaux et oiseaux-augures chez les Kroumen du Bas-Cavally, — ALQuiER : Saint-Louis du Sénégal pendant la Révolution et l'Empire (in). ‘ y PET." LUE { : 4 Ve (2 en . 0 th te ee ”