HARVARD UNIVERSITY OF THE Received Digitized by the Internet Archive in 2016 https://archive.org/details/revuehorticolejo1867unse REVUE ANNÉE 1867 MONTEREAU. IMPRIMERIE Z AIN OTI REVUE HORTICOLE JOURNAL D’HORTICULTURE PRATIQUE FONDÉ EN 1829 PAR LES AUTEURS DU BON JARDINIER RÉDACTEUR EN CHEF : M. E.-A. CARRIÈRE CHEF DES PÉPINIÈRES AU MUSEUM PRINCIPAUX COLLABORATEURS : D’AIROLES, ANDRÉ, BAILLY, BALTET, BONCENNE, BOSSIN, BOUSCASSE, CAR B OU, CHABERT, CHAUVELOT, DELCHEVALERIE, DENIS, DE LA ROY, DOUMET, DU BREUIL , DURUPT, ERMENS, GAGNAIRE, GLADY, GROENLAND, HARDY, HOIILLERT, K 0 L B , LACHAUME, DE LAMBERTYE, LAUJOULET, ANDRÉ LEROY, LECOQ, LEMAIRE, MARTINE, DE MORTILLET, NAUDIN, NEUMANN, D’OUNOUS, PÉPIN, QUETIER, RAFARIN RIVIÈRE, SISLEY, VERLOT, VILMORIN, ETC. 39* ANNÉE. — 1867 PARIS LIBRAIRIE AGRICOLE DE LA MAISON RUSTIQUE 26, RUE JACOB, 26 1867 f Ml 281906 Xd ju./y-a "UAisuv REVUE HORTICOLE CHRONIQUE HORTICOLE (2« QUINZAINE DE DÉCEMBRE.) Les insectes nuisibles à l’agriculture et à l’horticulture. — Ouvrage publié par M. le docteur Boisduval. — Extrait de l’introduction de ce livre. — Du rôle des insectes dans l’univers. — Publications de M. Paul de Mortillet. — Les quarante Poires. — Les meilleurs fruits. — Volumes consacrés aux Pêchers et aux Cerisiers. — Catalogue de M. Glqede. — Nouvelles variétés de Fraisiers annoncées dans ce cata- logue. — Fondation d’un nouveau journal par M. Joigneaux. — Les Chroniques de l’agriculture et de l’horticulture. — Prochaine publication de la nouvelle édition du Traité des Conifères. — Valeur des sexes dans la classification des plantes. — Communication de M. Standish à la Société royale d’horti- culture de Londres. — Aucuha hermaphrodite. — Fait observé au Muséum sur un pied de Stauntonia. — Production des sexes chez le Juniperus Virginiana. — Article de M. Sisley sur le Pélargonium to- nale.— Lettre de M. Lemoine. — Communication de M. Chamaret. — Lettre de M. Legrand. — Incons- tance des panachures dans les Pelargoniums. — Un Yucca alœfolia gigantesque. — Lettre de M. de Ternisien. — Nomination de membres français du jury de l’Exposition universelle de 1867. L’horticulture et l’agriculture ont, soit dans les animaux, soit dans les végétaux, de nombreux et redoutables ennemis. Chercher à faire connaître ces ennemis et à les combattre est donc rendre un service, non- seulement à quelques-uns mais à l’humanité tout entière. Telle est l’œuvre qu’un homme très-connu dans le monde savant, M. le doc- teur Boisduval, a osé entreprendre, du moins en ce qui concerne les animaux, et particu- lièrement les insectes. Le livre qu’il vient de publier sur ce sujet et que nous avons parcouru est assez volumineux, peut-être même un peu trop ; c’est un in-ôclavo de 630 pages de texte et renfermant beaucoup de dessins. Il est très-élégamment claire- ment écrit, et, à chaque instant, on sent la verve spirituelle de l’auteur. Personne, on peut le dire, n’était plus apte à faire cet ou- vrage que M. le docteur Boisduval, médecin et entomologiste distingué, qui s’est toujours occupé d’horticulture, et qui, de plus, est continuellement en rapport avec tous les jardiniers. Est-ce à dire que ce livre soit parfait et qu’après l’avoir lu on pourra se débarrasser de tous les insectes ou animaux destructeurs qu’il décrit? Malheureusement non, et malgré tous les remèdes préconisés ou employés jusqu’ici, il est encore un très-grand nombre d’in- sectes qui exercent des ravages considérables et contre lesquels l’homme ne peut à peu près rien. Ce sont des fléaux pour nous, mais ils rentrent dans l’ordre général de l’univers qui nous est à peu près inconnu. Cela, du reste, ne pouvait échapper à la 1er JANVIER sagacité de l’auteur, aussi l’a-t-il fait res- sortir dans son introduction. « Mais il faut se soumettre à la volonté de la Providence ; elle a voulu qu’ils (les insectes) eussent leur place au soleil et le droit de s’as- seoir au grand banquet de la nature. L’homme, en sa qualité de roi de la création actuelle, a la vanité de croire que la terre a été créée pour lui seul. Dans sa pensée, tous ses produits lui appartiennent, et tout ce qui ne contribue pas à son bien-être est inutile. Vanités vanila- tum!... Le Créateur, que l’homme ne l’oublie pas, ne tient nullement à la conservation des espèces. Quand celles-ci deviennent trop nom- breuses, il ouvre sa main puissante et laisse échapper les épidémies; chaque espèce rentre dans les limites qui lui sont assignées... Dans certaines années, une grande partie des larves périt sans cause connue, ou faute d’une nour- riture suffisante. Dans d’autres circonstances, des chenilles sont tuées par la muscaradine... »... Outre les épidémies, les insectes, ou leurs larves, ont des ennemis excessivement nombreux dans les parasites qui vivent à leurs dépens sans compter d’autres ennemis qui les enlèvent et les emportent dans leurs nids, pour que leurs petits, en naissant, trouvent une nourriture toute prête. Ces parasites se chargent de réta- blir une partie de l’équilibre; plus une espèce devient nombreuse, plus aussi les parasites de- viennent nombreux, et le bien vient de Vexc'es du mal « Que n’a-t-on pas écrit, il y a une vingtaine d’années, sur la Pyrale de Pilérius, qui a exercé de si grands ravages dans les vi- gnobles de la Bourgogne et est venue, jusqu’aux portes de Paris, défier les vignerons d’Argen- teuil? Feu Audouin fut, en sa qualité de profes- seur d’entomologie, chargé par le gouvernement de ^oir ce qu’il y aurait à faire pour conjurer 1. 6 CHRONIQUE HORTICOLE (a* un 'aussi grand dcsaslrc. Il y mit le plus grand zèle. Il publia de .savants mémoires; mais il ne fit rien pour la deslructicn de la Pyrale, et il ne pouvait rien faire! Pendant plus de trois ans les vignerons ne cessèrent de faire entendre leurs plaintes aux Sociétés d’agriculture, implorant leur savoir et leur secours contre un ennemi inconnu jusqu’alors (1). On essaya de tout, même dès pèlerinages. Enfin des parasites nombreux que l'on n’attendait pas se chargèrent de la besogne, et en peu de temps la Pyrale de la vigne fut sinon anéantie, au moins rendue tellement rare, qu’aujourd’hui il serait difficile de s’en procurer un exemplaire. » Ces différents passages, que nous avons cru devoir rapporter, pourraient faire croire à l’inutilité du livre, et donner à entendre que l’homme n’a rien de mieux à faire que de se croiser les bras devant les fléaux. Telle n’est pas à coup sûr l’opinion de M. le docteur Boisduval ; les remèdes qu’il in- dique contre les maux signalés suffiraient pour le prouver. Nous devons dire toutefois que nous ne partageons pas toutes les idées de l’auteur, et notamment, en ce qui concerne la taupe, nous sommes d’un avis complètement opposé «à celui qu’il a émis. Cependant notre conclu- sion sur YEssai d'entomologie horticole (2) de M. le docteur Boisduval est que c’est un livre aussi utile aux savants qu’aux prati- ciens et même aux gens du monde, et, à ce double titre, son succès est assuré, car il devra trouver une place dans toutes les bi- bliothèques. — M. Paul de Mortillet, bien connu au- jourd’hui du monde horticole par son ou- vrage intitulé les quarante Poires , et plus récemment par le premier volume de son arboriculture fruitière intitulé : Les meil- leurs fruits, après avoir terminé le volume qui traite du Pêcher, vient de commencer celui qui traitera du Cerisier. Nous n’avons rien à dire du Pêcher, puisque l’ouvrage est terminé, et que le public à pu le juger. Quant à ce qui à rapport au Cerisier, nous pouvons, d’après l’examen des quatre feuilles parues, porter un jugement et avancer que ce deuxième volume a un avantage sur le pre- mier : celui d’être plus portatif. Il n’est pas besoin de dire avec quelle clarté de style il a été écrit ; quant au sujet, il a été traité de manière à ne rien laisser à désirer; mais le format est beaucoup plus petit cette fois. Ce sera peut-être un inconvénient parce que (1) On peut en dire autant de la maladie des vers à soie, dont l’Institut a été saisi. Qu’a fait celui-ci? Il a nommé commissions sur commissions, qui ont fait de beaux et savants rapports. Mais à quoi cela a-t-il abouti? A rien! Comme M. le Dr Boisduval, nous disons : « C’est tout ce qu’ils pouvaient faire; » cons- tater leur impuissance! Vanitas, vanitatum! Rédaction. (2) 1 vol. in-8. Librairie Donnaud, 9, rue Cassette. QUINZAINE DE DÉCEMBRE). l’ouvrage, qui peut être considéré comme un tout, comprendra des volumes de for- mats différents; mais ici l’auteur nous paraît avoir sacrifié l’uniformité à la commodité et nous trouvons qu’il à bien fait, nous l’en félicitons. Ainsi qu’il l’a fait pour le volume des Pêchers, M. de Mortillet divise le volume qui traite du Cerisier en sections ou entre- tiens. Le 1 cr Entretien est consacré à Y Avant- propos ; le 2e est intitulé le Cerisier consi- dère comme une espèce; le 3e Entretien a pour titre : Division du Cerisier. — Re- cherches des éléments d'une classification; le 4e Entretien a pour intitulé : Adoption d'une classification. — Motifs à l’appui. Des tableaux clairs et très-bien faits, faisant ressortir les caractères et montrant l’en- chaînement de ceux-ci, permettent, d’un seul coup d’œil, de distinguer ces carac- tères et d’en faire l’application; le 5e Entre- tien a pour titre : Des variétés du Cerisier et du mode adopté pour les décrire. Enfin, dans le 6e Entretien intitulé Description des variétés, l’auteur décrit et figure six va- riétés de Guignes qui sont : 1° Guigne la plus hâtive; Guigne Précoce de mai; Guigne Pourprée hâtive; Guigne Précoce de Taras- con; Guigne Courte queue d'Oullins; Guigne Noire de Butiner. Une description et l’indi- cation des synonymes, lorsqu’il y en a, ac- compagne chaque gravure. Nous n’en dirons pas davantage sur cet ouvrage, c’est au lec- teur, d’après ce que nous avons rapporté et ce qu’il sait aujourd’hui des connais- sances de l’auteur, à s’en faire une idée. Nous dirons pourtant que le peu qui est paru est un encouragement ou une sorte de garantie pour le reste. — Nous avons reçu le catalogue de Frai- siers de M. Glœde pour 1866; nous y trou- vons indiquées, parmi les plantes annoncées pour la première fois, les variétés suivantes : Alice Nicholson (Nicholson); Baron de Quadt (de Jonghe); Duc of Cornwall (Ma- dame Clemenls); Goldfnder (Sclater); Lady ( the ) (Underhill) ; La home Aimée (Malenfant) ; Louis Vilmorin (Robine); Ménagère (de Jon- ghe); Prince George (Nicholson); Surpasse grosse sucrée (de Jonghe); White Pine apple (Wite Albion). Sur ce même catalogue nous trouvons aussi indiquées comme nouvelles les variétés de Pommes de terre dont voici les noms . P. Peterson's b lue; Peter son' s Schotch ; Irish Mue ; Forfarshire red ; Lapstone Kidney (la vraie , dit le catalogue). — Nous apprenons à regret la fusion du Journal de la Ferme et des Maisons de cam- pagne, dont M. Joigneaux était le principal rédacteur, avec un autre journal d’agricul- ture. Mais si le Journal de la Ferme dispa- raît, le rédacteur reste sur la brèche . M. Joigneaux fonde un nouveau recueil 7 CHRONIQUE HORTICOLE (2® ayant pour titre : les Chroniques de l’agri - culture et de V horticulture. Ceux qui connaissent M. Joigneaux sa- vent d’avance ce que sera le nouvel organe dont il entreprend la publication. Le style clair et concis de l’auteur, la droiture et la fermeté de son caractère, sa bienveillance mais en même temps sa résolution bien ar- rêtée de ne pas transiger avec la vérité, donnent une idée très-nette de l’œuvre pro- chaine de M. Joigneaux. Le premier numéro des Chroniques de l’agriculture et de l'horti- culture doit paraître le 15 janvier. — Plusieurs personnes nous ayant fait l’honneur de nous écrire pour nous deman- der si notre nouvelle édition des Conifères allait bientôt paraître, nous avons pensé que le meilleur moyen de satisfaire aux deman- des qu’on nous a adressées était de répon- dre à toutes d’une manière générale en nous servant pour cela de la Revue horticole. Nous dirons donc à nos honorables cor- respondants que l’ouvrage dont il est ici question paraîtra, au plus tard, dans le cou- rant du mois de mars prochain. — Un fait des plus importants au point de vue scientifique, qui est de nature à modi- fier profondément les idées admises en gé- néral relativement à la valeur des sexes dans la classification des plantes, a été rapporté dans la séance du A courant de la Société royale d’horticulture de Londres. Dans cette séance, M. Standish a présenté un pied d’Aucuba hermaphrodite provenant d’un semis fait par lui. La preuve du fait ressor- tait de la plante même, puisqu’elle était en- core munie de ses cotylédons, et qu’elle portait au sommet une inflorescence dans laquelle on remarquait des fleurs herma- phrodites. Ce fait, quelque singulier qu’il puisse pa- raître, n’a pour nous rien de surprenant ; il confirme une fois de plus ce principe « qu’il n'existe pas de caractère d’une valeur abso- lue. » Après tout, qu’a-t-il d’étonnant? N’est- ce pas la même sève qui fabrique on peut dire les sexes, et ne voit-on pas souvent sur certains individus, suivant les années, appa- raître en nombre variable tel ou tel sexe, tandis que dans d’autres années on en voit à peine soit de l’un et de l’autre ou de l’un ou de l’autre? Ne voit-on pas aussi des plantes, après avoir été pendant un cer- tain temps dioïques, se montrer monoïques ? Ce fait, qui se produit sur une très-grande partie des végétaux conifères, s’est montré aussi, au Muséum, sur un pied de Staunto- nia qui, n’ayant donné pendant plusieurs années que "des fleurs mâles, en produisit depuis des mâles et des femelles. Cette plante aurait donc pu, pendant quelques années, être considérée comme dioïque , qui est au- QUINZAINE DE DÉCEMRRE). jourd’hui regardée avec raison comme mo- noïque. Du reste, dans notre nouvelle édition des Conifères, qui va paraître très-prochaine- ment, nous avons constaté, dans le genre Juniper us, sur l’espèce Virginiana , un fait presque analogue à celui qui vient d’être rapporté; ainsi, chez cette espèce, nous avons trouvé des individus nettement mâles et d’autres nettement femelles, tandis que sur certains autres nous avons pu constater à la fois des fleurs des deux sexes. Nous avons trouvé aussi tous les intermédiaires, c’est-à-dire des individus qui donnaient beaucoup de fleurs soit mâles, soit fe- melles et d’autres qui n’en donnaient que très-peu des unes ou des autres, sortes de neutres , pourrait-on dire, comme on en voit chez certains insectes. — Nos lecteurs se rappellent sans doute l’article de M. Jean Sisley que nous avons publié dans ce recueil L A ce sujet, nous avons reçu trois lettres que nous croyons devoir publier, parce qu’elles nous parais- sent offrir, au point de vue physiologique comme au point de vue horticole, un certain intérêt. L’une est de M. Lemoine, horticul- teur, à Nancy. La voici : « Dans votre dernier numéro, M. Sisley se trompe, je crois, en disant que les Pélargonium zonale panachés ne proviennent jamais de semis ; j’en atteste mes propres plantes que j’ai mises au commerce et qui proviennent toutes de graines; je puis même dire que je ne suis jamais parvenu à faire vivre longtemps les boutures blanches que j’ai pu réunir. En ce moment, j’ai encore 8 à 10 plantes de semis bien panachées et provenant de la variété Mis- tris’s Pollock; il est vrai de dire que les repro- ductions par racines des Géranium panachés, comme la plupart des plantes dont les feuilles et les fleurs sont dans ce cas, ne reproduisent que des feuilles vertes ou des fleurs unicolores. Pour ne citer qu’un exemple dans chaque cas, je dirai que le Symphitum asperinum panaché n’a donné, par racines, que des plantes à feuilles verbes, et que le Phlox Triomphe de Troickell n’a produit, sur plus de cinq cents plantes de racines, que 7 ou 8 au plus de fleurs rubannées. J’ai fait moi-même des boutures de racines de Géra- nium à feuilles panachées ; ces racines prove- naient de mes semis, je n’ai eu non plus que des feuilles unicolores. V. Lemoine. L’autre lettre est de M. Chamaret, prési- dent de la Société d’industrie de la Mayenne. « Abonné à la Revue horticole depuis 1843, je lis avec attention tous les articles qu’elle publie. Dans le numéro du 16 novembre dernier, M. Jean Sisley, en parlant du Pélargonium zonale Mistris’s Pollock, termine en disant : « Gela prouve incontestablement que cette variété n’est qu’un accident fixé et que par ' Revue horticole 1866, page 429. 8 CHRONIQUE HORTICOLE (2« conséquent les horticulteurs perdraient leur temps à chercher de nouvelles variétés de Pé- largonium, zonale à feuilles panachées par le semis. » « Permetlez-moi, monsieur, quelques mots à ce sujet. Possesseur depuis plusieurs années d’une assez nombreuse collection de Pélargo- nium zonale , à feuillage panaché, j’en ai soi- gneusement récolté et semé les graines. « En 1864, j’obtenais un certain nombre de plantes; au printemps de 1865, je semai en ter- rine et en pleine terre les graines que j’avais récoltées sur mes plantes panachées : mes se- mis réussirent parfaitement; chaque jour je voyais apparaître de nouveaux pieds, les uns avec des cotylédons rubannés, les autres avec un cotylédon vert et un blanc, les autres avec deux, quelquefois trois cotylédons blancs ; ces derniers vivaient quelques jours, quelques se- maines, et tous fondaient. «Je vis ainsi naître plus de 400 plants réduits successivement à 160 qui furent empotés avec soin. Dans ce nombre, il y en avait de très-vi- goureux; d’autres que, soitfaiblesse ou toute au- tre cause, je vis avec regret périr, car ils s’annonçaient les plus beaux. J’essayai divers terreaux, sables, terre de bruyère, le sulfate de fer, le guano, etc. J’en sauvai quelques- uns; enfin, j’en possède aujourd’hui 97 pieds seulement. « En semant ces graines j’avais un triple but : obtenir de nouveaux feuillages, des plantes plus vigoureuses et aussi de nouveaux coloris dans les Heurs. Je ne m’étais pas trompé; j’ai obtenu des panachures nouvelles, quelques feuillages ne portent plus trace de zone mais des hachu- res de plusieurs teintes ; d’autres m’ont donné jusqu’à six genres de panachures qui, fixées, auraient constitué six variétés. « J’ai aussi constaté des effets assez remarqua- bles de végétation; ainsi parmi les pieds qui levaient avec un cotylédon vert et un blanc, souvent le vert prenait une grande extension, et la plante en grandissant devenait complètement verte; d’autres avaient la moitié de la tige verte, la moitié blanche ou rosée selon que le feuillage portait une ou plusieurs teintes ; chez quelques-unes le côté blanc végétant plus faible- ment empêchait le développement et forçait la tige à se courber jusqu’à un angle de 90 de- grés. «Voulant juger de la fleur, je n’ai rabattu au- cun pied avant sa floraison : j’ai ainsi obtenu une dizaine de nuances nouvelles (pour des pana- chées) à larges pétales, fortes ombelles et bien faites; mais ce qui a été le plus remarquable c’est l’apparition de deux nuances très-dis- tinctes sur le même pied, que l’on pourrait attribuer au dimorphisme, cas que je laisse à fixer aux savants, mais qui, sur mes plantes, se produisait sur les branches, ou le côté de la tige à feuillage vert, ou à feuillage panaché, ou entièrement blanche tige et feuille, parfois même la séparation des nuances s’est continuée sur le pédoncule et la moitié de l’ombelle qui avait une teinte plus ou moins vive, selon le côté vert ou blanc. « J’ai dit en commençant que certains pieds qui en naissant avaient un des cotylédons pana- chés, avaient bientôt perdu tout vestige de pa- nachure; je les ai cependant conservés et j’ai bienfait, car après m’avoir donné des tiges vi- QUINZAINE DE DÉCEMBRE). goureuses (C>«.50 à 1 mètre) pour des plantes tenues en pots, les ayant vu fleurir, je les ai rabattues, et toutes donnent des pousses à feuillage panaché. J’attends pour le printemps de nouvelles pousses, de nouvelles fleurs, et malgré les soucis que j’ai éprouvés en perdant un si grand nombre de sujets, j’ai récolté en 1866 plus de 600 graines que je mettrai en terre à la saison prochaine. « En 1804 et 1865, j’avais récolté des graines très-bien mûries sur plusieurs pieds de Mistris’s Pollock ; elles ont levé et pas une n’a reproduit sa mère ; il en a été de même de toutes les va- riétés à panachures jaunes, sauf Gold leaf qui m’a donné 6 pieds à feuillage unicolore, plus doré, plus luisant, quadricolor, Bijou , etc., se sont reproduits plus vigoureux et de fleurs à nuances variées. Qu’est-ce que tout cela de- viendra? J’attends la nouvelle saison. Si vous le trouvez bon, j’aurai l’honneur de vous le faire connaître. « Chamar.'.t. » Inutile de dire que nous acceptons avec empressement cette proposition. La troisième lettre est de M. Legrand; la voici : Je regrette de ne pouvoir être de l’avis de M. Jean Sisley sur le Pélargonium Mistris’s Pollock , ainsi que sur d’autres à feuillage pa- naché (numéro de la Revue du 16 novembre); mais la vérité m’y contraint. Je suis parfaitement d’avis que les premiers pieds de Pélargonium mis au commerce avaient des panachures fixées par le bou- turage et non par le semis; mais on ne peut pas dire que les horticulteurs perdraient leur temps à chercher de nouvelles variétés de Pélargonium panachés à l’aide du ternis. Je puis affirmer le contraire. Ayant récolté en î 864, au fleuriste de la ville de Paris, des graines sur des plantes panachées, j’en ai eu des semis qui ont levé parfaitement pana- chés et qui s’y sont bien maintenus jusqu’à ce jour; te feuillage n’est pas tricolore comme celui du Pélargonium Mistris’s Pollock, mais il est bicolore ( blanc et vert) ; genre Day Lreak ou Flower of the day. L’honorable horticulteur M. Malet, dont les talents sont justement renommés sur cette cul- ture, a également semé des graines prove- nant de plantes panachées ; il en a obtenu un certain nombre d’individus à feuilles pana- chées, dont deux entre autres sont très-re- marquables. Plusieurs autres horticulteurs ont également semé et obtenu des plantes plus ou moins pa- nachées, mais cependant à feuillage bicolore. 11 serait donc, je crois, regrettable de dé- courager les horticulteurs, et de les engager à ne pas continuer au moyen du semis leurs re- cherches de Pélargonium panachés, qui se- raient d’abord plus rustiques et plus constants que ceux fixés accidentellement, et qui au- raient moins de tendance à retourner au feuil- lage vert unicolore, leur couleur primitive, comme il arrive fréquemment lorsque les plantes prennent trop de vigueur. Agréez, etc., E. Legrand. Chef de seclion au fleuriste de la ville de Paris. 9 CHRONIQUE HORTICOLE (2* Constatons toutefois que ces lettres très- intéressantes sous tous les rapports, ne contredisent nullement ce que M. Jean Sis- ley a dit de l’inconstance des panachures des Pelargoniums lorsqu’on les multiplie par racines; au contraire, elles le confir- ment. — Nos lecteurs n’ont sans doute pas oublié l’intéressante communication qu’a bien voulu nous faire notre collègue M. Blan- chard, jardinier en chef au Jardin botanique de la marine impériale, à Brest, au sujet d’un Yucca gloriosa présentant des dimen- sions inaccoutumées. Cette communication nous en a valu une analogue de M. de Ter- nisien; elle mérite d’être lue avec intérêt. La voici : YUCCA ALŒFOLIA GIGANTESQUE. Je viens de lire dans la Revue horticole , no 23, du 1er décembre 1866, un article signalant un Yucca gloriosa gigantesque, dont la tige ne mesure pas moins de 2m.40 de hauteur, sur 90 centimètres de circonférence à la base. Cet article me suggère l’idée de faire connaître un exemplaire de Yucca alœfolia que j’ai dans mon jardin, à Cherbourg. Sa taille me paraît également respectable. Cette plante a une tige de 3m.80 d’élévation sur 60 centimètres de cir- conférence à la base. Elle n’est pas ramifiée parce qu’elle n’a pas encore fleuri. Tous les ans, ce Yucca s’allonge d’une ma- nière sensible. Sa tête originale, à la cheve- lure roide et piquante, plane sur la plupart des arbustes qui l’avoisinent. De Ternisien. — Le Moniteur a publié récemmentla liste NOUVEAU SYSTEI Ce système, dont je suis l’inventeur, est de la combinaison la plus simple. B occupe peu de place et offre plusieurs avantages sur les systèmes connus jusqu’à ce jour et pour lesquels on emploie comme combustible soit le coke, soit le charbon; ces derniers, qui exigent un entretien et des soins continuels, ont encore l’inconvénient de nécessiter de longues veillées et même des nuits, pour entretenir le feu, inconvénient que n’a pas le chauffage au gaz. Celui-ci est surtout ap- plicable aux petites serres à multiplication, aux bâches à forcer soit les fleurs, soit les fruits, il peut aussi servir à hâter la germi- nation des graines, opérations qui exigent une haute température invariable et conti- nuelle. Il suffit pour augmenter ou diminuer les degrés de chaleur, de régler Couverture des robinets à gaz; une fois l’eau du ther- mosiphon portée à une température conve- QUINZAINE DE DÉCEMBRE.) des membres français du jury de l’Exposi- tion universelle de 1867. Ils sont répartis de la manière suivante entre les différentes classes attribuées à l’horticulture : Classe 83. — Serres et matériel de l'horti- culture, MM. Darcel, ingénieur au corps impérial des ponts et chaussées; — Hardy, chef des cul- tures impériales au potager de Versailles. Classe 84. — Fleurs et plantes d'ornement. MM. Adolphe Brongniart, membre de l’Insti- tut, professeur au Muséum d’histoire naturelle; — Lucy, vice-président de la Société d’horti- culture de Paris. Classe 85. — Plantes potagères. MM. Auguste Rivière, jardinier en chef du jardin du Luxembourg; — Courtois-Gérard. Classe 86. — Fruits et arbres fruitiers . MM. Decaisne, membre de l’Institut, profes- seur au Muséum d’histoire naturelle; — Le docteur Guyot, viticulteur. Classe 87. — Graines et plants d'essences forestières. MM. Moreau, juge au tribunal de commerce de la Seine; — De Gayffier, sous-inspecteur des forêts. Classe 88. — Plantes de serres. MM. Chatin, membre de l’Académie de mé- decine, pharmacien en chef de l’Hôtel-Dieu, professeur à l’Ecole de pharmacie; — Baril- let, jardinier en chef de la ville de Paris. E.-A. Carrière l DE CHAUFFAGE nable, le maintien du degré de chaleur exige peu de gaz. Dans la plupart des appareils il est perdu une très-grande quantité de calorique par la raison qu’il faut donner un fort tirage au courant d’air pour activer la combustion du coke ou du charbon; ce tirage, plus ou moins bien établi, aide avantageusement à accélé- rer ou ralentir la mise en mouvement de l’eau ; il faut donc une cheminée directe, d’où il résulte par conséquent une grande perte de calorique. Dans mon appareil, il n’y a pas de chemi- née proprement dite ; il y a une bouche d’é- vaporation que je conduis du côté opposé de mon foyer en traversant toute la lon- gueur de la serre de manière à se confondre avec les tuyaux d’eau. Je peux même encore faire revenir cette conduite sur elle-même et la faire perdre au-dessus du foyer. NOUVEAU SYSTÈME DE CHAUFFAGE. Si mon appareil exigeait un tirage par le moyen d’une cheminée, je ne pourrais uti- liser la chaleur qu’elle laisse échapper ; pour moi, il me suffit d’avoir une prise d’air à la hauteur de mon foyer afin de rendre plus complète la combustion du gaz que je con- sume et d’en augmenter le calorique ; c’est par l’introduction de l’air que j’obtiens ce résultat et en même temps l’absence du noir de fumée, vu que la combustion du carbone étant complète, elle enlève toutes les parties brillantes, ne laisse qu’une flamme bleue, (comme l’esprit de vin) et ne donne aucune lumière. L’air chaud que j’obtiens provient de mon foyer toujours plus ou moins ardent et se renouvelant sans cesse. Je place mon appareil à gaz sous ma chaudière, laquelle représente une double cloche munie de cinq ou six bouches d’as- piration à la partie inférieure que j’ouvre entièrement lorsque j’allume le foyer en plein, sans cela la flamme restant concentrée passerait du bleu au rouge, formerait du noir de fumée en abondance et une grande partie du gaz s’échapperait sans brûler. Non- seulement encore je perdrais du gaz, mais le If f' " Fig. 1. — Appareil Ermens pour le chauffage desserres. noir de fumée encrasserait ma chaudière avec une rapidité étonnante et amortirait l’effet de la flamme sur elle. Au moyen des bouches d’aspiration, l’excé- dant du calorique s’échappe librement et est d’autant plus rapidement renouvelé que les prises d’air remplissent bien leurs fonc- tions; une fois la chaleur passée par les tubes d’aspiration, elle revient chauffer pour la deuxième fois la chaudière; en sor- tant de l’orifice de l’appareil, elle frappe les parois intérieures de la cloche ; en s’échap- pant par les tubes, elle réchauffe la cloche supérieure avant de s’échapper par le tuyau d’air chaud. De plus, j’ai, sur ladite chau- dière, un régulateur qui ferme hermétique- ment les bouches d’aspiration lorsque l’eau est bien chaude et que mon foyer est très- faible, car alors l’air contenu dans la clo- che suffit pour alimenter et maintenir une bonne combustion. Mon fourneau est construit en briques ou en terre réfractaire et se démonte par compartiments. Cet appareil, par sa^simpli- cité, est peu coûteux. Plusieurs de ces appareils fonctionnent au fleuriste de la ville de Paris. J’avais, en 1864, une bâche de 10 mètres de longueur sur ln,.60 de large dans la- quelle était établi un thermosiphon de mon système. Il me fallait une température très-élevée et invariable pour faire germer des graines de Palmiers et autres plantes exotiques ap- portées du Brésil par M. Binot. Dans cet intervalle une commission de chauffage fut réunie au fleuriste pour le concours ouvert aux appareils Gervais, Cer- belaud et Charopin. Cette commission était composée de membres très-compétents entre autres M. Hardy, directeur du potager impérial de Versailles, si hautement connu et très-expert dans les appareils de chauf- fage. Ile me H crû vole Pans lmp Zanote .13 r des Boulanfct FYerna Blix hnmiKiii Honorine Jobcrl NOUVEAU SYSTÈME DE CHAUFFAGE. 11 Ces messieurs furent surpris de la tem- pérature très-élevée que j’avais sous mes châssis et surtout de la régularité avec la- quelle la germination de toutes les graines s’était effectuée. Voici les plan et coupe de la Chaudière ainsi que de l’appareil à gaz (fig. 1 et 2) : A Chaudière principale inférieure. B Bouches d’aspiration. G Chaudière supérieure en contact immédiat avec le calorique qui passe par les bouches d’aspi- ation. D Tuyau d’évaporation et d’échappement faisant office de cheminée. E Tuyau de départ. F Tuyau de rentrée des deux chaudières A C. G Entonnoir «et tube d’alimentation muni de son niveau d’eau. II Appareil à gaz système Bingel. I Robinet principal. J Robinet communiquant à la grande couronne extérieure. K Robinet pour le cercle communiquant à la pe- tite couronne intérieure. Fig. £. — Coupe de l’appareil Ermens. L Tuyau faisant communiquer la chaudière su- périeure avec le tuyau de rentrée F. il/ Robinet de décharge. G. Ermens, Jardinier principal du fleuriste de la ville de Paris. ANÉMONE JAPONICA Cette plante est précieuse en ce sens qu’on peut la recommander à tous ; d’ordi- naire les unes sont de serre chaude ou de serre froide; telles veulent des terres par- ticulières ou demandent à être placées dans des conditions spéciales ; telles autres exigent une culture et des soins qui ne sont pas à la portée de tout le monde. L’Anémone Honorine Jobert , au contraire, est, pourrait-on dire, une plante à la portée de tous ; c’est la plante du riche comme du pauvre. Elle pousse, en effet, à peu près dans tous les sols et à toutes les expositions, et si elle s’accommode très-bien des grands espaces aérés, elle consent néanmoins à vivre dans des conditions beaucoup plus Nota. — Au lieu de'se’servir de'tuyaux en cuivre on peut en employer en zinc, ce qui diminuera de beaucoup les frais, puisque, pour des tuyaux de 44 millimètres, j’ai payé 1 fr. 10 le mètre. HONORINE JOBERT humbles, par exemple dans un pot sur une croisée et à l’ombre. Si elle peut faire les délices du château, elle peut donc aussi égayer la mansarde et contribuer au bon- heur du pauvre. Voici l’indication de ses caractères : plante vivace, rustique, excessivement vigoureuse, atteignant 50 cent., parfois beaucoup plus de hauteur. Feuilles radicales grosses, for- tement et longuement pétiolées, souvent sub- composées, à folioles inéquilatérales, large- ment lobées, parfois crénelées, atteignant jusqu’à 15 cent, de longueur, vert foncé en dessus, vert pâle et comme glaucescentes en dessous, où les nervures sont fortement sail- lantes. Feuilles caulinaires simples, plus ou 12 ANÉMONE JAPON1CA HONORINE JOBERT. moins lobées-dentées. Fleurs nombreuses, disposées en fausses ombelles, à pédoncules inégaux, partant d’un même point, et attei- gnant parfois plus de 20 cent, de longueur, unitlores; généralement simples, plus rare- ment ramifiés, et présentant alors une sorte d’inflorescence secondaire verticillée comme la première; les pédoncules se terminent toujours par une seule fleur. Fleurs très- grandes, blanches, à pétales largement et irrégulièrement obovales, étalés, les trois extérieurs très-légèrement carné-violacé en dehors. L’Anémone Honorine Jobert, l’une des plus belles plantes d’ornement, commence à fleurir vers la fin d’août; sa floraison se prolonge jusque vers la fin d’octobre. Bien que sa culture ne soit pas difficile puisque, à vrai dire, elle n’en exige aucune, les fleurs seront d’autant plus nombreuses et plus belles que les plantes seront aussi plus vi- goureuses, et cela d’autant plus que la terre sera meilleure; mais ce qu’il importe sur- tout, vu la vigueur, la voracité , en quelque sorte, de cette espèce, c’est de l’arroser fré- quemment. Comme la plante est coureuse , et tend constamment à s’éloigner de l’endroit où elle a été plantée, il est bon de la renouveler DIANTHUS Plante vivace, cespiteuse. Tige dressée, roide, rameuse, atteignant 30-35 centimètres d3 hauteur. Feuilles étroitement linéaires, planes, minces, molles, acuminées, aiguës au sommet, d’un vert foncé, légèrement glaucescent. Fleurs d’un beau rouge foncé, veloutées, odorantes, semi-doubles, à pé- tales courtement denticulés. LeD. Meldensis, Hort. n’est pas originaire de Meaux comme son nom semble l’indiquer; selon nous, cependant, c’est là qu’il a été remarqué pour la première fois. De même qu’un très-grand nombre de plantes du com- merce, son origine est enveloppée d’obscu- rité. Ce fait est regrettable sans doute, mais ce qui atténue le mal, c’est que c’est une très-bonne et belle plante d’ornement; une de ces plantes qu’on accueille toujours DU PIN Ainsi qu’on le sait généralement, le pin- cement consiste à supprimer, soit avec un instrument, soit le plus souvent avec le pouce et l’index, l’extrémité d’un bourgeon en voie de développement. Le but qu’on se propose lorsqu’on pince un bourgeon, c’est d’en arrêter l’élongation et de contraindre la sève à se refouler dans certaines parties qu’on a intérêt à favoriser, soit pour les souvent, en prenant les bourgeons les plus vigoureux. Sa multiplication se fait d’elle- même par les nombreux bourgeons qu’elle émet de ses racines qui sont traçantes. Un des faits très-curieux concernant cette plante est celui de son. origine. Elle pro- vient, ainsi que nous l’avons dit dans notre travail : Production et fixation des variétés , p. 43, d’un fait de dimorphisme qui s’est produit chez M. Jobert, amateur, à Verdun, sur un pied d 'Anemone Japonica elegans, simple variété — quelques-uns disent hy- bride — de \' Anemone Japonica. Afin d’éta- blir la généalogie, nous avons fait représen- ter ces trois plantes : la mère et ses deux enfants; la mère, ou V Anemone Japonica , porte le n° 1 ; le n° 2 se rapporte à V Ane- mone Japonica elegans , et le n° 3 à V Ane- mone Japonica Honorine Jobert. On ne réfléchit pas assez au phénomène de dimorphisme qui n’est que la consé- quence de la grande loi de modification har- monique tendant à approprier les êtres aux milieux dans lesquels ils sont appelés à vivre. Au lieu d’une exception, il est la règle, seulement on ne l’a pas encore com- pris. E. A. Carrière. MELDENSIS avec empressement sans exiger d’acte de naissance, parce qu'elle paye de mine . D’a- près des renseignements qui nous paraissent assez exacts, cet oeillet serait né en Cham- pagne, d’où une personne qui habite Meaux l’aurait rapporté : voilà comment s’explique le nom de Meldensis. On le multiplie par boutures et par éclats, c’est-à-dire par la division des touffes ; ce dernier travail se fait au printemps lorsque les plantes entrent en végétation; on plante les éclats soit en pots qu’on place sous châssis pour favoriser la reprise, ou bien en pépinière dans une terre appropriée. Quant au bouturage, nous renvoyons aux excellents articles qui ont été publiés sur ce sujet dans ce recueil. (V. Rev. hort. 1866, p. 241 et 353.) Quetier. modifier, soit pour leur faire prendre plus de force. Organiquement parlant, toutes les parties des végétaux sont identiques ; la loi qui régit leur accroissement est aussi la même; par conséquent, à une certaine épo- que de leur développement, ils concourent par les mêmes moyens à la production d’or- ganes très-divers. S’il en est ainsi, le pincement pourra s’o- e HortiarU DU PINCEMENT. 13 pérer sur des parties très-diverses et don- ner des résultats physiques différents, bien que physiologiquement semblables. Appuyons notre dire sur des exemples, et prenons, si vous le voulez, des organes dont le développement normal nous est connu, par exemple des fleurs. Les botanistes ont admis, et avec raison, que toutes les parties d’une fleur, bractées, sépales, pétales, étamines, pistils, et enfin les ovaires, par conséquent les fruits, ne sont autre chose que des transformations d’organes foliacés. C’est là un fait dont presque tous les jardiniers ont souvent été témoins, même à leur détriment, lorsque, par suite de pluies, beaucoup de boutons se transforment en bourgeons. Mais puisque toutes les parties d’une tleur peuvent être considérées comme des organes foliacés, pour faciliter notre démonstration, nous pouvons les comparer à une feuille, et si, comme d’une autre part encore, nous nous rappelons que, virtuellement, il existe tou- jours un œil à la base de chaque feuille, il s’ensuit qu’il devra également exister sinon d’une manière sensible, mais au moins à l’état rudimentaire, un œil à la base de chaque organe, quel qu’il soit. Le fait n’est pas douteux, bien que, en raison de la nature des organes, on ne puisse tou- jours le démontrer. Sur les fleurs, cette démonstration est possible; il suffit, sou- vent, pour cela, d’abattre un grand nom- bre de celles-ci lorsqu’elles sont très- nombreuses, afin de concentrer la sève dans quelques-unes; puis, sur celles-ci, de couper les sépales, les pétales ainsi que les organes de fructification pour voir des yeux, puis des bourgeons, se développer à la base de quelques-unes de ses parties. Si cette production^ se montre pas toujours, on la remarque parfois, ce qui suffit pour la dé- monstration du fait. Mais si les organes floraux peuvent être assimilés à des bourgeons, et si lorsqu’on les pince il s’opère une réaction suffisante NOTE SUR LE CEIBA PENTANDR1 Pendant longtemps les horticulteurs n’ont collectionné que les plantes les plus remar- quables par leurs fleurs ou par leur feuil- lage. Mais à mesure que l’on a cherché à donner un caractère plus sérieux aux études horticoles, des hommes distingués ont ras- semblé avec un soin extrême dans leurs collections toutes les plantes qui, à un titre quelconque, peuvent être utiles à quelque point de vue que ce soit. M. Barillet (Etablis- sement horticole de la ville de Paris), M. de YVitte (Jardin botanique de Leyde) et M. Lin- den (Jardin royal de zoologie" et d’horticul- ture de Bruxelles) possèdent de nombreuses pour faire développer les yeux latents qui se trouvent à leur base, à plus forte rai- son pourra-t-on dire des feuilles qui ont tou- jours un œil plus ou moins développé à leur base qu’elles en sont les nourrices. Une feuille est donc à l’œil qui est à sa base ce que le bourgeon est au rameau; fatiguer ou arrêter son développement, c’est favoriser l’œil qui est à sa base. Gela va de soi. Ces principes fondamentaux bien com- pris, rien ne sera plus facile que de faire l’application raisonnée du pincement qui n’en sera pour ainsi dire que les consé- quences. Origine du pincement. — L’origine du pincement comme celle de presque toutes les opérations horticoles, se perd dans la nuit des temps. Il serait donc tout à fait su- perflu de s’y arrêter. Il est très-probable qu’il est aussi ancien que la taille elle- même. On a dû le pratiquer d’abord sans le raisonner, et dans le seul but d’arrêter les bourgeons qui devenaient gênants par le trop grand développement qu’ils prenaient. Alors probablement on aura remarqué que la suppression de l’extrémité des bourgeons faisait développer en branches cerlains yeux inférieurs de ces bourgeons, et l’on en aura tiré parti. Le principe étant posé, cha- cun en aura déduit les conséquences en l’ap- pliquant diversement et dans des conditions différentes. C'est très-probablement en gé- néralisant qu’on a établi des systèmes, qui ne sont autre chose que des procédés parti- culiers d’opérer, des modifications d’un principe unique qui attirèrent d’autant plus l’attention que leur auteur était mieux placé. Combien s’est-il écoulé d’années pour ar- river jusque-là? Personne ne pourrait le dire. Dans un prochain article, nous aborderons la question en appliquant au pincement Grin les principes que nous avons posés dans celui-ci. E.-A. Carrière. [ ET LE STERCUL1A ACUMINATA et riches collections. On ne saurait trop en- gager les amateurs à les imiter. A côté de leur valeur fruitière, historique, indus- trielle, etc. , un grand nombre de plantes sont ornementales au plus haut degré; et tout le monde sait aujourd’hui quel heureux parti on en tire. Nous citerons seulement les Andropogon , Aralia , Bambusa, Bocconia , Cassia , Colocasia , Eucalyptus , Ficus , Jam- bosa , Papyrus , Bottlera , Saccharum, Spar- mannia , etc. Beaucoup de ces plantes, peu connues aujourd’hui, seront vulgarisées dans quelques années; mais, en attendant, nous croyons utile de donner quelques détails sur 14 NOTE SUR LE CEI B A PENTANDRUM ET LE S1ERCULIA ACUMINaTA. plusieurs d’entre elles à mesure que nous pourrons les réunir. L ’Eriodendron anfractuosum (Brown), Ceiba pentandrum (Gærtn), Bornbax pentan- drum (Linné), vulgairement Fromager, est originaire de l’Inde où l’on utilise son tronc, qui est très-épais, à faire de grands ton- neaux. Une variété de cette espèce croît sur la côte occidentale d’Afrique; c’est YErio- dendrum anfractuosum Africanum. Le Fromager ( Ceiba penlaiydrum) atteint des dimensions colossales, l’expression n’est pas trop forte. M. Bertrand Bocandé rap- porte avoir vu dans les colonies portugaises de la Casamance, au Rio-Grande, des pi rogues de 15 mètres de long sur 2lT*.50 de large et formées d’un seul tronc. Dans une de ces pirogues, il avait embarqué trente bœufs, seize rameurs, trois joueurs de tam- tam pour battre la marche; il y avait en outre cabine, cuisine, etc. Ces pirogues sont construites en forme de goélettes et navi- guent à la voile ou à la rame. Ce fait peut nous donner une idée de l’énorme grosseur que peut atteindre le tronc de cet arbre; mais son bois blanchâtre et mou n’a pas assez de consistance, et ces pirogues ont peu de durée. Les arbres de cette grosseur n’ont pas plus de cent années d’existence, car on en voit aux quatre bastions du fort de Bissao qui ont acquis les plus hautes dimensions, et ce fort ne fut terminé qu’en 1790, ainsi que l’indiquent les plans au Dépôt des cartes de la marine, à Paris. Dans plusieurs vil- lages les indigènes plantent un de ces arbres le jour de la naissance de leurs enfants, et lorsque ceux-ci sont en âge de s’établir, ils trouvent dans ce végétal tout ce qui leur est nécessaire pour construire leur case. Ils profitent des larges saillies qui élargissent la base du tronc pour s’en faire des portes, des fenêtres, etc., sans nuire à la végétation de l’arbre. Les fruits arrivés à leur maturité laissent échapper un duvet cotonneux si abondant que jusqu’à une grande distance la terre en est couverte comme d’une couche de neige. Ce duvet est employé à faire des matelas, des canapés et même on le fait filer pour l’employer à diverses industries. Les plantes de la famille des Bombacées ne sont pas aussi cultivées qu’elles devraient l’être. Plusieurs, en effet, telles que les Bornbax, Carolinia, Chorisia, Eriodendron , Pachira , etc., sont des plus ornementales. Ce ne sont pas les moyens de reproduction qui manquent dans ces végétaux, car nous les avons multipliés par branches, par ra- meaux herbacés, par feuilles, et même par folioles qui s’enracinent en une vingtaine de jours dans le sable à la manière des Gloxinias. Le bourrelet qui se forme à la base du pétiole donne ensuite naissance à un bourgeon. Le Sterculia acuminata (Beauv.) possède également des propriétés bien dignes d’at- tention. Son fruit, nommé également Noix de Kola , Noix de Gourou , Café du Soudan , est très-estimé des Africains, qui, après l’avoir mâché, trouvent leurs mets et sur- tout leurs boissons meilleures. 11 est aussi un vif excitant contre le sommeil. Dans certaines contrées, il sert de monnaie. Ainsi, à Saint-Louis (Sénégal), ce fruit re- présente une valeur de 50 centimes. Au Casamance il ne vaut que 10 centimes; cette différence tient de la difficulté que l’on éprouve à le conserver et à l’apporter des contrées où on le cultive. Les nègres ont l’habitude, lorsqu’ils se rencontrent, de s’offrir un Kola ou Gourou en signe de bonne amitié, comme on s’offre une prise de tabac dans nos pays. Cette espèce avait disparu des collections. M. Bertrand Bo- candé eut le soin, dans un des voyages qu’il fit à Rio-Pongo, de nous en rapporter une vingtaine de graines qu’il conserva intactes dans un bocal rempli de sable humide et hermétiquement fermé pendant la traversée. Ces graines donnèrent naissance à autant d’individus. G. Delchevalerie, Chef des travaux de multiplication au fleuriste de la ville de Paris. REVUE DES PUBLICATIONS HORTICOLES DE L’ÉTRANGER Nous trouvons dans le Botanical Maga- zine les figures et les descriptions des plantes suivantes . rhododendron fortunei, Lindley , pl. 5596. Cette espèce fut découverte par M. For- tune dans la province Chekiang, de la Chine, dans les régions montagneuses, à une élévation de 1,000 mètres. M. Fortune en envoya des graines à M. Glendining, à Chiswick, qui en obtint des plantes qui se firent remarquer par leur grande rusticité, qui permettait de les cultiver en pleine terre. Le pieu ayant servi de modèle pour la figure que nous avons sous les yeux, a fleuri chez M. Luscombe, à Kings-Bridge, en mai dernier. Par son feuillage, la struc- ture du calice et de l’ovaire, et par son agréable parfum, cette espèce se rapproche beaucoup du Rhododendron Griffithianum , et surtout de sa variété Aucklandii , mais elle s’en distingue par le coloris d’un beau rose de ses grandes fleurs. ilex latifolia, Thunberg, pl. 5597. Ce bel arbuste du Japon est maintenant REVUE DES PUBLICATIONS HORTICOLES DE L’ÉTRANGER. 15 très-commun dans les cultures françai- ses. Les Heurs d’un vert jaunâtre sont disposées en capitules arrondis, placés dans les aisselles des feuilles. Les fruits sont de la grosseur et de la belle cou- leur rouge écarlate de ceux de notre espèce indigène. On en voit en ce moment le long d’un mur du Petit-Trianon, en plein air, qui sont couverts de fruits. iiuntleya cerina, Liudley, pl. 5598. Cette belle Orchidée, le Huntleya Cerina , Lindl., Pescatoria cerina , Reichb, fut dé- couverte par Warscewicz, àVeragua, auprès du volcan Chiriqui, à une élévation de 2,400 mètres. Cette plante fleurit en pre- mier lieu chez M. Rucker qui, pendant assez longtemps, en était le seul posses- seur. C’est une espèce épiphyte dépour- vue de pseudobulbes, qui produit des touffes composées de quatre à cinq feuilles cunéi- formes-allongées, pointues au sommet, longues d’environ 35 centimètres. Les hampes florales portent chacune une seule grande fleur d’un jaune très-pâle, à labelle convexe d’un jaune éclatant, offrant vers sa base une proéminence demi-circulaire, composée d’une multitude de plissures or- nées de stries pourpres. Cette plante de- mande à être traitée comme la plupart des Trichopilias , qui d’ailleurs sont de la même patrie. nierembergia veitchii, Berkeley , pl. 5599. Charmante petite Solanée introduite de Tu- cuman (Amérique du Sud), par MM. Veitch. M. Hooker, s’appuyant sur la grande varia- bilité des espèces de ce genre, est assez disposé à supposer que cette plante n’est qu’une forme qui, avec le Nierembergia repens , Ruiz et Pavon, du Chili et le Nie- rembergia spahulata , H. B. Ar., du Pérou, formerait une plante très-multiforme d’une grande étendue géographique, dont les va- riétés se distingueraient alors par la surface glabre ou velue des feuilles, ou bien par la largeur et la forme de ces organes, ainsi que par leur disposition opposée ou alterne sur la tige. Dans la plante figurée les feuilles lancéolées sont presque toutes op- posées, les pétioles et les pédoncules sont courts et les lobes du calice larges. Les fleurs sont à peu près de la grandeur et du coloris de celles du Nierembergia filicaulis, si fréquemment cultivé dans nos jardins. KÆMPFERIA ROSCOEANA , Walliefl , pl. 5600. Cette Scitaminée est d’une introduction assez ancienne. Ses feuilles suborbiculaires, pointues au sommet, horizontalement éta- lées, sont d’un beau vert extrêmement som- bre et ornées de deux zones concentriques d’un vert très-clair, ce qui leur donne un aspect très-agréable. Les fleurs blanches, supportées par une très-courte hampe flo- rale, sont petites et n’ont rien qui puisse les faire rechercher. Cette plante qui habite à Burma, fut découverte en 1826 par Wal- lich ; elle fleurit en Angleterre depuis 1829. CŒLOGYNE CORRUGATA, Wight, pl. 5601. Quoiqu’une figure très-exacte de celle belle Orchidée ait été donnée il y a déjà quinze ans, dans les Icônes du Dr Wiglit, cette espèce n’a point été introduite vivante dans les collections avant 1863, lorsque quelques pieds, provenant de l’Inde orien- tale, furent envoyés au jardin de Kew. Selon le Dr Wigh elle fui trouvée près de Courtal- lum, dans les montagnes Tulney (Neilgher- ries), où elle fleurit en août et septembre. Suivant M. Lobb, elle se trouve aussi spon- tanément à Kliasya. Cette espèce se distingue par ses pseudobulbes ovales rugueux, qui portent deux feuilles membraneuses oblon- gues. Les fleurs assez grandes, blanches, à labelle jaune, sont réunies au nombre de 3 à 6 en grappes dressées. COTYLEDON FASCICULARIS, AÜOU, pl. 5602. Belle Crassulacée de l’Afrique méridio- nale, où elle habite surtout dans les districts de Karroo. C’est un arbuste glabre haut de 35 à 70 centimètres, à feuilles glauques, très-charnues, larges, ovales-cunéiformes, pointues. La hampe florale, haute de 30 à 40 centimètres, porte une large panicule de grandes fleurs dont la corolle est d’un beau rouge orangé dans sa partie supérieure, jaune verdâtre vers sa base. glyptostrobus pendulus, Endlicher , pl. 5603. Cette Conifère de la Chine n’est pas d’une nouvelle introduction. C’est un arbuste d’un port très-élancé et fort gracieux lorsque la plante a atteint une certaine taille. Elle a beaucoup de ressemblance avec le Taxo- dium distichum , car, comme cette dernière plante, elle porte des épis floraux produits de chatons mâles avec un ou quelques cha- tons femelles à leur base. Mais les feuilles linéaires pointues ne sont point distiques et les écailles du cône ne sont pas peltées (1). helipterum cotula, d. c., De Candolle pl. 5604. Charmante Immortelle des bords du Svan- River de la Nouvelle-Hollande, dont le jardin de Kew avait reçu les graines par M. Thompson d’Ipswich. Cette plante a fleuri en mai dernier. Comme les autres espèces du même genre, Y Helipterum Cotula porte des capitules floraux de deux couleurs : (1) Cette prétendue espèce, qu’on possède depuis longtemps dans les cultures, n’est qu’une forme du Taxodium distichum. Rédaction. 16 REVUE DES PUBLICATIONS HORTICOLES DE L’ÉTRANGER. d’une couleur jaune doré et d’un blanc pur. Cette plante annuelle, à feuilles linéaires- tiliformes, couvertes d’un duvet laineux, paraît être assez répandue, à l’état spontané, dans la partie sud-ouest de l’Australie. BOLBOPHYLLUM RETICULATUM, Bdteman, pl. 5305. Une très-singulière, mais en même temps très-belle Orchidée, assurément la plus belle du genre, soit qu’on considère la forme de ses fleurs, leurs charmants sépales et pétales ornés de stries longitudinales rou- ges, soit qu’on ait égard à ses belles feuilles larges réticulées. C’est une découverte de M. Thomas Lobb, qui l’a trouvée à Bor- néo, en août dernier. Elle fleurit dans les serres de Kings-Road. Les feuilles longues MISE A FRUIT DES Je suis de l’avis de M. Th. Denis, jardinier en chef de notre Jardin botanique, et de M. A. Dumas, jardinier-chef de la ferme-école de Bazin , sur l’utilité de la taille précoce, c’est-à-dire automnale, de tous les arbres à fruits, et cette question a été pleinement élucidée dans les journaux viticoles à propos des expériences faites depuis longtemps par un vigneron de Lecco. Mais je ne suis plus d’accord avec ces messieurs, quand ils disent que la taille est nécessaire pour mettre les arbres à fruits. Si j’ai bien compris l’article de M. A. Du- mas, dans la Revue du 16 décembre, il s’agit de tailler dans la deuxième ou troisième an- née les arbres fruitiers de semis ou ceux greffés nouvellement plantés, pour leur faire développer des boutons à fruits. Sans prétendre discuter avec ces prati- ciens la question théoriquement , je dirai qu’il y a un axiome aujourd’hui générale- ment admis que, sans rameaux, sans feuil- les, il n’est point de bon système radicu- laire, et j’ajouterai avec un écrivain com- pétent (1) : « Le système radiculaire étant toujours en rapport direct avec le système foliacé qui lui donne l’existence, plus ce dernier est puissant, plus le premier le devient. » J’en conclus que la taille précoce appli- quée aux semis ou aux arbres greffés nouvellement plantés leur est nuisible. SUR LES P La Revue horticole a signalé à ses nom- breux lecteurs une amélioration due à l’ini- tiative du jardinier en chef de la ville de Paris, M. Barillet, qui avait été frappé non- seulement de la grande quantité et de la fa- (1) Gaudais, de Nice. de 7 à 12 centimètres sont ovales, pointues au sommet. musschia wollastoni Loive , pl. 5606. Cette Campanulacée de l’île de Madère fut introduite aux jardins de Kew vers 1843. C’est un arbuste à larges feuilles, haut de 70 centimètres à 2 mètres. Les fleurs, dres- sées, assez grandes, d’un jaune pâle, à limbe de la corolle rabattu, sont disposées en une ample panicule terminale. Les feuilles inférieures sont longues de 35 à 70 centimètres; elles sont oblongues, lan- céolées, sessiles, doublement découpées en scie. On ne connaît jusqu’à présent de ce genre qu’une seule autre espèce, le Mus- schia aurea , cultivé déjà depuis l’an 1777 au jardin de Kew. J. Groenland. ARBRES FRUITIERS J’admets avec M. Dumas que, par la taille précoce l’on obtiendra des fruits plus tôt, mais ce sera au détriment de la longévité de l’arbre. Ii y a un moyen d'obtenir le même résul- tat, sans encourir les mêmes inconvénients, c’est l’inclinaison des branches au-dessous de l’horizontale que l’on peut appliquer aux semis d’arbres fruitiers et aux jeunes planta- tions, avec la presque certitude d’obtenir des fruits beaucoup plus tôt que par les ancien- nes méthodes. Au surplus l’essai en est facile, et l’on peut toujours (en cas d’insuccès) relever les branches inclinées (ce que l’on fait toujours quand elles sont à fruit), tandis que l’on ne peut pas remplacer celles qui ont été retran- chées par la taille, ni réparer le dommage fait au système radiculaire. Que ceux qui n’ont point de parti pris ou d’intérêt dans la question essayent l’un et l’autre procédé conjointement avec l’an- cien. C’est le seul et véritable moyen de vé- rifier les assertions contradictoires et la seule marche rationnelle pour se former une conviction. Le meilleur moment pour incliner les branches est aussitôt après la chute des feuilles; toutefois on peut pratiquer cette opération tout l’hiver jusqu’à l’ascension de la sève. Jean Sisley. cilité avec laquelle les horticulteurs pro- duisent chaque année des variétés dans certains genres déplantés, tels que Pélargo- nium, Fuchsia , etc., mais encore de la similitude des noms donnés à ces variétés souvent peu différentes. Pour remédier à cet état de choses, M. Ba- SUR LES PELARGONIUM. 17 rillet a convoqué plusieurs spécialistes, dont la Revue a déjà fait connaître les noms *, et qui se sont réunis le 23 août dernier, en un comité d’examen dans lequel ils ont décidé que, pour cette année, les travaux se borneraient à l’examen des Pélargonium zonale inquinans, en fleurs, et que l’on re- mettrait à l’année prochaine celui des autres plantes ainsi que des variétés de Pélargo- nium non fleuris ou trop faibles pour être bien jugés. La commission avait pensé tout d’abord à diviser les Pélargonium en deux sections: 1° Pélargonium zonale ; 2° Pélargonium inquinans ; mais elle a dû renoncer à cette idée, parce qu’il lui a semblé impossible de reconnaître le caractère distinctif de chaque plante au milieu de cette foule de variétés nées du mélange de ces deux types. On a donc décidé que, pour rendre le tra- vail plus facile, une division des Pélargo- nium serait faite sur les bases établies d’a- vance par M. Rafarin, c’est-à-dire la classi- fication de toutes les plantes en trois grandes divisions de coloris, savoir: 1° Rouge foncé passant au saumoné pour arriver au blanc ; 2° Rouge carminé ; 3° Rose. Ces divisions se subdivisant en autant de groupes dans lesquels se trouvent réunis toutes les variétés ayant une assez grande ressemblance de ton, les chiffres placés à gauche des noms indiquent ces groupes. En outre, il a été décidé que le degré de mérite des variétés recommandées serait exprimé par les chiffres 1, 2 et 3, placés après le nom des obtenteurs; que la lettre S désignerait les variétés convenant plus spé- cialement à la culture en serre ; P T celles particulièrement propres à la pleine terre, et R celles qui conviennent pour bordures de massifs ou corbeilles. Ces dispositions préliminaires adoptées, la commission, après l’examen d’environ 800 variétés représentées par des sujets cultivés en serre et en pleine terre, a dési- gné comme recommandables à divers titres les variétés dont les noms suivent : ire Division, comprenant les variétés à fleurs rouge foncé, passant au saumoné pour arriver au blanc. .iouge foncé. Tom pouce (?). Degré de mérite. 3 Emploi P. T. S. Frogmore? 3 P. T. S Henry Lierval (Deschamps ). 1 P. T. La Foudre (Lemoine). 1 P. T. Le Zouave (id.). 1 P. T. Boule de feu (. Nivelet ).' 2 P. T. Etendard (Richalet). 2 P. T. Langewicz (Lemoine). 2 P. T. 1 Voir Revue horticole, 1866, page 313. Les Misérables (id. . 2 B. Etoile des massifs (Boucharlat) . 3 P. T. Hugo Englert (Weinrich) 3 P. T. Madame Galland ( Boucharlat ). 3 P. T. 4 Léonidas (Lemoine). extra P. T. Sobiesky (id.). 1 P. T. Boule de feu (UHuillier). 2 P. T. Georges Nachet (Rendatler). 2 P. T. Prince impérial (Jarlot). 2 P. T. Marvel (W. Bull.). 2 S. Victor Lemoine (Nardy frères). 3 P. T. Clipper (Smith) . 3 Triomphe de Courcelles (Va- S. rangue) . 3 P. T. 5 Monsieur Aimé Dubos (Bou- charlat). 1 S. Monsieur Maugenet (Jarlot). 1 S. Daniel Mannin (Lemoine). 3 P. T. Directeur (Richalet). 3 S. Donald (Beaton). 3 S. 6 Président Réveil (Nardy frères). 3 P. T. Docteur Lindley (W. Bull.). 3 S. 7 Géant (le) (Boucharlat). 3 S. 8 Réviser Kulmann (Weinrich). 3 P. T. 9 Madame Aunier ( Nardy frères). 2 P. T. Effective (W. Bull.). 3 S. Mexico ( Chardine ). 3 P. T. 10 Victor Millot ( Brousse ). 1 S. Fortuné Delmez (id.). 3 P. T. Le Niagara (Lemoine). 2 P. T. 11 Sun Light (W. Bull). 1 P. T. Vercingétorix (Lemoine). 2 P. T. Woodwardiana (Henderson). 2 S. 12 Jules César (Lemoine). 1 P. T. Madame Léon Loisel (Malet). 1 P. T. Ami Rabotin (Rendatler). 2 P. T. Marie Vincent (Crousse). 3 Rouge saumoné. P. T. 13 Emile Licau (Licau). extra P. T. Madame Calot (Lemoine). 1 P. T. M. Pagès (Nardy fr.). 1 P. T. Abbé Samson (Martine). 2 S. Exquisita (Hock). 2 P. T. Madame Travers (Rendatler). 2 Beaton’s Indian Yellow (Bea- P. T. ton). 2 Archevêque de Paris (Le- S. moine). 3 P. T. Madame Fischer (Weinrich). 3' P. T. 14 Jean Valjean (Lemoine). 1 P. T. Monsieur Barre (Babouillard) 1 Comtesse de Pourtalès (Ren- P. T. datler). 2 P. T. Titien (le) (Crousse). 3 P. T. 15 Etienne Henri (Rendatler). 2 P. T. Madame Loussel (Malet). 2 Madame Ninette Sacchero S. (Crousse). 3 P. T. Saint-Fiacre ( femoine ). 3 Rose saumoné. P. T. 16 Mme Rougier (Chardine). 3 P. T. Rouge orangé, clair rayé, orange foncé. 17 Les Gaules (Lemoine). 1 P. T. 18 Eugénie Mezard (Babouillard). 1 P. T. S. Charlotte Corday ( Nardy fr.). 2 P. T. 19 Gloire de Gorbeny (Babouil- lard). 1 S* P. T. Madame la baronne Hauss- mann (Ville de Paris). 1 S. P. T. 18 SUR LES PELARGONIUM. Mathilde Moret ( Chardine ). 3 P. T. 20 Havilah ( Jarlot ). 2 P. T. Garonne de Staël (Malet). 2 P. T. Madame Rendatler (Nivelel). 2 S. 21 Charles Rou illard (Mezard). 2 S. Nina Hock ( Hock ). 3 P. T. 22 Madame Prudent Gaudin (Bruant). 2 S. 28 Amelina Grisau (Lemoine). 1 S. Ary Zang ( ). . 2 B. Norma ( ). 2 S. Princesse Alice (Smith). 3 P. T. 24 Madame Danguy (Nardy fr.) 2 S. 25 Monseigneur Lavigerie ( Ren ■■ P. T. daller). 1 Le Prophète (Lemoine). 1 P. T. Madame Dufour (Malet). 1 S. Brillant de Toulouse (Smith). 3 S. 26 Ludwich Uhland ( Weinrich ). 2 P. T. 27 Marie Labbé (Chardine) \ P. T. 28 Dame Blanche (Plaisançon). 1 S. 29 Madame Berthe Foache (Ren- datler). 1 S. Madame Verlé (Babouillard) . Souvenir de Monsieur Pey- 1 S. rot (Bruant). 1 s. Gaëtana (Weick). 2 s. Blanc teinté. 30 Virgo Maria (Nivelet). 1 P. T. 31 Schneeball (Hock). 1 P. T. Lara (Lemoine). Madame Vaucher (Babouil- 2 P. T. lard) . 2 P. T. Blanc. 32 La Vestale {Babouillard) . 1 S. Whitetom Thumb. (W. Bull). Blanche de Castille (Bou- 1 S. P. T. langer). 2 S. The Swan (W. Bull ). 2 S. 3e Division, comprenant les variétés rouge car- miné. 1 Cardinal (Crousse). 1 S. 2 Ornement des massifs (id.). 2 P. T. 3 Abondance (Nardy fr.). 2 P. T. Impérial (Richalet). 3 S. Triomphant (Boulanger). 3 S. 4 Amédée Achard (Crousse). 1 S. P. T. 5 Christian Déegen (Lemoine). 1 P. T. Hardy Gaspard (Boucharlat). 1 S. Madame Madeleine (Lemoine) 2 S. Staatsrath Valher ( Weinrich). 3 s. 6 Macrantha (Liabaud). 2 s. 7 Lapérouse (Rendatler). 2 s. 8 Nardy frères (Puteaux- Chaim- bault). 1 s. Louis Rœzeler (Rendatler). 2 P. T. Nora (W. Bull). 2 P. T. Vulcain (Smith). 3 P. T. 9 Victoire de Puebla (Char- dine). 1 P. T. Herols of the spring (..... ) 2 Madame Genissel (Nardy fr.) 2 10 Monsieur J. Meunier ( Lhuil - lier). 1 Ronnie Dundée (W. Bull). 2 Madame Rudelphe Abel ( Crousse ). 2 P. T. P. T. P. T . P. T. S. »e Division, comprenant les variétés rose. Rose unicolor. 1 Christinus (Babouillard). 1 P. T. Madame Ermens (Ville de Paris). extra S. Rose à onglet blanc. 2 Beauté du parterre (A. Dufoy ) 1 P. T. Beauté de Suresnes (Cassier). 2 P. T. Belle Rose (Rendatler). 2 S. Gloire des Roses (Varengue). 2 s. Rose de Madrid (Jarlot). 3 P. T. 3 Beauté d’Europe (Crousse). 1 P. T. Gloire de France ( — ) 3 P. T. 4 Rose Rendatler ( Rendatler ). 2 P. T. 5 Kœtchen Schreurer (Hock). extra P. T. Mademoiselle Noémie Legen- dre (Paulin). 3 P. T. Mais ce n’est pas tout, et M. Barillet cherche à se mettre en relations avec d’au- tres horticulteurs afin de les décider à ac- cepter la même mission l’année prochaine pour les espèces dont les variétés sont éga- lement très-nombreuses. Espérons que son intention sera accueil- lie comme elle le mérite, car les travaux de ces commissions seront non-seulement uti- les à l’acheteur souvent obligé de restrein- dre ses dépenses, et qui, alors, aura un gui- de dans le choix et dans l’emploi des varié- tés, mais encore ils rendront plus difficile la vente de plantes identiques sous des noms différents. A cet effet, M. Barillet désire que, pour 1867, les commissions invitent les produc- teurs à vouloir bien leur soumettre, avec les gains nouveaux, les noms qu’ils se pro- posent de donner à leurs plantes, de façon que si un nom avait déjà été appliqué à un sujet de la même espèce, averti par la com- mission, l’obtenteur fût à même de le modi- fier à temps. La liste des variétés de Pélargonium Nosegay et à feuilles panachées les plus recommandables, sera publiée dans un des prochains numéros de la Bevue. Rafarin. CANPANULE CARILLON ROSE 1 Cet article a pour but, non-seulement de faire connaître une nouveauté horticole des plus remarquables, mais aussi, comme nous * Voir Revue horticole , 1866, page 408. 1 Loc. cit. l’avons dit dans un précédent article*, d’en rechercher et d’en divulguer l’origine. Tout le monde connaît la Campanule Carillon ( Campanula medium ), vulgairement appelée Violette marine, magnifique espèce annuelle de pleine terre, que l’on rencontre CaMPANÜLË CAËiLLON ROSË. 19 dans tous les jardins et qui se couvre de la fin de mai, pendant tout juin et une partie de juillet, d’une volumineuse pyramide ra- meuse de grosses et grandes Heurs en forme de cloches, d’un beau bleu violet. On en possédait depuis longtemps des variétés à fleur bleue double, blanche sim- ple, blanche double, bleu clair ou gris de lin simple et double ; mais on n’en connais- sait pas encore à fleur rose. Or, voici que les 2, 6, 9 et 13 juin 1866, on voit apparaître sur les marchés aux fleurs, parmi les arra- chis exposés à la vente sur le quai Napoléon, à Paris, plusieurs bourrichées d’une nou- velle variété de cette Campanule, à fleur d'un rose excessivement pur et d’une fraî- cheur exquise. Pas n’est besoin de dire que ces plantes trouvèrent amateur et qu’elles furent promptement enlevées. Le 14 juin, la même variété fut apportée par deux personnes, dans le local de la So- ciété impériale et centrale d’horticulture, et présentation en fut même faite par l’une d’entre elles, ainsi que le constate le procès- verbal de la séance de ce jour. A la même époque, on en rencontrait quelques pieds fraîchement empotés ou transplantés, chez quelques-uns des horti- culteurs et des marchands de graines de Paris et de la banlieue. D’où pouvait sortir cette plante, qui tout à coup faisait irruption, pour ainsi dire, dans le commerce horticole parisien, et en apparence, chez plusieurs personnes et sur plusieurs points à la fois? — C’est ce que nous avons voulu savoir, et voici le résultat de nos recherches. La nouvelle Campanule rose (Violette marine à fleurs roses ; Campanule à grosses fleiirs roses, Campanula medium var. flore roseo) a été obtenue par hasard et de toutes pièces en 1864-65 par M. Lachambre (fleu- riste-maraîcher, demeurant à Paris, barrière des Deux-Moulins), dans un semis de Cam- panule violette marine ordinaire à fleurs bleues et à fleurs blanches, mêlées. Le pre- mier sujet à fleur rose montra ses fleurs en 1865.11 produisit des graines qui furent semées dans la même année, à la fin de l’été, et les plantes qui en sont sorties et qui ont, en grande partie, fleuri en 1866, on repro- duit franchement la variété rose. — C’était de chez ledit sieur Lachambre que prove- naient les pieds vus sur les marchés aux fleurs et ailleurs. Voici donc une variété qui non-seulement se produit spontanément de toutes pièces, mais qui se présente de premier jet avec tous les caractères de permanence qui cons- tituent, pour quelques auteurs le litre d’es- pèce. Bien plus, dès la première génération, celle variété à fleurs roses simples a donné naissance, à son lour, aune race ou variété à fleurs doubles, également du rose le plus pur, laquelle variété nouvelle a produit des graines qui, semées à la fin de l’été de 1866, ont germé et font espérer la fixation de cette autre nouveauté. Le point de départ une fois trouvé pour Paris, restait à examiner si la Campanule carillon rose n’existait pas dans d’autres contrées. Pour cela , nous nous sommes renseigné de. divers côtés; nous avons parcouru les catalogues de ces der- nières années d’un très-grand nombre d’horticulteurs et de marchands de graines de la France et de l’étranger, et, à notre grande satisfaction, nous avons trouvé que la même variété avait également fait son apparition, entourée des mêmes circons- tances, en 1864-1865 dans une petite ville d’Allemagne, et que les deux formes à fleurs simples et à fleurs doubles y avaient aussi été obtenues simultanément. Ainsi donc, la Campanule carillon rose à fleurs simples et doubles nous présente cette particularité, déjà observée plusieurs fois, d’une variété ou d’une race se produi- sant tout à coup et en même temps dans des contrées très-éloignées, et se reprodui- sant identiquement dès l’origine avec toute l’apparence d’une permanence qu’il y a lieu de croire acquise désormais. Que penser en présence de ces faits ? Ne semblent-ils pas prouver que, ainsi qu’on l’a dit et écrit bien des fois, les êtres sont susceptibles, au bout d’un temps plus ou moins long, de se modifier, de donner nais- sance à de nouvelles formes, à de nouveaux coloris, qui se fixent naturellement ou qui sont fixés, par la main de l’homme, et qui, plus tard, se modifient à leur tour, les uns dans la forme ou la dimension de tout ou partie de leurs organes, les autres dans leur coloris ou leur degré de précocité, etc., etc. Les faits ce cette nature son fré- quents, notamment en horticulture. Ne semble-t-il pas propable aussi, en examinant cette pluralité d’origine, et en la rapprochant de divers faits connus de géographie bota- nique, qu’une espèce nouvelle peut (à la suite de modifications successives d’un type donné) procéder d’une autre espèce, et ce, sur plusieurs points du globe en même temps ? Mais, dira-t-on, il s’agit ici d’une plante très-cultivée dans les jardins de presque- toute l’Europe, qui donne abondamment des graines dont il est fait un certain commerce, et les pieds obtenus chez le jardinier de Pa- ris ont bien pu provenir de graines sorties du mêqie sac que ceux du jardinier allemand? A cela nous répondrons que cette supposi- tion est moins probable que l’hypothèse des deux origines émise plus haut; car les types bleu et blanc de notre plante sont si com- muns partout et ils grènent si abondamment, qu’il n’est pas besoin d’en aller chercher de la semence à l’étranger. D’ailleurs, la sup- CAMPANILE CARILLON ROSE. 20 position doit tomber devant l’affirmation du jardinier parisien Lachambre, qui dit avoir recueilli chez lui-même et sur des plantes à fleurs bleues et blanches, les graines qui ont produit par hasard le premier pied à fleurs roses. Dans tous les cas, et lors même que les graines semées par les deux horticul- teurs auraient eu une même origine, cela ne changerait rien à la question, car, du mo- ment où la variété nouvelle a pu apparaître tout à coup sur un point, il va de soi qu'elle a pu se montrer également et de toutes pièces sur plusieurs autres points du globe où le type existait sans qu’il y ait eu entre eux la moindre relation. On pourrait alléguer aussi, comme on l’a fait quelquefois, que le vent, les oiseaux voyageurs, etc., ont pu transporter des se- mences d’un point à un autre; mais cette supposition, admirable dans quelques cas et pour quelques espèces, ne peut l'être pour une variété horticole se créant de toutes pièces sous nos yeux, et moins encore pour celle qui nous occupe que pour toute autre. D’ailleurs, nous le répétons encore une fois, de ce que le fait s’est produit sur un point, il a pu se produire sur d’autres avec la même spontanéité. PLANTES NOUVELLES, R Eucodonopsis Nœgelioides, L. V. H. — Très-jolie Gesnériacée dont M. Van Houtte, qui en est l’obtenteur, a donné dans la Flore clés serres , tome XVI, page 1, une descrip- tion et une figure. Ayant pu l’admirer en fleurs pendant plusieurs mois cette année, chez MM. Thibaut et Keteleer, nous pouvons la recommander. C’est une plante caules- cenle, naine, ramifiée et très-floribonde, à feuilles cordiformes, laineuses, tomenteu- ses. Les fleurs solitaires à l’extrémité de pédoncules d’environ 10 centimètres réunis par faisceaux, sont monopétales et tubu- leuses, largement ouvertes au sommet, qui est lobé comme celles des Gesneria , d’un très-beau rose, relevé de stries et surtout de macules plus foncées; la gorge est jaune, pointillée de rouge. Quant à ce qui a rapport à l’origine, nous cédons la parole à M. Van Houtte : <£ ...Acquisition précieuse! gentil- lesse de port, beauté de feuillage, fleurs de la forme de celles d’un Gesneria parfait, mais d'un coloris tout neuf . Il {YEucodo- nopsis Nœgelioides) est né de l 'Euconia Ehrenbergi , fécondé pari z Nœgelia zebrim splendens , dont la fleur seule semble reflé- ter quelques-uns de ses traits dans le métis, non par la (orme, mais par le lustre de son brillant coloris... Et ce qui est. très-remar- quable encore chez cet hybride, c’est qu’il n’est pas du tout acaule comme l’est sa mère... » Pour terminer cette note, trop longue en apparence, mais en réalité très-courte vu l’importance du sujet, nous ajouterons que la Campanule Carillon rose est une des nou- veautés de pleine terre les plus méritantes qui aient été obtenues depuis quelques an- nées; il y a tout lieu d’espérer quelle ne tardera pas à être mise dans le commerce, et que tous les amateurs s’empresseront alors de se la procurer. La multiplication s’en fait par graines, qui doivent être semées comme celles du type et de presque toutes les plantes bisan- nuelles, c’est-à-dire d’avril en juin en pé- pinière, dans un bout de plate-bande en plein air, en recouvrant très-peu la graine ; le plant est ensuite repiqué en place d’août en octobre pour fleurir de fin mai en juillet de l’année suivante. En associant les variétés à fleurs bleues, blanches et roses soit par touffes de cou- leurs, mêlées ou distinctes, soit par bandes alternatives, on en obtiendra les plus char- mants effets de décoration. On pourra aussi les cultiver en pots, et leurs fleurs coupées feront très-bien dans les vases et bouquets. Chàrton. RES OU PEU CONNUES. Fittonia argyroneuma. Charmante Aroï- dée très-voisine du Gymnoslachium Yers- chasfelti , dont elle ne diffère guère que par ses nervures qui sont d’un beau blanc au lieu d’être rouges comme elles sont chez ce dernier. La ressemblance est telle qu’on lui a d’abord donné le même nom générique ; c’était alors le Gymnostachycum argyro- neuma. On l’a débaptisée et rebaptisée en Angleterre. A-t-on eu raison? Ce que nous pouvons assurer, c’est que c’est une char- mante plante de serre chaude, dont le feuil- lage est aussi élégant qu’aucune des espèces à'Anœtochilus. Selaginella denticulata variegala. Tout aussi belle, aussi vigoureuse et aussi rusti- que que le type, cette variété s’en distingue par l’extrémité de ses jeunes pousses qui sont d’un blanc jaunâtre, couleur qui tran- che agréablement sur tout le reste qui est d’un beau vert et qui donne à la plante un aspect tout particulier des plus jolis. En l’employant comme on le fait du type pour en faire soit des bordures, soit des gazons, on obtient un ornement dont il est difficile de se faire une idée. Placée dans des en- droits très-sombres ou vue lorsqu’il fait presque nuit, cette variété produit l’effet que produiraient des perles brillantes se- mées sur un tapis de couleur foncée. — MM. Thibaut et Keteleer. E. A. Carrière. CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE DE JANVIER). Le programme de l’exposition universelle d’horticulture de 1867. — Mort de Jacques, le doyen des jar- diniers. — Quelques mots sur sa vie. — Nomination de M. Mas, président de la Société d’horticulture de l’Ain, au grade de chevalier delà Légion d’honneur. — Un bon livre. — Les Fougères. — Nivelle- ment de la partie du jardin du Luxembourg comprise entre le boulevard Saint-Michel et la balustrade qui fait face au palais du Sénat. — Cours d’arboriculture, de M. Gressent. — Qnelques errata. — Erreur commise dans la Revue , au sujet de l’ouvrage de M. Paul de Mortillet. — Décision ministé- rielle relative aux instituteurs. — Le Pélargonium à fleurs doubles Gloire de Nancy. — Le nouveau Pélargonium Triomphe Lemoine. — Les vers blancs. — Article de M. Bossin. — Culture des arbres fruitiers. — Etude du terrain sur lequel on opère. — Une variété de Prune. — La Prune Domino. — Les plantes à feuilles persistantes. — Le Rliamnus oleifolius. — Le Rhamnus frangula. — Le Philadel- phus coronarius sempervirens. — Le catalogue de MM. Ch. Huber et Ce, horticulteurs, à Hyères. — Avantages que présente le mode de classement adopté dans, ce catalogue. Le grand programme de l’exposition universelle d’horticulture de 1867 est paru; il est, sauf quelques changements peu im- portants, conforme à ce que notre collabo- rateur M. Rafarin a publié dans la Berne. Si, par la suite, on y taisait des modifica- tions, nous nous empresserions de les faire connaître à nos lecteurs. L’horticulture vient de faire une très- grande perte dans la personne de Jacques, qui en était le doyen; il est mort à Châ- tillon (banlieue de Paris), le 24 décembre dernier, dans sa quatre-vingt-cinquième année. Jacques (Henri-Antoine) n’était pas seu- lement le doyen des jardiniers par l’âge, il l’était par les connaissances du métier et surtout par l’amour de sa profession. L’hor- ticulture est, en effet, la seule chose qui ait occupé . sa vie, et ses véritables amis (les seuls qu’il fréquentait, du reste) étaient des horticulteurs. Il y a deux ans à peine qu’il ne passait pas de jours sans aller visiter soit des jardins particuliers, soit le jardin des Plantes. L’année dernière encore, il est venu au Muséum avec sa petite boîte à herboriser qu’il ne quittait jamais ! Jacques n’était pas seulement un jardinier consommé : c’était un savant. S’il n’avait pas l’instruction qui, pour beaucoup, con- stitue le savoir, il possédait à un très-haut degré le talent de l’observation, était doué d’un bon jugement et savait bien rendre sa pensée. Que faut-il de plus pour mériter le titre de savant? Du reste, ses nombreux écrits suffiraient pour le prouver. Depuis plus de cinquante ans, il n’est, pour ainsi dire, aucune publication périodique d’hor- ticulture dans laquelle on ne trouve de ses écrits. Disons maintenant quelques mots sur la vie horticole de Jacques, afin d’en suivre les différentes phases. Jacques (Henri-Antoine) est né à Chelles (Seine-et-Marne), le 6 juillet 1782; ses pa- rents étaient jardiniers. — Après avoir oc- cupé plusieurs places chez différents parti- culiers comme garçon jardinier, il entra à Trianon, où une circonstance favorable le 10 JANVIER 1867. mit en rapport avec l’empereur Napoléon Ier, qui, frappé de son intelligence et de ses connaissances, lui demanda ce qu’il dési- rait. « Sire, répondit Jacques, une place de jardinier en chef dans un de vos domaines mettrait le comble à mon bonheur.» D’autres à sa place auraient sans doute été moins modestes. Quelques années plus tard, Jacques fut nommé jardinier en chef du Raincy, où il resta jusqu’en 1818. Plus tard, le roi Louis-Philippe le fit venir à Neuilly et il garda ce poste jusqu’en 1848. Jacques était membre de plusieurs sociétés d’horticulture. Il était aussi, depuis 1834, membre correspondant de la Société impé- riale et centrale d’agriculture de France. Si, comme on le dit, l’amour du travail peut procurer le bonheur, Jacques a dû pas- ser une existence heureuse. Cependant tout le monde sait qu’il a eu de mauvais jours. Il semble qu’il y ait une sorte de fatalité qui s’attache à la vie de certains hommes; nous en trouvons d’assez tristes souvenirs autour de nous, dans Poiteau et Rréon , qui, comme Jacques, fils de leurs œuvres, sont arrivés aux dernières limites d’une existence laborieuse et utile, privés pour ainsi dire du nécessaire!... Ont- ils été récompensés et ont-ils trouvé dans le travail et dans la con- science d’un devoir accompli ce que tant d’autres recherchent dans les honneurs et dans la fortune? Nous aimons à le croire. — L’arboriculture compte un légionnaire déplus! M. Mas, président de la Société d’horticulture de l’Ain, par un décret du 19 décembre dernier, a été nommé chevalier de la Légion d’honneur. — Un des plus précieux cadeaux qu’on puisse faire à quelqu’un, c’est assurément un bon livre. Aussi l’industrie littéraire, voyant là un champ à exploiter, en a-t-elle fait un sujet de réclame sous la rubrique : Livres d’étrennes. L’horticulture a aussi ses livres d’étrennes et nous sommes heureux de pouvoir en annoncer un à nos lecteurs : Les Fougères. Ce livre, pour lequel l’éditeur a fait toutes les dépenses nécessaires, a un double avan- T. I. — * CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE DE JANVIER). & tage, celui de l’à-propos. Il paraît dans un moment où, avec raison, les Fougères sont à la mode. Ce n’est pas seulement un très- beau livre, c’est un bon livre, d’un format grand in-octavo , contenant 286 pages de texte. Il renferme un choix des principales espèces de Fougères, d’autant meilleur qu’il est fait parmi des genres très-variés, dont il donne tous les caractères. 75 planches en chromo-lithographie et 112 gravures sur bois, exécutées par les artistes les plus dis- tingués, viennent encore augmenter le mé- rite de ce livre qui, sous le rapport du texte, est également très-recommandable (1). Du reste, les noms de MM. André, Rivière et Rose, qui en sont les auteurs, sont une sorte de'garantie. Les Fougères se divisent en quatre par- ties : la première, qui comprend Y Histoire ornementale des Fougères et leur emploi dans l'horticulture, est due à M. Edouard André, jardinier principal de la ville de Paris; la deuxième, intitulée Multiplica- tion, est due à M. Rose, vice-secrétaire de la Société botanique de France. Cette partie comprend Porganographie des Fougères et leurs modes de reproduction «à l’aide des graines, sujet encore neuf et difficile, mais rendu pratique, on pourrait dire, grâce aux dessins qui accompagnent le texte. La cul- ture, qui forme la troisième partie, a été traitée par M. Auguste Rivière, jardinier en chef au palais du Luxembourg. C’est en- core à M. Rose qu’on doit la quatrième partie, comprenant la description des genres et des espèces. Tout, en un mot, concourt ici pour donner à ce livre ce qui peut contribuer au succès. A cet égard, nous sommes tranquilles, et nous nous ré- jouissons d’avance en pensant que les au- teurs seront, eux aussi, satisfaits de voir leur œuvre appréciée. — Nous n’apprendfons peut-être rien à nos lecteurs en leur disant que le jardin du Luxembourg est coupé par six rues qui se- ront bientôt terminées, et que la partie basse nommée la Pépinière est déjà en par- tie comblée. Mais ce qu’ils ne savent peut- être pas c’est qu’on va niveler toute la partie comprise entre le boulevard Saint- Michel et la balustrade qui circonscrit la partie placée en contre-bas , en face le palais du Sénat. Ce nivellement né- cessite l’abattage de tous les arbres qui se trouvent sur cet emplacement; il dégagera une partie de l’Ecole des mines située en contre bas du sol, et permettra aux prome- neurs du boulevard Saint-Michel de décou- vrir tout le jardin du Luxembourg. Le tra- vail est commencé et déjà des wagons traînés par une locomobile emportent la terre qui (1) I vol. grand in-8°, prix : 30 fr. — Rothschild, éditeur, 43, rue Saint-André-des-Arts. sert à combler la partie creuse connue sous le nom de Pépinière. — Un cours d’arboriculture et de direc- tion du Potager moderne, par M. Gressent, a été ouvert le lundi 7 janvier, à une heure, dans la grande salle de la Société impériale et centrale d’horticulture de France, 8-4, rue de Grenelle-Sainl-Germain. Les cours aurontlieu les lundis, mercredis et vendredis, aune heure, jusqu’au 11 février. On délivre le programme gratis, GO, rue Sainte-Anne, au magasin de quincaillerie horticole, et 82, rue des Ecoles, chez M. Goin, libraire. — Il s’est glissé dans notre dernier nu- méro quelques fautes que nous tenons à rectifier. Ainsi dans la chronique, page 7, au lieu de Mistris’s Pollock, il faut lire Mistriss Pollock ; au lieu de triomphe de Troickel, il faut lire Triomphe de Thwickél. Aux plan- tes nouvelles, page 20, au lieu d’Euconia, il faut lire Eucodonia. , A la même page, en ce qui a rapport au Fittonia, au lieu de Aroïdée, c’est Acanthacée qu’il faut lire. — Dans notre dernière chronique, en ren- dant compte de l’ouvrage de M. Paul de Mortillet, intitulé Les Meilleurs fruits, nous avons commis, sur l’indication du format, une inexactitude que nous nous empres- sans de rectifier. En parlant de ce qui est relatif au Cerisier nous disions que nous trouvions le format de cette partie plus réduit et par conséquent plus facile à ma- nier, ce qui est exact Mais nous ignorions que les Meilleurs fruits se publiaient sous deux formats, l’un in-8° et l’autre in-4°. L’éditeur, M. Prudhomme, avait été conduit à faire cette grande édition afin de satisfaire à quelques demandes qui lui avaient été adressées. Du reste, il n’y a aucune diffé- rence dans la composition de ces deux for- mats; le texte est absolument le même dans les deux cas. — Nos lecteurs apprendront avec plaisir la décision que vient de prendre M. le mi- nistre de l’instruction publique, concernant les instituteurs à l’Exposition universelle de 1867. Dans le but de leur procurer les moyens’ de visiter cette Exposition, le ministère vient de prendre l’initiative d’une souscription dont le montant est des- tiné à payer les frais de voyage et de séjour, à Paris, des instituteurs les plus méritants. Nous ajoutons avec notre collègue M. de Céris, à qui nous empruntons ces détails : cette idée, très-généreuse, fait honneur au ministre qui l’a conçue, mais il est per- mis de regretter, en cette circonstanc, que le budget du ministère de l’instruction pu- blique ne soit pas mieux doté. — Ceux qui s’occupent d’horticulture connaissent à peu près tous, aujourd’hui, le 23 CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE DE JANVIER). Pélargonium à fleurs doubles Gloire de Nancy , sur le mérite duquel on est généra- lement d’accord. Dans la nature et surtout en ce qui con- cerne l’obtention des plantes, le dernier mot ne sera jamais dit ; aussi une variété qui vient en détrôner d’autres est peu de temps après surpassée à son tour. Il faut donc en prendre son parti, et, sans dédaigner ce qui est ancien et bon, il ne faut pas non plus s’y attacher d’une manière exclusive ; qu’on le conserve bien ; mais il faut aussi essayer des nouveautés. C’est à ce point de vue que nous recom- mandons le nouveau Pélargonium Triom- phe Lemoine : gain de M. Lemoine de Nan- cy. — Le Pélargonium Triomphe Lemoine , qui appartient à la section des zonale in- quinans , est issu de la variété Bose Ren- datler fécondé par la variété Auguste Fer- rière (Triomphe de Gergovie); il forme de très-larges ombelles presque plates qui at- teignent jusqu’à 10 centimètres de diamè- tre. Les fleurs, qui sont complètement dé- pourvues d’étamines et qui portent un pis- til bien conformé, se composent d’environ 25 pétales d’un beau rouge écarlate. C’est une variété qui paraît devoir être très-floribonde et, sous ce rapport, préféra- ble au Pélargonium Gloire de Nancy qui, à ce point de vue, laisse à désirer. Mais ce dernier a un avantage sur le Pélargonium Triomphe Lemoine : celui de se multiplier beaucoup plus rapidement. Il est toutefois bien entendu que nous ne patronnons pas le Pélargonium Triomphe Lemoine : nous l’annonçons. — En agitant souvent les questions on a chance, si on ne les résout pas, de les faire avancer en les éclaircissant quelque peu, et l’on doit aussi y revenir d’autant plus sou- vent que ces questions sont plus importantes. Personne ne sera donc surpris de voir celle des vers blancs se présenter de nouveau. A ce sujet, on trouvera plus loin (page 35), un ar- ticle de M. Bossin que nous recommandons d’une manière toute particulière à l’atten- tion des lecteurs. Disons toutefois que nous sommes heureux d’être complètement d’ac- cord avec un observateur aussi judicieux et compétent que l’est M. Bossin sur l’utilité hypothétique de la taupe, et toujours nous répéterons avec tous les horticulteurs : « Guerre aux taupes ! » — On aura beau discuter sur le mérite des choses, on ne sera jamais d’accord d’une manière absolue; il pourra même arriver que sur un même sujet on émette des opi- nions contraires. La raison, c’est qu’on juge souvent les choses à un point de vue diffé- rent ou bien qu’on les compare dans des conditions ou dans des milieux qui ne sont pas les mêmes. Aussi, quoi qu’on en dise, quand il s’agit de plantes ou d’arbres frui- tiers, les meilleurs sont ceux qui donnent le plus de profits le plus de satisfactions. C’est bien convaincu de ce fait que nous dirons toujours : Etudiez votre terrain et songez aux conditions dans lesquelles vous vous trouvez; plantez d’abord ce qui vient bien, ensuite cherchez mieux. S’agit-il d’arbres fruitiers, attachez-vous aux variétés qui viennent bien et qui produisent beau- coup dans la localité où vous êtes, car s’il y a des variétés qui vont bien presque par- tout, il en est aussi qui ne s’accommodent que de certaines conditions spéciales, et il n’est pour ainsi dire pas de pays où l’on ne rencontre des variétés ou des formes locales confinées on peut dire sur un très- petit point et appropriées au climat, ce qui n’em- pêche que, transportées dans d’autres en- droits, elles pourraient également procurer de grandes ressources. C’est donc rendre un véritable service que de signaler ces fruits locaux, et c’est à ce titre que nous recommandons la lecture d’un article de notre collaborateur M. Glady, qu’on trouvera plus loin (page 33). Comme preuve de ce qui précède, nous pouvons indiquer une variété de Prune loca- lisée dans quelques communes du départe- ment de Seine-et-Marne ; par exemple, à May-en-Multien, au Plessis-Placy, à Lizy, à Congis. La culture de cette variété offre de très-grands avantages à la population ou- vrière; on la nomme Domino. Pourquoi? Nous n’avons jamais pu le savoir. L’arbre charge beaucoup, n’est pas délicat, se multi- plie seul parles drageons qu’il émet ; les fruits petits, ressemblant assez à certains Damas , sont violets, très-pruineux, c’est-à-dire re- couverts d’une poussière glauque (fleur); leur chair sucrée et fondante est adhérente au noyau. Ces Prunes sont très-bonnes à manger et d’un mérite supérieur pour faire des tartes; mais l’important c’est qu’on peut en manger impunément, car elles sont es- sentiellement digestives. Nous n’avons ja- mais rien vu de semblable nulle part, et, jamais non plus, nous n’avons même trouvé seulement l’indication du nom. Cette variété existe-t-elle ailleurs connue sous un autre nom ? Le fait est possible. — Nos lecteurs se rappellent sans doute l’article que nous avons publié dans ce re- cueil sur les plantes à feuilles persis tantes (1); après avoir mis en très-grand doute ou plutôt après avoir nié qu’il y ait entre elles et celles à feuilles caduques autre chose que des limites relatives, nous ap- puyions notre opinion par des exemples prouvant que des unes aux autres on passe par des transitions insensibles qui se (1) Revue horticole , 1866, page 367. CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE DE JANVIER). 24 rencontrent souvent entre des individus ap- partenant à une même espèce, souvent issues d’un même sujet. Plusieurs espèces de Rhamnus surtout nous ont fourni des preuves du fait. Les exemples de plantes à feuilles caduques issues de plantes à feuilles persistantes sont en apparence moins nom- breux. Mais peut-être cela tient-il à ce que l’on n’y a pas fait autant attention. Nous en avons cité un qui est excessivement re- marquable, fourni par un Cèdre du Liban qui, tous les ans, perd ses feuilles; aujour- d’hui nous allons en citer un autre, produit parle Rhamnus oleifolius, espèce califor- nienne tçès-distincte , à feuilles franche- ment persistantes. Voici le fait : D’un assez bon nombre de graines que nous avons récoltées et semées au Muséum, nous avons obtenu des plantes qui, en gé- néral, ont conservé l’ensemble des caractè- res du type, mais qui pourtant présentaient quelques légères variations. Aujourd’hui plusieurs individus sont presque dépouil- lés ou leurs feuilles sont jaunes, ce qui est un signe certain d’une chute très-prochaine. Nous ajoutons encore que plusieurs de ces individus présentent dans leur ensemble des caractères paraissant, selon nous, indi- quer que le Rhamnus oleifolrus à feuilles persistantes est le représentant de notre Rhamnus frangula qui est à feuilles cadu- ques; la tendance de celui-ci à donner des individus à feuilles persistantes, la tendance de celui-là à donner au contraire des plan- tes à feuilles caduques, sont autant de faits qui semblent confirmer notre opinion. Nous ajoutons que le Philadelphus coro- narius sempervirens (voir Revue horticole , 1866, page 459), dont nous avons de forts exemplaires, est encore en ce moment cou- vert de feuilles, et, qu’en pleine végétation, il porte de nombreux bourgeons en voie de développement. Quels noms donnera-t-on à ces faits? Dira-t-on que ce sont des dégénérescences ? des -améliorations ? Comme on voudra. Nous nous contentons simplement de les signaler, en faisant remarquer toutefois que, loin de nous étonner, ils nous paraissent tout à fait conformes à la grande loi que tant de fois nous avons invoquée et qu’on ne saurait trop rappeler. Du reste, qu’est- ce que ces faits ont de surprenant? Rien. Ne suffit-il pas de songer que tous les végé- taux sont composés des mêmes éléments, et que là où l’unité de composition existe, les formes, les propriétés, les qualités, si l’on veut, résultent de la disposition des parties, qui son des conséquences de la végétation ; d’où il résulte que tous les caractères doi- vent être et sont variables, et que ce que nous nommons espèce , race , variété , etc., ne sont que des formes se modifiant sans cesse , mais plus ou moins promptement ; de sorte que s’il s’appuie sur celles dont il est impos- sible d’apprécier les changements, parce qu’ils s’exerccnttroplentement, l’homme nie ce qu’il n’a pu remarquer, considère les êtres comme invariables ou, comme il le dit : « éternels. » Erreur grossière dans la- quelle on veut persister, bien que les faits viennent tous les jours lui donner de rudes démentis. — Nous venons de recevoir, pour 1867, le catalogue de l’établissement de MM. Char- les lluber et Ce, horticulteurs, à Hyères (Var). Cet établissement, bien que jeune, est comparativement vieux par les richesses horticoles de tout genre que les proprié- taires ont su y accumuler. Grâce au climat tout exceptionnel, dû à la position topogra- phique d’Hyères, on trouve là des végétaux qu’on ne croirait pas y rencontrer, dont nous donnerons prochainement une courte énumération. Lorsque nous avons visité récemment cet établissement, nous avons été surpris autant qu’émerveillés des plantes qui se trouvaient en pleine terre en fleurs et qu’on ne rencontre ordinairement que dans les serres tempérées et toujours en petits in- dividus, souvent même mal venants par suite de l’exiguité des vases dans lesquels on est obligé de les cultiver. Le catalogue de MM. Huber et Ce, d’un format très-grand (presque in-folio), à deux colonnes, est bien rédigé. Il est divisé en sortes de sections, au nombre de dix-huit, comprenant chacune une catégorie ou une spécialité de végétaux, ce qui, de suite, établit un certain* ordre ou une sorte de çlassement très-avantageux tant au point de vue pratique qu’au point de vue scienti- tique. Ainsi on trouve une section de graines de plantes nouvelles ; de graminées orne- mentales ; de cucurbitacées ; de plantes an- nuelles ; de plantes annuelles grimpantes ; de plantes vivaces; d e plantes vivaces grim- pantes ; de plantes aquatiques ; de graines potagères et industrielles ; de graines d'ar- bres et d 'arbustes; de plantes grimpantes vivaces herbacées et ligneuses , etc., etc. Un autre avantage, énorme on peut dire, que présente ce catalogue, c’est que, à la suite du nom des plantes, on trouve souvent une description détaillée de leur caractère, jointe à l’indication de l’emploi qu’on peut en faire. Outre les collections de graines que l’on trouve dans cet établissement et qui suffi- raient pour le recommander, on y trouve encore un grand assortissement de plantes soit vivaces, soit ligneuses, que les pro- priétaires expédient à tous ceux qui leur en font la demande. E. A. Carrière. EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1867 Devançant la publication du programme des concours horticoles de l’Exposition uni- verselle de 1867, tracé par la commission impériale, la Revue horticole (1) avait ini- tié ses nombreux lecteurs à ce qui compo- sait les douze premières séries. Il restait donc à leur faire connaître ce qui avait rapport aux deux dernières. Nous savons que tout était préparé et aurait déjà paru sans l’abondance des matières qui a re- tardé cette publication. Depuis notre premier article, le pro- gramme entier a été répandu dans toute l’Europe parles soins mêmes de la commis- sion impériale, et, par ce fait, notre tâche s’est trouvée accomplie bien mieux que si nous l’avions remplie nous-même. Tout le monde, en effet aujourd’hui, sait ou peut savoir ce qui se fera, et, nous n’hé- sitons pas à le dire, tout est expliqué avec une clarté telle que les moins connais- seurs peuvent y lire à l’avance ce que sera l’Exposition de 1867. Telle est du moins notre conviction, et si quelque chose nous étonne, c’est de trou- ver dans la presse étrangère tant de criti- ques et si peu d’adhésion. N’ayant pas mission de défendre l’œuvre d’hommes considérables et presque tous gens du métier, par suite fort capables de répondre à ces attaques, nous croyons ce- pendant devoir, dans l’intérêt de tous, réfuter les objections principales qu’on a faites à cette Exposition. Et d’abord, « Pourquoi, nous dit-on, n’avez-vous pas fait une exposition horti- cole spéciale pour les étrangers, n’ayant qu’une durée restreinte ou de quelques jours? » A cela nous répondons simplement que la commission impériale, agissant dans l’intérêt général et non dans celui de quel- ques-uns, a voulu que chaque produit soit présenté au moment où il avait acquis natu- rellement son plus grand ou son plus beau développement. Ensuite, qu’elle a voulu permettre d’apprécier en temps opportun les difficultés vaincues par le talent et le travail de tous. N’est-il pas naturel, dans une lutte où tant d’intérêts sont en jeu, d’égaliser les chances de succès, et qu’aurait-on dit si la commission avait pu s’arrêter un seul in- stant à l’idée d’une exposition internatio- nale restreinte? Supposons la chose faite et les horticul- teurs et amateurs invités à soumettre tous les produits à l’examen du jury dès le mois de mai, qu’arrivera-t-il? Ceci : tandis que certains exposants auront des produits char- (1) Voir Rev. hort. 1866, pages 346 et 376. gés de fleurs et dans toute leur beauté, ceux qui présenteront des plantes dont l’époque de floraison est passée, tels que Camellia, Orchidées, Fuchsia, Pélargonium, etc., etc., pourraient n’avoir que des sujets peu at- trayants, mais qui, peut-être, auraient été plus rares et plus intéressants lors de l’épo- que habituelle de leur floraison. Si, au contraire, on avait adopté le mois de juin, ceux qui auraient gémi au mois de mai triompheraient, mais remporteraient à leur tour une victoire trop facile. Il fallait donc, et c'est ce qui a été fait , donner à chacun le moyen de lutter à armes égales en lui permettant de présenter ses plantes au moment qui leur est le plus fa- vorable. Après avoir réfuté cette première objec- tion, passons à une considération d’un ordre différent. En ce qui concerne les récom- penses, plusieurs journaux, le Gardener's chronicle du 15 décembre en tête, ont pré- tendu que l’appât des récompenses étant le seul mobile des exposants, aucun étranger ne voudrait se déranger et faire des frais, toujours considérables, sans être assuré de voir ses produits désignés au public comme ayant obtenu telle récompense ou médaille. Tout en admettant que l’appât d’une ré- compense peut décider les étrangers à ex- poser leurs produits, nous n’admettons pas que ce soit là le seul mobile. La facilité qu’ils trouvent soit à vendre, soit à échanger leurs produits, jointe à l’immense avantage de se faire connaître, sont des considérations qui ont une très-grande valeur. C’est du moins ce que nous croyons, et nous sommes bien convaincu que telle est la règle de conduite des exposants sérieux. De plus, nous croyons que la commission impériale donne pleine et entière satisfac- tion aux exposants, car bien que la distri- bution des récompenses ne doive se faire qu’à la clôture, c’est-à-dire au mois d’oc- tobre, dès que le jury de chaque série aura statué, la plante ou le lot primé sera dési- gné à l’attention du public par une plaque indiquant la nature de la distinction qui aura été accordée. On s’est ému également à tort selon nous en ce qui concerne la composition du jury chargé de décerner les récompenses à la fin de l’exposition. Quels sont en effet les griefs sérieux pouvant résister à un examen impartial? Ce jury, on le sait, doit être com- posé des président et secrétaires de cha- cune des quatorze séries d’abord; ensuite de notabilités horticoles choisies en nombre égal parmi les étrangers et les Français. Où et comment la commission trouvera-t-elle assez d’étrangers pour rendre le concours équitable? Tel est l’argument à l’aide du- 26 EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1867. quel les journaux cherchent à battre en brè- che ce que les membres de la commission impériale ont cherché à établir d’une ma- nière équitable. Nous nous demandons, en effet, comment il est possible de méconnaître à ce point la générosité du caractère français. N’avons- nous pas montré tant à l’Exposition univer- selle de 1855 que dans les expositions de toute sorte, faites avant ou après, qu’il était dans nos mœurs d’applaudir à notre défaite, lorsqu’elle avait lieu, sur notre propre territoire, quitte à nous relever le jour où la lutte industrielle nous serait pro- posée par une autre nation. En outre, est-il un seul homme sérieux qui puisse admettre que, dans un concours où toutes les nations non-seulement de l’Europe, mais encore de l’univers, sont ap- pelées à lutter avec la France, il ne se trou- verait pas assez d’horticulteurs ou amateurs jaloux de faire valoir leur pays, qui puissent représenter un nombre de voix suffisant pour égaliser les chances du combat? Nous disons non, et nous ajoutons : Vous LE CLIMAT ET LA VÉGÉTi Les îles Boromées sont au nombre de trois et situées dans le lac Majeur, à l’entrée du golfe de Baveno, par latitude 45° 54’ N. et longitude 6° 12’ E. de Paris. Le lac Ma- jeur lui-même est le plus occidental de ces grands lacs italiens étendus parallèlement les uns aux autres entre la chaîne des Alpes et les plaines du Piémont et de la Lombar- die. Son niveau est à 197 mètres au-dessus de celui de la Méditerranée. L’une des îles, Y Isola superiore ou delle Pescatore est cou- verte de maisons. L 'Isola bella porte le palais des princes Boromées, avec les étages de terrasses superposées, sur lesquelles on cultive les Citronniers en espaliers. Ces deux îles sont rapprochées du bord occi- dental du lac. La troisième île, située vers le milieu du golfe, en face de Pallanza, se nomme Ylsola madré. Sa surface tout en- tière a été convertie en délicieux jardins, où s'e trouvent la plupart des arbres que nous allons énumérer. Le sol des îles Boromées est excellent pour l’horticulture : c’est un schiste micacé, à feuilles minces, qui se désagrégé facile- ment et se convertit en excellent terreau noir et onctueux ; les terres rapportées du rivage ont la même composition. Le climat, comme le prouve la végétation, est tout à fait exceptionnel pour cette ré- gion ; en effet, les îles Boromées sont sous la même latitude que le centre de la France, savoir : Annecy, Lyon, Riom, Limoges et Piochefort; étant à l’est de toutes ces villes, eur hiver devrait être plus rigoureux, leur connaissez mal la France et mal votre pays, vous avez oublié trop facilement ce qui s’est passé en 1855. Au lieu d’être embarrassée pour compo- ser le jury dans les conditions définies, parce que le nombre d’étrangers sera trop petit, la commission impériale se verra, au contraire, forcée de choisir entre les nota- bilités horticoles; là sera la seule difficulté. Nous en appelons du reste aux hommes de cœur de l’Angleterre, de la Hollande et de la Belgique : leur présence répondra. En terminant, disons que la commission impériale de l’Exposition universelle de 1807, désirant remplir son mandat aussi complètement que possible, se met à la dis- position des personnes qui auraient besoin de renseignements soit sur les concours, soit sur l’Exposition en général , nous ajou- tons que la Revue horticole se fera un de- voir de tenir ses lecteurs au courant de tout ce qui pourrait les intéresser concernant l’Exposition universelle de 1867. Rafarin. climat plus continental. Cependant nous allons énumérer une foule d’arbres qui ne passeraient pas deux hivers dans le centre et dans l’ouest de la France, même au bord de l’Océan, sous le 46e degré de latitude, et qui vivent depuis deux siècles dans ces îles privilégiées. Il y a plus, un grand nombre d’entre eux, tels que l’Oranger, le Citron- nier, le Camphrier, Y Acacia dealbata , le Ca- roubier, le Trislania laurina , ne résistent pas aux froids moyens des hivers de Mont- pellier. En France, ce n’est qu’à Perpignan, Ilyères, Antibes et Nice, qu’on peut conser- ver sans abri les arbres que nous venons de nommer. Quelles sont les causes du climat excep- tionnel des îles Boromées? C’est ce que nous allons essayer de rechercher : 1° Situées au pied méridional des Alpes lépontines, ces îles sont abritées des vents du nord, du nord-est et du nord-ouest, d’abord par le massif du mont Rose, du Simplon et du Griess, qui tous ont des som- mets dépassant 4,000 mètres de hauteur; ainsi donc les grands courants polaires, quand ils atteignent cette barrière, sont ar- rêtés ou forcés de s’élever et de passer par- dessus le lac et les îles. Hyères, Nice, Men- ton et toute la rivière de Gênes sont dans une situation analogue. Pour Montpellier, au contraire, les Cévennes sont trop loin et trop basses, et les courants polaires, re- froidis encore par les neiges qui recouvrent les hauts plateaux connus sous le nom de causses, retombent en cascades sur les LE CLIMAT ET LA VÉGÉTATION DES ILES BOROMÉES. 27 plaines de l’Aude et de l’Hérault, et abais- sent la température des couches inférieures de l’atmosphère. 2° Une autre circonstance favorable pour les îles Boromées et pour d’autres localités privilégiées du lac Majeur et de ceux de Corne et de Lugano, c’est qu’elles sont en- tourées immédiatement de basses monta- gnes qui forment encore un second abri et situées à l’extrémité de longues vallées tor- tueuses où les courants d’air froid qui se précipitent souvent du haut des montagnes couvertes de neige se brisent, s’affaiblissent et se réchauffent ; ainsi le courant d’air froid qui descend par la vallée de Domo- d’Ossola est brisé par les montagnes grani- tiques d’Orfano, du Castello, delZucchero (1 ), dans lesquelles on exploite les beaux grani- tés de Baveno. Le massif du Motlerone (1,491 mètres), qui s’élève immédiatement au-dessus du lac, les défend contre les vents d’ouest et de nord-ouest, et le monte Rosso , qui domine Pallanza, contre ceux du nord. Aussi Y Isola madré , qui est plus rapprochée de cette montagne, jouit-elle d’un climat plus doux que Ylsola bella , qui en est plus éloignée. L’influence de ces abris rapprochés se fait sentir jusqu’à Stresa, Belgirate et Lésa, sur la rive occidentale, et à Intra et Pallanza sur la rive orientale du lac. Mais, à partir d’Arona, le climat est celui du Piémont en général, et l’horticulture n’est plus excep- tionnelle comme dans la région supérieure. Il en est de même du lac de Corne, et pour les mêmes raisons. L’Olivier, le Laurier et les autres arbres délicats peuvent être cul- tivés dans la partie supérieure du lac, prin- cipalement à Belgirate, Mennagio et Cade- nabbia ; mais on ne les voit, plus aux deux extrémités méridionales à Corne et à Lecco. 3° La situation des îles Boromées au mi- lieu d’un lac profond et étendu contribue puissamment à l’adoucissement du climat. Le lac Majeur n’a pas moins de 55 kilomè- tres de long sur 7 de large au niveau des îles, et autour d’elles sa profondeur est considérable : ainsi, près de Ylsola bella , la sonde n’a trouvé le fond (2) qu’à 297 mè- tres ; au milieu du lac, en face de Stresa, 281 mètres ; entre Pallanza et Laveno, à 282 mètres. Dans toute la partie supérieure, vers Locarno, les profondeurs sont encore plus considérables : ainsi, en face de Ca- nero, 366 mètres ; en face de Canobbio, 270 mètres ; en face de St-Bartolomeo, 854 mètres, et en face de Brisago, 248 mètres ; mais dans la partie méridionale, à partir de Lésa, elles n’atteignent pas 100 mètres. (1) Voyez la carte de l’état-major piémontais, feuille 2*4. (2) Carta topocjrafica del Layo maggîore. Torino, 1860. Cette masse d’eau modifie profondément le climat des rives du lac, mais surtout celui des îles qu’elle entoure. En effet, en hiver, l’horticulteur a deux genres de froid à re- douter : des froids humides peu intenses, mais continus, où le thermomètre oscille de peu de degrés autour de zéro. Pendant ces froids, le ciel étant couvert et brumeux le jour, la plante refroidie pendant la nuit ne se réchauffe pas lorsque le soleil est sur l’horizon. Il est des végétaux qui ne résis- tent pas à ce genre de froid quand il se prolonge; je citerai Agave amer icana, Al- bizzia julibrizin , Melia azedarach, Ana- gyris fœlida , Cereus Peruvianus , Chamae- rops humilis , Phoenix dactylifera , Phyto- lacca dioica , et même Pholinia glabra. Ces froids sont habituels à Paris et dans le nord de la France. Mais au sud des Alpes, dans toute la région méditerranéenne de la France et de l’Italie, l’horticulteur redoute un autre genre de froid’ : ce sont les froids par rayonnement nocturne lorsque le ciel est pur, l’air calme, serein et trans- parent ; alors le thermomètre s’abaisse d’une manière continue pendant la nuit et atteint au moment du lever du soleil des températures qui, à Montpellier, sont assez souvent de — 8, — 10 et même — 12 de- grés centigrades. Ces froids sont momenta- nés et intermittents ; ils se prolongent en- core une heure environ après le lever du soleil ; mais dès que celui-ci, s’élevant dans un ciel sans nuages, commence à réchauffer la terre, celle-ci à son tour réagit sur la couche inférieure de l’atmosphère. La plante est bientôt entourée d’un air plus tiède et se réchauffe ainsi peu à peu, car le thermomètre ne tarde pas à remonter au- dessus du point de congélation et atteint souvent même à l’ombre 10 à 12 degrés au-dessus de zéro. Les causes des deux espèces de froid que nous venons de décrire sont très-différentes. Dans le froid humide, l’air est froid parce que le sol et, par suite, l’atmosphère qui le recouvre ne sont plus réchauffés par les rayons du soleil sans cesse voilé par les nua- ges ou dont la chaleur est absorbée par la vapeur d’eau contenue dans l’air. Ce froid agit sur les plantes non par son intensité, mais par sa continuité et son humidité. Beaucoup d’entre elles pourrissent sur pied, comme je l’ai vu sur un gros pied de Phyto- lacca dioica ; il avait résisté au froid sec de dix hivers et périt à la suite d’un froid mo- déré, mais humide. Il y a plus, ce froid con- tinu pénètre dans le sol, qui souvent ne dé- gèle plus pendant la journée, atteint les ra- cines et entraîne ainsi la mort complète du végétal, dont la souche ne repousse pas au printemps suivant. Le froid sec, au contraire, est dû au rayon- nement du sol pendant la nuit. J’ai montré 28 LE CLIMAT ET LA VÉGÉTATION DES ILES BOROMÉES. dans un autre travail (1) que, pendant une nuit sereine de l’hiver, la couche d’air la plus froide est celle qui se trouve en con- tact avec le sol ; celles qui lui sont superpo- sées ont une température qui s’accroît avec la hauteur jusqu’à une limite toujours su- périeure à 50 mètres et dépassant, par con- séquent, la cime des plus grands arbres. Cet accroissement delà température est très-rapi- de, surtout dans le voisinage du sol; ainsi j’ai trouvé qu’à Montpellier, pendant un certain nombre de nuits calmes et sereines de l’hi- ver, un thermomètre placé à 0m.05 du sol marquait en moyenne — 5°. 72; à 2 mètres, — 4°. 40; à 4 mètres, — 4°. 34; à 6 mètres, — 4°. 08 ; à 26 mètres, — 2°. 07 , et à 49 mè- tres, — 1°.02. Le même phénomène s’ob- serve dans tous les pays. Aussi quel est l’horticulteur observateur qui n’a pas re- marqué qu’à la suite de ces nuits funestes les feuilles des branches inférieures tou- chant le sol sont celles qui ont le plus souf- fert, tandis que souvent les supérieures sont intactes. Les vignerons savent également que la Vigne est plus sujette à geler dans les bas- fonds que sur les hauteurs. Tous ces effets sont une conséquence de l’accroissement de la température avec la hauteur pendant les nuits calmes et sereines de l’hiver. Si les couches d’air superposées au sol qui rayonne pendant la nuit se refroidissent de façon à ce que la plus froide soit en contact avec le sol, il n’en est pas de même pour une surface liquide telle que celle d’un lac; cette surface rayonne moins que le sol, et M. Marcet a prouvé expérimentalement que l’accroissement de la température avec la hauteur n’existait pas. Il y a plus, le lac émettant sans cesse des vapeurs, celles-ci absorbent la chaleur émise par les eaux, qui ne se perd pas dans l’espace, mais aug- mente la tension de la vapeur et redevient libre lorsque celle-ci repasse à l’état li- quide. Le maximum de densité de l’eau douce étant à + 4° centigrades, il en résulte qu’en toute saison les couches liquides dont la température est supérieure à ce degré ten- dent à s’élever; celles qui sont le plus éloi- gnées de -|-40 étant les plus légères, seront aussi les plus superficielles, donc la couche la plus chaude sera toujours à la surface. Si la température le l’eau descend au-dessous de -+- 4°, alors celles de la surface seront au-dessous de cette température ; mais dès qu’elles atteignent zéro ou descendent au- dessous, la congélation arrive et une quan- tité notable de chaleur devient libre et ré- chauffe l’atmosphère. Un lac profond et étendu est donc un véritable réservoir de (1) Sur l’accroissement nocturne de la température avec la hauteur ( Mém . de V Académie des sciences de Montpellier , 1861, t. V. p. 47). chaleur qui, par lui-même et par les vapeurs qu’il émet, tend à élever la température des couches inférieures de l’atmosphère ; ajou- tons que, par son contact, l’eau réchauffe les terres qu’elle baigne. Aussi les promon- toires peuvent-ils être assimilés aux îles, et nous en avons la preuve par le grand nombre d’arbres exotiques cultivés dans le bel éta- blissement horticole des frères Rovelli, sur le cap qui sépare la ville d’Intra de celle de Pallanza. Telles sont les circonstances physiques auxquelles les parties supérieures des lacs Majeur, de Lugano et de Côme doivent leur climat et leur végétation exceptionnels. Le golfe de Gênes, depuis Hyères jusqu’à Pise, jouit également d’un climat plus méridional que sa latitude ne le comporte, et il faut dé- passer Rome, c’est-à-dire le 42e parallèle, et arriver à Fondi, dans le Napolitain, pour retrouver un climat analogue résultant uni- quement de la latitude et non du relief de la contrée combinée avec l’influence de grandes masses d’eau douce ou salée. Les mêmes causes qui tendent à diminuer le froid en hiver contribuent à modérer la chaleur pendant la belle saison. L’eau du lac est toujours moins chaude que le sol, d’abord parce que sa température initiale est plus basse ; en effet, le lac est alimenté par des cours d’eau tels que le Tessin, la Toce, la.Maggia, la Yerzasca, etc., qui, presque à sec pendant l’hiver, sont grossis au printemps, en été et en automne par la fonte des neiges et des glaciers. Leur trajet étant relativement assez court, leurs eaux n’ont pas le temps de tiédir, et elles arri- vent au lac encore assez froides pour rafraî- chir ses bords et l’air en contact avec elles. De plus, elles s’échauffent moins que le sol sous l’influence des rayons solaires, une partie de la chaleur devenant latente par l’évaporation de la surface. Cette même éva- poration engendre des brouillards et des vapeurs souvent visibles le soir et le matin; aussi les étrangers viennent-ils pendant l’été chercher la fraîcheur sur les bords du lac Majeur, tandis que les vallées alpines, plus élevées au-dessus du niveau de la mer, le Valais, par exemple, deviennent inhabita- bles par l’excès de la chaleur. Cette circon- stance est favorable à l’horticulture. Reau- coup de végétaux, en effet, même ceux des pays chauds, redoutent les chaleurs exces- sives et prolongées, surtout quand elles sont sèches, et la température des îles Bo- romées est bien suffisante pour la plupart d’entre eux, puisque les limons, les cédrats et les oranges arrivent à maturité sur les espaliers de Ylsola bella. Ainsi donc les lacs Majeur, de Côme et de Lugano jouis- sent d’un été relativement modéré comparé à celui des plaines du Piémont, de la Pro- vence ou de la partie orientale du Langue- 29 LE CLIMAT ET LA VÉGÉTATION DES ILES BOROMÉES. doc, mais suffisant pour faire croître, fleurir et fructifier tous les végétaux de la zone tempérée. Donner l’énumération de toutes les plan- tes exotiques cultivées dans Y Isola madré et Ylsola bella serait une tâche presque im- possible ; elles sont en nombre immense, et le prince actuel suit la noble tradition de son ancêlre le prince Vitaliano Boromeo. En faisant couvrir de terre apportée du ri- vage les rochers qui formaient ces îles, et en élevant, vers 1671, les terrasses succes- sives qui portent les Citronniers en espa- liers, le créateur de Ylsola bella se préoc- cupait évidemment d’essais horticoles, et s’il n’a pas échappé au mauvais goût de son époque, ses descendants ont suivi les in- spirations de l’art moderne dans le dessin des jardins de Ylsola madré , véritable parc CULTURE DES ORCHIDÉES Si la culture des Orchidées indigènes est un peu délaissée, cela tient aux nomhreux échecs subis par les cultivateurs qui en ont fait l’essai sans se préoccuper de la vé- gétation particulière à ces plantes, et du mode de culture spécial qu’elles exigent. Nous n’entendons pas critiquer ici les procédés recommandés par différents au- teurs, dont la bonne foi ne peut être mise en doute ; nous voulons simplement indi- quer la marche que nous avons, jusqu’à pré- sent, suivie avec succès. Les Orchidées indigènes réclament, il faut l’avouer, quelques soins indispensa- bles lorsqu’on veut obtenir une bonne végé- tation et une floraison abondante. Pour ces plantes, la culture en pots est, à notre avis, préférable à celle de pleine terre, par cette raison qu’on peut plus facilement les trans- porter, et les changer de place s’il y a a nécessité. Quand on veut obtenir une belle végé- tation, il faut autant que possible placer son sujet dans des conditions semblables à celles où il croît à l’état spontané. Les pots que nous employons à cet effet sont plutôt larges que profonds, et toujours proportionnés aux plantes qu’ils renferment; de plus, ils doivent être drainés avec soin, pour éviter l’humidité stagnante surtout nuisible aux Orchidées qui sont, ou jeunes ou souffrantes. La terre qui semble le mieux leur conve- nir, celle dont nous nous servons, est un mélange ainsi formé : une partie de bon terreau de feuilles consommées, une partie de terre de Bruyère grossièrement concas- sée, une partie de bonne terre de gazon et quelque peu de charbon de bois pilé. Après avoir fait un mélange du tout, on emplit les pots de terre que l’on a soin de bien tasser anglais, dont la grande étendue justifie ces mouvements de terrains et ces allées si- nueuses, si ridicules dans les petits squares de Londres et de Paris. Je me bornerai à mentionner les végétaux vivaces des îles Boromées et surtout les grands arbres ; leur âge nous démontre la constante dou- ceur des hivers, et leur existence est un terme de comparaison pour d’autres con- trées ; elle prouve, comme je l’ai déjà dit, que le thermomètre ne doit jamais descen- dre au-dessous de — 5 degrés centigrades en hiver, et le jardinier en chef de Ylsola madré , M. Luigi Foletti, ne l’a jamais vu plus bas depuis huit ans qu’il dirige le jardin (1). Cii. Martins, Professeur à la Faculté de médecine de Montpellier. (La fin au prochain numéro.) TERRESTRES DE FRANCE afin d’asseoir convenablement les bulbes, et d’empêcher l’entraînement de la terre lors des arrosements, puis on procède au rem- potage. En été, on recouvre de mousse la surface de la terre dans les vases pour conserver l’humidité nécessaire et empêcher l’évaporation de s’effectuer trop rapide- ment. Au printemps, dès que la floraison ap- proche, on place les plantes à l’ombre, afin de les conserver le plus longtemps possible, et, lorsque la maturité des graines a lieu , on récolte celles-ci avec soin pour les semer de suite dans des pots de bonne grandeur, où les plantes puissent rester pendant l’espace de deux années. 11 ne faut pas oublier non plus de placer les vases à mi -ombre aussitôt après le semis. Quant aux graines, on fera bien, en raison de leur ténuité extrême, de ne les re- couvrir que très-légèrement. Dans ce cas, nous nous servons d’un peu de mousse tenue légèrement humide, à l’aide de fréquents bas- sinages, et nous avons toujours lieu d’en être satisfait. En automne, nous rempotons de nouveau, et lorsque les froids arrivent nous plaçons les plantes dans des coffres, sous châssis à froid. On arrose selon la végé- tation des plantes, et l’on donne de l’air autant que la température extérieure le per- met. Le beau temps se fait-il sentir d’une ma- nière continue, on arrose et on multiplie les bassinages, en ayant soin d’opérer de bonne heure pour permettre aux plantes de se ressuyer avant la nuit. (*) Voyez sur ce sujet ma note intitulée Une loca- lité ptérigologique ( Annales de la Soc ■ d'hort. de l’Hérault , t. V, p. 176, et Revue horticole, 1865, p. 11). 30 CULTURE DES ORCHIDÉES TERRESTRES DE FRANCE. Vers la fin d’avril, on sort les plantes pour les placer à une exposition demi-ombragée, et l’on enterre les pots de manière à laisser un vide en dessous. Cela sert de drainage en temps de pluie, et empêche les lombrics de s’introduire dans les vases. Pendant l’été on les arrose et on les bassine de préférence le soir. Pendant leur repos, les Orchidées ne demandent pas d’eau, pour ainsi dire. Dans un prochain article, nous donnerons une liste d’un grand nombre d’Orchidées in- digènes, et nous indiquerons en même temps les localités où nous les avons le plus fré- quemment rencontrées. Th. Denis, CUEILLETTE UES POMMES Trouvant que cueillir les Pom- mes à la main était un procédé trop lent et souvent dif- ficile, et qu’en les abattant comme cela se pratique en beaucoup d’en- droits, la plupart se trouvaient endom- magées, remplies de pierres et de boue, M. G. R. Green, de Hudson (Etat de New-York), imagina le procédé indiqué par la gra- vure 3. Il consiste en une; toile dont la dimension est cal- culée sur celle de la tête du plus grand arbre du verger, et dans le centre de laquelle se trouve un trou pouvant embrasser le' tronc. De ce trou jus- qu’au bord s’étend une coupure qui, Fig. 3. — Procédé de M. Green pour la cueillette des Pommes. la toile une fois pla- cée, est lassée par une corde passant par des œillets. A chacun des coins on pralique également des œil- lets, qui sont atta- chés de trois côtés à des piquets fichés en terre, et de l’au- tre à un tonneau, un panier ou même une voiture, moins élevés que les pi- quets, et dans le- quel les Pommes tombent par leur propre poids. Par ce moyen les Pommes sont fort peu endommagées; on enlève d’abord de dessus la toile, avec les mains, cel- les que l’on destine à être conservées, et on les met au fur et à mesure dans des paniers. Jean Sisley. RAPHANUS CAUDATUS (RADIS A QUEUE DE RAT). Dans le n° 24 de l’année dernière de la Revue se trouve, page 471, un intéressant article de M. E. André, sur cette nouveauté horticole que les visiteurs de l’exposition universelle d’horticulture, à Londres, y ont pu admirer au mois de mai dernier. Ayant rapporté quatre graines de cette curieuse plante, je me fais un devoir de communiquer aux lecteurs de ce recueil le résultat de mes propres expériences, afin de compléter, pour ainsi dire, l’article de notre excellent collègue. Rentré de Londres le 8 juin seulement, je n’ai pu semer mes quatre graines que j’avais achetées au prix d’une demi-guinée (13 fr. 25) que le lendemain. Par mesure de précaution, je les semai isolément dans des pots de 16 centimètres, bien drainés et remplis d’un mélange de bonne terre de jardin et de terreau de cou- che. Ces graines ne tardèrent pas à lever et bientôt leur tige se développa rapidement, de sorte qu’au commencement d’août la plante, alors en pleine fleur, avait atteint une hauteur de 80 centimètres. Rientôt après les siliques se formèrent, et j’ai été étonné de voir avec quelle rapidité celles-ci s’allongèrent : quelquefois, en vingt- quatre heures, de 10 à 12 centimètres. Malgré la saison peu favorable au jardi- nage, en général, mes quatre plantes avaient atteint en septembre presque tout leur dé- veloppement, et j’ai mesuré plusieurs sili- ques de 1 mètre 10 de longueur. J’en avais mis un pied à l’exposition hor- ticole qui se tenait à Melun en même temps que la dernière session du Congrès pomologique. 31 RAPHANUS CAUDATUS (RADIS A QUEUE DE RAT). Les graines contenues dans les siliques ne tardèrent pas à mûrir, et j’ai pu en ré- colter une petite quantité, dans de bonnes conditions, que j’ai cédée à la maison Ila- vard et Cc, n° 11, rue Auber, à Paris. On se trompe cependant en croyant que ces graines sont produites en abondance; car, malgré l’énorme longueur des siliques, il y avait à peine une vingtaine de bonnes graines dans chacune! Aussi est-il peu probable que leur prix descendra aussi vile que M. André semble le croire : au chiffre de 50 cent, le paquet. Des maisons de graines, à Londres, qui tiennent à leur réputation, les offrent maintenant à '30 shillings (37 fr. 50) par 100 graines, et j’ai lieu de croire que celles vendues à un prix inférieur ne sont autres que le Radis de Madras ; il faudrait donc s’en méfier. Un mot au sujet de la gravure coloriée qui accompagne l’article de M. André. Je présume que la teinte rouge n’est qu’un « lapsus » du coloriste, car je n’ai point vu de siliques de cette couleur. Il est vrai que sur certaines plantes la couleur en était vio- lacée, tandis que sur d’autres elle était tout à fait verte. La plante tuteur èe a un aspect singulier, car chacune produit de quinze à vingt siliques, dont les unes sont droites et pen- dantes, les autres tournées ou redressées en formes fantastiques. Ferdinand Gloede. SUR LA MULTIPLICATION DES EUPHORBIACÉES Les feuilles de presque toutes les espèces de plantes de la famille des Euphorbiacées ont la propriété d’émettre des racines, et peuvent, au besoin, servir à la reproduc- tion des individus. Nous avons souvent bouturé des feuilles de Xylophylla latifolia , montana , angusti- folia , etc., qui s’enracinaient en peu de temps, et dont le sommet, continuant en- suite à s’allonger, transformait complète- ment leur pétiole en tige. Ce fait porterait à croire que ces feuilles sont plutôt des ra- meaux modifiés. Le Slillingia Cochinchinense ainsi mul- tiplié forme d’abord une agglomération de petites utricules à la base du pétiole, d’où, plus tard, sortent les racines. Traitées con- venablement, ces agglomérations cellulaires donnent toujours naissance à un bourgeon. Il en est de même des plantes suivantes : Croton pictum , variegatum et autres ; Sar- cococcapr uni folia, Pachysandra terminalis , folio variegala ; Jatropha acuminala ; Hip- Fig. 5. — Bouture de Phyllanthus mimosoides, enracinée et munie de bourgeons. pomane biglandulosa , spinosa ; Phyllanthus mimosoides , Swartz. (grav. 4 et 5.) Ce dernier présente un phénomène bien digne d’attention pour un observateur. En effet, bien que parfaitement reprises, les boutures de feuilles (rameaux foliiformes) restent longtemps avant de produire des bourgeons. Au premier abord, on croirait réellement qu’il n’y a rien à attendre de ces feuilles enracinées ; elles revêtent des carac- tères qui porteraient à croire que la vie veut 32 SUR LA MULTIPLICATION DES EUPHORBIACÉES. les abandonner; les folioles tombent, et ces boutures prennent toutes les apparences d’une plante qui va mourir. Il n’en est rien, et c’est alors que ces fragments, si on les soigne convenablement, donneront nais- sance à des individus nouveaux. La figure 4 représente une bouture de Phy liant hu-s mimosoïdes avec ses folioles; la figure 5 montre le pétiole de cette même bou- ture enracinée, privée cle ses folioles et don- nant naissance à deux bourgeons qui, en se développant, se transforment en tige. Les plantes ainsi obtenues, ayant généralement une forme disgracieuse, il suffit de les cour- ber et de les marcotter à la surface du sol au moyen de quelques crochets en bois, pour qu’elles émettent un bourgeon vigoureux ver- tical,en même temps qu’ellesdéveloppentdes racines à sa base. Lorsque les bourgeons sont enracinés, on les détache et on les rempote dans de petits godets, qu’on place quelque temps sous cloche pour faciliter la reprise des plantes. La partie inférieure de la tige ne tarde pas à émettre de nouveaux bourgeons qu’il sera facile de traiter de la même ma- nière. En agissant ainsi, on peut obtenir un certain nombre de plantes d’une même feuille. G. Delchevalerie, Chef multiplicateur à l’établissement horticole de la ville de Paris. GRIFFINIA BÜJMENAVIA Le genre Griffinia , qui rentre dans la famille des Amaryllidées, a été établi par Ker, aux dépens du genre Amaryllis. Il a pour caractères principaux un perigone (1 ) coloré, à tube court, un limbe à six divisions inégales, qui paraît presque subbilabié. Etamines 6, insérées au sommet du tube, à filaments filiformes, l’un assurgent, les autres penchés. Anthères versatiles. Ovaire triloculaire. Ovules 2, anatropes, colla- téraux. Style trisulqué. Stigmate entier ou comme trilobé. Graines obovales dressées, solitaires ou subsolitaires par avortement. L’espèce dont nous allons donner la des- cription, Griffinia Blumenavia , C. Koch et Bouché, figurée ci-contre, est originaire du Brésil, où elle croît communément dans l’ile Sainte-Catherine. Elle a été envoyée au jardin botanique de Berlin par M. le docteur Blumenau, à qui MM. C. Koch et Bouché l’ont dédiée; ses caractères sont les suivants : bulbes petits ovoïdes, un peu plus hauts que larges. Feuilles peu nombreuses, longues d’environ 15 centimètres, larges d’à peine 4. Hampe cylindrique d’environ 25 centimètres de hauteur, terminée par une ombelle de fleurs qui, primitivement, est entourée de bractées sèches. Fleurs pédicellées, composées d’un périanthe long de 6 centimètres, ouvert en entonnoir, à six divisions ; les trois extérieures presque du double plus larges que les trois intérieu- res, arquées en dehors, d’un rose carné très-tendre, légèrement striées à l’intérieur, surtout vers la base ; étamines 6, à filets déclinés, relevés à leur extrémité. (1) Terme employé dans un sens général et pres- que exclusivement en parlant des végétaux niono- cotylédonés, pour désigner l’ensemble des pièces qui entourent les organes de la fructification. Quelques botanistes ont adopté ce nom pour les cas où il est difficile de reconnaître si ces pièces appartiennent au Calice ou à la Corolle; telles sont les monocoty- lédonés périanthées, par exemple. Le mot perigone, à peu près synonyme de périanthe, est presque tou- jours aussi employé comme tel. — (Carrière, Ency- olopédie horticole , page 387.) Le genre Griffinia comprend aujour- d’hui, à notre connaissance, trois espèces : les G. Hyacinthina , inlermedia et Blume- navia. On cultive ces plantes dans des pots remplis de terre de bruyère siliceuse, à la- quelle on peut ajouter un peu de terre franche; l’hiver, on les rentre sous des châssis froids. Peut-être même pourrait-on les cultiver en pleine terre en les abritant l’hiver avec une légère couche de feuilles. L’espèce qui fait le sujet de cette note, le Griffinia Blumenavia , est mise au com- merce par MM. Haâge et Schmidt, horticul- teurs, à Erfurth. Indépendamment du Griffinia Blumena- via, quatre autres espèces de ce genre sont aujourd’hui connues ; elles sont originaires du Brésil. A en juger par leurs caractères généraux nous croyons que ce ne sont que des formes ou des variétés d’un même type qui, à vrai dire, est une sorte d’Amaryllis à feuilles persistantes. Mais, quoi qu’il en soit, en voici l’énumération avec l’indica- tion de leurs principaux caractères. Griffinia Hyacinthina , Ker. Botan. Beg. II, 1. 163. Feuilles peu nombreuses, longues, largement elliptiques , un peu sinueuses, longuement pétiolées, à nervures réticulées très-rapprochées. Fleurs à divisions supé- rieures violet lilas sombre, surtout au som- met, à divisions inférieures étroites, blanc légèrement violacé. Griffinia parviflora , Ker. Bot. Beg. VI, t. 511. Feuilles peu nombreuses, pétiolées, ovales, à nervures très-rapprochées, réti- culées. Fleurs à peu près de la même cou- leur que celles de la précédente, dont elle n’est qu’une variété légère. Griffinia intermedia , Lindl. Bot. Beg. XII, t. 990. Feuilles largement ovales, pétiolées, à nervures nombreuses réticulées. Fleurs longuement tubuleuses à divisions presque conjointes, régulièrement élargies au som- met, d’un bleu lilas pâle dans toute leur étendue. Griffinia Liboniana , hort. Cette espèce tien h' Horticole tzvis fmv l#T\ote des Hou/ajiïnr. Griffinia B lumen, a via TTT-rrr TTTTTTCUTr F.YernaEnx* P ans lmp . Fana Le r des B a alangers /J CotoneasteT Fontanesii I GRIFFINIA BLUMENAVIA. 33 que M. Charles Lemaire a figurée dans le Jardin fleuriste , vol. III, t. 290, se distingue des précédentes par des feuilles sinueuses, sessiles, atténuées à la base en une sorte de pétiole engainant, maculées de blanc, et rappelant assez par leur aspect général, de même que par leurs marbrures, le Pulmo - naria saccharata qui se trouve dans beau- coup de bois aux environs de Paris. Quant à ses fleurs elles rappellent celles du Griffinia Hyacinthina . E. A. Carrière. COTONEASTER FONTANESII Bien que dans le plus grand nombre de cas les fleurs soient les parties qu’on re- cherche pour l’ornementation, les feuilles et surtout les fruits jouent aussi très-souvent dans ce cas un des principaux rôles. Ils ont même sur les fleurs un grand avantage, celui de durer beaucoup plus longtemps. La plante qui est représentée ci-contre en fournit un exemple des plus remar- quables. Ainsi, pendant plus de deux mois, le Cotoneaster Fontanesii, Spach, res- semble à un véritable buisson de corail dont rien n’égale la beauté, surtout s’il se trouve placé dans le voisinage d’arbustes garnis de feuilles un peu sombres qui forment contraste et font encore ressortir l’éclat des fruits. Dans ce cas, on peut le dire, l’effet est splendide. Voici, au reste, les caractères qu’il pré- sente : Arbuste formant un buisson arrondi, compact, d’environ 1 mètre de hauteur. Branches nombreuses effilées, relativement longues et grêles, à écorce brun foncé ou presque noire, luisante, un peu tomenteuse grisâtre sur les parties les plus jeunes. Feuilles pétiolées, largement et courtement ovales-elliptiques, brusquement atténuées de chaque côté, assez épaisses et coriaces, planes, glabres et d’un vert grisâtre en des- sus, argentées, soyeuses en dessous par des poils nombreux, fins et couchés. Fleurs nom- breuses, petites, pédicellées, blanchâtres, réunies en sortes de glomérules sur des ra- mules courts. Fruits sphériques, d’un très- beau rouge corail, de 8-10 millimètres de diamètre, couronnés par l’enfoncement cali- cinal qui est bordé par les divisions du calice qui sont courtes, persistantes. Le Cotoneaster Fontanesii est, nous ne craignons pas de le dire, un des plus beaux arbustes d’ornement. On peut le recomman- der avec d’autant plus d’assurance qu’il est très-rustique, peu délicat et ne manque jamais, chaque année, de se couvrir de fleurs et par conséquent de fruits. On le multiplie de graines qu’il donne abondamment; on sème celles-ci aussitôt qu’elles sont mûres, après les avoir dé- barrassées de la pulpe qui les environne ; elles lèvent au printemps suivant. Briot. SUR QUELQUES FRUITS LOCAUX Chaque contrée a ses fruits locaux, fruits appropriés, acclimatés, pourrait-on dire, parmi lesquels toutefois il s’en trouve qui pourraient être également cultivés dans d’autres pays, souvent même avec avan- tage. Bien convaincu de ce fait, j’ai pensé qu’il y aurait quelque intérêt à faire connaître aux lecteurs de la Revue horticole certaines variétés de Pommes, qui me paraissent en partie propres au Midi et se cultivent parti- culièrement dans les départements de Lot- et-Garonne et de la Gironde. Tous les vé- gétaux s’adaptent au milieu dans lequel ils vivent, ce qui explique comment cer- taines variétés, très-bonnes dans un pays, ne présentent aucun avantage dans un autre, et vice versa. Ainsi, tandis que les Calville , les diverses sortes de Reinettes, notamment celle du Canada , les Fenouillet , les Pigeonnet (1), etc., sont excellentes (1) Ces diverses variétés, le Calville blanc sur- tout, paraissent craindre les extrêmes. Ainsi, tandis qu’elles viennent très-mal ou même pas dans le Midi, il en est de même dans les pays très-froids: dans le nord de la Russie, leur bois gèle très-souvent. dans le Nord, elles présentent, dans le Midi, des inconvénients qui les font parfois rejeter ; par exemple les Calville et les Pi- geonnet tombent des arbres bien avant leur maturité, et n’acquièrent pas, chez nous, les qualités qui leur sont propres. Je n’ai jamais pu conserver un seul fruit de Pi- geonnet après le 15 octobre, et c’est à peine si l’on peut sauver quelques Pommes Cal- ville sur les espaliers ; nos pleins vents n’en retiennent aucune. Les marchés aux fruits de Bordeaux sont largement approvisionnés de Pommes Rei- nette du Canada et de Reinette franche , celle-ci plus petite, plus tardive, à chair moins tendre et tout aussi bonne. Les Pommes qui dominent dans les cul- tures du département, paraissant originaires de la localité, sont les variétés suivantes : La Pomme Dieu , ou Rose de Rénauge (le nom de Pomme Dieu est le plus populaire ; le nom de Rose de Rénauge , propre à la lo- calité d’où semble être originaire cette si jolie Pomme, est le plus souvent employé par les pépiniéristes) ; l’arbre est vigoureux 34 SUR QUELQUES FRUITS LOCAUX et d’une grande fertilité ; le fruit est gros et moyen ; son brillant coloris, jaune paille et vermillon, en fait une des Pommes les plus convenables à l’ornement des desserts. La chair est demi-cassante et assez bonne, mais d’un goût peu relevé. La maturité commence en novembre et se prolonge jusqu’à fin mars, et même en avril. Cette jolie Pomme est fort appréciée dans la Gironde, où elle domine pendant cinq mois sur nos marchés aux fruits. La Pomme Azêroli est un petit fruit gris roux ; l’arbre est extrêmement fertile ; son goût sucré et relevé lui fait pardonner son petit volume. Il mûrit de décembre à février. V Azêroli anisé , d’un gris moins foncé, rayé ou marqué de stries rouges, est une Pomme du même volume que la précé- dente, dont elle se distingue par un parfum plus prononcé et une chair plus délicate ; ces deux variétés, toutes locales, méritent d’être propagées dans d’autres départe- ments, où elles pourraient acquérir les mê- mes qualités. La Reinette grise de Saintonge, dont le nom indique l’origine, est une très-bonne variété que le département de la Gironde s’est appropriée, tout en lui conservant son nom. Le fruit est d’un volume moyen, de forme un peu allongée, de couleur gris vert, à chair cassante, sucrée et relevée à sa ma- turité, qui n’arriv.e pas avant le mois de février et se prolonge jusque fin mai. La Reinette grise de Saintonge est une des plus abondantes, sur les marchés de Bordeaux, de février à avril. La Bonne de mai , fruit gros et moyen, à chair cassante, de qualité secondaire mais se recommandant par sa grande fertilité et sa longue garde. Ce fruit a cela de particu- lier que sa peau se couvre de petites taches qui lui donnent un aspect tigré. Je me suis borné à signaler ces cinq va- riétés de Pommes bordelaises, comme étant les plus généralement cultivées et parais- sant avoir un caractère tout local. On compte par centaines le nombre de variétés de Pommes bonnes ou mauvaises qui viennent sur nos marchés pendant dix mois de l’année. Voici maintenant les meilleures Pommes propres au département du Lot-et-Ga- ronne : En premier lieu je citerai : La Reinette d'or, variété unique, extrême- ment remarquable par son coloris particu- lier jaune pur, souvent relevé de vermillon du côtp frappé par le soleil. Fruit petit, de forme un peu aplatie et à côtes, peau très- fine, chair cassante, sucrée et relevée. L’arbre est très-fertile ; mais les deux tiers des fruits tombent avant la maturité. A Bor- deaux, où j’en ai essayé depuis dix ans la culture, l’arbre tient moins encore ses fruits que dans le Lot-et-Garonne; peut-être, en cordon ou en contre-espalier, obtiendrait- on un meilleur résultat. Cette Pomme est toujours fort recherchée dans le Lot-et-Garonne, où elle est partout répandue; on vend cette variété deux fois le prix des autres Pommes. Les médecins ordonnent, pour certaines affections, de la tisane de Pomme de Reinette. C’est la Reinette proprement dite. En disant dans le pays Pomme Reinette, on n’entend pas parler d’une autre variété. Le nom de Reinette d’or n’est employé que par quelques amateurs. La maturité ar- rive en novembre et se prolonge jusqu’en mars. On emploie fréquemment cette précieuse Reinette dans les ménages, pour faire des omelettes aux Pommes. Nous pouvons affir- mer qu’on ne réussira à faire avec aucune autre variété de Pommesdes omelettes aus>i bonnes qu’avec la Reinette d’or. Avant si maturité, son goût sucré et fortement aci- dulé la rendrait peut-être propre à faire d’excellent cidre. Depuis bien des années je vois des expo- sitions de fruits et des lots considérables de Pommes à Bordeaux, à Paris, à Lyon, en Belgique même, quand apparurent les col- lections des Pommes allemandes au congrès pomologique international de Namur, mais nulle part je n’ai vu notre remarquable Rei- nette d’or, qui mérite d’être propagée dans le monde entier. La Blanche d’Italie , fort bonne et jolie petite Pomme à chair tendre, sucrée et par- fumée, appartient à un arbre vigoureux, d’une grande fertilité; cette variété, dont je ne connais pas l’origine, est très-répandue dans l’Agenais. J’en possède cinq ou six arbres gigantesques dans ma propriété de Lot-et-Garonne, et je les vois depuis vingt- cinq ans toujours de la même grosseur. La maturité des fruits commence en novembre et se prolonge jusqu’à la fin de février. La Pomme d’Ile ou d’isle ; cette délicieuse petite Pomme est une des plus cultivées dans le Lot-et-Garonne où elle réussit très- bien; elle est ancienne et très-connue; elle ne réussit pas dans la Gironde, où elle se montre peu fertile, et, par ce motif, sa cul- ture est un peu délaissée; c’est un très-bon fruit qui mériterait d’être essayé dans d’au- tres localités. La Pomme Guiroutonne, petite Pomme rouge, rayée, ayant presque la forme et la grosseur du Museau de lièvre. La Pomme Guiroutonne est une variété toute locale, et que je n’ai jamais vue sur les marchés de Bordeaux, tandis qu’elle est abondante sur les marchés d’Agen et de Vil- leneuve-d’Agen. Le grand mérite de cette va- SUR QUELQUES FRUITS LOCAUX. riété réside surtout dans la longue garde de ses fruits. La maturité n’arrive qu’en jan- vier et se prolonge jusqu’à la fin d’avril. Dès le mois de février elle acquiert son arôme agréable et tout particulier; la chair est fine, sucrée, parfumée. C’est un excellent fruit. L’arbre est assez fertile. La Pomme rose de V Agenais nommée Drap d'or à Villeneuve-d' Agen, aussi gran- dement cultivée dans une contrée que dans l’autre, est tout simplement le Gros Apis. L’arbre est d’une fertilité fabuleuse ; on cul- tive aussi le petit Apis et Y Apis noir , ce dernier sous le nom de Pomme d’enfer. Ces Pommes, très-connues, acquièrent de meil- leures qualités les années de grandes cha- leurs. Le Museau de lièvre , à chair sanguino- lente, est une Pomme fort connue et assez médiocre. Elle est très-répandue dans le dé- partement de Lot-et-Garonne, ainsi qu’un grand nombre d’autres variétés ayant plus ou moins de mérite. Reinette d’Angleterre, vulgairement Pomme de Pinon. — Cette belle et délicieuse Pomme, l’une des meilleures qui puissent exister, est récoltée sur un très-vieil arbre, que j’ai toujours vu depuis vingt-cinq ans que je possède mon bien de Pinon. Il est temps de 35 songer à prendre des greffons pour propager cette précieuse variété. Depuis cinq ans, nos Pommiers de l’Age- nais sont ravagés par les chenilles, et, privé que j’étais de revoir le fruit, je n’avais pas osé prendre des greffons sans m’assurer de l’identité. Cette Pomme réunit toutes les qualités : beauté, grosseur, chair tendre, sucrée, par- fumée, aromatisée; maturité en décembre- janvier. Eug. Glady. Nous ajouterons à cet article, précieux à divers égards, que notre collaborateur, M. Glady, très-désireux de répandre les bonnes choses, se montre ici, comme tou- jours, d’une générosité dont nous ne sau- rions trop le remercier; il offre d’envoyer des greffons à tous ceux qui lui en feront la demande. Nous ajouterons que la Revue horticole reproduira quelques-unes des Pom- mes dont il est question dans cet article, et notamment la Reinette d'or qui est non- seulement très-bonne et très-distincte , mais aussi des plus jolies par sa belle cou- leur et la finesse de sa peau. Nous ne l’avons pas encore vue nulle part. Rédaction. LES TAUPES ET LES VERS BLANCS Afin que mes sentiments de justice et de compassion ne soient pas mis en doute ni en suspicion par qui que ce soit, je dois déclarer tout d’abord ici, que je m’honore, modestie à part , d’être l’un des sept pre- miers fondateurs de la Société protectrice des animaux, qui prit naissance, chez M. Pa- risot deCasset, rue duPont-Louis-Philippe, en décembre 1845, à Paris. Cette Société, dont on connaît générale- ment aujourd’hui les nobles tendances, s’oc- cupa immédiatement de la protection, de la conservation et de la propagation de tous les animaux utiles; elle s’éleva avec force contre les mauvais traitements infligés aux amis et auxiliaires de l’homme, ainsi que contre la destruction des oiseaux insectivo- res et autres, qui peuvent avoir au milieu de nous leur utilité. Personne plus que moi n’applaudit à ces sentiments si honora- bles et si moralisateurs, car en même temps qu’ils se répandent dans les villes et dans les campagnes, par le puissant intermé- diaire des instituteurs, ils habituent les en- fants, dès leur bas âge, à être bons, doux et compatissants envers leurs semblables et envers tous les êtres vivants que Dieu a créés ; aussi la Société protectrice ne man- que-t-elle jamais l’occasion de récompen- ser un instituteur qui lui est désigné comme dirigeant les jeunes consciences contre les sentiments de cruauté qui semblent naître et grandir chez les enfants et se développer, plus tard, chez les adultes. Elle s’élève aussi avec force, et elle a encore raison, con- tre l’enlèvement des nichées d’œufs et de petits oiseaux à peine éclos, soit dans les bois et les forêts, soit dans les parcs et dans les jardins, etc. Aussi, à tous les points de vue que l’on se place, il est facile de comprendre que ces sentiments qui élèvent et grandissent l’homme, intéressent vivement la société en- tière; des hommes haut placés dans l’échelle sociale n’ont pas craint d’en descendre pour traiter à fond toutes ces questions d’huma- nité incomprises encore naguère du plus grand nombre. Ils les ont abordées avec toute la puissance de leur parole, de leur con- viction et de leur expérience. Toutes les classes de la société s’en sont justement émues, et tout récemment un illustre maré- chal, animé d’un zèle ardent, n’a pas hésjté de quitter un instant ses hautes fonctions, pour se constituer l’avocat et le défenseur convaincu de tous les animaux, et particu- lièrement de la taupe, en publiant un mé- moire fort intéressant en faveur de ce petit animal, dans les annales de juillet de la Société impériale et centrale d’agriculture, et dans le bulletin de la Société protectrice des animaux, en septembre 1866. 36 LES TAUPES ET LES VERS BLANCS. Le maréchal Vaillant, mon honorable collègue et président à la Société impériale et centrale d’horticulture, et à la Société protectrice des animaux, a recommandé dans son excellent mémoire de ne pas dé- truire les taupes; il conseille au contraire de les protéger, et de les laisser se propager et multiplier librement; il prétend en outre que ces petits animaux souterrains peuvent rendre de grands services aux propriétaires et aux horticulteurs, en les débarrassant des vers blancs, dont ils feraient dans leurs parcours à ce qu’il paraît, et cela n’est pas niable, une immense consommation ; cette consommation, d’après l’auteur, serait si forte, qu’elle ferait disparaître les hanne- tons et leurs larves, dans un temps qui ne pourrait être éloigné, ou du moins c’est le résultat qu’il espère en obtenir, et je le dé- sire sincèrement. Sans vouloir entrer ici en quoi que ce soit dans le fond de cette discutable ques- tion — à mon point de vue — ni amoindrir les remarques faites par ce savant académi- cien, je viens demander à mes confrères en culture, si jamais ils consentiront à laisser vivre en paix et se multiplier les taupes dans leurs jardins? l’usage ou l’habitude appuyée d’une longue expérience — routi- nière, peut-être — les portera, j’en suis con- vaincu, à les détruire par tous les moyens en leur possession. Dans la commune de Gargenville (Seine- et-Oise) que j’habite, il y a quatre proprié- taires — moi compris — qui font faire la chasse aux taupes, par l’intermédiaire d’un taupier normand. Nos parcs, prés et jardins ne sont que d’une contenance totale tfe 25 hectares, tandis que le territoire communal, non gardé, se compose d’envi- ron un millier d’hectares dans lesquels vi- vent et se multiplient les taupes fort à leur aise. Eh bien, cette année 1866, des champs entiers de Céréales, des parties considérables de prairies et presque toutes les jeunes vignes plantées du printemps, devinrent la proie des vers blancs. Cepen- dant les taupes parcourent et sillonnent la plaine dans tous les sens, et peuvent, sans que rien ne les gêne, pourvoir à leur nour- riture favorite et détruire le ver blanc. Malheureusement, il n’en est rien. On s’est également élevé, depuis quel- que temps , contre la destruction des oi- seaux carnivores, insectivores et omnivores, tels que Corbeaux, Pies, etc. ; je ne sais non plus ce qu’il y a de bien fondé dans cette nouvelle opinion que je n’ai pas la préten- tion de combattre, mais je puis affirmer que chez moi tous les oiseaux gros et pe- tits sent infiniment respectés par tout le monde de la maison. Malgré mon amour prononcé pour leur conservation, je dois déclarer de bonne foi que , tous les ans, les racines de mes arbres et de mes plan- tes sont rongées par le ver blanc, et que les feuilles, les fleurs et les fruits sont dé- vorés en partie par les hannetons, les che- nilles, les pucerons et autres insectes. En attendant que les taupes débarrassent mes confrères des vers blancs qui les déso- lent, je demande avec humilité, à S. Exc. le maréchal Vaillant, la permission, malgré mon titre de protecteur des animaux, de faire aux taupes une guerre à outrance, sans trêve ni merci. Bossix. PROBLÈME DE LA VENTILATION DES SERRES Le dernier paragraphe de la note Miscel- lanées , publiée par M. L. Neumann dans le numéro du 16 octobre dernier de la Revue horlicole , ayant pour titre : Essais contre la stagnation de l'air dans les serres , me fait penser que j’intéresserai les lecteurs en leur donnant la description d’un régulateur thermométrique inventé par M. Prudot, pro- fesseur au collège de Bergerac, amateur passionné d’horticulture, et qui me semble, dans une de ses nombreuses parties, ré- soudre d’une manière complète le problème de la ventilation. Ce régulateur se compose : 1° d’un ther- mosiphon dont le fourneau contient une provision de combustible pour 2-4 heures au moins; 2° d’un régulateur qui ouvre ou ferme la soupape à air du fpyer suivant la température de la serre, qui se trouve par là maintenue entre des limites que l’on fixe à volonté au moyen d’une vis ; 3° de divers mécanismes guidés par des régulateurs et qui exécutent automatiquement toutes les opérations qui dans une serre exigent tant de soins et d’assiduité. Avec ce système, on est sûr que toute la nuit la température de la serre ne descendra pas au-dessous du degré pour lequel on a réglé l’appareil, et que, dès que le degré sera atteint, il n’ar- rivera au fourneau que la quantité d’air jus- tement nécessaire pour que le feu ne s’é- teigne pas. Mais si pendant la nuit la température extérieure descend au degré pour lequel la serre a besoin d’être couverte de paillas- sons ou de toiles, ces paillassons ou ces toiles se déroulent d’eux-mêmes pour se re- plier également d’eux-mêmes le lendemain matin, "quelque temps après le lever du so- leil. Dans la journée, si les rayons du soleil développent dans la serre une température capable de fatiguer les plantes, des vasistas s’ouvrent automatiquement dans le haut et dans le bas de la serre, ce qui arrête l’élé-j 37 PROBLÈME DE LA VENTILATION DES SERRES. valion de température et renouvelle l’air de la serre au moyen d’un courant d’air qui, n’arrivant pas directement sur les plantes, ne les soumet pas à ces variations brusques si nuisibles ; mais si. la température exté- rieure est assez douce pour que l’air du dehors puisse sans danger frapper les plantes, d’autres vasistas s’ouvrent par de- grés sur le devant de la serre. Si, malgré cette ventilation, les rayons du soleil exercent sur les plantes une ardeur trop nuisible, les rideaux que le froid a fait dérouler la nuit se déroulent de nouveau et ombragent les plantes pour remonter d’eux-mêmes quand les rayons du soleil ont perdu leur trop grande intensité, de même que les vasistas qui se sont ouverts se re- ferment également d’eux-mêmes quand cela est nécessaire. Il est facile de voir que ces mouvements automatiques des vasistas as- surent à la serre une ventilation puissante chaque fois que l’excès de température dé- veloppée par le soleil le permet. Mais dans la nuit et dans le jour, par un temps couvert, un renouvellement aussi rapide de l’air de la serre ne pourrait être obtenu sans une grande dépense de combustible; il est donc nécessaire de remplacer la ven- tilation des vasistas alors fermés par une autre ventilation plus lente mais constante; M. Prudot y parvient au moyen de deux tuyaux d’appel maintenus à une tempéra- ture invariable par un régulateur et qui éta- blissent deux courants d’air d’une vitesse constante, dirigés l’un de dedans en de- hors, l’autre de dehors en dedans. Lorsque plusieurs serres sont chauffées par le même thermosiphon, les robinets de distribution sont fermés et ouverts automa- tiquement par des mécanismes particuliers, de manière que chaque serre reste con- stamment à la température qu’on veut lui donner. Les rideaux du régulateur de M. Prudot peuvent servir en outre à préserver des ge- lées blanches les plantes de la pleine terre, les primeurs, les espaliers, et même les ga- RÉUSSITE DU POIRIER DAI Un arboriculteur distingué de notre ville, M. Lanier, croit avoir trouvé un moyen de faire réussir le Poirier dans les terrains médiocres; les expériences qu’il a suivies pendant six années lui ayant donné des ré- sultats satisfaisants. Le procédé est bien simple. Il suffit d’é- tablir, au fond du trou destiné à la planta- tion de l’arbre, un lit de gravier fin, épais de 0 m. 20 c., de le recouvrir d’une cou- che de terre mélangée de gravier et d’une épaisseur analogue ; on place le sujet sur ce mélange, et entre les racines on coule de rantir des fortes pluies, car, à l’aide d’une simple addition de mécanisme au système, les rideaux se déroulent d’eux-mêmes, dès la moindre petite pluie. Un seul appareil peut faire mouvoir des toiles sur 50 mètres de longueur. Il est évident qu’avec ces rideaux on pourrait sortir les plantes de la serre tempérée bien avant l’époque ordi- naire, c’est-à-dire vers le 15 mars environ; car, à partir de cette époque, on n’a plus à craindre que les gelées blanches et les fortes pluies. M. Prudot a produit, il y a quelques an- nées, à l’exposition horticole de Bergerac, une application de son système à une serre portative, et malgré que tous les appareils aient fonctionné avec la plus grande régu- larité et que le jury ait cru devoir décerner la médaille d’or de la ville à cette re- marquable invention, bien des doutes res- taient encore dans les esprits sur la possibi- lité d’établir sur de grandes dimensions tous ces mouvements automatiques qui ont pour point de départ l’infiniment petite dilatation qu’une élévation de température de un ou deux degrés produit dans une barre métal- lique. Aujourd’hui, tous les doutes sont levés, car l’inventeur vient d’appliquer son système à une serre de 10 mètres de lon- gueur sur 3 de largeur, et cet essai en grand a réussi de la manière la plus complète. Pour mon compte, j’ai vu fonctionner tous ces appareils bien des fois avec une régu- larité, une précision, une sensibilité qui étonnent et paraissent tenir du prodige, car il semble qu’une main invisible dirige et fait mouvoir tous ces mécanismes... M. Prudot doit produire un spécimen de son système à l’Exposition univer- selle de 1867, à Paris, et j’ai la conviction que ces appareils, susceptibles de rendre de très-grands services à l’horticulture, ne manqueront pas d’attirer l’attention des nombreux visiteurs. Gagnaire fils, Horticulteur, à Bergerac. 5 LES TERRES MÉDIOCRES la bonne terre mélangée avec deux ou trois pelletées de gravier. Ce gravier fin ou sable tamisé est celui que l’on extrait des carrières, ou que l’on tire de la rivière, et qui est employé habi- tuellement à sabler les allées des jardins. En arrachant un Poirier planté dans ces conditions depuis plusieurs années, on trouve des chevelus abondants, fins et com- pactes, dans la couche de gravier, au lieu de grosses racines pivotantes. La durée de l’arbre en souffrira-t-elle? On l’ignore en- core. Il y a lieu de supposer que plus la 38 RÉUSSITE DU POIRIER DANS LES TERRES MÉDIOCRES. couche de sable a été étendue, plus long- temps l’arbre s’y maintiendra. Toujours est- il que la fructification y gagnera. Les travaux que M. Lanier a dû accom- plir dans le jardin de l’Ecole normale, où chaque semaine il vient expliquer aux élè- ves-maîtres l’agriculture, l'arboriculture et le maraîchage, jardin qui repose sur un fond de grève, n’ont pas été étrangers aux observations de notre collègue. Ce banc de grève étant d’une épaisseur moyenne n’a pas été touché ; on s’est borné à élever et à amender la couche végétale. Les Poiriers y viennent parfaitement. Si le sous-sol de gravier était plus considérable et d’une nature desséchante, on l’entamerait en ouvrant une tranchée ou un grand trou, et on y ramènerait des gazons ou de la terre herbue. Dans les cas ordinaires, là où le tuf est composé de craie ou de terre inerte et nui- sible, on se contente d’ouvrir un bon trou, une tranchée, et d’étendre sur le mauvais sous-sol, non entamé, un lit de gravier pur recouvert d’un autre lit de gravier mélangé de terre. En me faisant voir les beaux résultats de sa trouvaille, due au hasard, M. Lanier me conduisit sur une promenade de la ville de Troyes, où des tas de sable graveleux tiré de la Seine étaient déposés depuis quelque temps au pied de vieux Ormes et Tilleuls. On enlevait ces tas de grève. Quelle ne fut pas notre surprise de voir une grande quantité de racines chevelues ayant remonté du sein de la terre pour croître vigoureuse- ment dans le sable privé de la moindre par- celle de terre. En outre, des chevelus sem- blables avaient percé la vieille écorce ru- gueuse des arbres jusqu’à la hauteur de 1 mètre ; hauteur des monticules de gra- vier. Cette observation me conduit à supposer que pour affranchir le Poirier greffé sur Cognassier, un apport de sable-gravier au bourrelet de la greffe serait probablement plus efficace que la terre recommandée par les auteurs, et trop disposée à se dessécher. C’est à expérimenter. Cette matière que nous trouvons facile- ment dans la terre ou dans l’eau jouerait donc un grand rôle dans la culture du Poi- rier. Nous savions déjà pertinemment que son emploi en guise de paillis dans les ter- rains secs et légers contribuait à conserver la fraîcheur, et activait la végétation. Notre confrère nous en montrait encore l’effet sur un Pêcher greffé sur Prunier, resté lan- guissant dans un sol compacte, jusqu’à ce que la terre, dégagée autour du tronc et remplacée par du gravier, lui eût donné une vigueur dont il n’avait jamais joui. Si le succès se manifeste ainsi sur plu- sieurs espèces végétales, le dernier mot de l’emploi du sable en horticulture n’est pas encore dit. Nous terminerons cette communication par une seconde remarque non moins im- portante. Il y a déjà quelque temps, le hasard et la nécessité (ces inventeurs par excellence), avaient amené notre intelligent confrère à recommander l’emploi du tan à l’état de paillis dans la culture des arbres fruitiers et des légumes, surtout lorsqu’on opère sur un sol léger, calcaire, plus chaud qu’hu- mide. Dans une ferme de Champagne, où le fu- mier ne lui était pas prodigué, M. Lanier s’avisa d’achever le paillis d’un espalier de Poiriers avec du tan. Ici les Poiriers de- vinrent robustes, trapus et féconds, tandis qu’avec le fumier ils poussèrent jaune. Pendant l’été desséchant de 1864, il ré- pandit une litière de tannée sur des carrés de Pois, Oignons, Radis, etc., sans donner une goutte d'eau ; la récolte n’a jamais été aussi belle (1). Nous avons répété ces essais comparative- ment et nous sommes convaincu de l’effica- cité du tan. Sur l’Asperge, par exemple, et au pied des végétaux qui préfèrent des éléments chauds, salins, salpêtreux, il faut au contraire se garder de l’employer. Dans nos pépinières, où les allées sont recouvertes de tan, les Conifères, les Frai- siers, les Framboisiers, J etc., prouvent que ce voisinage leur plaît, si l’on tient compte des nombreux chevelus qu’ils développent préférablement sous lui. On dit que les Allemands se servent de ces résidus de tannerie dans le but de pré- server leurs cultures du ver blanc ; il y a des contestations sur le résultat. 11 est facile de comprendre que le tan, par sa couleur sombre, absorbe les rayons caloriques en même temps qu’il empêche l’évaporation de la fraîcheur du sol. Quand il est pourri, il peut servir d’engrais, et on le renouvelle comme paillis. Donc, pour nous résumer, un lit de sable- gravier et une couverture de tan, voilà, d’après M. Lanier, arboriculteur praticien et professeur, de quoi faire réussir le Poi- rier dans les terrains médiocres. Voulant que cette découverte pratique — si découverte il y a — prenne date, nous la publions et engageons tous les cultivateurs à faire des expériences ou des observations sur ce sujet. Charles Raltet, Horticulteur, à Troyes. (1) L’emploi de la tannée comme paillis a été préconisé plusieurs fois déjà dans ce recueil, et l’on est généralement d’accord sur les grands avants ges qu’il présente dans les terrains secs. Cet avantage est dû, d’une part, à l’état hygrométrique que présente la tannée, de l’autre à la propriété qu’elle a de con- server l’humidité, propriété probablement due à ce que la tannée est mauvais conducteur. ( Rédaction .) CULTURE ET EMPLOI DÉS PLANTES POTAGÈRES 1 Dans l’article que j’ai publié récemment sur l’aménagement des jardins potagers, j’ai indiqué quels sont les meilleures conditions pour établir ces sortes de jardins, quelles sont les façons à donner au sol, comment on doit le préparer pour faire les semis, etc.; je ne reviendrai donc pas aujourd’hui sur ces détails. Je me bornerai à énumérer les prin- cipaux légumes quion cultive le plus ordi- nairement dans un potager en indiquant l’époque où il convient de semer les graines et de repiquer ou de mettre les plantes en place. N’ayant d’autre but que de venir en aide à ceux qui ne sont pas au courant de cette sorte de culture, et de leur servir de guide, j’abrégerai autant que possible, de manière à condenser, à rapprocher les faits, afin qu’on en saisisse mieux l’enchaînement. Cette note n’étant qu’une sorte de réper- toire, je ne parlerai pas de la manière de planter, de semer, de repiquer, etc., qui sont des opérations que presque tout le monde connaît, qui, du reste, n’ayant rien de rigoureux, varient souvent d’un lieu à un autre. Je dirai seulement, d’une manière gé- nérale, en ce qui concerne les semis, que les graines doivent être placées plus ou moins profondément en proportion de leur grosseur et qu’en général aussi on devra les arroser plus ou moins souvent, suivant qu’elles seront plus ou moins enterrées. Quant aux plants, autant que possible, on doit avoir grand soin de ne pas les laisser se rendurcir, souffrir, et surtout s’étioler. Planter de bons plants est toujours très- avantageux. En ce qui concerne les repi- quages je dirai également qu’il ne faut pas enterrer au-dessus du collet les plantes cul- tivées pour leurs feuilles et dont les feuilles sont disposées en forme de rosette ou de pomme comme les Chicorées, les Laitues, les Scaroles, etc., etc. Les autres légumes ne réclament pas cette précaution. Ces principes généraux posés je vais faire l’énumération des diverses sortes de légu- mes, en suivant l’ordre alphabétique qui me paraît, ici, le plus commode. Ail. — Mettre en terre, de novembre à fé- vrier, en lignes distantes de 0,40 c. Artichaut. — CEiüetonner en mars, pour re- planter de suite à 1 m. en tous sens. Asperges. — Semer de février à avril, et re- planter l’année d’après, à la même époque, à 0,60 c. en tous sens. Aubergine. — Semer sur couche, en févri'er- mai, repiquer lorsque le plant a trois feuilles, et mettre en place en mai-juin à 0,80 c. Basilic. — Semer sur couche de mars à mai, repiquer lorsque les plants ont trois feuilles, et mettre en place en mai-juin. (I) Voir Rev. hort.*, 1866, p 432. Betteraves. — Semer en lignes en plein carré) en mars-mai, à 0,50 c. entre les lignes, et en espaçant les plantes environ d’autant sur les lignes. Cardons. — Semer en plein carré ou semer en mars-mai, replanter de mai à août, à 1 m. au moins en tous sens. Céleri. — Semer de janvier à mai, repiquer lorsque les plants ont trois feuilles, et mettre en place en mai-août, à 0,50 c. Chicorée frisée d’Italie ou de Meaux. — Se- mer sur couche Irès-chaude (il faut, pour que les plants ne m utent pas, que les graines lè- vent en dix o i douze heures), à partir de mars, repiquer en pleine terre en pépinière à bonne exposition, puis en place en avril-mai. Les pre- miers semis en pleine terre se font vers la lin de mai, lorsque la terre est échauffée. Mêmes soins et culture pour la Scarole. Choux bacalans. — Semer lin août à octo- bre, mettre en place d’octobre à décembre, à 0,60 c. Choux brocolis. — Semer en avril-mai, re- piquer en juin, à 0,80 c. Choux de Bruxelles. — Semer en mars, met- tre en place en mai-juin, à 0,80 c. Choux-fleurs. — Semer de mars à mai. re- piquer lorsque les plants prennent la quatrième feuille; mettre en place en juin-juillet , à 1 m. Choux de Milan. — Semer en mai-juillet, re- planter en juin-août, à 0,50 c. Choux quintal. — Semer en septembre-octo- bre, replanter en novembre-janvier, à 0,80 c. Choux d' York hâtifs. — Semer en septembre- octobre, replanter en novembre-janvier, à 0,30 c. Cornichons. — semer sur couche de mars à mai, mettre en place en mai-juin, à 2 m. 50 c. en tous sens. Courges. — Semer sur couche en mars-mai, ou sur place en avril-mai, à 3 m. en tous sens, ou bien les planter isolément dans les endroits inoccupés. Echulotes. — Mettre les caïeux en terre en novembre-janvier, en lignes espacées de 0,40 c. Epinards. — Semer toute l’année; dans les fortes chaleurs, semer tous les quinze jours à demi-ombre. Fèves. — Semer en plein carré depuis sep- tembre jusqu’en mars. Fraisiers. — On plante depuis septembre jusqu’en avril en planches ou en bordures, à 0,50 c, Haricots. — Semer depuis mars jusqu’en août, à 0,40 c. ou plus, suivant les espèces ; les Haricots à ramer doivent être espacés da- vantage. Laitues et Romaines.— Se sèment toute l’an- née et se replantent soit seules, soit entre les lignes d’autres plantes, placées à grande dis- tance. Mâches. — Semer depuis août jusqu’en oc- tobre, après avoir donné un binage ; passer un râteau atin d’enterrer très-légèrement les grai- nes. Melons. — Semer sur couche de février à mai, mettre en place en mai-juin, à 2 m. en tous sens. Navets. — Semer en plein carré depuis mars jusqu’en août-septembre. 40 CULTURE ET EMPLOI I Oignons. — Semer d’août à décembre, re- planter en octobre-mars, en lignes, à 0,25 c. Oseille. — Semer en mars sur place, ou écla- ter les vieux pieds et planter les éclats à la même époque. Panais. — Semer en place de mars à mai. Persil. — Se sème toute l’année, lorsqu’on en a besoin. Piment. — Semer sur couche en mars-mai, repiquer lorsque les plants sont encore très- jeunes; mettre en place en mai-juin, à 0,60 c. Poirée ou Bette. — Semer en mai-août, re- planter en septembre-janvier, à 0,70 c. Pois. — Mettre en terre de septembre à mars, à 0,50 c., suivant les espèces ; les Pois à ramer se mettent à \ m. Pommes de terre. — Mettre en terre depuis janvier jusqu’en juillet. Radis. — Se sèment toute l’année, soit seuls, soit parmi les plantes diverses qui ont été re- piquées, telles que Salades, Artichauts, etc. Roquette ou Passerage. — Semer de septem- bre à mars. Salsifis blancs. — Semer en place, en plein carré ou en lignes, en mars-mai. Scorsonère. — Semer en février-mai. Tomates. — Semer sur couche, repiquer lors- PLANTES NOUVELLES, 1 Stauntonia latifolia (Holboellia latifolia , Wall.) . — Plante grimpante ou plutôt sarmen- teuse, excessivement vigoureuse, très-propre à garnir les colonnes ou les murs des serres froides. Feuilles persistantes, composées- digitées. Fleurs nombreuses, verdâtres, ré- pandant une odeur délicieuse, forte et douce en même temps, de fleurs d’Oranger. — Plante très-précieuse pour la région méditerra- néenne, où l’on pourrait l’employer à gar- nir les tonnelles, les murs, etc. A Paris, il lui laut l’abri d’une serre froide pendant Phiver. Multiplication de boutures qui s’en- racinent très-bien. — Une Orchidée de serre froide, surtout lorsqu’elle est jolie et qu’elle fleurit abon- damment, est une très-bonne chose. Tel est P Odontoglossum grande. Ses fleurs portées sur un pédoncule de 15-20 centimètres sont très-grandes (8-1 0 centimètres de diamètre) . Les divisions pétaloïdes, étalées, sont d’un jaune soufre, fortement maculées de roux marron. La floraison dure pendant 3-4 mois. Hymenocallis speciosa. — L’une des plus belles plantes qu’on puisse voir par son in- florescence qui est absolument celle des Pancratium. Comme ceux-ci, elle est bul- beuse, et de son oignon qui est gros, courte- ment renflé, sortent de grandes feuilles per- sistantes, grandes, épaisses et longuement pétiolées. La hampe, comprimée-gladiée, se SS PLANTES POTAGÈRES. que les plants ont trois feuilles; mettre en place en mai-juin, à 1 m. Je dois faire observer que les diverses épo- ques de semer que je viens d’indiquer s’appli- quent principalement à la culture du Midi; néanmoins cette méthode peut être suivie dans les cultures plus septentrionales, en retardant plus ou moins les opérations à mesure que l’on approche du Nord. En général j’ai indiqué de grandes distances, afin qu’on puisse intercaler toutes les plantes secondaires entre les lignes des plantes, de manière que tout le terrain soit entièrement et complètement garni. Ainsi, par exemple (sans compter les salades, qui, toutes, doivent servir à cet usage), la première plantation de Poireaux pourra se faire entre les lignes de Pois, de Ha- ricots, de Céleri, etc. Entre les lignes de Fèves on peut y mettre les Tomates, les Melons, les Cardons, etc. Dans l’Ail on peut semer le Salsi- fis blanc, la Scorsonère, la Carotte, etc., etc. Pour tirer un bon parti de cette culture, qu’on peut nommer intensive , il ne faut négli- ger ni fumure, ni arrosements, ni binages, etc. Mais, au moyen de ce procédé, on sera assuré de récolter beaucoup avec peu de terrain rela- tivement. J. B. Carbou. Horticulteur, à l’Estagnal, à Carcassonne (Aude). ARES OU PEU CONNUES termine par une sorte d’ombelle de 20 cen- timètres et plus de diamètre. Fleurs d’un blanc de neige, excessivement odorantes, répandant une odeur de vanille très-pro- noncée, forte bien que très-suave, à 6 di- visions linéaires, longues de 7-8 centi- mètres, réfléchies, à 6 étamines reliées entre elles à la base par une membrane mince également blanche , formant une sorte de godet. — Si cette plante était plus connue, il n’est pas douteux qu’elle serait dans toutes les serres chaudes. t CoffeaBengalensis. — Cette espèce, assu- rément moins ornementale que le Coffea arabica , n’en est pas moins remarquable, et peut-être même, au point de vue de l’ex- ploitation, pourrait-elle présenter quelque avantage. En effet, les plantes toutes petites se couvrent de fleurs, puis de fruits. Voici les caractères qu’elle présente : Plante buis- sonneuse, très-ramifiée, naine; branches grêles ; feuilles opposées, luisantes et comme vernies, minces, coriaces, ovales, courte- ment acuminées au sommet; fleurs axil- laires, sessiles, blanchâtres, un peu rosées; fruits subsphériques, d’environ 7 millimètres de diamètre, parfois un peu plus hauts que larges, un peu atténués, et portant au som- met une cicatricule orbiculaire, noirs, lui- sants à la maturité, qui a facilement lieu en serre chaude. E. A. Carrière. CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE DE JANVIER). Mort de M. Erémond. — Exposition générale de viticulture à l’îlc de Billancourt. — Un nouveau foyer inventé par M. Potel. — Son emploi dans le chauffage des serres. — Lettre de M. Lanceseur concer- nant les Conifères de la Californie. — Les Bonnes Poires, par M. C. Baltet. — Cours d’arboriculture de M. Dubrcuil. — Cours d’arboricullure par M. E. Verlot, de Grenoble. — Nouvelles plantes obtenues dans les établissements de MM. Adolphe Weick, à Strasbourg, et Bruant, à Poitiers. — Une variété d’Orme à feuilles jaunes. — Lettre de M. Genyen. — Un fait de transformation. — Article de M. le docteur Clos. — Fructification, au Muséum, d’un pied de Ginkgo. — Le Radis Serpent. — Communi- cations relatives au mode de chauffage inventé par M. Ermens. — Lettre de M. Frédéric Palmer et réponse de M. Ermens. — Article de M. Forel sur les taupes. — Ce que nous en pensons. M. Brémond, professeur d’arboriculture, à Gadagne (Vaucluse), vient de mourir à la Heur de l’âge, et au moment où, revêtu d’une mission officielle, il parcourait les écoles primaires et les écoles normales pour y enseigner l’arboriculture fruitière. En dernier lieu, la Société impériale et centrale d’horticulture , par l’organe de M. Hardy fils, avait fait un rapport favorable sur son mode d’enseignement au moyen d’arbres-squelettes de son invention. 11 était auteur d’ouvrages élémentaires d’hor- ticulture. — La commission impériale pour l’Ex- position universelle vient de décider qu’il y aurait à l’annexe de Billancourt, du 1er avril au 1er novembre 1867, une exposition gé- nérale de viticulture qui comprendra : 1° Plantation de ceps dirigés suivant les méthodes traditionnelles ou progressives. Conférences ; 2’ Outillage; instruments, outils, appa- reils, accessoires propres à la culture de la vigne et à la fabrication du vin. Expériences pratiques ; 3° Raisins destinés à la cuve. Congrès viticole ; 4° Vins et eaux-de-vie devin. Dégustation et commerce. Les demandes d’admission devront être adressées, avant le 20 février, à M. le com- missaire général au champ de Mars, et les ob- jets rendusàl’îlede Billancourt, au 15mars. La viticulture française est la plus impor- tante du monde. Nous comptons sur un brillant concours. — On a expérimenté, au fleuriste de la ville de Paris, un nouveau foyer pour le chauffage des serres inventé par M. Potel, ingénieur civil. Ce mode, qui est probable- ment appelé à jouer un grand rôle dans l’art du chauffage, vient en quelque sorte confirmer ce proverbe : d (Rhône), à la Grande-Chartreuse (Isère), etc. Listera ovata , R. Br., Feuilles ovales, fortement nervées, placées au bas de la tige. Labelle à lobes oblongs, parallèles. — Habite les bois, les taillis et les prairies humides. Listera cordata, Ail. Tige de 20-25 centi- mètres, portant vers son milieu deux feuil- les opposées. Labelle à 3 divisions; celui du milieu bifide. Fleurs d’un blanc ver- dâtre. — Se trouve dans la Loire, au Mont- Pilat, aux sources du Furens, à Pierne-sur- Haute, dans le bois entre Tarentaize et le Pré-Lager, etc. ; dans l’Isère, le Sappey, la Grande-Chartreuse. Epipactis latifolia , AU. Feuilles inté- rieures largement ovales. Labelle à lobe terminal très-aigu recourbé au sommet. Fleurs roses à l’intérieur. Epipactis palustris Crantz. Feuilles oblongues. Fleurs d’un blanc rougeâtre à l’intérieur. Labelle à lobe terminal arrondi. — Se trouve àBelley (Ain), Dessine (Isère), Villembanne, à Saint-Genis-Laval (Rhône). Epipactis atrorubens , Rchb. Fleurs d’un rouge obscur. — Se trouve à la Grande- Chartreuse, etc. Limodorum abortivum , Swartz. Tige d’en- viron 50 centimètres. Fleurs violettes ac- compagnées de longues bractées. — Se trouve, dans l’Ain, de Béon à Tallissieux, à Muzin, etc.; dans le Rhône, au Mont-Tout, au Mont-Cindre, à Saint-Romain-de-Cou- zon, etc. Gasterodiées. — Epipogium aphyllum , Gml. Fleurs blanchâtre etjaune ponctué. — Se trouve dans les bois des hautes montagnes, à la Grande-Chartreuse où il est excessive- ment rare. Th. Denis. (La suite prochainement.) BERTHOLLETIA EXCELSA On trouve encore aujourd’hui beaucoup de gens qui crient bien fort contre les chemins de fer, contre les bateaux à va- peur, etc., etc. Et, cependant, n’est-ce pas grâce à ces découvertes qu’aujourd’hui toutes les distances sont effacées, que tous les peuples, pour ainsi dire, sont en rap- port les uns avec les autres, et qu’ils peu- vent échanger leurs produits qui, au lieu de se perdre en grande partie sur un point où ils sont trop abondants, vont maintenant répandre le bien-être là où ils faisaient par- fois complètement défaut ? Mais quoi qu’il arrive et qu’on fasse, il y aura toujours des gens disposés à se plain- dre, même de ce qu’ils ne connaissent pas, et de ce qui leur rend, à eux ou à leurs semblables, les plus grands services ! Parmi les personnes qui habitent au- jourd’hui Paris ou qui l’ont quitté depuis peu de temps, il en est peu qui n’aient vu dans les rues des marchands traînant une petite voiture remplie de certaines graines que le vendeur appelait Noix d'Amérique. Ces fruits ne sont autres que ceux du Ber- tholletia excelsa , Ilumb. et Bonpl., repré- sentés par la figure 8 qui montre un fruit entier, réduit, derrière lequel se trouve une feuille aussi très-réduite de cette même plante. Le fruit du Bertholletia excelsa qui, dit- on, atteint la grosseur d’une tête humaine , porte aussi le nom vulgaire de Marmite de singe, qu’on donne également à une autre plante, au Lecythis ollaria, Lin. Ce nom lui a été donné à cause de sa forme et surtout BERTHOLLETIA EXCELSA. 69 parce que les singes sont très-friands des graines qu’il renferme. Ces derniers re- tirent les graines par l’ouverture ou sorte d’opercule qui est placée au sommet et qu’ils agrandissent au besoin. Ces fruits, qui nous arrivent rarement entiers, sont entourés d’une sorte de sarcocarpe ou brou, mince, au-dessous duquel se trouve une enveloppe ligneuse excessivement dure et résistante, renfermant, à l’intérieur, un certain nombre de graines anguleuses, ir- régulièrement triangulaires, ayant quelque ressemblance avec une tranche de Melon un peu tronquée par l’une de ses extré- mités. Ces graines, dont on voit deux spécimens sur la gravure (l’une pourvue de son testa, l’autre, au contraire, qui en est privée), sont entourées d’un testa ligneux, rugueux, brun, très -résistant bien que mince ; elles sont très-bonnes à manger lorsqu’elles sont fraîches; leur saveur alors rappelle celle de la Noisette ou de la Noix. Mais comme elles renferment une très- grande quantité d’huile elles rancissent promptement. Le Bertholletia excelsa est donc un arbre fruitier, précieux pour les pays équatoriaux où, sous le rapport du pro- duit, il remplace le Noyer, que, en Europe, on cultive pour ses fruits; comme lui aussi c’est un très-grand arbre. On pourra du reste en juger par l’extrait que nous allons donner de ce qu’en ont dit Humboldt et Bonpland. « Superbe arbre du Brésil, observé sur les bords del’Orénoque, par MM. Humboldt et Bonpland, et cultivé depuis longtemps sous le nom de TouUa. Il s’élève à 100 pieds dans son pays natal. A Cayenne, où j’ai eu l’occasion de le dessiner en fleurs il n’a pas cette hauteur, mais il paraît disposé à l’ac- quérir; il est pyramidal, garni depuis le bas jusqu’en haut de branches ouvertes à an- gle droit, ayant les extrémités pendantes et flexibles comme des cordes ; les plus basses touchent la terre; les jeunes pousses sont vertes et très-rudes au toucher; à un an elles prennent une couleur fauve et se couvrent de points roux. (( Les feuilles sont distiques, alternes, oblongues, coriaces, un peu épaisses, on- dulées sur les bords, longues de 8 à 24 pouces, terminées en pointe courte, vernis- sées en dessus, d’un vert jaunâtre mat en dessous, marquées de nervures latérales nombreuses presque perpendiculaires sur la nervure médiane; le pétiole est marginé, canaliculé, long de 12 à 18 lignes décurrent sur la tige. Les boutons à bois, placés dans les aisselles des feuilles, sont d’une petitesse extrême. La lame (limbe) des feuilles se ré- trécit à mesure que celles-ci sont plus près des fleurs, et leur pétiole acquiert au con- traire une largeur d’autant plus grande. « Les fleurs, disposées en grandes grappes terminales, droites, simples ou rameuses, longues de 8 à 18 pouces, sont d’un jaune pâle; elles sont régulières, évasées en cloche et larges de 18 à 20 lignes; elles répandent une odeur un peu nauséabonde, ne durent qu’un jour, sont presque sessiles et munies de trois écailles caduques à la base. « Le calice est adhérent, fendu en deux lobes arrondis, concaves, opposés et tom- bant promptement. La corolle est à pétales réguliers, oblongs, concaves, roulés en dehors au sommet. Le corps staminifère adhère en même temps à l’ovaire et aux onglets des pétales; il a la forme d’une languette, rabattue sur le style, et il est tapissé intérieurement, dans la partie supé- rieure, de longues papilles pointues, char- nues et jaunâtres; le bas de cet appareil est perforé pour donner passage au style, et couvert de filets courts, droits, épaissis en massue, terminés chacun par une petite anthère arrondie, bilobée d’un blanc jau- nâtre. L’ovaire est ovale, arrondi à 4-5 lobes peu prononcés, divisé intérieurement entre quatre ou cinq loges tétraspermes, à grai- nes attachées à l’angle intérieur des loges, et superposées deux à deux. Le style est gros, de moyenne longueur, courbé dans le sens du corps staminifère et terminé par un stigmate en tête aplatie. « Le fruit, selon MM. Humboldt et Bonpland, est de la grosseur de la tête d’un enfant; ceux que j’ai vus avaient de 3 à 5 pouces de diamètre; les uns étaient ovales, les autres étaient arrondis, déprimés en dessus et en dessous. C’est une capsule évalve, ligneuse, couverte d’un brou charnu, épais, conser- vant à peine les traces de quatre ou cinq an- gles arrondis, qu’elle avait dans l’état d’o- vaire. Son opercule est très-petit; et comme il n’est formé que par le sommet de la colu- melle, qui est trop grosse pour pouvoir pas- ser par le trou, il rentre en dedans, quand cette columelle se rompt, au lieu de tomber en dehors comme dans les Lécytis. Quand le fruit est mûr, les cloisons qui en for- maient les loges ont disparu ; on trouve alors, dans son intérieur, de 16 à 20 graines osseuses, subréniformes, rugueuses, compri- mées, tranchantes du côté intérieur, con- vexes et marquées de deux arêtes du côté extérieur ; elles sont toutes dressées et atta- chées sur deux rangs au bas de la columelle ou de l’axe du fruit; ces graines ont, sous leur test osseux, une membrane charnue qui s’en détache plus ou moins. L’amande est attachée par sa tunique propre, au point in- terne du test qui répond au point externe de ce test, par où il tient au péricarpe; elle est oblongue, subréniforme, blanchâtre, d’une substance charnue; parfaitement indivise, et ne présentant qu’une seule masse homogène. On trouve quelquefois à son centre une ca- vité accidentelle. 70 BERTHOLLETIA EXCELSA. « J’ai observé le Berlhollelia en fleurs pendant le mois de décembre 1821, à Cayenne, près de l’habitation de M. Martin, au quartier de Roura. C’était la seconde fois qu’il fleurissait, et il n’est résulté au- cun fruit de ces deux floraisons, probable- ment parce que l’arbre était encore trop jeune, quoiqu’il eût alors douze années de plantation, et que sa hauteur fût de 40 pieds. 11 y a maintenant peu d’habitations à Cayenne où l’on n’ait pas quelques pieds de cet arbre. Le fruit que j’ai analysé et dessiné venait du Brésil. Les Portugais du Para envoient cha- que année, à Cayenne, une grande quantité de graines du Berlhollelia sous le nom de Touka , nom qu’on a conservé aux arbres qui en sont provenus ; ces graines se ven- dent sur le marché de Cayenne, tant qu’elles sont fraîches ; elles sont aussi bonnes que nos Amandes douces, mais elles rancissent promptement... » Mémoires du Muséum , vol. XIII, 149. Ces fruits, qu’on nomme aussi Châtai- gnes du Brésil , et que les naturels nom- ment invia, fournissent une très-grande quantité d’huile à brûler. Voici ce qu’en a dit M. Bonpland : (( Nous avons été très-heureux, M. Hum- boldt et moi, de trouver de ces Amandes dans notre voyage sur l’Orénoque . Il y Fig. 8. — Fruit du avait trois mois que nous ne vivions que de mauvais chocolat, de riz cuit dans l’eau, toujours sans beurre et souvent sans sel , lorsque nous nous procurâmes une grande quantité de fruits frais du Berlhol- lelia. « C’était dans le courant de juin. Les Indiens venaient d’en faire la récolte. Ces Amandes sont d’un goût exquis, surtout quand elles sont fraîches. Cet arbre est ori- ginaire du Brésil ; il se trouve aussi dans Berlhollelia excelsa . l’Amérique espagnole, formant des forêts sur les bords de l’Orénoque. » Nous avons pensé que ces détails inté- resseraient nos lecteurs et qu’ils ne se- raient pas fâchés de connaître une plante dont beaucoup ont mangé des fruits. Pour ceux qui désireraient de plus amples ren- seignements sur l’histoire et les particula- rités du B. excelsa , ils les trouveront dans l’ouvrage de Humboldt et Bonpland : PL æquinox , I, p. 122. Houllet. LA VIGNE A FLEURS MONSTRUEUSES Les fleurs de la Vigne, que représente la figure 9, m’ont été communiquées, en sep- tembre dernier, par mon frère qui les avait cueillies sur un cep envoyé il y a quelques années au Jardin botanique de Grenoble, sous le nom de Vigne à fleurs doubles, par M. Regnier, propriétaire à Dijon. Cette variété présente, au lieu de fleurs normales, des fleurs formées d’un nombre illimité, mais toujours plus grand que celui qui compose les .enveloppes extérieures d’une fleur fertile, de petites pièces ver- dâtres, sépaloïdes ou pétaloïdes, disposées en verlicilles sur l’axe floral. Ii CT'tî cola F.Yerna. Pmx* Jmp.7a.note r des Boulangers .13 P7 !ct PlTlX 1 v Horticole ’ lmp. Zâïiote T.des Boulangers ,13 ,P ans Poire Mau d e LA VIGNE A FLEURS MONSTRUEUSES. 71 Elle rentre évidemment dans ce groupe de monstruosités désignées par Moquin- Tandon sous le nom de Virescence ou Chlo- ranthie : anomalies singulières caracté- risées par ce fait que toutes les pièces qui constituent les différents organes de la fleur se sont transformées en organes folia- cés. Ce genre de monstruosité n’est pas d’une grande rareté. M. Moquin-Tandon, dans sa Tératologie végétale, à la page 230 et aux suivantes, en énumère plusieurs exemples dans des plantes appartenant à des familles diverses. J’eus l’occasion de rencontrer, à l’état spontané , quelques-unes des monstruosités de ce genre, entre autres celle du Scrofnlaria no- dosa, trouvée à Yilers - Cotlerets en 1859, en com- pagnie de M. E, Gaudefroy. Je cueillis aussi, l’an dernier, un peu au-dessous de la fontaine de Vau- cluse, une ano- malie de même ordre qui s’était produite sur le Scrofnlaria aqua- tica. Un pied du Bunias d’Orient, crucifère vivace, ne produisit, il y a quelques an- nées, dans l’un des carrés du Mu- séum, que des fleurs ainsi trans- formées. Nos jar- dins possèdent d’ailleurs un exemple très-re- marquable de Chloranthie, c’est celui que nous fournit la Rose verte (Rasa diversi- folia ou R. Rengalensis , var. monstrosa. Dans la Vigne monstrueuse, impropre- ment désignée sous le nom de Vigne à jleurs doubles, chaque fleur prend l’aspect d’un bourgeon ; les divisions extérieures ainsi que les étamines se transtorment en orga- nes foliacés, qui sont persistants, irré- guliers dans leur forme et leur grandeur; ils conservent la teinte verte des fleurs normales et sont disposés en verlicilles. Peu de temps après, la partie centrale de cette fleur ainsi métamorphosée, dans laquelle il n’y a, par conséquent, aucune trace d’éta- mines et de pistils, et dont l’épanouisse- ment a lieu à l’époque de la floraison des Vignes normales, s’accroît et porte un se- cond verticille de petites pièces pétaloïdes, une seconde fleur enfin, dont l’épanouisse- ment a lieu alors que commence la grossi- fication de l’ovaire dans une fleur fertile de Vigne; plus tard encore, l’axe central s’al- longeant, porte une troisième fleur et le même phénomène se produit jusqu’à l’ap- proche des gelées. Toutes les fleurs qui constituent l’inflo- rescence de la Vigne monstrueuse se com- portant de même, il en résulte que l’inflo- rescence ou la grappe tout entière a, en août-septembre, une analogie grossière avec une partie de l’in- florescence de quelques Amaran- tacées , notam- ment de VAma- r an t us hybridus. Désirant avoir es renseigne- ments sur cette monstruosité.j’in- terrogeaisà ce su- jet M. le docteur Fleurot, de Di- jon, dont le nom, comme on le sait, se lie d’une ma- nière intime à tout ce qui se rattache aux questions vi- ticoles de la Côte- d’Or, et voici ce que cet observa- teur voulut bien me répondre : « ...Le cépage dont les fleurs sont ainsi trans- formées appar- tient au Gamay. Le cep donne tous les ans des fleurs monstrueuses et point d’autres, et une bouture prise sur un cep à fleurs monstrueuses reproduit ha monstruosité. « Il y a, au Jardin botanique de Dijon, un pied de cette Vigne qui est chargé de fleurs en ce moment (12 septembre 1806). Les fleurs doubles s’ouvrent au moment de la floraison de la Vigne et présentent l’aspect d’une fleur à cinq pétales portant à son cen- tre un bouton en guise d’étamines et de pistil. Un peu plus tard, trois, quatre, cinq verticil les de pétales se sont superposés, et alors l’aspect rappelle celui d’une véritable fleur pleine; mais il y a toujours au centre un bouton, et le développement continue jusqu’à ce que le froid l’arrête. » Dans la communication qui précède, M. Fleurot nous a donc appris deux faits importants ; le premier que celte monstruo- 72 LA VIGNE A FLEURS MONSTRUEUSES. sité s’est présentée dans le Gamay ; le se- cond, qu’elle peut se reproduire par le sectionnement des rameaux. Un point qu’il serait intéressant de con- naître, serait la manière dont est apparue cette monstruosité. S’est-elle présentée sur l un des sarments d’un cep ou sur l’ensem- ble des sarments de ce cep, ou l’ar-t-on trouvée dans un semis de Vigne? Cette der- nière hypothèse nous paraît douteuse. Il nous semble plus probable qu’elle s’est pré- sentée accidentellement sur un rameau, soit qu’il appartînt encore à la plante mère, soit qu’il fût planté à l’état de crossette. Nous avons des faits assez nombreux de ces lusus qui se sont maintenus malgré leur origine accidentelle. Il nous suffira de rappeler celui du Marronnier à fleurs dou- bles, dont tous les individus existant actuel- lement proviennent d’un unique rameau d’un Marronnier à fleurs simples qui, acci- dentellement, s’était développé avec des Heurs doubles. B. Verlot. DEUTZIA CRENATA FLORE PLENO Arbuste très-vigoureux, à branches dres- sées, légèrement réfléchies au sommet. Ecorce d’un roux fauve, rappelant celle des Philadelphus. Feuilles caduques, opposées- elliptiques, à bords entiers, parfois très-lé- gèrement dentées, atténuées à la base en un court pétiole, assez longuement rétrécies au sommet en une pointe largement arron- die-obtuse. Ramilles florifères opposées. Fleurs très-nombreuses et très-pleines, pé- donculées, portées sur des ramilles grêles, penchées et comme campanulacées, d’un blanc pur excepté les pétales externes qui sont lavées de rose violacé en dehors, couleur qui contraste très-agréablement avec les pétales internes qui sont d’un très- beau blanc. Le Deutzia crenata flore pleno , origi- naire du Japon, d’où il a été introduit il y a quelques années, est très-rustique, très- vigoureux et très-floribond. C’est, on peut le dire, l’un des plus beaux arbustes d’orne- ment. Ce qui augmente encore son mérite c’est qu’il vient bien à peu près dans tous les sols et à toutes les expositions. De même que ses congénères, il s’accommode parfaite- ment des lieux ombragés, de sorte que, on peut le dire, il réunit à peu près toutes les qualités. Sa multiplication est des plus faciles ; on la fait par boutures soit en sec c’est-à-dire avec du jeune bois dépourvu de feuilles, à partir du mois de décembre jusqu’en février ; absolument comme on fait pour les Phila- delphus. Quant aux boutures herbacées, on les fait avec des bourgeons lorsqu’ils ont acquis un certain degré de consistance. Celles-ci, au lieu d’être plantées en pleine terre comme les premières, doivent être placées sous des cloches où on les prive d’air jus- qu’à ce qu’elles soient enracinées. Le Deutzia crenata flore pleno fleurissant sur le jeune bois, c’est-à-dire sur les bour- geons qui ont poussé sur les rameaux de l’année précédente, il faut, lorsqu’on le taille, opérer aussitôt que la floraison est terminée, de manière que le bois qui re- poussera puisse s’aoûter suffisamment pour pouvoir fleurir l’année suivante. Thibaut. POIRIER MAUDE Parmi les plantes que la Société botani- que de France a signalées pendant sa der- nière excursion dans la Haute-Savoie, il en est plusieurs qui pourront être utilisées dans nos jardins, notamment un Poirier à cidre commun dans la partie nord-ouest de la Savoie, et qui est d’un produit avanta- geux. Cet arbre est connu sous le nom de Poi- rier Mande (en patois du pays, Maude veut dire cidre ou vin nouveau, moût ; Poirier Maude signifie donc Poirier à cidre par excel- lence); il est vigoureux et très-fertile. De loin on le distingue à sa taille élevée, à sa large tête, aux rameaux pendants et chargés de fruits. Il est cultivé communément au- tour de Bonneville. On n’en connaît pas l’origine. Les pousses sont grosses et longues et la jeune écorce d’un brun foncé pointillée de blanc. Les bourgeons sont pointus, pi- quants. La feuille, portée sur un pétiole ferme et presque uussi long que le limbe, est ovale-arrondie, dentée en scie sur les bords, ferme, d’un vert foncé et luisante en des- sus, d’un vert pâle et terne en dessous. L’arbre fleurit du 15 au 30 avril. La fleur est grande, blanche à l’intérieur ; à l’exté- rieur les pétales sont légèrement lavés de rose sur les bords. Les fruits, qui mûrissent du 15 au 30 septembre, sont abondants et viennent soli- taires ou groupés par bouquets de deux à cinq. La Poire est de grosseur moyenne, arrondie. La peau est lisse, d’un vert gri- sâtre pointillé de roux, colorée en rouge du côté du soleil. Le pédoncule, long de 2 à 3 POIRIER MAL' DE. 73 centimètres, est presque droit, brun, im- planté sur la base qui présente quelques plis peu prononcés. L’œil, assez grand, ou- vert, est situé au centre d’une faible dé- pression. La chair est grossière, graveleuse, surtout autour des loges des pépins. L’eau est très-abondante, âpre et sucrée. Les pé- pins sont ovales-allongés, très-pleins, d’un brun noirâtre. Aucune Poire ne contient autant de jus que la Poire Mande . La petite quantité de marc qui reste après la fabrication du cidre paraît disproportionnée avec celle des Poi- res écrasées, et des cultivateurs affirment qu’à volume égal la Poire Mande contient autant de suc que le Raisin (1). Cet arbre atteint en vieillissant une gros- seur considérable; on en cite plusieurs dont la circonférence dépasse 2 mètres, et la fécondité en est telle qu’au Réret , près de Bonneville, un seul pied a produit dans les bonnes années jusqu'à 16 setiers de ci- dre. On parle d’un autre arbre qui a donné 17 setiers et demi, c’est-à-dire près de 1,000 litres. (Le setier génevois contient 54 litres.) Ce cidre est très-limpide. Nouveau, il est très-doux et un peu mousseux. Quand il est bien fabriqué, il se conserve plusieurs an- nées, et alors il perd sa douceur et devient capiteux. Une des conditions essentielles pour as- surer la fertilité de l’arbre, c’est de faire la récolte sans briser les bourgeons à fruits, comme on le fait en abattant les Poires avec une gaule, ainsi que cela se pratique pour les Noix. Les fruits brisés en tombant se colorent par l’action de l’air et, s’il n’est fabriqué de suite, le cidre est moins clair. J’ai vu chez quelques cultivateurs faire la récolte des Poires, à la main ; et l’accrois- sement des frais causés par ce procédé est plus que compensé par ses avantages. L’arbre prospère dans les bons terrains profonds, calcaires, substantiels; il craint les endroits élevés, froids, battus par les vents. hénon. POPULUS FASTIGIATA D’où vient 1 e Populus fastigiata , ap- pelé aussi Peuplier d’Italie? C’est ce que, sans aucun doute, personne ne saurait dire. Sur ce sujet, comme sur tous ceux qui se rapportent à l’origine des choses, on ne peut qu’émettre des hypothèses. Provient-il de graine, ou bien est-il le résultat de ce que certaines gens appellent « des jeux de la nature », certaines autres « un acci- dent », et que d’autres encore nomment dimorphisme ? Nous penchons pour ce dernier et nous allons dire pourquoi. Depuis plus de dix ans que ce fait nous préoccupe, nous n’avons jamais passé devant un Peuplier d’Italie sans l’examiner afin de tâcher de .découvrir quelques indices pouvant trahir son origine. Presque toujours, rien ! tous étaient telle- ment identiques qu’ils paraissaient calqués sur un même modèle, aussi en avons-nous conclu (très-probablement avec raison) que tous les arbres de cette forme qui existent proviennent d’un même individu, que ce sont les enfants d’une même mère ! Nous avons dit ci-dessus presque , parce que, ré- cemment, nous avons découvert un certain nombre depiedsdece Peuplierqui, àdiverses hauteurs, portaient des branches défléchies; un peu au-dessus de ces branches écartées les (1) Des fruits de provenance authentique, qui nous avaient été envoyés par M. J. Sisley, ont bletti au bout d’environ un mois; quelques-uns ont passé sans blettir; ils sont devenus entièrement brun roux, et leur chair molle bien que consistante, remplie d’une eau sucrée, était mangeable. (Rédaction.) ramifications étaient diffuses, peu compactes, et les rameaux au lieu d’être grêles et effilés étaient gros, comme flexueux et un peu monstrueux. Que produiraient ces branches si on les bouturait? C’est ce que nous sau- rons probablement un jour, puisque nous avons tenté l’expérience. Nous avions d’a- bord pensé que ce fait était dû à la position qu’occupaient les arbres; un examen atten- tif nous a démontré qu’il n’en est rien. En effet, parmi ceux qui présentaient ce caractère, s’il s’en trouvait qui étaient plan- tés dans des massifs et dont on aurait pu attribuer au manque d’air l’inflexion et la modification des branches, il y en avait d’autres qui étaient isolés et qui, on pour- rait dire, nageaient dans l’air. A quoi donc était due cette déviation? A défaut de preuves certaines, nous devons, ici encore, supposer une cause. Celle que nous admettons est toujours la même : une disposition ou une aggrégation différente des éléments molécu- laires d’ou résulte un ou des individus qui, eux aussi, présentent des qualités spéciales appropriées pour vivre dans un milieu où le type semble ne plus pouvoir • vivre. En effet, on remarque depuis quelques années quele Peuplier dit d' Italie dépérit, que dans beaucoup d’endroits il périt bien que jeune encore, et que dans quelques autres il paraît même ne plus pouvoir y vivre, fait qui est encore conforme à la grande loi de rénovation, Dans un milieu constamment changeant les êtres doivent continuellement aussi se modifier, ou bien alors ils doivent disparaître. André Leroy. UN MOT DE RECTIFICATION Dans le numéro du 1er janvier dernier, la Revue horticole a publié un article sur la Campanule violette marine ou Carillon à fleur rose , dans lequel l’origine de cette variété est présentée d’une façon qui me paraît tout à fait erronée; l’auteur qui avait sous la main les moyens de s’éclai- rer, puisque, au mois de juin dernier j’en présentais à la Société d’horticulture un pied fleuri, qui fut remarqué, et que je donnai ce coloris comme obtenu et fixé par moi, l’auteur, dis -je, a négligé cette source de renseignements pour admettre, sans contrôle, je ne sais quelle version recueillie sur le quai aux Fleurs; bien plus, après avoir cité rapidement çette pré- sentation, il vient affirmer, quelques lignes plus bas, que tous les pieds remarqués sur le marché aux Fleurs et ailleurs , sortaient de chez Lachambre, jardinier, à Paris; cet ailleurs est-il à mon adresse et voudrait-il dire que j’en imposais à la Société en don- nant cette plante comme mienne? Je ne le crois pas. Quoi qu’il en soit, je me vois obligé d’é- lever la voix à mon tour pour rétablir la vé- rité ; que ce soit une preuve de plus qu’on ne doit avancer qu’avec beaucoup de ré- serve les faits dont on n’est pas matérielle- ment sûr; en ce cas, le mieux est toujours de garder le silence. Cela dit, je vais faire en quelques mots l’historique de celte variété, que le hasard me fit obtenir, il y a une douzaine d’années, et que depuis je m’occupe sans cesse de fixer et d’améliorer. J’avais alors, pour les besoins de mon commerce de graines, un jardin aux portes de Paris, où je cultivais les plantes annuelles. En 1855, je remarquai, dans un semis de Campanules bleues, un pied dont les fleurs étaient d’un blanc légèrement teinté de rose; la nuance était si pâle que j’hésitai à le con- server. Cependant les graines furent récol- tées et ressemées séparément. Deux ans après, car, on le sait, cette Cam- panule est bisannuelle, je me trouvai en présence de toutes plantes bleues, sauf une seule rose, une seule! C’était bien peu; toutefois la teinte rose était plus vive que la première fois et me séduisit par sa fraîcheur ; aussi l’isolai-je complètement cette fois. A la floraison suivante, je comptais environ quinze roses sur cent, et parmi elles plu- sieurs doubles; il y avait progrès; dès lors, grâce à la sélection la plus sévère, ne con- servant chaque année qu’un petit nombre de pieds, minutieusement choisis, je vis bientôt le bleu diminuer de plus en plus, tandis que la couleur rose s’affirmait da- vantage. Enfin, en 1861, je crus cette variété suffisamment fixée; elle ne donnait plus SUR LA CAMPANULE ROSE guère qu’un dixième de ileurs bleues, et je l’annonçai, dans mon catalogue d’automne, sous le nom de Campanule à grosse fleur double rose. Je l’y recommandais en ces ter- mes : « Variété très-remarquable, obtenue dans mes essais, d’un semis de la Campa- nule à grosse fleur bleue; elle s’est repro- duite assez constamment depuis trois ans, pour que je puisse la recommander avec certitude aux amateurs ; les fleurs sont d’un beau rose frais et, en général , très-dou- bles. » Voilà, par conséquent, la sixième année qu’elle se trouve dans le commerce et que les graines s’en répandent un peu partout, en France et à l’étranger; rien de plus naturel, après cela, que de la voir apparaître à la fois sur plusieurs points différents; il n’était pas besoin, pour expliquer ce fait, d’entasser vainement hypothèses sur hypothèses. Depuis cette époque, elle a continué à se fixer davantage, et elle ne dégénère plus aujourd’hui que dans une infime propor- tion. La variété double a une grande tendance à varier dans sa forme; elle offre souvent de bizarres anomalies qu’il serait trop long d’énumérer ici. La plus intéressante, à mon point de vue d’horliculteur, s’est pré- sentée en 1865. Un pied offrait sur toutes ses fleurs cette particularité que le calice, développé outre mesure et profondément divisé en cinq ou six lobes à peu près égaux, avait revêtu la couleur rose de la corolle et formait à celle-ci comme une large colle- rette; cela produisait un bel effet. J’essayai en vain d’en obtenir des boutures, mais les graines furent récoltées à part, et j’attends le résultat à la prochaine floraison. Une re- marque que je fis aussi, c’est qu’en cette même année 1865, dont on se rappelle la chaleur exceptionnelle, mes Campanules roses fleurirent à plusieurs reprises jusqu’à la fin de septembre. Les simples sont en général d’un ton plus vif que les doubles, elles ont aussi r avantage de mieux porter leurs fleurs. C’est parmi elles que je choisis mes porte- graines dans le but d’arriver à un rose plus foncé et peut-être graduellement au rouge. On voit par ce qui précède, que si le point de départ de cette variété est acciden- tel, elle n’avait cependant au début que de faibles caractères de permanence, puisqu’il m’a fallu de longues années de soins et d’ef- forts pour l’amener à se reproduire fidèle- ment, et pour obtenir un coloris relative- ment vif au lieu d’une nuance indécise. Encore un mot et je finis : j’ai nommé plus haut M. Lachambre, qui est désigné comme le premier obtenteur; si l’on en UN MOT DE RECTIFICATION croit l’article , auquel je réponds, ce serait de chez lui que- la Campanule rose serait sortie spontanément et de toutes pièces. Erreur! M. Lachambre est un très-hono- rable jardinier, qui, j’en suis certain, , ne s’associe pas au rôle qu’on lui fait jouer, mais j’affirme positivement que son seul mérite en ceci, consiste tout bonnement à m’avoir acheté un paquet de graines. SUR LA CAMPANULE ROSE. 75 Que le lecteur veuille bien me pardonner ces détails, qui, je le sais, ne doivent avoir pour lui qu’un intérêt fort secondaire; mais il comprendra aussi, je l’espère, que, dans cette circonstance, je ne pouvais laisser passer mon nom sous silence. Duyivier, Marchand grainier, à Paris . LA LAITUE BOSSIN Comme toutes les plantes en général, la Laitue Bossin a ses climats, ses expositions et ses terres de prédilection. / île serait une exception végétale s’il en étailautrement et si •elle offrait partout les mêmes résultats qu’elle donne en Auvergne, dans la petite ville de Vichy, d’où je l’ai rapportée, il y a plusieurs années, sous la dénomination de Laitue monte-à-regret. Il faut croire que mon ter- rain, sans être riche, ne lui est pas trop défavorable, puisque j’en ai eu encore, en 1866, du poids de 3 kil . 500 (7 livres), malgré le temps peu convenable pour la culture des Laitues, paraît-il, dans mon canton. J’ai annoncé dans la Revue horticole , en 1865, que je n’avais pas la prétention de dire ni d’affirmer que cette Laitue attein- drait toujours et partout le poids vraiment phénoménal de 5 à 6 kilog. , mais que je pouvais donner l’assurance qu’elle aurait au moins le double en grosseur des plus fortes Laitues, et j’ai dit vrai dans cette dernière phrase, caries renseignements que je reçois •de différents côtés, sur sa culture, s’accordent sur ce point. Pendant mon séjour à Vichy, l’été dernier, j’ai de nouveau recueilli, de la bouche du vieux jardinier Antoine Citerne, et de celle de sa femme, qu’ils avaient ob- tenu des Laitues monte-à-regret pesant de 5 à 6 kilog. (10 à 12 livres) chacune, dans un terrain fumé avec du fumier de porc. Depuis que je suis possesseur de cette va- riété, le père Citerne, de qui je la tiens, avait perdu cette variété; mais heureusement je l’avais conservée, car elle serait perdue, comme tant d’autres variétés de bons légu- mes. Il y a un point sur lequel tout le monde est d’accord, sauf quelques rares excep- tions dues à la nature du sol probablement, c’est la bonne qualité comestible et la sa- veur agréable de la Laitue Bossin ; et la femme Citerne me disait que, sur le marché de Vichy, ses voisines déplacé ne vendaient leurs Laitues ordinaires, que quand il ne lui restait plus de la Laitue monte-à-regret. qu’on lui payait toujours le double du prix des autres variétés cultivées dans la localité. M. Lecomte, que je n’avais pas l’honneur de connaître et qui habite Mézy, n’a pas craint de franchir 8 kilomètres pour venir tout exprès me complimenter d’avoir doté l’horticulture d’une aussi bonne salade, et pour me dire que tous les jours, chez lui, on en servait sur la table, et, comme elles étaient très-grosses, que l’on coupait une Laitue en deux parties égales, une entière étant trop forte pour une seule salade. M. Testelin, amateur distingué et collection- neur d’entomologie, à Mculan, me disait de son côté : « Chez moi, on n’aime pas la Lai- tue, on ne mange que des Romaines; mais depuis que nous connaissons la Laitue Bos- sin, nous ne savons plus à laquelle des deux salades nous devons donner la préférence. » Je pourrais citer beaucoup d’autres faits analogues, qui me furent communiqués ver- balement, mais le cadre de cet article est trop restreint. Il en est de même de ma nombreuse correspondance, dont je me borne à donner la reproduction par l’extrait de trois lettres qui me furent adressées sur la Laitue Bossin. La première est de M. le docteur Ponsin, amateur d’horticulture, à Saint-Martin (île de Ré), l’un des abonnés de la Revue horti- cole. Il m’écrit : « Sur cent graines, j’ai eu quatre-vingt- sept plantes, il n’y a rien à dire, c’est très- bien. Mais mes plus grosses Laitues n’ont pas dépassé le poids de 1 kilog. 125 gr. Cependant cette Laitue a été très-bien et très-soigneusement cultivée par le maraî- cher qui en a été chargé. Elle est bonne, mais il ne faut pas trop l’attendre, Car elle devient dure. Sa culture réclame quelques soins particuliers, sans eux on ne devra pas compter sur une bonne récolte. Ces soins consistent à ne pas trop arroser, et surtout à ne pas le faire sur la plante elle-même; sans celte précaution elle pourrit, surtout dans le cœur, tout en ayant extérieurement l’apparence d’une bonne et belle plante en parfaite santé. La Laitue Bossin doit être cultivée. » M. Sirot, secrétaire de la Société d’agri- culture de Joigny, me mande : « J’ai bien reçu en sou temps et votre lettre et les six paquets de Laitties Bossin , lesquels ont été distribués au concours de Cerisiers. J’ai demandé à M. Précy, prési- dent de notre Société, et aux autres per- sonnes qui ont reçu de la graine du pre- mier et du deuxième envoi, quels résultats 76 LA LAITUE BOSSIN. ils avaient obtenus. Tous ont été d’accord, sans s’être concertés, pour dire que cette fois les promesses imprimées n’ont point menti, et que par conséquent cette Laitue Bossin a atteint la grosseur annoncée et a été d’une saveur délicate. Un seul dit n’a- voir pas réussi, mais il ajoute qu’il a semé ladite graine dans un terrain pierreux et sec, et qu’il n’y a donné aucun soin. AFou- vent-le-Haut (Haute-Saône), M. Marland, garde général, a obtenu des résultats très- satisfaisants. Somme toute, au nom de la Société, on ne peut faire que l’éloge de cette variété. » M. Henri Léon, propriétaire, à Navarreux (Basses-Pyrénées), m’adresse ces quelques mots : « La Laitue Bossin n’est pas venue ici aussi belle que dans vos jardins, néanmoins sa grosseur a dépassé de beaucoup tout ce que nous avons obtenu jusqu’à ce jour, et ce qui nous a le plus enchanté, c’est sa fi- nesse de goût. Nous en avons laissé trois magnifiques pour graines, les plus belles. » La culture qui a le mieux réussi chez moi, à Hanneucourt, en 1866, est celle d’hiver • sur quarante-deux pieds plantés en côtière, à l’automne 1865, quarante ont parfaitement supporté les mauvais temps ; trente - trois me donnèrent de belles et fortes pommes, sept ne tour- nèrent pas. Mes semis de printemps et d’été n’offrirent pas les mêmes résultats : environ un quartdespieds ne pommèrent pas, mes Laitues ressemblaient un peu à des Ro- maines blondes paresseuses , d’où, selon moi, elles paraîtraient sortir, tant à cause de leur ressemblance, quand elles ne pom- ment pas, qu’à cause de la couleur brune des semences et de leur lenteur à monter (1). Cette Laitue, étant nouvelle dans les jar- dins potagers, a besoin encore d’être étudiée et épurée avec soin, je crois, pen- dant quelque temps. Je ne saurais donc trop recommander aux amateurs et aux jardi- niers de ne récolter leurs graines que sur des plantes parfaites ; l’époque des semis devra jouer aussi un très-grand rôle dans le plus ou moins de succès de cette énorme et bonne variété. Crue, cuite au jus, ou accommodée à d’autres sauces, cette variété de Laitue est évidemment supérieure, en qualité, à ses congénères. C’est ce qui ressort claire- ment des expérimentations auxquelles je l’ai soumise, ainsi que des correspondances qui me sont adressées et dès communications qui me sont faites journellement de vive voix. Je crois devoir aussi recommander la Lai- tue Bossin aux personnes qui s’occupent d’agriculture. On sait que les Laitues con- viennent essentiellement à la nourriture de la race porcine et aux volailles de la basse- cour. Tous ces titres la feront classer désor- mais parmi les bonnes plantes légumières, utiles et économiques. Bossin. DIMENSIONS DE QUELQUES VÉGÉTAUX QUI CBOÏSSENT A L’AIR LIBRE, A HYÈRES Dans la chronique du numéro du 15 jan- vier dernier de la Revue horticole , nous avons parlé de l’établissement d’horticulture de MM. Iluber et Ce. Nous croyons qu’une liste d’un certain nombre d’espèces qu’on y rencontre intéressera nos lecteurs et leur donnera une meilleure idée du climat tout particulier qu’on rencontre dans cette partie de la France, que toutes les définitions scientifiques que nous pourrions invoquer. Commençons par les Acacias, genre re- présenté par plus de cent espèces dans l’é- tablissement de MM. Huber et Ce. Nous avons remarqué lors de notre récente visite les suivantes : Acacia nematophylla, 3 m. 50 de hau- teur; A. cyanophylla , 5 mètres; A.petiola- ris, 2 m. 50; A. leiophylla, 5 mètres; A. dealbata , 5 mètres; A. verticillata , 5 mè- tres; A. retinoides , 7 mètres; Laurus Ma - deriensis , 8 mètres; Laurus glauca , 5 mè- ters; Eucalyptus globulus , 18 mètres de hauteur sur 1 m. 90 de circonférence à la base. L’individu qui présente ces dimen- sions n’est âgé que de 9 ans. Parmi les au- tres espèces d 'Eucalyptus, nous avons re- marqué les E. viminalis, calophylla, diver sifolius , appositifolius , corynocalix, etc., dont la hauteur est de 8 à 9 mètres. Gre - villea robusta , haut de 7 mètres. Ficus elas- tica (arbre au Caoutchouc), 2 mètres. Par- kinsonia aculeata , 7 mètres. Jacaranda mimosœfolia , 6 mètres de haut sur 75 centi- mètres de circonférence. Plusieurs espèces de Casuarina , parmi lesquels nous en avons vu un individu de 6 m. 50 de hauteur sur 1 mètre de circonférence; Dracœna indivisar 2 mètres; des Erythima crista-galli et Hendersonii de 5 mètres de hauteur sur 1 m. 30 de circonférence. Cet établissement renferrne aussi un grand nombre d’espèces de Conifères parmi lesquelles nous avons remarqué 1 Séquoia sempervirens de 1 7 mètres de hauteur sur 1 m. 70 de circonférence; 1 Libocedrus Doniana de 2 mètres. Plusieurs espèces (1) Nous persistons à dire que la Laitue Bossin a une très-grande analogie avec la Laitue Batavia ; certains passages qu’on vient de lire semblent, du reste, le démontrer; aussi ne regarderons-nous, comme concluants, que les essais comparatifs qui auront été faits de ces deux Laitues. DIMENSIONS DE QUELQUES VÉGÉTAUX ( de Frenela parmi lesquelles il se trouve des individus qui ont plus de 6 mètres; des Wid- dringtonia , dont un entre autres, leB7. Juni- peroides , après de 10 mètres de hauteur. Cet arbre, depuis bien des années déjà, fruc- tifie en très-grande quantité, mais, jusqu’à présent, les graines sont stériles, ce qui est probablement dû à l’absence d’individus mâles, ce genre étant dioïque. Les Palmiers sont aussi représentés par un certain nombre d’espèces. Nous citerons seulement les Latania Borbonica ; Corypha Australis; les Chamœrops-excelsajomentosa, humilis , etc.; les Sabal umbraculifera et Blackburniana ; les Lewistona Sinensis et edulis ; le Phœnixreclinata , etc., etc. Inutile de dire que 1 ePhœnix dactilifera (Dattier) se rencontre parmi les espèces que nous ve- nons de citer, puisqu’on en trouve disséminés dans différents jardins, dont la tige, d’en- viron 6 à 8 mètres de hauteur, a chez quel- JOUBARBES DE PLEINE TEF Les espèces de Joubarbes établies par MM. Schnittzpahn et C. B. Lehmann, ont été décrites dans la Flora , surtout dans les années 1855 et 1860; celles de M. Schott, dans le Journal hebdomadaire de botanique de Skofitz, années 1852 et 1853. Ces bota- nistes cultivaient un nombre considérable de Sempervivum et devaient publier pro- chainement une monographie complète des espèces de ce genre. Malheureusement la mort a frappé MM. Schott et Schnittzpahn avant qu’ils aient pu doter la science d’un travail qui eût été extrêmement intéres- sant, si l’on en juge par la valeur des es- pèces qu’ils avaient déjà décrites dans les recueils périodiques. § 1. FLEURS ÉTOILÉES S. tectorum, Linn. Sp. ed. I, 464; II, 664; De. Fl. fr. 4, p. 396; Dub. bot. 204; Koch. Syn. 288; le. Fuchs. hist. 32. Gren. et Godr. Fl. de fr. I, p. 628. ( Sedum tectorum , Scop. Carn., ed. II. n. 529.) Habite dans toute l’Europe. S. tectorum, L. var. domesticum. C’est la forme des toits. — Reçu de M. Schnittzpahn (1860). S. tectorum, L. var. rusticum. C’est la forme des rochers. — Reçu de M. Schnittzpahn (1860). S. tectorum, L. var. Requieni Hort...? Reçu de M. J. -B. Yerlot de Grenoble (1860). S. tectorum, L. var. Californicum (5. Californi * cum. Hort.). Reçu de MM. Foissy (1860), Hte. Rodin (1866). JI CROISSENT A L’AIR LIBRE, A IIYÈRES. 77 ques-uns près de 3 mètres de circonfé- rence. Nous ajoutons que cette espèce fruc- tifie à Hyères, et que dans le jardin de M. Denis, amateur distingué, nous avons même vu le sol couvert de jeunes Dattiers qui provenaient de graines tombées des arbres. Les végétaux que nous venons de citer ne sont pas, on doit le penser, les seuls qui se trouvent plantés dans l’établissement de MM. Huber et Cîe. On y trouve pour ainsi dire tous les végétaux qu’à Paris on est obligé de cultiver en serre tempérée. Ainsi, nous y avons encore remarqué des collec- tions a’Aralia, dont certains individus ont 3 mètres de hauteur ; des collections de Ken - nedya , de Budleya , de Polygala , etc., etc. Ces derniers, qui sont presque toujours en fleurs, constiluent pour ainsi dire un or- nement perpétuel. • E. A. Carrière. LE CULTIVÉES AU MUSÉUM 1 S. murale, Bor. Reçu de M. J. B. Yerlot de Grenoble (1864). S. ventosicolum, Nob. Habite les environs du Jas sur le som- met du mont Ventoux (Vaucluse), d’où il nous fut envoyé par M. le prof. Fabre , d’Avignon, en 1864; et où nous l’avons re- cueilli en août 1865. S. Comollii, Rota. Habite la Lombardie. — Reçu du Jardin botanique de Grenoble (1860). S. Lamottei, Bor. Cat. rais. pl. ph. de Maine-et- Loire, in Mém. Soc. acad.de Maine-et-Loire, 1859,. p. 86. Lamotte pl. nouv. plat, centr. in Ann. d’Auvergn., 1855, p. 21; extr. p. 7. Bor. Fl. du Centre, édit. 3, p. 259. Lam. Etudes sur le genre Sempervivum , p. 7. Habite le Puy-de-Dôme, la Gironde et le Cher. — Reçu de MM. Lamotte (1864), J. B. Yerlot (1 866). S. speciosum, Lam. Et. sur le genre Semper- vivum, p. 11. Habite la partie moyenne des vallées qui aboutissent au Vizo (Hautes-Alpes). — Reçu de M. Lamotte (1864). S. affine, Lam. Et. sur le genre Sempervivum p. 15. Habite les montagnes du Yizo (Hautes- Alpes). — Reçu de M. Lamotte (1864). S. ambiguum, Lam. Et. sur le genre Semper- vivum, p. 17. Habite les montagnes des environs de Larché et de Barcelonnette (Basses-Alpes). — Reçu de MM. Lamotte (1864), J. B. Yerlot (1866). S. Maitrei, Lam. Et. sur le genre Sempervivumy p. 19. Habite les rochers, au Petit-Saint-Ber- (1) Voir Revue horticole, 1867, page 53. 78 JOUBARBES DE PLEINE TER nard (Alpes grecques). — Reçu de M. La- molte (1864). S. parviflorum, Schnittzp. Reçu de M. Schnittzpahn (1860). S. Verloti, Lamotte, Et. sur le genre Semper- vivum, p. 21 an S. parviflorum Schnittzp.?) Habite les rochers, à la Moucherolle (Isère). — Reçu deM. Lamotte (1864). S. Wulfeni, Hpe, in litt.; Koch. Eyn. ed. 1, p. 262.Rchb.fl.exe 3562. Dietr. Syn. 3, 34. N. 24. (S. globiferum , Wulf. in Jacq. Fl. austr. 5 app. t. 40). Habite les Alpes d’Autriche, du Piémont, de la Lombardie. — Pveçu de M. J. B. Ver- lot, de Grenoble (1860). S. pseudo -Wulfeni, Nob. (S. Wulfeni, llort. non Hpe). Habite? — Cultivé dans les jardins sous le nom impropre de S. Wulfeni. S. Juratense, Jord. Habite le Jura. — Reçu de M. J. B. Ver- lot, de Grenoble (1860). S Guillemotii, Lam. Bull. Soc. bot. Fr. t. III, p. 457. Habite les environs de Larché et de Bar- celonnette (Basses-Alpes.) — Reçu de M. Lamotte (1864). S. Arvernense, Lee. et Lamotte. Cat. pl. centr. p 179 ; Lamotte, Not. pl. nouv. p.. Il ; Gren. et Godr Fl de France, 1 , 629; Lamotte, Et. sur le genre Sempervivum, p. 24. (S. rupestre , H. Scol. med. Paris.) Habite les rochers granitiques et basalti- ques du Puy-de-Dôme, du Cantal, de la Lo- zère, de l’Ardèche. — Reçu des auteurs (1864), et de M. J. Gay (1862). Ancienne- ment cultivé dans le jardin de la Faculté de médecine sous le nom de S. rupeslre. S. Arvernense, Lee. et Lamotte. Var. pijrenai- cum, Lamotte, Et. sur le genre Sempervivum , p. 30. Habite Saint-Sauveur-les-Bains (Hautes- Pyrénées). — Reçu de MM. Lamotte (1864); J. B. Verlot (1866). S Boutignyanum, Bill, et Gren. Àrch. Fl. de Fr. et d’Allem., p. 263, février 1853, et p. 302, février 1854; Bill, exsicc. n° 985. Habile les rochers calcaires à Cadéac, près d’Arreau, vallée d’Aur; et Commeli (Hautes-Pyrénées). — Reçu de MM. Bois- sier (1859); J. -B. Verlot, de Grenoble (1862); Lamotte (1866). S. calcareum, Jord. Obs. pl. nouv. 7efrag. 1849, p. 26. Habite les montagnes calcaires du Dau- phiné. — Reçu de M. J. B. Verlot, de Gre- noble (1855). S. blandum, Schott, in OEstr.Woch. 1853, p. 29; Walp. Hep. bot. V, p. 14. Habite la Transylvanie. — Reçu de M. Boissier (1859). S. glaucum, Ten. Ann. di Stor. nat. IV, p. 248, Walp. rep. bot. II, p. 263. RE CULTIVÉES AU MUSÉUM. Habite le mont Simplon. — Reçu de M. Schnittzpahn (1858). S. albidum, Schnittzp. et C. B. Lehm. in Flora, 1 855, p. 4. Habite les montagnes de la Suisse. — Re- çu de M. Schnittzpahn (1858). S. Schleani, Schott. in OEstr.Woch. 1853, p. 12. Habite la Dalmatie. — Reçu de M. Bois- sier (1859). S. violaceum, A. Br.? (Ex Sem. hort. bot. Got- ting. 1861). S. acuminatum, Schott in OEstr. Woch. 1853, p. 28; Walp. Rep. bot. V, p. 14. Habite le Tyrol méridional , l’Istrie (in Monte-Spaccato, près Botzen). — Reçu de M. Schnittzpahn (1860). S. Mettenianum, Schnittzp. et C. B. Lehm'., in Flora, 1855, p. 4. Habite les montagnes de la Suisse, du Tyrol. — Reçu de M. Schnittzpahn (1855). S. assimile, Schott in OEstr. Woch. 1853, p. 19. Habite les montagnes de Transylvanie, du Bannat. — Reçu de MM. Boissier (1859); Schnittzpahn (1860). S. Schottii, Schnittzp. Délibér. de la Soc. nat. d’Offenb., 1860. Habite les Alpes suisses. — Reçu de M. Schnittzpahn (1860). S. Schnittzpahni, Lagg. Habite la vallée de Zermalt (Valais). — Reçu de M. J. B. Verlot, de Grenoble (1866). S. spectabile, Schnittzp. Reçu de M. J. B. Verlot, de Grenoble (1866). S. arachnoideum, L. sp. ed. I, 465,11,665 ; DC. Fl. Fr. 4, p. 397 et pl. gr. tab. 106; Du b. bot. Gall.204; Koch. Syn. 290 ; le. Barrel. t. 393; Curt. Bot. Mag., t. 68; Gren. et Godr. Fl. de Fr. I, j». 630 ; Lamotte not. pl. nouv., p. 21 et Et. sur le genre Sempervivum , p. 37. Habite les Alpes, les Pyrénées, les Gé- vennes, l’Auvergne, etc. — Anciennement cultivé au Muséum. S. pseudo arachnoideum, Lam. Et. sur le genre Sempervivum , p. 40. M. Lamotte (loc. cit.) décrit cette plante comme un hybride, et lui indique, comme parents supposés, les S. arachnoideum et frigidum . — Habite dans le Queyras (Hautes- Alpes). — Reçu deM. Lamotte (1864). S. lautareticum. Lam. Et. sur le genre Sempervivum, p. 42. Autre hybride (Lamotte, loc. cit.) Les parents supposés seraient les S. arachnoideum et monticolum. Habite les rochers, au Lautaret et au Ga* libier (Hautes-AlpesJ. — Reçu de M, La- motte (1864). S. piliferum, Jord. Obs. pl. nouv, 7e frag., p.27. M. Lamotte (loc. cit ., p. 44) regarde cette plante comme un hybride, sans faire con- JOUBARBES DE PLEINE TERRE CULTIVEES AU MUSÉUM. naître les parents supposés, et le décrit comme tel sous le chef Hyb. 3. Habite le Lautaret (Hautes-Alpes), où nous l’avons recueilli en 1858. — Reçu de M. Lamotte (18G4). S. rubellum, Timb. Lagr. Bull. Soc. bot. de Fr. t. 5, p, 14; S. Boutignyano-arachnoideum , Loret, loc cit., p. 147, Bill. exsc. n°2467;S. arvernensi- arachnoideum, Loret, Herb. de la Loz. et Prost, p. 20, non Lamotte. M. Lamotte (loc. cit., p. 46) décrit cette Joubarbe comme une plante hybride, sous le nom de S. pyrenaico-araclmoideiim. Habite sur un mur de jardin au Béarnais. — Reçu de M. Lamotte (1864). S. Arvernensi-Arachnoideum, Lam, S. villosum , Lamotte, olim.). Et. sur le genre Sem- pervivum, p. 48. Habite les rochers granitiques de la vallée de Champeix (Puy-de-Dôme). — Reçu de M. J. B. Verlot (1866). S. arachnoideo-Arvernense, Lam. (S. Po- melii , Lamotte, Not. pl. nouv. pl. centr., in ann. de l’Auv.,p. 27; extrait, p. 13). Et. sur le genre Sempervivum, p, 49. Habite le Puy-de-Dôme, rochers de Saint- Yvoine. — Reçu de M. Lamotte (1864). S. Pilosella, Schnittzp. inéd., (ex D1' Lagg. in litter. , 26 mai 1866). Habite les montagnes du Valais. — Reçu de M. Schnittzpahn (1860). S. Boissieri, Schott. Habite le mont Rose. — Reçu de M. Reu- ter, directeur du Jardin bot. de Genève (1865). S. Fauconeti, Reut. Habite le Reculet (Jura). — Reçu de M. Reuter, directeur du Jardin botanique de Genève (1865) S- tomentosum, Schnittzp. in Journ. bot.de Ra- tisbonne ; Rev. hort.,1860,p. 491, c. icon. ( S.Web - biannii , Hort.) • Habite? — Reçu de M. Schnittzpahn (1860). S. Laggeri, Schott. inéd. (ex Dr Lagg. in litter. 26 mai 1866). Habite? — Reçu de M. Schnittzpahn (1860). S. heterotrichum, Schott, OEst. Woch. 1853, p. 83. Habite la Slyrie. — Reçu de M. Schnittz- pahn (1860). S. heterotrichum, Schott. var. bryoides, Schnittzp. Habite les montagnes du Tyrol. — Reçu de M. Schnittzpahn (1860). S. leucopogon, Schnittzp. Reçu de M. J. B. Verlot, de Grenoble (1866). S. Delassiæi, Schnittzp. in délib. Soc. nat. d’Of- fenb. 1860. Habite les montagnes du Valais. — Reçu cernent de 8 centimètres dans des lignes distinctes l’une de l’autre de 40 centimètres 600 » Fumure pendant la 2° année . 20 » Fumure pendant la 4e année . 20 » Entretien et ébranchements pendant six ans, compris la coupe au niveau du sol vers le commen- cernent de la 2e année .... 90 » Dépenses et frais imprévus . . 14 » 898 » Ces 30,000 épines, après la 6e année, pourraient servir à faire une bonne haie de 2,500 mètres (12 épines par mètre courant), ou vaudraient en vente 5 centimes chacune, au minimum , soit. . . 1500 » Bénéfice net. . . 602 » Soit par chacune des six années 100 fr. et par hectare 1,000 fr. de revenu net et an- nuel. Ce revenu pourrait être plus élevé si, au lieu d’acheter les épines de deux ans à 6 ou 7 fr. le mille, on les semait par la méthode ordi- naire, après stratification des semences, ou même après la récolte des graines, mais sauf à attendre deux ans. 95 QUELQUES IDÉES SUR L’ARBORICULTURE. § IL — FRUITS. — JARDINS. — PÉPINIÈRES. VERGERS Les marchés des grandes villes offrent souvent de beaux fruits qui, comparés à ceux chétifs que nous récoltons dans nos campagnes, doivent nous engager à appor- ter plus de soins à l’amélioration de nos jar- dins ou vergers et par suite de nos fruils, dont la production est presque toujours abandonnée à la nature. Ces soins pour- raient être une source de richesse, comme dans les environs de Lillers, Saint-Venant (Pas-de-Calais) et ailleurs. Une plantation intelligente, un bon choix de greffes et de sujets, un peu de soins et d’entretien pour- raient amener cette révolution pacifique. Cela ne serait ni fort coûteux, ni difficile, si l’initiative ne manquait pas; ce n’est pas que chaque cultivateur n’ait le désir de bien faire, mais il ne lui est pas facile de se pro- curer mieux sans bourse délier, et quand il s’agit d’avance à long terme ou de déplace- ment, il y regarde à deux fois. Que ceux qui hésitent veuillent bien se rappeler qu’une année de production d’un arbre fruitier à haute tige compense ordi- nairement les frais de plantation, et qu’en outre du rapport annuel et moyen de 3 fr. pararbre, celui-ci, à l’époque de la vieillesse, vaut toujours plus que les frais pour sa plantation et sa bonne tenue. On pourrait arriver dans la plupart de nos localités à répandre le goût de l’arbori- culture fruitière, en faisant utiliser par les instituteurs, à défaut d’autres personnes, un coin de jardin pour y planter et greffer, en présence de quelques jeunes gens, des ar- bres choisis, et pour procurer ensuite des greffes ou sujets aux habitants de la com- mune. L’entretien de ce jardin ne coûterait rien, car son produit surpasserait les frais de location, engrais, culture et impôts, puis- qu’il est constaté que la moindre pépinière, d’arbres forestiers ou fruitiers, rapporte an- nuellement plus de 500 fr. par hectare. L’annexe d’une pépinière au jardin de la terme ne serait donc pas à dédaigner, d’au- tant plus qu’une pépinière bien soignée et entretenue peut doubler le produit dont nous venons de parler. Brassart. SALIX SUBSEMPERVIRENS Un article des plus intéressants a été pu- blié par M. Briot, dans un des derniers nu- méros de la Revue horticole , à propos d’un Peuplier à feuilles persistantes. Le phéno- mène que M. Briot cite à cette occasion fait réfléchir sur certains phénomènes analogues que bien des personnes ont vus, sans aucun doute, mais qu’elles n'ont pas remarqués. Pour nous, le fait raconté dans l’article de M. Briot nous en a rappelé un presque identique dont nous avons été témoin et que nous allons rapporter; le voici : Dans le courant de décembre dernier, ce nTest pas sans surprise que, du haut d’un coteau, nous avons vu dans une vallée voiT sine un groupe d’arbres encore couverts de leurs feuilles et formant une pyramide verte et luxuriante comme dans la belle sai- son, au milieu du reste de la campagne dé- solée par l’hiver. Désireux de constater de plus près cette singulière étrangeté, nous sommes allé au pied même de ces arbres et nous avons pu voir que c’était tout sim- plement des Saules communs : Salix alba. Ils se trouvaient Là 8 ou 10 en pleine végé- tation. A côté d’eux, les arbres de la même espèce étaient complètement dépouillés de leur feuillage. A l’exemple de M. Briot, nous avons pensé devoir considérer ces Saules encore verts comme une variété parti- culière et, lui empruntant sa dénomination, nous les avons qualifiés du nom de subsem - pervirens. De tels arbres ne seraient-ils pas propres à figurer dans des cultures d’agrément? Puisqu’ils aiment à croître ensemble dans les mêmes lieux, ne seraient -ils pas d’un bon effet en groupes, en avenues? La question ne nous paraît pas douteuse. De grands arbres offrant l’avantage d’être toujours verts sans avoir l’inconvénient de présenter l’aspect de tristesse propre aux arbres verts proprement dits, sont chose assez rare pour mériter une attention toute particulière des amateurs. Ce qu’il importe de bien constater, c’est si ces arbres à feuilles presque persistantes se reprodui- ront dans de certaines conditions. Le fait établi, la reproduction au moyen de bou- tures est chose bien simple et bien aisée. Dans le cas oû des essais que nous comptons faire auraient pour résultat de reproduire le fait de la persistance des feuilles, nous nous empresserions d’en donner connais- sance immédiatement aux lecteurs de la Revue horticole. L’abbé Brou. ZINNIA A FLEURS DOUBLES ET SA CULTURE Parmi les plantes annuelles dites d’au- tomne, désignées ainsi parce que ces plantes fleurissent pendant toute l’arrière-saison, et servent à l’ornementation des parterres, peu sont comparables au Zinnia à fleurs doubles, tant pour la longue durée de ses- 96 ZINNIA A FLEURS DOUBLES ET SA CULTURE. fleurs, que par le nombre infini de ses va- riétés. C’est à M. Belot-Defougère, horticul- teur, à Moulins (Allier), que nous sommes redevables des graines de Zinnia à fleurs doubles ( 1). Aucune plante ne se prête aussi bien que le Zinnia à fleurs doubles à la garniture des corbeilles et des massifs; sa longue floraison permanente se continue, sans in- terruption, depuis le mois de juin jusqu’aux fortes gelées. Le Zinnia à fleurs doubles , planté en massif, produit un ensemble où un feuillage bien fourni s’harmonise heureusement avec d’innombrables fleurs solitaires, aux cou- leurs vives et variées. En effet, excepté le blanc pur et le bleu, que nous ne possé- dons pas encore, on y rencontre presque toutes les couleurs. Ses larges fleurs, de l’aspect et de la dimension d’une fleur moyenne de Dahlia, qui terminent les ra- mifications, produisent de loin comme de près un heureux effet. N’étant pas exigeant sur le choix du terrain, et très-rarement attaqué de la grise et des autres insectes, le Zinnia à fleurs doubles pouria êlre cul- tivé avec succès dans tous les jardins de grande et de petite dimension. Cette plante est moins divariquée, plus compacte, plus touffue dans son ensemble, elle est aussi moins haute et moins grêle que l’ancien Zinnia grandiflora à fleurs simples. Coupées, mises en vases dans de l’eau, et dans les appartements, les fleurs du Zinnia à fleurs doubles possèdent la faculté particulière de se conserver longtemps sans trop perdre de leur fraîcheur; étant en outre sans odeur, elles peuvent être conservées sans danger aucun pour la santé. Nous semons les graines de Zinnia à fleurs doubles en mars et en avril, sur couche et de la même manière que les Balsamines , DES ORCHIDÉ Malaxidées. — Corail/ rhizallalleri, Rich. Fleurs d’un blanc verdâtre disposées en épis. — Se trouve au-dessous des Granges- de-Solives (Ain). Liparis Læselii , Rich. Tige triangulaire. Feuilles pliées en forme de gouttière, d’un vert très-tendre. Fleurs d’un jaune pâle. — Se trouve à Meyzieux (Isère), à Sainte-Croix, près de Montluel (Ain). O p iir ydée s . — Op hrys a n I h ropophora , L i n . Tige d’environ 35 centimètres. Fleurs d’un jaune verdâtre. Labelle à 3 divisions li- (1) En 1854, nous avons vu le Zinnia à fleurs duul les chez MM. Audibert frères, pépiniéristes, à Tarascon, qui, à ce qu’ils m’ont assuré, l’avaient reçu du Mexique. Personne, que nous sachions, jusqu’à celle époque, ne l’avait encore observé. (Rédaction.) (2) Voir Rev. hnrt , page 67. les Reines-Marguerites, etc., nous les re- piquons ordinairement dans une planche préparée pour les recevoir lorsqu’ils ont poussé leur quatrième feuille, à la distance de 15 centimètres environ en tous sens; nous les soignons et nous les laissons là jusqu’en mai et juin ; nous pinçons la tige principale de chaque plante pour la faire ramifier. Nous commençons à les trans- planter vers le milieu de mai, en enlevant chaque Zinnia en motte, avec précaution, au moyen d’une houlette ; quand ils sont en place, nous faisons un petit bassin à chaque pied et nous arrosons copieusement. Nous jetons ensuite sur le sol un paillis de fu- mier à moitié consommé, d’une part, pour éviter l’action des rayons solaires, et, de l’autre, pour donner de la nourriture à la plante et faciliter l’émission des racines ca- pillaires qui ne tardent pas à se développer dans ces bonnes conditions. Nous donnons pendant la végétation et la floraison des ar- rosements, au besoin», et traité ainsi le Zinnia se couronne de fleurs qui se prolon- gent et se succèdent jusque dans le courant de novembre. Quand nous plantons en ligne sur les plates-bandes, nous espaçons les Zinnia de 40 à 50 centimètres les uns des autres. Mais lorsqu’il s’agit de couvrir des massifs,, les distances ne sont que de 35 à 40 centi- mètres. Quant aux graines, nous avons le soin de- ne les récolter que sur des plantes à fleurs très-doubles, et dont le coloris ne laisse rien à désirer; l’année suivante nous sommes certain d’avoir encore de jolies fleurs. Nous engageons donc les amateurs à suivre notre- procédé, persuadé d’avance qu’ils en obtien- dront de bons résultats. Bossin. S INDIGÈNES1 2 néaires; celle du milieu, presque bipartite, donne à la fleur une forme singulière et bizarre qu’on a comparée à un homme pendu, d’où le nom d ’antropophora. — Se trouve à Ecully, à Saint-Didier, au Mont- d’Or (Rhône); à la Pape (Ain). Ophrys aranifera , ltuds. Tige d’environ 30 centimètres. Fleurs disposées en épis, à sépale supérieur d’un vert blanchâtre, les deux intérieurs oblongs. — Se trouve à Ecully, au Mont-Cindre (Rhône); à la Pape (Ain), etc. Ophrys fucifera , Rchb. Tige de 35 cen- timètres. Fleurs à pétale supérieur, rose. Labelle à lobe contourné. — Se trouve à Couzon ; au Mont-Cindre (Rhône) ; à la Pape (Ain). Ophrys apifera, Iluds. Tige de 25 centi- mètres, à divisions supérieures, veinées de- DES ORCHIDÉES INDIGÈNES. 97 -vert, celles du milieu recourbées en des- sous. — Se trouve au Pont-de-Caux, à Rus- sienne, Belley, Dessine, etc. Ophrys muscifera, lluds. Tige de 25 cen- timètres. Fleurs de forme bizarre, rappelant celle d’une mouche, à divisions supérieures verdâtres ; celles du milieu noirâtres, ta- chetées de bleu violet. Labelle à trois lobes, celui du milieu échancré. — Se trouve dans l’Ain, à Salhonnay, la Pape, Meximieux, etc. ]\igritella angvsli folia , Rich. Tige d’en- viron 25 centimètres. Fleurs d’un pourpre noir, dégageant une odeur de vanille, à di- visions étalées. LabePe entier. — Se trouve à la Grande-Chartreuse et au Grand-Som (Isère); au Colombier (Ain), etc. Orchis pyramàdalis, Lin. Tige de 30-40 centimètres. Fleurs d’un rose vif. — Se trouve à la Grande-Chartreuse, à la Pape et dans divers autres endroits du département de l’Ain. Orchis hircina, Crantz. Tige de 30-45 centimètres. Bractée plus longue que l'o- vaire. Fleurs d’un blanc tacheté de rouge, dégageant une odeur repoussante. Labelle à divisions six fois plus longues que les latérales, roulées en spirale. — Habite les prairies et les bois monlueux. Orchis rubra , Jacq. Tige d’environ 25 centimètres. Fleurs d’un rouge vif. Bractée rouge, plus longue que l’ovaire. — Se trouve à la Pape (Ain). Orchis Mario , Linné. Tige d’environ 35 centimètres. Fleurs d’un rouge violacé ou roses. — Se trouve dans les prairies, dans les lieux humides, les pâturages, etc. Orchis ustulata , Linné. Tige d’environ 25 centimètres. Bractée plus courte que l’o- vaire, à lobe moyen échancré. Fleurs à di- vision supérieure pliée en forme de casque, d’un brun noirâtre Labelle blanc marqué de points pourpres. — Se trouve dans les prairies secs des lieux ou des bois. Orchis coriophora , Linné. Tige de 30- 40 centimètres. Fleurs à division supérieure rouge, dégageant une odeur de Punaise. Labelle strié ou ponctué de vert et de rouge. • — Se trouve à Dessine (Isère), à Mornand, à Charbonnière (Rlrône), etc. Orchis varie g a la. Ail. Tige d’environ 25 centimètres. Bractée rose, de même lon- gueur que l’ovaire. Fleurs roses. Labelle à trois divisions, celle du milieu plus large, pointillée de pourpre. — Se trouve très- communément à la Pape (Ain). Orchis Simia , Lam. Tige de 30-35 cen- timètres. Bractée beaucoup plus courte que l’ovaire. Fleurs à division supérieure rose ou d’un blanc cendré. Labelle à 3 lobes allongés, celui du milieu bifide, à divisions enroulées. — Est très- répandu dans les bois et dans les prairies. Orchis fnsea , Jacq. Tige d’environ 70 centimètres. Fleurs rouge pâle ou violacé brunâtres, à bractée beaucoup plus courte que l’ovaire. — Se trouve à la Pape (Ain), à Oullin, à Francheville et sur d’autres points du département du Rhône. Orchis globosa, Linné. Tige d’environ 35 centimètres. Fleurs subsphériques, dis- posées en épis, d’un rose pâle, à division supérieure élargie au sommet. — Se trouve à la Grande-Chartreuse, près de la Chapelle Saint-Bruno (Isère), au Colombier (Ain), dans le Jura, etc. Orchis Robertiana, Lois. Feuilles larges. Fleurs disposées en épis, d’un blanc ver- dâtre. Labelle d’un pourpre clair ou ma- culé. — Se trouve à Hyères, Toulon, etc. Orchis mascula , Linné. Tige d’environ 35 centimètres. Fleurs d’un beau rouge à division supérieure étalée. Labelle à trois lobes crénelés, celui du milieu échancré, égalant les latéraux. — Habite la Bresse, le Bugey, etc. Orchis pallens , Linné. Tige de 10-15 centimètres. Fleurs jaunâtres. — Habite les prairies du Sappey, entre Grenoble et la Grande-Chartreuse. Orchis laxiflora , Lam. Tige de 40-50 centimètres. Feuilles linéaires. Fleurs d’un rouge violacé à divisions latérales renver- sées. Labelle plié en deux. — Prairies et bois humides. Orchis pahistris , Jacq. Tige d’environ 40 centimètres. Fleurs à divisions latérales dressées. — Habite les prairies humides : à Dessine(ïsère),Vaux-en-Yelin,Ivoui (Rhône). Orchis Sambucina , Linné. Tige de 20-25 centimètres. Bractées de la longueur des fleurs, à 3-5 nervures. Fleurs jaunes. — Habite la Roche-Tachon (Rhône), le Mont- Pilat et dans plusieurs autres localités du département de l’Ain. Orchis lalifolia , Linné. Tige de 30-50 centimètres. Feuilles étalées, souvent mar- quées de brun noirâtre. Bractées plus lon- gues que les divisions latérales. Fleurs d’un rose clair ou rouge. Labelle plié en deux. — Se trouve dans le Rhône : à Saint-Didier, au Mont-d’Or, à la Gorge-des-Loups; dans l’Ain, etc. Orchis incarnata , Linné. Tige de 40-70 centimètres. Feuilles dressées non macu- lées. Bractée inférieure plus longue que les fleurs. Fleurs d’un rose clair, à divisions latérales étalées, redressées. — Habite Des- sine (Isère), etc. Orchis maculata, Linné. Tige de 30 à 65 centimètres. Bractée plus longue que les fleurs. Fleurs d’un lilas pâle ou blanches, tachées de violet ou de pourpre, à divisions latérales étalées en forme d’aile. — Très- commun dans les bois et les pâturages éle- vés, humides. Orchis bi folia , Linné. Tige d’environ 30 centimètres. Fleurs disposées en longues grappes, blanches, odorantes. Labelle li- 98 DES ORCHIDÉES INDIGÈNES. néaire, entier, à éperon grêle. Anthères très-étroites. — Pâturages et bois humides. Orchis chlorantha, Custor. Tige de 30- 50 centimètres. Fleurs d’un blanc verdâtre à éperon renilé au sommet. — Parc de la Tête-d’Or, Dessine (Isère), etc. Orchis conopsea, Linné. Tige de 45 cen- timètres. Fleurs roses ou blanches. Bractée deux fois plus longue que l’ovaire. — Bois, prairies et pâturages. Orchis odorat issima , Linné. Tige de 20- 35 cent. Feuilles linéaires. Fleurs très- odorantes, roses. Bradée presque de même longueurque l’ovaire.— Se trouveàlaGrande- Chartreuse (Isère), au mont Pilât (Loire). Orchis viridis , Swartz. Tige de 3 0-45 cerr timètres. Fleurs verdâtres ou jaunâtres. — Habite, dans le Rhône, Chaponost, Mornant ; dans la Loire, le mont Pilât, et, dans l’Ain, les Dombes et la Bresse. Orchis albida, Scop. Tige de 10-25 cen- timètres. Fleurs blanchâtres. Labelle à lo- bes inégaux, celui du milieu plus long. — Mont Pilât (Loire); Colombier (Ain), etc. Orchis provincial is. Lois. Tige de 30-40r centimètres. Fleurs disposées en épis, jau- nâtres. Labelle pubescent. — Habite la Provence. Th. Denis. Jardinier en chef du parc de la Tète -d’or,, à Lyon. REVUE DES PUBLICATIONS HORTICOLES DE L’ÉTRANGER Nous trouvons dans le Botanical Maga- zine les figures et les descriptions des plan- tes suivantes : Cypella cærulea, Seubert , pi. 5612. Cette magnifique [ ridée du Brésil, intro- duite depuis longtemps dans les jardins, mérite bien d’occuper une place importante dans nos jardins. M Ilooker reproche, avec raison, aux horticulteurs d’avoir trop né- gligé cette belle plante, aussi remarquable par le beau port de son feuillage gigantes- que, que par ses grandes et belles fleurs bleues ressemblant à celles d’un Iris. Combien de plantes modernes, d’une in- troduction plus récente, méritent beau- coup moins que celles-ci de servir d’orne- ment à nos jardins. Heliconia humilis, Jacquin , pl. 5613. Belle Musacéede Guiane, où cette plante, selon Aublet, porte le nom de« Petit Bahi- sia ». Peu de piaules sont aussi dignes que celle-ci d'attirer l’attention du public horti- cole. Le magnifique feuillage formé par des feuilles toutes radicales, oblongues ou oblon- gues-lancéolées, longues de 40 à 60 cent., très-longuement pétiolées, les larges brac- tées d’un rouge écarlate extrêmement vif, dans les aisselles desquelles se développent des Heurs verdàlres, en font un des orne- ments les plus splendides. La plante se mul- tiplie facilement par division de la souche. Cette espèce qui paraît d’ailleurs être facile à cultiver, n’est pas non plus une nouveauté, car déjà, en 1797, elle fut figu- rée par Jacquin dans son Hortus Schœn- brunnensis. Cypripedium (selenipidium) schmilii, Reichenbachy pl. 5614. Cette belle Orchidée terrestre porte le nom du zélé collecteur de M. Linden, qui l’a découverte dans la Nouvelle-Grenade, dans le voisinage d’Ocôna, à une élévation de 4,000 pieds. On la vit Heurir pour la première fois, en 1854, dans l’établissement de M. Linden. C’est une des plus belles espèces du genre auquel elle appartient. Elle fleurit à la fin de l’été ou au commencement de l’au- tomne. La hampe florale velue qui s’élève du milieu des feuilles radicales, ligulées, pointues, longues de 20 à 40 centimètres,, porte six à 8 fleurs à sépales et pétales blancs, ornés intérieurement de nombreu- ses lignes longitudinales pourpres. Le labelle de la forme si caractéristique pour les Sa- bots de Vénus est intérieurement d’un beau pourpre, extérieurement blanc. heliotropium convolvulaceum, Asa Grayy pl. 5615. Singulière et belle Boraginée annuelle, cultivée chez M. Thompson, d’Ipswich, où elle a fleuri en septembre dernier. C’est un habitant de la région méridionale des Etats- Unis, du Nouveau-Mexique et de l’Arkansas; c’était dans ce dernier Etat que Nuttall la découvrit dans les plaines sablonneuses. Les fleurs très-grandes et extrêmement abon- dantes, d’un blanc pur, rappelant par leur forme celle d’un Convolvulus, exhalent un doux parfum ; comme celles des Belles de Nuit elles s’ouvrent vers le coucher du so- leil. C’est une charmante petite plante très- rameuse, à feuilles linéaires oblongues, courtement pétiolées. Sa hauteur ne dépasse pas 40 centimètres. lycaste gigantea, Lindley, pl. 5616. Cette Orchidée gigantesque a été trouvée dans l’Amérique centrale par Hartweg, près de Santa-Martha, par Purdie, et dans les forêts de Merida, par Linden, à une éléva- tion de 5 à 600 pieds; elle est donc assez répandue. Ses grands pseudobulbes oblongs- ovales, lisses et un peu comprimés, attei- gnent parfois 17 c. de longueur. Ils por- tent deux ou trois grandes feuilles oblongues lancéolées pointues, profondément plissées, longues jusqu’à 70 c. La hampe florale- 99 REVUE DES PUBLICATIONS HORTICOLES DE L’ÉTRANGER. porte une seule grande fleur à sépales et pétales linéaires -lancéolés d’un coloris jaune olivâtre un peu sombre. Lelabelleoblong-lan- céolé, trilobé, est d’un brun marron, et son bord cilié est d’un rouge orangé. La plante a fleuri chez M. Veitch, en juillet dernier. COMBRETUM MICROPETALUM , DeCaudolle , pl. 5617. Un magnifique arbre grimpant, originaire du Brésil, à partir de Rio-de-Janeiro vers le Sud jusqu’à la province de Saint-Paul et vers le Nord jusqu’à celles de Minas Geraes et Goyoz. M. le Dr Moore cultive déjà depuis longtemps, dans une orangerie, à Glasne- vin, le pied de cette plante qui a servi de modèle pour la figure du Botanical Maga- zine. Chez lui, la plante produit tous les ans, en profusion, des fleurs disposées en grappes unilatérales, très-serrées dans les aisselles des grandes feuilles opposées, ses- siles, oblongues. Les pétales étant presque imperceptibles, le charme des fleurs con- siste dans leurs filaments jaunes, dépassant longuement la corolle et supportant des anthères orangées. cattleya dowiana, Baleman , pl. 5618. Cette espèce est sans contredit une des plus splendides de la grande famille des Orchidées. Elle fut découverte à Costa-Rica par Warszewicz, mais les plantes qu’il en- voya périrent, et comme le malheur avait vou- lu que les échantillons desséchés qui accom- pagnaient les plantes vivantes s’égarassent ou se perdissent, ou commençait même à douter de l’existence réelle de cette espèce dont Warszewicz avait tant vanté la beauté incomparable, lorsque, en 1861, M. Arce la retrouva à Costa-Rica même. Cette espèce gigantesque a des pseudobulbes allongés, plus larges en haut qu’à leur base; ceux-ci portent une seule feuille oblongue, épaisse, longue d’une paume d’environ 30 cent. La hampe florale se termine par deux à six fleurs énormes d’un diamètre de 20 cent. Les parties florales, à l’exception du labelle, sont d’un beau jaune de Nankin; ce dernier, d’une grandeur extraordinaire, ondulé et frangé au bord, est du plus riche pourpre foncé 3t marqué de veines jaunes. BowiEA volubilis, Harvey, pl. 5619. Cette Liliacée grimpante du cap de Bonne-Espérance est très - insignifiante au point de vue ornemental ; mais c’est une des plantes les plus bizarres qu’on puisse voir, car elle est entièrement dé- pourvue de feuilles. D’un bulbe charnu vert, de la grosseur d’une orange, s’élève une tige volubile très-grêle, longue de 70 centimètres à 1 m. 40 c., extrêmement ra - meuse, qui porte dans sa partie supérieure les petites fleurs verdâtres, longuement pé- donculées, monoïques par avortement. La plante rappelle par son port certaines es- pèces grimpantes du genre Asparagus. CURCUMA AUSTRALASICA, J. D. Hookeï % pl. 5620. Avant la découverte de cette plante, par M. John Veitch, qui l’envoya en Angleterre du cap York, on ne connaissait pas une seule espèce australienne de ce genre si largement représenté dans la flore des Indes- Orientales. Cette belle plante a fleuri pour la première fois dans l’établissement de MM. Veitch, en août dernier, et elle conti- nuait sa floraison jusqu’au commencement d’octobre , offrant un ornement délicieux des serres par les larges bractées roses transparentes de son épi floral assez allongé. C’est une espèce qui se rapproche beaucoup du Curcuma longa et du Curcuma montana. Le rhizome cylindrique blanc est peu aro- matique. IIELIANTHEMUM OCYMOÏDES, BerSOOll, pl . 5621 . M. Hooker recommande ce petit arbuste du Portugal et de l’Espagne qui, depuis quelques années, a été cultivé dans le Jardin de Kew, et il exprime son regret qu’en gé- néral la culture des Helianthemums a été trop négligée dans les derniers temps. L’ Helianthemum ocymoïdes avec ses grandes et nombreuses fleurs jaunes à cœur pourpre noirâtre, paraît être en effet une très-belle plante recommandable pour la culture en pleine terre. grias cauliflora, Linné , pl. 5622. Celte magnifique Myrtacée paraît être d’un intérêt très-considérable au point de vue horticole et peut-être même au point de vue économique. Elle prend une des premières places parmi les arbres dicotv- lédonés imitant- la forme des Palmiers, et ses fruits sont très-estimés dans les Indes- Orientales. La tige assez grêle, dressée comme celle d’un Palmier, est presque tou- jours indivise; elle porte à son sommet de grandes feuilles retombantes, longues del m. à 1 m. 40, larges d’environ 28 cent , ovales lancéolées, pointues, courtement pétiolées. Les grandes fleurs, d’un jaune de soufre, naissent sur le vieux bois et sont supportées par de courts pédoncules ramifiés. Ce ma- gnifique arbre atteint dans son pays 20 à 50 pieds de hauteur. Les fruits d’une forme ovale sont des drupes charnues. tapinotes carolinæ, Wawra, pl. 5623. Belle plante de serre a été introduite par M. Bull, à Chelsea, où elle a fleuri en novem- bre dernier. Elle fut découverte pendant le voyage de l’empereur actuel du Mexique, Maximilien Ier, dans le Brésil, en 1859 et 1860, et introduite en premier lieu dans le Jardin impérial de Schœnbrunn, près Vien- ne. M. Wawra, qui accompagna l’archiduc 100 REVUE DES PUBLICATIONS HORTICOLES DE L’ÉTRANGER. Maximilien comme naturaliste, en publia la description et dédia l’espèce à l’archidu- chesse Charlotte. C’est un petit sous-arbris- seau à tige et rameaux cylindriques rouge brunâtre un peu charnus. Les feuilles constituent la beauté principale de cette plante. Elles sont courtement pétiolées, oblongues, lancéolées, pointues au sommet, dentelées au bord, d’un beau vert sombre brillant presque métallique en dessus, d’un beau pourpre clair en dessous. Les fleurs solitaires, longuement pédonculëes, sont pla- cées dans les aisselles, elles sont d’un beau blanc pur, les corolles courbées en bas at- teignent une longueur de 4 centimètres. angraecum citratum, Dupetit-Thouars , pl. 5624. Jolie et curieuse espèce de Madagascar qui, déjà en 1822, fut décrite dans l’ouvrage de Dupetit-Thouars, mais qui a passé jus- qu’ici tellement inaperçue qu’elle ne se trouve même pas mentionnée dans le célè- bre ouvrage de Lindley : Généra and spe- ries of orchidaceous plants. Elleafleurien mars 1865 chez MM. Veitch. La tige de cette espèce est extrêmement courte et ne dépasse pas 2 centimètres en longueur, elle émet de nombreuses racines aériennes. Les feuilles oblongues lancéolées, pointues, sont réunies au nombre de quatre à six, et de leur milieu sort la hampe florale pen- dante qui porte un long épi serré de fleurs assez petites, d’un beau jaune citron. AMYGDALUS Les botanistes, regardant Y Amygdalus orientalis comme une bonne espèce, l’ont décrit comme une plante à bourgeons très- tomenteux, à feuilles argentées, brillantes, épaisses par l’abondance de son tomentum feutré. (C’est encore ainsi qu’est celle qui ligure à l’Ecole de botanique de Paris.) Voici, du reste, les caractères qu’ils lui ont assignés : a Arbrisseau à rameaux étalés, épineux; feuilles lancéolées, cou- vertes sur les deux faces d’un duvet coton- neux, d’un blanc argenté. >» Nul doute pour tout le monde scientifique que ce ne soit là un type et qu’il soit bon. Il n’en est rien pourtant; nous en avons ré- colté des graines que nous avons semées et nous n’avons jamais obtenu que des plantes à rameaux et à feuilles glabres, très-diffé- rentes même par la forme et par les dimen- sions des feuilles du pied mère. Il en a été absolument de même de graines envoyées de l’Asie mineure, soit par M. Ballansa, soit par M. Boissier, graines considérées comme issues du véritable type. Nous ajou- tons même que, dans celles de M. Boissier, nous avons obtenu des Amygdalus pedun- impatiens latifolia, Linné , pl. 5625. Celte Balsarninée forme des arbustes très- rameuxde 70 centimètres à 1 m.40 de hau- teur. La tige cylindrique glabre est un peu enflée aùx nœuds. Les feuilles sont habi- tuellement alternes, quelquefois aussi oppo- sées et en verticille, courtement pétiolées, ovales ou ovales-Iancéolées, pointues au sommet, longues de 5 à 12 centimètres, dentelées au bord. Les fleurs solitaires, d’un beau rose, se développent dans les aisselles des feuilles supérieures et sont portées par de larges pédoncules. Cette plante, dont les graines furent envoyées des Indes par Thwaites, a fleuri en serre tempérée, à Kew, en septembre 1866. claviga fulgens, J. D. Hooker , pl. 5626. Cette belle Myrsinéacée, quia fleuri dans les serres du Jardin de Kew en septembre dernier, est un habitant du Pérou. C’est un arbrisseau à tige droite, haute de 1 m. 40. Les feuilles sessiles, longues de 20 à 35 cen- timètres, larges de 7 à 12, sont spatulées- cunéiformes, obtuses ou un peu pointues au sommet, à nervure médiane très-saillante sur la face inférieure. Les fleurs, d’un bel orangé très-vif, sont disposées en grappes très-serrées, longues de 8 à 15 centimètres qui se trouvent placées dans les aisselles des feuilles. C’est une plante de serre, très- ornementale et d’une culture facile. J. Groenland. ORIENTALIS culata} autre forme intermédiaire qui a quelques rapports avec Y Amygdalus nana. Toutes ces graines ont donné des plantes de formes et d’aspects très-divers, mais au- cune semblable au type. Comment alors ac- corder les descriptions de ce prétendu type et de ses descendants, et quel est celui qui, dans la description qu’on a faite de la mère, reconnaîtrait les enfants ? Personne, assurément. Mais alors qu’est-ce donc que YAmygda- lus Orientalis ? Tout simplement une forme asiatique représentée par des individus gé- néralement buissonneux, mais qui, par leurs graines, peuvent produire toutes sortes de formes secondaires, parmi lesquelles la première peut disparaître, pour arriver ainsi à l’Amandier commun, puis au Pêcher, ainsi que nous avons essayé de le démontrer dans notre travail sur les Pêchers, actuellement en vente. E. A. Carrière. L'un des Propriétaire : Maviice bixio, Montereau . — Imprimerie Zanote. CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE DE MARS). Mort de M. Georges Skinner. — Lettre de M. Jean Sisley relative à l’origine des variétés panachées de Pélargonium tonale. — Moyen de détruire les punaises, larves, etc., qui déposent leurs œufs sur l’écorce des arbres. — Une plante inédite qui va être livrée au commerce. — Exposition d’horticulture de Cherbourg. — Les catalogues de MM. Vilmorin- Andrieux. — Travail de M. Porcher sur les Fuch- sias. _ Réponse de M. Charton à l’article de M. Duvivier sur la Campanule carillon à fleurs roses. — Communication de M. Glady. — L’œuvre de Sieboldt continuée par sa veuve. — Rappel sur une variété de Daphr.e. — Les Annales de la Société horticole , vigneronne et forestière de Troges. — Maturité des graines de YEvonymus Japonica, à Paris. — Encore les Fuchsias. — A quoi servent les expositions universelles. — Gracieuseté faite par la Société d’horticulture de Londres à la Société impériale et centrale d’horticulture de France. — Du choix des vases qui doivent contenir des plantes. — Les tra- vaux de l’Exposition universelle au champ de Mars. — Métamorphose du Trocadero. — Lettre de M. Moreau, de Lyon, relative aux étiquettes de jardin. M. Georges Skinner, l’amateur passionné et zélé collecteur d’Orchidées, est mort le 9 janvier dernier, à Aspinwal (Panama), delà fièvre jaune, précisément au moment où il quittait les affaires et revenait en Europe pour jouir de quelques années de repos. Le destin a voulu qu’il en fût autrement : 1 ’homme propose et Dieu dispose. — Nos lecteurs n’ont sans doute pas ou- blié les intéressantes discussions qui ont été publiées dans ce journal relativement à l’origine des variétés panachées de Pélargo- nium zonale. A ce sujet, nous avons reçu de M. Jean Sisley, de Lyon, une lettre que nous reproduisons : Lyon, le 1« février 1867. Cher monsieur, Quand on reconnaît que l’on s’est trompé, ce qu’il y a de plus digne, selon moi, c’est de le dire publiquement, car le silence ne serait que de l’orgueil. J’ai dit, dans le numéro du 16 novembre de la Revue , que je croyais que le Pélargonium zonale, Mistriss Pollock était un accident fixé et je me réjouissais d’avoir trouvé dans les jour- naux anglais des preuves à l’appui de cette opinion ; c’était naturel , parce que l’on est en- clin à croire ceux qui partagent votre avis. Mais les lettres de MM. Lemoine, Chamaret et Legrand, qui ont paru dans le numéro du 1er janvier, m’ont donné à réfléchir; j’ai pensé que je pouvais bien m’être trompé et avoir été induit en erreur par des apparences; je me suis adressé à mon ami John Salter, de Londres, pour savoir si l’on connaissait l’origine de Mis- triss Pollock. Voici sa réponse : « Mistriss Pollock a été obtenue de semis par M. Grieve, qui la dit issue d 'Empereur des Français , fécondé par Gold pheasant. « Empereur des Français est issu de Cerise unique fécondé par Attraction. « Gold pheasant est issu d 'Empereur des Français , fécondé par Gold Tom Thumb. « Gold Tom Thumb est issu de Cottage Maid , fécondé par Goldenchain. » Ceci tranche la question pour l’origine de Mistriss Pollock, et cette généalogie, si bien constatée par M. Grieve, intéressera, je n’en doute pas, tous ceux qui se sont occupés de cette question. Mais elle ne tranche pas du tout la question de l’origine de la panachure dans les Pélargo- nium zonale , puisque l’horticulteur anglais ne donne pas la généalogie de Cerise unique, ni d’Attraction, ni de Goldenchain. Tout en reconnaissant que je me suis trompé en ce qui concerne Mistriss Pollock, il me reste permis de croire que cette plante maladive doit son origine à des parents malades et que le pre- mier parent était un accident maladif lixé; ce qu’il serait intéressant de savoir au juste et ce que je vais rechercher. MM. Lemoine, Chamaret et Legrand ont donc raison de soutenir que, par le semis, l’état ma- ladif d’une plante peut se perpétuer, d’autant plus qu’il est admis en médecine que l’épylepsie, la folie, la phthisie, etc., etc., sont héréditaires. En donnant place à cette lettre dans un pro- chain numéro de la Revue , Vous obligerez, cher monsieur, Votre tout dévoué, Jean Sisley. — Nous trouvons dans le Salut public de Lyon un article sur la destruction des insec- tes dont nous extrayons les passages sui- vants, nous le publions avec d’autant plus d’empressement qu’il confirme en tous points les résultats que nous avons obtenus par ce même procédé. Il s’agit de la destruction des parasites tels que punaises, larves, etc., qui se fixent ou qui déposent leurs œufs sur l’écorce des arbres. . . . Pour toutes ces espèces de parasites, dit M . Cherblanc, propriétaire et maire de Len- tilly, auteur de la communication, il est un remède très-efficace et peu coûteux (environ 10 centimes le kilogr.) dont j’ai fait l’expérience depuis quatre ans avec un plein succès . Il faut commencer par enlever autant que possible la vieille écorce et la mousse qui existent sur les arbres avec un ràcloir quelconque, prendre du goudron de gaz et. par un jour de beau temps et surtout de soleil, avant que les arbres aient bourgeonné , armé d’un petit pinceau plat (ils valent mieux que les pinceaux ronds), enduire de goudron froid le tronc et les mères branches. Cela n’empêchera pas aux nouveaux bourgeons de percer. Le goudron fortifie les arbres, ou plutôt leur rend la vigueur en les débarrassant de toute espèce de rongeurs et en cicatrisant les plaies par eux faites et par où s’échappe une partie de la sève dont l’arbre a tant besoin . Mes expériences datent de quatre ans; j’ai attendu des résultats plusieurs fois vérifiés avant d’en parler à personne., car vraiment je craignais que le remède fût pire que le mai- CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE DE MARS). 102 La première année, je n’ai goudronné que deux Poiriers qui étaient à peu près perdus; la deuxiè- me année, j’en ai fait une quarantaine et l’ai conseillé à quelques amis, à qui je donnais le goudron et prêtais le pinceau; ils ont été très- satisfaits. L’année dernière, j’ai goudronné en- viron quatre cents pieds d'arbres, qui se sont très-bien rétablis, et ceux à qui j’ai négligé de le faire sont dans un triste état, que je vais faire disparaître au premier jour. En donnant connaissance de ma découverte, je n’ai qu’un but, c’est d’être utile aux proprié- taires de jardins et de vergers, et s’ils veulent se rendre compte par eux-mêmes du mérite de ce procédé, avant d’en faire l’expérience, ils n’ont qu’à venir voir mes arbres; je me ferai un vrai plaisir de les leur montrer et de leur donner tous les renseignements qui sont à ma connais- sance. — A partir du 15 mars 1867, MM. Thibaut et Keteleer vont mettre au commerce, pour la première fois, 12 variétés de Gloxinia de premier mérite, et une variété de Tydœa nommée Vesuvius, obtenue parM. Rosciaud, dont le nom, on peut le dire, est lié à tout ce qui paraît de beau dans le groupe des Gesnériacées. Ces mêmes horticulteurs vont aussi livrer au commerce une plante com- plètement inédite. C’est le Clerodendron sertotïnum , plante rustique, originaire de Chine, dont la Revue donnera prochaine- ment une description et une gravure noire. Les Gloxinia mis au commerce par MM. Thibaut et Keteleer sont les suivants : Belle de Meulant (Rosciaud) ; Emile Iius- son (Vallerand) ; Henry Husson (Y.); Ju- liette Vallerand (Y .J; Louise Vallerand ( Y.); Madame Blot( Rose.); Marie Vallerand (Y.); Mademoiselle Jeanne Prévost (Y.); Mon- sieur Car cenac (V Souvenir de Bougival (V.); Souvenir de Thun (Rose.); Star ( Y.). Nous rappelons aussi que c’est à cette même époque que ces horticulteurs vont livrer au commerce, pour la première fois, cet arbuste de pleine terre, le Rhus glabra laciniata , attendu si impatiemment par tous les ama- teurs de bonnes nouveautés. — Du 13 juillet 1867 au mardi 30 inclu- sivement se tiendra, à Cherbourg, une expo- sition des produits de l’horticulture. Des récompenses consistant en primes, médail- les d’or, d’argent, de bronze, ainsi que des ouvrages d’horticulture, pourront être ac- cordées aux lauréats. Les concours sont divisés en cinq séries : la première com- prend Y horticulture proprement dite; la deuxième, la culture potagère ;la troisième, Y art et Y industrie horticoles ; la quatrième, Y enseignement horticole; la cinquième, les publications horticoles. Tous les horticul- teurs sont invités à prendre part à celte ex- position. Les produits présentés devront provenir des cultures de l’exposant. Huit jours au moins axant l’exposition, ceux qui voudront y prendre part devront en avertir M. le président Gervaise, 165, rue de Paris, à Cherbourg, en lui faisant connaître en même temps quels sont les objets qu’ils se proposent d’exposer et quel est l’emplace- ment qui leur est nécessaire. — Nous avons reçu les catalogues de MM. Yilmorin-Andrieux et Ce, marchands grainiers, à Paris. Indiquer leur contenu se- rait presque une énumération de toutes les plantes cultivées soit pour l’ornement soit pour toute autre partie de la culture maraî- chère, forestière, économique, industrielle, etc. En outre des plantes décrites on y trouve une quantité considérable d’observa- tions qui font de ces catalogues une sorte de répertoire agricole, horticole, etc. Pour en donner une idée, il nous suffira de met- tre sous les yeux des lecteurs le titre de ces catalogues. Ainsi l’un d’eux comprend une liste choisie de graines de fleurs annuelles et vivaces de pleine terre. Un autre comprend la liste des plantes nouvelles ; un autre celle des graines de fleurs qu'on peut semer en septembre et en octobre ; un autre celle des graines de plantes , arbustes , arbrisseaux et arbres d'orangerie et de serre; un autre celle des graines potagères , officinales et de grande culture ; un autre celle des graines de fourrages , de céréales et de plantes éco- nomiques; un autre celle des graines d'ar- bres et d’arbustes de pleine terre , etc. Indépendamment de ces catalogues de graines, il y en a d’autres pour les diverses catégories de plantes. Ainsi il y en a un qui comprend les Dahlias ; un autre qui com- prend les Ognons à fleurs et les Fraisiers; un autre les plantes vivaces de pleine terre ; un autre est tout particulièrement destiné aux diverses catégories d 'OEillets, soit flamands remontants ou de fantaisie ; un autre est consacré aux arbres et arbustes de pleine terre, aux plants d’arbres forestiers et d’or- nement, etc.; un autre comprend les arbres fruitiers et les Vignes; un autre est con- sacré aux Rosiers; un autre est spécial pour les plantes de serre et d’orangerie ; enfin il en est un qui a pour titre : Catalogue des plantes de haut ornement, qui comprend l’énumération et la description des plantes qui servent principalement à l’ornementa- tion des squares. Nous devons ajouter que l’intérêt de presque tous ces catalogues spé- ciaux se trouve augmenté par des figures de plantes les plus nouvelles ou les plus recommandables. — Nous avons reçu un opuscule sur les Fuchsias. Ce remarquable travail, dontM. Por- cher, président de la Société d’horticulture d’Orléans, est l’auteur, peutêtre considéré à la fois comme un guide pour les praticiens et une monographie scientifique non moins remarquable de ce genre. Personne n’en sera surpris du reste, car l’on sait que M. Por- 103 CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE DE MARS). cher est peut-être l’homme le plus compé- tent en ce qui touche les Fuchsias, et que son nom est lié pour ainsi dire à celui de ces derniers. Dans les observations préliminai- res l’auteur entre dans des considérations très-intéressantes sur l’origine et l’ordre d’apparition de certaines variétés de F uchsias. Après avoir établi pour tous les Fuchsias, une division qui comprend trois groupes fondés sur la couleur du calice ou sur celle de la corolle, ou encore sur celle-ci suivant qu’elle est simple ou double, l’auteur fait un tableau général dans lequel, après le nom des variétés, se trouvent énumérés claire- ment et succinctement les caractères qu’elles présentent, de sorte qu’après une simple lecture on peut se faire une juste idée de ce que sont ces variétés. Du reste un asté- risque précédant le nom des variétés les plus méritantes, vient éclairer l’amateur en facilitant son choix. En outre, le nom de l’obtenteur et l’année où les variétés ont été obtenues viennent compléter le travail en donnant un caractère scientifique qu’on ne rencontre guère dans ces sortes de publica- tions. Une revue des plus belles variétés de Fuchsias parues en 18d6 et de quelques- unes de 1 865, non décrites, suivie d’une liste descriptive par ordre alphabétique de ces variétés, termine l’opuscule et tout en aug- mentant encore l’intérêt, fait de cet opus- cule un guide, une sorte de vade mecum indispensable à tout amateur de Fuchsias. — Notre collaborateur M. Charton, n’ha- bitant pas Paris, nous a transmis un peu tardivement quelques lignes qu’on trouvera plus loin en réponse à l’intéressant article de M. Duvivier sur la Campanule carillon à fleurs roses (voir Revue horticole, 1867, pages 18 et 75). — Nous avons reçu de M. Glady, de Bor- deaux, une lettre par laquelle cet honora- ble collaborateur nous informe qu’il ne peut, pour le moment, répondre aux nombreuses demandes de greffons qui lui sont faites des diverses variétés de Pommiers dont il a parlé dans ce journal. Voici, à ce sujet, la lettre qu’il nous écrit : Bordeaux, le 28 février 1867. Mon cher rédacteur, J’ai recours à la publicité de votre correspon- dance pour annoncer aux nombreux deman- deurs de greffons des variétés de Pommiers si- gnalées dans mon dernier article, qu’il m’est absolument impossible de répondre à leurs vœux. Un surcroît inattendu d’occupations me retient fore ément attaché à ma maison de com- merce et me prive pour quelque temps de me livrer aux travaux de l’horticulture que j’aime tant. Je prends bonne note des lettres de de- mande; et j’enverrai pour sûr des greffons en juillet pour enter en écusson. Quelques amateurs m’ont adressé des ques- ions sur l’identité de la Reinette d' Angleterre que j’ai signalée comme telle dans la Revue hortvole. Je dois répondre à cela que je possède, sous le nom de Reinette d' Angleterre, de jeunes sujets qui ne m’ont pas encore donné de fruits ; je ne puis donc établir de point de comparaison avec la Pomme que j’ai baptisée du nom de Pomme de Pinou. J’ai trouvé cette belle et délicieuse Pomme dans ma propriété de Pinou, près d’Agen, où il existe deux arbres très-vieux de cette variété. J’ai vu ces arbres aussi vieux et aussi gros, il y a vingt-cinq ans, qu’ils me paraissent encore aujourd’hui. Cette Pomme, bonne par excel- lence, m’a paru une rareté, ne l’ayant jamais vue ailleurs, ni sur les marchés aux fruits ni dans les lots de Pommes des nombreuses expo- sitions qu’il m’a été donné d’admirer. Je vous ai adressé un seul exemplaire de ce fruit; vous l’avez soumis à l’appréciation d’un pomologue éminent qui a cru reconnaître la Reinette d' Angleterre, et ma Pomme inconnue, que j’avais nommée provisoirement Pomme de Pinou , du nom de ma propriété, a reçu de votre pomologue le nom de Reinette d’ Angleterre qu’il a cru devoir lui appartenir et que vous avez jugé à propos d’ajouter à ma désignation hasardée. Cette question pourra s’éclaircir au grand congrès de pomologie qui aura lieu cette année au champ de Mars. La Pomme Dieu, ou Rose de Bénauge et la Pomme Reinette grise de Saintonge, arrivent en ce moment sur les marchés de Bordeaux en quantités prodigieuses. La Pomme Dieu surtout, si belle, si jolie, mais de qualité malheureuse- ment secondaire, arrive sur les quais dans de grandes cabines pleines jusqu’aux bords. Les Anglais viennent en enlever de certaines quantités dans le but, dit-on, d’en extraire cer- tain principe qui sert au blanchiment d’étoffes. Les chemins de fer en chargent des wagons entiers, pour les transporter dans l’Hérault, à Cette, à Narbonne, à Montpellier, lieux où cette Pomme, d’un aspect si séduisant, se consomme dans la classe ouvrière, grâce à son prix mo- dique qui la fait rechercher dans cette saison tardive. Il y a peu d’années, ces Pommes servaient à la nourriture des bestiaux ou se perdaient dans les champs ; les chemins de fer en ont facilité le placement avantageux. Veuillez agréer, etc. Eug. Glady. — Les amateurs ou mieux les amis de l’horticulture pouvaient craindre que la mort de Sieboldt entraînât non-seulement la perte des végétaux qu’il avait importés du Japon, mais encore la cessation complète de l’éta- blissement qu’il avait formé à Leide. Il n’en est rien ; sur ces deux points nous pouvons rassurer nos lecteurs. Un catalogue que nous venons de recevoir nous apprend que sa veuve, madame von Sieboldt, continue l’œuvre si bien commencée. Le fils de Sie- boldt habitant le Japon et occupant en ce pays une assez haute position, on peut es- pérer que, par goût et pour soutenir le nom si bien connu de son père, il continuera à doter l’établissement de Leide de précieuses 104 CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE DE MARS). nouveautés japonaises, d’où elles se répan- dront dans les diverses parties de l’Eu- rope. Ce catalogue est précédé d’une sorte d’in- troduction faite par M. Witte, jardinier en chef du Jardin botanique de Leide, dans la- quelle se trouve un résumé de la vie et des travaux de feu Sieboldt. Nous aurons occasion de revenir sur ce catalogue qui contient l’indication et la des- criplion des plantes japonaises dont beau- coup sont tout à fait inédites. — La Revue horticole , à la page 251 de l’année 1866, a donné la figure et la des- cription d’une nouvelle et très-intéressante variété de Daphné à feuilles persistantes. Dans cet article, il est dit que ce Daphné supportera probablement la pleine terre sous le climat de Paris. Ce qui, à cette époque, n’était encore qu’une hypothèse, est aujourd’hui une réa- lité. Un sujet de cette espèce planté en pleine terre depuis trois ans dans les pépi- nières du Muséum vient de passer l’hiver dernier sans aucun abri, et depuis un mois il est en pleines fleurs. C’est donc une pré- cieuse acquisition pour l’ornementation que l’introduction du Daphné Japonica , dont le beau feuillage est accompagné de nom- breuses fleurs qui ne sont pas dépourvues de beauté et dégagent une odeur de vanille et de girofle des plus agréables. — Nous avons reçu le numéro 5 des An- nales de la Société horticole , vigneronne et forestière de Troyes. Dans ce numéro nous trouvons le rapport d’une conférence sur l’arboriculture fruitière, faite par M. A. Piousseau. Les détails dans lesquels est en- tré l’auteur de cette conférence, la variété des sujets qui y sont traités jointe au style clair, concis et pratique qu’a employé l’au- teur, font de ce travail un modèle en ce genre qu’on consultera avec fruit. — Nos lecteurs se rappellent sans doute que, dans ce recueil, en citant comme exceptionnel le fait de la fructification, à Paris, de Y Evonymus Japonica, nous fai- sions une réserve relativement à la maturité des graines, et tout en nous demandant si celles-ci supporteraient l’hiver, nous promet- tions de le faire savoir en temps opportun. Aujourd’hui que l’hiver est passé, que les plantes ont supporté un froid de 10 degrés centigrades environ, nous pouvons dire qu’elles n’en ont nullement souffert, et que les graines, d’un rouge de corail, font un contraste magnifique sur le vert foncé des feuilles. Nous ferons aussi remarquer que le pied qui a fructifié au Muséum et qui est très-fort, était primitivement à feuil- les panachées; mais que, comme cela arrive fréquemment, il a produit un grand nom- bre de branches à feuilles complètement 1 vertes, et que ce sont celles-ci qui seules sont couvertes de fruits, ce qui augmente le contraste tout en le rendant plus singu- lier. Ce fait semble montrer aussi que la panachure est un état maladif de la plante, puisque tant qu’elle le conserve, elle ne fructifie pas. Le même phénomène se passe chez presque toutes les plantes. On sait qu’en effet il est rare que les végétaux à feuilles panachées fleurissent, et, lorsque le fait a lieu, ce n’est qu’excessivement rare- ment qu’elles produisent des fruits. — Nous avons reçu une gravure coloriée du nouveau Pélargonium zonale Triomphe de M. Lemoine, horticulteur, à Nancy, dont nous avons déjà parlé dans ce journal (1). A en juger d’après cette gravure, la plante est très-belle; nous ne serions même pas étonné qu’elle surpassât la variété Gloire de Nancy , qui, ainsi qu’on le sait aujourd’hui, est ce qu’il y a de mieux dans les variétés de Pélargonium à fleurs doubles. Mais s’il faut en croire différents catalo- gues, ces variétés devraient disparaître pour céder la place à d’autres plus méritantes. Aujourd'hui nous pouvons annoncer comme étant à fleurs doubles très-méritantes — di- sent leurs obtenteurs — les Pélargonium inquinans surpasse Gloirede Nancy (Croust), Triomphe de Lorraine (Rendatler), Triom- phe de Thumesnil et Capitaine L’Hermite , obtenus par M. Delasalle, horticulteur, à Thumesnil. — M. Cornelissen, l’heureux semeur de Fuchsias, à qui l’horticulture est redevable de tant et de si belles variétés, vient de faire paraître une gravure de ses derniers gains. Parmi tous ceux-ci qui sont très-beaux, la plupart à fleurs doubles, nous en avons sur- tout remarqué trois qui présentent de nou- veaux caractères et chez lesquels, indépen- damment des divisions pétaloïdes plus ou moins nombreuses, on voit, à côté d’étami nés bien développées, un certain nombre d’autres dont le filet, au lieu d’anthère, se termine par une expansion pétaloïde de couleur variée : violacé chez la variété Léopold II ; blanche chez la Reine Marie- Henriette; rose feu violacé ou flammé chez la variété M. Rarillel. Ces variétés qui sont très-probablement les types d’une nou- velle série ou race justifient le dire des bo- tanistes : que toutes les parties d’une fleur sont organiquement les mêmes; elles sont également favorables à cette autre théorie que nous n’hésitons pas à soutenir, à savoir que partout où Vunilé de composition existe, les différences résultent uniquement de l’ar- rangement ou du groupement des parties. — Les expositions universelles que font aujourd’hui les différents peuples de l’Eu- (1) Voir Rev. hort ., 1867, pag. 23. 105 CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE DE MARS). rope n’offrent pas seulement un avantage matériel; elles servent encore à établir de bonnes relations entre les hommes de chaque pays et profitent à tous. La Société d’horticulture de Londres vient d’envoyer à la Société impériale et centrale d’horticulture un certain nombre d’exem- plaires d’un ouvrage intitulé Report of the international exibition and botanical con- gress, pour être distribué aux notabilités botaniques et horticoles, particulièrement à ceux qui, en mai dernier, ont honoré de leur présence cette exposition qui, on peut le dire, a marqué dans les fastes de l’hor- ticulture. Bien que nous n’ayons pu assister à cette solennité horticole, nous avons été compris dans la générosité de nos voisins les Anglais, et c’est à M. Max Powel, le savant rédacteur du Gardner’s Chronicle , que nous devons l’annonce de cette bonne nouvelle. Nous l’en remercions bien sincèrement, en le priant de vouloir bien être notre inter- prète auprès de la Société d’horticulture de Londres en lui transmettant nos sentiments de gratitude. Nous ne pouvons, même très-sommaire- ment, analyser cet intéressant document; pour en démontrer l’importance, il nous suffira de dire qu’il est un compte rendu de l’exposition internationale d’horticulture anglaise de 1866, où l’on trouve à la fqis l’indication des objets exposés, les discus- sions scientifiques qui ont été traitées, ainsi que les divers discours prononcés par des célébrités botaniques ou horticoles, rap- portés dans la langue des auteurs. C’est donc un document qu’on consultera toujours avec fruit. — Les jardiniers, lorsqu’ils mettent des plantes en pots, se servent toujours de vases poreux, non vernis, et rejettent ceux dont les parois sont formées de métal; les faits leur donnent raison. Ainsi l’idée qu’avaient eue certaines personnes de faire des caisses avec des parois en verre, dans le but de permettre l’étude du développement des racines, n’a pas été heureuse; en général celles-ci, qui ne se développent que dans l’obscurité, ne se forment pas ou périssent lorsqu’elles sont exposées à la lumière. — Les travaux de l’Exposition univer- selle, au champ de Mars, se poursuivent avec une activité incroyable, fiévreuse on pourrait dire. L’horticulture étant la seule chose qui doive nous occuper, nous dirons que, malgré les mauvais temps qui sont sur- venus, les travaux sont déjà très-avancés; la partie réservée à l’horticulture surtout présente déjà un grand intérêt; quatorze serres sont déjà montées et plus ou moins avancées ; la partie consacrée à l’arboricul- ture fruitière est presque entièrement plan- tée et déjà on peut apprécier Y infinité, on peut dire, de formes auxquelles on soumet les arbres fruitiers. Nous n’avons pas à nous prononcer sur la valeur ou l’utilité de ces formes ni de la beauté des sujets expo- sés; c’est au public à juger. Les massifs sont presque réglés partout, et çà et là on voit quelques Magnolia grandiflora remar- quables par leur dimension et leur beauté; mais il est impossible aujourd’hui de s’en rendre bien compte, parce qu’on a eu l’heu- reuse idée de les recouvrir d’une toile qui les protège contre la poussière et les intempé- ries. Les deux aquariums, celui d’eau douce et celui d’eau de mer, sontaussien bonne voie; ils attirent tout particulièrement l’attention des nombreux visiteurs, et tout en faisant honneur à ceux qui les ont conçus et fait exécuter, ils suffiraient déjà pour faire leur réputation, si tant d’autres travaux anté- rieurs ne l’avaient bien établie. Quant à la partie dite du Parc , elle est aussi très- avancée; sur beaucoup de points même les travaux sont terminés. Déjà on remarque de nombreux massifs de Rosiers, d’arbres ou d’arbustes variés, c’est-à-dire des collections destinées, de même que celles des Rosiers, aux divers concours établis par le pro- gramme. — La butte du Trocad’ero, qui est en très- grande partie enlevée, va être transformée en jardin; déjà, en certains endroits, on prépare le terrain pour semer du Gazon, de sorte que bientôt cet immense emplacement au haut duquel sera la place dite du Roi de Rome , formera un amphithéâtre de verdure d’où l’on apercevra l’immense panorama, aussi pittoresque que varié, qu’on nomme l’Exposition universelle. — No's lecteurs se rappellent sans doute les intéressantes communications qui nous ont été faites relativement à diverses formes d’étiquettes propres à indiquer le nom des plantes (1). Nous venons d en recevoir une sur le même sujet de M. F. Moreau, de Lyon, nous croyons devoir la faire connaître: Monsieur, Dans h Revue horticole (nM5, deuxième quin- zaine de juillet, p.284) je trouve indiqué un pro- cédé pour les étiquettes de jardin, procédé que j’avais communiqué à M. Cherpin et sur lequel il s’est glissé une erreur grave. Il y est dit : c Elle deviendra très-noire si l’on passe dessus un pinceau mouillé de sulfate de potasse liquide. » Ce n’est pas sulfate mais sulfure de potasse qui aurait dû être écrit, ce qui fait une énorme différence dans le résultat, le sulfure donnant seul un précipité noir. Mais ce procédé, que j’employais il y a une quiu- zaine d’années dans la pratique, a été modi- fié, et je me fais un plaisir de vous commu- niquer celui dont je me sers maintenant et qui donne des résultats plus satisfaisants. Si vous (1) Voir Rev. hortlc., 1866, p. 284. 106 CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE DE MARS). le jugez convenable, vous pourrez le faire pu- blier et les amateurs ou horticulteurs qui vou- dront l’employer pourront le faire en toute sé- curité, sans perte aucune. Voici quel est mon procédé : D’une part, dans un flacon de capacité con- venable, mettez 20 gr. d’esprit-de-vin à 93° et 20 gr. d’eau ordinaire ; faites dissoudre dans le tout 3 gr. d’acide gallique, étiquetez ce flacon n° 1 et bouchez-le bien. Puis, dans un autre flacon, pesez 40 gr. d’eau de pluie, ou mieux d’eau distillée; faites-y dis- soudre 4 gr. de nitrate d’argent et 3 gr. d« gomme arabique copcassée, agitez de temps à autre, et, lorsque la dissolution sera opérée, on la colorera en y ajoutant une petite quantité de carmin d’orséine (50 centigr. environ), ou, à défaut, avec de l’encre de Chine; mais cette dernière se précipite et ne reste pas en suspen- sion ; on étiquettera ce flacon n° 2 : c’est l’en- cre destinée à écrire. Ensuite voici comment on opérera : On prendra le flacon n° 1, et avec un petit pinceau ou même avec la barbe d’une plume, on en passera une couche sur les étiquettes à écrire; lorsqu’elles seront sèches, ce qui a lien au bout d’un quart d’heure environ, on écrira avec l’encre (flacon n° 2), qui apparaîtra noire instantanément. Lorsque l’encre sera sèche, on immergera les étiquettes dans l’eau salée (10 gr. de sel dans 250 gr. d’eau) d’où on les retirera au bout de cinq minutes, en ayant soin de les sécher avec un linge l’une après l’autre. Cette immersion a pour but de saturer le nitrate d’ar- gent resté libre, de le convertir en chlorure in- soluble, qui sans cela se liquéfie par l’effet de la gomme, et rend l’écriture illisible. Je la fixe aux plantes à l’aide d’un fil de cuivre recuit qui, selon moi, est préférable à l’emploi du fil de plomb. Cet étiquetage est élégant et par-dessus tout très-lisible, ce que n’a aucun autre mode , il est solide : j’ai des étiquettes qui existent depuis des années dont quelques-unes, tombées en terre, y sont restées fort longtemps sans que les caractères fussent détruits. Il n’y a qu’un reproche à leur faire, c’est leur prix élevé : elles coûtent, en fabrique, 22 fr. le mille, tou- tes percées, et le détail doit pouvoir les donner à 30 fr., soit 3 fr. le cent. F. Moreau. Nous devons ajouter toutefois, en faveur de ces étiquettes, qu elles sont en ivoire, assez épaisses, longu-es de 6 cent, et larges de 17 millim. et qu’elles sont percées à chaque bout d’un trou par lequel on peut passer un fil de fer ou de laiton pour les suspendre. E. A. Carrière. FRUCTIFICATION AU BOIS DE BOULOGNE DU MACLURA AURANTIAGA Bien que \e Maclura aurantiaca soit assez connu pour nous dispenser d’en exposer les caractères, nous devons pourtant dire qu’il n’est pas apprécié à sa véritable valeur, car, indépendamment de sa rusticité etde lafaci- lité qu’il y a à l’obtenir dans presque tous les terrains, il possède de nombreuses et très-grandes feuilles luisantes d’un vert très-foncé qui ne sont jamais attaquées par les insectes et qui en font un très-bel arbre d’ornement propre, dans bien des cas, à être employé sur nos promenades publiques. Planté isolément il produit un très-bel effet. Plusieurs individus de cette espèce qui avaient été plantés au^bois de Boulogne, en 1858, ont fructifié l’année dernière. Peut- être faut-il attribuer cette précoce fructifi- cation au milieu dans lequel ils étaient UNE NOUVELLE PLANTE A L’épithète de nouvelle que nous em- ployons est fausse si on l’applique à la dé- couverte c’est-à-dire à l’origine de la plante qui, au contraire, est très-vieille; elle est exacte, si on l’applique à l’usage ornemen- tal qu’on peut en faire. En effet, le Pistacia lentiscus , dont nous allons parler, est une très-vieille plante, qui jusqu’à présent a été considérée comme étant d’orangerie, et nous ne sachions pas placés ; ils se trouvaient au milieu d’arbus- tes qui les abritaient complètement des vents d’ouest et sud-ouest. Le Madura aurantiaca , appelé vulgaire- ment Oranger des osages à cause de ses fruits qui par la forme et la grosseur res- semblent assez à des Oranges, est dioïque et jusqu’à ce jour il est rare qu’on rencontre des individus mâles dans les cultures, aussi les graines qu’on y recueille sont-elles tou- jours stériles. Nous devons dire aussi qu’il est rare que ces fruits atteignent leur complète maturité. Le sol dans lequel sont plantés au* bois de Boulogne les Maclura qui ont fructifié, est argilo-siliceux , frais, profond, assez pauvre en principes organiques. Laforcade, Jardinier principal de la ville de Paris (bois de Boulogne, Pépinières, etc.). FEUILLES PERSISTANTES que sous le climat de Paris personne ait ja- mais eu l’idée de la cultiver en pleine terre, à l’air libre. C’est à tort , car cette espèce est rustique, plus rustique même que d’au- tres qui sont considérées comme étant de pleine terre. Depuis plusieurs années, nous cultivons en pleine terre, sans aucun abri, le Pistacia lentiscus et nous ne l’avons jamais vu souf- frir. Si cette espèce n’est pas des plus jo- UNE NOUVELLE PLANTE A FEUILLES PERSISTANTES. 107 lies, elle a du moins un cachet méditerra- néen tout particulier qu’on ne trouve chez aucune de celles que l’on cultive habituel- lement en pleine terre sous le climat de Paris. Voici, du reste, l’indication som- v maire des caractères qu’elle présente : Arbrisseau très-rameux, buissonneux, à rameaux très-nombreux, diffus et tourmen- tés, couverts d’une écorce rougeâtre sou- vent rugueuse par des lenticelles grises. Feuilles persistantes, très-rapprochées, al- ternes, composées, imparipennées ; folioles petites, elliptiques, obtuses, épaisses, al- ternes sur un rachis ailé, d’un vert foncé, parcourues en dessous par une nervure saillante. Le Pistacia lenliscus n’est pas délicat ; il s’accommode très-bien d’une terre ordinaire chaude et légère. Sa multiplication se fait à l’aide de graines qu’on obtient facilement dans le midi de l’Europe. On les sème en pots ou en terrines. Les'plants se repiquent en pots qu’on place pendant quelque temps sous des châssis pour en assurer et faciliter la reprise. Là où l’hiver est très-froid on se trouvera bien de rentrer les jeunes plantes soit sous des châssis, soit dans une oran- gerie. A défaut de graines on le multiplie par couchages qu’on doit inciser. La reprise est assez difficile, et, en général, il faut les laisser deux ans sans les relever. Briot, Chef des pépinières impériales de Trianon. SUR LA CAMPANULE CARILLON A FLEURS ROSES Pour répondre à la note de M. Duvivier, concernant la Campanule Carillon rose, je n’ai qu’un mot à dire. Quand j’ai fait mon travail sur l’origine de cette variété, et lorsque j’ai écrit le mot ailleurs, incriminé, je n’avais nullement eu l’intention de faire une personnalité, pas plus que de diminuer le mérite de la pré- sentation faite à la Société d’horticulture par cet honorable commerçant. Je sais gré à M. Duvivier de son intéres- sante communication, et je le prie d’être assuré que si, au moment d’écrire mon ar- ticle, j’avais connu les faits qu’il signale, je n’aurais pas manqué d’en parler et de lui rendre justice. Bien que je le croie sur pa- role, il me permettra toutefois, je l’espère, d’ajouter foi à ce que dit le jardinier La- chambre, qui prétend avoir obtenu ladite variété dans un semis, fait chez lui, des va- riétés anciennes. Ce n’est pas la première fois, du reste, qu’une même variété se produit en même temps sur plusieurs points à la fois, qu’une même idée naît dans le cerveau de plusieurs personnes habitant des contrées éloignées et ne se connaissant aucunement. Les exemples ne manqueraient pas pour appuyer ce que j’avance; mais je suis obligé de limiter cette réponse déjà trop longue. Charton. LES PROFESSEURS D’HORTICULTURE Depuis quelques années, le goût de l’hor- ticulture tend de plus en plus à se répandre chez nous ; on cherche à connaître les pra- tiques et l’on veut pénétrer les secrets de cette science. Or, pour répondre aux exi- gences d’un besoin si généralement et si vi- vement senti, le nombre des professeurs d’horticulture a été considérablement aug- menté. Certes, il ne faut pas s’en plaindre; mais pourquoi ces professeurs se bornent- ils la plupart du temps à enseigner l’arbo- riculture fruitière? Dédaignerait-on la cul- ture maraîchère, la branche la plus impor- tante, la plus utile de l’horticulture? Cela ne peut être. Serait elle déjà trop connue? Assurément non. Car si l’on trouve autour des grandes villes, comme Paris, Lyon, etc., et dans quelques localités privilégiées sous le rapport du climat, du sol, des maraîchers habiles ou plutôt des spécialistes en culture maraîchère, il n’en est pas de même ail- leurs où l’on ne rencontre le plus souvent que des cultivateurs ignorants à la tête de pau- vres cultures dans lesquelles les bonnes va- riétés ne figurent que par exception. Et dans les communes rurales, où chaque maison devrait avoir son petit jardin bien tenu, bien pourvu des bons légumes pour chaque saison, trouve-t-on toujours ce jardin ainsi tenu ? Non encore, malheureusement. Trop souvent même ce jardin, qui rendrait dans le ménage des services si fréquents, si utiles et toujours peu coûteux, n’existe pas. Est-ce que l’horticulture florale et d’or- nement, dont l’utilité est si incontestable, et qui a le mérite immense de pouvoir pro curer à tous, selon leurs ressources, d’in- nocentes et utiles jouissances, ne mérite pas aussi que les professeurs d’horticulture s’oc- cupent d’elle? Si donc l’intérêt du grand nombre de- mande que l’enseignement horticole au lieu de se restreindre à l’arboriculture fruitière, s’étende aussi aux autres branches de l’hor- ticulture, pourquoi n’en est-il pas ainsi? A cela, des personnes répondent que la cul- ture, la taille des arbres fruitiers, demandent des connaissances théoriques et pratiques étendues, plus étendues qu’il n’est absolu- ment nécessaire d’en avoir en culture ma- 108 LES PROFESSEURS D’HORTICULTURE. raîchère et en horticulture florale, et que c’est en cela qu’on se serait occupé d’abord delà première avant de passer aux secondes. L’opinion que je viens de rapporter aurait sa valeur si elle était vraie, mais sur quoi est-elle assise? Je le cherche en vain. Le bon horticulteur, j’entends le bon pra- ticien, qu’il soit arboriculteur, maraîcher ou floriculleur, est, si je ne me trompe, ce- lui qui, guidé par l’enseignement qu’a puisé et que puise dans la nature l’homme intel- ligent et attentif, enseignement qui s’enri- chit tous les jours, le suit dans la pratique, aidant la végétation, la développant, la di- rigeant selon ses désirs. Ce praticien est familiarisé avec les lois auxquelles le Créateur a soumis le règne végétal. Il sait qu’il ne pourrait impunément s’en écarter. C’est là sa science. La connaissance de ces lois est aussi fa- cile à acquérir à l’homme observateur, qu’il cultive des Poiriers, des Choux ou des Ro- siers. Mais je dirai à ceux qui veulent que plus de savoir soit comparativement néces- saire à celui qui cultive les arbres fruitiers, que le grand nombre de végétaux indigènes et exotiques cultivés dans les jardins maraî- chers et floraux semblent demander chez le cultivateur un savoir encore plus étendu, plus varié. En effet, quoiqu’il faille, je l’avoue, une savante pratique pour créer, voire même en peu d’années, ces beaux Pêchers en espa- liers, où l’on admire la proportion entre toutes les parties de l’arbre, il faut bien aussi et au moins autant de ce savoir pratique, pour produire à jour fixe et quelle que soit la rigueur des saisons, de savoureuses pri- meurs et donner dans les cultures d’orne- ment, à des végétaux exotiques, un sol, un climat où ils se développent souvent comme dans leur pays. Qu’il me soit donc permis de dire que la culture maraîchère et la culture florale de- mandent chez le praticien un bagage de con- naissances et de savoir pratique aussi éten- du, aussi varié pour ne pas dire plus que celui nécessaire à l’arboriculteur. Mais si l’on ne trouve pas de raison d’être à ce qui se fait, peut-être trouverait-on les causes qui ont amené cet état de choses. Beaucoup de professorats horticoles sont nés dans les sociétés d’horticulture. Je n’en veux faire reproche ni aux professeurs ni aux sociétés. Au contraire : ces derniè- res, en créant et patronnant l’enseignement horticole , poursuivent particulièrement bien la mission qu’elles se sont imposée de répandre le goût et les connaissances de l’horticulture. Mais comme dans beaucoup de sociétés horticoles, je pourrais dire dans la plupart, l’arboriculture fruitière, en vertu de certaines circonstances, prime sur la culture florale, et surtout sur la culture maraîchère, il en résulte que l’esprit, l’ha- bitude qui règne, dans ces sociétés, est. passé dans l’enseignement dit horticole des professeurs. La plupart sont des professeurs d’arboriculture fruitière. J’ai hâte de le dire, si je constate une erreur du jour, si j’essaye d’en rechercher les causes, ce n’est, qu’on le croie bien, ni par prétentieuse vanité, ni avec l’intention de me poser en réformateur. Je n’ai d’autre ambition que d’attirer l’attention sur ce point. Quelques mots encore sur les deux causes qui me paraissent contribuer à la transfor- mation de l’enseignement horticole en arbo- riculture fruitière seulement. Ces deux causes sont la priorité donnée à l’arboriculture fruitière dans beaucoup de sociétés d’horticulture, et l’absence, ou, si l’on veut, la pénurie de livres et surtout de bons livres en culture florale et particuliè- rement maraîchère.' Cependant, comme avant tout, je tiens à être juste, je m’em- presse d’avouer que les maraîchers y con- tribuent pour beaucoup ; car ils restent presque toujours en dehors des sociétés, des expositions, et alors on oublie les cul- tures lorsqu’on ne voit pas les cultivateurs. Les maraîchers ne viennent pas aux so- ciétés horticoles, c’est regrettable; mais la culture qu’ils pratiquent n’en est pas moins une des très-utiles en horticulture, donc il faut s’en occuper selon son importance. C’est une grande erreur de croire que la culture maraîchère demande peu de savoir, et déjuger ceux qui la pratiquent sur leurs apparences. Sans doute ces hommes, sous le poids des travaux les plus péni- bles, sont, par moment, peu communica- tifs, peu sociables, si l’on veut; l’esprit, l’intelligence sont ou paraissent endormis. Mais que l’on voie à l’œuvre un maraîcher autour des grandes villes, que l’on entame avec lui une conversation amicale et dé- pouillée de mots scientifiques, et vite on reconnaîtra que sa pratique est raisonnée, que s’il ne sait brillamment, exposer une théorie, souvent aventurée, ou ce qui vau- drait mieux les exigences d’une loi de la physiologie végétale, il connaît ces exigen- ces et compte toujours avec elles. Des sociétés d’horticulture ne sauraient cependant toujours oublier et leur nom et leur but, qui consiste à faire progresser et protéger toutes les branches de la culture des jardins. Espérons que si elles ont pu donner comparativement trop de place dans leur sein à l’arboriculture fruitière, elles feront dans un avenir peu éloigné disparaître ce tort. C’est un devoir pour elles, nous espérons qu’elles n’y faillirent pas. NaRDY aîné, Horticulteur, à Monplaisir, près Lyon, professeur d’horticulture à l’Beole normale du Rhône. UNE VIEILLE PLANTE ET UN LÉGUME NOUVEAU La plupart des lecteurs de la Revue con- naissent sans doute les Marty nia, cultivés pour leurs grandes et belles fleurs dispo- sées en grappes, et ayant dans leur forme quelque analogie avec celles des Bignonia , des Gloxinia , etc., qui sont jaunes dans le Martynia lulea , rose clair dans le Martynia proboscidea vel annua , rouge pourpre dans le Martynia fragrans vel formosa. A ces fleurs succèdent des fruits assez volumi- neux et excessivement curieux. Ils sont ovoïdes et atténués en un long bec crochu et aigu, ordinairement plus long que le corps du fruit. Ces fruits sont d’abord en- veloppés d’une sorte de brou vert, qui se détache à la maturité et laisse à nu une co- que noirâtre, rustiquée et alvéolée chez certaines espèces, hérissée de fibres noirâ- tres chez d’autres ; le côté opposé à la par- tie dorsale de la coque présente une double série de fibres très-dures, entrecroisées d’une façon singulière, et affectant la forme d’une crête qui arrive jusqu’au sommet de la coque et à la base du bec crochu qui ter- mine le fruit, lequel est formé de deux for- tes pièces arquées et recourbées au sommet en bec très-aigu. Lorsque le fruit est sec, toutes ses parties ont la consistance et la couleur de la baleine; les deux pièces com- posant le bec s’écartent et simulent comme deux grandes griffes; entre leur base, la coque s’entr’ouvre et laisse voir deux ran- gées de nombreuses graines assez grosses, irrégulières et plus ou moins comprimées sur toutes leurs faces. C’est la singulière conformation de ces fruits qui leur a fait donner les noms de Cornaret, Cornes et Ongles du diable , Bi- cornes, Trompe d'éléphant , etc. Jusqu’à présent ces plantes n’avaient guère été cultivées en Europe que pour leurs fleurs et la curiosité de leurs fruits; mais, dans certaines parties de l’Amérique, elles sont cultivées comme plantes pota- gères. Les fruits, cueillis très-jeunes et alors qu’ils n’ont que quelques jours, sont confits dans le vinaigre et mangés à la façon de nos petits Cornichons verts. Dans cet état, ces fruits sont fermes, croquants et d’excellente qualité. Voici donc un nouveau légume à ajouter à tous ceux que nous possédons. En le si- gnalant aux lecteurs de la Revue , nous n’avons nullement l’intention de dire qu’il détrônera les bonnes espèces anciennement cultivées dans le potager pour des usages analogues, mais nous pensons qu’il intéres- sera quelques personnes de savoir que les Martynia réunissent l’utile à l’agréable (1). Les Martynia devront être semés et cul- tivés de la même façon que s’il s’agissait de Courges, Melons ou Concombres. Ils aiment la chaleur, l’engrais et l’eau, pourvu que celle-ci ait été échauffée par les rayons du soleil. En cueillant les fruits au fur et à mesure qu’ils seront formés, le nombre de ceux qui noueront sera plus considérable et on en obtiendra ainsi une succession jus- qu’aux gelées. Clémencexu. A PROPOS DE L’IRIS SPECTARILÏS En examinant et en comparant les Iris Xiphium et spectabilis , il n’est assurément personne qui oserait soutenir que ces deux plantes sont une même chose; on rirait pro- bablement de celui qui le soutiendrait. Au- rait-on raison? Oui et non. Oui, si ‘l’on prétendait que les couleurs, les dimensions et la vigueur sont semblables ; non, si l’on soutenait que l’une n’est qu’une forme acci- dentelle de l’autre, et qu’en plantant l’une on peut obtenir l’autre. Quelque étrange que le fait paraisse, il est vrai, bien des fois nous en avons été témoin. Il y a plus de vingt ans, lorsque nous avons commencé à cultiver Y Iris spectabi- lis, frappé de sa beauté et de l’aspect par- ticulier qu’elle présente, nous essayâmes de le multiplier en grand, au point de vue de l’ornement,; ce fut en vain. Nous avions beau, chaque année, ramasser avec soin les caïeux, les planter et suivre leur développement avec des précautions mi- nutieuses, nous n’obtenions jamais qu’un très-petit nombre d'iris spectabilis , tan- dis que nous obtenions chaque année, en quantité plus ou moins grande , des Iris Xiphium. A quoi cela tenait-il? A ce simple fait que l’iris spectabilis , Spach., est un accident de Y Iris Xiphium , auquel elle tend à revenir. Et pourtant aucun botaniste n’a jamais mis en doute que Ylris spectabilis ne fût une bonne espèce. Nous ne prétendons pas dire que M. Spach a eu tort d’agir ainsi qu’il l’a fait; il n’est même pas douteux que tout autre à sa place eût fait de même. Des cho- ses aussi dissemblables ne pouvaient pas être décrites sous un même nom, car ici il n’y a pas moyen de confondre. Le seul in- convénient qui peut en résulter, c’est que (1) MM. Vilmorin-Andrieux et Ce vendent par kilos;, les graines de Martynia aux Américains, qui tirent parti des fruits, ainsi qu’il vient d’être dit; ils donnent la préférence à la variété proboscidea , uniquement parce que la graine coûte moins cher, bien que la variété à fleurs jaunes soit préférable en ce qu’elle est plus rustique, plus vigoureuse et plus productive. Rédaction. 110 A PROPOS DE L’IRIS SPECTABIL1S. là où l’on aura planté des Iris speclabilis on recueillera de Y Iris Xiphium Mais comme les noms sont faits pour les choses, il suffira de les bien appliquer, c’est-à-dire de donner aux plantes, quand les fleurs seront d’un brun métallique, la qua- lification de spectabilis, et au contraire celle de Xiphium, , quand les plantes, un peu plus petites et plus hâtives, donneront des fleurs bleues plus ou moins lavées de jaune. L’essentiel est donc de s’entendre, et pour cela il suffit d’appliquer des noms différents aux choses dissemblables ; cepen- dant, il faut observer que les noms doivent se modifier à mesure que les choses se sont elles-mêmes modifiée^. Ce fait, s'il était bien compris et appliqué aux différents êtres, aurait , au point de vue scientifique et pratique, des résultats très-avantageux. Truffaut, Horticulteur, .à Versailles. RUSTICITÉ DE QUELQUES CONIFÈRES Jusqu’à présent les Arthrotaxis , à cause de leur origine australienne, étaient consi- dérés comme exigeant la serre tempérée sous le climat de Paris; on peut aujourd’hui dire qu’il en est autrement et que, dans beaucoup de localités, on pourra les cultiver en pleine terre. Toutes les espèces connues de ce genre ont passé l’hiver dernier en pleine terre à Paris et aux environs, sans souffrir en quoi que ce soit, et une espèce entre autres, très-jolie, Y Arthrotaxis Gun- neana , pour laquelle nous avions des crain- tes, a tellement bien résisté dans le nouvel établissement d’horticulture que MM. Thi- baut et Keteleer viennent de fonder à Sceaux, près Paris, que c’est à peine si sa végéta- tion s’est arrêtée; malgré cela, ses parlies tout à fait herbacées' n’ont nullement souf- fert. On peut donc considérer les Arthro- taxis comme à peu près acquis à la pleine terre. Ce n’est pas un petit avantage, car, au point de vue de l’ornementation, peu de plantes sont plus jolies et surtout plus sin- gulières. On peut aussi espérer de les voir fructifier dans quelques années, et alors il sera permis d’étudier d’une manière plus complète les caractères de ce genre qui, sous certains rapports, ne sont pas suffisam- ment connus. Les Thuiopsis dolabrata et lœtevirens n’ont nullement souffert non plus. Les ama- teurs de Conifères ont réellement lieu de s’en réjouir, car il n’est rien de plus joli; et ceux qui ne les connaissent pas pourront s’en faire une idée assez exacte, en se rappelant les Selaginelles (vulgairement Lycçpodes) en arbre qu’on rencontre dans les serres, où quelques-unes font un si bel effet, soit qu’on les place près des bassins ou dans des rocailles, soit qu’on en fasse des bor- dures ou même des Gazons. Le Sciadopitys verticillata n’a pas souf- fert non plus; mais, malheureusement, jus- qu’à ce jour du moins, ces plantes boudent , comme on dit, et au lieu de s’élancer elles restent buissonneuses. IY Abies bracteata n’est pas, ainsi qu’on l’avait cru d’abord, sensible au froid de l’hiver auquel même il paraît indifférent; ce qu’il redoute, ce sont les gelées tardives qui détruisent parfois ses jeunes pousses, ainsi que cela a souvent lieu du reste pour les Abies Cililica , Pindrow , Webbiana , etc., et même pour Y Abies pectinata , vulgaire- ment appelé Sapin de Normandie. Toutefois, l’inconvénient que nous venons de signaler n’est pas de nature à empêcher la culture de Y Abies bracteata , car aucune espèce n’est plus belle ni plus singulière, et les individus qu’on voit généralement n’en peuvent même pas donner une idée. Un des plus beaux individus que nous connaissions est planté dans le nouvel établissement de MM. Thibaut et Keteleer, au Plessis-Piquet, près Fontenay-aux-Roses. Cette plante, d’une vigueur peu commune, mérite qu’on fasse le voyage pour la voir; c’est seulement alors qu’on pourra la juger, Le Retimspora leptoclada , Sieb., non pas la plante qui est presque toujours vendue sous ce nom et qui, nous l’avons déjà dit (1), n’est qu’une variété du Chamœcyparis sphœroidea , Spach, est aussi très-rustique. Seulement pendant l’hiver il prend une cou- leur roux brun comme cela a lieu aussi chez beaucoup d’autres espèces de Conifères et en particulier chez les espèces du genre Chamœcyparis et même du g;enre Biota , avec lequel du reste ils ont beaucoup d’ana- logie. Les Retinospora squarrosa , juniperoides et dubia n’ont pas souffert non plus; seule- ment ils ont aussi pris une teinte brune très-prononcée. Le Cryptomeria elegans , Lindl., paraît être d’une rusticité à toute épreuve; il n’a nullement souffert, mais il a l’inconvénient de brunirfortement etde devenir presquenoir en hiver. Toutefois, cette teinte a bien son charme et rien n’est plus curieux que cet aspect qui rappelle celui qui est particulier à beaucoup de végétaux de l’Australie. Le C. elegans est vigoureux et au lieu de se dégarnir comme le fait le C. Japonica , il reste touffu ; la forme et l’aspect de ses feuil- les lui donnent une certaine ressemblance avec YEutacla Cunninghami. Qüant aux Chamœcyparis pisifera et obtusa et à toutes leurs variétés ils sont d’une entière rusticité. E. A. Carrière. Voir (1) Rev. hort. 1866, p. 422. ■ ,/ . - ' F. Yerna, Pim Cosmos (.lnysanthemifolia Pans ,lmp . Zanote r. des Boulangers, L ? : I I H. Gobin Pim G M ne vi i p honte oU; lmp. Zanote r. des Bovlan£eis,13,Pans '■[ j iinosa Floribunda RHUS OSBECKII Arbrisseau rameux. Branches très-étalées, réfléchies puis relevées (assurgentes) , à écorce glabre , marquée de lenticelles étroites, généralement allongées, un peu rougeâtre, celle des bourgeons rubigino- tomenteuse. Feuilles composées, impari- pennées, atteignant parfois 60 cent, et plus de longueur, à rachis largement ailé (quel- quefois large de 2 cent.), roux ferrugineux, très-courtement duveteux. Folioles (7 à 11 paires ou plus) sessiles, opposées, large- ment ovales-elliptiques, la supérieure en- core plus grande, élargie à sa base et se c o nfondant avec le rachis dont elle est la continuation, largement den- tées, à dents peu profondes, acuminées au sommet en une pointe ob- tuse, sensible- ment nervées, un peu cha- toyantes, ver- tes en dessus, blanchâtres en dessous par un t ornent um abondant, à ner- vures saillan- tes. Le Rhus Osbeckn (fig. 14) est très-vi- goureux et très-ornemen- tal. Originaire de la Chine, et très-probable- ment des par- ties au moins tempérées, il gèle parfois à Paris où, i par conséquent, il est bon de mettre un peu I de feuilles sur le pied durant l’hiver. C’est un des beaux arbrisseaux d’ornement qui, malheureusement, comme la plupart des Rhus de la section Tiphina , à laquelle il ap- partient, a l’inconvénient de tracer beau- coup ce qui en rend la multiplicalion très- facile. Pour opérer celle-ci on coupe les ra- cines par tronçons de 8 à 10 cent, et on les pique en terre en en recouvrant à peine le sommet. Cette espèce est-elle synonyme du Rhus semialoia, Murray, ainsi qu’on l’assure? Si le fait est — ce que nous ne nions pas, — nous devons toutefois faire remarquer qu’il est très- différent de la plante que .de- puis très-long- temps nous avons vu culti- ver sous le nom de Rhussemia- lata. Ce qui pourrait ici avoir détermi- né la confusion c’est la qualifi- cation alala qui peut s’appli - queràun grand nombre de plantes, notam- ment aux Rhus dont les pétio- les sont plus ou moins ailés. Mais , nous le répétons , au- cune (à notre connaissance , , du moins) ne les a aussi lar- r gement ailés que l’espèce qui fait le sujet de I cette note. e A. Carrière. MIMOSA FLORIBUNDA Arbrisseau ligneux, très-rameux, à ra- meaux épineux , couverts d’une écorce rousse , pulvérulente par des poils fer- rugineux ; épines très- courbées, pointues. Feuilles composées, distantes, à folioles souvent bijuguées, courtement pétiolées, falquées, d’un vert gris cendré en des- sus, glaucescentes en dessous. Fleurs ex- cessivement nombreuses , réunies en tête sur un pédoncule d’environ 1 centimètre de longueur, disposées en sortes d’épis ou plutôt de grappes assez longues, d’un très- beau rose violacé. Le Mimosa floribunda , Willd., est origi- naire de Cumana (Brésil); la quantité con- sidérable de fleurs qu’il donne chaque année lui a valu la qualification qu’il porte. Il est vigoureux, résiste bien à la taille et aux pincements, propriétés qui, jointes à sa floribondilé , pourraient en faire une plante commerciale d’ornement. Sa culture n’est pas difficile ; la terre de bruyère d’abord, à laquelle on ajoute beau- coup de terre franche lorsque les plantes sont fortes, est ce qu’il y a de mieux. Quant à la multiplication, à défaut de graines qu’on 112 MIMOSA FLORIBUNDA. ne récolte que très-rarement du reste, on la fait par boutures de bourgeons semi-ligneux, qui, préparés et placés sous cloche dans une serre chaude, s’enracinent assez bien. Le Mimosa floribunda réclame l’abri de la serre tempérée pour l’hiver. Houllet, Chef des serres au Muséum d’histoire naturelle de Paris. COSMOS CHRYS ANTHEMIFOLÏÀ ? Il est toujours prudent, lorsqu’on parle d’une chose dont on, n’est pas bien certain, et surlout lorsqu’on la décrit, de ne rien affirmer, de se tenir sur la réserve. Per- sonne n’v perd, au contraire. C’est une qua- lité de savoir douter; bien des gens qui, par suite d’un faux amour-propre, ont agi diffé- remment, ont souvent eu à s’en repentir. Nous avons donc cru devoir mettre un point de doute après- le qualificatif Chrysanthe- mifolia, et voici pourquoi : Le Cosmos Chrysanlhemifolia De. (1), Cos- mea Chrysanlhemifolia, Spreng. Cosmus Chrysanthemifolius , Humb et Bon pl., est in- diqué comme étant vivace et originaire de la Nouvelle-Espagne, tandis que la plante cul- tivée au Muséum, sur laquelle notre dessin a été fait, et qui a été envoyée du Mexique, semble être annuelle. Il nous a donc paru prudent de ne pas trancher la question. Quoi qu’il en soit, voici les caractères qu’elle présente : Plante atteignant un mètre et plus de hauteur, très -ramifiée. Feuilles subcompo- sées ou plutôt pennatiséquées, longuement et fortement pétiolées, à pennules distantes, peu nombreuses, écartées presque à angle droit, étroitement ovales, allongées, acumi- nées, la supérieure plus large et beaucoup plus longue, toutes fortement dentées. Fleurs nombreuses, composées-radiées, solitaires au sommet d’un long pédoncule grêle, d’un très-beau jaune, portant à l’extérieur un rang de pétales liguliforines, longuement et largement ovales; l’intérieur se composant de nombreux fleurons tubulés, petits. Cette espèce, qui est très-floribonde et dont la floraison se prolonge pendant très- longtemps, est aussi très-propre à orner les jardins à l’automne; sa facilité à se ramifier fait qu’on peut en pincer les tiges lorsqu’elles sont jeunes et obtenir des plantes plus tra- pues et moins élevées. Cultivée en pot qu’on rentre à l’approche des gelées, elle peut or- ner les serres pendant une grande partie de l’hiver. On sème les graines au printemps comme celles des plantes annuelles auxquelles on peut l’assimiler, quant à la culture. Peut- être aussi y aurait-il avantage à semer à l’automne, par exemple au commence- ment de septembre, et, pendant l’hiver, à abriter les plantes sous des châssis à froid ainsi qu’on le fait pour certaines plantes annuelles, les Schizanthus, par exemple. E. A. Carrière. BIBLIOGRAPHIE Description et classification des Pêchers et des Brugnonniers, par M. E. A. Carrière (2). Le livre sur lequel je me propose d’appe- ler l’attention des lecteurs de la Revue hor- ticole n’est pas pour eux tout à fait nou- veau; ils se rappelleront certainement les remarquables articles que M. Carrière a publiés comme premiers résultats des étu- des qu’il a entreprises et suivies depuis longtemps sur l’origine probable des Pêchers et des Brugnonniers, aussi ne pourront-ils qu’applaudir, ainsi que tous les adeptes du jardinage, à l’apparition d’un livre scientifi- que et surtout pratique. Ce livre se divise en trois parties. Dans la première, après avoir rappelé les conditions générales de la variabilité, et constaté la va- leur de ses résullats, spécialement dans quelques espèces cultivées prises pour types, (1) Coll. H. Galeotti, 1840. N° 2.169. Recueilli au Pic d’Orizaba entre 8,000 et 10,000 m. ( inherb . Mus. Paris). (2) Un vol. grand in-8 de 109 pages, à 2 colonnes. Paris, chez l’auteur, rue de Buffon, 53, et dans les principales librairies. Prix, 3 fr. l’auteur entre dans le vif de son sujet, et applique les idées qui en découlent aux va- riétés du groupe Pêcher; il étudie com- ment, par le fait de la culture, ont pu se produire un grand nombre de variétés, et dans quel ordre évolutif elles ont dû appa- raître. C’est ici que l’auteur passe en revue les caractères qu’on devra invoquer pour éta- blir la filiation des Pêchers et des Brugnon- niers. Ce sont l’absence ou la présence des glandes foliaires et les formes qu’elles af- fectent: réni formes, globuleuses ou mixtes ; puis la forme, la dimension et la couleur des fleurs; l’aspect des fruits qui peuvent être velus ou lisses ; la couleur et la nature de la chair; enfin l’adhérence ou la non adhérence du noyau. Rappelons, à cette occasion, que c’est à M. Carrière à qui on doit le terme de fleurs campanulacêes appliqué aux fleurs de Pê- chers à pétales étroits, longuement onguicu- lés, plus ou moins creusés en gouttière, de manière à rappeler l’aspect d’une petite clo- che, par opposition aux fleurs rosacées dont BIBLIOGRAPHIE. 113 les pétales sont étalés comme dans une Po- tentille. Cette première partie se termine par la recherche cl’un type primitif que M. Car- rière retrouve dans un Pêcher, qui serait caractérisé par des feuilles munies de glan- des réniformes; des fleurs campanulacées, roses ; des fruits velus, à chair adhérente, blanche et légèrement rosée autour du noyau. Il établit et démontre que, à son avis du moins, le Pêcher n’est qu’une forme de l’Amandier. Une planche double, représen- tant un arbre généalogique inventé par l’au- teur pour indiquer la marche évolutive qu’a suivie le groupe Pêcher, sert en même temps à opérer la classification des variétés que renferme ce groupe. Des descriptions mé- thodiques et claires démontrent la marche qu’il faut suivre, de sorte que tout chacun peut facilement classer toutes les variétés connues et à connaître, soit de Pêchers, soit de Brugnonniers. En outre de l’intérêt que présente l’étude évolutive du groupe Pêcher, V arbre généa- logique imaginé par M. Carrière a donc en- core l’avantage essentiellement pratique de former un tableau dichotomique complet, à l’aide duquel une vari-té quelconque étant connue dans ses caractères, et sans qu’il soit besoin qu’elle ait été décrite précé- demment, il sera toujours facile de la rap- procher des variétés qui auront avec elle le plus d’affinité, de manière à pouvoir les comparer et de la mettre ainsi à sa place hiérarchique. Nous n’avons pas besoin d’insister auprès de nos lecteurs sur la réalité du progrès réalisé par ce mode de groupement, à la fois scientifique et pratique. Si la clarté est la moitié de la science, M. Carrière a bien mérité de tous ceux qui s’occupent des questions pomologiques par la lumière qu'il a jetée dans l’étude du groupe qui nous occupe, en introduisant un procédé d exposition qu’il serait utile de voir se généraliser pour nos autres espèces fruilières. Cette seconde partie se termine par le ré- cit des résultats obtenus du semis de di- verses espèces spontanées d’Amandiers, et les conclusions qui en ressortent c’est que Tige droite, épaisse, garnie à la partie supérieure d’un duvet court, ferrugineux, tombant. Feuilles les plus jeunes couvertes de petits poils cotonneux, ferrugineux ; les adultes oblongues, lancéolées, ondulées, longues de 50 à 60 centimètres sur 8 à 10 cent, de large, rétrécies dans le bas, gla- bres et d’un beau vert maculé de taches les types considérés comme espèces dans le genre Amandier, non-seulement par le se- mis se confondent entre eux mais encore se rapprochent de l’Amandier ordinaire ; à son tour ce dernier se lie intimement au Pêcher par l’Amandier-Pêche, de telle sorte que YAinygdalus Orientalis est regardé par M. Carrière comme le type le plus primitif du Pêcher. A l’appui de cette thèse viennent s’ajouter quelques faits intéressants sur des semis de Pruniers et de Groseilliers. La troisième partie, que M. Carrière inti- tule modestement : Énumération et descrip- tion de quelques variétés de Pêchers et de Brugnonniers, ne comprend pas moins de 105 variétés qui se répartissent de la ma- nière suivante : Pêchers-Perséquiers 18 Pêchers-Albergiers 67 Brugnonniers-Perséquiers ... 4 Brugnonniers-Albergiers . . .16 Ajoutons que chacune des variétés dé- crites d’une manière claire et à la fois pra- tique vient se grouper à l’une des ramifica- tions de l’arbre généalogique. Il en résulte que le livre de M. Carrière, au point de vue pratique, peut rendre deux modes de ser- vices entièrement différents. Ainsi, étant donnée une variété dont le nom est connu, on trouvera une description parfaitement faite et aussi complète qu’on peut le désirer de celte variété, de manière à pouvoir s’as- surer s’il n’y a pas eu accidentellement une erreur de détermination. Si, au contraire, on a affaire à une variété inconnue ou mal nommée, ne répondant pas à la description, à l’aide de l’arbre généalogique on remon- tera très-facilement au groupe auquel elle se rapportera, et là il sera très-facile, par comparaison, d’arriver à voir si c’est une variété déjà connue et alors quelle elle est, ou si c’est une variété nouvelle et non dé- crite. Nous croyons que l’on ne devra plus s’occuper, nous ne dirons pas non-seule- ment du Pêcher, mais encore d’une question de classification pomologique, sans connaî- tre le livre de M. Carrière et sans en tenir compte. B. Verlot, Chef de l’Ecole de botanique au 1 Muséum d’histoire naturelle. 1 HOOKERII d’un rouge sanguin, à nervure médiane or- dinairement rouge, épaisse, se prolongeant en une longue vrille, qui atteint 25 à 30 cen- timètres de longueur, terminée par une urne ( ascidie ) ventrue, bariolée de taches marron sanguin, sur un fond vert pâle, par- courue par des nervures dont une grosse partant du point d’attache del’urne, et allant à l’insertion de l’opercule; l’orifice est 114 NEPENTHES TIOOKERII orné d’une large collerette formée de petits plis rayonnant vers l’intérieur, et terminés par de petites dents disposées en forme de scie; l’opercule est ovale, dressé, maculé de taches marron sur fond vert jaunâtre. Ces urnes ou ascidies atteignent dans nos serres 15 centimètres de hauteur sur 10 de dia- mètre à l’intérieur, et portent en avant deux grandes ailes membraneuses, aplaties, bor- dées de longs cils. La fleur nous est incon- nue. Celte espèce est, sans contredit, la plus belle connue; elle mérite d’être recomman- dée aux amateurs de ce beau et si singulier genre, car elle est relativement vigoureuse; le port est des plus élégants, et ses belles et grandes ascidies, ornementales au plus haut degré, peuvent lutter pour l’ornemen- tation avec les plus belles Orchidées con- nues. Quoiqu’on cultive le N. Hookerii en serre chaude, il paraît moins délicat que ses congé- nères; on peut en voir un très-beau spécimen dans la collection formée par M. Barillet, à l’établissement horticole de la ville de Paris, àPassy. Il est cultivé dans une serre basse, ombragée, dont la température moyenne est d’environ 20 degrés centigrades. La terre qui paraît lui ponvenir le mieux est un mélange de sphagnum, de terre de bruyère brute tourbeuse, de fragments de briques et charbons de bois pilés, fibres de Cocos et râpures de cornes. Le tout étant bien mélangé, on rempote la plante dans un pot proportionné à la vigueur de sa végéta- tion, on le remplit d’un tiers de tessons afin JOUBARBES DE PLEINE TEL Par leur mode de végétation et l’exiguité de leur taille, les Joubarbes, plus que toutes autres plantes, conviennent pour décorer les rochers, surtout ceux qui sont situés à une exposition très-sèche, car la rusticité de la plupart d’entre elles leur permet de vivre dans les lieux les plus arides. Peu délicates sur la nature du terrain, la plus grande partie des j Sempervivum peut s’accommoderd’une terre ordinaire, meuble quoique un peu substan- tielle, tel est le cas, par exemple, pour les espèces appartenant au groupe du S. tec- torum ; mais il en est d’autres qui, pour vivre dans nos jardins, ont besoin d’une terre plus légère ; et d’autres enfin, mais en plus petit nombre, à qui la terre de bruyère et une culture en pot sont d’une nécessité pour ainsi dire absolue. Ces considérations générales sont surtout applicables aux environs de Paris, où la température hivernale est irrégulière ou in- constante. Cependant les Joubarbes à gran- (1) Voir Rev. hort.t numéro du 16 février, p. 77. d’avoir un bon drainage; ce pot est alors placé dans un autre plus grand, et le vide laissé entre eux est rempli avec de la mousse; ce double pot est ensuite placé dans un troisième rempli d’eau ; mais il faut absolument laisser une issue à l’écoule- ment de l’eau qui pourrait arriver en excès aux racines; on obtient aisément ce résultat en mastiquant avec de la terre glaise une partie du fond du pot extérieur renfermant l’eau, ayant soin de laisser libre le trou. Lorsque la période de végétation est termi- née, on diminue les arrosements en suppri- mant l’eau stagnante du pot, jusqu’au mo- ment où la végétation recommence. On peut encore cultiver cette plante en panier, à la manière des Orchidées; elle se plaît très-bien suspendue au-dessus du bas- sin d’une serre chaude, dont l’eau est tenue constamment à une bonne température; les arrosages et les seringages doivent être régulièrement pratiquées, surtout pendant la végétation. On multiplie le N. Hookerii par boutures et par marcottes; ce dernier moyen est préférable, les boutures étant trop long- temps pour émettre leurs racines. Pour se procurer des bourgeons, il suffit de faire quelques incisions au pied de la tige, de façon à faire développer les yeux latents; et lorsqu’ils le sont suffisamment, on les butte avec un peu de terre, et on les traite comme des marcottes. Delchevalerie, Chef de multiplica’ion au Fleuriste de la ville de Paris. 1E CULTIVÉES AU MUSÉUM 1 des rosettes, qui appartiennent en général aux espèces les plus rustiques, résistent assez bien aux hivers sous le climat de Paris; mais plusieurs autres succomberaient infailliblement à ce mode de traitement; il leur faut des soins particuliers qui consis- tent surtout dans un mode de plantation raisonnée. Les collectionneurs de Sempervivum , qui sont assez nombreux aujourd’hui (2), ont deux moyens à leur disposition pour culti- ver ces plantes. Le premier consiste à les planter en pleine terre; le second, à les cul- tiver en pots, ou mieux dans des terrines de dimensions variables, toujours peu pro- fondes. Voici comment j’ai procédé pour la pré- paration de la plate-bande dans laquelle (2) Nous citerons entre autres MM. le Dr Boisduval, H. Bodin, chef d’institution, à Beauvais, E. Cappe, horticulteur, au Vésinet, et surtout, pour le nombre des espèces, M. Rivière, jardinier en chef au jardin du Luxembourg, à qui le Muséum est redevable d’es- pèces intéressantes. JOUBABBES DE PLEINE TERRE CULTIVÉES AU MUSÉUM. sont plantées les Joubarbes de l’École de botanique du Muséum d’histoire naturelle; j’ai fait enlever environ 15 centimètres du sol ordinaire, qui furent remplacés par du sable de rivière. Des morceaux de meulière ont été placés irrégulièrement sur cette couche de sable, mais de manière à bien délimiter la place qui devait être consacrée à chaque espèce, afin de prévenir tout mé- lange. Un sol spécial, composé de terre de bruyère de dépotage additionnée d’environ un cinquième de terre franche recouvrit, sur une épaisseur de 6 à 8 centimètres, la couche de sable ; et c’est dans cette terre artificielle, suffisamment drainée par la cou- che de sable sous-jacente et disposée en pente, que je plantai nos Sempervivum. La plantation a été faite au printemps de 1861 et depuis les espèces, au nombre d’une quarantaine, ont parfaitement végété et se multiplient abondamment au moyen de leurs propagules, bien qu’elles n’aient été abritées en aucune façon contre les intem- péries des hivers. Quoique ce procédé soit recommandable, je préfère pourtant, surtout lorsqu’on cul- tive les Joubarbes dans l’unique but de les collectionner, de les planter dans des ter- rines de 20 à 25 centimètres de diamètre, sur 10 à 12 de hauteur. Après les avoir préalablement bien drainées, on les emplit de terre analogue à celle dont je viens de parler, de manière à ce que la superficie soit bombée, puis on procède à la planta- tion. Ainsi que pour la plantation en pleine terre, on devra avoir soin de ne pas trop en- terrer les rosettes, c’est un principe duquel il ne faudra pas se départir, car c’est une des conditions les plus essentielles pour éviter la pourriture. Les terrines pourront être exposées de- hors, en plein soleil, depuis le mois de mai jusqu’en octobre; mais à cette époque il sera nécessaire de les placer sous châssis froid, où elles passeront l’hiver. Cette pré- caution est d’une absolue nécessité, car, cultivées ainsi, les Joubarbes sont plus su- jettes à pourrir ou à fondre comme on dit vulgairement dans la pratique, que lors- qu’elles sont cultivées en pleine terre. Par ce mode de culture, on obtiendra des touffes mieux portantes, plus fournies; la terrine ne tardera pas à se garnir de rosettes serrées, souvent d’un aspect très-élégant, et comme conséquence on aura une floraison plus abondante. Ce qui nous le fait en ou- tre recommander, c’est que de cette façon on pourra faire contribuer momentanément aux décorations des plantes qui auraient été élevées ainsi. La multiplication des Sempervivum peut se faire par la séparation des rosettes ou par semis. iis Le premier moyen, le plus simple et le plus expéditif, est extrêmement facile soit qu’on ait affaire à une espèce à stolons très-longs, flagelliformes, soit à des espèces à stolons très-courts. Une seule, parmi ces dernières, remarquable par le raccourcisse- ment considérable de ses stolons, le Sem- pervivum Heuffelii est un peu plus difficile à multiplier par ce procédé, et le plus sou- vent la séparation des rosettes ne peut se faire qu’avec l’aide d’un instrument tran- chant et en enlevant une partie de la sou- che. Un excellent moyen aussi, pour multi- plier les Sempervivum dont on ne possède qu’un petit nombre d’exemplaires, ou ceux dont les rosettes pourraient fleurir sans avoir émis de bourgeons, ou ceux encore d’origine hybride et dont on ne pourrait es- pérer d’avoir des graines fertiles, consiste à tronquer les rosettes en les coupant un peu au-dessus de l’endroit où sont insérées leurs premières feuilles. Placés dans des condi- tions favorables, les individus ainsi tronqués et privés de leur bourgeon terminal ne tar- dent pas à produire des bourgeons axillaires qui deviennent bientôt de véritables rosettes et auxquelles on peut faire facilement déve- lopper des racines. La multiplication par semis se fait avec une extrême facilité. Les graines peuvent être semées à toutes les époques, au prin- temps de préférence, car les individus qui en naissent seront plus robustes pour sup- porter facilement les intempéries de l’hiver. On sème dans des pots ou des terrines et en terre de bruyère. Les graines, qui sont d’une ténuité remarquable, doivent être simplement répandues sur le sol et non en - terrées. Plus tard, on pourra éclaircir les plants ou les repiquer dans des terrines. Ces plantes, aussi voisines par le port, la forme, le faciès enfin, mais qui sont néan- moins assez distinctes entre elles pour qu’un œil exercé ne puisse les confondre, alors même qu’elles seraient cultivées en mélange, se reproduisent-elles identique- ment par le semis? Nous ne pouvons rien affirmer à cet égard, car nos expériences n’ont porté que sur un petit nombre d’es- pèces, et notamment sur les Sempervivum Mettenianum , Funckii , globiferum, Arver- nense et tomentosum. Lés nombreux indivi- dus que nous avons obtenus des trois pre- mières répétaient assez exactement les ca- ractères de chaque type ; s’il y avait des différences, elles étaient peu apparentes et résidaient surtout dans la taille, la colora- tion des feuilles, des fleurs, et la villosité; mais aucun n’offrait des caractères assez notablement différents pour qu’on ne pùt dire : ceci ne répète pas cela. Dans les se- mis de Y Arvernense, les mêmes différences existaient entre les individus issus de graines 116 JOUBARBES DE PLEINE TERRE CULTIVÉES AU MUSÉUM. et le type qui les avait produites; seulement ces différences étaient plus saillantes. Où les différences devinrent plus manifestes, ce fut dans le semis du Sempervivum tomento- sum. Ici, en effet, on pouvait rencontrer des individus excessivement tomenteux, rappe- lant au plus haut degré la plante type; des individus, au contraire, dont les feuilles étaient à peine munies, ou qui étaient même dépourvues de poils aranéeux, et tous les passages possibles entre ces deux extrêmes. Quelles conclusions pourrions-nous tirer de ces faits et spécialement du dernier? Nous hésitons à nous prononcer. Il nous semble prudent, dans une question aussi .délicate, de répéter et de varier les semis avant de prendre un parti définitif. Toujours est-il que s’il n’y a pas eu une hybridation qui, à la rigueur, n’était pas absolument impossible dans des plantes élevées en col- lection, il y aurait là des motifs suffisants pour nous faire douter de la légitimité de certaines espèces et, entre autres, de celles qui ont été faites, comme le Sempervivum tomentosum , aux dépens du S. arachnoi- deum. Du reste, dans les individus cultivés, il se présente sous l’influence des milieux des mo- difications dont il est bon d’être prévenu si Ton ne veut leur attribuer une importance trop grande. Ainsi, dans une potée de ce BOUTURAGE C’est pendant les mois de juin et de juil- let qu’il convient de faire les boutures de Rosiers. Pour cela, on prend les bourgeons de l’année qui, à cette époque, sont suffi- samment aoûtés. Celles qui se font en se- conde saison, c’est-à-dire en août et sep- tembre, laissent beaucoup à désirer sous le rapport de la rusticité, et beaucoup fondent pendant l’hivernage. Une des conditions des plus importantes au bouturage du Rosier, si on veut ne rien livrer au hasard, est de ne détacher que les boutures dont le bois est parfaitement mûr, ce qui a lieu d’ordinaire lorsque les yeux supérieurs du rameau, qui sont placés im- médiatement au-dessous du bouton à fleur, sont bien formés , ce qui, suivant les variét s, peut avoir lieu avant, pendant, ou après l’épanouissement de la fleur. Les boutures doivent être faites lorsque l’œil terminal est constitué. Plus la bouture sera faite dans ces conditions, plus tôt la reprise aura lieu. Si on prend des rameaux dont les yeux ne sont pas formés et dont le bois n’est pas aoûté, la réussite est compromise. Il ne faut pas perdre de vue que les bou- tures de Rosiers demandent une grande somme de lumière; on ne doit donc pas les ombrager complètement, mais légèrement, de manière que les rayons solaires leur arri- I même Sempervivum tomentosum, lorsque les individus, qui étaient parfaitement idendi- | ques entre eux, arrivent à gagner les bords du pot et retombent le long de ses parois, les rosettes ainsi situées et placées à l’om- bre entre les terrines, perdent considéra- blement de leur pubescence, et la teinte gé- nérale des feuilles est plus pâle. Une potée qui aura été placée à l’ombre présentera donc, par rapport à une autre de la même espèce, placée en plein soleil, des différences semblables. Ne pourrait-on pas arriver, par une culture longtemps prolongée, à fixer cette modification? J’ai observé, sur des plantes spontanées, un fait qui semblerait confirmer l’hypothèse que je viens d’émettre. Souvent sur un même bloc de rocher je rencontrai, sur ses parties les mieux exposées au soleil , des tapis de Sem- pervivum arachnoideum , dont la pubescence était aussi abondante que dans le S. tomen- tosum, qui a été fait au détriment de cette espèce ; et, dans les fissures ou sur des points demi-ombragés de ce même bloc de rocher, la même plante se présentait sous une forme incomparablement moins to- menteuse et devenant même à peine ara- chnoid°. B. Verlot, Chef de l’Ecole de botanique au Muséum. DES ROSIERS vent comme à travers un tamis. Les pertes, qu’on éprouve dans la multiplication des Rosiers tiennent, le plus souvent, à ce qu’on ne s’est pas bien rendu compte du milieu oû Ton doit les placer; si trop de lumière les fait faner, trop d’ombre leur est très-nuisible. Comme en juin et juillet, époque à laquelle on fait des boutures de Rosiers, la chaleur élevée occasionne ins- tantanément l’évaporation de la sève que contiennentles bourgeons, il en résulte que les feuilles et l’écorce se rident. On croit remédier à cet inconvénient en les plongeant dans l’eau et en les plaçant dans un endroit frais. Il n’en est rien, au bout d’un temps plus ou moins long, les feuilles reviennent il est vrai, mais l’humidité qu’on leur a donnée ne remplace pas l’élément nutritif qu’elles ont perdu. Il est facile de se rendre compte de la véracité de ces faits, en plaçant dans les mêmes conditions deux cloches de boutu- res; dans Tune, celles qui se seront fanées et qu’on aura fait revenir par le moyen indi- qué; dans l’autre, on placera celles qui n’au- ront pas éprouvé de déperdition de sève. Les premiers rayons solaires feront faner les boutures de la première clochée, tandis que celles de la seconde n’en souffriront que pendant un certain temps. 117 BOUTURAGE DES ROSIERS. En raison de ce qui vient d’être dit, on devra donc faire sa provision de boutures le malin, à la rosée, et si, par une cause quel- conque, on en fait la cueillette dans le cours de la journée, il est essentiel de les plonger dans l’eau et de les placer immédia- tem nt à l’ombre, en les enveloppant dans un linge mouillé. Pour ne pas avoir d’encombrement de feuilles sous la cloche, et pouvoir y placer un plus grand nombre de boutures, on ne laissera qu’une paire de folioles et deux aires à la feuille de l’œil terminal. Si les outures sont placées isolément dans des petits godets, ou si on en réunit plusieurs dans de plus grands, on les espacera de manière à ce que l’air et la lumière circu- lent à l’entour pour en ressuyer l’humi- La coupe de la base delà bouture doit se faire avec un instrument bien tranchant; on peut la faire transversalement au-dessous et très-rapprochée de l’œil qui est placé à la partie inférieure de la bouture : nous som- mes dans l’usage, depuis longtemps, de faire cette coupe en biseau d’un centimètre et plus de longueur, en passant près de l’œil, de manière que celui-ci se trouve à peu près au centre. L’une et l’autre manière d’opérer sont bonnes, mais nous préférons la coupe en biseau; seulement, le talon horizontal de la bouture doit être bien assis et reposer sur la terre, de manière que l’air ne puisse pas y arriver et nuire aux fonctions de laséve, cequipourrait empêcher le bourrelet de se former. Lorsqu’au con- traire la coupe est faite en biseau, la pres- sion qu’on fait pour souder la bouture à la terre a lieu plus régulièrement par le tas- sement qui ne laisse pas de vide. Moins les boutures sont enterrées, plus vite elles s’en- racinent et pour que le tassement puisse avoir de la consistance, pour maintenir la bouture en équilibre, la terre doit être plu- tôt un peu humide que sèche. Les boutures étant plantées, on les mouil- lera en raison de la température du milieu dans lequel on les place; si la température est basse, on enterrera les pots sous les cloches, pour ne mouiller la terre que quel- quesjours après, lorsqu’on s’aperçoit qu’elle blanchit, et la mouillure devra toujours être d’autant plus légère, que la température sera plus basse Les feuilles des Rosiers- étant d’une nature peu consistante, on évi- tera de les mouiller jusqu’au moment de la reprise des boutures, à moins que le besoin ne s’en fasse sentir. On choisira un jour où le soleil se montre sans nuage à l’horizon, pour bassiner les boutures avec un arrosoir à pomme très-fine, et le matin, avant que les rayons solaires n’aient échauffé les feuilles; l’eau froide répandue sur les feuilles qui sont chaudes les saisit, et, quelques jours après, elles jaunissent et tombent, ce qui occasionne la perte des boutures. Les changements subits de température, qu’on éprouve dans certaines années, con- tribuent pour beaucoup à la perte des boutu- tures. Lachaleur eU’humiditéétantlesagents indispensables pour leur reprise, si du chaud on passe brusquement au froid, et que le temps se maintienne couvert pendant plu- sieurs jours, on voit les boutures noircir du talon, pourpeu quelaterre où elles sontplan- tées soit humide. Comme il est indispensable que l’humidité ne se concentre pas, on don- nera de l’air en soulevant un peu le bord de la cloche, et cette aération sera graduée d’après l’état physique de l’atmosphère. Si le temps est très-clair, et si les boutures se fanent, on baisse l’air pour en donner un peu plus tard, lorsqu’elles ont repris leur état normal. La reprise des boutures de Rosiers est plus certaine lorsqu’on enterre les pots dans une couche de tannée (1) de 35 à 40 centi- mètres d’épaisseur; la chaleur douce de cette couche, qui échauffe les pots et la terre, accélère la végétation et provoque l’émission des jeunes radicelles. La serre où sont placées les boutures doit être aérée jour et nuit; si elle était close dans le jour, l’excès de chaleur provoque- rait une transpiration surabondante qui se- rait nuisible aux boutures. L’aération pen- dant la nuit, la fraîcheur qui refroidit légè- rement les cloches, combinée avec la chaleur que produit la tannée, sont les deux agents les plus importants pour accélérer la reprise des boutures deRosiers. Les serres, à cause des dépenses qu’elles nécessitent, n’étant pas à la disposition de tout le monde, on peut, sans elles, faire des boutures de Rosiers. Voici comment : Dans une plate-bande du jardin et à une exposition chaude, on enterre sous des clo- ches des pots remplis de boutures, puis on fiche des pieux en terre du côté où vient le soleil, on les relie avec un rang de gaulet- tes placées transversalement sur lesquelles on adosse un rang de paillassons qu’un lais- sera tant que le soleil pourrait frapper sur les cloches. L’ombre permanente est nuisi- ble aux boutures de Rosiers, c’est pour cela qu’on ne les réussit pas toujours lorsqu’on les fait près d’un mur au nord. Lorsque les Rosiers plantés en pleine terre commencent à perdre leurs feuilles, on peut utiliser les branches qui doivent être cou- pées à la taille. Dans ce cas, on choisira (1) Dans bien des localités, où il n’est pas facile de se procurer de la tannée, on peut la remplacer par delà sciure de bois qu’on a tenue bien sèche. Quelques jours avant de s’en servir, on l’étale et on la mouille avec un arrosoir à pomme; la fermenta- tion ne tarde pas à s’établir, ainsi que cela a lieu pour la tannée. 118 BOUTURAGE DES ROSIERS. pour boutures les branches qui, sans être les plus grosses, sont néanmoins d’une bonne vigueur; la reprise en est beaucoup plus ce.rtaine que ne l’est celle qu’on fait avec des br1 ndilles. Ces boutures seront plantées sous cloche, dans une terre sableuse et à une exposition chaude. Aux premières ge- lées, on répandra quelques centimètres d’épaisseur de menue paille de blé ou de feuilles à l’entour des cloches, et, en raison de l’augmentation du froid, on garnira da- vantage, au besoin même on les couvrira d’un paillasson. Ce procédé laisse souvent à désirer pour les résultats et nous savons par expérience qu’on perd beaucoup de bou- tures, surtout dans certaines variétés dont le bois est mou. Malgré ces pertes, ce qu’on réussit n’est pas à dédaigner. La multiplication forcée d’hiver des bou- tures de Rosiers n’a guère lieu que pour les espèces rares ou les variétés qu’on a inté- rêt à multiplier. Dans ce cas, voici comment on procède : Les Rosiers étant en pots, on les placera en octobre dans une serre Iroide; en janvier on les rentrera en serre chaude; les rameaux qui en proviendront seront mieux nourris. Quant à la multiplica- tion, comme elle est la même que celle in- diquée plus haut, nous n’avons pas à y re- venir. Les variétés de Roses nouvelles, dont le placement est assuré, seront multipliées avec un œil. A cet effet, on laissera pousser les branches jusqu’à production de boutons à fleur, et celles qui n’en auraient pas se- raient pincées à l’extrémité. Pour les unes comme pour les autres, on attendra pour les boutures que les yeux terminaux des bourgeons soient bien formés; sans cette condition, la reprise serait compromise. A l’avance et sur la tannée de la serre à bou- ture, on aura répandu un lit de terre de bruyère de 6 centimètres d’épaisseur, qu’on PLANTES EXOTIQUES QUI 01 A L’HIVER L’inventaire des plantes exotiques culti- vées à Cherbourg à Pair libre, que je donne ici, me paraît offrir de l’intérêt, parce que la culture de ces plantes peut s’étendre sur le littoral du cap de Barfleur jusqu’au cap Finistère. Ce pays, en suivant les sinuosi- tés de la côte, présente en longueur une étendue de plus de deux cents lieues, et deux lieues de large en allant vers l’intérieur. La douceurexceptionnelledu climat de celte zone, située entre le 48e et le 50e degré de latitude Nord , région que j’appellerai zone des Myrtes , est due au grand courant d’eau chaude appelé Gulf stream , qui part du golfe du Mexique, traverse l’Atlantique et passe non loin de la pointe de Bretagne. Il a mouillera préalablement pour la mettre en état d’être plantée quelques jours après. Pour procéder au bouturage de ces Ro- siers forcés, on fera la coupe de la sommité des bourgeons dont les yeux sont bien con- stitués ; comme on n’en trouvera que deux ou trois réunissant ces conditions, quelques jours après, on continuera la même opéra- tion et ainsi de suite jusqu’à extinction. Chaque œil devant faire une bouture, la coupe aura lieu à quelques millimètres au- dessous de l’œil, et selon que le mérithalle sera plus ou moins long; à partir du dessous de l’œil, on fera une coupe en biseau dans toute la longueur, toutefois, elle ne devra pas excéder 3 centimètres. On conservera les deux folioles les plus rapprochées de l’œil. Ces boutures seront plantées en pépi- nière et pas trop rapprochées afin qu’elles ne se nuisent pas, et l’œil sera placé à fleur de terre. La plantation faite, les boutures seront légèrement bassinées ; on établira des sup- ports pour poser des baguettes transversales sur lesquelles on placera des feuilles de pa- pier blanc pour les ombrager. Les papiers seront placés tous les matins et retirés vers le soir. ( es deux opérations seront réglées de manière que les boutures ne souffrent pas d’une lumière trop vive. La serre sera tenue bien close et sans courant d’air, la terre ne devra être ni sèche ni trop humide. Si la chaleur était élevée et continue, le matin, avant que le soleil ne donne, on bassinerait légèrement et, pendant les quelques heures lès plus chaudes, on placerait un paillasson sur le vitrage. Si, au lieu de planter en pleine terre, on plantait ces boutures sous des cloches, le résultat n’en pourrait être que meilleur. Quetier. horticulteur, à Meaux. (T RÉSISTÉ, A CHERBOURG, 1866-1867 même été reconnu que ce courant a des effluves dans la Manche, jusqu’au cap de Bartleur ; car, après ce point, le climat change complètement et devient rigoureux pendant les hivers. Je ne m’étendrai pas davantage su r ce sujet, l’ayant déjà traité plu- sieurs fois; d’ailleurs les plantes que je vais signaler indiqueront assez la douceur excep- tionnelle de ce climat par rapport à sa lati- tude. Minima de la température pendant l’hiver 1866-67. Observations de M. de Ternisien : Novembre et décembre 1866, 8 à 15 de- grés centigrades au-dessus deO; janvier 1867, nuit du 4 au 5, 4 degrés au-dessous de 0; nuit du 5 au 12, 4 à 6 degrés au-dessus PLANTES EXOTIQUES QUI ONT RÉSISTE, A CHERBOURG, A L’HIVER 1866-1867 119 de 0; nuit du 12 au 13, 3 degrés au-dessous ; du 13 au 14, 6; du 14 au 15, 4; du 15 au 16, 1 ; du 16 au 17, 1 ; du 17 au 18, 3 ; du 18 au 19, 5; du 19 au 20, 3 ; du 20 au 21, 4; du 21 au 22, 3; du 22 au 23, 6 degrés au-dessus de 0 ; le reste du mois de janvier a varié de 6 à 10 degrés au-dessus de 0 ; le mois de février de 6 à 10 degrés au-dessus deO. Plantes cultivées par M. ***dans une pro- priété en dehors de la ville, située partie au pied et partie sur le rocher appelé la petite fauconnière. Le site est exposé aux vents de l’ouest au nord-est en passant par le nord; ces vents venant directement de la mer. Deux Thuia Vervaeneana en bon état; Sciadopitys verlicillata , 80 centimètres de haut, bien ramifié, en parfaite santé; Larix Kæmpferii , 1 mètrede haut, de même; Abies nobilis , 1 m. 50 c. de haut, bien garni de superbes branches latérales d’un beau vert bleu argenté, resplendissant de vigueur et de santé; AbiesBrunoniana,Jezoensis,en bon état, Menziesii , feuillage grillé, Douglasii , intact; deux Abies speclabilis n’ont pas souf- fert; Abies lasiocarpa,\ m. 20 c. de haut, très-touffu, d’un vert foncé superbe, n’a pas souffert, pumila , intact, Pinsapo , idem, firma bien portant, Nardmanniana 1 m. 50 c. de haut, de même; deux Abies Had- sonica , en bonne santé, Cilicica , Apollinis , en très-bon ét^t, Merlensiana , 2 m. 20 c. de haut, superbe, d’un vert annonçant une santé parfaite, grandis de Vancouver , 1 m. 50 c. de haut en très-bon état, Cephalo- nica, 4 mètres de haut, bien portant, mons- tîosa, arbre curieux par sa bizarrerie, in- tact deux Abies morinda n’ont pas souf- fert, religiosa de 3 mètres de haut, intacts, amabilis charmant, en très-bonne santé; Orienlalis, 1 m. 50 c. de haut, en très-bonne santé, pygmœa , de même, Clambrasiliana , bien portant, Pindroio , n’a pas souffert, Lowiana, Hookeri et polita, en bonne santé. Pinus paluslris , intact, Fremontiana, 1 mètre de haut, n’a pas souffert, macro- carpa , pas une feuille d’altérée, excelsa , insignis , Winchester iana , Pyrenaica et Bungeana , de même. Cupressus funebris , Lawsoniana , Lam - bertiana , Lambertiana fastigiata et macro- carpa, Lusitanica et Cachemiriensis n’ont pas souffert; Cupressus , Udheana , intact; disticha et lorulosa, de même. Thuia pygmœa, une belle touffe bien por- tante, falcata, 50 centimètres de haut, belle pyramide bien portanle, lobii , 5 mètres de haut, en bonne santé, arbre poussant avec une vigueur remarquable, d’un grand ave- nir, filiformis , variegata aurea et argentea , en bon état. Juniperus variegata , belle touffe bien porlante, pendilla vera, recurva , Virginiana glauca finiacis, Oxycëdrus, d’un vert glauque, en bonne santé, drupacea , squammata et ericoides, dans le même état; Cunninghamia Sinensis n’a pas souffert ; Wellingtonia gi- ganlea , 4 m.50 de haut, pyramide parfaite- ment garnie, pas une feuille, pas une brin- dille n’a souffert, exposé aux vents du nord et du nord-ouest; Araucania imbricata, en bon état, Brasiliensis elegans , 1 m. 60 de haut, bien garni de son feuillage remar- quable, parfaitement intact, Bidvillii , feuil- lage et extrémités des pousses altérés; ex- celsa, mort; Séquoia sempervirens, feuilles un peu grillées, en bon état; Podocarpus tolara, 1 m. 30 de haut, n’a pas souffert; Thuiopsis borealis , dolabrata et dolobrala variegata , en très-bon état; Cephalolaxus Fortunei , de même; Biota elegantissima et aurea , bien portants ', Podocarpus nubigœna magnifique, feuillage intact. Phyllocladus - hypophflla, tricomanoides, feuillage altéré, bois intact ; Relinospora squarrosa de Veitch, obtusa, pisifera et ericoides , n’ont pas souffert; Glyptostrobus pendulus , en bon état; Libocedrus Doniana et Chilensis , en très-bon état, pas une feuille d’altérée. Arthrotaxis selaginoides , petit arbuste bien fait, d’un port charmant, remarquable, n’a pas souffert; Cryplomeria elegans, ravissant de beauté, de santé et de fraîcheur, le digne rival de l’ Araucaria excelsa, n’a pas souf- fert, nana, Japonica, de même; Fitz-Roya Patagonica, en très -bonne santé, arbre ayant un cachet de distinction particulier; Taxus horizontalis, ad pressa, en bon état; Torrega grandis et myristica, n’ont pas souffert, placés sur une hauteur, exposés à tous les vents ; Prumnopitis elegans, arbre charmant, d’un feuillage vert gai, pas une feuille d’altérée; Chamœciparis variegata, intact; Taxus aurea et argentea, de même; Cedrus Deodora et Atlantica, intacts. PLANTES DIVERSES. Mahonia Realii, ISepalensis, trifurca, trifoliala , intermedia, Fortunei et Japonica en bon état; Piltosporum Sinensis et va- riegeta, intacts; Arbulus andrachne, de même; Eucalyptus globulus et giganteus, feuillage altéré, bois bon; Bambusa falcata, aurea, mitis, metake, viridi-glaucescens, Fortunei variegata et arundinacea, en bon état, Aralia Sieboldii et variegata, fortes plantes, intactes ; Eurya japonica, lalifolia variegata ; Cleyera japonica en très-bonne santé, aucune altération; Metrosideros ro- busta, intact; Genista proslrata, de même ; Cliamœrops humilis, stip. de 3 mètres de haut, 40 feuilles environ, exemplaire ma- gnifique, n’a pas souffert. Cet arbre a été élevé en serre, il était abrité au moyen de branches de Sapin coupées; Yucca alœfo -, lia variegata et plusieurs autres espèces in- tacts; Rubus australis, toulfe déjà forte, n’a pas souffert ; plante très-curieuse et pré- cieuse pour rocailles ; Desfontainia spinosa, 120 PLANTES EXOTIQUES QUI ONT RÉSIS intact; Chamœrops excelsa , de même; Saxi- fraga Fortunei , tricolor , n’ont pas souffert; Gynérium elegans , rosea , variegata et Marabout , en bonne santé; Hortensia ro- salba , de même; Eleagnus japonica varie- gata, touffe admirable, pas une feuille d'al- térée; Evonymus japonica aurea, de même; Ligustrum ovalifolium aureum , bien por- tant ; Farfugium grande et Ligularia Kœmpferi , ont eu les feuilles détruites, mais la souche est en bon état; Aralia papyri- fera , feuilles et extrémités des tiges dé- truites ; Convolvulus cneorum, en bon état; Lithospermum fruticosum , en bon état; Cenlaurea candi dissima, feuilles légèrement altérées; Acer japonicum,polymorphum, en bon état; Aucuba picturata et latimacu- lata , de même ; Acanthopanax variegata , de même ; Aster argophytlus , tiges mortes, pied en bon état; Benthamia fragifera , n’a pas souffert; Berberidopsis corallina , feuil- les légèrement altérées ; Salisburia adian- tifolia , n’a pas souffert; un vallon rempli deCamelliasen bon état yPittosporumtenui- folium , de même; Deeringia amherstiana , feuilles et branches mortes, pied bon; Ed- warsia grandiflora , en bon état; Eleagnus crispa , mort ; Eugenia ugni et apiculata , en bon état; Embothrium coccineum , 2 mè- tres de haut, intact; Gunnera scabra, de même; Escallonia pterocladon , de même; Deutzia crenata ftorepleno, de même ; G«r- rya elliptica , feuillage et fleurs grillées, bois bon; Hedera Algeriensis , Regneriana , lati- maculata , hélix elegans , arborea variegata , rhomboidea , variegata argentea et aurea, en bonne santé. Ilexrotundi folia, mahonensis , angusti fo- lia, serrata , microphflla , argentea , aurea , ferox,ferox argentea et aurea, trifurca, For- PLANTES NOUVELLES, P Agatophyllum aromalicum. — Grand arbre très-rameux. Tige et rameaux tor- tueux. Feuilles persistantes, épaisses, lan- céolées-elliptiques, atténuées-obtuses au sommet, très-entières, portées sur un pé- tiole très-court, gros, épais, blanc, d’un vert- pâle, luisantes et comme vernies en dessus, glauques, parfois comme un peu rosées en dessous. Cette plante, qui porte le nom vulgaire de Ravensara, et qui est très-rare dans les cultures, est celle avec laquelle on fait le véritable Curaçao de Hollande. C’est le fruit qui, dit-on, sert à cet usage; mais il est probable qu’on se sert aussi des feuilles, car celles-ci, lorsqu’on les broie, ou seule- ment qu’on les presse fortement, dégagent une odeur aromatique assez analogue à celle que dégagent les feuilles du Myrtus pi- menta, un peu plus douce pourtant. Serre chaude. Ê, A CHERBOURG, A L’HIVER 1866-1867 tunei , aurea de Vaterer, Scotica, cornuta,Ta - rajo, quercifolia, Paraguariensisetpendula , tous en très-bon état; Kalmia latifolia ; An- dromeda floribunda ; Kælreuteria panicula- ta, en bonne santé; Kerria japonica, de même ; Lapageria alba et rosea, poussent peu mais n’ont pas souffert du froid ; Li - Hum giganteum et speciosum , oignons en bon état; Magnolia henné, macrophylla et umbrella en bonne santé; Olea ilicifolia, de même ; Plumbago larpente , de même. Quercus nigra, pyramidalis, Fordii et glabra, n’ont pas souffert. Soixante espèces ou variétés de Pffiododendron en parfait état de santé; cinquante ou soixante variétés d’ Azalées de l’Inde en touffes énormes, de même. Les Rhododendrons de L’Hïma- laya Wightii, niveum , Edgeworthii ar- genteum , Gibsoni, calophyilum , croceum, lanci folium; Balhousiœ, barbatum, Ion gi fo- lium, fulgens, Wallichii , AucJçlandii, Fal- coneri, Hoodgsoni, Nuttali, eruginosum, nilgericum , Maddeni, Campbelli, Princesse Alice, Ilookeri, Fortunei, Belini , formo- sum, magni/icum. Princesse royale, J en- kensi, Thomsoni et Kejseri sont en parfait état de santé. Ces plantes sont placées sur une hauteur, exposées à tous les vents et sans abri. Rhodea japonica macrophylla foliis variegatis, en bonne santé ; Seafor- thia elegans, de même; Teucrium fruti- cans, de même ; Viburnum pnacrophyllum, plicatum , spectnbile, sinense, rugosum, awafuskii , suspensum, en bon état. Je m’ar- rête ici pour cette propriété qui paraîlra, je n’en doute pas, bien meublée; j’ai cepen- dant négligé beaucoup de plantes fort inté- ressantes. A. de Ternisien. (La suite au prochain numéro.) 1RES OU PEU CONNUES Ruyschia Souroubea. — Plante un peu sarmenteuse, flexueuse, à tige radicante. Feuilles très-épaisses, charnues, ovales, atténuées et comme courtement tronquées à la base, atteignant 15 centimètres et plus de longueur, sur environ 7 de largeur, portées sur un très-cuurt pétiole (6-10 millim.), épais, gros, charnu. Serre froide. Le R. Souroubea est relativement rus- tique ; l’aspect et la beauté de son feuillage permettent de l’employer comme plante d’appartement. Non-seulement il vit bien dans ceux-ci, mais il s’y conserve presque indéfiniment. On peut aussi le mettre de- hors pendant l’été; il s’y maintient et y pousse très-bien. E. A .Carrière. L’uq des Propriétaires : Maurice bixio. Montereau. — Imprimerie Zanoîe. CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE DE MARS). Mort de M. Louis Verrier, jardinier en chef de l’Ecole régionale d’agriculture de la Saulsaie. — Les expo- sitions de printemps. — Expositions d’horticulture à Valognes, Amiens, Toulouse et Troyes. — Rectifica- tion relative à l’expjsition d’horticulture de Cherbourg. — Lettre de M. Maxwell F. Masters, rédacteur en chef du Gardner’s Chronicle. — Quelques échantillons de bois provenant du Canada et exposés au palais du Champ-de-Mars. — Un Lierre remarquable à l’Exposition universelle. — Lettre de M. A. Alphand relative à l’admission des élèves au fleuriste de la ville de Paris. — Lettre de M. Barillet sur l’exposition universelle d’horticulture. — Transformation du Trocadero en un jardin français. — Communication de M. Ch. Baltet sur les Pommiers Rose de Bénange et Reinette grise. — La Belgique horticole. — La toxologie végétale. — A propos du Cèdre de l’Atlas. — Une école théorique et pratique d’agriculture en Hollande. — Camellias couverts de fleurs l’hiver, plantés en pleine terre. — Production d’une sorte de Groseillier-Cassis , à l’aide d’une graine de Groseillier sanguin. La cause de l’horticulture, de l’arbori- culture surtout, vient de perdre un de ses plus habiles lutteurs dans la personne de Louis Verrier, jardinier en chef de l’Ecole régionale d’agriculture de la Saulsaie, où il est mort le 12 mars dernier. Cet homme dont le savoir, en ce qui concerne l’horti- culture, n’était dépassé que par la modestie, était connu et estimé de tout le monde hor- ticole pour ainsi dire; la Revue, particuliè- rement, perd un de ses collaborateurs dis- tingués; quant à ses lecteurs, ils ont pu ap- précier le fonds et la solidité des raisonne- ments théoriques de L. Verrier qui, néan- moins, disparaissaient devant ses connais- sances pratiques. Il semble que la mort ait voulu respecter la science et qu’elle ait attendu pour frapper l’homme que le savant ait rempli l’engagement qu’il avait pris avec ses élèves. C’est en effet en revenant de faire les leçons pratiques à Bourg, que notre regretté collègue fut frappé de la maladie qui, deux jours après, devait le faire dispa- raître de ce monde. Un de nos collaborateurs lyonnais, M. Nardy aîné, horliculteur, a bien voulu nous promettre une notice nécrologique de la vie et des travaux de feuL. Verrier, qui n’était pas seulement un arboriculteur distingué, mais un amateur passionné d’horticulture en général. Ancien élève de Jacques, ex- jardinier en chef du roi Louis-Philippe, il avait hérité le feu sacré du métier. Déjà, à l’époque de son enfance, des herbo- risations, des courses faites partout où il y avait à apprendre, faisaient entrevoir ce que l’homme serait un jour. Ce qu’il a été, notre collègue, M. Nardy aîné, le dira pro- chainement. — Le printemps ramène les fleurs, c’est lui aussi qui ramène les expositions; outre celle qui s’ouvre en ce moment à Paris, et dont nous aurons souvent occasion de par- ler, les sociétés d’horticulture de nos dé- partements organisent aussi des concours. Ce sont là de ces luttes qu’on ne saurait trop encourager, car les résultats qu’elles amènent contribuent au bien-être de tous. 1er Avril 1867. Nous nous empressons donc d’annoncer que, dans le mois de mai prochain, il y aura deux expositions d’horticulture : celle de l’arrondissement de Valognes, qui aura lieu les 25, 26, 27 et 28 mai 1867, et celle de Picardie, qui se tiendra à Amiens à l’occa- sion du concours régional agricole. Pour celle-ci, les jours et le lieu ne sont pas encore fixés. Nous y reviendrons. Nous de- vons encore citer l’exposition de la Société d’horticulture de la Haute-Garonne, ouverte du 27 au 30 avril, qui aura lieu à Toulouse; elle comprendra tous les produits de l’hor- ticulture et des arts et industries qui s’y rat- tachent. Le programme de l’exposition annuelle de Valognes se divise en trois séries, l’une qui est spéciale aux légumes et aux fruits, l’autre aux plantes et aux fleurs; la troisiè- me est particulière à l’industrie et aux arts agricoles. Ces trois séries comprennent quinze concours, pour lesquels, suivant le besoin, seront attribuées des médailles de vermeil, d’argent et de bronze de différents modules. Indépendamment des concours prévus et définis, il y a des concours impré- vus pour lesquels le jury pourra décerner des récompenses particulières. Les personnes qui voudraient prendre part à cette exposition devront en donner avis au secrétaire de la Société, avant le 10 mai, en indiquant le nombre approxima- tif et la nature des objets qu’ils se proposent d’exposer. — Le programme de la Société d’horticul- ture de Picardie comprend huit divisions principales; la première se rapporte à la floriculture ; la deuxième aux plantes dites de serre froide; la troisième aux plantes de pleine terre; la quatrième comprend les légumes , les fruits, les arbres fruitiers et forestiers ; la cinquième comprend des con- cours particuliers pour les objets d’art ou d’industrie horticoles, tels que serres, modes de chauffage, outils, plans de jardins, etc., etc. La sixième division est spéciale aux auteurs d’ouvrages nouveaux utiles à l’hor- ticulture. Ceux qui voudraient prendre part T. i. — 7 CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE DE MARS). 122 à ce concours devront déposer avant le 1er mai, chez M. Léon, à Amiens, deux exemplaires de leurs ouvrages. La septième division est relative aux bons services que les jardiniers-maîtres ou leurs ouvriers au- raient rendus, etc. La huitième et dernière division est spéciale aux instituteurs com- munaux de l’arrondissement de Montdidier. Chacune des divisions comprend un nom- bre plus ou moins grand de concours spé- ciaux; ainsi les quatre premières en ren- ferment 51. A chaque concours sera attri- buée une récompense basée sur le mérite des objets exposés. Enfin, une brillante exposition s’organise à Troues sous les auspices de la Société hor- ticole, vigneronne et forestière , en même temps que le concours régional du 5 au 12 mai prochain. La Société admet non-seule- ment les produits de la région comprenant l’Aube, la Marne, la Hîtute-Marne, le Doubs, la Haute-Saône, la Côte-d’Or, mais encore tous les envois de la France et de l’étranger. Continuant sa tradition libérale, la Société troyenne ne formule aucun concours préa- lable, laissant à chacun le droit de grouper ses lots en un seul concours, ou de les divi- ser à sa guise. Nous applaudissons à ce pro- cédé qui a déjà donné les meilleurs résultats. M. le ministre de l’agriculture a envoyé à cette société une subvention et des médail- les exceptionnelles. Il n’est donc pas douteux que le concours des plus intelligents pro- ducteurs de la région étant promis à cette so- lennité, il n’en résulte une fête des jardins, des vignes et des forêts, comme on en voit rarement. Et cependant ces trois bran- ches de l’économie rurale constituent une des principales richesses de l’arboriculture française. Le programme de l’exposition, où nous voyons figurer avec plaisir des conférences, des prix aux instituteurs et aux anciens ser- viteurs, se délivre chez M. Bourgouin, se- crétaire général, rue Notre-Dame, 88, à Troyes. — En annonçant l’exposition d’horticul- ture de Cherbourg, nous avons dit qu’elle serait ouverte du 13 au 30 juillet. C’est une erreur que nous nous empressons de recti- fier. L’exposition aura lieu du 27 au 30 juil- let. — Dans notre dernière chronique, en par- lant du rapport sur l’exposition et le congrès international qui s’est tenu à Londres en 1866, nous avons commis deux erreurs que nous nous empressons de réparer en pu- bliant la bienveillante lettre qui nous a été écrite à ce sujet, et qui, une fois de plus, démontre la vérité du proverbe : « A quel- que chose malheur est bon. » La voici : Monsieur le rédacteur, Soyez assez bon de corriger deux erreurs qui se sont glissées dans votre aimable notice du Rapport de l’exposition et du congrès botanique international , publiée dans la Revue horticole , le 15 mars, p. 104. 1° La Société royale d’horticulture n’a rien eu à faire avec l’exposition ni avec le congrès, ex- cepté la jouissance laissée au comité international moyennant 300 livres sterling de leur jardin ainsi que quelques autres privilèges. C’est donc le comité de l’exposition internationale et du congrès botanique qui a envoyé mon rapport à la Société centrale de Paris; 2° Le nom de Max Powel n’est pas l’exacte désignation du soussigné, qui ri’est pas non plus le seul éditeur du Gardner’s Chronicle. Le GardnePs Chronicle est dirigé par M. le Dr Masters (rédacteur en chef) et par M. Thomas Moore, rédacteur-adjoint. Ayez l’obligeance d’accepter mes remercî- ments, et croyez, etc. Maxwell, F. Masters Docteur médecin, rédacteur en chef du Gardner’s Chronicle. — En terminant sur les expositions, rap- pelons que les travaux decelle de Paris tou- chent à leur fin. Si ce n’était l’industrie qui encombre diverses parties du parc, tout serait terminé. Les serres sont terminées, la plupart des massifs plantés. Une plante des plus communes, mais qui n’en sera pas moins l’une des belles et des plus remar- quées de l’exposition du Champ-de-Mars,est un Lierre dont la tige, très-droite, a 2 mètres de hauteur sur 8 centimètres de diamètre. Cette plante, âgée de dix-huit ans, forme une sorte de parapluie dont la couverture? qui a 4 mètres de diamètre et est très- garnie, retombe jusqu’à \ mètre du sol. Elle appartient à notre collègue M. Roussel, architecte, entrepreneur de jardins, chaus- sée du Maine, 16, où nous l’admirons de- puis plusieurs années. La plante, quia tou- jours été dans un vase, peut être expé- diée sans en éprouver la moindre -souf- france. — Depuis plus de huit jours, nous avons remarqué une collection d’échan- tillons de bois apportés du Canada parmi lesquels nous avons vu plusieurs Conifè- res, notamment les Pinus rubma et ritis. Ce dernier, qui est appelé Pin jaune , vit misérablement dans nos cultures où il ne forme qu'un arbrisseau tortueux et chétif, tan- dis qu’il atteint, au Canada, des dimensions considérables. Ainsi, le morceau qui est exposé, et qui est équarri avive arête , n’a pas moins de 15 mètres de long sur 70 cent, de côté. Encore un fait qui démontre que tout est relatif, qu’une chose vraie ici peut ne plus l’être ailleurs. Cette expression de Pascal : « Vérité en deçà, erreur au delà, » peut s’appliquer atout. — Plusieurs journaux ont publié la lettre suivante qui nous paraît de nature à intéresser le public horticole : 123 CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE DE MARS). Paris, le 2 mars 1867» Monsieur, L’administration de la ville de Paris a décidé qu’un certain nombre de jeunes horticulteurs seraient admis chaque année à titre d’élèves, dans ses établissements horticoles, situés ave* nue d’Eylau, n° 137. De plus, l’administration a formé une biblio- thèque horticole où le personnel de ces établis- sements peut étu.Iier durant les heures non employées au travail manuel. Les élèves admis trouvei ont donc à la fois dans les établissements de la ville l’éducation théorique et l’instruction pratique nécessaires à l’exercice de leur art. Les élèves, pour être admis, doivent être âgés de dix-huit ans révolus et être munis soit d’un livret, soit d’un passe-port qui constate leur identité. Il est nécessaire, en outre, qu'ils pos- sèdent les premières notions de l’art horticole, et qu’ils aient fait pendant un an au moins de la culture pratique. Les demandes d’admission devront m’être adressées avant le ler mars de chaque année. Elles indiqueront les nom et prénoms, date et lieu de naissance des candidats; elles seront accompagnées d’une note sur leurs antécédents et de leur acceptation aux conditions suivantes: l°Les élèves sont assujettis aux règlements concernant les ouvriers et chefs de section des établissements horticoles de la ville de Paris; 2° Chaque mois ils sont changés de section afin d’étudier avec fruit tous les genres de culture ; 3° L’administration alloue aux élèves, à titre de rémunération de leur travail, une somme de 65 fr. par mois; 4° Les élèves qui désirent quitter l’établisse- ment en préviennent le chef de culture quinze jours à l’avance et ne peuvent réclamer le payement de ce quilem serait dû avant le jour de la paye, qui a lieu du 8 au 10 de chaque mois. Je vous prie, monsieur, de faire connaître ces dispositions aux horticulteurs aveclesquels vous vous trouverez en relations Je tiendrai, d’ail- leurs, le plus grand compte aux jeunes gens que vous m’adresserez de votre honorable re- commandation. Veuillez agréer, etc. L’ingénieur en chef , administra- teur des promenades de la ville de Paris , A. Alphand. — Plusieurs personnes ayant écrit à M. Ba- rillet, secrétaire de la commission consul- tative, pour manifester diverses craintes qu’elles avaient, soit au sujet de la réparti- tion des récompenses, soit relativement aux frais qu’auraient à supporter les exposants, M. Barillet, après en avoir référé à la com- mission impériale, a fait publier la lettre suivante : Monsieur , En réponse à votre lettre résumant diverses observations présentées antérieurement par d’autres personnes, relativement aux disposi- tions du programme de l’exposition internatio- nale d’horticulture, en 1867, je crois devoir porter à votre connaissance la décision sui- vante, prise par la commission impériale de l’Exposition universelle, sur la proposition de la commission consultative. Vous savez que, pour chacune des quatorze séries de concours, un certain nombre d’hom- mes compétents et spéciaux, choisis parmi les notabilités horticoles de la France et de l’étran- ger, auront à juger les produits exposés dans la série de concours pour laquelle ils seront nommés. Afin de donner aux opérations du jury le ca- ractère d’unité désirable, la commission impé- riale a décidé qu’une section de membres éga- lement choisis parmi les notabilités horticoles françaises et étrangères, aurait mission de suivre tous les concours qui auront lieu pendant la du- rée de l’exposition d’horticulture, et de fournir aux jurys spéciaux à chaque série tous les ren- seignements ayant trait aux appréciations for- mulées lors des concours précédents. Le jury pourra proposer d’accorder des ré- compenses à tous produits réunissant les con- ditions du programme et reconnus méritants. 11 ne tiendra aucun compte, pour la valeur des récompenses à décerner, de la dénomina- tion affectée aux concours, mais bien au degré de mérite des produits. Ce ne sera donc que dans le cas où le mérite serait reconnu égal pour des produits identi- ques, que ceux exposés dans les concours dits principaux, primeront ceux qui figureront dans les concours dits accessoires. Malgré tous les bruits qui ont couru à ce su- jet, les exposants de la section d’horticulture n’ont absolument rien à payer pour concourir. Les seules dépenses à leur charge sont : 1° Frais de transport des produits (et encore est-il bon de vous rappeler que les Compagnies de chemins de fer accordent une réduction de 50 pour 100 sur les tarifs ordinaires pour les colis destinés à l’Exposition universelle); 2° Temps nécessaire à l’installation des pro- duits mrs des concours. Recevez, etc. Le secrétaire de la commission consultative , Barillet. — Le versant du Trocadero, en face du champ deMars(l),quecouronneralaplacedu Roi-de-Rome, seradisposé en jardin français. Les avenues et les promenoirs qui divisent en tous sens ces vastes talus, laissent sub- sister des plateaux qui seront disposés en boulingrins. L’arrangement symétrique de cet emplacement élait, du reste, commandé par la disposition des points de vue et des promenoirs; ensuite, il était important de ne pas altérer, par les plantations qu’un jardin paysager aurait entraînées, le magni- fique panorama qui de là se déroule sur dif- férents points aux yeux du spectateur. Les travaux sont en grande partie terminés, pour cette année du moins. — Notre collègue M. Charles Baltet nous adresse les quelques lignes suivantes que nous nous empressons de publier; elles (1) Voir Rev. hort., 1867, p. 105. CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE DE MARS). 154 intéressent tous les horticulteurs ou plutôt tous les amis de riiorticulture : Mon cher collègue, Dans votre dernière chronique, M. Eugène Glady déclare que les ressources de son jaidin ne lui permettent plus de disposer de greffons des Pommiers Rose de Bénange et Reinette grise de Saintonge . Mais puisque nous tenons nous-même ces deux variétés de notre ami Glady, qui nous en a gratifié depuis plusieurs années, il est juste que nous venions à son secours. Nous offrons donc gratuitement des rameaux à greffer de ces deux variétés de Pommier — et même de toute autre — et nous les enverrons franco par la poste à toutes les personnes qui nous en deman- deront. A vous. Ch. Baltet, Horticulteur, à Troyes. — Le journal la Belgique horticole , rédigé par M. Edouard Morren, nous apprend, par son numéro de janvier-février 1867, que M. Warscewicz, jardinier-chef du Jardin botanique de Gracovie, est mort le 29 dé- cembre dernier. On sait que Warscewicz a fait des voyages scientifiques, et que l’hor- ticulture, qu’il aimait passionnément, lui doit l’introduction de beaucoup de végétaux précieux pour l’ornementation. — Nous trouvons dans ce même journal un article très-intéressant sur la Toxologie végétale, extrait, dit ce journal, du Bulletin du conseil supérieur d'agriculture de Bel- gique pour 1864. Les faits d’empoisonne- ments qu’il rapporte sont au nombre de sept. Le premier, occasionné par les feuilles de Colchique, s’est manifesté sur 22 bêtes à cornes. Un taureau étant mort, M. Le- moine, qui fut appelé et qui en fit l’autopsie, trouva dans la panse une masse de feuilles de Colchique plus ou moins divisées. Comme traitement, on administra le Café en infusion à la dose de trois litres pour chaque sujet; on fit des frictions sur tout le corps, et on termina par les excitants diffu- sibles. On ne perdit que deux animaux. Le deuxième cas d’empoisonnement a été déterminé par la Ciguë vireuse ( Cicula vi- rosa). Trois bêtes à cornes sont mortes presque subitement, après avoir mangé de cette plante. M. Seyler, d’Arlon, qui en fit l’autopsie, trouva le péritoine et la pie-mère cérébro-spinale fortement endommagés; quant au sang, il était noir et poisseux. Le troisième cas d’empoisonnement a été déterminé par la Prêle des marais ( Equise - lum palustre). Cette plante, dit-on, déve- loppe d’abord l’embonpoint, mais bientôt les chevaux qui en mangent tombent dans un état de prostration à peu près complet. Si l’on continue encore pendant quelque temps l’usage de cette plante, d’autres phé- nomènes apparaissent : la danse de Saint- Guy, les convulsions; enfin la mort suit les phénomènes nerveux. Le traitement con- siste dans l’emploi des anlispasmodiques. Le quatrième cas d’empoisonnement a eu lieu par suite de l’ingération de feuilles de Tabac ordinaire ( Nicotiana Tabacum). On a constaté qu’une superbe vache hollandaise, âgée de six ans, après avoir mangé environ 3 kilogrammes de feuilles vertes de Tabac, et malgré tous les soins qu’on lui a donnés, est morte au bout de six heures. C’était la deuxième fois que M. Desart était appelé pour constater l’empoisonnement à l’aide * de feuilles vertes de Tabac. Mais ce vétéri- naire dit que plusieurs fois il avait eu occa- sion de le constater par le Tabac sec , et même que le séjour du Tabac dans les four- rages suffisait pour communiquer à ceux-ci une propriété toxique assez forte pour en- traîner la mort des animaux qui mangeaient ces fourrages. Le cinquième cas d’empoisonnement a été causé par les feuilles de l’If commun ( Ta - xus baccata ) sur des vaches qui avaient mangé des feuilles et des bourgeons de cette plante. Cette fois le fait nous surprend moins, car nous en connaissons beaucoup d’analogues; nous en avons cité plusieurs dans notre nouvelle édition des Conifères , actuellement en vente. Au bout d’une heure, deux de ces vaches étaient mortes. M. Mi- chelotte , médecin-vétérinaire, ayant fait l’autopsie des cadavres, constata que la cail- lette et la plus grande partie des intestins étaient d’une couleur rouge plombée, et que la muqueuse s’en détachait par le plus lé- ger frottement du dos du bistouri. Le foie était très-volumineux, le cœur et les gros vaisseaux qui communiquent directement avec lui étaient remplis d’un sang noir; il en était de même des vaisseaux dn cerveau et de ses enveloppes. On fit administrer en très-grande quantité de l’eau mucilagineuse acidulée, et quatre à cinq jours suffirent pour rétablir le reste du troupeau. Le sixième cas d’empoisonnement dont nous avons à parler a été causé par le Rho- dodendron, sur des moutons qui paissaient dans un enclos où se trouvait un massif de cette plante. Au bout d’environ deux heures, des phénomènes d’intoxication se produisi- rent. Mais de l’eau vinaigrée, administrée à temps, fit bientôt revenir les animaux à leur état normal. Enfin, un septième cas d’empoisonne- ment s’est manifesté sur des chevaux qui avaient mangé en grande quantité des Co- quelicots. M. Guilmot, qui fut appelé, fit administrer à chaque cheval, à titre de re- mède, de l’ammoniaque à la dose de 20 gram. associé à 40 gram. d’éther sulfurique, et fit en même temps appliquer des com- presses d’eau froide sur la tête. La guéri- son s’est opérée promptement. Bien que ces faits soient complètement 125 CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE DE MARS). étrangers à l’horticulture, nous avons cru devoir les rapporter, parce qu’ils peuvent être utiles à tous en mettant en garde contre de semblables accidents. Nous ferons néanmoins observer que beaucoup manquent de précision; de plus, qu’ils tendent à prouver que les poisons agissent différemment suivant leur nature. En effet, plusieurs des plantes qui ont dé- terminé la mort de certains animaux sont tout à fait inoffensives pour d’autres. Ainsi la Ciguë, qui a fait périr des vaches, est impunément mangée par les chèvres. Nous avons nourri des ânes uniquement avec des Prêles, sans qu’il- en aient jamais ressenti la moindre indisposition. Quant aux Coqueli- cots, nous n’ignorionspas que, lorsqu’ils sont très-tendres, ils peuvent déterminer la mé- téorisation, mais nous n’avons pas d’exemple qu’ils pussentdéterminer l’empoisonnement. — En parcourant récemment le dernier numéro de la Belgique horticole, nous avons lu un article sur le Cèdre de l’Atlas, et nous avons été frappé de la ressemblance qu’il avait avec celui qu’a publié un de nos collaborateurs, M. André Leroy, dans la Revue horticole 1866, page 327. Compa- raison faite des deux articles, nous avons pu constater qu’ils étaient identiquement les mêmes. Nous ne voulons voir en ceci qu’un oubli involontaire de la part du ré- dacteur du journal belge. Mais qui n’oublie pas ? Celui qui ne fait rien, dit-on, et tout le monde sait que M. Ed. Morren n’est pas dans ce cas; tout s’en faut ! Ce même journal nous apprend qu’une Société hollandaise d’agriculture ( Neder - landsche Tuinbouiv-maatschappij) vient de de se constituer sous le nom de Linnœeus. Son but est la fondation d’une école théo- rique et pratique d’agriculture et la création d’un vaste établissement pour le commerce des plantes de toute sorte. Son siège est à Watergraafsmeer, près d’Amsterdam. Nous nous empressons de publier cette bonne nouvelle, car on ne saurait donner trop de publicité à ces sortes d’institutions qui non-seulement contribuent puissamment au bien-être matériel, mais qui sont sur- tout des moyens de moralisation, en répan- dant les lumières et en vulgarisant la science. Souhaitons donc bonne réussite à la nou- velle Société. — Les personnes qui xmt traversé Vitry- sur-Seine ou, comme on dit, Vitry-aux- arbres , par la roule de Choisy-le-Roi, ont pu remarquer encore, au commencement de ce mois, le long d’un mur au nord, planté en pleine terre et sans aucun abri, un ma- gnifique espalier de Camellias couvert de milliers de Heurs du plus brillant éclat. Ces Camellias , qui, nous assure-t-on, appar- tiennent à M. Cyr-Luizette, sont plantés de- puis huit ans environ. Ce n’est, du reste, pas le seul exemple de Camellias plantés en pleine terre sur le climat de Paris. Pendant plus de quinze ans nous en avons remarqué plusieurs pieds, au milieu d’une cour, chez M. Margat père, à Yitry-sur-Seine, et il y a quelques années, nous en avons vu, à Paris, le long d’un mur au nord , qui non-seulement résistaient, mais qui fleurissaient très-bien. Ces exemples démontrent que les Camellias , jusqu’ici regardés par beaucoup comme plantes de serre, sont au contraire relative- ment très-rustiques. Nous devons dire tou- tefois que cet avantage immense de fleurir l’hiver et de pouvoir ainsi orner les serres et les salons pendant toute cette saison, de- vient un grand inconvénient lorsqu’ils sont plantés à l’air libre. Car alors, très-fréquem- ment, leurs fleurs sont détruites par les in- tempéries. Il faudrait donc, dans le cas où l’on voudrait les cultiver en plein air, les palisser le long d’un mur à l’exposition du nord, placer au haut du mur des auvents qui les garantissent des pluies et des nei- ges, et, si le temps était par trop mauvais, placer des paillassons sur le devant. Ce sont là des ennuis assurément bien minimes si on les compare aux jouissances qu’on en retirerait. — Nous croyons devoir signaler un autre fait remarquable, c’est la production d’une sorte de Groseillier-Cassis à l’aide d’une graine de Groseillier sanguin. Le fait pourra paraître singulier parce qu’il est en dehors des règles que la science a établies. Mais celles-ci sont-elles l’expression de la vérité? Nous n’en croyons rien, car depuis long- temps nous avons pu juger et apprécier la plupart de ces règles. Voici ce qui est ar- rivé : Dans un semis de Ribes albidum, il s’est trouvé un individu qui, dès sa jeunesse, différait considérablement des autres. Non- seulement les différences indiquées se sont maintenues, elles se sont même caractéri- sées de plus en plus et aujourd’hui cette es pèce (pourquoi pas?) n’a rien de commun avec sa mère par le faciès; elle lui ressem- ble encore un peu par ses fruits; mais par sa végétation, par son port, par son bois et par son écorce, par ses feuilles, en un mot par tous ses caractères physiques, elle res- semble au Cassis ( Ribes nigrum ), au point que c’est à peine si on peut la distinguer de celui-ci; seulement la saveur forte et si bien caractérisée de ce dernier est peu prononcée sur \e Ribes inter medium. — C’est le nom que nous donnons à la plante dont nous parlons. — Nous la décrirons et en indiquerons les caractères dans la liste des piaules nouvelles ou rares que, de temps à autre, nous plaçons à la fin des numéros de la Revue. Notre but, ici, est surtout d’appeler l’attention des bo- tanistes sur l’apparition et la formation des nouveaux types. e. a. Carrière. DU CHAUFFAGE DES SERGES Si, pour faire ressortir l’importance du chauffage des serres, nous établissons une comparaison entre le présent et le passé, nous trouvons que depuis l’introduction de cette mesure chez les horticulteurs et ama- teurs, les plantes de serre, autrefois l’apa- nage des gens riches, sont devenues presque communes par leur emploi : l’hiver, dans les salons aussi bien que dans les mansardes; l’été, pour la décoration des parcs et jar- dins. En outre, si nous ajoutons que la culture des fruits et légumes, jadis abandonnée à la nature, est aujourd’hui un art consistant à changer les saisons par le chauffage, nous aurons déjà démontré que la question mé- rite un sérieux examen. En effet, plus nous marchons en avant, c’est-à-dire plus la science agrandit le cercle de ses connaissances, plus les botanistes voyageurs se multiplient et parcourent les pays non explorés pour y trouver de nou- veaux végétaux propres à accroître nos ri- chesses et nos plaisirs, et plus aussi s’élève le nombre des espèces réclamant l’abri d’une serre. La question du chauffage des serres de- vient donc de plus en plus utile et demande une convenable et bonne solution. Avant d’examiner les divers appareils de chauffage, disons un mot des inconvénients ou des défauts signalés sur ceux-ci parlagéné- ralité des horticulteurs et amateurs. On se plaint d’abord de l’emploi imparfait du com- bustible dans les appareils où une grande partie du calorique n’est pas convenable- ment utilisée. Ce reproche, qui est fondé, tient soit à ce que la surface de chauffe est trop restreinte ou mal employée, soit à ce que le plan n’a pas été établi suivant les règles de l’art dans la construction géné- rale. Les conséquences qui ressortent de cela sont très-onéreuses, car la dépense occasionnée par ces vices de construction est d’autant plus considérable qu’elle se renouvelle tous les jours ; il faut ajouter que, pour obtenir régulièrement le degré de cha- leur réclamé par les végétaux cultivés, la surveillance des foyers exige des soins spé- ciaux de chaque instant, occasionne une perte de temps toujours regrettable et des veilles fatigantes. Eu second lieu, il est bien question du prix élevé des appareils et des dépenses considérables à faire pour l’installation, mais ce qui, surtout, donne prise à la cri- tique, ce sont les frais d’entretien : toujours des ouvriers, dit l’un ; tous les jours, dit l’autre, ce sont des fuites aux chaudières, aux tuyaux, ou des ruptures, etc., etc. Malheureusement, tout cela est vrai ; aussi, au lieu de critiquer, nous répon- drons : réunissons nos forces et cher- chons à résoudre ce problème d’un intérêt capital. Que faut-il donc pour remplir le but cherché, même dans les plus mauvaises conditions? Il faut trouver un système ou un appareil réunissant comme conditions principales : économie dans l’acquisition, dans l’instal- lation et dans l’entretien, employant utile- ment le calorique développé par le combus- tible, réclamant peu de surveillance, et d’une facile direction; enfin produisant une bonne aération des serres si nécessaire aux végétaux. Bien que principales et surtout indispen- sables, ces conditions sont déjà très-difficiles à remplir; cependant rien de sérieux selon nous ne pourra être entrepris en horticul- ture tant qu’un appareil semblable n’aura pas été construit. Tous les inventeurs et constructeurs sont d’un avis unanime sur ce point; ils cherchent sans cesse; mais, hélas! que nous sommes encore loin du but et combien d’efforts restés infructueux! Cependant, pour être juste, nous devons reconnaître que les encouragements n’ont pas manqué et que de nombreux prix donnés soit par le gouvernement, soit par les so- ciétés d’horticulture, sont venus récompen- ser les constructeurs de leurs efforts et des résultats qu’ils ont obtenus. Enfin l’administration de la ville de Paris, comprenant la haute portée de cette ques- tion et l’importance d’une solution, a per- mis aux constructeurs et inventeurs qui en ont fait la demande, de venir essayer leurs appareils de chauffage à son établissement horticole de l’avenue d’Eylau. Là, comme dans tout ce que fait M. Alphand, ingénieur en chef de la ville, rien n’a été négligé pour assurer la réussite des projets : serres vastes et locaux disposés à recevoir les nouveaux appareils; bons soins; études comparatives faites par des hommes éclairés; surveillance active et assidue; promesse d’acquisition en cas de réussite, et jusqu’à des récompenses offertes aux producteurs d’appareils per- fectionnés, tout a été mis au service de la cause. Si, malgré tout cela, les résultats n’ont pas été satisfaisants, ainsi qu’il résulte des expériences nombreuses qui ont été faites, il faut admettre que, comme nous le disions plus haut, l’entreprise est difficile. Rafarin. [La suite prochainement .) CORONILLA PENTAPHYLLA Arbuste d’un mètre environ de hauteur, très-ramifié, à rameaux souvent aplatis. Feuilles composées persistantes. Fleurs d’un très-beau jaune, dégageant une odeur douce et agréable, très- nombreuses, sou- vent disposées en sortes de grappes unila- térales. Le Coronilla pentaphyïla, Dess., est l’un des plus jolis pour la saison d’hiver, et des plus précieux pour le midi de l’Europe; il est originaire de l’Algérie. Sa floraison com- mence en décembre pour se terminer en mars-avril et même plus tard. M. Munby (Flore de V Algérie, p. 79), dit qu’on trouve cette espèce « dans les haies et sur les co- teaux, près Alger, à Santa-Cruz, à Oran, etc., où elle fleurit de février à avril. » Bien qu’elle ne soit pas délicate et qu’elle vienne à peu près partout, elle craint néanmoins beaucoup l’humidité ; on devra donc la plan- ter dans des lieux un peu élevés et chauds, dans une terre plutôt légère que forte; les terrains légèrement calcaires et chauds lui conviennent surtout. Sa culture et sa multiplication sont des plus faciles. On ré- colte les graines au fur et à mesure qu’elles mûrissent; on les sème en mars-avril, puis l’on repique les plants dans des petits pots qu’on garantit un peu de l’air et du soleil pour favoriser la reprise. Lorsque celle-ci est assurée, on plante en pleine terre où les plantes se développent vigoureusement. Dans le Nord on pourra faire de même en plaçant les plantes dans un endroit chaud et abrité; néa/imoins on devra en conser- ver quelques pieds en pots, qu’on rentrera l’hiver dans une serre tempérée ou dans une orangerie, près des jours où ils fleuriront tout l’hiver. On pourrait même cultiver le Coronilla pentaphyïla exclusive- ment en pots, pour en orner les serres pen- dant l’hiver. Leurs fleurs qui se succèdent sans interruption, pendant cette saison, s’harmonisent parfaitement et forment un des plus jolis contrastes avec celles des Camel- lias , qui fleurissent à peu près à la même époque (1). Pour obtenir des sujets plus ramifiés et plus agréables de forme on peut pincer les bourgeons aussitôt qu’ils ont atteint quelques centimètres , mais toujours avant que les boutons soient for- més. Rantonnet, Horticulteur, à Hyères (Var). LES CONIFÈRES Leur description , leur histoire et leur culture , par M. E. A. Carrière (2). De toutes les sections de l’arbori- culture , après celle qui embrasse les arbres fruitiers, il n’en est pas qui doive nous intéresser plus que celle des Conifères, ou arbres verts , comme quelques-uns les appellent encore, improprement. Cette vaste création d’arbres, une des plus anciennes de la nature, une des plus largement dissé- minées sur le globe, une de celles qui pous- sent le plus loin leurs représentants vers les pôles, est aussi une des plus curieuses (t) La plante dont parle notre collègue M. Ran- tonuet, nous a paru très voisine du Coronilla glauca , Lin. et du Coronilla Valentii, Poir. Nous ne serions même pas éloigné de croire que ces plantes ainsi que le C. emeroides, Boiss. ne sont que des descen- dants du Coronilla emerus, Lin. Par exemple, les C. glauca et Valentii en seraient des formes méri- dionales pins ou moins françaises ; le C. pentaphyïla. Dess. une forme algérienne, et, enfin, le Coronilla emeroides , Boiss. en serait une forme espagnole. Mais, quoi qu’il en soit, la plante dont parle M. Ran- tonnet et dont il nous a envoyé des échantillons, est très-jolie et digne de figurer dans tous les jar- dins. Nous ajoutons que coupés ses rameaux se conservent dans l’eau où ils continuent de fleurir pendant dix à quinze jours. [Rédaction) . (2) Traité général des Conifères, nouvelle édition, 2 volumes in-8 de plus de 900 pages. — Chez l’auteur, rue de Buffon, 53, et dans les principales librairies. — Prix, 20 francs. par la variété de l’organisation, et certaine- ment une des plus utiles au genre humain. Des arbres forestiers gigantesques, qui ne le cèdent en volume à ceux d’aucune autre famille; des bois légers, souples, élastiques ou compactes et incorruptibles; des résines, des graines alimentaires, des aspects gran- dioses ou pittoresques, une verdure qui brave le temps et l’inclémence des saisons, un nombre prodigieuxd’arbrisseaux et d’ar- bustes, ornements presque impérissables de nos jardins, tels sont les dons multiples que nous offre ce merveilleux groupe de végétaux. Y a-t-il lieu de s’étonner qu’à lui seul il tienne une place si considérable dans l’arboriculture moderne, et que tant de na- turalistes distingués en aient fait l’objet presque exclusif de leurs études et de leurs méditations? C’est que l’ordre des Conifères est par lui-même tout un monde. Très-homogène, très-distinct de tout le reste du règne végé- tal, quand on l’examine par certains côtés, il revêt, sous d’autres aspects, la plus éton- nante variété de figures. Quelle distance, par exemple, entre le colossal Wellingtonia de Californie et l’humble Ephedra de nos rivages; entre le sombre Araucaria du Chili et le gracieux Genévrier de nos collines gra- nitiques; entre la flèche élancée de nos 128 LES CONIFÈRES. Sapins d’Europe et la masse informe du Welivitschia de l’Afrique australe! Aujour- d’hui encore, après les observations les plus multipliées, les botanistes discutent sur la structure des fleurs dans les Conifères; sur la place que l’ordre tout entier doit occuper dans les systèmes botaniques et même sur les corrélations mutuelles de ses diverses parlies. De là tant d’opinions diverses, tant d’écrits contradictoires, où le lecteur ne discerne qu’un seul point sur lequel se rencontrent tous les auteurs, mais celui-là admis à l’unanimité : l’intérêt scientifique ; de l’étude des Conifères et leur grande im- portance dans la pratique culturale. Ce point j seul suffit pour rendre compte des efforts I qui ont été faits, depuis un demi-siècle, en France, en Angleterre et en Allemagne, pour vulgariser la connaissance de ces ar- bres et les propager partout où les condi- tions naturelles peuvent leur permettre de croître. Les livres qui traitent des Conifères sont partiels ou généraux, savants ou simplement pratiques, quelquefois savants et pratiques tout à la fois. C’est dans cette dernière caté- gorie que se range celui dont nous voulons entretenir un instant les lecteurs de ce jour- nal. L’ancien Traité des Conifères , de M. Carrière, en un seul volume, est trop connu pour que nous ayons à le rappeler ici; il était excellent pour le moment où il a paru, et il a rendu d’incontestables servi- ces ; mais, depuis lors, combien de Conifè- res nouvelles ont été introduites en Europe, combien de nouvelles races se sont formées dans les jardins, combien enfin la science ne s’est-elle pas éclairée sur des points alors obscurs d’organisation et d’affinité, et la pratique sur les conditions mêmes de la culture ! Du nord au sud de la France, de l’est à l’ouest, une multitude de Conifères, de tous genres et de toutes provenances, existent dans les jardins des pépiniéristes et les collections d’amateurs, et cette immense expérience pouvait et devait tourner au pro- fit de tous ; mais il fallait pour cela que les résultats en fussent recueillis, commentés et résumés dans un livre. C’est ce progrès des choses qui a en quelque sorte contraint notre collègue, M. Carrière, à reprendre son ancien traité, non pour le rajeunir mais pour le re- nouveler; et, en effet, c’est bien plus un livre neuf qu’il nous donne aujourd’hui qu’une nouvelle édition du premier. La masse des documents s’est tellement accrue que, là où un seul volume suffisait il y a dix ans, deux volumes ne sont pas de trop pour exposer l’état présent de la culture des Co- nifères en Europe. L’étendue et la difficulté de ce travail ne sont probablement pas soupçonnées par la majorité des arboriculteurs. Pour ces der- niers, un petit nombre d’arbres choisis suffit ordinairement à satisfaire leur curiosité ou occuper leurs loisirs ; pour l’écrivain qui entreprend de tracer l’histoire naturelle et l’histoire horticole d’une si vaste famille, il n’y a pas de choix à faire; il faut prendre le tout, et ici le tout est énorme. Nous sur- prendrons plus d’un lecteur en lui appre- nant que l’ordre des Conifères, tel que nous le présente M. Carrière dans sa nouvelle édition, ne comprend pas moins de cinquante genres, que plusieurs de ces genres (Cupres- sus , Pinus , Abies , etc.) comptent plusieurs centaines d’espèces et de variétés, ces der- nières, tantôt fournies par la nature elle- même, et alors pouvant passer pour de véri- tables espèces, tantôt simplement nées de la culture, mais ayant une véritable impor- tance commerciale. Au total, c’est environ 3,0l>0 formes différentes que l’auteur s’ap- plique à décrire et à faire reconnaître, nom- bre effrayant déjà par lui-même, mais ren- du bien plus effrayant encore par la syno- nymie incroyablement embrouillée dont il a fallu le dégager. Combien de travaux brillants, qui valent à leurs auteurs la re- nommée et des récompenses nationales, sont cependant plus faciles et moins méri- toires que ce patient dépouillement de noms, sans lequel la science s’obscurcirait et périrait peut-être ! En voilà déjà bien long, et cependant c’est à peine si nous avons effleuré notre sujet. Forcé que nous sommes de nous li- miter, nous dirons de l’ouvrage de M. Car- rière : C’est une œuvre pratique et scienti- fique dans la véritable acception de ces mots. Au point de vue pratique, il serait dérisoire de nous y arrêter; nos lecteurs savent à quoi s’en tenir sur ce point. Une particularité qui , en même temps qu’elle montre la compétence de M. Car- rière, ajoute au mérite de son livre, c’est la séparation qu’il a faite des Pins du Mexi- que envoyés par M. Roezl, qui ont donné lieu à tant de discussions et dont on a tiré des conclusions si diverses, ce qui s’ex- plique par le fait que ces espèces n’avaient été déterminées que d’après la simple ins- pection des cônes et l’examen de très- jeunes plantes qui n’étaient pas caractéri- sées. M. Carrière n’a pas cru devoir agir ainsi; l’étude toute spéciale qu’il a faite des échantillons (branches et cônes) envoyés par M. Roezl, ainsi que celle des individus vivants et déjà développés dans diverses par- ties de la France, lui ont démontré qu’il ne convenait pas de trancher la question et qu’il était prudent d’attendre que les plan- tes fussent caractérisées pour se prononcer définitivement. Mais, jusque-là, M. Carrière ne nous laisse pas dans un doute absolu; il donne de ces arbres une définition serrée, en faisant connaître tous les caractères que lui ont présentés les échantillons authenti- LES CONIFÈRES. 129 ques envoyés par M. Roezl, ceux que celui- ci leur a attribués, ainsi que ceux qu’il leur a reconnus dans les cultures, de telle sorte, en un mot, que si l’on n’a pas de ces es- pèces une certitude absolue, on a au moins un guide pour les distinguer. Ainsi que nous l’avons déjà dit, M. Car- rière n’est pas seulement un praticien éclairé, il esl encore, non pas un savant (le mot le blesserait), mais un observateur at- tentif et sérieux ; aussi l’étude toute spéciale qu’il a faite des Conifères lui a-t-elle fait reconnaître certains caractères anormaux qui jusqu’ici avaient échappé aux bota- nistes. Ses observations sur la monoïcité et sur la dioïcité nous paraissent surtout mé- riter toute l’attention des savants. Malgré l’aridité apparente de ces détails, l’auteur a su rendre attrayante la lecture de son livre en faisant succéder à la discussion de la synonymie l’histoire souvent pittores- que des arbres eux-mêmes. Il nous les montre croissant en liberté dans leurs sites naturels, et nous raconte les diverses péri- péties de leur culture sous nos différents climats. Par lui, nous savons que telle es- pèce rare, ou que son origine quasi-tropi- cale semblait exclure de nos latitudes, existe et prospère sur des* points déterminés du territoire de la France. Il nous fait assister aux développements généraux de la culture des Conifères, et présage à telles ou telles espèces le brillant avenir forestier qui les attend. Enfin, sous le titre Culture et mul- tiplication des Conifères , il termine sa tache par plusieurs chapitres dont les arboricul- teurs comprennent d’avance l’utilité. C’est le résumé de tout ce que la pratique a fait dé- couvrir dans l’art de cultiver et de propager ces arbres ; plus de 50 pages du livre y sont exclusivement consacrées. Ajoutons que, indépendamment de la table générale, le livre contient une table des noms vulgaires, ainsi qu’une autre table des noms d’auteurs avec l’indication de leur nationalité. Pour nous résumer, nous dirons : La nouvelle édition du Traité général des Coni- fères, que vient de publier M. Carrière, est une œuvre hors ligne, que tous, savants ou praticiens, horticulteurs, sylviculteurs ou amateurs, devront lire et méditer. Naudin. LES SALADES D’HIVER Nous ne manquons pas de salades pour l’hiver; mais le nombre de celles que l’on peut obtenir en plein air dans cette saison, surtout dans le nord de la France, est très- limité; aussi croyons-nous intéressant d’en signaler une, qui n’est pas nouvelle, mais qui n’est pas assez connue et qui est loin d’être aussi cultivée qu’elle le mérite. Nous voulons parler de la Chicorée sauvage, dite améliorée. Cette variété, qui réunit tous les mérites de la Chicorée sauvage ordinaire, et qui peut, comme elle, être coupée et fournir toute l’année un aliment excessivement sain, a, sur cette dernière, l’avantage de produire des feuilles plus amples, plus vigoureuses, conséquemment plus charnues et plus ten- dres. Elle offre, en outre, cette particularité : qu’étant semée vers la fin du printemps et en été, ses feuilles forment en automne une petite pomme, variant en grosseur depuis celle d’un œuf jusqu’à celle du poing. Ces pommes se tiennent bien tout l’hiver et si on a le soin de les butter avec du sable, de la terre, des feuilles ou, mieux encore, de les couvrir d’un pot à fleur renversé, elles blanchissent et fournissent, pendant tout l’hiver et en plein jardin, une salade très- tendre, très-blanche, d’un goût très-agréable et qui n’a pas l’amertume particulière à la Barbe de capucin. La Chicorée sauvage améliorée peut aussi être traitée comme la variété ordinaire et produire dans l’obscurité, soit en cave ou sous des coffres couverts de paillassons ou de planches, de belle et excellente Barbe de capucin, ayant les feuilles plus courtes, plus larges et plus charnues que celle du type. On cultive aussi une autre variété de la Chicorée sauvage, dont les feuilles sont très- larges et tachées ou flagellées de rougeâtre. Traitées comme Barbe de Capucin, ses feuil- les, quoique blanchies, présentent encore des taches sanguines qui la font préférer par quelques amateurs. Les autres salades d’hiver sont pour la pleine terre et le plèin air : 1° La Raiponce , sorte de Campanule, dont on mange en même temps la racine qui est charnue, croquante et blanche, et les feuil- les, qui sont un peu coriaces et analogues de forme à celles de la Mâche. Cette espèce est tout à fait rustique et n’exige aucune couverture; 2° Les Mâches ou Doucettes , dont on cul- tive trois variétés ou espèces, savoir : la Mâche ronde , qui a une sous-variété dite Mâche verte; ce sont celles préférées par les jardiniers des environs de Paris; la Mâ- che à large feuille et à grosse graine , re- cherchée en Hollande et dans le Lyonnais, et enfin la Mâche d’Italie ou Régence , à la- quelle on fait le reproche d’être difficile à nettoyer et de conserver toujours un peu de terre ou de sable entre ses feuilles. Le Pissenlit est aussi une excellente sa- lade d’hiver. Autrefois on se contentait de le cueillir dans les champs et les prés; mais LES SALADES D’HIVER. aujourd’hui sa culture a pris beaucoup d’ex- tension et est devenue l’objet d’un grand commerce. En Lorraine et dans les environs de Nancy en particulier, les jardiniers cul- tivent le Pissenlit et le font blanchir en le buttant ou en le couvrant de terre; il est alors bien plus beau, plus blanc et surtout plus tendre que celui recueilli à l’état sau- vage. Les feuilles du Scorsonère ou Salsifis noir , traitées comme le Pissenlit ou la Chi- corée sauvage (Barbe de ca| ucin), fournis- sent aussi une salade tendre et excellente. Plusieurs autres plantes sauvages de nos campagnes, appartenant à la famille des Chicoracées ; quelques Epilobes aussi, ayant d’ailleurs, comme apparence de feuillage, beaucoup d’analogie avec les Mâches, pour- raient être mangées impunément comme salade d’hiver; mais, grâce à Dieu, nous n’en sommes pas réduits là. Le potager et le jardin maraîcher produi- sent aussi en hiver plusieurs salades, no- tamment sous châssis, et sur couches, les Laitues crêpe , Gotte , la Laitue jeune ou petite Laitue à couper, et la petite Chicorée sauvage à couper naissante ; les côtières des jardins bien exposés et des climats favo- risés fournissent, aussi des Laitues d’hiver; enfin les jardiniers conservent parfois, pour l’hiver, soit dans des endroits à ce affectés, ou sous des coffres recouverts de châssis, des Chicorées frisées et des Scaroles. Enfin, dans le centre et le midi de la France, on cultive aussi, pour l’hiver, la Scarole en cornet, peu connue à Paris. Cette variété se sème en été; elle forme, On voit souvent, dans les jardins de l’ouest et du midi de la France, une belle plante à grand feuillage, aux découpures élégantes, dont la teinte glacée et glauque contraste avec la flore ornementale ordi- naire. C’est le Mélianthe à grandes feuilles (. Melianthus major , fig.l 5). Arbrisseau du cap de Bonne-Espérance, il appartient à la famille des Zygophyllées. Depuis bientôt deux siècles qu’il a été in- troduit en Europe, le Melianthus est resté confiné dans les jardins botaniques, le plus souvent sous la forme d’un bâton grêle et dénudé, rentré chaque hiver en serre tempérée, portant des feuilles petites et ne donnant pas la moindre idée des propor- tions qu’il peut acquérir par une culture in- telligente. C’est là du moins le traitement qu’on lui impose dans les collections du climat de Paris. Dans l’Ouest, au contraire, et dans le Sud, où l’on confie le Melianthus à la pleine terre en le traitant comme une plante vivace rabattue chaque année, on lui voit acquérir fréquemment une hauteur de vers l’automne, une petite pomme dressée, de la grosseur d’un gros œuf. A l’approche des froids on arrache cette variété, en lui laissant un peu de motte aux racines, et on en forme des tas dans des fosses ou sur le sol ; on recouvre le tout de terre, ou le plus souvent de feuilles, et on prend sur le tas pendant tout l’hiver, au fur et à mesure des besoins. Les feuilles de l’extérieur sont le plus souvent pourries, mais la pomme se conserve et est alors d’un blanc jaunâtre. Cetle Scarole en cornet est précieuse pour les jarilins de fermes et de campagne; on lui reproche parfois d’être un peu amère. Au bilan des plantes utilisées en France, pendant l’hiver, comme Salade ou assaison- nement, on peut ajouter les Céleris à côtes, les Céleris-Baves, les Betteraves, les Choux rouges, le Cerfeuil semé sous châssis, l’Es- tragon chauffé ou forcé, les Cressons de terre ( Barbarea precox, B. stricta et le Cardamine hirsuta ), le Cresson de fontaine (provenant de cressonnières abritées ou fa- vorisées par des eaux thermales) ; les Choux- fleurs et Brocolis, chauffés ou conservés, les Concombres chauffés ; la Ciboule ; la Ci- boulette chauffée ; les Laitues romaines, cultivées sur couches ou sous cloches ; la Moutarde blanche, semée sous châssis, est aussi mangée jeune en salade ; la Pimpre- nelle chauffée ; les Haricots forcés ; le Pourpier forcé ; la Roquette chauffée, et la Valériane d’Alger chauffée. Tel est, à peu de chose près, avec quelques conserves au vinaigre, l’inventaire des richesses végétales plus ou moins utilisées en hiver comme salade. Clemenceau. JS MAJOR 1 m. 50 avec des feuilles de 80 cent, de lon- gueur. Nous nous rappelons toujours avec plaisir les premiers spécimens que nous ayons vus de cette jolie plante. C’était en 1857, au Jardin botanique d’Angers, au pied d’un mur, où M. Boreau les cultive de- puis longues années dans un sol riche et profond, sans les abriter pendant l’hiver autrement que par quelques feuilles sèches. Ces résultats peuvent être obtenus à Paris avec quelques précautions que nous allons indiquer. D’abord les multiplier de semis, en terrine, sous châssis, en août et septembre; rentrer, ou sous châssis, ou en serre tem- pérée, les jeunes plantes rempotées un mois après leur levée, et les laisser passer l’hiver dans un demi-repos obtenu par des arrosements modérés. Au mois de mai, dans la première quinzaine, les mettre en place, ou isolément sur les pelouses, ou par grou- pes de trois, chaque pied distant de 70 cent, de son voisin; les abriter par une cloche pendant quelques jours, et les livrer peu à Reoue Horticole L. L MELIANTHUS MAJOR. 131 peu au grand soleil. Composer le mélange dans lequel on les plante de moitié de bonne terre de jardin et moitié de terreau de feuilles et de fumier, dans un large trou de 1 mètre de large sur autant de profon- deur. Attendez ensuite le résultat. Vos plantes ne tarderont pas à développer un remarqua- ble feuillage vert bleuâtre, découpé par de grosses dents régulièrement disposées sur les larges folioles décurrentes qui sont fixées sur le pétiole ailé. Peu de plantes pourront lutter avec celle- ci en grâce et en beauté. Nous en avons eu l’année dernière, dans notre jardin, un exemplaire haut de 1 m. 50, qui a fait l’admira- tion de tous les visiteurs. Ce pied, quejeviens d’examiner au- jourd’hui, 8 mars , sous la couverture de feuilles qui pro- tège sa base, est parfaitement vert à sa partie inférieure et se développera en- core vigoureu- sement cette an née. Mais je ré pète que les jeu- nes plantes de semis, dont les horticulteurs méridionaux ré- coltent abon- damment des graines, seront d’une vigueur bien supérieure. Si, au contrai- re, on rentre les vieux pieds, ils continuent leur végétation, et l’on a la chance de les voir donner au prin- temps, il est vrai, un épi terminal de fleurs brun rouge. Mais cet ornement est de peu d’importance car toute la beauté delà plante réside dans son feuillage. Si vous n’êtes pas botaniste et si cette floraison vous importe peu, nous vous conseillons plutôt de ra- battre vos plantes et de les laisser en place en les couvrant de feuilles sèches. Le Melianthus major n’est pas la seule espèce du genre que l’on puisse cultiver. Les M. minor et M. comosus , de la même patrie, peuvent recevoir la même culture, mais ces deux plantes lui sont inférieures en dimensions et en mérite. A ceux qui désireraient compléter ces renseignements par le côté descriptif et historique, nous dirons que Lamarck, dans son Dictionnaire, Ill,tab. 552, le Botapical register , tab. 45, et Spach, dans ses Suites à Buffon , assignent au Mélianthe les carac- tères suivants : Arbrisseau de 2 à 3 mètres, «à racines traçantes, à feuilles al ternes, grandes, imparipennées ; folioles dentées, inéquila- térales, décurrentes d’un seul côté, glau- ques, ovales-oblongues, longues de 6 à 10 centimètres; pétiole ailé entre les folioles, nu à la base. Sti- pules connées, ovales, soudées, intra-pétiolaires, adnées. Fleurs d’un rouge brun, en grappes axil- laires ou termi- nales, à pédi- celles courts , munis de brac- tées ovales poin- tues. Calice à 4 divisions, les deux supérieu- res oblongues, les deux autres lancéolées. Cap- sules grosses , quadrifides. Le Mélianthe, dont l’étymolo- gie signifie fleur de miel , en rai- son de la grande quantité relative qu’en contien- nent les anthè- res, a aussi pour nom vulgaire Pimprenelle du Cap , à cause de la ressemblance de la dé- coupure de ses folioles avec celles de la Pimprenelle de nos prés, mais avec des pro- portions ditïérentes. Les feuilles répandent, lorsqu’on les froisse, une odeur forte, assez analogue à celle de l’Iris fétide. Pendant la floraison, une senteur vineuse se dégage des glandes calicinales, qui laissent tom- ber sur le sol une liqueur noirâtre, re- cueillie, dit-on, avec un soin tout parti- culier par les Hottentots qui en font leurs délices. Ed. André. QUELQUES BELLES VARIÉTÉS DE GLAÏEULS Je cultivais, depuis quelques années, une I m’étais procurées chez M. Truffaut (de Ver trentaine de variétés de Glaïeuls que je | sailles). L’examen attentif de ces variétés 132 QUELQUES BELLES VARIÉTÉS DE GLAÏEULS. les différences qu’elles présentaient dans leur port, leur coloris, la nuance de leur feuillage, leur vigueur, le mode et l’époque de leur floraison me donnèrent bientôt la conviction qu’elles étaient le résultat de la fécondation artificielle ou accidentelle opérée entre les espèces : G. psitlaci- nus , G. blanchis, G. cardinalis , G. flori- bundus et G. ramosus; les deux premières, remarquables par leur vigueur et leur rusti- cité; les trois autres par l’éclat et l’élégance de leur coloris, mais d’une culture difficile et délicate en pleine terre, leurs bulbes étant continuellement en végétation. Ces espèces diffèrent aussi par l’époque de leur floraison. J’entrevis dès lors ce qu’il serait possible d’obtenir par une fécondation artificielle, en choisissant pour porte-graines les deux premières espèces ou les variétés qui repro- duisaient le mieux leurs caractères, fécon- dées par les trois dernières ou leurs variétés similaires; et je m’attachai, dans cet ordre d’idées, à obtenir des hybrides réunissant la vigueur et la rusticité de la plante, la pu- reté et l’éclat du coloris, l’ampleur et la bonne forme des corolles, la succession continue dans la floraison des variétés. Je cherchai aussi par l’hybridation entre les variétés similaires, mais de couleurs très- différentes, à produire de nouvelles nuances. Ma première expérience date de 1862. Au printemps de cette année, je semai environ 800 graines recueillies sur 14 capsules pré- parées pour le but que je me proposais. Ces 800 graines produisirent seulement 700 bul- bes qui furent plantés fin mars 1863; quel- ques-uns seulement montrèrent leurs fleurs cette même année, les autres fleuri- rent l’année suivante. En rejetant dans ce nombre tout ce qui me parut inférieur et médiocre ou ressemblant aux variétés con- nues, j’ai conservé une collection de choix composée de 135 variétés (le cinquième en- viron), remarquables tant sous le rapport de la vigueur que sous celui de la forme ou du coloris. Quelques-unes de ces plantes por- tent des tiges de lm.80, 2 mètres, et jusqu’à 2m.30 de hauteur, d’autres présentent quel- quefois des fleurons doubles, ou plutôt ju- meaux, c’est-à-dire qu’ils ont 12 pétales, 6 étamines et 2 pistils. Les variétés pana- chées ne sont pas rares, comme elles pa- raissent l’être aux environs de Paris, au dire de M. d’Auvers, dans une lettre repro- duite par la Revue horticole de 1866, page 8; mais la panachure est, suivant moi, un in- convénient, en ce qu’elle affecte souvent des variétés dont la nuance s’était montrée pure et délicate dans les floraisons précé- dentes; J’ai compris, dans les éliminations que j’ai faites, les variétés à floraison distique ; cette disposition, fâcheuse pour l’aspect de la fleur, dénote, en outre, une faiblesse cons- titutionnelle que la plante tient de ses pa- rents trop délicats. Quelques floriculteurs croient ou espè- rent pouvoir obtenir des variétés de nuance uniforme par l’absence de la macule, cette tache oblongue et brillante qu'on remarque au milieu des pétales inférieurs et qui ca- ractérise le Glaïeul dans toutes ses espèces. Je puis les détromper. J’ai remarqué quel- quefois la disparition de la macule dans une première floraison, mais elle n’a pas man- qué de reparaître, plus ou moins accusée, dans les floraisons suivantes ; et je regret- terais, pour mon compte, qu’il en fût autre- ment, car cette macule est une des beautés du Glaïeul. Les bulbes des variétés que j’ai conser- vées mûrissent bien ; ils peuvent être rele- vés à la fin de l’automne, se conserver pen- dant l’hiver sans altération, pourvu qu’ils soient à l’abri de la gelée, et être replantés avec un plein succès au printemps suivant. La floraison, commençant du 1er au 5 juillet dans nos contrées, se poursuit sans inter- ruption jusque vers le milieu d’octobre. Etienne Arragon, Propriétaire, à Chapareillan (Isère). SOLANUM MACRANTHUM Dans le genre Solanum, où les espèces or- nementales abondent, aucune, peut-être, ne dépasse celle qui fait l’objet de celte note, le Solanum macranlhum, Hort., dont nous don- nons une gravure. Malheureusement celle- ci, à cause de ses dimensions très-réduites, peut à peine donner une idée de la beauté de la plante. Mais, du reste, l’eût-on fait deux fois plus grande, elle aurait encore été insuffisante, et il n’en aurait pas moins fallu que le lecteur y suppléât par la pensée, en s’aidant de la description que nous allons en donner. Arbrisseau pouvant atteindre 4-6 mètres et même plus de hauteur. Tige droite grosse, arrondie, portant çà et là des aiguillons gros, droits ou arqués, renflés à la base, aigus et jaune brun au sommet, munie de quelques poils. Feuilles portées sur un gros pétiole, long d’environ 20 centimètres, por- tant çà et là des poils et des aiguillons à peu près semblables à ceux de la tige; limbe atteignant 60-70 centimètres de longueur et presque autant de largeur, tronqué à la base, partagé en 7-9 lobes assez profonds, lobés eux-mêmes, muni ou non d’aiguil- lons, d’un vert foncé en dessus et hérissé de poils courts, blanchâtres, d’un vert plus clair en dessous et à nervures très-saillantes, la médiane portant de forts aiguillons Revue Horticole F. Yerna Prnx 4 Jmp Zanote r. des Boulangers ,13, Pans SOLANUM MACRANTHIIM. Fleurs disposées en corymbe lâche, scar- pioïde à pédoncule et pédicelle, ainsi que le dessous du calice et de la corolle hérissés de poils. Calice à divisions linéaires très- longues. Corolle de 5 à 8 centimètres de diamètre, d’un beau violet passant au violet lilacé, puis au blanc. Cette espèce, qui est très-ornementale par ses feuilles et par ses fleurs, se multiplie de boutures qu’on fait en été sous cloche, à chaud, ou mieux encore l’hiver, avec des bour- geons coupés sur des plantes qu’on a rentrées en serre et qu’on a fait pousser pendant l’hiver. Lorsqu’on peut se procu- rer des graines, ce qui est toujours préféra- ble, on les sème au printemps; on re- pique les plantes en pots qu’on place sous des châssis ou dans une serre tempérée, près des jours, pour y passer l’hiver. Au prin- temps, lorsque les gelées ne sont plus à 133 craindre, on plante en pleine terre dans un terrain bien fumé; l’été, ou donne de co- pieux arrosements. Ainsi traitées, les plan- tes atteignent de grandes dimensions et elles sont des plus jolies. Vers la fin de l’été ou dans le courant de l’automne, on relève les plantes, on les met en pots qu’on place dans une bonne serre tempérée où elles passent l’hiver. Bien que la patrie du Solarium macran * thum , Hort., ne soit pas encore bien connue, nous ne sommes pas éloigné de croire que celte espèce est d’origine asiatique. Ce qui nous le fait supposer, c’est qu’un de nos col- lègues en cultive au Caire, où les plantes forment, me disait-il, « de très-beaux arbres » dont il est difficile d’avoir une idée par les faibles échantillons qu’il avait remarqués dans quelques jardins de la France. E. A. Carrière, CYPRIPEDIUM CAUDATUM ROSEUM Le genre Cypripedium , qui naguère n’était représenté dans nos cultures que par un très-petit nombre d’espèces, l’est aujour- d’hui par une grande quantité sinon d’es- pèces du moins de variétés. Parmi celles- ci, il en est une des plus jolies, encore peu répandue : c’est le Cypripedium caudatum roseum , dont nous allons donner la des- cription. Nous l’avons vue en fleurs chez M. Guibert, amateur distingué, à Passy, dont les cultures sont confiées aux soins de M. Leroy, jardinier d’une habileté bien connue. Voici l’indication des caractères qu’elle présente : Tige courte, portant inférieurement des feuilles distiques, longues d’environ 50 centimètres, rétrécies, coriaces et aiguës. Hampe florale haute d’environ 60 centi- mètres, portant trois grandes enveloppes bractéales, del’aisselle desquelles sortent les pétioles, qui sont longs d’environ20 centimè- tres, couverts de petits poils d’un aspect ve- louté; ces pétioles sont terminés par une grande et belle fleur, dont le sépale supé- rieur très-long , est réticulé de belles nervures vert jaunâtre , sur un fond blanc; ses bords sont ondulés, repliés en arrière, tandis que le sommet, très- acuminé, se recourbe un peu en avant. Le sépale inférieur est à peu près de la même longueur, et les nuances sont les mêmes; seulement ses bords ne sont pas repliés en arrière, et il est beaucoup plus large. Les deux pétales sont d’abord larges, réticulés de belles nervures vertes sur un fond blanc; les bords ondulés sont hérissés à l’intérieur de poils noirs; ces pétales se prolongent ensuite en se roulant en forme de lanières étroites, de couleur rose pour- pre violacé, atteignant jusqu’à 50 ou 60 centimètres de longueur. Le labelle, d’un vert jaunâtre réticulé de belles nervures vertes, est pointillé de petites taches peu apparentes. L’orifice ou lèvre du sabot est orné d’une bordure veloutée vert jaunâtre maculée de quelques belles taches lilas pourpre; l’intérieur du labelle, près de l’o- rifice, est d’un blanc pur et d’un très-bel effet, tandis que le fond est pointillé de belles taches rose lilacé. Le Cypripedium, caudatum roseum est une plante hors ligne, qui mérite une des premières places parmi les plantes à la mode; la beauté extraordinaire de ses fleurs rappelle un peu celles de l’ Uropedium Lin- deni , sauf que, chez ce dernier, le labelle est allongé en très-grande lanière étroite, semblable aux pétales. Cette espèce est plus difficile à cultiver que ses congénères. On doit la tenir en serre chaude près des jours, et la cultiver dans une bonne terre de bruyère, tourbeuse, mélangée par moitié de sphagnum et d’un peu de charbon de bois pilé; les arrosements, qui doivent être abondants pendant la végétation, doivent au contraire être très-modérés lorsque les plantes sont en repos. Delchevalerie, Chef multiplicateur à l’établissement horticole de la ville de Paris. PARC DES BUTTES-CHAUMONT Ceux qui ont lu les contes de Perrault se I par le petit Poucet pour échapper à l’Ogre, rappellent certainement le moyen employé I II avait semé des mies de pain sur la route; 134 PARC DES BUTTES-CHAUMONT. mais lorsqu’il parvint à s’évader, lui et ses frères, il ne put retrouver son chemin parce que les oiseaux avaient dévoré les mies de pain et fait disparaître ainsi les traces qui devaient guider le petit Poucet dans sa fuite. Ce passage, auquel peu de personnes peut- être ont réfléchi, renferme al'égoriquement de profondes vérités. C’est la représen- tation fatale de la marche du temps qui, lui aussi, efface tout à mesure qu’il passe, ou plutôt que nous passons, faisant dis- paraître tous les points de repère et cachant ainsi aux générations futures les travaux des générations passées, plaçant ainsi un abîme entre tous les faits éta- blissant par conséquent des solutions de continuité dans toutes les choses de la créa- tion, de manière à nous déguiser sa marche et son développement harmoniques. Pour lutter contre ce fatum , l’homme a, de tout temps, cherché à donner à ses œu- vres le plus de durée possible, à perpétuer sa mémoire en y attachant son nom. Mais, quoi qu’il fasse, sa mémoire s’efface et bien- tôt ses arrière-neveux ne voient plus que des travaux qu’ils ne savent plus à quoi rat- tacher et dont ils ignorent les auteurs, qui, pourtant, sont leurs ancêtres!... Pour perpétuer son nom, il le grave sur la pierre, mais la pierre se détruit; sur le fer, le fer se détruit ; sur les monuments, ceux-ci, comme le reste, subissent l’in- fluence du temps : ils se dégradent, puis ils tombent. Le temps — symbolisé par les oiseaux du petit Poucet — a fait disparaître les traces. ’ Aujourd’hui l’homme possède un moyende plus sinon d’éterniser sa mémoire, du moins de la prolonger : c’est l’écriture, c’est l’im- pression. Donc, pour conserver la tradition des faits, il laut les consigner dans les li- PLANTES EXOTIQUES QUI C A L’HIVER Plantes cultivées par M. Duprey, un des plus zélés promoteurs de l’horticulture, à Cherbourg, dans un petit jardin entouré de murs au centre de la ville. Lomaria Chilensis , frondes altérées sur- tout les fructifères, tige bonne; Olea sativa , en bon état; Aristoteleia macqui , a perdu ses feuilles, bois sain; Acacia cultriformis , a beaucoup souffert ; Ficus repéris , intact; Acacia retinoides , n’a pas souffert, trois ans de culture ; Quercus glabra , furt exemplaire intact; Casuarina equiseti folia, a un peu scutfert dans ses ramilles, quatre à cinq ans de culture; Acacia lati folia, feuilles légè- rement grillées à l’extrémité des rameaux, quatre à cinq ans de plantation; Cocculus (1) Voir Rev. hort., 16 mars 1867, p. 118. vres. C’est donc dans ce but et afin de rat- tacher le passé au futur par l’intermédiaire du présent qui établit entre eux une sorte de trait d’union, que, après avoir jeté un coup d’œil rapide sur le passé relativement aux Buttes Chaumont, nous décrirons, aussi bien qu’il nous sera possible, les travaux et les transformations qu’on a fait subir à ces Buttes; travail que nous terminerons par un plan détail lé de ce parc, lorsqu’il sera fini, de manière à avoir ainsi ce qu’on pour- rait appeler l’histoire de ces Buttes déjà cé- lèbres à cause de certains événements qui s’y sont passés. Qui, aujourd’hui, en voyant ce magnifi- que jardin qu’on nomme le Parc des Buttes- Chaumont , pourrait se faire une idée exacte de ce qu’étaient ces Buttes il y a seulement quelques années ? Très-peu de personnes probablement, même parmi celles qui les voyaient, qui naguère encore les fréquentaien t journellement. Dire ce qu’ elles étaient il y a* seulement un siècle serait donc tout à fait impossible. Aussi, en abordant ce travail, n’avons -nous pas la prétention de faire l’histoire de ces Buttes célèbres à tant d’é- gards; celle d’une particularité seule, Mont- faucon, par les souvenirs et les faits qui s’y rattachent, nécessiterait plusieurs volumes. Nous n’avons d’autre but que d’en donner un aperçu ou une sorte de résumé histori - qui, en rapprochant les faits principaux, en les reliant en quelque sorte à ceux plus anté- rieurs et finalement aux travaux actuels qui bientôt terminés ont sinon effacé les Buttes, mais qui, en les transformant complète- ment, en ont fait un endroit aussi agréable et sûr qu’il était hideux et dangereux autre- fois. E. A. Carrière. (La suite prochainement.) 1T RÉSISTÉ, A CHERBOURG, 1866-1867 (1) laurifolius n’a pas souffert; Aristolochia altissima, n’a pas souffert ; Callistemon ar- borer,cens, en bon état; Gis tus laurifolius , intact; Melaleuca hypericifolia , mort; Cal- lislemon linearifoliim , n’a pas souffert, très-beau, quatre à cinq ans de culture; Ceanothus rigidus, sain; Clématite de la Nouvelle-Zélande, bien portante, en pleine floraison; Correa alba, très-fortes pousses d’hiver grillées; Callistemon speciosum, les pousses tardives brûlées, le reste bien por- tant; Cyclamen coum , fleurs rouge et blanc, touffes magnifiques, ont fleuri sous la neige; Piltosporum nigrum , extrémités dé- truites; Callistemon salici folium , exem- plaire très-fort, vingt ans de culture, dans un état parfait de santé; Casuarina lepto- clada , mort; Erica Soulangeana , mort; 135 PLANTES EXOTIQUES QUI ONT RÉSISTÉ, A CHERBOURG, A L’HIVER 1866-1867. Miïaleuca armillaris , mort; Hakea Bau- heri , en bon état; les Rhododendrons de F Himalaya, tels que formosum , calophyl- lum , Wightii , Dalhoiisiamm , barbalum , Edgeworlliii et Falkoneri sont en très-bonne santé, trois à quatre ans de plantation; Chamærops Fortunei, n’a aucunement souf- fert; Smilax horrida n’a pas souffert, Ccff- listemon brachiandrum, n’a pas souffert ; le rugulosum a eu les extrémités des pousses d’hiver un peu brûlées; Eugenia ugni , bien portant, Mandevillea suaveolens , très-fort, bien portant, fleurit abondamment, donne des graines fertiles; Hakea stricla , mort; Myrica faya , n7a pas souffert ; jR/ius s-ucce- danea , feuilles mortes, bois intact; Züj/- salivus , en bon état; Pislacia terebin - f/ins, en parfait état de santé; Nesœa myrti- folia, en bonne santé, donne des gr. ines fertiles; Géranium anemonœfolium , très- bien portant; Aralia papyrifera , haut des tiges détruit; Urlica utilis , tige détruite, souche bonne; Phormium Cookianum, n’a pas souffert; Ènca arborea , est en pleine fleur;. Evonymus radicans n’a pas souffert; Aralia Sieboldtii , eh très-bonne santé; Arun- dinaria falcata, feuillage détruit, tige en très-bon état; Buddleia glaberrima , huit ans de culture, feuilles légèrement grillées, plante du reste en bon état; Muehleubeckia nummulariœfolia n’a pas souffert, couvre tout un mur; Escallonia macranlha , dix ans de culture, n’a pas souffert; Araucaria im- bricata , 5 mètres de haut, arbre superbe, n’a pas souffert. Plantes cultivées, par M. de Ternisien, dans un petit jardin entouré de murs, dans le quartier deMielles, tout à fait sur le bord de la mer : FOUGÈRES Pteris cretica foliis albolinealis , feuillage altéré, plante bonne; Lastrea glabella , feuillage détruit, repousse; allosurus rotun- difolius , en très-bon état, forte touffe ; Las- trea opaca , n’a pas souffert; Davallia Novx- Zelandiœ , feuillage légèrement fatigué ; Polystichum achrostichoides n’a pas souffert, Asplénium Thewaitsii , feuillage détruit, repousse vigoureusement ; A llosurus sagit- tatuSj fortement compromis; AspidiumSie- boldlii , en bon état, feuillage intact; Polys- tichum vestitum venustum , forte touffe, in- tact ; Osmunda regalis varietas maxima, n’a pas souffert; Lomaria Alpina , frondes légè- rement altérées; Aspidium proliferum , frondes grillées, saine du reste ; Asplénium bulbiferum , fortement compromise; Loma- ria Chilensis, en bon état; Lastrea Rileyana , frondes détruites, souche verte; Lastrea rigida , intact ; Pteris serrulala n’a pas souffert; Poly podium Cambricum , intact; PoUstichum angulare varietas imbricatim; Poly podium alpestre; Osmunda cinnamo- mea; Cy topteris regia; Poly podium dry op- teris; Lastrea filiæ mas varietas cristatci ; Athyrium filix femina , varietas frizelliœ. Struthiopteris germanica; Athyrium filix femina varietas multifidum ; Polystichum proliferum; Polystichum Wollastoni , Br au- rai n’ont pas souffert ; Lomaria fluviatilis , mort; Aspidium falcatumy dix ans de cul- ture, pas une feuille d’altérée. Toutes ces Fougères ont de cinq à six ans' de culture et n’ont reçu aucun abri. De Ternisien. fia suite au prochain numéro.) CULTURE DE L’ARTICHAUT COMME PLANTE BISANNUELLE J’ai cru être utile aux lecteurs de la Revue horticole en leur faisant part d’une observa- tion ou plutôt d’une idée que m’ont suggérée bon nombre de plants d’ Artichauts morts dans les derniers froids. Encore un nouvel échec de routine, ai-je dit à nos cultivateurs d’Artichauts, car il a suffi d’un froid de trois ou quatre degrés pour vous priver d’une très-belle et prochaine récolte. Il se passe peu d’hivers sans que ce précieux légume en souffre ; il serait donc bon de chercher un moyen pour faire correspondre le repos de la plante au moment des fortes gelées. Ou pour- rait y parvenir en cultivant l’Artichaut com- me pl inte bisannuelle. Il suffirait alors de ne planter qu’en février, mars, avril, dans une terre préparée avant l’hiver par un bondéfon- cemeul et bien fumée; on pourrait planter les œilletons un peu plus rapprochés qu’on ne le fait ordinairement, par exemple, à 60 cen- timètres en tous sens. On devra arroser sou- vent, et lorsque la plante sera bien reprise, on arrosera abondamment surtout dans les fortes chaleurs; c’est là une des principales conditions de réussite dans cette culture, car l’Artichaut, naturellement délicat, craint beaucoup aussi l’excès des chaleurs ; les bi- nages devront être aussi très-fréquents, car c’est un des grands moyens de prévenir la sécheresse. Quelquefois l’Artichaut se trouve attaqué par une maladie qui se manifeste par la brûlure des feuilles; cette maladie arrive le plus souvent à la suite d’une sécheresse prolongée, il suffira, dans ce cas, de redou- bler d’activité pour les arrosages en les ad- ministrant plus souvent et plus copieux. Ainsi traités, les Artichauts donneront leur pomme principale dans le courant des mois d’août et de septembre. Viennent ensuite les productions latérales dites Ailes, Poivrades, etc., de manière que presque toute récotte est iinie vers la mi-décembre, c’est-à dire au moment où les froids sont le plus à craindre. 136 CULTURE DE L’ARTICHAUT COMME PLANTE BISANNUELLE. On ne devra jamais laisser le tronçon qui aura porté son fruit, on le supprimera au fur et à mesure. De cette manière la plante se trouvera dépourvue de toute production à la surface et ne donnera par conséquentaucune prise aux gelées, si ce n’est par ses racines que l’on garantira facilement en les cou- vrant d’un peu de terre. Au printemps sui- vant, l’Artichaut émettra un certain nombre de bourgeons; on n’en conservera qu’un pour le traiter comme il a été dit ci-dessus et on obtiendra de cette production une belle récolte vers la fin de mai. Ne comp- tant plus sur ces plantes qui devront être arrachées après la seconde récolte, on aura dû faire au préalable une nouvelle plantation. Cette manière de cultiver l’Artichaut, que je pratique depuis quelques années, m’a toujours donné de très-bons résultats. J. B. Carbou, Horticulteur, à l’Estagnol, à Carcassonne. DES PLANTES A FEUILLES PERSISTANTES Bien qu’on parle constamment de progrès et qu’on crie bien fort contre la routine, il faut pourtant convenir que celle-ci, presque toujours, trône en souveraine, et que beau- coup de ses détracteurs s’inclinent devant elle. Nous pourrions en citer de nombreux exemples. En horticulture, ils fourmillent parce que là surtout on fait rarement autre chose que ce qu’on a toujours vu faire. Depuis quelques années on cherche sur- tout à donner aux jardins l’apparence d’un été perpétuel en ne plantant pour ainsi dire que des arbustes à feuilles persistantes. Certes, nous ne blâmons pas ce désir, au contraire, nous l’approuvons. Mais nous ne saurions trop nous élever contre l’uniformité des espèces généralement employées qui détermine une monotonie entièrement dé- pourvue de charmes. On ne voit, d’ordinaire, figurer dans les plantations que des Ligus- trum , des Houx, des Buis et des Lauro- Cerasus vulgaris, vulgairement Laurier- Cerise. Ce sont là évidemment de bonnes plantes, mais ce ne sont pas les seules qu’on pourrait employer. Il est une espèce, entre autres, dont on pourrait faire usage par toute la France, et qui est merveilleusement appropriée au climat de Paris : c’est le Chêne vert ( Quercus ilex , L.). Cette espèce, qui aime les terrains chauds, s’accommode surtout très-bien de ceux qui sont calcaires et ne redoute nullement la sé- cheresse, bien qu’elle se trouve également bien des terrains froids et humides. Quelques essais ont été faits sans amener de bons résultats, ce qui, très-probablement, est dû à ce que la culture a été mal comprise; elle n’est nullement difficile pourtant, mais néanmoins faut-il la connaître. Nous allons l’indiquer en quelques lignes. Le Chêne vert ( Quercus ilex) ne reprend presque jamais lorsqu’on le plante à raci- nes nues , et comme il est d’ailleurs très- difficile de le lever en motte lorsqu’il est planté en pleine terre, il faut l’éle- ver en pots, ce qui , du reste, n’offre au- cune difficulté. Voici comment on doit pro- céder. A l’automne, à l’époque où les glands tombent, on les ramasse et on les met en stratification ou tout simplement on les étend à touche touche sur une plate-bande, puis on les recouvre d’une petite couche de terre. Au mois de mars suivant, lorsque la radicule commence à se développer, on met chaque gland dans un godet qu’on remplit de terre ordinaire, à laquelle on peut ajou- ter, si l’on veut, un peu de vieille terre de bruyère, ou tout autre si on le juge néces- saire. Ces pots sont ensuite placés près à près dans un endroit quelconque du jardin; et les plants ne tardent pas à se développer. On peut les laisser ainsi jusqu’à ce qu’on les plante à demeure en les espaçant davan- tage si la chose est nécessaire. Comme les Chênes ont une tendance à pivoter et qu’il arrive fréquemment aussi que les racines poussent en dehors des pots, il est bon lorsqu’on les plante de ne pas trop les fatiguer. On devra donc dans ce cas ne pas retirer les pots, mais tout simplement casser ces derniers lorsqu’on livrera les plantes à la pleine terre. Briot, Jardinier en chef des pépinières impériales de Trianon. TAILLE ET PINCEMENT DU LILAS Dans les vingt-cinq ou trente variétés de Lilas qui sont cultivées ou recommandées aujourd’hui, un grand nombre sont très- vigoureuses, aussi plusieurs personnes, en vue d’avoir plus de Heurs, ne les taillent pas. C’est un tort. Très-peu d’auteurs ont traité ce sujet; cependant je me rappelle avoir lu, il y a quelques années, qu’il fallait tailler le Lilas immédiatement, aussitôt la fleur passée. En effet, depuis quelque temps, j’emploie cette méthode et je la trohve bonne; non- seulement pour le Lilas, mais pour un grand nombre d’arbustes qui fleurissent au prin- temps; seulement cette taille après la fleur 1 ne suffit pas, car étant pratiquée à la fin de TAILLE ET PINCEMENT DU LILAS. 137 mai, il s’ensuit que chez plusieurs variétés, à l’exception du Lilas Philémon , il y a une grande perte de sève qui empêche les branches de durcir et de finir par dessécher, de sorte qu’il se forme un vide dans la branche. Pour éviter cet inconvénient, voici com- ment j’opère : A l’automne, je taille les quelques grosses branches qui ont poussé et qui ont trop de tendance à devenir vigoureuses, qui fleurissent à l’extrémité et qui au bout de quelques années feraient un vide con- sidérable dans la branche. C’est ce qu’on voit aujourd’hui dans un grand nom- bre de jardins. Au lieu que, en opérant comme je viens de le dire, toutes ces bran- ches qui ont été taillées pousseront des ra- meaux qui, pincés à 10 ou 15 centimètres, se couvriront de fleurs l’année suivante. 11 arrive fréquemment aussi que, au-des- sous de l’endroit où une branche a fleuri, il se développe des rameaux qui ont beau- coup de tendance à devenir vigoureux. A l’aide d’un pincement raisonné, non-seule- ment je les arrête, mais je les convertis en rameaux à fleurs. C’est en opérant ainsi que je viens de le dire, que j’ai pu donner une belle forme aux plantes dans les squares de la ville de Dijon, tout en obtenant chaque année une floraison des plus abondantes. N. Durupt. CULTURE DE LA SCAROLE D’HIVER DANS LES JARDINS DE LECTOTJRE Parmi les plantes de la culture maraîchère qui passent l’hiver en pleine terre, il en est peu qui soient d’une culture aussi lucrative, pour toute la région du midi et du sud- ouest de la France, que la Scarole d’hiver; cependant cette plante n’est encore que lo- cale, à peine si elle est connue dans notre région. Qu’on me permette, pour prouver ce que j’avance, de citer un fait qui m’a fort étonné l’hiver dernier; on pourra se faire ainsi une juste idée des grands services que la pu- blicité est appelée à rendre à l’horticul- ture. Me trouvant un jour de l’hiver dernier à Auch, un jeune jardinier de mes amis me dit : « Je suis bien content d’avoir acheté votre livre, j’ai fait cette année toutes vos cultures, et tout m’a réussi à merveille, en suivant vos conseils ; mais je suis bien heureux, surtout, d’avoir semé la Scarole d’hiver; voyez comme elle est belle! je suis le seul à Auch qui en possède, etje la vends le prix que je veux. » Cette observation, je le dis franchement, m’étonna tellement, que pour m’assurer du fait dont mon ami venait de m’entretenir, je fus de suite demander à sa mère qui va tous les jours à la halle, de- puis cinquante ans, si réellement cette Sca- role n’était cultivée à Auch que chez eux; elle me répondit : a Nous ne sommes pas précisément seuls à la posséder et à la ven- dre au marché, mais il n’y a pas longtemps qu’on la cultive en grand; je ne serais pas étonnée que sa culture fût due à la même circonstance qui la fit introduire chez nous. » Cela prouve que dans les provinces les jardiniers se succèdent comme hommes, mais quant au travail ou aux innovations, c’est-à-dire aux essais, c’est encore la rou- tine qui commande. Culture. — On commence les semis de la Scarole d’hiver vers la fin d’août et au commencement de septembre. On traite les plants comme on le fait de ceux des autres Chicorées, en se rappelant toujours que pour avoir du beau plant il faut semer un peu clair. Lorsque les plants sont assez forts on les met en place, à la même distance qu’on le fait pour les autres Chicorées et Scaroles, en ayant toujours soin de leur réserver les expositions les plus chaudes et les mieux abri- tées; lessoins consistentà leur donner de fré- quents binages pour activer leur accroisse- ment; quelques arrosages dans les premiers jours de leur plantation suffisent; car, dans cette saison, les grandes pluies d’automne arrivent et sont suffisantes. Lorsqu’on veut les livrer à la vente, il faut quelques jours à l’avance les attacher ainsi qu’on le fait de la Chicorée. Si l’on a quelques planches dont les plantes soient très-avancées et que l’on craigne de fortes gelées, on les lève avec une petite motte et on les place dans un cellier ou même sous un hangar fermé, et dans quelques jours elles sont d’une blan- cheur admirable, ce qui en augmente la va- leur. Inutile de dire que plus on veut la faire blanchir vite, plus il faut la priver d’air et de lumière. Je ne connais aucune salade qui puisse être comparée, pour son volume, à la Scarole d’hiver sinon la Laitue Grosse alle- mande ; j’en ai mesuré plusieurs le 25 dé- cembre à Lecloure, dans le jardin de Jean Dutau (dit Parisien), qui avaient de 70 à 80 centimètres de circonférence, et il en avait au moins deux mille à peu près du même volume. Cetle Scarole fournit une très-bonne sa- lade, tendre, pendant tout l’hiver, et est toujours d’un très-grand débit. Aujourd’hui 3 mars, le marché de Lectoure en était encom- bré, et toutes d’une blancheur qui faisait plaisir à voir. 138 CULTURE DE LA SCAROLE D’HIVER DANS LES JARDINS DE LECTOURE. En écrivant cette note, je crois rendre un service à tous les jardiniers du midi et même du centre de la France qui ne connaissent pas cette salade. Elle est, je le répète, à mon sens, une des meilleures, et je ne doute pas que si celte culture pouvait se faire à LE LINARIA Tout en faisant bon accueil aux plantes nouvelles qui nous arrivent incessamment de tous les points du globe, gardons-nous de mettre en oubli les plus intéressantes de nos contrées, celles dont l'aspect nous rap- pelle de doux souvenirs de notre premier âge et donnons-leur une modeste place dans nos jardins ; admettons surtout la Cymba- laire, si curieuse par son port et son fades. Le Linaria cymbalaria, Desf., a une grande analogie avec le Lierre; comme lui, ses feuilles sont lobées; son mode de végétation rupestre est le même, aussi porte-t-il le nom de Lierre des murailles dans certaines pro- vinces. La Cymbalaire nous offre un agrément as- sez rare, celui de conserver sa verdure pen- dant toute l’année ; le froid le plus rigoureux ne l’altère nullement, elle reste toujours gaie et fraîche, et ses fleurs aussi se montrent sans interruption. Loiseleur Deslongchamps nous a dit en avoir vu avec plaisir au mois de janvier sur les ruines d’une ancienne ab- Paris elle rendrait également de très-grands services, en même temps qu’elle pourrait être avantageuse à ceux qui la pratique- raient. Dumas, Jardinier en chef de la ferme-école de Bazin (Gers). — Marchand grainier à Lectoure. CYMBALAUIA baye, fait que nous avons pu constater dans notre jardin, à la même époque; les vieilles murailles, les rochers sont la station habi- tuelle de notre plante, elle se glisse dans les joints des pierres et des briques, dans les fentes des rochers, où la poussière apportée par le vent, humidifiée par la pluie, lui donne une nourriture suffisante. Là, par l’entrelacement de ses nombreuses tiges, elle forme des espèces de lapis d’où sortent d’innombrables et gracieuses petites fleurs d’un violettendre, à palais jaune. Bien que la Cymbalaire s’accommode de toutes les expo- sitions, celle du nord lui convient principa- lement. Dans les lieux frais, ses tiges mon- tent avec rapidité, se courbent bientôt et retombent mollement en guirlandes émail- lées de fleurs. Ces riants effets ne peu- vent manquer de charmer les regards des amis de la nature toujours admirable jusque dans la plus simple plante saxa- tile. L’abbé Brou. QUELQUES PLAINTES LILLIPUTIENNES Aujourd’hui qu’on sait que tous les carac- tères des plantes peuvent varier dans des limites plus ou moins grandes, parfois considérables, on est moins surpris des extrêmes, et, si l’on ne s’explique pas pourquoi telle plante géante produit par- fois des plantes excessivement réduites, le fait n’étonne plus parce qu’on le sait possible. Il serait donc inutile de nous arrêter davantage et de disserter sur ce fait sur lequel on est, du reste, généralement d’accord. Néanmoins, comme rien n’est plus convaincant que des faits, et que rien non plus ne frappe mieux que l’exemple, nous croyons devoir en rapporter quelques-uns. Cela d’autant plus que s’ils sont très-inté- ressants et très-curieux au point de vue de l’horticulture, ils ne le sont pas moins au point de vue de la Science. Tous sont des gains de M. Billiard, dit la Graine , pépinié- riste, à Fontenay-aux-Roses. Cea n o th us Bi I lia r du , N o b . P 1 an te sous-fru- tescente, atteignant à peine 12 cent, de hau- teur, formant une touife cespiteuse comme certaines plantes vivaces. Rameaux nom- breux, courts et grêles, à écorce jaunâtre. Feuilles et fleurs à peu près semblables à celles du Ceanothus americanus , dont elle sort. Bourgeons très-courts, partant de la souche, terminés par une panicule de fleurs bleues. Cette plante est remarquable par ses di- mensions très-réduites. C’est à ce point que, pendant l’hiver, lorsqu’elle est dépourvue de feuilles, c’est à peine si on la voit. Ceanothus Billiardii pusillus , Nob. Plus réduite encore que la précédente, cette plante est presque acaule. Ses bourgeons, peu nom- breux, qui naissent de la souche et se ter- minent par une grappe de fleurs, meurent lorsque celles-ci sont passées, de sorte qu’on a, pour ainsi dire, affaire à une plante vivace à peine sous-frutescente. Le C. Billiardii pusillus est plus délicat, moins vigoureux et moins ramifié que le précédent. Comme lui, il est également très-floribond ; ses bourgeons floraux sont parfois tellement courts, que c’est à peine si les fleurs sortent du sol. Ces deux plantes sont des plus curieuses et surtout très-intéressantes au point de vue scientifique ; non-seulement elles montrent l’extrême limite de décroissance jusqu’où un type peut aller, mais, encore, comment de nouveaux types peuvent se former, puisqu’el- les se reproduisent en partie par graines ; de 139 QUELQUES PLANTES LILLIPUTIENNES. plus, elles semblent démontrer que d’un type ligneux il peut en naître d’herbacés, c’est-à-dire que des arbustes peuvent don- ner naissance à des plantes vivaces. Au point de vue de la multiplication, ces deux Ceanolhus , surtout le dernier, pré- sentent quelques difficultés parce que les bourgeons, qui atteignent à peine quelques centimètres de hauteur, se terminent de suite par des heurs et qu’ils se détruisent presque tous complètement lorsqu’ils ont fleuri. Il faudrait, pour en faciliter la multi- plication, les cultiver en pots qu’on place- rait dans une serre froide pendant l’hiver; puis, en janvier, dans une serre chaude, en ayant soin de les éloigner du verre pour faire allonger les bourgeons qu’on coupe- rait au fur et à mesure qu’ils apparaîtraient, mais toujours avant qu’ils se mettent à heur. E. A. Carrière. (La suite prochainement.) PLANTES RECOMMANDÉES 1 Bignonia venusta , Ker. Tecoma venusla , Lem. En rappelant aux lecteurs de la Reçue cette Bignoniacée, notre inlention est de sortir cette belle plante de l’oubli. C’est, en effet, un de ces nombreux végétaux autre- fois si recherchés, et aujourd’hui disparus de nos cultures avec d’autant plus de rapi- dité qu’ils ont été plus communs et plus ap- préciés à une autre époque. Originaire du Brésil, le Bignonia venusta est un arbrisseau sarmenteux, très-vigou- reux, à feuilles opposées, composées-ter- nées, à folioles ovales, oblongues; quelque- fois la troisième foliole est remplacée par une vrille. Cette liane, si gracieuse, peut être dispo- sée au gré du cultivateur, soit pour orner une serre dont elle, tapissera agréablement les murs, soit pour en décorer les colonnes. Dans ces deux cas, on obtient le plus grand effet de ses frêles rameaux terminés par de magnifiques bouquets de heurs d’un jaune orangé, disposées en panicules axillaires. Pour déterminer une horaison plus hâtive, il faut greffer cette espèce plusieurs fois sur elle-même, en ayant chaque fois soin de prendre l’extrémité des branches pour gref- fon. En employant ce procédé et en provo- quant la ramification par le pincement des jeunes rameaux, ce beau Bignonia , placé en pleine terre dans une bonne serre tempé- rée, produira, par ses nombreuses ileurs aériennes aux couleurs les plus vives, un très-bel effet. Himantcphyllum miniatum, Hook. (Oli- via miniata., Hort. Vallota? miniala, Lindl.) De même que nous laisserons aux botanistes le soin de décider si on doit nommer cette belle Amaryllidée Olivia ou Himantophyl- lum , de même nous ne discuterons pas l’orthographe de ce dernier nom, que beau- coup écrivent « Imatophyllum. » Si, comme nous le pensons, on doit tenir compte de la valeur des étymologies, on suivra notre exemple basé sur la supposition que « Ili- mantophyllum » dérive de Himas, courroie, et de pliyllon , feuille : ce qui caractérise, du reste, la forme des feuilles. (1) Voir Rev. hort., 1867, p. 88. C’est de l’Afrique australe que Yffiman- tophyllum a été importé par M. Backouse, en Angleterre. C’est une plante acaule, dé- pourvue de bulbe, à rhizome vertical, à ra- cines charnues, à longues feuilles radicales, opposées, engainantes à la base et naissant par quatre ou cinq à chaque période de vé- gétation. Dans celles qui forment la sépara- tion entre la dernière période et celle qui s’accomplit, sort une hampe de 30 centi- mètres de hauteur, dressée, et que termine une ombelle de nombreuses heurs larges, de couleur rouge minium, lavée au fond de blanc jaunâtre. Elles s’épanouissent par deux et quatre le même jour, ont une durée déplus de huit jours, ce qui prolonge la horaison pendant un mois, quelquefois beau- coup plus. Cette espèce est la plus horibonde et la plus belle des genres Himantophyllum et Olivia , par la grandeur et le beau coloris de ses heurs. Elle se reproduit par le séparage et par graines; mais, pour obtenir ces der- nières, il est presque toujours indispensable de pratiquer la fécondation artificielle. L 'Himantophyllum miniatum réclame la serre chaude ou du moins une bonne serre tempérée, i. demande un composé de terreau riche en humus, de terre de bruyère et de terre franche, par parties égales et supporté par un fort drainage. Les pots doivent être généralement un peu grands et les arrose- ments fréquents pendant la végétation des plantes. Amaryllis speciosa , Llier. Amaryllis pur- purea , Ait. Crinum speciosum, Lin. Vallota purpurea, Ilerb. Originaire du Cap, cette plante appartient à la section des Amarylli- dées bulbeuses. Elle est très-connue sous le nom de Vallota purpurea qui lui fut donné pnr Herbert, botaniste anglais, en souvenir de P. Vallot, naturaliste français. Son bulbe est brun, ovoïde-oblong; ses feuilles longues, efcn ruban, sont linéaires, lancéolées, convolulées, obtuses, un peu rou- geâtres dans la partie inférieure ainsique la hampe qui est raide et terminée par un bou- quet de heurs d’un rouge éclatant. Elle se cultive en serre tempérée ou en orangerie pendant l’hiver; l’été elle supporte PLANTES RECOMMANDÉES. parfaitement le plein air. Elle exige une un très-bel effet lorsqu’elle se trouve en terre franche mélangée de moitié de terreau fortes touffes. Rafarin. de feuilles; elle aime l’humidité et produit [La suite prochainement.) PLANTES NOUVELLES, RARES OU PEU CONNUES Plumbago rosea. — Feuiles épaisses, ses- siles ou très-courtement pétiolées, étroite- ment lancéolées, elliptiques, minces, coria- ces, longues de 15 à 20 centimètres, larges d’environ 5 à 6, atténuées aux deux bouts. Fleurs d’un très-beau rose, disposées en très-longs épis, se succédant pendant tout l’hiver à partir d’octobre. Vieille plante, mais très-belle. Cratægus lobata serolina , Carr., Cratœgus olivæformis J Hort. Arbre vigoureux à écorce blanchâtre; rameaux peu épineux; yeux arrondis, saillants, rougeâtres. Feuilles obovales-elliptiques, lobées, à lobes assez largement dentés, assez épaisses, luisantes en dessus et inégales par de très-nombreux sillons, un peu velues en dessous, surtout sur les nervures. Fleurs blanches nom- breuses, de moyenne grandeur. Fruit d’en- viron 25 millimètres de hauteur, large d’en- viron 2 centimètres, aplati, comme tronqué aux deux bouts, vert, puis jaunâtre, finale- ment jaune luisant à la maturité, marqué sur toutes ses parties de gros points noirs, distants; ombilic placé à fleur du fruit, à divisions calycinales assez longuement li- néaires, persistantes. D’où vient celte plante? Nous ne pouvons le dire. Nous l’avons reçue de MM. Simon- Louis, horticulteurs, à Meiz. Elle est voisine du Cratœgus lobata , dont elle a le port et la végétation, mais ce qui l’en distingue très- nettement, c’est la tardiveté de ses fruits. Ainsi, tandis que ceux du Cratœgus lobata qui sont gros, d’un très-beau jaune d’or et immaculé, mûrissent en octobre et tombent, ceux du Cratœgus serotina ne mûrissent que très-tard, puisque après les premières gelées arrivées dans le commencement du mois de janvier, notre pied mère était encore couvert de fruits qui n’avaient même pas souffert. C’est donc un arbre fruitier d’ornement pour l’hiver. — Chez MM. Simon-Louis frères. — Ribes Billiardii , Carr. Arbuste vigou- reux, non épineux, intermédiaire par l’aspect général entre les Ribes aureum et floridum. Feuilles persistantes, ne tombant que lors- que les nouvelles sont développées, profon- dément trilobées, à lobes allongés, dentés. Fleurs hermaphrodites, verdâtres, placées dans l’aisselle des feuilles, disposées en grappes tellement raccourcies, que les fleurs paraissent presque solitaires. Cette espèce, dont je n’ai vu d’exemple que chez M. Billiard, dit ta Graine , à Fontenay- aux-Roses, oû je l’observe depuis plusieurs années, est très-distincte. Sa végétation très- précoce la fait surtout remarquer. Ainsi cette année, vers la fin de février, alors qu’aucune espèce du genre n’était développée, le R. Billiardii était couvert de feuilles et de fleurs. — Spirœa tenuissima , Carr. Rameaux nom- breux, très-ténus (comme des fils). Feuilles obovales ou suborbiculaires plus ou moins dentées. Cette plante a été obtenue par M. Bil- liard, dit la Graine , pépiniériste, à Fonte- nay-aux-Roses. Ses dimensions sont extrê- mement réduites; celles-ci sont tellement réduites, que le pied mère, âgé de quatre ans, dépasse à peine 8 à 10 centimètres de hauteur. —Spirœa Billiardii variabilis, Carr. Cette variété très-robuste qui, par ses caractères généraux, ressemble au Spirœa Billiardii dont elle est issue, est très-remarquable. Chaque année elle produit des bour- geons qui donnent, les uns des fleurs blan- ches, les autres des fleurs roses semblables à celles de la mère. C’est un phénomène de dimorphisme curieux, analogue à plusieurs que nous connaissons, et sur lequel nous re- viendrons. — Violette de Russie. Sous ce nom on trouve, dans îe commerce, une plante qui n’est autre qu’une variété de la Violette à fleurs bleues odorantes. Ses pédoncules, plus longs et plus gros, sont raides. Quant aux fleurs, elles sont bleues et odorantes comme celles de la Violette ordinaire, mais beaucoup plus grandes. — Broussonetia papyrifera fructu albo. Cette variété, qui s’est trouvée dans un semis de graines du Broussonetia papyrifera dif- fère de celui-ci par ses fruits qui, au lieu d’être rouges, sont blancs. L’écorce et l’as- pect de l’arbre sont aussi d’une couleur moins foncée que chez le B. papyrifera. — Sambucus racemosa nana , Carr. Cette variété, obtenue par Billiard, pépinié- riste, à Fontenay-aux-Roses, est très-cu- rieuse. Elle reste naine bien que relative- ment vigoureuse, et se couvre de fleurs puis de fruits dans toute la longueur de ses rameaux. Un phénomène très-remarquable qu’a montré cette variété, c’est sa hàtivité extraordinaire à fructifier. Ainsi, tan lis que les Sureaux ne fleurissent ordinairement au plus tôt qu’à leur deuxième année, le Sam- bucus racemosa nana , à peine âgé de six mois, était couvert de fleurs auxquelles ont succédé des fruits qui ont atteint leur ma- turité. E. A. Carrière. L’bb des Propriétaires: Maühick bixio, Montereau. — Imprimerie Zanote. CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE D’AVRIL). L’horticulture à l’Exposition universelle. — Quelques observations à ce sujet. — Ouverture (lu parc des Buttes-Chaumont. — Exposition d’horticulture à Bourg (Ain). — Exposition de la Société d’horticul- ture de Seine-et-Oise. — Exposition d’horticulture à Autun. — Les Dahlias et les plantes de serres chaude et tempérée de Rétablissement de MM. Rougier-Chauvière. — Le coaltar employé à détruire les insectes. — Son efficacité. — Communication faite à ce sujet par M. Antoine Place. — Procédé de M. Bruiet pour la conservation des fruits. — Plantes nouvelles mises au commerce par M. Lemoine. — Le Fuchsia Marquis de Gerbeviller. — Lettre de M. le baron Davène sur le bouturage du Rosier. — Le Lantana Madame Rat et, et le Fuchsia globulœformis, de M. H. Jacotot — La Flore des serres et des jardins. — Article de M. le comte Gomer sur le moyen de se procurer, chaque année et presque sans frais, du Raisin sous le climat de la Picardie. — Les travaux de déblayement du jardin du Luxembourg. — Nouvel aspect que présentera bientôt le jardin en question. — Ce qu’on lit dans le catalogue de Mme veuve Sieboldt. — L’excès en tout nuit; une preuve à l’appui. — Les conseils sur les semis de graines de légumes , par M. le comte de Lambertye. — A propos de dimorpîiisme. — Un autre ouvrage de 31. de Lambertye. — Fructification du Carica papaga au fleuriste de la ville de Paris. — Un fait très-curieux qui s’est manifesté sur des Prime-Verts de la Chine. Le fait horticole le plus important aujour- d’hui, c’est l’Exposition; il est donc tout na- turel que ce soit par là que nous commen- cions notre chronique. Mais on doit com- prendre que dans cette circonstance nous ne pouvops qu’en parler d’une manière gé- nérale. Un de nos collaborateurs, M. Rafa- rin, a bien voulu se charger de donner, dans chaque numéro de ce journal, un compte rendu des différents concours. De cette ma- nière, les lecteurs de la Revue horticole se- ront au courant des principaux faits de cette exhibition au moins européenne si elle n’est universelle. Nous dirons seulement que, le 1er avril, jour de l’ouverture offi- cielle, les travaux étaientloin d’être terminés ; ceux qui concernent l’horticulture, bien que beaucoup plus avancés, laissaient encore à désirer. Néanmoins, dès le 29 mars, et malgré une pluie battante, on apportait déjà les plantes qui devaient figurer au premier concours. Quant aux travaux du Parc , malgré tous les efforts qu’on avait faits, ils présentaient un aspect peu agréable, à cause des matériaux de toute nature qui encom- braient encore certains endroits destinés à être convertis en massifs ou en gazons. Au- jourd’hui, toute la partie du jardin propre- ment dite est presque terminée ; des apports considérables ont été faits sur lesquels le jury a eu à se prononcer. Malheureusement, le mode que celui-ci a dû adopter ne permet pas de connaître quelles seront les récom- penses ; ce que nous craignons, c’est de voir se réaliser la parabole de l’Evangile : «beau- coup d’appelés, peu d’élus. » — L’ouverture du parc des Buttes-Chau- mont a eu lieu le 1er avril dernier. Ce parc est sinon le plus beau, du moins le plus pittoresque qu’on puisse voir. Il est regret- table qu’il soit dans un aussivilain quartier, mais il fallait prendre le terrain où il était; tout ce qu’on pouvait faire a été fait. 15 Avril 1867. Le voisinage du parc a déjà été modifié, il se transforme chaque jour et continuera à se transformer. — Du vendredi 31 mai au dimanche 2 juin se tiendra, à Bourg (Ain), à l’occasion du concours régional, une exposition d’hor- ticulture comprenant, indépendamment des végétaux de toute nature, tous les objets d’art ou d’industrie qui se rattachent à l’hor- ticulture. Bix-sept concours, dont seize se rattachent à l’horticulture proprement dite sont ouverts; le dix-septième est affecté à l’industrie horti- cole et comprend les outils ou instruments de jardinage. Les treizième, quatorzième, quinzième et seizième concours sont parti- culiers aux fleurs coupées. Des médailles de vermeil, d’argent et de bronze seront attribuées à ces concours d’après les dé- cisions du jury. En dehors, il y a une sec- tion qui comprend les concours imprévus pour lesquels, indépendamment des mé- dailles ordinaires , le jury pourra accor- der deux médailles d’or si les objets exposés ensontreconnusdignes. Il est en outre ouvert un concours pour les mémoires traitant de matières horticoles; le choix du sujet est laissé aux concurrents. Les manuscrits de- vront être adressés au président de la So- ciété, avant le ler mai. Toute personne voulant exposer doit en faire la demande à M. E. Tiersot, rue des Cordeliers, à Bourg, avant le 1er mai. — La Société d’horticulture de Seine-et- Oise fera une exposition, à Versailles, les 19, 20 et 21 mai prochain. Tous ceux qui voudront y prendre part devront adresser leur demande à M. le secrétaire général, à Versailles. Us devront, en outre, adresser avant le 15 mai la liste des objets qu’ils ont l’intention d’exposer, afin de la porter au catalogue et indiquer les spécialités pour lesquelles ils prétendent concourir. T. I. — 8 CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE D'AVRIL). Indépendamment des récompenses ordi- naires consistant en or, en vermeil et en argent, des médailles particulières et des primes en argent seront accordées à ceux des exposants dont les produits auront été reconnus comme étant d’un mérite supé- rieur, ce qui constitue les récompenses ex- ceptionnelles. Voici l’indication de ces ré- compenses. Prix d’honneur fondé par S. M. l’Impéra- trice, médaille et prime, 800 fr. Prix de S. M. l’Empereur, médaille et prime, 600 fr. Prix extraordinaire des dames patron- nesses, médaille et prime, 550 fr. Prix de Mme Furtado, présidente du comité des Dames patronnesses, médaille et prime, 500 fr. Premier prix des Dames patronnesses, médaille et prime, 450 fr. Premier prix de S. Exc. le ministre de l’agriculture, du commerce et des travaux publics, médaille et prime, 400 fr. Deuxième prix de S. Exc. le minisire de l’agriculture, du commerce et des travaux publics, médaille et prime, 350 fr. Premier prix de la Compagnie du che- min de fer de l’Ouest, médaille et prime, 300 fr. Prix de la ville de Versailles, médaille et prime, 250 fr. Deuxième prix des Dames patronnesses, médaille et prime, 225 fr. Deuxième prix de la Compagnie du che- min de fer de l'Ouest, médaille et prime, 200 fr. — La Société autunoise d’horticulture fera sa neuvième exposition en 1867, à Au- tun,le lerseptembre.Les objets destinés aux concours devront être rendus le 30 août, excepté les Heurs coupées qui seront ad- mises le 31 au matin. Les concours ouverts sont au nombre de quinze, dont un-est spé- cial aux arts et à l’industrie horticoles. Une médaille de vermeil, des médailles d’or et des médailles d’argent seront décernées par le jury d’après l’importance des produits exposés. Tous ceux qui voudront prendre part à cette exposition devront adresser une de- mande à M. le président de la Société avant le 20 août. — Nous avons reçu les catalogues de MM. Rougier-Chauvière, horticulteurs, 152, rue de la Roquette, Paris. L’uu a rapport aux plantes de serres chaude et tempérée dont cet établissement est abondamment pourvu; l’autre est spécial aux Bohlias , qui, ainsi que tout le monde horticole le sait, comprend ce qu’il y a de bien et de mieux en ce genre. Ce catalogue est divisé en deux parties; l’une relative aux nouveautés iné- dites; l’autre est particulière aux bonnes va- riétés qui sont actuellement au commerce. — Plusieurs fois déjà, dans ce recueil, nous avons cherché à appeler l’attention des lecteurs sur l’efficacité du coaltar pour détruire les différents insectes qui attaquent les arbres fruitiers. Nous sommes donc heu- reux de rencontrer, parmi ceux qui parta- gent cette opinion, des hommes pratiques qui appuient leur dire sur des faits. Tel est M. Antoine Place. Voici la lettre qu’il nous écrit : Monsieur, L’on a déjà bien préconisé des remèdes pour garantir nos arbres fruitiers du ravage des in- sectes et plantes parasites; mais, jusqu’à ce moment, il y a eu plus de zèle que de véritable succès, et les pucerons lanigères continuent à faire périr nos Pommiers. Les cochenilles et autres insectes pullulent sur nos arbres frui- tiers, en se logeant dans les fenles de l’écorce où ils déposent leurs œufs, et déterminent des chancres qui ne tardent pas à faire périr ces arbres. On a déjà préconisé le coaltar ou goudron de la houille, pour détruire tous ces parasites. Pourquoi n’est-il pas employé autant qu’il le mérite; est-ce à cause de sa couleur noire, qui n’est pas agréable à voir, surtout en hiver? Mais en été cela est moins sensible, amoindri par la végétation qui cache les branches; elle est bien aussi agréable que la couleur blafarde de l’eau de chaux dont an lave les arbres. Ce serait plutôt par son odeur qui, pour les organes délicats, est désagréable, mais cet in- convénient encore n’est pas de longue durée ; il a, en outre, son bon côté puisqu’il éloigne les insectes qui craignent cette odeur. Je le répète donc, cette matière n'est pas as- sez employée, car c’est un insecticide puissant pour tous les parasites, insectes, mousses et champignons, qui font la guerre à nos arbres fruitiers et donnent tant de mal aux cultiva- teurs. Au printemps, avant la montée de la sève, ou mieux à l’automne, après la chute des feuilles, on étend le coaltar sur les branches et le tronc au moyen d'un pinceau. Le remède est simple et le moins coûteux de tous ceux préco- nisés jusqu’à présent. Je l’ai employé cette année sur des Pommiers tellement infectés d’exostoses, de pucerons la- nigères, que l’on me conseillait de les arracher. Avant d’en venir là, j’ai voulu les enduire de coaltar pour voir le résultat, je vous informerai des résultats que j’obtiendrai. 11 y a trois ans, chez une personne de ma connaissance qui cul- tive beaucoup d’arbres fruitiers, Poiriers et Pommiers étaient tellement malades qu’elle s’at- tendait à les perdre pour la plupart^ lorsqu’elle se mit à les enduire de coaltar; depuis, ils ont repris leur vigueur primitive ; et cette année, en les visitant, j’ai vu des arbres vigoureux qui, par leurs abondantes pousses fructifères , fai- saient espérer un dédommagement des soins qu’on leur avait prodigués. Veuillez, etc. Antoine Place. 143 CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE D’AVRIL). — Le dernier bulletin de la Société d’hor- ticulture de l’arrondissement de Senlis con- tient, entre autres choses, un article signé Bruiet, sur un procédé de conservation des fruits dont il est l’inventeur et qui donne de très-bons résultats. Ce moyen consiste à enduire d’une couche de gomme les fruits qu’on veut conserver. D’après M. Bruiet, une Poire de Doyenné d’hiver soumise à ce traitement était tout aussi saine le 3 mars dernier que le jour ou il avait pratiqué le gommage, tandis que d’autres placées, dans les mêmes conditions étaient tout à fait pas- sées à cette même époque. — Dans son calalogue pour le pi intemps et l’été de 1867, M. Lemoine nous apprend qu’il va mettre au commerce pour la pre- mière fois, à partir du lor avril, les nou- veautés suivantes : Abutilon malvœftorum ; Abutilon Mont- golfier; Oxalis rosacea Strialiflora ; les Pélargonium zonale Cérès et Madame Lier- val ; les Fuchsia Papin, et Marquis de Ger- bevilW, ce dernier qui est à fleurs doubles a(dit le catalogue)«les fleurs les plus mons- trueuses qui aient jamais été observées ; elles mesurent parfois 85 millimètres de largeur. » — A l’occasion de l’intéressant article de notre collaborateur M. Quetier, sur le bou- turage des Rosiers (1), nous avons reçu de M. le baron d’Avène, président de la Société d’horticulture de Meaux, une lettre qui, par son contenu, est en quelque sorte le com- plément du travail de notre collaborateur. La voici : Mon cher rédacteur, Permettez-moi d’ajouter quelques mots à l’article si intéressant et si pratique de notre excellent collègue, sur le bouturage du Rosier, et de vous indiquer un procédé bien simple qui m’a toujours réussi. Après avoir suivi exacte- ment les indications si utiles de M. Quetier sur l’époque du bouturage, le choix des boutons, et la manière de les préparer, je mélange un peu de terreau à la terre du sol, et je plante tout simplement mes boutures en pleine terre, et en plein soleil, de manière à ce que la lu- mière puisse arriver de tous côtés, je donne un bon bassinage, et je les couvre d’une cloche blanchie intérieurement , en ayant soin de ne pas laisser d’air autour de la cloche. Au bout de quinze jours ou trois semaines, suivant les espèces, mes boutures sont parfaitement enra- cinées, je lève la cloche peur arracher l’herbe qui peut avoir poussé, je donne un petit bassi- nage si la terre est sèche, je les recouvre, et je ne m’en occupe plus jusqu’au mois de septem- bre, alors, par un temps frais et couvert, je retire la cloche, et laisse à l’air libre mes boù tures qui ont 10 à 15 centimètres. Au mois de (1) Voir Rev. hort., 1867, p. 116. novembre, elles sont complètement aoûtées et peuvent supporter l’hiver, je les mets en plan- ches dehors, et je rempote les espèces délicates pour leur faire passer l’hiver en serré. Cette multiplication est tellement simple et m’a donné de si bons résultats, que j’ai cru devoir vous l’indiquer comme complément à l’excellent arti- cle de l’habile praticien M. Quetier. Je suis persuadé que ce mode de bouturage serait applicable à beaucoup de plantes dont la reprise est longue et difficile. Recevez, etc. Baron d’AvÈNE, Président de la Société d’horticulture de Meaux. — Nous avons reçu le catalogue de M. Henri Jacotot, horticulteur, rue deLongvie, 14, à Dijon. Nous y trouvons, outre l’indi- cation de nombreuses collections d 'arbres fruitiers et agrément , la recommandation de deux plantes nouvelles obtenues dans cet établissement, et qui sontannoncées pour la premièrefois, cesontleLantanaiHuehime Ra- tet , dont voici les caractères : « Fleur très- grande, cramoisi, à centre rouge orange passant au pourpre; floraison abondante. Plante naine, extra. » L’autre plante est le Fuchsia globulæformis , dont voici la des- cription : OSITION UNIVERSELLE. 149 desquelles MM. Thibaut et Keetler avaient placé vingt- cinq Orchidées d’une floraison et d’une forme peu communes. Même re- marque pour un lot d’ensemble du même genre exposé par M. Leroy, jardinier, à Passy. Un magnifique Phajus grandi folius, fol. variegalis , de M. William Bull, attirait aussi l’attention des visiteurs. Il en est de même pour les forts Acanthus, à feuillages ornementés, de M. Lierval; de M. Yan Gert, un fort pied de , Genethyllis fuchsioi- des. Parmi les Broméliacées, trois collections, belles, fortes et nombreuses, sont en pré- sence; elles appartiennent à MM. Cappe fils, Luddemann et Desmet; M. Linden en a en- voyé treize nouvelles. Dans le genre Cycla- men, on ne voit que la collection de M. Kreelage, de Harlem. Deux collections d’Erica appartenant à M. Michel et M. Gri- mard, se composent de vingt et une plantes chacune. Un lot de vingt-six Aucuba, la plupart avec fruits, appartenant à M.Davoine de Malines, est fort remarqué ; en face de ce lot, est ex- posé plusieurs spécimens du Vllex serrata , un autre lot non moins intéressant d’Ama- ryllis parmi lesquels on peut citer les variétés Léopold , Prince impérial , Slripedqueen , li- liput , Triomphe de Gand, etc., appartenant à M. Willink, d’Amsterdam. En entrant dans l’une des nombreuses serres de l’Exposition, on se sent attiré tout naturellement par la bonne odeur de deux collections de Roses forcées; l’une est de M. Margottin et l’autre de M. Knigth. Dans une autre serre, on jouit aussi de la senteur douce et suave de deux lots de Cinéraires, l’un des plus variés exposé par M. Dufoy, et l’autre, très-remarquable surtout dans des variétés noires, appartient à MM. Yilmorin. A côté de ce dernier lot, il en existe un au- tre, dans lequel M. Yilmorin à réuni toutes les variétés de Primula sinensis. Parmi les plantes à feuillage ornemental de M. Ambroise Yerschafelt, nous mention- nerons un Zamia villosa , un Aralia Sie - boldti , foliisaureo reliculatis , du Japon ; un Maranta illuslris et un Dracœna , spec. Nous ne quitterons pas les serres sans dire un mot des beaux Ananas de Mme veuve Froment, de MM. Crémont frères, M. Menier, et sans mentionner les beaux Raisins, notamment la variété bruxelloise, une des plus remarquables par la grosseur de son grain et par la force des grappes. Ces superbes raisins chaudes sont dus à M. de Goes, de Bruxelles. Après les plantes de serre, viennent cel- les de la pleine terre; on voit briller en ce moment les ravissantes collections de Ja- cinthes, sur les massifs du jardin et sur les gradins. Les Hollandais, nos maîtres dans ce genre de culture dans lequel ils ex- cellent depuis des siècles, viennent en ce moment disputer à nos jardiniers français la couronne qui leur est légitimement due. Notons ' d’abord M. Kreelage, de Harlem, avec sa superbe collection de Jacinthes en pots; M. Barnart, avec ses vingt-cinq varié- tés hors ligne ; et M. Yaveren, qui cultive les Jacinthes en carafes avec un égal suc- cès. Les hampes de ces Jacinthes, prove- nant de cette intéressante culture, pas assez pratiquée en France, sont aussi garnies de deurs et sont aussi fortes que celles des plantes exposées en pot par M. Kreelage. Pour la France, trois concurrents, MM. Yil- morin, Loise et Thibault-Prudent, sont en- trés en lice, et leurs Jacinthes, sans être aussi belles que celles venues de la Hol- lande, ne sont pas sans avoir quelques mé- rites à nos yeux, tant pour le choix des varié- tés que pour leur bonne culture. On sait que nous semons des Jacinthes depuis plus de quarante ans, et que nos efforts souvent ont été couronnés d’un plein succès. Nous terminerons cette revue, en engageant les amateurs français à semer des graines de Jacinthes tous les ans; nous sommes per- suadé qu’avec des soins et au moyen des composts, ils auront, comme nous, d’aussi belles Jacinthes que les Hollandais. Bossin, PINUS PYRENAICA Rien n’est souvent plus difficile à détruire qu’une erreur. Cela tient à deux choses : à l’habitude d’abord, puis à la difficulté qu’on éprouve souvent pour trouver l’origine de cette erreur, c’est-à-dire à arriver à la vérité. Nous en sommes à peu près là pour éta- blir l’identité du Pinus Pyrenaica , Lapey- rouse. Ceux que cette question intéresse se partagent en deux camps. Dans l’un, on soutient que le P. Pyrenaica , Lapeyrouse, est le même que le P. Salzmanni , Dunal qui est une véritable forme de Laricio. Dans l’autre on considère le Pinus Pyrenaica, La- peyrouse, comme faisant partie du groupe du P. Halepensis. Nous sommes de cet avis; on va voir pourquoi. Dans le cas présent, le meilleur ou plutôt le seul moyen de pouvoir porter un juge- ment, c’est de rapporter la description faite par celui qui a nommé la plante pour l’appliquer ensuite aux sujets en litige; enfin, et comme contrôle, d’aller voir ces derniers. C’est ce que nous avons fait ; nous allons donc apporter nos preuves au débat. 150 PINUS PYRENAICA. Voici d’abord la description que Lapey- rouse a donnée de son Pinus Pyrenaica : Foliis geminis elongatis , penicellaiis ; ramis sparsis , denudatis , junior ibus squammosis; strobilis conicis lœvibus recurvis ; nucibus duris. Constatons d’abord que cette description ne peut convenir au Pinus Salzmanni; elle pourrait, jusqu’à un certain point, s’appliquer au P. Halepensis , avec lequel, en effet, le P. Pyrenaica a beaucoup de rapports, ce qui justifie la qualification de Pinus Halepensis major , que lui ont donné certains horticulteurs. Nous croyons devoir rapporter ce qu’en a dit aussi un contemporain et élève de La peyrouse, feu David, d’Auch, dans le Mé- morial du Gers (novembre 1832), et qui a été en partie reproduit dans les Annales de la Société d’horticulture de Paris, 1833, p. 186, d’où nous l’extrayons : Le Pin des Pyrénées a de nombreux rapports avec le Pin d’Halep... 11 naît absolument comme lui et conserve pendant quelque temps ce pre- mier feuillage blan- châtre que présentent aussi le Pin Pignon et le Pin maritime. Dans sa jeunesse, il a sou- vent trois feuilles à la gaine, mais ensuite il n’en présente plus que deux. Ses feuilles sont fines et allongées com- me celles du Pin d’Halep. Plus tard, on les distingue néan- moins parce qu’elles deviennent plus fortes et se tiennent constam- ment droites, en se serrant davantage au- tour du rameau qui les porte comme les poils d’un pinceau. Ses branches sont éparses et il fait plusieurs pous- ses chaque année com- me le Pin d’Halep. En- fin leurs, cônes qui se ressemblent pour ]a forme et pour la taille, diffèrent par leur posi- tion. Ainsi, tandis que ceux du Pin d’Halep ont constamment leur pointe tournée par en bas, ceux du Pin des Pyrénées sont disposés d’une manière hori- zontale.. . Pour com- pléter la ressemblance, je dirai que le Pin des Pyrénées aussi craint le froid, mais à un moindre degré. L’hiver de 1829-1830 en a fait périr quelques-uns par- mi ceux que je culti- vais. En grandissant, la différence du Pin des Pyrénées devient de plus en plus sensible. Il affecte une forme plus pyramidale; tout annonce une autre sta- ture, et il atteint des dimensions qui ne per- mettent plus de le confondre... Il est essentiel de répandre cet arbre qui semble le disputer pour la grandeur au Pin Laricio, et qui est certainement destiné à jouer un rôle important dans nos planta- tions forestières. « Il paraît que M. de Lapeyrouse l’avait d’abord confondu avec le Pin Laricio. La taille seule excu- sait cette méprise... Après qu’il eut reconnu son erreur, M. de Lapeyrouse lui donna le nom de Pinus penicillus (pin pinceau) qui lui convenait FYcma. PiijxL Jmp Zeuiote r. des Boulangers, 13. Fans rberidopsis Corallina , Revue Horticole lmp. Zanote i. des Boulangers JJ, Paru F. Yerna. Pinx t' PINUS PYRENAICA. 151 assez, parce qu’en vieillissant ses rameaux dégarnis de feuilles ne conservent, comme nous l’avons déjà dit, qu’une sorte de pinceau à leur extrémité. Mais dans un supplément à son histoire des plantes des Pyrénées , il le donne sous le nom de P. Pyre- naica... Le nom de P inus Halepensis major serait celui qui lui conviendrait le mieux, s’il n’avait l’inconvénient de tendre à augmenter la confu- sion. » endroits où il avait fait planter de ces ar- bres apportés par lui des Pyrénées. Rien n’était plus facile que de reconnaître, sans aucun doute possible, leur analogie avec le Pinus Salzmannii , Dunal. Ce point éclairci, il en restait un autre : la confrontation avec les arbres qui se trou- D’après tout ce qui précède il est facile de voir que le Pinus Pyrenaica , Lapeyr. , n’a rien de commun avec le Pinus Pyre- naica des horticulteurs qui est une forme de Laricio. Malgré ces rensei- gnements, nous avons voulu voir les choses sur les lieux, et pour cela nous sommes allé à Saint-Guillen-le-Dé- sert, où des centai- nes d’hectares incultes sont en partie occupés par des Pinus Salz- mannii, la plupart à l’état buissonneux, éci- més par les vents qui' régnent presque con- stamment dans ces pa- rages, ou broutés par les troupeaux qui y paissent continuelle - ment. Ce qui contribue encore au rabougrisse ment de ces arbres , c’est l’aridité du sol dans lequel ils sont plantés. De Saint-Guillen-le- Désert, nous sommes partis pour Bagnères- de-Luchon avec l’in- tention d’aller dans les Pyrénées visiter les ar- bres dont Lapeyrouse a fait la description. Mais la saison avan- cée ne permettait pas, sans courir de dan- ger, une excursion dans les Pyrénées; heu- reusement, nous avions une lettre pour M. Paul Boileau, pharmacien à Bagnères-de-Lu- chon, et en même temps amateur de Conifères, qui connaît très-bien les ar- bres en question, puisque c’est lui qui, chaque année, en fait venir des graines pour les céder aux marchands grain iers de Paris. Il nous fit l’accueil le plus bien- veillant, puis il nous conduisit dans divers vaient plantés dans le parc de Lapeyrouse. Nous nous y rendîmes, et là nous avons pu voir les arbres encore étiquetés par feu Lapeyrouse et constater qu’ils sont complè- tement différents du Pinus Salzmannii Dunal (P. Pyrenaica , hort.). C’est, du reste, ce que démontrent les gravures 16 et 17 qui ont été faites par M. Guérin de St- 152 PINUS P Y P» EN AIC A . Pôl, d’après des échantillons provenant des arbres du parc de Lapeyrouse. On voit facilement, à l’inspection de ces gravures, que cette espèce rentre dans le groupe des Iialepensis , dont elle diffère néanmoins, com- me on pourra le voir à la disposition des cônes (gr. 16), et surtoutà l’inspection des rameaux (grav. 17) qui sont épars et complètement dénudés dans toute la partie inférieure, ne portant plus qu’un petit faisceau de feuil- les dressées au sommet et que Lapeyrouse comparait à un pinceau ( penicilhis ). Dans toutes les parties dénudées, ces rameaux, qui sont épars et squammeux, sont forte- ment rugueux par des coussinets saillants transversalement, non plats, et décurrents ainsi qu’ils sont chez le P. Salzmannii. Nous devons ajouter que la question tend encore à se compliquer par l’introduction dans nos cultures du P inus Fenzlii, Ant. et Kotsc. Celui-ci ne diffère guère du Pinus Salzmannii dont il semble être une légère variété ou forme orientale. E. A. Carrière. BERBERIDOPSIS CORALLINA Cette charmante Lardizabalée est origi- naire du Chili, où elle a été découverte par M. Pearce, dans les forêts de Valdivia. Yoici quelles sont ses caractères : Arbrisseau très-volubile ou sarmenteux ou presque grimpant, glabre dans toutes ses parties. Feuilles persistantes, pétiolées, épaisses, ovales ou ovales-oblongues, con- diformes ou arrondies à la base, acuminées au sommet, largement dentées, à dents raides, comme épineuses, d’un vert très- foncé en dessus, glauques ou glaucescentes en dessous. Fleurs subglobuleuses disposées en sorte de grappes longuement pédoncu- lées, pendantes, portées sur des pédicelles grêles et longs de 3-6 centimètres légère- ment renllés, réunies par petits groupes formant des sortes de fascicules, d’un rouge cocciné foncé, étamines à anthères sessiles, apiculées, latéralement déhiscentes, ovaire uniloculaire, style court, surmonté d’un stigmate trilobé. Bien qu’assez rustique, le Berberidopsis corallina , Hooke fils, ne peut cependant pas être considéré comme .étant de pleine terre sous le climat de Paris, quoiqu’il se PÊCHER JAUNE Arbre vigoureux, à bourgeons couverts d’une écorce rouge assez foncé sur les par- ties frappées par le soleil. Feuilles glandu- leuses, d’un vert jaunâtre, lancéolées-ellip- tiquës, finement et courtement dentées. Glandes réniformes. Fleurs campanulacées, d’un rose vif bien que clair, à pétales obo- vales, concaves, brusquement onguiculées. Fruit très-gros, mûrissant vers le 15 août, inéquilatéral par suite de l’une des faces qui est toujours beaucoup plus développée que l’autre, déprimé aux deux bouts, présentant au sommet une cavité très-marquée, mais non muironée, souvent un peu irrégulière- ment bosselé. Cavité pédonculaire assez pro- fonde, sensiblement rétrécie dans le sens du maintienne assez bien depuis deux ans que nous l’observons, au fleuriste de la ville de Paris, où nous l’avons fait des- siner. On peut néanmoins le cultiver à l’air libre en le plantant à bonne exposition et en le garantissant au besoin pendant l’hiver. Nous croyons que sa véritable place est la pleine terre en serre froide, soit qu’on le pa- lisse le long d’un mur, soit qu’on le fasse monter après des colonnes. C’est là qu’il pourra atteindre de grandes dimen- sions et qu’on pourra le voir dans toute sa beauté. Dans tout l’ouest de la France, il n’est pas douteux qu’il supportera le plein air. On multiplie le B. corallina par boutu- res faites avec des bourgeons semi-ligneux, qui mettent parfois assez longtemps à s’en- raciner. Le mieux est de le multiplier par couchages qui s’enracinent facilement lors- qu’on les pratique au commencement de l’été. On les relève dans le courant de l’au- tomne pour les mettre dans des pots qu’on place sous des châssis froids pour passer l’hiver. Bafarin. HATIF DE DOUÉ sillon. Peau très -courtement duveteuse, d’un jaune abricot foncé, portant cà et là des taches rouges, pointillée de rouge par- tout ailleurs. Chair non adhérente, parfois très-légèrement adhérente , très-fondante, rose violacé près du noyau ; eau très-abon- dante, sucrée, d’une saveur fine et agréable bien qu’ayant une petite saveur de Prune et “ d’ Abricot. Noyau très-gros, inéquilatéral, largement et courtement ovale, brusquement arrondi au sommet, qui est épais, à peine mucronulé, large- ment tronqué à la base, renllé sur les faces un peu au-dessus du milieu; à sur- face fortement sillonnée, comme perfo- rée. PÊCHER JAUNE HATIF DE DOUÉ. 158 Cette variété a été obtenue par MM. Pierre Chalenay, frères, pépiniéristes, à Doué, qui doivent la mettre au commerce à l’automne prochain. E. A. Carrière. FLORAISON A L’AIR LIBRE, A CHERBOURG, DU RHODODENDRON ARGENTEUM DE L’HMALÂYA La plante dont je vais décrire sommaire- ment la fleur, est cultivée à l’air libre de- puis six ans, par M. le Yionnois, pharma- cien, à Cherbourg. Ce végétal, de 1 m. 20 c. de hauteur, se compose de cinq branches couronnées cha- cune par un gros bouquet de fleurs à fond blanc, striées-lavées de rose et marquées de six petites taches pourpres dans le fond du calice. Les ombelles qui ont 50 centi- mètres de circonférence, se composent de vingt-neuf fleurs campanulées ayant cha- cune 5 centimètres de diamètre à l’ouver- ture et 5 centimètres de profondeur. On ne peut rien imaginer de plus beau que cette splendide inflorescence, surtout si l’on y ajoute les belles et grandes feuilles argentées en dessous que l’on connaît à cet arbuste. Je crois devoir signaler cette florai-son au monde horticole, parce que j’ai des raisons de croire que c’est pour la première fois que ce Rhododendron fleurit à l’air libre en Europe. De Ternisien. POLYGALA CORDATA ATROPURPUREA Le Polygala cordata est assez connu pour qu’il n’y ait pas lieu d’en rappeler les carac- tères. Dans le nord et même dans le centre de la France, c’est une des plus belles plantes de serre tempérée, à feuilles persistantes. A Hyères, à Nice et dans d’autres parties méridionales, c’est un de nos beaux ar- bustes de pleine terre, très-propre à garnir les massifs qu’il orne à peu près toute l’an- née de ses nombreuses fleurs rose violacé. La variété qui fait l’objet de cette note diffère du type par ses tiges à écorce violet foncé, par ses feuilles glauques parfois vio- lacées en dessous. Ce qui la distingue sur- tout, ce sont ses fleurs d’un pourpre très- foncé ou violet lie de vin, portées par des pédoncules de la même couleur. Le P. cordata atropurpurea est une plante hors ligne, vigoureuse et floribonde; son mérite est encore rehaussé par son port entièrement dépourvu de raideur, grâce à ses rameaux qui sont réfléchis ou presque pendants. Je l’ai obtenu de graines du type, c’est-à-dire du Polygala cordata. Dans ce même semis se trouvait aussi un individu à feuilles très-larges, planes, arrondies-obtu- ses au sommet. Nous le décrirons lorsqu’il fleurira. Rantonnet, Horticulteur, à Hyères (Var). LES ASPERGES D’ARGENTEUIL Les nombreux lecteurs de la Revue hor- ticole n’ignorent pas que la petite ville d’Argenteuil a une renommée incontestable et bien certainement incontestée pour tout ce qui se rattache à la culture des Asper- ges; là, plus que partout ailleurs, cette plante donne des produits qui font l’admi- ration non-seulement des cultivateurs ou amateurs français, mais encore des Hollan- dais, des Belges et des Allemands, chez qui l’Asperge est cependant fort en honneur et jouit d’une réputation justement méritée. Cette supériorité résulterait - elle des conditions climatériques et terrestres propres à notre pays? proviendrait-elle du mode particulier de culture auquel cette plante y est soumise, ou dépendrait-elle de la nature même des variétés qui y sont spé” cialement cultivées? Ce sont là des ques- tions extrêmement intéressantes, et que nous aurons l’occasion d’examiner pro- chainement. Dans ce premier article, je me propose de parler des diverses sortes d’Asperges cul- tivées à Argenteuil, et plus spécialement de Y Asperge hâtive Lhérault , que seul j’ai obtenue dans mes cultures. Je suis d’autant plus autorisée à traiter le sujet touchant l’historique de ces plantes que j’ai beaucoup amélioré deux des variétés dont il va être question. Quant à la troisième, je l’ai moi- même obtenue. C’est vers 1846 que je commençai à m’oc- cuper des différentes questions relatives à l’Asperge. Déjà à cette époque, bien que les procédés de culture fussent aussi défec- tueux que possible, je remarquai des diffé- rences très-grandes dans le volume, la (1/ Description et classification des variétés de Pêchers et de Bruçjnonniers , grand in-8 à % co - lonnes. Chez l’auteur, 53, rue de Buffon et dans les principales librairies. Prix : 3 fr. 154 LES ASPERGES D’ARGENTEUIL. forme et la couleur des Asperges que les cultivateurs d’Argenteuil et des environs apportaient aux halles de Paris. Pensant, puisque le mode de culture à Pair libre était exactement le même que ces différences pouvaient seulement provenir de la diversité des variétés d’Asperges cultivées, je réunis, pour faire mes expé- riences, toutes celles qui étaient alors culti- vées à Argenteuil et dans les communes avoisinantes, en m’attachant de préférence à celles qui réunissaient le plus de qualités. Parmi ces dernières, je citerai surtout celles de MM. Lescot, L. Coquelin, Lhérault-Sal- bœuf, Dingremant et Lhérault (Antoine), d’Argenteuil; Fleury et Delion, d’Epinay ; Dherret et Beaulieu, d’Ermont; Parmentier, de Saint-Gratien ; Jamot et Mauchain, de San n ois. Les griffes que ces cultivateurs ont bien voulu me procurer ont été plantées et ran- gées distinctes et dans quatre sortes de ter- rains; toutes ont reçu les mêmes traite- ments. Voici quel a été, dès la première année, l’ordre d’apparition des turions : Les premiers se sont montrés sur les griffes données par MM. Dingremont et Lhé- rault (Ant.),les deuxièmes sur celles deMM. Lescot et Coquelin; puis vinrenten troisième ligne celles de MM. Parmentier, Jamat, Manchain, Delion, Fleury, Beaulieu, Dher- ret et Lhérault-Salbœuf. L’époque à laquelle les turions se déve- loppèrent a été identiquement la même dans les quatre sortes de terrains. La seconde année je constatai les mêmes différences dans l’époque d’apparition des turions. La troisième année (1848), qui était celle où ces plantes entraient dans leur pre- mière période de production réelle, je com- mençai à cueillir le 1er avril sur les pieds de MM. Dingremont et Lhérault (Antoine) ; quelques jours après sur ceux de MM. Les- cot et Coquelin, et huit jours plus tard sur les griffes des autres donateurs. En moyenne, je coupai trois turions sur les griffes fournies par M. Dingremont; deux sur celles de MM. Lescot et Coquelin, et une seulement sur toutes les autres. Les turions du premier étaient ronds , roses, de grosseur ordinaire et le sommet légèrement pointu; ceux de MM. Lescot et Coquelin étaient assez gros, rouge foncé, ronds, lisses et à extrémité arrondie; enfin ceux des autres cultivateurs offraient quel- ques différences peu appréciables, de sorte qu’on pouvait les considérer comme appar- tenant réellement à une même variété. Les plus grosses Asperges étaient celles de MM. Dherret, Delion et Lhérault- Salbœuf ; leur couleur était rouge violet, leur forme irré- gulière, à yeux proéminents, et la chair of- frait une consistance assez ligneuse. Les caractères que je viens de rappeler se répétèrent les quatrième et cinquième années. Je puis donc, en me résumant, les indiquer de la manière suivante : produc- tion bonne, précocité, végétation rapide, turions peu ligneux pour les plantes de MM. Dingremont et Lhérault (Antoine); pro- duction assez bonne, végétation assez belle, coloris remarquable pour celles de MM. Lescot et Coquelin; enfin, production ordi- naire, végétation lente, turions très-gros, souvent difformes, tantôt grenus, tantôt ar- rondis, et parfois pointus, et de consistance ligneuse pour celles de MM. Dherret, Delion et Lhérault-Salbœuf. Après ces cinq années d’observations ri- goureuses et attentives, je reconnus que dans ces différentes sortes d’Asperges, il n’y aurait lieu de faire que trois variétés distinctes: hâtive, intermédiaire et tardive. Désirant poursuivre mes expériences et m’assurer si, à l’aide des semis, je ne par- viendrais pas à augmenter les diverses qua- lités de ces trois Asperges, je recueillis des graines sur les touffes les plus remarqua- bles à tous égards, appartenant à chacune d’elles, et les semai. Un an après, je choisis les plus belles griffes et en plantai 16 de chaque variété ; ceci se passait en 1852. Je n’ai pas besoin de dire que ces jeunes grif- fes ont été plantées dans le même sol et qu’elles ont reçu les mêmes soins. La première année, je constatai la persis- tance du caractère tiré de l’époque à la- quelle apparaissaient les turions. Je fis les mêmes remarques les deuxième et troisième années. Dans celles-ci, je commençai à cueillir le 1er avril sur la variété hâtive, le 8 sur l’or- dinaire et le 16 sur la tardive. La quatrième année, les mêmes distances ont existé dans l’ordre d’apparition des turions, avec cette différence toutefois que la cueillette fut re- tardée de quelques jours à cause de la tem- pérature extraordinairement froide de l’hi- ver. Ainsi, l'Asperge hâtive n'a donné que le 10 avril et la cueillette s’est prolongée jusqu’au 10 mai ; les seize touffes ont pro- duit plus de cent turions que je vendis 16 fr.; je remarquai que ces turions étaient non-seulement beaucoup plus gros que ceux de la plante type : certains d’entre eux me- suraient jusqu’à 13 centimètres de tour, mais encore que leur forme était plus élé- gante, l’extrémité bien arrondie et propor- tionnée à la grosseur de FAsperge. Les tiges laissées pour graines, au nombre de quatre à six sur chaque touffe, étaient d’un vert violacé et atteignirent environ 3 mètres de hauteur. Cette même année, la cueillette a été commencée pour l’Asperge intérmédiaire le 18 avril et fut terminée le 18 mai. Les 16 pieds ont fourni 66 turions qui ont LES ASPERGES IVAftflffllTËinL. été vendus 10 fr. Les plus volumineux ont atteint il centimètres de circonférence; leur forme était régulière, le bouton bien arrondi et fortement coloré; après la cueil- lette, les tiges porte-graines, au nombre de quatre sur chaque touffe, se sont élevées à environ 2 m. 50; leur teinte était d’un violet cendré. Enfin, dans cette même année, la récolte de l’Asperge tardive a commencé le 21 avril et s’est terminée le 24 mai. Les seize touf- fes ont produit 40 turions qui ont été ven- dus 8 fr. l’un. Une à trois tiges laissées sur chaque touffe ont atteint 1 m. 75 de hau- teur. Ces tiges étaient parfois tortueuses, se ramifiant presque à rez-terre, de couleur vert blafàtre et à ramification jaunâtre à leur extrémité. Les faits que je viens de rapporter se sont reproduits les cinquième et sixième années, avec cette différence toutefois que la production des turions n’a fait qu’accroître en nombre et en volume. Je remarquai aussi, dès la sixième année, que les pieds mâles étaient généralement les plus pro- ductifs. Depuis cette époque, par une culture raisonnée dont je donnerai ici même les lois fondamentales, par des semis successifs et un choix rigoureux des individus porte-grai- nes, je suis parvenu non-seulement à con- server les caractères des variétés d’Asperges dont je viens de rappeler les noms, mais encore à augmenter leurs qualités, telles m que productions, grosseur, forme, sa- veur, etc. Je n’ai pas à insister sur les qualités va- riées de mes Asperges hâtives et intermé- diaires d’Argenteuil, ainsi que l’Asperge tardive à laquelle, comme on vient de le voir, j’ai apporté mon contingent d’amélio- rations. Ces qualités ont été reconnues et appré- ciées dans des recueils divers. Il résulte donc, de la note qui précède, que les variétés d’Asperges cultivées à Ar- genteuil sont au nombre de trois : L'Asperge tardive. C’est à ce groupe qu’appartiennent les Asperges générale- ment cultivées à Argenteuil. L 'Asperge intermédiaire (Asperge de Hollande améliorée) ou Asperge hâtive de Hollande. C’est celle-ci qui est habituelle- ment désignée sous le nom d 'Asperge hâtive d' Argenteuil. Enfin l 'Asperge hâtive vraie d’Argenteuil, à laquelle, pour éviter une confusion qui s’est déjà produite et qui se produirait cer- tainement, j’ai donné le nom d’Asperge Louis Lhérault, parce que c’est celle dont je me suis occupé plus particulièrement et dans laquelle j’ai réalisé l’amélioration la plus sensible. J’ajoute qu’elle n’existe en- core que dans mes cultures. Lhérault (Louis), Horticulteur, 14, rue de Calais, à Argenteuil (Seine- et-Oise). VISITE A L’EXPOSITION DE BILLANCOURT Commençons par dire que jusqu’à pré- sent les voies de communication avec l’île de Billancourt ne sont pas faciles ; le che- min de fer de ceinture descend les voyageurs à la station du Point du Jour , et de là ils ont encore à faire, à pied, deux kilomètres avant d’arriver à l’exposition. Ce n’est donc ni agréable, ni commode, et bon nombre d’amateurs, nous le crai- gnons, reculeront devant cette fatigue. L’Empereur, suivi de quelques personnes de sa suite a inauguré incognito , le 6 avril, l'exposition de Billancourt, et pour y arriver son piqueur fut obligé d’en demander plu - sieurs fois la route à suivre. Sa Majesté, dont aucun exposant n’attendait la visite, a été reçue par MM. Charles Baltet et Pissot, pour l’horticulture et la viticulture. Dans cette île, qui comprend à peu près vingt- cinq hectares, où rien n’est terminé, nous avons remarqué cependant un lot de Vignes exposé par la Société vigneronne d’Issoudun. Nous avons vu là de vieilles souches âgées de 100 à 230 ans, sur les- quelles M. Aumerle, président de la Société d’agriculture d’Issoudun, a bien voulu nous donner quelques explications que nous de- vons faire connaître aux lecteurs de la Re- vue. Ces vieilles souches, couvertes de mousse que les vignerons du pays considè- rent comme très-utije à leur végétation et à leur conservation, sont de vieux plants et donnent peu de grappes. Au lieu de les arracher, ainsi qu’on le fait dans certains pays, M. Aumerle conseille de les régénérer par la greffe en fente. Par ce moyen, les vieilles racines continuent à produire d’ex- cellent vin, et les jeunes greffes donnent des grappes plus fortes et en plus grande quantité; le vin conserve la bonne qualité que l’on obtient ordinairement sur les vieux pieds. Différents systèmes de taille et de culture deVigne,sur lesquels nous reviendrons, sont exposés par la Société d’agriculture de la Ilaute-Saône; par la Société d’agriculture du Doubs; par le comice agricole de la Marne; par M. de la Loyère; M. Boinette; M. Bollet, de la Lorraine; M. Vignial, de Bordeaux, a présenté des Vignes en éven- tail, pouvant convenir pour les terres fortes. Ce cultivateur laisse sur chaque pied six 156 VISITE A L’EXPOSITION DE BILLANCOURT. longs bois de l’année, de 40 à 60 centimè- tres de longueur. M. le vicomte de Saint- Trivier nous a montré des Vignes à souches couvertes de terre; il laisse trois longs bois sur chacune: celui du milieu n’a que trois yeux, les deux autres placés de chaque côté et en éventail, sont longs de 50 à 60 centimètres. D’autres pieds, à côté, portent 3 et 4 coursons taillés à 2 et 3 yeux. Les Vignes en cordon, de M. Marcon, pro- priétaire à la Mothe-Montravel (Dordogne), ont particulièrement attiré notre attention. Des plantations de sept ans, à titre d’essai, portent des cordons de 5 à 20 mètres de longueur. Sa méthode consiste à ne leur donner qu’un développement moyen de 2 mètres 25 cent. Par cette intelligente cul- ture, M. Marcon obtient jusqu’à 120 hecto- litres de vin par hectare ; dans les landes de Gascogne, avec un peu de fumier et pres- que sans travail, il espère en obtenir une plus grande quantité. Son système de planta- tion peut avantageusement être appliqué aux clôtures des chemins de fer, et l’auteur lui- même en possède à peu près 1 kilomètre. Dans les Landes il espace ses rangées de Vignes à 2 mètres 25 cent, les uns des au- tres, mais toujours en cordon, et sur la ligne chaque pied est planté à la même distance. M. Marcon place à chaque pied de Vigne un échalas qui supporte et maintient trois ou quatre fils de fer galvanisé, qui servent à soutenir les branches qui se chargent d’une prodigieuse quantité de grappes de Piaisin. D’autres exposants ont aussi apporté leurs produits ou établi des cultures dans Pile, ce sont: MM. Vilmorin, des Blés repi- qués et des massifs de fleurs ; M. Lhérault, d’Argenteuil, des Figuiers et des Asperges; MM. Jamin et Durand, des arbres frui- tiers ; M. Dressent, son système de treille et d’abri ; M. Sénéclauze, des arbres rési- neux pour le reboisement; M. Oudin, des arbres d’utilité et d’agrément; M. Pissol, des arbres résineux; MM. Tricotel et Place, différents genres d’arbres fruitiers pour clôture; M. Courtois-Gérard, des porte- graines. L’exposition la plus remarquable jusqu’à présent est celle de MM. Baltet frères, pé- piniéristes à Troyes. Ces exposants ont commencé leur travail dans l’île et ont plan- té dès le mois de janvier dernier; aussi leur exhibition est-elle des plus complètes. Indépendamment des arbres fruitiers de tous les âges et de toutes les formes qu’on y rencontre, MM. Charles Baltet frères pos- sèdent des collections complètes de Frai- siers et de Bosiers, ainsi que des échan- tillons d’arbres forestiers de presque tous les âges, en état d’être plantés. M. Claude Sahut, de Montpellier, a aussi mis sous les yeux du public des Pêchers en forme tabulaire et à basse tige, forme à ce qu’il paraît très-avantageuse pour les con- trées méridionales, avec des échantillons depuis la greffe d’un an jusqu’à la forme complète. Nous bornons ici le résumé de notre pre- mière visite dans Pile de Billancourt; dans des notes suivantes, nous ferons connaître les produits des nouveaux exposants, avec ceux que sans nul doute nous avons oublié de mentionner dans cette note faite un peu à la hâte. Bossin. PARC DES BUTTES-CHAUMONT 1 Jusqu’à 1814, lors de la défense de Paris par les élèves de l’Ecole polytechni- que, les buttes Chaumont n’étaient guère connues que par les souvenirs lugubres qui se rattachaient aux faits plus ou moins si- nistres dont elles avaient été le théâtre. C’est, en effet, sur les buttes Chaumont que furent établies, à Paris, les fourches pati- bulaires. Les fourches patibulaires étaient des sortes de gibets ou piliers en pierre, reliés entre eux par des pièces de bois qu’on élevait soit dans les champs soit le plus souvent le long des chemins, sur des monticules et auxquels on pendait les criminels ou bien où l’on attachait les cadavres dessuppliciés. Lesplus célèbres étaient celles des buttes Chaumont, qui étaient appelées fourches patibulaires de Montfmcon , très-probablement parce que les oiseaux de proie, les faucons , par (1) Voir Revue horticole, 1867, page 183. exemple, venaient très-fréquemment visiter ces lieux pour dévorer les cadavres qui y étaient attachés. Voici les renseignements que nous trou- vons sur les fourches patibulaires de Mont- faucon : Sur le sommet d’une butte, située à l’extrémité du faubourg Saint-Martin, à l’ouest de Ja route de Pan- tin, aujourd’hui la rue de l’Hôpital-Saint Louis (1), on voyait une masse de 15 à 18 pieds de haut, com- posée de 10 ou 12 assises de gros quartiers de pier- res brutes bien cimentées et formant un carré long de 40 pieds sur 30 de large. On montait à cette plate-forme par une large rampe de pierre, dont l’entrée était fermée par une porte solide. Sur trois cotés du carré s’élevaient seize piliers carrés, hauts de 33 pieds, formés de pierre d’un pied d’épaisseur semblables à celles de la base. Ils étaient unis entre eux, à moitié de leur hauteur et au sommet, par de doubles poutres de bois qui supportaient des chaînes de fer de 3 pieds et demi de long. Pour y sus- pendre les condamnés, on faisait usage de longues (1) La butte où le gibet était établi, se trouvait entre la rue des Morts et celle des Buttes-Chau- mont. PARC DES BUTTES-CHAUMONT. 157 échelles perpétuellement dressées. Au centre de la masse de pierres était une cave destinée à servir de charnier, et non loin du gibet une croix de pierre, construite, dit-on, par ordre de Pierre de Craon. Les corps des suppliciés devaient y rester « jus- qu'à perte entière du squelette , » et pendant les temps de troubles, comme, par exemple, sous le règne de Charles IX, on les voyait s’y balancer or- dinairement au nombre de 50 à 60. Ces fourches furent même souvent insuffisantes; on voit dans les comptes de la Prévôté que, en 1416 on dut cons- truire un autre gibet à peu de distance au delà de l’église Saint-Laurent; enfin, en 1457, une troisième partie appelée le gibet de Montigny , s’éleva dans les environs de Montfaucon (L). On n’est pas certain de l’époque où furent élevées les premières fourches patibulaires; ce qu’on sait c5est que Pierre de la Brosse, favori de Philippe le Hardi, y fut pendu le 30 juin 1278. La liste des pendaisons est longue et sanglante. Parmi les principales victimes qui furent pendues à Montfaucon, on peut compter Enguerrand de Marigny, sous Louis X ; Gérard de la Guette, favori de Philippe V, sous Charles IV. Pierre Rémy eut le même sort sous Philippe de Valois. En 1409, on y hissa le corps de Mon- laigu, grand maître et administrateur de Charles VI. Trois ans plus tard, Desessarts qui avait fait arrêter Montaigu et qui l’avait remplacé dans ses fonctions, subissait le même sort, et s’il ne le remplaçait pas à Montfaucon, son cadavre était mis à côté du sien. Semblançay, pendu en 152^, fut le dernier de ceux des principaux financiers qui terminèrent leur existence sur ce misé- rable théâtre. Après ceux-ci, l’histoire, ou plutôt les annales repoussantes de Montfau- con, n’a guère enregistré le nom que de trois hommes : l’amiral Coligny, qui, après avoir été assassiné le jour de la Saint-Bar- thélemy, fut pendu par les pieds à Montfau- con, où Charles IX alla le voir; et Brique- mant et Cavagnès qui, considérés comme complices de l’amiral , furent également pendus, tout vivants, à Montfaucon, où Charles IX « prit plaisir de rendre ses yeux témoins de leur supplice, où il assista avec tant d’avidité qu’on dut suppléer au jour par des flambeaux qu’il fit approcher du gibet pour voir la grimace des mou- rants... (2). » On a cru remarquer, et c’est la rumeur publique qui le dit, que les fourches pati- bulaires de Montfaucon ont porté malheur aux gens qui ont concouru à leur établisse- ment. Ainsi Enguerrand de Marigny et Rémy, qui les avaient fait réparer, y péri- , rent, et Pasquier, qui a fait cette remar- que, dit : « De notre temps, Jean Monnier, lieutenant civil de Paris, y ayant fait mettre la main pour les réparer, s’il n’y finit pas (1) Philippe le Bas, Y Univers pittoresque , t. Vll£. p 2,65. (2) - Arch. curieuses de l’Hist . de France, t. VIII, p. 337. ’ ses jours comme Marigny et Rémy, y fit du moins amende honorable. » Bien qu’on eût cessé vers 1627 de mener les condamnés à Montfaucon, les piliers per- sistèrent encore longtemps après, puisqu’on en voyait encore des restes en 1661. Cent ans plus tard, on transporta derrière la Vil- lette ce qui restait des anciennes construc- tions. Bien que le gibet ne servît plus à l’exposition des cadavres, non-seulement on le conserva, mais on éleva encore quatre piliers réunis au sommet par des pièces de bois et disposés en carré dans un enclos d’un demi-arpent. Une partie de cet em- placement était affectée à la sépulture des suppliciés, que le bourreau et ses aides y amenaient au milieu de la nuit, à la lueur des flambeaux. Mais, lorsque l’Assemblée nationale, par un décret du 21 janvier 1790, eut décidé que les corps des suppliciés seraient enter- rés dans les cimetières ordinaires, les four- ches patibulaires devinrent inutiles et tout disparut bientôt, soit de vétusté, soit plutôt par l’enlèvement que les habitants voisins faisaient des matériaux pour les employer à d’autres constructions. Assez sur toutes ces scènes et jetons un voile sur ce passé sanglant qui semble répandre une odeur cadavérique. Blais comme les choses se transforment lente- ment et toujours harmoniquement, on ne passe jamais brusquement d’un extrême à un autre, et entre les extrêmes, il y a les intermédiaires. Les buttes Chaumont n’ont pas échappé à la loi générale. Ainsi c’est là que pendant très-longtemps étaient des sortes de réservoirs où venaient s’accu- muler toutes les immondices de Paris. Pen- dant longtemps, en effet, c’est là que furent placés les établissements d’équarrissage. A une époque peu éloignée de nous, on ame- nait en moyenne, tous les jours, à Montfau- con, 25 à 40 chevaux soit 1,500 chevaux par an. Mais ce n’est pas tout; depuis long- temps on avait établi dans les parties basses, derrière les maisons mêmes de la Villette, le dépotoir de la ville de Paris, et c’est là que chaque matin on déversait des centaines de tonnes de matières fécales qui formaient des sortes d’étangs qui n’ont pas encore reçu de nom. On doit comprendre quelle quantité im- mense d’émanations, de miasmes putrides, en un mot de causesd’insalubrité qui conti- nuellement se répandaient dans l’air ! Si jamais Paris put être comparé à un immense tas d’immondices, c’est évidemment à cette époque encore si rapprochée de nous (1). (1) En 1841, lorsque nous étions ouvrier jardinier chez M. Bacot, route d' Allemagne, 185, à la Petite* Villette, nous étions obligé, pour monter à Belle- ville, à Romainville ou aux Prés-Saint-Gervais, de PARC DES BUTTES-CHAUMONT. *58 A côté de ce foyer pestilentiel il s’était formé des établissements analogues au point de vue hygiénique, par exemple, des fabri- ques à' asticots; d’autres dont le nom est encore à créer, où l’on faisait cuire des viandes, soit pour en faire des savons, soit pour en retirer différents produits chimi- ques, soit même pour les convertir à d'au- tres usages , contrairement aux règlements alimentaires. Nous avons été témoin du fait. Nous ne parlons pas des industries qui s’étaient formées là pour exploiter les riches- ses minières de ces buttes Chaumont, non plus que des repaires où bon nombre de vauriens, des effluves de Paris, avaient élu domicile. La police y faisait souvent d’abon- dantes razzias et bien des fois les tribu- naux de Paris ont été saisis d’affaires plus ou moins sinistres dont le début avait com- mencé aux buttes Chaumont pour se termi- ner à la barrière Saint-Jacques! Les buttes Chaumont sont célèbres aussi à d’autres égards. Ainsi ce fut là tout près, chez un marchand de vin, à l’enseigwe du Petit Jardinier y que, en 1 814, fut signé l’armistice- Ce fut aussi là que Marie d Angleterre, femme de Louis XII, créa l’institution des Rosières qui, vers 1775, passadans d’autres villages des environs de Paris. A son dunut cette institution s’appelait la rose nommée. A une époque plus rapprochée de nous, les environs des buttes Chaumont furent célébrés comme rendez-vous de plaisir, beaucoup de nous se rappellent encore Ro- mainville pour ses Lilas, les Prés-Saint- Gervais pour les Groseilliers, et le Moulin de la Galette. Ramponneau, l’île d’Amour, etc., sont des lieux qui, pour beaucoup, rap- pellent d’heureux jours; pour d’autres, des souvenirs mêlés de tristesse. Combien, en effet, y . ont fait de faux pas! R y a rare- ment de beaux jours sans nuage. Ce fut aussi aux buttes Chaumont que s’établit un horticulteur dont le nom est bien connu, M. Quillardet, et dont le souve- nir se perpétuera encore longtemps par suite de l’aventure singulière, qui aurait pu être tragique, qui lui est arrivée. Voici le fait : Quillardet avait installé son établisse- ment au-dessus d’un terrain qui avait été miné par suite de l’exploitation des car- rières, de manière qu’il était en quelque sorte suspendu au-dessus d’un abîme. Aussi, qu’arriva-t-il? Un matin d’un lende- main où il s’était couché tranquillement, Quillardet en se réveillant ne vit plus ni marcher dans des sentiers qu’ aujourd’hui on regar- derait avec raison comme impraticables, entre tous ces établissements de vidangeurs ou d’équarrisseurs d’où, inutile de le dire, se dégagaient des odeurs peu agréables. jardin ni serre; ils reposaient au fond des carrières où on les remarquait à la cheminée des serres qui, comme une sorte de poteau indicateur, semblait dire : n’approchez pas ; tandis que sa maison planait comme une sorte de nid d’aigle au-dessus d’un préci- pice ouvert à ses pieds. Ainsi qu’on peut le voir, plus on se rap- proche de l’époque actuelle, plus les buttes Chaumont perdent de leur caractère lugu- bre. Pourtant ce n’est qu’à partir du décret d’annexion à Paris des banlieues voisines que disparaissent certaines industries ap- propriées aux lieux, et dont pour beaucoup on chercherait vainement des traces. Pen- dant longtemps encore, les buttes Chaumont restèrent à peu près abandonnées par suite du mauvais terrain composé de glaise infer- tile. Toutefois, ce lieu n’était pas complète- ment désert; il comptait toujours une cer- taine classe d’habitants nomades, flâneurs et même voleurs. Un tel état de chose ne pouvait durer longtemps, et les travaux d’embellissement qui s’étaient faits aux bois de Boulogne et de Vincennes rendaient très- probable la transformation prochaine de ces buttes qui, actuellement, font partie de Pa- ris. En effet, en 1863, parut un décret qui déclara d’utilité publique la création d’un parc municipal dans tout l’emplacement que comprenaient les buttes Chaumont. Les travaux commencèrent au mois d’aoùt 1863. On dut d’abord se mettre en garde contre les éboulements, et commencer par construire des murs de soutènement partout où ils étaient jugés nécessaires. Les dispo- sitions furent prises par les ingénieurs de la ville de Paris, qui tant de fois déjà ont fait preuve d’une habileté peu commune (1). Peut-être n’est-il pas inutile de donner un aperçu géologique de ces terrains depuis la surface jusqu’à la profondeur de 61 mè- tres environ que le sol des buttes Chaumont a été fouillé; nous le devons à notre colla- borateur et collègue M. André. Une coupe des terrains a donné les ré- sultats suivants : Marnes infertiles, effritées, irrégulières . 2ra 90 Glaise pure propre à la fabrication des briques 5 00 Marne blanche à teintes ferrugineuses, dis- posée en feuillets ou sortes de lames régulières 0 97 Calcaire argileux ou sorte de marne propre à la fabrication du ciment 0 30 Marne blanche propre à l’agriculture . . 105 A reporter 10m.22 (1) Comme se rattachant plus particulièrement aux travaux d’embellissements de la ville de Paris, on peut citer particulièrement, indépendamment de M. Haussmann qui, on peut le dire, est la cheville ouvrière, MM. Alphand, Darcel et Barillet, pour la partie horticole. C’est notre collaborateur, M. An- dré, qui fut chargé de la conduite des travaux. PARC DES BUTTES-CHAUMONT. 159 Report 10"1 22 lîanc vert ou marne irisée 0 95 Marne verte 0 95 Marne rouge 0 40 Marne de couleurs variées, parfois bleue, dont on n’a pas encore reconnu l’utilité. 7 00 Marne pouvant être convertie en ciment par la cuisson 100 Couches de plâtre alternées avec des mar- nes effritées 600 Plâtre (sulfate de chaux hydraté). ... 17 00 Mauvaises marnes de teintes variables . . 6 00 Plâtre exploité 6 00 Marnes considérées comme mauvaises, sans emploi 3 00 Plâtre exploité 2 80 Total. ... 61 32 Au-dessus de cette profondeur, qu’on n’a guère dépassée, se continue très-probable- ment encore pendant longtemps la masse de plâtre dont on exploite la partie supérieure. Au point de vue scientifique, les buttes Chaumont présentent aussi un certain inté- rêt. Ainsi, sans compter une grande quan- tité de fossiles qui ont vécu à une époque très-reculée, Cuvieret Brongnart ont constaté la présence d’espèces très-rpmarquables, tels que les Palœotherium magnum , cras- sum , medium , curlium; les Anotherium commune , secondarium , medium , minus , minimum , etc. D’après ce que nous avons rapporté de la partie historique des buttes Chaumont on voit que ce que nous en avons dit, qui en est à peine une esquisse, offre néanmoins Nous ne pensons pas que cette variété nouvelle, très -intéressante par l’extrême précocité de sa floraison et la beauté de ses fleurs, ait été déjà décrite. Elle est un heureux gain de M. Rovellii, dont le bel établissement est situé à Palanza, sur le bord du lac Majeur. Cet horticulteur l’obtenait en 1854, par la voie de l’hybrida- tion du R h. Dahuricum et du Rh. arbo- reum. Le Rh. Rovellii , tout en gardant la grande précocité du Rh. Dahuricum, qui fleurit en janvier, et avec lequel il a du reste beau- coup d’analogie, participe également, à un certain degré, de la vigueur, de la beauté des fleurs du Rh. arboreum. Ses Heurs,' beaucoup plus grandes et ve- nant par bouquets, sont aussi beaucoup plus abondantes que celles du Rh. Dahuri- cum. Elles ont une corolle campanulée, largement ouverte, de 2 centimètres de dia- mètre, à cinq lobes presque réguliers; quant à la couleur, au lieu d’être violacée comme celle des fleurs du Rh. Dahuricum, elle est d’un rose brillant et intense, tirant quelque peu, cependant, sur l’amaranlhe, et semée de points noirâtres dans l’intérieur. Ses feuilles, pétiolées, entières, oblon- un champ de profondes méditations qui fait ressortir les vicissitudes, et les transforma- tionsdes choses humaines. C’est comme une sorte de drame comprenant de nombreux tableaux d’abord sinistres, lugubres et som- bres, qui néanmoins vont en s’adoucissant, de manière que les derniers non-seulement rassurent les spectateurs, mais encore leur font oublier l’horreur ou le dégoût que leur avaient fait éprouver les premiers, en sorte qu’ils s’en retournent sinon très-contents, du moins avec un visage sur lequel est peinte une certaine satisfaction; absolument com- me l’homme qui, pendant son sommeil, a été agité par des songes et par des fantômes affreux, qui disparaissent au fur et à mesure qu’il se réveille. La comparaison que nous venons de faire ne manque pas de justesse. Si par la pensée on essaye de rapprocher ce qui a été de ce qui est; c’est à peine si l’on peut croire. On n’est pas sûr de ne pas rêver ! Dans un prochain article nous essayerons de donner à nos lecteurs une idée du parc des Bulles-Chaumont. En véritable cicérone, si nous ne pouvons les conduire partout, nous tâcherons de leur faire remarquer les points principaux, et leur intelligence suppléera au reste. E. A. Carrière. (La suite à un prochain numéro.) ON ROVELLII gués -lancéolées, sont d’un vert mat her- bacé en dessous, et d’un vert très-foncé et luisant en dessus. Le Rh. Rovellii possède encore, sur l’es- pèce du Caucase, l’avantage d’avoir les feuil- les au moins une fois plus grandes, per- sistantes, et non presque caduques. Un pied de ce Rhododendrum, planté chez moi il y a six ans, a maintenant plus de 1 mètre de hauteur, et une tigede 20 centimètres de circonférence à la base. En ce qui touche la culture du Rh. Ro- vellii, cet arbuste ne paraît pas plus dé- licat que le Rh. Dahuricum, et se montre, ainsi que lui, le plus rustique de tous les Rhododendrons introduits dans mes cul- tures. Je le multiplie de greffe sur le Rh. ponti- cum et le regarde comme une belle et pré- cieuse variété. André Leroy.. Nota. — Nous appelons particulièrement l’attention des horticulteurs, des amateurs et des botanistes sur le Rh. Rovellii, d’abord parce que c’est une très-belle plante, en- suite comme hybride entre deux types très- différents. ( Rédaction .) VARIETES DE MELONS POUVANT ÊTRE CULTIVÉES COMME PLANTES GRIMPANTES Le but de cet article est d’attirer de nou- veau l’attention sur un mode de culture des Melons, qui peut, dans certains cas, avoir son utilité. Bien que les tiges des Melons soient dépourvues de vrilles ou de mains, qui leur permettent de s’accrocher et de grimper après les objets qui les environ- nent, et que par leur nature elles semblent plutôt destinées à courir et à se traîner sur le sol, rien n’est plus facile que de les faire monter sur des rames ou de les palisser et de les diriger sur des treillages, des cor- dons à diverses hauteurs, comme on le fait parfois pour les Tomates. Ce mode de culture est surtout avanta- geux sous les climats où ce genre de fruit mûrit difficilement, et dans les jardins où l’on dispose de peu de place ; enfin les plantes cultivées ainsi offrent un aspect moins disgracieux que lorsque leurs tiges rampent sur le sol. On a même recommandé, et ce à plu- sieurs reprises dans ce journal, la culture de quelques variétés de Melons comme plan- tes grimpantes d’ornement ; nous citerons entre autres le Melon Dudaïm, charmante espèce décrite et figurée il y a quelques années dans la Revue horticole sous le nom de Melon orange grimpant. Les fruits de cette espèce qui sont de la grosseur d’une Pomme, se colorent en jaune orangé à la maturité. Ils sont très-abondants sur le même pied, offrent peu de saveur ; mais ils en dédommagent par une odeur ex- quise, qui leur a fait donner le nom de Melon de senteur , Melon de poche , Melon de la reine Anne , Melon pomme de Brahma , et en anglais ceux de Queen’s pocket , Melon et Siveel scented Melon. Une espèce tout à fait analogue à celle- ci, le Melon de Chito, en diffère seulement par des dimensions un peu moindres et une forme un peu ovoïde. A la maturité les fruits offrent la meme coloration et la même odeur que ceux de l’espèce précédente avec laquelle on la confond souvent sous les mêmes noms vulgaires. Les Anglais la dé- signent aussi quelquefois sous l’appellation de Little tom Thumb Melon et de Little tom Thumb Gourd. Des pieds de ces deux es- pèces palissés sur un treillage ou contre un mur s’y couvrent d’une grande quantité de fruits qui mûrissent parfaitement; on en ob- tient aussi de bons résultats en les faisant grimper sur des rames plantées à bonne exposition. Parmi les bonnes variétés potagères qui se prêtent à cette culture, nous recomman- derons particulièrement les suivantes : Melon Ananas d’Amérique à chair verte; — Cantaloup petit prescott hâtif; — Cantaloup noir des Carmes; — Cantaloup rock écarlate. Ces variétés produisent des fruits de fai- ble dimension, mais elles ont le mérite de nouer facilement, de mûrir parfaitement, même en plein air, dans le nord de la France et d’être presque toujours de qualité ex- quise: Il est certain que ces variétés étant cultivées, comme noqs venons de le dire, leurs fruits, recevant l’air et la lumière de tous les côtés, mûriront plus tôt et n’auront pas l’inconvénient d’avoir comme ceux cul- tivés sur le sol, un côté qui ne mûrit jamais bien et reste sans saveur. Un autre fait que nous avons constaté, c’est que les pieds de Melon cultivés ainsi n’ont pas été atteints, comme ceux qui couraient sur le sol, de la maladie si funeste dans les melonières que l’on nomme la Grise * Le seul désavantage de cette culture est de voir les fruits se dé- tacher de leur pédoncule et tomber à la maturité; il sera facile d’obvier à cet incon- vénient en visitant ses espaliers de Melons pour cueillir ceux qui sont mûrs à point, qui se cernent , comme l’on dit en terme de jardinage. C’est là un inconvénient auquel les amateurs trouveront facilement à remé- dier. Nous n’avons point essayé de cultiver de cette façon les grosses variétés de Melon, mais nous ne doutons pas qu’on ne puisse en obtenir de bons résultats, car tout le monde sait qu’en faisant grimper des Cour- ges, Giraumons, Potirons, etc., on obtient des fruits qui acquièrent un très-beau dé- veloppement etqui mûrissent complètement. Il suffira de semer les graines comme cela se pratique d’ordinaire, mais de préfé- rence en pots, pour repiquer ensuite les jeunes plants à la place que l’on aura choi- sie et que l’on aura convenablement fumée. Des arrosements abondants surtout pendant le développement des fruits produiront d’excellents résultats. ME VER DE JOUHE. L’an des Propriétaires : Maurice bixio, Montereau. — Imprimerie Zanote. CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE D’aVRÎL). Exposition universelle du Champ-de-Mars. — Aspect du jardin réservé. — Plantes les plus remarquables. — Exposition prussienne. — Collection de 5,000 Jacinthes. — Appareil pour détruire les mouches. — Délégués envoyés à l’Exposition universelle parles Sociétés d’horticulture de Versailles et de Meaux. — Date de l’exposition horticole de la Société nantaise d’horticulture. — Exposition de MM. Haâge et Schmidt, d’Erfurt. — Mort deM. Joseph Uigout, directeur du Jardin botanique d’Anvers. — Exposition universelle d’horticulture de Saint-Pétersbourg. — Catalogues de MM. Verdier et Lierval. — Valeur spécifique absolue des espèces. — Lettre de M. Rodin. — Variétés à Heurs doubles à l’état sauvage. — Communication de M. Brecy. — Le Chasselas hâtif de Montauhan. Les Cactées. — Collection d’Azalées destinées au champ de Mars. — Floraison des Tulipes de la ville de Paris. — Nous ne croyons devoir mieux faire que d’ouvrir celte chronique par un résumé de l’Exposition universelle du Champ-de- Mars. A ce sujet nous dirons que les plan- tations sont à peu près terminées; les Gazons sont verdoyants ; les serres se gar- nissent et bientôt le jardin réservé offrira aux promeneurs le plus ravissant coup d’œil. Indépendamment des nombreuses collec- tions qu’on apporte constamment, confor- mémentau programme, on trouve çà et là, soit dans les serres, soit en pleine terre quelques plantes isolées vraiment dignes d’attirer l’attention des amateurs. Nous si- gnalerons particulièrement un énorme Rho- dodendron Dalhousiœ, exposé par M. Knight, jardinier, à Pontchartrain, qui a plus de 2 mètres de hauteur, et dont la tête, large d’environ 1 m. 50, porte plus de 30 bou- quets de grandes fleurs d’un blanc jaunâtre ou mieux d’un jaune blanchâtre. Ces fleurs, très-longuement tubulées, évasées au som- met, rappellent assez celles de certains Lis. Les amateurs de Conifères devront être sa- tisfaits, car les collections abondent, et si toutes ne sont pas belles on trouve dans presque toutes des individus remarquables, soit par la nouveauté, soit comme beaux ou rares exemplaires. Une espèce qui réunit au plus haut degré ces deux avantages est VAbies amabilis , Forbes, espèce inconnue de presque tous les horticulteurs qui ce- pendant l’annoncent et la fournissent, à ce qu’ils assurent ; mais cela n’est pas. Celle qu’ils livrent n’est autre chose qué VAbies nobilis robusla, Nob. ( Picea magnifica, Jlort. Angl., Abies magnifica , Ilort.), ainsi que nous l’avons dit dans notre nouvelle édition du Traité général des Conifères (I) page 296. Nos lecteurs savent que quelques nations ont à l’exposition, indépendamment de leurs différents produits, soit industriels, soit ali- mentaires, une certaine étendue de terrain dans la partie dite du Parc , et qu’ils culti- vent ou font cultiver à leur guise. La Prusse surtout se fait remarquer sous ce rapport. La partie qui lui a été allouée, qui a été des- (1) 2 volumes in-8° de plus de 900 pages, chez l’auteur, rue de Buffon, 53, et dans les principales librairies. 1er Mai 1867. sinée et faite par son ordre, est également ornée par elle. Les dessins sont variés; quelques-uns représentent des ornements d’architecture ou sortes d’arabesques. Ce qui est surtout remarquable, c’est la dis- position des fleurs. Le choix et la disposi- tion sont tels que les oppositions ou con- trastes sont très-frappants et d’un très-joli effet. C’est surtout à vol d’oiseau que le coup d’œil est magnifique. Cette ornemen- tation d’un très-bon goût, pas assez connue en France, devra se renouveler quatre fois pendant la durée de l’exposition, et chaque fois les plantes devront venir de Berlin. C’est donc une chose essentiellement prus- sienne. La première série décorative, qu’on voit encore en ce moment, se composait en grande partie de Jacinthes en trois variétés rouge, blanche et violet foncé. Quelques Tulipes naines, rouges, formaient aussi des petits massifs qui, disposés avec art, pro- duisaient un très-bel effet. Ces Jacinthes, au nombre de 5,000, sont venues de Berlin en Heurs et en pots; elles ont coûté 2,000 f. sans le transport. Ceux de nos lecteurs qui désireraient voir ce jardin le trouveront derrière la statue du roi de Prusse, à gau- che, en entrant par la porte qui se trouve en face de l’entrée principale de l’École mili- taire. — En parcourant l’exposition universelle d'horticulture , nous avons remarqué un instrument pour détruire les mouches, les guêpes, etc. Cette invention, dont l’auteur est M. Évrard, 6, cour des Miracles, est des plus simples et des plus ingénieuses. Elle se compose de deux pièces de verre épais, dont l’une, qui forme une sorte de cloche ou de cy- lindre ouvertàla base, est fermée ausommet, moins une petite ouverture qui se prolonge sous forme de col ou de goulot. Sur cette pièce s’en adapte une autre de forme semi- sphérique qui la recouvre entièrement et qui laisse un peu d’espace entre elle et l’extrémité du tube de la pièce inférieure. Voilà l’instrument. Pour s’en servir, il suf- fit de le placer soit sur la terre, soit sur un plateau, soit sur une table, etc., sur deux petits morceaux de bois, de manière à lais- ser une petite distance entre le plateau et les parois de la cloche. C’est par cette ou- verture que les mouches, les papillons, etc., 9 162 CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIEME quinzaine uamiilj. entrent pour aller butiner sur l’appât qui est renfermé à l’intérieur, qu’ils voient et sentent. Une fois entrés, ils n’en sortent plus ; ils s’envolent en montant, passent dans le tuyau et retombent dans le vide qui est placé tout autour du goulot, où ils ne tardent pas à mourir. Lorsque cette sorte de récipient est plein, on lève la pièce su- périeure et on le vide. — Deux sociétés d’horticulture, celle de Versailles et celle de Meaux, ont pris, selon nous, une très-bonne résolution : c’est d’envoyer tous les quinze jours à l’Exposi- tion de Paris des délégués chargés d’exa- miner et de suivre les travaux au fur et à mesure, et d’en rendre compte à la Société qui les a envoyés, de manière à la tenir au courant de tout ce qui s’est fait et des di- vers produits qui ont été exposés. C’est un bon exemple que ces sociétés donnent aux autres sociétés, leurs sœurs, qui, nous l’es- pérons, les imiteront. — Nous avons reçu le programme de l’exposition horticole organisée par la So- ciété nantaise d’horticulture. Cette exposi- tion, qui ne comprend pas moins de qua- rante-cinq concours différents, aura lieu à Nantes, sur la promenade de la Bourse, les 8, 9 et 10 juin prochain. Tous les horticul- teurs et amateurs sont invités à y prendre part. Les demandes d’admission doivent être adressées avant le 25 mai à M. le pré- sident de la Société, à Nantes. — Parmi les nombreux objets exposés par le gouvernement prussien, nous avons re- marqué entre autres choses et comme se rapportant principalement à l’horticulture, les bouquets composés de fleurs naturelles sèches et peintes de MM.Haâge et Schmidt, d’Erfurt. Ces bouquets, qui se recomman- dent par leur élégance et leur légèreté, nous paraissent infiniment supérieurs aux fleurs artificielles qui, quelque bien faites qu’elles soient, sentent toujours l’étoffe. De plus, ils se recommandent par la modicité de leur prix. A côté de ces bouquets, on remarque deux portraits de grandeur naturelle, faits aussi avec des fleurs naturelles peintes. Ces portraits qui représentent, l’un, Napoléon Ier, l’autre Frédéric le Grand, vus à distance, sont assez ressemblants, surtout Napoléon. Disons toutefois que, malgré le talent des artistes et les efforts qu’ils ont faits, nous croyons qu’on pouvait faire mieux. — Nous lisons dans la Belgique horti- cole (numéro de mars 1867), journal rédigé par M. E. Morren, que François-Joseph Ri- gout, professeur-directeur du Jardin bota- nique d’Anvers, est mort le 15 février der- nier, à l’âge de soixante-dix ans. — Le même journal nous apprend que l’exposition universelle d’horticulture, qui devait avoir lieu â Saint-Pétersbourg en 1868, est ajournée jusqu’au mois de mai de l’année 1869. D’après ce même recueil « les difficultés d’installation et surtout la nécessité de s’assurer le concours suffisant d’horticulteurs russes, » seraient la seule cause de ce retard. En temps opportun, nous reviendrons sur cette exposition. — Nous venons de recevoir un supplé- ment au catalogue de M. Charles Verdier, horticulteur, 12, rue Duméril (ancienne rue du Marché-aux-Chevaux , à Paris) , dans lequel sont annoncés comme nouveaux les Rosiers THÉS Belle cuivrée , Bouton d'or, Climbing Devoniensis , Lucrèce, Madame Brèmont, Madame Margotlin, Monsieur Furtado ;lesILE BOURBON ,OEillel flamand, Petite Anne. De plus, cinquante-six varié- tés de Rosiers dits hybrides remontants. — Dans le catalogue de M. Lierval, hor- ticulteur, 42, rue de Villiers, quartier des Ternes, nous trouvons annoncées comme pouvant être livrées dès â présent les nou- veautés suivantes : 18 variétés de Phlox. 1 variété de Véronique. 2 variétés d ' Antirrliinum. 4 variétés d’ Acanthes. Ainsi que quelques variétés également nouvelles dans les genres Héliotrope et Lantana. — Nous avons reçu de M. Rodin, relative- ment à un article de M. l’abbé Brou, la lettre suivante : Monsieur le rédacteur, Permettez-moi de réclamer l’hospitalité de vos colonnes au sujet des deux faits dont a parlé M. l’abbé Brou (l). Je n’ai sans doute pas une autorité qui me permette d’entrer dans le débat et de dire ce que je pense de la valeur spécifique absolue des espèces, mais je crois qu’il n’est peut-être pas sans intérêt pour la science de vous faire part des réflexions que m’a suggérées la lettre de M. l’abbé Brou. Sans doute les botanistes nomenclateurs, comme M. Jordan, en n’imposant pas de bornes à la délimitation des espèces, prouvent combien il est difficile de trouver un critérium absolu, combien est facul- tative l’appréciation des caractères et combien sont variables les formes réputées spécifiques. Si ces floristes , comme on les a appelés, ne se laissent pas entraîner, ce que je me plais à croire, par le désir peu louable d’être parrains de nombreuses espèces, ils méconnaissent assu- rément la loi de Dieu qui n’a pas condamné la nature à l’immobilité. Vouloir que tous les indi- vidus soient identiques, c’est vouloir que toutes les feuilles d’un arbre se ressemblent jusque dans les plus petits détails, jusque dans le nombre des stomates, c’est vouloir créer un type-étalon qui ramènerait les êtres animés à une triste uniformité. Que les individus soient polymor- phes, qu’il existe des formes intermédiaires qui (1) Voir Rev. hort ., 1867, page 82. 163 CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE D’AVRIL). relient l’un à l’autre des groupes en apparence très-éloignés par leurs caractères, et qu’un œil peu expérimenté pourrait juger devoir consti- tuer autant d’espèces distinctes, ils n’en pro- viennent pas moins d’un premier ancêtre, d’un type qui leur est commun à tous. Personnelle- ment se trouve mon critérium de l’espèce dans la fécondité universelle et indéfiniment continue des individus, bien qu’il y ait des formes diffé- rentes entre eux. La fécondité est le caractère vraiment spécifique de Y espèce naturelle. Que des semis de M. l’abbé Brou lui aient prouvé que le Centaurea myacantlia provient du type calcitrapa , il n’y arien qui doive étonner les botanistes, ni faire changer leurs idées au point de vue de l’espèce. Toutes les races et toutes les variétés ne sont pas nées sous les yeux de l’homme. Les semis naturels, les fécon- dations naturelles, n’ont-ils pas donné naissance à des produits qui peuvent tromper l’œil du bo- taniste? De là, pour beaucoup, le champ du doute s’élargit, pour d’autres les espèces se multiplient; mais ces faits sont-ils pour cela de nature à changer l’idée que nous nous faisons de l’espèce. Je ne le crois pas. Aussi je me dé- clare ennemi des nomenclateurs à l’infini et suis convaincu que la culture a toujours été la cause essentielle de la variabilité des végétaux; c’est elle qui, en modifiant les éléments consti- tutifs du sol, les force à revêtir de nouvelles formes et mes herborisations m’ont appris à découvrir les espèces polymorphes spécialement dans les plantes estivales cultivées malgré l’homme. Pardon, monsieur le rédacteur, de cette digres- sion et revenons à la lettre de M. l’abbé Brou. Qu’y a-t-il qui doive étonner dans le fait du Cen- taurea myacantha revenant au type calcitrapa ? Les semis, les éludes consciencieuses des bo- tanistes n’ont pas d’autre but que de ramener au type les plantes qu’un premier classement a élevées au rang d’espèces. Je ferai observer que Thuillier avait pressenti cette provenance quand il l’appelait Centaurea calcitrapoides (Fl. Par. U6) , que M. Raspail (Ann. des sciences d'ob- serv., m, 113) prétendait que cette plante n’é- tait qu’une monstruosité du C. calcitrapa, à fleurs stériles et vivipares. Je pourrais encore citer d’autres exemples de botanistes doutant de la spéciéité du Centaurea myacantha. Je retrouve dans mon herbier, — il est vrai que c’est un fait personnel,— un échantillon du Centaurea myacantha recueilli par moi en 1851, avec cette mention : Ne serait-ce pas une variété du C. calcitrapa ? à semer. Quant au fait de la duplicature du Lychnis flos-cuculli , il est moins rare que ne le croit M. l’abbé Brou. J’ai parcouru en tous sens le département de l’Oise et j’ai vu bien des dupli- cations; je les ai à l’herbier, ainsi que d’autres formes aussi remarquables qui prouvent que la nature est pour les horticulteurs le livre qu’ils doivent savoir étudier et comprendre. Usy ver- ront en germe tous les procédés qu’ils em- ploient pour faire varier leurs plantes. Sans m’étendre à ce sujet, je puis vous indiquer sur quelles espèces de plantes j’ai remarqué dans la nature le phénomène de la duplication. Ce sera peut-être un enseignement pour les horticul- teurs. Voici, suivant l’ordre de mes souvenirs et de mon herbier, les plantes que mes herborisa- tions m’ont présentées à l’état de duplicatien complète ou incomplète. Caltha palustris, Delphinium consolida (j’ai trouvé chez cette plante assez souvent un com- mencement de plénification des fleurs à 5-10 pétales plus ou moins libres), Papaver rhœas , Cardamine pratensis, Iberis amara , Saponaria officinalis, Lychnis sylvestris , Lychnis flos- cuculli , Geum rivale (très-souvent), Rubus cœ- sius , Tormentilla erecta , Epilobium tetrago- num , Vinca minor (2 fois), Vinca minor semi duplex (1 fois), Couvallaria maialis, Colchicum antumnale. Voilà, autant que je me rappelle, les plantes que j’ai trouvées doubles, et remarquez qu’elles se trouvaient à cet état dans le com- merce. Ne croyez-vous pas avec moi que les horticulteurs ont profité de l’exemple que leur olfrait la nature ou qu’ils ont bénéficié des con- quêtes des botanistes? Si vous croyez ces détails intéressants par quelque point, je vous serai reconnaissant de les insérer dans la Revue. J’espère bientôt vous parler d’autres métamorphoses naturelles qui ne peuvent manquer d’être utiles aux horti- culteurs. Hippolyte Rodin, Secrétaire de la Société d’horticulture et de botanique cb Beauvais, mem- bre de la Société botanique de France, etc. Tous les faits que M. Rodin vient de rap- porter, et dont, pour notre propre compte, nous le remercions très-vivement, sont ins- tructifs et très-intéressants, surtout les der- niers, puisqu’ils viennent démontrer que, même à l’état sauvage, les variétés à fleurs doubles sont plus fréquentes qu’on ne l’avait cru jusqu’ici. Nous sommes très-heureux d’apprendre qu’il voudra bien nous faire d’autres com- munications, ce dont nous le remercions aussi à l’avance. Toutefois, nous sommes obligé de reconnaître que la question spé- cifique n’y gagne rien, car il ne suffit pas de dire : on va trop loin, ce qu’il faudrait, c’est montrer les limites où l’on doive s’arrêter; autrement, nous ne voyons que des mots n’ayant d’autre valeur que celle qu’on leur accorde et sur lesquels, nous le répétons, le même auteur n’est pas toujours d’accord. — Nous avons reçu de M. Brecy, de Mon- tauban, une lettre que nous allons repro- duire, et qui, nous n’en doutons pas, inté- ressera tous nos lecteurs. Elle comprend deux faits, l’un est relatif au Chasselas hâtif de Montauban; l’autre est relatif aux Cac- tées, ce qu’on verra du reste par la lettre que voici : Montauban, 6 mars 1867. Monsieur le rédacteur, Nous venons de voir, dans le numéro de fé- vrier de votre excellente Revue horticole ; une planche représentant, ou ayant la prétention de représenter, le Chasselas hâtif de Montau- ban. La bonne intention de M . Jamin fils n’est pas douteuse, ce n’est pas la faute de cet habile horticulteur si son raisin a subi l'influence du CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE D’AVRIL). m climat, et le talent très-remarquable de votre dessinateur est au-dessus de tout éloge. Mais, monsieur, personne ici ne veut recon- naître dans ce fruit lymphatique, vert, âcre et mûri sous un ciel inclément, un Chasselas de Montauban! Dans la vigne-école de notre So- ciété d’horticulture et d’acclimatation, nous n’avons aucun cépage semblable. En effet, dans notre pays aimé du soleil, le Raisin de table, même précoce , est toujours doté de couleurs vives, dorées, ocrassées, et ce sont précisément ces teintes chaudes et transparentes qui ont fait sa réputation si justement méritée, puis- qu’elles viennent ajouter le plaisir des yeux à la saveur sucrée, parfumée et délicieusement délicate que les gourmets reconnaissent au Chasselas de Montauban. Ce Chasselas hâtif n’a rien de commun avec le Gros Coulard, ni avec le Fontainebleau, son bois est plus gris que ne le porte la gravure, le pédoncule et les pédicelles sont gris verdâtre, les grains ne sont pas aussi déprimés, la cou- leur générale en est ambrée, le côté exposé au soleil est jaune safran, et les parties saillantes, en leur midi, sont maculées de belles taches rousses donnant à l’ensemble une harmonie tout à fait appétissante. Quant aux Chasselas or- dinaires, jaune ou rose , formant une branche de commerce très-produtif à Montauban, qui en expédie des quantités prodigieuses à Paris et dans toutes les capitales du monde, il est im- possible de rien voir de plus riche en couleur et de manger rien de plus exquis. Je voudrais bien, monsieur, pendant que j’y suis, trouver une transition pour arriver à vous parler d’une autre plante succulente aussi, mais à un autre titre, seulement, comme mon bon vouloir est insuffisant, je vais, en profitant de votre permission, carrément vous dire la chose. C’est une actualité. Tous les amateurs de Cactées se rappellent d’avoir lu dans votre Revue , en i 861 , une dis- cussion aigre-douce entre le savant M. Le- maire, au sujet du Schlumbergera (mis au monde et présenté par lui en 1858) et le Dr La- canal, qui en contestait la valeur, voulant con- server au Russelianum son état civil c VEpiphijlle . En vain le prince de Salm, Hooker, Pfeiffer, La- bouret, Seringe, dans leurs œuvres, admettent VEpiphyllum Russelianum comme espèce, tout en tenant compte da la différence qui se trouve entre son inflorescence et celles de ses congé- nères (1) ; M. Lemaire qui, dans son Hort. univ ., t. V, ne voulait connaître cette plante que sous le nom de Cereus Russelianum , veut absolu- ment, en 1858, en faire un Schlumbergera ! Pourquoi? Parce que la fleur est régulière au lieu d’être irrégulière, campanulée au lieu d’être bilobé?, que le tube périgonal est très- court, cylindrique , au lieu d’être allongé, com- primé latéralement et courbé dorsalement, que (1) Le prince de Salm, dans son ouvrage Cactea in porto Dyckensîcultœ , anno 1849, dit, p. 56 et 57, Epiphyllum Truncatum , tubi fauce oblique, limboque subbolabiatim reflexo. Ep. Russelianum , tubi fauce regulari, limboque œqualiter expanso. N. C. Seringe, professeur de botanique à la Fa- culté des sciences et directeur du Jardin des Plantes . de Lyon, dit, en 1849, dans le deuxième volume de de la Flore des jardins , p. 848 et 349, que VE. trun- calum a la lleur oblique et irrégulière, et que VE. Russelianum a la fleur dressée et régulière, que les les étamines diadelphes , subexertes enveloppent le style comme d’une sorte de tube, tandis que dans l’Epiphylle type, les étamines sont très - exertes et qu’une portion en est nichée dans la partie dorsale, etc;, etc. Mais, alors, il faudrait démembrer tous les genres, car il y a beaucoup d’anomalie dans les espèces qui les composent, et une multitude de plantes admises, consacrées par la science et par la pratique, concourraient à former de nou- veaux genres sous des noms plus ou moins barbares. Est-ce que la nomenclature n’est pas assez embrouillée? Est-ce qu’il ne serait pas temps de mettre un terme à ces divisions in- définies, non motivées, inutiles enfin, et de re- venir^ de plus saines doctrines? Ne devrions- nous pas laisser de côté les Allemands (et tutti quanti ) qui ont déversé dans nos collections une foule de sujets formant double emploi, et aussi difficiles à nommer qu’à classer? Or, monsieur le rédacteur, à l’appui du vœu qui précède, voici un fait qui m’est personnel et qui, je crois, intéressera les cactophiles. Amateur passionné des plantes grasses, je les cultive avec amour sous notre climat où elles se couvrent de fleurs splendides, abondantes, et où elles fructifient à plaisir; je fais tous les ans des semis, plus ou moins heureux, et mes amis en font autant; nous obtenons souvent des sujets qui nous donnent fort à penser. Il y a cinq ans, entre autres, deux terrines de Ma- millaires et une d’Epiphylles, nous ont donné des sujets si variés qu’il y aurait de quoi fabri- quer une bonne douzaine de genres nouveaux. Les Epiphylles ont presque tous fleuri en dé- cembre et janvier de cette année. Les graines, qui provenaient d’un magnifique pied à'Epiphyl- lum truncatum , ont donné : 1° des fleurs ré- gulières, à tube cylindrique et à tube comprimé, plus ou moins longs ; 2° des fleurs irrégulières, à tube cylindrique et à tube comprimé de lon- gueurs différentes ; 3° les étamines en étaient indifféremment exertes ou subexertes , sans s’oc- cuper si cela contrariait une classification quel- conque; 4° les unes avaient leurs étamines quelquefois en faisceau dans des tubes aplatis, tandis que chez les autres elles étaient dissé- minées et rangées sous la partie dorsale des périgones cylindriques; 5° cette inflorescence parcourait une gamme de couleurs carmin, violet et rose dans tous les tons. Enfin c’est à dérouter la conviction la plus robuste. Qu’en conclure? Que le Schlumbergera n’a pas sa raison d’être, et que c’est l’erreur d’un savant distingué, qui a d’ailleurs rendu assez de ser- vices à la science pour que cette petite contra- riété lui soit légère. J’ajouterai qu’au mois d’octobre dernier j’ai vu, chezM. Cels, à Paris, deux terrinéesde Ma- millaires provenant de graines de sujets dont je lui avais fait cadeau, et qui présentaient auss étamines sont réunies en un seul faisceau comme clans les Malvacées! J. Labouret, dans sa. Monographie des Cactées , 1851, p. 421 et 423, divise ainsi les Epiphylles : 1° gorge du tube oblique. Ep. truncatum et toutes ses variétés; 2° ouverture du tube régulière. Ep. Rus- selianum. Et tous ces savants, ainsi que M. Lemaire lui— meme, ont répété ce qu’avait dit, des Epiphylles , l’illustre Pfeiffer. — Rien de nouveau sous le soleil. H. B. 165 CHRONIQUE IIORTICuLE (DEl des variétés innombrables. Dieu des horticul- teurs, hasard, petites abeilles, hybridation, voilà de vos coups ! Veuillez agréer, etc., Brécy. Membre de plusieurs société savantes, d'horticulture, botanique, etc. A cette lettre, qui est non-seulement inté- ressante, mais très -instructive et pour laquelle nous prions M. Brécy de vou- loir bien recevoir nos remercîments, nous nous permettrons de faire deux ob- servations; la première est relative au Chasselas hâlif de Montauban. Personne assurément ne sera étonné que ceRaisin soit tout à fait méconnaissable lorsqu’il est cul- tivé dans les terres fortes et froides de Bourgs la-Reine. Il faudrait, pour être surpris de ce fait, ignorer l’influence énorme que le milieu climatérique et topographique exerce sur les êtres. Sans aller plus loin chercher des exemples, nous dirons : quel est celui qui reconnaîtrait ailleurs qu’à Fontainebleau ou dans ses environs, à Thomery par exem- ple, le Chasselas de Fontainebleau ? Très- probablement personne. Nous connaissons même beaucoup d’endroits presque voisins (24, 32, 40, 48 kilomètres) oîr ce cépage pousse à peine, et ou ses enfants, décolo- rés, petits, mous, n’ont rien de la couleur, de la grosseur, ni du croquant de leur mère! Et pourtant est-on en droit de dire que ce n’est pas le Chasselas de Fontaine- bleau? Evidemment, non. Il en est donc de même du Chasselas hâtif de Montauban . Quant au fait qui se rapporte aux Cac- tées, il paraît être beaucoup plus impor- tant; pourtant, en y réfléchissant, il s’expli- que. Constatons d’abord qu’on ne s’entend guère sur ce qu’il faut nommer genres et espèces. Dieu n’ayant pas créé d'étalons (qu’on nous passe le mot) pour ces choses, il en résulte que nous devons forcément nous appuyer sur des choses de convention, DE LA MULTIPLICATION DE C On répète tous les jours ce vieux dicton auquel on ne réfléchit pas assez : « Il n’y a pas de règle sans exception. » Dans la multiplication des végétaux, on en reconnaît de suite l’exactitude. Ainsi, pour ne parler que des végétaux ligneux, on a posé en principe que les boutures devaient être faites à l’automne. En général c’est vrai mais non toujours ; les exceptions sont même assez nombreuses, elles portent surtout sur les végétaux dont les tissus sont mous et spongieux ou sur ceux qui sont lâ- ches ou moelleux, tels que les bois blancs ou tendres. Nous pouvons citer comme exemple les Peupliers et surtout les Saules ; ceux-ci, lorsqu’on les coupe avant lliiver, noircissent et se désorganisent très-fré- XIÈME QUINZAINE D’AVRIL). trop insuffisantes malheureusement; cela est si vrai que non-seulement les différents auteurs ne sont pas d’accord entre eux sur ces choses, mais qu’un même auteur élève parfois au rang de genre ce qu’il avait au- trefois considéré comme espèce et vice versa. Tant qu’on n’aura pas défini le genre et l’es- pè’ce d’une manière absolue (et on ne le peut pas) on discutera sur ces mots. La discus- sion, comme ’on le voit, n’est donc pas près de finir. Notre intention, on doit le comprendre, n5est pas de soutenir M. Lemaire contre M. Brécy, ce que nous voulons, c’est faire remarquer avec quelle réserve ces questions doivent être traitées. Il ne faudra jamais oublier non plus qu’un genre est une sorte de cadre dont les limites sont déterminées, et dans lesquelles vient se ranger un certain nombre de plantes qu’on nomme espèces , variétés , etc., etc. Or, lorsqu’un individu issu d’une plante qui est dans ce cadre a re- vêtu des caractères qui ne rentrent plus dans ce dernier, il n’y a que deux choses à faire : élargir le cadre ou en former un autre (établir un autre genre) sans s’occu- per d’où viennent les matériaux. Très- probablement nous aurons plus d’une fois encore l’occasion de revenir sur ces faits. En attendant nous remercions très-vivement M. Brécy de ses très-intéressantes communi- cations. — Le 28 avril dernier sont arrivés de Belgique vingt wagons chargés d’ Azalées de l’Inde destinés à l’Exposition du Champ-de- Mars. Jamais, peut-être, on n’aura vu un aussi beau concours de ces plantes. — La collection de Tulipes delà ville de Paris est en fleurs en ce moment. Tous les horticulteurs et amateurs peuvent la visiter, avenue d’Eylau, 131, à Passy. E. A. Carrière* ELÜtlES VÉGÉTAUX LIGNEUX quemment, tandis que lorsqu’on les prépare au printemps, au moment où ils entrent en végétation, il en est tout autrement, le bourrelet ne tarde pas à se former et bien- tôt a lieu le développement des racines. Ce que nous venons de dire des parties aériennes, nous pouvons le dire des parties souterraines. Ainsi les racines de Paulownia ne doivent être coupées pour faire des bou- tures que lorsqu’elles vont commencer * pousser, c’est-à-dire en avril. Si parfois on était obligé de les couper plus tôt, avant l’hiver, par exemple, on devrait les placer dans un endroit à l’abri de la gelée, ou bien on les mettrait dans du sable sec. Lebas, SMYRNIUM OLUSATMJM Bien souvent des propriétaires nous ont prié de leur indiquer des végétaux propres a garnir les terrains incultes ou presque dépourvus de végétation. Une plante qui peut remplir ces conditions est le Smijr- nium olusatrum , vulgairement Maceron. Cette espèce appartient au groupe des Ombellifères; elle est insignifiante par ses fleurs, mais cet inconvénient est compensé par des feuilles d’un beau vert, qui persis- tent pendant tout l’hiver. Nous devons dire, toutefois, que ses feuilles disparaissent en juillet pour ne repousser qu’au mois de septembre; dans cet intervalle, les plantes en sont complètement, dépourvues. Ce n’est pourtant pas une raison pour ne pas culti- ver le Maceron ; car, bien des plantes qu’il est difficile de se procurer, et non moins difficile de cultiver et de conserver, ont ce même inconvénient, souvent même a un plus haut degré. Le Maceron , au contraire, est rustique, vient partout et à toutes les expositions. On le multiplie par graines qu’il donne en grande quantité et que l’on sème au mois d’octobre, ou bien par ses racines que l’on divise après la chute des feuilles, ainsi que cela se pratique pour la plupart des plantes tubéreuses. On peut en faire de très-jolies bordures d’hiver. Rantonnet, horticulteur, à Hyères (Var). PROCÉDÉ POUR HATER LA PRODUCTION DES BOUTONS A FRUIT DES POIRIERS GREFFÉS SUR FRANC Le Poirier greffé sur franc est à peu près le seul arbre qu’on puisse planter dans les terrains où le Cognassier ne vit pas. À Meaux, où le sol ne convient pas au Cognas- sier, il faut donc, lorsqu’on veut cultiver les Poiriers, les greffer sur franc. Mais alors ces arbres, soumis à la culture, poussent avec une telle vigueur qu’il arrive fréquem- ment que les dards et très-souvent les lam- bourdes se convertissent en branches à bois, fait que le pinçage même n’empêche pas; il provoque des empâtements à la base des branches, et qui, en peu de temps, forment des espèces de tête de Saule. Nous ne nous étendrons pas sur ce sujet qui est bien connu. A qui s’en prendre de ce fait si ce n’est à nous, qui n’avons pas su dompter à temps cette luxuriante végétation. Un amateur de notre ville, M. Vavasseur, praticien éclairé et intelligent et surtout très-bon observateur, a su vaincre cette dif- ficulté et faire que des Poiriers, dont la vi- gueur est tout à fait inaccoutumée, se cou- vrent chaque année de fruits. Il a fait lui- même la plantation de son jardin, et ses arbres, on peut le dire, sont des modèles de perfection dans les formes comme dans la régularité; on peut faire aussi bien, mais mieux cela n’est guère possible. Son jardin, d’une contenance de 21 ares, entouré d’un mur, est uniquement consacré à la culture des arbres fruitiers; il contient 230 Pommiers, 220 Poiriers, 14 Pêchers, 22 Pruniers, 6 Abricotiers, 16 Cerisiers et 68 pieds de Vignes. A part quelques Frai- siers qui croissent à l’ombre des arbres, il n’y a aucune autre plante cultivée. Bien que M. Vavasseur ait, pour ainsi dire, adopté toutes les formes, celle qui domine chez lui est le cordon ol3lique. Son jardin, qui est un vrai modèle en ce genre, est divisé par carrés, et chacun de ceux-ci est entouré de poteaux qui supportent sept gaulettes de treillage qui servent à la direction des branches charpentières ; dans l’intérieur des carrés existent encore plu- sieurs lignes de poteaux plantées d’arbres. On remarque plusieurs Pommiers et Poi- riers qui ont 10 mètres d'étendue, et comme chacun d’eux a sept branches charpentières de cette même longueur, cela donne 70 mè- tres par arbre de production fruitière. Les branches des arbres qui se rencontrent sur la même ligne sont greffées par approche. Primitivement, tous ces arbres qui étaient taillés d’après les principes généralement admis, donnaient les résultats que nous avons signalés plus haut. C’est alors que M. Va- vasseur s’est posé cette question : Pourquoi les Poiriers sur franc, qui poussent si vigou- reusement, sont ils si inférieurs, comme production de fruits, à ceux qui sont greffés sur Cognassier? Pour M. Vavasseur, il y avait là quelque chose d’anormal; sans doute le fait d’une pratique vicieuse. Convaincu de ce fait, il observa encore avec plus d’at- tention le mode de production des lam- bourdes, et c’est alors que, par un travail raisonné, il est parvenu à faire produire aux Poiriers sur franc, même dans les parties des branches charpentières les plus rappro- chées du tronc de l’arbre, de nombreuses productions fruitières. Ajoutons que, par son traitement, les jeunes Poiriers sur franc rapportent fruit dès la troisième année de plantation, ce qui, ordinairement, n’a lieu que vers la dixième. Afin de ne pas faire une révolution trop subite et trop considérable, et maintenir en même temps l’équilibre dans toutes les parties des arbres, M. Vavasseur procède avec prudence dans là suppression des nodosftés formées par le pwiçage sur les branches charpentières; il en fait l’ablation PROCÉDÉ POUR HATER EA PRODUCTION DES BOUTONS A FRUIT DES POIRIERS. 167 en deux ans : une entre deux, pour revenir l’année d’après à celles qui restent. Ces suppressions étant faites avec la scie, et les coupes étant ravivées avec la serpette, n’of- fensent pas l’écorce de l’arbre; elles sont faites à peu près «à la sommité de la ride, où existent toujours des yeux latents, et ces plaies sont recouvertes de cire à greffer. Les bourgeon j qui sortent du collet de l’ampu- tation et qui, suivant les variétés, ont 7 à 8 centimètres de longueur, ont l’extrémité pincée de manière à n’enlever qu’un centi- mètre au plus ; le deuxième et troisième pinçages, qui se. pratiquent sur les bour- geons qui repoussent, sont traités de la même manière, et s’il part d’autres bo ir- geons, on les rabat sur le premier pince- ment en les cassant. Par ce système, le bois delà base des bour- geons se maintient relativement mou, et il est mieux disposé à former des lambourdes que par la méthode du pinçage ordinaire, qui durcit le bois des productions. En effet, si l’on examine attentivement la base du bour- geon au-dessus des ride, s de l’empâtement, on reconnaît que les tissus sont relative- ment mous ; on pourrait même dire que sa consistance diffère peu du support de la partie qui supporte les fruits. Si tous ne sont pas dans ces conditions, l’exception est en minorité. Le pincement se fait à partir du prin- temps et se continue pendant l’été, jusqu’au moment du ralentissement de la végétation; si l’été est pluvieux et que la sève se pro- longe jusqu’à l’automne, le dernier pince- ment sera fait plus tard. Comme le pince- ment doit être fait successivement, et pro- portionnéà la force de l’arbre, on ne pincera pas plus de dix à quinze branches, pour y revenir quelques jours après et ainsi de suite, depuis le commencement. Quant à ce qu’on est convenu d’appeler taille ; ici il n’y en a pas, et M. Vavasseur se borne à opérer le cassement au-dessus du deuxième œil et très-rapproché de ce dernier. Ce cassement se fait en posant le tranchant de la serpette au-dessus et PLANTES EXOTIQUES QUI 01 A L’HIVER PLANTES DIVERSES Raphiolepisovala , intact, en boutons prêts à fleurir; Libonia floribunda , feuillage dé- truit, bois bon, mais floraison perdue; ar- buste à abandonner, fleurissant l’hiver; Philesia buxifolia , très-forte touffe, six ans de culture, intact; Desfontainea Spinosa , très-fort buisson, se couvrant de fleurs (t) Voir Revue horllcole. 16 mars et 1er avril, p. 118 et 134. tout près de l’œil, du côté opposé, et en appuyant avec le pouce, de sorte que d’un tour de main renversée on casse le rameau, d’où résulte une déchirure des libres du bois qui se prolonge dans l’inté- rieur et détermine la formation et la sortie des lambourdes, au lieu que parle procédé ordinaire on n’obtient le plus souvent que des branches à bois. Les branches charpentières ne sont pas taillées, si ce n’est les plus vigoureuses qu’on arrête sur un œil inférieur, à la dis- tance des autres branches de prolonge- ment qui, étant plus faibles, ne sont pas taillées. Pour certaines variétés de Poiriers, telles que Crassanne, Bon chrétien d’hiver, Doyen- né Goubaut, Beuré Diel , Vans Mous Léon Leclerc et Orphéline d’Enghien, qui sont difficiles à se mettre à fruits, on doit modi- fier l’opération, car si on les traitait comme nous venons de le dire, on n’obtiendrait pas de bosses (1 ) fruitières. Pour celles-ci, le pinçage doit se faire de quelques centimè- tres plus long, et la cassure devra être pra- tiquée au quatrième œil. Tel est le système suivi par M. Vavasseur, et à l’aide duquel il a pu amener à une fructification prompte et régulière des Poi- riers greffés sur franc, fait qui, jusqu’ici, avait été regardé comme impossible. Du reste, M. Vavasseur ne fait pas un secret de ce procédé ; il est prêt à l’enseigner et à montrer ses résultats à tous ceux qui le dé- sireront. S’il n’en a jamais parlé, c’est par convenance et parce que sa modestie égale son talent. Quant à nous qui avons l’avan- tage d’être admis dans l’intimité, peut-être avons-nous commis une indiscrétion. Mais, connaissant- son désintéressement et son amour du progrès, nous espérons qu’il nous pardonnera en faveur de l’intention qui nous fait agir. Quetier. Horticulteur, à Meaux. (1) Par bosses fruitières, beaucoup d’arboricul- teurs désignent les boutons à fruits lorsqu’ils sont bien formés. Ce sont donc des yeux à bois trans- formés, qui sont disposés à produire des fleurs. Rédaction. JT RÉSISTÉ, A CHERBOURG, 1866-1867 (1) chaque année; Aristolochia cornuta, tiges détruites, repousse du pied, plante délicate; Erica Australis, intacte; Aralia Sieboldlii, n’a pas souffert, ayant une grappe de fruits intacts; Eurya japonica latifolia variegata, intact; Thuiopsis dolabrala et letœvirens , en bonne santé; Sciadopilgs verlicillata, de même; Libocedrus Doniana, très -forte touffe, magnifique, pas une feuille n’a été altérée, pousse vigoureusement; les Rho- dodendrons de l’Himalaya, suivants, n’ont 168 PLAINTES EXOTIQUES QUI ONT RÉSISTÉ, A CHERBOURG, A L’HIVER 1866-1867. pas souffert : Rhododendron argenteum, Wighlii , jenkensi , Campbelli , Hookeri et Rendriki, six à sept ans de culture; Colletia ferox Bictoniensis , intact; Rohdea japo- nica macrophijlla foliis aureo maryinatis , très-forte touffe, pas une feuille d’altérée, le digne rival du Phormium tenax varigata; Agave Amer ieana, quelques feuilles radi- cales de tachées, variegata , de même, den- siflora , a beaucoup soulfert et est fortement compromis; Cyclamen coum , rouge et blanc, ont fleuri sous la neige, macrophyl- lum , intact; Aspidistrà elatior , douze ans de culture, intact; Chamœrops Sinensis , très-fort, 2 mètres de haut, quatre ans de culture, intact; Viburnum macrocephalum, feuilles détruites, floraison bonne; Vibur- num awafuskii , pousses d’hiver détruites, bois bon; Fwcca alœfolia variegata , très- fort, dix ans de culture, intact, quadricolor , n’a pas souffert. Bonaparlea gracilis. varielas longi folia , pas une feuille n’a été altérée, plante très- forte, annonçant une floraison prochaine, rustique, ne craignant aucunement la pour- riture; Bonapartea juncea , mort; Fwccct albo spica , intact; Eugenia ugrii , de même ; Agapanthus umbellatus , feuilles détruites, rhizomes bons ; Arundinaria falcata , feuilles détruites, tiges bonnes; Bambusa verticillata , milis , viridi-glaucescens , nigra , aurea , Fortunei foliis variegatis , intacts; un Bambusa arundinacea , qui résistait de- puis deux ans, est mort cette année ; Ber- beridopsis corallina , intact. Toutes ces plantes n’ont reçu aucun abri. Plantes cultivées par M. Valette dans un petit jardin entouré de murs, au centre de la ville : Acacia dealbala , en pleine santé et en fleurs; Daphné Dauphin, de même; C/m- mœrops Sinensis, de même; Sparmannia , mort; Müraria coccinea, pas une feuille d’altérée ; Olea Europea , très-fort, n’a pas souffert. Plantes cultivées par Mme Ed. de la Cha- pelle dans un petit jardin entouré de murs, dans le centre de la ville : Convolvulus Mauritaniens, feuilles et tiges détruites, repousse du pied ; Eucalyp- tus giganteus, n’a pas souffert, feuilles in- tactes; Evonymus fimbrialus, n’a pas souf- fert; Erica arborea , 3 m. 50 de haut, en pleines fleurs, échantillon magnifique. Tous les Myrtes resplendissent de fraîcheur; Lonicera foliis reticulalis, intact; Car ex foliis variegatis, de même ; Yucca alœfolia variegata, fort exemplaire, n’a pas souffert; Eleagnus crispa, intact ; Acacia dealbata, de même; Cineraria marilima, en bon état; Cyclamen macrophyllum, touffe énorme, pas une feuille de fatiguée; Cupressus Ca- chemiriensis , n’a pas souffert; Davallia Ca- nariensis, feuilles détruites, plante forte- ment compromise; Tectarea coriacea , a perdu ses frondes, tiges en bon état; Arun- dinaria falcata , feuilles grillées, du reste en bon état, gracilis, dans les mêmes con- ditions; Phormium tenax, n’a pas souffert. Plantes cultivées par M. Beaussieu dans sa propriété, située sur le haut de la mon- tagne du lieu dit les Rouges-Terres, à 2 ki- lomètres de Cherbourg : Phormium tenax, feuilles détruites, a beaucoup souffert; Evonymus fimbrialus, feuilles détruites, bois vivant; Erica poly- irichi folia n’a pas souffert; Th-uia giganlea, en bon état; Erica mediterranea, touffe énorme, en pleines fleurs ; Cistes divers, n’ont pas souffert; Ceanothus divaricatus, a perdu ses feuilles, bois en bon état; C) - perus alternifolius , feuilles et tiges dé- truites; Chamœrops Sinensis et humilis , n’ont pas souffert; Emca arborea et Aus* tralis, intacts; plusieurs variétés de Ca- mellia, resplendissant de fraîcheur et de fleurs ; les Rhododendrons de l’Himalaya suivants n’ont pas souffert : Falconeri , Campbelli, Thompson! e t longi folium ; Cea- nothus rigidus , mort ; Aralia papyrifera, feuilles et haut des tiges détruites ; Aralia Sieboldtii, n’a pas souffert ; Solanum capsi- castrum, mort; Libonia floribunda, mort; Mitraria coccinea , intact; Eugenia ugni , extrémités des pousses tendres détruites; Azotamnus thyrsoidea , feuillage un peu altéré; Fabiana imbricata, intact; Welling- tonia giganlea, intact ; Escallonia macran- tha, intact, touffe énorme de 2 mètres de diamètre ; Metrosideros floribunda, mort ; Araucaria Brasiliensis, d’une fraîcheur et d’une santé remarquables. Plantes cultivées par M. Bataille, dans un petit jardin entouré de murs, dans le centre de la ville : Aralia Sieboldtii , n’a pas souffert; Agave Salmiana, très-fort pied, un an de culture, les feuilles du bas de la plante détruites; Wellingtonia giganlea, intact; Abies Nor- manniana, 1 m. 50 c. de haut, joli exem- plaire, n’a pas souffert; Chamœrops excelsa, en très-bon état; Agave americàna , intact, variegata, a perdu ses feuilles du bas ; Cen- laurea gymnocarpa, feuillage altéré, plante bonne ; Evonymus radicans, intact; Piltos- porum Sinensis variegatum , de même; Lo- maria Chilensis, feuillage légèrement altéré ; Yucca alœfolia variegata , intact; Evonymus fimbriatus, feuillage légèrement grillé. Plantes cultivées par M. Cavron, horti- culteur, dans un grand jardin entouré de murs, au centre de la ville : Eucalyptusrglobuluse t giganteus, feuillage très-légèrement altéré; Acacia muer onat a n’a pas souffert; Edwarsia grandiflora, quatre ans de culture, intact ; vingt très-for- tes touffes d 'Eupatorium micranthum n’ont pas souffert; Pôlygala grandiflora, mort; 169 PLANTES EXOTIQUES QUI ONT RÉSISTÉ, A CHERBOURG, A L’HIVER 1866-1867. Acacia stipulacea , fortement altéré, le bas des tiges seulement en bon état; Cassia lœ- vigata, plante en bon état; Escallonia ma- crantha , feuilles légèrement fatiguées; Abro- tamnus fascicularis , feuilles détruites, bois et boutons en très- bon état; Grevillea Ilenk- manni , mort ; Berberis Nepaulensis n’a pas souffert; Liguslrum japonicum , de même; Eugenia apiculata , intact ; Viburnum rugo- sum , feuillage légèrement altéré ; Veronica Lindlegana a peu souffert, speciosa et d eLie- baud, morts; Veronica meldensis a beaucoup souffert, mais n’est pas mort; Veronica decus- sata et Devoniana n’ont pas soutier t; Escal- lonia floribunda , intact; Acacia dealbala , de même paradoxa a beaucoup souffert, plante fortement compromise; Evoqmus fmbiiatus , feuillage légèrement altéré ; Aralia crassi- folia , trifoliata , quatre ans de culture, n’ont pas souffert. Plantes cultivées par M. Gervaise, prési- dent de la Société d’horticulture, clans sa propriété située sur le versant ouest de la montagne du Roule. Les plantes sont expo- sées, sans abris, aux vents . du nord-ouest au nord; vents venant directement de la mer. Escallonia macrantha , pas une feuille d’altérée; Lauriers lins , intacts; Escallonia rubra , n’a pas souffert ; Helianthemum ha- limifolium , n’a pas souffert; Arbutus unedo , intact ; Callitris quadrïvalvis , feuillage, un peu grillé, arbre bien portant; Cistus pur- pureus a un peu souffert; Evongnius Sinen- sis variegata , intact; trente variétés de Rhododendrons hybrides de Pontiques et à'Arboreum n’ont pas souffert; une touffe énorme d’ Escallonia macrantha , 4 mètres de diamètre, n’a pas souffert \ Erica hr[ema- lis , mort; polutrichifolia , intact; Azalees de l'Inde , en diverses variétés, n’ont pas souffert; Eucalpgtus globulus , 6 mètres de haut, trois ans de culture, feuillage et ex- trémité des branches détruits; Phormium tenax , trois fortes touffes, feuilles mortes, plantes fortement compromises; Ceanothus divaricalus, n’a pas souffert, purpureus a perdu ses feuilles; Welingtonia gigantea , quelques feuilles de grillées; Abies specla- bilis , intact; Erica Mediterranea, de même; Liguslrum japonicum , de même; Yucca plicata , en bon état; Pinus excelsa , n’a pas souffert; Araucaria imbricata, de même; Abies morinda , intact; Cedrus deodora, n’a pas souffert; Cniptomeria japonica , en bon état, un peu roussi; Thuiopsis borealis , fort, intact; Pinus insignis , 4 ans de cul- ture, très-joli échantillon, n’a pas souffert; Fleagnus crispa , mort; Fabiana imbricata , intact ; Evomimus sinensis aurea , feuillage un peu altéré, fimbriatus , feuilles et extré- mité des branches détruites ; Coronilla glauca, mort; Berberis Darwinii , intact; Cdllistemon salignum , mort; Buddleya salicifolia et salviœfolia , ont souffert; Li- bocedrus Chilensis , intact; Laurier de Por- tugal, de même; Arundinaria falcata, feuil- lage seulement détruit; Douglasii , intact; Cupressus Lambertiana fastigiata , n’a pas souffert ; Juniperus excelsa , forte- ment grillé, cet état est dû plutôt aux vents qu’à la gelée; Biota aurea , en parfaite santé; Hortensia, Mahonia, et Lauriers d’A- pollon, parfaitement intacts. Plantes cultivées par M. Levieux, dans un petit jardin entouré de murs dans le centre de la ville. Chamœrops excelsa , planté en janvier 1859, 1 m. 30 de hauteur et 1 mèt. 60 de diamètre, n’a aucunement souffert; Cha- rnierops tomenlosa , planté en 1864, n’a pas souffert; Phormium tenax , les feuilles ont subi dans leurs tissus une superficielle al- tération; Phormium Cookianum, la moitié des feuilles ont été gelées; Arun dinaria falcata, tiges de 6 m. de hauteur, feuilles dé- truites, mais ïes tiges en bon état ; Bambusa nigra, intact, viridi glaucescens , planté en avril 1863, 2 mètres de hauteur, n’a pas souf- fert, aurea, feuillage légèrement grillé, ti- ges saines, mitis, planté en mars 1861, tiges de 2 mètres 90 de haut et de 8 centimètres de circonférence à la base, n’a pas souffert, lesMyrthes onteu les extrémités des rameaux gelées; Escallonia macrantha, feuilles roussies ; Daphné Dauphin , forte touffe, 2 mètres de haut, en fleur, n’a pas souffert ; Pittosporum tenuifolium , 4 mètres de haut, pyramide parfaite, a fleuri en 1865-66, n’a éprouvé aucune altération. Observations faites par M. Levieux, chez Mme de Laporte, vallée de la Divette, à 3 kilomètres de Cherbourg : 2 touffes de Phormium tenax , mortes ; Myrtes, plusieurs toulïes ont eu les branches gelées jusque près de terre; Arundinaria falcata , feuilles détruites, tiges bonnes; Festuca altissima , mort; Cedrus Deodora, feuilles grillées. . Il existe à l’arsenal militaire un Acacia deabata qui a été planté il y a quinze ans environ par feu le colonel Mouchel; cet arbre a aujourd’hui 8 à 9 m. de haut, est très-ramifié, et, à l’époque où j’écris, il est chargé de milliers de grappes de fleurs; c’est admirable à voir. Il existe aussi dans la propriété de M. Morin un Auraucaria imbricata de 6 à 7 mètres de haut, ad- mirable, 14 à 15 ans de plantation, n’a pas souffert. Plantes cultivées par M. Bredevillois, dans un petit jardin entouré de murs, dans le centre de la ville. Boezlia ou Yucca Parmentieri, très-fort exemplaire, complètement gelé; Agave americana, en bon état, quelques taches de pourriture sur les feuilles du bas; Aralia papiprifera, feuilles détruites, tige et bour- geon terminal en bon état; Eucalyptus glo 170 PLANTES EXOTIQUES QUI ONT RÉSISTE, A CHERBOURG, A L’HIVER 1866-1867. hilus, n’a pas souffert ; Piüosporum undu- latum, feuilles et extrémités des branches mortes, plante fortement compromise; Melrosidtros floribunda , n’a pas souffert. Je termine ici cet inventaire qui est déjà bien long, on y remarquera que certaines plantes y sont répétées plusieurs fois. J’a cru devoir agir ainsi parce que j’ai pensé qu’il pourrait être utile de connaître l’état de ces plantes dans les diverses positions où elles se trouvent. A. de Ternisien. SUR QUELQUES FRUITS NOUVEAUX OU PEU CONNUS Parmi les fruits dont nous avons été à même de donner la première description dans notre ouvra- ge sur les “poi- riers, faisant par- tie de notre pu- blication les Not- ices pomo logi- ques (1), nous ve- nons aujourd’hui recommander par- ticulièrement aux lecteurs de la Re- vue horticole les deux Poiriers dont nous donnons la description suc- cincte et celle de leurs fruits avec de simples figures au trait, parce qu’il ne peut guère être donné de figu- res coloriées que des fruits de dé- couverte toute ré- cente. Notre ouvrage a a été publié à un si petit nombre d’exemplaires, qu’il est bien des gens qui l’igno- rent et qui, ainsi, n’ont pu être à même de connaî- tre même les noms de près de cent variétés non dé- crites jusqu’à nous. Nous pensons donc être agréa- ble aux lecteurs de la Revue en leur faisant faire connaissance avec deux fruits qui sont très-certainement de premier mé- rite comme qualité et dont on ne trouvera des sujets que dans bien peu de pépinières. Nous continuerons de temps en temps cette revue rétrospective et donnerons successi- vement l’indication des variétés les plus (1) Les Notices pcmologiques , 25 livraisons, for- mant la matière de 3 volumes in-8°. A la librairie (lu journal, Il ne reste que qelques exemplaires, Fi.. 18. — Poire Saint-Germain-Puvis. recommandables; nous osons croire qu’on nous saura gré de cette deuxième exhibi- tion , qui sera toute nouvelle pour beaucoup d’horticulteurs et d’amateurs, bien certainement. Nous avons été à même de dégus- ter, celte année, plusieurs fruits nouveaux, qui nous ont été sou- mis par nos obli- geants correspon- dants; nous en avons encore sur la planche du frui- tier plusieursdont nous suivons avec intérêt les phases de maturation ; mais ce ne sera que l’année pro- chaine que nous pourrons après nouveau jugement nous occuper de l’exécution des planches qui de- vront les repré- senter, et encore n’est-il pas sûr que nous puis- sions nous procu- rer des spécimens de fruits convena- bles; c’est-à-dire beaux, d’un beau type, ni trop gros, ni trop petit, en- fin un type moyen, ni trop flatteur, ni inférieur;, nous sommes obligé souvent, dès que nous pou- vons nous procurer un beau type, de l’en- voyer à M. Buchelet, notre habile mouleur de fruits , afin de nous assurer de pouvoir le trouver sous la main au moment du be- soin, pour mettre sous les yeux du peintre un modèle aussi parlait que possible pour les contours et la forme. Mais il est d’au- tres variétés sur lesquelles nous avons fini de nous édifier cet hiver, et qui paraîtront dans l’année, nous l’espérons. A, Chevalier Pim} Pans, lmp. Zanote r. des BoulangeTS.lZ | Colu.injLe.a- ^J\ lliroi)h la\a u Horticole Pèche Baron Pears Pans hnp.Za.note r. des Boulangers ,13 SIR QUELQUES FRUITS NOUVEAUX ET PEU CONNUS. 171 Poire Délices de Froyeimes . — Cet arbre est très-vigoureux, d’un grand rapport; sa forme est pyramidale ; le bois est grêle, délié, de couleur olive et jaunâtre ; il vient bien également sur franc et sur Co- gnassier. Il sera propre aussi à la culture en plein vent. Le fruit (grav. 19) mesure en moyenne 8 cent, en hauteur, sur 6 de diamètre. Le pédoncule est droit, fort, arrondi à son ex- trémité, brun clair, long de 10 à 15 milli- mètres; il est placé à Heur de fruit et, quel- quefois, sur une légère excroissance. Le ca- lice est ouvert, étoilé, à divisions brunes, inégales ou caduques; il est placé dans une cavité très- évasée et assez régulière. La peau est fine, un peu rude au toucher, uniment fauve clair comme celle du Besi-Quesnoi d’été ; elle s’é- claircit beaucoup à la maturité qui arrive en novem- bre et décembre. La chair est blan- che, fine, fondan- te ; son eau, suf- fisante, sucrée et très-parfumée, est d’un goût très-re- levé. Ce joli fruit a été obtenu par M. de Courcelle, de Lille, à son châ - teau de Froyen- nes, près Tour - nay (Belgique). Nous ne con- naissons d’autre description de cette variété que celle donnée par nous dans nos Descriptions de Poiriers nouveaux , etc., ouvrage faisant partie des Notices pornolo - gigues. Poire Saint-Germain Puvis. — Arbre vi- goureux de forme pyramidale. Lefruit(fig. 18)mesureen hauteurenviron 11 centimètres sur 6 de diamètre. Le pé- doncule est gros, charnu, implanté en tête du fruit; il forme une sorte de massue cour- bée, de couleur fauve. Le calice est ouvert à cinq divisions courtes et charnues, de cou- leur jaunâtre, il est placé dans une large et profonde cavité. L’épicarpe vert très-clair, irrégulière- ment pointillé est chargé détachés rousses, surtout vers le calice et le pédoncule ; il passe au jaune citron à l’époque de la ma- turation parfaite, vers le 15 septembre. La chair est jaunâtre, demi fine, très-fondante ; son eau est abondante et sucrée. Ce fruit a toutes les qualités de la Poire Saint-Germain ancienne, dont il n’atteint pas malheureuse- ment l’époque or- dinaire de con- sommation. Com- me elle, il laisse quelques légères concrétions à Ja dégustation, sans lui ôter les quali- tés requises pour constituerun très- bon fruit. Ce fruit est un des plus jolis de forme que nous ayons eu à décrire. Il a été obtenu par M. Parizet, propriétaire à Curciat, départe- ment de l’Ain, d’un semis fait en 1829. Le premier rapport date de 1842. Cette variété a été dédiée à M. Puvis, ancien pré- sident de la So- ciété d’émulation de l’Ain; elle nous a été communi- quée par feu M. Aimé Quinson , que nous regrettons de ne plus compter au nombre de nos correspondants. Nous ne connaissons de ce fruit d’autres des- criptions que celle donnée par nous, dans nos Descriptions des Poiriers , etc. Il est en- core trop peu répandu. J . DE LlRON D'AlROLES. PREMIER CONTROLE SUR LE COUCHAGE DES TIGES DE POMMES DE TERRE Dans le numéro de juin 1850 de Y Agri- culteur praticien, et dans celui du 15 juil- let de la Revue horticole de la même année, page 26G, on lit un passage fort intéressant | d’un article extrait du Journal d'A griculture de Sprengel, sur une méthode adoptée par quelques cultivateurs allemands, qui, selon l’auteur, aurait pour but et pour résultat d’augmenter, dans des proportions considé- rables, le produit des Pommes de terre. 172 PREMIER CONTROLE SCR LE COUCHAGE DES TIGES DE POMME DE TERRE. Cette méthode, d’une exécution facile et peu dispendieuse, consiste à coucher les tiges et à les couvrir de 10 centimètres de terre au fur et à mesure de leur croissance, c’est-à-dire aussitôt qu’elles excèdent le sol de 20 à 25 centimètres. On ne hutte pas les touffes, ainsi que cela se pratique ordinai- rement; on se borne à ouvrir de petites rigjles dans lesquelles les tiges sont cou- chées autour du pied et recouvertes immé- diatement de 10 à 12 centimètres de terre. D’après l’auteur de cet article, le rende- ment en tubercules était annoncé être de cinq fois plus considérable que dans nos cultures françaises, le couchage doit être renouvelé plusieurs fois pendant la végé- tation. Frappé de ces beaux succès obtenus chez nos voisins, nous avons suivi, en 1866, la méthode allemande; nous l’avons étu- diée avec tout le soin qu’elle méritait ; nfais notre première expérience n’a pas présenté chez nous le même résultat. Dans quelques variétés, telles que la Marjolin et la Comice d'Amiens , il fut complètement négatif; dans la Circassienne, il s’est mon- tré supérieur d’un quart, et dans les va- riétés de Ségonzac ( Bossin ) ou de trois mois et Lesèble , il y eut un écart en’moins que nous estimons à un tiers environ. Nous regrettons que Sprengel n’ait pas fait con- naître le nom des variétés qui ont si bien réussi en Allemagne. Ayant l’habitude de suivre toutes nos expériences pendant trois années de suite, nous nous proposons donc de les continuer pendant cette période, en suivant exactement les prescriptions indi- quées par l’auteur, et, l’année prochaine, nous rendrons compte de notre seconde expérience dans la Revue horticole. En terminant, nous engageons les amateurs et les novateurs à faire chez eux des essais comparatifs, car il se pourrait que, dans certains climats, ce mode de culture offrît plus d’avantage que ches nous. Bossin. COLUMNEA ERYTHROPHŒA (,) Tige dressée, rameuse, très-charnue, à écorce gris cendré, couverte sur les jeunes parties de poils courts, droits, gris. Feuilles très-courtement pétiolées, lancéolées, ellip- tiques, acuminées en pointe au sommet, obliques à la hase, glabres sur les deux faces, mais portant des poils sur les nervures de La face inférieure et sur les bords. Fleurs so- litaires, axillaires sur un pédicelle défléchi assurgent, très-velu. Calyce rose sombre, à cinq divisions largement atténuées à la base, brusquement acuminées en pointe au som- met, à bords ciliés, souvent crénulés-den- tés. Corolle monopétale hilabiée, très-lon- guement tubulée, longue d’environ 8 cen- timètres d’un beau rouge vermillon foncé, velue-hispide, à quatre divisions principales, l’inférieure assez largement linéaire, réflé- chie, les deux latérales beaucoup plus petites, la supérieure un peu fermée en casque , apiculée au sommet. Etamines quatre, de même longueur que la corolle, se joignant par les anthères qui sont très- courtement et largement ovales. Le Columnea erythrophœa , Decaisne, est originaire du Mexique, de la province de Chiapas, d’où il a été envoyé à M. Linden, par M. Ghiesbreght, en 1858. C’est une plante vigoureuse qui a- Davantage de fleurir partir de la fin de l’automne et pendant tout l’hiver, par conséquent à une époque où lesileurs sont rares. Ajoutons qu’à ces fleurs succèdent des fruits bacciformes , globuleux d’un très-beau blanc, qui viennent en rehausser le mérite. Quant à sa culture, elle est des plus fa- ciles ; une bonne terre de bruyère, légère- ment tourbeuse, grossièrement concassée; un bon drainage des pots., sont les condi- tions qui semblent le mieux lui convenir. ' Sa multiplication ne présente non plus au- cune difficulté; les boutures de branches herbacées ou semi-ligneuses s’enracinent avec la plus grande facilité; il en est de même des feuilles lorsqu’elles sont munies d’un œil à la base. On place ces boutures sous cloche dans la serre à multiplication où elles s’enracinent très-promptement. Bien qu’on puisse cultiver le Columnea erythrophœa en serre tempérée, il s’accom- mode néanmoins très-bien de la serre chaude ; c’est même dans cette dernière qu’on peut, pendant tout l’hiver, jouir d’une abondante floraison. B. Houllet. Jardinier en chef des serres au Muséum d’histoire naturelle. PÊCHER BARON PEARS Cette variété, qui a été obtenue par M. le baron Pears, à Oostcamp, près de Bruges (1) Sur la planche coloriée ci-contre, on a im- primé par erreur Erythrophlaxa , au lieu de Ery- throphœa. (Belgique), présente les caractères sui- vants : Arbre très -vigoureux mais sujet à la gomme, du moins c’est ainsi qu’il se pré- sente dans nos cultures. Feuilles dépour- I vues de glandes, grandes, sensiblement at- PÊCHER BARON PEARS. 173 téiiuées-arrondies à la base, longuement acuminées en pointe au sommet, d’un vert luisant, dentées-serrées, à dents fines, bien marquées, aiguës, couchées. Fleurs très- grandes, d’un beau rose assez foncé, à pé- tales assez brusquement obovales, très- courtement onguiculées. Fruit de bonne grosseur, mûrissant fin de septembre, dé- primé, plus large que haut, très-souvent unilatéral (ayant, comme on dit vulgaire- ment, une joue plus forte que l’autre), dé- primé, concave au sommet qui est dépour- vu de mucron , aplati à la base. Cavité pédonculaire peu profonde, dans une large dépression. Peau duveteuse, rouge flagellé, maculée, sur les parties placées au soleil, d’un jaune herbacé pâle partout ailleurs. EXPOSITION UNIVERSELLE Bien que le mauvais temps ait empêché le complet achèvement des travaux, l’Ex- position universelle a été ouverte le 1er avril. Nous croyons devoir épargner à nos lecteurs non-seulement le compte rendu de cette cérémonie, mais encore le détail de la partie spécialement affectée à l’horti- culture. Pour le premier cas, en effet, nous tom- berions dans une redite inutile de ce qui a été publié dans tous les journaux dès le 2 avril; pour le second, nous renvoyons le lecteur au n° du 16 avril de ce recueil. Ce que nous devons affirmer cependant, c’est que nos espérances se sont réalisées : le jardin réservé est, de l’avis de tous, un chef-d’œuvre. Difficultés de terrain, inon- dations, pluies, neige, tout n’a-t-il pas dû s’incliner devant la volonté si ferme et le talent si remarquable de MM. Alphand, di- recteur de la voie publique et des promena- des de Paris, et Barillet, jardinier en chef de la ville de Paris ? Grâce à une direction habile et ingé- nieuse, cette grande plaine, que l’on nom- mait autrefois le champ de Mars, a rapide- ment changé d’aspect, et pour donner une idée plus large à notre pensée, ce terrain, jadis si nu lorsqu’il servait aux joutes mili- taires, s’est féeriquement paré pour devenir le champ de la Paix. Si, par simple curiosité, nous jetons un coup d’œil sur ce qui a été fait depuis notre dernier article, nous trouvons que ce ma- gnifique jardin renferme tous les éléments d’un parc dont la fraîcheur et l’éclat ne lais- seront bientôt plus rien à désirer. Nous y voyons, en effet, des grottes curieuses, bi- zarres même, creusées dans des masses de rochers d’oû sortent, d’un côté des plantes, et de l’autre de l’eau coulant en nappe ou en jet, qui ensuite parcourent les vallées fictives pour y porter la fraîcheur. Le flanc des monticules, entourant ces rochers et Chair non adhérente au noyau, blanche, légèrement rosée autour du noyau, très- fondante ; eau abondante, en général un peu aigrelette Noyau gris, inéquilatéral, renflé sur les faces, très-courtement ovale, arrondi aux deux bouts et comme oblique- ment tronqué, à peine courtement mucro- nulé au sommet, à surface grossièrement rustiquée. Le j P. Baron Pears qui, dans le travail que nous venons de publier sur les Pê- chers , fait partie de la tribu des Pê- chers-Alher g iers, se range près des variétés Pucelle de Matines , Bendaller , Malte , etc., etc. C’est une belle et bonne variété qui mé- rite de trouver une place dans toutes les collections. E. A. Carrière. D’HORTICULTURE EN 1S67 ces aquariums, a été garni de Conifères dont les dimensions feraient croire qu’elles y sont déjà depuis dix ans. Des spécimens de cette belle et intéressante famille, plantés çà et là en massifs, en groupes ou isolément, dé- montrent par la variété des espèces et leur beauté, les progrès de l’horticulture en France. Plus loin, de très-forts exemplaires de Magnoliers à feuilles caduques ou persis- tantes ; d’énormes Marronniers, de magnifi- ques Platanes, etc., disposés pour varier le paysage et protéger les visiteurs contre les ardeurs du soleil ; des massifs de Bhodo- dendrons, présages des concours du mois de mai. Un peu partout, de nombreuses cor- beilles, en ce moment garnies de Jacinthes, de Pensées, etc., dans lesquelles toutes les fleurs se cultivant en plein air seront suc- cessivement exposées. Enfin, tout autour de l’exposition florale, on a planté, pour en cacher les limites, des massifs formés d’arbustes à feuilles per- sistantes. Si, à cette description sommaire, nous ajoutons que de nombreuses serres de for- mes variées, des kiosques élégants et gra- cieux, des ponts en tous genres sont dissé- minés au milieu de tout ce luxe végétal, nous aurons donné à nos lecteurs, non l’idée de ce que promet la réalité, mais du moins un avant-goût de toutes les merveilles de cette création vraiment féerique. En termi- nant, disons que malgré la nécessité de conserver au jardin réservé sa destination réglée, le plan type forme le spécimen le plus beau et le plus pur du vrai jardin pay- sager français. Il sera donc, dans son essence même, un travail utile en cela qu’il pourra servir, aux architectes de jardins et aux amateurs du monde entier, de point de comparaison avec le genre connu sous le nom de jardin anglais, a Après ce simple exposé et avant d’entre- 174 EXPOSITION UNIVERSELLE D’HORTICULTURE EN 1867. prendre le coniple rendu des concours de la première série, nous croyons devoir ré- pondre à une objection portée contre les règlements de l’Exposition d’horticulture ; elle est relative aux déclarations à faire par les exposants. Nous apprenons, en effet, que plusieurs personnes ont regretté de n’avoir pas été informées qu’il était possible d’exposer bien que n’ayant pas fait leur déclaration en temps voulu. Nous répondrons que, si par l’article 4 de son règlement pour les pro- grammes détaillés de l’exposition d’horti- culture, la commission impériale a fixé un terme de six semaines, elle n’a entendu parler que d’un délai officiel, mais qu’il se- rait toujours possible d’abréger. Aussi, grâce à l’obligeance des organisateurs, dont le désir est de faciliter l’admission des expo- sants, ceux qui n’auraient pas envoyé leur demande avant l’ouverture ou qui n’ose- raient le tenter, parce que la question de délai les effrayerait, peuvent le faire sans crainte. Pourvu que leur lettre parvienne dix à quinze jours avant l’ouverture des concours de la série pour laquelle la de- mande est adressée, la réponse sera affir- mative, qu’ils n’en doutent pas. Les seuls désagréments qui pourront en résulter sont : que d’abord les retardataires s’exposent à ce que leurs produits ne figu- rent pas au catalogue; ensuite que leur carte d’exposant ne puisse leur être remise le jour de l’ouverture des concours. PREMIÈRE SÉRIE DE CONCOURS La première série de concours ouverte le 1er avril pour ne se fermer que le 14 au soir, a été plus complète qu’on ne devait s’y attendre d’après les déclarations reçues à l’époque officiellement obligatoire par la commission impériale. Les travaux n’ayant pu être complètement achevés avant l’ouverture, les produits ont été installés non dans les conditions pres- crites par le règlement, mais bien comme on l’a pu. Toutefois, constatons que tout s’èst fait à la satisfaction générale et que les exposants, aussi bien que les membres des commissions, n’ont eu aucunement à souffrir de ce retard dans les constructions des serres ou dans l’installation des appa- reils de chauffage. La première chose dont nous nous som- mes occupé est de relever le chiffre des ex- posants ou des concurrents pour les 122 concours désignés au programme de la pre- mière série. 11 résulte de nos renseignements qu’il a été fait 140 déclarations ayant rapport aux végétaux divers et aux fruits conservés, dont 52 pour les concours ouverts, 5 pour con- cours imprévus et 10 pour des expositions hors concours. Après cela notre attention s’est portée sur l’organisation et le fonctionnement du jury, question très-grave et qui a si vive- ment préoccupé les exposants français et étrangers et la commission impériale. Or, voici ce qui prouvera clairement combien nous avons eu raison de prendre, il y a quel- ques mois, la défense du règlement, contre les ardeurs et les injustes soupçons qu’on avait élevés. Il y a trois sortes de jury, savoir: le jury de groupe, le jury de classes et le jury asso- cié. 1° Le jury de groupe, composé des nola- bilités françaises et étrangères, des prési- dents, vice-présidents et rapporteurs des divers jurys de classes. La mission du jury de groupe consiste à sanctionner les déci- sions prises par les jurys de classes sur la proposition des jurys associés. Il prononce en dernier ressort. 2° Le jury de classes, dont les membres, nommés par la commission impériale, sont choisis autant que possible en nombre égal parmi les notabilités françaises et les dé- légués proposés par les commissions étran- gères. Ils sont chargés de suivre tous les travaux de l’exposition d’horticulture ; de préparer et guider le travail des jurés asso- ciés; de leur communiquer tous les docu- ments et renseignements nécessaires à l’accomplissement de leur mission; de rédi- ger les divers rapports par chaque série de concours; d’accompagner les jurés associés dans leurs travaux. 3° Le jury associé est composé d’hommes pratiques appartenant à chaque spécialité et comprenant des Français et des étrangers en nombre proportionné à l’importance des déclarations faites par les exposants pour c ha- que série. C’est au jury associé que revient la tâche d’exarqiner, de discuter et déjuger les produits; de fixer la valeur des récom- penses qu’il conviendra de décerner; enfin de transmettre un rapport de leurs travaux aux jurys de classes dont les membres ont dû assister à leurs séances, mais seulement pour être spectateurs. L’art horticole forme le neuvième groupe de l’Exposition universelle et comprend six classes. Le jury associé de la première série était composé de MM. Andry, Bergmann, Ca- chet, Cappe, Chardon, Chauvière, Dubreuil, Houllet, Leroy, Louesse, Rouillard et Truf- faut. La commission impériale avait dû à son grand regret, ne pas adjoindre à ces mem- bres des jurés étrangers ; mais pour la deuxième quinzaine du mois d’avril, sur 26 membres devant former le jury associé 175 EXPOSITION UNIVERSELLE de la deuxième série de concours, dix étran- gers ont déjà accepté les fonctions de juré. Ces détails nous ont semblé indispensables pour bien faire comprendre comment les produits exposés seront examinés. Mainlenant, si nous examinons les résul- tats obtenus dans les différents concours, nous trouvons que sur onze concours prin- cipaux, ouverts au genre Camellia, six seu- lement ont eu des exposants et qu’il n’y a eu que quatre concurrents. L’exposition de M. Chantin , horticulteur à Paris, comprenait 178 sujets divisés en 4* concours. Ils ont obtenu le 1er prix de collection; le 1er prix pour lot de 50 sujets variétés choisies ; une mention honorable pour lot de 25 variétés choisies en concur- rence avec M. Cochet à qui il a été décerné un 2 Tprix pour son lot de Camellia cultivés en pleine terre; enfin une mention hono - râble pour 6 sujets remarquables par leur bonne culture. Les Camellia nouveaux n’ont trouvé que 2 concurrents: M. Van Damm , horticulteur à Gand, a obtenu une mention honorable pour son Camellia Prince Impérial. On re- marquait aussi un gain nommé Impératrice de France et présenté par M. A. Vers- chaffelt, horticulteur à Gand. Cette variété est très-belle, mais elle ressemble, dit*on, à s’y méprendre, à un Camellia exposé par M. Chantin sous le nom de C. Roi Léopold. On voit, par ce qui précède, combien nous sommes éloignés de l’époque où le Ca- mellia était le rival de la Rose ! Les plantes nouvelles formaient la pre- mière série des concours accessoires : elles ont été vivement admirées, bien que la plus grande partie ait déjà figuré aux expo- sitions d’Amsterdam, de Londres et de Paris. Le lot de 12 plantes variées de serre chaude, exposé par M. Linden , horticulteur à Bruxelles, a obtenu le 1er prix de ce con- cours, il était composé : Dieffenbachia Wallisii; Rudgea nivosa à charmantes et curieuses fleurs blanches ; Adiantum Ma- theivsianum ; Anthurium trilobum ; Anthu- rium crinitum ; Maranta Wallisii ; Maranta Chimboracencis ; Smilax marmorea; Cissus argenlea ; Allopleclus bicolor ; Gesneria nova ; Philodendron sp. nova. Pour le concours de 5 plantes variées de serre chaude, M. Linden a obtenu égale- ment le 1er prix avec son Philodendron Lin - denianum , plante magnifique dont les cou- leurs étaient un peu altérées par le voyage et une culture un peu forcée; Eranthemum igneum , jolie plante à feuillage vert brun foncé avec une bande suivant la nervure médiane jaune cuivré doré; Dichorisan- draundala; Maranta Legrelleana ; Maranta illustris. MM. J. Veitch et fils , de Londres, avaient exposé en concurrence : 2 Croton DTIORTICULTURE EN 1867. des Nouvelles Hébrides ; Aralia Osyana ; Dracæna des îles Salomon, belle plante, et Hippeastrum pardinum, charmante Ama- ryllidée à lleur plate, large, bizarrement colorée; le jury a attribué le ^ prix à ce lot. Au concours de nouveautés de serre chaude d’un seul genre, M. Linden présen- tait 8 Maranta variés et obtenait encore le 1er prix. M. Chantin a reçu le 2e prix pour son lot de 5 Zamia , parmi lesquels figurait un magnifique exemplaire de Zamia Magel- lanica. La plante jugée la plus ornementale sans distinction de genre ou d’espèce parmi celles présentées dans ce concours, a été le Maranta illustris de M. Linden , 1er prix ; puis Y Aralia Sieboldtii foliis aureo reticu- latis de M. A. Verschaffelt , 2e prix ; le Zamia villosa , du même horticulteur, 3e prix ; ajoutons enfin un Croton et un Dracæna, non encore nommé, de MM. J. Veitch et fils, récompensés d’une mention honorable ; et nous en aurons fini avec les introductions de serre chaude. Les plantes nouvelles de semis apparte- nant à la serre chaude, étaient moins nom- breuses, MM. J. Veitch et fils présentaient 2 variétés de Catteleya , auxquelles lejury a accordé un 2e prix. M. Linden a soumis à la sanction du jury, pour le concours des plantes nouvelles de serre tempérée d’un seul genre, 8 espèces YYOreopanax, de la Colombie et de L'osta- Ricca-, qui ont été récompensées d’un jer prix. Un lot d ’llex serrala foliis variegatis, exposé par M .deSmet, horticulteur à Gand, lui a valu un 3e prix comme gain obtenu de semis ; 5 Acanthus Lusitaniens, exposés par M. Lierval, horticulteur à Paris, lui ont valu une mention honorable. Les Orchidées étaient peu nombreuses, mais en revanche elles témoignaient de l’habileté des exposants. Avec 26 plantes, MM. Thibaut et Keteleer, horticulteurs à Pa- ris, ont obtenu un 2e prix, et M. Linden, un 3e prix pour collection. Un 2e prix, a été accordé à MM. J. Veitch et fils, pour un lot de 5 sujets variés, remarquables par leur développement ; ces horticulteurs dis- tingués ont également mérité une mention honorable pour leur magnifique exemplaire de Cypripedium villosum, présenté au con- cours comme sujet remarquable par son développement. En suivant le programme, nous arrivons au concours des Rromeliacées, pour les- quelles la lutte a été d’autant plus vive, que les concurrents présentaient de très-belles collections. M. E. Cappe, horticulteur, au Yésinet, a obtenu le premier prix. M. Lud- demann, horticulteur, à Paris, le second prix , et M. de Smet, le troisième prix. Dans 176 EXPOSITION UNIVERSELLE D’HORTICULTURE EN 1867. le lot de M. Luddemann , on admirait uri bel exemplaire d’une plante bizarre, le Pourrelia nivosa , étiqueté dans l’exposition de M. Linden, son introducteur, Tillandsia argentea. Ce fait s’étant produit, en sens inverse, pour l’exposition du Zamia villosa de M. A. Verschaffelt , et celui portant le même nom, présenté par M. Chantin , nous nous permettrons une réflexion à ce sujet. En Belgique, à Amsterdam, à Londres, en- fin dans tous les congrès, tous les botanistes, horticulteurs et amateurs, ont déclaré qu’il y avait un très-grand intérêt pour l’art hor- ticole à éviter ces synonymies regrettables. Or, si tout le monde est du même avis et. reconnaît l’urgence d’une solution, pour- quoi ne pas agir et toujours s’en tenir à signaler des vices? Pourquoi ne pas profiter de la réunion à Paris des sommités bota- nistes et horticoles pour créer un tribunal suprême qui serait chargé non-seulement de nommer toutes les plantes nouvelles qui seront exposées, mais encore rectifier au fur et à mesure qu’elles se présenteront toutes les erreurs de dénomination qui pa- ralysent les amateurs et le commerce? Ajoutons qu’il serait possible en outre de poser des règles à l’aide desquelles on évi- terait le retour des faits signalés plus haut. Nous appelons l’attention des amis de l’hor- ticulture sur cette proposition. Jusqu’ici on a beaucoup parlé, espérons qu’à Paris on agira. La science et le commerce applaudi- ront aux efforts tentés dans ce but. Comme Broméliacées nouvelles , nous trouvons douze plantes nouvelles introduites par M. Linden , que le jury n’a pas hésité à désigner pour le premier prix; il y a parmi ces nouveautés des plantes bien intéressan- tes et dont la Revue s’occupera dans un ar- ticle spécial. MM. J. Veitch et fils ont obtenu deux seconds prix pour deux lots de Fougères herbacées nouvelles ou rares. Deux Fougè- res étiquetées Hemionilis , semi costata et Blumeana , exposées par M. Willink , horti- culteur, à Amsterdam, ont été récompen- sées d’une mention honorable. Ici encore nous appelons l’attention des botanistes sur le nom donné à ces «leux plantes. En effet, il s’agit d’exemplaires vraiment remarquables, mais nous ne pou- vons croire que ce sont des Hemionitis. Parmi les plantes de serre froide, nous avons été un des admirateurs du bel exem- plaire de Genelhyllis fuchsioides de M. A. van Geert , horticulteur, à Gand. Le jury a été du même avis et, pour le signaler à l’at- tention des amateurs, lui a accordé une mention honorable. Signalons ensuite les Erica , ces jolies plantes, véritables miniatures du règne vé- gétal, qui, en France, ont illustré le nom de MM. Michel, Martine, etc. Deux lots composés de chacun vingt-cinq sujets pré- sentés au .concours par MM. Michel fils et Grimard , un débutant dans cette spécialité, ont été récompensés, le premier par un se- cond prix , et le second par un troisième prix qui lui servira d’encouragement pour l’avenir. Les Amaryllis de M. Boelens , de Gand, ont reçu un troisième prix . Les Cine- varia cruenta exposés par M. Dufoy on l obtenu un premier prix ; ceux de M. Vilmo- rin et Cie , le second prix. MM. Vilmorin et Cie ont reçu un troisième prix pour leur lot de Primula sinensis. Il est regrettable que la floraison soit si avancée; on ne pouvait plus que présumer le haut mérite passé des plantes exposées. M. Krelage fils , de Haar- lem, avait un lot de Cî[clamen du plus grand intérêt pour les collectionneuis de ce genre de plantes, le jury l’a récompensé d’une mention honorable. Ce même horticulteur distingué de la Hollande avait exposé une collection de Ja- cinthes dont les hampes, quoique un peu allongées par un séjour trop prolongé dans leur emballage, étaient tout ce qu’on peut voir de plus parfait comme culture et com- me choix de variétés. Aussi le jury lui a-t- il donné l e premier prix. M .Van Waaveren fils , horticulteur, à Ilillegorn ("Hollande), a reçu le second prix pour une très-remar- quable collection cultivée en carafes. M. Thibaut- Prudent, horticulteur, à Paris, avait exposé une collection très-méritante à laquelle le jury a donné le troisième prix. M. Loise Clumvière, horticulteur, à Paris, a eu une mention honorable. M. Krelage avait, en outre, un lot de vingt-cinq variétés de Jacinthes de choix, parmi lesquelles on admirait Cléomène , Gé- néral Havelock, la Nuit , Madame Ristori, Chateaubriant, Queen Victoria Alexan- drina, Monsieur Maucley , etc. Ce lot a reçu le premier prix; celui de M. Rarnaart, amateur de Haarlem, le deuxième prix. Bien que la saison des Tulipes 11e soit pas encore arrivée (ce qui explique l’infé- riorité des produits exposés), le jury a ac- cordé un second prix au lot de MM. Havard et Cie, horticulteurs, à Paris. Comment mieux terminer cette revue des fleurs que par la Bose, qui, toujours fidèle à sa vieille réputation de Reine des fleurs, a encore cette.fois réuni tous les suffrages. Le lot de Rosiers francs de pied forcés de M. Kinght, jardinier-chef au château de Pontcliartrain, était bien réussi. 11 a reçu le premier prix, quoique moins nombreux en sujets et en variétés que celui de M. Margot tin, horticulteur, à Paris, son compétiteur, auquel le jury a donné le second prix bien mérité. 11 nous reste à indiquer le Pliajus grandi- EXPOSITION UNIVERSELLE D’HORTICULTURE EN 1867. 177 folins foliis variegatis , exposé par M. W. Bull , horticulteur, à Londres, auquel le jury a accordé une mention honorable; les Camellia Lavinia Maggi et C. Princesse Clotilde , envoyés par MM. Rovelli , horticul- teurs, à Palanza (Italie), le premier a été ré- compensé par un 1er prix , comme sujet remarquable par son développement. ‘ Avant de quitter la section de floricul- ture, nous croyons devoir signaler à la re- connaissance du public les amateurs et hor- ticulteurs qui, dans le but de rendre l’expo- sition plus belle et plus intéressante, avaient bien voulu envoyer des végétaux de cette spécialité, hors concours. En première ligne, nommons MM. Guibert et comte de Nadaillac, qui avaient présenté chacun un lot d’ Orchidées remarquables par le choix des espèces et la bonne culture des sujets. Ensuite, et comme nous aimons à tenir compte de tous les efforts, notons le lot de plantes variées exposé par M. Pelé fils ; c’est un prélude de ce qu’il apportera à l’époque des concours de sa spécialité. Les lots d'Erica et Epacris de M. Michel , égalaient en mérite et en beauté celui que le jury a récompensé d’un premier prix. M. Knight , l’habile jardinier-chef du château de Pont- chartrain, avait envoyé, avec un magnifi me exemplaire de Himantophyllum miniatum , portant douze hampes de fleurs, un Rhodo- dendron Dalhousianum , couvert de grandes ileurs blanc jaunâtre. En résumé, on voit par ce qui précède que, malgré les diffi- cultés qu’il y avait à vaincre, la section de floriculture a tenu une place remarquable dans cette première partie de l’exposition d’horticulture. Les nombreuses collections d 'arbustes à feuilles persistantes formaient un ensemble de plus de 700 sujets exposés par cinq hor- ticulteurs des environs de Paris. Le jury a décerné le 1er prix à M. Honoré Defresne , horticulteur, à Vitry, pour sa collection de 200 sujets variés; le 2e prix à M. Reseine , horticulteur, à Bougival, dans l’exposition duquel on remarquait un bel exemplaire de Troène de semis, différant du Ligustrum japonicum et du Ligustrum lucidum ; le 3e prix à M. Croux , horticulteur, à Sceaux; enfin une mention honorable à M. Paillet. M. Davoine , amateur, habitant Malines (Belgique), avait envoyé 25 Aucuba variés qui ont été récompensés d’un 1er prix. Dans le même concours M. Paillet fils , obtenait un 2e prix. Dans le premier des quatre concours de Houx figuraient plus de 600 sujets, réunis en très-belles collections. M. Saunier, hor- ticulteur, à Rouen, en a obtenu le 1er prix; MM. Jamin- Durand, le 2e prix; M. Dou- chet, le 3e prix, et M. Croux, une mention honorable. Le second concours de Houx, composé de 25 sujets, a donné les résultats suivants : 1 er prix à MM. Veitch et fils ; 2° prix à M. Saunier. Ce dernier a également obtenu un 1er prix pour le concours de 12 Houx re- marquables par leur développement en con- currence avec M. Lous Leroy qui a eu le 2° prix. A l’occasion de ces concours, nous adressons nos bien sincères félicitations à MM. Veitch et fils et Sannier. Les premiers ont prouvé par l’exhibition de leurs pro- duits qu’ils possédaient au plus haut degré et mettaient en pratique les principes de la physiologie végétale et l’art de cultiver tous les végétaux. Pour M. Sannier, nous ajou- terons que le nombre et le choix des sujets présentés à l’examen du jury ne laissaient rien a désirer. Le concours des Magnolia grandiflora, etc. (à feuilles persistantes), a été un vrai triomphe; nous avons rarement vu pareille richesse de végétation. Ceux de M. Louis Leroy lui ont valu le 1er prix’, M. Paillet fils, dont la collection était aussi fort belle, sur- tout n’ayant pas le climat privilégié de l’Anjou, a obtenu le 2e prix ; M. Oudin, Alexandre, a reçu une mention honorable. Les Magnolia (à feuilles caduques), réunis en collection également remarquable, ont été récompensés, savoir : exposition de M. Cochet , un 2e prix ; exposition de M. Pail- let fils, un 3e prix', enfin, exposition de M. Croux, une mention honorable. En terminant le résumé de la section (lre série) des végétaux ligneux de pleine terre utilisés pour la décoration des parcs et jar- dins, qu’il nous soit permis de dire : si, comme tout le monde, nous regrettons que plusieurs de nos célébrités horticoles de France sesoient abstenues d’envoyer des pro- duits, nous ne pouvons admettre que la lutte ait perdu de son caractère. Nous aurions eu plus d’exposants et plus de produits, c’est vrai, mais ces produits n’auraient pu être plus remarquables, surtout pour les Houx et les Magnolia. Les concours de fruits et légumes de pri- meur n’ont pas donné les résultats que Fon était en droit d’attendre. En effet quelques Ananas , 1er prix, M. Dupuy; 2e prix , Mme veuve Fromont; un lot de 6 sujets variés exposés par M. Crémont et récompensés par un deuxième prix’, quelques Fraises et As- perges que le jury n’a pas cru devoir pri- mer même d’une mention; voilà les pri- meurs exposés. Notons toutefois le 2 e prix décerné à un habitant de la* Belgique, M. .1. de Gaës, pour son exposition de Raisins forcés. Quant aux légumes de saison, le jury n’a eu à examiner qu’un lot de Choux de Milan, exposé par M. Chenevière, horti- culteur à Pontoise, qui a reçu un troisième prix. Nous ne pouvons expliquer l’absence de produits dans ces sections, que parce que 178 EXPOSITION UNIVERSELLE D’HORTICULTURE EN 1867. le programme des concours n’a pas été en- voyé ànos’horticulteursprimeuristes et ma- raîchers; c’est regrettable, car il faut con- venir que les étrangers, habitués pour ainsi dire à compter sur nos produits pour en garnir leurs tables, ont dû être, comme nous, bien étonnés d’en voir un si petit nombre figurer à l’Exposition universelle. Aussi passerons-nous bien vite à l’ex[ osition des Iruits conservés, parce que nous savons y trouver ample matière, non à critiquer, mais à louanger. Celte exposition est d’au- tant plus intéressante que, la saison d’été ayant été très-pluvieuse, la conservation des fruits a été plus difficile. De nombreux prix ont été distribués, sa- voir : 1 crprix de collection à M. Bouchard , de Lyon, pour 37 lots de Pommes et 34 lots de Poires; 2e prix , à M. Capernick , de Gand; 3 e prix, à la Société de Clermont (Oise), pour 43 lots de Pommes et 6 lots de Poires; enfin une mention honorable à la Société Bodonnée (Bruxelles), pour ses 26 lots de Pommes et 15 lots de Poires. Un de nos compatriotes, M. Margat , a envoyé de la province de Y Uruguay une corbeille de magnifiques Poires, que le jury n’a pu exa- miner étant arrivées après l’examen. Deux lots de Raisins conservés ont fait ressortir encore le talent si connu de MM. Charmeux, et la qualité des produits de Fontainebleau DE U GREFFE On a posé en principe, et l’on a eu raison, que dans l’opération de la greffe il fallait, pour réussir, que le sujet et le greffon aient, au point de vue organique , une certaine analogie entre eux. Ce fait est d’une vérité incontestable; ce qui parfois peut le faire paraître douteux, c’est l’impossibilité où l’on est d’établir la filiation organique d’une manière absolue. De là la séparation que très-sou\entl’on fait de choses qui, à ce point de vue, sont plus ou moins semblables. Sous ce rapport, la pratique, dans beaucoup de cas du moins, pourrait singulièrement éclairer la science. Malheureusement celle- ci ne tient pas un assez grand compte des faits pratiques; il arrive même fréquemment qu’elle les rejette lorsqu’ils s’éloignent ou contredisent ses théories. C’est souvent un tort. Nous allons citer un fait qui semble nous donner raison, et démontrer soit que la clas- sification des plantes dont nous allons par- ler laisse à désirer, soit que les règles qu’on a posées, relativement à la réussite des greffes, ne sont pas d’une vérité absolue. Nous ne sommes même pas éloigné de croire que le fait démontre ces deux choses. Les plantes sur lesquelles repose le fait dent nous allons parler, appartiennent aq et ses environs. Le 1er prix a été décerné à M. Constant Charmeux , et le 2^ prix , à M. Rose Charmeux , tous les deux horticulteurs à Thomerÿ. Pour compléter le compte rendu des opé- rations du jury de la première série de con- cours, ils resterait encore à parler de Y arbo- riculture fruitière. Mais, par suite d’une fausse interprétation des règlements par le jury associé de cette section et de la diffi- culté d’en classer les produits, les membres du jury de groupe ont proposé à la commis- sion impériale de remettre à une autre époque l’examen des sujets présentés dans la première série, ce qui a été accepté. En résumé, cette première série de l’ex- position d’horticulture, malgré les difficultés qui entravent le début de toutes les grandes entreprises, a été très-belle comme résul- tat. Et s’il nous fallait fournir la preuve de ce fait, ne la trouverions-nous pas dans ces 80 récompenses déjà décernées savoir : 22 premiers prix; 28 deuxièmes prix; 14 troi- sièmes prix; 16 mentions honorables ainsi réparties entre les nations qui ont pris part aux concours : 45 par les exposants fran- çais ; 19 par ceux de Belgique ; 9 pour ceux d’Angleterre; 6 pour ceux de la Hollande et une pour les exposants d’Italie. Rafarin. (La suite au prochain numéro.) ET DU SUJET groupe des Conifères, ce sont: 1 e Libocedrus tetragona et le Saxe Gothœa conspicua. H est évident en effet que, d’après la classifica- tion qu’on a faite de ces deux espèces, elles ne devraient avoir entre elles, pour ainsi dire, aucune analogie organique et par con- séquent on ne devrait pas pouvoir les unir par la greffe. Il n’en est rien pourtant; la pratique semble démontrer le contraire- de ce que la science avait affirmé. En effet, le Libocedrus tetragona reprend sur le Saxe- Gothœa lorsqu’on l’y greffe. Mais dans ce cas, toutefois, il se produit un phénomène singulier que bien des fois nous avons eu l’occasion de constater dans l’opération de la greffe. Le Libocedrus tetragona se trouve considérablement modifié dans la végétation , et au lieu de s’élever sous la forme d’une co- lonne excessivement étroite, il s’étale en largeur et forme, par ses ramifications ex- cessivement nombreuses et courtes, une masse déprimée irrégulièrement sphérique, assez comparable au Juniperus Oxycedrus echinoformis. Cet exemple prouve donc : 1° que cer- taines expèces de Conifères de l’ordre des Cupressinées peuvent être greffées sur des plantes de l’ordre des Podocarpées ; 2° que le sujet, dans certains cas, peut modifier con- DE LA GREFFE ET DU SUJET. sidérablement la partie qu’on greffe sur lui, ce que nous savions du reste (1); 3°et enfin que les Podocarpées peuvent bien être plus voisins des Cupressinées qu’on ne le croit généralement. On serait peut-être même autorisé à con- A79 sidérer le groupe des Conifères comme une sorte de cercle incomplet dont les deux extrémités seraient occupées, l’une par les Cupressinées , l’autre par les Podocar- pées. Briot. BIBLIOGRAPHIE Les Fougères (2), ouvrage publié sous la direction de M. J. Rotschild, prix, 30 fr. Le livre dont nous allons parler a déjà été le sujet d’une annonce très-élogieuse et d’une analyse sommaire du rédacteur en chef, de notre ami M. Carrière qui, en raison de la valeur du travail, a bien voulu nous permettre d’y revenir. Nous allons donc de nouveau entrer dans quelques détails sur le mérite de ce livre, surtout au point de vue scientifique. Profondément pénétré de cette vérité que la science n’est point le domaine exclusif des savants qui, à vrai dire, ne sont que les architectes et les charpentiers de ce grand édifice qu’on nomme les sciences naturelles, nous croyons devoir faire ressortir le fait de cette tendance féconde en résultats qui con- siste à mettre à la portée de tout le monde les connaissances positives et simples à la fois, sur une famille du règne végétal qui, par la multiplicité et la richesse des formes, ainsi que par l’élégance du port des plantes, a su attirer, dans ces derniers temps, la fa- veur du public horticole d’une manière toute particulière. C’était donc une bonne chance pour l’éditeur de trouver des collaborateurs tels que MM. A. Rivière, E. André et E. Roze. Nous n’avons pas besoin de dire ce que sont les deux premiers de ces trois au- teurs; sur ce point nos lecteurs savent à quoi s’en tenir. Quant au troisième, M. Roze, c’est un botaniste très-distingué à qui la science doit quelques-unes des plus importantes obser- vations sur la reproduction sexuelle des plantes dites cryptogames. En ce qui con- cerne notre sujet, il a été assez heureux pour découvrir plusieurs phénomèmes qui jusque-là avaient échappé aux recherches des observateurs les plus célèbres. On devait donc s’attendre à trouver dans ce livre des (1) Un exemple de l’influence du sujet, mais dans un sens complètement contraire au fait que nous venons de rapporter, est produit sur le Chamœcy- parls obtusa pygmœa par le Chamœcyparis Bour- sieri. Lorsqu’on greffe celui-là sur celui-ci on ob- tient des plantes qui sont relativement vigoureuses et qui s’élancent, tandis que lorsqu’on le greffe sur Biota ou sur Thuia , ou bien qu’on les multiplie par boutures, les plantes au lieu de s’élever s’éten- dent littéralement sur le sol. (2) 1 vol. grand in-8 de 286 pages, contenant 112 gravures sur bois et 75 en chromo-lithographie; prix, 30 fr. — J. Rothschild, éditeur, 43, rue Saint- André-des-Arts. observations très-intéressantes; on n’a point été trompé. Le livre des Fougères que vient de pu- blier M. Rothschild comprend cinq parties. La première traite de l’histoire ornemen- tale des Fougères et de leur emploi dans l’horticulture; elle est due à M. E. André, jardinier principal de la ville de Paris. Cet auteur commence par jeter un coup d’œil rapide sur l’histoire des connaissances sur ces plantes qui, jusqu’au commencement de ce siècle, étaient à peine connues. C’est d’a- près notre auteur, avec l’Anglais Smith, que commence un véritable système scientifique dans les études des Fougères et alors le nombre des espèces connues qui, à l’époque de Linné, était d’environ 200, augmente rapidement, de sorte qu’actuellement on compte au delà de 3,000 espèces vivantes de ces plantes. Nous devons renoncer à suivre M. André dans les détails de la dis- tribution géographique des Fougères, bien que le tableau qu’il en fait soit des plus at- trayants. Nous devons également renoncer à le suivre dans les détails qu’il donne sur l’emploi qu’on peut faire des Fougères pour l’ornementation des jardins et des apparte- ments, détails, du reste, que M. André dé- veloppe dans la seconde partie du livre in- titulée les Fougères au point de vue horti- cole. C’est surtout dans ce chapitre qu’il fait ressortir le côté pittoresque des différents modes de la culture des Fougères. Nous arrivons au chapitre qui traite de la multiplication des fougères. M. E. Roze, que ses études particulières avaient depuis longtemps familiarisé avec les phénomènes sexuels des plantes, nous en trace un ta- bleau aussi clair qu’intéressant, et il fait ressortir avec un rare talent certains faits d’une haute portée scientifique et qui na- guère encore étaient un mystère même pour les savants. M. Roze, en ajoutant ses belles décou- vertes à celles faites par d’autres savants, a rendu un très-grand service à l’horticulture en donnant des renseignements précis et pratiques sur les organes reproducteurs et sur les semis des Fougères. Le chapitre qui traite de la multiplication des Fougères est accompagné de plusieurs gravures sur bois représentant des dessins faits au microscope des sporanges, des spo- res, de la germination et des organes de 180 BIBLIOGRAPHIE. fécondation des Fougères; de sorte que ces i phénomènes, si mystérieux en apparence, sont rendus très-sensibles, ce qui est d’un immense intérêt au point de vue de la cul- ture des Fougères. M. Auguste Rivière, jardinier en chef du Luxembourg, est l’auteur de la quatrième partie du livre, qui traite de la culture des Fougères et qui se lie très-naturellement au chapitre précédent. Après avoir dit quelques mots sur les semis des Fougères et sur les traitements à donner aux jeunes plantes, il parle de la reproduction gemmaire de ces plantes. Cette fois, nous devons le recon- naître, c’est la nature elle-même qui s’est char- géede mettre l’hommesur la tracedece mode de multiplication. En effet, on rencontre parmi les Fougères un grand nombre d’espèces prolifères, c’est-à-dire douées de cette par- ticularité que leurs feuilles, appelées frondes, développent à leur surface supérieure ou in- férieure des bourgeons qui, détachés de la plante et mis en contact avec la terre, s’y enracinent et forment des individus particu- liers. La reproduction par ces bourgeons, dits adventifs ou vivipares , joue un grand rôle dans la culture des Fougères ; pour plusieurs espèces telles que Poly podium au- reum,Davallia Canariensis,Pterisesculenta , la reproduction peut, en outre, être opérée par division des rhizomes ou encore par di- vision des caudex ( Gymnogramma Calo- melanos, Poly stichum filix -mas, etc.; ou par division des touffes cespiteuses (Adiantum cuneatum , Cgstopteris fragilis ; Cheilanthes lentigera , etc.). Les renseignements que M. Rivière donne ensuite sur la culture des Fougères en serre sont des plus instructifs. A ces renseigne- ments il ajoute une liste des espèces à cul- tiver en serre chaude et en serre tempérée, et il indique en même temps les plantes qu’on peut cultiver avantageusement en compagnie des Fougères; de plus, il donne I des notions sur les modes d’arrosement, de rempotage suivant le mode de végétation et les tailles différentes des espèces; bref, il ne néglige aucun renseignement nécessaire à ceux qui désirent se livrer avec succès à la culture de ces charmants végétaux. Les es- pèces cultivables en plein air font également le sujet d’observations et de renseignements très-importants. R nous reste à dire un mot sur la partie descriptive et iconographique qui nous offre un choix des espèces de Fougères les plus remarquables, figurées en chromo-lithogra- phie et suivies de descriptions assez détail- lées. Plusieurs pages seraient nécessaires pour faire ressortir l’importance de cette cinquième partie, mais, limité par la place, nous nous bornons à faire ressortir une qualité particulière de cette partie qui nous paraît avoir un mérite incontestable, dans laquelle on trouve une synonymie très-bien faite et qui est en même temps d’une très- grande utilité pour Famateur, en le mettant en garde contre un grand nombre de noms qui' lui sont étrangers et qui se rapportent à une même espèce. Disons en terminant cette note, qui peut à peine faire ressortir l’utilité du livre, que nous considérons celui-ci comme un travail sérieux, qu’il est en même temps un très- beau spécimen de typographie et d’iconogra- phie, et nous osons espérer que dans l’inté- rêt générai l’éditeur ne tardera pas à nous donner une suite de ce premier volume, car, d’après le livre dont nous ne donnons qu’un faible aperçu, le choix des belles Fougères ne sera guère difficile, et qu'alors le nombre des amateurs de ces plantes, déjà si grand, ne peut que s’augmenter. Rappelons en ter- minant que ce livre contient 75 planches en chromo-lithographie, et que le texte est en outre orné de 112 belles gravures sur bois, exécutées par nos premiers artistes. J. Groenland. POLYGALA CORDATA LAT1F0LIA Les lecteurs de ce recueil se rappellent sans doute que, dans un des précédents nu- méros (1), en décrivant le Polygala cordata atropurpurea , que nous avons obtenu de semis, nous disions avoir remarqué dans le même semis un individu à feuilles très-lar- ges que nous nous réservions de décrire après l’avoir vu fleurir. Voici les caractères qu’il présente. Plante très-vigoureuse à rameaux gros, subdressés. Feuilles planes, elliptiques oblongues, plus longues et surtout beau- coup plus larges que celles de l’espèce, non ondulées et non acuminées au sommet en une pointe mucronée comme cela se voi chez le type, d’un vert foncé, luisantes, mais non glauques. Fleurs à peu près semblables à celles du type. Cette variété, très-distincte, se recom- mande surtout par son extrême vigueur, ce qui la rend préférable à toutes les autres pour les localités où l’on pourra la cultiver en pleine terre. Ses feuilles, plus grandes que celles du type et surtout d’un vert beaucoup plus foncé lui donnent un aspect sombre qui produit un bel effet. Rantonnet, Horticulteur, à Hyères (Var). L’nn des Propriétaires : Maurice bixio, (t) Voir Rev. hort.y 1867, pagçl53. .Montereau. — Imprimerie Zanote. CHRONIQUE HORTICOLE (première quinzaine de mai). Les expositions universelles d’horticulture. — Exposition universelle d’horticulture* à Gand Une variété d’Érable sycomore exposée au Champ de Mars. — Le Bechonneriayuccdides.— Ce que nous reprochons aux exposants horticulteurs. — Exposition d’horticulture à Lausanne (Suisse). — Les aquariums dans le jardin réserve de l’Exposition. — Les poissons d’eau douce et les poissons de mer. — La publication en cinq langues du catalogue général de M. André Leroy. — Augmentation de traitement accordée durant l’Exposition aux employés attachés au ministère d’État. — Le catalogue de MM. Nardy. — Congrès organisé par la Société botanique de France, à l’occasion de l’Exposition universelle de 1867. — Le Mimulus pardinus flore pleno. — Le Cypripedium caudatum dans les serres du fleuriste de la ville de Paris. — Lettre de M. Krelage, membre de la commission royale des Pays-Bas à l’exposition universelle de Paris. — Communication de M. Doûmet, relative au Pinus Pyrenaica. — A propos d’un article de M. le docteur Pigeaux. — Le travail de M. André Leroy sur les Rhododendrons. — Plantes envoyées par la Prusse pour garnir la serre-aquarium du jardin réservé de l’Exposition du Champ de Mars Les expositions universelles d’horti- culture se multiplient; nous nous en réjouissons, non-seulement pour notre compte, mais au point de vue général, dans l'intérêt de tous. Une exposition uni- verselle n’est pas seulement une occasion de voir et d’apprendre des choses qu’on ne connaissait pas; son plus beau côté, peut-être, est de rapprocher et de lier les hommes en les mettant en contact, et d’é- tablir en un instant des rapports entre eux. Nous sommes donc heureux, nous le répé- tons, de pouvoir annoncer à nos lecteurs qu’au mois de mars 1868, il y aura à Gand une exposition universelle d’horticulture. Sans craindre de nous tromper, nous pou- vons, dès aujourd’hui, dire que cette fête sera splendide. C’est du reste ce qu’on nous promet, et personne n’en sera sur- pris, car on n’ignore pas combien la Bel- gique a fait de progrès en horticulture, et l’on sait comment elle entend et pratique l’urbanité. Sous ce rapport, elle pourrait nous donner des leçons, ce qui, soit dit en passant, aurait son utilité. — Parmi les plantes nouvelles isolées exposées au Champ de Mars, nous avons remarqué une variété d’Érable sycomore {A. pseudo platanus ), très-naine et com- pacte. Agé de plus de quinze ans, le pied mère a à peine lm 50 de hauteur et plus de 2 mètres de largeur. C’est une variété inté- ressante, qui pourra présenter des avan- tages, soit qu’on l’emploie pour garnir des rochers, soit qu’on la plante isolément. Cette plante appartient à M. Cochet, pépi- niériste à Suisnes. Une autre plante, appar- tenant également à M. Cochet, est un Be- chonneria ijuccoïdes, hort. Cette espèce, dont le genre ne nous paraît pas certain, et sur laquelle nous n’avons pu trouver aucun renseignement, est forte et prête de fleurir. Nous la supposons d’origine mexicaine. C’est très -probablement la première fois que la plante va fleurir en Europe. Nous y reviendrons. — Un très-grand nombre d’horticulteurs ne donnent ni leur nom, ni même celui des produits qu’ils envoient à l’Exposition uni- 16 Mai 1867. verselle, laissant à la commission impé- riale le soin de faire ce travail. Alors qu’arrive-t-il? C’est que, malgré toute la bonne volonté dont elle fait preuve , la commission ne peut tout faire, «et ainsi beaucoup de plantes, après avoir été expo- sées pendant plusieurs jours, sont retirées sans avoir été étiquetées ; c’est là certai- nement un grand dommage, préjudiciable à tous. D’abord le public, qui n’est pas renseigné, ne peut prendre de notes et ne sait même à qui s’adresser pour avoir des renseignements ; ensuite le but de l’expo- sant n'est pas du tout atteint. On ne doit jamais oublier qu’une exposition est un affichage général où chacun va montrer sa marchandise; dès lors il convient d’indi- quer le nom de cette marchandise et celui du marchand. Nous n’exagérons rien: au moment où nous écrivons, il y a encore des lots qui, exposés depuis l’ouverture, n’ont aucun signe qui puisse indiquer quelles sont ces plantes, ni à qui elles appartiennent. — Les 10, 11, 12, 13 et 14 octobre 1867, la société d’horticulture du canton de Vaud (Suisse), fera à Lausanne une expo- sition d’horticulture, à laquelle sont con- viés tous les horticulteurs. Tous les produits de l’horticulture et de l’arboriculture, ainsi que les divers objets qui s’y rattachent, seront admis à concourir. Des médailles de vermeil, d’argent et des pièces d’argente- ries de différentes valeurs seront accordées aux exposants dont les lots auront été pri- més. Tous ceux qui voudront concourir devront adresser franco, avant le 10 septem- bre, à M. Auberjonois, commissaire général pour l’exposition, à Lausanne, une de- mande à cet effet, en indiquant la catégo- rie dans laquelle ils veulent concourir. — De toutes les merveilles qui figure- ront à l’exposition universelle de Paris, il en est surtout deux qui, nous ne craignons pas de le dire, seront universellement ad- mirées. Ce sont les rockers-aquariums qui se trouvent dans la partie réservée à l’horti- culture, et qui est désignée sous le nom de jardin réservé. L’un de ces aquariums, 10 CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE DE MAI ) . 182 consacré aux poissons d’eau douce, est à peu près terminé, et déjà un certain nom- bre de compartiments sont occupés par différentes sortes*. L’autre aquarium, qui sera exclusivement affecté aux poissons de mer, est moins avancé. Celui-ci, encore pius beau que le précédent, est quelque chose de féerique. Toute description pour- rait à peine en donner une idée ; il faut le voir. — Un fait que nous nous empressons d’annoncer, et dont tous les amateurs dé- sirant véritablement le progrès se réjoui- ront, est la publication en cinq langues (français, anglais, allemand, italien, espa- gnol) du Catalogue général de M. André Leroy. Ce catalogue, comme on le sait, est un des plus considérables qu’on con- naisse, tant par l'énumération qu'il ren- ferme, que par des détails particuliers qui y sont rapportés. C’est la première fois qu’on voit apparaître un semblable travail. Aussi félicitons nous M. Leroy qui, tout en servant la cause horticole, ouvre au commerce une nouvelle voie profitable à tout le monde. Nous signalons cette œuvre comme particulièrement progressive et utile, non-seulement à la France, mais aux diverses nations, dont il facilite les rela- tions avec la France. — Une décision vient d’être prise par ordre de FEmpereur. nous assure-t-on, pour que tous les employés attachés au minis- tère d’Etat 1), et dont les appointements ne dépassent pas 3,000 francs, reçoivent, pendant tout le temps que durera l’Expo- sition universelle, un supplément de trai- tement égal à un cinquième de leurs ap- pointements. Cette mesure a été prise en considération de l’augmentation du prix des denrées et des loyers qui est survenue pendant l’Exposition. C’est là une bonne nouvelle, que nous nous empressons de faire connaître. Il est à souhaiter que cette mesure pro- visoire devienne permanente, et que les employés du Muséum, les moins rétri- bués de tous, ne soient pas oubliés. Il y a encore des hommes de journée, au Mu- séum. qui ne gagnent que 2 francs par jour (2) . — Le Catalogue pour le printemps de 1867, de MM. Nardy frères, horticulteurs, chemin de Combe-Blanche, à Montplaisir, (1) Tous les jardins impériaux, tels que ceux de Versailles, de Saint-Cloud, des Tuileries, de Fon- tainebleau, de Compïègne, etc., se trouvent com- pris dans la décision, par conséquent tous les jar- dins attachés à ces domaines vont profiter de cette augmentation de salaire. (2) 11 ne faudrait pas nous supposer Tintention de blâmer, en quoi que ce soit, Fadministration du Muséum, dont les ressources sont finsufSsantes. Elle fait ce qu’elle peut. Lyon, vient de paraître. Il est spécial aux genres de plantes ornementales, c’est- à-dire à celles qui, on peut le dire, servent tout particulièrement à la décoration des jardins, tels que Fuchsia. Pélargonium zonale à fleurs simples et à fleurs doubles, de Pétunia, de Verveines, d’Héliotropes, de Phlox, de Lantana, de Penstemon, de Cannas, d’CEillets remontants, etc. Nos lec- teurs savent aujourd’hui à quel degré de perfection les Lyonnais sont arrivés dans ce dernier genre. — Le Sirpplément aux graines d’arbres, de MM. Vilmorin, Andrieux et Ce, pour 1867, vient de paraître. Parmi les Coni- fères annoncées, on trouve, comme ver nant du Japon, les Pinus Massoniana , parviflora , Koraiensis , et parmi les Abies, les espèces acicvlaris , Alcockiana, bieolor brachyphytla, Tsuga, Yeitchii , etc. Plu- sieurs de ces Abies sont peu connus; il en est même quelques-uns qui appartiennent au genre Picea. Sont également annon* cées, un certain nombre d’espèces origi- naires de la Californie, telles que : Pinus Larnbertiania, pond er osa, Bentharniana , insignis , Jeffreyi , tube r eu lata, Sabiniam , Thnia gigantea , etc.; outre différentes espèces d’arbres et d’arbustes, on trouve encore indiquées, viDgt -quatre espèces d ’ Eucalyptus, dont plusieurs non encore déterminées. — A l’occasion de l’Exposition univer- selle, la société botanique de France orga- nisera un congrès international auquel se- ront conviés tous les botanistes. Pendant un mois que devra durer ce congrès, il sera tenu tous les mercredis soir, rue de Grenelle-Saint-Germain , 84, une séance dans laquelle on discutera certains sujets de la science botanique. Les autres jours seront consacrés aux visites à l'Exposition, ou bien aux excursions scientifiques aux environs de Paris. L’ouverture de ce con- grès aura lieu le 26 juillet, dans le local susdésigné, 84, rue de Grenelle - Saint- Germain. — On voit en ce moment à l’exposition, autour d’un lot de Tulipes appartenant à M. Thibaut- Prudent, un grand nombre de pieds de Mimulus pardi nus flore pleno. Cette belle variété n’a pas les fleurs pleines . comme semble l’indiquer le nom. Ces fleurs, qui sont très-grandes, largement évasées, de couleur jaune et maculées de roux brun velouté, ont deux corolles emboîtées l'une dans l’autre, comme cela se voit chez cer- taines espèces de Campanules. Cette parti- cularité se reproduit en très-grande partie par les graines. Le mieux, toutefois, est de la multiplier par bouture. — Ori voit encore en ce moment, en 183 CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE DE MAl). Heur dans les serres du fleuriste de la ville de Paris, à Passy, un Selenipedium cauda- tum, Reich, fils, Cxrpripedium caudatum hort., dont les pétales, qui s’allongent en forme de queue [caudatum), ont plus de 80 centimètres de longueur. Il y a loin de cette dimension à celle de « 20 ou 22 centimètres » que la plupart des ouvrages ont attribuée aux pièces inférieures des fleurs de cette espèce. — M. Krelage, membre de la commis- sion royale des Pays-Bas à l’exposition universelle de Paris (section d’horticul- ture), nous a écrit tout récemment pour nous faire connaître une erreur qui s’est glissée dans notre dernier numéro, à pro- pos d’un lot à’ Amaryllis. Désirant, avant tout, bien renseigner nos lecteurs, nous remercions M. Krelage du bon concours qu’il nous prête, et nous ne croyons pouvoir mieux faire que de publier sa lettre : Haarlem, 19 avril 1807. « Je viens de recevoir le numéro 8 de la Revue horticole, dans lequel se trouve aux pages 148 et J 49 l’article de M. Bossin sur l’Ex- position universelle. Permettez- moi de signaler une erreur qui s’est glissée dans ce rapport. On y parle d’un lot d 'Amaryllis qui appartiendrait à M. TVil- liiik d’Amsterdam. Ces Amaryllis doivent ap- partenir à quelque autre exposant; si je me rappelle bien, ils viennent de la Belgique. M. /. A. IVillinh, amateur bien connu à Amsterdam pour ses magnifiques collections d’Orchidées, de Fougères, de Lycopodiacées et autres plantes de serre chaude, a envoyé à la première série des concours seulement deux Fougères nouvelles, savoir : Hemionitis Blu- meana et Hemionitis semicossata, qui, avec un nouveau Ly copodium (. L , tetrassicum, qui figure à la deuxième série des concours) ont valu à M. Willink un prix à l’exposition uni- verselle d’horticulture de Londres en 1866. Je vous prie de rectifier cette petite erreur dans le prochain numéro *de votre journal. Veuillez agréer, etc. » J. Krelage, membre de la commission royale des Pays-Bas pour l’Exposition universelle (section d’horticul- ture). — Plus une question est embrouillée? plus on doii profiter des renseignements qui sont de nature à l’éclairer. Aussi est-ce avec un très-grand empressement que nous avons accueilli et que nous publions la communication de M. Doûmet relative- ment au Pinus Pyrenaica, Lapeyr. Cette, le 18 avril 1867. Monsieur le Rédacteur , Je viens de lire, dans le dernier numéro de la Revue horticole, votre intéressante notice sur le Pinus Pyrenaica , et j’y vois avec plaisir la confirmation des doutes qui s’étaient éle- vés dans ma pensée au sujet de l’identité de cette espèce avec le P. Salzmannii Dun., voici à quelle occasion. En juillet 1864, après la clôture de la session tenue à Luchon par la société botanique de France, je fis avec mon excellent ami M. Char- les Senot, de la Londe, l’ascension des pics Posets dans les Pyrénées espagnoles. Ne vou- lant pas repasser le Port d’Oo, par lequel nous avions pénétré en Aragon, nous descendîmes à Vénasque en suivant la vallée de la Garonne, d’Astos de Vénasque jusqu’au confluent de ce torrent avec l’Essera, qui, sortant des glaciers de la Maladetta, va mêler ses eaux à celles de l’Ebre. Une partie de ce trajet s’effectue à travers de magnifiques forêts de Pins dont l’aspect majestueux et l’apparence insolite me frappèrent assez, malgré la précipitation de notre marche, pour me faire dire à mon com- pagnon . Voilà le Pinus Pyrenaica. La couleur et l’aspect du feuillage de la plu- part de ces arbres rappelaient le P. halepensis : mais leur forme presque toujours régulière- ment pyramidale et leur grande élévation les éloignaient sensiblement de cette espèce. Je n’oserai pas affirmer que les forêts à travers lesquelles nous passions au déclin du jour en sont exclusivement composées, mais je peux- dire sans crainte qu’ils y sont au moins en très-grand nombre. De retour à Montpellier, j’eus occasion de parler des arbres en question, leur appliquant le nom de Pyrenaica, à quoi l’on me répondit par celui de Salzmannii , m’assurant que l’es- pèce de Saint-Guilhem du Désert était iden- tique avec celle des Pyrénées. J’avoue n’avoir été nullement convaincu; mais devant le savoir bien connu de mes contradicteurs et en raison du peu de certitude de mon observation, je dus m’abstenir. Aujourd’hui qu’une autorité incontestable vient de soulever la question dans le sens de mes doutes, je n’hésite plus à croire que ma première impression était bonne, et je me hasarde à jeter mon opinion dans le débat. Veuillez agréer, etc. N. Dottmet, secrétaire de la société d'arboriculture et de botanique de l’Hérault. — Nous appelons dès à présent l’atten- tion de nos lecteurs sur un article de M. le docteur Pigeaux, qu’on trouvera plus loin. D’après cet auteur, il ne serait pas vrai que nos variétés fruitières dégénèrent, et les faits qu’on a cités pour le démontrer ne seraient nullement concluants, et cette prétendue dégénérescence serait occasion- née par des traitements irrationnels. Nous ne sommes pas de l’avis de M. le docteur Pigeaux, tant s’en faut. Partout et toujours nous combattrons cette idée qui a contre elle l’universalité des faits de toute la création; aussi nous sommes-nous permis de faire suivre d’une note le remarquable et savant article de notre collègue. — Nous appelons l’attention de nos lecteurs sur un article très-intéressant de M. André Leroy, qu’on trouvera plus loin. Cet article, propre aux Rhododen- 184 LES NOUVEAUTÉS DE LA FLORICULTURE EN 1866. (Irons, est un service rendu aux ama- teurs de ce beau genre, non-seulement parce qu’il leur indique les bonnes va- riétés, mais encore parce qu’il leur fait connaître l’époque de floraison de chacune d’elles. Ceux qui aiment à former des massifs devant produire beaucoup d’effet, et les amateurs qui désireront en avoir continuellement en fleur, ne serait-ce que quelques pieds, pourront faire un bon choix d’après la liste donnée par M. A. Leroy ceux-là, en plantant dans un même massif des plantes à fleurs de couleurs variées, mais qui s’épanouissent à peu près à la même époque; ceux-ci, en choisissant des variétés s’échelonnant en se succédant pendant six mois ou plus. — La serre-aquarium du jardin réservé de l’Exposition universelle sera garnie de plantes envoyées par la Prusse. Déjà il en est arrivé un certain nombre, parmi les- quelles se trouvent un Victoria regia, deux pieds de Desmanthus natans fl) (Neptunia natans), etc., etc. Cette plante si singulière peut être considérée comme une Sensitive aquatique. En effet, comme la Sensitive, le Neptunia natans est très - irritable ; au moindre contact ses folioles se ferment sur elles- mêmes. — Une des plus belles plantes qu’on puisse voir en ce moment en fleur au Muséum est un pied de Glijcine de la Chine, qu’à peu près tout les Parisiens connaissent. Après avoir occupé une très-grande sur- face, cette plante se divise en deux, pour courir sur deux fils de fer d’environ 20 mètres de longueur. C’est par milliers (1) Voir Rev. hort., 1866, p. 227. LES NOUVEAUTÉS DE U Les années se suivent et sous plus d’un rapport se ressemblent, du moins en ce* qui concerne l’horticulture d’agrément, car chacune d’elles lui apporte son tribut de nouveautés. Les lecteurs de la Revue en connaissent déjà quelques-unes qui ont successivement passé sous leurs yeux, dans la série des numéros de ce journal, pendant l’année qui vient de s’écouler. Nous allons essayer de compléter cette partie de la dernière campagne horticole, en nous aidant d’un résumé très-bien fait que nous trouvons dans le Florist and Po- rnologist du mois de février, mais avec le regret de n’en pouvoir citer l’auteur, qui garde modestement l’anonyme (2). Au premier abord, on est porté à se de- mander comment il se fait que, depuis tant d’années que dure cette perquisition des (2) Cet article est intitulé New Plants , et l’auteur se contente de signer d’un M. qu’on peut compter les grandes grappes de fleurs lilas, qui, comme on le sait, dé- gagent une odeur très-agréable. — On sait que la ville de Liverpool, voulant faire faire un très-grand parc, avait mis ce projet au concours. Voici le résultat : sur 60 concurrents inscrits, 29 ont été admis ; au nombre de ceux-ci se trouvait notre collègue et collaborateur M. André, qui, par conséquent, a obteuu le premier prix qui était de 300 guinées (7,950 francs). La citation de ce résultat en dit plus en laveur de notre collègue, que tous les éloges que nous pourrions faire. — Il vient d’avoir à l’exposition univer- selle d’horticulture un concours de plantes nouvelles jusqu’ici sans exemple, et dont notre collège M. Rafarin rendra compte. Nous n’avons donc pas à nous en occuper autrement que pour signaler 6 espèces d’Erables très -remarquables, originaires du Japon. Ces plantés, dont nous donne- rons plus tard une description, sont expo- sées par M. Ambroise Verschaffelt, horti- culteur à Gand. — Nous ne saurions trop engager ceux qui viennent visiter l’Exposition universelle d’entrer dans le jardin réservé ; ils verront là, en fait d’ Azalées, de véritables merveil- les; celles de MM. Veitch et fils surtout l’emportent principalement pour les di- mensions. A ce point de vue, c’est quelque chose d’inouï. Qu’on se figure, en effet, des cônes de 2 mètres environ de hauteur et de même largeur à la base, formant une masse de fleurs. C’est féerique, il faut les voir. E. A. Carrière. FLORICULTURE EN 1866 nouveautés, la nature ne soit pas encore épuisée, et peut-être plus d’un, parmi les horticulteurs qui vivent de cette innocente exploitation, se croit-il fondé à concevoir des craintes pour l’avenir. Qu’ils se rassu- rent, la source à laquelle ils puisent ne tarira pas de sitôt. Pendant des siècles en- core elle alimentera le commerce horticole, et il est vraisemblable que si jamais on en atteint le fond, un nouveau cycle recom- mencera par la réintroduction de plantes depuis longtemps oubliées et qui auront regagné par cet oubli tout l’attrait de l’in- connu. C’est par centaines ou, pour mieux dire, par milliers d’espèces que se compte ce qui entre annuellement de neuf dans les jardins de l’Europe, et cependant ces jar- dins n’ont jamais de trop-plein. Pourquoi? C’est qu'a côté du travail incessant de l’in- troduction, il se fait un travail non moins Imp.Zanole t des , Boulangers. 13 Pans ( ;i s s ia fl on blinda F.Yerva Pim 1 LES NOUVEAUTÉS DE LA FLORICULTURE EN 1866, 185 actif d’élimination : d'anciennes plantes dont on est fatigué disparaissent chaque année devant les nouvelles, et même, parmi les nouveautés, il en est un bon nombre de si faible valeur qu’elles ne survivent pas au premier mouvement de curiosité que leur arrivée a fait naître. Hélas! que j’en ai vu mourir... de nouveautés! Sous ce rapport, les introductions de 1866 n’auront pas une autre destinée que leurs devancières; elles seront soumises comme elles au crible de l’épuration, et l’on peut s’attendre à ce que la majeure partie, ne dépassant pas ou même n’attei- gnant pas le niveau de la médiocrité, n’aient qu’une existence très-éphémère. Mais, comme toujours- aussi, il s’en trouve parmi elles qui sont de premier ordre, qui ont un sterling merit , comme disent nos voisins, et qui marqueront dans les annales de l’horticulture. Nous allons les mettre en relief par quelques mots de description, les ré^artissant, avec notre auteur, en trois groupes, suivant qu’elles s’adressent, sous le climat de l’Angleterre, qui est aussi ce- lui du nord de la France, à la serre chaude, à l’orangerie ou au jardin de plein air. Commençons par les espèces de serre chaude. Cette première catégorie est la plus riche en nouveautés méritantes. On signale deux Acanthacées, encore sans congénères dans nos jardins, le Sanchezia nobilis aux lon- gues fleurs jaunes tubuleuses, en panicules dressées, entremêlées de bractées rouges, et Y Ancylogy ne longiflora , aux larges pa- nicules pendantes, où tout est pourpre, corolles, calyces, bractées et jusqu’aux rameaux même des panicules. Ces deux belles plantes, rivales des Hexacentris , nous arrivent, par l’intermédiaire de la maison Veitch, de l’Amérique intratropi- cale. Au même niveau, pour la beauté dé- corative, se place le Passiflora fulgens , introduit du Brésil par M. Linden ; il se distingue, dans la brillante légion des Pas- siflores, par un feuillage d’une figure toute nouvelle et qui offre quelque chose de la conliguration des feuilles du Chêne. Ses fleurs ne se font pas moins remarquer par leur coloris peu ordinaire : les pétales en sont du carmin le plus vif, et la couronne d’un rouge orangé annelé de blanc. On cite encore une Rubiacée, le Rudgea ou Psy- chotria nivosa du Brésil, arbuste dressé, beau par le feuillage, plus beau encore par ses fleurs laineuses, d’un blanc de neige, rapprochées en larges cimes à l’ex- trémité de ses rameaux. Plusieurs Orchidées nouvelles doivent aussi se placer aux premiers rangs de la famille; l’une d’elles, même, va faire époque dans l’orchidologie horticole : c’est le Cattleya Dowiana, introduit par MM. Veitch, chez qui, il est vrai, il a fleuri dès 1865, mais qui n’a paru aux exposi- tions publiques que dans les derniers mois de 1866. Par le port, la grandeur et le co- loris de ses fleurs, c’est presque le pendant du C. labiata , mais avec des fleurs du plus beau jaune nankin, et dont le labelle brun pourpre est sillonné de veines jaune d’or. Ce beau Cattleya, encore unique par la figure, est originaire de Costa Rica. Le Saccolabium giganteum , obtenu de Ran- goon par M. Veitch, lui est au surplus à peine inférieur; mais il n’a pas encore été mis dans le commerce. C’est une forte plante épiphyte, rappelant par le port les autres Saccolabium , et dont les fleurs, en gros épis serrés et pendants, plus grandes que celles du N. violaceum(Va?idaviolacea) , sont d’un blanc de crème ponctué de violet, à l’exception du labelle qui est tout entier de couleur améthiste. L’odeur en est à la fois forte et délicieuse. Très-beau encore, et très-singulier par le coloris est YOnci- dium Marshallianum , de l’Amérique du Sud, voisin de PO. crispum , avec des fleurs plus grandes et d’un jaune éclatant, cou- leur, soit dit en passant, trop peu prisée dans les Orchidées de nouvelle introduc- tion, et cependant d’un grand effet dans une collection fleurie de ces plantes. On ne saurait refuser aussi un moment d’at- tention au joli Dendrobium thyrsiflorum, du district de Moulmein, dans l’Inde an- glaise, et qui est peut-être la meilleure introduction récente de MM. Low. Il a presque le port du D. densiflorum , mais il est supérieur à ce dernier par la gros- seur et la longueur de ses racèmes fleuris, que se partagent le blanc et le jaune. Enfin* quoiqu’il y ait encore parmi les nouveau- tés bien d’autres Orchidées recommanda- bles, nous nous bornerons à ajouter à cette liste le Vanda Bensoni , de Rangoun, ap- partenant à M. Veitch, et le Mesospinidium sanguineum, charmante petite Orchidée de serre froide dont la courte panicule de fleurs roses sort de la base d’un unique pseudobulbe. Elle a été trouvée dans les Andes de la république de l’Equateur, par le collecteur de MM. Backhouse père et fils. Les plantes de serre chaude, à feuillage ornemental, se sont aussi accrues de plu- sieurs' nouveautés remarquables. La pre mière à signaler est une Fougère, Y Adian- tum velutinum , de la Colombie, qui, à l’é- légance de feuillage de ses congénères, joint une taille tout à fait hors ligne. Son introduction, ainsi que celle de Y Adiantum Lindeni , autre Fougère moins développée, mais presque aussi élégante, est due au célèbre horticulteur dont cette dernière porte le nom. Toutefois, dans cette section 18G LES NOUVEAUTÉS UE LA FLORICULTURE EN 18GG. de plantes à beau feuillage, une des plus remarquées est Y Anthurium reyale, digne pendant de VA . magnificum , aujourd'hui presque classique, et dont il ne diffère guère que par des feuilles acuminées. A M. Linden encore est due l’introduction du Dichorisandra musaica, qui nous offre un mode assez particulier de coloris, dans ses feuilles marquetées régulièrement de blanc sur fond vert, en forme de mosaïque ; sa beauté est réellement frappante. On peut en rapprocher, sans toutefois le mettre au même niveau, le Diffenbachia Weirii , jolie Aroïdée grimpante, aux feuilles tigrées de jaune verdâtre, et qui est une des dernières trouvailles de l’infortuné collecteur dont elle porte le nom. Un type tout à fait nouveau parmi les plantes à feuillage coloré nous est fourni par Y Acalypha tricolor de la Nouvelle-Calé- donie, d’où l’a rapporté M. Veitch fils. Son caractère propre est d’avoir le feuillage marbré de taches de feu, ou, si l’on aime mieux, de rouge cuivreux. Dans le Fit- tonia argyroneura du Pérou, introduit par M. Bull, c’est un autre genre de coloris : les feuilles, d’un vert léger, au lieu d’être veinées de pourpre comme dans son con- génère le F. Verschaffeltii, le sont du blanc le plus pur. C’est dans la même catégorie que devrait se placer le Dracæna albo- rnarginata , trouvé aux îles Salomon par M. Veitch, si leséchantillons qui le représen- tent dans la serre de cethorticulier étaient suftisamment développés. Le groupe des Maranta et Calatheci de- vait naturellement donner son contingent de nouveautés multicolores. On en cite une, le M. Lindeniana, dont le feuillage égale, par la beauté de ses panachures, si même il ne le surpasse, celui des M . Veitchii , il- lustris et roseo-picta. Au surplus, rappelons qu’à la dernière exposition internationale M. Linden a produit vingt-cinq nouveautés dans ce seul genre, moins brillantes, il est vrai, que celles que nous venons de nom- mer, mais très-remarquables encore et offrant à l’amateur un large choix de beaux feuillages. Nombreuses aussi sont les plantes de serre froide, ou demi-rustiques, qui ont été récemment introduites en Europe, et celles-là auront probablement plus d’inté- rêt que les précédentes pour la majorité des amateurs français. Une magnifique Amaryllidée du Chili, introduite par MM. Backhouse, YLJabranthusfulgens,aux fleurs écarlates et presque aussi grandes que celles d’un Hippeastrum, tient incontesta- blement le premier rang. Après elle on peut citer honorablement encore le Spa- raxis pulcherrima et le Gladiolus papilio de l’Afrique australe. Les Nierenbergia Veitchii du Tucuman, et N. Rivularis de la Plata ne sont sans doute que des nou- veautés de deuxième ordre; mais toutes deux, l’une par ses fleurs lilas, l’autre par ses fleurs d’un blanc de crème, seront d’u- tiles additions à faire à la flore habituelle de nos parterres. Plusieurs Fougères demi- rustiques peuvent aussi être rappelées ici : telles sont les Lomaria ciliata et L. gibba , Bellii , également curieuses par leur port et par la figure originale de leurs frondes; Y Asplénium Novæ-Caledoniæ , le Pteris ser- rulata polydactyla , Y Alhyrium Gæringia- num pictum et le Lastrœa Sieboldi varie - gala, qu’il serait trop long de décrire ici, et qui ont chance d’être tout à fait rusti- ques dans les régions tempérées de l’ouest de la France. Là aussi, probablement, réus- sirait en plein air, dans les sols humides et tourbeux, le singulier Sarraceniapsit}acina des Etats-Unis méridionaux, et qui, selon toute vraisemblance, n’en est pas à sa pre- mière introduction en Europe. Les bonnes plantes rustiques (pour le climat de l’Angleterre s’entend) sont com- parativement peu nombreuses. On cite un arbrisseau japonais, le Desmodium pendu- liflorum , qui supporte, non sans souffrir toutefois, les hivers de la Hollande. Il ne manque pas d’une certaine grâce, surtout lorsqu’il est couvert des grappes pendantes de ses fleurs rouge-pourpre. Le Daphné Genkiva, aussi du Japon, se fait remarquer par une excessive floribondité, ses fleurs sont lilas bleuâtre. Enfin on peut encore mettre au nombre des nouveautés les Phi- ladelphus Keteleerü et tomentosus Serin- gats à très-grandes fleurs, déjà assez con- nus sur le continent; le Prunus lusitanica azorica , variété, dit-on, beaucoup plus belle de feuillage que l’ancien type; Y Alnus gtutinosa aurea , remarquable par ses pa- nacbures jaunes, et le Wellingtonia gigan- tea aurovariegata , qui se distingue par un caractère analogue. N’insistons point sur ces deux derniers, qui ne sont, après tout et malgré le goût du jour, que des indivi- dualités maladives et dégradées de leur race. Peut-être conviendrait-il d’ajouter encore à cette liste de nouveautés le Bam- busa Simonii, de la Chine, dont les chau- mes s’élèvent à 2 ou 3 mètres en une seule saison; mais, comme il existe déjà dans quelques-uns de nos jardins, plus d’un lec- teur pourrait nous reprocher de faire du neuf avec du vieux. Naudin. MULTIPLICATION DES BAMBOUS. ÉPOQUE DE FLORAISON DES RHODODENDRONS. 187 MULTIPLICATION DES BAMBOUS Le mieux, lorsqu’on peut le faire, c’est fie prendrepouropérerla multiplication des Bambous, des tiges souterraines, ou stolons, que ces plantes, en général, émettent assez facilement lorsqu’elles sont en pleine terre. Quant au moment d’opérer , le meilleur est en avril et même en mai. Si l’on a pu se procurer des tiges souterraines, on les coupe par fragments munis d’un ou deux yeux; on les plante en terre de bruyère dans des godets de 7 à 8 centimètres de diamètre, de manière que l’on ne voie rien sortir au dehors. On a dû préparer dans un coffre une couche d’environ 50 centimètres d’épais- seur recouverte de vieille terre de bruyère ou de terreau dans lequel on enterre les pots. Le coffre est recouvert au moyen de châssis afin d’intercepter l’air du dé- hors. Un mois ou six semaines après on voit les bourgeons sortir de terre. On donne alors un peu d’air, puis davan- tage, à mesure qu’ils s’allongent. *11 faut avoir bien soin de tenir la terre des pots constamment humide. Si l’on avait affaire à une espèce non coureuse, comme le Bambusa aurea , par exemple, on devrait arracher les touffes et les diviser par fragments qu’on traiterait comme il vient d’être dit. Mais comme les plantes qui ne traînent pas, en général, s’enfoncent davantage, il arrive fréquem- ment que ces parties perpendiculaires sont munies d’yeux latents, comme le sont les Rhizomes; on peut alors les couper et les traiter comme ceux-ci. Thibaut. ÉPOQUE DE FLORAISON DES RHODODENDRONS CULTIVÉS EN PLEIN AIR A ANGERS. Parmi les massifs d’arbustes qui décorent nos parterres au printemps, les Rhodo- dendrons jouent incontestablement le pre- mier rôle par la grandeur, et surtout par la beauté de leurs fleurs, dont les couleurs sont aussi vives que variées, ce qui explique pourquoi les horticulteurs se sont efforcés d’en obtenir le plus grand nombre pos- sible de variétés. Leurs efforts, disons-le, ont été couron- nés de succès, car, au lieu des vingt et quelques espèces et variétés que l’on pos- sédait il y a cinquante ans, nous en comptons au jourd’hui cinq cents, au moins, qui méritent parfaitement la culture. Mais ce nombre même rend le choix difficile , lorsqu’on veut acquérir ces beaux arbrisseaux, surtout quand on con- naît imparfaitement l’époque de leur flo- raison; c’est cette époque qu’il est impor- tant de connaître, ainsi que la nuance de leurs fleurs, aussi croyons-nous utile d’aider les amateurs, en présentant une courte des- cription des variétés déjà fleuries en pleine terre dans nos pépinières d’Angers, depuis janvier jusqu’à la fin d’avril. Il y a un mois environ, nous insérions dans cette Revue un article où le Rhodo- dendron Dahuricum et le I\ h. Rovellii, fleurissant en janvier et février, étaient signalés comme les plus précoces de nos collections ; nous parlerons donc, aujour- d’hui, de ceux dont on voit les fleurs s’é- panouir en février et mars. Ce sont les suivants : H. Dahuricum (en janvier) ) déjà cités dans la Revue R. Rovellii (en février) \ horticole. Rhod. Jaksonii. (Les Rhod. Jaksonii sont nains et très-propres à garnir le pourtour des massifs.) Âmœnum, rose vif, maculé de brun noirâtre. Gloria mundi, rose tendre, semé de quelque^ points d’un rouge brun noirâtre. Mirabile, rose tendre, tirant un. peu sur l’ama- rante, ponctué de brun ardoisé, et passant au blanc carné vers la fin de sa floraison. Rhod. Arboreum. Bedfordianum , rouge écarlate, non ponctué dans l’intérieur. Niveum album , blanc pur. Nobile , d’un rose tirant légèrement sur l’amarante, " à peine ponctué. Floraison du 10 au 31 mars. Rhod. Jaksonii. Jaksonii, rose assez tendre à l’extérieur, plus clair à l’intérieur, et parsemé de points brun ardoisé. Coronatum, rose foncé, ponctué de brun rouge ar- doisé. Elatum,rose tendre, quelque peu maculé de rouge- brun foncé. Rhod. Arboreum. Amellum , blanc, quelque peu rosé, légèrement ponctué de brun. Albertus , blanc carné, quelquefois violacé, faible- ment rose et abondamment ponctué de brun noi- râtre. Barrey’s , rouge vif à très-grandes fleurs presque sans points dans l’intérieur. Cuninghami coccinea, rouge éclatant, tirant un peu sur l’amarante et semé de points bruns. Smithii argenteum, carmin clair, semé de points brun noirâtre. Rhod. Arbor. hybridum. Atrorubra superba, amarante rosé, abondamment maculé et ponctué de brun noirâtre. Duchesse de Wurtenberg , rouge amarante à ma- cules brunes. Lady Warender, amarante très-tendre, presque sans points dans l’intérieur. 188 CASSIA FLORIBUNDA. Pulchrum, rouge, semé de points ardoisés. Smithii , rouge éclatant, tirant quelque peu sur l’amarante , presque sans points dans l’inté- rieur. Rhod. Hybrides incertains. Alstrœmeriæflorum, carmin assez tendre, tirant sur l’amarante, entièrement strié de brun foncé sur tous les lobes (fleurs de la plus grande beauté, mais très-délicates . Du 1er au 30 avril, un assez grand nom- bre de Rhododendrons entrent en fleur. Voici leurs noms et l’indication exacte des couleurs dont leurs fleurs sont nuan- cées : Rhod. Jaksonii. Jt/me Wagner , rose très-tendre dans l’intérieur, plus foncé à l’extérieur, et surtout aux abords, qui sont élégamment ondulés; il ne porte aucune trace de ponctuation. Rhod. Arboreum. Altaclarense , rouge éblouissant semé de points rouge ardoisé. Dark, rouge vif très-foncé, presque sans points dans l’intérieur. Smithii coccineum rouge brillant, ponctué de brun ardoisé. Vétillard, rose très-tendre, très-souvent chargé de nuances violacées, portant seulement quelques points brun foncé. Rhod. Arbor. hybridum. Mme Bertin, beau carmin, tirant quelque peu sur l’amarante, plus clair dans l’intérieur, qui est parsemé de larges points ardoisés. Album , très-large .(blanc carné très-tendre, marqué de larges points ardoisés. Biburgense, rose carminé dans l'intérieur, plus foncé à l’extérieur, largement ponctué de brun- rouge noirâtre. Comte de Bambuteau , rouge assez foncé, parsemé de points d’un brun-rouge légèrement noirâtre. Excelsum, beau rose clair, légèrement ponctué de brun foncé. Eximium ,■ carmin assez clair, légèrement ponctué de brun noirâtre. Phœniceum , bel amarante, parsemé de points bru- nâtres. Pictum Album, violet très-pâle à l’extérieur et aux bords, presque blanc à l’intérieur, abondamment ponctué de brun ardoisé. Vibertii, très-grande fleur rouge vif éclatant, large- ment maculée de brun ardoisé. Rhod. hybrides incertains. Gloria Gandavensis , blanc presque pur,, ponctué de brun-violet. Illurninator., rose saumoné, maculé de brun. Rhod. Catawbiense*. Alexandrin , rose nuancé de violet, très-abondam- ment ponctué et maculé de brun rouge foncé. Maculatum. purpureum, violet foncé, largement ponctué et maculé de brun foncé. Prince Albert, violet-pourpre très-foncé, presque noirâtre aux bords, et maculé de brun ardoisé. Il nous reste, pour compléter ce travail, à indiquer la floraison successive des au- tres variétés, ce qui nécessitera deux ar- ticles : l’un vers le 43 mai pour celles qui seront en fleur à cette époque; l’autre, plus tard, pour les variétés qui fleurissent fin de mai el commencement de juin. André Leroy. CASSIA FLORIBUNDA Si l’on jette un coup d’œil autour de soi on est tout surpris de voir que les végétaux ou les animaux les plus utiles sont pres- que toujours ceux que nous connaissons le moins; souvent même nous ignorons com- plètement leur origine. Pour ne parler que des végétaux, presque toutes nos plantes potagères, nos Céréales pourraient, au be- soin, justifier notre dire. Le Cassia flori- bunda, hort., qui fait l’objet de cette note, se trouve dans le même cas; ce n’est qu’a- près l’avoir employé pendant plusieurs an- nées à décorer les jardins, ce à quoi il est très-propre, qu’on a paru s’enquérir de son nom et de son origine. Quant au nom, les horticulteurs, ne sachant si la plante a été décrite, lui ont donné le nom de floribunda. Pour ce qui est de l’origine, on n’en sait pas davantage; en l’absence de toute cer- titude, on a admis que cette plante est d’origine américaine. C’est aussi notre avis; mais ce renseignement, il fout le re- connaître, est bien vague; qui dit Amé- rique dit presque la moitié du globe. Faute de mieux, il faut s’en contenter. Quoi qu’il en soit, voici l’indication des ca- ractères que présente cette plante émi- nemment ornementale : Grand arbrisseau, mais arbuste sous le climat de Paris. Rameaux cylindri- ques, à écorce vert luisant, lisse. Feuilles composées, à folioles généralement au noml3re de 4 0, ovales, vert luisant, lisses et comme vernies en dessus, glaucescentes en dessous, courtement et régulièrement atténuées au sommet, brusquement rétré- cies et arrondies à la base, portées sur un pétiole excessivement court. Fleurs d’un très-beau jaune, nombreuses, sur des ra- milles axillaires d’environ 8m 15 de longueur. Calyce à. 5 sépales inégaux, vert pâle, passant au jaune verdâtre. Co- rolle à 5 pétales, le supérieur (éten- dard) très -grand, largement échancré au sommet, de là bilobé; pétales latéraux (ailes) largement obovales, entiers; pétales inférieurs (carène) beaucoup plus étroits, concaves. Etamines inégales , dont 2 sur des filets qui dépassent souvent le style et arqués ainsi que les anthères rjui les terminent, les autres sessiles ou sub- sessiles, parfois presque rudimentaires, droites. Le Cassia floribunda est une des plus belles plantes d’ornement que, sous notre climat, on doit cultiver à peu près comme les Erythrines, c’est-à-dire que chaque année, à l’automne, on doit le relever de MALES SIBIRICA C0CC1NEA. — CROTON VEITCHIANUM. 189 pleine terre pour le faire passer l’hiver dans une serre, où sa végétation s’arrête à peu près complètement. Au mois4de mai, ou un peu plus tôt ou plus tard, suivant que le temps est plus ou moins favorable, on le met de nouveau en pleine terre, où il dé- veloppe des bourgeons qui ne tardent pas à fleurir, et dont la floraison ne s’arrête que lorsque les gelées arrivent. Bien que cette espèce soit vigoureuse et robuste , il va de soi que la végétation et, par conséquent, la floraison seront d’au- MALUS SIBIB A des fleurs très-jolies et très- nombreu- ses qui, au premier printemps, font du Malus Sibirica coccinea l’un des plus beaux arbrisseaux d’ornement, succèdent des fruits d’un rouge cocciné foncé et luisant, qui pendant plus de deux mois font de cette variété le plus bel ornement de fin d’été qu’on puisse imaginer. Yoici les caractères qu’elle présente : grand arbrisseau ou petit arbre, vigoureux très-ramifié. Branches longues, rameaux effilés, à écorce vert jaunâtre, luisante, rougissant à l’automne. Feuilles elliptiques, brusquement atténuées aux deux bouts, très-courtement dentées, longuement pé- tiolées. Fleurs très - nombreuses, ‘blan- ches, légèrement carnées, roses à l’exté- rieur. Fruits subglobuleux, aplatis aux bouts, présentant au sommet une dépres- sion au milieu de laquelle se trouve l’en- tant plus belles qu’on aura placé les plan- tes dans de meilleures conditions. Un sol léger, additionné de terre de bruyère et de terreau de feuilles, convient parfai- tement. On la multiplio de boutures que l’on fait pendant tout l’hiver, en prenant des bourgeons qu’on a soin de faire déve- lopper dans une serre chaude, et l’on plante ces boutures en terre de bruyère, dans des petits pots qu’on place sous cloche dans la serre à multiplication; elles s’enracinent assez promptement. E. A. Carrière. CA COCCINEA foncement calycinal, qui est bientôt dé- nudé par suite de la caducité des sépales. Peau luisante, lisse et unie, d’un rouge cocciné ou vermillon, parfois comme légè- rement glaucescent-pruineux. Pédoncule de 3 centimètres de longueur, inséré dans une cavité régulièrement arrondie, assez profonde. La culture du M. Sibirica coccinea est à peu près nulle. En effet il suffit de le planter et d’attendre qu’il prodigue ses fleurs, puis ses fruits. Quant à la multipli- cation, tout le monde la connaît : elle.se fait par greffe en écusson sur Pommier Paradis ou Doucin, absolument comme s’il s’agissait de Pommiers à couteaux. Le Muséum peut en donner des greffons à tous ceux qui lui en feront la demande. E. A. Carrière. CROTON VEITCHIANUM Parmi les nouveautés inédites que nous avons les plus remarquées chez MM. Veitch, de Londres, à notre dernier voyage en An- gleterre, se placent au premier rang plu- sieurs Crotons rapportés de la Polynésie, par le fils aîné de la maison, Ml John Gould Veitch, déjà célèbre comme voya- geur horticole. Ces espèces ou variétés nouvelles, ori- ginaires des îles Salomon, des Nouvelles Hébrides et des Fidji, sont pour la plupart des plus distinctes de celles que nous possédions jusqu’ici dans les cultures de serre chaude. Il y en a une quinzaine, et, dans ce nombre, six ou huit sont dignes de l’attention desamateursde ce beau genre. Le public horticole a pu les apprécier, d’ailleurs, cette année, dans les concours du Champ de Mars, où elles ont déjà pris, pour la plupart, place avec grande distinc- tion. L’espèce dont nous donnons ci-joint une gravure, et dont l’aspect brillant ne sau- rait être rendu que par une figure coloriée, est sans contredit la plus belle et la plus vi- goureuses de toutes. Le dessin ci-joint a été pris sur le vif, d’après l’échantillon.unique bouturé dans le pays même, par M. J. G. Veitch, et rapporté par lui en Angleterre, il y a deux ans à peine. • Pour ces raisons, nous donnons à cette belle plante le nom de son introducteur, et l’appelons Codiæum (Croton) Veitchianum. Le spécimen dessiné ci-contre (fig. 20), haut de 70 centimètres, et large de 40 au mois de janvier dernier, présente un tronc dressé, gris cendré, marqué de protubé- rances aux points voisins de l’insertion des feuilles tombées. Ces feuilles, qui font tout l’ornement de la plante, sont alternes, longues de 25 centimètres, larges de 6, ovales-oblongues acuminées entières, un peu ondulées. Des pétioles d’un rouge sang, cylindriques, aplatis en dessus, gé- niculés, les supportent; elles forment, avec la tige et les rameaux, presque un angle 190 PERSISTANCE DES VARIÉTÉS DE FRUITS. droit. La contexture du limbe est épaisse, solide; dans le jeune âge, le fond vert est parcouru par une large bande d’abord jaune, puis passant au rose et au pourpre carmin vif, et dont l’intensité augmente à mesure que la surface générale devient d’un vert plus foncé et que l’âge adulte arrive. Le dessous du limbe est pourpre foncé avec nervures d’un rouge vif et un réseau de veines anastomosées vert-clair. Mais ce qu’on ne saurait décrire, c’est le mélange charmant de toutes ces nuan- ces sur le dessus du limbe, leur variété, leur bizarrerie, leur fusion harmonieuse ou heurtée, formant de chaque feuille une palette différente. La plante porte la lettre B et le n° 142 dans la collection de M. Veitch. C’est là une belle introduction qui res- tera et dépassera nos autres Codiæum par la vigueur et l’éclat. Elle sera mise pro- chainement au commerce. Croton Veitchianum, D’autres espèces, que nous avons dé- crites et nommées sous les titres : C. un- dulatum, aucubæ folium , Hookerianum , cor nutum, inter ruptum, sont intéressantes aussi, sous d’autres aspects; mais le temps nous manque pour les étudier aujourd’hui, et nous y reviendrons, si, comme nous le pensons, la faveur du public les accueille comme elles doivent l’être à Paris. Ed. André. PERSISTANCE DES VARIÉTÉS DE FRUITS Examen des diverses causes qui ont fait disparaître de nos cultures la plupart des fruits cultivés par nos ancêtres. Parmi les 163 Poires signalées dans l’ou- vrage de la Quintinye, à peine 26 sont ar- rivées jusqu’à nous; que sont devenues les 137 autres qui ne se trouvent plus qu’exceptionnellement dans quelques pro- vinces où elles se sont perpétuées, soit comme originelles ou à cause de leur rus- ticité, qui permet de les obtenir sanspeine? C’est une thèse assurément intéressante à examiner. t Jievue HorliccU ^ïema Pinxr lmp ïanoie r. des Boulangers ,13, Pans I oui «lier bac ci 1ère a fruits c o ce i ne s PERSISTANCE DES VARIÉTÉS DE FRUITS. 191 Du vivant de la Quintinye et de son con- tinuateur, Arnaud d’Audilly, près de la moitié de ces fruits, c’est-à-dire 70, étaient déclarés mauvais et peu dignes d’être cul- tivés, ce qui n’a pas peu contribué à les faire rejeter des cultures soignées. En effet, 4 d’entre ces dernières variétés seulement ont survécu et sont arrivées jusqu’à nous. Ce sont : la Poire Gilo-Gile et la Poire delivre. La Caloet (dite vulgairement Poire de Ca- lois) et. le Calillac, recommandables, l’une comme Poire à compote, l’autre comme une des bonnes Poires à raisiné. Si l’on considère celles qui, parmi les bonnes Poires de la Quintinye, sont arri- vées jusqu’à nous, on verra que presque toutes doivent à leur qualité ou à leur fer- tilité, le privilège d’avoir traversé presque trois siècles sans trop d’infériorité avec les ' nouvelles Poires dont les semis des cent dernières années nous ont gratifiés. Il n’est pas moins remarquable de voir, parmi les fruits dits médiocres dans le livre de la Quintinye, les 6 variétés qui ont sur- vécu et qui, sans être de premier mérite ne sont pourtant pas à dédaigner, ne fus- sent que le Beurré d’ Angleterre, XeDoyenné Saint-Michel y 1 eBon chrétien d'été y 1 eBesi d’heri et celui du Caissoy. On est d’ailleurs pleinement confirmé dans l’opinion que la qualité a principa7 lement contribué à maintenir dans la culture les Poires les plus méritantes; nous n’avons qu’à citer à l’appui les prin- cipales d’entre elles : la Crassanne , la Ber- gamote, le Bon chrétien d’hiver, le Beurré , le Saint-Germain , qui venait seulement d’être introduit dans les grands jardins, VÉ- pargne , le Martin sec , le MessireJean, etc. Les méthoues nouvelles de culture, très- dispendieuses et moins productives, l’in- troduction des espaliers, des contre-espa- liers et surtout la taille plus méthodique des arbres à fruits, ont dû beaucoup con- courir à faire rejeter, négliger ou .aban- donner entièrement la culture des fruits médiocres qui sont devenus des fruits lo- caux et de peu de vente. Nous n’avons donc guère à regretter les lruits qui sont ainsi disparus des cultures, surtout si l’on considère les fruits d’élite, que nous ont procuré les semis, soit accidentels ou mé- thodiques des cent dernières années, qui ont maintenu au grand complet, malgré les réformes, les cadres de plusieurs cen- taines de fruits qui laissent peu de chose à désirer. En présence de ces faits irrécusables qui démontrent que le défaut de qualité a principalement contribué à faire dispa- raître de nos cultures près des 7/10es des fruits consignés dans le traité de la Quin- tinye, doit-on admettre que les arbres à fruits n’ayant, comme tous les êtres vi- vants, qu’une certaine durée d’existence, doivent tous disparaître, bons ou mauvais, parce qu’étant tous multipliés de bouture ou par greffe, ils ne peuvent pas survivre à leur point d’origine? Nous ne le pensons pas, quoiqu’on ait prédit la disparition du Saint-Germain , du Doyenné d’hiver , du Bon chrétien d'hiver , du Beurré gris, etc., en raison de leur constitution délicate et de la difficulté inconstestable d’avoir par- tout et dans toutes conditions des beaux arbres de ces fruits d’élite. A notre avis, qui est aussi partagé par M. Hardy, du potager de Versailles, par M. Briot, des pépinières de Trianon, par M. Rivière, du jardin du Luxembourg, la greffe, sur un sujet convenable et dans un terrain approprié, maintiendra longtemps encore ces bons fruits dans nos cultures. Il n’v a pas encore danger de les voir dis- paraître par droit d’âge, dont l’expérience n’a pas encore assigné les limites approxi- matives. Les procédés de culture, la taille sou- vent exagérée, la fumure trop abondante employés de nos jours pour obtenir de gros fruits, peuvent bien porter atteinte à la vitalité de certains arbres; mais il ne faut pas, en présence des faits contradic- toires, en conclure que les semis seuls peuvent nous fournir des fruits vigoureux et de bonne qualité, quand dès le début plusieurs d'entre eux manquent de ces qualités et ne paraissent pas devoir les ac- quérir ultérieurement. Vu la rareté assez notable des bons fruits obtenus par ces procédés, nous conseillons de conserver autant que possible ceux que nous ont transmis nos ancêtres, et, pour obtenir ce résultat, nous conseillons de greffer plus souvent les espèces déli- cates sur des troncs vigoureux, et de prendre principalement les boutures sur des arbres en plein vent ou au moins en contre-espaliers, de tailler le moins pos- sible, de fortement constituer les arbres en bois avant de leur demander des fruits qui les énervent. A nos yeux, les procédés modernes de culture fruitière sont essentiellement vi- cieux; on plante les arbres trop près les uns des autres, on ne leur donne pas assez de fond de terre, les obliques donnent, il est vrai, plutôt des fruits, peut-être même des plus beaux fruits, mais ils ne consti- tueront jamais de ces beaux et vigoureux spécimens qui, au bout de cinquante ans, sont encore dans toute leur vigueur, comme on en voit de beaux exemplaires dans le jardin fruitier de la manufacture de Sèvres et ailleurs. Pour nous résumer, nous dirons que les meilleurs fruits ou les plus utiles seuls survivent parce que l’on procède dans 192 3I1SCELLANÊES. leur choix par sélection; c’est là ce qui explique pourquoi le 7/d 0es des fruits que cultivaient nos devanciers ont été rem- placés par des mieux appropriés à nos be- soins. Peut-être verra-t-on un jour ceux-ci supplantés par d’autres fruits. Au milieu de l’abondance des semis qui s’effectuent chaque jour, et des progrès qu'on se plaît à reconnaître dans le choix éclairé des su- jets, dans la fructification plus précoce des nouveaux arbres, on doit moins crain- dre de perdre les anciennes variétés: mais le plus sûr et le plus sage est de chercher à les conserver le plus longtemps que l’on pourra. J. Pige aux, D. M. P. Nous ne partagerons jamais, et toujours nous combattrons l’idée émise ici par notre collègue M. le docteur Pigeaux. D’après lui, les variétés fruitières restent perma- Extraits du G ardue r’ s cronicle. A la Société Linnéeune le docteur Hooker a présenté des échantillons du Myrmodia tu~ berosa(Nidus germinans formicarum, Rum- phius), originaire de Malacca, envoyé par M. C. Collingwood ; cette plante, quoique chétive, est en ce moment cultivée dans les serres de Kew. La tige de ce végétal remarquable est tuberculeuse et couverte d’épines. Ce qu’elle a surtout de très- curieux, ce sont les galeries creusées par les fourmis, qui la parcourent en tous sens et d’une manière continue. Ces gale- ries sont enduites d’une couche de ma- tière animale d’une si grande ténacité , que, lorsque le tubercule se pourrit, elles peuvent en être retirées intactes et res- semblent alors à des ramifications d’Al- gues. M. Standish communique quelques ren- seignements au sujet de deux formes de Skimmia\ ces deux plantes, qui ont été jusqu’à ce jour considérées comme es- pèces distinctes et répandues dans les jar- dins sous les noms de S. oblata et S. fra- grantissima , ont été reconnues par lui comme n’élant que les deux sexes d’une seule espèce. Le S. fragrantissima est le sexe mâle et le S. oblata le sexe femelle; cependant ce dernier est quelquefois her- maphrodite, comme cela s’est vu pour Y Aucuba Japonica ; mais il n’en serait pas de même pour le premier. — On devait présenter dans une pro- chaine assemblée de la Société Linnéenne, des fruits d’un Palmier hybride, cultivé à Hyères par M. Denis et communiqué à nentes, ne s’affaiblissent (ne dégénèrent), puis ne disparaissent pas ; ce serait la seule exception que présenterait la nature! Une grande et universelle loi veut que tout ce qui a commencé finisse dans un temps plus ou moins long, suivant les conditions dans lesquelles se trouvent les choses. Dire qu’à l’aide de procédés de culture plus parfaits que ceux employés jusqu’ici, on pourrait, dans certains cas, prolonger la durée des variétés, soit; cela, loin de nous étonner, nous paraît juste. Mais sou- tenir que , par certains moyens, on peut conserver indéfiniment telle ou telle va- riété, est contraire à tout ce que la nature nous montre, par conséquent est en dehors du possible. Autant vaudrait sou- tenir que, par des soins et des traitements spéciaux, on pourrait conserver indéfini- ment la vie des êtres auxquels on en ferait l’application. Rédaction. M. Hooker par M. Naudin. La plante mère a été obtenue en fertilisant le Cha- mærops humilis, var. arborescens, avec le pollen d’un Dattier ( Phœnix dactylifera) ; ses feuilles ressemblent à celles du parent mâle , et ses fruits à de petites dattes ovales de couleur orange. Les graines ce- pendant occupent presque toute la totalité du fruit, et elles sont arrondies, ovales et dépourvues de la rainure profonde qui sil- lonne dans toute sa longueur celle du Dattier; d’autre part, l’embryon, au lieu de se trouver au centre, se trouve à une des extrémités de l’albumen corné (1). — M. le docteur Regel, au sujet de la culture des Orchidées terrestres, dit que, quoiqu’on puisse obtenir quelque succès dans cette culture en employant le com- post ordinaire de mousse, sphagnum et terre de bruyère grossièrement divi- sée, le meilleur moyen pour l’obtention d’une belle végétation est d’employer la terre franche sableuse, garnie de détritus de gazon. Il ajoute que les différentes es- pèces de lîletia, Sobralia, Disa , Sténo - rynchus , Calanthe , etc., deviennent beau- coup plus vigoureuses et fleurissent mieux dans cette terre. — M. Dominy, qui depuis longtemps s’occupe du croisement des Orchidées, fait connaître une nouvelle obtention qu’il nomme Phajvs irroratus (hybr.). D'après la nomenclature de Wiegman, on doit ap- peler ce produit du Phajus vestitus , Hort. (] ) Ces croisements entre genres très-différents ne nous ont jamais réussi; ce fait est-il bien cer- tain? — L. N. EXPOSITION UNIVERSELLE D’HORTICULTURE EN 1867. 198 angl. ( Calanthevestita , Wall.) et du Phajus Tankervilliæ , R. Br., Phajus vestito-Tan- kervilliæ. Les fleurs, d'un blanc de crème, tiennent des deux parents ; les sépales et pétales ont une légère teinte rose sur leur limbe, et il y a une légère teinte jaune sur le disque de la lèvre ; ils sont oblongs, lancéolés, apiculés avec une nervure mé- diane très-saillante ; la lèvre est presque circulaire. — Au sujet de Y Adiantum. Farleyense , M. John Edwin Jefferies, de Sheffield, dit qu'il a vu un des premiers pieds introduits de cette magnifique plante, à Burtôn HUI house Malmesbury , ne mesurant pas moins de 4 pieds en diamètre ; la plupart des frondes ont aussi cette dimension en lon- gueur. Une particularité de cette espèce est qu'il est rare que ses spores la repro- duisent identiquement; M. Green en a élevé plusieurs centaines, de semis; mais toutes ses plantes diffèrent du pied mère, aucune ne présente les lobes profonds des bords des pinnules. Encore une plante qui, d’a- près les caractères conventionnels scien- tifiques, n’a de Y espèce que le nom. — En réponse à J. E. G., qui ignore l'introduction du pied femelle du Garrya elliptica, et qui dit qu'on ne peut en obtenir de graines, M. Léo H. Grindon, de Man- chester, répond dans un des numéros du Gardners cronicle, qu'il est dans l'erreur ; qu’il a vu dans un jardin de Somersets- hire, près de la mer, un très-bel exem- plaire couvert de paquets de fruits déjà desséchés, dont quelques-uns contenaient des graines en bon état. M. Eds, ajoute qu’il a existé un pied femelle dans le temps dans le jardin de Chiswick, mais qu’il n'existe plus. — Nous trouvons au sujet d'une jolie nouveauté, le Dalechampia Roezliana , var. rosea , Müll.. les détails suivants. Cette belle Euphorbiacée, récoltée parM. Roezl, dans la province de Vera Cruz (Mexique), devient dans son pays un sous-arbrisseau très-attrayant par ses larges bractées ova- les, denticulées qui entourent ses fleurs. Elles sont de couleur rose carminé, et rap- pellent celles des Bougainvillea. Cette nouveauté rendra de grands services pour la confection des bouquets et ornements de table. D’après M. Bull, elle fleurit très- facilement, même lorsque les pieds sont encore jeunes, dans une serre tempérée. — M. Wilson, jardinier de W.Marschall, de Enfield, a présenté à la Société d’horti- culture de Londres une belle série dé Cattleya , en fleur, qui a servi à corroborer le fait avancé par M. Bateman, à savoir, que les Cattleya pallida , Trianœi, quadri- color, WagnerieA Warscevjiczii, étaient une seule et même plante ; ces renseignements sont assez précieux pour les amateurs de ce beau genre. L. Neumann. EXPOSITION UNIVERSELLE D’HORTICULTURE DE 1867 (1) DEUXIÈME SÉRIE DE CONCOURS. Les nombreuses collections de Conifères présentées à l'examen du jury prouvaient d’une façon indiscutable de quelle im- portance sont ces végétaux. Afin de ne pas nous mettre en opposition avec lesnotes que chacun aurait pu prendre, nous prévenons nos lecteurs que tous les noms cités dans nos comptes rendus ont été pris sur les étiquettes des plantes exposées. C'est à M. Deseine, horticulteur à Bou- gival, qu’est revenu le premier prix de col- lection de Conifères. Au milieu de tous les sujets de cette exposition, nous signalons comme remarquables par leur dimension, un Wellingtonia gigantea ,Thuia gigantea, Picea Morinda , A bies peclinata pendula , Picea excelsa fastigiala , Taxus hybernica, Abies Cilicica, Abies Douglasii, Picea ex - celsaClambrasiliana. Nous aurons ensuite à soumettre quelques observations au lau- réat, savoir : un certain nombre de sujets étaient en double exemplaire et désignés, soit sous le même nom, soit par un nom (1) Voir Rev. hort., 1867, p. 173. synonyme ; en outre nous trouvons, comme fausses dénominations, un Pinus amabilis , qui est un Pinus Halepensis , un Pinus Strobus Massoniana , qui est un Pinus Jef- frey ana, un Pinus muricata , qui est un Pinus Laricio,e nfm, sous le nom de Pinus Pinaster et Pinus maritima, la même es- pèce. Le deuxieme prix a été décerné à M. Honoré Defresne, horticulteur à Vitry (Seine), pour une collection dans laquelle se trouvaient des exemplaires très-forts de Larix pendula et Larix Griffîthii. Comme sujets remarquables par leur force et leur nouveauté, nous citerons : Abies Douglasii pendula, plante très-intéressante à étudier; Pinus sylvestris monophylla. Les végétaux de M. Defresne ne portant pas d'étiquettes, nous n’avons pas à signaler d’erreurs de- dénominations. Le troisième prix a été donné à M. Ou- din aîné , horticulteur à Lisieux. Dans cette collection très-remarquable par le nombre d’espèces ou variétés (elle était composée de 500 sujets différents, nous dit-on), nous citerons comme exemplaires 194 EXPOSITION UNIVERSELLE d’hORTICULTURE EN 1867. de grande dimension : Abies Pitcha , très- beau, Abies Pinsapo, Abies Morinda , Cupressus Lambertianae t Cupressus macro- earpa, etc. Tous les nombreux sujets étant étiquetés, nous avons pu relever quelques fausses dénominations , savoir : Pinus rudis pour Pinus Salzmanni , Pinus flexilis pour Pinus radiata, P mus Koraien- sis pour Pinus tenuifolia , Pinus pungens pour Pinus muricata , Pinus Montezumæ pour Pinus ponderosa, Pinus Pseudo stro - bus pour Pinus Benthamiana , Pinus den - siflora pour Pinus P inaster , enfin, sous le nom de Pinus leocote et de Pinus Comcn- fortii , deux Pinus Laricio. Ces erreurs proviennent , dit-on , des expéditions de graines , nous voulons le croire; mais elles n'en existent pas moins et demandent à être constatées et rectifiées. Nous sommes d'autant plus à Taise pour en parler ici, que M. Oudin, aîné, habile et estimable horticulteur, est connu et apprécié comme il le mérite, et que tout le monde sait qu’il ne livre les produits des nombreux semis faits dans ses pépinières qu’après les avoir sévère- ment étudiés. Le jury a beaucoup regretté que la col- lection de M. Paillet n’ait pas été plus nombreuse en espèces ou variétés. Les su- jets étant très-bien choisis , il eût été possible de lui accorder une récompense plus élevée que la première mention hono- rable. Quoique plus nombreuse, la collection deM. Croux n’a obtenu qu’une mention ho- norable. Parmi les sujets exposés par cet horticulteur, on remarquait un bel exem- plaire de Cedrus Deodora, de Thuia gigan- tea , de Larix Griffithii , de Pinus Gerar- diana. Quelques sujets seulement de ce lot étant étiquetés, nous ne pouvons si- gnaler , comme nous Pavons fait pour d’autres, s’d existait des erreurs de noms: toutefois nous constatons que c'est la seule collection où nous ayons trouvé le Pinus densiflora bien dénommé; ordinairement, en effet, on donne le nom de ce dernier au Pinus Massoniana,e t réciproquement. Une mention honorable a été accordée à M. Moreau, dont la collection se com- posait de sujets de force moyenne, parmi lesquels nous citerons comme erreur de dé- nomination. un Pmiis Laricio contorta qui portait le nom de Pinus abschasica ; un Pinus Laricio désigné sous le nom de Pinus Coulteri, un Juniperus Japomca sous celui de Junipcrus Sabiniana. Il exis- tait dans ce lot un beau sujet de Pinus Sabiniana et un d 'Abies Pinsapo. Parmi les autres concurrents pour le concours de Conifères en collection, nous trouvons : 1° M. Cornil , horticulteur à Bougival, dont l’envoi était tellement res- treint qu’il ne pouvait être considéré que comme lot spécial ; 2° M. Gonthier , horti- culteur à Fontenay, avait présenté à Pexa- men du jury des végétaux non étiquetés parmi lesquels on remarquait : un Juni- perus drupacea , très-bel exemplaire, un Juniperus excelsa et un Pinus fastigiata, tous deux également remarquables par la force du sujet. Le concours de collections comprenait plus de 1,600 sujets, dont un très-grand nombre étaient très-remarquables par leur développement, leur culture ou la nou- veauté des espèces ou variétés. Si maintenant nous passons au concours pour le lot de 50 sujets variés de Conifères de pleine terre, nous nous trouvons en présence d’horticulteurs déjà signalés par nous comme des hommes exceptionnels. Dans notre précédent article, nous avoys fait ressortir, à l’occasion des concours de la première série, la qualité remarquable de MM. Veitch et fils de Londres. Aujour- d’hui, fort de l’opinion du jury qui a dé- cerné h ces messieurs le premier prix de ce concours avec le maximum de points, nous ne pouvons que confirmer ce que nous disions; nous ajouterons que nos hor- ticulteurs ne peuvent que gagner en exa- minant la culture appliquée aux divers produits exposés; ils apprendront en effet, non pas à multiplier, soigner et faire vivre les végétaux, mais bien à diriger la nature afin d’en obtenir des formes plus compac- tes, parfois plus gracieuses. Pour être juste, il faudrait citer les noms des 50 Conifères comprises dans leur lot, car toutes étaient remarquables. Cependant nous avons dû choisir; voici celles qui nous ont paru les plus remarquables (par relation bien entendu) : Picea bracteata, Abies bifîda, Biota elegantissima, Retinos- pora pi si fera, Retinospora plumosa , Scia- dopitys verticillata , Arthrotaxis selagi- noides , Araucaria imbricata, etc. Le deuxième prix a été obtenu par M. Morlet, horticulteur à Fontainebleau. Après avoir cité comme remarquable parmi de très-beaux produits un Abies la- siocarpa, Abies Cilicia, Abies Brunoniana , Picea Orientalis , Abies elegans variegata, Pinus excelsa , Retinospora obtusa , Reti- nospora lycopodioides , nous relevons une mauvaise dénomination : un Torreya gran- dis qui est un Torreya myristica. MM. Jamin et Durand, horticulteurs à Bourg-la-Reine, ont reçu du jury lé troi- sième prix pour un beau lot composé de sujets de choix parmi lesquels nous cite- rons un Abies grandis ( Gord.;, un Crypto- meria elegans, un Thuia gigantea, un Pinus Salzmannii . M. Remont , horticulteur à Versailles, avait également exposé 50 Conifères EXPOSITION UNIVERSELLE D’HORTICULTURE EN 1867. qui ont été récompensées d'une mention honorable . On remarquait dans ce lot , comme beaux exemplaires, un Abies Pin- sapo, un Larix pendula , un Pinus Sa- biniana, un Abies Douglasii. Nous ne terminerons pas ce concours, qui était un des plus beaux qui ont paru jus- qu’ici, sans mentionner le lot exposé par M. Bobine , horticulteur à Sceaux. Très-bien choisis et surtout parfaitement nommés, les sujets exposés par M. Robine, quoique malheureusement faibles, ont cependant une très-grande valeur comme culture. On y voit même figurer des sujets rares et qui méritent d’être signalés , savoir : un Pinus Peuce, un Pinus Jlexilis , un Pinus aristata , un Abies Engelmannii , un Abies Alcockiana , un Torreya grandis , plante nouvelle et rare. Le concours de 12 espèces variées, etc., a donné les résultats suivants : pas de premier prix, deuxième prix, M. Charozé, horticulteur à Angers , troisième prix à M. Alfroy neveu, horticulteur à Lieusaint; mention honorable à M. Cochois, horticul- teur aux Andelys. Le lot de M. Charozé contenait de forts sujets, parmi lesquels on peut citer : un Pinus cembra remarquable par sa vigueur, Abies pindrow , Cupressus torulosa , Abies Douglasii , Thuia gigantea, Wellingtonia gigantea et Biota aurea variegata. Dans celui de M. Alfroy neveu, on trouvait un bel exemplaire de Cupressus Lambertiana ; enfin, dans l'exposition de M. Cochois, on remarquait surtout un Cephalotaxus For - tunei , un Chamæcy paris Andelysensis et un Thuiopsis Standishii. Le jury a décerné pour le concours de 6 sujets extraforts pour l'ornementation des jardins, le premier prix à M. Cochet, horticulteur à Suisne; le deuxième prix à M. Bémont de Versailles , une mention honorable à M. Afroy-Duguet , horticul- teur à Lieusaint. Tous les sujets exposés dans ce concours mériteraient d’être cités par leurs dimensions ou leur belle végéta- tion. Le concours d'un sujet remarquable par son développement était fort intéressant. M. Cochet présentait un Thuia gigantea qui, par sa forme et ses dimensions, pla- çait cette espèce au premier rang de nos Conifères employées à la décoration des jardins, le jury lui a décerné le premier prix , Y Abies Nordmanniana de M. Kre- lage a reçu le deuxième prix. Ce dernier est probablement le plus fort exemplaire de cette espèce qu’il y ait enjEurope ; il a environ 7 mètres de hauteur. Le troi- sième prix est revenu à M. .Oudin aîné, pour son grand Abies Pinsapo; enfin une mention honorable a été décernée; à M. Al- froy neveu , pour son Pinus Sabiniana. 193* En parcourant le jardin, nous trouvons un lot de 35 Pinus variés, exposés par M. Paillet. Cet horticulteur avait en outre un lot de 25 Abies variés, auquel le jury a accordé un troisième prix. Nous constatons avec regret que là, comme lorsqu'il s'est agi de vérifier les noms des Conifères ex- posées dans les autres concours, nous n’a- vons pas trouvé d'étiquettes. Les sujets étaient de force moyenne, sans intérêt très-grand, parce que les espèces ou va- riétés différaient peu de celles exposées dans la collection. Dans le concours des Conifères de ré- cente introduction , le jury a décerné le premier prix à M. A. Sénéclauze , horti- culteur à Bourg- Argentai , le deuxième prix à MM. Veitch et fils , le troisième prix à MM. Thibaut et Keteleer, horticulteurs à Paris, enfin la première mention hono- rable à M. Paillet, la deuxième mention honorable à M. Oudin aîné. Dans le concours des Conifères nou- velles de pleine terre (non livrées au com- merce), MM. Veitch et fils ont reçu le pre- mier prix , M. Oudin aîné, le deuxième prix, M. A. Sénéclauze, une mention ho- norable. Examinons maintenant la valeur des produits exposés dans ces deux concours : le choix se partage entre MM. A. Séné- clauze et Veitch et fils. Le premier doit sa réputation au soin tout particulier qu’il apporte, non - seulement dans les semis (qu’il fait lui-même), mais bien dans la culture des produits de ses pépinières. Loin de faire comme beaucoup de ses confrères, de ne chercher qu’à se main- tenir dans le rang qu'il occupe, M. Séné- clauze veut par tous les moyens possibles augmenter ses richesses et ses connais- sances; chez lui les végétaux sont des mem- bres de la famille qui reçoivent tous leur part de soins et, l’on peut dire, d’amitié; ce long et beau dévouement à la science horticole méritait et une mention de notre part et une récompense ; nous sommes heureux de lui donner l'une et d’enregis- trer son succès pour l'autre. Parmi les végétaux qu'il avait exposés on remarquait surtout : Larix Kæmpferii (probable- ment le plus fort qu’on possède en Eu- rope ) , Juniperus drupacea , Juniperus Fortùnei, Abies grandis (Gordon), bien différente de Y Abies grandis (Douglas) que nos horticulteurs cultivent sous le nom d ’ Abies lasiocarpa, Sciadopitys verticil - lata , Pinus Sinensis fastigiata , Abies glaucescens , Torreya grandis dé lm 10 de hauteur. Dans l’exposition de MM. Veitch et fils on doit citer : Betinospora filiformis, nou- veauté très-curieuse par la façon dont elle végète, Betinospora filicoides, plante des EXPOSITION UNIVERSELLE d’hûRTICULTLRE EN 1867. ^96 plus curieuses dont le faciès a beaucoup de rapports avec certaines Fougères, Fitz- Roya nova sp ? qui a quelque rapport avec les Arthrotaxis, Abiespolita, Thuia pyg- wæa , très-fort sujet , Retinospora obtusa nam. Nous constatons de nouveau la trans- position de nom faite entre le P inus Mas- soniana et le Pinus densiflora : ce fait paraît provenir d’une erreur commise par les expéditeurs lors de l’envoi des graines en Europe. M. Oudin aîné avait beaucoup de noms nouveaux dans les végétaux composant son exposition pour les deux concours dont nous parlons. Nous avons remarqué le Picea Tschonoskiana ; Picea Japonica ; Picea Numidica; Picea Maxim, oviczii , dont la hauteur était de 0nl 10 en moyenne. Nous félicitons cet habile horticulteur d’avoir présenté au jury un exemplaire extrêmement remarquable par son déve- loppement du Picea echinoformis (dont il est l’obtenteur), puis un Abies Ca- nadensis variegata , un Abies Orient alis pendula, très-beaux et très-remarquables sujets. Pour tous ceux de nos lecteurs qui ont visité l’exposition, parler des Conifères ex- posées par MM. Thibaut et Keteleer est su- perflu, mais, comme beaucoup n’ont pont- être pas eu l’occasion d’y venir, nous devons mentionner d’abord le bon choix et la bonne culture des sujets, la sévère et cor- recte exactitude des noms; ensuite, comme exemplaires intéressants : Retinospora lep- toclada, vrai, un Arthrotaxis Gunneana , enfin un bel exemplaire d’ Arthrotaxis selaginoides et un Arthrotaxis Doniana. M. Paillet avait dans son lot, avec un Prumnopitys elegans , genre nouveau, in- troduit du Chili, un Pinus Bujotii et un Wetlingtonia variegata , deux sujets re- marquables. Deux concurrents se sont présentés pour le concours éü Araucaria variés, M. Baudin , dePouilly (Oise), a obtenu le troisième prix pour ses beaux exemplaires; M. Knight , jardinier-chef au château de Pontchar- train, a reçu une mention honorable pour six exemplaires variés d 'Araucaria, parmi lesquels on remarquait V Araucaria excelsa et Araucaria nana ; ce dernier est surtout très-intéressant à étudier. M. Oudin aîné a obtenu un deuxième prix pour son ma- gnifique massif $ Araucaria imbricata . Notre mission ne. consiste pas seulement à annoncer les noms des lauréats, nous aimons aussi à mentionner les produits remarquables des vaincus, et nous nous faisons un devoir de constater que le plus souvent la défaite a été glorieuse. Nous pensons également à témoigner notre re- connaissance à MM. Rovelli frères , hor- ticulteurs à Palanza (Italie), pour le lot de Conifères nouvelles qu’ils avaient envoyé. Dans ce lot on admirait un spécimen rare de Dacrydium Lobbii , (probablement Po- docarpus cupressina j, à côté un Retinos- pora glauca et deux pieds de Cupressus funebris variegata. Enfin notons Y Arau- caria excelsa à pointes blanches que nous avons vu dans le lot de plantes variées exposées hors concours par M. Pelé fils , horticulteur à Paris. Evidemment, si notre cadre nous le per- mettait, nous aurions enoore un bien grand nombre de beaux ou rares produits coni- fères à enregistrer. Malheureusement, ne pouvant céder à la tentation, nous nous bornerons à ajouter que M. Louis Leroy , horticulteur à Angers, avait dans son ex- position deux sujets remarquables, Y Abies Morinda et un Cephalotaxus Forlunei fe- rai na. Les concours principaux de la deuxième série ont été, on le voit, si sérieux, la lutte a été si vive, et les produits si nombreux, que ce compte rendu est sans doute bien incomplet; mais nous avons préféré n’y rien changer parce qu’il traduit fidèlement nos impressions. La serre chaude avait perdu de son im- portance dans cette série; M. Chantin a reçu un premier prix , pour vingt plantes à feuillage ornemental. M. Lassus un troi- sième prix , pour douze plantes du même genre; enfin M. A. Verschaffelt, un pre- mier prix , pour six plantes remarquables par leur développement et leur bonne cul- ture. Ce lot était composé de : ZamiaLeh- mannii, Zamia villosa , Pandanus orna - tus , Dracæna Knerchii , Bonapartea lati - folia glauca , et Latania borbonica. Comme pour les Conifères, le nombre de Cactées exposées était fort grand. Dans le concours de collection, M. Gels, qui exposait 600 sujets variés, a eu le pre- mier prix , le deuxième prix a été ac- cordé à M. Pfersdorff , horticulteur à Paris , pour 346 sujets variés ; enfin le troisième prix a été décerné à un ama- teur, M. Ramus, pour sa collection de 125 sujets variés, tous parfaitement choisis et très-bien cultivés. M. Ramus a égale- ment obtenu un premier prix pour son exposition de 1 ^exemplaires remarquables, parmi lesquels on voyait trois sujets por- tant une greffe d ’ Echinocactus Pottsii , qui a environ 90 centimètres de' circonférence. C’est un tour de force d’amateur qui trou- vera des admirateurs. M. Pfersdorff a reçu un premier prix pour un lot de 12 espèces, puis un autre premier prix pour 88 sujets de Cactées greffés , enfin un troisième prix pour son lot de 23 espèces de Cactées fleuries. Pour terminer ce qui concerne cette fa- mille, le jury a décerné un premier prix à EXPOSITION UNIVERSELLE D’HORTICULTURE EN 1867. 197 M. Cels pour sa belle collection de Cereus. Si maintenant, pour clore notre examen des concours de plantes de serre chaude, nous passons à l’exposition des Selaginella et des Lycopodium, nous voyons que le jury a accordé à MM. Veitch et fils un deuxième prix pour leur lot de 5 nouveaux Lycopo- dium curieux par leur forme et leur as- pect. Nous noterons surtout le Lycopodium sp.? des îles Salomon, dont l’introduction remonte à l’année 1865. Cette plante, tout à la fois roide et svelte, élevée sur une sou- che, se compose de tiges droites et roides à la hase, se bifurquant par deux rameaux à la fois; les feuilles, alternes, se dres- sent contre la tige en formant d’abord six rangs, puis quatre, enfin dans les jeunes rameaux qui se courbent gracieu- sement, elles n’en ont plus que deux; c’est, par le mode de feuillaison, un Eu- tacta en petit. Celui qui porte le numéro 4 a l’aspect d’une Fougère en arbre en mi- niature (il ressemble un peu au S. Lyallii). M. A. W illin ch, horticulteur à Amster- dam, a obtenu un troisième prix pour ses Lycopodium tetrasticum reçus de Java en 1865, plantes très-curieuses par la disposi- tion de leurs feuilles fortement appliquées les unes sur les autres et disposées, ainsi que l’indique son nom, sur quatre rangées ; la partie extrême des feuilles forme des arêtes transparentes du plus joli effet. Le jury a ensuite eu à examiner les pro- duits présentés par les exposants pour les concours de plantes de serres tempérées. En première ligne venaient les Agave réunies en collection. M. Cels, dont tout le monde connaît depuis longtemps les produits, a obtenu le premier prix. M. Chantin avait aussi une collection d’ Agave, il a reçu le deuxième prix ; nous avons observé dans son exposition un bel exemplaire à! Agave applanata et un autre d ’ Agave univittata obscura. Dans le second concours, lot de 25 Agave de choix, M. Jean Verschaffelt, horticul- teur à Gand, a été récompensé d’un pre- mier prix. Parmi les remarquables sujets dont se composait son lot, on peut citer Agave applanata , Agave Ghiesbrechtii hor- rida. Agave filifera , très-bel exemplaire; Agave schidigera (porte-copeau), Agave sp? de Chiapas, Agave JacoUana, Agave Ker- kovei, type et la variété longispinna, Agave filifera major. Nous avons vu dans la même serre et à côté de la collection d ’Aloe de M. Pfers- dorff, qui a obtenu un deuxième prix, la superbe exposition de Bonapartea, Dasy - lirion, etc. de M. Jean Verschaffelt , à la- quelle le jury a accordé un premier prix; on a beaucoup admiré dans ce lot, le Dasy- lirion Hartwegianum , sujet très-fort et très- rare, Bonapartea hystrix (vrai), Bona- partea hystrix glauca, Bonapartea stricta glauca , Bonapartea longifolia. Pour la seconde fois, M. Krelage a obte- nu le premier prix de collection, et le pre- mier prix de lot de Jacinthes. C’est tou- jours cette même richesse de végétation et de coloris qui a donné et qui conservera à la Hollande sa réputation dans cette spé- cialité. Le gouvernement prussien a reçu un deuxième prix pour son exposition de plus de 6,000 Jacinthes disposées en arabesques dans le jardin du parc concédé à cette puissance. Le jury, en décernant à M. Thi- baut-Prudent le troisième prix pour son exposition de Jacinthes, a voulu non-seu- lement récompenser les produits soumis à son examen, mais aussi encourager l’horti- culteur à persévérer dans ses efforts intel- ligents, et déjà couronnés de beaux résul- tats. C’est avec beaucoup de plaisir que nous enregistrons cette décision du jury. MM. Havard et Ce ont reçu une mention honorable pour ce même concours. Le concours de Rosiers forcés, réunis en collection, a donné les résultats suivants: premier prix, M. H. Jamain, horticulteur à Paris; deuxième prix, M. Margottin. Au- tant la lutte entre les deux concurrents a été vive et sérieuse, autant la tâche du jury a été difficile. C’était donc une chose déli- cate et qui demandait un profond et sévère examen; le jury a trouvé que pour la col- lection de M. Jamain il y avait le même jour, en fleur, 95 Rosiers, dont 30 variétés de thés, parmi lesquels nous citerons : Ajax , Bougère, Comte de Paris , Homère, Madame de Sertat , et surtout Hy menée avec 16 fleurs ouvertes en même temps, ainsi qu’un bel exemplaire de Pauline Labonté, 45 hy- brides remontantes, dont Victor Verdier , Madame Ch. Wood, tenaient le premier rang; enfin 20 Rosiers pris parmi les genres Mousseux, Bengales, Noisettes, Capucines et autres; il y avait donc plus de difficultés à vaincre que pour faire fleurir à la même époque une certaine quantité de Rosiers d’un même genre, qui demandent, à quel- ques jours près , le même temps pour fleurir.— Outre nombre de variétés recom- mandables, il y avait dans le lot de M. Mar- gottin, un sujet hors ligne de Thé Adam, Comte de Nanteuil, Louise Odier, Général Jacqueminot, Souvenir d'un ami, ont aussi été très-admirées. Disons en passant que le jury a donné un premier prix au lot de Yucca variés de MM. Jamin et Durand , un troisième prix à M. Knight pour Rhododendron, un deuxième prix à M. VHuillier et un troi- sième prix à M. Bonatre, pour leur expo- sition de Cineraria, enfin un deuxième prix à M. Falaise aîné et une mention ho- norable à M. Falaise Edmond , pour leur lot de pensées. Î98 EXPOSITION UNIVERSELLE D’HORTICULTURE EN 1867. Fidèle à notre profession de foi : Donner à chacun ce qui lui appartient, nous dirons avant de terminer ce qui concerne la sec- tion de floriculture, que nous devons une mention spéciale d’abord à M. Jean Vers- chaffelt, pour son envoi d’un lot composé d’exemplaires très-remarquables de Til- landsia argentea, vivement admiré par le public , ensuite à M. Groemvegcn, horti- culteur à Amsterdam , pour son lot de plantes de haute serre chaude (Anœcto- chilus, Macodes, Nep h elaphyllu m et Po- gonia ), puis à M. A. Ycin Geert , horticul- teur à Gand, pour son lot de Selaginella variés; tous produits que nous espérons voir récompensés lors des concours de la troisième série. Parmi les végétaux envoyés dans le seul but de rehausser l’éclat de ces fêtes horti- coles et placés hors concours, nous trou- vons le lot d’Azelea indica de MM. Thi- baut et Keteleer . Citons dans ce lot de plantes très-bien cultivées, savoir : Belle Gantoise, coloris rose tendre bordé de blanc, Dona Maria, avec ses nombreuses fleurs d’un rouge-cerise foncé, Venus A ma- tusia, liosea magna, la vieille et toujours belle Thusnede, le Grand-Duc Michel, Bo- sea flore plena, etc., dans ce lot nous nom- merons aussi le Azalea princesse Alice, avec ses magnifiques et suaves Heurs blanches. En terminant, notons encore les Tropeolum tricolor de M. Thibaut- Prudent et le Beschonneria mullijlora de M. Cochet ; cette dernière plante, quoique non fleurie, a déjà été récompensée d’une mention ho- norable. Nous reviendrons sur ce sujet lorsque les fleurs seront épanouies. Toujours la même disette de produits dans Pexposition de légumes. Le jury a décerné un premier prix à la collection envoyée par la Société de Clermont (Oise). C’est, il nous semble, un encouragement dont nous espérons qu’il sera tenu compte. M. Louis Lhéraut a reçu un premier prix pour son lot d’asperges. Ici se- termine notre tâche pour ce qui concerne spécialement les concours de la deuxième série; les exposants et nos lec.- teurs nous pardonneront, nous n’en dou- tons pas, les omissions qui auraient pu se glisser dans notre travail, en songeant aux difficultés que nous avons eu à examiner tant de produits exposés parfois sans noms d’exposants et presque toujours sans éti- quettes. La première partie de l’arboriculture fruitière (arbres formés, les tiges excep- tées) a été jugée pendant cette série. Voici le résultat des décisions des jurys. Concours d’ensemble : M. Cochet, pre- mier prix pour palmettes, MM. Jamin et Durand, premier prix pour les pyramides. M. Croux, deuxième prix, M. Deseine , troisième prix ; mentions honorables à M . Defrcsne, Honoré , et à M. Gillekains (Belgique). Les arbres de MM. Cochet et Jamin et Durand, étaient très-beaux, et, à part un peu de rapprochement dans les branches de charpentes, ils ne laissaient rien à désirer. M. Chevalier, de Montreuil, a obtenu un premier prix pour un lot de Pêchers for- més. Il est impossible de trouver une plus complète et plus intelligente application de la taille et de la culture; nous regret- tons que M. Chevalier soit le seul habitant de Montreuil qui ait eu la bonne pensée d’exposer les produits de ce pays, qui a une réputation universelle pour la culture des Pêchers, et où sont venus se perfec- tionner tous les arboriculteurs du monde entier. M. Gillekains a reçu une mention honorable pour ses Pêchers. Un troisième prix a été décerné à MM. Ja- min Durand pour 4 Abricotiers, puis trois mentions honorables ont été accordées savoir : à MM. Croux pour ses arbres à fruits à noyaux, à MM. Jamin et Durand pour 4 Pruniers (espalier et contre-espa- lier) , à M. Bose Charmeux, pour ses vi- gnes de jardins. Enfin le jury a décidé qu’un premier prix serait décerné à M. Fo- rest, professeur d’arboriculture, pour la bonne direction qu’il a donnée aux arbres présentés par M. Cochet. Avis à MM. les professeurs de théorie. Comme résumé, nous trouvons que sur 70 concours ouverts par le programme de la deuxième série (2 concernant les Conifères forestières ont été remis à une autre époque) auxquels il faut ajouter 6 con- cours d’arboriculture, total 76, il y a eu 87 exposants (y compris M. Baltet de Troyes, qui a déclaré après les opérations du jury se retirer de la lutte pour quant aux arbres formés), qui ont produit 127 lots ou collections de végétaux. Le jury a décerné 25 premiers prix, 17 deuxièmes prix, 17 troisièmes prix et 20 mentions honorables, en tout 79 récompenses qui se répartissent entre les Puissances expo- santes, savoir : Angleterre 5, Belgique 5, Hollande 4, Prusse 1 et France 64. Quelques personnes qui ne jugent que par la bizarrerie des produits ou par leur éclat, ont prétendu que les concours ci- dessus détaillés n’avaient pas une impor- tance capitale. Si nous regrettons d’avoir à enregistrer cette opinion, nous som- mes heureux d’avoir à constater que les amateurs, les connaisseurs, tous ceux enfin qui préfèrent Futile à l’agréable, ont jugé comme nous qu’il n’y avait jamais eu d’exhibition aussi intéressante et aussi re- marquable. Du reste, direque les Conifères CIBOTIUM PRINCEPS. — DIOSCOREA DECAISNEANA. 199 étaient représentéespar plus de 3, oOOsujets; les arbres fruitiers formés par 1 ,000 sujets ; les Cactées par plus de 1,300 sujets; les Agaves au moins 300 sujets, n’est-il pas CIBOTIUM Le tronc de cette majestueuse Fougère atteint 1 à 2 mètres de hauteur et même plus dans nos serres, sur 73 centimètres à 1 mètre environ de circonférence. Son sommet, ainsi que les pétioles, sont cou- verts d’une sorte de bourre de couleur fauve luisante du plus bel effet. Ses gran- des frondes tripennées, d’un beau vert en dessus, glauques en dessous, peuvent at- teindre, dans nos serres, jusqu’à 5 mètres de longueur sur 2m 50 de largeur. Le Cibolium princeps, Linden, est ori- ginaire du Mexique méridional, où M. F. Van Celst l’a rencontré dans les forêts si- tuées entre Orizaba et Cordova. Ce voya- geur m’a appris que cette plante croît le plus souvent sur le bord des rivières, et que son tronc est presque' toujours incliné du côté de l’eau, dont le courant, ordinai- rement très-rapide, baigne la base. Dans ces circonstances, chaque tronc peut porter jusqu’à cent cinquante belles frondes à la fois; les pétioles sont gros et très-courts, et les pennes sont rapprochées les unes des autres, tandis que cultivé dans nos serres, il ne développe pas autant de frondes, mais elles atteignent de plus grandes dimensions. Les pétioles sont alors très-longs, et les pennes très-distantes les unes des autres. L’introduction en Europe du C. princeps faire suffisamment la preuve de ce que nous avançons? Rafarin. (La suite au prochain numéro.) PRINCEPS est due à M. Linden, qui ne recula devant aucun sacrifice pour se le procurer; il en fit venir de très-grands spécimens, dont, quelques-uns seulement sont arrivés vivants. Un de ceux-ci, acquis par M. Warocqué, amateur distingué à Marimont (Belgique), fut livré à la pleine terre dans une grande serre, où quelques années après il portait plus de cinquante belles frondes. Cette plante faisait à elle seule l’ornement de la serre dans laquelle elle se trouvait. Nous conseillons donc aux amateurs qui voudraient jouir de toute la beauté qu’est susceptible d’acquérir cette belle Fougère, de la planter en pleine terre dans une grande serre ou jardin d’hiver, dans un mé- lange de bonne terre de bruyère et de terre franche. Les arrosages et les seringages devront être fréquents et copieux, surtout sur le tronc, qui doit être maintenu dans un état d’humidité constant. Pour empê- cher la dissécation des racines qui sont à sa surface et afin de conserver fraîches les frondes qui se tachent lorsque le soleil les frappe de ses rayons, on devra aussi la protéger des rayons solaires par un om- brage quelconque. DELCHE VALERIE, chef multiplicateur à l’établissement horticole de la ville de Paris. DIOSCOREA DECAISNEANA « Pourquoi donc revenir encore sur cette * plante abandonnée à tout jamais? rfous disait récemment un homme soi-disant sérieux et compétent à qui nous parlions du Dioscorea Decaisneana. La raison en est bien simple, lui répondîmes-nous; c’est parce que ce légume est bon, peu connu même de ceux qui en parlent; et vous même qui le dénigrez, vous ne le possédez peut-être pas. C’est vrai, me dit-il, mais on m'a assuré que cette plante était mau- vaise. » Voilà pourtant comment en général on juge les choses sur des « on-dit » ou des « il paraît » ; nous trouvons le procédé beaucoup trop facile et très-mauvais. Lors- qu’il s’agit de substances alimentaires on devrait n’en parler qu’à bon escient et en- core avec réserve. (1) Voir Rev. hort 1865, p. 111, et 1866, p. 229. Ainsi, tout en faisant connaître les résul- tats qu’on a obtenus, il ne faudrait pas, d’a- près ceux-ci, juger aussitôt tous les autres. Il ne faut jamais perdre de vue que ce qui est mauvais dans un endroit peut être pas- sable dans un autre, et même bon ou très- bon dans un troisième. Ainsi le Dioscorea Decaisneana est loin d’être abandonné ; les produits que nous avons obtenus nous autorisent même à en recommander la culture pour deux raisons : d’abord, ptârce que son tubercule ne s’al- longe pas et ne s’enfonce pas dans le sol comme celui du D. batatas (que néanmoins nous ne proscrivons pas) ; ensuite parce que sa chair est plus féculente, d’une sa- veur agréable, un peu différente. Un reproche, le seul peut-être qu’on puisse adresser au D. Decaisneana , c’est de ne pas être très-productif; fait que nous avons constaté au Muséum. En sera-t-il de 200 MOYENS D’OBTENIR DES MELONS d’üNE FORME RÉGULIÈRE. SALIX VITELLINA. même ailleurs? L’expérience seule peut répondre. Le sexe mâle paraît dominer de beaucoup chez cette forme, si nous en ju- geons par ce que nous avons observé dans nos cultures, où tous les pieds qui ont fleuri étaient mâles. On sait que le contraire existe dans le D. batatas. Chez ce dernier, presque tous les individus sont femelles. E. A. Carrière. MOYEN D’OBTENIR DES MELONS OU DES POTIRONS D’UNE FORME RÉGULIÈRE. Pour bien se rendre compte de l’influence que l’on peut exercer sur la forme des fruits, des Melons et des Potirons , par exem- ple, il faut se rappeler qu’un fruit quel- conque est dû à une accumulation de sève qui se porte à l’extrémité d’un bourgeon, en raison de lois que probablement nous ignorerons toujours. Ce fait est d’une vé- rité rigoureuse, bien que, dans certains fruits dits axillaires, le contraire paraisse avoir lieu. Le pédoncule, ou queue , est un composé de vaisseaux qui s’épanouissent en irradiant pour porter les éléments constitutifs du fruit, par conséquent, la forme de celui-ci sera donc d’autant plus symétrique que la disposition des vaisseaux conducteurs sera plus régulière. Pour atteindre ce but, il faut donc faire en sorte que le pédoncule, espèce de tuyau directeur, soit dirigé ver- ticalement. De cette manière, les liquides montent sans obstacle et ensuite irradient uniformément, de manière à constituer un fruit de forme régulière. [Si, au contraire, le pédoncule est placé plus ou moins oblique- ment, il y a gêne dans la circulation des liquides; certains vaisseaux en charrient beaucoup plus que d’autres; de là leur inégale répartition et le développement inusité de certaines parties des fruits au détriment de certaines autres. De ce qui précède, il est facile de con- clure que les Melons ou les Potirons, dès qu’ils sont arrêtés , demandent, pour attein- dre une forme régulière, à être placés sur la queue , de manière que leur extrémité, ou l’œil comme disent les jardiniers, se trouve à la partie supérieure. E. A. Carrière. SALIX VITELLINA Ce n’est certainement pas comme une nouveauté ni comme une rareté que nous recommandons cette plante. Touf le monde la connaît, presque tous, aussi, en usent sans la remarquer, sans l’apprécier comme tant d’autres choses, hélas ! L’habitude a tellement d’empire sur nous, qu’elle finit par nous cacher les beautés les plus vul- gaires ou par nous déguiser les avantages» de ce qui est constamment sous nos yeux. La plante qui fait le sujet de cette note, le Salix vitellina, pourrait, au besoin, servir d’exemple pour appuyer et justifier notre dire. Qu’y a-t-il de plus beau que cette plante à écorce d’un jaune plus ou moins rouge suivant les conditions dans lesquelles elle croît. On recherche souvent des plan- tes à feuilles ou à bois légèrement pana- chés ou striés qui sont délicates et poussent à peine, tandis que le Salix vitellina est très-vigoureux, vient partout, dans tous les terrains et à toutes les expositions. Le seul reproche que, peut-être, on pourrait lui faire, c’est d’être commun, de pousser ra- pidement, en un mot d’avoir trop de quali- tés, ce qui semblerait donner raison à ce proverbe : « L’excès de la meilleure chose ne vaut rien. » Bien que dans beaucoup de cas ce proverbe, qui pourrait être consi- déré comme un paradoxe, soit vrai, nous ne craignons pas ici de soutenir le contraire. Ajoutons que le Salix vitellina peut at- teindre d’assez grandes dimensions et for- mer des arbres dont on pourrait tirer un excellent parti dans la création des jardins paysagers, soit qu’on les isole pour en obte- nir des grands arbres, soit qu’on en forme des massifs ou des groupes. En hiver même, il» produisent un effet des plus agréables par le contraste que produit leur écorce jaune, contraste qui est surtout des plus agréables si l’on a soin de planter les arbres près d’autres à feuilles persistantes. Quant à sa multiplication, elle est des plus faciles; il suffit d’en couper des bran- ches et de les piquer là où l’on désire avoir des plantes, pour qu’en très-peu de temps elles s’enracinent. Nous engageons donc toutes les per- sonnes à essayer la culture du Salix vitel- lina, persuadé qu’elles en seront satisfaites. Briot, Chef des pépinières impériales de Trianon. L’un des propriétaires : Maurice BIXIO. Paris. — Impr. de A. Laine et J. Havard, rue des Slints-Pères, 19. CHRONIQUE HORTICOLE (deuxième quinzaine de mai). Une erreur à rectifier. — Exposition d’horticulture à Versailles. — Ce qu’on lit dans le deuxième Bulletin de la société agricole et horticole de Cannes. — Exposition de la société des rosiéristes de Brie-Comte-Rohert. — Un bon exemple donné par la société d’horticulture de l’arrondissement de Meaux. — La Tulipe à hampe pluriflore. — Un oubli fait par la rédaction du Bulletin de la société d’horticulture de la Dordogne. — Le catalogue de M. A. Verschaffelt. — Erables japonais. — Quelques mots à propos du groupe- des végétaux monocotylédonés. — Une nouvelle école fruitière établie à Sannois par M. Gressent. — Le Thé à l’Exposition universelle. — La Flore des serres et des jardins de l’Europe. — Les rochers-aquariums à l’exposition du Champ de Mars. — Les Aucuha du jardin réservé. — Un préjugé qui disparaît. — Azalées de l’Inde qu’on pourrait cultiver en pleine terre. — Conseils sur les semis de graines de légumes, par M. le comte de Lambertye. — Encore le Radis à queue. — L’Insec - tologie agricole. — Une plante exposée par M. Linden. — Le catalogue de M. Vanhoutte. — A propos de l’espèce absolu ». — La monopétalité et la polypétalité. — La société forestière des Maures. — Le Biota Orientalis. — Le Robinia fastigiata. — Substitution du Marronnier à fleurs doubles au Marron- nier à fleurs simples. — Bégonia remarquable exposé au Champ de Mars. — Effets des dernières gelées. Il s’est glissé une erreur dans le dernier compte rendu de l'Exposition universelle. Notre collaborateur M. Rafarin a dit que MM. Baltet se sont retirés de la lutte après l’examen du jury. Au lieu de après, c’est avant qu’il faut lire. — Conformément à ce que nous avons dit dans le numéro du 16 avril 1867 de la Revue , la société d’horticulture de Seine- et-Oise a fait une exposition à Versailles le 19 mai dernier. Comme les précédentes, cette exposition a été très-brillante. Les récompenses exceptionnelles dont nous avons parlé (1) ont été accordées comme il suit : prix d’honneur de S.M. l’Impératrice (800 fr.) à M. Léon Duval; prix de S. M. l’Empereur (600 fr.) à M. Fournier; prix extraordinaire des dames patronnesses (550 fr.) à M. Bertin fils; prix de Mme Fur- tado (500 fr.) à M. Deseine père; premier prix des dames patronnesses (450 fr.) à M. Briot; premier prix de S. Exc. le ministre de l’agriculture (400 fr.) à M. David Dieuzy; deuxième prix de M. le ministre de l’agri- culture (350 fr. ) à M. J. Verschaffelt; premier prix de la compagnie du chemin de fer de l’Ouest (300 fr.) à M. Nolard- Renaud; prix de la ville de Versailles (250 fr.) à M. François Hervé ; deuxième prix des dames patronnesses (225 fr.) à M. Knight; deuxième prix de la compagnie du chemin de fer de l’Ouest, à M. Pigny. Le deuxième Bulletin de la société agricole et horticole de Cannes nous ap- prend qu’une exposition de différents produits de l’horticulture et de l’agricul- ture, ainsi que de diverses industries qui s’y rattachent, se tiendra à Cannes les 21, 22, 23 et 24 mai 1868. Les récompenses consisteront en médailles d’or, de vermeil, d’argent, de bronze et en mentions hono- rables. — La société des rosiéristes de Brie- Comte-Robert fera pour la troisième fois sa (1) Revue horticole 1867, page 141, l«r Juin 1867. grande exposition le 14 et le 15 juillet pro- chain à Brie-Comte-Robert. Cette exposition comprendra 27 concours, dont 26 seront affectés aux roses; le 27e sera réservé à un outil particulièrement approprié à l’habil- lage des églantiers. Quoique spéciale aux roses, cette exposition admettra néan- moins, dans une certaine mesure, divers autres objets se rattachant à l’horticulture, mais ne pouvant participer aux concours. Ceux qui voudront prendre part à cette exposition devront en faire la demande franco , avant le 1er juillet, à M. Camille Bernardin, président de la société, à Brie- Comte-Robert. — Les sociétés d’horticulture départe- mentales se multiplient; c’est un bon indice assurément; mais il est regrettable devoir que plusieurs d’entre elles, au lieu de faire de la science locale, de se rendre utiles par des discussions pratiques qui , tout en éclairant mutuellement les membres, fe- raient connaître aux autres sociétés des particularités qu’elles ignorent, s’occupent à copier servilement les sociétés d’horti- culture de Paris et d’ailleurs, aux dépens desquelles elles vivent; telle n’est pas la société d’horticulture de l’arrondissement de Meaux. Grâce à la bonne direction que lui donne son président, M. le baron d’A- vène, les séances deviennent de plus en plus intéressantes par suite des commu- nications qu’y font différents membres. Une bonne idée mise en pratique par cette société et que nous voudrions voir géné- ralisée, c’est de donner de temps à autre I des primes aux membres présents. Ces primes, qui consistent en plantes ou en graines, ont le double avantage de faire connaître les nouveautés et d’exciter le zèle des amateurs. On le sait, l’appétit vient en mangeant. — Parmi les nombreuses collections de Tulipes, récemment exposées au Champ de Mars, on remarquait un lot de ces fleurs à hampe pluriflore. Le fait, bien que rela- II 202 CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE DE MAl) . tivement rare, se montre cependant cha- que année; mais s’il est rare à l’état de fait accompli, il en est autrement à l’état primi- tif, embryonnaire nous dirions volontiers. En effet, ii arrive encore assez fréquemment que dans un oignon de Tulipe on trouve, à l’état rudimentaire, plusieurs bourgeons qui par suite s’atrophient, à l’exception d’un seul. Dans les Tulipes pluriflores, le fait est dû à la soudure intime des embryons gemmaires qui les constitue, d’où Ton voit % 3 et même 4 fleurs sur une seule hampe. Du reste la hampe, qui souvent même est monstrueuse ou fasciée, démontre nette- ment l’origine de ces fleurs. — Depuis quelque temps surtout, certains journaux de province nous apportent des articles que nous connaissons déjà pour les avoir lus, relus, corrigés et parfois même écrits. De ce nombre est le Bulletin de la société d'horticulture de la Dordogne. Sur dix articles que contient son numéro 2 de 1867, dix ont été empruntés à la Revue horticole , que Ton s’est bien gardé de citer. Nous aimons toutefois à croire qu’il n’y a là autre chose qu’un oubli; mais, comme erreur n'est pas compte , nous croyons de- voir signaler celle-ci à notre confrère. — Nous venons de recevoir le catalogue de M. A. Yerschaffelt, horticulteur à Gand (Belgique). Ce catalogue, fait en vue du printemps et de Tété 1867, comprend, avec l’indication très-sommaire des plantes de l’établissement, un certain nombre de nou- veautés qui viennent d’être livrées au com- merce parM. A. Yerschaffelt. Au nombre de celles-ci, nous citerons l’Azalée de l’Inde François Devos , le Rosier Thé Isabelle Sprunt. Des Camélias, des Rhododendrons, ainsi qu’un certain nombre d’autres plantes appartenant à différents genres, sont éga- lement indiqués sur ce catalogue. Nous croyons pouvoir annoncer à nos lecteurs que les jolies espèces d’Erables japonais qui, en ce moment, sont exposés au Champ de Mars par M. A. Yerschaffelt seront livrées au commerce cet automne pro- chain. C’est une bonne nouvelle dont les amateurs se réjouiront. Ces Erables, d’une beauté exceptionnelle, ont l’immense avan- tage d’être rustiques. La Revue donnera prochainement une figure des plus beaux. — Les botanistes ont admis comme prin- cipe qu’il existe toujours un œil à la base des feuilles des végétaux, bien que dans beaucoup de cas il ne se développe pas. 11 est même un grand groupe chez lequel ces productions n’apparaissent presque ja- mais. Tel est celui des monocotylédonés, par exemple. Chez ceux-ci, les yeux sont quelquefois remplacés par des productions d’une autre nature : par des bulbilles ou par des caïeux , qui sont de véritables bour- geons caducs. Le cas est fréquent chez le Lis; bien que plus rare chez lesTulipes, on le rencontre parfois. Ainsi, plusieurs fois, et tout récemment encore au fleuriste de la ville de Paris et dans d’autres cultures, nous avons rencontré un assez grand nom- bre de hampes de Tulipes qui, à l’aisselle des feuilles, portaient un caïeu. Ces der- niers ayant été détachés, puis plantés, se sont comportés absolument comme l’au- raient fait des caïeux souterrains qui se seraient développés normalement autour d’un oignon de Tulipe. — Par suite de l’inondation du mois de septembre dernier, qui a détruit l’école fruitière créée à Orléans par M. Gressent, ce professeur vient de quitter le Loiret pour venir habiter Sannois (Seine-et-Oise). Sannois est à trente minutes de Paris sur le chemin de fer d’Argenteuil. Cette loca- lité est desservie toutes les heures par des trains de banlieue. La M. Gressent vient d’établir une école fruitière, dans laquelle des modèles de différents genres permet- tront aux élèves d’apprécier les divers modes de taille des arbrés fruitiers. — Parmi les gens qui aiment le thé et qui en prennent, il en est probablement qui ne connaissent pas la plante avec la- quelle on fait cette bienfaisante boisson. Ceuxdenoslecteurs quisetrouveraientdans ce cas pourront, lorsqu’ils iront à l’exposi- tion du Champ de Mars, en voir d’énormes buissons qui appartiennent à M. A. Leroy, d’Angers et qui forment un massif derrière le rocher dans lequel se trouve Yaquarium d’eau douce. Nous pouvons ajouter que c’est avec cette même espèce, mais en la prépa- rant différemment, que l’on obtient le Thé vert , le Thé noir , etc.; de plus, que les pro- priétés stimulantes qu’elle posséderont les mêmes en France qu’en Chine. Il en est de même, du reste, pour d’autres plantes économiques, telle que la Vanille, par exemple; ainsi l’arome de cette plante est, de l’aveu des gens compétents, bien supé- rieur à celui qu’offrent les fruits de Vanille qui nous arrivent des colonies. — La neuvième et la dixième livraison du tome XVI de la Flore des serres et des jardins de l’Europe viennent de paraître. Elles forment un cahier de 30 pages de texte grand in-8, elles renferment 13 plan- ches coloriées, dont 5 doubles. Dans cette publication, si remarquable à tant d’égards, M. Yan Houtte, l’éditeur, ne s’astreint pas à ne parler que des plantes nouvelles ; il sait, par expérience, que trop souvent on dédaigne et délaisse de bonnes plantes par ce fait seul qu’elles sont vieilles, pour courir après des nouveautés parfois sans mérite, et qu’on abandonne aussitôt qu’on 203 CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE DE MAl). a pu les apprécier. Ainsi s’explique la pré- sence de planches représentant un choix de Tulipes à fleurs simples et à fleurs doubles, d’Anémones et de Renoncules à fleurs également doubles, enfin de Crocus variés. Les autres planches représentent des nouveautés de premier mérite, tels que Magnolia henné , Maranta illustris Tune des plus jolies espèces du genre \Scu- tellaria costaricana , etc., etc. Indépen- damment de ces gravures coloriées, sans rivales pour la beauté et le fini, on trouve des vignettes sur bois, représentant des sujets d’utilité pratique se rapportant aux Miscellanèes de cet ouvrage qu’on ne peut trop recommmander. — Lesrochers-aquariums de l’Exposition universelle présenteront un grand intérêt; mais, malgré toute la diligence et l’activité qu’on a mises à les construire, les travaux ne sont pas encore entièrement achevés. Celui qui est destiné à recevoir les pois- sons d’eau douce est terminé et jusqu’à un certain point peuplé. Cependant ce sont, jusqu’ici, des poissons, en général, communs qui occupent une grande partie des compartiments. Cela se comprend : les dégagements de gaz qui se développent de ces constructions nouvelles seraient per- nicieux à bon nombre d’espèces rares, que par prudence on ne peut livrer à des con- ditions de vie incertaine. Tel qu’il est, tou- tefois, il est curieux à voir; aussi les visi- teurs ne lui font pas défaut. On y trouve des Cyprins (cela va sans dire), des An- guilles, des Lamproies, des Carpes, des Sa- lamandres, des Barbeaux. — Depuis quelque temps on a pu admirer la beauté des Aucuba femelles, lorsqu’ils sont chargés de fruits. A l’exposition du Champ de Mars on en voit encore en ce moment une assez belle collection. Ces variétés remarquables au point de vue de la diversité des formes, de la grandeur et de la couleur des feuilles, se distinguent encore par des différences notables dans les fruits. On peut donc espérer de voir dans quelques années des variétés (¥ Au- cuba très - nombreuses ; de plus, cette plante, depuis longtemps ornementale par son feuillage, le sera aussi par ses fruits. Ce fait est d’autant plus certain que cette espèce se féconde avec la plus grande fa- cilité. En s’appuyant sur certaines espèces, on regardait les Aucuba comme devant être fécondés avec beaucoup d’attention, on pensait qu’il fallait mettre le pollen en contact avec les fleurs femelles. Il n’en est rien; les faits ont démontré qu’il suffit qu’un pied mâle fleurisse dans le voisinage d’individus femelles pour féconder ceux-ci. — Il est difficile de comprendre comment en admirant chaque année la floraison splendide des Azalées de l’Inde, au coloris si beau et si varié, l’idée ne soit venue d’en essayer la culture en pleine terre, et cela d’autant plus qu’il en est une, YAzalea lilliflora, qui résiste parfaitement au froid, et que sa floraison est, dans ces conditions, tout aussi belle que celle d’une plante cul- tivée en pot dans une serre tempérée. Nous savons bien que toutes ne sont pas aussi rustiques que YAzalea lilliflora , mais il en est assurément un grand nombre qui pourraient supporter ce traitement; il en est une, YAzalea amœna , qui, très-jolie et excessivement floribonde, pourrait être cultivée en pleine terre puisque d’après M. Veitch père elle supporte un froid de 18 degrés au-dessous de zéro. Nous ne saurions trop engager les amateurs à faire de ces essais, en terre de bruyère bien entendu. — M. le comte Léonce de Lamberlye, avantageusement connu, tant par ses cul- tures que par les différents ouvrages qu’il a publiés, vient encore de faire imprimer un petit opuscule intitulé Conseils sur les semis de graines de légumes. Ce petit livre, qui contient 70 pages in-12, se recommande de soi-même par son utilité générale. Ré- digé en style aussi clair que concis, il té- moigne des hautes connaissances prati- ques de l’auteur et doit trouver une place dans toutes les bibliothèques. Il serait même à désirer que d’aussi utiles traités entrassent dans les écoles primaires et fissent partie des livres destinés à l’étude des enfants. — Jusqu’à présent, malgré ce qui avait été dit et écrit sur le Radis à queue (1 ), beaucoup de gens mettaient encore son existence en doute et le regardaient comme synonyme du Radis de Madras (2). Le fait n’est guère possible, aujourd’hui que plusieurs horticulteurs en ont montré de beaux spécimens. Tout récemment en- core, nous en avons vu chez notre collabo- rateur et collègue M. Ouetier, dont les siliques avaient près de 80 centimètres de longueur. L’allongement de quelques- uns de ces fruits bizarres a été dans certaines journées de 5-6 centimètres, environ. — Un nouveau journal, V Inseclologie agricole, vient d’être fondé par M. Donnaud, éditeur, rue Cassette, 9, à Paris. Le nu- méro 3, que nous venons de recevoir, con- tient, outre différents articles intéressants sur des insectes nuisibles ou utiles, une gravure représentant la noctuelle de la (1) Voir Rev. hort., 1866, page 471, et 1867, page 30. (2) Voir Rev. hort., 1859, page 547. 204 CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE DE MAI Betterave, ainsi que sa larve que l’on dé- signe le plus souvent par le nom de Ver gris. D’après l’article qui accompagne la gravure, le Papillon de la noctuelle dépo- serait ses œufs sur les graines de Bette- rave; et il faudrait, pour se débarrasser de cet insecte, immerger les graines dans un liquide propre à détruire les œufs dé- posés. — Parmi les plantes nouvelles exposées au Champ de Mars se trouvent deux très- forts pieds d’une plante qui, d’après l’ex- posant, M. Linden, serait une sorte de Commelynée épiphyte. Cette plante a l’as- pect de certaines espèces de Broméliacées, elle est remarquable aussi par les dimen- sions qu’acquièrent ses feuilles. 11 n’est pas rare, assure-t-on, d’en voir qui me- surent 2 mètres et plus de longueur sur environ 30 centimètres de largeur. Ces feuilles légèrement ondulées et arquées ont quelque ressemblance avec celles de Doryanthes , bien que beaucoup plus larges. Cette plante est originaire de l’E- quateur. — Nous venons de recevoir le catalogue n° 1 19, pour 1867, de M. Vanhoutte, horti- culteur à Gand. C’est presque un répertoire de _ botanique qui comprend près de 800 genres. Dire que, sous le rapport de la ré- daction ainsi que sous celui de l’ortho- graphe des noms, il ne laisse rien à désirer serait inutile. On sait assez quelles sont les connaissances de M. Vanhoutte, et personne n’ignore le soin tout particulier qu’il ap- porte dans tout ce qu'il fait. Indépendam- ment des nouveautés et des collections spéciales énumérées sur ce catalogue, on y trouve encore des observations sur cer- taines plantes et, par cela même, d’utiles renseignements pour les amateurs. Nous trouvons aussi sur ce catalogue l’indication de graines du fameux Radis Serpent dont la Revue a donné une gravure (1). Le prix relativement bas (3 fr. 50 c. les dix graines) permet aux amateurs de se procurer cette plante si remarquable et si étrange à la fois, et dont il est difficile de se faire une idée si on ne l’a pas vue. — Plus une idée est accréditée, plus aussi l’on doit chercher à la combattre lorsqu’elle est fausse. Telle nous paraît être celle de l’espèce absolue; aussi chercherons- nous à le démontrer toutes les fois que l’occasion s’en présentera. Nous avons dit plusieurs fois déjà comment on fait les espèces, qu’elles ne sont q u’une manière de voir ou, si l’on veut, une question de tact et d’appréciation de la part de celui qui la fait; nous n’y reviendrons pas. Voici encore deux exemples de deux prétendues espèces (1) Voir Rev. hort ., 1866, p. 171. qui ne sont autre chose que des variétés. L’un se rapporte au Pæonia Wittmanniana , l’autre, ixwCrcilægus linearis, vulgairement Néflier parasol. Le Pæonia Wittmanniana, dont les fleurs sont jaunes, est, dit-on, origi- naire du Caucase. Cela peut être; mais ce qm ne peut faire .l’objet d’aucun doute, c’est qu’il est simplement une forme du Pæonia offîcinalis , ce que l’expérience a démontré. Ainsi des graines bien franches semées au Muséum ont donné des plan- tes dont l’aspect et les feuilles sont diffé- rents; deux de ces individus qui ont fleuri ont produit des fleurs roses simples, sem- blables à celles du Pæonia offîcinalis. Quant au Cratægus linearis , l’expérience nous a appris qu’il n’est qu’une forme du C. oxyacantha. Dans les . semis que, plu- sieurs fois, nous avons fait de ses graines, indépendamment du C. oxyacantha que nous avons retrouvé, il s’est montré des formes ou des variétés intermédiaires tout autres que le C . line'aris. Voilà donc en- core deux espèces qui filent. — La monopétalité et la polypétalilé sont-ellesdes caractères absolus, sont-elles, comme on semble l’avoir cru jusqu’à pré- sent, propres à certaines familles à l’exclu- sion de certaines autres ? Non assurément, et ici encore le fait dont nous allons parler vient appuyer notre manière de voir. Ce fait est particulier au Papaver bractea- tum. Cette espèce, comme on le sait, voi- sine des Renonculacées, a, par conséquent, les pétales libres; néanmoins, elle a pro- duit une variété qui très-souvent a les pé- tales soudées. Voilà donc un premier de- gré de franchi. On pouvait croire que ce fait était purement accidentel, mais voilà qu’au contraire il paraît vouloir persister et devenir permanent. En effet, dans un semis de graines de cette variété que fit faire, au Muséum, M. Decaisne, il s’est trouvé plusieurs individus à fleurs mono- pétales. Si celte variété devenait tout à fait fixe, elle formerait donc une race qui, par la suite, pourrait donner des fleurs de plusieurs couleurs et peut-être même des feuilles un peu différentes de celles du type, de sorte qu’on serait obligé de modifier les caractères qui, jusqu’ici, étaient reconnus propres à la famille des Papavéracées. En- core un élément de discorde introduit dans la classification. Du reste, on a déjà des faits analogues dans d’autres familles, dans les Mènispermées et même dans les Légu- mineuses. Dans les premières, le genre Cis- sampelos, L., au lieu d’avoir des fleurs polypéîales comme les espèces des autres genres de la même famille, les a monopé- tales. Dans les Légumineuses, le Trèfle a fréquemment les fleurs monopétales; et les étamines, au lieu d’être libres, sont 205 • CHRONIQUE HORTICOLE (DEUX.EME QUINZAINE DE MAI j. soudées à la corolle ainsi qu’elles le sont dans les plantes qui, normalement, sont monopétales. Ces faits paraissent cepen- dant moins étranges parce qu'ils se mon- trent sur des genres différents, tandis que dans les Pavots c’est une scission qui tend à s’opérer dans une même espèce, entre les enfants d’une même mère, la création, pourrait-on dire, d'une espèce aux dépens d’une autre. Mais, du reste, ces phéno- mènes qui se passent dans les fleurs sont- ils plus étonnants que ceux qui se passent dans les feuilles? N’en sont-ils pas, au contraire, les équivalents? La monopétalité n’est-elle pas à la po/ypétalité ce que la monophyllité est à la polyphyllité? En ef- fet, on voit des plantes polyphylles en pro- duire de monophylles ( Pois , Frêne , Noyer, etc., etc.), comme on voit des plan- tes polypétales donner des plantes mono- pétales (Pavot, etc.). Ici encore, où sont les limites? — On semble aujourd'hui reconnaître que, si les efforts* individuels peuvent être couronnés de succès, c’est surtout par les efforts collectifs, c'est-à-dire par l'asso- ciation, que les grandes choses doivent être menées à bien; ainsi s’explique la formation de toutes ces sociétés que nous voyons chaque jour se créer. Nous nous en réjouissons, surtout lorsque celles-ci ont l’intérêt général pour but. De ce nombre est assurément la société forestière des Maures , à Toulon. Son but, ainsi que nous l'apprend le bulletin de la société agricole et horticole de Cannes, est l’amé- nagement et la création de forêts sur les montagnes dites de la chaîne des Maures. Les plantations devront être faites à l’aide d’essences appropriées au sol et au climat. Il va donc de soi que, partout où il sera possible, la préférence sera donnée au Chêne-liége ( Quercus suber). Des mesures ad hoc devront être prises pour empêcher ou du moins pour atténuer l’effet des in- cendies de ces forêts, si fréquents et sur- tout si désastreux dans les régions méri- dionales de la France. On doit non-seule- ment applaudir à de semblables entre- prises, mais on doit les faire connaître et désirer vivement leur succès; nous leur souhaitons de nombreux imitateurs. — Selon nous, en histoire naturelle, rien n’est et ne peut être absolu', nous de- vons donc signaler les exceptions aux rè- gles établies, moins toutefois pour nous donner raison que pour servir la science. Nous avons déjà cité beaucoup d'exemples à l’appui de notre dire ; en voici encore un que nous ont fourni de jeunes Biota Orienlalis . Jusqu’à présent, les jeunes individus de cette espèce ne nous avaient montré que deux cotylédons; mais cette an- née, dans un semis d’environ 75 sujets, nous en avons remarqué un grand nombre qui avaient trois cotylédons; quelques-uns même en avaient quatre. — Encore une exception à la règle, re- lativement à la multiplication des végé- taux à l’aide du bouturage. On a posé en principe que « une bouture reproduit tou- jours un individu semblable à celui dont elle a été détachée. » Est-ce vrai? D'une manière générale, oui; absolue, non. Nous allons encore en citer un exemple très- curieux; il est relatif au Robiniafastigiata, vulgairement Acacia pyramidal. Si l'on prend un rameau de cette espèce et qu’on le bouture ou qu'on le greffe, on obtient un individu à branches fastigiées, à rameaux légèrement cannelés, munis de très-courts aiguillons. Si, au contraire, en admettant que cette plante soit franche de pied, on prend un fragment de sa racine pour la multiplier, au lieu d’un arbre pyramidal étroitement élancé, à branches dressées, on obtient un arbrisseau diffus, très-buis- sonneux, à rameaux plus ou moins étalés, cylindriques et dépourvus d’aiguillons. Sans chercher l’explication du fait, si nous portons notre attention sur les chan- gements produits, nous constatons qu'ils sont de deux sortes : que la fastigiature a complètement disparu , et que les ra- meaux se sont arrondis en perdant leurs épines. Mais le fait étant produit, si, au lieu de chercher à en connaître la cause, nous es- sayons d’en tirer les conséquences, nous serons amené à croire que les formes des arbres, de même que tous les autres ca- ractères résultent de la disposition mo- léculaire-de leurs parties. — Un progrès que nous croyons devoir signaler, c'est la substitution du Marronnier à fleurs doubles au Marronnier à fleurs simples, sur diverses promenades de Paris, notamment le long du Cours-la- lleine , aux Champs-Elysées. Nous vou- drions voir cet exemple suivi partout, les Marronniers à fleurs doubles étant au moins aussi vigoureux que ceux à fleurs simples; et leurs fleurs persistant beaucoup plus longtemps ; de plus cette variété ne donne pas de fruits, ce qui évite plus d’un inconvénient aux promeneurs. Ajoutons que le Marronnier à fleurs doubles , au lieu de former une tête ronde, s’élance et forme une pyramide garnie et compacte. — Parmi les plantes nouvelles expo- sées au Champ de Mars dans une des serres du jardin réservé se trouvait un Bégonia , appartenant à MM. Veitch et fils , dont le port et l'aspect général rappelaient assez exactement le B.fuchsioi- 206 NIEREMBERGIA FRUTESCENS. des ; ce qu’il avait surtout de remar- quable, d’insolite, on pourrait dire, ce sont les divisions pétaloïdes qui sont ex- cessivement longues (parfois 8 centimè- tres), droites, étroites, très-longuement acuminées, aiguës. Dans la même serre où se trouvait ce Bégonia, on remarquait, à côté de nom- breuses plantes nouvelles appartenant à MM. Linden, Veitch et fils, A. Verschaffelt, quelques Orchidées qui, si elles n'étaient pas nouvelles, n'en avaient pas moins le mérite d’attirer fortement l'attention des visiteurs. Ces plantes, qui appartiennent à M. le comte Molé, de Champlatreux, étaient deux pieds de Catleya Skinneri et un Vanda tricolor. Très-probablement on ira jamais vu de plantes aussi fortes; les Qatleya formaient des touffes, ou sortes de fourrés, de 60 centimètres de long sur 50 de large et portant plus de 25 tiges flo- rales terminées chacune par une panicule énorme composée de 10 fleurs d’un beau rose lilacé. Quant au Vanda, il portait 5-6 tiges, dont l’une, n’ayant guère moins de 2 mètres de hauteur, montrait à son sommet deux belles grappes de fleurs. Ajoutons que ces plantes ne laissaient rien à désirer sous le rapport de la culture et de la santé. — Par suite des pluies continuelles et de l’abaissement successif de la tempéra- ture, on avait à craindre qu’il ne survînt des gelées ; c'est malheureusement ce qui est arrivé. Ainsi dans l'Orléanais toutes les Vignes ont été gelées : un de nos collègues nous a assuré que les Asperges, qui étaient récemment sorties de terre , avaient été détruites. Il en a été de même dans cer- taines parties du Midi. Ainsi notre colla- borateur et collègue M. Dumas nous écri- vait le 24 mai dernier que « le thermomètre était descendu dans cette même nuit à l de- gré au-dessus de zéro. Il ajoutait : « Mes Tomates, qui étaient déjà à la quatrième fleur, sont perdues; les Courges ainsi que des Romaines très-pommées, des têtes d’ Ar- tichauts, etc., ont été gelées. » — A Paris, auPréCatelan, les Musa ensete , les Héliotro- pes, les Coleus ont aussi été fortement endommagés par la gelée. E. A. Carrière. NIEREMBERGIA FRUTESCENS Il n'est guère de personne s’occupant de jardins et de fleurs qui ne connaisse déjà, pour l’avoir vue ou cultivée, une espèce de ce genre, la Niérembergie grêle ou gra- cieuse ( Nierembergia gracilis, Hook.), ori- ginaire de la province de Buenos Ayres. L’espèce dont nous allons parler, le Nie- rembergia frutescens , DR., a été mis dans le commerce par nous, et pour la première fois celte annee. C’est une espèce entière- ment nouvelle, originaire des Andes du Chili, où elle fut découverte en 1863 par M. Germain, botaniste et naturaliste dis- tingué, qui en envoya des graines àM. Du Rieu de Maisonneuve, le savant directeur du jardin botanique de Bordeaux, à qui nous en sommes redevables nous-mêmes, et qui la cultive depuis quatre ans en pleine terre, avec un plein succès, sans qu’elle ait eu le moins du monde à souffrir pen- dant les quatre derniers hivers, bien que n’ayant eu ni couverture, ni abri. Nous ajouterons que deux pieds de cette nou- velle espèce, âgés d'un an, rapportés de Bordeaux, ont été mis par nous en pleine terre et en plein air, au mois d’octobre et novembre 1866, dans notre jardin de Ver- rières près de Paris, qu’ils n'y ont pas reçu le moindre abri, et que néanmoins ils ont parfaitement supporté sans en souffrir au- cunement le dernier hiver 1866-1867, qui pourtant a été assez rigoureux et humide, partant défavorable à un essai de ce genre. Tout fait donc supposer que celte nou- veauté sera rustique sous le climat de Paris, et qu’elle deviendra bientôt l’orne- ment obligé de tous les jardins. Le Nierembergia frutescens est un char- mant sous-arbrisseau, s’élevant de 30 à 50 centimètres, d’un port élégant, d’une bonne tenue ; il forme de jolis buissons à tiges vertes, glabres, dressées, un peu raides, devenant ligneuses, simples ou presque simples à leur partie inférieure, produisant à leur sommet une large cime de rameaux excessivement nombreux et déliés, qui retombent en parasol et qui se couvrent, de mai-juin en octobre, sans in- terruption, d'une quantité considérable de fleurs d'un blanc lilacé. Les fleurs ressem- blent à première vue à celles du Nierember- gia gracilis ; mais, outre qu’elles sont plus grandes (25 à 30 millimètres) , elles en diffè- rent encore par divers caractères botani- ques de première valeur, et tout d’abord par l’absence presque complète de pédon- cule , qui donne à l'inflorescence de cette espèce un aspect particulier. (Pour les autres caractères botaniques, voir plus loin la diagnose qu'en a donnée et publiée l’auteur de l’espèce, M. Du Rieu de Mai- sonneuve.) (1). (1) Nierembergia frutescens, Du Rieu. Suffru- ticosa, uni-vel multicaulis , glabriuscula ; caulibus erectis , virgatis, subsimplicibus , mox denudcitis , su- perne ramosissimis , ramis gracilibus fastigiatis , demum patulis subreflexisve ; foliis auguste lineari- bus, convertis, sessilibus, parce hirtellis; floribus ex - traaxillaribus subsecundis, brevissime pedunculatis; NOTICE SUR L’ABRICOTIER A AMANDE DOUCE. 207 Le Nierembergia frutescents paraît être d’une culture très-facile et semble s’accom- moder de toute terre saine de jardin. Il prend très-bien et rapidement de boutures faites à la fin de l’hiver (février-mars) sur cou- che et sous cloches avec de jeunes rameaux herbacés, pris sur des pieds conservés en pots et à l’abri, et qu’on fait végéter en les mettant au chaud ; ou bien encore au prin- calycis ovati 10 -costati laciniis æqualibus redis, tubi longitudine ; coroliæ crebre pubescentis tubo calycem vix super ante, limbo late campanulato pli- cato , lobis panim distindis; stigmate transverso semi- lunari, lobis lateralibus acuminatis recurvis ; ovario biloculari, capsula oblongâ,utrinque attenuatâ, caly- cem subæquante in vafvas 4 cito secedentes déhis- cente; seminibus oblongis, varie angulatis reticulato- pundatis , badiis. — Corolla alba , violaceo tincta imâ fauce lutea, radiis 5 violaceis , lineis 3 inten- sioribus in quovis radio convergentibus , ornata Semina 20-30. temps, en avril-mai, avec dejeunes pousses prises sur les sujets laissés en pleine terre. On pourrait aussi faire des boutures en automne, mais alors il conviendrait de les hiverner à l’abri du froid. Cette espèce, fructifiant facilement et assez abondamment, pourra aussi se mul- tiplier rapidement par la voie du semis, qui devra être effectué, soit en août-sep- tembre à l’air libre pour repiquer et hi- verner le plant ou en pépinière, en planche à bonne exposition, ou en pots que l’on placera sous châssis à froid; soit en février- mars, en pots ou terrines sur couche, pour mettre en place au printemps, ou bien on sèmera en plein air d’avril-mai en juin, sui- vant qu’on voudra hâter plus ou moins le développement des plantes. Vilmorin-Andrieux et Cie. NOTICE SUR L’ABRICOTIER A AMANDE DOUCE Le catalogue de la pépinière des Char- treux signale deux variétés de cette espèce qui ne paraissent pas identiques entre eux. L’un, l’Abricotier A ngoumois, dont les fruits sont à chair rouge, à peau fortementcolorée et de forme oblongue, n’a pas la feuille or- dinaire de l’Abricotier. Il a la plus grande analogie avec l’Abricotier de Syrie. (Il est fort rare.) — Le deuxième, dit Abricot de Provence , est plus répandu dans le midi de la France et semble provenir de l’Abricot d’Italie, dont il a la forme et l’inflorescence précoce. Dans beaucoup de jardins de Syrie, on cultive plusieurs variétés d’Abricotiers à amande douce; l’un d’eux donne ses fruits au moins un mois après tous les autres, considération qui adéterminé la société im- périale et centrale de France à solliciter son président de faire venir quelques pieds de cet arbre précieux. M. le maréchal Vaillant ' obtempérant avec plaisir aux vœux de la Société, a demandé quelques pieds tout greffés de cet arbre, et six indi- vidus sont arrivés au siège de la Société. Par une délibération du conseil d’admi- nistration , ces six Abricotiers ont été distribués : 1° au Jardin des plantes ; 4° au jardin du Sénat (le Luxembourg); 3° au Jardin d’acclimatation; 4° à M. Ja- min fds ; 5° à M. le docteur Pigeaux et 6° à M. Gosselin, trois membres du comité de pomologie à la société centrale d’hor- ticulture. Un paquet d’environ cent gref- fons a été distribué à divers membres de la Société. Les six arbres venus en caisse et en bonne terre étaient en assez mauvais état à leur arrivée à Paris, les racines avaient été déplorablement mutilées. Grâce aux soins des diverses personnes auxquelles ils ont été confiés, ces arbres paraissent au- jourd'hui à peu près hors de danger (1). Est-ce une bonne introduction due aux soins de la société centrale d’horticulture de France? Nous l’espérons sans vouloir l’affirmer, car nous ne savons pas si c’est bien l’espèce relativement tardive que nous avons reçue. Cette variété d’Abricotier , issue sans doute des nombreux semis qui se prati- quent en Orient, où l’on greffe rarement l’Abricotier , ne se propage pas nécessai- rement par l’amande de l’Abricot à amande douce qui cherche toujours à faire retour à son type primitif, l’Abricotier à amande amère ; on devra donc le greffer. La Société devant recevoir après la saison une certaine provision de noyaux d’origine asiatique, on devra faire des ex- périences comparatives pour s’assurer du fait, et le Jardin des plantes sera mieux que tout autre à même de le vérifier. Dr Pigeaux. N. B. — L’Abricotier de Syrie ne pré- sente pas dans ce pays la forme arrondie (celle du Pommier des vergers). Il s’élève en pyramide allongée; on en voit qui ont jusqu’à 14 à 15 mètres d’élévation et qui ne sont nullement dégarnis par le bas. Cette heureuse disposition devra être main- tenue autant que possible par ceux qui voudront ne pas le contrarier dans sa vé- gétation naturelle. Dr P. (1) Le sujet .qui a été donné au Muséum et qui était très-malade, a du être complètement ravalé et réduit au tronc pour ainsi dire. Malgré cette opéra- tion, il est aujourd’hui couvert de feuilles ; tout fait espérer qu’il est sauvé. Rédaction. 208 CULTURE DES ORANGERS SOUS VERRE. CULTURE DES ORANGERS SOUS VERRE Dans le Mouvement horticole en 1866 (1), notre collaborateur M. E. André nous remet en mémoire les jardins fruitiers vi- trés de M. Rivers. Nous en avons déjà dit quelques mots dans un des précédents volumes de la 'Revue (2) ; mais il est bon d’y revenir, parce que le sujet a de l’intérêt même sous nos climats, et que M. Rivers nous fournit de nouveaux détails dans un des derniers numéros du Florist and Porno- logist , l’un des meilleurs journaux horti- coles de l’Angleterre. Rappelons d’abord que M. Rivers est un des vétérans de l’horticulture anglaise, que son expérience est proverbiale, et que la tournure de son esprit l’a toujours porté du côté de l’utile. Peut-être, plus jeune, a-t-il aimé les fleurs; peut-être a-t-il, comme bien d’autres, jeté son admiration aux feuillages bariolés, aux bizarres co- rolles des Orchidées, aux éblouissants mas- sifs desPélargoniums, des Rhododendrons et des Azalées; mais ce sont là des pecca- dilles de jeunesse depuis longtemps ef- facées..La spécialité de M. Rivers, c’est la pomiculture, et surtout la pomiculture sous verre, qui lui doit ses principaux per- fectionnements et la faveur dont elle jouit aujourd’hui chez nos voisins. Pour lui tous les arbres fruitiers sont dignes d’entrer dans les Orchard houses , mais il en est pour lesquels il a une prédilection mar- quée, et celui qu’il patronne peut-être avec le plus d’ardeur, à l’heure de sa vieillesse, est l’Oranger. 11 faut convenir que cet arbre le mérite bien, et que M. Rivers n’exagère pas trop en mettant les jardins d’Orangers au-dessus de toutes les serres chaudes et de toutes les raretés de la culture de luxe, tant pour l’agrément que pour le profit matériel qu’on en retire. Notre savant Poi- teau, l’historien des Orangers, ne l’aurait probablement pas contredit. Cette culture (nous entendons ici la cul- ture qui vise à obtenir des fruits) est-elle bien difficile? Suivant M. Rivers elle serait on ne peut plus simple, et l’homme le moins expérimenté y réussira de prime abord en adoptant la méthode que son expérience lui a enseigné être la meilleure. Elle n’est pas coûteuse non plus, car tout luxe est hanni de ces jardins vitrés, et les matériaux qui entrent dans leur construc- tion sont des plus vulgaires. D’ailleurs, nul besoin de l’architecte pour les dresser; le propriétaire y suffit pour peu qu’il soit au courant des choses de l’horticulture, et qu’il soit secondé par de bons ouvriers. (1) J. Rothschild, éditeur, Paris. (2) Année 1862, p. 44. Deux formats de serre sont recomman- dés par M. Rivers, comme étant ceux qui conviennent le mieux pour la culture pro- ductive des Orangers. Ces serres sont à deux versants, et elles s’orientent de ma- nière que leur axe soit à peu près dans le sens du méridien. Dans le. grand format, qui n’a d’ailleurs rien de rigoureux, la largeur est de 24 pieds (7m 50), sur une longueur indéterminée; la hauteur des côtés, qui sont vitrés comme la toiture, étant de 6 pieds (2 mètres), et celle du faîte de 15 pieds (4m 60). Avec ces dimen- sions, et sous le climat frais de l’Angle- terre, le chauffage ne s’effectue bien qu’au moyen de huit tuyaux de thermosiphon de 4 pouces de diamètre, disposés quatre de chaque côté et circulant le long des pa- rois. Les serres du petit format n’ont que 12 pieds (3m 70) de hauteur au milieu, et 5 pieds 1/2 (lm80) sur les côtés, avec une largeur d’un cinquième moindre que dans le cas précédent, aussi sont-elles suffisam- ment chauffées par quatre tuyaux de ther- mosiphon du même calibre (deux de cha- que côté). C’est qu’en effet il ne faut pas une grande chaleur aux Oranges pour mûrir, mais une chaleur douce et con- tinue, c’est-à-dire de 10 à 16 degrés centi- grades en hiver, suivant les heures du jour ou de la nuit; c’est la température des Açores, et une des plus 'agréables qu’on puisse rechercher dans la mauvaise saison. Une bonne ventilation est ici un point capital, on l’obtient par un moyen d’une grande simplicité : une fenêtre carrée de deux pieds (0m 70) de large, à chacune des deux extrémités de la serre du grand format, d’un pied et demi (0m 50) pour celle du petit. Ces fenêtres s’ouvrent ou se ferment suivant le temps, soit à l’aide d’un volet, soit au moyen d’un châssis vitré, ce qui vaut mieux/ Le vitrage employé pour revêtir la serre doit être grand et très-clair ; cette dernière condition est sur- tout requise sous les climats peu lumineux du Nord. Dans des serres construites comme nous venons de le dire, les Orangers peuvent être également cultivés en pots, en caisses ou en pleine terre, suivant la taille qu’on veut leur laisser prendre. Il est bien cer- tain que leur croissance serait activée si l’on faisait circuler des tuyaux de chaleur dans le sol, à deux pieds de la surface; mais M. Rivers pense, d’après des expériences récentes, que ce perfectionnement n’est pas d’absolue nécessité, et qu’en donnant aux plates-bandes où sont plantés les arbres un relief de 18 pouces, la chaleur de l’air CULTURE DES ORANGERS SOUS VERRE. 209 ambiant pénètre assez dans la région oc- cnpée par les racines pour donner toute la vigueur nécessaire aux arbres. Si les Orangers, au lieu d’être en pleine terre, sont en pots ou en caisses,- la culture se simplifie encore. On peut faire courir un des tuyaux du thermosiphon sous le dal- lage qui supporte les pots ou les caisses, et c’est alors un véritable chauffage géo- thermique, du reste nécessaire, si Ton veut que les arbres soient très-productifs. Pour la culture en pots et en caisses, on em- ploie un compost fait, par parties égales, de sable siliceux, de terre franche et de fumier entièrement décomposé. Pour la plantation en pleine terre, on se borne à prendre une bonne terre franche, un peu grasse , à laquelle on ajoute une égale quantité de terreau de feuilles et de fumier décomposé. Quand les arbres y ont été plantés, M. Rivers conseille de tasser for- tement la terre sur les racines, parce qu’il a remarqué que les Orangers ne viennent nulle part mieux que dans les sols com- pactes et durs. La meilleure forme à faire prendre aux Orangers cultivés sous verre est la forme sphérique, qui leur est d’ailleurs naturelle. On pourrait pour plus d’une raison pré- férer la forme pyramidale, mais l’expé- rience montre qu’elle n’est pas compatible avec le tempérament de POranger, et que, lorsqu’on la lui a fait prendre par quelque moyen artificiel, les branches inférieures s’affaiblissent et cessent bientôt de fleurir. Une tige de 5 pieds (lm 60) est suffisante pour ces arbres, bien qu’on puisse les laisser monter un peu plus haut, par exemple à 8 ou 9 pieds (2m50 à 2m90), si les dimensions de la serre le permettent. Quant à la distance des arbres entre eux, elle varie nécessairement suivant leur taille et l’ampleur de leur tête ; dans aucun cas, pour des arbres en pleine terre, elle ne doit être inférieure à 5 pieds (lm 60) ; plus or- dinairement même elle dépasse quelque peu cette limite. Dès qu’il s’agit de cultiver pour avoir du fruit, il est évident qu’on ne doit s’attacher qu’aux races d’élite, à celles qui sont à la fois excellentes et productives. Ces races ne sont pas nombreuses, et l’on éprouverait de grandes déceptions si l’on accueillait sans examen tous les Orangers qui se cultivent chez les pépiniéristes du midi de la France et de l’Italie. Leurs jardins sont, en effet, remplis de variétés de fantaisie qui n’ont aucune valeur au point de vue qui nous occupe ici. Une des meilleures races d’O- ranges qu’on puisse choisir pour la culture sous verre, tant à cause de l’excellence de sa pulpe que de sa fécondité, est l’Orange tangérine , dont l’arbre ne dépasse guère 7 pieds (2m 25), même dans le nord de l’A- frique. Une des qualités qui la recomman- dent encore tout particulièrement ici, c’est l’époque très-hâtive de sa maturité, qui arrive en octobre, c’est-à-dire juste au mo- ment où finit la saison des Pêches et au- tres fruits d’été. Mûre et fraîchement cueillie, l’Orange tangérine est délicieuse, mais elle perd de sa bonté lorsqu’elle est importée d’un peu loin ou qu’elle est dé- tachée de l’arbre depuis quelques jours; aussi l’usage commence-t-il à s’introduire en Angleterre de servir, au dessert, l’arbre lui-même, cultivé en pot et chargé de ses fruits mûrs, afin que chaque convive puisse les cueillir dans toute leur fraîcheur. L’Orange tangérine est un peu trop pe- tite ; c’est là son défaut. Si l’on préférait des Oranges de grosseur ordinaire, on de- vrait choisir la sanguine de Malte. Cette es- pèce aussi gagne à être mangée au moment où elle se détache de l’arbre, et elle perd sensiblement au bout de quelques jours de cueillette, ce qui explique pourquoi celles qu’on récolte dans les vergers couverts de l’Angleterre valent mieux que celles du midi de l’Europe. L’arbre, d’ailleurs, a une précieuse qualité : c’est de fructifier très-jeune ettrès-abondammeni. M. Rivers en cite de son jardin qui, n’ayant pas plus de deux pieds de haut (0m65), donnent ce- pendant d’abondantes récoltes de fruits. On peut encore admettre dans les oran- geries plusieurs autres variétés , moins précoces ou moins productives que les deux précédentes, mais ayant encore un incontestable mérite. Telle serait X Orange de Saint-Michel, la plus belle de celles qu’on cultive aux Açores et certainement une des meilleures qui existent. Dans un jardin vitré bien conduit et convenablement chauffé, elle mûrit des derniers jours de décembre à la fin de février. On peut re- commander encore l’Orange mandarine , plus aplatie et un peu plus grosse que la tangérine, que d’ailleurs elle ne vaut pas; l ’Ambiguo, Y Orange ovoïde , Y Orange blan- che et quelques autres qui nous viennent des Açores, et qui méritent toutes de pren- dre place dans nos jardins vitrés, sans toutefois y occuper le premier rang. Ajoutons-y quelques variétés de citronniers ou limoniers qui font aussi de beaux arbres, et dont les fruits ont leur utilité dans l’é- conomie domestique. Il n’est personne qui ne comprenne que les abris vitrés, quelle qu’en soit la destina- tion, doivent se modifier dans leur forme, leur orientation, leur distribution inté- rieure, leur chauffage, etc., suivant les lieux etles climats; qu’une serre chaude, par exemple, ne saurait être construite ni gou- vernée à Saint-Pétersbourg comme à Paris, ni sous le ciel nuageux de la Normandie ou de la Bretagne comme sous le beau 2 i 0 DEUX NOUVEAUX SÉCATEURS. ciel du Languedoc ou de la Provence. Les jardins vitrés sont soumis à la même loi; mais ceux qu’on destinerait à la cul- ture des Orangers iraient se simplifiant de plus en plus à mesure qu’on s’avancerait vers la région où l’Oranger croît à l’air libre. Déjà sous le 45e degré de latitude, ces vergers couverts ne seraient plus guère que des abris pour la saison d’hiver, la | chaleur y étant déjà assez forte pour , dispenser de chauffer artificiellement les Orangers dans les autres saisons. Il est inutile, au surplus, d’insister sur ce détail; ceux qui, en France, trouveront de l’agré- ment ou du profit à cultiver les Orangers, en qualité d’arbres fruitiers , ne seront point embarrassés de découvrir les procé- dés les plus avantageux dans les conditions climatériques du pays qu’ils habitent. Naudin. DEUX NOUVEAUX SÉCATEURS L’habillage Si l’on a présents à l’esprit les principes physiologiques que nous avons posés page (3) Voir Rev. hort. 1867. pages 12, 59 et 70. 13 de ce recueil, on comprendra facile- ment comment le pincement des organes foliacés, en vertu de la loi de réaction ou 230 PINCEMENT GR1N. de balancement organique, devra détermi- ner des modifications soit de la partie pincée, soit de celle qui l’avoisine. Sans revenir sur ces principes fondamentaux et pour limiter notre sujet a ce qu’il est in- dispensable de connaître, nous rappelle- rons seulement que, virtuellement, il existe toujours au moins un œil à la base des feuilles, et que, parles fonctions que cel- les-ci remplissent eu égard à rœil qui l’accompagne , on peut les considérer comme les nourrices des yeux ; au point Fig. 23. — Pincement des feuilles stipulâmes du Pêcher. Fig. 24. — Modification d’un bourgeon anticipé de Pêcher à l’aide du pincement des feuilles. Fig. 23. — Bourgeon anticipé de Pêcher modifié par le pincement. de vue du pincement, on peut donc as- similer les feuilles à un bourgeon. Si donc on pince une feuille avant son complet développement, la sève qui était destinée à son accroissement réagira sur l’œil placé à sa base, de sorte que, suivant l’époque où l’on fait le pincement, suivant la vigueur des parties pincées, l’œil gros- sira plus ou moins, se modifiera tout en restant latent; si la modification est très-grande, il pourra même se transfor- mer en bourgeon. Nous venons de dire qu’il y avait à la base de chaque feuille au moins un œil ru- H ev uC // or U col? } Yentri Pinx* lmp Z a note. r des H oulangersjô, Pans Revue Horticole F.Yema Pmx * lmp Zanote r des Boulangers ,13 ,Pa.ns Pomme Reinette d'or PINCEMENT GRIN. 231 dimentaire; en effet, il doit toujours y en avoir davantage puisque chaque feuille est le développement d’un œil, et que tout œil avant son développement est composé d’écailles et que celles-ci , qui sont des feuilles rudimentaires, ont toujours à leur base un œil également rudimentaire qui, presque toujours, s’annule, mais qui, dans certaines circonstances, peut se dévelop- per et se transformer soit en fleurs soit en bourgeons. Tout ceci démontre comment suivant les circonstances ou les conditions dans lesquelles on se trouve placé, ou encore suivant le traitement auquel on soumet les différentes parties d’un végétal, on peut en obtenir des résultats différents; c’est ce qui va ressortir de ce qui suit. Nous devons aussi faire remarquer que, lorsqu’on pince les feuilles un peu après qu’elles sont apparues, mais toujours avant leur complet développement, non-seule- ment l’œil qui est à la base se forme et grossit davantage, mais encore que cet œil .se fixe et que malgré l’élongation du bourgeon il reste invariablement là où il était lorsqu’on a pincé la feuille. Ce fait a une très-grande importance, surtout en ce qui concerne les rameaux vigoureux dont rallongement est tellement rapide Fig. 26. — Bourgeon anticipé du Pêcher avec fruits et branche de remplacement. qu’il entraîne très-haut les premières feuil- les de sorte que la base du bourgeon est dépourvue d’yeux, et qu’on a alors ces pro- ductions auxquelles on donne le nom de faux bourgeons, qui, généralement, sont re- gardées comme mauvaises. En effet, étant dépourvues d’yeux dans toute la partie in- férieure, on est obligé de les tailler très- long, de sorte que la base est dénudée, inconvénient d’autant plus grand que l’empâtement de ces faux bourgeons est toujours très-gros et qu’il est complètement dépourvu d’yeux même rudimentaires. A l’aide d’un pincement raisonné, fait à pro- pos, des feuilles, non-seulement on peut éviter ces inconvénients, mais on peut, l’année même de leur apparition, trans- former ces bourgeons anticipés en pro- ductions fruitières, et même les amener à fruits, parfois même en faire des sortes de bouquets de mai ainsi que le démontre la gravure 25. Nous allons faire l’application des prin- cipes que nous venons de poser, et pour faire mieux comprendre la démonstration, nous l’accompagnons de gravures. Tous les yeux des parties vigoureuses des Pêchers, lorsqu’ils se développent, pré- sentent d’abord une grande feuille B, 232 GRENADIER LEGRELL1I. grav. 23 (1), puis , à l’intérieur, deux autres plus petites que l’on nomme feuilles stipulâmes (A, grav. 23). Lorsqu'on a affaire à ces sortes de bourgeons, il faut, aussitôt que ces feuilles apparaissent, les couper à la moitié de leur longueur, ainsi que cela est indiqué par le premier trait, grav. 24 et grav. 23 A. Alors l’axe du bour- geon,qui n'a pas été pincé, s’allonge, et l’on fait la même opération aux deux premières feuilles qui apparaissent après. Si ces deux feuilles sont très-éloignées de la pre- mière et qu’on veuille arrêter là le bour- geon, on pince le tout, les deux feuilles et l’extrémité du bourgeon. Dans ce cas, la sève s’arrête momentanément, se porte sur les yeux qu’elle fait rentier davantage, et, presque toujours, il part un ou deux bour- geons tout près de l’extrémité pincée. Ces nouveaux bourgeons sont à leur tour pin- cés (feuilles et axe) à la deuxième feuille, d’où résulte un renflement ou sorte de bourse entouré de rides, et bientôt appa- raissent les boutons, ainsi que le démontre la gravure 25. Le plus souvent cet arrêt ne se fait qu’à la troisième fçuille. Les yeux fortement constitués, très-vi- goureux qui auraient produit des bour- geons anticipés de mauvaise nature, ne se transforment pas toujours en bouquet de mai comme le représente la grav. 25. Mais toujours par le pincement que nous venons d’indiquer, ils sont convertis en petites branches fruitières portant des boutons dans leurs parties supérieures et, à leur base, de bons yeux à bois d’où résultent l’année suivante des branches de rempla- cement, tandis que la partie supérieure peut donner du fruit (grav. 26). C’est sur- tout lorsque dès son premier développe- ment on pince toutes les feuilles d’un bour- geon, ainsi qu’on le voit en F, gravure 23, qu’on fait éprouver à ce bourgeon une perturbation plus considérable et qu’on le moditie plus profondément. Pour nous résumer, nous disons : le pincement Grin est non-seulement simple et facile à exécuter, il est conforme aux théories scientifiques qu’on a établies en (1) Ce sont des feuilles qui, dans le classement des Pêchers, doivent être prises comme exemple pour la définition des glandes. ce qui concerne la marche de la sève. Pra- tiquement, il se réduit à ceci : pincer ou couper par moitié les premières feuilles des bourgeons aussitôt qu’elles apparais- sent, afin de fixer et de faire développer à à bois l’œil qui est à leur base; puis, lors- que le bourgeon s’est allongé, qu’il a ac- quis la longueur qu’on veut donner aux branches fruitières, pincer les dernières feuilles ainsi que l’extrémité de l’axe, at- tendre et opérer de même sur les bour- geons secondaires et, au besoin, suppri- mer quelques-uns de ceux-ci. En opérant ainsi, on est sûr d’obtenir des fruits et des branches de remplacement qui, à notre avis, sont le point le plus im- portant. Quant à la taille, elle se réduit à supprimer lespartiesqui feraient confusion, parfois à rapprocher les branches courson- nes et, si la chose est nécessaire, à atta- cher çà et là quelques branches pour la régularité des parties. Nous bornons nos observations sur le pincement Grin aux détails qui précèdent, convaincu que nous sommes que, quelque restreintes qu’elles soient, elles suffiront à quiconque voudra en faire l’application. Sans admettre exclusivement ce mode de pincement (personne plus que nous n’est ennemi des théories absolues , quelles qu'elles soient ), nous pouvons par expé- rience assurer qu’il produit de très-bons ré- sultats et que, pratiqué avec discernement, il peut rendre de grands services. Du reste, ce système n’est pas à l’état de pure théorie : il a pour lui des faits incontesta- bles qu’on peut voir. D’autre part, rien n’est plus facile à expérimenter, et c’est même un devoir, surtout pour ceux qui veulent en parler avec connaissance, soit pour l’appuyer, soit pour le combattre. Nous ajoutons que M. Grin n’en fait pas mystère, et qu’au contraire il se fait un véritable plaisir d’enseigner et de démon- trer ce mode de pincement. Homme de conviction et dévoué, et dont le dévoue- ment égale la loyauté, ce qui; veut avant tout M. Grin, c’est vulgariser une chose qu’il croit bonne. 11 a donc droit à l’estime de tous. E. A. Carrière. GRENADIER LEGRELLII Le genre Grenadier ( Punica ) se compose d’une seule espèce, qui comprend un cer- tain nombre de variétés. Le Grenadier i nain, dit des Antilles, Grenadier nain de la Chine {Punica nana), que quelques au- teurs ont considéré comme une espèce, n’est, selon moi, qu’une variété de l’espèce commune. Comme variétés distinctes, il y a celle à fleurs blanc jaunâtre, le blanc double, le rouge double, le nain dont je viens de parler, enfin la variété qui fait le sujet de cet article, le Grenadier Legrellii , appelé aussi Grenadier du Japon , à feuilles pana- chées. 11 y a bien encore quelques autres variétés, mais elles sont peu distinctes; POMME REINETTE d’0R. OBSERVATIONS SUR LES GELÉES TARDIVES. 233 elles ne diffèrent que par des caractères de végétation, quelques-unes par leur fruit, quelques-unes aussi ne se distinguent guère que par la rareté de leurs fleurs, caractère qui n’est pas de nature à les faire recher- cher; aussi je n’en parlerai pas. La variété la plus méritante, celle qu’on doit préférer à toute autre, c'est le G. Legrellii. Voici l’indication des caractères qu’elle présente : Arbrisseau vigoureux et relativement très- rustique. Bourgeons assez longuement effilés, légèrement anguleux. Rameaux florifères courts. Feuilles à peu près sem- blables à celles du type. Fleurs très-nom- breuses, semi-doubles, le plus souvent réu- nies par trois et quatre à l’extrémité de ra- milles courtes , plus rarement solitaires, d’un rose saumoné, striées ou maculées blanc pur, à pétales souvent chiffonnés ou comme crispés. Cette variété, qui n’est point assez con- nue, est préférable à toutes les autres et même au type; elle fleurit abondamment. A ses fleurs, d’une très-jolie couleur et constamment panachées, succèdent des fruits qui, presque toujours, mûrissent et deviennent mangeables sous notre climat d’Angers. Un très-grand avantage que pré- sente encore le Grenadier de Legrelles, c’est d’être plus hâtif qu’aucun de ses con- génères ; sa floraison commence quinze jours au moins plus tôt que celle de tous les autres et ne s’arrête que très-tard à l’au- tomne, lorsque les froids arrivent. Aussi, je le répète, c’est un des meilleurs à cul- tiver. Cette variété résiste aux grandes séche- resses, et, en même temps, elle ne redoute pas l’humidité. Ainsi le terrain dans le- quel elle est plantée peut être submergé pendant un mois et plus, sans que la plante en soutire, fait que j’ai pu vérifier plu- sieurs fois sur les terrains qui avoisinent la Loire. D’où vient le Grenadier de Legrelles? Je l’ignore. Ce que je sais, c’est que notre maison l’a acheté en Belgique, vers 1860. Cette variété a-t-elle été obtenue dans ce pays, et par qui? Je ne puis le dire. Ou bien encore serait-elle originaire du Ja- pon, ainsique quelques-uns le prétendent? Nous l’avons multiplié en quantité, et déjà nos multiplications se couvrent de fleurs. . André Leroy. POMME REINETTE D’OR Arbre de vigueur moyenne , d’un tem- pérament analogue à celui du Pommier Calville blanc. Fruit déprimé moyen, plus large que haut, très-rarement aussi large que haut, côtelé, surtout vers le sommet; cavité pédonculaire arrondie assez pro- fonde, petite, évasée ; queue courte dépas- sant à peine la cavité ; ombilic placé au fond d’une cavité évasée à œil très-petit et fermé, à divisions calycinales petites, per- sistantes; peau lisse, d’un jaune clair pas- sant au beau jaune d’or, parfois très-légè- rement fouetté de carmin brillant, unie, quelquefois légèrement striée de gris sur- tout à la base; chair blanche à grain fin, un peu cassante, sucrée, ayant une saveur prononcée de Reinette. La Pomme Reinette d’or, l’une des plus délicieuses et des plus estimées dans quelques localités des environs de Bordeaux (1), a beaucoup d’analogie avec la Calville blanche; elle est remarqua- ble entre toutes par la largeur et la profondeur de la cavité ombilicale. Les fruits mûrissent de janvier à mars. Voici ce qu’en a dit M. Glady, de Bordeaux, L c. : « Cette Pomme est toujours fort recher- chée dans le Lot-et-Garonne, on la vend deux fois le prix des autres. Les médecins ordonnent pour certaines affections de la tisane de. Pomme de reinette... On emploie fréquemment cette précieuse Pomme dans les ménages pour faire des omelettes aux Pommes. Nous pouvons affirmer qu’on ne réussira jamais à faire avec aucune autre variété de Pommes des omelettes aussi bonnes qu’avec la Reinette d’or. » E. A. Carrière. (1) Voir Revue horticole , 1867, p. 34. OBSERVATION SUR LES GELÉES TARDIVES SURVENUES A LA FIN DE MAI 1867 L’abaissement considérable de la tempé- rature pendant les nuits des 22, 23 et 25 mai dernier où le thermomètre marquait, à Paris, 2et3 degrés au-dessus de zéro, et- de 1 à 3 au-dessous sur quelques points des environs de la capitale, a causé des dégâts que je crois devoir signaler. Ainsi à Vin- cennes, Montreuil, Vitry, Boulogne, beau- coup de tiges de Pommes de terre et de Haricots ont été gelées. A Orléans, les vignes ont souffert et un assez grand nom- bre de bourgeons ont été détruits. Sur quelques points de la Normandie, à Har- court, Rouen, Yvetot, la terre a été cou- 234 EXPOSITION UNIVERSELLE d’hORTICULTURE EN 1867. verte de neige pendant deux jours, les 22 et 23 ; malgré cela il n’y a pas eu de dégâts sensibles. Les arbres fruitiers, notamment les Poi- riers, qui étaient abondamment pourvus de fruits, ont souffert de ce temps froid et humide; beaucoup de jeunes poires sont tombées, mais leur nombre était si consi- dérable qu’il en reste encore une quantité suffisante. Les Haricots, les Pommes de terre, les Tomates et plusieurs autres plantes légu- mières de primeur ont été gelés. Dans les jardins fleuristes, les plantes exotiques qui avaient été sorties des serres depuis peu et plantées en massifs, telles que Pélargonium , Canna , Héliotropes et Coleus, ont été très-fatiguées; beaucoup même ont eu leurs feuilles et l’extrémité de leurs tiges détruites par le froid. Au jardin des plantes de Paris, quoique EXPOSITION UNIVERSELLE Les seize concours principaux de la qua- trième série avaient été réservés à l’exposi- tion générale des Palmiers et des Cy codées. Le premier prix du concours désigné au programme de la commission im- périale : « Espèces et variétés réunies en collections, » a été donné à M. Chantin pour sa collection de Palmiers, composée de 80 sujets, parmi lesquels nous citerons : Areca alba et Saribus olivæfonnis, très- beaux exemplaires; Areca horrida; Rhapis Sierotsik , au port bien plus élégant et au feuillage bien plus gracieux que le Rhapis flabelliformis ; Ceroxylon niveum, aux feuilles argentées en dessous; Wallichia caryotoides, avec ses belles nervures bru- nes et ses folioles déchiquetées sur les bords. Le même horticulteur, M. Chantin, a également obtenu un premier prix pour son lot de cinquante espèces de choix. Dans ce lot, dont les exemplaires étaient aussi remarquables que ceux présentés dans sa collection, nous avons noté comme méritant une mention spéciale : Areca spe- ciosa, un des plus beaux Palmiers connus, dont le tronc et les pétioles noirâtres sont légèrement semés de substance farineuse; Areca nobilis et Thrinax gracilïs, espèces très-élégantes par leur feuillage ; Areca Verschaffeltii, remarquable par sa nervure d’un jaune orangé sur toute la longueur du pétiole de la feuille; Seaforthia robusta , plante très-méritante; Zalacca Wagnerii ; Cocos Ronettii , aux feuilles gracieusement infléchies, légères, d’un vert glauque; espèce très-recommandable. Les deux concours désignés sous la ru- (1) Voir Rev. hort., 1867, p. 173, 193 et 214. situé près de la Seine, le thermomètre a marqué, pendant les nuits les plus froides, 2 et 3 degrés au-dessus de zéro; le 25, on remarquait bien à 5 heures du matin une légère gelée blanche sur les gazons , mais elle a disparu peu de temps après, aussi n’avons-nous rien ed à déplorer par suite de ce temps extraordinairement froid pour la saison, et dont l’effet devait se faire d’au- tant plus sentir sur les végétaux qu’ils avaient été sortis des serres pendant les beaux jours que nous avions eus auparavant, et pendant lesquels le thermomètre était monté jusqu’à 26 degrés, et plus, au-des- sus de zéro. Les végétaux qui ont le plus souffert dans les cultures sont ceux qui étaient si- tués dans les parties basses ou près des bois; ceux cultivés en plaine ou sur les parties élevées n’ont pas eu de mal. Pépin. ^HORTICULTURE DE 1867 (1) brique : « Lot de 25 sujets (fortes plantes) et Lot de 12 sujets remarquables par la force et le choix , » ont été récompensés, savoir : le premier des concours susdési- gnés d’un second prix accordé à M. Dal- lière, horticulteur à Gand (Belgique) ; le second également d’un deuxième prix, dé- cerné à Mme Legrelles d’Hanis. Dans le concours ouvert pour un sujet remarquable par son développement ex- traordinaire, le jury a donné cinq récom- penses, savoir : un premier prix à M. Lin- den , pour son Seaforthia robusta ; un deuxième prix à M. Chantin, pour son très - remarquable exemplaire d 'Areca sapida ; un troisième prix à M. Denis, pour son Phœnix dactylijera , déjà mentionné dans notre précédent article; enfin, à MM. Linden et Chantin, chacun une men - Mon honorable , le premier pour son Cha- mærops stauracantha\ le second pour son Thrinax radiata (argentea). Ces cinq su- jets étaient surtout très-remarquables par leurs dimensions extraordinaires. M. A.Verschaffelt a obtenu \epremier prix pour un lot de 25 Palmiers, nouvellement introduits, dans lequel nous avons vu : Pmanga maculata; Korstalsia robusta ; Chamædorea atrovirens: Brahea nitida; lriartea exorhiza ; Seaforthia speciosa ; Wallichia myriostigma, dont la tige et le pétiole des feuilles, de couleur blanche, sont couverts d’aspérités spinescentes de couleur brune ; Calamus V érschaffeltii , Palmier très-élégant et très-gracieux. Le concours pour un lot de 12 Palmiers de récente introduction était très-remar- quable et a valu un premier prix à M. Linden. Six plantes de son lot nous ont EXPOSITION UNIVERSELLE d’hORTICULTURE EN 1867. 235 paru surtout devoir être mentionnées comme sujets de choix, ce sont : Marline- zia erosa; Bactris sp. ? de Rio-Negro, très- élégant; Livistona Hoogendorpi , armé de fortes épines; Calamus refractus ; Plecto- comia histrix , paraissant très- vigoureux ; Bhapis flabelliformis foliis variegatis , à feuilles panachées. C’est le premier Pal- mier sur lequel on ait constaté une pana- chure jaune dans le feuillage. Le jury a eu ensuite à examiner les lots de six espèces de récente introduction ex- posés par MM. Chantin et Verschaffelt. M. A. Verschaffelt a obtenu un deuxième prix et M. Chantin un troisième prix, pour des plantes aussi remarquables comme choix d’espèces que comme culture. M. Verschaffelt avait dans son lot, comme plantes recommandables pour l’or- nement des serres chaudes: Areca monos- tachiya et Pinanga maculata ; Livistona al - tissima ; Areca furfuracea ; Bhapis / lahelli - formis foliis variegatis. Dans celui de M. Chantin, nous avons remarqué : Areca crinita , charmant Palmier d’un grand avenir; Stevensonia (Phœnicophorum) ; Se- chellarum viridifollium (un descendant du fameux Palmier volé); Areca nobilis ; Cocos Wedeliana, charmante miniature ; Korslal- sia robusta , dont les folioles ressemblent à celles des Caryota;enûn,Ptychospe?'mum gracilis et Areca g landi formis, aussi diffé- rents par le nom qu’ils sont ressemblants par la forme et le feuillage. M. Chantin a encore obtenu un second prix pour un beau lot de Palmiers du genre Calamus. Les sujets qui nous ont paru les plus inté- ressants comme plantes de grandes dimen- sions ou nouvelles, sont : Calamus aspe - rimus ; Draco ; spectabilis ; Sumatrana ; G et ah. Les Palmiers nouveaux ont été récom- pensés, savoir : un premier prix à M. Lin- den; un second prix à M. Dallière. Les plantes les plus remarquables de l’ex- position de M. Linden sont: Cocos ele- gantissima; Pliytelephas Yurumagas ; deux espèces de Desmonchus , très-recomman- dables par la disposition spéciale de leur végétation. Nous ne terminerons pas le compte rendu des concours de Palmiers , sans remercier M. Chantin de ses belles expo- sitions. Il nous semble difficile, sinon im- possible, de trouver dans une autre maison un pareil choix comme force et variétés. Les divers concours de Cycadées ont en- core mis. en relief l’importance des cul- tures de M. Chantin. En effet, dans le con- cours d’espèces et variétés réunies en col- lections, cet horticulteur avait exposé 29 sujets d’espèces ou de variétés différentes, presque tous remarquables par leur vi- gueur, leur choix et leur grande dimen- sion. Jamais, jusqu’ici, une pareille collec- tion n’avait été présentée à l’examen d’un jury, des amateurs et horticulteurs. Le jury a décerné un premier prix à cette collection, dans laquelle nous avons remar- qué : Cycas Bumphii ; Zamia linearis var. longissima; Zamia superba, à larges feuil- les plissées; Katahidozamia Macleyi, au feuillage élégant; Zamia Makoyana ; Za- mia ( Stangeria ) Magellanica et Stangeria paradoxa, portant tous les deux des inflo- rescences ; enfin un Zamia sp. ? dont le pétiole est tellement contourné à l’extré- mité que les folioles semblent être al- ternes. M. de Ghellinck de Wale, amateur dis- tingué de Gand (Belgique), a obtenu le deuxième prix de collection. Tous les su- jets exposés par M. de Ghellinck étaient fort remarquables; mais nous citerons seulement : Zamia caffra compressa, très- bel exemplaire; Zamia Lechmannii macu- lata; Zamia Miqueliana , jolie espèce qui a donné naissance à la belle variété d’un vert plus foncé, étiquetée Zamia Mique- liana glaucophylla ; enfin, un bel exem- plaire de Ceratozamia Mexicana, qui a été fort admiré du public et des connaisseurs. Le concours ouvert pour une plante re- marquable par sa rareté ou son dévelop- pement a été d’autant plus curieux à suivre, qu’il mettait en présence les prin- cipaux cultivateurs de Cycadées, je ne di- rai pas de l’Europe seulement, mais pres- que du monde entier. MmeLegrelle-d’Hanis et M. Chantin , qui tous les deux présen- taient un Encephalartos Altensteinii, ont reçu : Mme Legrelle d’Hanis , un premier prix, et M. Chantin un troisième prix. M. Linden a obtenu un deuxième prix pour son Cycas revoluta. Pour terminer la série des concours principaux, il ne nous reste plus qu’à si- gnaler le Zamia villosa, présenté comme sujet de récente introduction par M. de Ghellinck de Wale. Bien que le jury ait déjà eu à examiner cette espèce dans plu- sieurs concours, elle a été , sans doute à titre d’encouragement, récompensée d’une mention honorable. Les belles Orchidées deM. le duc d’Ayen, dont nous avons entretenu nos lecteurs dans notre précédent compte rendu, ont valu un premier prix à leur proprié- taire. Il s’est produit , à cette occasion , un fait qui nous a paru bon à noter comme un heureux précédent. M. Bron- gniart, président de la commission con- sultative, ayant pensé que M. Fanton, jar- dinier en chef de M. le duc d’Ayen, méri- tait une distinction spéciale pour le talent avec lequel il a dirigé la culture des plantes exposées, a proposé à la commis- sion d’accorder un premier prix à M. Fan- 236 EXPOSITION UNIVERSELLE d’hORTICULTURE EN 1867. ton, ce qui a été adopté à l’unanimité. Sans vouloir examiner si cette décision honore plus ceux qui donnent que celui qui reçoit, nous nous joignons à tous les horticulteurs pour remercier M. Brongniart de sa bienveillante initiative en cette cir- constance. M. Luddemann, qui avait accepté la lutte avec M. le duc d’Ayen, a reçu un troisième prix pour sa collection à.’ Orchidées. Après cela, quittons, pour un instant, les produits de la serre chaude et arrivons aux concours des végétaux de pleine terre, où nous trouvons, en première ligne, les Rhododendron dont il est inutile de faire l'éloge. Le premier concours de ces plantes ( espèces et variétés réunies en collection ), a été fort remarquable et a donné les résultats suivants : M. Groux , le pre- mier prix; M. Van Acker, l’habile jardi- nier-chef de Fromont, deuxième prix ; M. Paillet, troisième prix; enfin, M.Morlet, une mention honorable. Citons les plantes qui nous ont semblé les plus remarquables dans chacune de ces collections. D'abord, dans celle de M. Croux, les Rhododen- dron Lovii, blanc avec macule jaune ; Reedianum , carmoisi maculé noir; Bylsia- num, rose vif à centre blanc; Elfride, rouge foncé à taches et maculé d’un brun noirâtre; Étoile de Villers, très-florifère. Dans celle de M. Van Acker : Favorite, abondamment couverte de fleurs d’un beau rouge vermillon ; elegans ; delica- tum; Georges Cuvier. A cette liste toutes les plantes désignées dans la collection de M. Croux. Ensuite , dans la collection de M. Paillet, composée de plantes fortes : les Rhododendron John Waterer ; Lefe- breianum ; Elfride ; Gloire d'Angers ; Enchanteresse , couverte de magnifiques bouquets blancs; Princesse Marie, à jolies fleurs d'un rose transparent avec macule de couleur jais; magnificum,, aux nom- breuses fleurs de couleur violet brillant; Lady Leonor Cathcart, rose tendre admi- rablement tachetée; delicalissima, de cou- leur blanc carné. Enfin, dans celle de M. Morlet : les variétés Béranger , à gran- des fleurs fond blanc; Étendard de Flan- dre, lilas maculé de noir; Madame Miol- han Carvalho, blanc légèrement rosé sur les bords; Prince Camille de Rohan, belle variété, fond blanc largement maculé de pourpre et ondulé sur les bords; Gloire d’Angers , fleurs couleur rose tendre, for- tement pointillées de carmin foncé. Le concours de 50 espèces ou variétés de choix était surtout remarquable par l'exposition des produits de MM. Thibaut et Keteleer, que le jury a récompensé d’un premier prix. Les variétés les plus remarquables étaient: Duc de Brabant (Vervaene) , blanc bordé de rose et tigré de brun ; Madame Durand, plante flori- bonde, d’un beau blanc; concessum , fleur rose clair à impériale rouge fauve; Orphe- lin, beau blanc pur à macule jaune; Joseph Witworth , très-grande fleur couleur lilas vineux à macule noire ; Minnie, rose pas- sant au blanc avec macule brune, plante de premier mérite; Mistress Fitzgerald , rouge cramoisi ; Lady Emilie Peel, jolie plante dont les fleurs sont d’un beau rose; Rosetla, fleurs d’un rose brillant à impé- riale jaune; Stamfordianum, à fleurs rou- ges; Nero ; Princess of Cambridge ; Lady Godiva. Outre cette récompense accordée à MM. Thibaut et Keteleer, le jury décer- nait une mention honorable à M. Cochet et une à M. Royer. Le lot de M. Cochet, sans étiquettes, contenait comme plantes fleuries à noter : Rh. Humboldtii ; azaloides odorata, rose tendre, très-florifère et très-odorant. Dans celui de M. Boyer on distinguait : Elfride ; Leonora; Ixojoardii, à fleurs couleur lilas clair piquetées sur presque toute la sur- face et ornées d’une belle macule ; Ingra- mii, grande fleur de couleur blanc lilacé, à impériale jaune; Everestianum , fleurs d'un rose lilacé clair, à bords ondulés, plantes du plus joli effet. MM. Jamin et Durand obtenaient un second prix pour leur lot de 25 Rhododen- dron remarquables par leur développe- ment. Ensuite, dans le concours ouvert pour sujets nouveaux obtenus de semis, le jury décernait un deuxième prix à M. Oudin aîné, horticulteur à Lisieux, et un troisième prix à M. A. Verschaffelt. Ces deux horticulteurs avaient présenté savoir : M. Oudin aîné, un Rh. Impératrice, belle variété d’un blanc pur, mais qui manquera probablement un peu de tenue. D’après l’obtenteur, ce gain serait une hybri- disation dans laquelle 1 ’Azalea indica au- rait joué un certain rôle. M. A. Verschaf- felt avait exposé une plante encore inno- mée à fleurs lilas foncé à l’extérieur et blanc lavé de lilas clair à l’intérieur. Les collections d ’Azalea Pontica ont été fort remarquées par le jury qui a décerné les récompenses suivantes: un premier prix à M. Van Acker; un second prix à M. Croux, une mention honorable à M. Morlet. Re- grettons que les plantes formant les col- lections de MM. Van Acker et Croux n’aient pas été munies d’étiquettes, puis signalons comme plantes extraordinaires : 1° dans la collection de M. Van Acker, Azalea coc- cinea speciosa; Sinensis lutea; rubrasplen- dida; Heureuse surprise ; alba suprema ; Grandeur triomphante ; Rêve de bonheur; 2° dans celle de M. Croux , Aurore de Roey- ghem ; intéressante; coccinea maxima. Enfin, dans celle de M. Morlet, Gloire de Verschaf- felt; Madame Barillet ; Vierge Marie; la EXPOSITION UNIVERSELLE D’HORTICULTURE EN 1867. 237 Superbe ; Bronze unique ; la Joie des ama- teurs. M. Van Acker avait encore présenté au jury, qui l’a récompensé d’un premier prix, un lot de variétés nouvelles d ’Azalea Pontica. A en juger par la grandeur des fleurs, la beauté et la variété des coloris, ce sont là des gains sérieux et riches d’a- venir. Le concours de Rosiers réunis en col- lection avait de nouveau mis en présence MM. Margottin et Jamain Hippolyte; mais cette fois M. Fontaine, horticulteur fort distingué, était venu pour leur disputer la victoire. Le jury a décerné wx\ premier prix à M. Margottin; un second prix à H. Ja- main; une mention honorable à M. Fon- taine. Les Rosiers présentés appartenaient encore à la culture forcée; aussi, tandis que ceux de M. Margottin n’avaient pour ainsi dire plus de belles fleurs, ceux de M. Jamain n’étaient pas assez avancés. Ce concours n’a pas eu l’attrait du pré- cédent. M. Fontaine, seul concurrent pour le lot de 25 variétés de Rosiers-Thés , re- marquables par leur bonne culture, a ob- tenu un troisième prix. Signalons pour mémoire : d’abord et malgré leur infériorité avec les envois pré- cédents, les Calceolaria de- M. Huillier, récompensés d’un second prix ; ensuite le lot de iO forts Azalea indica de MM. Veitch et fils, auquel le jury a donné un premier prix ; enfin Y Azalea indica de semis pour lequel MM. Joseph Ver- vaene et Cie ont reçu une mention hono- rable. Les plantes vivaces réunies en collection ont été primées, savoir : d’un deuxième prix décerné à M. Yvon, horticulteur à Montrouge, et d’un troisièmeprix à M. Thi- baut-Prudent. Celles présentées en lot d’espèces ou variétés nouvelles de pleine terre, ont valu un second prix à MM. Vil- morin-Andrieux et Cie pour leur variété de Pyrethrum. Le jury a encore accordé au genre Pyrethrum pour le concours dit « lot d’espèces ou de variétés d’un même genre , » un troisième prix à M. Duvivier. Nous citerons parmi les belles variétés exposées : Pyrethrum M. Barrai , la plus belle quoique la plus ancienne ; Madame Duvivier , rose tendre passant au blanc; Rose perfection, rose avec centre blanc; Mademoiselle Patti , d’un coloris rose terne. Le concours de plantes annuelles réu- nies en collection a été très-remarquable et a donné les résultats suivants : un pre- mier prix à MM. Vilmorin, Andrieux et Gle; un deuxième prix h. M. Guénot; un troisième prix à M. Loise-Chauvière ; enfin une mention honorable à MM. Havart et Cie. La collection de MM. Vilmorin et Cie, splendide comme choix , ne laissait rien à désirer comme culture. De pareilles ex- hibitions sont et seront toujours non-seu- lement intéressantes, mais utiles, parce qu’elles montrent combien l’art peut mo- difier la nature, en forçant la plante la plus insignifiante à revêtir, par la culture, un caractère qui charme la vue. Le second concours de plantes annuelles a valu un troisième prix à M. Duvivier, pour un lot de Giroflées Empereur remar- quables par la beauté et la variété des coloris. Le concours de Pivoines a été aussi mé- diocrement rempli que celui des roses. Cependant le jury a décerné un second prix à M. Charles Verdier. Le lot de M. Paillet était entièrement défleuri. Par l’abondance des fleurs coupées , soumises à l’examen du jury, on voit que nous entrons dans la vraie saison florale. Le jury a accordé de nombreuses récom- penses, savoir : un troisième prixk M. Gué- not, pour ses Anémones; une mention ho- norable à M. Loise-Chauvière, pour ses Iris ; un troisième prix à M. Guénot pour ses Renoncules ; un premier prix à M. Charles Verdier et une mention hono- rable à M. Paillet, pour leurs Pivoines; une mention honorable à M. Vood, horti- culteur à Rouen, pour ses Rhododendron ; enfin un troisième prix à Mademoiselle Lion, pour ses Bouquets dont tout le monde admirait l’élégance et la distinction. En terminant, nous adressons des remercî- mentset des félicitations àM. Deschamps, amateur, pour l’exposition, hors concours, de sa charmante corbeille de fleurs. Les légumes étaient en moins grand nombre que lors de la dernière série. M. Lhérault-Salbœuf a reçu un premier prix pour les asperges de la variété dite tardive; M. Louis Lhérault, un second prix seulement, pour les produits de la même espèce, mais de la variété dite hâtive. Venaient ensuite dans l’ordre des con- cours : quatre Vignes en pots présentées avec fruits mûrs, un troisième prix à Ma- dame veuve Froment; lot d ’ Ananas va- riés, un second prix à MM. Crémont frè- res ; lots de Raisins forcés , un premier prix à M. Rose-Charmeux, un deuxième prix à M. Constant Charmeux ; un troisième prix à M. Rertron, de Sceaux; lot de douze variétés de Cerises , un troisième prix à M. Besson, des Bouches-du-Rhône. Si, après cela, nous inscrivons, comme produits exposés hors concours des lots envoyés par MM. Fontaine et Gallien, quel- ques tubercules venant de Pontoise, des Artichauts de Rome, des Pommes de rei- nette du Canada, très-bien conservées, nous aurons présenté au lecteur le bilan de la culture maraîchère et fruitière de cette série. R nous reste maintenant à signaler les 238 SESLERIA CÆRt'LEA. concours divers, fort importants par la nature des plantes exposées. En première ligne nous placerons les Pélargonium fantaisie de M. Vaudron, que le jury a ré- compensés d’un premier prix. Ces plantes étaient très-remarquables par leur grand développement, car plusieurs mesuraient lm 60 de diamètre; elles étaient couvertes de fleurs et auraient pu, sans crainte, fi- gurer à côté de celles présentées aux ex- positions anglaises. Les Pélargonium ob- tenus de semis par M. Regnier, n’ayant pas paru à la commission avoir un mérite transcendant, n’ont reçu qu’une mention honorable , à titre d’encouragement. Les Tillandsia argentea de M. J. Ver- schaffelt (signalés dans notre compte rendu de la précédente série) ont été récom- pensés d’un premier prix. Le même horti- culteur a obtenu un troisième prix pour un fort exemplaire de Eriostemon buxifo- lia et une mention honorable pour son Clerodendron Bungei foliis variegatis. Mme Legrelle-d’Hanis, amateur, a reçu un second prix pour un lot d7Aroïdées parmi lesquelles nous citerons comme re- marquables : Anthurium regale et Anthu- rium magnificum ; un second prix pour son lot d’ Araliacées, comprenant un Bo- tryodendron macrophyllum (plante rare) et un bel exemplaire c Y Aralia dactylifolia ; enfin, un troisième prix pour son lot de Broméliacées variées. M. Chantin obtenait une mention hono- rable pour un A taccia cristata. Cette plante, de la famille des Taccacées, est très-origi- nale par la conformation de son inflores- cence; ses fleurs, placées en ombelles au sommet d’une hampe assez longue, sem- blent garanties de la pluie par trois brac- tées dont deux se trouvent à la partie su- périeure. M. Cheret recevait un troisième prix pour un lot de Vinca Madagasca- nensis ; M. Delaire, jardinier en chef du jardin botanique d’Orléans, un troi- sième prix pour son Dorianthes excelsa qui, bien que de dimensions relativement faibles, n’en a pas moins été fort admiré. Comme nous l’avons déjà constaté dans nos précédents comptes rendus, beaucoup de personnes avaient envoyé des produits pour décorer le jardin réservé. Remer- cions-les de nouveau et signalons à tous, SESLERIA Très-souvent des propriétaires de parcs et de jardins paysagers où se trouvent des coteaux calcaires, se plaignent de voir ces lieux dénudés sans qu’il leur soit possible de former des Gazons sur ces hauteurs sté- riles. Une plante indigène bien propre à remplir ce but est la Seslère bleue (Ses- d’abord les Orchidées de M. Guibert et de M. le comte de Nadaillac; les Ravenala et les Palmiers de M. Mathieu ; les Rosiers- Thé Maréchal Niel de M. Paillet ; les Dalhia et les Verbena variés de M. Dufoy; les Campanula medium var. rosea de MM. Vilmorin et Cie; les Gloxinia de M. Loise-Chauvière; les Myosotis Prin- cesse Elisabeth de M. Morlet. Ces nouveaux Souvenez-vous de moi produisent, depuis le mois d’avril jusqu’à la fin de l’automne, de nombreuses fleurs d’un beau bleu. Enfin les arbustes de M. André Leroy, horticulteur à Angers, appartenant aux genres Thea, Araucaria , llex, et surtout ces Lierres en arbres, qui sont le résultat de la greffe. C’est à l’aide de ce procédé que cet horticulteur obtient les très-beaux lierres-arbustes touffus qui figurent à l’ex- position, et dontl’aspçctetla forme ne rap- pellent en rien l’espèce sur laquelle les gref- fons ont été pris. M. A. Leroy, par de lon- gues études et de nombreuses expériences, a reconnu que les végétaux à feuilles per- sistantes souffrent de la transplantation, quand on la fait avant la première pousse, aussi n’a-t-il pas encore expédié beaucoup d’arbres et arbustes qu’il a promis d’en- voyer à l’exposition ; mais encore quel- ques jours, et l’on pourra admirer les magnifiques résultats d’une culture suivie et bien étudiée. Comme appréciation générale des expo- sitions de la quatrième série, nous dirons que la beauté et la variété des produits en- voyés prouvent une fois de plus la’richesse des ressources de l’horticulture et donnent raison à l’organisation des concours per- manents tant de fois blâmée, et dont la réussite avait été si fortement mise en doute. Le résumé général des concours et ré- compenses donne les résultats suivants : pour 77 concours ouverts, 87 lots ou col- lections ont été présentés. Le jury a dé- cerné 22 premiers prix; 23 deuxièmes prix; 21 troisièmes prix; 26 mentions honora- bles, soit 82 récompenses qui se sont ré- parties entre les diverses puissances, de la façon suivante: Angleterre 1 ; Belgique 21; France 60. Rafarin. [La suite au prochain numéro.) CÆRULEA leria cærulea), Arduin. Cette graminée est vivace et si précoce, qu’elle commence à entrer en végétation dès la sortie de l’hi- ver. Nous l’avons bien souvent vue monter en épi à la mi-février, aussi sa fructification a-t-elle lieu quand à peine les autres Gra- minées se disposent à développer leurs LES TRUFFES. 239 tiges. La Seslère bleuâtre, très-commune dans les Alpes et les Pyrénées, l’est beau- coup moins aux environs de Paris ; néan- moins il s’en trouve de riches localités à Fontainebleau, à Mantes, à Anet, où nous sommes à même de là voir très-souvent sur un terrain crétacé où les mousses et les li- chens croissent à peine, tant il est aride, et qui cependant se trouvait couvert de verdure, le 20 février, par la Seslère déjà en pleine floraison. Sans elle, les coteaux qui dominent notre habitation ne nous présen- teraient qu’une blancheur du plus triste aspect. Cette plante qui talle d’une ma- nière remarquable et qui végète vigoureu- sement, a le précieux avantage de mas- quer un peu la nudité du sol, et de fixer par ses touffes serrées les terres en pente, si souvent entraînées par les pluies torren- tielles. Dans le cas où les graines de la Seslère ne se trouveraient pas dans le commerce, les amateurs feraient bien d’en récolter aux localités désignées plus haut, sans oublier que leur maturité a lieu de très-bonne heure. L’abbé Brou. LES TRUFFES Nous avons reçu récemment une petite brochure contenant plusieurs rapports sur les Truffières artificielles de M. Rousseau, de Carpentras. C'est un document qui nous a fort intéressé, et dont on ne peut trop re- commander la lecture. Les faits qui y sont rapportés nous paraissent vraiment dignes d’être médités, et le sujet nous semble trop sérieux pour avoir été jugé aussi lé- gèrement qu'il l’a été par certaines per- sonnes. Nous nous inclinons volontiers et avec respect devant la décision des sa- vants, mais jamais aveuglément; nous ne nous courbons jamais jusqu’au point de ne plus pouvoir nous relever. Nous croyons qu’ils peuvent se tromper comme les au- tres. Sur ce point, il serait même oiseux de nous arrêter davantage. Le point important, le vif de la discus- sion, lorsqu’on l’envisage par le côté scien- tifique, est toujours de savoir comment la Truffe se reproduit, si elle est un produit végétal ou un produit animal. Quant à nous, quoi qu’on en dise , nous regardons cette question comme secondaire et non réso- lue. On s’est aussi demandé si les Truffes se reproduisent par graines ou par bour- geonnements. Sur ce point encore, on est loin d'être d’accord, ce qui , du reste, ne peut être. Ne connaissant pas la nature de ce produit, il est impossible d’indiquer son mode de développement. Notre opinion est que c’est un produit particulier à cer- taines essences, notamment aux Chênes, et encore pas à tous les individus, non-seu- lement d’espèces différentes , mais d'une même espèce. Nous avons vu de ces Chênes dits Truf- fiers ; ils sont de deux sortes : à feuilles persistantes ( Quercus ilex et Coccifera ) et à feuilles caduques souvent tomenteuses (Q. pubescens , Q. pedunculata , ou Chêne blanc); arbre très-commun dans les terrains chauds et secs. Nous avons examiné ces arbres avec une attention minutieuse, et en notre présence on a fait déterrer des Truffes, et nous pou- vons assurer- que presque toujours elles étaient en contact avec des extrémités ra- diculaires du Chêne. Mais, comme ces der- nières sont tellement ténues qu’elles se brisent facilement et qu'elles se détruisent même lorsque les Truffes ont pris un cer- tain développement,, il peut donc arriver qu’on ne les voie pas. Il y a donc là ma- tière à discussion , ce qui, pour nous, n'a du reste aucune importance , car c’est d’une tout autre manière que nous envi- sageons la question. Mais ce qu’on ne peut nier, c’est que les Truffes sont auprès des arbres , qu'elles ne s’étendent jamais au delà d'un certain cercle correspondant à l’extension des racines, et en rapport aussi avec les branches ou la tête de l'arbre , et que, si l'on supprime celles-ci , la produc- tion des Truffes s’arrête ou diminue pen- dant un certain nombre d’années, jusqu'à ce que les branches aient repoussé. Ce sont là des faits que l'expérience dé- montre, que la science n'a pas le droit de nier par cette raison qu’elle ne peut les expliquer, il n'en est pas moins certain qu’à l'aide de ces truffières artificielles on a transformé des terrains en leur donnant une valeur dix fois, et plus, supérieure à celle qu'ils avaient. Devons-nous ajouter, ce qui n’est peut-être pas le fait le moins important, que ce moyen est très-propre à pousser au reboisement des montagnes. Car non-seulement il y excite par l’appât du gain , mais encore il fait attendre pa- tiemment la croissance des arbres ; car, à partir de l'âge de huit ans, ils donnent déjà des produits. Nous aurions désiré pouvoir citer quel- ques passages de ces rapports faits par des hommes compétents, sur les Truffières artificielles de M. Rousseau; mais la place nous manque, et de plus cela pourrait être déplacé ici. 240 LES ARBRES LE l’àUI Néanmoins nous cédons au désir de re- produire un passage du rapport fait par M. le marquis des Isriards. Ce passage, re- marquable par sa réserve et par les faits qu’il cite, est, nous le croyons, de nature à faire réfléchir ceux qui sont disposés à trancher net ces sortes de questions : . . . Messieurs, je crois que nous sommes entrés trop avant sur le terrain des discus- sions ; ne perdons pas de vue que nous ne sommes pas institués comme société savante, mais comme réunion d’hommes pratiques; que nous devons compte à nos concitoyens, non des théories plus ou moins ingénieuses, mais de faits matériels fondés sur l’expérience, sur la pratique. Plusieurs causes peuvent concourir à la formation d’un tout. Si, à défaut des autres, on a le bonheur d’en connaître une, de lui LES ARBRES DE L’AUi Les arboriculteurs méridionaux, s’ils sont bien avisés, auront les yeux ouverts sur les provenances de l’Australie méri- dionale, de Y Australie heureuse, comme l’appellent les colons qui se sont établis dans cette partie du globe, parce qu’il y a là un riche fdon à exploiter. Le savant bo- taniste de la colonie de Victoria, le docteur Ferdinand Müller, a fait le relevé approxi- matif des végétaux arborescents de cette région, et le nombre n’en est pas inférieur à 950! On sait déjà que c’est de là que nous sont venus quelques Eucalyptus et beaucoup d’Acacias, tous arbres ou arbris- seaux du plus bel avenir dans la région de l’Europe méridionale qui voit mûrir à l’air libre le fruit de l’Oranger. Ce n’est là toutefois que la moindre par- tie de ce que nous avons à attendre de l’Australie du Sud et de son satellite, la Tasmanie, qui se trouve, dans l’hémisphère austral, exactement sous les latitudes de la Corse dans le nôtre. Nous n’essayerons pas de passer en revue, même très-sommaire- ment, ces nouvelles richesses horticoles; mais pour faire pressentir aux amateurs ce qu’ils ont à y prendre, nous signalerons deux arbres bien faits pour piquer leur curiosité et exciter leurs convoitises. Le premier est une Araliacée, le Panax Murrayi, qui est à ses congénères connus ce que le Cèdre altier est à l’Hysope. Qu’on se figure un arbre de 80 pieds (25m), droit comme un mât, dont la tige nue et cylin- drique porte à son extrémité un immense parasol de branches et de feuilles qui ressemble à s’y méprendre à la couronne d’un Palmier gigantesque! Au-dessus de cette couronne s’élèvent des panicules de fleurs blanches proportionnées à la co- lonne qui les soutient. Que dire devant ce grandiose végétal, de ce fretin d’Araliacées STRALIE MÉRIDIONALE. voir, d accord avec des faits observés, avec des croyances générales parmi les gens du métier, produire des résultats certains, acceptons cette cause et n’empiétons pas sur les prérogatives des savants, dont la haute mission est d’expli- quer, d’analyser des faits que la science, sans doute, signale quelquefois, mais que souvent aussi le hasard ou l’observation découvre. Depuis bien des siècles, l’astre du jour (style du premier Empire) éclaire nos champs, mûrit nos moissons , et l’on discute encore sur le mode de l’émission de sa lumière, sur la trans- mission de la chaleur. Pendant longtemps en- core nous trufferons les produits de nos bas- ses-cours, et longtemps aussi on discutera si le tubercule en question est du à un mycé- lium, à une transsudation des radicules, à la piqûre d’un insecte... Lebas. TRALIE MÉRIDIONALE en pots devant lesquelles nous nous exta- sions à nos expositions d’horticulture? L’autre est un Eucalyptus, VE. amygda- lina, qui menace fort son congénère VE. globulus de lui ravir le sceptre de la royauté; le gros, l’orgueilleux Wellingtonia lui- même passe décidément au second rang. On vient de découvrir dans Je district du Haut-Yarra toute une forêt de ces E. amyg- dalina, dont la taille dépasse celle des plus grands arbres connus jusqu’à ce jour. L’un d’eux, exactement mesuré, a 480 pieds de hauteur (146m30), juste celle de la plus haute des pyramides d’Egypte (146m) ! Sept de ces arbres mis l’un au bout de l’autre dépasseraient le kilomètre. On n’a pas de peine à comprendre que la gros- seur du tronc est proportionnée à cette taille. Il est bien clair que ce n’est pas sous le pâle soleil de Paris qu’on devra songer à cultiver ce colosse ; de même qu’à tous les autres Eucalyptus, il lui faut les hivers doux du climat de l’Oranger, et une terre assez profonde pour qu’il puisse y ancrer solidement ses racines. Il en est de même du Panax de Murray ci-dessus indiqué. Il ne faudrait pas croire cependant que le pays de ces deux arbres ait un climat tro- pical ; il en est même fort éloigné, car la chaleur de l’été n’y dépasse pas celle d’un été lyonnais ou bordelais; mais l’hiver est celui de Barcelone ou d’Ajaccio, c’est-à- dire un hiver presque sans gelées, ce qui sera chez nous la condition sine qua non du succès des plantations qu’on en pourra faire. Naudin. L'un des propriétaires : Maurice BIXIO. Puis. — Impr. de A. Laine et J. Bavard, rue des Saints-Pères, 19. CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE DE juin). Visites des souverains au jardin réservé du Champ de Mars. — Caladium exposés par M. Bleu. — Cypripedium Stonei. — Orchidées remarquables par leur nouveauté. — Serre-aquarium de l’Exposi- tion. — Plantes exposées par le fleuriste de la ville de Paris. — Collection de Theophrasta exposée par M. Linden — Le Pavia Californica. — Collection de bois exposée par l’Autriche. — Fondation d’un journal en Provence. — L’Écho des Alpines. — Société d’agriculture de Saint-Remy. — Nouveau mode de bouturage pratiqué par M. Ypert. — Avantages de ce procédé. — Plantes que M. Ypert a multipliées par ce procédé. — Projet d’une exposition internationale de Roses à Boulogne-sur-Mer. — Pincement court, ou pincement des feuilles , par M. Grin. — Analyse de l’ouvrage de M. Grin. — Rose américaine Isabelle Sprunt. — Communication de M. Gagnaire fils. — Exposition de la société d’horticulture de Coutance. — Description de YAbies Kæempferi dans Y Illustration horticole. — Ca- ractères différents de certaines plantes provenant d’un même semis. — Exemple fourni par la variété de vigne Frankental. — Floraison du Juniperus drupacea. — Les Chevaliera. — Fait remarquable de fasciature observé sur un Lilium croceum. — Pandanus utilis à feuilles contournées. — Trans- formation des organes des plantes. — Bégonia fuchsioides. — Transformation en bourgeons des fleurs d’un pied de Julienne des dames. — Anomalie d’un Gloxinia. L'exposition universelle de 1867 mar- quera dans les annales de la civilisation, en établissant des liens et des relations entre tous les souverains, non- seulement de l'Europe, mais du monde entier; l’horticul- ture, nous l’espérons, ne peut que gagner, elle aussi, à ces relations- Dans notre précé- dente chronique nous avons parlé des visites à l'Exposition de l'empereur de Russie, du roi de Prusse, du roi des Belges, ainsi que des princes et princesses de différentes na- tions. Aujourd'hui nous avons à enregistrer l’arrivée à Paris du vice-roi d'Egypte. Ce souverain est, comme on le sait, très-ama- teur; aussi sa première visite, le lendemain même de son arrivée, a-t-elle été consacrée au jardin réservé du Champ de Mars. C’est d’un bon augure, nous le répétons. — Le jardin réservé de l’Exposition offre en ce moment et depuis longtemps déjà l’aspect le plus ravissant; de l'aveu de tous ceux qui le visitent, rien d'aussi beau en ce genre n'a jamais été fait. Entre les différents produits qui y sont exposés, il en est qui méritent une atten- tion toute spéciale : ce sont les Caladium exposés par M. Bleu, et dont, on pour- rait dire, il est l’inventeur. Essayer de les décrire serait peine perdue ; aucun langage ne pourrait en donner une idée, et toute tentative ne pourrait que nuire à la réalité. Quoi qu'on fasse pour y parvenir, on ne parviendrait qu’à jeter une ombre sur le tableau ; aussi ne l'essayerons-nous pas, et nous bornerons-nous à dire à ceux qui aiment les belles choses : Allez voir. — A cette même exposition, dans une des serres du jardin réservé, nous avons remarqué une très-belle espèce de 'Cypri- pedium, le C. Slonei. Cette espèce, dont notre collaborateur M. Delchevalerie don- f nera prochainement une description, est ! très-jolie par ses fleurs, qui se distinguent très-nettement de toutes les espèces de ce : même genre. 1er Juillet 1867. Dans la même serre où était placé le C. Stonei , se trouvaient exposées de très- jolies Orchidées, quelques-unes remarqua- bles par leur nouveauté, mais toutes par leur beauté ou par leur bizarre singularité. On remarquait entre autres plusieurs Lælia très-jolis, mais qui se ressemblaient telle- ment que nous avons entendu plusieurs visiteurs dire qu’il devait y avoir eu erreur dans l’étiquetage, car plusieurs, notam- ment les Lælia lobata et Brytiana , étaient évidemment les mêmes. C'est aussi notre avis. Nous ajoutons qu’on a eu grandement tort d’avoir formé ce genre Lælia, qui ne j peut se distinguer du genre Catleya que | par le nombre des masses polléniques, qui est différent chez les deux ; mais ce carac- tère, outre qu’il n’est pas apparent et qu’il est insuffisant pour former un genre, n’est même pas constant. Si l’on voulait former des genres avec des caractères d’une aussi mince valeur, il faudrait en centupler le nombre, ce qui amènerait une confusion dans une chose qui déjà est un véritable dédale. Nous qui sommes des plus zélés partisans de la division des genres, nous ne craignons pas de rejeter celle-ci et de la considérer comme nuisible. — Dans la serre-aquarium de l'exposi- tion du Champ de Mars, on remarque, à côté de la Victoria regia , une magnifique collection de Nymphæa, le Pontederia cras- sipes, le Pislia stratiotes , cette singulière plante qui flotte et qui se déplace à la moindre agitation de l’eau. Le Neptunia natans, Y Hydrocleis spinosa , plante au faciès général de Jussieua, à tiges dres- sées, solides, fortement épineuses. Dans une autre serre, adossée à l’aqua- rium marin, on remarque un choix de plantes nouvelles ou rares exposées par le fleuriste de la ville de Paris, hors concours, bien entendu, parmi lesquelles se trouvent plusieurs aroïdées très-jolies, entre autres un AUocasia gigantea, nouvelle et très-belle es- pèce, probablement unique enFrance, ainsi 13 242 CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE DE JUIN). que d’autres plantes également belles, ap- partenant à différentes familles. Ce qu’il y a surtout de remarquable, ce sont les iVe- penthes. Ces plantes, aux urnes de dimen- sions et de copieurs si diverses, sont pla- cées sur des supports au-dessus de beau d’un bassin et produisent un très-joli effet. — Une chose aussi des plus remar- quables, qu’on voit en ce moment à l’Expo- sition, c’est la collection de Theophrasta exposée par M. Linden. Nous laissons à notre collaborateur M. Rafarin le soin de la faire connaître ; nous nous contentons de la signaler à ceux qui visitent ou qui se proposent de visiter les serres du jardin réservé. — On ne saurait trop, selon nous, rap- peler les bonnes choses; aussi, bien que plusieurs fois déjà nous ayons parlé du Pavia Californica , croyons-nous devoir encore y revenir pour rappeler aux ama- teurs que cette espèce, sans contredit, est le plus bel arbrisseau de pleine terre sous le climat de Paris. Les deux pieds mères qui sont en pleine terre au Muséum ont une tige d’environ 2 mètres de hauteur sur 0m 30 au moins de diamètre, surmontée d’une tête subsphérique d’environ 6 mètres de diamètre, couverte de fleurs blanches disposées en épis compactes. Ces fleurs, qui répandent une odeur très-agréable, s’épanouissent sans interruption pendant presque deux mois, et précisément à une époque où à peu près tous les arbres sont dépourvus de fleurs. Cette espèce présente cet autre avantage d’avoir un feuillage très-abondant, d’un vert foncé, qui n’est jamais attaqué par les insectes et qui se conserve presque jus- qu’aux gelées. Elle fructifie facilement et abondamment, et ses fruits, qui sont très- gros, doivent être semés aussitôt qu’ils sont mûrs ; ils supportent bien l’hiver pour le peu qu’ils soient couverts, et même il arrive fréquemment que ceux qui ont été oubliés sur le sol y germent et poussent tout aussi bien que ceux qui ont été semés. Nous rappelons que le Muséum est en me- sure d’en adresser des plants à tous ceux qui lui en feront la demande. — Parmi les diverses collections de bois exposées au Champ de Mars, il en est sur- tout une qui est de nature à attirer l’atten- tion des visiteurs : c’est celle de l’ Autriche. En effet, elle est remarquable par son arrangement et la variété des essences (elle comprend tous les bois qui entrent dans l’aménagement des forêts de cet empire), mais elle l’est surtout par la beauté et les dimensions colossales des échantillons ; ceux-ci ne sont pas des petits tronçons ou plaquettes, ainsi qu’on est habitué à en voir; au contraire, ce sont de gros ar- bres, la plupart en grunfe, qui ont jus- qu’à 20 mètres de longueur sur plus de 1 mètre de diamètre. Une bille de chêne de 4 mètres de longueur a lm50 environ de diamètre. A côté de ces échantillons entiers, il s’en trouved’autres de longueurs diverses, préparés de différentes manières et appropriés à des besoins spéciaux, soit à l’usage des constructions, soit pour en faire des ustensiles de ménage, qui y sont aussi exposés. Nous devons ajouter, à l’honneur de l’Autriche, que par ordre de son ministère du commerce et de l’écono- mie politique, il a été rédigé un opuscule qui donne, indépendamment des explica- tions relatives aux objets exposés, l’indica- tion de la richesse forestière des différentes parties de l’empire d’Autriche. Cet opus- cule, qui se distribue gratis là sur les lieux, est très-intéressant à consulter. Ceux de nos lecteurs qui voudraient visiter cette ex- position forestière la trouveront dans la partie du parc affectée à l’Autriche, près de celle qui a été accordée à la Prusse. — Un nouveau journal, l’Écho des Al- pines, vient de se fonder à Saint-Remy de Provence. Ce journal, qui esl l’organe de la société d’agriculture, a pour but de vul- gariser les principes agricoles et horticoles, ainsi que des diverses sciences qui s’y rat- tachent. Ce n’est pas tout encore. La so- ciété, par l’organe du maire de Saint- Remy, M. Cyprien Gauthier, dans sa séance d’installation du 2 avril 1866, dit : « Con- sidérant qu’il- existe dans la ville et le terri- toire de Saint-Remy, cet ancien Glanum des Romains, un grand nombre de monu- ments et débris antiques épars et perdus pour l’histoire locale; que ces précieux vestiges historiques méritent d’être re- cherchés, recueillis et mis en évidence; convaincu que de nouvelles recherches bien dirigées aux environs des monuments qui nous restent (Arc de triomphe, Mau- solée) peuvent amener de nouvelles dé- couvertes, procurer de nouvelles richesses, a arrêté qu’une commission d’archéologie est instituée à Saint-Remy » Ainsi qu’on le voit , cette société s’est constituée sur de larges bases; elle n’a pas craint d’appeler à elle des hommes dont les connaissances paraissent étrangères à la culture. Elle a eu raison; comprenant que toutes les sciences sont sœurs, elle n’a pas fait d’exclusivisme , sachant que tout homme, quel que soit le métier qu’il pro- fesse, peut la servir. C’est ce qu’a bien compris son président, M. Cyprien Gau- thier, et qu’il a fait ressortir lorsqu’il a dit: «Un charron, un maréchal ferrant, un bourrelier, un maçon peuvent mériter une récompense en perfectionnant ce qui 243 CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE DE JUIN). intéresse l'agriculture. » Une entreprise de cette nature, aussi bien conçue, ne peut manquer de réussir, ce que nous lui sou- haitons. — Depuis quelque temps déjà les visi- teurs ont pu voir dans la serre où jusqu’à présent on a exposé presque toutes les plantes nouvelles de serre chaude, notam- ment les Orchidées, un nouveau mode de bouturage pratiqué par M. Ypert, chef de culture chez S. A. 1. le prince Jérôme à Meudon, sous les ordres de M. Oudin, qui en est le jardinier en chef. Ce procédé, que peut-être quelques personnes ont consi- déré comme uneamusette, est doublement sérieux : d’abord par ses résultats immé- diats, c’est-à-dire par ses avantages prati- ques et économiques; ensuite par les con- séquences qu’on peut en tirer au point de vue théorique. Sous le premier rapport, en effet, il y a une économie réelle, puis- qu’en peu de temps et pour ainsi dire sans dépense on peut obtenir une grande quantité de plantes enracinées. Au point de vue pratique, il vient démontrer que le sol dans l’opération du bouturage n’est que secondaire; que l’important, au contraire, est la chaleur et l’humidité, ce qu’on savait déjà. Mais ce que nous a appris M. Ypert, c'est que l’air concentré, étouffé, comme on dit encore, n’est pas indispensable. En effet, M. Ypert fait ses boutures dans une serre à l'air libre , dans du sable, de la terre de bruyère, de la tannée, de la sciure de bois, et même dans de l’escarbille. Pour lui le sol n’est guère qu’un point d’appui ; mais ce qu’il veut surtout, c’est que le sol ne soit pas tassé, de manière que l’air chaud le traverse facilement; il n’en faut non plus qu’une petite épaisseur; 5 à 8 centimètres environ suffisent. On peut même, dit-il, faire les boutures dans l'eau et même sur le sol (il a montré des exemples des unes et des autres), pourvu que la température de la terré soit suftisamment élevée et que l’air soit constamment saturé d’humidité. C’est là tout le secret. Voici, du reste, les conditions que M. Ypert considère comme les plus favorables : Une serre dont la température ne descende pas au-dessous de 20 degrés, mais qui peut s’élever jus- qu’à 30 et même plus par le fait de la tem- pérature extérieure; n’ombrager que lors- que le soleil frappe sur la serre ; tenir les boutures constamment humides, par des bassinages que l’on répète autant qu’il est nécessaire. Par les grandes chaleurs il est avantageux de répandre de l’eau dans les sentiers. Au besoin renouveler un peu l’air de la serre en ouvrant un vasistas ou en soulevant un châssis, piquer seule- ment les boutures, dans le sol, sans les presser dans celui-ci. Faire les boutures courtes (un ou deux yeux), afin de don- ner moins de prise à l’évaporation. Les plantes que M. Ypert a multipliées par ce procédé sont les suivantes : Achy- ranthes , Coleus , Verbena , Agératum , Sal - w«, Héliotrope, Gaura , tiierembergia, Bouvardia , Cuphea, Chrysanthemum, Lo- pesia, Ruellia, Centradenia , Gymnosta- chium , Selaginella , Clerodendron , Te- leianthera , Sola?ium divers, Dracæna , Bé- gonia, Fuchsia , Gazania , Lophospermum , Cerastium , Phlomis , Libonia , Veronica , Laurocerasus, Evonymus, Aucuba, Vin- ca, etc. Les avantages que M. Ypert trouve dans l’application de ce procédé sont grands et de deux sortes : 1° célérité, c’est-à-dire que dans l’espace de quelques jours beaucoup de boutures sont enracinées; . 2° il n’a ja- mais de pourriture, contrairement à ce qui arrive pour la plupart des plantes herba- cées lorsqu’on fait les boutures sous clo- ches pendant l’été surtout. Nous revien- drons plus tard sur ce procédé, qui nous paraît digne de fixer l’attention. — Dans le Gardener’s Magazine (n° du 15 juin), on lit une proposition faite par M. George Paul, qu’une exposition inter- nationale de Roses ait lieu l’année pro- chaine à Boulogne-sur-Mer. Cette proposition mérite d’être prise en sérieuse considération; nous sommes heu- reux de pouvoir l’enregistrer. Nous ne doutons pas que les rosiéristes français ac- cepteront ce projet avec un grand empres- sement; mais nous croyons que pour en assurer le succès, les rosiéristes anglais devront y donner une ardente participa- tion, car leur concours est nécessaire pour que cette œuvre ait un caractère international. — M. Grin aîné, arboriculteur à Char- tres, vient de publier une seconde édition de son ouvrage sur le Pêcher, intitulé le Pincement court , ou Pincement des feuil- les (1). C’est un travail consciencieux, fait par un homme entièrement dévoué à l’ar- boriculture, à laquelle il consacre toute sa vie. Inutile de dire que l’auteur y recom- mande le pincement court et le pincement des feuilles. Dans cet opuscule, qui comprend 52 pa- ges et des tigures noires intercalées dans le texte, M. Grin, après un avant-propos dans lequel il fait connaître le but qu’il cherche à atteindre et les motifs qui l’ont déterminé à publier cette 2e édition, a con- sacré un chapitre à l’examen des princi- paux agents de la végétation : Veau , l’a/r, la lumière et enfin la chaleur , en faisant (1) A Chartres, chez l’auteur et chez Petrot-Gar- nier, libraire, place des Halles, 15 et 17. — A Paris, dans les principales librairies horticoles. 244 CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE DE JUIN). ressortir leur influence sur la végétation des arbres et la production des fruits. Le chap. II comprend 7 paragraphes dont les 6 premiers ont pour titre : le 1er, Du sol ; le 2e, Du choix des arbres ; le 3e, Des plantations ; le 4% Habillage; le5e, Mode de plantation ; leG% De l'emploi des instruments ; enfin le 7e est consacré aux greffes. Le chap. III est spécial à la direction et à la conduite des arbres; il se subdivise en 6 paragraphes. Dans le 1er, qui a pour titre : Avantages de la nouvelle méthode , l’auteur fait connaître quelques principes d’où il tire des consé- quences qui les justifient; le 2e paragraphe traite d.e la taille ; le 3e est relatif au pin- cement des feuilles; le 4e traite du bourgeon anticipé. Dans ces 4 paragraphes M. Grin s’applique à démontrer en quoi consiste le nouveau système, et les grands avan- tages qu’il en retire. Aux descriptions très-claires et concises il a joint quelques gravures qui facilitent encore la compré- hension de ce procédé. Le paragraphe 3 est relatif à la stérilité des arbres ; le 6e est intitulé De la forme dès arbres . Comme dans les paragraphes précédents, l’auteur a joint à ses préceptes des gra- vures qui en font ressortir les consé- quences et montrent les avantages qu'on obtient à l’aide de ce nouveau procédé. Le 3e chapitre comprend 3 paragraphes. Le 1er a pour litre : Maladies du Pêcher ; le 2e traite des insectes ; le 3 edes engrais. Comme on le voit, ce chapitre est une sorte de complément qui fait du travail de M. Grin une œuvre, sinon parfaite (il n’y en a pas qui ont ce privilège), mais qu’on consultera avec fruit. — Nous avons reçu de notre collabora- teur et collègue M. Gagnaire une lettre relative à la Rose américaine Isabelle Sprunt, que bien des journaux ont re- commandée. Cette lettre, que nous allons reproduire, fait voir une fois de plus, ce qui malheureusement arrive trop souvent lorsqu’il s’agit de nouveautés : que les faits ne répondent pas aux promesses qui en avaient été faites; la voici : Bergerac, le 15 juin 1867. Monsieur le Rédacteur, J’ai l’honneur de vous informer que la variété de Rose Isabelle Sprunt, de prove- nance américaine, chaudement patronnée en Belgique et en France, vient de fleurir pour la première fois dans notre établissement. Je profite de cette circonstance pour vous dire que cette nouveauté n’offre jusqu’ici rien de bien remarquable; sa fleur est assez mal faite, et ses pétales, d’un blanc jaunâtre, sont sans effet. Heureusement que nous possédons dans les cultures une foule de Roses Thé, an- ciennes et nouvelles, bien supérieures àlaRose Isabelle Sprunt , qui, par la beauté de la forme des fleurs et la richesse de leur coloris, nous dédommagent un peu des mécomptes et des insuccès que nous éprouvons tous les ans en face des nouveautés qu’on met au com- merce. Tout en vous communiquant mes apprécia- tions sur la Rose Isabelle Sprunt , permettez moi de demander aux rosiéristes quelle est la différence qui existe entre la Rose le Géant , nouveauté de deux ou trois ans, et la Rose an- cienne Génie de Chateaubriand. Je serai très-heureux d’ètre renseigné sur ce sujet. Veuillez etc. Gagnaire fils, horticulteur. • — La société d’horticulture de l’arron- dissement de Coutances fera sa prochaine exposition les 6, 7, 8 et 9 septembre 1867. Cette exposition comprendra 4 groupes principaux : 1° là floriculture ; 2° la cul- ture maraîchère ; 3° les fruits; 4° l'industrie horticole. A chacun de ces groupes, qui seront divisés en sectiuns, seront affectées des médailles d’or, de vermeil, d’argent et de bronze; à l’exception toutefois de l’industrie , pour laquelle il n’y a pas de médaille d’or ni de médaille de vermeil. Tous ceux qui voudront prendre part à cette exposition devront en donner avis à M. Febvier, secrétaire de la société à Cou- tances , avant le 13 août, en indiquant la nature et l’importance de leur exposition. — Dans le 1er numéro de l’année 1867, de V Illustration horticole , nous avons re- marqué, entre autres choses intéressantes, une description et une figure de l’Abies Kæmpferi , Lindl., Pseudo Larix Kæm- pferi , Gord. Larix Kæmpferi , Fort. Dans cet article, M. Lemaire, rédacteur en chef de ce journal, se livre à des dissertations auxquelles il semble attacher une très- grande importance, mais que la plupart de ses lecteurs ont dû trouver étranges, at- tendu qu’elles sont contraires à la vérité. M. Lemaire dit, planche 306 : « Que cette magnifique Conifère ait été décrite quelque part? Nous ne savons! Qui l’a déterminée? pas davantage, et comme l’insinue M. Sé- nilis, ce serait Lindley? Mais où se trouve le travail de ce savant? A ce sujet, silence de cet écrivain, et cela est d’autant plus regrettable, que certes Lindley ne se se- rait pas ainsi trompé de genre (aussi assu- mons-nous ici la responsabilité de l’appel- lation générique et spécifique? de là notre Nobis !■) » Il est regrettable que ce passage émane de M. Lemaire ; nous attendions mieux de lui. S'il désire avoir quelques rensei- gnements sur la plante qu’il croit inédite, il pourra les trouver dans le Gardeners' chronicle , 1854, page 255, où Lindley l’a décrite (avec figure) , dans notre Traité général des Conifères , 1855, page 233; 245 CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE DE JUIN). dans notre nouvelle édition de ce même ouvrage, page 3G3 ; dans le Pinetum de M. Gordon, page 292, ainsi que dans le Supplément de ce même recueil, page 91 ; dans le Synopsis der Nadelhôlzer, de MM. Henkel et Hochstetter, page 139, etc. ; en- fin il verra que M. A. Murray, dans le tra- vail qu’il a publié sur quelques Conifères du Japon, intitulé Pines and firs of Japon, a consacré huit pages et quatorze figures à la description de cette espèce. Il verra de plus, dans ce dernier ouvrage, que M. For- tune, qui a introduit (on pourrait même dire découvert cette plante), en parle longuement et dit qu’elle est intermé- diaire entre les Larix et les Cèdres : (... It is apparenlly a plant exactly intermediaie between the Cedar and Larch...) A. Murr. I. c., page 107. — Il n’est pas rare, lorsqu’on fait des semis, de voir les individus qui en pro- viennent revêtir des caractères tout autres que ceux que présentait le pied sur' lequel ont été récoltées les graines; ce sont ces caractères qui constituent ce qu’on nomme les variétés. Ces caractères portent sur le faciès , c’est-à-dire sur les dimensions et l’aspect des plantes ou sur les modifications que présentent leurs différents organes. Ainsi il n’est pas rare de voir des individus à feuilles glabres plus ou moins dentées sortir de plantes à feuilles velues, plus ou moins lobées ou plus ou moins laciniées, etc. Ce qui est plus rare, c’est de voir, de graines d’individus à feuilles laciniées, sortir des individus à feuilles lobées ou dentées. Aussi est-ce ce qui nous détermine à citer une de ces exceptions. Nous la ci- terons avec d’autant plus d’empressement qu’elle vient confirmer notre théorie que dans la nature il n’y a pas de limites, sinon de RELATIVES. En effet, et en ne consi- dérant que ce qui concerne les feuilles, on sait que de celles qui sont entières à celles qui sont lobées ou dentées, il n’y a qu’un pas, de même qu’on passe des feuilles plus ou moins dentées aux feuilles laciniées et aux feuilles digitées, puis de celles-ci aux feuilles composées. Tout se suit et s’enchaîne harmoniquement. L’exemple que nous allons citer, qui montre cette sorte de liaison ou de trait d’union, nous est fourni par une variété de Vigne, le Frankental. De graines de celle- ci qui, comme on le sait, a des feuilles épaisses, lobées, nous avons obtenu un individu à feuilles entièrement digitées (premier degré de feuilles composées) à «Agitations laciniées. Quels fruits produira cette variété? C’est ce que nous pensons pouvoir dire plus tard. Pour aujourd’hui, nous signalons le fait. — Un lait que nous croyons devoir an- noncer , parce qu’il est probablement le premier de ce genre qui s’e.st produit en -Europe, est la floraison du Juniperus dru- pacea , à Ris-Orangis (Seine-et-Oise), dans la propriété de feu Soulange-Bodin, appar- tenant aujourd’hui à M. Hippolyte Rodri- gues, amateur d’horticulture qui continue, bien que sur une échelle très-restreinte, l’établissement fondé par Soulange-Bodin. Le sujet dont nous parlons, haut d’environ 2 mètres, s’est couvert ce printemps der- nier de chatons mâles. On peut donc espérer que bientôt on obtiendra des fleurs femelles, puis des fruits de cette espèce. Ces fruits, qui sont recherchés et mangés par les indigènes de l’Asie Mineure, où cette espèce paraît confinée, sont très-gros; nous en avons mesuré qui avaient 2 centimètres de diamètre. — La Broméliacée si curieuse dont nous avions parlé dans notre dernière chro- nique (1) est un Chevaliera, genre établi par Gaudichaud et publié clans la Bonite . Les Chevaliera, peu nombreux en espèces, paraissent confinés dans un petit rayon autour de Rio-Janeiro, au Brésil. L’espèce dont nous parlons ici habite sur les mon- tagnes découvertes delà Gavia. Ils doivent leur nom à des sortes de saillies subhémi- sphériques qui, placées près à près sur la hampe florale, donnent à celle-ci une certaine ressemblance avec les massues en fer dont se servaient les anciens chevaliers : d’où le nom de Chevaliera. — Pendant longtemps, les visiteurs ont pu remarquer à l’exposition du Champ de Mars (jardin réservé), sur une variété de Lilium croceum, un fait remarquable de fasciature. Ce Lis, dont la tige fasciée a environ 35 centimètres de hauteur, était admirable; il présentait sur cette tige unique plus de 30 fleurs bien épanouies, dont la forme et les dimensions ne laissaient rien à désirer. — Dans une des serres du jardin ré- servé nous avons remarqué, faisant partie d’une collection de végétaux exotiques, un Pandanus utilis, à feuilles contournées, excessivement pendantes. Cette plante, élevée sur un piédestal (seul emplacement qui lui convienne), produit un effet des plus singuliers; ses feuilles, très-nom- breuses, en s’enroulant, forment une sorte de fourré sous lequel le vase dans lequel elle est disparaît complètement. — Le fait de la transformation des or- ganes en organes d’un autre genre est aujourd’hui tellement bien connu, que personne ne le met en doute. Un exemple remarquable, dont nous avons été récem- ment témoin, est la transformation com plète (I) Voir Rev. hort 1867, p. 224. 24G POIRE MADAME HL TIN. des organes floraux en organes foliacés d’un pied de Bégonia fuchsioides. Ce pied très-vigoureux, qui, depuis bon nombre d’années, ne présentait rien de particulier et ne différait en rien non plus d’une* grande quantité d’autres de même âge, s’est, comme tous les autres, couvert de boutons à fleurs au commencement de cette année ; mais, par suite d’une cause inconnue, qu’on ignorera probablement toujours, ces fleurs se sont transformées en rameaux, en ramilles et en feuilles, de sorte qu’il n’y a pas eu trace de fleurs. Toutefois cette transformation ne s’est pas accomplie sans déterminer dans l’orga- nisme une sorte de malaise, de manière que la plante présente un aspect un peu . rachitique. Ses feuilles sont comme un peu crispées; quant aux ramifications, elles sont un peu plus déliées et plus flexueu- ses. Ce caractère persistera-t-il? C’est ce que l’avenir nous apprendra. En attendant nous avons cru devoir signaler ce fait, qui peut-être pourrait expliquer la présence de certaines variétés de plantes qui ne fleu- rissent jamais. Toutefois ce qui est impor- tant à noter, c’est que cette modification est un fait de végétation : c’est une sorte de dimorphisme. — Un fait qui se lie étroitement au pré- cédent, dont nous devons la connaissance à notre collaborateur et collègue M. De- nis, jardinier en chef au jardin botanique du parc de la Tête-d’Or, à Lyon, est la POIRE MAD Fruit mesurant en moyenne 10 centi- mètres de hauteur sur 8 de diamètre. Pé- doncule gros, charnu, légèrement courbé, long de 20 à 25 millimètres, enveloppé à sa base dans un prolongement du fruit qui le rejette un peu de côté. Calyce ouvert à divisions régulières, courtes, dures, raides, brun clair, placé dans une cavité évasée et peu profonde. Peau mince, vert foncé, très-chargée de rouille, passant au jaune d’or clair, chaudement relevée à la matu- rité. Chair fine, compacte, fondante, d’un beau jaune abricoté ; eau abondante sucrée et très-parfumée, laissant à la dégustation une sensation agréable. Cœur très-grand, fortement marquée par une large veine d’un jaune saumoné, vif, assez prononcée. Loges larges; pépins gros, bien formés, de couleur acajou foncé. Cette nouvelle variété dontM. A. Hutin, pépiniériste à Laval, ancien jardinier de M. Léon Leclerc, est propriétaire, est due aux semis de M. Léon Leclerc, de Laval; elle fait suite à une série de gains que nous avons déjà publiée dans la Revue transformation complète des fleurs d’un pied de Julienne des Dames ( Hesperis ma- tronalis, L.) en bourgeons. Chacune des ramifications de la grappe s’est transfor- mée en un bourgeon grêle dont les feuilles, qui sont le résultat de pétales modi- fiés, qui alors forment des petites feuilles planes et circulaires très -rapprochées, constituent ainsi des sortes de rosettes qui donnent à l’ensemble un aspect des plus singuliers. — Nous devons également à notre col- lègue de Lyon la communication d’une anomalie qui se produit sur une variété de Gloxinia qu’il a obtenue de semis. Cette anomalie consiste dans la production constante de fleurs d’une conformation spéciale et, jusqu’à un certain point, monstrueuse. La fleur, qui est d’un rouge foncé, est obliquement penchée, comme le sont celles du type. Ce qu’elle a de re- marquable, c’est qu’elle présente, à la base de sa corolle et soudées à celle-ci, 6 pièces pétaloïdes très-marquées (il y en a trois qui sont presque aussi développées que la corolle) et de même couleur qu’elle. Ce phénomène, qui s’est déjà produit (moins prononcé toutefois) et qui se maintient sur une autre variété, sur le G. Tuckeri , sem- blerait vouloir se perpétuer. Si le fait avait lieu, on aurait donc une série de variétés de plus, dans le genre Gloxinia , qui en compte déjà plusieurs. E. A. Carrière. lME hutin horticole et dans notre nomenclature des meilleures variétés de Poires. C’est après trois dégustations succes- sives, qui nous ont confirmé dans la grande valeur de ce précieux gain, que nous la publions. La première a eu lieu le 20 fé- vrier 1864; la deuxième le 24 février 1866, l’année 1865 n’ayant donné aucun fruit; la troisième enfin le 25 février et le 2 mars 1867. On peut juger par cette étude que, dans des années plus normales que celles qui viennent de se passer, ce fruit obtiendra le plus haut degré de conservation dési- rable. C’est donc un fruit de premier ordre comme qualité et conservation, que nous nous empressons de faire connaître, bien qu’il ait été impossible d’établir, pour la joindre à cette description, une planche coloriée, que nous nous réservons de donner à la fin de l’année, si la chose est possible. Cette Poire a été dédiée par son pro- priétaire et promoteur à Mme Hutin, sa femme. L’arbre provient ainsi que nous TAILLE EN TROIS TEMPS. l’avons dit plus haut, d’un semis de M. Léon Leclerc, de Laval, fait en 4841 de pépins de la Poire Léon Leclerc de Laval (Van Mons) dont elle a conservé la forme. Mais quant à la chair et à la qualité, elles sont complètement modifiées et améliorées. La Poire Léon Leclerc de Laval (Van Mons) est un fruit bien connu, c’est selon nous plutôt un beau fruit à cuire qu’à man- ger au couteau ; il est intéressant de pou- voir constater l’amélioration qui s’est pro- duite dans le semis d’un de ses^pepins. Cette observation fait voir l’intérêt qu’on trouvera à tenir note des pépins qu’on sèmera; la physiologie n’estj pas encore bien riche en observations de ce genre ! L’arbre paraît très-rustique; il est d’une 247 grande fertilité et se met promptement à fruit; il vit très-bien sur Cognassier ou sur franc et est aussi propre à la culture en plein vent; le fruit étant parfaitement attaché sur un pédoncule long et flexible. J. de Liron d’Airoles. P. S. — Nous venons de confier à un amateur, semeur heureux, les pépins des Poires Madame Hulin , qui nous ont servi à notre dernière dégustation, on verra ce qu’ils produiront. Nous ne doutons pas que M. Hutin ne soit en mesure de mettre au commerce, dès l’automne 1867 cette précieuse nou- veauté. UN VIEUX LÉGUME ET UN NOUVEAU GAZON. TAILLE EN TROIS TEMPS Ce mode de conduire les arbres fruitiers, dont nous avons déjà parlé dans ce re- cueil (1), et qui, pour ainsi dire, est l’ab- sence complète de taille, dans le sens- que l’on donne aujourd’hui à ce mot, n’est pas assez connu. 11 donne d’excellents résul- tats; ceux qui en douteraient pourraient s’en assurer en allant visiter le jardin de M. Guidoux, propriétaire à Fontenay-aux- Roses. Là, en effet, ils en verraient un bel exemple^: deux lignes d’arbres formant haies, longues d’environ 100 mètres. Les arbres ont été plantés, il y a huit ans, par M. Aubé, jardinier de M. Guidoux, qui les a toujours soignés depuis cette époque. Ces arbres, qui sont à 1 mètre l’un de l’autre, se touchent aujourd’hui et forment des haies, des sortes de rideaux ou d’abris d’environ 2 mètres de hauteur sur 40 cen- (1) Rev. hort., 1866, p. 864. timètres de largeur. L’entretien est des plus simples ou, pour mieux dire, il n’y en a pas, puisque le tout consiste à donner une ou deux fois chaque année un coup de croissant sur les côtés et un sur le dessus (d’où nom de taille en trois temps), abso- lument comme on le fait pour les haies. A l’aide de ce procédé, à la portée de tout le monde et de toutes les intelligences, M. Aubé récolte chaque année beaucoup et de belles et bonnes Poires. Les variétés soumises à ce traitement sont les suivantes : William , Bergamote Espéren, Franc-Béal , Louise-Bonne d' Avr anches, Beurré d’A - rembert, Beurré Picquery , Beurré Diel, Duchesse d’ Angoulême. Le nom de ces va- riétés, dont plusieurs sont assez rebelles, indique qu’un très-grand nombre d’autres pourraient être soumis à cette culture. E. A. Carrière. UN VIEUX LÉGUME ET UN NOUVEAU GAZON S’il est agréable d’avoir des fleurs en pots ou en caisses, il en est souvent autrement de voir la terre de ces vases; aussi beau- coup de gens cherchent-ils à la dissimuler en la recouvrant de gazon; mais celui-ci, outre qu’il a l’inconvénient d’effriter le sol, de ne pas venir là où l’air manque, a be- soin d’être fréquemment arrosé, ce qui peut être nuisible aux végétaux plantés dans les caisses. De plus, il n’a aucune utilité. 11 en est autrement de la Civette ou Ciboulette , qui est la plante dont nous vou- lons parler, et que pour cette raison on pourrait appeler un gazon démocrate (4). (1) Le mot démocrate, dont nous nous servons ici, n’a rien qui doive effrayer; il faut le prendre dans sa véritable acception, qui signifie propre au plus grand nombre : soit gazon du peuple , gazon En effet, tout aussi belle que le Ray-grass, elle a sur lui l’avantage de pouvoir être mangée journellement; aussi la Civette ou Ciboulette entre-t-elle dans les préparations culinaires de beaucoup de cultivateurs. Cette plante a, en outre, l’avantage de croî- tre à peu près partout, de repousser facile- ment lorsqu’on la coupe, et même d’être d’autant plus belle qu’on la coupe plus souvent. Ainsi donc, avec la Ciboulette, l’ouvrière dans sa mansarde, de même que la con- cierge dans sa loge, trouveront de quoi égayer leur demeure et en même temps un auxiliaire pour leur cuisine. Lebas. des ouvriers, ce qui toutefois ne veut pas dire que les bourgeois ne pourraient s’en accommoder. 248 FLORAISON A L AIR LIBRE DE CHAMÆROPS EXCELSA. LA CYMBALAIRE. FLORAISON A L’AIR LIBRE DU CHAMÆROPS EXCELSA A CHERBOURG La floraison que je signale a eu lieu après dix ans de culture, sans aucun abri, chezM. Levieux, amateur zélé de l’horti- culture. Tout le monde connaît maintenant la splendeur du beau Palmier dont je vais décrire sommairement la floraison; aussi m’étendrai-je peu sur le mérite ornemen- tal de cette plante, qui donnera dans quelques années à nos parcs et à nos jar- dins un aspect réellement tropical. Nous nous trouverons ainsi transportés, sans frais de voyage, dans les jardins si luxueux du Céleste Empire. Si je fais venir de la Chine le spécimen qui m’occupe, c’est que je crois que ce n’est pas le Chamærops excelsa , Thunberg, originaire du Japon, que j’ai perdu il y a quelques années par le froid, mais bien le Chamæïops Sinensis , Fortune. L’inflorescence de ce Palmier, qui vient d’avoir lieu à l’air libre pour la première fois, je pense (1), en Europe, a présenté (I) Le fait très-intéressant que signale M. de Ternisien, et dont nous le remercions, n’est pas, ainsi qu’il le croit, le premier de ce genre qui se d’abord sa spathe spus forme d’une énorme langue jaunâtre, sortant de l’ais- selle de la quatrième feuille, en partant du bas de la tige et se dirigeant vers le haut. De cette enveloppe est sorti un régime composé de trois branches principales et d’une multitude de ramifications chargées de petites fleurs. L’aspect général de cette inflorescence ressemble à une branche de corail blanc. Le sujet étant mâle, je pense qu’il ne me donnera pas de fruit, à moins que dans le grand nombre de fleurs exis- tant, il ne s’en trouve de différents sexes. De Ternisien. soit montré en Europe. Il s’est déjà produit il y a plusieurs années chez M. de Saporta, à Aix (Pro- vence). 11 s’est produit cette année chez M. Gus- tave Thuret à Antibes (Var). Depuis quelques an- nées il se montre au jardin du Luxembourg, a Paris. Nous devons dire toutefois que le pied du Luxembourg est en caisse, et que tous les ans on le rentre dans une serre pendant l’hiver. Les in- dividus qui ont fleuri chéz M. le comte de Saporta et chez M. Gustave Thuret sont femelles , tandis que celui du jardin du Luxembourg est mâle, comme celui dont M. de Ternisien vient de parler. Rédaction. ENCORE UN MOT SUR LA CYMBALAIRE •La lecture d’un charmant petit article de M. l’abbé Brou, sur laCymbalaire ( Linaria Cymbalaria , Mill.) , inséré dans le numéro 7 du \ er avril de la Revue , me suggère l’idée, mon cher collègue, de vous envoyer quel- ques nouveaux renseignements sur plu- sieurs particularités de végétation de cette jolie Linaire et sur le parti qu’on en peut tirer au point de vue de Tornementation des jardins et des habitations. Lorsque la Cymbalaire pousse sur le sol, par terre, au pied d’une muraille, ou sur un talus peu incliné, ses nom- breuses ramifications flexibles et déliées se traînent, rampent, pour ainsi dire, dans tous les sens, mais avec une tendance à gagner les parties les plus élevées. Dans ces cas, la plante n’a presque aucun effort à faire, si ce n’est de s’allonger. Aux fleurs succèdent des capsules arrondies, suppor- tées par des pédoncules filiformes plus ou moins allongés ; ces pédoncules, comme ceux, des Cyclamen , des Violettes , du Trèfle souterrain , de l’Arrachide , etc., s’inclinent vers le sol, pour y appliquer et même pour y enfoncer les graines qui sont ainsi semées dans le milieu le plus convenable. Ce phénomène de fruits ayant besoin de l’obscurité et de la fraîcheur qui en résulte, pour parfaire leur maturité, et s’appliquant sur ou dans le sol pour y accomplir l’acte de leur dissémination, est assez curieux pour mériter d’être constaté. Mais, lorsque cette plante croît sur des murailles à pans verticaux, faits de pierres à bâtir ou de meulière, ce qui est le cas le plus fréquent; lorsqu’elle se trouve obligée de vivre là, parfois en plein soleil, les con- ditions ne sont plus aussi favorables que dans le cas précédent, et je me suis de- mandé longtemps comment la Cymbalaire pouvait faire pour s’y maintenir et surtout pour s’y propager, au point quelquefois de couvrir la surface entière de la muraille. Voici l’explication que l’observation m’a amené à constater. Dans ces conditions défavorables, la Cymbalaire, de plante traînante qu’elle était sur le sol, devient grimpante sur les murailles. ' Les plantes ont bien des manières de grimper : les unes accomplissent cet acte au moyen de vrilles ou de mains, qui s’en- roulent ou s’accrochent aux corps envi- ronnants ; chez d’autres, les tiges et les ra- mifications s’enroulent en spirale de droite à gauche ou de gauche à droite, soit entre elles, se fortifiant ainsi en faisceaux, qui leur permettent de s’élever, soit autour des objets qui sont à leur portée; d’autres se NOUVELLES VARIÉTÉS DE NEPHROD1UM. 249 cramponnent au moyen de racines adven- tives et parfois de suçoirs ou de crampons; d'autres grimpent au moyen de la disposi- tion des ramifications de leurs tiges; et il en est même qui s’aident, pour grimper, des poils ou des aspérités dont leurs par- ties herbacées ou fructifères sont couvertes; d’autres enfin se cramponnent et montent sur les corps environnants au moyen de torsions variées des pétioles, des feuilles ou des pédoncules floraux, etc., etc. Le mode de grimper de la Cymbalaire (leur cléma- tisme, comme l’appellent MM. Decaisne et Naudin) rentre dans cette dernière caté- gorie. Lorsque cette plante pousse sur une mu- raille verticale, les tiges se tordent cdntre les parois de la muraille ; les pétioles des feuilles se coudent et se contournent pour s’appuyer sur les moindres aspérités des pierres ou pour s’insérer dans leurs plus petites anfractuosités ; Pextréiîiité des ra- mifications se dirige en poussant contre la muraille, semblant y chercher l’obscurité ou la fraîcheur; et si elles trouvent un joint favorable, elles s’y enfoncent et s’y enra- cinent, pour y créer un nouveau centre vital, d’où partent de nouvelles ramifica- tions, qui font de même à leur tour si l’oc- casion est favorable. Les points d’appui une fois trouvés, les tiges poussent dans tous les sens, s’enchevêtrent, se soutien- nent mutuellement, garnissant ainsi la mu- raille d’un charmant tapis d’une verdure très-gaie, émaillée de myriades de petites fleurs de couleur violette. Mais ce qui est moins connu et plus curieux, c’est la ma- nière dont s’opèrent alors la fructification et la dissémination. Après la floraison et lorsque les fruits sont noués, les pédoncules s’allongent en s’infléchissant vers la muraille, semblant y chercher aussi un point d’appui et l’obscu- rité, pour mûrir et disséminer leurs graines. Ces pédoncules se tordent, se contournent, et tant que la capsule qu’ils portent à leur extrémité n’a pas trouvé où s’appuyer et surtout où se cacher, ils s’allongent parfois de plusieurs centimètres; s’ils trouvent, au contraire, tout de suite et à courte portée une place favorable pour y déposer leur pré- cieux trésor, ils ne s’allongent pas, et on les voit alors rester très-raccourcis. Dès que la capsule, à peine grosse comme une tête d’épingle, a trouvé une petite alvéole, NOUVELLES VARIÉ1] Il y a deux ou trois ans, M. William Bull, horticulteur à Chelsea (Londres), fit un semis de la variété de Nephrodium molle , déjà connue sous le nom de crista- tum. lien obtient un grand nombre de une petite crevasse dans la pierre, elle s’y loge, poussée qu’elle y est parfois par une force dont on a lieu d’être étonné; là elle grossit, remplit le vide en s’y serrant de telle façon, qu’on ne peut l’en faire sortir sans violence et sans risquer de casser le pédoncule. La maturité s’accomplit dans ces conditions, et c’est alors que les graines sont ainsi déposées en lieu sûr et très-con- venable à leur propagation. La poussière emportée et déposée là par le vent, les molécules et les parcelles provenant de la désagrégation du mortier ou des pierres de la muraille, les détritus des capsules, des feuilles et de la plante elle-même, quelques moisissures, mousses ou li- chens, etc. , viennent apporter à ces graines les éléments propres à leur germination et à leur premier développement; et ainsi se multiplie et se perpétue indéfiniment cette plante dans une situation et dans des con- ditions en apparence tout à fait défavo- rables. Nous ajouterons, pour terminer, que la Cymbalaire peut être employée à décorer les ruines et les rocailles à l’ombre ; qu’on peut en orner des lampes ou suspensions, surtout en les tenant dans les parties fraî- ches et au nord; nous en avons conservé ainsi un pied pendant cinq ans dans une cour d’une maison de Paris ; les rameaux étaient très-abondants, se couvraient de fleurs et pendaient de 30 à 40 centimètres. J’en ai admiré un très-beau pied qui a vécu plusieurs années dans une des fissures d’un des plus beaux groupes de marbre blanc des Tuileries, celui du Rhône et de laSaône, placé au pont tournant et dû au merveilleux ciseau de Nicolas Coustou (1712). Rien n’é- tait plus joli que cette plante, simulant un Lierre en miniature, dont les festons, d’un vert très-gai, émaillés de petites fleurs vio- lacées, tranchaient on ne peut plus agréa- blement sur la blancheur de ce marbre, qu’ils semblaient animer. On ne trouve pas habituellement la Cym- balaire dans le commerce; mais il sera fa- cile de s’en procurer à peu près partout aux environs de Paris, où la plante croît spontanément. On la trouve sur les vieilles murailles et les terrains frais et en pente de la plupart des parcs et jardins de Paris et des environs. Clemenceau. ÉS DE NEPHRODIUM jeunes pieds, qui présentèrent dans lacns- tation de leurs frondes les formes les plus curieuses. Pas une ne rentra dans le type du /V. molle , et les déviations varièrent à l’in- fini. Plusieurs avaient des stipes et des 250 PRIMEVÈRE DE LA CHINE A FLEURS BLANCHES DOUBLES. frondes plusieurs fois rameux, au lieu de rester simples, comme dans Tespèce; et beaucoup avaient les bords crispés, non pas comme dans la variété corymbiferum , mais dans le genre de la variété d ’Athy- rium filix-mas qu’on appelle ramosissimum. Un grand nombre présentaient la disposi- tion primordiale du type, avec les sommets des frondes et des pinnules cristées et divi- sées de plus en plus à mesure qu’on ap- proche de l’extrémité supérieure, mais en somme moins tourmentées que le précé- dent. On peut nommer cette forme ra- mosum. Une troisième forme montre par- fois une petite portion plane, mais le plus souvent tout est hérissé, crispé, et l’on peut la nommer grandiccps, en raison de sa ressemblance avec les variétés de nos fou- gères spontanées qui portent déjà ce qua- lificatif. Cette dernière est la variété qui fait le sujet de cette note, et qui est repré- sentée par la gravure 27. Toutes ces variétés rentrent cependant, plus ou moins, dans les sections suivantes, que M. W. Bull a nommées et qui repré- sentent la plupart des formes principales Fig. 27. — Nephrodium molle grandiceps. qu’elles affectent. ‘Celles qui sont moins tranchées ont été rejetées et ne seront pas mises au commerce : Nephrodium molle confluens, à frondes rassemblées, convergentes ; — — crispum, crépu sur toutes les ex - trémités ; — __ cristatum, portant une crèle à l’extrémité (type de la variété qui a fourni les autres) ; — — densum, à cristations touffues, courtes ; — — grandiccpsi gravure 27) . Offre des frondes crispées, rassemblées comme les divisions d’une tête de chou-fleur. Nephrodium molle multifidum , à divisions moins confuses ; — — ramosissimum , forme très-divi- sée, buissonneuse; — — ramosum, disposition analogue, mais moins accusée. Toutes ces plantes sont mises au com- merce dès à présent par M. W. Bull. Elles sont de serre froide et ne demandent aucun soin particulier. On les apprécie beaucoup dans les ferneries anglaises, et nous ne doutons pas qu’elles en reçoivent le même accueil des amateurs de France. Ed. André. PRIMEVÈRE DE LA CHINE A FLEURS BLANCHES DOUBLES Le Primula Sinensis, Lindl. (Primevère I que nous ne croyons pas devoir en donner de la Chine) est un type si connu aujourd’hui • les caractères botaniques. Son introduction RevvteJ Horlicde tllfffl F Yerna. Pinx t Pans .lmp . Zanote r. des Boulangers, k Pêche Madeleine blanche F Yevna Pinx Tmp Z anote r des Bonlang ers ,13 , Paris P r i in u 1 a si ne n. sis fl < > r* e pieu o PÊCHER MADELEINE BLANCHE DE DOUÉ. 251 en France date, dit-on, de 1820; mais si, comme pour tous les végétaux, la nature a fourni le type en laissant aux hommes le soin d’en modifier la forme, le port, la di- mension et le coloris, jamais changement plus radical n’a été obtenu que dans le su- jet qui nous occupe. C’est ainsi que le type qui était à lleurs simples de couleur rose a, par la culture et l’hybridation artificielle, produit des variétés à fleurs blanches, cui- vrées, striées, carnées avec un cœur jau- nâtre comme le type, ou à centre brun. De même pour les fleurs qui sont grandes, frangées, dressées, semi-pleines ou tout à fait pleines. C’est en 1838 que M. Anderson, horti- culteur à Londres, présenta pour la pre- mière fois des Primevères de Chine à fleurs roses et à fleurs blanches, presque pleines, qu’il avait obtenues dans un semis de graine provenant de fécondation artifi- cielle. L’année suivante, la France possé- dait ces deux variétés, qui se répandirent rapidement, grâce aux bons soins de leur introducteur M. Tripet-Leblanc. Les variétés figurées ci-contre provien- nent d’un semis fait en 1866, par le jardi- nier-chef du château de Bagatelle, M. Jar- lot. L’heureux obtenteur possède plus de 25 sujets de chacune de ces variétés qui présentent, outre la disposition, la forme et le coloris de leurs nombreuses fleurs, une particularité très-remarquable. En effet, il était admis jusqu’ici comme règle à peu près invariable que la hampe, le pétiole et le dessous des feuilles étaient plus ou moins rougeâtres dans l’espèce type et les variétés à fleurs roses ou qui en proviennent, tandis que les mêmes parties étaient d’un vert blond dans toutes celles où le blanc dominait. Il était donc facile, en examinant ces caractères, de séparer dans un semis, et avant la floraison, les variétés et de ne cultiver que le nombre désiré de chaque couleur. PÊCHER MADELEIN] Arbre vigoureux à écorce vert roux, très- légèrement violacé. Feuilles dépourvues de glandes, lancéolées, elliptiques, lon- guement acuminées, planes, très-rarement gaufrées, assez fortement quoique réguliè- rement dentées, à dents aiguës, penchées. Fleurs rosacées, d’un rose carné très- tendre, à pétales concaves, brusquement tronqués et courtement onguiculés à la base. Fruit moyen, subsphérique, sillonné d’un côté déprimé et parfois mucronulé au sommet. Cavité pédonculaire peu pro- fonde, régulièrement évasée. Peau courte- ment duveteuse-laineuse, blanc jaunâtre, très-légèrement rose violacé sur les parties Or, par une dérogation à cette règle, ces caractères sont fondus. Ainsi, du reste, qu’on peut le voir dans la gravure ci-con- tre n° 27, la hampe, le pétiole et le dessous des feuilles sont très-rougeâtres dans la variété à fleurs blanches (caractères ordi- nairement réservés aux plantes, tandis que dans celles à fleurs d’un blanc rosé (n° 3) elles sont restées du coloris ordinaire à cette variété, c’est-à-dire d’un vert blond. Si nous demandons aux théoriciens l’ex- . plication de ce phénomène, il est à peu près certain qu’ils répondront qu’il pro- vient de telle ou telle cause dérivant de tel ou tel système ; d’autres diront peut- être que c’est une anomalie. Si l’on nous demandait notre avis, nous répondrions simplement : C’est un fait qui prouve une fois de plus combien tous les systèmes sont impuissants quand il s’agit des choses premières, surtout en ce qui concerne les végétaux, dont la loi est : Unité de prin- cipe dans la création , variété illimitée de détails dans la vie comme dans la reproduc- tion. Les variétés de Primevères de Chine à fleurs presque pleines, comme celles dont nous nous occupons, ne donnent pas beaucoup de graines. Pour les multiplier, il faut donc, après la floraison, butter les plantes presque jusqu’aux feuilles pour exciter les racines à pousser au collet de chaque division des pieds; puis, quelque temps après, pratiquer le séparage en ayant le plus grand soin de conserver les jeunes racines à chaque division. On rempote dans un mélange d’un cin- quième de terre franche, un cinquième de terre de bruyère et trois cinquièmes de bon terreau; oh place sur couche les pots, qui sont couverts d’une cloche, et, lorsque la reprise est assurée, on donne de l’air; on traite ensuite ces multiplica- tions comme les sujets ordinaires. Rafarin. BLANCHE DE DOUÉ fortement insolées, parfois seulement mar- brée ou striée de rose violacé comme l’est la Pêche de Malte. Chair non adhérente au noyau, ou parfois à peine çà et là lé- gèrement adhérente par des faisceaux fibreux, rose violacé dans la partie qui touche au noyau ; eau abondante, sucrée, légèrement parfumée. Noyau roux, comme tomenteux, régulièrement arrondi et ter- miné au sommet par un mucron droit, très-élargi à la base, à surface fortement sillonnée. Cette variété est d’assez bonne qualité eu égard à Pépoque de maturité de ses fruits, qui arrive vers la deuxième quin- 252 EXPOSITION UNIVERSELLE d’hORTICULTURE EN 1867. zaine de septembre. A Paris, probable- ment à cause du climat, il arrive souvent que ses fruits manquent un peu de saveur; mais il est à supposer que ce défaut dispa- raît dans des contrées plus favorisées sous le rapport du climat. On la trouve chez M. Dupuy-Jamain, horticulteur à la Maison- Blanche, route d’Italie, à Paris. Au point de vue de la classification, le Pêcher Madeleine blanche de Doué se place près du Pêcher de Malte. E. A. Carrière. EXPOSITION UNIVERSELLE D’HORTICULTURE DE 1867 (1) Les honneurs des concours principaux avaient été cette fois réservés aux Orchi- dées fleuries et aux Pélargonium. Deux collections à’ Orchidées présentées l’une par MM. Thibaut et Keteleer, l’autre par M. Luddemann, se disputaient le prix du concours désigné au programme de la commission sous la rubrique : Espèces et variétés réunies en collection. Après exa- men, le jury a décerné un premier prix à MM. Thibaut et Keteleer; un deuxième prix à M. Luddemann. Nous citerons comme plantes remarquables entre toutes, savoir : 1° dans la collection de MM. Thibaut et Keteleer : Saccolabium guttatum splendens , avec ses quatre longues grap- pes de fleurs, à labelle rose se détachant bien sur un fond blanc rayé de pourpre; Lælia purpurala rosea , dont le labelle jaune, coloré de pourpre cramoisi sur le limbe, fait ressortir le fond blanc de la fleur; Lælia Stelznerianurn ; Odontoglos- sum cilrosmum ; Odontoylossnm hastila- bium\ Cypripedium barbatum superbum , Crossii, Hoo/ierii et Veitchianum ; Ca- lanthe Masuca , originaire du Népaul, aux pétales lilacés avec labelle violet pourpre; 2° dans celle de M. Luddemann : Cypripe- dium Stonei , originaire de Bornéo, avec ses curieuses et jolies fleurs à pétales macu- lés de brun carminé, son labelle d’un rose lilacé et ses sépales de couleur blan- che et violacée; un superbe exemplaire de Saccolabium guttatum splendens ; Aeri- des falcatum et Vanda teres , plante à feuilles charnues , presque rondes , sur- montées de belles fleurs à sépales de couleur blanche, et dont les pétales rou- geâtres sont jaunes en dessous et tachées de rouge; enfin une variété du Caltleya Mosiæ , à grandes fleurs d’un' rose lilacé dont le labelle est taché et veiné de rouge carminé et d’une raie jaune. M. Linden, qui avait envoyé un assez grand nombre d 'Orchidées, a reçu quatre prix, savoir: 1° un premier prix pour lot de 25 espèces ou variétés choisies; nous citerons dans ce lot : Cattleya Acklandiæ, très-belle Orchidée brésilienne, à fleurs mouchetées de rouge sur fond vert, à labelle coloré de rouge pâle à sa base; Oncidium leuchochilum , originaire du (1) Voir Rev. hort. 1867, pages 173, 193, 214 et 234. Mexique ; Epidendrum vitellinum , de même provenance; Brassia verrucosa; A e- rides F ieldingii, Aerides Larpentæ ; Sacco- labium relusum, espèce très -intéressante apportée du Bengale; 2° un premier prix pour son lot de 12 sujets remarquables par leur développement; on remarquait parmi les plantes composant ce lot, outre quatre variétés de Caltleya Mosiæ , plu- sieurs Lælia et un Calanthe verati folia; nous citerons encore Acanthophippium bicolor; Cypripedium villosum ; 3° un deuxième prix pour un lot de Vanda tri - colore t Vanda suavis, exposés dans le con- cours de 6 sujets remarquables par leur développement; 4° enfin pour lot de sujets nouveaux un premier prix : la plante la plus remarquable de ce lot était Y Aerides Japonicum , seul exemplaire existant en Europe ; puis venaient Oncidium holo- chrysum , belle plante du Pérou à fleur jaune; Oncidium serratum, à fleurs brunes bordées de jaune et élégamment contournées et frangées ; Oncidium nubigenum ; Odonto- glossum cristatum ; Catasetum cristatum, nouvellement reçue des bords du Rio Negro, plante très-originale par la forme des fleurs, qui sont pointillées et rayées de marron sur fond verdâtre. MM. le comte de Nadaillac et Guibert avaient mis hors concours un superbe lot d ’ Orchidées, dans lequel nous avons re- marqué deux plantes que nous ne croyons pas pouvoir passer sous silence. L’une est le Vanda teres, dont un pied surtout por- tait 7 hampes de fleurs. La commission impériale, voulant tenir compte, non-seu- lement aux exposants, mais encore à ceux qui coopèrent à la culture des produits présentés, a décerné un premier prix à M. Isidore Leroy, jardinier-chef des cul- tures de M. Guibert, amateur distingué et propriétaire de ces beaux Vanda ; puis un autre premier prix à M. Chenu, jardinier- chef des cultures de M. le comte de Na- daillac, également amateur distingué et propriétaire d’une partie de ces belles Orchidées. Ici se termine notre travail sur les con- cours des Orchidées. Avant d’aborder les autres concours, il nous paraît utile de dire aux amateurs et horticulteurs que, d’après les bons praticiens, le secret de la culture de ces belles Epiphylles con- EXPOSITION UNIVERSELLE d’hOR TICULTL'RE EN 1867. 253 sisterait à distinguer l’époque de la vé- gétation de celle du repos. Dans le pre- mier cas, facilement reconnaissable par l’apparition des organes floraux, il faut donner beaucoup de chaleur et beau- coup d’humidité, tandis que, cette période passée, il convient de modérer la tempé- rature et surtout l’humidité. Après cela, nous passons au concours des Pélargonium, divisés pour cette fois en deux séries, savoir : 1° Pélargonium à grandes fleurs. Dans le premier concours, ( Variétés réunis en collections), le jury a décerné quatre récompenses, dont un premier prix à M. A. Dufoy ; un deuxième- prix à M. Malet; un troisième prix à M. Pi- gny, jardinier au château de Bois-Préaux, à Rueil ; enfin une mention honorable à M. Em. Dufoix, horticulteur à Montreuil. Comme variétés remarquables, nous avons noté : dans celle de M. A. Dufoy : Arnphi - trite , fleurs fond blanc à macules pourpre ; Marquise de la Ferté , à ravissant coloris, fond blanc lavé de rose carminé; Yictorine Pingard , fleur dont la partie supérieure est maculée de marron sur fond blanc; Madame Furtado, fleurs d’un rouge cerise avec macules couleur pourpre velouté; Oracle ; Napoléon III ; Lord Raglan; O si- ris; Monsieur Marie; Monsieur Rouchar- lat; Monsieur G. Malet , aux fleurs couleur marron maculées de même couleur, mais presque noir. Cette variété, produit d’un caprice du Pélargonium Grande-duchesse Stéphanie , a été fixée par le bouturage et ne s’est jamais modifiée. Dans celle de M. Malet: Madame Charles Keteleer, fleurs fond blanc lavé de rose vif; Marquis de Tou- longeon, kÜeurs couleur cerise avec centre blanc violacé, maculé de marron; Madame Chauvi ère; Télémaque ; le Vésuve-, Mon- sieur Rouillant; Pétrarque ; enfin Ma- dame Thibaut , à fleurs d’un rose blanc maculé de noir. En général, la culture des Pélargonium laissait à désirer, et le jury espérait que nos spécialistes auraient présenté des pro- duits plus remarquables sous ce rapport. Le second concours (lot de 50 sujets .remarquables par le choix des variétés) a valu un premier prix à MM. Thibaut et Re- teleer. Nous ne pouvons citer aucuns noms, les exposants ayant présenté un choix ne renfermant que des plantes de premier mérite. Le concours pour 6 variétés de Pélar- gonium remarquables par leur bonne cul- ture laissait tellement à désirer, que le jury a seulement accordé une mention ho- norable à M. Merle, à titre d’encourage- ment, sans doute. M. A. Dufoy a reçu un premier prix, pour un lot d’un Pélargonium obtenu de semis nommé Caprice des Dames ; ce dérivé de la section dite Diadematum, par sa dispo- sition à prendre une forme gracieuse, par la régularité et l’abondance de ses fleurs, qui, sur un fond blanc, sont à la fois rayées de carmin, lavées de rose vermillon et de saumon, réunion de couleurs formant des espèces de macules du plus joli effet, sera très-recherché des amateurs. M. A. Dufoy présentait encore un autre se- mis, nommé Gloire de France, que le jury a récompensé seulement d’une mention honorable. Cette variété se rapproche beaucoup de Victor Lemoine, de Turco, etc. Venaient ensuite les concours de la deuxième série : Pélargonium fantaisie. Dans le concours de variétés réunies en collection, il n’a pas été décerné de premier prix; M. A. Dufoy a reçu un deuxième prix; M. Malet un troisième prix. Dans celui de 25 variétés de choix M. Chenu, jardinier de M. Binder, à l’Isle-Adam (Seine-et-Oise), recevait un premier prix, et MM. Thibaut et Keteleer, un second prix. M. Chenu, cet habile jardinier, obte- nait de plus un premier prix pour son lot de 12 variétés de choix, et un second prix pour un autre lot de 6 sujets remarquables par leur développement. Dans ces groupes de Pelagonium de fantaisie, on remarquait surtout : Toilette de Flore , Empereur , Rachel, Nero, Marionnette. Enfin dans le concours : lot de variétés nouvelles obtenues de semis , qui mettait en présence MM. Chenu et A. Dufoy, le jury a décerné le premier prix à M. Chenu, pour son gain nommé Mignardise, d’autant mieux baptisé qu’au premier coup d’œil on croirait voir une de ces jolies fleurs de l’œillet qui porte ce nom. Une mention honorable a été donnée à M. A. Dufoy, pour son Pélargonium Désirée Dufoy. Ici se termine les concours principaux de la cinquième série. Les concours accessoires (plantes de serre chaude) ont encore fourni à M. Lin- den l’occasion de nouveaux succès. En effet, pour son lot de 12 plantes variées choisies, dans lequel figuraient : Herrania palmata , trois espèces de Theophrasta , deux espèces de Rhopala, etc., plantes toutes remarquables par la- vigueur et la dimension, il recevait un premier priçc; M. Lierval a obtenu un second prix avec mention spéciale pour la nouveauté de ses produits, et M. Ghantin également un second prix pour la force, de ses sujets. M. Linden a encore obtenu un premier prix pour un lot de 6 plantes remarqua- bles par leur bonne culture; on remarquait dans ce lot : Colea Comersonii ; Acantho- loma spinosa ; Crescentia regalis ; Stad- mannia sorbi folia; Theophrasta crassipes et 254 EXPOSITION UNIVERSELLE d’iIORTICULTURE EN 18G7. surtout un Theophrasta imperialis (nom qui, bien que douteux, a été conservé jus- qu’ici). Sans revenir sur la vigueur des sujets exposés, nous ferons ressortir que, cette fois encore, M. Linden semblerait avoir voulu montrer aux amateurs et horticul- teurs tout le parti qu’on peut tirer des vé- gétaux pour la décoration des serres et des appariements, lorsqu’ils sont soumis à une culture intelligente. M. Lierval, dont les produits étaient également remarquables, a reçu un troisième prix . Nous avons noté dans cette exposition Anthurium Sp., plante non au commerce et que nous devons à notre regrettable compatriote M. Porte. M. Chantin, dans le concours dit : plante remarquable par son grand développe- ment , a reçu un deuxième prix pour son Ceroxylon niveum ; dans celui ouvert pour plante à feuillage ornemental , remarquable par son développement et sa bonne cul- ture, un troisième prix, récompensait son Wallichia caryotoides. L’apparition en i857 de huit nouveaux Caladium , mis au commerce par M. Chan- tin qui les avait reçus du Brésil, par les soins de M. Baraquin, voyageur français, et l’exposition, en 1858, d’une collection presque complète du genre Caladium, pré- sentée à Berlin par M. Mathieu, avaient vivement intéressé le public horticole. Je ne crois pas cependant que jamais l’atten- tion avait été éveillée aussi puissamment, l’admiration aussi sérieusement excitée que par l’exposition des Caladium obtenus de semis et présentés par M. Bleu, amateur à Paris. Aussi les plus remarquables espèces et variétés de ce beau genre qui étaient, avant les gains de M. Bleu, les Caladium Belleymeii; C. Chantinii; C. Brongniartii ; C. Houlettii ; C. argyrites ; C. bicolor splen- dens; etc., ont-ils été, comme c’est la règle, hélas! surpassés en beauté par leurs descen- dants, qui sont des produits obtenus par M. Bleu. Ce cultivateur avait exposé d’abord un lot de 12 variétés, provenant de ses se- mis et déjà livrés au commerce, qui a reçu un premier prix. Nous signalerons surtout, comme plante hors ligne, la variété Impéra- trice Eugénie. Ensuite M. Bleu avait un lot de variétés nouvelles , également récom- pensé d’un premier prix. Les 50 sujets, tous obtenus par la fécondation artificielle et portant une étiquette indiquant le nom des plantes qui les ont produits , étaient si splendides comme vigueur et variétés de coloris, comme végétation luxuriante, que le jury a regretté de ne pouvoir donner à l’exposant qu’un premier prix. En exami- nant tous ces beaux et remarquables pro- duits, qui donc oserait nier que ces résul- tats sont dus non pas seulement à la nature qui engendre, mais bien à des études sui- vies d’opérations raisonnées qui font hon- neur à l’exposant? Sur sa demande, le jury a baptisé les gains les plus recommanda- bles, savoir : le n°52 (provenant de C.Teu - tonii et de C. Pœcile) a été nommé Triomphe de l’Exposition de 1867. C’est une belle plante, à pétiole lisse de 0m 35 de hauteur, de couleur rose, rayé et strié de brun obscur; le limbe assez grand, d’une forme régulière et gracieuse, est peu ombiliqué à l’intersection du pétiole, coloré d’un beau vert brillant, velouté, apparent seulement en large bordure à la circonfé- rence de la feuille, dont le milieu est pla- qué d’une grande macule d’un rouge ve- louté, que fait encore ressortir la couleur rouge vif des nervures. Le n° 11 (produit de C. Houllettii et C. Brongniartii) a été dédié à M . Bleu. Cette variété, dont le magnifique feuil- lage est plus long et d’une forme plus ré- gulière que dans le C. Houlettii, présente un limbe vert pâle devenant blanchâtre et comme granulé avec de légères teintes couleur rose vers le centre ; les nervures sont dMn jaune pâle lavé de rose, le reste de la feuille est couvert de macules et de taches blanchâtres. Le n° 32 (venant du C. Sieboldtii et de C. Rossinii) a été dédié à M. le Duc de Cleveland , président. Sa feuille est grande avec centre couleur rouge cramoisi ; des nervures de couleur pâle se détachent des stries de longueur irrégu- lière, ce qui donne à ces parties l’aspect d’une feuille de fougère coloriée appliquée sur le limbe de chaque feuille; si nous ajoutons que çà et là se trouvent des ma- cules couleur rouge cramoisi, nous aurons donné, autant qu’il est possible de le faire, une esquisse de cette belle variété. Le n° 52 (produit de la fécondation de C. Bel- lexjmeii et C. Pœcile) portera le nom de Monsieur le Play, commissaire général de l’Exposition universelle, qui a bien voulu accepter la dédicace ; nous retrouvons ici la forme, la couleur blanche avec les ner- vures secondaires et la bordure verte de C. Belleijmeii, dont le gain nouveau dif- fère par les dimensions des feuilles et par le coloris des nervures principales, qui sont d’un rouge vif. Le n° 8 a été dédié à Mon- sieur 'Alphand, directeur général de la voie publique et des promenades de la ville de Paris. Cette variété a la feuille grande, for- tement ombiliquée à l’intersection du pé- tiole, le limbe est orné d’une belle macule rouge vif un peu carminé et granulé , portant çà et là des taches et macules de formes irrégulières de couleur plus pâle que le centre du limbe. Le n° 3 (issu de C. Belleymeii et de C. bicolor) prendra le nom de Duc de Ratibor. Comme la variété Monsieur le Play, il a beaucoup emprunté au C. Belleymeii , dont il s’éloigne par la couleur verte qui domine surtout dans les EXPOSITION UMVERSÉLLE I) HORTICULTURE EN 1867. 255 jeunes feuilles ; en outre il a emprunté au C. bicolor la couleur rouge de ses nervures principales. Le n° 1 8 (provenant du C. Hou- lettii et de C. Madame Andrieu) a reçu le nom de Monsieur Devinck. Les feuilles, d’un vert clair, sont ornées de nervures roses sur une large macule centrale de couleur rose cendré avec taches et macules blan- ches sur le reste de la feuille. Nous avons cru être agréable à nos lec- teurs en donnait quelques détails sur ces beaux gains, qui sont une des précieuses conquêtes dont l’horticulture française pourra justement s’enorgueillir et qui en- couragera, nous l’espérons, les amateurs et les horticulteurs à entrer dans la voie qui leur a été ouverte par M. Bleu. Les produits de serre tempérée ont valu : d’abord un premier prix à M. Chantin , pour plantes diverses ; ensuite un premier prix à MM. Baudry et Hamel, horticulteurs à Avranche, pour une très-remarquable collection de Calcéolaires ligneux. En disant que les plantes vivaces expo- sées n’ont obtenu qu’un troisième prix à M. Guénot, c’est montrer qu’elles n’of- fraient pas un grand intérêt. Le concours des plantes annuelles a été beaucoup plus remarquable. MM. Vilmo- rin et compagnie ont reçu le premier prix ; M. Duvivier, un troisième prix, et M. Loise- Chauvière une mention honorable. Nous ap- pellerons l’attention sur les plantes suivan- tes : 1° lot de MM. Vilmorin : Nycterinia selaginoides, à fleurs blanches et à fleurs couleur lilas. C’est à ne pas croire que cette jolie miniature provient d’une plante insi- gnifiante tant elle est jolie; Briza gracilis , graminée aussi légère que mignonne pour la confection des bouquets; 2° dans celui de M. Duvivier, trois pieds de Campanula medium , très-remarquables par une dispo- sition exceptionnelle des bractées qui de vertes et courtes sont devenues assez lon- gues pour simuler de vrais pétales dé- passant de beaucoup la longueur du ca- lice. Ces bractées sont rose clair comme la corolle; en outre la transformation de quelques étamines en pétales fait présumer qu’on obtiendra facilement des fleurs plei- nes; 3° dans le lotdeMM.HavartetCeCAr?/- santhemum carinatum, à fleurs parfaitement nuancées et du plus joli effet. MM. Vilmo- rin et compagnie recevaient encore un premier prix pour leur collection de plan- tes nouvelles de pleine terre, dans laquelle nous citerons particulièrement : Thlaspi Julienne , plante de premier mérite et qui sera de bonne vente , plusieurs Viscaria, fort recommandables pour l’ornement des jardins. Poursuivant les concours de la floricul- ture, nous aurons à enregistrer : les beaux Dianthus semperflorens , qui ont valu un second prix à M. Paré, pour ses nombreu- ses variétés, et un autre second prix à M. Brot-Delahaie pour la bonne culture de ses sujets ; les Dianthus plumarius en col- lection de M. Brot-Delahaie, récompensés également d’un second prix; les Pæonia Sinensis réunis en collection exposés par M. Ch. Verdier, qui ont obtenu un pre- mier prix ; le lot de vingt-cinq variétés de choix de Pæonia Sinensis de M. Margottin, récompensé aussi d’un premier prix et dans lequel on remarquait : Triomphe de Paris , Madame Furtado, Elégante , Louis Van Houtte , Comte de Cussy, Princesse Mathilde, etc; la collection de beaux Rho- dodendrum, tiges de M. Wood, qui a reçu un deuxième prix; le lot de Kalmia, ex- posé par M. Croux, et que le jury a noté pour un second prix. Nous arrivons aux concours des Rosiers dans lesquels M.HeJamain a obtenu \q pre- mier prix pour sa collection de Rosiers a tiges , cultivés en pleine terre et un autre premier prix pour son lot de cinquante va- riétés choisies de Rosiers tiges cultivés en pots. Dans le concours de Rosiers tiges cul- tivés en pots M. Marest, recevait un pre- mier prix de collection. Les honneurs du concours de Roses en fleurs coupées, revenaient à M. Margottin, qui a obtenu un premier prix de collection et un premier prix de Roses nouvelles de la tribu des hybrides remontantes, savoir : Roi Léopold II, fleur grande, en forme de coupe; pétales extérieurs lar- ges, bien arrondis, très-serrés et nom- breux au centre, d’un beau coloris rose vif légèrement satiné. Souvenir de Mon- sieur Poiteau , fleur de moyenne gran- deur, d’une forme irréprochable, se tenant bien, d’un joli coloris rose tendre du plus délicieux effet. M. Fontaine recevait un deuxième prix pour sa collection de Roses présentée en fleurs coupées; M. Cochet, à Suisnes, n’obtenait que le troisième prix. Dans le concours de Roses nouvelles , • M. Garçon, horticulteur à Rouen, obtenait un premier prix pour ses gains Souvenir de /’ Exposition, Triomphe de France et Ville de Paris. M. J. Vigneron, horticul- teur à Orléans, recevait un troisième prix pour sa rose nommée Barillet-Deschamps; un troisième prix était également décerné à M. Fontaine, dont les produits, ainsi que ceux de MM. Guillot père et Guillot fils, tous deux horticulteurs à Lyon (ils ont été récompensés chacun d’une mention hono- rable) étaient fanés lorsque nous avons voulu les examiner après le passage du jury. Pour le concours de bouquets et de dé- coration de vases divers en fleurs coupées, M. Bernard a obtenu : trois premiers prix et trois deuxièmes prix; M. et Mme Van 256 EXPOSITION UNIVERSELLE ^HORTICULTURE EN 1867. Driessche, chacun un premier prix pour parures et bouquets de bal. Enfin; pour terminer l'énumération des concours de l'horticulture proprement dite, citons : le concours de Pivoines en fleur s. coupées; pre- mier prix , M. Ch. Verdier; deuxième prix , M. Paillet; troisième prix , MM. Ha- varl et Ce ; mention honorable à M. Loise- Chauvière. Pour le concours d 'Iris Hispa- nica, en fleurs coupées, M. Loise-Chau- vière recevait un deuxième prix , M. Giiénot un troisième prix; MM. Havart et Ce une mention honorable. Le concours de Renon- cules en fleurs coupées a valu à M. Guénot un deuxième prix. Le concours de Delphi- nium nouveaux a valu à M. Loise-Chau- vière un premier prix. Le concours de Pensées en fleurs coupées, a valu à M. Dow- nie, de Londres, un premier prix. On ad- mirait cette exposition, qui se distinguait par le bon choix, la forme régulière et correcte, la dimension (quelques fleurs mesuraient 0m 07 de diamètre), la beauté et la netteté du coloris des fleurs présentées. Ce que l'on admirait non moins était le magnifique lot d' A roidées présenté par M. le comte de Nadaillac, auquel le jury n’a pu décerner qu’un premier prix; choix des espèces, richesse de végétation, tout était réuni dans ce lot. Comment oublier le splendide exemplaire de Broméliacées , exposé par Mlle Zoé de Knyff, auquel le jury a décerné tin premier prix. Fort de l’opinion de praticiens, nous enrégimen- tons cette plante du Mexique dans le genre Chevaliera, sauf à la faire permuter lors- qu'il aura été possible d’en étudier les ca- ractères quand la floraison aura lieu. Puisque nous sommes avec les plantes de serre chaude, mentionnons le concours de ( iloxinia , qui a valu un premier prix à M. Marest. Une mention honorable a été accordée à M. Loise-Chauvière pour son exposition nombreuse en sujets, mais pauvre en fleurs. Pour les plantes de serre tempérée: un troisième prix a été accordé à M. Lemoine, de Nancy, pour ses magnifiques sujets à’Aralia Sieboldtii foliis albo maculatis. M. Lemoine recevait également un troi- sième prix pour un lot de Clématites dans lequel figuraient la variété Fortunei et d’au- tres non moins remarquables. Un lot d’A- raucaria variés, exposé par M. Bonnault, amateur à Chatellerault, obtenait une men- tion honorable. Dans les plantes de pleine terre, le concours d’iris Germanica s'offre comme le plus important, par le nombre d’exposants qui ont été récompensés sa- voir : M. Ch. Verdier, un deuxième prix ; M. Loise-Chauvière, un troisième prix ; MM. Havart et Gie, une mention honorable. Le concours de Dahlia rapportait un pre- mier prix à M. A. Dufoy; on admirait sur- tout la variété Princesse Mathilde, plante hors ligne et qui réussit très-bien en cul- ture forcée; puis Utile Elisabeth; Herz- Blciltchen ; Madona et surtout Mon chéri, qui, par ses jolies petites fleurs, sera le préféré des amateurs de bouquets. Une autre plante également remarquable par la beauté et l'éclat de son coloris, le Phlox Drummondi, a valu à M. Guenot une men- tion honorable ; enfin un premier prix a été décerné à M. A. Van Geert, pour son lot de Conifères, composé d6. Abies amabilis ; Abies nobilis et Abies lasiocarpa. Avant d’entreprendre le résumé des prix décernés pour les concours des lé- gumes et fruits , nous sommes heureux d’avoir à constater que la lutte est devenue aussi intéressante qu’utile. C'est là ce que nous demandions dans un de nosprécédents articles, et ce qu’en fin on paraît avoir com- pris. La premier concours, espèces et va- riétés réunies en collections , a fourni à la société de secours mutuels des jardiniers de la Seine l’occasion de mettre sous les yeux des nombreux visiteurs du jardin ré- servé une très-grande quantité de légumes divers dont, outre la dimension ou le vo- lume, on admirait la régularité des exem- plaires de même espèce ou variété. C’est surtout dans cette grande difficulté vaincue qu’on reconnaît la supériorité des horti- culteurs de Paris sur leurs confrères de province et même de l'étranger. Au milieu de cette exposition, on remarquait un cof- fre muni de son châssis vitré, dans lequel se trouvait un échantillon de la culture forcée du Melon, à Paris. Le jury a décerné le premier prix à cet ensemble de beaux pro- duits. Venait ensuite la société d’horticul- ture nantaise, dont les produits étaient, à l'exception de la régularité ci-dessus men- tionnée, on ne peut mieux réussis : le jury lui a attribué un second prix. Une exposition des plus instructives était la collection de tubercules d cPommes de terre envoyée par M. Besson, des envi- rons de Marseille; le jury lui a accordé un premier prix. Les Asperges ont rapporté \\n premier prix à M. Lhérault-Salbeuf, et un second prix à M. Louis Lhérault. M. Henry Charles recevait un deuxième prix pour son lot de Melons, et un autre deuxième prix pour ses autres fruits forcés, Pêches et Raisins, concours dans lequel M. Rose Charmeux obtenait un troisième prix, et MM. Constant Charmeux et Ber- tron, chacun une mention honorable. Tels sont, en somme, les résultats des concours de la cinquième série. Il nous semble inutile de revenir sur le côté pra- tique de ces expositions permanentes, la question est jugée. Tout se.borne donc, pour prouver que la cinquième série a été aussi belle que les précédentes, à faire PLANTATION LES TULIPIERS. — CHOIX LES. FLEURS l’aRBRES FRUITIERS. 257 connaître le nombre des lots exposés et celui des récompenses obtenues. Les chif- fres recueillis par résumé sont : 118 lots présentés ayant donné lieu à 100 récom- penses décernées par le jury, savoir : pre- miers prix, 44; deuxièmes prix. 26; troi- sièmes prix, 15; mentions honorables, 15. Conlinuant nos appréciations premières en ce qui concerne le nombre de récompenses attribuées à chaque nation, nous trouvons : France, 89; Belgique, 10; Angleterre, 1. Les Conifères forestières ont été jugées dans cette série. Les collections étaient peu nombreuses, ce qui s’explique, parce que, pour la plupart, les espèces et variétés ne peuvent, sans inconvénient, supporter les variations atmosphériques de la France ou n’ont d’autre intérêt que la beauté ou l’ori- ginalité de leur port ou Faspect de leur feuillage. C’est à M. Oudin aîné, horticul- teur à Lisieux, que le jury décernait le premier prix du concours de collection ; M. Sénéclauze recevait le deuxième prix ; M. Croux obtenait le troisième prix. Dans le second concours ( espèces et variétés nouvelles ), il n’a été donné qu’un troisième prix à M. Rémond, horticulteur à Ver- sailles, et une mention honorable à M. Pail- let. Après avoir étudié les produits qui ont été soumis à l’appréciation du jury par les deux horticulteurs ci-dessus désignés, nous devons croire que c’est à titre d’en- couragement dans la multiplication et la culture des espèces anciennes qu’ils ont obtenu ces récompenses, car aucun des exemplaires présentés ne pouvait, à au- cun titre, être classé comme nouveau et ne pourrait certainement être utilisé pour le reboisement en France. Rafarin. [La suite au prochain numéro .) PLANTATION Peu d’arbres sont aussi propres à l'orne- mentation que le Tulipier; rien, par con- séquent , n’explique sa rareté dans les jardins, si ce n’est probablement la diffi- culté qu’on éprouve pour le faire repren- dre lorsqu’on en fait la transplantation. Il est rare, en effet, qu’on réussisse, parce que presque toujours on fait le travail à contre-saison, parce qu’on ne s’est pas rendu compte du mode de végétation du Tulipier et surtout aussi de la nature de ses racines. Le Tulipier commence à en- trer en végétation très-tard; d’une autre part ses racines charnues, relativement peu nombreuses, font qu’elles pourrissent promptement lorsqu’elles sont mises en SUPPRESSION et choix des Il arrive fréquemment que des faits hors de doute sont contestés, parce qu’ils sont contraires à des idées admises. Cela se comprend. Toutefois, avant de nier, il con- vient d’expérimenter lorsque la chose est possible. Ces considérations générales trouvent leur application dans une opération qui se rapporte aux arbres dont les fleurs sont disposées en bouquets, ou sortes d’om- belles corymbiformes ; tels sont les Poi- riers par exemple. En ce qui concerne les fleurs de ces ar- bres, quelques praticiens ont affirmé que les fruits sont d’autant plus beaux et qu’ils tiennent d’autant mieux qu’ils sont placés à la circonférence du bouquet ; d’après eux, il y aurait un très-grand avantage à supprimer, dès qu’elles sont formées, toutes les fleurs ES TULIPIERS terre, pour peu que les plantes boudent. Il faut donc, afin d’obtenir un bon résultat, planter le Tulipier lorsqu’il commence à bourgeonner, absolument comme on le fait pour les Magnolia, à côté desquels il se place en botanique, et avec lesquels aussi il a de grands rapports par la nature de ses racines. Toutefois nous devons dire que le Tulipier ne vient pas bien dans tous les sols ; il recherche ceux qui sont frais et consistants. Le voisinage des pièces d’eau ou de rivières semble lui convenir parti- culièrement. Briot, Chef des pépinières impériales de Trianon. i’LEURS D’ARBRES FRUITIERS du centre pour conserver celles de la cir- conférence. Le fait est vrai ; pourtant au- jourd’hui encore beaucoup de personnes hésitent à pratiquer cette opération des plus simples. C’est un tort d’autant plus grand que la chose est des plus faciles à faire. Il suffit, avec un instrument tran- chant, une paire de ciseaux par exemple, de couper toutes les fleurs qui sont au centre des inflorescences. Ceux qui doute- teraient encore du procédé pourraient se convaincre en examinant aujourd’hui leurs Poiriers; ils verraient alors que les fruits qui sont restés sont précisément ceux qui proviennent de fleurs placées à la circon- férence des inflorescences; de plus, que les plus beaux sont toujours ceux qui ont une petite feuille implantée sur le pé- doncule, fait qui a lieu seulement sur les 258 DES JARDINS RÉGULIERS fleurs les plus extérieures des bouquets. Depuis très-longtemps que j’emploie ce procédé, je n’ai toujours eu qu’à m’en louer, et tout récemment encore, l’ayant appliqué à un Passe-Colmar, j’ai obtenu DES JARDINS RÉGULIERS Le nombre des essences qui peuvent être traitées et utilisées pour l’ornementation des plates-bandes des jardins réguliers à la française est beaucoup plus élevé qu’on serait tenté de le supposer tout d’abord, si l’on ne jugeait que d’après les spécimens cultivés dans les magnifiques jardins régu- liers qui existent aux Tuileries, au Louvre, au Palais-Royal, au Luxembourg, au jardin des plantes à Paris, à Saint-Cloud, à Ver- sailles, etc., où la quantité des espèces d’arbustes ordinairement employés à la dé- coration des plantes-bandes se réduit à une dizaine tout au plus, qui sont : Chèvrefeuille des jardins ; Hibiscus srjria- cus, plusieurs variétés; Lilas Varin, Saugé et autres; Pêchers à fleur double; Pom- mier de Chine ; Prunellier à fleur double; Pivoines en arbre; Rosiers divers. A cette liste il faut ajouter les Fuchsia élevés en tige et taillés en tête à la façon des Rosiers, qui, plantés au printemps et enlevés à l’automne, fleurissent abondamment tout l’été et luttent avantageusement pour la beauté et la durée de la floraison avec les Rosiers, auxquels on devra les préférer dans bien des cas. Enfin depuis peu (et nous en avons en ce moment-ci un très-bel exemple dans le jardin central de l’Exposition universelle), on emploie aussi les Rhododendrons, qui se prêtent parfaitement à être élevés en tiges et en tête. Lorsqu’on sait bien choisir les variétés, on arrive à obtenir une suc- cession de fleurs depuis la fin d’avril jus- qu’en juin. Rien n’est beau comme ces volumineuses têtes de Rhododendrons, à feuilles persistantes, couverts de ces gros bouquets aux teintes si belles et si variées. C’est à M. Wood, l’habile horticulteur de Rouen, que nous devons d’avoir pu appré- cier pour la première fois cette belle et intéressante culture à l’air libre. Ainsique nous l’avons dit, il existe dans les collec- tions de pleine terre beaucoup d’espèces et de variétés d’arbres, d’arbrisseaux et d’arbustes qui se prêteraient merveilleuse- ment à l’élevage en tête, en boule et enfin soumis à une forme régulière ; il en est d’autres qui, par leur port naturel, pour- raient être utilisés sans avoir été préala- blement préparés. Enfin rien ne serait plus facile, dans certains cas, que d’ob- (1) Voir Rev. hort., 1867, page 226. DITS A LA FRANÇAISE. des résultats de nature à convaincre les plus incrédules. Mail , horticulteur à Yvetot, Seine-Inférieure. DITS A LA FRANÇAISE <*> O tenir de plusieurs des arbrisseaux que nous cultivons ordinairement dans les ser- res et orangeries des spécimens très-pro- pres à la décoration estivale de nos jardins. Nous avons déjà cité les Fuchsia, qui se trouvent dans ce cas ; on en trouvera plu- sieurs autres dans la nomenclature que nous donnerons plus tard. Nous avons à dessein étendu celte liste, afin que chacun pût faire un choix, sui- vant le climat qu’il habite, le terrain et les moyens dont il dispose. Il va de soi que certaines espèces exigeront soit de la terre de bruyère, soit une exposition ou des soins particuliers, que les amateurs et les jardiniers intelligents sauront discerner et donner à propos. Depuis longtemps déjà, on a su utiliser dans la décoration des jardins réguliers : les Orangers, les Citronniers, les Grena- diers, le Laurier-rose (Nerium), puis les Acacia-boule ou parasol, les Buis, les Houx, les Ifs, etc., etc., et enfin dans les allées, les promenoirs couverts, les grandes ave- nues, etc., on a employé le Charme, l’Orme, le Tilleul, etc., etc. Bien que parmi les espèces que nous allons citer, nous ne les ayons pas vues •toutes cultivées comme nous l’avons indi- qué, nous sommes convaincu que toutes peuvent s’y prêter, soit par la taille, le pincement, et qu’il en est beaucoup d’au- tres qui sont dans le même cas. Notre but est de donner quelques exemples, pour montrer combien il serait facile d’enrichir nos jardins et de varier leur ornementa- tion en augmentant nos jouissances. Nous entendons souvent dire que les Rosiers et d’autres arbustes ne prospèrent plus dans certains jardins où ils étaient très-beaux autrefois; le mieux dans ce cas cas est d’y renoncer pendant quelques an- nées et de leur substituer d’autres essences, qui assoleront le terrain et qui, étant en- levées à leur tour, permettront de. faire revenir avec chances de succès les Ro- siers, etc., à leur ancienne place. Nous nous sommes abstenu de men- tionner dans cette liste les arbres fruitiers, qui sont d’ordinaire relégués dans le po- tager ou le verger, bien qu’ils puissent, pour la plupart, être plantés les jardins ré- guliers où l’on chercherait à réunir l’utile et l’agréable. Clemenceau. {La fin à un prochain numéro.) CLER0DEISDR0N BALFOURI. — TAILLE DU PÊCHER SOUS FORME TABULAIRE. 239 GLERODENDRON BALFOURI * Arbrisseau volubile, très-vigoureux et très-propre à garnir les colonnes ou les murs dans les serres; ses feuilles, assez longuement pétiolées, ordinairement lon- gues de 15 centimètres, sur 8 centimètres de largeur, sont opposées, obovales, ondu- lées, glabres ; ses fleurs sont disposées en cymes trichotomes, axillaires, paniculées. Le calyce, d’un blanc pur, est monophylle, campanulé, quinquedenté. La corolle, pen- tapétale, est disposée au-dessus du calyce en un tube long, cylindrique. Les pétales, d’un beau rouge pourpre, contrastent agréablement sur le calyce qui est d’un blanc de neige. Les étamines, au nombre de quatre, sont très-saillantes. Les an- thères, ovales, bifides à la base et fendues dans la longueur, sont fixées sur le filet par le milieu du dos. Le pistil filiforme, renfermé au centre des étamines, a l’ovaire quadriloculaire. Le fruit charnu renferme ordinairement quatre graines osseuses. Le Clerodendron Balfouri est sans con- tredit la plus belle variété de ce genre; il est surtout supérieur aux C. Thomsonæ et Thomsonæ major , en ce qu’il a les Heurs et les panicules plus fortes, mieux for- TAILLE BU PÊCHER S' Un pépiniériste distingué du midi de la France, M. Félix Saliut, a exposé à l’île de Billancourt quelques spécimens d’ar- bres fruitiers devant lesquels le public passe avec assez d’indifférence, ignorant l’intérêt qu’ils présentent. Ces arbres sont des Pêchers, élevés en pots ou en caisses pour être facilement transportés. Ils re- présentent un procédé de taille et de con- duite particulier à la région méditerra- néenne, et connu depuis quelques années surtout dans le département de l’Hérault, sous le nom de forme tabulaire, c’est- à-dire en forme de planche (du latin ta- bula.) M. Sahut a envoyé un certain nombre de ces Pêchers de différents âges. Plu- sieurs exemplaires indiquent la manière de tailler au moment de la plantation. D’autres montrent où et comment doivent être faits les pincements. Plusieurs sujets ont un an seulement de plantation et de conduite suivant le nouveau mode de taille. Enfin on en voit quatre ou cinq au- tres entièrement formés et arrivés à l’âge adulte, ou de plus grande production. Us n’ont pas plus de 40 à 50 centimètres de haut, et leur surface supérieure, qui est tout à fait plane et horizontale, a environ 1 mètre de diamètre. Elle est produite pal- mées, et qu’il en donne une plus grande quantité. Il est originaire du Calabar et exige la serre tempérée. La beauté extraordinaire des fleurs que cette plante produit en abondance la place au pre- mier rang parmi les plantes grimpantes propres à garnir les serres. Sa culture n’exige aucun soin particulier. Si l’on a un grand espace à garnir, on fera bien de le planter en pleine terre, dans un mé- lange composé de bonne terre de bruyère, de terreau, et de terre franche. Traité de cette façon, le C. Balfouri se développe avec autant de vigueur que le Passiflores. On palisse les rameaux sur le mur ou les colonnes, puis on en forme de gros cor- dons au sommet de la serre. Chaque année vers la fin de l’hiver, ils se couvriront de myriades de belles fleurs pendantes du plus ravissant effet. Un grand avantage que présente encore cette plante, c’est que son feuillage n’est jamais attaqué par les insectes. On la multiplie avec une grande facilité par boutures herbacéees faites sur couche tiède, sous cloche. Delchevalerie , Chef multiplicateur au fleuriste de la ville de Paris. US FORME TABULAIRE le pincement de toutes les extrémités des rameaux. A première vue, on est tenté de voir là quelques-uns de ces joujoux comme cer- tains tailleurs d’arbres se plaisent à en faire, en dépit de tout bon sens et pour satisfaire leurs ridicules manies de tours de force. Il n’en est rien ici, et beaucoup de gens seraient étonnés d’apprendre que c’est là une invention très-sage et très- rationnelle, presque la seule applicable aux contrées méridionales. Pour établir des arbres sous cette forme, il suffit, en les plantant, de les rabattre à 20 centimètres au-dessus de la grelfe. On pince ensuite, et sans interruption, tous les bourgeons dès qu’ils dépassent 30 cen- timètres au-dessus du point rabattu, de manière que leurs sommets soient tous à la même hauteur, formant ainsi une sur- face horizontale régulière. La forme tabulaire présente les avan- tages suivants : 1° Les arbres n’ont rien à redouter, par leur forme surbaissée, des coups de vent si terribles dans le Midi; 2° On les abrite des gelées tardives avec la plus grande facilité, en quelques ins- tants, au moyen de toiles légères, de pail- 260 PLANTES NOUVELLES j R lassons, d’herbes, de tout ce qu’on a sous la main; 3° La masse de rameaux et de feuilles qu’ils produisent abrité des rayons so- laires les fruits et les branches fortes qui prennent si vite la gomme dès que leur écorce se durcit ; 4° Leur établissement et leur entretien sont des plus élémentaires, car la taille d’été se réduit aux pincements absolus que nous avons indiqués plus haut, et la taille d’hiver consiste à éclaircir, à la serpette, les rameaux trop serrés qui font confu- sion ; 5° Ils tiennent peu de place, et produi- sent davantage, à surface égale, que par la forme en plein vent; 6° On peut les conserver sains pendant de longues années. Ce mode de conduite n’est pas épuisant comme on pourrait le croire. Les arbres se chargent de fruits. On en peut voir chez M. Sahut, qui sont ainsi disposés depuis seize ans, et qui ont 40 centimètres de haut sur lm 75 de diamètre, parfaite- ment garnis, et portant annuellement plus de 400 Pêches, dont la maturation est as- surée. Bon nombre de propriétaires des en- virons de Montpellier ont expérimenté le PLANTES NOUVELLES, Berberis dulcis nana. — Cette variété obtenue par M. Treyve, horticulteur à Trévoux (Ain), se distingue du Berberis dulcis par ses rameaux beaucoup plus nombreux, courts, dressés, et surtout par sa taille très-réduite qui fait que l’on pour- rait presque l’employer pour faire des bor- dures. Lonicera Tatarica rubrissima. — Cette plante obtenue par M. Billiard , dit la Graine , pépiniériste , à Fontenay-aux- Roses, est des plus jolies et des plus or- nementales par ses fleurs qui, plus grandes que celles de la variété grandiflora , dont elle sort, sont aussi d’un rouge plus foncé. Spiræa oblongifolia major. — Cette va- riété, dontM. Billiard est également l’obten- teur, sedistingue du type par ses ramilles flo- rales plus longues, terminées par des fleurs blanches très-rapprochées et disposées en sorte d’ombelles, comme celles du type. Au point de vue de l’ornementation, elle est de beaucoup préférable à celle du type. Sa floraison a lieu à la même époque, c’est-à-dire vers la fin d’avril. Ribes intermedium (1). — Arbuste très- rameux, à rameaux dressés. Feuilles subdi- gitées -lobées, à lobes très-finement den- ARES OU PEU CONNUES. nouveau procédé de taille tabulaire, et l’on peut déjà compter par milliers les Pêchers conduits de cette manière. Nous savons que de l’avis des personnes compétentes, la méthode tend à se géné- raliser dans la contrée, et l’on nous af- firme que c’est la meilleure qu’on puisse employer pour la culture en grand du Pê- cher dans le Midi. On ne doit pas perdre de vue que c’est seulement dans ces situations que nous recommandons la forme tabulaire, et que dans nos régions elle n’aurait plus sa rai- son d’être. Mais à ce seul titre déjà elle a droit à l’attention générale. La Pêche est un fruit des pays chauds; elle peut devenir, pour le sud de la France, une source de richesse plus grande qu’en aucune con- trée, si les procédés de sa culture sont fa- ciles et certains. Les débouchés, devenus si rapides, lui assurent un succès crois- sant. Nous pensons donc qu’il y a là un inté- rêt local, sans doute, mais très-actuel, et qu’il y a lieu de mentionner l’initiative prise par M. Sahut, d’avoir apporté de Montpellier d’intéressants exemples d’une culture qu’il a inventée, nous a-t-on dit, et dans laquelle il a obtenu des succès. Ed. André. ARES OU PEU CONNUES tés. Fleurs disposées en grappes longues et étroites, d’un rose fauve comme cuivré, très-courtement pédonculées,à tube court, gros et comme gibbeux. Fruits noirs, pe- tits, légèrement ridés.. Cette variété, obtenue, par M. Billiard, dit la Graine , du Ribes albidum , qui est une variété du R. sanguineum, est très-remar- quable par son port et son faciès général qui rappellent le R. nigrurn ou Cassis. L’aspect de ses feuilles et surtout leur odeur contribuent aussi à ce rapproche- ment. Tillandsia argentea. — Cette Bromélia- cée toute nouvelle, originaire du Brésil, exposée au Champ de Mars par M. Jean Verschaffelt, horticulteur à Gand, est très- curieuse par ses feuilles très-rapprochées, entièrement recouvertes de poils métalli- ques brillant d’un blanc d’argent. Acalypha tricolor. — Cette remarquable Euphorbiacée, exposée par MjVL Veitch, se recommande par ses feuilles ovales, lan- céolées, dentées, largement maculées ou striées de jaune rougeâtre parfois plus ou moins rosées. E. A. Carrière. L’un des propriétaires : Maurice BIXIO. Puis. — (1) Voir Rev. hort ., 1867, p. 125. Impr. de A. Lainé et J. Havard, rue des Saints-Pères, 19. CHRONIQUE HORTICOLE (première quinzaine de juillet); Fête du 1er juillet au palais de l'Industrie. — M. Linden, chevalier de la Légion d’honneur. — Appareil de M. Démouilles pour le transport des gros arbres. — Lettre de M. Clément Lauze. — Envoi de greffons de Pommiers aux horticulteurs. — Exposition des sociétés d’horticulture de Saint-Germain en Laye et d’Etampes. — Les Caladium de M. Bleu. — Centaurea myacantha. — Lettre de M. le docteur Clos. — Production des variétés à l’état sauvage. — Communication de M. l’abbé Brou. — Floraison du Robinia Decaisneo.no. , chez M. Gagnaire, à Bergerac. — Fraisier monophylle deM. Gloede. — Exposition de la société d’horticulture de Meaux. Douzième session du congrès pomologique de France. — Fructification, au bois de Boulogne, du Madura aurantiaca. — _ Envoi de produits à l’Ex position universelle par l’association mosellane. — Lettre de M. Chabert. — Collection de bois exposée par l’Italie. — Transformation du Trocadéro. — Lettre de M. Lemoine. — Pélargonium à fleur double. — Les aquarium du Champ de Mars. Le 1er juillet dernier, il y a eu au palais de l’Industrie, à Paris, une fête splendide. Dans cette réunion, qui était présidée par l’Empereur, a eu lieu la distribution des récompenses de l’Exposition universelle. A ces récompenses, attribuées par le jury, l’Empereur a joint un certain nombre de croix de la Légion d’honneur, mais l’hor- ticulture n’était pas de la fête. Pour elle, à cause du renouvellement constant des pro- duits, les récompenses ne pourront être décernées qu’après la clôture de l’Exposi- tion. Une seule exception a été faite en faveur de M. Linden, horticulteur belge, qui a été nommé chevalier de la Légion d’honneur. Toutefois cette exception s’ex- plique si l’on réfléchit que M. Linden a été décoré comme délégué du gouvernement belge à l’exposition de Paris. — Les promeneurs qui visitent le jardin réservé de l’Exposition ont pu voir à l’en- trée de la serre où sont exposés les plans des jardins et aujourd’hui dans le kiosque qui est placé auprès et en face du diorama, le matériel qui constitue le système de transplantation des arbres inventé par M. Démouilles, et auquel la Revue a consa- cré un article accompagné de gravures (1). Mais comme il est souvent difficile à ceux qui ne connaissent pas le dessin de se ren- dre bien compte du sujet qu’il représente, nous engageons ceux qui voudraient voir ce système d’aller l’étudier à l’Exposition. Là ils verront en miniature, mais sur une échelle assez grande pourtant, l’arbre et tous les instruments qui ont servi à l’opé- ration, qu’ils- pourront alors comprendre, puisqu’ils y assisteront pour ainsi dire. — Nos lecteurs n’ont sans doute pas oublié l’intéressant article qu’a publié M. Glady (2), sur quelques variétés locales de Pommes à couteau, et que cet ama- teur, en même temps qu’il décrivait ces variétés, proposait d’envoyer des greffons à ceux qui lui en feraient la demande. Au- jourd’hui, dans une lettre que nous adresse (1) Voir Rev. hort. 1866, p 409. (2) Ibid., 1867, p. 34. 16 Juillet 1867. M. Clément Lauze, pépiniériste à Agen, nous trouvons relativement à ces variétés un passage que nous croyons devoir re- produire; le voici : « Le beau-frère de M. Glady vient de venir à mon établissement, pour m’in- former que M. Glady venait de s’absenter pour un ou deux mois. En conséquence, s’il ne pouvait revenir à temps pour dis- tribuer les greffons qu’il a offerts, j’ai l’honneur de prévenir MM. les horticul- teurs et amateurs qu’ils pourront s’adres- ser à moi, et qu’il leur suffira de m’en faire la demande par lettre affranchie, en mettant à l’intérieur un timbre de 20 centimes pour frais de poste, pour que je leur adresse les variétés de Pommiers qui se trouvent dans nos localités. « Agréez, etc. « Clément Lauze, « Pépiniériste à Agen. » Personnellement et au nom des horti- culteurs et amateurs, nous remercions notre collègue M. Clément Lauze de son offre bienveillante et du désintéressement qu’il met à servir la cause de l’horticul- ture. — La société d’horticulture de Saint- Germain en Laye fera sa 22e exposition les 15, 16, 17 et 18 septembre 1867. D’après le programme, il est ouvert 67 concours répartis de la manière suivante : floricul- ture, 46 concours; arboriculture et pomo- logie, 7 concours; culture maraîchère, 7 concours ; art et industrie horticoles, 4 concours. Plus un concours « pour ré- compenser les bons et longs services des jardiniers et garçons jardiniers qui se sont signalés par leur zèle, leur intelligence, leur bonne conduite et leur attachement à leurs maîtres dans l’arrondissement de la société d’horticulture de Saint-Germain en Laye». Des médailles d’honneur, des médailles en or, en vermeil et en argent seront mises à la disposition du jury pour être distribuées aux exposants dont les ap- ports auront été reconnus méritants. En outre, d’autres médailles en argent seront 14 CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE DE JUILLET). 262 également mises à la disposition du jury pour récompenser les exposants dont les apports n'auraient pas été indiqués au programme (concours imprévus). Les ob- jets devront être rendus au local de l'Ex- position, au plus tard le 13 septembre, avant 6 heures du soir. Tous ces objets devront, sous peine d’exclusion , être le produit de l’exposant. Les personnes qui désirent prendre part à cette exposition devront en faire la de- mande au président de la société, rue dé Lorraine, 12, à Saint-Germain en Laye, avant le 8 septembre, et indiquer la nature des objets qu’ils se proposent d'exposer ainsi que l'emplacement qu’ils jugent leur être nécessaire. — Nous venons de recevoir un bulletin de la société d’horticulture d'Etampes, qui nous apprend qu’une exposition d’hor- ticulture aura lieu dans cette ville les 7, 8, 9 et 10 septembre 1867. Le programme des concours est divisé en trois sections : 1° la culture maraîchère, qui comprend 2 concours; 2° Y arboriculture, qui com- prend 4 concours; 3° la flori culture, qui comprend 5 concours. Un concours spé- cial rentrant dans la section de floriculture est affecté aux « objets d’art et instruments utiles à l'horticulture ou à l’embellissement des jardins » . Les récompenses mises à la disposition du jury consistent en médailles d’or, de vermeil, d’argent, de bronze, et en men- tions honorables. Indépendamment de ces récompenses affectées à des cas prévus, le jury pourra en accorder d'autres à des produits qui n'auraient pas été inscrits au programme. Les personnes qui voudront concourir devront en faire la demande par écrit au président de la société, au plus tard le 1er septembre, en indiquant la nature des produits qu'ils veulent exposer et les con- cours auxquels ils désirent prendre part. Les objets destinés à concourir devront être rendus franco au local de l'exposition à partir du mercredi 4 septembre jusqu'au jeudi 5, à midi, terme de rigueur, à l’ex- ception des fleurs coupées, qui seront re- çues le 6, à 8 heures du matin. — En parlant, dans notre dernière chronique des magnifiques Caladium de M. Bleu, nous avons oublié de dire que ces plantes sont à vendre, et que ceux qui vou- draient en faire l'acquisition devront s’a- dresser à M. Charles Verdier fils, horti- culteur, 32, rue du Marché-aux-Chevaux. — Deux fois déjà, dans ce recueil (1), nous avons parlé du Centaurea myacantha. A ce sujet, nous avons reçu de M. le doc- (1) Voir Rev. hort.3 1867, pp. 82 et 162. leur Clos, professeur de botanique au jar- din des plantes de Toulouse, directeur de ce même établissement, une lettre que nous publions ci-dessus, qui montre que la question de l’espèce est loin d’être ré- solue. Voici cette lettre : Monsieur le rédacteur. Dans les chroniques de la Revue horticole de fannée courante, il a été deux fois question (pp. 82 et 1 62) du Centaurea myacantha, forme singulière qui a été considérée comme une monstruosité par Raspail et par Mutel, et qui, aux yeux de M. Hippolyte Rodin, reproduisant en cela une ancienne opinion de MM. Cosson et Germain ( Flore des environs de Paris , lre édit., p. 291), n’est qu’une variété du C. calcitrapa ; M. l’abbé Brou annonce avoir ob- tenu, du semis de cette dernière espèce, le C. myacantha. Permettez -moi, monsieur le rédacteur, d’informer, par votre intermédiaire, MM. Ro- din et Brou que dès 1863 M. Timbal-Lagrave démontrait, dans un travail inséré dans les Mémoires de l’académie des sciences, ins- criptions et belles-lettres de Toulouse, de cette même année, que le C. myacantha est un hybride du C. calcitrapa et du C. sero- tina, Bor. (espèce dédoublée du C. Jacea L.); ayant semé, comme M. l’abbé Brou, des grai- nes du Centaurea myacantha, M. Timbal- Lagrave a obtenu, sur cinq pieds, quatre in- dividus de C. calcitrapa type et un de C . myacantha. Dr Clos. Ainsi que nous l’avons dit ci-dessus et qu’on peut en juger d’après la lettre de M. le docteur Clos, la question de l’espèce, loin de s’éclaircir, tend à s'obscurcir. En effet, la plante qui était regardée comme une espèce par certains botanistes, comme une variété par certains autres, -est regar- dée comme une hybride par certains au- tres. Lesquels ont raison? Tous et aucuns, suivant le point de vue où ils se placent. — Une lettre que M. l'abbé Brou a bien voulu nous écrire et que nous reprodui- sons, montre une fois de plus que les variétés se produisent à l’état sauvage tout aussi bien que dans les cultures, plus rarement toutefois, le milieu étant moins variable. Voici cette lettre : Monsieur le rédacteur, J’ai trouvé ce printemps, à l’état spontané, une variété du genre Patur.in ( Poa ) des plus agréablement panachées-striées. Cette plante, à mon avis, cultivée, pourrait former des pe- louses ou des bordures d’un charmant effet. Dans ce but, j’ai engagé un jardinier intelli- gent à la propager. Agréez, etc. L’abbé Brou. — M. Gagnaire nôus adresse de Bergerac, sur le Robinia Decaisneana, la lettre sui- vante : Bergerac, le 22 juin 1867 Le Robinia Decaisneana qui vient de fieu- 2G3 CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE DE JUILLET). rir dans notre établissement a donné aussi des fleurs très-légèrement rosées, presque blanches. Notre sujet est cependant placé dans de bonnes conditions : la terre est légère et l’exposition chaude. N’ayant pas eu occasion de voir d’autres Robinia Decaisneanci en fleur, j’attribuais cette différence de coloris à une erreur de pépinière; mais, d’après les remarques que vous nous signalez à ce sujet dans votre chronique du dernier numéro de la Revue , il y a tout lieu de supposer que cette variété, ne se trouvant pas dans les mêmes conditions climatériques, tend tout simplement à reve - nir au type ordinaire d’où elle est sortie. Agréez, etc. Gagnaire. Nous ne croyons pas que cette variété revienne au type, ainsi que le suppose notre collègue ; pourtant nous ne nous prononçons pas: nous nous bornons à ap- peler l’attention sur ce fait, qui nous paraît très-intéressant. — Ce que nous avons dit, dans notre dernière chronique, d’une nouvelle variété de Fraisier monophylle nous a valu, de no- tre collègue et collaborateur M. Gloede, une lettre très-intéressante que nous nous empressons de publier. La voici : Monsieur le rédacteur. Dans votre dernière chronique de la Revue , je vois un fait qui m’a vivement intéressé, et je crois, de mon côté, vous être agréable en vous disant que, depuis trois ans, je possède un Fraisier monophylle provenant de la graine du Fraisier Napoléon III (Gloede). Je vous en envoie ci-incluses deux feuilles, en vous faisant observer que, jusqu’ici, la plante ne m’a donné que des fleurs imparfaites qui ont toujours avorté. Si ce Fraisier vous inté- resse, je mettrai volontiers quelques filets, à votre disposition à l’automne prochain. Agréez, etc. Ferdinand Gloede. En remerciant d’abord M. Gloede de son intéressante communication, il va de soi que nous acceptons avec empressement l’offre qu’il nous fait. — La société d’horticulture de l’arron- dissement de Meaux fera sa prochaine ex- position les 12, 13, 14 et 15 septembre 1867. Elle admettra, indépendamment de tous les produits horticoles proprement dits, les produits industriels se rattachant à l’horticulture. A part les plantes récem- ment introduites, tous les objets exposés devront appartenir à l’exposant, avoir été cultivés ou fabriqués par lui. Tous les horticulteurs et amateurs, fran- çais ou étrangers, sont invités à prendre part à cette exposition. Les demandes d’admission devront être adressées franco à M. le baron d’Avêne, président, à Bnn- ches, par Trilport (Seine-et-Marne). Lesobjets destinés à cette exposition de- vront être envoyés franco à Meaux; ils seront reçus le 10 septembre depuis huit heures du matin jusqu’au lendemain 11, à la même heure. Indépendamment des récompenses ordi- naires, des médailles d’honneur en or, en vermeil et en argent seront mises à la dis- position du jury pour être données aux lots les plus méritants. En outre de ces récom- penses d’autres médailles en or, en ver- meil, en argent et en bronze pourront être accordées aux objets omis au programme (concours imprévus). En dehors des 54 concours indiqués au programme, un concours sera ouvert en- tre les garçons jardiniers. De plus, et nous sommes heureux de le faire savoir, un prix de moralité , consistant en une grande médaille de vermeil, sera accordé au jardinier de l’arrondissement qui en sera jugé le plus digne par sa moralité, ses longs services, son âge et son intelligence. — Le congrès pomologique de France tiendra sa douzième session à Paris, à partir du 19 septembre prochain, dans le local de la société impériale et centrale d’horticulture de France, rue Grenelle- Saint-Germain, 84. Cette société, qui a mis si généreusement son local à la dispo- sition du congrès, a également pris, relati- vement à cette réunion, de sages mesures, que nous ferons connaître dans notre pro- chain numéro. — Nos lecteurs se rappellent, sans doute, l’intéressant article que M. Lafor- cade, jardinier principal du bois de Bou- logne, des pépinières de la ville de Pa- ris, etc., a publié dans ce journal (1), au sujet de la fructification, au bois de Bou- logne, du Maclura aurantiaca. Ce fait, qui s’est produit sur des arbres âgés d’environ 12 ans, a montré une fois de plus qu’on est loin de connaître tout ce qui a rapport à la fructification des plantes. On sait, en effet, que cette espèce est dioïque et, jus- qu’à ce jour, que nous sachions, on n’a pas encore vu de chatons mâles. Cepen- dant, et contre tout ce qu’on pouvait sup- poser, les graines provenant de ces fruits étaient fécondes : semées, elles ont pro- duit des plants vigoureux. Y avait-il eu des fleurs mâles sur certains pieds, ou bien le Maclura , contrairement à ce qu’on croit, serait-il monoïque, et aurait-il produit des chatons mâles qui auraient passé inaper- çus? Nous ne le savons pas; mais ce qu’il y a de certain, c’est la production de bonnes graines de cette espèce, à Paris, fait probablement unique non-seulement à Paris, mais peut-être même en France. (1) Voir Rev. hort., 1867, p. 160. 264 CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE DE JUILLET). — Il est toujours utile de signaler les bonnes choses, d’abord pour encourager ceux qui les font , ensuite pour servir d’exemple et pour engager les autres à les imiter. Aussi nous empressons-nous de faire connaître une décision qu’a prise l’As- sociation mosellanne d’envoyer, en com- mun, des produits à l’Exposition univer- selle de 1867. Nous devons la connais- sance de ce fait à notre collaborateur M. Chabert. Yoici la lettre qu’il nous a adressée à ce sujet. Metz, le 23 juin 1867. Monsieur le rédacteur, L’émpressement avec lequel la Revue hor- ticole accorde sa publicité aux bonnes idées mises en pratique dans les sociétés d’horticul- ture m’engage à vous adresser copie de la décision prise par Y Association mosellane , presque aussitôt que fut résolue l’adjonction des concours horticoles à l’Exposition univer- selle de 1867. « La société d’horticulture du département de la Moselle a l’intention d’envoyer, fin de septembre prochain, un lot collectif des plus beaux et des meilleurs fruits produits dans sa circonscription; elle invite ceux qui s’occupent de la culture des fruits de vouloir bien coopérer à la composition de ce lot, et de faire connaître leur intention avant le 1er septembre 1867, en indiquant l’espèce et le nombre des fruits qu’on voudra bien exposer. Le nom du producteur figurera sur chaque lot par- tiel, et l’indication de la société sur l’ensemble seu- lement. » Cette résolution, en tous points excellente, pourra certainement aussi avoir son utilité à la session prochaine du congrès pomologique, qui se tiendra également cette année à Paris. Agréez, etc. Chabert, Membre du conseil d’administration de la. société d’horticulture de la Moselle. On ne saurait trop louer Y Association mosellanne de la décision qu’elle vient de prendre; il n’est pas douteux qu’elle trou- vera des imitateurs. Déjà, du reste, le pro- jet qu’elle forme est passé à l’état de fait . Ainsi l’on a déjà vu la société de secours mutuels des jardiniers du département de la Seine, la société d’horticulture de la Côte-d’Or, la société de Clermont (Oise) adopter cette idée. Ces choses sont d’un heureux présage. C’est la conséquence d’un besoin qui pousse à unir les forces, afin de substituer le principe d’association à l’individualisme; c’est de la fraternité. Pendant longtemps on en a parlé sans la comprendre. Aujourd’hui, on en fait sans s’en douter. Nous préfé- rons ça. — Dans notre dernière chronique, après avoir cherché à appeler l’attention sur la très-remarquable collection de bois ex- posée au Champ de Mars par le gou- vernement autrichien, nous prenions, en quelque sorte, l’engagement de parler successivement des collections analogues exposées par les autres puissances; au- jourd’hui nous allons parler de celles de l’Italie et de la Russie, qui se trouvent, avec certains autres produits, dans la partie dite du Parc , affectée à ces puis- sances. La collection d’Italie consiste en un très- petit groupe placé dans un massif exposé à l’air. Elle est misérable et se compose de petits échantillons peu nombreux; la plupart non nommés. Si l’on jugeait l’I- talie par cette exposition, on pourrait en conclure que c’est une nation usée. Es- pérons qu’il n’en est pas ainsi. Quant à la collection exposée par la Russie, elle est loin de donner une idée de richesses fores- tières de cet empire. A côté d’une étiquette indiquant qu’elle était organisée par le gouvernement de la Finlande, on lisait le nom de M. Haussmann. Cette collection était nombreuse et variée en échantillons; mais ceux-ci étaient petits, consistant, pour la plupart, en rondelles de peu d’é- paisseur. Quelques pièces, préparées en forts madriers ou charpentes relevaient un peu cette collection, quiétait, dureste, mal organisée par suite d’un emplacement insuffisant. — L’emplacement où existait naguère cette butte informe qu’on nommait le Trocadéro est aujourd’hui transformée en une plaine ou plutôt en un jardin déli- cieux, sur lequel, en sortant de cette Ba- bel, de ce bazar universel qu’on nomme l’Exposition, le visiteur fatigué et encore ébloui de tant de produits de l’intelligence humaine, aime à reposer ses yeux. Les ad- mirables gazons déjà plusieurs fois cou- pés, les plates-bandes si bien fleuries, tout cela est fait pour réjouir la vue. Tout étranger en voyant ces choses, pourtant faites d’hier, n’hésiterait pas a dire qu’elles datent de plusieurs années, et il n’est guère douteux que celui qui au- rait vu cet emplacement, il y a seulement deux ans et qui le reverrait aujourd’hui, ne criât au miracle ou aux bonnes fées, s’il y croyait encore. Eh bien , le miracle, c’est l’intelligence et l’activité humaines; quant aux bonnes fées, il faudrait les voir dans les transformateurs de Paris , MM. Haussmann, Alphand, Darcel, Ba- rillet, etc. — Nous avons reçu de M. Lemoine, horticulteur à Nancy, une lettre que nous croyons devoir publier ; elle est relative à la production des Pélargonium à fleur double. Elle est donc toute d’actualité. La voici : Nancy, le 22 juin 1867. Monsieur le rédacteur, La Revue des Jardins et des Champs, de 265 CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE DE JUILLET). Lyon, dans un de ses récents numéros, repro- duit, en le dénaturant un peu, un article de M. E. Morren, de Liège, au sujet du Pélargo- nium double : Gloire de Nancy . Dans cet article, qui a pour titre : De la variation des plantes, M. Cherpin, qui semble partager la théorie du savant rédacteur de la Belgique horticole, au sujet de révolution des plantes, c’est-à-dire de leur transformation, repète l’erreur dans laquelle est tombé M. Mor- ren, lorsqu’il cite l'apparition simultanée de Pélargonium doubles à Clermont et à Nancy; il y a quelques années. La Revue horticole a publié dans plusieurs numéros la généalogie des Pélargonium doubles, en prouvant, par une note signée de M. H. Lecoq, que le pre- mier pied à fleur double existait depuis dix ans dans le jardin botanique qu’il dirige. Le Pélargonium Gloire de Nancy n’est pas né en même temps, puisque ce n’est qu’en 1864 qu'il a été semé et qu’il a fleuri en 1865 ; il est bien le produit d’une fécondation artifi- cielle, quoi qu’en dise M. Cherpin, dans son dernier et peu bienveillant paragraphe, où il écrit «. que la fécondation existe plus dans mon imagination que dans la réalité ». Il eût été moins affirmatif, si, avant de rédiger sa note, il eût eu quelques renseignements sur l’opération. Voici l’ordre dans lequel se sont montrés les faits. Deux variétés de P. à fleurs doubles existaient à Clermont : l’une, dont l’origine n’a pas été constatée ; l’autre, un produit de semis du premier double ; ces va- riétés ont été envoyées aux cultures du fleu- riste de la ville de Paris et à M. Chaté , horti- culteur à Paris. Ce dernier, croyant en avoir le monopole, les avait propagées, et, pour dé- truire les doutes qui auraient pu exister sur leur duplicature, il envoya, à divers horti- culteurs, des fleurs incluses dans une lettre. Celles que je reçus contenaient une seule éta- mine très-peu avancée, et dont le pollen était peu apparent. Je conservai pendant trois jours sous un globe cette étamine, et préparai en même temps deux fleurs du P. Beauté de Suresnes , et dès que le moment me parut convenable j’opérai. Il en résulta deux gains, dont l’un a donné le P. Gloire de Nancy, l’autre une variété de P. Inquinans à fleurs roses. Y a-t-il dans tout ce qui précède l’influence des terreaux, des engrais et des sites dont parle M. Cherpin? Y a-t-il là l’évolution d’une plante longtemps soumise à la culture des jardins? Evidemment non? Du reste l’on sait que les premiers Pélargonium à fleurs doubles proviennent du P. Inquinans , qui est abandonné depuis longtemps parce qu’il s’éle- vait trop ! Il n’y a donc pas eu production spon- tanée! Que M. Cherpin, pour s’en convaincre, sème pendant de longues années le P. Beauté de Suresnes, et il verra s’il gagne autre chose que des fleurs roses simples. Dans un deuxième article M. Cherpin mo- difie son opinion toujours à l’aide d’hypo- thèses : il dit par exemple que ce peut bien être un insecte qui a opéré la fécondation, et que le fécondateur s’en attribue le résultat, lors même qu’il n’y est pour rien, l’opération étant faite avant qu’il n’arrive- Vraiment M. Cherpin en veut à l’humanité, il abaisse l’in- telligence de l’homme qui observe, qui étudie la nature, au-dessous de l’instinct de l’insecte, qui accomplit fatalement sa destinée. Mais comment peut-il voir l’intervention d’une mou- che dans le cas actuel, puisqu’il est avéré que les quelques Pélargonium à fleurs doubles, les plus rapprochés de Nancy, étaient à Paris, et que 95 lieues pour une abeille eussent été une course un peu longue! Encore eût-il fallu pré- parer les fleurs au moins 36 heures avant l’ar- rivée du pollen, chose impossible à un insecte, puisque, dit avec raison M. Cherpin, il faut supprimer les anthères avant l’épanouisse- ment. Dans son second article, M. Cherpin, avec un air de triomphe, pose cette question : Quel a été fauteur du premier Pélargonium à fleurs doubles? Il répond : La nature, c’est-à-dire la spontanéité; mais cette production spon- tanée ne serait-elle pasjdueà laprésence'd’une étamine pétaloide, qui aurait naturellement fé- condé un ovaire, et d’où il s'en serait suivi un Pélargonium à fleurs doubles? De ce que ce fait n’a pas été observé par les hommes, s’ensuit- il qu’il soit impossible? L’origine mieux con- nue des Fuchsia à fleurs doubles n’est-elle pas une preuve de l’hypothèse que j’émets, puisque les premières plantes à fleurs dou- bles proviennent des étamines transformées, qui ont servi à la fécondation des autres va- riétés, et parfois l’on a eu des fleurs qu i d’un seul semis ont été très-doubles! Que M. Cher- pin essaye sur des Fuchsia simples, et il verra la vérité de ce que je dis. Ce qui est vrai pour les Fuchsia doit l’être pour les Pélargonium comme pour les Pétunia. N’est-il pas reconnu, en effet, par tous les horticulteurs que lorsque l’on veut obtenir une proportion de 40 à 50 pour cent de Pétunia doubles il faut se servir du pollen adhérent aux étroits pétales des fleurs, et que les étamines isolées n’en pro- duisent en moyenne que 3 à 4 pour cent? m Je dis donc que la duplicature spontanée a une cause, et que, selon moi, cette cause est dans une étamine pétaloide inobservée, qui a fécondé une fleur dont le résultat a été une fleur semi-double ou double; la pratique dans les jardins le prouve surabondamment. Je n’aurais pas relevé les articles de M. Cher- pin, dans lesquels il conseille de préférence la sélection à la fécondation artificielle, en concluant toutefois que celle-ci est une opé- ration difficile, sinon impossible, qu’il hérisse même de difficultés, si ses conclusions ne ten- daient pas à décourager les expérimentateurs, en les disposant à s’en rapporter au ha- sard. V. Lemoine, Horticulteur à Nancy. Nous devons faire observer que, dans cette circonstance comme toujours, la ré- daction de la Revue reste complètement en dehors de toute polémique. Si nous avons publié la lettre de M. Lemoine, ce n’est donc pas pour donner raison à celui- ci contre notre collègue M. Cherpin, mais uniquement pour être utile à nos lecteurs, parce que cette lettre fait en quelque sorte l’histoire des Pélargonium à fleurs dou- bles, et qu’elle en établit la généalogie, et LES FOUGÈRES-ARBRES DANS LA CULTURE EN PLEIN AIR. 266 surtout aussi parce qu’elle est très-instruc- tive à différents points de vue: d’abord en indiquant aux praticiens la marche qu’il convient de suivre pour déterminer la du- plicature des fleurs; ensuite en appelant l’attention des physiologistes sur un fait qui peut avoir son importance, en leur démontrant, par exemple, que certains organes, suivant leur nature et leur confor- mation, paraissent posséder des propriétés spéciales. — Plusieurs fois déjà dans ce journal, en parlant de l’exposition du Champ de Mars, nous avons cherché à appeler l’atten- tion sur l’aquarium marin du jardin ré- servé. Aujourd'hui le travail est complè- tement terminé, et les nombreux visiteurs se pressent pour admirer ce chef-d’œuvre d’art. Malheureusement , nous devons l’avouer, à part les visiteurs il est peu animé, et là où les compartiments ne sont pas vides, il n’y a guère que des Crabes . A toute chose il faut un commencement. E. A. Carrière. LES FOUGÈRES-ARBRES DANS LA CULTURE EN PLEIN AIR La culture des Fougères est de mode aujourd’hui, et il n’y a pas lieu de s’en étonner, encore moins de s’en plaindre quand on* considère combien ces plantes sont gracieuses et diversifiées de figure. Pour plusieurs amateurs, c’est même une spécialité. Sans parler de nos es- pèces indigènes, qu’on recherche malgré leur vulgarité, on pourrait faire une liste déjà longue des Fougères propres à la cul- ture de plein air, car le nombre des espèces exotiques qui s’accommoderaient de nos climats est plus grand qu’on ne le croirait au premier abord, si l’on ne tenait compte que du lieu de leur provenance. Toutefois, pour y réussir, il faudrait des endroits et des accessoires de culture disposés tout exprès, où elle trouveraient, en hiver, un abri contre le froid et, en été, l’ombre et l’humidité atmosphérique dont elles ont besoin pour végéter. Notons d’abord que toutes les parties de la France ne se prêtent pas également à la culture des Fougères exotiques, ni même des Fougères indigènes; entre les départements maritimes de l’Ouest et les départements continentaux de l’Est la différence, sous ce rapport, est énorme. Plantes des lieux ombragés et humides, les Fougères de climats tempérés ou tem- pérés-chauds, les seules dont nous parlons ici, sont d’autant plus difficiles à élever en plein air qu’on s’éloigne davantage de l’Océan, principale source de l’humidité atmosphérique sous nos longitudes. Cela ne veut pas dire que, loin de la mer, on ne puisse plus cultiver de Fougères exo- tiques; quelques-unes y viendront encore, mais le nombre en sera comparativement très-limité. Voyons ce qu’il faudrait faire, là et ailleurs, pour vaincre les difficultés opposées par le climat et forcer en quel- que sorte la main à la nature. La vraie méthode de culture pour les Fougères est la culture sur rocailles; mais il y a, ou il devrait y avoir, des rocailles de deux sortes : les rocailles en relief , c’est- à-dire en forme de monticule, telles qu’on les construit à peu près toutes en France, et les rocailles en creux. Ces dernières sont les seules qui conviennent bien aux Fougères, et certainement celles qui les abritent le mieux du froid. Pour construire une rocaille à Fougères, c’est-à-dire une rocaille en creux, on peut profiter d’un accident de terrain, d’une vallée encaissée, d’une excavation naturelle dans une colline, si toutefois cette excava- tion n’est par tournée vers le nord. A défaut d’un endroit déjà prédisposé à rece- voir cette destination, on construit, en terre ou en gravier, une colline artificielle de quelques mètres de hauteur, dans laquelle on ménage, du côté du midi ou du sud-ouest, une vallée ou mieux un cirque, à pentes un peu raides et qui se trouve par là, comme par son orientation, abrité des vents les plus froids. Cette colline n’est encore que le noyau de la construction ; on achève le travail en recouvrant le tout de fragments de roches convenablement assemblés pour l’objet qu’on a en vue, et cimentés par de la terre de bruyère. Les parois du cirque, dont le fond peut d’ailleurs être creusé un peu plus bas que le pied de la colline, sont réservées aux Fougères, le reste de la ro- caille étant livré aux plantes alpines ou alpestres. Pour donner de l’ombre aux Fou- gères et rendre encore plus efficace l’abri que leur procurent les parois du cirque, on plante au sommet du monticule des arbustes touffus, et de verdure perpétuelle (houx, cyprès, thuias, genévriers, etc., si l’on est dans le Nord; lauriers, lauriers-thyms, myrtes, lentisques, etc., si l’on se trouve dans le Midi) qui arrêtent le vent et tamisent les rayons du soleil. Mais ce qui est l’idéal d’une rocaille ou d’une grotte à Fougères, c’est que le fond du cirque soit occupé par un bassin toujours rempli d’eau, et que la rocaille soit perpétuellement irri- guée. Cette irrigation s’obtient au moyen d’un tuyau de plomb qui suit le faîte de la colline ou au moins des parois du cirque, et qui, percé de distance en distance de LES FOUGÈRES-ARBRES. OBSERVATION GÉNÉRALE SUR LES PÊCHERS. 267 très-petits trous, laisse suinter pour ainsi dire goutte à goutte l’eau qu’on y fait circuler. La meilleure eau pour cet usage est celle de la pluie, et Ton peut recueillir celle qui tombe sur les toits. En plaçant le récipient de cette eau à un niveau tant soit peu plus élevé que le sommet de la colline, l’eau descend toute seule dans le tuyau irrigateur, qu’on peut d’ailleurs ouvrir et fermer à volonté, suivant le besoin. Jusqu’ici les amateurs de Fougères de plein air se sont contentés des espèces herbacées; mais ne serait-il pas possible d’ajouter à leurs collections quelques espèces arborescentes pour en varier l’aspect? Nous croyons à cette possibilité, au moins dans les pays maritimes et à hivers doux. 11 va de soi qu’on devrait prendre, pour faire cet essai, les espèces qui s’avancent le plus loin dans l’hémis- phère austral, là où déjà les hivers ne sont pas sans analogie avec les nôtres, et qu’on devrait les cultiver dans des cirques construits et abrités comme nous l’avons dit tout à l’heure. Ces Fougères-arbres appartiennent principalement à la Nou- velle-Zélande; ce sont des Cijathea , des Alsophila et des Dicksonia, dont plusieurs atteignent 10 à 12 mètres de hauteur, quelquefois bien davantage. La plus rus- tique de toutes, au moins à en juger par l’habitat, est le Dicksonia squarrosa , petit arbre de 4 à 5 mètres de tige, avec une couronne de frondes de 5 à 6 mètres de diamètre, qui occupe toute l’étendue de l’ile méridionale de la Nouvelle-Zélande, jusqu’à son extrémité sud, sous le 47° de- gré (la latitude de Nevers et de Bourges). Ce que nous disons de la possibilité pro- bable de la culture de cette espèce et de plusieurs autres du même pays, dans nos climats, n’est pas purement théorique; l’expérience en a été faite ainsi qu’on va le voir. Un riche amateur d’horticulture, le colonel Tenison, à Kilronan, en Irlande, possédait, dans un jardin d’hiver vitré, plusieurs beaux échantillons de Fougères néo-zélandaises. Au bout de quelques années elles étaient devenues si grandes qu’il ne fut plus possible de les conser- OBSERVATION GÉNÉRA Sous ce dicton : « Il y a fagots et fa- gots, » qu’on rappelle si fréquemment dans les diverses circonstances de la vie, se ca- chent de grandes vérités dont rarement on se rend suffisamment compte. C’est sur- tout dans les sciences naturelles que le fait est d’une évidence incontestable. Là, tout est relatif, et quelque petit que soit un fait il ne peut être défini d’une manière abso- ver, et que, bon gré mal gré, il fallut se résoudre à les couper par le pied ou à les risquer en plein air. On s’arrêta à ce der- nier parti : enlevées de terre avec les soins convenables, ces Fougères furent plantées à l’air libre, dans un endroit du jardin où l’on pouvait abriter les pius petites, pendant les mauvais jours de l’hiver, les plus grandes devant rester exposées à toutes les rigueurs de la saison. Elles reprirent, de- vinrent très-belles et se conservèrent dans toute leur fraîcheur jusque vers les der- niers jours du mois de décembre dernier, époque où elles déroulaient encore de jeunes frondes du centre de leur bourgeon terminal. Mais le jour de l’épreuve n’était pas éloigné: le Ier janvier un froid âpre, accompagné d’une grande chute de neige, se fit sentir; la température baissa de plus en plus et descendit finalement au dessous du zéro du thermomètre de Fahrenheit, c’est-à-dire à 18 degrés au-dessous de zéro du thermomètre centigrade. Le lac de Kil- ronan fut entièrement pris de glace, et sur plusieurs pouces d’épaisseur. Naturelle- ment, on dut croire les Fougères-arbres à tout jamais perdues; mais on se trompait de moitié : le Cijathea medullaris avait suc- combé, le Cijathea dealbata , au contraire, quoique n’ayant point reçu d’abris, avait ré- sisté et même si bien résisté que ses grandes frondes eurent à peine leurs ex- trémités roussies par le froid; il est au- jourd’hui plein de vigueur et plus beau que jamais. Des froids de 18 degrés centigrades au- dessous de zéro sont tout à fait exception- nels pour l’Irlande; ils le sont encore plus pour nos côtes occidentales, où d’ailleurs la chaleur de l’été est plus élevée. Si donc une Fougère arborescente , qui même n’est vraisemblablement pas la plus rustique du groupe, a enduré sans grand dommage un tel degré de froid, est-il déraisonnable de croire qu’elle et ses pareilles peuvent entrer dans la culture de plein air sur quelques points de la France? La théorie dit qu’elles y réussiront; c’est à la pra- tique de vérifier si la théorie dit vrai. Naudin. LE SUR LES PÊCHERS lue. En culture, les preuves abondent; il serait donc superflu de nous y arrêter au- trement que pour préciser ou démontrer le fait. Nous prendrons comme exemple les Pêchers. Tous les horticulteurs, les pépiniéristes surtout, savent combien il est rare qu’on réussisse lorsqu’on essaye à greffer en fente des Pêchers plantés en pleine terre. 268 WEIGELIA ARBOREA GRANLIFLORA. BROCOLI SPROUTING. Bien des fois nous l’avons tenté, mais les résultats ont toujours été si médiocres qu’on peut les considérer comme mauvais. Mais est-on en droit de tenir le même lan- gage de tous les Pêchers? L’an dernier, encore, nous aurions dit oui ; cette année nous disons non. Une fois de plus nous avons ’ reconnu qu’il n’y a rien d’absolu, qu'on ne devrait pas dire jamais, et nous pouvons aujourd’hui dire que s’il y a fagots et fa- gots, il y a Pêchers et Pêchers. Dans le travail que nous venons de pu- blier sur les Pêchers (1), nous avons, à la page 80, parlé d’une variété de Pêcher que nous cultivons au Muséum et qui vient de Chine, laquelle, par son bois, par son écorce, n’a rien de commun avec les Pê- chers ni avec les Amandiers. Sous ces rap- ports elle paraît se rattacher à certains Ce- risiers et tout particulièrement auMahaleb (Cer asus- Mahaleb). Nous devons toutefois dire que par tous ses autres caractères c’est un véritable Pêcher, bien que nous n’en connaissions pas encore le fruit; l’étude que nous avons faite des noyaux, avant de les semer, ajoutée à celle que nous avons faite des feuilles et de la végétation, ne laisse aucun doute à cet égard. Des différences physiques aussi grandes (1) Description et classification des variétés de Pêchers et de Brugnonniers . Broch. grand in-8°, à 2 colonnes, avec une planche. Prix : 3 francs. Chez l’auteur, 53, rue de Buffon, et dans les prin- cipales librairies. que celles que présente celte forme de- vaient être la conséquence de certaines différences organiques; c’est, en effet, ce qui semble ressortir des résultats que nous avons obtenus dans la multiplication de cette variété par la greffe en fente, et que nous allons faire connaître : Voulant multiplier cette forme que nous nommons Persica Davidiana en souvenir du R. P. David, missionnaire français en Chine, qui en a envoyé des noyaux au Mu- séum, nous avons greffé en fente, mais en serre, un bon nombre de pieds. Comme pas un n’avait manqué, nous avons opéré en pleine terre sur des Pruniers, et là encore tous ont réussi ! Nous devons dire toutefois que cette sorte de Pêcher reprend infiniment mieux sur Prunier que sur Amandier. Ne pouvant en donner tous les carac- tères, nous dirons seulement que le Persi- ca Davidiana comprend deux formes très- distinctes, l’une qui a l’écorce rougeâtre, lisse comme un Merisier; l’autre qui a l’é- corce et les feuilles d’un vert très-pâle et qui, très-probablement, est à fruits blancs. Nous ajoutons que, sans aucun doute, il s’y trouvera des variétés, puisque, parmi les quelques pieds qui ont fleuri, il y en a dont les fleurs sont rose carné très-pâle, d'autres qui sont un peu plus foncées, et enfin d’autres qui sont d’un rose foncé très-vif. Nous reviendrons en temps con- venable sur cette intéressante importa- tion. Carrière. WEIGELIA ARBOREA GRANDIFLORA Parmi les nouvelles variétés de Weigelia réeetnment mises au commerce , celle qui fait l'objet de cette note nous paraît devoir être l’objet d’une citation spé- ciale. Elle se distingue de toutes les autres d’abord par ses fleurs, et surtout par sa vigueur et son port qui semblent justifier la qualification d 'arborea qui lui a été attribuée. Voici l’indication des ca- ractères qu’elle présente : Arbrisseau ra- meux, dressé à branches vigoureuses. Feuilles très-largement ovales-elliptiques, atténuées aux deux bouts, finement et ré- gulièrement dentées. Fleurs réunies à l’ex- trémité de pédoncules axillaires dressés le long du bourgeon, d’un blanc soufré ou jaunâtre, passant au rose pâle vineux. Co- rolle longuement tubulée, enfoncée dans un involucre calyciforme composé de brac- tées linéaires qui dépassent souvent 15 mil- limètres de longueur, promptement éva- sée, à 5 lobes largement ovales; style capité, fortement renflé, hémisphérique, de même longueur que la corolle. D’où vient cette plante? Est-ce une es- pèce? Nous ne savons, Ce que nous pou- vons affirmer, c’est qu’elle est belle et qu’elle tranche parfaitement par son port, sa vigueur et son inflorescence avec toutes celles du genre. Briot, Chef des pépinière^jmpériales de Trianon. BROCOLI SPROUTING Plus rustiques que les Choux-fleurs, les Brocolis exigent cependant, sous le climat de Paris, des soins qui empêchent un grand nombre de personnes de les cultiver. L’ac- quisition d’une variété assez rustique pour passer, sous le climat de Paris, l’hiver en pleine terre, sans abris , est donc une bonne fortune ; aussi regardons-nous comme un devoir de signaler aux lecteurs de la Revue une variété qui présente cet avan- tage. Cette variété, c’est le Brocoli Sprou - ting, que la maison Courtois-Gérard et Pa- PHALAR1S ARUNDINACEA PICTA. WIGANDIA YIGIER11. 269 yard avait exposée au Champ de Mars en avril dernier. Doué d’une vigueur peu commune, ce Brocoli produit de nom- breuses ramifications munies de feuilles rapprochées, petites, à l’aisselle de cha- cune desquelles se développe un bourgeon d’abord court, arrondi ou ovaliforme, d’une teinte violacée claire, et qui bientôt s’allonge en un rameau, dont les petites feuilles portent chacune à leur aisselle un bourgeon de même nature; plus tardées bourgeons passent eux-mêmes à l'état de rameaux et les organes foliacés qu’ils por- tent présentent chacun un bourgeon qui ne diffère des précédents que par son vo- lume qui est un peu moindre. Le même développement se produisant pendant tout le printemps, il en résulte que cette va- riété de Brocoli est non-seulement très- remarquable, mais aussi très-précieuse par sa prodigieuse proli fi cation. D’après les renseignements qui nous ont été donnés par MM. Courtois-Gérard et Pavard, le Brocoli Sprouting doit être cultivé exactement comme le Chou de Bruxelles; seulement, en raison de sa vi- gueur, il exige plus d’espace. Les premiers bourgeons sont bons à récolter dans la se- conde quinzaine de mars, puis successive- ment jusqu’à l’apparition des fleurs. Il se reproduit franchement de graines. On peut se procurer celles-ci chez MM. Courtois- Gérard et Pavard, marchands grainiers, rue du Pont-Neuf. E. A. Carrière. PHALARIS ARUNDINACEA PICTA Il arrive fréquemment que, par suite d’une culture non appropriée à leur na- ture, on abandonne certaines plantes qui, mieux traitées, auraient pu rendre de grands services. Très-fréquemment en effet, par suite d’une culture mal appropriée, on n’obtient pas des plantes tous les avan- tages qu’on en aurait obtenus si on les eût mises là où elles auraient pu atteindre leur parfait développement. De ce nombre est le Phalaris arun- dinacea picta, Linné , que l’on rencontre assez communément; mais employé, soit à former des bordures, soit à entou- rer les réservoirs ou les tonneaux des- tinés à l’arrosage, conditions dans les- quelles il croit cependant, mais où il n’at- teint que quelques décimètres de hauteur et ne fleurit presque jamais. Sa véritable place, lorsqu’on veut en obtenir tout l’effet qu’on peut en attendre, c’est la décoration des eaux, le bord des ruisseaux, des étangs, etc. Dans ces conditions, en effet, il atteint des dimensions beaucoup plus grandes, un coloris de feuillage beaucoup plus éclatant, ainsi qu’une floraison abon- dante, en même temps qu’elle est très- élégante. On aura la preuve de ce que nous disons en parcourant le bois de Vincennes dans les différents endroits où serpentent des ruisseaux. Là, en effet, où nous avons pu admirer le Phalaris arundinacea pictan; il n’est pas rare de voir cette plante attein- dre une hauteur d’environ lm 50 à lm 80, du centre de laquelle s’élèvent de belles panicules de fleurs spiciformes d’une cou- leur pourpre qui se détache au-dessus d’un feuillage panaché de couleurs variées de rose et de blanc très-prononcé. L’une de ces touffes est située au-dessous d’une chute d’eau, où, à l’aide de ses longues racines qui la fixent au fond de l’eau, elle résiste au courant. Il est inutile de parler de sa culture, qui est des plus faciles; il en est de même de sa multiplication, qui se fait à l’aide des nombreuses racines traçantes, et d’où lui vient sans doute le nom vulgaire de Chien- dent d’Espagne. On pourrait augmenter et varier l’effet décoratif du Phalaris arundi- nacea picta en lui associant le Caltha pa- lust ris , qui, avec un beau feuillage d’un vert foncé, a l’avantage d’émettre au premier printemps d’abondantes fleurs d’un beau jaune orangé qui tranchent agréablement avec la couleur argentée des feuilles du Phalaris. L. Vauvel. WIGANDIA VIGIERII On cultive depuis deux ans, au fleuriste de la ville de Paris, une espèce nouvelle de 1 Vigandia qui se distingue de ses con- génères, les W. macrophylla (1) et urens , par ses grandes feuilles argentées en- dessous, nervées de rose en-dessus, et son (I) Le W. macrophylla est plus connu sous le 'nom de W. Caracasana , applicable à une tout autre espèce, inconnue jusqu’ici dans nos cultures. inflorescence géante, paniculée, portant des corolles petites d’un lilas pâle. Ce sont là, du moins, ses traits distinctifs au point de vue tout horticole. On trouvera plus loin les caractères spécifiques dé- taillés. LeWigandiaVig ieriifîigSS) a été reçu au printemps 1865 par M. le baron Yigier à Nice, de graines venant du Mexique ou de 270 WIGANDIA VIGIERII. Cochinchine. M. Vigier, qui a reçu deux envois simultanés des mêmes régions, n’a pu nous dire auquel sa plante appartenait. Mais à en juger par ses congénères, il n’est guère douteux que cette espèce est mexicaine. L’année suivante, on pouvait voir dans les jardins de la ville de Paris de beaux spécimens de Wigandia Vigierii , qui at- teignirent facilement 1 m 50 de hauteur dans un seul été, avec des feuilles argen- tées de près d’un mètre de longueur. L’un d’eux a fleuri cet hiver, rentré dans une serre, et nous en avons pu prendre, sur le vif, la description suivante, au mois d’avril dernier. Plante dressée, à tige d’abord simple, forte, cylindrique, croissant de l,n50 dans une seule année, sillonnée entre les protubérances formées par la base des pétioles décurrents , d’abord d’un vert tendre, devenant grise en se lignifiant, couverte d’une pubescence apprimée et, de plus, hérissée de poils étalés, raides, blanc argenté, moins urticants * que dans les autres espèces. Feuilles alternes, dis- Fig. 28. — Wigandia Vigierii. tantes, ovales-elliptiques, cordiformes à la base, bi- ou tridentées, à dents courtes, irrégulières , acuminées , supportées par des pétioles longs de 25 centimètres , canaliculés. Petites feuilles, formant brac- tées en forme d’oreillettes autour de la base du pétiole, ovales-aiguës, recour- bées, presque sessiles. Limbe long de 70 centimètres sur 35, hérissé çà et là de poils raides , et couvert à la face infé- rieure d’une pubescence épaisse, argen- tée, laineuse; nervures saillantes en-des- sus, subdivisées en une infinité de nervules réticulées-anastomosées, saillantes en des- sous. Inflorescence paniculée, très-grande, lâche, divariquée, longuement pédonculée et pédicellée, se subdivisant en petites cymes terminales, le plus souvent bifur- quées, fortement scorpioïdes et portant des fleurs distiques, presque sessiles. Ca- lyce dépassant la longueur du tube de la corolle , vert, à 5 sépales linéaires aigus, libres jusqu’à la base, bruns à l’insertion et à l’extrémité, laineux et hérissés comme toute l’inflorescence. Corolle rotacée, in- fondibuliforme, à tube court, anguleux, sillonné par des cavités entre les filets des étamines, large de 2 centimètres, lai- F.Yerna Pinxt lmp. Fan ote r. des Boulangers ,13, Park Pomme dieu ou Rose de e Revue Horticole Tmp. Zanote. r.des Boulangers JJ, Paris Morœa fimbriala * F. Yerna Punc* - MORÆA FIMBRIATA. POMME DIEU OU POMME ROSE 1)E BENAUGE. 271 neuse et d’un violet tendre à l’extérieur, glabre et li lacée, versicolore, passant au ton lie de vin saumoné, puis feuille-morte, à l’extérieur. Pétales 5, ovales, suba- cuminés, étalés. Étamines 5, insérées entre les lobes de la corolle; anthères jaunes, bi-loculaires, à filets renflés à la base et hérissés de poils rétrorses. Ovaire laineux , argenté , à 2 loges séparées par une cloison longitudinale; 2 styles di- vergents , bruns , exserts , à stigmate ca- pi té vert, clavi forme. (On trouve parfois plusieurs ovaires et plusieurs paires de styles dans la même enveloppe florale.) Cette belle plante se multipliera, comme les autres espèces, de boutures prises sur de vieux pieds rentrés en serre, et faites fin hiver, ou mieux encore de graines que l’on commence, dit-on, à récolter dans le midi de la France. Nous conseillons de la cultiver toujours de pieds d’un an en terre de bruyère, si on veut l’avoir belle et vigoureuse; M. le baron Vigier nous ayant dit que la deuxième et la troisième année elle était loin de produire l’effet ornemental qu’on obtient, par exemple, avec les W. macrophylla et urens. Ed. André. MORÆA FIMBRIATA 'Voici encore une plante remarquable que l’on peut citer parmi les délaissées. Importée de Chine en Angleterre par Evans dans les premières années de ce siècle, elle parut tout d’abord dans les cul- tures de la maison Cels, de Paris, et fut figu- rée, en l’an VIII de la République, dans le magnifique ouvrage Jardins de Cels, Ier vol., planche 9, et dans le Botanical Magazine de Curtis, n° 373, sous le nom de Iris Chi- nent is. Elle fut aussi connue à cette époque sous le nom d’Evansia Chinensis , Salis- bufy. Elle paraît avoir été bientôt négligée et délaissée,, car nous la voyons figurer pour la dernière fois sur le catalogue de John Lee et Cie, de Londres, en 1830, époque à laquelle elle ne figure déjà plus sur le ca- talogue de la maison Cels, et nous venons de la chercher vainement sur les cata- logues français, belges, allemands et an- glais de notre époque. Cependant cette plante mérite toute l’at- tention des véritables amateurs, ceux qui aimenl les plantes pour leurs mérites réels, et non pour ceux que leur donne la mode ou les réclames des marchands. Elle diffère de tous les autres Iris par ses pétales frangés. Elle peut rivaliser avec bon nombre d’Orchidées par son charmant coloris bleu clair lilacé, rayé de jaune d’or, par ses vastes panicules de 30 à 40 fleurs à divisions élégamment frangées et POMME DIEU OU POMV Arbre vigoureux et très-productif. Fruit gros, subsphérique, parfois plus large que haut, à contour souvent un peu irrégulier, aplati à la base ; queue grosse, très-courte, implantée au fond d’une cavité profonde relativement étroite, très-évasée; œil très- • (1) La Benauge est une contrée de la Gironde, située entre Bordeaux et la Réole. par sa longue floraison qui se prolonge près de deux mois, et aussi par son odeur suave. Il convient de la cultiver en pots, plutôt petits que grands, selon la force de la plante, afin qu’elle se trouve un peu à l’é- troit, d’enterrer les pots dehors, dès que les gelées ne sont plus à craindre, à une exposition chaude, abritée contre les vents du nord, et d’arroser copieusement ; puis de la rentrer vers la fin d’octobre en serre tempérée et de la placer près du jour ou bien sous des châssis à froid, après avoir enlevé les jeunes rejetons qui se sont développés autour des pots. Traité ainsi, le Moræa (Iris) fimbriata donnera de jan- vier à mars une floraison magnifique. Celte espèce n’est pas difficile sur la na- ture du sol, mais la terre de bruyère pure lui convient parfaitement. Grand amateur d’iris et possédant en ce moment un certain nombre démultiplications, je serais bien aise d’en échanger contre d’autres espèces d’iris rares, tels que Iris longipetala, Iris ISepalensis, Iris flavissima (Jacquin), Iris Susiana minor. J’en donnerais volontiers aux directeurs de jardins botaniques qui n’auraient rien à m’offrir en échange, car je désire vulga- riser cette magnifique Iridée. Je puis encore offrir en échange aux amateurs de ce beau genre un grand nom- bre d’autres Iris. Jean Sisley. 5 ROSE DE BENAUGE (,) petit, au fond d’une cavité étroite, peu profonde, souvent irrégulière, fermée par les divisions calycinales; peau lisse et très- unie, luisante et comme glacée d’un blanc jaunâtre qui se fonce à mesure que la ma- turité du fruit approche , nuancée de rouge vermillon; chair blanche, fine, peu savoureuse, aigrelette et légèrement astrin- 272 EXPOSITION UNIVERSELLE D’HORTICULTURE EN 1867. gente quand le fruit n’est pas tout à fait mûr. Cette très-belle variélé, dont nous devons la connaissance ainsi que les échantillons qui nous ont servi à la représenter à notre collaborateur M. Glady, est très-jolie et de longue durée. Malheureusement le fruit est de qualité, très-médiocre. Cependant nous conseillonsla culture de cette variété à cause de la beauté peu commune de ses fruits et surtout aussi pour la quantité considérable qu’elle en donne. D’après M. Glady, elle serait plus particulièrement propre au Bordelais; voici ce qu’il en a dit : « La Pomme-Dieu , ou Pose de Benauge (voir la note) (le nom de Pomme Dieu est le plus populaire; le nom de Pose de Be- nauge, propre à la localité d’où semble être originaire cette si jolie Pomme, est EXPOSITION UNIVERSELLE Avant d’entreprendre le compte rendu des concours de la sixième série, nous croyons devoir informer nos lecteurs que, par suite d’une décision du conseil supé- rieur de la commission impériale, la viti- culture, primitivement rangée au nombre des produits de l’agriculture, a été réunie à l’horticulture. Nous applaudissons à l’heureuse inspi- ration qui a dicté ce changement, car pour nous, si d’un côté l’industrie vinicole est presque spécialement exploitée par les agriculteurs, de l’autre, elle doit ses pro- grès aux travaux d’hommes qui se sont toujours fait un honneur d’appartenir à la grande famille horticole. Les concours afférents à la viticulture ont été ainsi divisés : 1° cultures tradition- nelles, renfermant sept concours; 2° cul- tures nouvelles, n’en comprenant que cinq. Tous ces concours ont été remplis et ont donné les résultats suivants : Première sé- rie, cultures traditionnelles. Treilles en cordons , en palmeltes, en arbres , à taille courte, longue ou mixte : un deuxième prix, décerné à la société horticole, vi- gneronne et forestière du département de PAube. — Souches en lignes , taille courte : un deuxieme prix, M. Mestre fils, à Sable- d’Aude (Aude); troisième prix, société vi- gneronne d’Issoudun (Indre); mention ho- norable, société viticole de Montauban (Tarn -et -Garonne). — Souches en lignes, taille longue : premier prix, M. Rollet, à Thiancourt (Moselle), deuxième prix, co- mice agricole d’Orléans ; troisième prix, M. Ducarpe à Saint-Emilion (Gironde) ; mention honorable , M. l’abbé Laporte, à (1) Voir Rev. hort., 1867, pp. 173, 193, 214, 234 et 252. le plus fréquemment employé par les pé- piniéristes); l’arbre est très-vigoureux et d’une grande fertilité; le fruit est gros et moyen ; son brillant coloris, jaune paille et vermillon, en fait une des Pommes les plus convenables à l’ornement des desserts; sa chair est demi-cassante et assez bonne, mais d’un goût peu relevé; sa maturité commence en novembre et se prolonge jusqu’à la fin de mars et même en avril. Cette jolie Pomme est fort appréciée dans la Gironde, où elle domine pendant cinq mois sur nos marchés. » Nous avons pu constater tous ces avantages; ainsi des quelques échantillons que nous avait fait parvenir M. Glady, il nous restait encore au commencement de mai 1867 des fruits fermes et n’ayant rien perdu de leur fraî- cheur ni de leur beauté. E. A. Carrière. D’HORTICULTURE DE 1867 (1) Lesparre (Gironde). — Souches en ligne, taille mixte : deuxième prix, M. Bergier, à Tain (Drôme) ; troisième prix, société d’a- griculture deVesoul; mention honorable, société viticole de Besançon. — Souches en foule, taille courte : deuxième prix, comice agricole central de la Marne; troi- sième prix , comité de viticulture de Beaune (Côte-d’Or). — Souches en foule, taille longue : second prix, M. Th. Phelip- pot, à l’île de lié. — Souches en foule, taille mixte : deuxième prix, société de viticulture d’Arbois (Jura). Deuxième sé- rie, cultures nouvelles. T ailles en cordons , palmettes , en arbres , courte, longue ou mixte : premier prix , M. J. Marcon, à la Mothe-Montravel (Dordogne); deuxième prix, M. Vignial, à Bordeaux; troisième prix, M. le docteur Krantz, à Perl (Prusse rhénane); mention honorable, M. Des- vignes, à Montchourier (Jura). — Souches en lignes, taille courte : premier prix, M. de Saint-Trivier, à Vaux-Renard en Beaujo- lais (Rhône) ; troisième prix, M. Boinette, à Bar-le-Duc, (Meuse) ; mention honorable, M. Menudier, à Pland-Chemignac (Cha- rente-Inférieure). — Souches en lignes, taille longue : deuxième prix, M. Chaude- saignes de Tarrieux, à Saint-Bonnet (Puy- de-Dôme); troisième prix, M. Rose Ghar- meux , à Thomery (Seine - et - Marne) ; mention honorable, M. de Fontenailles, à Morrains (Maine-et-Loire). — Souches en lignes , taille mixte : troisième prix, M. Ri- card, à Ervry (Aube); mention honorable , M. Laurens, président de la société d’agri- culture de l’Ariége. — Semis, boutures, marcottes, plantes enracinées, greffes : troisième prix, M. Hudelot, à Beurrez (Doubs). EXPOSITION UNIVERSELLE D’HORTICULTURE EN 1867. 273 Après avoir terminé cette nomenclature, nous revenons à l’examen des concours de la sixième série, dans laquelle les Rosiers, les Roses en fleurs coupées et les Panda- nées forment les concours principaux. Le premier concours désigné au pro- gramme officiel sous le titre : Espèces et variétés de Rosiers tiges greffés et fleuris , réunis en collection, ayant été divisé en deux séries, savoir : 1° celle des Rosiers cultivés en pots; 2° celle des Rosiers plan- tés en pleine terre depuis le printemps, nous suivrons la môme division. Nous trouvons dans la première série : une collection présentée par M. Hippolyie Jamain, à qui le jury a décerné un premier prix. De l’avis de tous les jurés, cette col- lection était aussi bien réussie comme culture que comme choix des variétés; deux variétés surtout méritent par leur beauté l’honneur d’être mentionnées; ce sont : Madame Furtado et Comtesse Cécile de Chabrillant. Dans la seconde série, les collections placées en pleine terre depuis le printemps étaient nombreuses et appar- tenaient à six concurrents dont les noms semblaient promettre que la lutte serait aussi vive qu’intéressante. Jury et public ont éprouvé une cruelle déception. En effet, personne n’ayant semblé aux jurés digne de recevoir un premier prix , la plus haute récompense, le deuxième prix, a été obtenue par M. Margottin; M. Ch. Verdier recevait un troisième prix ; MM. Duval et Paillet chacun une mention honorable. Avant d’abandonner ce concours, nous de- vons mentionner l’aménagement bien en- tendu de la collection de M. Duval. Dé- clarée de 500 sujets en 400 variétés et plantée dans une seule corbeille, cette col- lection produisait un très-bel effet. Le concours des Rosiers francs de pied et à basse tige a été également divisé en deux séries, savoir : collection cultivée en pots : c’est encore à M. Hippolyte Jamain qu’est revenu le premier prix pour sa col- lection composée de 60 variétés choisies, et dont la beauté prouvait d’une façon évidente la supériori té marquée de ce cul- tivateur dans cette spécialité. Gomme pour la série des Rosiers tiges cultivés en pleine terre, le jury n’a pas trouvé un seul des huit concurrents digne de recevoir le pre- mier prix dans le concours de collection de Rosiers francs de pied et basse tige placés depuis le printemps en pleine terre. Il a seulement donné à M. Guillot père, horticulteur à Lyon, un deuxième prix et àM. Guillot fils, également horticulteur à Lyon, un troisième prix. Ces deux collec- tions, peu nombreuses en variétés, étaient composées de sujets variés relativement vigoureux et bien choisis. Le résumé de ces quatre concours peut se faire en quelques mots : à part les pro- duits de M. Jamain, nous n’avons trouvé que des arbustes de peu de vigueur, et dont la floraison laissait beaucoup à dé- sirer. Venaient ensuite les concours pour les Roses en fleurs coupées, concours qui ont été aussi importants que les derniers l’é- taient peu. Gomme dans la série précé- dente, c’est M. Margottin qui a rem- porté la grande victoire ; c’est à lui que le jury a décerné le premier prix de col- lection. Un deuxième prix était donné à M. Hippolyte Jamain, etM.Marest fils ob- tenait également un deuxième prix; un troisième prix était donné à chacun des trois horticulteurs M. Granger, M. Cochet, M. Fontaine; enfin une mention honorable d’abord à la société de Clermont (Oise); ensuite à M. Meurant. En présence d’une pareille quantité de récompenses décer- nées dans un seul concours, nous vou- drions n’avoir que des éloges à adresser à tous et reconnaître, avec tout le monde, le talent infini et le travail de tous les con- currents. Mais pourquoi faut-il que, con- trairement aux vrais principes de la léga- lité, les exposants augmentent leur collec- tion en répétant la même variété deux, trois et jusqu’à cinq fois? Il y a là non plus une fraude sans conséquence, mais bien un fait regrettable, sinon un abus qu’il est bon de signaler afin d’en éviter le retour. Avant d’arriver au concours de Roses nouvelles, enregistrons le troisième prix obtenu par M. Lelandais, horticulteur à Caen, pour l’envoi d’un lot de 100 variétés de Roses en fleurs coupées. Les nouveau- tés étaient nombreuses, trop nombreuses même au dire des amateurs, à qui l’avenir donnera certainement raison. A quelques exceptions près , toutes ces variétés nou- velles, destinées à ne vivre, comme on le dit de la rose elle-même, qu'un jour , ont été trop favorisées de se voir l’objet d’un examen sérieux de la part d’hommes instruits et connaisseurs. Le jury a dé- cerné quatre récompenses, savoir : à M. Garçon, de Rouen, un premier prix pour ses Roses Impératrice des Français (Sa Majesté a, dit-on, accepté la dédicace), M. Roustel et M. Saffay ; àM. Margottin également un premier prix , pour ses nou- velles Hybrides remontantes parmi les- quelles on distinguait : Prince Humbert ; cette variété était représentée par un arbuste vigoureux, fleurissant le plus sou- vent en bouquet composé de fleurs de grandeur moyenne, d’une forme régulière et gracieuse, demi-globuleuse, à pétales un peu échancrés au centre, d’un beau coloris rouge velouté, teinté de carmin foncé; Duchesse d’Aoste , également repré- sentée par un arbuste assez vigoureux, 274 EXPOSITION UNIVERSELLE orné de grandes fleurs aplaties, d’un beau rose satiné légèrement transparent; les pétales extérieurs sont un peu dentés et ceux de l’intérieur serrés et un peu roulés, chiffonnés. M. Ch. Verdier obtenait un second prix pour sa Rose Madame Ernest Cirrode ; enlin M. Ledecheur, une mention honorable pour son lot de Roses de semis. Deux récompenses seulement ont été décernées pour les concours ouverts aux Pandanées : 1° M. Chantin, premier prix pour une collection; 2° une mention hono- rable à M. Buzier pour une variété d ePan- danus utilis . Si, après avoir épuisé la liste des con- cours principaux, nous passons aux con- cours accessoires, nous trouvons \es Pélar- gonium à grandes fleurs, peu nombreux, il est vrai, mais remarquables. Il s’agissait, en effet, de plantes obtenues de semis par M. Malet, et récompensées d’un premier prix. Neuf des plus belles variétés seront mises au commerce par MM. Thibaut et Keteleer, qui en ont acheté l’édition, ce sont : M. Alphand , fleurs de couleur rose vif orangé, à pétales supérieurs maculés et nervés de marron, à centre blanc légère- ment violacé; M. Barillet, fleur d’un beau coloris violet-pourpre, à pétales supérieurs fortement maculés de marron noir velouté, tandis que les inférieurs sont légèrement nervés et maculés de pourpre presque noir; M. Decaisne , fleurs de couleur rouge clair très-vif, à pétales supérieurs maculés de noir, les inférieurs légèrement striés de pourpre, à centre blanc; Princesse Ma- thilde, belles fleurs blanches légèrement carnées, à macules carmin vif sur les pé- tales supérieurs et seulement carmin sur ceux inférieurs ; M . le Play , dont les pé- tales sont de couleur marron foncé, bordé de pourpre carminé dans les supérieurs, et carmin clair maculé de marron noir dans ceux de la partie inférieure de la fleur; M. Devinck , fleurs de couleur rouge cerise vif, à centre blanc violacé, à pétales supérieurs maculés et nervés de marron foncé presque noir; Duc de Ratibor , à centre blanc, fleurs de couleur rouge ce- rise vif, pétales supérieurs maculés et nervés de marron et de rouge cinabre; M. Brongniart , fleurs de couleur rose sa- tiné, maculé de marron et lavé de carmin sur tous les pétales; Duc de Cleveland , fleur à centre blanc, à pétales supérieurs marron et rouge cinabre, à pétales infé- rieurs rose vif carminé. Le jury a ensuite donné un deuxième prix à M. Mezard pour un lot de Pélargo- nium Eléonore Petit , variété déjà livrée au commerce et que nos spécialistes re- gardent comme ne pouvant se conserver longtemps fleurie en pleine terre. Il n’y a pas eu de concours d ’ Orchidées. D’HORTICULTURE EN 1867. Toutefois signalons d’une façon toute spé- ciale les envois faits par MM. Thibaut et Keteleer, M. le comte de Nadaillac et M. Guibert, qui, s’étant réunis dans une même intention, désiraient simplement fournir un appoint à la garniture et à l’or- nementation du jardin réservé. M. Linden avait exposé une collection de Theophrasta , savoir : Th. longifolia , Th. undulata , Th. glauca , Th. crassipes , Th. angustifolia , Th. lati folia; Th. macro - phylla , Th. nobilis, Th. altenuata et Th. imper ialis, qui ont été récompensés d’un premier prix. Tous les exemplaires, hauts de lm 50 à 2 mètres, étaient vigoureux et ornés de magnifiques couronnes de feuilles du plus bel effet. Le même horticulteur recevait un autre premier prix pour un autre lot de Theo- phrasta (espèces et variétés nouvelles). Les plantes soumises à l’examen du jury, étant très-jeunes, n’ont point encore de noms, et il nous est impossible, quant à pré- sent du moins, de faire connaître les qua- lités et les caractères par lesquels se distin- guent ces nouveaux arrivants du Pérou, des bords du Rio-Branco, du Rio-Purus et de l’Équateur; toutefois nous signalons comme très-intéressante la plante indi- quée comme provenant du Pérou, dont le faciès diffère totalement des plantes ap- pelées Theophrasta ou Clavija. Nommer les Maranta , c’est encore enre- gistrer les succès de M. Linden. En effet, le jury lui a donné un premier prix, un deuxième prix et un troisième prix dans les différents concours ouverts aux Ma- ranta. Le plante nommée Maranta Lin - deniana a été très -remarquée; on était étonné de voir le pied -mère (présenté) avoir des nuances d’une délicatesse qui lui permet d’entrer en concurrence avec le Maranta V èitchiana, sur lequel il aura l’a- vantage d’être plus rustique et d’atteindre de plus grandes dimensions, tandis que le feuillage des jeunes pieds de cette espèce qui sont en France n’offre jusqu’ici qu’un coloris terne et peu varié. Au milieu du grand nombre de Maranta présentés par M. Linden, nous citerons comme n’ayant pas encore paru dans les concours depuis l’ouverture de l’Exposition : M. me- tallica , unicolore, mais qui paraît être ap- pelé à augmenter le nombre des plantes employées à la décoration des apparte- ments; M. transparens , également uni- colore en dessus et légèrement violacé à la page interne de la feuille; M. cincrea, à feuillage vert glauque avec une bande mé- diane vert foncé; M. amabilis , vert brillant avec une ligne médiane blanche; M. Libo - niana qui, d’après ce que l’on nous a af- firmé, perd ses feuilles pendant le repos; M. Mazelliana , fond vert clair avec une EXPOSITION UNIVERSELLE D’HORTICULTURE EN 1867. 275 bande médiane et une autre circulaire blanche; nous le croyons frère jumeau du M. virginalis. Comme plante de serre tempérée et de serre froide M. Chaté avait exposé une col- lection de Verbena qui a été récompensée d’un premier prix; nous avons noté comme les plus belles les variétés : Léopold Char- pentier (Chaté), Oranza ( Boucbarlat) , Zilda (Chaté), Réveil de Venise , Triomphe des massifs , Dante Anglieri, Jeanne dArc, M. Vardon, Notiza del Gioma , Benoiton, Cavagni Pescaiore. Le même M. Chaté ob- tenait encore un premier prix pour sa col- lection de Pentstemon dont les plus belles variétés étaient : Empereur du Mexique, Laurence de Messine , Joséphine Desprez , Secrétaire Cudin, Duchesse de Magenta , Buffon , Thérèse Millçt, Orphée , Olympe de Clèves. Venaient ensuite les concours de plantes de pleine terre , dans lesquels nous trou- vons : d’abord M. Yvon qui a obtenu un deuxième prix pour une belle collection de plantes vivaces à feuilles panachées, et un autre deuxième prix pour un lot de plantes vivaces variées, cultivées en pleine terre. Aux amateurs de plantes à feuillage panaché nous recommandons la collection de M. Yvon; ils verront là de nombreux végétaux que nous nous bornons à re- garder comme plus curieux que beaux et bien fixés. Le jury a décerné quatre récompenses aux collections de plantes annuelles, sa- voir : un premier prix à MM. Vilmorin et compagnie ; un deuxième prix à M. Loise- Chauvière; un troisième prix à M. Du vivier, enfin une mention honorable à MM. Havart et compagnie. Nous avons noté comme re- commandables : 1° dans la collection de MM. Vilmorin, de charmants Phlox Drum- mondii , à Heurs couleur rose chamois; des Lobelia gracilis erecta ; Brachy corne iberi- difolia alba et des Thlaspis de dimensions peu ordinaires; 2° dans celle de MM. Ha- vart, des Capucines à fleur s roses, des Chry- santhemum carinatum , des Anagalis Na- poléon , Christonia azurea grandiflora. MM. Vilmorin et compagnie recevaient en outre : un premier prix pour plantes an- nuelles nouvelles provenant de leurs semis, savoir : Portulaca flore pleno (blanc, rouge, jaune, chamois, rose, etc.); Viscaria ; Schizanthus, plusieurs variétés; et un au- tre second prix pour Nierembergia frutes- cens , plante de récente introduction sur laquelle on fonde de très-grandes espéran- ces pour la décoration des jardins et des parcs. Mentionnons ensuite deux seconds prix accordés à M. Gauthier-Dubos, l’un pour sa collection d’ Œillet flamand et fantai- sie, l’autre pour son lot de semis de même genre. Nous citerons comme remarquables les variétés Davillier, fantaisie fond jaune lavé d’ardoise et de rose ; Deloche , remon- tant, fleur blanche bordée et rayée de ver- millon; Miss Amelot, également remon- tant, fleur couleur rouge brique teinté de lie de vin; Illustration , fantaisie, fleur teintée de violet clair sur fond blanc; Mar- quis de Gricourt, fantaisie fond jaune teinté de lie de vin ardoisé; Liabeuf; Charlema- gne; etc. Puis enregistrons encore un se- cond prix donné à M'. Lemoine, horticul- teur à Nancy, pour son lot de Potentilla de semis; un troisième prix à M. Guénot pour son lot de Phlox Drummondii ; un pre- mier prix à M. A. Dufoy, pour ses jolis Dahlia variées , cultivés en pots; un troi- sième prix à M. Pigny, pour son lot de Dracæna variés ; un second prix à M. Loise- Chauvière, et une mention honorable à M. Huillier pour leur exposition de Gloxi- nia variés; une mention honorable àM. Ba- ron pour un Areca lûtes cens ; un troisième prix àM.Cajon pour deux Anthémis [Chry- sanihemum frutescens ) remarquables par leur bonne culture; également un troisième prix à M. Chantin pour ses Musa ensete. Pour terminer tout ce qui se rattache à la floriculture , il nous reste à résumer les concours de fleurs coupées. Le plus inté- ressant, celui des Iris, variétés dites an- glaises, a donné les résultats suivants : un premier prix h M. Legendre-Garrian;-nous recommandons surtout les variétés : Sol- ferino , fleur fond blanc lilacé, strié de rose carmin et de violet pourpre ; Noris- sima, fond blanc lilacé, strié de violet fon- cé; Manteau varié, fleur fond blanc jau- nâtre granulé et bordé bleu; Fredericii, bleu violacé ; Brutus, couleur pensée. Un second prix à M. Loise-Chauvière, un troi- sième prix à M. Guénot, une mention hono- rable à M. Cochet. M. Loise-Chauvière re- cevait en outre : un premier prix pour ses Anemone, variées; un second prix pour ses Delphinium en collection et mention hono- rable pour son lot de Delphinium, de semis. Dans ce concours M. Chaté obtenait égale- ment une mention honorable ; puis M. Loise- Chauvière recevait un second prix pour sa collection d’Jris Hispanica, un premier prix pour sa collection de Banunculus; le jury réservait le second prix de ce concours à M. Guénot. Si nous signalons encore la mention honorable accordée aux Dianthus barbatus de M. Guénot, il ne nous restera plus qu’à mentionner le deuxième prix dé- cerné aux magnifiques variétés nouvelles de Pivoines envoyées parM. Calot, horticul- teur à Douai. Il y avait dans ce semis des produits de premier ordre, mais que la jury n’a pu apprécier, les fleurs étant fa- nées lors de son examen. Nous qui avons vu ces produits à leur arrivée nous pou- 276 CYPRIPEBIUM ST0NE1. vons assurer qu’ils sont très-méritants. Ici se termine le compte rendu bien res- treint des expositions de la floriculture proprement dite. Nous passons donc à ceux de la culture maraîchère, dont voici les ré- sultats : société de secours mutuels des jardiniers du département de la Seine, premier prix pour espèces et variétés réu- nies en collection ; société de Clermont (Oise), troisième prix. Cette société, à la- quelle on ne saurait adresser trop d’éloges pour son organisation et son initiative d’exposition collective, doit être fière d’un succès acquis en luttant avec la première société maraîchère du monde. Dans le concours de lot de légumes d’un seul genre nous trouvons MM. Vilmorin et compagnie, un premier prix pour un lot de Pois cultivés comme produits maraîchers; M. Lherault-Salbeuf , un deuxième prix pour ses Asperges (il y a plus de trois mois que les Asperges d’Argenteuil figurent à l’Exposition, ce qui prouve que MM. Lhé- rault ont su fixer les deux variétés , dites l’une hâtive , l’autre tardive d’Argenteuil); M. Fontaine, jardinier amateur à Gouvion- Saint-Cyr recevait un second prix etM. Ca- jon une mention honorable ; enfin M. La- voisey, horticulteur à Caudebec, recevait un second prix pour son lot de Raphanus caudatus dont la culture a été jugée digne d’éloges; plusieurs siliques mesuraient de 90 centimètres àl mètre de longueur. Après les légumes, dont les concours onj été très-intéressants, nous parlerons de ceux des fruits pour lesquels le jury a donné: à la société d’horticulture de la Côte-d’Or, un premier prix pour sa magnifique col- lection de Cerises ; un troisième prix était attribué à l’envoi de même nature fait par la société de Clermont ; à M. Deschamps, amateur, un troisième prix pour un lot de belles Cerises et de belles Fraises; à M.Rose Charmeux, un second prix pour ses Raisins forcés; à M. Henry Charles un second prix Le genre Cypripedium , et particulière- ment le démembrement des Selenipedium, s’est enrichi dans ces derniers temps d’es- pèces et variétés bien remarquables. L’es- pèce qui fait le sujet de cette note appar- tient à cette dernière section. Bien que rare encore, on commence à la voir figurer dans les collections, mais en sujets relativement faibles. Les spécimens propres à fleurir sont encore très-rares. C’est dans l’établis- sement d’horticulture de M. Luddmann que nous avons pu apprécier pour la pre- mière fois les fleurs de cette belle espèce. Voici l’indication des caractères qu’elle présente : Tige très-courte. Feuilles disti— pour ses Pêches ; à M. Besson, une mention honorable pour ses Abricots, ses Poires et ses Figues; à M. Baudin, horticulteur à Claisac (Lot-et-Garonne) un second prix pour sa collection de Citrons, Limons, etc.; enfin à M. Bouchars , une mention honora- ble pour ses fruits conservés. Les concours pour Fraisiers avec fruits étaient peu brillants; il n’a été donné qu'un second prix à M. Bobine et une simple men- tion à M. Gauthier. Le programme n’ouvrant pas de con- cours pour les Fraises cueillies, les collec- tions ont été placées dans les concours im- prévus, ils ont donné lieu aux décisions suivantes : M. Berger , premier prix ; M. Glœde, deuxième prix; M. Crousse, troisième prix ; société de Clermont (Oise) mention honorable . Si, en général, les fruits étaient beaux, les Fraises étaient surtout remarquables, nous citerons comme preuve plusieurs fruits de variété Docteur Nicciise , pesant 44 grammes ; Amiral Dundas , 34 grammes; Impératrice Eugénie, 29 gram- mes. Ces résultats, joints à l’ensemble, ont valu l’approbation d’un homme compétent, M. Lawson , qui a déclaré n’avoir jamais rien vu de plus beau même en Angleterre. Au sujet des concours de Fraises, disons qu’il a été décidé que pour toutes les ex- positions de fruits la même variété ne pou- vait être présentée dans plusieurs concours par le même exposant; il est bien entendu que c’est pour les concours de la même série. Comme comparaison avec les précéden- tes séries nous disons que le jury a décerné 85 récompenses, savoir : 20 premiers prix, 29 deuxièmes prix , 17 troisièmes prix, 19 mentions honorables , répartis entre les puissances comme suit : Belgique 5 , France 80. Rafarin. [La suite au prochain numéro.) IM STONEI ques, coriaces, glabres, d’un vert pâle, atteignant 20 à 25 centimètres de lon- gueur, sur 2 à 3 de largeur. La hampe flo- rale, haute d’environ 40 centimètres, porte ordinairement trois ou quatre grandes fleurs alternes sur un pédoncule très-court; l’enveloppe bractéale se trouve pour ainsi dire fixée sur la hampe. Le sépale supé- rieur est cordiforme, étalé, d’un beau blanc avec quelques macules, et très-étroi- tement marginé de brun carminé ; le sé- pale inférieur est absolument de même couleur. Les deux pétales, de couleur blanc violacé, sont d’abord larges, puis s’allongent en lanières étroites jusqu’à DU PAILLAGE ET DES PAILL1S. 277 environ 15 à 20 centimètres. Le labelle est d’un blanc jaunâtre à la partie supérieure; l'orifice ou lèvre du sabot est réticulé de belles nervures d’un brun carminé, ainsi que toute la surface extérieure du la- belle , dont le dessous est pointu, au lieu d'être arrondi, comme il l’est dans les au- tres espèces. Le Cypripedium Slonei, hort. Low., est originaire de Bornéo. C’est une plante des plus curieuses qu’il soit possible de rencon- trer. Sa culture est la même que celle des Selenipedium , c’est-à-dire qu’on doit le tenir dans une serre chaude ombragée, où on le place le plus près possible du verre. La terre de bruyère tourbeuse , mélangée par moitié de bon sphagnum et d'un peu de charbon de bois pilé, lui est très-favo- rable. Le fond du vase devra être fortement drainé, afin que l'écoulement de l'eau puisse se faire convenablement. Cette es- pèce nous paraît assez délicate et deman- derait à être traitée avec beaucoup de soins. On la multiplie par la division des pieds et par semis lorsqu’on peut se procurer de bonnes graines. Delcheyalerie, , Chef multiplicateur au fleuriste de la ville de Paris. DU PAILLAGE ET DES PAILLIS Si les avantages résultant pour les plan- tes (et conséquemment pour les personnes. qui les cultivent) de l’emploi du paillis étaient suffisamment connus et appré- ciés, cet usage deviendrait général, et toutes les plantes sans distinction y seraient soumises. * Le paillage consiste à couvrir le sol d’une couche de substance qui, le plus ordinai- rement, est de la paille ou du fumier pail- leux et court, d’où vient le nom de paillis pour la chose employée, et de paillage pour indiquer l’opération. Les principaux avantages du paillage sont de conserver la ! fraîcheur du sol en atténuant les effets de l’insolation, du hâle et de l'évaporation ; d’entretenir la porosité du sol en empê- chant la couche supérieure de se durcir sous les effets de la sécheresse ou de tas- ser et se durcir sous l’action des pluies ou des arrosements qui , étant multipliés , fatiguent les plantes et finissent par laver la terre et lui enlever une partie de ses principes fertilisants. Le paillage a aussi pour résultat la propreté du sol en empêchant le développement des mauvaises herbes. Son application évite donc aux cultivateurs des arrosements et des binages répétés, en même temps qu’il facilite le développement des plantes cul- tivées, tout en les maintenant en meilleure santé. Le paillis qu'on emploie le plus ordi- nairement est le fumier plus ou moins consommé, mais encore pailleux; cepen- dant on l'emploie quelquefois à l’état de terreau ; c'est le cas pour la partie ornée des jardins, où la vue de la paille serait d’un effet désagréable. Il y a cependant plusieurs autres substances qui sont ou peuvent être utilisées pour le paillage; elles peuvent être classées en deux catégo- ries, savoir : les paillis fertilisants et les paillis inertes. Plusieurs d’entre elles, quoique n’ayant pas pour base la paille. n’en sont pas moins appelées paillis dans le langage pratique. Les paillis fertilisants agissent sur le sol mécaniquement comme couverture, et chimiquement, activement, par les ma- tières fertilisantes qu’ils renferment et qui sont entraînées dans le sol par les pluies ou par l'eau des arrosements. Les principaux paillis fertilisants sont ceux provenant des fumiers d’écuries, des étables, des basses-cours ; les gadoues ou fumiers des villes; les fumiers et terreaux de feuilles ou ceux formés d’autres débris végétaux; ceux provenant des débris ani- maux, tels que poils, plumes, laines, ra- clures de cornes, etc. ; puis les tourteaux de graines oléagineuses; la tannée, etc. Bien qu’on puisse employer toutes ces substances sans inconvénient et prendre celles qu’on aura sous la main, il va de soi que , lorsqu’on aura le choix , on devra donner la préférence aux paillis maigres, secs et pailleux, lorsqu’il s’agira de ter- rains gras , forts, froids compactes; aux paillis gras, onctueux et aux matières les plus fertilisantes, lorsqu’on aura à traiter des terrains secs, maires et légers, suscep- tibles de souffrir de la sécheresse. Il est des cas, pour ces derniers terrains où la bouse de vache réduite en mortier liquide, étendu ou coulé en couche continue sur le terrain, produit les meilleurs résultats. Le seul inconvénient de ces paillis est de favoriser le développement des insectes, courtilières, etc., auxquels on devra faire la chasse par les procédés connus. Quel- ques tourteaux, notamment ceux de Ca- meline, passent pour détruire ou du moins pour chasser certains de ces insectes. Je cite le fait en passant, sans l’avoir person- nellement expérimenté. Les paillis inertes sont bien un peu fer- tilisants aussi, puisqu’ils finissent par se décomposer; mais leur action est surtout mécanique, et, à défaut d’autres, ils peu- 278 ÉPOQUE DE FLORAISON DE RHODODENDRONS. GLADIOLUS BYZANTINES. vent encore rendre de grands services. Nous en étendrons à dessein la liste, comme nous l’avons fait pour la précé- dente, afin que chacun puisse, suivant le pays où il se trouve et les ressources dont il dispose, reconnaître quelque substance utilisable. Les principales de ces substances sont : Les pailles de toute sorte ; Les balles des céréales ou d'autres graines soumises au battage ou dépiquage; Les bourres de coton provenant des usines et môme le coton nature ; Les bourres des tanneries, qui pour- raient entrer dans la catégorie précédente, ainsi que celles provenant de manufac- tures de drap et autres étoffes; Les marcs de raisin% qui sont même as- sez fertilisants; La mousse ; Les bagasses ou résidus pailleux prove- nant des fabriques de sucres, etc.; Les pulpes provenant des fabriques de sucres et des féculeries ; Les feuillages et menus branchages de pins, sapins et autres arbres de même na- ture ; Les genêts, bruyères, ajoncs et autres broussailles; Les sons provenant du décorticage des grains; • La sciure de bois (cette substance est même recommandée tout particulièrement pour la culture des melons, que Ton n’a. pour ainsi dire, plus besoin d’arroser, et qui sont, paraît-il , débarrassés, par son emploi, des insectes qui les attaquent d’ordinaire) ; Le charbon de bois, concassé ou en poussier ; Les résidus fibreux des corderies et des diverses matières textiles, etc., etc. J’aurais pu étendre cette liste, mais je crains d’y faire figurer certaines substan- ces, telles que varechs, zostera, les drè- ches, etc., qui, employées en certain état, dans certaines circonstances et sans discer- nement, pourraient être nuisibles plutôt qu’utiles aux plantes. Je crois en avoir dit assez pour attirer d’une manière suffi- sante l’attention sur cette question et mettre le lecteur à même d’utiliser une foule de matières qu’on laisse perdre le plus souvent, et de trouver à peu près par- tout une substance propre au paillage de ses cultures. Enfin, quelle que soit la matière em- ployée pour le paillage, le moment le plus favorable pour faire cette opération et en obtenir les meilleurs résultats pos- sible est celui qui succède à une bonne mouillure à fond , soit par les pluies, l’irri- gation ou l’arrosement ; on laisse ressuyer un peu le terrain, après quoi on lui donne un binage; puis on étend le paillis, que l’on mettra en couche d’autant plus épais- se, que ce sol sera plus léger et plus sus- ceptible de souffrir de la sécheresse. Clemenceau. GLADIOLUS BYZANTINUS Le Glayeul de Byzance ou de Constan- tinople (Gladiolus Byzantinus, Miller) n’est, à vrai dire, qu'une forme du Glayeul des moissons ( Gladiolus segetum). Mais ce n’est pas moins l’une des plus belles plantes qu’on puisse trouver pour former des massifs; tout récemment nous avons eu l’occasion d’en admirer une corbeille dans le jardin de MM. Vilmorin et Comp., rue de Reuilly, et nous ne crai- gnons pas d’affirmer que rien n’est plus beau; la plante, qui ne s’élève guère au delà de 40 à 50 centimètres, se termine par des fleurs très-rapprochées, grandes, d’un coloris rouge foncé, flammé violacé d’un très -bel effet. Nous ne craignons même pas de dire qu’un grand nombre des variétés de Glayeuls à la mode et fort recherchées ne valent pas celle qui fait l’objet de cette note. Du reste, il n’est pas ici question d’exclusion ni de supériorité; ce que nous voulons, c’est appeler l’atten- tion sur une bonne plante qu’on a Je grand tort de trop délaisser. Elle a en outre l’avantage immense de n’être pas délicate et de fleurir environ six semaines avant les variétés du Gladiolus Gandavensis. E. A. Carrière. ÉPOQUE DE FLORAISON DES RHODODENDRONS (1> Rhododendrons fleurissant fin mai et cou- rant de juin. Rh. Barclayanum (hyb. incert.). Cor. en 'cloche, d’un beau rose intense, maculée de brun noi- râtre. (1) Voir Rev. hort., 1867, p. 187 et 212. Rh. John Watet'er (hyb. incert.). Cor. très-grande, en cloche, d’un bel amarante foncé tirant sur le rose, largement maculée de brun ardoisé. Rh. hyacinthœflorum flore plcno (Ponticum). Cor. petite, en roue, semi-double, d’un rose violacé à l’extérieur et aux bords, presque blanche dans l’intérieur, légèrement maculée de jaune bru- nâtre. 279 OBSERVATION SUR LE DÉVELOP. DES PÉTALES DU SELEN1PEDIUM CAUDATUM. Rh. roseum (Ponticum). Cor. grande, en roue, d’un rose tirant quelque peu sur le lilas, légère- ment maculée de rouge orangé. Rh. fastuosum fl. pl. (Catawb.,. Cor. semi-dou- ble, en roue, d’un beau lilas, fortement maculée de vert jaunâtre. Rh. pyramidatum fl. pl. (Ponticum). Cor. en roue, semi-double, d’un violet-rose pâle, légèrement maculée de rouge orange. Rh. guttatum. Cor. en roue, d’un blanc très -légè- rement rosé et fortement maculée de brun et de carmin. Rh. foliis aureis ('Ponticum). Cor. petite, presque en roue, d’un lilas rosé, légèrement maculée de rouge orangé. Feuilles petites, largement ma- culées de jaune. Rh. foliis argcnteis (Ponticum). Cor. petite, en cloche, d’un lilas rosé, complètement dépourvue de macule. Feuilles petites, argentées. Rh. rubrum (Ponticum). Cor. en cloche, d’un rouge assez intense aux bords, plus clair dans l’intérieur,' maculée de jaune. Rh. vestnlinum (Ponticum). Cor. en roue, d’un rose violacé, pâle, presque blanche dans l’inté- rieur, fortement maculée de jaune. Rh. leopardi (hyb. incert.). Cor. presque en roue, d’un violet rosé, très-fortement maculée de car- min et de brun ardoisé. Rh. Jenny Lind (hyb. incert.). Cor en roue, d’un beau rose violacé, foncé aux bords, presque blanche dans l’intérieur, légèrement ponctuée de jaune. Rh. lacteum (Ponticum). Cor. assez petite, presque en roue, d’un blanc carné, et légèrement maculée de vert jaunâtre. Rh. MHe Albonii (maximum). Cor. grande, en roue, d’un blanc un peu carné, largement ma- culée de jaune et de rouge orangé. Rh. Lowii (maximum). Cor. en roue, d’un blanc . légèrement carné, fortement maculée de brun. Rh. congestum (Ponticum). Cor. en roue, d’un violet rose, beaucoup plus pâle dans l’intérieur, large- ment maculée de jaune et de rouge orangé. Rh. concessum (hyb. incert ). Cor. grande, en roue, d’un rose éclatant, foncé aux bords, plus clair dans l’intérieur, et quelque peu maculée de brun jaunâtre. Rh. fleur de Marie (hyb. incert.). Cor. en cloche, amarante éclatant, très-loncé aux bords, passant presque au blanc dans l’intérieur, complètement dépourvue de taches. Rh. Jubar (hyb. incert.). Cor. campanulée, d’un rose intense sur les bords, plus clair dans l’inté- rieur, légèrement maculée de brun noirâtre et de carmin. Rh. magnificum (hyb. incert.). Cor. en cloche, d’un beau rose violacé, maculée de jaune brunâtre. Rh. Mn‘e Robineau (hyb. incert.). Cor. en roue, d’un blanc pur, largement maculée de jaune- brun. Rh. Sherwoodianum (Catawb.). Cor. grande, en cloche, d’un rose violacé pâle, fortement ma- culée de rouge brun noirâtre. Rh. roseum pictum (hyb. incert.). Cor. assez petite. presque en cloche, d’un beau rose clair dans l’intérieur, plus foncé aux bords et maculée de jaune. Rh. roseum magnum (Catawb.). Cor. en cloche, d’un beau rose, tirant quelque peu sur le lilas, largement maculée de rouge et de jaune. Rh. roseum monstrosum (Ponticum). Cor. en roue, d’un rose tendre violacé , ponctuée de jaune orangé. Rh. monstrosum fol. var. (Ponticum). Cor. grande, en roue, fortement découpée, d’un rose quelque peu violacé sur les bords, passant au blanc dans . l’intérieur, largement maculée de jaune. Rh. album marginatum. Cor. en cloche, d’un blanc légèrement carné sur les bords, presque sans macule. Rh. Cortonii (espèce). Cor. petite, fortement dé- coupée et contournée, blanche, rosée aux bords, sans macule dans l’intérieur. Rh. azaloïdes (espèce). Cor. petite, en roue, d’un rose clair un peu violacé, sans macule. Rh. azalo'ides odorum. Cor. petite, en roue, forte- ment découpée d’un lilas foncé aux bords, plus clair dans l’intérieur, dépourvue de macule, odorante. Rh. punetatum (espèce). Cor. très-petite, un peu irrégulière, en cloche, d’un rose clair, dépourvue de macule. Feuilles petites et parsemées de points blancs presque imperceptibles. Nota. — Dans nos descriptions des Rho- dodendrons, la couleur que nous avons in- diquée a toujours été celle que présentaient les fleurs au moment de leur épanouisse- ment. Cette indication nous a paru indis- pensable, car certaines variétés de ce genre sont sujettes à changer de nuance, soit dans le cours de leur floraison, soit par suite de leur exposition au soleil. Ainsi, par exem- ple, le lih. Onslowianum , qui est violet pâle, devient d’un hlanc presque pur; le Rh. Triomphe d'Angers passe du rose vio- lacé au rouge plus ou moins intense, etc. André Leroy. A cette note nous ajouterons une obser- vation complémentaire qui, tout en faisant ressortir le mérite de l’article qu’elle con- cerne, montre tout l’intérêt que les pro- priétaires peuvent en retirer; si l’on veut bien remarquer que l’époque de floraison est indiquée pour Angers, on pourra faci- lement trouver l’époque de floraison des Rhododendrons dans les autres pays en rapportant leurs climats à celui de cette dernière ville, c’est-à-dire en ajoutant ou retranchant quelques jours suivant que le pays est plus chaud ou plus froid qu’An- gers. Rédaction. OBSERVATION SUR LE DÉVELOPPEMENT DES PÉTALES DU SELEN1PEDIUM CAUDATUM Plusieurs fois déjà on a constaté la rapi- dité avec laquelle se développent certains organes , notamment les siliques du fa- meux radis queue de rat ( Raphanus eau- datus, Linné) qui peuvent atteindre jus- que 1 mètre de longueur dans un court espace de temps. Ayant eu récemment l’occasion de faire un travail analogue sur le développement du Selenipedium cau- datinn, nous avons résumé et consigné nos 280 PLANTES NOUVELLES, RARES OU PEU CONNUES. observations dans un tableau que nous re- produisons plus loin. D’après ce tableau, résumé exact des faits, on verra que ces pétales se sont allongés de 80 millimètres par jour dans le plus fort de leur développement, et qu’ils ont atteint 010 millimètres de longueur dans l’espace de quatorze jours. Ce fait, nous le croyons, est de nature à intéresser les phy- siologistes qui s’occupent de ces sortes de questions. En général il est admis que les feuilles des végétaux s’allongent davantage la nuit que le jour; eh bien, l’on verra, il n’en est pas de même pour les fleurs, du moins dans cette circonstance, puis- que les pétales du Selenipedium cau- datum ont poussé de 344 millimètres de longueur pendant les quatorze journées que dura leur développement , tandis que pendant quatorze nuits elles n’ont poussé que de 326 millimètres. Ces observations ont été suivies avec la plus grande régularité. Les pétales étaient mesurés deux fois le jour, l’une à 6 heures du matin, l’autre à 6 heures du soir, afin de constater comparativement rallonge- ment qui s’était opéré pendant le jour et pendant la nuit. Lorsque les pétales eu- rent atteint 91 centimètres de longueur, leur végétation s’arrêta, et la fleur se con- serva jusqu’au 5 mai en perdant peu à peu ses couleurs qui passent au jaune de plus en plus pâle. Tableau indiquant les développements qu'ont acquis les pétales d’un pied de Selenipedium caudatum. L’expérience a commencé le 12 avril 1867. Ace moment , qui coïncidait avec T épanouissement de la fleur , les pétales mesuraient déjà 240 millimètres. Tempéra- ture cen- tigrade de la serre Dates Avril Heures des observations et développement des pétales. 22 12 à 6 heures du soir les 22 13 6 — matin 23 13 6 — soir 22 1/2 ia 6 — matin 23 * ia 6 — soir 23 15 6 — matin 22 15 6 — soir 23 16 6 — matin 22 16 6 — soir 22 17 6 — matin 23 17 6 — soir 22 18 6 — matin 23 18 6 — soir 2a 19 6 — matin 2a 19 6 — soir 2a 20 6 — matin 24 20 6 — soir 231/2 21 6 — matin 23 21 6 — soir 22 22 6 — matin 22 22 6 ■' — soir 23 23 6 — matin 221/2 23 6 — soir 23 2a 6 — matin 2a 2a 6 — soir 23 25 6 — matin 23 25 6 soir 0m 270 0m 315 0m 35a 0m 390 0m032 0m075 om5ia 0m 556 0m590 0m 633 0“ 667 0m696 0m 712 0m 738 0m761 0m779 0m 792 0m803 0m 825 0“806 l!m 868 0m 882 0m890 0m907 0m 909 Om9lO t Pendant le jour Résumé / Pendant la nuit ( Avant l’épanouissement. Total. . . Différence du dévelop- l pement des pétales entre le jour et la nuit de 6 heures de 6 h. du soir. du matin à 6 heures à 6 h. du soir du matin 0m 030 0m 005 Üm 039 1 0m002 0m03G | 0m003 0“039 0m002 0m038 0m039 O B o CO 42- 0m029 0m016 0m026 0m023 O^OIS 0m013 0m0ll 0m 022 i O B O IO 1 0m022 0“010 0“ 012 0m013 0m002 0m001 0m340 0m3’26 0m200 0m326 0“910 Delchevalerie , Chef multiplicateur au fleuriste de la ville de Paris. PLANTES NOUVELLES, RARES OU PEU CONNUES Acer sanguineum. — Feuilles digitées- lobées, à lobes courts, dentés, d’un rouge pourpre, même lorsqu’elles sont vieilles, beaucoup plus foncé lorsqu’elles sont jeu- nes. Japon. La Revue donnera prochaine- ment un dessin de ces espèces. Acer amœnum. — Feuilles digitées, lo- bées, vertes, à lobes courts, dentés, pétiole rouge. Japon. Clematis John Gould Veitch. — Cette plante, exposée par MM. Veitch et fils, est une forme du Clematis païens ; ses fleurs grandes, doubles, sont d’un bleu lilas sou- vent comme monstrueuses. E. A. Carrière. L’un des propriétaires : Maurice BIXI0. Paris. — Impr. de A. Lainé et J. Havard, rue des Saints-Pères, 19. CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE DE JUILLET). Mort de M. Lhomme, doyen des jardiniers français, et de M. George Paul, horticulteur anglais. — Exposition de Roses de Brie-Comte Robert. — Succès de cette exposition. — Congrès des rosiéristes. • — Décoration de la Légion d’honneur accordée à M. Relin, maire de Brie-Comte-Robert. — Tendance des Rosiers multicolores à se décolorer. — Premier fascicule du XVIe volume du Prodromus. — Les Noyers et les Chênes. — Moyen de détruire le Chamærops liumilis. — Etude sur les Palmiers, publiée dans le Bulletin de la société horticole de Cannes. — Exposition de la société d’horticulture de la Côte- d’Or. — Taille du Pêcher. — Pincement mixte. — Prochaine session du congrès pomologique. — Jardin d’acclimatation créé à Scutari. — Offre de graines exposées par le gouvernement turc. — Maclura aurantiaca. — Lettre de M. Ysabeau. — Communication de M. Debauchy, relative au Raisin précoce de Saumur. — Obtenteur de cette variété. — Revendication en faveur de M. Courtiller. — Précocité des Chasselas à H yères. — Végétation luxuriante des Eucalyptus glohulus. — Procédé pour combattre les pucerons du Pêcher. — Emploi de la décoction de Genêt, — L’Acide phénique. Le doyen des jardiniers français, Jean- Baptiste Lhomme , vient de mourir à Paris, à l’âge de quatre-vingt-trois ans. Ses obsè- ques, auxquelles assistait une très-grande quantité de personnes, parmi lesquelles on distinguait, à côté de jardiniers, des savants appartenant à différents corps, ont eu lieu le 20 juillet 1867. Jean-Baptiste Liiomme était jardinier en chef de la fa- culté de médecine de Pairs depuis l’âge de vingt-deux ans; c’est donc pendant soi- xante-et-un ans qu’il a occupé cet emploi. Il avait été fait chevalier de la Légion d’honneur en 1854. — L’horticulture anglaise vient aussi d’être frappée dans la personne d’un de ses membres les plus distingués. Nous ap- prenons ce fait regrettable par un journal d’horticulture anglais, le Gardener’s Maga- sine. On lit dans le numéro du 13 de ce mois : Nous avons le pénible devoir d’annoncer la mort de M. George Paul, le respectable chef de la maison Paul et Son, horticulteurs à Chelshunt. M. George Paul était estimé et aimé de tous ceux qui le connaissaient, tant pour l’affabi- lité de son caractère que par son mérite trans- cendant. — Le 14 et le 15 de ce mois a eu lieu, à Brie-Comte-Robert, ainsique nous l’avions précédemment annoncé, l’exposition des Roses. Cette fête que, avec raison, on a nommée la fête des Poses , a été, ce qu’on espérait, très-belle. Il nous suffira , pour en donner une idée, de dire que l’empla- cement et la disposition étaient les mêmes que l’an dernier, et que le nombre de Roses exposées était d’environ 82,000. Les lauréats, qui sont tous rosiéristes de Brie- Comte-Robert ou des communes voisines, sont M. Cochet, pépiniériste à Suisnes,une médaille d'or pour sa collection de Roses comprenant 450 variétés, ainsi que pour différents massifs composés de une ou deux variétés seulement; M. Granger, à Grisy-Suisnes, une médaille d'or pour un lot de 600 variétés ; une autre médaille d’or pour une nouvelle Rose de semis du nom 1er Août 1867. de Clémence Raouæ; cette Rose très-forte, bien faite, belle, en un mot, d’un rose carné pâle qui passe au rose vif flammé blanc. Bien que nous nous abstenions de la juger, nous dirons pourtant, par ce que nous en avons vu, que nous craignons que cette plante ne soit pas généreuse , qu’elle soit peu floribonde. — M. Gautereau père, qui avait exposé un très-beau lot en collection comprenant 290 variétés, puis plusieurs autres, soit en une, soit en deux variétés, a reçu une médaille d’or du conseil muni- cipal de Brie-Comte-Robert. Dans un des lots exposés par M. Gautereau, en dehors de la collection se trouvaient 330 fleurs de Rosier Maréchal Niel. C’est un véritable tour de force. Nous avons regretté que, conformément au programme, on n’ait pas accordé un prix spécial à ce lot qui était très-méritant. M. Gautereau a dé- montré par le résultat qu’il a - obtenu dans cette circonstance et qui lui fait hon- neur, que ce Rosier, contrairement à l’opi- nion qu’on s’en était faite, fleurira très- bien à l’air libre ; il suffira pour Cela de le traiter comme sa nature l’exige, ce qu’a bien compris et fait M. Gautereau. Dans son lot de plantes en collection, nous avons aussi remarqué une nouveauté de semis : c’est la Rose Vicomtesse de Vezin. La fleur est belle, forte et bien faite. Nous croyons que c’est une plante très-méritante, d’un brillant avenir. — M. Emile Cechet, rosié- riste à Brie, a obtenu la médaille d'or de M. le comte de Jaucourt pour une collection de 380 variétés de Roses. — M. Gautereau, Auguste, a également reçu un emédailled' or pour sa collection de Roses. — M. Ledé- chaux, rosiériste à Villecresnes, une mé- daille de vermeil pour son lot de 300 varié- tés.— MM. Dubois père et fils, à Brie- Comte-Robert, recevaient une médaille de vermeil^oxiY leur exposition de 190 variétés de Roses. — M. Motteau, à Mandres, rece- vait aussi une médaille de vermeil pour son lot de 130 variétés. — M. Desmazures, ro- siériste à Suisnes, une médaille de vermeil pour sa collection comprenant 100 variétés. — -M. Jouas Alfred, rosiériste à Gregy, près 15 282 CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE DE JUILLET). Brie, une médaille de vermeil. — M. Jemeau, rosiériste à Grisy-Suisnes, près Brie, une médaille de vermeil pour son lot de 75 va- riétés en mélange. — M. Vaurin, à Goubert, a reçu une médaille d'argent pour son lot de 130 variétés. — Enfin MM. David et Le- roux, rosiéristes à Brie-Comte-Robert, rece- vaient aussi chacun une médaille d’argent pour leur exposition deRoses. Indépendam- ment des Roses exposées en collections la plupart des rosiéristes avaient exposé des lots spéciaux, composés de une ou deux variétés, et qui, ajoutés aux lots de col- lection, faisaient un total d’environ quatre- vingt-deux mille Roses. L’industrie horticole était juste ce qu’elle . doit être : un marchand de Jaine à greffer, M. Riollay, de Brie-Comte-Robert, et deux couteliers de Paris, MM. Brassoud etHar- divillié, qui avaient porté, indépendamment de la coutellerie, des outils aujourd’hui in- dispensables aux cultivateurs de Rosiers, deux sécateurs à habiller les églantiers. M. Hardivillié a été récompensé d’une mé- daille d'argent. M. Brassoud étant arrivé après l’examen du jury, n’a obtenu aucune récompense. Quant au congrès, il a fait peu de bruit. Son existence nous paraît être en danger. Né sous d’aussi beaux auspices, entouré dès son berceau de célébrités rosistes, il est à craindre que, malgré tant d’appui, il n’ait vécu que « ce que vivent les Roses ». A l’occasion de cette fête, S. Exc. M. Rouher, a remis la décoration de la Légion d’honneur à M. Belin, maire de Brie-Comte- Robert. M. Belin, on le sait, est un agricul- teur des plus distingués et des plus persévé- rants, qui a fait faire à l’agriculture, dont il s’occupe tout particulièrement, d’énormes progrès. 11 a, entre autre chose, poussé très-loin le progrès de la distillerie des bet- teraves et, sous ce rapport, ses alcools, qui sont cotés au marché, se vendent tou- jours plus cher que les autres. Cette haute récompense n’est donc pas seulement un honneur pour M. Belin, c’est un acte de justice qu’on lui a rendu. — Un fait sur lequel nous croyons de- voir appeler l’attention est la tendance que paraissent avoir, au Muséum du moins, les Rosiers multiflores la Giffray à se déco- lorer et à donner des fleurs blanches. On sait que cette espèce est à fleurs roses ; mais qu’une fois bien épanouies, ses fleurs pâlissent, de sorte qu’on en a constamment de fortement colorées en rose vif, tandis que d’autres sont d’un rose carné, très- pâle même. Cette année les différents indi- vidus de cette espèce portaient, à côté de fleurs d’un rose vif, des fleurs complète- ment blanches; il en est même beaucoup qui, encore en boutons, étaient entière- I ment dépourvues de couleur. Il est donc à peu près certain que d’ici peu on aura un Rosier la Giffray à fleurs blanches, ce qu’on obtiendrait probablement plus tôt, si, pour greffer, on prenait des yeux sur les ramilles qui portent des fleurs blan- ches. — Le 1er fascicule du XVIe volume du Prodromus , qui a paru au mois de no- vembre dernier et que nous avons sous les yeux, comprend les ordres suivants : Cu - pulifères , Cor y lacées, Juglcmdacées, Myri- cacèes et Platanacées. Comme tout ce qui avait paru précédemment de ce travail, c’est une œuvre scientifique très-remar- quable, mais que l’insuffisance de nos connaissances ne nous permet pas d’ap- précier. Du reste ce n’est pas un travail de jardinage; c’est, comme l’on dit, de la haute science. Mais pourtant, si, comme on ledit aussi, ce qui est vrai, « toutes les sciences sont sœurs »,'un ouvrage de bota- nique doit se rattacher de bienprèsàl’hor- ticulture? Evidemment. Aussi est-ce à ce titre que nous allons dire quelques mots sur deux sujets seulement : les Noyers et les Chênes. Faisons aussi remarquer que si, comme le disent encore les botanistes, le jardin est le laboratoire des champs, le camp où la science doit s’exercer, les sa- vants devraient au moins y entrer de temps à autre. Il est très - regrettable qu’il n’en soit pas ainsi, car on ne ver- rait pas de lacunes aussi grandes que celles qu’on remarque dans leurs publica- tions. En effet il existe dans les collections horticoles un grand nombre de variétés très-distinctes du Chêne commun, qui ne sont même pas citées dans l’ouvrage dont nous parlons ; il en est même une entre au- tres, le Quercus pedunculata Louetti, varié- té très-remarquable, très-communément cultivée et qu’on rencontre fréquemment aussidansles écoles de botanique où ellefi- gure comme variété, parfois même comme espèce qu’on y chercherait vainement. On remarque des lacunes non moins grandes en ce qui concerne le Quercus llex , espèce chez laquelle on rencontre un nombre considérable de variétés très-distinctes ; aussi les cultivateurs seront-ils très-éton- nés lorsqu’ils verront que deux seulement sont citées par M. de Candolle : le Q. agri- folia et le Q. ballota. Les variétés tauri fo- lia, latifolia , Fôrdii, etc., etc., bien qu’ex- cessivement distinctes et que même le Q. Fordii ait été décrit et figuré dans ce journal (1), ne sont pas' seulement indi- ■ quées. Quant au genre Noyer, les lacunes sont encore plus considérables, s’il est possible, car il est des formes qui n’ont plus rien de commun pour ainsi dire avec (t) Voir Rev. hort., 1861, p. 114, fig. 24-25. 283 CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE DE JUILLET). le type dont elles sortent, qui ont même été décrites et figurées, et dont il n’est nullement question; telles sont le Juglans regia hetcrophylla , vulgairement Noyer de Montbron, qu’à peu près tous les horticul- teurs connaissent; le/, regia gibbosa (1), dont les fruits, énormément gros, portent de toutes parts d’énormes bosses; le J. in- termedia py ri formis (2), le /. regia mono- heterophylla (3), forme des plus curieuses, qui n’a plus du type que le nom. Ses feuilles, qui sont toujours très-simples, en- tières, sont de formes très-diverses sur un même rameau ; ainsi, tandis qu’il en est qui sont suborbiculaires de 13 à 15 centi- mètres de diamètre, on en trouve d’autres, à côté de celles-ci, dont le limbe, allongé en forme de lance et très-longuement acu- miné, a de 3 à 5 centimètres de largeur sur 12 à 15 centimètres de longueur; le J. regia microcarpa (4), distinct par s#es feuilles très-petites et surtout par ses fruits qui, bien que très-bons à manger, sont de la grosseur d’une Noisette (nous en avons vu qui n’avaient guère que 1 centimètre de diamètre) ; le J. regia pendula, forme très- distincte par ses rameaux complètement pendants. Indépendamment de ces varié- tés, il en est beaucoup d’autres qui, pour être moins distinctes que celles dont nous venons de parler, n’étaient guère moins dignes d’être citées. Ainsi qu’on peut le voir par les quelques exemples qui viennent d’être cités, le fas- cicule du Prodromus dont nous parlons est donc, dès son apparition, très-incomplet. C’est, pourrait-on dire, un jeune vieillard. Il est né vieux , c’est-à-dire qu’en venant au monde il porte les signes de la cadu- cité ! Quand donc les botanistes comprendront- ils qu’ils doivent désormais compter avec la pratique, et qu’au lieu de travailler presque exclusivement dans ces sortes de nécropoles qu’on nomme herbiers , où ne trône que la mort, ils descendront dans les jardins, séjour de la vie, et où celle-ci se manifeste sous toutes ses formes! Là, du moins, si la nature cache encore ses se* crets, si elle ne se montre pas à nous toute nue, elle soulève du moins un coin du voile qui la couvre et semble nous inviter à regarder et à dire : Ose ouvrir les yeux et te servir de l’intelligence que je t’ai donnée ! — Le Chamærops humilis , vulgairement appelé Palmier nain, Çalmier d’Afrique, est, ainsi qu’on le sait, dans quelques pays chauds, un grand obstacle à la culture des champs qu’il a envahis, et que ce n’est • (1) Voir Rev. hort., 1861, p. 428, fîg. 101, 102. (2) Ibid., 1863, p. 28, fïg. 5, 7, 8. 3) Ibid., 1863, p. 130, fig. 17. 4) Ibid., 1861, p. 426. qu’avec beaucoup de peine et en faisant de grandes dépenses qu’on parvient à s’en débarrasser. Nous croyons devoir faire connaître un moyen très-fréquemment employé dans certaines parties de la Loui- siane pour détruire cette plante. Ce pro- cédé, des plus simples, consiste, après avoir coupé la tige un peu au-dessus du niveau du sol, à la fendre en ayant soin d’en tenir les parties écartées à l’aide de corps étrangers, tels que coins de bois, pierres, etc. De cette manière, l’eau et l’air qui pénètrent dans le centre de la tige ne tardent pas à faire mourir toute la plante. — Dans le Bulletin de la société horticole et agricole de Cannes du 5 juin 1867, nous trouvons la continuation d’une étude sur les diverses espèces de Palmiers qui peu- vent prospérer dans le canton de Cannes et dans l’arrondissement de Grasse. Cet arti- cle, dont M. Opoix est l’auteur, est digne d’attirerrattention, non-seulement de ceux qui se trouvent dans cette partie de la France, mais encore de ceux qui habitent des pays dont le climat est analogue. — La société d’horticulture de la Çôte- d’Or fera une' exposition d’horticulture à Dijon , les 27, 28 et 29 septembre pro- chain. Plusieurs médailles en or et en ar- gent seront mises à la disposition du jury pour être décernées aux lots qui auront été jugés les plus méritants. ■ — Dans le Mémoire de la société d’agri- culture, d’industrie, etc., de l’arrondisse- ment de Falaise pour 1866, nous trouvons un article très-intéressant sur la taille du Pêcher, par M. Jules Ravenel, président de la commission horticole de cette so- ciété. Dans cet article, M. Jules Ravenel, en quelques pages, avec un style clair et concis et à l’aide de dessins simples et faciles à comprendre, démontre toutes les opérations qu’il convient de faire su- bir soit aux bourgeons pendant l’été , soit aux rameaux lors de la taille pour avoir beaucoup de fruits tout en conservant des branches fruitières sur toutes les par- ties des arbres. M. Jules Ravenel ne palisse pas: il pince, mais un peu moins sévère- ment que M. Grin dont il ne rejette pas les principes, loin de là, mais qu’il n’applique pas à cause de la grande vigueur de ses arbres. Il recommande aux jardiniers le Pincement mixte inventé par M. Picot- Amet et dont tant de gens se disent au- jourd’hui les inventeurs. — Ainsi que nous l’avons annoncé dans notre dernière chronique, la société impé- riale et centrale d’horticulture de France a mis son local de la rue de Grenelle- Saint-Germain à la disposition du Congrès 284 CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE DE JUILLET). pomologique , qui se tiendra à Paris à par- tir du 19 septembre 1867; mais recon- naissant que toutes les parties de l’horti- culture sont sœurs, la société veut encore encourager le congrès en donnant des mé- dailles particulières aux horticulteurs qui, par leurs apports, auront le plus contri- bué à éclairer les travaux pomologiques. Ce n’est pas tout encore : à l’occasion de cette solennité la société impériale et cen- trale d’horticulture de France , voulant justifier son titre et montrer qu’elle est à la hauteur de son mandat, décernera des médailles aux jardiniers dont les bons et loyaux services auront été dûment et léga- lement constatés. C’est là une heureuse initiative dont on ne pourrait trop louer la société impériale et centrale d’horticulture de France; nous l’en félicitons au nom de tous, c’est-à-dire au nom de la science générale. C’est, en un mot, de la fraternité moins le nom, ce qui est peu important. Nous préférons la chose. — Dans le meme numéro du journal de la société impériale et centrale d’horticul- ture de France où est consignée la bonne nouvelle dont nous venons de parler , il est rapporté que Marco-Pacha, inspecteur général du service médical dans l’armée ottomane, a créé à Scutari, il y a cinq années, un jardin d’acclimatation de 100,000 mètres carrés (100 hectares) et dans lequel ce haut personnage a l’intention de créer un jardin botanique. Ceci est d’un bon augure, car rien n’éclaire comme la science, et celle-ci, de même que le soleil, répand au loin ses rayons, de sorte que tous les peuples ont à gagner à son exten- sion. Déjà, du reste, des bienfaits de cette création se font sentir. Abdullah-Bey, mé- decin d’état-major attaché à cet établisse- ment, a offert à la société impériale et centrale d’horticulture de France de choi- sir dans la collection de graines exposées par le gouvernement turc celles qui pour- raient être employées pour faire des essais de culture en France, offre que la société s’est empressée d’accepter. — Au sujet du Maclura aurantiaca plusieurs fois déjà il a été question dans ce journal, nous avons reçu deM.Ysabeau une lettre non-seulement très-intéressante, mais instructive et même utile sous cer- tains rapports économiques. La voici : Monsieur le rédacteur. Vous avez inséré, dans le numéro du 16 mars de la Revue horticole une courte, mais fort inté- ressante notice de M. Laforcade, sur la fructi- fication du Maclura aurantiaca , au bois de Boulogne. Dans cette notice le M. aurantiaca est pré- senté seulement comme arbre d’ornement d’un mérite incontestable; permettez-moi de rap- peler sa valeur comme arbre non moins utile qu’agréable. Lorsque je visitais le nord de l’Italie en 1835 et 1836, je remarquai dans les pépinières de M. Bonafous, près de Turin, des plantations d’une certaine étendue de M. aurantiaca , à côté des Mûriers Moretti et Multicaule alors en grande faveur. « Le M. au- rantiaca, me dit M. Bonafous, nous rend de temps à autre de grands services pour l’édu- cation des vers à soie. Quand les magnaniers, se fiant aux apparences d’un printemps pré- coce, font éclore de trop bonne heure les œufs de vers à soie, il arrive souvent qu’un coup de vent du nord passant par-dessus les glaciers des Alpes arrête la végétation des Mûriers non greffés dont la feuille est, sous le nom de pourrette, le premier aliment des vers à soie. Alors les jeunes vers récemment éclos sont exposés à mourir de faim en atten- dant que la température se soit adoucie et que la végétation du Mûrier ait repris son cours. Or l’expérience nous a démontré que la feuille du M. aurantiaca, arbre à végé- tation précoce que les froids tardifs du printemps n’arrètent pas, peut nourrir les vers à soie jusqu’au troisième âge sans com- promettre leur avenir, et leur donner le temps d’attendre le développement de la feuille du Mûrier qu’ils doivent convertir en soie. C’est pourquoi nous avons toujours, pour parer à un accident prévu, une réserve de M. auran- tiaca; on ne s’en sert pas tous les ans, mais on est heureux de la trouverai! besoin. » En Lombardie, j’ai retrouvé les réserves de M. aurantiaca sur les propriétés deM. de Monte- zemolo. Il résulte d’un rapport récemment publié par M. Guérin-Menneville sur l’état actuel de l’industrie séricicole en France,, que cette in- dustrie s’étend d’année en année vers le Nord; il signale de petites éducations bien réussies en Franche-Comté, en Bourgogne et même en Alsace. Nul doute que dans ces régions agri- coles, plus froides que celles où l’industrie séricicole est pratiquée en grand de temps immémorial, les retours imprévus de froids tardifs ne puissent donner lieu aux accidents si fréquents en Piémont et en Lombardie. On peut donc conseiller aux éducateurs de vers à soie, qui plantent des Mûriers au nord de la région des 01iviers,d’yjoindre quelques pieds de M. aurantiaca. Si ces observations vous semblent dignes d’intérêt, je vous serai fort obligé, monsieur, de leur donner place dans un des prochains numéros de la Revue horti- cole. Veuillez agréer, etc. A. Ysabeau. — Nous avons reçu de M. Ambr. Debau- chy, propriétaire aux Chaprais de Besan- çon (Doubs), une très-bienveillante lettre relative au Raisin que la Revue (1) a pu- blié récemment sous le nom de Précoce de Saumur. D’après M. Debauchy, cette variété n’aurait pas été obtenue par feu le comte Odart, mais bien par M. Courtiller; le célèbre viticulteur l’aurait seulement nommée. En homme qui connaît son sujet, (1) Voir Revue horticole, 1867, p. 211. 285 CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE DE JUILLET). M. Debauchy ne se contente pas de citer le fait, il le prouve par la reproduction d’un passage écrit par le comte Odart. Voi- ci ce passage : Mais un succès bien plus beau, bien plus curieux et je crois le plus précieux que les semeurs de pépins aient obtenu, tant pour la précocité que pour la qualité, est celui de M. Courtiller , directeur de la collection de vignes à Saumur. En conséquence, je me suis permis de donner à cette excellente nouveau- té le nom composé de Précoce musqué de ourtil/er. Ce Raisin est d’une saveur si fran- chement musquée, que je l’avais d’abord rangé dans la tribu des Muscats ; mais, sur l’affirma- tion positive de M. Courtiller, que ce cépage était provenu d’un pépin de Raisin à' Ischia, je l’ai ramené à cette place. Le fait le plus intéressant qui ressort de tout ceci, c’est que l’obtenteur de cette va- riété n’est pas feu le comte Odart , mais bien M. Courtiller, directeur de la collec- tion de vignes à Saumur, ce qui explique le qualificatifde Précoce de Saumur , qu’elle porte aussi. Il pourrait même se faire que cette dernière qualification ait été donnée la première et que, conformément à l’u- sage, elle doive prévaloir. — Dans une lettre que vient de nous adresser d’Hyères (Var) notre collègue M. Rantonnet, cet horticulteur nous in- forme que, le 24 juin dernier, on voyait déjà dans cette ville, chez M. François Mi- chel, horticulteur, un espalier de Chasselas, dont tous les raisins étaient mûrs. Si d’a- près ce fait on cherche à établir une com- paraison entre le climat d’Hyères et celui de Paris, on verra que la maturité du rai- sin, à Hyères, arrive environ deux mois avant celle de Paris. M. Rantonnet nous fait aussi savoir que le climat d’Hyères paraît être particulièrement favorable à la végé- tation de YEucalyptus glohulus, puisque de jeunes arbres, plantés en 1860, sont non-seulement très-beaux, mais qu’ils fruc- tifient et produisent de bonnes graines. Ce même horticulteur nous apprend en- core cette bonne nouvelle : que la récolte d’abricots est abondante ; que les Vignes, qui sont très-belles, sont jusqu’ici à peu près exemptes de maladie; mais aussi que la sécheresse est telle que les Oliviers en souffrent. — Dans le numéro 8 du Bulletin du cercle professoral pour le progrès de l'horticulture en Belgique , nous trouvons indiqué un nouveau procédé pour combattre les pu- cerons des Pêchers. Ce moyen aussi simple , et facile à employer qu’il est économique, consiste à faire une décoction de branches fleuries du Genêt sauvage, d'y joindre une certaine quantité d’eau pure et d’en proje- ter à l’aide d’une seringue sur les parties attaquées, ainsi qu’on le fait en pareil cas. Une seule aspersion, dit Fauteur de l’article, M. Ed. P., suffit pour débarrasser complètement les arbres envahis par les pucerons. L’auteur ajoute : « Un autre avantage de la décoction du Genêt consiste en ce qu’on peut la projeter sur les plantes en fleur sans endommager celles-ci , comme c’est le cas pour le jus de tabac. L’expérience a été concluante sur des Gé- ranium et autres petites plantes infestées de pucerons; son effet a été immédiat. » Nous engageons fortement tous ceux qui auraient à se plaindre du ravage des puce- rons à faire l’essai de la décoction de Genêt; nous craignons d’autant moins d’insister que l’on n’a rien à craindre de fâcheux de l’emploi de cette substance. — Il en est dans les sciences absolument comme dans nos habitudes. Dans celles-là, comme dans celles-ci, la modejoue souvent un grand rôle. Aujourd’hui on vante telle substance, elle est propre à tout, on l’em- ploie à tout et de toutes les manières : de- main il en sera autrement, ce sera le tour d’une autre. Ainsi hier, c’était le camphre, l’aloès, et aujourd’hui c’est l’acide phé- nique ou ses composés, les phéniates, etc. On parle même de remplacer le soufre par l’acide phénique pour guérir la mala- die de la vigne, et même, s’il faut en croire certain rapport (I), des expériences auraient démontré la supériorité de ce dernier. D’après un de ces rapports que nous avons sous les yeux, Y acide phénique doit être dilué en raison du moment de l’année et de la vigueur des végétaux aux- quels on le destine. En général, un kilo- gramme d’acide doit être partagé en quatre seaux de 12 à 13 litres chacun. L’acide phénique cristallisé doit être dissous dans 30 hectolitres d’eau. On emploie cette dis- solution en aspersion , c’est-à-dire qu’à l’aide d’une pompe on la projette sur toutes les parties malades, absolument comme lorsqu’on bassine des plantes. D’après ce même rapport on ne doit em- ployer cette substance que lorsque le fruit est formé. Sans rejeter l’acide phénique, nous re- commandons aux cultivateurs de ne pas abandonner trop légèrement l’emploi du soufre dont l’efficacité est bien connue, ce qui, pourtant, ne doit pas les empêcher d’essayer l’acide phénique; au contraire, nous le leur conseillons, car si c’est par l’expérience et par l’observation qu’on ap- prend à juger, pour juger les choses, il faut les connaître, et l’on ne peut les con- naître qu’en pratiquant. « C’est en for- geant qu’on devient forgeron. » E. A. Carrière. (1) Extrait du rapport de M. P. Billen adresse' à la société centrale d' agriculture de la Belgique sur la guérison de V oïdium au moyen des vapeurs d'a- cide phénique. 286 CHICORÉE FRISÉE. — UN ARBRISSEAU A RECOMMANDER. JARDINS RÉGULIERS. CHICORÉE FRISÉE HE Là PASSION La Chicorée frisée de la Passion, que nous avons vue à l’ex position internationale, nous a paru plus vigoureuse que la Chico- rée de Meaux. D’après MM.Courtois-Gérard et Pavard, qui ont exposé cette plante, sa rusticité est telle que l’on peut, sous le climat de Paris, la cultiver en terre sans abri. Les spécimens qui figuraient à l’Ex^ position avaient été semés dans le courant du mois d’août, repiqués en septembre; et le plant avait été définitivement mis en place en novembre. UN ARBRISSEAU Le titre de cet article, pour être exact, devrait être : Un Arbrisseau qui se recom- mande. Si la grâce dans le port, et la rus- ticité des plantes, jointes à l’abondance, à la durée et à l’odeur agréable des fleurs, sont des titres d’admission comme plante d’ornement, il en est peu, certainement qui puissent le disputer au Rétama , ou Genista sphærocarpa. Qu’on se figure un arbrisseau très-ramifié, à rameaux jonci- formes, les uns argentés, brillants, les autres verts, portant des quantités consi- dérables de petits épis, composés de 9-15 fleurs, petites, jaunes, répandant une odeur des plus agréables de fleurs d’oran- ger un peu adoucie, on aura une idée de la beauté de la plante dont nous voulons parler. Nous devons ajouter que ces ra- milles florifères sont placées à la partie supérieure des branches, où elles forment des sortes de girandoles légères et très- gracieuses, qui ont parfois 1 mètre et plus de longueur, sur 30 à 50 centimètres de diamètre. Mais comme rien n’est parfait, le R. sphæ- rocarpa est donc aussi dans ce cas; c’est un de ces arbres rebelles qui ne repren- nent presque jamais lorsqu’on les enlève DES JARDINS RÉGULIERS Liste générale des arbres, arbrisseaux et arbustes de pleine terre ou de serre sus- ceptibles d’être soumis à des formes qui les rendent propres à la décoration des jardins réguliers dits ci la française ou qui y sont convenables par leur port naturel (2). (1) Voir Revue horticole , 1867, pp. 226 et 258. (2) Plusieurs de nos lecteurs, peut-être, trouve- ront cette liste trop longue et nous reprocheront d’indiquer certaines plantes qui ne supportent pas la pleine terre ou qui sont délicates dans quelques localités. A ceux-là je dois dire : Le reproche serait Ainsi traitée, cette Chicorée est bonne à récolter en avril, époque où les jardins sont à peu près dépourvus de salades. Pour les personnes qui ne font pas de cou- ches, la Chicorée frisée de la Passion con- stitue une ressource des plus importantes; aussi croyons-nous devoir la recomman- der. On en trouve des graines chez MM. Courtois-Gérard et Pavard, marchands grainiers, rue du Pont-Neuf, près des Hal- les centrales. E. A. Carrière. A RECOMMANDER de la pleine terre. Pour cette raison on doit l’élever en pots,' afin de pouvoir le planter là où l’on veut l’avoir. Sous ce rapport il est, comme beaucoup d’espèces de Genêts, et aussi comme les Cytisus albus , filipes , nubigænus , etc. La multiplication du Rétama sphæro- carpa se fait par greffe et par graines. On le greffe sur des Cytisus laburnum qu’on a mis en pots et qui sont repris; on opère au printemps, et les jeunes sujets sont en- suite placés sous des châssis ou sous des cloches. Dans ces conditions la reprise s’opère promptement. On sème les graines au printemps; on sépare les jeunes plants l’année suivante et on les met en pots, qu’on place pendant quelque temps sous des châssis, puis on les enterre dehors, en les conservant en pots jusqu’au jour où l’on fait la transplantation. Presque tous les terrains peuvent rece- voir le Rétama sphærocarpa; mais ceux qui sont chauds et légers, plutôt secs que trop humides, lui conviennent de préfé- rence. Une position bien éclairée, plus ou moins fortement insolée est indispensable à cette espèce, si l’on veut en obtenir des graines. Briot. DITS A LA FRANÇAISE w Abelia, plusieurs. Acer, plusieurs. Absinthe argentée. Ajonc, plusieurs. Abutilon, plusieurs. Alaternes divers. Acacia (Mimosa) , plu- Amandier de Géorgie. sieurs. — de Perse et Acacia (Robiniay, plu- variétés. sieurs. — argenté. fondé, si je n’envisageais qu’un petit rayon, ce qui, ici, ne me paraît pas devoir être le cas. Au con- traire, j’ai pensé que la Revue étant lue dans pres- que tous les pays du monde, il valait mieux étendre que restreindre cette liste, de manière que chacun, suivant les conditions dans lesquelles il se trouve placé, pût faire un choix d’espèces appro- priées à ces conditions. UES JARDINS RÉGULIERS DITS A LA FRANÇAISE. 287 Amelanchier, plusieurs. Amorpha, plusieurs. Amygdalopsis Lindleyi. Andromeda, plusieurs. Anthémis Irutescens. Anthocercis picta.. Anthyllis barba Jovis. Aralia, plusieurs. Araucaria divers. Arbre de J udée et var. Arbutus, plusieurs. Ardisia, plusieurs. Atraphaxis spinosa. Atriplexhalimus. Aubépine et variétés. Aucuba et variétés. Azalées et variétés. Baccharis halimifolia. Baguenaudiers. Bananiers. Banks (rosiers). Berberis, plusieurs. Benthamia fragifera. Bibacier. Bignonia Stans. — Capensis. — grandiflora. Et plusieurs autres Te- coma. Biota (Thuya) plusieurs. Bohgainviliea divers. Boule de neige. Bouvardia, plusieurs. Broussonetia. Brugmansia, plusieurs. Bruyères (Erica), plu- sieurs. Budleya, plusieurs. Bugrane frutescente. Buis, plusieurs. Buisson ardent. Buplevrum fruticosum. Burchelia capensis. Calcéolaires ligneuses. Callistemon, plusieurs. Calycanthes divers. Camellia divers. Cantua dependens. Caragana, plusieurs. Cassia, plusieurs. Ceanothus, plusieurs. Celastrus, plusieurs. Cercis divers. Cereus, plusieurs. Cerisier renonculier. — de la Tous- saint. — laurier cerise. — laurier de Por- tugal. — laurier de la Colchide. — laurier du Cau- case. — de la Caroline. Cestrum divers. Chalef, plusieurs. Chamæcerasus, divers. Charme. Chêne vert et variétés. Chèvrefeuilles, plu- sieurs. Chimonanthes divers. Chionanthe de Virginie. Chorizema, plusieurs. Cistus, plusieurs. Citronniers variés. Clerodendrons , plu- sieurs. Clethra divers. Clianthus, plusieurs. Cognassiers du Japon et variétés. Cordyline, plusieurs. Cornouillers, plusieurs. Coronilla glauca. — pentaphylla. — emerus. Et plusieurs autres. Corylus, plusieurs. Çoioneasters, plusieurs. Crassulacoccinea et var. et plusieurs autres. Cratægus, plusieurs. Cunonia capensis. Cuphea platy centra. — strigulosa. Cycas etCycadées, plu- sieurs. Cytise, plusieurs. Daphné, plusieurs. Datura arborea et var. Daubentonia, plusieurs. Deutzia divers. Diervilla, plusieurs. Diosma, plusieurs. Diplacus, plusieurs. Dracæna, plusieurs. Duranta plumieri, Edwardsia divers. Eleagnus, plusieurs. Epines (cratægus), plu- sieurs. Erables, plusieurs. Erica, plusieurs. Eriostemon, plusieurs. Erythrina, plusieurs. Escallonia, plusieurs. Eucalyptus, plusieurs. Eugenia, plusieurs. Eupatorium, plusieurs. Eurybia, plusieurs. Evonymus, plusieurs. Fabiana imbricata. Fabricia lœvigata. Ferdinanda, plusieurs. Féviers, plusieurs. Ficus elastica. Ficus rubiginosa. Et plusieurs autres. Filaria, plusieurs. Forsythia divers. Fougères en arbre. Frênes, plusieurs. Fuchsia divers. Fusains du Japon et var. Fustet ou arbre à perru- que. Gainier ou arbre de Ju- dée et var. Gardénia, plusieurs. Garrya elliptica. Gatilliers. Genêt d’Espagne et plu- sieurs autres espèces et var. Géranium plusieurs. Gingko biloba. Gleditchia, plusieurs. Glycine de Chine et var. Gnidia, plusieurs. Goyaviers. Gomphocarpus frutico- sus. Grenadiers. Groseillier sanguin et var. — palmé. — doré. Et plusieurs autres. Habrothammus , plu- sieurs. Héliotropes divers. Hibiscus syriacus et var. Hibiscus Rosa Sinen- sis et variétés. Et plusieurs autres. Hippophae rhamnoïdes. Hortensia et variétés. Houx divers. Hovenia dulcis. Hydrangea quercifolia. Et plusieurs autres. Iochroma tubulosum. — Warscewic- sii. Ifs (Taxus) divers, lllicium, plusieurs. Indigofera dosua. Et plusieurs autres. Inga, plusieurs. Jasmin officinal et var. — d’Espagne. — des Açores. — jonquille. — triomphant. Et plusieurs autres. Jujubier. Justicia, plusieurs. Kalmia latifolia et var. Kerria Japonica et var. Kœlreuteria paniculata. Lagerstrœmia divers. Lantkna divers. Laurier franc ou d’Ap- pollon. Laurier-tin (Viburnum tirius). — rose et var. (Né- rium) . — du Caucase. — de Colchide. — cerise. — de Portugal. — de Caroline Et plusieurs autres. Lavatera maritima. — ôlbia. — arborea. Et plusieurs autres. Lentisque. Leonitis leonurus. Leptospermum , plu- sieurs. Leycesteria formosa. Lierres divers, Ligustrum (Troènes) plusieurs. Lilas, plusieurs. Lippia citriodora. Lonicera, plusieurs. Lopesia, plusieurs. Lotier Saint-Jacques. Lyciet, plusieurs. Maclura aurantiaca. Magnolia, plusieurs. Mahaleb. Mahonia, plusieurs. Malva, plusieurs. Melaleuca divers. Malvaviscus arboreus. Melia, plusieurs. Merisier à grappes et variétés. Mesembryanthemum , plusieurs, Metrosideros, plusieurs. Micocoulier, plusieurs. Mimosa, plusieurs. Montagnæa, plusieurs. Morelles ( Solanum ) , plusieurs. Muelhenbeckia numu- larioïdes. Mûriers, plusieurs. Musa divers. Myoporum, plusieurs. Myrthes divers. Néflier du Japon. Negundo et var. Nesœa salicifolia. Nicotiana glauca. Noisettier, plusieurs. Oliviers divers. — de Bohême. Ononis fruticosa. Opuntia, plusieurs. Orangers divers (ti- tras). Oranger des savetiers. Osiers ( Salix ) , plu- sieurs. Osmanthus fragrans. Padus et variétés. Paliurus aculeatus. Palmiers. Pavia edulis et autres. Pêcher à fleur double et variétés. Pélargonium, plusieurs espèces et var. Pervenche du Cap. Polygala, plusieurs. Philadelphus divers. Phlomis fruticosa. — leonurus. Photinia glabra. Phylica. Phytolacca dioica. Pistachier Lentisque. Pittospomm divers. Pivoines en arbre. * Plumbago Capensis. Poinciana Gilliesii. Polymnia divers. Pommier de Chine. Et plusieurs autres. Potentille frutescente . Prunellier double. Pruniers, plusieurs. Punica divers. Quercus, plusieurs. Raphiolepis, plusieurs. Rhamnus, plusieurs. Rhododendrons divers. Rhodotypus kerrioides. Ribes, plusieurs. Robinia, plusieurs. Rochea. Romarin. Rosiers divers. Salix, plusieurs. Sambucus ( Sureau ) plusieurs. Salvia lantanœfolia. — grahami. — leonuroïdes. — coccinea et cardi- nalis. Et plusieurs autres. Schinus molle. Seringa divers. Shepherdia, plusieurs. Sipanea carnea. Solandra grandiflora. Solanum, plusieurs. Sophora pleureur. Sorbus aucuparia et var. Et plusieurs autres. Sparmannie d’Afrique. Spartium, plusieurs. Sphæralcea, plusieurs. Spirées, plusieurs. Staphylea, plusieurs. Swainsonia, plusieurs. Symphorines diverses. Tamarins divers. Taxus divers. Tecoma, plusieurs. Teucrium fruticans. 288 LE RADIS A QUEUE OU RADIS SERPENT. Thermopsis Nepalensis. Thuya, plusieurs. Ti lia divers. Troënes divers. Ulex Europeus et var. Ulmus, plusieurs. Verbena, plusieurs. Vaccinium amœmun et autres. Yeronica Lindleyana et variétés. Veroniea decussata. — hybrida et var. — saiicifolia. Yeronica speciosa. Verveine citronnelle. Viburnum .( Viornes) , plusieurs. Y ignés, plusieurs. Vitex divers. Volkameria, plusieurs. Weigelia divers. Yucca divers. Westringia divers. Ziziphus sativus et var. Clémejnceau. LE RADIS A QUEUE OU RADIS SERPENT Il n’y a plus grand’chose à dire sur ce nouveau légume; il a été si bien décrit et figuré dans tous les journaux horticoles de la France (1) et de l’étranger, qu’il nous paraît inutile de revenir sur les caractères de cette curiosité du règne végétal. La graine de cette nouveauté ayant été assez abondante dans le commerce au printemps dernier, et d’un prix un peu plus abordable que l’année précédente (au lieu d’une guinée que coûtait chaque grain en 1866, elle ne se vendait guère plus que 25 à 60 centimes en 1867), tous les ama- teurs ont pu s’en procurer et faire des essais qui leur ont permis, à l’heure qu’il est, de se rendre un compte assez exact du mérite de cette plante, qui, disons-le toqt de suite, devra être cultivée plutôt comme curiosité que comme légume. Il nous paraît en effet très-douteux que l’on puisse accepter sur une table tant soit peu bien tenue et adopter comme hors-d’œuvre quotidien ces siliques vertes ou d’un vert rougeâtre, variant en longueur de 15 à SOfcentimètresus qu’à 1 mètre, qu’il fau- dra manger en s’y reprenant à plusieurs fois, à moins qu’on ne les coupe en un certain nombre de morceaux, qui seront alors d’un aspect peu engageant. Joignez à cela que le goût de ces siliques n’a rien de bien flatteur pour les palais tant soit peu délicats. Que l’on se figure, en effet, un goût de vert, analogue à celui des feuilles de Radis ordinaires, avec addition d’une petite sa- veur piquante, et l’on pourra se faire une idée assez exacte du mérite de ce nouveau légume, tant vanté, et prôné surtout pour être mangé cru à la croque-au-sel, à la façon des petits Radis. — Reste à savoir si accommodé d’une autre façon, soit con- fit au vinaigre, soit cuit (ce qui est l’affaire de cuisinier), on n’arrivera pas à donner à ce légume des qualités qu’il ne paraît pas posséder naturellement. Pour ce qui est de la culture, elle est des plus simples. Si l’on cherche à traiter le Radis serpentou comme primeur, on devra semer en terre, sous bâches ou sur couches, à la fin de l’hiver et d’autant plus tôt qu’on voudra obtenir plus promptement le développement des siliques. Il va de soi que dans ce cas les plantes devront être te- (1) Yoir Rev. hort ., 1866, p. 471. nues constamment sous verre. On sèmera donc .en janvier ou février pour cueillir déjà un peu en avril, et surtout en mai-juin ; et l’on sèmera en mars-avril pour récolter en juin, juillet et en août. — Le semis se fera soit en place et à même la couche, soit grain à grain dans des godets, en rempo- tant et en augmentant la dimension des pots à mesure que le développement des plantes, qui est d’ailleurs assez rapide, l’exigera. La terre dont on se sert ordinairement pour les semis de Melons, Tomates, Aubergines et, en général, pour tous les légumes cultivés comme primeurs, con- viendra parfaitement au Radis serpent; ou Radis à queue ( Raphanus caudatus, Linné fils), les mêmes soins et température que ceux exigés par les plantes susdites lui seront aussi nécessaires. Des tuteurs seront alors indispensables pour soutenir les tiges et ramifications chargées de leur fruits ressemblant à de longs serpents verts ou vert rougeâtre. On pourrait semer les graines de Radis à queue sur vieilles cou- ches en plein air ou bien en place dans le de potager en avril à bonne exposition, ou mieux en mai, tout comme s’il s’agissait des Radis ordinaires, en mettant 1, 3 ou 5 graines à chaque poquet, que l’on espacera de 50 à 60 centimètres ; on obtiendra alors, vers la mi-juillet, des siliques assez abondantes qui devront arriver à leur complet développement en août. Un des points les plus importants à noter dans la culture du Radis serpent, c’est que dans cette espèce (ou plus proba- blement variété ), ce que l’on cherche a obtenir n’est point, comme dans les autres Radis, une racine charnue, car ici elle ne l’est pas ou fort peu; mais bien les fruits, qui se développent naturellement après la floraison, sur des plantes qui sont susceptibles de s’élever depuis 50 centi- mètres jusqu’à 1 mètre et qui se ramifient beaucoup, si les conditions de culture lui sont favorables; en sorte que chaque plante peut arriver à former un buisson très-volumineux. Les fleurs, qui ne dif- fèrent pas de celles des Radis de nos pota- gers, sont assez nombreuses, d’un blanc rosé ou rose lilacé veiné, disposées au sommet de toutes les ramifications en grappes lâches, en sorte que, lorsque BUDDLEIA CU R VI FOLIA. ORNEMENTATION DES JARDINS DE CHERBOURG. 289 beaucoup de ces fleurs nouent, chaque tige ou chaque ramification se termine par des grappes de siliques qui pendent en se tortillant jusqu’à terre, et qui s’allongent parfois au point de serpenter sur le sol, ce qui donne à cette plante ainsi chargée de ses fruits un aspect des plus singuliers. Nous avons dit tout à l’heure, et avec intention, que le Raphanus caudatus pourrait fort bien n’être point une espèce, mais bien plutôt une variété; ce qui nous fortifie dans cette opinion, c’est que parmi les pieds que nous avons eu l’occasion d’observer, il s’en trouve un certain nom- bre chez lesquels les siliques sont bien moins longues que de coutume, et d’autres chez lesquels les siliques, réduites à quel- ques centimètres, ne sont déjà plus pen- dants, et ont une position oblique ou un peu dressée, qui les fait se rapprocher beaucoup de nos variétés, cultivées et plus particulièrement de celle qui a été vendue et répandue il y a quelques années sous le nom de Radis de Madras . Il se pourrait donc fort bien que ce soi-disant faux Ra - phanus caudatus n’ait été autre chose qu’une des variétés à silique raccourcie que nous voyons apparaître dès les pre- mières générations dans le Radis serpent ou Mouyri de Java (1). Mayer de Jouiie. (1) Il y a même lieu de supposer que les grai- nes mises dans le commerce en 1867 n’ont point été récoltées en Europe, l’année 1866 ayant été trop défavorable pour que cette culture ait pu réussir assez pour fournir tout ce qui en a été vendu; nous avons même quelques raisons de croire que ces graines ont été importées directement de Java ou de contrées analogues , en sorte que ces variations ne sauraient être dues à un jeu avec les variétés I potagères cultiv.ées en Europe. BUDDLEIA CURVIFOLIA Bien qu’introduit depuis quelques an- nées le Buddleia curvifolia , Rgl, est peu répandu et à peine connu dans les cul- tures. C’est pourtant un très-joli arbuste, l’un des plus beaux peut - être de ceux qui ont été introduits dans ces derniers temps. C’est une de ces plantes dont on peut re- commander la culture à tous. Voici l’indi- cation des caractères qu’elle présente : Arbrisseau très- vigoureux et très-ra- meux, formant un buisson compacte, sub- sphérique. Ecorce des branches blanche, couverte d’une pellicule grise fendillée, qui se détache en lames longitudinales. Bourgeons quadrangulaires très-largement ailés sur les angles. Feuilles opposées ca- duques, très-courtement pétiolées, lancéo- lées, entières, longuement acuminées en pointe au sommet, courtement atténuées à la base, atteignant 20 centimètres et.plus de longueur sur environ 5-7 de largeur dans leur plus grand diamètre, minces, molles, fortement nervées. Fleurs disposées en épis terminaux qui atteignentjusque25centimè- tresde longueur, sessiles et réunies en petits groupes sur l’axe ou rachis, et accompa- gnés chacun d’une bractée linéaire extrê- mement étroite, beaucoup plus longue que les fleurs. Corolle longuement tubulée à peine évasée au sommet qui est courte- ment quadrilobé, de couleur violet rosé, gris pulvérulent à l’extérieur. Le Buddleia curvifolia commence à fleu- rir à Paris dans la première quinzaine de juin; sa floraison se prolonge pendant deux mois environ. D’où vient-il? Sur ce point nous ne pouvons rien assurer. D’après les quelques renseignements quenous avons reçus, il paraît d’origine asiatique, proba- blement de parties voisines du fleuve Amour. Sa multiplication est des plus faciles, à l’aide de boutures herbacées que l’on fait sous cloche pendant l’été. On peut aussi la faire par graines, que cette espèce donne abondamment. Tous les terrains, pourvu qu’ils ne soient pas exclusivement argileux, paraissent convenir au B. curvi- folia. Bien que cette espèce ait résisté en pleine terre depuis deux ans au Muséum, nous croyons néanmoins qu’il est prudent de la garantir pendant l’hiver, du moins sous le climat de Paris, et même qu’il est prudent d’en conserver quelques pieds en pots, qu’on rentrera dans une orangerie pendant l’hiver. E. A. Carrière. ORNEMENTATION DES JARDINS DE CHERBOURG Les Fougères arborescentes des environs de Cherbourg et les rochers artificiels de ses petits jardins. Cherbourg, dont j’ai déjà parlé tant de fois, est pour moi un sujet inépuisable. Aujourd’hui je vais dire quelques mots des Fougères arborescentes, qu’on rencontre dans ses environs. Certes il ne faut pas s’at- tendre à rencontrer là ces grandes espèces antédiluviennes, qui se sontconservées dans les climats plus chauds que les nôtres. Ce- pendant la sage et bonne nature a laissé exister, dans nos pays septentrionaux , quelques espèces de belles Fougères qui ont survécu aux grands cataclysmes qui 290 SOLANUM ACANTHOCARPUM. UN NOUVEL ARROSOIR. ont bouleversé notre sol dans les temps primitifs. Je parlerai d’abord du Lastrea filix mas. Cette belle plante, au stipc gros et charnu, se rencontre souvent dans nos environs, avec des troncs de 40 à 50 cen- timètres d’élévation couronnés par une dizaine de belles frondes bipinnées de 1 mètre de longueur. On ne peut rien ima- giner de plus léger, de plus gracieux et de plus ondoyant que son feuillage. Dans les mômes lieux se rencontre aussi le Polysti- chum tonacetifolum. Cette plante ne le cède pas en beauté à la précédente. Son gros tronc paléacé, de la même hauteur à peu près que celui de l’espèce précédente, se couronne de frondes plus longues, plus larges et plus belles. Elles atteignent souvent de lm 60 à lm 80 de longueur sur 50 à 60 centimètres de largeur. Leur aspect a de l’analogie avec celui si remarquable des Cyathect et des Alsophila de la Nouvelle-Zélande et de l’Australie méridionale. Je ne doute pas que si le sol de notre vieille Normandie était vierge, comme celui de ces régions lointaines, on ne trouvât chez nous des Fougères avec des troncs de 1 à 2 mètres de hauteur, comme dans ces pays où la végétation s’est conservée pure et intacte, exempte qu’elle a été jusqu’à nos jours des ravages de l’homme civilisé. L’emploi que l’on peut faire de ces beaux végétaux, tels que nous les avons pour l’ornementation des parcs et des jardins, est très-avantageux. On ne peut rien imaginer de plus gra- cieux, par exemple, que les grandes et belles feuilles de Polyslichum dilatatum se balançant sur les petites pièces d’eau et sur les rochers artificiels que l’on fabrique si bien aujourd’hui, et dont notre époque est si avide. A propos des rochers artificiels, je vais dire quelques mots de ceux que M. Lethui- lier, simple ouvrier de l’horticulture, a construits à Cherbourg et dans ses environs. Certôs les rochers qu’il a établis ne ressem- blent en rien aux beaux travaux que l’on fait dans .ce genre à Paris. Ce ne sont pas des montagnes bâties avec de la chaux et du sable; mais en les apercevant on croi- rait voir des soulèvements naturels, occa- sionnés par des bouleversements qu’a subis notre globe, lorsqu’il était encore près de son incandescence. Loin de moi la pensée de chercher à amoindrir le mérite des hommes de talent qui ont fait élever dans les parcs et les squares de Paris ces mon- tagnes si artistement faites, et que généra- lement on admire; mais je tiens à faire ressortir le vrai mérite de M. Lethuilier, dans l’imitation qu’il a faite de la nature vierge et sauvage. Nos serres et nos jardins sont aujour- d’hui remplis des œuvres de cet homme de goût, qui donnent à nos demeures urbai- nes un cachet qu’on trouverait difficile- ment ailleurs. Je suis heureux, tout en faisant ressortir les beautés de notre pays, de rendre jus- tice à un simple ouvrier qui le mérite sous tous les rapports. De Ternisien. ' SOLANUM ACANTHOCAKPUM Le Solanum acanthocarpum est un ar- brisseau de- 4 à 5 mètres de hauteur, ra- mifié et d’un port tout différent de celui des autres espèces de ce même genre. C’est un arbuste excellent pour former des haies là où il peut croître en plein air. J’en ai reçu des graines de la Cochin- chine, et je le cultive à Hyères depuis plu- sieurs années. Le S. acanthocarpum , insi- gnifiant comme plante d’ornement, peut rendre dé grands services dans la formation des haies, et, sous ce rapport, aucun autre végétal ne semble pouvoir rivaliser avec lui. Dans la région méditerranéenne, il se développe très-vite, et, dès la deuxième année de sa plantation, les branches, ar- mées de fortes épines de couleur fauve, forment une clôture à travers laquelle ne peuvent pénétrer ni les hommes ni les animaux. Les fieurs sont petites, et les baies, qui atteignent la grosseur d’une Pomme, sont d’une couleur vert foncé avant la matu- rité. Les graines mûrissent parfaitement à Hyères. La multiplication du S. acanthocar- pum se fait très-facilement par semis ; on peut dès l’année suivante repiquer les plantes en pleine terre, pour en faire des haies; pour cela il convient de les planter à 50 centimètres de distance l’une de l’autre. Rantonnet, Horticulteur à Hyères (Var). UN NOUVEL ARROSOIR Dans la numéro du 16 juin de la Revue horticole (p. 224), notre rédacteur en chef, M. Carrière, a parlé d’une modification ingénieuse apportée par M. Ravenau aux tuyaux d’arrosage ordinaires. M. Ravenau a modifié également le simple . 4 . * , IltoucJ Horticole F F.Yerna. Pinxt lmp Zanoier.des Boulanger s, 13 .Pan.? H Limim i ri^ynuni Horticole , Tmp Zanote r. des Boulangers, 13, P ans F Yema Pmx. Raisin Vert de Madère RAISIN VERT DE MADÈRE. 291 arresoir de jardin, — et cela d’une ma- nière très-heureuse. Les arrosoirs qu’il cons- truit (fig. 29) sont munis d’un tuyau assez long, à l’extrémité duquel est fixée une petite languette de cuivre dont on voit très- bien la disposition dans la ligure 30. Celte languette, placée sur le passage du jet, à sa sortie du tuyau, divise l’eau et l’éparpille en nappe régulière. Elle rem- place par conséquent la pomme des arro- soirs ordinaires. Diminuez de plus en plus l’orifice de sortie de l’eau, et vous obtiendrez une nappe liquide très- légère. C’est ainsi que sont fabriqués les arrosoirs destinés aux bassi- nages : l’orifice de sortie est réduit à un petit trou rond, qui ne laisse passer qu’une faible quantité d’eau et la répartit sur une grande surface. On peut voir les arrosoirs Ravenau et les tubes d’arrosage du même inventeur dans le jardin réservé du Champ de Mars et à l’exposition agricole de Billancourt. B. Durand. RAISIN VERT DE MADÈRE Voici une variété qui devrait être dans tous les jardins, et qui cependant est à peine connue si ce n’est peut être de quelques amateurs. Peut-être quelque lecteur de la Revue pourra-t-il nous renseigner sur l’é- poque de son introduction? Tout ce que nous savons sous ce rapport, c’est que M. le comte Odart a été un des premiers à la cultiver dans ses collections. Ce Raisin n’est pas le seul qui nous vienne de Madère, si même il en vient, et nous ne pensons pas que ce soit lui qui serve ex- clusivement à la fabrication du vin de ce nom. Nous devrions peut-être dire qui ser- vait, car depuis l’envahissement de l’oï- dium il paraîtrait que la production du vin dans cette île serait à peu près nulle, les vignerons n’ayant pas combattu la ma- ladie par le soufre. Heureusement que de nos jours des industriels intelligents sont parvenus à imiter avec les raisins indigènes additionnés probablement d’une certaine dose d’alcool les vins de Madère et autres, de façon à tromper des palais même exercés. Le Raisin vert de Madère est de moyenne grosseur, les grains sont un peu serrés, de sorte qu’on se trouve bien de pratiquer le ciselage ; la grappe atteint parfois une as- sez grande longueur, et quand ce cas se présentera, on fera bien d’en rogner l’ex- trémité. La pulpeest croquante, très-sucrée, de qualité exceptionnelle, tellement bonne, que nous ne comprenons pas — nousne sau- rions trop le répéter — que cette variété ne soit pas plus répandue. La maturité est des plus précoces , devançant le plus souvent celle du Chasselas de Fontaine- bleau. Enfin le cep est très-vigoureux et fertile. Le seul reproche qu’on pourrait adresser à cette variété serait de manquer de transparence. À parfaite maturité ce- pendant et à bonne exposition, les grains prennent une légère teinte rosée fort at- trayante. R convient lorsqu’on plante des pieds de Vigne vert de Madère de les espacer un peu plus qu’on le fait pour certaines autres variétés, d’abord en raison de sa vigueur et aussi du caractère que présentent les mé- rithales d’être assez éloignées. Jamin fils. 2Ü2 LINUM TRIGYNUM. — EXPOSITION UNIVERSELLE D’HORTICULTURE EN 1867. LINUM T] L'espèce que nous figurons ici n’est pas nouvelle, tant s’en faut, mais elle n’en a pas moins de droits à notre admiration, car si elle n’est pas la plus belle, c’est du moins l’une des plus méritantes que l’on puisse cultiver. En effet, peu délicate, vigoureuse et d’une culture facile, elle est presque toujours en fleur. Voici les caractères qu’elle présente : Arbuste suffrulescent^très-rameux, pou- vant atteindre 1 mètre et plus de hauteur et presque autant de diamètre. Feuilles pétiolées, alternes, ovales-elliptiques, lon- guement atténuées à la base, arrondies, obtuses au sommet qui porte un mucro- nule aigu, glabres, vert foncé en dessus, glauques en dessous, et parcourues par des nervures saillantes. Fleurs nombreuses, pédicellées, solitaires à l’extrémité de pe- tites ramilles axillaires, d’un très-beau jaune orangé. Calyce tubuleux, renflé à la base à cinq divisions inégales , aiguës, resserrées au sommet. Corolle monopétale tubuleuse, bientôt largement ouverte (rota- cée), à cinq divisions étalées, largement obovales. Style dépassant de beaucoup les étamines, mais moins long que la corolle , à stigmate capité , claviforme. Le Linum trigynum , Roxb. est origi- naire des Indes orientales. Sous le climat de Paris, on doit le tenir l’hiver en serre tempérée, en le plaçant très-près du verre. Une terre substantielle composée de terre franche et de terre de bruyère, est celle EXPOSITION UNIVERSELLE En ouvrant le compte rendu des concours principaux de la septième série nous som- mes heureux de constater que , amateurs, horticulteurs et botanistes, ont pu égale- ment admirer les produits soumis à l’examen du jury. En effet les Pélargonium zonale-in- quinans , ces plantes omnibus , ne récréaient pas seulement les yeux par les variétés si diverses de leurs fleurs avec les Fougères arborescentes, ils procuraient aux savants l’occasion de poursuivre leurs observations, soit sur les formes, soit sur la duplicature des fleurs. Aussi, devant un pareil résultat, n’hésitons-nous pas à dire que tous ceux qui ont visité l’Exposition pendant la pré- sente quinzaine ont ratifié , par leur ad- miration, la qualification que nous avons donnée aux Pélargonium zonale-inqui - nans, en les appela ni plantes indispensables des jardins du dix-neuvième siècle. Puisque (1) Voir Revue horticole 1867, pp. 173, 193, 214, 234, 252 et 272. IGYNUM qui lui convient. Quant à sa multiplication on la fait de boutures de bourgeons semi- ligneux, lorsqu’ils n’ont pas de fleurs. Il va sans dire que ces boutures, qui sont en- core herbacées et couvertes de feuilles doivent être placées sous une cloche, dans la serre à multiplication. Quoi que l’on ait fait jusqu’à ce jour, on n’a pas encore pu obtenir de graines du L. trigynum. Les fécondations qu’on a faites, soit à l’aide des propres organes de cette espèce, soit en se servant de pollen d’espèces voisines, n’ont donné aucun résultat, et cela bien que les organes sexuels soient en apparence très-bien constitués. 11 a y eu parfois gros- sification plus ou moins grande de l’o- vaire, mais c’est tout : de graines pas. Planté en pleine terre. en serre froide, le Linum trigynum , à partir de l’automne jusqu’au printemps, est constamment cou- vert de fleurs; c’est sans aucun doute une des meilleures plantes pour garnir les jardins d’hiver. Faisons toutefois remar- quer que cette floribondité a un petit in- convénient; car les fleurs, qui se renouvel- lent sans cesse, tombent à mesure qu’elles se passent, et comme elles sont d’une na- ture molle, elles se collent aux jeunes ra- mifications, dont elles déterminent la pourriture. Il faut donc exercer une certaine surveillance et avoir soin d’enlever les fleurs au fur et à mesure qu’elles se dé- tachent. L. Neumann. ^HORTICULTURE DE 1867 (1) l’occasion s’en présente faisons connaître les raisons de notre préférence pour ces végétaux : d’abord, et en ne les considérant qu’au point de vue de la culture propre- ment dite, ils sont rustiques, vigoureux, d’une conservation et d’une multiplication faciles; ensuite, par rapport à leur mérite décoratif, nous remarquons, outre une va- riété de coloris allant, par la dégradation naturelle, des nuances les plus vives jus- qu’au blanc pur, une prédisposition unique à se couvrir de fleurs depuis les premiers jours du printemps jusqu’aux gelées. Ajoutons que , si nos semeurs ont déjà obtenu des variétés à fleurs pleines, la nature a voulu les encourager ou les sur- passer, en faisant naître une variété à fleurs- pleines sur un sujet à fleurs simples. Ce lait très-remarquable s’est produit dans les cultures de M. Charmeux, sur un Pélar- gonium dit Tom Pouce, c’est-à-dire sur la variété la plus floribonde et la plus naine EXPOSITION UNIVERSELLE d’hOR TICULTURE EN 1867. 293 du genre, probablement pour détruire l’opinion admise comme règle que les Pé- largonium à fleurs pleines devaient pro- duire beaucoup de bois et peu de fleurs. Pour nous qui avons défini l'action de la nature (1) par cette phrase : Unité de principes dans la création; variété illimitée de transformations dans la vie comme dans la reproduction , nous applaudissons au ré- sultat, sans nous étonner de voir qu’il s’est produit. Mais nous demandons comment ceux qui affirment que la nature doit se soumettre à la volonté et aux règles po- sées par les théoriciens , expliqueront pourquoi les fleurs se développant sur une des branches sont pleines, tandis que toutes celles produites sur les autres bran- ches de la même plante n’ont subi aucun changement? Après cette digression, nous abordons le compte rendu des concours. Le premier : Pélargonium zonale - inquinans réunis en collection, mettait en présence MM. Thi- baut et Keteleer et la société de Clermont (Oise). En présence de la bonne culture, de la beauté, de la régularité et de la vigueur des sujets ainsi que du choix dans les va- riétés composant l’apport de MM. Thibaut et Keteleer, Je jury a regretté de ne pouvoir disposer d’une récompense plus élevée qu’un premier prix; tous ceux qui comme nous ont pu admirer cette exposition com- prendront les regrets du jury et s’y asso- cieront. Pour nous dont la mission se borne à constater, ne pouvant nommer toutes les plantes formant ce lot, nous avons noté comme variétés hors ligne : Harry Power, variété très-floribonde , servant à faire de charmantes bordures; Les misérables , à fleurs couleur écarlate brillant; Madame Gueffier , à fleurs couleur saumon bordé de blanc ; Jules César , Diogène , Monsieur Barillet et Impérial , toutes variétés à fleurs d’un rouge écarlate plus ou moins foncé; Saint-Fiacre , ancienne mais toujours bonne variété; Beauty [Henderson), à fleurs cou- leur saumon lavé de blanc sur le bord de pétales ; Pinck Pearl (nosegay), à fleurs couleur rouge carminé ; Massena (nose- gay) rouge carminé ; Beauté de Suresnes, à fleurs rose vif avec macule blanche ; Comtesse de Chambord, à fleur blanche. La société de Clermont avait envoyé une belle collection comme variété, mais de- vant la supériorité des produits exposés par MM. Thibaut et Keteleer le jury n’a pu lui décerner qu’un troisième prix . ' Les plantes présentées dans le concours des variétés à fleurs pleines: à l’exception de celle nommée Gloire de Nancy, qui est très-recommandable, nous paraissent avoir été choisies, non pas comme sujets à culti- (lj 1867, page 260. ver dans les jardins, mais bien comme spé- cimen destiné à faire suivre pas à pas les transformations subies par cette nouvelle section. M. Lemoine, horticulteur à Nancy, seul exposant dans ce concours, a obtenu un second prix. Le même M. Lemoine, re- cevait un premier prix pour la variété à à fleur pleine nommée Madame Charmeux, produit dont nous avons donné l’origine en tête de cet article. La propriété de ce Pélargonium, jeu de la nature, fixé par le bouturage , a été achetée par l’exposant à M. Charmeux, chez lequel la modification a eu lieu. Nous arrivons au concours des variétés nouvelles obtenues de Semis. Nous aime- rions à dire que si elles étaient nom- breuses, elles étaient également méri- tantes; nous ne le pouvons, car si d’un côté nous aimons avec passion les Pé- largonium, de l’autre nous sommes devenu difficile pour accepter toutes ces nouveau- tés qui ri’ont le plus souvent de nouveau que le nom, ou dont les différences sont le résultat du milieu dans lequel les plantes se trouvent placées. Le jury a examiné le lot de M. Cassier, auquel il accordait un premier prix pour trois gai ns savoir: 1 ° Sur- * passe Beauté de Suresnes , variété qui, se- lon nous, ne diffère de celle nommée tout simplement Beauté de Suresne que par le mot Surpasse et une végétation plus luxu- riante, résultat d’une culture qui fait hon- neur à l’exposant ; 2° Paul Poitelon, genre de Prince Impérial ; 3° Mademoiselle Amélie Poitelon , genre de Henriette Benoult. En- suite venait le lot de M. Tahar, qui a reçu un second prix pour deux gains : 1 ° Edouard Tabar, genre de Jules César ; 2° Angeline labar , de la section des uniques, déjà nom- breuse en variétés trop peu différentes. Enfin la tâche du jury se terminait par l’examen des 9 ou 10 gains obtenus par M.Chardine, auquel a été donné un second prix pour les variétés : Monsieur Lan- glois; Monsieur Barillet; Monsieur Harrey. Dans l’exposition de Fougères arbores - centes, M. Chantin, horticulteur à Paris, recevait quatre récompenses, savoir : 1° un premier prix pour sa collection composée de sujets remarquables, soit par la vigueur, soit par leurs dimensions; citons : Balan - iium antarticum ; Cibolium princeps; Cya- thea medularis ; Cyathea Beirichiana ; Lo- maria cycadæfolia, que tous les connais- seurs s’accordent à regarder comme desti- né à jouer un grand rôle dans la décora- tion des jardins pendant l’été; 2° un premier prix pour lot de six sujets ayant au mini- mum 30 centimètres de hauteur ; 3° un premier prix pour sujet de 1 m 50 de tronc au minimum; 4° enfin un troisième prix pour une Fougère arborescente , obtenue de semis, dont le feuillage fort intéressant au 294 EXPOSITION UNIVERSELLE d’hORTICULTURE EN 1867. point de vue de l’étude des modifica- tions que peut subir l’espèce type, n’a, se- lon nous, de mérite que par ses feuilles qui semblent avoir été dévorées par les chenilles, fait, qui, il faut le dire, n’a rien d’agréable. Pour terminer ce qui regarde le con- cours de Fougères arborescentes , nousmen- tionnons dix plantes exposées par M. Lin- den comme nouvelles et récompensées par le jury d’un premier prix. Ce sont : Also- piiila denticulata ; A. ornata ; A.pygmæa ; A. gigantea; A. Scheffheriana ; A. ama- zonica ; A. elegantissima ; Alsophila sp.? ; Dicksonia chrysotrycha et Cyathea f une- bris, une de plus belles. Dans les concours accessoires, nous trou- vons celui désigné au programme sous la rubrique : Plantes utiles et officinales exo- tiques, un lot exposé par M. Linden que le jury a récompensé d’un premier prix ; un second prix a été accordé à M. Van Huile, jardinier-chef du jardin botanique de Gand. Parmi toutes ces plantes nous avons re- marqué : dans la collection de M. Linden, la Canelle douce ( Cinnamomum dulce ); le Café moka ( Coffea moka) ; le bois deCam- pêche ( Hæmatoxylum Campechianum) ; la Noix vomique ( Strychnos nux vomica ) ; le Giroflier, ou arbre au clou de girofle (Ca- ryophyllus aromaticus); le bois de palis- sandre ( Machærium firmum ); le Musca- dier de Guinée ( Monodora grandijflora ) ; le Quinquina royal ( Cinchona calisaya ); le Poivre noir ( Piper nigrum). Dans celui de M. Van Huile, le Bananier de Chine Musa Sinensis), avec un beau régime de bananes ; le Durian ( Durio zibethinus) un des meilleurs fruits de l’Inde. • En suivant le programme officiel, nous passons aux concours des Orchidées en fleur, M. Luddemann a reçu le premier prix pour une collection dans laquelle figuraient: Den- drobium formosum giganteum , aux larges fleurs de couleur blanche à macule jaune; Saccolabium Blumei; Cypripedium Slonei; Renanthera matutina , curieuse orchidée javanaise, aux fleurs de forme originale et de couleur rouge pourpre. Dans la col- lection de MM. Thibaut et Reteleer qui a été récompensée d’un second ' prix, on re- marquait Cattleya amethystoglossa, à char- mantes fleurs fond blanc lilacé pieté de carmin violacé avec le labelle violet; Sacco- labium curvi folium, originaire de Ceylan, à fleurs en grappes, rouge vif lavé de jaune orange foncé; plusieurs variétés de Cattleya , Lælia , Cypripedium. Comme dans le concours précédentsnous devons encore remercier M. le comte de Nadaillac et M. Guibert de leurs envois, faits simplement en vue d’augmenter la beauté de l’exposition, mais qui contenaient des plantes fort curieuses telles que : An- græcum sesquipedale , Dendrobium ebur- neum , Miltonia stella, ta, Yanda Roxburgii var. cœrulea, etc., etc. En poursuivant l’énumération des con- cours ouverts pour les plantes de serre chaude, nous trouvons celui des Gloxinia réunis en collection. Après avoir examiné avec toute l’attention qu’elles méritaient les quatre collections exposées, le jury a décerné : un premier prix à M. Bonatre ; un second prix à M. Loise-Chauvière ; un troisième prix h. M. Rieul-Poulignier; enfin une mention honorable à MM. Thibaut et Keteleer pour variétés parmi lesquelles nous avons distingué: Léon de Freminville ; A. Bonnard variété ancienne mais toujours belle; Mademoiselle Jeanne Prévost, à fleur violet clair striée de blanc, ornée d’un beau cordon violet pourpre à l’orifice du tube; Acton , gorge bleuâtre striée de blanc; Star, gorge blanche dont les lobes et le cordon sont de couleur bleu pâle; Elvire, fond blanc à bord violet pensée. La col- lection de M. Loise-Chauvière mérite égale- ment une mention spéciale que nous lui donnerons en signalant au public quelques variétés très-remarquables telles que : Pé- gasse, Eclat, Cordon céleste, Ernest Be- nary, fleurs à gorge blanche et cordon bleu. Mentionnons, en passant, les concours de Bégonia, deuxième prix à M. Touchais; troisième prix à M. Delamotte, qui recevait une mention honorable pour son lot de 25 Bégonia (espèces). Après cela nous trou- vons les concours de Pétunia à fleurs plei- nes ; la collection de M. Rendatler était belle et a reçu le premier prix. Nous indi- querons comme variétés remarquables : Fantastique, Pauline Nenner , Madona , Laurence Booth, Madame Drevay. M. Ren- datler présentait ensuite une très-belle collection de Pétunia à fleurs simples que le jury récompensait d’un premier prix comme irréprochable sous le triple rapport de la nuance, de la forme des fleurs et de la culture des sujets, les variétés les plus recommandables sont : Dominiana, Louise Rollin , Admiration, Etoile du matin , Ma- dame Eyth, à fleurs dont le fond blanc est à la fois marbré de rose et maculé de rouge et de violet. M. Chaté fils, horticulteur à Paris, ob- tenait un second prix pour un lot de Pé- tunia variés. Nous avons relevé quelques bonnes variétés à fleurs simples que nous préférons aux variétés à fleurs pleines qui ne peuvent être cultivées en pleine terre, étant trop délicates) : Eclatant, à fleurs couleur rouge velouté et à gorge blanche; Louise Alexandre, à très-grandes fleurs de couleur violet rayé de pourpre, Icare , fleurs couleur violet pourpre et blanc. Dans un autre concours M. Tabar rece- EXPOSITION UNIVERSELLE D’HORTICULTURE EN 1867. 295 vait un deuxième prix pour son loi de variétés nouvelles. Continuant les concours pour les végé- taux de serre tempérée, nous mentionne- rons : 1° un lot de 12 sujets Crassula coc- cinea présentés par M. A. Dufoy, qui obte- nait un second prix. Ce lot renfermait diverses variétés, savoir : le Précoce, fleurs de couleur rose cerise tendre lavé de blanc; Monsieur Truphemus , fleurs rouge cerise brillant; Angeline Truphemus , fleurs rose carminé nuancé et lavé de blanc; Punica, fleurs de couleur rouge ponceau; 2° le lot de Nerium ( Laurier rose), présenté par M. Chevet, auquel le jury décernait un second prix pour la bonne culture de ses sujets; 3° lots de plantes variées pour appartements : M. Touchais, mention ho- norable ; 4° concours pour collection de Fuchsia ; les plantes composant ce con- cours étaient si peu méritantes que le ju- ry n’a accordé quTm troisième prix à cha- cun des exposants : MM. A. Dufoy et Vÿeaux-Duveaux; enfln 5° une collection d ’ Euphorbia, composée de 40 sujets en 30 espèces et variétés : M. Pfersdorff, l’ex- posant, a reçu un premier prix pour cette collection très-curieuse à cause des carac- tères si singuliers que présentent ces plantes. Ainsi nous trouvons dans les unes, tels que Eupliorbia mamillaris , E. erosa, E. polygona , E. melanoformis , E. Abyssi- nica, l’aspect des cactées; dans d’autres, tels que E. cereus , E. caput Medusæ et sa variété odorata, une forme originale; enfin, dans VE. macrocripha , trois arêtes décou- pées en forme de grandes dents de scie. Nous arrivons à l’exposition des végé- taux dits annuels de pleine terre. Comme dans les concours précédents, c’est la mai- son Vilmorin et Cie qui a obtenu le premier prix ; M. Loise-Chauvière venait ensuite avec un deuxième prix ; enfin un troisième prix était accordé à M. Guénot. Comme plantes remarquables nous citerons : 1° collection de M. Vilmorin : la délicate Eucnidium barlonioides , aux belles fleurs de couleur jaune; Dianthus dentosus hy- bridus , Phlox Drummundii variabilis , Dianthus Sinensis laciniatus , Phlox Drum- mundii var. Radowtzii à fleurs couleurr ose vif strié de blanc; Godetia rubicunda et la variété Schaminii ; des Scabiosa aux nuances pourpre, rose, blanche, carmin cuivré, etc., des Kaulfusia amelloides atroviolacea ; Campanula pentagonia for- mant de charmantes touffes couvertes de fleurs blanches ou violettes; Scyphanthus elegans, plante grimpante aux fleurs jaune soufre d’une fornie bizarre ; 2° collection de M. Loise-Chauvière : 14 variétés de Lobelia erinus; des Calendula variés; des Helychrisum bractealum aux couleurs blanche, pourpre, violette, etc.; Salpi - glossis variabilis ou sinuata au coloris bi- zarre; Martynia fragrans , dont la corolle est rouge nuancé de pourpre avec une tache jaune dans la gorge; 3P collection de M. Guénot : Sanvitalia procumbens'var. flore pleno , bien préférable au type à fleur simple; Scabiosa var. nana flore pleno , deux plantes de récente introduction. Deux collections de Fougères de pleine terre étaient exposées; l’une par M. Stelz- ner, horticulteur à Gand, a été récompen- sée d’un premier prix et renfermait un très-grand nombre de bonnes espèces et variétés , telles que : Scolopricndium vulgare var., digitatum , crispum 9 cris- taium, ramosum; contrastum, latomul- tifldum , etc.; des Lastrea, de diverses formes; des Athyrium très-curieux qui méritent la préférence des amateurs; des Polystichum du plus bel effet ; Osmunda regalis cris.tata; Blechnum boreale crista- tum, etc. L’autre collection, qui apparte- nait à la société Dodonée (Belgique), ré- compensée d’un second prix , se faisait remarquer par plusieurs Aspidium, entre autres le fragile monstrosum, des Scolo- pendrium palmatum , etc. Disons, avant d’abandonner les Fougères, que M. Stelz- ner recevait une mention honorable pour des Fougères obtenues de semis. Dans les concours de plantes vivaces à feuillage panaché , le jury décernait un second prix à MM. Havard et Gie pour leur collection et un second prix à M. L. de Smet, horticulteur à Gand, pour son lot d’espèces et variétés choisies et nouvelles.Le lot de Réséda de MM. Vyeaux-Duveaux et Gie a été l’objet d’un rappel de premier prix. En ce qui concerne les Œillets ( Dianthus caryophyllus), le jury a examiné plusieurs concours et décerné les récompenses sui- vantes : un premier prix à M. Gauthier- Dubos pour une magnifique collection présentée en pots et un autre premier prix au même horticulteur pour ses se- mis. Dans son exposition on remarquait surtout, pour la grande dimension de leurs fleurs : Napoléon III, Georges Séné- chal, Joseph du Terrait, Buisson ardent, Prudence. MM. Lebatteux et Cajon rece- vaient en outre chacun une mention hono- rable pour leur lot d’Œillets flamands et fantaisies. Dans un autre concours, M. Lierval re-‘ cevait un troisième prix pour des Phlox nouveaux obtenus de semis, parmi les- quels se trouvait un gain assez remarqua- ble à fleurs de couleur rose saumoné. Signalons encore la collection de Rosiers tiges cultivés en pots, exposée par M. H. Jamain et qui a été récompensée d’un pre- mier prix, tant pour la bonne culture que pour le choix des variétés. Nous arrivons à des concours qui, bien 296 EXPOSITION UNIVERSELLE d’hORTICULTURE EN 1867. que classés comme concours accessoires, suffiraient pour donner de l’importance à une série. Les Roses en fleurs coupées présentées à l’examen du jury étaient, en effet, beaucoup plus nombreuses que dans la série précédente. Neuf concur- rents se présentaient pour disputer le prix de collection. En outre que tous avaient presque réuni les mêmes variétés disper- sées çà et là dans leur exposition, ils avaient, comme nous l’avons déjà signalé dans notre précédent compte rendu, aug- menté leur collection en y plaçant plu- sieurs fois la même variété de Roses, ce qui rendait difficile les appréciations du jury. Le premier prix de collection a été si vivement disputé/ que le jury se trou- vant dans l’impossibilité de faire un choix entre les deux collections de M. Duval et de M. Margottin, leur a décerné un premier prix ex æquo. Le deuxième prix a été de même partagé entre M. Granger et M. Marest, dont les produits, presque aussi remarquables que les précédents, n’offraient également que des différences à peine appréciables et ne pouvant sérieu- sement constituer une infériorité. Venaient, ensuite M. Ch. Verdier, troisième prix; M. Cochet et M. Jamain, chacun une men- tion honorable. Comme la dernière fois, M. Lelandais avait envoyé un lot de cent variétés choisies, qui a été récompensé d’un troisième prix. Le concours de Roses de semis, moins riche que dans les précédentes séries, en variétés nouvelles, a donné pour résultats : un premier prix à M. Granger, pour un gain dédié à M. Edouard Morren , directeur et rédacteur du journal la Belgique horti- cole; un second prix à M. Gautreau, pour sa Rose Mcomtesse de Vésins. Ces deux gains, issus de la rose Jules Margottin , présentent un contraste bizarre; ainsi, tandis que la variété Edouard Morren, d’une forme régulière, globuleuse et d’un coloris clair et transparent, ressemble à la fleur du type au moment où elle s’épa- nouit, c’est-à-dire lorsqu’elle est dans toute sa beauté, le second gain exposé rappelle le type lorsque la fleur est à son déclin ou lorsqu’elle s’épanouit sur un sujet qui souffre soit de la sécheresse, soit d’être planté dans un terrain qui ne lui convient pas; pour compléter la réalité, comme pour les fleurs il y a la même différence dans le bois ; à en juger par les rameaux présentés, la variété Edouard Morren est bien plus vigoureuse que l’autre. Le gain de M. Granger trouvera place dans les col- lections d’élite et tiendra le milieu entre Mme Furtado et Jules Margottin. Après les Roses ce sont les Iris , variétés dites anglaises, qui offraient le plus grand intérêt. M. Loise-Ghauvière et M. Guénot présentaient, en concurrence, deux ma- gnifiques collections comme floraison et choix des variétés; elles ont été récom- pensées l’un d’un premier prix décerné à M. Loise-Chauvière, l’autre d’un second prix à M. Guénot. Ces deux horticul- teurs se sont trouvés de nouveau en pré- sence pour un lot de Graminées sèches destinées à faire des bouquets; M. Guénot a obtenu le premier prix et M. Loise-Chau- vière le second prix. Nous rencontrons en- core le nom de M. Guénot, en concurrence avec M. Cajon, dans un concours d’QEillet de poète ( Dianthus barbatus) pour lequel ces deux horticulteurs ont reçu chacun une mention honorable. Dans le concours des Roses trémières (Althea rosea ), le jury a décerné le premier prix à M. Margottin. Nous signalons comme très-méritantes les variétés : Black Iiing ; Hercule ; Impératrice ; Wil- liam Deams ; Inimitable; Prince Charles ; Gem of Yelloiv; Aldermann ; Prince noir; Reine des beautés ; Alexandre Cuming ; M. Loise-Chauvière obtenait encore, dans ce concours, un troisième prix. Il ne nous reste plus maintenant, pour clore les concours de la floriculture, qu’à mentionner celui des bouquets, garnitures de vases de table, de jardinières de salon ou de suspensions ornées. On pourrait croire queles bouquets, étant susceptibles de pren- dre toutes les formes, il n’y a pas de règles à suivre dans leur confection. Ce serait une erreur; ils doivent, au contraire, remplir cer- taines conditions, sans lesquelles ils pour- ront peut-être plaire parleur fraîcheur, mais ne satisferont jamais un goût délicat. A la légèreté qui fait la beauté, et l’on peut dire le mérite des fleurs naturelles, et qu’on doit leur conserver en les réunissant, il faut joindre le bon choix des fleurs et l’har- monie dans l’ensemble des nuances. Les bouquets qui ont été présentés aux con- cours étaient ou lourds et compactes ou formés de fleurs qui, si elles réfléchissent, ont dû être très-étonnées de se trouver côte à côte. Le jury a décerné à M. Ber- nard un premier prix , trois deuxième prix et un troisième prix, tandis que Mlle Lion, son concurrent, ne recevait que trois troi- sièmes prix et une mention honorable. M. Dauvesse, horticulteur à Orléans, avait envoyé deux Abies obtenus de semis par une fécondation de Y Abies spectabilis par Y Abies Pinsapo; en attendant qu’il soit possible de se prononcer sur la valeur de ces gains, le jury a décerné une mention honorable à M. Dauvesse. Une autre men- tion honorable était accordée à Mme la mar- quise de Bédée, pour son envoi d’un cône à’ Araucaria imbricata. Les légumes étaient en très-grande quantité et ont valu aux exposants les ré- l’industrie horticole a l’exposition universelle. 297 compenses suivantes : espèces et variétés réunies en collection, un premier prix à la société de secours mutuels des jardiniers de la Seine; un deuxième prix à la société d’horticulture de Nantes; un troisième prix à la société de Clermont (Oise). Pour con- cours de légumes d’un seul genre, la so- ciété de secours mutuels de la Seine avait présenté un lot de Melons d’une belle ve- nue; elle a reçu un premier prix pour cet apport. Un troisième prix était accordé à M. Leroy, de Rouba (Algérie), pour un lot de fruits et légumes variés. Si les fruits avaient été envoyés en assez grande quantité, nous devons reconnaître que beaucoup laissaient à désirer comme beauté. Le jui'y a cependant décerné à M. Deschamps, amateur, un troisième prix pour sa collection de Cerises; à M. Henry Charles un troisième prix pour un lot de Pêches forcées; à M. Gauthier un troisième prix pour un lot de Fraises cueillies ; à M. Billiard un troisième prix pour une col- L’INDUSTRIE HORTICOLE A A côté des végétaux, qui constituent la base de l’horticulture, se placent, en s’y rat- tachant plus ou moins fortement, certaines industries que l’on peut diviser en deux ca- tégories; Tune indispensable, comprend le matériel de l’exposition horticole : c’est Y outillage; l’autre, que l’on peut considé- rer comme accessoire, comprend la partie ornée, luxueuse si l’on veut, de l’horti- culture. A vrai dire, ces choses s’enchaînent tel- lement qu’il n’est guère possible de les séparer. Aussi tout compte rendu d’expo- sition doit-il comprendre, avec l’indication des végétaux qui ont figuré, tout le ma- tériel complémentaire qui a été aussi ex- posé. La Revue ayant pris à tâche de faire connaître le nom des horticulteurs qui ont exposé, ainsi que la nature des produits exhibés, elle doit faire de même pour ce qui concerne l’industrie horticole. Nous publions ce travail, bien persuadé que nos lecteurs y trouveront d’utiles renseigne- ments. Ils sauront ainsi à qui s’adresser quand ils voudront se procurer, l’un une serre, l’autre des châssis, des cloches, du verre, dés sacs de crin, des toiles, etc., etc. Nous croyons donc rendre service à tous, en publiant la liste des principaux industriels plus ou moins horticoles, et en indiquant en quelques mots la nature des objets qu’ils fabriquent. Autant que possible nous procéderons par série en réunissant les exposants dont les produits sont de même nature ; cepen- dant on ne devra pas être surpris de voir lection de 30 variétés de Groseilles; à la société de Clermont (Oise), un troisième prix , et une mention honorable à celle de Nantes pour un lot de fruits variés ; enfin pour les raisins forcés un troisième prix à M. Rose Charmeux et une mention hono- rable à M. Constant Charmeux. En terminant nous signalerons les fruits apportés par M. Fontaine. Ces fruits, qui avaient été envoyés en vue d’embellir l’exposition, prouvaient par leur beauté que si nos horticulteurs le voulaient, ils pourraient orner l’exposition de produits bien supérieurs à ceux qui ont été soumis à l’examen du jury. Comme résumé des opérations de cette série, nous trouvons qu’il a été décerné 91 récompenses, dont 26 premiers prix, 22 deuxièmes prix, 25 troisièmes prix et 18 mentions honorables réparties comme suit : 7 à la Belgique et 84 à la France. Rafarin. {La suite au prochain numéro .) ^EXPOSITION UNIVERSELLE parfois figurer le nom des mêmes person- nes dans diverses catégories, puisqu’il ar- rive souvent que leur industrie s’étend à plusieurs choses; par exemple un con- structeur de serres pourra vendre du verre à vitres, des cloches, etc. Nous commence- rons par la série des serres. serres en fer (1). MM. Pantz, à Metz (Moselle) : Serre hol- landaise, en deux parties avec Pavillon central. Basset, boulevard Montparnasse, 24, Paris : Serre hollandaise en deux par- ties avec Pavillon central. Cauchemont, boulevard de l’Est, 11, à Amiens : Petit jardin d’hiver. Dormois, rue du Faubourg du Temple, 11, Paris : Grande serre monu- mentale et petite Serre hollandaise. Her- baumont, rue de Paris, 91, à Charonne, les-Paris : Jardin d’hiver en trois parties, et un e petite Serre adossée contre un mur. Izambert, boulevard Mazas, 91, Paris : Serre hollandaise en deux parties avec Pa- villon central. Maury, rue du Buisson- Saint- Louis, 17, Paris : Serre hollandaise en deux parties avec Pavillon central. Mi- chaux, rue de Courbevoie, 59, à Asnières : Serre hollandaise en deux parties avec Pa- villon central. Grassin-Balledans, à Saint- Sauveur-les-Arras (Pas-de-Calais) : Jardin d’hiver. Ozanne, rue Marqfoy, 17, faubourg Saint-Martin, Paris : Serre hollandaise. Binet, rue des Arts, 33,’ à Levallois (ban- (1) Les objets que nous indiquons ici sont ceux qui figurent à l’Exposition. Il va de soi que les ex- posants peuvent en faire d’autres de formes et de dimensions diverses. 298 l’industrie horticole a l’exposition universelle. lieue) : Serre adossée contre un mur, en deux parties, avec Pavillon central . Thiry, jeune, rue Lafayette, 4*21, Paris: Serre hollandaise. Mery-Picard, boulevard Con- trescarpe, 30 bis : Serre hollandaise en fer rustique. Laquas, à Presles (Seine-et- Oise) : Serre hollandaise. Eiffet, rue Fou- quet, 42, à Levallois : Serre hollandaise. CHAUFFAGE DE SERRES. MM. Boutier et Cie, quai de l’Hôpital, 58 et 59 à Lyon : Chauffage thermosiphon à eau chaude. Cerbelaud, rue Saint-La- zare, 133, Paris : Chauffage thermosiphon à eau chaude. Delaroche, rue Bertrand, 22, Paris : Chauffage thermosiphon à eau chaude. Monnerat, rue de la Fontaine, 1, à Clamart : Chauffage thermosiphon à eau chaude. Grand Jean, rue de Flandre, 40, Paris : Chauffage à air chaud et humide. Gervais, rue des Francs-Bourgeois-Saint- Marcel, 18 : Chauffage thermosiphon. Lorette, à Taverny, près Napoléon-Saint- Leu (Seine-et-Oise) : Chauffage thermosi- phon. Martre, 249, rue Mouffetard : Chauf- fage à eau et à vapeur (mixte). Anez, au château de Meudon : Chauffage à air chaud et humide. Armendies , à Lagny (Seine-et-Marne) : Chauffage à eau chaude. Chomette, à Lagny ( Seine - et - Marne ) : Chauffage thermosiphon, à eau chaude. Charropin, rue des Ecluses-Saint-Martin, 5, Paris : Chauffage à eau chaude. Geneste fils et Herscher frères, rue du Chemin Vert, 34, Paris : Chauffage à eau et à air chaud. N. B. — Bien qu’inscrits pour la plupart sous une même dénomination, ces chauf- fages diffèrent néanmoins entre eux, comme constructions d’abord et aussi un peu en résultat; les uns offrent certains avantages sur les autres. Malheureusement les expériences qui devaient être faites pour constater le mérite de ces chauffages ne Payant pas été, il nous est impossible d’indiquer les avantages ou les inconvé- nients qu’ils présentent. C’est une lacune regrettable qui, nous osons encore l’espé- rer, sera comblée avant la clôture de l’Ex- position. Nous y reviendrons donc s’il y a lieu. PONTS ET PASSERELLES. MM. Ducros, 27, rue Richard-Lenoir : Pont. Binet, 22 et 24, rue des Arts, à Le- vallois : Passerelles. Grassin-Baledans, à Arras (Pas-de-Calais): Passerelle. Jacque- min, 83, rue du Faubourg-du-Temple, à Paris : Passerelle^ et pont. Tronchon, 9, avenue d’Eylau, 'Paris : Passerelle. Pé- cheur, à Robinson, commune de Plessis- Piquet : Ponts (en ciment) rustiques. Tri- cotel, 51, rue Hautefeuille, à Paris : Pont rustique. GRILLES. MM. Binet, 22 et 24, rue des Arts, à Levallois : Grille d’honneur. Borel, 40, quai de l’École, à Paris : Clôtures di- verses de formes nouvelles. Ducros, 47, rue Richard-Lenoir, à Paris : dix modèles différents de Grilles. Grassin-Baledans , à Saint-Sauveur-les-Arras (Pas-de-Calais) : Grilles , Barrières et Entourages. Donatien- Huguet, 170, rue de Grenelle-Saint-Ger- main, à Paris : Grilles diverses en fer re- poussé. Jacquemin, 83, rue du Faubourg- du-Temple, à Paris : Clôtures enfer pour orchestre. Thiry, jeune, 121, rue La- fayette, à Paris : Grilles en fer, Clôtures de parcs, etc. Tronchon, 9, avenue d’Ey- lau, à Paris : Grilles en fer, Clôtures, etc. Roy, 4 8, avenue de la Grande- Armée, à Paris : Grilles en fer forgé. Gandillot, 15, rue Turgot, à Paris : Grilles en fer creux. Barbezat, boulevard du' Prince-Eugène, à Paris : Grilles en fer. KIOSQUES ET PAVILLONS DE JARDINS. MM. Thieux, 123, rue du Vieux -Pont de Sèvres, à Billancourt : Tentes , Abris. Tronchon, 9, avenue d’Eylau, à Paris : Kiosque. Thiry jeune, 124, rue Lafayette, à Paris : Kiosques. Grassin-Baledans, à Saint-Sauveur-les-Arras : Kiosque et Pa- villons. Laumeau, 96, rue des Paroisses, à Versailles : Kiosque. Pêcheur, à Robin- son, commune de Plessis-Piquet : Kiosque en ciment. Tricotel, 51, rue Hauteville, Hexèdre : (Pavillon-abris) rustique. Jac- quemin, 83, rue du Faubourg-du-Temple, à Paris : Kiosque en fer tordu. Carré Fé- lix, 44, avenue de la Grande-Armée, à Paris : Pavillon , Kiosque. Dorléans, 37, rue de Landry , à Clichy-la-Garenne : Kiosques rustiques et autres, Paillassons (système Guyot). Boulanger, à Auneuil (Oise). KIOSQUE DE L’IMPÉRATRICE. Cette œuvre d’art, très-remarquable, n’est pas le fait d’un seul homme; il résulte du concours d’un certain nombre d’artistes de Paris, dont voici les noms et l’adresse : MM. Demimuid, 45, rue Saint-Placide, à Paris : Architecte. Monjoye, 10, rue Bau- treillis : Maçonnerie. Muller, 33, rue de Chabrol : Terres cuites. Blancheton, 22, boulevard de Grenelle : Charpente. Pou- pard, 25, rue Gozlin : Couverture et Plom- berie. Gilbert, 26, rue Jean-Goujon : Me- nuiserie. Ducros, 17, rue Richard-Lenoir : Serrurerie. Prud’homme, 114, rue d’A- boukir : Quincaillerie. Murgey, 22, rue Pé- trelle : Sculpture, lley, 21, rue Visconti : Dessins et Pez/^wmdesfayences. Jean, 32, rue d’Assas : Faïence des médaillons , frises, etc. Luce jeûne, 27, rue Esquirol: Peinture. Chamouillet, 414, rue Saint-Ho- IRRITABILITÉ DES CARLINA. 299 noré : Miroiterie ; Penon, 11, rue du Fau- bourg-Saint- Honoré : Dessins intérieurs ; Dénière,15, rue Yi vienne : Bronzes. GROTTES ET AQUARIUMS. MM. Combaz, 15, boulevard Flandrin à Paris : Rochers , Grottes , Aquarium. Car- bonnier, 20, quai de l’Ecole, à Paris : Serres de salon, Nids pour les oiseaux, etc. Delaporte (Ch.), 146, boulevard Richard- Lenoir, à Paris : Aquariums lumineux , nouveaux Appareils de pisciculture. Be- thancourt, à Boulogne : Grand Rocher- aquarium. d’eau douce. Preinsler, aux Is- lettes (Meuse) : Petits aquariums ; Dela- porte (Ath.),2, rue des Fossés-du-Temple, Paris : Aquariums de salon. Théron, 6, rue Thérèse, Paris : Echelle de pétrifica- tion', Gielen, au grand hôtel à Paris : Col- lection de perles. ORNEMENTATION DE JARDINS. MM. Démoulé, rue du Faubourg de la Barre, 91 , à Melun : Poteries ornées. Alexandre, faubourg Saint-Antoine, 91 et 93 : Statue de S. M. V Impératrice. Boirre, rue des Trois Couronnes, 46 : Boule pano- ramique. Carré, avenue de la Grande- Armée, 41, Paris : Chaises , fauteuils , etc. Sommier aîné, fabricant de verreries, rue de Paris, 150, à Pantin : Boules panora- miques. Trelet, à Torcy, canton de Villers- Cotterets, près Soissons : Bordures de jar- dins en terre cuite. Champion, rueLacuée, 7, Paris: Poteries nouvelles à fleurs. Debay, rue Notre-Dame des Champs, 73, Paris : Statues. Pull, Grande-Rue, 214, à Yaugi- rard : Vases pour le Parc. L’Ecuyer, rue IRRITABILITÉ Il est bien rare que Fon cultive dans les jardins d’autres plantes que celles qui of- frent, soit par leur feuillage, soit par leurs fleurs, des caractères de beauté clignes de fixer l’attention. Peu d’amateurs, on peut le dire, si l’on excepte les botanistes, cultivent les fleurs des champs, et il est rare de trouver dans les jardins autre chose que des plantes ornementales. Nous avons donc à craindre de ne pas être écouté en conseillant de faire exception à la règle en faveur d’un genre qui ne brille pas par l’éclat de ses fleurs, ni par la splendeur de son feuillage. Nous voulons parler du genre Carlina. Tout le monde connaît la sensibilité de la Sensitive, l’irritabilité des étamines des Mahonia et desBerberis, du Sparmania, etc. Mais peu sans doute connaissent l’irrita- bilité des Carlina. Nous le supposons du moins, car nous n’avons trouvé ce fait * consigné dans aucun des livres d’horticul- Neuve-Saint-Médard, 21, Paris. : Poteries usuelles pour l’horticulture, Terrines , etc. Susse frères, place de la Bourse, Paris : Statues en bronze: Y Enfant au cygne ; un Chien braque. Masserand, faubourg Saint- Denis, 56 : Stores en bois de modèles va- riés. Walter Berger et Cie, 27, rue Paradis- Poissonnière, Paris : Boules panoramiques , très-variées. Amand Vêtu, quai Jemmapes, 158, Paris : Ornements en bronze. Lafont, chemin de la Fontaine, Muller, à la Maison- Blanche, Paris : Suspensions et vases en terre cuite. Grassin-Baledans, à Saint-Sau- veur les-Arras (Pas-de-Calais) : Cache-pots et vases en fer. Corblet aîné, rue Folie- Méricourt, 38, à Paris : Kiosque en zinc. Preinsler, aux Islettes (Meuse) : Vasques à jets, Vases à fleurs , Jardinières, Suspen- sions, etc. Proust, route d’Olivet, 79, à Orléans : Suspensions, Lustres. Laurin, à Bourg-la-Reine : Vases en faïence, ornés. De Caillas, rue de Balzac, 9, aux Champs- Elysées : Caisses à fleurs ornementées. Doury, rue Oberkampf, 122, Paris : Cadran solaire. Deboissimon, à Langeais (Indre-et- Loire) : Poteries, Vases, Suspensions et au- tres objets d’ornementation. Léonard, rue du Faubourg-Saint-Antoine, 218, Paris : Groupe de poules. Cochaux, rue de l’En- trepôt, 29, Paris : Caisses et Pots à fleurs. Crubailher, rue Basse-du-Rempart, 48 bis, Paris : Colonnes en jaspe. Bertron, rue de Berlin, 6, Paris : Murailles en cristal. Pil- livuyt et Cie, rue Paradis-Poissonnière, 46 : Galerie pour corbeille. E. A. Carrière. [La fin au prochain numéro.) DBS CARLINA ture ou de botanique que nous avons eu l’occasion de parcourir. Le genre Carlina, qui a été élabli par Tournefort, appartient à la famille des composées; il comprend quatre ou cinq espèces. Les fleurs sont toutes composées de fleurons tubuleux; Pinvolucre a ses folioles extérieures foliacées, épineuses, les intérieures très-allongées, rayonnantes, simulant au premier abord des demi-fleu- rons; le réceptacle est composé de pail- lettes soudées à leur base, déchiquetées au sommet. Les Carlina ont les feuilles d’un chardon ou de certains Cirsium , mais ne s’élèvent pas aussi haut. Si lorsque les plantes sont en fleur, on humecte avec de l’eau les grandes écailles intérieures de Pinvolucre, on les voit rapidement décrire une courbe, converger vers le même point, c’est-à-dire vers le centre de la fleur, et se réunir de manière à former un abri aux fleurons, 300 PLANTES NOUVELLES, R contre l’humidité, qui très-probablement doit gêner la fécondation; ces écailles se ferment également à l’approche de la pluie. Ce sont donc des plantes fortement hygrométriques. Nous ne cherchons pas la cause du phénomène, que nous venons de rappeler, nous le signalons seulement. La culture des espèces de Carlina est des plus simples : on sème les graines, PLANTES NOUVELLES, I « Panicum Variegalum. — Cette Graminée traçante' gazonnante est très-élégante par ses feuilles, qui rappellent un peu celles du Bambusa Forlunii par leur forme; ce qui surtout en fait la beauté, c'est qu’elles sont rayées ou rubanées de rose plus ou moins intense, parfois très-vif. Ces nuances va- rient comme celles du Yucca versicolor. Exposé par MM. Veitch et fils. Primula cortusoides amœna. — Plante vivace à feuilles dressées, à limbe ovale allongé , denté-lobé. Fleurs nombreuses réunies en fausses ombelles au sommet d'un long pédoncule, roses sur les deux faces avec un œil blanc à la base intérieurement, à divisions bilobées, à lobes entiers. Intro- duite du Japon par MM. Veitch et fils. Primula cortusoides amœna grandiflora. A peu près semblable à la précédente par son port et son feuillage. Cette variété, qui est souvent désignée par le nom de Pri- mula cortusoides amœna alba, se distingue surtout par ses Heurs qui sont rose lilacé à l’extérieur, d’un blanc de lait àFintérieur. les pétales plus étroits, sont aussi plus d istants. — Même origine que la variété pré- cédente. Primula cortusoides amœna lilacina. — Vivace comme les deux précédentes. Cette variété a les feuilles un peu plus courtes, plus obtuses ; leur limbe est un peu plus convexe, légèrement bullé-cloqué; la co- rolle est de couleur lilas pâle, strié blanc à l’intérieur; ses divisions, également bilo- bées, sont fimbriées sur les bords. Cette variété est également originaire du Japon, d'où elle a été introduite par MM. Veitch et fils, qui l’ont aussi exposée à Paris en 1867. MM. Veitch et fils avaient également* ex- posé une autre variété* de Primula cortu- soides qui’se distingue des précédentes par la couleur de ses fleurs qui est d’un blanc pur dans toutes ses parties, ainsi que par leur forme, qui, disposée en un long tube, rappelle un peu la fleur du Jasmin offici- nal. Cette espèce est le Primula cortu- soides alba. Acer Freiderici Guillelmi. — Rameaux grêles étalés. Feuilles digitées, à digita- ARES OU PEU CONNUES. puis on repique les plantes à la place où l’on veut qu'elles restent ; elles croissent en France dans les lieux arides, sur les co- teaux secs des montagnes du Jura, des Alpes, de l’Auvergne, du Midi, du Dau- phiné, etc. Victor Viviand-Morel, Jardinier au jardin botanique de Lyon. ARES OU PEU CONNUES lions pétiolées, lacinées, à laciniures al- longées fines , plus ou moins dentées , rougeâtres lorsqu’elles se développent puis vert roux, panachées de blanc rosé. Charmante espèce originaire du Japon. Exposée en 1867 par M. Verschaffelt. Acer ornatum — Branches faibles éta- lées, feuilles digitées à digitations pétiolées, laciniées, à laciniures fines, longues, d’un rouge assez foncé, puis roux brun verdâtre. Cette espèce, qui est tout aussi belle que la précédente avec laquelle le faciès général a beaucoup de rapport, est également origi- naire du Japon. Elle a été exposée à Paris, en 1867, par M. A. Verschaffelt. Acer formosum. — Feuilles digitées- lobées, vertes, à lobes dentés. Japon. Daphné speciosissima. — Cette plante, exposée par M. A. Verschaffelt, est proba- blement une forme du D. indica ; ses feuilles, d’un beau vert luisant, sont large- ment bordées de jaune. AraliaVeitchii. — Cette espèce, originaire de la Nouvelle-Calédonie, est très-remar- quable par la couleur brune que présen- tent toutes ses parties ainsi que par la forme de ses feuilles. Tige droite, raide, se raniifiant rarement, brune comme tout le reste. Feuilles digitées-palmées, sur un pétiole long et grêle, à digitations étroite- ment linéaires, longues de 8-15 centi- mètres, ondulées sur les bords, à ondula- tions très-rapprochées. Plante très-curieuse introduite par M. Gould Veitch en 1866. Exposée à Paris en 1867. Eranthemum igneum , Linden. — Tiges nombreuses, ramifiées, très-courtes. Feuilles très-rapprochées, lancéolées, obtuses, ar- rondies au sommet, longues d'environ 10 centimètres, larges de 5, marquées en dessus tous le long des nervures princi- pales, d’une large ligne orangé-rosé, le reste d'un roux brun, d’un rose lie de vin en-dessous. Introduite du Pérou en 1866, par M. Linden. E. A. Carrière. L’un des propriétaires : Maurice BIXIO. Paris. •— Impr. de A. Lainé et J. Havard, rue des Saints-Pères, 19. CHRONIQUE HORTICOLE (première quinzaine d’aout). Le jardin réservé du Champ de Mars. — Les rochers* aquariums. — Ce que l’on voit dans l’aquarium marin. — L’exhibition de M. Jacques Marqui. — Notice nécrologique. — Fructification du Robi- nia hispida. — L’Arundo conspicua exposé par M. Leroy, d’Angers. — La Poirée Carde du Chili. — La maladie des Pommes de terre. — Lettre de M. Bossin à ce sujet. — L’oïdium dans les vignes. — Exposition d’horticulture à Meaux. — Deux plantes remarquables à voir en ce moment dans les serres du Muséum. — Les Pélargonium d’aujourd’hui. — Communication deM. Nicolo, de Riom. — Autre communication de M. Dhers au sujet du couchage des Pommes de terre. — La société d’horti- * culture de la Côte-d’Or et les jardiniers-professeurs. — Sociétés horticoles cantonales. — Ce qu’on voit dans la livraison de juin 1867 de Y Illustration horticole. — En horticulture pas de repos. — Ren- seignements précieux sur la greffe disgénère. — Fructification à Versailles du Chionanthus Virginiana. — Ce qu’écrivait Legendre, curé d’Hémonville, en 1644. — Encore une espèce qui file. — Le Pêcher n’est qu’une modification de l’Amandier commun. — Qu’est-ce que le Peuplier d’Italie?— Prochaines expositions d’horticulture. Malgré les travaux des champs, si pres- sants aujourd’hui, qui retiennent à la cam- pagne un très-grand nombre de travail- leurs, l’Exposition universelle est toujours très-visitée ; le jardin réservé surtout, qui n’est pas la partie la moins réussie, attire toujours beaucoup de monde. Indépendam- ment du jardin qui, de l’aveu de tous, est très-joli, il y a les rochers-aquariums, dans lesquels la foule se presse toujours. Comme construction, en effet, ce n’est rien moins qu’admirable; mais nous devons, avec re- gret, avouer que c’est à peu près tout ; l’a- quarium marin est urle sorte de mystifi- cation. On a beau regarder, et à part quelques crabes, qui sont comme perdus, un très-petit nombre de poissons plats ap- partenant au groupe de Raies et quelques anémones de mer, il n’y a guère que des casiers vides. Il serait cependant temps que les choses changeassent, car si jusqu’ici la commission impériale de l’Exposition universelle a pu invoquer le manque de temps, elle n’a plus aujourd’hui la même excuse : il serait donc très-regrettable que cet état de choses se prolongeât davan- tage. Parmi les diverses collections exposées, il en est une qui, sans faire grand effet, nous a paru fort intéressante. C’est une collection d’Orangers cultivés à l’air libre, par M. Jacques Marqui, horticulteur à Illes (Pyrénées -Orientales). Nous avons compté 68 espèces réparties entre les sections Limonier , Cédratier , Bigaradier , Bergamottier , Lumie. Le genre Triphasia , sorte de Citronnier à feuilles trifoliolées, s’y trouve également. Cette espèce buisson- neuse, remarquable par ses épines nom- breuses et très-grosses, est très-rustique; nous la cultivons en pleine terre, à l’air libre, au Muséum depuis six ans. 16 Août 1867. — Un fait probablement unique jusqu’à ce jour en France, est la fructification du Robinia hispida , vulgairement Acacia rose; aussi croyons-nous devoir, dès à présent, attirer l’attention de nos lecteurs sur un article qu’on trouvera plus loin, et dans lequel le fait est constaté. — Depuis quelque temps déjà on ad- mire, au jardin réservé du Champ de Mars, une magnifique touffe d 'Arundo conspicua exposée par M. André Leroy, horticulteur à Angers. Ceux qui ne con- naissent pas cette plante pourront s’en faire une idée, en se représentant un Gy- nérium nain, dont les panicules courtes, mais assez fortes, légères, terminent des tiges d’environ 1 mètre de hauteur. C’est une plante très-élégante qu’il convient d’isoler dans les gazons, ainsi qu’on le fait des Gynérium. Au point de vue de l’orne- mentation des appartements, Y Arundo conspicua a l’avantage d’offrir des pani- cules qui, lorsqu’elles sont coupées en temps opportun, se conservent sans pelu- cher et, de grisâtres qu’elles étaient, de- viennent d’un blanc argenté soyeux, par- ticularité qui les rend propres à entrer dans la composition de ces élégants bou- quets d’hiver , qu’on confectionne avec différentes graminées. — Quelque bonne et complète que soit une description, elle est toujours très-in- suffisante pour peindre la beauté ; c’est à peine si elle peut en donner une idée. Les meilleurs juges dans ce cas sont les yeux. Ceux qui ont lu l’article que nous avons publié dans ce recueil (1) sur la Poirée Carde du Chili , et qui désirent voir cette belle plante, pourront venir aux pépi- (1) Voir Revue horticole, 1866, p. 52. l'6 CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE D’AOUT). 302 nières du Muséum, où ils en trouveront de nombreux exemplaires très-variés . MM. Courtois-Gérard et Pavard , marchands grainiers, rue du Pont-Neuf, à Paris, sont en mesure de fournir cette magnifique plante aux amateurs qui désirent la posséder. — La saison froide et pluvieuse que nous venons de traverser n’a pas peu con- tribué au développement de certaines ma- ladies qui, depuis quelques années, sévis- sent si fortement sur certains végétaux. La maladie des Pommes de terre surtout se développe avec une intensité de nature à inspirer de sérieuses craintes. En effet, ce n’est pas seulement les variétés tardives qui sont frappées, mais même les plus hâ- tives, et cela, quelles que soient les condi- tions dans lesquelles elles sont placées. Ainsi M. Bossin nous écrit : La maladie des Pommes de terre a fait son apparition chez moi le 20 juillet; elle s’est abattue sur toutes mes variétés hâtives et demi- hâtives. Le Comice d’Amiens, la Sc/iaw, la Bossin, la Circassienne , la Segonzac , la Le- sèble , celle des Trois mois , de Norvège, in- troduite récemment par M. Rochart; toutes, en un mot, ont été cruellement maltraitées. Malheureusement, la maladie ne frappe pas seulement chez notre collègue; elle est à peu près générale ; elle frappe partout. Bans un très-grand nombre de localités, la vigne est aussi fort maltraitée par l’oïdium. — La société d’horticulture de l’arron- dissement de Meaux fera sa prochaine exposition, à Meaux, à partir du 12 au 15 septembre 1867. Cette société, qui a si bien compris sa mission, afin de gé- néraliser autant que possible les connais- sances horticoles, et d’exciter l’émula- tion de ses membres, varie le lieu de ses expositions, qu’elle fait successivement dans ses chefs-lieux de cantons, soit à Lagny, àCrécy, àLaferté-sous-Jouarre, etc. Cette année, c’est à Meaux, au siège de la société, qu’elle aura lieu. Tous ceux qui voudront prendre part à cette exposi- tion devront en donner connaissance à M. le baron d’Avène, président de la so- ciété d’horticulture de l’arrondissement de Meaux, à Brinches, par Trilport (Seine-et- Marne). Des médailles d’honneur en or, en vermeil et en argent seront attribuées aux lots les plus méritants. La distribu- tion de ces médailles aura lieu en séance solennelle à Meaux, sous la présidence de M. le préfet de Seine-et-Marne. — Dansles serres du Muséum, dont le soin est confié à M. Houllet, on voit en ce mo- ment, entre autres choses curieuses, deux plantes aquatiques des plus remarquables. L’une est la Heine des eaux (' Victoria regia ) ainsi, nommée à cause des dimensions con- sidérables (jusque j*" 50 de diamètre) qu’atteignent ses feuilles; elle commence à entrer en fleur. L’autre espèce, dont les feuilles sont un peu moindres que celles du Victoria regia, n’en est pas moins très- curieuse par les nombreuses et fortes épi- nes qui en couvrent toutes les parties : c’est VEuryale ferox , plante qu’on ren- contre rarement dans les cultures, et qui depuis plusieurs années en était même complètement disparue. — Nousentrons décidément dans unepé- riode progressive en ce qui concerne la production des Pélargonium à fleurs dou- bles ; mais aujourd’hui nous sommes plus heureux que jadis, nous savons d’où viennent les nouveaux venus, leur acte de naissance est en règle. Indépendamment de la variété Gloire deNancig , qui est toujours une des belles, M. Lemoine, horticulteur à Nancy, l’obtenteur de cette jolie variété, vient d’envoyer à la Sbciétéimpérialeetcen- trale d’horticulture de France plusieurs de ses nouveaux gains, tous très-méritants. Un seul, que nous sachions, le plus beau, est baptisé : il a nom Madame Lemoine. Ses fleurs , d’un rose carné vif, réunies jusqu’à 70 et plus à l’extrémité d’un gros et long pédoncule dressé, forment des masses subsphériques qui atteignent jusqu’à 10 centimètres de diamètre sur 5 centimètres de hauteur. Cette variété est ce qu’on peut appeler une plante hors ligne. — Bien des fois déjà nous avons dit qu’en histoire naturelle, principalement en cul- ture, surtout et lorsqu’il s’agit de nouveau- tés, il est difficile, souventmême impossible d’avoir l’origine absolue , c’est-à-dire le point de départ des choses. On a pu le voir dernièrement dans ce journal à propos de l’obtention des premiers Pélargonium à fleurs doubles; on le verra de nouveau dans une lettre que nous avons reçue sur ce sujet de M. Nicolo , de Riom. La voici : Riom, le 22 juillet 18G7. Monsieur, A propos de la lettre de M. Lemoine que je viens de lire dansâe numéro du 16 de ce mois, et pour mettre d’accord MM. Lemoine et Cher- pin, jepuis vous assurer que les premiers Pélar- gonium àfleurs semi-doublqs et doubles ont pris naissance à Clermont et à Riom. Celui de Riom, qui a été obtenu par le jardinier de la filature de Saint-Martin, est né presque sous mes yeux. Je l’ai vu avant, pendant et après la floraison. La graine qui l’a produit n’a pas été fécondée, et cependant il donne des fleurs très-pleines, que vous connaissez sans doute, puisque depuis trois ans il est passé dans -les cultures de M. Van Iloutte, et de Gand il a dù venir à Paris depuis/où vous avez pu le voir. C’est le même dont à cette époque j’adressai une fleur à M. Vilmorin. Si vous ne le con- naissez pas, je peux vous en adresser une CHRONIQUE H ORTI :OLE ( PREMIÈRE QUINZAINE d’aOUT). ombelle quand vous le désirerez; c’est un Pé- largonium obtenu sans autres soins que ceux de la culture. Voilà pour M. Cherpin. Maintenant, pour donner raison à M. Le- moine, je vous dirai que le jardinier d’une très-respectable maison de Riom, que je vous nommerai plus tard, si vous y tenez, toutefois avec le consentement du propriétaire, vient d’en obtenir 16 Pélargonium à fleurs doubles sur 1 7 graines fécondées , semées l’an dernier, fait qui donne raison à M. Lemoine. J'ignore si celui qui a été obtenu par M. Am- blard, à Clermont, la même année que celui de Riom, et qui est devenu aussi la propriété de M. Van Houttc, provient, de graines fécon- dées. L’obtenteur pourrait vous le dire. M. Am- blard est horticulteur à Clermont. Agréez, etc. Nicolo, rue Désaix, 39. — Dans une très-bienveillante lettre que vient de nous adresser M. Dhers, médecin à Puy-Maurin (Haute-Garonne), nous trou- vons, entre autres choses intéressantes, un passage sur le couchage de Pommes de terre dont a parlé M. Bossin (1). Voici ce passage : La méthode de couchage de Pommes de terre, dite méthode allemande , prend ici droit de cité ; elle est pratiquée depuis longtemps par un agronome intelligent, M. Salles; il re- couvre avec la charrue les fosses au fur et à mesure de la croissance des tiges, donnant ainsi jusqu’à six raies, trois de chaque côté ; il opère ainsi sur toutes les espèces, avec un égal suc- cès. D’après lui, le rendement est subordonné à la nature du sol ainsi qu’aux diverses cir- constances climatériques. Ce procédé offre de l’économie de main-d’œuvre par les diverses façons, principalement pour le buttage, qui dans la culture des Pommes de terre est l’es- sentiel pour la production des tubercules. D'après ce qu’on vient de lire, M. le docteur Dhers, tout en appuyant la mé- thode allemande préconisée par M. Bos- sin, démontre, et Bon ne pourrait trop le répéter, que le succès d’un procédé quelconque ne peut être toujours certain. — Dans une de ses dernières séances, la société d’horticulture de la Côte-d’Or, sur la proposition de M. Neuville, l’un de ses membres, a décidé que quatre jardiniers- professeurs seraient envoyés dans quatre cantons des environs de Dijon pour faire des démonstrations pratiques sur l’horti- culture. Ce sont MM. Durupt, Wéber, jar- dinier en chef du jardin botanique de Di- jon, Soyer, Morey, qui ont été choisis. On ne saurait trop applaudir à la déter- mination qu’a prise la société d’horticul- ture de la Côte-d'Or. Pour notre compte, nous la félicitons non-seulement de sa dé- cision, mais encore de l’heureux choix qu’elle a fait pour en assurer l’exécution. Nous apprenons que cette même so- (1) Voir Rev. hort., 1867, p. 171. 30 i ciété d’horticulture de la Côte-d’Or s'oc- cupe également d’organiser des sociétés horticoles cantonales. C’est là certaine- ment une très-bonne idée, dont la réalisa- tion pourra rendre de grands services. Mais pour cela il faut que ces sociétés can- tonales se considèrent comme des rami- fications, on pourrait même dire comme des membres de la société mère, et que tous leurs efforts tendent à éclairer , à nourrir, celle-ci. En conséquence, elles doivent donc, avant tout, s’occuper de choses propres à leur localité, en ce qui concerne la culture des arbres fruitiers, de la vigne, des légumes, et, au besoin, elles ne doivent pas rester étrangères aux questions agricoles. Elles doivent aussi ob- server ce qui se fait et condamner ce qui est mauvais, encourager, au contraire, ce qui est bon et tenir la société mère au courant de tous ces détails; telle est la tâche qu’elles ont à remplir. Ainsi comprises, ces sociétés, nous le répétons, pourraient rendre de grands ser- vices. Mais si au lieu d’agir ainsi, si au lieu de rayonner vers le centre dont elles émanent , elles s’isolent et que , comme tant d’autres sociétés de province , elles veulent copier Paris et faire de la haute science, il est à craindre qu’elles ne par- viennent qu’au ridicule, et qu’après avoir végété pendant quelques années, elles dis- paraissent sans laisser autre chose qu'un nom. — Dans la livraison de juin 1867 de 17/- lustration horticole , que nous venons de recevoir, on trouve figurée une très-belle Passifïoracée , ie Jacsonia Buchanani, le Viola pedata et le Smilax longifolia varie - gata; la première de ces plantes, le Jac- sonia, originaire de Panama, réclame la serre chaude; ses fleurs sont d’un beau rouge ponceau; le Viola pedata, ancienne, mais toujours bonne plante, à fleurs lilas pâle, de l’Amérique boréale, supporte le plein air. Quant au Smilax longifolia, ori- ginaire du Para, il réclame aussi la serre chaude. Comme toutes ses congénères, cette plante ne brille pas par ses Heurs ; ce qui en fait la beauté, ce qui la rend vraiment très- belle, ce sont de nombreuses macules blanches foripant cinq bandes longitudi- nales dans toute la longueur de la feuille. — En horticulture, pas de repos : une chose est à peine terminée que l’horticul- teur doit en faire une autre. Voici bientôt la saison des plantations annuelles termi- née , les plantes de fin d’été et d’automne vont bientôt commencer à fleurir; mais aussi, déjà, il faut penser pour l’hiver et pour le printemps prochains. Pour ces deux époques ce sont surtout les plantes bulbeuses : Tulipes, Crocus, Jacinthes, etc., 304 CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE D’AOUT). qui vont jouer le principal rôle. Indépen- damment de ces plantes qui appartiennent au groupe des Liliacées, il en est qui, bien qu’appartenant à différents autres groupes, viennent se ranger aux précédentes parce fait que leur culture est analogue à celles- là et que leur effet décoratif s’harmonise aussi avec elles ; telles sont les Anémones, les Cyclamen , les Renoncules , etc. , etc. Nous croyons donc être agréable à nos lecteurs en leur disant qu’un catalogue particulier de ces plantes vient de paraître. Direqu’il émane delamaison L.Van Houtte, de Gand, c’est dire que sa rédaction est parfaite, et aussi qu’il est relativement très-complet. En effet, plus de 60 genres sont décrits; le nom des espèces ou des variétés est suivi de l’indication des carac- tères qu’elles présentent, et même lorsque les plantes offrent de l’intérêt, les des- criptions sont suivies d’explications et de renseignements spéciaux extrêmement utiles, soit sur la culture de ces plantes, mit sur des particularités qu’elles présen- ent. — Nous avons reçu sous forme de lettre, de notre collègue et ami M. Eugène Ra- mey, des renseignements très-intéressants. Ils sont relatifs à un fait de greffe disgé- nère qui, bien qu’il ne soit pas sans analo- gie avec certains autres que l’on connaît, nous paraît unique jusqu’à ce jour. — Cet exemple, qui démontre une fois de plus que, en physiologie, on est loin de con- naître les lois qui régissent la vie et le dé- veloppement des végétaux, est fait pour attirer l’attention des horticulteurs et les engager à tenter de nouvelles expériences dans ce genre. Voici cette lettre : Paris, 5 août 1867. Monsieur le rédacteur. Le fait que je vous signalais il y a quelques jours, de l’existence, à Bordeaux, de Pruniers greffés sur Pécher, vous ayant paru nouveau et digne d’intéresser les lecteurs de la Revue horticole , je vous . adresse une courte notice historique sur ces deux arbres, que j’ai été à même de voir plusieurs fois, et que les incré- dules, si tant est qu’il ÿ en eût, pourraient aller voir eux-mêmes dans le jardin de leur obtenteur et propriétaire. C’est à M. Huguet, amateur d’horticulture et d’arboriculture très-connu à Bordeaux, où il demeure, rue Mondenard, 78, que je suis redevable des renseignements qui suivent : Deux vieux Pêchers venus de noyaux (consé- quemment d’espèce inconnue), plantés à 3 mè- tres l’un de l’autre ayant été rabattus ras de terre pour les raviver et les rajeunir, comme cela se pratique très-fréquemment à Bordeaux, ont produit chaque fois des scions vigoureux. Au printemps de 1 861 , M. Huguet choisit sur chacune de ces cépées de Pêchers le jet le plus vigoureux, le plus fort (ces jets, qui avaient alors deux années et qui partaient d’une souche déjà assez volumineuse, furent greffés à l’an- glaise, à une hauteur de 90 centimètres, avec la Prune Reine-Claude violette (ou autre va- riété très-analogue). Ces deux greffes réus- sirent parfaitement. Les deux sujets, qui sont symétriquement placés de chaque côté d’une allée, ont actuel- lement 6 années de greffe; ils sont très-vigou- reux et, depuis 4 ans, c’est-à-dire depuis 1863, ils rapportent abondamment de très-belles Prunes, dont la grosseur moyenne est de 12 à 13 centimètres de circonférence; la maturité a lieu en juillet-août. Ces deux arbres cultivés en contre -espaliers au nord, sont à peu près identiques de forme et de grosseur; voici leurs dimensions ac- tuelles : Base du tronc ou souche ayant été plusieurs fois recépée, 21 centimètres de diamètre; Les ets de Pêcher greffés tous deux à 90 centimètres de hauteur, ont maintenant 12 centimètres de circonférence ; La ramificalion des greffes de Pruniers est disposée en palmettc de lm 50 de largeur et de lm 60 de hauteur, soit pour la hauteur totale des sujets, 2m 50. Comme cela arrive souvent pour les Pêchers venus de noyaux, les deux arbres en question produisent fréquemment, au-dëssous de la greffe et sur la souche, des pousses qui ne permettent aucun doute sur l’authenticité des renseignements ci-dessus. Tel est, cher monsieur, le fait dans toute sa simplicité. Libre donc à vous de tirer de ces rensei- gnements telles conclusions que vous jugerez convenable; je vous autorise, en outre, à pu- blier cette lettre. Agréez, etc. E. Ramey. A ces très-intéressants détails nous pou- vons ajouter que déjà nous avons vu aussi un fait analogue également remarquable : ce sont des Pêchers déjà vieux, très-beaux et vigoureux , qui étaient greffés sur Sainte-Lucie (Cerasus Mahaleb). — Déjà l’an dernier, dans ce jour- nal (I), nous faisions remarquer, comme étant un fait exceptionnel, la fructification à Paris du Chionanthus Virginiana L. Nous pouvons de nouveau annoncer ce fait qu’on peut voir en ce moment, non à Paris, mais à Versailles, dans les pépinières impé- riales dirigées par notre collègue et ami M. Briot. L’individu qui a fructifié, haut d’environ 3 mètres, porte une grande quantité de fruits disposés en sortes de grappes lâches, à l’extrémité de longs pé- doncules grêles. Ce fait est exceptionnel et, bien que représenté par une seule es- pèce, le genre Chionanthe renferme quel- ques variétés , ne pourrait-on pas cepen- dant se demander si, parmi celles-ci, il n’v en a pas dont les organes sexuels, mieux ou différemment constitués que d’autres, ne sont pas plus aptes à la fructification? (!)• Voir Rev. hort., 1866, p. 361. 305 CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE yUINZAlNE h’aOüt). Nous appelons l’attention des botanistes sur ce fait. — Sous ce titre : Y Arboriculture au dix-septième siècle , nous trouvons dans le Bulletin de la société d’horticulture de V arrondissement de Sentis (Oise) en 1867, une citation d’un passage écrit par Le- gendre, curé d’Hémonville en 1644. Nous croyons devoir reproduire cette citation, car, outre qu’elle est très-bien écrite, elle démontre d’une manière très-heureuse que les jouissances sont de natures diverses, et qu’on a toujours tort de vouloir les stéréo- typer, mouler , pourrait-on dire, nos goûts, ainsi qu’on le fait encore très-souvent. Voi- ci ce passage : ... Enfin je ne puis souffrir qu on se plaigne du soin que cette sorte d’arbre désire, puisque c’est en cela même que consiste le plaisir. C’est une peine qui attache par des charmes secrets le jardinier à son travail ; c’est elle qui donne un plaçant entretien pendant tout le cours de l’année, même lorsque les arbres sont inutiles et qu’ils semblent être entièrement morts; c’est elle qui anime cette douce espérance, qui bien souvent est plus agréable que la jouis- sance des fruits, et qui fait que nous avons presque autant de divertissement à planter des arbres qu’à les voir fout venus ; c’est elle qui nous fait considérer ces belles productions de la nature comme nos propres ouvrages, et qui nous fait trouver cette différence que tout le monde remarque entre ce que nous avons acquis et ce que nous ne tenons que par em- prunt. ... Mais, après tout cela, où est ce grand travail dont on veut se faire peur à soi-même dans la culture de nos plants? Y a-t-il aucun exercice du corps qui n'en désire bien davan- tage ? Et, de plus, tous les maîtres sont-ils condamnés à faire eux-mêmes l’ouvrage de leurs jardiniers? Je sais bien que tous ceux qui y travaillent quelquefois eux-mêmes y •reçoivent plus de plaisir que les autres; mais c’est néanmoins assez pour en recevoir beau- coup que d’être capable de travailler ou de connaître si ceux qu’on emploie s’en acquit- tent dignement. Car en vain un maître cher- che de bons jardiniers, s’il n’est capable de juger leur suffisance, et outre qu’il ne mérite pas de posséder ces biens champêtres, puis- qu’il ne les sait pas goûter, il est presque im- possible qu’il soit bien servi, quand il ne peut savoir si ceux qui le servent font bien ou mal. — Les principaux rosiéristes de Brie- Comte-llobert, à la tête desquels était M. C. Bernardin, président de la société des ro- siéristes de Brie-Comte-Robert, ont été admis le 21 juin auprès de LL. MM. l’Em- pereur et l’Impératrice, auxquels ils ont offert de leurs produits, c’est-à-dire de magnifiques corbeilles de Roses. M. le pré- fet de Seine-et-Marne, vicomte de Vesins, M. le comte de Jaucourt, M. le baron de Bauverger, M. Josseau, députés de Seine- et-Marne, ainsi que M. Belin, membre du conseil général de Seine-et-Marne et maire de Brie-Comte-Robert, accompagnaient la députation. Après les compliments d’usage, M. le préfet de Seine-et-Marne et M. Camille Bernardin ont prié Sa Majesté l’Impéra- trice de vouloir bien prendre sous sa pro- tection la société des rosiéristes de Brie- Comte-Robcrt, ce qu’elle a daigné faire. — Nous avons déjà dit et nous ne sau- rions trop le répéter, «que l’espèce scien- tifique absolue n’existe pas ». C’est un mythe, une sorte d’idole devant laquelle on . s’incline encore, les uns par habitude et par respeet, les autres, en plus petit nom- bre toutefois, par conviction. Nous respec- tons toutes les croyances ; ceux qui les émettent sont dignes de tous les égards, lorsqu'ils sont de bonne foi. Mais il n’en est pas de même de l’expérience; tous les jours elle vient impitoyablement froisser certains amours-propres , trancher des questions litigieuses et faire tomber des illusions sur lesquelles la science s’ap- puyait. Mais la science, c’est-à-dire la vé- rité, ne pouvant reposer sur l’erreur, c’est donc toujours un bien de détruire celle-ci. Constatons toutefois que ce n’est pas la science qui est dans R erreur; ceux qui la cultivent seuls peuventy être. C’est presque toujours parce qu’on confond ces choses, tellement distinctes pourtant qu’elles n’ont souvent rien de commun, que les questions les plus simples se compliquent et devien- nent insolubles, parce qu’alors s’y joint, dans le plus grand nombre de cas, des questions de personnes. La question de l’espèce, surtout, est dans ce cas. Pour aujourd’hui, nous ne touchons pas à la théorie, nous nous bornerons à appeler l’attention sur un article qu’on trouvera plus loin , qui démontre qu’une plante que jusqu’ici on avait regardée comme une très-bonne espèce, n’est qu’une variété lo- cale. C’est le Sambucus pubens, Mich. qui, dans des conditions diverses, n’a pu résis- ter au contrôle de l’expérience. — Encore une espèce qui file. — Dans l’ouvrage que nous avons publié récemment sur le groupe Pêcher (1), en essayant, dans les préliminaires, d’établir la généalogie de ce groupe, nous disions que le Pêcher n’est qu’une modification de l’Amandier commun qui, lui-même, pro- vient d’autres types que nous indiquions. Aujourd’hui, nous avons la preuve du fait ; ceux qui désireront la voir le pourront en venant au Muséum. — Qu’est-ce que le Peuplier d’Italie? D’où vient-il? C’est, dit-on, « une variété du Populus nigra, probablement obtenue (1) Description et classification des variétés de Pêchers et de Brugnonniers, Paris, 18G7. S AMBU CU S CANADENSIS. RHAMNUS CASTANEIFOLIUS. 306 en Italie, d’où elle aurait été importée vers 1745 et plantée sur les domaines du duc d’Orléans ». Loin de nier ces deux asser- tions, que nous voulons bien croire exactes, nous disons que cette variété, comme tant d’autres, est probablement une production fortuite, spontanée; fait dont, au reste, nous venons d’être témoin. Voici : dans un semis de graines de Saule blanc, il est né spontanément au milieu des Saules, unPeu- plier qui, dès la première année, nous parut avoir les branches fastigiées. (Nous ne di- sons pas que ce Peuplier provient d’un Saule; nous ne faisons que constater un fait.) Planté avec les jeunes Saules, ce Peu- plier, qui est très-vigoureux, a aujourd’hui plus de 2 mètres de hauteur; son port, son faciès, tout, en un mot chez lui, paraît identique au Peuplier d’Italie. Il pourrait donc se faire que ce nouveau venu soit une précieuse trouvaille; qu’il puisse, avec avantage, remplacer son aîné qui dans beaucoup d'endroits ne veut plus pousser, et où dans d’autres il montre des signes non équivoques d’une fin pro- chaine. — Les expositions d’horticulture annon- cées pour le mois de septembre prochain, sont celles de Coutances, du 6 au 9, et celle de Soissons, qui aura lieu du 14 au 17 septembre. E. A. Carrière. SAMBUCUS CANADENSIS. La plante qu’on cultive sous le nom de Sarnbucus Cancidensis , L. est-elle originaire d’Amérique, d’où elle aurait été rapportée en 1761, ainsi qu’on le dit? Nous ne le croyons pas, bien que la chose soit pos- sible; mais il est clair pour nous qu’elle n’est pas ce qu’on est convenu d’appeler une espèce. Ce n’est du reste, ni au point de vue de son origine, ni au point de vue de sa spéciéitéque nous en parlons; le but de cette note est tout simplement d’attirer l’attention sur elle, et de faire ressortir tous les avantages qu’on peut en retirer au point de vue de l’ornement. Sous ce rap- port, c’est, nous ne craignons pas de le dire, un des plus beaux arbustes, et en même temps un des plus propres à l’orne- mentation des grands massifs. Il réunit tou- tes les qualitésqu’on peut désirer : vigueur, rusticité et robusticité. Sous ce rapport aussi il est l’équivalent du S. nüjra , dont il est, du reste, une variété, mais une va- riété préférable au type, puisque aux avan- tages de ce dernier elle joint encore celu d’être remontante. Ses fleurs disposées en très-larges (parfois 35 centimètres) corym- bes, très-plats, sont blanches, odorantes ; elles répandent une odeur analogue à celles du N. nigra, mais moins pénétrante. Le S. Canadensis , nous le répétons en terminant, l’un des arbustes les plus pré- cieux pour l’ornément des grandes mai- sons, est ce qu’on peut appeler une plante à grand effet. Sa culture est pour ainsi dire nulle, puisque tous les terrains'lui convien- nent. Quant à sa multiplication, elle est des plus simples , on la fait de boutures à partir de décembre jusqu’en mars, en pre- nant des pousses de l’année, qu’on coupe par tronçons d’environ 30 centimètres et que l’on pique en terre ordinaire. Briot, Chef des pépinières impériales de Trianon.' RHAMNUS CASTANEIFOLIUS. Arbrisseau très -vigoureux. Rameaux très-longs, gros, à écorce vert-roux, promp- tement brunâtre, marquée de nombreuses lenticelles d’un gris blanc, légèrement sail- lantes. Yeux très-allongés, saillants,poin tus, légèrement écartés, puis longuement dres- sés. Feuilles alternes, caduques, atteignant jusque 15— 18 centimètres, parfois plus, de longueur sur environ 7 de largeur, légère- ment cordiformes et comme tronquées à la base, épaisses, coriaces, vert foncé, lui- santes en dessus, vert jaunâtre en dessous, fortement et régulièrement nervées, à ner- vures très-rapprochées, simples, partant de la nervure médiane et se dirigeant oblique- ment, convexes et comme sillonnées en dessus par suite de l’élévation du paren- chyme qui se trouve placé entre les ner- vures, finement denticulées sur les bords qui sont très-souvent marqués d’un beau jaune d’or. Le Rhamnus castaneifolius , hort. doit son nom à la grande ressemblance que ses feuilles ont avec celles du Châtai- gner commun, espèce avec laquelle du reste il a beaucoup de rapports. C’est un ar- brisseau très- rustique et très- ornemental à branches ramifiées, dressées, et qui par sa végétation et par son faciès a une cer- taine analogie avec le Châtaigner commun. Sa culture est des plus faciles, puisque tous les sols, pour ainsi dire, lui conviennent. Les terres franches un peu siliceuses et légère- ment humides lui sont surtout fovorables. Sa multiplication est très-facile; à défaut de graines on la fait par greffes en fente UN ARBRE FRUITIER D’ORNEMENT. NEPENTHES HYBRIDA MACULATA. 307 ou en écusson sur le R. catharticus, sur le- quel il reprend et pousse très-bien, chose d’autant plus avantageuse que ce dernier croît dans tous les terrains, môme les plus mauvais, et qu’on s’en procure facile- ment des graines. E. Lebas. UN ARBRE FRUITIER D’ORNEMENT Ce titre : un arbre fruitier d’ornement, demande une explication. En effet quel est l’arbre fruitier qui n’est pas à la fois un arbre d’ornement et meme un des beaux? D’une manière générale, on peut le dire, tous les arbres fruitiers méritent la quali- fication à’ ornementale , car indépendam- ment de la beauté des fleurs il faut ajouter celle des fruits. Dans le cas qui nous oc- cupe, aux beautés dont nous venons de par- ler il faut ajouter celle qui résulte du port ou faciès de la plante. L’arbre dont nous allons parler réunit toutes ces qualités. C’est un Cerisier pleu- reur, très-pleureur même. Il est donc trois .fois ornemental : par ses fleurs, par ses fruits, par son port ou faciès. Les fleurs nombreuses sont d’un beau blanc comme celles d’à peu-près tous les Cerisiers. Les fruits, qu’il donne abondamment, appar- tiennent à la section des Grioliers, c’est-à- dire à celle dans laquelle rentre la Cerise de Montmorency ; ils sont assez gros, très- bons à manger et assez hâtifs. Si l’on r ajoute à cela que l’arbre étant vigoureux, f on peut l’employer à couvrir des tonnelles, on aura une idée des avantages que pré- sente le Cerisier pleureur, et l’on verra que le titre de cet article est justifié. On trouve cette variété chez MM. Ballet frères, horticulteurs à Troyes. E. A. Carrière. NEPENTHES HYBRIDA MACULATA Cette espèce a la tige droite, flexible, épaisse, et garnie à l’état adulte d’un léger duvet roux, cotonneux. Elle porte une belle tête de feuilles alternes presque éta- lées, entières, ovales-lancéolées, longues d’environ 15 à 20 centimètres sur 4 à 5 centimètres de largeur, rétrécies vers la base, la surface supérieure est d’un vert luisant, tandis que la surface inférieure, d’un vert pâle, est maculée de petites taches rouges. Le limbe des feuilles est bordé de petits poils soyeux; la nervure médiane est épaisse, saillante à la face inférieure, et hérissée de petits poils; elle continue à s’allonger à l’extrémité de la feuille en une sorte de vrille d’environ 10 centimètres de longueur, puis se dilate, pour former une sorte d’urne ventrue à la partie inférieure , tubuleuse près de l’orifice , parcourue par des nervures lon- gitudinales et transversales. Cette urne, qu’on nomme ascidie , atteint environ 12 ou 15 centimètres de hauteur, sur autant de circonférence à la partie infé- rieure. La circonférence près de l’orifice est d’environ 10 centimètres. La surface extérieure est profusément maculée de taches rouges, brillantes, sur un fond vert pâle. L’orifice ressemble à une petite collerette , fermée de lignes transver- sales; elle se remplit jusqu’à environ la moitié de sa hauteur d’une eau claire, gommeuse. L’opercule ou couvercle est ovale, presque arrondi, maculé de taches rouges sur fond verdâtre, fixé à la partie supérieure de l’orifice, et cuspidé derrière l’articulation. De la partie inférieure de l’orifice et sur le devant des urnes ou ascidies , partent deux ailes membraneuses, frangées, se dirigeant dans un sens opposé, pour aller se rejoindre dans le bas à l’en- droit où se fait la transformation de la nervure médiane en ascidie. La fleur nous est inconnue. Le N. hybrida maculata a été obtenu de semis par M. Dominy, chef de rétablisse- ment d’horticulture cle M. Veitch et fils, horticulteur à Ghelsea. Cette remarquable hybride, provenant du N. distillât oria, et d’une nouvelle espèce non encore nommée originaire de Bornéo, vient d’être livrée au commerce pour la première fois. C’est une plante vigoureuse, trapue, ne s’emportant pas, et qui, à la fois, a l’avantage de pro- duire beaucoup de feuilles et d’ascidies. On la cultive en serre chaude, le plus près possible du jour, en ombrant toute- fois, lorsque le soleil se montre. Elle pros- père admirablement lorsqu’on la plante dans un sol composé de terre de bruyère tourbeuse, mélangée dJun peu de charbon de bois pilé, de fragments de briques fine- ment concassés, de fibres de cocos, de rapures de cornes, et, à la surface du pot, d’une légère couche de sphagnum, qui a l’avantage de maintenir l’humidité dans celui-ci. On place ensuite le tout dans un double pot, que l’on tient constamment rempli d’eau, ou de mousse humide. On multiplie assez facilement le N. iujbrida maculata, en lui faisant dévelop- per en bourgeons, à l’aide de petites inci- sions transversales, les yeux latents de la 308 SOLANUM RECLIN ATUM. CYCLAMEN DE PERSE, PION ANDRA FRAGRANS. base. On marcotte les bourgeons qui se trouvent près du sol, et l’on coupe ceux qui se développent sur la tige, pour les bouturer. On place ces derniers sous cloche sur une couche chaude, où ils s’enracinent dans l’espace de deux à trois mois. Delchevalerie, Chef multiplicateur au fleuriste de la ville de Paris. SOLANUM RECLINATUM Cet arbuste est très-vigoureux et se dé- veloppe très-vite; il atteint 3 à 5 if très de hauteur dès la deuxième année ae se- mis. On peut le planter avantageusement dans les massifs ou au milieu d’une grande corbeille. Son feuillage, d’un beau vert, qui est véritablement ornemental, lui donne une certaine ressemblance avec le Sola- rium laciniatum. Il supporte parfaitement la pleine terre à Hyères, où, pendant tout l’hiver, il reste couvert de nombreuses fleurs d’un bleu clair. Ces fleurs, qui se succèdent sans interruption pendant les mois de janvier, février, mars et avril, sont remplacées par des baies qui mûrissent en juillet et août. Ce qui distingue surtout cet arbuste et qui le rend précieux pour l’ornement, c’est qu’il ne craint ni les froids, ni les vents, quelque impétueux qu’ils puissent être. Ainsi tandis que les au- tres solanées ornementales sont endom- magées par la moindre gelée blanche, et périssent même aussitôt que le thermo- mètre descend seulement à 2 degrés au- dessous de zéro le 5. reclinatum ne paraît nullement souffrir. La multiplication du S. reclinatum se fait par graines, et les jeunes plants sont tout de suite repiqués en pleine terre et àdem eure. Rantonnet, Horticulteur à Hyères (Yar). CYCLAMEN DE PERSE ET CRASSULE BLANCHE D’après la pratique générale usitée en horticulture , ces deux plantes de serre froide ont toujours été mises à Pair libre au printemps, l’une à l’ombre, l’autre au soleil. Nous voulons à leur sujet consigner ici une observation qui aura, nous l’espé- rons, l’assentiment des jardiniers. L’expé- rience nous a démontré que le Cyclamen et la Crassule tenus en serre pendant toute l’année s’accommodent avantageuse- ment d’une température élevée. Dans ces conditions le Cyclamen, aussitôt sa florai- son opérée, ne tarde pas à entrer dans une active végétation, moyennant, il va sans dire, une légère et constante humidité; ses boutons commencent à se montrer au mois de septembre, quand par la culture ordinaire de nouvelles feuilles paraissent à peine à cette époque. Traité ainsi que nous venons de le dire, le Cyclamen de Perse, si recherché par la forme singulière de son inflorescence, par la suavité du parfum de ses fleurs, devient de plus en plus précieux pour l’ornement des serres et des appartements, depuis octobre jus- qu’en avril. Quant à la Crassule blanche, si l’on veut en obtenir une riche floraison il est essen- tiel, ainsi que nous l’avons dit, de ne pas la sortir de la serre. Depuis bien long- temps, suivant l’usage admis, nous lui donnions place au grand air et en plein soleil en été. A cette exposition elle pous- sait à souhait, se fortifiait ; mais, rentrée en serre, de larges pieds ne nous présen- taient que deux ou trois maigres tiges florifères. Toujours trompé dans notre attente, nous étions sur le point d’aban- donner la culture de cette plante, lorsque l’idée nous vint de la laisser en serre pen- dant toute la belle saison, par une chaleur de 30 à 35 degrés. Qu’arriva-t-il? c’est que, à l’automne, des tiges nombreuses ne tardèrent pas à monter et dès la lin de novembre des milliers de fleurs s’épa- nouissaient en magnifiques panicules jus- qu’à la fin de l’hiver. Nous ne sommes pas éloigné de croire que le traitement auquel nous avons sou- mis le Cyclamen et la Crassule serait également avantageux à beaucoup d’autres plantes dont la floraison hivernale n’est pas entièrement satisfaisante. L’abbé Brou. PIONANDRA FRAGRANS Parmi les Solanum, plantés au jardin réservé de l’Exposition universelle, nous signalerons à l’attention des amateurs un arbrisseau à tige droite, glabre, portant seulement quelques rameaux disposés horizontalement et garnis de feuilles qui naissent par deux à la fois. Ces feuilles sont épaisses, d’un vert glauque en des- sous, vert brillant en dessus; elles sont de dimensions différentes et prennent la forme SUR LE ROBINIA HISPIDA. 309 ovale acuminée; de l’interseclion des ra- meaux sortent des pédoncules portant de longues grappes de fleurs retombantes, qui, de violet foncé lorsqu'elles sont à l'état de bouton, deviennent d’un beau violet à mesure qu’elles s’épanouissent; en outre, chaque jour apportant une dégradation au coloris, ces fleurs finissent par prendre une teinte jaune violacé in- certain, à reflets métalliques. La corolle a la forme d’une clochette évasée, qui se- rait terminée par cinq dents ou lobes pro- fondément découpés et réfléchis. Cette Solancée, c'est le Pionandra fra- grans de Miers, pauvre plante qui, après avoir été nommée Solanum fragrans par le docteur Hooker, lors de son importation en Angleterre, d’où elle avait disparu soit par ce que les sujets introduits étaient morts, soit parce qu’elle n’avait peut-être pas été bien appréciée pour que l’on en continuât la culture, s’est encore vue baptisée par Sendtner du nom original de Cyphonandra fragrans!!! Le nom de Pionandra fra- grans , tout aussi original que celui donné par Sendtner, fut adopté par M. Linden, horticulteur à Bruxelles. En 1859, ce der- nier avait reçu l’arbrisseau dont il s’agit de feu Libon, collecteur botaniste qui l’avait trouvé à Sainte-Catherine (Brésil); c’est sous ce nom que l’habile horticul- teur bruxellois l’a répandu dans toute l’Europe. M. Linden en ayant fait planter un jeune pied en pleine terre vers le 15 mai, fut émerveillé de la vigueur avec laquelle il SUR LE ROB Le Bobinia ldspida est-il une bonne es- pèce? D’où est-il originaire? Si, encore aujourd’hui, on posait cette question à la plupart des botanistes, ils ne manqueraient assurément pas de ré- pondre que cette espèce est bonne et qu’elle est originaire d’Amérique. C’est aussi ce que nous aurions répondu il y a une vingtaine d’années; mais aujour- d’hui il en est tout autrement, l'expérience nous ayant appris à être beaucoup moins affirmatif dans ces sortes de questions. Déjà en 1864, dans le travail que nous avons publié sur la production des varié- tés (1), nous disions, page 71, note 41 : « Bien que, à l’exemple de tous les bota- nistes, nous considérions ici le Robinia hispida comme type, nous n’oserions ga- rantir que c’est une espèce; nous pensons même le contraire. Nous appuyons nos doutes sur ce fait, que nulle part on ne (1) Production et fixation des variétés dans les végétaux , grand in-8, à 2 colonnes avec figures. végéta et de l’effet décoratif qu’il produisit en peu de temps. Ce n’était plus, dès la fin du mois d’août suivant, une bouture qu’il possédait, mais un charmant arbuste ayant une tige de lm 50 de hauteur, sup- portant une boule de feuillage d’un vert agréable et qui, de loin, ressemblait à un Oranger. De cette touffe de feuilles pen- daient de nombreuses grappes de fleurs présentant, par suite de leur degré de floraison, des coloris différents du plus charmant aspect. Nous hésitons d’autant moins à recom- mander ce petit arbuste aux amateurs, que nous sommes assuré de le voir, dans un temps très-rapproché, devenir un des plus beaux ornements des pelouses et des gazons où, si l’on veut en tirer tout le parti possible, il conviendra de l’élever sur une tige assez haute, au lieu de le laisser en buisson. Tous les amateurs et horticulteurs pour- ront facilement cultiver cette Solanée : c’est une plante peu délicate, réclamant une bonne terre de jardin et de copieux arrosements pendant l’été, lorsqu’elle est plantée en pleine terre. L'hiver, elle demande l’abri de la serre tempérée et y sera placée dans un compost de moitié terreau de couche et moitié de terre fran- che et de terre de bruyère mélangées en égale quantité ; sa multiplication est fort simple; elle se fait de bouture comme les diverses espèces de Solanum. Rafarin. NIA HISPIDA l’a encore rencontré, si ce n’est cultivé, et, d’une autre part encore, que, partout en Europe, où cette plante est fréquem- ment cultivée pour l’ornement, de même qu’en Amérique où elle est très-employée au même usage, elle ne donne jamais de graines. » Aujourd’hui nous allons plus loin, nous sommes tout disposé à croire, bien que nous n’affirmions pas, que le Ro- binia hispida est simplement une forme du Robinia pseudo acacia , done l’ori- gine n’a pas été constatée, comme cela arrive si fréquemment pour les varié- tés. Toutes les recherches que nous avons faites ou fait faire, pour avoir des rensei- gnements sur cette plante, nous ont dé- montré que partout où on la trouve elle est cultivée et reste toujours stérile. Nous nous sommes adressé à plusieurs bota- nistes et jardiniers qui habitent ou qui ont habité l’Amérique : ils ont confirmé notre dire. Tous nous ont répondu que la plante n’existe pas à l'état sauvage, qu’on la 310 POIRIER DOYENNÉ d’iHYER A FEUILLES PANACHÉES. rencontre toujours cultivée, et qu’elle ne fructifia jamais. Nous devons ajouter que la plupart abssi nous ont dit ou nous ont écrit qu’en Amérique on croit que cette plante est originaire d’Europe et intro- duite par la culture dans ce pays. Ici nous croyons précisément le contraire. Combien d’autres dont l’origine est aussi douteuse que celle-ci! Nous le disons sans crainte : il n’est pas d’archives présentant un aussi grand désordre que celles qui en- registrent ou qui ont la prétention d’enre- gistrer l’origine des êtres Reconnaissons toutefois qu’il n’en peut être autrement et ne demandons pas l’impossible. En même temps que nous écrivions à nos collègues, que nous insistions soit di- rectement, soit par l’entremise d’hommes très-versés dans les sciences botaniques, et assez haut placés poar avoir des ren- seignements sur le Robinia hispida , nous faisions également d’actives recherches à ce sujet. Eh bien, sans avoir atteint complète- ment notre but, nous avons cependant été plus favorisé que tous ceux à qui nous nous sommes adressé ; après plus de vingt ans de recherches, cette année 4867, nous avons pu voir, sur quatre arbres, une dou- zaine de gousses bien formées. Ces gousses longues d’environ 4-5 centimètres, sur IS- IS millimètres de circonférence au milieu, sont subcylindriques, légèrement compri- mées, atténuées aux deux bouts et ter- minées au sommet en un long appendice filiforme, qui ne tarde pas à se dessécher ; elles ne contiennent que très-peu de grai- nes qui en occupent le milieu. Dans leur jeunesse ces fruits sont hérissés de toutes parts de poils dressés, raides, d’un très- beau rose, comme ceux qu’on trouve sur l’extrémité des jeunes bourgeons en voie de développement. Plus tard, et à mesure que le fruit grossit, la couleur vert sombre de la gousse domine, malgré les poils plus ou moins colorés qui la recouvrent. Quelles seront les graines et que donneront-elles? Nous ne pouvons rien affirmer ; nous crai- gnons même qu’elles tournent à mal. Au- jourd’hui, 12 août, le plus grand nombre des fruits sont tombés, soit par le vent, qui a brisé deux arbres, soit peut-être aussi par suite d’une mauvaise conformation, ainsi sur une douzaine de gousses que por- taient les quatre arbres, il n’en reste plus que deux placées sur deux individus. Si nous sommes entré dans d’aussi longs détails au sujet la fructification du Robinia hispida , c’est que nous les avons cru nécessaires, personne avant nous, que nous sachions du moins, n’en ayant ja- mais parlé. E. A. Carrière. POIRIER DOYENNÉ D’HIVER A FEUILLES PANACHÉES Non loin de Contrexéville, dans les Vos- ges, existe une pépinière remarquable par le nombre et la beauté rare de ses semis, de ses arbres résineux de tous les genres, de tous les âges et de toutes les hauteurs. La bonne tenue et l’habile direction de ce bel établissement, créé il y a environ un demi-siècle, méritent tous les éloges des connaisseurs qui le visitent. Cette pépi- nière est dirigée avec soin par M. Renault, homme instruit et modeste, qui, à juste titre, jouit d’une grande réputation. En observateur attentif, M. Renault re- marqua, il y a plusieurs années, qu’une des branches, située à la base d’une py- ramide de Poirier doyenné d’hiver, haute de 7 à 8 mètres, ne produisait que des feuilles panachées de blanc, tandis que les autres en donnaient du plus beau vert. M. Renault ne fut pas indifférent à ce fait, au printemps suivant il coupa les ra- meaux de cette branche et il les greffa sur de jeunes plants de Poiriers. Ces greffes ne tardèrent pas à pousser, et, en se déve- loppant, elles donnèrent toutes des feuilles panachées, comme celles de la branche mère. Depuis lors, tous les ansM. Renault greffe de nouveaux sujets, en écussons et en fente, et chaque année il obtient les résul- tats les plus constants. Cette variété est donc désormais fixée. Nous avons vu le mois dernier le pied mère, ainsi que la branche à feuilles pana- chées, qui reste encore sur le Doyenné d’hiver, et nous sommes en mesure d’af- firmer qu’il présente une végétation des plus belles et non pas maladive, comme l’accident de la panachure pourrait le faire supposer. Au double point de vue de l’utilité et de l’agrément, nous ne saurions trop attirer l’attention de nos lecteurs sur l’emploi, dans les jardins, du Poirier doyenné d’hi- ver, à feuilles panachées obtenu acciden- tellement par M. Renault, pépiniériste à Bulgnéville (Vosges). Bossin. , ' . F. Yema. Pmx b -• . - lmp. Zanote x. des .Boulangers ,13 Pomme Ile in elle grise de Saint onge lmp 7. a note r des Boulangers ./J Bans H ne Ifcrlicolc fl - B Yewa Pùix PHYLLOCLADUS GLAUCA. 311 • PHYLLOCLADUS GLAUCA Cette espèce, que l’on rencontre dans les cultures sous les noms de Phyllocladus Cunninghamii , parfois sous celui de P.hy- pophylla, a fructifié au Muséum, où nous avons fait faire le dessin qu'on voit gra- vure 31. Malheureusement l'absence de fleurs mâles a fait que les graines ont été stériles. L’individu qui a fructifié au Mu- séum a environ 1 m 40 de hauteur ; nous en avons vu qui ont fructifié dont la hau- teur ne dépassait pas 50 centimètres. La description que nous en avons donnée dans notre Traité des Conifères, 2e volume, page 707, étant très-exacte, nous allons la reproduire. Voici : Plante dioïque? Tige très - robuste , â r Fig. 31. — Phyllocladus glauca. écorce unie, d'un vert jaunâtre. Bourgeons gros , à écorce excessivement glauque, pruineuseou blanchâtre, finalement jaune, très-lisse, terminées par un bouton renflé, écailleux, qui, après la pousse, est entouré d'un verticille de rainules phylloïdes, por- tant dans toute leur longueur des sortes de bractées ou écailles gemmaires longues de 10 à 15 millimètres, larges, entières, souvent dilatées, cordiformes au sommet, glauque pruineux comme l’écorce des bourgeons sur lesquels elles se déve- loppent, puis roux brun, amincies sur les bords, qui sont scarieux, blanchâtres. Ra- milles phylloïdes verticillées, à écorce gris verdâtre, plus tard jaune, lisse. Phyllodes flabellées, cunéiformes, alternes, irrégu- lièrement lobées, à lobes dentés, épaisses, coriaces, ondulées, sensiblement nervées, côtelées sur le dessus, qui est d’un vert roux 312 CLERODENDRON THOMPSONÆ. — POMME REINETTE GRISE DE SAINTONGE. ou plutôt ferrugineux, d’un vert gai, lui- sant en dessous, longuement atténuées à la partie inférieure en un pétiole dont l’é- corce, d’abord d’un vert glauque, passe promptement au jaune, et qui porte à sa base une bractée linéaire, marcescente. Chatons mâles terminaux, cylindriques paraissant en février, mars, longs d’environ 8—10 millimètres, larges de 3 — 4, à éta- mines nombreuses insérées sur l’axe. An- thères jaunâtres. Chatons femelles pla- cés à l’extrémité de l’axe des phyllodes élargies sessiles, parfois sur une sorte de pédoncule allongé, étroit (phyllode réduit à son axe), composés d’écailles charnues, imbriquées, à la base desquelles se place l’ovule. Graines nues sur un petit disque charnu, très-luisantes, ovales comprimées, assez semblables à un grain de Chènevis, mais plus petites, à testa mince parcheminé ou cartilagineux, mûrissant vers l’automne de la première année. On voit sur une phyllode détachée sur les bords des phyllules, des agglomérations de fleurs femelles et, sur la gauche de cette même phyllode, un chaton femelle portant des fruits de grandeur naturelle. Originaire de la Tasmannie, le Phyllo- claclus glauca, sous le climat de Paris, exige l’abri de la serre tempérée pendant l’hiver. E. A. Carrière. CLERODENDRON THOMPSONÆ Plante très-vigoureuse. Tige grêle sar- menteuse. Feuilles entières , opposées, courtement pétiolées, coriaces, molles, minces, arrondies à la base, atténuées puis longuement acuminées, légèrement gaufrées, à nervures très-saillantes en des- sous. Fleurs disposées en larges panicules ou sortes de grappes lâches, longuement pédonculées. Calyce monosépale, d’un très- beau blanc, à 5 divisions profondes, ovales, longuement acuminées, aiguës, appliquées au sommet et cachant complètement tout le tube de la corolle. Corolle monopétale, très -longuement tubulée, à 5 divisions courtement ovales, d’un rouge cramoisi très-foncé et comme velouté, étalées au sommet et se rabattant sur le calyce, dont elles cachent le sommet. Etamines inégales, saillantes. Le Clerodendron Thompsonæ , Balf. est originaire de la côte occidentale d’Afrique, du Vieux Calabar, d’où l’a rapporté le Rév. C. Thompson. Ce dernier l’a donné au doc- teur Balfour en lui exprimant le désir que la plante portât le nom de feu Mme Thomp- son. Cette plante, l’une des plus jolies lia- nes que l’on connaisse est, par sa floribon- dité et surtout par la beauté de ses fleurs, digne de figurer dans toutes les serres chaudes, où, mise en pleine terre, elle pourra couvrir les murs ou les colonnes. Le calyce de la fleur, d’un blanc de neige, et la corolle, d’un rouge très-foncé, for- ment le plus frappant contraste. Cultivée en pots, soumise à la taille et à certains pince- ments, on peut la convertir en une sorte d’arbuste. La culture du C. Thompsonæ est des plus faciles; presque toutes les terres un peu légères lui conviennent; elle aime l’humidité surtout lorsqu’elle est en pleine végétation. Dans ce cas, si le sol est très- perméable, on ne peut lui donner trop d’eau. Quant à sa multiplication, elle ne présente aucune difficulté ; on la fait de boutures, qui, plantées en terre de bruyère et mises sous cloches dans la serre à multiplication, s’en- racinent très-promptement. Houllet. POMME REINETTE GRISE DE SAINTONGE Fruit d’une bonne moyenne grosseur, forme très-régulière, beaucoup plus haut que large, légèrement atténué à la base, mais beaucoup plus vers le sommet. Queue ténue, courte, implantée au fond d’une ca- vité petite, évasée, assez profonde, et de même longueur que la profondeur de la cavité. QEil très-régulier placé au fond d’une cavité profonde, assez large mais peu éva- sée, à divisions calycinales petites, étalées. Peau un peu rugueuse et dure au toucher, gris foncé dans toutes ses parties, jamais colorée. Chair fine, cassante, blanc jau- nâtre, d’une saveur de Reinette bien pro- noncée, agréablement relevée. Pepinsnom- breux, roux luisants. Les fruits de la Reinette grise de Sain- tonge, qui sont de première qualité, mû- rissent à partir de janvier et se conservent jusqu’en mai et même plus longtemps. A leur dernière limite de conservation, ces fruits, bien qu’ayant perdu de leur eau de végétation , sont encore très-bons et n’ont presque rien perdu de leur saveur. La Pomme Reinette grise de Sainlonge est donc une variété précieuse dont il faut encourager la plantation. Eug. Glady. EXPOSITION UNIVERSELLE D’HORTICULTURE EN 1867. 313 EXPOSITION UNIVERSELLE Le premier concours dont nous avons à parler est compris sousla rubrique : Espèces et variétés d’QEillets (Dianthus caryophyl- lus) réunis en collection, en pots et fleuris, a donné les résultats suivants : un premier prix à M. Gauthier-Dubos pour une belle collection de variétés de choix ; un troi- sième prix à M. Brot-Delahaie, qui avait une collection moins considérable. Le même horticulteur recevait en outre une mention honorable pour un lot d’QEillets obtenus de semis et non encore au com- merce. Après cela, nous enregistrerons les con- cours d’QEillets présentés en fleurs coupées, sous la rubrique : Variétés réunies en collection. M. Baudry - Hamel avait un lot de 550 variétés de toute beauté, hors ligne — pourrait-on dire — pour lequel le jury lui a décerné un premier prix . Dans cette collection nous signalerons surtout les variétés portant les nos 674, 1065, 372, 1075,1058, 802, 563, 570, 715 et478. Le jury a encore accordé une mention ho- norable à M. Baudry-Hamel pour un lot de variétés nouvelles obtenues de semis. Ajou- tons que MM. Gajon, Rnight, Gauthier- Dubos, Carnielle et la société de Clermont (Dise) avaient également présenté des lots de fleurs d’QEillets obtenus de semis. Dans la seconde partie des concours principaux : Plantes de serre chaude, nous trouvons d’abord M. Chantin avec une nombreuse collection d’espèces et variétés ds végétaux à feuillage ornemental, que le jury a récompensé d’un premier prix. Ensuite M. Loise-Chauvière, qui recevait un second prix pour un lot de plantes de serre chaude , propres à la décora- tion des appartements. Puis Mme Ve Fro- ment qui avait envoyé un lot de plan- tes variées de serre chaude et de serre tempérée , que le jury récompensait d’un troisième prix. Le lot de 12 sujets plantes herbacées de serre chaude de M. Rnight de Pontchartrain , bien que remarqua- ble par le développement et la bonne culture, n’a cependant reçu qu’un deu- xième prix ; relevons comme plantes re- marquables un bel exemplaire de Sanr seviera Zeylanica , aux feuilles linéaires, roulées, de couleur vert foncé avec ban- des transversales vert clair : Sanseviera Zeylanica var. fulvocincla , au feuillage, non canaliculé, plus large que dans le type; Anthurium Scherzerianum.M. Rnight rece- vait encore un premier prix pour un lot de 42 sujets de plantes ligneuses également (1) Voir Revue horticole 1867, pp. 173, 193, 214, 234, 252, 272, et 292. r D’HORTICULTURE DE 1867 (,) remarquables par leur grand développe- ment et leur bonne culture , lot dans lequel nous signalerons : Myristicu pu- bescens (vulgairement nommé Muscadier), de 2m 50 de hauteur; Rhopala Jonghii , d’un dimension et d’une vigueur extraor- dinaires; Gustavia Leopoldii, Machærium firmum. Enfin un très-bel exemplaire de Rhopala Corcovadensis , espèce que nous recommandons spécialement parce que, plantée en pleine terre au parc Monceaux, elle a parfaitement végété pendant t’été 1865 et celui de 1866. Si après cela, nous entamons les con- cours accessoires, nous trouvons dans les Plantes de serre chaude : 1° parmi les 33 sujets d’arbres fruitiers exotiques réu- nis en collection par M. Linden, qui a reçu un premier prix; signalons: un fort pied de Durio Zibethinus ; Lecythis ollaria (vulgairement nommé marmite de singe) ; Artocarpus incisa? (arbre à pain); Eupho- ria long a ; Garcinia mangostana\ Adan- sonia digitata (Baobab), ce géant du Séné- gal qu’on dit pouvoir atteindre 30 mètres de circonférence; Xanthochimus tincto- rius , dont le fruit sécrète une sorte de gomme-gutte. 2° Un concours pour un lot de 12 sujets d’arbres fruitiers des tropiques, présentés avec fruits, un second prix à M. Rnight. Evidemment le jury a surtout vou- lu, dans cette circonstance, récompenser la dimension et la bonne culture des sujets composant l’exposition de M. Rnight, (car on peut dire qu’il y avait absence complète de fruits sur les arbres). Nous constatons dans ce lot : Annona Cherimolia de 4 mètres de hauteur; Jambosavulgaris (Pomme rose) de 3 m 50; Carica Papaya de 3 mètres de hauteur; Calophylla Mandruno de 2 mè- tres; Couroupila Guianensis vulgairement appelé Abricot sauvage; Lucuma Caniste, dont la pulpe du fruit ressemble à un jaune d’œuf; Lucuma mammosum ; enfin une plante du Brésil qui ressemblait beaucoup a un jeune Slravadium insigne. Ensuite venaient les concours réservés aux Gloxinia fleuris, qui ont été recom- pensés, savoir : une collection à M. Chenu de l’Jle-Adam , qui a reçu un troisième prix ; les plantes présentées étaient pres- que complètement dépourvues de leurs belles fleurs par un accident survenu pendant le transport, et qui a empêché le jury d’en apprécier le mérite. M. J. Val- lerand , jardinier de M. Carcenac, à Bou- gival, présentait un lot de Gloxinia nou- veaux, qui de l’aveu de tout le monde étaient ravissants de beauté; aussi le jury comprenant que donner un premier prix 314 EXPOSITION UNIVERSELLE au propriétaire sans recompenser les tra- vaux de celui qui avait obtenu de pareils résultats, serait commettre une injustice, a-t-il proposé au jury de groupe de décer- ner également un premier prix à M. J. Val- lerand, ce qui a été accepté avec empres- sement. Au milieu de ces jolies merveilles de formes et de coloris, nous avons noté comme gain tout à fait d’élite les variétés dédiées à : M. Devinek , fond blanc rosé pointillé de rose lilacé; M. Alphand , tube blanc granulé bordé de violet avec liséré blanc sur le bord ; M. Barillet, tube blanc avec une belle couleur bleue violacée, lé- gèrement lavée sur les bords et granulée à l’orifice du tube; M.Decaisne , tube rayé de carmin et constellé de violet foncé, et surmonté d’une couronne violet; M. Gui- bert, gorge blanche rayée de rose clair, piquetée de pourpre violacé; Madame la comtesse de Nadaillac , blanc pur; M. Isi- dore Leroy, tube blanc, lobe violet clair, légèrement teinté de bleu avec stries plus foncées, etc. Les Gloxinia doivent être recom- mandés aux amateurs ; ce sont avec les autres plantes bulbeuses de la famille des Gesnériacées et des Liliacées les plan- tes les plus avantageuses à cultiver dans les serres tempérées, qu’elles ornent pen- dant l’été alors que les autres végétaux sont en plein air; d’autre part, au mo- ment où la température oblige à rentrer ceux-ci, les Gloxinia perdant leur feuil- lage, entrent dans la période du repos et leur cèdent ainsi la place pendant tout l’hiver. Poursuivant le compte rendu des con- cours de plantes de serre chaude, nous avons à enregistrer ; d° les deux collections d ’ Achimenes, appartenant l’une à M. Th. Gauthier, non honorée d’une récompense, et la seconde présentée par M. Chenu, de l’Ile-Adam , qui n'a reçu qu’une men- tion honorable . Cette collection, bien que comprenant des plantes peut-être un peu allongées, a été fort remarquée des amateurs : on y trouvait les variétés dites : longiflora major , longiflora var. Ed. Bois- sier ; longiflora var. Àmb. Verschaffelt , à fleur extrêmement grande et A.coccinea var. Dazzle , à petite fleur rouge grenat brillant; coccinea var. Miniature; 2° un lot de Tydæa, en variétés déjà au com- merce , ainsi qu’en nouvelles obtenues de semis, exposées par M. J. Vallerand au nom de M. Garcenac. Le jury a décerné à cette exposition un second prix sans doute pour récompenser l’en- semble qui était fort beau ; 3° enfin, un lot d’ Orchidées , présenté par M. le duc d’Ayen et récompensé d’un premier prix pour bonne culture et très-grand déve- loppement. La dimension extraordinaire D’HORTICULTURE EN 1867. des sujets présentés fait, une fois de plus, ressortir le talent hors ligne de son jardi- nier M. Fanton. Venaient ensuite les concours de Plantes de serre tempérée, pour lesquels le jury a décerné, savoir ; Lantana, variétés réunies en collection, un premier prix à M. Chaté pour une exposition réunissant tout ce qui a paru de beau dans ce genre ; lot de 12 su- jets remarquables par leur développement et leur bonne culture, également un pre- mier prix à M. Chaté. Sous la direction de cet horticulteur distingué, cette plante est devenue un arbuste élevé sur une tige de 80 centimètres à 1 mètre , supportant une boule de feuillage et de fleurs du plus joli effet et d’une dimension presque ex- traordinaire puisque chez plusieurs elle mesure de 4 à 5 mètres de circonférence. C’est un résultat digne d’éloges. Deux lots de Pétunia variés ont été pré- sentés, l’un par M. Tabar, qui a obtenu un deuxième prix, et l’autre par M. Huillier, qui ne recevait qu’un troisième prix . Dans les Pélargonium zonale inquinans M. Chaté a obtenu un premier prix pour une collection comprenant un choix de bonnes variétés, parmi lesquelles celles à fleurs pleines se faisaient remarquer. Nous avons saisi de nouveau l’occasion qui nous • était offerte d’étudier les variétés de Pélar- gonium Gloire de Lorraine et Surpasse gloire de Nancy. Or nous avons trouvé que ces deux plantes, à peine plus écar- lates que Gloire de Nancy, ont entre elles tant de ressemblance, qu’il nous a été im- possible d’établir une distinction même à la loupe ; celles de la variété dite Gloire de Thumesnil sont plus apparentes, et cette variété sera, nous le croyons , admise dans les bonnes collections. Un rappel de deuxième prix a été fait en faveur du lot de Pélargonium de semis que M. Chardine avait présenté à l’examen du jury. Un lot de Bégonia exposé par M. Oub- lier recevait un troisième prix. Mentionnons encore, comme végétaux appartenant à la serre tempérée ; le lot de Myoporum parvifolium de MM. Vyeaux- Duveaux récompensé d’un troisième prix, pour bonne culture; c’est une jolie plante qui paraissait abandonnée et qu’une dis- tinction va remettre en honneur. Enfin, deux lots de Lilium auratum exposés, l’un par MM. Vilmorin et Ce, l’autre par M. Van Geert (Auguste). Le lot de MM. Vilmorin, qui comprenait plusieurs sujets portant quatre fleurs a paru le plus méritant, aussi a-t-il été recompensé d’un troisième prix, tandis que son concurrent, M. A. Van Geert, ne recevait qu’une mention hono- rable. Les concours de plantes herbacées de pleine terre ont donné les résultats suivants: EXPOSITION UNIVERSELLE d’hORTICULTURE EN 1307. 315 un deuxieme prix à M. Yvon, un troisième prix à M. Thibaut-Prudent, pour collection de plantes vivaces. Bien que composées de sujets variés, ces deux expositions n’of- fraient aucune- plante digne d’une mention spéciale. Il en était tout autrement de celles comprenant les plantes annuelles réunies en collection. En voyant la quan- tité et la beauté des plantes présentées à ce concours, nous nous sommes encore cru assistant aux grandes joutes des précédentes séries! C’était, en effet, une de ces luttes de bon goût dans laquelle le vaincu peut sans rougir tendre la main au vainqueur, car si grand que soit le mérite de l’un, il ne peut annihi- ler celui de l’autre. Dans la collec- tion de MM. Vilmorin et compagnie, qui a obtenu le premier prix , nous trou- vons : Chrysanthemum carinatum flore pleno à fleurs jaune et blanc ; Callirhoe pédala nana; Chænostoma fastigiata alba; toutes plantes de récente introduction. Celle de M. Loise-Chauvière, qui a reçu le deuxième prix , était très -belle, et a été également très-admirée. Un troi- sième prix ex æquo a été attribué à celle de M. Duvivier et à celle de M. Guénot, également bien composées. Enfin une men- tion honorable est venue récompenser celle de M. Thibaut-Prudent, qui possédait entre autres un Martynia lutea aux fleurs jaune d’or. MM. Vilmorin et compagnie avaient pré- senté de nombreux produits de plantes herbacées, qui ont été récompensés comme suit : 1° lot de 4 variétés de Pétunia se reproduisant exactement par le semis, une mention honorable. Nous recommandons la culture de ces variétés comme fournissant des sujets vigoureux, et d’une multiplica- tion à la portée de tous les amateurs. 2° Un lot de Capucines ( Tropeolum ) naines etgrimpantes, qui formaient unedécoration d’autant plus belle que l’on y trouvait, outre un grand nombre de variétés de Tropeolum Lobbianum, le Tropeolum peregrinum (Ca- pucines des Canaries); des variétés naines représentées en touffes compactes, cou- vertes de fleurs de couleurs variées. Le jury a décerné un deuxième prix à ce lot. 3° un lot d’Amarante crête de coq ( Celosia cristata) qui obtenait un troisième prix ; ce lot se composait de 6 variétés aux fa- ciès couleur pourpre, chamois, jaune d’or, rose, rouge pivoine et amarante. 4° un second prix, pour un lot de plantes grim- pantes composé de 5 variétés de Thunber- gia ; 5 variétés de Maurandia ; 2 variétés de Lophospermum ; 1 Loasa lateritia et 7 variétés d ’lpomea purpurea aux fleurs de couleur violet foncé, blanc, rose chair, rouge vif, panaché de bleu et de rouge sur fond blanc ; toutes plantes élégamment dressées. Enfin, 5° un autre second prix pour une collection de Giroflées quaran- taines ( Mathiola annua ), remarquables sur- tout par le nombre et la variété de leurs nuances. Après avoir terminé cette énumération nous passons au concours des Phloxpyra- midalis , variétés réunies en collection, pour lequel un troisième prix a été décerné à M. Yvon : la récompense aurait été bien cer- tainement plus élevée si les plantes sou- mises à l’examen du jury n’avaient été fa- nées lors de leur examen. Venait ensuite un lot de Bhlox pyramidalis obtenus de semis et qui a valu un premier prix à M. Lierval. Toutes ces nouvelles variétés, d’un coloris très-frais et infiniment varié, ressemblent, il est vrai, à celles déjà livrées au com- merce, ce qui, sans doute, a déterminé l’ob- tenteur à ne pas leur donner de noms. Quoi qu’il en soit, M. Lierval a fourni aux amateurs l’occasion d’apprécier' cette belle plante de pleine terre, et de voir les modi- fications si heureuses que la culture leur a fait subir. Ensuite nous trouvons la collection de Dahlia de MM. Moricard et Asclept, qui a reçu un premier prix; souhaitons la bien- venue à ces nouveaux exposants, dont les produits ont été vivement admirés et ap- préciés tant pour la bonne culture que par le choix sévère des variétés; nous signale- rons, comme de premier choix, savoir : Ninnie Doods, Leach , Elfreda , Argentine, Madame Frédéric S > gnard, Tochtér von Kroslritz, Oblata, Mademoiselle Marie Do- mage, Charles Bar , Satyre, Mistriss Law- son, Proserpine, Striata perfecta, Louise Blague, etc., etc. Non loin de ces beaux Dalhia, on trou- vait des colonnes ornées de lierres et sur- montées de végétaux divers; le jury a trouvé que l’exposant M. Lassus méritait encore, pour ce lot, un second prix. Les lots de Fougères de pleine terre exposés par MM. Thibaut et Keteleer et par MM. Ja- min et Durand ont été également très-ap- préciés; le premier a été récompensé d’un premier prix, l’autre d’un second prix. Une collection de Rosiers tiges cultivés en pois, présentée par M. H. Jamain, recevait un premier prix. Sans vouloir faire ici l’é- loge deM. Jamain, chose inutile, du reste, nous croyons devoir signaler la persévé- rance avec laquelle cet horticulteur, si avantageusement connu, tant en France qu’à l’étranger, a présenté, dans toutes les séries, des collections de Rosiers cultivés en pots. Ce n’est pas là, en effet, un fait ordinaire; car, outre qu'il indique la pos- session de sujets aussi nombreux que va- riés, il prouve une connnaissance approfon- die des habitudes de ces végétaux, con- 316 EXPOSITION UNIVERSELLE naissance assez exacte pour permettre d’e obtenir la floraison à jour fixe. Pour terminer ce qui a rapport au con- coursde la floriculture, il nous reste à exami- ner ceux formant la section dite : fleurs cou- pées. Gomme dans les séries précédentes, les Roses tenaient le premier rang. En ce qui concerne le concours de collection, la tâche du jury était difficile et délicate, car ainsi que nous l’avons signalé dans nos précédents comptes rendus, presque tous les exposants avaient augmenté leurs col- lections , en y plaçant plusieurs fois la même variété. Une réclamation a été adressée au président du jury de groupe. Nous ignorons quelle suite sera donnée à cette juste réclamation, mais nous pouvons certifier que, aidé d’un spécialiste distin- gué, nous avons parcouru les collections et avons pu constater qu’il y avait telle variété (. Maréchal Niel) par exemple, qui figurait vingt-cinq fois; telle autre ( Eugène Appert) quatorze fois; ainsi de même pour 7 ou 8 autres variétés. D’autre part, parmi un lot de Roses présenté par un exposant, nous avons trouvé à peine 200 variétés, tandis que, d’après le programme, il au- rait dû s’en trouver 600. Ce sont là des abus qu’il est temps de faire cesser. M. Paillet seul avait exécuté strictement le règlement. Depuis longtemps nous re- grettons que pour le concours de Roses en fleurs coupées, on n’ait pas adopté la clas- sification par section, c’est-à-dire la réu- nion par groupe des hybrides remontants, des Thés, dts Noisettes, etc., mode de clas- sement suivi par tous les rosiéristes dans la publication de leurs catalogues. Le jury a décerné aux collections présentées les récompenses suivantes : un premier prix ex æquo à M. Verdier et à M. Margottin; également en ex æquo un deuxième prix à Duval et à M. Marest; un troisième prix à M. Cochet. ; une mention honorable à M. Paillet. Dans un autre concours, M. Ch. Verdier recevait un troisième prix pour une Rose présentée comme nouvellement obtenue de semis et nommée Adèle Hu- zard. Les variétés de Roses trémières (Althæa rosea ) réunies en collection, ont été très- appréciées des amateurs et admirées des visiteurs. Un premier prix a été décerné à M. Margottin, pour ses nombreuses va- riétés hors ligne ; nous y relevons les suivantes : Cérès , Général Havelock, Dia- mond, Monsieur Oakes , Maria , Décision , Georges Paul , Shrulland gem , Pacha , etc. Un deuxième prix était la récompense de la collection de M. Loise- Chauvière ; enfin M. Guénot recevait un troisième prix pour un lot également bien composé. Une mention honorable était donnée aux produits présentés par M. Lefresne, parmi n’iIORTICLLTURE EN 1867. lesquels nous avons remarqué deux ou trois rameaux de fleurs d’une grande richesse de coloris et qui ont été très-appréciés , bien que ressemblant, par la forme, au lype primitif. Nous parlerons également du lot de Glaïeuls (Gladiolus racemosus ) exposé par M. Loise-Chauvière et récom- pensé d’un second prix. Nous enregistrons cette décision avec d’autant plus de plaisir que nous la considérons comme devant at- tirer l’attention des amateurs sur le mé- rite des variétés de cet hybride qui, quoi- que délicat , a sa place marquée dans les jardins de tous les amateurs du genre Glaïeul. Nous mentionnerons encore, pour mé- moire seulement, parce que le jury ne leur a décerné aucune récompense : 1° société de Clermont (Oise), un lot de Dahlia se- mis; 2°M. Guénot, un beau lot de Giro- flées quarantaines variées ; un autre lot composé de Graminées sèches pour bou- quets, ainsi qu’un lot déplantes annuelles dans lequel figurait un Plilox Drummondii var. Madame Denis Grell , très-joli par sa panachure en étoile; 3° M. Loise-Chau- vière, un lot de Lilium auratum et Isabet- lum , ainsi qu’un lot de belles Anémones. Fuis nous enregistrerons les décisions du jury accordant à M. Unterreiner un pre- mier prix pour une pyramide de fleurs composée de 100 espèces de plantes al- pines fleuries et récoltées sur les montagnes du Tyrol; à Mlle Lion, pour différents con- cours de bouquets, vases garnis de fleurs et suspensions ornées, un premier prix ; deux troisièmes prix et deux mentions ho- norables à M. Deschamps, puis un troisième prix pour son panier orné de fleurs cou- pées qui annonçait beaucoup de goût et une main exercée dans l’art du fleuriste, Il est très-regrettable qu’on n’impose'pas aux exposants l’obligation de laisser au ju- gement du public les produits de cette dernière partie de la section des concours de la floriculture ; c’est ainsi qu’il a été im- possible de voiries bouquets et les suspen- soins de Mue Lion, qui, pourtant, ont été récompensés. Cette fois l’arboriculture a été représen- tée par un lot d’arbustes à feuillage pana- ché, présenté par M. Billard, auquel le jury décernait un troisième prix. Dans les concours de fruits et légumes, nous avons relevé : 1° concours de fruits à noyaux , M. Deschamps , amateur , un troisième prix pour un lot de Ce- rises comprenant 7 variétés, parmi les- quelles les gourmets admiraient celle dite Noire de Prusse ; M. Guillot, de Clermont- Ferrand, un second prix pour un lot de 16 variétés d’Abricots très-intéressants comme gains obtenus de semis; les nos 1, l’industrie horticole a l’exposition universelle. 317 3, 7 et 8 sont de beaux fruits comme l’Abricot royal; les n0s 4, 5 et 16 rentrent dans la section des tardifs; le n° 12 nommé Précoce d'Auvergne est noté comme très- fertile ; M. Gaillard , de Brignais , près Lyon, un troisième prix pour 5 variétés d’Abricots de semis ; M. Cremont , à Sar- celles, un premier prix pour des Pèches forcées; 2° dans les concours de fruits à baies, le jury décernait un second prix à M. Croux pour Groseilles variées; une mention honorable à M. Berger et une autre mention aux Fraises en panier de M. Gau- thier; 3° dans le concours de fruits variés le jury a accordé une mention honorable à la société de Clermont (Oise), pour son exposition composée de Pommes conser- vées et nouvelles, Poires, Prunes, Abri- cots, Groseilles, Framboises, Fraises, et 17 variétés de Cerises; enfin 4° dans le concours de Raisins forcés, un premier prix à M. de Goës, à Bruxelles; un deuxième prix à M. Rose Cbarmeux; un troisième prix ex æquo à M. Knight et à M. Constant Charmeux. Mentionnons, en terminant, le lot de fruits envoyés par M. Gallien, qui, bien que placé hors con- cours, a paru cependant si méritant au jury, qu’il a félicité l’exposant sur la valeur ex- ceptionnelle de ses produits. Il ne nous reste plus maintenant qu’à rendre compte des concours de légumes de saison : cette fois, c’est la société de Clermont (Oise) qui a remporté le premier prix , pour ne laisser que le second prix à la société de secours mutuels des jardi- niers de la Seine. Ce concours a nécessité une étude sérieuse de la part du jury, heu- reusement composé d’hommes très-com- L’INDUSTRIE HORTICOLE A I MEUBLES DE JARDINS. MM. Pinay, rue de Vendôme, 183, à Lyon : Meubles en fer tordu. Panlz, à Metz (Moselle) : Meubles de jardin. Binet, ave- nue des Champs-Elysées, 62, Paris : Meu- bles de jardin. Carré Félix, avenue de la Grande-Armée, 41, Paris: Meubles en fer , Chaises , Fauteuils , etc. Borel , quai de l’Ecole, 21 , Paris : Ameublement d’une serre , etc. Thiry jeune, rue Lafayette, Paris : Modèles de chenils et Pouleries. Remy, Faubourg- Saint-Martin, 68, Paris : Sièges en fer et en acier. Royer, avenue des Champs-Elysées, 25, à Paris : Jardinières et Corbeilles. Ronsian-Ornièzes, rue Mon- tingean, 3, à Bordeaux : Caisses à fleurs. Larousse, rue des Pavillons, 29, à Puteaux : Caisses à fleurs. Bouvet, rue de la Cloche, à Fontainebleau : Caisses à fleurs . Tron- (1) Voir Revue horticole , p. 297. pétents, car la tâche eût été difficile pour des hommes inexpérimentés dans cette partie du jardinage. En effet, la société de Clermont présentait de nombreux pro- duits très-variés, et dont il fallait addition- ner la valeur; de l’autre côté, la société de la Seine en offrait à l’examen de très-re- marquables , nous citerons comme curio- sité un Melon prolif'ruit. M. Falaise avait exposé un lot de Choux-fleurs très-remar- quable, que le jury a récompensé d’un premier prix ; la société de Clermont obte- nait encore une mention honorable pour un lot de 16 variétés de Choux pommés; puis une autre mention honorable dans le con- cours de Cerfeuil bulbeux; dans ce con- cours M. Tassin recevait un troisième prix et M. Vavin une mention honorable ; enfin M. Guénot obtenait un second prix pour son Chou Chang-ton , déjà connu sous le nom de Chou Pet-sai , introduit par M. de Montigny. Ce légume, qui tient à la fois du Chou, de la Laitue romaine et de la Carde, avait d’abord été délaissé comme trop délicat pour notre pays; depuis sa réimportatation, M. Lesueur, jardinier en chef de M. le baron Rothschild, a trouvé le système de culture qui lui convient et a obtenu des produits tout à fait remar- quables, tels que celui exposé parM. Gué- not. Comme résumé de la huitième série, nous trouvons 87 récompenses dont 25 premiers prix, 21 deuxièmes prix, 25 troi- sièmes prix et 15 mentions honorables ré- parties par puissances comme suit : Au- triche 1, Belgique 3, France 83. Rafarin. (La suite au prochain numéro.) EXPOSITION UNIVERSELLE chon, avenue d’Eyîau, 9, Paris : Meubles de jardin ; Faisanderie à tourelles ; Ber- ceaux roulants; Pots perforés en zinc , etc. Magasins de la Ménagère, boulevard Bonne- Nouvelle, Paris : Meubles variés de jardin. Loyre, rue du Faubourg-Saint-Honoré, 233 : Bacs coniques. SUBSTANCES. OU PRODUITS DIVERS EMPLOYÉS EN JARDINAGE. MM. Leclerc, à Saint-Germain-les-Cor- beil (Seine-et-Oise) : Toiles, etc., pour la conservation des raisins. Lhomme-Lefort fils, rue de Paris, 162, à. Paris-Belleville : Mastic à greffer à froid. Geneste, rue Im- périale, 81, à Lyon : Mastic perfectionné. Leroux-Robert, à Conches (Eure). Glu hor- ticole pour greffer à froid. Beaujard, rue Franklin, 5, à Dijon : Eau pour conserver les fruits. 318 l’industrie horticole a l’exposition universelle. FLEURS COUrÉES. M. Bernard, rue Laffitte, 7, Paris : Bou- quets de fleurs naturelles. Mllc Lion, pas- sage Joutroy, 19, Paris: Bouquets de fleurs naturelles. claies pour ombrager les serres. MM. Marchai, rue des Cinq-Moulins, 17 bis, à Paris-la-Chapelle. Lebœuf, rue des Francs-Bourgeois-Saint-Marcel, 13, à Paris. Pillion Louis, Grande-Rue, à Issy (Seine). Barbier et Guisani, rue d’Amsterdam, 33, Paris. Masseranno, rue du Faubourg-Saint- Denis, 156, Paris. Anfroy fils, à Andilly, près Montmorency (Seine-et-Oise). Pantz, à Metz (Moselle). Binet, rue des Arts, 22 et 24, à Levallois. BASSINS ET JETS D’EAU. MM. Clovis, au ministère de la maison de l'Empereur : Jet d'eau portatif pour serres et appartements. Plasse, quai Valmy, 163, Paris : Bassin avec jet d’eau. Guil- laume, rue Fontaine-au-Roi, 41 : Bassins avec jets d'eau; Ajustages de plantes artifi- cielles; effets hijdrauliques. Delaporte (Ch.), boulevard Richard-Lenoir, à Paris : Fontaines jaillissantes. Delaporte (Ath.), rue des Fosses-du-Temple, 2, Paris : Fon- taines de salon. Carbonnier, quai de l’Ecole, 20, Paris : Fontaine de salon. Debray, rue Fontaine-au-Roi, 24, Paris : Jets d'eau. Poitevin, boulevard Richard-Lenoir, 52, Paris : Bassin çentral du salon de la grande serre. PLANS DE PARCS ET DE JARDINS. MM. Aumont, 71, rue de la Pompe, à Passy-Paris. Billard, rue de l’Assomption, à Auteuil. Duvillers, 15, avenue de Saxe, à Paris. Lavi.alle, 2, rue des Bornes, à Passy-Paris. Lebreton, 20, boulevard de Courcelles, à Paris. Luquet, 14, rue Royer- Collard, à Paris. Lambert , 56, route im- périale, à Saint-Cloud. Gurney, 22, rue Boissière, à Paris. Monlard, 25, à Leval- lois. Brière, à Beauvais (Oise). Durand, à Bourg-la-Reine. DESSINS D’ARBRES FORMÉS. MM. Lepère (Alexis), rue Cuve-du-Four, à Montreuil. Rousset, Désiré, 42, rue de l’Horloge, à Evreux. Simon Louis, à Saint- Martin-les-Y aulognes (Seine-et-Marne) . DIORAMA BOTANIQUE. MM. Meissonnier, 40, rue des Acacias, à Montmartre. Marville, boulevard Saint- Jacques, à Paris. LANCES, POMPES D^ ARROSEMENT, ETC. MM. Ravenau, 45, rue Rochechouarl, à Paris : Lances d’arrosage , Tuyaux-jets à nappe d’eau. Latapie, 132, rue de Yanves, à Paris : Appareils pour les arrosages en pots. Armendies, à Lagny (Seine-et- Marne) : Tonneau de potager à cylindre hy- draulique, Arrosoirs à têtes. Du bus, 14, rue des Amandiers, Paris-Charonne : Pe- tites Pompes d'arrosement. Thibaut, 144, rue du Faubourg-Saint-Denis : Petites Pompes d’arrosement. Delaporte, 2, rue des Fossés-du-Temple, à Paris : Petites Pompes d'arrosement. Debray, 24, rue Fon- taine-au-Roi, à Paris : Tonneau et Pompes d’arrosement. Ravel, 21, rue du Marché, à Reuilly. ARCS-BOUTANTS, CONTRESPALIERS, etc. MM. Borel, 10, quai de LEcoIe, à Paris : A rcs-boutants en fer , Contr espalier . Thiry, 121, rueLafayette, à Paris : Arcs-boutants , Cordons pour arbres fruitiers. Louet, frères, à Issoudun (Indre-et-Loire) : Po- teaux-raidisseurs , Supports en fer , etc. Cadres-raidisseurs . GALERIE DE L’INDUSTRIE HORTICOLE. Observation. — Bien que dans les diverses catégories industrielles énumérées ci-des- sus la plupart des exposants aient été ci- tés, il en est cependant encore qui ne Font pas été. Comme dans cette circonstance il vaut mieux répéter que d’omettie, nous croyons devoir indiquer, et à peu près dans leur ordre de placement, les noms de tous les exposants qui composent la galerie dite de l 'industrie horticole. Ce sont MM. H. Aubert, 189, rue du Temple: Étiquettes en zinc. Carbonnier, 20, quai de l’École : Serres-aquariums en fer. Tronchon, avenue d’Eylau, 11 : Chaises, Volières, Bancs , etc. , en fer ou en fil de fer. Cudure, 150, rue Saint-Maur : Tuteurs métalliques. Morizot, rue de l’hô- tel de ville, 16, à Tonnerre (Yonne) : Outils nouveaux , Mègles , etc. Audot Louis, 8, rue Garancière, Paris : Instruments pour la destruction des insectes. Lécuyer, 21, rue Neuve-Saint-Médard : Poteries à l’usage de l’horticulture. Nastot, à Champs (Yonne) : Serfouettes , Piochons , Fourches de formes diverses propres à la culture des champs. Guillaume Yictor, 94, rue d’Angoulême-du-Temple : Jets d’eau, Pom- pes, etc. Genuit, 43, rue Neuve-Saint-Au- gustin : Étiquettes en porcelaine. Marin, à Thomery, près Fontainebleau : Outils de jardinage, Sécateur pratique. Bouchon- nât, 75, rue du Faubourg-Saint-Antoine : Cloches et Châssis de couche. Du bue, 7, boulevard Mazas, Paris : Outils de jardi- nage. Dm oui, 40, rue Fessart, à Bou- logne : Serres de salon. Arnheiter, rue Bonaparte, près Féglise Saint-Germain des Prés : Coutellerie et instruments de GREFFE DES BOUTONS A FRUITS. jardinage. Mignot père et fils, à Aiolle- pierre, près Salins (Jura) : Coutellerie. Dubuc Rachel , 86, rue de Bondy: Pompes et Tuyaux. Ancel in, droguiste, à Marines (Seine-et-Oise) : Essence végéto- phylle pour la destruction des insectes, principalement du puceron lanigère. Stocker , 131, rue Vieille-du-Temple : Coutellerie et instruments de jardinage. Brassoud, 33, rue Gay-Lussac : Coutellerie et instruments de jardinage. Bachelier, 1 0, rue Pagevin: Toiles et sacs préparés et Sacs en crin pour garantir les fruits. Har- divilié, 218, rue Saint-Jacques : Coutelle- rie et instruments de jardinage. Dubuc, 14, rue des Amandiers-Ménilmontant : Pompes de jardin. Debray, 24, rue Fontaine-au- Boi : Un nouveau système de pompe. Lhomme-Lefort, 162, rue de Paris, h Bel- leville : Mastic à greffer à froid. Léves- ques, 33, rue Rousselet Saint-Germain, à Paris : Treillage en bois. Forncy, 165, rue Saint-Antoine, Paris : Etiquettes en terre cuite. Victor, à Villefranche (Aveyron) : Couteau greffoir. Pilloy, 100, rue Perron- net, à Neuilly (Seine) : Bacs. Seignant, 8, route impériale, à Saint-Cloud : Chariots pour transporter de grands arbres. Marc fils, à Notre-Dame de Vaudreuil : Instru- ments pour pratiquer l'incision annulaire de la vigne. Trémont, à Maçon : Outils de jardinage. Boyer, 26, Avenue des Champs-Elysées : Chaises et Ornements 319 divers pour jardins, en fer. Desbordes, à Melun (Seine-et-Marne) : Coutellerie. An- dré, à Strasbourg; Ornements en bois: Chaises, Bancs, etc. , très-bien conditionnés. Plasse, 163, quai Valmy : Appareils hy- drauliques pour jets d’eau, en cuivre ou en zinc. Borel, 10, quai de l’Ecole, à Pa- ris: Ornements et ustensiles divers. Bancs, Chaises et B ordures- Arceaux enfer rustique pour entourer les massifs. Ozanne, 7, rue Marqfoy, faubourg Saint-Martin : Raidis- seurs mécaniques, Châssis et Pieux, en fer. Enfin, et pour terminer, nous citerons en- core les bouquets montés en fleurs natu- relles sèches, exposésparM.Gebriider-Boet- tner, à Greussen, près Erfuth, ainsi que le jet d'eau Clovis , à réservoirs mobiles, fonc- tionnant par la seule pression de l’eau, in- venté par M. Clovis, agent du matériel du ministère de la maison de l’Empereur, place du Carrousel. Si nous ajoutons à cette liste les nouveaux tuyaux de M. Raveneau, dont nous avons parlé (1), ainsique l’appa- reil pour détruire les mouches dont il a été aussi question dans ce recueil (2), on pourra se faire une idée assez exacte de ce qu’était l’industrie horticole à l’Exposition de 1867, dans le jardin réservé du Champ de Mars. E. A. Carrière. (1) Voir Rev. hort., 1867, p. 224. (2) Voir Rev. hort., 1867, p. 161. GREFFE DES BOUTONS A FRUITS Voici bientôt arrivé le moment où l’on peut pratiquer la greffe des boutons à fruits, c’est pourquoi je crois utile de faire connaître le résultat des observations que M. Sabine et moi avons faites cette année sur les greffes pratiquées en 1856, d’au- tant plus qu’elles modifient quelque peu les indications que j’ai données dans l’ar- ticle publié par la Revue l’année der- nière (1). Nous avons greffé, du 5 août au 15 oc- tobre 1866, sur des arbres de différentes variétés, plus de 500 boutons à fruits. Les variétés sur lesquelles nous avons le mieux réussi sont le Bon Chrétien d’hiver, le Curé, la Crassanne et le Calillac. Des greffons placés sur les rameaux" gourmands nous promettent surtout de très-beaux produits. J’observerai que les greffons de Doyenné d’hiver et de Beurré d’Aremberg, pris sur des arbres qui dej puis plusieurs années ne produisaient que de très-mauvais fruits, nous offrent, sur nos greffes, des Foires parfaitement saine? et nullement tavelées. (1) Voir Rev. hort., 1866, p. 389. D’où je crois pouvoir conclure que l’état des racines de l’arbre est pour beaucoup plus dans l’altération que l’on remarque sur la plupart des fruits de ces deux va- riétés, que l’influence exercée sur eux par les variations atmosphériques. Voici maintenant dans quelle proportion nos greffes ont réussi, suivant l’époque à laquelle nous les avons pratiquées : Du 5 au 31 août, 9 sur 10. Du 5 au 30 septembre, 3 sur 20. Du 5 au 20 octobre, 2 sur 30 i Il résulte de ces faits que, contrairement à ce que j’ai dit dans l’article publié dans la Revue du 16 octobre dernier, le mois d’août est l’époque la plus favorable pour pratiquer la greffe de boutons à fruits. J'in- siste particulièrement pour préciser cette époque, parce que certains auteurs accré- dités affirment qu’on peut pratiquer cette greffe jusqu’au 15 octobre. 11 est vrai que j’ai vu quelques-unes des greffes faites dans les premiers jours d’octobre, fleurir au printemps, mais elles n’ont jamais fruc- tifié. J’ai observé cette année la plus grande partie des. greffes, qui ont succombé ou 320 LILIUM AURATUM ROBUSTUM. — conservé toute leur fraîcheur, jusqu’à I la fin du mois de mars. Jusque-là nous espérions en obtenir un bon résultat. Je puis affirmer de nouveau, pour ré- pondre à quelques observations qui m’ont été faites, que la greffe Sabine ne s’annule pas, et qu’elle continue de fructifier aussi bien qu’une lambourde développée natu- rellement sur l’arbre. M. Sabine en pos- sède plusieurs chez lui, qui sont faites PLANTES NOUVELLES ET RARES. depuis six, sept et môme huit années. Je conseille encore aux horticulteurs d’abriter avec soin leurs greffes pendant quelques jours, afin d’assurer leur reprise; cette précaution est d’autant plus nécessaire qu’au mois d’août les chaleurs sont très- | fortes, surtout contre les murs d’espalier où | l’on pratique souvent ces sortes de greffes. Jules RavenEi . Président de la commission horticole de la société I d’agriculture de Falaise. LILIUM AURATUM ROBUSTUM 11 a fleuri cette année (de la fin de juin au commencement de juillet 1867) chez le Révérend Horatio N. Goldney, grand ama- teur d’horticulture, demeurant à Tunbridge Wells, dans le comté de Kent (Angleterre), un Lilium auratum pourvu de deux tiges hautes de 1 m 90 et portant ensemble 22 fleurs excessivement larges. Ce Lilium, qui avait donné 2 fleurs en 1865, en produisit 12 en 1866 et enfin 22 en 1867. — En octobre dernier le bulbe, qui s’était dédoublé, fut planté dans un très-grand pot (d’environ 50 à 60 centi- mètres de large, à fond fortement drainé) dans un compost de 1/4- terre de bruyère tourbeuse, 1 /4 de terreau de feuilles, 1 /4 fi- brons loam (plaques de gazon pourries), l/4desablon blanc (siliceux). — Le pot fut tenu en serre froide pendant l’hiver, et c’est là que le Lis dont nous parlons a fleuri cette année. — Ce fait donnera une idée de ce que l’on peut espérer de ce nouveau Lis, à l’aide d’une culture entendue. Si, comme tout le faibespérer, cette es- pèce est rustique sous notre climat, on pourra enfermer des groupes, des massifs, dont l’eftet décoratif sera relevé par l’odeur si suave que répandent ses fleurs, qui du reste est la même que celle du type. Clemenceau. PLANTES NOUVELLES, RARES OU PEU CONNUES Gunnera manicata , Linden. — Cette es- pèce qui a été découvertepar feuLibon dans la partie australe du Brésil nommée Campos deLages , est, sous le rapport du faciès gé- néral et de la végétation, à peu près sem- blable au Gunnera scabra. Voici l’indica- tion des caractères qu’elle présente : Souche très- grosse se couvrant de sortes de bractées courtes, laciniées. Feuilles at- teignant 1 m30 et parfois plus de diamètre, reniformes ou suborbiculaires (rappelant celles du Cocoloba pubescens ) , .à pétiole gros, cylindrique, garni d’épines courtes, grosses, vertes commele pétiole, largement lobées, vertes et rugueuses en-dessus par des poils gros, courts, portant çà et là sur les fortes nervures quelques grosses épi- nes, très-réticulées-veinées en-dessous, et munies sur les nervures d’épines courtes qui se confondent avec celles du pétiole. Exposée à Paris, par M. Linden, en 1867. Ficus dealbata , Linden. — Feuilles portées sur un très-gros pétiole d’environ 10 centimètres de longueur, très-épaisses, coriaces, vertes en-dessus, blanc métal- lique en-dessous par des poils argenlés, à limbe elliptique, large de 15-18 centi- mètres, longues de 28-30, parfois plus, très-atténuées, arrondies aux deux bouts. Pérou. Exposée à Paris, en 1867, par M. Linden. Bechonneria ijuccoides , hort. Bechonne- ria mulliftora , hort. — Cette plante a le port et l’aspect de certains Yuccas; ses feuilles longues d’environ oOcent, largesde 5-7 sont étalées, réfléchies, arquées, molles, d’un vert glauque. Hampe florale attei- gnant jusqu’à 2 mètres, parfois plus, de hauteur, glabre, rosée, munie dans toute sa longueur de bractées rose, appliquées. Ramilles florales axillaires longues d’envi- ron 15 cent, portant 8-12 fleurs pendantes, vertes, à divisions étroites , appliquées, constituant ainsi une sorte de tube étroit, légèrement ouvert au sommet. Cette espèce, qui nous a paru appartenir à la famille des Amaryllidées, est très- curieuse; son port et son inflorescence rappellent ceux des Yuccas; ses fleurs, au contraire, pendantes, d’apparence longue- ment tubulées, semblent se rapprocher de certaines espèces d’Alstræmères. L’individu qui vient dè fleurir à l’exposition d’horti- culture du Champ de Mars appartient à M. Cochet, horticulteur à Suisnes. C’est probablement la première fois que cette espèce fleurit eu Europe. E. A. Carrière. L’un des propriétaires : Maurice BIXIO. Paris. — Impr. de A. LainéetJ. Havard, rue des Saints-Pères, 19. CHRONIQUE HORTICOLE (deuxième quinzaine d’aout). Les fleurs au jardin réservé du Champ de Mars — Récompenses exceptionnelles accordées à l’occasion du 15 août. — Expositions de Raisins de pressoir. — Quand auront lieu ces concours? — Un projet auquel nous applaudissons. — Une remarquable exhibition de Radis. — Une accusation injuste dirigée contre nous. — Notre réponse à cette accusation. — Ce que nous lisons dans le n° du 10 août du Gardner’s Chronicle. — Une bonne nouvelle à publier. — La première partie du Dictionnaire de Po- rnologie de M. André Leroy. — Un nouveau système de chauffage. — Article de M. Verlot. — Moyen de combattre la maladie des Pommes de terre. — Procédés employés par M. Y. Chatelpour préserver les vignes de l’oïdium. — Une magnifique espèce de Bégonia. — Extrait du catalogue de M. Ambroise Verschaffelt. — Comment on conserve les Choux pommés. — Ce que nous voyons dans une livraison du Verger. — Le décoloration du Robinia Decaisneana. — Lettre de M. Ville vielle à ce sujet, — Un fait que nous devons signaler aux botanistes. — Les expositions de MM. André Leroy etBaïtet frères. — La Poire Clapp’s Favourite. — Les catalogues illustrés. — Les nouveautés de M. Linden. — L’en- seignement horticole dans la Côte-d’Or. — Exposition d’horticulture dans la Côte-d’Or. — Une ex- position internationale d’horticulture à Saint-Pétersbourg. — époque à laquelle elle aura lieu. La commission impériale de l’Exposi- tion universelle, toujours désintéressée et désireuse d’être agréable au public, ne re- cule devant aucun sacrifice pour que le jardin réservé soit toujours digne de l’at- tention des visiteurs, et que, malgré la pé- nurie des fleurs qui existe à cette époque de l’année, les massifs continuent à être garnis de fleurs. Pour notre part, nous l’en félicitons bien sincèrement. — Dans le nombre des personnes qui ont eu part aux récompenses exception- nelles accordées à l’occasion de la fête de l’Empereur, nous devons citer comme s’occupant plus particulièrement de l’é- tude des végétaux : MM. Bâillon, profes- seur de botanique à la faculté de méde- cine de Paris; Fèvre, professeur de bota- nique à la faculté des sciences de Lyon ; Trecul, membredel’Académie des sciences; Bourgeaud, botaniste collecteur, qui ontété faits chevaliers de la Légion d’honneur. — Par suite d’une décision prise par la commission impériale de l’Exploitation universelle, des concours spéciaux seront affectés aux Raisins de pressoir. Ces concours auront lieu le 1er et le 15 de septembre et d’octobre, au Champ de Mars, jardin réservé. Les exposants doivent faire leur déclara- tion, huit jours à l’avance, à M. Charles Baltet, à Troyes, délégué de la viticulture. Les variétés de Raisin seront admises en grappes détachées, ou adhérant soit aux branches, soit aux ceps tout entiers. Adresser les produits au Champ de Mars, porte de Tourville. — Les cartes d’entrée sont délivrées au bureau de M. Barillet. — On s’occupe en ce moment de fonder à Paris une société centrale de viticulture. C’est une idée à laquelle les amis du pro- grès applaudiront. La culture de la Vigne et la production du vin sont trop impor- tantes, en France, pour qu’elles restent en 1er Septembre 1867. arrière du mouvement qui a produit les sociétés d’agriculture, d’horticulture, de sylviculture, d’apiculture, etc. — Dans un lot de légumes exposé dans la partie affectée à l’arboriculture dans le jardin réservé du Champ de Mars, nous avons remarqué des Radis dont les dimen- sions considérables dépassent celles du gros Radis noir. Pourtant ces radis n’étaient au- tres qu’une variété, qui figure à peu près sur toutes les tables. Parmi ceux qui étaient exposés on en distinguait de couleurs diverses, depuis le rose un peu violacé jus- qu’au gris sombre et même presque noir, ce qui semble justifier notre dire : que le Radis noir n’est qu’une forme du Radis rose, et que tous les Radis ou les Raves, y compris probablement le fameux Mougri de Java, ainsi que son proche parent le Radis de Madras, sortent d’un seul et même type. Nous ne serions même pas éloigné de croire que ce type, prétendu chinois, n’est autre que le Raphanus raphanistrum L., cette mauvaise herbe qui tend à envahir tous nos champs. — Nous avons reçu, il y a quelques jours, une lettre très-polie dans laquelle, en ter- mes convenables, courtois même, on se plaint de ce que dans noire dernière chro- nique nous avons parlé d’une manière « irrévérencieuse » d’un savant tel que M. De Candolle. Bien que cette accusa- tion ne soit pas juste , nous ne pou- vons rester sous son poids, aussi nous permettrons-nous de revenir encore une fois sur cette question. Nous commençons par déclarer que jamais nous n’avons eu l’intention d’être « irrévérencieux » envers M. De Candolle, ni de le critiquer en quoi que ce soit; sous ce rapport, son mérite personnel, ainsi que ses connaissances aussi variées qu’elles sont grandes, le mettent suffisamment à l’abri de toute atteinte, non-seulement de 17 CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE d’âOUt). 322 notre part, mais de celle des savants. Du reste qu’avons-nous dit? Deux choses : Tune, « qu’il est regrettable que les savants s’éloignent de la pratique autant qu’ils le font; l’autre, qu’ils (les savants) travail- lent trop sur les cadavres , c’est-à-dire sur des échantillons morts placés dans ces sor- tes de cercueils qu’on nomme herbiers , et que ce n’est pas dans de telles conditions qu’on doit chercher la vie. »Ces assertions, nous les maintenons entièrement. La preuve que nous sommes dans le vrai se trouve dans l’ouvrage même dont nous avons parlé. Là, en effet, que voyons-nous? Que sur environ 500 Chênes (espèces ou variétés) qu’a décrits M. DeCandolle, il n’en a guère vu que trois vivants, ce qu’on reconnaît de suite à cette phrase : Vidi vivant , par laquelle il termine leur description. Pour à peu près toutes les autres, il les termine par cette autre : Vidi sïccam. Il en est même qui sont terminées par celle-ci: Vidi siccam cum ramulis imper fectoribus, c’est-à-direy vu un rameau sec, imparfait. Nous n’avons donc rien exagéré, et tout en respectant l’immense savoir de M. De Can* dolle, nous sommes en droit de faire voir à tous ceux qui croient encore à ces my- thes qu’on nomme espèces comment on fait celles-ci. — Dans le précédent numéro de ce journal, on a pu lire, à la page 320, un article de notre collaborateur M. Clémen- ceau, au sujet d’une très-remarquable va- riété de Lilium auratum. Aujourd’hui nous trouvons dans le numéro du 10 août du Gardner's chronicle la citation d’une variété non moins remarquable qui, tout en démontrant ce qu’on peut espérer ob- tenir de cette espèce, au point de vue de l’ornementation, fait voir que jusqu’ici on était loin de soupçonner les dimensions gigantesques, orf peut dire, qu’elle peut acquérir. Voici le fait : M. Charles Brockhurst, jardinier àBow- Bridge (Leicester), possède un Lilium auratum qui, planté dans un pot de 50 cen- timètres de diamètre, a émis cette année quatre tiges, dont la plus haute mesure 2m 85 à partir de la surface du sol et porte 19 fleurs; la seconde tige a 2m50 de hau- teur et se divise à sa partie supérieure en deux branches sur lesquelles se trouvent le nombre extraordinaire de 66 fleurs. Les deux autres tiges n’ont que lm 20 et 75 cen- timètres de hauteur, et portent chacune une fleur, ce qui donne un total de 87 fleurs réunies sur un même pied. Les plus gran- des de ces fleurs mesurent 30 centimètres de diamètre; elles se trouvent sur la tige la plus élevée; en raison de la grande quantité de fleurs portées sur la seconde tige, les fleurs sont un peu moins larges que celles mentionnées plus haut. — Nous sommes heureux de pouvoir faire savoir aux horticulteurs et amateurs d’arboriculture que la première partie du Dictionnaire de Pomologie , par M. An- dré Leroy, pépiniériste à Angers, vient de paraître. Ce premier volume, de 615 pages très- grand in-octavo, comprend 389 variétés, représentées au trait, et dont les noms rentrent dans les lettres A-C. Cet ouvrage, impatiemment attendu, est ce qui a paru de plus complet en Pomologie. Ainsi M. A. Leroy donne la description de cha- que variété, en tant que végétation; sa fertilité , sa culture ; la description de son fruit et l’ époque de sa maturité; son histo- rique et sa synonymie. C’est un ouvrage appelé à rendre de grands services, dont le placement est assuré, cela d’autant plus que l’auteur, par un désintéressement dont on ne saurait trop le louer, n’en a pas fait un objet de spéculation ; il n’a eu en vue que de vulgariser l’arboriculture fruitière qui, comme on le sait, a occupé la plus grande partie de sa longue carrière horticole (1). Pour atteindre ce but, M. Leroy a dû éloigner complètement toute dépense qui n’était pas d’absolue nécessité et chercher un moyen de reproduction peu coûteux, qui pourtant donnât une idée assez exacte du fruit. C’est ce qui lui a permis de don- ner cet énorme volume pour un prix re- lativement très-modique. Cet ouvrage, à cause de son importance, fera l’objet d’un compte rendu spécial dans un prochain numéro de la Revue. — M. Anez, architecte de S. A. I. le prince Jérôme, à Meudon, est l’inventeur d’un nouveau système de chauffage qu’il nomme calorifère à air chaud saturé , à l’aide duquel il prétend pouvoir donner non-seulement la température, mais le climat réel d’un endroit quelconque, c’est- à-dire donner avec la chaleur tous les de- grés soit de sécheresse, soit d’humidité qu’il voudra. Nous ne pouvons rien assurer à ce sujet, ce que nous pouvons dire, c’est que les expériences auxquelles s’est livré M. Anez semblent, en effet, démontrer qu’on peut combiner la chaleur et l’humidité dans des proportions telles que la température a acquis des propriétés tout autres. Ainsi, par ce système, dit M. Anez, « à 80 de- grés on peut aspirer cet air sans éprou- ver la moindre sensation pénible, qui com- mence à se produire de 20 à 25 degrés devant une cheminée, et, à 120 degrés, on peut facilement maintenir la main pen- dant quelques instants, tandis que, à 80 de- (1) Plus de soixante ans. CHROiMQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE d’àOUT). grés à l’air sec ou dans l’eau, elle se cou- vrirait d’ecchymoses.» Dans un rapport qui a été fait sur ce système, il est dit : « L’air est si naturel, que dans une serre la rosée se manifeste comme cela a lieu en été par un temps serein. » — Nous appelons l’attention des lec- teurs, principalement des physiologistes, sur un article, qu’on trouvera plus loin, de notre collaborateur et collègue M. Verlot, se rapportant à un Poirier, entier, greffé en sens inverse, c’est-à-dire les racines en l’air sur un autre Poirer. L’opération ayant réussi, quelques racines du sujet, qui étaient en Pair, ont développé des bourgeons de Coignassier. Quelques racines aussi ayant été greffées, ont repris, de sorte qu’aujourd’hui l’ensemble présente un as- pect des plus curieux. M. Carrelet, horti- culteur à Montreuil, qui est l’auteur de cette greffe, continue ses expériences très-inté- ressantes, qui, peut-être, vont jeter un nouveau jour sur la physiologie végétale. — Bans le bulletin trimestriel de la so- ciété d’agriculture de Joigny, nous trou- vons l’indication d’un moyen, infaillible, dit-on, pour combattre la maladie des Pommes de terre. Voici l’indication de ce procédé, raconté par l’inventeur M. Mail- lard, propriétaire à Sens. Je fais dissoudre 80 grammes de sulfate de cuivre dans 10 litres d’eau douce, et j’y mêle 200 grammes de rognure de zinc; je laisse in- fuser ce mélange pendant douze heures. Alors je retire le zinc, et je fais immerger pendant dix heures dans cette solution 50 kilogrammes de Pommes de terre. Aussitôt que les Pommes de terre sont retirées du bain, je les plante immédiatement, de peur qu’elles ne s’altèrent au contact de l’air. Depuis que j’emploie ce procédé, je ne récolte que des Pommes de terre saines. Les Pommes de terre ainsi pré- parées lèvent plus tardivement que les autres; elles sortent de terre quinze jours plus tard; mais le germe est plus vif, la Heur plus blanche, la tige plus' forte. Au mois de mars de l’année dernière, j’ai fait un essai comparatif qui m’a complète- ment convaincu de l’efficacité du procédé. J’ai planté également, dans un terrain fumé de la même manière, 30 kilogrammes de bonnes Pommes de terre qui avaient subi la prépara- tion dont je viens de parler. Lors de la récolte, les Pommes de terre de choix, qui avaient été plantées sans préparation, étaient en partie mauvaises; les mauvaises, au contraire, qui avaient subi la préparation, étaient toutes parfaitement saines, et elles le sont encore aujourd’hui. Bien que nous n’ayons pas une grande confiance dans le procédé dont nous ve- nons de parler, nous n’en conseillons pas moins d’en faire l’essai. C’est même pour chacun un devoir, car en présence d’un fléau qui dure depuis si longtemps déjà et qui, au lieu de s’atténuer, paraît 323 même vouloir s’aggraver, on ne doit rien négliger pour découvrir un remède, et, sur le moindre indice, chacuu doit multi- plier les essais et faire connaître les résul- tats qu’il a obtenus. — S’il faut en croire M. Victor Chatel, on serait aujourd’hui maître de la maladie de la Vigne. Il paraît tellement sûr de son fait, que dans une petite notice qu’il vient de publier sur ce sujet, il dit : « Plus de soufrage. » Nous ne sommes pas sceptique, tant s’en faut; néanmoins et bien que nous ayons confiance dansM. Victor Chatel, qui, nous le savons, est un chercheur et un observateur consciencieux, nous ne pou- vons croire aux résultats qu’il annonce avoir obtenus. Toutefois nous n’affirmons pas. Nous n’hésitons pas à déclarer que le plus grand plaisir que nous pourrions éprouver serait d’être forcé de déclarer que nous nous sommes trompé. Parmi les divers moyens que recom- mande M. Victor Chatel, le principal est le cendrage , qui consiste « à étendre à l’au- tomne et enfouir très-peu profondément au pied de ses vignes, dans un rayon d’en- viron 18 pouces, des cendres de bois ou de la charrée de lessive, qui produit le même effet... Cette couche de cendres est à peu près de l’épaisseur de la main. Toutes les personnes qui, à ma con- naissance, ont employé ce moyen m’ont dit non-seulement avoir réussi à préserver leurs vignes de X oïdium, mais avoir aussi obtenu d’abondantes et magnifiques ré- coltes » M. Victor Chatel conseille aussi, en outre du cendrage, « de suppri- mer par le pincement, dès qu’on s’aper- çoit de la maladie ou mieux auparavant, la partie herbacée de chaque rameau. » Cette sorte de nettoyage, que conseille M. Victor Chatel, ne peut être nuisible, puisqu’il en- lève une partie du mal, mais il nous semble insuffisant, non-seulement pourguérir, mais même pour prévenir. En effet, lorsque la maladie est forte, elle se déclare très-vite, et bien qu’en général elle commence par les parties herbacées, il arrive néanmoins très - fréquemment aussi qu’elle com- mence par envahir les Raisins, puis toutes les parties foliacées et même le vieux bois. M. Victor Chatel croit encore que les in- sectes entrent pour une certaine part dans la maladie de la Vigne. Mais s’il en êst ainsi, est-ce en mettant un peu de cendres au pied des Vignes ou en coupant les jeunes bourgeons de celles-ci qu’on les guérira? Nous n’osons le croire. Aussi, tout en conseillant d’essayer les moyens indiqués par M. Victor Chatel, qui, du reste ne peuvent être que favorables à la Vigne, nous disons : N’abandonnez pas le soufrage, dont les résultats sont à peu près assurés. 324 CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE D AOUT ). — Dans le numéro 272 du Botanical Magasine, que nous venons de recevoir, se trouve figurée, entre autres plantes plus ou moins intéressantes, la magnifique espèce de Bégonia qui a été exposée au mois de mai dernier, par MM. Veitch et fils, au jardin résérvé du Champ de Mars, où l’on a pu l’admirer. Cette espèce, dont on trou- vera plus loin la description, a reçu le nom de Bégonia Boliviensis. — Nous venons de reeevoir.un nouvel extrait du catalogue ds l’établissement de M. Ambroise Verschaffelt , horticulteur, rue du Chaume, à Gand (Belgique). Une .grande partie de ce catalogue est affectée à l’énumération de différents genres et es- pèces appartenant aux Palmiers, auxCyca- dées et aux Pandanées, toutes plantes dont cet établissement est surtout très-riche. On ne sera donc pas étonné d’apprendre que 62 genres et 191 espèces appartenant à ces trois groupes y sont énumérés. In- dépendamment de ces plantes on en trouve indiqué un certain nombre d’autres nou- velle ou rares, tels que Tacsonia Buchanani et Viola pedata, dont nous avons parlé dans notre dernière chronique, Vriesea gla- siouna , Azale de l’Inde François Devos , Ca- mellia Mistress Dombmin, Camellia Con- stantin Trétiakoff, Géranium zonale Lady Collum, Labelia coronopi folia, etc. — Dans le Bulletin de la société d'hor- ticulture de l'Aube pour 1867, page 210, nous trouvons l’indication d’un procédé de conservation des Choux pommés, que nous croyons devoir recommander. Il suffit, dit l’auteur, M. J. Bichaud, lorsque les Choux sont arrivés à leur complet développement, d’en couper la tige environ aux deux tiers, de manière que la partie restante suffise pour alimenter la Pomme sans pourtant lui fournir assez de sève pour la faire pousser. Cela fait, on abaisse vers l’est la pomme de Choux sur le sol, qu’on a eu soin de recouvrir à cet endroit d’une tuile ou de tout autre corps qui, en formant une sorte d’écran, entre le sol et le Chou, préserve celui-ci de l’humidité. Ainsi traités, les Choux endurent les gelées, les pluies, la neige, sans en souffrir d’une ma- nière sensible. — Nous venons de recevoir le numéro 8 pour 1867 du Verger , ouvrage spécial de pomologie, publié parM. Mas. Les variétés décrites, dont les fruits sont figurés dans ce numéro, sont les Poires B" Berckmans, Clémence de Lavours, Bé dé Jonghe, Cas- sante de Mars, Impériale à feuilles de Chêne, Marie Guisse, Martin sec, Bé de Luçon. On souscrit à Paris chez MM. Mas- son et fils, place de l’Ecole de Médecine. — Le fait de décoloration du Robinia Decaisneana, dont il a déjà été plusieurs fois question dans ce journal, paraît vouloir continuer. Non-seulement cette décolora- tion s’est manifestée chez tous ceux qui ont acheté cette variété, mais même chez l’ob- tenteur, M. Villevielle, àManosque (Basses- Alpes). Cet horticulteur nous écrit : Les réflexions que vous avez faites sur la floraison du Robinia Decaisneana , ainsi que la lettre de M. Gagnaire, sur le même sujet, me font un devoir de vous faire connaître les observations que nous avons faites cette année sur cet arbre. Sa floraison chez nous n’a pas été non plus aussi belle que les années précé- dentes, et le coloris n’a pas été aussi brillant ni aussi foncé. Le pied mère lui-même, moins vigoureux pourtant que les sujets greffés, lais- sait à désirer sous le rapport de la couleur. Quelle en est la cause? Nous l’ignorons. Nous ne pouvons, ainsi que vous l’avez donné à penser, admettre que ce fait est dû à la tem- pérature humide, puisque chez nous, ainsi que dans toute la Provence, nous avons une sécheresse continuelle depuis le mois de mars. A propos de la fructification à Paris du Ma- clura aurantiaca, dont vous avez parlé dans votre Chronique 1867, page 263, je vous dirai que je possède un pied femelle de cette espèce, dont la tige, à 1 mètre du sol, mesure im 20 de circonférence, et dont les branches forment une belle tète de f3 mètres de diamètre. Cet arbre, depuis un bon nombre d’années, me donne annuellement de bonnes graines. Je ne sais à quoi attribuer ce résultat, puisque je n’ai pas d'individu à fleurs mâles. On m’a bien vendu un petit sujet que l’on m’a dit être de ce sexe, mais en supposant que ce soit vrai (ce dont je doute), ce ne serait pas à lui qu’il fau- drait attribuer la production des graines puis- qu’il n’a pas encore fleuri. Nous appelons de nouveau l’attention des botanistes sur ce fait, de la production de graines de Maclura sans l’intervention, apparente du moins, de fleurs mâles. Nous leur demandons si, contrairement à ce que l’on croit encore, le Maclura aurantiaca ne serait pas monoïque pu bien encore si, dans certains cas, des fleurs exclusivement femelles ne pourraient pas produire des graines fertiles. Ce n’est là qu’une hypo- thèse assurément, néanmoins elle nous paraît digne d’être prise en considération. — Dans chaque numéro de la Revue , notre col laborateurM. Rafarinrend compte des résultats de l’Exposition universelle, en se basant sur les décisions du jury re- latives aux concours de quinzaine. Mais quelques exposants ne prennent point part à ces concours de détail, et, parmi eux, nous citerons MM. André Leroy, d’Angers, et Baltet frères, de Troyes. Les produits remarquables de ces messieurs ne méritent pas moins d’être signalés. C’est du ressort de notre chronique. Ainsi au 1er août, la collection de fruits précoces de M. Baltet comprenait, au 325 CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE D’AOUT). milieu de variétés de choix, en maturité, quelques-unes inédites ou peu connues sur lesquelles nous croyons devoir appeler l’attention. D’abord la Poire Clapp’s favou- rite ; elle est grosse, bien faite, colorée de jaune pâle et de carmin, comme une Louise bonne d’Avranches, elle a la plus jolie apparence. Si nous croyons les journaux américains, qui font le plus grand éloge de la Poire Clapp’s favourite , sa chair, fine et sucrée, ne laisserait rien à désirer. Prochaine- ment, nous en ferons l’objet d’un dessin colorié et d’une description pour les lec- teurs de la Revue horticole. La Poire Spefard , également d’origine étrangère, est arrondie, chaudement co- lorée et de bon goût. La variété Auguste Jurie, née à Lyon, avait déjà figuré à la deuxième quinzaine de juillet. La fertilité et la vigueur de l’arbre, la saveur acidulée de son fruit en font une variété convenable pour le Ver- ger. La Poire Dame-verte, que nous trouvons en même temps dans les lots de MM. An- dré Leroy et Baltet est grosse, cylindrique et jaune bistré; sa chair est ferme et d’un goût aromatisé. Quoique de deuxième qua- lité, sa beauté la fera rechercher des ache- teurs de fruits de dessert. Les pommes Iris h peach , d’un parfum délicieux, et Sops of wine nous ont paru dignes d’entrer dans cette catégorie des Pommes d’été, où brillent déjà Borovitsky et quelques autres bonnes sortes. La cerise Griotte Acher est, au dire de M. Baltet, la plus fertile du genre, mais l’époque de sa maturité n’est pas aussi tardive que Pavait annoncé son obtenteur d’Yvetot, qui l’exposait il y a plusieurs an- nées, au mois de septembre à Paris. Il faut dire aussi que le sujet mère existe en Normandie, dans un pays froid, et se trouve planté en espalier au nord. — Les catalogues illustrés paraissent vouloir devenir à la mode; en France, ceux de MM. Vilmorin Andrieux et Ce sont ad- mirables et ont très-probablement servi de modèles à d’autres. Nous ne nous en plaignons pas, au contraire ; nous serions même content si ce mode pouvait prendre, de l’extension. MM. Haage et Schmidt, d’Erfurth (Prusse) paraissent l’adopter; ainsi dans leur catalogue de 1867 , que nous venons de recevoir, 100 plantes ap- partenant à différents genres sont figurées. C’est, nous le répétons, une très-bonne chose, car bien que dessinées sur une petite échelle, ces figures, très-bien exécutées, du reste, n’en donnent pas moins une juste idée des plantes qu’elles représentent, de manière que celui qui en achète les grai- nes sait déjà à l’avance à quoi s’en tenir sur leur compte. — M. Linden , si bien et avantageuse- ment connu des horticulteurs, continue de montrer, aux visiteurs du jardin réservé au Champ de Mars, de très-intéressantes nouveautés. Parmi celles-ci, dont notre col- laborateur et collègue M. Rafarin rendra compte, deux nous ont frappé : l’une le Lasiandra macrantha par l’éclat et sur- tout par la dimension de ses grandes fleurs d’un beau bleu violet ; l’autre par la sin- gularité de ses caractères qui, au lieu de concorder avec le nom qu’elle porte, for- ment avec ce dernier un contraste des plus grands. Cette plante est le Trichoto- sia ferox , une Orchidée originaire de Java. Loin d’être féroce comme son nom semble l’indiquer, cette espèce, par les poils roux qui en recouvrent toutes les parties, est au contraire très-douce au toucher. — Dans notre précédente chronique, en annonçant la décision prise par la so- ciété d’horticulture de la Côte-d’Or, d'en- voyer des jardiniers professeurs pour en- seigner l’horticulture et l’arboriculture dans divers cantons du département de la Côte-d’Or, nous avions indiqué comme ayant été choisis : MM. Durupt, Morey, Soyer et Wéber. On nous informe au- jourd’hui que M. Wéber, ayant décliné cet honneur , a été remplacé par M. Bar- det. Les cours commenceront le troisième dimanche d’octobre prochain. Pour cette année, et provisoirement, le tirage au sort a désigné pour recevoir l’enseignement horticole, les cantons d’Auxonne, de Is- sur-Tille, Mirebeau et Sombernon. M. Bar- det devra se rendre à Is-sur-Tille ; M. Du- rupt à Sombernon; M. Morey à Auxonne; M. Soyer à Mirebeau. — La société d’horticulture de la Côte- d’Or fera sa prochaine exposition les 27, 28 et 29 septembre courant. De cette manière elle pourra prendre part au con- cours général pour l’arboriculture, qui aura lieu à l’Exposition universelle, à Paris (jardin réservé) le 1er octobre 1867. Le pro- gramme comprend 4 divisions : 1° Culture maraîchère ; 2° Arboriculture ; 3° Floricul - ture; 4° Objets d’arts et d’industrie hor- ticoles. Les exposants seront divisés en 3 séries : 1° horticulteurs; 2° amateurs; 3° établissements publics. A la suite de l’exposition , la société choisira dans les lots appartenant aux ex- posants du département de la Côte-d’Or, les fruits qu’elle jugera dignes d’être en- voyés à l’Exploitation universelle de Paris. Ces fruits seront exposés au nom. de la société d’horticulture de la Côte-d’Or. SOLANUM ANTROPOPHAGUM. — LE LO AM ET SON EMPLOI EN- HORTICULTURE. 326 — L’exposition internationale d’horti- culture qui doit avoir lieu à Saint-Péters- bourg en 1869, et dont nous avons déjà parlé dans ce journal, s’ouvrira le 5 (17) mai et se terminera le 19 (31) du même mois. Toutes les personnes qui désirent pren- dre part à cette exposition sont priées de le faire savoir à la société d’ici au 1er. janvier 1868, au plus tard. Les lettres concernant l’exposition doivent être adressées à la société d’horticulture russe, à. Saint-Pé- tersbourg. Tous les objets exposés peuvent être vendus pendant la durée de l’exposi- tion, mais ils devront rester exposés jus- qu’à la clôture de celle-ci. Les concours, au nombre de près de 200, comprennent 8 séries, et sont répartis comme suit : lre série : Plantes d’orne- ment, 9 concours; Plantes utiles , 2 con- cours ; 2e série : Collections non définies de plantes diverses , 23 concours; 3e série : Concours définis de groupes de plantes va- riées, tels que Fougères, Lycopodiacées, Conifères, Orchidées exotiques et autres. Agaves, Liliacées, Broméliacées, Bambous, Houx, Erica, Azalea, Rhododendrons, Ro- siers, etc., etc.* etc., 102 concours ; ^ sé- rie : Diverses sortes de bouquet s compo- sés de fleurs fraîches et de fleurs sèches, 3 concours; 5e série; cette série se dé- compose comme suit : Nouvelles sortes de fruits, 1 concours ; Fruits forcés cueillis , 8 concours; Fruits forcés adhérents aux plantes , 8 concours; enfin, Fruits conser- vés, 3 concours; total 20 concours pour la série des fruits; 6e série : Légumes ; cette série se divise comme suit : Légumes nou- veaux, 4 concours ; Légumes forcés, 13 con- cours; Légumes conservés , 3 concours. En tout 20 concours. La 7e série, qui a pour titre : Objets concernant l’industrie et la technologie horticoles et les sciences auxi- liaires de rhorticulture comprend 23 con- cours appliqués aux arts et industries di- vers se rattachant à l’horticulture, tels que serres, outils et ustensiles de jardinage, plans et ornements de terre et de jardin et collections d’histoire naturelle, compre- nant les insectes nuisibles et utiles à l’hor- ticulture, idem des oiseaux, etc., etc. Aux concours de cette série, il est fait cette observation : « Qu’il est nécessaire N indi- quer le prix des objets exposés ; la 8e série intitulée Récompenses générales , com- prend 2 concours, dont les prix seront ac- cordés , l’un à l’exposant étranger « qui aura le plus contribué à la beauté et à l’em- bellissement de l’exposition », l’autre à l’exposant russe qui se sera distingué de la même manière. Les prix consistent en médailles" d’or de la valeur de 150 roubles (environ 520 fr., le rouble représentant 3 fr. 45 c.), de 75 roubles et de 25 roubles ; de médailles en argent de 15 roubles, de 6 roubles et de 2 roubles. Enfin de médailles en bronze. Les modifications qui pourraient être ap- portées aux arrêtés que nous venons de ci- ter, seront publiées et expédiées au plus tard au printemps de 1868. A cette époque un programme définitif indiquera avec les dernières dispositions relatives à l’expo- sition, tous les documents particuliers au congrès scientifique qui, à cette occasion , doit se tenir en même temps à Saint-Pé- tersbourg. Nous y reviendrons plus tard. E. A. Carrière. SOLANUM ANTHROPOPHAGUM Le S. anthropophagum (Tomate des an- thropophages) forme un petit arbuste nain, à feuilles persistantes qui ressemblent beaucoup à celles dn 'Justicia adathoda . A Hyères, il supporte parfaitement la pleine terre et résiste aux froids de l’hiver. Il a donné des graines mûres en février 1867. Ses baies ressemblent beaucoup à la Tomate ordinaire {Solanum Lycopersicum) ; elles se préparent absolument de la même manière. Dans les îles Fidji (Polynésie australe), les insulaires encore livrés à l’anthropopha- gie associent, dit-on, cette Tomate à la chair humaine. Mais comme ce? végétal est fort innocent de ces atrocités, il serait juste de le débarrasser du nom odieux dont on l’a malheureusement doté, et l’on pourrait l’appeler tout simplement Solanum Fid- jianum (Tomate des îles Fidji). Cette nouvelle variété de Tomate pour- rait entrer dans la consommation générale, surtout dans la France méridionale. On peut la multiplier par graines et par bou- tures faites sous cloche. Rantonnet, Horticulteur à Hyères (Var). LE LOAM « ET SON EMPLOI EN HORTICULTURE Loam est un mot anglais qui est proba- blement aussi nouveau pour la plupart des horticulteurs français qu’il est usité et que la chose qu’il désigne est connue et fré- quemment employée par les jardiniers et les cultivateurs d’outre-Manche. (1) Prononcez lame ou tourne. LE LOAM ET SON EMPLOI EN HORTICULTURE. 327 Je me servirai à dessein dans cet article du terme de loam , non-seulement parce qu’il est court, et que nous n’avons d’ail- leurs en français aucun mot qui ait la même signification, mais aussi parce que j’ai pensé, à tort ou à raison, que* pré- senté sous le patronage de cette dénomi- nation étrangère, le loam avait plus de chance d’être admis dans la pratique hor- ticole du continent, où il est vraiment extraordinaire et inexplicable qu’il n’ait pas encore été adopté par nos horticul- teurs, pourtant si habiles et si intelligents d’ordinaire, malgré les qualités incontes- tables qui en font un des éléments indis- pensables de la culture anglaise. Le mot loam a plusieurs acceptions : pris dans un sens général et aussi au point de vue agricole, il signifie terre grasse, forte, argileuse , marneuse , collante , onc- tueuse, etc., et, au point de vue horticole, il sert à désigner une terre grasse dans le sens de riche en qualité et en fertilité. Le loam naturel a son analogue dans ce que nous appelons en France terre franche, terre à blé, terre d’alluvion, et plus particulièrement dans ces sols fertiles où Ton établit d’ordinaire les cultures ma- raîchères, potagères, légumières, les hou- blonnières, les chenevières, les garan- cières, les cultures de Tabac, etc. Par extension, le mot loam est employé par les horticulteurs anglais comme nom de genre, pour désigner toute terre de bonne qualité, qu’elle soit naturelle ou artificielle, c’est-à-dire composée ; car, en effet, presque tous leurs composts s’ap- pellent aussi loam. Ainsi ils ont le loam léger, le loam fibreux, le gras, etc., etc. Pourtant il y a une nature spéciale de sol à laquelle les horticulteurs anglais qui cultivent les plantes en pots sem- blent donner plus particulièrement ce nom : c’est la couche superficielle des champs cultivés argilo - siliceux «>u silico- argileux, et celle des prairies naturelles et des pâturages. En conséquence, ils envoient dans la campagne chercher de cette terre, dont ils ont toujours une forte provision d’avance et d’une année sur l’autre. Ils en font des tas, des mon-' ceaux dans une partie du jardin à ce af- fectée (d’ordinaire bien aérée et exposée - au plein soleil), et ils les y laissent ainsi plusieurs mois (5 ou 6 ou même un an) à se mûrir, à se faire, comme ils disent, en ayant le soin, toutefois, de faire démonter, diviser et étendre ces tas pendant quel- ques jours, puis à brasser et à bien mêler de fond en comble, à plusieurs reprises, et tous les mois, ou mieux tous les deux mois, cette terre, de façon à en faire un 'mélange uniforme et homogène qui est ensuite criblé, tamisé ou passé à la claie avant de l’employer. Quelques praticiens augmentent la fer- tilité de leur loam , en employant de pré- férence à la terre nue, c’est-à-dire dépour- vue de végétaux, des plaques de gazon, qu’ils mettent pourrir, en les retournant et en les empilant en tas plus ou moins vo- lumineux, et dont ils accélèrent parfois la décomposition en les arrosant tous les mois (ou plus ou moins souvent) avec un engrais liquide, dont le choix et la compo- sition varient suiyant la nature du sol et la culture qu’on a en vue. A défaut de gazons, quelques personnes y suppléent en se procurant soit de la terre franche ou une bonne terre ordinaire de jardin qu’elles font étendre dans un espace à ce affecté en plein air et au so- leil, et sur laquelle elles sèment du foin ou du gazon, que l’on arrose même parfois avec du purin d’écuries, d’étables, de l’eau de tourteaux, etc. Le gazon ainsi ob- tenu est enlevé, découpé par plaques, mis en tas à pourrir, puis traité comme il vient d’être dit. Il va de soi qu’on pourra re- commencer l’opération aussi souvent que cela sera nécessaire. Il est des cas où l’on se trouve bien de mêler à ces tas de gazons et de terre, du plâtre, de la chaux, des fumiers, des tourteaux, etc., etc. On conçoit aisément qu’une terre tra- vaillée de cette façon, que ce loam est d’une qualité et d’une fertilité supérieures, et qu’il est précieux pour toutes les cul- tures, mais plus particulièrement pour les plantes élevées en pots, et surtout pour celles qui sont voraces et qui ont besoin de trouver le plus longtemps possible, dans le petit espace (poteries ou caisses) où on les oblige à vivre, la plus grande somme de nourriture possible sous un faible volume. Ce loam a en outre un immense avan- tage que l’on ne saurait trop faire con- naître aux cultivateurs de plantes en pots : c’est qu’il a du corps, ne se décompose pas, ne se lave pas et ne devient pas inerte aussi promptement que le font la terre de bruyère, les terreaux, etc. — Mé- langé à la terre de bruyère, il ne provoque et ne hâte pas, mais prévient, au con- traire, cette sorte de décomposition pu- tride et vermineuse, si fréquente lorsqu’on lui associe des terreaux de fumiers d’ani- maux; décomposition qui amène des ma- ladies et entraîne le plus souvent la mort des plantes qu’on y cultive. Le meilleur éloge qu’on puisse faire du loam, com- me l’entendent les horticulteurs anglais, c’est qu’ils sont tous d’accord pour le con- sidérer comme la base, l’élément indis- pensable de presque tous leurs composts, et qu’ils l’emploient dans toutes leurs cul- UNE GREFFE EXCEPTION ELLE. 328 lures, à Fexception pourtant des plantes épiphytes et de celles qui exigent la terre de bruyère pure. Par loam fibreux ( fibrous loam ) , qu’ils emploient le plus fréquemment, les horti- culteurs anglais entendent plus particu- lièrement celui qui résulte des gazons pourris, dans lequel ils conservent plus ou moins les radicelles non encore complète- ment détruites. Souvent les horticulteurs anglais mé- langent à ce loam des proportions de dif- férentes autres substances ou terres , qui en modifient les conditions chimiques et physiques, et qui varient naturellement, suivant la nature des plantes et leur cul- ture. Parfois il^ lui associent de la terre ordinaire de jardin, du terreau de feuilles, de la terre de bruyère , soit siliceuse, soit tourbeuse, du sable siliceux ou gra- nitique, de la terre recueillie sous bois ou du terreau de bois pourri ; quelquefois de la tourbe, d’autres fois du petit gravier ou du charbon de bois pilé, parfois même des engrais divers, etc. Quant aux diffé- rents composts usités en horticulture pour chaque genre de plantes, nous croyons inutile d’en parler ici, ces renseignements se trouvant consignés dans la plupart des ouvrages ou traités spéciaux qui se trou- vent ou devraient se trouver entre les mains de toute personne s’occupant de la culture des fleurs. Clemenceau. UNE GREFFE EXCEPTIONNELLE Nous avons eu l’occasion, il y a quelque temps, de voir un exemple de greffe telle- ment étrange que nous avons cru devoir la décrire, bien persuadé que le fait inté- ressera vivement toutes les personnes qui s’occupent de jardinage et plus spéciale- ment les arboriculteurs et les botanistes- physiologistes, à cause de son importance au point de vue des théories sur le mouve- ment de la sève. Voici le fait. M. Carrelet, arboriculteur, route de Montreuil, à Vincennes, eut l’idée de faire, vers la fin du mois d’avril 4866, l’expé- rience suivante. Il choisit deux Poiriers, âgés de quatre ans, greffés sur Cognassier, élevés sous forme de fuseau et ayant chacun environ 1 m 50 de hauteur. L’un, un Poirier Beurré d’Arenberg, fut laissé en place et destiné à servir de sujet; l’autre, un Poirier Beurré de Charneu , fut ar- raché avec le plus grand soin de manière à ménager complètement ses racines; puis greffé par approche sur le Beurré d’Aren- berg, mais, et c’est ici le point qui rend le fait digne d’être noté, greffé renversé, c’est-à-dire qu’il fut maintenu les racines en Pair et l’extrémité de la flèche dirigée vers le sol. La greffe avait été faite à environ 30 centimètres du sommet de chacune des tiges, de sorte que, l’opération terminée, on avait devant soi deux Poiriers réunis par leur flèche, mais le supérieur renversé et à racines complètement exposées à l’air, c’est-à-dire formant la partie la plus élevée du sujet. L’opération faite et les bords de la greffe enduits, ainsi que toute la tige de l’arbre greffon, d’onguent de Saint- Fiacre, on attendit le résultat. Pendant cette même année 1866, le Poi- rier de Charneu ( greffon ) poussa peu ; il ne développa que des feuilles et encore plutôt réduites à l’état de folioles, et il ne fleurit point; mais déjà dans le courant de l’été le corps principal de sa racine émit plusieurs bourgeons de Cognassier qui atteignirent une longueur de 8 à 10 centimètres; nous ajoutons que les di- visions principales du corps radiculaire ont présenté le même phénomène. Le su- jet, au contraire, poussa assez bien, fleurit de même, mais ne fructifia point. A l’au- tomne, la chute des feuilles se fit à la même époque que celle des arbres voisins ; ajou- tons encore que les racinesde l’arbre greffon ne furent aucunement protégées contre les intempéries de l’hiver, et que déjà à cette époque la couche d’onguent qu’il avait reçue au moment de sa réunion avec le sujet avait à peu près entièrement dis- paru, de sorte que cet arbre fut exposé à l’action de la gelée pendant tout l’hiver 1866-1867. Ainsi, dans cette même année, nous con- statons que l’arbre greffon a végété, qu’il a produit des feuilles, et que, bien qu’ex- posées à d’action desséchante de l’air, ses racines non-seulement n’ont pas cessé de vivre, mais encore qu’elles ont émis des# productions herbacées. Cette année (1867) le sujet a parfaitement végété; il a beaucoup fleuri, mais cependant ne donna aucun fruit. L’arbre greffon déve- loppa ses bourgeons, fleurit et noua deux fruits qui, aujourd’hui 19 août 1867, sont parfaitement conformés et de bonne gros- seur, de telle sorte qu’en octobre, époque de la maturité de ces fruits, ils n’auront rien à envier à ceux des arbres voisins. De plus les rameaux de Cognassier qui se sont développés sur la racine ont atteint une longueur de 20 à 30 centimètres. Fai- sons encore remarquer que les rameaux, tant ceux nés de la racine que ceux de la tige, après avoir végété horizontalement, ABIES AMABILIS. 329 n’ont pas tardé à se redresser et à prendre une direction normale. M. Carrelet a voulu encore ajouter à l’étrangeté du fait tel que nous venons de l’exposer; pour cela il a eu l’idée, à l’ex- trémité des quatre principales ramifica- tions de cette racine de Cognassier qui forme la partie supérieure de l’individu superposé, de placer, ce printemps, quatre greffes en fente de variétés différentes de Poiriers. De ces quatre greffes deux ont parfaitement repris et ont émis des pous- ses qui se sont arrêtées à 4-5 centimètres et qui sont terminées par une rosette de feuilles bien conformées. Nous nous trouvons donc aujourd’hui en présence d’un individu bien vivant et qui est conformé comme suit : d’abord, en par- tant du sol, une souche et des racines de Cognassier ; sur celle-ci un Poirier Beurré d’Arenberg ; puis, greffé sur lui et en sens inverse, un Beurré de Charneu terminé lui-même par une souche et des racines de Cognassier sur lesquelles ont été gref- fées deux nouvelles variétés de Poiriers. Que deviendra cet arbre ainsi greffé et obligé à vivre d’une manière si contraire aux lois habituelles de la végétation? Con- tinuera-t-il à vivre et à végéter dans les diverses parties qui le constituent actuelle- ment? Que devient dans cette affaire la sève ascendante et la sève descendante de nos arboriculteurs? — 11 y a là évidemment un fait très-intéressant, ne fût-ce qu’au point de vue de la discussion de cette ques- tion si controversée de la circulation de la sève; notre but est seulement de le signaler à l’attention des hommes plus compétents que nous en cette matière. B. Verlot. ABIES AMABILIS L ’Abies amabiiis , Forbes, gravure 32, est une espèce très-jolie et très-distincte, dont beaucoup d’horticulteurs parlent sans la connaître, qu’ils croient même livrer à leurs clients lorsqu’ils ne leur fournissent que la variété robusta de VAbies nobilis . Elle se trouve encore en ce moment au jardin ré- servé du Champ de Mars, dans la remarqua- 330 LES FOUGÈRES. ble collection de MM.Veitchetfils, où nous l’avons fait dessiner. L’individu exposé a environ 2 mètres de hauteur sur 12 centi- mètres de diamètre à sa base. Voici rénu- mération des caractères qu’il présente : Port et faciès assez analogues à ceux de VA bien Nordmanniam. Ecorce lisse, gris cendré. Branches étalées , rapprochées. Hameaux et ramules nombreux, distiques, densément couverts de feuilles. Feuilles d’un vert sombre, couchées, très-rappro- chées, cachant tout le dessus des rameaux, Fig. 33. — Branche d’Abies amabilis. largement tronquées au sommet, qui est légèrement échancré, canaliculées, lui- santes et d’un vert très-foncé en dessus, marquées en dessous d’une carène très- étroite, verte ; tout le reste glauque fari- nacé. La gravure 32 représente la plante en- tière qui était exposée, la gravure 33 un rameau de cette même plante, moins ré- duit afin d’en mieux faire ressortir les ca- ractères. E. A. Carrière. LES FOUGÈRES Ces plantes n’étaient guère en honneur chez les anciens, si nous en croyons les poètes les plus fameux du. siècle d’Auguste, de Virgile et d’Horace. Loinde célébrer dans leurs vers les agréments de la Fougère, ils n’en parlent que pour engager les cultiva- teurs à la brûler ou à l’extirper de leurs champs. Les médecins, eux aussi, n’en fai- saient un peu de cas que sous le rapport des propriétés médicales qu’ils leurs attri- buaient. Nos poètes, plus sensibles déjà à la beauté de certaines plantes, chan- tèrent la Fougère à leur point de vue dans les romances et les fabliaux. Aujourd’hui que lès beautés de la nature sont mieux appréciées, que bon nombre d’amateurs vont chercher leurs plus douces jouissances dans la culture des plantes, on estloin demettreen oubli les curieuses Fou- gères; bien plus, leur admission dans les serres et les jardins gagne, avec raison, de jour en jour. Si les corolles leur font dé- Revu# il ortie o l lmp Zanote r. des Boulangers Terni, rue i en a si ti en sis OBSERVATIONS SUR LA FÉCONDITÉ DES AUCUBA. PRIMEVÈRE DE LA CHINE. . 331 faut, en revanche, elles étalent à nos yeux leurs admirables feuilles tantôt entières, tantôt pennées, les unes du vert le plus ten- dre, les autres richement striées; il y a de petites Fougères qui se distinguent par leur gracieuse élégance, d’autres très-élevées, qui semblent rivaliser dans les serres avec les majestueux Palmiers. Disons pourtant avec regret, que beaucoup d’entre elles, de provenance des régions équinoxiales, ne sont pas toujours à la portée de bien des for- tunes; toutefois ne nous désolons pas, un dédommagement nous est offert dans nos Fougères indigènes; elles sont dignes, bien que moins splendides, de sortir d’un dé- laissement immérité. Déjà l’exemple nous est donné par de zélés amateurs. Nous sommes à même de voir et d’admirer dans des jardins le Polystichurn filix mas , Rath., développer avec grâce ses larges feuilles luisantes, le P oly podium vulgare tapisser de ses frondes toujours vertes les pieds des vieux chênes, le Asplénium ruta muraria et Trichomanes croissant sur les rochers exposés au soleil, la Scolopendre et la Ca- pillaire noire, décorer les bords ombragés des ruisseaux. Tout le* monde sait que dans certaines parties des parcs spacieux où les bois s’é- lèvent en futaie, de rares végétaux pous- sent à peine sous leur obscurité. Ces lieux attendent nos plus hautes Fougères, telles que le Polystichurn. filix mas , le Pteris aquilina , YOsrnunda regalis. Elles ne tarderont pas à couvrir le sol de leurs longues feuilles à fines découpures. Après QUELQUES OBSERVATIONS SL Quelque facile que soit la fécondation d’une plante quelconque, il est une condi- tion essentielle ou plutôt indispensable à sa réussite : c’est que les organes mâles et femelles atteignent en même temps leur parfait développement, ce qui arrive à peu près toujours lorsque ses organes sont pla- cés dans une même fleur. Il en est souvent autrement lorsqu’on a affaire à des plan- tes soit monoïques, soit surtout dioïques. C’est le cas pour les Aucuba. Bien que la fécondation puisse se faire seule chez ces plantes, il est néanmoins très-avantageux de l’aider, surtout lors- qu’on désire en obtenir beaucoup de fruits, parce que, ne possédant encore que des individus mâles de petite dimension, il esl une longue promenade dans la campagne où l’insolation dans les jours de chaleur devient pénible, on aime à se reposer quelques moments sous l’influence d’une salutaire et délicieuse fraîcheur. Les rayons du soleil échappés à travers la cime des arbres, se reflétant sur les frondes lui- santes des Fougères, répandent un nouveau charme dans ces lieux. Nous connaissons un parc de trois cents arpents embelli par ces plante^; le plus grand nombre y croît abondamment au grand plaisir du propriétaire, surtout l’Osmonde royale, dont les brillantes feuilles terminales, simulant des fleurs et qui, par leur fructification agglomérée, lui ont valu le nom de Fougère fleurie. Les Fougères ne demandent pas de** cul- ture spéciale. Il suffit de les planter autant que possible dans des terrains convenables à leur nature. S’il arrive qu’elles ne pous- sent pas la première année de plantation, comme nous l’avons observé très-souvent, on ne doit pas désespérer, car leur souche est tellement vivace , qu’au printemps suivant la végétation s’effectuera avec vi- gueur. Notre but, en publiant cet article, est d’engager les amateurs à se livrer à la cul- ture des Fougères indigènes ; s’il n’est pas donné à tous d’être possesseurs de grands parcs, beaucoup, du moins, peuvent l’être des bosquets où ces plantes figureront très- agréablement. L’abbé Brou. I LA FÉCONDITÉ DES AUCUBA bon de n’en point perdre de fleurs. Outre cela, il est encore avantageux d’aider à la fécondation des Aucuba, parce que les fleurs mâles étant en général plus hâtives que les fleurs femelles, il arrive que les premières sont souvent en partie passées lorsque les fleurs femelles s’épanouissent. Ce qu'il convient de faire dans cette cir- constance, c’est de mettre en pots un cer- tain nombre de pieds femelles et de les placer pendant quelque temps dans une serre ou sous des châssis, de manière à en avancer la floraison , qui alors coïncidera avec celle des pieds mâles, de sorte qu’on pourra obtenir beaucoup de graines. Lebas. PRIMEVÈRE DE LA CHINE, LA LUCIEN SIMON La magnifique variété de Primevère de la Chine représentée par la gravure ci- contre est le résultat de fécondations arti- ficielles dues aux soins intelligents d’un jardinier de Metz, qui s’est fait de la cul- ture de cette plante une sorte de spécialité. 332 POMME AZEROLI ANISE. ORIGINE DU PECHER DE CHINE A FLEURS. Elle a été considérée, par toutes les per- sonnes qui ont été à même de la juger, comme une perfection dans ce genre, si riche déjà en nouveaux et brillants coloris. Elle fournit aussi le premier exemple d’une variété à fleurs doubles bien fixée donnant de la graine. Et elle joint à cet avantage, qui suffirait seul pour en faire une plante de mérite comme type, toutes les qualités que l’on peut désirer dans une Primevère de Chine, et que nous allons essayer de faire connaître par une description aussi exacte que possible. Plante robuste et vigoureuse, d’un beau port, au feuillage touffu et élégant. Pé- tiole et face inférieure des feuilles nuan- cés d’une teinte pourprée. Hampe forte et peu élevée, portant les Heurs immédiate- ment au-dessus du feuillage, et les déta- chant bien de ce dernier. Fleurs très- nombreuses, toujours réunies en un seul verticille (contrairement à ce qui arrive dans les autres varités, où la hampe se divise très-souvent en plusieurs verticilles), plus ou moins longuement pédicellées suivant leur position, et formant ainsi une grande ombelle compacte et élargie, une sorte de bouquet parfait, entouré par le feuillage. Malheureusement, ce caractère n’a pu être reproduit dans la gravure co- loriée parce qu’il aurait nui à la clarté de celle-ci. Ces fleurs sont grandes, d’une belle forme, à corolle principale bien éta- lée; les pétales largement imbriqués et élé- gamment frangés sont d'un riche carmin souvent nuancé de violet à la face supé- rieure, d’un beau carné tendre à laface infé- rieure, .marnes de l'orifice à la gorge d'une gracieuse collerette de pétales également frangés, présentant une bizarrerie incon- nue jusqu’ici dans les fleurs doubles, et qui contribue beaucoup à donner à la plante un cachet de distinction : les pétale^ de cette collerette, érigés et fermant par conséquent l’orifice de la gorge, étant exactement du même coloris que les grands pétales, sont contournés de telle façon qu’ils présentent toujours leur face supérieure en dehors, laissant seulement apercevoir parfois la teinte carnée de leur face inférieure, qui, s’ils se présentaient comme cela arrive ordinairement, devrait se trouver à l’extérieur. Ce mélange des deux teintes, se 'détachant parfois sur le coloris foncé des grands pétales, joint à l’élégance de la collerette, est d’un effet tout nouveau et très-joli. La corolle, con- trairement à ce qui a lieu dans les variétés à fleurs simples, adhère fortement à la base du calyce ce qui donne à celte plante un grand mérite pour la confection des bouquets en hiver. Comme on le voit, ce n’est pas une fleur pleine, mais bien une fleur double dans la véritable acception du mot. L’avantage qui résulte de cette disposition compense largement le mérite des variétés déjà con- nues de Primevères de Chine à fleurs pleines, qui, du reste, sont moins jolies et, comme on le sait, sont très-difficiles à multiplier et à conserver. Dans la plante qui nous occupe, les parties sexuelles sont restées intactes; les étamines, insérées à la base des pétales de la collerette, entourent le stigmate qui est porté par un pistil libre dans le tube, en sorte qu’elle donne de la graine tout comme les variétés de Prime- vères à fleurs simples fimbriées. Cette graine reproduit exactement la variété. Notre établissement livrera au commerce* la Primevère de Chine Lucien Simon à par- tir du 1er novembre prochain, à raison de 6 francs pour chaque individu d’une bonne force. Simon -Louis frères. POMME AZEROLI ANISE Fruit régulier, déprimé, plus large que haut. Cavité pédonculaire petite, régulière; œil placé au fond d’une cavité assez pro- fonde, à divisions calycinales, petites, con- fluentes. Peau fortement colorée de rouge vineux, parfois grise rugueuse et comme crottée. Chair blanc jaunâtre, fondante, très-sucrée, agréablement relevée , mais un peu sèche, surtout lorsqu’elle avance vers son point de maturité. Cette variété est très-convenable pour planter dans les vergers; elle vient bien en plein vent et produit beaucoup. Les fruits doivent être mangés à point, autre- ment ils passent et deviennent comme farineux ou pâteux. Mangés à point ces fruits sont délicieux. La maturité arrive de novembre à janvier. La Pomme Azéroli anisé, très-commune dans la Gironde, est un excellent fruit; elle nous paraît rentrer dans la section des Fenouillets. E. Glady. ORIGINE DU PÉCHER DE CHINE A FLEURS UE PLUSIEURS COULEURS La pratique, intimement liée à la scien- ce, s’en distingue néanmoins par sa sim- plicité. Pour elle deux choses sont néces- saires : observer et tirer parti de l’observa- tion. La science est plus complexe; elle Revue HorUeole F Fs ma Pwxt lmp Zanotc r des Boulangers Pomme azeroli anisé EXPOSITION UNIVERSELLE D’HORTICULTURE EN 1867. 333 comprend trois choses : l'observation, la constatation et l'enregistrement des faits. Tout ouvrage qui vise à être à la fois scientifique et pratique doit donc com- prendre ces trois choses. C’est là précisé- ment le but que nous avons cherché à at- teindre dans le travail que nous venons de publier sur les Pêchers et les Brugnon- niers (1). En décrivant le Persica rosæflora , nous avons dit que le Persica versicolor n’en était qu’un fait de dimorphisme ; à l’appui, nous écrivions, page 39 : « Sur un Persica rosæflora très-fort, couvert de fleurs d’un très-beau rouge , il s’est développé une branche qui portait de nombreuses fleurs blanches, semi-pleines, d’un blanc pur, striées ou nuancées de rose. » Nous avons (1) Description et classification des variétés de Pêchers et de Brugnonniers. Brochure grand in-8 à 2 colonnes, avec une planche double. Prix : 3 francs. EXPOSITION UNIVERSELLE En désignant les Fuchsia et les Glaïeuls pour remplir les concours principaux de la neuvième série, la commission impériale avait sans doute pensé, comme nous, qu’elle offrirait ce double résultat de four- nir aux horticulteurs l’occasion d’une vic- toire d’autant plus précieuse qu’elle serait plus chèrement achetée, et aux amateurs le moyen d’étudier sur place des plantes toutes françaises par leur culture. S’il nous fallait, du reste, appuyer cette opinion, nous n’aurions qu’à citer les noms de MM. Lancezeur, Souchet, Verdier, etc. Aussi quelle n’a pas été notre surprise lorsque nous avons vu d’abord les Fuchsia représentés seulement par trois lots d'une valeur relativement très-faible , si on les compare à ce qu’il nous a été donné d’ad- mirer dans les expositions des années pré- cédentes; ensuite, les Glaïeuls qui, bien qu’en fort grand nombre, ont perdu par une floraison encore incomplète, une par- tie de leur intérêt. On nous fait espérer toutefois que le prochain concours com- pensera et au delà notre déception ; nous prenons acte de Cette déclaration et atten- dons impatiemment cette revanche. Ce double désappointement enregistré, abor- dons le concours de Fuchsia que le jury a récompensé comme suit : 1° Lot de 23 variétés : un second prix décerné à M. de Coëne, horticulteur à Gand. 2° Lot de variétés nouvelles : un second prix à M. Desse, d'Orléans, et une mention honorable à M. de Coëne. De tous les concours de Glaïeuls, ins- (2) Voir Berne horticole 1867, pp. 173, 193, 214, 234, 252, 212, 292 et 313. de ce fait ce qu’on pourrait appeler la contre-épreuve. Ainsi, cette année, sur deux individus de Pêchers à fleurs de plu- sieurs couleurs (Persica versicolor) qui, l’an dernier, n’avaient produit que des fleurs blanc rosé, maculé ou strié, il y a eu çà et là, à côté de fleurs blanches plus ou moins maculées ou striées de rose, des fleurs complètement rouge clair vif, abso- lument comme celles du P. rosæflora. Ce fait démontre que les diverses cou- leurs sont composées des mêmes éléments différemment groupés, ce qui justifie ce que nous avons dit dans le travail que nous venons de rappeler, à savoir que là où V unité de composition existe , les diffé- rences sont uniquement dues à la composi- tion des parties , fait hors de doute pour nous et dont prochainement nous tirerons des conséquences. E. A. Carrière. D’HORTICULTURE DE 1867 (2) crits au programme officiel, quatre seule- ment ont été remplis. Le premier, dite Collection-de Glaïeuls cultivés en pots, ne se composait que d’un lot présenté par MM. Havard et Cie, comprenant un nom- bre très-restreint de plantes, et auquel le jury n'a pas attribué de récompense. Le second était également celui de variétés réunies en collection; avec cette différence que, cette fois, les produits étaient pré- sentés en fleurs coupées. Cinq concur- rents se disputaient les récompenses qui ont été ainsi réparties : un premier prix à M. Souchet, de Fontainebleau, le pro- ducteur de presque toutes les belles va- riétés du genre Glaïeul; un deuxième prix ex æquo à M. E. Verdier et à M. Loise- Chauvière; un troisième prix à M. Gué- not ; une mention honorable à M. Ren- datler, horticulteur à Nancy, dont les plantes peu nombreuses étaient bien choisies. Nous citerons comme variétés très-remarquables dans ces collections : Madame Fur tado , blanc rosé, flammé car- min; Impératrice Eugénie , blanc lilacé clair, flammé et strié de violet; Shaks- peare, blanc à macule rose; Eldorado, jaune quelquefois strié de rose carminé; Ophir , jaune ayant les mêmes nuances que le précédent; Velleda , rose à macule lilas; Napoléon III , rouge brillant rayé de blanc; Princesse Mathilde ; Cuvier ; Ma- dame Vatry;John Watereer; Cherubini; etc. Le troisième concours, lot de 23 variétés Glaïeuls mises au commerce depuis deux ans, a valu un second prix à M . Souchet, horticulteur à Fontainebleau. Enfin, dans le quatrième et dernier lot : variétés nou- 334 EXPOSITION UNIVERSELLE d’hORTICULTURE EN 1867. velles obtenues de semis, le jury a dé- cerné : un premier prix à M. Souchet, de Fontainebleau; un deuxième prix à M. Loise-Chauvière; un troisième prix à M. Rendatler; une mention honorable à M. Guénot. Si nous passons ensuite aux concours accessoires (végétaux de serre chaude) nous ne trouvons que des lots à classer aux concours imprévus et récompensés, savoir : 1° deux lots d’Orchidées, compo- sés, l’un de 12 plantes présentées par M. Luddemann, l’autre de 6 plantes en- voyées par MM. Thibaut et Keteleer, et pour lesquels il a été accordé un deuxième prix au premier, et un troisième prix aux seconds; 2° deux lots de Gloxinia , un troisième prix de collection à M. Loise- Chauvière, et un premier prix à M. Val- lée pour des semis. Nous constatons que, si les variétés contenues dans le lot de M. Vallée n’offraient rien de remarquable comme nouveauté, la beauté des sujets était de nature à fixer l’attention du jury et à motiver sa décision. Deux lots com- prenant des plantes à feuillage orne- mental, auxquels il a été accordé un se- cond prix ex æquo à MM. Davoine, de Malines, et Pigny, de Bois-Ppéau. L’ex- position de M. Davoine se composait de 7 beaux exemplaires de Zamia variés, de 3 Chamærops, dont un portait la dénomina- tion de Chamærops duplicifolia , plante remarquable par la divisionde ses feuilles qui , par suite d’un arrangement parti- culier, sont disposées sur deux rangs. L’apport de M. Pigny se composait de 6 Pandanus variés, un bel exemplaire de Fourcroya gigantea , 3 Dracæna variés, quelques Palmiers ordinaires, enfin un Zamia horrida. Nous arrivons aux concours ouverts qux végétaux appartenant par leur culture à la serre tempérée. 1° Lot de Pétunia à fleurs simples et pleines, un troisième prix à M. Rendatler, et une mention honorable à M. Normand; 2° Agave filifera en fleur, un troisième prix à M. Chantin ; 3° deux lots composés l’un de 40 variétés de Lan - tana , l’autre de nombreux Penstemon en variétés déjà au commerce ounouvellemen obtenues de semis, chacun récompensé d?un troisième prix , à M. Rendatler; 4° lot composé de Chamæpeuce casabonœ et Ch. diucantha , un troisième prix à M. Rendatler; 5° pour un Muschia Wollas- tonii en fleur, un troisième prix à M. Gué- not; 6° pour un très-remarquable exem- plaire de Ligularia Kœmpferii, plante fort appréciée des amateurs et surtout des culti- vateurs, un second prix à M. Boelens, de Gand; 7° collections de Pélargonium zonale- inquinans , un premier prix à M. Chaté, pour 150 variétés; un deuxième prix à M. Malet, pour 85 variétés; un troisième prix à M. A. Dufoy, pour 86 variétés; 8° lot de 100 Pélargonium zonale-inquinans variés, remarquables par leur bonne cul- ture, un premier prix à M. Chaté; 9° lot de 60 variétés de Pélargonium zonale - inquinans, mises au commerce en 4866 et 1867, un premier prix à M. Chaté ; 10° lot de Pélargonium zonale - inquinans foliis variegatis, très-admiré pour le choix des variétés et la bonne culture des sujets, un premier prix à M. Thibaut et Keteleer; 11° lot de Pélargonium zonale-inquinans, obtenus de semis, une mention honorable à M. Decauville; 12° lot de variétés d ' Aga- panthus, obtenues de semis, un troisième prix à M. Loise-Chauvière. Sans doule, dans ce dernier concours, comme dans le précédent, le jury, en décernant une ré- compense, a voulu encourager les com- mencements du premier de ces exposants et les essais du second dans l’hybridation du genre Agapanthus , ainsi qu’un des gains dédié à M. le sénateur Cannart d'Ha- male, et qui , nous l’espérons, sera une bonne plante. Les Pélargonium zonale -inquinans ont été trop remarqués pour que nous pas- sions sous silence les variétés qui nous ont paru les plus méritantes. Ce sont, dans l’exposition de M. Chaté : Excellent (Schmidt), fleurs rouge ponceau, variété très-floribonde; Georges Nachet ; Léoni - das ; orbiculatum ; Marvel ; Emma Mi- chel, rouge orangé plus ou moins foncé; Paul Brie,' rose carminé légèrement lavé de saumon; Madame Day ; le Prophète ; M. Boucharlat aîné, rose saumoné de diffé- rentes nuances; Massena (Nosegay) ; buis- son ardent, rouge carminé; rosa bella;Beau- té de Suresnes rose. Ensuite, dans le lot de Pélargonium zonale-inquinans foliis varie- gatis de MM. Thibaut et Keteleer : Lucy Grieve, dont les feuilles, d’un vert foncé, sont ornées de zones prunes sur un fond rouge cerise carminé vif, bordé de jaune passant au blanc; Lady Cullum, vert clair, zoné de marron sur fond rouge fauve, bordé jaune clair; Edwinia , Fitz Patrick, ressemblant à Lucy Grieve , mais plus pâle ; picturatum , genre de Kenilworth ; Honey Comb, genre de May queen; Sophia Cussach , genre de Lucy Grieve ; Lady of Sallot ; Rosy queen; International, etc. Mentionnons encore une très-belle col- lection de branches d’oranger présentée par M. Marquis, et pour laquelle le jury a accordé un troisième prix. 11 est à regret- ter qu’une partie des feuilles soient tom- bées avant le passage du jury , ce qui ex- plique la faible récompense accordée à ces produits remarquables. Nous arrivons après cela aux concours ouverts pour les plantes de pleine terre EXPOSITION UNIVERSELLE d’hORTICL'LTüRE EN 1867. 335 où nous trouvons : un troisième prix dé- cerné à M. A. Dufoy,pour un lot de Dahlia variés et cultivés en pots; un troisième prix à M. Loise-Chauvière, pour un lot de Dahlia variés en fleurs coupées; un se- cond prix à M. Gauthier-Dubos, pour un lot d-’QEillets variés en collection et un lot de semis; un premier prix à M. Lierval, pour une collection de Phlox hybrides de py- ramidalis et de decussata . Constatons que les Phlox soumis à l’examen du jury éga- laient tout au moins, s'ils ne les surpas- saient point, ceux présentés par le même exposant dans la précédente série; enfin un second prix était accordé à M. Rendat- ler, pour ses expositions de Phlox égale- ment hybrides de Phlox pyramidalis et de Phlox decussata en pots ou en fleurs coupées; une mention honorable au même horticulteur pour un lot de Phlox decus- sata en pots. Comme dans les séries précédentes, les plantes annuelles et vivaces attiratent l'at- tention des amateurs autant par le nombre et la variété des espèces composant les collections que par la perfection des cul- tures. C’est encore la maison Vilmorin et Cie qui a reçu le premier prix, laissant le second prix à M. Loise-Chauvière, et une mention honorable à MM. Havard et Cie, ainsi qu’à M. Thibaut-Prudent. Dans le concours de Roses trémières, M. Margottin a été récompensé d’un pre- mier prix. Dans ce même concours, M. Pi- gny recevait une mention honorable. Grâce à MM. Itegnier et Vilmorin et Cie, il nous a été donné de voir deux collections de Zinnia flore pleno qui ont été récompen- sées, la première appartenant à M. Ré- gnier, d’un second prix, l’autre, exposée par MM. Vilmorin et Cie, d’une mention honorable , récompenses données sans doute à titre d’encouragement, car il n’y avait rien d’extra, tant s’en faut. Dans le lot de M.Regnier, on remarquait un Zinnia blanc qui a des tendances à la duplicature. Revenons aux autres concours et enre- gistrons la belle collection de Lobelia pré- sentée par M. Duvivier qui a reçu un premier prix. Parmi les variétés, compo- sant ce lot, une certaine quantité semble provenir du Lobelia cardinalis.et du Lobe- lia syphiiitica ; ce sont en général de jo- lies plantes pouvant trouver place dans tous les jardins d’amateurs, où on les em- ploie, soit pour garnir les massifs d’arbres ou arbustes dénudés à la base, soit sur les pelouses, en groupe de 15 à 25. Celles que nous considérons comme les plus recom- mandables sont : rubra sanyuinea ; Léo Lespès ; alba grandiflora; Roi des bleus, etc. Le jury accordait ensuite un premier prix à M. Margottin, pour un lot d’Hy- drangea hortensia. Sans doute M. Mar- gottin, en exposant ce magnifique lot, a voulu montrer aux visiteurs du jardin ré- servé la valeur de cette plante, autrefois regardée comme des plus ornementales par la beauté et la durée de ses fleurs, et aujourd’hui presque délaissée. Quelle est la cause de cet abandon? Elle est facile à deviner, car le seul tort de cette plante est d’être vieille. Aujourd’hui, il faut le dire, on recherche le plus souvent des nouveau- tés dont le seul mérite est dans leur prix élevé, tandis que l’on délaisse des végé- taux qui, par leur abondante floraison, dé- dommageraient largement des peines et des sacrifices qu’ils auraient coûtés. D’autres plantes, non moins jolies et qui doivent être, par ce motif, non moins re- cherchées non plus des amateurs, les Fou- gères de plein air, faisaient aussi partie de cette série et donnaient lieu à un concours des plus intéressants et pour lequel le jury décernait : un premier prix h M.Van Acker, de Fromont; un deuxième prix à M. Cap- pe, du Vésinet , et un troisième prix à M. Morlet, de Fontainebleau, dont la col- lection, composée de sujets nombreux, laissait à désirer quant à la dénomination et à la culture. En ce qui concerne les deux collections de MM. Van Acker et Cappe, elles offraient si peu de différence que per- sonne n'eût été étonné de voir la récom- pense décernée au premier également ac- cordée au second. Venaient ensuite les concours imprévus de plantes annuelles, concours dans les- quels: MM. Vilmorin et Cic ont obtenu un troisième prix pour une corbeille de Balsamines variées; M. Thibaut-Prudent, une mention honorable pour des Reines Marguerites que nous considérons comme l’avant-garde de ce qui sera prochainement apporté. Constatons, en passant, qu’ama- teurs et connaisseurs ont vivement admiré une corbeille formée de Diantkus var. Seneclauzii qui produisait un très-bel effet. • M. Rendatler, qui avait présenté un lot de Statice et de Delphinium , en variétés déjà au commerce ou obtenues de semis, a reçu un second prix. Le lot de Statice était surtout très-remarquable. Nous y avons trouvé les variétés Liboniana , qui joint à la légèreté de son inflorescence un beau coloris lilas clair; Besseriana . possé- dant au contraire le rose comme nuance dans la corolle; echinus , une des plus jolies; incana alba;incana latifolia mon- strosa ; elegans ; Smithii ; etc. Signalons après cela : un second prix décerné à M. Cappe, pour des plantes destinées à la décoration des rocailles ; un second prix à M. Pelé, pour un beau lot de Yuca variés ; une mention honorable à M. Louis de Smet, horticulteur à Gand, pour 10 Biota orien- 336 EXPOSITION UNIVERSELLE talis ciurea , envoyés de Gand par cet horti- culteur, qui a sans doute voulu montrer que la Belgique possède cette conifère; un second prix à M. H. Jamain pour un lot de Rosiers tiges remarquables par leur bonne culture. Dans l’exposition des fleurs coupées, nous trouvons encore les Roses réunies en collection, concours pour lequel M. Mar- gottin a obtenu un premier prix ; MM. Ma- rest et Duval chacun un deuxième prix; M. H. Jamain un troisième prix; M. Cochet une mention honorable. Nous constatons avec plaisir que, cette fois, plusieurs horti- culteurs s’étaient efforcés de remplir scru- puleusement les conditions du programme officiel en ne faisant entrer dans leur col- lection qu'une seule Rose de chaque varié- té, et nous applaudissons, par suite, à la sévérité du jury à l'égard de l'exposition de M. Duval. Il est, en effet, évident que, sans la présence d’une grande quantité de variétés répétées un certain nombre de fois, le bel apport de cet horticulteur aurait reçu une récompense au moins égale à celle donnée au premier lauréat du con- cours. Quoique sévère, cette décision nous paraît juste, à nousquiavonstoujours récla- mé l’application du règlement. Disons, en terminant, que la collection la plus nom- breuse en variétés était celle de M. H. Ja- main; malheureusement les fleurs lais- saient à désirer. • Pour clore la série des concours de la floriculture, signalons ceux ouverts pour les bouquets, vases de tables et parures, dont les résultats sont deux premiers prix, deux seconds prix et un t roisième pr ix dé- cernés à M- Bernard; un deuxième prix et quatre troisièmes prix à Mlle Lion; une mention honorable à M. Deschamps. Enfin, pour un concours dit lot de suspensions ornées, un premier prix h M. Bernard; un second prix à Mlle Lion et également un second prix à M. Vickaert, de Gand. Peu de fruits ont été jusqu’ici présentés à l’appréciation du jury; mais voici bien- tôt la saison où nous allons les voir appa- raître en quantité. D’après les déclarations qui sont déjà parvenues, nous pouvons es- pérer que cette branche de l’horticulture ne sera pas plus délaissée que ne l’ont été les autres. Dans le premier concours de cette présente série, trois prix ont été dé- cernés aux lots de fruits variés : 1 z premier prix à M. Deseine , de Bougival , le deuxième prix à M. Cochet, de Suisnes; le troisième prix à la société d’horticulture de Clermont (Oise). Pour donner une idée de l’importance de ce concours, nous di- rons qu’une des expositions se composait de 16 variétés de Pommes, 10 de Poires, 11 de Prunes, ainsi que des échantillons remarquables de tous les autres fruits tel- d’iIORTICULTURE EN 1867. lement répandus chez nous, qu’on pourrait dire qu’ils sont indigènes. Le concours sui- vant était celui des Raisins. En tête des exposants de ce concours, nous nomme- rons M. Knight, jardinier chef du château dePontchartrain, qui présentait à l’examen des jurés des Vignes chargées de grappes d’une dimension et d’une beauté excep- tionnelles. Ces fruits, remarquables à tous les points de vue, ont mérité un premier prix à leur producteur. M. Knight avait également exposé deux grappes de Raisin détachées de la vigne, qui lui ont encore valu une mention honorable. Un autre pre- mier prix a été accordé à M. de Goës, hor- ticulteur belge, qui avait envoyé des Rai- sins en corbeille. Le deuxième prix a été décerné à M. Rose Charmeux, et le troi- sième prix h. M. Constant Charmeux. Enregistrons ensuite un premier prix à M. L. Lhérault pour un lot composé de Figues blanches et deTigues violettes dites d’Argenteuil, qui ont été fort admirées; un second prix à M. Baudon pour collec- tion de Citrons, etc., et un premier prix à M. Marquis pour des Citrons, Limons, Oranges , etc. Une mention honorable à M. Guillot, de Clermont-Ferrand, pour un lot d’Abrieots de semis; un second prix à M. Leroy, de Kouba (Algérie), pour des fruits divers, tels que 10 lots de Raisins, des Piments, des Aubergines, des Gro- seilles d’une grosseur à faire rêver les gourmands, etc., le tout provenant de la colonie. Enfin remercions les horticul- teurs qui, pour augmenter la grandeur de l’exposition, ont bien voulu envoyer de nombreux et beaux produits qu'ils ont placés hors concours. Les concours de légumes se bornaient, cette fois, à : 1° concours de collection, récompensés d’un premier prix ex æquo à la société de secours mutuels des maraî- chers de la Seine et à M. Enfer, jardinier amateur, dont les produits fort remarqua- bles dénotent une très-grande capacité; un deuxième prix à la société d’horticulture de Clermont (Oise), qui offrait des produits dignes de lutter avec avantage avec les premiers lauréats; troisième prix , société d’horticulture de Nantes, qui avait un bel apport malgré la distance. 2° lot d’Oignons de Madère, présentés par M. Knight, et auquel le jury a attribué une mention ho- norable. En terminant ce compte rendu, signa- lons à l’attention des jardiniers, amateurs et petits propriétaires et même des agricul- teurs la Laitue dite Laitue Bossin, présen- tée par M. Lacoudre. Sans vouloir affirmer qu’elle soit sans défaut, nous maintenons que ses qualités la rendent recomman- dable. En effet, si on lui reproche de LES JACINTHES DE HOLLANDE A l’ EX POSITION UNIVERSELLE 337 ne se reproduire qu’imparfaitement par le semis, d'avoir ivop de parenté avec la Lai- tue blonde de Batavia, et même d’être tar- dive, elle présente comme avantages mar- qués ceux de prendre des proportions énormes, d’être rustique, d’une culture facile et d'un goût aussi délicat que n’im- porte quelle autre grosse laitue. Ce ne sera jamais, assurément, la plante des primeu- ristes, mais on peut espérer qu’elle aura, comme tant d'autres, son jour de succès. En terminant, nous dirons que cette série a offert, comme remarquables, les JACINTHES DE HOLLANDE A Quiconque a visité le jardin réservé, au Champ de Mars, dans la première quin- zaine d’avril, de cette année, a pu appré- cier le mérite de la Jacinthe, de cette jolie fleur d’hiver et de printemps, tant chantée par les poètes de l'antiquité et par les écrivains modernes. Les amateurs de ce genre ravissant à tous égards, par la forme, la variété et la vivacité du coloris, et la bonne odeur des fleurs ont pu, comme nous, admirer la Jacinthe de Hollande, dans tout son éclat, dans toute sa perfec- tion. Combien de propriétaires n'ont-ils pas eu à regretter, à ce moment où les fleurs de la pleine terre surtout sont si rares, son absence de leurs serres et de leurs jardins que cette plante aurait em- bellis, sans interruption, depuis le mois de septembre jusqu’à celui d'avril. En effet, quand on sait que la première Jacinthe, celle dite romaine ( Hyacinthus romanus), commence à fleurir sous châssis dès la fin de septembre, et que les der- nières fleurs de l’espèce dite de Hollande ou Jacinthe d’Orient ( Hyacinthus Orientalis), se voient encore dans nos jardins, en pleine terrre, à la fin d’avril , il est diffi- cile de comprendre comment la plupart des amateurs possédant, soit à la campagne, soit à la ville, un parterre de quelques mètres seulement, se privent de l’une des premières jouissances printanières, en né- gligeant la culture des plus séduisantes fleurs de l’hiver et du printemps. On nous objectera sans doute que cette plante est passée quand on quitte la ville; mais pour ceux qui ne la quittent pas et qui ont des jardins et des serres dans leur villa, ainsi que pour les amateurs de fleurs, qui habi- tent continuellement la province, l’objec- tion est nulle ou à peu près; il existe donc une raison qu’il faut chercher ailleurs, et cette raison qu’on ne veut ni dire, ni avouer, c'est que la Jacinthe n'est plus démodé en France, et cela n’est mal- heureusement que trop vrai; on lui re- proche même, pour l’accabler plus for- Pelargonium de M. Ghaté et cfe MM. Thi- bault et Keteleer; les Glaïeuls de MM. Souchet, E. Verdier et Loise-Chauvière ; les légumes de M. Enfer et les fruits de M. Deseine. 11 a été décerné par le jury 99 récom- penses, savoir : 24 premiers prix, 32 se- conds, prix, 26 troisièmes prix, 17 men- tions honorables^, qui ont été remportées : 92 par la France et 7 par la Belgique. Rafarin. (La suite au prochain numéro.) L’EXPOSITION UNIVERSELLE tement , sa trop forte odeur . Alors on la remplace dans les salons, à quelques ex- ceptions près, par des plantes à feuillage élégant et ornemental, telles que Bégonia, Dracena , Fougères, playites grasses , etc. Nous n’avons pas la prétention de formuler ici un acte d'accusation contre les plantes, plus ou moins élégantes, pour lesquelles on ne manque jamais d’ouvrir des con- cours dans les expositions d’horticulture; mais il nous semble que la vogue est un peu trop au romantique en jardinage, et que l’on s’éloigne du classique de plus en plus. On pourrait, croyons-nous, faire fa- cilement l’alliance de ces deux écoles, en conservant et en cultivant nos anciennes belles et bonnes plantes à l’égal des nou- veautés qui arrivent tous les ans sur le continent européen, de tous les points du globe. Ce que nous disons de la Jacinthe en particulier peut être appliqué à toutes nos plantes de collection en général. Au- trefois et naguère encore, le jardin et la serre étaient de véritables géoramas où, deux fois au moins par mois, de nouvelles floraisons venaient se succéder et rafraîchir les sens et [la vue des véritables amateurs de fleurs. On n’avait pas perpétuellement, comme aujourd’hui, sous les yeux, trois ou quatre genres de plantes, on les possé- dait toutes ou en partie, et depuis les Pri- mevères jusqu'aux Chrysanthèmes, les jar- dins étaient ornés, pendant sept ou huit mois, d’une quantité de fleurs toutes plus jolies et plus attrayantes les unes que les autres. Les jouissances alors étaient va- riées à l'infini, mais alors il existait des amateurs vrais , qui s'occupaient à dres- ser des catalogues et à soigner leurs plantes, à faire des semis et des échanges, à greffer et à multiplier tous les végétaux d’agrément. Pouvons-nous en dire autant aujourd’hui? Il nous est permis d'en dou- ter. S’il y a encore de ces amateurs, leur nombre, très-restreint, diminue tous les jours. Ces variétés si remarquables de Pé- largonium, où sont-elles maintenant? Les 338 LES JACINTHES DE HOLLANDE A L EXPOSITION UNIVERSELLE. Dalhia tant en vogue , il y a quelques années, sont presque oubliés; on n’en veut plus. Les Pensées , les OEillets et même les Phlox ne sont également plus de mode aujourd’hui, et cependant ce sont de jolies plantes, qu’on ne voit plus que çà et là; cet abandon presque général n’est dû qu’à la mode qui règne en souveraine, et de laquelle nos modestes Jacinthes subis- sent également l’influence capricieuse. Si la Jacinthe n’est pas pour le moment digne de fixer l’attention des classes ridhes, nous pouvons affirmer qu’elle est l’objet de la culture populaire, et l’on en peut ju- ger par la chambre, la fenêtre et la che- minée de l’ouvrière, laquelle à son réveil ne manque pas d’aller rendre visite à ses Jacinthes en pots ou à celles placées sur des carafes remplies d’eau; ce ne sont pas non plus les variétés les plus belles qu’elle admire ; non, elle les a achetées 5 ou 10 centimes la pièce, sur le marché le plus voisin, et cela suffit pour la rendre heu- reuse ; parce qu’elle-même les a achetées et cultivées. Quoi qu’il en soit de cet abandon mo- mentané de la Jacinthe, nous ne désespé- rons pas d’en voir un jour revivre la cul- ture. En attendant ce revirement dans le goût pour les fleurs de collection, nous allons donner la nomenclature des Jacin- thes de Hollande présentées à l’Exposition universelle, et faire connaître le nom des exposants qui ont été couronnés à. la suite de la lutte établie entre la France et la Hollande. Gomme à tout seigneur tout hon- neur, nous commencerons par les Hol- landais, nos aînés et nos maîtres dans la culture des Jacinthes : c’est d’abord M. Krélage qui a obtenu le premier prix, pour sa belle collection cultivée en pots, puis ensuite M. Barnaart, un second prix pour la même culture; le jury a décerné également un second prix à M. Van Va- veren, pour sa bonne culture de Jacinthes en carafes. Pour la beauté des hampes, la largeur et le nombre des fleurons, elles ne le cédaient en rien à celles présentées en pots par ses compatriotes. Parmi les horticulteurs français qui sont entrés en lice, et qui ont tenu à honneur de représenter dignement la France dans ce concours international hors ligne, nous mentionnerons les beaux lots de MM. Pru- dent-Thibaut, Loise-Chauvière et Vilmorin et*Cie. M. Prudent-Thibaut a obtenu le se- cond prix pour la culture française. Il n’y a pas eu de premier, ni de troisième prix donnés aux exposants français. Tous ces lots étaient remarquables par la quantité de Jacinthes et par le nombre des variétés, ainsi que par la belle venue des plantes, et, un instant, on aurait pu se croire trans- porté en Hollande, dans les plaines de Harlem, si le nombre des visiteurs et le bruit des machines de l’Exposition n’a- vaient pas été là pour désillusionner. Dans le but de venir en aide aux ama- teurs qui n’ont pu visiter l’exposition de Jacinthes, nous avons pris le nom de toutes les plus belles qui ont été présen- tées par les Hollandais MM. Krélage, Bar- naart et Van Vaveren. Il sera facile de les retrouver sur les catalogues de ces horti- culteurs et sur ceux des principales mai- sons françaises. Nous en donnons le détail par couleur séparée, en faisant précéder d’un astérisque les noms de celles qui nous ont paru les plus méritantes entre toutes, et nous ajoutons que, dans cette liste assez longue, il ne se trouve pas une plante inférieure. Les Hollandais, ainsi qu’on le comprendra facilement, ne nous ont envoyé que des plantes d’élite, et c’est cette raison qui nous a engagé à les signa- ler toutes à l’attention des amateurs. Les voici par ordre de couleurs. Nous pouvons assurer que s’il se trouve quelques erreurs dans la liste, elles sont dues bien certai- nement aux étiquettes qui n’étaient pas à leur place, ainsi que cela peut arriver quel- quefois dans un moment de presse, car nous avons eu la patience de passer six heures entières pour en prendre exacte- ment le nom et la couleur, et loin de nous en plaindre nous nous félicitons d’avoir pu contempler pendant ce temps et à notre aise un genre que nous affection- nons d’une manière toute particulière, et qui est l’objet d’études spéciales de notre part depuis plus de trente ans. Jacinthes à fleurs simples , rouge foncé , roses et couleur de chair. Agnès.. Alida Louise. Amphion. A musement champêtre . * Aurora. 4 Baron Beuher Stowe. Baron Thuyl. Berlinger. Cavaignac. Cléomène, lilas centre blanc. * Chamisso. * De Candolle Eldorado. Florence Nightingale. * Graaft van Nessel- rode. * Grand Lilas. Grandeur à merveilles. Gigantea. Howart. Joséphine. * Ko-i-noor. La Dame du lac. * La Cochenille. Le Prophète. * LT nique. Lord Wellington. Madame Hodson. Mademoiselle Rachel. Maria Berthon. Marie Carache. 4 Miss Aikin. M. Macauley. M. de Faesch. * Prince d’Orange. Princesse Anne. + Princesse Clotilde. Ponceau à cœur blanc. Queen Victoria Alexan drina. Rose Blandina. Sans-Souci. Sir Litton Bulwer. Sutella. Xénophon. Jacinthes à fleurs doubles rouges, roses et couleur de chair. Anna Paulowna. Grand Conquérant. A la mode. .* Henri IV. Bouquet royal. Joséphine. Goethe. La Virginité. 339 MELON DE CHITO, A FRUITS TRÈS-LONGS. — BEGONIA BOL1V1ENSIS. Lord Anson. Princesse royale. L’Eclipse. 4Regina Victoria. * Marquise de la Coste. Rex Rubrorum. Milton. Suzanne Marie. Monsieur Stegerhock. Sir Waller Scott. Prince de Waterloo. Triomphe Blandina. Jacinthes à fleurs simples bleues, violettes et faïencées. 4 Argus. Baron von Humbold. 4 Bleu Aimable. 4 Charles Dikens. Czar Peter. Darwin. 4 Duc of Devonshirë. Emicus.^ * Ferdinandus. Ferruk-Kan. Pollens. 4 Franklin. 4 Général Havelock. 4 Général Pélissier. 4 Haidn. 4 Herton van Welling- ton. Honneur d’Amsterdam. 4 Honneur d’Overveen. Lamartine. La Nuit. * La Surpassante. La Précieuse. Léonidas. Leviathan. Lord Palmerston. * Madame Ristori. Nemrod. Oncle Tom. Othello. Paganini. Prince Albert. * Prince Alexandre. 4 Régulus. Roi de Siam. Roi Oscar. 4 Voltaire, bleu violacé, centre blanc. Zuny. Willem. Jacinthes à fleurs doubles bleues, noirâtres et faïencées. 4 Albion. 4 Bloksberg. Cari, prince hériditaire de Suède. L’Enfant de France. * Laurent koster. 4 Lord Raglan. 4 Keiser Alexandre. Neker. 4 Othello. 4 Prince Frédéric. Sir John Franklin. 4 Yan Speyk. Jacinthes à fleurs simples blanches. Alba superbissima. 4Baronne van der Duin. 4 Grand Alexandre. Grand Vainqueur. Isabelle II. 4 Jenny Lind. La Pureté. La Vestale. Madame de Staël. 4 Madame van der Hoop. 4 Mamouth, blanc rosé. 4 Mirandolina. Montblanc. 4 Paganini. Paix d’Europe. 4 Pucelle d’Orléans. Rubens. Ténériffe. Jacinthes à fleurs doubles blanches. Blanchard, à cœur vio- Sultan Achmet. let. Jacinthes à fleurs jaunes simples. Anne Caroline. 4 Aurora. 4 Chateaubriand. Duc de Malakoff. Grand jaune. Ida. Liberia. Mademoiselle Rachel Pure d’or. 4 Victor Hugo. Dans nos précédents articles sur la cul- ture des Jacinthes, nous avons indiqué notre méthode ; mais pour ceux des lec- teurs de la Revue qui n'en auraient pas eu connaissance, nous les engageons à con- sulter le bon jardinier par Vilmorin et Poi- teau ; ils trouveront dans cette excellente et monumentale publication, renouvelée annuellement, des renseignements et les premières notions les plus utiles et les plus exactes pour cultiver avec succès ce genre dans les jardins, les serres et les apparte- ments, soit en pots, soit en carafes. Bossin. MELON DE CHITO, A FRUITS TRÈS-LONOS, A FOND NOIR Cette très-remarquable variété s’est pro- duite dans nos cultures; sa végétation her- bacée, c'est-à-dire ses feuilles et ses fleurs, ne présente rien de particulier; mais il en est tout autrement de son fruit, dont le développement est des plus considéra- bles, en même temps que sa forme est des plus singulières. Ce fruit est arqué, en massue, c’est-à-dire qu’il va en grossissant à partir de sa base jusqu'au sommet; son accroissement est tellement rapide que, le 5 août dernier, l'un d’eux dépassait 1 mè- tre de longueur; son poids était d’environ 4 kilogr. 500 grammes. Sa chair, un peu farineuse, d'abord blanche, prend en mû- rissant une couleur jaunâtre. Quant à la culture, elle est absolument la même que celles des autres espèces du genre. Les graines du Cucumis melo Chito , lon- gissimus, se vendent au siège de l’établis- sement, à raison de 1 fr. le paquet conte- nant 25 graines. Audibert, Horticulteur à la Crau d’Hyères (Var) . BEGONIA B0LIV1ENSIS Comme son nom l’indique, l’espèce qui fait l'objet de cette note est originaire de la Bolivie, où elle a été découverte par M. Weddel. Ce n’est que tout récemment qu’elle fut introduite en Europe, et, au mois de mai dernier, on a pu l'admirer au Champ de Mars, où elle a été exposée par MM. Veitch et fils, qui l’avaient reçue de leur collecteur, M. Pearce. Le Bégonia Boliviensis, Hook., dont le Botanical Magazine, n° 969, donne une description et une figure, constitue une pe- tite section particulière établie par Klotscb, sous le nom de Barya. La seule espèce con- nue de cette section est le B. monadelpha, Ruiz et Pav., originaire du f’érou. Les Ba- rya, du reste, sont tellement voisins du sous-genre Casparya Klotsch, qu’ils n’en diffèrent que par la structure de leurs stigmates. Voici l'énumération des carac- 340 FRAX1NUS EXCELSIOR CUCULLATA. PLANTES NOUVELLES ET RARES. tères que M. J. D. Hooker assigne au B. Boliviens is : Planle glabre. Racine légèrement tubé- reuse. Tige herbacée, atteignant 2 ou 3 pieds de hauteur. Branches cylindriques, vertes. Feuilles très-courtement pétiolées, longues de 6-10 centimètres, larges d’envi- ron 2 centim., lancéolées ou ovales lancéo- lées, acuminées, à limbe très-aigu et très- inégalement développé à la basera contour très-irrégulièrement denté, d’un vert luisant en dessus, rougeâtres sur les bords, d’un vert pâle en dessous; stipules oblongues, lancéolées, dentées, récurvées, vertes. Pé- doncules axillaires, longs d’environ 2 cen- timètres, portant 2 fleurs, mâle et femelle. Bractées vertes, largement ovales, cucul- lées et dentées. Pédicelles rouges. Fleurs pendantes, d’un rouge cinabre brillant; les mâles, longues d’environ 4 centimè- tres, forment une sorte de périanthe à 4 divisions; les femelles du double plus long. Etamines réunies et constituant une co- lonne conique. Anthères petites, oblon- gues, jaunes. Ovaire tri-ailé; styles3; stig- mate bilobé. Placenta bifide, portant les ovules sur les deux surfaces des segments. Bien que cette espèce puisse passer en serre froide, néanmoins on se trouvera bien de la cultiver en serre chaude. Quant à sa multiplication, elle se fait comme celles de toutes les autres espèces du genre. Houllet. FRAX1NUS EXCELSIOR CUCULLATA Arbre très-robuste, dressé, peu rami- fié. Bourgeons très-gros, à écorce, d’un vert intense. Feuilles opposées, composées, très-rapprochées, sessiles ou très-courte- ment pétiolées, d’un vert foncé bien que gai, à folioles excessivement rapprochées, à peine pétiolées, tourmentées-cucullées et comme un peu crispées. Cette variété, très-remarquable, dont MM. Baltet frères, horticulteurs à Troyes, sont les propriétaires, provient d’un semis du Frêne commun. Par son ensemble, elle a un peu l’aspect du F . atrovirens, bien qu’elle en soit très-distincte; son faciès, quoique d’un vert sombre, est moins noir et moins brillant. Cette nouveauté sera mise au commerce à l’automne prochain. E. A. Carrière. PLANTES NOUVELLES, RARES OU PEU CONNUES Clemalis hybrida aurelia. — Cette belle plante, qui était exposée au Champ de Mars par M. Lemoine , horticulteur à Nancy, appartient à la section païens. Ses feuilles glabres, pétiolées, composées, trifoliées, sont étroitement cordiformes, très-longuement acuminées en pointe; ses fleurs, qui atteignent 20 centimètres environ de diamètre, sont d’un bleu lilas pâle; les pétales longuement lancéolés, acuminés en pointe, sont ondulés et comme un peu tordus. — Belle et vigou- reuse plante, très-floribonde. Populus tomentosa. — Cette espèce, qui a été envoyée de la Chine au Muséum par M. Eugène Simon, appartient à la section des Peupliers blancs, vulgairement Blancs de Hollande ou Ypréaux ; elle est très- vigoureuse et pourrait peut-être être plan- tée comme arbre forestier. Voici les ca- ractères qu’elle présente : Arbre très-vigoureux, droit, à écorce gris cendré, glabre sur la tige et les bran- ches, tomenteuse feutrée sur les bourgeons. Tige droite, élancée. Branches étalées, as- cendantes ; yeux gros, courtement co- niques, pointus, à écailles gris cendré, rougeâtres. Feuilles longuement pétio- lées, cordiformes, épaisses, irrégulière- ment dentées, lobées, à lobules spines- cents, d’un vert foncé, luisantes et comme vernies en dessus, blanches en dessous par un tomentum feutré laineux qui les re- couvre de toutes parts et les rend douces au toucher. Pétiole tomenteux, d’environ 6 ou 7 centimètres de longueur. Populus nigra Sinensis. — Arbre très- rameux, parfois un peu buissonneux. Tige à écorce lisse, bientôt grise, crevassée- rugueuse. Branches nombreuses, étalées, grêles, couvertes d’une écorce glabre, lui- sante, bientôt rugueuse par les nombreuses lenticelles qu’elle porte. Yeux saillants, longuement appliqués sur les rameaux, d’abord roux, puis brunâtres, luisants. Feuilles longuement pétiolées, cordifor- mes, presque horizontalement tronquées à la base, assez longuement et régulière- ment acuminées en pointe' au sommet; de là, subtriangulaires, coriaces, luisantes et glabres de toutes parts, à contour comme crispé, sensiblement denté, à dents arquées arrondies. — Cette variété, que nous avons obtenue au Muséum de graines envoyées de la Chine par M. E. Simon, est sans aucun doute une variété du P. nigra. E. A. Carrière. L’un des propriétaires : Maurice BIXIO. Paris. — Impr. de A. Lainé et J. Havard, rue des Saints-Pères, 19. CHRONIQUE HORTICOLE (première quinzaine de septembre). L’oïdium dans les Vignes. — Communication de M. Champourlier relativement au pincement de la Vigne. — Les arbres du jardin réservé de l’Exposition. — Les Magnolia. — Les Raisins de M. Bon- schel, de Montpellier. — Les Sarments exposés par M. Bourgeois. — Une Commelyné e épiphyte ex- posée au Champ de Mars. — Lettre de M. Adrien Lucy, ex- vice-président de la Société impériale et centrale d’horticulture de France. — La Victoria regia. — Fructification en pleine terre, à Bordeaux, du Chamœrops excelsa. — Les Sedum de M. Yvon. — La panachure des végétaux est-elle une ma- ladie? — Qu’est-ce que le Sorbus pinnatifida. — A propos des panachures. — Le Noisetier à feuilles pourpre. — Un fait qui mérite d’être signalé. — Communication de M.E. Ramey. — Le Gaînier ou Arbre de Judée ( Cereis siliquastrum) . — Un Bambou, originaire de Chine, exposé dans le jardin du Champ de Mars par M. Denis. — Concours international de labourage à vapeur. La maladie de la Vigne fait des progrès considérables dans plusieurs localités que nous avons parcourues ; les Raisins, encore tout verts, durs, sont arrêtés dans leur ac- croissement et comme paralysés, pour- rait-on dire, par suite du développement de Y oïdium. Espérons qu’à l’avenir on n’at- tendra pas pour soufrer les Vignes qu’elles soient attaquées : il vaut toujours mieux prévenir le mal que d’avoir à le réprimer, et l’on doit d’autant moins craindre le sou- frage, que cette opération est toujours favorable à la Vigne. La Vigne soufrée pousse plus vigoureusement que celle qui ne l’a pas été ; de plus ses Raisins , en général, mûrissent au moins huit jours plus tôt que ceux des Vignes qui ne Font pas été. — A propos de Vigne, un de nos abon- nés nous a écrit, du département du Var, une lettre qui nous paraît de nature à intéresser nos lecteurs, et que nous croyons devoir reproduire. La voici : La Castille Solliès-Ville (Var), 28 août 1867. Monsieur le Rédacteur, Je m’empresse de vous adresser, par grande vitesse, un Raisin que j’ai cueilli sur un pied de Vigne qui avait 80 grappes au moment de la floraison, grappes que j’ai réduites au nom- bre de 40, afin de ne pas épuiser la force du cep. Voulant me rendre compte de l’influence du pincement sur la production du Raisin, j’ai soumis une partie des bourgeons au pince- ment ; ceux de l’autre partie, au contraire, ne l’ont pas été. La grappe qui vous parviendra a été cueillie par moi sur un sarment pincé en temps op- portun. Les 39 grappes restant actuellement sur le pied de Vigne sont plus ou moins grosses, tous les sarments qui n’ont pas été pincés ont produit des Raisins beaucoup moins volumineux. Le pied de Vigne en ques- tion est haut de 4m50 environ, et je l’ai taillé conformément aux principes publiés dans la Revue horticole. Si vous croyez que ces détails puissent inté- resser les lecteurs de la Revue , je vous autorise à les publier. Agréez, etc. Champourlier, Jardinier au château de la Castille, commune de Solliès-Ville (Var). 16 Septembre 1867. Les détails qui précèdent, dont nous remercions M. Champourlier, en nous don- nant une idée de l’énorme production de la Vigne dans certains climats méridio- naux, démontrent d’une manière évidente, et tout en le justifiant, l’immense avantage qui résulte du pincement appliqué en temps opportun aux bourgeons de la Vigne au point de vue de la production des Rai- sins (1). Nous ajoutons que la grappe que nous a envoyée M. Champourlier pesait 1,150 grammes; elle appartient à la va- riété Panse, Clémence de la Castille. — En se promenant dans le jardin ré- servé du Champ de Mars le public a pu remarquer soit isolément, soit plantés en groupe, certains arbres qui y ont été apportés récemment. Ces arbres, dont M. André Leroy d’Angers est le proprié- taire, appartiennent à différents genres et même à différentes catégories. Il y en a à feuilles caduques, d’autres à feuilles per- sistantes; on y trouve même des Conifères. Tous ces végétaux ont été arrachés en j uillet de la pleine terre et misdans des paniers pour pouvoir être transportés. Non-seulement ces végétaux ont repris, mais c’est à peine s’ils ont fatigué, comme on dit dans la pratique. D’après M. A. Leroy, l’époque la plus avantageuse pour transplanter les arbres serait le mois de juillet. Les plantes à feuilles persistantes, les Magnolia sur- tout, paraissent en effet très-bien s’accom- moder de cette époque, puisque ceux qu’il a envoyés n’ont pas perdu une seule feuille, et qu’ils ont continué de fleurir comme s’ils étaient restés là où ils étaient. On se rappelle que le contraire est arrivé pour ceux qui ont été envoyés lorsqu’on a com- mencé les plantations du jardin, c’est-à- dire en mars-avril et même en mai. Malgré les grandes précautions avec lesquelles les transplantations et plantations avaient été faites, et malgré tous les soins minutieux (1) Nous rappellerons que bien que le pincement puisse se faire à des hauteurs diverses, c’est le plus ordinairement à une ou à deux feuilles au-dessus de la dernière grappe qu’on le fait. Quant à l’épo- que où il convient d’opérer, reconnue la plus avan- tageuse, c’est aussitôt que les bourgeons ont acquis la longueur suffisante à l’opération. 18 CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE DE SEPTEMBRE). 342 qu’on leur a prodigués, un grand nombre des feuilles de ces Magnolia sont tombées. Pour les Conifères, on sait que le résultat a été plus mauvais encore, et qu’à peu près tous les Wellinglonia, par exemple, sont morts bien qu’ils fussent en paniers et bien en- racinés. Ceux de M. A. Leroy, au con- traire, envoyés en juillet, n’ont pas souf- fert. L’exposition du jardin réservé peut donc être considérée comme une école d’horticulture permanente ou, si Ton aime mieux, comme un grand-livre qui, toute- fois, ne peut être utile qu’à ceux qui l’ou- vrent et le lisent. — Bien que nous n’ayons pas mission de rendre compte de l’exposition universelle d’horticulture du Champ de Mars, puisque cette tâche est confiée à notre collègue et collaborateur M. Rafarin, qui, on le sait, s’en acquitte parfaitement et à la satisfac- tion générale, nous croyons devoir appeler l’attention des lecteurs sur certaines par- ticularités qui sont un peu du ressort de la chronique. Parlons d’abord de la collection de Raisins exposés par M. Bouschet, de Montpellier. Cette collection, composée peut-être de plus de 400 variétés, était très- intéressante. Elle comprenait des Raisins dits de table et d’autres dits de cuve. Dans le nombre de ceux-ci on remar- quait aussi, et à part, un lot assez nom- breux de variétés à jus très -foncé. Ces variétés, destinées à donner de la couleur aux vins qui en manquent, ont été obte- nues, assure-t-on, par l’exposant en fécon- dant le Raisin Teinturier avec des variétés diverses fertiles, hâtives et à gros grains, de manière à obtenir des produits considé- rables. Ces résultats, nous le savons, ont été fortement contestés parles savants, qui, pour la plupart même, les ont niés cfune manière à peu près absolue. Nous n’avons pas ici à juger cette question ; nous bor- nant à constater des faits, nous disons d’une manière générale que, quelle que soit l’origine de ces Raisins, ils nous pa- raissent réaliser un véritable progrès. Comme ils comprennent des variétés de tempérament divers, on pourra donc en cultiver dans des conditions de climat dif- férentes et, par suite, se passer des fruits de Sureau, de Ronces, etc., dont on se sert dans certains pays pour donner de la couleur aux vins qui ri’en ont pas suffisam- ment. — Tout près des Raisins exposés par M. Bouschet, on voyait une sorte de pan- carte portant cette inscription : « On est prié d'examiner avec attention et surtout de lire , etc. » Tout à côté de cette pancarte étaient placés quelques sarments portant des rameaux munis de grappes de Raisins. I De quoi donc s’agissait-il, et quel était le, but de l’exposant, M. Bourgeois? De dé- montrer l’influence de l’incision annulaire sur le développement des produits. Cette influence était des plus sensibles; on voyait en effet, sur le même sarment, qu’un cer- tain nombre de bourgeons avaient été in- cisés et les autres pas; sur ceux-là les Rai- sins étaient presque du double plus gros que sur ceux-ci, et ils étaient aussi en avance d’une quinzaine de jours pour la maturité. On remarquait des différen- ces semblables sur les bourgeons qui por- taient deux grappes, quand l’incision annu- laire avait été faite entre les deux. Dans ce cas la grappe au-dessous de laquelle l’incision avait été faite était plus belle et plus grosse que celle placée au-dessous d’elle, et sa maturité était également avan- cée d’une quinzaine de jours sur celle de cette dernière. Quels sont les phénomènes physiologiques qui se passent alors?Y a-t-il une sève descendante plus ou moins mo- difiée ? Nous laissons à d’autres la solution de cette question, qui, du reste, est ici tout à fait secondaire ; l’important est de savoir que le fait se produit. Ce que nous pou- vons affirmer, c’est que le rameau est plus gros et comme plétoré dans la partie, pla- cée au-dessus de l’incision. Cette expé- rience, qui en dit plus que les plus belles hypothèses qu’on pourrait émettre, a été faite par M. Bourgeois. — Nos lecteurs n’ont sans doute pas oublié ce que nous avons dit dans notre chronique du 1er juin 4867, page 204, d’une Commelynée épiphyte exposée au Champ de Mars par M. Linden, avec celte désignation : « Commelynée épiphyte à fleurs bleues, originaire de l’Equateur. » Cette magnifique et très-remarquable plante, aujourd’hui en fleur dans une des serres du jardin réservé, est en effet à fleurs bleues. Son inflorescence surtout présente une particularité peu commune. La Revue horticole donnera prochainement une figure coloriée de cette plante qui appartient au genre Cochliostema, Ch. Lem. (1). — M. Lucy (Adrien), ex-vice-président de la Société impériale et centrale d’horti- culture de France, a eu la bienveillance de nous adresser une lettre de laquelle nous extrayons les passages qu’on va lire, et qui nous paraissent de nature à inté- resser nos lecteurs : (1) On nous assure que cette espèce vient d’être baptisée horticolement , et qu’on l’a nommée Commelyna Jacobi. S’il en est ainsi, le fait est re- grettable, puisque cette plante n’appartient pas au genre Commelyna , mais au genre Cochliostema , éta- bli par M. Ch. Lemaire. Illustr. hortic. vol. 5, pl. 217. CHRONIQUE HORTICOLE ( PREVUE RE QUINZAINE DE SEPTEMBRE). Mointel, par Beaumont (sur Oise), 25 août 1867. Mon cher Rédacteur, * A propos du fait de greffe disgénère que rapporte votre dernier numéro de la Revue , je ne vous parlerai pas d’un joujou dont j’ai été témoin dans mon enfance, et qui me lais- sait plein d'admiration pour le vieux jardinier de mon grand-père. Le brave homme greffait un bourgeon à fruit de Poirier sur une tige de Chou, — ça poussait, — ça fleurissait, — de petites Poires nouaient, et puis tout était fini !.... Je viens, ce qui vaut mieux, vous signaler un splendide spécimen de greffe disgénère : Il existe au jardin botanique de Dijon un Chêne de 20 centimètres de diamètre, qui a été greffé à 2 mètres de hauteur avec du Châ- taignier, ce qui a parfaitement réussi. L’arbre est magnifique et porte de fort bons fruits. J’ai signalé la chose à notre ami Verlot, qui s’est promis de la pratiquer au Muséum. Ad. Lucy. Le fait que nous venons de rappeler est doublement intéressant. Nous remer- cions sincèrement M. Lucy de la commu- nication qu’il a bien voulu nous faire. D’abord, au point de vue physiologique, ce fait démontre qu’il existe entre le Châtai- gnier et le Chêne une grande analogie or- ganique ; en second lieu, et conséquem- ment, que si le procédé devenait pratique, on pourrait peut-être transformer des Chênes en Châtaigniers et obtenir ainsi une châtaigneraie là où les Châtaigniers ne veulent pas venir lorsqu’on les oblige à vivre dans le sol. Quant à la greffe du rameau de Poirier sur une tige de Chou, personne, nôus le pensons, n’en sera surpris tant il est na- turel. En effet, il n’y a, dans ce cas, au- cune soudure entre le sujet et le greffon : celui-ci trouvant dans la partie charnue du Chou dans laquelle il est inséré une humidité suffisante, développe des feuilles absolument comme cela arrive quand, lors de la taille d’hiver, on pique dans le sol, au pied des arbres ou ailleurs, des rameaux de Poiriers, de Pommiers, de Pruniers, etc., etc., pour les greffer plus tard; dans ce cas, au printemps, si on ne les a pas employés, ils poussent. Mais, ici aussi, et comme le dit avec raison M. Lucy, bientôt la végétation s’arrête et tout est fini ! — La Victoria regia , cette reine des eaux, dont les feuilles atteignent jusque lm 50 et plus de diamètre, ainsi que son rival, VEuryale feroæ, continuent à fleurir dans le grand aquarium des serres du Muséum. Le public est admis à visiter celles-ci tous les jours de chaque semaine, de 3 à 5 heures du soir. — Une bonne nouvelle, que nos lec- teurs apprendront avec plaisir , est la 313 fructification en pleine terre, à Bordeaux, du Chamærops excelsa. Ce beau Palmier, dont les individus cultivés en serre peu- vent à peine donner une idée, ne craint pas le froid, puisqu’il peut supporter une température de 12 degrés et même plus au-dessous de zéro, pourvu que l’humidité causée par la pluie et par la neige ne soit pas trop abondante. C’est ainsi qu’à Montpellier le Chamærops excelsa sup- porte, sans souffrir, un froid de 16 degrés et plus au-dessous de zéro. Ce qu’il paraît surtout rechercher, c’est un climat chaud, plus ou moins maritime. Bordeaux, entre autres, paraît lui convenir tout particulière- ment si l’on en juge par quelques exem- plaires que M. Durieu de Maisonneuve, directeur du jardin botanique de cette ville, y a fait planter il y a quelques an- nées Deux surtout sont d’une beauté, d’une vigueur et même d’une dimension exceptionnelles. Malheureusement ces in- dividus sont éloignés l’un de l’autre ; l’un est placé dans la partie du jardin consa- crée à la botanique, tandis que l’autre est isolé et planté comme arbre d’ornement. Mais, ainsi que nos lecteurs le savent, le Chamærops excelsa étant dioïque, on ne peut en obtenir de graines que si l’on possède les deux sexes. M. Durieu de Maisonneuve a eu ce bonheur rare, que les deux individus dont nous venons de parler sont précisément de sexes diffé- rents. Malheureusement, par suite de leur isolement et de leur éloignement, il s’en- suit que la fécondation ne peut s’opérer qu’artificiellement. Malheureusement en- core, par suite de la position différente qu’occupent ces deux arbres , l’un, l’indi- vidu femelle, fleurit plus tôt que l’individu mâle, qui est placé dans des conditions d’insolation moins avantageuses. Ce qui est arrivé alors, nos lecteurs le prévoient sans doute : le pied femelle était presque passé fleurs lorsque le pied mâle a épanoui les siennes; heureusement que sur les six régimes que portait l’individu femelle, il s’en trouvait un qui, par sa position, était en grande partie garanti du soleil, et qui, par conséquent, fleurit un peu plus tard. M. Durieu, qui suivait avec une grande attention le développement des deux in- dividus, ne laissa pas échapper cette occa- sion; il prit du pollen de l’individu mâle et le porta sur les fleurs encore ouvertes du pied femelle, dont il assura la fécondation. L’opération réussit complètement puisque M. Durieu compte récolter environ 600 graines. Si, au lieu de laisser marcher les choses naturellement, on eût, quelque temps avant la floraison, abrité du soleil l’indi- vidu mâle, on serait probablement arrivé à les faire fleurir ensemble ; et alors, au CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE DE SEPTEMBRE). 3 il lieu de quelques centaines de graines , ce sont des milliers qu’on aurait pu ré- colter. En terminant, nous recommandons par- ticulièrement la culture du Chamærops cxcelsa , qui, de tous les Palmiers, est si- non le plus beau, du moins le plus rus- tique. Nous en cultivons en pleine terre au Muséum depuis une quinzaine d’an- nées en les abritant l’hiver d’un capuchon de paille pour les préserver de l’humidité et des vents secs, surtout brûlants, si fré- quents à Paris. Prochainement nous don- nerons une gravure du Chamærops excelsa, et nous indiquerons, avec sa synonymie, la culture et les soins qu’on doit lui dom ner. — En passant, ces jours derniers, de- vant un lot de plantes vivaces exposées au jardin réservé du Champ de Mars par M. Yvon, nous avons été frappé des beaux (très-beaux même) Sedum qui se trouvent dans ce lot. Ces plantes , comprenant plusieurs espèces ou variétés, étaient re- marquables par leur beauté, c’est-à-dire par leur mérite intrinsèque, par leur di- mension, ainsi que par leur bonne culture. Tout en les admirant et en examinant Pétiquette qui portait le nom de l’expo- sant, nous fûmes surpris d’apprendre que pour ce magnifique apport, M.Yvonn’avart obtenu qu’un troisième prix. Ce fait nous paraît singulier, et. nous en sommes à nous demander comment il se fait que des plantes si jolies, qui sont rustiques, faciles à cultiver, et par conséquent à la portée de tout le monde, n’aient obtenu qu’un troisième prix, tandis que l’on voit si sou- vent des plantes de serre chaude, délicates et difficiles à cultiver, et dont on cherche vainement le mérite, qui sont récompen- sées d’un premier prix? Un paysan, normand très-probablement, qui nous entendait, nous dit : « Comment, monsieur ! cela vous étonne, vous qui vivez dans Paris, par conséquent au centre des lumières? La chose est pourtant des plus simples : Ces plantes, dont vous cherchez le mérite, viennent de loin , et elles sont presque incultivables. » Nous laissons les lecteurs juger de la réponse, peut-être un peu maligne, de notre paysan. — La panachure des végétaux est-elle une maladie ainsi qu’on le croit généralement? Nous ne nous prononçons pas. Si le fait est ce que nous admettons volontiers, il faut bien reconnaître que cette maladie présente bien des nuances, et que dans certains cas même, et malgré la contradiction des ter- mes, elle paraîtrait être un signe.de santé, en augmentant la végétation des plantes. En voici un exemple : Un Abies Pinsapo ayant été planté dans un terrain sec, peu profond et de mauvaise nature, resta très- longtemps presque stationnaire, ne pro- duisant chaque année que des pousses très- faibles. Mais tout à coup quelques branches se panachèrent de blanc jaunâtre, alors l’ar- bre se mita pousser vigoureusement. Depuis la panachure s’est maintenue, et l’arbre, qui a aujourd’hui environ 5 mètres de hauteur, produit chaque année des pousses robustes qui, ainsi que les feuilles qu’elles portent, sont panachées de blanc jaunâtre. — Bien des fois déjà nous avons dit que dans la nature il n’y a rien de tranché, sinon d’une manière relative. Plusieurs fois, aussi, en ce qui concerne soit les végétaux, soit seulement leurs organes, nous avons appuyé notre dire par des exemples, et tout récemment encore (1 ) ,en parlant d’une variété de Vignes à feuilles laciniées sortie d’une à feuilles seulement lobées, nous disions que les laciniatures ne sont qu’un degré de plus des dentelures, et que les feuilles composées ne sont elles -mêmes qu’une division plus forte des feuilles laci- niées, d’où il résulte pour nous que des feuilles simples, entières, on peut arriver aux feuilles composées et que, dans une même espèce, on pourra également ren- contrer tous les degrés de division. Nous allons encore en citer un exemple bien remarquable; il nous est fourni par le Sorbus pinnatifida. Cette espèce dont les feuilles sont plus ou moins pro- fondément divisées, nous a donné par graines des plantes à feuilles composées, à folioles, acuminées aiguës, finement et profondément dentées, en un mot tout à fait semblables à celles du Sorbus an cu- paria, dont le Sorbus pinnatifida n’est qu’une forme. Encore une espèce qui file. Parmi les individus issus de ce même se- mis il s’en trouvait dont les feuilles étaient entières, mais seulement plus ou moins lobées. — Plusieurs fois en parlant soit des panachures, soit des formes, soit du faciès des plantes, nous avons dit que ces parti- cularités étaient la conséquence d’un ar- rangement moléculaire spécial ; nous maintenons notre dire, et nous ajoutons que dans ce même ordre de faits il faut ajouter les couleurs que révêtent parfois les parties herbacées (écorce, feuilles, etc.) des végétaux, et qu’il suffit d’un arrange- ment différent pour que ces couleurs se modifient ou même qu’elles disparaissent complètement. Nous pourrions appuyer notre assertion par de nombreux exemples; nous n’en citerons qu’un très-remarquable, que nous avons eu l’occasion d’observer tout récemment; il se rapporte au Noise- (1) Rev. hort., 1867, p. 245. 345 CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE DE SEPTEMBRE). lier à feuilles pourpre. Cette plante, dont, comme tant d'autres non moins intéres- santes, on ignore l’origine, est très-cons- tante; à peu près toujours ses feuilles sont d'un pourpre noir. Jusqu’à présent, en effet, nous ne connaissions pas d’excep- lions; mais, pourtant, comme il n’est pas de règle qui n'en présente, cette année nous avons pu le vérifier et constater que le Noi- setier à feuilles pourpre doit être un fait absolument identique à celui de la pana- chure. Voici ce fait : sur deux pieds de Noisetier à feuilles très -pourpres, nous avons vu cette année chez M. Billiard, dit la Graine , à Fontenay - aux - Roses , des branches à feuilles complètement vertes, fait que nous avons également rencontré cette année à Bougival. Ces faits sont d’au- tant plus remarquables que les plantes sur lesquelles ils se sont montrés, bien que très-âgées, n’ont jusqu’ici produit que des feuilles très-pourpres, ce qui du reste confirme notre dire que ces faits sont iden- tiques à ceux des panachures. En effet, tous les jours, sur des arbres dont toutes les parties ont toujours été vertes, on voit apparaître des rameaux qui portent des feuilles panachées, et, même, il n’est pas rare que des feuilles persistantes qui étaient vertes se panachent tout à coup et conser- vent ce caractère; il y a plus, la similitude est telle que lorsque la couleur brune est développée à l’excès, les végétaux qui pos- sèdent ce caractère sont très- délicats, le plus souvent même ils ne peuvent vivre, absolument comme les végétaux dont la panackure est portée à l’excès, chez les- quels la clorophylle manque. — Notre collègue et collaborateur M. E. Ramey, dans un petit voyage qu'il vient de faire, a eu l’occasion de remarquer un fait assez curieux dont il nous donne con- naissance. Le croyant de nature à intéres- ser nos lecteurs, nous allons le rappeler. Voici ce qu’il nous écrit : « Je vous signale qu’étant en dili- gence, j’ai vu dans un jardin, à quelques lieues de Rochefort, puis, dans un jardin du village de Saint-Agnan (Charente-Infé- rieure), en face la poste aux lettres, un Gaînier ou Arbre de Judée ( Cercis siliquas- trum), entièrement couvert de fleurs tout comme au printemps, avec cette diffé- rence toutefois que, actuellement, il est, de plus, couvert de feuilles parfaitement développées, ce qui produit un merveilleux effet » A quoi est dû l’intéressant phénomène que nous a signalé notre collègue ? Per- sonne ne saurait le dire. Mais, ce qui est certain, c’est que le champ des hypothèses est large; et que, s'il nous convenait de théo- riser, rien ne nous serait plus facile ; nous pourrions par exemple dire, comme le fe- raient peut-être beaucoup de personnes, que ce phénomène est dû à la seconde sève qui, par suite de telle ou telle circons- tance, etc., a déterminé tel ou tel phéno- mène, etc. Mais alors qu’aurait-on gagné et qu’en saurait-on de plus sur la véritable cause? Et pourquoi parler d’une deuxième sève quand on sait si peu de chose sur la première? Aussi trouvons-nous beaucoup plus simple de dire : Voilà le fait; quel- que étrange qu'il puisse paraître, nous le croyons normal si on le compare à la cause qui l’a produit. C'est, pourrait-on dire, de la logique naturelle dont nous ignorons les règles. — Dans la grande serre du jardin réser- vé, au Champ de Mars, nous avons remar- qué parmi différents Bambous qui y sont exposés, et qui portaient le nom de Bam- busa nodosa , une espèce très-vigoureuse, envoyée par M. Denis, amateur distingué à Hyères. Cette espèce, qui est originaire de Chine, nous paraît être excessivement voi- sine du Bambusa mitis. — Bien que la grande culture soit en apparence étrangère à l’horticulture pro- prement dite, il lui arrive si souvent de se relier à cette dernière, qu'il est impossible de l'en séparer. Le fait dont nous allons parler, quoique n’étant pas précisément dans ce cas, est tellement important qu'il doit trouver une place dans ce recueil. Il s'agit en effet d’une opération sur laquelle repose, on peut le dire, l’alimentation pu- blique : du labourage. Cette fois, ce n’est pas du labourage ordinaire, mais d’une chose toute nouvelle : du labourage à la vapeur. Disons toutefois que ce mode de culture, qui chez nous pourra paraître sur- prenant, puisqu’il est à peine connu, est passé à l'état de fait pratique chez nos voi- sins d'outre-Manche. On s'en fera facile- ment une idée lorsqu’on saura qu’en Angle- terre plus de 1,000 machines fabriquées dans ce pays y fonctionnent régulièrement. La France qui, presque toujours marche en tête du mouvement pour tout ce qui est accessoire et futile, va trop souvent à la remorque de l’Angleterre quand il s'agit des choses de l'agriculture. Nous n’avons pas l’intention de critiquer notre pays; nous voulons dire seulement que, en fait de culture, il pourrait faire mieux et l'en- gager à entrer dans la voie nouvelle d’a- mélioration que lui a ouverte l’Angleterre. A l’occasion de l’Exposition universelle, un concours de labourage à vapeur pratique, sérieux, devait avoir lieu ; mais, par suite, de circonstances que nous n’avons pas mis- sion de rappeler, ce concours n’a pas été tenu. Ce fait était donc très-regrettable, puis- que, en bannissant l’expérience, on reculait ÆSCULUS INTERMEDIA. 340 encore la mise en pratique d’une opération des plus importantes pour notre pays. Nous savons aujourd’hui qu’il n’en sera pas ainsi, grâce au concours d’hommes éclairés et dévoués à l’agriculture qui ont répondu noblement à l’appel que leur a fait l’organe le plus important de l’agriculture en France, le Journal d' Agriculture pra- tique. Afm de réaliser les capitaux néces- saires pour subvenir aux frais de toute nature que doit entraîner cette expérience dont les résultats doivent être si féconds pour le bien-être de notre pays, le Journal d’ Agriculture pratique a organisé une sous- cription, qui dépasse aujourd’hui le chiffre de 8,000 fr. Maintenant l’expérience est non-seulement décidée, mais les jours et les lieux sont fixés. Ainsi nous lisons dans le numéro du 5 courant, à la page. 391 du Journal d' Agriculture pratique , ce qui suit : « Le concours (pour le labourage à va- peur) aura lieu les 19 et 20 septembre cou- .rant, sur les terres de la ferme de Petit- Bourg (1), exploitée par M. Decauville aîné. Nous espérons même que dès le 8 courant, la culture à vapeur sera installée à Petit- Bourg, car M. Decauville a mis à la dispo- sition des concurrents touteslesterresqu’ils pourront labourer jusqu’au jour du con- cours. Il s’agit donc d’une expérience très- sérieuse, comme il convient d’en faire pour les hommes du métier. » Ainsi qu’on peut le voir, c est une affaire certaine, le labourage à vapeur, qui jusqu’ici n’a été, pour ainsi dire, en France qu’à l’état de mythe, puisqu’il n’est installé que dans deux ou trois exploitations, va dé- finitivement y prendre possession. Hon- neur donc aux hommes d’initiative qui par tous les moyens ont contribué à son avènement.! Dans notre prochain numéro nous rendrons compte des résultats de l’expérience qui, nous le répétons, sera faite à Petit-Bourg, les 19 et 20 du présent mois de septembre. E. A. Carrière. (1) Petit-Bourg est situé sur le chemin de fer de Paris à Lyon, station d’Evry-sur-Seine, embran- chement de Corbeil. ÆSCULUS INTERMEDIA En visitant dernièrement les pépinières de M. Scipion-Cochet, à Suisnes, nous avons été frappé de l’aspect insolite d’un Marronnier planté sur le bord d’une allée, et âgé d’environ une douzaine d’années. M. Carrière en a dit quelques mots dans une de ses dernières chroniques. L’arbre présentait une forme et des ca- ractères intermédiaires entre le Marronnier d’Inde Æ . hippocastanum) et le Marronnier rouge {Æ. rubicunda ) ; mais ces caractères étaient si bien mélangés et à ce point éga- lement pondérés, qu’il était difficile de dire auquel de ces deux types, l’arbre tenait de plus près. C’est pour cette raison que nous propo- sons pour lui le nom de Marronnier inter- médiaire ( Æscidus intermedia), à défaut d’une appellation meilleure qui peigne fidèlement sa manière d’être. Voici, d’ailleurs, sa description : Arbre de taille moyenne, de forme dressée, py- ramidale comme le Marronnier d’Inde, mais à bois plus court. Ecorce brun-rouge; mérithalles courts. Feuilles tenant du M. rouge, à cinq lobes ovales, cunéiformes, acuminés, grossièrement dentés, à dents aiguës et non arrondies comme dans le Marronnier d’Inde; houppes de poils laineux dans les aisselles des nervures, comme dans le M. rouge. Thyrses peu compactes, irréguliers, tenant également des deux espèces. Calyce rose et vert, à cinq dents, se déchirant inégalement. Pé- doncules et pédicelles vert -jaune teinté de rose; pétales dressés et non étalés, courts, frangés, d’abord blanc jaunâtre largement tachés de jaune à la base, au moins pour les deux supérieurs, puis pas- sant au rose saumoné en séchant. Eta- mines à filets barbus, roses. Ovaires tantôt entièrement lisses, tantôt et le plus sou- vent hérissés d’aiguillons crochus et dé- jetés, comme dans le M. d’Inde. Styles persistants, crochus. Ce curieux exemple d’une transition nette entre deux végétaux cpnsidérés jus- qu’ici comme deux espèces des plus dis- tinctes, vient d’un semis de Marronnier ru- bicond fait vers 1843. L’arbre est toujours, resté à la place qu’il occupe aujourd’hui, depuis sa deuxième année de pépinière, et ses fleurs d’un effet médiocre, infé- rieures en beauté au type, ont empêché l’obtenteur de le multiplier pour le com- merce. Les pépiniéristes connaissent d’ailleurs, de longue date, cette variabilité des pro- duits du Marronnier à fleur rouge, et cela est si vrai, qu’on ne le multiplie que de greffe, les produits francs de pied étant dépréciés. Dans ces variétés si nom- breuses, faut-il voir le résultat d’une fé- condation, par le voisinage des Marron- niers blancs si répandus maintenant (et dans ce cas, pourquoi n’y a-t-il pas réci- procité pour le M. blanc, qui reproduit fi- dèlement et toujours le* type?), ou bien n’y aurait-il là qu’un retour du M. rouge au M. d’Inde dont il serait issu, et dans TABAC A FLEURS ROUGES ET POIRÉE CARDE. lequel il rentrerait peut-être, si au lieu de détruire ces produits, on les suivait pen- dant quelques générations? Comme notre ami M. Carrière, nous n’osons nous prononcer dans un pareil débat qui touche aux points les plus dé- licats de la grande question de l’espèce. Si l’on nous avait invité à l’identification de ces deux arbres, il y a quelques années, FLORAISONS ANORMALES. 347 nous aurions cru à une plaisanterie , mais nous avons changé d’avis depuis ce temps, surtout depuis que nous avons vu dans les pépinières du Muséum, desNoyers blancs ( Juglans regia) donner naissance à des échantillons presque identiques avec le Noyer d’Amérique (Juglans nigrà). Ed. André. TABAC A FLEURS ROUGES ET POIRÉE CARDE DU CHILI Au nombre des plantes qui , depuis quelques années, concourent à l’orne- ment de nos jardins, il faut surtout noter celles dites à feuillage ornemental. Mal- heureusement la plus grande partie de ces plantes sont de serre chaude et souvent même d’une culture assez difficile; telles sont les Musa , Collocasia , Caladium , Bégonia, Wigandia, quelques Solanum, etc., etc. Mais, si presque toutes celles- ci ne sont accessibles qu’aux amateurs favorisés par la fortune, il en est d’autres auxquelles il ne manque, pour être mieux accueillies, que le mérite de la nouveauté. 11 suffit, pour se convaincre de ce fait, de consulter les personnes étrangères à l’hor- ticulture, chez lesquelles le goût capri- cieux de la mode ne l’emporte pas sur le goût du beau, et qui, par conséquent, les admirent (n’oublions pas qu’en fait de beau le public est le meilleur juge) là où elles se trouvent. Telles sont les deux plantes qui font le sujet de cette note : le Tabac à fleurs rouges et la Poirée carde, magni- fique nouveauté dont on trouve des graines chez MM. Courtois-Gérard et Pavart, mar- chands grainiers rue du Pont-Neuf, à Paris. Ces deux plantes peuventêtre employées pour faire des massifs et disposées ainsi : au centre les Tabacs et à la circonférence les Poirées cardes formant bordure, et qui, par leurs couleurs très-vives, nuancées à l’infini, produiront un effet magnifique. Ces deux plantes sont d’autant plus précieuses que leur culture, des plus faciles, est à la portée de tout le monde. Elles s’accordent parfaitement aussi, par leur végétation, qui est progressive et continue, ainsi que par leur culture, qui est aussi à peu près la même. Ces plantes étant annuelles n’exigent donc aucun soin pendant l’hiver, sinon, toutefois, la Poirée, dont il faut conserver quelques pieds pour porte-graine, et que l’on passe Phiver à froid sous un châssis ou dans tout autre endroit à l’abri de la gelée, dans les pays où celle-ci est à craindre. Du reste, pour sa culture et sa multiplication, nous renvoyons au numéro du 1er février 1867, où il a été donné de cette plante une description ainsi qu’une gravure colo- riée. Notre but, ici, est de faire apprécier l’avantage considérable qu’elle présente au point de vue de l’ornement. Associées à d’autres plantes à feuillage plus ou moins vert, telles que le Tabac, plante commune, il est vrai, mais qui ne peut être trop ré- pandue à cause de sa luxuriante végéta- tion; elle atteint une hauteur d’environ lm 80 à 2 mètres, ainsi que des feuilles de dimensions proportionnées à sa hauteur, le tout rehaussé par un nombre considéra- ble de panicules de fleurs d’un rose très-vif. Afin de faciliter l’accroissement des feuil- les, on devra placer les plantes à une cer- taine distance les unes des autres, par exemple 1 mètre ou lm 50, suivant la na- ture des terrains sont les distances les plus convenables. L. Vauvel. FLORAISONS ANORMALES Plus on étudie avec soin la nature et la végétation, plus on remarque de diver- sité dans les phénomènes qui se succèdent d’année en année, de saison en saison. Les causes en sont sans doute très-diverses. A des sécheresses prolongées succèdent le plus ordinairement, ainsi que cela a eu lieu cette année, des orages et des pluies incessantes qui donnent à la végétation des arbres et des plantes une grande vigueur et amènent trop souvent aussi un certain nom- bre de maladies tout en favorisant la nais- sance et la multiplication d’insectes très- nuisibles aux jardins fruitiers et maraî- chers, ainsi que les floraisons et les fructi- fications anormales, dont je vais citer plu- sieurs exemples. C’est d’abord la floraison en juin, juillet des Lauriers-tins. Sous le climat de Paris, ces charmants arbrisseaux, lorsqu’ils ont bravé les atteintes d’hivers rigoureux, n’y fleurissent qu’en mars et avril ; dans le Sud-Ouest c’est en janvier et février que les sommités florales s’épanouissent et 348 SUR LES SARRACENIA. donnent en grande quantité ces belles pa- nicules de fleurs d’abord roses, puis blan- ches à leur complet épanouissement. Quelle a été ma surprise de les voir pa- raître en juin et en juillet derniers? C’est sans doute aux pluies fréquentes et à la forte végétation des plantes qu’il faut attri- buer ce phénomène. Les Weigelia à fleurs roses donnent aussi en ce moment une deuxième floraison presque aussi belle que celle du printemps. Les Glycines de la Chine ne cessent pas de fleurir non plus et ont été d’une grande beauté cette année. J’ai rarement observé une plus abon- dante fructification que celle du Maclura aurantiaca , dont les fruits acquièrent la grosseur d’une Pomme ordinaire. Je ne les ai point encore vus arriver en parfaite maturité, quoique un sujet âgé de 30 à 35 ans en produise un grand nombre chaque année. Léo d’Ounous, Propriétaire à Saverdun (Ariége). SUR LES SARRACENIA Observations relatives à quelques Sarrace - nia de l’Amérique du Nord, au point de vue de leur culture sur le continent euro- péen (1). Le but que je me suis proposé dans cette notice n’est pas de traiter des Sarra- cenia au point de vue purement bota- nique ; car je n’aurais pu et su que répéter ce qu’ont déjà dit et écrit, sur ces curieuses plantes, les nombreux savants qui s’en sont occupés depuis près de trois siècles. Dans ces circonstances, mieux vaut donc m’abstenir, ne doutant pas que les tra- vaux publiés sur cette question ne soient connus ou qu’on ne trouve facilement à les consulter en cas de besoin. Ce que je désire, c’est consigner ici quelques renseignements,, en partie nou- veaux, recueilli's de visu, par un de mes amis, sur la végétation des Sarracenia dans certaines parties de l’Amérique du Nord, où ces plantes croissent à l’état spontané, et exposer quelques réflexions personnelles sur la culture qui convient probablement à ces plantes, et sur la pos- sibilité de les naturaliser sur plusieurs points du continent européen. Ainsi qu’on l’a déjà dit, les vrais Sarrace- nia, au nombre de sept ou huit espèces, occupent dans l’Amérique du Nord une aire de dispersion assez vaste, puisqu’elles’étend à l’est des montagnes Rocheuses jusqu’à la mer, et depuis la baie d’Hudson jus- qu’aux confins du golfe du Mexique : c’est- à-dire dans une zone comprise entre le 30e et le 50e degré de latitude. Toutefois c’est plus particulièrement entre le 40e et le 45e degré qu’ils croissent le plus abon- damment. On les cite principalement dans la Géorgie, la Floride, la Virginie, les deux Carolines, l’Etat de New-York, le Canada, etc. Le Sarracenia purpurea, beau- coup plus répandu, et surtout beaucoup plus rustique que les autres, s’avance bien plus au nord, et on le retrouve abondam- (1) Lu à la société linnéenne de Paris, dans la séance du 11 mai 1867. ment jusqu’aux bouches du Saint-Laurent, dans la Nouvelle-Ecosse, le Nouveau- Brunswick, au cap Breton, aux îles Saint- Pierre et Miquelon, et même à Terre- Neuve et dans le Labrador. On voit par là que ces plantes vivent en même temps, et dans des contrées où les hivers sont par- fois très-rigoureux, plus rigoureux que chez nous (c’est le cas pour le Sarracenia purpurea ), et dans d’autres qui corres- pondent aux parties moyennes et méridio- nales de l’Europe, où les gelées sont fai- bles ou à peu près inconnues : c’est sur- tout le cas pour les S. Drummondii, rubra, psittacina, flava , undulata , variolaris, etc. Les Sarracenia croissent dans les prai- ries marécageuses et moussues; mais leur vraie station est la tourbière à Spha- gnum. De même qu’en Europe, ces tour- bières à Sphagnum se rencontrent aussi bien dans les bas-fonds que sur les col- lines, et aussi bien dans les parties boi- sées ou des clairières de bois que dans les plaines découvertes. Ces tourbières sont surtout très-communes dans les environs de Boston (Massachuselts), dans des ter- rains qui sont inondés pendant une grande partie de l’automne et de l’hiver, et jusque assez avant dans le printemps. C’est là, sur et dans le Sphagnum pur, et non dans la terre, que poussent abondamment les Sar- racenia, dont les rhizomes, ainsi que les feuilles, qui sont persistantes , restent couverts pendant plusieurs mois d’une couche épaisse d’eau assez claire et qui paraît se renouveler insensiblement. Ils se trouvent de la sorte garantis des gelées, car ils sont au-dessous du niveau de la congélation. Lorsqu’au printemps l’eau se retire, les Sarracenia entrent en végétation; les feui lies et les fleurs se développent rapidement, et il n’est pas rare de les voir fleurir un mois après. Vers la fin de l’été, de juillet, août et septembre, arrivent la maturité et la dispersion des graines; puis la végétation se ralentit, et la plante paraît entrer dans la période de repos, qui se continue pen- SUR LES SARRACEN1A. 349 dant Thivernation sous l'eau. 11 se peut toutefois qu'avec le retour de l’humidité et que pendant cette submersion (mais plutôt au moment où la couche d’eau di- minue et qu’elle s’échauffe avec le retour du printemps), les rhizomes commencent à s’allonger ; de nouvelles racines se for- ment; les bourgeons à fleurs formés de l’année précédente se gonflent et n’atten- dent pour partir que le moment favorable, c’est-à-dire la lumière et l’air. C’est ainsi que s’expliquerait la rapidité du dévelop- pement de nouvelles feuilles et des fleurs, après que le retrait de l’eau a laissé ces plantes à découvert, rapidité de dévelop- pement qui pourrait être en quelque sorte comparée à celle des plantes des monta- gnes qui ont commencé à végéter sous la neige, et qui se hâtent de compléter leur végétation et de fleurir aussitôt que la neige qui les couvrait est fondue. C’est peut-être par cette stagnation prolongée sous l’eau que pourrait s’expli- quer ce fait tant discuté de la présence de l’eau trouvée en assez grande abondance, à certaines époques de l’année, dans les ascidies , ou feuilles en forme d’urne ou de cornet, mais principalement dans les vieilles feuilles persistantes de ces plantes, cette eau ayant pu y rester emmagasinée depuis l’immersion hivernale. Une des portions de l’Amérique du Nord les plus riches en Sarracenia pur- purea est toute cette partie du Canada occidental occupée par les lacs Supérieur, Ontario, Erié, Saint-Clair, Huron, les chutes du Niagara, le fleuve Saint-Lau- rent et ses affluents, etc.; c’est-à-dire un pays excessivement marécageux, un cli- mat marin par excellence. — Là les prai- ries et les tourbières à Sphagnum se ren- contrent à chaque pas, c’est-à-dire que les Sarracenia y occupent des espaces consi- dérables et y forment de nombreuses colonies, croissant en tapis serrés qui sont faciles à enlever, puisque leurs racines ne tiennent que dans d’épaisses couches de Sphagnum ; aussi peut-on en couper des plaques ou des touffes à coups de pioche ou de bêche, comme s’il s’agissait de pla- ques de gazon. — Cette partie de l’Amé- rique correspond au nord de l’Espagne, au midi et au sud-ouest de la France; elle a surtout une analogie toute particulière avec les environs de Bayonne, de Bor- deaux, les landes et les marais de nos côtes de l’Ouest, notamment ceux de la Loire-Inférieure. Les gelées sont quelque- fois très-intenses dans la région améri- caine des Sarracenia, dont nous venons de parler, .et il n’est pas rare, paraît-il, de trouver à la lin de l’hiver, à l’époque où 1 eau se retire, et même après qu’elle s’est retirée, l’eau remplissant les feuilles des Sarracenia, complètement gelée, et parfois des touffes entières de Sarracenia prises entièrement (rhizomes et feuilles) dans la glace, sans que pour cela la plante pé- risse. Il me semble ressortir de ces faits que la culture de ce genre de plantes n’exige pas autant de chaleur qu’on lui en donne habituellement, et qu’on pourrait arriver à cultiver les Sarracenia, sous le climat de Paris, sans le secours des serres, en les plaçant dans un milieu analogue à celui où ces plantes croissent naturellement, c’est- à-dire dans un air confiné, chaud et humide en été; ce qui pourrait être obtenu en les plantant dans des sortes de bas-fonds en- caissés, des fosses, des tranchées, des cres- sonnières, des bassins, puisards, ma- res, etc., confectionnés ad hoc, et au fond desquels ou sur les parois desquels on pourrait faire passer ou suinter un filet d’eau pure (en évitant le plus possible qu’elle soit chargée de calcaire), se re- nouvelant sans cesse ou à peu près, et qui humecterait par capillarité, soit la terre des pots, le charbon de bois, la tourbe, ou mieux la mousse ou le Sphagnum, , dans lesquels on les aurait plantés. Pour éviter que dans ces sortes de fosses l’évaporation fût trop active, pour empê- cher l’air de s’y dessécher, d’y subir de brusques et fréquentes variations de tem- pérature, et prévenir les effets pernicieux d’une insolation trop forte, on pourrait les orienter en conséquence, ou bien établir un système de vitrage, de panneaux, des baquets ou tonneaux défoncés, des para- vents, des sortes d eparasoleil, des rideaux d’arbres ou de branchages, de treillages, d’arbres enfin qui varieraient suivant les circonstances. On pourrait encore, et de même que lorsqu’il s’agit d’établir une fougeraie, choisir un endroit convenable, tel qu’une clairière de bois ou de bos- quet, etc., ou bien en créer un, comme par exemple un aquarium à bassins ou auges disposés en gradins sur une ou deux pentes, à la façon de ceux employés en pisciculture pour l’éclosion des œufs et l’élevage des jeunes poissons. L’eau pour- rait descendre, passer d’un bassin dans l’autre et être dispersée à volonté. Les plantes pourraient y être cultivées, comme nous l’avons dit, sur des Sphagnum , de la tourbe ou du charbon de bois, soit à même les cuvettes de ces bassins, soit dans des terrines ou des pots, dont la base seule plongerait dans l’eau. Resterait la question d’air ambiant qu’il serait facile de réaliser en tenant compte des condi- tions nécessaires à la vie de ces plantes, et telles enfin qu’elles se rencontrent dans les tourbières à Sphagnum. M. L. Neuman, du Muséum d’histoire 350 ANSERINE BON HENRI. naturelle de Paris, a d’ailleurs obtenu déjà de bons résultals, en cultivant ces plantes sur des mottes de terre ou dans de petits godets placés au fond de grands pots, dont la base plonge dans Peau et dont le dessus est couvert d’une plaque de verre ; le tout placé dans une serre. Mais ce qu’il fau- drait chercher, ce serait d’arriver à obtenir le même succès sans le secours d’une serre, et nous pensons que cela est pos- sible au moyen de cloches et d’abris, comme on le fait pour quelques Fou- gères des lieux mouillés, et pour certains Jungermannées, mousses et autres Cryp- togames. Pour donner une idée de la facilité avec laquelle on pourrait arriver à cultiver en plein air ces curieuses plantes sous notre climat, je citerai ce fait qui m’a été com- muniqué par M. Posth. Un habile horti- culteur de Boston, M. Hovey, cultive les Sarracenia en pots remplis de Sphagnum, et dont la base plongé dans l’eau d’un bassin, ou Lien dans une soucoupe tenue à l’ombre ou à demi-ombre, et dont il re- nouvelle de temps en temps l’eau, en fai- sant dopner une mouillure à la seringue ou à l’arrosoir. Les pots sont quelquefois recouverts d’une cloche ; d’autfes fois, ils sont entièrement à l’air libre. En hiver, les pots sont descendus au fond de l’eau d’un bassin ou d’un fossé, et au-dessous du ni- veau de congélation, et on les en retire au printemps, comme nous le faisons à Paris pour certaines plantes aquatiques délicates, telles que le Richardia , etc. Des pieds cultivés ainsi vivent plusieurs an- nées, quoique négligés souvent à la mouil- lure en été. ANSERINE Ce qui nous engage à écrire les lignes qui vont suivre, c’est la conviction que nous avons qu’elles seront lues par de vrais amateurs d’horticulture qui, en général, ne partagent pas les préjugés vulgaires tou- chant la provenance des végétaux, quelle que soit leur patrie ou leur station; sans cela nous n’aurions point parlé de l’Anserine Bon Henri ( Chenopodium bonus Henricus), de cette plante si commune, qui croît au pied des murs des villages, dans les décom- bres et les masures. Son utilité, au point de vue alimentaire, a pu seule nous déter- miner à la recommander à l’attention des jardiniers. Nous avons la confiance que, sur notre dire, ils voudront bien en retirer quelques pieds de sa station rudérale pour l’introduire dans leur potager, dans un coin isolé, s’ils le veulent. Cette plante, la seule espèce de ses congénères qui soit vivace, peut être cultivée à n’importe quelle expo- II me paraît ressortir avec évidence de ces faits, ainsi que des résultats déjà ob- tenus de divers côtés dans la culture des plantes qui nous occupent, et de quelques autres, telles que Népentes , Cephalotus, Dionea, Dr'osera, etc., que les Sarracenia peuvent être cultivés sous le climat de Pa- ris, et je suis très-porté à croire qu’il se- rait possible de les naturaliser dans les Landes, dans les tourbières à Sphagnum du sud-ouest et de l’ouest de la Loire-Infé- rieure, du Morbihan, des Côtes-du-Nord et de la Manche, et probablement aussi dans toutes celles de la France, ainsi que dans les stations où croissent les Drosera , les llypericum Elodes, les Myrica Gale , les Eriophorum , etc., les localités où pous- sent ces plantes en Europe ayant la plus grande analogie avec celles où croissent les Sarracenia dans l’Amérique du Nord. J’incline d’autant plus à croire à la pos- sibilité de cette culture et de celte natura- lisation, que nous possédons déjà dans nos jardins des végétaux herbacés, ligneux, résineux, etc., originaires des mêmes contrées que les Sarracenia , et qui s’ac- commodent assez bien et de notreclimat et de nos modes de culture en plein air, no- tamment le Gaulllieria procumbens, le La - rix americana, le Ledum lati folium, etc., et qu’entin nous arrivons à cultiver à l’air libre, sous le climat de Paris, certains Nymphæa , Nelumbim et autres plantes aquatiques délicates et de régions plus chaudes, telles que le Japon, l’Austra- lie, etc., que l’on arrive à conserver l’hiver par l’immersion ou à l’aide de quelques abris à la portée de tout le monde. E. Ramey. ION HENRI sition, sans grands soins, sans arrosements même dans les temps de sécheresse les plus grands. Ses feuilles bien cuites et pré- parées à la manière de celles des Épinards en ont toute la délicatesse ; des personnes compétentes en fait de gastronomie se trouvent être entièrement de notre avis. Ayant lu depuis longtemps dans diffé- rents ouvrages que cette espèce du genre Anserine était une succédanée avantageuse des Épinards, que les habitants de la Suisse en faisaient fréquemment usage, l’idée nous. est venue, il y a trois ans, de la cultiver; l’essai nous a bien réussi et nous a mis à même de constater toute la valeur du Bon Henri , précieuse plante surtout en été, quand les semis des Épinards de- mandent à être si souvent renouvelés. Une plante alimentaire de plus dans nos jardins n’est pas, nous le pensons, une chose à dédaigner. L’abbé Brou. ' , . • . 7/orOco/e F Yerira P rue1 P o m me a z e r o 1 1 e lmp Zanote r des Boulangers ,13, Paris CLERODENDRON SEROTINUM. POMME AZEROLI, 351 CLERODENDRON SEROTINUM Arbrisseau extrêmement vigoureux, at- teignant 3 mètres et plus de hauteur. Tige dressée, ligneuse, très-rarnifiée, à rameaux étalés, assurgents. Bourgeons à écorce violacée, laineuse - pulvérulente. Feuilles longuement pétiolées, opposées- décussées, entières, cordiformes, attei- gnant jusque 25 centimètres de longueur (non compris le pétiole) et jusque 20 de largeur, molles, luisantes et d’un vert foncé en dessus, vert clair en dessous et portant sur toutes les nervures des poils blancs, laineux. Fleurs réunies en énor- mes panic.ules corymbiformes qui attei- gnent jusque 30 centimètres et plus de diamètre, odorantes, blanc pur. Galvce plissé, anguleux, à 5 divisions aiguës, rosé. Corolle étroitement tubuleuse à la base, largement dilatée à partir du milieu, à 5 divisions linéaires obtuses, réfléchies sur les bords. Etamines longuement saillantes, à anthères violettes. Le Clerodendron serotinum, C&n. (fig.34) est originaire de la Chine, d’où il a été envoyé au Muséum parM. Eugène Simon. C’est une bonne plante, surtout pour les parties mé- ridionales de la France, où elle fleurira à une époque où les fleurs sont rares. Sa mul- tiplication est des plus faciles; elle se fait d’elle-même par ses racines qui tracent et qui développent des bourgeons qu’on en- lève au printemps et qu’on plante là où l’on veut les avoir. Tous les sols, pour ainsi dire, pourvu qu’ils soient chauds ou légers, conviennent au Clerodendron serotinum. E. A. Carrière. POMME AZEROLI Arbre d’une moyenne vigueur, très- I large que haut, déprimé. Queue très- productif. Fruit petit, ordinairement plus I courte, implantée au fond d’une cavité 352 GESNERIA C1NNABARINA IGNEA. FUCHSIA CORYMBIFLORA NANA. profonde. Cavité ombilicale régulièrement évasée. Peau d’un gris rougeâtre , parfois rouge sombre, souvent comme striée lon- gitudinalement, quelquefois marquée de taches grises un peu saillantes qui la ren- dent un peu dure au toucher. Chair blan- che, assez fondante, sucrée, finement et très-agréablement parfumée. Cette variété, nous paraît voisine de celle appelée Fenouillet Bardin , fait évi- demment partie des Fenouillet. Ses fruits ont la saveur agréable de ces derniers et se conservent jusqu’en février-mars , par- fois plus tard. C’est un bon fruit très-avan- tageux pour planter dans les vergers. E. Glady. GESNERIA (NÆGELIA) CINNABARINA IGNEA Cette jolie Gesnériacée peut être con- sidérée comme une des meilleures intro- ductions pour la serre chaude; elle a la tige droite, épaisse, atteignant jusqu’à 50 centimètres de hauteur; ses feuilles sont opposées, longuement pétiolées, cor- diformes, arrondies, doublement créne- lées, longues de 18 à 20 centimètres sur 14 à 16 centimètres de large; elle se dis- tingue surtout du G. cinnabarina , type, par le velouté cramoisi, ou plutôt couleur de feu, qui recouvre la tige, les feuilles et les pédoncules. D’après M. Linden, « aucune description ni aucun pinceau ne peuvent donner une idée approximative de la splen- deur extraordinaire de ses amples feuilles veloutées à reflets ignés et métalliques, non plus que de sa riche inflorescence du ver- millon le plus éclatant ». M. Linden a dit vrai, aussi le lecteur devra-t-il suppléer à l’impuissance dans laquelle nous sommes d’en faire ressortir toute la beauté. Les fleurs sont disposées en panicules termi- nales qui s’élèvent jusqu’à 70 centimètres de hauteur, et peuvent donner ensemble de 300 à 400 fleurs à la fois, sur un pied bien constitué. Le Gesnerici cinnabarina ignea, Linden, fut trouvé parmi les bulbilles du G. cinna- barina type, envoyé en juin 1856 par M. Ghiesbreght, voyageur botaniste, dans l’état de Chiapas, au sud de Mexique, à M. Linden, à Bruxelles; l’espèce type fut livrée au commerce pour la première fois en 1857, et la variété ignea , dont nous parlons, en 1860. Bien que cette variété soit l’une des plus recommandables qu’on puisse voir, elle est peu cultivée; c’est un tort, car aucune n’est plus propre, soit à la décoration des appartements, soit à faire des corbeilles, des bouquets, etc. Pour orner les serres chaudes, il n’en est pas qui la surpasse; sa floraison commence eh novembre et se prolonge jusqu’en avril. Culture. — Après la floraison on laisse reposer les plantes en les plaçant sur des tablettes sans les arroser, pendant trois ou quatre mois. En août-septembre on les re- met en végétation, en les rempotant une ou plusieurs dans chaque pot, suivant leur force, dans une bonne terre de bruyère sableuse mélangée par moitié de ter- reau de feuilles. On doit les mettre plus grandement, au fur et à mesure qu’elles prennent du développement,- et leur don- ner beaucoup d’engrais liquides, si l’on veut obtenir une belle végétation et une florai- son abondante. L’emplacement qui leur convient le mieux est celui qui est le plus rapproché du jour dans les serres chaudes ou tempérées. Lorsque les fleurs com- mencent à s’épanouir, on doit placer les plantes dans des serres ou conservatoires moins chauds, afin d’en prolonger la flo- raison. Delcheyalerie, Chef multiplicateur au fleuriste de la ville de Paris. FUCHSIA CORYMBIFLORA NANA Peu de plantes, peut-être, sont plus orne- mentales que celle qui fait l’objet de cette note. Tout aussi belle par ses fleurs que le type (. Fuchsia corgmbiflora ), ce qui n’est pas peu dire, sa variété nana a de plus le mérite de fleurir dès que les plantes ont à peine 10 centimètres de hauteur, et de con- tinuer aussi tout l’été, malgré le peu d’éléva- tion qu’atteignent les plantes. Celles-ci sont donc très-propres, soit à faire des bor- dures, soit à former des lignes autour des massifs en pleine terre, où elles donnent des fleurs durant tout l’été. Nous profitons de cette occasion, sinon pour réclamer, du moins pour rappeler aux amateurs de Fuchsia que deux des plus belles espèces de ce genre, le F. corgmbiflora et le F. ful- gens, sont toujours, malgré l’oubli dans lequel on les laisse, les deux plus belles du genre. Ces deux plantes, en effet, joi- gnent à un beau feuillage et à un port or- nemental, grandiose, pourrait-on dire, des fleurs admirables, disposées en très-grosses grappes pendantes, du plus bel effet. Pour- quoi les néglige-t-on autant? Probable- ment parce qu’elles sont vieilles, et pour courir après ce qu’on nomme « des plantes à feuillages ». Mais pourtant les plantes Rwim Hortitvla F Yerna Pinx*' Bnp Zanott r des Boulangers ,7.3 , P ans Ge s ne ri a cn^abarina i^nea BIBLIOGRAPHIE. 353 dont nous parlons, sont également des plantes à feuillage, et de plus elles portent de magnifiques fleurs qui se succèdent pendant toute l’année, avantage que n’ont pas la plupart des plantes, aujourd’hui à la mode. Certainement il est des plantes omnibus qui ont en elles du mérite; ce sont les Pélargonium , Pétunia Verveine, etc., qu’on emploie aujourd’hui à peu près partout pour l’ornementation; mais nous croyons qu’on pourrait, à celles-ci, en ajouter un' bon nombre d’autres, non moins belles, qui feraient disparaître cette monotonie ornementale du moment et produiraient la diversité, c’est-à-dire les contrastesque pro- duisent l’harmonie, qui est la conséquence dubeau. En terminant cette note eten enga- geant les amateurs à se procurer le Fuchsia corymbiflora nana, nous leur disons : Cul- tivez aussi les F. fulgens et corymbiflora ; ce sont deux belles et bonnes plantes. Lebas. < BIBLIOGRAPHIE Le Canna, son histoire et sa culture, par E. Chaté fils (1). On a déjà tant dit et écfit sur les Canna, qu’il pourra paraître surprenant à beau- coup de gens qu’on parle encore de cette plante; et, d’une autre part, de ce qu’on n’en parle plus autant, qu’on n’en plante plus autant qu’on l’a fait dans un temps, il est des personnes qui regardent cette plante comme usée (c’est le mot consacré). 11 est loin, pourtant, d’en être ainsi, et si les Canna sont un peu délaissés par ceux- là qui n’aiment les plantes que parce qu’elles sont très-nouvelles, il n’en est pas de même de ceux qui les aiment pour leur mérite. Pour ces derniers, qui sont de beaucoup les plus nombreux, les Canna sont restés ce qu’ils étaient : de magnifiques plantes très - ornementales par leurs feuilles ainsi que par leurs fleurs. Aussi un traité sur les Canna ne pouvait-il manquer d’être recherché. Il le sera d’autant plus que l’auteur, M. E. Chaté, dont les connaissances horticoles sont bien connues, est aussi l’un des bons cultivateurs de Canna. C’est donc une double garantie, si l’on peut dire, pour l’acheteur, qui est sûr de trouver décrit dans ce livre, indépendamment de la cul- ture et de la multiplication de Canna, toutes les particularités qui se rapportent à ces plantes; c’en est une non moins cer- taine pour l’éditeur pour l’écoulement du livre. Sous le titre Miscellanées nous avons reçu de M. le comte de Gomer, une petite brochure dont nous recommandons la lec- ture. On trouvera dans cet opuscule des notions pratiques de culture très-remar- quables, que très-souvent l’on chercherait vainement dans beaucoup de livres qui ont la prétention d’enseigner. 11 est vrai que l’au- teur est à la fois un véritable praticien, et aussi ce qu’on peut appeler un savant; cho- ses, nous sommes heureux de le dire, que (I) Donnaud, éditeur, 9, rue Cassette. 1 fr. 50 e. ne ferait pas soupçonner sa modestie. Il ne recommande rien, il n’avance pas un fait dont il n’ait été témoin ; tout ce qu’il dit, il l’a vu; mieux que cela, il l’a fait. C’est du reste ce dont on peut s’assurer en visi- tant ses cultures, qu’il se fait un plaisir de montrer. M. le comte de Gomer est ce qu’on peut appeler avec raison un homme du progrès. Dans cet opuscule se trouve aussi une Etude sur les végétaux et sur leur natura- lisation, dont nous recommandons particu- lièrement la lecture, même aux savants. On y trouve, à côté de faits pratiques, des considérations philosophiques très-élevées qui démontrent que l’auteur est aussi mo- deste que savant. Bien que nous soyons limité, nous ne pouvons résister au désir d’en citer quelques passages. Ainsi après avoir en quelques mots cherché à démon- trer l’enchaînement harmonique de l’uni- vers, M. le comte de Gomer, dit : N’oublions pas, d’ailleurs, que l’auteur de la nature n’est pas plus grand dans la direc- tion d’un soleil à travers les campagnes étoi- lées que dans la germination d’une plante ; pour lui, semer des étoiles par milliers dans les sillons du ciel, ou répandre les semences légères des fleurs terrestres sur le sol humide, sont des œuvres également dignes d’attention et qui relèvent également aussi l’action d’une intelligence infinie. Contempler la nature dans ses étoiles ou dans ses fleurs, c’est donc s’éle- ver à la notion du vrai par des voies diverses, c’est s’initier aux mystères de l’infini par des expressions variées, c’est s’instruire dans la science de la nature par deux maîtres diffé- rents, mais de la même école. Quel que soit le sujet qu’aborde M. le comte de Gomer, il le traite avec la même force, avec la même élévation de pensée; ainsi lorsqu’il touche à la question qui a été plusieurs fois agitée dans ce journal, au sujet des adjectifs latins à donner à toutes les plantes, c’est avec un langage délicat et convenable que, sans blesser per- sonne, il replace la question sur son véri- table terrain; il dit : Je n’ai nulle intention de me mêler au dé- 354 EXPOSITION UNIVERSELLE D’HORTICULTURE EN 1867. bat trop prolongé, qui s’est ouvert dans les diverses publications horticoles au sujet de la nomenclature latine des plantes; il me sera cependant permis de dire, en deux mots, que la science est de tous les pays, et qu’il est sage de recourir à elle quand on doit s'en- tendre avec ceux qui parlent des langues dif- férentes; s’il faut conserver à chaque plante et dans chaque contrée son appellation usuelle, il est trop heureux que, pour celles qui ont acquis une certaine renommée, la science in- tervienne pour les qualifier d’une manière qui puisse être comprise par tous les hommes, qu’ils soient Français, Anglais, Allemands, Es- pagnols, etc.; sous ce rapport on ne remplacera jamais utilement, par aucune autre, la déno- mination latine. Ailleurs, en cherchant à préciser le mot acclimatation, et à lui donner sa véritable signification il dit : .... 11 (l’homme) put concevoir l’espoir fondé d’amener heureusement sa conquête hors de son aire naturelle d’extension, toutefois dans des limites déterminées et avec des soins in- telligents, car dans l’aire d’extension artifi- cielle, l’espèce végétale succombe à la fin lors- qu’elle est abandonnée à elle-même. 11 résulte de ces observations que le transport d’une plante de son aire naturelle dans un climat entièrement semblable doit se nommer impor- tation, et le passage dans l’aire d’extension ar- tificielle s’appellera naturalisation. Ces quelques citations de l’ouvrage de M. le comte de Gomer suffiront, nous l’es- pérons, pour en faire apprécier la valeur. E. A. Carrière. EXPOSITION UNIVERSELLE D’HORTICULTURE DE 1867 (1) Les concours principaux de la deuxième série comprenaient la famille des Aroïdées. Peu remarquables par leurs fleurs, qui gé- néralement sont insignifiantes , ces plan- tes doivent leur succès à un feuillage sou- vent élégant de forme et parfois bizarre- ment coloré. Pendant longtemps, les plantes de cette famille ont été peu répandues; un petit nombre d’espèces indigènes, seu- les, étaient cultivées. Mais depuis quelques années de nombreux sujets, importés de divers pays, principalement de l’Amérique du Sud, nous ont fait connaître différen- tes espèces de ces intéressants végétaux que nos horticulteurs et amateurs ont su varier, soit par le semis, soit en profitant des faits de dimorphisme que ces plantes ont montré. Bien qu’originaires de pays chauds, un certain nombre peuvent être employées à l’ornementation de nos jar- dins pendant Pété, où mélangées à d’autres plantes elles forment un contraste des plus heureux. Le premier concours inscrit au pro- gramme était celui de : espèces et variétés réunies en collection. L’exposition de M. Ghantin , qui était conforme au pro- gramme, renfermait, savoir : 18 Philoden- dron; 17 Anthurium; A Pothos ; 2 A/ocasia ; 3 Dieffenbachia; 2 Scindapsus ; 2 Homalo- mena ; 2 Spathiphyllum ; 1 Schisocasia ; 1 Syngonium ; 1 Aglaonerna; 1 Colocasia; 1 Peperomia. Tout en regrettant que cette collection bien cultivée et bien choisie d’ailleurs, ne présentât pas un plus grand nombre de genres et d’espèces, le jury a décerné un premier prix à M. Ghantin. Le concours de lots d’espèces et variétés nouvelles a été divisé en trois concours, savoir : 1° Plantes de récente introduc- tion ; 2° Aroïdées nouvelles obtenues de (I) Voir Revue horticole 1867, pp. 173, 193, 214, 234, 252, 272, 292, 313 et 333. semis; 3° Aroïdées dé récente introduc- tion. Bans le premier concours. — Aroïdées de récente introduction, — M. Linden avait exposé des plantes extrêmement remar- quables qui lui ont valu un premier prix. Ce lot contenait des espèces encore non dé- nommées pour la plupart et appartenant aux genres Philodendron ; Anthurium; Acontias ; Dieffenbachia ; Dracontium; etc. On y remarquait surtout: un Philodendron de l’Equateur, dont le feuillage a le faciès d’un Ficus ou d’une Glusiacée ; Phi- lodendron Lindenii , déjà signalé; une Aroïdée aquatique du Rio Branco, à feuil- les en cornet presque toujours rempli d’eau ; Philodendron du Moyobamba, aux feuilles paraissant sablées de cristal sur un fond cendré; Dieffenbachia Wallisii, à feuilles vert foncé granulé d’argent; Colo- casia Barilletii , qui, s’il faut en croire M. Wallis, voyageur botaniste , atteindrait des proportions tellement colossales qu’il aurait pu, étant à cheval, s’abriter sous une seule feuille pendant un orage ; Spathiphyllum sp. ressemblant à un jeune Ravenala ; Dracontium fenestratum, dont le pétiole, de 2 mètres de haut, est zébré de différentes couleurs. Dans le second concours : Aroïdées nou- velles obtenues de semis, le jury s’est trouvé en présence de produits aussi intéressants au point de vue horticole qu’à celui de la physiologie botanique. En effet, comme nous le disions déjà lors de l’exposition des Caladium de M. Bleu, que faut-il conclure de tous ces produits formant autant des mélanges curieux que de croisements ? Doit-on affirmer que la plus grande partie des espèces composant les genres ( et même que certains genres) de la famille des Aroïdées ne sont que des variétés pro- venant soit du jeu de la nature, soit de l’influence du milieu dans lequel les sujets EXPOSITION UNIVERSELLE D HORTICULTURE EN 1867. 355 ont été transplantés? Faut-il, au contraire, déclarer que ce grand principe de Y ata- visme n’est qu’une théorie renversée par Y idiosyncrasie ? Hélas ! bien des livres ont été écrits par des autorités scientifiques pour expliquer un problème qu’il est, selon nous, impos- sible de définir parce que la variabilité in- finie de la nature dans ses productions viendra toujours dérouter la science et les expérimentateurs. Le lot de plantes envoyé d’Autriche par M. Kellermann, de Vienne, et récompensé d’un premier prix ouvre un vaste champ à la science et à l’étude pour constater non- seulement la puissance de l’hybridation, mais encore pour faire entrevoir ce que l’on peut espérer obtenir par ce moyen. Si notre cadre n’était aussi restreint, nous aurions fait connaître aux lecteurs de la Revue horticole le résumé de nos obser- vations et de nos recherches. Ne le pou- vant, nous nous bornerons à dire que dans certains produits exposés la liaison intime des deux individus est tellement vi- sible qu’elle frappe au premier coup d’œil comme par exemple dans celui obtenu de Y A locasia Lowii et du Colocasia macrorhiza, Schott [Alocasia indica , C. Koch); tan- dis que ce dernier a donné la forme et l'a couleur de la face supérieure de la feuille avec le mode d’intersection du pétiole, Y Alocasia Lowii se retrouve dans la cou- leur de la face inférieure et de celle du pé- tiole. Enfin disons que les sujets présen- tés ont été obtenus de graines provenant de Anthurium leuconeuron avec Anthu- rium pedato-radiatum ; Philodendron dis- par avec Philodendron curvifolium ; Phi- lodendron Wendlandii avec Philodendron ' Selloum ; Philodendron pedatum avec Phi- lodendron tenue ; Mon siéra crassifolia avec Monstera Miller iana ; Caladium pelluci- dum avec Caladium Gærdtii ; Philoden- dron pterotum avec Philodendron tenue ; Philodendron speciosum avec Philodendron bipinnatifidum ; Philodendron pinnatifi- dum avec Philodendron Selloum; Philoden- dron Simsii avec Philodendron pinnatifi- dum; Spatiphyllum longirostre avec Spa- tiphyllum blandum. Le troisième concours : Aroïdée de ré- cente introduction, a fourni à M. Lierval l’occasion d’obtenir un premier prix pour un Colocasia des Philippines. Cette plante, qui réunissait les conditions de bonne cul- ture et de grand développement , a une tige droite surmontée de feuilles amples qui mesurent plus de 1 mètre de longueur sur 70 centimètres de largeur, portées sur de longs pétioles raides, légèrement zébrés de brun verdâtre; ces feuilles ont la forme de celles du Colocasia odora , mais outre que la couleur verte est plus foncée , ses bords sont fortement ondulés. En tête des concours accessoires de plan- tes appartenant comme culture à la serre chaude, nous trouvons les Orchidées de M. le duc d’Ayen , qui brillaient plus par la force des sujets que par les fleurs, pres- que toutes fanées. Le jury a décerné un second prix à ce lot dans lequel nous trou- vons : un bel exemplaire de Oncidium lan- ceanum dont le feuillage large, marbré, est encore rehaussé, dans son effet orne- mental, par de magnifiques fleurs à labelle violet tranchant bien sur le coloris jaune maculé de rouge du périanthe; un Peris- teria elata, que les habitants du Panama, par suite de sa ressemblance avec une co- lombe, nomment la fleur du Saint-Esprit ; son feuillage produit le même effet orne- mental que celui du Curculigo recurvata auquel il ressemble du reste. M. Linden avait envoyé huit Orchidées nouvelles, savoir Lælia Wallisii, très-belle plante à fleurs blanc lilacé et à labelle maculé de jaune; Catasetum sp. nova cauca „ avec des fleurs de forme originale, de couleur fond brun verdâtre, et labelle blanc ; Odontoglossum cristatum , à fleurs fond jaune maculé de marron, et dont le labelle terminé par une espèce de sabot rappelle ceux du genre Cypripedium ; Na- nones cinnabarina sanguineum , charmante petite plante, véritable miniature ; Mesos- pinidium sanguineum, originaire du Pérou, à jolies grappes de fleurs d’une rare élé- gance et d’un beau coloris ; Kœllensteinia ionoptera, également importée du Pérou, dont les fleurs sont d’un blanc jaunâtre avec sépales de couleur violette; Trichotosia fe- rox , curieuse plante javanaise, qui joint à une végétation luxuriante un faciès parti- culier et totalement nouveau dans la famille des Orchidées : ses tiges et ses feuilles sont garnies de poils soyeux d’un coloris rouge brun, tandis que ses fleurs, se développant en longues grappes, présentent, avant l’épanouissement, deux aspérités simulant des épines, particularité à laquelle elle doit sans doute l’épithète de ferox ; Pilum- na sp. nova (Équateur), à fleur blanche à labelle taché de jaune. Le jury a accorde un premier prix à cet apport. A côté de ces nouveautés on remarquait comme exposition hors concours, d’abord un bel exemplaire de Dendrobium formo- sum, à belles fleurs blanches avec labelle jaune, envoyé par MM. Thibaut et Keteleer; ensuite un lot d’Orchidées à MM. le comte de Nadaillac et Guibert, dans lequel on admirait : Catasetum nazo , h fleurs blanc verdâtre moucheté de pourpre cramoisi, et dont le labelle se prolonge en forme de trompe d’éléphant ; Stanhopea Wurdii , curieux par son labelle rouge sang foncé, 356 EXPOSITION UNIVERSELLE ^HORTICULTURE EN 1867. bordé de jaune orange; Stanhopea tigrina, belle orchidée du Mexique, à grandes fleurs jaunes et dont le labelle est tacheté de pourpre et jaune foncé ; Dendro- bium Griffitii , etc. Nous signalons encore à la reconnaissance du public le nom de ces deux amateurs qui, dans le but d’aug- menter l’ornementation de la serre réser- vée aux Orchidées, ont envoyé un magni- fique lot de plantes variées de serre chaude que le jury a admiré aussi bien que les promeneurs. Avant de quitter cette serre parlons d’un lot de Gesneriacées nouvelles exposé par M. Linden et que le jury, dans l’impossibilité de juger la valeur des plantes soumises à son examen parce qu’elles n’avaient pas de fleurs, n’a cru devoir récompenser que d’un second prix. Cette distinction se rapporte seulement à deux plantes que la nuance de leur feuil- lage peut rendre utiles dans la décoration des serres et des appartements. Ce sont Alloplectus sp. de Moyobamba, à tige qua- drangulaire, à feuilles d’un vert noirâtre foncé traversé par une bande centrale d’un blanc argenté, granulé sur les bords ; à fleurs jaunes (entourées de bractées d’un rouge Vandyck) réunies par groupes de 8 à 10 qui eux-mêmes, au nombre de 5 à 6, sont supportés par un pédoncule com- mun naissant à l’aisselle de la feuille; Ges- neriacée sp. nova du Pérou, à tige garnie de poils bruns et à feuilles opposées, hui- lées, vert bronzé. Ajoutons encore aux nombreux apports de M. Linden, une nouveauté, le Lasian- dra macrantha, Melastomacée du Brésil introduite par feu Libon vers l’année 1862. Sa fleur est remarquable par sa grande dimension et par sa couleur bleu violacé. Le jury a décerné à M. Linden un second prix pour cette plante. Passant ensuite aux Gloxinia , nous trouvons ceux obtenus de semis par M. Vallet. Comme ils n’offraient que des variétés ordinaires et une culture moins remarquable que ceux présentés à la pré- cédente série, le jury leur a attribué seu- lement un second prix. On rencontre parfois dans l’évaluation de certaines plantes des difficultés insur- montables et que l’on se voit obligé de tourner. Il en a été ainsi pour le concours de la Victoria regia, dont les feuilles attei- gnent quelquefois plus de 2 mètres de dia- mètre et qu’il faut cultiver dans un bassin chauffé. L’impossibilité de disposer de bas- sins assez vastes pour en contenir plusieurs, a fait décider que la présentation d’une feuille et d’une fleur suffisait pour l’ob- tention d’une récompense. C’est en vertu de cette décision que M. Van Huile, jardi- nier-chef du jardin botanique de Gand, a obtenu un premier prix pour son envoi composé d’une belle feuille de im 80 de diamètre et d’une fleur de ladite plante (1). Pour terminer les concours qui se rap- portent aux produits de serre chaude, mentionnons un second prix accordé à M. Palisson pour un lot de Bégonia , dont la culture était remarquable. Si nous passons après cela aux concours ouverts pour les végétaux dits de serre tempérée, nous enregistrerons, comme dé- cisions rendues par le jury : d’abord un troisième prix pour un lot de Fuchsia va- riés exposé par M. Bonâtre. Ensuite, dans plusieurs concours de Pélargonium zonale- inquinans , savoir : 1° Variétés nouvelles de semis à fleurs pleines, un premier prix à M. Lemoine, de Nancy; un troisième prix ex æquo, également à M. Lemoine et à M. Aldebert. Les raisons qui ont, selon nous, fait donner un premier prix à M. Lemoine pour sa variété nommée Madame Le- moine sont faciles à expliquer. En effet, cette plante se distingue par les qualités suivantes : ombelles régulières, presque sphériques , d’une grande dimension ; fleurs très-nombreuses et très-pleines , d’un coloris rose de Chine, clair ; feuillage moins grand et plus zoné que dans les autres variétés de cette section sur les- quelles elle a encore l’avantage de se ra- mifier beaucoup plus et naturellement. M. Lemoine présentait en outre, en concur- rence avec M. Aldebert, un gain nommé Triomphe , à bois élancé, gros, à feuillage large et épais, non zoné, à fleur d’une cou- leur et d’une forme à ne pas laisser douter que la plante est voisine de l’ancienne va- riété connue sous le nom de Martial de Champflour; le gain de M. Aldebert est très-ressemblant, par le coloris, à ce- lui nommé Madame Lemoine , mais il en diffère par la forme de la fleur, par celle de l’ombelle, du feuillage et des rameaux. 2° Variétés nouvelles de semis, à fleurs simples : une mention honorable à M. Dag- neau. Cette récompense, donnée à cet hor- (1) Tout en respectant la décision du jury nous dirons que, à notre point de vue, ce fait est très- regrettable parce qu’il prive de la récompense l’exposant qui la méritait réellement, celui qui a planté la Victoria qui fait l’admiration des visiteurs au jardin réservé. En effet n’est- ce pas à lui que tout l’honneur en revient? Est-ce sa faute si le bassin du jardin réservé est trop petit pour que les plantes qu’il y a mises puissent s’y dévelop- per convenablement? Est-ce sa faute si la serre- aquarium, au lieu d’être prête à l’époque qui .avait été convenue, ne l’a été Qu’au moins quinze jours plus tard, de sorte que les jeunes plantes qu’il avait envoyées ont dû être placées provisoirement dans d’autres lieux, plus ou moins appropriées, et subir en plus la fatigue qui résulte toujours pour des plantes aquatiques d’un double déplace- ment? Non, évidemment. Donc, à notre point de vue, nous le répétons, c’est au jardin botanique de Munich que revient la récompense accordée. Note du Rédacteur en chef. EXPOSITION UNIVERSELLE d’hORTICULTURE EN 1867. 357 ticulteur autant pour constater des travaux considérables dans le passé que pour l’en- gager à les continuer dans l'avenir, nous semble d’autant mieux méritée que la va- riété dédiée à Mademoiselle Jeanne Smith est déjà fort remarquable. 3° Lot d e pelar- ganium zonale-inquinans, var. Gloire de Corbeny un troisième prix à M. Mezard, horticulteur à Rueil. Pour être juste, nous devons constater que jamais nous n’avons vu cette variété, d'ordinaire si belle, pré- sentée en si piteux état. Nous nous ral- lions donc à la décision du jury et regret- tons seulement pour la Gloire de Corbeny que l’Exposition de 1867 lui ait été si peu favorable. Le jury décernait ensuite un troisième prix à M. Hte Jamain pour un lot de dix-huit grenadiers des Antilles, puis un premier prix aux produits envoyés par Madame veuve von Siebold, femme de l’infatigable naturaliste voyageur auquel la science est redevable de l’introduction et de la connaissance de tant de végétaux remarquables provenant du Japon. A ce propos, et puisque notre rôle nous oblige a apprécier la valeur des végétaux pré- sentés à l’Exposition universelle, remer- cions simplement, au nom de tous les amis de l’horticulture, les membres du jury d’avoir récompensé les produits en- voyés par la veuve, à cause des souvenirs des services rendus par le mari. Cette fois les concours de végétaux de pleine terre , bien que d’une importance, on pourrait dire, secondaire, étaient très- nombreux. Les plus considérables étaient ceux attribués aux Glaïeuls en fleurs cou- pées, qui, comme nos lecteurs s’en souvien- nent sans doute, avaient à se faire pardon- ner les concours principaux de la neuvième série. Nous nous attendions donc à trouver les merveilles que nous avions annoncées; malgré cela nous avons été agréablement surpris par la beauté de cette partie de l’exposition. Disons pourtant que M. Sou- chet, de Fontainebleau, dont l’exploitation comprend , dit-on , plus de 300 variétés cultivées sur une étendue de plus de 7 hec- tares de terrain, n’avait cru devoir en éti- queter que 80 environ parmi un très-grand nombre exposées, laissant ainsi supposer que les Glaïeuls sont arrivés à un tel degré de perfectionnement qu'il n’est plus pos- sible d’en classer les variétés nouvelles. Cependant le jury lui a décerné trois pre- miers prix , savoir : pour sa collection, puis pour son lot de variétés depuis deux ans dans le commerce , puis encore pour son lot de variétés nouvelles obtenues de semis. M. E. Verdier et M. Loise-Chauvière, les concurrents de M. Souchet, avaient exposé au contraire des collections très-bien éti- quetées et composées d’un nombre consi- dérable de variétés (on dit près de 200). Le jury a décerné à M. E. Verdier, un deuxième prix pour sa collection qui était fort remarquable; un premier prix pour lot de 50 variétés de choix; un deuxième prix pour variétés choisies et mises au commerce depuis deux ans. A M. Loise-Chauvière un troisième prix pour sa collection, très-nombreuse; une mention honorable pour un lot de 50 variétés de choix ; un troisième prix pour variétés nou- velles obtenues de semis. A M. Guénot et à M. Mangin, chacun une mention honora- ble pour leurs collections. A M. Dubois et à M. Berger également une mention hono- rable pour leurs Glaïeuls de semis. De toutes les plantes exposées dans ces différents concours, nous avons noté, comme recommandables : par la dimen- sion des fleurs, les variétés, Madame Fur- tado, Chateaubriant , Monsieur Vinchon, rouge panaché et ligné blanc; Reine Vic- toria, blanc à macules- violet: par un co- loris éclatant, Fulton, rouge vermillon avec des macules pourpre; Galilée, rouge flammé cramoisi ; Maréchal Vaillant , écarlate avec macule blanche, Victor Ver- dier, rouge-vermillon éclatant : par leurs panachures Maria Dumortiery Léonard de Vinci, Junon, Impératrice Eugénie , très- belle variété, blanc flammé de rose et de violet. Citons encore les variétés qui se distinguent par un coloris tendre telles que : Ad. Brongniart , Eugène Verdier , Madame de Basseville, Prince Impérial, Stuart Low , Monsieur le Play , variété nouvelle obtenue par M. Souchet, et qui, a une forme parfaite, joint un beau colo- ris; Mignard , nouveauté hors ligne pro- venant également des semis de M. Sou- chet, ainsi que M. Barillet, rouge vermil- lon, flammé et strié de pourpre foncé velouté et de rouge brun moiré, du plus bel effet. Pour les autres concours de végétaux de pleine terre, le jury décernait i° un premier prix à MM. Vilmorin et Gie, pour un lot de plantes vivaces et annuelles réu- nies dans une même collection qui a été fort admirée par les visiteurs et par les amateurs ; 2° un troisième prix à M. Yvon, pour un lot de plantes vivaces qui, si elles n’étaient pas nombreuses, offraient de beaux spécimens comme dimensions et comme culture ; 3° une mention honorable à M. Pelé fils pour ses Lobelia et ses Artemisia; 4° un premier prix à M. Lierval, pour des Phlox de semis qui, comme tou- jours, présentaient la même richesse de coloris et des panicules amples et bien fournies, mais rien de nouveau comme variétés ; 5° un deuxième prix à M. Gau- thier-Dubos, pour des Dianthus cariophyl- 358 EXPOSITION UNIVERSELLE D’HORTICULTURE EN 1867. lus var. dits remontants; 6° un deuxième prix à M. Lesueur, horticulteur à Lagny, pour un lot de Celosia cristata assez re- marquable par la culture; 7° un troisième prix à M. Sénéclauze, horticulteur à Bourg- Argental, pour la corbeille de Dianthus var. Seneclauzii entourant le socle du groupe représentant Bachus et sa nour- rice ; 8° un premier prix à M. A. Gonthier, pour un lot de plantes aquatiques (dites indigènes) ornant le bassin de l’aquarium d’eau douce; 9° une mention honorable à M. Brot-Delahaie, pour des Dianthus plu- mariusvar. Reine Victoria et var. Princesse Maria , exposés en fleurs coupées; 10° un premier prix à M. Deschamps, amateur, et un troisième prix à Mme Rameau, pour lots de bouquets, de corbeilles et vases ornés de fleurs; 11° un premier prix à M. Du- vivier pour un lot de Pentstemon variés. Bien que cette dernière exposition fût com- posée de belles variétés, elle aurait pu être plus complète. A ce sujet, disons qu’il est regrettable de voir nos horticulteurs laisser dans l’oubli les belles espèces de Pentste- mon, telles que Pentstemon cceruleus, Pents- temon speciosus,Penistemonazureus, Pents- temon cyananthus , toutes à corolles aussi grandes que nos variétés du commerce et que rehausse encore leür beau coloris bleu, couleur toujours rare parmi nos végétaux de pleine terre; 13° une mention hono- rable à M. Loise-Chauvière, pour un lot de Balsamines variées ; 14° un troisième prix au même horticulteur pour une collection de plantes annuelles qui a été fort remar- quée du public; 15° un troisième prix au même pour un lot de Dahlia variés, culti- vés en pots; 16° un deuxième prix encore à M. Loise-Chauvière, un troisième prix à M. Vigneau, une mention honorable à MM. Moricart et Asclept, pour leurs collections de Dahlia présentées en fleurs coupées. Ce concours mérite non-seulement une mention spéciale, mais encore la désigna- tion au public de plusieurs variétés re- marquables, savoir : dans la collection de MM. Moricard et Asclept, nous regardons comme les meilleures celles qui portaient les nos13, 273, 132, 33, 67, 196, 101, 102, 67, 55 et 7 ; dans celles de M. Loise-Chau- vière ce sont les nos 229, 120, 37, 98, 115, 17, 38, 61, 205, 229, 197 et 280, etc; 17° un deuxième prix à M. Loise-Chau- vière et un troisième prix à M. Thibaut- Prudent, pour de magnifiques Lilium va- riés qui répandaient une odeur délicieuse ; 18° un troisième prix à M. Loise-Chauvière et une mention honorable à M. Oudin, de Meudon, pour des Zinnia flore pleno en pots; 19° un troisième prix à M. Guénot, et une mention honorable à M. Regnier, pour des Zinnia flore pleno , présentés en fleurs coupées ; 20° un troisième prix à M. Huillier et une mention honorable à M. Thibaut-Prudent pour des Reines- Marguerites variées, assez belles; 21° un second prix à M. Billiard, pour une fort belle collection d’Althea ( Hibiscus Syria- cus). Ce lot nous a démontré que dans ce beau genre les variétés à fleurs sim- ples sont préférables à celles à fleurs pleines ; 22° un troisième prix à M. Bes- son pour un lot de Rager strœmia indica , fleuris. Ces magnifiques arbustes ne sont pas assez répandus dans les jardins, nous espérons que la récompense que vient de leur accorder le jury va attirer l’at- tention des amateurs sur ce beau genre. 23° Enfin une mention honorable à M. Des- champs pour un lot de Ligustrum foliis variegalis. Constatons encore les succès de M. Loise-Chauvière qui, dans cette seule partie des concours de quinzaine, a reçu six récompenses, puis ' reprenons notre compte rendu par les concours toujours attrayants de Roses et de Rosiers. Dans le premier on remarquait une nombreuse et belle collection de Roses, classée cette fois d’après le règlement, et pour laquelle M. Duval a reçu un premier prix , tandis que le second prix était donné à M. Co- chet. Comme exposant de Rosiers, nous re- trouvons l’infatigable M. H. Jamain que le jury a récompensé de deux prix; sa- voir : un premier prix pour un lot très- remarquable et très-remarqué de 45 va- riétés de Roses thé, et un second prix pour une collection de Rosiers tiges également bien cultivés. Nous ne terminerons pas cette longue quoique brève énumération des produits de la floriculture, sans signaler aux ama- teurs et aux horticulteurs deux corbeilles de fleurs du plus heureux effet, présen- tées par M. Dupuis, horticulteur, rue de Vaugirard, à Paris : l’une, composée de Lilas blanc de la plus grande fraîcheur, attirait l’attention de tous les visiteurs et surtout des connaisseurs en culture forcée; l’autre, formée de fleurs de Gardénia flo- rida remplissait la grande serre des plus suaves émanations. L’exposition des légumes offrait encore cette fois un assez vif intérêt. Outre un pre- mier prix , accordé à la société de secours mutuels des maraîchers de la Seine pour ses remarquables produits, le jury a dé- cerné, 1° deux deuxièmes prix à M. Le- sueur, horticulteur à Lagny, pour deux lots, l’un de légumes et potirons, l’autre de melons, les plus beaux que l’on ait encore vus; 2° un troisième prix à la société de Clermont (Oise); 3° enfin une mention ho- norable à la société Dodonée (Belgique), pour une collection très-complète de légu- MULTIPLICATION DES VÉGÉTAUX. 359 mes malheureusement un peu détériorés par le transport. De plus, MM. Vilmorin et Ce ont obtenu : un deuxième prix pour une collection de haricots, composée de 23 variétés dites à rames , et de 26 varié- tés naines; on remarquait surtout dans cette exposition une nouvelle variété de haricots sans parchemin, à cosse violette ; ensuite un troisième prix pour un lot de 19 variétés d’oignons. Les produits étrangers étaient repré- sentés par l’envoi de M. Leroy, de Kouba. Ce lot, qui a été récompensé d’une mention honorable , se composait d’ignames et de légumes provenant d’Algérie. Faisons comme la commission impé- riale; après les légumes, parlons des fruits. Trois prix ont été attribués par le jury aux concours dits de collections et ainsi répartis : un premier prix à M. Cochet pour 123 lots de fruits variés ; un second prix àM. Deseine pour 92 lots de même nature. Un autre second prix à la so- ciété de Clermont (Oise) pour 71 lots, une mention honorable à M. Lelandais pour 9 lots de poires variées. D’autre part, nous signalerons dans les concours de fruits di- vers à noyaux : 1° lot de 29 variétés de Prunes appartenant à M. Croux et récom- pensé d’un premier prix ; 2° celui de M. De- seine, comprenant également 29 variétés de Prunes et une d’Abricots, pour lequel il a reçu un second prix ; 3° un mention honorable à M. Deschamps. Dans les concours de Pêches, le deuxième prix a été accordé à M. Chevalier pour une corbeille d’assez beaux fruits. Le même horticulteur a reçu un premier prix pour une branche de Pêcher mesurant 5 mètres de long et chargée de 32 belles pêches. M. Deseinè, qui avait présenté 11 lots de Pêches, a reçu le troisième prix de ce concours. MULTIPLICATION Les végétaux, on le sait, peuvent être multipliés de diverses manières : par se- mis, par greffes, enfin par boutures. Nous ne nous occuperons que de ces dernières. Bien que dans quelques cas, pour cer- taines plantes surtout, on puisse faire les boutures soit à Pair libre, soit sous des cloches placées dehors, le plus souvent une serre est nécessaire ; elle l’est d’au- tant plus que les boutures qui s’enraci- nent à Pair libre reprennent également bien, souvent même beaucoup mieux, lors- qu’on les fait dans une serre. Toutes les serres ne sont pas également favorables à la multiplication. Il est cer- taines conditions en dehors desquelles le C’est encore cette fois du Raisin mûri dans les serres que le jury a apprécié et pour lequel il a donné, savoir : un deuxième prix h M. Gœs, de Belgique; un troisième prix ex æquo à MM. Rose et Constant Charmeux. Si nous disons que plus de 250 lots de fruits variés avaient été présentés hors con- cours par des pépiniéristes Irançais dans le seul but de rendre l’Exposition plus ins- tructive et plus attrayante, il ne nous res- tera plus, avant de faire notre résumé, qu’à signaler quelques fruits nouveaux soumis à l’examen du jury. Il s’agit d’abord d’une poire présentée par MM. Cuissard et Carret, que les obtenteurs se proposent de nommer Madame Cuissard. La forme de ce fruit est bonne, il est de moyenne gros- seur, a la peau vert clair et la chair fou- dante. Ensuite, également d’une poire pré- sentée par M. Morel et encore non dénom- mée. Celle-ci a le fruit gros, rappelant la forme générale de la poire Beurré Clair- geau, mais la chair est sèche, cassante et le jus un peu accidulé ; ces fruits ont be- soin d’être soumis à un nouvel examen avant d’être jugés définitivement. Enfin une Prune obtenue par un amateur, M. Gau- thier, que franchement nous ne pouvons féliciter, car, pour nous, c’est un fruit de la plus mauvaise espèce. En résumé cette série a été surtout re- marquable par les concours d’Aroïdées, l’apparition du Pélargonium Madame Le- moine, les Glaïeuls et les diverses exposi- tions de fruits. Il a été décerné 89 récompenses, savoir : 23 premiers prix; 23 deuxièmes prix ; 25 troisièmes prix ; 18 mentions honorables ; ainsi réparties, par nation : Autriche 1, Hollande 1, Belgique 7, France 80. Rafarin. (La suite au prochain numéro .) DES VÉGÉTAUX résultat est, en général, moins bon. Ce sont ces conditions que nous allons d’abord faire connaître. Une chose importante dans la construc- tion des serres est 1 ’ orientation, qui, toute- fois, doit varier suivant le but qu’on se pro- pose. Pour les serres à multiplication la meilleure exposition est celle du levant, parce que, à partir de midi, le soleil ne frappant plus sur les vitres, on peut ôter les paillassons qui servent d’ombrage , de sorte que tout le reste de la journée les boutures reçoivent la lumière, ce qui est très-favorable à leur conservation et faci- lite beaucoup leur enracinement. Il est bien clair qu’à défaut de cette exposi- 360 PLANTES NOUVELLES, RARES OU PEU CONNUES. tion il faut en prendre une autre; celle du sud-est peut encore rendre de grands services. La serre doit être en contre-bas du sol de manière à donner plus d’hu- midité en été et plus de chaleur en hiver; quand on aura le choix, on l’adossera à un mur, ce sera alors une serre à une pente. Dans le cas où l’on n’aurait pas de mur à sa disposition, on pourra faire une serre à deux pentes, c’est-à-dire une serre dite hollandaise , en la disposant de manière que l’un des versants soit toujours opposé au soleil, pour qu’on n’ait à ombrager qu’un côté à la fois. Quant à la disposition intérieure d’une serre à multiplication, celle qui paraît of- frir le plus d’avantages, qu’on adopte aussi le plus fréquemment est celle-ci : deux bâches séparées par un sentier. Pour chauffage un thermosiphon est ce qu’il y a de mieux. Un ou deux tuyaux, suivant l’importance de la serre, doivent passer dans la bâche. Près du sommet de celle-ci on établit un plancher en bois, c’est-à-dire en planches, ce qui est bien préférable parce que le bois s’imprégnant d’humidité, la conserve et tend moins à dessécher les boutures. Bien qu’on puisse employer diverses substances pour planter les boutures, nous préférons la sciure de bois blanc , surtout lorsqu’elle est à demi consommée, on en enlève toutes les impuretés telles que co- peaux, morceaux de bois, etc., puis on brasse afin de bien mêler toutes les par- ties, puis on l’étale de manière que le tout présente une surface unie et à peu près d’une même épaisseur, d’environ 6 à 8 centimètres. Cela fait, on arrose très-fortement, puis on remanie la sciure, et on l’arrose de nouveau, mais un peu moins que la première fois, afin de lier le tout et de faire en sorte que le fond de la couche soit toujours humide. YrERT, jardinier, chez S. A. I. le prince Jérôme, à Meudon. (La suite prochainement.) PLANTES NOUVELLES, RARES OU PEU CONNUES Populus Simonii. — Arbre vigoureux, élancé. Tige droite. Branches étalées, lon- gues. Ecorce roux brun, portant çà et là de petites lenticelles linéaires, blanches, longues d’environ 3 millimètres. Rameaux vigoureux, fortement anguleux par cinq saillies en forme d’ailes, disposées symé- triquement, de couleur rougeâtre. Yeux petits, très-longs, fortement appliqués dans toute leur longueur, roux foncé, luisants, visqueux. Feuilles coriaces, épaisses, sub- dressées,-courtement pétiolées très-régu- lièrement ovales elliptiques , régulière- ment atténuées aux deux bouts, longues de 14 à 18 centimètres, larges d’environ 9 centimètres dans leur plus grand dia- mètre , courtement mais sensiblement dentées à dents un peu arquées et comme crispées, glabres de toutes parts, lisses, unies et d’un vert foncé à la face supé- rieure, glauques blanchâtres et comme ci- reuses à la face inférieure qui porte quel- ques nervures peu saillantes. Pétiole long d’environ 2 centimètres, gros, canaliculé, rouge en dessus couleur qui se continue jusque sous le milieu de la face supérietire des feuilles. Cette belle espèce, qui rentre dans la section de Baumiers ( Populus balsamea ), est originaire de Chine, d’où elle a été envoyée au Muséum par M. E. Simon, vers 1861. Populus angulata tortuosa. — Arbuste buissonneux, très-rameux. Rameaux forte- ment anguleux , très-tortueux, souvent flexueux ou comme tordus en zigzag, à écorce vert foncé, marquée çà et là par quelques petites lenticelles ovales. Feuilles longuement pétiolées, glabres, à limbe tourmenté, bullé, complètement roulé dans le sens de la nervure médiane et formant alors une sorte de capuchon ou de cornet, acuminé en pointe. Pétiole d’environ 8 millimètres, élargi, tordu et contourné comme toutes les parties de la plante, sou- vent rougeâtre, couleur qui se répand sur toutes les nervures placées à la face infé- rieure des feuilles. Cette variété, qui nous a été envoyée par M. Barthère, horticulteur à Toulouse, est des plus distinctes, et en même temps des plus remarquables, bien qu’elle ne soit pas ce qu’on peut appeler jolie. Au point de vue scientifique, elle est très-intéres- sante par sa végétation, qui est jusqu’à un certain point, l’analogue de celle du Ro- binia tortuosa. En voyant toutes les parties si tourmen- tées de cette plante, il semblerait que lors de sa formation, les éléments qui sont entrés dans sa composition aient été dans un état d’agitation continuel qui s’est traduit sur tout le faciès de cette cu- rieuse variété. E. A, Carrière. L’un des propriétaires : Maurice BIXIO. Pu is. — Impr. de A. Lainé et J. Havard, rue des Saints-Pères, 19. CHRONIQUE HORTICOLE (deuxième quinzaine de septembre). Prochaine clôture de l’Exposition .universelle. — Mort de M. Armand Gonthier, pépiniériste à Fontenay- aux-Roses. — Translation à Sceaux de l’établissement d’horticulture de MM. Thibaut et Keteleer. — Desmanthus natans. — Les traits à l’Exposition universelle. — Congrès pomologique. — Collection de conifères expoSée dans les serres du jardin réservé au Champ de Mars, — Floraison de quelques pieds de Cercis Siliquastrum à Paris et dans la Charente-Inférieure. — Le Lilium auratum. — Citation de Gardeners’ chronicle. — Visite des instituteurs à l’Exposition. — Leçon faite par M. Baltet. — Ensei- gnement horticole au jardin botanique de Clermont-Ferrand. — Programme de cet enseignement. Lettre de M. Godard, sur la fécondation des Aucuba. — Variétés de Pélargonium mis en vente par M. Mezard. — Conseils sur les semis de graines de Légumes , par M. Léonce de Lambertye. — Amélio- ration des Noyers, par la greffe. — Brochure de M. Romain Martin. — Catalogue d’Oignons à fleurs et de graines de MM. Vilmorin et de M. Guénot. — Le Verger , par M. Mas. — Expositioh d’horticul- ture de Meaux. — Expériences de labourage à vapeur faites les 19 et 20 septembre à Petit-Bourg. — Succès de ces expériences. — V Illustration horticole , de Gand. — Réponse à M. Lemaire. Tout finit ici-bas; aussi l’Exposition universelle de 1867, qui depuis plus de six mois attire tant d’étrangers à Paris, est-elle, à son tour, à la veille de subir la fatale mais commune loi; elle va bientôt fermer. Déjà la commission impériale a annoncé la mise en vente de la grande charpente en fer qui forme le centre de l’Exposition, ainsi que des différents objets dont elle est propriétaire. Il en est de même soit des arbres, soit des massifs d’arbustes qui sont plantés dans le parc et dans le jardin réservé, et qui lui appartiennent. Bien que ces objets doivent probablement être vendus aux enchères aussitôt la fermeture de l’Ex- position, néanmoins, dès aujourd’hui, la commission impériale reçoit des offres. Quant aux plantes qui appartiennent aux particuliers, ceux-ci sont libres d’en dis- poser. Toutefois ils devront les enlever dans le plus bref délai possible, puisque le Champ de Mars, assure-t-on, doit être débarrassé, et le terrain nivelé, le lei jan- vier prochain. S’il faut en croire certaines personnes, la distribution générale des récompenses oit avoir lieu le 25 octobre courant. — Une nouvelle lacune vient d’être faite dans la phalange horticole; Armand Gon- thier, pépiniériste à Fontenay-aux-Roses (Seine), vient de mourir dans "cette même commune, à l’âge de soixante-trois ans. Depuis quelques années déjà Armand Gon- thier était retiré des affaires; il avait cédé son établissement à son fils aîné, homme intelligent et instruit, qui soutient digne- ment le nom de son père. Sous ce rap- port il n’y a donc rien de changé, et les clients pourront, comme par le passé, s’a- dresser à M. Gonthier, pépiniériste à Fon- tenay- aux-Roses. — Par suite des travaux d’embellisse- ment de Paris, de l’augmentation conti- nuelle des terrains qui en est la consé- quence, et surtout aussi par l’impossibilité à peu près absolue d’y cultiver un très-grand 1er Octobre 1867. nombre de végétaux, l’horticulture se dé- place tous les jours, les horticulteurs étant forcés de chercher aux environs de Paris des terrains qui leur permettent d’exercer leur industrie; c’est ainsi que tout récemment deux horticulteurs des plus distingués et aussi des plus avantageusement connus, MM. Thibaut et Keteleer, ont été obligés de quitter Paris et de transporter leur établis- sement à Sceaux. C’est un mal pour un bien, toutefois, car l’étendue beaucoup plus grande de terrain qu’ils vont exploiter, jointe auxbonnes conditions deculture dans lesquelles ils se trouvent, leur permettra de donner à leur culture une extension et une perfection, nous osons dire, qu’ils ne pouvaient donner à Paris. Du reste, en hommes prudents, ils avaient prévu ce déplacement, et depuis plusieurs années ils avaient fondé l’établissement qu’ils viennent d’aller occuper définitivement. Le siège de leur établissement est à Sceaux, où sont installées de nombreuses serres ; mais indépendamment ils ont une succursale à quelques centaines de mètres dans la vallée du Plessis, la plus avanta- geuse au point de vue de la végétation, qui leur permet de cultiver beaucoup de vé- gétaux dont la culture n’était pas possible à Paris. C’est donc le cas de dire : A quel- que chose malheur est bon. N’étant changé que d’établissement, la raison sociale res- tant là même, l’adresse est : MM. Thibaut et Keteleer, horticulteurs à Sceaux (Seine). — Déjà, dans une de nos précédentes chroniques, en parlant de la serre aquarium du jardin réservé au Champ de Mars , nous avons dit quelques mots d’une sorte de Sensitive aquatique du Desmanthus natans qu’on y rencontre. Cette plante, qui a très-bien prospéré montre depuis long- temps et successivement de nombreuses fleurs réunies en capitules sphériques, assez gros, et qui par leur couleur jaune soufre produisent à la surface de l’eau un effet des plus agréables. — Après l’été vient l’automne; aux fleurs 19 CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE DE SEPTEMBRE). 362 succèdent les fruits; c’est ainsi que mar- chent les choses, aussi l’Exposition compte- t-elle aujourd’hui un ornement de plus, les fruits. Nous avons remarqué dans ceux- ci, depuis longtemps déjà, un fait regret- table, selon nous, et qui ne nous paraît avan- tageux pour personne, au contraire. C’est l’apport de fruits non mûrs, n’ayant par conséquent atteint ni leur grosseur ni leur beauté. Ce fait, qui nous paraît contraire au programme, qui, nous le croyons, de- mande chaque fois « des fruits de saison », a l’inconvénient, tout en donnant une mau- vaise opinion des fruits, de tromper l’ama- teur qui, ne les connaissant pas, les juge mal ; de là un préjudice pour le ven- deur et pour l’acheteur. Entre beaucoup d’exemples que nous pourrions rapporter, nous citerons seulement celui que nous fournit la Poire Belle Angevine. Cette va- riété, qui n’atteint guère tout son dévelop- pement avant la fin d’octobre, a déjà figuré dans plusieurs collections depuis plus d’un mois; aussi quels fruits et quelle piteuse mine ils faisaient! Ils n’avaient de la Belle Angevine que le nom. Disons toutefois que les collections de fruits de toute sorte abondent, on peut le dire, au jardin réservé du Champ de Mars. Par suite de cette abondance on a dû mul- tiplier les lieux d’exposition. Les collections sont aussi nombreuses que belles et variées; pas n’est petite, dans cette circonstance, la tâche qui incombe à notre collègue et col- laborateur M. Rafarin, qui doit rendre compte de tous les produits de la déesse Pomone, dont nous lui recommandons d’implorer l’assistance. — Le congrès pomologique, dont nous avons déjà plusieurs fois parlé dans ce journal, est ouvert dans l’hôtel de la so- ciété d’horticulture, 84, rue de Grenelle- Saint-Germain. Enumérer tous les fruits qui sont exposés est impossible. Tout ce que nous pouvons dire, c’est que c’est magnifique. Ce qui en augmente encore le prix, c’est la bonne nomenclature qu’on y trouve et qui fait de cette exposition une véritable école pomologique. — Depuis quelque temps déjà on a pu remarquer dans une des serres du jardin réservé une collection de Conifères en ra- meaux portant tous des fruits exposés par les frères Rovelli, horticulteurs à Pallanza (Italie) , sur le lac Majeur. La plus grande partie de ces rameaux appartenaient à des espèces communes qu’on rencontre fré- quemment dans les cultures, même aux environs de Paris. Six seulement nous pa- raissent dignes d’être cités. Ce sont : Abies Lindleyana, Araucaria Brasiliensis, Chamæcyparis Andelyensis , Cunningha- mia Sinensis , Keteleeria Fortunei , exposé sous le nom d 'Abies Jezoensis , et Saxe- Gothæa conspicua. De ces six espèces de fruits, trois nous étaient inconnues, ce sont Y Ab. Lindleyana, le Keteleeria Fortu- nei et le Saxe-Gothæa. L’A bies Lindleyana , Roezl, ne fait pas partie du genre Abies; ses cônes pendants , à écailles persis- tantes munies de bractées larges, trifur- quées au sommet, le placent dans notre genre Pseudotsuga auprès du P. Douglasii. Quant au Keteleeria Fortunei. Carr. , c’est une espèce très-différente des Abies, dont on doit la séparer. La Revue donnera pro- chainement une figure de ces deux plantes. — Dans notre précédente chronique nous faisions connaître le fait de quelques pieds de Cercis Siliquastrum en pleine floraison que notre collègue M. E, Ramey a eu occa- sion de voir dans la Charente-Inférieure. Ce fait très-curieux et jusqu’ici sans exemple, pour nous, s’est montré aussi à Paris-Passy dans un jardin particulier placé près du fleuriste de la ville de Paris. Cette coïnci- dence de faits exceptionnels différents mérite, nous le croyons, d’attirer l’atten- tion des physiologistes. On se rappelle en effet que, il y a quelques années, les So - phora pendula , qui ne fleurissent prèsque jamais, se sont couverts de fleurs dans presque toutes les parties de la France. — Dans le numéro du Gardner's chro- nicle du 7 septembre dernier, page 328, nous trouvons la citation d’un fait analogue à ceux dont nous avons déjà parlé au sujet du Lilium auratum. Ce fait est raconté de la manière suivante par M. William Croos, jardinier à Melchet Parc (Angleterre) : Le Lilium auratum, dont je vous ai entretenu l’année dernière en vous faisant part de ma croyance, qu’on ne connaissait encore que fort peu de chose de la magnificence de ce beau Lis, est sur le point de fleurir, et il a dépassé de beaucoup mes espérances. Le bulbe a fourni deux tiges dont l’une, un peu aplatie, s’est bifurquée à un pied de hauteur. Les trois tiges se développèrent tellement vigou- reusement quelles ont aujourd'hui huit pieds et demi d’élévation et portent cent fleurs. A la base il s’est développé un petit bour- geon qui porte quatre fleurs, ce qui fait cent quatre fleurs sur le même pied. Je dois ajouter qu’il est regrettable que la hampe florale se soit aplatie, car de là résulte une mauvaise disposition des fleurs qui sont alors trop serrées, ce qui, comme on le sait, n’est pas le cas habi- tuel. Ce gros bulbe en a produit cinq petits, l’année dernière, et aujourd’hui j’en remarque plusieurs autres qui se forment sur la tige, à un pied de hauteur. De ce qui précède on peut, ce nous semble, tirer les conclusions suivantes: d’a- bord que cette espèce est encore plus pré- cieuse pour l’ornement qu’on ne le croit ; ensuite que, comme beaucoup] d’autres 363 CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE DE SEPTEMBRE). espèces de Lis, elle est susceptible, par la transformation des yeux de sa tige, d’émettre des bourgeons aériens (caïeux) à l’aide desquels on pourra la multiplier. Nous pouvons en conclure aussi que, dans certains cas, les descriptions qu’on fait des végétaux sont loin d’en donner une idée exacte. — A l’occasion de la visite des institu- teurs à l’Exposition universelle, notre collè- gue M. Charles Baltet a été chargé de leur faire une leçon pratique. Cette démonstra- tion faite sur le terrain, la serpette à la main, à Billancourt, a eu un grand succès. Les instituteurs présents, au nombre de 800, écoutaient et suivaient le pro- fesseur avec la plus grande attention. — Nous avons appris avec plaisir, et nous nous empressons de le faire connaître, que notre collègue M. Citerne, jardinier en chef au jardin botanique de Clermont-Fer- rand, vient d’être autorisé à établir au jardin botanique de cette ville, un ensei- gnement horticole. Voici le programme qui, dressé par notre collègue, a été adopté par les autorités compétentes. ENSEIGNEMENT HORTICOLE du jardin des plantes de Clermont-Ferrand. Programme des leçons faites aux élèves et aux apprentis jardiniers. LEÇONS FAITES entre une heure et deux heures, ou entre cinq et six heures selon les saisons. Lundi. Lecture et écriture des noms scientifi- ques des plantes. Mardi. Arboriculture et culture générale ; clas- sification des terrains. Mercredi. Physiologie végétale; composition de l’air et de l'eau.' Jeudi. Calcul appliqué au lever des plans. Vendredi. Eléments de géométrie pratique et des- sin des jardins. Samedi. Multiplication des végétaux par semis, greffes et boutures. Dimanche. Composition des corbeilles et bouquets. Programme du travail pratique. Indépendamment du travail journalier, des leçons pratiques ont lieu entre neuf et dix heures du matin à peu près dans l’ordre suivant : Lundi. Entretien des gazons, fauchage, sar- clage et roulage. Mardi. Nivellement des allées et vallonnement des pièces de gazons. Mercredi. Maniement des outils de jardinage. Jeudi. Lecture et placement des étiquettes de l’école de botanique. Vendredi. Dressage des carrés en planches, éla- gage. Samedi. Nettoyage et revue des outils. Programme dressé par le jardinier en chef soussigné Citerne. Vu et approuvé par le directeur du jardin Henri Lecoq. Vu et autorisé par nous maire de la ville, officier de la Légion d’honneur, etc.. Le maire. « Ph. Mege. Les personnes qui ne connaissent pas M. Citerne pourront être étonnées qu’un jardinier, praticien avant tout, puisse seul suffire pour remplir un cadre aussi com- plet. Nous comprenons ces doutes, mais ne les partageons pas, bien que, le premier, peut-être nous les aurions émis si nous n’avions pas eu de nombreux exemples de Bétonnante activité qu’a toujours mon- trée M. Citerne , et si nous n’avions pu apprécier les çonnaissances aussi nom- breuses que variées que possède notre collègue. — Nos lecteurs n’ont sans doute pas ou- blié l’article qu’un de nos collaborateurs, M. Lebas, a publié récemment dans la Revue horticole (1866, p. 331), au sujet de la fécondation des Aucuba. Cet article nous a valu une lettre aussi intéressante qu’instructive d’un de nos abonnés, M. Go- dart fils, pépiniériste à Ardres (Pas-de- Calais), et que nous nous faisons un devoir de publier. La voici : Ardres, 14 septembre 1867. Monsieur le Rédacteur, Je viens ajouter quelques observations à celles qu’a bien voulu nous donner M. Lebas, dans votre numéro du 1er septembre, relatives à la fécondation des Aucuba. — Tous se fé- condent avec une égale facilité, en plein air ou en serre. Mais par la raison que les fleurs mâles s’épanouissent en partie avant les fleurs femelles, soit parce que les jeunes sujets que l’on possède n’ont pas encore repris leur état naturel, par suite des différentes cultures aux- quelles ils ont été soumis, soit que cette plante rentre dans la règle, à peu près géné- rale du genre dioïque, que les fleurs mâles apparaissent souvent avant les fleurs femelles, toujours est-il que cette raison apporte un petit obstacle pour la fécondité. — M. Lebas conseille de mettre des pieds femelles sous châssis afin d’en accélérer la floraison ; cette méthode est bonne, mais nous avons toujours préféré récolter les fleurs mâles que nous pla- çons dans des cornets de papier, pour nous en servir lorsque les pieds femelles commencent à fleurir. — Le pollen des plantes dioïques a la propriété de se conserver longtemps. Chose qui paraîtra peut être singulière, c’est que du pollen récolté au printemps 1866 a donné un parfait résultat de fécondation au printemps dernier. Je fais remarquer en passant que la poussière fécondante des plantes hermaphro- dites est loin d’avoir cette propriété. — Il est encore important de remarquer que pour avoir un résultat complet dans la fécondation des Aucuba, il est utile de répandre le pollen le matin. A ce moment le stygmate est recouvert dune eau visqueuse qui retient la poussière fécondante. L’effet est immédiat, car j’ai sou- vent remarqué que le même jour les pétales de la fleur fécondée se flétrissent et tombent. Ces procédés seront inutiles lorsque l’on aura des sujets d’ Aucuba mâle, suffisamment développés en pleine terre. Nous ne le ver- rons plus alors donner de floraison prématu- 304 CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE DE SEPIEMBRe). rée, et le pollen se répandant en quantité ne nécessitera pljis aucun soin. Agréez, etc. Gobart fils. Pépiniériste à Ardres (Pas-de-Calais). Deux bonnes choses valent mieux qu'une, et le procédé indiqué par M. Godart ne détruit pas celui indiqué par M. Lebas; il le complète. Nous le recommandons vive- ment à l’attention de nos lecteurs. De notre côté nous en ferons notre profit. — Nous avons reçu de M. Mézard (Eu- gène), horticulteur à Rueil (Seine-et-Oise), une circulaire par laquelle cet horticulteur informe le public qu’il vient de livrer au commerce, pour la première fois, les nou- velles variétés de Pélargonium zonale dont voici les noms : Monsieur Janvier de la Motte ; Madame Janvier de la Motte ; Monsieur Masséna ; Mademoiselle Au gus - fine. — Nous avons également reçu la troi- sième édition d’un petit opuscule intitulé Conseils sur les semis de graines de légu- mes, par le comte Léonce deLamberlye (1). La rapidité avec laquelle ce travail s'écoule en dit plus sur le mérite de l'ouvrage que le plus bel éloge que nous pourrions en faire. — M. Romain Martin, bien connu de nos lecteurs par l'intérêt tout particulier qu’il porte à l'amélioration des Noyers, à l'aide de la greffe, vient encore de fournir une nouvelle preuve de son dévouement à cette cause dans un petit opuscule qu’il a adressé aux membres de la so- ciété d’agriculture du Cher. Les détails très -intéressants qu’il donne à ce sujet démontrent d'une manière absolue l’avan- tage considérable qu'il y aurait à opérer le greffage des Noyers. Nous aurions désiré trouver dans ce travail, sinon moins de détails statistiques sur les produits qu’on pourrait se procurer par ce moyen, du moins plus de renseignements pratiques sur les modes et sur les époques d'opérer, détails qui, selon nous, doivent passer avant tout autre. — Nous venons de recevoir les catalo- gues d’Oignons à fleurs de plantes bulbeu- ses de MM. Vilmorin, Andrieux et Ce, et de M. Guénot, marchands grainiers à Pa- ris. Ces catalogues arrivent donc en temps opportun, puisque voici l'époque arrivée où il convient de planter ces végétaux. Le catalogue de MM. Vilmorin et Ce contient en outre une liste descriptive de variétés de Fraisiers les plus recommandables. Dans celui de M. Guénot on trouve, en outre de l’indication des plantes bulbeuses ou tubéreuses, une liste de plantes vivaces, d’arbres et d’arbustes. (1) M. Goin, libraire éditeur, 82, rue des Ecoles. Un autre catalogue de MM. Vilmorin que nous venons également de recevoir, qui ne le cède aux précédents ni pour l’importance ni pour l'opportunité, est ce- lui des graines qui doivent être semées en septembre-octobre. Le mérite de ce cata- logue se trouve encore rehaussé par des signes particuliers qui accompagnent les noms de certaines plantes pour indiquer les soins spéciaux qu'elles réclament. — Le numéro 9 du Verger, publication périodique d'arboriculture ponunogique, dirigée par M. Mas, président de i société d'horticulture de l'Ain, qui vient e paraî- tre, comprend les variétés de Brugnonniers dont les noms suivent : Brugnon Murry , B. jaune , B. muffrum , B. Gathoye , B. orange de Rivers. B. Balgoican, B. Galo- pin et le Pêcher Pavie Duperron. — Exposition d’horticulture de Meaux. — 11 est deux manières .de rendre compte d’une exposition, l'une d'entrer dans les détails minutieux et de raconter tous les faits, l’autre d’en parler d'une manière générale en rappelant seulement les faits principaux; nous adoptons cette dernière manière. Voici pourquoi : En entrant dans tous les détails on devient confus et seulement compréhensible pour ceux-là qui ont vu les choses; alors, à quoi bon ? Nous dirons donc, à l’honneur de la so- ciété et des exposants, que l'exposition était très-jolie, que les produits étaient très- beaux et très-variés, et que son organisation était parfaitement entendue. Un fait que nous devons d’abord rapporter, c'est le dé- vouement spontané et désintéressé qu'ont montré quelques-uns de ses membres en mettant leur temps et leur talent au service de la société afin d'organiser l’exposition, c’est-à-dire de créer le jardin, ensuite d’y placer les plantes, etc. Tout cela s’est fait avec un entrain et un accord parfait. Nous nous faisons un devoir de publier les noms de ces hommes dévoués à la cause de l'horticulture. Ce sont : MM. Blot, Le- françois, Renaut, Rousseau, auxquels nous adressons des félicitations. Ne pouvant dans cette chronique entrer dans les menus détails ni rendre compte de tous les produits exposés, non plus que des récompenses qui ont été accordées, nous citerons parmi les récompensés les noms de ceux qui ont obtenu les prix les plus éle- vés. Ce sont : MM. Desprez, jardinier chez M. le duc de Rohan, à Rueil, qui a obtenu la médaille d'or de S. E. le ministre de l’agriculture et du commerce; Leconte, jardinier au château de Quincy, qui a ob- tenu la médaille d'or deM. le préfet, pour un lot de légumes de 300 variétés ; Leduc, jardinier de M. le baron d’Avène, à Brin- ches (Seine-et-Marne) , qui a obtenu la 365 CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE DE SEPTEMBRE). médaille d'or de la ville de Meaux; Bau- dinat, jardinier chez Mme Dassy, qui a obtenu la médaille d’or de M. le comte de Jaucourt, député de Seine-et-Marne; La- niel, jardinier au château d’Orly (Seine), qui a obtenu la médaille d’or de M. André, député du Gard; Yanier, jardinier chez M. Diehl, à Ghessy, qui a obtenu la médaille de vermeil des dames patronnesses; L'e- sueur, maraîcher à Lagny, qui a obtenu la médaille de vermeil de la société d'horti- culture de Coulommiers; Bémont, jar- dinier chez M. de Colombel, à Annet, qui a obtenu la médaille de vermeil de la so- ciété d’horticulture de Melun et de Fon- tainebleau, pour un lot de fruits. Nous devons dire toutefois que ces récompenses, qui indiquent la supériorité des produits exposés, ne sont pas une preuve du mérite absolu des exposants, car tout chacun sait que rien n’est difficile à apprécier comme le mérite, et qu’il arrive souvent que tel qui en a peu en apparence se trouve en avoir davantage que tel autre qui en a beaucoup, parce que pour faire ce peu il a parfois dû, à force de soins et de travail, vaincre des difficultés et surmonter des obstacles que celui qui est placé dans des conditions aisées ou plus avantageuses n’a pas eu à combattre. Nous ne saurions donc trop le répéter; en ne citant ici que le nom des exposants les plus favorisés, il ne fau- drait pas voir là une préférence pour ces exposants. Nous citons, nous ne jugeons pas. Nous ne pouvons cependant passer sous silence les Fuchsias exposés par M. Baudinat, jardinier chez Mme d’Assy, à Meaux ; nous le faisons d’autant plus vo- lontiers que nous sommes certain d’être approuvé de tous ceux qui les ont vus et ui ont déclaré n’avoir jamais rien vu ’aussi beau. Nous sommes entièrement de cet avis. Qu’on se figure en effet des pyramides coniques très-régulières et très- garnies, d’environ 2 mètres de hauteur sur presque 1 mètre de diamètre à la base, portant plusieurs milliers de fleurs, et l’on aura une idée de ce qu’étaient ces Fuch- sias. C’était réellement admirable. A cette même exposition de Meaux, nous avons remarqué, dans un lot de plan- tes grasses , un phénomène de dimor- phisme très-curieux. C’est un pied de Cereus monstrosus vigoureux et fort, ad- mirable de laideur, un véritable monstre enfin, de la base duquel s’était développé un magnifique jet de Cereus Peruvianus de plus de 1 mètre de hauteur. Il semblait qu’on voyait là le bossu Quasimodo, de Vic- tor Hugo, assis auprès d’un pillier des halles de Paris , ou caché derrière une borne pour guetter la Smeralda. — Les expériences de labourage à va- peur dont nous avons parlé dans notre précédente chronique ont eu lieu, ainsi que nous l’avons dit, dans la propriété de M. Decauville aîné, à Petit-Bourg, près Evry-sur-Seine, les 19 et 20 septembre. Ces expériences n’ont pas seulement été com- plètes, elles se sont faites, on peut le dire, à la satisfaction générale des très-nom- breux visiteurs qui ont afflué à Petit-Bourg, où du reste tout était préparé pour que l’expérience fût complète et en même temps comparative. A cet effet, tous les systèmes de labourage étaient appliqués, de sorte qu’on pouvait juger avec connais- sance. L’expérience, nous le répétons, a été complètement satisfaisante. Les défon- ceuses, les laboureuses , les déchaumeuses , toutes mues par la vapeur, ont admira- blement fonctionné, et, de l’aveu d’hommes très-compétents qui étaient là présents, le travail était parfait. Nous n’àvons regretté qu’une chose, c’estque tous les cultivateurs de la France n’aient pas assisté à une aussi belle fête. Bien que ceci ne soit pas de l’horticulture et, par conséquent, pas du ressort de la Revue , néanmoins le fait est d’un intérêt général tellement important que nous avons cru devoir y revenir, et que dans le prochain numéro nous y con- sacrerons un article. — Nous avons sous les yeux la 7e livrai- son de Y Illustration horticole, journal édité par M. Ambroise Yerschaffelt, horticulteur à Gand (Belgique). Cet ouvrage, grâce à son rédacteur en chef, le savant M. 'Lemaire, professeur de botanique à Gand, ex-pro- fesseur émérite d’humanités, etc., etc., est toujours à la hauteur de la science; c’est un recueil qu’on lit toujours, non-seule- ment avec plaisir, mais avec fruit. La livraison citée renferme trois gravures co- loriées dont deux surtout sont très-remar- quables , c’est Y Aristolochia tricaudata , Lem., et Y Acer palmatum dissectum foliis pennatis roseo pictis. La première , origi- naire de Chiapas (Mexique), veut la serre chaude. Ses fleurs, d’un rouge très-foncé ou lie de vin, indépendamment de la forme générale qu’ont toutes celles du genre, sont très-remarquables et singulières par leur limbe, qui se divise en trois grandes lanières ou queues contournées, comme celles que présentent certaines espèces de Cypripedium. Ces queues, d’après M. Le- maire, atteignent au moins 15 centimètres de longueur. Quant à Y Acer palmatum dis- sectum foliis pennatis roseo pictis , origi- naire du Japon, il supporte le plein air. C’est une très-belle plante dont la traduc- tion française des noms (Erable palmé, à feuilles dissectées, pennées, pointillées de rose) peut donner une idée. Malheureuse- ment cette variété rentre dans la catégorie 366 CLEMATJS F0RTUKE1. des charmantes mignalures japonaises que nous connaissons déjà, et probablement, comme elles, nous le craignons du moins, elle sera délicate. La troisième planche coloriée que contient le numéro dont nous parlons est le Miltonia rosea, originaire du Brésil, et qui, par conséquent, exigera [la serre chaude. Dans ce même numéro nous trouvons, à notre adresse, une note dans laquelle se trouvent plusieurs passages qui ne pêchent pas par excès de charité, ce qui ne sur- prendra personne de ceux qui connaissent M. Lemaire. Dans cet article, sans sujet et dans une sorte de hors-d’œuvre, le savant M. Le- maire fait intervenir feu Camuzet, ancien chef des pépinières au Jardin des plantes, lequel, dit-il, « n’a jamais été remplacé». C'est aussi notre avis. Plus loin, en conti- nuant ses récriminations contre le « nou- veau rédacteur de la Revue horticole », M. Lemaire dit que, « par respect pour lui- même, il a dû exiger, par injonction spé- ciale., la radiation de son nom des hono- rables collaborateurs de ce journal, auquel il adressait chaque mois, avant le change- ment de rédaction, depuis près de douze ans, des articles estimés des lecteurs... » (c’est M. Lemaire qui parle.) De plus, ce savant se plaint de ce que nous n’avons pas inséré une lettre qui « toute courtoise en de- « mande] d’EXPLiCATiONS catégoriques sur « les dissertations étranges et contraires a a la vérité, avec invitation de prouver de « telles assertions , malgré tout droit , n’a u pas été insérée. 11 importe donc de faire «juges de ^affaire les lecteurs impartiaux « des deux recueils pour s’assurer de quel (( côté sont la bonne foi et la vérité. Il s’agit « du Larix Kæmpferi. (Voir Illu>tr. hor- « tic. , janvier 1867 , Rev. hort. , nu- « méro du 1er juillet suivant, p. 244, « colonne 2.) » Bemerciant d’abord M. Lemaire de ses bonnes dispositions à notre égard, nous lui faisons savoir que nous acceptons avec empressement le tribunal auquel il nous convie, c’est-à-dire la décision «des lecteurs impartiaux » qui, par le fait même de cette impartialité, seront avec nous, nous osons le croire. Qu’avons-nous dit, en effet, sinon Yexacie vérité, à savoir : que le Larix Kæmpferi , Fortune, que tui, le savant rédac- teur en chef de Y Illustration, croyait iné- dit (il l’a écrit), a été décrit au moins six fois, et que quatorze figures en *ont été faites. M. Lemaire n’est vraiment pas heu- reux dans son rappel ; au lieu de gagner il perd. En effet, et bien qu’en se hâtant pour donner un nom à cette espèce qu’il croyait « inédite », il arrive beaucoup trop tard, quand la piace est prise, de sorte que son grand NOBIS dont il fait suivre Larix Kæmpferi ne doit même pas être conservé; il doit être remplacé par Fortune qui, il y a longtemps, avait donné ce nom de Larix. Est-ce donc notre faute si M. Lemaire ignore ce fait et s’il y revient de nouveau pour reblesser lui-même son amour-propre? Evidemment non ; lui seul semble se complaire à se torturer. Quand on craint de se mouiller les pieds on ne doit pas marcher dans les ruisseaux. Mais, d’une autre part, il pourrait bien se faire qu’une autre cause que celle dont nous venons de parler ait contribué au mécontentement que manifeste M. Le- maire, et nous ne serions pas étonné que, ayant refusé de publier sa prose, « que les lecteurs aimaient tant », ce soit là le prin- cipal mobile de sa malencontreuse sortie contre nous. Quant à « l’injonction spéciale » qu’il nous a adressée d’avoir à rayer son nom du nombre des collaborateurs de la Revue, elle s’explique facilement si l’on réfléchit qu’elle est venue après notre refus d’insé- rer. A ce sujet, ce que M. Lemaire aurait pu ajouter, c’est que nous ne nous le sommes pas fait dire deux fois, et qu’à peine il avait parlé il était obéi. Quant à la lettre dont il parle, comme elle était écrite dans un style analogue à celui qu’on a pu voir ci-dessus, et que sa publication ne pouvait qu’être défavorable à son auteur, par suite de la réfutation que nous aurions été obligé d’en faire , la charité nous faisait un devoir de ne point la publier; nous la tenons à la disposition de ceux qui désireraient la voir. Nous demandons pardon à nos lecteurs de tous ces détails qui, nous le savons, n’ont pour eux aucun intérêt ; mais la vé- rité l’exigeait , et, d’une autre part, la dignité de la rédaction de la Revue , ainsi que celle de son rédacteur, nous en faisait un devoir. Nous les prions donc d’être bien convaincus que jamais plus nous ne re- viendrons sur ce sujet. E. A. Carrière. GLEMATIS FORTUNEI La Clématite de Fortune est originaire de la Chine, d’où elle a été envoyée par M. Fortune, à qui elle a été dédiée; elle appartient au type païens. Voici l’in- dication des caractères qu’elle présente : Feuilles portées sur un long pétiole, com- posées, trifoliolées, les supérieures (celles qui avoisinent les fleurs) sont simples, UNE PLANTE CULINAIRE ET FOURRAGÈRE. 367 LES FOUGÈRES INDIGÈNES. longuement pétiolées; les folioles cour- tement ovales, cordiformes, inéquilaté- rales sontatlénuées, arrondies au sommet, glabres sur les deux faces. Fleurs semi- pleines, verdâtres, passant au blanc, at- teignant 10 centimètres, parfois plus, de diamètre, à pétales lancéolés, obovales, très-longuement et étroitement atténués en pétiole à la base, brusquement arrondis au sommet, qui est obtus, quelquefois très-courtement apiculé. Le ClematisFor- tunei est une plante très-floribonde, vigou- reuse et rustique, supportant parfaitement la pleine terre sous le climat de Paris. Comme toutes les espèces japonaises elle demande à être plantée au nord, au grand air, soit qu’on la palisse le long d’un mur, soit qu’on la fasse monter sur un tuteur en forme de colonne ou qu’on la fasse courir sur des arceaux, ou qu’on la dispose de manière à en former des sortes de buis- sons. On la multiplie par la greffe sur des tronçons de racines des espèces com- munes. Thibaut. LES FOUGÈRES INDIGÈNES M. l’abbé Brou, dont j’apprécie le ta- lent et surtout l’élégante simplicité de style, vient de publier dans la Revue horticole du 1er septembre 1867 un article intéressant sur les Fougères indigènes. Il recommande leur culture, il a raison; cependant je me permettrai de ne pas être de son avis quant au Pteris aquilina. Cette Fougère est un des plus grands fléaux du cultivateur; elle trace à l’infi- ni et envahit promptement les lieux où elle croît. Loin de préconiser sa propa- gation, je vais donner un moyen de s’en défaire. Chercher à arracher les tiges traçantes de cette plante, c’est peine per- due, car s’il en reste le moindre brin dans la terre , elle repousse, trace de nouveau et avec plus de vigueur que jamais. Le tra- vail que nécessite d’ailleurs la destruction du réseau inextricable de ses tiges sou- terraines est considérable. Le seul moyen efficace que je connaisse, c’est de couper au printemps avec soin, lorsqu’elle pousse, ses jeunes crosses ou frondes; par ce moyen on fait périr promptement la plante entière. M. l’abbé Brou recommande certaines autres Fougères indigènes ; je vais me per- mettre d’en ajouter quelques-unes à celles dont il donne les noms. Les Polystichum tanaceti ,olium et dilatatum sont deux très- belles Fougères qui s’élèvent en arbre et donnent des frondes qui rivalisent de beauté avec celles des Cyathea et Alsophila exotiques. Le Polystichum angulare est également très-beau; son feuillage est fine- ment découpé et forme de belles touffes dont la forme rappelle celle d’un vase. L’anthurium filioc femina est tout aussi recommandable que la belle Fougère mâle. L’Asplenium trichomanoides , recom- mandé par M. Brou, est une petite Fou- gère charmante et très-avantageuse pour garnir les rocailles. Le Celer ach officinarum convient également pour le même objet, Y Asplénium adiantum nigrum est aussi très-joli, quant à Y Asplénium ruta muraria recommandé par M. l’abbé Brou, c’est une très-petite Fougère de peu d’effet que je n’ai jamais vue belle que sur les très-vieil- les murailles, surtout sur celles des églises. L ’ Asplénium marinum est extra-belle, elle a un cachet étranger remarquable; mais elle a un ennemi acharné, ce sont les lima- çons, animaux qui en permettent à peine la culture à l’air libre. U Osmunda regalis , également cité par M. Brou, est une de nos plus belles Fougères ; mais, pour jouir de toute sa beauté, il faut le cultiver dans des endroits marécageux et pour ainsi dire le pied dans l’eau. Le Scolopendrium offici- narum est aussi très-beau et peut garnir les lieux presque privés de lumière, les cavernes, les puits par exemple. Je pourrais encore citer quelques es- pèces, mais moins intéressantes; je m’ar- rête ici en me joignant à M. l’abbé Brou, pour recommander la culture de ces plantes qui sont éminemment ornemen- tales et qui viennent bien à l’ombre, là où aucun autre végétal ne pourrait vivre. De Ternisien. UNE PLANTE CULINAIRE, FOURRAGÈRE ET ORNEMENTALE Si la perfection était de ce monde et qu’elle pût se rencontrer chez un végétal, on pourrait peut-être, sans trop se com- promettre, dire que la Poirée Carde du Chili (1) se trouve dans ce cas. En effet, à ses qualités ornementales bien connues (1) Voir Rev. hort. 1867, p. 683. aujourd’hui, nous pouvons ajouter que les feuilles, très-fortes, qu’elle donne en quantité, sont excellentes à manger, ac- commodées de différentes manières, soit au jus, au maigre, etc., à peu près comme on fait des Cardons, auxquels elles nous paraissent préférables. Voilà pour l’orne- ment et pour la cuisine. Comme plante 368 BOUSSINGAULTIA BASELLOIDES. - fourragère, elle n’est pas moins pré- cieuse. D’abord à peu près tous les ani- maux la mangent avec avidité, les vaches surtout. Cette espèce est d’autant plus propre à cet usage qu’elle est très-vigou- reuse et que plus on lui enlève de feuilles plus elle en produit. Nous croyons que, eu VARIÉTÉ DE PR1MULA CORTUSOIDES. égard à tant et à de si précieux avantages que présente la Carde du Chili, on nous pardonnera d’être revenu sur cette espèce dont on peut se procurer des graines chez MM. Courtois-Gérard et Pavard, marchands grainiers, rue du Pont-Neuf, à Paris. E. A. Carrière. BOUSSINGAULTIA BASELLOIDES Cette plante appartient à la famille des Basellèes ; elle est vivace, à racine tubé- reuse et de forme variable, allongée, ra- meuse, et surtout cassante. Sa chair, d’un blanc jaunâtre, est gluante; ses tiges volu- biles, rougeâtres, très-rameuses, atteignent jusqu’à 8 mètres et plus de longueur; sa croissance est des plus rapides, et ses feuilles nombreuses, cordiformes, d’un beau vert, alternes, luisantes, charnues, ne sont jamais attaquées par les insectes. Ses fleurs sont nombreuses, disposées en longs épis terminaux simples parfois rameux, à odeur agréable, petites, blanches, noir- cissant après la floraison. Toutefois cette plante n’est pas une nouveauté, tant s’en faut ; mais sa valeur comme plante ornementale, trop mécon- nue, doit nous la faire recommander. Elle .est infiniment préférable pour garnir les tonnelles et les berceaux à beaucoup de plantes soit volubiles, soit grimpantes, comme le Chèvrefeuille .la Clématite, l’I- pomea, .e Phiseolu .e c..ouon cultive en caisses ou en pots e toujours avec in- succès, par la raison que ces plantes ne veulent pas vivre dans des vases, ou placées sur des terrasses à l’ardeur du soleil, ainsi qu’on les y place fréquemment. Le Bous- singaultia a l’avantage de croître pour ainsi dire partout ; il aime surtout la cha- leur et le soleil, et il s’accommode de tous les terrains. J L’an dernier j’eus l’occasion de voir à Montauban cette plante cultivée dans l’inté- rieur des maisons, sur des terrasses et en plein midi, à la hauteur du troisième et du quatrième étage. Dans des conditions si défavorables, elles étaient néanmoins dans un parfait état de végétation et pro- duisaient un merveilleux effet. On doit donc les préférer à la plupart des plantes grimpantes, puisqu’elles sont d’une culture facile et d’un bon emploi. Cette espèce est tellement robuste qu’il suffit de placer les tubercules sur le sol et de les couvrir de quelques centimètres de terre pour faire pousser vigoureusement les plantes, .et cela sans soin, pour ainsi dire. Lors- qu’on veut les cultiver en vases, pour les placer sur des terrasses, il suffit de plan- ter les tubercules dans des pots et d’entre- tenir la terre humide pour obtenir une végétation rapide. J’ai remarqué aussi qu’on associait dans chaque pot, à cette plante, quelques Phar- bitis ou Ipomea qui, par leurs fleurs nom- breuses et variées, produisent, avec le vert foncé des feuilles, un effet des plus agréa blés. Le Boussingaultia est vivace et peut rester l’hiver en terre dans certaines con- trées de la France ; dans d’autres , bien qu’on puisse aussi les y laisser en garantis- sant ses racines au moyen d’une couver- ture de feuilles, il vaut mieux cependant à l’automne, lorsque les gelées ont détruit les feuilles, arracher les tubercules et les placer dans un endroit sec, à l’abri de la gelée, où ils se conserveront parfaitement jusqu’au printemps suivant, époque à la- quelle on les plantera de nouveau. Si dans cet intervalle, les tubercules se dessé- chaient trop, il suffirait de temps à autre, de les humecter légèrement. On multiplie le Boussingaultia par la division de ses tubercules. D. Hélye. VARIÉTÉ DE PRIMULA CORTUSOIDES Les variétés de Primula dont nous allons donner la description sont origi- naires du Japon d’où elles ont été impor- tées par MM. Veitch et fils qui les ont ex- posées à Paris, au Champ de Mars, en 1867. La qualification cortusoïdes qu’elles portent indique qu’elles doivent avoir une certaine ressemblance avec le Primula cortusoides ; ce qui est vrai. Voici leur description : Primula cortusoides amœna. Plante vivace à feuilles dressées, pétio- lées, à pétiole un peu rougeâtre, velu his- pide par des poils étalés, blancs; limbe ovale, allongé, denté, lobé. Hampe ou tige florale dressée, hispide par des poils courts, droits. Fleurs nombreuses, réunies en fausses ombelles au sommet de la hampe, portées sur des pédoncules droits UN ARBRE A EXPLOITER. 369 partant d’un centre ou sorte d’involucre commun, composé de bractées linéaires, acuminées en pointe, plus rarement élar- gies, bifides au sommet. Corolle insérée dans un involucre calyciforme, campanulée, longuement tubuleuse, à tube rétréci vers son milieu, à 5 divisions étalées, arron- dies, obovales, bilobées au sommet, à obes entiers, rose assez foncé sur les deux faces, portant à la base, intérieure- ment, un œil blanc pur. Primulà cortusoides amœna grandijlora. Celui-ci diffère du précédent par sa hampe florale moins velue ou presque lisse; par ses fleurs rosé légèrement lilacé à l’extérieur, blanc pur à l’intérieur. Cette espèce, lors de son exposition, était éti- quetée par erreur : Primula cortusoides amœna alba. Primula cortusoides amœna lilacina. Un peu plus vigoureux que les deux précédents, celui-ci en diffère encore énor- mément par ses fleurs, qui sont un peu plus larges et plus ouvertes, par leur cou- leur qui est lilas violacé, par l’intérieur, qui est largement strié de blanc, et sur- tout par la forme des divisions de la co- rolle, qui, également bilobées, ont les lobes profondément laciniés. Ces trois sortes de Primula , originaires du Japon, sont-elles des formes japonaises du Primula cortusoides , qui est originaire de la Sibérie? Nous ne pouvons le dire. Tout ce que nous pouvons assurer, c’est que, bien qu’elles en soient distinctes, elles ont néanmoins, avec lui, un air de parenté très-marqué. Ce que nous savons aussi, c’est que les plantes exposées par MM. Veitch et fils, à Paris, étaient dé- pourvues d’étamines. Serait-ce une espèce dioïque dont nous ne possédons que le sexe mâle? Indépendamment de ces trois sortes de Primula cortusoides, MM. Veitch et fils en possèdent une à fleurs complètement blan- ches et dont la corolle, longuement tubu- lée, a quelque rapport avec une fleur de Jasmin : c’est le P . cortusoides amœna alba. Les Primula cortusoides , amœna, grandi- flora et lilacina sont rustiques ; on devra les cultiver à l’ombre en terre de bruyère. Tout nous porte à croire que, de même que les plantes alpines, celles-ci s’accom- moderont très-bien des rocailles. On les multiplie par la division des pieds lorsqu’ils entrent en végétation. Il est prudent de rentrer les jeunes plantes en hiver. Clémenceau. UN ARBRE A EXPLOITER Si, avec une grande mise en scène et surtout à l’aide de la réclame, en faisant beaucoup de bruit , nous indiquions le moyen de se faire 10,000 francs de rente en élevant des lapins ou des pigeons, ou mieux encore de gagner un million à la Bourse, il est certain que nous" serions écouté, et que, malgré les doutes qu’on serait en droit d’émettre sur notre pro- nostic, beaucoup de personnes suivraient notre conseil, en tâteraient. Mais si, au lieu de cela, nous indiquions un moyen de s’enrichir, de faire fortune même en cul- tivant telle ou telle espèce d’arbre, il est probable qu’on nous rirait au nez. Cepen- dant combien ce moyen ne serait-il pas plus assuré que le précédent! Quoi qu’il en soit, nous allons indiquer ce moyen. D’ail- leurs il est certain que l’arbre dont il s’agit appartient à un groupe dont le bois, de qualité supérieure, est aujourd’hui très- recherché. L’arbre dont nous voulons par- ler est le Robinia Decaisneana, sa vigueur n’est ni dépassée ni même égalée par d’autres. Il n’est pas rare, en effet, que dans une année il produise des jets dépas- sant 4 mètres de hauteur; ajoutons qu’il n’a pour ainsi dire pas d’épines, même dans sa jeunesse, et que, lorsqu’il vieillit, il en est complètement dépourvu. Une qualité propre encore à faire rechercher le Robinia Decaisneana, c’est la beauté de ses fleurs, qui, sans être rouges, ainsi qu’on l’avait dit, sont néanmoins assez colorées pour en faire un des beaux arbres d’orne- ment. Pourquoi donc n’en plante-t-on pas des venues, des massifs et même des champs entiers? Il est pourtant à peu près sûr que ce serait une très-bonne spéculation, qu’au bout d’un certain nombre d’années, par exemple vingt ans, l’argent qu’on aurait em- ployé à cela aurait quadruplé au moins. On aurait d’autant plus raison de le faire que les Robinia , ainsi qu’on le sait, viennent à peu près partout et dans tous les terrains. Nous devons dire toutefois que le Robinia Decaisneana présente une difficulté dans sa multiplication, il ne peut se reproduire que par la greffe. Ce n’est pas que ses graines ne lèvent très-bien ; seulement elles reproduisent le type R. pseudo-acacia , qui alors a l’inconvénient d’être très-épi- neux. Toutefois il ne faut rien exagérer, et cet inconvénient de multiplication ri’est pas aussi grand qu’on est d’abord disposé à le croire. La greffe en fente, celle qu’il convient d’employer, est des plus faciles à faire, et il n’est pour ainsi dire personne 370 GROSEILLIER A MAQUEREAUX SANS ÉPINES. qui ne puisse la pratiquer. Mais en admet- tant même, si l’on plantait beaucoup d’ar- bres , qu’on soit obligé de prendre un ouvrier greffeur pendant quelques jours, on ne devrait pas hésiter, carie profit n’est pas douteux. Voici donc ce qu’il y aurait à faire si l’on voulait cultiver le Robinia Decaisneana, au point de vue de l’exploi- tation : Planter comme sujets des plants de l’es- pèce commune ( R. pseudo-acacia ) , les entretenir, et deux ou trois ans après, sui- vant leur vigueur, les greffer rez-terre, avec des rameaux de R. Decaisneana , puis veiller à ce que la partie greffée ne se rompe pas, en la maintenant au besoin à l’aide d’un tuteur. Les autres soins consis- tent à exercer une surveillance générale, à élaguer et nettoyer les arbres, au besoin, ainsi que cela se fait du reste pour toute sorte d’essences semis, lorsqu’on veut en obtenir de belles tiges. En terminant nous ferons observer, en ce qui concerne la greffe, qu’il y a tou- jours un très-grand avantage à ne la prati- quer que sur des sujets bien repris, relati- vement vigoureux et forts. Quant à la plantation, si on la fait uniquement au point de vue de l’exploitation, il y a également avantage à planter serré, puis à éclaircir au fur et à mesure du besoin, en enlevant toujours les arbres les plus défectueux. Briot, Chef des pépinières impériales de Trianon, Fig. 35. — Groseillier à maquereaux sans épines. GROSEILLIER A MAQUEREAUX SANS ÉPINES Qui de nous n’a pas mangé, même bien avant qu’ils soient mûrs, des fruits de Gro- seilliers à maquereau? 11 n’en est proba- blement pas un. Ce qui n’est guère dou- teux non plus, c’est que parmi ceux qui ont eu l’occasion de cueillir de ces fruits, il n’en est aucun, non plus, qui n’aitmaudit les épines qui, sur ces arbrisseaux, sem- blent être placées làpour garantir les fruits. Tous ceux qui savent combien ces épines Revue f/or b co le lmp lanotcs des Boulanger* J3. 1. L ilium auraium. 2. lilium auratum rubniru. LILIUM AURATUM RUBRUM. 371 sont redoutables . désiraient vivement voir apparaître une variété sans épines et considéraient le fait comme une bonne fortune. Eh bien, celle-ci est trouvée. C’est M. Billia'rd, dit la Graine , pépiniériste à Fontenay-aux-Roses, à qui l’horticulture doit déjà tant, qui a eu le bonheur d’obte- nir la variété tant désirée. Depuis cinq ans que nous la connaissons, nous l’observons chaque année avec attention, désirant vive- ment en voir les fruits. Ce n’est que cette année, 1867, que nous avons pu les voir et les apprécier. Ces fruits sont gros, d’a- bord d’un vert pâle, jaunâtre, puis rouge foncé, finalement presque pourpre noir, lisses, savoureux, réunissant par consé- quent toutes les conditions qu’on peut dé- sirer. Ils sont un peu oblongs, gros et at- teignent jusqu’à 35-38 millimètres de lon- gueur sur 28-30 de largeur. LILIUM AURA Les différentes [descriptions et figures qu’on a données du Lilium auratum , qui sur la planche coloriée est représenté par le numéro 1, seraient plus que suffisantes pour justifier la vogue de cette plante et expliquer comment, depuis à peu près deux ans, 200,000 oignons, peut-être plus, sont sortis du Japon. Dans cette quantité aussi considérable, et probablement obtenue de semis, il devait s’y trouver des variétés; c’est ce qui est arrivé. L’an dernier déjà, nous avons pu en observer plusieurs qui ne différaient guère que par des nuances plus ou moins légères; une pourtant, \eL. aura- tum immaculalum , différait d’une manière très-sensible. Comme son nom l’indique, cette variété est dépourvue de macules ; quant à sa couleur, elle est uniforme, d’un blanc jaunâtre, c’est-à-dire d’une couleur mal définie. MM. Thibaut et Keteleer, que nous sachions du moins, en sont les seuls possesseurs. Cette variété se distingue en- core par ses feuilles excessivement étroi- tes, longuement linéaires ; mais toutefois ce dernier caractère n’est pas seulement propre à cette variété; il est commun à plusieurs autres. Parmi tous les individus de Lilium aura- /wmimportésdu Japon, on remarque aujour- d’hui beaucoup de variétés distinctes, les unes par la forme de leurs fleurs, d’autres par leur dimension ou par la forme de leurs ponctuations, d’autres par leur inflorescen- ce, d’autres par leurs feuilles très-étroites ou très-larges. Enfin, comme dans les plantes obtenues de semis, on trouve tous les passages qui tendent à fondre , à con- fondre même deux espèces ensemble. D’a- près l’examen de ces variétés, nous ne se- rions même pas éloigné de croire que bientôt Le Groseillier à maquereau sans épines, que nous nommons Groseillier Billiard (grav. 35), est une des plus heureuses dé- couvertes, non-seulement par l’avantage direct, immense, qu’il présente, mais encore par celui très-probable qu’il laisse entrevoir de devenir le type d’une série de variétés qui, dépourvues d’épines comme lui, offriront des avantages qu’il ne présente pas encore. On peut l’espérer d’autant plus que les fruits contiennent beaucoup de graines et que celles-ci sont bien conformées. On pourrait toutefois faire un petit reproche au Groseillier Bil- liard : celui de ne pas être très-vigoureux. Néanmoins, il faut savoir se contenter ; tel qu’il est, nous le répétons, c’est une pré- cieuse trouvaille qui sera bien accueillie et qui, comme on le dit, fera son chemin. E. A. Carrière. CUM RUBRUM le L. auratum se confondra avec le L. spe- ciosum, Thunb {L. lancifolium, hort.). Un caractère qui est inhérent à toutes les va- riétés de cette espèce, c’est l’odeur agréa- ble qu’elles répandent. Cette odeur, bien que forte , n’est pas aussi pénétrante que celle de certains Lis ; elle rappelle celle de la fleur d’Oranger mitigée par celle de la Narcisse jonquille. La variété qui, sur notre planche, est représentée par le numéro 2 est bien supé- rieure au type , d’abord parce qu’aux mérites de celui-ci se joint celui d’a- voir des fleurs chez lesquelles, au lien d’une ligne médiane jaune, on trouve une bande large d’un rouge marron rosé qui s’atténue pour se fondre de chaque côté avec le reste des divisions pétaloïdes. C’est la plante à laquelle nous donnons le nom de L. auratum rubrum. Nous en avons remarqué plusieurs individus en fleur, venus directement du Japon, appartenant à MM. Vilmorin Andrieux et Cie, qui, jus- qu’à présent , nous paraissent en être les seuls possesseurs. Il est donc à désirer que ces messieurs puissent très-prochai- nement livrer au commerce cette variété indispensable à tout amateur de belles plantes. De tous les Lis connus, le Lilium aura- tum est certainement l’un des plus beaux, ce qui n’est pas peu dire, — et aussi celui dont très-probablement la fleur est la plus large. Nous en avons vu qui , bien ouver- tes, mesuraient près de 30 centimètres de diamètre. Rappelons en terminant cet article que, indépendamment des deux variétés de Li- lium auratum. dont nous venons de parler, on en trouve également de très-méritan- 372 DU CHOIX DES VARIÉTÉS LÉGUMIÈRES. tes. Il en est trois, entre autres, dont il a été parlé dans ce journal et que nous de- vons rappeler; Tune est le L. auratum robustum (voir Revue hort., 1867, p. 320); l’autre, dont nous avons également parlé dans ce journal (1867, p. 322), nous paraît être innomée. Enfin la troisième variété a été consignée plus haut, dans la chronique de ce numéro, page 362. Sous le rapport de la floribondité, ces plantes sont de vé- ritables phénomènes, on peut dire , puis- que un seul oignon a produit plus de cent fleurs. E. A. Carrière. DU CHOIX DES VARIÉTÉS LÉGUMIÈRES Les variétés de plantes légumières sont nombreùses, trop nombreuses même: beau- coup d’entre elles devraient être reje- tées. Le cultivateur choisit, il est vrai, et guidé par le catalogue du marchand ou par les ouvrages horticoles, il prend par exemple selon le cas, parmi les innombrables va- riétés de Haricots nains ou à rames, parmi celles des Choux, de Laitues, si nombreuses aussi, les variétés hâtives, les tardives, trie celles qui, parmi les Haricots, sont préfé- rables # pour la récolte en vert, parmi les Choux, celles qui conviennent à tel ou tel terrain, etc. Mais, disons-le de suite, il faut encore à ce cultivateur pour faire sûre- ment ces divers choix, une expérience culturale, basée sur de nombreuses obser- vations, sur les exigences, les qualités ou les défauts respectifs des variétés, etc., etc., ainsi que des si nombreuses variantes que subissent qualités et défauts sous les puis- santes influences des températures, des sols, des traitements culturaux, etc. Je vais tâcher d’appuyer ce dire sur des faits. * Les Haricots nains hâtifs Bagnolet , nain blanc de Hollande, noir de Belgique , sont des variétés possédant à titre égal la qua- lité de précocité qui les recommande au jardinier pour ses premiers semis. En effet, si l’on semait côte à côte les trois va- riétés dans un même sol, une terre légère et chaude, et que la germination surtout, puis la végétation fussent favorisées par une chaude humidité, les trois variétés arriveraient à donner ensemble leurs pro- duits. Ceux de la variété nain blanc de Hollande (je parle des produits en vert), sont même, je crois, plus délicats, plus tendres, partant plus appréciés par les consommateurs. Mais supposons que ce semis d’ensemble fait de bonne heure ait eu à subir un excès d’humidité pendant la germination, que encore le sol soit argi- leux et froid de sa nature; dans ce cas, les Haricots Bagnolet et noir de Belgique auront levé passablement, sauf cependant dans le cas d’une température humide et froide, alors que le nain blanc de Hollande n’aura levé que bien imparfaitement ou mê- me pas du tout. Ses grains, d’une constitu- tion plus délicate, auront pourri sous l’in- fluence de la trop grande humidité. Conser- vant aussi après la levée cette rusticité supé- rieure, les Haricots Bagnolet zi noir de Bel- gique se défendent mieux encore que le nain blanc de Hollande de l’excès d’humidité qui peut survenir. Non moins hâtifs et productifs que le dernier, les premiers lui sont donc préférables pour les plantations précoces de plein air à cause de leur plus de rusticité. Je répète ces mots de plein air, la préférence n’ayant plus sa raison d’être si nous parlions de cultures abritées ou chauffées où l’on donne artificiellement à chaque plante le milieu qu’elle exige. Nous pourrions encore choisir selon nos vues et nos besoins, l’une ou l’autre de ces deux variétés hâtives que nous préfé- rons à cause de leur rusticité. Toutes deux sont très-productives ; mais Lune, le Ba- gnolet, échelonne assez longtemps sa pro- duction, et l’autre, le noir de Belgique, la donne entière en peu de jours, qualité qui le doit faire préférer par le producteur pour les marchés. Pour ce jardinier, une quantité donnée en peu de jours à bonne heure est certainement bien préférable à une quantité même plus grande dont partie venant tard se vendrait moins bien. Disons encore que la taille des plantes plus réduite chez le noir de Belgique permet de le planter plus rapproché que le Bagnolet, et le rend plus convenable aussi que ce der- nier à la culture forcée ou hâtée sous châssis. Si chez d’autres races de plantes légu- mières je cherchais des preuves à l’appui de mon dire, j’en trouverais de nom- breuses; j’aurais l’embarras du choix. Mais il suffit, je crois, du fait que je viens de rapporter comprenant trois variétés de Haricots naines et hâtives toutes trois, mais possédant chacune des qualités qui peu- vent et doivent faire préférer l’une à l’autre selon que l’on a affaire à tel sol, à telle température, etc. ; cette comparai- son, dis-je, me paraît suffire pour prouver la vérité de ce que j’ai avancée ci-dessus sur l’utilité ou plutôt la nécessité pour le jardinier de bien connaître les plantes et leurs exigences pour faire un choix appro- prié aux conditions dans lesquelles on se trouve et en rapport avec le but qu’on se propose d’atteindre. EXPOSITION UNIVERSELLE D’HORTICULTURE EN 1867. 373 Quoique je veuille rester dans le do- maine de la culture maraîchère, je n’hésite pas à généraliser l’application de mon dire, et à en faire l’application à toute l’horti- culture. Je dois maintenant dire quel est le but que je me propose d’atteindre en publiant cet article que j’ai cru devoir intituler Du choix des variétés légumier es. Mon but est celui-ci : aider le jardinier maraîcher, en lui offrant dans une succes- sion d’articles spéciaux appuyés sur une pratique longue déjà et sur de nombreu- ses observations, le moyen de lui faire connaître les meilleures variétés légumiè- res avec l’indication des avantages que pré- sente chacune d’elles, le tout accompagné de notes sur la culture de ces variétés. Dans un prochain numéro de la Revue je commencerai ce travail. Toutefois je dois dire que je m’occuperai exclusi- vement des plantes qui me sont connues.. Sans doute j’en pourrai laisser de côté de très-méritantes, surtout parmi les variétés locales si nombreuses que comprend la culture maraîchère. D’autres voudront bien les faire connaître. — Les meilleures va- riétés de Choux pommés , tel sera le titre de mon prochain article. Nardy aîné. Horticulteur à Montplaisir, professeur d’horticulture à l’école normale du Rhône. EXPOSITION UNIVERSELLE D’HORTICULTURE DE 1867 (li Avant, de commencer le compte rendu des concours de la onzième série, nous nous sommes demandé si, au lieu de suivre le programme officiel nous ne commen- cerions pas notre travail par les Dracæna ou par les Orchidées, produits qui, quoique classés dans les concours accessoires, ont cependant offert à la science et à la culture un intérêt bien plus grand que les Dahlia , désignés pour remplir les concours prin- cipaux. En effet, cette dernière plante, non- seulement est restée au-dessous de ce que tout le monde en attendait, mais encore aurait été, si le classement avait dû se faire d’après le mérite ou la valeur du produit, reléguée aux derniers rangs. Et dire cependant que le Dahlia est aujour- d’hui tellement modifié, qu’il serait impos- sible aux Mexicains eux-mêmes (le Mexi- que est son pays d’origine) de le recon- naître; mais après réflexion, il nous a semblé que la commission impériale, en rédigeant son programme à l’avance et d’.une façon invariable, avait voulu moins donner la valeur attribuée à ces produits que guider les horticulteurs quant à l’é- poque fixe où l’exhibition en aurait lieu. Aussi suivrons-nous le programme , et commencerons- nous par le concours dit « Dahlia réunis en collection et cultivés en pots oui en pleine terre, » concours dans' lequel nous trouvons deux coucurrents, MM. Rouillard, amateur à Paris, et Loise- Chauvière, horticulteur, récompensés, sa- voir : le premier d’un premier prix et le second d’un troisième prix. La collection de M. Rouillard, quoique comprenant peu de plantes fleuries, était d’abord intéres- sante non-seulement par une nombreuse réunion de variétés classées par pays d?ori- (1) Voir Revue horticole 1867, pp. 173. 193, 214, 234, 252, 272, 292, 313, 333 et 354. gine; ensuite remarquable comme cul- ture. Dans le concours des Dahlia présentés en fleurs coupées, le jury a décerné : un premier prix à MM. Moricart et Asclept, horticulteur à Paris, dont la collection- était composée de fleurs aussi remarquables par la régularité de leurs formes sphéri- ques que par leur coloris franc et varié ; un deuxième prix ex æquo à M. Devaux, horticulteur à Ermont, et à M. Scalabre- Delcour, horticulteur à Tourcoing; un troisième prix à M. Loise-Chauvière ; en- fin une mention honorable à M. Mangin, horticulteur à Paris. Terminons notre énumération par le concours dit « Dahlia nouveaux obtenus de semis », dans lequel M. Guénoux, horticulteur à Yoisenon, près Melun, a reçu un premier prix pour ses gains numéros 3 et 5; et M. Laloy, horti- culteur à Rueil, un second prix pour plu- sieurs Dahlia assez beaux. Passons aux concours accessoires en tête desquels sont placés les Dracæna , que, jamais, dans aucune exposition, nous n’avions vus aussi nombreux comme es- pèces et variétés et aussi remarquables par la culture. Le concours dit « Espèces et variétés de Dracæna réunis en collec- tion » a mis en présence M. Savoye, horti- culteur à Paris, qui avait exposé 55 plantes d’espèces et variétés différentes aussi re- marquables par le choix que par la cul- ture, et M. Beukelaer, horticulteur près Gand, qui avait 42 espèces et variétés seu- lement. Le jury, après avoir examiné ces deux collections avec une attention toute particulière, a . cru devoir donner un . pre- mier prix à chacun de ces horticulteurs. Nous applaudissons à cette décision du jury, et nous disons que, en effet, il était maté- riellement impossible de trouver entre ces deux collections un degré d’infériorité réel. Si la collection de M. Savoye était plus 374 EXPOSITION UNIVERSELLE d’iIORTICULU'URE EN 1867. nombreuse, formée de sujets de 30 à 80 centimètres, d’une vigueur exceptionnelle et ornés de belles feuilles du pied à la cime, celle de M.Beukelaer comprenait des sujets de plus grande dimension et dont la culture était également très-remarquable. Dans le second concours, « lot de 25 es- pèces et variétés choisies», nous retrouvons, avec les deux concurrents ci-dessus dési- gnés, M. Chantin, notre célèbre horticul- teur en ce genre. Après une longue déli- bération, le jury a accordé: un premier prix à M. Beukelear, pour la dimension et la bonne culture des sujets présentés; également un premier prix à M. Chantin, pour le choix des espèces et variétés com- posant un lot dans lequel on trouve des piaules dont (s’il faut en croire les on-dit), il est le seul détenteur en Europe; enfin un second prix à M. Savoye pour la bonne culture de ses plantes. Le troisième concours inscrit au pro- gramme sous la rubrique « Lot de 12 sujets remarquables par leur développement », a donné les résultats suivants : M. Chantin, un premier prix pour le choix des es- pèces, la bonne culture et la dimension des sujets présentés; M. Chantrier, horti- culteur à Mortefontaine, un deuxièmeprix , M. Knight, jardinier-chef à Pontchartrain, et M. Savoye, chacun un troisième prix. Enfin dans le concours ouvert pour sujet remarquable par son grand dévelop- pement et sa bonne culture, le jury avait à examiner deux plantes hors ligne expo- sées par M. Beukelaer, qui a reçu un pre- mier prix , et par M. Chantin, qui a obtenu le second prix. Le Dracæna Hneata soumis à l’examen du jury par M. Beukelear est une plante de 4 mètres de hauteur, dont la tige est garnie de belles feuilles sur 3m50 de longueur, quant au Dracæna umbracu - lifera de M. Chantin, par sa dimension, sa vigueur et sa beauté, il peut être nolé comme un sujet aussi précieux que rare. En effet, qu’on se figure une tige de lm50 ornée, sur les trois quarts de sa hauteur, de nombreuses feuilles longues de plus d’un mètre et qui, s’infléchissant au milieu, présentaient un coup d’œil des plus gra- cieux. Outre les plantes qui ont été citées comme ayant pu motiver les décisions du jury dans les différents concours, nous signalerons un bel exemplaire de Dra- cæna Banksii ; Dracæna niyrescens ; Dra- cæna sp ? du Brésil, tous présentés par M. Beukelear; Cordyline indivisa appar- tenant à M. Knight; Dracæna Canariensis , au feuillage plus droit, plus long que celui du Dracæna Draco; Dracæna sp ? d’Aus- tralie et Dracæna sp. du Mexique, aux feuilles gracieusement recourbées, envoyés par M. Chantin. En résumé, constatons que les 220 plantes qui ont figuré dans les divers concours de Dracæna suffiraient pour rendre célèbre tout autre exposition que celle de 1867. Continuant l’ordre du programme, nous noterons un troisième prix accordé à M. Knight pour un lot de 5 Crotons variés dont un seul, le Croton variegatum , a paru intéressant. Le même horticulteur avait présenté un Allamanda Hendersonii aussi remarquable par sa bonne culture que par ses belles et grandes tleurs jaunes qui fai- saient l’admiration de tous. Le jury a ac- cordé un second prix à ce produit excep- tionnel. l^es Orchidées, qui succédaient aux Dra- cæna, ont été, cette fois encore, autant admirées des membres du jury que des amateurs et horticulteurs. M. Linden a ob- tenu, savoir : 1° un premier prix pour une collection de 16 Orchidées, parmi lesquel- les nous signalerons Aerides quinquevulne- rum, avec trois belles grappes de Heurs blanches tachées de violet; Cymbidium Mas- terii , tleurs blanches odorantes; Epiden- drumprismatocarpum ; Lælia elegans , ori- ginaire de Sainte-Catherine et rappelant le Cattleya superba; Miltoniabicolor , avec ses belles fleurs blanches à Libelle rose violacé rayé de carmin; Cattleya maxima à tleurs fond blanc lilacé veiné de rose et de blanc; Oncidium labiatum ; Oncidium Schlimii; Oncidium incurvum ; Lælia Schiller iana splendens; G orne zaplani folia; Zygopetalum rostratum à tleurs en grap- pes de couleur brun verdâtre et à la- belle blanc veiné de rose; 2° un premier prix pour un lot de 10 Orchidées nouvelles, dans lequel, outre un Cattleya Eldorado , à tleurs fond rose lilacé et dont le labelle, bordé d’une teinte légèrement carminée est largement maculé de jaune. On trouvait, en outre, trois Oncidium , savoir: Oncidiumcu- cullatum à fleurs fond brun, dont le labelle est blanc lilacé et piqueté de carmin; en- fin une plante appelée O. nubigenum et déjà signalée dans un de nos précédents articles; enfin une autre espèce non en- core nommée; Epidendrum flor Christi à tleurs d’un jaune verdâtre maculé de mar- ron ; Trichocentrum albo-purpureum ; Mil- tonia Regelii ; Sigmatostalix radicans ; Odontoglossum sp., originaire de l’Equa- teur, à tleurs blanches et jaunes maculées de brun; Stanhopea sp. reçu également de l’Equateur; 3° un premier prix pour un Cattleya Eldorado splendens, magni- fique Orchidée réunissant au mérite d’avoir des fleurs aussi belles que celles du type, mais encore rehaussées par le coloris carmin vif qui borde l’extrémité du labelle également maculé de jaune, celui d’une vigueur exceptionnelle. Ne terminons pas le compte rendu des concours des Orchidées sans mentionner 375 'exposition universelle les plantes exposées par MM. le Comte de Nadaillac et Guibert. C'est, en effet, la seule manière dont nous puissions leur prouver la reconnaissance des amateurs et surtout des horticulteurs au sujet de leur assiduité à placer hors concours des produits fort remarquables. Nous trouvons dans cet ap- port : Cattleya granulosa aux fleurs fond jaune transparent comme de la cire, dont le labelle est moitié jaune poudré de rouge, moitié blanc granulé de carmin; Dendrobium Dalhousiamim, avec ses fleurs en grappes, de couleur blanche lavée de jaune et variée de rose, et à labelle macu- lé de pourpre velouté ; Cattleya elegans; Stanhopea iigrina pallida; Stanhopea gut- tulata rappelant le Stanhopea oculata ; Stanhopea tigrinapurpurea ; Cæloginepan- durata originaire de Bornéo, dont les fleurs sont à fond vert pâle marbré de noir granulé de vert clair ; Odontoglossum grande , plante très-floribonde , à fleurs dont les sépales jaunes sont parcourus par des bandes d'un rouge brun avec le la- belle jaune pâle maculé marron. Après les Orchidées, nous enregistre- rons les concours ouverts pour les plantes nouvelles, concours dans lesquels nous re- trouvons encore M. Linden. Le jury lui a décerné d’abord un premier prix pour une plante présentée sous le nom de Comme- lynée épiphy te à fleur bleue, originaire de l’Equateur (qui, dit-on, appartient au genre Cochliostema ) et qui est bien certai- nement une des plantes nouvelles les plus remarquables de l'Exposition de 1867. Bien que nous laissions aux botanistes le soin de décider si cette Commelynée doit être placée dans le genre Cochliostema (créé par Ch. Lemaire pour une plante avec laquelle elle a beaucoup d’analogie), et que l’on a proposé à l’exposant de dé- dier à M. le général Jacobi, amateur dis- tingué, nous dirons que cette plante est à fleurs bleues, roses et jaunes du plus charmant eflet. La Revue horticole en don- nera prochainement une gravure coloriée et une description ; ensuite une mention honorable pour un Nidulariu7nsp.,deï{\o- Negro, ressemblant assez au Nidularium Innocenta auquel il sera, nous le croyons du moins, inférieur. Nous arrivons à un concours des plus intéressants en ce sens qu'il renferme des plantes à coloris variés et jusqu’ici peu cultivées en France. Nous voulons parler d'une collection de plantes aquatiques exotiques exposées par M. Kolb, jardinier- chef et directeur du jardin botanique de Munich (Bavière), produit que le jury a récompensé d’un premier prix. Cette col- lection, composée de 23 espèces et varié- tés, savoir : Nymphæa rubra et sa variété Ortgiesii ; 4 autres plantes qui sont encore d’horticulture EN 1867. à l'étude et non nommées; Nymphæa lo- tus, que les Egyptiens ont surnommé la Fiancée du fleuve , et dédié à Isis et Osiris; ses fleurs s'ouvrent le soir et se ferment aussitôt que le soleil apparaît sur les pé- tales qui sont d'une belle couleur blanche rendue plus éclatante par le coloris jaune de ses sépales; Nymphæa sagittæ folia ; Nymphæa dent a la; Nymphæa cærulea lé- gèrement coloré de bleu; Nymphæa ro- sea; Victoria regia (Reine des eaux), ori- ginaire du fleuve des Amazones (Amérique méridionale), curieuse par ses feuilles qui atteignent jusqu’à 2 mètres de diamètre, d'une forme ronde à bords relevés, res- semblant à un hérisson avant leur déve- loppement et remarquables par ses fleurs blanches, rose-carmin et jaune; ces fleurs, comme celles du Nymphæa lotus , et de presque tous les Nymphæa , se fer- ment aussitôt que le soleil frappe leurs pétales. Pontederia crassipes , très-curieuse plante flottante, à pétiole renflé; Sagittaria cordifolia; Limnochnris Humboldtii , ori- ginaire de Caracas (cette plante peut être cultivée dans les bassins en plein air) ; Hy- drolea spinosa aux nombreuses fleurs bleues ; Desmanthus natans, jolie Mimosée connue également sous le nom de Neptu- nia stolonifem ; Pistia stratiotes, Aroïdée vulgairement appelée Laitue d'eau par les Anglais; c’est une petite plante très-cu- rieuse, à feuilles cunéiformes disposées en rosace, qui flotte à la surface de l'eau dont elle suit tous les mouvements. Cette col- lection est renfermée dans une des serres du jardin (près de l’Ecole militaire), où nous invitons les amateurs à se rendre de bonne heure ; les fleurs de ces plantes se fermant de 9 à 10 heures du matin. MM. Thibaut et Keteleer, que nous avons déjà cités bien des fois, viennent en- core de remporter une brillante victoire dans un concours de Pélargonium zonale- inquinans. Le jury a décerné un premier prix à leur collection composée de 150 va- riétés, et un troisième prix à M.'Dagneau, leur concurrent. Nous’avons noté comme plantes remarquables dans la collection de MM. Thibaut et Keteleer : Empereur des Nosegay, Madame Pigny , Louis Veuillot, Masséna , Baron Ricasoli , Henriette Re- nout , Baronne de Staël . Enregistrons ensuite : 1° un premier prix à M. Bonâtre pour 60 espèces et va- riétés de Bégonia réunis en collection, bien choisis et bien cultivés; 2° un second prix à M. Huillier pour une collection de 41 Aroïdécs ( Caladium , Colocasia , etc.) ; 3° un second prix à M. Devaux pour une collection de 21 variétés d ’Achimenes d'un choix ordinaire comme variétés, mais dont la culture était bonne; 4° un second prix à M. Paccoto, horticulteur à Vincennes, 376 EXPOSITION UNIVERSELLE D’HORTICULTURE EN 1867. pour un lot de plantes de serre chaude comprenant les espèces et variétés les plus généralement utilisées l’hiver dans la dé- coration des appartements; 5° un troisième prix au même horticulteur pour un lot de Fougères très-bien cultivées et composé d’ Adiantum tenerum , A. pentaphyllum et A. assimile, très-jolie variété à feuillage fort élégant; 6° une mention honorable à M. Billard, horticulteur à Auteuil, pour des plantes d’appartement; 7° un premier prix à M. Vallet, jardinier à Montlignon, pour un lot de Palmiers, de Carluclovica, de Dracæna, de Ficus et de Fougères dont la culture était remarquable ; 8° un troi- sième prix à Mme veuve Froment pour un Carolinea princeps, portant une fleur jaune à étamines rouges; 9° une mention hono- rable à JM. Billard, horticulteur à Auteuil, pour un lot de plantes de serre chaude {Amaryllis, Gesnériacées , etc.); 10° une mention honorable à M. Dieuzv, horticul- teur à Versailles, pour un lot d’ Agave va- riées; 11° un troisième prix à M. Tabar, pour une collection de 120 fleurs coupées de Pétunia de semis; 12° un premier prix à M. H. Jamain, pour une collection de Gre- nadiers. Cette dernière se composait du type et de ses variétés à fleurs pleines, à grandes fleurs et à gros fruits; puis de celles à fleurs jaunes pleines et simples, et enfin de la section des Grenadiers dits des Antilles {Punica granatum nanum) et du Punica pomponia superba, au total 9 espèces et va- riétés, ensemble qui a été fort apprécié des amateurs. Le même horticulteur, M. H. Ja- main, avait également exposé 34 espèces et variétés d’Orangers auxquels le jury a attribué un premier prix. M. H. Jamain a obtenu en outre dans le concours de Roses et Rosiers, savoir : un premier prix pour une collection de Rosiers tiges en pots; un second prix pour sa collection de Rosiers nains cultivés en pots ; ensuite un second prix pour une collection de Roses fleurs* coupées, concours dans lequel M. Cochet obtenait le premier prix, M. Duval le troisième prix etM. Margottin un ^men- tion honorable. Ces deux derniers exposants ont encore obtenu : M. Duval, un premier prix pour sa collection de Rosiers tiges et Rosiers nains cultivés en pleine terre dans, le parc de l’Exposition ; M. Margottin, éga- lement un premier prix pour un lot de 25 Rosiers Thé, présentés en pots et générale- ment bien fleuris pour la saison; une Rose de semis nommée Madame la baronne de Rothschild, et rappelant assez la variété Auguste Âlie, a valu une mention hono- rable à MM. D. Pernet et Ce, les obten- teurs. Passons maintenant au concours de Glaïeuls, concours dans lequel le premier prix a été décerné à la nombreuse et éblouissante collection de M. Souchet, de Fontainebleau, exposée malheureusement, encore cette fois, sans que les plantes aient été munies d’étiquettes. Ce fait est d’autant plus fâcheux que, les expositions devant être une sorte d’école ce but ne peut être atteint que si les produits exposés sont accompagnés de leurs noms. Nous re- grettons donc qu’un horticulteur aussi dis- tingué que M. Souchet ait, par cette omis- sion, privé les visiteurs de l’avantage im- mense de pouvoir étudier les ravissants pro- duits qui formaient son exposition. Dans le même concours, M. E. Verdier obtenait un deuxième prix , et M. Loise-Chauvière un troisième prix. Pour le concours dit de variétés nouvelles, le jury décernait un premier prix à M. Souchet; un second prix à M. Berger, dont les produits ne perdaient pas du voisinage de ceux de M. Souchet; une mention honorable à M. Loise-Chau- vière. Enfin, pour terminer ce qui a trait aux Glaïeuls, mentionnons le succès deM.E. Verdier qui , par ses essais et ses travaux, fait espérer un digne émule deM. Souchet. Outre sa collection, il avait soumis à l’appréciation du jury, des amateurs et des horticulteurs, d’abord : un lot de 50 variétés choisies, ensuite un lot de 25 variétés mises au commerce depuis deux ans. Tous ces pro- duits d’une ravissante beauté ont été ré- compensés, savoir : d’un second prix pour le premier lot et d’un troisième prix pour le second. Nous avons noté comme varié- tés recommandables dans ces lots, outre celles déjà citées dans nos précédents comptes rendus : Meyerbeer, rouge capu- cine, très-belle variété; le Titien, rouge écarlate brillant; Waller Scott, rouge vif, variété presque naine; Roi Léopold , rose orangé; Edulia , blanc et violet; Stephen- son , cerise strié de blanc; Madame Vilmo- rin, fond blanc nuancé de rose. C’est, pour ordre seulement que nous constatons la forme parfaite et la multipli- cité de coloris des Zinnia flore pleno qui • ont valu un premier prix à M. Oudin, jar- dinier-chef au château de Meudon. Signa- lons, après cela, comme décisions rendues par le jury dans les expositions de fleurs de pleine terre : 1° un rappel de premier prix à M. Margottin pour ses Roses tré- mières; 2° un premier prix à M. Gauthier- Dubos pour ses Œillets' dits remontants (cette collection a été, dit-on, déclarée comme contenant 150 variétés! (est-ce possible?); 3° un second prix à M. Brot- Delahaie, pour ses jolies Œillets mignar- dises, déjà signalés; 4° un second prix à M. Billiard, horticulteur à Fontenay-aux- Roses, pour ses Althéas variés, déjà égale- ment signalés; 5° une mention honorable à M. A.Dufoy, pour trois Sedum telephium var. rubrum et un Sedum Fabaria foins EXPOSITION UNIVERSELLE D’HORTICULTURE EN 1867. 377 aureo variegatis, plantes à recommander; 6° une mention honorable à M. Thibaut- Prudent, pour des Lilium variés; 7° un premier prix à MM. Vilmorin et Cie, pour une remarquable collection de Dianthus Sinensis , Dianthus dentosus , Dianthus Hedewigii, Dianthus Gardnerii, et toutes les variétés qui en sont dérivées. Nous croyons devoir recommander toutes ces plantes, d’un très-T)el effet décoratif, aux amateurs qui cherchent une culture facile et une grande abondance de fleurs; 8° un second prix aux mêmes horticulteurs, pour une collection de plantes annuelles et vi- vaces de pleine terre ; 9° deux troisièmes prix à M. Thibaut-Prudent, pour une col- lection de plantes annuelles et une collec- tion de plantes vivaces; 10° un premier prix à M. Duvivier, pour une collection de Reines-Marguerites très -belles et très- variées, concours dans lequel M. Thibaut- Prudent recevait un troisième prix et M. Loise - Chauvière une mention hono- rable. On remarquait surtout, dans la col- lection de M. Duvivier, les plantes appar- tenant aux sections dites : Victoria , imbriquées , couronnées , Empereur , pom- pon, etc.; 11° une mention honorable à M. Guenot pour un lot de fleurs coupées. Pour clore la floriculture, nous avons à inscrire les concours de bouquets, vases et suspensions ornées de fleurs, dans les- quels ont obtenu : M. Bernard, trois pre- miers prix et trois deuxièmes ' prix ; M. Deschamps, deux seconds prix et une mention honorable ; M. Guénot, un troi- sième prix pour une collection de Grami- nées sèches pour bouquets; M. Dupuis, un premier prix pour une corbeille de fleurs de Gardénia florida et un bouquet de lilas blanc, en tout semblable à celui dont il a été question dans la précédente série. Ainsi que nous Pavions annoncé, plus nous marchons vers le terme de l’expo- sition et par suite vers l’époque où les con- cours principaux doivent appartenir aux légumes, plus aussi les produits envoyés par nos horticulteurs sont nombreux, beaux et variés. Il nous suffira, pour le prouver, d’examiner les concours qui ont été tenus et récompensés, savoir : 1° Lé- gumes réunis en collection, d’un premier prix à la société des Maraîchers de la Seine , dont l’exposition était fort belle et très-variée ; d’u n second prix à la société de Clermont (Oise) ; d’un troisième prix à M. Lesueur, de Gagny. 2° Lot de Cucur- bitacées, d’un second prix au même M. Le- sueur, de Gagny ; et d’une mention hono- rable à M. Guénot. Les produits présentés par cet horticulteur étaient plutôt des cu- riosités que des produits à recommander pour la culture maraîchère. 3° Lot d’Ana- nas : d’un premier prix à M. Crémont, pour de très-beaux fruits dont un surtout était d’une grosseur extraordinaire; et d’un second prix à Mme Ve Froment. ^Col- lection de Tomates : d’un troisième prix à MM. Vilmorin et Cie, pour 7 variétés cultivées en pots; et d’une mention ho- norable à M. Falaise. 5° Enfin, Pommes de terre réunies en collection : d’un pre- mier prix à la société de Clermont (Oise), pour 125 variétés; d’un second prix à M. Scalabre-Delcour, pour 200 variétés; d’un troisième prix à M. Dautrebande- Defays, horticulteur des environs de Na- mur (Belgique) , pour 54 variétés seule- ment. Si après les légumes nous passons aux fruits, nous dirons encore avec plaisir : Les fruits étaient aussi beaux que nom- breux dans les concours de cette série. Ceux à pépins surtout ont fourni à nos horticulteurs l’occasion de prouver une fois de plus leur incontestable supériorité. Dans le concours de collection, le jury a décerné un premier prix à M. Deseine, horticulteur à Bougival, pour des produits aussi nombreux que beaux (200 variétés de Poires et 60 variétés de Pommes); un second prix à M. Dupuy-Jamain; un troi- sième prix àM. Cochet; une mention ho- norable à la société de Clermont (Oise). Dans les concours de fruits d’un seul genre (Poires) M. Lelandais, de Caen, obtenait un troisième prix et M. Deschamps une mention honorable. A l’occasion du con- cours dit « Fruits de variétés nouvelles », le jury était de nouveau mis en présence des Poires dont nous avons donné une brève description dans notre précédent numéro. Après sérieux examen, il donnait un pre- mier prix au fruit présenté par M. Morel, qui a déclaré vouloir lui donner le nom de Souvenir du Congrès , et une mention ho- norable à la variété dite Doyenné Madame Cuissard , exposée par MM. Cuissard et Carrette. Dans le concours des fruits .à Noyaux, il était décerné un second prix à M. Deseine; un troisième prix à M. Cochet et une men- tion honorable à la société de Clermont (Oise). Un concours spécial avait été ouvert pour lesPêches,et c’étaitjustice. Non-seulement, en effet, les concurrents étaient nombreux; mais encore la lutte a été aussi vive et aussi intéressante que possible. Le jury a dé- cerné, savoir : 1° pour les collections, un premier prix à M. A. Lepère, de Montreuil; un deuxième prix à M. Chevalier et à M. Croux ; un troisième prix à M. Deseine et à MM. Jamin et Durand ; une mention honorable à M. Deschamps et à M. Beau- don, horticulteur à Clairac (Lot-et-Ga- ronne) ; 2° pour les fruits nouveaux ob- 378 CULTURE FORCÉE DES PLANTES D’ORNEMENT. tenus de semis, une mention honorable à M. Croux, pour sa Pêche dite Gain de la Saulsaie. C’est un fruit de grosseur moyenne, recouvert d’une belle robe ayant un goût assez fin. Enfin, avant de passer aux concours ouverts pour les Raisins, nous enregistrerons la mention honorable accordée à M. Berger, horticulteur à Ver- rières, pour une corbeille de Fraises dite de quatre saisons, très-belles et qui pa- raissaient très-bonnes. Les produits de la vigne, envoyés en aussi grande quantité que les autres fruits, ont été divisés en deux catégories désignées sous la rubrique : Raisins de table et Rai- sin à vin. La première catégorie a donné lieu à deux concours, savoir : 1° Raisins de table provenant de la culture forcée, pour lequel le jury a décerné quatre récom- penses dont un premier prix à M. Knight, jardinier-chef au château de Pontchartrain et trois seconds prix ex æquo à MM. de Goës, de Bruxelles; Rose Charmeux et Constant Charmeux. Nous ne surprendrons personne en disant que la vue seule du Raisin exposé par M. Knight aurait suffi pour faire com- mettre le péché de gourmandise à un saint. Quant au mérite .des trois autres concur- rents, la récompense égale qui leur a été attribuée par le jury prouve, par son ex- ception, s'il était possible d’y trouver une différence. 2° Raisin de table cultivé à l’air libre, pour lequel un second prix a été ac- cordé à M. Houdbine, pour une collection composé de 61 lots variés, et un troisième prix à M. Foulé, cultivateur à Charensac (Gard), pour la bonne direction, l’impor- tance de ses cultures et pour ses beaux Chasselas. Dans la seconde catégorie, Raisins à vin, le jury a examiné et récompensé deux col- lections appartenant l’une à M. Bouscbet, de Montpellier, qui a reçu \m premier prix, et l’autre à M. Affra Julien, de Narbonne, qui obtenaient un troisième prix. La collec- tion de M. Bouschet, composée de 360 es- pèces et variétés de Raisins que, malgré le dire de certains spécialistes, nous con- CULTURE FORCÉE DES La Culture forcée ou chauffée consiste, ainsi que son nom l’indique , à obliger, par des moyens artificiels et surtout par la chaleur, les plantes qu’on y soumet à changer et à devancer l’époque normale soit de leur floraison, soit aussi et comme conséquence de leur fructification. L’art de chauffer ou de forcer les plan- tes est, de toutes les branches de l’horti- culture, celle qui exige peut-être, de la part des horticulteurs, la plus grande somme d’observations, de pratique et de tinuerons à nommer Raisin à vin parce qu'ils doivent être considérés, non pas au point de vue de l’usage que nous en fai- sons dans le centre de la France, mais bien d’après celui qui leur est attribué dans le Midi, leur pays d’origine : cette collection, disons-nous, sauf beaucoup de mauvaises dénominations portées sur les étiquettes, a été non-seulement très-étudiée par les horticulteurs et amateurs, mais encore admirée par les visiteurs. C’est donc un succès bien mérité, et que nous enregis- trons avec la plus grande satisfaction. Un autre concours comprenant des lots d’un seul genre obtenus de semis, a donné les résultats suivants : un premier prix à M. Bouschet, pour 30 lots de Raisins en diverses variétés et destinés à colorer le vin par une teinture naturelle. Bien que la récompense accordée à M. Bouschet, doive attirer l’attention de tous sur la va- leur de ses produits, nous croyons devoir faire ressortir combien, dans l’intérêt gé- néral, il serait à souhaiter de voir ce jus naturel remplacer les teintures artificielles que malheureusement nos cultivateurs em- ploient pour la coloration des vins. Une mention honorable à M. Raymond, de Pont- Saint-Esprit (Gard), pour une nouvelle va- riété de Pinot noir, dont la culture mérite d’être encouragée autant au point de vue du rendement que par celui de la qualité du vin provenant de ce gain. Enfin une collection de ceps garnis de leurs Raisins, envoyée par MM. Phelippot, de llle de Ré, a été récompensée d’un pre- mier prix, et des spécimens de greffes de la vigne par l’écusson ont rapporté à M. Gagnereau, de Beaune, une mention honorable. Comme résumé notons 129 récompenses décernées, savoir : 43 premiers prix, 36 se- conds prix, 26 troisièmes prix ; 24 men- tions honorables, réparties entre les puis- sances exposantes comme suit : 10 Bel- gique; 1 Bavière et 118 France. Rafarin. (La suite ay, prochain numéro .) PLANTES D’ORNEMENT connaissances de toute sorte. C’est une science qui emprunte quelque chose à presque tourtes les autres : à la botanique, à la physiologie végétale, à la chimie, à la physique, à l'astronomie, à la météoro- logie, à la climatologie, à la géographie, à la mécanique, etc., etc. Ce n'est pas que je veuille dire par là qu’on ne puisse faire dé la culture forcée, obtenir des primeurs et de bons résultats, sans avoir fait toutes ces études et être docteur ès sciences, non, mais il est certain CULTURE FORCÉE DES PLANTES D’ORNEMENT. 379 qu’on ne pourra arriver à exceller dans cet art, l’appliquer à une grande variété de végétaux, le pratiquer sous tous les cli- mats, et le faire progresser, qu’à la con- dition d'avoir de bonnes notions de ces diverses sciences. De tous temps et à peu près dans tous les pays civilisés ou en voie de civilisation, on s’est ingénié à faire devancer le plus possi- ble aux fleurs, aux fruits ou aux légumes leur saison normale de production, ou à se les procurer avant les époques habituelles de leur arrivée. C’est à ces produits qui ont devancé lepoque normale qu’on a donné le nom de primeurs. Mais c’est surtout dans les pays froids, dans ceux où fleurs, fruits et légumes ne réussissent pas ou mûrissent mal en plein air, et où, consé- quemment, on en est privé, que la cul- ture forcée ou chauffée a été et est encore le plus appréciée, et où, naturellement, elle a fait le plus de progrès. Les grandes villes, où viennent se concentrer, se dé- penser, se gaspiller même les grandes for- tunes, qui ne reculent devant aucun frais, aucun sacrifice pour se procurer les choses les meilleures et les plus rares, et qui n’at- tachent de valeur à un objet (fruit, fleur ou autre) qu’en raison de sa rareté, de la difficulté qu’on éprouve à l’obtenir, et conséquemment de son haut prix; les grandes villes, disons-nous, ont été une des plus puissantes causes du progrès de la culture forcée. Et pourtant ces cullures étaient faites d’ordinaire par de simples jardiniers, ignorant le plus souvent les moindres notions des sciences dont nous avons parlé, et parfois ne sachant même pas lire. Mais aussi que de lenteurs, que de tâtonnements, que de difficultés, de frais, et combien d’insuccès avant d’arriver à un bon résultat! Quelle dose d’esprit d’observation , quelle persévérance et quelle patience ne fallait-il pas à ces hom- mes qui, ne possédant aucune connais- sance des sciences qui auraient pu les aider, abréger le chemin ou le déblayer, aucun ouvrage, aucune publication pour les guider, étaient obligés d’expérimenter par intuition ou par analogie. C’est ce- pendant à ces braves praticiens, à ces pionniers courageux que nous devons la plus grande partie de ce que nous savons sur la culture forcée. Aujourd’hui que l’instruction est plus généralisée, que tous ceux qui le veulent, ou à peu près, peuvent trouver, dans les cours publics, les livres et, dans des visites aux établissements spéciaux, des notions des sciences qui peuvent leur être né- cessaires; que quelques-uns des plus habiles et des plus lettrés de ces pra- ticiens ont bien voulu vulgariser le fruit de leur expérience et faire connaître leurs modes de culture forcée en publiant des articles et des ouvrages, l’on connaît et l’on peut établir les lois qui doivent servir de règle dans les cultures forcées. Aussi ne faut-il plus s’étonner des progrès extra- ordinaires qui se sont accomplis dans cette branche de l’horticulture, surtout depuis le commencement de ce siècle et particu- lièrement dans ces dernières années. Et cependant que de chemin ne reste- t-il pas encore à faire dans cette direction, que de choses n’y a-t-il pas à dire, à écrire sur ce vaste sujet de la culture? Il a déjà été publié d’excellents tra- vaux sur la culture forcée des légumes, ainsi que sur celle de certains fruits ; mais il n’a été imprimé rien ou presque rien sur les questions relatives à la culture for- cée des fleurs. Et pourtant, c’est un sujet bien intéressant- et bien digne de l’atten- tion des horticulteurs et des amateurs. Déjà quelques richesses en ce genre ont été exploitées, parfois très -fructueuse- ment, par les spécialistes, qui sont par- venus, dans leurs cultures, à un degré de perfection tel, qu’ils peuvent arriver à ob- tenir la floraison d’une plante, la maturité d’un fruit ou d’un légume, à jour et pour ainsi dire à heure fixes. Mais leurs procédés sont peu ou même ne sont pas connus, et il serait bien à désirer que, au contraire, ces notions pussent être rassemblées, coor- données et publiées dans un avenir pro- chain. Le goût de l’horticulture se répandant de plus en plus, la mode des garnitures de fleurs dans les appartements, surtout en hiver, se généralisant chaque année da- vantage, et, avec cela, le besoin de chan- gement, de varier, qui oblige les horti- culteurs à chercher sans cesse de nou- veaux sujets d’expérience ou de profits, sont des stimulants suffisants pour attirer l’attention sur tous les renseignements utiles qui se rattachent à la culture forcée. Préoccupé moi-même des questions re- latives à cette branche de la science horti- cole, et considérant combien il peut être désirable et agréable de pouvoir se pro- curer à volonté pendant l’hiver (alors que les jardins sont nus et tristes, et que la température nous force à garder la cham- bre) , quelques-unes des fleurs printa- nières ou estivales de nos jardins, ou quel- ques-unes des espèces de nos serres à flo- raison tardive, je me suis livré, depuis quelques années, à des expériences com- paratives sur la culture forcée d’un cer- tain nombre de plantes, et je crois être utile aux lecteurs de la Revue horticole , et aux amateurs en général, en leur faisant connaître ici , c’est-à-dire en publiant les résultats auxquels je suis arrivé avec une première série de plantes , après trois an- 380 ROBIN1A INERMIS PENDULA. HORTENSIA BLEUE. PLANTES NOUVELLES. nées (Inobservations, sur le nombre de jours, de degrés de chaleur qu’il a fallu à ces plantes pour hâter leur floraison et l’obtenir aux époques qui se trouvent éga- lement indiquées dans le tableau qu’on trouvera plus loin. Tn. Denis. (. La suite 'prochainement .) ROBINIA INERMIS PENDULA Arbre d’une bonne vigueur à branches étalées, réfléchies, à rameaux allongés, rela- tivement grêles, pendants, complètement dépourvus d’épines. Feuilles composées, à folioles de formes diverses, mais toujours longues (parfois 8 centimètres) et étroites presque linéai- res, parfois comme érosées sur les bords. Cette variété, des plus remarquables et des plus distinctes, très-jolie, on peut dire, a été obtenu par M. Aubert, pépi- niériste à Clermont-Ferrand, qui en est le seul propriétaire. E. A. Carrière. UN MOT SUR L’HORTENSIA A FLEURS BLEUES Il y a souvent dans la floraison des plantes de bizarres singularités qu’il paraît difficile à expliquer. En voici un exemple : En juillet 4867 dans une assez grande cor- beille de plantes d’ornement, j’ai pu remar- quer, à 5 à 6 mètres de distancé l’une de l’autre deux fortes touffes d’ Hortensia dont l’une a donné d’énormes boules de fleurs d’un bleu assez intense, tandis que la touffe voisine reproduisait l’ancienne espèce à fleurs roses, fait qui ne s’était pas encore produit dans ce massif. PLANTES NOUVELLES, I Populus Lindleyana , Bootb. — Arbris- seau souvent diffus, à écorce gris cendré blanchâtre. Branches effilées, grêles. Ba- meaux anguleux, à cinq angles très-mar- quées bien que peu saillants, d’abord rou- geâtres, puis blanchâtres comme l’écorce. Yeux assez gros, longs, brusquement acuminés en pointe fine, luisants, un peu visqueux. Feuilles glabres, molles bien que coriaces, douces au toucher, parfois ondulées sur les bords, très-courtement pétiolées, linéaires-elliptiques, longues de 8 à 12 centimètres, larges d’environ 3 cen- timètres dans leur grand diamètre, très- régulièrement atténuées aux deux bouts, d’un vert assez foncé en dessus, mais non luisant, d’un vert glauque et comme ci- reuses à la face inferieure, très-finement mais sensiblement dentées, à dents ai- guës. Pétiole de 6 à 10 millimètres,4 assez gros, blanchâtre, se prolongeant et for- mant une forte nervure médiane à la face inférieure de la feuille. Cette espèce, qu’on nomme souvent P. Salici folia, est très-distincte de ses con- génères par son port et sa végétation et sur- tout par ses feuilles; si n’étaient ses rameaux anguleux, on pourrait la prendre pour un Ce n’est ici ni la terre de bruyère, ni les résidus de forge, ni une terre sablono- siliceuse qui a déterminé le fait dont je viens de parler et que jusqu’ici je n’avais pas encore remarqué , puisque ce massif existe depuis longtemps et qu’il n’a subi, non plus aucune modification, aussi m’est- il impossible de me rendre compte de cette anomalie. Je laisse donc à de plus habiles le soin de l’expliquer. Léo d’Ounous. ARES OU PEU CONNUES Saule. Elle nous paraît être un medium entre ceux-ci et les Peupliers qu’elle tend même à confondre. Nous appelons l’attention des botanistes sur ce fait. D’où est-elle origi- naire ? Nous ne pouvons le dire. Ce que nous pouvons assurer, c’est qu’elle a été envoyée d’Angleterre au Muséum. Nous l’avons trouvée indiquée dans Y Encyclopé- die de London , page 826, comme étant cultivée dans le jardin de la Société royale d’horticulture, mais sans renseignement quant à l’origine. Stendel (Nomenclator bo- tanicus, p. 381) l’a inscrit comme synonyme du Populus monilifera , Aiton, ce qui ne peut être, puisque celui-ci, à feuilles très- largement cordiforrnes, est ce qu’on nom- me presque partout Populus Canadensis. Acer jucundum. — Feuilles palmées- lobées, vertes, à lobes larges et relative- ment courts, dentées. Cette espèce qui est originaire du Japon, a été exposée à Paris, en 1867, par M. A. Verschaffelt. E. A. Carrière. L’un des propriétaires : Maurice BIXIO. Paris.— Impr. de A. Laine et J. Havard, rue des Saints-Pères, 19. CHRONIQUE HORTICOLE (première quinzaine d’octobre). La clôture de l’Exposition. — La distribution des récompenses. — Mort de M. Royer, arboriculteur belge. — Floraison du Clianthus Dampieri dans le jardin de MM. Huber et Cie à Hyères. — Encore une pierre qui se détache de l’édifice horticole. — L’Illustration horticole. — La Belgique horticole. — Un lot de Noix jumelles exposé au jardin réservé. — Fructification du Chamærops excelsa. — Lettre de M. Hardy. — Les catalogues de MM. Dauvesse et Ambroise Verschaffelt. — Le Persica Sinensis Cameliæflora. — Les Fraises Vicomtesse Héricart de Thury. — Le Vanda Lowii. — Les Fraisiers de M. Robine, à Sceaux. — Procédé employé par MM. Baltet frères pour obtenir, à l’aide de jeunes pins, des perches longues, sans nœuds et pour ainsi dire d’égale grosseur dans toute leur longueur. Lilas en fleur pendant dix mois de l’année. — Pourquoi le Lilas d’hiver est toujours blanc. — Les chauffeurs de Lilas. — Les cultures de M. Duppuis. — Le Gardénia florida. En annonçant dans notre dernière chro- nique que l’Exposition universelle serait close le 31 courant, nous disions vrai ; il n’y aura pas de prolongation: donc 15 jours après l’apparition de ce numéro tout sera terminé, et cette exposition, qui depuis plus de deux ans attire l’attention de toute l’Europe, fera partie du passé. Quant à la distribution des récompenses, il n’y a en- core rien de certain. On croit néanmoins qu’au lieu de se faire le 25 courant, ainsi que nous l’avons annoncé, ce sera pour le 24 ou le 26. — Un grand vide vient de se faire dans l’arboriculture fruitière belge. M. Royer (Auguste-Philippe-Antoine) est mort à Na- mur le lGroctobre 1867, à l’âge de soixante- douze ans. Cet homme, dont l’influence était très-grande, a contribué énormément aux progrès de la pomologie en Belgique. Auguste- Philippe- Antoine Royer était chevalier de l’ordre de Léopold et membre du conseil provincial. Par une décision royale, il avait été nommé président de la commission royale de Pomologie belge. — Un fait qui a son intérêt, et que nous croyons devoir faire connaître, est celui de la floraison du Clianthus Dampieri dans le jardin de MM. Huber et Cie, à Hyères. Nous avons à peine besoin de rappeler à nos lecteurs que les Clianthes de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande sont tout à fait aux premiers rangs parmi les plantes légumi- neuses ornementales, mais que jusqu’ici on ne les a vus que très-rarement fleurir dans nos orangeries. La plante actuellement en fleur à Hyères donnera vraisemblablement des graines, et s’il est vrai que le dépayse- ment et la culture, comme quelques-uns le croient, font naître des variétés, on peut supposer avec quelque raison qu’on en obtiendra de mieux appropriées aux con- ditions de culture que nous fait le climat du Nord. Dans tous les cas, la plante sera la bienvenue dans les jardins méridionaux, et à ce titre encore elle mériterait de nous intéresser. — Encore une pierre qui se détache de 16 Octobre 1867. l’édifice horticole. Encore un des princi- paux champions de l’horticulture qui se retire. M. Rémont, dont le nom est bien connu, quitte la chose horticole que, du reste, disons-le, il a bien et largement servie. En conséquence il va faire une vente de toutes ses plantes, y compris le matériel d’exploitation. Voici l’ordre de la vente: lre partie, Avenue de Paris, 70; les jeudi, vendredi et samedi 17, 18 et 19 octobre, à une heure de relevée, pour les Conifères, touffes, jeunes plants, etc. 2e partie, Avenue de Picardie, 21 ; les di- manche et lundi 20 et 21 octobre pour les plantes de serre, terre de bruyère, etc., ainsi que le matériel d’exploitation. — La 8e livraison de Y Illustration horti- cole, journal édité par M. A. Verschaffelt, et rédigé par le savant M. Lemaire, pro~ fesseur émeri te d’humanités, etc., etc., re- présente comme gravures coloriées : 1° le Catleija Dowiana , l’une des plus belles sortes du genre, ce qui est assez dire ; 2° Y Acer polymorphum palmatum , var. sanguineum , à feuilles d’un rouge pourpre. Cette plante, qui est originaire du Japon, supporte le plein air ; 3° le Camélia Car- lotta Pelloso, à fleurs très-pleines, à pétales rouge clair, parcourus dans toute leur lon- gueur d’une bande blanc rose. M. A. Ver- schaffeit est en mesure de fournir ces plantes à tous ceux qui lui en feront la demande. — Dans le journal la Belgique horticole (juin-juillet 1867) sont représentés le Bi- gnonia speciosa, Grah., et Aristolochia ma- croura, Gomez. Ce sont deux plantes grim- pantes originaires du Brésil, et qui, sous notre climat, réclament la serre chaude. Dans ce même numéro est figurée la Pêche Belle impériale. Cette variété, obtenue par M. Chevalier, cultivateur à Montreuil-sous- Bois (Seine), a beaucoup de rapports avec la Pêche Bonouvrier. — Parmi les nombreux visiteurs qui, depuis quelque temps, se pressaient pour admirer les magnifiques collections de fruits de toute sorte exposées au jardin réservé 20 382 CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE h’oCTORRE) . du Champ de Mars, il en est probablement dont l’attention a été frappée par un petit lot de Noix, toutes jumelles, exposé par M. Cochet, pépinériste à Suisnes. Ces Noix sont le produit d’un semis de hasard trouvé dans une vigne. Ce qu’il y a de re- marquable, c’est que depuis deux ans que cet arbre fructifie , il n’a produit autre chose que des Noix jumelles. Voici encore un exemple de formation d’une variété à l’état sauvage, et qui, de plus, est de na- ture à appeler l’attention des botanistes. Pourquoi, en effet, contrairement à tout ce qu’on connaît, cette variété produit-elle toujours des Noix doubles? — Au sujet de ce que nous avons écrit dans, une de nos précédentes chroniques touchant la fructification, à Bordeaux, du Chamærops excella, nous avons reçu de M. Hardy, directeur'du jardin d'acclimata- tion à Alger, une très-intéressante lettre que nous croyons devoir reproduire. La voici : Hamma, près Alger, le 23 septembre 1867. Monsieur, Dans votre chronique horticole du f6 sep- tembre courant, vous rendez compte du fait de la fructification en pleine terre, au jardin des plantes de Bordeaux, du Chamærops excelsa , sous les soins de M. Durieu de Mai- sonneuve. Permettez-moi de vous soumettre quelques observations que j’ai pu faire ici sur la floraison et la fructification de ce Palmier. Dans le jardin d’acclimatation du gouver- nement à Alger, il existe une longue allée bordée de 106 pieds de Chamærops excelsa , Thunb. ( Trachycarpus , Wendland) qui, pres- que tous, fleurissent. Ces Palmiers ont de 2 à 3 mètres; le premier sujet planté dans l’éta- blissement, dans un endroit à l’écart, a en ce moment 10 mètres d’élévation. La plupart des exemplairesquej’ai vusfïeurir sont unisexués, et les fleurs mâles apparaissent toujours avant les fleurs femelles. C’est l’in- verse de ce qui a été observé à Bordeaux. Mais, parmi les sujets qui ont fleuri, j’en ai observé un certain nombre qui sont monoï- ques, c’est-à-dire qui ont des fleurs femelles et des fleurs mâles sur la même grappe ou spa- dice et ce sont ceux-là seulement qui donnent, des graines. J’ajoute que chez les sujets dioï- ques rarement la floraison coïncide de façon à amener la fécondation. Le jardin d’Alger a déjà multiplié le Cha- mærops txcelsa, il est en mesure d’en four- nir en ce moment de certaines quantités à 80 francs les cent sujets, de 4 à 5 feuilles, élevés en pots. On ne cède pas de graines de cette espèce. Excusez- moi, monsieur, d’être entré en matière sans autre préambule et sans avoir l’honneur d’être connu de vougj. La popularité justement méritée dont vous jouissez par vos nombreux et consciencieux écrits sur l’horti- culture m’adonné cette confiance. Veuillez agréer, etc. Hardy, Directeur du jardin d’acclimatation d’Alger . C’est avec empressement et avec un véri- table plaisir que nous remercions M. Hardy de sa bienveillante lettre qui n’est pas seu- lement très-intéressante parce qu’elle fait savoir aux amateurs de belles plantes que le Chamærops excelsa fructifie en abondance au jardin d’acclimaiation d’Alger, où l’on peut s’en procurer de jeunes exemplaires à un prix relativement très-faible, mais encore par les faits scientifiques qu’elle révèle en démontrant une fois de plus que, entre la monoïcité et la dioïcité, il y a presque tou- jours une série de variations qui les relie à l’hermaphrodicité. Elle confirme de plus ce qu’on savait déjà, que les deux sexes de ces plantes, lorsqu’ils sont bien tran- chés, c’est-à-dire lorsque la dioïcité est bien prononcée, ne se montrent pas en même temps, et que l’ordre d’apparition n’a non plus rien d’absolu, puisque à Alger il n’est pas le même que celui que M. Du- rieu de Maisonneuve a pu constater au jardin des plantes de la ville de Bordeaux, puisque dans ce dernier ce sont les fleurs femelles qui se sont épanouies les pre- mières, tandis qu’à Alger ce sont les fleurs mâles. — Nous venons de recevoir le catalogue général de M. Dauvesse, pépiniériste à Or- léans, pour l’automne 1867 et le printemps 1868. C’est une brochure in-8° qui ne comprend pas moins de 114 pages, la plu- part à deux colonnes. Les arbres fruitiers de toute sorte, les arbres, arbrisseaux et arbustes d’ornement et forestiers en sujets adultes, ainsi que des jeunes plants de ces arbres, y occupent surtout une très-large place; les Rhododendrons, les Azalées, les Rosiers, etc., y sont aussi largement représentés. Indépendamment de ces vé- gétaux, on trouve encore dans ce vaste établissement des collections de plantes diverses, soit de serre, soit de pleine terre. — Nous avons également sous les yeux le catalogue de l’établissement de M. Am- broise Verschaffelt, horticulteur à Gand. Cet établissement, on le sait, est l’un des plus considérables de l’Europe par le nom- bre et par l’étendue des serres qu’il ren- ferme. On y trouve des collections de toute sorte de plantes de serre chaude, tem- pérée, froide, ainsi que de plein air, des collections de plantes vivaces ; des collec- tions de Rosiers, d’Azalées, de Rhododen- drons, etc., etc. Rappelons aussi que c’est dans ce même établissement qu’on peut se procurer les beaux Erables japonais dont nous parlons plus loin. — Il est souvent difficile, dès l’appari- tion d’une variété, de se prononcer sur son mérite, sinon d’une manière relative. Bien 383 CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE D’OCTOBRE). que les exemples du fait abondent, nous allons en citer un ; il porte sur le Persica Sinensis Camelliæflora , ou Pêcher de Chine, à fleurs de Camellia. Sous le rapport des fleurs, nous n’avons qu’à confirmer ce qui en a été dit : que c’est un arbrisseau splen- dide. Mais nous devons y revenir, au point de vue de ses fruits; et pour dire que dans certains cas ils sont beaux et excel- lents. Nous en avons observé, il y a quel- ques jours, dans les pépinières de Trianon, qui étaient venus en espalier, il est vrai, mais sur des arbres plantés à l’ouest et dans un terrain frais ; malgré cela les fruits étaient aussi colorés que ceux de la Pêche nommée Bonouvrier ; leur forme était bonne, régulière; quelques-uns attei- gnaient jusqu’à 22 centimètres de circon- férence. Quant à la qualité, elle rappelait celle des Pêches de Vigne; ces Pêches con- tiennent surtout en très-grande abondance une eau sucrée, très-agréablement relevée, légèrement aigrelette. Malheureusement leur chair est adhérente au noyau. — Ceux qui ont fréquenté les halles cen- trales de Paris auront pu remarquer, non sans étonnement peut-être, pendant pres- que tout l’été, de grosses Fraises , à pleins paniers. Ces fraises, qui par leur abon- dance rappelaient le mois de mai, étaient produites par la variété Vicomtesse Héri- cart deThury. — De toutes les bizarreries que Ton re- marque dans les fleurs de certaines espèces du groupe des Orchidées, il n’en est pas qui surpassent celles que présente le Vanda Lowii. Cette bizarrerie, que nous n’essaye- rons pas d’expliquer, se montre dans la dis- position, la forme et la couleur des fleurs. D’abord deux fleurs à fond brun ; puis, à une certaine distance de celles-ci, deux au- tres à fond jaune, puis, après celles-ci, toute l’inflorescence porte des fleurs brunâtres comme les premières. L’exemplaire de cette espèce, qui est en fleur en ce momentchez MM. Thibaut et Keteleer, horticulteurs à Sceaux, où nous avons pu les admirer, est remarquable par sa force et par sa beauté ; il a trois tiges florales, longues d’environ lm60 à 2 mètres, et portant, à elles trois, 76 fleurs. La Revue en donnera prochaine- ment une gravure coloriée. Chez ces mêmes horticulteurs nous avons pu remarquer, indépendamment de beau- coup de plantes nouvelles, dont on ne peut encore apprécier le mérite, un magnifique Torreya myristica de 3 mètres de haut. Cette espèce, la plus jolie du genre, est aussi excessivement rustique ; un Desfon - tainia spinosa couvert de fleurs, un Arthro- taxis Gunneana , très-belle espèce, relati- vement rustique, puisqu’elle supporte le plein air depuis deux ans et qu'elle pousse très-bien ; un Cryptomeria elegans de plus de 1 mètre de hauteur. Nons recomman- dons particulièrement cette espèce, qui, nous le croyons, est appelée à jouer un grand rôle dans l’ornementation. — Chez M. Robine, horticulteur à Sceaux, nous avons pu observer pendant toute cette année un champ de Fraisiers de la variété SirHarry, couverts de fruits. Le 15 septem- bre dernier, nous avons encore pu en cueillir une assiettée qui étaient très-belles et très- bonnes. Est-ce là une variété particulière, ou le fait d’une culture spéciale. Nous avons prié notre collègue M. Robine de vouloir bien nous renseigner à ce sujet. Si, comme nous l’espérons, il accède à notre désir, nous ferons connaître à nos lecteurs les renseignements qu’il nous aura transmis. — En visitant les diverses collections de MM. Baltet frères exposées à Billancourt, nous avons remarqué un procédé très-ingé- nieux qu’ils ont inventé pour obtenir, à l’aide de jeunes Pins, des perches longues, solides, dépourvues de branches, droites, sans nœuds et presque d’égale grosseur dans toute la longueur. *Ce procédé consiste à enlever au printemps, avant leur dévelop- pement, tous les bourgeons latéraux de la flèche, pour ne laisser que le terminal, qui alors prend plus de grosseur en diamètre, tout en acquérant plus de longueur. — Dans les campagnes on ne connaît guère d’autre Lilas que celui que le bon Dieu envoie si libéralement chaque printemps. A Paris, il en est autrement, et peu de person- nes seraient étonnées de trouver des Lilas fleuris pendant l’hiver, lorsque les arbres sont dépourvus de feuilles, que le sol est couvert de neige. Ce Lilas, on le sait aussi, est toujours blanc. Mais ce que probable- ment beaucoup ignorent, c’est que ce Lilas blanc est fourni par des Lilas à fleurs rouges. Notre but n’est pas de faire connaître les procédés à l’aide desquels on obtient cette transformation; nous dirons seulement que c’est au moyen de la chaleur et, en général aussi, en privant de la lumière les plantes qu’on force. La consommation qui s’en fait est considérable. C’est par cent mille touf- fes que chaque année les chauffeurs de Lilas les emploient. Ce qui ne surprendra personne si l’on réfléchit que ces mêmes Lilas ne peuvent être chauffés deux fois et qu’aussitôt les fleurs cueillies, on jette les pieds qui ont servi. C’est de Vitry-sur-Seine ou Vitry-aux-Arbres que l’on tire à peu près tous ces arbustes. Jusqu’à présent on n’avait guère de Lilas en fleur qu’à partir du commencement de janvier. Aujour- d’hui un jardinier très-intelligent, M. Dup- puis, horticulteur, rue de Yaugirard, 204, très-connu des fleuristes, grâce à un tra- CULTURE DE LA POMME DE TERRE. 384 vail spécial et à des combinaisons particu- lières, peut en fournir pendant dix mois : du 1er août à la fin de mai. Pourra-t-il faire mieux, plus tard, en fournir toute Tannée? La chose est possible, bien qu'il n'ose l’assurer. Pour en obtenir au com- mencement d'août les difficultés sont déjà considérables. En effet il faut préparer les plantes, leur faire accomplir toutes les pha- ses de la végétation, c'est-à-dire faire aoûter tous les bourgeons des plantes, les faire défeuiller, puis reposer, enfin les mettre en végétation, puis encore les pousser pour qu’ils arrivent à l’époque fixée. On peut voir dans la grande serre du jardin réservé, le magnifique Lilas de M. Duppuis, qui de- puis le mois d’août en entretient constam- ment un très-gros et surtout un très-beau bouquet.. Un très-grand avantage que pré- sente encore ce Lilas, c’est sa blancheur excessive et sa grande rusticité. En effet, il se conserve excessivement longtemps dans l'eau après avoir été coupé, et de plus il ne prend pas la teinte violette que pren- CULTURE DE LA Cette culture, bien que très-importante, laisse néanmoins, en général, beaucoup à désirer; une grande partie des cultiva- teurs plantent encore leurs Pommes de terre en mélangeant les hâtives avec les tardives, ce qui est une très- mauvaise chose, surtout dans les années où la mala- die des Pommes de terre fait de grands ra- vages, comme dans celle que nous traver- sons par exemple. Le choix des variétés est aussi très-important; il doit être d’au- tant plus sévère que les bonnes espèces de Pommes de terre ne sont pas nombreuses ; il en existe une grande quantité, mais beaucoup ne méritent pas la culture. Dans les Pommes de terre rondes, les meilleures et les plus avantageuses pour le cultiva- teur sont : l°la Pomme de terre Chasle, 2° la Pomme de terre Cailliou. Les deux variétés se ressemblent beaucoup par leur peau, mais elles diffèrent de 20 à 25 jours pour leur maturité. Voici comment il faut procéder pour avoir le meilleur résultat possible. Il ne faut pas ébourgeonner les Pommes de terre plus tard que le courant de janvier, suivant le local où on les a pla- cées. Si ce dernier est froid, on ébourgeonne commencement de janvier ; s’il est chaud, fin du même mois. On doit planter les Pom- mes de terre avec des bourgeons de 4 à 6 cen- timètres de longueur, aussitôt que le temps le permet, c’est-à-dire vers la fin de mars ou dans les premiers jours d’avril. Culti- vée de cette manière, la Chasle sera mûre vers le 15 juillet, époque où la maladie fait son apparition. nent presque tous les Lilas qui ont été chauffés, fait que nous sommes disposé à attribuer au procédé employé par M. Dup- puis. M. Duppuis se livre également, et avec un succès non moins grand, au forçage d'une plante qui, en horticulture, est re- gardée comme difficile à gouverner. Nous voulons parler du Gardénia florida. C’est par centaines et même par mille qu’il peut chaque jour livrer des fleurs pour la con- fection des bouquets. Il ne suffit pas seule- ment de faire fleurir les plantes au hasard ; il faut procéder de manière que la pro- duction se succède sans interruption et s’échelonne de manière à arriver en temps opportun, afin de répondre anx besoins de la consommation qui varient en raison de la saison. C’est donc, nous le répétons, un travail d’abord très-dur, et qui nécessite des ob- servations et des soins continuels, dont on ne se doute souvent pas. E. A. Carrière. POMME DE TERRE La Cailliou est mûre 20 à 25 jours plus tard. Cette dernière donne un tiers déplus que la Chasle , mais elle est plus suscep- tible à la maladie, vu qu'elle est plus tar- dive. Dans les Pommes de terre longues, les meilleures à cultiver pour la cuisine sont les deux Marjolaine. Il ne faut pas les ébourgeonner plus tard que la fin de no- vembre pour la première ; fin de décembre pour la seconde. On les plante avec des pousses de 6 à 8 centimètres de longueur, aussitôt que le temps le permet et dans un terrain bien préparé. Depuis quatre ans j’ai fait de nombreuses recherches pour découvrir un moyen de garantir mes Pommes de terre de la mala- die. La première année j’ai soufré les tu- bercules comme je soufre ma vigne ; mais je n'ai pas obtenu de résultat. L’année sui- vante lorsque j’ai aperçu la maladie, je me suis empressé de couper au niveau du sol, les fanes de mes Pommes de terre; malgré cela je n'ai obtenu qu’un demi-ré- sultat, car la maladie était déjà descendue plus bas que je n'avais coupé les fanes. L'année dernière j'ai arraché toutes les fanes ou tiges de Pommes de terre en ap- puyant ma main gauche sur la terre pour empêcher les Pommes de terre d’en sortir, en même temps que de ma main droite j'arrachais les fanes, laissant après cela les Pommes de terre 15 à 20 jours encore dans la terre pour qu’elles achevassent de mûrir; ensuite on les arrache. En opérant de cette manière on n’a pas de Pommes de terre malades , à moins qu'on attende trop 385 FLORAISON D’UN AGAVE D’AMÉRIQUE AU JARDIN DES PLANTES DE GRENOBLE. tard. Il faut faire cette opération dès que la maladie se manifeste, c’est-à-dire aussi- tôt que l’on voit apparaître sur les feuilles des petites taches qui sont noires sur le dessus des feuilles, blanches sur le des- sous et qui répandent une odeur de Cham- pignon très-prononcée. Cette année, pour ma quatrième opéra- tion, aussitôt que j’ai aperçu les premières taches, j’ai arraché la moitié de mon carré • de Pommes de terre, laissant l’autre moitié comme point de comparaison 10 à 12 jours plus tard, temps qui suffit pour que la maladie soit bien prononcée. Voici quels ont été les résultats : dans la première moi- tié, je n’ai pas eu une seule Pomme de terre malade, tandis que, dans la seconde, il pouvait y en avoir un vingtième. Plus on attend plus il y en a d’attaquées. Bellanger, route Saint-Genouph à Tours, extra muros. FLORAISON D’UN A6AVE D’AMÉRIQUE AU JARDIN DES PLANTES DE GRENOBLE. Un fait rare en horticulture vient de se produire dans nos contrées ; c’est la flo- raison d’un Agave d’Amérique connu plus généralement du public sous le nom d ’A- loès. Depuis trente-huit ans, M. Bonnard, conseiller honoraire à la cour impériale de Grenoble, élevait avec soin dans son parc, si magnifiquement orné par la nature et situé à Séchilienne (Isère), deux Agaves d’Amérique dont la végétation et le déve- loppement étaient identiquement sembla- bles lorsque le 19 mai dernier il remarqua que le port des feuilles de l’un d’eux avait changé de direction ; de dressées qu’elles étaient la veille, la plupart des feuilles avaient une position horizontale et por- taient l’empreinte très- marquée de déchi- rement dans un sens longitudinal vers le milieu de leur base. Ce fait inattendu le frappa, et, après un moment d’examende sa plante, il reconnut que la cause en était due à un bourgeon long de quelques centimè- tres et fort gros, destiné plus tard à donner des fleurs, qui commençait à sortir du cen- tre des feuilles. M. Bonnard rapporte même que le matin du 19 mai, lorsqu’il vit son Agave avec les feuilles dans l’état qui vient d’être dit, il trouva aussi sur le sol quatre ou cinq des dernières feuilles cen- trales, qui avaient été projetées au mo- ment de la sortie du bourgeon floral, fait qui rappelle ce qui se dit dans le public : qu’au moment de la floraison il se produit une détonation semblable à un coup de fusil. Pendant les mois de juin et de juillet, le bourgeon floral, devenu hampe, prit un grand développement; chaque jour il gran- dit de plusieurs centimètres, et le pre- mier août, jour où la plante fut amenée de Séchilienne au jardin des plantes de Greno- ble par suite du don qu’en a fait à cette ville M. Bonnard, cette hampe avait 4 mè- tres environ de hauteur sur un diamètre de 10 centimètres à la base. L’Agave d’A- mérique atteint souvent une hauteur dou- ble ; la hampe est ordinairement simple avec quelques ramifications en forme de candélabre au sommet. Dans le pied qui nous occupe, par suite sans doute d’une tem- pérature basse survenue dans les premiers jours de son développement (il a gelé les 24 et 25 mai), la hampe s’est ramifiée à la hauteur de 50 centimètres et a pro- duit une série successive de 16 ramifi- cations souvent assez longues, qui, au maximum de leur développement, for- maient une inflorescence fastigiée, com- pacte, large de 80 centimètres seulement, mesurée à 2 mètres de sa hauteur. Comme cette inflorescence n’est pas le cas ordinaire, qu’elle est assurément due à la faible dimension de la hauteur totale de la hampe, nous allons indiquer par des chiffres les points de hauteur d’où naissent chaque ramification, la longueur de cha- cune d’elles et le nombre de fleurs qu'elles portent. ramification de la hampe à longueur de cette ramification nombre de fleurs Première 0in 50 lm 05 5 Deuxième . 0m 53 0ra 90 10 Troisième 0in 65 lm 12 37 Quatrième .... 0in 72 lm 20 65 Cinquième 0m 80 lm 50 81 Sixième lm 16 lm 25 116 Septième lm 50 lm 20 136 Huitième lm 92 lm 20 160 Neuvième 2m 53 1“ 35 193 Dixième . 2m 63 0m 80 240 Onzième 2m 70 0m 85 108 Douzième . 2m 75 0m 75 205 Treizième 2® 98 0m 65 201 Quatorzième . . 3 111 20 0m 40 175 Quinzième . 3™ 30 0® 35 170 Seizième 3«? 45 0m 35 73 Partie terminale de 25 à 10 centimètres Total. . . . . 193 2,168 Les feuilles de notre plante, au nombre d’environ quarante, occupent une masse charnue de 92 centimètres de hauteur ; les plus longues mesurent lm50, les plus courtes, placées près de la hampe, 40 cen- timètres; leur longueur à la base, pour les plus longues, est de 25 centimètres ; leur épaisseur, de 10 centimètres environ au début delà floraison, diminue chaque jour. Les fleurs portées par les 16 ramifications 386 UN LIVRE QUI VIENT A PROPOS. et la partie terminale de la hampe sont au nombre d’environ 2,168, comme l’in- dique le détail ci-dessus. Les deux pre- mières fleurs se sont ouvertes le 9 août; elles étaient placées sur la septième rami- fication regardant le midi ; le chaleur très- intense (30 à 33 degrés centigrades à l’ombre) qui s’est maintenue depuis l’épa- nouissement des premières fleurs jusqu'au 23 août, jour de la pluie, a fait épanouir as- sez rapidement les autres fleurs; le 20 août, celles des deux tiers environ de l’ensemble étaient ouvertes, et les fleurs terminales de la hampe, qui sont les dernières dévelop- pées, se sont ouvertes du 2 au 6 septembre; toutes étaient défleuries le 12 septembre et les ovaires commençaient à se dévelop- per, quelques-uns de ceux-ci semblent vouloir sé conserver. La fleur, comme l’on sait, se compose d’un périanthe à six divi- sions linéaires lancéolées , creusées en cuilleron , s’ouvrant peu , d’un jaune pâle, avec six étamines longuement saillantes, ayant des anthères jaunes fortement dé- veloppés, et un pistil dépassant les éta- mines au moment de son complet déve- loppement, ce qui arrive, lorsque les divi- sions du périanthe se flétrissent. Chaque fleur ne dure que trois ou quatre jours, suivant l’intensité de la chaleur, et con- tient dans son intérieur un certain liquide incolore, d’une saveur musquée qui attire les abeilles en quantité. Un fait remar- quable existe relativement à l’accroissement du pistil ; celui-ci, au moment de l’épa- nouissement du périanthe, n’égale que ce même périanthe au bout de deux jours d’épanouissement, il égale les anthères des étamines, et quelques jours après, au moment de la floraison du périanthe, ce pistil dépasse de 2 à 3 centimètres les an- thères; l’allongement du style a donc lieu, UN LIVRE QUI 1 Culture des Pélargonium (1). Si des plantes furent jamais à la mode, avec raison , ce sont sans contredit les Pé- largonium ; il en est peu, en effet, si même il en est, qui soient plus ornementales. Ce sont ce qu'on peut appeler des plantes « à effet ». Toutes les qualités qu’on peut re- chercher dans les plantes se rencontrent chez celles-ci. En effet, beauté, floribon- dité se trouvent réunies dans les Pélargo- nium. De plus ces plantes ont le mérite de pouvoir orner les serres ainsi que la pleine terre, de pouvoir être l’ornement des sa- lons et celui de la mansarde, et de décorer (1) Pélargonium, par Thibaut, horticulteur à Sceaux. 2e édition, Librairie agricole de la Maison rustique, 26, rue Jacob, Paris. Prix, 1 fr. 25 c. de 5 à 6 centimètres, dans les trois à quatre jours que dure la fleur. L’Agave d’Amérique n’est pas rare dans les jardins, il est au contraire fort com- mun et se contente seulement de l’oran- gerie pendant l'hiver dans le centre et le nord de la France, mais il supporte la pleine terre dans tout le midi de l’Europe, où il est employé fréquemment pour for- mer des haies, à cause de ses feuilles forte- ment armées d’épines sur leur bords et à leurextrémité.Il est aussi très-commun dans certaines parties méridionales de la France. La floraison se voit rarement; ce n’est qu’au bout d’un nombre d’années plus ou moins grand, suivant le climat, et lorsque la plante a atteint un fort développement qu elle arrive. La rareté de la floraison est telle dans le centre et le nord de la France, qu’elle a donné lieu à cette opinion, ac- créditée dans le public, que la plante ne fleurit que tous les cent ans. Peu de temps après la floraison elle périt, ou, en d’autres termes, la hampe et la masse des feuilles se dessèchent ; mais il repousse de nombreux bourgeons de la racine qui per- mettent de la propager cette espèce. Dans les contrées où l’Agave d’Amérique est cul- tivée en grand, où elle vit à l’état sauvage, on utilise ses feuilles qui donnent , en les écrasant sous un rouleau et après des la- vages et peignages pour en extraire les par- ties charnues, une filasse assez forte, capable de faire des cordes, etc., qui, par sa force, comparée à celle du Chanvre , est de 7 contre 16, et par rapport au Lin de 7 contre 11. On obtient aussi de sa tige en la coupant, notamment au Mexique, une liqueur nommée pulque, qui a les qua- lités d’une eau-de-vie très-forte. J. B. Verlot, Jardinier en chef de la ville de Grenoble. IENT A PROPOS. à la fois le Paris luxueux ainsi que les jar- dins les plus modestes, ce qui les a fait qualifier de « plantes omnibus » . Du reste les éloges qu’on pourrait en faire seraient tout à fait superflus après tout ce qu’on a pu admirer tant de fois depuis six mois à l’exposition d’horticulture du Champ de Mars. En effet les nombreuses collections qui y ont été exposées par différents culti- vateurs tels que MM. Thibaut et Keteleer, Malet, Chaté, Lemoine, Mézard, etc., etc., sont au-dessus de tout éloge et suffisent largementà expliquer et à justifier la vogue dont ces plantes jouissent aujourd’hui. Un livre sur la culture des Pélargonium ne peut donc être que bien accueilli , sur- tout lorsqu’il a pour auteur M. Thibaut, qui, nous devons le dire au risque de blés- EXPOSITION D’HORTICULTURE DE COUTANCES. 387 ser sa modestie, est un des premiers culti- vateurs de ce genre. Du reste l’accueil que le public a fait à la première édition de cet ouvrage est la meilleure recommandation que nous puissions en faire. Sans entrer dans tous les détails que comprend cette seconde édition, qui a été revue avec soin et augmentée par l’auteur, nous croyons devoir indiquer d’une manière générale et très-sommaire quels sont les principaux sujets qui y sont traités. On y trouve d’abord un très-intéressant chapitre intitulé Considérations générales sur la famille des Géraniacées, dans lequel sont indiqués les .caractères des plantes qui composent celte famille, les espèces les plus remarquables qu’elle renferme, la nature du climat où elles croissent, etc. Puis une introduction historique dans laquelle l’auteur, partant de l’époque où l’on a commencé à se livrer à la culture du Pélargonium, fait assister le lecteur à la marche progressive qu’ont suivie ces plantes. Après cela vient la partie pratique qui comprend douze chapitres. Le premier est relatif à la multiplication des Pélargo- nium par boutures, semis, greffe , etc. Le deuxième chapitre est consacré à l’éduca- tion des jeunes plantes obtenues par semis et par boutures. Le chapitre III est parti- culier à la floraison. Le chapitre IV com- prend la taille. Le chapitre Y s’applique à la culture des Pélargonium dits Fan- taisies. Le chapitre V! est particulier à la culture des Pelargoniums zonale et inqui- nans. Le chapitre Vil s’applique à quelques espèces de variétés de Pélargonium tels que P. tricolor, peltatum, etc. Le cha- pitre VIII est relatif aux terres, composts, engrais, etc. Le chapitre IX est consacré aux arrosements et. bassinages. Le cha- pitre X est particulier aux serres; il se divise en trois sections, dont l’une est rela- tive à la distribution et à la disposition des serres; l’autre au chauffage et à l’aérage, la troisième aux modes d’om- brage qu’il convient d’employer. Le cha- pitre XI traite des insectes qui attaquent les Pélargonium. Enfin le chapitre Xll com- prend une liste générale des meilleures va- riétés de Pélargonium disposées par séries ou sections spéciales. Des gravures disper- sées dans le texte se rapportant soit aux types qu’elles caractérisent, soit à diverses opé- rations de la taille ou de l’éducation des plantes, soit à différents modèles de serre, ajoutent encore à la clarté de l’ouvrage en joignant les exemples aux préceptes. Ainsi qu’on a pu le voir par cet aperçu, le Traité des Pélargonium , par Thibaut, est un guide pratique pour la culture de ces plantes, indispensable, on peut le dire, à tous ceux qui se livrent à cette culture, et que recommande encore la modicité de son prix. E. A. Carrière. EXPOSITION D’HORTICULTURE DE COUTANCES. Au point de vue de l’horticulture, il y a de grandes conquêtes à faire sur le sol plantureux de notre basse Normandie, et si, malgré l’ignorance, la routine et les mauvaises méthodes, la terre produitencore cent pour un, que sera-ce quand tout prati- cien, éclairé parles lumières de la science, saura la forcer à répandre plus libérale- ment les richesses qu’elle a tenues, jus- qu’à ce jour, renfermées dans son sein? Quoi qu’il en soit, nos lots de maraîcherie n’auraient pas été déplacés à l’Exposition universelle , et certaines collections de fleurs, telles que les Bégonias, les Fuchsias, les Glaïeuls auraient pu figurer, non sans honneur, au jardin réservé, à côté des produits similaires les plus recommanda- bles. Est-ce par un puéril amour-propre de clocher que jeparleainsi? Je ne le crois pas, et je vais tâcher de mettre le lecteur à même d’en juger. Un seul exposant, M. Lelièpvre, institu- teur public à Hauteville (Manche), a pré-, senté 498 variétés de Légumes ; un autre, M. Delaunay, jardinier à Ouville (Manche), plus, de 30Ô variétés dont quelques-unes rares, toutes bien cultivées et de la plus belle venue. Les Normands, vous le savez sans doute, affectionnent tout particulière- ment ce légume de la famille des Cru- cifères, que les savants nomment Brassica. Il est donc juste que je commence par le Chou. Ab Jove principium,. M. Lelièpvre en avait présenté 51 variétés; M. Delaunay, 42; M. Lucas, de Blanchelaude (Manche), 32 ; M. Chasles, de Carentan (Manche), 25 ou 30 et les autres concurrents un nombre à peu près égal. Dans ces belles collections, on a surtout remarqué le Grappin de Tourlaville , le Chou d' Audouville , le Prompt de Lingreville, le Chou Pain de sucre , le Chou du Pin , le Schweinfurt. — L’exemplaire de M. Delaunay pesait 12 kil. et mesurait plus de 1 mètre de diamètre. — Le Chou quintal , non moins volumi- neux que le précédent, le Chou de Bruns- ivich, le Cœur-de-bœuf, \ le Nantais gros, le Milan F Hlm, le Milan doré de Blurnen- thaï, etc., etc., presque tous cultivés avec beaucoup de succès dans notre pays. J’oubliais les Choux verts qui jouent dans nos campagnes un rôle si important, pen- dant les mois d’hiver. Ils étaient fort bien représentés par les échantillons de M. Lu- 388 EXPOSITION D HORTICULTURE DE COUTANCES. cas. Notons, en passant, que les Choux de Bruxelles et les Choux-fleurs brillaient surtout par leur absence. C’est une la- cune qui sera comblée à la prochaine Ex- position. Que dire des autres productions maraî- chères? M. Lelièvre, que nous retrouvons encore au premier rang', a exposé 30 varié- tés de Haricots, 53 de Pois, parmi lesquels le Macleau, importation anglaise, très-avanta- geux pour la culture sous châssis; 12 de Choux-raves, 20 de Carottes, 23 ou 30 de Radis, etc. ; M. Delaunay n’est pas resté en arrière : il est venu avec 30 variétés de H ari cots, — la p 1 u part fort remarquables, — 23 de Pois, 32 de Pommes de terre, parmi lesquelles se trouvent la Rouennaise, la lon- gue du Pérou , la Saint-Jean précoce, la Chantoreine ? précoce, etc. Disons, du reste, que les lots de Pommes de terre formaient peut-être une des parties les plus curieuses de l’Exposition. M. Lucas,. ainsi que M. Vi- gneau, horticulteur à Montmorency (Seine- et-üise), ont obtenu plusieurs gains de semis dont le développement considérable et la forme régulière ont spécialement attiré l’attention du jury. Je me reproche- rais de passer sous silence un autre lot de Pommes de terre (82 variétés) qui a valu un prix à M. Morand, horticulteur à Alen- çon (Orne). Qu’il me permette ici d’être l’écho des remercîments qui lui ont été adressés par M. le rapporteur, au nom de la commission, pour avoir fait hommage de sa belle collection à notre société cou- tançaise. Telle est l’importance de nos produits maraîchers, et encore je ne parle ni des Chicorées hors ligne de M. Chasles, ni du lot de M. Gardie, de Savigny (Manche), dans lequel se trouvaient pourtant quel- ques sujets très-bien traités; ni des Choux de Milan de M. Hédouin de Coutances, dont quelques types étaient parfaits ; ni, enfin, de quelques fruits (Pommes et Poi- res) comme on n’en peut voir qu’en Nor- mandie. J’abrège pour passer à la llori- culture. En première ligne vient la collection de ■plantes ornementales de M. Dubois, direc- teur du jardin public de Coutances ; il ne possède pas moins de 33 variétés de Bé- gonias, plusieurs Achyrantes d’une végé- tation luxuriante ; un Plumbago Capensis avec ses myriades de fleurs d’une délica- tesse infinie ; les Musa enseie , paradisiaca (4ra 30 de hauteur), Sinensis ; le Dracœna ferrea , D.flagrantissima, D. rubra , D.pen- niculata et un Ficus elastica (3 mètres de hauteur), de magnifiques Coleus Xerschaf- feltii ainsi que le Gibsonii avec ses nervures violettes; des Cestrum très-méritants; quelques beaux Maranta , entre autres le Zebrina; un certain nombre de Gesneria , des Caladium, C. violaceum , C. esculen - tum? C.odoratissimum,e le. 25 à 30 variétés de Fougères, etc., etc., le tout d’une vé- gétation exceptionnelle et en excellent état de culture. Parlons encore, à titre de simple mention, des Pélargonium zonale et des Lantana du même exposant, ainsi que des Achimènes, des G loxinia , des Pélargonium à grandes fleurs de M. De- saint-Germain, jardinier à Coutances, Ces plantes, nouvelles pour la plupart, ont un mérite réel, et je voudrais leur consacrer ici plus de temps et d’espace. M. Louis Leclerc, jardinier à Coutances, a reçu des encouragements du jury pour quelques J)racœna, Ficus elastica , Aralia , Cyperus qui, a dit M. le rapporteur, « constituent un bon choix , digne de figurer dans une collection de plantes ornementales ». Je ne m’arrêterai pas longtemps non plus à la splendide collection de Glaïeuls de M. le Cappore, horticulteur à Valognes (Man- che). Une nomenclature exacte serait d’ailleurs, sinon impossible, au moins très- difficile, attendu que la plus grande partie dès sujets étant des gains de l’exposant sont encore innomés. Qu’il me suffise de dire qu’au point de vue de la forme de la corolle, du développement des pétales et de la ri- chesse du coloris, on n’a jusqu’à présent rien obtenu de mieux. Les Reines-margue- rites de M. Audinet, jardinier à Coutances, ont aussi figuré avec éclat à l’Exposition. 45 à 20 variétés, roses , ardoisées , blan- ches, panachées, , anémones, striées, imbri- quées, etc., avaient réuni aux nuances et à la forme les plus délicates la vigueur et la fécondité. Bien plus intéressant encore a été le concours de Fuchsias : j’en ai noté 80 va- riétés, et ce n’est pas tout : Victor-Emma- nuel, Edouard André, Gloire des blancs , le Globe , Agamemnon , Amélie de la Cha- pelle, Venetia, Souvenir de Cornelissen, Empereur des Fuchsias, Emblematie, Gibsi queen , Queen of Summer , Blanche de Castille , Marie de Médicis, Situer wau, Président Porcher, Marquis de Belle fond, Merveelous, Hercule, True blue Star of the night, Garibaldi , Figaro, Rosalie Franck, Ambroise Verschaffett , Lady Dum- bel/o, Blanchette, Pie IX, Prince impé- rial, etc., etc. N’est-ce pas là, en effet, tout ce qu’il y a de plus élégant, de plus riche, déplus brillant? Telles sont pourtant les collections de MM. Desaint-Germain, Du- bois et Audinet. J’avoue sans détours mon faible pour ce joli arbuste' aujourd’hui peut-être un peu trop délaissé. J’ai donc étudié avec assez de soin les diverses collections qui ont paru au jardin réservé de l’Exposition universelle ; mais je n’en ai trouvé, je dois le dire, aucune qui soit PASSIFLORA EDULIS, 389 comparable à celles qui viennent d'être couronnées par notre jury. Un mot encore sur la culture du Fuch- sia, et j’ai fini. Les trois concurrents dont je viens de parler suivent, à cet égard, des méthodes différentes : l’un di- rige ses plantes en pyramides; l’autre re- cherche de préférence la forme arrondie, en sorte que ses Fuchsias ressemblent — proportion gardée — aux Pommiers de nos vergers ; enfin le troisième a pour principe de ne point trop contrarier la nature. Chacun d’eux s’est présenté avec les résultats qu’il a obtenus par sa mé- thode particulière, et il nous a été facile défaire la comparaison. J’avoue que la forme la plus parfaite, celle du moins qui a flatté le plus agréablement ma vue, c’est la pyramide. Les fleurs disposées par étages réguliers, symétriquement agen- cées, semblent autant de perles à l’éta- lage. Qu’est-ce, je le demande, en com- paraison, qu’un amas confus de branches entrelacées pour former la tête, ou qu’un buisson sauvage, fût-il chargé des plus Plante sarmenteuse, excessivement vi- goureuse , pouvant atteindre , dans une seule année, 6-8 mètres, parfois plus. Feuilles digitées-trilobées, très-grandes et larges, parfois ovales, allongées, ellipti- ques, dentées sur les bords, à dents cou- chées, inégales, peu profondes, d’un vert foncé, glabres, luisantes sur les deux faces, mais beaucoup plus en dessus. Fleurs d’un blanc un peu verdâtre. Fruits atteignant 6 centimètres de hauteur sur 5 diamètre, obtusément trigones, à angles largement arrondis. Peau lisse, luisante, d’un vert clair passant au rouge marron sombre à la maturité du fruit. Ces fruits, qui répandent une odeur assez agréable, mais difficile à rendre à l’aide de mots, mûrissent succes- sivement à partir de la fin de l’été jusque dans le courant de l’automne. Lorsqu’on les coupe il s’en dégage une odeur plus pronon- cée, mais aussi beaucoup plus agréable, qui rappelle celle de l’Ananas alliée à celle de la Fraise. Les graines, d’un gris lilacé, sont entourées par une sorte d’arille pulpeuse et fondante, très-bonne à manger, laissant dans la bouche une saveur légèrement ai- grelette. Somme toute, c’est un fruit bien supérieur à la Grenade, qui devra prendre place dans nos desserts lorsqu’il sera mieux connu. La Passiflora edulis, Sims (grav. 36) , peut être considérée comme une plante orne- mentale très-propre à garnir soit les ton- nelles ou les murs de jardin, en plein air, là où cette plante peut croître, soit les murs belles fleurs? Au reste, je ne prétends pas juger cette question, je me contente de la poser aux amateurs. Je n’ai accompli qu’une course rapide et bien incomplète à travers notre Ex- position. Je m’arrête cependant. Nou- velle venue dans la grande famille des horticulteurs, notre société ne désire rien plus que de se rendre digne de ses aînées. Ce que j’ai voulu, en traçant les quelques lignes qui précèdent, c’est mettre en relief, par l’importance relative de ce concours, les progrès accomplis chez nous en horti- culture, et la part à faire, dans cet heu- reux résultat, à notre société qui a su im- primer l’élan. Cette tâche, il faut le re- connaître , je l’ai remplie avec plus de bonne volonté que de succès ; mais je compte sur l’indulgence du lecteur, sur- tout lorsque j’exprime ainsi spontanément le regret de n’avoir pas mieux réussi. R. le Parquier, Secrétaire-adjoint de la société d’horticulture de l’arrondissement de Coutances, A EDULIS ou les colonnes des serres, dans les lieux où elle ne supporte pas le froid des hivers. Elle est d’autant plus propre à cet usage que son feuillage n’est jamais attaqué par les insectes. On peut aussi la considérer comme une plante économique fruitière, puisque ses fruits, qu’elle donne en assez grande abondance, sont bons à manger. Bien que cette espèce soit originaire du Brésil et qu’elle prospère très-bien en serre chaude, sa véritable place paraît être en serre tempérée. Elle est même relative- ment rustique, et il n’est guère douteux qu’elle supporterait le plein air dans beau- coup de parties de la France. Même là où les hivers sont trop froids on peut encore la cultiver dehors pendant l’été, il suffit pour cela de la cultiver dans un grand pot qu’on sort et qu’on enterre au pied d’un mur à bonne exposition aussitôt que les froids ne sont plus à craindre ; on la palisse au fur et à mesure qu’elle pousse, et les fleurs, puis les fruits, ne tardent pas à se montrer. Lorsque les froids arrivent, on dépalisse les plantes, et l’on enroule toutes les parties autour d’un fort tuteur que l’on pique dans le pot, puis on rentre le tout dans une serre froide pour passer l’hiver. Au printemps suivant on sort de nouveau les plantes ; on les nettoie, puis on palisse leurs branches. Enfin on les traite ainsi qu’on l’a fait l’année précédente. La culture de la Passiflore à fruits doux est des plus faciles. Presque toutes les ter- res semblent lui convenir ; toutefois celle 390 P01UE BEURRÉ CAUNE. de bruyère additionnée de terreau et de terre franche paraît être celle qu’on doit lui donner de préférence. Les arrosements doivent être abondants, surtout pendant rété. Quant à la multiplication, elle se fait ou de boutures herbacées qui, placées sous cloche, s'enracinent dans l’espace de quelques jours, ou bien par graines qu’on sème aussitôt qu’elles sont récoltées, mieux encore au printemps suivant. Houllet. POIRE BEURRÉ CAUNE T/arbre mère, que j’ai vu trois années de suite et ces jours-ci encore, se trouve sur un petit monticule, dans la belle pro- priété deM. HenriCaune,à Sainte-Marthe, banlieue de Marseille. Le hasard jeta, il y a environ trente ans, un pépin dans la démolition d’un vieux bassin. A cette époque, aucun des gains de Van Mons ni de ses contemporains n’é- tait cultivé à Marseille ni dans le reste de la Provence, et l’on ne connaissait encore dans tout le territoire que les Poires Ma- deleine, la Cramoisine, V Epargne, le Bon chrétien d'été, la Brute-bonne, le Doyenné blanc , le Beurré gris , la Royale , quelques rares Virgouleuses , très-peu de Saint-Ger- main et deux ou trois très-mauvaises va- riétés dites de Cassis du roi. C’est donc le pépin d’une de ces an- ciennes variétés qui a produit la variété qui nous occupe. Par le parfum, la chair et la grosseur, le Beurré Caune paraît tenir du Beurré gris, qu’il précède de dix à quinze jours en maturité, mais il en diffère complètement pour la forme et le coloris. Quels que soient ses ascendants, il poussa sans soins et ne dut sa conservation qu’à la position exceptionnelle que le hasard lui avait donnée. Revue Horticole Reviu HorLU'Ote . ' F. Yema. Pinx t lmp. Zanote r des Boulangers ,13, Pans ! !■ Beurré Canne ERABLES JAPONAIS. 391 Pendant vingt-cinq ans personne ne fit attention à lui ; il végétait péniblement au milieu des ronces et des pierres; son tronc ne développait que des branches malingres qui perdaient presque toutes leurs feuil- les par suite de la sécheresse. Mais, il y a cinq ans, il se couvrit de fruits pour la première fois; ceux-ci étaient petits, ra- chitiques; mais ils furent trouvés très-bons et jolis. Dès lorsM. H. Caune, son propriétaire, prit quelques soins de cet arbre ; il le fit débarrasser des broussailles qui Félon f- faient, fit jeter un peu de terre à son pied et enlever le bois mort. Depuis lors, toutes les années, il s’est couvert de fruits très-nombreux, et ceux-ci grossissent graduellement ; ils sont actuel- lement assez gros et ressemblent pour le coloris au joli Beurré Audiriot, qu’ils dé- passent en grosseur et en bonté. Planté dans de meilleures conditions, ce fruit doit encore gagner en grosseur et en saveur. Cette Poire, très-fondante, pleine d’une eau abondante, rappelle le parfum, l’aci- ERABLES Les trois Erables que représente notre gravure coloriée son t des nouveautés japo- naises qui ont été exposées par M. A. Ver- schaffelt, horticulteur à Gand (Belgique), à Paris, au Champ de Mars, où, pendant longtemps, ils ont fait l’admiration du pu- blic. Ils faisaient partie d’une collection de six espèces, dont trois qui, quoique intéressantes, ne présentaient rien qui pût leur être comparé; la légèreté et la grâce de leurs rameaux, l’élégance , la plumosité, pourrait-on dire, des feuilles de deux es- pèces, surtout de VA cer ornatum et de Y Acer Freiderici Guillemi , sont telles qu’aucune description pourrait à peine en donner une idée. Le dessin lui-même est insuffi- sant. Quoi qu’il en soit, nous allons es- sayer d’en donner une description. Acer ornatum n° 1 . — Branches nom- breuses, grêles, assez longues, étalées, gra- cieusement arquées. Feuilles très-finement pétiolées, digitées, à digitations atténuées en pétiole, longuement laciniées, à laci- niatures longues, ténues, dentées, d’un rouge obscur ou un peu sombre . et comme cuivré, puis rouge verdâtre. Cette espèce, par la disposition de ses branches, et surtout par celle de ses feuil- les, est d’un effet ravissant. Acer Freiderici Guillemi n° 2. — Bran- ches nombreuses, rameaux grêles, étalés, réfléchis. Feuilles très-rapprochées, cour- tement pétiolées, digitées, à digitations longuement atténuées en une sorte de pé- dité agréable du Beurré gris; elle a besoin detre entrecueillie et d’être surveillée au fruitier. Elle blétit assez promptement, comme le Beurré Davy, le Beurré gris, le Beurré d’Amanlis, et presque toutes les Foires d’été. Elle mûrit ici après le Bon chrétien Villiam et le Beurré Davy, et .est de la même saison que la Louise bonne d’Avranches , qu’elle surpasse générale- ment en grosseur; elle est aussi plus so- lidement attachée à l’arbre, et ce sera un arbre précieux pour le verger. M. Canne m’a montré des arbres qu’il a fait greffer en fente avec cette variété. En trois ans ces greffes ont atteint de 12 à 19 centimètres de circonférence, et sont d’une vigueur et d’une santé très-grandes. M. Caune a fait greffer une centaine de sujets et les a distribués à ses amis, de sorte que ce fruit méritant va se répandre ici très-rapidement. J’ai cru bien faire d’en signaler l ’origine et d’en donner la descrip- tion. M. Caune offre gratuitement des gref- fons à ceux qui lui en feront la demande. Paul Giraud. JAPONAIS • tiole, très-longuement laciniées, à lacinia- tures écartées, larges, irrégulièrement dentées, à dents aiguës, rouge brun lors- qu’elles se développent, puis roux verdâ- tre, très-souvent striées ou panachées de blanc rosé. Cette espèce, qui nous a paru assez vi- goureuse, est admirable de légèreté; ses rameaux, très-garnis de feuilles, ont quel- que chose de ces marabouts qu’on voit sur certains chapeaux de dames ; la panaehure des feuilles, dont le rose se mélange di- versement au blanc, lui donne quelque chose de la couleur de l’arc-en-ciel. On peut s’en faire une idée en se rappelant les diverses nuances que prennent parfois les feuilles du Yucca versicolor. Acer sanguineum n° 3. — Branches plus dressées ei moins allongées que celles des espèces précédentes. Feuilles digitées, lo- bées, à lobes ordinairement au nombre de 7, courts, dentés, brusquement acumi- nés et terminés en une pointe allongée, dentée, d’un rouge pourpre, couleur qui se conserve même sur les vieilles feuilles. La couleur des feuilles de Y Acer sangui- neum est à peu près la même que celle d’une autre espèce également japonaise, de Y Acer atropurpureum. Les trois espèces d’Erable représentées ci-contre, et dont nous venons de donner la description, sont non-seulement très-belles et très-ornementales, elles sont rustiques. Nous devons dire toutefois que, très-pro- 392 CULTURE DES ORCUIDÉES EIST ANGLETERRE. bablement, de môme que beaucoup de leurs congénères japonaises , elles seront délicates. On les multiplie par boutures et par greffes. Celles-ci se font en placage sur Y Acer palmatum sur lequel elles repren- nent et poussent très-bien. Quant aux bou- tures, il faut les faire de très-bonne heure, afin qu’elles puissent non-seulement s'en- raciner, mais pousser avant l'arrivée de l’hiver. Le mieux est donc d’en cultiver quelques pieds en pots qu'on fait pousser dans une serre à multiplication dès les mois de janvier, février , puis de bouturer les bourgeons au fur et à mesure qu'ils sont légèrement aoûtés. Inutile de dire que ces boutures se font sous cloche, dans une serre à multiplication. Bien que les espèces nos 1 et 2 soient voisines, elles sont néanmoins distinctes. Pour en donner une idée, il suffit de dire que, pour la forme — moins toutefois les couleurs, la ténuité et la légèreté — Y Acer Freiderici Guillemi est l’analogue de Y Acer platanoides laciniatum , vulgairement Pied CULTURE DES ORCHII En cherchant avec persévérance, en tâ- tonnant quand on ne peut faire mieux, on finit tôt ou tard par découvrir la vérité. C’est ce donc nous allons avoir la preuve en rappelant les péripéties diverses par lesquelles a passé la culture des Orchidées depuis un demi-siècle. Les premières Orchidées exotiques qui aient été introduites vivantes en Europe furent celles des plaines de l’Inde méri- dionale et des îles de la Sonde, presque toutes plantes tropicales au plus haut de- gré ou môme équatoriales. Naturellement, on les mit dans des serres où on leur pro- digua la chaleur et l’humidité, de vérita- bles serres-étuves, qui, pensait-on, repro- duisaient assez fidèlement les climats des pays d’où ces Orchidées étaient originaires. Elles y réussirent tant bien que mal, assez toutefois pour encourager ce nouveau genre de culture et donner aux amateurs le désir d’accroître leurs collections. Stimulés par de riches et entreprenants horticulteurs, les voyageurs botanistes se mirent en quête, et l’on vit bientôt affluer en Europe une multitude d’Orchidées nouvelles tirées de tous les pays intertropicaux de la terre. Les serres-étuves, les serres à Orchidées comme on les appelait déjà, étant toutes prêtes, les plantes y furent accumulées sans distinction d’origine; c'étaient des Orchidées, donc il leur fallait à toutes ce bain d’air chaud et humide, indéfiniment continué, qui avait à peu près réussi aux Orchidées de l’Inde. Personne n’osa y con- de griffon, Griffe de procureur, tandis que Y Acer ornatum trouverait son pendant dans Y Acer platanoides palmalipartitum- En terminant cette note et en consultant les 7e et 8e livraisons de V Illustration hor- ticole, nous nous demandons si Y Acer pal- maturn dissectum foliis pennatifidis roseo pictis , Lem., et Y Acer polymorphum pal- matum sanguineum, Lem., ne seraient pas, le premier, notre Acer ornatum, le second, notre Acer sanguineum, noms sous lesquels ces plantes étaient exposées par M. A. Verschaffelt, l’éditeur de Y Illustration. Si cela était, on pourrait se demander pour- quoi on expose sous un nom et l’on publie sous un autre. Ce n’est pas là, ce nous semble, la manière de simplifier les cho- ses. Nous repoussons ces longues désigna- tions scientifiques parce que, d’abord, au lieu de servir la science, elles l’embrouil- lent; ensuite parce qu’elles ne sont pas adoptées des horticulteurs. En cela ils ont raison. E. A. Carrière. ÉES EN ANGLETERRE. tredire.Les horticulteurs les plus en renom suivirent la pente commune, et le résultat, qui ne se fit pas beaucoup attendre, fut la disparition de plantes acquises souvent à prix d’or, qui, par centaines et par milliers, périrent étouffées dans ces étuves. On en conclut, très-naturellement encore, que les Orchidées étaient de toutes les plantes les plus capricieuses et les plus difficiles à cultiver. La leçon, toutefois, avait été trop rude pour ne pas provoquer des réflexions chez le petit nombre d’hommes qui savent ré- fléchir. Quelques-uns remarquèrent, par exemple, qu’un bon nombre de ces Orchi- dées récemment introduites étaient des plantes montagnardes, tirées les unes de l’Himalaya, les autres des hautes monta- gnes du Mexique, du Guatémala, de la Co- lombie et du Pérou, qu’en conséquence elles ne pouvaient pas avoir le tempéra- ment des Orchidées équatoriales de l’Inde, de Java, de Sumatra et de Bornéo. Ce point admis, on osa en aventurer quelques-unes dans des serres modérément chauffées et passablement ventilées, et l’on s'aperçut que, loin d’y dépérir, elles y prenaient de la vigueur, devenaient plus fortes et fleuris- saient mieux. Ce fut un trait de lumière, et beaucoup surent en profiter. Alors, au lieu d'une seule serre à Orchidées, on en eut deux : l’une pour les espèces de l’Inde, de la Malaisie et de l’Afrique équatoriale, l'autre pour celle de montagnes ou de cli- mats subtropicaux. Une fois cette sépara- tion faite, on commença à trouver que les CULTURE DES ORCHIDÉES EN ANGLETERRE. 393 Orchidées étaient moins rebelles.à la cui- ture qu'on ne l’avait cru d’abord. Il n’était pas difficile d’aller encore plus loin dans cette voie. On avait appris, par les notes ou les récits des collecteurs, que, parmi les Orchidées montagnardes, plu- sieurs s’élevaient dans des régions plus que tempérées, presque froides, par exem- ple, à 2,500 à 3,000 mètres de hauteur au-dessus des mers, dans des régions où les brumes et les frimas de l’hiver com- mencent à se faire sentir. On en conclut que ces espèces pourraient à la rigueur se passer de tout chauffage artificiel, et qu’il leur suffirait, en Angleterre du moins, d’être mises à l'abri de la gelée sous un toit. Ici encore on ne se trompait pas, et les expériences confirmèrent toutes les pré- visions. En Angleterre, on est plus amateur d’Ojr- chidées qu’en France, et pour un orchido- phile qu’on trouverait de ce côté du détroit, oh en citerait aisément dix de l’autre côté. Il en est résulté que les expériences cul- turales, au sujet des Orchidées, s’y sont multipliées et dans toutes les conditions possibles, et que la culture de ces plantes y est devenue une des spécialités les mieux connues et les plus habilement pratiquées. Le point de départ de ce progrès, ainsi que nous l’avons dit ci-dessus, a été ce triage des espèces d’après les climats et les lieux d’où elles étaient originaires, et leur répar- tition en catégories ayant chacune leur serre à part. Les grands cultivateurs d’Qr- chidées de l’Angleterre, les Batemann, les* Rob. Warner, les Willis et bien d’autres encore, admettent qu 9 au minimum les Or- chidées exotiques doivent former trois groupes distincts, savoir : les Orchidées de serre chaude proprement dite, compre- nant les espèces équatoriales, ou très-tro- picales ; les Orchidées de serre-tempérée, la plupart américaines et montagnardes; et enfin les Orchidées de serre froide, pour lesquelles la température hiver- nale peut, sans inconvénient, descendre à trois ou quatre degrés au-dessus de zéro, ou même temporairement à zéro. Ces dernières sont leurs Cool orchids (Or- chidées froides), qu’ils nomment quel- quefois aussi Cooi vinery orchids , parce que l’usage s’introduit journellement, chez nos voisins, de les cultiver dans des serres à vignes, et c’est là, en effet, qu’elles réus- sissent le mieux. Cette division en catégories, toute im- portante qu’elle est, n’est cependant que la première assise de la culture des Orchi- dées. Il y a, à la suite, d’autres principes non moins essentiels à observer. Ces prin- cipes ont été naguère (en août 1867) expo- sés devant le congrès botanique interna- tional, réuni à Paris, par M. Robert War- ner, auquel sa longue expérience de la culture des Orchidées et les étonnants succès qu’il y a obtenus donnent une in- contestable autorité. Nous allons essayer de les résumer en quelques lignes. Suivant M. Warner, la première condi- tion que doit remplir une serre à Orchi- dées est d’être appropriée, suivant le cli- mat du pays, à la spécialité à laquelle on la destine. Dans le nord de l’Europe, elle doit avoir un double vitrage, et comme dans cette région, la lumière solaire est moins vive et moins prolongée que sous les latitudes plus méridionales, cette serre sera avantageusement tournée au midi. En Angleterre, l’orientation au nord pourra déjà être la meilleure, et cette orientation s’impose d’autant plus qu’on s’avance d’a- vantage vers le midi. Sous notre ciel tem- péré, un double vitrage n’est plus néces- saire ; dans le voisinage de la Méditerranée, on aura généralement plus de difficulté à défendre les Orchidées de la chaleur et de la sécheresse de l’été, que des fraîcheurs de l’hiver. Les serres à Orchidées ne doivent avoir que de petites dimensions et être plutôt basses qu’élevées. M. Warner indique deux formats comme les meilleurs : le plus grand a pour mesure 6 mètres de large sur 3m40 de hauteur au point culminant; le plus petit 3m 50 de large sur 2m60de hauteur. Les serres peuvent être à un seul versant ou à deux, suivant les circonstan- ces ; mais la serre à deux versants serait à préférer, si la disposition des lieux le per- mettait. Un point capital ici, c’est une large et facile ventilation de la serre, et pour l’ob- tenir on y ménagera des ouvertures au bas et au sommet, surtout au sommet. Ces ouvertures devront être couvertes d’une lame de zinc percée de trous, ou d’une toile métallique à mailles assez serrées pour empêcher les mouches et les bour- dons d’entrer dans la serre, mais laissant toujours un facile passage à l’air. L'om- brage de la serre mérite aussi quelque at- tention, tout en cherchant à le rendre suf- suffisant, il faudra éviter de le faire trop épais. Quant au chauffage, les appareilsde- vront être assez puissants pour, au besoin, donner 50°/o de chaleur de plus qu’il n’en faut dans les usages quotidiens; c’est une ressource qu’on se ménage pour des cas particuliers. Enfin on aura soin de recueil- lir l’eau de pluie pour faire les bassinages, et l’on ne devra l’employer qu’après en avoirélevé la température de 3,4, ou même 5 degrés centigrades au-dessus de celle de l’intérieur de la serre. Ces diverses prescriptions ne sont en- core que le côté matériel de la culture des Orchidées, mais voici maintenant le prin- 394 DES ÉTIQUETTES. cipe par excellence, celui qui est en quel- que sorte l’âme de Ja culture, et dans tou- tes les catégories. C’est qu’on doit ménager à toutes ces plantes une bonne période de repos. Ce repos, plus ou moins prolongé, est nécessaire à toutes, même aux espèces les plus équatoriales, et si ces dernières diffèrent de ce qu’on appelle les Orchidées froides (Cool Orchid s), c’est bien plus par la moindre durée de leur saison de repos, que par le besoin d’une température plus élevée. La vraie et grande différence qui distingue les diverses catégories d’Orchi- dées signalées ci-dessus, c’est l’inégalité de la période de repos qu’elles réclament; les Orchidées froides voulant se reposer plus longtemps que les autres. Si ce repos vient à leur manquer, elles périssent inévitable- ment, et c’est ce qui explique la mort de tant de belles et précieuses espèces mon- tagnardes dans les serres chaudes où réus- sissaient celles des plaines de l’Inde; sans cesse stimulées par la chaleur humide du local, elles végétaient hors de saison, et cet effort leur était promptement funeste. Ainsi ce qui détermine le succès ici, c’est une juste alternance d’une période d’activité et d’une période de repos, va- riables en durée, suivant les espèces. Dans la période d’activité, toutes les Orchidées veulent de la chaleur et une atmosphère humide, mais avec une ventilation conti- nuelle de jour et de nuit ; dans la période de repos, au contraire, il faut les soustraire à tout ce qui les exciterait avant l'heure à végéter. On y parvient en diminuant à la fois la chaleur et l’humidité de l’air. Le degré dans lequel cette diminution doit se faire, ainsi que sa durée, sont indiqués par les données climatériques des pays où les plantes croissent naturellement En moyenne, et d’une manière seulement gé- nérale, on peut dire qu’un abaissement de quatorze à seize degrés centigrades sur la somme de chaleur diurne nécessaire pour mettre la plante en végétation, suffit pour les amener à l’état d’inerlie qui carac- térise la période de repos. Il y a toutefois de nombreuses exceptions individuelles qui ne peuvent s’apprendre que par l’usage. C’est ainsi, par exemple, que certaines Or- chidées du nord de l’Inde, de la Nouvelle- Hollande, etc., ne parviennent à fleurir qu’après avoir été pour ainsi dire grillées par le soleil pendant leur saison de repos. Devant ces deux principes essentiels . l’alternance de l’activité et du repos, et une ventilation parfaite, les autres points de la culture des Orchidées sont en quel- que sorte secondaires. Il ne faut pas les négliger cependant, car ilsont encore leur importance. C’est ainsi que M. Warrfer conseille, à ceux qui cultivent des Orchi- dées pour peupler une serre, de rejeter toutes les plantes qui ne seraient pas par- faitement saines ; d'éviter l’introduction de l’air froid dans les serres pendant l’hiver, et enfin de veiller attentivement à ce que les insectes parasites ne s’y multiplient point. Quant aux opérations nouvelles et aux soins particuliers que réclament telles ou telles espèces, il renvoie l’amateur au traité spécial de M. B. S. Williams, inti- tulé Orchid Manual. L’approbation donnée à ce traité par un homme aussi compétent que M. Rob. Warner, indique suffisam- ment que l’amateur peut s’en servir en toute confiance. Naudin. DES ÉTIQUETTES Bien des essais d’étiquetage pour les végétaux ont été tentés, et des modèles de toute sorte ont été décrits et même livrés au commerce, mais il n’en est aucun qui remplisse le but . qu’on se propose. Les unes, en porcelaine, sont très-jolies mais trop coûteuses; d’autres, en terre cuite, en tube de verre et surtout en zinc, et écrits avec une encre chimique dont la pré- paration exige parfois des connaissances que, en général, les jardiniers n’ont pas, laissent également à désirer. En effet , après quelques semaines qu’elles ont été exposées à l’air, ces étiquettes s’oxydent de «telle façon qu’il est impossible de lire l’inscription. Nous allons faire connaître un mode d’étiquetage peu coûteux, facile à faire, et qui a, en outre, l’avantage de durer long- temps. Nous avons des étiquettes préparées par ce procédé qui, exposées depuis huit i ans au soleil, à la pluie, au brouillard, à la gelée, au dégel, etc., n’ont subi aucune altération ; elles sont tout aussi lisibles que le premier jour. Voici la manière de préparer ces éti- quettes. On prend des plaques de zinc de la dimension que l’on veut, puis on se pro- cure de bonne encre de Chine bien noire qu’on délaye dans de l’eau en ayant soin qu’elle soit bien liquide, car si l’encre est épaisse, elle s’écaille en séchant; il est essentiel aussi qu’elle soit bien noire, car autrement l’inscription ne serait pas assez visible. Avec cette encre on peut écrire sur le zinc avec une plume de fer ou d’oie; toutefois la plume de fer est préférable, en ce qu’elle mord davantage sur le métal. Le zinc un peu oxydé vaut mieux que le zinc neuf, parce que celui-ci étant très- lisse, l’encre glisse dessus sans adhérer et se réunit en gouttelettes comme l’eau sur EXPOSITION UNIVERSELLE D’HORTICULTURE EN 1867. 396 une toile cirée. Pour éviter cet inconvé- nient dans le cas où l’on n’aurait que du zinc neuf à sa disposition, il faut en frotter la surface sur laquelle on doit écrire avec un chiffon et de la cendre bien fine; la cendre de cigare est excellente pour cela; le sablon ne vaut rien, il ronge le métal. Si l’on trouve que frotter chaque plaque de- mande trop de temps, il suffit de laisser tremper le zinc neuf dans l’eau pendant quelques heures et de le laisser égoutter, après quoi on l’essuie. Le zinc ainsi pré- paré, l’encre prend bien dessus. Si les éti- quettes ne doivent durer que quelques mois, telles que celles qu’on emploie pour les semis, par exemple, on peut se servir d’encre ordinaire. Il est certain que des étiquettes [écrites avec les sortes d’encre dont il vient d’être parlé dureraient peu, si elles n’étaient garanties par un vernis. Celui dont nous faisons usage est composé des matières suivantes et dans les proportions que nous allons indiquer, savoir : huile de lin, 250 grammes, cire jaune, 25 grammes. Voici comment on prépare ce vernis. On met sur un feu très-doux un vase en fer contenant l’huile et la cire; quand celle-ci est fon- due, on retire du feu en ayant soin de re- muer la composition jusqu’à ce que le refroidissement soit complet et que le mé- lange des deux matières soit aussi complet EXPOSITION UNIVERSELLE Nous commençons le compte rendu de la deuxième série par les Araliacées qui en formaient les concours principaux. En tête du programme se trouvait le concours « dit espèces et variétés réunies en collec- tion)), dans lequel M. Chantin a reçu un premier prix pour 31 Araliacées va- riées. Le second concours, « lot de douze espèces remarquables par leur dévelop- pement, » rapportait un premier prix à M. Linden. Le troisième « lot de six espèces remarquables pour la décoration des jardins pendant l’été», récompensé d’un second prix décerné à M. Stelzner, de Gand, se composait de : Aralia papyrifera, Aralia platanifolia, Oreopanax daclylifolia , Oreo- panax peitata , Falsia [Aralia), Sieboldti foliis aureo marginalis. Enfin, pour ter- miner ce qui concerne les Araliacées, le jury a décerné un premier prix à M. Lin - den, pour sept plantes dites de récente introduction, savoir : Oreopanax Osyanum, à feuilles larges, profondément dentées ; Oreopanax lortile , à feuilles formées de divisions contournées sur elles-mêmes et ne laissant qu’une très-petite rosace au- (I) Voir Revue horticole 1867, pp. 173, 193, 214, 234, 252, 272, 292, 313, 333, 354 et 373. que possible. On peut alors ou le mettre en bouteille ou le garder dans le vase qui a servi à la dissolution. Ce vernis se con- serve indéfiniment, et soi) emploi est des plus faciles. Lorsqu’il s’agit de ver- nir une étiquette, on se sert d’un pin- ceau semblable à ceux qu’emploient les enfants pour colorier leurs cartes géogra- phiques, par exemple. Avec ce pinceau on étend le vernis sur l’étiquette quand l’encre est bien sèche, en ayant soin d’en mettre le moins épais possible. Gomme ce vernis demande quelques jours pour sé- cher, il est préférable de l’employer sur place, c’est-à-dire quand l’étiquette est posée, à moins qu’on ait à sa disposition un emplacement convenable pour le faire sécher. Ce vernis peut aussi servir à préserver de la rouille les porte-étiquettes en fer ou tout autre chose analogue. Dans ce cas, on en met un peu plus épais que lorsqu’il s’agit de conserver l’écriture des étiquettes. On comprendra facilement que le mode d’étiquetage dont nous venons de parler est très-économique, puisque l’on peut employer des rognures de zinc vieux qui n’ont pour ainsi dire aucune valeur, et que la quantité de vernis indiquée plus haut, et dont le prix n’excède guère un franc, peut suffire pour préparer de deux à trois mille étiquettes. Edouard Feuillère. THORTICULTURE DE 1867 (1) près de leur intersection sur le pétiole ; Oreopanax costa Ricense et Oreopanax auriculatum, à feuilles formées de sept folioles très-longues par rapport à leur largeur ; Oreopanax umbraculiferum et Oreopanax lanigerum , à feuilles larges non divisées ; Oreopanax sp. nova, se rap- prochant de ces deux dernières plantes. Nous signalerons encore comme succès ob- tenu par M. Linden, savoir: deux seconds .j prix , l’un pour un lot de Ficus, présentés comme de récente introduction, dans lequel nous ne citerons que le Ficus dealbala (déjà signalé); l’autre pour un lot de six Solanum , également présentés comme de récente introduction. Parmi ces nouveautés, nous avons noté, malgré leur ressemblance avec le Sola- num Quitoensp, déjà dans les cultures, les deux plantes étiquetées Species de Quito. Ensuite un premier prix pour deux plantes de plus grand mérite, savoir un Aristolo* chiasp.novaàu haut Amazone etun Tilland- sia sp. du Pérou, h' Aristolochia, que nous avons vu en fleur l’année dernière dans les serres de M. Linden est très-floribonde, elle est surtout remarquable par la richesse du dessin en relief de couleur pourpre 396 EXPOSITION UNIVERSELLE marron qui tranche sur le fond blanc lai- teux de Tintérieurde la fleur et représente une série de petites esquisses dans les- quelles on semble voir ici une branche de Lichen, plus loin une touffe de Mousse, ailleurs la silhouette d’une branchede co- rail; tout cela avec une telle perfection que l’on croirait voir une fleur artificielle ! Le Tillandsia, qui n’est pas moins remar- quable, a des fleurs composées de trois pétales renversés d’un beau violet légère- ment teinté de bleu se fondant d’une façon merveilleuse avec le blanc, qui forme le centre de chaque fleur, et dont l’aspect comme la couleur sont celles de certains Franciscea. Enfin un second prix pour un Amaryllis procera , à grandes fleurs bleu clair. Cette plante, bien que très- répandue dans le commerce, avait été jusqu’ici rarement vue en fleur. Reprenant l’ordre indiqué par le pro- gramme de la commission impériale, nous passons aux concours ouverts aux végé- taux de serre chaude, où quatre collec- tions de plantes variées pour la décoration des appartements, ont été présentées, sa- voir : la première par M. Chantin, qui a reçu un premier prix ; les trois autres apparte- nant à MM. Bernard, Savoye et Ludde- mann, ont été récompensées chacune d’un second prix. Si la collection de M. Savoye était la plus nombreuse en sujets, celle de M. Luddemann, horticulteur à Paris, mé- rite une mention spéciale; car, outre un cer- tainnombrede belles Broméliacées dontles fleurs sont si gracieuses par leurs bractées de couleur les plus vives et les plus tran- chées telles que : Æchmæa fulgens , Til- landsia splendens , également décoratif par son feuillage zoné de marron presque noir et par ses bractées aplaties, rouge foncé sur lequel se détache agréablement le co- loris blanc jaunâtre des fleurs; Guzmannia tricolor , à bractées de couleur rouge et violet avec des fleurs blanches. On remar- quait un Curcuma cordata très-curieux par ses fleurs jaune et rose qui sortent de chaque bractée colorée de violet bleuâtre. A côté de ces merv’eilles, M. Luddemann avait placé plusieurs Orchidées dont la culture ne laissait rien à désirer, d’abord un Angræcum caudatum , dont les fleurs sont des plus originales par la forme; en- suite, Houllelia Brocklehurstiana, Orchi- dée brésilienne, aussi burlesque par le nom que remarquable par le coloris des fleurs. Dans un second concours « lot de six sujets remarquables par leur développe- ment et leur bonne culture », M. Savoye recevait un premier prix pour un lot de Ficus elastica qui étaient admirables, et M. Huillier, son concurrent, un troisième prix également pour des Ficus elastica. d’hORTICULTURE EN 1867. Puis, pour continuer à enregistrer les concours de plantes de serre chaude et les récompenses obtenues, nous cite- rons d’abord : un second prix à M. Chan- tin, pour une collection de Musa ; un troi- sième prix à M. Pigny, pour un Coccoloba pubesçens , ou Raisinier des Antilles; un deuxième prix à M. Carcenac, pour un lot de Gloxinia de semis ; un premier prix à M. Chantin, pour une collection de Fou- gères de serre dans laquelle nous avons remarqué : Lomaria Gibba, plante très- élégante, originaire de la Nouvelle Zélande; Nephrolepis davaloides, Alsophila conta- minans (ou glauca ), belle fougère arbores- cente, originaire de Java ; Pleris umbrosa, venant de la Nouvelle -Hollande; Pteris argyræa, à feuilles largement panachées de blanc d’argent ; Lonchitis pubesçens, belle, mais un peu délicate ; Acrostichum crinitum ( Hymenodium crinitum), à feuilles entières , larges, hérissées de poils noirs, plante très-curieuse; Alsophila Van Geer- tii, à pétiole rouge brun armé d’aiguillons crochus, rappelant V Alsophila ferox ; As- plénium furcaium , très-jolie espèce, origi- naire de l’Inde. Après les lots d’Orchidées de MM. le comte de Nadaillac et Guibert, exposés hors con- cours et où nous avons trouvé : Vanda cœ- rulea, aux jolies fleurs bleu pâle à label le bleu foncé; Cattleya Harrissoniana , à fleurs lilas avec une macule pourpre sur le labelle; nous examinerons une collection de plantes à fleurs aussi remarquables par la singularité des formes que par celle du coloris, mais qui, malheureuse- ment, ont presque toutes une odeur désa- gréable. Ce sont les Stapelia, représentés par une collection de 23 sujets qui a valu un second prix à M. Pfersdoff, leur propriétaire. Plusieurs espèces nous ont surtout paru devoir être signalées au pu- blic, ce sont : Stapelia glauca , dont la fleur à gorge blanche, rouge en dessus, est gar- nie d’une sorte de frange formée de poils; Stapelia grandiflora , à fleurs pourpre foncé , parsemées de poils et de duvet de couleur grisâtre; Stapelia Gu ssoniana (ou Apteranthes Gussoniana), à fleurs ino- dores, d’un rouge brun ; Stapelia Decais- neana (ou Boucerosia Decaisneand) à ra- meaux vert pâle marbré de rouge marron garnis de grandes dents aiguës; Stapelia variegata, à fleurs jaune maculé de pour- pre; Stapelia revoluta , à fleur jaune mar- bré de rouge; Stapelia asteria, à fleurs violet foncé; Stapelia cylindrica (ou Apte- ranthes cylindrica ), à fleurs jaune orange. Enfin, 1° un troisième prix à M. Pfersdoff pour quatre plantes curieuses par leur rhi- zome qui s’élève au-dessus du sol en une masse de forme demi-sphérique ressem- blant assez à une carapace de tortue , d’où EXPOSITION UNIVERSELLE D’HORTICULTURE EN 1867. 397 leur nom générique, Tesludinaria . Elles étaient exposées sous le nom de Tamus ele - phantipes , qui leur a été donné par le na- turaliste Héritier. 2° Un troisième prix à M. Stelzner, de Gand, pour un Barnbusa Fortunei , plante à feuillage panaché de blanc et d’un très-bel effet ; 3° un premier prix à M. Rendatler, de Nancy, pour une très-grande quantité de Pétunia à fleurs simples et pleines. Le même horticulteur recevait trois autres récompenses, dont une mention honorable pour un Lankesteria Barterii et deux seconds prix , l’un pour un Pélargonium zonale-inquinans var. Triomphe de Lorraine , à fleurs pleines rouge cerise; l’autre pour une collection Y Abutilon , dans laquelle nous avons noté Abutilon malvx folium, espèce originaire du Mexique, à fleurs rose lilacé légère- ment rayé de rose et de pourpre; Abuti- lon var. Ambroise Verschaffelt, hybride de VA. Tonelianum, à fleurs couleur saumon et à nervures pourpre; var. Ab.MontgolJier , à grandes fleurs jaunes fortement nervées de rouge brun ; 4° une mention honorable à M. Muller, amateur belge, pour un Yucca pendula , var. Mullerii ; 5° un second prix à M. Libaud pour une collection de Pélar- gonium zonale-inquinans; 6° un second prix h M. Nardy frères, horticulteurs à Lyon, pour 45 Dianthus Caryophyllus variétés remontantes , dont nous croyons devoir recommander la culture et le choix ; 7° un troisième prix à M. Horat, jardinier chez M. Guez, à Belcour, pour un Philodendron pertusum (mieux Tornelia fragans); 8° deux seconds prix à M. H. Jamain , l’un pour une collection d’Orangers fleuris et l’autre pour un lot de Grenadiers dits des Antilles ; 9° un troisième prix au même M. Jamain, pour un lot de Myrthe en fleur. Les trois lots deM. Jamain offraient les vrais spécimens de la culture des plantes qui alimentent, pour une grande partie, les marchés de Paris. Les végétaux de pleine terre, qui étaient bien moins nombreux que dans les précé- dentes séries, ont été récompensés comme suit : 1° un second prix à M. Yvon, pour une collection de 13 espèces et variétés d’ Aster; 2° un second prix à M. Thibaut-Prudent, pour une collection de plantes vivaces va- riées : 3° un second prix à MM. Vilmorin et Gie pour une collection de plantes annuelles variées : 4° un second prix à M. Duvivier, pour une collection de 24 va- riétés de Phlox Drummundii ; 5° un troi- sième prix à M. Alphonse Dufoy, horticul- teur à Paris, pour un magnifique gain de Phlox dit Virgo Maria ; c’est une va- riété nouvelle, naine, se ramifiant facile- ment et portant de beaux et amples pani- cules de fleurs d’un blanc pur. Nous ne sau- rions trop recommander ce gain aux ama- teurs qui désirent cultiver de bonnes plan- tes de pleine terre ; 6° un rappel de pre- mier prix à MM. Vyeaux-Duveaux et C,e pour un lot de Réséda; 7° un second prix et une mention honorable à M. Rendatler, pour un lot de Phlox nouveaux et un lot de Gallardia , venant également de semis; 8° un troisième prix à M. Van Driesche, de Gand, pour un Sedum fabarium var. spec- tabile , vigoureux et bien cultivé; 9° un troisième prix à M. Guénot, pour un lot d' Amaryllis Belladona; d0° deux men- tions honorables pour des Gynérium ar- genteum foliis variegatis l’une donnée à M . Oudin, jardinier-chef au château de Meudon, et l’autre à M. Thibaut -Pru- dent. Nous trouvons ensuite les concours ouverts pour les fleurs coupées, savoir: 1° Glaïeuls en collection, M. Souchet, un premier prix ; M. E. Verdier, second prix ; M. Loise-Chauvière, troisième prix ;M. Ber- ger, mention honorable ; 2° lot de variétés récemment au commerce, M. Souchet, premier prix ; 3° lot de variétés nouvelles, non encore au commerce, M. Souchet. premier prix. Constatons avec regret que, dans cette série encore, les plantes exposées par M. Souchet n’étaient pas toutes munies d’étiquettes. Après les Glaïeuls venaient les Dahlia qui, cette fois, ont été présentés par un assez grand nombre d’exposants. En effet, disons que: 1° 6 récompenses ont été accordées pour les collections, savoir : un premier prix à M. Rohard, horticulteur à Beauvais (Oise); un second prix à M. Rendatler, de Nancy ; un troisième prix à M. Chardine, de Pier- refitte, et également un troisième prix à M. Coulon, jardinier à Plessis-Bouchard ; deux mentions honorables , l’une à M. Loise- Chauvière et l’autre à M. Mangin. Le jury a beaucoup regretté que les Dahlia en- voyés par M. Sieckmann, de Kostrictz, aient été trop fanés pour permettre de les apprécier et de les récompenser. Dans deux autres concours, savoir: « lot de 50 variétés de choix et variétés nou- velles obtenues de semis » , le jury accor- dait : pour le premier concours, un pre- mier prix à MM. Moricard et Asclept, dont les produits continuent à être hors ligne; pour le second, un premier prix à M. Gue- noux, dont nous signalerons les gains nu- méros 13, 16 et 17. Citons encore, comme récompenses décernées: 1° «Roses fleurs coupées, réunies en collection », un pre- mier prix à M. Hipp. Jamain; un second prix ex æquo à MM. Du val et Cochet ; 2° Reines-marguerites, également en fleurs coupées et en collection, une mention hono- rable à M. Dominique fils, jardinier au château de Hauldres; 3° une collection de branches de Conifères avec fruits très-in- 398 EXPOSITION INIVERSELLE D 'HORTICULTURE EN 1867. téressante au point .de vue de la science, un premier prix à MM. Rovelli frères, horticulteurs à Palanza (Italie); 4° collec- tion de Dahlia cultivés en pleine terre dans le parc (déjà signalés dans la précé- dente série), un premier prix à M. Rouil- Jard ; 5° lot de Lilium lanci folium, égale- ment déjà signalés dans les précédentes sé- ries, un troisième prix à M. Thibaut-Pru- dent; 6° pour une collection d’OEillets (dits remontants) présentés en fleurs coupées et déjà signalés un troisième prix à M. Gau- thier-Dubos. Enfin, pour terminer cette lon- gue énumération^ citons encore pour bou- quets, vases et suspensions ornées de Heurs à M. Rernard, trois premiers prix et trois seconds prix; à M. Deschamps, amateur, deux seconds, prix et une mention honora- ble; à M. Rameau, un second prix ; à M. Yan Reeth, horticulteur à Anvers (Bel- gique), un premier prix et un second prix ; à M. Yan Driesche, de Gand, un premier prix , un second prix et une mention hono- rable ; à M. Blulz, horticulteur à Verriers (Belgique), une mention honorable pour di- vers bouquets composés de graminées et autres fleurs sèches. Dans les concours de légumes, qui ve- naient ensuite , noiis trouvons , comme prix décernés par le jury : 1° « Légumes réunis en collection » un premier prix à la société de se- cours mutuel des maraîchers de la Seine; également un premier prix à M. Che- nevière, horticulteur à Pontoise; un se- cond prix à la société d'horticulture d'E- tampes; un troisième prix à la société d’horticulture de Clermont (Oise) ; une mention honorable à M. Devaux, horticul- teur à Ermont (Seine-et-Oise). Gomme produits remarquables nous noterons, dans Ja collection de la société de la Seine, de beaux Choux-fleurs de la variété dite demi- dur; des magnifiques Laitues blondes et, le dirons-nous, quelques petits tubercules d’ignames ( Dioscorea batatas). A propos de ces produits, nous nous permettrons d’exprimer un regret au sujet de l’indif- férence ou du découragement qui attei- gnent si vite les horticulteurs et les ama- teurs lorsqu’il s'agit de modifier leurs cul- tures par l’introduction d’une nouvelle plante. En effet, personne n’ignore que depuis nombre d'années une maladie sur les Pommes de terre s’étant produite dans presque toute l’Europe, il a fallu chercher à remplacer ce précieux tuber- cule, qui, on peut le dire, forme la base de l’alimentation. Tout le monde hor- ticole s'étant mis à la tâche, naturelle- ment beaucoup de produits nouveaux ont été proposés. Dans ce nombre, un seul, l'Igname, se présentait avec des qualités promettant un sérieux avenir. Or qu’ar- rive-t-il ? Ceci : cultivé pendant quelques années, et bien qu’ayant donné d'excellents résultats, le Dioscorea batatas a été aban- donné.2° Pommes de terre réunies en col- lection : un second prix à M. Julien, horti- culteur à Andennes (Belgique), pour 89 variétés ; un troisième prix à M. Boncenne, horticulteur à Fontenay-le-Comte (Ven- dée), pour 40 variétés; une mention hono- rable à M. Dagneau, jardinier chez M. Smith, à Nogent, pour 33 variétés. 3° Nou- velles variétés de Pommes de terre, un troisième prix à M. Vavin , amateur, pour des Pommes de terre de Norvège et qui, dit-on, résistent à la maladie, ce dont, malheureusement, il est encore per- mis de douter. 4° Choux réunis en col- lection : un troisième prix à M. Chau- vart, horticulteur à Belleville, dont les produits étaient d’une grosseur extraordi- naire (une des Pommes de Chou, entre autres, mesurait45 centimètres de diamètre et pesait 19 kilogr.).'5° Lot de Cucur- bitacées, une mention honorable à M. Du- mas, jardinier-chef à la ferme-école de Ba- zin (Gers), pour de beaux spécimens de Potirons et Oignons; une mention hono- rable également à M. Batzke, jardinier au château de Fredericsbourg (Danemark) pour un lot de nouvelles variétés de Con- combres obtenues de semis ; 6° un lot d’Oi- gnons jaunes, une mention honorable à M. Chevalier, Michel, cultivateur à Dax. 7° Collection de Haricots, un troisième prix à la société de Cleraiont (Oise) . Enfin, pour faire ressortir l’importance et la qualité des produits de culture maraîchère envoyés par la maison Vilmorin et Cie, dont les succès ont déjà été si nombreux dans la section de la floriculture , nous avons groupé les sept récompenses qui leur ont été accordées par le jury, savoir : un second prix pour une collection de 10 variétés de Piments ; un troisième prix pour une col- lection de 12 variétés de Chicorée, dont 7 appartiennent au genre dit Chicorée fri- sée et les 5 autres à celui dit Chicorée sauvage. Les plus remarquables parmi ces dernières sont la variété dite à pomme; celle dite améliorée panachée naine et celle dite améliorée frisée ; une mention hono- rable pour un lot de 4 variétés de Choux- raves ; un troisième prix pour une collec- tion de 7 variétés de Tomates déjà signa- lée; un autre troisième prix pour une collection d’Oignons; un secondprix pour une collection de 22 espèces et variétés de Courges, Potirons, etc. ; une mention hono- rable pour une collection de Concom- bres. En ouvrant le compte rendu des con- cours relatifs aux fruits, nous trouvons, cette fois encore, les concours ouverts aux Raisins qui, par suite de l'exposition des EXPOSITION UNIVERSELLE d’hORTICULTURE EN 1867. 399 Raisins du Midi, seront divisés en trois sec- tions au lieu de deux. Dans la première série, composée de quatre concours, savoir : 1° Raisins de table réunis en collection, le jury a dé- cerné un premier prix à M. Rose Char- meux, qui présentait, dit-on, 87 espèces et variétés; une mention honorable h M. Cons- tant Charmeux pour 12 espèces et variétés seulement; 2° lot d’un seul genre, Chasse- las doré : un premier prix à M. Constant Charmeux; un second prix à M. Rose Charmeux; mention honorable à chacun des lots présentés par MM. Dudock de Wite, à Amsterdam (pour Raisin muscat); Batzke , à Fredericsbourg ; société de Clermont (Oise); 3° lot de 6 variétés : un second prix à M. Rose Charmeux; 4° lot de 12 grappes, Frankental ; un premier prix àM. Knight; un deuxième prix à M. Cons- tant Charmeux et un troisième prix à M. Rose Charmeux. Dans la deuxième série, que nous dési- gnerons sous le titre de Raisins variés un premier prix était décerné à la société de Marseille, pour 214 espèces et variétés re- présentées par des spécimens d’une beauté hors ligne; citons comme exemple une grappe de Danugue mesurant 50 centi- mètres de longueur sur une circonférence égale; le second prix revenait à M. Houd- bine, amateur près Angers, pour 84 es- pèces et variétés également très-belles et très-admirées du public et des connais- seurs. Dans la troisième série, dite Raisins à vin, le j ury accordait un premier prix à la société de Beaune pour 24 espèces et variétés; un deuxième prix à M. Foule, propriétaire à Charenzae, pour 20 espèces et variétés de beaux Raisins; un troisième prixk la so- ciété de Montauban pour 46 espèces et va- riétés; un premier prix à M. Phélippot, amateur, à File de Ré, pour un lot de Ceps chargés de Raisins et traités par la culture dite à longs bois; un second prix à M. Vi- gnial, de Bordeaux, pour Ceps de Merlot et Malbec , dont le mode de culture mérite un encouragement; un troisième prix à M. Menudier, amateur, près Saintes, pour 5 ceps de vigne dont la culture est recom- mandable; enfin une mention honorable 'à M. Ducarpe junior, propriétaire à Saint- Emilion, pour 3 variétés recommandables présentées en six exemplaires. Disons que parmi ces produits, qui frappaient d’éton- nement, on a surtout admiré ceux de la société de Marseille, ainsi que ceux en- voyés par M. Knight, puis entamons les concours ouverts pour fruits à pépins, con- cours qui forment certainement la partie plus intéressante de cette série. Afin de rendre plus équitable le par- tage des récompenses et de la valeur que moralement chacun y attache, le jury avait eu l’heureuse idée de diviser les exposants en trois categories, savoir : 1° les horti- culteurs, 2° les amateurs, 3° les sociétés d ’horticulture. Dans la première catégorie, le concours de collection a rapporté .7 récompenses, savoir : un premier prix à M. Hortolès, de Montpellier, pour 216 lots de Poires, 113 de Pommes et 9 corbeilles de fruits variés ; un autre premier prixk M. Deseine, dont la collection se compo- sait de 200 lots de Poires et 116 de Pom- mes; un second prix à M. Dupuy-Jamain pour 189 lots de Poires et 52 de Pommes; un troisième prix à MM. Roy et Cie pour 152 lots de Poires et 69 de Pommes dont le bon étiquetage prouve la capacité de ces débutants ; un autre troisième prix à M. Cochet pour 135 lots de Poires et 8 de Pommes; deux mentions honorables, l’une à M. üambruyant, de Vienne (Isère), pour 107 lots de Poires et 32 de Pommes, l’au- tre à M. Lelandais, de Caen, pour 81 lots de Poires et 22 de Pommes. Dans la seconde catégorie, un seul ama- teur, M. Rouillé-Courbe, de Tours, a été récompensé d’un premier prix pour une collection composée de 134 lots de Poires et 120 de Pommes. Enfin, pour collections envoyées par les sociétés d’horticulture, le jury a décerné un premier prix à la société de Beaune pour 271 lots de Poires et 62 de Pommes ; un troisième prix à la société de Marseille pour 126 lots de Poires et 30 de Pommes. Si nous ajoutons à ce total (1,601 lots de Poires et 629 de Pommes) les fruits en- voyés par des horticulteurs français et ex- posés hors concours, nous arrivons à ce chiffre effrayant, on peut dire, de 1,919 lots de Poires et 809 de Pommes. Pour terminer ce qui concerne les fruits à pépins, mentionnons d’abord une Poire présentée par M. Beluse, horticulteur à Lyon, nommée Prémices de la Duchesse; c’est un gain provenant du Doyenné d’hi- ver auquel il ressemble du reste par la forme, et dont la chair, presque blanche, fondante, juteuse, légèrement acidulée, est d’un goût agréable. En second lieu, une Pomme présentée par M. Hortolès, encore non baptisée, ayant tout le faciès de la Pomme de calville. Examinés et dégustés par le jury, ces fruits ne pourront être ré- compensés que dans le concours de la pro- chaine série. Les concours de Pêches qui terminaient la douzième série, ont dignement fait suite à ce que nous venons d’énumérer. Ils ont donné lieu à trois concours pour lesquels le jury a décerné : 1° variétés réunies en collections : un premier prix à M. A. Le- père, de Montreuil, pour 14 lots très-re- marquables; un troisième prix à M. De- 400 •MULTIPLICATION DU CENTAUREA CANDIDISSIMA. seine pour 10 lots; un autre troisième prix àM. Chevalier, de Montreuil, pour trois cor- beilles de fruits; une mention honorable à M. Dupuy-Jamain. 2° Variété nouvelle ob- tenue de semis dite Pêche d’espalier : un se- cond prix à M. Chevalier pour sa variété dite Belle impériale ; un autre second prix à M. Felut, horticulteur à Clermont-Ferrand, pour un lot de Pêches de semis, surtout pour sa variété dite Tardive d’ Auvergne, qui a beaucoup d’analogie avec celle nom- mée Léopold Ier. 3° Enfin notons un se- cond prix donné à M. Beaudon, de Clérac (Lot-et-Garonne), pour 18 variétés nouvelles dont les fruits, quoique très-ap- préciés dans la localité par les confiseurs et les distillateurs, ne nous paraissent ce- pendant pas destinés à devenir une source recherchée d'approvisionnement pour nos marchés. Si, comme dans les précédentes séries, nous récapitulons le nombre des récom- penses décernées, nous trouvons au total 140 récompenses, dont 36 premiers prix, 47 deuxièmes prix, 30 troisièmes prix, 27 mentions honorables réparties entre les puissances , savoir : Hollande 1 , Dane- mark 2, Italie 1, Belgique 16, France 120. Rafarin. {La suite au prochain numéro .) MULTIPLICATION DU CENTAUREA CANDIDISSIMA De toutes les plantes ornementales, le Centaurea candidissima est certainement une des plus belles, grâce à son feuillage duveteux et d'un beau blanc. Mise en bor- dure devant des Perilla Nanhinensis , ou toute autre plante à feuilles d'une nuance foncée, elle produit un charmant contraste; mais elle n’est pas d’un moins bon effet lorsqu’on la plante en massif au milieu du gazon. Ce n’est pas d’aujourd’hui que date l'in- troduction de cette plante dans nos cul- tures, et cependant le C. candidissima est toujours coté à des prix assez élevés. Cette élévation de prix doit être attribuée à la difficulté qu’on éprouve à multiplier la plante en question, et chacun sait, en ef- fet, que les boutures, par suite de la pourriture, périssent presque toujours avant d’avoir pris racine. Je crois donc utile de faire connaître aux lecteurs de la Revue horticole un procédé très-simple et qui m'a toujours- réussi. Les pieds mères dont je dispose montrent, comme cela a. toujours lieu, des boutons au printemps; alors je sup- prime ces derniers, et mes plantes ne tar- dent pas à développer des bourgeons que j'éclate aussitôt qu'ils présentent 5 à 6 feuilles, en ayant soin toutefois de les laisser adhérer quelque peu à l'écorce in- férieure pour qu’ils soient complètement suspendus. Je les laisse dans cette position pendant 7 à 8 jours, et pendant ce temps la partie adhérente de l'écorce suffit à maintenir les bourgeons dans un état par- fait de santé. Alors la plaie se trouve en- tièrement cicatrisée, chose essentielle si l'on veut garantir les boutures de la pour- riture, et je n’ai plus qu’à les détacher pour les mettre dans de petits pots que je place en serre ou en plein air, absolu- ment comme s’il s’agissait de Pélargonium. Ainsi traitées, les boutures reprennent généralement bien. Le 3 juillet dernier, par exemple, j'ai éclaté mes boutures de la manière ci- dessus indiquée; le 9, je les ai détachées pour en mettre en pots 50, qui ont été pla- cées dans une serre à multiplication. Le 29 juillet, 6 étaient bien enracinées, mais une avait péri; enfin, le 14 août tout le reste avait pris racine. Le 3 juillet j ’avais également fait20 éclats qui furent mis en pots. Le 9 ils furent ex- posés en plein air; le 29 juillet, trois bou- tures avaient pris racines ; et, le 14 août, toutes étaient bien enracinées et mon- traient plus de vigueur que celles placées dans la serre. Ici je crois devoir faire re- marquer que du 9 juillet au 1er août, épo- que où il a piu fort souvent, le temps a été constamment couvert et humide. L’essentiel en tout ceci est donc d’éclater les boutures, puis de leur laisser avant la mise en terre le temps de cicatriser leur plaie. Quant à la conservation des pieds mères pendant l'hiver, elle est facile ; les Centau- rea n'exigent pas de chaleur, il suffit de les placer sur une planche, dans une oran- gerie et de les arroser deux ou trois fois seulement dans le courant de l'hiver. Le Centaurea candidissima ne donne pas de graines, quoi qu’on en dise; toutes les fois que j'en ai demandé à ceux qui préten- daient en avoir, ils m’ont invariablement répondu « que leur provision était épui- sée » . Mail , Horticulteur à Yvetot. L’un des propriétaires : Maurice BïXIÜ, PiriS' — Impr. de A. Lainé et J. Havard, rue des Saints-Pères, 19. CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE d’octobre). L’Exposition universelle. — Mort de Auguste Schoene. — Extrait d’une lettre adressée à M. Decaisne par M. Jules Guyot. — La greffe Sabine. — Le Phlox Virgo Maria. — Les plantations estivales de M. André Leroy. — Pereskia aculeata Communication de M. Romain Martin au sujet de la greffe des Noyers. — La fécondation des Aucubas. — Polymnia pyramidalis — Le Pêcher de M. Morel, de Lyon-Vaise. Au moment où nous écrivons ces lignes, rien encore, en ce qui touche l’Exposition universelle, ne paraît être décidé d’une manière absolue, si ce n’est la fermeture qui, dit-on, est irrévocablement fixée au 31 courant. La commission impériale con- tinue à se renfermer dans un silence mys- térieux, surtout en ce qui concerne la dis- tribution des récompenses. En sera-t-il autrement lorsque ces lignes paraîtront? — Le doyen des jardiniers de France, Schoene (Auguste), vient de mourir le 26 de ce mois à Paris-Levallois, à Pâge de quatre-vingt-neuf ans. 11 est resté jardinier de Monceaux, qui était une dépendance royale jusqu’en 1848, époque où cette pro- priété fut détruite. Il était en même temps jardinier en chef du Palais-Royal. Bien qu’il eût un abord sévère, son indépendance de caractère et son bon cœur lui conci- liaient bientôt l’amitié de tous ceux qui l’approchaient. Malgré les changements de gouvernement qui eurent lieu pendant les longues années qu’il occupa la place de jardinier en chef du domaine de Monceaux, Schoene conserva toujours son emploi. Il poussait à l’extrême la passion de fumer. C’était le seul serviteur à qui le roi Louis- Philippe permettait de fumer en sa pré- sence. Voici à quelle occasion il obtint cette autorisation : un jour que, selon son habitude, il fumait en visitant ses cultures, le roi vint à passer et l’aperçut : Schoene ôta précipitamment sa pipe de sa bouche et la glissa encore tout allumée dans la manche de son habit, à laquelle elle mit le feu. Le roi Louis-Philippe, qui avait tout vu, lui dit avec cette bonté qui lui était particulière : « Schoene, je sais que vous fumez continuellement, je ne veux pas vous priver de ce plaisir ; je vous prie donc de reprendre votre pipe et, à l’avenir, de la conserver en ma présence. » Depuis ce moment, lorsque le roi arrivait auprès de Schoene, celui-ci ôtait sa pipe de la bou- che pour saluer, mais il la reprenait aussi- tôt et continuait à fumer en se promenant avec le roi. — Dans une lettre adressée par M. le doc- teur Jules Guyot à M. Decaisne, se trouve le passage suivant, que M. Decaisne a eu l’obligeance de nous communiquer, con- 1er Novembre 1 867. vaincu qu’il ne peut en rien désobliger M. le docteur Guyot : « J’arrive d’Evian (Haute-Savoie), où j’ai vu un Poirier qui donne 124,000 Poires tous les trois ans, et 36,000 les deux années intermédiaires pendant lesquelles l’arbre se repose. Cet arbre, dont la circonférence du tronc mesure 3 m 45, a 20 mètres de hauteur; sa tête ne mesure pas moins de 66 mètres. Combien faudrait-il de cordons, de pyramides, de palmettes, etc., pour fournir une sem- blable production? Tout le canton d’Evian est rempli d’arbres fruitiers en plein vent, qui proclament bien haut la vérité de votre opinion sur la taille des arbres (1). Aussi les vignerons ont- ils mis la Vigne en plein vent sur de gigantesques arbres morts qu’ils appellent des crosses. J’ai compté sur un seul cep 60 branches de 1 mè- tre, qui produisaient 2 hectolitres de vin par an. » Que doit-on conclure de ce qui précède? D’abord, que les arbres abandonnés à eux- mêmes produisent infiniment plus, toutes proportions gardées, que les arbres soumis à ces tailles dites perfectionnées. Cela est vrai; mais ici, comme dans tout, il faut .éviter les excès; l’exclusivisme absolu étant un excès, nous ne l’admettons pas plus ici qu’ailleurs; aussi, tout en reconnaissant que dans certains cas on abuse de la taille, qu’on rend même cet art presque ridicule par les nombreux petits riens mathémati- ques auxquels on l’assujettit, nous recon- naissons pourtant que, bien entendue, elle donne de bons résultats, qu’elle régularise la production, et que pour certains arbres, les Pêchers notamment, elle est de rigueur. Dans les jardins, où presque toujours avec les arbres on cultive des plantes d’orne- ment ou de plantes légumières, on ne le peut qu’à la condition de soumettre les arbres à la taille. — Dans le numéro de la Revue horticole du 16 octobre 1866, page 389, M. Jules Ravenel a publié un intéressant article ac- compagné de gravures sur la greffe Sabine pour les boutons à fruits. Cette greffe, (1) L’opinion de M. Decaisne est qu’on taille beaucoup trop sévèrement les arbres, et que dans un très-grand nombre de cas il ne faudrait pas les tailler du tout, qu’il faudrait se borner à faire des suppressions là où elles sont nécessaires, afin de faire arriver l’air dans toutes les parties. 21 402 CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE D’OCTOBRE). bien qu’en apparence analogue à celle connue sous le nom de greffe Luizet , en est néanmoins différente par ses résul- tats ultérieurs. En effet, par la greffe Lui- zet on obtient de très-beaux fruits; mais la partie qui les supporte périt presque tou- jours peu de temps après, souvent, même sans produire une seconde récolte. Il en est autrement lorsqu’on fait usage de la greffe Sabine. Dans ce cas, en effet, la partie greffée, en même temps qu’elle produit de nombreux et très-beaux fruits, prend du corps, et, de plus, elle se ramifie en émettant à sa base des Dards et des Lambourdes, signes certains de produc- tions prochaines de fruits. Nous en avons sous les yeux des exemples des plus re- marquables. — Lorsque les choses sont bonnes, on ne saurait y revenir trop souvent, afin d’ap- peler sur elles une attention toute particu- lière. C’est convaincu de ce fait que nous rappelons aux amateurs de bonnes plantes vivaces le Phlox Virgo Maria , de M. Al- phonse Dufoy, quenotre collègue M.Rafarin a recommandé d’une manière toute parti- culière dans son dernier compte rendu de l’Exposition {Revue horticole , 1867, page 397). C’est à notre avis une des bonnes plantes pour l’ornement; elle est d’au- tant meilleure qu’elle n’est pas délicate et qu’elle vient à peu près partout et sans soin, et qu’elle est aussi très-rustique. — Nos lecteurs n’ont sans doute pas ou- blié ce que nous avons dit précédemment des plantations estivales de M. A. Leroy, d’Angers ; nous croyons devoir y revenir pour faire savoir que les transplantations faites en juillet ont parfaitement réussi. Ce- pendant parmi les diverses espèces qui ont été déplacées, il s’en trouvait qui suppor- tent difficilement la transplantation, et mal- gré cela, pourtant, aucune d'elles n’a même pas fatigué; les I Vellingtonia et les Cèdres, par exemple, sont dans ce cas. Toutefois nous devons dire que ce travail ne peut Se faire avec succès, surtout si les plantes sont fortes, que lorsqu’elles sont enlevées en mottes. — Il est parfois difficile, à l’état de cul- ture, de reconnaître les végétaux tant nous les déformons pour les approprier à diffé- rents usages. C’est ainsi que le Pereskia aculeata, Plum., que l’on réduit souvent à l’état de petit arbuste de quelques dé- cimètres de hauteur , peut acquérir de très-grandes dimensions et former une vé- ritable liane. Nous en avons vu tout récem- ment un individu chez M. de Carcenac, dont la tige, de 13 millimètres de diamètre à peine forme, un cordon d’environ 12 mè- tres de longueur. Sur ce cordon M. Yallê- rand, l’habile jardinier deM. de Carcenac, a eu l’idée de greffer, de distance en dis- tance, des rameaux de Cereus truncatus, lesquels ont pris des proportions telles qu’ils forment des agglomérations com- pactes qui se couvrent de fleurs d’un effet ravissant. — M. Romain Martin, dont nous avons parlé dans notre dernière chronique à pro- pos de la greffe des Noyers, nous a écrit une lettre relative à cette opération. Cette communication nous paraissant de nature à intéresser nos lecteurs, nous allons la reproduire : Bourges, ce 13 octobre 1867. Monsieurâle rédacteur. Je ne trouve pas d'aufre moyen de vous manifester toute ma reconnaissance pour la note bienveillante que vous m’avez fait l’hon- neur d’insérer dans le numéro de la Revue horticole du 1er octobre dernier, que de cher- cher à combler la lacune que vous signalez si judicieusement dans mon dernier opuscule sur le greffage du Noyer. J’ai négligé, en effet, de parler du mode de greffer cet arbre à fruit, et de l’époque que je choisis ordinairement pour pratiquer cette opération; à ce propos je n’aurai rien de bien particulier à dire en ce qui concerne le Noyer; quoi qu’il en soit, je vais m’efforcer de bien faire connaître la marche que j’ai suivie et les précautions que j’ai cru devoir prendre pour arriver à obtenir dans la greffe de cet arbre un quart et un tiers de reprises. C’est la greffe en fente que j’ai appliquée jusqu’à présent. Au début, je ne pouvais guère en employer d’autres, puisque je faisais venir mes greffons de Lyon et de Grenoble. La greffe la plus usitée dans l’Isère, dans la Dor- dogne et la Charente, c’est la greffe en flûte, que je serai en mesure d’appliquer cette an- née, grâce à l’acquisition que j’ai faite de deux Noyers des plus remarquables du pays. Ils sont étètés, recépés, et vont, dès cette an- née, me fournir des greffons de toute dimen- sion, et à toutes les époques où je voudrai pratiquer telle ou telle greffe. 11 y a bien un autre mode de greffer le Noyer, c’est par ap- proche; ce mode étant bien connu, je n’en parlerai pas. Quant à l’époque à choisir pour opérer ces divers greffages, elle est la même aussi que celle usitée pour les autres arbres à fruit. La greffe en fente se pratique du mois de mars au 15 avril. La greffe en flûte au moment où la sève est dans toute son activité; la greffe par approche, au commencement de l’été. Pour arriver, disais-je, il y a quelques an- nées, dans je ne sais quel journal, à des ré- sultats au moins satisfaisants, il faut : 1° se servir plus que jamais d’instruments de bonne qualité et bien affilés, et opérer de ma- nière qu’on ne puisse remarquer aucune im- perfection, aucune déchirure, ni dans la coupe du sujet, ni dans celle des greffons; 2» se procurer des greffons d’un an ou de deux ans bien aoûtés, généralement provoqués par le recépage d’un arbre reconnu comme étant m CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE D’OCTOBRE). d'un produit constant et trcs-rémunérateur; 3° greffer, d’autre part, sur de jeunes sujets de trois ou quatre ans de semis ou sur des jets d’un an ou de deux ans, provoqués éga- lement par le recépage, de vieux arbres in- fertiles, et sans jamais perdre de vue ce prin- cipe que la plus grande analogie d’âge, de vigueur et de densité doit exister entre le bois du sujet et celui du greffon, et qu’en ce qui concerne le degré relatif de végétation, il doit être toujours supérieur dans le sujet. C’est en effet de celui-ci que doivent provenir les premiers éléments d’adhésion ; c’est la sève des racines (sève ascendante) ; 4° pratiquer l’opération (en fente ou en flûte) très-près de terre et pour ainsi dire sur racine, si l’on opère en pépinière, ou très-près de la base du rameau, si les sujets sont fournis par le recépage ; 5° serrer énergiquement la ligature de la greffe, avec du chanvre, par exemple, afin de présenter une résistance sérieuse à la force excentrique de végétation très-puissante chez le Noyer ; puis mastiquer avec soin, afin de recouvrir les plaies. Un mois après envi- ron, quand la reprise est assurée, on desserre avec précaution la ligature primitive, on la remplacera au besoin par une nouvelle plus souple, et l’on mastiquera de nouveau, si cela est jugé nécessaire; 6° pour réunir encore plus de chances de succès, on doit ombrager pendant un mois au moins les parties nouvel- lement unies, soit au moyen de cloches blan- ches en dedans, soit au moyen d’un butage, quand il s’agit de greffes en fente ou en flûte pratiquées près de terre, soit au moyen de cornets ou de tubes de papier blanc, si l’on a greffé à haute tige un arbre recépé. Enfin on place un tuteur à la base de chaque opé- ration pour garantir la greffe des vents et fa- ciliter la soudure des parties. Agréez, etc. Romain Martin. Nous ferons remarquer que , d’après cette lettre, la greffe des Noyers exige des précautions toutes particulières; aussi maintenons-nous ce que bien des fois nous avons dit, « que les Noyers ne se greffent pas toujours avec succès». Au contraire. — Nous avons reçu d’un de nos abon- nés une lettre relative à la fécondation des Aucuba, que nous croyons devoir re- produire. La voici : Monsieur le rédacteur, D’après les diverses opinipns qui depuis quel- que temps se sont élevées au sujet de la fruc- tification des Aucuba, j’ai pensé être agréable aüx lecteurs de la Revue en leur faisant part d’une observation que j’ai été à même de faire sur la fructification de cet arbuste. En visitant récemment l’établissement de M. Germain Defresne, pépiniériste à Vitry- sur-Seine, j’ai remarqué 2 planches d’Aucuba dans lesquelles presque tous les individus sont couverts de belles panicules de fruits. L’une de ces 2 planches se compose d’environ 40 touffes d’Aucuba de 1 mètre à 1 m 30 de hauteur. 2 individus mâles, seulement, de 35 à 40 cent., plantés au centre de chacune de ces planches ont suffi pour opérer la fécondation sur toutes les plantes femelles, depuis leur base jusqu’à leur sommet. J’ai compté des panicules de 25 fruits, tous bien conformés. La fécondation s’est faite naturellement, c’est- à-dire sans aucune intervention artificielle, quoique cependant la floraison des mâles ait précédé de quelques jours celles des sujets fe- melles. Cette précocité dans la floraison des Aucuba mâles parait être un fait naturel et constant, puisque les individus dont je parle avaient été plantés en pleine terre deux ans auparavant sans aucun soin particulier, et qu’on ne s’en est nullement occupé depuis cette époque. Déjà aujourd’hui cette précocité est manifeste et très -facile à voir, même au simple aspect des plantes; les mâles ont déjà des boutons. Rappelons en terminant cette note que rien n’est plus beau que les Aucuba lorsqu’ils sont chargés de fruits, dont la cou- leur rouge corail contraste si agréablement avec le vert foncé des feuilles. L. Vauvel. Le fait que vient de nous faire connaître M. Yauvel, et que nous avons pu constater il y a quelques jours, est très-intéressant. Il démontre que chez les Aucuba la fécon- dation peut non-seulement s’opérer à dis- tance, mais, même, qu’il suffit d’un très- petit nombre de fleurs mâles pour fécon- der une assez grande quantité de fleurs femelles. Il suffira donc que quelques pieds mâles de cette espèce soient plantés çà et là dans un jardin, pour que tous les individus femelles qui s’y trouveront se chargent chaque année de fruits. — Peu de plantes sont aussi vigoureuses que le Polymnia pyramidalis (voir Revue horticole , 1867, page 211). En voici ui exemple fourni par M. Lierval, horti- culteur, rue de Villiers, aux Ternes-Paris. Une bouture de cette espèce faite au commencement de cette année et mise en pleine terre vers la fin du printemps avait acquis à la fin de septembre 5 mètres de hauteur sur 35 centimètres de circon- férence à la base ; elle formait une magni- fique pyramide conique garnie de branches de la base au sommet. C’est donc une plante précieuse qu’on pourra utiliser mo- mentanément avec avantage pour garnir promptement les terrains que des circons- tances particulières auraient empêché de planter en temps opportun avec des végé- taux ligneux. — Plusieurs de nos lecteursontsans doute remarqué, dans la partie consacrée aux arbres fruitiers au jardin réservé du Champ de Mars, un Pêcher exposé par M. Morel, horticulteur à Lyon-Vaise (Rhône). Cet arbre, qui forme une palmette simple à branches opposées, aussi remarquable par la régularité de sa charpente que par son développement, a été établi par l’exposant dans un intervalle de huit ans, ce qui pourra paraître incroyable si l’on se rappelle qu'il 404 LES TT LIEES. occupe une superficie d’au moins 30 mè- tres carrés. Notre collègue M. Morel a bien voulu nous promettre de nous faire connaître le système qu’il emploie pour ob- tenir un résultat aussi remarquable. C’est, paraît-il, à l’aide de la taille à long bois. Nous nous empresserons de faire connaître ce mode tout particulier de la conduite du Pêcher. Ajoutons que ce Pêcher, donné par M. Morel au Muséum, est placé dans le jardin fruitier de cet établissement le long du corps-de-garde de la porte dite d’Austerlitz, où l’on peut le voir. Malheureu- sement, par suite de l’insuffisance de l’em- placement, on a dû ramener à l’horizonta- lité toutes les branches charpentières qui étaient placées d’un côté de la tige, de sorte qu’il est un peu défiguré et qu’il montre deux systèmes de conduite sur le même arbre. La Revue donnera prochainement une gravure de cet arbre. — Par suite de l’abondance des ma- tières, nous ajournons au prochain numéro la publication de deux lettres très-intéres- santes que nous avons reçues au sujet des grosses Fraises remontantes Sir Harnj et Vicomtesse Hericart de Thury, dont nous avons parlé dans notre précédente chro- nique. E. A. Carrière. LES TULIPES En 1844, nous nous sommes permis de hasarder, pour la première fois dans VA- griculteur praticien , qui s’occupait alors d’horticulture, notre opinion sur les avan- tages incontestables des Tulipes à fleurs doubles sur celles à fleurs simples, en tant que durée et duplicature. Voici le petit passage relatif à cette jolie et séduisante liliacée, consigné dans le compte rendu annuel de nos expériences agricoles et hor- ticoles que nous avions l’habitude de pu- blier; on lit à l’article Tulipes doubles : « Tulipe- Tournesol double ; fleurs très- ’larges, fond rouge grenat; pétales bordés de jaune ; pédoncule droit portant bien sa fleur. Quoi qu’on en dise , les Tulipes doubles font plus d’effet que les simples, et elles restent plus longtemps en fleur ; nous reviendrons sous peu sur cette ques- tion, qui pourra soulever quelques discus- sions avec les fous Tulipiers. » En effet, après avoir eu connaissance de cette petite note très-écourtée, Pirolle, grand admirateur et grand connaisseur de ce beau genre, qui avait une collection hors ligne, cultivée par lui dans une por- tion de l’ancien couvent des carmes, rue de Vaugirard, à Paris; Pirolle, qui les dé- peignait avec un rare talent, dans son jour- nal mensuel des Jardiniers amateurs , dont nous nous sommes rendu acquéreur à son décès, fut fort ému de notre quasi-hérésie 3 qui ne tendait à rien moins, selon lui, qu’à jete'r la perturbation et le trouble chez les amateurs, et à révolutionner le genre Tu- lipe , pour lequel il professait un culte tout particulier. Ce savant, et notre ami, vint nous chercher querelle à ce sujet, et personne n’en sera étonné, caron sait qu’il ne possédait pas à un très-haut degré l’art de la dissimulation, et nous l’en félicitions. Nous sommes heureux encore de pouvoir rendre hommage à sa mémoire en dictant ces lignes, et d’applaudir à ce beau carac- tère indépendant, enlevé trop tôt à la cul- ture des fleurs. Il n’est pas remplacé. C’est lui qui dirigeait les horticulteurs et les ama- teurs dont il avait la confiance, dans les genres Dahlias ; Rosiers; Tulipes ; Pivoines ; Iris ; Pélargonium ; etc., etc. Sa droiture en faisait un juge équitable, impartial et sé- vère. Pirolle n’était pas seulement un savant et un amateur, il était excellent observateur et bon praticien. Pirolle donc s’était montré furieux à la lecture de notre tout petit article, dans le- quel nous tentions la réhabilitation de la Tulipe à fleur double. Tout en admettant avec lui la supériorité et la vivacité du co- loris, ainsi que la beauté et la forme régu- lière du calice de la Tulipe simple; malgré les observations si justes, si précises et pleines de vérité de notre grand maître, nous n’en maintînmes pas moins à tort ou à raison notre opinion formelle et bien ar- rêtée à cette époque, et nous ne nous ren- dîmes point à ses observations. Nous lui répondîmes que nous étions d’accord en tous points avec lui, quant à la couleur vive et à la beauté, mais que nous différions complètement par rapport à la longue floraison et à l’effet que produisent les Tu- lipes doubles, en planches ou en massifs, dans les jardins en général. La Tulipe simple, à laquelle Dieu me garde de faire un procès, est dans tout son éclat pendant trois jours, quatre au plus. Les journées suivantes elle perd ordinai- rement de son brillant éclat, quand elle n’est pas sous des tentes, dont se servent les amateurs pour protéger leurs riches collections contre les ardeurs du soleil, contre les nuits froides et les pluies qui peuvent survenir pendant la floraison. Aus- sitôt qu’un des six pétales vient à se dé- tacher, soit par le vent, soit par un acci- dent ou toute autre cause, la corolle est immédiatement défectueuse. 11 en résulte souvent qu’un parc de Tulipes d’amateur n’est réellement beau que pendant une se- LES TULIPES. 405 maine à peu près. La Tulipe double, au contraire, procure de l’agrément pendant environ un mois, sans avoir trop perdu de sa fraîcheur et de sa beauté. Si quelques pétales tombent, leur chute passe inaper- çue, tant le nombre en est grand ; nous en avons compté plus d’une fois dans cer- taines variétés jusqu’à quatre-vingts dans une seule fleur. Nous avons semé des Tuli- pes pendant dix années consécutives, nous avons obtenu de très-beaux gains, en simples et en doubles de toutes les couleurs. L’une de ces dernières, à fleur pleine et de couleur jaune, placée à l’ombre d’un massif, dure environ un mois presque tous les ans, sans culture, sans perdre de sa duplicature, ni de son coloris. Les Hollandais, qui nous surpassent dans la culture des oignons à fleurs, ont établi d’abord deux séries de Tulipes ; les unes à fleurs simples, les autres à fleurs dou- bles. Ils les ont ensuite divisées en hâtives et tardives. Les variétés hâtives sont celles que l’on peut forcer, et qui se vendent tout l’hiver en pot, sur les marchés de la capi- tale. 11 est facile aux amateurs de fleurs de les cultiver dans les appartements, dans les serres et dans les jardins d’hiver con- curremment avec les Jacinthes , les Cro- cus, etc.; les commerçants ont soin de dé- signer les Tulipes hâtives, doubles et sim- ples, sur leurs catalogues, par des astéri- ques ou par d’autres indications, afin de rendre plus faciles le choix et la variété des oignons, selon la destination que l’on veut leur donner. Nos lecteurs nous sauront sans doute gré de leur indiquer ici quel- ques noms de Tulipes hâtives, au moment de les mettre en terre. Je les extrais des catalogues hollandais, avec leur désigna- tion et leur orthographe. Nous prenons pour modèle celui de M. Barnaart que nous avons sous la main. Tulipes doubles hâtives. Albano; rose. Couronne pourpre; pourpre. Couronne des Roses; rose foncé. Cousine; rouge ponceau. Clotilde; rouge brillant. Duc Van Tholt cramoisi et jaune. Duc Van Tholt rouge. Epaulettes d’argent. Epaulette d’or. Extrémité d’or; blanc et jaune. Fluweelen mantel; manteau de velours brun. Gloria solis ; brun et jaune. Impemtor rubrorum ; vermillon. La Candeur; blanc. . Le Blason; rose et blanc. Le Matador ; rouge brillant. Léonard de Vinci; brun bordé jaune. Lion d’Orange ; rouge orangé. Michel-Ange; jaune et brun. Murillo; vermillon. Phébus; vermillon. Raphaël, rose. Regina rubrorum ; rouge panaché de jaune. Rex rubrorum ; rouge. Rose jaune. Rosina; rose et blanc. Pourpre; blanc bordé. Salvator Rosa; rose strié de carmin. Tournesol rouge et jaune. Tournesol jaune orangé. Weenix; jaunâtre. Tulipes simples hâtives. Alba regalis ; blanc. Archiduc d’Autriche; rouge bordé jaune. Armes de Leyde ; rouge et blanc. Belle Laure. Beauté frappante; blanc et carmin. Belle Lisette; blanc et carmin. Beauté sans pareille; blanc et carmin. Bizard Proukert, Bizard Verdikt; jaune striée rouge. Bautus; rouge et jaune. Blanc bordé de rouge. Cammillion ; blanc crème et rose. Cerise; gris de lin. Claremont; rouge. Glaremon d’or. Claremont d’argent. Comte de Mirabeau; blanc pur. Commandant; rouge et brun., ■ Comte de Vergennes; rouge cramoisi strié blanc. Cornellis Molennas ; rouge bordé jaune. Couleur cramoisi. Couleur cardinal ; rouge. Couleur ponceau; ponceau. Cramoisi superbe. De Bray; rouge brun et jaune. Dorothée; blanc panaché rose foncé. Duc de Surchy ; rouge bordé jaune. Duc de Brabant; brun bordé jaune. Duc Veria; rouge bordé jaune. Duc d’Orange; rouge et jaune. Duc major; rouge et jaune. Duc d’Urseel; rouge bordé jaune. Dusart ; rouge. Duc Van Tholt commun. — panaché d’or. — cramoisi. — rose. — écarlate. — vermillon. — blanc. — jaune. Duchesse- de Parme; rouge bordé jaune. Crasmus; violet, rouge et blanc. Endragt ; rouge strié blanc. Etendard d’or, rouge et jaune. Etendard d’argent; rouge vif et blanc. Fiancée fine ; rouge et blanc. Fiancée de Harlem ; rouge et blanc. Frederica Rex; blanc flammé rouge. Globe de régent; violet et blanc. Grand maître de Malte ; blanc panaché rouge. Grand maître; blanc. Gold Bird; jaune. Grand duc de Russie; vermillon. Ilelm ; rose orange, rouge bordé jaune orange. Illusion; rouge carmin et blanc. Jagt de Delft; blanc. Jagt de Rotterdam; cerise strié blanc. J an Steen; blanc pur. Joost Van Vondel; rouge foncé strié blanc. La laitière; blanc. La pluie d’or; jaune. Lac d’Austeria; rouge et blanc. La cour de France; rouge panaché jaune. La Reine ; blanc rosé. Louis d’or ; jaune strié rouge. Lac Van Rijn. Lake de Chine; vermillon. La Belle Alliance; rouge strié jaune. La Tendresse ; rose. Ma Favorite; brun et jaune. Mierenvild ; blanc. Ma plus aimable ; brun bordé jaune. CULTURE FORCÉE DES PLANTES D’ORNEMENT. 406 Miaulis; blanc pointé jaune. Météore; rouge brillant. Netcher satiné; violet carminé. Pax Alba; blanc. Paragon; doré couleur de miel. Paragon Van Grieken; violet et blanc. Philippe de Koning; strié rouge. Piérot; jaune et rouge. Potier blanc. Potier brun. Philomène; blanc strié de rouge. Proserpine, rose ponceau. Princesse d’Autriche; rouge et jaune. Prince jaune. Queen Victoria ; rouge et blanc. Rachel Ruys ; rose et blanc. Rose Triomphe ; blanc flammé rose. Rose gris de lin; rose. Rose tendre. Rose luisante. Roi Pépin ; carmin et blanc. Rosa mundi ; rose. Softlevin; rose foncé et blanc. Socrate; rouge carmin panaché hlanc. Superintendant; blanc et violet. Terburg; rouge carmin. Thé monument ; rôuge. Thomas Moore; rouge. Van der Helst; rose strié, pur et blanc. Van Kessel ; rouge brillant. Vermillon. Violette de Rigaut ; violet et blanc. Van der Veldi ; rouge bordé blanc. Van Mieres; rouge bordé blanc. Wouwerman. Nous prions les lecteurs de la Revue de ne pas voir dans les lignes qui précèdent, une boutade humouristique ; nous aimons trop les Tulipes simples et leur élégant ca- lice régulier pour chercher vainement à en déprécier le mérite et la valeur; et loin d’en demander le bannissement des jardins, nous engageons, au contraire, les amateurs de ce joli genre à les conserver et à les cultiver soigneusement. Elles sont sans contredit les plus belles plantes des par- terres ; notre but unique est de faire res- sortir les agréments qu’offrent les doubles, en durée et en duplicature, à ceux qui se ‘donnent la peine de les cultiver. Bossin. CULTURE FORCÉE DES PLANTES D'ORNEMENT « Dans l’article que nous avons déjà publié sur ce sujet, nous avons cherché, à l’aide de généralités, à faire ressortir comment, par suite des besoins incessants et toujours croissants, on est arrivé plus que jamais à demander soit des fleurs, soit des fruits à une époque où normalement ces produits ne se montrent pas. De là le besoin de pro- que nous allons essayer de démontrer dans celui-ci. Les principales règles du forçage sont les suivantes . Connaître l’origine, le tempérament et l’habitus ou manière de vivre des plantes qu’on veut soumettre à la culture forcée. Etant établi qu’il faut à chaque plante une somme particulière de degrés de cha- leur pour arriver à parfaire ses fleurs ou ses fruits, il faut conséquemment savoir le nombre de degrés de chaleur nécessaire auxdites plantes pour parcourir toutes les phases de leur végétation. Imiter autant que possible la nature ; dispenser et graduer la nourriture, la cha- leur, l’humidité, la lumière, l’air, suivant la force du sujet, son état de végétation, celui de la température et le but qu’on se propose. Ne forcer que des plantes adultes et choisies ad hoc. Avoir soin, quelle que soit l’époque du chauffage, de ne forcer une plante à végé- ter qu’après lui avoir fait subir un temps de repos suffisant et conforme à sa nature. (1) Voir Rev. hort ., 1867, p. 378. Pour les espèces ligneuses, et que l’on conserve plusieurs années, ne les chauffer au plus qu’une année sur deux, puis les lais- ser se reposer, et les aider à se refaire dans l’intervalle par des soins entendus. Ne chauffer une plante que lorsqu’elle est en bon état et mûre (aoûtée, comme on dit vulgairement) et seulement lorsque les racines sont saines et bien développées. Augmenter graduellement les arrose- ments et la quantité d’air, de lumière et de chaleur au fur et à mesure qu’on appro- chera de la floraison et de la fructification; on doit toutefois éviter de mouiller les fleurs lorsqu’on veut qu’elles nouent à fruit, et diminuer ou supprimer, au contraire, la lumière lorsqu’on cherche à décolorer les fleurs. Eviter soigneusement les variations brus- ques de température, surtout en baisse. Combiner les systèmes de chauffage de façon à obtenir le degré de chaleur voulu, tout en donnant au besoin le plus d’air et de jour possible. Le plus difficile à obtenir et ce qui fait souvent défaut aux cultures forcées, c’est la lumière, surtout pendant les temps couverts par le brouillard, la neige, etc. N’arroser les plantes qu’avec de l’eau à la température de l’air ambiant du local où elles se trouvent en traitement. Avoir des locaux disposés de façon à pouvoir les diviser et les soumettre à des températures diverses, de manière à y pla- cer les plantes suivant qu’on veut en éche- lonner, en avancer, ou en retarder la flo- raison. UNE EXCURSION DANS QUELQUES JARDINS DU MIDI. 407 Employer naturellement pour chaque genre de plantes la nature de terre qui lui convient, et, s'il s’agit de culture en pots, faire que cette terre se décompose ou se lave le moins possible ; en un mot qu’elle réunisse la plus grande somme de fertilité possible eu égard à la dimension des vases et des sujets. Pailler ou mousser le dessus des pots lorsque ceux-ci sont exposés à l’air, afin d’éviter que la terre ne se tasse et atté- nuer l’évaporation. Si on le peut et chaque fois que cela sera nécessaire, on se trouvera bien d’enterrer les pots dans de la mousse, des feuilles mortes, du sable, de la terre, de la tan- née, etc., ce qui maintient les racines des plantes en bien meilleur état. Th. Denis. {La suite prochainement.) UNE EXCURSION DANS QUELQUES JARDINS DU MIDI i Il est impossible, pour un ami des plantes, de parcourir ce beau midi de la France, ce pays du soleil et de l’éternel printemps, sans y recueillir une abondante moisson de notes. Dernièrement, nous avons eu cet heu- reux loisir , et les observations suivantes, prises sur le vif, pourront présenter quel- que attrait à ceux que les faits de végéta- tion insolite intéressent et qui ne sont pas insensibles à l’indication d’un bel arbre, connu d’eux jusqu’ici en faibles exemplai- res. C’est d’ailleurs servir l’histoire de l’hor- ticulture que de noter sur les tablettes de son grand livre (la publicité) les formes diverses que peuvent acquérir les végétaux dans tel ou tel milieu. A Nice, — bien que la saison soit avan- cée et que le printemps (décembre-janvier) n’ait pas encore gonflé le bouton des roses, — la végétation a défié les rigueurs d’une longue sécheresse. Dans le jardin de quelques amateurs, de nombreuses Ma- rantacées (Canna, Hedychium , etc.) mon- trent encore un luxuriant feuillage. Chez M. Année, l’habile semeur de Cannas, qui a planté sa tente au Montboron, tout près de la propriété de M. le préfet de la Seine, ce qu’il y a de plus attrayant aujourd’hui, ce sont les Ipomées. Il cultive là un grand nombre d’espèces tropicales qui s’épanouis- sent mal ou pas du tout sous le ciel pari- sien, faute d’un soleil que la chaleur voilée de nos serres ne saurait rempla- cer. Chaque soir, de nombreux boutons se gonflent, et avant l’aurore toutes ces corolles sont ouvertes : les Ipomœa learii , digitata , marginata , nil , et cet admirable Calomgclion macrantholeucum , dont les fleurs virginales, grandes comme, celles du Datura metel , déroulent aux yeux, en un instant, la spirale de leurs coupes d’al- bâtre. Sur la promenade des Anglais, dans le jardin renouvelé qui sert de square et la termine du côté de la ville, le long des bords du Paillon, — ce fleuve charmant au- quel, comme le Mançanarès, il ne manque que de l’eau , — partout , les planta- tions nouvelles ont prospéré depuis quel- ques années. Les arbres d’alignement n’y sont plus nos Ormes et nos Marronniers, mais bien les Eucalyptus globulus, gigan- tea , viminalis , le Dattier (Phœnix dacty- lifera ), 1 eBella sombra des Espagnols (Pir- cunia dioïca ), qui forment là-bas des arbres énormes; le Poivrier en arbre ( Schinus molle), si gracieux par son feuillage léger et ses fruits de corail disposés en longues grappes pendantes, et le Solanum auricu- latvm , et le Caroubier ( Ceratonia siliqua ), le Pistachier et tant d’autres, sans compter l’Oranger et l’Olivier, qui sont les deux notes dominantes dans le concert de la végétation du Midi. Pays trois fois heureux ! Dans le jardin de M. Gastaud, riche banquier de Nice, deux superbes Dattiers sont couverts de régimes en pleine maturation; des trois Araucaria Bidwilli , Cunninghami et excelsa , ce dernier ne mesure pas moins de 14 mètres de hauteur, sur 7 mètres de large. Il pousse de lm 50 par an! Les Nelumbium du bassin ont des feuilles de 75 centimètres de largeur, et leurs rhizomes ont fait éclater le béton de toutes parts en se glissant à travers les fissures. Un Bud- dleia Madagascariensis couvre*de ses ra- meaux sarmenteux et de son feuillage cendré, constellé en hiver de grappes dorées, le bas d’une terrasse qui domine la mer; la surface qu’il occupe peut être évaluée à 60 mètres carrés. Un Rosier Bank’s en couvre deux fois autant. Le jardinier de ce paradis y cultive quelques milliers de Bégonia rex et grandis en planches, comme nos maraîchers font les Choux; il les irrigue à blanc , les vend l’hiver, et cela paye les frais du jardin. Mais ce qui domine ces exemples de toute la hauteur d’un véritable phénomène végétal, c’est un Wigandia macrophylla dont le tronc mesure dm 10 de circon- férence, et qui forme un arbre de 6 à 7 mètres de hauteur sur une circonfé- rence de feuillage de plus de 22 mè- tres ! Quand cette plante gigantesque est en fleur, aux mois de décembre-janvier, avec ses énormes paniculesde corolles vio- 408 UNE EXCURSION DANS QUELQUES JARDINS DU MIDI. Jettes à gorge blanche, l’effet en est mer- veilleux. M. Gaudais, un lettré, un jardinier digne de ce nom, possède à Nice le seul jardin fruitier bien tenu qu’on y trouve. Tous ses arbres sont jeunes, bien élevés, selon les méthodes professées dans le Nord, ce qui prouve bien que, pour les appliquer dans le Midi, il ne faut qu’un peu de bonne vo- lonté. Les Poiriers sont d’une vigueur extrême; nous regrettons toutefois qu’ils soient en pyramide; dans deux ans, M. Gaudais ne pourra plus passer dans les allées de son jardin. Sa collection de Vignes est fort remarquable ; il l’a bien prouvé en envoyant au Congrès pomologi- que de très-beaux raisins que nous avons vus là-bas sur pied. Sa plantation a trois ans; elle est d’une vigueur telle, que la production la plus fougueuse ne parvient pas à en modérer la pousse, et qu’après deux ou trois récoltes cette année, M. Gau- dais nous a encore montré sa Vigne fleuris- sant au sommet des sarments. Les variétés qu’il préfère et que nous avons le plus ad- mirées sont : Chasselas cristal, Ténéron, Impérial noir, Grosse perle blanche, Ouillade, Muscat Ressilis, Mamelon, Ma- deleine royale. Cette dernière variété lui a donné cette année, sur un pied de trois ans, 33 kilog. de Raisins superbes. La cé- lébrité des deux ou trois beaux jardins d’Hyères date de loin. Celui que M. Ranton- net orna autrefois de tant de précieux arbres a changé de maître. 11 est dirigé aujour- d’hui par une compagnie, à la tête de laquelle se trouve M. Charles Huber comme chef d’exploitation. Il nous a fait, avec une grande courtoisie, les honneurs de son bel établissement. Que tous ceux qui s’arrêtent dans cette fortunée petite ville aillent Je visiter; ils reviendront con- tents de leur journée. C’est par milliers qu’on y peut compter les espèces intéres- santes, rares, nouvelles ou renouvelées, ce qui est absolument la même chose en jar- dinage. C’est là que le plus bel Eucalyptus d’Europe élève sa tête altière sur tous les alentours. Sa hauteur dépasse 16 mètres; il en aurait plus de 20 si la cime n’avait été brisée par le mistral; son tronc, à 1 mètre du sol, mesure 2 mètres de circon- férence. Chaque année, il se couvre de mil- liers de fleurs. Il n’est âgé que de onze ans et il a été reçu d’Erfurth, par hasard, dans un envoi d’autres graines d’Australie. Ce bel arbre a tellement excité d’enthousiasme dans le pays, que non-seulement les pro- priétaires en ont planté dans tous leurs jardins, mais encore que l’administration en fait des avenues et de grandes planta- tions. D’ailleurs, on s’en préoccupe forte- ment pour les reboisements en Algérie, et en Amérique même, près de Montevideo, M. Lassaud en a déjà planté par centaines de milliers sur des terrains dénudés. Parmi les plus beaux exemplaires que l’on puisse contempler dans le jardin de M. Huber, citons d’autres Eucalyptus , le viminalis, de 12 mètres de hauteur, et VE. oppositi folia , de 14 mètres; un Acacia ré- tinoïdes dont le tronc mesure lm50de cir- conférence, et la tête plus de 25 mètres de pourtour; d’énormes Erythrines crête-de- coq, qui sont tout à fait des arbres; de très- forts Lauriers ( Laurus Maderiensis , glau- ca , regia) , de nombreuses Conifères : Abies pinsapo, de 12 mètres, couvert de fruits; Taxodium sempervirens et Cupressus torulosa superbes, âgés de trente-cinq ans; Podocarpus pungens de 6 mètres; de magnifiques Actinosir obus pyr ami dalis en fructification ; le Callitris quadrivalvis couvert de ses jolis strobiles ressemblant à des fruits d'Evonymus ; un très-bel Ephedra altissima , avec ses rameaux sem- blables à des Prêles et couverts de cha- tons, etc. M. Huber cultive avec grand succès, pour la graine, les espèces à feuillage ornemental qui ne mûrissent pas ou qui mûrissent mal dans le Nord : tels que Sola- num, grandes Graminées, Ipomées, Datura , et toute la collection de Cucurbitacées que M. Naudin lui confie annuellement. Nous avons examiné avec beaucoup d’in- térêt les plantes suivantes, nouvelles ou trop peu connues, de cette remarquable famille : Momordica mixta /, M. ptero- carpa , M. balsamina , leucantha; Coccinia Indica, C. quinqueloba , C. diversi folia ; Cucurbita radicans (du Mexique; n’a pas encore fleuri), C. digitata; Bryonopsis laciniosa ; la Chayotte ( Sechium edule) \ le Trichosanthes palmata, à fruits courts, striés de blanc; les Courges boulets de ca- non et de la Floride, etc. L’Aubergine noire de Pékin et la Mo- relle des anthropophages y mûrissent leurs graines. Les belles variétés de Datura (10 environ) dites Huberiana sont d’une rare vigueur. Le Clianthus Dampieri y fleu- rit et fructifie pour la première fois à l’air libre en Europe ; c’est une plante de toute beauté. Une des plus belles gra- minées connues, le Chloris myriostachys , venu dfEspagne, croyons-nous, va se ré- pandre dans tous les jardins dès^ l’année prochaine. De charmantes Ipomées nou- velles à feuilles marbrées d’argent, se re- produisent par semis. L’une de ces plan- tes a les feuilles cordiformes et les fleurs tigrées de rouge sur fond blanc ; l’autre, à limbe trifide (Ip. hederacea), montre des fleurs rouges bordées de blanc. Toutes deux sont pubescentes comme nos Volubi- lis et sont également tachées de blanc satiné sur les feuilles. — Il nous faudrait, pour UNE EXCURSION DANS QUELQUES JARDINS DU MIDI. 409 tout dire, parler des beaux spécimens de Daubentonia , Kochia villosa, Desmodium racemosum, Viburnum cylindricum, odo- ratissimum , Awafuski, Inga albo-carnea, Evonymus fimbriatus,Malionia Nepalensis, Benthamia ornés de fruits; tous les'Dw- ranta à la fois ornés de fruits et de Heurs; les Raphiolepis Indica, Indigofera variés, Colletia bictoniensis , Grevia occi- dentales; un Jacarandamimosœfolia de lm50 de circonférence, avec une tête de 1-2 mè- tres ; Eucalyptus Lehmanni et coryno- calix , Acacia albicans, et toutes lés col- lections de plantes annuelles et vivaces, dont l’exploitation pour graines occupe sept ‘hectares de terrain. Nous nous sommes un peu attardé sur ce beau jardin Huber; c’est qu’en effet il forme une école d’exemplaires uniques dans notre pays, par leur âge, et leur état adulte et fructifère. M. Denis, amateur distingué, connu depuis longues années, a planté depuis trente ou quarante ans bien des fétus qui sont devenus aujourd’hui de grands ar- bres. Son jardin d’Hyères, sorte de caphar- naüm où tout se presse et s’écrase comme dans une forêt vierge, en raison de l’exi- guïté du terrain par rapport à la force des végétaux , possède des arbres précieux dont nous citons au passage les plus re- marquables par leurs dimensions : Pinus monticola , P. Canariensis , Buddleia g la- ber rima, Bambous de Madagascar, Jubea spectabilis , Melaleuca linearifolia, Laurus camphora (//), Cocculus laurifolius , Inga fastuosa , Cesalpinia Sappan, Dattiers très- pittoresques et Palmiers nains d’Afrique, couverts de fruits. Iochroma coccineum , Thunbergia coccinea , Bibaciers en fruits ; une touffe de Gynérium dont les épis dé- passent cinq mètres; de belles touffes de Bananiers avec régimes; Y Acacia eburnea; un Pinus longifolia de 15 mètres de haut, sur2m10 de circonférence, âgé seulement de trente ans; un Araucaria Cunriin - ghami de 15 mètres de haut ; un A. excelsa de 10 mètres, et un A. Bidwilli de 5; non loin de là un Podocarpus lati folia qui dé- passe aussi 5 mètres. Enfin, puisqu’il faut, disent les poètes, De son sujet ne prendre que la fleur, nous ne poursuivrons pas cette longue liste, mais, avant de quitter Hyères, nous saluerons le magnitique Dattier, haut de 30 mètres, de Mms la comtesse de Beau- regard, à Costebelle, et ceux de la place des Palmiers, aujourd’hui couverts de fruits jaunissants et portant à plus de 20 mètres dans les airs leurs frondes glauques et leurs couronnes de princes du règne vé- gétal. D’Hyères nous ne faisons qu’un saut à Montpellier, disant adieu aux bois d’Ar- bousiers, de Myrtes, de Cistes et de Daph- nés, à ces rochers noirs battus par la Mé- diterranée aux flots bleus, aux Orangers, aux champs de Jasmins, d’immortelles, de Violettes et de Pélargonium rosat, à toute cette végétation tropicale que les hivers et le mistral respectent, vaincus par l’écran de montagnes qui protègent le littoral de Marseille à Gênes. Les pépinières de M. Sahut, à Lattes, près Montpellier, sont remarquables par les collections types qu’y réunit cet habile horticulteur. Son arboretum est déjà con- sidérableet la collection fruitière y est re- présentée par des contrerespaliers, des py- ramides et des cordons d’une tenue parfaite. M. Sahut donne tous ses soins aux Conifè- res, qu’il aime tout particulièrement et dont il possède de curieux exemplaires. C’est chez lui qu’ont grandi ces deux admira- bles Cupressus Lambertiana , qui ont at- teint, en seize ans, une hauteur de 18 mè- tres, et qui présentent d’immenses pyra- mides compactes, vert-noir, supportées par un tronc de lm40 de circonférence. Pour la première fois, cette année, ils fructifient; nous avons compté plusieurs strobiles. Le Cyprès de Lambert, s’il de- vient bon marché, sera la fortune du Midi, comme bois de produit, pour les reboise- ments. M. Sahut fonde sur cet arbre les plus grandes espérances. Parmi les autres Conifères de Lattes, nous avons noté les beaux spécimens suivants : Séquoia sem- pervirens (20 mètres), Cupressus fastigicita contorta , Carr. (6 mètres), Juniperus Bermudiana , Cupressus torulosa , C. Tour- nefortii , Corneyana , Californien, flagel- liformis , Hort. [C. Lusitanica Lindleyi. Carr.) , de jeunes Pinus insignis, qui présentent cette particularité de se bien greffer sur Pin d’Alep, et non sur Pin pignon; le Pinus Paroliniana et ce fa- meux P. Saltzmanni , qui divise actuel- lement plusieurs savants et qu’on ne croi- rait pas ici identique à ceux qui peuplent naturellement les montagnes de Saint- Guilhem du Désert. Les Pêchers forme ta- bulaire de M. Sahut sont représentés à Lattes par de forts buissons , qui se couvrent annuellement de fruits, et don- nent raison à ce mode de culture pour le Midi ; les trois variétés de Lagerstrœmia sont parées de leurs panicules rouges, roses ou violettes ; le Diospyros coronaria fournit d’excellents fruits, égaux en par- fum à ceux du célèbre Diospyros Kaki. Telles sont les notes rapides que nous avons transcrites au vol. Le temps et l’es- pace nous manquent pour en tirer des déductions au point de vue cultural et pra- tique dans nos climats moins tempérés. Mais nous croyons que de cette simple 410 LIBOCEDRUS CHILENSIS. énumération se dégage un enseignement, et qu’en servant de point de comparaison aux horticulteurs, elle peut les guider dans la voie des expériences nouvelles et les engager à visiter tout spécialement une région que pas un ami des jardins ne de- vrait ignorer. Ed. André. LIBOCEDRUS CHILENSIS Notre but en publiant cette note, que nous accompagnons d’une gravure, n’est pas de faire ressortir le mérite ornemental du Libocedrus Chilensis; il est assez connu aujourd’hui. Ce que nous voulons c’est, par l’inspection de ses fruits, faire voir que c’est un genre très-voisin des Bioia, inter- médiaire entre ceux-ci et les Thuia par le Fig. 37. — Libocedrus Chilensis. port, la végétation, les fruits et même par les graines, ce que montre du reste la gra- vure 37. Les graines sont à peu près les mêmes que celles des Biota, mais elles sont ailées comme le sont celles des diffé- rentes espèces d’Abiétinées, les Picea , par exemple. Ici, comme toujours lorsqu’on va au fond des choses, on voit qu’il n’y a pas de limites absolues, et qu’un genre, quel qu’il soit, peut toujours être regardé comme un trait d’union placé entre deux autres genres qu’il relie en les confondant à l’aide de caractères communs. C’est cette conviction profonde de l’é- troit enchaînement de toutes les choses de la création, qui dans notre nouvelle édition des Conifères, tome Ier, page 91, à propos du genre Libocedrus , nous a dé- terminé à écrire ce qui suit : « Le genre Libocedrus pourrait être con- sidéré comme formant une section des Thuia. En effet, certaines espèces, par ntvn t îx t'ru ci'lf jfep. Fariote t. des Boulangers ,13, Taris F. Yema.Pinx. t ■ :€ J I W Uvvlv F-Yerna. Pim é Lmp Zanote r. des Boulangers ,13, Paris Poire souvenir du Congrès POIRE SOUVENIR DE CONGRÈS. LILIUM PSEUDO-T1GR1NUM. 411 exemple le L. Chilensis, n’en diffèrent ab- solument que par le faciès; néanmoins, je crois qu'on a eu raison de le séparer et d’en faire un genre particulier. La science n’y perd rien,’ au contraire, et la pratique a tout à y gagner. L’avantage qui en ré- sulte au point de vue scientifique , c’est que l’énoncé seul du genre suffit pour donner une idée des espèces qu’il com- prend, ce qui devrait toujours être, le genre n’étant qu’une sorte d ’ aide-mémoire. Au point de vue pratique ces coupes géné- riques ont l’immense avantage de réunir des plantes qui, presque toujours, ont le même tempérament, et qui par consé- quent exigent les mêmes soins. « Du reste, sous ce rapport, on est -bien obligé de poser des bornes, la nature, con- trairement à l’idée de beaucoup de gens, n’en ayant pas mis, sinon de relatives. En effet, s’il fallait baser les genres sur des caractères absolus, où s’arrêterait-on? Per- sonne ne pourrait le dire. Ce que je puis assurer, c’est que les Thuia , les L/bocedrus , les Thuiopsis , les Cupressus, les Chamæ- cij paris , les Retinospora et même les Biota , par l’intermédiaire des Chamæcy- paris se fondent les uns dans les autres, et pourraient être considérés comme des coupes de valeur relative d’un grand genre qui, à son tour, n’aurait non plus qu’une valeur relative. » Voilà ce que nous avons écrit, il y a bientôt un an; nous ferions de même au- jourd’hui, car, notre opinion à cet égard, loin de se limiter, s’étend de plus en plus. Pour nous résumer et conclure nous di- sons : le genre JÀbocedrus , bien que voisin des Biota , doit être conservé; il est très- distinct. Au point de vue de la culture, l’es- pèce qui nous occupe, le Libocedrus Chi- lensis, doit être greffée sur les Biota. Lorsqu’il provient de graines, sous notre climat du moins, les plantes sont difficiles à élever, elles sont délicates, et comme on le dit en terme du métier, elles fondent ou poussent à peine. E. A. Carrière. POIRE SOUVENIR DU CONGRÈS <*> L’arbre qui produit ce fruit est des plus vigoureux et des plus fertiles; il affecte naturellement la forme conique, pyra- midale et se prête avec beaucoup de faci- lité à toutes celles qu’on veut lui imposer. Les fruits croissent soit isolément, soit par bouquets de deux ou trois (d’un même bouton à fleurs); ils tiennent bien à l’arbre malgré certaines influences atmosphé- riques qui font couler d’autres variétés. Ces fruits gros, et très-gros, affectent les formes du Bon chrétien William, du Col- mar d’Arenberg, et quelquefois celle de la belle Angevine, dont ils acquièrent le vo- lume même des plus considérables. Par- fois aussi, mais plus rarement ils rap- pellent la Poire Duchesse d’Angoulême. La peau fine, d’un beau jaune à la matu- (1) Dédiée au congrès pomologique de France, par l’obtenteur, M. Morel. rité, rappelle souvent à s’y méprendre celle du B. C. William, mais elle est plus forte- ment lavée de rouge vif ou de carmin sur les parties exposées au soleil; la chair tient beaucoup aussi de ce dernier fruit, dont elle a quelquefois le goût musqué, mais moins prononcé. Plus rarement elle est légèrement et très-agréablement aci- dulée. Sa maturité se prolonge assez long- temps; elle commence avec le mois d’août pour ne finir que dans les premiers jours de septembre. La Poire Souvenir du Congrès,, admise à concourir à l’Exposition universelle, y a obtenu un premier prix. Cette variété sera mise au commerce au mois de novem- bre prochain par son obtenteur, M. Morel, .pépiniériste, rue du Souvenir, à Lyon- Vaise. Hortolès. LILIUM PSEUDO-TIGRINUM Plante pouvant atteindre 1 mètre envi- ron de hauteur. Tige cylindrique, couverte, surtout dans sa jeunesse, de poils blancs, appliqués. Feuiiles éparses, très-rappro- chées, longuement linéaires, atteignant 10- 12 centimètres, parfois plus, de longueur sur 6-12 millimètres de largeur, atténuées en pointe presque dès la base, canaliculées en dessus, portant en dessous, sur le milieu, une nervure fortement saillante, glabres sur les deux faces, mais surtout en dessus, où elles sont luisantes. Fleurs d’abord penchées, puis horizontales, dis- tantes, éparses, solitaires à l’extrémité d’un pédoncule de 6-10 centimètres de lon- gueur portant près de sa base parfois vers son milieu une (plus rarement deux) lon- gue bractée foliacée, linéaire, étroite; Perianthe à 6 divisions étalées, puis révo- lutées, d’un rouge mat, maculées ou pointillées de brun foncé, présentant vers leur base des sortes de papilles ou ca- roncules assez saillantes. Style roux-gros, presque du double de longueur des étami- 412 AUBERGINE MELON. CYPRIPEDIUM CONCOLOR. nés, souvent un peu tordu ou comme llexueux, s’épaississant à partir de sa* base jusqu’au sommet, qui est terminé par un stigmate renflé, inégalement trilobé. Oi- gnon petit, écailleux, à écailles appliquées, assez épaisses, atténuées en pointe. Cette belle plante a été envoyée de la Chine au Muséum, où elle a fleuri, et où nous l’avons fait peindre. Elle est très-rusti- que, voisine par son port et son aspect général du L. tigrinum dont elle est néan- moins très-distincte ; sa tige est parfaite- ment cylindrique, et, au lieu d’être très- foncée et même noire, comme celle du L. tigrinum , elle est d’un vert sombre, légère- ment tigrée; de plus elle ne porte pas de bulbilles. Ses feuilles, non plus, n’ont qu’une seule nervure, tandis que celles du L. tigrinum en ont 5 à 7 très-marquées. C’est, nous ne craignons pas de le dire, ce qu’on pourrait appeler une espèce distincte. E. A. Carrière. AUBERGINE MELON Cette variété, de premier mérite , a été importée en France par M. Louis Bourret, de Privas (Ardèche) , lors du voyage qu’il fit au Thibet et en Chine , en 1863 , avec la mission scientifique; il la rencontra pour la première fois à Fonki-Hien , dis- trict de Pasning-Fou , dans la province de Setchuen (Chine). Les Chinois appellent cette Aubergine Kou-Kwa ou Kou-Koua. Voici l’énumération des caractères qu’elle présente : Plante vigoureuse, très-ramifîée , attei" gnant 75 centimètres environ de hauteur. Tige raide, brunâtre, non épineuse, tigrée par des poils blancs disposés en étoile. Feuilles grandes, non épineuses, d’un beau vert clair légèrement violacé sur les ner- vures. Fleurs d’environ 6 centimètres de diamètre , à pétales d’un beau bleu clair, largement ovales, arrondis , ondulés ou plissés sur les bords. Les sépales , d’un rouge noir, sont inermes, couverts de poils gris, étoilés ; l’ovaire, d’un blanc d’ivoire, est sillonné. Fruit subsphérique ou mieux obovale, arrondi aux deux bouts, d’un vio- let intense à reflet blanc , atteignant jus- qu’à 50 centimètres de circonférence, por- tant longitudinalement des dépressions étroites, profondes, qui sillonnent le fruit dans toute sa longueur; de là des côtes comme dans la plupart des Melons , d’où le nom que nous lui avons donné. Chair très-fine, moins coriace et plus tendre que celle de l’Aubergine violette ordinaire. L’Aubergine Melon présente encore l’a- vantage d’être franchement remontante , de sorte qu’on trouve sur le même pied des boutons, des fleurs et des fruits à dif- férents états. C’est jusqu’à ce jour celle qui a les plus gros fruits et la seule aussi dont les fruits sont côtelés. Nous la re- commandons aux amateurs à cause des qualités, et surtout de la grosseur qu’at- teignent les fruits. On trouve des graines de cette espèce chez M. Léonard Lille, marchand grainier, cours Morand, à Lyon, qui, jusqu’à présent, nous paraît en être le seul possesseur. E. A. Carrière. CYPRIPEDIUM G0NC0L0R Le genre Cypripedium, il y a quelques années, n’était représenté que par un nombre très-restreint d’espèces ou varié- tés. Aujourd’hui il en est tout autrement; la collection réunie par M. Barillet-Des- champs à l’établissement horticole de la ville de Paris, à Passy, compte environ 35 espèces et variétés de ces végétaux. Le Cypripedium concolor, Batem., intro- duit récemment dans le commerce, vient d’y fleurir pour la première fois. La singu- larité de ses fleurs et leur peu de ressem- blance avec celles des autres espèces le feront rechercher des amateurs de ce genre. Voici l’indication des caractères de cette espèce : Plante acaule. Feuilles longues d’envi- ron 15 centimètres sur 3 ou 4 centimètres de largeur, rapprochées en une touffe ser- rée ; distiques, oblongues, carénées, pres- que aplaties, élégamment marquées sur la surface supérieure d’un beau réseau de lignes d’un vert foncé sur un fond vert clair ; la face inférieure est uniformément teintée de rouge pourpre. La hampe flo- rale, courte, pubescente, qui n’atteint guère que 8 à 10 centimètres de hauteur, porte ordinairement deux fleurs. Vers le milieu de la hampe, apparaît la première fleur, qui est large d’environ 8 cent. Le pétiole, très-court, est fixé sur la hampe et entouré d’une enveloppe bractéale pubescente et pointillée de petites taches d’un rouge pourpre ; le sépale supérieur , long de 4 centimètres sur 3 de largeur, est ovale, à nervure médiane canaliculée, marqué sur sa, surface de petits points cramoisis sur un fond jaune pâle ; les bords de la partie inférieure sont un peu repliés en arrière, tandis que vers la pointe ils se recourbent BIBLIOGRAPHIE HORTICOLE. 413 un peu en avant ; le sépale inférieur est de la meme forme et de la même couleur que le supérieur, seulement, au lieu d'a- voir une seule nervure médiane , il en a deux parallèles, canaliculées ; les bords vers la pointe inférieure se recourbent également un peu en avant. Les deux pétales latéraux, longs d'en- viron 4 centimètres sur 2 de largeur, sont oblongs, parcourus par des nervures longi- tudinales, et marqués d’un grand nombre de points cramoisis sur un fond jaune pâle; le labelle, long d’environ 3 centimètres, est de couleur jaune fpaille sur toute sa sur- face extérieure ; le bord extérieur près de l'orifice est marqué de petits points cramoisis. Le style, les étamines, le stig- mate, etc., sont jaunes et de la même forme que ceux des autres espèces du genre. Depuis l'époque où M. Decaisne a com- mencé la publication du Jardin fruitier du Muséum , nous avons vu successivement apparaître plusieurs recueils pomologi- ques; rappelons entre autres ceux du Con- grès pomologique , le Verger de M. Mas, les Meilleurs Fruits par M. de Mortillet, et, dans une mesure plus restreinte, les Qua- rante Poires du même auteur, V Abeille pomologique de M. l’abbé Dupuy, les Bonnes Poires par M. Ch. Baltet, etc. Nous passons certainement quelques ou vrages estimables, mais cette énumération suffit pour mon- trer le mouvement qui se fait actuellement dans cette partie de l’horticulture. Voici un ouvrage qui vient de paraître, et dont l'im- portance ne le cède en rien aux précédents, et qui sera bientôt entre les mains de tout le monde , c'est le Dictionnaire de pomologie de M. A. Leroy. Nous n’avons pas à faire l'éloge de l’auteur, l’éminent pépiniériste d’Angers; il est assez connu; nous nous bornerons simplement à apprécier l’ou- vrage qu'il vient de faire paraître. Le Dictionnaire de pomologie formera, pour les Poires seulement, deux grands volumes in-8° dont le premier vient de paraître. La forme adoptée par l’auteur est, ainsi que l'indique le titre, celle d'un dictionnaire; par conséquent, les variétés sont rangées d’après l’ordre alphabétique; de là tous les avantages et les inconvé- nients attachés à ce mode de groupement : les inconvénients, c'est l’impossibilité où l'on est de pouvoir reconnaître un fruit inconnu, car on ne pourait arriver à le (1) Le Dictionnaire de pomologie par M. A. Le- roy. 1 vol. grand in-8° de 615 pages. Angers, chez l’auteur. Prix : 7 fî\ 20 c. par la poste. Le Ctjpripedium concolor, Batem., décrit et figuré dans le Botanical Magasine, fut découvert par M. Parish sur des rochers calcaires dans le Moulmein (Inde). On le cultive en serre chaude humide, près du jour. La terre de bruyère brute, tourbeuse, grossièrement concassée, mé- langée d’un peu de Sphagnum et de char- bon de bois, lui convient beaucoup. Les vases devront être fortement drainés afin de favoriser l’écoulement de l’eau; leur surface pourra être recouverte d’une légère couche de Sphagnum qui maintiendra les racines dans une humidité modérée. On arrose beaucoup lorsque la plante est en végétation, moins lorsqu’elle est dans la saison de repos. Sa multiplication se fait par la division des pieds ou par graines lorsqu'on pourra s'en procurer. DELCHE VALERIE. HORTICOLE <*> nommer, qu'à la condition de passer en revue toutes les descriptions les unes après les autres : les avantages, qui sont consi- dérables, résultent de la facilité extrême des recherches ; il n'est pas une personne s’occupant d’arboriculture fruitière qui ne se soit trouvée en présence de la difficulté qu'on éprouve lorsqu’on a à faire une recherche sur une variété déterminée de fruit. Ainsi, par [exemple, vous aviez sous les yeux un Pommier, un Poirier, etc., il vous est présenté sous un nom connu, et lorsque vous voulez vous assurer si le nom qu’il porte est exact, cela nécessite des recherches excessivement longues et sou- vent infructueuses. C'est surtout à ce point de vue que l'ouvrage sur lequel nous appe- lons aujourd'hui l'attention des lecteurs de la Revue horticole , répond à un besoin réel et à une utilité pratique. En effet, lorsqu’on voudra se renseigner sur une Poire quel- conque, il suffira d’ouvrir le Dictionnaire de pomologie , on la trouvera rangée à sa place alphabétique, et l’on trouvera aussi sur elle les renseignements suivants : D’abord une synonymie complète avec indication des ouvrages dans lesquels ce fruit a été figuré ou décrit; puis les des- criptions de l’arbre faites dans les pépi- nières, avec des indications sur la fertilité et le mode de culture; puis la description du fruit, ainsi que l’énumération de tous les caractères, sa qualité, etc. Vient en- suite l’historique, souvent très-développé, et, s'il y a lieu, des observations diverses soit sur l’origine, soit sur les différentes opinions des auteurs, soit enfin sur les usages qu’on peut tirer du fruit. Ajoutons que chaque description est accompagnée d’un dessin au trait, souvent de deux 414 EXPOSITION UNIVERSELLE d’hORTICULTL'RE EN 18G7. lorsque le fruit est sujet à varier, repré- sentant le contour du fruit. Ayant lu ce livre d’un bout à l’autre, nons n’hésitons pas à dire qu’il est bien fait et qu’il présente un grand intérêt, et bien que ce soit un peu la tendance et un peu aussi le devoir du critique, de recher- cher les points faibles de l’ouvrage qu’il a sous les yeux, nous déclarons n’avoir rien trouvé dans toute cette partie du dictionnaire qui ne nous paraisse très-satisfaisantet très- bien fait. Nous savons que c’est un mince éloge, venant d’une plume aussi peu auto- risée que la nôtre, aussi hésitons -nous moins à relever un fait sur lequel notre attention a été appelée à cause du pays même. On cultive aux environs immédiats de Grenoble une Poire sous le nom de Charbonnière et de Malconnaître et que M.Decaisne a publiée sous le premier nom. Nous nous rappelons parfaitement avoir vu à Revel (Isère) des individus de cette va- riété qui n’ont certainement pas moins de 30 à 40 ans d’existence — peut-être même en existe-t-il de plus vieux — ; aussi n’est- ce pas sans quelque surprise que nous voyons cette Poire décrite par M. Leroy sous le nom américain de P. Collins , 'et donnée par lui comme une variété relati- vement nouvelle, puisqu’il dit qu’elle n’est apparue que depuis 1848 et obtenue par un semeur américain. N’y aurait-il pas là, tout simplement, ce qui ne serait pas sans exemple, le retour d’Amérique, sous un nom nouveau, d’une vieille variété fran- çaise, ou bien y a-t-il eu production d’une nouvelle variété assez ressemblante à l’an- cienne pour pouvoir lui être assimilée? Dans tous les cas il y a là une singularité qui nous a paru devoir être signalée. La partie que nous venons d’examiner est la partie véritablement descriptive du livre de M. A. Leroy, elle comprend de la page 81 à 615 dans lesquelles sont décrites 389 variétés dont la dernière est la Poire Cushing. Dans le second volume, qui est en préparation , ;seront comprises les des- EXPOSITION UNIVERSELLE Ainsi que le compte rendu des deux der- nières séries le faisait pressentir les con- cours principaux qui , cette fois, avaient été réservés aux fruits, ont donné des ré- sultats dont l’importance n’a dû échapper à personne. En effet, si nous disons que plus de 50,000 fruits (divisés en 9,500 lots d’une variété ) , ont été présentés, les uns en collectiôn, les autres, suivant le pro- gramme, en lots contenant des variétés plus ou moins nombreuses, nous aurons (1) Voir Revue horticole 1867, pp. 173, 193, 214, 234, 252, 272, 292, 313, 333, 354 3,73 et 395. criptions des autres Poires, à partir, par conséquent, de la lettre D, et le nombre des variétés atteindra environ 900. Le se- cond volume ne sera donc pas d’un nom- bre de pages inférieur au premier. Quant aux 78 pages qui précèdent la partie des- criplive du premier volume, elles sont con- sacrées à une étude sur le Poirier et qu’on lira certainement avec beaucoup d’intérêt. Dans ces pages M. Leroy considère le Poirier dans son histoire depuis les temps les plus anciens jusqu’à latin du siècle dernier, tant au point de vue des variétés produites que de la culture , des usages et propriétés, et enfin de la conservation du fruit. Ajoutons à cela une introduction bibliographique fort bien faite. Le seul reproche que nous lui adresserions volontiers, c’est d’avoir passé sous silence les travaux modernes. Ce fait nous paraît regrettable; il y a là une lacune. Le lecteur qui voit un ouvrage cité à propos d’une description de Poire au- rait été bien aise de trouver, dans un chapi- tre spécial, un article, sinon élogieux, du moins précissur lelivreauquel il lerenvoie. Mais une omission qui nous paraît moins justifiée parce qu’il rentrait dans le cadre de l’auteur de citer les ouvrages de cette époque déjà un peu éloignée de nous, c’est celle du Nouveau Duhamel par Loiseleur- Deslongchamps et autres, paru en'1815 et qui n’est certainement pas inconnu de M. Leroy, puisqu’il le cite à propos du synonyme Belle Audibert qu’il rapporte, à la page. 163, à la variété Poire Audibert. Il nous semble que l’indication de ce livre aurait dû venir se placer entre ceux de l’abbé Leberryais et de L. Noisette, d’autant plus qu’il en existe en outre un extrait avec planches, publié en 2 volumes par Roret vers 1835. Ce sont là, du reste, des critiques de détail qui n’infirment en rien le mérite du livre. Le Dictionnaire pomologique est une œuvre sérieuse et qui sera certainement utile, car elle contribuera, pour une large part, à faciliter la connaissance de nos va- riétés fruitières. B. Verlot. THORTICULTURE DE 1867 (1) démontré du même coup la justesse de notre assertion et pourquoi aussi nous avons pris la détermination, si contraire à nos habitudes, de joindre tout simplement à la récompense obtenue le nombre de va- riétés présentées par les lauréats. . Après ce court résumé de nos impres- sions, nous avertissons nos lecteurs que, pour faciliter autant que possible le travail d’examen, le jury avait divisé les exposants octrois séries comprenant : 1° les horti- culteurs; 2° les amateurs; 3° les sociétés d’horticulture. Pour les concours de col- EXPOSITION UNIVERSELLE D’iïORTICULTL’RE EN 1867. 415 lection de fruits à pépins ces trois séries ont été subdivisées en deux sections : i° collections de 201 et au-dessus; 2° col- lections de 50 à 200 variétés. Rien n’étant venu modifier, même dans la forme, cette décision générale, nous ré- sumerons les concours principaux comme suit : Dans la première section : «collection de- fruits à pépins de 201 variétés et au-des- sus», le jury a décerné : 1° horticulteurs: un premier prix à chacun des trois con- currents, MM. Cochet, Croux, pour 700 va- riétés de fruits ; M. Deseine, pour 302 va- riétésseulement ; un second prix à M. Du- puy-Jamain, pour 232 variétés; un troisième prix à chacun de MM. Rivière, d’Amiens, et Roy et Cie , pour 220 variétés. 2° Ama- teurs : un second prix à M. Rouillé-Courbe pour 202 variétés; 3° sociétés d’horticul- ture : un premier prix à la société de la Côte-d’Or pour 352 variétés; un second prix à la société de Clermont (Oise) pour 230 variétés ; un troisième prix à la société d’horticulture de la Moselle pour 300 va- riétés. Dans la seconde section : «collections de fruits à pépins composées de 50 à 200 va- riétés», nous trouvons : 1° horticulteurs : un second prix à chacun des exposants dont les noms suivent : M. Gaillard, pour 200 variétés; M. Guillot, pour 106 variétés; un troisième prix à M. Alfroy-Neveu pour 45 variétés ; une mention honorable à cha- cun de MM. Livret pour 140 variétés, et Devaux pour 82 variétés. 2° amateurs : un second prix à M. Bertron pour 62 variétés; un troisième prix à M. Seigneur, jardinier à Manet (Seine-et-Oise), pour 80 variétés; une mention honorable à M. Dubois, jardi- nier à Loré (Orne), pour 52 variétés. 3° So- ciétés d’horticulture : un premier prix à chacune des sociétés d'horticulture d’Or- léans pour 132 variétés, et Dodonée (Bel- gique), pour 161 variétés; également un second prix à chacune des sociétés de Pon- toise pour 97 variétés, et de Coulommiers pour 117 variétés; un troisième prixz la société d’horticulture de Melun et Fon- tainebleau pour 110 variétés; une men- tion honorable à la société de Joigny (Yonne) pour 197 variétés. Si, pour termi- ner cette énumération des collections de fruits à pépins contenant plus de 2,500 lots d’une variété de fruits généralement très- beaux, nous citons celles présentées hor concours par M. Leroy (André) et M. Bal- tet, il ne nous restera plus qu’à signaler quelques erreurs de nomenclature rele- vées dans ces différents concours, savoir : un grand nombre de synonymes dans les collections d’horticulteurs; des fautes bien plus graves et plus souvent répétées dans celles appartenant aux exposants dits ama- teurs ; enfin une moins bonne classification que partout ailleurs dans les fruits présen- tés par les sociétés. Ce dernier fait est sur- tout regrettable, et MM. les présidents ou organisateurs de ces diverses sociétés, dont le devoir est de donner l’exemple, auront, selon nous, de la peine à expliquer ces erreurs. Le concours dit espèces et variétés « de Poires àcouteau réunies en collection», qui suivait ceux dont nous venons de parler, a donné les résultats suivants : 1° horticul- teurs : un premier prix à M. Bivort, à Fleurus (Belgique), pour 300 variétés; un second prix à M. Lelandais, à Caen, pour 118 variétés; un troisième prix à M. Col- lette, à Rouen; 2° amateur : une mention honorable à M. Deschamps pour 23 varié- tés ; 3° sociétés d’horticulture : un premier prix à MM. Vasseur père et fils et Aguillon (exposition collective) pour 115 variétés; un second prix à la société du Hainaut pour 126 variétés. Mentionnons ici une très-remarquable collection de Poires com- posée de 533 variétés déjà au commerce, et 250 variétés obtenues de semis apparte- nant à M. Grégoire, amateur très-distingué, à Jodoigne, qui, ayant accepté les fonc- tions de juré, a été placé hors concours. Poursuivant l’énumération des opéra- tions du jury et en suivant le programme officiel nous trouvons dans le concours dit « espèces et variétés de Pommes à cou- teau, réunies en collection » : 1° horticul- teurs : un premier prix à M. Mauduit, de Rouen, pour 390 variétés; un troisième prix à chacun de MM. Lelandais, de Caen, pour 85 variétés, et Capeinick, de Gand, pour 33 variétés. 2° Amateurs: un troisième prix à M. Deschamps pour 30 variétés; 3° un premier prix à la société d’horticul- ture de Berlin pour 250 variétés de Pom- mes qui ont aussi vivement intéressé les horticulteurs que les visiteurs. Ensuite, dans le concours dit lot de 50 espèces et variétés de Poires choi- sies, nous trouvons : horticulteurs, savoir : MM. Jamin-Durand, à Bourg-la-Reine, et Mechin, horticulteur à Chenonceaux, un premier prix ex æquo ; M. Croux, un second prix : 2 amateurs, M. Millet, de Tirlemont (Belgique), un premier prix ; M. Donné, jardinier au château Souchet, un second prix; à la société de Nantes, un premier prix , et à là société du Hainaut un troi- sième prix. Dans le concours de 50 variétés de Pommes choisies, tenu seulement par 2 exposants, un second prix à M. Jamin- Durand; un troisième pr/^àM. Capeinick.- Pour lot de 25 variétés Poires choisies, un second prix à M. Biseau, horticulteur à Binches (Belgique); un troisième prix à M. Jamin-Durand ; un premier prix à M. Donné, jardinier amateur; un deuxième EXPOSITION UNIVERSELLE d’hORTICULTURE EN 1867. 416 prix à la société du Hainaut. Pour lot de 25 variétés de Pommes choisies : un se- cond prix à MM. Vasseur père et fils et Aguillon ; un troisième prix à M. Capei- nick. Pour lot de 12 variétés de Poires de premier choix , un premier prix à MM. Marc et fils, horticulteurs à Notre-Dame de Vaudreuil ; une mention honorable à M. Le- febvre, horticulteur à Sablé-sur-Sarthe; un troisième prix à M. Falluel, à Bessancourt (Seine-et-Qise) ; également un troisième prix à la société de Nantes. Pour lot de 12 variétés de Pommes de premier choix, une mention honorable à la société de Nantes. Pour lot de 25 Poires de la même espèce ou variété dite de marché, nous trouvons : 1° horticulteurs , un premier prix à cha- cun de MM. Deseine, de Bougival, et La- haie, de Montreuil, le premier pour 25 cor- beilles contenant chacune 25 très-beaux fruits, le second pour 6 lots de 25 fruits ; une mention honorable à chacun de MM. Marc et fils et Lefèvre; ce dernier présen- tait 3 lots de 25 fruits; 2° amateurs : un second prix à M. Donné jardinier amateur; 3° sociétés d’horticulture : un premier prix à la société de Nantes pour 17 lots de 23 fruits, et à la société de Clermont (Oise) ; une mention honorable à la société d’Or- léans. Pour lot de 25 Pommes de marchés : 1° horticulteurs : un premier prix à M. De- seine qui, comme dans le concours de Poi- res, avait présenté 15 corbeilles de 25 très-belles Pommes ; un second prix à cha- cun de MM. Lahaie et Chevalier, de Mon- treuil; une mention honorable à MM. Marc et fils. 2° Sociétés d’horticulture: un second prix h la société de Clermont (Oise), et une mention honorable à la société d’Orléans, qui présentait 4 lots de 25 beaux fruits. Pour lot de fruits à cuire, un troisième prix à M. Jamin-Durand. Enfin, lot de fruits à introduire dans la grande culture, un troisième prix à MM. Danet et Richer, cultivateurs à Anneville-sur-Seine, dont les travaux méritent un encouragement. On ne saurait trop, selon nous, remercier ces cul- tivateurs des efforts qu’ils font pour substi- tuer aux fruits inférieurs cultivés presque partout des variétés de bonne qualité qui, tout en produisant plus de fruits, se- ront une nouvelle source de bien-être et de richesse pour les habitants des campagnes. Citons encore un troisième prix h M. Croux pour 25 corbeilles de fruits variés. Le jury ayant à examiner, outre un cer- tain nombre de fruits à cidre, plus de 400 nouvelles variétés de Poires et de Pommes, s’est décidé à renvoyer tous ces gains à une commission spéciale qui aura mission de les étudier convenablement et en temps opportun et d’en rendre compte. Les fruits à noyaux, représentés par deux lots seulement, ont valu un premier prix à M. A. Lspère, père, de Montreuil ; une mention honorable à M. JLepère, fils, direc- teur des jardins fruitiers de S. A. le prince royal de Prusse. Puis, avant de passer aux concours ouverts pour les produits de la vigne, signalons un second prix à M. Beau- don pour des Oranges, des Citrons, etc. ; un premier prix à M. Buchetet, pour des fruits modelés avec une perfection très- remarquable ; deux mentions honorables l’une à la société d’Erfurt (Prusse), l’autre à M. Henrard, à Paris, également pour des fruits modelés ; enfin, une mention hono- rable à E. Chauvin, de Versailles, pour des fruits conservés. Les produits de la Vigne, divisés en deux sections, ont donné les résultats sui- vants : 1° Raisins de table : 4 premiers prix à quatre cultivateurs très-distingués, MM. Knight, de Pontchartrain; Rose Char- meux ; Constant Charmeux et Houdbine. M. Knight présentait un lot de 12 variétés très-bien choisies parmi lesquelles on remarquait, surtout les fruits pendus aux rameaux, du Chasselas Napoléon et du Frankental. Un autre premier prix a été attribué comme récompense de la culture du Chasselas doré du territoire de Con- flans. Quatr e premiers prix à MM. Crapotte, Lambert Pacotte, Cirjean, tous les trois de Conflans, pour du Chasselas doré, et M. Deschamps, amateur, pour de beaux et bons Raisins de table. Un troisième prix à M. Mechin, de Chenonceaux ; enfin deux mentions honorables à M. Bertron et à M. Charbonnier, de Valence (Drôme). Comme résumé de ces concours nous n’hésitons pas à dire que les Raisins Chasselas exposés par les cultivateurs de Conflans étaient de beaucoup supé- rieurs à celui venant de Fontainebleau. 2° Raisins de cuve. Le jury a décerné dans Ce concours cinq premiers prix à MM. Pulliat, àChiroubles (Rhône); au comité de Beaune (une collection de ceps garnis de fruits); à la société d’horticulture de Dijon; à M. Phelippot, de l’île de Ré (ceps garnis de Raisins); enfin, àM. Massé, de Bourges, Quatre seconds prix à MM. Vignial, de Bor- deaux ; société viticole et forestière de Troyes; Gaillard, à Brignais (Rhône) ; so- ciété vigneronne d’Issoudun (Indre) pour 8 variétés de Raisin donnant des produits très-estimés, tels que : le Cot noir , le Chambonnais , le Pinot noir , et deux troi- sièmes prix , l’un à M. Amblard jeune, à Lorry (Moselle), l’autre à M. Boinette, de Bar-le-Duc; enfin trois mentions honora- bles à MM. Van Iseghem, de Nantes; Louis Lhérault, d’Argenteuil ; société de Nantes, qui recevait en outre un troisième prix pour des spécimens de greffes de Vigne. Ensuite, pour rester dans le même ordre d’idées, mentionnons un second prix h M. EXPOSITION UNIVERSELLE D’HORTICULTURE EN 1867. 417 Tarrieu de Chaudesaigues, propriétaire à Saint-Bonnet (Puy-de-Dôme) , pour son système d’incision annulaire; un troisième prix à M. Bourgeois pour Pemploi de la décortication annulaire de la Vigne; puis, pour terminer ce qui concerne les fruits et les végétaux qui les produisent, nous men- tionnerons un lot de fruits variés (Bananes, Diospyros, etc.) récompensé d'une men- tion honorable décernée à M. Denis, d'Hyè- res; un Pêcher formé, suivant la méthode dite taille à long bois, qui rapportait un premier prix à M. Morel, horticulteur à Lyon. Cet arbre, âgé de onze ans, a des branches opposées et dirigées suivant la forme dite candélabre. Les deux branches de la base ont atteint une longueur totale de 14 mètres en huit ans de taille. Tels sont, dans leur ensemble, les con- cours principaux de la treizième série, concours que nous avons, dès le début de notre article, donnés comme très-intéres- sants. Si notre cadre n’était aussi restreint, combien d’enseignements nous aurions pu tirer de l’étude comparée d’une variété de fruit examiné suivant les divers sols ou les divers climats où elle a vécu! En tête des concours accessoires, nous trouvons celui des Orchidées et plantes nouvelles de serre chaude, concours dans lequel, si le jury n’a pas eu l'occasion de décerner une récompense, nous, chroni- queur, ne pouvons oublier que MM. le comte de Nadaillac et Guibert ont droit à une mention spéciale pour leur assi- duité à garnir les serres des produits que, toujours jusqu'ici, ils ont placés hors con- cours. Nous signalerons, cette fois encore, un jeune sujet de Senelipedium Schlimii , ‘déjà en fleur bien que âgé seulement de six mois et obtenu de semis, par M. Leroy, jardinier chez M. Guibert; Zigopetalum crinitum ; Ærides Lobhii ; Dendrobium chrisanthum; Cymbidium pendu lum ; Ca- lanthe Massuca rosea, toutes Orchidées de choix tant par la beauté des sujets que par l’élégance ou l'originalité de leurs fleurs. A côté de ce lot, ces mes- sieurs avaient placé une collection de plantes variées de serre chaude parmi lesquelles nous avons relevé comme dignes d’une mention spéciale Areca crinita et Areca nobilis , superbes Palmiers dont M. Lierval, horticulteur à Paris, possède une ample provision; Pandanus reflexus ; Dichorisandra ovata avec ses magnifiques fleurs bleues; Bégonia dedalæa, qui est bien un véritable dédale comme dessin; Bégonia Pearceii, une nouveauté de 1866, mais qui est déjà devenue vieille ; Bégonia smaragdina aux feuilles imitantdu velours, de couleur vert tendre. Ajoutons, puisque nous parlons des Bégonia, qu’une collection de ces belles plantes exposée par M. Ju- bert, jardinier chez M. Potard, à Neuilly, a été récompensée d'un premier prix. En outre, qu’un exemplaire de Bégonia di - versifolia a valu une mention honorable à M. Guenot. Cette espèce, originaire du Mexique, passe volontiers l’été en pleine terre et s'y couvre de nombreuses fleur roses du plus gracieux effet. Après cette digression, reprenons le compte rendu des concours prévus au programme, et indiquons les récom- penses décernées par le jury, savoir : un premier prix à la commission prussienne, pour les végétaux à feuillage ornemental exposés dans la partie du Parc qui a été concédée à cette puissance ; 2° un premier prix ex-æquo à MM. Marest et Ghantin, pour leurs plantes d’apparte- ments ; 3° un premier prix à M. H. Ja- main, pour un lot de Myrtes en caisses; 4° un premier prix à M. Rendatler et un second prix à M. Tabar, pour des fleurs de Pétunia ; 5° un second prix à M. Le- batteux, pour un lot de plantes variées; 6° une mention honorable au même horti- culteur, pour un lot de Canna de semis qui imitent beaucoup la variété dite nigri- cans\ 7° une mention honorable à M. Loise père, pour un lot de beaux Canna disco- lor ; 8° un troisième prix à M. Thibaut- Prudent, pour des Mimosacées, malheu- reusement exposées sans étiquettes ; 9° un troisième prix à M. Chardine pour un lot de Pétunia dont la culture mérite une mention spéciale; 10° un second prix ex æquo à MM. Yvon et Loise-Chauvière pour des Solanum réunis en collection (le lot de M. Yvon se faisait surtout re- marquer par une nomenclature bonne et correcte); 11° un troisième prix à M. Thi- baut-Prudent pour une collection de plantes vivaces fleuries; 12° un autre troi- sième prix au même horticulteur pour des Lilium variés déjà signalés ; 13° un troisième prix à M. Paré, pour un lot de Dianthus semperflorens , charmantes plan- tes dont nous ne saurions trop recomman- der la culture; 14° pour les Dahlia réunis en collection et présentés en fleurs cou- pées, un premier prix à M. Mezard; un second prix ex æquo à MM. A. Dufoy et Moricart et Asclept, dont la réputation dis- pense de tout éloge; un double troisième prix à MM. Goulon et Loise-Chauvière ; trois mentions honorables à MM. Devoi- sine, jardinier à Livry, Guénot et Mangin; 15° pour lot de 50 nouvelles variétés de Dalhia, un premier prix à M. Mezard; 16° aux Dalhia de semis, un double pre- mier prix à MM. Laloy et Guenoux, un troisième prix à M. Souchet, de Bagnolet, et une mention honorable à M. Chardine; 17° trois premiers prix à M. Souchet, de Fontainebleau, d'abord pour une collée- 418 EXPOSITION UNIVERSELLE D’HORTICULTURE EN 1867. tion de glaïeuls, ensuite pour un lot de glaïeuls livrés au commerce depuis deux ans, enfin pour un lot de variétés nouvelles obtenues de semis par l’exposant. Malheu- reusement, de même que dans les con- cours précédents, les plantes n’étaient point étiquetées, ce qui en enlevait en grande partie tout l’intérêt. 18° un second prix à M. E. Verdier, pour sa collection de glaïeuls ; 19° un double troisième prix à MM. Guenot et Loise-Chauvière, pour leur collection de Glaïeuls ; 20° également un double troisième prix à MM. Guenot et Regnier, pour des Zinnia flore pleno, présentés en fleurs coupées; 21° un pre- mier prix à M. H. Jamain, et un second prix ex æquo à MM. Duval et Cochet, pour des Roses réunies en collection et présen- tées en fleurs coupées; 22° un premier prix à M. H. Jamain pour sa belle expo- sition de Rosiers francs de pied, dont la floraison était on ne peut mieux réussie; 23° un second prix à MM. Vilmorin et Cie. pour une collection de plantes annuelles et vivaces; 24° enfin, pour terminer la flo- riculture, un second prix à M. Brot-Dela- haie pour ses œillets remontants. Dans le concours de bouquets à la main, de fêtes, bals, etc., vases et suspensions ornées de fleurs, le jury décernait encore : à M. Bernard, quatre premiers prix et deux seconds prix ; à M. Deschamps, amateur à Boulogne et à M. Van Reet, horticulteur à Anvers (Belgique), chacun un premier prix et un second prix ; à M. Duppuis un pre- mier prix pour son bouquet de Lilas blanc et pour sa corbeille de fleurs de Gardénia , déjà signalés; à Mme Rameau, un troisième prix ; à Mlle Lion, un troi- sième prix et deux mentions honorables ; à M. Mazorati, d’Aix-la-Chapelle, égale- ment un troisième prix ; à M. P. Slock, de Puteaux, une mention honorable. Reste à enregistrer : un troisième prix à M. Beaudon, horticulteur à Clairac (Lot-et-Garonne), pour trois Magnolia grandi flor a , dont les feuilles paraissent vouloir se panacher ; un second prix à M. Billiard, de Fontenay-aux-Roses, pour un lot d’arbustes grimpants ; un second prix h M. Isidore Lefevre, horticulteur à Sablé-sur-Sarthe; pour un lot de Conifères variées; un troisième prix à M. Guénot, pour un lot de Choux frisés, qui, par l’élé- gance de leur feuillage, peuvent servir à la décoration des jardins; enfin un second prix au même pour un lot de Cucurbita- cées d’agrément dans lequel nous avons noté : Lagenaria longa , vaîiété de Lage- naria vulgaris, plante très-polymorphe qui a donné naissance à un grand nombre de variétés fort curieuses par la forme de leurs fruits ;‘ Tricosanthes colubrina, vul- gairement appelé Serpent végétal ; Momor- dica charantia , dont les fruils, de couleur jaune, s’ouvrent lors de la maturité et laissent voir une pulpe écarlate qui sert d’enveloppe aux graines ; Cvcumis metuli - férus (font les fruits sont garnis de grosses épines qui passent du vert au rouge en mûrissant et se couvrent alors d’une pous- sière à la fois blanchâtre et bleuâtre (glauque). Les Légumes, qui faisaient suite aux con- cours susmentionnés, ont été représentés d’une façon très-remarquable. Et comme preuve, disons en premier lieu que sept exposants se sont trouvés en présence pour le concours de collection. Après un examen aussi sérieux que le comportait l’impor- tance du sujet, le jury a décerné un dou- ble premier prix à la société de secours mutuels des maraîchers de la Seine et à M. Chauvart, horticulteur à Belleville; un second prix à chacune des sociétés dites d’horticulture de Pontoise et de Nantes et à M. L’Huillier, horticulteur à Chantilly ; enfin un double troisième prix à la so- ciété d’horticulture du Rhône et à M. Champagne, horticulteur à Paris. Bien qu’il soit difficile de faire un choix au milieu de ces produits très-remarqua- bles, nous considérons comme méritant d’être cités les Radis noirs, les Pommes de terre Saucines et les Choux-fleurs de la société de secours mutuels des maraîchers de la Seine ; les Ignames, les Radis de Gournay et une Aubergine de la société de Pontoise. Ce dernier fruit à fond blanc crème rayé et strié de violet, provient, dit- on, de graines japonaises. M. Chauvart présentait six sortes de Choux pommés, des Carottes, des Radis et des Navets,, aussi intéressants comme forme et qualité que comme culture. Enfin la société du Rhône avait envoyé une Courge gaufrée et un Chou-rave hâtif de Vienne d’une grosseur exceptionnelle et, malgré cela, très-fin de quatité. Dans le second concours : ((Légumes d’un seul genre», M. Guénot recevait un troi- sièmeprix pour une collection composée de 59 variétés de Haricots, et M. Michel Che- valier, une mention honorable pour un lot d’Oignons, produits déjà signalés. Les Pommes de terre ont donné lieu à deux concours qui ont rapporté, savoir : 1° concours : « variétés réunies en collec- tion, un premier prix à la société d’horti- culture de Nantes, un troisième prix ex æquo à MM. Samuel Adler, horticulteur à Cologne, pour 150 variétés présentées en très-petits tubercules (on peut même dire trop petits), et à la société Dodonée (Bel- gique). 2° Lot de 12 variétés de Pommes de terre de choix ; un second prix à M. Pierre Rouget, cultivateur à Chaudon, pour d’énormes tubercules de Pommes de AILANTHUS ERYTHROCARPA. terre violettes, nommées, nous dit-on, Pommes de terre de la bonne femme ; un troisième prix à M. Couverset, cultivateur à Baume-les-Dames (Doubs), pour de beaux tubercules de Pommes de terre jaunes à œil rose. Nous croyons devoir appeler tout parti- culièrement l’attention de tous (amateurs, horticulteurs, agriculteurs et même orga- nisateurs d’expositions), sur la collection de Pommes de terre présentée par MM. Coürtois-Gérard et Pavard, horticul- teurs, rue du Pont-Neuf, à Paris. En effet, bien que placée hors concours, cette col- lection offrait les caractères d’une véritable exposition, caractères que nous résume- rons comme suit : classement des pro- duits par catégories similaires, savoir : 4 5 variétés de Pommes de terre jaunes lon- gues, 13 variétés jaunes rondes, 12 varié- tés rouges rondes, 10 rouges longues, 6 violettes et 7 pour la grande culture. En- suite, outre que chaque série portait une étiquette spéciale avec un titre de série et caractère distinctif, toutes les variétés étaient également munies d’une étiquette indiquant leur nom, leur degré de préco- cité, le ou les noms synonymes connus. Si les expositions étaient toutes ainsi organisées, elles rendraient de très-grands services et conduiraient au but cherché : le progrès de l’horticulture par l’instruc- tion de tous par tous. C’est là, du reste, ce que nous avons toujours demandé, mais ce que malheureusement nous n’avons pu obtenir. Toutefois nous espérons que, bonne note ayant été prise de nos réclama- tions, il en sera tenu compte , à la pro- chaine grande exposition. Après les Pommes de terre, nous trou- vons le concours d’ignames ( Dioscorea batatas), précieux tubercule qui, rival de la Pomme de terre, fournira dans un temps peu éloigné sans doute un nouveau 419 produit à l’alimentation générale. Le jury a accordé un troisième prix à chacun des exposants, c’est-à-dire à la société de Clermont (Oise) et à M. Louvel, instituteur à Rémalard, dont l’enseignement théo- rique et pratique à déjà gagné de nom- breux adhérents à l’agriculture et à l’hor- ticulture. Signalons encore : 1° deux seconds prix accordés l’un à M. Renaudot et l’autre à la société des maraîchers de la Seine, pour culture des Champignons sur meules ; 2° un premier prix à MM. Vilmorin et Ce et une mention honorable à M. Guénot, pour une collection de Choux variés. Nous avons noté dans la collection de M. Vilmo- rin, composée de 52 sortes de Choux, ceux dits : Milan, du cap Bacalan, à pointe de Winigstadt , Joanel hâtif et tardif , enfin, le Chou russe , remarquable par la forme de son feuillage. Ajoutons que la collection de M. Guenot se compo- sait de 39 sortes de Choux ; 3° un premier prix à MM. Cremont frères, de Sarcelles, pour un lot de 5 variétés d’Ananas, avec de superbes fruits ; 4° une mention honorable à M. Martinet, de Passy, pour un lot de fraisiers et fraises variété Héricart de Thury, obtenue de semis et présentée comme remontante. A propos de cette déclaration, rappelons que cette année tous les fraisiers de la variété Héricart de Thury ont donné une seconde récolte. Il faut donc pour se prononcer sur le gain de M. Martinet, attendre à l’année prochaine. Si, en terminant, nous faisons le relevé des récompenses décernées dans cette série, nous trouvons comme total 193, sa- voir : 60 premiers prix ; 54 seconds prix ; 45 troisièmes prix; 34 mentions honorables, qui ont été ainsi réparties entre les puis- sances : Belgique, 10 ; Allemagne, 5 ; France, 178. Rafarin. {La suite au prochain numéro.) A1LANTHUS ERYTROCARPA Peu d’arbres sont, nous ne dirons pas plus, mais aussi beaux pour l’ornement que l’Ailanthe à fruits rouges. Qu’on se figure en effet d’énormes panaches lâches et lé- gers, d’un rouge corail, mélangés parmi des feuilles d’un beau vert luisant, et l’on aura une idée de la plante qui fait l’objet de cette note. Cette plante est d’autant plus précieuse qu’elle vient à peu près partout, qu’elle est d’une rusticité à toute épreuve, qu’elle acquiert des dimensions qui lui permettent d’être associée aux fo- rêts ; si on ne Fa pas encore remarquée, c’est sans doute parce que ce n’est qu’un Ailanthe et qu’elle n’arrive pas directe- ment de la Chine. Est bien accueilli qui vient de loin , est un proverbe qui, s'il s’agit de plantes, trouve tous les jours sa réalisation. Mais, malgré tout ce qu’on pourra dire contre notre goût, nous ne craignons pas de soutenir que ÏAilanlhus erythrocarpa est un des plus beaux ar- bres d’ornement, et nous sommes à peu près certain que par la suite il sera planté sur beaucoup de nos promenades, à la sa- tisfaction de tous. De plus, cet arbre étant femelle, on n’aura pas l’inconvénient, au printemps lors de la floraison, de voir le sol jonché d’organes floraux (étamines), ainsi que cela arrive lorsqu’on a affaire à des arbres mâles. E. A. Carrière. 420 CLERODENDRON CALAMITOSUM. SEDUM TELEPHIUM. PLANTES NOUVELLES. CLERODENDRON CALAMITOSUM Il en est des plantes comme des gens, chez les unes comme chez les autres, on en trouve dont le nom n’est pas flatteur; celle qui fait l’objet de cette note se trouve dans ce cas. En effet, le mot latin calamitosum, en français calamiteux, sonne mal à l’oreille, ce qui se comprend : il signifie calamité, c’est-à-dire fléau, etc., une mauvaise chose enfin. Hâtons-nous de dire qu’il n’en est pas ainsi pour le cas qui nous occupe et que le Cleroden- dron calamitosum^., est au contraire, une très-belle et bonne plante , malheureu- sement trop rare et trop peu répandue. Elle est originaire de Java. Voici les carac- tères qu’elle présente. Arbrisseau très-ramiûé , non volubile. Feuilles opposées, pétiolées, largement dentées, irrégulièrement ovales par suite de l’inégalité des dents, -rappelant assez, par l’ensemble de leurs caractères, les feuilles du Durcinta Plumierii. Fleurs très-nombreuses, dressées, longuement tubulées, très-odorantes, à odeur agréable analogue à celle des fleurs d’orangers, mais moins forte. Calyce à six divisions étalées, longuement linéaires , appliquées, rougeâtres. Corolle à tube très-ténu , terminé par cinq divisions étalées, longuement obovales. Etamines 4. Anthères bru- nes. Stigmate bifide, ordinairement plus long que les étamines. Le Clerodendron calamitosum, auquel on ne pourrait guère reprocher que de n’être pas nouveau, est une très-bonne plante qu’il serait très-avantageux de ré- pandre dans les cultures. Il a le grand avantage d’être excessivement floribond (les boutures à peine reprises se couvrent de fleurs), de fleurir à partir du mois d’octobre jusqu’en janvier, février, par conséquent à une époque où les fleurs sont rares. On le multiplie de boutures qu’on étouffe sous cloche, à partir de fé- vrier et mars. Bien que cette espèce soit robuste, elle s’accommode néanmoins très- bien de la serre chaude. Houllet. SEDUM TELEPHIUM RUBRUM. Plante vivace. Tiges annuelles atteignant 40-50 centimètres de hauteur, robustes, charnues, terminées au sommet par d’é- normes ombelles un peu cymoïdi formes, atteignant jusqu’à 30 centimètres de dia- mètre. Feuilles charnues, d’un vert glau- cescent, largement et peu profondément dentées, ou comme échancrées. Cette plante, qu’on admirait dernière- ment au jardin réservé du Champ de Mars , est très-jolie, extrêmement floribonde, d’une culture et d’une multiplication des plus faciles. Elle est aussi très-rustique; en un mot, elle réunit toutes les qualités pour être ce qu’on peut appeler une bonne plante. Lebas. PLANTES NOUVELLES Framboisier Gain de Fontenay. — Cette variété obtenue par M. Billiard, dit la Graine , horticulteur à Fontenay-aux-Ro- ses, du Framboisier catavisa d’Amérique, est franchement remontante , et les ge- lées seules mettent arrêt à sa production. A l’époque où nous écrivons tes pieds sonttout aussi couverts de fruits qu’ils l’étaient en mai-juin. Ces fruits qui rappellent ceux du Framboisier Belle de Fontenay , mais qui sont plus gros et plus beaux, sont excel- lents, et, malgré la saison très-avancée, ils sont encore très-parfumés. La plante est très-productive et relativement naine, ses rameaux sont très-gros leur écorce est lisse, un peu glaucescente; ses feuilles sont abondamment recouvertes en dessous d’une sorte de tomenlum épais, d’un blanc métalique. Coronilla emerus lutescens. — Cette variété, dont M. Billiard est également l’ob- tenteur, provient du C. emerus, dont elle est complètement différente. Les fleurs, qui sont plus grandes que celles de ce dernier, tout à fait jaunes, se succèdent sans interruption jusqu’aux gelées, de sorte que sans celles-ci la plante serait toujours en fleur. La plante s’élève aussi moins que le C. emerus, son feuillage plus grand, plus étoffé, comme on dit dans la pratique, est aussi d’un vert beaucoup plus agréable. Le C. Billiardii est, sous tous les rapports, ce qu'on peut appeler un bel arbuste d’ornement. E. A. Carrière. L’un des propriétaires : Maurice BIXIG. Pu is. — Impr. dt A. Laine et J. Bavard, rue des Saints-Pères, 19. CHRONIQUE HORTICOLE (première quinzaine DE NOVEMBRE). Clôture de l’Exposition universelle. — Ce qui se passe au palais et au jardin réservé de l’Exposition. — A quand la distribution des récompenses? — Lettre de M. le Play aux exposants. — Communications de MM. Doumet et Robine au sujet de quelques variétés de Fraisiers à gros fruits. — Le cours d’hor- ticulture de M. Weber. — Floraison d’un pied de Cacaotier, à Munich. — Nouvelle décoration de M. Barillet. — Le fumivore de M. Thierry fils. — Le Bambusa viridi glauccscens. — Une faute d’im - pression à réparer. — Le catalogue de M. Morel, de Lyon. — Les Camellias de M. A. Leroy. — Catalo- gues de M. Duvivier. — Moyen de détruire le Pteris aquilina. — Une rectification. Ainsi que nous l’avions dit dans notre dernière chronique, l’Exposition univer- selle, conformément à l’arrêté de la com- mission impériale, a fermé officiellement le 31 octobre dernier. Mais, par suite d’une décision particulière, cette commission, afin de satisfaire aux nombreuses deman- des qui lui étaient faites, a consenti à ac- corder une prolongation de trois jours. L’argent qu’a produit ce sursis sera consa- cré aux indigents de la ville de Paris. Quant à la partie de l’Exposition dit e jardin réservé , comme elle se trouve en quelque sorte en dehors de l’exposition industrielle et qu’elle n’empêche pas l’enlèvement des produits placés dans le parc et dans le pa- lais, elle est conservée, et le public est ad- mis à- la visiter comme par le passé moyen- nant 50 centimes par personne. On entre par la porte de Tourville, située en face l’École militaire. Un arrêté en fera connaître la fermeture définitive. Toutefois nous de- vons dire que cette visite n’a rien d’at- trayant, tant s’en faut. De tous côtés on enlève les plantes, on démonte des serres, et celles qu’on ne démonte pas encore sont dégarnies de plantes, de sorte que pour le public elles n’ont, à l’heure présente, au- cun attrait. Quant au parc et au palais , qui naguère étaient si jolis et si animés, ils présentent aujourd’hui un aspect assez triste et rap- pellent assez exactement, mais sur une très-vaste échelle, le tableau peu agréable d’un déménagement complet. De tous côtés ce sont des voitures, des chariots qu’on charge, des hommes qui vont et viennent en tous sens. De tous côtés aussi on a en- levé les orillammes, on a abaissé pavillon, comme en signe de deuil et pour annoncer que la lutte est finie! En voyant tous ces gens affairés courir çà et là en emportant qui une caisse, qui un tableau, qui un meuble, etc., on croirait assister à l’un de ces moments de calamité générale où l’on vient de faire entendre le cri de détresse : Sauve qui peut ! Tout n’est pas dit cependant sur cette exposition qui, depuis plus d’un an, tient toute l’Europe attentive; et, bien que le rideau soit baissé, il reste encore à jouer le dernier acte, celui de la distribution des récompenses. A l’heure qu’il est, que nous 22 sachions du moins, rien ne transpire, et . l’on est encore à se demander s’il y aura ou s’il n’y aura pas de distribution officielle; c’est du moins ce que donne à penser la lettre que M. le Play fait adresser à tous les exposants dont les produits ont été ré- compensés.Voici une copie de celte lettre : Monsieur, J’ai l’honneur de vous informer que le jury international vous a décerné une médaille (la nature de la récompense est indiquée), La commission impériale prend les mesures nécessaires pour que le diplôme de cette mé- daille soit mis le plus tôt possible à votre dis- position. Pour éviter toute erreur, je vous prie de me renvoyer le libellé ci-joint, avec des corrections s’il y a lieu. Un avis inséré au Moniteur fera connaître ultérieurement l’époque fixée pour la remise. Il ressort de cette lettre que chacun des lauréats connaît aujourd’hui son sort, sait quelle est la récompense qui lui a été été accordée. — Ainsi que nous l’avons annoncé dans notre précédente chronique, nous allons faire connaître les deux lettres que MM. Doumet et Robine nous ont adressées au sujet de quelques variétés de Fraisiers à gros fruits, qui, cette année, ont produit des fruits pendant tout l’été. Voici la lettre de M. Doumet, secrétaire de la société d’hor- ticulture et de botanique de l’Hérault : Cette, le 18 octobre 1867. Monsieur le rédacteur. Je viens de lire, dans votre chronique du dernier numéro de la Revue horticole deux alinéas concernant la fructification prolongée de certaines variétés de Fraisiers à gros fruits. Pour l’une de celles que vous citez, Sir Harry, le fait est déjà connu des lecteurs de la Re- vue, à qui j’ai eu l’honneur de le signaler il y aura bientôt deux ans. Je m’élevais alors contre la défaveur jetée sur cette variété par un horticulteur connu, à propos du travail publié par la commission des Fraises de la société impériale et centrale d’horticulture, et j’ajoutais que, dans le midi de la France, Sir Harry remontait tout l'été, pourvu qu’on eût le soin de l’arroser. Les relations qui se sont établies entre M. Robine et moi, à la suite et à propos de la note en question, me permettent de supposer que le fait qui vous a frappé dans les cultures de cet habile fraisiériste est le résultat de mon plaidoyer en faveur de la variété susdite. Je 16 Novembre 1867. 422 CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE DE NOVEMBRE). n’ai, du reste, nulle intention de me faire un titre de gloire d’une simple observation que tout autre aurait pu faire avant moi et sans plus de peine; mais ce que je crois utile d’af- firmer de nouveau, c’est la tendance bien pro - noncée de ce Fraisier à remonter abondam- ment jusqu’aux gelées, et même en plein hiver, car il m’est arrivé plusieurs fois de lui trouver, sous les feuilles sèches, dans les mois de janvier et de février, des fleurs épanouies et des fruits gros comme des Noisettes. Pour moi, Sir Harry reste donc décidé- ment une belle et bonne variété, très-produc- tive, très- remontante , et à laquelle on ne peut reprocher que de craindre un peu le froid sous le climat parisien; mais comme, en revanche, les coulants de l’été précédent fruc- tifient autant et peut-être même plus abon- damment que les pieds mères, on peut remé- dier à ce défaut en ne plantant qu'à la fin de l’hiver. Quant à la variété Vicomtesse Hèricart de Thury, dont les fruits ont, dites-vous, fourni en abondance le marché de Paris pendant tout l’été dernier, j’ai pu constater également sa tendance à remonter, avec moins de per- sistance, toutefois, que la précédente, malgré les arrosements. 11 est encore plusieurs Fraisiers qui mani- festent la même propriété dans les cultures méridionales. De ce nombre sont les. variétés Victoria (Trollop), et May Queen; aucune d’elles, cependant, ne m’a jamais montré une persistance à fructifier en été aussi grande que celle qui distingue Sir Harry. Veuillez agréer, etc. N. Doumet, Secrétaire de la société d’horticulture et de botanique de l’Hérault (36, rue de l’Hôtel de ville, à Cette), Voici la lettre de notre collègue M. Ro- bine : Sceaux, le 20 octobre 1867. Mon cher collègue, Je me rappelle, en effet, que vous avez vu dans mon jardin, vers le 15 septembre dernier, des Fraisiers Sir Harry en fruits, et que, le fait vous ayant paru intéressant, je vous avais promis d’envoyer une note pour la Revue hor- ticole. J’avais préparé cette note depuis quel- que temps déjà, mais, en la relisant avant de vous l’adresser, elle ne m’a pas paru assez in- téressante. Deux autres raisons aussi m’ont arrêté : d’abord j’avais porté des Fraises à deux ou trois séances de la société impériale et centrale d’horticulture de France, et une note à ce sujet a été insérée dans son journal (bul- letin d’août 1867, p.466). Quelques lecteurs de la Revue pouvaient donc la lire là. En outre, depuis votre visite je voyais cueillir dans les champs autour de moi, surtout sur les parties élevées et saines, des Fraises de la précieuse variété Vicomtesse Hèricart de Thury, celle que la plupart des cultivateurs appellent la Ricard , obtenue par M. Jamin (J.L),deBourg- la-Reine, d’où j’ai conclu que l’année avait été favorable pour faire remonter certaines variétés de Fraisiers. Toutefois les causes et les résultats obtenus sur les deux variétés de Fraisiers susnommées ne sont pas les mêmes, car, d’après les informations que j’ai prises auprès de quelques cultivateurs, la Vicomtesse Hèricart de Thury n’aurait donné sa seconde récolte que sur des pieds (encore jeunes) dont les pétioles et les restes de hampes ont été coupés en juin aussitôt les Fraises cueillies; tandis que je n’ai rien coupé à mes Fraisiers Sir Harry et, qu’au lieu d’obtenir une seconde récolte en septembre-octobre, j’ai obtenu des produits continus jusque vers le 1 5 septembre. Mais, du reste, en voici les détails. L’année dernière vous avez inséré dans la Revue horticole (1866, 1er août, p. 296) une note de M. N. Doumet dans laquelle il recom- mandait le Fraisier Sir Harry pour le midi et le centre de la France, ajoutant que chez lui, à Cette, ladite variété remontait abon- damment à partir des premiers jours de juillet, quand on avait soin de F arroser. Au printemps dernier je fis un échange de plants de Fraisiers avec M. N. Doumet, et je reçus de lui dans les premiers jours d’avril quelques centaines du Fraisier Sir Harry ; je fis mettre aussitôt presque tous ces jeunes plants (filets de l’année dernière) en place, en même temps qu’une cinquantaine d’autres variétés. Eh bien, de toutes celles-ci deux seulement ont varié pour l’époque et le mode de leur production ; d’abord celle venant de chez M. Doumet, qui a commencé à fructi- fier (peu, car les plants étaient faibles) à l’é- poque ordinaire, fin de juin, et qui a continué jusque vers le 15 septembre: l’autre variété, appelée White fine apple, laquelle, plantée d’automne, a donné deux récoltes tranchées, une en juin, l’autre fin août et commencement de septembre; mais, de cette dernière, je n’a- vais que quelques plants qui ont été bien soignés; l’essai doit donc être renouvelé plus en grand. Quant à la Sir Harry, j’ai planté aussi et en même temps, à côté des plants venant du Midi, de jeunes filets, comme eux, mais provenant de mon jardin; ils ont à peine produit quelques fleurs et quelques fruits à l’arrière-saison. D’où provient ce résultat? je ne sais au juste à quoi l’attribuer. Parce que les jeunes plants venaient du Midi, se serait-il produit un chan- gement dans le mode de végétation et dans l’époque de la fructification de ces plantes? Ou bien la variété se serait-elle modifiée, améliorée dans le Midi et chezM Doumet, en acquérant une disposition à remonter? L’année pro- chaine je verrai si les jeunes filets provenant de ces pieds du Midi produiront la même va- riation dans leur fructification. Tout à vous. Robine. Nous remercions MM. Doumet et Ro- bine des très-intéressantes lettres qu’ils ont bien voulu nous écrire et que nous venons de rapporter. Ces deux observateurs s’ac- cordent à dire que certaines variétés de Fraisiers à gros fruits ont, plusque d’autres, une tendance à acquérir la propriété re- montante; d’après eux, cette tendance est soumise à certaines circonstances, elle est surtout en rapport avec les conditions cli- matériques, et, en général, elles sont plus prononcées dans le midi que dans le nord de la France. A ce point de vue les obser- vations que notre collègue M. Robine a déjà faites et les expériences qu’il se pro- CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE DE NOVEMBRE). pose de continuer sont des plus intéres- santes. Nous nous proposons d'y revenir en temps opportun. — Nous l’avons déjà dit : « En jardinage pas de repos. » La saison des expositions horticoles est à peine close que commence celle des démonstrations. C’est ainsi que notre collègue M. Weber, jardinier en chef au jardin botanique de Dijon, va commen- cer ses leçons de démonstration qui seront au nombre de 21. Le premier cours aura lieu le 3 novembre, le dernier sera fait le 9 août. Ces leçons comprendront toutes les parties principales de l’horticulture. Ce n’est pas un coup d’essai que tente M. Weber, car, ainsi que nos lecteurs le savent déjà, l’an dernier il a fait au jardin botanique de Dijon des leçons pratiques qui ont été très-suivies. Il n’est donc pas douteux qu’il en sera de même cette année. — Un fait très-remarquable par sa ra- reté s’est produit dans les serres du jardin botanique de Munich (Bavière); nous en devons la connaissance à notre collègue et collaborateur M. Kolb'. Il s’agit de la floraison d’un pied de Cacaotier (l’arbre au chocolat). Un pied de T/ieobroma Cacao , Linn.,esten fleur dans une de nos serres. Cette floraison se prolonge depuis quinze mois sans interrup- tion, et cela, quels que soient le temps et la température du dehors. La plante, qui est très-bien portante, est âgée d’environ dix ans et haute de 2 mètres. Les fleurs sont encore plus nombreuses sur la tige que sur les branches. Nous espérions en obtenir des fruits, mais notre espoir ne s’est pas réalisé, bien que plusieurs fois les ovaires, qui étaient très-bien formés, aient montré une grossi fi- cation bien manifeste. Le fait que nous venons de rapporter d’après M. Kolb se voit en effet très-rare- ment ; nous n’avons jamais eu l’occasion de le constater. Peut-être que, par comparai- son, il pourra fournir des renseignements pour établir des cultures de cet arbre si précieux dans certaines colonies où, jus- qu’à ce jour, on n’avait pas pensé à l’in- troduire. — Le roi de Prusse vient de nommer M. Barillet chevalier de l’ordre de la Cou- ronne de Prusse. Tous ceux qui connais- sent M. Barillet se réjouiront de cette décision, qui, en même temps qu’elle té- moigne de l’intérêt que porte à l’horticul- ture le roi Guillaume, est un juste hom- mage rendu à l’homme qui a contribué pour une large part à la création, des jardins publics ou squares récemment établis à Paris. — Il y a quelque temps, en parcourant le jardin réservé du Champ de Mars, nous avons aperçu une sorte de fourneau placé m sur le sol, et dont nous étions loin d’appré- cier l’importance tout d’abord. C’est un fu - mivore qui, disons-le, justifie très-bien sa qualification. En effet , le charbon de terre, même le plus gras, celui qui produit une fumée noire si épaisse, ne donne plus de fumée ; grâce à ce fu mivore, cette fumée est totalement brûlée, de sorte qu’au lieu de se répandre au dehors, où toujours elle est si nuisible, elle devient un élément ca- lorifique. Au point de vue de l’horticul- ture, le fumivore de M. Thierry fils (122 et 124, rue Saint-Martin, à Paris) est ap- pelé à rendre de signalés services dans les grands établissements , puisque avec ce système on sera débarrassé de cette fumée noire et épaisse si nuisible aux végétaux et à l’homme. — Plusieurs fois déjà, dans ce journal, nous avons parlé du Bambusa viridi g lances- cens; si nous revenons de nouveau sur cette espèce, c’est moins pour en faire res- sortir la très-grande beauté que pour la recommander comme plante économique à cause des jets nombreux qu’elle produit, lesquels peuvent être exploités par l’in- dustrie, puisque dans une même année ils peuvent atteindre, à Paris, 4 mètres de hauteur (1). Cette espèce, par les nom- breux et longs drageons qu’elle émet, pourrait aussi être employée pour fixer le sol des terrains fortement inclinés. Nous avons mesuré de ces drageons ou tiges souterraines qui, dans une seule année, ont atteint près de 4 mètres de longueur. — Une faute d’impression qui s’est glis- sée dans notre avant-dernier numéro a dénaturé le sens d’une phrase de l’article de M. Verlot. Ainsi, page 386, première colonne, ligne 40, au lieu de floraison, il faut lire défloraison. — Nous avons sous les yeux le cata- logue de M. Morel, horticulteur à Lyon- Vaise, pour l’automne 1867 et le prin- temps 1868, sur lequel nous trouvons indiquées, indépendamment de la liste des plantes qui se trouvent dans l’établissement de cet horticulteur, les nouveautés dont les noms suivent et qui sont en vente pour la première fois : Poire Souvenir du congrès, 6 et 8 francs le pied ; Prune de Ponlbriant , 5 fr.; Poire beurré de l* Assomption, 3 fr.,Une descrip- tion succincte de ces fruits en fait connaître le mérite, ainsi que l’époque de maturité. — Dans le supplément au catalogue de M. A. Leroy, qui est plus particulièrement affecté à la liste des arbres et des arbustes d’ornement, nous avons remarqué une liste de Camellias en boutons, indiquant la hau- (i) Voir Revue horticole , 1866, p. 243. 424 NATURALISATION DE l’ACAJOU DANS l’iNDK. leur, la force et le prix des sujets, rensei- gnements qui sont très-utiles atout ama- teur qui désire se procurer ces variétés. — Nous venons de recevoir deux cata- logues de l’établissement de M. Duvivier, marchand grainier, quai de la Mégisserie, 2, à Paris : l’un renferme la liste des Oi- gnons à fleurs, Tulipes, Jacinthes, Glaïeuls, etc., l’autre est un extrait du catalogue général, donnant l’indication des diverses collections de plantes vivaces, des Frai- siers, etc., etc., qui se trouvent dans cet établissement. — A propos d’un article de M. l’abbé Brou sur les Fougères indigènes, publié dans ce recueil, 1867, page 330, M. de Ternisien, dans ce même recueil, p. 367, indiquait un moyen de se débarrasser d’une espèce très-vivace, qui, lorsqu’elle envahit un terrain, devient un véritable fléau. C’est le Pteris aquilina. Le moyen indiqué par M. de Ternisien consiste à couper les frondes de cette espèce lorsqu’elles sont en voie de développement. Tout récem- ment nous avons été à même de vérifier la valeur de ce procédé, et nous en avons NATURALISATION DE Les jardins coloniaux de l’Angleterre ont toujours eu plus d’importance que les nôtres. Ce ne sont pas seulement des établissements scientifiques; ce sont, avant tout,. des laboratoires où se font de nom- breuses expériences de naturalisation, et qui ont pour objet de propager dans le pays les végétaux étrangers qu’on croit pouvoir y rendre des services à l’agricul- ture et à l’industrie. Le premier de tous ces jardins, tant par son étendue que par le nombre et la variété des plantes qui y sont cultivées, est inconstestablement celui de Calcutta. On sait déjà que c’est par lui que les plants de Thé et de Quin- quina ont été introduits dans l’Inde, et que ces deux arbres sont en pleine pros- périté sur différents points de ce pays. Le docteur Anderson, qui est à la tête de ce vaste jardin colonial , ne laisse échapper aucune occasion d’expérimenter sur les plantes; il observe attentivement les faits qui s’y produisent de temps à autre, et il se bâte d’en faire part au pu- blic; sachant bien qu’ils profiteront tôt ou tard à quelqu’un. Nous avons souvent trouvé dans les colonnes du Garcleners Chronicle des notes pleines d’intérêt de cet habile observateur; ne pouvant les rapporter ici toutes, nous nous bornerons à signaler sa dernière communication, parce qu’elle a trait à la naturalisation d’un arbre de prix, que plusieurs de nos été très-satisfait. Ainsi dans un bois où cette Fougère était tellement abondante qu’elle avait complètement envahi le sol, et que rien autre chose, pas même de l’herbe, n’y pouvait pousser, il a suffi de couper ces Fougères une seule fois, en juin- juillet, pour tout faire périr. Aujourd’hui c’est à peine s’il en reste des traces. Nous devons toutefois ajouter que cette ablation n’avait pas été faite en vue de détruire les pieds de Fougères, mais seulement pour tirer parti des frondes. Aussi grand a été l’étonnement des paysans en nous faisant tout récemment remarquer ce fait, qu'ils ne savaient à quoi attribuer, qu’ils déplo- raient même, parce que, disaient-ils, c’était une ressource de moins pour eux. Il est plus que probable que le propriétaire du bois est d'un avis tout à fait contraire. E. A. Carrière. P. S. — Dans le compte rendu du 16 oc- tobre, Revue horticole, on a attribué un troisième prix pour un Philodendron per- tusurrt à M. Horat, jardinier chez M. Guez , à Belcour ; au lieu de : M. Horat , jardinier chez M. Luer , à Bellevue ( Seine-et-Oise ). ;acajou dans ltnde colonies pourraient s’approprier avec pro- fit, en supposant toutefois que leurs habi- tants soient doués du même esprit d’en- treprise que les colons anglais. On conçoit que si l’initiative personnelle fait défaut, tous les efforts que pourrait faire le gou- vernement restent sans effet. Cet arbre est l’Acajou (Swietenia. Maho- gony), qui est indigène de l’Amérique cen- trale, où on l’exploite sur une grande échelle depuis plus d’un siècle. Comme d’autres arbres précieux, que l’industrie n’a pas encore cherché à multiplier, il tend à devenir rare, ou du moins on n’en trouve plus ou presque plus de la taille de ceux qu’on abattait il y a une trentaine d’années. Le fait de sa naturalisation dans l’Inde a donc au moins l’intérêt d’une expérience toute faite, et qu’il ne s’agirait que de répéter plus en grand. Nos An- tilles, notre nouvel établissement en Cochinchine et surtout la Nouvelle-Calé- donie se présentent comme les lieux où cette expérience pourrait se faire avec toute chance de succès. C’est en 1793 que furent introduits de la Jamaïque au jardin de Calcutta les arbres à acajou que l’on y voit aujour- d’hui. Ils y sont devenus fort beaux; mais le terrible cyclone qui, en 1864, causa tant de ravage sur le territoire de Calcutta en abattit plusieurs. Ces arbres avaient alors de soixante-dix à soixante-douze ans, et 425 SOUVENIRS I)’UN VIEUX JARDINIER. leurs troncs mesuraient, en moyenne, 42 pieds anglais (3m66) de circonférence à 4 pieds du sol. L’un d’eux, scié au-des- sous de la première branche, équarri et dé- pouillé de son aubier, contenait 169 pieds cubes de bois (environ 6 mètres cubes). A l’époque où arrivait le docteur Anderson, cette pièce n’était pas encore vendue , mais il s’était présenté des acquéreurs qui en offraient 600 roupies (1,416 fr.) . D’au- tres échantillons avaient déjà été achetés fort cher, et revendus en détail, c’est-à- dire débités en planches et en feuillets pour le placage, avec un bénéfice considérable pour les acquéreurs. Du reste, dans cette vente, le bois du Dalbergia sissoo , qui est de l’Inde, avait presque atteint les prix de l’acajou. De 1795 à 1864, aucun nouvel arbre à acajou n’avait plus été introduit dans l’Inde; mais à cette dernière date le doc- teur Anderson en fit venir des graines de la Jamaïque. Ces graines étaient contenues dans trois boîtes, dont deux étaient per- cées d’ouvertures par lesquelles l’humi- dité intérieure pouvait s’échapper, la troi- sième était hermétiquement fermée. Tou- tes les graines que contenait cette dernière avaient péri pendant le voyage; celles des deux autres boîtes s’étaient en apparence assez bien conservées. Le tout ayant été semé , le docteur Anderson en obtint 460 jeunes plantes, ce qui ne représente guère que le quinzième de la totalité des graines expédiées; 112 de ces arbres sont restés à Calcutta; les autres ont été envoyés aux diverses pépinières de l’Himalaya. Au moment où le cyclone éclata, le jar- din de Calcutta possédait 69 pieds d’aca- jou, tous adultes et fort beaux. Le plus grand de ceux qui ont résisté à la tempête est haut de 45 m 72 et la tige, à 4 pieds du sol, a 4m 34 de circonférence. La plus forte bille d’acajou qui ait été coupée dans le Honduras (contrée natale de l’ar- bre) jusqu’à 1830, avait 5m18 de longueur et contenait 14 mètres cubes de bois ; mais il ne serait plus possible aujourd’hui d’en trouver de cette taille en Amérique, où on ne les laisse plus vieillir. De cette comparaison, on peut conclure avec toute probabilité que la culture de l’acajou serait profitable là où le sol et le climat lui permettraient de croître. Naudin. SOUVENIRS D’UN VIEUX JARDINIER Rien n’est stable ni ne peut l’être. Tout, au contraire, marche constamment; et comme rien ne peut marcher sans se mo- difier, plus ou moins suivant les temps et les lieux, il s’ensuit, si l’on n’enregistre pas les faits que, au bout d’un certain nombre d’années, on ne sait plus rien du passé. La marche générale des choses peut donc être comparée à un sillon que le vent tend à faire disparaître au fur et à mesure qu’il se creuse. Ce que nous disons s’ap- plique à tout, et si nous voulions en citer des exemples, nous n’aurions que l’em- barras du choix. Mais, devant poser des bornes, nous nous limitons non-seulement I à l’horticulture, mais nous n’examinons même de celle-ci qu’une particularilé qui se rapporte aux transformations qui se sont faites au détriment de l’horticulture pari- sienne. Et ici encore nous devons déclarer que nous ne parlerons pas des centaines d’horticulteurs et maraîchers qui, par suite de travaux considérés comme étant d’uti- lité publique, ont dû quitter Paris, et dont l’emplacement des jardins est aujourd’hui consacré soit à de splendides construc- tions, soit à des boulevards de dimensions considérables. Notre but est seulement d’appeler l’attention sur un point particu- lier, qui attire aujourd’hui la foule pari- sienne ainsi que tous les étrangers, sur lequel s’élève un palais, et qui pourtant naguère encore renfermait des cultures ma- raîchères. Nous avons nommé les Champs- Elysées, qualification dont la signification est exacte aujourd’hui, ce qui n’aurait pas été, tant s’en faut, il y a un siècle à peine. Ce que à peu près tout le monde ignore aujourd’hui, c’est que, vers 1808,1a partie qui longe la Seine à partir du palais de l’Industrie, et dans la direction que suit en ce moment le Cours de la Reine, il exis- tait un vaste terrain qui, par suite de l’élé- vation du quai, d’une part, de l’avenue des Champs-Elysées, de l’autre, se trouvait en contre-bas. Ces terrains, dont nos sou- ! venirs ne nous permettent pas de fixer la longueur, divisés par des murs de 1 mètre à lm30 de hauteur, construits en moellons et mortier, formaient des jardins maraî- chers dont chacun renfermait une petite maisonnette n’ayant qu’un rez-de-chaussée et couverte en chaume. C’était là, néan- moins, dans ces sortes de cabanes comme on n’en trouverait plus guère aujourd’hui, que vivaient des maraîchers des plus ha- .biles, et que l’un d’eux découvrit un pro- cédé qui, pendant plus d’un demi-siècle, étonna tous les jardiniers, et qui de nos jours encore est ignoré de plusieurs. Ce procédé, qui a rendu et qui rend encore tant de services, consiste à élever de la chicorée de primeur , découverte d’une 426 LES ASPERGES D’ARGENTEUIL. haute importance, qui, tout en assurant la fortune de celui qui Ta faite, était de na- ture à exciter la jalousie de tous ses col- lègues et à provoquer de leur part les recherches les plus actives. C’est ce qui a eu lieu à cette époque où la physiologie végétale était complète- ment inconnue des jardiniers; lorsqu’un fait se produisait en dehors de la routine, on l’attribuait au surnaturel : aussi les ma- raîchers voisins de l’heureux inventeur se levaient -ils fréquemment pendant la nuit pour regarder par-dessus le mur, afin de découvrir le secret qu’ils attribuaient à l’heure de la nuit et surtout à la phase de la lune dans laquelle il opérait. Mais toutes ces recherches furent vaines, et pendant longtemps ce secret, qui, comme on le sait, consiste à semer en janvier et février la graine de chicorée sur une couche chaude, pour que cette graine lève dans l’intervalle de 10 à 12 heures, fut la propriété de celui qui l’avait découvert. Neanmoins comme une découverte de cette impor- tance, et dont l’application était journa- lière, ne pouvait rester indéfiniment se- crète, il arriva un jour où elle fut divul- guée. Les circonstances qui amenèrent ce résultat sont assez curieuses pour être rapportées. Voici : Un nommé Noël, qui fut plus tard jar- dinier fleuriste et primeuriste, rue Saint- Hippolyle à Paris, ne se croyant pas né pour les armes et préférant le travail à la LES ASPERGES Avant de passer à la question relative au choix des porte-graines , question qui doit faire le sujet de ce second article sur les Asperges d’Argenteuil, nous pensons qu’il ne sera pas sans intérêt de dire quel- ques mots sur l’origine de l’Asperge dans notre pays, et de rappeler l’importance que sa culture a prise successivement à Argenteuil et dans les communes avoisi- nantes. Il nous est difficile de fixer exactement la date à laquelle les habitants d’Argen- teuil ont commencé à cultiver l’Asperge ; nous avons dit déjà que vers 1846 plu- sieurs personnes dont nous avons cité le nom s'adonnaient d’une manière spé- ciale à cette culture, et que quelques autres s’en occupaient déjà vers 1826. Mais bien antérieurement à cette date on cultivait l’Asperge à Argenteuil et dans les environs ; ainsi mon père m’a dit souvent en avoir planté en 1821 , et d’autre part je tiens de mon grand-père, décédé en 1864, à l’àge de quatre-vingt- (1) Voir Revue horticole , n° 8, 16 avril 1867. vie de caserne, alla se cacher chez les ma- raîchers des Champs-Elysées, dont nous avons parlé plus haut, espérant que la po- sition très-obscure et laborieuse de ces travailleurs suffirait pour le soustraire à l’attention publique. Son espoir ne fut pas trompé, et grâce à certaines précautions, il put passer quelque temps au foyer d’un de ces nobles travailleurs, chez qui l’éner- gie, alliée à la sensibilité de cœur, n’était dépassée que par la rusticité des bras. Noël paya par un travail assidu et intel- ligent l’hospitalité généreuse de ses hôtes. Doué d’un esprit observateur et chercheur, cet homme ne pouvait rester indifférent à ce qui se passait autour de lui, qui excitait tant de convoitises; aussi parvint-il bientôt à découvrir le procédé mis en usage par ces maraîchers, et c’est ainsi que plus tard il le pratiqua pour son propre compte. Mais alors, sans en faire un mystère, et bien qu’il ne cherchât pas à divulguer son secret, c’est-à-dire à le rendre public, il se faisait cependant un plaisir de le faire con- naître à ses ouvriers, lorsqu’il voyait qu’ils étaient laborieux, actifs et intelligents, et c’est chez lui, où nous travaillions en 1820, que nous avons vu pour la première fois cultiver la chicorée de primeur, et c’est à cet homme généreux que nous devons la connaissance de ce procédé. Nous sommes donc heureux de pouvoir payer ici un tri- but d’hommage à sa mémoire. Hortulanum. ’ ARGENTEUIL « huit ans, que, en 1798, il avait établi une aspergerie dans une pièce de terre qu’il possédait au canton de Maully sur le ter- ritoire d’Argenteuil. Enfin une de mes tan- tes, âgée aujourd’hui de quatre-vingt-quinze ans, se rappelle parfaitement avoir cultivé et mangé des Asperges dès son enfance. De nouvelles recherches faites sur l’ori- gine ou plutôt sur l’introduction de la cul- ture des Asperges à Argenteuil m’ont ap- pris que cette culture remontait à une date plus éloignée encore. — Ainsi dans un acte de partage daté du 23e jour de novembre de l’année 1735, on trouve, dans l’énumération des pièces de terre à partager entre plusieurs habitants d’Argen- teuil, l’indication d’un lot de « trente perches plantées en Asperges » . Dans un autre acte daté d’Argenteuil le 1 0 juin 1772, et également relatif à un partage, on trouve l’indication, parmi les lots à partager, sous le numéro 24 « d’un demi-arpent de terre moitié en Luzerne et l’autre moitié en As- perges», et sous le numéro 30 celui de « 30 perches d’Asperges » . Comme on le voit, sans pouvoir remonter LES ASPERGES D’ARGENTEUIL. 427 à l’époque précise de Fintroduction de l’As- perge sur le territoire d’Argenteuil, on peut dire, d’après les pièces que nous venons de citer, que cette plante y était déjà connue en 1735. — L’y cultivait-on comme main- tenant? Non-assurément. Je pense, d’après l’indication des actes que nous venons de citer, qu’à cette époque fort reculée l’As- perge était alors cultivée dans les cantons où la terre était surtout légère et sablon- neuse, et je pourrais même dire dans les terrains les plus mauvais du territoire, là où la vigne ne pouvait prospérer. Du reste, à cette date déjà loin de nous, l’Asperge à Argenteuil était cultivée et consommée par les cultivateurs eux-mêmes, et cet état de choses dura jusqu’en 1805, c’est-à-dire jusqu’au moment où M. Levesquc dit Charlemagne et, plus tard, Lescot père in- troduisirent l’Asperge dans les vignes et à peu près dans tout le territoire d’Argen- teuil. Quand cette culture commença à se gé- néraliser, la vente des Asperges ne roulait à Argenteuil que sur une somme assez insignifiante (4 à 5,000 francs environ ) et^ n’était pas comme aujourd’hui l’objet d’une culture spéciale et très-productive. Pour donner une idée de l’extension que cette culture a prise, il nous suffira de rapporter les chiffres suivants, qui d’ailleurs n’ont rien d’absolu: En 1820 on en récoltait pour environ 5,000 tr. En 1830 — — — — 10,000 En 1840 — — — — 20,000 En 1850 — — _ — 60,000 En 1867 — — — — 400,000 Ainsi ce n’est seulement que depuis une dizaine d’années, et plus spécialement encore dans ces dernières années que la culture et la vente des Asperges ont pris une réelle extension à Argenteuil. — Pour ma part on me doit une grande partie des plantations faites depuis quelques années, attendu que je les recommandais autant que possible en indiquant le moyen de les cultiver. Je le faisais en pensant que cette culture deviendrait la source d’un bien- être réel pour mes laborieux compatriotes, et je ne me trompais pas. Ceci dit, je reviens au sujet de cet ar- ticle, à la culture des Asperges : CHOIX DES INDIVIDUS PORTE-GRAINES. On n’ignore pas que l’Asperge est géné- ralement dioïque, et que, par conséquent, dans une aspergerie il y a des individus mâles, des individus femelles, d’autres dont les organes reproducteurs sont com- plètement atrophiés, et, parfois aussi, mais très-rarement, des pieds hermaphrodites. Pour choisir mes porte-graines, je m’at- tache de préférence aux pieds les plus beaux et les meilleurs, c’est-à-dire à ceux qui réunissent les qualités suivantes : pro- duction, hâtiveté ou tardiveté, grosseur, régularité dans la forme des turions, qui doivent avoir un coloris rose ou violacé, et dont l’extrémité doit être lisse et arron- die. Je m’attache aussi tout particulière- ment aux pieds qui réunissant ces qualités, les ont toujours présentées, au moins de- puis l’âge de trois à sept ans. Afin de ne récolter que d’excellentes graines, je laisse croître librement les tiges des pieds femelles sur lesquels je dois faire ma récolte et procède de même pour les pieds mâles laissés à dessein dans le voisi- nage. De cette façon, la végétation étant la même dans les individus des deux sexes, la floraison se fait en même temps, d’où une fécondation presque certaine. Inutile de dire que je fais la cueillette des turions sur tous les autres pieds de mon asper- gerie, et cela pendant environ trois semai- nes. En procédant ainsi, je suis à peu près assuré que le pollen des individus mâles que j’ai laissés à dessein agit à l’exclusion de tout autre sur le pistil des 'individus femelles, d’où la certitude d’une récolte de graines pouvant reproduire avec quel- que chance les qualités spéciales que pré- sente la variété porte graines. En effet les plantes sur lesquelles j’ai coupé mes Asperges, ne montant et n’arrivant à fleu- rir par conséquent que beaucoup plus tard, je suis certain que le pollen des individus qui s’y rencontrent n’interviendra en au- cune façon dans la fécondation de mes porte-graines. En septembre-octobre, ou plutôt à l’é- poque où les graines d’Asperges sont mûres, je coupe les tiges porte-graines laissées à cet effet et les mets à l’abri de l’humidité. Voici le moyen que j’emploie pour dé- barrasser les graines de la pulpe qui les renferme. On détache des tiges et, à la main, les petites boules rouges ou baies dans lesquelles sont logées les graines qui sont au nombre de 1 à 9 au plus. Cela fait, on les met dans un vase dans lequel on verse une quantité d’eau suffisante pour baigner toutes les baies, puis on frotte fortement celles-ci entre les mains de ma- nière à détacher les graines de la pulpe qui les entoure. Cette opération terminée, on remplit d’eau le vase, puis, avec la main, on agite le contenu à plusieurs reprises si cela est nécessaire : les graines vont au fond, et la pulpe surnage. Il est facile alors, en inclinant le vase, et au besoin en ayant recours à plusieurs lavages, de séparer les graines de la pulpe et de les avoir dans un état complet de propreté. On les dépose alors sur des tablettes dans un endroit sain 428 REVUE UES PUBLICATIONS HORTICOLES. et sec, et huit ou dix jours après, quand elles sont bien sèches, on les met dans des petits sacs en toile qu’on place dans un tiroir jusqu’au moment du semis, ques- tion assez importante que nous traiterons prochainement. Louis Lhérault, Horticulteur, 14, rue de Calais, àArgenteuil (S.-et-O.)* REVUE DES PUBLICATIONS HORTICOLES La sociélé desRosiéristes de Brie-Comte- Robert met au commerce, à partir du 1er novembre 1867, les nouveaux Rosiers hybrides-remontants , dont les noms sui- vent : Vicomtesse de Vesins, Baronne de Beau- verger et Mademoiselle Elise Chabrier, obtenus pur M. Gautreau père, mis au commerce par M. Cochet, pépiniériste à Suisnes, près Brie-Comte-Roberi, au prix de 25 francs le pied, pour le premier; 20 francs le pied, pour chacun des deux au- tres. Deux pieds de chacun de ces trois Rosiers, J 20 francs; cinq pieds, 270 francs; dix pieds, 500 francs. Baron de Lassus Saint-Génies, obtenu et vendu par M. Oranger, rosiériste à Suisnes, près Brie-Comte-Robert, au prix de 25 fr. le pied, 65 francs pour trois pieds, 85 fr. pour cinq pieds. Reine des Belges et Adrien Bayvet. Ces deux variétés, qui ont été obtenues par M. Céchet, rosiériste à Brie-Comte Robert, seront livrées par l’obtenteur aux mêmes conditions que la variété Baron de Lassus Saint-Génies , c’est-à-dire 25 francs le pied; trois pieds 65 francs; cinq pieds pour 85 francs. — Dans le Bulletin de la sociélé agricole et horticole de Cannes,, numéro du 5 sep- tembre 4867, nous avons remarqué un article très-intéressant sur la culture de l’Olivier, parM. Barbe. En observateur ha- bile, M. Barbe démontre : 1° que les varié- tés qu’on cultive généralement ne sont pas appropriés au climat de Cannes, tandis qu’il en est au contraire de très-bonnes qu’on aurait tout intérêt à y introduire; 2° que la culture du sol n’est pas non plus ce qu’elle devrait être, qu’il en est de même de la taille, et que le mode d’effec- tuer la cueillette des Olives laisse aussi énormément à désirer. C’est un mémoire que nous recommandons tout particuliè- rement à ceux qui se trouvent placés dans des conditions où la culture de l’Olivier est possible. — Dans le Bulletin de la société d’horti- culture de la Côte-d'Or (numéro de juillet- août 1867), nous trouvons la description de la Rose Baron Jeanin , obtenue de semis par notre collègue et collaborateur M. Du- rupt. Cette Rose, qui appartient à la section île Bourbon, sera mise au commerce à l’an- tomne prochain (1867), par l’obtenteur, M. Durupt, horticulteur, rue de la Colom- bière, 14, à Dijon. Dans ce même numéro nous trouvons indiqué une autre nouveauté, le Bigarreau Marjolet, « dont les fruits, dit le rapport, « ont une circonférence de 7 centimètres en tous sens ». C’est, dit toujours le rap- port, « une belle et bonne Cerise dont l’obtenteur est d’autant plus louable qu’il en propage l’espèce d’une manière entiè- rement désintéressée». Cette variété n’est pas la seule dont l’horticulture soit rede- vable à M. Marjolet; trois autres variétés de Cerises, obtenues également par lui, ont été exposées au jardin réservé du Champ de Mars, où elles ont été appré- ciées et reconnues méritantes. Nous nous joignons au comité d’arbori- culture de la Côte-d’Or, pour voter des remercîments à M. Marjolet .et l’engager à continuer ses expériences. On ne saurait trop le répéter, l’obten- tion d’une plante qui contribue au bien- être de l’humanité est plus utile que l’engin qui détruit celle-ci, quelque perfec- tionné qu’il soit. — Nous venons de recevoir deux cata- logues de MM. Simon Louis, horti- culteurs-pépiniéristes à Metz, pour l’au- tomne 1867 et le printemps 1868. L’un est exclusivement propre aux Rosiers, il renferme à peu près tout ce qui est connu dans ce genre, c’est-à-dire que, indépen- damment des diverses variétés du com- "Irîèrce, on y trouve soit des types, soit des variétés très-intéressantes au point de vue scieùtifique. De ce nombre nous pouvons citer : les Rosa Camellia ; Yvara et Rugo- sa flore pleno, originaires du Japon; my- rianthci, Decaisne, originaire de Californie; indica, Manetti, villosa, etc. etc. Le deuxième catalogue de MM. Simon Louis comprend la nomenclature générale des collections fruitières d’arbres ou arbustes fruitiers, forestiers et d’ornement, etc., cultivés dans leur établissement. Dans un supplément de ce catalogue se trouvent les nouveautés suivantes : Primula Sinensis Lucien Simon (voir Rev.hort ., 1867, numéro du 1 er septembre) prix 6 francs le pied fort, les Ceanolhus Lucie Simon et Marie Simon, issus du C. azur eus grandiflorus qui se ven- dent, le premier 10 francs le pied, le deuxième 15 francs. Enfin le Clematis hy- brida perfecta , plante hybride des C. lanu- g inos a et patens, à fleurs excessivement EXPOSITION D HORTICULTURE DE LA COTE-D’OR. 429 grandes : greffes de un à trois ans, fortes plantes, prix : 45 francs le pied. Toutes ces plantes sont en vente actuellement. Le supplément au catalogue de M. Bil- liard fils, dit la Graine , horliculteur à Fon- tenay-aux-Roses, indique les nouveautés dont les noms suivent : Lonicera angustifo- lia, Ribes intermedium , Rhamnus frangula sempervirens, Coronilla emerus lutescens , Spiræa expansa alba , Sp. Fontenaysii al- ba , Sp. Fontenaysii rosea ; enfin le Gro- seillier à maquereau Billiard, variété à gros fruits, dépourvue d’épines, décrite et figurée dans la Revue, 4867, page 440. — Nous avons reçu avec le catalogue général de M. Charles Verdier, horticul- teur, rue Duméril (anciennement rue du Marché-aux-Chevaux), à Paris, trois sup- pléments pour l’automne 1867 : le premier est relatif aux Rosiers, il comprend trois variétés d’hybrides remontants obtenus par M. Charles Verdier. Ce sont : MmC Marie Cirodde , Mme Adèle Huzard , M. Jules Bourgeois. Sept variétés de Rosiers mous- seux remontants, qui sont : Mme Charles Saler on , Souvenir de Pierre Vilbert , Clo- tilde , Jean Remet, Laure Fontaine , Reine du Portugal , Souvenir de l’empereur Maxi- milien. Deux Iles Bourbon : Mme Luizet, Mne Marie Larpin. Les hybrides remontants obtenus par différents semeurs sont au nombre de 65.-^- Le deuxième supplément est particulier aux Caladium nouveaux ob- tenus par M. Bleu, le plus habile semeur de ces plantes ; il comprend quatre séries, dont trois sont livrables tout de suite, laqua- trième ne sera livrable qu’au mois d’avril prochain ; elle comprend les plantes nou- velles qu’on a tant admirées cette année au jardin réservé du Champ de Mars. — Le troi- sième supplément est relatif aux Glaïeuls; il comprend les variétés qui vont être ven- dues pour la première fois à l’automne 4867, qui ont été obtenues par M. Souchet, ce qui est assez dire ; elles sont au nombre de ‘23 ; enfin un choix des meilleures variétés des années précédentes. — L’établissement de MM. Jacqmet- Bonnefont père et fils, à Annonay (Ardè- che), vient de publier, pour l’automne 1867, un catalogue de jeunes plants d’ar- bres, d’arbrisseaux et d’arbustes de pleine terre, suivi d’un extrait de ses autres ca- talogues et du prix courant des espèces et variétés de Mûriers les plus propres à nourrir les vers à soie. On sait que cet éta- blissement, l’un des plus considérables de l’Europe, se recommande aussi tout par- ticulièrement par ses cultures de Mûriers. — Le catalogue de M. Lemoine, horti- culteur à Nancy, pour l’automne 1867, et que nous venons de recevoir, contient un grand assortiment de plantes appartenant aux diverses catégories des nouveautés, qui, pour la première fois, ont été exposées au jardin réservé du Champ de Mars. Nous citerons, comme plantes de pleine terre, le Gunn'era manieata , introduit des par- ties froides du Brésil par M. Linden; les Primula critusoides alba , amœna , inter- media et purpurea , introduites du Japon par M. Weitch et fils, qui les avaient ex- posés au Champ de Mars cette année. On trouve également des espèces ou variétés nouvelles, soit parmi les plantes de serre, soit parmi les arbustes, De ceux-ci, nous signalerons le Cerasus Sieboldtü alba , du Japon; Y Hydrangea paniculata var. gran- diflora; le Platycrater Sieboldtü , Carr. Rhus glabra laciniata ; Tamarix tetrandra purpurea ; Trochostygma volubilis; ÏJlmus campestris aurea , etc. Tous ces noms sont accompagnés d’une description qui indi- que les principaux caractères des plantes auxquelles ils se rapportent. E. A. Carrière. EXPOSITION D'HORTICULTURE DE LA. COTE-D’OR L’exposition d’horticulture de la Côte- d’Or a eu lieu, ainsi qu’elle était annoncée, du 27 au 30 septembre. Quoique des locaux très-spacieux lui étaient réservés dans l’an- cien palais des ducs de Bourgogne, aujour- d’hui la mairie de Dijon, les apports étaient tellement nombreux qu’on a été obligé de retirer à chaque exposant un tiers de la place qu’il avait demandée. Je ne citerai pas toutes les récompenses décernées aux lauréats, il me suffira de dire que les médailles distribuées sont très-nombreuses : 8 en or, 60 en argent et 40 en bronze, ensuite de passer rapide- ment en revue les lots les plus intéres- sants. La floricuiture ayant obtenu la plus haute récompense, c’est par elle que je vais commencer. C’est M. Henry Jacotot, horticulteur à Dijon, qui a obtenu la mé- daille d’honneur de Sa Majesté l’Impéra- trice, pour son magnifique lot de plantes de serre, qui couvrait une surface d’au moins 25 mètres carrés. Ce lot ne compre- nait que des plantes de choix, telles que Dracxna, Pandanus , Ficus , Palmiers, Cy- clanthées , etc., mais toutes d’une végétation luxuriante et quelques exemplaires remar- quables comme taille. Le même exposant avait aussi un lot de plantes à feuilles panachées très-remar- quables, qui comprenait près d’une cen- taine d’espèces ou de variétés. Plusieurs autres lots de plantes de serre, 430 EXPOSITION D’HORTICULTURE DE LA COTE-D’OR. soit d’amateurs, soit d’horticulteurs y figu- raient aussi, mais ils étaient bien inférieurs au précédent, soit en nombre, soit en* plantes méritantes. Les Fougères exotiques occupaient aussi une bonne place; c'est encore M. Henry Jacotot qui a obtenu le premier prix; son lot était très-nombreux et formé de plantes méritantes. Si de là nous passons aux plantes de collection, telles que Fuchsia et Pélargo- nium zonale, nous trouvons d’autres con- currents; c’est M. Jacquelin, jardinier chez M. Perreau-Pingat, amateur à Dijon, qui a obtenu une médaille d’argent de pre- mière classe, pour sa collection de Fuch- sia, qui comptait au moins 90 variétés dans les plus méritants. Une variété sur- tout nous paraît digne de remarque, c’est le U. erecta superba, dont les corolles sont érigées, au lieu d’être pendantes comme elles le sont généralement dans ce genre. Cette variété peut former des bordures charmantes. Pour les Pélargonium zonale, c’est M. Bassot, horticulteur à Dijon, qui a ob- tenu le premier prix. Ses plantes étaient bien cultivées, et son lot renfermait quel- ques variétés remarquables, obtenues par l’exposant et non encore répandues dans le commerce. Ainsi nous citerons Alfred Bas- sot qui est une plante vigoureuse à feuilles zonées, à ombelles amples et à fleurs larges, dont le bas des pétales est saumon et l’extrémité blanc pur. Une autre, Surpasse White Tom-Tom , dont les feuilles moins zonées que White Tom-Tom , s’élèvent davantage. Les fleurs sont d’un blanc plus pur et beaucoup plus amples (bon gain). Le troisième sur- tout est le plus méritant. N’étant pas en- core nommé, le jury lui a donné le nom du président de la société Président Barberot. M. Boucharlat en a acquis la propriété. Cette plante est naine, très-floribonde, et ses fleurs, d’un magnifique rouge brique sau- moné, font un charmant effet. On l’a ré- compensé d’une médaille en argent. Un autre exposant, M. Lemoine, de Nancy, bien connu déjà pour sa variété Gloire de Nancy, avait apporté deux nou- velles variétés de Pélargonium zonale, à fleurs pleines, dont une surtout est un vé- ritable tour de force. Ses ombelles sont assez larges et les fleurs bien doubles, sont d’un joli rose, coloris de la Beauté de Suresne. M. Henry Jacatot avait aussi exposé un lot très-intéressant de Cactées, dans lequel nous signalerons comme plantes remar- uables VOpuntia porte Capeau, plante dont les épines sont remplacées par des expansions membraneuses comme du par- chemin très-mince, et VEcheveria aga- voïdes, plante également très-intéressante. De nombreux apports de fleurs coupées étaient venus de toutes parts. Nous citerons particulièrement un lot de Pétunia à grandes fleurs variées, de M. Hendatler, de Nancy, ainsi qu’une centaine de variétés de Dahlia. La culture maraîchère, cette branche si utile et qui si souvent fait défaut aux expo- sitions, était chez nous largement repré- sentée; elle occupait une superficie dé 150 mètres carrés. Les lots principaux étaient fournis, le premier par l’hospice des aliénés de Dijon; il comptait 200 espèces potagères, admira- blement classées en 5 groupes, selon la nature des produits, le groupe des Cucur- bitacées seul comptait une quarantaine de variétés. Le second lot comme importance était apporté par M. l’abbé Ray, directeur de la colonie agricole de Cîteaux, cette co- lonie, si célèbre par l’emploi intelligent de près de 700 jeunes gens, autrefois re- légués dans des maisons de correction, tandis qu’aujourd’hui ils sont employés à toute sorte d’industries, mais principale- ment à la culture qui y est portée à un haut degré de perfection. Ce lot comptait 150 espèces, très-remarquables par le vo- lume, ainsi que par le bon choix des va- riétés. M. Roydet, amateur à Pouilly-les-Dijon, avait aussi un fort joli lot de Légumes d’environ 100 variétés dans lequel on re- marquait des Potirons pesant 101 kilogr., un pied de Tétragone mesurant 11 mè- tres de circonférence et une quantité d’au- tres Légumes remarquables. Une superficie d’environ 120 mètres carrés était littéralement couverte de très- beaux fruits, tous revêtus de ce beau co- loris, si particulier à notre côte. M. Mar- jolet, amateur à Couchy, avait le lot le plus important; il comptait près de 400 variétés de fruits variés, mais principalement Poires et Pommes, aussi a-t-on accordé à ce beau lot la médaille d’or de Son Exc. le ministre de l’agriculture. Un autre lot, appartenant à M. Leconte, pépiniériste à Dijon, comptait aussi près de 200 variétés de Pommes, de Poires et de Raisins. Enfin plusieurs collections de Raisins figuraient aussi avec honneur; nous cite- rons celle de M. Oquidant-Nolatte, pépi- niériste en vignobles, à Nuits, comme étant la plus importante des Raisins de cuve. Elle comptait dOO variétés bien distinctes. M. Durupt, arboriculteur à Dijon et col- laborateur de la Revue, avaitexposé un fort beau lot d’arbres fruitiers formés, et qui ne laissent rien à désirer sous aucun rap- port. Dans l’industrie horticole, qui y figurait R ec u e H orl lco le 1) oye nue >1 a d a m e C u i s s a rd FRUCTIFICATION 1)U ROBIN1A HISPIDA. POIRE MADAME CUISSARD. 431 amplement, je citerai la chaudière ther- mosiphon à fond mobile afin de faciliter le nettoyage de l’intérieur, exposée par M. Belin-Clairet. Cette chaudière est ici d’une grande utilité, à cause de l’eau qui FRUCTIFICATION D D’où vient cette espèce, si c’en est une? Nous l’ignorons, et, nous ne craignons pas de le dire, nous avons cela de commun avec tout le monde. Nous n’émettrons donc aucune hypothèse sur l’origine de cette plante, n’ayant d’autre but, du reste, que d’en faire connaître les fruits que per- sonne, que nous sachions du moins, n’a est très-chargée de principes calcaires , qui, se déposant constamment sur les pa- rois, les empêchent de s’échauffer. B. Weber, Jardinier chef au jardin botanique de Dijon. : ROBINIA HISPIDA encore eu l’occasion de voir. Malheureu- sement les fruits que nous avons récoltés, et que nous reproduisons ici, sont impar- faits et les graines font défaut; au lieu de celles-ci, les gousses ne renferment que des ovules avortés qui ont atteint à peine la moitié de leur grosseur. Néanmoins nous avons cru devoir les faire connaître d’abord dans l’intérêt de la science et pour attirer l’atiention des botanistes sur ce sujet, en- suite pour engager les horticulteurs à faire de nouvelles observations et , s’il se peut, des expériences afin d’arriver à obtenir de bonnes graines de cette espèce, ce qui pro- bablement en apprendrait plus que toutes les hypothèses qu’on pourrait émettre. POIRE DOYENNÉ Arbre pyramidal, d’un beau port, d’une vigueur moyenne, très-fertile. Branches suffisamment espacées, formant un angle aigu avec le tronc ; rameaux de l’année, gros, longs, cintrés à leur base, légère- ment coudés, lisses, brillants excepté à leur sommet, où ils sont un peu duveteux et où ils se teintent faiblement de rouge; l’épiderme blond olivâtre du côté de l’om- bre, fauve clair du côté du soleil, est clai- rement parsemé de lenticelles fauves , jaunâtres, rondes et concaves. On remar- que sous les coussinets une dépres- sion cordiforme et régulière. Boutons à Les gousses de Robinia hispida, que ré- présente la gravure 38, sont remarquables par leur forme et par le prolongement de leur axe ; elles le sont également par les nombreux poils étalés, raides, qui, pen- dant tout le temps de la croissance du fruit, sont d’un rouge brillant. E. A. Carrière. [ADAME CUISSARD bois petits â la base des rameaux, moyens dans le milieu et plus gros au sommet; tous sont brun marron, anguleux, aigus et écartés du rameau; ceux de la partie supérieure sont même assez saillants, le terminal est orange, gros, conique, obtus et très-duveteux. Boutons à fruits moyens, ovales, aigus, recouverts d’écailles, brun marron cendré très-rapprochées. Il n’est pas rare de compter de trois à quatre bou- tons à Heurs sur chaque bourse et sur cha- que lambourde. Les bourses sont moyennes, ovales, à peine ridées, d’une coqleur fauve noisette 432 VARIÉTÉS NOUVELLES DE GLOXINIA. du côté de l’ombre, teintées roux du côté du soleil. Feuilles grandes, épaisses, les unes d’un vert jaunâtre, les autres d’un vert foncé, plus rarement ovales, arrondies, planes et très-acuminées; on en rencontre d’autres plus lancéolées, à bords plus ou moins re- levés et à pointe plus ou moins aiguë. La serrature de toutes est courte, fine, aiguë et étroite..Feuilles des rameaux fructifères plus étroites, plus vertes, plus en gout- tière et plus longuement pétiolées, à pé- tiole moyen, arqué, long de 2 centimè- tres, jaune verdâtre, teinté de brun sur les bords de la cannelure qui est peu pro- fonde. Stipules linéaires, fines, déliées et dressées, généralement caduques sur les pétioles des feuilles qui sont accompa- gnés de plusieurs feuilles secondaires. Fruit au-dessus de la moyenne, à sur- face légèrement bosselée, plus haut que large ; sa forme, qui n’est pas encore par- faitement fixée, se rapproche de celle du Doyenné (haut., 8 c. 1/2; larg., 7 c. J/2). Pédicelle assez gros, ligneux, courbé à son sommet, brun fauve du côté du soleil, noi- sette du côté de l’ombre, verticalement implanté dans l’axe du fruit, au milieu d’une cavité peu profonde et peu évasée dont les bords se trouvent coupés par un sillon assez large : peau fine, lisse, mince, vert tendre, passant au jaune doré à l’épo- VARIÉTÉS NOUVE 11 est peu de genres de plantes dont l’horticulture soit si promptement parve- nue à modifier les types qu’elle l’a fait pour le genre Gloxinia. En effet, l’aspect des plantes, la forme et les couleurs des fleurs, tout a été modifié à l’infini, et tous ces changements ont eu lieu dans un in- tervalle de temps relativement très- court. Toutes ces modifications si considé- rables qu’a présentées le genre Gloxinia sont le résultat de fécondations artifi- cielles; ce n’est, en effet, que depuis qu’on applique cette opération à ces plantes qu’on a obtenu ces innombrables et admi- rables variétés. Avant cette époque et bien qu’on eût semé des quantités considérables de graines de Gloxinia, on n’avait rien ob- tenu qui méritât d’être cité. C’est surtout à M. Van Houtte, en Belgique, et à M. Val- lerand, en France, qu’on doit la plupart des belles variétés de Gloxinia que l’on possède aujourd’hui. Celles qui sont re- présentées ci-contre ont été obtenues par M. Vallerand, jardinier chez M. de Caree- nac, et qui affectionne particulièrementces plantes, et qui encore, disons-le en pas- sant, nous a promis d’en faire connaître que de la maturité, finement pointillée fauve, partiellement marbrée rouille, om- brée de même couleur, mais un peu plus pâle sur les bords de la cavité du pédi- celle; œil assez grand, ouvert, régulier, teinté de brun dans son intérieur, placé dans une cavité assez profonde, régulière, dont les bords sont à peine irrégulière- ment bossués; sépales étroits, longs dres- sés, aigus, jaunes à leur base, grisâtres à leur sommet; chair blanche citrine, demi-fine dans le centre, fine à la circon- férence , très - fondante , abondamment pourvue d’une eau sucrée, parfumée et très-légèrement acidulée ; fruit de bien bonne qualité pour la saison où il mûrit; cœur petit, ovoïde, rapproché de l’œil, en- touré de petites concrétions, plus nom- breuses à la base qu’au sommet, où elles sont aussi plus fines; pépins petits, grêles, arqués, aigus, marron foncé, bordés de brun noirâtre, placés dans de petites loges verticales. Ce fruit a été étudié par moi pendant trois années consécutives; l’année der- nière, le 12 août, je Fai décrit et dessiné; cette année, je l’ai de nouveau dessiné et étudié, parce que je l’ai trouvé plus gros que précédemment. La dégustation m’a appris qu’il avait gagné en qualité. C. F. Willermoz. jLES de gloxinia la culture dans la Revue , ce dont nous l’en remercions à l’avance. Le genre Gloxinia proprement dit, c’est- à-dire tel que le reconnaissent les horti- culteurs, forme un tout assez facile à dis- tinguer des autres genres ou sous-genres de ce groupe, bien qu’il ait avec quelques- uns une certaine analogie. Les très-nom- breuses variétés qu’il a produites peuvent se diviser en deux sections; l’une qui com- prend toutes les plantes dont les fleurs sont dressées ( erecta ), l’autre qui renferme toutes les variétés dont les fleurs sont plus ou moins pendantes ( pendulijlora ). Ajou- tons que par le fait de celte position, les fleurs qui sont pendantes sont toujours plus irrégulières que celles qui sont dres- sées. Les variétés figurées ci-contre font partie de ces deux types. La gravure indi- quant, malheureusement un peu grossiè- rement, ce que sont ces variétés, nous n’avons donc guère autre chose à faire qu’à les énumérer et à déplorer l’impuissance de l’art de l’homme pour représenter les choses de Dieu. Enfin nous avons fait ce que nous avons pu, et nous prions nos lecteurs de nous accorder leur indulgence. Du reste, pour faire ressortir le mérite F. Yerna, Pin F 1 . Don Luis Barillet 5 . "5 Imp.Yano te r. des Boulangers} VARIETES DE OLOXINIAS Je Portugal 2.M.Deçaisite — 3.M. Devinck Mme ] a, Ctesse (i'.Wila 6.M. Brongniart 7.~iVi JUphan J DE LA MULTIPLICATION DES VÉGÉTAUX. CAUSERIE HORTICOLE. 433 particulier de ces plantes, il nous suffira de dire que les variétés figurées ici ont été choisies dans cette quantité considérable obtenue par M. Yallerand, et qui ont été exposées au jardin réservé du Champ de Mars, où le public les a tant admirées. Ces variétés, de même que plusieurs autres non moins méritantes provenant de la même source, seront mises au commerce au printemps prochain par MM. Thibaut et Keteleer, horticulteurs à Sceaux (Seine-et- Oise). E. A. Carrière. « DE LA MULTIPLICATION DES VÉGÉTAUX Bien qu’on ait déjà beaucoup dit et écrit sur la multiplication des végétaux, on est loin d’avoir épuisé le sujet; aurait-on dit cent fois, mille fois même plus, qu’on ne l’aurait pas épuisé, par cette raison bien simple, du reste, que le sujet est inépui- sable. En effet, les variations qu’on peut remarquer sont considérables, et il arrive même fréquemment que tel procédé qui est très-bon dans un certain pays est mé- diocre dans un autre, parfois mauvais dans un troisième. De plus, tel procédé qui est très-avantageux pour multiplier telles plantes ne vaut rien pour telles au- tres, etc. Cependant, et bien qu’on ne puisse rien préciser d’une manière abso- lue, il y a néanmoins des données géné- rales, qui permettent de préciser les laits. Nous allons en citer quelques exemples. Depuis longtemps nous multiplions en quantité les Deutzia, les Forsythia, les Wegelia , etc., etc., non-seulement avec facilité, mais avec un très-grand avantage. Voici comment : à l’automne nous met- tons en pot de forts sujets de ces plantes que nous plaçons dans une orangerie ou dans tout autre endroit analogue, moins pour les abriter du froid que pour les avoir sous la main, pour en disposer à vo- lonté vers le mois de février, nous plaçons ces plantes en serre chaude, où elles déve- loppent des bourgeons, que nous coupons au fur et à mesure qu’ils poussent; nous mettons ces boutures dans la serre à mul- tiplication , où elles s’enracinent très- promptement. Lorsque les boutures sont reprises et rempotées, on les met sous des châssis, où elles continuent de pousser jus- que vers la fin de mai, époque où on les livre à la pleine terre. Ainsi traitées, ces plantes poussent très- vigoureusement pendant tout l’été; aussi peut-on les livrer au commerce à la fin de l’année. Briot. CAUSERIE HORTICOLE Dire que l’horticulture est en progrès, que le goût des fleurs se répand et se généralise chaque jour davantage, est presque banal, car tout le monde est à même de le constater. La création de nombreuses sociétés d’hor- ticulture dans tous les centres un peu impor- tants; les expositions, les concours qu’elles provoquent sans cesse et, jointes à cela, la facilité, la rapidité des communications, ont donné une impulsion salutaire à l’hor- ticulture. Mais ce qui a surtout contribué à vulgariser la culture et la connaissance des plantes d’ornement, la science de leur bon arrangement dans la décoration des jardins, c’est la création des jardins pu- blics et des squares, où l’on a vu figurer une foule de belles plantes pittoresques, à beau feuillage et à tleurs, à peu près incon- nues jusqu’alors; tandis qu’on y obtenait les plus beaux effets d’harmonie et de contrastes de couleurs, avec d’anciennes espèces, telles que Anthémis frutescents , Pélargonium zonale et inquinans , Verbena , Fuchsia , etc., que l’on se bornait autrefois à cultiver en pots sans se douter de leur mérite décoratif et du parti qu’en en pou- vait tirer pour la pleine terre pendant l’été. Chacun rapporte à l’étranger, en pro- vince, à la ville, à la campagne, au châ- teau, le souvenir de ces belles choses qu’il a pu voir dans ses voyages, et s’essaye à les imiter dans la mesure de ses moyens. C’est ainsi que le goût des fleurs et des jardins va gagnant de proche en proche, se répandant jusque dans les pays les plus éloignés. Cette généralisation du goût des fleurs et des jardins devait, la mode aidant, avoir pour conséquence naturelle d’amener beaucoup de personnes qui y étaient étran- gères ou indifférentes à s’occuper des choses de l’horticulture, et elle devait aussi attirer de plus en plus l’attention des praticiens et les stimuler dans la re- cherche ou l’obtention de plantes ou de variétés nouvelles, tout en les obligeant à se plier, à s’identifier aux goûts du jour et à les satisfaire sous tous les rapports. C’est ce qui est arrivé en effet. On a vu aussi dans ces derniers temps le zèle des botanistes explorateurs augmenter d’une manière étonnante, et enrichir nos 434 EXPOSITION UNIVERSELLE d’hORTICULTURE EN 1867. collections de leurs nombreuses décou- vertes; les horticulteurs ont étudié les plantes reléguées dans les jardins bota- niques, ils en ont essayé la culture en plein air et en pleine terre, et c’est ainsi que beaucoup d’espèces autrefois à peu près inconnues sont devenues aujourd’hui le plus bel ornement de nos jardins. Les semeurs ont redoublé d’activité et d’attention dans les croisements de plantes dont ils font leurs spécialités, et leurs succès sont attestés par les séries de nou- veautés en tous genres qu’ils mettent chaque année dans le commerce. Les jar- diniers multiplicateurs se sont appliqués de leur côté à perfectionner les anciens procédés de propagation, à en augmenter la rapidité et la puissance, et ils en ont même créé de nouveaux. La science de la botanique, la pratique et l’observation aidant, ils ont recherché avec plus d’atten- tion les panachures, les monstruosités, et entin ces écarts nombreux que présentent souvent les pladtes et qui sont tant prisées aujourd’hui, -et ils les ont fixées par leurs procédés de multiplication, les trans- mettant ainsi aux générations futures, tout en se créant pour le présent une source inépuisable de revenus. Dans ce grand mouvement horticole, l’architecture des jardins, l’art du paysa- giste ne pouvaient rester stationnaires, ce qui ei\t été reculer; ils ont marché aussi, et l’on peut même dire qu’ils étaient à la tête du mouvement et qu’ils le dirigeaient, car c’est à eux que nous devons les plus belles créations et les nombreuses trans- formations qui se sont opérées et que l’on admire depuis quelques années. Le tracé des jardins impliquait naturellement une ornementation ad hoc, une connaissance spéciale des plantes, de leur port, de leurs couleurs, et des effets qu’on en pouvait tirer. Aussi a-t-on vu prospérer beaucoup l’étude de cette branche de l’horticulture, EXPOSITION UNIVERSELLE Si, à l’occasion des concours principaux de la quatorzième série, concours réservés aux légumes, il nous fallait faire seulement l’historique de l’introduction, de la culture et de la transformation de tous les produits soumis à l’examen du jury, ce ne sont pas quelques pages qui seraient nécessaires, mais bien plusieurs volumes. En effet, comme le faisaient pressentir les derniers concours accessoires, les horticulteurs, ja- loux de leur réputation, qu’ils veulent sou- tenir, ont présenté des produits non moins variés que remarquables. (1) Voir Revue horticole 1867, pp. 173, 193, 214, 234, 252, 272, 292, 313, 333, 354, 373, 395 et 414. et le nombre des dessinateurs, des créateurs, des entrepreneurs de plantations et des artistes décorateurs de jardins augmenter dans une notable proportion. Bientôt on a vu dans toutes les parties de l’horticulture, les jardiniers rivaliser de zèle et chercher à acquérir une plus grande somme de connaissances ; ici dans l’entretien et l’ornementation des jardins, là dans les cultures ou les tailles les plus perfectionnées; de tous côtés l’augmentation des publications, des trai- tés, des œuvres nouvelles, soit spéciales soit générales, attestent la vitalité du mouvement horticole auquel nous assis- tons, mouvement qui est activé et pro- pagé par une phalange d’écrivains, de professeurs, de praticiens qui vont se ré- pandant. et vulgarisant de toutes parts les bonnes théories unies à la pratique. Entin il n’est pas jusqu’aux arts et aux industries se rattachant de près ou de loin à l’horticulture qui n’aient suivi le progrès que nous signalons. Le nombre des dessinateurs, des peintres et des graveurs en fleurs s’est notablement accru et amélioré; la photographie com- mence à être appliquée aux fleurs et aux paysages; les arts d’imitation, tels que fleurs artificielles, papiers peints, dé- cors, sculpteurs, bronzes d’art, etc., au lieu d’inventer des fleurs imaginaires, trouvent maintenant leurs plus beaux et plus gracieux modèles dans les plantes et les décors de nos jardins. Enfin les cons- tructeurs de serres et accessoires, les fabri- cants d’appareils de chauffage, les coute- liers, les potiers, les fabricants de vases en métal, terre ou porcelaine, les fabri- cants d’ustensiles, d’appareils ou d’instru- ments usités en horticulture, etc., tous ont tenu à suivre le progrès horticole et à y contribuer. Clemenceau. ^HORTICULTURE DE 1867 (1) Dans le premier concours, « Légumes réunis en collection », tenu par quatorze exposants, il a été décerné : d’abord quatre premiers prix , savoir : à la société de secours mutuels des maraîchers de la Seine; à la société de Clermont (Oise); à la société d’horticulture de Nantes, enfin MM. Vilmorin et Cie; ensuite un second prix à M. Deveaux ; puis trois troisièmes prix à la société Dodonée, à M. Thibaut-Prudent et à M. Guénot. Nous avons réservé, avec in- tention, une place spéciale pour inscrire les succès obtenus par le royaume de Suède qui, dans le concours de collec- tion, a reçu pour produits légumiers en- EXPOSITION UNIVERSELLE D’HORTICULTURE EN 1867. 485 voyés par la Suède supérieure, deux pre- miers prix décernés, l’un à M. Ringuis et l’autre à M. Gussander; pour produits en- voyés par la Suède moyenne un premier prix donné à l’académie royale d’agricul- ture d’Upsal; pour ceux de la Suède mé- ridionale; deux troisièmes prix attribués, le premier à M. Forfelle et le second à M.' Nathorst. La collection de la société de la Seine était exceptionnelle ; celle de la société de Clermont était très-complète et composée de produits généralement très-beaux par- mi lesquels nous avons surtout remarqué des racines de Scolyme, .des Radis et des Navets d’une grosseur peu ordinaire. Celle de MM. Vilmorin, également bien composée, était déclarée comme contenant 333 espèces ou variétés. Mais la plus inté- ressante, au point de vue de l’étude, était sans contredit celle du royaume de Suède. Sans vouloir établir une comparaison entre la beauté et la valeur réelle de ces pro- duits et ceux exposés par la France, nous reconnaissons qu’il s’attachait à leur exa- men un grand intérêt de curiosité. Aussi regrettons-nous, autant au point de vue statistique qu’au point de vue scientifique, que l’exemple donné par ces Français du Nord n’ait pas été suivi par toutes les puissances : l’exposition n’aurait pu qu’y gagner. Dans le second concours, lot de 50 es- pèces ou variétés de légumes le plus géné- ralement cultivés, MM. Vilmorin et Cie re- cevaient un troisième prix et la société Dodonée, une mention honorable. MM. Vil- morin et Cie obtenaient un troisième prix pour un lot de 25 espèces ou variétés de légumes généralement cultivés pour l’ap- provisionnement des marchés, et un autre troisième prix pour le concours dit de lé- gumes nouveaux, parmi lesquels nous cite- rons, outre diverses variétés de Chicorée sauvage déjà signalées, Scarole de Sicile améliorée, Pissenlit amélioré, Carotte rouge, demi-longue nantaise, Polygonum (mieux Chenopodium) auriconum ou Epi- nard d’Australie, Aubergine de la Chine. Venaient ensuite les concours désignés sous la rubrique : 1° Choux variés en col- lection, dans lequel M. Chauvart recevait un premier prix , M. Warzée, Charles, horticulteur à Andenne (Belgique), un troisième prix ; la société Dodonée et la so- ciété de Clermont (Oise), chacune une mention honorable ; 2° variétés de Carottes et Navets réunis en collection, pour les- quelles cinq exposants ont reçu, savoir : M. Guénot, un premier prix; les sociétés de Clermont et Dodonée, chacune un se- cond prix; MM. Vilmorin et Cie et Warzée, chacun un troisième prix ; 3° variétés de Laitue, Chicorée, Scarole, Mâche et au- tres légumes cultivés pour salade réunis en collection : un troisième prix à MM. Vilmorin et une mention honorable à la société Dodonée. Pour terminer ce qui concerne les con- cours de végétaux cultivés dans les jardins potagers, signalons les produits remarqua- bles de M. Chauvart; on ne saurait pré- senter des légumes plus réguliers et mieux cultivés. M. Guénot avait également de beaux spécimens de Navets anglais. Puis enregistrons les décisions suivantes : 1° une mention honorable à la société de Clermont (Oise) pour une collection de Cu- curbitacés ; 2° un premier prix à chacun de MM. Crérnont et Ve Froment pour un lot d’Ananas variés portant de très-beaux fruits; 3° un second prix à Mme Ve Fro- ment pour sa collection de Patates dans laquelle se trouvait la variété dit Ronde de Sageret ; 4° une mention honorable à M. Martinet pour ses Fraises et Fraisiers; 2° deux troisièmes prix à chacun de MM. Vivet et Verneuil, pour un lot de Cerfeuil bulbeux; 6° un troisième prix à M. War- zée pour une assez belle collection de Betteraves ; 7° un second prix à MM. Vil- morin et Cie; deux troisièmes prix à cha- cun de MM. Rémy, de Pontoise, et War- zée, pour collections de Pommes de terre; 8° un troisième prix à MM. Vilmorin etGie pour une collection de Choux frisés ; 9° un premier prix à M. Rémond et un second prix à M. Vivet pour des Ignames. Il nous est impossible, avant de passer à d’autres concours, de ne pas signaler à l’attention de tous les amis vrais de l’horticulture les efforts et sacrifices, aujourd’hui couronnés de succès, faits par M. Rémond, pour vul- gariser en France la culture de l’Igname. Nous devons constater que, à côté des produits de l’année 1867 récoltés dans son jardin d’expériences de Saint-Pol de Dax (Landes), on trouvait d’abord des rhizo- mes provenant de 1866, parfaitement con- servés, et ensuite des bocaux contenant de la fécule d’ignames d’une qualité au moins égale à celle retirée de beaucoup déplantés cultivées pour leurs produits féculents. Ajoutons que , pour donner une idée exacte de ses cultures, outre que M. Ré- mond n’avait pas craint de s’imposer la dépense d’une plantation faite à Billan- court sur une étendue de 20 ares environ, il l’avait établie partie sur billôns, partie sur terrain plat, permettant ainsi à chacun d’en tirer profit suivant la nature et l’épais- seur du sol dont il dispose. Enfin men- tionnons l’exposition faite hors concours par MM. Courtois-Gérard et Pavard, com- posée non-seulement de rhyzomes d’igna- mes à fleurs mâles et à fleurs femelles, mais encore de graines provenant du rap- prochement de ces deux plantes. 436 EXPOSITION UNIVERSELLE d’horticulture EN 1867. Les végétaux ligneux de pleine terre, qui tenaient la tête des concours acces- soires, ont été récompensés de la façon suivante par le jury*: 1° arbres et arbustes d’ornement réunis en collection et plantés à demeure avant le 31 mars 1867 : un premier prix à MM. Croux et fils, horticul- teurs à Sceaux, pour 340 sujets variés ; un second prix à M. Deseine pour 234 sujets; un troisième prix à M. Jamin-Durand pour 113 sujets; également un troisième prix à M. H. Defresne pour 183 sujets. 4° Arbres et arbustes d’un seul genre : un second prix à M. Villevielle, horticul- teur à Manosque (Basses-Alpes) , pour sa remarquable variété de Robinia pseudo acacia Decaisneana ; 3° lot de 23 arbres d’ornement appartenant aux genres les plus rares et les moins répandus : un se- cond prix à M. Deseine; 4° lot de 30 es- pèces ou variétés d’arbres tiges d’ornement destinés ou propres à la plantation d’un parc : un premier prix à M. Deseine; 5° espèces et variétés d’arbustes et d’ar- brisseaux à feuilles caduques réunis en collection : un premier prix à M. H. De- fresne pour 237 sujets variés; un second prix h M. Deseine pour 180 espèces et va- riétés. Après cela, enregistrons d’abord les succès de M. Oudin aîné, horticulteur à Lisieux, savoir : quatre premiers prix pour : 1° collection d’arbres à feuilles ca- duques employés au repeuplement des forêts; 2° collection d’arbustes et d’arbris- seaux pouvant servira maintenir les terres sur les pentes abruptes ; 3° collection d’ar- bres employés soit dans les arts et l’indus- trie (Liège, etc.), soit à la nourriture des vers à soie, soit enfin des végétaux four- nissant des matières textiles; 4° arbres et jeunes plants d’arbres pour la formation de pépinières et la garniture des dunes du littoral; deux seconds prix pour : 1° lot d’arbres de toutes espèces ou variétés pro- venant d’une même contrée ; 2° pour haies vives tressées. Ensuite signalons, dans di- vers concours, un second prix àM. Delau- nay, horticulteur à Montlignon, pour de jeunes plants de pépinières ; une mention honorable pour des greffes d’un an (arbres fruitiers) et un troisième prix pour multi- plication d’arbres fruitiers accordés à M. Lelandais; une mention honorable à M. Jouvet, également pour multiplication d’arbres variés; une mention honorable à M. Croux pour un lot de Thuia aurea ; un second prix à M. Bonamy pour un Bou- leau pleureur; un second prix à M. Ch. Meissing pour un Noisetier pleureur ; un premier prix à M. Dieuzy pour une collec- tion de Lierres; un troisième prixk M. Gœ- der, horticulteur à Stokholm, pour 9 va- riétés d’arbres fruitiers; une mention hono- rable à M. Ohlin, horticulteur à Vivinga (Suède), pour 12 variétés d’arbres dits de pépinière; un troisième prix à M. Robert pour un procédé de destruction des sco- lites. Enfin, pour terminer cette longue énu- mération , mentionnons le second prix accordé à Mlle Desmoulin, de Rouen, pour la reproduction en laine cPun Pom- mier reinette de Canada. Rien n’est ou- blié dans ce travail curieux et intéres- sant, la place de la greffe, les rameaux, les yeux, la coupe des branches taillées, les feuilles, les fleurs, tout est si bien imité que des botanistes eux-mêmes y ont été trompés. . Les graines que le jury a ensuite exa- minées ont donné lieu aux récompenses sui- vantes : 1° une mention honorable à Mme Delaire, d’Orléans, pour des graines d’arbres cultivés dans une même contrée; 2° quatre premiers prix aux quatre expo- sants MM. Courtois-Gérard, James Carter, Tollard et Vilmorin, pour graines de gazon. Ce concours s’est tenu dans des conditions qui méritent d’être rapportées. En effet, une certaine surface du terrain à gazonner ayant été concédée à chachn des exposants horticulteurs grainiers fran- çais dans le jardin réservé, et aux étrangers dans la partie du parc réservé à l’Angle- terre, toute latitude a été accordée pour la fourniture, de la graine et son ensemen- cement. Après une exposition de fruits aussi re- marquable que celle de la dernière série, on croyait peut-être que nos horticulteurs et amateurs se seraient abstenus de pré- senter de nouveaux produits. Non-seule- ment il n’en a rien été mais encore ceux exposés ont forcé le jury à con- firmer par de nouvelles récompenses les succès précédemment obtenus. C’est ainsi que nous trouvons : 1° fruits à pépins : MM. Deseine et Croux, un rappel de pre- mier prix; société d’horticulture de Cou- lommiers, un rappel de second prix; M. Bertron, un rappel de troisième prix. 2U fruits à noyau (Pêches); M. A. Lepère, rappel de premier prix. 3° Raisins : M. Vi- gnial, rappel de second prix et M. Palliot, rappel de mention honorable, pour leurs produits destinés à la cuve. Rose Char- meux, Constant Cbarmeux et Crapotte, rappel de premier prix; Bertron, rappel de troisième prix, pour leurs produits de table. Après cela, inscrivons les succès des nouveaux venus, savoir: 1° pour fruits à pépins : d’abord, trois premiers prix dé- cernés à MM. Desportes, d’Angers, pour des fruits (26 variétés de Poires et 18 de Pommes), remarquables surtout par leur volume; Consul de Ladé, de Geissenheim (Prusse), pour 116 variétés de Poires et 30 EXPOSITION UNIVERSELLE dTïOR TICULTURE EN 1867. 437 de Pommes; société d’Upsal (Suède méri- dionale), pour 480 variétés de Pommes, 164 de Poires, 5 variétés de fruits divers. Ensuite deux seconds prix à MM. Biseau, pour 25 Poires de choix, et Swenson, re- présentant de la Suède moyenne, pour 210 variétés de Pommes, 41 de Poires, 9 de fruits divers ; trois troisièmes prix à MM. Bâillon, pour une collection de Pom- mes, Martinet, pour 25 Poires de marché et Formann, horticulteur à Stedge (Nor- vège), pour 34 variétés de Poires, 12 de Pommes et 10 de fruits divers. Enfin, une mention honorable à M. Bouchard-Hu- zard, pour des Pommes; un troisième prix à M. Oudin aîné, pour 56 variétés de fruits dits de verger. Les fruits à cidre, qui n’avaient pas été jugés dans la dernière série, ont donné les résultats suivants : un premier prix à cha- cun de MM. Oudin aîné, horticulteur à Lisieux, pour 252 variétés de Pommes et 60 variétés de Poires ; etMacé, de la Ferté- Macé, pour 232 variétés de Pommes et 81 de Poires ; deux seconds prix à MM. Lou- vel, instituteur à Remalard, pour 129 va- riétés, et Richet- Danet, pour 51 variétés choisies ; un troisième prix à la société de Goulommiers pour 110 variétés. Citons encore un troisième prix accordé à M. Le- roy, de Kouba, pour fruits variés d’Algérie, un troisième prix à M. Deseine, pour une collection de 26 variétés dé fruits à cha- tons; une mention honorable à M. F. Sahut, pour 9 variétés de Grenades et 2 de Figues; un premier prix à M. Pommier, proprié- taire à Brioude, un second prix au consul de Ladé, pour des Raisins à cuve ; un se- cond prix à M. Si net et un troisième prix à M. Croux, pour des Raisins de table; puis, pour terminer, signalons la belle col- lection de fruits variés, présentée par MM. Baltet, de Troyes, comprenant 276 variétés de Poires, 452 de Pommes, 55 lots de fruits variés et qui, de l’avis des connaisseurs, était la plus belle de toutes celles qui ont figuré à l’Exposition de 1867. Parmi les produits de la lloriculture le jury a décerné : 1° collection de Rosiers francs de pied, un premier prix à M. H. Jamain; 2° collection d’QEillets dits re- montants, un premier prix à M. Brot- Delahaie ; 3° collection de Roses fleurs coupées, un premier prix à M. H. Jamain, un second prix ex æquo à MM. Duval et Cochet; 4° collection de plants vivaces, un troisième prix à M. Thibaut-Prudent ; 5° collection de Zinnia flore pleno, en fleurs coupées, un troisième prix àM. Gué- not; une mention honorable à M. Oudin, dont les fleurs, surtout celles dites pana- chées, doivent être, selon nous, signalées aux amateurs. Il nous paraît, en effet, difficile de trouver quelque chose de plus coquet, de plus original et d’un effet plus gracieux; 6° collection de Glaïeuls, un premier prix à M. Souchet, de Fontaine- bleau, un second prix à chacun de MM. E. Verdier et Loise-Chauvière, un troisième prix à M. Guénoi; 7° Dahlia présentés en fleurs coupées, un premier prix de collec- tion et un premier prix pour un lot de 50 variétés nouvelles à M. Mezard, de Rueil, trois seconds prix de collection à MM. A. Dufoy, Laloy Henri et Loise-Chauvière; deux troi- sièmes prix de collection à MM. Mangin et Moricard et Asclept; un troisième prix à M. Guénot, pour un lot de Dahlia (dits Liliput), un autre troisième prix à M. Du- flot Victor, pour Dahlia? de semis; 8° un troisième prix à M. Thibaut-Prudent, pour des Lilium; 9° pour bouquets, parures, vases de table et suspensions ornées, six premiers prix à M. Bernard ; deux seconds prix à M. Deschamps, un premier et un second prix à M. Zalmée, un troisième prix à M. Mazorali ; 10° deux premiers prix h M. Dupuis, l’un pour un bouquet de Lilas blanc et l’autre pour une corbeille de fleurs de Gardénia. A l’occasion des con- cours relevés dans les paragraphes 9 et 10, nous sommes heureux d’avoir à enregis- trer que, cette fois, l’art avait présidé à la confection de tous ces groupes de fleurs, mais que MM. Bernard et Deschamps sur- tout avaient su réunir l’élégance, le choix des plantes et l’harmonie des couleurs. 11° pour collection de plantes variées de serre chaude : trois premiers prix à cha- cun de MM. Marest, Bernard et Chantin ; 12° un premier prix à M. Mueller, de Mel- bourne (Australie), pour une Fougère (Balantium antarlicum), dont le tronc a 5 mètres de hauteur; 13° un second prix à M. Chaté fils, pour Canna nouveaux ob- tenus de semis ; 14° un second prix à M. Chaté fils, pour une collection de Pé- largonium zonale inquinans ; 5° un troi- sième prix à M. Savoye, et une mention honorable à M. Guénot, pour des Hibiscus rosa Sinensis, 16° une mention honorable à M. Chaté fils, pour un lot de Eucodonop- sis nægelioides. M. Linden, qui avait envoyé un lot de plantes nouvelles, obtenait un premier prix , pour : Espelia grandflora, de la Nouvelle-Grenade, Sladmannia grandis , du Brésil, lresine sp. de l’Équateur (on dit que cette plante a été trouvée à une alti- tude de 9,000 pieds), dont les feuilles plus petites que celles de Y lresine Herbstii (Achyranthes V erscha f/eltii ), sont d’un co- loris plus foncé, c’est-à-dire d’un pourpre noir; Fillonia gigantea, de l’Équateur, à feuilles très-gràndes, dont les nervures sont d’un rouge carmin vif; Selaginella discolor , de la Nouvelle-Grenade; Diosco- 438 ' BIBLIOGRAPHIE. rea sp ., du haut Amazone, dont la feuille, qui atteint 10 centimètres de long, est tra- versée par une bande blanche granulée avec nervures, les unes blanches, les autres violettes et l’intervalle remplit de mar- brures d’un beau velouté; la face infé- rieure a un coloris rouge carmin violacé; enfin, Bignonia sp., du Brésil et une Fla- courtiacée, du Japon, qui, d’après notre collègue M. Carrière, est Vide sia poiy - carpa , Maxim., et dont les fruits sont, dit-on, très-savoureux. Dans le concours pour les Orchidées, M. Linden recevait encore un premier prix pour un beau lot composé de Kœllenstei- nia ionoptera, Oncidium nubigenum , On- cidium crispurrt , à fleurs grandes, de cou- leur orange avec labelle jaune taché de brun; Vanda tricolor, Sarcanthus tricolor avec panicules ornés de petites fleurs jaunes tachées de rouge et ressemblant à des in- sectes; Miltonia Clowesii à fleurs fond jaune, maculées de brun avec labelle blanc et violet; Dendrobium chrysanthurn, à fleurs jaune d’or ainsi que l’indique son nom, et dont le labelle frangé sur les bords porte deux macules presque noires ; Cym- bidium Mastersii à fleurs blanches en grappes, à odeur très-agréable ; Miltonia bicolor , à fleurs blanches avec large labelle violet; enfin , trois Cattleya maxima , à fleurs de couleur violet pâle, labelle rayé de carmin et maculé jaune pâle. Cette fois encore, on doit des remercî- ments à MM. le comte de Nadaillac et Gui- bert, dont la persévérance à orner l’expo- sition, hors concours, ne s’est jamais démentie pendant les sept mois qu’elle a duré. Nous ajouterons à la liste déjà faite des produits qu’ils ont envoyés : Cœlogyne Lagenaria ( Cleione Lagenaria), dont les bulbes, en forme de bouteille aplatie, sont aussi curieuses que les fleurs sont re- marquables par leur beau coloris rose, à labelle blanc rayé de rouge et maculé de jaune, Angræcum Brongniarti ; Læliapres- tans ( Preptanthes Veitchii ), et sa variété rubra . Pour terminer la nomenclature des ré- compenses décernées par le jury, il nous reste à signaler, d’abord, un premier prix à MM. Vilmorin et Cie, pour un lot de Choux destinés à orner les jardins, et re- marquables par la délicatesse de leur as- pect et-des formes de leur feuillage; ensuite un autre premier prix à M.Ramel, amateur et propagateur de plusieurs espèces ({'Eu- calyptus de l’Australie, lesquelles, dit-on, sont appelées à jouer un grand rôle dans la sylviculture de notre colonie algérienne. M. Ramel présentait 17 espèces et variétés de son arbre favori, dont les plus remar- quables sont : Eucalyptus colossea , qui atteint dans son pays 4()0 à 500 pieds de hauteur ; Eucalyptus fissilis , qui ne le cède en rien au premier par sa hauteur ; Euca- lyptus Mahogonii, dont le bois est respecté par tous les insectes; Eucalyptus amyg- dalina et Eucalyptus calophylla , recom- mandables, d’après M. Mueller, de Mel- bourne, pour la plantation des routes; enfin, Eucalyptus globulus , ce bel arbre qui, l’été, fait l’admiration de tous les promenenrs des squares de Paris. Comme résumé de cette dernière série, nous trouvons 162 récompenses décernées, savoir : 58 premiers prix; 40 seconds prix; 44 troisièmes prix ; 20 mentions honora- bles; réparties entre les puissances, savoir: 133 France; 13 Belgique; 8 Suède; 5 Al- lemagne; 2 Norvège et 1 Australie. Pour avoir terminé le compte rendu des concours de l’horticulture, il nous reste à passer en revue l’exposition des produits qui s’y rattachent, c’est-à-dire des outils, instruments, modèles de serres, appareils employés pour le chauffage, plans de jar- dins, etc., dont la Revue a du reste donné sommairement la nomenclature. Rafarin. {La suite au prochain numéro.) BIBLIOGRAPHIE Parmi les livres récemment publiés et dont nous allons rendre compte en suivant l’ordre dans lequel ils nou sont étéadressés, nous citerons d’abord Y Atlas des fleurs de pleine terre (1) publié par MM. Vilmo- rin-Andrieux et Cie. Cet ouvrage est le complément de celui qui a déjà paru sous le même titre et par les mêmes auteurs, et auquel le public a fait un si bon accueil. En effet, deux éditions lirées à un nombre considérable d’exemplaires, sont à peu près écoulées, ce qui s’explique par l’uti- (1) 1 volume in-8. Paris, Vilmorin et Andrieux et Cie, et chez tous les libraires. lité de cet ouvrage. Il n’est donc pas dou- teux que l’atlas qu’ils ont l’heureuse idée de publier aura le même succès, puisque étant le complément du premier, il est indispensable à ceux qui possèdent celui- ci. Les auteurs lors de la publication de la première partie avaient bien compris que la description seule, qui suffit aux savants c’est-à-dire à ceux qui connaissent la valeur des mots scientifiques, ne suffit pas à la plupart des amateurs, mais comme d’une autre part il fallait beaucoup de temps pour exécuter les dessins qui leur étaient nécessaires, ils ont jugé à propos de pu- DAPHNE LAUREOLA. 439 blier d'abord la partie que tous nos lec- teurs connaissent. En publiant celle-ci, c’était donc une sorte d’engagement tacite qu’ils prenaient envers le public. Cet en- gagement, ils l’ont parfaitement rempli en publiant V Atlas des fleurs de pleine terre, ouvrage qui comprend 1,128 ligures des- sinées et gravées avec le plus grand soin. Chaque gravure porte un numéro qui cor- respond à un numéro semblable qui est en regard, et à la suite duquel se trouve le nom français et le nom latin, rien de plus. C'est du reste tout ce qu’il fallait puisque toutes les plantes figurées sont décrites dans la publication qu’ils ont faite anté- rieurement, intitulée les Fleurs ce pleine terre . Deux tables disposées par ordre alphabétique, comprenant l’une les noms français, l’autre les noms latins, ren- dent les recherches très-faciles. En effet, les uns comme les autres étant suivis du numéro qui correspond à la gravure de chaque plante, il suffit, en lisant le nom de celle qu’on désire voir, de recourir au numéro qu’elle porte, ce qui est aussi des plus faciles à trouver, les numéros étant placés d’après l’ordre numérique. Un reproche que nous adressions à Y Atlas des fleurs de pleine terre , c’est la petitesse de ses gravures, qui, en effet, est telle que pour certaines il est difficile de recon- naître les plantes qu’elles représentent. On comprend toutefois cette réduction, lorsqu’on réfléchit à ce que coûtent les gravures et qu’on se rappelle aussi que le but principal des auteurs était, tout en donnant une idée des plantes, de mettre cet ouvrage à un prix relativement faible, de manière qu’il fût à la portée de tous. Aussi, comme résumé disons-nous : Y Al- las des fleurs de pleine terre est un bon livre appelé à rendre de grands services à l’horticulture, et dont le placement est assuré. Traité de la culture du Noyer, par M. Huard du Plessis (1). Depuis longtemps, ou mieux depuis un temps presque immémorial, la culture du Noyer était à peu près nulle. En effet, (4) Librairie agricole de la Maison rustique , rue Jacob, 26. 1 vol.in-48 de 472 pages et 45 gravures. Prix 4 fr. 25 cent. Deuxième édition. on se contentait alors de semer des Noix là où l’on voulait avoir des Noyers, ou, par- fois, on les semait en pépinière, puis on les plantait là où l’on en avait besoin ab- solument comme on le fait des arbres fo- restiers. Très-souvent même c’était des oiseaux ou des rongeurs qui disséminaient ces Noix en cherchant à les emporter pour les manger. Le bon Dieu se chargeait du reste; les Noyers grandissaient, fructi- fiaient, et alors on récoltait leurs fruits, tels qu'ils étaient. Mais, comme il en est des Noyers comme de beaucoup d’autres arbres fruitiers, qu’il est très-rare qu’une variété quelconque se reproduise par ses fruits, et que presque tous les arbres qu’on obtient de graines donnent des fruits de qualité inférieure, on obtenait rarement de bonnes variétés. Aujourd’hui on a com- pris cela, et, comme l’on sait aussi que la culture du Noyer bien entendue est de première importance au point de vue du produit, on commence à y apporter une sérieuse attention. Le Traité de la cul- ture du Noyer vient donc très-à propos. Ce livre se divise en deux parties : l’une qui traite de tout ce qui a rapport à la cul- ture proprement dite tels que semis , plan- tation, greffe , élagage et entretien des arbres, etc. ; des divers accidents qui peu- vent arriver aux Noyers, ainsi que les moyens de les réparer; de la récolte des Noix, de leur conservation, etc., etc. La deuxième partie est spécialement af- fectée à la fabrication de l’huile de Noix. Toutes les opérations que comporte cette industrie sont décrites d’une manière claire et précise. Du reste, de nombreuses gra- vures (45) intercalées dans le texte et re- présentant les diverses opérations, soit d’extraction , soit de la préparation des produits, font de ce petit livre un guide aussi intéressant qu’utile , en mettant le lecteur à même de comprendre et même de pratiquer les diverses opérations qui se rapportent à la culture des Noyers. Le Traité de la culture du Noyer est donc, nous le répétons, indispensable à tous ceux qui veulent se livrer avec avan- tage à cette culture qui, jusqu’ici, a été très-négligée, bien que, faite avec intel- ligence, elle puisse produire de très-bons résultats. E. A. Carrière. DAPHNE LAUREOLA Cet arbuste, qui n’est guère cultivé au- jourd’hui que comme sujet pour greffer d’autres espèces du même genre, a dû l’être beaucoup autrefois, à en juger par sa fréquence dans bon nombre d’an- ciens parcs. Cela tient sans doute à ce que nos ancêtres savaient mieux l’apprécier que nous. Ce Daphné, qui croît spontané- ment dans différentes contrées de l’Eu- rope, est loin d’être dépourvu d’agré- ment; d’abord il est toujours vert, et son feuillage luisant n’a rien à redouter des froids les plus intenses qui suspendent à peine sa végétation. Souvent, dès le mois 440 GREFFE EN ÉCUSSON DES FRUITS A NOYAU. PLANTES NOUVELLES. de janvier, ses rameaux portent des fleurs peu apparentes, il est vrai, mais qui répan- dant une odeur douce et très-agréable. En effet, lorsque la nature est dans son plus grand deuil, n’éprouve-t-on pas un véri- table charme en rencontrant dans nos bosquets ce modeste arbuste devançant, par sa floraison, celle déjà si précoce de Y Helleborus hyemalis, Lin. et même du Galanihus nivalis du même auteur? Dans GREFFE EN ÉCUSSON Nous ne croyons pas nécessaire de dire comment se fait l’opération; elle est à peu près connue de tout le monde, puisque c'est la même que celle qu’on pratique pour tous les végétaux lorsqu’on les greffe en écusson. Si la greffe est bien connue et facile à pratiquer, il est souvent difficile de bien saisir le moment où on peut l’employer avec le plus de profit. Sous ce rapport on n'est pas toujours heureux quant aux ré- sultats. Si l’on greffe trop tôt il arrive souvent que la reprise n'a pas lieu, et que les yeux sont noyés , ainsi qu’on le dit dans la pratique; trop tard, au contraire, la sève fait défaut et les yeux ne se collent pas, comme disent encore les jardiniers. En général, il vaut mieux qu’il y ait plu- tôt plus que moins de sève. Ce que nous le cas où des amateurs seraient de notre avis, au sujet de la Lauréole, qu'ils s'em- pressent, avant l’hiver, d’en planter, dans les lieux ombragés de leurs jardins, un peu humides, s'il est possible, puis ils n’auront plus à s’en occuper ; car ce charmant arbuste se multipliera de lui- même par ses graines qu’il produit abon- damment. L’abbé Brou. DES FRUITS A NOYAU disons ici s’applique surtout aux arbres dont la végétation est fougueuse, par exemple, aux Amandiers et surtout aux Mahaleb vulgairement appelés Sainte- Lucie. Voici, pour multiplier ces espèces le moyen que nous employons, qui nous a toujours donné d’assez bons résultats. Nous les greffons lorsque la sève est abon- dante, mais lorsque l'écorce est déjà un peu aoûtée ; aussitôt l'opération terminée, au fur et à mesure que nous opérons, nous coupons l’extrémité des sujets, afin de produire une sorte de réaction , c’est- à-dire d’arrêt dans la marche de la sève, et de donner ainsi aux écussons le temps de se souder avant que ne se fasse une nouvelle recrudescence de la sève. Lebas. PLANTES NOUVELLES Cupressus Hartwegii monstrosa. — Cette variété naine, monstrueuse par le raccourcissement et l’agglomération des rameaux, est sinon jolie du moins très-cu- rieuse. Obtenue parM. F. Sahut, horticul- teur à Montpellier, le pied mère a aujour- d’hui 80 centimètres de hauteur; son tronc, qui disparaît sous les innombrables rami- fications, est relativement très-gros. 11 en est de même de ses branches, qui sont complètement cachées par les ramilles. Ces dernières, dont l’odeur rappelle celle du type C. Hartwegii, Carr . (C. macro- carpa , Hartw.) sont recouvertes par les feuilles qui sont squamiformes, imbri- quées , acuminées aiguës, écartées au sommet. Le C. Hartwegii monstrosa, par sa forme et son aspect bizarres, mérite de trouver une place dans les collections de Coni- fères. Planté isolément, il forme un buisson compacte qui est très-curieux. Broussonetia papy ri fer a urticæ folia. — Arbuste nain, très-buissonneux, formant un buisson compacte, arrondi. Branches nombreuses, dressées, effilées, grêles; à écorce gris-brun, légèrement hispide par des poils glanduleux. Feuilles pétiolées, petites, irrégulièrement digitées-lobées, à lobes dentés, laciniés, parfois presque pennés. Cette variété, des plus distinctes, qui con- stitue un charmant arbuste, a été obtenue par M. Barthère aîné, horticulteur, allée Saint-Michel, à Toulouse, qui en est le seul possesseur. Ainsi que son nom l’indique, elle est issue du B. papyrifera, vulgaire- ment Mûrier à papier. Ligustrum Japonicum aureo album. — Cette variété, également obtenue par M. Barthère, horticulteur à Toulouse, est remarquable par la beauté et l’éclat de sa panachure, qui est blanc jaunâtre. Ce qui en fait le mérite, c’est que, contrairement à presque toutes les variétés panachées, elle est vigoureuse, bien que sa panachure soit constante. E. A. Carrière. L’un des propriétaires : Maurice BIXIO. Piris. — Impr. de A. Lainé et J. Havard, rue des Saints-Pères, 19. CHRONIQUE HORTICOLE (deuxième quinzaine DE NOVEMBRE), Ce qui reste de l’Exposition. — Communication de la commission impériale de l’Exposition universelle. — Les grands prix de l’horticulture. — Une erreur à rectifier. — Une séance extraordinaire à la société centrale d’horticulture de France. — Distribution de médailles. — Une découverte faite dans les Vosges parM.de Casparry, de Kœnigsberg. — La culture des Champignons dans les carrières de Méry(Oise). — Le Welwischia mirabilis. — A propos des Quinquinas. — Extrait du rapport présenté par M. Dupuy-Jamain à la société d’horticulture au nom de la commission chargée d’examiner les cul- tures de M. Gallien. — Le labourage à vapeur. — Communication de M. Quetier. — Les Pélargo- nium de M. Lemoine, de Nancy. — Catalogues qu’on nous a adressés. — Ce que nous y trouvons de bon à signaler. L’Exposition universelle est complète- ment fermée ; le jardin réservé, qui seul était resté ouvert, a été définitivement in- terdit au public le jeudi 21 octobre, à qua- tre heures du soir ; les exposants ou leurs représentants sont seuls admis. Du reste, la promenade devenait de jour en jour moins attrayante, puisque chaque exposant enlève successivement ses produits. — La commission impériale de l’Ex- position universelle publie la note sui- vante : « Les exposants du groupe 8 (produits vi- vants et spécimens d’établissements de l’agri- culture) et du groupe 9 (produits vivants et spécimens d’établissements de l’horticulture) pourront retirer les médailles d’or qui leur ont été attribuées et les diplômes qui les ac- compagnent, le lundi 25 et le mardi 20 no- vembre, au commissariat général, avenue de Labourdonnaye, 2. Le grand prix de dix mille francs, les autres grands prix et les objets d’art qui, par suite des décisions du jury inter- national, sont joints à un certain nombre de médailles d’or, seront décernés dans une so- lennité spéciale. L’époque de cette solennité est subordonnée à l’achèvement des objets d’art, qui n’ont pu être commandés qu’après la clôture de l’Exposition, lorsque les der- nières décisions du jury ont été arrêtées. Aussitôt qu’il sera possible de déterminer cette époque, le public sera informé par un avis inséré au Moniteur. » Il y aura donc pour l’agriculture et pour l’horticulture, de même que pour l’indus- trie, une solennité analogue à celle du 1er juillet. H n’est question dans l’avis qui pré- cède que des médailles d'or ; on ne parle ni des médailles d’argent, ni des mé- dailles de bronze : on ne dit rien non plus des récompenses exceptionnelles que les exposants attendent avec tant d’anxiété. Quant aux lauréats qui ont obtenu les cinq grands prix, on sait déjà que ce sont MM. Linden, Chantin, Veitch, Vilmo- rin, et enfin la société des maraîchers de Paris. — Dans le dernier numéro de la Revue horticole, à propos du compte rendu de l’Exposition, il s’est glissé une erreur que nous nous empressons de rectifier. Elle porte sur la répartition des récompenses entre les diverses nations qui avaient pris part aux concours de la quinzaine. Dans cette répartition la Hollande a été oubliée. Ainsi M. W. A. Zalme, horticulteur à la Haye, a reçu un premier prix pour trois bouquets pour bal ou soirée, et un deuxième prix pour une parure complète pour mariage ou pour bal. — La société impériale et centrale d’hor- ticulture deFranceatenu une séance extra- ordinaire le jeudi 14 du mois dernier, au siège ordinaire de ses réunions. Cette séance qui était présidée par M. le maréchal Vail- lant, président de la société, et à laquelle assistaient un grand nombre de membres, a été consacrée spécialement à la distribu- tion desmédaillesaccordées: l°aux auteurs d’ouvrages horticoles et aux inventeurs ou perfectionneurs d’instruments utiles à l’horticulture ; 2° aux jardiniers qui s’en sont rendus dignes par leurs longs ser- vices; 3° aux arboriculteurs qui ont exposé les collections de fruits les plus remarqua- bles lors de la réunion des membres du congrès pomologique. Les récompenses ont été attribuées de la manière suivante : Une médaille de vermeil à M. le doc- teur Boisduval, pour son livre intitulé Entomologie horticole . Une médaille d’argent à M. de Puydt, pour son Traité des plantes de serre ; une médaille d’argent grand module à M. Che- valier (Désiré), pour l’obtention de la Pêche Belle impériale ; une médaille de même valeur à M. Chardine, pour l’en- semble de ses cultures; une médaille d’ar- gent à M. Fontaine, pour ses apports de Phlox vivaces ; à M. Ronillard, pour ses cultures de Dahlias : à M. L’hotellier, pour ses cultures de primeurs; à M. Bricq, pour ses cultures de Champignons; et à M. Debray, pour sa pompe à arrosage; une médaille de bronze à MM. Rousseau et Arch et Mallet, au premier pour sa cul- n I*r Décembre 1867. 442 CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE DE NOVEMBRE). turc de l'Igname batate; aux seconds pour leur système de chauffage appliqué aux ser- res. Enfin la société a accordé deux rappels de médailles d’argent grand module : l’un à M. Tabar, pour ses apports de Pétunia; l'autre à M. Pauwels, pour la bonne direc- tion dés arbres fruitiers confiés à ses soins. Les anciens jardiniers qui ont reçu une médaille d’argent pour leurs longs et loyaux services sont MM. Gallois (Charles- Félix)^ 31 ans de services; Ménard (Louis), 31 ans de services; Lambin-Gervais, 32 ans de services; et Froment (Jacques- Laurent), 39 ans de services. Enfin le jury du congrès pomologique a cru devoir décerner des prix soit à titre de services rendus, soit pour apport de fruits, aux personnes ci-après : àM. Jamin (J. L.), une grande médaille en or pour les services importants que cet habile jardinier a rendus à l’arboriculture; une médaille de même valeur à MM. Jamin fils et Durand jeune pour leur collection de fruits ; et pour le même motif, une médaille en or à M. Croux et à la société d’horticulture du Rhône ; une médaille de vermeil à MM. Rouillé-Courbe, Mauduit et Knight ; toujours pour des apports de fruits; une médaille d’argent grand module à la so- ciété d’horticulture de la Moselle, et à MM. Grégoire-Nélis, Philibert-Baron et Acquidant-Nolotte ; une médaille d’argent à la société d’horticulture de Coulommiers, à la société d’horticulture de Melun et Fontainebleau, et à MM. Lelandais, Bertron et Louvel ; enfin des médailles de bronze ont été attribuées à MM. Besson, Berthier et Gaudais. — Nous pensons que nos lecteurs qui s’occupent plus particulièrement de bota- nique apprendront avec plaisir qu’une dé- couverte des plus intéressantes a été faite cette année dans l’un des lacs des Vosges,’ par M. Casparry, de Kœnigsberg. Il s'agit d’une Crucifère, le Subularia aquaiica, petite plante d’un intérêt purement bota- nique, mais des plus singulières et des plus curieuses, aussi bien par son faciès que par son mode de végétation. Elle est acaule, et ses feuilles, linéaires, aiguës, sont radicales. Du milieu de ces feuilles partent plusieurs pédoncules qui portent deux ou trois petites fleurs blanchâtres. Comme on le voit, l'aspect de cette Crucifère diffère beaucoup de celui des nombreuses plan- tes de cette famille, et sa forme rappelle celle de la Littorelle ou de quelques jeunes Isoetes. Mais elle diffère plus encore des plantes de la famille à laquelle elle appar- tient par son mode de végétation. En effet la Subulaire vit dans la profondeur des eaux et y développe le plus souvent ses ' fruits sans donner de fleurs apparentes, ce qu’elle ne fait que lorsque le retrait des eaux la met à découvert. Nestler avait indiqué cette curieuse plante dans les Vosges, et de Candolle, au bas de l’étiquette d’un échantillon de Su- bularia donné à l’herbier de France du Muséum, a écrit ces mots : « On assure qu’elle est sauvage dans les Vosges. » Mal- gré ces citations, plusieurs auteurs, et en particulier, MM. Godron, Fl.de Lorr.; Gre- nier et Godron, Fl. de Fr., et Kirschleyer, Fl. d’Alsace, ont contesté la présence de la Subulaire dans les Vosges, où elle avait échappé aux investigations de toutes les personnes qui l’v ont cherchée depuis le commencement de ce siècle. La décou- verte de M. Casparry rendra donc justice à l’affirmation de Nestler. Le Subularia aquatica, qui croît dans plusieurs pays de l’Europe boréale et qu'on retrouve même jusqu'aux Etats-Unis, a été inconnu en France jusqu’en 1849, époque à laquelle MM. Reboud et l’abbé Guinaud le découvrirent le 24 août sur les bords du Stangliarg, l’un des 13 lacs situés au pied de Carlitte, du côté du mont Louis (Pyré- nées orientales). — Malgré la multiplicité des organes de la presse horticole, une des branches les plus importantes de l’alimentation végé- tale, bien que située aux portes de Paris, est à peine connue; l’exploitation dont nous allons parler est ce qu’on peut appe- ler une grande fabrique à Champignons. On pourra en juger par les détails que nous allons en donner. Deux cultivateurs, M. Renodot et M. Go- bert, ont eu l’idée d’exploiter certaines carrières de Méry (Seine-et-Oise) , dans lesquelles on ne tire plus de pierre. Ces carrières, qui sont excessivement vastes, sont de plain-pied, ce qui permet, vu la dimension des rues , d’y circuler avec des moellonnières (grosses voitures attelées de 5 chevaux), ce qui en rend le travail fa- cile. Elles sont affermées absolument comme l’est le sol arable, et le prix de la location est même assez élevé, puisque chacun des cultivateurs désignés ci-dessus a eu à payer jusqu’à 3,000 fr. et même plus par an. La quantité des couches éta- blies par ces deux cultivateurs est con- sidérable; elle a parfois dépassé 43,000 mètres de longueur. Tout établi et tout compris, chaque mètre revient à environ 2 fr. 50 cent. C’est donc une mise de fonds de plus de 112,000 fr., chiffre qui peut paraître énorme pour une culture de Champignons. Le temps pendant lequel les couches sont en rapport varie de deux à cinq mois; leur rapport n’est pas égal non plus, tant s’en 443 CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE DE NOVEMBRE). faut : ainsi il est des couches qui donnent beaucoup, d’autres moins; il en est même parfois qui ne donnent pas du tout. C’est donc, dans ce dernier cas, une perte sèche. Un fait que, dans cette circonstance, il est bon de faire remarquer, c’est que là, comme dans les cultures arables faites à l’air libre, il arrive parfois, on pourrait presque dire toujours, que, au bout d’un certain temps, une carrière cesse de produire des Champignons, absolument comme un ter- rain donné cesse de produire une plante quelconque au bout d’un temps plus ou moins long. L’air se vicie, et il faut un cer- tain nombre d’années avant que cette cul- ture soit de nouveau possible dans cet en- droit. Il faut que la carrière soit laissée en jachère. Lorsque toutes les couches dont nous venons de parler sont en plein rap- port, elles peuvent produire de 1,500 à 2,000 kilogr. par jour. — Nos lecteurs se rappellent sans doute cette plante si singulière, le Welwitschia mirabilis , Hook, dont ce journal a si sou- vent parlé (1) et dont il a même donné une gravure (2). Ce végétal, si remarquable à plusieurs égards, au lieu d’être une Coni- fère, comme on l’avait cru, appartient très-probablement au groupe des Cycadées. Un individu vivant a été envoyé il y a quel- ques temps déjà au Muséum. Malheureuse- ment cet individu a perdu les grandes expan- sions foliacées qui terminent Ja souche et qui, dit-on, sont des cotylédons qui, chez cette espèce, seraient accrescents, de sorte que la plante, bien qu’encore verte, ne donne pas d’apparence de végétation. Deux autres individus assez gros, mais secs, munis de leurs feuilles, ont été envoyés récemment au Muséum. Rien n’est plus singulier que ces végétaux qui. représentent une sorte de vasque ou de conque marine, ou bien encore un bolletmonstrueux etcon- cave. La Revue en donnera prochainement une gravure. L’Angleterre, dans cette cir- constance, comme presque touj ours du res- te, lorsqu’il s’agit de progrès réel, est plus heureuse que nous: le jardin royal de Kew, nous assure-t-on, possède des indi- vidus vivants de Welwitschia. — Depuis un certain nombre d’années que l’attention générale a été attirée sur la disparition rapide des Quinquinas, diffé- rents gouvernements européens se sont émus de cette disparition et ont fait des tentatives sur différents points de leurs co- lonies pour y introduire cet arbre si utile à l’humanité. C’est surtout aux efforts de la France, de la Hollande et de l’Angleterre que l’on doit les divers essais qui ont été tentés. Si tous n’ont pas été couronnés de (1) Voir Revue horticole , 1862, p. 186; 1863, pp. 74, 117 et 429. (2) Voir Rev. hort., 1863, p. 429. succès, il en est du moins beaucoup au- jourd’hui qui sont en très-bonne voie de prospérité. Sans orgueil national et pour rendre à chacun ce qui lui appartient, nous devons dire que c’est à la France que revient l’honneur de l’initiative. En effet, c’est à Paris, au Muséum, que furent se- mées les premières graines de Quinquina qui aient été introduites en Europe ; on les devait à M. Weddel, botaniste attaché à cet établissement, duquel il avait reçu la mission de parcourir les parties de l’Inde où se trouvaient des Quinquinas, afin d’en recueillir des graines. Ce sont ces graines, confiées aux soins de M. Houllet, chef des serres au Muséum, qui, semées, levèrent très-bien, et ce sont les plantes qu’elles produisirent qui furent envoyées en 1849 à M. Hardy, directeur de la pépinière centrale du gouvernement à Alger. Ce sont là, il faut le reconnaître, les premiers essais qui furent faits de la culture du Quinquina; bien qu’ils n’aient pas été heu- reux, ils attirèrent l’attention des autres gouvernements qui, à leur tour, tentèrent des essais dans des conditions meilleures, et dont la plupart furent couronnés d’un plein succès. Après la France, c’est la Hollande qui, la première, tenta la culture de Quinquinas. A cet effet, elle fit acheter en France, en 1852, ce qu’elle put de jeu- nes pieds de Quinquina. Ces plantes, qu’elle envoya dans ses colonies de Java, et qui lui furent vendues par MM. Thibaut et Keteleer, provenaient également de graines qu’avait rapportées M. Yeddel. Mais bientôt l’Angleterre s’occupa active- ment de cette culture dont elle devinait l’importance, et c’est à elle, on peut le dire, que reviennent en grande partie tous les succès qu’on a obtenus jusqu’ici. — Toutes les personnes qui ont eu l’oc- casion d’examiner les Pêchers élevés par M. Gallien (1), arboriculteur, place de la Madeleine, à Paris, ont, comme nous, re- gretté que ces arbres n’aient pas été expo- sés au jardin réservé du Champ de Mars, où, sans aucun doute, ils auraient attiré l’attention de tous les visiteurs. Ils en étaient en effet dignes, et nous qui avons pu les examiner avec soin, nous ne crai- gnons pas de dire que jamais, en si peu de temps, on n’a fait pareille chose. Ajoutons que les conditions dans lesquelles est placé M. Gallien sont aussi mauvaises qu’il est possible de l’imaginer. Le jardin dans le- quel il cultive, situé rue Rennequin, n° 13, est petit, entouré de grands bâtiments, et, déplus, près de plusieurs usines, dont une à gaz, qui de temps à autre déversent une (1) M. Gallien est un enfant de Montreuil-aux Pèches qui, bien qu’il habite Paris, n’en a pas moins conservé un goût très-prononcé pour la culture des arbres, des Pêchers surtout. 444 CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE DE NOVEMBRE). fumée très-nuisible à la végétation. Ajou- tons encore que ces arbres sont cultivés en vases (bacs, pots, caisses, etc.) qui sont enterrés dans le sol. Malgré des conditions aussi défavorables, M.Gallien, en cinq ans seulement, est parvenu à faire des dessins très-remarquables tant par la variété des formes que par leur régularité. Du reste, une commission nommée par la société impériale d’horticulture de Paris, com- posée des hommes les plus compétents en arboriculture (1), a admiré ces arbres et reconnu qu’ils étaient aussi beaux qu’on pouvait le désirer. Ce fait est consigné dans le rapport qu’en a fait M. Dupuy-Jamain, au nom de la commission dont nous avons parlé ci-dessus. Nous allons citer quelques passages de ce rapport : « ...Dans cette superficie de mur (45 mètres de long sur 3 mètres de hauteur) sont palissés les arbres dont nous allons vous entretenir ; ils sont cultivés en bacs et en pots qui sont complètement enterrés dans le sol. Tous ces arbres (il y en a 29) forment 71 lettres, disposées sur trois lignes et composant l'inscription suivante : Famille impé- riale. LL. MM. Napoléon III, Eugénie, Napoléon protecteur de la France, 1867. Ces mots sont cou- ronnés par l’aigle impérial et les deux initiales N. E. Ces lettres sont parfaitement formées et d’un ensemble ravissant; celles de la ligne du milieu ont 1“ 15 de hauteur, tandis que celles des autres lignes n’ont que 60 centimètres, ce qui donne à la fois à cet ensemble un rare cachet de coquetterie et d’é- légance. Ces arbres ont été commencés en 1862; mais comme, pour obtenir ces dessins, il fallait des arbres greffés à des hauteurs diverses, comme les pépiniéristes n’en greffent pas en général, M . Galben a donc dû aller dans les pépinières de Vitry choisir des sujets et les greffer à des hauteurs qui lui étaient nécessaires^ 11 a donc fallu de grandes combinaisons, un soin particulier et continuel pour obtenir ce résultat, qui est plus que satisfaisant sur des arbres cultivés en vases. Les arbres sont assez vigoureux, bien que leur vigueur ne puisse être comparée à celle des arbres cultivés en pleine terre; comme tels ils ne laissent rien à désirer: les branches fruitières sont en bon état et garnies de fruits... » Nous sommes complètement de l’avis du rapporteur, M. Dupuy-Jamain, et, comme lui aussi, nous disons qu’il est très-regrettable que ces arbres n’aient pu, dit-on, faute de place, être admis à figu- rer dans le jardin réservé de l’Exposition, ainsi que le désirait M. Gallien qui, dans ce but, en avait fait la demande en temps opportun ; c’eût été, ainsi que l’a dit en- core le rapporteur de la commission, M. Dupuy-Jamain, «un des plus beaux ornements de l’Exposition, car c’est un chef-d'œuvre en arboriculture unique en son genre ». Nous reviendrons sur ce sujet à l’époque de la taille, peut-être même la Revue donnera- t-elle un dessin de l’ensemble de ces arbres. (1) Cette commission était composée de MM. Chardon jeune, Chévrau, Philibert Baron, Dupuy- Jamain, auxquels se sont adjoints MM. Alexis Le- père, Félix Malot et Chevalier, tous trois de Mon- treuil. — Nos lecteurs n’ont sans doute pas oublié les expériences de labourage à va- peur dont nous avons parlé, et qui ont été faites chez M. Decauville, à Petit-Bourg, près Corbeil (Seine-et-Oise). Bien que le rapport officiel sur ces expériences ne soit pas encore publié, on peut dire qu’elles sont très-satisfaisantes, ainsi que l’a af- firmé M. Decauville dans le Journal d’ Agri- culture pratique (1867, p. 615-616). Là, en effet, cet éminent agriculteur démontre que, outre l’immense avantage qui résulte toujours en agriculture de pouvoir exécu- ter, en temps opportun, toutes les façons que réclame le sol, l’économie pécuniaire est considérable; M. Decauville ne craint pas d’affirmer qu’elle est de 40 pour 100. Suivant lui « on doit arriver à produire avec la vapeur le labour à 20 fr. l’hectare, là où il coûte 35 fr. fait avec les chevaux». Ces chiffres n’ont pas Besoin de commen- taires. — Notre collègue et collaborateur M. Quetier nous écrit : « Vous connaissez le jeune pied de Picea Morinda que je possède et dont, comme je vous l’avais dit, j’ai fécondé les jeunes cônes avec du pollen du Piceaexcelsa. Eh bien, mal- gré les doutes que vous avez émis sur la réus- site de cette opération lors de votre passage à Meaux, le résultat a été complet Sur trois cônes fécondés j’ai récolté plus de 600 graines. Que produiront celles-ci ? » Loin d’être contrarié d’avoir été trompé dans nos prévisions, nous nous en réjouis- sons, puisqu’elles cèdent devant un fait qui peut être non-seulement utile à l’hor- ticulture, mais qui peut aussi servir la science. Mais n’est-ce pas un peu trop tôt battre des mains, car ces graines se- ront-elles bonnes? Nous le désirons vive- ment, et s’il en était ainsi, c’est avec em- pressement que nous ferions connaître les résultats. — Nos lecteurs n’ont pas oublié ces beaux Pélargonium à fleurs doubles ou plutôt à fleurs pleines, obtenus par M. Le- moine, horticulteur à Nancy. Deux varié- tés : Madame Lemoine et Emile Lemoine , mais la première surtout, sont vraiment ex- tra, tant par la dimension des bouquets que par le coloris des fleurs. Il suffirait du reste, pourendonneruneidée,dedireque la moitié de l’édition de la variété Madame Lemoine , qui, comme on le sait, est à fleurs roses, a été vendue à MM. Henderson de Londres, pour la somme 1,000 fr. Ces deux variétés, ainsi que le Tom Pouce à fleurs doubles , seront livrées pour la pre- mière fois le 1er avril prochain, parM. Le- moine. Nous croyons devoir rappeler que M. Lemoine obtient ces belles variétés en fécondant des variétés à fleurs simples par DES ARROSEMENTS. 445 des variétés à fleurs doubles. « Tous les semis provenant directement des plantes à fleurs doubles, nous écrivait dernière- ment M. Lemoine, ne donnent que de pe- tites inflorescences et toujours en petit nombre. » — Nous avons reçu plusieurs catalogues horticoles pour l'automne 1867 et le prin- temps 1868. Les voici par ordrede réception : d’abord celui de M. G. Sahut, horticulteur et mar- chand grainier à Montpellier. Les condi- tions climatériques dans lesquelles se trouve M. Cl. Sahut et les nombreuses collections de végétaux de pleine terre et surtout d’arbres qu’il possède, expliquent la grande variété de graines indiquées sur son catalogue. On peut s’adresser à cette maison avec d’autant plus de confiance que M. Cl. Sahut est à la fois amateur et connaisseur en même temps que prati- cien éclairé. — Le catalogue de MM. Huber et Cie,horticulteurs à Hyères(Var), que nous avons sous les yeux et qui est une sorte d 'in-folio de 30 pages à 2 colonnes, est très-remarquable par la quantité considé- rable de graines et de plantes rares que gé- éralement on ne trouve qu’en très-faibles échantillons ailleurs, ce qui s’explique par le climat tout exceptionnel dans lequel ces horticulteurs se trouvent placés. Ce qui ajoute au mérite de ce catalogue, c’est la description assez complète qu’on y trouve d’un grand nombre de plantes nou- velles ou rares, et qui fait de ce catalogue une sorte d’ouvrage descriptif qu’il est DES AIU! S'il y a en horticulture une question sim- ple et en même temps complexe, c’est à coup sûr celle des arrosements. En ef- fet, rien n’est plus facile que de verser une certaine quantité d’eau au pied d’une plante à l’aide a’un arrosoir; la difficulté est de savoir quand il faut la verser. Arroser une plante qui n’a pas soif, c’est peut-être la mener à la mort, surtout lorsqu’elle est délicate. Si l’on ne l’arrose pas suffisamment, on peut également ar- river au même résultat. Nous n’avons pas l’intention de traiter ici cette question à fond, nous voulons seulement rendre compte de quelques observations que nous avons eu l’occasion de faire sur l’époque où les plantes absorbent le plus d’eau. Personne n’ignore que certaines espèces de plantes, quoique de même grosseur, absorbent des quantités d’eau souvent très-différentes; cela tient à la nature et au tempérament des plantes, si nous osons nous exprimer ainsi. Eli bien , de même, les espèces semblables, de grosseur iden- bon de conserver, et auquel on est souvent très-heureux de recourir à cause d’une foule de renseignements qui y sont consi- gnés. Disons, en passant, que les magni- fiques variétés à’Fpomæa dont la Revue donnera prochainement une gravure s’y trouvent décrits page 4. — Le catalogue de MM. Frœbel et Cie, horticulteurs à Zu- rich. est à la hauteur de leur établisse- ment. Il contient, en outre de l’indication des nouveautés en tous genres, celle des arbres et arbustes d’ornement, des Rhodo- dendrons, Conifères, Rosiers, Arbres frui- tiers et forestiers, Vignes, Plantes vivaces, Plantes grimpantes, Plantes de serre, etc. Les végétaux conifères, ceux de plein air surtout, occupent une grande place dans cet établissement. Ce qui augmente encore le mérite de ce catalogue, c’est que les noms et descriptions de plantes sont imprimés en allemand et en français, ce qui s’explique, du reste, par le pays dans lequel est placé l’établissement. — Quant au catalogue de l’établissement de M. Van Houlte, horticulteur à Gand, que nous venons également de recevoir, il est, comme tous ceux qui l’ont précédé, un modèle de rédaction, en même temps que d’exactitude au point de vue de la nomenclature. En éuinérer le contenu serait indiquer à peu près toutes les plantes qu’on peut trouver dans le com- merce. Nous dirons seulement que 520 genres y sont décrits : c’est donc un vrai répertoire scientifique et horticole. E. A. Carrière. tique et à la même époque, ne différant que par leur état d’avancement, absorbent également des quantités différentes d’eau. Ce qui revient à dire qu’une plante fleu- rie absorbe plus d’eau qu’une autre non fleurie du même poids et de la même es- pèce. Pour vérifier le fait et constater en même temps les différences, nous avons pris deux branches de Magnolia gran- di flora, l’une ayant à son extrémité un bouton à fleur prêt à s’épanouir, l’autre étant seulement munie de feuilles; tou- tes les deux du même poids , et nous les avons mises dans deux vases, contenant exactement la même quantité d’eau. Nous les y avons laissées trois jours, après quoi, ayant mesuré l’eau qui était restee dans les vases, nous avons pu voirquelabranchefleu- rie en avait absorbé 15 centimètres cubes, tandis que l’autre en avait' absorbé 9. Ayant recommencé cette opération une seconde fois, le résultat a été identique. Pendant ce temps la fleur du Magnolia 446 LA SARRIETTE DIFFUSE. — FLORAISON A l’AIR LIBRE DU NELUMBIUM. avait pu s’épanouir. Deux branches de Rosier dans les mêmes conditions ont donné les mêmes résultats. Nous pensons que toutes les plantes se comportent ainsi. Ce qui précède indique suffisamment que les plantes en fleur doivent être arrosées co- pieusement, craignant moins dans ce cas la pourriture de leurs racines, qui sont alors forcées d’absorber plus d’eau qu’aupara- vant. Victor Viviand-Morel, Jardinier au jardin botanique de Lyon. LA SARRIETTE DIFFUSE Nos jardins possèdent déjà deux espè- ces de Sarriette, toutes deux cultivées pour l’usage culinaire : l’une, la plus ré- pandue, la Sarriette annuelle ( Satureia hortensis , Lin.), complètement insigni- fiante au point de vue de l’ornement ; l'autre, la Sarriette vivace ou des monta- gnes ( Satureia montana , Lin.), qui est moins fréquemment cultivée, du moins chez nous. Cette dernière n’est pas sans mé- rite pour les jardins de campagne où on l’utilise, comme le Thym, la Lavande, la Santoline, l’Hysope, pour faire des bordu- res, et où elle constitue en même temps, avec ces dernières, une partie notable des ressources aromatiques. Je l’ai trouvée croissant très-abondamment à l’état sau- vage dans le département de Vaucluse, où elle est connue sous le nom de Poivre d'âne (Pèbre d’ase) ; elle y présente même un phénomène de coloration assez re- marquable, car tandis que dans les par- ties basses, à la fontaine de Vaucluse, par exemple, ses fleurs sont à peu près com- plètement blanches, lorsqu’on s’élève au contraire à sa limite supérieure, qui dé- passe au mont Ventoux la région du Hêtre, ses fleurs se colorent en violet très- intense, telle, du reste, qu’elles se pré- sentent dans notre école du Muséum. Une nouvelle acquisition de ce genre à laquelle nous croyons pouvoir prédire un avenir aussi mérité qu’aux précédentes, mais à des titres différents, est celle qui fait le sujet de cette note, et sur laquelle nous appelons l’attention des lecteurs de la Revue horticole; c’est la Sarriette dif- fuse. La Sarriette diffuse ( Satureia diffusa , Boiss. in Thihatc h.) est une élégante petite Labiée qui croît spontanément aux envi- rons de Trébizonde, d’où nous en avons reçu des échantillons récoltés en 1866 par M. Baiansa. C’est une plante à tiges pubé- rulentes, extrêmement rameuses, à ramifi- cations grêles, allongées, diffuses, étalées, dressées et radicantes ; à feuilles glabres. petites, linéaires, mais un peu plus larges vers le sommet qu’à la base, d’un vert gai. Les fleurs sont d’un blanc pur et réunies au nombre de 6, rarement 7-8, en glo- mérules distants, dont l’ensemble forme une grappe longue de 10-15 centimè- tres. Toutes les parties de cette Sarriette orientale exhalent une odeur pénétrante, mais très-agréable et qui rappelle à la fois celle du Thym et dm Basilic. Par son mode de végétation, par son feuillage d’un beau vert, ainsi que par l’abondance et la légèreté de ses tiges, qui portent des fleurs nombreuses se succédant de sep- tembre en octobre, le Satureia diffusa est une plante à introduire dans les jardins pour décorer les tertres, les talus, les gla- cis et autres terrains en pente exposés au midi, car, comme toutes les espèces de ce genre, celle-ci recherche les terres sè- ches et arides. Cette espèce pousse vigoureusement, et ses rameaux, qui s’enracinent naturelle- ment de distance en distance, ne tardent pas à couvrir une large surface. Ainsi un unique pied planté au printemps 1866 forme aujourd’hui une touffe arrondie haute d’environ 25 centimètres et large de 1 mètre 50 cent., couverte en ce moment d’innombrables fleurs blanches d’une lé- gèreté extrême, et produisant l’effet le plus gracieux. C’est, croyons-nous, une plante préoieuse pour orner les stations précitées. Sa multiplication peut se faire au printemps ou à l’automne, par le sec- tionnement des rameaux enracinés. Bien qu’originaire d’une contrée un peu plus chaude que la nôtre, le Satureia dif- fusa pousse parfaitement sous notre cli- mat, et le pied cultivé à l’école de bota- nique, qui nous a été donné en 1865 par M. Reuter, directeur du jardin des plan- tes de Genève, a résisté sans souffrir en aucune façon au froid de l’hiver der- nier. B. Verlot. FLORAISON, A L’AIR LIBRE, DU NELUMBIUM SPECIOSUM V AU MUSÉUM Déjà dans \& Revue horticole du 16 février I bium à l’aide de moyens artificiels. Le fait 1865, j’ai parlé de la culture des Nelum- I que je vais rapporter, qui est en quelque NOYER DE LA SAINT-JEAN. 447 sorte une continuation de mon précédent article, justifie de tous points ce que j’ai dit et démontre que la culture de cette belle plante est possible dans des pays re- lativement froids, puisque des pieds placés à l’air libre dans un bassin du Muséum y ont parfaitement fleuri. Ces résultats sont dus en grande partie à M. Decaisne, qui, comme toujours, n’a pas voulu abandonner la culture d'une plante sans l’avoir essayée par divers moyens. A cet effet, il fit plan- ter en juin 18(34, dans un bassin de 2 mè- tres de diamètre sur 80 centimètres de pro- fondeur, deux jeunes pieds de Nelumbium speciosum obtenus de graines dans une terre composée ainsi que je l’ai indiqué dans mon précédent article, qu’il fît recouvrir d’une couche de 30 centimètres d’eau de Seine. Dans ces conditions, ces plantes se. développèrent promptement et produisi- rent, dans le courant de l’année, plusieurs feuilles de grandeur normale, bien que ces plantes aient été abandonnées à elles- mêmes sans abri, ni soin d’aucune sorte, jusqu’au retour du printemps, 15 mars. A cette époque, on plaça sur ce bassin des panneaux vitrés inclinés des deux côtés comme le sont ceux des serres. Cette cou- verture fut laissée en place jusqu’au 15 juin, afin d’échauffer l’eau et d’aider au développement des bourgeons. Ce NOYER DE L Plusieurs foison nous a posé cette ques- tion : « Le Noyer tardif ou de la Saint- Jean (Jugians serotina ) se reproduit-il de graines? » Pour répondre à cette question, il faut prendre les choses d’un peu plus haut et surtout s’entendre sur la marche des ca- ractères de reproduction. On sait , par exemple, que tout être a la faculté de se re- produire; mais on sait aussi que cette fa- culté est en rapport avec la nature intime de l’individu, que presque toujours nous ne connaissons pas, et, d'une autre part, avec le rang qu’il occupe dans l’échelle scientifique, ce que, soit dit en passant, on est aussi loin de bien connaître. Cependant, comme on a admis des types dont on fait découler une série plus ou moins grande d’individus, on a aussi ad- mis que ces types étaient plus disposés à se reproduire par graines que ne le sont les individus qui en sont issus et qu’on a nommés des variétés. Quelle que soit la valeur de ces choses, si nous admettons qu’il en soit ainsi, le Noyer delà Saint- Jean étant considéré comme une variété du Noyer commun, il en résulte qu’il ne doit pas se reproduire franchement de graines. Mais comme, d’une autre part, les graines simple appareil a suffi pour donner aux plantes cette première année une végéta- tion des plus satisfaisantes, sans toutefois leur faire produire des fleurs. Mais traitées toujours de la même manière en 1866, année très-pluvieuse et froide, les plantes n’en ont pas moins montré une magnifique floraison. Cette année 1867, qui comme on le sait a été également froide et pluvieuse, les résultats ont également été très-remarqua- bles. Les plantes ont parfaitement fleuri. D’après ces essais, poursuivis depuis trois années successives, on peut considé- rer la culture des Nelumbium comme par- faitement acquise sous le climat de Paris. Et bien que ce soit par un moyen artifi- ciel, celui-ci n’en est pas moins très-prati- cable et susceptible d’être vulgarisé. Rien ne sera désormais plus facile que d’avoir dans les bassins, sans dépense ap- préciable, l’une des belles plantes aqua- tiques du globe. Je profite de cette cir- constance pour faire remarquer que les racines de cette plante, placée dans un bassin circulaire, en ont promptement garni toutes les parois, ce qui prouve non- seulement que sa vitalité est très-grande, mais encore qu’elle s’accommode parfaite- ment de cette culture. Hélye. SAINT-JEAN ne sontjamais identiques, il en résulte aussi que, sans qu’il soit possible de dire pour- quoi, certaines graines reproduiront la va- riété, tandis que d’autres reviendront au type ou bien donneront d’autres variétés. Pourquoi? C’est ce que probablement on ignorera toujours. Il nous suffit donc de constater le fait et de dire ce dont plu- sieurs fois nous avons été témoin. Voici : Dans certaines années, et sur une quan- tité donnée de Noix de la variété serotina , nous n’avons obtenu que des Noyers com- muns, tandis que dans d’autres années nous avons obtenu tous Noyers à dévelop- pement tardif, absolument comme 1§ Noyer de la Saint-Jean. D’autres fois nous avons obtenu, en quantité variable, soit des uns soit des autres. Les mêmes faits devant se reproduire chez d’autres personnes, on doit comprendre comment les opinions peuvent être partagées, parfois même complètement contradictoires. Ces résultats, loin de nous étonner, sont conformes à tout ce que nous savons de la reproduction des végétaux. Ainsi, pour en citer seulement un exemple qui se lie avec le fait qui nous occupe, nous dirons que nous connaissons plusieurs Noyers hété- rophylles qui donnent chaque année beau- 448 QUELQUES VARIÉTÉS D’AUBERGINE. ■ coup de fruits qui, toujours, produisent des Noyers communs, tandis que nous en possédons un individu qui, chaque année, donne, en qualité variable toutefois, des individus à feuilles laciniées. Ainsi qu’on peut le voir, il y a dans tous ces faits des phénomènes qui nous échap- pent et qui s’opposent complètement à ce que l’on puisse rien affirmer d’une manière ■ EXAMEN DE LA PARTHÉNOGÉNÉSIE. absolue. Au point de vue pratique et pour le fait qui nous occupe, il n’y a donc qu’à semer des Noix du J. serotina , attendre les résultats et en tirer le meilleur parti possible; au point de vue scientifique, il faut se borner à l’observation et à la cons- tatation des faits. E. A. Carrière. DESCRIPTION DE QUELQUES VARIÉTÉS D’AUBERGINE L’Aubergine ou Mélongène ( Solarium es - culenlum Dun. S. Melongena L.) , origi- naire de l’Asie et de l’Afrique tropicale, est cultivée depuis longtemps, mais long- temps aussi elle est restée stationnaire. Au commencement de ce siècle, elle était cultivée plus spécialement comme orne- ment ; toutefois dès 1802 Dumont de Cour- set en parlait comme d’une plante que ’on mangeait dans le midi de la France. Aujourd hui cet aliment sain et rafraî- chissant s’est répandu, et le produit est d’un bon rendement. Dans ces derniers temps la forme pri- mitive allongée en massue, plus ou moins arquée, ainsi que la couleur brillante d’un violet foncé se sont modifiées, et des varié- tés assez nombreuses ont surgi. Je ne parle pas d’une espèce voisine : la Pondeuse {Solanum oviferum) qui produit ces fruits blancs que l’on mange dans le Midi, mais qui, à cause de la petitesse de ses fruits, est peu répandue et peu productive. Mon but n’est pas de faire connaître toutes les variétés d’Aubergine actuelle- ment connues, mais seulement d’attirer l’attention sur quelques unes qui sont en- core peu connues ou qui ne sont pas aussi répandues qu’elles devraient l’être. L’Aubergine dite blanche géante, qui ac- quiert un volume supérieur à celui de l’Aubergine ordinaire, a la tige de hauteur moyenne, verte, est un peu aiguillonnée, tigrée de poils étoilés ; ses rameaux sont érigés; ses feuilles vertes, tomenteuses, sont lobées; ses feuilles sont moyennes; le calice est très-épineux; la corolle, de couleurlilas,estacuminée en bec crochu; les fruits sont oblongs, d’un blanc d’ivoire. L’Aubergine verte du Thibet arrive à la forme et la grosseur de l’Aubergine ordi- naire. Sa tige verte égale en hauteur celle de la précédente ; ses rameaux sont un peu plus étalés; ses feuilles vertes, tomen- teuses, sont dépourvues d’épines ; ses fleurs sont moyennes, à calice faiblement épi- neux, à pétales larges, contractés en bec court arqué ; ses fruits, d’abord d’un vert tendre, puis d’un blanc verdoyant, sont en massue généralement arquée et terminés en pointe. L’Aubergine pa«acM?devientplusgrosse que les précédentes ; sa tige, courte, tra- pue, est rosée, tigrée de poils étoilés, dé- pourvue d’aiguillons ; ses feuilles sont vertes, tomenteuses, également dépour- vues d’aiguillons; ses fleurs, de grandeur moyenne, sont d’un lilas clair, avec des aiguillons prononcés sur le calice ; se fruits obovales, oblongs ou en massue épaisse sont rubanés de blanc et de violet clair. L’Aubergine grosse violette oblongue est une plante robuste; sa tige est élevée, d’un violet noirâtre; ses rameaux raides et éri- gés sont tigrés de poils en étoile ; ses feuilles de couleur foncée sur les nervures et sans épines ont le parenchyme vert ou faible- ment moiré par intervalles irréguliers ; ses fleurs sont grandes, à épines acérées sur le calice ; ses fruits violet foncé sont très-gros, elliptiques ovales. L’Aubergine noire de Pékin est aussi très-grosse ; sa tige est aussi élevée que la précédente, de couleur noire, presque sans épines ainsi que ses rameaux ; ses feuilles sont les plus noires du groupe, sans aiguil- lons ; ses fleurs grandes, à épines rares et faibles sur le calice; ses fruits sont aussi les plus foncés, d’un violet noir, arrondis, généralement déprimés aux deux bouts. Nous avons vu des fruits de cette variété qui pesaient jusqu’à 3 kilogr. 500 gr. Ces fruits provenaient de cultures faites à Pri- vas (Ardèche). Lebas. EXAMEN CRITIQUE DE LA PARTHÉNOGÉNESIE Depuis quelques années un grand nombre de personnes se sont occupées de la fécondation artificielle; les unes dans le but de découvrir certaines lois de physio- logie végétale, les autres pour obtenir des variétés particulièrement propres à l’orne- mentation. Une chose indispensable à la réussite, c’est que les plantes qu’on veut al- PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. 449 lier appartiennent à la même famille, au même genre ou mieux encore à la même espèce. On sait de plus que pour féconder une plante, il faut que le stigmate de la fleur femelle soit complètement développé, c’est-à-dire que les étamines soient assez avancées et que le pollen soit en bon état, tel qu’il s’échappe habituellement des an- thères; on sait de plus qu’il faut que le moment de la floraison des deux plantes coïncide, et surtout qu’il existe le plus de rapprochement possible de structure et d’organisation , de consanguinité sé- veuse, on pourrait dire, entre elles. De plus encore, on sait aujourd’hui par expérience qu’il faut souvent à l’espèce plusieurs générations pour se modifier. Mais, d’une autre part, on sait aussi qu’à ces règles il y a des exceptions, et pendant longtemps, lorsque l’horticulture et la physiologie étaient encore dans le berceau, un petit nombre de variétés étaient connues. 11 en est autrement, aujourd’hui, grâce à la vulgarisation des principes de phy- siologie végétale et de fécondation artifi- cielle. Mais alors si les nouvelles variétés et les hybrides font le lucre des horticulteurs elles font aussi la désolation des botanistes. Toutefois nous croyons que dans l’obten- tion de toutes ces variétés , on doit plus encore à la marche naturelle des choses qu’aux fécondations faites par l’homme, si l’on tient compte des varia- tions qui se produisent souvent, par l’ex- position, le climat, le sol, l’époque de faire le semis et les soins généraux de culture que l’on donne aux plantes. Depuis quelque temps déjà une nouvelle théorie, la parthénogénésie, tend à se faire jour. Elle repose sur ce fait que chez certaine espèce de plantes dioïques les femelles seraient susceptibles de produire de bonnes graines sans avoir subi l’action du mâle. Cette théorie qui, nous le savons, a d’ardents défenseurs, soulève encore beaucoup de contradictions. Quant à nous, nous la mettons en doute : on verra plus loin pourquoi. Les quelques faits sur lesquels on s’appuye pour la sou- tenir ne nous paraissent pas à l’abri de toute contestation. Nous ne voyons guère dans tout ce qu’on a rapporté que des hypothèses insuffisantes pour une sem- blable démonstration, et rien ne nous prouve encore qu’il y a des plantes qui peuvent se reproduire par leurs graines lorsque celles-ci n’ont pas été fécondées. Nous ne croyons donc pas à une repro- duction virginale, c’est-à-dire qu’une graine de Mercurialis annua ou du Cannabis sa- liva, par exemple, puisse reproduire l’es- pèce sans avoir été fécondée. Ayant voulu nous rendre compte du fait avancé en \ 866, nous avons semé des graines de Chanvre et de Mercuriale annuelle dans un endroit très-retiré d’une prairie, le long du Rhône, où nous [avons cru avoir la certitude, à l’avance, qu’aux environs, même à une très-grande distance, il ne pouvait exister aucun pied de ces plantes. Lorsque les jeunes plants ont été assez forts pour qu’on pût reconnaître les sexes, nous avons minutieusement enlevé tous les pieds mâles, pour ne conserver que les pieds femelles. Malgré cela, la plupart des pieds conservés ont produit de très-grosses graines qui paraissaient très-bonnes. Aus- sitôt leur maturité, nous les avons récoltées avec soin ; puis nous en avons semé une partie dans une terrine que nous avons placée dans une serre, où tous les soins leur ont été donnés. Malgré cela, pas une seule graine n’a levé. Au printemps 1867, nous avons semé les graines de Chanvre et de Mercuriale, qui nous restaient de notre première récolte, dans le même en- droit où elles avaient été récoltées, en leur donnant les menus soins de culture. Cette fois encore, malgré tous ces soins, pas une graine n’a levé. Aussi, malgré tout ce qu’ont écrit différents auteurs pour soutenir le phénomène de la parthénogénésie, nous n’y pouvons croire ; les expériences que nous avons faites à ce sujet nous autori- sent à penser le contraire. Tn. Denis. PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE Développement anormal d’un fruit de Poirier. «Là où l’unité de composition existe, les différences résultent de la disposition des parties », écrivions-nous dans un ouvrage que nous avons publié il y a peu de temps (1). Cette phrase, que nous considérons comme un axiome, c’est-à-dire comme (1) Description des variétés de Pêchers et de Bru - gnormiet's, p. ] . une vérité absolue, en dit plus sur la na- ture et le développement des êtres que toutes les théories, même académiques, qu’on pourrait émettre. C’est, du reste, ce que la moindre réflexion démontre d'une manière certaine. En effet, puisque c’est un même principe, le sang chez les ani- maux, la sève chez les végétaux, qui cons- titue tous les êtres de la création, il est de toute évidence que toutes leurs parties, bien que souvent excessivement diffé- rentes, résultent de ces mêmes principes 450 •JIYSIOLOG1E VÉGÉTALE. diversement groupés. Le fait est tellement incontestable, qu’il serait au moins inutile d'essayer d'en donner des preuves. En ce qui concerne les végétaux et pour ce qui a rapport aux fleurs, le fait est ad- mis, et il y a longtemps que certains bota- nistes ont dit que tous les organes qui composent les fleurs peuvent se transfor- mer et que, par conséquent, ils ne sont que des modifications les uns des autres. Il en est absolument de même des fruits, et si le fait est moins sensible et moins connu, c'est parce que, d'une part, les exemples sont moins nombreux, de l’autre parceque, étant plus complexes, ilsne sont pas*compris par les gens qui ne se rendent pas compte — et ceux-ci sont de beaucoup les plus nombreux — de l'apparition et sur- tout du développement des êtres. Aussi croyons-nous servir la science et éclairer en même temps la pratique, en faisant res- sortir les faits dont nous venonsde parler, et rien ne nous paraît plus propre pour cela que les quelques exemples que nous nous pro- posons de donner; celui que nous reprodui- sons ici seul suffirait, en appuyant notre dire, pour faire disparaître tout doute à cet égard. Cet exemple nous est fourni par une variété de Poire qu’on nomme dans cer- tains endroits Mouille-bouche , nom qui, du reste, a peu d'importance, puisque le déve- loppement du fruit de tous les Poiriers est Fig. 39. — Développement anormal d’un fruit du Poirier. absolument le même, et que le fait dont nous parlons ici, et que représente la gra- vure 39, peut se montrer sur toutes les variétés de Poirier. Toutefois quelques détails physiologi- ques nous paraissent nécessaires pour bien faire comprendre l'anomalie que nous reproduisons ici. Rappelons d'abord que, puisque c'est la même sève qui forme loutes les parties d'un végétal, nous pou- vons, comme on le fait des fleurs, ramener les fruits à un rameau modifié, qui, au lieu de s'allonger, s’est arrêté dans son élongation, et dont aussi les organes laté- raux (feuilles), considérablement modifiés, sont devenus charnus et succulents, en même temps que leurs tissus ont acquis une saveur et des qualités particulières en rapport avec l’espèce sur laquelle le fait a lieu. On peut, jusqu'à un certain point, suivre sur un même arbre ces diverses transfor- mations : d’abord des rameaux allongés’ à feuilles distantes , puis des rameaux courts à feuilles plus rapprochées ( dards ), puis enfin des rameaux tuméfiés à tissu lâche, relativement charnus (bourses). De ces derniers aux fruits proprement dits il n’y a qu’un pas. En effet lorsqu’on coupe un fruit, qu’observe-t-on, sinon une masse charnue plus ou moins tuméfiée, au centre de laquelle on reconnaît une partie fibro-ligneuse, qui représente l’axe du ra- meau, et qui se termine au sommet du fruit par des rudiments de feuilles, qui constituent les folioles calycinales(ow2fo’/«c)? Si cette formation se fait comme nous venons de le dire, il pourra donc arriver que les transformations soient moins com- plètes, et qu'alors on puisse distinguer les diverses parties qui sont entrées dans la constitution d’une Poire. C'est ce que mon- tre très-nettement, la gravure 39. Celle-ci, en effet, nous montre à sa base une partie F Yerna Pinx * T ? , „ nnp. Canote r. des Boulangers, 13, Paris Pecher nain Da^nin l C\'IU HorUcclc F Yema. Fhnx*r 1 I*np. Zanote r. des Boulangers 13 .Paris (7 ro s Apis